Paperjam avril 2016

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AVRIL 2016

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AVRIL 2016

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HERMÈS GRANDEUR NATURE


ÉDITORIAL

Conquête(s)

JEAN-M I CHEL G AUDRON Rédacteur en chef @jmgaudron

L

es grands espaces font toujours rêver. Encore plus quand ils s’étendent à l’infini au-delà des effets de l’attraction terrestre. L’annonce, en février, de la mise en place d’un cadre juridique en vue de l’exploitation future de ressources extraites dans l’espace a surpris autant qu’elle a épaté. Une fois encore, le Luxembourg a su innover et prendre position, certes très en amont, là où personne ne l’attendait. Qui plus est sur un créneau jusqu’alors inexploité, voire ignoré, et aux implications encore inconnues pour la plupart. La signature, un mois plus tard, de la prolongation d’un accord entre SES, l’agence spatiale européenne, et le centre national de l’aéronautique et de l’espace allemand pour la production d’un satellite 100 % électrique a montré à quel point la conquête de l’espace constituait une plaisante perspective en matière de diversification économique. Forcément, quand on a la tête dans les étoiles, le retour sur terre peut parfois s’avérer brutal. Le gouvernement tricolore, chahuté dans les sondages depuis plus d’un an, joue une grosse partie de son avenir post-2018 dans les prochaines

semaines, avec sa très attendue réforme fiscale qui se dessine doucement. Une fusée à deux étages, dont le premier moteur a été allumé fin février, en attendant l’allumage du second étage le 26 avril, date du discours sur l’état de la Nation, censé détailler davantage les annonces saupoudrées tels des poils de cynorhodons dans le dos des milieux économiques. Car c’est peu dire que les démangeaisons provoquées par une partie du dispositif irritent grandement les décideurs de tous bords. Arriver à aligner – au moins en partie – leur satisfaction générale sur celle des « personnes physiques », à qui la réforme annoncée a donné davantage de motifs de se réjouir, relève d’un défi à peine moins complexe que celui de poser un robot extracteur sur une météorite filant à plusieurs dizaines de kilomètres par seconde, sans crainte de se faire flasher à aucun moment... Entre la baisse largement jugée insuffisante de l’impôt sur le revenu des collectivités et la hausse largement jugée inacceptable de la « taxe soparfi », les propositions avancées ne vont sans doute pas, auprès des entreprises, redorer le blason d’un exécutif à qui il est reproché de ne pas mener assez vite les réformes promises. Celles censées moderniser le pays et « restaurer la confiance et proposer un projet d’avenir porteur

d’espoir et d’une dynamique nouvelle », comme il est écrit en ouverture de son programme. Se retrouver là où personne ne l’attend, c’est ce qui est arrivé à Maggy Nagel, ex-ministre sortie par la petite porte en décembre dernier, avant même la mi-législature, et qui revient par l’entrée de service en devenant premier conseiller de gouvernement au ministère de l’Économie, à partir du 1er avril prochain, en charge de la préparation de l’Exposition universelle de Dubaï en 2020. Xavier Bettel a montré, en la circonstance, qu’il savait parfaitement surprendre tout son monde, quand bien même la lecture politique de cette nomination est pour le moins brouillée dans les eaux pas toujours très claires de l’intérêt politique. Reste à savoir s’il sera en mesure de provoquer un même effet de surprise dans le contenu de son discours du 26 avril. Très souvent surévalué dans son intérêt intrinsèque, en raison de l’absence de vraies annonces ou décisions fortes, l’exercice pourra-t-il, dans sa version 2016, déroger à cette règle au bénéfice de la gestation d’une réforme fiscale censée être l’un des points d’orgue de la législature ? Le vaisseau DP-LSAPDéi Gréng aurait tout à y gagner, alors qu’il a plutôt tendance à piquer un peu du nez ces derniers temps. La conquête des grands espaces est loin d’être gagnée à tous les niveaux. Avril 2016 —

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ADVERTORIAL

MÉDIABAT

Quand la médiation se met au service du bâtiment  «Des dizaines de chantiers sont

actuellement en cours à travers tout le pays. La multiplication des projets s’accompagne, bien évidemment, d’une augmentation des risques de litiges et de sinistres.»

 «Avec la médiation, régler un

litige en droit de la construction est bien plus rapide qu’une procédure judiciaire classique; en moins de 6 mois, l’affaire peut être solutionnée, et ce à des coûts réduits.»

M

aître Baur, pouvez-vous rapidement revenir sur votre parcours professionnel et la création de votre entreprise MédiaBat ? Avocate inscrite au Barreau de Strasbourg en 1991, j’ai intégré le Barreau de Paris en 1998. Je deviens alors l’avocat des principales compagnies d’assurances (Allianz, Axa, Aviva, AIG, Ace Europe, MMA, Zurich, Bâloise) en risque « construction » (RC, RCD, DO) et risques industriels. J’ai intégré le Barreau de Luxembourg en Convaincue de « Si le cadre législatif 2013. l’intérêt et de la pertiexiste, il faut aujourd’hui nence de la médiation, me sui s formée convaincre l’ensemble des je auprès du CMCC, le acteurs concernés, Centre de médiation et commerciale c’est-à-dire les entreprises civile à Luxembourg, afin de du bâtiment et les devenir médiateur. De rencontre avec professionnels du secteur ma Maître Jacques Wolter, (promoteurs, architectes, président du CMCC , et notre réflexion combureaux d’études, de mune sur la problémaartisans…), de l’intérêt que tique du contentieux droit de la construcreprésente pour eux le en tion, est né le concept processus de médiation. » « MédiaBat ». J’ai donc créé cette société d’avoMyriam Baur cats, inscrite au BarCEO de MédiaBat reau de Luxembourg en octobre 2015. En quoi la médiation est-elle une alternative pertinente à une procédure judiciaire, dans le secteur de la construction, tout particulièrement ? Dans le domaine du droit de la construction, les litiges ont souvent de lourdes 004 —

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 «Le ‘réflexe médiation’ devrait

se généraliser auprès de ces différents acteurs ‘à l’acte de construire’, et ce dès la signature des contrats et des marchés, par l’insertion de clauses de médiation.»

conséquences financières du fait de leur durée. Pour un sinistre important, il n’est pas rare qu’une procédure prenne plusieurs années. Certaines affaires durent 10 ans, si l’on compte l’appel. Le chantier est alors bloqué, les pertes financières sont énormes et les frais d’avocat s’accumulent. Vous pouvez imaginer que pour une PME, une telle situation ne soit pas tenable. Certaines déposent le bilan… Grâce à la médiation, régler un litige ou un sinistre est plus rapide ; en moins de 6 mois, l’affaire peut être solutionnée, et ce à coûts réduits. Autre avantage important, la loi garantit la confidentialité de la médiation . Il suffit de regarder autour de soi pour le constater : le Luxembourg fait preuve d’un très grand dynamisme en matière d’immobilier. Des dizaines de chantiers sont actuellement en cours à travers tout le pays. La multiplication des projets s’accompagne, bien évidemment, de l’augmentation des risques de litiges et de sinistres. Concrètement, qui peut faire appel à vos services et comment se déroule une médiation ? Le recours à la médiation en cas de litige découle, la plupart du temps, de l’insertion d’une clause de médiation dans les contrats et les marchés (ce que je souhaite systématiser). Lorsqu’une procédure judiciaire est déjà en cours, le juge peut également inviter les parties à aller en médiation (cela ne vaut actuellement que pour les litiges de faible ampleur – un retard dans les délais de livraison, par exemple). Une entreprise du bâtiment peut également solliciter directement MédiaBat, dans le cadre d’un litige né

(en dehors d’une clause de médiation stipulée contractuellement), mais il faudra dans ce cas obtenir l’accord des autres parties concernées. En ce qui concerne plus précisément le concept MédiaBat, nous gérons la médiation de groupes, sachant que les litiges en droit de la construction génèrent en moyenne une vingtaine de parties. La nouveauté en l’espèce est l’intervention des assureurs des constructeurs, des sous-traitants et des promoteurs lors de la médiation. Les documents techniques fournis par les parties sont examinés par le réseau d’experts (économistes de la construction, contrôleurs techniques, ingénieurs) dont MédiaBat s’est entourée, et qui interviennent pour expliciter une problématique technique, pour procéder à certaines investigations ou pour émettre un rapport technique. Des « sous- groupes » sont organisés par problème à régler ou par dommage, comprenant les entreprises concernées et leurs assureurs. Que l’accord de médiation soit global ou partiel, il pourra être homologué par le juge et aura la valeur d’un jugement. Je tiens à préciser à cet égard que seule la loi sur la médiation permet l’homologation d’un accord à Luxembourg. La médiation dans le bâtiment est-elle une pratique déjà très utilisée ? Au Luxembourg, la médiation bénéficie d’un cadre législatif depuis 2012. C’est un mode alternatif aux procédures judiciaires qui est aujourd’hui régulièrement utilisé pour résoudre des conflits dans divers secteurs d’activité. Mais ce n’est pas encore le cas pour le bâtiment, alors que, comme je l’indiquais précédemment, les avantages sont multiples.


ADVERTORIAL

M E MY R I A M B A U R Solutionner les litiges par la médiation.

MédiaBat est donc un précurseur en la matière ? C’est effectivement le cas. Au-delà de mon expertise et de mon expérience de 20 ans en la matière, j’ai constitué un réseau d’experts indépendants spécialistes du bâtiment. MédiaBat est aujourd’hui opérationnelle, mais une démarche pédagogique est incontournable, car la médiation dans le bâtiment n’est qu’à ses balbutiements au Luxembourg. Le « réflexe médiation » dans ce secteur ne va pas s’instaurer du jour au lendemain. Si le cadre législatif existe, il faut aujourd’hui convaincre l’ensemble des acteurs concernés, c’est-àdire les entreprises et les professionnels du secteur du BTP. Il convient également d’impliquer le secteur public : l’État et les collectivités sont d’importants commanditaires par le volume, sur le marché de la construction. Les assureurs, pour leur part, ont tout de suite compris l’intérêt de la médiation, et sont les premiers à avoir répondu présents à la mise en place de la médiation dans les sinistres en droit de la construction. Une charte de la médiation a été élaborée par le Centre de médiation civile et commerciale, et des entreprises du bâtiment l’ont d’ores et déjà signée.

4 millions

C’est le nombre de mètres carrés dédiés à l’immobilier de bureaux d’ici 2017. En 2016, 130.000 m2 de nouveaux bureaux vont être construits (source : Inowai).

300.000 € C’est le budget annuel moyen qu’une grande entreprise du bâtiment consacre aux frais d’avocat.

10 ans

C’est le temps que peut durer un litige en droit de la construction, dans le cadre d’une procédure judiciaire.

D’autres sont sur les rangs pour sa deuxième signature officielle, qui aura lieu le 22 avril prochain à la Chambre des métiers, en présence du Premier ministre Monsieur Xavier Bettel. Les avocats sont certainement moins enjoués ? Le métier d’avocat est en pleine évolution. Aujourd’hui, nos clients réclament de l’efficacité et de la proactivité avant tout. Vous avez évoqué de sérieuses économies. Comment MédiaBat facture-telle ses clients ? Un coût horaire est défini dès le départ avec les parties concernées, dans le cadre de l’accord en vue de la médiation, qui marque le début du processus. Il n’est pas exclu que les assureurs prennent en charge une part non négligeable de ces frais. 

AU SERVICE DES PME « MédiaBat s’adresse à l’ensemble des acteurs de la construction. C’est tout particulièrement vrai pour les petites entreprises qui sont forcément plus fragiles que les grands groupes, sur le plan financier, souligne Me Myriam Baur, CEO de MédiaBat. Dans ma carrière, j’ai vu disparaître un certain nombre de PME suite à des procédures qui ont duré. Les conséquences sont bien évidemment désastreuses, sur le plan social notamment. Si je peux, à mon niveau, grâce à la médiation, éviter de telles extrêmes, j’en serais la première satisfaite. »

EN RÉSUMÉ

Créée en octobre 2015 par Me Myriam Baur, MédiaBat est une société d’avocats spécialisée en droit de la construction, qui favorise le processus de médiation pour solutionner les litiges. Pour mener à bien ce projet, Myriam Baur a choisi un partenaire également au faîte de la médiation, l’avocat Jacques Wolter, président du Centre de médiation civile et commerciale.

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SOMMAIRE

Avril 2016

COVERSTORY

GRAND ENTRETIEN

024 Une réforme pour la forme Les milieux économiques jugent les propositions de réforme fiscale trop superficielles. L’économiste Guy Kirsch propose, lui, la création d’un fonds alimenté par les revenus des droits de succession, portés à 100 %, pour lutter contre les inégalités sociales. REPORTAGE

016 « Le dialogue social n’a de toute façon jamais été facile » Pascale Toussing, présidente du Conseil économique et social, parle des difficultés pour remettre le dialogue social à flot au sein du CES.

BAVARDAGES

124

134

La gare en clair-obscur

Trouver les pépites

Notre photographe Christophe Olinger a laissé traîner ses objectifs dans le quartier Gare. Il nous en propose des visages contrastés, entre le flot de frontaliers aux heures de pointe et un climat bien plus feutré le reste du temps...

Discussion de fond entre Nicolas Buck, fondateur de Nyuko et nouveau président de la Fedil, et le ministre de l’Économie, Étienne Schneider. Au menu : l’innovation, l’entrepreneuriat et l’état d’esprit qui règne dans le pays. Avril 2016 —

— 009


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SOMMAIRE

043

065

ÉC ONOMIE MULT IP OL A IRE

48 Pétrir le pain quotidien

et celui de demain

DROIT DES SOCIÉTÉS

085

SIDÉRURGIE

70 Les pieds dans les fers chinois

RECRUTEMENT 2.0

PHILIPPE MASSET

88 « Notre modèle

d’indépendance perdurera »

ÉDUCATION CITOYENNE

74 Entre archaïsme

52 Obligation de présence

et bonne volonté

92 Clarifier la finance

ACCIDENT S DU TR AVAIL

A GRICULT URE

53 La loi agraire patauge

INFRASTRUCTURES

54 Fibre au foyer, débits libérés

RÉFORME

56 La police 3.0

DROIT EUROPÉEN

58 Du neuf dans la protection

des marques

ÉNERGIES RENOUVELABLES

60 Le vert arrive

CHASSE AUX TALENT S

62 Le salaire ne suffit plus

MISSION ÉCONOMIQUE

64 Le nouveau visage des Balkans

FINTECH LION AWARDS

76 Vers une « vision zéro »

93 Récompenser l’innovation

CARGO B SERVICES

78 Les Kralowetz du ciel

INFRASTRUCTURES

79 Air Rescue dans ses murs

SPORT BUSINESS

LUTTE ANTI-BLANCHIMENT

94 En attendant un retour

de bâton du Gafi ?

PRIX INTERNATIONAL

96 Concourir pour le Cervin

80 Ça roule toujours pour Genii

de cristal

NOMINATIONS

ENTREPRENEURIAT

81 Fit4Start, rampe de lancement

98 Des femmes bien en Place

PORTRAIT

82 L’aller simple de Murat Mutlu

COMMERCE EXTÉRIEUR

84 Des exportations

(un peu) plus variées

POUVOIRS DE LA CSSF

100 Les ratés de l’approche

« incrémentale »

INVESTISSEMENTS RESPONSABLES

101 Innpact, la finance

qui fait du bien

56

Avril 2016 —

— 011


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SOMMAIRE

LIFESTYLE

PAPERJAM CLUB

GASTRONOMIE

140 Faire monter la sauce

DESIGN

AGENDA

142 Un avant-goût de Milan

115 Les événements à venir

UNE ŒUVRE EXPLIQUÉE

WORKSHOPS

144 S-399390 de Sarah Oppenheimer

117 14 thèmes en avril

G A L E RIE D’A R T L U X E MB O U R G E OI S

145 À vos souhaits !

LA VIE DU CLUB

120 Retour par l’image

106 Carrières 112 Paperjam.Jobs 146 Paperjam.lu 148 Afterwork 150 Index 153 Ours 154 Tableau de bord

FLASH-BACK

102 Les événements phares en images

Avril 2016 —

— 013


Présentation par Lydie Err, devant 24/03 l’ensemble des commissions parlementaires de la Chambre des députés, du rapport annuel 2015 de ses activités de médiateure.

Luxempart

La société d’investissements 24/03 Luxempart (groupe Foyer) présente ses résultats pour le compte de l’année 2015, au cours de laquelle elle a accentué sa stratégie de prise de participations dans les pays limitrophes.

014 ­—

— Avril 2016

Caoutchouc

Les « caoutchouteuses » Socfin et ses Fin 03 filiales Socfinasia et Socfinaf (appartenant à la galaxie des investissements de l’homme d’affaires français Vincent Bolloré) publient leurs comptes annuels pour l’année 2015.

Dividende

Les actionnaires de SES se réunissent 07/04 en assemblée générale. Au menu, notamment, l’adoption d’un dividende de 1,30 par action A, en hausse de 10 % par rapport à l’exercice antérieur.

Faillite

Le projet de loi sur la préservation des entreprises et la modernisation du droit de la faillite fait l’objet d’une nouvelle réunion de la sous-commission ad hoc de la commission juridique à la Chambre des députés. Un pas de plus pour un texte très attendu. (Lire aussi en p. 52) 11/04

Roadshows

L’Alfi à la conquête de l’Amérique ! L’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement organise deux roadshows, à New York et à Greenwich (Connecticut). Objectif : vanter les mérites des futurs fonds d’investissement alternatifs réservés en cours de création... 12-13/04

J U L I E N B E C K E R (A R C H I V E S)

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GRAND ENTRETIEN

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GRAND ENTRETIEN

 GR AND ENTRETIEN - PASCALE TOUSSING PRÉSIDENTE DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

« Le dialogue social n’a de toute façon jamais été facile » CA M I L L E F R AT I E T J E A N - M I C H E L GAU D R O N |

MIKE ZENARI

Pascale Toussing entame sa deuxième et dernière année à la présidence du Conseil économique et social. Une position délicate pour celle qui est aussi à la tête de la direction Fiscalité au ministère des Finances, sur fond de réforme fiscale et de dialogue social moribond.

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GRAND ENTRETIEN

V

ous êtes arrivée au CES dans des circonstances particulières : vous avez dû remplacer au pied levé le représentant du gouvernement et directeur du Trésor, Georges Heinrich, en juin 2014 et endosser le rôle de présidente six mois après… Comment avez-vous vécu cette période ? p a s c a l e t o u s s i n g J’ai de très bons souvenirs. Pour moi c’était une période extrêmement enrichissante. J’espère que pour les autres aussi. En tant que président, on a surtout un rôle de facilitateur. On travaille en équipe, en particulier avec le bureau du CES.

Nous avons eu l’occasion de vivre un moment très positif assez récemment, avec le 50e anniversaire de l’institution. Cela nous a soudés dans une certaine mesure, et j’entends poursuivre sur cette voie. Le CES a été ébranlé après l’échec de la tripartite de 2010, et paralysé pendant plusieurs mois. Il a repris ses travaux en faisant le choix de laisser de côté les sujets les plus controversés. Où en est le dialogue social aujourd’hui ? Le dialogue social ne s’est jamais totalement arrêté. Je suis d’accord qu’il a connu des moments très difficiles. Nous sommes en train d’essayer de revenir à notre mandat traditionnel. Il ne faut pas se leurrer, nous n’y sommes pas encore entièrement. J’ai décidé il y a un an d’y aller doucement. J’avais indiqué ne pas vouloir faire de révolution – car une révolution serait synonyme de hara-kiri ! Il faut laisser du temps au temps. Il faut que les gens se sentent à l’aise.

Aviez-vous quelques appréhensions au moment de prendre vos fonctions à la tête du CES ? Non, pas du tout. Je suis habituée à des discussions complexes tenues avec engagement. Je suis depuis très longtemps les dossiers fiscaux dans un contexte international. Autrement dit, des Avez-vous constaté des discussions dans le cadre avancées depuis un an ? Je n’ai desquelles le représentant Je suis très confiante sur jamais refusé du Luxembourg n’avait par la possibilité d’avancer sur le passé pas toujours un rôle cette voie en direction d’un un défi. facile, si je peux m’exprimer peu plus de dialogue. Au de la sorte. Pour moi, la préCES, nous fonctionnons sidence du CES était la protoujours en transparence longation de ces défis sur un plan davantage en tripartite. C’est extrêmement important national. Je me vois surtout dans un rôle de d’entendre toutes les voix et de les entendre médiateur. ensemble. Je ne veux pas que quelqu’un s’imagine qu’on est en train de trouver une Vous a-t-on laissé le choix d’entrer au CES ? solution avec une des parties sans consulter l’autre. Je n’en avais pas fait la demande, comme pour aucune autre de mes fonctions. Mais je n’ai jamais refusé un défi non plus. Et je ne Parvenez-vous à dialoguer sans être le regrette pas. pollués par les petites phrases ou les tweets cinglants que s’échangent le patroLe patronat présidait le CES lorsque vous nat et les syndicats à l’extérieur ? êtes arrivée. Vous-même êtes nommée Oui, on a plus de facilité à discuter en interne, par rapport à ces communications par le gouvernement : sentez-vous une externes parfois moins estompées… différence au CES selon l’étiquette du président ? Ça dépend des personnes et des caractères. Avez-vous profité de votre présidence pour Pour moi, c’est un atout d’être nommée par insuffler de nouvelles règles ? le gouvernement dans des dossiers comLes règles de fonctionnement proprement dites ont été plus ou moins fixées à l’époque plexes, sujets à des opinions divergentes, où le dialogue social était encore plus diffivoire radicalement opposées. cile qu’à d’autres moments. Mais ce diaCette présidence diffère-t-elle beaucoup logue social n’a de toute façon jamais été facile. Je n’ai jamais rien voulu changer aux de l’idée que vous vous en faisiez ? règles et la question ne s’est jamais posée. Ce que je vis est conforme à mes attentes. Je n’ai jamais voulu faire de révolution. Je pense néanmoins que nous avons réussi C’est une évolution continue, ensemble, à renouveler le CES avec des sujets un peu entre les trois partenaires, dans la bonne plus difficiles. direction. Je considère réussies les prePour certains de ces sujets, après 2010, mières épreuves que je m’étais fixées, on aurait sans doute évité de les thématiser pour ne pas créer de conflits. On l’a fait dans avec notamment l’avis sur la fiscalité et un avis en matière de fiscalité. On est en train la continuation des discussions autour de le faire dans un avis que nous venons d’endu semestre européen. J’ai tout de même été frappée par ce que j’ai perçu comme tamer sur la productivité au Luxembourg. preuve d’engagement de la part des difféCet avis constituera un test supplémentaire, pour voir si nous sommes à même d’affronter rentes personnes, également à titre un tel sujet. personnel, de vouloir avancer ensemble. 018 ­—

— Avril 2016

BIO EXPRESS

20 ANS DE SERVICE 1988 Née le 26 juin 1969 à Luxembourg, Pascale Toussing clôt brillamment son secondaire à l’Athénée avec une mention très bien. Elle enchaîne avec un certificat d’études juridiques et économiques à l’Université du Luxembourg puis deux licences en sciences économiques à l’Université de Louvain-la-Neuve en Belgique, obtenues avec la mention grande distinction. Elle reviendra à l’Université du Luxembourg de 1996 à 2001 afin d’enseigner la micro-économie. 1996 Après quatre années passées à la BGL dans la gestion de fonds, Pascale Toussing rejoint le ministère des Finances en tant que conseillère pour la politique fiscale. Elle gère aussi bien les dossiers nationaux qu’internationaux. Elle y restera 10 ans avant de passer à l’Administration des contributions directes dont elle prend la direction adjointe. 2012 Invitée à prendre les rênes de la politique fiscale par le ministre des Finances Luc Frieden, Pascale Toussing préfère rester aux Contributions directes. Deux ans et un changement de gouvernement plus tard, elle est nommée à la tête de la direction Fiscalité en remplacement d’Alphonse Berns. 2014 Pascale Toussing découvre le Conseil économique et social en remplaçant au pied levé, au mois de juin, Georges Heinrich, directeur du Trésor. Six mois plus tard, elle devient la première présidente de l’institution pour deux ans. 2016 La directrice Fiscalité représente le gouvernement au conseil d’administration de la Bil depuis 2014 et fait partie du comité de direction du Fonds souverain intergénérationnel depuis juin 2015. Elle est aussi vice-présidente du conseil du Commissariat aux assurances depuis 2001.



GRAND ENTRETIEN

De 1968 à 2010, le CES livrait chaque année un avis éclairé sur l’évolution économique, sociale et financière du pays. Le blocage de 2010 a conduit à sa suspension. Pensez-vous que le CES pourra bientôt reprendre cette publication emblématique ? J’ai déjà répondu en partie… On a passé avec succès un test, avec l’avis sur la fiscalité. On a le test productivité devant nous. Au plus tard après la fin de l’année, il faudra faire le bilan, ce qui est un exercice traditionnel tous les deux ans. Mais sans avis annuel, à quoi sert le CES ? Nous servons de maison du dialogue social permanent. On le prouve régulièrement avec différents sujets. Pour ce qui est de l’avis annuel, nous avons pris la décision de le remplacer, dans une première étape, par des discussions autour du semestre européen. Cela se recoupe d’une certaine manière. Il faudra voir après notre prochaine réunion si on continue sur cette voie ou bien si on peut déjà dire que l’on va intégrer les considérations du semestre européen dans quelque chose de plus large.

l’instant, lorsqu’il apparaît et réapparaît, on se contente plus ou moins de l’acter sans essayer d’entrer dans des discussions éternelles sur ce sujet. Dans le contexte de l’avis sur la productivité, on n’y échappera évidemment pas complètement… Il faudra voir comment l’aborder. Il en est de même du sujet de l’organisation du temps de travail dans le cadre de l’avis sur la productivité… Les travaux n’ont pas encore commencé et la saisine est très vaste. Potentiellement, nous pourrons aborder tous les sujets. Mais nous devrons assez rapidement publier un projet d’avis. Il faudra faire des choix. Je ne sais pas encore ce qu’ils seront. J’espère les arrêter avant la pause estivale. Nous devrons encore marcher sur des œufs. C’est ce qui fait le charme du job. Mais il faut vraiment être prudent quand on marche sur des œufs…

Concernant l’avis sur la fiscalité, n’étiezvous pas dans une position inconfortable du fait de votre double casquette – présidente du CES et directrice de la fiscalité Le dernier avis du CES sur au ministère des Finances ? les droits des salariés date Pas du tout. Nous avions de 2006, celui sur la proreçu une saisine très claire du Premier ministre de rastection sociale de 2001, celui sur la formation prosembler toutes les informaUne révolution fessionnelle de 1995. Pourtions disponibles en matière serait synonyme de fiscalité. Ma facilité avec quoi ce délaissement du la tâche confiée reposait en volet social ? de hara-kiri ! bonne partie sur le fait que Je ne dirais pas cela. Le volet l’avis devait être axé sur du social a toujours été traité fact finding. Notre mandat n’a jamais été dans les avis annuels. En outre, les avis secd’élaborer des pistes de réformes fiscales. Si toriels (industrie, secteur financier, comtel avait été le cas, peut-être la situation merce, artisanat) adoptés récemment aurait-elle en effet été moins confortable comprennent tous aussi des thématiques sociales. D’autre part, il y a pas mal de sujets pour moi. Comme c’était du factuel, il n’y avait pas de souci. sensibles qu’on est en train d’aborder. On Les partenaires sociaux en général ont n’a jamais décidé de ne plus approfondir le insisté pour avoir un avis factuel. C’était un social. C’était davantage une question exercice extrêmement utile et à haute valeur d’agenda, voire de hasard. Il faudra le remettre sur table, tout comme évidemment ajoutée, car nous avons mis des données et des statistiques jamais publiées au Luxeml’avis annuel. bourg par le passé. On s’en sert en permaLe précédent gouvernement avait chargé nence dans toutes les discussions sur la réforme fiscale. le CES et le Conseil supérieur pour un En tant que CES, nous avons décidé de développement durable d’élaborer des nous autosaisir annuellement pour mettre à indicateurs pour un « PIB bien-être ». jour cet avis fiscalité. Nous n’avons pas encore Un avis a été publié en 2013. Allez-vous entamé nos travaux pour la mise à jour de y donner suite ? cette année. Nous devons encore voir comJe pense que oui, nous allons continuer. En même temps, ce n’est pas un sujet parmi les ment nous allons procéder, si nous allons plus prioritaires. Nous avons d’autres nous concentrer sur certains éléments ou bien urgences à délivrer. Un autre exercice qui me mettre tous les tableaux à jour. Je l’ignore. tient à cœur : les réunions régulières sur le semestre européen entre gouvernement et L’avis du CES sur la fiscalité soulignait les partenaires sociaux. Il vaut mieux se concenlacunes à combler dans la lutte contre la trer sur certains sujets-clés et les mener à bien fraude fiscale. La réforme fiscale présentée par le gouvernement prévoit un « renforceplutôt que d’essayer toute une panoplie d’avis que l’on ne pourra pas traiter sérieusement. ment des moyens des administrations ». S’agit-il des moyens humains ou du disposiEt l’indexation des salaires ? tif de répression ? C’est clair que c’est un sujet qui réapparaît On peut imaginer partir dans les deux direcrégulièrement. Mais ceci étant dit, pour tions : davantage de moyens humains et 020 ­—

— Avril 2016

VERBATIM

Parité Pascale Toussing est la première présidente du CES - une des quatre femmes sur 39 membres. « Je ne suis pas parmi ceux ou celles qui disent qu’il faut imposer des choses, surtout pour ce qui est de la présence féminine. Cela va venir, c’est évident. Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Je reçois souvent ces questions de l’extérieur, mais ce n’est pas flagrant vu de l’intérieur. »

Fiscalité Pascale Toussing a expérimenté des négociations internationales et européennes tendues. « En tant que petit État, nous ne pouvons pas bloquer toutes les discussions. Si tout le monde est d’avis qu’il faut prendre la voie B, on ne va pas faire le forcing pour choisir la voie A. »

Revirement Le changement d’attitude du Luxembourg sur la scène internationale a ouvert une nouvelle ère pour Pascale Toussing. « Certaines enceintes ont voulu nous dire que si nous abandonnions le secret bancaire, ce serait la fin de la banque privée, voire du secteur financier… Il n’en est rien. C’est même le contraire, car c’est un geste reconnu comme un avantage pour le Luxembourg. C’est un peu pareil pour les règles fiscales internationales. Et avec la présidence du Conseil de l’UE, nous avons su démontrer notre engagement en matière de fiscalité à l’international. »

Émotions Le CES a connu des événements marquants ces derniers mois, entre ses 50 ans célébrés fin janvier et le départ en février de Marianne Nati-Stoffel, secrétaire générale depuis 43 ans, remplacée par Daniel Becker (auparavant à l’ILR). « Nous avons eu un changement majeur avec le remplacement de la secrétaire générale. Elle a presque symbolisé à elle seule le CES, même si le CES est avant tout une question d’équipe. Ça change évidemment de ne plus l’avoir à bord… »


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Quand full option devient le nouveau standard.

La nouvelle Kia Sportage GT Line. Faite pour impressionner. Faire des choix vous donne des sueurs froides ? Pas de problème. Car avec   la nouvelle Kia Sportage, vous n’avez aucun choix à faire. Elle offre de série une foule  d’options royales comme le système de stationnement automatique, le chargeur  sans fil, le hayon électrique intelligent et la détection des angles morts. Une voiture  de série full option pour rendre vos trajets plus sûrs et confortables que jamais ! *  L’action « 7 Ans Map Update » donne droit, pour une période de 7 ans, à une mise à jour annuelle de la cartographie du système de navigation (maximum tous les 12 mois) chez tous les concessionnaires agréés Kia ou  réparateurs Kia agréés de l’Union Européenne (uniquement sur rendez-vous). Cette action concerne tout acheteur d’une Kia neuve vendue à partir du 01.03.2013 par Kia Motors Belgium via l’intermédiaire d’un concessionnaire  Kia agréé en Belgique ou au Grand-Duché de Luxembourg et équipée d’un système de navigation LG monté à l’usine. ** 7 ans de garantie ou 150.000 km (selon le premier critère atteint). *** Photo à titre illustratif.

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GRAND ENTRETIEN

des amendes proportionnées. Le ministre des Finances a été clair à ce sujet : il veut renforcer les moyens, mais aussi prévoir davantage d’amendes en cas de fraude fiscale.

PÉR ENNI TÉ Pascale Toussing souhaite voir le CES gravé dans le marbre de la Constitution.

Ce seraient des amendes administratives ? Nous sommes en train de travailler sur une réforme du droit pénal fiscal. Sans pouvoir vous en dire plus, je peux vous indiquer qu’il est prévu d’avancer sur deux chantiers parallèles : des pénalités administratives, mais aussi certains changements au niveau pénal… C’est un sujet extrêmement vaste. L’objectif est de prévoir les orientations essentielles dans le cadre de la réforme fiscale. Nous avons de toute façon aussi des obligations internationales en la matière. On peut imaginer baisser les taux, baisser les impôts, mais il faut s’organiser de manière à ce que les impôts dus soient effectivement payés… Certaines mesures comme la limitation de la déductibilité des pertes des entreprises ou encore l’augmentation de l’impôt sur les soparfi ont été fraîchement accueillies par la Place… Je ne peux pas approfondir davantage en tant que présidente du CES, d’autant plus qu’il y a lieu de signaler que c’est justement sur cette question de la fiscalité des entreprises que nous avons eu des opinions divergentes au CES récemment. Combien de temps vous prend le CES dans votre emploi du temps ? Ça m’occupe pas mal de temps ! Il y a des moments plus ou moins intensifs… mais d’une manière générale et compte tenu de mon caractère, c’est une attribution à laquelle je me dédie avec beaucoup de dévouement. J’aime bien préparer sérieusement les dossiers, parler aux gens – et ça prend du temps… J’aimerais bien m'y consacrer encore davantage ! Je suis physiquement présente au CES pour des réunions des commissions, des séances du bureau, les plénières. Pour le reste, les moyens de communication modernes sont là ! Pour l’avis sur la fiscalité, il nous a fallu plus de 20 réunions en commission, assez longues. Nous avons procédé à des auditions de différentes personnalités, puis à la rédaction de l’avis, tout cela entre avril et novembre. En janvier 2017, comment mesurerez-vous la réussite ou l’échec de votre présidence ? La réussite serait dans une certaine mesure d’avoir su thématiser des sujets un peu plus brûlants. Mais si on n’y arrive pas, ce ne sera pas non plus un échec personnel. C’est que ce n’était pas le bon moment… Il en va aussi de la responsabilité de tous les membres du CES. Quel rôle espérez-vous pour le CES après votre présidence ? Je ne peux évidemment pas m’engager sur ce que fera mon successeur. Mais ma vision est de continuer à aborder même, voire surtout, 022 ­—

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les sujets dans l’intérêt du pays même s’ils sont plus difficiles, si le consensus n’est pas toujours possible. Je considère que le simple fait d’émettre des avis et de clarifier des positions a une grande valeur ajoutée, même en présence d’opinions divergentes. Le fait de se parler, de se comprendre, même sans consensus, est un progrès. Cela veut dire qu’on peut se contenter d’un avis avec, pour certains points, un paragraphe expliquant la position du groupe syndical et un autre exposant celle du groupe patronal lorsqu’elles sont incompatibles, comme c’est le cas dans l’avis sur la fiscalité ? Ce n’est évidemment pas la meilleure solution. L’idée est toujours d’avoir un consensus le plus large possible. Mais en cas de blocage, je préfère le surmonter en mettant des opinions divergentes, plutôt que de renoncer à l’avis… Ça ne fait pas avancer les choses… Dans notre avis sur la fiscalité, nous avons trouvé un consensus sur tous les sujets sauf un. Je ne considère pas ce seul point comme un échec. Entre le choix de n’aborder aucun sujet ou la nécessité d’avoir des opinions, même divergentes, il faut pouvoir afficher ses opinions. Seriez-vous favorable à un élargissement des compétences du CES, par exemple à

une saisine plus systématique dans le processus législatif ? Ça a du sens. Nous ne sommes pas limités du tout dans tout ce que nous voulons discuter et écrire, à condition que tout le monde au CES soit d’accord de le discuter et de l’écrire. Nous avons la possibilité de nous autosaisir et nous le faisons régulièrement. Ainsi, je ne vois pas de limite d’un point de vue théorique sur ce que nous pouvons faire. Nous avons toutefois des contraintes d’une autre nature, ne serait-ce qu’en termes de ressources humaines. Il faudra faire des choix. Et à plus long terme ? Où en sera le CES dans 50 ans ? On ne sait pas quel sera le paysage dans 50 ans. Mon rêve et ma vision sont d’avoir toujours un CES parfaitement engagé dans tous les sujets déterminants pour l’avenir de notre pays, avec ou sans consensus. Et d’avoir un CES ancré dans la Constitution du pays. C’est un souhait exprimé qui me paraît légitime, et nous en avons fait la demande dans le contexte de la révision constitutionnelle. Mais cela ne va pas bouleverser la vie du CES s’il n’est pas inscrit dans la Constitution. EN RÉSUMÉ

À mi-mandat, la présidente du Conseil économique et social, Pascale Toussing, estime avoir fait avancer le dialogue social malgré les divergences naturelles entre patronat et syndicat. Prochain test : l'avis sur la productivité que le CES doit publier dans quelques mois.


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UNE RÉFORME POUR LA FORME Le gouvernement a levé le voile sur ses intentions concernant la réforme fiscale. L’accueil est très mitigé de la part des milieux économiques, qui la jugent trop superficielle. D’ici à son discours sur l’état de la Nation du 26 avril, Xavier Bettel et son équipe ont encore l’occasion de peaufiner leur copie. J E A N - M I C H E L GAU D R O N

Avril 2016 —

— 25


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ierre Gramegna, ministre DP des Finances, avait déjà prévenu au micro de RTL, en septembre dernier : la réforme fiscale prévue pour entrer en vigueur en 2017 et dévoilée en ce début d’année ne serait pas « énorme », mais « ciblée ». Déjà obligé de composer avec une baisse importante (de l’ordre de 500 millions d’euros) des recettes de TVA sur le commerce électronique, le gouvernement ne dispose en effet pas vraiment d’une marge de manœuvre suffisante pour se permettre des excès de générosité. Vu sous cet angle, les premières annonces dévoilées par l’exécutif le 29 février dernier n’auraient donc pas forcément dû surprendre par leur apparente modestie. Et pourtant, ce que d’aucuns ont qualifié de « réformette » a laissé beaucoup de monde sur sa faim dans les milieux économiques. « Faute de temps, par manque d’ambition ou par frilosité, les mesures concernant les sociétés sont décevantes, voire contreproductives », résume Jean Schaffner, partner chez Allen & Overy. Les intentions sont pourtant bonnes. La volonté « d’équité sociale » exprimée à plusieurs reprises dans le programme gouvernemental de décembre 2013 se retrouve plus ou moins dans le saupoudrage annoncé fin février depuis le château de Senningen, après un week-end d’ajustement et de communication active auprès des partenaires sociaux. Durabilité, équité, sélectivité sont des mots qui, à cette occasion, ont été encore avancés par le quatuor BettelGramegna-Schneider-Braz. Le ministre des Finances avait déjà indiqué, à l’automne dernier, vouloir procéder « de manière sélective et responsable ». La sémantique, sur ce point-là, est pour le moins rodée et cohérente. En est-il de même pour les annonces en tant que telles ? Le débat est largement ouvert, mais nombreux se sont montrés pour le moins réservés, voire sceptiques, au vu des annonces faites. Des annonces chiffrées entre 400 et 500 millions d’euros, plus de détails étant attendus à l’occasion du discours sur l’état de la Nation du Premier ministre 26 ­—

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Xavier Bettel, programmé pour le 26 LA RÉPARTITION DES IMPÔTS DANS LE BUDGET DE L’ÉTAT avril prochain. Stratégiquement, du reste, le gouvernement semble avoir plutôt finement joué son coup, se donnant deux mois Autres : de réflexion et d’arbitrages supplémen509.631.436 € (3,9 %) taires, avant de rendre une copie que l’on suppose plus aboutie et appréciée par le plus grand nombre. Ce n’est pas vraiment le cas dans l’immédiat, même si du côté des syndicats et Douanes et accises : 1.277.425.020 € de certaines organisations patro(9,78 %) nales, c’est le « oui, mais » qui prévaut à la première lecture des annonces faites. « Les mesures annoncées ont déçu bon nombre des acteurs économiques-clés d e l a P l a ce p a r l e u r manque de vision et d’ambition, note Thierry Impôts directs : Lesage, partner chez 7.221.230.595 € Arendt & Medernach, (55,26 %) interrogé par Paperjam. Impôts, droits et taxes : 4.058.279.821 € Le maintien de l’impôt sur (31,06 %) la fortune pour les sociétés ne cesse de déconcerter. » Keith O’Donnell, managing partner d’Atoz, voit plutôt pour sa part un « succès électoral, mais un échec entrepreneurial, comme il l’explique à Paperjam. La réforme fiscale a été bien accueillie par une partie des partenaires sociaux — et vraisemblablement la majorité de ceux qui votent aux élections. De ce point de vue, chapeau au gouvernement ! En effet, en donnant des cadeaux fiscaux, fort bien illustrés par des infographies, à un large public de partiTOTAL (AU 14.10.2015) culiers, on récolte un sentiment de bienêtre assez large. En revanche, si l’on 13.066.566.872 € regarde du côté du monde entrepreneurial, c’est la déception qui domine. » Comme on pouvait s’y attendre, l’op2017 puis à 18 % en 2018. On est encore position n’a pas manqué d’être parmi loin des 15 % que le ministre des Finances les plus virulents dans la critique. CSV avait indiqués il y a six mois, même si en tête. Claude Wiseler (le chef de fracun tel taux est annoncé dans le cadre tion du parti chrétien-social à la Chambre très restreint des sociétés dont le revenu des députés), Laurent Mosar et Gilles imposable annuel ne dépasse pas 25.000 Roth (en charge des affaires éconoeuros. Certes, il avait été envisagé un miques) attendent toujours « le fil rouge processus par étapes pour parvenir à ce et la vision d’ensemble » devant caracténiveau, mais à l’heure actuelle, l’étape riser les décisions prises par le gouverdécisive ne se profile pas encore. nement, la réforme fiscale proposée En tenant compte de l’impôt cométant jugée « surtout conjoncturelle et mercial communal et de la contribution ponctuelle. C’est une réformette d’après« Fonds pour l’emploi » qui s’ajoutent à crise qui est loin de la grande réforme fisce taux effectif, le taux nominal de ces cale annoncée. » Et de déplorer que sociétés dont le revenu imposable annuel ne dépasse pas 25.000 euros « l’économie de notre pays en général et la place financière en particulier sont les serait alors de 22,8 %. Il serait encore de perdants de cette réforme ». 26,01 % à l’horizon 2018 pour les autres (contre 29,22 % actuellement), soit Le braquage des soparfis encore loin de bon nombre de Places Deux décisions focalisent notamment concurrentes (voir infographie). l’attention des critiques. En premier lieu, « Nettement insuffisant », tranche le la baisse bien trop timide du taux d’aftrio du CSV consulté par Paperjam. fichage de l’impôt sur le revenu des col« Même à 26 %, nous sommes encore très lectivités (IRC), glissant de 21 % à 19 % en loin des meilleurs du peloton de l’Union


Part du Grand-Duché dans les recettes communes de l'union économique begoluxembourgeoise en matière de droits de douane et d'accise : 945.139.020 € (73,99 % du total)

Autres (1,1 %)

COVERSTORY

Droit d'usage de certaines infrastructures routières par des véhicules utilitaires lourds : 10.000.000  € (0,78 %)

Droits d'accise autonomes luxembourgeois sur les cigarettes : 107.297.990 € (8,40 %)

Impôt d'équilibrage budgétaire temporaire : 100.000.000  € (1,38 %)

TOTAL 1.277.425.020 € Taxe sur les véhicules automoteurs : 25.600.000  € (2,00 %) Droits d'accise autonomes luxembourgeois sur certaines huiles minérales : 175.412.510 € (13,73 %)

Impôt de solidarité : 335.133.621 € (4,64%)

Impôt retenu sur les revenus de capitaux : 260.000.000  € (3,60 %) Impôt sur le revenu retenu sur les tantièmes : 42.000.000  € (0,58 %)

Impôt sur le revenu des personnes physiques fixé par voie d'assiette : 755.000.000  € (10,46 %)

Personnes physiques

Recouvrement des impôts relevant de l'administration des contributions : frais, suppléments et intérêts de retard : 16.000.000  € (0,22 %) Autres (0,44 %)

TOTAL 7.221.230.595 €

Personnes morales

Taxe d'abonnement sur les titres de société : 994.520.000 € (24,51 %)

Taxe sur les assurances : 46.500.000  € (1,15 %) Autres (0,46 %)

Taxe sur la valeur ajoutée : 2.776.100.849 € (68,41 % du total)

Droits d'enregistrement : 188.300.000  € (4,64 %)

S O U R C E   : W W W. B U D G E T. P U B L I C . L U

Impôt sur la fortune des entreprises : 430.000.000  € (5,95 %)

Impôt sur le revenu des collectivités : 1.569.000.000  € (21,73 %)

Impôt retenu sur les traitements et salaires : 3.564.500.000  € (49,36 % du total)

européenne — l’Irlande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni — et de l’OCDE. Nous aurions préféré une baisse plus substantielle avec un élargissement parallèle de la base d’imposition. » L’autre motif de courroux exprimé par les acteurs économiques de la Place concerne la hausse de 50 % de la taxe minimum spéciale sur les sociétés de participation financière (soparfi), devant passer de 3.000 à 4.500 euros. Depuis son introduction en 2011, cet impôt a du mal à passer auprès du patronat. Initialement établi à 1.500 euros, il avait été porté à 3.000 euros en 2013 par le précédent gouvernement Juncker. La Chambre de commerce avait alors écrit dans un avis que « le doublement de cet impôt deux ans seulement après son introduction mine la crédibilité des autorités dans le chef des investisseurs étrangers et menace en outre directement le déploiement de la stratégie de headquartering, pourtant élevée au titre de priorité en matière de diversification du tissu écono-

Impôt de solidarité : 118.096.774 € (1,64 %)

TOTAL 4.058.279.821 €

Droits d'hypothèques : 34.300.000  € (0,85 %)

mique national. » Le directeur de l’institution s’appelait alors… Pierre Gramegna. Mais en politique, la vérité d’un jour n’est pas toujours celle du lendemain. Et le raz-de-marée provoqué par le scandale LuxLeaks a pour le moins changé la donne, alors que l’industrie des sociétés de participation financière est devenue le premier contributeur au titre de l’impôt sur le revenu des collectivités, devant les banques. Il y a trois ans, le doublement de la taxe forfaitaire devait dégager une plus-value de 50 millions d’euros. En plaçant le ticket d’entrée à 4.500 euros, le gouvernement Bettel espère-t-il un montant équivalent ? Le pari est risqué, tant cette mesure semble grimper dans la cote d’impopularité. « Cette hausse spectaculaire de 50 % est vécue comme un ‘braquage’ de cette population de sociétés », regrette Keith O’Donnell, qui déplore une approche « en contradiction flagrante avec le message business-friendly que le gou-

ANNONCES

PARTICULIERS : LES 8 PRINCIPALES MESURES « Introduisant en plus une nouvelle tranche d’impôt sur les grands revenus, la réforme garantit davantage de solidarité fiscale et de sélectivité sur base de critères socio-économiques », a expliqué le vice-Premier ministre Étienne Schneider. Voici les principales mesures annoncées pour les particuliers :

1 2 3 4 5 6 7 8

Abolition de l’impôt d’équilibrage budgétaire temporaire (0,5%). Augmentation des crédits d’impôt pour les salariés, les pensionnés et les monoparentaux. Création d’une nouvelle tranche d’imposition de 41 % à partir d’un revenu annuel de 150.000 euros et de 42 % (taux maximal) à partir de 200.000 euros (classe 1). Introduction de l’imposition individuelle sur option pour conjoints mariés, pour les résidents et les non-résidents. Augmentation à 3.200 euros du plafond de de déductibilité des primes versées sur un contrat de prévoyance-vieillesse. Augmentation à 20 % de la retenue à la source libératoire, uniquement si le montant des intérêts touchés ne dépasse pas le montant annuel de 250 euros par personne et par agent payeur. Augmentation des plafonds des cotisations déductibles versées dans le cadre d’un contrat d’épargne-logement pour les épargnants âgés de moins de 40 ans. Abattement fiscal pour les véhicules zéro émission.

Avril 2016 —

— 27


COVERSTORY  33,99   34,43

IRC : LE LUXEMBOURG N’EST PAS LE PLUS COMPÉTITIF Avec un taux d’affichage d’impôt sur le revenu des collectivités (IRC) de 21 %, le Luxembourg présente un taux effectif de 29,22 %. Même en réduisant le taux d’affichage jusqu’à 18 %, le pays sera encore derrière les meilleurs élèves européens.

29,22  27,5 25

21,15

22

30,18

28

26

22,8

20 17

Rester dans les clous

Le gouvernement pouvait-il en faire plus dans l’immédiat ? Rien n’est moins sûr. Fin 2015, la Banque centrale du Luxembourg estimait que la marge de manœuvre théorique pour faire des allégements fiscaux, tout en respectant les obligations du Pacte de stabilité et de croissance, était de l’ordre de 0,5 % du PIB et correspondrait à 300 millions d’euros. Avec un paquet de mesures estimées entre 400 et 500 millions d’euros, le gouvernement semble déjà en-dehors des clous. Le Fonds monétaire international n’a pas manqué, lui aussi, de mettre l’exécutif en garde. Ainsi, trois jours à peine après les annonces présentées au public, l’institution internationale rappelait qu’il n’était pas bien vu que les réductions d’impôts annoncées affectent « la marge budgétaire disponible », c’est-à-dire à hauteur de plus de 1 % du PIB. En sa qualité de chef de mission du FMI, le Néerlandais Erik J. De Vrijer a ainsi indiqué vouloir voir la mise en place d’une limitation « de l’ampleur des réductions d’impôts à la marge budgétaire disponible », autrement dit que le gouvernement renonce à priver l’État de ces 400 à 500 millions d’euros par an planifiés. Dans la continuité des recommandations déjà énoncées par la Commission européenne en 2015, les conclusions préliminaires du FMI plaident en faveur d’un élargissement de l’assiette d’imposition, mais aussi en faveur de la suppression des régimes fiscaux spéciaux. Étienne Schneider, quelques semaines avant le scrutin d’octobre 2013, n’avait pas dit autre chose : « Il faut abaisser le taux d’affichage de l’imposition des entreprises pour augmenter la base imposable. Ce sera neutre du point de vue fiscal. Nous n’avons 28 ­—

— Avril 2016

pas encore fait le calcul, mais nous le ferons le moment venu. » Le moment n’est visiblement pas encore venu, alors qu’un certain flou règne encore sur les conditions d’implémentation des mesures prévues dans le « cadre » de Beps. « Cette réforme constitue aux yeux du LSAP une première étape d’une réflexion à plus long terme axée sur une réorientation plus fondamentale de notre système fiscal », tempère Alex Bodry, le président de la fraction socialiste à la Chambre des députés, interrogé par Paperjam. Quoi qu’il en soit, le compte à rebours est lancé, d’ici au 26 avril, date à laquelle sont censés être communiqués davantage de détails sur les mesures proposées et, qui sait, des réponses aux inquiétudes exprimées par bon nombre d’acteurs économiques du pays. « Compte tenu des forces du pays et des opportunités qui s’offrent au Luxembourg, cette réforme semble cruellement manquer d’ambition et de vision globale pour l’avenir du pays, conclut Jamal Afakir, associé au sein du département International & Corporate Tax chez Atoz, contacté par Paperjam. Dans ce contexte d’opportunités et de défis pour l’économie et le modèle social luxembourgeois, ces annonces de réforme fiscale rendent illisibles la politique fiscale du pays et semblent constituer une occasion manquée de donner un nouvel élan à un État qui avait su, jusqu’à ces dernières années, faire de sa singularité dans le paysage européen et mondial une force et une marque. À trop vouloir rentrer dans le rang, on risque de perdre le bon élève luxembourgeois dont l’ambition n’est pas à la hauteur des capacités. »

ANNONCES

ENTREPRISES : LES 5 PRINCIPALES MESURES

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Réduction progressive du taux d’impôt sur le revenu des collectivités (IRC) : de 21 % (actuellement) à 19 % en 2017 et jusqu’à 18 % en 2018. Abaissement de l’IRC à 15 % pour des sociétés dont le revenu imposable annuel ne dépasse pas 25.000 euros. Augmentation à 4.815 euros (en tenant compte de l’impôt de crise) de l’impôt sur la fortune minimum des sociétés de participation financière. Limitation de l’utilisation des pertes fiscales reportables pour les pertes réalisées à partir de 2017. Immunisation de la plus-value portant sur d’éventuels biens immeubles (terrains ou bâtiments) appartenant à une entreprise cédée.

S O U R C E  : O C D E

FRANCE

BELGIQUE

ALLEMAGNE

LUXEMBOURG

ESPAGNE

ITALIE

GRÈCE

PAYS-BAS

LUXEMBOURG (2018)

SUÈDE

SUISSE

ROYAUME-UNI

ROYAUME-UNI (2018)

13

SUISSE (2019)

12,5

IRLANDE

vernement et le pays véhiculent à l’étranger ». La pilule passe d’autant plus mal qu’aucun autre pays n’applique une telle taxe sous cette forme. Difficile de ne pas imaginer que certaines y réfléchiront à deux fois avant de décider de conserver un siège social dans un contexte fiscal de plus en plus agressif. « Toute proposition de réforme fiscale doit être bénéfique à l’économie luxembourgeoise, dont il faut rappeler qu’elle est en grande partie basée sur des capitaux étrangers et mobiles, résume Wim Piot, tax leader chez PwC Luxembourg. L’objectif premier de la politique fiscale du pays devrait donc être de conserver et développer la position internationale du Luxembourg en tant que lieu stratégique d’investissement, tout en renforçant sa réputation de partenaire économique solide et se conformant aux standards internationaux et de gouvernance. » Une recette qui, visiblement, n’est pas atteinte avec les premières mesures dévoilées fin février.


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CV

COVERSTORY

GUY KIRSCH  Né en 1938 à Luxembourg  Diplômé en sciences économiques et sociales (universités de Bonn et de Cologne, Allemagne)  Diplômé d’économie (université de Bonn, Allemagne)  Research fellow au Wissenschaftszentrum Berlin für Sozialfor­ schung et ancien membre du conseil de la Fondation Schader (Darmstadt, Allemagne), œuvrant pour la promotion des sciences humaines et sociales  A été assistant universitaire de l’économiste allemand Günter Schmölders à Cologne (Allemagne)  A enseigné la nouvelle politique économique à l’Université de Fribourg (Suisse) dont il est aujourd’hui professeur émérite.

« JE NE SUIS PAS UN UTOPISTE » GUY KIRSCH

L’aggravation des inégalités sociales est, aux yeux de l’économiste luxembourgeois, une des sources de menace de la cohésion sociale. Pour y remédier, il propose, de manière très provocante, la création d’un fonds qui serait alimenté par les revenus des droits de succession, alors portés à 100 %. J E A N - M I C H E L GAU D R O N |

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— Avril 2016

MAISON MODERNE


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et homme est-il dangereux? Considéré par certains comme étant communiste, comparé par d’autres au dictateur cambodgien Pol Pot, l’économiste luxembourgeois Guy Kirsch a bousculé bon nombre d’esprits fin janvier, dans le cadre feutré, mais intellectuellement très stimulant (et stimulé), d’une conférence organisée sous l’égide du prestigieux Ifo, Institut für Wirtschaftsforschung de Munich. Intervenant à la tribune où se sont succédé plusieurs autres économistes de renom, le Pr  Kirsch a mis les pieds dans le plat en proposant une ponction des droits de succession à hauteur de… 100 %, afin d’alimenter un fonds destiné, au final, à permettre à tout un chacun de bénéficier d’un héritage dans sa vie. Une partie de ce fonds pourrait aussi être utilisée pour soutenir dans leurs études les enfants de classes dites « non privilégiées ». Cette approche pour le moins radicale s’inscrit dans une pensée plus large destinée à imaginer des façons de lutter contre certaines inégalités sociales. Réflexions.

La fiscalité parvient-elle à aplanir certaines inégalités sociales, ou bien avezvous le sentiment qu’elle les accentue ? g u y k i r s c h Il faut d’abord constater que nous vivons depuis un certain temps de très grandes inégalités, à la fois des fortunes et des revenus. Et nous assistons à une augmentation de ces inégalités. Nous risquons ni plus ni moins d’avoir des problèmes sociaux, car les gens n’acceptent plus cette situation. C’est clairement une menace pour la cohésion sociale. La question de la fiscalité sur les héritages est très symbolique : dans les prochaines 20  années, il y aura des centaines de milliards d’euros d’héritages ; des fortunes immenses transmises par cette génération, « ma » génération, qui a vécu des temps de croissance et n’a pas connu de crise ni de guerre. Cette situation risque encore d’aggraver les inégalités, et des inégalités non justifiées. Je n’ai absolument rien contre le fait que vous gagnez plus que moi, mais à une seule condition : c’est que vous contribuiez davantage à la société. Sinon, je serai en droit de me demander pourquoi ! Je pense alors à la pièce de Beaumarchais où Figaro s’adresse à un noble arrogant : « Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. » C’est concrètement le cas pour beaucoup de gens encore. On devine un certain ressentiment de votre part dans la façon de considérer les choses… Je ne suis pas envieux de voir des gens se pavaner en voiture de luxe. Je ne sais d’ailleurs

même pas ce que je ferais d’une telle voiture ! Mais ça me révolte d’imaginer que ces personnes-là ne donnent rien en retour. C’est la raison pour laquelle j’aimerais trouver un moyen non pas pour le principe de déshériter les riches, mais plutôt pour permettre à tous de pouvoir hériter de quelque chose et de pouvoir partir dans la vie sur les mêmes bases. D’où cette idée de fonds, de trust, que j’ai esquissée. Cela n’exclut évidemment pas qu’il y ait des problèmes techniques, j’en conviens. Mais je sais qu’il existe une fondation à Hambourg, par exemple, qui réfléchit à un mécanisme qui y ressemble. La composition du comité de direction d’un tel fonds serait évidemment cruciale, tout comme sa gestion. Mais comme il n’y aurait pas d’obligation de maximisation des profits, comme cela pourrait être le cas pour des banques, on pourrait très bien imaginer qu’il puisse aussi servir pour des projets plus vastes touchant à la société civile. Je ferai remarquer par ailleurs que l’impôt sur l’héritage est probablement le plus contesté, mais paradoxalement qui ne rapporte pratiquement rien. Dans le budget de l’État, c’est parfaitement négligeable (dans le budget 2015 du Luxembourg, il représente 60  millions d’euros, ndlr). Il est dommage aussi qu’on ne voie, derrière mon idée, que le seul aspect des riches qui seraient déshérités et qu’on ne voie pas toutes les autres personnes qui enfin toucheraient un héritage.

Ne baigne-t-on pas, en la circonstance, en pleine utopie ? Rien n’empêche de travailler sur la base d’une utopie sans pour autant être un utopiste ! Mais on peut aussi être réaliste et se dire que même si c’est dans cette direction qu’il faut aller, on ne peut pas y aller à 100 % pour différentes raisons. Les utopies, ce sont des modèles de pensée qui permettent d’avoir une direction de ce que l’on veut et de ce qui est justifiable. Je ne suis pas un utopiste. Mais il ne s’agit pas de trouver des solutions à un problème mal posé. Il faut d’abord poser le problème avant de trouver des solutions acceptables, quitte à accepter qu’on ne trouve pas de solution miracle qui satisfasse les gens à 100 %. Du reste, aucune politique ne renonce vraiment à une certaine vision utopique, même si on n’a pas le courage de l’avouer. Qu’est-ce que pourrait alors être une fiscalité « juste » ? La réponse dépend du modèle de société et de la vision de l’Homme que l’on a. Si on dit que chacun doit pouvoir vivre sa vie et en être seul responsable, et ne pas avoir le moindre privilège, comme dans le libéralisme individualiste, on peut dire qu’une répartition très inégale des impôts est très juste, puisqu’elle repose sur des différences de prestations. Mais est-ce pour autant que cette approche est « juste » ? Évidemment, si vous avez une vision que l’Histoire est une marche de l’humanité vers je ne sais quel être suprême, les idées

de justice seront forcément différentes. Mais je ne crois pas tellement à cet être suprême, en tous cas pas en ce qui concerne la fiscalité… À l’opposé de ce libéralisme, il y a le tribalisme, voire le féodalisme, où ce n’est pas l’individu qui est intéressant en tant que tel, mais en tant que membre d’une famille. Il peut bien sûr profiter de cette situation, mais il peut aussi être sacrifié au nom de cette famille. Combien d’héritiers se sont vu contraints, et aujourd’hui encore, de prendre la suite de leurs aïeuls dans leur entreprise familiale, quand bien même ils aspiraient à faire tout à fait autre chose ? Du reste, certaines études empiriques – et non pas des simples spéculations théoriques – montrent que des entreprises florissantes qui sont transmises à des générations, peut-être moins capables, moins douées ou dévouées, sont beaucoup moins productives que celles où l’on a cherché un manager pour continuer leur gestion. Vous remarquerez d’ailleurs que les Google, Facebook et autres Amazon ne sont pas dirigés par des « fils de ». En revanche, tous leurs dirigeants ou presque ont annoncé céder une grande partie de leur fortune au sein de fondations. Dale Carnegie disait même que tout homme qui meurt riche meurt déshonoré. Mais probablement était-il communiste…

C’est surtout la symbolique de cet impôt sur l’héritage qui semble toucher les gens… C’est vrai que les montants en jeu ne sont, pour l’instant, pas importants. Mais c’est en effet la question sous-jacente de l’inégalité de la distribution des revenus et des fortunes qui risque de devenir extrêmement menaçante à l’avenir. Savez-vous ce que le roi français Louis XVI avait noté le 14 juillet 1789 dans son agenda ? « Rien » ! Il n’avait rien remarqué, rien anticipé. J’ai un peu l’impression que nous vivons en pleine inconscience, sans voir que nous risquons d’avoir de très graves problèmes sociaux. Or, un ordre social, mais aussi économique ou politique, ne peut survivre et fonctionner que dans la mesure où les gens y croient... Ou bien par la peur de la répression ? Peut-être pendant un certain temps, mais ça ne peut pas être durable. Dans la mesure où des inégalités de fonctionnement ne sont plus considérées comme étant justifiées et sont trop importantes, on risque de voir tout bonnement se produire des oppositions plus ou moins violentes ou agressives. Nous acceptons les bouleversements de notre société, parce qu’ils viennent tout doucement, presque imperceptiblement. C’est le principe de la grenouille plongée dans une marmite d’eau froide et qui meurt ébouillantée sans même s’en rendre compte au fur et à mesure que l’on augmente la température de l’eau. Pour qu’un système soit durable, il faut donc qu’il soit crédible et ce sera le cas dans la mesure où les gens pourront faire leur vie et n’en seront pas empêchés parce que d’autres, qui n’ont rien fait, s’accaparent leur droit de vivre.  Avril 2016 —

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COVERSTORY

DES RÉFORMES SOUS TOUTES LES FORMES Les annonces faites fin février par le gouvernement ont laissé beaucoup de monde sur leur faim. « Quelle serait la réforme que vous voudriez voir être mise en œuvre ? » Interrogés par Paperjam, une quinzaine de décideurs, politiciens, étudiants, syndicalistes, se sont prêtés au jeu.

Toutes les contributions reprises dans cette édition seront publiées, au fur et à mesure, sur le site www.paperjam.lu, à la date indiquée.

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— Avril 2016


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JOHN HAMES ET GIUSEPPE TUZZE

ALEX BODRY

« METTRE FISCALEMENT SUR UN PIED D’ÉGALITÉ LES DIFFÉRENTES FORMES DE REVENUS » 08/04

• Taxer davantage les très gros revenus et exonérer les revenus jusqu’à concurrence du revenu minimum garanti, voire du salaire minimum, constitue une piste à creuser. Mettre sur un pied d’égalité du point de vue de la fiscalité les différentes formes de revenus me semble être une autre exigence d’une telle réforme. Pourquoi favoriser les revenus de capitaux par rapport aux revenus du travail ? Pourquoi taxer le revenu et exonérer pour l’essentiel la propriété, la fortune ? C’est précisément la transmission des fortunes qui est à l’origine de la répartition inégale de la richesse dans nos pays. Il nous faut avoir le courage de débattre de ces questions, tout comme il y a lieu de s’interroger sur les disparités existantes entre l’impôt frappant les résidents et les non-résidents. Une refonte de la législation sur l’impôt foncier s’impose. Ses fondements remontent à l’occupation nazie du Luxembourg. Une taxation plus importante et plus juste des terrains et

immeubles devra être accompagnée d’une réduction fiscale sur les revenus, afin de ne pas accroître la pression fiscale en général. Au niveau des entreprises il y a lieu de favoriser une harmonisation fiscale au niveau européen afin de mettre fin au phénomène du dumping fiscal auquel nous assistons depuis des années. L’investissement privé doit davantage être favorisé, tout comme la recherche et le développement. Une fusion de l’impôt sur le revenu des collectivités et de l’impôt commercial communal dans le sens d’une uniformisation au niveau national est souhaitable, des rentrées fiscales stables devant être assurées au secteur communal. Finalement, il importe d’arriver – sur la base de critères objectifs – à renforcer l’équité dans la distribution des revenus entre les communes, et cela en tenant surtout compte des missions dévolues aux différentes municipalités en fonction de leur taille. •

« PROMOUVOIR L’ENTREPRENEURIAT ET ENCOURAGER LES PME » John Hames (associé) et Giuseppe Tuzze (directeur associé, EY Luxembourg) 04/04

Alex Bodry (président de la fraction LSAP, Chambre des députés)

KEITH O’DONNELL

« Une réduction de 10 points du taux combiné IRC / ICC serait tout à fait supportable » 15/04

• À court terme, il serait bénéfique de clarifier certains aspects du projet de réforme qui n’auront pas d’impact budgétaire significatif, mais qui sont importants, notamment en matière d’impôt sur la fortune et de consolidation fiscale. L’autre axe consisterait à mener à bien le projet d’un régime IP « Beps compliant ». À moyen terme, il faut réfléchir sérieusement au modèle d’imposition des entreprises dans un monde fiscal « 2.0 » (après Beps, CBCR, etc.). Je reste convaincu qu’une réduction marquée, pour arriver à un taux de moins de 20 %, est non seulement essentielle, mais tout

à fait abordable sur le plan budgétaire. Des simulations que nous avions préparées au sein d’Atoz montrent que le déchet budgétaire d’une réduction de 10 points du taux combiné IRC / ICC serait tout à fait supportable à court terme et se résorberait entièrement à moyen terme. (…) Enfin, si le taux d’imposition des sociétés est attractif, on peut déduire qu’en général, les autres mécanismes fiscaux mis en place suivront la même tendance. Un des meilleurs outils marketing dont disposerait le Luxembourg en ce moment serait un taux d’IS compétitif. •

Keith O’Donnell (managing partner, Atoz)

• La réforme de 2017 pourrait constituer une bonne occasion pour aller encore plus loin dans les mesures d’encouragement aux PME. Les idées sont nombreuses ; nous en avons développé quelques-unes à titre de pistes de réflexion :  promouvoir l’investissement par le biais de la réserve immunisée : le bénéfice réalisé par une PME serait temporairement immunisé, c’est-à-dire non soumis à l’impôt, par le biais de son inscription dans un poste de réserve, à condition d’être réinvesti dans l’entreprise ;  promouvoir la bonification d’impôt pour investissement : si une modernisation globale du régime serait certes souhaitable (et notamment en vue de faciliter le mécanisme de calcul), une adaptation aux besoins spécifiques des PME serait déjà de grande utilité. Ainsi, compte tenu de l’importance croissante de l’informatique, il paraît indispensable d’accorder la même valeur aux logiciels qu’aux ordinateurs ou autres biens corporels et dès lors de les inclure dans le cercle des actifs éligibles. (…) En outre, les biens usagés investis dans le cadre d’un premier établissement devraient être éligibles jusqu’à un montant total de 500.000 euros (contre 250.000 actuellement) ;  simplifier les obligations en matière de prix de transfert : pas d’obligation de se doter d’une documentation spécifique, mais possibilité de soumettre, en cas de demande de la part de l’administration, les documents en possession des PME ; présomption du respect du principe de pleine concurrence lorsque les transactions intra-groupe ne dépassent pas un seuil déterminé par an (par exemple 250.000 euros), et / ou redevance réduite en cas de demande de décision anticipée par une PME ;  neutraliser fiscalement les immeubles d’exploitation dans le cadre de la transmission d’entreprises familiales : il serait utile de permettre à une entreprise de réorganiser son patrimoine immobilier sous un régime de report (et non pas une exonération) d’imposition, assorti bien entendu des dispositions nécessaires pour éviter tout abus. Ainsi, lorsque l’immeuble sera ultérieurement cédé par l’exploitant, la plus-value réalisée sera calculée en tenant compte du prix d’acquisition historique au niveau de l’entreprise lors de la sortie de l’immeuble du patrimoine d’exploitation en neutralité fiscale. • Avril 2016 —

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THIERRY LESAGE

« Abolir l’impôt sur la fortune pour les sociétés » 25/04

Thierry Lesage ( partner, Arendt & Medernach)

• Le maintien de l’impôt sur la fortune pour les sociétés (IF) ne laisse pas de déconcerter. (…) Pourtant, la sous-capitalisation et la déduction d’intérêts sont parmi les points phares du rapport de l’Action 4 du plan Beps présenté par l’OCDE. Face à ce paradoxe, le Luxembourg ne peut envisager de se conformer à Beps tout en maintenant un impôt qui va à l’encontre de ce nouveau stan-

dard. La volonté affichée du Luxembourg d’attirer de manière durable et croissante des capitaux serait enfin traduite sur le plan fiscal par l’abolition de l’impôt sur la fortune qui permettrait de facto une meilleure capitalisation des sociétés. (…) Sans vouloir jouer les Cassandre, les acteurs de la place financière n’ont pas ménagé leurs efforts pour expliquer

aux décideurs politiques ces problèmes majeurs liés à l’IF dans le cadre des discussions autour de la réforme fiscale. Ils n’ont pas été entendus jusqu’à présent et on ne peut que le déplorer. Le thème doit maintenant être réabordé sans parti pris, afin de pouvoir communiquer rapidement aux acteurs économiques une abolition programmée de l’IF. À défaut, les dommages devront être assumés. •

GERDY ROOSE

JEAN SCHAFFNER

« RÉDUIRE LE CRÉDIT D’IMPÔT POUR LES PARTICULIERS À ZÉRO »

« ÉLARGIR LA BASE D’IMPOSITION »

• Le crédit d’impôt accordé aux salariés et aux pensionnés a pour objet de compenser le désavantage de l’imposition à la source. Or, dans un environnement de taux d’intérêt nuls, voire négatifs, cet inconvénient a disparu de sorte qu’en toute logique, il aurait fallu réduire le crédit d’impôt à zéro. Au contraire, le montant maximum est multiplié par deux et il est devenu dégressif. Si l’objectif réel était de réduire l’impôt payé par certaines personnes, il aurait été plus simple d’augmenter la tranche imposée à 0 %. Si l’objec tif ét ait de donner une aide supplémentaire aux personnes dans le besoin, il me semble qu’il serait plus transparent de le faire au travers des aides sociales plutôt qu’au travers de l’impôt. Enfin, la dégressivité du crédit d’impôt introduira une complexité inutile au niveau du calcul de la retenue sur salaire ou sur pension. La mise en œuvre de la mesure risque d’en multiplier le coût et donc d’en réduire l’efficacité. D’autre part, je ne comprends nullement l’intérêt de doubler la retenue à la source libératoire sur les intérêts. Lorsque les taux d’intérêt sont proches de zéro, prélever un impôt de 20 % plutôt que de 10 % ne change pas le résultat : l’impôt reste nul ou très faible. Or, le fait que le gouvernement puisse d’un coup doubler un impôt fait peur aux gens fortunés que nous souhaitons pourtant attirer. Une augmentation de 10 % à 12,5 %, voire 15 %, serait bien plus raisonnable. • 034 ­—

— Avril 2016

25/03

Jean Schaffner ( partner, Allen & Overy)

01/04

Gerdy Roose (tax partner, BDO)

• Certains aspects qui ne figurent pas dans la réforme fiscale telle qu’annoncée pourraient rendre notre législation fiscale plus compétitive :  un régime d’intégration fiscale pour l’impôt sur la fortune, afin de compenser à l’intérieur d’un groupe les dettes et les avoirs, ainsi qu’une intégration fiscale en matière de TVA ;  un régime d’exonération généralisé des revenus de valeurs mobilières (à l’instar des sicar) destiné à attirer des investisseurs financiers au Luxembourg ;  un élargissement du régime mère-fille pour en faire bénéficier tous les investisseurs et cibles sous forme sociétaire, installés dans un pays avec lequel le Luxembourg a conclu une convention fiscale ;  un allègement général de l’ICC, le poids de l’ICC étant disproportionné par rapport à l’IRC. De façon idéale, l’ICC devrait être intégré dans l’IRC, ce qui devrait permettre de réduire significativement le poids de la fiscalité municipale des entreprises (et le gâchis engendré par certains investissements municipaux) ;  un régime moins incitatif pour l’investissement des particuliers dans le logement loc atif, en suppr imant la possibilité de combiner une déduction

des intérêts de financement avec l’amortissement du logement, ce qui corrélativement faciliterait l’accession à la propriété des primo-accédants, en baissant les prix de l’immobilier. Cela étant, une réforme fiscale aurait pu être beaucoup plus ambitieuse, en essayant d’explorer des voies nouvelles, pour rendre notre pays plus attractif, plus dynamique et plus moderne. Dans ce contexte, il serait possible le cas échéant d’élargir la base d’imposition, avec un taux d’imposition beaucoup plus faible. Soit ce système pourrait conduire à la suppression d’un certain nombre d’avantages accordés par la loi fiscale, comme l’abolition de certains amortissements spéciaux ou accélérés, de l’immunisation des plus-values, du report de pertes ou encore des bonifications d’impôts pour investissements, soit le système pourrait être basé sur une imposition sur une base différente, par exemple le chiffre d’affaires brut. Ce dernier pourrait être soumis à un taux d’imposition faible (de l’ordre de 10 %, par exemple, à titre tout à fait indicatif ), et cette imposition couvrirait également l’impôt commercial communal et l’impôt sur la fortune, qui se verraient ainsi supprimés. •

Les opinions exprimées dans cette contribution reflètent l’opinion de l’auteur et non pas celle de la firme Allen & Overy.


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LILIA HENNI ET JULIA HAMM

« Vers une déductibilité totale des frais de scolarité » 18/04

Lilia Henni et Julia Hamm (étudiantes du master en droit fiscal européen et international, Université du Luxembourg)

• Étant un pays qui est devenu riche grâce à son secteur financier, le Luxembourg est continuellement dans le besoin de produire, recruter et conserver les personnes les plus éduquées du globe. Or, le droit fiscal dans son état actuel ne fait pas vraiment écho à cette nécessité. À l’heure actuelle, conformément aux articles 12 (1.), 45 et 105 LIR, on ne peut déduire que des frais de perfectionnement professionnel (Fortbildungskosten) de la base imposable, con­trairement aux frais de formation professionnelle (Ausbildungskosten). Ce qui signifie que les frais de scolarité ne sont pas déductibles pour les jeunes diplômés qui entrent dans le marché du travail. (…) Une réforme législative au Luxembourg ayant pour but la déductibilité des

frais de formation professionnelle permettrait d’inciter les jeunes diplômés à venir s’établir au Luxembourg. (…) Spécifiquement, et afin d’encourager les jeunes à prendre le chemin de longues études, voire à permettre une réorientation, nous proposons de permettre la déduction des frais de scolarité du revenu imposable du foyer fiscal sur la base d’un taux progressif calé sur les coûts effectifs subis par catégorie, ou bien la déductibilité a posteriori des études sur le revenu imposable du jeune diplômé. Dans ce deuxième cas, la déductibilité devrait être plafonnée annuellement, par exemple sur une durée de 5 à 10 ans, basée sur un coût moyen. À titre d’exemple, un lycéen vivant avec ses

DENIS COLIN E T JONATHAN BEGGIATO

PATRICK DURY

« Repenser le financement des communes » 14/04

• Il convient, parmi les réformes à envisager, de repenser la fiscalité des entreprises en repensant le financement des communes, lesquelles sont financées pour l’essentiel par les entreprises, au moyen de l’impôt commercial communal (ICC). Un impôt qui pèse lourdement sur les entreprises (environ 7 % de leur bénéfice) et qui constitue en même temps un accroc à la démocratie. En effet, d’un côté les entreprises financent pour l’essentiel les communes, mais ne votent pas pour élire les conseils communaux (puisque les représentants des entreprises n’habitent que très rarement dans la commune d’implantation de leur entreprise). À l’inverse, les habitants des communes élisent les conseils communaux, mais ne contribuent pas au budget qu’ils placent sous le contrôle de leurs élus... Si l’ICC, qui est actuellement à la charge des entreprises, était remplacé par un impôt à la charge des habitants des communes (par exemple une taxe d’habitation payée par chaque administré communal), cela permettrait de remettre le financement des communes 036 ­—

— Avril 2016

à la charge de ceux qui élisent les conseils communaux et surtout aux entreprises luxembourgeoises de voir leur taux d’imposition passer de 28 % à 21 %, voire 18 % si les mesures d’abaissement du taux de l’IRC annoncées par le gouvernement sont menées à leur terme. Nous avons chiffré le coût d’un tel glissement du financement des communes depuis les entreprises vers les particuliers à environ 2.500 euros par an pour chaque ménage luxembourgeois. (…) Par ailleurs, un taux global d’imposition de 18 % pour les entreprises restaurerait la compétitivité fiscale du Luxembourg. Avec un pareil taux de 18 %, Luxembourg rejoindrait le groupe des six pays les plus compétitifs en matière fiscale en Europe, ce qui serait cette fois déterminant pour dynamiser l’investissement... et donc également à terme les recettes fiscales. La preuve – s’il en fallait une – en est la réforme fiscale de 2002 qui, en abaissant le taux de l’IRC de 30 à 22 %, a permis d’augmenter les recettes fiscales de près de 50 %. •

parents pourrait bénéficier d’une déduction de 60 %, alors qu’un lycéen vivant seul bénéficierait de 80 % de déduction. De même, l’étudiant de bachelor pourrait bénéficier de 80 à 100 % de déduction selon qu’il vive seul ou non. Passé ce stade, les étudiants de master bénéficieraient tous d’une déduction de 100 %. En ce cas, la perte subie par l’État pourrait être compensée en augmentant la tranche d’imposition dans ces cas. (…) En outre, plus l’étudiant ira loin dans ses études, plus il aura de chance de commencer sa vie professionnelle avec un poste bien rémunéré, ce qui signifie autant de revenus imposables pour l’État. Dès lors, le déclin des recettes étatiques serait nécessairement rééquilibré. •

« ADAPTER LES BARÈMES D’IMPOSITION À LA PROGRESSION DU COÛT DE LA VIE » Patrick Dury (président, LCGB)

07/04

Denis Colin et Jonathan Beggiato (associés de la Fiduciaire LPG Luxembourg – Paris – Genève)

• Nous revendiquons que cette réforme fiscale devra créer plus d’équité fiscale par un allègement substantiel de la charge fiscale des salariés et pensionnés. Dans ce contexte, nous proposons six axes concrets :  adaptation régulière des barèmes d’imposition à la progression du coût de la vie ;  exonération complète du salaire social minimum de l’impôt sur le revenu, qui représente une augmentation du montant net du salaire social minimum de 5,1 %, sans pourtant créer des charges supplémentaires pour l’économie ;  adaptation de la structure du barème d’imposition pour étaler sa progression (aplanissement du « Mëttelstandsbockel ») ;  adaptation des différents frais d’obtention, dépenses spéciales, abattements, exemptions ou crédits d’impôt, dont certains ne l’ont plus été depuis 1990 ;  inégalités à rectifier au niveau de la classe d’imposition 1a, qui pénalise démesurément les parents monoparentaux par rapport aux couples mariés ;  retour vers la prise en considération du nombre d’enfants dans la définition des classes d’impôt. •


COVERSTORY

SÉBASTIEN LABBÉ

« Une stratégie fiscale durable et acceptée internationalement » 22/04

• Puisque les différentes mesures qui vont être introduites à court ou moyen terme du fait du plan Beps vont conduire à un élargissement de la base imposable, la mesure-clé de la réforme devrait consister à baisser le taux d’imposition global des sociétés (IRC / ICC) en dessous des 20 %. Or, le gouvernement vient d’annoncer une baisse, mais limitée à 3 points de pourcentage. Si cette baisse ne doit constituer qu’une première étape d’une diminution plus conséquente sur les 2 à 3 années à venir, alors la réforme annoncée doit être saluée. (…) Mais une baisse des taux, surtout si elle est relativement limitée, n’est certainement pas à elle seule suffisante pour permettre au Luxembourg de rivaliser face à des concurrents européens comme le Royaume-Uni ou l’Irlande, qui

affichent des taux d’imposition des sociétés à respectivement 20 % (et 18 % en 2020) et 12,5 %. Il est également nécessaire d’introduire des mesures ciblées destinées à augmenter l’attractivité fiscale du pays tout en tenant compte de la nouvelle donne internationale et des grandes tendances qui se dessinent du fait de Beps et des travaux européens. Dans cet environnement, une augmentation de la substance des sociétés va de pair avec une stratégie fiscale durable et acceptée internationalement. (…) Ainsi, plusieurs pistes doivent être envisagées. Il est tout d’abord important de privilégier le renforcement des fonds propres des entreprises à travers une réduction du biais fiscal existant entre le financement par capital et par dette. Une telle mesure devrait bien entendu

être accompagnée par la diminution, voire la suppression, à plus ou moins court terme, de l’impôt sur la fortune pour les sociétés. Un tel impôt est en effet un frein au financement par capital et reste, qui plus est, une spécificité luxembourgeoise qui nuit à la compétitivité fiscale des entreprises. La modernisation du système fiscal luxembourgeois passera également par l’instauration d’un nouveau régime favorisant la propriété intellectuelle en ligne avec les nouveaux standards internationaux, ce qui implique de répondre à des exigences de substance renforcées. Des mesures favorisant les activités de recherche et développement (R&D) au Luxembourg, par exemple par l’octroi de crédits d’impôt, seront également à prévoir. •

Sébastien Labbé ( head of tax, KPMG Luxembourg)

JAMAL AFAKIR

PALOMA SCHWARZ

« Réduire le taux d’impôt non pas symboliquement, mais stratégiquement »

« PRÉVOIR DES INCITATIONS POUR LA R&D EN SOI »

05/04

• Pourquoi ne pas fusionner l’impôt sur le revenu des collectivités et l’impôt commercial communal en s’engageant à maintenir sur une durée de 5 ans les recettes des communes luxembourgeoises au niveau actuel, et réduire le taux global pour être enfin compétitif vis-à-vis des autres pays ? (…) L’investissement à réaliser semble d’autant plus raisonnable que le manque à gagner pour le pays devrait être limité, compte tenu du nombre de sociétés soumises à l’impôt minimum, que les recettes actuelles sont relativement dépendantes du secteur financier et des marchés financiers mondiaux, et de la possibilité de mettre en œuvre la baisse du taux global sur une période étalée. Cette politique permettrait en outre de réconcilier une partie des Luxembourgeois avec le secteur privé, en augmentant l’offre d’emplois non liés au secteur financier. Le chômage des jeunes et des personnes expérimentées qui ne sont pas en âge de partir en pension se résorberait plus facilement dans une

économie plus diversifiée que ne l’est l’économie nationale actuellement. La politique fiscale du Luxembourg pourrait donc consister à attirer de nouvelles entreprises sur son territoire dans les cinq prochaines années en réduisant le taux d’impôt non pas symboliquement, mais stratégiquement, pour le faire coïncider avec celui de nos concurrents. Cela aurait pour effet d’augmenter les recettes fiscales du pays, de les rendre moins dépendantes de l’évolution des marchés financiers et de diversifier l’économie. La politique de redistribution du pays s’en trouverait à long terme renforcée et les antagonismes ressentis dans le cadre des discussions au sujet des « cadeaux fiscaux » faits aux uns ou aux autres perdraient nécessairement de leur substance, puisque les modèles économiques démontrent la possibilité, pour une économie luxembourgeoise petite et agile, de faire exister une politique fiscale attractive à la fois pour les sociétés et pour les ménages. •

Paloma Schwarz (chercheuse en formation doctorale, Université du Luxembourg)

19/04

Jamal Afakir (associé International & Corporate Tax, Atoz)

• Une des incitations fiscales les plus controversées est sûrement le régime de propriété intellectuelle. Après avoir été le premier État à l’introduire en 2008, puis après l’avoir abrogé dans le cadre de la loi sur le budget 2016, le gouvernement luxembourgeois ne s’est pas prononcé de façon définitive sur la relance éventuelle d’un tel régime, sous la pression politique exercée au niveau international par l’Action 5 du projet Beps. La mise en place d’une incitation fiscale pour la R&D implique tout d’abord le choix entre un allégement fiscal pour l’activité de R&D en soi (par exemple en instaurant un crédit d’impôt recherche ou des déductions supplémentaires pour un certain nombre de R&D) et la création d’un régime favorable pour l’exploitation et la concession de la propriété intellectuelle provenant d’une telle activité. (…) Un système fiscal idéal pour la R&D devrait plutôt prévoir des incitations pour l’activité de R&D en soi et l’exploitation de droit de propriété intellectuelle. •

Avril 2016 —

— 037


COVERSTORY

R AY MOND K R AWC Z Y KOW SK I E T BERN A RD DAV ID

« REVOIR LE RÉGIME DES SOCIÉTÉS MÈRES ET FILIALES » 12/04

• Afin de contrer l’hégémonie de la Commission européenne, il est urgent et impératif d’établir une stratégie pour la politique fiscale du Luxembourg. La baisse annoncée du taux de l’impôt sur les sociétés est une excellente mesure. Le quantum de cette réduction devrait par contre être beaucoup plus ambitieux, en particulier compte tenu de la proposition de directive « anti-évasion fiscale ». (…) Ceci conduira de manière inéluctable à une compétition exacerbée entre certains États membres pour réduire leurs taux respectifs d’impôt sur les sociétés. Arrivent d’ores et déjà en tête de cette compétition l’Irlande avec un taux de 12,5 %, suivie de près par le Royaume-Uni avec 20 % (prochainement 18 %). Un positionnement stratégique entre ces deux pays pourrait être une des ambitions du Luxembourg. En outre, si cette réduction du taux de l’impôt sur les sociétés était associée à une simplification des impôts dont sont redevables les entreprises, ainsi

qu’au respect de l’un des principes fondamentaux de notre système juridique, à savoir la sécurité juridique (prévisibilité, fiabilité et lisibilité), cela aboutirait à une réforme plus attractive de la fiscalité des sociétés. Cette simplification pourrait s’appliquer à l’un des éléments-clés de notre fiscalité des sociétés, soit le régime des sociétés mères et filiales. Ce régime n’a pas fondamentalement évolué depuis son extension il y a un quart de siècle alors qu’il y a eu une évolution profonde tant au niveau des investisseurs que des investissements (type d’activité et zone géographique). Afin de tenir compte de cette évolution, le rafraîchissement de cette législation nous semble crucial. (…) L’impôt sur la fortune pourrait aussi être un impôt faisant l’objet d’une simplification. (…) À défaut d’une abolition pure et simple de cet impôt sur le capital et l’outil de production des sociétés, il est urgent de le moderniser afin de l’adapter aux nouvelles contraintes fiscales internationales. •

ROY REDING

« IL FAUT ABOLIR CERTAINS IMPÔTS INEXPLICABLES » Roy Reding (avocat à la Cour)

06/04

Raymond Krawczykowski et Bernard David ( partners, Deloitte Luxembourg)

CHRISTOPHE GAUL

« Revenir à un système simple et efficace » 13/04

• Je pense qu’une diminution sensible de l’impôt des sociétés est une piste très intéressante qui pourrait être le vecteur d’une économie en regain de forme. L’attractivité du Luxembourg en serait tout autant renforcée. D’un point de vue personal tax, réforme après réforme, nous constatons une complexification du cadre législatif à appliquer qui s’intensifie dans le contexte des actuelles nombreuses interactions avec les pays étrangers. Revenir à un système simple et efficace serait un enjeu appréciable. À défaut de changements positifs importants, il me paraît par contre crucial dans le cadre d’une réforme de garder une certaine stabilité. Ce mot « stabilité », autant politique que fiscale, 038 ­—

— Avril 2016

est à ce jour, dans le cadre de nos activités, un argument très souvent mis en avant à une clientèle hésitant à se structurer via le Luxembourg. Indépendamment de ces considérations, je me pose surtout la question de savoir si le Luxembourg, au-delà d’une problématique de volonté et de moyens, a encore le temps de mettre une telle réforme en place et surtout d’en évaluer les retombées. En effet, le contexte européen, voire international, tend vers toujours plus de régulations, mais également une certaine forme d’harmonisation fiscale qui pourraient être un frein à moyen terme à une réforme d’ampleur pour réaffirmer la compétitivité de notre pays. Ne tardons donc pas… •

Christophe Gaul (managing director, Headstart)

• Pour les sociétés, si le taux d’imposition était le seul critère de choix pour s’implanter, le Grand-Duché n’avait déjà plus de grandes chances d’être la destination de choix. L’idée socialiste d’introduire un impôt sur transactions financières serait la mort de la Place. L’idée d’un impôt « sur la fortune » est quant à elle tellement néfaste qu’il faudrait inclure dans la future Constitution un article supplémentaire : « Un impôt sur la fortune ne saurait être établi. » Dans cette même pensée, il faudrait enfin abolir complètement l’imposition des successions en ligne directe et entre époux. Quel signal fort pour la Place de pouvoir dire qu’on est le pays qui a aboli cet impôt le plus amoral et le plus injuste au monde ! Taxer la fortune résultante d’une vie de travail et d’épargne, sachant que le travail et l’épargne sont déjà trop taxés, me semble un concept tellement ahurissant que toute personne qui fuit un tel système devrait avoir droit à l’asile politique au Grand-Duché. Si l’État veut générer plus d’impôts pour financer ses activités utiles et nécessaires, il doit attirer de nouveaux contribuables – personnes physiques et morales – qui se feront, on l’a dit, un plaisir de contribuer aux frais de gestion du pays paradisiaque que le Grand-Duché était et peut redevenir. Nouveaux arrivants = nouvelles recettes fiscales, mais aussi croissance et emplois ! Et un des moyens serait justement de diminuer le taux d’imposition ! Ceci aurait aussi un effet bénéfique sur les recettes déjà existantes. En application de la « courbe de Laffer », il a été prouvé que réduire les taux de l’impôt a effectivement pour conséquence l’augmentation des recettes fiscales. À chacun d’imaginer le « taux magique » : l’erreur de la politique est de toujours calculer d’office la « perte fiscale », au lieu de tenir compte de l’effet bénéfique de la mesure. Au Royaume-Uni, par exemple, la tranche marginale de l’impôt sur le revenu passa sous Margaret Thatcher de 83 % (!) à 60 %, puis 40 %, ce qui entraîna immédiatement une hausse des recettes fiscales de 1,2 milliard de livres en 1985-1986. Il faut abolir certains impôts inexplicables (ICC par exemple), sans arriver à un « impôt unique », réduire les taux, faciliter les déclarations et – oui – diminuer les dépenses de l’État et recadrer ses activités ! •


Looking into the future of financial services

www.horizonconference.lu

TUESDAY, 14 JUNE 2016 From 8.30 a.m. to 2.00 p.m.

The sixth edition of the Horizon Conference will put the spotlight on innovative ideas and disruptive trends, and illustrate their importance as drivers of growth. With PIERRE GRAMEGNA, the Luxembourg Minister of Finance, as guest speaker

Organized by

Media sponsor

Conference sponsor

PHILHARMONIE LUXEMBOURG


COVERSTORY

FATIMA CHAOUCHE

WIM PIOT

« Réduire le taux d’imposition des sociétés »

« ÉQUITÉ, SÉCURITÉ JURIDIQUE ET FISCALITÉ INDIVIDUELLE » • Pour des raisons d’équité fiscale, il semblerait pertinent de généraliser à terme l’obligation de remettre une déclaration dans le chef de toutes les personnes physiques. Cette hypothèse permettrait de pallier l’incertitude procédurale actuelle. Elle favoriserait par la même occasion l’atteinte d’objectifs supplémentaires en matière de pédagogie et de cohésion du système fiscal luxembourgeois. La généralisation de l’obligation déclarative favoriserait l’objectif d’équité, dans la mesure où les mêmes obligations administratives pèseraient sur l’ensemble de la population. Ensuite, elle encouragerait une connaissance améliorée des dispositions fiscales en vigueur. En effet, par le simple parcours du formulaire déclaratif, le contribuable serait ainsi amené à s’informer de l’ensemble des reports, déductions et autres allègements fiscaux qui échappent, parfois, à bon nombre de contribuables par simple méconnaissance du droit fiscal. Enfin, une telle souscription généralisée n’est envisageable qu’à condition de développer des dispositifs de traitement informatisé de l’ensemble des déclarations réceptionnées. Ces outils renforceraient ainsi de manière efficace la lutte contre la fraude fiscale. Ce traitement informatisé pourrait, à terme, laisser place à l’instauration de déclarations préremplies, notamment en faveur des détenteurs d’un seul type de revenu. (…)Autre élément non négligeable, l’adoption d’un délai légal fixe aux alentours des mois de mai ou juin (plutôt que le 31 mars) apporterait davantage de flexibilité aux contribuables, lesquels auraient le temps de collecter les informations nécessaires à la remise de leur déclaration et permettrait à l’administration de pénaliser les dépôts tardifs impactant l’organisation de ses services. Par ailleurs, le système d’imposition suivant déclaration est actuellement limité aux sociétés de capitaux. Il gagnerait à être étendu aux déclarations des personnes physiques. Il apporterait souplesse aux bureaux d’imposition qui, plutôt que de contrôler l’ensemble des déclarations souscrites une par une, sélectionneraient un panel de dossiers à vérifier chaque année sur la base d’une stratégie d’analyse des risques. La mise en place de cette imposition présupposerait, en tout état de cause, une revue à la baisse des délais de prescription actuels. Cette procédure améliorerait en outre les délais de traitement actuels. • 040 ­—

— Avril 2016

29/03

Wim Piot (tax leader, PwC Luxembourg)

• Pour renforcer l’attractivité fiscale du pays, les mesures phares que nous proposons sont :  la réduction du taux d’imposition des sociétés à 15 % : une telle mesure permettrait au Luxembourg de se placer avantageusement vis-à-vis de ses concurrents européens directs. Le Luxembourg est actuellement à un taux global de 29,22 %, bien au-dessus de la moyenne de l’UE et des places financières importantes ;  l’élargissement du champ d’application de l’exonération de retenue à la source, en accordant cette exonération sur les dividendes payés aux investisseurs institutionnels, et donc de favoriser l’établissement de quartiers généraux au Luxembourg ;  l’abolition de l’impôt sur la fortune, perçu à l’étranger comme un indicateur négatif et peu propice aux affaires. D’autres solutions, bien que partielles, mais néanmoins allant dans la bonne direction, seraient (i) de réduire dès que possible le taux de l’IF de 0,5 % à 5 bps à partir du premier euro et (ii) d’étendre les mesures d’intégration fiscale accordées dans le cadre du régime de l’impôt sur les sociétés à l’impôt sur la fortune ;  la mise en place de mesures d’incitation pour les sociétés disposant de capitaux

propres importants. Il s’agirait d’un abattement qui se baserait sur la part du capital d’une société dépassant le minimum requis à des fins prudentielles. Ce type de mesure vise à uniformiser davantage le traitement fiscal du financement par dette et du financement par les capitaux propres et à récompenser les entreprises solvables et ayant de la substance. Par ailleurs, si le Luxembourg souhaite réaliser des réductions de taux importantes sans pénaliser les recettes fiscales dans leur ensemble, une réforme fiscale efficace devrait comprendre un élargissement équitable et équilibré de l’assiette de l’impôt, ainsi que des réductions de crédits d’impôt. (…) Enfin, dans un contexte de promotion de la transparence, le système fiscal luxembourgeois aura toujours besoin d’être soutenu par des décisions anticipées de l’administration. Il est donc nécessaire que cet atout du Luxembourg soit préservé, promu et qu’il continue à être accessible et efficace tout en respectant des délais de réponse rapides. À cet égard, l’administration des contributions directes devrait renforcer ses ressources (en termes de personnel et en termes d’outils informatiques notamment). •

FR A NZ FAYOT

« Réformer l’impôt foncier » 20/04

Franz Fayot (député LSAP)

11/04

Fatima Chaouche (chercheur en formation doctorale, Université du Luxembourg)

• Comment surpasser encore la réforme annoncée, du point de vue socialiste ? De nombreuses améliorations sont encore possibles dans le domaine de la fiscalité, dans le sens de plus d’égalité, dans l’imposition des personnes vivant de leur travail et celle de ceux qui sont dotés de capital, surtout de capital non productif. De même, des incitatifs fiscaux sont possibles pour dissuader de certains comportements indésirables (taxe sur les logements et immeubles vides). Il faudra mener à bien, enfin, la réforme de l’impôt foncier. Cet impôt, qui date de 1941 et qui est perçu sur une valeur historique remontant à 1941 et sans aucun rapport à la valeur de marché, doit être réformé afin de constituer une vraie source de financement des communes du pays. Une piste de

réflexion pour la réforme de l’impôt foncier serait de privilégier la seule imposition du terrain (Bodensteuer), un modèle préconisé dans une étude de l’Institut der deutschen Wirtschaft de Cologne d’octobre 2015 : l’Allemagne tente elle aussi, depuis 1995, de réformer l’impôt foncier, avec les mêmes difficultés que chez nous. Ensuite, en partant du constat que l’appréciation du terrain se réalise par une décision de classement en zone constructible, par décision administrative (PAG ou PAP), il y a lieu de réfléchir à l’opportunité d’un impôt de type Wertschöpfungsabgabe – une contribution à la communauté sur la plus-value générée par la seule décision de classement. De tels modèles sont pratiqués avec succès en Allemagne et en Suisse. •


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10x6 ARCHITECTURE: CES BÂTIMENTS QUE VOUS NE VERREZ JAMAIS... Mercredi 13.04.2016

Pour ce 10x6, nous avons joué la carte de l’uchronie, en vous présentant des bâtiments qui ne sortiront jamais de terre, et qui auraient pu changer la face du Luxembourg. Il s’agit de projets ayant participé à des concours, et n’ayant pas emporté la décision du jury. Autrement dit, 10 bureaux d’architectes différents se succèderont sur scène pour vous faire découvrir des projets méritants, qui ne deviendront, de fait, jamais réalité.

AGENDA 18:30 WELCOME COCKTAIL

19:00 MOTS DE BIENVENUE

19:15 10 PRÉSENTATIONS

20:20 WALKING & NETWORKING DINNER

I N FO

L I EU

PA RK ING

Inscription obligatoire : www.Paperjam.club

Luxexpo 10 Circuit de la Foire Luxembourg-Kirchberg

Parking Luxexpo

INTERVENANTS

Shahram AGAAJANI Metaform

Sara NOEL COSTA DE ARAUJO Studio SNCDA

GOLD SPONSORS

Türkan DAGLI Dagli+ atelier d’architecture

Stéphane SCHMIT A+A

Sala MAKUMBUNDU CBA

François THIRY Polaris

S I LV E R S P O N S O R S

Stefano MORENO Moreno Architecture

François VALENTINY Valentiny hvp architects

Philippe NATHAN 2001.lu

Jean-Luc WAGNER ww+

PA RT EN A IRES


ÉCONOMIE & POLITIQUE

J E S S I CA T H E I S (A R C H I V E S)

BRÈVES

TOURISME

Avec 2,7 millions de nuitées enregistrées en 2015, le tourisme grand-ducal se porte plutôt bien. Le segment Mice (ou tourisme de congrès) a bondi de 19,6 %, dopé par la présidence du Conseil de l’UE au second semestre qui a amené 22.600 personnes au Grand-Duché. Les auberges de jeunesse ont aussi vu leur fréquentation progresser de 3,2 %. 60 % des touristes viennent des Pays-Bas, de la Belgique, de l’Allemagne et de la France. Avril 2016 —

— 043


ÉCONOMIE & POLITIQUE

BRÈVES

OUI, MAIS

La Chambre de commerce se montre réservée sur le projet de loi de la ministre de l’Égalité des chances, Lydia Mutsch, visant à réduire l’écart salarial entre hommes et femmes qui s’élève encore à 8 %. La ministre LSAP cherche à prévoir des critères qui vont permettre de considérer des travaux de valeur égale en ajoutant un article dans le Code du travail. Une vision « délicate » et « inopportune » pour la Chambre de commerce.

VOIX VERTES

Les jeunes pousses de Déi Gréng – Déi Jonk Gréng – ont élu Catia Fernandes et Bob Picard nouveaux porte-parole du parti lors de leur assemblée générale annuelle. Ils remplacent à ce poste Paul Matzet et Gina Arvai, qui demeurent dans le comité directeur.

PRÉCARITÉ

Davantage touchés par le chômage et la précarité professionnelle, 65,9 % des ménages monoparentaux (qui représentent 9 % des ménages avec enfant(s)) affirment avoir du mal à joindre les deux bouts (contre 26 % pour l’ensemble des ménages), selon une étude du Statec. 43,5 % ne peuvent pas partir en vacances plus d’une semaine (contre 13,6 %) et 58,4 % affirment ne pas pouvoir faire face à des dépenses imprévues (contre 22,9 %).

PRÉSIDENCE (BIS)

Après la présidence du Conseil de l’Union européenne, le Luxembourg a pris il y a quelques semaines la tête du comité des ministres du Benelux pour une année. Un passage de relais avec la Belgique célébré par le

3 millions Le château de Schengen a été cédé pour 11 millions d’euros, soit 3 millions de moins qu’espéré.

ministre des Affaires étrangères et européennes Jean Asselborn à l’abbaye de Neumünster. Le GrandDuché compte mettre l’accent sur la mobilité et la sécurité des ­personnes, la protection de l’environnement et le renforcement du marché intérieur.

BREXIT Après une trentaine d’heures de négociations, les 28 chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne se sont mis d’accord sur un nouveau statut pour le Royaume-Uni. Les citoyens britanniques valideront – ou pas – le texte lors d’un référendum le 23 juin prochain. Le Premier ministre britannique David Cameron n’a pas caché sa satisfaction d’avoir obtenu la possibilité de limiter durant quatre ans les droits sociaux des travailleurs immigrés arrivant sur l’île.

VILLE SÛRE

Luxembourg apparaît comme la métropole la plus sûre du monde selon le classement du cabinet international Mercer, devançant Berne, Helsinki et Zurich. Une autre étude prenant en compte la qualité de vie place la capitale grand-ducale en 19e position derrière Vienne, Vancouver ou encore Copenhague.

CHÔMAGE

L’année 2016 a débuté sous les meilleurs auspices en matière de chômage. Au 31 janvier, 18.368 personnes étaient inscrites au chômage, soit 1.100 de moins (-5,7 %) par rapport à la même période de 2015. Selon l’Adem, il s’agit là de la baisse la plus importante sur un an constatée depuis mars 2008. Signe encourageant : les jeunes et les chômeurs longue durée bénéficient aussi de cette diminution.

110.499

C’est le nombre d’habitants que Luxembourg-ville a officiellement atteint au 31 décembre dernier, enregistrant une hausse de 10,5 % depuis 2012 et de 38,6 % depuis 15 ans. Le Bierger-Center recense 69,8 % d’étrangers parmi les habitants de la capitale, dont 92,7 % d’Européens. Et la tendance va grandissant, puisque plus de 73 % des nouveaux arrivants en 2015 n’étaient pas luxembourgeois. Concernant les départs, 58 % des ménages qui quittent la ville rejoignent d’autres communes ­limitrophes ou plus éloignées.

UN MILLION

Pour la première fois depuis 2007 et la mise en place des premiers itinéraires cyclables à Luxembourg-ville, le nombre de passages de deux-roues a dépassé la barre du million en 2015, contre quelque 520.000 passages quatre ans plus tôt. « Ces chiffres confirment que les vélos sont acceptés comme alternative crédible aux autres modes de déplacement », juge Sam Tanson (Déi Gréng), première échevine en charge de la mobilité.

UNE PRÉSIDENTE

Les jeunes chrétiens-sociaux ont élu un nouveau comité national, avec, pour la première fois, une jeune femme à sa tête en la personne d’Élisabeth Margue. Cette diplômée en droit de 26 ans, benjamine sur la liste CSV aux élections de 2013, succède à Charles Hurt, tandis que Yannick Glod devient le nouveau secrétaire général du CSJ.

CHÂTEAU VENDU

LICENCE CC

Le château de Schengen a été cédé pour 11 millions d’euros, soit 3 millions de moins qu’espéré par la Congrégation des sœurs de Sainte-Elisabeth. La propriété de 1,29 ha comprend le château datant de 1390 ainsi que quatre dépendances. Depuis sa rénovation en 2000, le ­château abritait un hôtel de charme 4 étoiles et un centre de conférences sous la férule du groupe Goeres. 044 ­—

— Avril 2016


BRÈVES

RÉFORME

ÉCONOMIE & POLITIQUE

21%

L’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) suggère une réforme de l’assurance-maladie qui conduirait les employeurs à se désengager du financement et de la gestion des prestations en nature pour ne se concentrer que sur celles en espèces. Cela simplifierait les relations et les paiements entre la Caisse nationale de santé et la Mutualité des employeurs. En compensation, l’UEL propose une hausse des salaires bruts des salariés. Une suggestion qui n’a pas été commentée par les principaux intéressés.

de la population du Grand-Duché fumaient en 2015.

DÉMATÉRIALISATION

L’agence eSanté s’est vu attribuer un nouveau contrat d’objectifs et de moyens pour la période 2016-2018. Elle doit poursuivre le déploiement du dossier de soins partagé – 25.000 ont été ouverts au 31 décembre dernier – et la généralisation à l’ensemble des patients d’ici 2018. Autres projets à concrétiser : la dématérialisation des ordonnances et de la facturation, et la mise en place d’un serveur permettant une codification uniformisée au niveau du pays et de la Grande Région.

HAINE PUNIE

La Cour d’appel a confirmé le jugement à l’encontre d’un citoyen luxembourgeois qui n’avait manifestement pas mesuré la portée de ses propos diffusés sur internet, notamment sur les forums de discussion de nos confrères de RTL.lu. Condamné à trois reprises depuis mai 2015, l’homme avait continué à diffuser des propos offensants à destination des communautés étrangères du pays. Outre une amende de 1.000 euros, la Cour d’appel l’a déchu du droit de vote pour les cinq prochaines années.

TABAC

21 % de la population du GrandDuché fumait en 2015, selon les conclusions de l’étude annuelle de la

LICENCE CC

BIPARTITES

Les bipartites entre le gouvernement et les partenaires sociaux organisées fin février n’ont rien donné de concret. Les discussions achoppent toujours sur la réforme de l’organisation du temps du travail. Le gouvernement et les syndicats se sont accordés sur une nécessaire réforme des règles de la CNS en cas de longue maladie. Le Premier ministre Xavier Bettel a tenu des propos ambigus sur la poursuite du dialogue social en bipartites ou en tripartites.

Fondation cancer. Un chiffre stable sur les trois dernières années – alors que la Fondation cancer plaide pour une diminution effective du nombre d’adeptes de la cigarette. Elle réclame une « augmentation ­conséquente des prix des produits du tabac au Luxembourg », un vœu pieux dans un pays où le paquet de cigarettes est vendu en moyenne 20 % moins cher que ses voisins et dont les ventes r­ apportent quelque 600 millions d’euros annuels.

ÉGLISE ET ÉTAT

Après deux heures de débat, la Chambre des députés a adopté la loi déchargeant les communes de leurs obligations envers les fabriques d’église, sans les voix du parti chrétien-social ni celles de l’ADR. Les communes ne sont plus tenues de financer l’entretien des édifices religieux ni le déficit des fabriques d’églises. Celles-ci verront leurs attributions transférées vers un Fonds de la gestion des édifices religieux du culte catholique, qui doit voir le jour d’ici un an.

PRESTATIONS

Caritas Luxembourg juge la réforme des prestations familiales prématurée et ignorante des frais supplémentaires occasionnés par la présence d’enfants dans un ménage. Si elle salue la simplification des prestations, elle s’oppose au montant uniforme des allocations pour chaque enfant ainsi qu’à la non-indexation de ce montant.

NOUVEAU PLAN

La Ville a réquisitionné l’architecte parisien Jug Cerovic afin de repenser le schéma graphique de circulation des bus en vigueur depuis juin 2015. L’ancien était en effet qualifié de « spaghetti monster » au vu de sa complexité. Le nouveau schéma, plus lisible, apporte quelques astuces, comme un trait plus épais pour les lignes à haut niveau de fréquence ou l’indication des points d’interaction avec les dispositifs de mobilité douce.

MODERNISATION

L’Adem a officiellement présenté son portail JobBoard, qui s’inscrit dans la stratégie « e-Adem ». Disponible depuis quelques semaines, la nouvelle plateforme contient actuellement quelque 4.000 annonces issues des entreprises partenaires de l’Adem et les profils de 20.000 candidats issus des registres de l’administration. Plus de 12.700 chômeurs inscrits à l’Adem ont retrouvé un emploi en 2015, principalement dans le service aux entreprises, l’Horesca et le commerce.

CAMPUS

Une nouvelle structure dédiée au ­secteur automobile va voir le jour à Roost, sur le mode d’un partenariat public-privé. Le campus servira de catalyseur pour le secteur qui pourra y mener des activités de R&D, de production de prototypes et de tests grandeur nature, en profitant de la proximité du circuit d’essai de Goodyear, une des parties prenantes du projet. Avril 2016 —

— 045


ÉCONOMIE & POLITIQUE

BRÈVES

temps complet répartis sur 32 collaborateurs (gynécologues, infirmiers, assistantes sociales, psychologues…). Le Planning répond à près de 33.000 demandes et organise 15.000 consultations par an.

150 POSTES

SV E N B E C K E R

Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, et Patrick Remakel, président du Syndicat national des enseignants, ont présenté un accord destiné à « investir durablement dans la qualité scolaire de l’enseignement fondamental ». Celui-ci échappe à toute mesure d’économie et gagnera même 150 postes d’enseignants affectés auprès des enfants à besoins spécifiques. Un Observatoire national de la qualité scolaire devrait aussi être créé.

INNOVATION

Mariana Mazzucato, professeur en économie de l’innovation de l’université du Sussex, a développé dans une conférence à la BEI le thème de son récent livre : The entrepreneurial state: debunking public vs. private sector myths. Un essai par lequel elle démontre que, contre toute attente, ce sont les États et non pas les acteurs privés qui sont les plus grands acteurs de l’innovation. Et qu’il faut arrêter avec « cette dichotomie entre un secteur privé dynamique et un secteur public à la traîne ».

ÉGALITÉ

Le ministère de l’Égalité des chances s’apprête à lancer une campagne de sensibilisation « Votez égalité » qui visera à corriger le trop grand déséquilibre entre hommes et femmes subsistant encore parmi les décideurs communaux. 84 % des femmes au Luxembourg ne seraient pas actives politiquement du fait d’un manque d’intérêt, de confiance en soi, mais aussi – et surtout – d’une difficulté à concilier leurs obligations professionnelles et familiales.

PROSPECTIVE

Lors de son AG, la Société luxembourgeoise de l’évaluation et de la prospective (Solep) est revenue sur le rapport de son initiative Luxembourg 2030 entamée en 2010. Un tremplin pour la jeune asbl qui veut s’impliquer dans l’étude Rifkin et reçoit des sollicitations du public comme du privé pour forger des indicateurs d’évaluation fiables.

EMPLOI FÉMININ

Le Statec a profité de la Journée de la femme pour consacrer son dernier 046 ­—

— Avril 2016

« Regards » à la vie des femmes au Luxembourg. Elles représentent 49,9 % de la population résidente. 55 % des résidentes âgées de 30 à 34 ans avaient réussi des études supérieures en 2014, contre 49,8 % des hommes. Sur le plan des postes à ­responsabilités, en 2014, seulement 1,4 % des femmes en situation d’emploi occupaient un poste de cadre supérieur ou dirigeant, contre 4 % chez les hommes. Les femmes accusent toujours un retard de 8,6 % sur leurs salaires bruts moyens par rapport aux hommes.

PONT ADOLPHE

ÉCART SALARIAL

En travaux depuis le début 2014, l’ouvrage d’art sera à nouveau ouvert aux voitures et aux piétons « à l’automne-hiver » 2016, selon les responsables du chantier. La passerelle pour vélos devrait entrer en fonction plusieurs mois plus tard, après le démontage du pont Bleu. Le pont Adolphe sera équipé des rails indispensables à la circulation du tram prévue pour 2020-2021. En attendant, la double voie réservée sera ­empruntée par les bus. Le budget voté à la Chambre pour la totalité des travaux de rénovation de l’ouvrage d’art s’élève à 62,9 millions d’euros.

ÉCONOMIES

Alors que l’UE a débloqué 700 millions d’euros pour soutenir la Grèce, confrontée à un afflux massif de réfugiés, l’eurodéputé Charles Goerens (démocrates et libéraux) prône une réponse globale à imposer aux Européens, avec une répartition des réfugiés selon la démographie des États membres et de l’effort financier selon leur PIB.

L’écart salarial entre hommes et femmes atteint 16,1 % au sein de l’UE selon les derniers chiffres d’Eurostat, contre 8,6 % au Luxembourg. Le plus grand différentiel est enregistré en Estonie (28,3 %), en Autriche (22,9 %) ou en République tchèque (22,1 %), alors que les différences s’estompent en Slovénie (2,9 %), à Malte (4,5 %) ou en Italie (6,5 %). Le ministre des Finances cherche à économiser 1,3 million d’euros entre 2016 et 2019 sur les frais d’envoi des notifications fiscales aux contribuables. Il n’y aura plus de double envoi aux couples mariés ou pacsés, à moins qu’ils ne fassent une demande expresse de notification individuelle.

50 ANS

Le Planning familial célèbre cette année un demi-siècle d’existence. Partie d’une poignée de bénévoles autour du Dr Molitor-Peffer, l’association compte aujourd’hui une équipe professionnelle, soit 15 postes à

RÉFUGIÉS

MOINS DE LITS

La réduction annoncée du nombre de lits en soins aigus dans l’avant-projet de loi fixant le prochain plan hospitalier fait réagir. Les députés CSV Alexander Krieps et Edy Mertens ont interpellé la ministre de la Santé, Lydia Mutsch, alors que la population du pays connaît une augmentation soutenue. La ministre invoque un taux d’occupation des lits aigus en baisse ainsi qu’une ­progression encouragée de la prise en charge ambulatoire de certains actes.


En date du 1er janvier 2016, CTG Luxembourg PSF. S.A. et Gam Consult ont noué un partenariat stratégique. Leur objectif commun : accompagner les entreprises luxembourgeoises sur le chemin de la transformation digitale. Cette transformation est aujourd’hui devenue inéluctable. Elle implique d’optimiser l’ensemble des processus IT pour se libérer des barrières physiques et répondre aux besoins d’un marché en pleine évolution. Forts de leurs expertises complémentaires dans le domaine de la gestion documentaire et de l’intégration des données, les deux acteurs IT luxembourgeois couvrent toutes les facettes d’une transformation digitale réussie, source de nouvelles opportunités.


ÉCONOMIE & POLITIQUE

« L’utilisation du territoire comme zone de test est un argument qui peut faire la différence. » Thomas Dentzer Cluster manager Luxinnovation

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— Avril 2016


ÉCONOMIE & POLITIQUE

V ER S UNE ÉC ONOMIE MULT IP OL A IRE

Pétrir le pain quotidien et celui de demain T H I E R RY R A I Z E R

La diversification économique du pays se poursuit, en misant sur les convergences entre secteurs. Annoncé pour cette année par Étienne Schneider, l’audit sur les secteurs concernés permettra d’ajuster le tir. Après l’espace, l’automobile et les écotechno­logies attendent leur projet phare pour rayonner à l’international.

QA E Q L / C R E AT I V E M A R K E T

P

our récolter les fruits qui permettront de nourrir un pays via ses entreprises, il incombe avant tout de disposer d’une vision. Celle de la diversification de l’économie du pays, les gouvernements l’ont fixée et adaptée historiquement autour de niches de souveraineté (l’acier pour sortir d’un pays essentiellement agricole), puis de compétences (la place financière pour pallier le déclin de l’acier). Si la notion de diversification économique a pris de l’ampleur depuis une dizaine d’années, le processus remonte aux années 60 avec la diversification de l’industrie. Quarante ans plus tard, le salut ne passe plus par un seul, mais par plusieurs secteurs lorsqu’il s’agit de trouver de nouveaux ressorts. Le trinôme ICT, biotechnologies et écotechnologies illustre cette dynamique. À l’instar des kilomètres de fibre – le 1.000e a été célébré par Luxconnect le 21 mars – déroulés dans le pays, la diversification nécessite comme condition sine qua non une impulsion d’envergure des pouvoirs publics. L’État, en tant qu’initiateur des projets, doit aussi débloquer les premiers fonds, souvent importants, pour créer le socle d’un nouveau secteur et remplir les conditions de base pour que des activités voient le jour, et que des entreprises soient convaincues de s’établir au Luxembourg. Hasard du calendrier ou anticipation, le plan en faveur des biotechnologies avait été présenté en juin 2008 à l’époque par les trois ministres en charge de l’Économie, de la Recherche et de la Santé, respectivement Jeannot Krecké, François Biltgen et Mars di Bartolomeo. 140 millions avaient été débloqués sur cinq ans pour développer des compétences en médecine moléculaire, anticipant le besoin d’une médecine de plus en plus personnalisée. Des partenariats avec trois instituts de recherche américains et la venue de signatures internationales ont permis l’émergence et la reconnaissance en dehors des fron-

tières de l’Integrated Biobank of Luxembourg (IBBL) et du Center for Systems Biology Luxembourg (CSBL). En 2016, le secteur des biotechnologies représente 177 acteurs et 39.620 employés, si l’on y inclut le milieu hospitalier. Elles ne sont plus que 40 entreprises et quelque 800 emplois si on se limite aux membres du Luxembourg BioHealth Cluster évoluant sous l’égide de Luxinnovation. Il n’empêche, l’écosystème s’est rapidement développé. Du côté public, les centres de recherche fusionnés dans le List et l’Université ont reçu comme mission d’axer leurs travaux vers des retombées économiques, soit une orientation marquée vers la recherche appliquée. Dans le secteur privé, des entreprises comme Fast Track Diagnostics (vainqueur cette année de l’Export Award de l’Office du Ducroire et de la Chambre de commerce), Complix et Wafergen ont trouvé au Luxembourg un terrain fertile pour leurs activités. « Le Luxembourg dispose d’atouts pour bien se vendre, déclare Thomas Dentzer, en charge des sciences de la vie au sein de Luxinnovation et du cluster ad hoc. Nous pouvons notamment mettre en avant un support volontariste des pouvoirs publics comme élément déterminant. L’utilisation du territoire comme zone de test d’un produit avant de passer à des marchés plus importants est aussi un argument qui peut faire la différence. »

En recherche… de recherche privée

Outre son soutien, l’État doit aussi stimuler la recherche privée, tant la R&D est un vecteur essentiel de croissance des nouveaux secteurs. « Le Luxembourg ayant su attirer d’excellents chercheurs étrangers, les performances scientifiques de la recherche publique ont progressé très rapidement et sont désormais supérieures à la moyenne de l’UE, indiquent les services de la Commission européenne dans un document de travail conjoint à son rapport 2016 sur le Luxembourg.

Ce résultat contraste cependant violemment avec la forte diminution de l’intensité de la R&D au sein du secteur privé (passée de 1,5 % du PIB en 2000 à 0,7 % en 2014). Cette situation s’explique en partie par le déclin continu d’une base industrielle déjà mince et par la faible intensité d’investissements dans le secteur financier. Toutefois, elle montre aussi que les efforts du secteur public n’ont pas d’effet de levier sur l’investissement des entreprises dans la recherche et l’innovation. » Il y a donc urgence en la matière. La nouvelle loi encadrant le régime RDI soutenant les entreprises innovantes et l’évolution de Luxinnovation vers une agence de financement sont deux éléments qui devraient faciliter les opérations, même si l’enveloppe ne sera pas forcément élargie. Le facteur temps pour obtenir une aide et donc travailler sur un nouveau projet peut s’avérer décisif. « Je pense que nous sommes sur la bonne voie », déclare Raymond Schadeck, président de Luxinnovation. L’agence nationale de promotion de l’innovation est au cœur du processus de diversification, en coordonnant l’action de six clusters (composants automobiles, sciences de la vie, écotechnologies, technologies de l’information et de la communication, matériaux et technologies de production et technologies spatiales), pour autant de secteurs dans lesquels le Luxembourg veut poursuivre l’aventure. Au rayon des récents développements, la concrétisation du projet de campus automobile à Roost, dans la commune de Bissen, permet au cluster automobile de se doter d’une vision ambitieuse. L’objectif est de profiter d’un site de 14 hectares actuellement détenu par Goodyear pour y loger des activités de R&D, de test à destination des entreprises du secteur – groupes internationaux ou start-up – qui y mutualiseraient les moyens. Il y a fort à parier que la quarantaine d’entreprises actives dans le domaine au Luxembourg (dont des leaders mondiaux des composants) sera intéressée par la formule du partenariat public-privé choisie pour exploiter le site qui devrait ouvrir fin 2018, d’après l’agenda initial. Après l’annonce par Étienne Schneider de la volonté du gouvernement de se positionner sur le long terme dans l’exploitation des matériaux spatiaux, le projet automobile est de nature à confirmer les pistes de diversification empruntées. « Je crois que le secteur automobile dispose d’un grand potentiel pour les années à venir, déclarait le ministre de l’Économie à Paperjam.lu. Nous ne produisons pas de voitures, mais nous disposons d’un grand savoir-faire dans les pièces détachées et les composants, avec l’avantage d’être situés géographiquement au centre des grands producteurs français, italiens et anglais. »

Le besoin de projets phares

Quel avenir pour la diversification ? Le ministre de l’Économie a annoncé en janvier qu’il souhaitait soulever la question. Et par là même mener, courant de l’année, un audit sur les axes empruntés, afin de corriger certains – voire de les abandonner – ou d’en développer d’autres. « Je souhaiterais que le travail soit terminé pour le débat à la Chambre sur la compétitivité du pays », ajoutait le ministre. Avril 2016 —

— 049


ÉCONOMIE & POLITIQUE

CONVERGENCE

LE CALCUL DES SYNERGIES

Si l’on ne doit pas forcément s’attendre à une révolution en la matière, l’expérience montre que la diversification économique tient avant tout des caractéristiques propres au pays. Le managing partner de KPMG, Georges Bock, appelle cette convergence entre secteurs de ses vœux (voir p. 93) dans les fintech. Le cluster automobile travaille pour sa part sur les voitures connectées qui seront une tendance de fond pour les prochaines années. Une aubaine pour permettre au Luxembourg de profiter d’une expérience dans les composants automobiles et dans l’ICT. Outre son caractère international, le Luxembourg doit avant tout s’assurer d’une proximité entre les acteurs économiques et parties prenantes. « Nous devons moins vendre notre offre de valeur qu’être capables d’attirer de nouvelles sociétés en les prenant par la main, indique Raymond Schadeck. Peu d’autres villes sont capables de le faire. » La fusion de Luxinnovation et de Luxembourg for Business vise justement à affiner la promotion économique du pays. Des projets phares, tels que Neobuild à Bettembourg, autour des technologies de la construction, et le futur centre d’économie circulaire à Wiltz, doivent servir d’étendard pour justifier un positionnement à l’international. 050 ­—

— Avril 2016

La ville du nord du pays a en effet été désignée pour devenir la capitale de l’économie circulaire, à l’échelon national, voire européen. Alternative aux modèles qualifiés de linéaires, l’économie circulaire travaille sur des circuits courts et intègre l’usage et le recyclage des ressources dans un projet afin de former des chaînes de valeur fermées ou cycliques. La volonté du Luxembourg de s’insérer dans cette mouvance fait suite à la présentation, en février 2015, d’une étude réalisée par EPEA – Internationale Umweltforschung GmbH –, en collaboration avec Returnity Partners, sur le potentiel circulaire pour le pays par la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener. 15.000 emplois relèveraient d’ores et déjà des modèles circulaires au Grand-Duché, avant tout dans l’industrie sidérurgique et la construction. D’après les projections de l’étude, l’économie circulaire générera à moyen terme des économies entre 300 millions et un milliard d’euros par an en coûts d’approvisionnement pour les entreprises luxembourgeoises et le modèle devrait, s’il est développé à grande échelle, générer plus de 2.200 emplois dans les prochaines années, pour peu que les notions de smart city et d’amélioration de la mobilité suivent. Un groupe de travail réunissant les ministères de l’Économie, du Développement durable et des

Infrastructures, ainsi que Luxinnovation, travaille sur les prochaines étapes du projet, qui passera inévitablement par une phase pédagogique. « Nous ne pouvons pas faire changer directement le business model de l’artisan menuisier, mais nous pouvons par exemple l’aider à identifier d’autres vernis à utiliser, à choisir des bois plus locaux pour l’ouvrir à d’autres chaînes de valeur plus locales », indique Marcel Klesen, cluster manager du Luxembourg Ecoinnovation Cluster. Et si le principal défi, outre celui de disposer des compétences nécessaires, de la diversification économique du pays ne tenait pas, avant tout, à expliquer à la population les bénéfices attendus de tels ou tels concepts et la possible raréfaction de revenus dans certaines branches d’activité ? Après l’annonce, par exemple, d’une recherche spatiale qui peut faire penser à de la science-fiction ou de l’investissement dans le secteur automobile, il est aussi important de penser à la communication auprès des principaux concernés : les habitants du pays. EN RÉSUMÉ

Proximité entre les acteurs et intégration des filières seront des clés pour le futur de la diversification économique du pays. Le ministre de l’Économie veut conduire un audit des voies empruntées, tout en poursuivant le développement de projets phares pour faire connaître le pays à l’étranger.

QA E Q L / C R E AT I V E M A R K E T

I NGR ÉD I ENTS La recette de la diversification tient en différents ingrédients, dont des talents et une expertise qu’il faut parfois importer.

La diversification économique se conçoit de plus en plus à l’intersection de différents secteurs. Le projet de supercalculateur européen lancé par le Luxembourg, en collaboration avec la France et l’Italie et le soutien de la Commission en est l’illustration. Le méga ordinateur doit permettre de mener des travaux de recherche dans les biotechnologies ainsi que dans le secteur spatial. Étienne Schneider veut mettre toutes les chances du côté du Luxembourg pour que le high performance computing (HPC) soit hébergé au Luxembourg, tant pour les besoins domestiques de nouveaux projets que pour l’émergence d’un nouveau centre d’expertise. Premier signal encourageant, c’est l’équipe du List qui a été désignée pour défricher le terrain et dessiner un agenda pour le projet. Un agenda qui devrait être acté d’ici septembre, lors d’un sommet européen.


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ÉCONOMIE & POLITIQUE

MODERNISATION DU DROIT DES SOCIÉ TÉS

Obligation de présence VÉRONIQUE POUJOL

L

es notaires regardent avec une certaine méfiance le projet de loi sur la modernisation du droit des sociétés. Un droit qui, pour l’essentiel, est plus que centenaire, basé sur la loi fondatrice du 10  août 1915. Ce chantier monumental, qui traîne à la Chambre des députés depuis l’été 2007, semble désormais être dans sa der Les notaires nière ligne droite depuis que le Conseil parlent d’exigence d’État a rendu, le 23 février dernier, son de substance avis complémentaire. Les Sages n’y ont quand les avocats pas levé toutes leurs oppositions forévoquent une melles, mais la voie semble désormais obligation libre pour que le texte, après un nouveau disproportionnée… passage devant la sous-commission sur la modernisation du droit des sociétés, soit adopté prochainement. Il aura fallu trois législatures pour le faire. Dans un colloque organisé à l’automne dernier par l’Université du Luxembourg à l’occasion des 100 ans de la loi de 1915, le ministre de la Justice, Félix Braz, assurait que la réforme du droit des sociétés devrait satisfaire un peu tout le monde, du petit entrepre« La Chambre neur à l’investisseur international friand de produits financiers des notaires hybrides, de hedge funds ou de a le sentiment que private equity, des références récurrentes dans le projet de loi les modi­fications remanié par la sous-commission. Un avis que ne partage pas introduites la Chambre des notaires, pour de manière géné­ qui la refonte de la loi « sera parrale ne seront ticulièrement adaptée aux sociétés financières au détriment des sociépas adaptées tés commerciales de type clasaux sociétés sique ». « La Chambre des notaires a le sentiment que les modificacommerciales de tions introduites de manière génétype classique. » rale ne seront pas adaptées aux sociétés commerciales de type Avis du 23 février 2016 classique qui existent en grand nombre au Grand-Duché de Luxembourg », écrit l’organisation dans son avis publié le 17 février. La position des notaires fait écho aux préoccupations des promoteurs de l’économie « réelle », par opposition aux sociétés sans substance qui font le bonheur des fabricants de boîtes aux lettres et qui entretiennent le chiffre d’affaires des officines d’avocats et de conseil. La Chambre des notaires prend ainsi, au sujet de la substance, une posture 052 ­—

— Avril 2016

D ANS LA D ER NI ÈR E LI GNE D R OI TE La réforme du droit des sociétés, qui a eu 100 ans, va être adoptée prochainement.

aux antipodes de l’Ordre des avocats du Barreau de Luxembourg, qui avait rendu son avis en septembre dernier. C’est un peu une bataille entre les anciens et les modernes dans le monde de l’aprèsLuxLeaks. Pour les notaires, le droit des sociétés doit prévoir une obligation de tenue des assemblées générales des actionnaires au Grand-Duché, dans un « souci de renforcement de l’exigence de substance ». Une exigence allant d’ailleurs au-delà de ce que les travaux des parlementaires avaient retenu. La sous­ commission sur la modernisation de la loi de 1915, en voulant « ancrer davantage la localisation de l’assemblée générale à Luxembourg », a prévu la présence physique obligatoire d’au moins un actionnaire ou de son mandat aire au Grand-Duché. Les autres pouvant y assister par visioconférence ou autres moyens de télécommunication. Le cadrage reste assez vague, car le texte retenu par les députés en commission ne dit pas si toutes les assemblées générales sont concernées par ce devoir de présence physique d’au moins une personne, ou seulement les AG annuelles. Un article laisse pourtant supposer que les parlementaires pouvaient se satisfaire avec une assemblée obligatoire par an au Luxembourg. Les notaires voient dans la formulation de l’article 70, selon lequel « il doit être tenu, chaque année, au moins une assemblée générale au Grand-Duché de Luxembourg », une indication qu’un nombre illimité d’autres assemblées pourraient alors se tenir à l’étranger.

À l’opposé, les avocats estiment que la question de la substance des sociétés au Luxembourg « est une question de pur fait, qui est multifacette et ne dépend pas, du moins primordialement, du lieu de la tenue des assemblées générales ». « Il serait disproportionné, soulignent-ils, de légiférer en la matière par l’imposition de règles pour toutes les assemblées générales qui, finalement, ne consacreraient que des fictions juridiques. » Ils pouvaient toutefois vivre avec une règle de l’exigence de la présence physique des actionnaires ou mandataires au Grand-Duché, mais seulement pour les assemblées générales annuelles. Dans son avis complémentaire, le Conseil d’État soutient les vues du Barreau : « Il ne faut pas mêler le droit des sociétés et le droit fiscal international et il y a lieu de préserver l’autonomie statutaire en la matière », explique-t-il. Les notaires, eux, ne veulent rien savoir et proposent « toujours dans un souci de renforcement de l’exigence de substance, d’imposer de manière plus générale que ‘toute assemblée requiert la présence au lieu de l’assemblée d’au moins un actionnaire ou mandataire d’actionnaire’ ». Leur organisation suggère encore d’inscrire dans la loi la tenue d’une liste de présence : « À chaque assemblée générale, les actionnaires présents ou représentés doivent être indiqués soit dans une liste de présence tenue par le bureau dont les membres devront être physiquement présents au Grand-Duché de Luxembourg, soit dans le procès-verbal. » EN RÉSUMÉ

Bataille rangée entre notaires et avocats au sujet de la présence physique obligatoire au Luxembourg d’au moins un actionnaire ou de son mandataire aux assemblées générales de sociétés... Une lutte entre les anciens et les modernes ?

M A R I O N D E S SA R D

Faut-il inscrire une obligation de présence physique des actionnaires au Luxembourg pour les assemblées générales ?


ÉCONOMIE & POLITIQUE

RE TARDS E T CONTRE TEMPS

La loi agraire patauge CA M I L L E F R AT I

Les exploitants agricoles attendent depuis deux ans le texte régissant les aides d’État dont ils sont dépendants. Le ministère de l’Agriculture espère amener le projet de loi devant la Chambre des députés en avril après de multiples oppositions formelles du Conseil d’État.

D

écidément, le projet de loi concernant le soutien au développement durable des zones rurales accumule les déconvenues. Espéré dès 2014 après la réforme de la politique agricole européenne commune (Pac) de décembre 2013, il a été approuvé en conseil de gouvernement le 17 juillet 2015 et déposé le 26 août suivant à la Chambre des députés. Plus d’un mois de perdu en raison d’« erreurs de renvois intra-textuels détectées » et longues à corriger, a expliqué le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, à la commission de l’agriculture, de la viticulture, du développement durable et de la protection des consommateurs le 2 septembre dernier. Le projet de loi est voué à fixer « le cadre général en vue de promouvoir, au Luxembourg, une agriculture multifonctionnelle, durable et compétitive, soucieuse de la protection de l’environnement et du climat, mettant l’accent sur l’innovation, en harmonie avec un développement intégré des zones rurales ». Un projet ambitieux, qui reflète les priorités édictées par la réforme de la Pac. De fait, la future loi déterminera les critères et les montants de différentes aides d’État aux agriculteurs autorisées par Bruxelles, parmi lesquelles les aides à l’investissement, celles versées en cas de catastrophe naturelle ou encore les primes d’installation des jeunes agriculteurs. Dans son avis fin octobre, la Chambre d’agriculture déplore un « retard exces-

sif » du dépôt du projet de loi, même si, concède-t-elle, il « est en partie dû aux procédures interminables » des instances européennes pour adopter le Plan de développement rural du Luxembourg. Un retard préjudiciable, puisque les aides compensant l’entretien des espaces naturels par les agriculteurs n’ont pas été versées depuis deux ans. Pour la chambre professionnelle, « cette attitude passive du législateur par rapport au secteur agricole n’est pas admissible » et trahit le fait que « la politique du gouvernement actuel ne semble plus considérer le secteur agricole comme un secteur important et économique, mais plutôt comme un secteur en déclin, qu’il n’y a plus lieu de prioriser ». Il y a pourtant péril en la demeure selon la Chambre d’agriculture : plus d’une exploitation sur cinq a disparu entre 2001 et 2014.

Des amendements à la loupe

Sur le fond, la Chambre d’agriculture relève que « l’esprit du nouveau texte comporte une approche plutôt restrictive par rapport aux investissements dans le secteur agricole ». Même la Chambre de commerce s’étonne de voir les aides aux investissements plafonnées à 30 % des sommes engagées, alors que la Commission européenne tolère un taux de 40 %. « Les taux sont réduits de 5 à 10 %, alors que beaucoup d’agriculteurs doivent financer des projets de 1 ou 2 millions d’euros », rappelle Pol Gantenbein, secrétaire géné-

310 Mios € LICENCE CC

C'est le montant que le Grand-Duché prévoit d’investir dans le soutien au développement rural d’ici 2020.

ral de la Chambre d’agriculture. Redoutant l’instauration de critères de sélection, la Chambre d’agriculture dénonce une dégradation du régime d’aides et y voit une volonté de « limiter les dépenses publiques liées aux investissements agricoles », voire un « désengagement progressif et généralisé de la part du gouvernement ». Des accusations démenties par le ministre de l’Agriculture et ses représentants, selon lesquels d’autres aides spécifiques viendront contrebalancer la baisse de l’aide aux investissements. Preuve de la sensibilité du sujet, le projet de loi occupe déjà la commission de l’agriculture depuis cinq séances. Il faut dire que le Conseil d’État a relevé dans son avis du 19 janvier une bonne quarantaine d’oppositions formelles. Aucune objection réelle sur le fond, mais un rappel à l’ordre sur la rédaction des articles qui renvoient à des textes européens sans les nommer et sur le renvoi abusif à des règlements grand-ducaux pour fixer des normes alors qu’ils sont seulement censés « préciser le cadrage normatif préexistant ». La commission de l’agriculture a donc finalement adopté une série d’amendements le 29 février. Le ministère a décidé de « faire droit, dans la mesure du possible, à toutes [les] propositions » de la chambre professionnelle et des agriculteurs reçus en commission. Les critères de sélection ont été « adaptés » de manière à ce qu’« aucun projet ne soit d’office exclu ». La liste des machines agricoles éligibles à une aide à l’investissement a également été élargie. Les exploitants se lançant dans la transformation et la commercialisation de produits agricoles pourront enfin bénéficier d’aides pour leurs investissements jusqu’à 15 millions d’euros au lieu de 10 millions d’euros. Des amendements en cours d’examen au Conseil d’État comme à la Chambre d’agriculture. « Ces modifications sont appréciées, mais elles sont surtout ponctuelles », note Pol Gantenbein. « Le cadre réglementaire imposé par la Commission européenne est très strict », laissant peu de marge de manœuvre aux États. « Les agriculteurs se posent beaucoup de questions sur l’avenir de leur exploitation », poursuit Pol Gantenbein. D’autant que, même si elle est votée dans les prochaines semaines, « la loi agraire n’apportera pas de solution aux problèmes » qui minent l’agriculture luxembourgeoise à l’aune des récentes crises laitière ou fourragère. EN RÉSUMÉ

La loi agraire pour la période 2014-2020 n’est toujours pas prête à passer devant la Chambre des députés, au grand dam des agriculteurs. Dernière péripétie : la quarantaine d’oppositions formelles du Conseil d’État.

Avril 2016 —

— 053


ÉCONOMIE & POLITIQUE

U LTRA HAU T DÉ BIT Les techniciens de Post sont en train de déployer la fibre dans tout le pays. 50 % du territoire sont déjà couverts.

INFRASTRUCTURES

Fibre au foyer, débits libérés F LO R E N C E T H I BAU T |

MIKE ZENARI

Le gouvernement veut faire du pays la première nation « fibrée » connectée à l’ultra haut débit. Post, seul opérateur à proposer de la fibre, y travaille en ce moment.

T

raditionnellement loué pour son excellent niveau de connectivité, le Luxembourg vient pourtant de perdre deux places dans l’Indice relatif à l’économie et à la société numérique (DESI 2016) mesuré par la DG Connect de la Commission européenne. Sur ce critère spécifique de la connectivité, le Grand-Duché passe ainsi de la deuxième (sur 28) à la quatrième place, désormais dépassé par la Belgique et à la Suède. La première marche du podium est occupée par les Pays-Bas. Un recul qui « contribue » à la perte d’une place dans le classement général (le Luxembourg est désormais 10e sur 28) de cet indice, basé sur quatre autres critères (capital humain, utilisation d’internet, intégration des technologies numériques et services publics numériques). Il sera évidemment intéressant de voir dans quelle mesure les efforts déployés par le gouvernement en matière de déploiement de la fibre optique sur tout le territoire influeront sur la prochaine livraison de cet indice européen. Définie en 2010, cette stratégie ambitionne d’en faire un leader en matière de « Fiber to the home » (FTTH, 054 ­—

— Avril 2016

L’échéance pour une couverture nationale permettant des vitesses de 100 mégabits /seconde était fixée à la fin 2015. En milieu d’année, 90 % du territoire était couvert.

Pour le un gigabit, il faudra attendre 2020.

la fibre jusqu’à la maison). « L’objectif central est de vision par câble. Permettant une absence de senpermettre un ultrahaut débit pour tous, cadre Tom sibilité aux perturbations électromagnétiques, il Kettels, chief business development officer chez offre aussi une meilleure latence. Luxconnect, partenaire de Post Telecom sur le Depuis 2010, les chantiers se sont multipliés terrain. La stratégie nationale vise une vitesse de pour faire de cette intention une réalité. Plus de connexion d’un Gb/s d’ici 2020, et ce, sur l’ensemble 90 % des domiciles (les derniers chiffres dispodu territoire. Malgré sa petite taille et son marché nibles datent de la mi-2015) peuvent actuellement limité, le pays dispose déjà de 50 % de couverture. accéder à une vitesse de téléchargement de 100 Pour le moment, seule la fibre y parvient, mais avec Mb/s. Post, l’opérateur historique chargé du racla rapidité des progrès technologiques, on parvient cordement, a posé près de 13.000 km de câbles à à des niveaux de plus en plus fibres optiques et, selon des donrapides avec le câble. Les citoyens nées communiquées par FTTH tout comme les PME pourront en Europe, en septembre 2015, tirer parti. » 140.000 foyers étaient raccorLe FTTH est un réseau de dés à la fibre. Et Tom Kettels « Nous voulons télécommunications physique d’embrayer : «  Collaboratif, un ‘smart’ utilisé pour permettre un accès notre parti-pris a toujours été internet à ultra haut débit. Dans d’éviter au maximum de creuLuxembourg ce réseau terrestre, le câblage se ser des tranchées. Nous avons dans une ‘smart’ termine au domicile de l’abonné, étroitement travaillé avec Post, permettant une connectivité inéles CFL ou encore les communes Europe. » galée. Né dans les années 2000, pour utiliser l’infrastructure ce système a été conçu pour remXavier Bettel existante, et notamment maxiMinistre des Communications placer les réseaux de distribution miser la capacité des gaines utitéléphoniques ou ceux de la téléet des Médias lisées pour l’éclairage public ou


ÉCONOMIE & POLITIQUE

ULT R A H AU T DÉBI T

100 Mbit/s - 1 Gbit/s

LA FIBRE GAGNE DU TERRAIN

41 % - 60 % 61 % - 80 % 81% - 100 % 1 Gbit/s 11 % - 30 % 31 % - 50 % 51 % - 70 % 71 % - 90 % 91 % - 100 %

UE

FAIRE DE L’EUROPE UN « SMART » CONTINENT Sur le thème « Calling for a brighter future », la 13e conférence FTTH, qui s’est tenue à Luxembourg en février, constitue le plus grand événement mondial dédié à la fibre. Plus de 3.500 experts de la connectivité de toute l’Europe y ont partagé expériences et objectifs ambitieux, à des stades d’avancement différents.

la télédistribution. Ce modèle, souvent utilisé dans des zones rurales, permet de réduire drastiquement les coûts. »

Montrer la voie

Pionnière, l’approche « bi-canal » choisie par le gouvernement tient compte des téléchargements dans les deux sens. « Dans une logique de cloud computing, on est consommateur, mais aussi producteur de contenu, souligne Tom Kettels. Un architecte ou un médecin, par exemple, a parfois besoin de stocker des volumes importants de lourds fichiers en ligne. L’approche choisie par le pays intègre ces deux dimensions. C’est, à ma connaissance, le seul de l’UE à avoir opté pour cette stratégie. Le besoin de haut débit ne va faire qu’augmenter à l’avenir, ce qui nécessitera une disponibilité omniprésente et une excellente connectivité mobile. » Cette stratégie nationale ambitieuse s’inscrit en ligne directe avec la stratégie numérique portée par la Commission européenne dans le cadre de son « digital agenda ». Avec Digital Lëtzebuerg et les avancées en cours en matière de FTTH, le Luxembourg aimerait montrer l’exemple et deve-

nir le premier pays « fibré » du Vieux Continent. « Lorsqu’internet a émergé, les autoroutes de l’information contournaient notre pays, et nous n’étions pas sur la carte des grands flux de données. Il a fallu travailler dur pour améliorer la connectivité du Grand-Duché. Aujourd’hui, nous pouvons être fiers des efforts consentis, expliquait Xavier Bettel, ministre des Communications et des Médias, et parrain du 13e salon FTTH dédié à la fibre optique (voir encadré). Notre ambition est d’être le premier pays membre de l’UE entièrement couvert afin de développer encore davantage notre secteur ICT et ainsi améliorer notre compétitivité. Nous sommes sur la bonne voie ! Cela étant dit, le pays ne peut prospérer et avancer seul. Nous voulons un ‘smart’ Luxembourg dans une ‘smart’ Europe. La libre circulation des données doit suivre celle des biens, des services et des capitaux. » EN RÉSUMÉ

Pionnier dans le domaine de la connectivité, le Luxembourg veut être le premier pays « fibré » de l’UE à l’horizon 2020. 50 % du territoire sont déjà couverts par l’ultra haut débit, permettant une vitesse de un gigabit /s.

À l’échelle de la planète, dans les zones urbaines, on estime qu’un foyer sur dix est actuellement équipé en fibre optique. Faciliter le déploiement de l’ultra haut débit sur tout le continent est aussi une des priorités de la Commission européenne. Le plan Juncker prévoit ainsi 10 millions d’euros en vue d’accélérer la cadence. « Le FTTH n’est pas seulement lié à l’infrastructure, il repose sur un écosystème fait de différents joueurs à rassembler. Je suis convaincu que, demain, les start-up et les entrepreneurs seront les locomotives de l’économie, si l’environnement le leur permet, soutient Edgard Aker, président du FTTH Council Europe, une organisation de promotion de la fibre fondée par cinq entreprises, dont Cisco et Alcatel. Il nous reste encore beaucoup de travail, notamment sur le plan réglementaire. Comment peut-on justifier que les meilleures possibilités d’e-learning ne soient accessibles qu’à 2/3 du continent ? La réponse est qu’on ne peut pas. Ce n’est plus acceptable. » Pour Nadia Baadali, organisatrice de l’événement et communications director au FTTH Council Europe, l’ultra haut débit n’a pas uniquement de dimension technique ou économique, mais environnementale et sociale. « La fibre améliore durablement la qualité de vie. Les bénéfices sont multiples, qu’il s’agisse du bien-être des citoyens ou de l’efficacité du travail », a-t-elle déclaré lors de la rencontre. La prochaine conférence FTTH aura lieu à Marseille en février 2017. L’occasion de mesurer le chemin qui aura été parcouru entretemps…

Avril 2016 —

— 055


ÉCONOMIE & POLITIQUE

RÉFORME TERRITORIALE DE LA POLICE GRAND-DUCALE

La police 3.0 selon Étienne Schneider VÉRONIQUE POUJOL |

C H R I S TO P H E O L I N G E R

Le ministre socialiste de la Sécurité intérieure devait annoncer le 21 mars le contenu de la réforme territoriale de la police grand-ducale. Étienne Schneider promet plus d’agents sur le terrain et annonce une traque sans merci des trafiquants de drogue.

A

ppelés sur des accidents de la route, les policiers hésitent à dresser des procès verbaux, préférant la formule « light » du constat à l’amiable. Ils attendent le bulletin de santé des victimes de la route délivré par les médecins de faction avant de faire des choix plus en fonction de la gravité des blessures que de la faute des conducteurs. Pour un blessé léger, pas de P.-V. C’est presque devenu la règle. Les priorités sont ailleurs, notamment dans la démonstration de la présence policière et la communication des actions coup de poing dans des quartiers présentés comme des zones de nondroit et livrés à la loi des dealers de drogue. Derrière cet affichage démonstratif, il y a la réalité du terrain, d’abord celle d’un défaut d’effectifs policiers pour assurer la sécurité des « honnêtes citoyens », mais aussi celle d’une organisation déficiente de la police grand-ducale, née de la fusion en janvier 2000 de la gendarmerie et de la police, sans que ce rapprochement eut permis de dégager de vraies synergies entre les deux corps. Cette fusion a été une addition d’agents et de commissariats sans avoir l’air de toucher à la hiérarchie, traduisant le manque de courage politique de ses initiateurs de l’époque – un gouvernement de coalition entre les chrétiens-sociaux et le DP. En 2016, l’impécuniosité de la police grand-ducale, son manque de moyens face à la « jungle » du quartier de la gare et ses difficultés de recrutement ne peuvent plus se c acher et rendent urgente la réforme que son ministre socialiste de la Sécurité intérieure, Étienne Schneider, devrait ficeler avant la fin de l’année. 056 ­—

— Avril 2016

Le projet définitif de réforme territoriale de la police devait être présenté le 21 mars, après que cette édition soit mise sous presse, devant se traduire par la fermeture de 14 commissariats de proximité et une rationalisation dans le découpage des territoires (quatre au lieu de six précédemment, dont un pour la seule capitale qui cumule 42 % de la criminalité). Le tout dans un contexte de grogne à la fois des syndicats de policiers, mais aussi d’édiles communaux pour lesquels la fermeture d’un bureau de police n’est pas une option. La liste des commissariats à fermer sera communiquée lors de cette présentation. Les grandes lignes de la réforme sont toutefois connues, Étienne Schneider les ayant présentées début février aux côtés de sa secrétaire d’État Francine Closener et du directeur général de la police, Philippe Schrantz.

Étienne Schneider a choisi la méthode « Al Capone » pour coincer les trafiquants de drogue.

Ce dernier avait parlé d’un projet « mûrement réfléchi ». Après le tollé qu’avait pro­voqué dans les rangs des syndicats l’audit de Mind­ Forest, jugé « totalement bâclé » par le SNPGL, le principal syndicat de policiers, les autorités ont multiplié les signes de dialogue pour faire passer un projet visant avant tout l’optimisation des ressources, avec in fine l’intention de mettre plus de policiers sur le terrain. Étienne Schneider sait qu’il marche sur des œufs et que les syndicats guettent ses moindres faux pas. Dans un entretien au d’Lëtzebuerger Land le 5 février dernier, le ministre LSAP joue sur les mots : « Il ne s’agit pas de fermeture de commissariats de proximité, mais de fusions entre deux petits bureaux », se défend-il. Le tout dans l’intérêt général. À l’heure actuelle, en tenant compte des congés en tout genre et des heures de récupération des agents, il y aurait en moyenne trois personnes par commissariat de proximité, ce qui laisse aux policiers le choix entre l’ouverture de leurs bureaux – selon des horaires d’ailleurs peu adaptés aux gens qui travaillent – ou les patrouilles. La réorganisation territoriale et le transfert de certaines tâches administratives à des civils sous statut non milit aire (45  postes dans l’accueil, l’administration et la comptabilité) mettront plus de monde sur le terrain. La fusion de certains commissariats va aussi élargir leurs plages d’ouverture au public, promet le ministre. Les déclarations de vols pourront se faire via internet par un portail de commissariat virtuel. Étienne Schneider, également ministre de l’Économie, un des promoteurs du Digital Lëtzebuerg, prône la police en version 3.0 et la lutte sans merci contre les dealers de la gare. Une brigade spéciale d’intervention va faire la traque aux revendeurs et aux patrons de bars et de cafés devenus des supermarchés de la drogue. Étienne Schneider a choisi la méthode « Al Capone », le gangster américain tombé pour une affaire de fraude fiscale, pour coincer les trafiquants : « Une fois que nous aurons un doute sur les affaires d’un tel local, explique-t-il dans le Land, nous allons attaquer sur tous les fronts : les impôts, l’hygiène, l’honorabilité des gérants ou des propriétaires [...] Pour cela, c’est utile de cumuler les portefeuilles de la Police et de l’Économie », conclut le pragmatique ministre. EN RÉSUMÉ

P LUS DE TER RAI N La réorganisation territoriale de la police grand-ducale va mettre plus d’agents sur le terrain.

Problèmes d'organisation, problèmes d'effectifs : la police grand-ducale souffre et perd en efficacité. La réforme voulue par le ministre de la Sécurité intérieure est très attendue.


le nouveau projet développé par

A6 MAMER

STRASSEN

ROLLINGERGRUND N

BERTRANGE G

A6

A4

BELAIR


ÉCONOMIE & POLITIQUE

M AR QUES « ATYPI QUES » Le nouveau Paquet marques rend possible l’enregistrement de marques sonores ou olfactives.

DROIT EUROPÉEN

Du neuf dans la protection des marques La réforme du droit européen des marques a été adoptée le 15 décembre dernier. Le Paquet marques s’accompagne de multiples modifications que les entreprises ont tout intérêt à connaître, car certains changements sont de nature à fragiliser les protections de marques actuelles.

L

058 ­—

— Avril 2016

taxes liées au dépôt de marques. Jusqu’à présent, la taxe de base était de 900 euros pour trois classes (la classification des marques se fait au travers de 45 classes). Désormais, la taxe de base est facturée 850 euros par classe, 900 euros pour deux classes puis 150 euros par classe supplémentaire (soit 1.050 euros pour trois classes). « Contrairement à ce que souligne la communication officielle, cela ne se traduira donc pas obligatoirement par des économies pour les entreprises, bon nombre d’entre elles choisissant précisément de déposer trois classes ou plus pour bien se protéger », souligne Olivier Laidebeur. « Cela coûtera effectivement un peu plus cher pour les entreprises qui ont absolument besoin de trois classes, mais un peu moins pour celles qui font d’autres choix. Ce sera au cas par cas », tempère Mélanie Pellissard, intellectual property lawyer chez Lecomte & Partners.

Six mois pour agir

En revanche, le point sur lequel les deux spécialistes sont d’accord, c’est la néces-

« Même si sa marque est protégée, une entreprise n’est pas à l’abri de tout. » Olivier Laidebeur Head of Trademark department & design attorney Office Freylinger

Au registre des modifications importantes, la directive apporte également des changements notables en ce qui concerne les procédures d’annulation ou de déchéance. Pour l’heure, si le titulaire d’une marque constate qu’une autre entreprise a enregistré la même marque pour un service ou un produit comparable (et qu’il n’a pas eu la possibilité d’y faire opposition durant la procédure d’enregistrement), il doit engager une procédure judiciaire visant à la faire annuler. C’est également le cas pour une « déchéance » qui vise à annuler la protection d’une marque qui n’est pas ou plus utilisée par son dépositaire. Avec la nouvelle directive, ces procédures ne seront plus judiciaires mais administratives. Elles seront donc plus rapides et beaucoup moins coûteuses. Les offices nationaux disposent de 7 ans pour mettre ces nouvelles procédures en place, mais cela se fera certainement bien plus rapidement au Benelux. « Il convient de rappeler que même si sa marque est protégée, une entreprise n’est pas à l’abri de tout. Elle doit notamment prendre des dispositions pour assurer une surveillance de sa marque et s’assurer qu’elle n’est pas utilisée par ailleurs, volontairement ou non », conclut Olivier Laidebeur. EN RÉSUMÉ

La protection des marques a été réformée au niveau européen en décembre dernier. Aucune représentation graphique de la marque n’est à présent requise, et il est dorénavant possible de protéger la marque par classe plutôt que via la formule « trois en un ». D’autres procédures judiciaires deviennent administratives.

O L I V I E R M I N A I R E (A R C H I V E S)

Les procédures d’annulation plus rapides

FA B R I C E BA R B IA N

e Paquet marques se compose d’un nouveau règlement modifiant le régime de la marque communautaire, qui entrera en vigueur dès le 23 mars, et d’une directive visant à harmoniser les marques nationales. Cette dernière est entrée en vigueur le 13 janvier 2016, mais les États membres disposent de 3 ans pour en assurer la transposition. Ces nouvelles dispositions entraînent différents changements. « Jusqu’à présent, le dépôt de marques exigeait une représentation graphique de la marque. Cela rendait impossible l’enregistrement de marques sonores et olfactives, par exemple. Le Paquet marques a supprimé cette représentation graphique, ce qui va faciliter la protection de marques ‘atypiques’ même s’il reste à préciser les modalités pratiques pour y parvenir », souligne Olivier Laidebeur, head of Trademark department & design attorney chez Office Freylinger. Dans un registre différent, le Paquet marques met également un terme au système du « trois classes pour le prix d’une », en ce qui concerne les

sité qu’il y a, pour les entreprises, d’effectuer un audit de leurs protections actuelles et de se rapprocher de leur expert. C’est tout particulièrement vrai pour celles titulaires de marques déposées avant le 22 juin 2012. Avant cette date, l’intitulé générique d’une classe assurait la protection de la marque pour l’ensemble des services et des produits désignés par la classe. Or, les intitulés de classes sont désormais interprétés littéralement. Autrement dit, la marque est uniquement protégée pour ce qui est inclus dans l’intitulé et plus pour tout ce qui peut ensuite figurer dans la liste de la classe. Les entreprises qui ont donc déposé leur marque avant le 22 juin 2012 voient l’étendue de leur protection limitée. Elles ont jusqu’au 23 septembre de cette année pour faire le nécessaire afin de se conformer à la nouvelle réglementation. « Qu’elles n’attendent pas d’être individuellement contactées par l’Office ou les instances officielles pour agir, car aucune communication personnalisée ne sera faite », précise Mélanie Pellissard.


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ÉCONOMIE & POLITIQUE

ÉNERGIES RENOUVELABLES

Le vert arrive JEAN - MICHEL LALIEU

Le Luxembourg atteindra-t-il les objectifs en énergies renouvelables fixés à l’horizon 2020 ?

Benzelt

11,5 MW

Des projets sont en développement, mais le rythme est lent.

Heinerscheid

12 & 7,7 MW

Actuellement, le pays joue les « derniers de la classe » de l’Union européenne.

Roullingen

Putscheid

12,2 MW

15,5 MW

Weiler

16,1 MW

Esch-sur-Sûre 13 MW

Harlange Watrange Tarchamps

Kehmen-Heischent 19,6 MW

11,75 MW

Ingeldorf

0,35 MW

Ettelbruck

Redange

LE POIDS DES ÉNERGIES RENOUVELABLES AU LUXEMBOURG

11,5 MW 0,5 MW

0,2 MW

Reimberg 1,2 MW

Roost Chaleur: 11,5 MW Électricité: 2,7 MW

Rosport 7 MW

Burer Bierg

Mompach

8 MW

Parc éolien

2 MW

Nospelt Projet éolien

0,4 MW

Grevenmacher

Centrale hydro-électrique

7,8 MW

Kirchberg Centrale de cogénération biomasse

Garnich

Chaleur: 9,5 MW Électricité: 2,8 MW

6,9 MW

Projet de cogénération biomasse Parc solaire photovoltaïque

Bascharage 0,75 MW

Differdange 6 à 9 MW

Schengen 4,5 MW

060 ­—

— Avril 2016


ÉCONOMIE & POLITIQUE

ÉN ERG IE ÉOLI ENNE Ce n'est pas le vent qui manque, mais la carte des emplacements possibles.

l’éolien, la première étape devrait être l’établissement d’un cadastre des sites disponibles. » Pour le développement du solaire photovoltaïque à plus large échelle, elle plaide pour l’élargissement du tarif d’injection – l’outil de soutien financier – aux installations supérieures à 30 kWp. « Des propositions du gouvernement parlent d’aller jusqu’à 200 kWp, mais le dossier traîne dans les administrations et on ne sait toujours pas quand il sera opérationnel. »

Soleil et biomasse

Part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d'énergie du Luxembourg 15% 11% 10%

5%

2020

4,5%

2014

Le producteur d’électricité Enovos affirme en tout cas vouloir pousser de nouveaux pions dans le photovoltaïque. En 2012, il a lancé le projet Encasol en collaboration (50/50) avec le distributeur Cactus pour placer des panneaux sur les toits de magasins. Trois supermarchés en sont déjà équipés (Bascharage, Ingeldorf et Redange). « Ça fonctionne bien, nous regardons donc si d’autres opportunités sont possibles », explique Daniel Christnach, responsable des énergies renouvelables chez Enovos. Il explique aussi que l’entreprise veut développer de nouveaux produits pour impliquer les consommateurs privés dans la production d’énergie à partir du photovoltaïque. En attendant, des initiatives citoyennes ont également vu le jour pour placer des panneaux sur des toitures adaptées. TM EnerCoop en

2004

GEORGES NOESEN

L

e Luxembourg est-il en délicatesse avec les énergies vertes ? Selon les chiffres diffusés annuellement par Eurostat, l’office européen des statistiques, il pointe en tout cas à la dernière place du peloton européen depuis l’année 2013. Comme tous les pays de l’Union européenne, le Grand-Duché s’est fixé un objectif à atteindre pour 2020 concernant la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale (électricité, chaleur, transport). Il a été fixé à 11 %. En 2014, dernier chiffre officiel disponible, la part est de 4,5 %. Elle se remet peu à peu à augmenter, après avoir quasiment fait du surplace entre 2007 et 2011. « Le problème, c’est qu’une grande part de ce chiffre est réalisée grâce aux agrocarburants, observe Martina Holbach, chargée de mission chez Greenpeace Luxembourg. Or, on sait que cette production entraîne des problèmes environnementaux et un souci de concurrence avec la production alimentaire. » Dans un rapport daté de 2014, l’Agence internationale de l’énergie estime que le Luxembourg est en ligne avec ses objectifs. Mais l’AIE fait remarquer aussi que les énergies renouvelables se développent à un rythme assez lent. À la décharge du Luxembourg, l’étude pointe des contraintes qui ralentissent cette évolution : la densité de population, la taille du pays, la protection de la nature et la topographie. Dans le secteur éolien, par exemple, la présence de l’aéroport au centre du pays bloque une large zone pour l’établissement de parcs. « La situation est longtemps restée bloquée dans le Nord à cause d’un projet d’installation d’un radar également pour l’aéroport », expliquent Laurent Winkin et Paul Zeimet, respectivement responsable des énergies renouvelables et secrétaire général de la Société électrique de l’Our (SEO). Impliquée dans l’installation et la gestion de parcs éoliens et de centrales hydro-électriques, SEO a créé la société Soler, en partenariat (50/50) avec Enovos, pour la mise en commun de leur production verte. « Au niveau de l’éolien, nous sommes en ligne avec l’objectif programmé pour 2020, nous devrions l’atteindre sans trop de problèmes », estiment les deux responsables de SEO, également impliqués dans Soler. Selon l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR), la production d’électricité fournie par le vent a été de 80  millions de kWh, alors que le plan gouvernemental – le National renewable action plan – prévoit d’atteindre 240 millions de kWh en 2020. « Les développements actuels du renouvelable sont inférieurs au potentiel du territoire, insiste Martina Holbach. Dans

a ainsi installé 200  m2, début 2015, sur le hall omnisports de Lallange (30  kWp) et EquiEnerCoop a « réquisitionné » les toits du dépôt communal de Junglinster et de l’école fondamentale de Gonderange pour le projet EquiSolar 2012 (140 kWp). Enfin, Enovos entend aussi développer des projets dans la biomasse, notamment via sa filiale Luxenergie qui transforme actuellement sa centrale de cogénération au gaz naturel du Kirchberg en centrale biomasse. Elle sera opérationnelle en 2017. En collaboration avec la société belge Groupe François, elle a aussi développé la société Kiowatt à Roost, qui a joint une centrale de cogénération biomasse à une unité de production de pellets. « Il y a aussi un important potentiel de biomasse dans les forêts luxembourgeoises, observe Daniel Christnach. Mais le problème est de pouvoir l’extraire. Nos forêts sont divisées en petites parcelles individuelles et manquent d’accès. » La matière première ne manque donc pas trop pour pouvoir atteindre les objectifs. Reste à mettre les bouchées doubles. EN RÉSUMÉ

Le Luxembourg traîne à remplir ses obligations européennes en matière d’énergies vertes. Mais les acteurs du secteur électrique ont des projets dans les cartons et se montrent confiants.

Avril 2016 —

— 061


ÉCONOMIE & POLITIQUE

CHASSE AUX TALENT S

« Le salaire n’est plus le levier magique » JEAN - MICHEL LALIEU |

Le Luxembourg pointe à une très belle troisième place dans le Global Talent Competitiveness Index de l’Insead. Invité de la Journée de l’économie, le professeur Paul Evans, responsable de l’étude, met pourtant en garde sur la pérennité de la capacité d’attraction des talents.

TA L E N T S Paul Evans insiste : « Le Luxembourg doit savoir se vendre. »

G

M A R I O N D E S SA R D

are à l’excès de confiance ! Dans la dernière version du Global Talent Competitiveness Index (GTCI), élaboré par l’Insead de Fontainebleau et présenté lors du sommet de Davos en janvier, le Luxembourg pointe à une belle troisième place. « Le pays a réellement un grand pouvoir d’attraction des talents », confirme Paul Evans, professeur émérite de la prestigieuse école et responsable académique de cette étude. Mais le danger guette ! Invité au titre d’expert étranger lors de la Journée de l’économie du 25  février dernier, consacrée à la chasse aux talents, il a fait le point avec Paperjam sur les éléments à ne pas négliger afin de pouvoir rester au sommet. Parce qu’il l’admet lui-même, le classement est peut-être un peu biaisé par le fait qu’il compare des pays entre eux. Un choix qui donne l’avantage à des entités comme le Luxembourg ou Singapour (numéro deux derrière la Suisse), véritables cités-États. Leurs performances sont meilleures parce qu’elles ne recèlent pas de poches de sous-développement comme on en voit dans les pays plus vastes. « L’avantage le plus évident

que l’on perçoit au Luxembourg, c’est son écosystème, pointe Paul Evans. Les responsables politiques connaissent les décideurs du secteur privé et ceux du monde de l’éducation. Un tel partenariat aide à résoudre les problèmes rapidement, mais ce genre d’écosystème n’est possible que dans les petits pays. » Pour rectifier quelque peu le tir, le GTCI travaille sur une étude au niveau des villes – un Cities Index –, à côté de celle établie sur les pays. Ce sera alors la capitale grand-ducale qui sera en compétition avec des villes comme New York, Shanghai, Valparaiso ou São Paulo. Pour le responsable de l’étude, c’est également une des explications à la présence encore dominante des pays européens dans le top 20 – ils sont 14 –, alors que le Vieux Continent perd inexorablement du terrain par rapport à l’Asie et aux États-Unis. « Il y a deux raisons à cette domination, explique-t-il. Premièrement, la taille réduite des pays d’Europe que l’on confronte, par exemple, aux États-Unis, dont la population est comparable à celle de l’Europe entière. Mais, pour rester positifs, notons quand même que l’Europe détient aussi un plus grand héritage au

niveau du développement des talents que d’autres régions de la planète. Les universités européennes font encore référence. Mais d’autres, notamment asiatiques, sont en train de grimper dans les classements. »

Manque de visibilité internationale

Paul Evans ne minimise pas pour autant le travail réalisé par le Luxembourg pour pointer en haut de l’échelle. « La première chose à faire pour attirer des talents, c’est d’assurer la maîtrise des langues étrangères. Et sur ce point, le pays mérite clairement sa troisième place, c’est un de ses points forts. » Il est en revanche plus sceptique sur les niveaux des salaires offerts pour obtenir la décision. Parce qu’avec les nouvelles exigences fiscales internationales, de telles propositions salariales ne pourront sans doute plus être maintenues. « Il ne faut peut-être pas faire une croix sur l’argument monétaire, mais on ne peut plus le considérer comme un levier magique », prévient-il. Le troisième élément clé à prendre en compte pour séduire des candidats potentiels, c’est le cadre de vie. Un argument qui a surtout du poids parmi les jeunes générations qui, si elles ont le choix entre plusieurs destinations, opteront pour des villes qui vivent. « Or, à ce niveau, j’ai quand même entendu des réflexions sur le Luxembourg qui laissent entendre que des efforts doivent encore être faits », poursuit l’universitaire. De manière plus globale, il insiste d’ailleurs sur le manque de visibilité du Luxembourg sur le plan international. « Si on regarde la presse, on lit beaucoup plus de choses sur les ‘scandales financiers’ que sur ce qui fait la véritable force du pays, insiste Paul Evans. Le Luxembourg doit savoir se vendre et l’exercice de branding auquel s’astreignent les autorités est donc essentiel. » Mais, selon son analyse, le discours doit aussi changer. L’idée à vendre n’est plus le « doing business au Luxembourg », mais le « travailler à Luxembourg ». Enfin, s’étonnant de la part des citoyens luxembourgeois qui travaillent pour l’État, il a insisté sur la nécessaire mobilité parmi les jeunes, parce qu’« on sait désormais que vivre ou travailler à l’étranger développe les capacités d’innovation, la créativité et l’esprit entrepreneurial des individus ». Il conseille même la destination : l’Asie, parce que c’est un continent en perpétuel mouvement et que les liaisons euro-asiatiques seront très importantes à l’avenir. « Ici, peut-être à cause de la présence des institutions, vous êtes très, voire trop européens. » EN RÉSUMÉ

Paul Evans, le gardien de l’étude Global Talent Competitiveness Index de l’Insead, pointe les forces et les faiblesses du Luxembourg au niveau de l’attraction des talents.

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Do you master the key elements of cross-border fund distribution? 12

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Lithuania

Malta

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Slovenia

Romania

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Japan

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ÉCONOMIE & POLITIQUE

l’Union, les entreprises connaissent plus de difficultés à franchir les obstacles en y allant seules », explique encore Edith Stein. La Croatie étant intégrée parmi les 28 depuis le 1er juillet 2013, les relations y sont plus faciles.

MISSION ÉCONOMIQUE

Le nouveau visage des Balkans JEAN - MICHEL LALIEU

Une mission économique de la Chambre de commerce partira à la découverte de la Serbie et de la Croatie en avril. La Serbie tente toujours de se remettre de la guerre des Balkans, alors que la Croatie a pu s’appuyer sur le tourisme pour assurer son avenir.

D

eux décennies après la fin du conflit qui a mené à l’éclatement de la Yougoslavie, les pays des Balkans restent confrontés à pas mal de difficultés, mais sont aussi en plein développement. La Chambre de commerce du Luxembourg mettra donc le cap vers deux d’entre eux, la Serbie et la Croatie, dans le cadre d’une mission économique qui se déroulera entre le 18 et le 21 avril. Une dizaine d’entreprises y participeront. « Cela fait plusieurs années que les chambres de commerce locales de Zagreb et Belgrade nous demandent de pouvoir organiser des séminaires chez eux pour présenter les spécificités du Luxembourg », explique Edith Stein, conseillère au département des affaires internationales de la Chambre de commerce. D’où l’idée de compléter le

voyage par des rencontres B2B entre entrepreneurs luxembourgeois et locaux. C’est la première fois que la Chambre organise une mission à Belgrade. Une visite d’État a par contre eu lieu en Croatie en 2011. « La mission sera clairement centrée sur le secteur de l’ICT, poursuit la conseillère. Ces deux pays ont des besoins croissants en communication, technologies et solutions informatiques. » Selon elle, une mission de ce type prend tout son sens dans un pays comme la Serbie qui n’est pas encore intégré à l’Union européenne. Il est officiellement candidat à l’adhésion, les négociations ont démarré en janvier 2014 et l’ouverture des deux premiers chapitres de discussions s’est faite sous présidence luxembourgeoise, au cours du second semestre 2015. « Dans un pays hors de l’espace de

B ELGRAD E Une ville qui aspire à la modernité, mais qui a encore d’importants besoins.

La mission se fait aussi en collaboration avec les conseillers de Brussels Export, l’organisme chargé du commerce extérieur pour la région bruxelloise. Dans un rapport récent, l’organisme belge pointe que la Serbie est un pays en pleine reconstruction après les turbulences des années 1990. L’infrastructure y est encore trop peu développée et le secteur des services est en plein développement. La Chambre de commerce pointe, de son côté, que Belgrade bénéficie d’une excellente situation stratégique et d’un accès libre aux marchés du sud-est de l’Europe et à la Russie. En revanche, ce pays de 7,1 millions d’habitants peine à trouver un rythme de croissance correct et son taux de chômage, qui atteignait 20,8 % de la population active en 2014, reste parmi les plus élevés d’Europe. Mais Belgrade compte sur les investissements et les exportations pour retrouver des chiffres positifs cette année. Actuellement, personne ne peut dire combien de temps le gouvernement serbe devra négocier avec les 28 pour intégrer le club. Mais la Croatie (4,5  millions d’habitants), elle, a mis six ans à les convaincre de l’accepter. La situation y est aussi différente. La corruption est moins marquée et, constate Brussels Export, Zagreb a pleinement réussi sa reconversion vers une économie de marché fonctionnelle dès la fin des années de guerre. Son importante façade le long de l’Adriatique l’y a évidemment aidé. Aujourd’hui, le secteur touristique est toujours en plein essor. En 2014, il représentait 17,2 % du PIB et est un pourvoyeur important de devises étrangères. « Ainsi, note encore Brussels Export, malgré les points noirs que constituent un taux de chômage (15,2 % en juin 2015) et un déficit public toujours élevés (-5,7 % en 2014), ces bonnes performances, conjuguées à la politique de réforme du gouvernement, favorisent la confiance des milieux d’affaires. » Deux contrées proches, mais finalement assez différentes sous pas mal d’aspects, et qui méritent qu’on s’y intéresse. EN RÉSUMÉ

Une mission de la Chambre de commerce se rend en Serbie et Croatie entre le 18 et le 21 avril. L’intérêt semble réciproque dans la mesure où ce sont les chambres de commerce de Zagreb et Belgrade qui ont demandé des séminaires pour mieux découvrir le Grand-Duché.

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W I K I M E D IA C O M M O N S

Des stades différents de développement


ENTREPRISES

M I K E Z E N A R I (A R C H I V E S)

BRÈVES

ENOVOS SANS E.ON NI RWE

Le nouvel actionnariat d’Enovos International a été validé moins de trois mois après la présentation des nouveaux actionnaires de la société d’énergie luxembourgeoise. Les 28 % détenus par E.On et RWE sont répartis entre la BCEE, la Ville de Luxembourg, Ardian et la SNCI, pour un montant gardé jalousement au secret. Le consortium d’acteurs du Grand-Duché détient désormais 68,91 % des actions du fournisseur d’énergie. Avril 2016 —

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ENTREPRISES

BRÈVES

SUCCÈS

Luxradar, l’application lancée par Christophe Atten, étudiant en informatique à l’Uni, a déjà été téléchargée plus d’un millier de fois. Elle renseigne ses utilisateurs sur les emplacements des 20 radars fixes activés le 16 mars dernier, mais aussi sur les contrôles mobiles réalisés chaque jour par la police. Disponibles sur Android, deux versions – une gratuite et une payante plus complète – sont proposées.

LEVÉE DE FONDS

Nutri-Bay, jeune start-up active dans la nutrition pour sportifs d’endurance, vient de lever 150.000 euros, après 8 mois de partenariat avec l’équipe de Nyuko, qui ont permis de sceller un accord avec un investisseur privé. La jeune société va ainsi pouvoir passer à une nouvelle phase de son développement en envisageant désormais le créneau « bio » dans un marché en pleine explosion.

FREEMIUM

Mark Tluszcz a été nommé président du conseil d’administration de la société israélienne Wix, active dans le « freemium porté par internet », et qui compte aujourd’hui près de 70 millions d’utilisateurs. Cette nomination intervient dans un contexte de croissance et de nouveaux développements pour Wix, qui a notamment signé il y a peu un accord de sponsoring avec le club de football de Manchester City.

la masse et les coûts de lancement de ces véhicules spatiaux.

AU 10E CYEL La 10e édition du Creative Young Entrepreneur Luxembourg (Cyel) est lancée. Ce concours vise à promouvoir l’entrepreneuriat au Luxembourg et à mettre en avant les idées novatrices d’entrepreneurs âgés de 18 à 40 ans. Les intéressés, qui doivent aussi avoir établi leur activité au Luxembourg, sont invités à soumettre leur candidature en utilisant le formulaire sur le site www.cyel.lu avant le 28 avril. Un jury d’experts et de personnalités influentes du pays désignera trois finalistes qui seront récompensés lors de la remise des prix organisée fin juin.

ELECTRA

C’est en présence du ministre de l’Économie Étienne Schneider que l’opérateur de satellites SES a signé les contrats relatifs au développement du programme Electra de satellite de prochaine génération, lancé en 2013. Ce partenariat public-privé entre SES, l’agence spatiale européenne et l’agence allemande de l’espace, renforce les intentions du Luxembourg et de l’Allemagne de favoriser l’innovation dans l’espace. Le projet, géré par SES et confié à la société allemande OHB System, travaille sur le développement d’une plateforme satellitaire entièrement électrique afin de réduire

HOP AU FINDEL

Exit Chalair, avec une brève escale au Findel. C’est la compagnie Hop, filiale low cost d’Air France, qui fait son entrée sur le tarmac luxembourgeois. Elle a débuté l’exploitation de la relation Luxembourg-Lyon qui se décline toute la semaine, du lundi au vendredi, ainsi que le samedi, pour un aller vers la capitale des Gones, et le dimanche pour un retour vers Luxembourg. À Lyon, Hop propose près d’une quarantaine de correspondances vers d’autres destinations en France.

INTÉRIM

Le Laboratoire national de santé s’est choisi un directeur intérimaire en la personne du professeur Philippe Hartemann, de la faculté de médecine de Nancy, en attendant la nomination d’un directeur présentant le profil adéquat pour répondre à ses nombreuses missions. Ce dernier sera chargé de développer le plan ­stratégique actuellement dans sa phase finale.

DECATHLON

Decathlon vient de lancer sur le ­marché une chaussure qui s’adapte à toutes les foulées. Une avancée rendue possible grâce à une étude menée par le Luxembourg Institute of Health auprès de 372 cobayes luxembourgeois. La chaussure est prévue pour corriger les problèmes de pronation (pour les coureurs qui écrasent leur pied vers l’intérieur) mais s’avère aussi efficace pour les coureurs neutres.

LADURÉE

Déjà présente en centre-ville avec une boutique, au 18 rue Philippe II, Ladurée va ouvrir, dès le 18 avril, un nouvel espace, plus vaste, doté d’un salon de thé. À l’espace confiné de la boutique actuelle succèdera une surface plus grande au 7 rue des Capucins, avec la traditionnelle vente à emporter, assortie d’un salon de thé pour accueillir 36 clients qui profiteront d’une carte élargie. Aucune information complémentaire n’a été donnée quant à la hauteur des investissements ni les détails du projet.

066 ­—

— Avril 2016

LIH

LU-CIX

Claude Demuth, membre fondateur de Lu-Cix, va devenir le premier CEO de ce groupement d’intérêt économique (GIE), selon la volonté du gouvernement et des fondateurs privés de l’asbl de vouloir entamer une nouvelle phase de promotion de l’internet


BRÈVES

ENTREPRISES

luxembourgeois. Selon le principal intéressé, sa mission sera de « mettre en place les procédures pour que le backbone technique fonctionne ­pleinement, tout en coordonnant de nouvelles missions de promotion, essentiellement à l’étranger, et en utilisant tous les outils technologiques disponibles ».

FUTURE FUND

Un an après sa création, le Luxembourg Future Fund a bouclé sa première prise de participations. Le ministre Étienne Schneider a ainsi annoncé un investissement de 20 millions d’euros dans le fonds Paladin European Cyber Fund, qui, comme son nom l’indique, est actif dans le domaine pointu de la cybersécurité. « Un investissement considérable », a commenté le ministre de l’Économie, interrogé par Paperjam.lu, confiant que « l’activité de ce fonds à Luxembourg attirera certainement encore d’autres co-investisseurs au Grand-Duché ».

CONTINUITÉ VISÉE

L’opérateur de satellites SES a annoncé un bénéfice net annuel en hausse de 5 % à 674 millions d’euros pour l’exercice 2015. Le groupe a enregistré l’année dernière un chiffre d’affaires de 2,01 milliards d’euros (+5 % en valeur absolue, mais +3,2 % à taux de change constant). Pour 2016, l’opérateur luxembourgeois table sur un chiffre d’affaires compris entre 2,01 et 2,05 milliards d’euros, avec une marge d’Ebitda entre 73,5 et 74 %. C’est sur son marché principal de la vidéo que SES a noté la plus forte progression (+7,5 %, +2,2 % à taux de change constant) à 1,355 milliard d’euros, soit 67 % du chiffre d’affaires du groupe.

TANGO

L’opérateur de téléphonie Tango annonce, pour 2015, un chiffre ­d’affaires de 129,9 millions d’euros, en hausse de 11,1 % par rapport aux 117 millions de 2014). La filiale de Belgacom bénéficie notamment de bons résultats par les revenus des abonnements mobiles et, notamment, ceux dédiés aux frontaliers. Avec un portefeuille de clientèle qui a grossi de 5.000 unités en 2015, Tango revendique désormais 288.000 clients. Sa base de clients TV, notamment, a progressé de 45,7 % sur un an et celle de clients internet de 14,5 %.

BIÈRE

Malgré des vents contraires dont la hausse de la TVA, la Brasserie nationale a tiré un bilan satisfaisant de 2015 qui lui a permis de rester

268.861 C’est, en hectolitres, la quantité de bière écoulée par la Brasserie nationale en 2015. numéro 1 au Luxembourg avec 268.861 hectolitres de Bofferding et de Battin écoulés. Mais pour rester compétitive, la Brasserie nationale vise un élargissement de sa zone de distribution qui englobe désormais – outre le Grand-Duché – Nancy, Arras, Bruxelles et Liège.

NOUVELLE TÊTE

Ancien cadre dirigeant de SES, Pascal Rogiest a été nommé nouveau CEO de Luxtrust. Stéphane Ries, qui occupait ce poste depuis 2010, retourne à l’opérationnel en devenant deputy CEO, mais surtout COO de la société,

« UNE COMBINAISON DE TECHNOLOGIES EST NÉCESSAIRE » À l’occasion du Mobile World Congress qui s’est tenu à Barcelone, la Société européenne des satellites (SES) a indiqué qu’elle était engagée dans le déploiement rapide des réseaux mobiles de cinquième génération, autrement dit la 5G. SES dit encourager activement le satellite comme élément essentiel pour un déploiement mondial de la 5G, soulignant que « pour faire face à l’énorme croissance de la demande de données, une combinaison de technologies terrestres sans fil et par satellite est nécessaire ».

dont il est également secrétaire du conseil d’administration.

EXPANSION EN INDE

Dans le cadre de la mission économique qui s’est déroulée début mars en Inde, le groupe d’ingénierie sidérurgique Paul Wurth a signé un partenariat avec Heavy Engineering Corporation pour la fabrication de fours à coke. La société luxembourgeoise est déjà présente depuis 1993 dans le pays.

VOLS

Dans la foulée de Hop, Lot Polish Airlines et Aegean, la compagnie aérienne régionale britannique Flybe se posera à compter du mois de septembre prochain au Findel pour exploiter deux nouvelles lignes directes à destination de Manchester et de Birmingham. La liaison vers Manchester s’effectuera via deux vols quotidiens en semaine, et un les samedis et les dimanches. Celle de Birmingham par le biais d’un vol ­quotidien du lundi au dimanche. Les billets, déjà disponibles sur le site de la compagnie, sont proposés à partir de 40 euros l’aller simple.

VENTE DIRECTE

Réunis en association, les principaux acteurs de la vente directe actifs au Luxembourg viennent de se lier à travers une convention à la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC). Ainsi est née l’Association pour la vente directe (AVD), qui dit aussi vouloir participer au développement économique du pays en proposant « un job sur mesure Avril 2016 —

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ENTREPRISES

BRÈVES

(éditeur, notamment, du quotidien Tageblatt). Kik Schneider, 63 ans, dont le vrai métier est membre du comité de direction de BGL BNP Paribas, siège depuis une vingtaine d’années dans le conseil d’administration du journal proche du parti libéral.

TREMPLIN

La Fondation Tremplin, sous l’égide de la Fondation de Luxembourg, vient de décerner le Prix Tremplin 2016, doté de 10.000 euros, au projet d’entrepreneuriat social Eis Epicerie, ouverte en juin 2015 à Soleuvre. « Eis Epicerie est une initiative sociale novatrice et les porteurs de projets ont démontré un engagement extraordinaire », a expliqué Christian Billon, le président de la Fondation.

AWARD

PUB

Désormais gérée par Espace Pub (la fédération des régies publicitaires au Luxembourg) et la société Nielsen, la pige publicitaire Luxembourg Ad’Report 2015 a livré son verdict. Elle montre un marché de l’investissement publicitaire dit « commercial » (hors offres d’emploi et communications officielles) en progression de 2,5 % à 129 millions d’euros. Ce sont les journaux quotidiens qui se taillent la part du lion dans ce gâteau publicitaire, concentrant 45,52 % du total. L’internet, qui est entré dans le champ d’études de la pige en 2014, connaît un taux de progression de 4,5 % à 14,4 millions d’euros (6,8 % du total). Cactus et Post Luxembourg sont toujours les deux annonceurs ayant le plus investi dans les médias en 2015. Le podium est complété par Tango, qui déloge la BCEE de la troisième place.

LEVÉE DE FONDS

La toute récente application mobile Kliber, créée en 2015 et qui met en relation recruteurs et candidats grâce à des capsules vidéo, entretient le mystère. Elle annonce une « première levée de fonds » réussie, mais sans en indiquer le montant ni le nombre d’investisseurs concernés. Seul 068 ­—

— Avril 2016

est cité RTL, les deux sociétés étant partenaires depuis 2015 au travers du « RTL Jobdag ».

ÇA PLANE POUR RTL

RTL Group, leader européen de l’audiovisuel, annonce dépasser pour la première fois les six milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015 (+3,8 %) et avoir réalisé un bénéfice en hausse de 21 % à 789 millions d’euros. L’Ebitda atteint également un niveau record à 1,17 milliard d’euros. Tirant profit de « la publicité télévisée » et des « activités de diversification », Mediengruppe RTL Deutschland a terminé l’année 2015 avec un Ebita en hausse de 5,2 %, à 684 millions d’euros, alors que les résultats des autres principales filiales (Groupe M6, FremantleMedia, RTL Nederland) sont en recul en 2015. Pour 2016, le groupe table sur « une croissance modérée, comprise entre 2,5 et 5% », entraînée « principalement par les activités numériques ».

SUCCESSION

Le conseil d’administration du Lëtzebuerger Journal a choisi Kik Schneider pour succéder à Norbert Becker en tant que président. Ce dernier, en place depuis 2005, a choisi de se retirer pour des raisons d’obligations professionnelles. C’est à lui que l’on doit notamment l’accompagnement du partenariat industriel réalisé avec le groupe Editpress

SCIENCE

La plateforme scientifique mondiale luxembourgeoise MyScienceWork annonce un accord avec la société américaine DeepDyve, qui gère une base de données de quelque 12 millions d’articles scientifiques et universitaires. L’objectif est de permettre une accessibilité plus transparente et financièrement abordable, à travers un service de location en ligne, pour toutes les PME et les particuliers non affiliés à une bibliothèque universitaire.

REPORT

Annoncée en octobre dernier pour « le premier trimestre 2016 », l’inauguration du premier lieu de vente de la marque de voitures électriques Tesla a été repoussée. Les retards dans la rénovation de l’immeuble de la route de Thionville obligent à décaler l’ouverture officielle sans doute début juillet. J E S S I CA T H E I S (A R C H I V E S)

complémentaire ou principal » dans le cadre d’un statut reconnu et réglementé. Selon l’Association, la vente directe représente aujourd’hui au Luxembourg un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros par an.

La société luxembourgeoise IEE, ­spécialisée dans le développement de capteurs automobiles, a reçu un Yanfeng Automotive Interiors award, décerné par le plus grand fournisseur mondial d’équipements intérieurs automobiles. IEE a été primée dans la catégorie « Innovation » pour des accoudoirs de portes chauffants.


Une nouvelle image et toujours le même service. Le 1er janvier 2014, la société a quitté le réseau Point-S pour renforcer sa propre image de spécialiste du pneu exclusif et renommé tout en se donnant une nouvelle identité visuelle.

Delta-Pneus offre aux conducteurs un service pick-up pour véhicules en leasing opérationnel et aux flottes en nom propre ayant un compte client à facturation différée ouvert chez nous.

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ENTREPRISES

LE SITE DE BE LVAL ArcelorMittal doit poursuivre ses investissements en Europe pour tenir la distance face à la concurrence.

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— Avril 2016


ENTREPRISES

SIDÉRURGIE

Les pieds dans les fers chinois JEAN - MICHEL LALIEU

ArcelorMittal a dû faire appel à ses actionnaires à hauteur de 3 milliards de dollars pour retrouver de l’oxygène. Après avoir profité de la croissance chinoise, la sidérurgie européenne a subi les conséquences d’une crise de surproduction venue d’Asie. Aperam a aussi subi la pression chinoise, mais s’est restructuré plus rapidement.

A R C E LO R M I T TA L

R

éunis à Luxembourg pour une assemblée générale extraordinaire le 10 mars dernier, les actionnaires d’ArcelorMittal ont marqué leur accord à une très large majorité pour une augmentation de capital de 3 milliards de dollars. Une opération qui se chiffrera à 1,1 milliard de dollars pour la famille Mittal, actionnaire à 38 %, et à 66,6 millions de dollars (59,9 millions d’euros) pour l’État luxembourgeois, qui détient 2,16 % du sidérurgiste. Cette somme, additionnée à la vente de la société espagnole Gestamp (environ un milliard de dollars), permettra de ramener la dette nette à moins de 12 milliards de dollars. Le leader mondial de la sidérurgie devrait donc pouvoir sortir un pied de l’ornière. Mais la situation était grave. Le 5 février, il avait annoncé une perte nette de 7,9 milliards de dollars (contre 1,1 milliard en 2014) et un chiffre d’affaires en recul de 19,8 % à 63,6 milliards de dollars. Ceci dit, pour sa majorité, la perte affichée pour le dernier exercice n’est pas liée à l’opérationnel. Le groupe a été affecté par deux phénomènes. En premier lieu, la demande d’acier, fortement liée à la croissance chinoise, a diminué et a fait chuter le prix du minerai de fer (-43 % sur l’année 2015). ArcelorMittal, fortement investi dans le secteur minier, a donc dû enregistrer 4,8 milliards de dollars de dépréciations, en majorité liées à des actifs miniers. Ensuite, en cours d’année, il a aussi subi des importations massives d’acier chinois à bas prix qui ont fait reculer de 19,7 % le prix de l’acier sur l’ensemble de l’exercice et l’ont contraint à 1,4 mil-

liard de charges exceptionnelles dues à des dépréciations de stocks.

LA PRODUCTION MONDIALE D’ACIER

Dumping asiatique

(en millions de tonnes)

Globalement, la sidérurgie européenne a fortement souffert, à partir du printemps 2015, de l’afflux de produits chinois. En pleine croissance, au cours des dernières années, l’Empire du Milieu a fait grandir son parc de production jusqu’à l’excès. La demande ralentissant là aussi, les producteurs ont choisi la voie de l’exportation pour éliminer la surproduction. « En phase de développement rapide, la Chine a consommé de plus en plus d’acier, mais elle atteint un plateau de 500 kilos par habitant que l’Europe a connu vers 1975 et à partir duquel la croissance stagne, explique Alex Nick, directeur général d’ArcelorMittal Luxembourg. Souvent, dans la sidérurgie comme dans le secteur minier, on anticipe mal le point d’inflexion. On continue à créer des unités qui seront opérationnelles 3 à 4 ans plus tard, alors que la consommation se stabilise. » Le 15 février dernier, les sidérurgistes sont donc descendus dans la rue, patrons et ouvriers côte à côte, pour réclamer de l’Union européenne des mesures antidumping contre les produits chinois et la non-reconnaissance à l’OMC par Bruxelles de la Chine en tant qu’économie de marché. Une option qui aurait pour conséquence de rendre plus difficiles des mesures de rétorsion commerciales à son encontre. Le 16 mars, la Commission européenne a publié une communication dans laquelle elle dit vouloir accélérer l’adoption de mesures antidumping et prendre des mesures pour lutter contre la surcapacité mondiale. « L’Europe a déjà pris des mesures antidumping depuis la

2015 2014

Chine 803,8 822,8

-2,3 %

EU (28) 166,2 169,3

-1,8 %

Japon 105,2 110,7

-5 %

États-Unis 78,9 88,2

-10,5 %

Russie 71,1 71,5

-0,5 %

mi-février sur les fils machines et les laminés à froid », admet Alex Nick. Mais avec des droits d’entrée qui sont passés de 13 % à 16 %, il estime qu’il reste de la marge. D’autres produits – les bobines d’acier, le laminage à chaud – sont aussi actuellement sous investigation de la part de l’Union. « Le processus devrait prendre environ neuf mois », observe le directeur général d’ArcelorMittal Luxembourg, qui prévient déjà : « Le premier trimestre 2016 ne sera pas très bon. » Et ensuite ? « Ça dépendra des mesures qui seront prises. On peut raisonnablement être optimiste quant à un redressement à moyen terme… mais on part de très bas. »

Pékin réagit

Responsable des investissements pour BCEE Asset Management, Marc Fohr se montre rassurant pour la sidérurgie européenne dans son ensemble. « Des mesures antidumping ont été prises un peu partout dans le monde. Début mars, les États-Unis ont encore pris des mesures pour des droits d’importation pouvant même dépasser 260 %. Dans l’Union européenne, il faudra probablement attendre le deuxième semestre pour observer les premiers effets mais, en même temps, la reprise économique en Europe fera augmenter la demande d’acier. » Autres points positifs, selon lui, le faible niveau de surcapacités sur le Vieux Continent et un dollar plus fort qui devrait rendre les prix des produits de base moins chers pour les industriels européens. Et depuis peu, les bonnes nouvelles viennent aussi tout droit de Chine. Début mars, le pouvoir en place a annoncé des mesures colossales pour lutter contre la surcapacité de son outil industriel Avril 2016 —

— 071


ENTREPRISES

ARCELORMIT TAL LUXEMBOURG

PRO DU I T P H A R E Dans le cadre du plan « Action 2020 », ArcelorMittal Luxembourg a investi 35 millions d’euros pour assurer son leadership. dans les palplanches.

et la pollution. Dans le « paquet », il est prévu la fermeture de mines de charbon et de minerai de fer ainsi que d’unités de production sidérurgique. « Pékin a créé un fonds de 4,8 milliards de dollars pour aider l’industrie à se transformer, explique Marc Fohr. En termes humains, 1,8 million de personnes devront être déplacées vers d’autres secteurs. » À moyen et long terme, ces mesures devraient aider le redressement de l’industrie européenne, rassure-t-il.

Aperam a trouvé la sortie

Dans la foulée de ses résultats, avec un cours de bourse passé sous la barre des 4 euros (2,62 euros au plus bas le 11  février), ArcelorMittal a renoncé à offrir un dividende à ses actionnaires pour l’année 2015. Quelques jours plus tard, Aperam, le groupe né de la scission, en 2011, de la branche aciers inoxydables du groupe ArcelorMittal – la famille Mittal en détient 40,83 % – annonçait pour sa part un retour du dividende après avoir fait l’impasse les trois années précédentes. « Si Aperam repart sur des bases meilleures, c’est avant tout grâce au travail effectué en interne en vue d’améliorer sa compétitivité », explique Laurent Beauloye, secrétaire général de la société et responsable de la communication. En Europe, le groupe disposait d’une mul072 ­—

— Avril 2016

titude d’outils industriels. « Il fallait rationaliser et regrouper les outils de production. » Le groupe est ainsi passé de 29 outils en aval en 2011 à 17 aujourd’hui, tout en produisant plus de volumes. En Europe, la capacité de production du secteur de l’inox a été restructurée ces cinq dernières années et Aperam a été à l’initiative de ces restructurations dès sa création. Un passage obligé : « Les capacités de production asiatiques représentent aujourd’hui plus de 70 % des capacités mondiales et la Chine, à elle seule, en détient 50 % », précise M. Beauloye. Mais, comme pour les aciers au carbone, la demande asiatique semble se réduire, créant un problème de surcapacités qui pèse sur la santé de toute l’industrie des aciers inoxydables. Mais ici, l’Europe s’est montrée plus réactive à contrer les pratiques de dumping asiatiques. « Des mesures ont été prises au cours de l’été 2015 contre des comportements de marché déloyal de la Chine et de Taïwan », explique Laurent Beauloye. Les importations en provenance de Chine et de Taïwan ont diminué en 2015 par rapport à leur niveau historiquement élevé en 2014. Mais l’Europe reste confrontée à des importations significatives, à partir de la Corée du Sud ou de l’Inde.

Pour l’exercice 2015, Aperam a réalisé un résultat net de 172 millions de dollars (95 millions en 2014) et sa dette a été réduite à 316 millions de dollars. Elle était d’un milliard de dollars à la création d’Aperam. « Ce qui a changé la donne, ce ne sont pas uniquement les mesures antidumping, poursuit le responsable d’Aperam. Notre philosophie est de développer nos propres mesures et de générer des résultats sans tenir compte du contexte du marché. Nous avons donc développé un ambitieux programme de réduction de coûts sous la forme de notre Leadership Journey. » Aperam vise aussi le développement de produits à plus haute valeur ajoutée en misant sur la recherche et le développement. Tout n’est donc pas perdu pour la sidérurgie européenne. Le problème chinois jugulé, ArcelorMittal devrait pouvoir repartir sur de meilleurs rails. Reste à savoir dans quel délai.

EN RÉSUMÉ

Les soucis d’ArcelorMittal trouvent leur origine sur le continent asiatique qui fait sa crise de surproduction. L’Europe devra réagir pour sauver sa sidérurgie, mais le leader mondial devra aussi prendre des mesures, comme l’a fait Aperam pour retrouver la santé.

La filiale grand-ducale a déjà pris des mesures pour faire sa part de travail pour la santé du groupe et assurer son propre avenir. Pour redresser sa situation financière, ArcelorMittal a mis en place un plan « Action 2020 » qui doit lui permettre d’accroître l’Ebidta annuel de 3 milliards de dollars, même en cas de conditions de marché similaires à celles d’aujourd’hui. « Au Luxembourg, la grande part des actions sont déjà planifiées et engagées », commente Alex Nick, directeur général d’ArcelorMittal Luxembourg. 35 millions d’euros ont été investis sur le site de Belval pour développer une nouvelle génération de palplanches – des plaques destinées à retenir les terres ou les eaux – et maintenir le leadership du groupe sur ce produit. « Nous avons réalisé les investissements lourds nécessaires, maintenant il faut imposer cette innovation chez nos clients », poursuit Alex Nick. À Differdange, là où sont produites les poutrelles Jumbo – les plus grosses poutrelles au monde –, 35 autres millions seront encore investis pour améliorer la qualité de services et moderniser le finissage et, au laminoir de Rodange, des moyens ont été mis en œuvre pour développer les rails à gorge, en faisant le pari du retour des tramways dans les villes. « Des progrès sont encore possibles pour améliorer l’outil dans les usines luxembourgeoises, insiste le responsable des activités luxembourgeoises. Si nous y parvenons, nous devons pouvoir maintenir une sidérurgie forte au Grand-Duché. »

A R C E LO R M I T TA L

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ENTREPRISES

RECRUTEMENT 2.0

Entre archaïsme et bonne volonté J E A N - M I C H E L GAU D R O N

MOBILE Les candidats à l’emploi utilisent de plus en plus leur smartphone pour leurs démarches.

U

n grand conservatisme. » C’est en ces termes que la société Potentialpark, spécialisée dans l’évaluation des stra­ tégies digitales de recrutement des entreprises, dépeint la situation au Luxembourg. À la lumière des résultats de l’édition 2016 de son étude annuelle Otac (Online Talent Communication), la deuxième du nom, que Paperjam publie en exclusivité, les analystes constatent qu’en dépit de certains efforts et améliorations apparaissant ça et là, « cette conduite du changement est souvent très académique et timorée, et surtout trop lente vis-à-vis des attentes des candidats qui évoluent vite ». Ainsi, entre autres exemples, sur l’échantillon de 30 employeurs établis au Luxembourg (cumulant 110 présences en ligne), scrutés entre octobre et novembre 2015 par les analystes de Potentialpark, seuls 20 % sont prêts à parler emploi via l’application Instagram, alors que selon le sondage réalisé en parallèle auprès de quelque 18.000 étudiants (écoles de commerce, universités, ingénieurs), 50 % des jeunes diplômés 074 ­—

— Avril 2016

En comparaison avec l’étude précédente, des progrès ont été notés, mais encore insuffisants.

européens utilisent cette application (voir méthodologie ci-contre). En outre, 49 % des candidats européens à l’embauche expliquent utiliser des terminaux mobiles pour leurs recherches d’emploi. Or, seules 19 entreprises sur les 30 au Luxembourg offrent des plateformes adaptées aux smartphones et tablettes. Au classement général établi par Potentialpark, Deloitte (+9 places par rapport à 2015) détrône DuPont (classée numéro 1 en 2015 et 8e cette année), au bénéfice d’un site carrières « solide et mobile », d’une page Facebook, d’un contenu LinkedIn et, depuis peu, d’un compte Twitter RH dédié. La banque ING (+6) prend la deuxième place du classement avec notamment un site carrières mobile et une forte présence sur LinkedIn. Un autre Big Four, EY (+1), qui utilise le modèle mondial développé par la firme, complète le podium. « Les entreprises aux avant-postes des classements sont celles qui ont fait preuve de courage en investissant à la fois dans des canaux de communication connus et dans des approches innovantes n’ayant

« Les entre­ prises doivent se forcer à accélérer la conduite du changement en interne. » Antoine Lhosmot Understanding talent Potentialpark

pas encore fait leurs preuves », commente Antoine Lhosmot, understanding talent chez Potentialpark, qui a coordonné et piloté l’étude au Grand-Duché. Parmi les nouveautés relevées par l’étude, le lancement d’un nouveau site carrières mondial pour le groupe Ferrero (ce qui justifie son entrée dans le panel des entreprises passées en revue), une présence RH dédiée sur Facebook pour les Big Four (on retrouve EY, Deloitte, PwC et KPMG dans les huit premières places), mais aussi pour Microsoft, Sodexo ou encore Luxair. À noter aussi, l’apparition de classements, qui ne figuraient pas dans la première édition en 2015 : celui relatif aux médias sociaux, pour lequel EY apparaît à la 1re place, et celui pour les applications mobiles, remporté par BNP Paribas. Ce sont aussi ces deux nouveautés qui ont sensiblement redistribué les cartes par rapport à l’année dernière. Il faut dire que les candidats européens à l’embauche utilisent de plus en plus leur terminal mobile pour effectuer leurs recherches d’emploi. « Ils sont à présent 49 % à le faire, soit 13 points de

D E AT H TO S TO C K P H OTO G R A P H Y / M A I S O N M O D E R N E

La deuxième étude de Potentialpark sur les stratégies digitales RH révèle une certaine inertie de la part des entreprises luxembourgeoises en la matière.


ENTREPRISES

ÉTUDE OTAC LUXEMBOURG 2016 (CLASSEMENT 2015) Classement général 1 Deloitte (10)

6 Amazon (5)

2 ING (8)

7 Société Générale Bank & Trust (2)

3 EY (4)

8 DuPont (1)

4 Ferrero (n. c.)

9 Post Luxembourg (21)

5 BNP Paribas (9)

10 Microsoft (6)

Sites carrières 1 Deloitte (7)

6 Société Générale Bank & Trust (1)

2 PwC (2)

7 Microsoft (4)

3 ING (8)

8 Ferrero (n. c.)

4 EY (6)

9 BNP Paribas (14)

5 BCEE (10)

10 Post Luxembourg (20)

Candidatures en ligne 1 Ferrero (n. c.)

6 Deloitte (14)

2 BNP Paribas (5)

7 PwC (9)

3 Société Générale Bank & Trust (3)

8 DuPont (1)

4 Microsoft (8)

9 Ceratizit (6)

5 ING (10)

10 Bil (12)

Médias sociaux (nouveauté 2016) 1 EY

6 Ferrero

2 Microsoft

7 Luxair

3 Deloitte

8 KPMG

4 PwC

9 Amazon

5 ING

10 SES

Mobile (nouveauté 2016) 1 BNP Paribas

6 Ferrero

2 Société Générale Bank & Trust

7 Post Luxembourg

3 ING

8 DuPont

4 Amazon

9 RBC Investor Services

5 Deloitte

10 EY

MÉTHODOLOGIE L’étude a été réalisée entre octobre et novem­ bre 2015 par les analystes de Potentialpark qui ont passé en revue les 110 présences en ligne de 30 employeurs luxembourgeois et analysé, pour chacun, 347 critères. La pondération de ces différents critères a été ensuite établie sur la base d’un sondage mené, entre septembre 2015 et janvier 2016, auprès de 17.953 étudiants européens (écoles de commerce, ingénieurs, universités).

plus que l’année dernière », indique M. Lhosmot. D’où l’obligation, pour les employeurs, de développer des plateformes emploi adaptées aussi bien aux smartphones qu’aux tablettes. Elles sont 19 dans ce cas, sur les 30 entreprises classées au Luxembourg en 2016. « L’activité principale des mobinautes est de chercher des offres d’emploi et dans une moindre mesure, faute de pratiques suffisantes des entreprises, de postuler en ligne. Un tiers souhaiterait le faire, et 13 % l’ont déjà fait. » En outre, une plus grande mise en valeur des initiatives locales a été notée, permettant une personnalisation des plateformes de recrutement souvent développées au niveau groupe par les plus grands employeurs internationaux. « Les entreprises doivent se forcer à accélérer la conduite du changement en interne », note M. Lhosmot, qui identifie trois opportunités à saisir et pistes d’innovation à suivre par les entreprises « afin de combler enfin l’écart en faisant preuve de courage » : reprendre le contrôle en matière de qualité des offres d’emploi publiées ; accélérer le changement dans les pratiques en privilégiant notamment les applications mobiles (BGL BNP Paribas, par exemple, permet un processus intégral de dépôt de candidatures en ligne) et, enfin, accepter l’éphémère en lançant des campagnes sur des réseaux à la mode (Instagram, WhatsApp, Snapchat…), même si leur durée de vie est plus courte. « Pour qu’une entreprise réussisse à se positionner de manière innovante sur un créneau, elle ne doit pas avoir peur de perdre du temps et doit avoir le courage d’admettre que l’investissement dans un canal et la communication puissent être éphémères. » L’analyste met également en garde les sociétés contre un état des lieux de la situation en termes d’attractivité et de recrutement qui pourrait, potentiellement, être erroné. Car bon nombre d’employeurs ont encore parfois le réflexe, qualifié d’« archaïque » par M. Lhosmot, de se dire qu’ils n’ont pas d’efforts à faire compte tenu de l’important volume de candidatures reçu. « Mais ils ne se rendent pas compte que le positionnement de la marque employeur est essentiel dans la perspective des recrutements de demain. Il faut savoir se projeter pour trouver les talents de demain qui auront toute la flexibilité exigée. Or il y a encore une certaine inertie dans les managements sur ce point-là. Et cela peut être préjudiciable. »

É TUDE OTAC 20 16

5 TENDANCES-CLÉS

82 % des jeunes diplômés européens utilisent le site carrières des entreprises comme source d’informations. Ils sont 61 % à également utiliser LinkedIn.

31 % des candidats à l’embauche utilisent, en 2015, Facebook dans leur recherche d’informations sur un employeur. Ce taux était de 20 % en 2014.

29 % des candidats ont déjà été en contact avec un employeur ou un recruteur via le réseau LinkedIn.

10 % des candidats utilisent la plateforme d’offres d’emploi et de recrutement Glassdoor. Ils y cherchent principalement des informations sur les salaires.

13 % des propriétaires d’un smartphone l’ont déjà utilisé pour postuler pour un emploi. 63 % l’ont déjà utilisé pour visiter un site carrières d’une entreprise.

EN RÉSUMÉ

La deuxième étude de Potentialpark, menée sur les stratégies digitales en matière de recrutement de 30 employeurs luxembourgeois, montre que le dynamisme affiché dans certains cas ne parvient pas toujours à masquer une inertie encore très pesante en la matière.

Avril 2016 —

— 075


ACCIDENT S DU TR AVAIL

Vers une « vision zéro » F R É D É R I C A N T ZO R N

En nette diminution depuis 1990, la fréquence des accidents du travail – près de 26.500 en 2014 dont un quart en lien avec les trajets – tend à stagner ces dernières années. En marge du Forum sécurité-santé 2016, une charte de bonnes pratiques est lancée en vue de diminuer cette fréquence de 20 % d’ici six ans.

S

elon des chiffres publiés par l’Organisation internationale du travail (OIT), on compterait en moyenne chaque année dans le monde 340 millions d’accidents du travail, dont 360.000 accidents mortels. À ceux-là s’ajoutent près de deux millions de décès liés aux suites de ces accidents ou à des maladies professionnelles. Pour faire court, et de manière plus imagée : à chaque seconde, on dénombre un mort et 11 blessés graves dans ces circonstances à travers la planète. En dehors des dégâts humains qu’ils représentent, les accidents du travail ont aussi un coût socio-économique qui a été évalué par l’OIT à quelque 1.250 milliards de dollars. Un montant qui, selon le G8, équivaut à 4 % de perte économique au niveau mondial.

Au Luxembourg, selon les dernières données disponibles auprès de l’Association d’assurance accident (AAA), près de 26.500 accidents du travail ont été dénombrés en 2014. Parmi eux, près d’un quart sont des accidents de trajet survenus entre le domicile et le lieu de travail, et 143 maladies professionnelles. Une catégorie dont est toujours exclu, à l’exception d’un seul et unique cas pris en compte, le burn-out, aussi appelé syndrome d’épuisement au travail, qui n’est toujours pas officiellement reconnu en tant que tel dans la législation nationale. Pour contrer ce phénomène, diverses actions ont été mises en place depuis plusieurs années déjà, dont notamment un Forum de la sécurité et de la santé au travail qu’organise depuis 2004, avec et à l’initiative de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), l’AAA, l’Insti-

FRÉQUENCE DES ACCIDENTS RECONNUS (Section industrielle régime général) Nombre d'accidents par rapport à 100 salariés occupés à plein temps (2.080 heures /an). 12 10

10,87

8 4,54

6 4 2 0

1,57

1,12

1990 2013 Accidents du travail Accidents de trajet

PR ÉVENTI ON ArcelorMittal dédie, chaque année, une journée entière à la sécurité au travail. Une démarche qui ne demande qu’à être davantage entreprise.

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— Avril 2016

tut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR) et ArcelorMittal. « Le résultat de ces actions, menées une fois par an lors de ce forum et tout au long de l’année à l’intérieur des entreprises, a permis de faire baisser la fréquence de ces accidents du travail – calculée en nombre d’accidents par 100 salariés occupés à temps plein – d’un indice de 10,87 en 1990 à 4,54 en 2013 », explique Paul Meyers, ingénieur responsable de l’AAA. La tendance est, en revanche, moins spectaculaire sur le plan des accidents de trajet : en repli, certes, mais passant d’un taux de 1,57 à 1,12. « Cette tendance à la baisse a toutefois tendance à s’essouffler », poursuit Paul Meyers, soulignant la nécessité de mettre en place une nouvelle stratégie nationale en matière de prévention des accidents liés au travail pour réduire leur nombre, surtout celui des accidents graves (300 en 2014) et mortels (14). « Il convient dans ce sens de frapper fort », note pour sa part Martine Peters, conseillère de direction à l’UEL. Consciente des enjeux financiers et humains que ces accidents impliquent, la fédération patronale souhaite aller plus loin dans ses efforts en mettant en place, avec l’AAA, une stratégie « vision zéro » comme il en existe une pour les accidents de la circulation routière. « Mise en place pour la période 2016-2022, cette initiative a pour objectif de parvenir autant que possible à ce que les blessés graves et les morts disparaissent de nos statistiques et, dans le même temps, de faire en sorte que la fréquence des accidents du travail diminue de 20 % », poursuit la conseillère de l’UEL. Concrètement, une charte référençant des engagements précis dans le cadre de cette « vision zéro » devait être signée ce 24 mars par des représentants du gouvernement, des syndicats et des entreprises, à l’occasion de la 10e édition du Forum de la sécurité et de la santé au travail. Pour les entreprises engagées dans ce processus, « il s’agira notamment de faire preuve de leadership et d’exemplarité en matière de sécurité et de santé au travail, d’analyser de manière systématique tous les risques et dangers liés à leurs activités, et de mettre en place un programme d’amélioration continue doté d’objectifs mesurables », indique Paul Meyers. À ses yeux, pas d’erreur possible : « La prévention n’est pas un coût, mais bien un investissement. » EN RÉSUMÉ

Pour prolonger les efforts en matière de réduction des accidents du travail, les acteurs économiques ont mis en place une charte référençant des engagements précis à prendre par les entreprises, appelées à faire preuve d’exemplarité.

MAISON MODERNE

ENTREPRISES



ENTREPRISES

CARGO B SERVICES

Les Kralowetz du ciel VÉRONIQUE POUJOL

La compagnie de fret aérien Cargo B Airlines opérait en Belgique, mais ses pilotes étaient affiliés à la caisse de sécurité sociale luxembourgeoise.

C ARG O B AIRLIN E S La compagnie opérait à partir de la Belgique, avec des pilotes affiliés au Luxembourg.

Six ans après sa faillite en 2009, le fisc luxembourgeois a réclamé sans succès les arriérés d’impôts sur salaires. Un dossier qui n’est pas sans rappeler la faillite retentissante de la société de transports Kralowetz en 2002.

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— Avril 2016

mois de retenues sur les salaires et aussi de la gronde sociale qu’elle provoqua dans les rangs du personnel, sa tentative de récupération des impôts échoua. Deux ans après la faillite de CBS, le fisc luxembourgeois s’est souvenu qu’il manquait 550.000 euros dans ses caisses et se retourna contre l’ancien dirigeant pour les récupérer en émettant un bulletin d’appel en garantie, en évoquant au passage son comportement fautif. Ce bulletin fit l’objet d’un recours en mars 2013. L’affaire fut plaidée en avril 2014 et le jugement est intervenu… après deux ans de délibération, en février 2016. L’affaire a pointé certaines anomalies dans la gestion du groupe. Celle de l’affiliation des pilotes au Centre commun de la sécurité sociale du Grand-Duché en est la principale. Qui l’a finalement autorisée, alors que CBS s’était vu opposer un premier refus ? Les juges ont, au final, annulé le bulletin controversé d’appel en garantie émis par l’ACD pour « comportement fautif », estimant que les pilotes n’étaient pas imposables au Luxembourg « de sorte qu’aucune retenue d’impôt sur leurs salaires ne devait être effectuée pour compte des autorités fiscales luxembourgeoises ». À l’avenir, signale l’avocat à la Cour Jean-Luc Schaus, qui a défendu l’ex responsable de CBS, l’ACD n’aura plus besoin d’invoquer un comportement fautif des dirigeants pour aller leur réclamer les impôts impayés. Le projet de loi sur la modernisation de la faillite prévoit en effet de modifier les dispositions de la vieille loi fiscale allemande, l’Abgabe­ordnung, pour « faciliter la mise en œuvre de la responsabilité du représentant d’une société en cas d’insuffisance de l’impôt payé par rapport à l’impôt légalement dû ». EN RÉSUMÉ

Les pilotes de la compagnie belge de fret aérien Cargo B Airlines, mise en faillite en 2009, étaient immatriculés à la sécurité sociale du Luxembourg, bien qu’ils n’y aient jamais travaillé. Ils n’y ont pas davantage payé leurs impôts sur le revenu. Ils n’en payaient pas non plus en Belgique. Le fisc luxembourgeois voulait rattraper les anciens dirigeants de la structure au Grand-Duché, Cargo B Services, une coquille vide, servant de paravent pour y faire de l’optimisation tant fiscale que sociale.

LICENCE CC

L

a compagnie de fret aérien Cargo B Air- a débouché devant le tribunal administratif (en sa lines (CBA) avait des airs de « Kralowetz faveur d’ailleurs). Le jugement a toutefois été du ciel », du nom de cette société de frappé d'appel. transports ayant établi un siège interL’homme a également expliqué que CBS avait national au Luxembourg et y ayant immatriculé fait appel aux services d’un des Big Four de la Place une partie de ses chauffeurs aux caisses de sécu- pour déterminer le traitement fiscal des pilotes et rité sociale avant de faire faillite en 2002. La com- obtenir un ruling de la part de l’Administration pagnie aérienne, elle, a déposé le bilan en 2009, des contributions directes. Le prix de la prestation tout comme sa filiale luxembourgeoise, Cargo B s'était élevé à 60.000 euros. Il s’agissait d’établir Services (CBS). si les salariés devaient payer leurs impôts en BelLa faillite de Cargo B Services montre que cer- gique ou bien si les retenues à la source appartetaines pratiques avaient survécu à la disparition naient à l’employeur au Grand-Duché et si, par du transporteur et qu’elles étaient même encou- ailleurs, une dispense pouvait être accordée. ragées par des grandes firmes de consultants. Le fisc luxembourgeois considéra que la comAujourd’hui, un règlement compétence revenait à la Belgique, munautaire de 2010 n’autorise « toujours compétente pour impoplus le shopping social des comser le personnel navigant de Cargo pagnies d’aviation à partir de B Services, ce quel que soit l’État coquilles vides (au Luxembourg de résidence (des pilotes, ndlr) », La faillite de ou ailleurs). écrivait en octobre 2007 un chef Cargo B Services En février 2011, le bureau de division de l’ACD. Aucun d’imposition RTS (retenue sur impôt sur les salaires n'avait été montre que les salaires) Luxembourg 1 dans le royaume, et il a fallu certaines pratiques payé cherche à rattraper celui qui fut attendre des mois pour qu’ils le le directeur général et gérant de soient au Grand-Duché. Et avaient survécu Cargo B Services, et lui adresse encore, partiellement. à la disparition un « bulletin » d’appel en garanLa constitution de la structie. Il le considère comme codéture luxembourgeoise du transporteur. biteur d’un montant de près de employant la trentaine de pilotes 550.000 euros au titre de l’impôt remontait à août 2007, et c’est sur les traitements et les salaires seulement à partir de novembre des années 2008 et 2009 pour une trentaine de 2008 que les premières retenues sur les salaires pilotes. Panique de l’ancien dirigeant, qui avait furent prélevées. Et ce jusqu’à la faillite en juillet seulement prêté son nom pour apparaître dans 2009. La firme de conseil ayant initialement recomles statuts de l’entité luxembourgeoise. L’homme mandé aux dirigeants de la compagnie de ne pas est menacé de voir sa maison saisie pour rembour- faire de RTS, les impôts sur salaires ne furent donc ser le fisc luxembourgeois. pas prélevés à la source pendant des mois. Les Cargo B Airlines opérait des Boeing 747 Cargo pilotes n’en payaient nulle part, ni au Luxembourg – trois appareils au moment de la faillite –, d’abord ni sur leur lieu de résidence, alors qu’officielleà partir de l’aéroport de Bruxelles, puis de Liège. ment ils avaient des contrats de travail luxembourCBS mettait des pilotes, résidant principalement geois et dépendaient du Centre commun de la aux Pays-Bas et en Belgique, à la disposition de la sécurité sociale. maison mère belge dans le cadre de contrats de Démasqué, l’employeur fut finalement obligé prestations de services. Aucun avion ne s’est jamais de procéder aux retenues non opérées entre janposé au Luxembourg, a raconté l’ancien dirigeant, vier et octobre 2008. Mais compte tenu des mondans le cadre de l’affaire des impayés d’impôts qui tants considérables en jeu sur un rattrapage de 11


ENTREPRISES

INFRASTRUCTURES

Air Rescue se pose enfin L’asbl spécialisée dans le sauvetage aérien a pris possession de ses nouveaux locaux au Findel. L’inauguration officielle est prévue fin avril.

I

l aura fallu deux mois et demi, entre novembre 2015 et février 2016, pour que Luxembourg Air Rescue (LAR) prenne enfin possession de ses nouveaux locaux, définitifs, à l’aéroport de Luxembourg. Ces locaux flambant neufs sont pour le moins fonctionnels et permettent surtout d’héberger l’ensemble des 165 membres du personnel sous un seul et même toit. Le nouveau hangar propose une superficie de 3.000  m2 (contre 1.800 pour l’ancien) et les services administratifs disposent désormais de 1.000 m 2 de bureaux, auxquels s’ajoutent 600 m2 pour le centre de formation. Ce nouveau site regroupe le centre de maintenance, le centre de simulation médicale, le centre de formation approuvé et la centrale d’alerte (qui comprend également un centre de crise). LAR est la plus grande association du pays (plus de 185.000 membres) et effectue plus de 3.000 missions par an, avec une flotte de cinq hélicoptères de sauvetage et autant d’avions sanitaires. Le Grand-Duc est attendu pour l’inauguration officelle de ces locaux le 20 avril prochain.

J.- M. G. |

ERIC CHENAL

Avril 2016 —

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ENTREPRISES

SPORT BUSINESS

Ça roule toujours pour Genii J E A N - M I C H E L GAU D R O N

Même s’il a vendu son écurie Lotus F1 à Renault Sport, Genii Capital garde tout de même une présence-clé dans l’univers de la Formule 1, sur qui il adosse une plateforme de business performante.

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— Avril 2016

a, bien évidemment, repris à son compte le montant de ce passif. Les alternatives n’étaient de toute façon pas nombreuses et la volonté de s’associer à un constructeur a toujours été présente dans les réflexions. « Nous aurions aussi pu choisir de licencier environ 200 personnes, soit 40 % de nos effectifs, et nous contenter de fonctionner sur les revenus garantis par les contrats, sans injecter de fonds supplémentaires, explique M. Lopez. Mais nous nous serions retrouvés à un niveau de performance qui ne nous aurait plus permis de remonter la pente. » Quant à Genii, il reste encore actionnaire à hauteur de 10 % du capital et Gerard Lopez garde sa place au sein du conseil d’administration, conservant les responsabilités qui étaient déjà les siennes en matière de stratégie commerciale. « Je reste encore très actif, et peut-être même encore plus actif que je ne l’étais avant, explique-t-il à Paperjam. Ayant moins de pression pour la gestion journalière, je peux assister aux grands prix davantage en position de spectateur privilégié. » Ce ne fut pas le cas à Melbourne, Gerard Lopez

étant alors en déplacement pour le compte de son autre activité majeure du moment, Nekton, la société créée il y a tout juste un an et spécialisée dans le trading et les investissements dans les énergies fossiles, notamment pétrolières. Une activité en plein boom et qui n’interfère en rien avec la plateforme Genii Business Exchange (GBE), la vitrine VIP masterclass du groupe, déployée en marge de chacun des 21 grands prix de la saison, d’ici à novembre. Depuis 2012, lorsque cette initiative a été mise en place, le succès dépasse largement les attentes. « Le maintien de l’accès à cette plateforme était une des conditions sine qua non du deal, précise Gerard Lopez. Être désormais adossés à un groupe constructeur comme Renault nous ouvre de nouvelles possibilités. » EN RÉSUMÉ

Genii Capital n’est plus l’actionnaire principal de l’écurie Lotus F1, désormais passée sous le giron de Renault. Mais en coulisse, Gerard Lopez est toujours bel et bien présent, avec toujours autant d’ambition.

R E N AU LT S P O R T

C'

est sur les 5,3 km de l’Albert Park de Melbourne que la saison 2016 de Formule 1 s’est ouverte, le 20 mars dernier, après que cette édition de Paperjam a été imprimée. Parmi les bouleversements qui ont égayé l’hiver, le rachat de l’écurie Lotus par Renault Sport figure évidemment en bonne place. Et ce d’autant plus que l’actionnaire principal cédant n’était autre que la société d’investissement luxembourgeoise Genii Capital, via sa filiale Gravity Motorsports, qui était entrée dans le grand cirque de la F1 en 2010 en rachetant l’écurie… Renault. La marque au losange s’était alors contentée d’un statut de motoriste. Aujourd’hui, la boucle est donc bouclée… Le dossier, clôturé en trois mois, entre l’annonce de la lettre d’intention et la finalisation du deal, a longtemps tenu en haleine, et pas uniquement autour des paddocks, compte tenu des enjeux financiers liés à la situation de la mythique écurie anglaise, dont les dettes s’élevaient à environ 1 million de dollars. Si le montant de la transaction n’a pas été dévoilé, l’acheteur français

VISIBILITÉ La mention Genii est désormais plus discrète sur les F1. Mais le groupe luxembourgeois garde tout de même un bon pied dans l’habitacle de l’écurie Renault.


ENTREPRISES

S O U T I E N À L’ E N T R E P R E N E U R I A T

Rampe de lancement F LO R E N C E T H I BAU T

Après un pilote en octobre 2015, Fit4Start entame en mars sa première saison avec une moisson de cinq start-up.

KLAP

FAIRE VIVRE SES VIDÉOS

Sur 16 semaines, le programme offrira coaching, visibilité et finan­ cement jusqu’à 150.000 euros.

S

ous l’impulsion du ministère de l’Économie et de Luxinnovation, Fit4Start démarrait par un pilote en octobre 2015. Objectif : mettre le pied à l’étrier de porteurs de projets émergents. Il a, depuis, permis de « diplômer » deux start-up : Houser, une plateforme de comparaison de biens immobiliers, et Sport50, active dans la gestion sportive. La première saison vient de débuter en mars avec cinq recrues à coacher sélectionnées par un jury parmi 100 dossiers. Pour cette édition, les moyens ont été étendus. Les entrepreneurs pourront recevoir un coup de pouce de 50.000 euros, plus 100.000 supplémentaires s’ils parviennent à lever euxmêmes 50.000 euros.

NOMOKO

MODÉLISATION 3D

Grâce à un algorithme, Klap entend transformer des photos et des capsules vidéo en vrais films à partager. Pensé par Pierre Colle et Olivier Chatillon en 2015, le projet permet déjà de monter des séquences sur GoPro. Une app devrait suivre d’ici peu. « Notre objectif est de terminer le développement d’une première version de notre produit pour le lancer très vite sur le marché et recueillir les retours des utilisateurs. La vitesse d’exécution sera notre principal facteur de succès », explique le fondateur. Avec 1,5 milliard de smartphones, le potentiel est de taille.

Venue de Suisse, la start-up espère bien créer la plus haute résolution de caméra au monde afin de surpasser la vision humaine. L’idée est de développer une qualité de modélisation numérique presque impossible à distinguer de la réalité. « Fit4Start va nous permettre de lancer une partie de nos activités de R & D au Luxembourg, partage Vincent Pedrini, à l’initiative du projet né à Zurich. 2016 est une année technologique. Nous allons finaliser les bases hardware et software pour faire les premiers tests et applications commerciales 3D en 2017. » EVVOS

TIRER PARTI DES CAPTEURS VISUAL SCAFFOLDING

CONNECTER DESIGNERS ET DÉVELOPPEURS Faire l’interface entre développeurs et designers d’applications mobiles, tel est le projet porté par Alfonso Garcia Frey et Damien Neuberg. Le but est ici de leur simplifier la tâche. Passer par la case Fit4Start permettra aux deux fondateurs de passer à la vitesse supérieure. « Le timing est vraiment parfait pour nous, indique Damien Neuberg. En effet, nous avons déjà reçu de très bons retours concernant notre technologie, mais il nous manquait encore un petit coup d’accélérateur pour finaliser le produit. »

Tirant parti de la mouvance de l’internet des objets (IOT), le projet Evvos, mis sur pied par Georgi Taskov, veut concevoir et relier des appareils sans fil à des capteurs, grâce à un mix de hardware et de software. La jeune start-up souhaite ainsi proposer une connectivité à la carte et out of the box. Elle prévoit, pour cela, de créer une large palette de capteurs pouvant être connectés à des supports modulaires. Chacun pourra alors créer sa propre plateforme et assembler ses objets connectés.

CONNECTED ROPE

SURVEILLER SON BATEAU À l’image d’un babyphone pour surveiller son nouveau-né, Connected Rope permet de rester connecté avec son bateau et de pouvoir le suivre en temps réel, notamment lors d’intempéries. Mathilde Argaud, cofondatrice du projet, explique : « Nous avons voulu participer à Fit4Start pour booster le démarrage de notre start-up. Cela va nous permettre, tant sur le plan financier que sur le plan humain, d’avancer dans les meilleures conditions. Dans les trois ans à venir, nous espérons avoir un produit et un service robustes pour satisfaire nos clients. »

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ENTREPRISES

MU RAT MU TLU « Pour rien au monde je n’échangerais pour un autre pays. »

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ENTREPRISES

PORTR AIT – MUR AT MUTLU (IMMO LUXEMBOURG)

Un aller simple JEAN - MICHEL LALIEU |

MIKE ZENARI

Murat Mutlu a appris l’art du commerce dans les rues d’Istanbul. Au Luxembourg depuis un quart de siècle, il est sorti gagnant d’un véritable parcours d’obstacles. Aujourd’hui, il donne tout pour assurer le leadership de sa société sur son marché.

J

e ne parle jamais politique, religion ou football ! » Murat Mutlu est très clair là-dessus : « Chacun a ses idées et je les respecte. » Ceci dit, on aurait presque envie de le faire à sa place, tant son parcours semble un modèle d’intégration réussie. Qui ne s’est pas fait d’un coup de baguette magique, c’est clair. Mais 25 ans après son arrivée sur le territoire luxembourgeois, l’homme d’affaires d’origine turque est devenu un personnage incontournable dans le monde de l’immobilier et qui ne renie rien de son passé. « Au contraire, je suis fier de tout ce que j’ai fait », assure le gérant et associé d’Immo Luxembourg, qui a testé tout ce qui se fait dans la gamme des « petits boulots » avant de s’installer dans des bureaux cossus de la place Winston Churchill à Luxembourg. Mais revenons au tout début. En partant de sa naissance, le 5 mars 1972, dans le quartier de Sultanahmet à Istanbul. Intégré dans le quartier historique et touristique de la mégapole turque, il se frotte dès le plus jeune âge au commerce en vendant des cartes postales, des timbres de collection et de l’eau aux nombreux touristes. À l’école, dès l’âge de six ans, il fournit les élèves en petit matériel. « Ces multiples activités m’ont permis très jeune de gagner ma vie et de payer mes études », explique-t-il. À l’école de la vie, il avait déjà pris exemple sur la famille. « Je suis issu d’une famille de commerçants. » Il le revendique. Le cuir, les tapis, la bijouterie, l’immobilier… Son père détenait deux hôtels cinq étoiles, un à Istanbul, l’autre à Bodrum. Quant au jeune Murat, avant son départ pour l’Europe, il travaillait comme vendeur dans la bijouterie de son frère. Aujourd’hui, Murat Mutlu collectionne les voitures. Les rapides et les anciennes. « J’aime beaucoup les voitures », sourit-il. La plus ancienne date

de 1934. Mais avant de pouvoir les exposer ou les engager dans des rallyes aux côtés d’autres passionnés, des carrosseries, il en a surtout lavées. « Mon premier emploi : le car-wash du garage Citroën Étoile à la Cloche d’Or. » Lorsque l’employé de l’Adem lui propose le job, il l’accepte du bout des lèvres. « Mais je ne parlais que quelques mots de français et j’avais besoin d’un travail. »

Brique par brique

Mais revenons à nouveau en arrière. Au 20 avril 1991, très exactement, lorsque Murat Mutlu atterrit à Bruxelles, en provenance directe d’Istanbul. Raison du départ ? Sa première épouse, une Française, ne voulait pas le voir perdre son temps dans un fastidieux service militaire. Faute de visa valable, la France lui refuse l’entrée. Ce sera donc Luxembourg. Et le premier choc. « J’avais vécu dans une ville qui, à l’époque, comptait déjà 9 à 10 millions d’habitants. Ça m’a donc fait bizarre de me retrouver dans ce petit pays qui en comptait un peu plus de 300.000. » Un pays dont il n’ignorait pas l’existence, mais dont il ne savait rien. « Pour moi, le Luxembourg, c’était l’Eurovision : Luxembourg, ten points! » Un territoire dont il se retrouve aussi quasi prisonnier, son visa ne l’autorisant à circuler qu’à l’intérieur du Benelux. Donc, il bosse. Après le car-wash, il enchaîne les jobs : déménageur, archiviste, chauffeur de taxi… « J’ai aussi ouvert un snack, j’ai toujours fait deux ou trois choses en même temps. » Mais il ne regrette rien. « Mes deux filles, Eda (17  ans) et Ece (13 ans) sont nées ici. Pour rien au monde je n’échangerais le Luxembourg contre un autre pays, même pas la Turquie. Je suis redevable à ce pays. » Il se retrouve finalement employé à l’ambassade de Turquie, un travail enfin stable. Qu’il ne quittera qu’il y a 13 ans pour se lancer dans l’aventure immobilière avec des partenaires étrangers. Et

PLAIDOYER POUR LA HAUTEUR Depuis plus de 13 ans qu’il baigne dans le monde de l’immobilier luxembourgeois, Murat Mutlu s’est forgé quelques idées pour le faire évoluer. « Ça fait 10  ans que je m’interroge sur le refus des communes et du gouvernement de construire en hauteur, lance-t-il. Quand la population atteindra 700 ou 800.000 personnes, où va-t-on les loger ? Enfin, j’ai récemment lu des propos allant dans ce sens en provenance du gouvernement, ça me rassure. » Pour le responsable d’Immo Luxembourg, c’est une manière de modifier l’offre et la demande et donc de faire baisser les prix du marché. « Je ne comprends pas, insiste-t-il. Nous sommes dans un petit pays, dont 34 % du territoire sont couverts de forêts à protéger et on n’autorise des constructions que sur deux étages. » Sur le court ou moyen terme, il ne s’attend en tout cas pas à une baisse des prix ni à l’explosion d’une soi-disant bulle immobilière. « Ça fait 25  ans que je suis au Luxembourg et autant de temps que j’entends dire qu’une bulle immobilière va exploser. Mais, selon moi, elle n’est pas prête à se dégonfler. »

au bout du chemin, la création d’Immo Luxembourg, un bébé qui a vite grandi. Son créneau, les maisons unifamiliales dans la zone Luxembourg-ville, Strassen et le Kirchberg. « Nous n’envisageons pas actuellement de nous lancer dans le bureau, ça ne nous intéresse pas. » En revanche, rapidement, Immo Luxembourg a été en relation avec une clientèle haut de gamme cherchant des biens assez exclusifs. « Quelle que soit la clientèle, notre philosophie est la même : ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’on nous fasse. Il faut être irréprochable en tout point et se dire que la personne en face de nous vise peut-être le projet de sa vie. »

Une deuxième agence

Et pour Immo Luxembourg, Murat Mutlu a un projet imminent : ouvrir une deuxième agence en ville avant l’été et engager une vingtaine de personnes. En prenant l’ensemble de ses activités, il en emploie déjà 45. C’est qu’à côté du business de la brique, l’homme d’affaires est associé à différents projets, dont le restaurant Elch à Bertrange, la boutique Casting au centre commercial Belle Étoile et les magasins Benetton dans le même centre. « Mon but n’est pas de diversifier mes activités, explique-t-il. C’est avant tout d’élargir mon cercle de connaissances pour développer Immo Luxembourg. » Son objectif est véritablement de devenir leader du marché et, pour cela, il ne faut laisser passer aucune chance. « Les bonnes affaires c’est par relations que j’en prends connaissance. Et mes clients, ce sont d’autres clients qui me les amènent. Ça ne marche que comme ça. » Un credo basé sur les rapports humains et qui, visiblement, fonctionne bien. EN RÉSUMÉ

Arrivé de Turquie à moins de 20 ans, Murat Mutlu a multiplié les boulots jusqu’à prendre la tête d’Immo Luxembourg. Un parcours de vie dont il se dit fier et ne regrette rien.

Avril 2016 —

— 083


ENTREPRISES

COMMERCE EXTÉRIEUR

Des exportations (un peu) plus variées JEAN - MICHEL HENNEBERT

D

epuis 25 ans désormais, les services supplantent les biens dans les exportations luxembourgeoises. Récente, l’évolution traduit la désindustrialisation partielle du pays au profit du secteur tertiaire où domine le secteur financier. Bien que générale en Europe, la tendance observée au Luxembourg se caractérise par le fait que le pays exporte ses services, là où ses voisins ont tendance à les vendre sur leur marché domestique. Pour les biens, la situation évolue peu à peu. Depuis plus de 50 ans, la catégorie que le Statec définit comme « métaux communs et ouvrage de ces métaux » domine les exportations. Autrement dit, la sidérurgie. Mais au

fil des années, le poids de cette dernière diminue, au point de n’occuper en 2015 plus « que » 24 % de l’ensemble des biens exportés. Contre 83 % en 1960. Cette diminution conséquente de la dépendance à un secteur profite donc à d’autres, comme les « machines et appareils » industriels ou les produits issus du plastique et du caoutchouc. Au cours des trois dernières années, le volume des exportations du Grand-Duché a connu une progression de 8 % et figure désormais au niveau enregistré avant la crise de 2008. Cette redistribution des cartes liée à l’évolution de la demande mondiale pousse donc à l’émergence de nouveaux secteurs, tournés principalement vers l’international.

C’est dans ce contexte que la Chambre de commerce et l’Office du Ducroire ont décerné, début février, leur Export Award 2015-2016. Le premier prix a ainsi été remis à Fast Track Diagnostics, société fondée en 2006 et implantée sur le site d’Esch-Belval. Figurant parmi les principaux fournisseurs mondiaux de kits de diagnostic pour les maladies infectieuses, la société exporte une soixantaine de produits différents dans quelque 70 pays. Mais de nombreuses autres entités basées au Luxembourg participent à ce mouvement. Le 10x6 « Export champions, à l’assaut du monde », organisé par le Paperjam Club le 23 mars, a donné l’occasion de s’en rendre compte à la puissance 10...

BIENS EXPORTÉS EN 2015

EXPORTS EN 2015

Sidérurgie

24,4%

Services

81,2% Autres

Biens

18,8%

Machines et appareils

17,7% Plastique et caoutchouc

14,6%

PRINCIPAUX BIENS EXPORTÉS PAR LE LUXEMBOURG (1993-2015) 12.500.000 Total

10.000.000

Métaux communs et produits liés

8.000.000 6.000.000

Machines et appareils

4.000.000

Matière plastique et caoutchouc

2.000.000 500.000

084 ­—

— Avril 2016

19 9 4 19 9 6 19 9 8 2 0 0 0 2 0 0 2 2 0 0 4 2 0 0 6 2 0 0 8 2 010 2 012 2 014


PLACE FINANCIÈRE

C H R I S TO P H E O L I N G E R

BRÈVES

POST A UN PIED CHEZ RAIFFEISEN

Après l’annonce faite en juillet 2015, Guy Hoffmann, président du comité de direction de Banque Raiffeisen, et Claude Strasser, directeur général de Post Luxembourg, ont scellé le rapprochement de Banque Raiffeisen et Post Finance pour l’activité de comptes postaux. Post entre dans le capital de Raiffeisen à hauteur de 10 %. Les 140.000 clients CCP profitent d’un élargissement des services proposés. Ils auront notamment accès directement au tout nouveau compte épargne R-Top de Raiffeisen. Avril 2016 —

— 085


BRÈVES

FIN DE PARTIE

Après 10 mois de bataille, le tribunal de commerce a tranché fin février en faveur du promoteur Flavio Becca dans le litige l’opposant à son partenaire Éric Lux dans le fonds d’investissement immobilier Olos Fund. Au cœur de cette bataille juridique épique, le partage des actifs du Ban de Gasperich et la part réelle de chacun des acteurs dans le fonds d’investissement.

FONDS EN HAUSSE

Selon les chiffres pour l’année 2015 diffusés par Efama à la fin février, on voit qu’au niveau global le Luxembourg reste en tête des pays européens et que ses concurrents les plus sérieux restent l’Irlande, la France et l’Allemagne. Le pays a en revanche du mal à faire son trou en matière de fonds alternatifs. Avec des actifs nets de 3.506 milliards d’euros (fonds Ucits et alternatifs cumulés), le Luxembourg conserve aussi une part de marché stable de 27,9 % et termine l’année 2015 sur une hausse globale de 13,3 %.

PAS D’URGENCE

La Cour de justice de l’UE a refusé de traiter en urgence une demande de la Cour administrative. Elle concernait une question de conformité de la loi de 2014 ayant supprimé les recours contre les injonctions de l’administration fiscale en matière d’échange d’informations. Au cœur du litige, la perte de contrôle de la pertinence des informations demandées par les administrations fiscales étrangères par l’Administration des contributions directes et les juges administratifs. L’arbitrage de la CJUE est très attendu par les milieux financiers.

MARIAGE SCELLÉ Annoncée l’été dernier, l’opération d’acquisition de 100 % du capital de Banco Popolare Luxembourg par Banque Havilland a été officiellement clôturée fin février. Une transaction « qui est en droite ligne avec la stratégie de Banque Havilland d’étendre sa base clients UHNW en Europe », comme l’indique le communiqué diffusé par la banque acheteuse. Le prix de base de la transaction s’élève à 21,5  millions d’euros, selon des informations communiquées par Banque Havilland à Paperjam.lu. Mais ce montant doit encore être ajusté en tenant compte des bénéfices de la banque italienne réalisés jusqu’au jour de la transaction. La trentaine d’employés de la banque italienne, dont les locaux se trouvent au boulevard Royal, a été transférée auprès de Banque Havilland Institutional Services.

SUISSE

Interviewé dans le quotidien helvétique Le Temps, en marge d’une visite organisée en Suisse par Luxembourg for Finance, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a salué l’évolution des relations entre les deux Places, devenues au fil du temps « plus partenaires que concurrentes ». Une évolution qui serait liée non seulement au fait que « le Luxembourg sert de porte d’entrée dans le marché européen des services financiers pour les banques suisses »,

mais aussi au fait que « nos deux Places revendiquent ensemble un cadre réglementaire et fiscal qui relève du level playing field », a-t-il expliqué.

AMBITIONS

La fusion entre Banque Degroof et Petercam sera effective au Luxembourg début avril. Philippe Masset, CEO du groupe, a aussi pris les commandes de Banque Degroof Luxembourg de manière transitoire. Début mars, il a précisé vouloir une présence forte au Luxembourg et a, dans la foulée, annoncé que c’est au Grand-Duché qu’est en train d’être concentrée toute l’activité du groupe en matière d’administration de fonds. Il entend aussi y développer les ­activités de family office (lire aussi en page 88).

BILAN BANCAIRE

Selon les chiffres de la CSSF, le produit net bancaire a progressé de 4,9 % en 2015 à 10.895 milliards d’euros. Le résultat avant provision atteint, lui, 5.463 milliards d’euros, soit une progression de 1,6 %. Tous les grands postes de revenus affichent des progressions : 5,2 % par la marge d’intérêts (4.276 milliards d’euros), 5,8 % pour les revenus de commission (4.339 milliards d’euros) et 2,8 % pour les autres revenus. L’implémentation de la réglementation financière a par contre pesé sur les frais généraux qui augmentent de 8,5 % (5.432 milliards).

NOUVEAU BOSS

Frank Krings a été nommé chief country officer de Deustche Bank Luxembourg, à la date du 15 mars. Il était auparavant general manager et chief country officer de la banque allemande en Thaïlande. Le poste était vacant depuis le départ, le 31 décembre dernier, de Boris Liedtke, qui a occupé la fonction pendant deux ans. Nathalie Bausch et Werner Burg, qui ont assuré l’intérim depuis le début de l’année, conservent leurs attributions respectives de chief operating officer et de chief risk officer au sein du comité de direction.

RETARD

Le Conseil d’État a émis trois oppositions formelles au projet de loi relatif aux fonds d’investissement alternatifs réservés (Fiar). Des oppositions plus « techniques » et destinées avant tout à écarter toute insécurité juridique autour du texte que liées au contenu et à l’esprit de la réforme proposée, mais qui imposent un réexamen du texte par la commission des finances et du budget. Le projet pourrait donc 086 ­—

— Avril 2016

DAV I D L AU R E N T (A R C H I V E S)

PLACE FINANCIÈRE


BRÈVES

PLACE FINANCIÈRE

de défense de Dominique StraussKahn, qui persiste à plaider l’ignorance des agissements des dirigeants. La plainte a été déposée en novembre dernier devant le parquet financier de Paris par les époux Urbach, les derniers investisseurs à avoir mis de l’argent dans ce qui devait être une banque d’affaires. Leur avocat accuse les administrateurs de la société financière de l’avoir présentée à ses clients comme une structure prospère. Et, selon lui, Dominique Strauss-Kahn, son ex-président, devait savoir que ce n’était pas le cas.

L’E-TVA RABOTÉE

prendre du retard, alors que ses initiateurs rêvaient de le voir adopté en début d’année.

DÉFIS DE FONDS

La conférence de printemps 2016 de l’Alfi a abordé les méga-tendances de l’industrie des fonds. Évolutions technologiques, gestion des données, arrivée de nouvelles générations… autant de défis qui s’ajoutent à l’avalanche réglementaire qui s’est abattue sur le secteur depuis la crise de 2008. L’une des clés de la réussite passera par l’usage des fintech et la revue des processus de l’industrie des fonds par le filtre digital.

BAROMÈTRE

Le baromètre 2016 de l’Observatoire des sociétés de gestion de PwC Luxembourg, qui mesure l’activité des sociétés de gestion Ucits au Grand-Duché sur base du nombre d’employés, de l’évolution des actifs sous gestion et du nombre de structures, est en progression de 16,9 % en 2015. Il en ressort qu’une société de gestion établie au Luxembourg gère en moyenne 32,897 milliards d’euros, 11 fonds, 109 sous-fonds et emploie 22 personnes.

LICENCE CC

DÉCROCHAGE

Le décrochage des marchés boursiers au cours des derniers mois impacte directement les statistiques des fonds d’investissement domiciliés au Luxembourg. Les statistiques publiées par la CSSF au 31 janvier font état d’un repli du patrimoine global net des organismes de placement collectif et des fonds d’investissement spécialisés de 3,86 % à 3.370,999  milliards d’euros.

En décembre, le repli avait déjà été de 2,32 %. Il faut remonter à septembre pour retrouver un niveau aussi bas (3.366,8 milliards).

AMENDE

Au début du mois de mars, le Memorial B a fait état d’une amende administrative à l’encontre d’un réviseur d’entreprises agréé du cabinet Grant Thornton Lux Audit, sans mention de son nom. La sanction est l’une des plus fortes à avoir jamais été imposée dans le secteur de l’audit au Luxembourg pour violation des prescriptions légales et règlementaires : 75.000 euros. L’amende maximale prévue par la loi du 18 septembre 2009 est fixée à 125.000 euros.

LFF À ABU DHABI

Luxembourg for Finance a signé le 10 mars un Memorandum of Understanding (MoU) avec l’autorité de la place financière d’Abu Dhabi afin de rapprocher les deux Places, notamment dans la finance islamique et les fintech. Le MoU a pour objectif de renforcer le dialogue et d’établir un partenariat dans les domaines bancaire, des services financiers et de régulation liée à la titrisation. Les deux organisations examineront aussi les possibilités de ­coopération dans le domaine des ressources humaines et de la formation.

Les recettes TVA encaissées en 2015 par l’Administration de l’enregistrement et des domaines (AED) se sont élevées à 3,461 milliards d’euros, en baisse de 4,6 % par rapport à 2014. Les taxes sur le commerce électronique, à la suite du changement de réglementation prévoyant la rétrocession de 70 % des recettes au pays de résidence des consommateurs, ont fondu de presque moitié l’année dernière, de 1,076 milliard en 2014 à 554 millions en 2015. Dans son rapport annuel 2015, l’AED note encore que le pays compte 69.073 assujettis à la TVA (66.460 en 2014).

LA CSSF RECRUTE

La Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) a lancé une procédure publique concernant le recrutement d’un cinquième membre de son comité de direction. Le nouveau membre sera en charge spécifiquement des aspects opérationnels de la CSSF que sont les ressources humaines, l’informatique, l’administration et la finance. Depuis l’arrivée début février de Claude Marx à la tête de l’institution, c’est donc une architecture par domaine de compétence qui s’affirme.

LSK, SUITE

Un couple de Français a porté plainte contre la société financière LSK pour escroquerie en bande organisée. Leur avocat juge « fantaisiste » la ligne Avril 2016 —

— 087


PLACE FINANCIÈRE

PHILIPPE MASSET (BANQUE DEGROOF LUXEMBOURG)

« Notre modèle d’indépendance perdurera » J E A N - M I C H E L GAU D R O N |

SV E N B E C K E R

Le CEO par intérim arrivé fin janvier insuffle, par son dynamisme, un nouvel élan à Banque Degroof Luxembourg. En plein cœur du processus de fusion avec Petercam – qui sera effective au 1er avril au Luxembourg –, les défis à relever sont multiples, à commencer par le volet digital. Mais il entend bien maintenir la banque dans le même créneau qui fait son succès depuis bientôt 30 ans.

V

ous êtes à la tête du groupe de l’intérieur : la connaître, voir quelles Degroof Petercam et avez sont ses dynamiques, ses potentiels et pris, en plus, les rênes de comment encore mieux la développer. Banque Degroof Luxembourg dans un contexte assez particu- Ave z -vo u s l e s e n t i m e n t qu e lier, suite aux départs successifs des cet­te fusion a bien été assimilée deux administrateurs délégués, Patrick aujourd’hui ? Keusters en octobre puis Geert de Une telle opération reste toujours un Bruyne en janvier. Est-ce à dire que la gros exercice. La fusion, dans son fusion entre Degroof et Petercam ne ensemble, est tout à fait sous contrôle s’est pas passée aussi bien que prévu ? et bénéficie d’un réel avantage : elle est p h i l i p p e m a s s e t Lorsqu’il y a un tel le fruit d’une réelle ambition. Quand exercice de transformation importante, un tel processus découle d’un proil arrive classiquement que certaines blème économique ou d’une nécessité personnes, y compris haut placées, sou- de restructuration, c’est forcément plus haitent se reposition­ compliqué que lorsner par rapport à ce qu’il y a un réel projet qu’elles ont envie de commun. Dans le cas faire ou de ne pas faire. présent, il s’agit vraiNos ambitions Je préfère aujourd’hui ment d’un deal de développement. Ce me focaliser sur les sont très qui n’empêche pas, quelque 1.500 perréalistes. bien sûr, qu’il faille sonnes que représente bien organiser les le groupe et sur les stratégies que nous choses. Mais il est très sommes en train de déployer. Je ne sou- positif de pouvoir compter sur un alihaite pas davantage commenter les situa- gnement de vues complet entre le tions individuelles. Ce qui ne veut pas management et les actionnaires. Ça dire que les départs que vous avez évo- permet de mobiliser plus facilement qués, et d’autres aussi, n’ont pas consti- les troupes et les énergies. tué un élément de surprise. Mais la vie Maintenant, il est évident qu’une est faite de surprises et je pense que le telle fusion perturbe bon nombre d’hagroupe est suffisamment armé en res- bitudes et introduit des changements sources pour les pallier. plus profonds à certains endroits que Le timing a pu aussi être un élément d’autres. C’est une grosse manœuvre, inattendu. Et dans ce contexte, il était mais qui en vaut la peine. Depuis sa mise tout à fait normal que je fasse moi-même en œuvre, le 1er octobre dernier, nous le saut et que j’assure cet intérim. Et je sommes parfaitement en ligne avec les le fais avec d’autant plus de conviction objectifs que nous nous sommes fixés. que l’entité luxembourgeoise est tout à La vision est évidemment très différenfait centrale dans le dispositif du groupe. ciée en fonction de l’intensité et de la J’avais ainsi l’opportunité de souligner nature des changements opérés. Mais davantage cette importance et de maî- voir les évolutions positives me rend triser encore mieux son fonctionnement serein et déterminé à poursuivre. 088 ­—

— Avril 2016

Vous évoquiez le rôle « central » de l’entité luxembourgeoise… Et je le confirme ! Nous employons entre 330 et 350 personnes, soit pratiquement un quart des effectifs du groupe. Des métiers importants entiers sont localisés ici, comme l’administration de fonds. D’autres sont très fortement présents, comme le private banking, la salle de marchés, les crédits. Luxembourg est donc tout à fait essentiel dans notre dispositif, et va le rester, plus que jamais. Le but est clairement de conserver une entité épanouie dans le groupe, forte et en croissance à l’affût de développements intelligents au Grand-Duché. Quels sont les leviers de croissance sur lesquels vous comptez vous appuyer, au Luxembourg ? Ce ne sont pas nécessairement de nouvelles voies, mais plutôt continuer sur la lancée de ce qui est en cours. Pour ce qui est de l’administration de fonds, nous avons deux objectifs de croissance : d’une part, en déployant pleinement l’activité par rapport à toutes nos activités internes du nouveau groupe fusionné, ce qui n’était pas le cas auparavant, et d’autre part, en misant sur une stratégie externe de croissance, de niche, qui fonctionne bien et que nous voulons poursuivre, aussi bien auprès de clients locaux qu’à l’international en Europe. Dans la banque privée, nous voulons poursuivre notre développement en utilisant toutes les caractéristiques du pays en termes de stabilité, créativité intelligente et sens du business. Et le tout en poussant davantage le Luxembourg comme hub pour certains types de services qui sont mieux organisables ici. Enfin, pour le volet banque d’affaires, nous n’avons été que ponctuellement pré-

LON G TE RME Philippe Masset ne fait que passer. Mais la stratégie qu'il met en place est prévue pour durer.


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sents, avec succès, sur certains dossiers, mais nous pensons que nous pouvons élargir ce rôle auprès des entreprises. Le pays regorge de groupes familiaux impressionnants, mais parfois peu connus ou sous-estimés et nous pensons que notre valeur ajoutée de conseiller indépendant peut trouver un écho auprès de ces clients-là. À partir de là, mécaniquement, si ces activités se développent, le reste de la banque va suivre… Il ne faut donc pas s’attendre à des choses révolutionnaires, mais cela ne nous empêche pas de conserver une très grande vigilance proactive envers tout ce qui se passe au Luxembourg et étudier comment construire sur ce qui se passe d’intelligent dans le pays. Je citerai l’exemple de l’activité de family office. C’est évidemment quelque chose que nous suivons de près. Nous avons l’ambition de la démarrer cette année, mais dans une logique groupe. Nous sommes en train d’en étudier le design.

Cette activité sera-t-elle basée au Luxembourg ? Je n’ai pas de commentaire plus détaillé à faire par rapport à cette question, mais le Luxembourg sera clairement un élément important de cette dynamique. Une des forces de notre groupe est d’avoir cette présence multigéographique, ce qui fait que nous nous sentons parfaitement à l’aise avec des groupes familiaux européens, qui sont fragmentés dans plusieurs pays, et pour lesquels cette approche de type family office ferait tout son sens.

BIO EXPRESS

PHILIPPE MASSET  51 ans  Président du comité de direction de Banque Degroof Petercam depuis le 1er octobre 2015, un an après son arrivée à la tête de Banque Degroof.  Nommé CEO par intérim de Banque Degroof Luxembourg en janvier 2016.  Entre 2008 et 2014, il a été membre du comité exécutif d’ING Belgique, en tant que head of commercial banking. Il a également occupé les fonctions de chief operating officer.  Il a été président du conseil d’administration d’ING Luxembourg de 2010 jusqu’à son départ pour Degroof, en 2014.

Parmi les défis que doivent relever les banques en général, et peut-être les banques privées en particulier, on peut citer celui de la digitalisation et des technologies mobiles. Où en êtes-vous sur ce plan-là ? Nous sommes en train d’élaborer tout un plan d’action en la matière. Un plan réellement multifacette. Nous partons du fait que, évidemment, nous croyons très fort dans notre modèle : celui d’une banque indépendante, à haute valeur ajoutée dans des métiers spécifiques basés sur une relation de confiance et de très grande proximité avec le client. Ce modèle est pérenne, mais il doit aujourd’hui s’exprimer dans un environnement en révolution, que ce soit dans la façon de consommer ou d’interagir. Nous devons donc suivre cette évolution sans pour autant devenir une banque directe. Quelle est la base de ce plan ? Il y a d’abord un élément culturel fondamental qui consiste à amener nos propres équipes à évoluer et à appréhender ce que sera demain dans les Avril 2016 —

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PLACE FINANCIÈRE

besoins de changement et les fonctionnements. Parallèlement, il est indispensable de voir quels sont et surtout quels seront les besoins des clients. Et pour cela, nous sommes actuellement dans une phase de co-création avec eux, ce qui constitue une première pour nous. Nous discutons avec eux de leurs façons de « consommer » les produits bancaires et quelles sont leurs attentes. À partir de là, nous pourrons dérouler les révisions de processus et de chaînes opératoires qui s’imposent, en ayant alors une approche plus souple, itérative. Nous avons lancé ce projet il y a trois mois et il va nous occuper pendant plusieurs années. Nous avons planifié un investissement de 50 millions d’euros sur trois ans. Nous espérons avoir très rapidement des réalisations concrètes à mettre en œuvre. Le plus immédiat, en termes de services, concernera tous les éléments de consultation online des portefeuilles sur des terminaux mobiles. Une application devrait être finalisée avant la fin de l’année. Nous sommes bien sûr persuadés que nous pourrons maintenir notre modèle de proximité et faire en sorte qu’il puisse s’exprimer dans un mode de consommation différent. Mais cela aura aussi un impact sur nos équipes. Car aujourd’hui, dans les interactions avec les clients, le volet administratif est encore très présent. Or, si nous permettons au client de faire lui-même certaines démarches, le contact avec le conseiller sera alors axé sur la haute valeur ajoutée relationnelle. Ce ne sera évidemment pas neutre, car cette haute valeur ajoutée, il va bien falloir en avoir ! Dans la segmentation client dans laquelle nous sommes, la proximité et l’interaction humaine restent centrales. On ne peut évidemment pas discuter de tout à travers un écran.

Comment avez-vous vécu les bouleversements récents qui ont touché l’activité de banque privée et le changement de paradigme qui s’est concrétisé au Luxembourg avec l’abandon du secret bancaire ? Je dois d’abord dire que je suis assez impressionné de la rapidité et de l’efficacité avec lesquelles ce changement de paradigme a eu lieu. Je pense que l’impact a été moins important pour nous que pour d’autres, car nous avons toujours eu une clientèle avec des patrimoines relativement importants, cherchant à être structurée de façon intelligente et transparente. Nous n’avions donc pas, par le passé, bénéficié de l’apport de clients retail de passage, si bien que nous n’avons pas été négativement touchés ensuite. Mais un changement de paradigme ne signifie pas forcément un changement de modèle. L’industrie du private banking 090 ­—

— Avril 2016

EFFECT IFS Près d’un quart de l’ensemble du personnel du groupe travaille depuis Luxembourg.

La proximité et l'interaction humaine restent centrales.

a toujours dû, en partie, se réinventer pour montrer une réelle valeur ajoutée dans un environnement fiscal toujours plus concurrentiel. Cela a toujours constitué un challenge important pour la Place et qui est pour nous, bien sûr, une préoccupation réelle, mais pour laquelle nous nous estimons relativement bien armés, puisque nous nous appuyons déjà sur un tel positionnement ici.

Vous occupez une fonction de CEO par intérim. Celui qui sera amené à s’établir durablement dans la fonction viendra-t-il du groupe ou de l’extérieur ? À ce stade, tout est ouvert. Nous ne voudrions pas nous fermer des portes à un moment où l’on peut étudier toute une série de scenarii. Terminerez-vous l’année dans vos fonctions ? Nous avons, dès le départ, annoncé un processus transitoire. Et pour nous, cela signifie que l’on parle en termes de trimestres. Aux alentours de cet été, nous devrions avoir les contours de ce qui sera mis en place pour l’avenir. Le fait de savoir, dès le départ, que vous n’étiez là que pour « quelques trimestres » peut-il avoir une influence sur la façon d’occuper votre fonction ? Je considère cela à la fois comme une opportunité et un challenge. L’idée est évidemment d’essayer de faire ça intelligemment ! L’opportunité, c’est celle de s’imprégner, de l’intérieur, de cette composante importante au sein du groupe,

mais aussi de partager une série de messages et de réalités qui me tiennent à cœur dans le développement même du groupe. Mais je dois aussi faire preuve de beaucoup de modestie et de réserve, puisque je ne fais que passer au sein de cette entité. Il ne faut donc pas trop secouer les choses, mais plutôt avoir une approche de fondu enchaîné, afin d’orienter les choses de manière constructive, aussi bien en local que pour le groupe. L’installation du futur CEO s’intègre évidemment dans cette optique. Bien entendu, il restera en étroite synergie avec la direction du groupe. Je serai donc toujours régulièrement présent, au Luxembourg, même après avoir passé le relais.

Quelle vision avez-vous du groupe dans un horizon de trois à cinq ans ? Nos ambitions sont très réalistes : poursuivre l’épanouissement et le développement de ce groupe qui reste de petite taille par rapport à d’autres mastodontes, mais avec une activité très ciblée, et s’appuyant sur de riches ressources humaines avec de la valeur ajoutée. Notre modèle d’indépendance et de proximité perdurera, car il fait du sens et il correspond aux besoins à la fois de nos clients et de nous-mêmes. Nous gardons aussi à l’œil des éléments de consolidation possibles dans notre groupe, au travers de petites acquisitions d’autres entités qui partagent nos valeurs et notre approche. NOTE

Retrouvez l’intégralité de cette interview sur www.paperjam.lu.


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ÉDUCATION CITOYENNE

Démystifier la finance F LO R E N C E T H I BAU T |

MIKE ZENARI

Enjeu démocratique, l’éducation financière concerne tout un chacun, des écoliers aux retraités. Sous l’impulsion de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), une stratégie nationale a été définie en 2015. Ses piliers : l’introduction d’un cours dans tous les cursus et une sensibilisation adaptée à tous les âges.

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’étude Financial literacy around the world, menée par l’agence Standard & Poor’s, révèle un manque préoccupant de compréhension des concepts financiers tels que l’inflation, les taux d’intérêt et la diversification du risque. Mené par questionnaire auprès de 150.000 adultes issus de 140 pays en 2014, le rapport révèle un niveau global de 33 % « d’alphabétisation financière ». En d’autres termes, 3,5 milliards d'adultes ne disposent pas des connaissances requises pour prendre les bonnes décisions. À l’échelle du continent européen, les niveaux varient entre 65 % en Suède et au Danemark et 22 % en Roumanie. Au Grand-Duché, le score s’approche des 53 %, soit 1 % de plus que la moyenne européenne, en dépit d’une place financière vibrante. Dans ce contexte, l’éducation financière apparaît comme l’une des réponses à apporter. « Équiper chaque citoyen d’un bagage théorique de base pour lui permettre de gérer ses revenus et ses risques de manière efficace et responsable », telle est la défi-

nition de l’OCDE, moteur en la matière. « Les décisions financières jouent un rôle central dans nos vies à tous, qu’il s’agisse de gérer son argent de poche, d’ouvrir un compte bancaire, obtenir un prêt pour une maison ou financer sa retraite, introduit Danièle Berna-Ost, secrétaire générale de la CSSF. De plus en plus complexes et variés, les produits financiers rendent cette vulgarisation toujours plus importante. » Dans la foulée de la crise de 2008, la thématique intéresse bon nombre d’institutions internationales, dont la Banque mondiale, le G20, la Commission européenne, ou l’Efama (European fund and asset management association), ainsi qu’une cinquantaine d’États. Les fils rouges sont, à chaque fois, la vigilance financière, la promotion d’un comportement financier durable, la lutte contre le surendettement et la protection du consommateur. Au Luxembourg, un Comité pour la protection du consommateur financier naissait en 2012 dans le giron de la CSSF. Une de ses missions premières a été de

convoquer un groupe de travail d’une vingtaine de partenaires familiers de la thématique, de l’ABBL à l’Alfi, en passant par l’Université du Luxembourg, la Ligue médico-sociale ou encore l’Union des consommateurs luxembourgeois. Semaine de l’argent créée par l’ABBL en 2015, interventions des Jonk Entrepreneuren dans les classes ou le blog Understanding Investing rédigé par l’Alfi, les initiatives essaiment déjà. « Nous n’avons pas souhaité réinventer la roue, mais valoriser l’existant et rassembler toutes les initiatives, souligne Patrick Hommel, conseiller de direction à la CSSF. Pour qu’une stratégie nationale prenne, il faut qu’elle touche toute la population. » La seconde étape a été de plancher sur un document de travail proposant différents angles d’attaque. Chose faite après huit mois de réunions. Quatre grandes cibles ont été identifiées : les élèves de l’enseignement fondamental, ceux de l’école secondaire, les jeunes actifs et étudiants, et les adultes.

En parler à l'école

I NTERVENTI ONS D ANS LES CLASSES L'éducation financière doit démarrer dès le plus jeune âge. Depuis deux ans, la Semaine de l'argent touche plusieurs centaines d'écoliers.

Influencé par les recommandations de l’OCDE, le projet national envisage notamment l’introduction d’un cours dédié dans tous les cursus, ainsi que la mesure des connaissances financières dans les enquêtes Pisa, pas encore évaluées au Luxembourg. « L’éducation financière traite de nombreux concepts de la vie quotidienne. C’est un exercice de longue haleine, poursuit Danièle Berna-Ost. Les jeunes, futurs citoyens, sont un maillon essentiel de la chaîne. Leur apprendre à gérer un budget, ce qu’est l’épargne ou des taux d’intérêt est déterminant pour leur vie future. Ils n’ont pas tous accès à ces connaissances à la maison. En intégrant un cours dans tous les parcours scolaires et en faisant la promotion d’un comportement financier responsable, on donnerait les mêmes armes à tous les élèves. Pour prendre un exemple, le problème du surendettement est loin de n’être que théorique au Luxembourg. Il faut en parler dans les classes et en expliquer les conséquences dès le plus jeune âge. » La stratégie luxembourgeoise s’est aussi inspirée d’initiatives d’autres pays membres de l’UE plus avancés sur ce terrain, comme les Pays-Bas ou les pays scandinaves. « Un matériel européen très étoffé existe. Plein de bonnes idées peuvent être adaptées au contexte local », souligne encore la secrétaire générale de la CSSF. Remis au ministère de l’Économie en octobre 2015, le document d’une trentaine de pages devrait être transposé en plan d’action prévoyant des échéances claires une fois validé. EN RÉSUMÉ

La sensibilisation financière doit se faire à tout âge de la vie. En formant les jeunes aux concepts financiers de base, on en fait des citoyens avisés et maîtres de leurs finances.

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PLACE FINANCIÈRE

FINTECH LION AWARDS

Prendre la révolution en marche, plutôt que la subir T H I E R RY R A I Z E R

Les projets les plus innovants dans les fintech seront récompensés le 21 juin prochain. KPMG, à l’origine de l’événement, veut donner de la visibilité à la Place dans le contexte de la révolution digitale. La firme anticipe les changements affectant le secteur financier dans ses processus et ses services.

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ne des prochaines grandes révolutions concernera le secteur financier. » Le constat est établi d’emblée par Georges Bock, managing partner de KPMG Luxembourg. Selon lui, le futur du secteur financier doit dès à présent s’envisager à la lumière de l’évolution (ou de la révolution, c’est selon), digitale. Après la musique et le commerce, les services financiers sont les prochains à subir une importante transformation. Elle est d’ailleurs plus ou moins déjà en cours, ce qui doit pousser les acteurs du secteur à prendre dès à présent les décisions qui s’imposent, ne fut-ce que pour maîtriser les données dont ils disposent et les organiser afin de proposer de nouveaux services, une nouvelle expérience à leurs clients. Ces derniers, de surcroît, se renouvellent tant dans leurs demandes que leur démographie, avec l’arrivée des millennials sur le marché. « Nous avons pour ambition d’être à l’avant-garde de ce mouvement et d’aider les acteurs de la Place à s’y préparer, ajoute Georges Bock. Il y a quelques années, les banquiers niaient quelque peu les changements à venir, mais une prise de conscience a eu lieu entre-temps. » Comme tout changement, le secteur financier entrevoit la mouvance digitale aussi bien à l’aune des défis qu’elle représente que des opportunités qu’elle génère. L’adaptation de la réglementation aux nouveaux modes de consommation des services financiers et l’arrivée de nouveaux acteurs font partie des enjeux importants. Dans ce contexte, le Luxembourg aurait intérêt à combiner ses différentes expertises pour se doter d’un avantage compétitif face à d’autres Places, telles que Londres. Le tout

en capitalisant sur l’expérience acquise Les fondamentaux étant disponibles, dans le traitement des demandes d’une il reste une dose de courage et d’audace clientèle internationale et sophistiquée. à ajouter à l’échelle de la Place selon le « Nous devons repenser l’existant pour managing partner de KPMG, à l’instar des créer quelque chose de défis pionniers relevés nouveau, e s t i m e par le passé, tel que le Georges Bock. Je rêve de lancement du premier combiner notre écosyssatellite SES il y a plus tème ICT, nos centres de d’un quart de siècle. La données et notre expéfirme a d’ores et déjà rience à l’égard d’une pris le pari d’organiser clientèle internationale une première grande et sophistiquée dans les opération de visibilité services financiers. » Un pour la Place via les trinôme qui permetFintech Lion Awards. trait, par exemple, de Un concours élaproposer des plateboré en collaboration formes bancaires sécuavec Maison Moderne, risées dédiées à des Digital Lëtzebuerg et « Nous devons segments à destiLuxinnovation, ciblant nation d’un repenser l’existant les projets innovants marché eurodans les fintech. Le pour créer péen où les point culminant en sera frontières vont le 21 juin, lors d’une quelque chose tomber sous remise de prix orchesde nouveau. » l’effet du digital, trée dans le cadre festif ou encore la créade KPMG Plage. Georges Bock tion de la première « Ce concours est Managing partner plateforme européenne une contribution à l’écoKPMG de distribution de fonds système fintech, précise entièrement digitale. Georges Bock. Nous voulons mettre les Des plateformes, entreprises fintech au centre de l’initiative plus que des fournisseurs en leur donnant la chance de proposer Anticipant ces changements, le cabinet leurs services aux entreprises de la finance adapte ses processus internes et donc classique. » Un rapprochement des deux son offre de service. « Il sera davantage mondes pour créer un nouvel écosysquestion de plateformes de services que tème, à la fois « fin », à la fois « tech », et d’intermédiation à l’avenir, ajoute qui pourrait profiter à toute l’économie M.  Bock. Nous agissons aussi de la sorte luxembourgeoise. en connectant les start-up qui nous solliEN RÉSUMÉ citent avec les acteurs dont elles ont besoin Les fintech ont le vent en poupe. Pour appuyer pour leur développement. Nous profitons l’émergence de ce secteur-clé de la Place, également des évolutions technologiques KPMG organise les premiers Fintech Lion pour revoir la manière avec laquelle Awards, destinés à récompenser les projets les plus innovants en la matière. nous effectuons les audits. »

VADE-MECUM

FINTECH : À VOS DOSSIERS ! Destinés aux entreprises fintech du Luxembourg et de la Grande Région, les premiers Fintech Lion Awards, organisés par KPMG en collaboration avec Maison Moderne, Digital Lëtzebuerg et Luxinnovation, seront remis par le Premier ministre le 21 juin prochain. Les candidats ont jusqu’au 17 avril pour soumettre leurs dossiers en ligne sur www.fintechlionawards.lu. Une demi-finale départagera les dossiers présélectionnés le 9 mai, avant la grande cérémonie organisée dans le cadre de KPMG Plage. Outre un prix financier, le grand gagnant disposera d’une couverture médiatique importante, d’un support de KPMG pour son développement ainsi que de différentes récompenses.

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LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT

En attendant un retour de bâton du Gafi ? VÉRONIQUE POUJOL

La lecture du jugement ayant condamné des anciens associés de Deloitte à de la prison avec sursis surprend.

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a lecture du jugement du 4  février ayant condamné à trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende pour faux et usage de faux quatre ex-associés equity de la firme Deloitte Luxembourg laisse un sentiment de malaise. Cette impression ne tient pas tant aux peines – légères – infligées aux prévenus, ni à l’affaire elle-même (une « antidate » posée sur des documents pour profiter de la première amnistie fiscale italienne, plus avantageuse que la seconde) qu’au raisonnement des juges. Car ceux-ci ont repris en 2016 à leur compte une jurisprudence de novembre 2008 pour le moins boiteuse sur le faux et l’usage de faux relatifs au bénéficiaire économique. Comme s’il ne s’était rien passé entre 2008 et 2016, que l’environnement réglementaire était resté figé et que les frontières entre ce qui n’est pas interdit par la loi et ce qui est moralement répréhensible n’avaient pas évolué, après LuxLeaks. En poussant la logique à son extrême, les juges luxembourgeois donnent l’impression d’avoir perdu la notion de la réalité. Ils mettent surtout le Luxembourg sur de mauvais rails. Car que penseront les experts du Groupe d’action financière contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (Gafi) lorsque, dans un nouveau cycle d’évaluation sur l’implémentation de ses recommandations, ils éplucheront les activités des cours et tribunaux et leur production de jurisprudence pour appréhender la criminalité sous toutes ses formes ? En 2010, l’organisation avait mis à l’index 094 ­—

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le Luxembourg pour sa transposition pragmatique des normes de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme et il avait fallu attendre le mois de février 2014 pour que toutes les déficiences soient levées et que le pays sorte de la zone rouge. Où les experts placeront-ils désormais le curseur en lisant le jugement frappant les ex-Deloitte ? Ces derniers avaient d’ailleurs dû quitter la firme par la petite porte entre 2005 et 2006, après une enquête interne et les révélations de la presse italienne sur l’affaire Consorte, du nom d’un des hommes d’affaires de la péninsule ayant tenté de dissimuler des revenus tirés d’un délit d’initiés. La page 62 de la décision fait une digression sur le faux et l’usage de faux relatifs au bénéficiaire économique. Les juges avaient à se prononcer sur une série de faux documents saisis dans le cadre de l’enquête ouverte en 2006, parmi lesquels des déclarations de bénéficiaire économique portant le tampon de la firme Deloitte et indiquant un dénommé Kee Chong Li Kwong Wing comme étant le bénéficiaire économique de deux sociétés établies aux Îles Vierges britanniques (BVI), Applecross Trading Limited et Classique International Limited. Ces coquilles ont été utilisées pour le rapatriement de fonds vers l’Italie, via l’émission d’un emprunt obligataire. À l’époque des faits, en 2002, l’homme effectuait une mission chez Deloitte sur un projet de sous-traitance d’un back­-office. « Ce serait un mystère comment il a pu apparaître comme bénéficiaire économique des BVI », avait indiqué un des prévenus aux enquêteurs.

Une note manuscrite venant d’un autre prévenu avait été retrouvée mentionnant que les clients finaux, Giovanni Consorte, Marco Sacchetti et Ivano Sacchetti, ne seraient pas mentionnés comme bénéficiaires économiques. Entre fin mai et début juin 2002, les comptes sont ouverts auprès de la BGL (devenue entre-temps Fortis BGL, puis, aujourd’hui, BGL BNP Paribas) au nom de ce ressortissant mauricien. Personne ne contesta, lors du procès et pendant l’enquête, que Kwong Wing n’était pas le réel bénéficiaire économique. Le représentant du ministère public avait lui-même demandé l’acquittement des prévenus du chef de cette infraction, le faux constituant à ses yeux « une infraction instantanée ». Car au moment de la signature de la déclaration de bénéficiaire économique, le compte bancaire était à zéro. « La fausse indication n’aurait donc pas pu causer de préjudice », signale le jugement du 4 février. Les juges de correctionnel ont suivi un raisonnement identique en s’appuyant sur une jurisprudence du 19  novembre 2008 qui est loin de faire l’unanimité dans les milieux juridiques. Ce qui a surpris jusque les avocats des ex-associés de Deloitte, qui s’attendaient plutôt à un retournement de jurisprudence, tellement celle-ci apparaît inappropriée. Cette jurisprudence (dite « Wassenich ») qui a inspiré les juges avait fait intervenir un avocat du Barreau de Luxembourg qui s’était déclaré bénéficiaire économique de plusieurs comptes en banque pour masquer l’identité d’un Américain cherchant à échapper au fisc de son pays, en dépit du dispositif du

MAISON MODERNE

Les juges confirment une jurisprudence de 2008 sur le bénéficiaire économique. Un accroc à la lutte anti-blanchiment ?


PLACE FINANCIÈRE

UNE M ENAC E   ? Le Gafi va effectuer sa 4e évaluation du Luxembourg et visera avec attention le jugement des ex-Deloitte. L'ombre d'une réaction sévère plane sur la Place.

Qualified Intermediary. L’avocat, ainsi qu’un des banquiers, fut condamné en première instance (12 mois de prison avec sursis). Mais les deux furent acquittés en appel de toutes les préventions retenues à leur encontre. Les arguments des magistrats en 2008 (et qui furent d’ailleurs inspirés par l’avocat d’un des banquiers prévenus) font miroir aux observations de leurs collègues, huit ans et une directive anti-blanchiment plus tard. « Au moment de l’ouverture de compte, lit-on dans le premier arrêt, ce dernier ne comportait ni crédit ni débit. La déclaration d’ayant droit économique à ce moment n’était susceptible de constituer la preuve de rien du tout (…). Le fait que, par après, le compte ait pu être utilisé pour le dépôt de divers fonds (…) n’est pas pertinent au regard de l’infraction de faux. La possibilité d’une utilisation à des fins tout à fait neutres juridiquement existait au moment de la confection de l’écrit litigieux. Le fait qu’en date du 20 mars 2003, [l’avocat] a informé qu’il fallait procéder à un changement de titulaire n’est d’ailleurs pas nécessairement un indice de circonstance qu’au moment de la déclaration (de soupçon de la banque, ndlr) du 22 novembre 2011, cette déclaration allait devenir inexacte quelque temps par après et ne constitue, a fortiori, pas la preuve du fait qu’elle était inexacte dès le 22 novembre 2001. » Les juges de 2016 reconnaissent que les ingrédients ne sont pas identiques. Dans l’affaire Consorte, le bénéficiaire économique était inexact dès l’ouverture du compte, signalent-ils. « Tout compte bancaire est susceptible d’accueillir à tout

moment des fonds. Indiquer un faux bénéficiaire économique véhicule ainsi une possibilité de préjudice, notamment pour les autorités chargées de la lutte anti-blanchiment », écrivent les magistrats. Mais ils ne vont pas vraiment jusqu’au bout de la logique. Et nuancent leur appréciation à la Le formulaire page 63 de leur décision : « Par contre, soulignent-ils, il s’agit de bénéficiaire d’un formulaire unilatéral par économique lequel une personne affirme qu’elle est elle-même ou qu’un tiers contient « certes une serait le bénéficiaire économique. clause de sincérité, Le formulaire contient certes une clause de sincérité (‘The under- clause qui n’a signed declare that the following cependant aucune data correspond to the actual facts at the date of dispatching valeur juridique », of the present statement to the ont considéré les bank’), clause qui n’a cependant juges le 4 février aucune valeur juridique. » Les juges ne sont pas loin de dernier. considérer la fausse affirmation de bénéficiaire économique comme une broutille, prenant ainsi une position aux antipodes de l’appréciation qu’en avait fait la Chambre du conseil en renvoyant les quatre anciens associés de Deloitte devant un tribunal correctionnel : « Il s’agit dès lors d’une simple affirmation unilatérale par une personne intéressée par le dossier, qui n’a été vérifié ou certifié par aucun tiers extérieur et ne contient aucune pièce justificative », avancent-ils, en se référant à leurs collègues de la Cour d’appel qui avaient jugé que le formulaire BO (relatif au bénéficiaire économique) n’avait pas « de valeur de crédibilité, il ne bénéficiait d’aucune présomption de sincérité, l’ou-

verture de compte ne constitue pas un écrit protégé ». Du coup, les quatre prévenus ont été acquittés des préventions de faux et d’usage de faux relatifs à la déclaration de bénéficiaire économique. Or, les premiers juges ayant eu à traiter de l’affaire de l’avocat (qu’ils condamnèrent le 17 avril 2008 à 12 mois de prison avec sursis en première instance) avaient pris des positions radicalement opposées en retenant la prévention de faux. « Même si la doctrine admet que la notion de ‘bénéficiaire économique’ est une ‘créature aux contours mal définis’, écrivaient-ils à l’époque, elle est unanime pour reconnaître que dans le cadre de la lutte contre le blanchiment, dont le but est la prévention, la notion d’ayant droit économique est générale de façon à pouvoir englober tous les cas de figure imaginables, et aboutir, par le biais de l’obligation de dénonciation, à une lutte efficace contre ce type de criminalité. » La confirmation de la jurisprudence Wassenich restera une pilule amère pour les partisans, s’ils existent encore, de la ligne dure de la lutte anti-blanchiment au Luxembourg. N’y a-t-il personne pour s’en émouvoir ? Un retour de bâton venant du Gafi n’est pas exclu. EN RÉSUMÉ

Au-delà des condamnations, le 4 février dernier, de quatre anciens associés de la firme Deloitte à trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende chacun, leur jugement contient une anomalie dans l’appréhension du faux et de l’usage de faux documents relatifs aux bénéficiaires économiques de comptes en banque. La position du tribunal, en confirmant une jurisprudence de 2008, a étonné plus d’un avocat, à commencer par les défenseurs des prévenus.

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PRIX INTERNATIONAL

Une récom­pense pour des relations au sommet T H I E R RY R A I Z E R

Le 16e Cervin de cristal, organisé par le Business club belgo-luxem­ bourgeois en Suisse, reviendra à une entreprise grand-ducale efficace dans ses relations d’affaires avec des partenaires helvètes. L’appel aux candidatures est lancé jusqu’au 30 mai.

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UN CRIS TA L P OUR CRYS TA L PA RK… Les architectes concepteurs du nouveau siège de PwC à Gasperich avaient été récom­pensés en 2010 lors de la dernière halte du prix au Luxembourg.

jets dans les écotechnologies. Ses fondateurs ont rebondi depuis lors avec la nouvelle structure Apateq, toujours dédiée au traitement des eaux, avec un certain succès à l’international. Par cette remise de prix, l’entreprise lauréate bénéficie d’une exposition médiatique et d’une possibilité de réseautage qui ne peut que faciliter son expansion. « Les entreprises que nous côtoyons ont parmi leurs priorités de convaincre leur banque ou des partenaires finan­ ciers pour pérenniser leur activité, ajoute

CANDIDATURES

AVANT LE 30 MAI Les entreprises intéressées par l’aventure du Cervin de cristal peuvent soumettre leur dossier auprès du secrétariat du Business club belgoluxembourgeois en Suisse via www.blc-cci.ch. Date de clôture : le 30 mai.

Christian Fabry. La force de persuasion de l’entrepreneur peut faire la différence. » Elle pourrait aussi être décisive dans la délibération préalable à la remise du Cervin de cristal. Les candidatures peuvent être adressées via le site du BLC avant le 30 mai prochain. EN RÉSUMÉ

C’est au Luxembourg que sera décerné le Cervin de cristal de l’édition 2016, récompensant l’excellence des relations business entre sociétés luxembourgeoises et suisses.

J E S S I CA T H E I S (A R C H I V E S)

ulminant à 4.478 mètres, le Cervin est le massif montagneux le plus connu de Suisse. C’est l’emblème qu’a choisi le Business club belgo-luxembourgeois (BLC) en Suisse pour remettre un prix, tous les deux ans, à une PME ou une PMI dont les relations économiques avec un ou plusieurs partenaires helvètes sont notables. Organisée tour à tour en Suisse, en Belgique et au Luxembourg, la cérémonie de remise de prix fait halte cette année au Grand-Duché, en octobre prochain. En 2010, date de la dernière organisation sur place, le prix avait été remis au bureau d’architecte Schemel Wirtz pour son association, au travers du consortium P.ARC Luxembourg, avec le groupe Gartenmann & Partner Holding AG, établi à Berne. Ensemble, ils avaient réalisé la construction du nouveau siège de PwC au Ban de Gasperich. Le BLC est donc à la recherche d’un nouveau lauréat qui saura faire valoir un certain nombre de critères tels que l’augmentation sensible des exportations et importations, son organisation, l’investissement dans les nouvelles technologies… « Nous voulons mettre en avant le développement des relations d’affaires entre la Suisse et le Luxembourg, déclare Christian Fabry, administrateur-délégué du BLC. Le prix s’adresse tant aux filiales de multinationales qu’aux PME et PMI. » Le BLC remettra également un trophée à une start-up luxembourgeoise qui, tous secteurs confondus, est sur le point ou aura déjà concrétisé avec succès un projet. En 2010, c’est la société Epuramat, entre-temps mise en faillite en raison de soucis entre actionnaires, qui avait été récompensée pour ses pro-



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NOMINATIONS

Des femmes bien en Place J E A N - M I C H E L GAU D R O N

Une mise en lumière bienvenue, même si elle ne bouleverse pas forcément le rapport de présence homme / femme dans le secteur financier.

1 M ARIE- H É L È N E M ASSARD La présidence de l’Aca : une forme de reconnaissance pour la Française, arrivée au Luxembourg en 2012 à la tête d’Axa. 2 FRANÇ O IS E T H O MA La direction générale de la BCEE : une continuité logique dans le parcours de la Luxembourgeoise, entrée au comité de direction en 2009.

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asard du calendrier : c’est à peine deux jours après la Journée internationale des droits des femmes que l’Association des compagnies d’assurances a porté à sa tête, pour la première fois de son histoire, une femme. Marie-Hélène Massard, actuellement CEO d’Axa Luxembourg, qui fêtera ses 43 printemps début avril, prend ainsi la fonction pour une durée de deux années. Certes, le système de présidence tournante, qui est de tradition à la tête de l’association professionnelle, prévoyait que ce soit de toute façon la compagnie Axa qui soit préposée à ce rôle. Mais la symbolique est tout de même forte. Surtout que ce n’est qu’en septembre 2012 que Mme Massard a pris les rênes de la société, après quatre années passées au sein du groupe à Varsovie. « C’est forcément une forme de reconnaissance de la part des différents acteurs du marché, à la fois pour ma compagnie et à titre personnel, reconnaît l’intéressée, interrogée par Paperjam. Je me félicite d’avoir pu, durant ces trois dernières années, mener des coopérations fructueuses dans un climat de confiance, notamment avec les membres du conseil de l’Aca. » Cette nomination suit de quelques semaines l’annonce de la quasi-nomination (il ne manque plus que le tampon de la Banque centrale européenne puis celui du conseil de gouvernement) de Françoise Thoma, 47 ans, à la tête de la Banque et caisse d’épargne de l’État. Celle qui est, depuis 2009, membre du comité de direction de la Spuerkeess, y aura gravi tous les échelons depuis son arrivée en 1999 en tant que conseiller juridique, avant d’être promue secrétaire générale en 2004. Là aussi, au sein d’une institution plus que cent-cinquantenaire (elle a été fondée en 1856), c’est une grande première. Mais Mme Thoma a déjà brillé par son parcours antérieur, occupant notamment un siège au Conseil d’État pendant les 15 années maximales autorisées, entre 2000 et 2015. Et elle a toujours affiché un certain recul sur la question du « genre » dans les hautes

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sphères managériales. « Je crois qu’il ne faut pas mettre trop l’accent sur ce genre de questions. La présence de femmes aux postes décisionnels est avant tout une affaire d’implication personnelle et de volonté, mais aussi de confiance en soi, expliquait-elle déjà en 2007 dans les colonnes de Paperjam. D’ailleurs, la coopération entre les hommes et les femmes est très bonne si on ne focalise pas sur ces questions. Pour ma part, je n’ai jamais eu l’impression d’être traitée différemment du fait d’être une femme. » Marie-Hélène Massard, elle, reconnaît volontiers qu’elle croit beaucoup à la diversité, entre hommes et femmes, mais aussi entre générations. « Cette diversité intergénérationnelle peut s’avérer très riche entre des collaborateurs expérimentés et juniors, de plus en plus digital natives. Ces interactions créent alors de la valeur au profit de l’entreprise. » Alors que la faible représentation des femmes dans les couches dirigeantes des sociétés et organisations en général, et dans le secteur financier en particulier, est régulièrement mise en avant, ces deux nominations ne manquent évidemment pas de faire du bien à « la cause » des femmes. Sur-

tout qu’elles s’inscrivent dans une démarche continue et prégnante depuis quelques temps déjà. En mai dernier, trois des sept sociétés qui se sont vues remettre, par le ministère de l’Égalité des chances, le label « Actions positives » pour avoir transposé leurs plans d’actions dans le cadre de leur participation à ce prog r a m m e é t a i e n t d e s b a n q u e s  : Raiffeisen, BGL BNP Paribas et Société Générale Bank & Trust. Cette dernière compte également à sa tête une femme, Valérie de la Bachelerie, depuis avril 2013. Plus récemment, en juin dernier, la Banque américaine Citi a fait appel à Alberta Brusi pour présider aux destinées de son antenne luxembourgeoise. On peut également citer, comme autres femmes « numéro un » dans le secteur bancaire, Erika Lundquist, à la tête de SES – Skandinaviska Enskilda Banken ou encore Lihong Zhou, CEO de Bank of China. EN RÉSUMÉ

Deux femmes accèdent, en ce début d’année, à des fonctions majeures sur la place financière. De quoi redonner un nouvel élan à la question de la représentation des femmes dans les hautes sphères du secteur financier.

DAV I D L AU R E N T (A R C H I V E S) - FA B R I Z I O M A LT E S E (A R C H I V E S)

Le nouveau président de l’Association des compagnies d’assurances est une femme. Le nouveau directeur général de la Spuerkeess aussi.

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LA CSSF Le régulateur verra ses pouvoirs de sanction renforcés, mais pas tout de suite.

POUVOIRS DE LA CSSF

Les ratés de l’approche « incrémentale » VÉRONIQUE POUJOL

Les dirigeants de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) devront encore ronger leur frein avant de voir les pouvoirs de sanction de l’institution renforcés. Une tentative au niveau de la gestion collective vient d’échouer, après l’opposition formelle du Conseil d’État.

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e projet de loi de transposition d’une directive de 2014 du Parlement européen et du Conseil de l’UE sur les organismes de placement collectif (directive dite Ucits V), renforçant notamment les obligations des banques dépositaires de fonds d’investissement, aura servi en quelque sorte de ballon d’essai par l’exécutif pour tenter de renforcer les pouvoirs d’investigation et de sanction de la CSSF, le régulateur luxembourgeois étant sous-équipé pour faire un travail de police efficace auprès de ses administrés. Dans le texte présenté à la Chambre des députés au mois d’août par les services du ministère des Finances, la CSSF s’était vue octroyer des pouvoirs de surveillance et d’enquête qui lui auraient permis, à côté du droit de procéder à des inspections sur place, d’aller solliciter des opérateurs télécom pour leur réclamer des données en cas de suspicion de violation de la législation financière. Or, après un examen du Conseil d’État et l’opposition formelle des Sages le 19 janvier dernier, le projet de loi a dû être remanié par la commission parlementaire des finances et du budget (Cofibu), qui a renvoyé sa copie au Conseil d’État pour

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un avis complémentaire. Les milieux financiers ont accueilli le projet de loi de façon résignée, sans toutefois que la question du traçage des communications ne les occupe plus que ça, leurs inquiétudes étant ailleurs, dans la mise en place de nouvelles contraintes sur le fonctionnement des banques dépositaires de fonds d’investissement, qui rendront ses coûts plus élevés. La Chambre de commerce signale seulement dans son avis que l’une des innovations majeures du projet de loi, au chapitre des sanctions administratives, résidait « dans la mise en place de mécanismes visant à encourager le signalement des infractions ». L’article 147, paragraphe 2, point D de la loi du 17 décembre 2010 permet actuellement à la CSSF « d’exiger la communication des enregistrements des échanges téléphoniques et de données existants ». Le texte n’allait pas assez loin. La directive Ucits V autorise désormais le régulateur luxembourgeois à se montrer plus proactif, en exigeant par exemple des informations et enregistrements de conversations directement chez les opérateurs de télécommunications « dans la mesure permise par la législation luxembourgeoise », « lorsqu’il est raisonnablement permis de sus-

pecter une infraction et que ces enregistrements peuvent être importants pour une enquête ». Un autre paragraphe, moins « saignant », prévoit un accès pour la CSSF aux « enregistrements des conversations téléphoniques, des communications électroniques ou autres échanges de données existants détenus par un OPC, une société de gestion, une société d’investissement, un dépositaire ou par toute autre entité ». Cette disposition va rester en place. Mais le premier paragraphe va passer à la trappe. Car la législation luxembourgeoise ne permet pas (encore) à la CSSF, selon les Sages, d’exiger les données visées directement auprès d’un opérateur. La disposition critiquée ne respecte pas la loi modifiée du 30 mai 2005 sur la protection de la vie privée. D’où l’opposition formelle émise pour cause « d’insécurité juridique ». Face au risque de devoir voter le texte Ucits V en seconde lecture et d’en retarder la mise en œuvre, les membres de la Cofibu ont donc fait marche arrière. Ils ont aussi rejeté une recommandation du Conseil d’État d’instituer un mécanisme qui aurait permis à la CSSF d’accéder aux données téléphoniques en collaboration avec les autorités judiciaires. Il faudra patienter avant que la CSSF ne puisse éplucher les fadettes et tracer les conversations de ses administrés. Le ministère des Finances s’est engagé à mettre en place un « futur projet de loi traitant de manière horizontale des pouvoirs d’enquête et de sanction de la CSSF ». Or, personne ne connaît le calendrier du ministre des Finances Pierre Gramegna, ni l’avancée de ses travaux sur les nouveaux pouvoirs de sanction de la CSSF, alors que l’ancien directeur Jean Guill lui avait soumis un avant-projet de loi à ce sujet, il y a plus de deux ans. En réponse à une question du député LSAP Franz Fayot, Pierre Gramegna avait laissé entendre que la réforme des pouvoirs d’enquête et de sanction de la CSSF se ferait de façon progressive, selon « une approche incrémentale », sans toucher à la loi fondamentale de 1998. Or, la volte-face des membres de la Cofibu montre que la stratégie « incrémentale » ne passe pas le cap du Conseil d’État et qu’une vraie réforme est désormais indispensable pour octroyer au régulateur un pouvoir de sanction à la fois dissuasif et efficace. En attendant, on peut se demander si la directive Ucits V aura été correctement transposée en droit national. EN RÉSUMÉ

Reconnue comme étant sous-équipée pour bien assumer le volet répressif de son rôle, la CSSF devra encore patienter avant qu'une loi spécifique ne recadre ses prérogatives.

M A I S O N M O D E R N E (A R C H I V E S)

PLACE FINANCIÈRE


PLACE FINANCIÈRE INNPACT

De la finance qui fait du bien à tous PHOTO 235 mm x 135 mm

S É BAS T I E N L A M B OT T E |

MIKE ZENARI

MODÈ LE Patrick Goodman et Arnaud Gillin espèrent bien que leur démarche inspire d’autres entreprises au Grand-Duché.

Innpact est un acteur spécialisé dans le conseil et la structuration de fonds orientés impact investing.

L’

impact investing, ou l’activité d’investissement financier de laquelle découle un impact social, sociétal ou environnemental positif, s’inscrit, par sa nature, dans une démarche de développement durable. Ce créneau d’investissements vise des projets divers, par exemple en matière d’énergie renouvelable, en entrepreneuriat social ou en microfinance. La diversité de la place financière permet l’épanouissement de sociétés actives dans ce domaine. C’est sur cette vague qu’a pu surfer la société Innpact, créée en 2007, et qui a reçu, fin 2015 – une première pour une société au Luxembourg –, le label international B Corp (abréviation de benefit corporation). Créée il y a 10 ans aux États-Unis, cette certification est attribuée aux entreprises affichant des objectifs extra-financiers sociaux ou environnementaux, mis en œuvre pour le bien de la collectivité. « Aujourd’hui, les labels ou certifications ont tendance à inviter les structures à se positionner comme neutres sur le plan environnemental ou sociétal. Dans le chef de nombreux acteurs, il y a déjà une satisfaction à ne pas nuire, explique Arnaud Gillin, associé fondateur d’Innpact. Ce label B Corp va au-delà, considérant l’apport d’une activité pour l’ensemble de ses parties prenantes et pour l’amélioration de la société en général. » L’évaluation de l’entreprise pour cette certification a porté sur sa gouvernance, sa relation avec

La société est la première à obtenir le label B Corp, qui vise la promotion d’une activité économique qui fait du bien à la société. ses salariés, la communauté gravitant autour d’elle, ses fournisseurs, ses prestataires aux engagements civiques et, enfin, sur l’impact sociétal ou environnemental de ses activités, de ses projets, mais aussi de la société elle-même. « Bien sûr, la nature de notre activité nous pousse naturellement vers ce genre d’initiatives. Cependant, ce label – et la démarche qu’il promeut, celle de placer son business au service d’un monde meilleur – ne concerne pas que les ONG. Il peut être appliqué à tous les secteurs d’activité, précise Patrick Goodman, le cofondateur d’Innpact. De grandes marques et entreprises internationales, dans le commerce ou dans l’industrie, ont adhéré à cette démarche, ont pris part à ce qu’il convient de considérer comme un nouveau mouvement. » Par la nature de son activité, Innpact s’inscrit dans une démarche de développement durable. Mais sa philosophie va plus loin, envisageant l’activité économique comme moteur d’amélioration de la société dans sa globalité. Cela se traduit dans la manière dont s’organise l’entreprise, les relations qu’elle entretient avec ses clients, ses salariés et ses partenaires. Désormais labellisée, la société espère entraîner d’autres acteurs luxembourgeois dans son sillage et les inviter à rejoindre le mouvement. Innpact n’est pas le seul cabinet de conseil à opérer dans ce domaine de l’impact investing. Mais il revendique le fait d’être l’un des rares acteurs au monde à ne faire exclusive-

ment que cela. La structure, basée à Hollerich, compte aujourd’hui 23 personnes et est spécialisée dans l’accompagnement des clients en vue de la mise en place de structures d’investissement dans le domaine de l’impact investing. « Aujourd’hui, nous répondons aux besoins d’une clientèle internationale, avec des institutions comme la BEI, la SFI (filiale de la Banque mondiale, ndlr) ou la Kreditanstalt für Wieder­ aufbau (la Banque de développement allem a n d e , n d l r ) , qui montent des projets d’envergure en la matière », indique M.  Gillin. Les fonds qu’Innpact aide à structurer peuvent rapidement peser plusieurs centaines de millions d’euros. Récemment, la société a accompagné un projet des Nations unies dans la mise en place d’un fonds devant servir à la réhabilitation des sols avec la volonté d’arrêter l’assèchement global des terres fertiles disponibles. « Nous travaillons donc sur des projets avec des visées sociétales ou environnementales qui, cependant, s’inscrivent dans un contexte économique pérenne. Le rendement doit être au rendez-vous », précise M.  Goodman. EN RÉSUMÉ

Pour la première fois au Luxembourg, une société (Innpact) a reçu le label B Corp récompensant la mise en œuvre d’objectifs extra-financiers sociaux ou environnementaux, pour le bien de la collectivité. La voie est ouverte.

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PICTURE REPORT

1 0 E J O U R N É E D E L’ É C O N O M I E Le 25 février, la Chambre de commerce a accueilli la 10e édition de l’événement organisé par le ministère de l’Économie, la Chambre de commerce et la Fedil, en collaboration avec PwC Luxembourg. Pour la première fois, le programme était axé sur le défi qu’est l’attraction des talents au Luxembourg. Lire aussi en page 62

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M A R I O N D E S SA R D | 8 4 P H OTO S S U R PA P E R JA M . L U

Plus de photos en ligne sur : www.paperjam.lu


PICTURE REPORT

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05.03.20 16 – GR AND THÉ ÂTRE 5

7E ÉDITION DES LËTZEBUERGER FILMPRAÏS S H I N E A L I G H T, E R I C C H E N A L E T M A R I O N D E S SA R D | 4 8 6 P H OTO S S U R PA P E R JA M . L U

Toute la famille du cinéma luxembourgeois s’est réunie le 5 mars au Grand Théâtre pour la remise des 7e Lëtzebuerger Filmpraïs.

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26.02.2016 – PHILHARMONIE

CONCERT ANNUEL AU PROFIT DE LA CROIX-ROUGE C H A R L E S CA R AT I N I | 3 1 P H OTO S S U R PA P E R JA M . L U

1 La Grande-Duchesse María Teresa et Pierre Ahlborn (Banque de Luxembourg) 2 Elise Brucher et Rita Krombach-Meyer (Croix-Rouge luxembourgeoise) 3 Patricia Marx (Hôpital Kirchberg) et Pascal Martino (Deloitte) 4 Maggie-Dean Cesari, Johnny Yip (Deloitte) 5 Serge Allard (CHL) et Petra Hazenberg (Deloitte) 6 Pierre Gramegna (ministre des Finances), Sylvie Gramegna, Corinne Cahen (ministre de la Famille)

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PICTURE REPORT

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08-09.03.2016 – EUROPEAN CONVENTION CENTER

ALFI SPRING CONFERENCE L A L A L A P H OTO | 3 4 P H OTO S S U R PA P E R JA M . L U

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1 Nathalie Wolff-Steinmetz (Schröder Investment Management), Luc Galand (M&S Capital Fund) 2 Freddy Brausch (Linklaters) 3 Kavitha Ramachandran (Maitland), Anouk Agnes (Alfi) 4 Joanna Declercq-Zelechnowska, Asma Al Zarooni, Abdullah Al Obaidli, Mohammed Basyouni (ministère des Finances des Émirats arabes unis) 5 Andrea Brevi (Linedata), Krzysztof Dudek (MUGC Lux Management) 6 Séverine Loisel (Edmond de Rothschild), Dominique Dubois (Banque Degroof Luxembourg) 7 Alina Turcu et Bettina Graber (Pictet & Cie) 8 Corinna Goldkuhle, Alexander Fischer (Alfi), Martin Reinhard (KPMG)

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25.02.2016 – LUXEMBOURG CONGRÈS

35 ANS DE SODEXO 2

SY LVA I N J O L I B O I S | 2 1 P H OTO S S U R PA P E R JA M . L U

1 Marc Poncé (Sodexo Luxembourg), Sylvie Favaut (Sodexo Pass Luxembourg) 2 Serge de Cillia (ABBL), François Koepp (Horesca) 3 Benoît Holzem et Pierrette Biver (Stëftung Hëllef Doheem), Christian Erang (Sodexo) 4 Denis Trampon (Lux CEC), Jacques Davin (Arcadème), Pierre Gengler (Banque Raiffeisen) 5 Xavier Bettel (Premier ministre)

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Thibaud Braconnier a rejoint l’équipe commerciale de CMD. solutions en tant qu’account manager. Il a notamment travaillé pour Brink’s Security Luxembourg.

Benjamin Bodson, 29 ans, a rejoint Ajilon en tant que recruitment consultant. Il a précédemment travaillé au sein de Caceis Luxembourg. Ressources humaines

Vincent Foulon a rejoint Datacenter Luxembourg au poste de system engineer VMware. Il a travaillé chez Nethys et chez D’Ieteren.

Gianni Humbert, 33 ans, a rejoint l’équipe Volvo Autopolis en tant que délégué commercial fleet. Il a travaillé au sein de Flash Europe et Alphabet. Transports

La compagnie d’assurances luxembourgeoise accueille cinq nouveaux international markets managers au sein de la direction Wealth Management. Assurances

ICT

Dony Vong a rejoint Datacenter Luxembourg en tant que system engineer VMware. Il a travaillé durant huit ans pour la société Moog.

Nicolas Magnier a été promu chef de vente Hyundai Autopolis. Fleet manager Volvo depuis 2012, il a, auparavant, notamment travaillé pour Schmitz, Manpower et Renault Retail Group. Après 16 ans auprès de ALD, Pierre-Frédéric Guebs rejoint le département Opel d’Autopolis en tant que responsable des véhicules utilitaires.

Tanguy t’Serstevens, 46 ans, est à la tête de Delhaize Luxembourg. Avant de rejoindre le groupe il y a 18 ans, il a travaillé chez Ektelis NV et Cecom Fiduciaire. Industrie

Transports

Sébastien Thomas, 40 ans, a été promu head of investments pour EFG Bank. Il a notamment travaillé pour Invest AM et Olympia Capital Management.

Jérémie Fastnacht, 30 ans, a rejoint Banque de Luxembourg Investments (BLI) en tant que gestionnaire pour le fonds BL-Equities Dividend. Auparavant, il travaillait au sein de Banque de Luxembourg.

Banques

Fabrice Schmitt, 45 ans, a rejoint e-Kenz en tant que sales manager. Il dispose de 20 ans d’expérience sur le marché luxembourgeois, notamment chez Editus.

Fonds d’investissement et services aux fonds

Benoît Quisquater a été promu directeur de BGL BNP Paribas Banque privée. Entré à la BGL en 1988, il était devenu, en 2013, responsable du centre de banque privée Nord, puis en 2014, de la zone Centre-Ouest.

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Emmanuel Roque, 41 ans (ex-Euresa-Life et ING Life Luxembourg) pour les marchés français et espagnol.

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Transports

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Francisco Almeida, 37 ans (ex-Patris Asset Management) pour le marché portugais.

Kim Pex, 33 ans (ex-Iwi) pour le marché belge et pour le marché de distribution luxembourgeois. Reuben Everett, 33 ans (ex-Iwi) pour le Royaume-Uni et le Luxembourg.

Vittorio Squadrilli, 36 ans (ex-Vitis Life) pour le marché italien.


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Guillaine Matter, 35 ans, a rejoint Foyer International en tant que sales support executive – events and external communication. Elle travaillait depuis 2011 pour RTL Group. Assurances

Jonathan Giacometti, 30 ans, a été promu senior accountant au sein de la société Hoche Partners Trust Services. Il a travaillé au sein de la société Fideos Corporate Services.

Communication & Marketing

Business Administration, Finance & Legal

Julien Milinkiewicz, 34 ans, a rejoint Foyer International en tant que responsable Wealth Planning France. Il a travaillé au sein de Société Générale à Paris. Assurances

Fabrice Léonard a rejoint l’équipe comptable de HRT Group en tant que senior manager accountant. Il a précédemment travaillé au sein de JTC Signes. Business Administration, Finance & Legal

Didier Resch, 57 ans, a rejoint Foyer International en tant que sales director France. Depuis 2008, il travaillait en tant que regional sales director chez Swiss Life. Assurances

Thomas Lentz, ancien directeur financier du Luxembourg Institute of Health, a été nommé responsable du département administratif et financier du Laboratoire national de santé (LNS). Soins et Santé

Bertrand Barthel a rejoint Fuchs Asset Management en tant que COO et conducting officer. Il a travaillé pour BGL BNP Paribas. Fonds d’investissement et services aux fonds

Marilyne Goergen, 29 ans, a été promue senior corporate officer au sein de la société Hoche Partners Trust Services. Auparavant, elle a travaillé chez Fideos Corporate Services. Business Administration, Finance & Legal

Marc Gerges, 48 ans, retourne chez LuxairGroup au poste de directeur marketing et communication. Ancien directeur des publications chez Maison Moderne, il avait ensuite créé sa propre société de consultance en communication. Transports

Claude Demuth, membre fondateur de Lu-Cix en 2009, devient le premier CEO du GIE. Il travaillait jusqu’alors chez Luxconnect. ICT

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Carola Bedós a rejoint Lux Hotels en tant que chief sales officer. Elle travaillait auparavant en Espagne (Grup Newt, Ibuksgrup, Eurofirms…)

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Nicolas Pheulpin, 31 ans, a rejoint LuxTrust en tant qu’ingénieur système, après avoir travaillé chez Fiddiam puis Yapital. PSF de support

ICT

Pascal Rogiest vient d’être désigné nouveau CEO de LuxTrust. Il a été vice president mergers & acquisitions chez SES. ICT PSF de support port

Felix Engelbart a rejoint l’équipe Corporate de NautaDutilh Avocats Luxembourg en qualité d’associate. Il a précédemment travaillé pour Hemming & Hemming Attorneys à Los Angeles. Business Administration, Finance & Legal

Jennifer Marquis, 31 ans, graphic designer (ex-Graphisterie Générale) a intégré l’agence Noosphere Brand Strategy. Communication & Marketing


Focus on Private Equity: 15 April 2016 Focus on Real Estate: 22 April 2016 Focus on Hedge Funds: 29 April 2016

MiFID II: new challenges and impacts

Fight Against Money Laundering and Terrorist Financing

OTE2, l’essence de l’efficacité professionnelle

Bookkeeping for Holding Companies in Luxembourg

FR : 26 avril 2016 EN: 13 May 2016

FR : 18 avril 2016 EN: 22 April 2016

DE: 23. Mai 2016 FR : 2 juin 2016 EN: 6 June 2016

FR : 10 mai 2016 EN: 26 May 2016

Get Ready for PRIIPs KID

How to Apply the Excellence of a 5* in your Interactions with your Customers?

13 mai 2016

FR : 26 avril 2016 EN: 12 May 2016

Manager au féminin

Principles of Transfer Pricing

24 mai 2016

25 April 2016 Reporting Requirements under CRD IV

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20 April 2016

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CARRIÈRES Créez ou actualisez gratuitement votre biographie sur www.guide.paperjam.lu. Recherchez parmi plus de 10.000 références et un millier de biographies, classées par catégorie. Services aux entreprises Place financière Public, Associatif et Santé Activités industrielles

Julie Bams, 26 ans, a rejoint l’agence Noosphere Brand Strategy en tant que graphic designer. Elle a travaillé chez MM group.

Mirja Sutter a rejoint VP Fund Solutions en tant que senior sales manager. Elle a travaillé auprès de Lombard Odier, AllianceBernstein et LGT Capital Partners.

Magaly Pavisse a rejoint RH Expert en tant que manager de la HR Academy. Elle a précédemment travaillé pour MBway.

Communication & Marketing

Ressources humaines

PSF spécialisés

Paolo Faraone, 42 ans, est devenu partner de Notz Stucki Group. Il est également CEO et membre du conseil d’administration de Notz Stucki Europe, basé à Luxembourg. Il a précédemment travaillé pour Citigroup Dublin et Vontobel Asset Management.

Xavier Lemestrez, 37 ans, a rejoint le cabinet RSM Audit Luxembourg en tant que manager. Il a travaillé au sein de PwC et Deloitte à Luxembourg. Business Administration, Finance & Legal

Giovanni Cirasa, 30 ans, a été promu manager chez RSM Tax & Accounting Luxembourg qu’il a intégré en 2010. Il est également cofondateur de la société Improve.

Fonds d’investissement et services aux fonds

Séverine Kenens, 35 ans, a rejoint PROgroup en tant que responsable comptable. Elle a récemment exercé au sein d’Integrale Luxembourg.

Business Administration, Finance & Legal

Business Administration, Finance & Legal

Torsten Ries, 38 ans, a pris la position de head Private Equity / Real Estate chez VP Fund Solutions (Luxembourg et Liechtenstein). Il a notamment travaillé chez Rising Star AG.

ICT

Anthony Ren, 29 ans, vient de rejoindre q-leap en tant que project manager. Il a travaillé au sein de RBC en tant que project analyst fonctionnel.

PSF spécialisés

ICT

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Marc Pedretti a récemment rejoint 99 Advisory Luxembourg en tant que deputy manager. Il a notamment travaillé chez KBL epb.

Virginie Michels, 35 ans, a été promue manager chez RSM Tax & Accounting Luxembourg où elle est active depuis presque 14 ans.

Pierre Cuffaro, 41 ans, a rejoint q-leap en tant que IT operations specialist. En 2006, il avait créé sa propre société, Fast Computer Services et a ensuite travaillé pour Desjardins au Canada.

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Ressources humaines

Business Administration, Finance & Legal

Espace de travail

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Éric Scholer, 52 ans, consultant santé au travail et RH chez eSST, collabore avec Wellbeing at Work en tant que conseil­ formateur en sécurité et santé au travail.

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LES ÉVÉNEMENTS DES SEMAINES À VENIR J E U D I 0 7. 0 4 . 2 0 1 6

JEUDI 21.04.2016

Let’s taste : Surprises vinicoles

14 workshops sur une journée

CLUB

JEUDI 28.04.2016

Let’s taste: Slow food

MERCREDI 13.04.2016

10x6 Architecture : ces bâtiments que vous ne verrez jamais…

MARDI 03.05.2016 MARDI 26.04.2016

CEO-only : workshop mixologie

Déjeuner Carrousel

MERCREDI 13.04.2016

10×6 Architecture : ces bâtiments que vous ne verrez jamais… Grandes entreprises et institutions publiques organisent régulièrement des concours pour la conception d’un futur bâtiment. Seul le lauréat verra son projet se transformer en réalité. Mais ceux qui ne sont pas retenus ne déméritent pas pour autant.

Nous avons décidé, pour ce 10x6 exceptionnel, de jouer la carte de l’uchronie, en invitant 10 cabinets d’architectes qui se succèderont sur scène pour vous faire découvrir des projets méritants, qui ne deviendront, de fait, jamais réalité.

Shahram Agaajani

Sala Makumbundu

Fr anç ois Valen tiny

Türkan Dagli

Stefano Moreno

Metaform

CBA

Valentiny HVP Architects

Dagli + Atelier d’architecture

Moreno Architecture

Une forme et une technique innovantes, c’est ce qui aurait pu être construit par Metaform pour le nouveau château d’eau de la Cloche d’Or à Luxembourg.

À Cologne, le bureau CBA a reçu une mention pour le projet d’un nouveau musée juif avec l’intégration de la zone archéologique.

Valentiny Architects est arrivé dans le trio final du concours d’architecture avec son projet d’une nouvelle salle de concert pour le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven.

Dagli + Atelier d'architecture présentera son projet déposé dans le cadre du concours Royal-Hamilius lancé en 2009.

Deuxième prix pour l’équipe de Moreno Architecture lors du concours organisé par la Ville de Luxembourg pour des logements à coût modéré au Limpertsberg.

Philippe Nathan

Sara Noel Costa de Araujo

Stéphane Schmit

François Thir y

Jean-Luc Wagner

A+A

Polaris Architects

WW+

A + A a participé au concours pour l’extension du Palais de justice de Nuremberg. Bien que n’ayant pas été primé, le bureau a été retenu pour la première phase de cette compétition.

Bien qu’il ait remporté le 1er prix du concours organisé à l’occasion, cet immeuble de bureaux par Polaris Architects prévu pour le Kirchberg n’a jamais été construit.

Second prix pour WW+ lors du concours organisé par Zitha Senior pour concevoir un nouvel ensemble destiné au logement de personnes âgées à Capellen.

2001

Studio SNCDA

2001 présentera son projet d’école, proposé pour le concours organisé par la Commune de Bertrange, ainsi que sa réflexion pour un centre culturel et des logements étudiants à Sanem. GOLD SPONSORS

Une réflexion menée par le studio SNCDA avec l’équipe médicale pour concevoir un nouvel hôpital psychiatrique qui prend en compte le confort, la sécurité et les soins des patients.

SILV ER SPONSORS

PARTENAIRES

INFOS Lieu : Luxexpo Accueil à partir de 18:30. Inscription obligatoire sur www.paperjam.club.

Avril 2016 —

— 115


LES ÉVÉNEMENTS DES SEMAINES À VENIR

CLUB

MARDI 26.04.2016

Déjeuner carrousel : à vos marques, trois, quatre, neuf !

U

n déjeuner trois services, des tables de quatre con­ vives, un changement de place et de convives à chaque plat équivaut à neuf contacts en un seul repas. Telles sont les règles d’un déjeuner carrousel. Suite au succès remporté lors de la saison 7, nous organiserons trois nouvelles éditions. Elles permettront à nos membres de nouer de nouveaux contacts d’affaires, dans une ambiance conviviale. Lieu : Windsor (Bertrange) Accueil à partir de 12:00

JEUDI 28.04.2016

Let’s taste: slow food Slow Food est une organisation internationale sans but lucratif, fondée en 1989 pour contrer le phénomène du fast food et de la fast life en réaction à la disparition des traditions alimentaires locales, et afin d’encourager les citoyens à prendre conscience de leur nourriture, de sa provenance, de son goût et de la façon dont nos choix alimentaires affectent le reste du monde. Slow Food appelle, entre autres, à une politique alimentaire et agricole européenne plus holistique, qui protège les produits traditionnels et les petits agriculteurs face à la rapidité de transformation du continent. Nous avons organisé une soirée de dégustation autour de ce mouvement qui prône des aliments de qualité, en collaboration avec le traiteur Steffen et le mouvement  Slow Food Luxembourg, dont le président M. Thierry Origer sera présent pour partager avec nous cette philosophie du bon produit. PARTENAIRES

Lieu : Steffen Traiteur (Niederkorn). Accueil à partir de 18:30.

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LES 14 WORKSHOPS DU JEUDI 21 AVRIL 2016

COMMUNICATION, MARKETING  & SALES

09:30 12:30 14:00 17:15 09:30 12:30

Thomas Crépon (TNS Ilres)

Danielle Dichter (Bizart)

Annie Frère (Sigma Conso)

FINANCE & LEGAL 14:00 17:15 09:30 12:30

Alan Picone (Duff & Phelps)

David Giabbani (Étude David Giabbani)

CLUB

Décoder la relation clients et identifier les leviers de croissance Comment collaborer avec son agence pour aboutir à un marketing efficace ? Le pilotage de la performance : des comptes consolidés à la planification stratégique Introduction aux marchés financiers et leurs risques : identification, modélisation, mesure, gestion des risques Mobbing : notion, législation et responsabilités

HUMAN RESOURCES 14:00 17:15

INFORMATION MANAGEMENT  & ENTERPRISE 2.0

LEADERSHIP  & MANAGEMENT

PERSONAL DEVELOPMENT

STRATEGY  & OPERATIONS

09:30 12:30 14:00 17:15 09:30 12:30

Nathalie Moschetti (CSL)

Stéphane Bidoul (Acsone)

Renaud Le Squeren (DSM Di Stefano Moyse)

Charles Benoy (The Lilith Project)

14:00 17:15

Nathalie Donnadieu

09:30 12:30

François Altwies

14:00 17:15 09:30 12:30 14:00 17:15

(Donnadieu, Coaching et Psychologue en entreprise)

(Neurofeedback Luxembourg)

Csilla Puskas (Berlitz)

J. Maybon & J.-S. Desjonqueres (The Strategic Agility Board)

Christophe Vallet (Deloitte)

L’utilisation du Code du travail Le logiciel libre est-il mûr pour les applications métier ? Traitement des données personnelles depuis le Luxembourg : enjeux légaux pour les data centers et leurs clients Le leadership émotionnel Du management des générations au management inter-générationnel : le défi de la performance collective Comment mieux gérer son stress et augmenter ses performances avec le Bio & Neurofeedback ? Time Management Étude de cas et bonnes pratiques d’agilité stratégique, opérationnelle et organisationnelle Le digital au cœur de la transformation organisationnelle Avril 2016 —

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LA VIE DU CLUB

CLUB

MERCREDI 24.02.2016

10×6 : les avocats à la barre MAISON MODERNE

Quel que soit le secteur d’activités dans lequel ils naviguent, les entrepreneurs sont confrontés à des régulations de plus en plus contraignantes et à une tendance de plus en plus marquée à la judiciarisation des affaires. Se passer d’un avocat lorsqu’on se lance dans le business devient utopique. Reste à savoir quand il faut faire appel à lui, quel conseil choisir et ce qu’on doit vraiment partager avec lui. Telles étaient les questions auxquelles ont répondu les 10 avocats de la Place luxembourgeoise invités au dernier rendez-vous 10×6 du Paperjam Club. Dix avocats à la barre, c’était en plus une première. Retrouvez toutes ces présentations en vidéo et les photos de cet événement sur www.paperjam.lu.

« Prenez un conseil qui affiche une passion pour votre business. » Olivier Hance Hance Law Avocats

« Un avocat spécialisé offre de nombreux avantages. » Guy Castegnaro Castegnaro Cabinet d’Avocats

« Ne pas attendre qu’un problème se pose pour contacter un avocat. »

« La judiciarisation des affaires n’est pas une fatalité. »

Albert Moro Clifford Chance

Marie-Béatrice Noble MNKS

« Le client veut de la transparence, de la confiance. » Freddy Brausch Linklaters

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LA VIE DU CLUB

CLUB

« Plus de changements au cours des 10 dernières années qu’en un siècle. » Henri Wagner Allen & Overy

« Les synergies sont souvent surestimées et les problèmes sous-estimés. » Mario Di Stefano DSM Di Stefano Moyse

« Il faut pouvoir amener le politique à changer les règles. » Jean-Marc Ueberecken Arendt & Medernach

« L’environnement a changé, il faut en tenir compte. » Alain Steichen Bonn Steichen & Partners

« La Chine ne se limite pas à Pékin et Shanghai. »

GOLD SPONSOR

Alexandrine Armstrong-Cerfontaine King & Wood Mallesons

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Retrouvez toutes les photos de ces événements sur www.paperjam.lu.

LA VIE DU CLUB

CLUB

7

18.02.2016 – NEIMËNSTER

JOURNÉE DE WORKSHOPS MAISON MODERNE | 6 9 P H OTO S S U R PA P E R JA M . L U 4

1

2

1 Sonia Gea (CBC Communication) et Marie-Rose Schwarz (NautaDutilh Avocats Luxembourg) 2 Federico Baruffi (FIA Asset Management) et Clément Billecocq (Bourse de Luxembourg) 3 Elsa Rodrigues (Laboratoires Ketterthill) et Belize Sumbu (RIME IT) 4 Roger Claessens (R.J. Claessens & Partners) et Lorentz Snyers (Luxair) 5 Valérie Ghanimé (Ghanimé Events) 6 David James (FTS Global) 7 Thierry Delperdange (Communication, Coaching & Développements)

5

6 3

3

1

23.02.2016 – KNOPES ARTISAN TORRÉFACTEUR

MORNING COFFEE WITH KNOPES MAISON MODERNE | 2 7 P H OTO S S U R PA P E R JA M . L U

1 Laura Mathieu (Do apps) 2 Francesco Cavallini (SGG) 3 Grégory Behin (Bourse de Luxembourg) et Paul Irthum (Banque Degroof ) 4 François Knopes (Knopes Artisan Torréfacteur) 5 Florence Lemeer-Wintgens (Look@Work)

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LA VIE DU CLUB

CLUB

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1

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2 4 .0 2 . 2 0 16 – C EN T RE CULT UREL TRAMSSCHAPP

10X6 BUSINESS ADVICE F ROM 10 L AW YERS MAISON MODERNE | 6 3 P H OTO S S U R PA P E R JA M . L U

1 Hendi Kerdouci (Paperjam Club) et Philip Grother (Stepping-Stone) 2 Guy Schosseler (SFC Conseil) 3 Djamila Kettab et Arnaud Maqua (Maison Moderne) 4 Arnaud Peraire (BNP Paribas Investment Partners Luxembourg), MarieBéatrice Noble (MNKS) et Basile Fémelat (MNKS) 5 Anthony Pont (HRT-PKF) et David Borbiconi (SD Worx) 6 Patrick Ittah et Bastien Fabing (UP Consulting) 7 Mike Koedinger (Maison Moderne) et Jérôme Wiwinius (Lalux) 8 Gwladys Costant (Go to Freedom) et Sophie Cuny (Arendt & Medernach) 9 Thierry Barras (ABN) et Marco Morza (King & Wood Mallesons)

9

5

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8

7

1

2

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10.03.2016 – MELUSINA

DELANO TURNS 5: MIAMI BEACH PART Y M A R I O N D E S SA R D | 1 3 2 P H OTO S S U R PA P E R JA M . L U

5

1 Jean-Marc Derigat (Kichechef) et Mario Nothum (Les Thermes) 2 Benoit Berger (Luxair) et Antoine Rech (SHU) 3 Wendy Casey (Delano), Amal Casas, Jugera Ibrahimi et Janeanne Frankel 4 Corinne Migueres (Atout Image Conseil), Mélanie Juredieu (Explorator), Cécile Freyermuth et Cyrille Dedouche (Abiotek) 5 Francisco Benavente (Siemens) et Carolina Lazo (Carolina Lazo Architecture and Urban Planning)

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CLUB

LA VIE DU CLUB

NOUVEAUX MEMBRES

Bienvenue au Club ! Aztec Bove Law Office CRH-Lux Dentons Diversified Asset Management DLA Piper Dupong Metzler Diederich Easynext Europe Fiduciaire (Luxembourg) Fiduciaire Jean-Marc Faber Fidupar Fourpoints Investment HDIC Consulting Headstart Initiativ Rëm Schaffen IPIL MédiaBat Nowina Solutions SGF GROUP Socotec The Clover Treasury Sweep United International Management MEMBERSHIP

Rejoignez le Club ! LEARN INSPIRE NETWORK

Avec plus de 650 entreprises membres, le Paperjam Club est le plus grand business club du pays, avec 180 événements organisés par an.

NICOLAS POUILLEUX nicolas.pouilleux@maisonmoderne.com

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Chaque événement du Paperjam Club est un excellent moyen d’augmenter sa visibilité auprès d’une cible qualifiée captive.

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REPORTAGE

LA GARE EN u r b a n i s m e

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REPORTAGE

CLAIR-OBSCUR J E A N - M I C H E L GAU D R O N |

C H R I S TO P H E O L I N G E R

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REPORTAGE

S

ous l’œil de notre photographe Christophe Olinger, le quartier Gare, à la fois l’un des plus petits de la capitale (105 ha, soit 1,05 km2) mais le plus dense (environ 9.900 habitants), et plus méconnu qu’il n’y paraît, se dévoile au fil des heures passées à flâner dans l’un des poumons de la capitale. Ruche hyperactive alimentée par les frontaliers aux heures de pointe en journée ; zone sensible davantage touchée par la délinquance la nuit ; il redevient un lieu plus paisible, parfois désert, le reste du temps. Un quartier tout en contraste(s) à découvrir en images.

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REPORTAGE

FRÉQUENTATION En 2015, la gare de Luxembourg a accueilli, en moyenne par jour, quelque 66.000 voyageurs arrivant ou repartant en train. À ceux-là s’ajoute la clientèle des bus, des commerces de la gare et ceux qui traversent le site pour se rendre dans le quartier de Bonnevoie. La moitié du trafic ferroviaire partant ou arrivant de la gare de Luxembourg concerne la ligne Pétange – Esch/Alzette – Bettembourg – Luxembourg (35 %) et la ligne Gouvy – Troisvierges – Ettelbruck – Luxembourg (24 %). Par jour ouvrable, environ 750 trains de voyageurs en moyenne desservent la gare de Luxembourg. En 10 ans, c’est une progression de l’ordre de 50 %.

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REPORTAGE

COMMERCE Quartier « vitrine » incontournable par sa situation et bénéficiant de loyers plus attractifs qu’en ville haute, le quartier Gare a su attirer autant des enseignes internationales connues et des marques européennes mode & accessoires moyenne gamme bien ciblées que des commerçants indépendants. Au total, le quartier représente environ 240 commerces, tous secteurs confondus. La majorité de ces commerces se concentre sur les secteurs horeca (33 %) et mode, accessoires & bijoux (20 %). À titre de comparaison, le quartier de la ville haute rassemble presque 50 % de commerces du secteur mode, accessoires & bijoux.

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REPORTAGE

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REPORTAGE

PASSAGE(S) Au détour de ses rues, le quartier Gare affiche son paradoxe, entre rues quasi désertes à l’ombre d’imposants bâtiments et animation sur les grands axes commerçants. Mais une animation toute relative, avec des gens qui ne semblent que passer, en transit. Même les riverains ne semblent pas enclins à flâner en semaine, alors que les travailleurs frontaliers submergent le quartier aux heures de pointe, matin et soir. Il faut attendre le week-end pour voir la mutation s’opérer et les « locaux » se réapproprier leur quartier.

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REPORTAGE

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REPORTAGE

SÉCURITÉ Comme dans la plupart des autres grandes villes, le quartier de la gare traîne une réputation parfois sulfureuse, alimentée par de nombreux faits divers. En 2015, plus de 185 interventions policières ont été recensées (hors statistiques spécifiques de la section de recherche) auprès du Centre d’intervention de Luxembourg et du commissariat du quartier, donnant lieu à plus d’une cinquantaine d’interpellations, principalement pour des problèmes de drogue et de vols.

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REPORTAGE

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BAVARDAGES

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BAVARDAGES

 ENTREPRENDRE AU LUXEMBOURG

Trouver les pépites F LO R E N C E T H I BAU T |

SV E N B E C K E R

 Pour doper l’entrepreneuriat, on a besoin

de spin-off, d’immigration choisie, mais aussi de plus de recherche appliquée.

 C’est dès l’école qu’il faut promouvoir

l’envie d’entreprendre et de prendre des risques.

 La prolifération et la survie de start-up

sont de bons indicateurs du degré d’innovation et de R&D d’un pays.

I

ls se connaissent et se côtoient de longue date dans différents cercles. Nicolas Buck, fondateur de Nyuko, serial entrepreneur et nouveau président de la Fedil, et Étienne Schneider, actuel ministre de l’Économie et figure de proue du LSAP, sont les invités de notre « Bavardage » pour discuter entrepreneuriat, innovation et zeitgeist grand-ducal. Tous deux fervents défenseurs du savoir-faire et de l’expertise locale, ils endossent fréquemment une casquette d’ambassadeurs de la Place à l’étranger, mais aussi parfois sur le territoire national. « Critiquer le Luxembourg est très luxembourgeois, démarre le ministre, même si on en est fiers en dehors des frontières. » « Plutôt que de toujours évoquer nos limites, il faut défendre les possibilités. Montrer ce qui fonctionne bien , répond en écho Nicolas Buck. S’opposer au changement est une des maladies luxembourgeoises. » Si le pays a un taux de nouveaux entrepreneurs qui est passé de 8,7 % en 2013 à 7,1 % en 2014, celui-ci reste au-dessus de la moyenne européenne. Ce sont ainsi environ 3.000 entreprises qui se créent chaque année, pour 2.400 qui disparaissent. S’il n’y a pas de nombre optimal défini, le constat reste quand même qu’il en faut davantage. « Il n’y a jamais assez d’entreprises, explique M. Schneider, même si, en comparaison avec le taux de création des pays voisins, je suis assez satisfait des chiffres au Luxembourg. Par rapport à la qualité de notre tissu économique et aux opportunités actuelles, on devrait avoir bien plus de créateurs de projets. » Avril 2016 —

— 135


BAVARDAGES

Nicolas Buck, lui, porte son attention non seulement sur le nombre de sociétés créées, mais aussi sur leur nature. « Si on prend l’exemple des start-up, ce qu’il nous faut, ce sont celles qui ont un fort accent innovant et celles qui ont un potentiel de croissance identifiable. Notre démarche doit être ciblée. L’économie circulaire, un autre exemple, est un vivier d’idées entrepreneuriales à développer. C’est un secteur qui amène un flux d’idées nouvelles. »

État d’esprit

Quel que soit le secteur d’activité, l’entrepreneuriat se nourrit d’audace, d’énergie, de courage, mais aussi de bons exemples. « Il y a bien plus de créateurs de projets d’origine étrangère que de Luxembourgeois de souche , regrette Étienne Schneider. Un tiers des jeunes du pays ambitionnent de rejoindre le secteur public. Ils ont peur du risque et ne pensent qu’à travailler pour la BCEE ou les communes, comme leurs parents. La plupart des lycéens n’ont aucune notion de ce que veut dire ‘entreprendre’. Personne ne leur en parle et ils ne sont pas du tout au courant des opportunités qui existent. Il est déterminant de les stimuler et d’aborder ces sujets dès le primaire. Il faut ramener l’entrepreneuriat à l’école ! Les politiques ont un rôle à jouer dans ce tableau. » Le ministère de l’Économie travaille ainsi de concert avec son homologue de l’éducation pour adapter les programmes. « On a besoin de jeunes qui osent, qui n’ont pas peur de s’exprimer et qui ont confiance en leurs possibilités, le rejoint Nicolas Buck. Je rencontre fréquemment des jeunes Luxembourgeois extrêmement bien formés, qui ont fait des études et des MBA à l’étranger, et qui ne pensent qu’à travailler pour l’État ou des sociétés qui lui appartiennent, cela me chagrine. C’est justement eux qui devraient aller vers l’entrepreneuriat. Les pousser à franchir le pas est une responsabilité partagée. » La peur de l’échec est un mal qui doit être attaqué à la racine, de préférence dès l’école fondamentale. Les faillites, souvent diabolisées – il suffit pour s’en convaincre de se rappeler du « cas » Faber (l’imprimerie centenaire de Mersch qui a fait faillite fin 2015) –, font partie du cycle de vie des entreprises. « Il ne faut pas voir l’échec comme quelque chose à absolument supprimer. Il est fondamental , soutient le patron de Nyuko. Entreprendre, ça veut dire voir et comprendre les opportunités en présence et amener du nouveau. L’entrepreneur est celui qui synthétise ce que son environnement lui offre. Échouer, réajuster et recommencer font partie du processus. »

Trouver sa place

Pour continuer à croître, se défaire de la dépendance à la finance, mais aussi créer des opportunités pour de nouvelles générations d’entrepreneurs, il faut miser sur les bonnes niches. Et Nicolas Buck d’expliquer : « Chaque pays a sa propre recette à développer. Il faut être lucide, le Luxembourg ne sera jamais la Silicon Valley, ni Berlin ou Tel-Aviv. Nous n’al136 ­—

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lons pas créer les prochains Google ou Facebook, l’écosystème européen ne nous permet pas de concevoir de tels géants. Mais nous avons nos propres pépites à trouver. À mon sens, il ne faut pas concurrencer les leaders, mais développer ses propres niches. » Pour Étienne Schneider et Nicolas Buck, seule une bonne entente privé/public peut conduire aux bons choix. « On oppose symboliquement le dynamisme du secteur privé à la stabilité du secteur public. L’État doit, pour moi, être plus actif dans le financement des centres de recherche et de l’innovation, affirme ce dernier. SES, il y a plus de 25 ans, en constitue un bon exemple. On a besoin d’un État moteur, qui soit impliqué dans des projets porteurs et reste présent pour en récolter les fruits. Son rôle doit être repensé pour ne plus se limiter à donner des avantages fiscaux. Il voit à long terme et rassure les autres investisseurs. Sa présence peut faire effet de levier. » « Le gouvernement n’a pas commis la faute classique de réduire son budget ‘recherche et développement’, qui est resté d’environ 4 %. C’est une grande source de satisfaction, se réjouit Étienne Schneider. Ce pari a notamment permis de faire émerger des segments porteurs comme la mobilité électrique ou les énergies renouvelables. »

Luxembourg Future Fund, porté par la BEI et la Société nationale de crédit et d’investissement ; ICT Seed Fund, lancé en décembre par une poignée d’acteurs impliqués dans Digital Lëtzebuerg ; coups de pouce ponctuels de Luxinnovation : ces 10 dernières années, plusieurs instruments ont été créés pour assurer le soutien financier des projets, élément central de l’équation. « L’ICT Seed Fund est une bonne illustration de collaboration privé/public. L’État restera actionnaire et partie intégrante du succès des structures qui seront financées, affirme Nicolas Buck. À côté de cet effort, il ne faut pas regarder le financement comme étant un sujet purement local. Les investisseurs se trouvent partout dans le monde. Pour les attirer, il faut mettre le pays sur la carte euro-

« Il faut ramener l’entrepreneuriat à l’école ! » Étienne Schneider


BAVARDAGES

7,1 %

Le taux de nouveaux entrepreneurs au Luxembourg (chiffre de 2014 - Global Entrepreneurship Monitor 2014). Il était de 8,7 en 2013.

600

Le solde moyen de création d’entreprises. Environ 3.000 nouvelles se créent chaque année pour 2.400 disparitions.

42 %

des sondés du chapitre luxembourgeois du GEM 2014 ne lancent pas leur structure par peur de l’échec.

« On a besoin d’un État moteur. Son rôle doit être repensé. » Nicolas Buck

péenne des start-up. C’est le rôle des entreprises actives à l’étranger, du nation branding ou encore des différentes missions économiques q u i p re n n e n t u n t o u r d e p l u s e n p l u s high-tech. »

Sang frais

« Connecter argent et idée est décisif , note Étienne Schneider. Plusieurs outils ont été créés pour aider les entrepreneurs. Je pense notamment à l’exemple récent de Fit4Start (lire aussi page 81, ndlr), une belle vitrine pour le pays et un moyen d’attirer des acteurs intéressants. Les structures existent. Le potentiel est là, il faut les faire connaître. » « Ce qu’il faut attirer maintenant, ce sont les cerveaux et les connaissances », complète le patron de Nyuko. Pour le ministre de l’Économie, la digitalisation à

l’œuvre est une chance de se réinventer pour tous les secteurs, industrie 4.0 en tête. « Le numérique donne des possibilités nouvelles à tous les secteurs dans la nouvelle économie. Je pense notamment à la sidérurgie, qui est parvenue à conserver de belles marges générées par des innovations produits et l’utilisation de la technologie, en dépit de la forte concurrence internationale. C’est grâce à la qualité et à la recherche que ces métiers vont survivre. » « Il est crucial d’évangéliser tous les secteurs , appuie Nicolas Buck. Les start-up ne sont pas les seules concernées. » Un constat freine l’inéluctable transition : selon Eurostat, 59 % des entreprises actives au Grand-Duché ont des difficultés à embaucher des profils IT. Cette pénurie de talents directement mobilisables touche toutes les couches métiers, du technicien lambda aux ingénieurs réseau en passant par les security officers, pourtant indispensables à bon nombre d’entreprises de toute taille et de tous champs d’activité. La faute, notamment, à un nombre réduit de formations locales et à une Blue Card onéreuse (elle demande 1,2 fois le salaire moyen) et limitée à certains profils précis et listés. Une des réponses peut être de faciliter une immigration choisie en provenance de l’UE, mais aussi du monde entier. « Le Luxembourg a toujours su choisir les meilleurs de partout », explique Nicolas Buck. La récente vague de réfugiés en provenance de Syrie ou d’Irak

65 %

Le taux d’emploi des femmes âgées de 20 à 64 ans au Luxembourg. Il est de 77,7 % pour les hommes.

10,2 %

Le pourcentage de TEA, soit d’activité entrepreneuriale à un stade précoce, ce qui classe le pays au 4e rang au sein de l’UE après la Lettonie, l’Estonie et la Roumanie.

70 %

des salariés sont employés par des PME. Elles génèrent aussi 72 % de la valeur ajoutée totale (chiffres de 2013 de la Commission européenne).

30.563

C’est le nombre d’entreprises qui composent le secteur marchand luxembourgeois, dont 30.443 sont des PME, et 21.394 sont des PME familiales (calculs réalisés par Idea).

Avril 2016 —

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BAVARDAGES

C R É AT I O N S Le taux d'entrepreneurs est passé de 8,7 % en 2013 à 7,1 % en 2014.

constitue une réserve non négligeable de porteurs de projets potentiels. « Ce ne sont pas des réfugiés économiques, rappelle Étienne Schneider. Il ne faut pas passer à côté de leur potentiel. Ces personnes avaient une vie et parfois des entreprises dans leur pays d’origine. Elles ont pris des risques en venant ici, il faut les soutenir. » Nicolas Buck va dans le même sens : « Il faudra les intégrer dans la vie des entreprises et pas seulement leur apprendre les langues. Les réfugiés n’ont pas de réseau, ils ont tout à construire. Ce sont eux qui créeront demain avec une énergie positive. »

Faire vivre la recherche

Faciliter la création de spin-off, dynamiser la recherche et la faire vivre dans les entreprises sont autant de chantiers à mener pour améliorer l’écosystème gravitant autour de l’Uni, toute jeune dans le paysage académique européen. « On part avec une longueur de retard , souligne Nicolas Buck. Jusqu’il y a 10 ans, le pays n’avait pas d’université. Il rattrape progressivement son retard. Il faut continuer sur cette lancée. » « Le travail effectué a été remarquable, embraie Étienne Schneider. En quelques années, l’Uni est parvenue à se faire connaître et se hisser dans les rankings internationaux. C’était la première étape. » Avec 6.287 étudiants issus de 110 pays différents, l’institution multilingue installée à Belval constitue une nouvelle place forte de la recherche. « Elle attire des étudiants du monde entier. La question qui se pose ensuite est de savoir comment les garder au Luxembourg une fois leur diplôme en poche. Le Conseil de gouvernement s’est récemment emparé du sujet, partage Étienne Schneider. Actuellement, les diplômés non ressortissants de l’UE n’ont pas la possibilité de prolonger leur séjour au-delà de leurs études. Nous réfléchissons à leur donner un délai de deux ans pour décrocher un contrat. » Et Nicolas Buck de déplorer : « Les laisser partir est une vraie perte de compétences. Il faut leur donner le temps de s’int é g re r, d e s’ i n s t a l l e r d u ra b l e m e n t a u Luxembourg et d’y trouver un emploi. » 138 ­—

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La prochaine case à remplir est de faciliter le transfert de connaissance académique sur le terrain, en proposant notamment davantage de recherche appliquée. « 60 % de la recherche au Luxembourg est fondamentale. Il faudrait inverser ce ratio. À titre de comparaison, aux États-Unis, on est plutôt dans un rapport de 75 % de recherche appliquée et 25 de fondamentale », déclare le ministre de l’Économie. « Ce qui manque encore à l’appel, c’est une démarche volontariste en matière de transfert de la technologie , pointe Nicolas Buck. On aurait besoin d’une structure qui fasse la jonction entre le chercheur et le marché. C’est ce qui fera naître des spin-off. C’est quelque chose qui existe dans toutes les grandes universités du monde. Le but n’est pas de transformer les académiques en entrepreneurs, mais bien de valoriser leurs recherches. La plupart d’entre eux n’ont aucune idée des cycles de vente, du temps à investir dans la création d’une société ou de comment faire une étude de marché. Il faut les y aider. » Et Étienne Schneider de poursuivre : « Nous avons toutes les bases : centres de recherche, budgets inchangés, université… Il faut que cet écosystème se consolide. » À l’échelle du continent, toujours selon Nicolas Buck, la recherche européenne gagnerait à être mutualisée. La création d’universités transnationales pourrait permettre de rivaliser avec les poids lourds américains ou chinois. « L’université de Stanford à elle seule dispose d’un budget de six milliards de dollars. L’Europe aurait tout intérêt à créer quelques champions de l’enseignement et de la recherche. L’éducation est aussi une question de moyens », achève-t-il. Pour nos deux interlocuteurs, le tiercé gagnant pour donner naissance à une nouvelle génération d’entrepreneurs, c’est l’éducation, le financement et l’immigration.  EN RÉSUMÉ

Défenseurs de l’économie grand-ducale, Étienne Schneider et Nicolas Buck promeuvent, chacun à leur niveau, une étroite entente entre privé et public. Parmi les points à améliorer pour doper l’entrepreneuriat local : davantage de recherche appliquée, l’attraction démultipliée de talents étrangers et la création de spin-off.

DIVERSIFICATION ÉCONOMIQUE

UNE NATION FAITE DE START-UP

Conçue d’entrée de jeu comme une structure hybride privé/public, Nyuko ambitionne d’être le chaînon manquant entre les entrepreneurs et leur écosystème. Proposant conseil, hébergement ou formations, Nyuko, constituée en 2015 dans le prolongement de l’activité existante de l’asbl Business Initiative, veut contribuer à faire du Luxembourg une start-up nation tournée vers la technologie et l’innovation. Différents partenariats doivent le lui permettre. Asbl indépendante, mais soutenue par les ministères du Travail et de l’Économie, l’incubateur se positionne comme fer de lance d’une nouvelle stratégie pour diversifier l’économie grand-ducale. « La start-up nation marque avant tout une volonté de travailler ensemble et de réunir tous les acteurs économiques, politiques, associatifs et sociaux, cadre Nicolas Buck, son concepteur. Cette vision repose sur la puissance du réseau. Nous devons apprendre à mieux travailler ensemble. » Rapprocher chercheurs, entreprises de tout secteur et de toute taille, investisseurs et décideurs politiques, fait partie de son leitmotiv. Espace de co-working, coaching, apprentissage de terrain, mise en contact ou networking font partie de l’arsenal proposé pour y parvenir. « L’environnement doit permettre cette collaboration trans-secteurs. En ce sens, Nyuko opère à un niveau macro en travaillant sur l’infrastructure, qu’il s’agisse de financement ou d’état d’esprit. À un niveau micro, l’équipe œuvre à soutenir des projets concrets et des entrepreneurs. » Ambassadrices de la nouvelle économie, mais aussi pourvoyeuses d’emplois quand elles transforment l’essai, les start-up occupent, dans ce contexte, une fonction de role models pour inspirer les autres.


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LIFESTYLE

PROMOTION DE LA GASTRONOMIE

Faire monter la sauce Avec une gastronomie ouverte aux influences multiples qui a pourtant du mal à se faire entendre sur la scène internationale, les chefs du Luxembourg se posent beaucoup de questions et rêvent de passer à la vitesse supérieure. F R A N C E C L A R I N VA L |

MIKE ZENARI

RENÉ M AT HIEU préfère parler de cuisine d'auteur que de gastronomie. Il s'inquiète pour l'avenir des grandes tables au Luxembourg.

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LIFESTYLE

L

uxembourg compte 11 restaurants étoilés. Plutôt un bon score vu la taille du pays, mais un score en recul par rapport à d’autres époques où certains établissements ont affiché deux étoiles. « On est contrôlé par la Belgique et ils n’ont que peu d’égard pour le Luxembourg », justifie François Koepp, secrétaire général d’Horesca. Un sentiment partagé par plusieurs chefs qui souffrent d’un manque de visibilité. « Les Luxembourgeois préfèrent aller dans un étoilé en France ou en Belgique que chez eux. Sans les étrangers, nous ne pouvons pas survivre », assène René Mathieu, chef étoilé de La Distillerie à Bourglinster qui cite les bienfaits d’une émission comme Top Chef mettant un chef du Luxembourg, fût-il alsacien, sur le devant de la scène médiatique. C’est donc le nerf de la guerre que de se faire connaître à l’étranger. « Il faut bouger, aller se montrer, participer à des salons, des foires, des événements à quatre mains… », estime le chef belge qui organise tout lui-même et regrette de ne pas avoir de soutien officiel. À l’inverse, les chefs locaux invitent des chefs étrangers pour créer l’événement autour de repas festifs et originaux comme des repas à quatre mains. « Ils apportent leur presse, leur image, leur clientèle et ça fait boule de neige », constate le chef. « La gastronomie est un sujet transversal dans tous nos thèmes visant les city trips, des séjours sportifs dans la nature, des séjours culturels. Nous l’incorporons notamment dans nos campagnes de promotion intégrée », se défend Anne Hoffmann, directrice générale de Luxembourg for Tourism (LFT) pour qui « l’offre touristique nationale ne peut être dissociée de sa gastronomie de qualité. » Ainsi, le LFT invite régulièrement la presse internationale et les journalistes en profitent pour découvrir la gastronomie locale. Quant au choix des restaurants, il doit « traduire un savoir-faire, mais aussi l’authenticité du pays avec ses spécialités régionales. Cela ne nous empêche pas de jouer la carte d’une cuisine moderne dans un cadre contemporain, en choisissant par exemple un restaurant primé par le prix du Commerce Design, ou le prix luxembourgeois d’architecture. » On en vient à une question de définition. « Pour moi gastronomie ça ne veut rien dire, tout le monde prétend faire de la gastronomie, mais pratique une cuisine d’assemblage avec des produits semi-finis », fustige René Mathieu. Il revendique une cuisine d’auteur où le chef imprime une vision, une personnalité et une signature. « Je ne critique pas ceux qui achètent des carottes déjà épluchées, mais il faut savoir dans quelle catégorie on boxe. » Anne Hoffmann insiste sur la qualité des produits luxembourgeois et sur l’ouverture d’esprit des restaurants : « On s’inspire certes du savoir-faire des voisins allemands, belges et français, mais le particularisme réside dans le caractère novateur et créatif de la cuisine luxembourgeoise. » Ce que confirme François Koepp : « La cuisine innovante et multiculturelle reflète le caractère du pays. »

On a donc l’impression qu’ils ne parlent tout simplement pas la même langue. Quand l’un parle déclinaison de choux, l’autre répond Bouneschulpp.

Et chez les autres ?

La cuisine traditionnelle et du terroir mérite d’être mise en avant et d’avoir sa place dans l’image du pays – le fameux nation branding – « c’est la base de l’hospitalité propre au tourisme. La gastronomie locale réunit autour d’une même table les produits du terroir, le fruit du travail des hommes de la région, les cuisiniers, les personnes qui ont inventé l’art de la table, les amis. C’est autour du vin, de la bière, de mets que naissent l’amitié et la coopération. Avec 49 % de résidents étrangers dans sa population, le Luxembourg a bien su faire preuve de cette hospitalité », décrit Anne Hoffmann. Mais d’autres pays ont misé sur l’image d’une gastronomie plus contemporaine et se sont ainsi inscrits dans l’imaginaire collectif par ce biais. Le Danemark et la Norvège soutiennent par exemple le Bocuse d’Or, qui est largement financé par l’industrie du poisson et pour lequel les chefs obtiennent des congés payés pour s’entraîner et participer. « Dans un autre ordre d’idées, El Bulli, la star de la cuisine moléculaire, a été dispensé d’impôts parce qu’il faisait venir du monde dans sa région près de Barcelone et faisait parler de lui », affirme René Mathieu. Non loin de chez nous, l’association GénérationW en Wallonie est financée par la Région et envoie ses meilleurs chefs représenter la région à diverses foires et salons. Tout ces chefs travaillent les produits de leur terroir dans le respect de leur identité, ce qui ne les empêche pas de briller avec une cuisine d’auteur. Plutôt que de s’apitoyer sur son sort, René Mathieu évoque l’avenir et son inquiétude pour le futur de la gastronomie de la Place. « La plupart des chefs étoilés sont étrangers et ont plus de 50 ans. C’est très difficile pour des jeunes de s’établir et d’avoir leur propre restaurant où progresser. » Il souligne la difficulté pour être rentable à ce niveau d’excellence : des produits (très) chers, du personnel qualifié et cher, des loyers élevés… qu’on ne peut pas totalement répercuter dans le prix du menu. On ajoute un accès difficile à la propriété auquel répondent des investisseurs qui cherchent le rendement plutôt que la qualité, et un univers gâté où d’aucuns préfèrent travailler dans une crèche communale qu’à leur compte pour ne pas prendre de risque. « Luxembourg offre beaucoup d’opportunités de travail moins contraignantes que d’être chef d’entreprise, et particulièrement cuisinier. Le métier est considéré comme attractif, notamment à cause des horaires », souligne François Koepp pour qui « les contraintes administratives et législatives pour ouvrir un restaurant ou un hôtel sont lourdes et nécessitent un grand investissement ». Ce à propos de quoi Anne Hoffmann temporise : « Étant donné que le pays attire chaque année 2 % de nouveaux résidents, la relève sera là, plus internationale encore. » 

« La gastronomie est un sujet transversal de tous nos voyages de promotion. » Anne Hoffmann Directrice Luxembourg for Tourism

« Luxembourg offre beaucoup de carrières moins contraignantes que l'ouverture d'un restaurant. » François Koepp Secrétaire général Horesca

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LIFESTYLE

DESIGN

Un avant-goût de Milan Le Salon du meuble de Milan se tiendra du 12 au 17 avril prochains. Nous avons sélectionné quatre produits qui y seront présentés. C É L I N E C O U B R AY

ARTEK, CHAISE DOMUS La chaise Domus fête cette année ses 70 ans. Elle a été dessinée par le Finlandais Ilmari Tapiovaara pour la résidence étudiante Domus Academica à Helsinki. Conçue au départ comme une chaise de lecture pour les chambres des étudiants, elle a été utilisée également pour de nombreux autres usages : auditoriums, cabines ou salles de réunion. Cette chaise multi-usage est un succès international qui se poursuit encore aujourd’hui. Légère et empilable, on la retrouve souvent dans les bâtiments publics en Finlande. Entrée dans la collection Artek depuis 2010, elle est désormais disponible en blanc.

NANIMARQUINA, TAPIS LATTICE Les frères Bouroullec proposent pour le fabricant espagnol ce nouveau tapis dont le motif est une répétition rythmique d’une forme géométrique reproduite dans une palette de couleurs harmonieuses. Ce tapis se distingue par son équilibre, ses proportions et ses irrégularités, qui sont les éléments-clés d’un désordre contrôlé faisant de Lattice une création unique.

KNOLL, FAUTEUIL PLATNER Pour les 50 ans de la collection Platner (dessinée par l’architecte Warren Platner), Knoll sort une édition laquée or de cet emblématique mobilier. Cet ensemble (chaise, fauteuil, table et tabouret) était initialement conçu pour être doré, mais ce souhait n’avait pas pu être réalisé à l’époque pour des raisons techniques. Aujourd’hui, cette technique est réalisable et permet donc de retrouver la volonté première de l’architecte.

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CLASSICON, TABLE D’APPOINT PLI La designer Victoria Wilmotte livre cette nouvelle table d’appoint caractérisée par une allure cristalline et une géométrie surprenante. C’est le plissement du piétement qui lui a valu son nom. En acier inoxydable, la table évoque le travail d’une pierre précieuse taillée surdimensionnée. Les quatre couleurs de la table résultent d’un traitement des surfaces plus ou moins long qui fait briller l’acier inoxydable en vert, bleu, brun, bronze ou noir. Le plateau de verre laqué par en dessous s’harmonise avec les différentes couleurs.


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LIFESTYLE

SARAH OPPENHEIMER Ses structures permettent aux visiteurs de prendre autrement conscience de l’espace d’exposition.

UNE ŒUVRE EXPLIQUÉE

Sarah Oppenheimer, S-399390 Présentée dans le Grand Hall du Mudam, S-399390 est une œuvre de Sarah Oppenheimer qui nous propose de voir autrement l’espace dans lequel elle est exposée.

L

e travail de l’artiste américaine Sarah Oppenheimer (née à Austin en 1972, qui vit et travaille à New York) rend compte de points récurrents : elle part du postulat que tout espace est une succession de plans qu’on ne peut pas voir d’un seul coup d’œil et qui répondent à différentes contraintes spatiales, historiques ou techniques. En effet, les murs séparent différents espaces et il n’est possible de prendre conscience d’une architecture que lorsqu’on la voit sur un plan. « Il y a ce rapport entre ce qui est ressenti quand on traverse une architecture et ce qui est compris lorsqu’on regarde un plan », explique Clément Minighetti, co-commissaire de cette exposition au Mudam. Le travail de Sarah Oppenheimer consiste à créer une intervention dans une architecture pour en donner une compréhension différente. Elle travaille un élément qui va agir comme un élément perturbateur dans cette architecture, permettre de la révéler différemment et proposer au visiteur de regarder autrement l’espace dans lequel il se trouve. » 144 ­—

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Pour son intervention au Mudam, l’artiste a développé des structures qu’elle appelle Switches et qui sont à la dimension de l’espace : leur hauteur correspond exactement à la hauteur des passages. Elles sont composées d’une base hybride de parallélépipède et de rectangle, une superposition de formes géométriques, l’une avec un angle à 90° et l’autre avec un angle à 45°, qui brouille les perspectives. Ce jeu de grille se retrouve également dans le Grand Hall, notamment avec le damier de la pierre au sol, et dans son élévation et sa structure. Les parois en verre qui constituent les pans verticaux de l’œuvre sont elles aussi inclinées selon des angles qui correspondent à la structure donnée par l’architecture. Les visiteurs sont invités à circuler autour des œuvres, mais également à les traverser. Il est possible de marcher à l’intérieur et de porter son regard tout autour. « Une fois dans l’espace, avec le jeu des reflets des parois en verre, le visiteur est orienté pour lui offrir une autre vision de la globalité du lieu. Il peut soit diriger son regard selon une focale qu’il décide, dans

une perspective cadrée, soit accepter les reflets qui s’offrent à lui et ainsi obtenir une superposition d’images permettant de saisir un jeu de volumes révélant une autre partie de l’architecture. » Ainsi, le public accède à une conscience nouvelle de l’environnement dans lequel il se trouve, de ses volumes et ses dimensions. « La présence de ces structures l'incite à regarder différemment l’espace, mais également à s'y déplacer différemment. » En effet, la position des Switches est régulièrement modifiée selon un schéma déterminé en collaboration avec l’artiste. Ainsi, les Switches peuvent prendre place directement dans les espaces de circulation, contraignant les visiteurs à les contourner. En procédant ainsi, l’artiste se réfère au rôle premier du Grand Hall qui est un espace central, essentiellement dévolu à la circulation et à l'orientation vers les différents espaces du musée. S-399390 est donc une œuvre d’une matérialité légère, mais au discours dense qui ouvre le regard et la perception de l’espace d’exposition.  À DÉCOUVRIR AU MUDAM, JUSQU’AU 29 MAI, WWW.MUDAM.LU

S E R G E H AS E N B O E H L E R

C É L I N E C O U B R AY


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G A L E RIE D’A R T L U X E MB O U R G E OI S

À vos souhaits ! Depuis la déclaration surprise du ministre de la Culture Xavier Bettel, le sujet d’un lieu dédié à l’art luxembourgeois est sur toutes les lèvres. Alors que les contours de ce projet sont encore inconnus, quelques acteurs culturels expriment leurs souhaits sur ce projet. C É L I N E C O U B R AY

« Un seul souhait au sujet de pareille galerie : qu’on en laisse tomber l’idée le plus vite possible ! Jadis, un spectre hantait l’Europe, pensé du moins comme un spectre à venir ; aujourd’hui, le spectre qui hante l’Europe est un spectre venu du passé. Et l’on pouvait espérer que l’art, lui, ne succomberait pas à l’obsession identitaire. Cela dit, ce dont on a besoin, cruellement, c’est d’archives de l’art, d’un centre de documentation, à rattacher ou non à quelque institution existante, à pourvoir en tout cas de moyens pour faire son travail. » LUCIEN KAYSER Président de l’Aica (Association internationale des critiques d’art)

« Il faut en premier lieu saluer cette initiative. Ce qui fait défaut est une institution dont la mission serait de contribuer à rendre accessible, propager et pérenniser la création artistique du Luxembourg – notamment de la fin des années 1940 à nos jours. Cette institution – qui d’ailleurs pourrait être une fondation réunissant des acteurs étatiques et privés (private public partnership) – devra servir d’instrument de travail dynamique, tant au niveau de l’archivage que de la présentation des démarches et tendances qui ont marqué et marquent la création des artistes travaillant au Luxembourg et des artistes luxembourgeois travaillant en dehors de nos frontières, tout en mettant cette évolution en rapport avec les œuvres d’artistes étrangers. Le CNL à Mersch, le CNA à Dudelange ou, chez nos voisins allemands, l’Institut für Aktuelle Kunst en Sarre pourraient servir de référence. Et cette institution devrait aussi s’occuper des legs et des archives personnelles de nos artistes. » PAUL BERTEMES Codirecteur de Mediart

« Y a-t-il un réel intérêt à enfermer un ‘art luxembourgeois’ dans une galerie nationale ? Notre pays dispose désormais d’institutions muséales capables de prendre en charge la monstration de l’évolution de l’art au Luxembourg. Investir dans de nouvelles structures aidant au développement de l’art au Luxembourg et à son intégration dans un contexte international, ne serait-ce pas là une démarche d’un plus grand avantage ? » TRIXI WEIS Présidente de l’AAPL (Association des artistes plasticiens du Luxembourg)

« Mon ‘souhait’ serait simplement que ce projet – dans son contenu, sa vocation et sa dénomination – soit réfléchi et discuté avant d’être lancé. Jusqu’à présent, aucune information quant à l’identité d’un tel lieu n’a été donnée, et déjà tout le monde en parle sans même savoir de quoi il s’agirait réellement. » KEVIN MUHLEN Directeur artistique du Casino Luxembourg

« Cette galerie d’art luxembourgeois devrait pouvoir donner la possibilité aux artistes luxembourgeois, ceux qui résident au Luxembourg ou qui ont la nationalité et qui résident à l’étranger, d’exposer leurs créations récentes. Par ailleurs, il est important que le public puisse comprendre l’art luxembourgeois, son évolution historique et stylistique. L’histoire de l’art luxembourgeois reste encore à écrire. À l’instar de ce que nous faisons à la Villa Vauban, je pense que l’art luxembourgeois doit être exposé en dialogue avec d’autres œuvres en replaçant les artistes luxembourgeois dans un contexte de création plus large. »

« Le Luxembourg a une situation singulière, car il n’y a pas d’école d’art nationale. Mais les artistes et historiens luxembourgeois qui travaillent professionnellement ont suivi un cursus artistique à l’étranger. Ainsi, ce savoir historique est très riche, car il est importé de tous les coins de l’Europe au Luxembourg. Je souhaiterais ainsi pour cette galerie nationale que l’on creuse dans ce sens multi-identitaire de cette tradition d’histoire de l’art, de philosophie et d’esthétique, en donnant aussi davantage la parole à une jeune génération universitaire de commissaires, d’artistes et d’historiens, pour fonder ce lieu. Le renouvellement est important dans tous les domaines et l’art contemporain ne peut garder sa fraîcheur impertinente et poétique que si on le laisse respirer. Ainsi il me semble qu’un savant mélange d’humilité et de courage peut faire le succès d’un tel projet. » FILIP MARKIEWICZ Artiste

« Je suis pour une galerie et non pas un musée, avec une présentation thématique et non pas chronologique, avec un curator recruté sur un projet artistique et culturel pensé à l’échelle de trois ans. Je n’ai rien contre le fait que la galerie puisse être rattachée au Musée national d’histoire et d’art, mais il faut qu’elle puisse avoir accès à toutes les collections publiques ou semi-publiques. Elle pourra inclure des créations contemporaines et des commandes, mais en aucun cas elle ne devrait être uniquement tournée vers le nombril luxembourgeois. Il s’agirait plutôt de remettre cet art dans le contexte régional et international. » JO KOX Directeur administratif du Casino Luxembourg

DANIÈLE WAGENER Directrice des deux musées de la Ville de Luxembourg

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FACT CHECKING

CITATION

L’e-cigarette au Luxembourg e-cigarette seule 17 %

e-cigarette et cigarette

83 %

Les fumeurs de cigarettes électroniques sont minoritaires puisqu’estimés à 5.000 personnes en 2015. La majorité d’entre eux déclarent associer cigarette électronique et cigarette classique. Plus d’infos sur bit.ly/1W8vVtq Chaque lundi sur paperjam.lu/fact-checking

TWEET

« Ensemble avec l’Inde, nous représentons un sixième de l’humanité. » Étienne Schneider Lors d’un séminaire organisé à Mumbai, le ministre de l’Économie, en tête d’une mission économique, a tenu, avec humour, à rappeler la complémentarité des deux pays, malgré leurs tailles respectives.

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Les articles les plus lus 1. LUXEM B OUR G, VI LL E LA PLU S SÛ RE AU M OND E

Dans un nouveau classement émanant cette fois du cabinet international Mercer, Luxembourg apparaît en 19e position des villes au monde où il fait bon vivre. Mais la capitale grand-ducale monte sur la plus haute marche du podium en termes de sécurité. 2. UNE B OM B E NOM M É E TVA À 1 7  %

La TVA à 17 % s’applique désormais sur les indemnités des administrateurs indépendants. Le directeur de l’AED confirme cette « mauvaise nouvelle », mais assure que l’administration restera indulgente. 3. LUXRAD AR D ÉPASSE LES 1.000 TÉLÉCHARG E ME N TS

L ’application lancée par un étudiant en informatique de l’Uni fonctionne comme un avertisseur de contrôles de vitesse mobiles – et bientôt fixes.

Les 5 et 6 mars derniers, le comité nation branding a réuni une quarantaine de talents créatifs du pays chez Nyuko, au Luca, ainsi qu’au Carré, pour réfléchir à la nouvelle image que pourrait arborer le Luxembourg.

LE MOT

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CULTURE

« Égalité » Absence de toute discrimination entre les êtres humains, sur le plan de leurs droits. Sur le front de l’égalité hommes-femmes, le Luxembourg accuse encore un écart salarial de 8 % – une discrimination que la ministre de l’Égalité des chances, Lydia Mutsch, souhaite réduire via un projet de loi. Or celui-ci s’est attiré les critiques de la Chambre de commerce, qui préfère manifestement conserver la vieille loi de 1974.

Et vous, vous faites quoi ce week-end ? Chaque vendredi, une idée de sortie pour le week-end sur paperjam.lu/ne-pas-raterce-week-end

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AFTERWORK

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AFTERWORK

THE OWL

Haute tension et truffe trop fade FA B I E N R O D R I G U E S

Gare aux micros cachés ! Chaque mois, notre collaborateur Fabien Rodrigues laisse traîner ses oreilles dans les afterworks les plus animés de la capitale pour nous offrir un condensé des ambiances les plus intenses et des thèmes qui font débat.

llez savoir si c’est l’imminence des beaux jours, la perspective d’arriver au bout d’un non-hiver aussi moche et médiocre que les joutes verbales entre Donald Trump et ses adversaires dont nous abreuvent de manière jouissive les médias mondiaux chaque jour, la crise des migrants, le nouveau radar de la rue de Hollerich ou bien l’éradication de la Tartelette Tentation Chocolat de la carte Oberweis, mais une chose est sûre : les afterworkers de ce mois de mars sont tendus ! Échauffement des esprits, collisions idéologiques et indignations en tous genres, il ne manque en général que l’étincelle éthylique pour faire exploser l’atmosphère... À l’instar du débat de haut vol qu’entretiennent Jezabel et Amir, tous deux employés dans un Big Four identifiable à la couleur idoine du badge pendant encore à la ceinture des deux collègues... Le sujet semble primordial puisqu’il implique la présence simultanée de plusieurs partners dans le même espace confiné muni de sièges et d’un projecteur

quelques jours plus tard et qu’ils « risquent d’avoir faim après la conf’ ». Jezabel, visiblement en première ligne des événements, semble aussi révoltée que fébrile : la dernière fois, le traiteur aurait oublié d’apporter le Glenmorangie 12 ans d’âge pourtant explicitement demandé / exigé par Wolfgang, l’un des partenaires les plus intraitables du cabinet, et l’œuf bio truffé cuit à basse température aurait clairement manqué de punch. Impardonnable. « Ça m’apprendra à faire confiance à la nouvelle ! » Amir affiche quant à lui un agacement à la fois contenu et respectueux. En effet, est-ce que la planète va s’arrêter de tourner si la truffe de Wolf était un peu fadasse ? N’y a-t-il vraiment rien de plus grave qui mérite l’ire de Jezabel ? « Et puis tu fais ça depuis plus de 10 ans, prends donc un peu tes responsabilités ! », conclut-il avant d’aller commander une tournée-enterrement-de-hachede-guerre afin d’apaiser la tension. Résultat non garanti... Antonio, Ghislaine et Tania ne sont pas en reste niveau tension. À peine sortis de leur agence de pub de Bonnevoie qu’ils se sont dirigés d’un pas décidé vers leur nouveau QG situé à quelques rues de l’ancien, non loin de la gare, pour le plus grand plaisir de Ghislaine, la comptable frontalière. Mais ce soir-là, celle-ci en a gros sur le cœur et semble beaucoup moins soucieuse de ne pas louper le train de 19 h 47 que de déballer son sac : « Cette nouvelle organisation, c’est n’importe quoi ! » Le mercato hivernal de la communication et le départ de quelques collaborateurs-clés semblent en effet avoir eu comme conséquence un réaménagement hiérarchique et thématique de l’agence qui n’est pas du goût de tous. Antonio, le DA 3.0, a d’ailleurs tweeté discrètement son désarroi plus tôt dans la

journée, c’est pour dire ! Tania, qui a apparemment bénéficié du remaniement, tente de calmer les esprits : « C’est une question de temps, je suis sûre que Paul sait ce qu’il fait ! », une remarque qui lui vaudra un haussement de sourcils lourd de sens de Ghislaine et un « hashtag lèche-bottes », signe des doigts à l’appui, du volubile Antonio... Prometteur ! Enfin, les ambiances électriques ne sont pas réservées à la seule capitale... Les villes du Sud, par exemple, possèdent elles aussi leur lot d’employés et d’entrepreneurs moralement essoufflés qui aiment à noyer temporairement les petits soucis et les grandes interrogations dans quelques verres avant le retour au bercail. Mario et Pit se sont ainsi donné rendez-vous dans un nouveau bar branché de Dudelange avant d’aller retrouver leurs familles respectives. Et alors qu’ils fument avec emphase une cigarette sur le perron, face à l’hôtel de ville, chacun invective l’autre quant à sa ville d’origine. Car ces deux-là ont réussi à devenir amis en dépit de ce qu’on pourrait qualifier de derby de la Minett : l’un est un inconditionnel d’Esch-sur-Alzette, l’autre Dudelangeois jusqu’à la moelle. C’est ce dernier qui dégaine le premier : « Mais Esch, c’est mort ! J’ai traversé la rue de l’Alzette la dernière fois, j’avais l’impression d’être dans Vanilla Sky, j’étais tout seul ! » Puis Pit met en avant la diversité culturelle et les nombreuses activités dont bénéficie sa ville, avant que Mario n’enchaîne avec une superbe contre-offensive : « Tu vas voir quand Belval sera fini, tu feras moins le malin. Rappelle-moi où aura lieu le concert de Scorpions... ? », mettant en avant l’avenir universitaire et commercial du nouveau quartier eschois. Égalité, balle au centre, une dernière pour la route. C’est la maison qui offre !  Avril 2016 —

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INDEX

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce magazine.

A

E

Adem 82 Administration de l’enregistrement et des domaines 87 Administration des contributions directes 16, 78, 86 Aegan 67 Afakir Jamal 24, 37 Agence spatiale européenne 68 Air Brussels 116 Ajilon 108 Aker Edgard 54 Alfi 14, 87, 92 Allen & Overy 24, 34, 118 AllianceBernstein 108 Almeida Francisco 106 Alphabet 106 Amazon 74 Apateq 96 Aperam 70 Applecross Trading Limited 94 ArcelorMittal 70, 76 Ardian 65 Arendt & Medernach 24, 34, 118 Argaud Mathilde 81 Armstrong-Cerfontaine Alexandrine 118 Association d’assurance accident 76 Association pour la vente directe 67 Atoz 24, 33, 37 Atten Christophe 66 Autopolis 106

Becca Flavio 86 Becker Daniel 16 Bedós Carola 108 Beggiato Jonathan 36 BEI 101, 134 Belgacom 67 Benetton 82 Berna-Ost Danièle 92 Berns Alphonse 16 Bettel Xavier 24, 54 BGL BNP Paribas 16, 94, 98, 106, 108 Bil 16, 23 Billon Christian 68 Biltgen François 48 BNP Paribas 74 BOB = Best of Belgium 116 Bock Georges 48, 93 Bodry Alex 24, 33 Bodson Benjamin 108 Bolloré Vincent 14 Bonn Steichen & Partners 118 Brasserie nationale 67 Brausch Freddy 118 Braz Félix 52 Brusi Alberta 98 Brussels export 64 Buck Nicolas 134 Burg Werner 86 Business club belgo-luxembourgeois 96 Business Initiative 134

B

C

Baadali Nadia Bams Julie Banco Popolare Luxembourg Bank of China Banque de Luxembourg Banque Degroof Luxembourg Banque Havilland Banque mondiale Banque Raiffeisen Barthel Bertrand Bausch Nathalie BCEE BDO Beauloye Vincent

150 ­—

54 106 86 98 19 86, 88 86 96, 101 85, 98 108 86 65, 70, 74 34 70

— Avril 2016

Caceis Luxembourg 108 Cactus 68 Cardif Lux Vie 106 Cargo B Airlines 78 Cargo B Services 78 Carneggie Dale 30 Castegnaro Cabinet d’Avocats 118 Castegnaro Guy 118 Casting 82 Cecom Fiduciaire 108 Center for Systems Biology Luxembourg 48 Chalair 66 Chambre d’agriculture 53 Chambre de commerce 24, 48, 53, 64, 84, 100 Chambre des députés 14, 33 Chambre des notaires 52 Chaouche Fatima 40

Chatillon Olivier 81 Chong Li Kwong Wing Kee 94 Cirasa Giovanni 106 Citibank 98 Classique International Limited 94 CLC 67 Clifford Chance 118 Closener Francine 48, 56 Colin Denis 36 Commissariat aux assurances 16 Commission des finances et du budget 86, 100 Commission européenne 48, 53, 54, 92 Complix 48 Connected Rope 81 Conseil d’État 52, 53, 86, 100 Conseil de l’Union européenne 16, 100 Conseil économique et social 16 Consorte Giovanni 94 Cour de justice de l’UE 86 CSSF 86, 87, 92, 100 CSV 24 CTG 47 Cuffaro Pierre 106

D D’Ieteren 108 Datacenter Luxembourg 108 David Bernard 38 de Bruyne Geert 88 de la Bachelerie Valérie 98 De Vrijer Erik J. 24 Decathlon 66 DeepDyve 68 Delbecque Bob 116 Delhaize Luxembourg 108 Deloitte 38, 39, 74, 94, 106 Delta-Pneus 69 Demuth Claude 66 Dentzer Thomas 48 Deutsche Bank Luxembourg 86 di Bartolomeo Mars 48 Di Stefano Mario 118 Digital Lëtzebuerg 54, 93, 134 Distillerie (La) 140 Do Recruitment Advisors 77 DP 24 DSM Di Stefano Moyse 118 Dury Patrick 36

e-Kenz E.On Editus Efama EFG Bank Eis Epicerie Ektelis NV Elch Enovos Entreprises Epuramat Err Lydie Espace Pub Etgen Fernand Euresa-Life Evans Paul Everett Reuben Evvos EY Luxembourg

106 65 106 86, 96 108 68 108 82 65 140 92 14 68 53 106 62 106 81 33, 74

F Fabry Christian 96 Faculté de médecine de Nancy 66 Fast Track Diagnostics 84 Fayot Franz 40, 100 Fedil 100 Ferrero 134 Fideos Corporate Services 74 Fiduciaire LPG 108 Flash Europe 36 Flybe 106 Fohr Marc 67 Fondation de Luxembourg 70 Fondation Schader 68 Fondation Tremplin 30 Fonds souverain intergénérationnel 68 Foulon Vincent 16 Foyer 108 Foyer International 14 Frieden Luc 108 FTTH Council Europe 16 Fuchs Asset Management 54 Fujitsu 51 Fundglobam 63


INDEX

G

I

L

M

G20 92 G8 76 Galerie Zidoun 123 Gantenbein Pol 53 Garage Etoile 82 Garage Intini 21 Garcia Frey Alfonso 81 Gartenmann Partner Holding AG 96 Gaul Christophe 38 Genii Capital 80 Gerges Marc 108 Giacometti Jonathan 108 Gillin Arnaud 101 Goergen Marilyne 108 Goodman Patrick 101 Goodyear 24, 48, 86 Gramegna Pierre 100 Grant Thornton Lux Audit 87 Graphisterie Générale 106 Gravity Motorsport 80 Guebs Pierre-Frédéric 106 Guill Jean 100

ICT Seed Fund 134 Idea 134 Immo-Luxembourg 82 Improve 106 ING 74 ING Belgique 88 ING Life Luxembourg 106 Innpact 101 Insead 62 Institut der deutschen Wirtschaft 32 Institut für Wirtschaftsforschung 30 Integrale Luxembourg 108 Integrated Biobank of Luxembourg 48 Invest AM 108 IWI 106, 156

Labbé Sébastien 37 Laidebeur Olivier 58 LCGB 36 Le Temps 86 Lecompte & Partners 10, 58 Lecomte & Partners 58 Lemestrez Xavier 106 Lentz Thomas 106 Léonard Fabrice 108 Lesage Thierry 24, 34 LGT Capital Partners 108 Lhosmot Antoine 74 LIH 106 Linklaters 118 LNS 66, 106 Lombard Odier 108 Lopez Gerard 80 Lot Polish Airlines 67 Lotus F1 80 LSAP 24, 33, 40, 56 LSK 87 Lu-Cix 66 Lundquist Erika 98 Lux Éric 86 Lux Events 73 LuxairGroup 106 Luxconnect 54 Luxembourg Air Rescue 79 Luxembourg BioHealth Cluster 48 Luxembourg Ecoinnovation Cluster 48 Luxembourg for Finance 86, 87 Luxembourg for Tourism 140 Luxembourg Future Fund 67, 134 Luxembourg Institute of Health 66 Luxembourg School of Finance 35 Luxempart 14 Luxexpo 123 Luxinnovation 48, 81, 93, 134 LuxTrust 67, 106

Magnier Nicolas 106 Maison Moderne 93 Manpower 106 Marquis Jennifer 108 Marx Claude 87 Massard Marie-Hélène 98 Masset Philippe 86, 88 Mathieu René 140 Matter Guillaine 108 MBway 108 ME Business Soltions 97 MediaBat 6, 7 Mercedes 15 Meyers Paul 76 Michels Virginie 106 Microsoft 74 Milinkiewicz Julien 108 MindForest 56 Ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et de la Protection des consommateurs 53 Ministère de l’Économie 96, 134 Ministère de l’Éducation nationale 134 Ministère des Finances 16, 100 MM group 106 MNKS 118 Moog 108 Moro Albert 118 Mosar Laurent 24 Mutlu Murat 82 MyScienceWork 68

H Hames John Hamm Julia Hance Law Avocats Hance Olivier Hartemann Philippe Headstart Heavy Engineering Corporation Heinrich Georges Heintz Guy Henni Lilia Hermès Hoche Partners Trust Services Hoffmann Anne Hoffmann Guy Hollander Eric Hommel Patrick Hop Horesca Houser Hron Antoine HRT Group HUB Institute Humbert Gianni

33 36 118 118 66 38 67 16 16 36 2 108 140 85 116 92 66 140 81 81 108 116 106

J JCI 91 JTC Signes 108

K KBL epb 108, 155 Kenens Séverine 108 Kettels Tom 54 Keusters Patrick 88 Kia 21 King & Wood Mallesons 118 Kirsch Guy 30 Klap 81 Klesen Marcel 48 Koepp François 140 KPMG 12, 37,48,93 Kralowetz 78 Krawczykowski Raymond 38 Krecké Jeannot 48 Kreditanstalt für Wiederaufbau 101 Krinks Frank 86

N Nati-Stoffel Marianne Nekton Neobuild Nethys Nick Alex Nielsen Noble Marie-Béatrice Nomoko Noosphere Brand Strategy Nutri-Bay Nyuko

Avril 2016 —

16 80 48 108 70 68 118 81 106 66 66, 134

— 151


INDEX

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce magazine.

O

Q

O’Donnell Keith 24, 33 OCDE 16, 92, 134 Office du Ducroire 48 Office Freylinger 58 OHB System 68 Olos Fund 86 Olympia Capital Management 108 Ordre des avocats du Barreau de Luxembourg 52 Organisation internationale du travail 76

q-Leap Quisquater Benoît

P P.ARC Luxembourg 96 Paladin European Cyber Fund 67 Paluch Stefanie 116 Parlement européen 100 Patris Asset Management 106 Paul Wurth 67 Pavisse Magaly 108 Pedretti Marc 108 Pedrini Vincent 81 Pellissard Mélanie 58 Petercam 88 Peters Martine 76 Pex Kim 106 Pheulpin Nicolas 106 Piot Wim 24, 40 Police grand-ducale 56 Post Telecom 41, 54 Post Luxembourg 68, 85 PROgroup 108 PwC 24, 40, 74, 87, 96, 106, 111 PwC Luxembourg 111

U 106, 108 106

R RBC Reding Roy Ren Anthony Renault Retail Group Renault Sport Resch Didier RH Expert Ries Torsten Rising Star Rogiest Pascal Roose Gerdy Roque Emmanuel Roth Gilles RSM Audit Luxembourg RSM Tax & Accounting Luxembourg RTL Group RWE RWTH Aachen University

108 38 108 106 80 108 108 106 106 67 34 106 24 106 106 108 65 116

S Sacchetti Marco 94 Sacchetti Ivano 94 Schadeck Raymond 48 Schaffner Jean 24, 34 Schaus Jean-Luc 78 Schmel & Wirtz 92 Schmitt Fabrice 106 Schmitz 106 Schmölders Günter 30 Schneider Étienne 24, 48, 56, 67, 68, 134 Scholer Éric 106 Schrantz Philippe 56 Schwarz Paloma 37 SES 14,67,68,93 SFI 101

Skandianviska Enskilda Banken 98 SNCI 65, 134 SNGPL 56 Socfin 14 Socfina 14 Socfinasia 14 Société Générale 108 Société Générale Bank & Trust 74, 98 Sodexo 107 Solum Real Estate 59 Sous-commission de modernisation du droit des sociétés 52 Sport50 81 Squadrilli Vittorio 106 Standard & Poor’s 92 Statec 84, 134 Steichen Alain 118 Stein Edith 64 Strasser Claude 85 Strauss-Kahn Dominique 87 Sutter Mirja 108 Swiss Life 108

T t’Serstevens Tanguy Tango Taskov Georgi Technoport Thoma Françoise Thomas Sébastien Tluszcz Mark Traiteur Niessen Tribunal de commerce Tuzze Giuseppe

"Communiquer, collaborer, à tout endroit, à toute heure" IT & Unified Communications

152 ­—

— Avril 2016

www.cel.lu

108 67 81 81 98 108 66 105 86 33

Ueberecken Jean-Marc 118 UEL 76 Université de Cologne 30 Université de Fribourg 30 Université de Louvain-la-Neuve 16 Université du Luxembourg 16, 36, 37, 40, 92

V Ville de Luxembourg Visual Scaffolding Vitis Life Vivier Emmanuel Vong Dony VP Fund Solutions

65 81 106 116 108 106, 108

W Wafergen Wagner Henri Well Being at Work Wiseler Claude Wissenschaftszentrum Berlin für Sozialforschung Wix

48 118 106 24 30 66

Y Yanfeng Automotive Interiors

68

z Zhou Lihong

98


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Prochain numéro  28 avril 2016

Avril 2016 Parution le 24 mars 2016

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AVRIL 2016

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K

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Etienne Velasti Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Jean-Michel Gaudron, Mike Koedinger, Guido Kröger, Rudy Lafontaine et Etienne Velasti. Jean-Claude Bintz (président), Francis Gasparotto, Mike Koedinger, Guido Kröger, Daniel Schneider et Etienne Velasti (membres).

Conformément à l’article 66 de la loi du 8 juin 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Mike Koedinger.

Avril 2016 —

— 153


TABLEAU DE BORD

ÉCONOMIE

Tableau de bord CHIFFRE DU MOIS :

64,9 % En 2014, le taux d’emploi des femmes âgées de 20 à 64 ans était de 64,9 % (contre 77,7 % pour les hommes). Depuis le début du siècle, ce taux croît de manière continue chez les femmes (il n’était que de 53,8 % en 2000), alors que celui des hommes montre une légère tendance à la baisse (il était de 81 % en 2000).

PATRIMOINE GLOBAL DES OPC ET DES FIS

TAUX DE CHÔMAGE

NOMBRE DE FAILLITES

(en milliards d’euros)

90

86

80 3.371,00

3.589,67

3.506,201

3.513,39

3.366,83

3.583,11

3.422,99

3.528,13

3.601,53

3.538,59

3.524,79

3.403,87

6,5 %

100

3.227,01

120

3.094,99

(en janvier 2016)

2014 2015 2016

86

81

72 63 60

60

62 47 38

40

99

92

89 71

71 58

52 56

86

64 65 62 47

30

25 28

20

Fé v. M ar s A vr il M ai Ju in Ju il. A oû t Se pt . O ct . No v. D éc . Ja n. Fé v.

0

TAUX D'INFLATION : (en %)

NOUVELLES IMMATRICULATIONS

D éc .1 4 Ja n. 15 Fé v. 1 M 5 ar s1 A 5 vr il 1 5 M ai 15 Ju in 15 Ju il. 1 A 5 oû t1 Se 5 pt .1 5 O ct .1 5 N ov .1 5 D éc .1 5 Ja n. 16

JAN. 16 : 0,53 % FÉV. 16 : 0,17 %

4.448

5.046

6.000

5.000

PIB EN VOLUME (évolution en %)

EMPLOI TOTAL INTÉRIEUR (en janvier 2016)

5

4,3

4 58,03 %

4.000

4,1

3.000

3,2

3

3,4 2.000

2 1 41,97 %

1.000

0 -1

0

-0.8 2012

Source s  : Statec  &  CSSF

154 ­—

— Avril 2016

Fé v. 15 M ar s1 A 5 vr il 1 M 5 ai 1 Ju 5 in 15 Ju il. 1 A 5 oû t1 Se 5 pt .1 O 5 ct .1 N 5 ov .1 D 5 éc .1 Ja 5 n. 16 Fé v. 16

172.178 travailleurs frontaliers

2.636

410.237

2013

2014

2015

2016


MON PATRIMOINE GÉRÉ PAR MA BANQUE PRIVÉE À LUXEMBOURG R MON PROJET IMMOBILIER À BRUXELLES R LE MBA DE MA FILLE À LONDRES R MA RÉSIDENCE SECONDAIRE À CANNES R LA START-UP DE MON FILS À MUNICH R MON VOILIER À MONACO

Réseau européen. Siège luxembourgeois.


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