Paperjam Février 2018

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PA P E R JA M . L U • F É V R I E R 2018

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ENTREPRISES Un mentoring gagnant POLITIQUE Dernière ligne droite avant les législatives

PLACE FINANCIÈRE Les deux faces du bitcoin

ÉCONOMIE Supercalculateur pour méga-enjeux


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ÉDITO Thierry Raizer Rédacteur en chef

Cachez cette croissance… L

PHOTO Licence CC

PRÉSIDENT D’HONNEUR

La 4e édition des Media Awards aura une saveur particulière, puisque Maurice Lévy, l’emblématique patron de Publicis durant 31 ans (désormais président du conseil de surveillance de Publicis Groupe), a accepté d’endosser le rôle de président d’honneur de la cérémonie organisée le 1er février au Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg (voir nominés en page 24).

e Luxembourg serait-il le premier pays au monde à vouloir délibérément freiner sa croissance ? Ce débat est en haut de l’agenda politique, patronal et syndical en ce début d’année 2018, d’ores et déjà marqué par une campagne électorale bien avant son début officiel. Bien avant que les programmes n’aient été couchés sur papier. En se projetant dans un Luxembourg « Rifkinien » qui n’aurait plus besoin de croissance expansive, mais qui fonctionnerait selon un modèle repensé autour des nouvelles technologies et, idéalement, d’un développement durable, les décideurs politiques ouvrent plusieurs boîtes de Pandore. Oseront-ils les maintenir jusqu’au scrutin du 14 octobre prochain, sans refermer trop vite le couvercle par peur d’échauder l’électeur avec des mesures impopulaires, voire des notions difficiles à expliquer le temps d’une interview ? Difficile en effet d’imaginer une voie alternative pour financer un – généreux – système social et les caisses de l’État dans une société qui sera davantage automatisée, dans laquelle certains emplois disparaîtront ou se transformeront. Les trois partis gouvernementaux (DP-LSAP-Déi Gréng) se réfèrent aux travaux menés avec le futurologue Jeremy Rifkin comme feuille de route. Le CSV, pour sa part, parle de « croissance sélective ». Et dans le même temps, le directeur du Statec, Serge Allegrezza, rappelle que la croissance ne peut pas être freinée, au risque de retomber dans un Grand-Duché ressemblant à son passé moyenâgeux. L’étude Rifkin a permis d’engager un débat impérieux. Mais il ne doit pas se traduire durant la campagne par des mouvements de balancier trop forts, comme on a pu l’observer sur la place financière où, durant cette mandature, la régulation a été appliquée avec un certain zèle, quitte à surprendre les opérateurs les plus avertis. En ce début d’année, le Luxembourg a besoin d’une approche « pragmatique et visionnaire » pour réaliser sa

transition économique. Deux caractéristiques employées autrefois pour décrire le Premier ministre CSV Pierre ­Werner, mais qui ne sont pas l’apanage d’un camp. Pragmatique pour poursuivre et amplifier les efforts entamés autour de problèmes concrets, en particulier de mobilité. Pragmatique pour prendre des mesures courageuses dans le logement, pourquoi pas avec le secteur privé. L’impasse sociétale que représente la difficulté de se loger pour de nombreux ménages devient difficile à expliquer. Visionnaire pour emmener la population et les forces vives vers le Luxembourg de demain. Visionnaire pour faire bénéficier de l’innovation à tous afin d’éviter une quelconque forme de repli sur soi. Plutôt que d’être le premier pays où la croissance serait remise en cause, le Luxembourg doit poursuivre sa modernisation, soutenir les acteurs historiques et redoubler d’efforts de promotion. Le space mining, les investissements industriels ou encore le data center de Google sont des case studies vendeurs à l’étranger et porteurs ici. Les pays concurrents – en premier lieu nos voisins – ne rechigneraient pas à attirer ces projets, qui, par définition, ne se présentent qu’une fois. Dans un monde globalisé, même la tonalité des discours de campagne du « petit » Luxembourg sera entendue d’une manière ou d’une autre par les acteurs économiques étrangers…

La conversation continue en ligne :  @paperJam_lu Paperjam Paperjam Group

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Réseau européen. Siège luxembourgeois.


SOMMAIRE

Février 2018

ESPRESSO

POLITIQUE

CONVERSATIONS

ENTREPRISES

ENVIES

PLACE FINANCIÈRE ÉCONOMIE

18 Business mentoring Les cheffes d’entreprise s’entraident 20 Diversification Post dans la logistique

36 Gestion des emballages Plus de déchets (recyclés) 38 Entreprises En quête de rentabilité 12 Aides Les PME au digital

30 Cryptomonnaies Bitcoin yo-yo

14 Justice LuxLeaks, du calvaire à la lumière

32 Bad banks 921 milliards de prêts toxiques

rendez-vous 38 Droit du travail Heures supplémentaires

16 Année électorale En 2018, le changement ?

22 Artisanat Alexandra et la chocolaterie

34 Finance verte Les appétits s’aiguisent

rendez-vous

24 Media awards 53 pubs triées sur le volet

rendez-vous

13 Opinion Quelle réponse à la réforme fiscale américaine ? PHOTOS & ILLUSTRATION Anthony Dehez, Mike Zenari, Hadi SaadAldeen (Maison Moderne), Valorlux

40 High performance computing Le Luxembourg aligne les zéros

14 Flash-back Les vœux de Xavier Bettel à la presse 16 Carrières

26 ICT ARHS s’ouvre à ses employés 28 Services Molitor face aux multiples défis du milieu juridique

37 Luxembourg performance index (LPI)

40 Carrières

32 Buzzword Crowdfunding 34 Opinion L’immobilier, encore un bon placement ? 34 Carrières

rendez-vous 19 Saga Namur : 155 ans de passion 20 Elevator pitch Nomoko 22 Du challenge à la solution Se conformer au RGPD 26 CEO selfie Jerry Wagner, CMD.Solutions 28 Carrières

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SOMMAIRE

Février 2018

ESPRESSO

CONVERSATIONS

ENVIES Laurent Probst

« Anticiper la transformation » 2018 sera l’année de la transformation digitale des entreprises, selon Laurent Probst. L’associé de PwC partage sa vision de l’impact des nouvelles technologies sur les entreprises luxembourgeoises et les opportunités qu’elles peuvent en tirer.

PHOTOS Gaël Lesure, Anthony Dehez, Edouard Olszewski, Eric Chenal

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Étienne Schneider

« Le retour en arrière serait une catastrophe » L’année commence sous des auspices économiques positifs. Mais Étienne Schneider, ministre de l’Économie, prévient les entreprises : il faut poursuivre les investissements pour ne pas se laisser distancer.

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Bavardage

L’année glorieuse

Reportage

12 heures avec Bob Kneip

Après plusieurs années de crise sévère, 2017 a multiplié les bonnes nouvelles concernant la croissance mondiale. Pour voir ce que nous réserve 2018, Paperjam a invité quatre « prévisionnistes » du monde bancaire à débattre des grands enjeux.

Notre photographe Eric Chenal a suivi Bob Kneip, président du conseil d’administration de la société éponyme. 12 heures d’un agenda bien rempli.

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92 Février 2018 —

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SOMMAIRE

Dossiers Digitaux 102 index 126 ours 128 Celebrating luxembourg 130

Février 2018

ESPRESSO

CONVERSATIONS

ENVIES Argent comptant Colette Dierick

« L’argent offre l’indépendance » L’argent n’intéresse pas vraiment la CEO d’ING Luxembourg, mais c’est ce qu’il permet de faire qui est important, selon elle.

112 Compétences

Mettre à profit la diversité

Style

Anna Loporcaro et Pascal Zimmer

Architecture

La diversité dans une entreprise est une richesse. Nos conseils pour la gérer et en tirer pleinement profit.

La responsable des événements culturels du Mudam et le fondateur de Unicum et de Basics & Bespoke partagent leur look hivernal.

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De l’autre côté du miroir

Visite d’un appartement qui a été aménagé par EL’LE en vue d’un investissement locatif, dans le quartier du Limpertsberg à Luxembourg-ville.

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Culture

Restaurant À table avec

Maxime Bender présente son nouvel album Univer­ sal Sky, sorti sous le label Cam Jazz.

Le chargé de programmation du Luxembourg City Film Festival évoque la 8e édition à venir autour d’un déjeuner au restaurant végan Flowers Kitchen.

Effacer les frontières

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Alexis Juncosa

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PHOTO Matic Zorman

IL Y EN A PLUS

Ce mois-ci avec Paperjam : le supplément Autofestival

ET AUSSI

La Clubletter Février 2018 —

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espresso conversations envies Anno 2018. Dernière ligne droite avant les élections législatives. En ce début d’année, le LSAP a tiré le premier pour s’assurer une place dans la prochaine coalition. Enjeux en page 16. Et les nominées sont… Découvrez en page 24 les 53 campagnes retenues pour l’édition 2018 des Media Awards, qui récompensent la créativité publicitaire « above the line » au Luxembourg. Il suscite l’engouement autant qu’il inquiète. Retour en page 30 sur les facettes du bitcoin. HPC. Trois lettres qui résument l’ambition du Luxembourg en matière d’ICT. Les tenants et aboutissants du high perfor­mance computing en page 40. Février 2018 —

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POLITIQUE

politique Divine privatisation Dernière étape dans la démarche du gouvernement pour revoir la relation entre l’État et les cultes religieux : la majorité parlementaire (DP, LSAP, Déi Gréng), avec le soutien de Déi Lénk, adoptait le 17 janvier la loi sur les édifices religieux et autres biens relevant du culte catholique. L’objectif principal de la loi est la création d’un fonds de gestion du patrimoine du culte catholique qui sera placé sous la tutelle de l’archevêché. Lors du débat très animé, le CSV prédisait de nombreuses disputes juridiques. Come-back L’ancien ministre du CSV et président de la Bil et du Groupe Saint-Paul, Luc Frieden, annonçait le 25 janvier sur RTL qu’il ne sera pas candidat pour les législatives d’octobre. En revanche, il se présentera pour les élections européennes en mai 2019. Un choix « difficile », expliquait-il. Passeport sexy « La nationalité luxem­ bourgeoise a le vent en poupe. » Le ministre de la Justice, Félix Braz (Déi Gréng), indiquait le 3 janvier que depuis la réforme de la loi sur la nationalité, « trois fois plus de personnes demandent à devenir luxembourgeoises ». Sur 100,7, il reconnaissait néanmoins que le déficit démocratique

demeure. Compte tenu du rejet massif par référendum du vote pour les résidents non luxembourgeois en 2015, plus aucun parti n’ose s’aventurer à nouveau dans cette problématique. Ça faisait un bail La réforme du bail commercial de la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener (LSAP), était adoptée par tous les partis, sauf l’ADR, le 17 janvier. L’objectif : limiter la spéculation immobilière en interdisant notamment le pas de porte et en encadrant la souslocation. Francine Closener incitait aussi les commerces à profiter du Pakt Pro Commerce qui prévoit des outils pour accompagner la digitalisation. Le député, Léon Gloden (CSV), lui, appelait les consom­mateurs à acheter « local ». Place aux jeunes La députée Anne Brasseur (DP) annon­­ çait sa démission le 16 janvier à la Chambre. À 68 ans, et après 42 ans de politique, elle estimait qu’« il faut savoir lâcher ». Frank Colabianchi lui succédera. Quelques jours plus tôt, le député Marcel Oberweis (CSV) indiquait qu’il quittera le Parlement le 30 juin et quelques jours plus tard, on apprenait que le député Roger Negri (LSAP) cédera sa place à Simone AsselbornBintz le 1er avril.

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AIDES

Les PME au digital La digitalisation n’est pas l’apanage des start-up, et le ministère de l’Économie souhaite que tout le monde s’y mette, en particulier les petites structures établies. C’est une question de survie, estime Francine Closener.

Francine Closener, secrétaire d’État à l’Économie, veut que les petites entreprises accèdent aux aides qui leur sont accordées.

L

a secrétaire d’État à l’Économie a bien conscience que le virage digital n’est pas évident pour les TPE et PME, mais elle souhaite que les petites structures profitent des aides qui existent : « Aujourd’hui, si vous n’êtes pas présent sur internet, vous n’êtes pas présent du tout, c’est aussi simple que cela. » Si les grands bouleversements de la troisième révolution industrielle ne sont pas encore bien concrets, Francine Closener ne veut pas laisser les TPE et PME au bord de la route : « La troisième révolution industrielle initiée par le rapport Rifkin, ce n’est pas que pour les grandes entreprises. Les petits patrons doivent s’en rendre compte, même s’ils ont la tête dans le guidon au quotidien. C’est souvent une question de temps et de frais, mais ils ne savent généralement tout simplement pas qu’ils ont droit à des aides. »

Les programmes mis en place par la Chambre des métiers, « eHandwierk », et la Chambre de commerce, intitulé « Go Digital », s’adressent aux petites structures rentables, pour qu’elles le restent à l’avenir. Il peut s’agir de vente online pour les commerces, de la gestion de stock... les solutions sont variées : « Les priorités pour les artisans et les commerçants ne sont pas les mêmes, estime Francine Closener. Notre but est de proposer des programmes à la carte par secteur, mais également personnalisés ». Ce qui rebute le plus, c’est la jungle d’aides qui existent, mais surtout la paperasse pour les obtenir. Cette fois, tout a été simplifié pour un accès rapide : « Le formulaire de demande se trouve sur guichet.lu. Notre but est de faciliter la vie des entrepreneurs », ajoute la secrétaire d’État.

PHOTO Anthony Dehez

DIGEST


POLITIQUE OPINION

Le programme « Fit 4 Digital » développé par Luxinnovation permet à des consultants labellisés d’établir rapidement un diagnostic, puis d’accompagner les petites structures dans leur transition vers le digital. Ils sont 13 pour le moment, mais les besoins devraient augmenter. « Notre objectif est de labelliser un maximum de consultants pour toucher un maximum d’entreprises, note JeanMichel Ludwig, directeur start-up support & SME performance à Luxinnovation. Il faut permettre aux entreprises de se développer pour qu’il y ait plus d’embauches à long terme. Les consultants labellisés ont une double compétence : celle de connaître les entreprises, mais aussi la digitalisation. Ils doivent arriver avec leurs premiers clients et connaître le marché luxembourgeois pour participer au programme ». Le problème n’est pas tellement l’aide en elle-même, qui existe, mais plutôt de toucher et convaincre ces petits patrons de faire confiance à un consultant extérieur. « Il y a dans le pays près de 30.000 PME,

« Notre but est de faciliter la vie des entrepreneurs. » Francine Closener Secrétaire d’État à l’Économie

il y a donc encore des efforts à faire pour atteindre un plus grand nombre, explique Carlo Thelen, directeur de la Chambre de commerce. Le rôle, c’est d’aider les entreprises qui sont perdues. Nous ne voulons pas faire de concurrence directe aux consultants existants. Notre objectif est d’aider les TPE à rester dans la course ».  Ce n’est pas une question de coût non plus, puisque l’État est prêt à mettre la main à la poche. Avec des aides à hauteur de 5.000 euros et des consultants labellisés qui auront des honoraires limités, tout est fait pour rassurer les petits patrons. A. S.

QUELLE RÉPONSE À LA RÉFORME FISCALE AMÉRICAINE ? « UNE RÉPONSE EUROPÉENNE ET RESPONSABLE » GILLES ROTH Député du CSV

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es États-Unis ont adopté une réforme fiscale qui pourrait représenter une menace pour l’économie européenne en favorisant les grandes entreprises américaines. Il faut une réponse européenne et responsable. Je ne pense pas que nous devons aligner notre système fiscal sur la réforme qui vient d’être adoptée aux États-Unis, mais nous devons éviter une concurrence des systèmes fiscaux qui risquerait de déséquilibrer nos développements économiques. Le Luxembourg doit veiller, avec ses partenaires de l’UE, à ce que les sociétés européennes ne soient pas pénalisées par la réforme fiscale des États-Unis. La compétitivité de nos entreprises qui opèrent sur les mar-

chés internationaux doit être préservée. Nous voulons en effet éviter une « course vers le bas ». Les négociations concernant la fiscalité doivent avoir lieu au sein de l’OCDE où règne un consensus qui prévoit un impôt juste pour les entreprises. Un compromis que les États-Unis doivent également respecter. La Commission européenne défend des principes que nous mettons aussi régulièrement en avant au Luxembourg : faire respecter la règle du level playing field. D’ailleurs, au Luxembourg, l’abaissement du taux d’affichage, avec parallèlement un élargissement de la base d’imposition, doit nous permettre de rejoindre les meilleurs du peloton de l’UE et de l’OCDE.

« NE PAS SUIVRE LA SURENCHÈRE » FRANZ FAYOT Député du LSAP

L

a réforme fiscale aux États-Unis est un cadeau massif du président Trump à ses pairs, c’est-à-dire les plus riches. De l’autre côté, elle est au détriment des classes moyennes et des laissés-pour-compte, qui ont – paradoxalement – favorisé son arrivée au pouvoir. D’après tous les experts, la réforme creusera encore les inégalités. D’une part, il est à prévoir que les multinationales avec actionnariat américain consolideront davantage leurs activités et profits aux États-Unis, réduisant ainsi les pratiques d’optimisation fiscale (profit shifting) par recours à des structures offshore en Europe et aux Caraïbes. D’autre part, la tendance isolationniste de la réforme est évidente : la volonté de coopérer dans un cadre international contre l’optimisation

fiscale sera inexistante sous l’administration Trump. Et l’exigence d’un level playing field en matière de règles anti-érosion illusoire. L’UE ne doit pas suivre cette surenchère et doit poursuivre ses réformes ambitieuses en matière de lutte contre l’optimisation fiscale et de déplacement des profits. Même si une certaine activité de structuration fiscale sur des places financières européennes, dont le Luxembourg, s’en ressentira. La justice fiscale devra être une marque d’excellence de l’Union européenne, au même titre que des standards sociaux élevés, une adhésion forte aux droits de l’Homme, des exigences environnementales et la défense de la protection de la vie privée dans un monde digitalisé.

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POLITIQUE FLASH-BACK

LuxLeaks, du calvaire à la lumière

LES VŒUX DE XAVIER BETTEL À LA PRESSE

La justice luxembourgeoise, comme la coalition Gambie, a porté LuxLeaks comme sa croix avant d’en tirer un bénéfice inespéré.

date 4 janvier 2018 lieu Musée national d’histoire et d’art

JUSTICE

L

le Parquet général, comme les juges de la Cour supérieure de justice, ont pris le parti de hiérarchiser le rôle et le sort des deux anciens salariés. À Antoine Deltour la béné­ diction et la grâce du lanceur d’alerte, à Raphaël Halet l’expiation de celui qui a trahi son employeur et fait craindre une épidémie de déloyauté dans les entreprises du pays. La Cour européenne des droits de l’Homme, éloignée du psychodrame luxembourgeois, tranchera dans deux ans au mieux. Politiquement, la consé­cra­ tion d’Antoine Deltour rejaillit indirectement sur le gouvernement. Une page se tourne pour la coalition Gambie, dont l’euphorie des débuts a été rapidement refroidie par le placement du Grand-Duché sur la liste noire du Forum mondial de l’OCDE sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales, puis par le scandale LuxLeaks. Deux séismes qui ont forcé le pays à sortir de son discours – devenu obsolète – sur la légalité de ses pratiques fiscales. Au final, le gouvernement a beau jeu de se présenter comme celui qui a fait entrer le pays dans l’ère de la transparence, oubliant les premières concessions de Jean-Claude Juncker sur la fin du strict secret bancaire dès 2005 (avec effet dix ans plus tard), ainsi que le changement de paraUN GOUVERNEMENT digme post-crise dans les discusDE LA RÉDEMPTION ? sions européennes au sein Mais elle a aussi sacrifié Raphaël desquelles le Luxembourg ne Halet, moins éloquent et moins peut tout simplement plus médiatique puisque resté muet s’accrocher à une résistance jusqu’au tribunal – où l’on appren­ inviolable teintée d’arrogance. dra qu’un mot lui aurait coûté 10 Un gouvernement de la rédempmillions d’euros d’indemnisation tion, en quelque sorte – carte de en faveur de PwC. Suivant le che- visite idéale à quelques mois des min des avocats du Big Four, élections législatives. C. F.

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Le Premier ministre a présenté pour la dernière fois de la mandature ses vœux à la presse luxembourgeoise. Xavier Bettel était entouré des représentants du Conseil de presse.

Le Premier ministre a insisté pour développer un sens critique face aux fake news et a indiqué que les réflexions se poursuivent en vue d’une refonte en profondeur du régime d’aide à la presse écrite.

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Parmi les invités, Mike Koedinger 1 (fondateur et président de Maison Moderne) ainsi que Paul Konsbruck 2 (chef de cabinet du Premier ministre), au second plan. Au premier plan, Richard Karacian 3 (CEO de Maison Moderne) et Jean-Paul Zens 4 (directeur du Service des médias et des communications du ministère d’État). À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.

PHOTOS Mike Zenari

uxLeaks, calvaire pour PwC, victime d’une double fuite interne, l’a aussi été pour le jeune gouvernement DP-LSAP-Déi Gréng, cueilli après un an de mandat par un scandale mondial ciblant le Grand-Duché de manière inédite, et pour la justice, attendue au tournant par l’opinion européenne voire internationale. S’accrochant en première instance à une considération purement pénale des actions d’Antoine Deltour et Raphaël Halet – dont le geste se résumait à avoir « commis un vol au détriment de leur patron » selon le procureur d’État adjoint –, la justice a évolué dans sa compréhension de l’affaire. Ignorant superbement la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme, le tribunal d’arrondissement a bien voulu évoquer des « lanceurs d’alerte » tout en leur refusant la moindre protection. La Cour d’appel s’est enhardie, à l’image du premier avocat général, à embrasser les principes dictés par les juges de Strasbourg, mais a laissé Antoine Deltour à un cheveu de l’acquittement. La Cour de cassation a franchi le dernier pas en consacrant le statut et la protection de l’ancien auditeur, hissant la justice luxembourgeoise au rang des quelques rares Européennes à avoir eu ce cran.


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POLITIQUE

ANNÉE ÉLECTORALE

EN 2018, LE CHANGEMENT ? Le passage à 2018 marque la dernière ligne droite avant les prochaines législatives. Tandis que les contours des thèmes et des programmes des partis prennent forme, le changement à l’issue du scrutin risque de n’être que très superficiel.

U

ne fois n’est pas coutume : à l’approche de la fin de la mandature, c’est le parti ouvrier socialiste luxembourgeois, le LSAP, qui mène la charge, sans égard aux partenaires de coalition. Après 13 ans passés au gouvernement, avec le CSV entre 2005 et 2013, et avec le DP et Déi Gréng depuis 2013, le LSAP a en effet davantage de comptes à rendre aux électeurs et à sa base. Dès l’année dernière, les socialistes irritaient leurs partenaires libéraux en réclamant une « réforme » du temps du travail, ou encore une hausse du salaire social minimum. Les écologistes avaient eux aussi droit à leurs « piques » : le vice-Premier ministre et favori pour devenir candidat chef de file du LSAP, Étienne Schneider, reprochait une « certaine hypocrisie » à son collègue le ministre du Développement durable, François Bausch, qui critiquait l’éventuelle implantation de Knauf, une fabrique de laine de roche jugée polluante (voir page 68). Le parti qui ramasse le plus, cependant, est sans surprise le CSV. Dans un entretien accordé à Paperjam et publié dans ce numéro, Étienne Schneider décrit le candidat chef de file des chrétiens-­s ociaux, Claude Wiseler, comme quelqu’un qui manquerait totalement de courage et de vision. Le pionnier de l’exploitation de l’espace va jusqu’à taquiner son adversaire en lui lançant un « Bonjour, Monsieur le vic e-P remier ministre » en pleine rue. Claude Wiseler préfère ne pas « descendre à ce niveau », mais on sent tout doucement la moutarde lui monter au nez.

elles, poussaient en revanche le président du CSV, Marc Spautz, à dénoncer une manœuvre contre le CSV. Beaucoup de bruit pour une idée tout de suite rejetée par Déi Lénk, qui ne voit pas comment il pourrait s’allier à une politique jugée libérale du LSAP. Côté partenaires de coalition, Déi Gréng restait muet, tandis que le secrétaire général du DP, Claude Lamberty, se contentait de rappeler la position centriste du DP. Son prédécesseur, Marc Ruppert, lui, allait quand même jusqu’à partager le jeu de mots luxembourgeois sur Twitter : « En Marche oder am Arsch ? » En français : « En Marche ou dans le cul ? » Inquiets que les réflexions du vice-Premier ministre puissent isoler le LSAP en vue d’une éventuelle coalition avec le CSV, les collègues d’Étienne Schneider, le président de fraction Alex Bodry, dans Paperjam, et le président du parti Claude Haagen, sur RTL le 13 janvier, tentaient d’ailleurs de relativiser. Des réflexions d’autant moins opportunes, car quelques jours plus tôt, 10 députés et membres du parti revendiquaient un certain retour aux sources socialistes. Quelques jours plus tard, c’était au tour de l’aile gauche du parti de réclamer par voie de lettre interne que l’on se concentre d’abord sur le programme, avant de désigner le chef de file du parti. Côté CSV, c’étaient également les questions de personnel qui dominaient en ce début d’année. Le « changement » à l’issue du scrutin du 14 octobre, annoncé par le secrétaire général du parti, Laurent Zeimet, ne s’articule actuellement pas sous forme de revendications ou propositions « A M ARSCH » L e s ré f l e x i o n s d’ É t i e n n e concrètes, mais plutôt sous forme Schneider au sujet d’un mouve- d’un retour espéré du CSV au ment En Marche ! (voir page 66), gouvernement. 16 —

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Les premières listes de candidats chrétiens-­sociaux étaient diffusées par RTL au comptegouttes, sans pour autant que l’on sache encore dans quelle circonscription Viviane Reding déposera sa candidature.

LES TEMPS SONT BONS, DU COUP, C’EST DUR

Côté programmes électoraux, les centrales des partis sont en train de les forger et il faudra encore patienter quelques mois. Outre les revendications du LSAP en ce qui concerne le salaire social minimum ou la promesse du CSV de pérenniser le système ­d’­as­surance-pension (sans pour autant dire comment), seuls des contours de la politique que promettent les partis pour 2018 à 2023 apparaissent. Le thème qui domine est celui de l’encadrement, ou de l’accompagnement, de la croissance. Thème générique qui englobe l’aménagement du territoire, la pénurie de personnel de l’État, la langue et l’identité, et dans une moindre mesure, la cohésion sociale, l’insécurité et les inégalités croissantes. Compte tenu du fait que ceux qui souffrent le plus des inégalités ne représentent qu’une petite partie des électeurs ou qu’ils ne seront pas appelés aux urnes car

ils n’habitent pas, ou plus, sur le territoire, les partis risquent d’être tentés de proposer uniquement des mesures censées amortir les effets collatéraux subis par les électeurs, à savoir les embouteillages et un sentiment subjectif d’insécurité. De l’autre côté, ils risquent d’être découragés d’oser proposer des mesures plus structurelles, qui sont pourtant nécessaires si l’on veut résoudre les problèmes dans le fond. Parti populaire au pouvoir entre 1974 et 2013, le CSV joue l’équilibriste dans la question de la croissance, tandis que les socialistes et les libéraux comptent sur le processus Rifkin pour se débarrasser de tous les problèmes. Déi Gréng, lui, commence tout doucement à se profiler : lors d’une table ronde sur RTL Radio le 13 janvier, modérée par une Claude Zeimetz à la lutte pour ob te n i r d e s p ro p o s i t i o n s concrètes de la part de ses invités politiques chrétiens-sociaux, libéraux, socialistes et écologistes, le président de Déi Gréng, Christian Kmiotek, évoquait l’idée d’une taxe sur l’utilisation du sol. Tous veulent le courage, mais si des mesures – aussi nécessaires soient-elles – sont impopulaires, plus personne ne bouge. Mais qui sait ? Il ne faut pas désespérer. F. A.

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Christine Zimmer a rejoint 101 Studios le 1er décembre 2017 en qualité d’associée et de head of marketing and communication. COMMUNICATION

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In p a rtn e rsh i p wi th

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Cryptocurrencies, tokens and distributed ledgers… Do these terms seem increasingly familiar to you, but you haven’t quite managed to get your head around them yet? Are you a young mind working in the legal profession or financial sector, a techy start up leader or an entrepreneur? Then stay tuned for the first Crypto Challenge! #SaveTheDate #13March2018 #Luxembourg @AllenOvery_LU @LHoFT @SiliconLux #crptchllng Allen & Overy Luxembourg allenovery_lu @AllenOvery_LU Alle n & O v e r y mea n s A l l e n & Ove r y LLP and/or its affiliated under takings. © Al l en & Ov er y 2018 3 3 a v e n u e J . F. K en n e d y L -18 5 5 L uxem bour g + 352 44 44 55 1 Alle n & O v e r y S o ci été e n co mma ndite sim ple inscr ite au bar r eau de Luxem bour g

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ENTREPRISES

entreprises Au souvenir La Fédération des artisans et la Chambre des métiers se sont rappelées au souvenir des décideurs politiques par la voix de leurs présidents à l’entame de l’année électorale. Durant le traditionnel pot de Nouvel An offert le 4 janvier, Michel Reckinger et Tom Oberweis ont demandé que les acteurs traditionnels ne soient pas oubliés en lançant : « Nous sommes une PME nation. » Enseigne prestigieuse L’information n’est pas confirmée, mais la rumeur est insistante. La prestigieuse ensei­gne française des Gale­ries Lafayette doit s’installer dans le futur complexe commercial et résidentiel Hamilius, qui doit voir le jour au centre de la capitale. Bout du tunnel Selon le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette, Georges Mischo (CSV), le projet de nouveau centre commercial pour Cactus dans la capitale du sud pourrait finalement voir le jour en 2021, alors que le calendrier initial était fixé pour 2014. Mais des tracasseries administratives et autres recours de riverains avaient retardé le calendrier. Ambitions globales Talkwalker, l’outil de veille et d’analyse des réseaux sociaux, et son entreprise, Trendiction, ont attisé l’appétit du fonds américain spécialisé notamment

dans les techno­logies, Marlin Equity Partners. L’équipe dirigeante qui restera au poste veut ainsi devenir un acteur global et atteindre à moyen terme les 500 personnes. CES porteur Belle représentation des huit start-up luxembourgeoises au CES de Las Vegas. Des contacts précieux ont été pris et un accord a été passé entre CarPay-Diem et l’un des leaders mondiaux de mobilité intelligente, l’Allemand ZF Friedrichshafen. La solution de paiement dans les stations essence de la start-up devrait être intégrée dans le « Car eWallet » de l’équipementier. Maison Moderne Richard Karacian a rejoint l’actionnariat de Maison Moderne aux côtés des autres associés : Mike Koedinger, Francis Gasparotto, Guido Kröger et Etienne Velasti. Depuis début 2018, le conseil d’administration de la maison d’édition de Paperjam a évolué et est composé de Mike Koedinger (président), des entrepreneurs luxembourgeois Jean-Claude Bintz (vice-président) et Daniel Schneider (membre), ainsi que de Richard Karacian (CEO) et Etienne Velasti (directeur administratif et financier). Le comité de direction est quant à lui composé de Richard Karacian, Etienne Velasti, Francis Gasparotto et Guido Kröger.

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­— Février 2018

BUSINESS MENTORING

Les cheffes d’entreprise s’entraident Né d’une volonté de la Chambre de commerce d’encourager l’entrepreneuriat, Business Mentoring a suivi 123 jeunes chefs d’entreprise, avec l’aide d’une cinquantaine de mentors. Parmi eux, quelques femmes : elles sont trois à revenir sur leur parcours.

(De g. à dr.) Lut Laget, Isabelle Saint-Antoine et Virginie Kuenemann se sont rencontrées, le temps d’une séance photo, au magasin de Virginie.

V

irginie Kuenemann a créé le concept-store pour enfants Miyo qui a ouvert ses portes le 24 juin dernier. Au Luxembourg depuis vingt ans, elle a plaqué le confort du secteur financier pour se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. « En 2003, la société pour laquelle je travaillais a fermé ses activités pour les rapatrier sur Dublin, raconte l’entrepreneuse. J’ai négocié un bon pécule et je suis partie vivre neuf mois en Crète. Je suis devenue monitrice de plongée sous-marine, mais après une saison, j’ai réalisé que je ne voulais pas faire ça à plein temps, je suis donc rentrée ». C’est à la naissance de ses enfants qu’elle se rend compte que l’offre pour ces derniers est

pauvre au Grand-Duché. L’idée commence à germer, mais il fallait un événement déclencheur : « Le décès de mon père a été un électrochoc. Je me suis dit que la vie était trop courte pour ne pas prendre de risque. J’ai démissionné et j’ai rejoint le programme Fit4Entrepreneurship de la Chambre de commerce. » Elle démarre ainsi avec 30 % de fonds propres et un prêt, tout en revoyant le budget familial. Virginie Kuenemann intègre le programme et c’est Laurent Schonckert, administrateur-directeur de Cactus, qui la prend sous son aile : « J’avais un business plan qui tenait la route, des financements, mais il me manquait des contacts. Laurent m’a apporté

PHOTO Edouard Olszweski

DIGEST


ENTREPRISES SAGA

une aide précieuse pour m’aider à sortir de ma zone de confort ». Elle s’est donné deux ans pour arriver à vivre de sa société, mais après seulement six mois d’activité, elle paie loyer, factures et le salaire de son employée à 32 h / semaine.

tard, la cheffe d’entreprise profite encore néanmoins des bienfaits de Business Mentoring : « Aujourd’hui, je me sens plus aguerrie, même si nous sommes dans une nouvelle phase-clé de la société avec la construction de notre bâtiment. Mon mentor m’a SE LAISSER CONVAINCRE beaucoup aidé pour faire face à Isabelle Saint-Antoine, administra- ce nouveau challenge ». trice déléguée d’Agilis Engineering, créee en 2009, a fait partie des PARFOIS TRÈS SEULE pionniers du programme. Elle Si Isabelle Saint-Antoine ne se sent n’était pas spécialement convain- pas encore prête pour devenir mencue au début de l’aventure. « J’étais tor, Lut Laget, à la tête de VGD vraiment dubitative. Étant dans Luxembourg, a franchi le pas dès le secteur industriel, je voulais 2010 dans le programme Business trouver un mentor qui comprenne Mentoring. Après 20 ans d’expémon activité. J’ai dû me laisser rience dans le monde de la fiscalité convaincre, explique Isabelle Saint- et la comptabilité, elle n’en est pas Antoine. Pourtant, je ne l’ai pas du à son coup d’essai puisqu’elle a fait tout regretté. La présence du men- partie de la Fédération des femmes cheffes d’entreprise, en étant aussi ambassadrice de l’entrepreneuriat féminin au Luxembourg. « À 49 ans, j’ai réalisé qu’on reçoit beaucoup de la société, explique la mentore. Je me suis décidée à redonner et consacrer de mon temps libre. Le programme fait gagner beaucoup de temps aux mentorés. On se sent parfois très seul en tant que chef d’entreprise ». En 2011, elle prend part aux comités de sélection, en partenariat avec les autres mentors qui deviennent à force des amis : « Cela a pris à peu près un an avant de Virginie Kuenemann trouver une mentorée, ce qui ne Fondatrice et directrice-associée m’a pas empêché entre-temps de du concept store Miyo trouver des candidates pour rentrer dans le programme. » Choisir tor pendant la phase de construc- un mentoré, c’est une aventure tion de notre atelier a été professionnelle, mais aussi persondéterminante. » nelle : « On choisit une personne et Elle opte pour un suivi sur ça se transforme en amitié pro18 mois. « Nous nous sommes ren- fessionnelle. Du coup, on ne se contrés une fois par mois environ, rend plus compte du temps qu’on sans compter les coups de télé- passe à accompagner cette perphone. Le moment-clé a été de me sonne. De toute façon, il n’y a faire jouer des jeux de rôle pour aucune obligation, chacun fait ce présenter mon dossier aux qu’il peut. » A.  S. banques. Nous sommes encore en contact aujourd’hui. » En 2009, les programmes de soutien à la création d’entreprise n’existaient pas. Depuis, la Chambre de commerce a lancé plusieurs initiatives pour faire Le programme de business men­ gagner du temps aux créateurs toring revendique un impact positif d’entreprises. au sein de la société, avec 90 % Isabelle Saint-Antoine aurait des entreprises montées par aimé en bénéficier. Neuf ans plus les mentorés encore actives.

« Je me suis dit que la vie était trop courte pour ne pas prendre de risque. »

90 %

NAMUR  : 155 ANS DE PASSION Cela fera 155 ans, le 23 mars prochain, que Nicolas Namur a ouvert sa première confiserie dans la rue de Mamer. Une boutique qui fut en réalité sa deuxième après un succès connu à Sacramento en Californie dès 1854. 1863 Nicolas Namur revient au Luxembourg en 1861, suite à la guerre de Sécession qui sévit aux États-Unis. Deux ans plus tard, il ouvre sa première boutique.

1904 41 ans après l’ouverture du premier établissement, Nicolas Namur lègue son entreprise à son fils George qui la développe et l’installe au 60, Grand-Rue à Luxembourg.

1930 Georges Paquet, le neveu de George Namur, qui a appris le métier en Suisse, gère avec sa femme la maison jusqu’à la fin des années 60.

1974 Max et Jean-Paul Nickels, petits-fils de Georges Paquet, reprennent la maison.

1976 Ouverture du magasin de Luxembourg-Gare.

1986 D’autres magasins seront ouverts : à Esch-sur-Alzette (1986), Bertrange (1988), Ingeldorf (1988) et Metz (2005).

1989 Installation du magasin de la ville à son emplacement actuel, au 27, rue des Capucins.

2007 Transfert de l’atelier à LuxembourgHamm, avec ouverture d’un magasin, restaurant et service banquet.

6e génération Depuis quelques années, c’est Anne et Max Jr. Nickels (les enfants de Jean-Paul Nickels) qui gèrent la confiserie Namur. C’est la 6e génération.

Février 2018 —

­ — 19


ENTREPRISES E L E VAT O R P I T C H

DIVERSIFICATION

POST DANS LA LOGISTIQUE Post Luxembourg poursuit une stratégie de diversification afin de compenser la chute inexorable de son métier historique, le courrier. La logistique est un des piliers d’avenir.

C

ertaines administrations et entreprises se rappellent au bon souvenir des clients et assujettis en leur transmettant encore factures et communications par voie postale, mais l’e-mail a supplanté une large part de lettres d’antan. « Depuis 2012, tout comme dans les pays voisins, la tendance du courrier est à la baisse », déclarait Claude Strasser en décembre 2016 à Paperjam. Le directeur général de Post Luxembourg ajoutait cependant que la baisse était moins importante qu’à l’étranger grâce à la bonne croissance du pays. Le rap-

« Nous faisons aussi évoluer l’opérateur postal vers une entreprise de logistique. » Claude Strasser Directeur général

port annuel de l’entreprise note que « la baisse accélérée des volumes du courrier (…) atteint -5,8 % en 2016 ». Parmi les pistes abordées pour compenser cette baisse, l’équipe de Claude Strasser (arrivé en 2012 à la tête du groupe Post) investit dans la logistique et la distribution. La montée de 60 % à 90 % du capital de l’entreprise de distribution express de courrier et de colis Michel Greco, en janvier 2015, marquait une volonté du groupe de se positionner durablement dans ce créneau. Un réseau de 70 stations automatisées de retrait de colis a vu le 20 —

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jour parallèlement à la fermeture de 35 bureaux postaux. Post est aussi actionnaire à 50 % dans TNT Luxembourg.

HUBS ET PARTENAIRES

Entre-temps, une équipe dédiée à la logistique s’est formée autour d’Achim Taylor, ancien directeur de Kuehne + Nagel Luxembourg : « Nous avons créé une équipe il y a deux ans pour trouver des revenus supplémentaires en raison du déclin de notre métier traditionnel. Nous avons développé des services in-house pour des clients basés au Luxembourg, des clients qui se font livrer au Luxembourg et des acteurs asiatiques actifs dans l’e-commerce. » Post Luxembourg compte sur la position de « hub » du pays pour répondre aux besoins de distribution en Europe d’acteurs asiatiques. L’entreprise s’est ainsi dotée d’un entrepôt au Findel, ce qui lui permet d’honorer l’accord de coopération stratégique conclu avec SingPost (Singapore Post Limited) pour « mettre en place des solutions logistiques de bout en bout pour le commerce électronique entre l’Asie et l’Europe », selon le communiqué diffusé en août 2016 au moment de l’annonce. Mi-décembre, Post Luxem­ bourg annonçait une prise de participation dans la plateforme électronique de livraison de petits colis à domicile en Europe, Eurosender. Créé à Londres en 2014, le centre opérationnel de cette plateforme de booking opérant dans 31 pays se situe en Slovénie. En choisissant de miser sur un acteur en développement, Post investit un créneau visiblement porteur. L’e-commerce représentait 53,6 % des revenus de SingPost au 2e trimestre de l’année fiscale 2017 / 2018, contre 48,3 % un an plus tôt. T. R.

NOMOKO Une copie de la planète

Q

ue se passerait-il si le soleil brillait 365 jours par an au Luxembourg ? Ou si on interdisait totalement la circulation en ville ? Ces questions pourront bientôt trouver leurs réponses grâce à la technologie développée par Nomoko. La jeune pousse a en effet l’ambition de créer un modèle virtuel très précis de la planète qui puisse servir de simulateur grandeur nature à tous les scénarios possibles et imaginables. « Les villes seront modélisées en priorité, car c’est là que réside pour nous la valeur commerciale de notre projet, explique Vincent Pedrini, l’un des trois cofondateurs de la start-up. Nous sommes par exemple en phase de test avec des constructeurs automobiles pour simuler la mise en circulation des voitures autonomes. » Piétons, précipitations, trafic… toutes ces données pourront être intégrées dans la planète virtuelle créée par Nomoko. La petite entreprise a déjà développé une caméra spécifique pour cartographier la réalité et le programme informatique en charge de la modélisation des données collectées est quasiment finalisé. Après deux ans de R & D, la phase opérationnelle a donc commencé. Luxembourg sera l’une des premières villes proposées. Plus d’informations sur nomoko.world

start-up création Localisation Capital social Cofondateurs levée(s) de fonds Chiffre d’affaires Objectifs de croissance

Nomoko Juin 2015 Paul Wurth InCub 62.500 euros Vincent Pedrini, Kevin Mersch et Nilson Kufus Plus de 4 millions de dollars Aucun pour l’instant Atteindre la taille critique de 50 employés dans l’année et ouvrir un bureau aux États-Unis


« En affaires, tout est une question de bon timing. » Christiane Wickler à propos de la newsletter biquotidienne Paperjam.

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ENTREPRISES DU CHALLENGE À LA SOLUTION

ALEXANDRA ET LA CHOCOLATERIE Elle n’a que 26 ans, mais vient de reprendre la chocolaterie Génaveh. Alexandra Kahn déborde d’idées et d’ambitions pour ce petit joyau artisanal situé à Steinfort.

E

lle sait « depuis toujours » qu’elle veut travailler dans l’univers du luxe ou le secteur de la bouche. Après des études parisiennes en gestion, finance et entrepreneuriat, Alexandra Kahn a déjà passé pas loin de quatre ans à Hong Kong, plusieurs mois dans des pâtisseries de luxe et des dizaines d’heures dans sa cuisine. « La stratégie, le positionnement de marque, le conseil, c’est très bien, mais je voulais mettre la main à la pâte », énonce ce petit bout de femme au sourire ineffaçable. Issue d’une famille alsacienne, la jeune femme avait eu plusieurs occasions de passer au Luxem­ bourg où son grand-père avait des commerces (Léonidas – tiens tiens ! – et À La Bourse, par exem­ ple) et où son père est avocat. Ce dernier lui parle de la chocolaterie Génaveh qui cherchait un repreneur depuis le décès de Geula Naveh qui avait fondé l’entreprise il y a 12 ans. C’est Tenzing Partners qui a accompagné le cédant dans cette opération et a recommandé l’entreprise : « La qualité du produit et les possibilités de développement nous font penser que c’est une belle opportunité d’investisse m e n t   » , d é t a i l l e D a n i e l Schneider, associé chez Tenzing Partners, qui a décidé de rentrer

Alexandra Kahn fière de ses chocolats.

22 —

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dans l’actionnariat de la chocolaterie. « Alexandra a un bon profil, l’esprit d’entreprise, le dynamisme et l’expérience du secteur food », poursuit-il. De son côté, Alexandra Kahn s’est montrée séduite par la chocolaterie parce que « c’est un projet accessible, avec une petite équipe (cinq personnes, ndlr), qui fait tout à la main et de très bons produits que l’on ne trouve pas ailleurs. » Sans vouloir préciser le montant de son investissement, elle souligne que les machines sont de très bon niveau et qu’avec le fonds de commerce, elle a repris tout le matériel et les recettes. On trouve ainsi, aux côtés des traditionnels chocolats pralinés, orangettes ou tablettes, une pâte à tartiner digne des meilleures tables, des chocolats parfumés à l’hibiscus, au thé matcha, au coquelicot ou au gingembre, des rochers, des croquants… « Préparés avec les meilleurs ingrédients ». Après une arrivée sur les chapeaux de roues, quelques semai­ nes avant le gros rush de Noël, Alexandra va maintenant développer la marque « à commencer par en moderniser le graphisme, l’image, les packagings… ». Elle va continuer à mettre l’accent sur la qualité des produits et va faire évoluer la marque en créant de nouveaux produits. L’objectif d’Alexandra Kahn est de continuer le travail accompli par les fondateurs, tout en développant cette entreprise et en faire un champion national. Le petit comptoir de vente de la zone industrielle de Steinfort devrait connaître un coup de neuf également. Car aujourd’hui, si les chocolats de Génaveh bénéficient d’une bonne réputation, ils sont encore peu distribués au Luxembourg – au Pall Center, chez Paul et au 100 % Luxembourg – et à l’étranger – quelques contacts et distributeurs en Israël ou au Maroc. F. C.

SE CONFORMER AU RGPD Entreprise Fondation Secteur d’activité Nombre d’employés

Verkéiersverbond (Communauté des transports) Établissement public créé en 2005 Mobilité des personnes 52

CHALLENGE MISE EN CONFORMITÉ À partir du 25 mai 2018, tout acteur économique européen devra être conforme au règlement général sur la protection des données (RGPD). Bien que le Verkéiersverbond ait par le passé introduit plusieurs notifications et demandes d’autorisations de traitements de données auprès de la Commission nationale pour la protection des données (CNPD), il demeure une certaine incertitude face aux exigences du nouveau règlement.

MÉTHODE ANALYSER L’EXISTANT Après une première analyse du texte du RGPD en interne ainsi qu’une participation à une séance d’information auprès de la CNPD, il s’est avéré qu’il faudrait dans un premier temps dresser un état des lieux en essayant d’identifier les traitements de données à caractère personnel existants et d’analyser leur conformité au RGPD.

SOLUTION FAIRE APPEL À UN PRESTATAIRE EXTERNE Nous avons fait appel à un prestataire externe, afin d’analyser l’existant et dresser un registre des traitements, de déterminer les écarts éventuels avec la loi et de prioriser les étapes suivantes en utilisant une approche risque. Une roadmap sera définie pour l’implémentation des exigences recommandée afin de déterminer le contenu et les objectifs des modules de travail qui seront programmés, d’identifier les ressources nécessaires et de calculer les coûts de mise en œuvre. Un correspondant en matière de protection des données a été nommé en interne et sera, à terme, la personne de contact pour toute question liée au sujet.

ROI DIFFICILEMENT MESURABLE Le ROI s’exprime en termes d’opportunités. Celles-ci sont : Un meilleur contrôle sur les données traitées ; Gagner la confiance des clients, employés et partenaires ; S’assurer de la conformité par rapport au cadre légal, tout en évitant des coûts liés à des sanctions.

PHOTO Mike Zenari

ARTISANAT


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ENTREPRISES

MEDIA AWARDS

53 pubs triées sur le volet La 4e édition des Media Awards verra 53 dossiers départagés dans six catégories. Le jury rendra son verdict le 1er février depuis le Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg.

COMPOSITION

DEMANDEZ LE JURY Outre les prix Gold, Silver et Bronze remis dans les six catégories du concours, les membres du jury remettront un coup de cœur à une campagne. Le jury de l’édition 2018 des Media Awards est composé de :

Joe La Pompe (Célèbre chasseur de publicités jumelles – joelapompe.net)

L’édition 2016 du concours avait été marquée par la campagne « The Legend », signée Nvision, pour Sources Rosport.

omme tous les deux ans, la communauté de la communication et de la création publicitaire du Luxembourg va se réunir à l’occasion des Media Awards organisés conjointement par Maison Moderne et RTL. Cette édition sera marquée par la participation du président du conseil de surveillance de Publicis Groupe, Maurice Lévy, en tant que président d’honneur. Le concours, récompensant la publicité « above the line » et dont la soirée de gala se déroule au Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg, nécessite le travail engagé et bénévole des six membres du jury. Tous sont experts de la communication et des médias et ont dû éplucher les 164 dossiers de candidature pour déterminer les finalistes dans six catégories : Cross-Media, Presse B 2 B, P re ss e, T V   /   C i n é m a , Internet et Radio. « Le jury était composé d’experts disposant d’expériences différentes, ce qui nous a donné l’opportunité de pondérer nos critères de façon nuancée, déclare Pascale Kauffman, membre du jury. Il est toujours très utile d’avoir un regard extérieur dans le cas d’un petit marché tel que le nôtre. » D’après sa connaissance du secteur, la fondatrice de l’agence Apollo Strategists estime que d’autres campagnes auraient pu 24 —

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concourir : « Les Media Awards représentent une occasion fantastique pour les agences de mettre en avant le travail fourni pour leurs annonceurs. » 15 agences, 37 annonceurs ont été choisis cette fois autour de 53 projets. L’ancien directeur de la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC) et fondateur de la société Coast Consulting, Thierry Nothum, a aussi volontiers endossé ce rôle. Il s’interroge sur l’exploitation de toutes les possibilités technologiques offertes par internet, au regard des dossiers déposés dans cette catégorie. Quant à la question de savoir quelle est la recette pour composer une « bonne pub », Thierry Nothum indique que

« l’excellence continue de passer par un équilibre entre le travail artistique et le message qui doit être retenu, sans devoir revoir la publicité indéfiniment. » Jugé peu avenant par un autre membre du jury qu’est Damien Lemaire (rédacteur en chef de Media Marketing en Belgique), le niveau de la qualité globale des dossiers tient peut-être, en partie, au manque de budget chez certains. « Depuis une dizaine d’années, les annonceurs ont d’autres priorités », ajoute Pascale Kauffman. La crise et ses conséquences réglementaires pour le secteur financier ont ajouté des lignes comptables pour les entreprises qui, pour certaines, ont temporisé leurs investissements en communication. T. R.

Damien Lemaire (Media Marketing Belgique)

Hugues Rey (Havas Media Group Belgium)

Pascale Kauffman (Apollo Strategists)

Dominique Godin (Conseil en stratégie de communication)

Thierry Nothum (Coast Consulting)

Les Media Awards créent de l’émulation au sein des créatifs luxembourgeois… et des annonceurs.

PHOTOS Maison Moderne (archives) / DR

C


ENTREPRISES

ET LES NOMINÉES SONT... Voici la liste des 53 campagnes retenues par le jury des Media Awards 2018.

CROSS-MEDIA SAVOIR-BIÈRE

par Binsfeld pour le client Battin

PRÊT LOGEMENT

par Vous pour le client BCEE Spuerkeess

POUR L’OUVERTURE D’UN COMPTE EN LIGNE « COCO »

par Vous pour le client BGL BNP Paribas

SIMPLY CFL

par Concept Factory pour le client CFL

STOP TRAITE – CAMPAGNE DE SENSIBILISATION CONTRE LA TRAITE DES ÊTRES HUMAINS

LE DROIT DU TRAVAIL N’EST PAS UN JEU D’ENFANT

TV / CINÉMA

PARTAGEONS LA VILLE

par Maison Moderne pour le client Castegnaro

OUVERTURE CACTUS MARNACH

par Comed pour le client Ville de Luxembourg

LOGO

KEYPRIVATE

EUROPEAN MOBILITY WEEK /  LA VILLE EST BELLE

par Comed pour le client Chambre de commerce

ORANGE PHONE CLOUD

par Mikado Publicis pour le client Orange

SIMPLY CFL

par Concept Factory pour le client CFL

PRESSE

par Wili pour le client Cactus par Ierace Dechmann + Partners pour le client Keytrade Bank Luxembourg

TRIP

par Mikado Publicis pour le client Luxair

PAS DE PETITS DÉCHETS

par Mikado Publicis pour le client ministère du Développement durable

WHY DO WE…

par Binsfeld pour le client Ville de Luxembourg

ON A VU

par Mikado Publicis pour le client Optique Moitzheim

END OF YEAR 2015

par Ierace Dechmann + Partners pour le client Tango

RADIO

DROITS HUMAINS

par BetoCee (Brand Loving Company) pour le client Post Luxembourg

CHRËSCHTDAG

par Moskito pour le client Comité de suivi de lutte contre la traite des êtres humains, représenté par le ministère de la Justice

par Comed pour le client Amnesty International

L’EFFET WAOUH

SOURCE OF ME

OUI. ET NON.

HELLOFUTURE

VISA GOLD

par Comed pour le client Fedil, Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg, Chambre de commerce et Luxinnovation

HANDY

par Mikado Publicis pour le client ministère du Développement durable et des Infrastructures, Sécurité routière et Police grand-ducale

END OF YEAR 2015 & END OF YEAR 2016

par Ierace Dechmann + Partners pour le client Tango

LET YOURSELF GO

par Lola Communication pour le client Tango

TANGO FIBRE

par Ierace Dechmann + Partners pour le client Tango

PRESSE B2B EXPLORATION

par Ierace Dechmann + Partners pour le client Arendt Business Advisory

INNOVFIN

par Vous pour le client BGL BNP Paribas

par Mikado Publicis pour le client Immotop

par BetoCee (Brand Loving Company) pour le client Sources Rosport

par Ierace Dechmann + Partners pour le client ING Luxembourg

SAVOIR-BIÈRE

KIRSCH, LE BOUCHER

STOP TRAITE – CAMPAGNE DE SENSIBILISATION CONTRE LA TRAITE DES ÊTRES HUMAINS

par Graphisterie Générale pour le client Kirsch, Le Boucher

LE SERVICE BAGAGES INCLUS

par Mikado Publicis pour le client Luxair

LES MAISONS MÉDICALES

par Mikado Publicis pour le client ministère de la Santé

YOUR GOOD MOMENTS

par Mikado Publicis pour le client Pizza Hut

SIMPLY CFL

par Concept Factory pour le client CFL

MA LANGUE VA VOUS FAIRE PLAISIR :P

par Noosphere Brand Strategy pour le client L’essentiel

VOTEZ ÉGALITÉ

par Plan K pour le client ministère de l’Égalité des chances

par Binsfeld pour le client Battin

par Moskito pour le client Comité de suivi de lutte contre la traite des êtres humains, représenté par le ministère de la Justice

ON A VU

par Mikado Publicis pour le client Optique Moitzheim

LET YOURSELF GO

par Lola Communication pour le client Tango

par IP Product!ons pour le client Baby-Center par IP Product!ons pour le client Delvaux

FIRE ODYSSEY

par IP Product!ons pour le client Emil Antony

UN MOMENT D’EXCEPTION EN RADIO

par IP Product!ons pour le client Goeres Horlogerie

EASYPROTECT ACCIDENTS

par IP Product!ons pour le client Lalux Assurances

DRIVING DREAMS VISUAL IDENTITY

par BetoCee (Brand Loving Company) pour le client Losch Luxembourg

TRIP

par Mikado Publicis pour le client Luxair

FÊTE DES MÈRES

INTERNET IMU

par Binsfeld pour le client Kewido

DRIVING DREAMS VISUAL IDENTITY

par BetoCee (Brand Loving Company) pour le client Losch Luxembourg

1.300 PASSIONNÉS À VOTRE SERVICE

par Ierace Dechmann + Partners pour le client Losch Luxembourg

par IP Product!ons pour le client Mondorf Domaine thermal

CHANGEZ DE COULEURS

par IP Product!ons pour le client Peinture Antony (Groupe Marchione)

STOP TRAITE – CAMPAGNE DE SENSIBILISATION CONTRE LA TRAITE DES ÊTRES HUMAINS

par Moskito pour le client Comité de suivi de lutte contre la traite des êtres humains représenté par le ministère de la Justice

Février 2018 —

­ — 25


ENTREPRISES

ICT

ARHS S’OUVRE À SES EMPLOYÉS La société ARHS va déménager ses équipes de Bertrange à Belval en 2019. Une opération qui a mobilisé les employés de la société à qui l’on a proposé de financer l’opération via une participation à l’actionnariat d’ARHS.

est en 2003 qu’ARHS s’est formée autour de cinq personnes et de son fondateur, Jourdan Serderidis, un Belge d’origine grecque, basé au Luxembourg. Spécialisée dans la gestion de systèmes et de projets informatiques complexes, ARHS se concentre sur cinq pôles principaux : le développement de logiciels de pointe, le développement mobile, la confiance numérique, les services d’infrastructure IT, la business intelligence. Aujourd’hui, la société possède trois filiales au Luxembourg, ainsi que cinq filiales en Belgique, Grèce et Italie. Un développement organique et indépendant que revendique la firme, qui possède 100 % de toutes ses filiales.

Les quelque 150 clients, eux, proviennent principalement des institutions européennes (+/- 66 %), suivi des télécoms (+/- 10 %), banques & assurances (+/- 16 %), industrie (+/- 4 %) ainsi que les services publics (+/-4 %).

DÉMÉNAGEMENT

Plus de la moitié des 1.000 collaborateurs sont basés au Luxembourg. Ces derniers ont été sollicités pour participer au financement de la nouvelle installation prévue à Belval, sous forme d’actionnariat. Une centaine d’employés a répondu à l’appel, une manière pour l’entreprise d’inclure ses collaborateurs dans le développement d’ARHS. Ces derniers vont s’installer dans le futur bâtiment « NAOS », en cours

dépassé la barre des 1.000 en moins de 10 ans », affirme Pierre Noël, associé. « Comme ARHS Group continue à croître, nous sommes sans cesse à la recherche de collaborateurs talentueux qui pourraient rejoindre notre équipe de professionnels basée dans nos différents bureaux en Europe. » La croissance devrait se poursuivre en 2018 avec un focus sur les applications mobiles, les technologies blockchain (confiance numérique), internet of things ou encore les objets connectés. A. S.

PARTICIPATION DES EMPLOYÉS Des actions pour financer le nouveau bâtiment à hauteur de 36 % €

C’

de construction en collaboration avec la société Atenor, pour y louer plus de la moitié des locaux, soit de la place pour quelque 400 personnes, le reste des employés étant basé en clientèle. C’est en raison d’une croissance continue, + 31 % en 2017 par rapport à l’exercice précédent, que l’entreprise a pris la décision de ce déménagement. « 2017 est l’année où nous avons atteint la barre des 1.000 collaborateurs ! Nous étions 121 collaborateurs en 2007 et nous sommes fiers d’avoir

Construction du nouveau bâtiment avec partenaires tiers

ARHS 100 employés d’ARHS Part de la société

CEO SELFIE

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1 Carine Lorenz Marketing and communications manager 2 Catherine Nortier Customer accountant 3 Jerry Wagner Managing partner 4 Jaime Lohrke Head of presales and sales 5 David Celis Managing partner

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PHOTO Jerry Wagner ILLUSTRATION Daphne Fu (Maison Moderne)

JERRY WAGNER CMD.SOLUTIONS


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ENTREPRISES

Molitor face aux multiples défis du milieu juridique Fondé en 1996, le cabinet d’avocats s’adapte à l’évolution du paysage juridique et de son contenu.

« La digitalisation percute le droit du travail de plein fouet, confirme Me Molitor. Les nouveaux moyens de communication conduisent le salarié à être en permanence connecté avec son entreprise. Il n’arrive plus à déstresser et finit en burn out. Mais faut-il légiférer sur le droit à la déconnexion comme en France ? Je partage l’avis du ministre du Travail sur le fait que nous avons déjà un cadre législatif assez strict sur la flexibilité des heures de travail, la sécurité et la santé au travail. Il faut respecter les lois qui existent. C’est davantage un problème à régler par les ressources humaines qu’un problème législatif ou juridique. »

CASSE-TÊTE LÉGISLATIFS

Niche Me Molitor revendique un positionnement intermédiaire dans le paysage des cabinets d’avocats au Luxembourg.

L

a multiplication des con­ traintes réglementaires ne touche pas que les banques ou les compagnies d’assurances. Des médecins aux avocats, le milieu libéral est en ébullition depuis plusieurs mois sous l’effet de la réforme fiscale de 2017 qui lui impose une comptabilité en partie double, à l’instar de ce que pratiquent déjà les entreprises et les commerçants, dès lors que le revenu professionnel du cabinet dépasse 100.000 euros. Un changement de donne qui a conduit le cabinet Molitor – Avocats à la Cour, comptant aujourd’hui 42 collaborateurs, à abandonner sa structure historique d’association de fait pour se constituer en société. « À l’origine, je voulais fonder un cabinet commercial, tourné vers les entreprises, avec un volet local et une composante internationale pour profiter de mon expérience à l’étranger », se souvient Michel Molitor. Entre contentieux en droit du travail et contentieux international, le cabinet a grandi. « Nous nous définissons aujourd’hui comme étant parmi les plus petits des grands ou les plus grands des petits », sourit l’avocat. 28 —

­— Février 2018

Une position à défendre dans le paysage luxembourgeois. « Nous nous positionnons sur les franges où nous sommes à même de faire jouer nos compétences, comme le droit social, le contentieux des affaires ou le droit des sociétés et des transactions. Nous n’avons bien sûr pas les ressources pour concurrencer les grands cabinets sur un méga-accord de fusion, nécessitant par exemple de très larges équipes. » Une niche porteuse puisque les grands cabinets anglo-saxons ciblent plutôt les fonds ou les opérations sur les marchés financiers. « La concurrence est un aiguillon qui conduit à se remettre en question », souligne Me Molitor. Côté recrutement, la rémunération « parfois astronomique » des grands cabinets dans certaines branches de droit, comme les fonds d’investissement, crée une concurrence très rude. Toutefois, « il est plus facile d’attirer un avocat en contentieux ou en droit du travail, car souvent son horizon en termes de carrière se bloque dans une grande structure. » Le paysage juridique a évolué et son contenu également.

En revanche, la digitalisation soulève un « véritable sujet juridique », selon M e Molitor : le télétravail. « C’est un mode de travail qui a tendance à se développer et le fera encore plus dans le futur, d’autant qu’au Luxembourg il se combine avec la problématique du transport. » Mais c’est au-delà du Grand-Duché qu’il doit être toisé, tant il engendre des difficultés transfrontalières au niveau de la fiscalité ou encore de la sécurité sociale. « Mais nous aurons aussi besoin d’une législation nationale au regard de la sécurité et de la santé au travail : que se passe-t-il par exemple si le salarié en télétravail tombe dans son escalier ? » Sans compter l’aspect social de la vie en entreprise. « Il faut que le lien avec l’entreprise et la collégialité demeurent, c’est pour cela que nous permettons parfois à nos collaborateurs de travailler depuis leur domicile, mais nous tenons à un temps de présence minimum à l’étude. » Reste d’autres solutions comme le co-working ou l’entreprise délocalisée. « Cela peut être une option intéressante pour les Big Four par exemple, dont certains salariés passent de toute façon beaucoup de temps auprès de leurs clients, ou les start-up. » Le fondateur du cabinet Moli­ tor identifie encore un domaine du droit du travail qui mériterait des précisions législatives : les

clauses de non-concurrence inscrites dans certains contrats de t rava i l . «   Les juridictions tâtonnent quand il s’agit de clauses plus larges que celles actuellement prévues de manière très limitative par le Code du travail. La tendance est aujourd’hui de dire qu’elles sont valables, mais qu’elles doivent être rémunérées et limitées dans le temps. Un coup de main législatif serait le bienvenu pour compléter le Code du travail. » L’avocat salue d’ailleurs le toilettage de la loi sur le bail commercial. « C’était une bonne chose de vouloir légiférer alors que le texte datait de 1936, glisse-t-il. Le législateur a essayé de faire la part des choses entre le besoin de protéger le tissu commercial et le salariat du secteur, et la nécessité de préserver une certaine liberté contractuelle. Personne n’est tout à fait content, donc on peut en déduire qu’il s’agit d’un bon compromis. Et les avocats spécialisés ont de beaux jours devant eux avec de nouvelles interprétations à soumettre aux juridictions... » C. F.

PRÉSENTÉES PAR

carrières Après avoir fait ses preuves au sein de Funds Partnership, Maxime Crec’hriou a été promu team leader. Titulaire de deux masters en relations internationales et langues étrangères, il parle six langues. RESSOURCES HUMAINES

Le département Property management d’Inowai renforce son équipe avec l’arrivée de Geoffrey Castagna en qualité de technical & project manager. IMMOBILIER

Frédéric Barth, 29 ans, vient renforcer l’équipe de Bionext Lab en tant que responsable de communication scientifique. SOINS ET SANTÉ

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Le job-board de ceux qui ne vont pas sur les job-boards


PLACE FINANCIÈRE

PLACE FINANCIÈRE DIGEST

E-banking Trois Luxembourgeois sur quatre ont recours à la banque en ligne. Selon une étude ­d’Eurostat, 51 % des Euro­péens utilisent régu­lière­ment ­l’e-banking. Une moyenne qui augmente selon l’âge — 68 % d’utilisateurs dans la tranche des 25-34 ans — et le niveau d’éducation. Avec une moyenne globale de 76 % d’utilisateurs parmi la population, le Grand-Duché se situe dans le premier quart. Le taux y était de 46 % il y a 10 ans. Plan social D.A.S. Luxemburg, la compagnie d’assurances spécialisée dans la protection juridique, quittera bientôt le Luxembourg. La maison mère a fait le choix

de vendre le portefeuille clients de sa filiale luxembourgeoise à Allianz Luxembourg. 10 des 25 employés seulement seront repris par Allianz. En 2017, cinq plans sociaux ont impacté la place financière pour une perte d’emplois totale avoisinant les 200 unités.

Les cryptomonnaies se sont invitées dans les débats financiers. La plus emblématique, le bitcoin, a doublé sa valeur sur quelques semaines, avant de chuter aussi rapidement. Retour sur ces monnaies nées d’un code source et uniquement contrôlées par un réseau d’ordinateurs. Valeur (en $)

19.499 $ 20.000

De la Bil à KBL On sait désormais où ira l’argent que Precision Capital engrangera avec la cession prochaine de la Bil. Le holding qatari a précisé qu’il serait affecté au développement du groupe de banque privée KBL epb, qu’il détient à 99,9 %. KBL epb veut poursuivre son développement par croissance externe en ciblant des opportunités d’achat sur ses marchés-clés. Precision Capital a signé un accord pour la cession de ses 89,9 % dans la Bil avec le Chinois Legend Holdings, début septembre 2017, pour 1,5 milliard d’euros. Cyberassurances Selon le Baromètre des risques 2018 d’Allianz, les cyberattaques constituent les principales sources de risque pour les entreprises. La première conséquence est la croissance des cyberassurances à travers la planète. Aux États-Unis, ce marché pèserait déjà 3 milliards de dollars.

À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.

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Bitcoin yo-yo

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Poussée de fièvre Le bitcoin a flambé en décembre avant de dégringoler aussi vite en janvier.

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e reflux a commencé à la mi-janvier. Il a adopté une allure aussi rapide que la flambée qui l’a poussé à atteindre des sommets un mois plus tôt. Le bitcoin et, dans son sillage, l’ensemble des cryptomonnaies ont connu des pertes de valeur de près de 20 % par jour vers le 15 janvier dernier. Le bitcoin était passé en moins d’un mois de 10.000 à 19.499 dollars, après avoir franchi la barre symbolique des 20.000 dollars en cours de séance le 17 décembre. Des investisseurs au goût du risque prononcé comme les hedge funds, appâtés par les profits rapides, se sont jetés sur cette valeur virtuelle et l’ont fait flamber. Au point d’alerter toute la communauté financière planétaire. Il semble

d’ailleurs que ce soit un ensemble de déclarations marquant une volonté de trouver un moyen de réguler ces moyens de paiement alternatifs qui pousse désormais les aficionados à vider leurs porte-monnaie électroniques. La plus emblématique dans ce coin de la planète, la réaction de l’Autorité des marchés financiers (AMF) en France, le 9 janvier dernier, après une vidéo de la starlette Nabilla expliquant qu’elle avait joué et gagné avec le bitcoin et incitant l’investisseur lambda à miser, lui aussi, sur la monnaie virtuelle. « #Nabilla. Le #Bitcoin c’est très risqué ! On peut perdre toute sa mise. Pas de placement miracle. Restez à l’écart », lui a

SOURCE www.abcbourse.com

Agréations Depuis le 3 janvier dernier, AIG Europe est agréée comme compagnie d’assurances au Luxembourg. Son siège est situé à Bertrange, là où la compagnie est déjà implantée depuis 1995. La compagnie américaine d’assurances a été la première à annoncer son implantation au Luxembourg pour ses activités européennes dans le contexte du Brexit, en mars 2017. L’assureur britannique H ­ iscox, qui a fait le même choix deux mois plus tard, a aussi reçu la sienne le 17 janvier.

CRYPTOMONNAIES


PLACE FINANCIÈRE

rapidement répondu l’AMF dans un tweet. En Corée du Sud, au début du mois de janvier, le gouvernement avait déclaré qu’il se préparait à interdire les plateformes d’échange des cryptomonnaies, avant de rétropédaler en précisant que sa stratégie n’était pas encore arrêtée. Mais le pays fait face à un très large engouement populaire pour ce type d’investissement et tente de mieux le contrôler. D’au t re s p e rs o n n a l ité s, comme le prix Nobel Joseph Stiglitz ou le gourou de la Bourse Warren Buffett, se sont aussi positionnées face aux risques que représenteraient les cryptomonnaies. « Je peux dire avec quasi certitude que tout cela va mal finir », a ainsi déclaré le milliardaire américain, dont les avis font généralement référence. « Nous n’en possédons aucune, nous ne parions pas sur leur baisse, nous n’investirons jamais dans ces cryptomonnaies. » (voir aussi l’avis de quatre économistes sur le sujet dans notre table ronde sur les perspectives économiques pour 2018 en pages 76-90)

LE CONTRÔLE DE LA BLOCKCHAIN

Même si beaucoup de monde a découvert son existence au cours des dernières semaines de 2017, lors de son ascension effrénée, le bitcoin n’est pas un nouveau venu sur la planète Finance. Il est né en 2009 après la publication du code source par un certain Satoshi Nakamoto, un pseudonyme qui cacherait une communauté de geeks qui avait pour ambition de lancer un moyen de paiement parallèle aux monnaies traditionnelles et qui, contrairement à celles-ci, n’est pas sous le contrôle d’une autorité centrale. Pour sécuriser le système, les concepteurs ont développé une technologie, la blockchain, permettant un contrôle décentralisé de pair à pair. Dans la blockchain, chaque transaction ou opération de création de monnaie est contrôlée par une multitude d’intervenants plutôt que par une autorité centrale. Un système extrêmement perfectionné, mais également

grand consommateur d’énergie. Pour valider les opérations, la block­chain a besoin d’une multitude d’ordinateurs fonctionnant simultanément. C’est ce que l’on appelle, dans le jargon du bitcoin, les « mineurs ». De véritables fermes de minage – des hangars à serveurs – se sont développées à travers la planète, surtout en Asie et aux États-Unis. Chaque opération mettant en branle une armée d’ordinateurs, les compteurs électriques se sont mis à tourner rapidement pour chaque transaction opérée. Selon le site digiconomist.net, à la mi-janvier 2018, la consommation annuelle pour les transactions en bitcoin est estimée à 42 térawatts / heure… sept fois la consommation annuelle du Luxembourg. Mais, si l’on commente beaucoup le parcours en montagnes russes du bitcoin, ce n’est pourtant pas la seule cryptomonnaie au monde. On parle aussi beaucoup de l’ether (Ethereum) ou du ripple. On estimait, fin 2017, à 1.335 le nombre de monnaies virtuelles, et il s’en crée de nouvelles chaque semaine. Le bitcoin est sans doute la plus importante – fin 2017, elle affichait une capitalisation boursière de 200 milliards de dollars –, mais pas celle qui a progressé le plus vite. Alors que le bitcoin a gagné 1.318 % sur l’année 2017, le ripple a progressé de 36.000 % sur la même période. De quoi se poser quelques questions effectivement sur la bulle qui guette ces monnaies, dont le cours est uniquement basé sur la

« Je peux dire avec quasi certitude que tout cela va mal finir. » Warren Buffett Président Berkshire Hathaway

EN CHINE

6,9% C’est la progression de l’économie chinoise en 2017. Un chiffre supérieur aux attentes, alors qu’en 2016, elle avait enregistré sa croissance la plus faible depuis un quart de siècle à 6,7 %.

loi de l’offre et de la demande, naies pour des opérations de mais pour lesquelles on sait que levées de fonds. Les ICO (Initial les détenteurs se réduisent par- Coin Offering) sont de plus en fois à un petit nombre de spécu- plus populaires. Sur l’année 2017, lateurs qui peuvent facilement 235 sociétés ont eu recours à cette influencer les cours. technique pour lever, au total, quelque 3,7 milliards de dollars. DES POSSIBILITÉS ÉLARGIES Les monnaies virtuelles séduisent Dans un premier temps, les donc de plus en plus. On estime utilisateurs du bitcoin l’ont vu actuellement que plus de 5 milcomme une manière de jouer à lions de personnes à travers le l’écart du système monétaire tra- monde en détiennent. Mais ces ditionnel en créant une nouvelle chiffres restent invérifiables vu le communauté. Certains y ont vu relatif anonymat qui entoure ces un acte libertarien ; pour d’autres, nouvelles devises. Et c’est justec’était aussi l’occasion de pouvoir ment là que le bât blesse. acheter des biens et services sur L’absence de contrôle centralisé internet sans devoir fournir ses qui est au cœur du système bitcoordonnées bancaires. Parce coin a fait en sorte que, dans ses que c’est bien le but premier de premières années au moins, il a ces monnaies virtuelles : commer- été vu comme une aubaine par les cer entre membres. Au départ, grandes organisations criminelles les échanges étaient unique­ pour blanchir de l’argent. ment limités à la Toile, mais Ce serait moins le cas aujourd’hui, des commerces et aujourd’hui. Mais comme beaudes entreprises acceptent les bit- coup d’initiatives alternatives destinées à sortir des sentiers coins en espèces sonnantes. On battus, il paraît évident que a d’ailleurs vu apparaître la technologie de la block­ le premier distributeurchain, qui a rendu possible échangeur automatique de bitcoins à Vancouver l’émergence du bitcoin, (Canada) en 2013. Depuis, sera récupérée par le sysla technologie s’est répan­ tè m e d e l a f i n a n c e traditionnelle. due à travers le monde, mais sa propagation reste Quant aux cryptomonrelativement lente. Selon naies, le débat reste ouvert le site coinatmradar.com, on pour savoir s’il s’agit d’un compte actuellement 2.066 moyen de paiement d’avenir ou distribu­teurs ATM de bitcoin d’une bulle qui pourrait bien un répartis entre 66 pays, mais avec jour éclater à la face de ses détenune large proportion sur le conti- teurs. À ce moment-là, ils n’auront nent nord-américain. personne vers qui se tourner pour Plus récemment, des start-up réclamer des compensations, le ont également eu recours au bit- bitcoin n’étant couvert par aucune coin ou à d’autres cryptomon- contre-valeur. J.-M. L. Février 2018 —

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PLACE FINANCIÈRE B U Z Z WO R D

BANQUES

921 MILLIARDS DE PRÊTS TOXIQUES Les banques européennes n’ont pas fini d’écluser leurs actifs pourris malgré le succès des bad banks post-2008.

É

trennée en 1934 aux ÉtatsUnis, la recette de la bad bank – une structure de défaisance chargée d’isoler les actifs toxiques d’une banque pour lui permettre de retrouver la con­ fiance des investisseurs – a permis de limiter les dégâts issus de la libéralisation bancaire dans les années 1980 aux États-Unis et en Scandinavie. Rien d’étonnant à ce que les bad banks refleurissent dans le contexte de la crise de 2008, héritière de la titrisation prolifique des crédits subprime américains. Citigroup et Bank of America aux États-Unis, Hypo Real Estate, WestLB ou encore Commerzbank en Allemagne, ainsi que Barclays et RBS au Royaume-Uni ont déversé leurs crédits faisandés dans une structure séparée. Même le Grand-Duché s’y est essayé lors de la liquidation de la filiale de la banque islandaise Kaupthing. « C’était une première au Luxembourg et elle a été réalisée de manière complètement artisanale », se souvient Franz Fayot, avocat liquidateur en 2009. Fin 2016, Pillar Securitisation détenait encore 78,8 millions d’euros d’actifs.

de livres d’actifs – sur 50 milliards initialement. D’autres structures perdurent. La Nama irlandaise doit écouler 1,6 milliard d’euros de dette obligataire privée d’ici 2020. Sareb, forte d’un portefeuille de 50,78 milliards d’euros en 2012, a jusqu’en 2027 pour combler la dette supportée par l’État espagnol. Elle a d’ores et déjà cédé 27 % de ses actifs. Quant à UK Asset Resolution, gérant les actifs de Bradford & Bingley et Northern Rock après leur nationalisation, elle a jusque 2020 pour écluser 23 milliards de livres d’actifs sur les 116 milliards légués en 2010. Royal Park Investments, issue du démantèlement de Fortis, a cédé son portefeuille à Lone Star Funds pour 6,7 milliards d’euros, et se concentre sur le suivi de dizaines d’actions judiciaires en réclamation outre-Atlantique. La Banque centrale européenne estime à 921 milliards d’euros la valeur des actifs dont les banques ne parviennent pas à se défaire. Un mal auquel les institutions financières opposent des solutions diverses. L’idée d’une bad bank paneuropéenne avancée par l’Autorité bancaire européenne n’a pas eu l’heur de séduire, la Commission comme UN PAYSAGE CLAIRSEMÉ Dix ans après l’effondrement des la BCE prônant plutôt une supercrédits subprime, le paysage des vision accrue des prêts non perbad banks s’est clairsemé. SNB formants (NPL) au sein des StabFun (UBS) a remboursé les banques. La BCE intime aux 26 milliards de dollars prêtés par banques de provisionner la totala Banque nationale suisse en lité des prêts dont le recouvre2013. Créée en 2014 avec 110 mil- ment semble incertain. De quoi liards de livres d’actifs, Barclays mettre en rage l’Italie, affaiblie Non-Core a fermé ses portes l’été par un ratio de 14,79 % de NPL. dernier. Barclays a rapatrié les L’institution de Francfort sug27 milliards de livres restants gère également la création d’une dans ses livres. Citigroup a plateforme par le secteur privé débranché Citi Holdings, qui a et mettant en relation banques géré jusqu’à 800 milliards de dol- et investisseurs de manière plus lars d’actifs, et ne conservait plus transparente. Ce qui permettrait que 54 milliards fin 2016. Et la d’ancrer dans le secteur privé la bad bank de Royal Bank of résolution du problème des actifs Scotland vient de baisser le toxiques et d’attirer davantage rideau avec encore 16,1 milliards d’investisseurs. C.F.

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Crowdfunding [ˈkraʊdfʌndɪŋ] noun

Avec l’émergence du crowdfunding, des particuliers peuvent devenir actionnaires de jeunes sociétés sans passer par les structures classiques.

L

e crowdfunding, ou financement participatif, est une manière de faire naître des projets qui n’auraient peut-être pas vu le jour en comptant sur les canaux de financement traditionnels. Basé sur la désintermédiation, le crowdfunding permet à un artiste, un entrepreneur ou un inventeur déjanté d’obtenir le montant nécessaire à la concrétisation de son idée en faisant appel directement au grand public. Enfin, directement, peut-être pas tout à fait. Pour s’assurer une certaine visibilité, le porteur de projet passe généralement par une plateforme de financement participatif qui joue les intermédiaires contre une certaine commission. C’est évidemment l’avènement d’internet qui a permis le démarrage de cette pratique, même si, avant cette époque, certains ont certainement pratiqué le crowdfunding sans le savoir. Le crowdfunding n’est pas non plus uniforme. Au départ, les apporteurs de capitaux, souvent de petites sommes, finançaient un livre, un CD ou un film contre la promesse de recevoir un exemplaire ou des tickets d’entrée en contrepartie. Aujourd’hui, la pratique s’est professionnalisée. Si la version « don » est encore considérée comme du crowdfunding, plus généralement les personnes intéressées aideront l’entreprise à aboutir sous la forme de prêts avec intérêt ou pas – on parle alors de « crowdlending » – ou en prenant des parts de capital de la future société. Elles recevront alors éventuellement des dividendes et pourront voir leurs actions prendre de la valeur selon le succès du projet.


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PLACE FINANCIÈRE OPINION

LES APPÉTITS S’AIGUISENT Leader mondial de la finance verte, le Luxembourg est de plus en plus concurrencé par les grands centres financiers européens.

L

es efforts du Luxembourg pour développer la finance verte, dans la foulée du sommet de Paris de 2015 sur le climat, obtiennent un certain écho. Luxembourg for Finance est ainsi parvenu à se faire inviter comme orateur lors du « FT climate finance summit » qui se tiendra à New York le 6 février prochain. Anouk Agnès, directrice générale adjointe de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi), participera à un panel qui se posera la question de savoir « comment faire de la finance climatique un courant dominant ». Une belle opportunité pour le pays de faire connaître son savoir-faire, dont l’outil le plus visible est le Luxembourg Green Exchange, la bourse verte créée à l’automne 2016 en tant que première mondiale. Lancée il y a déjà un peu plus de dix ans, la cotation d’obligations vertes est peu à peu devenue une spécialité locale et, aujourd’hui, la moitié des obligations vertes lancées au niveau mondial sont cotées au Luxembourg Green Exchange. Une position de leader reconnue par la firme PwC, qui a publié une étude en décembre sur le futur des places vertes et dont le Luxembourg est absent. Et pour cause, l’étude s’est contentée d’observer les places financières des pays du G7. Mais au moment de sa sortie, Jon Williams, associé en charge du changement climatique et du développement durable chez PwC au Royaume-Uni, a admis qu’il faudrait, à l’avenir, élargir l ’é t u d e p o u r i n t é g r e r l e Luxembourg et la Chine, les deux grands absents (Source : Les Échos, 14 décembre 2017). Dans cette étude, on voit en tout cas que les grandes places boursières, comme Paris, Zurich et Francfort, ne ménagent plus leurs efforts pour devenir des centres importants de la finance verte. Le mieux positionné actuellement est Francfort, qui a déjà 34 —

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émis pour un total de 21,8 milliards d’euros de green bonds – 63 milliards d’euros fin 2017 pour le Luxembourg. Paris suit avec 19 milliards d’émissions. Au niveau des émissions par pays, c’est la France qui pointe en numéro 1 avec un volume de 27,5 milliards d’euros déjà émis, notamment par ses grands énergéticiens EDF et Engie. Mais ici aussi, PwC reconnaît que la Chine aurait dû faire partie de l’étude, avec des émissions à hauteur de 13 milliards d’euros rien que sur l’année 2017. Grands absents, le Luxem­ bourg et la Chine travaillent cependant de plus en plus étroitement ensemble pour la pro­ motion de ces outils de finance verte qui doivent fournir les moyens financiers nécessaires afin de lutter contre le réchauffement climatique. J.-M. L.

PRÉSENTÉES PAR

carrières Steffi Wächtler, 38 ans, a été promue manager internal services chez RSM Tax & Accounting Luxembourg. Elle a rejoint RSM en 2011 en tant qu’assistante administrative. BUSINESS ADMINISTRATION, FINANCE & LEGAL

Thomas Mathieu, 30 ans, a été promu manager chez RSM Tax & Accounting Luxembourg. Titulaire d’un master finance, contrôle, audit (ESM IAE, Metz), il a rejoint RSM en 2013 en tant que client advisor et possède le titre d’expert-comptable depuis 2017. BUSINESS ADMINISTRATION, FINANCE & LEGAL

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L’immobilier, encore un bon placement ? « NE PAS NÉGLIGER LES RISQUES » JULIE HONORÉ Executive director, EY Luxembourg

Une croissance économique soutenue, une stabilité politique, la pénurie de l’offre par rapport à une demande croissante, l’investissement dans les infrastructures, autant d’éléments qui maintiennent des prix de transaction élevés. Un certain nombre de risques peuvent impacter négativement le rendement de ce type de placement, comme le risque d’une augmentation des taux d’intérêt ou d’une bulle immobilière. Il est par ailleurs important de bien penser la structuration financière et fiscale de son investissement au moment de l’achat, notamment en termes d’optimisation du coût d’acquisition, compte tenu des effets fiscaux directs et latents, des flux locatifs pendant la période d’exploitation de l’immeuble respectivement le traitement des plus-values lors de la vente de l’objet  afin d’optimiser le retour sur investissement.

« UN PLACEMENT PEU RISQUÉ » JULIEN LICHERON Coordinateur, Observatoire de l’habitat et chercheur au Liser

Le marché de l’immobilier est évidemment étroitement dépendant de l’activité économique et de son corollaire, la croissance démographique. Donc, il est difficile d’avancer une conclusion définitive sur le marché de l’immobilier pour les cinq ou dix prochaines années. Néanmoins, si l’activité économique reste soutenue, je crois fermement que l’immobilier résidentiel sera encore un bon investissement au Luxembourg. La croissance régulière et forte des prix des logements est d’abord le résultat d’un décalage entre une demande extrêmement forte (alimentée par une croissance démographique de 2,5 % par an, soit 14.000 individus et près de 6.000 ménages supplémentaires à loger) et une offre qui peine à dépasser 3.000 logements produits chaque année. Si le gouvernement parvient à augmenter significativement l’offre de logements et à combler l’écart entre offre et demande, cela pourra freiner la hausse des prix mais le logement restera un placement peu risqué avec un rendement très correct. Découvrez la version intégrale sur paperjam.lu.

PHOTOS DR

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ÉCONOMIE

économie DIGEST

Hyperconnectés 82 % des résidents luxembourgeois qui utilisent internet y font leur shopping, selon Eurostat. Ce chiffre place le Grand-Duché en 3e position ex æquo avec l’Allemagne, le Danemark et les PaysBas, juste derrière la Grande-Bretagne (86 %) et la Suède (84 %). La moyenne européenne est à 68 %. Le prix d’un café Chaque Luxembour­ geois contribuerait à hauteur de 1,6 euro par jour au budget de l’Union européenne, selon le magazine Politico, qui fait remarquer que cela équivaut à la moitié du prix d’un café au lait. Baptisée Index Cappuccino, cette étude place les citoyens du GrandDuché comme les plus gros contributeurs des États membres en termes absolus. Toujours à la mode En 2016, les résidents luxembourgeois ont dépensé en vêtements et en chaussures 1.700 euros, selon une

enquête d’Eurostat. C’est plus du double de la moyenne de l’ensemble des Européens. Les Autrichiens et les Britanniques arrivent seconds (1.300 euros), juste devant les Italiens (1.100 euros).

Entre opérations de collecte et campagnes de promotion, Valorlux doit redoubler de créativité pour améliorer le recyclage des emballages.

Le FMI optimiste Trois mois après ses dernières prévisions, le Fonds monétaire international a révisé mi-janvier ses données à la hausse et annoncé une croissance mondiale de 3,9 % pour 2018 et 2019, contre 3,7 % auparavant. L’économie indienne connaîtra le plus fort développement durant ces deux années, devant celle de la Chine. Temps partiel Le nombre d’hommes travaillant à temps partiel au Luxembourg aurait augmenté de 10 % depuis 2007, selon une étude de l’association Équilibre, qui milite pour une meilleure représentation des femmes dans les entreprises. Chaque année, on observe une augmentation de 18 % des demandes de passage à mi-temps de la part des hommes. Le courrier en baisse Les Luxembourgeois auraient envoyé l’année dernière 5 % de lettres de moins qu’en 2016, soit environ 191 millions d’unités, selon l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR). Ces chiffres confirment une tendance constatée depuis 2013.

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plus de déchets (recyclés)

­— Février 2018

Valorlux a recyclé en 2016 plus de 71 % des emballages produits par ses membres.

D

eux centimes de plus et un message : « Please, forget me. » Les sacs plastique légers, que l’on peut acheter à la caisse des supermarchés, sont désormais un peu plus chers. Et à partir du 31 décembre 2025, leur consommation annuelle ne devra pas dépasser les 40 par personne. Un objectif sous forme de défi pour le Luxembourg, où chaque habitant utilisait en moyenne 140 poches de ce type en 2017. Valorlux, qui représente 90 % des responsables d’emballages du Grand-Duché – 10 % reste donc à convaincre –, fut pourtant une des premières associations de ce type à proposer en 2004 la vente de sacs réutilisables. La centralisation et la gestion unique de cette opération, baptisée « écosac », étaient d’ailleurs désignées en 2012 par la Commission euro-

péenne comme un exemple de bonne pratique dans le domaine de la prévention des déchets.

UNE APP ET UN CONCOURS

C’est en 1995, à la suite d’une directive européenne sur le traitement des emballages, qu’une vingtaine d’entreprises créent Valorlux. L’asbl, qui regroupe aujourd’hui 1.021 membres, se voit confier les missions de collecte et de recyclage. La Commission européenne a fixé aux États membres l’objectif de recycler pour 2008 un minimum de 55 % en poids des matériaux contenus dans les déchets d’emballage. Le Luxembourg y est parvenu en grande partie grâce à Valorlux, qui lance en 1997 ses fameux sacs bleus dans lesquels sont collectés les plastiques durs, métaux et cartons à boissons.

PHOTO Valorlux

Croissance revue La croissance annuelle du PIB pour le troisième trimestre 2017 atteindra les 3,2 %, selon la première estimation du Statec. Les deux trimestres précédents ont, eux, été revus à la baisse, passant de + 4 % à + 3,8 % pour le premier, et de 2,2 % à 1,9 % pour le deuxième.

GESTION DES EMBALLAGES


ÉCONOMIE luxembourg performance index

JANVIER 2018 CHÔMAGE TOUJOURS SOUS LES 6 %

INVESTISSEMENT LES ENTREPRISES FRILEUSES

Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à l’Adem au 31 décembre 2017 s’établissait à 17.283, soit 5,8 % de la population active. Il s’agit d’une baisse de 4,6 % par rapport à la même période l’année dernière. De leur côté, les employeurs ont déclaré 2.122 postes vacants durant le même mois, soit 8,7 % de plus qu’en décembre 2016.

Alors que leurs profits ont légèrement augmenté, passant de 41 % à 41,4 % entre le deuxième et le troisième trimestre 2017, les entreprises non financières de la zone euro ont consacré moins d’argent à l’investissement durant cette même période.

24 % 23,1

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SOURCE Eurostat

BALANCE DES PAIEMENTS TOUJOURS POSITIVE

Compte courant janvier-septembre 2016

Le compte courant de l’État enregistrait au cours des trois premiers trimestres de l’année dernière un solde positif de 2,6 milliards d’euros, ont indiqué début janvier la Banque centrale du Luxembourg (BCL) et le Statec. Une baisse de près de 17 % par rapport à la même période l’année dernière, même si les exportations nettes de services, tant financiers que non financiers, ont été en hausse d’environ 7 %. Ce qui n’a pas permis d’effacer complètement l’accentuation du déficit du revenu primaire, qui s’élève à 12 milliards d’euros. Balance des paiements du Luxembourg (en millions d’euros)

234.945

Crédit Débit

231.765

Solde : 3.181

Compte courant janvier-septembre 2017

Crédit

221.587

218.938

Débit

SOURCE BCL, Statec

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23 %

22,4

5,8 %

6 %

DES CIRCUITS COURTS

Une fois triés, les emballages collectés par Valorlux sont vendus dans des usines de recyclage hors des frontières. Il n’en existe en effet aucune au Luxembourg. En 2016, 6.500 tonnes de plastique, métaux et cartons à boissons collectés dans les sacs bleus ont ainsi quitté le pays. Le prix de ces déchets varie selon des cours internationaux. « Entre 200 et 300 euros la tonne pour le plastique PET, affirme Claude Turping. Mais leur vente ne couvre qu’un cinquième du coût de nos actions. Le reste est complété par les cotisations de nos membres, qui varient selon la quantité d’emballages mise sur le marché. Nous ne touchons aucune subvention. » Pour réduire les coûts, l’association veille à envoyer ses déchets dans les centres de recyclage les plus proches du Luxem­bourg. Elle cherche également à élargir la collecte. Un projet pilote mené dans une vingtaine de communes ouvre le tri aux sacs et films plastique. Les emballages non recyclables sont quant à eux revalorisés thermiquement pour le chauffage urbain ou l’industrie du ciment. Valorlux recyclait en 2016 plus de 71 % des emballages commercialisés par ses membres. J. M.

Taux d’investissement des entreprises non financières de la zone euro (données désaisonnalisées)

6,5 %

Solde : 2.648

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230 k

240 k

CONFIANCE L’OPTIMISME EN RECUL

INFLATION PLUS FAIBLE EN DÉCEMBRE

Après trois mois consécutifs de hausse, l’indicateur de confiance des consommateurs de la Banque centrale du Luxembourg (BCL) a fini l’année en baisse. Les anticipations des ménages relatives à la situation économique générale, à leur situation financière et à leur capacité d’épargner ont toutes baissé. Seul l’indicateur concernant le chômage s’est amélioré.

Après avoir connu une baisse notable au mois de novembre, le taux d’inflation au Luxembourg a continué de diminuer en décembre, atteignant une moyenne annuelle de 1,4 %, identique à celle de la zone euro. Ce résultat est dû à la baisse conséquente des prix des produits pétroliers, alors que ceux des autres biens et services ont augmenté modérément.

Indicateur de confiance des consommateurs 2 %

20 15

Mais avec une population en augmentation constante, la quantité de déchets collectés gran­dit chaque année – rapporté à son nombre d’habitants, le Luxembourg est l’un des plus gros producteurs de déchets de l’Union européenne. « On ne peut pas obliger les gens à faire le tri, les campagnes de communication et de sensibilisation sont donc nos seuls leviers pour améliorer le taux de recyclage actuel », explique le directeur de Valorlux, Claude Turping. Sur ce chapitre, l’asbl tente donc d’innover. En 2015, elle a lancé son app, alors que depuis 2011 elle organise un concours de dessin pour les élèves des écoles fondamentales. « Les enfants restent une cible privilégiée (…) pour que le tri devienne un automatisme chez les plus jeunes », est-il d’ailleurs indiqué dans le dernier rapport annuel de l’association.

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SOURCE Banque centrale du Luxembourg

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SOURCE Statec

Février 2018 —

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ÉCONOMIE D RO I T D U T R AVA I L

Malgré une économie parmi les plus performantes de l’UE, les entreprises luxembourgeoises sont peu rentables. Un paradoxe qui s’explique notamment par des frais d’exploitation élevés.

HEURES SUPPLÉMENTAIRES

D

CONSTAT

En quête de rentabilité ans un billet publié en janvier sur le site internet de la Fondation Idea, l’économiste JeanBaptiste Nivet faisait remarquer que la rentabilité des entreprises luxembourgeoises non financières était inférieure à celle des PaysBas, de l’Allemagne, de la Belgique, ou encore de la France. En entrant plus dans les détails, il observait que les performances de certains secteurs étaient inquiétantes, en particulier le commerce, l’hébergement, la restauration et l’industrie. Un constat connu depuis longtemps par la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC). « C’est un secret de polichinelle, remarque Nicolas Henckes, le directeur de la CLC. Pour faire face à la concurrence des sites internet et des commerces de la Grande Région, qui utilisent des prix d’appel de plus en plus agressifs, nos commerçants doivent baisser leurs prix, alors que leurs coûts fixes – personnel, loyer et stocks – restent au mieux identiques. » Même constat dans le secteur de l’horeca. « Nos frais d’exploitation sont très élevés, et les petites structures sont celles qui en souffrent le plus, indique François Koepp, le secrétaire général de la TAUX BRUT D’EXPLOITATION DES ENTREPRISES (EN %) 11

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SOURCE Statec

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­— Février 2018

15 20

Fédération luxembourgeoise des hôteliers, restaurateurs et cafetiers. Les contraintes administratives sont de plus en plus nombreuses, le salaire social minimum bien plus élevé que chez nos voisins, et le prix des surfaces est en constante augmentation. » Le constat est un peu plus mitigé à la Fedil, où l’on fait remarquer qu’après avoir été durement touchée par la crise, la rentabilité dans l’industrie se porte plutôt bien, même si celle-ci se situe encore loin de la moyenne européenne.

UNE SITUATION INQUIÉTANTE

À long terme, cette situation est inquiétante pour les PME luxembourgeoises. En effet, si les marges se réduisent, la capacité d’investissement s’en voit affectée. « Si ces entreprises continuent à investir, elles s’endettent, et leurs bilans se dégradent, explique Jean-Baptiste Nivet. Et si elles n’investissent plus, leur compétitivité diminue. » À l’heure de la digitalisation de l’économie, une bonne partie des PME luxembourgeoises auraient donc des difficultés à investir dans des infrastructures numériques. Le gouvernement et les Chambres professionnelles ont compris l’importance de ce challenge. Les initiatives se multiplient pour encourager les acteurs économiques à se moderniser. Mi-janvier, le ministère de l’Économie, aux côtés de Luxinnovation et des Chambres des métiers et de commerce, présentait un programme de digitalisation des PME. Et alors que seuls 9 % des commerces luxembourgeois proposent des solutions de vente en ligne, le gouvernement doit lancer la plateforme Letzshop.lu, qui permettra à tous les commerçants du GrandDuché de créer une boutique en ligne à moindre coût. Des mesures bienvenues, mais qui ne résoudront que partiellement le problème de la rentabilité. J. M.

Le recours aux heures supplémentaires est réglementé par le Code du travail : il n’est admissible que dans certains cas et sous la surveillance de l’ITM. Concernant les demandes en paiement d’heures supplémentaires par le salarié, la jurisprudence fait intégralement reposer la charge de la preuve sur ce dernier qui doit démontrer la réalité des heures supplémentaires prestées et le fait qu’elles aient été prestées à la demande ou avec l’accord de l’employeur.

CE QUE DEVRAIT DIRE LA LOI La jurisprudence a allégé le fardeau de la preuve pesant sur le salarié en décidant qu’il y a accord implicite de l’employeur lorsqu’il ressort des faits de l’espèce que ce dernier ne pouvait ignorer la prestation d’heures supplémentaires par un salarié, sans pour autant avoir porté son désaccord à sa connaissance. Il y a ainsi accord implicite de l’employeur lorsque les heures supplémentaires avaient été prestées en sa présence, ou lorsque la charge de travail du salarié rend la prestation d’heures supplémentaires indispensable.

QUE FAIRE ? Il est important de mettre en place au sein de l’entreprise, dans le cadre par exemple d’un règlement intérieur, une procédure simple et transparente visant à contraindre les salariés à solliciter et obtenir l’accord préalable et formel de l’employeur pour la prestation d’heures supplémentaires (ou à l’en informer préalablement et en temps utiles, afin de lui permettre d’exprimer son désaccord, le cas échéant).

L’AVIS L’employeur doit être préalablement informé de la prestation d’heures supplémentaires par ses salariés (et donc de pouvoir, le cas échéant, s’y opposer). Outre la question financière, il en va de sa responsa­ bilité, notamment pénale : les heures supplémentaires ne sont autorisées que dans des cas exceptionnels limitativement énumérés et toute infraction relative est susceptible d’être sanctionnée sur le plan pénal.

Régis Muller Avocat à la Cour et counsel chez Molitor-Avocats à la Cour, Régis Muller est spécialisé dans le droit du travail, incluant l’immigration, les permis de travail, les droits à la pension et les plans sociaux.

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ÉCONOMIE

LE LUXEMBOURG ALIGNE LES ZÉROS Alors que la Commission européenne a annoncé début janvier qu’elle installerait au Grand-Duché le siège administratif du projet EuroHPC, le gouvernement luxembourgeois entend devenir un acteur européen incontournable en matière de puissance de calcul.

P

our comprendre le concept de high performance computing (HPC), il faut être prêt à aligner les zéros. Ces supercalculateurs offrent en effet des capacités de calcul inégalables grâce à une technologie permettant de cumuler la puissance de centaines de milliers de processeurs selon un réseau d’interconnexions bien particulier. Ces systèmes informatiques existent depuis plusieurs années, mais leur architecture est en constante évolution. « Un ordinateur ordinaire a une puissance d’environ 100 gigaflops, ce qui lui permet d’effectuer en moyenne 100 milliards d’opérations par seconde, simplifie Sébastien Varrette, chercheur à l’Université du Luxembourg. En comparaison, un HPC d’un exaflops, projet sur lequel travaillent la Chine et les États-Unis, sera capable d’effectuer un milliard de milliards d’opérations par seconde. » À l’heure du big data et de l’intelligence artificielle, la capacité de calcul devient un atout stratégique dans le monde économique. Mais l’investissement dans de telles machines est souvent trop important pour qu’une seule entreprise puisse se le permettre. Plusieurs pays développent des projets HPC pour mettre à dispo-

sition de leurs entreprises cette infrastructure. Aujourd’hui, la Chine et les États-Unis sont les deux puissances les plus en pointe sur ce tableau et elles devraient proposer, d’ici 2020 pour la première et 2021 pour la seconde, des installations atteignant l’exaflops.

LE LUXEMBOURG EN BONNE PLACE

C’est pour combler son retard que l’Union européenne a lancé le programme EuroHPC. L’objectif de cette structure, qui sera dotée d’un budget d’un milliard d’euros, est de créer d’ici 2023 deux HPC capables d’atteindre une puissance exaflopique. A priori, ces deux machines devraient être construites en France et en Allemagne. Mais avant cela, Bruxelles prévoit de créer deux ou trois HPC « préexascales », c’est-à-dire avoisinant la puissance d’un exaflop. Ces installations serviront à obtenir l’expertise suffisante pour la construction des deux HPC plus puissants, car cette technologie n’est pas encore maîtrisée en Europe. Indépendamment de cette initiative, le Luxembourg a décidé de développer son propre HPC. « De la même façon que nous avons investi dans un réseau routier par le passé, nous voulons développer

Le Luxembourg veut développer son propre HPC, mais reste ouvert pour accueillir un des supercalculateurs que l’Union européenne souhaite construire.

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­— Février 2018

une infrastructure pour préparer le pays à l’économie numérique, résume Jean-Marie Spaus, coordinateur HPC au ministère de l’Économie. Nous allons en parallèle créer un centre de compétences, car il faut pouvoir disposer des ressources humaines adéquates pour utiliser ces machines très complexes. » Une annonce détaillant le budget alloué et la puissance du futur HPC national devrait être faite dans les semaines à venir. Une fois la procédure démarrée, il faudra un an pour le réaliser. Mais le Luxembourg joue sur deux tableaux. « Nous souhaitons être candidats pour accueillir un des HPC préexascales de l’UE, ajoute Jean-Marie Spaus. Pour mettre toutes les chances de notre côté, nous devons montrer d’ici à ce que les appels d’offres soient lancés que nous avons déjà une expertise suffisante. » En cas de sélection de son dossier, le Luxembourg se dit prêt à collaborer étroitement avec la Commission. « Si Bruxelles estime qu’une convergence des deux projets est intéressante, nous sommes ouverts aux discussions », confirme le haut fonctionnaire. Aux côtés du Luxembourg, l’Italie et l’Espagne se sont déjà officiellement montrées intéressées pour héberger ces HPC préexascales.

10 ANS D’EXPERTISE

Le HPC n’est toutefois pas une technologie nouvelle au Luxem­ bourg. Le Grand-Duché en compte déjà trois : un dans le centre de recherche de Goodyear, un autre au Luxembourg Institute of Science and Technology (List) et un dernier, le plus gros au niveau public, à l’Uni. Celui-ci a été lancé en 2007. « À l’époque, un service HPC public n’était pas envisageable », se souvient Sébastien Varrette, qui a été à l’origine de ce projet avec Pascal Bouvry. Aujourd’hui, le supercalculateur de l’Université développe une puissance de 270 téraflops (270.000 milliards d’opérations par seconde) et sert aux travaux des chercheurs. L’une des principales con­ traintes pour construire des machines plus performantes est

le système de refroidissement. Or celui-ci nécessite une puissance électrique très importante. « Lors de la construction du nouveau campus de Belval, nous avons fait le pari de prévoir des salles pouv a n t a c c u e il l i r u n e te l l e infrastructure, explique Sébastien Varrette. Mais notre système électrique ne nous permettrait pas d’accueillir en totalité un HPC préexascale. » En d’autres termes, une partie du futur supercalculateur luxembourgeois pourrait trouver sa place dans les sous-sols de l’université. Le reste devrait par contre être localisé ailleurs, par exemple dans l’un des nombreux data centers du pays, qui possèdent également les installations nécessaires pour accueillir des HPC. « Cette solution ne poserait aucun problème, car l’un des avantages stratégiques du GrandDuché est son maillage réseau très performant, qui permettra sans difficulté de connecter plusieurs sites avec une perte limitée et maîtrisée en termes de performances », complète le chercheur. J. M.

PRÉSENTÉES PAR

carrières Sébastien Gheza, 37 ans, a rejoint la société Fiduciaire de la Grande Région le 1er septembre 2017 en qualité d’administrateur délégué et associé. BUSINESS ADMINISTRATION, FINANCE & LEGAL

Sylvie Evrard, 35 ans, a rejoint le cabinet RSM Audit Luxembourg en tant que senior manager en septembre 2017. Sylvie Evrard possède le titre de réviseur d’entreprises. BUSINESS ADMINISTRATION, FINANCE & LEGAL

Anthony Pont, 34 ans, a rejoint le cabinet RSM Audit Luxembourg en tant que senior manager en novembre 2017. Anthony possède le titre de réviseur d’entreprises agréé. BUSINESS ADMINISTRATION, FINANCE & LEGAL

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Pour certains, les fintech sont la promesse de services de meilleure qualité à un moindre coût. Pour d’autres, elles sont simplement une étape supplémentaire dans la digitalisation de l’économie. D’autres enfin considèrent que ce sont de nouveaux concurrents qui viennent, d’une manière ou d’une autre, mettre en péril des modèles économiques bien établis.

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espresso conversations envies Le temps est compté. Laurent Probst (PwC) sait que les entreprises luxembourgeoises ne doivent pas louper le virage digital en 2018. Retour d’expérience en page 44.

Il dit ce qu’il pense. Le vice-­Premier ministre Étienne Schneider par­ age en page 60 ses vues pour 2018 et, forcément, pour les élections. Alors que l’année débute avec des prévisions de croissance à la hausse, quatre prévisionnistes du monde bancaire échangent leurs perspectives en page 76. Depuis 25 ans, Bob Kneip vit son entreprise au quotidien. Eric Chenal a suivi cette figure de la Place durant une journée. Impressions photographiques en page 92. Février 2018 —

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R E P I C I T AN LA O F S

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Auteurs

Jonas Mercier et Thierry Raizer Photographe

Gaël Lesure

2018 sera l’année de la transformation digitale des entreprises, selon Laurent Probst. L’associé de PwC partage sa vision de l’impact des nouvelles technologies sur les entreprises luxembourgeoises et les opportunités qu’elles peuvent en tirer.

N O I T A M R Février 2018 —

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Laurent Probst Bâtisseur de ponts

Monsieur Probst, la digitalisation a largement occupé l’agenda des entreprises en 2017. 2018 sera-t-elle une année de transition, ou celle de la transformation active des entreprises ?

Nous allons entrer cette année dans le vif du sujet. Nous arrivons à un moment où nous avons accès à un ensemble de technologies et de solutions digitales qui permettent l’apparition de nouveaux services, méthodes de travail et processus, et qui poussent les entreprises à se transformer. Si elles ne le font pas, leurs clients trouveront d’autres solutions ailleurs. 2015, 2016, 2017 ont été des années de prise de conscience, où l’on a travaillé à identifier des actions, à concevoir des plans d’investissement dans le digital, à imaginer de nouvelles applications. Nous rentrons désormais dans une phase où les dirigeants d’entreprise, et nous pouvons l’observer concrètement dans diverses études, axent clairement leur stratégie sur l’innovation, la transformation et l’investissement dans le digital. Tout cela implique une mutation au sein de l’entreprise, qu’il s’agisse de ses systèmes, de ses ressources humaines, des relations clients, des relations fournisseurs… Il faut s’attendre à ce que beaucoup d’entreprises changent de modèle dans les deux, trois prochaines années.

Quand on parle d’entreprise du futur, on parle d’économie de plateforme ou d’ubérisation. Est-ce le modèle qui va s’imposer ?

Il y a différents types d’ubérisation. On voit arriver dans la partie business des plateformes comme celles de Siemens ou de Bosch, dans le domaine de l’industrie 4.0. Celles-ci sont quasiment des écosystèmes de solutions, dans lesquels les clients de ces entreprises peuvent se connecter et avoir accès à un ensemble d’applications. Des développeurs externes peuvent aussi accéder à ces écosystèmes pour concevoir à leur tour d’autres applications. C’est une transformation énorme. Je peux aussi prendre comme exemple le groupe Daimler, qui se transforme pour devenir une plateforme de données destinées à des fins de mobilité. Cet aspect devient l’élément fondamental de leur activité, aux dépens de la construction de voitures. C’est donc une mutation complète de l’entreprise qui est en cours. Et on sent aujourd’hui une accélération de cette transformation.

On parle donc d’un modèle de plateforme de données ?

Ce sont en effet les données et leur mise à disposition sur des plateformes qui permettent de

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­ — Février 2018

EN 5 DATES 1966 Naissance à Laxou (France) 1989 Diplômé de l’Institut supérieur du commerce de Paris (ISC) 1994 Directeur de projet chez Eurostat 2004 Associé chez PwC Luxembourg 2012 Création du PwC’s Accelerator

regrouper différents acteurs, que ce soient des clients, des employés, des fournisseurs ou des prestataires intermédiaires. Ainsi, toutes les informations et processus sont disponibles en ligne. Mais il demeure la prestation effective des services. Par exemple, il faudra toujours construire la voiture ou délivrer le conseil au client. La plateforme ne fait donc pas tout. Même dans le cas d’Uber, il y a une prestation de taxi. On parle plutôt d’interface, sur laquelle un ensemble d’éléments vont être prédigérés, pré-automatisés, où les gens seront mis en relation dans un environnement plus ou moins ouvert et qui devient le point d’entrée d’une relation business. Chaque entreprise doit donc définir son propre écosystème et s’assurer qu’il est bien maîtrisé pour le regrouper autour de cette plateforme. Nous posons souvent ces questions aux industriels que nous rencontrons et qui veulent se transformer : Quel est votre écosystème ? Qui en fait partie et devra en faire partie demain ? Voulez-vous qu’il soit ouvert ou fermé ? Quels sont les services que vous développez vous-même ? Les réflexions sont longues et compliquées car il faut définir de nouveaux business models. Il y a encore énormément à faire en matière de prise de conscience, d’éducation, de revue des modèles qui marchent ou ne marchent pas. Comment interprétez-vous les difficultés rencontrées par Uber, qui était pourtant donné comme LE modèle disruptif ?

Il est intéressant de voir que des deux côtés, à savoir celui d’Uber et celui des acteurs gouvernementaux européens, l’anticipation a manqué. Uber n’a pas suffisamment anticipé la réaction potentielle des autorités et des professions à qui il faisait concurrence, et il n’a pas su se protéger. C’est la même chose du côté des gouvernements, qui ont attendu, n’ont pas voulu trancher sur un sujet sensible,

GÉANTS EN MUTATION « Grâce à sa solidité financière, Daimler a toutes les cartes en main pour poursuivre sa transformation, cesser d’être uniquement

un constructeur automobile et devenir une entreprise proposant tous les services de mobilité, tout en ouvrant la voie à la conduite autonome. »

Bodo Uebber, membre du conseil d’administration de Daimler AG


Pour Laurent Probst, chaque entreprise doit définir son propre écosystème avant de se transformer.

«  2015, 2016, 2017 ONT ÉTÉ DES ANNÉES DE PRISE DE CONSCIENCE. » Février 2018 —

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LE MINDLAB, OU L’INNOVATION À LA DANOISE Créé en 2002 par le théoricien suédois Leif Edvinsson, le MindLab est une unité intergouvernementale qui implique les citoyens et les entreprises pour créer de nouvelles solutions pour la société. Véritable laboratoire de l’innovation dans les politiques publiques, il aborde des domaines comme l’entrepreneuriat, le libre-service numérique, l’éducation, ou encore l’emploi. Il conçoit de

et qui ont dû courir après des solutions de dernière minute pour éviter des catastrophes. De notre côté, nous indiquons aux gouvernements ou aux sociétés que nous rencontrons que, même si le nouveau business n’est pas réglementé aujourd’hui, il le sera certainement demain, compte tenu de la gestion de données privées, transfrontalières, financières, etc. Il est donc indispensable d’anticiper complètement l’environnement réglementaire à une échelle de cinq ans en fonction de différents scénarios. Or, cette anticipation est relativement difficile à mener tant du côté des entreprises que des gouvernants. Nous ne pouvons pas prédire le futur, mais en jouant avec ces scénarios, nous pouvons dessiner des solutions avant même de forger une politique publique. Justement, le Luxembourg peut-il anticiper certains phénomènes en testant des éléments sans forcément attendre des décisions au niveau européen ?

Des pays le font. Je pense au Danemark, qui a un mécanisme de prototypage de politiques publiques afin d’anticiper des changements (voir ci-dessus). Il s’agit d’une sorte de laboratoire public dans lequel ils testent des scénarios pour voir comment ils peuvent y répondre et anticiper. C’est quasiment de la recherche et développement sur des politiques publiques concrètes par rapport à de nouvelles problématiques. Cette démarche va devenir impérative. Les nouveaux modèles économiques impliquent tellement d’acteurs et d’administrations qu’on ne peut plus définir une politique sur base d’une simple réaction. Il faudra désormais tester et arrêter si cela ne marche pas. Vu la complexité et les entités qui sont en jeu, il faut de plus en plus aller vers des politiques sur mesure.

Comment les PME peuvent-elles se préparer et agir pour se transformer ?

Les difficultés pour les PME sont les compétences et les moyens. Un grand groupe a des outils de

48 —

­ — Février 2018

nouveaux services, qui sont ensuite testés, puis, selon les cas, généralisés. Fort de cette expertise unique, le MindLab collabore depuis peu avec des organisations étrangères, dont le cabinet du Premier ministre britannique pour créer une structure similaire au Royaume-Uni. Pour Leif Edvinsson, « les États doivent avoir la capacité de se projeter pour mieux comprendre les enjeux de demain ». Retrouvez son interview sur paperjam.lu.

formation et les ressources nécessaires, alors que les dirigeants des PME doivent se débrouiller seuls. On va donc voir une véritable différence entre la PME dont le dirigeant est un acteur du digital et va pousser son entreprise à la pointe, et celle où le CEO va rester sur les modèles actuels avec une évolution très faible. Nous menons actuellement une étude mondiale sur quasiment 2.000 usines dans le monde, qui sera publiée en avril prochain. Elle vise à faire un état des lieux de la transformation digitale dans les unités de production. Elle comportera un chapitre luxembourgeois. Nous remarquons d’ores et déjà dans la dizaine d’interviews menées que les situations sont ici très diverses. On voit par exemple que l’intelligence artificielle commence clairement à entrer dans les usines sous l’impulsion du leadership. La transformation est aussi synonyme d’agilité. Les grosses structures réussiront-elles à concurrencer les start-up sur ce point ?

Le modèle qui s’est développé dans le domaine des life sciences, où l’innovation vient des start-up biotech et se dirige ensuite vers les grandes entreprises pharmaceutiques, se généralise à tous les secteurs d’activité. Les start-up sont le moteur de l’innovation. Celle-ci oblige les grandes entreprises à se repenser, éventuellement à acheter une technologie, et à réimaginer leurs processus. Il y a actuellement un nombre important de CEO qui

«  L’ENJEU N’EST PAS LA TRANSFORMATION DIGITALE EN ELLE-MÊME, MAIS LA MANIÈRE D’AMENER LES INDIVIDUS SUR CE CHEMIN. »


Auto

Habitation

PrĂŠvoyance

Épargne

Retraite

www.baloise.lu


sont convaincus que cette évolution passe par de l’innovation ouverte. On peut constater par ailleurs qu’il n’y a pas de corrélation entre le budget de R&D et la performance de l’entreprise. Par contre, il y en a une avec la méthode d’innovation. Les sociétés qui s’engagent avec leurs clients finaux pour innover ont trois fois plus de croissance en matière de résultat opérationnel, des retours aux investisseurs plus élevés de 65 % et deux fois plus de retours sur actifs. La performance financière est donc clairement liée au type de stratégie d’innovation. Car on parle bien de stratégie (voir ci-dessous). C’est la même chose pour la transformation digitale, qui doit se faire par rapport aux nouveaux besoins clients ou par rapport à une recherche de satisfaction supérieure de ces besoins pour pouvoir anticiper et créer la croissance. Le digital se résume en deux points : un outil qui permet d’aller chercher une nouvelle croissance ou un outil d’amélioration de la productivité. Il faut savoir laquelle de ces directions prendre, et toute la politique d’innovation en découlera.

NORDEA LICENCIE POUR DEVENIR PLUS DIGITALE Première banque nordique, la suédoise Nordea a annoncé en octobre 2017 un plan de licenciement qui concernera 13 % de ses effectifs d’ici 2021. Une conséquence de l’évolution du système bancaire, selon son CEO, Casper von Koskull, qui souhaite ainsi faire de l’établissement une banque du futur. « Je pense que c’est un mouvement qui va s’imposer à tout le secteur à l’avenir », estime-t-il.

TROIS VISIONS POUR L’INNOVATION Technologie innovante

Technology driver 35 %

Need seeker 25 % Business model innovant

ENVIRON 40 % DES ENTREPRISES INNOVANTES

50 —

Technology driver C’est une pionnière. Elle apporte une rupture technologique qui ouvre un nouveau besoin, grâce à des produits basés sur l’innovation technique. Le développement de nouvelles solutions n’implique pas directement les consommateurs. Ex. : Alphabet, IBM ENVIRON 35 % DES ENTREPRISES INNOVANTES

­ — Février 2018

Need seeker C’est une entreprise visionnaire. Elle anticipe les besoins futurs en impliquant les consommateurs pour développer de nouveaux produits. Ce n’est pas forcément la technologie qui est majeure dans cette stratégie, mais le business model, la conception du produit et le contenu qui l’accompagne. Ex. : Apple ENVIRON 25 % DES ENTREPRISES INNOVANTES

Le Luxembourg est-il prêt pour accompagner les entreprises dans ces transformations ?

Le modèle d’une place financière vue comme un back-up est-il révolu ?

SOURCE 2016 Global Innovation 1000 Study, PwC

Market reader C’est une entreprise plus prudente. Elle attend que le marché soit mature pour développer des innovations qui reprennent les modèles développés par la catégorie des need seekers. Ex. : Samsung, Fujitsu

Tous les secteurs de services à prestation semi-­ intellectuelle ou intellectuelle vont entrer dans des phases de transformation très importantes en raison de la maturité de la technologie. Les entreprises commencent à comprendre le retour sur investissement potentiel de ces technologies et à mieux savoir les utiliser. Certaines barrières demeurent, comme celles des compétences ou du budget nécessaire, mais la tendance ne pourra pas être stoppée. La transformation ne va pas s’opérer uniformément. Elle dépendra des secteurs, des pays, des législations en vigueur, du niveau de qualification des personnes, du coût du travail. Dans les banques, la transformation sera un sujet majeur pour les deux prochaines années. Mais encore une fois, il faut anticiper. Nous sommes en discussion avec le gouvernement luxembourgeois, et le ministre Nicolas Schmit a su anticiper cette problématique (voir page 53). Le problème est tellement compliqué qu’une entreprise seule ne peut pas y répondre. On n’est pas dans de l’évolution ou de la maintenance de logiciel, mais plutôt dans l’introduction d’une génération de solutions informatiques qui automatisent un ensemble de processus occupés auparavant par des personnes et dont la fonction peut, à terme, ne plus devenir utile. La question est de savoir utiliser toute l’expérience et les acquis de ses employés pour les amener vers les nouveaux emplois qui pourront être créés dans l’entreprise ou à l’extérieur. L’enjeu n’est pas la transformation digitale en elle-même, mais la manière d’amener les individus sur ce chemin.

PwC a identifié trois stratégies d’innovation distinctes

Market reader 40 %

Si on prend l’exemple de Nordea, qui a dû supprimer des emplois pour faire face à la concurrence des start-up, que pouvez-vous observer de l’impact de la digitalisation sur le secteur financier ?

Un des impacts de cette transformation est la montée en compétence. Que ce soit au niveau industriel ou des services, nous aurons besoin de gens mieux formés, mais pas forcément académiquement. On va devoir avant tout chercher des gens capables de résoudre sur le terrain de nouveaux problèmes, d’imaginer des solutions, de travailler en équipe en interne ou avec des externes. La capacité d’apprendre sur de nouveaux sujets sera clé. Les collaborateurs recherchés devront être capables d’apprendre à apprendre rapidement, de s’adapter et de réfléchir à des solutions, seuls ou en groupe. Ils doivent bien entendu disposer d’une compétence technique, mais peu importe le niveau de qualification, car la partie soft skills doit désormais être présente. C’est le pilier de base. On ne sait pas ce qu’il faudra apprendre dans deux ou trois ans. Mais il faut être prêt à apprendre.


La comptabilisation du temps de travail représente un nouveau défi pour les entreprises.

«  NOUS SOMMES ENTRÉS DANS UNE GUERRE DES TALENTS QUI EST MONDIALE. »


«  S’IL Y A UN SUJET QU’IL FAUT VRAIMENT PRENDRE TRÈS AU SÉRIEUX, C’EST L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE. » 52 —

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Pour Laurent Probst, le Luxembourg doit imaginer l’équivalent d’un plan Marshall de l’intelligence artificielle.


Est-ce un nouvel âge d’or pour la formation continue ?

Oui et non. On peut observer un problème de qualité en matière de formation professionnelle continue. Le fait d’avoir sur le marché du travail 17.000 personnes au chômage et en même temps 7.000 offres d’emploi non pourvues laisse apparaître un problème de « matching » de compétences. La formation professionnelle ne marche pas. En Europe, 16 % de la classe d’âge 18-24 ans n’est pas en poste, pas en formation, pas en éducation. C’est colossal. Cela montre que le système d’éducation traditionnel ne rencontre plus les besoins du marché professionnel. Croire qu’on va les former avec les programmes actuels est une illusion. Il faut repenser complètement, et avec les gouvernements, la façon dont est dipensée la formation professionnelle.

Il y a donc un problème de modèle d’éducation…

Oui. Et un problème de vitesse aussi. Pourquoi passer 24 semaines dans un cycle universitaire quand on peut faire la même chose en 10 ou 12 semaines ? Si on se place dans le système éducatif, on peut dire que c’est un temps nécessaire pour l’étudiant. Et c’est très bien. Mais dans le cadre de la formation professionnelle, ça ne marche pas. Je pense que l’attitude du gouvernement luxembourgeois, avec son projet Digital Skills Bridge, qui est l’un des plus avancés et des plus pragmatiques en Europe, selon la Commission, est très positive.

Justement, où en est ce projet ?

Un projet pilote est en cours de lancement. L’idée est de mettre en place une gouvernance, des processus, des solutions. Tout le design est fait avec les acteurs du privé pour être sûr que cela réponde aux différentes problématiques des employés et des entreprises. C’est aussi le moyen de tester de nouveaux outils, de nouveaux moyens, de nouvelles méthodologies qui permettent d’accélérer la transition vers une nouvelle fonction.

Et où se placent les « millennials » dans ce contexte ? On dit généralement qu’ils ont naturellement ces compétences relationnelles…

Nicolas Schmit, ministre du Travail (LSAP) «  INVESTIR EN PARALLÈLE DANS LES NOUVELLES TECHNOLOGIES ET DANS LA CONNAISSANCE »   Monsieur Schmit, comment faire évoluer les modèles de formation continue pour qu’ils répondent mieux aux nouveaux besoins créés par la digitalisation de l’économie ?   Le saut technologique que nous sommes en train de connaître du fait de la numérisation et de l’introduction de nouvelles technologies nécessite pour beaucoup d’employés une formation de requalification vers le haut d’une autre nature que celles que nous avons connues par le passé. Pour prévenir le chômage, il faut donner aux gens la possibilité soit de garder leur travail, soit d’en trouver ailleurs. Il faut donc repenser la formation continue dans cette optique.   Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet Digital Skills Bridge ?   C’est un projet qui implique la coopération de trois acteurs. Les entreprises vont d’abord devoir mener un plan des compétences avec leurs employés pour

Quelle est votre vision du rôle que doit tenir le gouvernement dans ce processus ? Aujourd’hui, le rôle de l’État ne s’arrête pas avec l’école. Il doit désormais promouvoir l’investissement dans la formation des personnes tout au long de leur vie au même titre que celui dans les machines ou les bâtiments. Il s’agit d’une nouvelle responsabilité pour assurer aux employés une meilleure sécurité de l’emploi. Pour moi, il faut investir en parallèle dans les nouvelles technologies et dans la connaissance.

LE LUXEMBOURG DIGITAL SKILLS BRIDGE

Je pense qu’il ne faut pas les prendre pour acquises. Les jeunes sont peut-être mieux formés sur les soft skills que les générations précédentes, mais sur la capacité d’apprentissage ou sur le volet social, ils ont aussi beaucoup à apprendre. Il ne faut pas sous-estimer l’ampleur du chantier. Le processus d’apprentissage sera peut-être différent selon les générations, mais il y aura du boulot.

LES ENTREPRISES

Financement d’un complément salarial SOURCE CEO Survey 2017 – PwC

Les « millennials » influent-ils de manière concrète sur le fonctionnement des entreprises ?

Oui, car aujourd’hui, nous sommes entrés dans une guerre des talents qui est mondiale. Si on ne prend pas en compte leurs aspirations, leurs problématiques, ça ne pourra pas marcher. Le souhait de plus en plus fréquent des jeunes pères de prendre un congé de paternité est, par exemple, quelque chose qu’on ne voyait pas avant. Ce sont des évolutions de comportement qu’il faut prendre

connaître les besoins de qualification ou de requalification. Il sera ensuite présenté et agréé par l’État, qui prendra en charge une partie des coûts de formation et des coûts salariaux dans le cas où des personnes doivent être libérées durant plusieurs mois. Nous sommes prêts pour soumettre un projet de loi qui va définir les possibilités d’intervention de l’État. J’espère qu’un projet pilote sera lancé au printemps.

Élaboration d’un plan de compétences

Soumission du plan

LES EMPLOYÉS

Financement d’une partie des formations

L’ÉTAT

Février 2018 —

­ — 53


La part des travailleurs free-lances dans le monde grandit tous les jours. Ils constitueraient déjà 30 % des employés américains et seraient plus de deux millions au Royaume-Uni, selon le groupe Adecco. Les entreprises de demain seront-elles contraintes de collaborer avec des indépendants externes ?

L’entrepreneuriat individuel, ou la mesure dans laquelle les gens sont prêts à devenir entrepreneurs, dépend de plusieurs facteurs. Le premier est la nature du job – il est plus facile d’être à son compte quand on est développeur que pâtissier – et le deuxième concerne les aspirations de chacun – certains préféreront toujours être salariés. Ensuite, il y a le cadre légal, notamment au niveau du système de pension. À l’heure actuelle, il n’y a pas de continuité dans le mode de calcul quand on passe du salariat à l’entrepreneuriat. Enfin, il faut voir l’organisation des entreprises. Certaines sont capables de bien travailler avec ce genre de profils et d’autres ne préfèrent pas faire appel à des indépendants pour des questions de stratégie ou de confidentialité. Ce qui est clair, c’est qu’en Europe, il y a 30 millions d’entrepreneurs, soit environ 10 % de la population active. C’est relativement faible par rapport aux États-Unis. Le cadre général n’incite pas forcément à se mettre à son compte. Et s’il n’évolue pas, les gens ne vont pas se jeter sur ce statut, ou seulement si une crise économique les y contraint.

Quelles seraient vos recommandations ?

Au niveau des gouvernements, je pense qu’il est important de promouvoir l’entrepreneuriat en offrant les mêmes avantages sociaux que pour les salariés. Et au niveau de l’entreprise, une adaptation pour travailler avec ce type de profil sur une période définie est nécessaire. On peut d’ailleurs dire que ces pratiques existent déjà en ce moment. L’intensité de ce phénomène va évoluer en fonction, une fois encore, du cadre légal. Peut-être que la nouvelle génération va vouloir être plus libre et choisira davantage l’indépendance professionnelle. Peut-être aussi que les plus de 55 ans ne vont pas forcément vouloir travailler à temps plein, et si le cadre légal le leur permet, ils choisiront de réduire leur rythme en se mettant à leur compte. C’est clair qu’il existe des tendances qui laissent entrevoir une plus grande diversité du travail. En Europe continentale, on va passer d’un système salarial à une répartition plus équilibrée entre salariés et entrepreneurs. Mais ce ne sera pas l’un ou l’autre.

54 —

­ — Février 2018

RECRUTEMENT À PRIX D’OR X

Les compétences les plus recherchées par les CEO.

%

Pourcentages des CEO disant avoir des difficultés à recruter des personnes ayant ces compétences.

3 1

61 %

2

RÉSOLUTION DE PROBLÈMES

61 % ADAPTABILITÉ

75 % LEADERSHIP

4

77 % CRÉATIVITÉ ET INNOVATION

5

64 %

INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE

SOURCE CEO Survey 2017 – PwC

en compte et qui influent forcément sur le fonctionnement de l’entreprise. Il faut être plus flexible et plus efficace. Cela ouvre un autre défi pour les entreprises comme pour le gouvernement, à savoir la compta­ bilisation du temps de travail et de la contribution des salariés. C’est une question beaucoup plus complexe qu’avant. Je ne pense pas qu’aujourd’hui beaucoup de pays sont préparés pour ces nouvelles habitudes de travail.

Le Luxembourg s’est engagé dans le processus de start-up nation. Les premiers résultats de cette démarche commencent à apparaître. Quel est votre bilan ?

56 %

des chefs de grandes entreprises estiment qu’ils maintiendront ou augmenteront leurs effectifs dans les cinq ans à venir.

Je pense qu’il y a eu des progrès majeurs réalisés ces cinq dernières années. En 2012, il n’y avait quasiment rien, et aujourd’hui, on trouve des incubateurs à Esch-sur-Alzette, Differdange, Dudelange… On voit apparaître une vraie infrastructure. Ce projet de start-up nation est d’ailleurs bien en phase avec l’ADN du pays, qui est d’aider les entreprises à croître. Une deuxième chose à noter est qu’il y a eu tout un ensemble d’évolutions technologiques qui sont aujourd’hui un facteur d’attraction énorme pour le Luxembourg. On peut prendre comme exemple le HPC (High Performance Computing, ndlr), le centre de compétences de la cybersécurité, l’initiative d’exploitation des ressources spatiales, l’ambassade digitale… Plusieurs projets majeurs qui ont créé une dynamique. Des entrepreneurs sont attirés et se demandent comment profiter de tous ces avantages pour lancer de nouveaux services. Le mix entre initiatives privées et publiques sur le volet technologique crée un moteur d’innovation fort. Enfin, il y a eu toutes les initiatives de l’éco­système lui-même, comme la création de plusieurs fonds d’investissement dédiés aux start-up et de plusieurs incubateurs liés à des multinationales (Tomorrow Street, Paul Wurth InCub, etc.). D’autres vont certainement venir. Tout cela crée un environnement plus adapté qui permet de faire émerger de vrais succès qui valident le fait que le Luxembourg est une rampe de lancement pour l’international.

PwC lançait en 2012 son Accelerator. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Dès son lancement, l’ADN de cet accélérateur a été d’aider les entreprises dans leur phase d’internationalisation. Compte tenu de notre connaissance des marchés, des entreprises, des gouvernements et des réglementations dans plus de 150 pays, nous


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pays ont besoin de technologies aux standards européens en matière de santé, d’énergie, d’environnement ou de production agroalimentaire. Ces marchés émergents sont toutefois très complexes. La Chine est, par exemple, très différente de la Corée du Sud. Dans ce contexte, il est clair que l’accélération à l’international par groupe de sociétés du même secteur avec une préparation importante et des contacts locaux est une méthode qui fournit des résultats beaucoup plus importants qu’une approche individuelle par société. Une nouvelle mission est prévue en juin autour de l’ICT vers Singapour et la Thaïlande.

L’ACCÉLÉRATEUR QUI A FAIT MOUCHE Créé en 2012 à Luxembourg par Laurent Probst, le PwC’s Accelerator vise à aider les entreprises technologiques à conquérir de nouveaux marchés internationaux. Ce modèle d’accélération est aujourd’hui reconnu par les plus grandes institutions.

40 pays

150

experts en internatio­na­lisation

Ces destinations sont-elles devenues plus intéressantes que les États-Unis pour des entreprises en développement ?

50

étions convaincus qu’il fallait mettre à disposition ce savoir-faire au service des entreprises en fort développement. Quand on parle de start-up, on touche à une problématique de validation d’un modèle ou d’un produit sur différents marchés. Or, les jeunes entreprises innovantes, ou même les PME exportatrices, ont des ressources très limitées pour l’international. Dès le début, nous avons eu des discussions avec différents gouvernements pour mettre en place des programmes-­cadres permettant de mettre à disposition tout un ensemble de ressources et faire des économies d’échelle importantes. Nous avons été retenus dans le cadre d’un appel d’offres européen pour accélérer l’entrée des sociétés européennes sur les marchés de l’Asie du Sud-Est, de la Corée du Sud, du Japon et de la Chine dans le cadre du programme EU Gateway – Business Avenues (lire le retour d’expérience de Codipro en page 58). Aujourd’hui, on « accélère » environ 500 sociétés par an dans différents secteurs. On les sélectionne et on les amène sur un marché en fonction d’opportunités d’affaires identifiées. 2018 est-elle l’année où il faut faire des affaires avec l’Asie ?

L’Asie, mais aussi le Moyen-Orient et l’Afrique, constitue à ce jour des opportunités de croissance stratégique pour les sociétés du Vieux Continent, quelle que soit leur taille. Les nouvelles technologies européennes bénéficient d’une excellente image de marque au niveau mondial et intéressent les grandes entreprises et les investisseurs de ces pays. Pour la première fois de l’histoire, en 2017, la quantité de croissance des pays en développement dépasse celle des pays développés et représentera plus de 65 % de cette croissance en 2021. Tous ces

56 —

Le fait que l’Europe ait négocié de nouveaux accords commerciaux avec la Corée du Sud ou l’Asie du Sud-Est et plus récemment avec le Japon, qui est encore la troisième puissance économique mondiale, facilite beaucoup le business. Cependant, on ne parle plus d’export de produits traditionnels pour lesquels il suffisait de trouver un solide distributeur local. Il faut repenser la chaîne de valeur, la fabrication et le type de distribution sur les marchés asiatiques, en adaptant sa solution aux exigences locales. Le niveau de préparation, les ressources et la sélection des partenaires pour gérer ces relations avec les pays asiatiques demandent une nouvelle organisation et des investissements dans les PME européennes.

SOURCE PwC

entreprises bénéficiaires et des collaborations avec plusieurs programmescadres, comme EU Gateway  –­ Business Avenues

­ — Février 2018

«  LE PREMIER CLIENT DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE SERA LE GOUVERNEMENT. » Quels sont les domaines sur lesquels se concentrer pour rester concurrentiel en tant que pays et continuer d’attirer des entreprises ?

60 %

des chefs de grandes entreprises dans le monde pensent que peu de gens auront dans le futur un employeur stable sur le long terme.

S’il y a un sujet qu’il faut vraiment prendre très au sérieux, c’est l’intelligence artificielle. Tout le monde va en avoir besoin. Il faut donc investir dans des compétences et faire un plan stratégique pour définir le rôle que souhaite tenir le Luxembourg dans ce domaine. Je pense que, dans le futur, la consolidation des données jouera un rôle-clé. Beaucoup de données sont déjà stockées, mais elles ont peu de valeur si elles ne sont pas analysées et valorisées. L’intelligence artificielle aidera à cela. Il faut donc travailler sur la construction d’un écosystème et, en parallèle, investir dans les compétences. Aujourd’hui, on ne les a pas.

Il faudrait donc un plan stratégique dans l’intelligence artificielle, comme on l’a vu pour d’autres secteurs ?

Oui, et on est en train d’y travailler avec la Commis­ sion européenne. On réfléchit non seulement aux compétences, mais aussi aux infrastructures et au


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revenus pour les entreprises, dans une proportion de 60 % du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2030, alors que son impact en matière de productivité est estimé à seulement 40 %.

«  TRAVAILLER DANS DES CONDITIONS OPTIMALES »   La société Codipro (groupe Alipa) est la dernière PME luxembourgeoise en date à avoir participé, aux côtés de 27 entreprises européennes actives dans le secteur ferroviaire, au programme européen EU Gateway – Business Avenues.   « Le dossier de candidature n’a pas été compliqué à remplir, mais il a nécessité de la substance, ce qui est appréciable pour des PME qui n’ont pas forcément l’expertise nécessaire pour

des demandes administratives trop lourdes. La préparation et l’organisation de la mission économique ont été très professionnelles, et cela nous a permis d’être crédibles face à des entrepreneurs japonais auxquels nous n’aurions pas eu accès autrement. Déchargés des aspects logistiques, nous avons pu nous concentrer sur la présentation de nos produits pour travailler dans des conditions optimales. »

La recherche publique aura donc un rôle central pour aider à son développement ?

Elle devra collaborer dans tous les domaines avec l’industrie pour améliorer la qualité des données et des algorithmes. Cela se fera certainement au niveau européen ou international. Au niveau du Luxembourg, on pourrait envisager la création d’une plateforme ouverte faisant le lien entre la recherche et l’industrie. Ce genre de structure existe déjà aux États-Unis, mais il n’y en a aucune en Europe.

Quels sont les métiers menacés ?

Beaucoup vont se transformer, plutôt que disparaître. Les fonctions avec des rôles décisionnaires seront assistés par des outils leur permettant d’accéder à une information plus complète, moins biaisée, comme pour les médecins ou les avocats. On va aussi voir l’apparition de nouveaux métiers pour alimenter en données, paramétrer, contrôler ou superviser ces outils d’intelligence artificielle. Il est donc important d’anticiper ces changements.

Michèle Detaille, administratrice déléguée du groupe Alipa

cadre de supervision. Pour moi, c’est une priorité principale. Car si on veut diversifier l’économie et s’attaquer à de nouveaux secteurs, un support transversal sera toujours nécessaire. Or, l’intelligence artificielle sera demain une commodité comme l’électricité ou l’eau courante. Il faudra donc avoir les compétences nécessaires. Soit tu as le spécialiste, soit tu ne l’as pas. C’est binaire. La compétition entre les pays se jouera sur ce point. Le développement de cette technologie nécessite de bien comprendre, et rapidement, les avantages et les risques qu’elle implique, et cela demande une forte implication du gouvernement. Plusieurs pays ont publié un plan stratégique, comme les États-Unis, la Chine, l’Angleterre et le Japon. Aux Émirats arabes unis, un ministère de l’Intelligence artificielle a même été créé afin de coordonner toutes les initiatives. Pour le Luxembourg, les compétences et le cadre réglementaire seront le véritable enjeu. N’ayant pas de renommée internationale en la matière, l’apport rapide de compétences externes dans ce domaine est vital pour les entreprises. Plusieurs centres d’intelligence artificielle que je ne peux pas nommer n’ont pas pu se développer au Luxembourg à ce jour en raison de l’absence de talents, et sont allés se localiser au Canada ou en Corée du Sud. Il est donc nécessaire d’imaginer l’équivalent d’un plan Marshall pour les compétences en intelligence artificielle.

L’intelligence artificielle est-elle le maillon faible du Luxembourg ?

Le Luxembourg a consenti beaucoup d’investissements dans les infrastructures, et le projet HPC est une opportunité pour créer de la valeur à partir des données. L’intelligence artificielle n’est pas un maillon faible, mais une fantastique opportunité pour les entreprises luxembourgeoises de développer de nouveaux services. Le maillon faible se situe plutôt au niveau des compétences disponibles, mais la force du Luxembourg est d’attirer des talents avec un projet ambitieux.

23 %

Quelle sera demain la relation entre les entreprises et l’État, dont le rôle de service public est en train d’évoluer, alors que les coopérations avec le secteur privé se multiplient ?

des chefs de grandes entreprises dans le monde, soit une majorité, ont l’intention de renforcer leurs activités d’innovation pour anticiper les nouvelles opportunités de business.

Je pense que chacun doit rester dans son rôle. La clé se trouve, encore une fois, dans la conception commune des politiques publiques. Il faut une très forte corrélation entre le public et le privé.

Quelles sont vos recommandations pour les élections législatives de cet automne ? Un plan stratégique sur l’intelligence artificielle ?

Elle va toucher tous les secteurs de l’économie luxembourgeoise, sans distinction. Y compris l’administration. Le secteur financier, l’industrie, la santé, les services, la logistique, les transports seront parmi les activités les plus fortement impactées. Il est intéressant de noter que l’intelligence artificielle va surtout contribuer à créer de nouvelles offres de services, et donc de nouveaux

58 —

­ — Février 2018

SOURCE CEO Survey 2017 – PwC

Quels sont les secteurs qui seront le plus touchés par cette technologie ?

Tout à fait, mais qui puisse également bénéficier au gouvernement. Il faut un vrai plan et voir comment il peut agir sur les problématiques de politiques publiques. Dans le plan américain sur l’intelligence artificielle, il y a un chapitre entier sur comment le gouvernement doit utiliser cette technologie pour ses propres besoins. Car le premier client de l’intelligence artificielle est le gouvernement, qui cherche ainsi à comprendre comment ça marche et quelles sont les limites de cette technologie. Et il ne s’agit pas de dire qu’elle va remplacer tout le monde, mais qu’elle reste un outil pour accompagner l’humain, pour lui permettre de prendre des décisions de façon plus éclairée.


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« Le

Auteur

François Aulner Photographe

Anthony Dehez

60 —

retour en arrière serait une

­ — Février 2018


2018 commence sous des auspices économiques positifs. Mais le ministre de l’Économie prévient les entreprises : il faut poursuivre les investissements pour ne pas se laisser distancer. Volontariste et ambitieux pour les élections de 2018, Étienne Schneider, favori pour mener le LSAP, ne mâche pas ses mots pour mettre en garde contre le CSV. Sans pour autant exclure un partenariat avec lui.

Février 2018 —

­ — 61


Étienne Schneider Mine d’idées

Étienne Schneider s’affiche comme quelqu’un qui veut faire avancer les choses. Il aime allumer les fusées, et il allume ses opposants.

62 —

­ — Février 2018

« L’Europe est un peu à l’écart dans tout ce qui relève du domaine des technologies. »


Monsieur Schneider, 2018 vient de commencer, sur quelles perspectives et prévisions économiques le ministère de l’Économie table-t-il pour cette année ?

D’après les données dont nous disposons, nous tablons sur une croissance soutenue, même plus élevée qu’en 2017. Idem en ce qui concerne le chômage, qui continuera à baisser. Pour un ministre de l’Économie, c’est un très bon départ. Tous les indicateurs sont au vert.

La mise en place formelle du comité de prévision vous aide-t-elle dans ce contexte ?

Les statistiques, c’est une chose, mais mon boulot, c’est plutôt de négocier avec d’autres investisseurs un peu partout dans le monde, de développer des secteurs de l’économie comme le secteur spatial, qui me prend un peu plus de temps car nous sommes en train de le mettre en place. Mais nous ne négligeons pas pour autant l’industrie. En résumé, le travail du ministre de l’Économie ne change pas tant que ça à cause des prévisions.

Quel message pouvez-vous donner aux entreprises à l’entame de 2018 ?

Bettel (DP), qui a dit récemment : « L’Europe c’est 500 millions de consommateurs. » Or, on se laisse un peu faire par les Américains qui nous disent ce que nous avons le droit de faire et de ne pas faire. On perd aussi par rapport à l’Asie, dont les marchés sont toujours en pleine croissance. L’Europe est un peu à l’écart dans tout ce qui relève du domaine des technologies et des nouvelles technologies. Elle doit faire des efforts. Quant au Luxembourg, il a toujours su tirer son épingle du jeu, mais il faut poursuivre les efforts de promotion. Les investisseurs asiatiques, quand ils pensent à l’Europe, ils pensent souvent aux grands pays comme l’Allemagne ou éventuellement la France. Positionner le pays a toujours été une mission primordiale des ministres de l’Économie luxembourgeois. Une fois que nous sommes en contact avec des investisseurs, ça se passe plutôt bien, car les avantages que nous pouvons proposer sont tels que le Luxembourg est extrêmement intéressant. Que ce soit pour sa situation géographique, pour la logistique par exemple, ou encore pour la multiculturalité et le multilinguisme. Je suggère toujours aux investisseurs de venir au Luxembourg, car ils y trouveront la main-d’œuvre dont ils ont besoin pour négocier en direct et en langue maternelle avec tous les États de l’Union.

Je leur donnerais juste le tuyau de continuer à investir. Nous sommes dans une situation extrêmement positive aux niveaux national et européen. Il faut être à la une de tout ce qui va arriver. La demande en Europe augmente et il faut Arrivez-vous encore à vendre facilement être prêt. Ces investissements, surtout dans la une approche business friendly, alors recherche et le développement, sont très que la tendance est à la compliance ? Oui, je pense que c’est plutôt l’accès direct importants, car nous avons encore des aux décideurs qui est important, en particuefforts à faire. Quand je regarde les chiffres lier pour les petites et moyennes entreprises. des dernières années, je constate que le Le fait de pouvoir discuter directement avec gouvernement a continué à investir masle ministre leur donne un énorme confort et sivement dans la recherche mais que les confiance en notre pays. Ce qui compte surentreprises ont, elles, un peu réduit ces tout aussi, c’est la concrétisation de leurs investissements. Il faut vraiment qu’elles projets dans des délais assez courts. fassent des efforts, car les investissements Il faut être clair : au Luxembourg, nous d’aujourd’hui, c’est le succès de demain. n’avons pas beaucoup de projets d’une Comment expliquer cette diminution des investissements dans la recherche ? envergure telle que celle du data center envisagé par Google. Il s’agit d’une conséquence des années de crise. Tout le monde essayait un peu de sur- Justement, on constate que l’Europe ne vivre, et les investissements dans la produit pas de géants tels que les Gafa recherche et le développement ont malheu- ou Alibaba. Comment y parvenir ? Prenons l’exemple du GPS. Combien d’anreusement été parmi les premiers à être nées avons-nous mis pour rendre opéracoupés. Maintenant, on voit qu’il y a une tionnel Galileo de notre côté ? Que le relance, mais il faut la pousser davantage. continent le plus riche au monde n’arrive Quelle place le Luxembourg tiendra-t-il dans un monde où l’économie indienne pas à réaliser ses propres infrastructures est amenée à dépasser celle de la France ? me semble problématique. Regardez ce Dans un monde où la Chine fortifie sa qui nous arrive avec Ariane contre SpaceX. place de moteur économique ? Dans un J’ai été président de l’Agence spatiale euromonde où les États-Unis ont adopté une péenne (ESA) pendant deux années et nous autre politique économique sous la préavons discuté pendant deux années pour sidence de Donald Trump ? savoir si nous allions modifier l’Ariane 5 ou développer la nouvelle Ariane 6. Deux C’est plutôt la question de la place de l’Euannées de discussions pour prendre finarope qu’il faut poser. Je suis absolument d’aclement la bonne décision ! cord avec le Premier ministre, Xavier

BIO Né le 29 janvier 1971 à Dudelange, Étienne Schneider y fait ses études secondaires au Lycée Nic-Biever, puis au Lycée technique d’Esch-sur-Alzette. Il fait ses études supérieures à l’Institut catholique des hautes études commerciales (Ichec) à Bruxelles et à l'Université de Grenwich à Londres. Membre du LSAP depuis 1991, Étienne Schneider fait ses premiers pas politiques en tant que conseiller communal à Kayl en 1995, où il devient échevin en 2005. En outre, il est secrétaire général du groupe parlementaire du LSAP entre 1997 et 2004, date à laquelle il démarre sa carrière au ministère de l’Économie. En 2009, il devient premier conseiller de gouvernement, ayant dans ses compétences le développement économique, les infrastructures et l’énergie, et entre au conseil d’administration de plusieurs sociétés : Cegedel SA (2004), Société électrique de l’Our (2005) et Enovos (2010). En février 2012. la démisson de celui qui lui a mis le pied à l'étrier, Jeannot Krecké, le propulse ministre de l’Économie. Un an et demi plus tard, sans avoir auparavant participé à des législatives, il est désigné candidat chef de file du LSAP aux élections anticipées. Suite au scrutin, il forme un gouvernement avec le DP de Xavier Bettel et Déi Gréng. Il devient vice-Premier ministre, ministre de l’Économie, ministre de la Sécurité intérieure et ministre de la Défense. Étienne Schneider, surnommé « Aufschneider » (allemand pour « fanfaron ») par le Feierkrop, n’a jamais caché son penchant pour les voitures vintage (il en possède quatre), les sorties nocturnes ou encore l’humour. Très tôt, Étienne Schneider fait son « outing ». En 2017, il épouse Jérôme Domange.

À cause de ce long délai, Ariane 6, quand elle sera opérationnelle, sera déjà vétuste et ne sera pas concurrentielle par rapport à SpaceX, ce newcomer qui vient et prend des décisions rapides et qui trouve des clients tels que SES. Clients qui manquent ensuite à l’ESA. Seriez-vous favorable à une Europe qui avance à plusieurs vitesses, notamment en ce qui concerne le développement économique ?

Oui. Une chose est sûre, c’est qu’il faut avancer. Si on trouve déjà un certain nombre d’États qui veulent vraiment avancer, eh bien qu’ils le fassent ensemble, et les autres qui ne veulent pas, qu’ils restent là où ils en sont. Février 2018 —

­ — 63


Nous n’aurons pas trop le choix. Si nous voulons avancer en Europe, non seulement au niveau économique, mais également à tous les autres niveaux, avec les gouvernements difficiles que nous connaissons actuellement, surtout à l’est, et qui freinent le développement européen, nous n’aurons pas trop le choix. Il faudra une Europe à plusieurs vitesses, mais qui au moins aura de la vitesse.

Pensez-vous que l’époque où le Luxembourg se faisait attaquer pour son secret bancaire, pour l’optimisation fiscale, pour les « sociétés boîtes aux lettres » est révolue ?

Oui, en tout cas, nous avons tout fait pour et nous continuons à travailler là-dessus. Vous savez, le problème avec LuxLeaks et les Panama Papers, c’est qu’il s’agit de révélations qui nous tombent dessus aujourd’hui, mais dont les faits remontent à une autre époque où nous utilisions ces avantages. Ce n’est plus le cas de nos jours. Mais l’image du Luxembourg en souffre encore, même si aujourd’hui nous sommes conformes aux règles internationales, voire early adopters pour certaines.

Iriez-vous aussi loin que votre collègue de parti, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, qui déclarait à la télé allemande en novembre dernier qu’il n’y aurait plus de sociétés boîtes aux lettres au Luxembourg ? Pourtant, il suffit de se balader en ville ou de plonger un peu dans le registre de commerce pour se rendre compte que ce n’est pas le cas.

On ne peut pas dire qu’il n’y en a plus, mais ce qu’on peut dire, c’est que nous ne faisons plus rien pour attirer de telles sociétés. Pour le reste, il y en a toujours et il y en aura toujours.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qualifiait — dans Paperjam — d’erreur historique de ne pas vouloir imposer aux niveaux appropriés les bénéfices des multinationales qui agissent planétairement et qui ne paient pas l’impôt dû. Il visait notamment le Luxembourg…

Je partage l’avis qu’il faut vraiment trouver une solution et imposer ces entreprises

64 —

­ — Février 2018

l e l s a p a u pa r l e m e n t

STAGFLATION SOCIALISTE Le parti ouvrier socialiste luxembourgeois, considéré comme un des deux partis populaires du Luxembourg, peine à retrouver sa force des années 50 aux années 90. Cela peut être dû aux changements économiques et sociétaux, à l’apparition de nouveaux partis, ou encore au désenchantement de ceux qui ne se retrouvent plus dans un parti socialiste qui adhère au capitalisme.

MANDATS LSAP À LA CHAMBRE

Je ne peux pas imaginer que les Anglais soient de si mauvais économistes et qu’ils ne se rendent pas compte du désavantage énorme que le Brexit signifierait pour eux. À mon avis, les négociations vont se poursuivre et à l’issue de ces négociations, il y aura encore un débat public au RoyaumeUni. Le Parlement s’est déjà imposé pour pouvoir donner son avis après les négociations, donc je pense qu’à ce moment-là les discussions reprendront pour savoir si les Britanniques veulent réellement quitter l’Union sous ces conditions-là. Voilà aussi pourquoi, à mon avis, la stratégie de l’Union européenne devait être et doit rester celle d’être dure dans ces négociations. Afin de provoquer cette discussion.

Ce n’est pas la déclaration initiale du gouvernement luxembourgeois. Xavier Bettel assurait qu’il ne fallait pas punir le Royaume-Uni…

Nous avons toujours dit qu’on ne pouvait pas permettre de cherry picking.

Donc punir…

Le nombre de mandats du LSAP au Parlement est à relativiser par rapport au nombre total de sièges, qui a évolué au cours des 70 dernières années. Tandis qu’il compte 60 sièges depuis 1989, il n’en comptait que 51 en 1945. Le nombre est passé à 52 en 1951, à 56 en 1964, à 59 en 1974 et même à 64 en 1984.

Je n’ai jamais dit cela. Mais on ne peut pas permettre au Royaume-Uni de quitter l’Union européenne tout en gardant tous ses avantages. Je ne peux pas l’accepter et je ne veux pas l’accepter. Dans cette logique, je me dis que s’il voit que les avantages d’une sortie sont plutôt limités, alors il va devoir se reposer la question. Cela coûtera la tête à un gouvernement, mais au moins, ce serait la bonne décision pour la Grande-Bretagne.

Considérez-vous qu’avec Google et le space mining vous avez marqué les grands coups politiques de cette mandature ?

Non, je ne parlerais pas de coups politiques. Économiques, certainement. Mais il y a aussi Rifkin. Il ne faut pas sous-estimer l’effet de cette initiative que j’ai prise, parce qu’elle va vraiment changer de fond en comble notre économie et même notre société. La discussion qu’on a entamée et les décisions qu’on a déjà prises en ce sens sont déjà palpables. Je dirais même que c’est plus important que Google, même si bien sûr ce serait le plus grand investissement de tous les temps

PHOTO Jan Hanrion (Maiison Moderne)

Oui, mais en fait nous ne travaillons plus tant que ça avec des niches de souveraineté, mais bien avec des niches de spécialisation. Je reprends pour exemple le secteur spatial. Il existe en Europe, mais aucun État n’a encore décidé de le déclarer comme secteur à soutenir. Le Luxembourg aura toujours ses chances, même dans une Europe plus fédérale.

Dans ce contexte, Xavier Bettel expliquait qu’il fallait éviter de se faire rouler en quelque sorte par le Royaume-Uni lorsqu’il aura quitté l’Union européenne. Or, vous avez déclaré que vous croyiez que le Brexit n’aurait pas lieu. Qu’est-ce qui vous fait croire cela ?

1945 11/51 1948 15/51 1951 19/52 1954 17/52 1959 17/52 1964 21/56 1968 18/56 1974 17/59 1979 14/59 1984 21/64 1989 18/60 1994 17/60 1999 13/60 2004 14/60 2009 13/60 2013 13/60

À l’inverse, une Europe plus fédérale signifierait que le Luxembourg devrait sans doute renoncer à certaines de ses niches ?

comme les autres. Seulement cette solution ne doit pas chasser ces entreprises de l’Europe. Car il ne s’agit pas que du Luxembourg, mais de l’Europe.


Une révolution industrielle. Spécialisée dans l’impression 3D métallique, notre entreprise accompagne et révolutionne les domaines de l’aéronautique, du spatial, du médical, de l’automobile, de l’art ou encore de la joaillerie. Grâce à notre maîtrise de l’ingénierie et des technologies de pointe, nous sommes devenus partenaire de premier rang des plus grands noms de l’industrie à travers le monde.

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Quel est l’agenda concret pour 2018 dans le space mining ?

Nous allons mettre en place le fonds d’investissement et l’agence spatiale nationale, dont le modèle sera tout à fait différent de ce qui existe, notamment la Nasa (agence spatiale américaine, ndlr). Elle s’intéressera exclusivement à l’intérêt économique de l’espace et donc moins à la recherche. L’agence sera le fruit d’un partenariat public-privé avec l’appui financier du fonds d’investissement, qui y sera en quelque sorte intégré pour attirer ces entreprises.

Passons à Google : quelle est la prochaine étape ?

Je m’attends à une décision dans les prochaines semaines et j’imagine qu’elle sera positive, sinon je ne vois pas pourquoi Google aurait acheté des terrains à Bissen. Certainement pas pour la Karblumm (les bleuets).

À quelles retombées économiques vous attendez-vous si le projet de Google se concrétise ? Quelles retombées en matière d’emploi ou pour le secteur de l’ICT ?

Ça dépend du détail du projet, mais nous discutions toujours de 300 emplois. Ce n’est pas ça le plus important, mais bien

« Il était important pour moi de dire à Google : ‘Vous ne pouvez pas acheter à n’importe quel prix.’ » 66 —

­ — Février 2018

ÉTIENNE EN MARCHE…

Si d’apparence l’ambiance était bonne au pot de Nouvel An du LSAP le 9 janvier, les discussions sur la ligne du parti défraient encore la chronique (voir page 16).

Question un peu iconoclaste. Est-ce que vous vous identifiez plutôt à Emmanuel Macron ou Arnaud Montebourg ? Normalement, un politicien ne vous dirait rien, mais puisque vous me posez la question, je dirais plutôt Macron que Montebourg, que je connais d’ailleurs. Mais non, plutôt Macron. Qu’est-ce qui vous plaît dans son action ? Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il fait ou propose, mais du moins la France en avait besoin : il la bouge. Il tente au moins des réformes qui peuvent la sauver. Franchement, j’avais pitié de la situation économi­ que de la France qui ne bougeait pas. Maintenant, on voit un peu qu’elle a un avenir. On ne doit pas être d’accord avec tout ce qu’il fait, mais au moins, il fait quelque chose et il a le courage de le faire. Ça, ça me plaît beaucoup, car c’est de ça qu’on a besoin en politique : il faut avoir les couilles pour faire bouger les choses… On reformulera… Pourquoi reformuler ? Pourquoi se cacher tout le temps derrière tout ? Comme je le reproche d’ailleurs à Claude Wiseler, qui n’a aucune opinion. Il dit tout le temps : « Il faut en discuter, il faut

voir », mais c’est quoi sa position à lui ? Il n’en a pas. À ce jour, je n’en ai pas vu, à part qu’il voulait réduire les pensions, augmenter les cotisations et augmenter l’âge de départ à la retraite, mais même ça, il ne veut plus en entendre parler. Plus on s’approche des élections, moins il a de courage. C’est ce qui m’a toujours gêné dans la politique, c’est qu’il y a tant d’hommes et femmes politiques qui n’ont pas le courage de vraiment vouloir bouger les choses et dire ce qu’ils veulent faire. Macron, lui, il l’a fait et il le réalise maintenant. Plus personne ne peut dire : « Si on avait su, on n’au­ rait pas voté pour lui. » Je reproche aussi à certains politiciens le fait qu’ils n’osent pas souvent dire ce qu’ils veulent faire, parce qu’ils veulent rester collés à leur poste ou mandat politique. Moi, je n’ai jamais été comme ça. Je ne colle pas à ce siège. D’ailleurs, j’en veux un autre. Si demain ce n’est plus la politique, ce sera autre chose. Je dors tranquille. 2018 sera une bonne année, car quoi qu’il arrive, il y aura un changement en octobre. Et je trouve cela positif. Compte tenu de la crise de la social-­ démocratie en Europe et des diffi-

cultés du LSAP que l’on observait notamment lors des communales, avez-vous déjà songé à un mouvement En Marche au Luxembourg ? Oui, j’y ai pensé. J’ai songé à faire quelque chose, mais finalement je me suis dit qu’il était trop tôt. Il faut d’abord rediscuter le monde politique au Luxembourg. Si jamais le CSV obtenait plus ou moins la moitié des mandats lors du scrutin d’octobre, comme l’indiquent les sondages, et qu’il ne restait en face que des petits partis réduits à des petites dizaines de sièges au Parlement, alors il faudra se reposer la question de savoir comment réagir et agir à l’avenir. Faudra-t-il accepter une droite extrêmement forte et que la gauche, ou disons le libéral, soit vouée à l’échec pour toujours ? Car pendant 50 ans, ce ne sera plus que des petits partis qui seront priés par le CSV de l’accompagner dans un gouvernement. Ou alors faudra-t-il repenser le tout et nous demander s’il ne faudrait pas plutôt songer à fusionner les partis et créer un vrai contrepoids face à cette droite omniprésente et trop forte. Il faut attendre le résulätat des élections d’octo­bre d’abord. Il s’agit de réflexions personnelles et non d’un projet de mon parti. Cela n’a jamais été discuté. Mais, à mon avis, c’est une question qu’on devra se poser après les prochaines élections. S’il y a un grand bloc de droite, ne faudrait-il pas former un grand bloc de gauche qui l’oppose ?

PHOTO Nader Ghavami

au Luxembourg. À mon avis, le space mining va aussi très bien se développer dans les prochaines années et nous donner pour une fois un Alleinstellungsmerkmal (caractéristique distinctive, ndlr). Pour une fois, nous décidons de nous lancer dans le développement d’un secteur économique qui n’est pas déjà développé par d’autres… Toutes les entreprises actives dans ce secteur s’intéressent désormais à nous et elles veulent toutes voir ce que le Luxembourg a à leur proposer. C’est un peu pareil avec Google : si vous avez les grands noms dans un secteur dans votre pays, les autres suivront.


Where tomorrow begins Some dream. Some discover. Some change the world for the better. We connect it all. At LIST, we build the bridges that connect the world of academia with the real change that’s happening in the market. It’s research and innovation made in Luxembourg. And it’s at your service.

LIST.lu


d’entreprises comme Fage, qui produit son yaourt pour l’exportation. Mais alors je leur réponds que 90 % des entreprises au Luxembourg ne produisent et ne vendent que pour l’exportation. C’est l’exportation qui fait la richesse d’un pays. Pourquoi l’Allemagne est si bien lotie ? Mais parce qu’elle est leader en exportation. Je devrais dire aux entreprises qui s’intéressent au Luxembourg que je ne les accueillerai que si elles produisent pour le marché luxembourgeois ? Elles vont rigoler.

En quoi consistait le rôle de facilitateur du gouvernement dans le dossier Google ?

Nous avons aidé Google à trouver un site et nous avons entamé, avec le bourgmestre de Bissen, des discussions avec les agriculteurs en vue d’acquérir leurs terrains. La suite est connue : le propriétaire principal a refusé et nous avons donc trouvé un autre terrain. Nous n’étions pas les seuls impliqués avec la commune, il y avait aussi le ministère de l’Agriculture et l’Office national de remembrement, qui a les connaissances dans ce genre d’affaire. En effet, nous savons que souvent, les agriculteurs, plutôt que de vendre leurs terrains, préféreraient les échanger. Notre rôle de facilitateur a consisté à introduire l’Office national de remembrement dans la discussion, car Google ne connaît pas ces procédures et risquait de renoncer à s’implanter.

Vous avez joué un rôle autour du prix ?

Non, nous n’avons pas du tout négocié le prix, c’est eux qui l’ont fait.

Mais ont-ils pu proposer des terrains en échange ?

Au final, je ne sais pas qui a pris du terrain ou qui a pris autre chose. Ce qui est vrai, c’est que cette proposition était là.

En tout cas, nous ne devrions pas être étonnés si les prix de vente sont relativement bas, malgré le fort intérêt d’acquérir les terrains ?

Oui. Mais il me tenait à cœur de ne pas augmenter les prix, par rapport à ce qu’on a l’habitude de payer lorsque nous voulons acquérir des terrains, pour développer des zones d’activité. Parce que sinon c’est ça, le nouveau prix du marché. Il était important pour moi de dire à Google : « Vous ne pouvez pas acheter à n’importe quel prix. » Parce que sinon j’aurai un souci.

Par rapport au rôle des communes au niveau des autorisations, on pense aussi à Fage et Knauf. Comment interprétez-­ vous le fait que certaines communes sont assez frileuses à l’idée d’attirer ces entreprises sur leur territoire ?

J’espère que c’était uniquement à cause de la campagne électorale pour les communales et des craintes de davantage de trafic évoquées à Bettembourg, qui dispose déjà du centre logistique. Ce qui est grave, c’est si on se pose la question – et des députés du CSV la posent au Parlement – de savoir pourquoi on a besoin

68 —

­ — Février 2018

timeline

L’AFFAIRE GOOGLE 6 DÉCEMBRE 2016

Étienne Schneider et le cofondateur de Google et directeur de la maison mère Alphabet Inc., Larry Page, posent sur une photo partagée sur Twitter. Le ministre de l’Économie écrit : « À San Francisco, j’ai discuté avec le cofondateur de Google, Larry Page, au sujet de la réalisa­ tion d’un projet d’investissement majeur. » 6 JUILLET 2017

« Google planifie le plus grand centre de traitement de don­ nées au Luxembourg. » La radio publique 100,7 annonce avoir pris connaissance d’un projet d’investissement du géant américain à hauteur d’un milliard d’euros sur un terrain de 25 hectares au Grand-Duché. Des questions de terrain seraient encore à régler. JUILLET–SEPTEMBRE 2017

Dans le courant de l’été, les médias comme 100,7, RTL, Luxemburger Wort et Paperjam apprennent au fur et à mesure qu’un premier terrain à Bissen n’a pas pu être acquis par Google. Les ministères compétents et l’Office national de remembrement s’activent pour faciliter l’implantation potentielle de Google au Luxembourg. Un autre terrain est détecté à Bissen, mais les négociations avec les propriétaires en indivision perdurent. 12 DÉCEMBRE 2017

Soucieux de faire preuve d’unité, le Premier ministre, Xavier Bettel (DP), et Étienne Schneider se réjouissent ensemble devant la presse que Google a acheté le terrain à Bissen et qu’il pourrait permettre au géant numérique d’implanter un centre de traitement de données. Les dirigeants du gouvernement sont optimistes : pourquoi Google achèterait-il un terrain si finalement l’entreprise n’en faisait rien ?

En ce qui concerne Knauf, votre collègue, François Bausch (Déi Gréng), le ministre du Développement durable, a cependant estimé qu’avec Knauf, on irait trop loin…

En fait, c’est un peu hypocrite. Le ministère de l’Environnement contraint les gens à isoler leurs maisons à partir de cette laine de roche. Donc il ne permet plus d’isoler à base de styropore. Là, je suis bien d’accord. Après, une société qui produit exactement ce matériau d’isolation plus écologique dont nous avons besoin souhaite s’installer au Luxembourg, et nous, nous allons dire non parce qu’elle produit des émissions SOx (oxydes de soufre, ndlr) ? C’est quand même grave : on dit aux Luxembourgeois qu’ils doivent utiliser ce produit parce que c’est plus écologique, mais en même temps, nous voulons que ce soit produit ailleurs, parce que nous ne voulons pas les inconvénients de la production. Donc on préférerait une production de l’autre côté de la frontière, à Yutz ? Les émissions SOx ne s’arrêteront pas à la frontière… Où allons-nous avec ce genre de discussion ?

Peut-être que François Bausch voudrait une production encore plus écologique ?

Je crains que cela n’existe pas encore pour l’instant. Je comprends qu’ils disent que nous devons respecter des quotas de SOx. Avec le trafic actuel, nous avons déjà un niveau élevé, et avec une production comme celle de Knauf, nous atteindrions presque le plafond. C’est vrai, c’est un souci. En revanche, on peut aussi se demander à quoi sert un plafond, si nous n’utilisons pas la marge que le plafond permet. Surtout pour un produit écologique. Pour finir, nous avons imposé la condition que Knauf installe les filtres les plus performants qui existent et qu’il les change dès qu’il en existe des plus performants. Il a accepté. Que voulons-nous de plus ?

Quant au processus Rifkin, quels sont les plans pour 2018 ?

Tous les jours, nous prenons des décisions qui transposent les éléments du processus. Mais je crains qu’après les élections, en fonction de qui sera en charge du ministère de l’Économie, cela change.

PHOTO DR

d’avoir le nom de Google et un investissement d’un milliard, qui aura des retombées pour les entreprises qui devront construire ces infrastructures. En tant qu’IT nation, le Luxembourg sera vraiment sur la carte.


« Rifkin : la clé pour pouvoir nous permettre une croissance soutenue, sans devoir en accepter tous les désavantages. » Étienne Schneider lors de l’entretien accordé à Paperjam, dans son bureau, le 4 janvier.

Février 2018 —

­ — 69


Pourquoi ces craintes ?

Parce qu’il faut vraiment y croire et avoir énormément d’énergie pour avancer dans ces dossiers. Quand je pense à ce que l’opposition a dit et proposé au sujet de Rifkin, C’est sous ce titre que le Statec présentait le 10 novembre 2017 un rapport, selon lequel ce n’était franchement rien, alors que le CSV la population du Grand-Duché continuera à grandir, même si la croissance économique a toujours demandé une table d’avenir stagne. Le schéma, ci-dessous, reprend les « quatre scénarios à l’horizon 2060 ». (Zukunftsdësch). Quand je lis les 500 pages Scénario 1 du rapport, il n’y a aucune idée du CSV. Scénario 2 Lors des débats publics que j’ai organisés, PROD Scénario 3 IB EN % j’étais vraiment agacé, car tout ce qu’on entenUCTI P Scénario 4 U D VIT E dait, c’était des critiques, mais nous n’avons C ÉE N 2 A , 8 pas reçu de contributions positives du CSV. N% S S Si le prochain gouvernement ou ministre OI 4,5 de l’Économie n’y croit pas, alors nous allons 2,0 retourner en arrière. Ce serait vraiment dommage, ne serait-ce que pour les quelque 500 3,0 personnes qui ont contribué et en partie 1,1 donné de leur temps libre au projet.

« L’AVENIR EST OUVERT »

CR

IMMIGR

8 %

5 % Ø 3,57 %

4 % 3 % 2 % 1 %

16 20

20

06

0 %

TA LI

Ce sont des questions légitimes et c’est justement avec le projet Rifkin que nous y répondons en trouvant des solutions à ces problèmes. De plus, il faut ajouter qu’avec la digitalisation, la robotisation et l’intelligence artificielle, le besoin en personnel pour augmenter davantage la croissance va diminuer drastiquement dans les années à venir. Et les effets négatifs vont diminuer. Un jour, nous allons plutôt nous trouver dans la situation dans laquelle nous chercherons comment créer de l’emploi. L’économie tournera bien, mais de plus en plus de gens auront du mal à trouver un emploi.

SOURCE Statec

6 %

96

SE

N

Ce sont des questions légitimes…

7 %

19

TIF ÉS AC

RO TF

sance soutenue, mais sans devoir accepter tous les désavantages de la croissance. Et quand les gens parlent de la croissance, pour la plupart, c’est le trafic qui les intéresse. Il y a les embouteillages, mais plus largement il faut penser à la qualité de vie, l’environnement, les prix du logement qui grimpent…

9 %

-4 %

ERS

1.000.000 1.000.000

17

L’évolution de la croissance du PIB en pourcentage

-3 %

0

.10

0

OIRE

N%

RAT

200

00

9.9

ÉVOLUTION DU PIB DEPUIS 1996

-2 %

00

5.6

.10

MIG

TIVITÉ SAL ARIALE E

1.100.000

AC ATTR

POPULATION 1.200.000

LDE

170

16

148

­ — Février 2018

00

3.1

00

SO

70 —

3.5 0 5.7 0 00 9.6

Comment voudriez-vous persuader le petit entrepreneur de l’importance de Rifkin ?

L’intérêt de Rifkin est tout simple. Nous avons cette discussion un peu aberrante sur la croissance économique au Luxembourg, avec cette question : ne faudrait-­­il pas freiner la croissance ? Premièrement, nous serions le premier pays au monde, cette fois-ci c’est négatif, qui essaierait de freiner sa croissance. Cette discussion n’existe nulle part dans le monde. Deuxièmement, pour préserver notre niveau de vie élevé, je suis convaincu qu’il faut une croissance élevée. Les années de crise, lors du dernier gouvernement entre 2009 et 2013, nous ont montré ce que c’était de ne plus avoir cette croissance : le chômage a augmenté, les finances publiques se sont détériorées, l’endettement a triplé afin de ne pas devoir trop couper dans les budgets sociaux et de ne pas trop toucher les gens. Et puis, il faut d’ailleurs se demander : « Comment peut-on freiner la croissance ? » Alors, il faut être moins compétitif en augmentant les impôts, par exemple. J’entends le CSV demander qu’on limite la croissance, mais qu’en même temps on réduise les impôts pour les sociétés. Mais que veut-il alors ? J’en reviens à votre question. Rifkin, c’est la clé pour pouvoir nous permettre une crois-

0 0,0 ,1

127

Ce que je vois plutôt, ou les remarques que j’entends et que je lis, c’est que nous ne nous occupons plus de l’industrie et du commerce mais uniquement du space mining. Ce n’est pas du tout le cas. Cette impression est probablement générée par l’intérêt médiatique, notamment à l’étranger, provoqué par le space mining. Tout le reste, ce que nous faisons dans les autres domaines, cela n’intéresse personne.

1,5 108

Que pensez-vous de l’attitude quelque peu ironique des représentants de l’industrie vis-à-vis du processus ? Est-ce que vous allez encore les convaincre ?



Ce que je n’aime pas, c’est l’approche du CSV qui consiste à faire peur aux gens et à leur faire croire qu’en limitant la croissance, tout irait mieux. Le retour en arrière serait une catastrophe pour ce pays. Par rapport à vos ambitions politiques, ne craignez-vous pas que compte tenu de vos déclarations en faveur de la croissance vous n’arriviez pas à persuader cette partie de la population qui craint la croissance démesurée ?

Je sais que pour être élu, je ferais mieux d’être un peu plus comme Claude Wiseler (le candidat chef de file du CSV, ndlr) dans mes expressions et dans mes affirmations. Je sais que la croissance a désormais une connotation négative, ce qui est tout de même bizarre, parce qu’il y a trois ans, nous n’avions pas de croissance. Mais je ne suis pas ce genre de politicien ou de personne qui dit juste des choses qui plaisent. Je dis simplement ce que je pense et ce dont notre pays a besoin. Et je sais pertinemment, bien que peu importe qui sera le prochain ministre de l’Économie, il ou elle mènera exactement la même politique.

Le LSAP souhaite une augmentation du salaire social minimum, qui de plus aurait un impact positif sur tous les autres salaires. Mais est-ce que, tel que lors de l’activation du mécanisme indiciaire, l’écart entre les revenus n’augmenterait pas davantage ? Les inégalités étant croissantes, ne comptez-vous pas, particulièrement en tant que LSAP, revoir plutôt l’imposition de la fortune, du patrimoine ou de l’héritage ?

C’est une bonne discussion, mais elle est très difficile et compliquée. Vous parlez de l’impôt sur l’héritage, par exemple. Il s’agit là de quelque chose dont nous n’avons pas l’habitude au Luxembourg. La population ne l’acceptera certainement pas, car la plupart, si pas l’intégralité, des Luxembourgeois sont propriétaires. Il faut trouver d’autres pistes pour arriver à une répartition de la fortune.

En attendant, le problème du logement persiste encore et encore. Oseriez-vous annoncer une loi pour plafonner les prix ?

La question est plutôt de savoir si c’est faisable et est-ce que c’est utile. Moi, je pense que l’État doit intervenir davantage et le gouvernement ferait bien de trouver un accord avec les grands promoteurs pour lancer ensemble un grand plan de construction. Car à nous seuls, avec le Fonds du logement et la Société nationale des habitations à bon marché (SNHBM), nous n’y arrivons pas. Comparé à ce que Flavio Becca a construit à Gasperich, par exemple, ce n’est rien.

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­ — Février 2018

« Je trouve que la différence entre les deux côtés de la frontière est vraiment trop frappante et cela ne crée que des jalousies. »

Mais c’est néanmoins un échec, car il y aura plus d’emplois que de logements, et en plus, ce n’est pas très joli.

Non, mais ça c’est parce qu’on a laissé faire et que nous n’avons pas encadré. Monsieur Becca a commencé la construction il y a trois ans, et dans deux ans, tout sera construit. Des millions de mètres carrés. Pendant ce temps, au gouvernement, nous n’en finissons pas de discuter pour savoir qui sera directeur du Fonds du logement. Si nous reconnaissons que nous n’en sommes pas capables nous-mêmes, alors laissons faire ceux qui savent le faire, mais en les encadrant. Nous fournirions les autorisations, mais à condition que le prix du mètre carré ne dépasse pas un montant « x ». Ce gouvernement avait suivi ce modèle au Kirchberg sur les terrains près du siège de RTL. Qu’a fait le Fonds du Kirchberg ? Il a mis le terrain en vente et l’a vendu à celui qui offrait le plus. L’État aurait donc en quelque sorte participé à la spéculation et fait monter les prix. Nous avons annulé la vente et nous avons décidé de le vendre à prix fixe à condition que les prix des logements qui seront construits soient limités. C’est comme cela qu’il faut réglementer. Après, il faudra aussi continuer à investir davantage dans le logement locatif, car d’une manière ou d’une autre, il restera toujours une tranche de la population qui n’aura pas accès à la propriété.

Mais les promoteurs n’ont pas intérêt à ce que les prix stagnent.

Les promoteurs ? Bien sûr, mais je reprends l’exemple de Gasperich. Combien de temps monsieur Becca a dû attendre pour avoir les autorisations ? Une dizaine d’années. Si nous disons qu’à condition de mettre les logements à la vente à des prix limités, ils auront les autorisations plus rapidement, nous pourrons trouver un accord.

Venons-en au télétravail : quelles mesures entendez-vous encore mettre en œuvre au cours des prochains mois ou au-delà ?

Nous ne pourrons plus faire grand-chose pendant cette mandature, si ce n’est le projet-­ pilote du ministre de la Fonction publique, Dan Kersch (LSAP), qui permettra à certains de nos fonctionnaires de travailler quelques jours par semaine à domicile. L’idée, c’est que si nous voulons vraiment combattre le fléau des embouteillages, il ne suffit pas de construire le tram ou de développer les transports publics. Il faut trouver aussi d’autres moyens. Si tout le monde travaillait, par exemple, un jour par semaine à domicile, cela réduirait le trafic de 20 %, sans le moindre coût d’investissement. La digitalisation et les nouveaux moyens techniques rendent le télétravail possible.


Engaging with the English-speaking community

EMILIE ALLAERT Lhoft

IULIAN FLORIN educoin.me

THURSDAY 8 FEBRUARY Members are invited to join the Club and Delano teams and their guests. Delano Live in February will feature on stage interviews dealing with cryptocurrency. Our special guests for this event are Emilie Allaert and Iulian Florin. Emilie Allaert is head of operations and projects at the Luxembourg House of Financial Technology – LhoFT. Iulian Florin taught at the Polytechnic university of Bucharest in the faculty of IT and electronics. He moved to Luxembourg in 2017 to work for Grant Thornton’s technology hub. He created educoin.me and cryptocurrency workshops to educate people in blockchain.

VENUE Brauerei • Big Beer Company (Luxembourg-Rives de Clausen) PARKING Brasserie (Rives de Clausen) AGENDA 6:30 p.m. Welcome & bar service 7:00 p.m. Welcome words by Delano team speaker 7:05 p.m. Delano interviews 7:20 p.m. Bar service & DJ set

Upcoming dates: 17 th April & 7 thJune

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PA R TN E R


Comment faire ? Le problème que nous connaissons actuellement, c’est que nos pays voisins demandent que dès qu’un employé d’une entreprise au Luxembourg ne travaille pas ici, ils touchent une partie de l’impôt. Si nous avions beaucoup de télétravailleurs et que les revenus de tous les frontaliers étaient imposés à l’étranger, cela nous poserait des problèmes. Donc nous devons essayer de trouver un accord avec ces pays en vue de partager en quelque sorte l’imposition. Vous avez déjà eu des discussions…

gistes et que nous nous positionnons tous pour les prochaines élections. C’est évident, sinon nous aurions dû faire campagne en tant que parti unique. Nous avons réalisé notre compromis en 2013 et maintenant chacun développe ses idées pour l’avenir. L’état d’esprit sera-t-il encore là pour développer un nouveau compromis ?

Il n’y a aucun souci entre les trois partis pour continuer à travailler ensemble. Tout le monde sait qu’un parti socialiste a d’autres idées qu’un parti libéral en ce qui concerne une augmentation du SSM, par exemple. C’est aux électeurs de décider ce qu’ils veulent.

avec eux, car les liens étaient brisés. Aujourd’hui, c’est différent et il faut admettre que le CSV a changé et qu’il s’est renouvelé, du moins à sa tête. Cela dit, j’ai dit « never change a winning team », car je trouve que la coalition actuelle fonctionne bien et qu’elle a fait avancer le pays. Pourquoi ne pas continuer si l’électeur le veut bien ? Si l’électeur ne le veut pas, il faudra trouver une autre constellation. Que ferez-vous si vous n’obtenez pas le mandat de Premier ministre, voire si vous êtes exclu du prochain gouvernement ?

Oui, j’ai mené des discussions en Allemagne et pas plus tard qu’il y a trois semaines, je Je serai soit vice-Premier ministre ou chef me suis entretenu avec un député français. Mais la coalition actuelle est celle qui de l’opposition. Ils étaient très favorables à un tel accord. Le vous donne le plus de chances de devenir Vous excluez une carrière dans le secteur privé ? problème – surtout en France – c’est que Premier ministre, non ? l’argent revient d’abord à la caisse centrale Ça c’est vous qui le dites, tout simplement Je n’exclus jamais rien, mais je peux vous à Paris et ne revient plus jamais dans la parce que vous croyez aux sondages. Moi, dire que je n’ai aucun projet de quitter la région. C’est dommage, car cela empêche je dis toujours à Claude Wiseler que je n’aupolitique. Je n’ai pas l’intention de dire : la Grande Région de se développer. Je rais aucun souci à travailler avec lui en le « Si je ne suis pas élu, alors je me casse. » trouve que la différence entre les deux côtés prenant lui comme vice-Premier ministre. Ce n’est pas ma conception, ce n’est pas de la frontière est vraiment trop frappante Au vu de ce qui s’était passé avant les élecl’idée. Je dis clairement que si jamais je ne et cela ne crée que des jalousies. tions de 2013 (le LSAP retirait sa confiance faisais pas partie du prochain gouverneUn accord coûterait au Luxembourg 60 ment, alors je mènerai l’opposition. Ça au CSV suite à l’affaire du Srel, ndlr), nous ou 70 millions d’euros par an. Grâce à cela, ne pouvions plus entrer dans une coalition aussi, ça peut être intéressant. nous aiderions à développer la région frontalière tout en trouvant une solution partielle aux problèmes de circulation. Quand r ega r ds croisés je pense aux montants que nous investissons UN HOMME D’ACTION SOCIAL-LIBÉRAL actuellement et que nous investirons dans les années à venir dans les infrastructures Derrière le caractère « jovial » d’Étienne soit montré offensif et prêt à s’attaquer Schneider se cache un homme ambià des dossiers difficiles comme ceux de transport, ce montant que j’évoquais ne tieux inspiré d’une politique jugée soude la diversification économique, voire représente qu’une toute petite partie. vent trop libérale pour un socialiste. le space mining et le processus Rifkin », La région gagnerait des recettes, l’emParmi les termes utilisés par les même s’il reconnaît que la politique de ployé pourrait mieux s’organiser et n’aurait observateurs pour décrire Étienne croissance qualitative « reste quelque plus à subir tous les jours ce trafic, et pour Schneider, on retrouve « jovial », « ouvert peu nébuleuse ». finir, l’employeur aurait besoin de moins de d’esprit », « réaliste » aussi, ou encore André Hoffmann relativise aussi et bureaux. À mon avis, c’est vraiment un win« ambitieux ». On discerne du respect, a « l’impression qu’une certaine sur­ win. Bien sûr, et c’est toujours un peu le promême s’il polarise. Perçu comme « col­ estimation de ses propres capacités blème au Luxembourg, il y a cette question légial » par l’ancien député Déi Gréng, le conduit à des ambitions irréalistes », égoïste : « Est-ce qu’il faut vraiment leur donJean Huss, Étienne Schneider « n’est tandis que Laurent Schmit observe pas un ‘team player’ comme Xavier « des coups politiques, qui assurent à ner de l’argent ? » Moi, je pense que oui. C’est Bettel et essaie de plus en plus de se Schneider une allure de visionnaire ». une question de solidarité et en plus, c’est démarquer des autres partis de coali­ Des coups qui pourraient cependant dans un intérêt de sécurité publique. Plus il tion », juge le journaliste Laurent Schmit, n’être que du « marketing politique ». y a de démunis à nos frontières, plus la criqui vient de quitter le Luxemburger Pour Marc Spautz, Étienne Schneider minalité augmentera. Même si évidemment Wort pour rejoindre Reporter. préférerait simplement « ne pas toucher ils ne sont pas tous des criminels. Le favori pour mener les socialistes lors

Malgré des divergences plus apparentes avec vos partenaires de coalition, vous disiez à Paperjam au mois de juin « never change a winning team », et que donc votre préférence pour après 2018 serait de continuer à gouverner avec le DP et Déi Gréng. Est-ce toujours le cas ?

Absolument. Ce gouvernement a très bien fonctionné et fonctionne toujours très bien. S’il y a des divergences, il s’agit de divergences sur l’avenir. Lorsque nous avons formé le gouvernement en 2013, les trois partis n’ont pas fusionné. Nous remarquons qu’il y a des différences entre les libéraux, les socialistes et les écolo-

des législatives d’octobre est également perçu comme quelqu’un de « déterminé », voire « fonceur », pour reprendre les termes du chef de fraction du LSAP, Alex Bodry. Si les uns voient en lui un « moteur », d’autres démasquent surtout quelqu’un qui aime se présenter en tant que tel. « Il est certainement le membre du gou­ vernement qui aime le plus donner dans les médias l’image d’un homme d’action », estime le président du CSV, Marc Spautz, tandis que pour l’ancien député Déi Lénk, André Hoffmann, il est un des « représen­ tants les plus exposés ». Jean Huss salue le fait qu’Étienne Schneider, contrairement au CSV, « se

à un certain nombre de problèmes ». Son action et son approche politiques lui valent une image plus libérale que sociale. « Son réalisme politique le porte à accepter les règles de l’économie de marché », reconnaît Alex Bodry, selon qui Étienne Schneider ne mériterait néanmoins pas l’étiquette libérale. « S’il aime la liberté, il sait pertinemment qu’elle va de pair avec la justice sociale et la solidarité. » L’intérêt affiché par Étienne Schneider pour le mouvement En Marche « peut laisser perplexe », poursuit Alex Bodry, qui y voit cependant « plus une admiration pour l’opération de prise de pouvoir qu’une adhésion aux idées très libérales d’Emmanuel Macron ».

L’intégralité des regards croisés est à retrouver sur paperjam.lu.

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­ — Février 2018


Étienne Schneider veut devenir Premier ministre, mais il n’exclut pas les autres options.

« Je ne suis pas ce genre de politicien ou de personne qui dit juste des choses qui plaisent. » Février 2018 —

­ — 75


Sur le plan économique, 2017 fut l’année des bonnes surprises. Après une demi-décennie de crise sévère et une autre à tenter d’en soigner les plaies, le dernier exercice a multiplié les bonnes nouvelles concernant la croissance mondiale. Pour voir ce que nous réserve 2018, nous avons invité quatre « prévisionnistes » du monde bancaire à débattre des grands enjeux.

L’A N GLOR  ELIAS   ABOU   HAIDAR   (BIL)

STEFAN   VAN GEYT   (KBL EPB)

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­— Février 2018


Texte

Jean-Michel Lalieu Photos

Edouard Olszewski

NÉE EUSE

ALEXANDRE   GAUTHY   (DEGROOF  PETERCAM   LUXEMBOURG)

PHILIPPE   LEDENT   (ING   BELUX)

Février 2018 —

­ — 77


Bavardage Perspectives économiques 2018 tissement et de l’augmentation du taux Il n’y a qu’à regarder le taux de chômage pour d’uti­li­­sation des capacités. Mais actuellement, constater que nous disposons encore d’une ce facteur de risque traditionnel n’est pas pré- marge importante. Quant à la situation de la sent non plus. L’autre point important, c’est Chine, elle est encore différente. Dans ce la Chine. Elle a été, dans les années passées, contexte, je ne pense pas que toutes les écoune source d’inquiétude à cause de problèmes nomies risquent de tomber en récession en de surchauffe. Aujourd’hui, l’économie même temps. Mais on peut logiquement se chinoise est beaucoup plus contrôlée par le demander si la zone euro serait capable de gouvernement, qui met en place une série de résister à une petite récession des États-Unis. mesures pour mieux gérer la bulle d’endette- Si ce n’était pas le cas, on pourrait alors assister à une certaine synchronisation des cycles. ment qui menace son économie. alexandre gauthy Il faut aussi pointer la stefan van geyt Je suis d’accord, j’ajouterais stefan van geyt On voit clairement un regain baisse des matières premières en 2014-2015, à cela la différence à faire entre les cycles écode confiance des consommateurs et des qui a contribué à l’augmentation de la nomiques et les marchés. Les États-Unis marges des entreprises à la hausse, dans consommation des ménages dans les pays jouent un rôle de locomotive au niveau des toutes les régions du monde. Les États-Unis développés. Quant au regain de confiance des marchés. Si leur situation se détériore, les ont un temps d’avance, mais les marchés émer- consommateurs et des entreprises depuis autres marchés seront également touchés, gents suivent, et même l’Europe, que l’on mi-2016, il est en partie dû à la diminution même si, effectivement, nous ne sommes pas perçoit souvent en retrait, revient en force. des risques politiques, en particulier du côté dans le même cycle économique. Mais cette bonne santé actuelle s’explique européen. Enfin, aux États-Unis, après l’élec- elias abou haidar Je temporiserais un peu aussi par l’activité des banques centrales. tion de Donald Trump, la confiance a été les décalages de cycles. À l’échelle de plusieurs philippe ledent Je mettrais en avant deux soutenue par les anticipations de baisse d’im- décennies, on constate une plus grande synéléments. Le premier, c’est que l’économie pôts liées à la réforme fiscale promise par le chronisation des cycles du fait de la mondiamondiale tourne sur tous ses moteurs. Depuis président fraîchement élu. lisation des économies. Il peut donc encore la crise de 2007, c’est la première fois, en 2017, y avoir des décalages, mais tout le monde est qu’un tel scénario s’est présenté. La Chine et en croissance plus ou moins en même temps les pays émergents sont bien repartis depuis et entre en récession en même temps égale2016, les États-Unis ont poursuivi sur leur ment. Ensuite, il faut analyser les causes de lancée, et la zone euro redémarre enfin. Le ce ralentissement. Si on connaissait à nouveau second point, c’est le fait que tous les acteurs une crise de l’endettement, comme en 2008, de l’économie sont de la partie. Aussi bien les il est clair que tout le monde pourrait tomber consommateurs, grâce à la création d’emplois en crise en même temps. Mais si les États-Unis et donc de revenus, que les entreprises et les connaissent plutôt un ralentissement lié à banques centrales qui ont mené des politiques une fin de cycle, il n’est pas exclu que l’Europe très agressives et accommodantes qui, fort ou la Chine puissent continuer à croître de heureusement, portent leurs fruits. Même si leur côté. ces politiques posent des questions pour le stefan van geyt Le seul bémol que je placefutur, au moins elles ont servi à pousser les philippe ledent Tout le monde va bien en rais par rapport à votre analyse, c’est qu’on économies vers l’avant. même temps, mais tout le monde n’est pas peut se demander si on n’a pas atteint le somelias abou haidar Je ne dirais pas que les dans la même phase du cycle. Les États-Unis met du cycle de la mondialisation. économies sont aux mains des banques cen- sont en phase de haute conjoncture, c’est très philippe ledent Effectivement, je pense que trales. Je pense qu’elles ont eu l’intelligence bien, mais leur capacité à encore accélérer la question de savoir si on en a fini ou pas avec de réagir très rapidement au début de la crise devient plus limitée. La pression de la la phase d’accélération de la mondialisation et d’ensuite créer les conditions pour per- demande devrait bientôt se transformer en nous titille tous. mettre la croissance. Elles ne peuvent pas faire hausse des salaires et donc, probablement, elias abou haidar Je suis bien d’accord. Une grand-chose d’autre que s’assurer de ne pas en hausse de l’inflation, plutôt qu’en pour- étude de l’Organisation mondiale du comêtre un obstacle pour la croissance. Je vou- suite de la croissance. En zone euro, j’espère merce montre que l’on n’est pas du tout à des drais aussi mettre en avant la faiblesse de que nous sommes plutôt dans la phase ascen- niveaux de surchauffe. La composante domesl’inflation et le fait que l’on trouve des com- dante du cycle, celle d’accélération, qui nous tique dans la croissance est forte. Mais ce posantes domestiques importantes dans la laisse encore un long chemin devant nous. mouvement vers la mondialisation a eu lieu croissance : la confiance des consommateurs et des entreprises, les investissements qui continuent à s’accélérer et, malgré tout cela, on ne perçoit toujours pas de tension infla« L’économie mondiale tourne sur tous ses moteurs. » tionniste, ce qui serait logique dans le cadre PHILIPPE LEDENT, SENIOR ECONOMIST (ING BELUX) d’un cycle normal. Ceci dit, il n’est pas exclu que cela se produise en seconde moitié d’année, compte tenu de la reprise de l’inves­

La croissance est mondiale

Tous en croissance, puis tous en crise ?

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­ — Février 2018


L’ANALYSE D’ALEXANDRE GAUTHY  (DEGROOF PETERCAM LUXEMBOURG)

ÉTATS-UNIS

La réforme fiscale de Trump pour les hauts revenus

35 %

35 %

30 %

30 %

25 %

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20 %

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5 %

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0 %

0 %

-5 %

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REVENU ANNUEL

MOINS DE

10.000 $

10.000 $ — 20.000 $

20.000 $ — 30.000 $

30.000 $ — 40.000 $

40.000 $ — 50.000 $

50.000 $ — 75.000 $

75.000 $ — 100.000 $

100.000 $ — 200.000 $

Source : JCT, Degroof Petercam * Sur les 10 prochaines années

hauts revenus empocheront 20 % de ce montant, alors que les ménages les plus vulnérables finiront par payer plus d’impôts. À court terme, la réforme fiscale devrait générer un surplus de croissance pour l’économie américaine, mais à long terme, elle risque d’accroître les inégalités et la dette publique.

Sur les 10 prochaines années, la baisse de l’imposition des personnes physiques aux ÉtatsUnis entraînera un surplus de revenus de plus de 1.100 milliards de dollars pour les ménages. Cependant, ce gain d’impôts avantagera disproportionnellement les plus riches. Selon les premiers calculs, le 1% des contribuables à plus

200.000 $ 500.000 $ PLUS — — DE 500.000 $ 1.000.000 $ 1.000.000 $

% du gain dû à la baisse d’impôts* % de contribuables

CONSEILS INVESTISSEMENT

« Nous privilégions la zone euro » Au sein de la poche actions, nous privilégions la zone euro. D’un point de vue macroéconomique, la région bénéficie d’une reprise cyclique généralisée à tous les pays de la zone, le taux de chômage baisse rapidement sans pour autant engendrer de pressions inflationnistes, et la dissipation partielle du

risque politique entraîne des flux d’investissements financiers importants vers la zone euro, ce qui a par ailleurs supporté la devise commune. De plus, la politique monétaire reste très souple dans le but de soutenir la reprise, et les valorisations y sont attrayantes par rapport à la plupart des autres régions du monde.


et a eu pour conséquence que les économies sont plus synchrones aujourd’hui qu’il y a 20 ou 30 ans. alexandre gauthy Un des risques serait que les banques centrales resserrent leur politique monétaire plus rapidement qu’escompté, ce qui n’est pas le scénario privilégié actuellement. Par contre, la globalisation financière est très importante. En cas de choc sur les marchés, on pourrait voir des répercussions importantes sur l’économie réelle. Les crises étant toujours imprévisibles, le risque pourrait venir d’un choc externe qui fragiliserait les marchés financiers. Il existe un lien bien réel entre la bonne performance des indices boursiers américains, l’augmentation de la confiance des consommateurs et la hausse du pourcentage du revenu des ménages investi en actions. Cet équilibre reste fragile. Un choc externe pourrait donc avoir des répercussions sur la croissance de la consommation, et donc sur l’économie.

D’où viendrait la prochaine crise ? En général, les marchés anticipent de six à douze mois les risques de récession. Au niveau des États-Unis, pour 2018, on ne voit rien venir, mais en 2019, rien n’est garanti. Une récession pourrait d’ailleurs survenir suite à une action de la Fed dans le courant de cette année. philippe ledent Il y a les chocs et les retournements naturels des cycles… Nous sommes plutôt partisans du retournement naturel au niveau des États-Unis, vu que ce sont eux les plus avancés dans le cycle. En 2018, la réforme fiscale fait figure de garantie. Elle devrait offrir une piqûre dopante. Mais pour 2019, nous partageons aussi des doutes. La zone euro ne devrait, par contre, pas connaître de retournement étant donné son avancée dans le cycle. Mais elle n’est pas à l’abri d’un choc. Or, le catalogue d’éléments capables de provoquer un retournement est suffisamment important pour ne pas le négliger. Mais il faut aussi relativiser : la dernière crise, bancaire et financière, a été particulièrement grave et elle date déjà d’il y a 10 ans. Beaucoup de gens imaginent donc, aujourd’hui, que toutes les crises sont de cet ordre. Mais il peut y avoir beaucoup d’autres sources de crises. Dans l’histoire économique, les crises bancaires ne sont stefan van geyt

80 —

­— Février 2018

« La situation s’améliore vraiment en zone euro […], mais il reste des problèmes à résoudre. » ALEXANDRE GAUTHY, MACROÉCONOMISTE (DEGROOF PETERCAM LUXEMBOURG)

même pas majoritaires. Il existe plus de récessions générées par des hausses de taux de banques centrales que de crises bancaires. Beaucoup de gens cherchent à savoir ce qui sera à l’origine de la prochaine crise bancaire, mais restent braqués sur les causes de la crise bancaire de 2008. Les États-Unis pourraient connaître une petite récession de deux trimestres de croissance négative uniquement liée à une situation de fin de cycle, ce qui serait nettement moins grave. Mais, évidemment, vu l’importance prise par la sphère financière aujourd’hui au niveau mondial, la probabilité de crises financières est plus importante qu’il y a 30 ou 40 ans. elias abou haidar Je ne suis pas convaincu. Depuis le début des années 2000, un certain nombre de crises, notamment dans les économies émergentes, ont été des crises financières liées à de l’endettement. En fait, ce qui nous a surpris, c’est que la crise financière a frappé les pays développés et est venue de la première puissance économique mondiale, les États-Unis. Personnellement, je pense que les ingrédients d’une crise financière sont présents. Dans certains pays, les taux d’endettement sont très élevés, mais sont soutenables simplement parce que l’inflation est faible et que les taux d’intérêt le sont également. Mais

en cas de choc d’inflation qui contraigne les banques centrales à augmenter les taux plus rapidement que ce qui est anticipé, on pourrait voir surgir une nouvelle crise financière. Elle pourrait venir de Chine ou d’autres pays émergents fortement endettés. Un autre élément, latent depuis la crise, c’est la grande dichotomie entre l’évolution des économies réelles et celle des sphères monétaires, en lien avec le gonflement important des bilans des banques centrales. Le danger de cette situation n’est peut-être pas imminent, mais il est présent.

La zone euro en grande forme alexandre gauthy La situation s’améliore vrai-

ment en zone euro, c’est évidemment une bonne nouvelle, mais il reste des problèmes à résoudre.


– Crédit photo : Gettyimages – PhotoAlto/Frédéric Cirou. Banque de Luxembourg, société anonyme – 14, boulevard Royal – L-2449 Luxembourg – R.C.S. B5310 –

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L’ANALYSE DE PHILIPPE LEDENT  (ING BELUX)

EUROZONE

Accélération de la croissance en zone euro jours orienté à la hausse. Il tend à indiquer que la croissance du PIB de la zone euro devrait continuer à s’accélérer. Cela reflète non seulement une situation clairement en amélioration en 2017, mais aussi de bonnes perspectives pour 2018.

1,0

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-0,6 2010

2011

2012

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2014

2015

Eurocoin Évolution trimestrielle du PIB (en %)

CONSEILS INVESTISSEMENT

« Les actions japonaises, notre premier conseil » Les politiques accom­ en 2017, elles affichent modantes des grandes encore des niveaux de banques centrales (taux valorisation relativement bas et inflation contenue) attractifs. Pour l’investisseur et la croissance mondiale privé plus pointu, nous constituent un contexte proposons au niveau encore et toujours sectoriel les valeurs favorable aux actions pétrolières, qui sont bon que nous surpondérons. marché. Elles ont sousNotre préférence va aux performé de plus de actions de la zone euro 18 % aux États-Unis (en et du Japon. Les actions USD) et de plus de 8 % japonaises constituent en Europe. Et enfin, elles notre premier conseil pour accusent un retard par l’investisseur privé. En rapport à l’augmentation effet, malgré leur hausse récente du prix du pétrole.

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­ — Février 2018

2016

2017

Source : Thomson Reuters Datastream, ING Economic Research

Les indicateurs économiques sont très positifs pour la zone euro, qu’il s’agisse de mesures d’activité ou d’indicateurs de confiance. L’Eurocoin, qui est un indicateur composite reflétant le cycle de l’activité économique à partir des indicateurs économiques, est dès lors au plus haut et tou-


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Ocorian Limited est réglementée par la Commission des services financiers de Jersey. Ocorian Fund Services (Jersey) Limited est réglementée par la Commission des services financiers de Jersey. Ocorian (Luxembourg) S.A. est réglementée par la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF) Ocorian (Luxembourg) S.à r.l et Ocorian Services (Luxembourg) S.à r.l sont chacune réglementées par l’Ordre des Experts-Comptables (OEC). Ocorian (UK) Limited est agréée et réglementée par la Financial Conduct Authority (FCA) du Royaume-Uni. Ocorian (Mauritius) Limited et Ocorian Services (Mauritius) Limited sont chacune réglementées par la Commission des services financiers de l’Ile Maurice. Singapore Trust Company Pte Ltd est réglementée par l'Autorité monétaire de Singapour. Ocorian (Guernsey) Limited (immatriculée à Guernesey sous le numéro 45342) est agréée et enregistrée par la Commission des services financiers de Guernesey en vertu de la Loi de 2000 sur la réglementation des fiduciaires, des activités d’administration et des administrateurs de sociétés (Bailliage de Guernesey). Ocorian (Ireland) Limited est une fiducie agréée ou un fournisseur de services aux entreprises conformément à l'article 89(6) de la Loi irlandaise de 2010 sur la justice pénale (blanchiment d'argent et financement du terrorisme).


« La faiblesse de la zone euro vient du fait qu’on ignore si sa capacité à résister à un choc a été améliorée. » PHILIPPE LEDENT, SENIOR ECONOMIST (ING BELUX)

Notamment celui des créances bancaires douteuses en Italie, ainsi que la situation en Grèce. Les déficits des comptes courants dans les pays du sud ont disparu suite à la crise de la dette européenne, si bien qu’actuellement, la zone euro dégage un surplus important de la balance des comptes courants et, autre signe positif, la croissance du crédit bancaire est redevenue positive depuis 2015. Mais il est clair que l’endettement reste élevé et que nous connaissons toujours des problèmes de compétitivité dans certains pays du sud. stefan van geyt Je pense que, pour 2017, l’Europe va dépasser les États-Unis en termes de croissance. Il y a longtemps qu’on n’a pas connu une telle situation. Nos prévisions prévoient que ça va déjà se retourner en 2018, mais au moins, nous avons connu une très belle année 2017 pour la zone euro. philippe ledent Les indicateurs sont très positifs pour la zone euro. On ne devrait pas être loin de 2,3 % ou 2,4 % de croissance en 2017, ce qui serait effectivement supérieur aux États-Unis. Les indicateurs de confiance sont aussi à un très bon niveau. Mais il reste deux grands bémols. Le premier, c’est la capacité de certaines économies, comme la Grèce ou le Portugal, à résister à un choc négatif. Grâce à la phase d’accélération de la croissance, les problèmes tels que la renégociation de la dette grecque et les soucis de compétitivité des pays du sud de l’Europe ont pu être mis au frigo… mais ils sont toujours là. La faiblesse de la zone euro vient donc du fait qu’on ignore si sa capacité à résister à un choc a été améliorée. En plus, la politique fort accommodante de la Banque centrale européenne, qui ne devrait pas changer avant 2019 en tout cas, fait qu’en cas de nouveau choc, elle n’aura plus beaucoup de munitions. Le second bémol, c’est la poursuite de la construction européenne. On a placé de nombreuses rustines sur l’édifice européen pour faire face à la crise, mais le chantier reste énorme si on pense à l’harmonisation de la fiscalité, des lois sociales, etc. Tant qu’on connaîtra autant de différences, il ne faut pas espérer une zone euro cohérente et qui puisse se présenter comme une zone homogène et forte. 84 —

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elias abou haidar On compare souvent la croissance de l’Europe et celle de l’Asie, mais nous connaissons actuellement des taux de croissance records. L’économie européenne se porte donc très bien. Un des facteurs de croissance, pas suffisamment souligné, c’est la capacité d’innovation et la puissance de l’appareil industriel européen. Il y a effectivement des faiblesses politiques et des grandes différences fiscales qui peuvent apparaître comme des faiblesses en période de crise, mais il y a aussi des forces qui expliquent la croissance actuelle. Les investissements sont importants, la consommation domestique aussi, et le commerce intra-européen se porte très bien. alexandre gauthy Un autre élément positif pour la zone euro, c’est la volonté du monde politique d’aller de l’avant. On parle aujourd’hui d’un FMI de la zone euro, d’un ministère des Finances de la monnaie commune… Il s’agit clairement d’une prise de conscience par le monde politique du besoin d’une intégration plus importante au sein de l’union monétaire. philippe ledent Oui, mais on voit quand même que la crise a fait des dégâts en termes d’euro­

phobie et d’euroscepticisme. En Allemagne, ce ne sont pas les partis favorables à l’intégration qui ont gagné les élections. L’Italie connaîtra une échéance électorale en mars, ce sera un nouveau test. Autant il existe une prise de conscience du besoin d’avancer vers une meilleure gouvernance en zone euro, autant l’idée de l’Europe reste peu vendeuse actuellement. Malgré l’exception Macron, mais il n’a pas été élu pour ses convictions européennes… stefan van geyt L’histoire nous montre qu’il faut bien souvent une crise en Europe pour qu’on fasse avancer les choses. Ce n’est donc pas maintenant que ça va se produire.

Les risques à l’horizon stefan van geyt En Europe, on l’a déjà pointé, ce sont les élections en Italie pour lesquelles il reste pas mal d’incertitudes. C’est un élément-­clé pour cette année. alexandre gauthy La situation en Italie est un sujet de préoccupation, effectivement. Mais je pense aussi à la négociation autour de l’Aléna, l’accord de libre-échange nord-­ américain. Il existe un risque que les ÉtatsUnis se retirent unilatéralement du traité, ce qui pourrait raviver les craintes d’une hausse du protectionnisme à l’échelle mondiale.

Les migrations, facteur de croissance Dans ses Prévisions macroéconomiques 2018-2019, la banque Edmond de Rothschild pointe un ralentissement de la consommation publique dans la zone euro en 2017, en lien notamment avec la diminution des arrivées de demandeurs d’asile et de l’aide à leur apporter. La croissance dopée par les migrations ? « Tout dépend de la capacité des pays à prendre en charge ces flux migratoires et à les intégrer. Mais historiquement, on a vu que dans des économies plus vieilles en termes

démographiques, les flux migratoires apportent un renouveau », note Elias Abou Haidar (Bil). Un avis partagé par Philippe Ledent (ING), mais qui le nuance : « Je n’associerais quand même pas les migrations à une bonne nouvelle, parce qu’au départ, il s’agit d’une situation dramatique pour de nombreuses per­ sonnes. Ceci dit, selon la littérature économique, un flux migratoire est positif à partir du moment où l’économie se montre capa­ ble de l’absorber. Ce sont des bras et des cerveaux, un des deux grands piliers de la croissance. » Et pour

des économies vieillissantes, comme l’Allemagne notamment, ça peut devenir important. « Les signaux que nous recevons de nos collègues allemands montrent effectivement que la population commence à mieux accepter le flux passé et se montre plus convaincue qu’il aura un effet positif sur la crois­ sance », note Stefan Van Geyt (KBL epb). Effet positif, mais « pour autant que nos économies parvi­ ennent à former ces gens, ce sera le prochain défi », estime enfin Alexandre Gauthy (Degroof Petercam Luxembourg).


L’ANALYSE D’ELIAS ABOU HAIDAR  (BIL)

ÉVOLUTION DES PRIX

Le retour de l’inflation ? Les facteurs d’inflation (salaires et prix du logement) affichent des taux de croissance en ligne avec la moyenne historique (102 %), ce qui pourrait expliquer la faiblesse de l’inflation. Mais la confiance des consommateurs et des entreprises a atteint des niveaux très élevés (91% du pic historique), ce qui pousse à la hausse l’investissement et le taux d’utilisation des capacités.

Ce dernier se rapproche du seuil jugé inflationniste par la Fed. Le marché du travail se tend en outre davantage chaque mois. Il n’est donc pas exclu que des tensions inflationnistes apparaissent en deuxième moitié d’année, renforcées par l’impact décalé de la hausse du prix du pétrole, et conduisent à un réajustement des anticipations de hausse des taux.

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Facteur d’inflation (en % de la moyenne historique) Confiance (en % de la valeur maximale historique) Taux d’utilisation des capacités (79 % : niveau jugé inflationniste)

CONSEILS INVESTISSEMENT

« La cherté des actions n’est pas un obstacle » L’environnement macroéconomique est robuste et continue d’offrir une grande visibilité, et la liquidité est abondante grâce aux politiques monétaires accommodantes. En outre, les résultats des entreprises sont très bons, et les bénéfices continuent de croître. Ce contexte favorise donc très nettement les marchés d’actions pour 2018, surtout aux États-Unis et en

Europe. Leur valorisation est certes élevée, mais l’inflation faible contribue à la gonfler artificiellement, et par ailleurs, la cherté n’a jamais été un obstacle à de bonnes performances. Les rendements des emprunts d’État sont trop faibles, et nos anticipations pour l’inflation n’augurent rien de bon pour la classe d’actifs (sauf la dette des marchés émergents et les obligations investment grades).


« Des changements très importants se sont passés dans la sphère financière, dont on a du mal à mesurer la portée aujourd’hui. »

stefan van geyt Effectivement, mais les conséquences les plus importantes seront au niveau du Royaume-Uni lui-même. Le pays connaît actuellement une des croissances les plus faibles au niveau mondial. Les conséquences sont donc assez lourdes pour l’économie britannique.

ELIAS ABOU HAIDAR, HEAD OF INVESTMENT (BIL)

philippe ledent Il y a moins d’échéances politiques en 2018 qu’en 2017, mais pas mal d’élém e n t s p e u ve n t q u a n d m ê m e ê t re déclencheurs de changements. Je pense notamment à la question de l’inflation aux États-Unis et à son influence sur les marchés. Sur le marché obligataire américain, on constate que les taux longs ne progressent pas, malgré le fait que la Fed remonte les taux et que les taux courts suivent. C’est un peu comme si les marchés ne croyaient pas en la capacité de la Fed à poursuivre le mouvement. Pourquoi ? Anticipent-ils déjà un changement de situation en 2019 ? Ne croient-ils pas au retour de l’inflation ? Je pense quand même que l’inflation finira par remonter aux États-Unis et que ce sera un élément qui pourra pas mal changer la donne actuelle. elias abou haidar Je ne sais pas si ce sont les marchés qui ne croient pas au retour de l’inflation ou à la capacité d’action de la Fed, ou si c’est le marché obligataire qui a changé structurellement. La Fed est le plus gros détenteur de bons du Trésor américains, la Chine et le Japon en sont d’autres. Ils ne peuvent pas s’en délester actuellement et ça peut donc expliquer la situation. Il y a des changements très importants qui se sont passés dans la

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sphère financière et dont on a du mal à mesurer la portée aujourd’hui. philippe ledent Sur ces points, les choses devraient s’éclaircir en 2018 et ça pourrait jouer un rôle très important, au moins dans l’évolution des marchés.

À qui profite la réforme fiscale de Trump ? On voit clairement que la baisse d’impôts prévue pour les personnes physiques va avantager les plus hauts revenus. Si on regarde à l’horizon des 10 prochaines années, le gain d’impôts pour les personnes physiques représentera plus de 1.000 milliards de dollars. De cette somme, le 1 % des personnes aux plus hauts revenus vont en bénéficier à hauteur de 20 %. La réforme fiscale aura certainement un impact positif à court terme sur la consommation, et donc sur l’économie américaine, mais à plus long terme, elle entraînera plus d’inégalités au sein de la société et une augmentation de la dette. Les prévisions pour 2019 envisagent un déficit proche des 5 %, ce qui n’a jamais été le cas hors situation de crise financière ou de guerre. Cette réforme sera avant tout financée par une augmentation de l’emprunt public. Les entreprises bénéficieront aussi de baisse d’impôts, ce qui a supporté les actions américaines récemment. stefan van geyt Il y aura effectivement un effet dopant à court terme. Pour 2018, nous avons chiffré l’effet entre 0,3 % et 0,4 % de croissance supplémentaire, mais il est clair que le problème de l’endettement américain ne sera pas résolu avec ces mesures. Au contraire, on rajoute une couche au problème. À moyen et long termes, l’endettement reste un souci. elias abou haidar Il est aussi prévu des mesures pour les entreprises qui rapatrient leurs liquidités sur le territoire américain, ce qui peut avoir un impact sur le marché. Ça reste hypothétique, mais ces mesures pourraient encourager des fusions ou acquisitions, vu que cet argent devra être investi alors que les taux sont bas et que le niveau de l’investissement productif est déjà très élevé. Si c’est le cas, on pourrait voir un nouvel élan pour les marchés d’actions. alexandre gauthy

Et le Brexit dans tout ça philippe ledent L’année 2017 a été marquée, fin mars, par la déclaration de la volonté d’un Brexit et, début décembre, par l’accord concernant les conditions préliminaires à la négociation. 2018 sera l’année de la négociation commerciale, une période pendant laquelle la situation pourrait redevenir plus sereine. En 2019, il faudra entériner l’accord, pour autant qu’il en existe un, et gérer la période de transition. Ce sera à nouveau plus tendu.


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L’ANALYSE DE STEFAN VAN GEYT  (KBL EPB)

ÉCONOMIE MONDIALE

Des hausses de bénéfices synchronisées Ce graphique montre une donnée intéressante qui souvent passe inaperçue : l’évolution synchronisée des marges bénéficiaires des entreprises dans quatre régions – États-Unis, Europe, Japon et marchés émergents – ces cinq dernières années. Dans un contexte de faible inflation, on note notamment l’indice MSCI EM qui rattrape son retard au fil des ans, l’indice japonais qui a

triplé grâce à la politique dite « Abenomics », un retour en force de l’Europe et un indice américain en nette amélioration. Cette synchronisation de la hausse des marges des entreprises est liée en grande partie à une utilisation des capacités en baisse et donc à une meilleure utilisation des ressources disponibles. Elle laisse présager une évolution positive de l’économie mondiale en 2018.

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CONSEILS INVESTISSEMENT

« La meilleure protection reste la diversification » En 2018, notre mot d’ordre pour l’investisseur privé reste la diversification. En effet, alors que la période de volatilité très basse, telle que nous l’avons connue en 2017, devrait toucher à sa fin et le marché des actions arriver à maturité cette année, la meilleure protection reste la diversification des portefeuilles. Nous conseillons aux investisseurs de combiner des

actifs des marchés actions, obligataires et d’autres actifs qui affichent une faible corrélation avec les investissements traditionnels, afin de tirer au mieux parti de ce stade du cycle de marché. Nous pensons également qu’il faut surtout bien diversifier dans la poche obligataire, puisque le risque de chute est devenu très grand suite à la baisse des taux.


euro, il existe encore plus de capacité à alimenter le marché par de la croissance bénéficiaire. On n’a pas encore connu le grand mouvement de rush bénéficiaire des entre« Par ricochet, prises. Il devrait alimenter le marché européen on doit s’attendre à un regain des actions. La danse n’est donc sans doute pas terminée sur le marché boursier, même de volatilité sur le marché si on s’attend à plus de volatilité. Par contre, des actions. » la grande inconnue, c’est la manière dont les marchés risquent d’anticiper dès 2018 les STEFAN VAN GEYT, GROUP CIO (KBL EPB) craintes par rapport à l’après-2018. À ce niveau, nous n’y voyons pas encore très clair. elias abou haidar Vu les valorisations atteintes, les 10 années à venir ne seront plus comme celles que l’on vient de connaître. Mais alexandre gauthy Je vous rejoins sur ce point. le marché obligataire. C’est une chose que Cette mesure pourrait supporter les cours pas mal d’investisseurs sous-estiment. Et si ça ne veut rien dire sur l’évolution des marboursiers de certaines entreprises à travers on regarde vers 2018, cette volatilité devrait chés sur un an. Les conditions sont réunies l’augmentation des dividendes et des rachats se poursuivre. Par ricochet, on doit aussi s’at- pour que la hausse se poursuive. d’actions. À court terme, elle devrait aussi tendre à la voir s’intensifier sur le marché stefan van geyt Pour les raisons déjà évoquées, je pense effectivement qu’il y a peu contribuer à renflouer les caisses de l’État. des actions. Quant à l’effet de la réforme fiscale sur les philippe ledent Je pense aussi que le point d’alternatives aux actions en ce début d’anentreprises européennes, il sera limité pour de la volatilité est très important. Nous sor- née. Pour 2019, par contre, c’est un peu plus les entreprises domestiques, tandis que celles tons d’une période où elle a été faible. compliqué. qui ont des succursales aux États-Unis béné- Généralement, les périodes de hausse de taux de la Fed sont associées à la hausse de la volaficieront de réductions d’impôts. tilité des marchés. Nous sommes donc convaincus qu’en 2018, à un moment ou un autre, on devrait ressentir plus de volatilité. On a parlé des marchés obligataires. Vu les prix actuels, de petites variations de taux provoquent des variations de prix obligataires qui peuvent être conséquentes. C’est très important parce qu’on sort d’une longue période où une part très importante des gains en portefeuille était liée aux marchés obligataires, vu qu’on était dans une période de baisse de taux. Ensuite, il y a la question de alexandre gauthy Nos estimations prévoient la valorisation des marchés. La valorisation une légère hausse des prix pétroliers à l’hodu marché américain est déjà très importante, rizon 2019-2020. Nous estimons que le potenstefan van geyt En 2017, on a vu des chutes plus importantes sur les marchés obligataires mais le train pourrait continuer à avancer tiel de croissance de l’offre pétrolière de que sur les marchés d’actions. Le risque de grâce à la réforme fiscale, qui peut apporter l’Opep et du non-conventionnel américain volatilité est donc au moins aussi grand sur du carburant aux marchés boursiers. En zone sera insuffisant pour maintenir un équilibre entre l’offre et la demande à moyen terme. philippe ledent Si on laisse de côté les impondérables de la géopolitique, l’élément-clé est effectivement de savoir dans quelle mesure la production de l’Opep peut être compensée par les pétroles et gaz de schiste aux ÉtatsUnis. Les avis sont divergents, nos analystes matières premières ont l’avis inverse du vôtre, mais sur base du même argument. Ils pensent que les producteurs américains, aux prix actuels, vont à nouveau pouvoir produire. Mais il est évident que la chute des matières premières a été un élément-clé de la restauration de la consommation des ménages, notamment en zone euro où elle a permis des augmentations de pouvoir d’achat. Le rôle des pétroles et gaz de schiste est donc très important. Tout se joue entre ceux qui essaient de fermer les vannes et les autres qui peuvent facilement produire avec des prix au-dessus de 50 dollars.

L’évolution des marchés

Quid des matières premières ?

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« L’élément le plus important autour des cryptomonnaies, c’est le manque de réglementation. » STEFAN VAN GEYT, GROUP CIO (KBL EPB)

Le bilan de santé du Luxembourg

qui permettra, après cinq à dix ans, de diversifier l’économie, d’obtenir un flux continu philippe ledent L’économie du Luxembourg de diplômés dans différents domaines, ce qui n’est pas facile à suivre. La situation est beaureste le premier pilier du développement coup plus volatile, elle est très fortement expod’une économie. C’est un challenge très sée au secteur financier. Les chiffres peuvent important qui, pour le moment, est plutôt donc fortement varier d’un trimestre à l’autre. bien géré. Mais c’est une économie qui, justement, de par cette spécialisation, a très bien performé ces dernières années. Il n’y a pas de raison que cela change à court terme, mais il faut quand même bien comprendre que cette performance est liée à une attractivité de plus en plus grande et qui se poursuit. La main-d’œuvre des pays frontaliers alimente toujours le marché du travail et de l’immobilier. Tout ceci est le résultat d’une mécanique qui a très bien fonctionné. Mais si un jour le Luxembourg devait perdre son attrait, s’il n’y avait pas un supplément de main-d’œuvre qui arrive chaque année par un surcroît d’activité, la mécanique pourrait s’inalexandre gauthy Les cryptomonnaies, dont verser. C’est important pour le système de penfait partie le bitcoin, sont l’actif le plus spécusions. Actuellement, la pyramide de la latif aujourd’hui. Il est probable que l’utilisapopulation active est conservée, il y a toujours tion de ces monnaies privées reste limitée par plus d’actifs que de retraités. Mais il ne faudrait rapport à l’usage des devises conventionnelles. pas que l’afflux cesse. L’économie doit donc La technologie sous-jacente des crypto­ développer d’autres pôles de croissance pour monnaies, la blockchain, est, elle, prometéviter que la pyramide ne s’inverse. teuse. Dire que l’offre en « monnaies alexandre gauthy Par rapport à d’autres pays alternatives » est limitée, c’est faux. Tous les développés, l’État dispose encore d’une marge jours, de nouvelles cryptomonnaies sont de manœuvre pour s’atteler à cette problémacréées. Leur offre potentielle est donc illimitique étant donné le faible endettement du tée. On en recense plus de 1.300 à l’heure pays. Le gouvernement est aussi conscient de la forte dépendance de l’économie aux services financiers et tente de se diversifier. stefan van geyt Les challenges que le pays a déjà traversés avec son système financier montrent là aussi qu’il a très bien géré la situation. Le secteur financier a su passer correctement à travers une période de transformation assez importante, et l’industrie des fonds a continué à investir pour montrer qu’elle avait un grand rôle à jouer aux niveaux européen et mondial. elias abou haidar Le gouvernement opère aussi une transition vers le secteur de la technologie. Une stratégie numérique globale est mise en place (Digital Lëtzebuerg) visant à positionner le Luxembourg comme centre d’excellence high-tech, ce qui créera la croissance de demain. philippe ledent D’où l’importance du développement de l’Université du Luxembourg

Les mystères du bitcoin

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actuelle, le bitcoin n’est que l’une d’entre elles. Il est aussi en train de perdre son avantage concurrentiel par rapport à d’autres crypto­ monnaies sur le temps de transaction. Certaines sont devenues plus performantes sur le temps de passage d’un compte à l’autre. stefan van geyt Je pense effectivement que la technologie est intéressante et va continuer à se développer. Mais l’élément le plus important autour de ces cryptomonnaies, c’est le manque de réglementation. Les investisseurs doivent être conscients que ce marché n’est pas du tout régulé. C’est dangereux. philippe ledent Je suis convaincu que du bitcoin, l’histoire retiendra la blockchain qui, elle, poursuivra sa vie. Mais sous d’autres formes, je ne suis pas convaincu par la blockchain décentralisée où chaque acteur valide chaque transaction. Une blockchain centralisée sera notamment moins énergivore. Quant au bitcoin, peut-on vraiment parler d’un actif ? Il n’y a rien derrière. Si vous fermez le serveur, c’est terminé, il n’existe plus. Tout ce qu’on entend aujourd’hui, comme quoi les cryptomonnaies seraient les monnaies du futur, ce n’est pas vrai. elias abou haidar Tout à fait ! Une monnaie est un moyen d’échange unanimement accepté, inscrit au passif des banques et adossé aux créances détenues par celles-ci. De ce point de vue, le bitcoin n’a rien d’une monnaie.


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Figure de la Place et du monde entrepreneurial au Luxembourg, Bob Kneip a pris récemment de la hauteur au sein de sa société éponyme. Mais son agenda reflète l’appétit de celui qui voudrait ne jamais dormir.

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Photographe Eric chenal

12 HEURES AVEC BOB KNEIP Février 2018 —

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Mouvement « J’aimerais ne pas avoir à dormir », déclarait Bob Kneip en octobre 2013 à Paperjam.lu. Dans ce questionnaire de Proust amélioré, il partageait aussi sa devise : « You’ve got to move it, move it. »

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Équilibre Le début de journée se partage en famille pour Bob Kneip, qui a accepté de nous ouvrir les portes de sa maison.

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Volonté « La motivation des troupes réclame une énorme volonté. Il faut être un meneur d’hommes et ne jamais laisser la moindre chance au doute de s’installer dans votre équipe. » Bob Kneip, Paperjam, avril 2002.

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QG Kneip a doublé sa surface de bureaux en déménageant en 2015 à Bertrange. Reflet de la croissance de l’entreprise, désormais décrite comme l’une des fintech historiques de la Place.

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Entourage Présent dans de nombreux événements, Bob Kneip entretient un riche réseau au sein duquel il compte plus particulièrement sur des proches, comme l’ancienne managing partner de PwC Luxembourg, Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini (de dos), qui est conseillère spéciale.

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Recul Après une vingtaine d’années passées aux commandes opérationnelles, Bob Kneip (bientôt 56 ans) a pris de la hauteur et du recul en janvier 2017. Il est devenu président du conseil d’administration de sa société. Une transition en douceur a été opérée pour le poste de CEO, confié à Lee Godfrey, collaborateur depuis 2008 et déjà deputy CEO.

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Transformation D’une activité basée à son origine sur les annonces légales en presse papier, Kneip s’est frayé un chemin à l’international parmi les leaders des fournisseurs de services aux fonds d’investissement. L’entreprise compte des clients dans plus de 50 pays sur tous les continents. Bob Kneip s’occupe désormais de la division Accelerator dédiée à la recherche de nouvelles solutions pour les marchés financiers.

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Réussite « Il ne faut pas avoir honte de sa réussite », déclarait Bob Kneip en 2006 à Paperjam. Issu d’une famille d’entrepreneurs, il soutient en interne ses équipes et en externe, notamment, les artistes dans l’art contemporain. Au fil des acquisitions, la Kneip Art Collection a vu le jour pour partager cette passion.

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DOSSIERS DIGITAUX

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Anne-Lise Grandjean Estate planner (Banque de Luxembourg)

PLACE FINANCIÈRE TABLE RONDE

Une expertise luxembourgeoise en phase avec son temps

Si le sujet de la transmission du patrimoine reste difficile à aborder au sein de nombreuses familles, il est aujourd’hui plus que jamais indispensable d’être conscient de la complexité de cette question et de s’y préparer de manière adéquate.

L

es familles recomposées, les enfants expatriés, les carrières internationales, les biens immobiliers éparpillés en Europe ou dans le monde… De nombreux éléments rendent aujourd’hui plus complexes les questions de succession patrimoniale. « À toutes les étapes de notre vie, nous faisons des choix, nous prenons des décisions qui, sans que nous en ayons parfois conscience, vont avoir un impact sur notre patrimoine et sa transmission, dans un avenir plus ou moins lointain »,

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confie Anne-Lise Grandjean, estate planner à la Banque de Luxembourg. En tant que conseiller de proximité et de confiance, l’estate planner est là pour comprendre et anticiper les besoins. « Nos clients n’ont pas toujours conscience de la complexité de leur situation, et notre première mission est de réaliser un diagnostic clair, constate Sophie Champenois, head of global wealth structuring au sein d’Indosuez Wealth Group. Les législations évoluent et se complexifient

Sophie Champenois Head of global wealth structure (Indosuez Wealth Group)

avec le temps. Petit pays par la taille, le Luxembourg a toujours fait preuve d’une grande ouverture vers l’extérieur, et la place financière dispose de compétences internationales qui permettent de comprendre les besoins de ses clients venus du monde entier. Nous regardons au-delà du droit luxembourgeois. » Questionner, écouter, comprendre… Le rôle du conseiller en transmission patrimoniale est d’obtenir toutes les informations afin d’avoir une vue globale de la constellation familiale et des enjeux qui en découlent. « Nous sommes dans l’accompagnement. L’aspect humain occupe une place prépondérante, constate Christine Monfort, estate planner chez CapitalatWork, entité Wealth Management de Foyer Group. Pour apporter le meilleur conseil, nous devons entrer dans l’intimité de la famille. Cela est d’autant plus vrai que la situation évolue au fil du temps et que la planification successorale doit être revue régulièrement. » M. P.

PHOTO Patricia Pitsch (Maison Moderne)

Christine Monfort Estate planner (CapitalatWork)


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FR Certaines entreprises ont franchi le pas avec

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of digital. New competitors are emerging, business models are changing and customers are demanding innovation.Some companies have taken the step voluntarily, and apprehend this challenge as an opportunity to accelerate their development. Others are more reserved, set in motion under the weight of external constraints whether these are new legal or market requirements.The common point of all these projects: the digital transformation is always a transversal project. This 10×6 will present testimonials from actors involved in the field, illustrating both the complexity of this digital revolution underway, as well as the wealth and variety of opportunities it creates.

VENUE CENTRE CULTUREL TRAMSSCHAPP / PARKING 72-74, AVENUE PASTEUR LUXEMBOURG-LIMPERTSBERG / AGENDA 18:30 WELCOME COCKTAIL 19:00 WELCOME SPEECH 19:15 10 SPEAKERS(FR & EN) 20:30 WALKING & NETWORKING DINNER

volontarisme, et voient dans ce défi une opportunité d’accélérer leur développement. D’autres sont plus réservées, se mettent en mouvement sous le poids de contraintes externes, qu’il s’agisse de nouvelles exigences légales ou de marché. Le point commun de tous ces chantiers: la transformation digitale est toujours un chantier transversal. Ce 10x6 présentera des témoignages d’acteurs de terrain illustrant à la fois la complexité de cette révolution digitale en cours, ainsi que la richesse et la variété d’opportunités qu’elle ouvre.

FEATURING AMONG OTHERS JEAN-LUC DOURSON (BIONEXT LAB) ANNE-SOPHIE MINALDO (KPMG) PHILIPPE PASQUALI (SGBT) MARC PAYAL (FUJITSU) XAVIER ROBLIN (BÂLOISE) RONAN VANDER ELST (DELOITTE) VINCENT WELLENS (NAUTADUTILH) ET MÉLANIE GAGNON (MGSI) EMILIE URBANY (AIMI)

/ GOLD SPONSORS

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DOSSIERS DIGITAUX

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CONTRIBUTIONS

CONTRIBUTION

CONTRIBUTION

QUELS TYPES D’AVANTAGES PEUVENT ENCORE APPORTER LES PRODUITS D’ASSURANCE-VIE POUR LE CANDIDAT INVESTISSEUR ?

QUELS SONT LES ATOUTS DU LUXEMBOURG POUR CONVAINCRE LES CANDIDATS INTERNATIONAUX D’INVESTIR ?

CARTE BLANCHE

Georg Joucken (head of private banking, Banque Raiffeisen)

Pascal Rapallino (group family office leader, SGG)

« De nombreux atouts au-delà de l’épargne »

« Le savoir-faire du Luxembourg est un véritable atout »

Cet outil peut répondre à toute une série de besoins et présente de nombreux avantages.

Depuis 2012, nous sommes le premier pays à avoir introduit un cadre réglementaire pour les family offices.

Didier Resch (head of sales, Europe, Swiss Life Global Private Wealth)

« Au cœur du wealth transfer » Les 30 années qui viennent vont connaître le plus grand transfert de fortune de l’histoire de l’humanité.

2 CONTRIBUTION

LE RENFORCEMENT ACTUEL DE L’EURO FACE AUX GRANDES MONNAIES OFFRE-T-IL DES PERSPECTIVES DE PLACEMENT INTÉRESSANTES ? Stefano Torti (head of advisory desk, Banque Havilland)

“Euro strength, a blessing or a curse for investors?” Currency management also has a key role that is sometimes overlooked: the management of the risk factors.

Éric Winter (deputy CEO, Wealins SA)

Wealins, acteur majeur de l’assurance-vie en LPS L’objectif est pour chaque situation patrimoniale complexe de trouver la solution la plus adaptée à la situation familiale et professionnelle du souscripteur.

RENDEZ-VOUS

LES PROCHAINS DOSSIERS DIGITAUX 22.02.2018

Nouvelles technologies Fintech

4 CONTRIBUTIONS

COMMENT LES GESTIONNAIRES DE PATRIMOINE PEUVENT-ILS S’APPUYER SUR LES NOUVELLES TECHNOLOGIES POUR OFFRIR UNE GESTION IDÉALE À LEURS CLIENTS ? Jean-Pascal Nepper (partner in advisory – management consulting, KPMG)

« Qu’importe l’outil, pourvu qu’on ait… l’expérience client »

Bon nombre d’offres en ligne de robo-advice procurent souvent au client la perception d’un processus d’investissement démystifié, dédramatisé, décomplexifié. Bertrand Kauffmann (directeur des solutions de marché, SGBT)

« L’IA à la salle des marchés de SGBT » L’utilisation de l’IA permet d’améliorer la connaissance du marché et des clients, et aide à la prise de décision.

Comment compléter l’écosystème luxembourgeois pour attirer de nouvelles fintech ? Quels sont les avantages du Luxembourg pour attirer les nouveaux talents nécessaires et spécifiques au secteur des fintech ? Comment les fintech peuvent-elles accompagner l’offre de services des acteurs traditionnels ? 20.03.2018

Place financière Family business

Quels sont les facteurs-clés du succès de transmission ou de  reprise d’une entreprise ? Comment profiter de la transmission de l’entreprise pour repenser son business model, sa gouvernance et son style de management ? 26.04.2018

Nouvelles technologies Transformation digitale

Comment mettre l’expérience client au cœur de la transformation digitale ? Quels sont les impacts de la transformation digitale sur le business model et sur son organisation (outils, process, workflow) ? Technologie, data protection, cybersécurité, GDPR : comment bien s’entourer dans un processus de transfor­mation digitale ?

Retrouvez tous les mois sur paperjam.lu et dans la newsletter Coffee Break un dossier digital qui comprend une table ronde et des contributions d’experts.

104 —

­— Février 2018

PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne)

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EU law practice oriented training, consultancy, coaching, comparative studies and best practices

EIPA Luxembourg

Upcoming seminars 2018:

25 years

Tutorial: EU Law for Non-Lawyers 19-21 February

in Luxembourg

Procedures before the Court of Justice of the European Union – ADVANCED 09-10 April Free Movement of Persons 16-17 April Introduction to EU Asylum and Migration Law 17-18 May

Register at www.eipa.eu The European Centre for Judges and Lawyers was established under a convention signed in 1992 between the Government of the Grand Duchy of Luxembourg and the European Institute of Public Administration (EIPA).

“Satisfying and exceeding your expectations”

+352 50 55 65 - 5000

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DOSSIERS DIGITAUX

Cybersécurité Vivez l’expérience sur paperjam.lu/dossiers-editions

1 CONTRIBUTION

COMMENT ADOPTER LA BONNE STRATÉGIE POUR PROTÉGER SES DONNÉES ? Isaak Dayan (managing partner, Dartalis)

Ransomwares, devenez proactifs !

L’arrivée de WannaCry en mai 2017 et sa médiatisation ont permis qu’une plus grande majorité s’éveille au réel danger des cryptolockers.

Pascal Steichen CEO (Securitymadein.lu)

Cédric Mauny Senior manager of the cybersecurity department (Telindus)

ICT TABLE RONDE

Une question d’organisation

2 CONTRIBUTION

LA BLOCKCHAIN EST-ELLE LA RÉPONSE À TOUS LES MAUX DE LA CYBERSÉCURITÉ ? Bertrand Moupfouma (partner, Themis Lex)

La cybersécurité a désormais toute sa place dans l’agenda des entreprises luxembourgeoises. Même si leur degré de maturité sur ce sujet doit encore s’améliorer.

L

a notion de protection de son cyber­ espace est désormais comprise, le concept de cybersécurité assimilé, et la volonté d’adapter ses outils et son organisation à ces nouveaux enjeux, bien réelle. Bref, le secteur privé luxembourgeois a tout compris de l’importance de ce sujet, et ce n’était pas gagné d’avance. « Cette prise de conscience est récente et touche tous les secteurs de l’économie, inclusivement ceux qui sont moins liés aux outils digitaux, comme l’artisanat, confirme Pascal Steichen, le CEO de Securitymadein.lu, le service public d’aide aux entreprises sur les problématiques de cybersécurité. Les PME s’intéressent activement à ces questions, notamment grâce à un gros effort de sensibilisation des chambres professionnelles. » Mais être conscient de ses vulnérabilités et se convaincre de l’importance de la cyber­ sécurité ne signifie pas être irréprochable en la matière. Et même si les efforts de sensibilisation sont nombreux, la capacité des entreprises luxembourgeoises à se protéger face aux 106 —

­— Février 2018

risques de cyberattaques n’est pas à la hauteur. « Le degré de maturité est encore très faible, même si nous ne sommes pas une exception au niveau européen, reconnaît François Thill, le directeur du service Cybersécurité au ministère de l’Économie. Les patrons se posent les bonnes questions, mais dans les faits, leurs systèmes informatiques sont mis à jour trop peu régulièrement. Beaucoup de PME travaillent toujours avec des proches pour gérer leurs problèmes informatiques, au lieu de faire appel à des experts. » « Il faut savoir que le succès d’une politique de cybersécurité est autant lié à une bonne organisation en interne qu’à la pertinence des solutions techniques, note Cédric Mauny, manager du service Cybersécurité de Telindus. La préparation, l’anticipation et le test régulier de ses procédures sont essentiels. Il faut donc avoir établi une relation de confiance avec son opérateur de sécurité, pour que celui-ci connaisse bien l’environnement de l’entreprise et soit apte à réagir rapidement en cas d’incident. » J. M.

La blockchain : un outil de confiance ?

Son environnement doit être amélioré, notamment juridiquement, afin qu’elle soit un outil totalement digne de confiance.

3 CONTRIBUTION

COMMENT AVOIR CONFIANCE EN L’IDENTITÉ DE SES INTERLOCU­ TEURS COMMERCIAUX ? Frédéric Tourret (global business development, LuxTrust)

L’importance d’iden­ tités digitales fortes Aujourd’hui, la force des identités digitales est définie par des standards européens. Elle ne sont attribuées qu’après une validation, en général par un contact en face à face entre la personne et le donneur d’identité.

PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne)

François Thill Directeur cybersécurité (ministère de l’Économie)


Conférences

Stands

Evénements

Service clé en main et organisation

YES, we do.


DOSSIERS DIGITAUX

Talent management Vivez l’expérience sur paperjam.lu/dossiers-editions

1 CONTRIBUTION

COMMENT OPTIMISER SES PROCESS DE RECRUTEMENT POUR ÊTRE CERTAIN DE « BIEN RECRUTER » ? 100 MAX Marilyn Hurlin (co-founder, The Recruiter)

« Il est essentiel d’adapter sa stratégie au profil recherché » 80 MAX

Michel Lamesch Responsable du recrutement (Banque Raiffeisen)

Vicky Hapuc HR business partner (Accenture Luxembourg)

Frédéric Veynachter Competence developer (CTG)

Privilégier l’approche sur mesure du prestataire aura un impact déterminant sur la réussite du recrutement.

Stéphanie Deitz-Moulin HR account manager (ING)

David Determe CEO (Betic Ingénieurs-Conseils)

2 CONTRIBUTIONS

Investir dans les compétences

La gestion des talents est devenue un enjeu crucial pour toute société de services. Pour soutenir le développement du business, les responsables des ressources humaines mettent tout en œuvre pour attirer les meilleurs profils, les fidéliser et assurer le développement de leurs compétences. Pour cela, il est nécessaire de sans arrêt se réinventer.

L’

employeur, pour attirer les talents dans un marché où ceux-ci sont très disputés, doit parvenir à se distinguer de ses concurrents. « C’est avant tout en nous appuyant sur les compétences de nos collaborateurs que nous créons de la valeur », commente Frédéric Veynachter, competence developer de CTG. « Il nous faut trouver des personnes avec un état d’esprit et un comportement en adéquation avec la culture de l’entreprise », explique Stéphanie Deitz-Moulin, HR account manager au sein d’ING Luxembourg. « Pour assurer le développement de nos équipes, nous avons dû apprendre à mieux communiquer, tant en interne que vers l’extérieur, notamment via les réseaux sociaux », explique David Determe, CEO de Betic Ingénieurs-Conseils. « Pour un bureau d’ingénieurs en bâtiment, ce n’est pas forcément quelque chose d’évident, mais nous avons su développer une marque employeur forte vis-à-vis des candidats extérieurs, tout en favorisant la mobilité interne. » 108 —

­— Février 2018

« De plus en plus, il faut pouvoir être attentif aux attentes individuelles, précise Vicky Hapuc, HR business partner au sein du cabinet Accenture Luxembourg. La gestion des talents implique désormais de se donner la capacité d’entendre et de comprendre les besoins de chacun. L’enjeu est de capitaliser sur les forces de chaque individu, sur les éléments qui lui permettront de se distinguer, d’évoluer au sein de l’entreprise en apportant le meilleur de lui-même. » Des initiatives, pour développer des liens profonds avec l’entreprise, peuvent être mises en place. « Nous investissons dans les jeunes talents, en leur permettant de se réunir ensemble, de rencontrer plus régulièrement des membres de la direction, pour développer des projets, assure Michel Lamesch, responsable du recrutement de la Banque Raiffeisen. Le talent management, avec des programmes de formation personnalisés, a pris beaucoup plus d’ampleur ces dernières années. » S. L.

AFIN D’OBTENIR ET DE FIDÉLISER LES BONS PROFILS, COMMENT CONSTITUER SA PALETTE D’AVANTAGES POUR SES COLLABORATEURS ? Sabrina Bonnet (advisory, People & Change, KPMG Luxembourg)

« Avantages : l’adéquation ‘ investissement / perception ’ »

Les avantages pouvant être proposés aux salariés d’une société ne se limitent pas, ou plutôt ne doivent plus se limiter à des avantages financiers. Josefa Peralba Ton (HR manager, SOGELIFE)

« La clé réside avant tout dans les relations humaines »

La clarté doit être omniprésente dans tous les échanges, et en particulier lorsque l’on parle d’évolution de carrière, de développement personnel ou de formation.

PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne)

RH TABLE RONDE


1 Data Engineer (H/F) 1 Chargé de Clientèle (H/F) 1 Développeur PHP (Drupal/Symfony) (H/F) 1 Graphic Designer (H/F) 1 Responsable d’équipe chefs de projet (H/F) 1 Journaliste économique et Financier (H/F) 1 Agency Assistant (H/F) 1 Stagiaire Web Designer (H/F)

Rejoignez-nous chez l’un ou chez l’autre Dans le cadre du déploiement de leur stratégie de croissance commune, Maison Moderne et Nvision souhaitent renforcer leurs équipes et recrutent de nouveaux collaborateurs. Ensemble, les deux entreprises emploient actuellement plus de 132 passionnés, dont près de la moitié au service des marques : Content marketing, Design, Experience, Digital, Social. www.nicetomeetyou.lu

www.maisonmoderne.com

www.nvision.lu


Chaque mois, atteignez résidents et visiteurs de la ville de Luxembourg. Découvrez nos solutions médias sur maisonmoderne.com


espresso conversations envies Banquière et les pieds sur terre. En page 112, Colette Dierick dévoile son rapport à l’argent. La diversité nécessite plans et actions réfléchis. Conseils en page 116. « Il vaut mieux un mauvais style que pas de style du tout », disait Karl Lagerfeld. Pascal Zimmer et Anna Loporcaro expliquent leurs choix vestimentaires en page 118. Porte ouverte en page 120 sur un appartement aménagé de façon astucieuse au Limpertsberg. Maxime Bender, un des talents du jazz à suivre, présente son album à la Philharmonie… et à Paperjam. Suivez les notes en page 122. À table avec… Alexis Juncosa. Rendez-vous cette fois au Flowers Kitchen et en page 124 autour du programme du 8e Luxembourg City Film Festival. Février 2018 —

­ — 111


ENVIES

ARGENT COMPTANT COLETTE DIERICK

« L’argent offre l’indépendance »

La banquière

On rentre dans le secteur bancaire par intérêt / curiosité pour l’argent ? Dans mon cas, c’est plutôt par coïncidence. Je souhaitais travailler à un haut niveau dans le monde des affaires. J’ai obtenu un diplôme d’ingénieur civil et je comptais me lancer dans un MBA lorsque s’est présentée une opportunité de réaliser un stage de deux ans dans une banque et d’en apprendre les mécanismes tout en obtenant un salaire. Je m’y suis beaucoup amusée et j’ai vu le rôle-clé joué par une banque dans la société. L’argent est la matière première de votre métier. Il sert à quoi ? Faire tourner l’économie. Il y a encore des gens qui ne savent pas comment une banque fonctionne. La base de notre métier c’est d’injecter l’argent récolté dans l’économie. On n’en fait pas ce qu’on veut.

112 —

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Clichés Les débuts

Une anecdote particulière ? Pour mes 18 ans, mon grand-père m’a donné une somme assez importante pour me permettre d’étudier. C’était important, dans une famille d’indépendants rien n’est jamais assuré. « Quoi qu’il arrive, m’avait-il dit, tu pourras toujours étudier. » Ce cadeau m’a fortement marquée. C’était une grande leçon : il m’offrait les moyens d’investir en moi. Un souvenir de votre premier salaire ? Oui, c’était décevant [rires]. C’était en Belgique, juste après mes études. Après un mois, j’ai rapidement réalisé la différence entre salaire brut et net. Ce n’était pas un salaire très élevé, mais j’étais déjà interpelée par le montant des taxes à payer. Mais c’était en Belgique...

Que représente l’argent pour vous ? L’argent en tant que tel ne m’intéresse pas vraiment. C’est ce qu’il permet de faire qui est important. L’argent offre l’indépendance, la liberté de décision. Celle de rester ou pas avec son conjoint et de quitter son employeur si on n’est pas d’accord avec ses valeurs. « Les femmes sont plus dépensières que les hommes. » Un mythe ? Oui, c’est faux ! Il est clair que les femmes aiment faire du shopping. Mais c’est aussi plus difficile pour une femme de s’habiller. Dans les pays en développement, on voit que c’est aux femmes que l’on prête de l’argent pour subvenir aux besoins du ménage. Et, chez nous, les hobbies des hommes sont souvent plus coûteux que ceux des femmes.


ENVIES

Leçon d’investissement

Avant d’investir, des amis vous consultent-ils ? Oui, mais je réponds que, même en étant banquière, je ne peux pas être spécialiste en tout. Et le conseil que l’on donne à une personne ne sera pas le même pour une autre… Ce n’est pas si simple.

Code secret

Quel est votre dernier achat coup de cœur ? Comme beaucoup de femmes, j’adore les sacs. Lors d’un récent weekend à Milan, j’ai donc craqué pour un sac Fendi. C’est trop cher, mais c’est un très beau sac. Avez-vous déjà connu des problèmes financiers ? J’ai été élevée au sein d’une famille d’indépendants. Nous avons parfois connu des périodes difficiles. J’ai aussi été marquée par la perte de mon conjoint précédent dans un accident de voiture. J’avais 30 ans, j’étais au début de ma carrière et nous avions déjà acheté une maison… Je sais donc ce que cela représente de devoir compter. Mais ça m’a permis de connaître la valeur des choses.

BIO EXPRESS Colette Dierick a pris la tête d’ING Luxembourg au cours de l’été 2016 en provenance de Belgique. Entrée en 1984 dans la banque – à l’époque la BBL –, elle a été general mana­ ger retail sales de 2006 à 2010 chez ING Belgique puis, à partir de 2011, head of retail and pri­ vate banking au sein du comité de direction de la division belge. Elle fait déjà partie du conseil d’administration d’ING Luxembourg depuis 2010.

Février 2018 —

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TEXTE Jean-Michel Lalieu PHOTO Matic Zorman

De quelle manière investissez-vous ? Suite à un voyage dans la Silicon Valley en 2014 avec d’autres entrepreneurs, nous avons lancé la société Zembro, qui produit un bracelet connecté pour surveiller les personnes âgées isolées. Depuis, Marc Coucke (un important homme d’affaires belge, ndlr) a repris la majorité des parts vu les besoins en liquidités. Aujourd’hui, je me suis retirée, mais c’est vraiment le genre d’investissement qui m’intéresse.


Claude Wieseler Ă propos de la newsletter biquotidienne Paperjam.


« La newsletter Paperjam m’aide à décrypter le ‘news jam’ quotidien. » 8 h 00

16 h 00

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ENVIES

COMPÉTENCES RESSOURCES HUMAINES

Mettre à profit la diversité Qu’elle concerne les genres, les âges, les nationalités ou les cultures, tout le monde s’accorde à dire que la diversité est une richesse. Au sein d’une entreprise, mieux vaut toutefois savoir la gérer pour en tirer pleinement profit.

C

omment définit-on la diversité au sein des entreprises ? S’agit-il de la présence de femmes au niveau du conseil d’administration, de personnes issues de cultures et de pays différents dans le mana­ gement, ou bien de la collaboration de plusieurs générations dans le middle management ?  Cette question, c’est Larissa Best qui la pose. La directrice de l’ASBL Équili­ bre, qui milite pour une meilleure représentation des femmes dans les entreprises luxembourgeoises, pense qu’une vaste réflexion devrait être ouverte à ce sujet. Car s’il est difficile de quantifier son impact, la diversité offre de nombreux avantages. « Les entreprises comprennent de mieux en mieux la différence entre chanter à l’unisson (uniformité) et chanter en harmonie (diversité), et que cette différence peut être mesurée en termes d’efficacité, de compétitivité et d’innovation », notait en janvier Paul Evans, directeur académique de l’école de business Insead, lors de la publication de l’Index mondial sur la compétitivité et les talents (GTCI) 2018. Au Luxembourg, la diversité culturelle fait un peu partie de l’ADN des sociétés. Qu’il s’agisse d’une multinationale ou d’une PME, travailler avec des étrangers est une routine, voire un must quand il s’agit de servir des clients et des marchés hors des frontières. « Mais il faut savoir la gérer, complète Larissa Best. Dans certains cas, elle peut devenir une faiblesse, car il peut toujours exister des frictions entre différents profils qui n’ont pas forcément le même background ou la même vision des choses. » Une culture d’entreprise adaptée Concernant les genres, la réalité est différente. Il a fallu une loi prévoyant une amende pour les employeurs qui ne peuvent justifier une différence de salaire pour des raisons objectives, pour changer les choses. Votée en décembre 2016, celle-ci 116 —

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JEAN SCHAFFNER ET MARINE TARDITI Partner au cabinet Allen & Overy Luxembourg et présidente de Lilla « Le cabinet Allen & Overy a fondé l’association Ladies In Law Luxembourg Association (Lilla) au cours de l’été 2017 pour promouvoir et défendre l’égalité des sexes. Nous communiquons en interne de façon positive sur le sujet de la diversité afin de lever

les préjugés persistants et le manque d’ouverture d’esprit. Et l’intérêt porté par les associés et la directrice des ressources humaines à ce projet est un véritable moteur pour les femmes de notre cabinet et un facteur de motivation indéniable. »

semble avoir fait ses preuves. « Si l’écart de salaire entre hommes et femmes était de 8,6 % en 2015, il est passé aujourd’hui à 5,4 % », indiquait récemment Lydia Mutsch, la ministre de l’Égalité des chances, dans les colonnes de Paperjam.lu. « Ces différences diminuent aussi sous l’impulsion des nouvelles générations, dans lesquelles les aspirations des hommes et des femmes ne diffèrent plus vraiment », complète

Larissa Best, qui estime que la clé d’une diversité décomplexée réside dans une culture d’entreprise adaptée. Et aux managers revient la tâche de créer un environnement propice à son développement. « Il ne suffit donc pas que les femmes, généralement moins sûres d’elles, soient plus nombreuses autour de la table de réunion. Il faut aussi qu’on leur donne la possibilité de s’exprimer », conclut-elle. J. M.


ENVIES

BURCU OZENLI Partner business RH chez Vodafone Luxembourg « Chez Vodafone, nous avons une politique de diversité et d’inclusion, car nous pensons que la diversité seule n’est pas suffisante. Nous voulons construire une culture interne qui prenne en compte les valeurs de chacun. Être capable de bien com-

prendre les différences de chacun est pour nous une clé dans la performance d’une équipe. Au Luxembourg, nous comptons 350 personnes d’une cinquantaine de nationalités différentes, et 30 % de nos senior leaders sont des femmes. »

MÉTIER DU FUTUR INGÉNIEUR EN RÉALITÉ VIRTUELLE Version améliorée du jeu vidéo, la réalité virtuelle offre des possibilités infinies pour les entreprises, notamment dans le domaine du marketing. La modélisation de nouveaux univers demande toutefois des compétences transversales.

Que fait-il ? L’ingénieur en réalité virtuelle doit créer ou reproduire un environnement à l’aide de logiciels spécialisés, dans lesquels il pourra ensuite faire naître des interactions. Il réalise donc les illustrations, la dynamique et, éventuellement, les effets spéciaux d’un produit ou d’un site, au même titre qu’un concepteur de jeux vidéo.

Quelles sont ses compétences ? Il doit à la fois pouvoir créer des univers graphiques et connaître la programmation. Sou­vent, les ingénieurs de réalité virtuelle ont acquis une de ces deux compétences durant leurs études et perfectionnent la seconde au cours de leur carrière.

Quelle est sa formation ? Il a le choix entre une formation de programmateur dans laquelle il suivra éventuellement un module sur les univers en 3D, ou bien un cursus plus artistique lié au design. Il devra par contre compléter sa formation avec un cours de codage.

Combien gagne-t-il ? Étant donné qu’il s’agit d’un métier nouveau au Luxembourg, une moyenne salariale est difficile à estimer. Selon l’agence de publicité BAM, spécialisée dans la réalité virtuelle, le salaire mensuel d’un ingénieur en réalité virtuelle varie entre 3.000 et 5.000 euros brut.

Une qualité-clé ?

Avis d’expert POUR ALLER PLUS LOIN Lancée en 2012 par l’IMS (Inspiring More Sustainability), la Charte de la diversité regroupe les entreprises du Grand-Duché qui s’engagent à promouvoir la diversité 08trouve _ LEGENDE-TITRE en leur sein. Sur le site dédié, on notamment plus de 200 bonnes pratiques proposées 08_legendepar et les estrunteni inverup 160 signataires de l’initiative. tature, offic te pos eniscie nimusan discid quis a dem inctotate www.chartediversite.lu ab intibusdae.

« Un ingénieur en réalité virtuelle doit bien comprendre le projet qu’il a en charge avant de se lancer dans sa réalisation, car il doit être capable de recréer un environnement complet avec ses propres règles et sa propre dynamique. Il s’agit en fait d’une évolution du jeu vidéo, ce qui rend le potentiel de créa­ tion infini », Pavel Strekalovski, CEO de BAM.

Février 2018 —

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ILLUSTRATION Ellen Withersová (Maison Moderne)

Être autodidacte. Il doit être capable d’apprendre de lui-même l’aspect du métier qu’il n’a pas pu acquérir durant sa formation, à savoir le codage ou le design.


ENVIES

STYLE HIVER

Comment définissezvous votre style ? « J’ai une approche personnelle en dehors des modes. L’époque qui me séduit en matière de style est celle de l’entre-deux-guerres où le carcan du début de siècle se libère, mais où il y a une grande élégance. »

Quelle est la plus ancienne pièce de votre garde-robe ? « Un manteau de la Belle Époque, mais je ne le porte pas. Il est trop fragile. En revanche, j’ai un costume trois pièces de chez Henry Poole qui date de 1954. C’est du tweed et je le porte régulièrement. »

Qui vous a donné le sens du style ? « Quand j’étais judoka, adolescent, j’ai beaucoup voyagé pour des compétitions et notamment à Londres où j’ai pu entrer en contact avec les grands tailleurs de Savile Road, Henry Poole en particulier. »

« Comme dit Karl Lagerfeld, ‘ Il vaut mieux un mauvais style que pas de style du tout ’. » ‘‘f

Quels sont les impairs à ne pas commettre ? « Comme dit Karl Lagerfeld, ‘ il vaut mieux un mauvais style que pas de style du tout ’. Cela dit, je trouve que beaucoup d’hommes se trompent dans les tailles des costumes, trop larges ou trop affûtés. »

Que portez-vous le week-end ? « J’adopte des tenues plus ‘ campagne ’ : du tweed, du velours côtelé, un pull. Ou un style ‘ East coast ’ avec un chino, une chemise ouverte et un blazer. »

Pascal Zimmer

Un conseil pour les jeunes ? « Porter une chemise et des souliers, ça change un homme et le regard qu’on lui porte. »

Quelle pièce voudriezvous transmettre ? « J’ai deux filles, donc ce ne seront pas des vêtements. Mais ce que je veux transmettre, c’est le sens de la célébration, de la joie de vivre. Ce qui compte, c’est d’aller au-delà de simplement se vêtir. S’habiller devrait être une fête. »

Fondateur de Unicum et de Basics & Bespoke

TEXTES France Clarinval

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­ — Février 2018


ENVIES

Quel est votre dernier achat mode ? « Une robe chez Massimo Dutti pour la soirée Celebrating Luxembourg. Le type même de ‘ la petite robe noire ’. »

Quelle est la plus ancienne pièce de votre garde-robe ? « J’ai reçu un sac Delvaux qui a appartenu à ma belle-mère. C’est une belle pièce de la fin des années 70, en cuir marron qui a bien patiné. Un modèle assez passe-partout que je porte régulièrement. »

Quelle pièce voudriezvous transmettre ? « J’aurais bien aimé donner ma collection de chaussures à ma fille, mais elle a déjà ma pointure à 10 ans. Elle se contentera des sacs. »

Avec quel styliste pourriez-vous vous pacser ? « Je suis une infidèle des marques et j’aime bien mélanger les styles. »

Qui vous a donné le sens du style ? « J’ai été influencée par mes rencontres avec des designers comme Maurizio Galante ou Felipe Oliveira Baptista, rencontrés pour des projets au Mudam, où Marie-Claude Beaud a aussi été très inspirante. »

Que porter pour un premier rendez-vous ? « Quelque chose qui permet de se concentrer sur les yeux plutôt que sur le décolleté. »

Quel est le faux pas à ne pas commettre ? « Les faux pas classiques ont été intégrés à la mode, comme mélanger du noir et du bleu marine… Même les chaussettes avec des claquettes semblent pouvoir se montrer. Alors le dernier bastion, ce sont les collants couleur chair. »

« j’ai été influencée par mes rencontres avec des designers comme Maurizio Galante ou Felipe Oliveira Baptista. »

Un coup de cœur à Luxembourg ? « La marque Vol(t)age est une belle réussite entrepreneuriale et leurs pièces sont de belle qualité. »

Quelle est votre couleur préférée ? « J’aime surtout le noir et le bleu électrique. Si je mets des couleurs, j’aime que ce soit vif comme du rouge, du fuchsia ou du jaune, pas du beige ou de l’écru. »

Anna Loporcaro

Responsable des événements culturels au Mudam PHOTOS Anna Katina

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ENVIES

ARCHITECTURE AMÉNAGEMENT INTÉRIEUR

De l’autre côté du miroir 1

MAÎTRE D’OUVRAGE : Privé

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ARCHITECTE : EL’LE LOCALISATION : Luxembourg-ville (Limpertsberg) SURFACE : 30 m2 RÉALISATION : 2016

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L

aménagement de petites surfaces s’avère souvent un défi à relever. C’est néanmoins ce qu’a fait Élodie Lenoir, architecte du bureau EL’LE, qui a accompagné son client dans son souhait d’aménager un appartement en vue de le mettre en location. Le bien présente plusieurs qualités : situé dans un immeuble neuf, il dispose d’un excellent état général. La pièce à vivre s’ouvre généreusement sur une vaste terrasse, proposant ainsi naturellement une prolongation de l’espace intérieur vers l’extérieur. Par contre, la surface intérieure relativement modeste ne permet pas de créer véritablement un salon et une chambre à coucher séparée sans créer une impression d’étroitesse. Toutefois, l’option de ne conserver qu’un seul espace ouvert pour la partie jour et nuit n’est pas souhaitée. Aussi, l’architecte d’intérieur a-t-elle trouvé une astuce : celle d’utiliser un mur 120 —

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coulissant recouvert de miroirs servant de séparation entre la partie jour et la partie nuit. Lorsque cette porte coulissante est fermée, elle cloisonne les espaces et permet de conserver l’intimité de la partie nuit, sans pour autant refermer visuellement l’espace, grâce aux miroirs. La partie nuit est équipée de placards sur mesure permettant d’optimiser les espaces et les possibilités de rangement. L’ajout d’un lit escamotable, parfaitement intégré aux placards, permet de gagner en toute discrétion en mètres carrés pour l’espace de vie si souhaité par l’occupant, sans rien dévoiler de son intimité. Dans la salle de douche, l’optimisation est aussi au rendez-vous. On y trouve juste l’essentiel. Pour gagner en espace de rangement, des étagères amovibles sont installées devant un petit placard technique dont on ne se sert pas tous les jours. D’une manière générale, cet espace bénéficie d’une grande clarté et d’une recherche de confort jusque dans les détails. Grâce à du mobilier soigneusement choisi, une ambiance chaleureuse est instaurée. On a envie d’y poser ses valises pour un séjour de longue durée. C. C.

1 2 3 4

Dans la pièce à vivre, quand la paroi coulissante est fermée. Vue avec la chambre, quand le mur coulissant est ouvert. La pièce à vivre bénéficie d’une large baie donnant sur une terrasse. Dans la salle de douche, l’espace est optimisé. 4

PHOTOS Eric Chenal

Dans le quartier du Limpertsberg à Luxembourg-ville, cet appartement a été aménagé par EL’LE en vue d’un investissement locatif.


Toute la richesse de l’architecture au Luxembourg. Disponible en kiosque et sur eshop.maisonmoderne.com


ENVIES

CULTURE MAXIME BENDER

Effacer les frontières Maxime Bender a composé un nouveau quartet pour l’accompagner sur son album Universal Sky.

SES COUPS DE CŒUR MÉDITER, 108 LEÇONS DE PLEINE CONSCIENCE « Cet ouvrage de Jon Kabat-Zinn est un livre qui me fait sans cesse travailler le laisser-aller, vivre dans le mo­ ment présent et me reconnecter avec moi-même. Sa forme de méditation, élaborée il y a plus de 30 ans, est écrite dans un langage simple et universel. Elle est inspirée des traditions anciennes et est aujourd’hui pratiquée par un grand nombre de personnes, y compris dans les hôpitaux, car ses bienfaits sont validés par la science. » Éditions Les Arènes

THE WATER IS WIDE

aujourd’hui reconnu comme une des talentueuses personnalités à suivre sur la scène du jazz contemporain, maxime bender présente à la philharmonie

C

son nouvel album universal sky, sorti sous le label cam jazz.

est avec une nouvelle forme de quartet que le saxophoniste et compositeur Maxime Bender a choisi de réaliser ce nouveau projet. Alors que jusqu’à présent il travaillait avec un quartet acoustique, il a choisi pour ce nouvel album de s’entourer d’une guitare électrique (Manu Codjia), d’un orgue Hammond (Jean-Yves Jung), d’une batterie (Jérôme Klein) et bien sûr d’un saxo, ténor ou soprano, dont il joue lui-même. Tous les morceaux, à l’exception d’un, sont composés par le saxophoniste. Dernièrement, il a eu l’occasion de donner des cours de musique à de jeunes enfants réfugiés qui ont fui la guerre en Syrie. De cette expérience humaine a découlé l’envie de faire un album plus pop-jazz qu’à son habitude, « où la musique est plus forte que les mots et permet de vivre des émotions communes même si on ne parle pas le même langage verbal. Avec cet album, je rappelle

122 —

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que nous vivons tous sous le même ciel, peu importe nos origines et nos croyances. La musique peut aider à nous faire vivre des expériences en commun, à vibrer et à vivre ensemble des moments forts. » Enregistré à Cologne, ce disque va peut-être un peu étonner ceux qui suivent le jazzman. « La texture du son est différente de ce que je fais habituellement. J’avais envie de changer un peu, d’essayer de prendre une nouvelle direction. » Pour la partie live, Maxime Bender a proposé à David Binney de les rejoindre sur scène. « Ce grand jazzman new-yorkais a depuis toujours beaucoup influé sur ma musique, et cela fait maintenant près de 10 ans que nous faisons des projets ensemble. J’avais envie qu’il nous rejoigne sur scène et qu’il participe à ces moments avec nous. » C. C. Le 1er février à la Philharmonie de Luxembourg, www.philharmonie.lu

Label ECM

L’ORDRE DU JOUR « J’ai reçu en cadeau pour Noël ce livre d’Éric Vuillard qui a été récompensé du Prix Goncourt 2017. Ce court texte est d’une grande force dans sa simplicité et montre comment ‘ les plus grandes catastrophes s’annoncent souvent à petits pas ’. L’auteur nous entraîne au cœur des événements qui ont mené à l’annexion de l’Autriche et nous fait découvrir les tractations qui ont mené jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. » Éditions Actes Sud

PHOTO Sven Becker

Le ciel est à tout le monde

« Charles Lloyd a un jeu de saxophone et une musique qui me touchent au plus profond de moi-même. Il y a une sincérité, honnêteté, spiritualité et beauté d’une simplicité rare. Ce disque, avec notamment Billy Higgins, Brad Mehldau, Larry Grenadier et John Abercrombie, est un bijou précieux pour moi et est toujours un retour aux sources. »


www.saumur.lu 13, Rue Dicks Luxembourg


ENVIES

RESTAURANT À TABLE AVEC

Alexis Juncosa respiration où les rencontres se font et les projets se nouent. » PA RT E NA R I AT S N O M B R E U X . Comme chaque année, le festi­ val présente les films à la Ciné­ mathèque, au Ciné Utopia et au Kinepolis Kirchberg. Avec la sélection officielle, la compétiuvert il y a une bonne année, le tion documentaire, les films ­(co) Flowers Kitchen s’est fait une produits au Luxembourg… ce spécialité de la cuisine végétale. sont quelque 70 films qui sont Attentif à suivre une alimenta- présentés. De nombreuses instition végane, Alexis Juncosa se tutions culturelles s’associent réjouit de découvrir l’endroit. « Je suis un peu pour augmenter le programme jaloux de l’offre végane dans le quartier de Hors les murs, ce qui permet de la gare par rapport au centre-ville. » Au diversifier les publics et de monmoment de ce déjeuner, la programmation trer des films spécifiques, artisdu LuxFilmFest, comme tout le monde l’ap- tiques et engagés, de proposer pelle, n’est pas encore finalisée, sauf pour la des expositions (comme celle sélection pour le jeune public qui comprend autour de John Howe, le décorades films, des ateliers et des masterclasses. teur du Seigneur des Anneaux, au Ratskeller), des masterSOUPE MAROCAINE. L’entrée proposée est une délicieuse soupe harira aux tomates et classes et des rencontres avec pois chiches qui réchauffe les convives. Alexis des invités. Arrive le plat, un bol Juncosa énumère les nouveautés de cette de pâtes avec un pesto maison, 8e édition, à commencer par le lieu du quar- des légumes grillés et du balsatier général, déménagé au Casino Luxembourg. mique. « On est rassasié avec un « Le pavillon de réalité virtuelle y avait eu tel plat. Le pesto est bien frais et beaucoup de succès l’année passée et nous les goûts sont au rendez-vous », avons décidé d’y concentrer nos activités estime Alexis Juncosa, qui est sûr pour en faire un lieu de rencontre et d’infor- que les amateurs de viande se laismation. » C’est là aussi que se tiendra la fête seront de plus en plus convaincre par ce du festival organisée par les associations pro- genre d’établissement. fessionnelles du cinéma et y intégrant cette SÉLECTION . « Le comité artistique qui année Europa International, l’association sélectionne les films a été renouvelé cette des sales agents. « Je crois beaucoup aux année pour clarifier les compétences de chavertus de l’informel et aux moments de cun avec le conseil d’administration », détaille-t-il pour couper court aux polémiques. flowers kitchen La manière de travailler est 7, rue Glesener la même : ils visionnent une Luxembourg-Gare présélection de films qui ont Tél. : 28 99 69 82 une carrière dans les festivals Chef  Ania Michno  internationaux, issus de réaliSalle  Maya Philippe sateurs déjà suivis ou proposés Son  81 dB Température 22° C par des vendeurs « qui con­ Couverts 25 naissent nos affinités », disAddition du jour cutent, débattent et choisissent des films qui n’ont pas encore 2 jus 10,00 € été montrés dans la Grande 2 soupes 22,00 € Région. Le repas se terminera 2 pasta bowls 24,00 € sur un excellent muffin aux 2 muffins 9,00 € myrtilles, thé matcha et une 2 cafés 5,00 € crème à la noix de cajou. F. C. Total 70,00 € La 8e édition du Luxembourg City Film Festival se tiendra du 22 février au 4 mars. L’occasion rêvée d’inviter son chargé de programmation Alexis Juncosa à partager un déjeuner au restaurant végan Flowers Kitchen.

O

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MAIS AUSSI MA SPÉCIALITÉ EN CUISINE « J’aime les plats de pâtes, simples et efficaces, comme les linguine au chou romanesco, avec ce qu’il faut de safran, de citron et d’ail. »

MA CANTINE EN VILLE « Le Beet, au Knuedler, qui illustre le renouveau de la cuisine végétarienne, réinvente les références du passé – notamment les burgers qui sont à se damner – et s’inspire des cuisines du monde. » PHOTOS Mike Zenari

LE RESTO DE MES RÊVES « Le Noma à Copenhague, considéré comme l’un des meilleurs restaurants au monde et végé­ tarien cinq mois dans l’année. »



INDEX

ENTREPRISES PERSONNES PUBLICITÉS

1, 2, 3 100% LUXEMBOURG

22 101 STUDIOS 16 100,7 12 5VIR12 130

A À LA BOURSE

22 ABERCROMBIE JOHN 122 ABOU HAIDAR ELIAS 76 ACCENTURE LUXEMBOURG 108 ADECCO 44 ADEM 36 ADR 12 AGENCE SPATIALE EUROPÉENNE 60 Biographie disponible sur guide.paperjam.lu

AGNÈS ANOUK 34 AIG EUROPE 30 ALFI 34 ALIBABA 60 ALLEN & OVERY 17, 116 ALLIANZ LUXEMBOURG 30 APOLLO STRATEGISTS 24 ARCHEVÊCHÉ 12 ARHS 26 ARIANE 60 ASSELBORN JEAN 60 ASSELBORN-BINTZ SIMONE 12 ATENOR 26 AUTORITÉ BANCAIRE EUROPÉENNE 32 AUTORITÉ DES MARCHÉS FINANCIERS 30

B

BÂLOISE 49 BAM 117 BANK OF AMERICA 32 BANQUE CENTRALE DU LUXEMBOURG 36 BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE 32 BANQUE DE LUXEMBOURG 81, 102 BANQUE EDMOND DE ROTHSCHILD 76 BANQUE NATIONALE SUISSE 32 BARCAGLIONI LORENZO 16 BARCLAYS NON-CORE 32 BARTH FRÉDÉRIC 28 BASIC & BESPOKE 118 BAUSCH FRANÇOIS 16, 60 BCEE 131

126 —

­ — Février 2018

BECCA FLAVIO 60 BEET 124 BENATTIA NABILLA 30 BENDER MAXIME 122 Biographie disponible sur guide.paperjam.lu

BEST LARISSA 116 BETIC INGÉNIEURSCONSEILS 108 BETTEL XAVIER 14, 60 BGL BNP PARIBAS 39 BIL 2, 30, 55, 76, BINNEY DAVID 122 BINTZ JEAN-CLAUDE 18 BIONEXT LAB 28 BODRY ALEX 16 BONNET SABRINA 108 BOSCH 44 BOUVRY PASCAL 40 BRADFORD&BINGLEY 32 BRASSEUR ANNE 12 BRAZ FÉLIX 12 BUFFETT WARREN 30

C

CACTUS 18 CAM JAZZ 122 CAPITALATWORK 102 CARPAY-DIEM 18 CASINO LUXEMBOURG 124 CASTAGNA GEOFFREY 28 CEGEDEL 60 CELIS DAVID 26 CHAMBRE DE COMMERCE 12, 13, 38 CHAMBRE DES DÉPUTÉS 12 CHAMBRE DES MÉTIERS 12, 13, 18, 38 CHAMPENOIS SOPHIE 102 CHÈVREMONT-LORENZINI MARIE-JEANNE 92 CINÉ UTOPIA 124 CINÉMATHÈQUE 124 CITI HOLDINGS 32 CITIGROUP 32 CLOSENER FRANCINE 12, 13 COAST CONSULTING 24 CODJIA MANU 122 COLABIANCHI FRANK 12 COMMERZBANK 32 COMMISSION EUROPÉENNE 13, 32, 36, 40, 44, 60 COMMISSION NATIONALE POUR LA PROTECTION DES DONNÉES 22

CONFÉDÉRATION LUXEMBOURGEOISE DU COMMERCE 24, 38 CONSEIL DE PRESSE 14 CORAX 59 COUCKE MARC 112 COUR D’APPEL 14 COUR DE CASSATION 14 COUR EUROPÉENNE DES DROITS DE L’HOMME 14 COUR SUPÉRIEURE DE JUSTICE 14 CREC’HRIOU MAXIME 28 CSV 12, 16, 18, 60 CTG 108

D

DAIMLER 44 DARTALIS 106 DATAWORDS 18 DAYAN ISAAK 106 DEGROOF PETERCAM LUXEMBOURG 76 DÉI GRÉNG 12, 14, 16, 60 DÉI LÉNK 16 DEITZ-MOULIN STÉPHANIE 108 DELTOUR ANTOINE 14 DETERME DAVID 108 DIERICK COLETTE 112 DOMANGE JÉRÔME 60 DP 12, 14, 16, 60

FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL 36 FORTIS 32 FOYER GROUP 102 FUNDS PARTNERSHIP 28

G

GALERIES LAFAYETTE 18 GALILEO 60 GASPAROTTO FRANCIS 18 GAUTHY ALEXANDRE 76 GB LIFE 4 GÉNAVEH 22 GEULA NAVEH 22 GHEZA SÉBASTIEN 40 GLODEN LÉON 12 GODFREY LEE 92 GODIN DOMINIQUE 24 GOODYEAR 40 GOOGLE 60 GPS 60 GRANDJEAN ANNE-LISE 102 Biographie disponible sur guide.paperjam.lu

GRECO MICHEL GRENADIER LARRY

H CLAUDE EEDF 34 HAAGEN EIPA 105 EL’LE 120 ENGIE 34 ENOVOS 60 EQUILIBRE ASBL 36, 116 EU GATEWAY BUSINESS AVENUE 44 EUROHPC 40 EUROSENDER 20 EUROSTAT 30, 36 EVRARD SYLVIE 40 EY LUXEMBOURG 34, 130

F

FAGE 60 FAYOT FRANZ 13 FÉDÉRATION DES ARTISANS 18 FEDIL 38 FEIERKROP 60 FÉLIX GIORGETTI 15 FENDI 112 FLOWERS KITCHEN 124 FMI 76 FONDS DU KIRCHBERG 60 FONDS DU LOGEMENT 12, 60

20 122

16 HALET RAPHAËL 14 HAPUC VICKY 108 HAVAS MEDIA GROUP BELGIUM 24 HAVILLAND 104 HENCKES NICOLAS 38 HIGGINS BILLY 122 HIGH PERFORMANCE COMPUTING 44 HONORÉ JULIE 34 HORESCA 38 HOWE JOHN 124 HURLIN MARILYN 108 HYPO REAL ESTATE 32

I

IDEA 38 IMMOTOP 71 IMS 116 INDOSUEZ WEALTH GROUP 102 ING 76, 108, 112 INOWAI 28 INSTITUT LUXEMBOURGEOIS DE RÉGULATION 36 INTERTRUST LUXEMBOURG 16 IP 92


INDEX

J JOE LA POMPE

24 JOELAPOMPE.NET 24 JOIN EXPERIENCE 20 JONES LANG LASALLE 35 JOUCKEN GEORG 104 JUNCKER JEAN-CLAUDE 14, 60 JUNCOSA ALEXIS 124 JUNG JEAN-YVES 122

K KAHN ALEXANDRA

22 KARACIAN RICHARD 14, 18 KAUFFMAN PASCALE 24 KAUFFMANN BERTRAND 104 KAUPTHING 32 KBL EPB 4, 30, 76 KERSCH DAN 60 KINEPOLIS 124 KLEIN JÉRÔME 122 KMIOTEK CHRISTIAN 16 KNAUF 16, 60 KNEIP BOB 92 KOEDINGER MIKE 14, 18 KOEPP FRANÇOIS 38 KONSBRUCK PAUL 14 KPMG LUXEMBOURG 108 KRECKÉ JEANNOT 60 KRÖGER GUIDO 18 KUEHNE + NAGEL LUXEMBOURG 20 KUFUS NILSON 20

L

LADIES IN LAW LUXEMBOURG ASSOCIATION (LILLA) 116 LAGARDE CHRISTINE 76 LAMBERTY CLAUDE 16 LAMESCH MICHEL 108 LEDENT PHILIPPE 76 LEGEND HOLDINGS 30 LEGITECH 27 LEMAIRE DAMIEN 24 LENOIR ELODIE 120 LÉONIDAS 22 LËTZEBUERGER JOURNAL 103 LETZSHOP.LU 38 LICHERON JULIEN 34 LIPPOLIS GISÈLE 16 LISER 34 LIST 67 LLOYD CHARLES 122 LOHRKE JAIME 26 LONE STAR FUNDS 32 LOPORCANO ANNA 118 LORENZ CARINE 26 LSAP 12, 14, 16, 60 LUDWIG JEAN-MICHEL 12 LUXEMBOURG CITY FILM FESTIVAL 124 LUXEMBOURG FOR FINANCE 34 LUXEMBOURG GREEN EXCHANGE 34 LUXEMBOURG INSTITUTE OF SCIENCE AND TECHNOLOGY 40 LUXEXPO THE BOX 130 LUXINNOVATION 12, 13, 38, 130 LUXTRUST 106

M MACRON EMMANUEL

60 MAISON MODERNE 14, 18, 24 MARLIN EQUITY PARTNERS 18 MATHIEU THOMAS 34 MAUNY CÉDRIC 106 MEDIA MARKETING BELGIQUE 24 MEHLDAU BRAD 122 MERSCH KEVIN 20 MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE 38, 40, 106 MISCHO GEORGES 18 MOLITOR - AVOCATS À LA COUR 28, 38 MOLITOR MICHEL 28 MONFORT CHRISTINE 102 MONTEBOURG ARNAUD 60 MOOVIJOB 16, 28, 34, 40, 126 MOUPFOUMA BERTRAND 106 MUDAM 118 MULLER RÉGIS 38 Biographie disponible sur guide.paperjam.lu

MUTSCH LYDIA

N

116

NAKAMOTO SATOSHI 30 NAMA 32 NAMUR 18 NAMUR GEORGE 18 NAMUR NICOLAS 18 NASA 60 NAUTADUTILH 16 NEGRI ROGER 12 NEPPER JEAN-PASCAL 104 NICKELS ANNE 18 NICKELS JEAN-PAUL 18 NICKELS MAX 18 NICKELS MAX JR. 18 NIVET JEAN-BAPTISTE 38 NOËL PIERRE 26 NOMOKO 20 NOOSPHÈRE 6 NORTHERN ROCK 32 NORTIER CATHERINE 26 NOTHUM THIERRY 24

O

OBERWEIS MARCEL 12 OBERWEIS TOM 18 OCDE 13, 14 OCORIAN 83 OMC 76 OPEP 76 OZENLI BURCU 116

P PALL CENTER

22 PAQUET GEORGES 18 PARQUET GÉNÉRAL 14 PAUL 22 PAUL WURTH INCUB 44 PEDRINI VINCENT 20 PERALBA TON JOSEFA 108 PHILHARMONIE 122 PHILIPS MAYA 124

PILLAR SECURITISATION 32 POLITICO 36 PONT ANTHONY 40 POST LUXEMBOURG 20 PRECISION CAPITAL 30 PROBST LAURENT 44 PUBLICITÉ ET PROMOTION 92 PWC LUXEMBOURG 14, 33, 34, 44

R

RAPALLINO PASCAL 104 RAIFFEISEN 104, 108 RBS 32 RECKINGER MICHEL 18 REDING VIVIANE 16 REGISTRE DU COMMERCE ET DES SOCIÉTÉS 32 RESCH DIDIER 104 REY HUGUES 24 ROTH GILLES 13 ROYAL BANK OF SCOTLAND 32 ROYAL PARC INVESTMENTS 32 RSM AUDIT LUXEMBOURG 40 RSM TAX & ACCOUNTING LUXEMBOURG 34 RTL 16, 24, 60 RUPPERT MARC 16

S

SALES LENTZ 105 SAREB 32 SATURNE 65 SAUMUR 123 SCHADECK RAYMOND 130 SCHAFFNER JEAN 116 SCHMIT NICOLAS 44 SCHNEIDER DANIEL 18, 22 SCHNEIDER ÉTIENNE 16, 60, 130 SECURITYMADEIN.LU 106 SERDERIDIS JOURDAN 26 SERVICE DES MÉDIAS ET DES COMMUNICATIONS 14 SES 60 SGG 104 SIEMENS 44 SINGPOST 20 SMET PETER-JAN 16 SNB STABFUN 32 SNCI 132 SOCIÉTÉ ÉLECTRIQUE DE L’OUR 60 SOCIÉTÉ FIDUCIAIRE DE LA GRANDE RÉGION 40 SOCIÉTÉ NATIONALE DES HABITATIONS À BON MARCHÉ 60 SODEXO 92 SOGELIFE 108 SPACEX 60 SPAUS JEAN-MARIE 40 SPAUTZ MARC 16 STATEC 36 STEFFEN 16 STEICHEN PASCAL 106 STIGLITZ JOSEPH 30 STRASSER CLAUDE 20 STREKALOSKI PAVEL 117 SWISS LIFE GLOBAL PRIVATE WEALTH 104

T

TAGEBLATT 91 TALWALKER 18 TARDITI MARINE 116 TAYLOR ACHIM 20 TELINDUS 106 TENZING PARTNERS 22 THE RECRUITER 108 THELEN CARLO 12, 13 THEMIS LEX 106 THILL FRANÇOIS 106 TNT LUXEMBOURG 20 TOMORROW STREET 44 TORTI STEFANO 104 TOURRET FRÉDÉRIC 106 TRAITEUR STEFFEN 125 TRENDICTION 18 TRIBUNAL D’ARRONDISSEMENT 14 TRUMP DONALD 13, 76 TURPING CLAUDE 36

U

UBER 44 UBS 32 UK ASSET RESOLUTION 32 UNICUM 118 UNION EUROPÉENNE 40 UNIVERSITÉ DU LUXEMBOURG 40

V

VALORLUX 36 VAN GEYT STEFAN 76 VANKSEN 18 VARRETTE SÉBASTIEN 40 VELASTI ETIENNE 18 VERKÉIERSVERBOND 22 VEYNACHTER FRÉDÉRIC 108 VODAFONE LUXEMBOURG 116 VUILLARD ÉRIC 122

W

WÄCHTLER STEFFI 34 WAGNER JERRY 26 WESTLB 32 WILLIAMS JON 34 WINTER ÉRIC 104 WISELER CLAUDE 16, 60

Z

ZEIMET LAURENT 16 ZEIMETZ CLAUDE 16 ZEMBRO 112 Biographie disponible sur guide.paperjam.lu

ZENS JEAN-PAUL ZF FRIEDRICHSHAFEN ZIMMER CHRISTINE ZIMMER PASCAL

Février 2018 —

14 18 16 118

­ — 127


OURS

Février 2018 dir ecteur de la publication

Richard Karacian r édacteur en chef

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conseil d ’a dministr ation Mike Koedinger (président), Jean-Claude Bintz (vice-président), Richard Karacian, Daniel Schneider et Etienne Velasti (membres).

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Stéphane Cognioul (coordination), José Carsi, Tae Eun Kim, Daphne Fu, Elina Luzerne, Nathalie Petit, Eva Pontini, Hadi Saadaldeen, Marielle Voisin, Ellen Withersová

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Jordan Nagel (J. N.) jordan.nagel@maisonmoderne.com Audrey Somnard (A. S.) audrey.somnard@maisonmoderne.com photogr a phes

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128 —

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CELEBRATING LUXEMBOURG RAYMOND SCHADECK

« Le lieu de tous les possibles »

EN RÉSUMÉ Multicasquette

Né en 1955 à Luxembourg, Raymond Schadeck est administrateur indépendant. Il préside notamment Luxexpo The Box (2010), Luxinnovation (2012) et l’Institut luxem­bourgeois des administrateurs.

in The Box, un événement n’est pas imaginable sans intégrer son internationalisation. Luxinnovation a toujours été présente dans de nombreux événements internationaux. Mais lorsqu’en 2015 le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, nous a confié la mission de promotion de l’économie nationale auprès des Monsieur Schadeck, votre travail contri- investisseurs potentiels à l’étranger, toute la bue au rayonnement à l’international dimension internationale de ma fonction en du Luxembourg. Quand en avez-vous tant que président de Luxinnovation, que j’ocpris conscience pour la première fois ? cupe depuis 2012, s’est pleinement révélée. « Dans ma vie précédente (managing partner d’EY Luxembourg, ndlr), j’ai promu quotidien- Que dites-vous à vos interlocuteurs nement le Luxembourg à l’international. Chez pour leur donner envie de visiter le Luxexpo The Box, j’ai pris conscience de l’am- Luxembourg ? pleur du phénomène en passant dans les cou- « Le Luxembourg dispose d’outils compétitifs lisses, lors de ma première visite du salon Vakanz et d’atouts majeurs qui permettent aux clients comme président de la société. Je n’imaginais de notre secteur de se promouvoir dans les pas à quel point ce secteur était international… meilleures conditions. Nous partageons nos Tous les partenaires et exposants, un millier de frontières avec l’Allemagne, la France et la personnes en provenance de l’étranger, venaient Belgique. Cette situation exceptionnelle, assopromouvoir leurs destinations ! J’étais au cœur ciée à un contexte social et un environnement du rayonnement international de notre pays. des plus sûrs au monde, nous place en challenPluriculturalisme oblige, j’ai compris qu’ici, ger de choix pour le secteur Mice international. 130 —

­ — Février 2018

Avec 100 événements et 400.000 visiteurs par an dans un pays comptant 600.000 habitants, The Box est un acteur majeur du secteur, une caisse de résonnance culturelle et économique unique pour le territoire. De par ma position à Luxinnovation, je leur parle notamment du fait que nulle part ailleurs en Europe ils pourront trouver un pays qui marie avec une telle facilité les notions d’ouverture et de multiculturalisme. C’est évidemment ce qui rend le pays unique et fait sa richesse. Le modèle luxembourgeois devrait servir de référence, voire de modèle, pour le reste de l’Europe. L’idée d’États-Unis d’Europe qui revient régulièrement sur le devant de la scène suppose que les nations, aussi hétérogènes soient-elles, parviennent à faire preuve d’un même esprit de cohabitation et de respect mutuel. » Découvrez l’interview complète de Raymond Schadeck sur celebratingluxembourg.com.

PHOTO Maison Moderne (archives)

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aison Moderne continue à mettre en avant les ambassadeurs du pays au travers de Celebrating Luxembourg. Raymond Schadeck témoigne de sa vision du pays et de sa fierté de contribuer à son rayonnement à l’international.

Très engagé dans plusieurs projets philanthropiques, il est l’un des membres fondateurs et animateurs de l’initiative citoyenne 5vir12.


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© Maison Moderne

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