PA P E R JA M . L U • J U I L L E T / AO Û T 2019
Bad banksgood fortune Désirée Nosbusch
« La série qui a changé ma vie »
5 453000 074017 07 4€
POLITIQUE L’autre effet de la double nationalité
ENTREPRISES Dans les coulisses du business du golf
PLACE FINANCIÈRE Les fonds alternatifs gardent la forme
ENJEUX Comment l’école prépare aux métiers de demain
DISCOVER MORE: AFRICA from Luxembourg ORAN ALGIERS TLEMCEN
BATNA
CONSTANTINE TUNIS TRIPOLI
CASABLANCA
ALEXANDRIA
BENGHAZI
MISURATA
CAIRO SHARM EL-SHEIKH HURGHADA
SEBHA
NOUAKCHOTT DAKAR OUAGADOUGOU
BAMAKO
ASMARA
NIAMEY
N’DJAMENA KANO
CONAKRY FREETOWN ABIDJAN
ACCRA
COTONOU
DJIBOUTI
KHARTOUM ADDIS ABABA
ABUJA
LAGOS
YAOUNDÉ
DOUALA
MOGADISHU
ENTEBBE NAIROBI
KIGALI
MOMBASA ZANZIBAR
KILIMANJARO
LIBREVILLE KINSHASA
SEYCHELLES
DAR ES SALAAM
ANTANANARIVO MAURITIUS JOHANNESBURG
MAPUTO
DURBAN CAPE TOWN
ÉDITO
Songes de nuits d’été Thierry Raizer Rédacteur en chef
L’
été. La saison qui invite à la respiration. À faire une pause. À rêver à de nouveaux objectifs. Devant son écran d’ordinateur ou sur son lieu de villégiature, la période est propice aux premiers bilans, six mois après les bonnes résolutions de l’an neuf. Quel mot choisir pour qualifier le premier semestre du gouvernement DP-LSAP-Déi Gréng – deuxième du genre – arrivé au pouvoir en décembre 2018 ? Mitigé, écriront certains, qui regrettent peut-être le souffle de renouveau politique et de modernisation de 2013. Cette coalition toujours inédite serait-elle atteinte du syndrome dont souffrent tous les gouvernements reconduits ? Celui de donner une image routinière dans un monde rythmé par les effets d’annonce. Certaines réformes, comme celle des retraites, resteront probablement un doux rêve d’ici à la fin de la mandature. Mais d’autres résultats traduisent une politique mêlant souci de l’environnement, économie innovante et caractère social assumé jusque dans les rangs des libéraux. La gratuité des transports publics en 2020, les jours de congé supplémentaires et l’augmentation du salaire social minimum ont largement occupé l’actualité depuis le début de l’année, tandis que d’autres signaux, hors polémiques, donnent une lecture complémentaire des travaux ministériels. L’attraction des fintech internationales pour la Place, la participation au projet européen de supercalculateurs, des investissements industriels dans le spatial ou
une stratégie dans l’intelligence artificielle sont à mettre au crédit d’un gouvernement qui, comme ses prédécesseurs, mise sur la continuité des dossiers en faveur de la diversification économique. Car le Luxembourg a l’obligation de jouer sur plusieurs tableaux pour conserver sa bonne santé économique et sa paix sociale. Outre le volet économique, le marqueur vert qui a surligné de nombreux passages dans l’accord de coalition devra être accentué dans les prochains mois en raison du rêve formulé par de nombreux citoyens : conserver un cadre de vie agréable, et, en même temps, disposer d’un haut niveau de vie. Un paradoxe qui s’illustre lors des discussions animées autour du projet de data center de Google à Bissen ou de l’usine de yaourt du grec Fage à Bettembourg, fournisseurs d’emplois et de revenus à l’État, mais interpelant sur leurs incidences environnementales. Pragmatique, un brin opportuniste et parfois visionnaire, le Luxembourg s’est adapté aux différentes crises. Il peut, à l’approche d’un ralentissement économique que d’aucuns prédisent, rêver d’une green nation. Pas d’un énième label qui répondrait à des critères aussi louables soient-ils, mais d’un positionnement européen en matière de développement économique et sociétal durable. À la croisée de la recherche publique et privée, de la volonté politique et des demandes des citoyens, en particulier chez les jeunes, il se doit de donner l’exemple.
Toute activité humaine a des répercussions indéniables, et la surconsommation et le tourisme de masse pratiqué en cette saison doivent par ailleurs susciter l’interrogation. Le combat pour la première partie de l’année est déjà perdu, puisque le pays a consommé plus que ce qu’il ne peut produire depuis le 16 février, selon le triste classement du « jour du dépassement » établi par l’ONG WWF. Rêvons pendant cette pause estivale à tous les gestes quotidiens que nous pourrons tous accomplir pour faire avancer la cause climatique dans un pays où la voiture continue de rouler en maître. Rappelons aux entreprises que l’enjeu écologique n’est plus un frein, mais un impératif. L’action de la coalition DP-LSAP-Déi Gréng se mesurera peut-être à l’aune du déficit public ou du taux de chômage. Il devra aussi s’évaluer quant à sa capacité de léguer un Luxembourg viable aux futures générations. « Nous n’avons pas de planète B », répètent à l’envi les dirigeants politiques, dont le Premier ministre Xavier Bettel. Pas de Luxembourg B non plus.
La conversation continue en ligne : @paperJam_lu Paperjam Paperjam Entreprise
Juillet / Août 2019 —
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SOMMAIRE
Juillet / Août 2019
ESPRESSO
POLITIQUE
PLACE FINANCIÈRE
16 Population L’autre effet de la double nationalité
44 Étude Monterey Insight Les fonds alternatifs résistent
18 Élections CSV qui pleure, DP qui rit
46 Paiement Apple Pay démarre fort
19 Cybersécurité La capitale veille aux hackers
48 Anniversaire Bank of China depuis 40 ans
20 Infrastructure numérique Le Luxembourg à la pointe sur le supercalculateur
49 QUAND LA FINANCE LUXEMBOURGEOISE S’EXPORTE Les cartes suisses de la Bil
20 Transport ferroviaire Thionville, terminus
50 Lutte anti-blanchiment
26
Recherche bénéficiaires effectifs désespérément
45 À lire
22 Luxembourg-ville Objectif zéro déchet pour Déi Gréng
Discipliner la finance, Patrick Artus
Produit dérivé
Fintech Awards 2019
46 Buzzword
22 Carrières
48 Picture report
ENTREPRISES
50 Carrières
26 Sport et business Le golf en phase de renouveau 28 Start-up corner Revolut et Eiravato s’installent
ÉCONOMIE 54 Ambitions Le triptyque de Frieden à la Chambre de commerce
39
30 Entrepreneuriat Geox, du capital industriel au capital intellectuel
56 Régulation La concurrence à l’ère digitale
32 Télécoms Telkea a préparé son avenir
58 Commerces
33 Carte blanche Maison Moderne, stratégie 2019-2023
55 Luxembourg performance index
Stéphane Omnes, un DPO à part
Les chatbots : un gain de temps
56 Droit du travail
34 Workspace Deloitte est arrivé à la Cloche d’Or
36 Protection des données
Cloche d’Or, le cœur du quartier ?
Dispense de travailler
58 Carrières 54
39 Workspace
PHOTOS Lux Golf Center, Nader Ghavami, Matic Zorman
Proximus réunit ses troupes sous un même toit
40 Entrepreneuriat
Yannick Bontinckx, jeune entrepreneur récompensé
28 Elevator pitch
Etix Everywhere
Le centenaire de BGL BNP Paribas
Les nouveaux locaux de Grant Thornton
La mobilité pour tous
30 Picture report 32 Picture report
ENJEUX Quand l’école prépare à l’inconnu 62 Un cursus à réinventer La technologie fait évoluer
66 L’Uni au service du pays Des masters qui font écho à la politique du gouvernement
64 Le lycée, tremplin vers la vie active L’enseignement toujours plus proche du monde professionnel
68 Dans l’école de terrain Zoom sur quelques évolutions annoncées
les métiers et les compétences
34 Du challenge à la solution 40 Carrières
Juillet / Août 2019 —
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SOMMAIRE
Juillet / Août 2019
CONVERSATIONS
Désirée Nosbusch
« Depuis Bad Banks, on me prend au sérieux »
PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne), Edouard Olszewski, Anthony Dehez, Jan Hanrion (Maison Moderne)
Figure incontournable de la scène luxembourgeoise, Désirée Nosbusch connaît une seconde carrière depuis son carton dans la série à succès Bad Banks.
Michel Wurth
« Il faut toujours regarder devant soi » À 65 ans, Michel Wurth a rangé ses casquettes de président de l’Union des entreprises luxembourgeoises et de la Chambre de commerce, tout en conservant des postes stratégiques. Rencontre avec un homme qui n’a jamais eu peur d’aller à contre-courant.
72
78
Carole Muller
Frank Krings
« Ce n’est pas parce que c’est compliqué qu’il ne faut pas faire du local »
« Nous arrivons au terme de la rationalisation de nos activités »
Patronne de Fischer et présidente de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise, la double casquette de Carole Muller lui offre un poste d’observation privilégié de l’entrepreneuriat au Grannd-Duché.
Filiale en meilleure santé que sa maison mère, Deutsche Bank Luxembourg doit faire rimer investissements technologiques et profitabilité. Revue des enjeux et défis avec Frank Krings, son CEO.
86
92 Juillet / Août 2019 —
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We are here to “wealth to safely
help our customers’ thrive and prosper, and we do it with a personal touch by offering long-term partnerships.
”
SOMMAIRE grand dossier 70 index 118 ours 120 la start-up du mois 122
Juillet / Août 2019
REPORTAGE Stéphanie Jauquet
Une business woman tout-terrain Lauréate du Bil Business Woman of the Year, Stéphanie Jauquet agit sur plusieurs terrains : de son restaurant Um Plateau à sa chaîne de restauration Cocottes en passant par le chantier de son nouvel entrepôt. Paperjam l’a suivie dans son quotidien de femme déterminée et passionnée.
98
ENVIES argent comptant Andy Schleck
COMPétences Recrutement
style Plage
106
108
110
« Un sportif doit gérer sa carrière »
Réussir un entretien d’embauche
Marc Grandjean et Vanessa Berghman
ARCHITECTURE Immeuble de rapport
CUlture Photographie
Objectif Arles
Restaurant À table avec
112
114
116
Discret et élégant
Marc Scheer
PHOTO Romain Gamba
IL Y EN A PLUS
Ce mois-ci avec Paperjam : les suppléments Real Estate et RH & Carrières
LA CLUBLETTER
Membre du Paperjam Club, retrouvez votre Clubletter en fin de magazine ! Juillet / Août 2019 —
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BRAND VOICE AUTOMOBILE
La technologie et le style au service du plaisir de conduire gante ou un raffinement des matériaux est utilisé dans l’habitacle : un nouveau standard en matière de luxe se développe. Toutefois, sans les motorisations adéquates, le plaisir ne serait pas complet. C’est pourquoi BMW a donc élaboré des moteurs 6 cylindres en ligne, 8 et 12 cylindres en V ainsi qu’une version hybride rechargeable qui assurent une expérience unique de conduite. Le nouvelle BMW Série 7 vous fait plonger dans un univers technologique de haut niveau, et elle le fait avec un style incomparable. Pour la marque allemande, il s’agit de la meilleure façon de satisfaire le goût des belles choses et de garantir le plaisir de conduire.
Le raffinement des finitions offre à la nouvelle BMW Série 7 un style incomparable.
Nous sommes aujourd’hui complète ment plongés dans la technologie. Elle nous apporte une aide considé rable et redéfinit notre expérience de la conduite. Élever toujours plus haut le niveau des technologies embarquées et allier cet atout à une ligne élégante, c’est la recette pour atteindre le plaisir de conduire. CONTENU SPONSORISÉ PAR BMW
Les technologies embarquées anticipent nos besoins et nous procurent une expérience de conduite inédite.
PHOTOS BMW
D
ans nos logements, la domotique prend une place de plus en plus importante. Au travail, les outils technologiques nous soutiennent chaque jour. Dans notre vie privée ou dans nos loisirs, la technologie est également présente pour intensifier nos expériences ou les faciliter. Nous attendons donc de notre voiture qu’elle offre un condensé de technologies qui soit au moins équivalent à ce que l’on expérimente dans chacune des dimensions de notre vie. Aujourd’hui, on cherche à dépasser tout ce que l’on connaît en matière de technologies embarquées, pour anticiper nos moindres
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— Juillet / Août 2019
besoins de demain : BMW Intelligent Personal Assistant, qui réagit dès que nous prononçons son nom ; BMW Gesture Control, qui reconnaît les gestes du conducteur ; BMW Live Cockpit Professional, doté d’un système de navigation à capacité d’apprentissage ; BMW Personal Copilot, qui nous assiste dans toutes les situations de conduite pour augmenter la sécurité et le confort…
GARANTIR UNE EXPÉRIENCE MÉMORABLE
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POLITIQUE
politique DIGEST
Un casier bis ? La police et l’autorité judiciaire ont-elles accès à un casier judiciaire non officiel ? C’est la question qui se pose depuis qu’un homme a affirmé s’être vu refuser un emploi malgré un casier judiciaire vierge. Mais on lui avait reproché des faits anciens qui n’avaient pas fait l’objet de poursuites ou de citation à comparaître. Félix Braz, ministre de la Justice, a réfuté l’existence de ce casier « bis »
Alimentation sous contrôle Créé en juillet 2018, le Commissariat à la qualité, à la fraude et à la sécurité alimentaire a été placé sous la tutelle de la ministre de la Protection des consommateurs, Paulette Lenert. Le gouvernement a nommé à sa tête Patrick Hau, qui était jusque-là chef de division de la sécurité alimentaire à la Direction de la santé. Taxer Airbnb Mamer va taxer, à hauteur de 3 %, les locations Airbnb. Une première au Luxembourg, décidée afin de garder un œil sur l’activité de location dans la commune. Mamer ne propose qu’une dizaine de biens de ce genre sur la plate-forme web. Élection à l’Aleba L’Association luxembourgeoise des employés de banque et assurances (Aleba) a désigné son nouveau président. Au cours des cinq prochaines années, c’est Roberto Mendolia, 45 ans, qui dirigera le premier syndicat de la place financière. Il succède à Roberto Scolati, qui avait fait un pas de côté en janvier pour des raisons de santé.
À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
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L’autre effet de la double nationalité
dans une première réponse parlementaire. Mais les affirmations d’un ancien policier ont relancé la polémique. Plusieurs partis, dont le CSV et les Pirates, attendent donc de nouvelles explications.
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La loi d’avril 2017 a dopé le nombre de nouveaux Luxembour eois via l’acquisition d’une double nationalité. Au point g de fausser les statistiques ? Pas nécessairement, selon le Statec.
UNE POPULATION HÉTÉROGÈNE Nombre d’habitants au Luxembourg au 1er janiver 2019 : 613.894
10.016
5.550
3.926
3.045
2.600
1.530
1.382
945
648
648
7.538
291.464
Étrangers
322.430
Luxembourgeois
autres
284.602
Sans seconde nationalité
37.828
Double nationalité
C’
est une première dans l’histoire moderne du Luxem bourg. En 2018, le pays a connu une augmentation plus forte du nom bre de Luxembourgeois au sein de sa population que d’étrangers. Cela alors que le solde migratoire (la différence entre les Luxembourgeois qui quittent le pays et ceux qui y reviennent) est négatif, tout comme celui de la natalité (on a compté moins de naissances de Luxembourgeois que de décès). L’explication de ce phénomène est assez simple. « C’est un effet direct de la loi d’avril 2017 sur la natura lisation », explique François Peltier, chef d’unité Population et logement au Statec.
sation, par option ou par recouvrement. Au 1 er janvier 2019, le Luxembourg comptait 613.894 habitants, dont un peu moins de la moitié d’étrangers. 9.030 personnes ont obtenu la nationalité en 2017, première année d’application de la loi. Mais seulement 5.035 en 2015 et 3.405 en 2011. « Il ne faut pas oublier de tenir compte du fait que la nationalité luxembour geoise s’applique à un enfant mineur si un de ses parents l’ob tient et si, évidemment, il n’avait pas déjà cette nationalité avant », avance François Peltier. 791 personnes ont été naturalisées en 2018. Cette procédure est la plus lourde et, souvent, les candidats ne peuvent prétendre au recouvrement ou à une option. Ceux-ci ont 16.380 NOUVEAUX dû prouver une résidence d’au LUXEMBOURGEOIS EN 2018 En 2018, 11.877 personnes ont moins cinq ans dans le pays, avoir obtenu la nationalité par naturali- satisfait à un test de langue et suivi
SOURCE Statec
Douteux problème Le problème « 20. La Chambre Rose » du manuel de mathématiques Clic & Maths 3e des éditions belges Be Boeck a beaucoup fait parler de lui. Celui-ci met en scène Xavier et Étienne, qui veulent chacun peindre une chambre en rose. Une allusion pour le moins indélicate au Premier ministre Xavier Bettel et au vice-Premier ministre Étienne Schneider, tous deux ouvertement homosexuels. Le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, a expliqué que l’adaptation de l’énoncé avait été faite sans l’aval du Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques. Et a déploré cet énoncé pour le moins douteux. L’éditeur a exprimé ses regrets et a affirmé « prendre à cœur le res pect des nationalités, des cultures et des genres ». Les manuels problématiques ont été remplacés.
POPULATION
POLITIQUE
ÉVOLUTION DU NOMBRE DE NOUVEAUX LUXEMBOURGEOIS On observe le nombre toujours plus important de personnes ayant obtenu la nationalité luxembourgeoise par naturalisation, option ou recouvrement. On remarque une forte augmentation entre 2008 et 2009 qui s’explique par le fait que c’est en janvier 2008 que la loi a autorisé à demander la nationalité luxembourgeoise en prouvant sa descendance d’un aïeul luxembourgeois, ce qu’on appelle le recouvrement. Les chiffres ont de nouveau connu une envolée en 2016, 2017 et 2018. 11.876
2018
9.030
2017
7.130
2016
5.306
2015
4.991
2014
UN LUXEMBOURGEOIS = UN LUXEMBOURGEOIS
4.411
2013
4.680
2012
3.405
2011
4.311
2010
684
2000
748
1990
489
1980 1970
539
1960
423
1950
287 0
00 2.0
00 4.0
00 6.0
0 00 .00 8.0 10
À cela s’ajoutent 3.195 nouveau-nés qui ont été déclarés en tant que Luxembourgeois par le fait d’être né au Grand-Duché et d’avoir un de ses parents de cette nationalité. Enfin, 1.308 personnes ont fait valoir « le droit du sol de la première génération ». Concrètement, une personne née au Luxembourg avant juillet 2013 et résidant depuis au moins cinq ans dans le pays avant sa majorité légale est devenue automatiquement Luxembourgeoise. Ce sont donc 16.380 nouveaux Luxembourgeois qui sont venus au monde ou bien alimenter les statistiques.
0 .00 12
SOURCE Statec
les cours « Vivre ensemble au Grand-Duché de Luxembourg ». 6.454 sont aussi maintenant Luxembourgeois par option. La nouvelle loi prévoit en effet 10 cas pour que cela soit possible : un majeur dont un parent est ou a été Luxembourgeois, en cas de mariage avec un Luxembourgeois, une personne résidant dans le pays depuis au moins 20 ans... 4.632 personnes sont maintenant aussi Luxembourgeoises par recouvrement. Dans son article 89, la loi prévoit la possibilité d’obtenir la nationalité luxembourgeoise si on prouve sa descendance directe d’un aïeul luxembourgeois à la date du 1er janvier 1900. Ce qu’il fallait faire avant le 31 décembre 2018 ou jusque fin 2020 en souscrivant la déclaration de recouvrement devant un officier d’état civil. Attirés par la possibilité de disposer d’un passeport grand-ducal ou nostalgiques, ils ont été nombreux à se précipiter dans les dépôts d’archives à la recherche de documents pouvant alimenter leur dossier.
PRÉVISION DE CROISSANCE
3,3 C’est la croissance, en pourcentage, qui pourrait être atteinte par l’économie luxembourgeoise en 2020, selon le Statec. Mais celle-ci sera tributaire d’un Brexit avec accord et de la fin des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis.
une citoyenneté double ou multiple est ainsi classée dans un seul pays selon un ordre hiérarchique précis. Si la personne est Luxembourgeoise, c’est évidemment de cette nationa lité qu’on tient compte. Ensuite, cela dépend du fait que ses natio nalités soient ou pas relatives à des pays membres de l’Union euro péenne, on tient alors compte du pays de naissance. » Et si une des deux nationalités est similaire au pays de naissance, c’est cette nationalité qui sera prise en compte. Ces nouveaux Luxembourgeois ayant une autre nationalité ne risquent-ils pas, enfin, de perdre cette dernière, et de n’être plus « que » Luxembourgeois ? Et de compter comme tel dans les statistiques, alors qu’en tant que binatio-
Tout cela déteint évidemment sur la composition de la population. Et pas de façon si anecdotique, puisqu’en 2018, il y a presque plus du double d’acquisitions de nationalité que de naissances, toutes nationalités confondues (6.274 naissances, dont 3.195 Luxem bourgeois) « Au 1er janvier 2019, il y avait 613.894 personnes dans le pays : 322.430 Luxembourgeois et 291.464 étrangers, détaille François Peltier. 284.602 Luxembourgeois n’ont pas d’autre nationalité, donc 37.828 en ont une seconde. » Et parmi les 291.464 résidents à ne pas être Luxembourgeois, ils sont 6.496 à avoir aussi une autre nationalité étrangère. Plus de Luxembourgeois, nés LA NATIONALITÉ comme tels ou naturalisés, cela ne VIA LE DROIT DU SOL fausse-t-il pas les statistiques ? Car Les chiffres de 2018 concernent la naturalisation ouvre l’accès aux les personnes nées avant juillet 2013 droits intégraux de manière iden- au Luxembourg et résidant depuis tique à un Luxembourgeois de nais- cinq ans au moins dans le pays avant leur majorité légale. Ce sont très sance. De plus, cela contribue sans nettement les enfants de résidents doute à atténuer cette impression portugais qui ont été les plus nomque les Luxembourgeois sont de breux dans ce cas. moins en moins nombreux, et les 800 667 résidents étrangers de plus en plus nombreux. François Peltier n’est 600 pas de cet avis. « Un Luxembour geois égale un Luxembourgeois, peu importe finalement la manière 400 dont la nationalité est obtenue », dit-il. Et l’arrivée massive de 200 doubles nationaux n’y change rien. « Le Statec applique dans ses études 0 e e al e e e e ni o ie gn hin vin -U gn gr Ital giqu ranc rtug les règles émises par Eurostat. » Ce l pa C égo me ema téné F Po Es Be rz yau All on e H o M qui permet de comparer de ma ie- R sn Bo nière similaire les pays européens SOURCE Statec entre eux. « Une personne ayant
naux, cela n’aurait peut-être pas été automatiquement le cas ? Non, en vertu d’une astuce révélée par Félix Braz, ministre de la Justice, dans une réponse parlementaire, puisque, pour le droit luxembourgeois, « toute personne possédant, outre la nationalité luxembour geoise, une ou plusieurs autre(s) nationalité(s) est considérée comme possédant exclusivement la nationalité luxembourgeoise ». Impossible en effet de savoir si l’acquisition de la nationalité luxembourgeoise entraîne la perte de la nationalité de son pays d’origine. Cela relève exclusivement de la compétence légale du pays d’origine et « aucun mécanisme adéquat de coopération internationale ne permet de déterminer cela ». N. L. LE CLASSEMENT DES NOUVEAUX BINATIONAUX En 2018, ce sont les Français qui ont été les plus nombreux à obtenir la nationalité luxembourgeoise, suivis des Belges et des Portugais. Le chiffre englobe les naturalisations, l’obtention de la nationalité par option et par recouvrement. 3.000
2.785
2.500 2.000 1.500 1.000 500 0 l l i ne nie n lie ro A si ga ue ce ag os e-U Ita nég US Bré rtu lgiq Fran o e té P ll em B aum B n o A y M Ro SOURCE Statec
Juillet / Août 2019 —
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POLITIQUE
ÉLECTIONS
CSV QUI PLEURE, DP QUI RIT Les deux derniers scrutins législatif et européen laisseront des traces dans un paysage politique luxembourgeois qui a connu de profondes mutations. Alors que le CSV et le LSAP se cherchent une nouvelle identité, Xavier Bettel semble avoir su adapter celle du DP.
L
es grandes batailles font toujours des morts et des blessés. Elles érigent les uns au rang de vainqueur, plongent les autres dans les sombres abîmes de la défaite. Elles modifient parfois durablement les destins, impriment des changements profonds dans la société. Les derniers scrutins au Luxembourg n’ont sans doute pas dégagé autant de poudre et de fumée que d’autres par le passé, la faute à des campagnes jugées « ennuyeuses » par certains et sans doute trop peu thématisées. Mais ils ont tout de même chamboulé un paysage luxembourgeois habitué à une bien plus grande stabilité.
« Il est vrai que ces chiffres sont des pertes importantes », analyse le politologue Philippe Poirier, de l’Uni. « Néanmoins, il faut nuan cer. Il y a dans ces villes une popu lation qui, de scrutin en scrutin, peut modifier son vote selon le contexte et les enjeux. » L’alerte des législatives de 2018, davantage que celle des communales de 2017 il est vrai, aurait dû pousser le CSV au constat que son offre répondait de moins en moins aux attentes. Pour Philippe Poirier, les sociaux-chrétiens ont oublié de réadapter leur programme autour de thèmes comme « la sécurité publique, la sécurité alimen taire, le logement... ».
UN CAMOUFLET PUIS LA DOUCHE FROIDE POUR LE CSV
CROISSANCE ÉCONOMIQUE ET QUALITÉ DE VIE
Ainsi, le CSV sort éreinté des derniers scrutins. En octobre 2018, lors des législatives, la perte a été de -5,37 %, le faisant passer sous la barre des 30 % (28,31 %). Du jamais vu. Et si le parti est resté le premier du pays, il a dû se résoudre à vivre une seconde législature dans l’opposition. Cela non plus n’avait jamais été vu auparavant. Après ce camouflet est venue la douche froide. Les élections européennes de mai dernier ont en effet été catastrophiques avec une chute de -16,53 % et la perte de l’un des trois mandats de député européen. « J’en avais fait mon deuil depuis un certain temps », confesse Frank Engel, le président du CSV. « On savait que ce serait dur de conserver nos trois députés. » Néanmoins, la déculottée fait mal. À Esch, le CSV passe de 34,28 % en 2014 à 17,82 % cette année. C’est pire encore à Luxembourg : 37,19 % des voix en 2014, plus que 17,07 % cette fois. Dudelange ? 30,48 % il y a 5 ans, 15,4 % en mai. Idem à Differdange : 32,88 % en 2014, 15,59 % en 2019.
fortement évolué. Donc, les choix des électeurs vont un peu vers Déi Gréng, mais surtout vers le DP. Ces deux partis sont ceux qui ont, pour le public, compris les trans formations du pays et répondent le mieux aux deux sacro-saints impératifs luxembourgeois : assu rer la croissance économique et conserver une qualité de vie. » Xavier Bettel a ainsi su consolider ses acquis et « ramener petit
Les résultats par commune Le CSV reste le premier parti du pays mais la carte issue des élections européennes montre une arrivée en tête du DP dans de nombreuses communes, au détriment du principal parti d’opposition.
troisvierges weiswampach
— Juillet / Août 2019
LSAP CSV DÉI GRÉNG DP ADR
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eschweiler
kiischpelt winseler putscheid
wiltz Élu président en janvianden goesdorf vier, Frank Engel l’a lac de la haute-sûre bien compris. Il va bourscheid tandel donc falloir agir car boulaide esch-sur-sûre « il est évident qu’une erpeldange sur-sûre partie de notre dis diekirch reisdorf feulen bettendorf cours n’est plus grosbous ettelbruck wahl entendue », dit-il. rambrouch mertzig beaufort schieren vallée de l’ernz « Le CSV a un pro berdorf blème d’identité colmar-berg vichten préizerdaul echternach nommern waldbillig politique, pris en bissen consdorf tenaille entre des larochette redange ell useldange mersch thèmes comme l’environ heffingen rosport-mompach fischbach bech nement, le durable... et ses beckerich thématiques traditionnelles saeul manternach lintgen comme la bonne gestion », biwer junglinster helperknapp souligne Philippe Poirier. lorentzweiler habscht Et si Frank Engel affirme qu’il betzdorf steinsel kehlen grevenmacher faut maintenant « voir le CSV koerich kopstal walferdange niederanven comme un parti normal », le poliflaxweiler steinfort tologue est plus sévère : « Ce parti mamer strassen schuttrange n’est plus, dans l’esprit des gens, wormeldange sandweiler garnich luxembourg-ville celui qui représente le Luxem lenningen bertrange bourg. Depuis 10 ans environ, on contern stadtbredimus kaerjeng dippach constate que le parti qui a le plus hesperange waldbredimus leudelange reckangeentendu l’électeur et senti les bous sur-mess weilermutations de la société, c’est pétange remich la-tour dalheim roeser le DP. Comme les Verts, sur des mondercange sanem bettembourg frisange thèmes comme le bien-être, differdange mondorf-les-bains schifflange l’environnement, le logement, esch-surschengen alzette dudelange les énergies renouvelables, il a kayl rumelange
18 —
à petit à lui, puis stabiliser un électorat qui était plutôt conser vateur et plus proche du CSV. » Les dernières élections européennes étant le « grand soir » de cette stratégie de lente érosion de son meilleur ennemi. « En effet, le DP est apparu vraiment comme étant ce que j’appelle un Stattpartei, celui qui incarne l’État, notam ment sur la scène européenne », confirme Philippe Poirier.
POLITIQUE
CONSTAT
« Il est évident qu’une partie de notre discours n’est plus entendue. » Frank Engel
Président du CSV
Un compliment qui ne pousse pas les cadres du parti démocrate à fanfaronner. « Je pense en effet qu’en ayant le poste de Premier ministre, celui de président de la Chambre, cela aide à se forger une image de parti d’État, outre tout le travail de fond effectué », concède le député européen Charles Goerens. « Mais je crois aussi que ce sont nos pro grammes, qui ont essuyé très peu de critiques, et non l’explication de nos arguments qui contri buent à cela. »
LE JEU POLITIQUE RESTE OUVERT
À l’instar de ses amis Emmanuel Macron en France et Mark Rutte aux Pays-Bas, Xavier Bettel a aussi réussi à dégager un large espace autour de sa position, l’occupant seul et rendant donc sa formation incontournable. À droite, l’ADR n’est pas une menace et « grignote aussi des parts au CSV », note Philippe Poirier. À gauche, « le LSAP, même s’il a gagné quelques pourcents lors des européennes, est plutôt mal en point, on ne le
dit pas assez ». Ce qui fait les affaires du DP et de Déi Gréng. Et ces deux-là peuvent s’entendre, même en se marchant parfois sur les pieds. Xavier Bettel a en tout cas bien compris que « l’élec torat des Verts n’est plus le même qu’il y a 20 ans. Au Luxembourg, l’électeur de Déi Gréng a plutôt un haut revenu, est libéral sur le plan économique mais conservateur au niveau de l’environnement. » Le DP s’est adapté en conséquence, avec succès. Le Piratepartei ou Déi Lénk n’étant pas capables de rivaliser, pas plus que les communistes qui ont été presque totalement rayés de la carte, l’horizon paraît donc dégagé. « Le parti démocrate ne s’est tout de même pas totalement substitué au CSV, même s’il l’a fait chuter de son trône », avertit Philippe Poirier. « Le jeu politique reste toujours ouvert. » D’autant que c’est parfois un homme ou une femme qui fait à lui / elle seul(e) la différence. « Le leadership reste important dans un parti. Mais on ne peut réduire sa popularité à cela », tempère le politologue. Toujours est-il que le CSV aimerait sans doute voir émerger un nouveau Jean-Claude Juncker. En 1974, quand le parti est relégué dans l’opposition, le futur président de la Commission européenne, âgé de seulement 20 ans, en devient le secrétaire parlementaire. Et commence son ascension grâce à un subtil mélange entre rigueur et proximité. Mais pour l’heure, c’est la popularité du Premier ministre Xavier Bettel qui est à son zénith, en ayant usé de la même recette que son prédécesseur, avec un zeste de modernité. Et un vrai sens tactique. N. L.
ÉVOLUTION DES RÉSULTATS DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES LSAP CSV Déi Gréng DP ADR
40 %
30 %
20 %
10 %
0 1999
2004
2009
2013
2018
à mal. « Le service Technologies de l’information et de la commu nication occupe environ 60 per sonnes », explique Patricia Kariger, une des chargées de communication de la Ville de Luxembourg. Au sein de celui-ci, « le département Sécurité infor Aux États-Unis, la ville de Baltimore matique assure entre autres la a été presque totalement paralysécurité des appareils utilisateurs sée par un virus informatique. liés au réseau interne de la Ville, L’administration de la Ville de et ce à tous les niveaux : e-mails, Luxembourg s’arme à son niveau web... » Les ordinateurs sont évipour éviter ce genre de problème. demment concernés, mais aussi altimore, dans le Maryland, les tablettes, les laptops, les est une ville de 620.000 habi- smartphones. tants. Durant presque cinq semaines, la quasi-totalité de ses ANTICIPATION, LE MAÎTRE-MOT services publics a été paralysée Le service TIC réalise régulièrepar un virus informatique. Le ment des sauvegardes de tous les 7 mai, les agents administratifs se systèmes et des données pour en sont aperçus que leur boîte mail empêcher la perte suite à un pirane fonctionnait plus et que la plu- tage. Le personnel est aussi soupart des serveurs étaient aussi mis à des formations en interne hors d’usage. En tout, ce sont afin d’être sensibilisé aux pos10.000 ordinateurs qui ont été sibles cyberattaques. Tandis que attaqués par un virus, qui s’est très les membres du département vite révélé être un ransomware : le ou les pirate(s) réclamai(en)t en effet 100.000 dollars pour mettre fin à l’attaque. CYBERSÉCURITÉ
La capitale veille aux hackers
B
UNE FACTURE ÉLEVÉE
Les autorités communales ont refusé de céder à ce chantage et ont mandaté des spécialistes pour rétablir la situation. Ce qui n’a pas été une mince affaire, puisque, cinq semaines plus tard, tout n’est pas encore opérationnel, même si la plupart des employés ont retrouvé un accès à leur boîte mail, comme l’indique le site de Baltimore. La facture sera en tout cas élevée. Les pertes de revenus, les retards de paiement et le travail de restauration des serveurs pourraient coûter 18,2 millions de dollars à la collectivité. Une telle mésaventure est-elle possible à Luxembourg-ville ? « Ce n’est jamais quelque chose que l’on peut totalement écarter, explique Serge Wilmes, échevin (CSV) en charge de l’informatique. Mais un service est dédié à ce sujet, et des investissements réguliers sont consentis pour cela. » Hors de question, évidemment, de révéler dans le détail les mesures de protection qui sont prises. Cela ne pourrait qu’attiser l’envie des hackers de les mettre
Baltimore. Ses 620.000 habitants. Son service informatique hacké.
Sécurité informatique suivent régulièrement des formations externes. « L’objectif est d’avoir des connaissances à jour et d’an ticiper au mieux les problèmes », poursuit Patricia Kariger. La prudence reste en effet la meilleure des armes. En ce qui concerne Baltimore, l’un des composants du virus qui a mis à mal les services de la Ville aurait été volé à la NSA, les services secrets américains, en 2017. Il avait été élaboré par eux afin d’exploiter des failles dans la sécurité de Windows XP et de Vista, avec succès, visiblement. N. L. Juillet / Août 2019 —
— 19
POLITIQUE
INFRASTRUCTURE NUMÉRIQUE
Le Luxembourg à la pointe sur le supercalculateur Meluxina, le supercalculateur du Luxembourg, sera installé dans des locaux existants de LuxConnect à Bissen. Un choix stratégique qui positionne le pays dans le top 25 mondial.
M
eluxina est son nom. Le vendredi 14 juin, le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, présentait à la presse l’infrastructure de High Performance Computing (HPC) dans laquelle l’État et la Commission européenne investissent plus de 30 millions d’euros. Une sorte de réseau d’« ordinateurs » qui atteint une puissance de calcul de plus de 10 pétaflops, ce qui classe le Luxembourg parmi les 25 meilleurs HPC mondiaux. Dans sa présentation, le ministre de l’Économie a rappelé que ce choix s’inscrivait non seulement dans le cadre d’un projet européen de mise en réseau de HPC, mais qu’il correspondait aussi à la stratégie Rifkin. Ce superordinateur travaillera aussi bien pour l’industrie que pour la recherche ou la médecine personnalisée, par exemple. « En ligne avec notre stratégie d’innovation basée sur les don nées, qui ambitionne de dévelop per une économie digitale durable et fiable, le superordinateur luxembourgeois accompagnera la transition numérique et offrira aux entreprises de nouvelles opportunités pour innover et res ter compétitives. C’est une des mesures prioritaires de la straté gie Rifkin de troisième révolution industrielle, qui place la digita lisation et l’utilisation de données au centre du développement éco nomique et social », indiquait encore le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie.
UN ESPRIT DE PIONNIER
En 2017, à Rome, le Luxembourg faisait déjà partie des six États 20 —
— Juillet / Août 2019
membres d’accord pour créer un L’Europe consacrera aussi 1,2 accès à des données européennes, réseau européen des HPC. « Le à 1,5 milliard d’euros à la mise en mais que celles-ci soient formafait que notre pays s’engage dans œuvre de normes et d’interopé- tées à peu près de la même cette voie est aussi un signal fort rabilité des données europé manière pour pouvoir les utiliser pour l’économie », a ajouté le ennes. Il ne s’agit pas d’avoir avec efficacité. T. L. ministre. L’Université, le List et LuxConnect ont donc préparé la TRANSPORT FERROVIAIRE candidature luxembourgeoise qui a finalement été retenue, probablement pour son alimentation en énergie verte de Kiowatt. Pour la mise en place de Meluxina, Les TER de la ligne Nancy-Luxembourg non équipés du système 20 premiers emplois seront créés, ERTMS devront s’arrêter à Thionville à partir du 31 décembre 2019. directement chez LuxConnect, Avec des conséquences non négligeables pour les frontaliers. qui double quasiment ses effectifs pour l’occasion. os TER seront tous équipés per ses trains du système de sécu« du système ERTMS dès rité européen ERTMS dès juin Mais l’enjeu est aussi mondial face aux investissements que réa- mi-2020 », certifie le directeur 2017. Du fait des retards accumulisent d’autres « blocs » écono- régional adjoint TER Grand Est lés, elle avait obtenu un report de miques. Il était temps que de la SNCF, Jacques Weill. la date butoir au 30 juin 2021. l’Europe réagisse, a dit en subs- Cependant, seules les rames du Après la collision mortelle entre tance le représentant de la TGV et 12 rames sur les 25 des un train CFL et un train de marCommission européenne, Khalil TER qui desservent le trajet chandises, le 14 février 2017, le Rouhana : « La puissance de calcul Nancy-Luxembourg seront pour- gouvernement luxembourgeois des grandes puissances, comme vues du système européen de ges- a demandé à la France d’accéléles États-Unis ou la Chine, est t i o n d u t ra f i c fe r rov i a i re rer l’équipement de ses trains car deux fois supérieure à la puis (ERTMS) au 31 décembre 2019. leur système – Memor II+ – était sance de calcul de l’Union euro « P our les autres, au 1er janvier mis en cause dans l’accident. Avec, péenne. Et cela commence à avoir prochain, elles devront s’arrêter pour conséquence, l’avancement un impact sur le développement en gare de Thionville », confir- du délai au 31 décembre 2019. de notre économie. » mait vendredi 24 mai dernier le « Nous demandons une déro 25 États membres, plus la ministre de la Mobilité, François gation de trois mois, afin de limi Norvège, la Suisse et la Turquie, Bausch, en marge d’une réunion ter les conséquences pour les usagers lors des mois d’hiver », ont accepté de rejoindre cette ini- avec le Sillon Lorrain. « L’impact sera considérable, explique Jacques Weill. Mais ce tiative de réseau de HPC, à laq uelle l’Union européenne expliquait, le 4 juin dernier, à compromis n’a fait l’objet d’auconsacrera 500 millions d’euros, Paperjam le président de l’asso- cune réponse officielle de la part et les États membres autant. ciation des voyageurs du TER du ministère de François Bausch. L’Union européenne a prévu d’y Metz-Luxembourg (AVTERML), Le directeur de l’Administraconsacrer 2,7 milliards d’euros Henry Delescaut. Le matin, un tion des chemins de fer (ACF), sur la prochaine programmation quai à quai est prévu à Thionville Marc Oestreicher, déclarait budgétaire qui va jusqu’en 2027. pour les voyageurs venant de cependant le 25 mai dernier au Nancy. Il faudra prévoir 10 à Républicain Lorrain qu’aucune 15 minutes en plus, ce qui reste prorogation du délai ne serait 1,5 AUTRE MILLIARD POUR UNIFIER LES DONNÉES acceptable. Mais le soir, les retards accordée à la France, du fait d’un Malgré des Chinois qui ont accès seront beaucoup plus importants. risque réel d’accident. « On sait donc désormais qu’on aux données de 1,4 milliard de Et le moindre incident aura des personnes et des Américains à conséquences amplifiées. » roule avec un risque élevé, ce qui De quoi inquiéter les 12.000 était jusqu’à maintenant nié, celles de 500 millions de personnes, le représentant de la usagers quotidiens de la ligne estime Henry Delescaut. Ainsi, Commission a rejeté toute idée Nancy-Luxembourg, qui vivraient sur un plan juridique, l’ACF ne d’assouplissement du règlement ainsi six mois très difficiles dans peut plus accorder de prorogation, européen sur la protection des des trains déjà bondés et sujets à sinon elle engagerait sa respon de nombreux retards. François sabilité en cas d’accident. » données. Contacté par Paperjam, Marc « Les autres régions, le Japon, Bausch tentait de rassurer en se les États-Unis, l’Australie, son déclarant prêt à acheminer des Ostreicher déclare que l’avis de gent à mettre en place un cadre trains des CFL à Thionville pour l’ACF a été transmis au ministre. semblable. Les derniers incidents relier le Luxembourg. « Mais les « Je ne peux pas me prononcer sur les données personnelles quels ? Ils sont à flux tendu, s’in- avant lui, ajoute-t-il. Mais il a montrent que l’Europe a pris une terrogeait Henry Delescaut. déclaré qu’il suivrait notre déci longueur d’avance, qui assure la Beaucoup de gens vont se rabattre sion. Et notre critère est la sécurité, confiance », indiquait Khalil sur la route. Or, l’A31 est saturée. » pas les désagréments occasionnés Rouhana. La France devait à l’origine équi- aux uns et aux autres. » P. P.
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POLITIQUE
Objectif zéro déchet pour Déi Gréng Les élus Déi Gréng du conseil communal de Luxembourg-ville veulent plus d’efforts et d’initiatives afin de réduire les déchets. Avec une motion et un plan d’action en ce sens.
I
l faut faire plus en ce qui con cerne la politique des déchets à Luxembourg-ville. Voilà pourquoi les élus Déi Gréng ont proposé le 14 juin dernier une mot ion allant en ce sens au conseil communal. Avec l’ambition ultime de viser le « zéro déchet ». « Beaucoup de bonnes choses ont été faites ces dernières années : récolte des déchets bio dégradables en 2012, adaptation de la taxe déchets en 2017... Mais il faut faire plus », commente le conseiller communal et député François Benoy. D’autant que la quantité totale de déchets et le taux de recyclage ont tendance à stagner. La motion qui a été présentée est aussi un plan d’action qui se développe en dix points. « La priorité est, selon nous, de définir une stratégie avec des objectifs clairs et mesurables », poursuit François Benoy. Parmi les mesures proposées, il y a l’interdiction d’utiliser du plastique à usage unique dans le cadre des manifestations officielles et publiques, notamment celles organisées par la Ville ou auxquelles elle apporte son soutien. « On souhaite aussi que la Ville donne une meilleure information aux organisateurs et leur apporte une aide concrète, par exemple en mettant à disposi tion des gobelets réutilisables », avance encore le conseiller communal. Une augmentation des centres de tri et de consigne figure aussi dans les priorités. Déi Gréng suggère aussi d’instaurer des collectes séparées des différentes fractions et qualités de déchets dans les établissements publics 22 —
— Juillet / Août 2019
et privés, ainsi que dans les immeubles résidentiels.
PAYER SES POUBELLES SELON LEUR POIDS
La révision de la taxe sur les détritus est aussi avancée. Le projet étant de personnaliser les montants à payer selon le poids récolté ou le nombre de passages. « Plusieurs communes ont déjà ins tauré ce système pour les privés et les entreprises. Et cela donne
de bons résultats », poursuit François Benoy. Enfin, la motion suggère que la Ville audite ses propres pratiques pour réduire ses propres déchets. Afin d’être un exemple pour le reste du pays. « Ce serait cohérent par rapport à la politique du gouvernement qui est clairement orientée vers le ‘zéro plastique’ et une réduc tion des déchets », conclut François Benoy. N. L.
PORTRAIT
LA VOIX BELGE DES FRONTALIERS Jean-Philippe Florent est le premier élu Ecolo de la province de Luxembourg à siéger au Parlement wallon à Namur. Il est aussi le seul à avoir connu une carrière de travailleur frontalier.
À
42 ans, Jean-Philippe Florent s’apprête à ouvrir un nouveau chapitre de sa vie professionnelle. Après avoir été journaliste, chef de projet au Forem (l’équivalent belge de l’Adem), fonctionnaire auprès de différents services européens dont l’Office des publications, il va, durant cinq ans, siéger en tant que député wallon à Namur et député de la Communauté WallonieBruxelles dans la capitale belge. Un très beau défi pour ce Gaumais installé avec son épouse et leurs deux enfants dans le village de Prouvy, en province de Luxembourg. Qui restera comme étant le tout premier candidat Ecolo de la province de Luxem bourg à être élu à ce niveau de pouvoir au mois de mai dernier. « C’est dû, d’une part, au fait que les deux
Pour Jean-Philippe Florent, les cinq prochaines années de législature en Wallonie seront décisives à bien des égards.
circonscriptions électorales du Luxembourg ont fusionné. Avant, il nous était presque impossible d’espérer un élu. D’autre part, les mouvements dans la société – marche pour le climat, demande d’une transition environnemen tale... – laissaient espérer qu’Ecolo réalise un bon score », analyse-t-il. Cela a été le cas, aussi en province de Luxembourg : 14,74 % des voix au total, soit une progression de +6,23 % par rapport à 2014.
FIN DU MONDE ET FIN DE MOIS
Conseiller provincial depuis 2012, Jean-Philippe Florent a toujours été en phase avec Ecolo. Il fait partie des « pragmatiques » de son parti. « La transition écologique ne se fera pas sans transition sociale, affirme-t-il. En cela, je suis d’ac cord avec Nicolas Hulot, qui dit qu’il faut combiner les problèmes de fin du monde et de fin du mois. » De même, selon lui, Ecolo doit – si possible – intégrer les différents gouvernements. « Les cinq prochaines années seront décisives à bien des égards, mais certainement pour ini tier un changement climatique. Alors, même si nous ne sommes pas incontournables dans une majorité, il faut y aller. Mais il faudra alors un accord millimétré avec des par tenaires sincères quant à leur volonté d’initier un changement. » L’autre singularité de JeanPhilippe Florent sera d’être le seul député à avoir été travailleur fron-
talier. Il sera leur voix dans l’enceinte parlementaire. « La province de Luxembourg, c’est 280.000 habitants dont 48.000 qui tra vaillent au Luxembourg. Et il y a des choses à faire pour eux, ne fût-ce que dans le domaine de la mobilité : revitaliser la ligne de chemin de fer Florenville-VirtonLuxembourg, créer le P+R à Arlon, trouver des solutions alternatives à la voiture... », dit-il.
L’EXEMPLE DU LUXEMBOURG
Il pourra aussi donner écho à Namur aux initiatives luxembourgeoises. D’autant que les liens avec Déi Gréng sont étroits. « Leur travail est remarquable et le Luxembourg doit être pris en exemple, conclut JeanPhilippe Florent. Implanter les conclusions de l’étude Modu 2.0 qui nous a été présentée par François Bausch, ce serait formidable. » Surtout, il admire « ce pragma tisme de la politique au Luxem bourg. Ici, on connaît ses forces et ses faiblesses, on établit un plan d’action en conséquence et on l’ap plique en commun. » C’est, selon Jean-Philippe Florent, « ce qui man que cruellement, pour le moment, à la politique belge ». N. L. PRÉSENTÉES PAR
carrières Tara Cullen a 26 ans et est assistante communication à la Confédération luxembourgeoise du commerce depuis le 3 juin 2019. Elle est diplômée d’un bachelier en arts en communication multilingue de l’Université de Cologne. GROUPEMENT D’INTÉRÊTS
Louis Reding a 28 ans et est conseiller à la Confédération luxembourgeoise du commerce depuis le 3 juin 2019. Diplômé d’un master en administration des entreprises, Louis Reding a fait ses premières expériences chez FDLV en tant que business manager. GROUPEMENT D’INTÉRÊTS SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ
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AMÉNAGEMENT D’INTÉRIEUR Ingrid Bettendorf, directrice de Firstfloor
DES IDÉES INSPIRANTES : DES AMÉNAGEMENTS INTEMPORELS ET FONCTIONNELS Réunissant une équipe d’amoureux du design, Firstfloor a réorganisé ses showrooms pour présenter des approches originales et diversifiées dans le domaine de l’aménagement d’intérieur. Elle y révèle comment mettre en œuvre des espaces originaux tout en célébrant le travail des créateurs. Ingrid Bettendorf, directrice de Firstfloor, évoque avec nous ses intentions. PRÉSENTÉ PAR FIRSTFLOOR
En matière d’aménagement d’espaces, comment les attentes des consommateurs évoluent-elles ?
PHOTO Firstfloor
Ingrid Bettendorf Les possibilités, pour créer des espaces conviviaux et fonctionnels, sont aujourd’hui innombrables. En tant que passionnés d’aménagement et d’esthétisme, nous cherchons à proposer des concepts singuliers qui tiennent compte des attentes et des besoins des clients, ainsi que de leurs contraintes. La première volonté est de les inspirer, de leur permettre d’aller au-delà des idées préconçues. Nos espaces d’exposition, suivant l’approche originale « Less is More » et « More is Less », ont été pensés dans cette optique. On peut leur montrer comment un même espace peut intégrer énormément de diversité, faire cohabiter harmonieusement diverses références. Ensuite, nous sommes là pour les accompagner dans toutes les étapes de leur projet, en faisant preuve d’une grande flexibilité, de sa définition à sa mise en œuvre.
Comment Firstfloor inspire-t-il ses clients ?
I.B. En valorisant le « l’architecture d’intérieur » sous toutes ses formes. Nous proposons à 24 —
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chaque client de vivre une expérience créative en l’immergeant au cœur de deux environnements d’exposition uniques en leur genre et complémentaires. À travers « Firstfloor is LESS », la volonté est de présenter une approche spécifique du design, avec des collections tendance, décalées, colorées, chic ou encore rétro. Imaginé dans l’esprit loft, le lieu intègre divers espaces d’intérieur, comme un salon ou une chambre... De son côté, part, « Firstfloor is MORE » fait la part belle à des pièces haut de gamme, uniques ou encore futuristes. En parcourant ces deux espaces, le visiteur peut mieux apprécier l’étendue des possibilités qui s’offrent à lui. À quoi êtes-vous vigilants, au-delà de l’esthétique et de l’harmonie, quand vous proposez un aménagement ?
I.B. Pour chaque espace créé, imaginé et mis en œuvre, l’idée est de proposer un rendu unique et personnalisé. Mais, plus que tout, la volonté est d’imaginer des espaces fonctionnels, vivants et animés, dans lesquels on se sent bien. Dans cette optique, « Firstfloor is MORE » se présente comme un espace ouvert autour d’une cuisine Vipp, dans lequel il sera
possible d’organiser des événements privés. Ces espaces traduisent bien notre vision et notre démarche dans le domaine du design d’intérieur et d’extérieur. La volonté, en permanence, est d’allier les dimensions esthétique et fonctionnelle au cœur de lieux où l’on prend plaisir à vivre.
tre e no m d e r oo ertu owr Ouv eau sh in v u nou le 29 j
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ENTREPRISES
entreprises Restructuration ArcelorMittal prévoit un plan de restructuration sur les sites de Belval et Differdange. 260 emplois sont dans la balance. C’est ce qu’a confirmé le ministre du Travail Dan Kersch au début du mois de juin devant les députés des commissions parlementaires du travail et de l’économie. Le mini stre a précisé qu’il ne s’agira pas de licenciements secs, mais de départs naturels ou de préretraites. Quatrième employeur du pays, le groupe recense plus de 4.100 personnes. Ouni, 2 Trois ans et demi après l’ouverture d’une première épicerie bio dans le quartier de la gare à Luxembourg, Ouni a décidé l’ouverture d’un second point de vente à Dudelange. Ouni est une coopérative et prône la consommation sans déchets. Elior chez BDL Elior, le groupe français de restauration collective, va faire son entrée chez Banque de Luxembourg à partir du 15 septembre, remplaçant ainsi son concurrent Lories. Little Grey et Little White Cargolux et Sea Life Trust sont parvenues à transporter deux bélugas de Chine jusqu’en Islande. Little Grey et Little White ont effectué un vol de près de 10.000 kilomètres au départ de Shanghaï,
puis un trajet en camion et en ferry. Direction la première réserve en eau libre au monde, d’une superficie de 32.000 m2, pour ces animaux. Fin du Jeudi Le dernier numéro de l’hebdomadaire francophone Le Jeudi édité par Editpress a été publié le jeudi 6 juin dernier. Le Jeudi a fait les frais d’un déplacement des investissements publicitaires dans un champ digital qu’il n’avait que très peu exploité. Editpress souhaite se concentrer sur son titre phare, le Tageblatt, comme l’a indiqué son directeur général, Jean-Lou Siweck, à 100,7. Investissement Google a annoncé un investissement de 600 millions d’euros dans un quatrième centre de données sur son site de SaintGhislain, en Belgique. Le géant américain est installé près de Mons depuis 12 ans, sur un site de 90 hectares. Les CFL dans le vert Les CFL sont bénéficiaires pour la cinquième année consécutive, avec un résultat net de 10 millions d’euros pour l’année 2018. Le chiffre d’affaires est en hausse, à 892,5 millions d’euros, contre 882,8 millions en 2017. Depuis l’exercice 2009, le chiffre d’affaires n’a fait que progresser, atteignant une hausse de 52 %.
À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
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SPORT ET BUSINESS
Le golf en phase de renouveau Avec cinq clubs et 6.000 pratiquants, le golf reste un sport prisé dans les milieux d’affaires. Mais la stagnation des adhérents et le manque d’espace poussent le secteur à se réinventer et à s’ouvrir à d’autres publics.
Le Lux Golf Center, à un coup de swing de la capitale, permet de pratiquer son sport sans y perdre la journée.
A
ncien professionnel du circuit, champion de France de golf en 1995, Franck Navarro a déposé son sac et ses clubs au Luxembourg il y a plus de 10 ans. Dans la zone de Kockelscheuer, à un jet de pierre du futur stade de foot, il a développé le Lux Golf Center. Une infrastructure de cinq hectares qui permet aux amateurs de perfectionner leur swing et aux curieux de s’initier à un sport encore souvent jugé élitiste. Le site, qui abrite la Franck Navarro Golf Academy, a été ouvert en 2012. Il propose désormais six zones d’entraînement (zones herbeuses, bunkers, etc.) et accueille à l’année 450 membres, dont une centaine de juniors. « Je voulais me lancer dans l’en seignement du golf et je considère qu’une structure comme celle-ci représente l’avenir de ce sport. Elle est la clé de voûte de sa démo
cratisation », estime le fondateur, qui note d’ailleurs une progression des chiffres de 15 % par an. Contrairement à un club où l’accès est généralement réservé aux membres, prêts à payer parfois cher pour obtenir le sésame, le Lux Golf Center propose à ses membres un accès libre à l’année, pour une cotisation de 450 euros par an. « Celui qui veut juste s’y essayer peut aussi profiter d’un forfait de 15 euros la journée. » Tentant ! D’autant plus que ce terrain compact n’est qu’à un quart d’heure du centre-ville de la capitale et répond donc à un autre souci rencontré par les golfeurs : le côté chronophage. « C’est un des grands facteurs de la stagnation du golf un peu partout en Europe, admet Christian Schock, président de la Fédération luxembourgeoise de golf. La proximité des terrains par
PHOTO Lux Golf Center
DIGEST
ENTREPRISES
la frontière belge, en janvier 2016, le Luxembourg compte cinq golfs, dont certains ont déjà atteint leur LE RENDEZ-VOUS point de saturation. Certains n’héVIRTUEL DES GOLFEURS sitent donc pas à franchir la frontière française pour taper la petite Depuis son lancement en 2013, la start-up luxembourgeoise All Square balle blanche sur les greens du golf Golf s’est donné pour objectif de devede Preisch. « Il y a de la place pour nir une véritable marketplace pour les une structure supplémentaire au golfeurs du monde entier. Dans un premier temps, elle a proposé un réseau Luxembourg, poursuit Barbara social afin de permettre aux passionnés Forzy. Le problème est que main des greens de communiquer entre tenir rentable une telle entreprise eux et d’échanger infos et impressions. n’est pas aussi évident qu’on pour Elle compte environ 100.000 utilisateurs, dont 60 % d’Européens. Qui rait l’imaginer. » peuvent notamment obtenir des détails La première cause – évidente –, sur 33.000 parcours dans le monde c’est la surface nécessaire. Un parentier. « En passant par nous, ils cours de 18 trous exige un terrain peuvent réserver des parcours et des hôtels partout dans le monde », explique d’une superficie proche d’une cenPatrick Rahmé, cofondateur et CEO taine d’hectares. Mais une fois les de la jeune entreprise, et golfeur de haut travaux effectués, il faudra encore niveau. D’ici la fin de l’année, la plateforme spécialisée se lancera aussi dans entretenir cet exigeant gazon l’e-commerce dédié à l’équipement anglais. Situé à Canach, en Moselle du golfeur. « Nous travaillons avec diffé luxembourgeoise, le Kikuoka rentes marques. Pour l’instant, les pro Country Club a ouvert ses portes duits sont exposés mais ne peuvent pas encore être achetés, précise Patrick en 1991 sur un domaine de 120 hecRahmé. Mais notre volonté est vraiment tares. Il a été repris par le promoque le passionné puisse tout trouver teur immobilier Arend & Fischau sujet du golf sur notre seul site. » bach à sa fondatrice japonaise en rapport aux grandes aggloméra 2002. « Un golf exige effective tions joue un rôle. Si vous comptez ment de gros travaux d’entretien, qu’un parcours de 18 trous peut convient son directeur Patrick prendre entre 4 et 5 heures, on peut Platz. Sur les 17 personnes que nous très vite y passer la journée. » employons, 10 sont destinées au jardinage. Et, après le poste des SATURATION EN VUE salaires, qui est le plus important, Selon ses chiffres, la fédération viennent l’achat et l’entretien des compte 3.500 membres. 350 en machines destinées à maintenir dessous de 21 ans, mais 2.000 parmi le gazon en état et à des hauteurs les 50 ans et plus. Un état des lieux de coupe différentes. » qui, selon Barbara Forzy, fondatrice de Golf Planet Events, n’est pas tout DES GREENS PLUS COMPACTS à fait représentatif de la pratique. Le golf de Kikuoka ne pose touEn comptant les résidents non ins- tefois pas de problème de rentacrits dans un club, elle estime le bilité, selon son directeur. « La nombre de pratiquants à 6.000. situation est bonne. Ceci dit, il est « On peut donc considérer que 1% clair que vous ne pouvez pas deve des résidents luxembourgeois pra nir extrêmement riche en tant que tiquent le golf alors que la moyenne propriétaire d’un golf. » Le club n’est pas non plus tout à fait européenne est de 0,5%. » Avec sa structure événemen- saturé. Avec une liste d’environ tielle greffée au magasin Golf 750 membres, il précise qu’il Planet, ouvert par son mari reste de la place pour accueillir Ludovic Forzy il y a une quinzaine « quelques nouveaux membres ». Mais les acteurs du secteur se d’années à Strassen, Mme Forzy organise annuellement une cin- montrent toutefois unanimes pour quantaine de manifestations liées dire que la solution en vogue pour au golf. Bien au fait de la situation relancer le golf est la création de de ce sport dans le pays, elle estime golfs « compacts », de plus petite que si la pratique est aujourd’hui dimension et qui peuvent donc stationnaire, « c’est aussi parce trouver leur place à proximité de qu’on commence à se sentir à grandes agglomérations. C’est l’étroit sur le territoire ». Depuis la notamment la politique qu’a suivie fermeture du golf de la Gaichel, à la fédération française en marge de
ILLUSTRATION Maison Moderne
ALL SQUARE GOLF
RACHAT
11 C’est le nombre de points de vente de Hifi International au Luxembourg. La chaîne historique de hifi va passer dans le giron du groupe français Boulanger, en raison du rachat de sa maison mère, la belge Krëfel.
l’organisation de la Ryder Cup sur son territoire en septembre 2018. La compétition, qui oppose les 12 meilleurs joueurs européens aux 12 meilleurs golfeurs américains, a été perçue par la France comme la meilleure vitrine possible pour ce sport. « Quatre ans avant, elle a pris la décision de créer une cen taine de golfs compacts urbains pour développer la discipline », explique Franck Navarro, ambassadeur de ce modèle.
vers les écoles, afin d’amener les plus jeunes générations vers la discipline. « Notre objectif est de mon trer que le golf est un vrai sport, explique Christian Schock. Nous menons depuis trois ans des actions dans les écoles avec du matériel adapté. Nous observons que les enseignants sont tout à fait réceptifs. Par contre, les parents se montrent beaucoup plus réti cents, craignant de voir leurs enfants orientés vers un sport par ticulièrement coûteux. » Des stéréotypes à la vie dure ? DES CLICHÉS À LA VIE DURE Un autre problème de fond à Peut-être. Mais pour Franck résoudre pour améliorer son Navarro, il existe effectivement des attractivité, ce sont les clichés qui barrières à l’entrée dans les grands collent à la peau du golf : « sport de clubs sous la forme de paiement riches », « sport de vieux », « un sport, d’un membership annuel, qui pervraiment ? ». « Je me bats contre ces met de ne pas perdre son droit d’enstéréotypes, commente Barbara trée lorsqu’on est parvenu à entrer Forzy, de Golf Planet Events. La dans un golf particulièrement prescotisation coûte entre 1.500 et tigieux – parfois par cooptation. 3.500 euros, mais pour 250 euros, C’est que, même s’il s’est démocravous pouvez déjà vous équiper tisé, ce sport reste encore très sérieusement pour débuter. » Au apprécié des milieux d’affaires pour niveau de la fédération, la volonté les relations qu’il permet de nouer est de faire connaître le sport à tra- le long des greens. J- M. L.
LES GOLFS AU LUXEMBOURG ET À PROXIMITÉ
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LUXEMBOURG
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Golf-Club Grand-Ducal Golf & Country Club Christnach Golf Club Clervaux Kikuoka Country Club Golf de Luxembourg Golf de Preisch Golf de Longwy
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FRANCE
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ENTREPRISES E L E VAT O R P I T C H
START-UP CORNER
REVOLUT ET EIRAVATO S’INSTALLENT
ETIX EVERYWHERE
#Revolut #Keymitt #Eiravato #Techcyte #FLSU #Etix Everywhere.
Revolut au Luxembourg La fintech Revolut a officiellement ouvert une structure au Luxem bourg, début juin. Déjà annoncée l’an dernier, la britannique avait finalement préféré aller en Lituanie, pour obtenir sa licence plus facilement. Mais confrontée à une fronde politique qui trouve ses dirigeants trop proches de Poutine, la fintech qui rêve de séduire 100 millions de clients d’ici quatre ans cherche des solutions de repli. 100.000 euros pour Keymitt À quelques jours de terminer sa campagne de crowdfunding, Keymitt, avec sa solution de fermeture de porte à distance, avait largement atteint ses objectifs : 548 personnes ont apporté 100.000 euros au projet, qui en espérait 40.000. L’offre qui a le plus séduit les internautes est celle à 139 euros, achetée 339 fois. Elle comprend le petit boîtier à fixer sur une porte avec son WiFi Hub et ses batteries, livrables en décembre. Eiravato quitte l’Irlande La start-up irlandaise Eiravato, qui a levé un demi-million d’euros l’an dernier autour de ses solutions industrielles de gestion des déchets dopées par l’intelligence artificielle, quitte l’Irlande. « Les sociétés ne voient pas vraiment l’économie circulaire comme quelque chose qu’elles devraient surveiller », s’est désolé son CEO, Marcin Kulik. « Luxembourg est la parfaite localisation » pour le business et donnera accès à des marchés comme la France, l’Allemagne, la Finlande et le Benelux. Eiravato rejoint l’incubateur de Paul Wurth, près de la gare.
sang, les matières fécales et les parasites, la cytologie cervicale ou la bactériologie seront proposées aux laboratoires, cliniques, fabricants de matériel informatique, sociétés pharmaceutiques ou hôpitaux. La start-up américaine a ouvert son quartier général européen depuis 2017 au Technoport.
Le data center sur mesure
La deuxième chance, priorité de la FLSU Les membres de la nouvelle Fédé ration luxembourgeoise des start-up (FLSU) ont voté quasiment à l’unanimité en faveur d’une loi de la deuxième chance permettant à un entrepreneur d’obtenir une autorisation de commerce, même après une première faillite. Les questions de financement sont aussi un sujet brûlant pour les entrepreneurs, qui ont élu cinq nouveaux membres au conseil d’administration : Antoine Hron, Sharon March, Pascal Lucchese, Giovanni Patri, et Martin Schoonbroodt.
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Etix Everywhere lève 56 millions d’euros Spécialisée dans les centres de données « sur mesure » (voir ci-contre), Etix Everywhere a annoncé une nouvelle levée de fonds de 56 millions d’euros pour accélérer son développement. La start-up surfe sur le rapprochement entre le point de départ des données et leur premier lieu de stockage.
60,3 millions d’euros et une 17e place Le deuxième trimestre 2019 a vu l’Europe enregistrer un record historique d’investissements dans les start-up, selon Dealroom. Avec 60,3 Bonne nouvelle millions d’euros en quatre levées pour Techcyte (Passbolt, Salonkee, Koosmik et Techcyte a reçu l’approbation aux Etix Everywhere), le Luxembourg États-Unis de son brevet d’ana- est en 17e position d’un classement lyse d’images basé sur l’intelli- dominé par le Royaume-Uni gence artificielle. Les solutions (2,8 milliards), la Suède (1,3) et de diagnostic numérique pour le l’Allemagne (1,3). T. L. 28 —
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dge, hyperscale, HPC : Etix Everywhere avait habitué le marché à vouloir installer des centres de données partout sur la planète, et surtout dans des endroits plus inaccessibles et moins expérimentés, comme le Maghreb. Désormais, la start-up luxembourgeoise vise aussi à jouer un rôle de premier plan dans les domaines de développement des data cen ters. L’edge, pour ces installations qui se rapprochent de l’endroit où sont générées les données ; l’hyperscale, pour des infrastructures amenées à grandir et à multiplier leurs serveurs, et le HPC, sujet sur lequel le Luxembourg est bien positionné depuis qu’il a été retenu comme localisation d’un des trois supercalculateurs les plus puissants de l’Union européenne (voir page 20). Trois thèmes qui vont lui permettre de tripler son chiffre d’affaires annuel d’ici 24 mois, espère-t-elle après sa levée de fonds de 56 millions d’euros, en juin. Préparée au changement depuis sa naissance, Etix Everywhere a toutes les cartes en main our devenir une championne.
Start-up Création Localisation Capital social Fondateur Levée de fonds Chiffre d’affaires EmployéS Objectifs de croissance
Etix Everywhere 2012 Howald, Luxembourg 37 millions d’euros Antoine Boniface 56 millions d’euros (série C) 18 millions d’euros (2018) 60+ 50 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici deux ans
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ENTREPRISES P I C T U R E R E P O RT
GEOX, DU CAPITAL INDUSTRIEL AU CAPITAL INTELLECTUEL Mario Moretti Polegato a eu un jour l’idée de percer les semelles de ses chaussures pour plus de confort. Le concept protégé par un brevet, la marque Geox prenait son envol.
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ne bonne idée peut venir n’importe quand, n’importe où, dans n’importe quelle situation. Mario Moretti Polegato (66 ans) en est la preuve. Né à Trévise, sa famille est incontournable dans le business du vin en Vénétie. Sa voie était donc toute tracée. Jusqu’à ce qu’il se lance dans un jogging alors qu’il séjourne à Reno (États-Unis) pour un salon du vin. « Je souffrais de la chaleur mais, heureusement, j’avais un couteau dans la poche », explique-t-il à Paperjam, en marge d’une conférence donnée en mai à Luxembourg sur invitation de la Chambre de commerce italoluxembourgeoise et de l’ambassade d’Italie. Dans le désert, il troue ses semelles et, du même coup, invente la chaussure ventilée. Geox est née. Enfin, presque. « Avoir une bonne idée, c’est à la portée de tous », poursuit celui que Forbes place parmi les 350 plus grandes fortunes au monde. « Mais ensuite, il faut l’affiner et réussir son trans fert dans le business. » Ce qu’il a fait. « J’ai déniché une membrane utilisée par la Nasa. Cela m’a per mis de concevoir une semelle de chaussure qui respire, mais qui est aussi imperméable. » Mario Moretti Polegato fait breveter le
Mario Moretti Polegato a lancé Geox dans un petit local loué à Trévise, en engageant cinq jeunes gens.
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concept et pense « pouvoir le vendre aux industriels ». Mais cela n’intéresse aucun grand groupe spécialisé dans la chaussure de sport. « J’ai alors décidé de le faire moi-même. J’ai loué un petit local à Trévise et démarré avec cinq jeunes, comme Steve Jobs dans son garage », explique-t-il. Le succès sera rapide et exponentiel. Geox, ce sont maintenant plus de 1.000 magasins dans 100 pays, et 30.000 personnes employées.
UNE IDÉE A PLUS DE VALEUR QU’UNE USINE
Désormais, il parcourt le monde pour visiter ses magasins et donner des conférences sur la propriété intellectuelle. « Car c’est cela, la clé de tout. Voilà pourquoi je dis depuis des années qu’une idée a plus de valeur qu’une usine. Il est évident que la nature du capital va chan ger, passer d’un capital industriel à un capital intellectuel. Il faut donc investir dans ce domaine. » Mais aussi innover, car « venir sur le marché avec un produit ‘normal’ n’a plus de sens ! ». Geox s’intéresse ainsi de près à la circulation de la chaleur dans le corps et a lancé une gamme de vêtements. « Et on a une F1 électrique en compétition. » L’innovation a conduit Geox à déposer plus de 40 brevets, presque tous technologiques. Un formidable outil de défense contre la copie. Imitée, Geox n’est jamais égalée. « Copier une technologie que l’on ne maîtrise pas, ce n’est pas évident. » Le succès est donc bien réel. Mais le travail n’est pas terminé. « Quel sera le monde demain ? Je me pose tout le temps cette question. Il y aura des réponses à apporter. » Ce qu’il essayera de faire, avec ses équipes. « Car entraîner les autres dans son projet, c’est en réalité cela, le vrai succès. » N. L.
LE CENTENAIRE DE BGL BNP PARIBAS date 17 juin 2019 lieu BGL BNP Paribas
À l’occasion de ses 100 ans, BGL BNP Paribas a accueilli plus de 450 invités parmi les représentants politiques et décideurs d’entreprise dans ses locaux au Kirchberg, en présence de S.A.R. le Grand-Duc Henri et du Premier ministre Xavier Bettel.
Le paléoanthropologue français et maître de conférences au Collège de France, Pascal Picq, était l’orateur invité lors de la séance officielle. Il a résumé les valeurs et caractéristiques des entreprises qui ont connu au moins un siècle d’activité.
Geoffroy Bazin (au centre), CEO en poste depuis l’été 2018, a invité sur scène son prédécesseur Carlo Thill (à droite), pour évoquer la volonté récurrente de la banque à innover, aux côtés de Matthieu Croissandeau, directeur éditorial de Maison Moderne (à gauche). À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
PHOTOS Nader Ghavami, Jan Hanrion (Maison Moderne)
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ENTREPRISES P I C T U R E R E P O RT
TELKEA A PRÉPARÉ SON AVENIR Telkea a fêté son 90e anniversaire avec le vent en poupe. La conséquence d’un virage emprunté en investissant dans les nouvelles technologies pour préserver son développement.
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’ancienne Société luxembour-
geoise de téléphonie, connue ensuite comme Téléphonie, a bien évolué depuis sa fondation en 1929. Au tournant de ses 90 ans, célébrés le 19 juin dernier, l’heure était au bilan d’une aventure qui a été marquée par plusieurs adaptations au marché de l’ICT. En 2016, l’entreprise changeait d’ailleurs de nom et devenait Telkea, pour dépoussiérer son image et entrer dans une nouvelle ère de services. Le groupe intervient d’ailleurs dans des secteurs aussi variés que la finance, le secteur public, la santé, les transports ou l’innovation. Et pour mener à bien ses missions, Telkea s’est adjoint de nouveaux partenaires via des rachats effectués au Luxembourg en 2017 : TreeTop, TreeTop PSF et ArianeSoft. « Nous avions déjà fait d’im portantes transformations dans la structure avant ces rachats, en développant de nouveaux métiers, notamment dans les sec teurs des télécoms, du cloud et des infrastructures informa tiques, commente Olivier Penin, directeur commercial chez Telkea. Mais ces acquisitions nous ont permis de monter en puissance dans la gestion du poste de travail, plus globale ment dans tout ce qui touche aux serveurs et au développement applicatif. »
UNE ACADÉMIE DÉDIÉE À LA FORMATION
Le groupe compte aujourd’hui cinq entreprises : Telkea ICT (anciennement Téléphonie, intégrateur de solutions informatiques, télécom et sécurité de bâtiments, agréé PSF, créé en 1929), Telkea Telecom (anciennement Netline, opérateur télécom, créé en 1998), TreeTop (intégrateur de solutions informatiques), TreeTop PSF (intégrateur de solutions informatiques pour 32 —
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le secteur financier) et ArianeSoft (développement d’applications). Sur les cinq-six dernières années, Telkea a doublé son chiffre d’affaires, s’approchant des 25 millions d’euros. Dans le même temps, l’effectif global est passé d’une soixantaine de collaborateurs à plus de 140 aujourd’hui. « Avant cela, la société était relativement stable au niveau des effectifs. Mais nous allons continuer à grandir, car nous engageons toujours », ajoute le directeur commercial. Pour faciliter ces nouvelles embauches, le groupe vient d’ailleurs d’investir dans la formation pour ses clients, en créant la Telkea Academy. Un outil qui sera opérationnel d’ici septembre prochain. « Notre valeur ajoutée vient de notre connaissance du métier, de notre capacité à apporter du conseil. Nous ne cherchons pas à être un centre de formation aca démique classique avec des ‘pro fesseurs’. Il s’agit d’un centre dédié à la formation sur mesure et à l’accompagnement, en s’ap puyant sur des experts qui connaissent le terrain », précise Olivier Penin. Pour l’entreprise, dans le giron de la famille Giler depuis sa création, les perspectives ne manquent pas pour atteindre sereinement le 100e anniversaire. « Nous avons 90 ans d’histoire, avec un action nariat privé stable et un objectif de continuité et de pérennité à long terme. Nous souhaitons donc croître, mais ce n’est pas le cri tère principal de réussite. Nous sommes avant tout une société de services s’appuyant sur l’in novation technologique et le conseil pour garantir la qualité du partenariat avec nos clients. La croissance n’est donc finale ment que le résultat de notre suc cès », pointe-t-il, ajoutant que le plus important est de « garder notre flexibilité et la proximité avec nos clients ». F. J.
LES NOUVEAUX LOCAUX DE GRANT THORNTON date 7 juin 2019 lieu siège de grant thornton
Le cabinet d’audit a vu grand pour ses nouveaux locaux : 6.000 m2 de bureaux qui pourront accueillir, à terme, jusqu’à 400 salariés.
Thierry Remacle, owner, et Romain Bontemps, managing partner de Grant Thornton Luxembourg.
Grant Thornton a également lancé un nouveau desk, le « Tech Hub », qui intégrera une branche « Space » pour conseiller les entreprises qui gravitent autour de cet écosystème. Anna Fisher, astronaute, est intervenue dans ce cadre.
À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
PHOTOS Matic Zorman
TÉLÉCOMS
ENTREPRISES
position : Paperjam. Il se classe même à 6 % près de la première ÉVOLUTION DES AUDIENCES chaîne TV du pays. Inimaginable sur SUR 10 ANS les marchés allemand ou français. (2009-2019, TV-radio-print) En considérant l’évolution des Paperjam +4 % audiences en TV-radio-print sur +3 % Eldoradio dix ans (source : études Plurimedia TNS Ilres 2009-2019), on observe Radio 100,7 +1,1 % Pour ses 25 ans, Maison Moderne « se réinvente ». principalement une baisse du côté 0 % Woxx La maison d’édition de Paperjam arrête une stratégie des marques médias historiques : -0,5 % D’Lëtzebuerger Land pluriannuelle et reformule sa vision, sa mission et son offre. les grands quotidiens, les hebdo-1,5 % Lëtzebuerger Journal n automne 2018, le conseil Concernant le cadre légal au madaires familiaux, la télé et la Le Quotidien -2,5 % d’administration de Maison Luxembourg, le gouvernement radio. Leur offre ne semble plus L’essentiel -3,3 % Moderne a décidé de placer son travaille sur une nouvelle loi « sur correspondre aux attentes d’un -5,8 % Tageblatt RTL Radio 25e anniversaire sous le signe de le pluralisme dans les médias pro- ensemble de consommateurs -10,4 % Lëtzebuerg sa « réinvention ». fessionnels de l’information ». devenu très hétérogène, alors que Revue -11,6 % Depuis six mois, nous sommes Annoncée depuis 2014, elle est cert ains médias gagnent en Luxemburger -13,1 % Wort partis à l’écoute de notre équipe, de « une priorité » depuis 2017 pour audience : 100,7, Eldoradio et, en RTL Télé -15,8 % Lëtzebuerg nos lecteurs, de nos membres et de le Premier ministre et ministre premier lieu, Paperjam. Télécran -17,3 % nos clients. Nous nous sommes inté- des Médias, Xavier Bettel. -20 -15 -10 -5 0 5 10 Maison Moderne attend parti- ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ressés au futur des médias et aux SOURCE Études Plurimedia TNS Ilres médias du futur. À mi-parcours de culièrement ce nouveau projet de DU LUXEMBOURG l’exercice, nous partageons nos pre- loi car sur les quelque 8 millions La dynamique démographique dant, le business club, le contract miers apprentissages et les grands d’euros d’aides distribuées par le qu’a connue le pays durant cette publishing stratégique ainsi que axes de notre développement à gouvernement, la première entre- même période est l’un des éléle native advertising. venir. En toute transparence. prise média indépendante du pays ments qui expliquent ce constat au De l’autre côté, nous allons ne touche que 200.000 €. Soit 2,5 % niveau des audiences. 614.000 perdévelopper une excellence opéUN DOUBLE CONTEXTE du budget total pour la presse sonnes vivent au Luxembourg. rationnelle pour devenir une Ce travail a été mené en tenant imprimée et la presse en ligne… Contre 493.500 en 2009. Et près organisation agile et efficace. compte d’un contexte internatio- alors que deux groupes, Editpress de la moitié des résidents sont des Nous avons également refornal particulièrement tendu et et Saint-Paul Luxembourg, en non-Luxembourgeois. mulé notre mission : offrir une voix caractérisé notamment par une caissent 75 % de cette aide, qui a Lorsqu’on regarde l’emploi indépendante et influente en protransformation des modèles éco- pourtant pour ambition de « pro- intérieur salarié, les chiffres sont posant un journalisme de qualité et nomiques des médias, le phéno- mouvoir le pluralisme » de la presse. encore plus impressionnants : en établissant Paperjam comme parmi les 428.000 salariés, près de mène des « fake news » ou encore l’une des principales marques 200.000 sont frontaliers. Les trapar le duopole publicitaire de ÉVOLUTION DES AUDIENCES médias du pays ; s’engager pour le vailleurs en provenance de France, Facebook/Google. Des éléments ENTRE 2009 ET 2019 développement du Luxembourg à qui influent sur l’ensemble du sec- Le classement des 20 premières de Belgique et d’Allemagne étaient long terme, en contribuant au chanmarques médias du Luxembourg 146.000 en avril 2009. teur médiatique. gement sociétal et au rayonnement Et sur les 200.000 salariés Au niveau national, nous nous établi selon leur audience auprès international du pays ; réunir les sommes intéressés au cadre légis- des résidents (le classement ne tient résidents, seulement 114.000 sont communautés qui font avancer le latif, au classement des 20 pre- pas compte des près de 200.000 Luxembourgeois, dont à peu près Luxembourg dans le principal club mières marques médias, aux frontaliers) laisse apparaître un phé- la moitié travaille dans le secteur d’affaires du Grand-Duché, le audiences TV-radio-print sur nomène exceptionnel dans le pay- public et assimilé. Paperjam Club ; agir en tant que Des données qui se reflètent 10 ans et à l’utilisation des langues sage médiatique européen. Un précurseur dans l’industrie des mé mensuel « écofin » se classe en 11e dans l’utilisation des langues sur sur le lieu de travail. dias ; s’assurer une rentabilité pour le lieu de travail, avec 78 % des garantir notre indépendance. salariés qui utilisent le français Nous vous avons écouté, et selon le Statec. nous vous avons entendu. Pour les 25 ans à venir, Maison Moderne LA STRATÉGIE 2019-2023 vous promet des marques médias DE MAISON MODERNE fortes, des expériences excitantes, C’est en épousant ces mouveque vous soyez lecteur et/ou ments démographique, culturel membre, ainsi que du ROI pour et linguistique profonds que les annonceurs qui nous font Maison Moderne jouera un rôle confiance. différent dans le paysage médiaMIKE KOEDINGER (Fondateur et chairman) tique luxembourgeois. Notre stratégie pluriannuelle & RICHARD KARACIAN (CEO) de Maison Moderne est double. D’un côté, nous consoRetrouvez la version intégrale liderons nos activités autour de de cette carte blanche sur notre marque phare qu’est Mike Koedinger, fondateur et chairman de Maison Moderne, lors de la paperjam.lu. présentation de la stratégie aux clients et partenaires, le 5 juin à l’Utopia. Paperjam : le journalisme indépenCARTE BLANCHE
MAISON MODERNE, STRATÉGIE 2019-2023
T. R.
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PHOTO Maison Moderne
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ENTREPRISES DU CHALLENGE À LA SOLUTION
WORKSPACE
Deloitte est arrivé à la Cloche d’Or Le Big Four a pris possession de son nouveau siège à la Cloche d’Or. D.Square s’étend sur 30.000 m2 et permet de rassembler une large partie des équipes de Deloitte.
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timulée par la Place et l’économie luxembourgeoise dans son ensemble, la croissance de Deloitte Luxembourg a été plus soutenue que prévu (6 % planifiés, contre les 8 % en moyenne annuelle observés) au moment de poser la première pierre, il y a quatre ans, du nouveau siège construit à la Cloche d’Or : D.Square (voir ci-contre). Bien que 250 collaborateurs travaillent à Belval depuis septembre 2018, le nouveau QG permet tout de même de rassembler des équipes qui étaient jusqu’ici dis persées dans le secteur de Neudorf et de l’aéroport. « Nous emména geons au moment où nous sommes confortables concernant le ratio espace / nombre d’employés, précisait Sophie Mitchell, associée chez Deloitte Luxembourg, en charge de la coordination du déménagement. Nous allons pou voir avoir une période d’adapta tion et apprendre à travailler avec ce nouveau flux. » S’étendant sur 30.000 m2 et deux bâtiments indépendants à l’origine, puis reliés par une rue inférieure, le siège est signé par l’architecte Paul Bretz, construit par
Soludec, avec Moreno Architecture pour l’aménagement intérieur. Vus de l’extérieur, ses 60 mètres de haut et sa fenêtre urbaine en font un marqueur de la Cloche d’Or. À l’intérieur, Deloitte en a profité pour introduire le « flex office » (les bureaux ne sont plus attribués), revoir sa cantine, penser à une utilisation flexible des espaces de travail, de restauration et de réunion, et disposer, par exemple, d’un auditoire de 200 places. « Nos métiers sont multiples, et les manières de tra vailler également. Certains avaient l’habitude de travailler en équipe, d’autres doivent avoir des lieux propices à la concentra tion. C’est pour cela que nous avons conçu des espaces flexibles, répondant à différents besoins », ajoutait Sophie Mitchell. Attendant des autorités des aménagements en transports en commun et en mobilité douce à la Cloche d’Or, Deloitte a géré l’épineuse question des parkings avec une agréable surprise. « Nous avons sensibilisé nos équipes à cette pro blématique, et le résultat s’est avéré très satisfaisant, puisque tous ceux qui ont demandé une place de parking en location ont pu en obtenir une, sans liste d’at tente. Nous avons aussi incité au carsharing via la plate-forme publique Copilote, et de nombreux collaborateurs utilisent désormais les transports en commun. » Opérationnel pour les collaborateurs depuis début juin, D.Square doit encore bénéficier de certains aménagements d’ici l’inauguration officielle, en septembre. T. R.
LA MOBILITÉ POUR TOUS Entreprise Deloitte personnel 2.350 Secteur Audit et conseil
CHALLENGE RENDRE ACCESSIBLE LE LIEU DE TRAVAIL Les problèmes de mobilité à la Cloche d’Or – où se situe le nouveau siège de Deloitte – ne sont pas nouveaux et concernent des milliers de travailleurs. Conscient de la problématique, le cabinet a mis en place des groupes de travail afin de proposer une offre diversifiée à ses collaborateurs. D’autant qu’avec les travaux en cours dans le quartier, ainsi que les entreprises qui vont encore arriver, la situation risque de se détériorer.
MÉTHODE ANALYSER LES PROFILS Plusieurs groupes de travail internes se sont réunis régulièrement pour déterminer les grands axes à améliorer afin de proposer une politique de mobilité efficace et adaptée à chacun. L’entreprise s’est vite rendu compte qu’une seule solution n’était pas envisageable, mais qu’il fallait travailler sur plusieurs outils simultanément. Les profils étant différents, on ne peut pas proposer la même solution à un frontalier qu’à un junior luxembourgeois. Ils n’ont pas les mêmes besoins.
SOLUTION FLEXIBILITÉ ET COVOITURAGE Alors que les horaires de travail étaient fixes, de 9 h à 18 h, Deloitte a choisi, il y a un mois, d’élargir cette plage et de proposer aux collaborateurs de travailler entre 6 h et 22 h. Il reste bien sûr obligatoire de prester 40 h / semaine et de répondre aux attentes des clients. Dans le même temps, le covoiturage est encouragé grâce à la mise à disposition de places de parking moins chères pour ceux qui partagent leur véhicule. Enfin, Deloitte propose également aux travailleurs des trottinettes en leasing.
ROI PLUS D’ACCESSIBILITÉ
QG Le 20, boulevard de Kockelscheuer est la nouvelle adresse de Deloitte Luxembourg.
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PHOTO Nader Ghavami
L’entreprise a noté que les collaborateurs étaient très attachés à la mobilité et qu’ils étaient en demande de solutions pour se passer de la voiture. Celles apportées par Deloitte répondent aux attentes des travailleurs, mais cela reste insuffisant. L’entreprise déplore en effet la lenteur des travaux à la Cloche d’Or, le manque de sécurisation aux abords des P+R et le retard de construction du P+R Stade. Enfin, augmenter l’offre de parkings aux alentours des gares situées à la frontière inciterait les travailleurs à privilégier le train.
PRO ? PRIVÉ ? Finalement, vos besoins sont les mêmes !
Dans un monde où les activités professionnelles et privées ont tendance à se mêler, si possible dans l’instant, POST met tout en œuvre pour faciliter les échanges et développer la communication. Nos propositions -tant professionnelles que privées- s’enrichissent les unes avec les autres. Et répondent aux mêmes objectifs : rapidité, fluidité et efficacité. Désormais tout est lié. Nos clients ne font plus vraiment la différence entre le réseau, l’informatique et la sécurité. Si les très hauts débits et la fibre assurent un accès permanent aux données -y compris en mobilité- et le tout-IP une excellente qualité de voix fixe et mobile, les infrastructures ont désormais besoin de services de connectivité enrichie pour améliorer leur performance applicative, leur flexibilité et leur sécurité. Communiquer, être joignable, accéder à Internet, disposer d’un réseau d’entreprise informatique performant, travailler depuis la maison et accéder de façon sécurisée au réseau d’entreprise comme si l’on était au bureau : voilà la demande ! Avec ConnectedOffice, POST regroupe tous ces services sans que le client doive s’en occuper. Et, surtout, POST manage et gère l’infrastructure à distance. C’est une solution de gestion centralisée, qui plus est rapide à déployer. Avec BusinessEurope, POST propose une gamme de forfaits mobiles pour les professionnels comprenant des appels, des SMS et de l’Internet mobile au Luxembourg, en Europe, aux USA et même
de façon illimitée. Le principe est le même : rapidité, fluidité, efficacité. Différents « packs » sont proposés. Tout cela sans frais cachés : votre forfait mobile BusinessEurope est facturé à la seconde dès la première seconde et en KB dès le premier KB ! Et l’illimité ne contient aucune restriction, ni FUP ou autre baisse de vitesse.
DES FRONTIÈRES QUI S’ESTOMPENT Les offres de POST pour le domaine privé s’inscrivent dans la même logique, partant que les frontières entre les domaines professionnels et privés s’estompent. BAMBOO en est un bel exemple. BAMBOO ou la toute-puissance de la fibre pour obtenir le meilleur d’Internet et de la télévision. Surfez, partagez et téléchargez à une vitesse à couper le souffle ! Vous profitez de tous les services sans contrainte et sans baisse de qualité. La fibre c’est aussi le meilleur support pour une ligne fixe avec plus de services et de communications incluses au Luxembourg et vers 44 pays.
Aujourd’hui, les clients veulent se reconnaître dans leurs produits et services. C’est pourquoi POST propose, avec son offre mobile SCOUBIDO, 7 forfaits de mini à MAXI. Appels, SMS et Internet sont inclus et même en illimité, sans aucune restriction ni baisse de vitesse. Les volumes data sont à la hauteur des besoins du marché, disponibles en national, Europe, mais aussi USA, Canada et Chine. De quoi satisfaire la demande de chacun des clients. Chez POST, nous sommes persuadés que le futur des communications passera par la co-création. Nos clients, professionnels ou privés, mais aussi professionnels et privés, ont beaucoup à dire. Maîtrisant parfaitement la technologie, nous les aidons à définir les meilleures solutions répondant à leurs besoins. Plus d’info sur www.post.lu www.post.lu/business
ENTREPRISES
STÉPHANE OMNES, UN DPO À PART Dans le monde des garants de la sécurité des données, Stéphane Omnes est un data protection officer à part. Chez Post et ses 4.300 employés, les données concernent aussi bien des informations postales que financières ou de communication.
«
D
ans mes précédentes fonc tions, je n’étais jamais par venu à écrire cette politique en trois mois. » Devant l’audience réunie début mai à la Chambre de commerce pour les deux journées sur la protection des données, un an après l’entrée en vigueur du règlement européen sur la pro tection des données (RGPD), Stéphane Omnes s’amuse de ce challenge inédit. L’ancien responsable des systèmes de sécurité informatique du groupe Leroy Merlin est tombé dans la marmite de la protection des données depuis la fin des années 1990. Le Français n’imaginait probablement pas que son arrivée au Luxembourg le mettrait dans une situation si particulière : data protection officer du groupe Post, le Français doit verrouiller la confidentialité du premier employeur du pays (4.300 personnes), dont les activités vont du courrier aux télécoms, en passant par les services bancaires. « L’entrée en application du RGPD a davantage été vécue comme une évolution plutôt qu’une révolution. La culture de la protection des données de nos clients était déjà bien (secret des lettres, secret bancaire, régula
tion, télécom, sensibilisation à la sécurité de l’information, etc.). Avec le nouveau règlement, nous avons simplement forma lisé, harmonisé et mis à niveau ce que nous faisions déjà », nuance-t-il dans le rapport an nuel du groupe Post.
UN «DPO STEERING COMMITTEE»
Devant l’audience de la Chambre de commerce, il explique la création d’un « DPO steering committee », composé de huit personnes qui travaillent à temps partiel sur ce sujet, pour trois équivalents temps plein. Les services juridiques, techniques et les risk officers sont invités à assister à ces réunions. Se décrivant comme animateur de ce groupe, il rapporte au directeur général de Post – Claude Strasser – et rencontre le comité de stratégie et de risque tous les deux ou trois mois. « Nous avons fait un effort très important dans la formation de nos collaborateurs, explique-t-il, et dans l’outillage, pour aban donner Excel. Depuis 18 mois, nous avons un outil spécifique. Les règles d’entreprise sont pro posées sur tout le cycle de vie de la donnée et tout le monde doit se sentir concerné avec un niveau
Stéphane Omnes est dans une situation inédite : la protection des données va des services postaux aux télécoms en passant par les services bancaires.
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d’engagement gradué selon ses responsabilités. » 346 collaborateurs ont été formés l’an dernier, avec 970 heures de formation spécifique.
NE PAS TOMBER DANS LA PARANOÏA
Comme beaucoup de cadres de ce « nouveau » domaine, le DPO de Post appelle à ne pas « tomber dans la paranoïa ». « Dans notre entreprise, l’éthique est une marque de fabrique, surtout avec notre dimension de service public, et l’expérience du client doit res ter fluide. » Le défi est énorme : 1.270 documents de référence ont été consultés par plus de 700 utilisateurs uniques, 56 demandes traitées, le délai moyen de réponse est de 19 jours et deux dossiers ont fini en plaintes à la Com mission nationale pour la protection des données (CNPD). 89 traitements sont inscrits aux registres des traitements de données personnelles chez Post Luxembourg et Post Telecom. Le groupe fait partie des 25 sociétés que la CNPD a auditées dans sa première action à grande échelle depuis le lancement du RGPD le 25 mai dernier. « Nous attendons les résultats avec impatience et confiance », disait-il sur la scène de la Chambre de commerce. Son track record est impressionnant : 346 collaborateurs ont été formés aux enjeux du RGPD, soit 970 heures de formation sur 5.000 dispensées au total dans l’entreprise ; 19 études préliminaires d’analyse d’impact ont été réalisées ; 1.270 documents de référence sont consultés par plus de 700 utilisateurs uniques, 56 demandes d’exercice de droits ont été reçues en 2018 et une par mois depuis le début de l’année 2019, elles ont été traitées en 19 jours en moyenne et 100 % des demandeurs ont reçu une réponse, et deux dossiers ont fait l’objet d’une plainte auprès de la CNPD. M. Omnes évoque tour à tour les différentes couches de contrôle et de démarches itératives – le sujet sera récurrent et en perpétuel apprentissage –, comme ce référentiel de 25 points de contrôle sur neuf thématiques,
« L’éthique est une marque de fabrique, surtout avec notre dimension de service public, et l’expérience du client doit rester fluide. » Stéphane Omnes DPO de Post
ou l’outil d’auto-évaluation par QCM noté sur quatre niveaux de zéro à « je suis au top », entre autres initiatives. 100 % des thématiques seront contrôlées sur trois ans, avec la réalisation d’un audit du plan lui-même en 2020 par le comité d’audit. Comment est pensée la stratégie de Post ? En « Luxembourg first. L’idée est de limiter, voire d’inter dire l’externalisation de traite ment de nos données en dehors de l’Union européenne pour garantir un maximum de droits. »
LE RGPD, UNE OPPORTUNITÉ
« Plus nos clients auront confiance dans notre approche éthique, plus ils nous permettront d’exploiter leurs données, ajoute le Français dans le rapport annuel. L’opti misation de l’usage de ces don nées nous permettra de mieux connaître nos clients et de leur proposer des services plus perti nents et plus adaptés à leurs besoins. » Car Post a très clairement décidé de faire du RGPD une opportunité. Forte de deux chiffres de Capgemini : 39 % des clients dépensent et achètent davantage de produits des entreprises dont ils sont convaincus qu’elles protègent leurs données et 57 % des clients réduiront leurs dépenses s’ils apprennent qu’elles ne protègent pas assez leurs données personnelles. T. L.
PHOTO Post
PROTECTION DES DONNÉES
ProximIT breakfast, Venez profiter de notre expertise informatique autour d’un petit déjeuner lors duquel nous décrypterons pour vous des thématiques IT d’actualité ! Rendez-vous à partir de 8h30 - Le Pain et la Toque - Capellen LES DIFFÉRENTS TYPES DE CLOUD Mardi 24/09 Pourquoi se tourner vers le Cloud ? Quels modèles pour quel usage ? Les étapes de l’évolution…
IT & BREXIT Mardi 22/10 Quel impact au niveau de l’informatique ? Qui sera concerné ? Quid des data et des échanges…
PANORAMA DES COUCHES DE SÉCURITÉ Mardi 19/11 Qu’est-ce que la cybersécurité ? Les failles de sécurité fréquentes. Quelle priorité y accorder ? Par où commencer ?
SHADOW IT Mardi 17/12 Qu’est-ce qui se cache derrière ? Cauchemar ou opportunité pour l’entreprise ?...
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ENTREPRISES
besoin d’un soutien de la part des autorités publiques. À l’image des dispositions déployées dans l’industrie « lourde » avec des crédits d’impôt pour investissement. « Le UN BESOIN DE SOUTIEN À l’aise pour absorber une certaine crédit d’impôt pour investissement, croissance de ses équipes, Proximus dont les acteurs industriels Luxembourg a opté pour Bertrange peuvent bénéficier pour l’achat de Les équipes de Telindus et Tango sont désormais réunies également en raison de l’offre d’es- matériel, devrait être transposé à Bertrange. Depuis leur rapprochement, l’arrivée dans le nouveau paces de bureaux présents aux alen- dans notre secteur lorsque nous siège permet à leur groupe, Proximus, d’afficher ses ambitions. tours. La prudence est de mise tant investissons par exemple dans un arrivée dans un nouveau siège Gérard Hoff m ann. Nos usines sont le secteur de l’ICT continue à affi- data center, des réseaux télépho ’ est toujours un moment à part. nos data centers, mais ils sont dif cher une croissance en lien avec niques ou dans l’intelligence arti ficielle, estime Gérard Hoffmann. A fortiori lorsqu’elle permet de ficilement ‘exposables’. En regrouper deux entités, autrefois revanche, nos collaborateurs sont Ceci permettrait d’atténuer l’effet de la taille du marché sur le choix éclatées sur plusieurs sites. Depuis nos ambassadeurs. Nous devons technologique que j’évoquais pré l’annonce de la fusion de Telindus être fiers de les montrer. » cédemment en limitant la portée et de Tango en 2016, la découverte Il faut dire que le site s’y prête de l’investissement au début. » des bureaux de Bertrange par leurs plutôt bien, avec une large place collaborateurs est une étape-clé. laissée à l’ouverture et à la trans« Un sentiment de soulagement et parence par les jeux d’espaces BESOIN DE COMPÉTENCES de fierté, lance Gérard Hoffmann, communs et l’utilisation de cloiDans le même temps, Proximus CEO de Proximus Luxembourg. sons transparentes au maximum. Luxembourg va continuer de Nous étions à l’étroit dans nos recruter pour combler ses départs anciens locaux respectifs et nous et répondre aux besoins des recherchions un site qui corres clients. Avec 80 % de frontaliers ponde à la hauteur de nos ambi parmi ses équipes, le groupe ICT tions. Ce déménagement est aussi continue de trouver les profils adél’occasion de montrer que nous quats malgré la guerre et la rareté Sous la direction de Gérard Hoffmann, avons pignon sur rue et que nous des talents évoquées par d’autres Proximus Luxembourg ambitionne voulons rester un acteur majeur employeurs. « Nous ne sommes de garder une place parmi les sociétés innovantes de la Place. de notre secteur. » évidemment pas les seuls dans ce Depuis janvier dernier, les struccas, note Gérard Hoffmann. Les tures ne font plus qu’une, sous l’économie du pays et en fonction résidents choisissent moins les de son propre développement. branches techniques. C’est proba Proximus Luxembourg. L’action Gérard Hoffmann CEO, Proximus Luxembourg Dans ce marché toutefois concur- blement en partie lié au système naire belge et le management ont rentiel, le groupe ICT veut agir en éducatif, qui ne favorise pas for toutefois conservé les deux marques distinctes pour approcher « Nous avons misé sur un rappro tant que « société de services la plus cément les sciences. Mais nous leur marché respectif : le profession- chement des collaborateurs. Pour innovante et ainsi contribuer à réussissons tout de même à trou nel (institutionnels et entreprises) se voir, pour bien communiquer, l’apport de nouvelles technologies ver les profils dont nous avons pour Telindus et le B2C pour Tango. ajoute Gérard Hoffmann. Comme dans le secteur et sur le marché. besoin. Nous avons par exemple 670 personnes – hors externes – toutes les entreprises, nous souf Tango a été le premier opérateur embauché 45 personnes cette représentent désormais un groupe frons d’un trop grand usage de à lancer la 4G, Telindus fait de année. Nos marques, synonymes qui veut s’afficher comme tel. « C’est l’e-mail et des communications même dans ses activités », note de technologie, représentent un l’accomplissement d’une vision électroniques. Nous ne devons pas Gérard Hoffmann. Et les tests effec- attrait pour les candidats. » Parmi poursuivie depuis 15 ans, note oublier l’importance du contact tués en mai dernier en conditions les profils recherchés, le CEO cite réelles des premières connexions la cybersécurité comme domaine 5G dans les labos de Telindus par- évident, mais aussi les intégrateurs ticipent à cet état d’esprit. Une hardware et software. « Les profils manière aussi d’envoyer des signaux plus récemment recherchés sont aux autorités publiques. « Nous ceux de data scientist et autres aimerions, par ces tests, envoyer experts en intelligence artificielle un signal d’encouragement au gou et exploitation de données. » Car le futur sera dans la valeur vernement, à savoir qu’il procède rapidement à l’adaptation des fré ajoutée ou ne sera pas. Et Proximus quences et surtout à l’attribution entend bien apporter sa pierre à des autorisations d’exploitation, l’édifice d’un Luxembourg toujours souligne Gérard Hoffmann. On ne plus digital, en tirant profit ou en s’associant par exemple à des propeut plus attendre. » Car la taille du marché induit jets phares, comme le high perfor une certaine maîtrise du risque en mance computing (HPC) ou le cas d’introduction de nouvelles fameux data center potentiel de À Bertrange, le nouveau siège de Proximus Luxembourg accueille pour l’instant 670 collaborateurs. Le bâtiment est la propriété du gestionnaire d’actifs Fidelity. solutions technologiques. D’où le Google à Bissen. T. R. WORKSPACE
PROXIMUS RÉUNIT SES TROUPES SOUS UN MÊME TOIT
humain, même dans des métiers techniques et technologiques tels que les nôtres. »
L
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PHOTOS Nader Ghavami
« Ce déménagement est l’accomplissement d’une vision. »
ENTREPRISES
Euro-Compo sites débloque 160 millions Le groupe industriel EuroComposites a annoncé un programme d’investissement de 160 millions d’euros sur la période 2020-2030 à destination notamment du secteur spatial.
C
et investissement prouve que le domaine du spatial n’intéresse pas que les start-up, mais également les groupes industriels du pays », soulignait Étienne Schneider, le 12 juin dernier, au siège d’Euro-Composites à Echternach. Le groupe avait convié le ministre de l’Économie et père spirituel de l’initiative Spaceresources.lu à annoncer un programme d’investissement de 160 millions d’euros sur la période 2020-2030. Le découpage précis du montant n’était pas encore communiqué, mais il concernera notamm ent le secteur spatial, dans lequel Euro-Composites est déjà actif. « Ce montant permettra l’achat de nouvelles machines, une extension de nos locaux, mais éga lement d’investir dans la R & D », déclarait Rolf Alter, président et CEO d’Euro-Composites.
LE SPATIAL, UN MARCHÉ DE NICHE
Euro-Composites est spécialisé dans la production de matériaux composites avancés, mis en forme et/ou usinés, comme des panneaux sandwichs, des laminés ou des nids d’abeilles, pour le secteur de l’aéronautique, du ferroviaire, ou encore de la défense. « Et nous nous développons dans le secteur de l’aérospatial », confirmait Willy Wintgens, vice-président évoluant au sein du pôle Recherche et Déve loppement (R&D) du groupe. Euro-Composites fabrique, par exemple, des pièces pour les panneaux solaires des satellites ou des pièces pour des robots. Des pré-assemblages sont également réalisés pour des clients comme l’Agence spatiale européenne. « Le spatial reste pour le moment un marché de niche, ajoutait Willy 40 —
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Pour l’entrepreneur, le Luxem bourg constitue en effet un terrain de jeu idéal en raison du grand nombre de projets immobiliers en cours ou à venir. À UN CA DE 176 MILLIONS D’EUROS condition de trouver les talents Le groupe, présent au Luxembourg nécessaires. « Nous avons été depuis 1984, emploie aujourd’hui capables de convaincre rapide 850 personnes au sein de sa maiment des développeurs immobi son mère d’Echternach, sur une liers, mais il reste difficile de surface de 76.000 m2 – pour un trouver des développeurs infor effectif total de 1.100 personnes –, matiques. C’est probablement et a réalisé en 2018 un chiffre d’afune des plus grandes difficultés faires de 176 millions d’euros. au Luxembourg. Nous devons À l’occasion de la conférence travailler avec des spécialistes de presse officialisant l’investissement, l’entreprise, le gouverbasés dans d’autres zones géo graphiques », confiait Yannick nement, la Ville d’Echternach et Bontinckx après avoir reçu son prix, sous le regard ému et admiENTREPRENEURIAT ratif de ses parents et de sa compagne. Après la Belgique et le Luxembourg, la jeune société veut d’ores et déjà s’attaquer à de nouveaux marchés. À noter que le jury a offert son « c oup de cœur » en attribuant un Yannick Bontinckx a remporté le 13e prix Creative Young prix spécial à Flavia Carbonetti. DesEntrepreneur Luxembourg de JCI pour sa plate-forme en ligne sinatrice de mode, elle a lancé en de communication dédiée au secteur immobilier. mars 2018 la marque E infühlung, ancé par JCI Luxembourg à fondé Fox Drinks Luxembourg et une marque de mode unisexe dont une époque où les remises de la bien connue Fox Beer, une les vêtements sont pensés au prix du genre ne faisaient pas bière sans sucre et faible en calo- Luxembourg et fabriqués en Italie encore florès, le Creative Young ries. Une recette déployée désor- avec des matériaux durables. T. R. Entrepreneur Luxembourg mais autour du crémant avant (Cyel) a évolué depuis quelques d’autres créations. La cérémonie éditions pour mettre le focus sur de remise de prix organisée à la les start-up. Les projets techno- Chambre de commerce le 6 juin PRÉSENTÉES PAR logiques sont ainsi très bien a aussi mis en avant Patrick représentés parmi les préten- Malget et son outil Taxx.lu. dants au titre. L’ancien professeur en économie Le troisième prix du Cyel 2019 promet « ta déclaration d’impôts est revenu à Pierre Beck et en 15 minutes ! ». Marie Romero, 43 ans, Quant au grand gagnant, il Catherine Hoffmann. Le couple, a rejoint le cabinet dans les affaires et dans la vie, a s’agit de Yannick Bontinckx d’avocats Luther au Luxembourg en tant que (31 ans). Originaire de Gand, en Belgique, il a cofondé la plate- senior associate pour renforcer le département Dispute resolution. Elle forme Ziggu. Elle propose aux assistera les clients dans les litiges promoteurs immobiliers et à civils, commerciaux et administratifs. leurs clients de centraliser et ÉTUDE D’AVOCATS maîtriser les flux de communiHedwige Nicolas a cation et d’échange de docu27 ans et elle est project officer chez Alipa Group. ments qui concernent un projet Diplômée d’un bachelier immobilier. Ziggu permet aussi en communication de l’ISFSC d’échanger en temps réel sur à Bruxelles, elle rejoint le groupe l’avancée du chantier. Des idées Alipa en 2018. nées en Belgique et que Yannick BANQUES, FONDS D’INVESTISSEMENT ET SERVICES AUX FONDS Bontinckx et ses associés cofondateurs ont exportées de l’autre SERVICES AUX ENTREPRISES FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES côté de la frontière à la faveur PLACE PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ du programme Fit4Start de Lauréat Yannick Bontinck, cofon Luxinnovation et d’un marché dateur de Ziggu a séduit le jury immobilier luxembourgeois Créez ou actualisez votre biographie avec sa plateforme en ligne Ziggu. sur guide.paperjam.lu. dynamique. Wintgens, mais il nécessite de nombreux développements dans les nouvelles technologies. »
la SNCI (Société nationale de crédit et d’investissement) ont signé une convention de collaboration. « Nous intervenons dans le cadre de cet investissement avec des prêts ou des aides, expliquait Patrick Nickels, président de la SNCI. L’idée est d’accompagner le développement de l’entreprise », complétait Étienne Schneider. Dans le cadre du programme d’investissement sur 10 ans, une centaine de postes devrait être créée. Euro-Composites avait déjà annoncé en 2016 un investissement conséquent de 61 millions d’euros. I. S.
YANNICK BONTINCKX, JEUNE, ENTREPRENEUR ET RÉCOMPENSÉ
L
carrières
PHOTOS Matic Zorman, Luther, Alipa Group
INDUSTRIE 4.0
BRAND VOICE
L’histoire d’un siècle CONTENU SPONSORISÉ PAR BGL BNP PARIBAS
BGL BNP Paribas célèbre ses 100 ans d’activité en 2019. L’occasion de revenir sur 10 dates qui ont fait l’histoire de cette banque luxembourgeoise, avec Etienne Reuter, Président du Conseil d’administration.
VOLONTÉ DE RECONSTRUCTION UNE FIDÉLITÉ RÉCOMPENSÉE Les collaborateurs se voient offrir des actions à l’occasion des 40 ans de la banque.
La guerre n’aura pas eu raison de la BGL. Au 31 décembre 1947, le total du bilan dépasse pour la première fois le milliard de francs.
1960
1950
INNOVATIONS TECHNIQUES ET INFORMATIQUES Le 1er octobre 1968, le premier distributeur automatique de billets fait son apparition à l’agence Gare de la BGL.
AU CŒUR DE LA CRISE SIDÉRURGIQUE Lorsque frappe la crise, la BGL est aux avant-postes pour le sauvetage de ce secteur économique stratégique.
1970
1980
INSTALLATION AU KIRCHBERG
EXPANSION DU PERSONNEL
Le Luxembourg s’impose comme une place financière forte. La BGL installe son siège social dans le quartier d’affaires du Kirchberg.
La banque compte plus de 1.000 collaborateurs. Les représentants du personnel entrent au Conseil d’administration.
1990
LA BGL DEVIENT BGL BNP PARIBAS
L’HISTOIRE CONTINUE…
Au sortir de la crise financière, la BGL intègre BNP Paribas, l’un des premiers groupes bancaires de la Zone Euro.
Elle fait l’acquisition de la banque néerlandaise ABN Amro Luxembourg, et renforce ses positions-clés sur les marchés de la banque privée et de l’assurance.
2010
2012
CRÉATION DU LUX FUTURE LAB
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L’innovation fait partie intégrante de l’ADN de BGL BNP Paribas. La banque soutient ceux qui font l’économie de demain.
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2018
BRAND VOICE
3 QUESTIONS À ETIENNE REUTER
Cette création résulte d’initiatives croisées entre la Société Générale de Belgique et deux avocats luxembourgeois : Alphonse Weicker et Léandre Lacroix.
1919
EXPANSION ET CROISSANCE La BGL devient une société anonyme de droit luxembourgeois.
1940
1930
CÉLÉBRATION DES 100 ANS
Quels ont été les moments forts de ce siècle ? Ces moments sont nombreux, j’en retiendrai 3. En premier lieu, c’est le contexte historique dans lequel émerge la BGL. L’économie était dans une phase de mutation nécessaire. L’initiative commune de nos fondateurs Alphonse Weicker et Léandre Lacroix, ensemble avec la Société Générale de Belgique, marque cette volonté de repartir sur de nouvelles bases. Puis, la période qui suit le second conflit mondial est également un moment fort, durant lequel la banque a connu de belles années de prospérité. Enfin, je pense à ces jours de grandes difficultés, fin septembre 2008, lorsque la crise financière mondiale a éclaté. Quels sont les enjeux pour BGL BNP Paribas dans les 100 années à venir ? BGL BNP Paribas se tient prête à affronter les grands enjeux socio-économiques de demain. Je pense notamment à la transformation digitale et à la transition énergétique. Notre mission sera de fournir à nos clients des solutions financières adaptées à ces défis. Etienne Reuter Président du Conseil d’administration de BGL BNP Paribas
2019
Fernand Etgen (Président de la Chambre des députés), Xavier Bettel (Premier ministre), S.A.R. le Grand-Duc Henri, Etienne Reuter (Président du Conseil d’administration de BGL BNP Paribas), Jean-Laurent Bonnafé (Administrateur Directeur Général de BNP Paribas) et Geoffroy Bazin (Président du Comité exécutif de BGL BNP Paribas)
Pour en savoir p lus sur notr e histoir e, consult ez : www.bg l.lu
Mois 2018 —
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PHOTOS BGL BNP Paribas, AP, Marcel Schroeder et Tony Krier (Photothèque de la Ville de Luxembourg), Lux Future Lab, Maison Moderne (Patricia Pitsch)
La BGL a 100 ans, quel est votre ressenti ? C’est tout d’abord un sentiment de reconnaissance. Si nous pouvons fêter ce centenaire aujourd’hui, c’est grâce à toutes celles et ceux qui y ont contribué, à savoir les fondateurs, les clients, le personnel et les équipes dirigeantes. J’aimerais aussi exprimer une reconnaissance toute particulière envers les responsables du gouvernement qui, il y a 10 ans, ont permis à la BGL de survivre à une crise existentielle.
CRÉATION DE LA BANQUE GÉNÉRALE DU LUXEMBOURG
PLACE FINANCIÈRE
place financière DIGEST Anniversaires Plusieurs groupes bancaires ont fêté en juin leur présence au GrandDuché. BGL BNP Paribas a célébré son centenaire le 17 juin 2019 dans les jardins de la banque. Le 13 juin, Bank of China Luxembourg a, quant à elle, soufflé ses 40 bougies au Grand Théâtre. La veille, c’est la banque russe EWUB (East-West United Bank) qui a célébré ses 45 ans au Luxembourg. Luxflag Novethic a publié, le 11 juin, son premier panorama des labellisations, ESG ou vertes, d’actifs financiers en Europe. Luxflag représente un tiers des neuf labels existants. De quoi réjouir Sachin Vankalas, nommé le 1er juin directeur général de Luxflag. Selon Novethic, les 414 fonds européens labellisés représentent 94 milliards d’euros d’encours, soit moins de 1% des encours de la gestion européenne. Nouvelle présidente L’Alfi a élu Corinne Lamesch au poste de présidente pour un mandat de deux ans, lors de son assemblée générale du 19 juin. Elle succède à Denise Voss, qui a effectué deux mandats. Ses trois priorités : la finance durable, l’épargne retraite et la croissance des fonds alternatifs. KBL epb Le groupe luxembourgeois KBL epb a
annoncé, fin mai, la nomination du Suisse Jürg Zeltner en tant que group CEO et membre du conseil d’admini stration. Il vient au Luxembourg accompagné de Jakob Stott, vice-président d’UBS Wealth Management, qui devient CEO Wealth Management et membre du comité exécutif de KBL epb. Peter Vandekerckhove, qui occupait la fonction depuis janvier 2018, partira à la retraite à la fin de cette année. Plan social HSBC Private Bank Luxembourg a acté la suppression de 32 emplois avec les syndicats le 14 juin. La banque souhaite réorienter sa stratégie commerciale et externaliser certaines tâches vers d’autres entités du groupe HSBC. Selon la banque, les coupes seront limitées à la banque privée. Les syndicats déplorent le fait que « les travail leurs fassent une nou velle fois les frais de la course effrénée au profit ». Quilvest Quilvest SA a annoncé le 18 juin la nomination d’Adrien de Boisanger en tant que président de la holding financière basée au Luxembourg. Il succède à Christian Baillet, dont les fonctions ont cessé en décembre 2018. La société est présente dans 10 pays et dispose de 36 milliards de dollars d’actifs sous gestion.
À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
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ÉTUDE MONTEREY INSIGHT
Les fonds alternatifs résistent Monterey Insight a récemment sorti son étude annuelle sur l’écosystème des fonds d’investissement au Luxembourg, marquée par une montée en puissance de l’américain State Street.
administration de fonds
En milliards d’euros (au 31 décembre 2018)
bnp paribas
State Street 810,38 €
264,4 €
j.p. morgan bank 593,22 €
bny mellon
brown brothers harriman
302,3 €
223,04 € State Street reste un solide leader dans l’administration de fonds.
À
fin avril 2019, l’industrie luxembourgeoise des fonds d’investissement gérait 4.404,6 milliards d’euros d’actifs. Un record absolu qui marque surtout le retour aux jours fastes, après une année 2018 qui a connu d’importantes périodes de turbulences. « Effectivement, d’après nos ana lyses, l’exercice 2018 a été marqué par de bonnes et de moins bonnes nouvelles », convient Karine Pacary, directrice de Monterey Insight. Basé à Londres, ce centre de recherche sur les fonds d’investissement publie chaque année une étude sur ce secteur toujours relativement discret au niveau du Luxembourg. Il fait de même pour l’Irlande, Jersey, Guernesey et, depuis un an, pour le Royaume-Uni. À la mi-juin, il a dévoilé les résultats de sa 25e étude sur le Grand-
Duché, la 9e depuis qu’il a quitté le périmètre de Thomson-Reuter pour voler de ses propres ailes. Le premier enseignement de l’étude est la montée en puissance de la banque américaine State Street au cours de l’année 2018 face à son opposant traditionnel, J.P. Morgan Bank. Dans ce combat des chefs, State Street, déjà en tête l’an dernier dans le secteur de l’administration de fonds, a dépassé son principal concurrent dans le secteur des banques dépositaires. Et, selon les nouveaux classements de Monterey Insight, associé à IFDS, State Street s’impose aussi dans le classement des agents de transfert, prenant cette fois le dessus sur RBC Investor Services Bank et sur... J.P. Morgan, déjà troisième l’an dernier dans cette catégorie. Ceci dit, le groupe
PLACE FINANCIÈRE À LIRE
SOURCE Monterey Insight, 2018 PHOTO Odile Jacob
financier new-yorkais garde sa prédominance dans le club des promoteurs de fonds, devant DWS International (Deutsche Bank) et Amundi, et dans la catégorie des gestionnaires de fonds devant les deux mêmes challengers. « Dif ficile de dire comment les posi tions évolueront à l’avenir entre ces deux géants, note la responsable de Monterey Insight. Leur évolution dépendra surtout des acquisitions qu’ils feront. »
liards d’euros et des Fis qui grimpent de 5 % à 539 milliards. Sur l’année 2018, les fonds alternatifs ont globalement mieux performé que les Ucits, comme on le voit. La catégorie, nettement moins importante en volume, a progressé alors que les Ucits ont reculé. Et, dans ce succès, la meilleure performance est à mettre au compte des Fiar (fonds d’investissement alternatifs réservés). Lancés commercialement en 2016, ils ont connu un LES FIAR EN FORCE succès rapide. Sur l’année 2018, En termes de produits, l’étude la croissance des nouveaux enremontre que 2018 a soufflé le chaud gistrements est de 169 % en un an et le froid. « Les fonds Ucits ont à alors que les actifs ont gonflé de nouveau été très populaires au 158 %. « Il y a certainement eu des niveau des lancements et des enre transferts de fonds Ucits vers des gistrements, mais la valeur totale Fiar, mais leur progression reste des actifs s’est affichée en baisse », impressionnante », observe note Karine Pacary. Elle pointe Karine Pacary. aussi que les nouveaux fonds créés l’an dernier ont été de plus petite POUSSÉE DES FUSIONS taille. En 2018, les cinq premiers L’étude de Monterey passe au produits ont atteint une taille glo- scanner le secteur des fonds bale de 2,7 milliards d’euros contre luxembourgeois de manière très 7,6 milliards un an plus tôt. large. Dans le domaine de l’audit Au niveau de la croissance des fonds, elle montre ainsi que organique des produits existants, PwC domine largement le marl’étude travaille par échantillon. ché avec 6.385 fonds parmi ses Sur les 20 plus grands produits clients. C’est le double de KPMG qui ont connu des pertes, le total (3.076), son principal challenger. des moins-values atteint 212 mil- Le cabinet Arendt & Medernach liards d’euros. Pour les 20 pro- arrive, lui, en première place duits qui ont le mieux performé, parmi les conseillers juridiques le total des bénéfices atteint 149 avec 4.285 fonds clients. Il est milliards. « On voit donc que les suivi par Elvinger Hoss Prussen pertes dans ces échantillons sont (3.511), Linklaters (858) et Allen supérieures aux bénéfices, comp- & Overy (604). Enfin, parmi les grandes tabilise la directrice générale de Monterey Insight. Et, autre point observations faites par le centre significatif, l’échantillon des de recherche londonien, il faut fonds en perte ne compte que des encore pointer l’importance des Ucits alors que celui des grands opérations de fusion et acquisifonds en bénéfice compte aussi tion. « Nous en avons répertorié bien des Ucits que des Sicar (socié- une vingtaine l’an dernier, con tés d’investissement en capital à firme Karine Pacary. C’est nette risque, ndlr) et des Fis (fonds d’in- ment plus important que les vestissement spécialisés, ndlr). » autres années et ces opérations Parmi les succès de l’année, ont autant concerné les banques l’étude pointe la progression des dépositaires que les agents de Sicar, qui gagnent 12 % pour transfert ou l’administration de atteindre un total de 54,2 mil- fonds. » J.-M. L. Banques dépositaires En milliards d’euros (au 31 décembre 2017)
1 JP Morgan Bank 2 State Street 3 BNY Mellon 4 Brown Brothers Harriman (BBH) 5 BNP Paribas
838,4 829,5 366,3 359,7 358,6
DES PISTES POUR UNE FINANCE SAINE
L
auteur Patrick Artus éditeur Odile Jacob date de publication mai 2019
a globalisation de l’économie réelle se dégonfle. Après avoir cherché les pays les moins chers pour assurer la production de masse, les multinationales font aujourd’hui le choix de revenir sur les marchés où sont leurs consommateurs. Mais la finance prend le relais. Elle grossit et elle se mondialise rapidement comme le souligne Patrick Artus, professeur associé à l’École d’économie de Paris et chef économiste de la banque Natixis. Au niveau des pays, tout le monde prête à tout le monde et s’endette auprès de tout le monde. En 30 ans, la taille de l’endettement mondial est passée de 280 % à 430 % du PIB mondial. Aujourd’hui, pointe l’économiste, la finance mondiale pèse 400.000 milliards de dollars pour un PIB mondial de 90.000 milliards de dollars. Les crises économiques ont donc cédé la place aux crises financières qui, depuis la fin des années 1990, se succèdent à un rythme très rapide. L’hypertrophie de la finance en serait la cause majeure. Dans les économies émergentes, elles sont liées à la taille croissante des flux de capitaux ainsi qu’à leur volatilité ; dans les pays de l’OCDE, c’est l’accroissement des dettes et des prix des actifs, notamment immobiliers, qui enraient la mécanique. Au terme de ces différents constats, Patrick Artus s’interroge sur les solutions aptes à « discipliner la finance » et donc, à éviter les crises. Admettant que toutes les propositions seront difficiles à mettre en place, il propose quatre pistes : faire sortir les banques centrales des politiques monétaires très expansionnistes dans les périodes de croissance économique ; rétablir le contrôle des capitaux ; pénaliser, financièrement et fiscalement, les actifs et instruments financiers liquides ; et enfin, pousser les États-Unis à abandonner leur politique de déficit extérieur, qu’ils pratiquent depuis 50 ans. Un équilibre extrêmement fragile. J.-M. L.
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PLACE FINANCIÈRE B U Z Z WO R D
PAIEMENT
APPLE PAY DÉMARRE FORT
Quinze jours après son arrivée au Luxembourg, Apple Pay affole les compteurs de BGL BNP Paribas : plus de 1.000 transactions par jour, 100 % de croissance par semaine, de nouveaux clients.
B
GL BNP Paribas a réussi un joli coup de marketing : le 21 mai, la banque a été la première à proposer Apple Pay à ses clients. « C’était important pour nous d’être les premiers, explique le directeur Marketing et Stratégie pour la banque de détail et des entreprises, Corentin Dubucq. Cela s’inscrit dans notre logique d’in novation, au même titre que le lan cement de Genius, notre assistant personnalisé présenté en mars, et d’autres services que nous allons lancer dans les mois qui viennent. » La banque, qui aura 100 ans le 19 septembre, a enregistré 1.000 transactions par jour avant la mi-juin, en augmentation de 100 % d’une semaine à l’autre. « Notre objectif est de convertir 20 % de nos clients qui utilisent déjà notre application. »
UN CONTEXTE FAVORABLE
Apple Pay, une révolution en faceà-face ? Si l’on regarde objectivement la situation d’un client, ce n’est pas si flagrant : d’un côté, il faut sortir sa carte de crédit, la passer sur le terminal sans contact, faire quatre chiffres et valider ; de l’autre, il faut sortir son téléphone, le passer sur le terminal sans contact et valider son identité avec son empreinte digitale ou avec la reconnaissance faciale sur son smartphone. Plus sûr ? Probablement, puis que plus personne ne peut discrètement regarder le code que compose le client. L’intérêt est tout autre quand il s’agit de payer une transaction dans une application ou sur un site internet, avec un simple doigt posé sur le détecteur d’empreinte. Mais surtout, au Luxembourg, avoir le dernier iPhone, c’est être tendance. Selon des statistiques, la part de marché de la marque à la pomme se situe entre 55 et 60 %, un record en Europe, à placer dans un contexte international de recul des 46 —
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ventes et de perte de 30 points de parts de marché pour l’Américain. Pouvoir payer avec son téléphone relève même de la « fashion attitude » parce qu’on a son téléphone en main, et pas sa carte de crédit. D’un autre côté, le Luxembourg est un hub du paiement électronique, ce qui se matérialise par la présence de grands acteurs : PayPal depuis 2007, mais aussi Alipay, Rakuten, Amazon Pay, Payconiq, PingPong, Six Payment Services, Mercedes Pay, Volkswagen Payments, ou encore Mangopay. Ouverts au changement, 90 % des commerçants sont équipés de terminaux de paiement sans contact. Le chiffre arrivera à 100 % avant 2023, pronostique Mastercard, qui a déjà rendu, depuis avril, 100 % de ses cartes compatibles avec la technologie sans contact.
UN MARCHÉ À 300 MILLIARDS
Les trois fournisseurs de smartphones qui ont leur solution – Apple, Samsung et Google – entendent gagner d’ici l’an prochain 450 millions de clients, qui dépenseront 300 milliards de dollars par leur intermédiaire. Apple veut en avoir conquis un sur deux ! « Certains commerçants sont surpris quand un client approche son smartphone de leur terminal... puis rassurés de voir le ticket sor tir, ce qui indique que la transac tion a bien eu lieu », explique le directeur du marketing et de la stratégie de la banque. Qui paie ? « La banque, qui cède un pourcentage de sa commission », dit M. Dubucq. Combien ? Mystère, mais les rares chiffres qui existent vont de 5 centimes d’euro pour 50 euros d’achat au lancement de la solution en France en 2016 à 0,2 % du montant de la transaction, en mars dernier en Slovaquie. Apple lancera bientôt sa propre carte de crédit : sans commission, avec 3 % de cash back chaque jour et en titanium. Le retour « à la réalité ». T. L.
Produit dérivé
[pʁɔdɥi deʁive] expression De garanties pour les denrées agricoles, les produits dérivés sont devenus des outils spéculatifs brassant des sommes colossales.
T
out le monde n’a pas le même appétit du risque. Un agriculteur qui se lance dans une récolte au printemps aimerait savoir rapidement le prix qu’il pourra en tirer pour garantir ses rentrées et ses avances. Heureusement pour lui, certains aiment le danger et les bénéfices qu’il peut procurer. C’est ainsi que sont nés les « contrats à terme », avec la création de la première bourse à Chicago (CBOT) pour ces produits en 1848. À partir de cette date, un agriculteur a pu vendre sa récolte à un investisseur plusieurs mois avant la moisson grâce à un contrat à terme. L’avantage pour lui est d’obtenir un prix garanti. L’investisseur, de son côté, fait le pari que la valeur de la récolte sera supérieure au prix d’achat. En plus, comme il ne paie qu’après réception, il n’immobilise pas de fortes sommes et bénéficie donc d’un effet de levier : il peut investir son argent dans d’autres contrats ou types d’investissements. Selon la définition générale, un produit dérivé est un produit financier dont la valeur dépend de l’actif sous-jacent. Au départ, cet actif sous-jacent était surtout composé de matières premières agricoles. Par la suite, les entrepreneurs ont voulu s’assurer contre la fluctuation des devises pour des achats conséquents, comme ceux, par exemple, en pétrole pour une compagnie aérienne. Les produits dérivés, qui peuvent prendre le nom de swap, de future, de forward, sont devenus des produits hautement spéculatifs, comme l’a prouvé l’affaire Jérôme Kerviel / Société Générale en 2008. Aujourd’hui, on estime que l’ensemble des produits dérivés, dont les actifs sous-jacents concernent des obligations, des actions, des indices, des devises ou des matières premières, représente un marché d’un million de milliards de dollars. Des sommes hallucinantes et qui restent relativement peu contrôlables. La porte ouverte, donc, à de nouvelles crises financières mondiales.
PLACE FINANCIÈRE P I C T U R E R E P O RT
BANK OF CHINA DEPUIS 40 ANS Bank of China a fêté quatre décennies d’activité au Luxembourg, et donc en Europe. Son action de pionnière a permis de tisser, plus tard, un véritable réseau de relations financières entre les deux pays.
L’
année 1979 a marqué le véritable début des relations économiques entre le Luxembourg et la Chine. Six ans après l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays et l’envoi d’une première mission économique (1973), une autre a pris le chemin de l’Orient début 1979, tandis que, fin septembre, c’est le couple grand-ducal qui se rendait en République populaire de Chine. Entre ces deux visites, en mai 1979, Bank of China s’établissait officiellement au Luxembourg. Quarante ans plus tard, Bank of China est toujours solidement implantée au cœur de la capitale, boulevard Prince Henri, et a célébré la longévité de sa présence le 12 juin dernier au Grand Théâtre de Luxembourg par une représentation de l’opéra de Pékin. Si aujourd’hui la banque a été rejointe par six autres, pendant longtemps elle a été le seul pilier de l’empire du Milieu au Luxem bourg. Un pilier qui joue le rôle de hub européen et a étendu son activité à partir du Grand-Duché vers la Belgique, les Pays-Bas, la Pologne, la Suède et le Portugal, où des filiales ont été établies. Depuis 2013, les deux unités luxembourgeoises, Bank of China Limited Luxembourg Branch et Bank of China (Luxembourg), sont dirigées par Lihong Zhou, également présidente du conseil d’administration de la seconde entité depuis septembre 2018. Au Luxem bourg depuis 2005 en tant que directrice générale adjointe pendant huit ans, elle a fait grandir une équipe de 270 personnes de 20 nationalités différentes. Dans les relations intenses tissées entre le Luxembourg et la Chine, la longue présence de Bank of China et celle de ICBC – arrivée en 1999 – font un peu exception. C’est juste avant la grande crise financière de 2008 que le Luxem
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bourg a perçu l’opportunité chinoise. « La Chine lançait sa politique d’ouverture. Elle entrouvrait la porte des marchés de capitaux et poussait ses banques et entreprises à sortir des frontières », explique Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance (LFF). La première mission des banques chinoises à l’étranger consistait à apporter un appui financier aux entreprises du pays qui s’installaient en Europe. Et pour le patron de LFF, la mission aujourd’hui est de les aider à développer leurs activités, notamment en proposant des produits aux clients locaux, ce qu’elles ont encore assez peu pratiqué. Mais Nicolas Mackel note aussi que, si la présence de sept banques chinoises au Luxembourg est un solide point d’ancrage, la relation bilatérale est nettement plus étendue. Parmi les autres réalisations, il cite le travail de la Bourse de Luxembourg, qui a été la première bourse non chinoise à lister des emprunts obligataires en renminbi – les Dim Sum bonds –, dont elle est devenue le leader mondial avec une part de marché de 27 %. L’institution financière a aussi créé des relations stratégiques avec les grandes Bourses de Shanghai et Shenzhen, sur le marché des obligations vertes, dont le Luxembourg est également le leader mondial. « Nous avons aussi construit une relation extrêmement forte dans le monde des fonds d’inves tissement lorsque les autorités chinoises ont ouvert les marchés des capitaux il y a 10 ans », observe encore Nicolas Mackel. Le Luxembourg est même devenu le champion du monde des fonds qui investissent dans les marchés de capitaux chinois, avec une part de marché de 28 %. Le résultat de relations entretenues sur le long terme. J.-M. L.
FINTECH AWARDS 2019 date 19 juin 2019 lieu KPMG Plage
Les lauréats de cette quatrième édition et les membres du jury : Tom Théobald (ministère des Finances), Pascal Denis (KPMG), Ghela Boskovich (Rainmaking Innovation), Luc Frieden (Chambre de commerce), Nasir Zubairi (Lhoft), Frederic Becker (ministère de l’Économie), Cristina Ferreira (State Street), Shehzad Lokhandwalla (OKO), Robert Levine (Uniken), Simon Schwall (OKO) et Mathieu Cottin (Tokeny).
Marc Hansen, ministre délégué à la Digitalisation, est venu partager les priorités du gouvernement pour les fintech.
La quatrième édition des Fintech Awards a eu lieu au siège de KPMG, co-organisateur de l’événement avec la Lhoft. Les 10 start-up finalistes ont pitché à tour de rôle, et la remise des prix s’est faite à la plage de KPMG, qui avait pour thème l’Amérique latine.
À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
PHOTOS Anthony Dehez
ANNIVERSAIRE
PLACE FINANCIÈRE
LES CARTES SUISSES DE LA BIL
DIRECTION LA SUISSE
UN MARIAGE ÉVIDENT
En janvier 2015, la Banque internationale à Luxembourg a signé un accord avec le groupe luxembourgeois KBL epb pour la reprise cteur historique de la Place tête de Bil Suisse depuis cinq ans. de sa filiale suisse. Les deux luxembourgeoise, la Banque En tant que responsable d’une groupes étant à l’époque internationale à Luxembourg banque étrangère, il maîtrise le contrôlés par le même action(Bil) est assez peu présente hors niveau de concurrence qui existe naire, le groupe qatari Precision des frontières. Elle dispose cepen- dans le pays, mais ne s’en émeut Capital, l’opération a pu se dant d’une importante filiale en pas. « Il y a toujours eu des ban concrétiser rapidement. En Suisse, Bil Suisse, créée il y a trois ques étrangères en Suisse. La novembre de la même année, décennies pour répondre aux exi- compétition est sévère, mais si la fusion en terre helvétique gences des clients qui souhai- vous avez du personnel qualifié était donc officielle. taient pouvoir développer une et une offre de service qui tient « L’opération a permis à Bil partie de leurs avoirs dans le la route, vous pouvez réussir. » Suisse d’atteindre une taille pays. « L’évolution de la transpa plus importante », observe rence fiscale et les importants UNE GRANDE COMPLÉMENTARITÉ Thierry de Loriol. Elle a permis changements réglementaires ont Pour son entité, il pointe donc d’intégrer la succursale de considérablement modifié le l’avantage d’être rattaché à une KBL à Lugano, où elle n’était contexte, mais une grande part grande banque luxembour pas présente, et d’obtenir une de notre clientèle reste attachée geoise et de pouvoir travailler de place de poids à Genève, où à l’idée de placer une partie de manière intégrée. « Nous avons KBL Suisse avait son siège. ses biens en Suisse », explique développé une grande complé La Bil, par contre, n’y était que Thierry de Loriol, CEO de Bil mentarité entre les offres com faiblement présente. Dans un Suisse. Et à celle-ci se sont ajou- merciales des deux entités, communiqué, lors de l’officialitées les grandes fortunes extra- explique M. de Loriol. Aux clients sation du rachat, la direction européennes qui voient aussi la qui veulent diversifier le risque, de la Bil expliquait qu’il était Suisse comme un havre de paix, nous pouvons proposer deux « crucial pour la croissance un pays neutre et un centre de centres de conservation de leur des activités de banque privée compétences en banque privée. argent. Quant aux clients de Bil de la Bil en Europe et au Aujourd’hui, la filiale basée à Suisse, ils peuvent par exemple Moyen-Orient de disposer Zurich gère environ 4 milliards bénéficier d’un crédit via Bil d’une présence solide de francs suisses d’actifs (3,5 mil- Luxembourg pour financer une en Suisse ». Présente à Zurich depuis 30 ans, Bil Suisse crée de plus en plus de passerelles avec sa maison mère luxembourgeoise pour offrir de la plus-value à ses clients.
A
liards d’euros). Citoyen suisse opérant dans la banque privée au niveau national depuis 20 ans après avoir navigué 15 ans dans la banque d’af faires entre Londres, Francfort et Tokyo, Thierry de Loriol est à la
résidence secondaire sur le ter ritoire de l’Union européenne. » Implantée sur la Beethoven strasse, au cœur de la ville de Zurich, Bil Suisse emploie environ 125 personnes, dont une partie à Genève et Lugano, les deux
autres grands centres financiers du pays. Un développement géographique qui permet de miser sur des types de clientèle différents. « C’est important parce que les grandes fortunes étran gères, qui représentent la grande majorité de notre clientèle, ont des affinités traditionnelles avec une ville plutôt que l’autre, selon leur origine. » Il explique ainsi que les riches familles du MoyenOrient ont toujours une préférence pour Genève, où elles aiment installer leurs quartiers d’été. Zurich attire plutôt la clientèle fortunée des pays de l’Est, par son côté germanique, ainsi que la clientèle des pays émergents, notamment chinoise.
DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS
Thierry de Loriol, CEO de Bil Suisse, souligne l’intérêt de travailler en Suisse avec une maison mère luxembourgeoise.
Thierry de Loriol voit donc dans l’arrivée de l’actionnaire chinois
Legend Holdings dans le capital de la Bil – il détient 90 % depuis juillet 2018 – une réelle opportunité pour sa filiale. Le groupe bancaire luxembourgeois s’est donné comme nouvel objectif de développer la clientèle internationale chinoise, et la Suisse sera un axe essentiel. « Nous adaptons progressivement notre offre à ce que nous espérons devenir un nouveau marché. À Zurich, nous avons engagé, en avril dernier, deux attachées de clientèle chinoises. » Si la Suisse et le Luxembourg sont assez semblables par leur dimension géographique et l’hypertrophie du secteur bancaire, le CEO de Bil Suisse voit un point sur lequel la Suisse a l’avantage : la profondeur du vivier de talents. Là où les acteurs financiers luxembourgeois peinent à
La filiale basée à Zurich gère environ 4 milliards de francs suisses d’actifs (3,5 milliards d’euros).
attirer des spécialistes, les banques suisses connaissent moins de soucis de recrutement. Il est donc plus facile d’y recruter des portfolio managers spécialisés sur une classe d’actifs ou sur une devise particulière. Le marché est plus large et l’histoire de la finance plus ancienne. « La perle rare est plus facile à trouver en Suisse, pointe Thierry de Loriol. Nous n’hésitons donc pas à loger certaines activi tés du groupe à Zurich afin de profiter de ce vivier de talents. » Une raison de plus pour garder un pied solidement ancré sur le marché helvète. J.-M. L. Juillet / Août 2019 —
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PHOTOS Matic Zorman, Bil Suisse
QUAND LA FINANCE LUXEMBOURGEOISE S’EXPORTE
PLACE FINANCIÈRE
RECHERCHE BÉNÉFICIAIRES EFFECTIFS DÉSESPÉRÉMENT Toutes les entreprises inscrites au registre du commerce ont jusqu’au 31 août pour se mettre en conformité avec le registre des bénéficiaires effectifs (RBE). Les banques sont amenées à intervenir en soutien.
Q
ui est le bénéficiaire effectif d’une entreprise ? C’est à cette question que doivent répondre toutes les sociétés inscrites au registre du commerce depuis le 1er mars 2019 et remplir ainsi leurs obligations vis-à-vis du registre des bénéficiaires effectifs. Une période de transition court jusqu’à la fin du mois d’août, car la réponse n’est pas si simple : « C’est la personne qui manie pour ainsi dire la marionnette. Elle se définit selon trois caractéristiques, non cumulatives : un bénéficiaire effec tif est toujours une personne phy sique qui soit possède l’entreprise, soit la contrôle, soit pour le compte de qui l’activité est réalisée », précise Glenn Meyer, partner Banking & F inancial Services chez Arendt & Medernach. Peu importe si le Luxembourg n’est pas le pays d’établissement du bénéficiaire effectif : où qu’il soit, il s’agit seulement de déclarer son identité et sa résidence. L’objectif de la démarche est de participer à la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. « Le RBE va créer davantage de visibi lité sur la notion de bénéficiaire économique, et par voie de consé quence aussi sur la méthodologie pour l’appréhender. Jusqu’à présent, il s’agissait plutôt de cuisine interne », constate Glenn Meyer.
MANQUE D’EXPÉRIENCE
Là où l’histoire se complique, c’est lorsque le bénéficiaire effectif n’est pas clairement identifiable, notamment si personne ne détient plus de 25 % des actions ou des droits de vote d’une société. « Il faut alors l’analyser sous l’angle du contrôle et vérifier par exemple s’il y a des pactes d’actionnaires. Certaines structures sont parfois très com plexes, présentant une forte dilu tion de l’actionnariat et, dès lors, 50 —
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une multiplication de personnes physiques en haut de la chaîne. Lorsque toutes les analyses sont épuisées, c’est le dirigeant princi pal de la personne morale qui est retenu. In fine, il faut regarder qui manipule concrètement les cordes du pantin et le fait danser », affirme Glenn Meyer.
« Le RBE va créer davantage de visibilité sur la notion de bénéficiaire économique. » Glenn Meyer
Partner Banking & Financial Services, Arendt & Medernach
Il conclut : « La loi elle-même n’est pas forcément compliquée, mais elle renvoie à un concept qui, pour sa part, est complexe. » La Chambre de commerce, comme la Chambre des métiers et le ministère de l’Économie, a mené différentes actions de sensibilisation. « Le Luxembourg a une grande place financière, mais c’est un monde resserré, avec beaucoup de connectivité et un secteur très informé. Il est dès lors normal dans ce contexte que tout le monde en parle beaucoup. Cela permet de bien appréhender les choses », remarque Glenn Meyer. Pour autant, certaines entreprises découvrent encore le sujet. « Beaucoup de nouveaux acteurs sont amenés à appréhender le concept de bénéficiaire effectif, alors qu’ils n’ont pas forcément
DÉCRYPTAGE
LE REGISTRE DES BÉNÉFICIAIRES EFFECTIFS (RBE) EN 5 POINTS Quoi ? Il s’agit d’un registre qui centralise et conserve les données concernant les « bénéficiaires effectifs » des entreprises, soit toute personne qui possède ou contrôle réellement une entité. Il est géré par le GIE Luxembourg Business Registers. Les autorités de contrôle, comme le grand public, y auront accès à partir du 31août. Quand ? La loi du 13 janvier 2019, transposant une directive européenne et instituant le registre des bénéficiaires effectifs, a été publiée le 15 janvier 2019. Elle est entrée en vigueur le 1er mars 2019. Les entreprises disposent d’une période de transition de six mois pour s’y conformer, soit jusqu’au 31 août. Qui ? Toutes les sociétés commerciales et personnes morales inscrites au registre de commerce sont concernées, ainsi que les entités soumises aux obligations de lutte anti-blanchiment (établissements de crédit, professionnels du secteur financier...). Pourquoi ? L’objectif de la création du RBE fait partie de l’arsenal de moyens participant à la lutte anti-blanchiment. La loi est issue de la transposition de la quatrième directive européenne sur la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Combien ? Des sanctions seront applicables, comprises entre 1.250 et 1.250.000 euros, en cas de déclaration erronée ou d’absence de déclaration dans les délais.
d’expérience, voire de culture de compliance en la matière, et qu’ils n’ont jamais été confrontés aux problématiques de lutte anti- blanchiment », souligne Glenn Meyer. Et gare aux étourdis ou aux retardataires : les amendes peuvent aller de 1.250 à 1.250.000 euros pour une déclaration erronée ou rendue hors délai.
VÉRIFICATION DE DONNÉES
Soumises depuis longtemps à ces obligations de déclaration pour leurs clients, les banques vont désormais devoir le faire pour ellesmêmes. « L’ABBL a beaucoup informé ses membres. Les banques envisagent maintenant de sensi
biliser à leur tour leurs clients », déclare Catherine Bourin, membre du conseil d’administration de l’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL). Une initiative qui concerne avant tout les banques de détail. « Le RBE a été conçu comme un moyen pour les banques de pouvoir vérifier les données de leurs clients. Il se peut par exemple que cer taines entreprises clientes aient fourni des informations diffé rentes à leur banque et au registre, ou que certains dossiers clients ne soient plus à jour. C’est alors aux banques de le signaler au registre », explique Catherine Bourin. Avant d’ajouter : « Là où le processus est bancal, c’est qu’il n’y a pas d’obli gation pour les banques d’aller consulter le registre... » Le RBE pourra être utilisé par l’ensemble des autorités judiciaires, fiscales ou de contrôle (CSSF, Commissariat aux assurances, Service des douanes, etc.). Certaines données seront aussi accessibles au grand public. Une aberration pour Glenn Meyer : « Je ne vois aucune utilité à un accès du grand public au registre. Cette transparence à outrance sur ce sujet me semble être un peu para doxale dans le contexte de l’ap plication du RGPD. » L. F.
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Gérard Matheis Directeur Général
Quelles leçons avezvous tirées des dix années d’expérience de United en matière de solutions d’entreprise ?
Le plus important est de se concentrer sur l’entreprise individuelle et ses exigences - chacun a des besoins différents. Un bon fournisseur commence par faire une analyse détaillée de ce qu’un client a déjà, de ce qui fonctionne bien et de ce qui pourrait être optimisé. C’est ce que nous faisons. A partir de là, nous formulons des recommandations sur mesure en fonction des besoins de nos clients. L’autre leçon importante est de valoriser le personnel - en tant que fournisseur de services, les compétences et les connaissances de nos employés sont nos atouts les plus importants. Au niveau mondial, nous comptons 150 experts juridiques, financiers et informatiques, dont 50 sont basés au Luxembourg. Ils viennent d’horizons divers, ce qui est crucial pour faire face aux défis de notre marché en constante évolution.
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Gérard Matheis
Comment un fournisseur de services d’entreprise, d’investissement et de gestion de patrimoine privé peutil aider ses clients ?
g.m. Ici, au Luxembourg, United est un profes-
sionnel reconnu du secteur financier (PSF) et est suivi par la CSSF. Au cours des dix dernières années, nous avons développé une expertise
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particulière dans le domaine des services de fonds d’investissement; nous fournissons des services d’administration centrale et agissons en tant que teneur de registre pour les fonds d’investissement, avec une spécialisation sur les actifs alternatifs, tels que les biens immobiliers, le capital-investissement, le capital-risque et d’autres biens tangibles. En définitive, notre prestation est dictée par les besoins de nos clients. En plus de nos services de fonds - qui sont conformes au SOC I Type II depuis 2010 nous offrons également des prestations de titrisation et de services aux entreprises, couvrant la constitution, la domiciliation, la comptabilité, le reporting, la conformité fiscale, etc. Comment envisagezvous la croissance de United dans le futur ? Quels sont les défis à relever pour l’entreprise ?
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ÉCONOMIE
économie Taux d’inflation en baisse Le taux d’inflation annuel de la zone euro est estimé à 1,2 % en mai 2019 contre 1,7 % en avril, selon une estimation rapide publiée par Eurostat. S’agissant des principales composantes de l’inflation de la zone euro, l’énergie devrait connaître le taux annuel le plus élevé en mai (3,8 %, comparé à 5,3 % en avril), suivie de l’alimentation, de l’alcool et du tabac (1,6 %, comparé à 1,5 % en avril), des services (1,1 %, comparé à 1,9 % en avril) et des biens industriels hors énergie (0,3 %, comparé à 0,2 % en avril). Le Luxembourg progresse mais recule Malgré une meilleure note (61,8 contre 59,5 en 2018), le Luxembourg perd une place dans le classement annuel Desi de la Commission européenne – l’indice relatif à l’économie et à la société numériques. Il se retrouve à la 6e position et se fait doubler par le Royaume-Uni. Le Grand-Duché obtient les meilleurs résultats dans la connectivité, mais l’intégration des technologies numériques et les services publics numéri ques restent ses points les plus faibles. Taux de chômage stable Dans la zone euro, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières s’est établi
à 7,6 % en avril 2019 – un chiffre en baisse par rapport aux taux de 7,7 % de mars 2019 et de 8,4 % d’avril 2018. C’est le chiffre le plus faible enregistré dans la zone euro depuis août 2008, selon les chiffres communiqués par Euro stat. Sur un an, le taux de chômage a d’ailleurs baissé dans tous les États membres, à l’exception du Luxembourg (5,5 %) et de la Pologne, où il est resté stable. Eurostat estime qu’en avril 2019, 15.802 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage dans l’UE, dont 12.529 millions dans la zone euro. Le Luxembourg perd en compétitivité IMD a publié son classement annuel sur la compétitivité. Figurant 12e sur 63, le Luxembourg perd une place et n’est que le septième pays européen. Au passage, les patrons en profitent pour répéter leur message au gouvernement : « Mieux écouter les entrepreneurs pourrait être la clé pour amélio rer ce classement. Les chefs d’entreprise plaident en effet pour un cadre qui soit à la fois prévisible et dyna mique. Ce cadre, avant tout favorable à l’entre preneuriat, doit prendre appui sur un régime fis cal attractif à l’internatio nal et un environnement légal et administratif efficient », estime la Chambre de commerce.
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AMBITIONS
Le triptyque de Frieden à la Chambre de commerce Le nouveau président de la Chambre de commerce veut concentrer l’action de l’institution sur la formation, la digitalisation et l’internationalisation.
Pour Luc Frieden, la Chambre de commerce doit agir dans le concret.
L
uc Frieden veut encore se donner le temps. Le temps de rencontrer différents chefs d’entreprise, petites et grandes, de tous secteurs, pour se fixer des axes de travail précis en tant que président de la Chambre de commerce, une institution qui ne doit d’ailleurs plus être désignée uniquement comme patronale. Selon Luc Frieden, la Chambre de commerce est bien, d’une part, l’organisation de référence vis-à-vis des pouvoirs publics quant à la vie des entreprises et, d’autre part, la « Maison de l’économie et des entreprises luxembourgeoises », comme l’indique son rapport annuel 2018 présenté le 11 juin dernier en conférence de presse. Mais l’avocat et ancien ministre des Finances s’est déjà donné un
cap. Celui de maintenir l’ADN de la Chambre de commerce qui doit participer au débat public, mais aussi aider les entreprises du commerce, du transport, de la finance, de l’industrie et de l’hôtellerie (90.000 entreprises membres par le fait de la loi). Cette institution qui doit « jouer un grand rôle » selon son président, doit aussi agir dans le concret. Et dans un monde en mutation. « Je ne peux pas encore indi quer quel sera mon programme d’action, mais trois éléments me paraissent d’ores et déjà incon tournables : la formation, la digi talisation et l’internationalisation », précise Luc Frieden. Il pointe notamment l’enjeu pour les entreprises d’attirer et de disposer d’un personnel qualifié et de béné-
PHOTO SES
DIGEST
ÉCONOMIE L U X E M B O U RG P E R F O R M A N C E I N D E X
JUIN 2019 CHÔMAGE STABILITÉ
ÉTABLISSEMENTS DE CRÉDIT HAUSSE DES PERSONNELS
15.453 résidents étaient demandeurs d’emploi et inscrits à l’Adem au 30 avril dernier. Soit une hausse minime de 84 personnes (0,5 %) sur un an. Le taux de chômage calculé par le Statec s’établit donc à 5,4 %, comme pour le mois de mars. 2.525 non-résidents étaient également inscrits.
26.630 personnes étaient employées dans les établissements de crédit du Luxembourg au 31 mars 2019, soit une hausse de 313 emplois par rapport au trimes tre précédent. En comparaison annuelle, ce chiffre est en hausse de 310 emplois. 28.000
6 %
5,6 % 27.000
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26.144 26.000 5 % 25.000
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SOURCE Adem
SOURCE BCL
PIB LE LUXEMBOURG AU TOP
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Le Luxembourg prend la tête du classement européen du PIB par habitant (exprimé en SPA, une unité monétaire artificielle qui élimine les différences de niveaux de prix entre les pays) pour les premières estimations de l’année 2018, selon Eurostat. Le pourcentage élevé du PIB luxembourgeois s’explique en partie par la proportion importante des travailleurs frontaliers dans l’emploi total.
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zone euro 100
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autriche
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suisse
PIB par habitant – En SPA en 2018, UE = 100
SOURCE Eurostat
FONDS TOUJOURS EN AUGMENTATION
FAILLITES EN HAUSSE
Le volume des actifs nets des organismes de placement collectif (OPC) domiciliés au Luxem bourg continue d’augmenter, avec une progression de 1,25 % de mars à avril 2019. Considéré sur la période des 12 derniers mois écoulés, le volume des actifs nets est en augmentation de 4,20 %.
Après une baisse remarquée en avril, les faillites sont reparties à la hausse. 118 déconfitures ont ainsi été enregistrées, contre 82 en avril.
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Nombre de faillites 150
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En milliards d’euros
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4.404 84
ficier d’un arsenal législatif compétitif à l’échelle internationale en matière de robotique et de blockchain. « Les nouvelles tech nologies donneront de nom breuses opportunités dans les 10 ans à venir », estime-t-il. Quant au commerce international, « il ne doit pas se limiter à un tweet du président américain ». Des groupes de travail ont été mis en place pour plancher sur ces sujets avec les secteurs représentés au sein de la Chambre de commerce. Dans le même temps, la stratégie 2019-2025 de la Cham bre de commerce – adoptée le 15 octobre 2018 – a été couchée sur le papier pour matérialiser sa vision à moyen terme : « Soutenir les entreprises dans leurs intérêts communs et préoccupations quo tidiennes et créer, en tant que par tenaire de confiance, de la valeur pour celles-ci et l’économie. » En retenant le principe « think small first », le directeur général Carlo Thelen et le ministre en charge des PME Lex Delles, également présents le 11 juin, soulignent la nécessité d’apporter des réponses concrètes et pragmatiques aux soucis effectifs des entreprises. De son côté, Luc Frieden insiste aussi sur l’ambition complémentaire du « think big », autrement dit le maintien d’ambitions élevées pour les entreprises, dont le terrain de jeu se situe souvent à l’étranger. D’où l’idée d’ouvrir un nouveau bureau permanent à Londres. « L’expérience d’un représentant dans des ambassades s’est avérée positive et il serait opportun de prévoir un tel représentant à Londres, dans la perspective postBrexit », ajoute Luc Frieden. La Chambre de commerce dispose d’une représentation permanente à Berlin depuis 2012, à Paris depuis 2014 et à Bruxelles depuis 2016. Londres sera donc prochainement sur la carte. Les mois à venir seront aussi consacrés à la préparation d’un autre projet important pour la promotion du « made in Luxem bourg » : l’Exposition universelle de Dubaï 2020, pour laquelle la Chambre de commerce est l’une des trois parties prenantes avec le gouvernement, Post et SES. T. R.
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SOURCE CSSF
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SOURCE Creditreform Luxembourg
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ÉCONOMIE D RO I T D U T R AVA I L
LA CONCURRENCE À L’ÈRE DIGITALE L’économie numérique défie les règles traditionnelles de la concurrence, suscitant des inquiétudes. Aucune régulation n’est à l’ordre du jour pour la Commission européenne.
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es géants du numérique accumulent les sanctions de la part des autorités de concurrence ainsi que de la Commission européenne. Des procédures délicates tant l’économie numérique répond à d’autres leviers que l’économie traditionnelle : les prix bas ou les parts de marché ne constituent plus des critères valables pour évaluer une position dominante. C’est ce que souligne le rapport de trois experts de la Commission européenne, Une politique de la concurrence à l’ère digitale, publié en avril dernier.
UN ÉCOSYSTÈME FERMÉ
Une réalité rappelée par Thierry Dahan, ex-vice-président de l’Autorité de la concurrence (France), lors de la table ronde organisée par l’Association pour l’étude du droit de la concurrence le 11 juin : Apple peut être assimilé à une société informatique classique même si « son modèle reposant sur un écosystème fermé pose problème » et Amazon n’est autre qu’un service de « vente par cor respondance avec un catalogue électronique à l’image des 3 Suisses auparavant ». Mais Google et Facebook sortent de ce schéma. Le premier a évincé tous les navigateurs pour devenir un moteur de recherche indétrônable, voire unique, et le second est parvenu à rendre son « avatar virtuel » incontournable sur internet. « Beaucoup de choses interdites sont tolérées sur internet parce que c’est le modèle économique » de ces acteurs, s’offusque d’ailleurs M. Dahan. Booking.com exige ainsi des hôtels qu’ils n’affichent pas un prix plus bas que sur sa plateforme, tandis que Google lit sans vergogne la correspondance des utilisateurs de Gmail, s’arrogeant ainsi des données qui r esteront inaccessibles à un concurrent plus respectueux de la vie privée. 56 —
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Les données sont en effet devenues le nerf de la guerre, le nouveau pilier de la concurrence numérique.
ANGUILLE SOUS ROCHE
« Google dit que ses services sont gratuits en échange de vos don nées. Or, il tire 70 % de ses revenus d’AdWords », la régie publicitaire qui monnaie le référencement des marques en bonne place dans les pages de recherche, souligne M. Dahan. « La réalité commence à poindre : il ne s’agit pas tant de publicité personnalisée que de prescription d’achat, lorsque vous dites à Alexa ‘quelles sont les n ouvelles ?’ ou ‘achète ceci’. » L’assistant personnel va évidemment collecter les informations ou passer commande auprès d’annonceurs qui ont payé pour être les premiers sélectionnés. À ce titre, les autorités de protection des données viennent épauler celles de la concurrence pour épingler certaines Gafa. Ainsi, le Bundeskartellamt s’est saisi du croisement de données entre Facebook et Instagram, rappelle l’avocat et député Léon Gloden, tandis que la CNIL, équivalent français de la Commission nationale pour la protection des données, a infligé une amende de 50 millions d’euros à Google, estimant trop complexe le parcours permettant à l’utilisateur de se dégager des traceurs à usage publicitaire. Elle a également posé le principe qu’une acceptation rapide de la politique RGPD d’un site internet devrait être le « non » par défaut. Une ligne que pourrait bientôt reprendre l’autorité irlandaise saisie de la même problématique. Voilà le seul rempart tangible en attendant une régulation puisque, rappelle Léon Gloden, l’efficacité d’un « code de bonne conduite est dis cutable ». C. F.
DISPENSE DE TRAVAILLER CONSTAT Un salarié est licencié avec préavis par un gestionnaire de fortune de la Place. Il est dispensé de prester. Quelques jours après avoir reçu sa lettre de licenciement, il est embauché par un concurrent. Son ancien patron le licencie alors pour faute grave et notamment violation de son obligation de loyauté – alors que le salarié avait signé, dans son contrat, une clause de ne pas exercer d’activité concurrente à celle de son employeur pendant la durée de son contrat – ainsi que pour avoir violé son obligation de confidentialité.
CE QUE DEVRAIT PRÉVOIR LA LOI L’article L-124-9 (1) alinéa 3 du Code du travail prévoit que « le salarié bénéficiaire de la dispense de travailler est autorisé à reprendre un emploi salarié auprès d’un nouvel employeur… ». La Cour d’appel a décidé que les droits et obligations respectifs de l’employeur et du salarié sont inchangés et que l’obligation de non-concurrence subsiste, mais que tel n’est plus le cas s’il y a eu dispense de prester. Le salarié a donc le droit d’entrer, pendant son préavis, au service d’un employeur concurrent. Cependant, les obligations de loyauté et de bonne foi interdisent au salarié, pendant le préavis, de poser des actes effectifs de concurrence consistant notamment dans le détournement des clients vers le nouvel employeur.
QUE FAIRE ? Le salarié licencié avec préavis qui est embauché par un concurrent de son ancien patron doit donc s’abstenir de poser des actes de concurrence jusqu’à l’expiration du préavis.
L’AVIS Cette position jurisprudentielle réconcilie le droit au travail pendant la dispense de prester auprès d’un concurrent et la protection de l’ancien employeur contre un détournement de clientèle.
François Turk
Avocat à la Cour, associé-fondateur de Turk & Prum et membre du GEIE European Law Firm.
PHOTO Turk & Prum
RÉGULATION
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ÉCONOMIE
CLOCHE D’OR, LE CŒUR DU QUARTIER ? Initié il y a cinq ans, le centre commercial Cloche d’Or joue le rôle de nouveau cœur de quartier à Gasperich. Son bâtiment, surplombé par deux tours de logements, répond à une stratégie urbaine qui place le commerce comme liant de la société.
L
la scansion des modules verticaux. Il est évident que la vie urbaine ne pourra pas avoir lieu à proximité immédiate de ce bâtiment, laissant les abords principalement aux voitures. Pas de vitrine donnant sur la rue, pas de restaurant ouvrant sur une terrasse. Pour trouver l’animation, il faut pénétrer dans le centre commercial. Seule l’entrée principale, « place des miroirs », reflète l’environnement dans un plafond miroitant et offre une large vision de l’intérieur par le mur-rideau vitré. « Pour l’entrée principale, notre inspiration a été celle de la galerie des Glaces du château de Versailles. Si, dans la phase concours, nous avions imaginé un grand lustre urbain ou une installation artistique lumineuse pour cette entrée pla cée en retrait de la rue, l’idée a finalement évolué vers un plafond facetté et miroitant, créant à la fois une amplification de l’espace et une valorisation du piazza, qui UN EXTÉRIEUR PLUTÔT FERMÉ L’enveloppe du bâtiment est un se poursuit à l’intérieur. Cet effet cube relativement fermé, corres- se prolonge sur les colonnes inté pondant à l’architecture généra- rieures, recouvertes, elles aussi, lement introvertie des centres d’éléments de miroirs », explique commerciaux. Ainsi, l’animation Tatiana Fabeck. On trouve aussi une « boîte » des longues façades sans ouvertures est uniquement assurée par vitrée à l’étage, qui correspondra le rythme du parachèvement et à la zone de restauration, et une
e 28 mai dernier, le nouveau centre commercial Cloche d’Or a ouvert ses portes pour la première fois au public. Un bâtiment conçu par Fabeck Architectes, associé, suite à un concours international, à Schemel Wirtz Architectes Asso ciés pour la phase de développement et d’exécution. Le centre commercial est surplombé par deux tours de logements encore en construction, faisant de ce complexe mixte un programme inédit au Luxembourg. Mais c’est aussi un îlot qui joue le rôle de cœur de quartier et répond à une vision qui place le commerce comme étant le ciment fédérateur d’une vie de quartier. Un complexe immobilier qui est aussi le reflet d’un urbanisme laissé entre les mains d’investisseurs, qui privilégient la rentabilité des espaces construits à la production d’une urbanité durable.
Inédit Le centre commercial surplombé de deux tours, qui en font un complexe inédit au Luxembourg.
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autre dans le coin opposé, mais qui sert à la communication des marques vers l’espace urbain.
UN INTÉRIEUR QUI CONTRASTE
À l’intérieur, en revanche, l’espace est plus organique, avec des puits de lumière zénithale. « C’est important que les personnes qui fréquentent cet espace puissent avoir un lien avec l’extérieur, un contact avec le ciel, savoir s’il pleut ou s’il fait beau, et qu’elles bénéficient de lumière naturelle », explique Tatiana Fabeck. L’amé nagement intérieur offre une certaine liberté à chaque marque pour aménager sa devanture de magasin, comme cela est possible en centre-ville. Ce qui laisse la possibilité à une dynamique intérieure portée par le rythme des façades de boutiques.
UN PARCOURS « URBAIN »
La déambulation dans ce centre commercial est ainsi conçue un peu à la manière d’une rue piétonne, avec de larges allées, éclairées le plus possible par la lumière naturelle, des vitrines hautes et individualisées. Ce parcours, élaboré en circuit fermé, fluide et sans cul-de-sac, est ponctué par des espaces de repos, rebaptisés « moments », comme autrefois les bancs publics. On trouve aussi une agora de 300 m2, qui agit comme une place publique, un lieu de rencontre et de divertissement. L’intérieur du centre commercial est donc appréhendé à l’image d’un espace urbain, mais intérieur. À côté de cela, tout est mis en œuvre pour porter l’activité commerciale : « Nous avons cherché à créer des vues lointaines, à la fois au niveau horizontal pour donner le plus possible de visibi lité aux différentes marques, et au niveau vertical pour une meil leure appréhension globale de l’espace », explique l’architecte. Le cheminement permet au visiteur de toujours voir les commerces suivants. Pour cela, les dalles intérieures sont affinées, et un maximum de colonnes sont supprimées pour ne pas couper le regard. Autrefois, les cœurs de quartiers étaient occupés par la place
BON À SAVOIR
CINQ INFOS-CLÉS SUR LE CENTRE COMMERCIAL Surface commerciale : 75.000 m2 Nombre de commerces : 130 Places de parking : 2.850 Nombre de visiteurs attendus : 10,2 millions / an Nombre d’emplois générés : 1.600
du village, avec le parvis de l’église, une place arborée bordée de quelques commerces, un bureau de poste ou une terrasse de café. À la Cloche d’Or, le cœur de quartier est occupé par un centre commercial qui singe l’espace urbain. Une autre façon de concevoir la fabrique de la ville. C. C. PRÉSENTÉES PAR
carrières Nadia Paulos a 26 ans et elle est architecte chez Beng Architectes Associés. Elle a obtenu son diplôme à l’université technique de Rhénanie-Westphalie et a notamment effectué un stage en architecture au Japon. BUREAU D’ARCHITECTES
Christophe Klein, 29 ans, a rejoint l’équipe Fleet de BMW Muzzolini en qualité de head of fleet. CONCESSION AUTOMOBILE
Léa Berton, 26 ans, a rejoint le bureau d’urbanisme Espace et Paysages en tant qu’architecte urbaniste. Elle a obtenu son diplôme à l’École nationale supérieure d’architecture de Nancy. ARCHITECTES-PAYSAGISTES SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ
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PHOTOS Nader Ghavami, Beng Architectes Associés, BMW Muzzolini, Espace et Paysages
COMMERCE
JEUDI 11 JUILLET 2019
Le Paperjam Open, c’est LE tournoi de golf du magazine Paperjam. Une opportunité unique de rencontrer des personnalités influentes de la communauté business autour d’une passion, le golf. Le Paperjam Open, ce sont également des solutions de sponsoring créatives et impactantes pour associer l’image de votre société à un événement premium.
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ENJEUX ENSEIGNEMENT
Quand l’école prépare à l’inconnu ILLUSTRATION Ellen Withersova
E
xit la carrière ou le métier. Place aux compétences à affiner selon les besoins des entreprises et à adapter dans un environnement qui change de plus en plus vite. De l’artisanat à la place financière en passant par l’industrie, tous les secteurs s’appuient sur une seule certitude : à l’avenir, les connaissances techniques des collaborateurs seront moins fondamentales puisque susceptibles d’évoluer. Ce sont les soft skills et les compétences cognitives – collaboration, création, esprit critique et communication – qui définiront la capacité d’un individu à progresser dans l’entreprise et à s’intégrer dans un contexte mouvant.
Quel défi pour l’enseignement ! Voué à forger des citoyens mais aussi de futurs salariés, entrepreneurs ou agents de l’État, le système éducatif doit changer de paradigme pour maintenir l’employabilité des élèves et étudiants. C’est juste avant leur sortie du lycée que se joue l’avenir des élèves. Et c’est dès maintenant que l’enseignement doit bâtir le pont vers l’économie de demain, dont on perçoit à peine les contours. Le ministre de l’Éducation nationale œuvre depuis 2013 à une refonte de l’ensemble du système scolaire. Claude Meisch promet une révision des contenus des enseignements dans les prochaines années.
En parallèle, les initiations aux notions d’entrepreneuriat, au codage, au travail en équipe et à la gestion de projet se poursuivent. De leur côté, les acteurs privés ont renforcé leur présence auprès des lycées pour aider les élèves à nourrir leurs envies professionnelles. Quant à l’Uni, elle poursuit sa destinée de nourricière de l’économie avec de nouveaux masters ciblant des secteurs porteurs comme la logistique ou les sciences spatiales. Sans compter la trentaine de chaires financées par de grandes entreprises. Dans un pays qui a bâti son succès sur les chemins courts, la rapidité de l’adaptation des programmes et des cursus scolaires ainsi que le dialogue entre le monde de l’entreprise et de l’enseignement permettront au pays de rester compétitif. C. F.
SOMMAIRE 62 Un cursus à réinventer La technologie fait évoluer les métiers et les compétences.
64 Le lycée, tremplin vers la vie active
L’enseignement toujours plus proche du monde professionnel.
66 L’Uni au service du pays
Des masters qui font écho à la politique du gouvernement. ILLUSTRATION Ellen Withersová
La révolution digitale bouscule l’économie mais aussi le système éducatif, confronté au défi de former les futurs travailleurs à des métiers qui n’existent pas encore. Expérimentation et anticipation sont les maîtres-mots.
68 Dans l’école de demain
Zoom sur quelques évolutions annoncées.
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ENJEUX d’enseigner davantage de coding ainsi que d’autres aspects de la TOP 5 digitalisation au lycée. Ce sont des MÉTIERS ÉMERGENTS matières étudiées dans les forma Scientifiques et analystes tions spécialisées, mais je crois de données que cela doit devenir une compé L’évolution technologique transforme les métiers et les compétences tence de base pour toutes les Spécialistes en IA autres professions. » recherchées sur le marché du travail. L’État, les entreprises et les et en machine learning employés doivent préparer les travailleurs à un monde digitalisé. Selon Laurent Probst, il existe quatre compétences technolo- Directeur des opérations « ’automatisation transfor dial dans son Future of Jobs giques de base à acquérir : « La Développeurs et analystes mera de nombreux emplois Report 2018. Le temps de travail blockchain, l’IA, la cybersécurité de logiciels et d’applications et en fera disparaître de nom pour la recherche d’informations et les computer sciences. Un avo Professionnels de la vente breux autres », estime l’OCDE et de données effectuée unique- cat ou le leader d’une entreprise et du marketing dans sa Stratégie 2019 sur les com ment par des machines passera ne peuvent pas ignorer le fonc tionnement de la blockchain ou pétences. « L’incertitude règne ainsi de 47 à 62 %. cependant quant aux répercus « 40 % des emplois créés actuel de l’IA. Mais tout le monde doit TOP 5 sions de la technologie sur les lement ont une forte demande comprendre ces compétences, COMPÉTENCES-CLÉS besoins en emploi de demain. » digitale, rappelle Christian selon plusieurs niveaux de sophis La pensée analytique Cependant, « dans tous les cas, les Scharff. Or, 60 % des adultes n’ont tication différents. » et l’innovation compétences demandées par les pas de bases en ICT ou en infor nouveaux emplois sont diffé matique. L’équation est donc com ACQUÉRIR DES COMPÉTENCES La capacité à apprendre rentes de celles requises par les pliquée. » Cela explique les TRANSVERSALES et la stratégie d’apprentissage emplois en passe de disparaître ». résultats luxembourgeois de la Au-delà de l’acquisition de notions La créativité et l’initiative L’impact des technologies et les Global CEO Survey 2019 réalisée technologiques de base, la grande progrès de l’intelligence artifi- par PwC : 47 % des CEO luxem- difficulté reste l’anticipation des Le design technologique cielle et de la robotique sur les bourgeois interrogés sont inquiets compétences requises à l’avenir. et la programmation modes de travail ne sont pas de la disponibilité des compé- « On prépare des jeunes pour des La pensée critique et l’analyse encore connus dans leur ensemble tences-clés et de la rapidité des métiers qui n’existent pas encore, changements technologiques, explique Claude Meisch. Pour cela, mais s’avèrent considérables. Pour certains travailleurs, les leurs deuxième et troisième sujets il faut se distancier de l’idée de tences transversales, des compé plus qualifiés, cela permettra de d’inquiétude devant la surcharge former un étudiant uniquement tences sociales, comme celles de nouvelles possibilités, tandis que réglementaire. Ceux-ci jugent en pour l’une ou l’autre mission au pouvoir gérer un projet, s’adapter, d’autres se verront précarisés. outre que la difficulté à embaucher sein d’une entreprise. Il ne sera se remettre en question, travail Afin de pallier ce phénomène et des travailleurs est à 71 % due à un plus dans la situation où il trou ler en équipe. » permettre une meilleure capacité manque de travailleurs qualifiés. vera un emploi après sa sortie de Un bagage tout aussi important l’école, qu’il gardera pendant que des compétences dans une d’adaptation des individus, ceux-ci doivent acquérir la bonne MODERNISER L’ENSEIGNEMENT toute sa carrière professionnelle, matière spécifique. D’autant plus combinaison de compétences. « Un décalage entre le monde pro même s’il change d’entreprise. À que le savoir se trouve abondam« Le challenge est grand pour l’en fessionnel et l’enseignement existe l’avenir, ce sera surtout le travail ment sur internet. Encore faut-il seignement », estime Laurent sur certains aspects, reconnaît le qui va fortement changer. Il faut savoir en faire quelque chose, le Probst, partner, Government ministre de l’Éducation nationale donc transmettre aux jeunes, en vérifier et l’intégrer dans un projet Digital Transformation & Inno et de l’Enseignement supérieur, plus des compétences concrètes commun et collaboratif. « Cela, il vation leader chez PwC Luxem Claude Meisch. Notamment au pour qu’ils soient employables à faut l’apprendre, car internet ne bourg et coauteur du livre Upskill niveau de l’informatique et de la leur sortie de l’école, des compé peut pas nous indiquer comment avec Christian Scharff, partner, digitalisation. C’est un grand défi People & Organisation HR qui concerne tous les pays déve Technology leader, également loppés. Nous constatons qu’en chez PwC Luxembourg. moyenne, l’intérêt des jeunes s’est plutôt éloigné de ces branches-là. UNE FORTE DEMANDE DIGITALE Un des objectifs de ces cinq pro L’OCDE précise l’étendue de la chaines années est de moderniser problématique : 14 % des emplois l’enseignement, de le rendre plus seront automatisés et 32 % se ver- proche de la réalité de l’économie. ront profondément transformés. Ainsi, nous encourageons les Elle note aussi que « l’écart entre jeunes très tôt, dès l’école fonda ce que demande un emploi et ce mentale, en tentant de leur trans que peut faire une machine est mettre la logique d’un algorithme, en train de se résorber ». La part de les intéresser aux branches du temps de travail réalisée par informatique et technologique, des machines croîtra de 10 à 20 % ainsi qu’aux sciences naturelles, entre 2018 et 2022, évalue quant parce qu’il y a un grand besoin Interdisciplinary Space Master En février dernier, Étienne Schneider, Stéphane à lui le Forum économique mon- dans ces domaines. Une option est Pallage et Claude Meisch ont présenté le nouveau master. COMPÉTENCES DU FUTUR
Un cursus à réinventer
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PHOTO SIP
source
« Future of jobs report 2018 », Forum économique mondial
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ENJEUX le faire, ajoute Claude Meisch. Ce sont des compétences d’avenir absolument nécessaires pour trouver sa place dans une société qui est en plein changement. Pour cela, il faut envisager le système éducatif de manière plus large. Ainsi, les activités en dehors des heures de classe, l’éducation non formelle et informelle, ont aussi leur valeur. Dans ce cadre, les compétences transversales sont très importantes. » « Ce qu’il faut surtout, c’est apprendre à apprendre, c’est aller vers une économie de l’apprentis sage, détaille Laurent Probst. Tout au long de la carrière, il faudra effectuer un apprentissage constant, afin de rester en phase avec l’économie et la société. On va davantage vers des ensembles de compétences que vers des métiers. Il faudra avoir certaines compétences techniques, liées au métier, et des compétences de base dans les domaines digitaux et technologiques. Mais à cela devront s’ajouter des compétences transversales, telles que l’empa thie, la résolution de problèmes, l’esprit critique, le travail en équipe, la communication, l’inno vation et la capacité d’apprentis sage, qui permettront à l’individu de s’adapter à un monde en per pétuel changement. » Ce qui correspond au top 3 des compétences qui augmen teront d’ici 2022 selon le Forum économique mondial : la pensée analytique et l’innovation ; le savoir-apprendre et l’apprentissage ; la créativité, l’originalité et l’initiative. Le rapport de l’OCDE ne dit pas autre chose : « L’édu cation a jusqu’à présent consisté en une période d’acquisition de compétences et de spécialisation pendant l’enfance et la jeunesse.
101 C’est le nombre de jours de formation en plus par an dont aura besoin un employé d’ici 2022, selon le Future of Jobs Report 2018 du Forum économique mondial.
TROIS QUESTIONS À
Magali Maillot
DRH, Allen & Overy L’évolution technologique a-t-elle modifié les profils des employés que vous recherchez ? Cela fait quelques années que nous cherchons des profils différents, notamment avec des compétences technologiques. Nous formons aussi en interne pour que nos employés acquièrent ces compétences. Avez-vous des difficultés pour trouver des employés qualifiés ? Nous sommes parmi les leaders dans notre secteur et, du fait de notre prestige, nous n’avons pas de problème pour trouver des employés qualifiés. En outre, nous ne cherchons pas seulement la main-d’œuvre au niveau local, mais aussi dans les pays limitrophes. À quelles compétences formez-vous vos employés ? Celles que les études de droit ne transmettent pas : des connaissances en technologie, mais aussi, par exemple, en gestion de projet. Sans oublier les compétences transversales. Pour cela, nous avons mis en place un groupe de travail, Legaltech. Nous soutenons aussi des start-up issues d’un incubateur londonien, Fuse, en leur proposant un encadrement juridique. Nous nous associons avec les meilleures. Cela nous permet de nous inspirer d’elles dans les domaines de la technologie et de coupler des avocats avec des data scientists.
Après cette période, chacun amé liorait marginalement ses com pétences dans le milieu professionnel. Ce modèle est de moins en moins viable dans un monde de mutations technologiques, économiques et sociétales rapi des, exigeant des individus qu’ils apprennent à apprendre et qu’ils s’adaptent à un paysage en évolution constante. L’appren tiss age des adultes revêt une importance cruciale. »
PRIORITÉ À L’UPSKILLING
Une des difficultés majeures se situe justement au niveau de la formation des adultes, estime Christian Scharff : « Il y a cinq jours de for mation par an au Luxembourg, dont quatre dits « de confort », à
savoir apprendre à faire mieux ce que l’on fait déjà, et seulement un jour dédié à l’apprentissage de connaissances nouvelles. Il n’y a donc pas de formation effective pour des compétences nouvelles. Pourtant, en Allemagne, un sala rié qui effectue un upskilling a 40 % de chances en moins de se voir exclus car on évite de se faire rem placer par la machine. » Le temps de la formation a lui aussi été impacté par le rythme des mutations technologiques. « Désor mais, il faut compresser le temps de formation : dans 90 % des industries, c’est six mois voire une année maximum. Et dans la majo rité des cas, il s’agit d’une forma tion d’un à trois mois. Les bootcamp en sont un exemple, avec des formations intenses de trois mois à temps plein, huit heures par jour. » Encore faut-il avoir la volonté de se former : dans les pays de l’OCDE, 48 % des adultes ne suivent pas et ne souhaitent pas suivre de formation pour adultes au cours d’une année donnée. Il faut « à tout prix trouver des moyens efficaces de motiver ce public », rappelle l’OCDE, d’autant que « l’absence de motivation est particulière ment prononcée chez les travail leurs peu qualifiés ». Un autre frein se trouve au niveau du budget des entreprises, souvent trop limité pour permettre des formations conséquentes. « L’État doit s’im pliquer dans cette transforma tion, explique Christian Scharff. C’est le cas de l’Inde ou de la Nor vège, qui ont adopté des poli tiques volontaristes sur le sujet, mais aussi de Singapour, qui donne 500 dollars par an aux salariés pour leur permettre de se former. Le Luxembourg est d’ail leurs dans le peloton de tête avec l’initiative Digital Skills Bridge (lire encadré). » C’est l’ensemble des acteurs et de l’écosystème qui doit évoluer : « Dans un monde de mutations rapides et d’incertitudes, estime l’OCDE, gouvernements, citoyens, entreprises et syndicats devront tous assumer une plus grande part de responsabilité pour assu rer l’acquisition et le développe ment de compétences tout au long de la vie. » P. P.
UNE AIDE À LA (TRANS)FORMATION
DIGITAL SKILLS BRIDGE Le Digital Skills Bridge, dont le projet pilote a été lancé le 2 mai 2018 par le gouvernement luxembourgeois, identifie les entreprises qui doivent faire face à la transformation digitale et, en déterminant comment celles-ci vont être affectées à l’avenir, si des risques de disparitions de postes existent. Il s’agit de les aider à mettre en place des formations à destination de leurs employés, en cernant les nouveaux rôles et en proposant des formations de trois à six mois. Une assistance financière de la part de l’État, à hauteur de 35 %, est mise en place pour les coûts de formation et les coûts salariaux. « Les compétences-clés à transmettre ne sont pas seu lement techniques et technolo giques, estime Nico Binsfeld, coordinateur du Skills Bridge à l’Adem. Il faut aussi des com pétences transversales, car la nécessité d’évoluer est perma nente. » Les salariés sont orientés vers de nouveaux emplois au sein de l’entreprise ou, à défaut, vers d’autres entreprises. « L’objectif est d’obtenir 65 % de mobilité interne, indique Nico Binsfeld. Mais au sein du projet pilote, la mobilité interne s’est établie à 95 %. » Chaque participant est accompagné par un coach pour maintenir sa motivation. « Les désistements se comptent sur les doigts d’une main », se félicite Nico Binsfeld. Un faible nombre, donc, parmi les 300 participants au Digital Skills Bridge issus de 10 entreprises des secteurs des banques et assurances, de l’industrie, de la logistique et de l’artisanat, et qui obtiendront leur certificat en octobre prochain. Un exemple motivant pour les participants à un second projet pilote dont le lancement est prévu avec 36 entreprises qui ont déjà signalé leur intérêt.
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ENJEUX
Le lycée, tremplin vers la vie active L’enseignement secondaire cultive son rapprochement avec le monde professionnel avant une révision du contenu des différentes filières.
L’
enseignement secondaire marque la fin de l’enfance puisque les élèves doivent choisir leur filière en fin de cycle 4 pour les enfants de 10 à 11 ans. La filière classique reste la voie royale pour qui aspire à poursuivre des études universitaires, comme d’ailleurs les programmes non nationaux (filières germano-luxembourgeoise, britannique, européenne et internationale). La filière technique peut également y conduire, tandis que la filière professionnelle lance les élèves dans la vie active dès 17 ans. Doit-on vraiment parler de préparation à la vie active pour cette jeunesse encore tendre ? « Le devoir principal du lycée est la transmission de connaissances générales, un bagage intellectuel, et la capacité d’adapter ses con naissances tout au long de sa vie, souligne Raoul Scholtes, président de la Feduse, le syndicat des enseignants du secondaire. Il avait été dit il y a quelques an nées qu’un élève en fin de lycée devrait être capable d’ouvrir un journal et d’en comprendre tous les articles. L’objectif n’est pas de préparer des petites fourmis. » Marc Muller, président de la Conférence nationale des profes-
seurs de sciences économiques et sociales, déplore d’ailleurs la suppression de l’ancien cours obligatoire d’économie et culture générale, évincé il y a dix ans pour donner plus de place à l’enseignement des sciences naturelles. « Il faut parler aux lycéens des trois secteurs de l’économie avant qu’ils ne choisissent leur métier. Leur parler de la finance privée, des énergies renouve lables, du budget de l’État, des pensions… C’est cela aussi l’édu cation des citoyens. » Les enseignants considèrent avec un peu d’ironie les mesures les plus visibles lancées par le ministère de l’Éducation nationale pour moderniser l’enseignement, notamment à travers la dotation de tablettes numériques et de tableaux interactifs. « Il fau drait déjà que chaque salle de cours dispose d’un ordinateur, d’un téléviseur, de haut-parleurs multimédias et d’un accès wifi performant », estime Marc Muller. Sans oublier des salles supplémentaires pour permettre de diviser une classe en petits groupes. « L’iPad ou le tableau interactif, comme le principe de la classe inversée – les élèves
Sur le terrain La Chambre de commerce multiplie les visites d’entreprises afin que les lycées découvrent une panoplie de métiers qui pourraient les inspirer.
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apprennent la théorie à la mai son et réalisent les exercices pra tiques en classe – sont utiles, mais ponctuellement. » Alerté par le secteur privé quant aux compétences en pénurie sur le marché du travail, le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse lance de nouvelles filières. Dernières en date : informatique, sciences environnementales, architecture, design et développement durable, smart technolo gies ou gestion de l’hospitalité. « Les cinq prochaines années seront marquées par un travail sur le contenu des formations pour les moderniser, les rendre plus proches de la réalité de l’éco nomie, ce qui n’est pas évident puisque nous devons éduquer des jeunes pour des métiers qui n’existent pas encore », note Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse. « Personne ne peut dire ce qui va changer dans le détail d’ici dix ans », renchérit Stéphanie Damgé, appui de l’asbl Jonk Entrepreneuren. « L’environ nement change de plus en plus rapidement, aussi il devient important d’être flexible, de savoir s’adapter, de prendre des initia tives et des responsabilités, de savoir communiquer et négocier. Les soft skills et les compétences transversales comptent le plus. » C’est ce que tentent d’insuffler les quatre lycées participant au projet pilote Entrepreneurial Schools amorcé en 2016 par les ministères de l’Éducation et de l’Économie, et désormais coordonné par Jonk Entrepreneuren. « Les enseignants intègrent le volet entrepreneurial dans leurs cours en s’inspirant notamment du Youth Start Challenge, un pro gramme visant à ouvrir l’esprit des jeunes et à les inciter à mettre en œuvre leurs idées de façon créative, précise Mme Damgé. Les élèves bénéficient aussi de contacts avec le monde de l’entreprise, soit à travers les program mes de Jonk Entrep reneuren (mini-entreprises, entreprises d’entraînement…), soit en visitant des entreprises sous la houlette de la Chambre de commerce. « Notre objectif est de dynamiser
47.966 L’enseignement secondaire national compte 47.966 élèves, dont 38.432 dans le public et 9.534 dans le privé. Environ 20.000 suivent une filière classique ou assimilée.
une attitude entrepreneuriale chez les jeunes, de mieux les pré parer à leur avenir, qu’ils soient ensuite indépendants, salariés ou fonctionnaires. »
SENSIBILISER LES ENSEIGNANTS
De fait, les contacts entre lycées et entreprises sont déjà anciens, d’abord parce que les entreprises ont fort à faire pour séduire des jeunes naturellement attirés par un secteur public réputé plus confortable et mieux rémunéré. 45 % des Luxembourgeois travaillent dans l’administration ou le parapublic. « La Chambre de commerce propose ‘Macro / micro’ qui se compose d’un atelier pour mieux connaître l’économie luxembourgeoise et d’un autre sur les avantages et les risques de l’entrepreneuriat », avec l’intervention d’un entrepreneur si l’école mobilise plus de trois classes, explique Philippe Linster, business advisor à la House of Entrepreneurship. Les élèves que l’entrepreneuriat séduit déjà peuvent assister à une « matinée de la création d’entreprise » qui les aide à structurer leurs idées à travers le business model canevas, un outil utilisé par les entrepreneurs. « Récemment, nous avons été recontactés par deux jeunes que l’atelier a moti vés à développer une idée qu’ils avaient de longue date », se réjouit M. Linster. Plus de 2.000 élèves ont, cette année, bénéficié d’un atelier ou d’une visite d’entreprise organisé(e) par la Chambre de commerce. Son programme Relations écoles entreprises s’adresse aussi aux enseignants via « Teacher meets business ». « Chacun peut citer un enseignant qui a eu une influence sur son choix de section ou de
PHOTO Chambre de commerce
ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
ENJEUX
PHOTO Luxembourg Tech School
métier, or la plupart des ensei gnants n’ont jamais travaillé dans le secteur privé, rappelle M. Linster. Nous organisons donc des visites d’entreprises pour leur en donner une expérience et leur présenter les profils que les entre prises recherchent. » Après l’ICT (data center), l’économie circulaire (Superdreckskëscht) et la logistique (CFL Multimodal), le programme leur a fait découvrir le monde des start-up à travers une tournée des incubateurs. « Les enseignants discutent avec les acteurs du privé afin d’améliorer leurs cours en intégrant des exer cices pour promouvoir les soft skills, l’esprit d’équipe, l’accepta tion du risque… surtout que l’échec et la faillite sont encore très mal perçus » au Luxembourg. Loin d’être une forteresse arc-boutée sur son programme – que le ministre voudrait étoffer en injectant des notions de digitalisation ici et là –, le lycée s’ouvre de plus en plus au monde de l’entreprise. « Il faut tout de même que le programme comporte un volet éducatif, que les élèves apprennent quelque chose et développent des compétences », note Stéphanie Damgé. Jonk Entrepreneuren a développé 11 programmes dont 8 pour l’enseignement secondaire, touchant plus de 11.500 élèves cette année « soit 14 % des élèves au Luxembourg, ce qui représente un réel impact économique et social ». Éducation financière, entrepreneuriat, artisanat, soft skills, codage… plus de 70 acteurs privés proposent divers projets et programmes, des associations professionnelles et sectorielles aux
institutions. Une offre tellement pléthorique que la professeure en sciences économiques Fabienne Kieffer travaille à la mise en place d’un organisme indépendant pouvant coordonner, communiquer et veiller à la qualité des différentes activités. Une initiative soutenue par la Chambre de commerce et le ministère de l’Éducation nationale.
FORMATIONS MISES À JOUR
Du côté de l’enseignement secondaire général, recouvrant les filières professionnelles et techniques, les relations avec les entreprises sont plus naturelles. Il s’agit plutôt de dépoussiérer l’image de l’artisanat et de promouvoir ses métiers auprès d’une jeunesse qui les côtoie moins que les générations précédentes. Mais là encore l’avenir s’avère encore peu lisible. Certaines mutations sont déjà concrètes – il ne faut plus être mécanicien mais mécatronicien pour réparer une voiture. Pour le reste, la connaissance technique n’est plus le principal critère. « La compétence-clé est l’ap titude à apprendre », estime Paul Krier, directeur du département Formation à la Chambre des métiers. « Nous promouvons l’idée qu’il faut donner un bagage suffi sant et assez large, qui permettra aux élèves d’affronter les défis et de pouvoir se développer à travers la formation continue », complète Charles Bassing, directeur général adjoint de la même institution. Car au-delà de l’évolution technologique en cours, c’est la façon d’exercer sa spécialité qui est impactée. « La linéarité dans l’ap
Les technologies autrement La Luxembourg Tech School repose sur la culture du projet, les nouvelles technologies n’étant qu’un moyen de résoudre un problème.
prentissage du métier qui conduit à monter son entreprise est rom pue, explique M. Bassing. On ne ven dra plus une chaudière mais de la chaleur. » Un toit peut être plus qu’un toit : un jardin, une terrasse, un lieu de production d’énergie… Un changement de paradigme qui a conduit à une refonte des brevets de maîtrise. « Des 40 brevets actuels, nous allons aboutir à une quinzaine de familles de métiers, détaille M. Bassing. Le premier a été lancé l’an dernier : c’est le bre vet en alimentation qui regroupe les métiers de bouche (boucher, boulanger, traiteur). » Trois autres sont en cours : génie technique du bâtiment (électricien, installateur de chauffage, isolation thermique…), toiture (charpentier, couvreur, travail en altitude…) et esthétique (coiffure, pédicure, etc.). Ces brevets offrent une formation plus générale et les spécialisations se feront via la formation continue. Les artisans réclament que la même souplesse soit injectée au niveau de la formation initiale et accueillent favorablement les dernières annonces du ministre de l’Éducation concernant la création de passerelles supplémentaires entre la filière technique et l’université. « Il faut décloisonner les formations pro fessionnelles et techniques, mon trer leurs perspectives et leur perméabilité, parce que rien n’est figé dans la vie, milite M. Krier. Sinon, les jeunes, et surtout leurs parents, bloquent. Actuellement, cela revient à choisir une filière à 12 ans et subir toute sa vie les conséquences de ce choix. » Une formation initiale faîtière et plus générale, une formation continue plus spécialisée : voici une architecture prometteuse, à condition que le financement suive – surtout que le multilinguisme complique l’organisation des formations. « Le système de cofinancement a un fort potentiel d’amélioration, ironise M. Bassing. L’État crée des règles en rendant certaines formations obligatoires mais ne les soutient pas financiè rement. » Et ce, alors que plusieurs centaines de professionnels sont engagés, bénévolement, dans les travaux de modernisation des filières de formation. C. F.
LUXEMBOURG TECH SCHOOL
RÉVÉLER LES LEADERS DIGITAUX DE DEMAIN Qui va remplacer les leaders digitaux d’aujourd’hui ? C’est la question qui taraude quatre experts digitaux et leur a inspiré la création de Luxembourg Tech School en 2017. « Nous devons motiver les élèves dès le lycée, avant leur choix de carrière, explique Sergio Coronado, travaillant dans la défense et enseignant en master au SnT. L’idée n’est pas de les guider vers une carrière spécifique mais de leur exposer les technologies disponibles et ce qu’on peut en faire. » Les lycéens répartis en petits groupes travaillent à résoudre un problème et sont appuyés par des professionnels bénévoles. Aux trois modules initialement proposés – « game development », « big data » et « fintech » – sont venus s’ajouter deux autres, « space resources » et « A.I. 4 finance ». À la fin de chaque module, les groupes pitchent leur solution devant un jury composé de professeurs, de professionnels et de conseillers ministériels. LTS compte cette année 120 élèves de sept lycées, 15 coachs bénévoles et réfléchit à une progression maîtrisée. L’asbl a, en parallèle, développé le programme « Learning to work : my first job experience in tech », financé par la Fondation State Street, et qui offre une première expérience professionnelle aux lycéens. Ils ont 100 à 200 heures pour boucler trois projets en éducation financière, en sciences et en aide humanitaire – une solution de réduction du gaspillage alimentaire calibrée pour les pays en développement. LTS est soutenue par Digital Lëtzebuerg, le ministère de l’Économie, Spaceresources.lu et le Fonds national de la recherche (programme science et société).
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L’Uni au service du pays
A
« L’Uni a comme mission d’atteindre un niveau d’excellence international. »
DES LIENS AVEC LA FORMATION PROFESSIONNELLE
En seulement 16 ans, l’Uni a réussi à se faire une place de choix au classement mondial des universités.
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C’est toujours dans cette logique de voir l’Uni se mettre au diapason du développement du pays que des liens de plus en plus étroits vont être noués entre le monde académique et celui de la formation professionnelle. Ainsi, l’École de commerce et de gestion (ECG) s’est associée à l’Uni pour créer un cursus universitaire professionnalisant. Les étudiants de l’ECG, après deux années de BTS gestionnaire comptable et fiscal, effectuent une
D’AUTRES VOIES
L’UNI ET CINQ UNIVERSITÉS PRIVÉES Créée en août 2003, l’Uni est l’université publique et europé enne du Luxembourg, mais à côté d’elle existent pas moins de cinq universités privées. La Luxembourg School of Business offre notamment un MBA via des cours le week-end, la Sacred Heart University Luxembourg est orientée vers le commerce et management, la Miami University Dolibois European Center accueille surtout des étudiants américains et internationaux, la BBI est pour sa part axée sur le management hôtelier et touristique. Enfin, la Lunex University, qui se situe à Differdange, est spécialisée dans le sport, le management sportif, la motricité, la thérapie et la médecine préventive. Elles ne sont évidemment pas accessibles à tous, notamment de par les frais d’inscription. Si, en ce qui concerne l’Uni, l’estimation du coût des études est de 1.120,94 euros par mois (incluant inscription, frais didactiques, logement en résidence, repas...), il est largement dépassé dans le privé, avec des montants qui dépassent le plus souvent les 10.000 euros pour la seule inscription.
troisième année pour obtenir un bachelor en comptabilité et fiscalité. Il en ira de même dès la prochaine rentrée avec un bachelor en dessin d’animation, qui sera dans la continuité des deux années de BTS en cette matière proposée au Lycée des arts et métiers de Luxembourg. « D’autres bachelors vont être mis en place dans les années à venir sur ce modèle, assure Claude Meisch. L’idée est d’élargir la voie vers le master. » Le ministre nourrit encore d’autres ambitions, notamment pour les sciences humaines et environnementales. « Pour apporter des réponses aux grandes questions et aux grandes évolu tions de la société, il nous faudra des spécialistes : agronomes, bio logistes, psychologues... », conclut-il. Et anticiper le futur, c’est aussi la mission de l’université. N. L
PHOTO Maison Moderne (archives)
commerce, indique le professeur Mickaël Geraudel, qui le supervise. Chaque promotion compte 25 étu diants, dont un tiers de non-Euro péens. » La majorité de ces universitaires restent ensuite au Luxembourg et contribuent au L’Uni propose différents masters qui répondent aux besoins développement de son tissu d’enconcrets du Luxembourg et les fait rayonner à l’international. treprises. Les cours faisant souvent u mois d’août, l’Université du au service du pays et de son référence aux réalités luxembourgeoises, les visites dans les entreLuxembourg fêtera son économie. » prises ou dans les incubateurs à 16e anniversaire. Une jeunette par rapport aux vénérables institu- GARDER LES TALENTS SUR PLACE start-up aident évidemment « très tions européennes comme Très vite, plusieurs cursus de l’Uni vite les étudiants à se rendre Oxford (1096) ou Heidelberg ont donc fait écho à des besoins de compte que l’écosystème local est (1386). Mais la valeur n’attend pas la place financière et des entre- tout de même très attrayant ». De le nombre des années. Et l’Uni n’a prises industrielles ou artisanales. nouvelles options pourraient voir pas tardé à se forger une solide Le master en wealth management le jour au sein du master, en foncréputation. en est un exemple, tout comme tion des besoins du terrain. « J’aime Chaque année, elle produit celui en accounting and audit. Une rais en effet développer des options près de 1.200 publications et est formation sur mesure a aussi vu le en entrepreneurship des start-up citée près de 600 fois dans des jour dans le domaine de la logis- IT, du social entrepreneurship et journaux de référence. En 2019, du green entrepreneurship. » le World University Ranking la Le dernier-né des masters est classe entre la 200e et la 250 e évidemment l’Interdisciplinary place mondiale. Mieux que les Space Master, qui débutera en sepuniversités belges de Bruxelles tembre prochain, et qui s’inscrit et Liège, françaises d’Aixdans la lignée de la politique très Marseille ou Montpellier, alleambitieuse du Luxembourg dans mandes de Bayreuth, Stuttgart le domaine spatial. « Il est donc ou Bochum. encore trop tôt pour établir un « J’ai toujours considéré que bilan », commente sobrement l’Uni. l’Uni avait comme mission d’at Soutenu par le ministère de l’Écoteindre un niveau d’excellence nomie et la Luxembourg Space international, tant par la Agency, le programme est réservé recherche que la qualité de son dans un premier temps à 20 étuenseignement », commente diants. « Mais ils ont été bien plus Claude Meisch qui, en tant que nombreux à déposer un dossier de Meisch ministre de l’Éducation nationale, Ministre deClaude candidature », confirme-t-on. Et l’Éducation nationale, de la quelques CV étaient très impresde la Jeunesse, de l’Enfance, de Jeunesse, de l’Enfance, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sionnants. « C’est le genre d’ensei l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a un champ d’acgnement qui peut aussi nous offrir tion qui va des premiers pas des tique. « Et cela fait 12 ans que nous la possibilité de découvrir des enfants à la crèche jusqu’à la proposons un master en entrepre- talents, des experts internatio défense des thèses doctorales. neurship, avec le soutien et la col naux, et de les convaincre de rester « Mais elle doit aussi se mettre laboration de la Chambre de ensuite au Luxembourg », souligne Claude Meisch. FILIÈRES D’AVENIR
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Photo → Franklin Delano Roosevelt, taken in 1944 by Leon A. Perskie [edited]
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ENJEUX
PERSPECTIVES
LE PROFESSEUR DU FUTUR
LA CLASSE DU FUTUR La salle de cours sera encore bien là à l’avenir, mais elle va sans doute considérablement évoluer. « Selon moi, elle devra être nettement plus flexible, souligne le ministre de l’Éducation nationale Claude Meisch. À certains moments, le professeur donnera cours face à ses élèves, comme on l’imagine toujours. Mais à d’autres moments, il faudra de la modularité pour permettre le travail en petits groupes. » La classe pourrait aussi sortir de l’école. « C’est une évidence à mes yeux, poursuit Claude Meisch. L’enseignement ne peut plus se passer dans le cadre exclusif de l’école. Il faut aller sur le terrain, notamment à la découverte du monde professionnel, des entreprises... pour se confronter à la réalité. » La classe sera encore et toujours plus digitale, et les programmes de cours devront s’adapter. « Mais à certains moments, il faudra aussi revenir au ‘switch off’, car certains apprentissages nécessitent un travail sans le digital, par exemple l’apprentissage de l’écriture. »
UNE BUSINESS SCHOOL ? Certains rêvent d’une vraie business school, mais la loi sur l’université ne permet pas sa création. Le ministère de l’Enseignement supérieur confirme donc qu’aucun projet ne dort dans les cartons. « D’autant que l’Uni a adapté ses enseigne ments aux besoins de la place financière, souligne le ministère de l’Enseignement supérieur. Ce qui n’était pas tout à fait le cas au début. Et cela évoluera encore en fonction des besoins, évidemment. »
Évidemment, le professeur du futur (et déjà maintenant) devra être agile avec les nouvelles technologies. Pour cela, les responsables sont assez optimistes. Il est vrai que les écoles sont plutôt bien équipées au Luxembourg, ce qui est indispensable. Surtout, le ministère de l’Éducation nationale signale « que parmi les formations offertes aux enseignants, ce sont celles liées aux technologies numériques et à la manière de s’en servir qui sont spontané ment les plus demandées. C’est la preuve qu’il y a une vraie volonté de s’en emparer. » Cet enseignant 2.0 sera parfois issu du secteur privé, afin de faire passer son expérience aux étudiants. « Selon moi, il devra aussi être capable d’adapter son enseigne ment aux différents profils qu’il aura en face de lui. Il devra également savoir collaborer avec les parents, la société civile, le secteur privé... », complète le ministre Claude Meisch. Serait-ce le Yéti, dont on parle beaucoup, mais qu’on ne voit jamais ? « Non, de très nombreux enseignants ont déjà ces qualités », ajoute-t-il.
ILLUSTRATIONS Sophie Melai (Maison Moderne)
Dans l’école de demain PLUS DE LANGUES UNE FACULTÉ DE MÉDECINE ? La première année de médecine est pro posée à l’Uni depuis 2005-2006. À partir de la rentrée 2020, le bachelor (trois ans) complet sera organisé. L’université a d’ailleurs récemment nommé le professeur Gilbert Massard en tant que directeur de l’enseignement médical. Il devra élaborer le futur cursus. Le master n’est pour le moment pas à l’ordre du jour, les étudiants devant l’obtenir dans une université partenaire. En revanche, l’Uni devrait dans les prochaines années proposer des études en spécialisation, notamment dans le domaine de l’oncologie.
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L’ENTREPRISE DANS L’ÉCOLE Plusieurs lycées évoluent déjà en se rapprochant du monde de l’entreprise. Les liens ne vont cesser de se renforcer au cours des années à venir. Le ministre Claude Meisch est en tout cas très satisfait du projet pilote mis en place au Lycée des arts et métiers de Luxembourg, qui propose depuis la rentrée 2018 trois BTS « high tech ». Surtout, les locaux scolaires sont partagés avec des start-up afin d’inciter les échanges. « Les élèves découvrent la réalité de l’entreprise, les start-up peuvent pour leur part dénicher facilement de futurs stagiaires », commente Claude Meisch.
La pratique de plusieurs langues sera une évidence. L’éducation plurilingue dans les crèches depuis 2017 a été une étape dans cette direction. « Cette réforme a pour but d’initier l’enfant à la pratique des lan gues avant d’en débuter l’apprentissage formel dans le fondamental. Le bilan sera à faire dans une quinzaine d’années », indique le ministère de l’Éducation nationale. Un apprentissage qui se poursuivra dans le secondaire. Tandis que de nouvelles formations professionnelles vont s’ouvrir en anglais et en français dès la rentrée prochaine. À l’Uni, de nombreux diplômes sont d’ores et déjà, au minimum, bilingues.
START-UP STORIES ROUND 3
MARDI 17 SEPTEMBRE 2019
LE JURY
La série « Start-up Stories » rythmera l’année aver cinq événements, chacun parrainé par une personnalité ou un expert de la création d’entreprise.
VANIA HENRY Legitech
Pour ce troisième « round », après une keynote d’ouverture de 20 minutes, 10 entrepreneurs sélectionnés par la Lhoft pitcheront durant 3 minutes chacun l’histoire de leur start-up et l’origine de leur idée.
LAURENT KRATZ Scorechain POLINA MONTANO Job Today
À l’issue de la soirée, les deux meilleurs pitchs seront sélectionnés pour participer aux Start-up Stories Awards, la grande soirée de remise des prix qui se déroulera à la Maison du savoir à Esch-Belval.
PIERRE-OLIVIER ROTHEVAL BIL DIANE TEA LBAN
AGENDA
LIEU
18:30 19:00 19:30 20:30
Host 9, rue du Laboratoire Luxembourg
Accueil Keynote speech 10 pitchs Networking & appetisers
GOLD SPONSOR
SILVER SPONSORS
GRANDS DOSSIERS
family financial services Vivez l’expérience sur paperjam.lu/dossiers
Serge Krancenblum Président Luxembourg Association of Family Offices
INTERVIEW
« Le Luxembourg a beaucoup d’arguments à faire valoir » La place financière luxembourgeoise a de beaux atouts à faire valoir auprès des familles fortunées dont le patrimoine revêt une dimension internationale, pour les aider à mieux structurer et administrer l’ensemble de leurs actifs.
P
lace financière d’envergure, le Luxembourg est mondialement connu en tant que domicile de choix pour les fonds d’investissement destinés à être distribués à l’international. Les prestataires de services financiers servent aussi d’autres activités, plus orientées vers les particuliers et les familles fortunées, dans le domaine de la structuration du patrimoine. « Que le Luxembourg développe des activi tés dédiées aux familles, principalement dans le domaine bancaire, n’est pas nouveau, commente Serge Krancenblum, président de la Lafo (Luxembourg Association of Family Offices). Cependant, avec la levée du secret bancaire, l’offre de services destinée à cette clientèle composée de particuliers fortunés s’est considérablement transformée. À l’époque,
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on s’est rendu compte que, au-delà des enjeux fiscaux, le Luxembourg comptait des profes sionnels de grande qualité et proposait un cadre réglementaire particulièrement intéres sant pour servir les besoins de structuration de familles dont le patrimoine revêtait une dimension internationale. »
de transmission, implique une réelle expertise transfrontalière. « Or, le Luxembourg, qui est avant tout un hub financier et d’investissement internatio nal, peut faire valoir un écosystème composé de professionnels de qualité, et capable de soutenir les différents besoins de structura tion aujourd’hui rencontrés par ces familles, MIEUX STRUCTURER À L’INTERNATIONAL poursuit Serge Krancenblum. Dès que la Dans un monde globalisé, les grandes fortunes dimension internationale entre en considé sont de moins en moins attachées à un territoire. ration, en matière de structuration du patri Elles opèrent le plus souvent sur un territoire moine familial, le Luxembourg a beaucoup transfrontalier, avec des actifs répartis dans plu- d’arguments à faire valoir. » sieurs pays. Les membres de leur famille, euxmêmes, ne vivent pas forcément au sein d’une UNE BOÎTE À OUTILS À COMPLÉTER même juridiction. La structuration d’un tel Parmi ces atouts, au-delà de l’expertise transpatrimoine, avec des enjeux de préservation et frontalière, il y a un cadre juridique attrayant
GRANDS DOSSIERS
et réputé extrêmement stable. Le pays est aussi parvenu à proposer une large palette d’outils de structuration particulièrement appréciés à des fins de structuration. « Cela recouvre beau coup de choses, comme les sociétés de partici pation (Soparfi), des sociétés de gestion de patrimoine familial (SPF), mais aussi des struc tures d’investissement dédiées, comme les Fis et les Fiar », commente Serge Krancenblum. La place financière dispose de presque tous les outils auxquels peuvent recourir les familles pour structurer leur patrimoine. Aujourd’hui, il lui manque cependant encore deux véhicules souvent recherchés : le trust et la fondation. « Ce sont des outils qui existent par ailleurs dans beaucoup de pays, et que nous aimerions voir mis en place au Luxem bourg, commente Serge Krancenblum. Il y a encore du travail mais, à terme, je suis per suadé qu’ils pourront compléter la boîte à outils. Le trust, d’une part, est une structure connue très appréciée d’une clientèle anglosaxonne. La fondation, d’autre part, est aussi souvent demandée. À travers elle, la famille peut décider de la manière dont sera affecté son patrimoine pour les générations futures, au profit des membres de la famille, ou encore d’une cause bien déterminée. »
PHOTOS Maison Moderne
LE LUXEMBOURG, UNE JURIDICTION DE QUALITÉ
Dans le domaine des services financiers dédiés aux familles, le Luxembourg devrait parvenir à renforcer encore davantage sa position dans les années à venir. Quand beaucoup d’autres juridictions feront valoir un environnement fiscal attrayant – quand fiscalité il y a –, le Luxembourg se battra déjà sur d’autres arguments. « Alors que les États vont vers davantage d’har monisation et de transparence, la clientèle de particuliers fortunés cherche désormais davantage de qualité. Au Luxembourg, elle s’exprime dans l’expertise développée, mais aussi dans une bonne réglementation et un réel support, explique celui qui est aussi le cofondateur d’IQ-EQ, groupe international actif dans 23 pays. La plupart des grandes for tunes ont d’ailleurs recours à un véhicule luxembourgeois pour leurs besoins de struc turation. Au-delà de la mise en œuvre des outils juridiques manquants, un des enjeux est donc de mieux faire valoir tout ce savoir à l’international. » S. L.
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SUCCESSION, ACQUISITION OU CESSION : QUAND L’ENVISAGER ? Pierre-Jean Estagerie Tax partner Deloitte Hélie de Cornois Head of estate planning & international patrimonial services Deloitte
2 contributions
CARTES BLANCHES Julie Hecklen Wealth analysis & planning specialist ING Luxembourg Tom Rasqué Head of business development Luxembourg hub Lombard International Assurance
RENDEZ-VOUS
LES PROCHAINS GRANDS DOSSIERS 09.07.2019
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« Depuis Bad Banks, on me prend au sérieux » 72 7 2—
— Mars Juillet2019 / Août 2019
Figure incontournable de la scène luxembourgeoise, Désirée Nosbusch connaît une seconde carrière depuis son carton dans la série à succès Bad Banks. Elle y incarne une banquière implacable, plus vraie que nature selon les professionnels du secteur. Entretien confession.
Auteurs
Matthieu Croissandeau et Thierry Raizer Photographe
Patricia Pitsch (maison moderne)
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vous connaissez forcément la finance, que vous ne payez pas d’impôts... [rires] Mais moi, j’avais une vision très éloignée de ce milieu-là. J’ai grandi dans une famille populaire à Esch. Mon père était camionneur, ma mère ménagère. Ce n’était pas du tout mon truc. J’ai un frère qui travaille dans la finance et qui a pu m’aider. Il n’en pouvait plus parce que je l’appelais tous les trois jours pour qu’il me raconte comment on crée un fonds, comment on restructure une dette... Heureusement qu’il a pu m’aider, car l’argent et moi, ça ne va pas bien ensemble. Ça ne m’intéresse pas. Je pense évidemment que c’est bien d’en avoir, que ça facilite la vie, mais chez moi, ça arrive et ça part...
Désirée Nosbusch Full credit
V
ous interprétez, dans la série Bad Banks, le rôle de Christelle Leblanc, une banquière luxembourgeoise froide et impitoyable. Cela paraît très loin de votre vie de tous les jours. Comment vous êtes-vous préparée ?
Il n’y a aucun personnage plus éloigné de moi que Christelle Leblanc. J’ai eu la chance que la première saison de la série soit confiée à Christian Schwochow, un réalisateur très connu pour son travail en profondeur et qui attend aussi de ses comédiens que ceux-ci soignent tous les détails... Dès le premier casting, il m’a bombardée d’articles, de livres et de documentaires sur la finance, les fonds, les banques d’investissement. J’ai aussi pu rencontrer une femme à Londres qui fut une des premières traders à New York. Elle a choisi toute sa vie de privilégier sa carrière, n’a jamais été mariée, n’a jamais eu d’enfants... Elle ressemblait du coup, par beaucoup d’aspects, au rôle que j’interprète. Elle m’a aidée en me racontant ce que c’était d’être une femme dans ces étages très masculins des buildings de la finance...
C’est-à-dire ?
C’est très difficile de trouver la bonne attitude, de ne pas abandonner sa féminité, mais de ne pas la porter non plus à fleur de peau. Quand vous êtes une femme et que vous rentrez sans le look approprié dans ce genre de bureaux, vous n’avez aucune chance... Elle m’a raconté aussi que son métier lui faisait l’effet d’une drogue. Elle était incapable de dire ce qui continuait à la faire avancer. Car, à un moment donné, ce n’est plus l’argent, ni même un zéro de plus sur le compte en banque qui fait la différence, mais simplement le jeu et le goût de gagner. Elle m’a enfin parlé de la peur de l’après, qui la préoccupait beaucoup... Qu’est-ce qui reste quand tout s’arrête ? Ce sujet-là, j’ai pu l’aborder également avec une autre femme qui venait de mettre un terme à sa carrière dans la finance à New York à 32 ans seulement, parce qu’elle n’en pouvait plus. Avec l’une comme avec l’autre, j’ai pu mieux mesurer le pour et le contre.
Quelle vision aviez-vous de la finance, auparavant ?
Quand vous êtes à l’étranger et que vous venez du Luxembourg, tout le monde a l’impression que
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Vous ne consultez pas vos placements tous les matins ?
bio express
Désirée Nosbusch en cinq dates 1965 Naissance à Esch-sur-Alzette 1981 Premier passage devant la caméra pour la série TV allemande Nach Mitternacht 1984 Présente, à 19 ans, le 29e concours de l’Eurovision en direct du Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg 2018 Première saison de Bad Banks 2019 Reçoit le prestigieux Grimme-Preis 2019 pour son rôle dans Bad Banks et prépare le tournage de la saison 2 de la série.
grimme-preis
La reconnaissance Désirée Nosbusch a reçu, le 5 avril dernier, le prestigieux Grimme-Preis remis lors de la 55e édition du prix Adolf Grimme récompensant les séries télévisées en Allemagne. Une reconnaissance qui reflète l’adhésion du public et des professionnels à son rôle dans Bad Banks. Le dernier acteur luxem bourgeois à avoir décroché un prix, remis chaque année depuis 1964 par l’Institut Adolf-Grimme, est Thierry Van Werveke, décédé en janvier 2009.
Non, parce que je n’en ai pas, mais aussi et surtout parce que ce n’est pas quelque chose qui me rend heureuse. Quand je vais à des dîners ou des événements avec des gens du secteur financier, je me dis toujours que j’espère qu’ils se marrent un peu plus à la maison ou qu’ils ont une passion à côté de leur carrière. Je trouve très dangereux de vivre dans une bulle où tout est matériel, rythmé par un profit ou une perte....
Tout est matériel et en même temps, dans la vie comme dans Bad Banks, les sommes en jeu paraissent parfois irréelles tant elles sont faramineuses...
Oui, c’est fou... Avec Paula, ma collègue actrice qui interprète le rôle d’un jeune prodige de la finance, on se disait souvent, au début de la série : « Mais où est tout cet argent ? Existe-t-il un grenier quelque part où sont entreposées toutes ces sommes, comme les enfants peuvent le lire dans Picsou ? » La dématérialisation des transactions a rendu les choses virtuelles, et du coup plus difficiles à comprendre. J’ai rencontré quelqu’un de très connu dans notre métier qui a perdu des millions en 2008 après la faillite de Lehman Brothers à New York. Il m’a dit : « Tu sais, Désirée, c’est marrant, parce que tu te lèves le matin, on t’annonce que tu viens de perdre tant de millions, et puis tu te dis que tu vas quand même prendre ton café, te doucher, t’habiller et aller au bureau... C’est surréel. » J’adore me balader dans ce monde en tant que Christelle Leblanc, mais ce n’est pas le mien. Avant de lire le scénario de la deuxième saison, je me disais que mon personnage était arrivé à son sommet de froideur, de tactique et de méchanceté. Mais je me trompais. Et ce n’est pas exagéré...
Quels ont été les retours des professionnels de la finance sur la série ?
C’est drôle, parce que depuis Bad Banks, on me prend au sérieux au Luxembourg. Les gens que je croise imaginent que je suis devenue une spécialiste de la finance. À tel point que des banquiers me demandent même ce que je pense, ou comment je vois les choses [rires] ! J’avais un peu peur, après le tournage, qu’on nous reproche d’avoir forcé le trait. Mais tous les banquiers que je connais, tous ces messieurs que l’on croise dans les mêmes étages que Christelle Leblanc, m’ont dit : « On aimerait
« Je trouve très dangereux de vivre dans une bulle où tout est matériel, rythmé par un profit ou une perte… »
Préparation Pour incarner au mieux la banquière luxembourgeoise Christelle Leblanc, Désirée Nosbusch a rencontré des femmes qui ont fait carrière dans la finance.
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bien te dire autre chose, mais la série est très proche de la réalité... » Je trouve que c’est un très beau compliment. Mais ça fait peur...
Comment incarne-t-on une méchante ? Faut-il l’être un peu soi-même ?
Je ne crois pas... [sourire] Pas davantage qu’il faut être un meurtrier pour tuer quelqu’un dans un film, heureusement ! Mais j’essaye toujours de voir les deux côtés de mon personnage. C’est quelqu’un qui a de graves blessures, qui a peur de vieillir, qui a dû renoncer à son côté féminin pour survivre à ce niveau. Elle n’est pas méchante, mais parfois désespérée. Elle n’a pas d’homme dans sa vie, elle est seule, elle voit toutes ces jeunes femmes qui arrivent pour prendre sa place. Et ça, je peux le comprendre, parce que moi aussi je suis une femme qui ne cache pas son âge. Ce n’est pas évident de vieillir dans l’œil des autres, mais aussi dans un milieu où arrivent chaque année beaucoup de jeunes, beaux, intelligents, dynamiques, avec plus de force et moins mal au dos. On ne se lève pas tous les matins en se disant : « C’est génial, me voilà un jour plus vieille ! »
Beaucoup de comédiennes se désolent que leur carrière s’arrête à 40 ou 50 ans parce qu’on ne pense plus à les faire tourner...
synopsis
De la banque aux fintech Christian Zübert est passé derrière la caméra pour la nouvelle saison de Bad Banks. Diffusé en 2018 sur ZDF et Arte, le thriller se place dans le monde de la finance, côté face et surtout côté pile. Entre des personnages qui jouent d’influence et de manipulation pour parvenir au pouvoir et le conserver, les six épisodes de la deuxième saison se placent dans le contexte de la crise financière de 2008 qui n’épargne pas la banque fictive Deutschen Global Invest.
C’est vrai. Moi, j’ai eu un coup de chance incroyable. Six mois avant le casting de Bad Banks, j’avais appelé mon agent pour lui demander de me sortir de son fichier parce que je n’arrivais pas à avoir les rôles que je voulais. On ne me prenait pas au sérieux, je trouvais que je n’avais pas l’occasion de montrer ce que j’avais en moi. Je voulais vraiment arrêter avec la comédie, ça me faisait trop mal. Et puis six mois après, elle m’appelle et me dit qu’il y a un casting où ce serait quand même pas mal que je me présente... C’était Bad Banks ! Depuis, la série a entraîné pour moi beaucoup de choses. Je n’ai jamais autant travaillé dans ma carrière de comédienne que maintenant, à 54 ans.
C’est un milieu sexiste, le cinéma ?
Oui, et ce n’est peut-être hélas pas le seul... J’étais triste et heureuse que le mouvement #MeToo fasse sortir des choses finalement. C’était une question en souffrance depuis longtemps. J’avais 12 ans quand j’ai commencé ce métier. Je mentirais si je disais que ce milieu n’était pas sexiste. J’en ai vu de toutes les couleurs.
Vous-même, vous en avez été victime ?
« Notre économie ne serait pas la même sans les étrangers. »
Oh oui... plus d’une fois. Des choses pas belles me sont arrivées.
Pourquoi n’en avoir jamais parlé ?
C’est sans doute une affaire de génération... J’ai grandi dans un pays catholique où les mentalités n’étaient pas les mêmes, où l’on pensait d’abord à ce qu’en diraient les voisins, où l’école apprenait aux enfants à se taire et à respecter toute personne plus âgée, même lorsqu’il s’agissait d’un salaud... Ma génération pensait que s’il t’arrivait quelque chose, c’était de ta faute. Ce n’est que beaucoup plus tard, grâce à des gens qui m’ont aidée, que j’ai appris que j’avais le droit de parler. J’admire toutes les femmes qui ont eu le courage de le faire. Moi, j’y ai beaucoup réfléchi lorsque j’étais en Allemagne, mais je ne l’ai pas fait. La personne en cause n’était plus vivante et je ne voulais pas me voir reprocher d’accuser quelqu’un qui n’avait plus la possibilité de se défendre. Mais surtout, j’étais en paix avec moi-même depuis quelques années. La preuve, je vous en parle...
Comment expliquez-vous qu’aucune affaire ne soit sortie au Luxembourg ?
Je me le demande sincèrement. Le Luxembourg n’est pas mieux que les autres. C’est plus petit, ça se cache peut-être plus facilement, mais cela existe forcément. Je trouve cela très dommage.
Les rapports hommes-femmes ont-ils changé dans le cinéma depuis l’affaire Weinstein ? Les hommes sont-ils plus respectueux ?
Oui, cela a changé, il y a eu une prise de conscience. Les hommes ne sont peut-être pas plus respectueux, mais ils ont peur... Alors ils font attention.
Retour Après trois décennies passées aux États-Unis et en Allemagne, Désirée Nosbusch est revenue vivre au Grand-Duché. — Juillet / Août 2019 76 —
Bad Banks fait la part belle aux personnages féminins. Est-ce pour vous une série féministe ?
Oui. Car je pense que si elle avait été réalisée il y a 10 ans, les rôles que nous interprétons avec Paula auraient été confiés à des hommes. C’est sûr. Mais surtout, ces deux rôles ne correspondent pas à des femmes parfaites. Ce sont deux personnages complexes, pas toujours beaux, ni plaisants, mais loin des stéréotypes dans lesquels on enferme trop souvent les femmes.
Vous êtes revenue vivre au Luxembourg après presque trois décennies à l’étranger. Quel effet cela fait-il ?
Ça fait un sacré effet... [rires] Je suis d’abord revenue pour des raisons familiales et être auprès de ma maman. Mais j’ai aussi la grande chance de jouer des rôles qu’on ne m’aurait jamais confiés ailleurs. Je pense à mon travail aux Casemates dans Gift en 2014, par exemple, ou jouer Mittal dans En Tiger am Rousegäertchen deux ans plus tard. On me laisse encore grandir. C’est un truc positif au Luxembourg : tu es observée, mais on te laisse faire. Cela n’a pas toujours été le cas. On m’a forcée à quitter l’école à Esch avant mon bac, alors que j’y étais bien. On m’a dit que ça créait trop de troubles. J’avais 16 ans. Ça m’est toujours resté là.
Avez-vous trouvé le pays changé ?
Sur le plan culturel, complètement ! Pour le théâtre, par exemple, on a aujourd’hui l’embarras du choix. On ne sait plus où aller le soir tellement il y a de choses intéressantes. Le cinéma aussi a évolué, même si nous sommes désormais arrivés à un palier qui doit nous amener à réfléchir pour savoir où l’on veut aller. Il faut le reconnaître, ça coince un peu : on est trop grand pour être petit, mais trop petit pour être grand. Veut-on vraiment s’affirmer dans les coproductions internationales comme le font très bien beaucoup de mes collègues ? Ou devonsnous nous concentrer sur le film luxembourgeois ? Et dans ce cas, comment évoluer et s’ouvrir pour faire franchir la frontière ? Un Superjhemp, c’est génial, mais ça ne passe pas à Trèves ou à Thionville... Je suis d’accord pour soutenir les talents nationaux, j’en profite moi-même. Mais il faut regarder ça de près, car cela représente beaucoup d’argent pour un marché petit. Nous avons la chance d’avoir des techniciens géniaux par exemple, mais il y a des secteurs où nous ne sommes pas au niveau des autres pays.
Par exemple ?
Je pense à l’écriture... un domaine où nous avons une grande marge de progression. Je ne vais pas me faire que des amis, mais il n’y a pas cinq personnes au Luxembourg qui écrivent des scénarios à la hauteur de ceux que l’on trouve à l’étranger.
Et du point de vue de la vie quotidienne, le pays est-il différent ?
On est calmes ici. Je peux vivre une vie très normale, et c’est très sympa. Qu’on soit connu ou non, tout le monde se croise au supermarché, on échange des avis sur le Kachkéis, c’est super [rires]. Mais c’est aussi une façade, car derrière, les gens parlent beaucoup ! Je dis ça, mais j’éprouve une grande gratitude à l’égard de mon pays. Nous avons de la chance ici. Les gens vivent mieux qu’ailleurs. Je me
c e l e b r at i n g l u x e m b o u r g
Une ambassadrice du pays Véritable porte-drapeau du Luxembourg, qu’elle a dû quitter pour mieux se faire (re)connaître, Désirée Nosbusch s’était prêtée au rôle de maîtresse de cérémonie pour l’événement Celebrating Luxembourg, organisé par Maison Moderne le 13 décembre 2017 à la Rockhal et mettant justement en lumière les ambassadeurs du pays dans différents domaines, du business à la culture. Deux ambassadeurs du Luxembourg à l’étranger réunis par Maison Moderne le temps d’une soirée : Désirée Nosbusch et le musicien et compositeur Gast Waltzing.
casting
« Bad Banks » : un exemple européen Développée pendant cinq ans entre Letterbox (Alle magne) et Iris Productions (Luxembourg) avec la Zdf et Arte, la série Bad Banks a notamment bénéficié du soutien du Luxembourg Film Fund. Un exemple de réussite européenne pour cette série qui a été tournée en partie au Luxembourg, tant pour la première saison de six épisodes – déjà diffusée et vendue dans une trentaine de pays – que pour la seconde – dont la moitié est tournée au Luxembourg. Et la série ne mettra pas uniquement en vitrine les sites de Luxembourg Congrès, Esch-Belval ou encore le Freeport. Elle permettra à des acteurs luxembourgeois de s’exprimer aux côtés de Désirée Nosbusch : Larisa Faber, Germain Wagner, Marc Limpach, déjà présents lors des premiers épisodes, sont rejoints par Elisabet Johannesdottir et Fabienne Hollwege.
demande juste comment nous nous comporterions si l’économie ne tournait plus aussi bien. Serionsnous aussi accueillants que par le passé ? Serionsnous aussi Européens ? Quand j’étais enfant, on ne se posait jamais la question de savoir qui venait d’où. On faisait toujours tout ensemble.
Aujourd’hui, les gens parlent davantage le luxembourgeois. C’est un signe de repli, selon vous ?
Chez moi, on parlait italien, luxembourgeois et un mauvais français, mais on se comprenait. Sur un sujet comme celui de la langue, on crée des oppositions entre les uns et les autres dès lors qu’on impose des règles. Nous sommes un petit pays qui a toujours bénéficié des gens qui partent et qui viennent. Notre économie ne serait pas la même sans les étrangers. Si on les accueille bien, si on les traite bien, ils feront eux-mêmes la démarche de s’intéresser à notre culture. Il faut leur donner l’envie de faire partie de cette communauté. Je ne pense pas qu’on y arrivera en érigeant des barrières.
Vous avez reçu un Grimme-Preis en Allemagne pour votre prestation dans Bad Banks. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Ça me rend très heureuse. Je suis la première femme au Luxembourg à le remporter. Ça représente beaucoup parce qu’on m’a longtemps renvoyée à mon activité de présentatrice plutôt que de me reconnaître comme une comédienne. Or, j’ai toujours voulu l’être. Mon oncle était le directeur du théâtre d’Esch. J’ai été baptisée dans la buvette du théâtre. Ma mère s’occupait des loges et du placement des spectateurs, mon père de la technique. Ma mère me disait à l’époque que je ne pourrais jamais y arriver parce que je n’étais pas née aux États-Unis... [rires]
Et votre décoration au palais grand-ducal, lors de la Fête nationale le 23 juin dernier ?
Ma première pensée a été pour mon père. Cela aurait représenté beaucoup pour lui. Il me disait toujours : « Le jour viendra où ils verront au Luxembourg que tu sais faire quelque chose. » C’est beau d’être reconnu chez soi. Il y a quelques années, on me demandait encore quel était mon vrai métier... [rires] Je suis heureuse et reconnaissante. Et puis cela me rappelle aussi mon enfance. Quand le Grand-Duc Jean venait à Esch au théâtre que dirigeait mon oncle à l’époque, j’avais l’honneur de remettre un bouquet à la Grande-Duchesse. Aujourd’hui, me voilà décorée. En quelque sorte, la boucle est bouclée...
La saison 2 de Bad Banks sortira l’an prochain. Quels sont vos autres projets ?
J’ai tourné deux épisodes d’une série policière pour la télévision allemande qui sera diffusée en octobre prochain. J’y joue le rôle d’un profiler. J’ai aussi participé à une super série de science-fiction qui s’appelle Spides, pour NBC. Je me réjouis de tous ces projets. Je me suis longtemps dit que je ne voulais pas réaliser un jour que je n’avais pas fait ce que je voulais faire. Aujourd’hui, si on me disait demain « c’est fini », je sais que je n’aurais aucun regret ! Juillet / Août 2019 —
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vision
Michel Wurth tient beaucoup à la reconversion des friches de Belval, mariant l’histoire et l’avenir du pays, et trans formant un site industriel délaissé en monument.
« Il faut toujours regarder devant soi. » À 65 ans, Michel Wurth a rangé ses casquettes de président de l’Union des entreprises luxembour geoises et de la Chambre de commerce, tout en conservant des postes stratégiques aux conseils d’administration d’Arcelor Mittal et de Paul Wurth. Rencontre avec un homme qui n’a jamais eu peur d’aller à contre-courant et de saisir les opportunités.
Auteurs
Camille Frati et Thierry Raizer Photographe
Edouard Olszewski
Michel Wurth construction
Léopard réfléchi
ArcelorMittal comptait installer son nouveau siège dans le bassin minier, mais c’est le Kirchberg qui l’a emporté, plus accessible. La tour en acier se dressera sur « le plus beau terrain qui reste au Kirchberg », selon Michel Wurth, qui espère obtenir le permis de construire avant fin 2019.
Q
uel regard portez-vous sur les premiers mois de la coalition Bettel-Schneider-Braz II ?
Le gouvernement a remercié les électeurs de lui avoir donné leur confiance (en octroyant deux jours de congé supplémentaires, ndlr). Maintenant, il lui faut mettre en œuvre son programme. Je note une continuité dans la volonté de modernisation du pays, avec un accent particulier sur la digitalisation. Il faudra espérer que la con joncture reste bonne, parce qu’il dépense le supplément de recettes qu’il engendre du fait de la bonne croissance économique. Et la fiscalité des entreprises a beaucoup augmenté par rapport à 2013 – un milliard d’euros d’impôts par an en plus.
Est-ce le moment de baisser encore le taux d’imposition ?
C’est absolument une nécessité. Nous sommes devenus moins compétitifs. Nous avons un taux nominal de 25 %, alors que le taux médian à l’OCDE est de 19 %. Manifestement, il faut aller dans cette direction, parce que nous continuons à avoir besoin de croissance et devons rester attractifs pour les entreprises.
Le gouvernement avait mis en exergue plus de flexibilité du temps de travail. Rejoignez-vous d’autres patrons qui disent que les entreprises ne s’y retrouvent pas ?
Ce qui est manifeste, c’est que nous avons été très constructifs dans la discussion pour moderniser la politique familiale afin de permettre une meilleure conciliation entre vie privée et travail, et faire en sorte d’améliorer l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Un grand nombre d’entreprises au Luxembourg sont modernes, comprennent ce que veut dire « entreprise socialement responsable » et savent qu’un bon équilibre entre hommes et femmes rend l’entreprise plus performante. Par contre, il est relativement difficile de ne faire la flexibilité que dans un sens. Nous avions proposé au gouvernement de nous donner les instruments pour pouvoir discuter de la flexibilité à l’intérieur de l’entreprise et faciliter la possibilité de travailler plus quand le client le demande. Mais il a légiféré et donné des congés supplémentaires. L’économie luxembourgeoise manque de flexibilité en matière d’organisation et de droit du travail. Heureusement, beaucoup d’entreprises s’arrangent sur le terrain et entretiennent un bon dialogue avec leurs salariés.
Avez-vous l’impression que les entreprises ont moins l’oreille du gouvernement qu’auparavant ? 80 —
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Bio express • 1954 Naissance à Luxembourg • 1973-1979 Études à Grenoble (droit, sciences po) et Londres (London School of Economics) • 1979 Entre à l’Arbed • 1996 CFO de l’Arbed • 2002 Directeur général et CFO d’Arcelor • 2006 Vice-CEO responsable des aciers plats Europe, de l’automobile et de la R&D Global • 2011 Entre au comité de direction d’ArcelorMittal, chargé des aciers longs • 2014 Passe du comité de direction Global au conseil d’administration d’ArcelorMittal Luxembourg Autres mandats sociaux : • Président du conseil d’administration de Paul Wurth SA • Président du conseil d’administration de BIP Investment Partners SA • Membre du conseil d’adminis tration de BGL BNP Paribas • Membre du conseil d’adminis tration de la Brasserie Nationale • Membre du conseil de surveillance de SMS Group • Membre du conseil d’administration de la Banque centrale du Luxembourg • Président de l’UEL et de la Chambre de commerce (2004-2019) • Vice-président de la Croix-Rouge luxembourgeoise • Président de l’Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR) • Membre de l’Institut grand-ducal – section des sciences morales et politiques
Objectivement, ce qui se passe, c’est que nous avons une courte majorité parlementaire constituée de trois partis ayant chacun des contraintes marquées. Le gouvernement a donc moins de marge de manœuvre pour négocier avec les partenaires sociaux. J’ai plutôt l’impression qu’ils ont une discussion politique en interne, ils font un compromis, et ensuite, il est difficile d’en changer, sous peine de mettre en cause l’équilibre et la bonne entente au sein du gouvernement. Il faudra peut-être essayer d’influencer le débat d’idées en amont, parce qu’une fois que vous êtes confronté à un projet de loi, c’est difficile de le faire changer en profondeur. Quand je négociais avec Jean-Claude Juncker, la majorité gouvernementale était beaucoup plus
large, et un seul parti représentait les deux tiers du gouvernement. Le statut unique au niveau du secteur privé – malheureusement uniquement au niveau du secteur privé – est issu d’une véritable négociation. Ce n’était pas « à prendre ou à laisser, et si vous laissez, on le fait quand même ».
Avez-vous fait vos études dans l’optique d’entrer dans la sidérurgie ?
Pas du tout. J’ai une triple formation droit / sciences po / économie. À l’époque, Gaston Thorn avait ouvert la possibilité à un jeune Luxembourgeois d’entrer à l’École nationale d’administration (en France, ndlr). Je pensais avoir un bon profil, mais je n’ai pas été retenu, alors mes parents m’ont incité à trouver un emploi. Je suis allé voir une PME, une
banque, et finalement je suis entré dans le secrétariat du directeur financier de l’Arbed pour réaliser des études économiques. Très rapidement, j’ai participé au volet économique de la restructuration de la sidérurgie luxembourgeoise. Une très grande chance. J’ai commencé à négocier avec Jean-Claude Juncker, devenu secrétaire d’État au Travail, à 29 ans.
Si c’était à refaire, seriez-vous plutôt allé frapper à la porte de la place financière ?
Non, je pense que j’ai bien fait. Il faut essayer de trouver des situations un peu originales et un peu difficiles, nager à contre-courant. Dans la sidérurgie, il y avait tout à faire et rien à perdre. Juillet / Août 2019 —
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1979, c’était le pire moment pour y entrer…
C’est vrai, mais c’est à ce moment-là qu’on pouvait changer les choses. Nous avons très bien restructuré parce que nous avons pu préserver l’activité industrielle, qui reste la plus importante du pays, tout en ramenant, sans licenciements, l’emploi de 30.000 à 4.000 personnes, dont 1.000 au siège. Nous avons réduit la production de produits finis de 50 %, dans des conditions sociales qui n’étaient pas angoissantes pour les personnes concernées. C’était quelque chose d’exceptionnel d’être dans l’équipe dirigeante du leader de la branche, de consolider, de négocier les fusions avec Aceralia et Usinor, et ensuite avec Mittal Steel... Et je participe toujours à imaginer les réponses aux défis de notre industrie aux côtés de M. Mittal.
Comment le Luxembourg va-t-il garder son âme sidérurgique à l’avenir ?
L’Arbed était une société luxembourgeoise qui a porté l’économie du pays pendant un siècle. La transformation entamée avec Arcelor a conduit à une société plus internationale ayant son siège à Luxembourg. Cela s’inscrit dans l’ordre des choses. La vente de notre siège et la construction d’un nouveau siège emblématique du 21e siècle, notre politique active sur les friches industrielles, tout cela a été fait dans cette optique. Le corollaire étant d’avoir une activité industrielle forte, ce qui n’est possible, dans une économie à coûts aussi élevés que celle du Luxembourg, que si elle se base sur des produits à très haute valeur ajoutée. C’est pour cela que l’usine de Schifflange a dû être fermée, tout comme le train C de Rodange, parce qu’ils produisaient des commodités qu’il n’était plus possible de poursuivre dans l’environnement concurrentiel international. Aujourd’hui, nous essayons de vendre des solutions acier, plutôt que des tonnes d’acier. C’est ce qui se passe pour la production de palplanches et de poutrelles. Notre nouveau siège (un nouveau bâtiment au Kirchberg, ndlr) est un bon exemple : nous avons dégagé une nouvelle gamme de produits appelés Steeligence – steel et intelligence – basée à Luxembourg qui permet des solutions acier plus performantes répondant aux critères de l’économie circulaire, ce que le béton n’est pas capable de réaliser.
carrière
Une vie dans la sidérurgie Fraîchement diplômé de la London School of Economics, le jeune Michel Wurth tape dans l’œil de Paul Metz, PDG de l’Arbed en 1979, qui l’envoie chez le directeur financier Norbert von Kunitzki, auquel il succède en 1996. Il est en première ligne lors de la fusion avec Aceralia et Usinor, puis de l’OPA de Mittal Steel sur Arcelor en 2006. « Notre mission était de préserver les intérêts des actionnaires », rappelle-t-il, et en ce sens, il estime avoir réussi puisque l’action avait quasiment doublé entre l’annonce de l’OPA et la transaction effective. Sa « combativité » a été récompensée par Lakshmi Mittal, qui lui a proposé de rejoindre le conseil d’administration d’ArcelorMittal. « Je lui ai dit que je serais loyal au prochain groupe, mais que je ne manquerais pas de lui donner mon opinion », souligne M. Wurth. Président du conseil d’administration d’ArcelorMittal Luxem bourg et administrateur du groupe, il s’occupe des relations institutionnelles et sociales, ainsi que de missions plus ponctuelles, comme le nouveau siège, le développement des friches industriel les et la sidérurgie sarroise.
L’autre grand défi pour l’avenir de la sidérurgie est de concevoir des modes de production neutres en émissions de carbone, alors qu’actuellement, il faut du charbon à coke pour alimenter le haut fourneau, ou de l’électricité encore largement produite sur base fossile pour le four électrique. C’est une tout autre aventure technologique qui con cerne la sidérurgie et également le leader du haut fourneau Paul Wurth (dont ArcelorMittal était actionnaire jusqu’en 2012, avant le rachat par le groupe SMS).
Où en est la sidérurgie luxembourgeoise à ce sujet ?
Depuis l’arrêt de la filière hauts fourneaux en 1997, toute la production d’acier au Luxembourg utilise de la ferraille recyclée, c’est-à-dire refondue, affinée, nettoyée et transformée en produits finis. Notre nouveau siège sera, au terme de sa vie, démontable, et on pourra réutiliser les poutrelles. Nous avons aussi une offre de location de palplanches. Ce processus peut se faire cinq à sept fois avant que les propriétés mécaniques ne se dégradent. Et la palplanche est ensuite recyclée dans l’aciérie. Nous travaillons notamment avec l’Administration des ponts et chaussées pour la construction de parkings P+R qui seraient établis sur des bases démontables, de sorte qu’ils pourraient être déplacés si le terrain devait être libéré. C’est un autre exemple de l’application du modèle de l’économie circulaire. Chez ArcelorMittal, nous avons également développé, avec la société Lanzatech, le procédé Carbalyst, qui capte le CO2 pour le transformer, avec l’aide d’enzymes, dans un substitut de pétrole utilisable comme kérosène ou dans la production de plastique écologique. Ce projet industriel est en voie d’implantation dans une première usine en construction à Gand, où nous produisons l’acier par la voie des hauts fourneaux. Au niveau de Paul Wurth, leader mondial des cokeries et du haut fourneau, l’attention est portée tout d’abord sur les technologies susceptibles de réduire significativement l’émission de CO2, par exemple en substituant au charbon des sources d’énergie alternatives plus propres. Paul Wurth vient également de prendre une participation dans la société allemande Sunfire, qui a développé un
Vous n’êtes jamais nostalgique ?
Non, pas du tout. Il faut toujours essayer d’être créatif, proactif et regarder devant soi.
À quels défis la sidérurgie luxembourgeoise est-elle confrontée ?
Les choses peuvent changer très rapidement dans l’industrie. On ne sait pas ce que sera l’industrie automobile dans cinq ou dix ans. Notre industrie doit donc penser aux grands défis de demain. La digitalisation sera la clé, même si elle aura probablement moins d’impact dans notre industrie que dans les banques, puisque nous avons déjà fait notre révolution en matière de productivité – elle est aujourd’hui cinq ou six fois ce qu’elle était il y a 50 ans. En revanche, la manière dont le client utilise nos produits va changer. Nous réfléchissons donc sur la digitalisation dans le support client, dans la supply chain et dans les processus de production.
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valeurs
ArcelorMittal a sponsorisé la façade en acier corten de la Fnel (Fédération nationale des éclaireurs et éclaireuses du Luxembourg), en souvenir du soutien de la sidérurgie aux premières compagnies de scouts il y a un siècle. « Léopard réfléchi » – le totem de Michel Wurth – y a appris, auprès des scouts qu’il a fréquentés durant sa jeunesse, l’esprit d’équipe et la proximité avec la nature.
SENSIBILISATION | PRÉVENTION | FORMATION CHANGEONS NOS ATTITUDES, ENGAGEONS-NOUS DANS LA VISION ZERO La VISION ZERO est la stratégie nationale de prévention des accidents du travail, des accidents de trajet et des maladies professionnelles. COMMENT ADHÉRER EN TANT QU’ENTREPRISE ? Pour adhérer à la VISION ZERO, consultez le site www.visionzero.lu et inscrivez votre entreprise par un simple formulaire. Engagez-vous par un plan d’action en matière de sécurité et de santé au travail et réduisons ensemble le nombre et la gravité des accidents et des maladies professionnelles. Les labels de la VISION ZERO : • Label « Sécher & Gesond mat System » (SGS) de l’AAA • Label « Entreprise Responsable » (ESR) de l’INDR
visionzerolu
Les initiateurs de la VISION ZERO :
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1.300 °C « Belval était l’une des plus grandes usines du monde en 1911 », souligne Michel Wurth. Elle reste le plus important laminoir de palplanches en acier laminé à chaud au monde. Les pièces en acier de 9 mètres de long sont étirées jusqu’à 80 mètres.
processus très innovant de production d’hydrogène sur base d’énergie verte. L’application dans la sidérurgie est de remplacer le charbon par l’hydrogène comme agent réducteur, et de développer ainsi une filière de production d’acier à partir de minerai de fer qui supprimera totalement l’émission de CO2. L’industrie sidérurgique est beaucoup plus moderne qu’il n’y paraît. Elle est capable de contribuer de façon décisive à atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le changement climatique. Voilà pourquoi nous avons parfois l’impression d’être mal compris par les autorités européennes quand il s’agit de soutenir concrètement notre industrie.
Face à la concurrence mondiale ?
La sidérurgie est pénalisée. Nous ne sommes pas dans un level playing field par rapport à nos concurrents internationaux. Le marché européen est le plus perméable, et donc, on peut facilement inonder l’Europe, notamment à partir de surcapacités chinoises, turques ou d’autres, avec des produits qui ne sont pas soumis aux mêmes critères environnementaux ou de CO2. C’est dommage, parce que la sidérurgie européenne est probablement leader au niveau mondial du point de vue technologique.
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deuxième vie
Un pied dans l’entrepreneuriat Celui qui aurait aimé être entrepreneur préside le comité d’investissement et le conseil d’administration de BIP Investment Partners, une société de parti cipation créée en 2000 et repo sitionnée depuis 2014 sur le private equity. Parmi les investisseurs, les grandes familles luxembourgeoises ont laissé un peu de place à Goldman Sachs Asset Management. BIP a lancé son deuxième fonds en 2018, investi à raison de 60 % des 150 millions levés, et un troisième pourrait voir le jour d’ici 2021.
Auriez-vous attendu davantage de Jean-Claude Juncker dans ses fonctions de président de la Commission européenne ?
Il s’est toujours beaucoup intéressé à notre industrie, mais parfois, la Commission européenne essaie d’optimiser des contraintes contradictoires. Quand elle dit que l’Europe doit montrer l’exemple en matière de réduction des émissions de CO2, il est beaucoup plus facile de conduire la sidérurgie à produire 20 % de moins et à réduire en conséquence ses émissions de CO2 parce que ce sont des volumes de CO2 qui ne sont pas émis en Europe (mais ailleurs dans le monde à plus grande échelle) et qui ne font pas de mal aux électeurs. En effet, l’Europe est la seule région au monde dont la production d’acier n’atteint pas aujourd’hui les niveaux d’avant-crise de 2008. Or, la transformation des métaux est à la base du génie de l’industrie européenne : les voitures, les machines-outils, les infrastructures, les éoliennes… Beaucoup de contraintes pèsent sur l’industrie sidérurgique, et il faudrait plutôt se demander comment on peut utiliser cette industrie pour qu’elle innove encore plus au bénéfice de l’industrie européenne. C’est un combat que nous menons avec Lakshmi Mittal. Nous sommes en contact avec M. Juncker à ce propos, et
« Baisser le taux d’imposition est une nécessité. » il s’est exprimé à plusieurs reprises pour une industrie sidérurgique performante, à laquelle il est profondément attaché.
parfaitement compris. Mais la concrétisation est toujours lente, aussi en raison de la complexité de la prise de décision politique dans ce pays.
Vous avez porté le projet de reconversion des friches de Belval. Est-ce une fierté de les voir retrouver une seconde vie ?
C’est ce temps long politique qui vous empêche d’entrer en politique ?
Non, je crois qu’il ne faut pas confondre les genres. Quand j’étais responsable de la Chambre de commerce et de l’UEL, j’étais un personnage public. J’ai joué mon rôle et je pense que ce n’est pas approprié de profiter d’une certaine notoriété pour ensuite changer de cap.
Nous avons acquis ces friches pour en faire des terrains industriels au 19e siècle, nous en avons fait la richesse du pays, et maintenant nous les mettons à disposition pour préparer le 21e siècle. C’est fantastique. Et le résultat de Belval, en commençant en 2000, est plutôt probant.
Est-ce aussi parce que vous faites de la politique d’une autre façon ?
À l’époque, le gouvernement s’était montré plutôt réticent…
Nous participons au débat public, c’est vrai, mais pas d’un point de vue politicien, puisque nous ne sommes pas légitimés par le vote populaire. La Chambre de commerce a ainsi lancé l’initiative 2030. lu en 2013 afin de faire bouger les choses et générer des idées nouvelles. Cela a quand même aidé à développer le débat d’idées, et la Fondation Idea poursuit dans cette voie. Et puis, l’étude sur la troisième révolution industrielle était une initiative commune de la Chambre de commerce et du ministre de l’Économie pour essayer de concevoir ensemble le futur de l’économie luxembourgeoise.
Le gouvernement n’avait pas la vision et ne voulait pas faire tout seul parce qu’il craignait de se retrouver avec des terrains pollués. Nous avons alors suggéré d’étudier la faisabilité ensemble. C’était un formidable travail en commun, dans lequel se sont engagés les différents gouvernements par la suite. Et puis, le gouvernement a eu cette idée visionnaire d’installer l’université sur la terrasse des hauts fourneaux, qui symbolise aujourd’hui à la fois l’histoire et l’avenir du Luxembourg.
Belval peut-il être le précurseur du quartier idéal du 21e siècle ?
Les friches de Belval, de Schifflange et de la Rout Lëns donnent une chance extraordinaire au sud du pays, qui sera, à mon avis, la région du 21e siècle. Les communes dans le sud du pays sont encore trop isolées, et il faudrait réfléchir à une grande métropole, par exemple entre Sanem, Schifflange et Esch-sur-Alzette. Avec le développement des friches, cette métropole de 60.000 à 80.000 habitants pourrait émerger comme un pôle complémentaire à la ville de Luxembourg, avec l’avantage qu’elle est moins enclavée et qu’elle souffre moins de nos contradictions en matière d’infrastructures et de bouchons. Et puis, il faut repenser la coopération transfrontalière et faire en sorte que les régions limitrophes puissent davantage profiter de la croissance luxembourgeoise. Pourquoi ne pas concevoir avec elles des zones transfrontalières avec un statut juridique spécial, qui seraient créées via un traité d’État à État ? Cela relâcherait un peu la contrainte spatiale côté luxembourgeois, tout en augmentant aussi la valeur du foncier côté belge et français, ce qui permettrait de financer les infrastructures. Il y a là un potentiel énorme à creuser, qui pourrait être prémonitoire d’une Europe se développant à partir de la Grande Région.
Mais il manque la volonté politique côté belge et français.
Je crois que la France est consciente de l’enjeu. Nous avons pu en parler lors de la visite officielle en France (en mars 2018, ndlr) avec notre Premier ministre, Xavier Bettel, et le président français. Ce dernier a
L’étude Rifkin a-t-elle porté ses fruits ?
Je crois qu’elle a changé les mentalités au Luxem bourg. Aujourd’hui, le pays est prêt à dire que nos grands défis sont ceux identifiés dans cette étude : d’une part, la digitalisation de l’économie et des processus publics, et, d’autre part, la transition énergétique et environnementale, y compris dans l’aménagement du territoire. Quand vous regardez le discours politique, il y a manifestement une prise de conscience. Même si cela prend beaucoup de temps à se refléter sur le terrain. La ligne de tram rapide vers Esch-sur-Alzette n’est pas attendue avant 2035…
Craignez-vous pour l’avenir du Luxembourg ?
engagement
Vice-président du conseil d’administration de la CroixRouge, Michel Wurth souligne la modernisation de l’ONG, devenue une « entreprise moderne » employant plus de 2.000 personnes, et son repositionnement stratégique sur l’aide aux personnes dans le besoin et sur les situations d’urgence internationale. La shelter unit développée par Luxembourg est devenue un abri d’urgence de référence pour l’Onu.
Je pense que le pays perd des opportunités, en particulier au détriment de l’industrie. Un pays a besoin d’une industrie, pas seulement pour des raisons d’emploi, mais aussi pour les effets induits que cela donne sur l’innovation, la recherche, la dimension internationale. Deuxièmement, on ne réfléchit pas suffisamment aux défis à très long terme, que ce soit la démographie ou le financement de la sécurité sociale. En privé, tout le monde est d’accord sur la nécessité de réformer, mais personne ne veut s’en occuper tant que les problèmes ne sont pas apparents. Si on disait à un dirigeant d’entreprise qu’il risque d’avoir un problème stratégique existentiel dans 15 ou 20 ans, il prendrait des décisions dès maintenant. Il nous manque une vraie vision à long terme sur l’avenir, sur le système de la sécurité sociale, sur l’organisation spatiale et sur le « vivre en commun » de tous ceux qui résident au Luxembourg. Juillet / Août 2019 —
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Famille Héritière d’une grande tradition entrepreneuriale, Carole Muller a repris les rênes de Fischer en 2014.
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« Ce n’est pas parce que c’est compliqué qu’il ne faut pas faire du local » Auteurs
fanny jacques & thierry raizer Photographe
anthony dehez
La patronne de Fischer préside aussi la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise (FJD). Une double casquette qui offre à Carole Muller un poste d’observation privilégié de l’entrepreneuriat au Luxembourg. De ses atouts. De ses défis. Juillet / Août 2019 —
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Carole Muller Au four et au moulin
L
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entrepreneuriat gagne-t-il du terrain au Luxembourg ?
est bien situé au niveau de la connectivité, mais pas tant que cela en matière de prise en main du sujet par les administrations et les entreprises. Avec la FJD, nous avons établi un mapping des initiatives sur le sujet, nous avons aussi reçu le ministre délégué à la Digitalisation, Marc Hansen, lors de l’une de nos conférences. Cela nous a permis de lui faire remonter nos observations et suggestions. Le fait que la digitalisation ait été décrétée comme l’un des sujets phares par le gouvernement est un signal positif. L’un des points que nous avons soumis à M. Hansen est le nombre trop important d’initiatives pour soutenir, d’une manière ou d’une autre, les entreprises. Nous nous réjouissons de ces initiatives, mais elles ne sont parfois pas assez ciblées ou mal comprises.
Les incubateurs pour entreprises facilitent la propagation de cet état d’esprit, de même que l’idée de start-up nation ou encore les activités de Jonk Entrepreneuren. Mais malheureusement, trop peu de Luxembourgeois prennent le pas, comparativement aux étrangers qui se lancent dans leur propre entreprise. Il faut encourager la notion d’entrepreneuriat dans les écoles, montrer des images positives, soutenir des projets. Nous devrions aussi changer la perception de l’échec, qui marque quasiment à vie celui qui y a été confronté. La loi ne favorise pas une reprise d’activité après une faillite qui n’était pas frauduleuse. Je parle vraiment de gens qui ont Quels sont les besoins des entrepreneurs essayé et échoué. en matière de digitalisation ? J’ai eu la chance de participer l’an dernier à un Je dirais tout d’abord que certaines aides ne sont programme d’accompagnement professionnel à pas connues, c’est un problème en soi. Certains ne Stanford, aux côtés d’une quarantaine d’autres connaissent pas le support qu’ils peuvent recevoir. femmes d’horizons différents. Lors d’une soirée D’autres se demandent par où commencer. Or, c’est passée avec des investisseurs de la Silicon Valley, d’abord dans la manière de procéder qu’un accomj’ai retenu un principe : ils préfèrent investir dans pagnement s’avère nécessaire. des gens qui ont déjà échoué. Cela signifie qu’ils Faut-il développer d’autres types d’aides ? ont compris leurs erreurs, qu’ils ne les feront plus Les aides existantes répondent en grande partie aux et qu’ils sont beaucoup plus motivés. J’ai aussi besoins, mais il faut qu’elles soient mieux commuremarqué que les participantes américaines et niquées. Par exemple, différents programmes ouvrent asiatiques disaient que l’échec faisait partie de la voie à une analyse réalisée par des consultants l’entrepreneuriat alors que chez nous, on a plutôt renseignant les entreprises sur la direction à prendre. tendance à le cacher. L’un des professeurs de Cependant, nous remarquons que le dirigeant n’est Stanford nous a d’ailleurs dit qu’entre monter une pas forcément la personne qui s’occupe de l’inforstart-up et faire faillite et effectuer un MBA, il valait matique ou du digital, ce n’est pas toujours sa spémieux monter une start-up, car c’est plus enrichiscialité, il en a d’autres. Il faudrait aussi éviter que les sant. J’imagine mal une école européenne faire programmes d’accompagnement se recoupent entre passer ce genre de message. eux, même si d’une certaine manière, leur nombre Véhiculez-vous cet état d’esprit en interne ? reflète le dynamisme du Luxembourg. Je me classe aussi parmi ceux qui n’ont pas été édu- Sentez-vous que la digitalisation qués « positivement » face à l’échec. On essaie de est maintenant en tête des priorités ne pas trop faire d’erreurs... Je dis à mes équipes des chefs d’entreprise ? que l’échec peut arriver, mais ce n’est pas forcéVous m’auriez posé la question il y a trois ou quatre ment dans la culture européenne. ans, j’aurais répondu que la digitalisation ne figuVous avez choisi la digitalisation rait pas dans le top 3 de leurs priorités, qui étaient comme axe de travail principal pour plutôt portées sur la croissance, les ventes ou l’acvotre présidence de la Fédération quisition de nouveaux clients. Mais le sujet a été des jeunes dirigeants d’entreprise (FJD). énormément discuté entre-temps et de plus en Pourquoi ce choix ? plus de chefs d’entreprise se disent que c’est peutLa digitalisation représente une énorme opportuêtre une priorité pour demain, voire après-demain. nité, mais aussi un énorme défi pour le Luxembourg. Celui qui ne va pas prendre le train en marche a Les statistiques européennes montrent que le pays un réel risque de disparaître.
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Biographie
CAROLE MULLER EN CINQ DATES 1980 — Naissance le 1er décembre à Luxembourg 2005 — Études en gestion d’entreprise à l’ISG Paris 2010 — Retour dans l’entreprise familiale en tant que directrice commerciale 2014 — Devient CEO de Fischer 2018 — Présidente de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise
FJD
UN RÉSEAU DE JEUNES DIRIGEANTS Créée en 1977, la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise de Luxembourg vise à promouvoir l’esprit d’entreprise au Luxem bourg en favorisant l’échange et l’émulation intellectuelle entre ses membres. Un réseau aussi discret médiatiquement que solide via ses membres actifs et anciens, qui ont dépassé la limite d’âge de 45 ans. La FJD a vu le nombre de ses membres augmenter de 5,5 % durant l’exercice 20182019 pour atteindre 517 dirigeants d’entreprise, dont 36,1% ont moins de 45 ans. La FJD fonctionne avec une présidence tournante chaque année, le secrétaire général étant amené à devenir président l’année suivante. En 2018, Carole Muller a pris le relais de Jean-Paul Olinger (ex-KPMG, directeur de l’Union des entreprises luxembourgeoises). Le fondateur de Jemmic, Jean-Pierre Schmit, en est l’actuel secrétaire général.
Mandat La nouvelle patronne de la FJD veut placer sa présidence sous le signe de la digitalisation.
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Un ministère délégué à la Digitalisation, c’est forcément une bonne idée ?
la diffusion d’informations auprès des clients par exemple. Je remarque d’ailleurs qu’Amazon investit dans de « réelles » surfaces commerciales en raison du besoin de contact humain dans le commerce.
Que le gouvernement place le sujet de la digitalisation en haut de la liste est une très bonne idée. Il faudra voir dans cinq ans si on a progressé dans Avec un retour marqué au commerce les classements européens au niveau des entreprises de proximité… et des administrations. Si, à travers ce ministère, on Le client est vraiment intéressé par ce qui est local, réussit à entraîner les administrations et les entrece qui vient de sa région, ce qui soutient aussi l’écoprises dans ce mouvement, le pari sera gagné. nomie locale. Le critère de proximité rassure aussi Que demandez-vous à l’État dans par la connaissance de l’origine des produits, leur un Luxembourg toujours plus digital ? traçabilité et par le fait de pouvoir mettre un visage Je suis toujours étonnée lorsqu’on nous demande sur une marque. C’est un gage de confiance et nous certains documents alors que l’État dispose de essayons de le mettre en avant. Cela signifie aussi tout, mais pas de manière centralisée. Il suffirait qu’il faut composer avec des impondérables que les administrations communiquent davantage comme la météo ou avec des années de mauvaise entre elles. Cela ne concerne pas seulement les récolte. C’est plus compliqué, mais ce n’est pas entreprises, mais aussi les citoyens. Il y a évidemparce que c’est plus compliqué qu’il ne faut pas ment des questions de protection des données, emprunter cette voie. Le blé que Fischer utilise mais ce sont ces éléments concrets, de vie quotiaujourd’hui est ainsi produit au Luxembourg. dienne, qui peuvent faciliter celle des chefs d’en- Quels sont les projets qui vous occupent treprise. Il faut cependant reconnaître que particulièrement ? beaucoup a été fait, ne serait-ce que pour mettre Nous travaillons sur notre gamme traiteur pour nous adapter aux demandes des consommateurs, à jour les statuts des sociétés. Cela va dans le bon qui vont vers des produits plus sains – pas forcément sens. Mais comme le monde va vite aujourd’hui, le plus light. Nous restons bien entendu en premier changement au niveau administratif ne suit pas lieu des boulangers-pâtissiers. Nous répondons à toujours assez rapidement. une grande demande de produits traiteur, mais qui Que signifie la digitalisation chez Fischer ? restent proches de notre métier de base puisque le Nous avons fait un effort dans nos procédures et pain est un élément incontournable. Nous continous avons mis, par exemple, toutes les données nuons aussi à faire évoluer nos magasins. dans le cloud. Dans certains magasins, nous avons digitalisé des processus de caisse qui ne l’étaient Avez-vous des projets en dehors pas. Il ne s’agit pas d’éléments visibles pour nos des frontières du pays avec Fischer ? Nous avons quatre magasins franchisés en France clients, mais cela facilite le travail de nos équipes. et nous voulons poursuivre sur ce mode. Faire Envisagez-vous des ventes en ligne ? confiance à des partenaires qui connaissent bien C’est quelque chose d’assez complexe à mettre en le terrain est plus fructueux. La France, pays du place. Nous y pensons, sans franchir le pas à ce stade. pain, est un marché porteur car nous y apportons Notre priorité reste le contact humain et le conseil des produits différents. Les Luxembourgeois nous en magasin. demandent parfois de la baguette française, mais Un futur totalement robotisé dans vos unités de production n’est donc pas imaginable… les Français apprécient notre manière de travailler, qui est différente. Je ne ferme pas non plus la C’est inimaginable. Je sais que certains testent des robots, par exemple pour cuisiner et vendre des porte à la Belgique en franchise. pizzas, mais les expériences ne sont pas toujours Comment exister dans la durée concluantes. Le contact humain reste essentiel et avec une marque traditionnelle dans fondamental. Nous y travaillons tous les jours. Plutôt un marché concurrentiel ? Nous travaillons sur les produits, mais nous déveque de miser sur la robotique, nous préférons utiloppons aussi la communication sur les réseaux liser les outils technologiques pour faciliter le travail des collaborateurs, pour les processus en sociaux. On ne peut pas se passer des médias traback-office, les paiements par téléphone ou pour ditionnels, mais les réseaux sociaux permettent de
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Fischer et Panelux
UNE HISTOIRE DE FAMILLE Carole Muller est issue d’une famille d’entrepreneurs profondément ancrée dans l’économie luxembourgeoise avec une maîtrise de la production via les Moulins de Kleinbettingen, le réseau de boulangeries Fischer (du nom du boulanger avec lequel la famille s’est associée dans les années 60) et Panelux, avec son activité de production industrielle pour une distribution locale et internationale, tant en frais qu’en surgelé.
La famille Muller faisait partie des familles mises en lumière dans l’ouvrage Histoires de Familles, coédité par la Banque de Luxembourg et Maison Moderne, consacré à 10 familles luxembourgeoises liées à des success-stories entrepreneuriales. De gauche à droite : Manou Emringer (co-CEO de Panelux), Patrick (co-CEO de Panelux), Jean (managing director des Moulins de Kleinbettingen, frère de Carole), Carole (CEO de Fischer) et Edmond Muller (administrateur délégué des Moulins de Kleinbettingen, père de Carole).
Label
PRODUIT DU TERROIR Le label « Produit du terroir » s’applique à trois produits : la viande de bœuf, les pommes de terre et le blé, la farine et le pain. Pour l’obtenir, il faut remplir un cahier des charges précis, édité par la Chambre d’agriculture. Cette dernière se charge également d’effectuer des contrôles de qualité très stricts. Créé en 1995, « Produit du terroir » réunit tous les acteurs de la chaîne de production des produits de boulangerie : de l’agriculteur au boulanger, en passant par le meunier. On notera par exemple que le blé et le seigle doivent obligatoirement être issus à 100 % des champs luxembourgeois. Les blés utilisés par Fischer pour fabriquer leurs pains sont labellisés « Produit du terroir ».
Management
« Les entreprises doivent pouvoir discuter avec leurs salariés et trouver des solutions plus individualisées en interne. »
UNE PATRONNE ET SON ÉQUIPE Carole Muller s’est entourée d’une équipe pour la direction quotidienne de Fischer, qui compte plus de 900 employés. De gauche à droite sur la photo Guillaume Cullierrier (Manager R&D Snacking), Lucie Rollinger (Manager Sales), Carole Muller (CEO), Richard Zunker (Manager Technique), et Michèle Andres (Directeur Marketing). Pascal Semet (Manager Franchise) et Emmanuel Bon (responsable administratif) sont absents de la photo.
Deuxième chance
UN « ÉCHEC » À ÉVITER La notion d’échec et sa perception font partie des idées reçues contre lesquelles les entrepreneurs veulent se battre. Contrairement aux États-Unis où les entrepreneurs qui ont échoué sont plutôt perçus comme ceux qui ont osé, l’Europe a plutôt tendance à les blâmer. Ce que regrette la CEO de Fischer, Carole Muller. Sur le plan politique, les mentalités semblent évoluer puisque le ministre en charge des PME, Lex Delles, déclarait fin février dernier à Paperjam vouloir inscrire la notion de « deuxième chance », assortie de trois cas de figure, dans la loi prochainement revue sur le droit d’établissement. « On ne peut pas souhaiter devenir une start-up nation sans aider aussi l’entre preneuriat dans les classes moyennes. Et, à cet égard, il faut ‘déstigmatiser’ l’échec et la faillite », indiquait le ministre qui distingue bien les cas d’échec des faillites frauduleuses ou précipitées volontairement.
toucher un public ciblé, en particulier les expatriés, qui ne lisent pas les journaux luxembourgeois.
Comment vous êtes-vous imposée en interne lorsque vous êtes arrivée à la direction de l’entreprise en 2014 ?
Cela s’est fait de manière très naturelle. J’ai eu la chance de commencer assez jeune dans l’entreprise, en tant que responsable des filiales, sans être dans l’optique d’une reprise de la direction. Avant de reprendre la direction commerciale en 2010, j’ai travaillé chez PwC et j’ai effectué un stage de six mois chez Lenôtre à Paris. Cela a été une expérience très bénéfique pour la suite de ma carrière. Pratiquer soi-même la pâtisserie, travailler manuellement en toute humilité me permet de comprendre une profession que je respecte profondément.
Comment faire pour maintenir ce côté artisanal tout en « industrialisant » votre production ?
une petite entreprise, le congé parental représente des contraintes importantes si plusieurs collaborateurs le demandent en même temps. Malheu reusement, l’élargissement du congé parental n’est pas allé de pair avec une flexibilité du temps de travail accordée aux entreprises. Il faut continuer dans la voie de mesures familiales positives, c’est important pour la société. Mais il faut aussi donner les moyens aux entreprises de pouvoir dire non de temps en temps, de pouvoir décaler certaines demandes. Les entreprises doivent pouvoir discuter avec leurs salariés et trouver des solutions plus individualisées en interne. La question se pose aussi pour réintégrer à temps partiel des personnes malades qui éprouvent le besoin de travailler pour retrouver une activité ou tout simplement pour penser à autre chose qu’à leur maladie.
Les personnes qui nous visitent sont toujours éton- Faut-il mettre en place des mesures pour aider nées de constater qu’un certain nombre d’opéra- les femmes dans le milieu de l’entreprise ? tions sont réalisées manuellement. Nous posons les La vente est un métier plutôt féminin. Nous avons fraises à la main sur nos tartes, par exemple. Comme presque 70 magasins au Luxembourg et en France chez un artisan, mais dans une plus grande proporet nous avons donc besoin de 70 responsables. tion. Nous recommençons les opérations de proNous devons prévoir les changements, les départs duction tous les jours puisque nous travaillons avec à la retraite ou pour la concurrence. Nos métiers des produits frais. Nos invendus dont la date de permettent donc à celles qui le souhaitent de propéremption n’est pas encore arrivée à échéance sont gresser. Il est important de soutenir les femmes donnés à la Croix-Rouge. Ce qui ne l’est pas est donné pour les faire monter vers des positions dirigeantes à des fermiers pour produire du biogaz. ou managériales, mais cela reste aussi compliqué. Quel est le principal challenge auquel On devient souvent manager entre 30 et 45 ans, or, vous devez faire face ? c’est à cette période de la vie que l’on a des enfants L’un de nos enjeux, c’est le recrutement : nous recheren bas âge… Et force est de constater que c’est chons des profils spécifiques, comme des data ana encore souvent les mamans qui vont chercher les lysts ou des contrôleurs de gestion, qui sont, d’une enfants à l’école ou qui s’occupent d’eux lorsqu’ils part, prisés par beaucoup d’employeurs et, d’autre sont malades. Les questions de gender diversity part, surtout rares au Luxembourg. Cela nécessite ne seront résolues que si l’on s’y attaque ensemble, d’aller les trouver plus loin, avec des impacts sur la avec un échange entre hommes et femmes. Le work-life balance des personnes concernées. genre n’a d’ailleurs guère d’importance en entreLes organisations patronales se plaignent prise. Seule la compétence compte. volontiers des mesures familiales ou sociales décidées par le gouvernement, en raison de leur impact sur l’organisation des entreprises. Comment percevez-vous ces questions ?
Concernant le congé parental, j’ai évidemment une approche différente en tant que maman ou en tant que chef d’entreprise. Bien que les deux ne soient pas incompatibles. En tant que femme et maman, je suis à 100 % en faveur de cette mesure. L’ouverture du congé parental aux papas est essentielle pour permettre aux femmes de progresser dans leur carrière. Je conçois cependant que, pour
Ces questions évoluent avec la nouvelle génération…
J’invite régulièrement mes amies à venir à la FJD, mais elles me répondent souvent qu’elles ne peuvent pas car elles doivent aller chercher leurs enfants. Il y a encore cette priorité de rentrer à la maison. Même si cela est en train de changer. Je le vois quand je vais à l’aire de jeux avec mes enfants : il y a encore 10 ans, on était uniquement entre mamans. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus mixte. Heureusement ! Nous sommes probablement la génération qui va être marquée par ce changement. Juillet / Août 2019 —
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Double nationalité Frank Krings, Franco-Allemand, dirige Deutsche Bank Luxembourg depuis 2016.
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« Nous arrivons au terme de la rationalisation de nos activités » Filiale en meilleure santé que sa maison mère, Deutsche Bank Luxembourg doit faire rimer investissements technologiques et profitabilité. Entretien avec son patron, Frank Krings.
Auteurs
Laura Fort et Jean-Michel Lalieu Photographe
Jan Hanrion (maison moderne) Juillet / Août 2019 —
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Frank Krings La banque dans la peau
P
endant la dernière assemblée générale de votre maison mère le 23 mai dernier, un actionnaire a affirmé : « Nous sommes devant un champ de ruines. » A-t-il raison ?
Il est très facile d’affirmer de telles choses. Ceci étant dit, le groupe doit-il conduire beaucoup de chantiers ? La réponse est oui. Mais les chantiers res tent également importants pour le système financier européen en général.
Que retirez-vous de cette assemblée générale ?
Il y avait beaucoup de spéculations sur les résultats, qui ont finalement été meilleurs que prévu. Une critique légitime subsiste sur le niveau décevant du cours de l’action. Ce n’est pas une critique du niveau de capital ou de liquidités du groupe, mais bien de sa profitabilité, qui n’est pas satisfaisante.
Au vu du contexte économique actuel, quels sont les aspects importants que les banques doivent prendre en compte pendant une période de restructuration ?
Restructurer une entreprise coûte d’abord de l’argent. Qu’il s’agisse de départs de personnel ou de l’innovation, cela demande des investissements substantiels, et ce dans un contexte où les revenus liés aux intérêts et aux commissions demeurent continuellement sous pression en Europe. C’est une équation complexe pour que l’entreprise demeure, dans le même temps, profitable. Finalement, il s’agit aussi d’une question d’allocation de capital, combinée avec le fait que des métiers doivent se mettre à niveau avec la digitalisation. Il faut donc réorganiser, au niveau des processus, des employés et des métiers.
Pourquoi le projet de rapprochement avec Commerzbank a-t-il échoué ?
Bon élève Le CEO estime que la filiale luxembourgeoise du géant allemand a « fait ses devoirs ».
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Il fallait analyser la situation du point de vue des impacts sur la clientèle, de l’actionnariat et des diverses parties prenantes. Au niveau des employés, il était aisé de constater que c’était complexe à mettre en œuvre. Pour la clientèle, cela aurait été également complexe, parce qu’il y a un chevauchement considérable entre les deux maisons, surtout en Allemagne. Comme dans tout projet de fusion, il y a des risques importants dans la mise en pratique. Au final, si vous faites le rapport entre les risques et les opportunités, il était plus prudent de conclure à la non-exécution de ce projet.
Quels impacts une nouvelle restructuration du groupe aurait-elle sur l’activité au Luxembourg ?
Nous avons entamé notre réorganisation il y a déjà trois ans. L’équipe de direction a également été changée. Il n’y a pas de raison de toucher à la filiale luxembourgeoise. Nous avons fait nos devoirs. Les critiques envers le groupe ne nous ont certes pas aidés, mais nous avons réalisé tout ce que nous voulions ces trois dernières années.
Au Luxembourg, en avez-vous terminé avec les rationalisations d’activités ?
« Le système bancaire européen est dans une situation de désavantage compétitif évident à court terme. »
Nous avons encore cédé quelques activités de moindre importance en 2018 : les services aux fonds alternatifs à Apex, l’activité Corporate Services et domiciliation à Nous avons désormais retrouvé une taille Vistra, ou encore l’activité d’agent d’assuoptimale et refocalisé notre attention sur rance de Cardif Lux Vie à Gatsby & White. nos métiers « cœur ». Maintenant, l’objecNous arrivons donc au terme de la ratiotif est très simple : faire plus dans chacun nalisation des activités. En parallèle, nous de nos trois piliers. Ce n’est pas sorcier : avons investi 30 millions d’euros pour ce que l’on fait, il faut le faire bien et de renouveler le système informatique. C’est manière cohérente. un projet qui a été réalisé sur 18 mois, à Qu’est-ce qui vous différencie des partir de mi-2016. Le système précédent petites boutiques de gestion privée ? était très fiable et très stable, mais il avait Tout le monde peut offrir de bons conseils, 39 ans. Il était d’ailleurs si stable qu’il était petits ou grands acteurs. S’il s’agit de complexe d’en sortir ! conseils internationaux, nous avons des Sur quelles activités avez-vous équipes de recherche et une vision plus recentré votre développement adaptées pour chaque zone géographique, et quels objectifs vous fixez-vous chaque marché et chaque catégorie d’acà moyen et long termes ? tifs. Une petite boutique sera quant à elle Nous avons trois piliers au Luxembourg : peut-être plus à même de délivrer des solula banque privée internationale, le prêt tions très personnalisées. aux entreprises et la gestion d’actifs. La Visez-vous une croissance par acquisiparticularité des deux premières activités, tion ou une croissance organique ? c’est qu’elles sont à 99 % transfrontalières. Il s’agira d’une croissance plutôt organique et d’une politique de recrutements ciblés. Mais nous restons toujours à l’affût et nous observons les mouvements de la Place. Si jamais nous envisageons des options non organiques, ce sera toujours dans l’une de Frank Krings nos trois activités. Il n’y a rien de concret pour l’instant. Ce qui est certain, c’est que Frank Krings est président du directoire et directeur la consolidation du secteur restera un général de Deutsche Bank Luxembourg depuis le deuthème majeur dans les années à venir et xième trimestre 2016. Il occupe également le poste de que le nombre de banques va continuer à président de la filiale turque Deutsche Bank A.Ş, et siège au conseil de surveillance de la société de gesbaisser en Europe. En outre, certains tion d’actifs DWS Investment SA. Au sein de l’ABBL acteurs cessent leurs activités. D’autres se (Association des banques et banquiers Luxembourg), regroupent, comme UBS et Nordea, ou il est responsable du cluster dédié aux banques de financement et d’investissement et fait partie du conseil BGL BNP Paribas et ABN Amro.
BIOGRAPHIE
d’administration. À Luxembourg, il siège par ailleurs à l’assemblée plénière de la Chambre de commerce. Auparavant, il a passé quatre ans et demi comme responsable de Deutsche Bank en Thaïlande et comme président de l’Association des banques internationales dans le Royaume. De 2008 à 2010, il a fait partie des membres du conseil d’administration de Hypo Real Estate et de Deutsche Pfandbriefbank à Munich, où il a assuré la restructuration du groupe. Auparavant, il a occupé pendant 12 ans divers postes au sein de Deutsche Bank, notamment à Francfort et à New York. De nationalité allemande et française, Frank Krings est diplômé de l’Université technique de Braunschweig en économie d’entreprise et en électrotechnique.
dans une certaine mesure les liquidités que vous devez détenir. Or, actuellement, le rendement de la liquidité est négatif. Le fait d’avoir un bilan resserré nous a donc aidés dans ce contexte. Mais l’efficacité du bilan en général aussi, puisqu’in fine, c’est le rendement du capital qui compte. Fin 2018, après une réduction de 50 milliards d’euros de notre bilan, celui-ci s’élève à environ 30 milliards d’euros, de nouveau en légère croissance.
Vous avez investi 30 millions d’euros dans un nouveau système informatique. Quels avantages opérationnels et compétitifs vous apporte-t-il ?
D’abord, des économies d’échelle : au nouveau système, logé sur une plate-forme de l’entreprise Avaloq, nous avons par exem ple ajouté le business de banque privée de la filiale autrichienne de Deutsche Bank début 2018 et auparavant, celui de la filiale néerlandaise. Ensuite, c’est une expérience supplémentaire et améliorée pour la clientèle, qui dispose ainsi de nouvelles fonctionnalités et qui accède à de nouveaux canaux de communication. Enfin, les cycles d’innovation sont raccourcis car nous avons un système informatique centralisé pour toute l’activité de banque privée. Les cinq sites du groupe qui ont une activité de wealth management (Suisse, RoyaumeUni, Luxembourg, Singapour, MoyenOrient) utilisent désormais le même système. S’il y a des innovations à ajouter ou des changements à apporter, nous sommes maintenant plus rapides. Cela simplifie également le management en termes de risques et de protection du système.
Comparatif
EFFECTIFS DES PRINCIPALES BANQUES ALLEMANDES PRÉSENTES AU LUXEMBOURG À FIN 2018 DZ Privatbank 939
Avoir réduit votre bilan est-il un avantage dans le contexte actuel de faible niveau des taux d’intérêt ?
Oui, tout à fait. Dans le cadre de la régulation internationale Bâle 3, la taille du bilan peut avoir une influence importante sur les ratios réglementaires, à savoir : le ratio de liquidité à court terme (LCR) ou le ratio structurel de liquidité à long terme (NSFR). La taille du bilan, à travers cette mécanique des ratios de couverture, détermine
DekaBank 336* Deutsche Bank 305 Commerzbank 222 Nord/L 173 0
200
400
600
800
1.000
* à fin 2017 source
Rapports annuels des banques citées
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Cure d’amaigrissement
50 MILLIARDS D’EUROS Depuis l’arrivée de Frank Krings à la tête de Deutsche Bank Luxembourg, le bilan de la banque a été réduit de 50 milliards d’euros, passant de 80 milliards d’euros fin 2015 à 30,7 milliards d’euros fin 2018.
En chiffres
DEUTSCHE BANK LUXEMBOURG BÉNÉFICE NET 132,8 millions d’euros, -39 % TOTAL DU BILAN 30,7 milliards d’euros, -19 % FRAIS GÉNÉRAUX 116,6 millions d’euros, -5 % EFFECTIFS 305 employés de 22 pays, -10 % DISTRIBUTION À LA MAISON MÈRE 621 millions d’euros, +245 % Date de création : 1970. Deutsche Bank Luxembourg est la filiale à 100 % de Deutsche Bank AG, basée à Francfort. source
Deutsche Bank Luxembourg
Prévoyez-vous encore un budget annuel conséquent pour la digitalisation ?
Nous réaliserons des investissements constants pour améliorer le système, mais dans des proportions moindres. Dans tous les cas, le jour où une banque cesse d’investir dans l’informatique, cela n’est pas bon signe. Notre métier de banquier repose sur les compétences digitales. Que fait une banque sinon établir des contrats qui peuvent être entièrement dématérialisés ?
Comment vous positionnezvous par rapport aux fintech au Luxembourg ?
Les fintech ont surtout un rôle important à jouer dans le business BtoC, comme les services de paiement. La gestion de fortune est, quant à elle, plutôt un business BtoB. Honnêtement, si vous avez un milliard d’euros à placer, vous payez quelqu’un pour faire le travail à votre place. Vous ne faites pas appel à un robot-conseiller. Vous n’investissez pas dans l’immobilier français par l’intermédiaire d’un robot ! Quant à la technologie DLT (distributed ledger tech nology), les analyses et développements impactent pour l’instant majoritairement la finance de marché. Au Luxembourg, nous ne sommes ni dans le BtoC ni dans la finance de marché, donc ce n’est pas un sujet pour nous pour l’instant. Les fintech comme acteurs de disruption du rôle
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d’intermédiaire des banques dans le champ de la banque privée est un phénomène que nous n’observons pas encore.
Y a-t-il trop ou pas assez de réglementation pour le secteur financier en Europe ?
J’aurais tendance à dire qu’il y en a assez. Après, est-ce une garantie suffisante pour éviter une prochaine crise financière ? Bien sûr que non. Et personne ne sait d’où elle viendra. Je ne dirai jamais qu’il y a trop de réglementation. Je pointe du doigt ce que le régulateur lui-même remarque, à savoir que Mifid 2 (directive sur les marchés d’instruments financiers) a probablement été légèrement exagérée. C’est nous, citoyens européens, qui avons voté pour réguler davantage le secteur bancaire. Or, les clients s’offusquent lorsque l’on enregistre un entretien commercial par exemple. Ils en ont marre de l’intrusion perçue du banquier et du nombre de renseignements demandés. Laissons donc le régulateur réexaminer la réglementation. Je ne serais pas surpris si ce sujet était déjà sur le bureau de la prochaine Commission européenne. Le contrôle de l’application des réglementations est un autre sujet. Par exemple, les fournisseurs de services de paiement sont assez régulés, mais ils pourraient être contrôlés de manière plus cohérente.
La réglementation européenne pose-t-elle un problème d’asymétrie de la concurrence, par exemple vis-à-vis de sociétés américaines ou asiatiques ?
Absolument. Mais est-ce une asymétrie positive ou négative ? Prenons l’exemple du RGPD (règlement général sur la protection des données), une réglementation très asymétrique, que ni les États-Unis ni la Chine n’appliquent. Si l’on est avocat spécialisé dans la confidentialité des don-
« Les réglementations ne constituent pas une garantie suffisante pour éviter une prochaine crise financière. »
nées, l’Europe semble à des années- lumière devant le reste du monde. Par contre, si l’on croit que l’intelligence artificielle peut être le moteur de la croissance dans le futur, nous sommes potentiellement à des années-lumière derrière. Le constat est néanmoins assez simple : actuellement, la profitabilité des banques en Europe est en berne, du fait des défis de la numérisation et des taux d’intérêt. Ajoutez à cela un cadre régional de réglementation dans une industrie aussi globale et digitale que celle de la banque : cela place le système bancaire européen dans une situation de désavantage compétitif évident à court terme.
Certains observateurs politiques estiment que la finance peut faire beaucoup mieux et mobiliser plus de moyens pour la transition climatique. Est-ce aussi votre opinion ?
À long terme, cela ne peut avoir que des impacts positifs. À court terme, les risques liés à la transition et aux « stranded assets » (actifs « bloqués », qui perdent de leur valeur à cause de l’évolution du marché, ndlr) sont cependant encore importants. Imaginons la situation suivante : vous avez un client qui a une activité « indésirable », qui veut devenir « vert » et mieux intégrer les critères ESG (environnement, social, gouvernance). S’il veut vendre certaines de ses activités, il va probablement devoir le faire à perte. Le rating de crédit du vendeur (en l’occurrence l’entreprise en pleine transition ESG) va donc se détériorer. Et qui continuera alors à financer une entreprise qui a un rating de crédit affaibli ? Et qui va financer l’acheteur d’une activité « indésirable », sans qui ladite entreprise n’arrivera pas à améliorer son profil ESG ? C’est pour cette raison que le système bancaire, directement ou indirectement, finance au moins temporairement l’acquisition d’actifs « non désirables » pour pouvoir aussi soutenir la transition de ses clients. Est-ce bien ou mal ? En Europe, l’opinion répondra rapidement « mal », car elle se focalise sur le financement de ces actifs « non désirables ». Aux États-Unis ou en Asie, au contraire, le débat est plus rationnel et se concentrera sur les objectifs à long terme de tous les acteurs et de la société dans son ensemble.
La finance peut-elle mieux cibler certains investissements ?
Ce ne sont pas les banques qui ciblent les investissements. Les banques sont des intermédiaires. C’est trop simple de dire que c’est le rôle de l’industrie des banques, des fonds ou des assurances de financer la transition écologique. La règle numéro un d’une banque est la suivante : une banque
n’a pas d’argent. Elle a un capital de départ, des dépôts de clients et des crédits. C’est un intermédiaire, qui a aujourd’hui comme hier un rôle critique. Nous pouvons arrêter de financer certains projets. Mais d’autres acteurs, situés hors d’Europe, se diront alors : « Merci de nous laisser le champ libre, nous allons le faire à votre place. » Les acteurs rationnels comme les investisseurs, y compris des fonds de pension ou des assureurs-vie, se disent quant à eux : « J’aime telle ou telle société, elle n’est peut-être pas idéale sur le plan ESG à long terme, mais il y a actuellement un bon rendement, ça m’intéresse. » C’est donc complexe.
Vous présidez aussi la filiale turque de Deutsche Bank. Pour quelles raisons ?
J’ai le rôle de président du conseil d’administration. Je n’ai donc pas un rôle opérationnel, mais de gouvernance. J’étais en Thaïlande avant d’arriver au Luxembourg. Et il s’avère que la Thaïlande et la Turquie ont comme point commun d’être tous les deux des pays émergents, souvent mal compris d’un point de vue historique, poli-
À table !
SON OBJET FÉTICHE AU BUREAU « Une gousse de piment du Cambodge : c’est exotique, épicé et net. Pour un ingénieur qui aime cuisiner, c’est parfait ! »
Différences interculturelles
UN SECRET POUR MANAGER DES ÉQUIPES EN THAÏLANDE ? « J’ai passé quatre ans et demi chez Deutsche Bank à Bangkok. Au début, j’étais le seul non thaï et l’anglais n’était pas forcément bien pratiqué par tous. Au-delà de la barrière linguistique, la gestion des problèmes est très particulière. Il faut arriver à anticiper le désir des équipes à trouver une solution pour un problème, avant même que le problème ne soit clairement exprimé. En Thaïlande, il est préférable de ne pas donner d’ordres, mais de prodiguer des conseils. Et l’idéal est de le faire de manière indirecte. Au final, les choses se règlent sans bruit, facilement et de manière respectueuse. »
tique ou économique. Il y a beaucoup de clichés sur ces deux pays, et sur le Luxem bourg aussi d’ailleurs. Les clichés ne servent à rien ; il faut d’abord comprendre les pays, être curieux et respectueux. En particulier à l’international, un banquier a un rôle de médiation et de conciliation.
Comment imaginez-vous Deutsche Bank Luxembourg dans 20 ans ?
Déjà, en 2020, nous fêterons nos 50 ans. En 1970, le Luxembourg était la première filiale de Deutsche Bank à l’étranger après la signature du traité de Rome en 1957. Et ce sera un double jubilé, car le groupe fêtera également ses 150 ans en 2020. À plus long terme, ma vision pour la banque consiste à conserver une taille optimale pour s’adapter rapidement aux évolutions économiques et technologiques. La banque de demain doit avoir une organisation plus modeste. Elle doit pouvoir réaliser son activité de manière digitale, avec un nombre d’employés moins important, mais qui sont plus qualifiés. Nous avons aujourd’hui 305 salariés, dont environ 20 % des fonctions n’existaient pas il y a trois ans.
Dubitatif Le patron de Deutsche Bank Luxembourg ne croit pas trop au développement des fintech dans la gestion de fortune.
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En mouvement Stéphanie Jauquet n’hésite pas à troquer ses escarpins pour des bottes lorsqu’elle visite des chantiers. Ici à Grass, à la frontière belgo-luxembourgeoise, où un nouvel atelier de production pour Cocottes est actuellement en construction.
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UNE BUSINESS WOMAN TOUT-TERRAIN Auteur
Photographe
Ioanna schimizzi
Romain Gamba
Lauréate du Bil Business Woman of the Year 2019, Stéphanie Jauquet agit sur plusieurs terrains. De son restaurant Um Plateau en ville à sa chaîne de restauration Cocottes en passant par le chantier de son nouvel entrepôt, l’entrepreneuse belge enchaîne les projets et les rendez-vous. Plongée dans le quotidien d’une femme aussi déterminée que passionnée. Juillet / Août 2019 —
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Visite de chantier Cinq millions d’euros sont actuellement investis dans cette infrastructure de 2.000 m2. Elle sera opérationnelle à la mi-août et comportera aussi un petit magasin Cocottes.
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Rendez-vous quotidien Stéphanie Jauquet se rend tous les jours à Um Plateau à Luxembourg-ville, où elle fait le point avec Jonathan Germay, gérant du restaurant créé il y a 10 ans.
Business L’entrepreneuse belge de 47 ans échange régulièrement avec ses fournisseurs. Ici, elle se penche sur de nouveaux vins pour ses restaurants avec Pascal Carré, propriétaire de La Cave des Sommeliers à Steinfort, avec lequel elle travaille depuis 10 ans.
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Succès fulgurant Stéphanie Jauquet a besoin de main-d’œuvre pour ses prochains défis. 50 emplois supplémentaires devraient être créés chez Cocottes avant la fin de l’année. Et l’objectif est de doubler le chiffre d’affaires d’ici à deux ans pour atteindre 15 millions d’euros.
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Cocottes à Belval Elle profite du passage à Belval pour visiter la cellule qu’elle loue au Fonds Belval, avenue des Hauts-Fourneaux, et qui accueillera en septembre un nouveau magasin Cocottes de 100 m2.
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Bilan Moment important dans l’année, un rendez-vous avec ses comptables au sein de la Fiduciaire Accura à Belval pour la signature et la validation des comptes 2018.
Bientôt 10 Preuve que le succès de sa chaîne de restauration ne se dément pas, l’ouverture de nouveaux points de vente se poursuit. Outre Belval, un dixième Cocottes ouvrira ses portes d’ici la fin de l’année au sein d’Infinity au Kirchberg.
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ARGENT COMPTANT ANDY SCHLECK
«Un sportif doit gérer sa carrière » Débuts prudents Votre premier salaire ? À 19 ans, j’ai signé mon premier contrat en néo professionnel chez CSC Tiscali. Il prévoyait un salaire annuel de 25.000 euros. Aujourd’hui, le montant est un peu plus élevé pour les jeunes, mais pour moi, ça représentait une somme importante. Qu’avez-vous fait avec ? À cette époque, je vivais encore chez mes parents, j’ai avant tout épargné. Je ne suis pas très dépensier. J’aime bien vivre, mais je n’ai pas imaginé directement m’acheter une voiture. Cette gestion prudente, c’est naturel chez vous ? C’est à la fois une question d’éducation et de style de vie. J’ai beaucoup souffert sur mon vélo, et cela m’a notamment permis d’avoir, aujourd’hui, une belle maison. Pour le reste, j’ai d’autres centres d’intérêt que des biens de luxe comme des montres ou des voitures. Tout cela n’a guère de valeur à mes yeux.
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Autogestion Vous avez été très vite confronté à l’argent. Ça se gère facilement ? La carrière d’un sportif professionnel est relativement courte. On sait qu’on peut gagner beaucoup d’argent, mais que ça ne durera pas. On voit beaucoup de sportifs qui affichent des dépenses extravagantes, mais ils ne pourront pas vivre ainsi toute leur vie. Pour ma part, j’ai toujours fait attention à ce que j’achète, et à comment je l’achète. Le manager, un mal nécessaire pour un sportif ? Je n’en ai jamais eu. J’ai toujours géré moi-même les contrats et les événements extra-sportifs. Je ne veux pas me montrer arrogant, mais j’estime qu’un manager est surtout utile pour un coureur qui n’est pas sûr d’obtenir un contrat. De mon côté, les choses étaient claires : j’avais un prix, et celui qui voulait m’engager savait combien il devait me payer. Je ne vois pas l’intérêt de donner 10 % ou 20 % de mon salaire à un manager.
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Salaire et sueur
L’achat le plus fou lié au vélo ? En général, quand un coureur gagne une course importante, il s’offre quelque chose de prestigieux pour marquer le coup. Moi, en 2009, lorsque j’ai gagné Liège-Bastogne-Liège, je me suis acheté des étangs près de Mondorf sur un terrain d’un hectare. C’était un peu fou, mais ma famille en profite toujours aujourd’hui, c’était donc un bon choix. On pêche, on fait du camping, des barbecues...
BIO EXPRESS Andy Schleck (34 ans), cadet de la famille Schleck, a marqué de la patte luxembourgeoise les plus belles épreuves cyclistes du monde. Vainqueur de la classique belge Liège Bastogne-Liège en 2009 et du Tour de France en 2010, il est contraint de mettre un terme à sa carrière en 2014. Aujourd’hui, il n’en reste pas moins un chef d’entreprise, avec un magasin de vélos à Itzig – Andy Schleck Cycles – et plusieurs autres projets professionnels sur le feu. Il est également le président du Skoda-Tour de Luxembourg depuis 2017.
De quel objet ne vous sépareriez-vous jamais ? J’en avais un, mais on me l’a volé. En 2010, après ma victoire au Tour de France, j’avais fait graver de très belles montres avec les noms de mes équipiers, et j’en ai offert une à chacun. Eux les ont toujours. Moi, j’ai été cambriolé, et ma montre a disparu. Elle me tenait vraiment à cœur. À part cela, je ne suis pas très attaché aux objets. Mes maillots jaunes sont rangés, mais je ne saurais pas dire où.
Une idée de salaire ? Il existe de très grandes différences entre un champion, qui peut gagner entre 4 et 6 millions d’euros par an, et un coureur moins coté, qui roulera pour 40.000 euros par an. Mais en général, un équipier gagne quand même entre 200.000 et 400.000 euros. C’est un sport très dur, et celui qui termine dernier du Tour de France n’a pas moins souffert que celui qui gagne.
Business et art Vous investissez à titre personnel ? Oui, un peu. J’ai notamment investi dans une petite société luxembourgeoise qui fabrique des selles en carbone, à Filsdorf. J’en détiens 49 %. J’investis aussi parfois dans des sociétés que je trouve intéressantes et dans lesquelles je perçois une plus-value possible. J’ai un bon réseau dans le monde entier qui me tient au courant d’opportunités, je ne me limite donc pas au Luxembourg, ni au cyclisme, d’ailleurs. C’est vraiment une autre vie. J’ai d’ailleurs un projet en préparation dans le domaine de l’art pour 2020. L’art, c’est une passion ? Oui, c’est une passion, je connais toutes les galeries. J’ai quelques pièces à la maison. Et je suis aussi un peu collectionneur. Je possède, par exemple, des guitares de grands artistes et beaucoup d’objets de Mohamed Ali, dont je suis un grand fan. J’ai notamment une paire de gants signée. C’est aussi une forme d’art.
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TEXTE Jennifer Graglia et Jean-Michel Lalieu PHOTO Edouard Olszewski
Folie raisonnable
Pour un cycliste, qu’est-ce qui rapporte le plus ? Le salaire lié à une équipe. Les accords publicitaires privés ne sont pas évidents. Les équipes ont déjà des contrats avec des sociétés. Nos éventuels contrats personnels ne peuvent pas entrer en concurrence. Quant aux primes de victoire, en tant que leader, je les ai toujours reversées intégralement à l’équipe. Certains coureurs gagnent moins, c’est un bonus. Un bon leader doit laisser les primes à ses équipiers, c’est une récompense pour leur travail. Sans eux, on ne gagne pas.
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COMPÉTENCES RECRUTEMENT
Réussir un entretien d’embauche Comment marquer des points face à un employeur potentiel ? Pascal Meier, CEO du cabinet de recrutement Edouard Franklin, nous livre ses conseils pour gérer la phase cruciale de l’entretien d’embauche.
P
our mettre toutes les chances de votre côté dans le cadre d’un entretien d’embauche, il est essentiel de le préparer en amont. Et de bien se renseigner sur l’entreprise qui s’est intéressée à votre CV. « Cela dépend du poste, mais il est conseillé de venir avec deux ou trois ques tions stratégiques pour montrer qu’on se projette sur le long terme dans cette société avec une vraie perspective de col laboration. Ces questions peuvent tou cher à l’organisation actuelle ou aux projets de développement », conseille Pascal Meier, CEO d’Edouard Franklin. Pas question, pour autant, d’évoquer ses prétentions salariales à la première rencontre. Elles font généralement l’objet de discussions lors d’un second entretien. « Plus les questions sont orientées sur le salaire et le côté pratique, plus le candi dat est à risque pour l’entreprise », estime notre expert. L’important est tout d’abord de « rassurer » et convaincre l’employeur potentiel. Arriver avec un projet professionnel précis et une réflexion constructive sur les raisons de votre changement d’orientation vous permet de gagner des points face à un recruteur. Cela semble aller de soi, mais il est important d’arborer une tenue adaptée au poste. Un informaticien ne devra donc pas revêtir le costume trois-pièces, contrairement à un cadre de la finance, qui se doit d’afficher une présentation impeccable. Munissez-vous également de votre CV et d’un cahier pour prendre des notes. Cela démontre un intérêt réel pour l’entreprise sollicitée et une certaine motivation personnelle. Place à l’authenticité Enfin, l’un des conseils les plus importants à garder à l’esprit face à un futur 108 —
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LUKASZ KIELISZCZYK Business manager chez Neofacto « Les entretiens dans l’IT se passent différemment que dans les autres secteurs. Dans le marché de l’IT, l’offre et la demande ne sont pas équilibrées. Les candidats sont très sollicités, les entreprises doivent donc se différencier pour recruter de nouveaux collaborateurs. Certaines fois, on est rapidement enthousiaste à l’idée de travailler avec la personne que l’on a en face de soi, d’autres fois, il faut
plus de temps pour se rendre compte des qualités ‘cachées’ d’une personne. Personne n’est infaillible, et je pense que les erreurs sont inévitables. Mais la seule chose sur laquelle je reste intransigeant, c’est le recrutement de personnes ‘positives’. Nous cherchons des candidats avec des personnalités en adéquation avec les valeurs de notre entreprise qui peuvent s’adapter à nos clients. »
employeur, c’est l’authenticité. « C’està-dire être capable d’exprimer ses forces, mais aussi ses points de développement. L’employeur apprécie l’honnêteté, quel que soit le niveau de formation. Je conseille d’être sincère, car l’enjeu est important. Si le cahier des charges n’a pas été bien défini au départ, on risque de faire une grossière erreur de carrière », analyse Pascal Meier.
Une fois l’entretien terminé, le CEO d’Edouard Franklin conseille aux candidats d’envoyer un e-mail pour remercier l’employeur potentiel et lui confirmer leur intérêt pour l’entreprise, tout en restant honnêtes et courtois. Une façon de boucler l’entretien en laissant une dernière image positive et en démontrant une certaine maîtrise de la communication. F. J.
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AURORE TRIPODI Consultante RH senior chez RH Expert « Lors d’un entretien d’embauche pour un profil de comptable, j’ai été convaincue par la personnalité de la candidate. Je l’avais sélectionnée sur base de son CV, qui m’avait beaucoup plu. Mais l’entrevue m’a définitivement convaincue. Au-delà des compétences techniques, je l’ai tout de suite visualisée dans le poste, alors qu’elle n’avait pas d’expérience dans ce domaine.
Mais elle a suivi des cours du soir en comptabilité et avait l’envie de réussir. On voyait que c’était quelqu’un qui en voulait. Elle était passionnée par les chiffres. Recrutée assez récemment, elle s’épanouit et s’est très bien intégrée dans la société. Quand je ne poursuis pas avec un candidat, c’est souvent à cause de sa personnalité, de la valeur humaine. »
MÉTIER DU FUTUR WORK PERMIT EXPERT Un facilitateur auprès des entreprises qui engagent des non-résidents européens, pour que ces derniers obtiennent leurs documents de travail et de séjour.
Que fait-il ? Il intervient dans les formalités d’immigration lorsque des entreprises recrutent des nonEuropéens. C’est un support administratif et juridique pour l’obtention des permis de travail et de séjour.
Quelles sont ses compétences ? Droit de l’immigration et droit européen sont des connaissances incontournables. Ensuite, il faut une bonne gestion administrative et être capable de mener les négociations avec les ministères et administrations concernés. L’anglais est obligatoire, le français aussi, car toute la loi sur l’immigration est en français au Luxembourg.
Quelle est sa formation ? Formation juridique essentielle, mais cela reste au niveau administratif, donc il n’est pas nécessaire d’être avocat. La fonction reste axée sur les lois, donc aucune formation supplémentaire n’est requise. Toutefois, des connaissances du système de fonctionnement de l’Union européenne permettent d’avoir une vision d’ensemble et d’aider au mieux les entreprises.
Combien gagne-t-il ? Le salaire équivaut à celui d’un juriste qui travaillerait pour les Big Four. On estime donc le salaire annuel entre 50.000 et 60.000 euros. Cela reste un métier de conseil.
L’ouverture d’esprit reste une valeur essentielle, car le work permit expert est amené à discuter avec toutes les nationalités et toutes les cultures. Chaque candidat a sa culture et son background. Sans compter qu’il faut composer avec une histoire administrative variable selon les pays. Comme l’Inde, où il n’y avait pas d’extrait de naissance avant 88. Il faut donc savoir écouter et s’adapter pour trouver des solutions.
Avis de l’expert POUR ALLER PLUS LOIN Le livre de Patrice Ras, Savoir se faire recruter, explique qu’une bonne connaissance de soi, de ses envies, de ses capacités et 08 _ LEGENDE-TITRE de ses défauts est la clé pour aborder en toute sérénité les différentes étapes d’un processus de recrutement. Il livre une méthode, 08_legende et ici estrunteni inverupde nombreux outils éprouvés, des tature, témoignages des conseils pour bien offic te et pos eniscie nimucibler votre futur employeur, garder confiance valoriser vos atouts. san discid quis et a dem inctotate ab11,80 intibusdae. Savoir se faire recruter, Patrice Ras, Studyrama, €
« Il est nécessaire d’avoir une vue d’ensemble de la situation. Se baser uniquement sur la loi sur l’immigration ne suffira pas. Il faut prendre en compte les paramètres humains, com prendre et avoir de l’empathie pour chaque candidat qui nous sollicite », explique Bénédicte Souy, work permit expert indépendante.
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PHOTOS Neofacto, RH Expert ILLUSTRATION Hadi Saadaldeen (Maison Moderne)
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STYLE PLAGE
Comment définir votre style ? « J’utiliserais le terme ‘casual chic’. J’apprécie m’habiller avec soin sans en faire trop. »
Avec quelle person nalité stylée aimeriezvous dîner ? « Avec Ryan Gosling, je pense qu’on aurait certainement pas mal de choses à se raconter ! »
Quelle couleur ne portez-vous jamais ? « Je ne porte jamais de rouge, ou presque. Je trouve que ça ne me va pas du tout. Par contre, j’aime beaucoup le jaune et le bleu ciel pour leur connotation estivale : plage, soleil... »
Que portez-vous le week-end ? « Typiquement, un jeans et une chemise blanche. Un trench en hiver et une petite veste de costume de temps en temps. »
« J’ai fait les 400 coups avec ma veste en cuir noir. »
Des adresses coup de cœur à Luxembourg ? « J’aime beaucoup Scotch & Soda, ainsi que la boutique Alazio, pas loin du restaurant Essenza, où je passe beaucoup de temps. »
La plus ancienne pièce de votre garde-robe ? « Un grand classique : une veste en cuir noir qui me rappelle d’excellents souvenirs. On a fait les 400 coups, elle et moi ! »
Quelle pièce voudriezvous transmettre ? « Tout d’abord mon smoking de mariage, qui possède évidemment une forte charge émotionnelle. Et puis, par la suite, ma fameuse veste en cuir... »
Marc Grandjean
Associé, Essenza, La Chapelle, Apoteca et Supa Saya Gin TEXTES Fabien Rodrigues
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La plus ancienne pièce de votre garde-robe ? « C’est une robe noire à paillettes avec des franges... elle appartenait à ma mère. D’ailleurs, si on lui posait la question, elle dirait qu’elle n’est que prêtée ! »
Une adresse coup de cœur à Luxembourg ? « The Kooples et Claudie Pierlot ! J’y trouve toujours mon bonheur. »
Avec quel créateur aimeriez-vous dîner ? « Patrizia Bambi, fondatrice de Patrizia Pepe. Une de mes premières pièces de créateur était une de ses robes, et j’adore ses créations faites pour une femme qui se distingue par sa modernité, son élégance et sa féminité. »
Votre dernier achat mode ? « Des heels, high bien sûr ! »
Quelle pièce voudriezvous transmettre ? « J’espère plus d’une... Je pense avoir quelques pièces (sacs, robes) qui plaisent beaucoup à ma fille. »
« J’adore me réinventer et suivre les tendances. »
Qui vous a donné le sens du style ? « Je suis d’avis qu’on vient au monde avec cette sensibilité, ou pas. Mais c’est certainement ma sœur aînée et ma maman qui m’ont influencée le plus. »
Comment définir votre style ? « Je ne pense pas avoir ‘un’ style, et je ne pense pas qu’il faille en avoir ‘un’. J’adore me réinventer et suivre les tendances, quand elles me le permettent. »
Que porter pour une soirée de gala ? « J’adore les longues robes, mais les occasions pour en porter sont trop rares. Mais peut-être que j’ajouterais un veston en cuir pour donner une petite touche décontractée. »
Vanessa Berghman
Designer-conceptrice PHOTOS Mike Zenari —Ces photos ont été réalisées sur le site de KPMG Plage, au siège du Big Four.
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ARCHITECTURE IMMEUBLE DE RAPPORT
Discret et élégant 1
PROMOTEUR Heritage Properties
2
ARCHITECTE Andrea Schroeter PAYSAGISTE JLH Garden MOBILIER Mobilier Bonn COMMERCIALISATION Langlais & Langlais LOCALISATION Luxembourg-Limpertsberg
LIVRAISON
2019 3
C
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est rue Henri VII à Luxembourg qu’Heritage Properties, spécialisé dans l’investissement immobilier résidentiel, a rénové une maison de rangée avec un beau potentiel. « Nous développons de petits projets résidentiels, mais avec un haut niveau de prestations et de finitions », explique Mickaël Detout, promoteur de ce projet. « Nous visons une clientèle à la recherche d’un habitat ou d’un pied-à-terre qualitatif, de prestations haut de gamme, tout en restant discrets. » C’est dans cette optique que cette maison a été rénovée avec l’architecte Andrea Schroeter et remise sur le marché. L’ancienne façade avant a été préservée, simplement remise en état. Au sol, une pierre claire contraste avec la couleur foncée de la façade, inspirée du style anglais. Les luminaires sont intégrés pour plus d’élégance. Les détails sont soignés, comme le sigle « HVII » gravé dans le bouton de porte ou la serrure de la porte d’entrée qui s’active toute seule, sans qu’on ait
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besoin de tourner manuellement la clé. La façade arrière accueille désormais une nouvelle extension sur toute la hauteur de la bâtisse, ce qui a permis de créer des balcons pour chacun des appartements. Le rez-de-chaussée bénéficie d’un jardin aménagé par le paysagiste JeanLuc Hittelet (JLH Garden Design). À l’intérieur, l’immeuble a été réaménagé avec soin : parties communes avec murs en pierres apparentes, rampe et garde-corps en ferronnerie noire. Un ascenseur dessert chacun des trois étages supérieurs de manière privative. Chaque étage abrite un appartement d’environ 100 m2, qui dispose d’au moins deux chambres auxquelles est adjointe une salle de bains. Les appartements bénéficient d’un choix de matériaux coordonnés, réalisé par Mobilier Bonn, et sont équipés de sanitaires, de meubles de salle de bains, de placards aménagés et même de luminaires. À travers les différents espaces, des détails en noir mat (robinetterie, interrupteurs, encadrements de fenêtres) servent de fil rouge. Dans cet esprit de service et d’exclusivité, le promoteur a choisi d’aller encore plus loin dans son offre : les caves sont équipées d’une petite armoire à vin, des vélos électriques sont à la disposition des habitants et un service de conciergerie assuré par Dupont & Jensen leur est offert pendant un an. C.C.
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À l’arrière, le jardin agrémente la perspective depuis les étages. Au dernier étage, l’appartement bénéficie d’une belle hauteur sous plafond. Les salles de bains sont déjà aménagées. Côté rue, la maison reste discrète.
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PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne)
En plein cœur du Limpertsberg, Heritage Properties a rénové une ancienne maison de ville pour la transformer en appartements haut de gamme, sous le nom HVII.
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CULTURE PHOTOGRAPHIE
objectif Arles Le photographe Pasha Rafiy était exposé à Arles en 2018
AILLEURS EN EUROPE TROIS PRÉSENCES PRESTIGIEUSES Cet été, on retiendra trois présences luxembourgeoises prestigieuses à l’étranger.
58E BIENNALE DE VENISE Marco Godinho représente le Luxem bourg dans son nouveau pavillon à l’Arsenale avec l’exposition Written by Water. L’artiste y interroge la portée romanesque, humaine et géopolitique de la mer et des voyages qu’elle a générés à travers les époques. Il a ainsi parcouru plusieurs villes côtières de la Méditerranée et y a laissé les flots imprégner les pages de l’un des grands voyages de l’histoire littéraire : L’Odyssée d’Homère.
L
es Rencontres d’Arles, événement européen incontournable dédié à la photographie, soufflent cette année leurs cinquante bougies. Les talents du Grand-Duché y sont à nouveau représentés grâce au partenariat établi avec Lët’z Arles, l’association de promotion de la photographie luxembourgeoise lors du festival. Pour cette édition 2019, les femmes sont à l’honneur avec un duo composé des artistes Claudia Passeri et Krystyna Dul. La première présente ainsi dans la nef centrale de la Chapelle de la Charité son projet photographique Aedicula qui s’articule autour d’une installation composée de grands présentoirs à journaux. Sur ces derniers, sans texte, sont imprimées des images prises par l’artiste à Furlo, un petit village d’Italie centrale. Autrefois lieu de villégiature de Mussolini, le village symbolise aujourd’hui l’oubli des luttes, des sacrifices et des heures sombres et l’impossibilité d’y réfléchir sereinement, faute de consensus politique. Dans ce même lieu de patrimoine séculaire, Krystyna Dul proposera quant à elle avec
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esonance, un univers intimiste tiré de l’exploR ration d’un lieu de vie dont le propriétaire est décédé, mais dont les traces, les passions pour le corps des femmes et les fantasmes documentés persistent. Ainsi, en mélangeant photographies trouvées et prises de vues personnelles, l’artiste questionne le rapport au désir, aussi bien celui du protagoniste absent que celui de l’observateur qui devient, en quelque sorte, complice de cette intrusion de l’artiste. Enfin, l’émanation du festival dédié à la réalité virtuelle, le VR Arles Festival, accueillera également une œuvre luxembourgeoise dans sa sélection compétitive. Il s’agit de la dernière création du binôme Karolina Markiewicz et Pascal Piron nommée Fever, une expérience basée sur les sensations de déformation de la réalité, voire d’hallucinations, qui apparaissent lorsque le corps humain est soumis à une forte fièvre. Avec cette sélection, Karolina Markiewicz savoure le succès naissant d’un travail bien pensé : « Nous sommes absolument ravis d’être sélectionnés dans une compétition aussi prestigieuse. Surtout avec la réalité virtuelle qui nous passionne, autant par ses applications artistiques que pédagogiques. » Fever est également exposée au Casino Luxembourg jusqu’au 15 septembre, tandis que l’exposition photographique de Claudia Passeri et Krystyna Dul sera reprise au Cercle Cité à l’automne. F.R.
www.luxembourgpavilion.lu
LE FESTIVAL D’AVIGNON La pièce Révolte, adaptation par Sophie Langevin du texte féministe d’Alice Birch, bouscule les codes et représente le Grand-Duché avec force, audace et humour cinglant dans le Festival Off d’Avignon. La condition de la femme, physique aussi bien que conceptuelle, y est questionnée sans pudeur ni fausse pudibonderie et propose la révolte comme seul moyen de construction paritaire. www.letzarles.lu
LE FESTIVAL D’AIX-EN-PROVENCE L’ensemble musical Lucilin portera les couleurs du Luxembourg dans Les Mille Endormis d’Adam Maor, une cocommande des Théâtres de la Ville de Luxembourg et du Festival d’Aix. Le livret et la mise en scène ont été, quant à eux, confiés au talentueux Yonatan Levy. www.festival-aix.com
PHOTO Romain Girtgen
La saison estivale permet au Luxembourg de mettre ses acteurs culturels à l’honneur lors des grands rendez-vous européens, à l’instar des Rencontres d’Arles pour la photographie.
N E W E D IT IO N
Data Science for Marketing FUTURE-PROOF YOUR BUSINESS
4-day Analytics & Marketing programme · Luxembourg City
Après une première collaboration réussie avec Solvay Brussels School of Economics & Management, le Paperjam Club est fier d’amplifier son offre de formation et de proposer un tout nouveau programme Data Science for Marketing. Différents modules seront organisés lors de quatre journées complètes, en novembre et décembre 2019.
go
s sur tion a y tic s m r anal i n fo ’ a b d m s / b plu u/c l u ja m . l r e p . pa
À ces dates, quatre modules distincts seront proposés aux participants : Marketing, Data Analytics, Data Gathering et Data Enrichment. DATES 14 et 15 novembre 2019 2 et 3 décembre 2019
CONTACTS / INSCRIPTIONS Julien Delpy julien.delpy@maisonmoderne.com (+352) 20 70 70-415 Magali Larese magali.larese@maisonmoderne.com (+352) 20 70 70-402
ENVIES
RESTAURANT À TABLE AVEC
Marc Scheer organisation, aux côtés d’Elvira Mittheis. Avec un respect de la tradition assumé, mais résolument contemporain. Une tradition que Marc Scheer apprécie également dans l’assiette, avec une cuisine sans chichis, qu’il s’agisse de gastronomie luxembourgeoise ou italienne, deux de ses préférées. LE PRODUIT AVANT TOUT Pour l est de toutes les manifestations, de tous l’édition 2019 du Festival de Wiltz, les festivals. Celles et ceux qui s’inté- l’Italie sera d’ailleurs un des pays ressent à la culture au Grand-Duché l’ont mis à l’honneur. L’inviter à déjeuforcément croisé à un concert, à une ner chez LuCi, nouvelle bonne pièce ou à une exposition : Marc Scheer adresse de la cuisine transalpine est un représentant visible et impliqué du à Luxembourg, semblait donc secteur culturel, tant dans son Nord natal, plutôt bien convenir. Pour ravir avec l’organisation du Festival de Wiltz et de les papilles du mélomane, le plus la Nuit des Lampions, que dans le reste du important est le bon produit, la pays également. Il vient en outre d’ajouter la bonne cuisson et le bon assaisondirection de la Fête de la musique à son éven- nement, surtout si cela vient de la mer... Ce qui le pousse peut-être tail de compétences. LA TRADITION TRANQUILLE Natif de Wiltz, à se laisser tenter par la salade de Marc Scheer y a grandi et y a effectué sa sco- poulpe, très réussie, puis par une larité. S’il ne se destine pas initialement à la suggestion de pâtes du moment culture et embrasse plusieurs carrières avant accompagnées d’artichauts itade trouver sa voie, il assiste régulièrement au liens et de palourdes. « J’aime Festival de Wiltz, l’un des plus courus du pays, quand les goûts ne sont pas trop et observe son évolution : « La programma nombreux et que je peux appré tion est passée de presque trop pointue à un cier l’ingrédient – viande, pois mélange de faible qualité, on a clairement son ou légume – à sa juste valeur », confie le vu le déclin de la réputation du festival. » directeur de la Fête de la musique, tout juste Suite à certaines décisions stratégiques de la nommé en mars dernier. Une exception, municipalité, l’asbl Coopérations reprend cependant : Marc aime cuisiner indien. l’événement sous son aile et place Marc Scheer UNE COMPLÉMENTARITÉ SAVOUREUSE Cette à sa tête. Depuis trois ans, il s’attelle à son ambivalence vertueuse entre amour de la tradition et audace expérimentale, Marc Scheer semble s’en LuCi inspirer tant à table qu’au 51, rue Pierre Krier travail. Dans le premier cas, L-1880 Luxembourg par exemple, pas de dessert, (Bonnevoie) mais une excellente grappa Tél. : 28 20 74 98 servie dans un verre à capuchon des plus originaux. Chef et direction Dans le second, il espère pouLuca Cirillo voir combiner les talents Couverts env. 50 locaux à de petites pépites internationales lors des évéAddition du jour nements qui sont dans son 29,50 € 2 entrées escarcelle, à l’instar de la 2 plats 40,00 € chanteuse Etta Scollo, qui 2 verres de vin 14,00 € clôturera le Festival de Wiltz 2 grappa offertes le 25/07. F. R. Total 83,50 €
Au fil des rencontres et des challenges qu’il s’est lancés, Marc Scheer est devenu une figure aussi reconnaissable qu’incontournable de la scène culturelle. Nous l’avons convié à échanger autour d’un déjeuner chez LuCi, dans son quartier de Bonnevoie.
I
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MAIS AUSSI SON PLAT LUXEMBOURGEOIS PRÉFÉRÉ ?
OÙ MANGER HORS DE LA VILLE ? « J’aime beaucoup le Gudde Maufel, à Eischen, et le Koeppe Jemp, à Hoscheid. On y déguste de la bonne cuisine luxembourgeoise légèrement réinterprétée, et qui peut réserver d’excellentes surprises. »
PHOTOS Jan Hanrion (Maison Moderne)
« J’aime les choses simples et goûteuses, qui me rappellent le terroir local. Mais il faut que ça soit bien fait ! Je pense, par exemple, à une bouchée à la reine, ou bien à un bon jambon en croûte, et ce n’est pas si facile d’en trouver des vraiment bons. »
#SPOTTEDBYMARITÉ Gammel Mønt, Copenhagen
“ This is one of those spots in Copenhagen where the bright colours of the houses stand out, especially when the sun is shining. ”
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INDEX
1, 2, 3
100,7
ENTREPRISES PERSONNES
26, 33
A
ABBL 50, 92 ABN AMRO 92 ACERALIA 78 ADA 66 ADEM 22, 54, 62 ADMINISTRATION DES CHEMINS DE FER 20 ADMINISTRATION DES PONTS ET CHAUSSÉES 78 ADR 18 AGENCE SPATIALE EUROPÉENNE 40 AIRBNB 16 ALEBA 16 ALFI 44 ALIPA GROUP 40 ALIPAY 46 ALL SQUARE GOLF 26 ALLEN & OVERY 44, 62, 66 ALTER ROLF 40 AMAZON 56 AMAZON PAY 46 AMUNDI 44 SCHROETER ANDREA 112 ANDRES MICHÈLE 86 ANDY SCHLECK CYCLES 106 APEX 92 APLA BLOCKCHAIN 122 APOTECA 110 APPLE 46, 56 ARBED 78 ARCELORMITTAL 26, 66, 78 AREND & FISCHBACH 26 ARENDT & MEDERNACH 44, 50 ARIANESOFT 32 ARTUS PATRICK 44 ASSETLOGIC 28 ASSOCIATION POUR L’ÉTUDE DU DROIT DE LA CONCURRENCE 56 ATOZ TAX ADVISORS 66 AVALOQ 92 AVTERML 20
B
BAILLET CHRISTIAN 44 BANK OF CHINA 44, 48 BANQUE CENTRALE DU LUXEMBOURG 54 BANQUE DE LUXEMBOURG 26, 86 BANQUE DEGROOF PETERCAM LUXEMBOURG 70 BASSING CHARLES 64 BAUSCH FRANÇOIS 20, 22 BAZIN GEOFFROY 30 BBI 66 BCE 66 BECKER FREDERIC 48 BEN CAHOON 28 BENG ARCHITECTES ASSOCIÉS 58 BENOY FRANÇOIS 22 BERGHMAN VANESSA 110 BERTON LÉA 58
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BETTEL XAVIER 16, 18, 20, 30, 33, 78 BGL BNP PARIBAS 30, 44, 46, 92 BIL 49, 98 BINSFELD NICO 62 BMW MUZZOLINI 58 BNP PARIBAS 44 BON EMMANUEL 86 BONDAR VITALY 122 BONIFACE ANTOINE 28 BONNAFÉ JEAN-LAURENT 44 BOOKING.COM 56 BOSKOVICH GHELA 48 BOULANGER 26 BOURIN CATHERINE 50 BOURSE DE LUXEMBOURG 48 BRAZ FÉLIX 16 BROWN BROTHERS HARRIMAN 66 BUCK NICOLAS 78 BUNDESKARTELLAMT 56
C
CAA 50 CAPGEMINI 36 CARDIF LUX VIE 92 CARGOLUX 26 CARRÉ PASCAL 98 CFL MULTIMODAL 64 CHAMBRE D’AGRICULTURE 86 CHAMBRE DE COMMERCE 36, 48, 50, 54, 64, 66, 78, 92 CHAMBRE DES MÉTIERS 50, 64 CLEARSTREAM 66 CLOCHE D’OR 58 CNIL 56 COCOTTES 98 COMMERZBANK 92 COMMISSARIAT À LA QUALITÉ, À LA FRAUDE ET À LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE 16 COMMISSION EUROPÉENNE 20, 56, 78, 86 COMMISSION NATIONALE POUR LA PROTECTION DES DONNÉES 36, 56 CONFÉDÉRATION LUXEMBOURGEOISE DU COMMERCE 22 CONFÉRENCE NATIONALE DES PROFESSEURS DE SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES 64 CONSEIL DE LA CONCURRENCE 56 CORONADO SERGIO 64 COTTIN MATHIEU 48 CREDITREFORM LUXEMBOURG 54 CRISTINA FERREIRA 48 CROIX-ROUGE 86 CSSF 50, 54 CSV 16, 18 CULLEN TARA 22
D
DAMGÉ STÉPHANIE 64 DE BOECK 16 DE BOISANGER ADRIEN 44 DE CORNOIS HÉLIE 70 DE LORIOL THIERRY 49 DEALROOM 28
DÉI GRÉNG 18, 22 DÉI LÉNK 18 DEKABANK 92 DELESCAUT HENRY 20 DELLES LEX 54, 86 DELOITTE 34, 66, 70 DENIS PASCAL 48 DETAILLE MICHÈLE 78 DETOUT MICKAËL 112 DEUTSCHE BANK 44, 92 DEUTSCHE PFANDBRIEFBANK 92 DIGITAL LËTZEBUERG 64 DOCLER HOLDING 122 DP 18 DUBUCQ CORENTIN 46 DUL KRYSTYNA 114 DUPONT & JENSEN 112 DWS INTERNATIONAL 44 DWS INVESTMENT SA 92 DZ PRIVATBANK 92
E
EAST-WEST UNITED BANK 44 EBRC 28 ÉCOLE D’ÉCONOMIE DE PARIS 44 ÉCOLE DE COMMERCE ET DE GESTION 66 ÉCOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION 78 ECOLO 22 EDITPRESS 26, 33 EDOUARD FRANKLIN 108 EIRAVATO 28 ELDORADIO 33 ELVINGER HOSS PRUSSEN 44 EMRINGER MANOU 86 ENGEL FRANK 18 ESPACE ET PAYSAGES 58 ESSENZA 110 ESTAGERIE PIERRE-JEAN 70 ETIX EVERYWHERE 28 EU-START-UP 122 EURO-COMPOSITES 40 EUROSTAT 54
F
FABECK ARCHITECTES 58 FABECK TATIANA 58 FACEBOOK 33, 56 FDLV 22 FÉDÉRATION DES JEUNES DIRIGEANTS D’ENTREPRISE 86 FÉDÉRATION LUXEMBOURGEOISE DE GOLF 26 FÉDÉRATION LUXEMBOURGEOISE DES START-UP 28 FEDIL 78 FIDUCIAIRE ACCURA 98 FLORENT JEAN-PHILIPPE 22 FONDS NATIONAL DE LA RECHERCHE 64 FORUM ÉCONOMIQUE MONDIAL 62 FORZY BARBARA 26 FORZY LUDOVIC 26 FRANCK NAVARRO GOLF ACADEMY 26
FRIEDEN LUC FRIOB NORBERT
48, 54, 78 78
G
GATSBY & WHITE 92 GERAUDEL MICKAËL 66 GERMAY JONATHAN 98 GLODEN LÉON 56 GODINHO MARCO 114 GOERENS CHARLES 18 GOLF PLANET 26 GOOGLE 26, 33, 38, 46, 56 GRAND THÉÂTRE 44 GRAND-DUC HENRI S.A.R. 30, 44 GRANDJEAN MARC 110
H
HANSEN MARC 86 HAU PATRICK 16 HECKLEN JULIE 70 HERITAGE PROPERTIES 112 HIFI INTERNATIONAL 26 HITTELET JEAN-LUC 112 HOFFMANN GÉRARD 38 HOUSE OF ENTREPRENEURSHIP 64 HRON ANTOINE 28 HSBC PRIVATE BANK 44 HULOT NICOLAS 22 HYPO REAL ESTATE 92
I, J
ICBC IFDS ING LUXEMBOURG INSTAGRAM INTERNATIONAL DATA CORPORATION IQ-EQ J.P. MORGAN JAUQUET STÉPHANIE JEMMIC JLH GARDEN DESIGN JOBS STEVE JONK ENTREPRENEUREN JUNCKER JEAN-CLAUDE
K
KARACIAN RICHARD KARIGER PATRICIA KBL EPB KERSCH DAN KERVIEL JÉRÔME KEYMITT KIELISZCZYK LUKASZ KIKUOKA COUNTRY CLUB KINSCH JOSEPH KIOWATT KLEIN CHRISTOPHE KOEDINGER MIKE KOOSMIK
48 44 70 56 122 70 44 98 86 112 30 64, 86 18, 78
33 18 44, 49 26 46 28 108 26 78 20 58 33 28
INDEX KPMG KRANCENBLUM SERGE KRËFEL KREISEL JENS KRIER PAUL KRINGS FRANK KULIK MARCIN
44, 48, 86 70 26 66 64 92 28
L
LA CAVE DES SOMMELIERS 98 LA CHAPELLE 110 LAMESCH CORINNE 44 LANGEVIN SOPHIE 114 LANZATECH 78 LE JEUDI 26 LEGEND HOLDINGS 49 LENERT PAULETTE 16 LENÔTRE 86 LËT’Z ARLES 114 LEVINE ROBERT 48 LHOFT 22, 48, 122 LINKLATERS 44 LINSTER PHILIPPE 64 LIST 20 LOMBARD INTERNATIONAL ASSURANCE 70 LOMBARD ODIER 66 LORIES 26 LSAP 18 LUCCHESE PASCAL 28 LUCI 116 LUCILIN 114 LUNEX UNIVERSITY 66 LUTHER 40 LUX GOLF CENTER 26 LUXCONNECT 20 LUXEMBOURG ASSOCIATION OF FAMILY OFFICES 70 LUXEMBOURG BUSINESS REGISTERS 50 LUXEMBOURG FOR FINANCE 48 LUXEMBOURG SCHOOL OF BUSINESS 66 LUXEMBOURG SPACE AGENCY 66 LUXEMBOURG TECH SCHOOL 64 LUXFLAG 44 LYCÉE DES ARTS ET MÉTIERS DE LUXEMBOURG 66, 68
M, N, O
MACKEL NICOLAS 48 MACRON EMMANUEL 18 MAILLOT MAGALI 62 MAISON MODERNE 33, 86 MANGOPAY 46 MARCH SHARON 28 MARKIEWICZ KAROLINA 114 MASSARD GILBERT 68 MASTERCARD 46 MEIER PASCAL 108 MEISCH CLAUDE 16, 61, 62, 64, 66, 68 MENDOLIA ROBERTO 16 MERCEDES PAY 46 MERTZ LAURENT 16 MEYER GLENN 50 MIAMI UNIVERSITY DOLIBOIS EUROPEAN CENTER 66 MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE 48, 50, 64, 66 MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, DE L’ENFANCE ET DE LA JEUNESSE 62, 64
MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE 62 MINISTÈRE DE LA MOBILITÉ 20 MINISTÈRE DES FINANCES 48 MITCHELL SOPHIE 34 MITTAL LAKSHMI 78 MITTAL STEEL 78 MITTHEIS ELVIRA 116 MOBILIER BONN 112 MONTEREY INSIGHT 44 MORENO ARCHITECTURE 34 MORETTI POLEGATO MARIO 30 MOULINS DE KLEINBETTINGEN 86 MULLER EDMOND 86 MULLER MARC 64 MULLER PATRICK 86 NADIFIN 122 NATIXIS 44 NAVARRO FRANCK 26 NEOFACTO 108 NETLINE 32 NICKELS PATRICK 40 NICOLAS HEDWIGE 40 NORD/LB 92 NORDEA 92 NOSBUSCH DÉSIRÉE 72 NOVETHIC 44 OCDE 44, 62, 78 OESTREICHER MARC 20 OETTINGER GÜNTHER 20 OFFICE DES PUBLICATIONS 22 OKO 48 OLINGER JEAN-PAUL 86 OMNES STÉPHANE 36 OPÉRA DE PÉKIN 48 OUNI 26
P, Q, R
PACARY KARINE 44 PANELUX 86 PAPERJAM 33 PASSBOLT 28 PASSER CLAUDIA 114 PATRI GIOVANNI 28 PAUL BRETZ 34 PAUL WURTH 78 PAULOS NADIA 58 PAYCONIQ 46 PAYPAL 46, 66 PELTIER FRANÇOIS 16 PENIN OLIVIER 32 PICQ PASCAL 30 PINGPONG 46 PIRATEPARTEI 18 PIRATES 16 PIRON PASCAL 114 PITCH YOUR STARTUP 122 PLATZ PATRICK 26 POIRIER PHILIPPE 18 POST 36, 54 PRECISION CAPITAL 49 PROBST LAURENT 62 PROXIMUS 38 PWC 44, 62, 86 QUILVEST SA 44 RAHMÉ PATRICK 26 RAINMAKING INNOVATION 48 RAKUTEN 46 RASQUÉ TOM 70 RBC INVESTOR SERVICES BANK 44 RECKINGER PAUL 78
REDING LOUIS 22 REVOLUT 28 RH EXPERT 108 ROLLINGER LUCIE 86 ROMERO MARIE 40 ROUHANA KHALIL 20 RUTTE MARK 18
S, T
SACRED HEART UNIVERSITY LUXEMBOURG 66 SAINT-PAUL LUXEMBOURG 33 SALONKEE 28 SAMSUNG 46 SCHARFF CHRISTIAN 62 SCHEER MARC 116 SCHEMEL WIRTZ ARCHITECTES ASSOCIÉS 58 SCHLECK ANDY 106 SCHMIT JEAN-PIERRE 86 SCHNEIDER ÉTIENNE 20, 40 SCHOCK CHRISTIAN 26 SCHOLTES RAOUL 64 SCHOONBROODT MARTIN 28 SCHWOCHOW CHRISTIAN 72 SCOLATI ROBERTO 16 SEA LIFE TRUST 26 SEMET PASCAL 86 SERVICE DE COORDINATION DE LA RECHERCHE ET DE L’INNOVATION PÉDAGOGIQUES ET TECHNOLOGIQUES 16 SERVICE DES DOUANES 50 SES 66 SHEHZAD LOKHANDWALLA 48 SIMON SCHWALL 48 SIWECK JEAN-LOU 26 SIX PAYMENT SERVICES 46 SMART SMB SUMMIT & AWARDS 2018 122 SNT 64 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE 46 SOCIÉTÉ LUXEMBOURGEOISE DE TÉLÉPHONIE 32 SOCIÉTÉ NATIONALE DE CRÉDIT ET D’INVESTISSEMENT 40 SOLUDEC 34 SOUY BÉNÉDICTE 108 SPACERESOURCES.LU 64 STATE STREET 44, 48, 66 STATEC 16, 54 STOTT JAKOB 44 STOURDZÉ SAM 114 STRELENKO OLEG 122 SUNFIRE 78 SUPA SAYA GIN 110 SUPERDRËCKSKEESCHT 64 SYNDICAT DES ENSEIGNANTS DU SECONDAIRE 64 TAGEBLATT 26 TANGO 38 TDK 66 TECHCYTE 28 TECHNOPORT 28 TÉLÉPHONIE 32 TELINDUS 38 TELKEA 32 TELKEA ACADEMY 32 THELEN CARLO 54 THÉOBALD TOM 48 THILL CARLO 30 THOMSON-REUTER 44 THORN GASTON 78 TNS ILRES 33 TOKENY 48
TREETOP 32 TRÉVISE 30 TRIPODI AURORE 108 TURK & PRUM 56 TURK FRANÇOIS 56
U, V, W, Y, Z
UBS 92 UM PLATEAU 98 UNI 18 UNIKEN 48 UNION DES ENTREPRISES LUXEMBOURGEOISES 78, 86 UNIVERSITÉ DU LUXEMBOURG 20, 61, 66, 68 UNIVERSITÉ TECHNIQUE DE BRAUNSCHWEIG 92 USINOR 78 VANDEKERCKHOVE PETER 44 VANKALAS SACHIN 44 VILLE DE LUXEMBOURG 18, 22 VISTRA 92 VOLKSWAGEN PAYMENTS 46 VOSS DENISE 44 WEILL JACQUES 20 WILMES SERGE 18 WINTGENS WILLY 40 WURTH MICHEL 78 WWF 22 YOUTH START CHALLENGE 64 ZELTNER JÜRG 44 ZHOU LIHONG 48 ZUBAIRI NASIR 48
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3C PAYMENT 47 ARENDT 10 BANK OF CHINA 8 BANQUE DE LUXEMBOURG 23 BANQUE HAVILLAND 51 BESIX RED 69 BGL 42, 43 COCOTTES 57 CONCEPT FACTORY 4, 5 DEGROOF PETERCAM 29 FIRSTFLOOR 24 IMPAKT 39 JOAILLERIE WINDESHAUSEN 6, 7 KPMG 150 NEW IMMO 59 POST LUXEMBOURG 35 PWC 149 RENAULT 21 RGROUP 37 SAUMUR 124 TURKISH AIRLINES 2 TWPM 41 UNITED INTERNATIONAL MANAGEMENT 52 VICTOR 31
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OURS
Juillet / Août 2019 dir ecteur de la publication
Richard Karacian dir ecteur éditor i a l
Matthieu Croissandeau r édacteur en chef
RÉDACTION Téléphone (+352) 20 70 70-100 Fax (+352) 29 66 19 E-mail press@paperjam.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg secr éta ir e de r édaction
Jennifer Coghé (J. C.) jennifer.coghe@maisonmoderne.com Jamila Boudou (J. B.) jamila.boudou@maisonmoderne.com Céline Coubray (C. C.) celine.coubray@maisonmoderne.com @celinecoubray Laura Fort (L. F.) laura.fort@maisonmoderne.com @LauraFort2 Camille Frati (C. F.) camille.frati@maisonmoderne.com @camillefrati Jennifer Graglia (J. G.) jennifer.graglia@maisonmoderne.com
Thierry Raizer (T. R.) thierry.raizer@maisonmoderne.com @traizer1 r édacteur en chef a djoint
Nicolas Léonard (N. L.) nicolas.leonard@maisonmoderne.com @NicolasLeonard
RÉGIE PUBLICITAIRE Téléphone (+352) 20 70 70-300 Fax (+352) 26 29 66 20 E-mail regie@maisonmoderne.com Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg
Thierry Labro (T. L.) thierry.labro@maisonmoderne.com Jean-Michel Lalieu (J.-M. L.) jean-michel.lalieu@maisonmoderne.com Pierre Pailler (P. P.) pierre.pailler@maisonmoderne.com Fabien Rodrigues (F. R.) fabien.rodrigues@maisonmoderne.com Ioanna Schimizzi (I. S.) ioanna.schimizzi@maisonmoderne.com photogr a phes
Anthony Dehez, Romain Gamba, Nader Ghavami, Edouard Olszewski, Mike Zenari, Matic Zorman cor r ection
Lisa Cacciatore, Karine Feugas, Sarah Lambolez, Amandine Lemoine, Manon Méral, Elena Sebastiani
www.maisonmoderne.com Téléphone (+352) 20 70 70 E-mail publishing@maisonmoderne.com Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg Bureaux 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie fondateur
Mike Koedinger
dir ecteur associé
Francis Gasparotto (-301) ch a rgés de clientèle
Marilyn Baratto (-316) Laurent Goffin (-315) assista nte commerci a le
Céline Bayle (-303)
Fanny Jacques (F. J.) fanny.jacques@maisonmoderne.com Megane Kambala (M. K.) megane.kambala@maisonmoderne.com
ÉDITEUR
STUDIO GRAPHIQUE
ceo
Richard Karacian dir ecteur a dministr atif et fina ncier
Etienne Velasti
Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Richard Karacian, Mike Koedinger et Etienne Velasti. conseil d ’a dministr ation Mike Koedinger (président), Jean-Claude Bintz (vice-président), Richard Karacian, Daniel Schneider et Etienne Velasti (membres).
dir ecteur de l’agence Mathieu Mathelin dir ecteur de cr éation
Jeremy Leslie
hea d of production
Stéphanie Poras-Schwickerath hea d of a rt dir ection
Vinzenz Hölzl
Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !
a rt dir ector
Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. ISSN 2354-4619
Marielle Voisin mise en page
Julie Kotulsky, Elina Luzerne (coordination Paperjam), Sophie Melai, Oriane Pawlisiak (coordination Clubletter), Nathalie Petit, Hadi Saadaldeen
Conformément à l’article 66 de la loi du 8 juin 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Richard Karacian.
hea d of production assista nts
@paperJam_lu Paperjam
Stéphane Cognioul, Myriam Morbé
Paperjam Entreprise
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a pplications pa per ja m
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LA START-UP DU MOIS APLA BLOCKCHAIN
La blockchain pour tous
EN BREF Apla Blockchain en six points 2016 : Création de la start-up 2017 : Installation à la Lhoft 21 mai 2019 : Vainqueur du concours Pitch Your Startup Effectif : 40 (Luxembourg, Dubaï et Moscou) Mai et juin 2019 : Programme d’accélération NadiFin
Fondée en 2016, Apla Blockchain a remporté en mai dernier le concours Pitch Your Startup. Une start-up qui décline les possibilités de la blockchain pour les PME et les gouv ernements comme l’Inde ou les Émirats arabes unis.
Fin mai 2019 : Lancement du premier programme utilisant leur technologie
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Une technologie en plein essor Les trois prix reçus au Luxembourg ne sont pas les premiers. La start-up a en effet été nommée « Blockchain Solutions Provider of the Year » au Smart SMB Summit & Awards 2018, qui a eu lieu en octobre 2018 122 —
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à Dubaï. Apla Blockchain a également été sélectionnée au sein d’un groupe de 11 start-up pour la première édition du programme d’accélération NadiFin, qui s’est achevée le 14 juin dernier à Dublin. Elle a fait également partie des 10 start-up luxem bourgeoises à suivre en 2019, selon le magazine en ligne EU-Startup. Il faut dire que la technologie sur laquelle évolue la jeune pousse est en croissance exponentielle au niveau mondial. Le dernier rapport de l’International Data Corporation, paru en juillet 2018, annonce que les investissements dans la blockchain devraient atteindre 10 milliards d’euros d’ici à 2022. « Nous voulons offrir un système de transactions qui réduise le nombre d’intermédiaires, donc moins coûteux et plus rapide, mais qui réponde entièrement aux exigences des régulateurs », détaille Vitaly Bondar, également chief legal officer d’Apla Blockchain. La solution développée par Apla Blockchain permet donc un transfert d’argent sécurisé et bien plus rapide comparé au système actuel Swift, un argument pour convaincre des gouvernements ou des projets privés. Il est en effet possible d’imaginer un registre des propriétés, des services financiers ou un système de distribution des droits de propriété intellectuelle. I. S.
BIO EXPRESS Vitaly Bondar Le fondateur d’Apla Blockchain, le Russe Oleg Strelenko, aujourd’hui CTO de la start-up, a créé un protocole qui permet à des acteurs régulés de la finance de contrôler l’enregis trement des personnes qui souhaitent entrer dans cette blockchain, qui reste pourtant publique. Aujourd’hui, elle offre des solutions dans sa propre blockchain à des gouvernements ou des projets privés. L’équipe dirigeante est com posée de Jesús Peña García (COO) et Vitaly Bondar (CEO et chief legal officer), et la start-up est installée à la Lhoft depuis 2017.
PHOTO Jesús Peña García ILLUSTRATION Ellen Withersová
pla Blockchain s’est distinguée en remportant trois prix le 21 mai dernier lors du concours Pitch Your Startup : celui des fintech, celui de Docler Holding et celui de la Luxembourg House of Finan cial Technology (Lhoft). Soit la somme cumulée de 70.000 euros qui lui seront utiles pour les prochains stades de son développement. « Notre premier programme uti lisant notre technologie sera lancé à la fin du mois », avait alors expliqué Vitaly Bondar, CEO d’Apla Blockchain. « Il s’agit d’une plate-forme pour gérer les services de gou vernance des entreprises dans la communi cation avec ses actionnaires. Nous allons dédier notre prix à la poursuite de nos activités de recherche et développement. » D’origine russe et désormais installée à la Lhoft, Apla Blockchain doit son origine en 2016 à Oleg Strelenko (aujourd’hui CTO de la start-up). Elle élabore des solutions de blockchain pour des gouvernements comme l’Inde, les Émirats arabes unis, le Kenya, le Nigeria et la Russie, disposant de bureaux à Dubaï et à Moscou. Apla Blockchain a développé plus de 20 proofs of concept, y compris des fonctions gouvernementales comme le cadastre, les immatriculations de véhicules, la délivrance de certificats, la plate-forme de gestion des droits numériques et les systèmes de vote, mais aussi des applications pour le secteur privé et pour des PME telles que la solution de gestion de la chaîne d’approvisionnement, les émissions de titres et une plate-forme de paiement.
Clubletter JUILLET Septembre 2019
Bienvenue aux nouveaux membres Aderhold Luxembourg Allianz Life Luxembourg Brasserie Philippe Bureau d’études Boydens ColorWorld Network Computerland (Orda-S) Concilium Immobilière eProseed EXEL Genus Groupe Homeseek Limpertsberg Michele Dhur Ombri Immo Oriskany P.H.I Data ProfilerConsulting Skyfarms Thi’Pi Université du Luxembourg Vauban Patrimoine S.C.A. Venture Corporate Properties Luxembourg Welkin and Meraki Work Construct
KEEP CALM AND
GO TO THE NEW
SAUMUR
13, RUE DICKS LUXEMBOURG
ÉDITO BUSINESS CENTRE
LES AVANTAGES DU CLUB MEMBER
INSPIRE
N FR
ous voilà au cœur de l’été, période propice à la prospective. L’équipe du Paperjam Club œuvre depuis plusieurs semaines, dans le cadre d’une réflexion globale « Rethink Maison Moderne », et prépare une Saison 12 mémorable. Les programmes de 2020, concoctés pour la première fois avec l’appui d’un advisory board de 21 personnalités, seront dévoilés dès la rentrée. Avant cela, nous voulions à nouveau vous amener au sein du cercle réservé des décideurs à Luxembourg. Nous vous transporterons à l’épicentre de l’activité économique du pays avec notre CEO Cocktail du 10 juillet à l’ambassade des Pays-Bas qui réunira les décideurs de nos 1.100 sociétés membres, suivi du premier Paperjam Golf Open le 11 juillet au Kikuoka Country Club. Nous nous retrouverons ensuite après une pause estivale pour un 10×6 Mobilité inédit le 18 septembre. Comme chaque mois, le Paperjam Club est votre partenaire pour vous placer au centre de l’environnement business local.
Ouvrez vos perspectives et stimulez vos idées par l’inspiration
H EN
ere we are in the middle of summer, a period conducive to foresight. The Paperjam Club team has been working for several weeks as part of a global “Rethink Maison Moderne” reflection and is preparing a memorable Season 12. The 2020 programmes, concocted for the first time with the support of a 21-person advisory board, will be unveiled at the start of the school year. Before that, we wanted to bring you back into the reserved circle of decision makers in Luxembourg. We will take you to the epicentre of the country’s economic activity with our CEO Cocktail on 10 July at the Dutch embassy, which will bring together the decision makers of our 1,100 member companies, followed by the first Paperjam Golf Open on 11 July at Kikuoka Country Club. We will then meet again after a summer break for an unprecedented 10×6 Mobility on 18 September. As every month, the Paperjam Club is your partner to place you at the centre of the local business environment.
LEARN Développez vos compétences et celles de vos collaborateurs
NETWORK Développez votre réseau professionnel et la marque de votre société
ENGAGE Julien Delpy Director Paperjam Club
Renforcez l’engagement de vos collaborateurs Juillet / Septembre 2019 —
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JUILLET
OCTOBRE
NOVEMBRE
MARDI 02 Breakfast Nouveaux Membres MERCREDI 03 Delano Networking Circle MARDI 09 Delano Live MERCREDI 10 CEO Cocktail - Summer Edition JEUDI 11 Paperjam Open
MARDI 01 Déjeuner Carrousel MERCREDI 02 Marketing Breakfast Cracking Sales Management JEUDI 03 Let’s Taste Mixologie chez Maison Moderne MARDI 08 10×6 Space MERCREDI 09 Networking Circle Vini Vegas MARDI 15 Journée de workshops JEUDI 17 Club Talk Architecture VENDREDI 18 Breakfast Nouveaux Membres MERCREDI 23 10×6 Entrepreneurship : Lessons learned, lessons shared MERCREDI 23 Delano Breakfast Talk VENDREDI 25 Déjeuner Carrousel
JEUDI 07 Networking Circle Surprises vinicoles MARDI 12 Delano Live MARDI 12 Journée de workshops MARDI 19 Matinale RH MERCREDI 20 Breakfast Nouveaux Membres MERCREDI 20 10×6 Sogelife JEUDI 21 Déjeuner Carrousel MERCREDI 27 10×6 Keytrade Bank JEUDI 28 Dans les coulisses
SEPTEMBRE
MARDI 10 Delano Live MERCREDI 11 Matinale RH Avantages en nature : Votre entreprise est-elle conforme ? JEUDI 12 Networking Circle Surprises vinicoles MARDI 17 Start-up Stories Round 3 MERCREDI 18 10×6 Mobilité : Les défis de la Place luxembourgeoise JEUDI 19 Journée de workshops JEUDI 19 Networking Circle VENDREDI 20 Déjeuner Carrousel MARDI 24 Delano Breakfast Talk MERCREDI 25 Club Talk Nouvelle ère fiscale : Du consensualisme vers le conflictuel ? JEUDI 26 Breakfast Nouveaux Membres SAMEDI 28 Journée Découverte Improvisation & Leadership
DÉCEMBRE VENDREDI 06 Déjeuner Carrousel MARDI 10 Delano Live MERCREDI 11 Marketing Breakfast Création d’un plan marketing et vente sur la méthodologie Funnel Planning JEUDI 12 Breakfast Nouveaux Membres JEUDI 12 Networking Circle MERCREDI 18 Start-up Stories Awards
sharing
inspiration
1.100 sociétés membres Le plus grand club d’affaires du Luxembourg avec 250 événements par an. club.paperjam.lu
CLUBLETTER Gold sponsors
MERCREDI 22 MAI 2019 PWC
10x6 RH “Today, they are more digital barriers between you and a job. Stay human in your approach.” Christine Homolko
De gauche à droite : Julie Lhardit (Maison Moderne) Raphaël Frank (Sacred Heart University Luxembourg – Jack Welch College of Business) Laura Ferber (Ferber Group) Christine Homolko Nico Binsfeld (Adem) Magali Maillot (Allen & Overy) Nicolas Reillier (Allen & Overy) Sabrina Lemaire (Post Luxembourg) Christian Scharff (PwC) Aziz Zenasni (List) Jamal bin Huwaireb (Mohammed Bin Rashid Al Maktoum Knowledge Foundation) Laurent Probst (PwC)
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PHOTOS Lucia Porumb
Digitalisation, automatisation... Quels sont les impacts, en termes de ressources humaines, pour les entreprises? De l’anticipation à la formation, 10 orateurs ont présenté 10 démarches afin de comprendre ces évolutions et réorganisations. Un événement auquel près de 400 membres furent présents.
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Saténik Gevorgyan, Thomas Wilbois et Corinne GiulianiBoehm (Merbag) Christophe Herrmann (Willemen) Clément Maillet (La Française) Sophia Locanzo Kaiser (Salonkee)
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Karen Rodrigues (Inner Latitude) Céline Campi-Blain (Eivilux) Mary Carey, Youcef Damardji (PwC) et Yves Jeanbaptiste (Phi Data)
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CLUBLETTER
JEUDI 16 MAI 2019 SOFITEL LE GRAND DUCAL
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Delano Breakfast Talk 25 Club members participated in this Breakfast Talk where Zeb Consulting has outlined the general concept of agile organisation and showcase the key characteristics in the banking industry and beyond.
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Antoine Bonbled (ING) Arnd Hesseler (Zeb) Susanne Arend (Change Focus)
MARDI 4 JUIN 2019 SAMSIC
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Vincent-Emmanuel Mathon (VEM Consulting)
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Networking Circle
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Alexandre Wagner (Caves Gales) Stéphane Compain (LuxRelo), Caroline Lamboley (Lamboley Executive Search) et Julien Hugo (Prodware Luxembourg) Jean-Paul Gaumet (Management & Strategy Advisory)
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Frédéric Gattaux (Seris Security) Antonio Jimenez (Samsic) Pascale Kraft (Medi-K), Nathalie Cravatte (NC Coaching Coach de vie et consulting) et Yannick Lang (Banana Republic Office)
PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne)
Quoi de mieux qu’un networking lors d’une dégustation fraîche et ensoleillée ? Une vingtaine de membres C-level ont pu créer de nouvelles opportunités dans un cadre estival et convivial.
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CLUBLETTER
MARDI 21 MAI 2019 CASINO LUXEMBOURG
Gold sponsors
En conversation avec N. Mackel CNP Luxembourg et La Française se sont associées au Paperjam Club pour offrir à plus de 70 personnes une keynote exclusive, animée par Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. Dynamique de croissance, perspectives d’évolution pour les années à venir et perception du secteur financier à l’étranger étaient à l’affiche de cette conversation inédite.
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Nicolas Mackel (Luxembourg for Finance) Alban Huyghe (HD33 Real Estate) Jean-Mary Castillon (CNP Luxembourg) Denis Costerman (Arendt Business Advisory) Marco Caldana (Farad Group)
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Aurélie Breton, Bruno Van de Vloet et Mohamed Rida Ghali (Advisory Key)
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CLUBLETTER
MERCREDI 12 JUIN 2019 KNOKKE OUT
Start-up Stories : Round 2 Ce 2e round de la série « Start-up Stories » a présenté 10 nouveaux pitchs. C’est Christophe Folschette, founder de Talkwalker et actuellement partner, qui a ouvert cette deuxième étape avec une keynote inspirante. Nous adressons encore nos félicitations à nos deux gagnants de cette étape : Adapti et Petit Bambou. 172 membres étaient présents.
« On aime quand un Netflix ou un Facebook sait qui l’on est et nous propose ce que nous voulons. » Antoine Granjon Adapti
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Vania Henry (Legitech) Christophe Folschette (Talkwalker) Emmanuelle Ragot, Guillaume Dally, Pablo UmbonManzano et Brice Bertolotti (Wildgen)
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“We try to change people’s lives.” Benjamin Blasco Petit Bambou
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PHOTOS Jan Hanrion (Maison Moderne)
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Ysaline Chenal (Pictet), Christophe Chaffanet (Telkea Group) et Emma Morey (Cat-Amania) Guillaume Debauve (BGL BNP Paribas) Mustafa Senhaji (RocketMail) Roxane Rajabali (The Spice Collection) Mathias Keune (Zenview) Philip Grother (Stepping Stone)
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Isabelle Waty (Lux Future Lab) Laurene Kroon (LuxAI) et Ilan Moreno (Crosslend)
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MERCREDI 29 MAI 2019 VINOTECA
Let’s Taste : Surprises Vinicoles
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Matteo Cernuschi (ANote Music) Hervé Kias (Oriskany) et Céline Derochette (Lombard International assurance)
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Manon Bertot et Sevinç Ozcan (Wavestone) Laurent Gerard (La Mondiale Europartner) Paul Vinandy et Evelyne De Decker (Lombard International Assurance) Sandrine Mettavant (Compagnie du Luxembourg)
PHOTOS Jan Hanrion (Maison Moderne)
Ce sont plus de 40 membres du Club qui ont pu profiter d’un networking de qualité dans un cadre convivial au sein des locaux de Vinoteca, entre surprises et saveurs vinicoles.
CLUBLETTER
TUESDAY 11 JUNE 2019 KNOKKE OUT
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Delano Live 140 people were in this Delano Live edition to hear unusual and exciting travel stories and tips on planning trips off the beaten track and get practical advice from professionals on insurance and repatriation coverage.
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Patrick Schomaker (Luxembourg Air Rescue) Apoorva Prasad (The Outdoor Journal & Voyage) et Romain Hoffmann (LBAN) Sarah Battey, Juanping Li (Link Asset Services) et Xueyang Wang (EQT Luxembourg)
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Isabelle Demare, Javier Costales et Fernando Valenzuela (RBC) Namkhai Narankhuu (ING), Damien Gomes et Tuguldur Davaadorj Joshua John Dhillon (Jack Welch College of Business) et Pol Schmit (Intertrust) Gina Millington et Tony Kingston (BGT Theatre)
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CLUBLETTER
JEUDI 13 JUIN 2019 NEIMËNSTER
« Amazon a quasiment recruté l’équivalent de la population luxembourgeoise en 3 ans. » Emmanuel Vivier Cofondateur, HUB Institute
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— Juillet / Septembre 2019
Emmanuel Vivier, cofondateur du HUB Institute et un des experts du numérique les plus reconnus au niveau international, a fait son grand retour au Club. 200 membres ont pu assister à cette conférence qui a abordé les principes et impacts, pour les entreprises, de l’intelligence artificielle et des technologies vocales.
PHOTOS Jan Hanrion (Maison Moderne)
Voice & Intelligence Artificielle
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Sabrina De Nardi (Post Luxembourg) et Francois Altwies (Neurofeedback Luxembourg) Silvia Fernandez Ruiz (Credit Suisse Luxembourg) Stéphanie Bourhis (Sophrologue hypnothérapeute), Linna Karklina (LK Real Estate) et Nicolas Leclere
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Pierre-Yves Lanneau Saint-Léger (VitalBriefing), Adel Nabhan (Banque Degroof Petercam Luxembourg), Kitty Campbell (VitalBriefing) et Grégoire Mathonet (LuxTrust) Emmanuel Vivier (HUB Institute), Filipe Oliveira (Lola Communication), Simône van Schouwenburg (BCEE) et Vicky Dos Santos (Ketterthill) Pierre Thomas (Groupe Eurocom Networks – Emc)
Adel Nabhan (Banque Degroof Petercam Luxembourg) Léo Santoro (Maison Moderne), Aïcha Alorabou (Colt Technology Services) et Brent Frère (Abil’IT)
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ILLUSTRATION Eva Pontini (Maison Moderne)
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10×6 MOBILITÉ CAP SUR LUXEMBOURG : HUE COCOTTE ! En un peu plus de 50 ans, la notion de distance a bien évolué... de même que les habitudes en matière de mobilité. Qu’il s’agisse des kilomètres séparant le foyer et le lieu de travail, des kilomètres couverts par nos produits de consommation courante ou encore ceux que nous parcourons (volontiers) pour aller passer une semaine loin du train-train quotidien, notre rapport aux distances a bien changé.
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our ces raisons, et pour d’autres encore, il serait aujourd’hui difficile pour un Européen de définir sa condition en revenant aux échelles de grandeur – et par là même aux frontières – d’avant-30-Glorieuses. Un smartphone et une carte de crédit suffisent aujourd’hui pour réserver un séjour en Asie ou pour acheter en ligne des produits du monde entier, tout en appréciant l’instantanéité grisante permise par la digitalisation. Bienvenue au « Global Village » prédit par le philosophe et théoricien Marshall McLuhan au début des années 1960. Cependant, si cet « affranchissement des distances » revêt un caractère bien concret, il faut pourtant se rendre à l’évidence et constater que beaucoup reste encore à faire en matière de mobilité. Zoom sur le cas luxembourgeois.
Après l’engouement vient l’habitude... puis la lassitude Si aucune étude n’a vraiment analysé l’impact des embouteillages sur le PIB luxembourgeois,
le ministre de l’Économie avançait tout de même, fin 2017, quelques tendances. Faute de chiffres plus récents, selon un panorama publié par Inrix (fournisseur mondial d’informations sur le trafic), en 2015, les usagers du Grand-Duché ont passé 33 heures dans les bouchons, soit 9 minutes par jour ouvrable. En somme, pas de quoi s’émouvoir. Sauf que... ce chiffre ne se basant que sur la mobilité au Grand-Duché, le temps perdu par les travailleurs frontaliers avant de traverser la frontière n’est pas pris en compte. Or, selon une étude comparée du Statec et d’Eurostat, ces quelque 200.000 travailleurs frontaliers recensés au 1er mai 2018 équivalaient à près de la moitié de la population active du pays (446.000 employés). Et ces travailleurs se démarquent tristement sur deux points, selon Olivier Klein, chercheur au Liser et spécialiste des questions de mobilité et d’urbanisme. Tout d’abord, il s’agit de l’éloignement entre le domicile et le travail (en moyenne de 34 km pour un frontalier français, alors que pour la moyenne des actifs français travaillant en France, cette distance est de tout juste 15 km). Ensuite, les frontaliers passent beaucoup plus de temps dans les transports au regard des actifs travaillant dans leur pays de résidence, avec près de 2 heures par jour ouvré, contre à peine plus d’une heure pour les autres actifs français. Pas de panique toutefois, les travailleurs eux-mêmes soulignent l’effet de cliquet qui les poussent à conserver leur niveau de salaire luxembourgeois, moyennant une résilience parée à toute épreuve... jusqu’au jour où ils tireront leur révérence. J. L.
10X6 MOBILITÉ L’attractivité du Luxembourg crée un flux important de déplacements locaux et transfrontaliers, nécessitant des besoins croissants en matière de mobilité. Nous arrivons aux limites de notre modèle actuel, avec une augmentation constante du parc de véhicules, entraînant la saturation des axes routiers et impactant la qualité de vie, l’économie et l’environnement. Ce 10×6 exposera 10 réflexions et initiatives ayant intégré le triptyque « qualité de vie au travail – environnement – économie ». LIEU
Théâtre d’Esch 120, rue de l’Alzette L-4010 Esch-sur-Alzette À PARTIR DE 18:30
Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam Club : club.paperjam.lu.
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CLUBLETTER
JUILLET - SEPTEMBRE
LE PROGRAMME
CEO COCKTAIL SUMMER EDITION Aussi exclusif que décontracté, le CEO Cocktail du Paperjam Club est un rendez-vous très apprécié des dirigeants d’entreprise au Luxembourg. Pour cette édition estivale, l’ambassadeur désigné des Pays-Bas, Han-Maurits Schaapveld, nous ouvrira les portes de sa résidence officielle et nous accueillera dans ses jardins.
DELANO LIVE Delano Live will feature onstage interviews with opinion leaders, people in the news and people making the headlines.
LIEU
PLACE
Knokke Out
Résidence de l’ambassadeur du Royaume des Pays-Bas
STARTING AT 18:30
À PARTIR DE 18:30
BREAKFAST NOUVEAUX MEMBRES LIEU
PAPERJAM GOLF OPEN
Maison Moderne
Plus d’informations en page 142.
À PARTIR DE 08:15
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Kikuoka Country Club À PARTIR DE 11:00
DELANO NETWORKING CIRCLE PLACE
Vinothèque Le Chai STARTING AT 18:00
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CLUBLETTER
10X6 MOBILITÉ Plus d’informations en page 138. LIEU
JOURNÉE DÉCOUVERTE IMPROVISATION & LEADERSHIP Une découverte de l’impro : accepter l’imprévu, avoir l’œil à tout, rebondir sur ce que l’autre propose, s’adapter rapidement, relever des défis et développer son leadership.
Théâtre d’Esch À PARTIR DE 18:30
LIEU
À venir À PARTIR DE 08:30
START-UP STORIES ROUND 3
3 ROUND
Pour ce troisième « round », après une keynote d’ouverture de 20 minutes, 10 entrepreneurs sélectionnés par l’incubateur partenaire pitcheront, en 3 minutes chacun, l’histoire de leur start-up et l’origine de leur idée.
BREAKFAST NOUVEAUX MEMBRES LIEU
Maison Moderne À PARTIR DE 08:15
LIEU
The LHoFT À PARTIR DE 18:30
JOURNÉE DE WORKSHOPS LIEU
Alvisse Parc Hotel À PARTIR DE 09:30
CLUB TALK NOUVELLE ÈRE FISCALE : DU CONSENSUALISME VERS LE CONFLICTUEL ?
MATINALE RH Avantages en nature : votre entreprise est-elle conforme ? Découvrez le traitement des avantages en nature et vérifiez votre conformité avec les principes légaux et fiscaux applicables. LIEU
Silversquare À PARTIR DE 08:15
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La Luxembourgeoise À PARTIR DE 18:30
NETWORKING CIRCLE SURPRISES VINICOLES Vinoteca
DÉJEUNER CARROUSEL
À PARTIR DE 18:30
Casino 2000
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LIEU
À PARTIR DE 12:00
DELANO LIVE PLACE
Knokke Out
DELANO BREAKFAST TALK
STARTING AT 18:30
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Sofitel Luxembourg Le Grand-Ducal STARTING AT 08:15
SEPTEMBRE 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 Juillet / Septembre 2019 —
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ILLUSTRATION José Carsí (Maison Moderne)
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JUIL
PAPERJAM OPEN UN GREEN ENTRE BUSINESS ET CONVIVIALITÉ À l’occasion de cet événement, nous avons donné la parole à l’un de nos partenaires, Adrien Trudelle (Golf Planet Events), à un de nos sponsors, Julien Dailland (Samsic), et à un des membres de nos équipes, Max Biwer (Property), pour comprendre leurs motivations.
Pour vous, en tant que partenaire, comment l’organisation d’un open de golf par le Club se démarque-t-elle de celle de manifestations similaires ? Adrien Trudelle (Golf Planet Events) Après les grandes tables rondes et autres formats phares de la place business grand-ducale, il n’y a pas encore eu d’axe sportif allié au corporate, dans un cadre convivial et porteur d’opportunités. En termes de compétition et de sport, avec l’expérience de Golf Planet Events, nous allons sur une compétition extraordinaire en termes d’organisation sportive. Cela est couplé au savoir-faire du Paperjam Club afin de lui donner une notoriété puissante au Grand-Duché. Quelle est votre vision de la pratique du golf à Luxembourg et du profil des joueurs ? Max Biwer (Property) Je suis dans le milieu du golf depuis mes cinq ans. C’est une véritable passion pour moi qui s’est développée et avec laquelle j’ai grandi. On y retrouve beaucoup de personnes âgées, que ce soit au Luxembourg ou ailleurs. C’est une partie des amateurs de ce sport qui nous permettent d’échanger et d’apprendre. Julien Dailland (Samsic) Je n’ai jamais eu l’occasion de jouer sur un parcours au Luxembourg, à tort peut-être. Depuis une
Quelles sont vos attentes concernant cette première édition ? M.B. D’un côté, initier les salariés de l’entreprise au golf, pour leur permettre de découvrir ce sport. De l’autre, vivre ce moment qui est au croisement du business et de la convivialité. J.D. Nous bâtissons l’avenir sur du concret en garantissant une excellence opérationnelle à nos clients. C’est la même vision que j’ai pour cet événement convivial : que cette première édition soit une réussite complète, En tant que joueur représentant les couleurs de votre société, vivrez-vous garantissant le succès des futures. l’enjeu de la compétition de la même A.T. En tant que partenaire, nouer une collamanière que dans un cadre privé ? boration à long terme, être acteur, avec le M.B. Dans un cadre corporate, le plus impor- Paperjam Club, dans le développement de tant n’est pas le niveau de jeu mais plutôt de cet événement pour les entreprises fans de passer un bon moment et faire de nouvelles golf, celles qui ont envie d’investir dans ce connaissances. On va surtout essayer de sport. Nous souhaitons allier ce côté corpo s’amuser autour d’une passion commune rate, business, networking, #smileandplayqu’est le golf. golf tout en étant sérieux : c’est le fer de lance de Golf Planet Events. J. D. Quel a été, pour vous, l’intérêt d’associer votre marque à ce nouveau format en tant que joueurs ? M.B. D’une part, faire participer notre société à ce nouveau tournoi. D’autre part, donner de la visibilité à notre entreprise auprès des Le Paperjam Open, c’est le tournoi golfeurs et développer la dimension networde golf du magazine Paperjam. king. C’est une bonne opportunité d’être Une opportunité unique de renconprésent, un véritable positionnement dans trer des personnalités influentes un milieu stratégique. de la communauté business autour J.D. C’est un nouvel axe de communication d’une passion : le golf. pour nous, sur lequel nous travaillons : en LIEU Kikuoka Country Club témoignent nos sponsorings en France du À PARTIR DE 12:30 Stade rennais et de Arkea-Samsic Pro Cycling Team. Le dépassement de soi, la tolérance, le respect et l’esprit d’équipe Pour vous inscrire, rendez-vous sont des principes que nous partageons au sur le site du Paperjam Club : quotidien avec nos collaborateurs. dizaine d’années, le golf est un sport que je pratique avec mes amis bretons. C’est une manière pour moi de les retrouver et de déconnecter. Le golf est l’une des rares activités où des inconnus peuvent passer quatre heures ensemble et se séparer ensuite, sinon amis, du moins en ayant fait connaissance. Peu importe le niveau : l’addiction est la même pour tous.
PAPERJAM GOLF OPEN
club.paperjam.lu.
Juillet / Septembre 2019 —
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CLUBLETTER
JOURNÉE DE WORKSHOPS JEUDI 19 SEPTEMBRE 2019 09H30 COMMUNICATION, MARKETING & SALES
1•2
FINANCE & COMPTABILITÉ
1•2
Supply chain VAT and customs duties – how indirect tax may impact your supply chain strategy?
Quatre niveaux pour générer de nouveaux clients Générer de nouveaux clients est un des défis quotidiens de toute entreprise, une nécessité vitale, une mission stratégique. D. Picard (Pyxis Management)
HUMAN RESOURCES
OBJECTIFS Mieux cerner vos cibles · Identifier vos étapes et vos conversations · Ébaucher votre plan de génération
1•2
Customs regulations and intra-community VAT mechanisms have to be taken into account within supply chains from and to the European Union.
A. Houpert (Tax Connected)
STRATÉGIE & OPÉRATIONS
OBJECTIVE Understanding of indirect tax legislation within the supply chain 2
Réussir son entretien de recrutement
Vision d’entreprise – fil conducteur du succès
Dans un marché de pénurie et de digitalisation dans lequel les processus d’identification et d’évaluation sont dématérialisés, il est plus que jamais indispensable de réussir ses entretiens physiques. P. Meier (Edouard Franklin)
PERSONAL BRANDING
OBJECTIFS Mieux évaluer vos candidats · Évaluer précisément les compétences pour prendre la bonne décision
1•2•3
Aider le dirigeant de PME à matérialiser sa vision à travers une organisation et une structure lui permettant d’atteindre ses objectifs. OBJECTIFS Créer un fil conducteur dans la gestion d’une PME · Comprendre l’importance de la mise en place d’un plan opérationnel
B. Pagliuca (OFE)
PRODUCTIVITÉ PERSONNELLE
1•2•3
Comment enthousiasmer et convaincre votre auditoire ?
Oser recruter différemment : l’apport du coaching en recrutement
Développer vos capacités oratoires, augmenter votre impact sur vos interlocuteurs et réveiller l’oratrice /orateur qui sommeille en chacun de vous. OBJECTIFS Capter l’attention de votre auditoire et la maintenir · Être à l’écoute de vos émotions et en faire des alliées
S. Genovese (Genoways)
Recapitalison sur le dialogue avec la jeune génération afin de mieux l’intégrer dans nos entreprises. OBJECTIF Appréhender les enjeux actuels du recrutement : digitalisation vs pratique de recrutement
C. Rodisio (Talent Attitude)
JEUDI 19 SEPTEMBRE 2019 14H00 COMMUNICATION, MARKETING & SALES
1•2
FINANCE & COMPTABILITÉ
2•3
Les outils et moyens pour aménager et flexibiliser le temps de travail
Trois heures pour maîtriser les relations presse et comprendre comment faire parler de vous dans les médias
Effectuer un tour d’horizon des solutions légales et conventionnelles pour induire de la flexibilisation dans la durée et l’horaire de travail.
Cette formation a pour objectif de comprendre la mise en place d’une stratégie de RP qui fonctionne. P. Lesage & C. Martins (Takaneo)
HUMAN RESOURCES
OBJECTIF Comprendre les clés d’une stratégie relations presse performante
1•2
STRATÉGIE & OPÉRATIONS
2•3
Les outils de la médiation professionnelle au service de la qualité relationnelle au travail
A. Gadreau (Triode Médiation & Coaching)
PERSONAL BRANDING
Développez la qualité relationnelle et votre performance, comprenez les mécanismes de l’escalade conflictuelle et de l’apaisement des tensions. OBJECTIFS Comprendre ce qu’est un conflit · Répondre à un message difficile dans l’apaisement
1•2
Delivering better, faster, cheaper borderless payments in a world with borders Overview of how innovations in real time payments, blockchain, artificial intelligence are creating better customer experience. F. Pacheco & J. Bouthors (JP Morgan Luxembourg)
PRODUCTIVITÉ PERSONNELLE
Your style at work – decoded
N. Bhandari (StylizedU)
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— Juillet / Septembre 2019
OBJECTIVE Understand the merging global themes impacting treasury 1•2•3
Réussir votre projet avec le « jeu des cubes » Cet outil met en lumière les éléments-clés de votre dynamique de réussite ou de risque d’échec, les croyances par rapport à la « réalité ».
This workshop is aimed at professional working women to empower them with tools to discover their personal style. OBJECTIVES Understand the key elements of a work wear wardrobe · The essential do’s and don’ts for work wear · Wardrobe display and layout strategies
OBJECTIF Comprendre les moyens d’induire de la flexibilisation des horaires de travail par la mise en place de périodes de référence
A. Morel (Bonn Steichen & Partners)
S. Lafleur (Mandeleo)
OBJECTIFS Apprendre à « changer de lunettes » et à voir votre « scénario » personnel et professionnel autrement · Identifier la façon dont vous (ou votre équipe) vous fixez et réalisez des objectifs au cours d’une activité précise
CLUBLETTER
PREVIEW MARDI 15 OCTOBRE 2019 09H30 LÉGAL
1•2
COMMUNICATION, MARKETING & SALES
Shareholders’ agreement in private equity and joint venture transactions
How to create effective content marketing and business/brand stortytelling
The purpose of the presentation will be to outline how to achieve such an objective through the negotiation of an appropriate shareholders’ agreement.
FINANCE & COMPTABILITÉ
OBJECTIVE To explain why a shareholders’ agreement is a key element in any private equity or joint venture transaction
J. P. Smeets (PwC Legal)
MANAGEMENT & LEADERSHIP
Expert ou manager : un subtil équilibre Ce workshop interactif vise à partager expériences et bonnes pratiques sur l’articulation des casquettes managériales au quotidien, notamment lorsque l’on débute en tant que manager.
NEW
OBJECTIFS Distinguer les différentes casquettes : expert, manager, leader · Faciliter sa transition d’expert à manager
WELCOME TO LËTZEBUERG!
1•2•3
Solving out the communication problem This seminar will explain to you what communication issue will happen when you first settle down in this country and how to solve this problem out in a simple way. OBJECTIVE Solve the communication problem in a simple way
LÉGAL
Green, social and sustainable finance – similar but different at the same time?
C. Mortz-Kezic and B. Scharfe (Luther Lawfirm)
LÉGAL
C. Graff (Collin Maréchal)
Le droit du travail et les nouvelles technologies HUMAN RESOURCES
1•2•3
S. Jones (Keyjob)
P-Y Lanneau Saint Léger (Vital Briefing)
Processus de recrutement efficace
N. Bouzebra & G. Kadret (Michael Page Luxembourg)
MANAGEMENT & LEADERSHIP
M. Jakubowska et P. Gawel (Keyjob)
Design-led approach to business – and so what? PERSONAL BRANDING
Votre carte de visite : c’est vous
F. Lemeer-Wintgens (Look@Work)
PRODUCTIVITÉ PERSONNELLE
La process communication pour mieux coopérer
C. Marty (Harmony Consulting)
WELCOME TO LËTZEBUERG!
Personal finance
To be confirmed
STRATÉGIE & OPÉRATIONS
Négocier et gérer un contrat informatique
V. Wellens, C. Schellekens et A.S. Morvan (NautaDutilh Avocats)
MARDI 15 OCTOBRE 2019 14H00
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Créer et distribuer un fonds d’investissement alternatif réservé (Fiar/Raif) Présentation sur les enjeux de la création, gestion et distribution d’un fonds d’investissement alternatif réservé (Fiar/Raif). Quels sont les aspects légaux et pratiques à considérer ?
R. Le Squeren et V. Leroy (DSM – Avocats à la Cour)
MANAGEMENT & LEADERSHIP
OBJECTIFS Comprendre le Raif au niveau juridique et pratique · Identifier les investisseurs cibles
COMMUNICATION, MARKETING & SALES
How to touch the heart of your target?
C. Nesser (BetoCee)
FINANCE & COMPTABILITÉ
La nouvelle disruption financière : la durabilité
O. Goemans (BIL)
LEGAL
Blanchiment de la fraude fiscale dans un contexte international : les identifier, évaluer les risques, agir
M.A. Hendessi (Tabery & Wauthier Richard Sturm)
3 HUMAN RESOURCES
Vers l’entreprise augmentée incubateur de talents Comment optimaliser son management alors que l’entreprise est en pleine mutation ? B. Charlier (P'OP)
OBJECTIFS Identifier les talents, leurs compétences et leur profil générationnel · Analyser quels talents sont requis pour les rôles-clés de l’entreprise
Le salaire d’un employé sans frontières
D. Tavares et A. Gasparro (Vistim)
MANAGEMENT & LEADERSHIP
User experience impact on digital projects & management
A. Raizada (Devoteam)
PERSONAL BRANDING
How to survive networking events?
P. Castilho (Verbalius)
PRODUCTIVITÉ PERSONNELLE
Comment harmoniser efforts, efficacité et efficience ? Ou comment dessiner le triangle magique de l’épanouissement au travail !
R. Crestani (Eva Training)
STRATÉGIE & OPÉRATIONS
How to manage and secure the access and exchange of confidential documents in finance, real estate, tax, legal and biotech
Parcours certifiant : Niveaux : 1 • débutant
2 • intermédiaire
M. Nitz (Drooms)
3 • expert
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CLUBLETTER
LA VIE DU CLUB
L’AVIS DES MEMBRES Le Club travaille constamment afin de garantir la qualité de ses événements. Nous avons souhaité mettre à l’honneur nos membres sur quelques-uns de nos formats issus de nos quatre grandes catégories : Learn, Inspire, Network et Engage. 146 —
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PHOTOS Maison Moderne
FEED-BACK
CLUBLETTER
Mary Carey (PwC) nous donne son feed-back sur la session de Workshops du 21 février 2018 :
“In talking to everyone between and after our ‘course’, it was clear that people were very impressed with the venue and organisation, but our trainer was excellent. He really knows his stuff and we got through a LOT of practical info in a short time.”
Celine Ancelet-David (IFE Luxembourg) a participé à Dans les coulisses... de la Philharmonie le 20 novembre 2019 :
« Découverte d’un lieu exceptionnel normalement réservé aux professionnels de la musique. »
Claudia Gaebel (Fondation Cancer) revient sur le 10×6 Female Leadership du 27 mars 2019 :
« Inspirant, créatif, dynamique ! »
Mario Gloeckner (Fundsquare) partage avec nous son ressenti sur le Networking Circle : Gins Portugais & Internationaux du 10 janvier 2019 :
“Great themes, great locations and a super networking opportunity! BRAVO!”
Retour sur le Club Talk : Voice & Intelligence Artificielle (13 juin 2019) avec Gaëlle Richard (Banque de Luxembourg) :
« Intervenant de grande qualité (fond et forme de l’intervention) déjà entendu grâce à Paperjam : merci ! Très bon événement : horaire, site et format ‘ réduit ’. » Juillet / Septembre 2019 —
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CLUBLETTER
FORMATION UN MINI MBA QUI PASSE PAR LES DATA SCIENCES Initié l’an dernier, en collaboration avec la Solvay Brussels School of Economics & Management, le Paperjam Club relance son mini master en business administration (MBA) en septembre prochain. Deux thèmes seront abordés : « Leadership & Innovation » et « Data science for marketing ».
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— Juillet / Septembre 2019
lors de ce MBA, ce sera le marketing qui sera approfondi. « On peut prédire les risques de voir les clients partir à la concurrence, faire de la segmentation de clientèle basée sur les com portements. On peut combiner des données internes et externes pour analyser les pro fils. On peut construire des campagnes mar keting plus efficaces en ciblant les personnes plus intéressées par les offres. On peut iden tifier des notions de chair of wallet, qui est la part de ce que le client a chez vous et chez d’autres clients. » Autant d’outils qui permettent à une entreprise d’envisager le futur et la technologie plus sereinement. F. J.
PHOTO David Plas
C
omment amener les nombreuses données disponibles dans chaque entreprise à faire évoluer la stratégie marketing ? C’est le thème qui sera abordé durant les quatre jours du mini master en business admi nistration (MBA), organisé dès novembre prochain par le Paperjam Club et la Solvay Brussels School of Economics & Management. Un premier thème sera abordé via un MBA qui se tiendra les 23 et 24 septembre, les 7, 8, 21 et 22 octobre, et les 4 et 5 novembre : « Leadership & Innovation ». Le thème « Data science for marketing » sera quant à lui traité les 14 et 15 novembre, puis les 3 et 4 décembre. Pour cette dernière formation, Martine George sera la conférencière qui aura la lourde tâche de rendre accessible et compréMartine George hensible le monde souvent obscur des data. Professor of management practice and executive coach Forte d’une expérience de plus de 25 ans dans le privé, elle enseigne aujourd’hui à la Solvay Brussels School of Economics & Management . Pour la formatrice, la gestion des données fait partie du cœur de l’entreprise. Pourtant, Une grille de lecture pour comprendre ce domaine reste obscur pour les non-avertis. les data Le MBA a donc pour but d’ouvrir les esprits « La data science est une combinaison de pour utiliser ces données au quotidien. « C’est techniques qui permettent de comprendre une source potentielle d’aide à la décision. les bases de données et les outils pour les Elle peut intervenir dans la gestion des analyser. Nous développerons aussi la com talents, la manière de voir le leadership, ou munication qui permet de traduire et vul encore aider à monter des projets impor gariser les détails de l’analyse, en adaptant tants », détaille-t-elle. son discours à l’audience. Les personnes qui suivent la formation auront acquis une Toutes les entreprises concernées grille de lecture des bases de données. Elles Martine George estime d’ailleurs que cette pourront ainsi déterminer quand ça pour science concernera de nombreux travailleurs rait être utile de les utiliser dans leur orga dans les années à venir. Elle touche en effet nisation », explique Martine George. tous les secteurs de l’entreprise, même si,
www.pwc.lu
Upskiller n; ʌpˈskɪlər
Bridging the skills gap
Upskilling for competitiveness and employability is the solution for technological and economic transformation. Offer people the opportunity to expand their capabilities by investing in the skills of the future.
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