POLITIQUE
FAYOT DANS LES STARTING-BLOCKS Le nouveau ministre de l’Économie, Franz Fayot (LSAP), a d’ores et déjà fait sentir sa différence par rapport à Étienne Schneider. Même s’il assure travailler dans la continuité de son prédécesseur, parti après huit ans au gouvernement.
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ressenti dès le mois de décembre, puis adoubé par le bureau exécutif du LSAP le 8 janvier pour remplacer Étienne Schneider au gouvernement, Franz Fayot (48 ans) a eu six semaines pour se préparer à endosser ce nouveau costume. Il le fera sans nul doute différem ment de son prédécesseur, ne serait-ce que par son tempéra ment plus réservé. « Étienne Schneider était ce que les Anglais appellent un ‘maker’, Franz Fayot est moins impulsif, il prend beaucoup plus de recul avant de prendre une décision », estimait, avant la passation des pouvoirs, Léon Gloden, député CSV et ancien collègue de M. Fayot chez Elvinger Hoss Prussen. Reçu le 4 février au palais grandducal afin d’y prêter serment, Franz Fayot a pris ensuite la direc tion du boulevard Royal pour une passation des pouvoirs qui l’a enrichi d’un portefeuille, mais aussi d’une… fusée Lego à construire, présent offert par Étienne Schneider, qui lui confie les rênes de son « bébé » : le secteur spatial, et en particulier Spaceresources.lu.
Dès sa sortie du palais grandducal, M. Fayot résumait sa vision du ministère le plus étoffé du gou vernement, avec 190 fonction naires. « L’idée est d’accompagner la transition écologique et d’arriver à une économie qui soit plus respectueuse de l’environnement, mais aussi qui soit une économie du bien-être pour tous. » Une phrase qui en dit long sur la poli tique qu’il compte mener ces quatre prochaines années – avec un aperçu promis « avant l’été ». Dès le lendemain, le ministre avait accordé une interview à Paperjam. Retour sur les élé ments marquants.
UNE ÉCONOMIE DURABLE
En attendant les détails, voici une première inflexion d’ores et déjà assumée : un accent plus pro noncé sur la transition écologique, qu’Étienne Schneider avait déjà amorcée avec le processus Rifkin. « Il faut le développer pour arriver à construire une économie avec une autre croissance plus en adéquation avec notre environnement, à emmener les entreprises dans la transition
Franz Fayot a prêté serment devant S.A.R. le Grand-Duc Henri sous les yeux du Premier ministre Xavier Bettel.
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— Mars 2020
« Je suis un ami des entreprises, mais pas un partisan du laisser-faire. » Franz Fayot
Ministre de l’Économie (LSAP)
écologique et digitale que nous sommes en train de vivre », plaide l’avocat, qui souligne les aides déjà existantes pour accompa gner les entreprises, notamment via Luxinnovation, et une poli tique d’attraction des entreprises innovantes actives dans les éco technologies, la santé, ou encore les technologies de l’information et de la communication. « Il s’agit de continuer cette réflexion sur l’économie durable dans un monde où la lutte contre le réchauffement climatique est un cadre essentiel, et où la fenêtre de temps est de plus en plus réduite. Il faut se réinventer rapidement au niveau des entreprises. » Conséquence directe de cette réflexion : « Il faut certainement évaluer chaque projet industriel beaucoup plus que par le passé quant à son empreinte sur l’environnement, et par rapport à l’acceptation qu’il rencontre au sein de la population », estime M. Fayot, dans une allusion aux débats entourant, il y a deux ans, l’annonce de l’installation de Fage et Knauf – le second ayant finalement opté pour la Lorraine. « Cela ne veut pas dire qu’on ne va plus faire d’industrie ici, bien au contraire, mais il faut certainement, d’une manière plus fine qu’avant, se demander, dans chaque cas, si le projet est un bon ‘match’ pour le Luxembourg. » Tout en précisant que « nous ne sommes pas dans une économie dirigiste », qui permettrait à un gouvernement de barrer la route à une entreprise candidate. Des propos qui entretiennent l’espoir chez Déi Gréng, après quelques
tensions au sein de la coalition entre la ministre de l’Environne ment, Carole Dieschbourg, et Étienne Schneider au sujet des dossiers Fage et Knauf. « M. Fayot a prononcé dernièrement des discours très favorables à l’économie verte, soulignait Josée Lorsché, cheffe de la fraction Déi Gréng, au moment de l’introni sation de M. Fayot. Aussi, j’espère Le nouveau ministre de l’Économie Franz Fayot dit que l’économie n’est pas une fin en soi – je ne peux que le rejoindre sur ce point. Néanmoins, il est primordial que la raison d’être des entreprises, au-delà de leur responsabilité sociétale, soit de gagner la préférence de leurs clients. Les entreprises exercent leurs activités dans une arène où les clients ont le choix. Se pose donc pour chaque ministre de l’Économie la question du comment l’action politique peut aider « ses » entreprises à être sélectionnées par des clients. Arrêtons de parler de la compétitivité des entreprises – appelons un chat un chat –, une entreprise se doit de gagner plus de clients qu’elle n’en perd. L’État et la collectivité ont tout à gagner en aidant les entreprises sur leur territoire à être choisies et donc à se développer.
NICOLAS BUCK
Sur Linkedin, le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) a réagi à la première interview que Franz Fayot a accordée à Paperjam le 5 février.
qu’il mettra l’accent sur une économie faible en consommation de ressources et d’énergie. » Le 11 février, le ministre de l’Éco nomie relayait d’ailleurs à la Chambre l’annonce de l’investis sement de 36,5 millions d’euros réalisé par Circuit Foil à Wiltz pour moderniser ses capacités de production de feuilles de cuivre à très haute valeur ajoutée.
LA CHASSE AUX NICHES EST TERMINÉE
M. Fayot se donne du temps pour « faire l’état des lieux », aussi bien au niveau du ministère que du
PHOTOS Romain Gamba, Matic Zorman (Maison Moderne)
PRISE DE FONCTION