PA P E R JA M . L U • D ÉC E M B R E 2019
NICOLAS BUCK Président de l’UEL
FILTRE
SANS 5 453000 074017 12 4€
POLITIQUE Une pénurie de médecins d’ici 10 ans
ENTREPRISES Des « Actions positives » pour l’égalité entre les sexes
PLACE FINANCIÈRE Comment PSD2 bouscule les banques
ENJEUX Logement : les dangers d’un marché qui vit dans une bulle
ÉDITO Thierry Raizer Rédacteur en chef
Les semaines de l’immobilité U
n accident sur l’autoroute, une déviation sur une route secondaire, un incident sur le rail… et c’est tout le pays qui est à l’arrêt. Source de commentaires inépuisable – au même titre que les prix affolants du logement traités dans ce numéro –, la mobilité est devenue une préoccupation, voire une inquiétude des résidents et des frontaliers. Quant aux visiteurs occasionnels, certains sont surpris par le niveau d’encombrement d’une ville qu’ils imaginaient comme une bourgade épargnée, alors que d’autres pensaient que le si riche Luxembourg avait adapté ses infrastructures à sa croissance. Au-delà des conversations sur le quai de la gare, la mobilité prend, de plus en plus, des allures d’enjeu structurel. Lorsque la transhumance des frontaliers s’apparente à un parcours du combattant sur l’E411 ou l’A31. Lorsque les navetteurs sont bloqués dans un train SNCF, ou attendent celui de la SNCB qui ne viendra pas. Sans parler de la liaison ratée avec les CFL. Ajoutez-y les attentes légitimes d’un patron qui veut faire tourner sa boutique, et vous obtenez un contexte néfaste pour le fonctionnement de l’économie et l’image du pays. Un « chaos » qui ne fait qu’amplifier les attentes à l’égard du ministre de la Mobilité, François Bausch (Déi Gréng), qui, en décidant de ne pas se représenter en 2023, a les coudées franches – en plus de budgets d’investissement revus à la hausse – pour entreprendre des chantiers pas toujours populaires au moment de leur réalisation, mais ô combien nécessaires. Comme cette réussite
que furent le premier tronçon du tram et le funiculaire, mis en service sous le regard d’une classe politique rassemblée par un dimanche de décembre 2017. Deux ans plus tard, le gouvernement n’a d’autre choix que de poursuivre plusieurs aménagements à marche rapide pour réduire, d’ici 2025, « la congestion aux heures de pointe, tout en transportant 20 % de personnes de plus qu’en 2017 », selon le plan Modu 2.0, la stratégie nationale pour une mobilité durable. Les déplacements domiciletravail devraient s’effectuer, dans cinq ans, à hauteur de 22 % par train ou bus et 46 % en voiture (contre 61 % en 2017). Le doute est permis, mais l’ambition de faire du Luxembourg un pays modèle en matière de mobilité collective, durable et douce, lorsque cela est possible, en vaut la peine. Un pays qui investit dans une approche transfrontalière ? Pas certain que les demandes de « rétrocessions fiscales » (autrement dit de l’argent en contrepartie des impôts sur les salaires des frontaliers qui leur échappent) formulées par les élus mosellans donnent au gouvernement l’envie d’investir massivement de l’autre côté des frontières. La lenteur administrative belge pour réaliser un simple P+R à Arlon non plus. C’est bien sur le territoire du Grand- Duché que cette bataille se gagnera. En proposant par exemple des P+R géants proches des frontières, assortis de bus rapides vers les entreprises. Une solution parmi d’autres qui permettrait de désengorger les principaux axes routiers et de faire tomber cette statistique édifiante :
1,2 personne par voiture sur la route du bureau. Soit 250.000 sièges vides qui entrent chaque matin dans la capitale. Or, si rien ne change, le Luxembourg pourrait compter 50.000 voitures supplémentaires en 2025, selon la Fondation Idea. Une course folle vers la saturation ? Dans ce contexte, il ne faut pas tout attendre des pouvoirs publics. Sans changement des comportements individuels, la situation ne peut qu’empirer. À chacun de s’interroger sur sa contribution à la fluidité du trafic et, par conséquent, à la sauvegarde, aussi minime soit-elle, de la planète en réduisant les émissions des gaz d’échappement. Le couple « salaire-voiture de fonction », qui était devenu la norme, doit être reconsidéré du côté des employeurs – en particulier dans le secteur financier – et le réflexe de l’habitacle individuel doit être remis en question. Souvent, les alternatives de transports en commun existent. Elles nécessitent simplement un temps d’adaptation à leur usage et à la promiscuité le temps d’un trajet. Au politique ensuite d’adapter l’offre en fonction d’une demande, afin que « l’immobilité » soit un peu moins un sujet quotidien.
La conversation continue en ligne : @paperJam_lu Paperjam Paperjam Entreprise
Décembre 2019 —
—7
BEST B
Bank of the Year 2019 LUXEMBOURG
019 D2
K AWAR AN
SOMMAIRE
Décembre 2019
ESPRESSO
POLITIQUE
PLACE FINANCIÈRE
16 Santé publique
38 Diversification
17 Polémique
40 Recherche
Une pénurie de médecins d’ici 10 ans
À la reconquête de la finance islamique
Corinne Cahen dans l’embarras
La CSSF mise sur l’intelligence artificielle
18 Protection internationale
42 Venture Capital Public
Un constat mitigé sur les droits des réfugiés
20 Hommage
Pierre Brahms… parti sur la pointe des pieds
Le Luxembourg Future Fund remplit ses cales
16
42 Big Four
Deloitte « consolide ses bases »
22 Responsabilité sociétale
44 Paiements
22 Carrières
39 À lire
Un pacte pour les droits de l’Homme en entreprise
PSD2 bouscule le business model des banques
Banque dépositaire
ÉCONOMIE
24
46 Stratégie
Alain Kinsch passe le témoin d’EY
Si le Luxembourg jouait la carte de la diversité...
26 Retour sur
48 Exposition universelle
Le best of du Web Summit
Quelles opportunités pour les entreprises à Dubaï ?
28 Artisanat
Genista construit son avenir sous un seul toit
47 Luxembourg Performance Index
28 Great Place to Work PHOTOS Shutterstock, Matic Zorman, Blitz pour la BEI ILLUSTRATION Shutterstock Faberr Ink
44 Carrières
24 Égalité des chances 25 Big Four
L’échec du modèle américain
40 Buzzword
ENTREPRISES Des entreprises en phase avec leur époque
48 Carrières
Adecco mise sur le bien-être des salariés
30 Commerces
Les locaux font face à la Fnac
34 Immobilier
Infinity accueille ses occupants
26 flash-back
Le cirque de Docler Holding
Jerry Grbic, Fortuna Banque
34 CEO Selfie 34 Carrières
42
ENJEUX Le logement, entre crise et bulle 52 Henri Kox (ministre du Logement)
« D’une philosophie de la demande à une philosophie de l’offre »
56 Solutions
Dix pistes contre la flambée des prix
62 Ressources humaines
Un emploi « clé sur porte »
64 Carte blanche
Logement social vs logement abordable
58 Face à face
Une bulle à l’horizon ?
60 Société
Le paradoxe de la propriété
61 Société
Un risque de fracture sociale Décembre 2019 —
—9
PULL dĂŠtail aux manches disponible en 14 couleurs
119,95
# BR AMinCOLOUR
bram.lu
Bram City Concorde Lifestyle Center 80, Route de Longwy L-8060 Bertrange
SOMMAIRE
Décembre 2019
CONVERSATIONS
Nicolas Buck
PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne), Anthony Dehez, Edouard Olszewski, Jean-François Robert
« L’entreprise, ce n’est pas le goulag »
Sam Tanson
« J’ai rarement le vertige »
Sans langue de bois, Nicolas Buck, président de l’UEL, assume son style, et surtout le fond d’un discours qui reflète l’état d’esprit des entreprises qu’il représente en tant que « syndicaliste ».
Figure montante des Verts, Sam Tanson a dû délaisser le Logement pour remplacer Felix Braz à la Justice. Elle compte assurer la continuité tout en apposant sa marque pour les quatre années à venir.
68
78
Cyril Molard
Oussama Ammar
« Je suis juste un mec qui bosse » Cyril Molard plane au-dessus des cuisines du pays. Mais le patron de Ma Langue Sourit à Moutfort n’en oublie pas d’où il vient. Il passe à table pour une interview très personnelle.
86
« Être entrepreneur ? Tout le monde devrait essayer ! » Oussama Ammar n’a que 33 ans. Et plusieurs vies. En 2013, ce touche-à-tout du net fonde l’incubateur The Family à Paris. Son regard libre et critique dérange souvent la bien-pensance.
92 Décembre 2019 —
— 11
MORE THAN A STORY, A SECOND CHANCE. Order today, escape tomorrow. www.ernster.com
SOMMAIRE grand dossier 66 index 118 ours 120 la start-up du mois 122
Décembre 2019
REPORTAGE international motor show
Bonheur mécanique C’est l’un des grands rendez-vous de l’année pour les amateurs de belles cylindrées. Notre photographe s’est rendu à la 22e édition de l’International Motor Show, qui a eu lieu en novembre à Luxexpo.
98
ENVIES argent comptant John Parkhouse
COMPétences Organisation
style All black
106
108
110
« L’argent n’a jamais été ma principale motivation »
Mener une réunion avec efficacité
Séverine Zimmer et Steve Krack
ARCHITECTURE Maison unifamiliale
CUlture Danse contemporaine
Restaurant À table avec
112
114
116
Grange contemporaine
25 ans de danse
Carine Lilliu
PHOTO Gaël Lesure
IL Y EN A PLUS
Ce mois-ci avec Paperjam : les suppléments Green economy et Paperjam Foodzilla
LA CLUBLETTER
Membre du Paperjam Club, retrouvez votre Clubletter en fin de magazine ! Décembre 2019 —
— 13
+25 %
*
d’audience pour
Merci à tous nos (nouveaux) lecteurs de leur confiance et de leur fidélité.
* Étude TNS Ilres Plurimedia 2019.I réalisée par TNS Ilres et Kantar Media.
Plus d’informations sur maisonmoderne.com
BRAND VOICE
AUTOMOBILE Benjamin Bauquin, CEO Belux
RIVALISER AVEC LES MARQUES ALLEMANDES Basé à Roeser et actif dans la Grande Région, CAR Avenue ambitionne de continuer à grappiller de nouvelles parts de marché, notamment au Luxembourg où le groupe compte sur son partenariat avec PSA pour concurrencer les marques allemandes. Rencontre avec son CEO Belux, Benjamin Bauquin. CONTENU SPONSORISÉ PAR CAR AVENUE
Depuis son bassin historique du Grand Est, en France, CAR Avenue a étendu ses activités au Luxembourg, puis aujourd’hui en Wallonie. Quelles sont les ambitions du groupe ici, au Grand-Duché ? Benjamin Bauquin Nos ambitions au Luxembourg
PHOTO Maison Moderne
sont d’abord de satisfaire nos clients. Pour nous, c’est très important qu’ils soient satisfaits de nos services, contents de venir dans nos concessions et d’y vivre une belle expérience. C’est notre premier objectif. Ensuite, nous souhaitons grandir en termes de parts de marché. En tant que groupe en développement, notre mission est d’asseoir notre position au Luxembourg où nous représentons, depuis 10 ans, les marques NISSAN et TOYOTA et, depuis près d’un an, le groupe PSA à travers la reprise des concessions PEUGEOT, CITROËN et DS d’Etoile Rodenbourg. À ce propos, CAR Avenue représente désormais 15 % du marché automobile grand-ducal, toujours dominé par les constructeurs allemands. Quelle stratégie comptez-vous développer pour tenter de contrer cette hégémonie ? B.B. Il est vrai que le marché luxembourgeois
est historiquement dominé par les marques allemandes. Mais la chance que nous avons aujourd’hui est d’être partenaire du groupe
PSA, qui réalise une nette montée en gamme de son offre produits. Notamment DS – marque premium du groupe –, positionné sur la technologie, le raffinement et le luxe à la française, et qui rivalise largement avec les marques allemandes. La marque PEUGEOT, qui a opéré une montée en gamme en termes de design, de confort et d’agrément de conduite, et enfin CITROËN, qui progresse elle aussi à travers ses valeurs de confort et de voitures familiales. Nous avons donc désormais des véhicules qui peuvent aisément concurrencer les marques allemandes, d’autant que le groupe PSA a pris une véritable avance technologique sur les motorisations. C’est notamment le cas pour les moteurs thermiques dont le grammage en émissions de CO2 est moins élevé que celui des constructeurs d’outre-Rhin. Cela représente de nombreux avantages tant d’un point de vue environnemental que fiscal. Enfin, d’ici la fin de l’année, nous proposerons de nouveaux produits hybrides ou full électrique, comme la future e-208, soit une panoplie de véhicules qui nous permettra de répondre à tous les besoins de mobilité. PEUGEOT, CITROËN et DS mises à part, vous proposez également d’autres marques telles que NISSAN, KIA et TOYOTA. En quoi être un
concessionnaire multimarques constitue-t-il un avantage ? B.B. Je dirais plutôt que nous sommes multi-
monomarque ! Nous essayons d’avoir un portefeuille de marques complémentaires sur chacun de nos territoires, avec des équipes bien distinctes en termes de marketing, de vente et de management. Au Luxembourg, nos équipes PSA sont à la fois consœurs mais aussi concurrentes de celles de NISSAN, de KIA ou de TOYOTA. Les seules fonctions communes ou les éléments sur lesquels nous comptons créer des synergies sont davantage des fonctions de support, telles que le stockage ou la gestion informatique, pour être financièrement plus performants et pouvoir réinvestir dans l’humain, le digital et les formations. Ces dernières sont en lien avec toutes les nouvelles technologies qui arrivent dans les différentes gammes des constructeurs que nous représentons. ues arq e m s le nu rez Ave ouv AR C e Déc p rou s i te du g nt le .com a t i is e en v ravenu .ca w ww
Décembre 2019 —
— 15
POLITIQUE
politique DIGEST
La Maison du GrandDuc à l’économie La Maison du GrandDuc disposera d’un budget de 10,6 millions d’euros en 2020, soit 500.000 euros de moins qu’en 2019, en raison du décès du Grand-Duc Jean. Le budget annuel de la Chambre des députés a, pour sa part, été majoré de 4 millions, pour atteindre 46,7 millions d’euros. Une augmentation notamment due aux « indemnités de secrétariat » des députés, tel que prévu dans l’accord de coalition. Disparition de Marcel Mart L’ancien ministre Marcel Mart (DP) est décédé le 15 novembre. Il avait été membre des gouvernements Pierre Werner (CSV) et Gaston Thorn (DP) entre 1969 et 1977
en tant que ministre de l’Économie, puis ministre de l’Énergie et des Transports. Devenu membre de la Cour des comptes européenne en 1977, celui qui était aussi le père de notre confrère de RTL Caroline Mart en avait assuré la présidence de 1984 à 1989.
Un plan d’action pour réorganiser et repeupler un système de santé qui va droit dans le mur est devenu une urgence vitale pour le pays.
Feu vert pour la convention fiscale Éviter la double imposition, prévenir la fraude et l’évasion fiscale : voilà les objectifs de l’avenant à la convention fiscale signée avec la France en octobre dernier par les ministres des Finances des deux pays. Le conseil de gouvernement a donné son accord quant au projet de loi approuvant cet avenant qui ne devrait donc plus se heurter au moindre obstacle. Réforme d’Adapto : les détails en février Le service de transport de personnes moins valides Adapto sera gratuit à partir du mois de mars. À l’occasion de la présentation de cette réforme lors d’un débat public à la Chambre, le ministre de la Mobilité François Bausch (Déi Gréng) explique qu’il faut mettre en place cette réforme « dans le détail, car il existe beaucoup de lacunes, repenser le système pour à la fois faciliter l’utilisation de ceux qui en ont besoin et limiter l’utilisation de ceux pour qui cela n’est pas nécessaire ». Le ministre reviendra en février pour détailler sa réforme.
À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
16 —
Une pénurie de médecins d’ici 10 ans
— Décembre 2019
Carence Le Luxembourg compte 3,5 médecins pour 1.000 habitants.
I
« l y a certes un accord de coalition, mais il n’existe aucune loi de santé publique, et il n’est écrit nulle part la vision de ce qu’on veut comme organisation du système de soins dans 15 ans. » C’est à cette conclusion percutante qu’est parvenue Marie-Lise Lair, auteure de l’état des lieux des professions médicales et de santé commandé par le ministère de la Santé fin 2018. Un pavé de 688 pages issu de ses rencontres avec 647 personnes de 129 organisations au printemps 2019. Effectifs réels, pyramide des âges, consultations, délais d’attente pour voir un spécialiste… La consultante, à laquelle on doit déjà l’audit sur les services d’urgences de 2017, a utilisé de nombreux critères pour estimer la démographie actuelle en évitant l’écueil des statistiques lacunaires présentées par le minis-
tère ou la Caisse nationale de santé (CNS). Car si le Luxembourg compte officiellement 2.481 médecins, seuls 2.088 s’avèrent véritablement disponibles pour les patients et facturent auprès de la CNS pour plus de 18.000 euros par an. Soit 3,5 médecins pour 1.000 habitants, alors que nos voisins se considèrent comme déjà en pénurie avec des ratios de 3,1 à 4 médecins pour 1.000 habitants. Résultat : le Luxembourg compte trop peu de médecins actifs par rapport à sa population à la fois croissante et vieillissante, et la prochaine décennie verra partir bon nombre d’entre eux. « C’est la première fois qu’est objectivé ce que nous disons depuis plusieurs années », acquiesce le Dr Alain Schmit, président de l’Association des médecins et médecins- dentistes (AMMD).
PHOTO Shutterstock
Demi-succès pour la carafe d’eau La mise à disposition d’eau en carafe à la table des restaurants, et non sa gratuité, a fait l’objet d’une audience publique à la Chambre des députés. La pétition déposée par Refill Lëtzebuerg avait en effet récolté les 4.500 signatures requises. Les deux ministres présents, Paulette Lenert (LSAP) et Lex Delles (DP), ont expliqué qu’une campagne de sensibilisation allait être menée auprès des acteurs de l’horeca pour favoriser cette initiative. Après évaluation, les élus aviseront de l’opportunité ou non de légiférer.
SANTÉ PUBLIQUE
POLITIQUE
« D’ici 2031, nous aurons perdu entre 59 et 71 % des médecins », selon qu’ils décident de partir à la retraite à 60 ou 65 ans, soulignait Mme Lair lors de la présentation de son rapport en octobre. Un chiffre inquiétant, d’autant plus que les plus de 60 ans pèsent pour 24,5 % des prestations facturées à la CNS en 2017. « Nous ne savions pas que ces médecins participent plus que proportionnellement à la santé des gens parce qu’ils travaillent encore plus que les autres, note M. Schmit. Nous sommes donc face à un double problème », puisqu’il faudra plus d’un jeune médecin pour remplacer un médecin à l’ancienne. Le recrutement de la relève se heurte déjà aujourd’hui à un assèchement des bassins traditionnels de main-d’œuvre, la Grande Région et au-delà – sachant que la part de médecins luxembourgeois ne cesse de diminuer (51 % parmi les généralistes et 48,9 % parmi les spécialistes). « Il faut que le système de santé et le pays soient attractifs, appuie M. Schmit. Notre enquête de satisfaction [au printemps dernier] a livré un verdict sévère parmi les praticiens hospitaliers, qui subissent un travail administratif de plus en plus lourd et une organisation de plus en plus difficile au sein des hôpitaux. Les médecins hospitaliers travaillent 60 à 80 heures par semaine ; or les plus jeunes ont d’autres attentes de la vie et ne veulent pas que travailler. » Le rapport de Mme Lair con firme ce manque d’attractivité, renforcé par un coût du logement exorbitant et une médecine hospitalière à majorité libérale, donc sans garantie de revenu pour le médecin venu de l’étranger.
15 années à venir », la revalorisation des professions médicales ou encore le renforcement du nombre d’étudiants en médecine. L’AMMD soumet de son côté trois suggestions de mesures à prendre dès maintenant pour enrayer la pénurie à venir. D’abord, inciter les nouveaux résidents – 25.000 arrivent chaque année – à choisir un médecin traitant. « Le médecin généraliste doit être la première destination en cas de problème de santé. Or, souvent, les nouveaux arrivants vont plutôt aux urgences, explique M. Schmit. Lorsqu’un nouvel arrivant s’inscrit à la commune, on pourrait lui expliquer l’intérêt d’avoir un médecin traitant. » Deuxième idée : « Permettre aux médecins de s’associer au sein de sociétés, comme c’est le cas à l’étranger, ce qui leur permet de mieux répartir le travail en interne. » Troisième proposition – et comme la précédente, une revendication de longue date : favoriser l’émergence de structures ambulatoires. « Ce serait un accès facilité pour les patients devant subir des manipulations limitées, des interventions à visée diagnostique, voire thérapeutique, comme l’endoscopie, l’imagerie… », explique M. Schmit. De telles structures apportant « davantage de confort et de sécurité » aux patients par rapport à un environnement hospitalier où les médecins sont beaucoup moins disponibles. « Ces structures constitueraient le troisième pilier du système de santé aux côtés de la consultation libérale et de l’hôpital », assure le médecin, qui les voit comme « un pont » avec les hôpitaux, qui pourraient se concentrer sur les interventions chirurgicales lourdes. Un premier tour de table a eu UN TROISIÈME PILIER lieu lors de la réunion quadri DE LA SANTÉ partite d’automne le 13 novembre Le vice-Premier ministre et mi dernier, avant la constitution de nistre de la Santé, Étienne groupes de travail réunissant les Schneider (LSAP), a d’ores et déjà mêmes acteurs de la santé, praénoncé les « mesures profondes » ticiens comme financeurs, afin de à engager, comme la structuration poser dans les prochains mois les de la gouvernance des ressources jalons d’une nouvelle gouverprofessionnelles de la santé au sein nance en matière de ressources du ministère, la « définition d’une humaines dans la santé. Histoire vision commune de l’organisation de freiner à temps avant de rendes soins de santé pour les trer dans le mur. C. F.
JUSTICE
43.000 Justice.lu s’est enrichi de deux nouvelles bases de données, soit 43.000 décisions prises par la Cour supérieure, les tribunaux d’arrondissement et les justices de paix.
POLÉMIQUE
CORINNE CAHEN DANS L’EMBARRAS La révélation d’un mail adressé par la ministre de la Famille à l’UCVL a mis le feu aux poudres. Envoyé depuis sa messagerie ministérielle au mois d’avril, il a soulevé des questions en matière de conflit d’intérêts.
C
orinne Cahen (DP), ministre de la Famille, a reconnu que l’envoi d’un e-mail depuis sa messagerie professionnelle à l’Union commerciale de la Ville de Luxembourg, qu’elle a présidée de 2008 à 2012, « n’était pas correct ». Dans ce courriel datant d’avril, elle se plaignait de la situation compliquée vécue par les commerces du quartier de la gare – dont son entreprise familiale Chaussures Léon –, en raison des travaux du tram. La ministre expliquait encore avoir investi « 20.000 euros dans la pub pour le magasin ». Le CSJ, la section « jeunes » du CSV, n’a pas manqué de se saisir de cette affaire, qui voit dans ce mail un « conflit d’intérêts » et un manque « de compatibilité avec le code de déontologie des membres du gouvernement ». Ils souhaitent dès lors que l’exécutif revoie ce code « pour que cela n’arrive plus ». « Mon mail concernait les boutiques en général et pas du tout celle de ma famille en particulier », explique la ministre, avant de préciser encore qu’elle s’est retirée de la gestion opérationnelle et ne per-
çoit plus de salaire de Chaussures Léon depuis qu’elle est ministre. C’est néanmoins son nom qui apparaît dans le Registre des bénéficiaires effectifs concernant cette sàrl. Interrogé, le Premier ministre Xavier Bettel a volé à son secours, estimant qu’aucune raison n’est suffisante pour demander la saisine du comité d’éthique. Une décision contestée dans une lettre signée par le CSV, Déi Lénk, le Piratepartei et l’ADR, fait rarissime. La pression est de plus en plus forte, d’autant que la location d’un appartement sur la plateforme Airbnb par la ministre, révélée par RTL en janvier, mais jusque-là passé inaperçue, revient subitement à la surface. Corinne Cahen a donc emprunté la dernière porte de sortie qui s’offrait à elle en demandant au Premier ministre la saisine du Conseil d’éthique. Au moment de boucler ce magazine, Xavier Bettel annonçait finalement saisir le conseil composé de trois sages : Colette Flesch (ancienne élue DP), l’ancien juge Romain Schintgen et Marie-José Jacobs (ancienne élue CSV). N. L. Décembre 2019 —
— 17
POLITIQUE
UN CONSTAT MITIGÉ SUR LES DROITS DES RÉFUGIÉS
I
« Les autorités appliquent avec trop de zèle le règlement Dublin III. »
est également présidente et cofondatrice de l’asbl Passerell.
18 —
— Décembre 2019
Dublin III, 1.134 demandes de prise et de reprise en charge ont été envoyées vers un autre État membre en 2018, selon le ministère des Affaires étrangères. Passerell, qui a déjà interpellé Jean Asselborn sur le sujet, continue de se mobiliser sur l’application de ce règlement, qui prévoit qu’un seul État de l’UE soit responsable de l’examen d’une demande d’asile, à savoir le pays par lequel le demandeur d’asile est entré dans l’UE et a été contrôlé, ou l’État qui a accordé un visa ou un titre de séjour.
DUBLIN III SOULÈVE DES QUESTIONS
« Si le Luxembourg permet aux DPI (demandeurs de protection internationale) et aux BPI (bénéficiaires) d’être hébergés dans des structures d’accueil et d’hébergement dès leur arrivée, les autorités appliquent avec trop de zèle le règlement Dublin III, affirme Catherine Warin. D’une part, la question de la vulnérabilité n’est pas assez prise en compte. Et d’autre part, les réfugiés sont très souvent passés par l’Italie actuellement. Or, nous savons que, dans ce pays, les conditions pour accéder à la protection internationale sont extrêmement compliquées, et les DPI souvent livrés à eux-mêmes dans la rue, sans solution. » En la matière, c’est le tribunal administratif qui a le dernier mot et qui statue, et il a reconnu une seule fois, en 2018, qu’il y avait des défaillances systémiques en Italie, et ne l’a plus jamais reconnu depuis. « Au Luxembourg, il y a une seule juridiction, alors qu’en France, par exemple, il y a de nombreux tribunaux administratifs, donc il peut y avoir une variété de décisions. Ici, il y a une seule ligne juridictionnelle », regrette Catherine Warin. Le règlement Dublin III prévoit dans ses exceptions la possibilité pour un État membre de traiter le dossier du DPI et de ne pas le renvoyer dans le pays où il a été enregistré, dans le cas où ce pays est dans une situation de défaillance systémique, et laisse les réfugiés dans des situations contraires à la dignité hu maine ou aux droits fondamentaux. Une ouverture sur laquelle l’asbl continuera d’alerter pour le respect des droits des réfugiés. I.S.
PHOTO Patricia Pitsch (Maison Moderne)
prime. Le droit international intervient également, puisque c’est la convention de Genève — qui protège les réfugiés — qui s’applique. « Il y a donc beaucoup de niveaux de droit à agencer, et c’est ce qui en fait une matière passionnante, mais aussi compliquée », confirme Face aux demandes de protection internationale qui Catherine Warin, qui est également ne cessent d’affluer au Luxembourg, un livre sur le droit présidente et cofondatrice de l’asbl luxembourgeois et européen de l’asile vient de paraître Passerell, qui crée du lien social pour informer les professionnels et le grand public. entre les résidents et les demandeurs de protection internationale « l n’existait pas d’écrit récent sur incontournables dans le livre, à travers le programme Civis, et qui le droit de la protection interna- notamment la protection des a mis en place une cellule de veille tionale au Luxembourg, alors que mineurs et des personnes vulné- et d’action juridique en matière c’est une matière dense, c’est pour- rables au cours de la procédure quoi nous avons eu l’idée d’écrire d’asile, la mise en œuvre du règlece livre », explique Catherine Warin, ment Dublin III, la complexité de avocate au sein du cabinet Lutgen + la procédure de regroupement Associés qui a codirigé Droit luxem- familial, les enjeux psychologiques bourgeois et européen de l’asile de la procédure d’asile. » Préfacé avec Fatima Chaouche, Jörg par le ministre des Affaires étranGerkrath, Janine Silga et Julia gères et européennes, de l’ImmiSinnig. L’ouvrage collectif est le pre- gration et de l’Asile, Jean Asselborn, mier livre né de l’initiative de jeunes le livre rassemble, parmi ses contrichercheuses issues de l’École doc- buteurs, de hauts magistrats, torale de droit de l’Uni. « L’idée est comme Georges Ravarani, (juge à de s’adresser à la fois aux profes- la Cour européenne des droits de sionnels du droit, avocats, juges, l’Homme), des membres du monde Catherine Warin Présidente, Passerell juristes, afin qu’ils aient un aperçu associatif et des psychologues, ainsi du contexte luxembourgeois, pas que des organisations internatioforcément exhaustif, mais assez nales, comme le HCR (Haut d’asile nommée Pink Paper. « Nous équilibré sur les différents aspects Commissariat des Nations unies possédons aujourd’hui un réseau qui peuvent se poser en droit de la pour les réfugiés). d’une quinzaine de membres pour protection internationale, mais le projet Pink Paper, avocats, nous nous adressons également à PLUSIEURS NIVEAUX DE DROIT juristes, etc. » la société civile et aux autorités Selon la règle de la hiérarchie des pour qu’elles comprennent la com- normes juridiques, le droit euro- PASSERELL MOBILISÉE plexité du sujet », ajoute la jeune péen prime sur le droit national, Les deux salariées de l’association – femme de 31 ans. Car, si cette mais le droit d’asile est un droit par- Cassie Adélaïde, qui est également matière est mouvante, c’est aussi ticulier, et dans les faits, le droit cofondatrice de l’asbl, et Ambre parce que le droit d’asile est un sujet européen s’articule avec le droit Schulz – reçoivent au quotidien des très politique, et dépend de la géo- luxembourgeois parce que certains demandeurs de protection interpolitique mondiale. « Nous avons éléments ne sont pas prévus dans nationale et des réfugiés dans leur donc voulu mettre en valeur plu- le droit européen, et dans ce cas, bureau de la Maison de la cohésion sieurs points qui nous semblaient c’est le droit luxembourgeois qui sociale. Créée en 2016, Passerell a reçu 711 personnes à sa permanence en trois ans. « L’écoute est extrêmement importante, et il faut décrypter les problèmes et les besoins », ajoute Catherine Warin. Et parmi les problématiques rencontrées par l’asbl, « nous avons souvent des personnes déboutées de leur demande de protection internationale ou des ‘Dubliners’ ». En 2018, 2.205 personnes ont fait une demande de protection internationale au Luxembourg, et 978 personnes ont obtenu le statut de réfugié. Dans le cadre de l’application du règlement Catherine Warin, avocate au Barreau de Luxembourg et docteur en droit, PROTECTION INTERNATIONALE
GALERIESLAFAYETTE.COM
OUVERTURE DES GALERIES LAFAYETTE LUXEMBOURG LE 30 NOVEMBRE DU LUNDI AU SAMEDI DE 10H À 19H ET TOUS LES DIMANCHES DE DÉCEMBRE ROYAL HAMILIUS - 103 GRAND-RUE, LUXEMBOURG PARKING - 37 AVENUE MONTEREY TÉL. : 00 352 23 633 111 ILLUSTRATION PAR Q. CASSETTI
B221388 - RCS LUXEMBOURG
POLITIQUE
PIERRE BRAHMS… PARTI SUR LA POINTE DES PIEDS Figure de la capitale, Pierre Brahms est décédé le 5 novembre à l’âge de 85 ans. Claude Neu, premier rédacteur en chef de Paperjam, rend un hommage à la fois personnel et éclairé à l’entrepreneur, et surtout à l’homme qu’il était.
I
l aura été un personnage emblématique de la vie citadine de ce dernier demi-siècle. Pierre Brahms a influencé, soutenu, aidé bon nombre d’acteurs de la vie publique et privée, et contribué à développer le talent créatif de jeunes artistes ou architectes. Rien ne semblait lui être plus important que de voir la forme donner de l’élégance et un esprit novateur au fond. Il nous a quittés mardi 5 novembre 2019, selon son habitude presque légendaire. En tirant sa révérence en toute discrétion. Il avait 85 ans. Pendant toutes ces années où j’aimais m’amuser à « portraiter » dans la presse écrite des personnages intéressants de notre microcosme citadin, Pierre Brahms était le seul à me résister avec véhémence. « Tu écriras mon épitaphe », disait-il avec un sourire narquois. Il ne croyait pas si bien dire. Pierre n’aimait pas parler de lui, il préférait être à l’écoute de l’autre. De son enfance, on saura à peine que ses parents se sont exilés avec leur famille au Brésil pendant la Seconde Guerre mondiale. Car le petit Pierre, comme tant d’autres, avait été mis sur une liste d’enfants
juifs dénoncés par l’instituteur collabo. Revenu au pays, rien ne le prédestinait à devenir commerçant, car il se préparait plutôt à apprendre un métier pratique.
UNE ADRESSE : MAISON MODERNE
Et pourtant, dans un des immeubles familiaux, il finit par installer, sur plusieurs étages, la boutique de mode la plus originale que Luxembourg aura connue à l’époque et qui a donné son nom au groupe de presse indépendant créé par Mike Koedinger : Maison Moderne. À un étage, il proposait des marques établies pour l’élégance féminine, à un autre, des maisons plus avant-gardistes. Avec ses responsables, il adorait parcourir les capitales internationales comme Paris et Londres, toujours à la recherche de griffes inédites. Même pour l’homme, il trouvait des créateurs inventifs, chics et pas chers. Les bébés n’étaient pas oubliés au dernier niveau, où l’on trouvait par ailleurs de belles parures pour le lit. On croisait le Tout-Luxembourg dans les escaliers de cet immeuble où l’on finissait par se sentir comme chez soi.
Pierre Brahms préférait laisser la lumière aux autres.
20 —
— Décembre 2019
On y était tellement bien que, lorsque Pierre décida d’arrêter les TRANSMISSION D’UNE MARQUE activités de la maison, pour sa soi- DE MAISON MODERNE... rée d’adieux, tous nos exilés étaient rentrés de New York ou de Rio pour À MAISON MODERNE être de la fête. Ce fut un happening Lorsqu’en 2010, Mike Koedinger choitellement remarquable que nous sit de renommer sa maison d’édition « Maison Moderne », il s’agissait bien décidâmes en équipe de le couron- d’un hommage rendu à son fidèle ner meilleur événement de la ami Pierre Brahms, qui l’avait certes décennie dans une rétrospective soutenu depuis ses premiers pas d’éditeur à 18 ans, mais qui l’avait consacrée aux années 90. surtout inspiré. Avec sa générosité
CURIEUX DE TOUT, SOUTIEN DES AUTRES
En exergue de cette activité principale, Pierre aida certain(e)s de ses protégé(e)s à lancer leur propre boutique. À une certaine époque, la rue du Nord fut rebaptisée par les insiders « rue Pierre Brahms », car, outre y avoir installé des poulains dans leurs commerces, il offrit à d’autres de les loger dans un de ses studios ou appartements. Entre-temps, il avait lancé à Hollerich le Marx Bar, lequel devint très vite, avec son intérieur novateur qui n’avait rien à envier aux lofts new-yorkais, l’endroit nocturne le plus couru de la ville. Luimême avait vécu pendant tant d’années, en toute simplicité, dans un de ces studios de la rue du Nord, alors qu’il recevait ses amis dans un grand espace situé à l’intérieur de l’immeuble de la Maison Moderne, et dans lequel on se glissait par une petite porte de la côte d’Eich. Ce fut dans ce lieu qu’il finit par devenir un personnage mythique, lorsqu’il commença à y organiser ses fameux rendez-vous hebdomadaires. Ce n’étaient pas des déjeuners comme les autres, car il essayait de créer à chaque fois un mix qui refusait l’homogénéité totale. Les tendances politiques, comme celles de la création, de ses invités pouvaient être à l’opposé les unes des autres. Créer la polémique était moins le but que d’écouter l’avis de tout le monde, car Pierre était curieux de tout. Et il vous appelait au préalable pour vous demander si la présence d’une telle autre personne ne vous dérangerait pas. Lui ne se livrait pas, il se contentait de poser des questions. Comme un grand post-adolescent, un peu espiègle, pas mal ironique, qui adore continuer à tirer les ficelles
habituelle, Pierre avait donné son accord pour l’utilisation de sa marque. Mike Koedinger, le conseil d’administration et toute l’équipe de Maison Moderne expriment leurs condoléances à tous les proches de Pierre.
sociales tout en refusant que cela se termine en jeu d’échecs. Car, au contraire, nombreux sont celles et ceux qui, en lisant ces lignes, se rappelleront l’aide que Pierre leur a apportée. Qu’elle eût été matérielle ou qu’il eût logé l’un(e) ou l’autre pendant des moments difficiles, il était devenu le bienfaiteur de beaucoup de monde, moi inclus. En me proposant un bureau sous son toit il y a plus d’une vingtaine d’années, cela était devenu un vrai plaisir de prendre le café avec lui le matin en philosophant sur tout et sur rien avant de m’atteler à mon travail. Je me rappelle que je dus me battre pour lui payer un loyer et qu’il apposa finalement sa signature au bas du contrat sans le lire. Il était comme ça, Pierre. Il ne s’arrêtait pas à tous les détails. Ces dernières années, on le voyait quitter les vernissages ou ouvertures diverses quand les autres arrivaient. Loin des mondanités, il gardait sa curiosité des domaines créatifs, mais il fuyait la foule. Si, personnellement, je regrette une seule chose en pensant à lui aujourd’hui, c’est de ne pas assez lui avoir témoigné ma gratitude. Cela aurait sans doute juste provoqué un haussement d’épaules de sa part. Et il se serait modestement éclipsé. C’était Pierre. Et on l’aimait aussi, et surtout, pour ça. CLAUDE NEU Note sur l’auteur : Claude Neu est chroniqueur de la vie urbaine, culturelle et nocturne depuis le début des années 90, période à laquelle il a commencé à collaborer avec Mike Koedinger. Il fut le premier rédacteur en chef de Paperjam, en 2000.
PHOTO Mike Koedinger
HOMMAGE
POLITIQUE
AU LUXEMBOURG
UN PACTE POUR LES DROITS DE L’HOMME EN ENTREPRISE Un pacte national en faveur du respect des droits de l’Homme vient d’être mis en place à destination des différentes sociétés du pays. La démarche est non contraignante, mais veut créer des émules.
U
«
n dirigeant d’entreprise soucieux des droits humains veille à leur respect au sein de son entreprise, de même que dans ses relations commerciales. » Marc Bichler, ambassadeur itinérant pour les droits de l’Homme au ministère des Af faires étrangères et européennes, résume toute l’étendue d’une question aussi vaste que concrète. Il intervenait lors d’une keynote en amont de la conférence organisée le 22 octobre dernier par l’UEL et l’INDR à la Chambre de commerce (voir encadré). L’ambassadeur itinérant pour les droits de l’Homme a essentiellement une fonction de coordination pour les dossiers touchant aux droits humains. Il préside par exemple le Comité interministériel pour les droits de l’Homme mis en place en 2015, et peut représenter le Luxembourg dans des enceintes internationales, comme au Conseil des droits de l’Homme ou au Forum sur les entreprises et les droits de l’Homme à Genève. Marc Bichler et Jean-Paul Olinger, directeur de l’UEL et de sa branche dédiée à la responsabilité sociétale – l’INDR – , ont profité de la conférence pour annoncer le lancement d’un pacte national « Entreprises et droits de l’Homme », qui sera proposé aux entreprises du pays pour que chaque dirigeant soit par exemple « attentif à de possibles discriminations en interne ou encore à des cas de travail d’enfants dans les processus de production de ses fournisseurs, mais aussi à toute autre forme de violation des droits de l’Homme », comme le mentionnait l’ambassadeur. La conférence et le pacte s’inscrivent dans les points d’action retenus dans le premier plan d’action 22 —
— Décembre 2019
national (PAN) adopté par le gouvernement en juin 2018 en tant que mise en œuvre des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme.
LES JEUNES GÉNÉRATIONS PLUS SENSIBLES
Le pacte national représente quant à lui une des 13 actions concrètes définies dans le premier PAN du gouvernement. « En y souscrivant, un dirigeant d’entreprise déclare sa volonté de faire respecter les droits de l’Homme dans son entreprise et tout au long de sa chaîne de valeur économique », précise l’ambassadeur itinérant pour les
« Le respect des droits humains dans une entreprise contribue à une saine gestion des risques », explique Marc Bichler.
droits de l’Homme. Une entreprise s’engage notamment à sensibiliser son personnel de même que ses clients et fournisseurs. Elle devra nommer un ou une responsable des droits de l’Homme dans son organisation, former les salariés concernés en la matière, développer des instruments de gouvernance permettant d’identifier les risques et de prévenir les
DES ENTREPRISES DÉJÀ MOBILISÉES La conférence organisée le 22 octobre par l’UEL et l’INDR a permis de mettre en lumière des entreprises du pays qui sont déjà mobilisées pour le respect des droits de l’Homme. Michel Wurth, président du conseil d’administration d’Arcelor Mittal Luxembourg, est revenu sur le fait que le n° 1 mondial de l’acier basé au Grand-Duché est présent dans des pays en guerre : « Il faut être pragmatique et instaurer des procédures spécifiques. Un comité spécialisé sur ces questions est en place au sein du conseil d’administration. » Même de petites entreprises peuvent être confrontées à la question. La preuve avec MaâOui!, spécialisée dans les objets publicitaires, avec un effectif de cinq personnes. « Par rapport à notre chaîne d’approvisionnement, nous étions entre le marteau et l’enclume, car d’un côté nos clients sont luxembourgeois, mais de l’autre nos fournisseurs sont européens et inter nationaux, et notamment asiatiques », a expliqué Jean-François Orban, le directeur général de Maâ-Oui!. Une charte éthique a donc été mise en place pour ses fournisseurs, et 10 à 15 % d’entre eux ont été écartés suite à cette démarche.
violations des droits de l’Homme, notamment en prenant appui sur les principes directeurs des Nations unies. L’entreprise devra également publier tous les ans un rapport sur les mesures mises en œuvre pour respecter les droits humains. Prochaine étape pour l’INDR : le lancement, en collaboration avec la House of Training, d’une gamme de formations en matière de droits de l’Homme et de diligence raisonnable à l’intention des entreprises. « Nous avons l’avantage de pouvoir nous adresser au point d’entrée unique qu’est l’UEL, et qui compte parmi ses membres la quasi-totalité des associations et chambres professionnelles », ajoute Marc Bichler. Les dirigeants sont-ils réceptifs à ces questions ? « Les responsables de l’UEL et de nombreux autres représentants d’entreprises privées sont associés depuis le tout début aux travaux du groupe de travail ‘entreprises et droits de l’Homme’ pour mettre en œuvre les principes directeurs des Nations unies dans et par les
entreprises luxembourgeoises », répond Marc Bichler. L’adhésion à ce pacte national se fait toutefois sur base volontaire. Sans qu’il y ait, à ce stade, d’objectifs affichés quant au nombre d’entreprises qui y adhéreront. « Le respect des droits humains dans une entreprise contribue à une saine gestion des risques, insiste Marc Bichler. Les jeunes générations de clients et d’investisseurs sont de plus en plus sensibles à ces questions qui sont intimement liées à celles du développement durable et de la lutte contre le changement climatique. » Outre les considérations humanitaires, il en va, avant tout, de la « marque employeur » à laquelle les candidats et employés attachent de plus en plus d’importance. I. S.
PRÉSENTÉES PAR
carrières Monika Tasi, 37 ans, a rejoint Grant Thornton Luxembourg en tant qu’associée Audit. Réviseur d’entreprises agréée, elle est spécialiste IFRS et consolidation et a travaillé au sein du cabinet C-Clerc ainsi que chez Deloitte Luxembourg et Budapest. CABINET D’AUDIT
Jean-Hubert Antoine, 50 ans, a rejoint Grant Thornton Luxembourg en tant que chief information security officer. Expert passionné de la sécurité de l’information depuis plus de 26 ans, il gère actuellement la sécurité de Grant Thornton Luxembourg, en particulier la deuxième ligne de défense GRC (governance, risk management and compliance). CABINET D’AUDIT
Christina Kipper, 42 ans, a rejoint Grant Thornton Luxembourg en septembre 2019 en tant que directrice du département AML Compliance. CABINET D’AUDIT SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ
Créez ou actualisez votre biographie sur guide.paperjam.lu.
PHOTOS Eric Devillet, Grant Thornton
RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE
N IO
N
E
S
IT
CO
T
T
SIG
N AT U R
E
E
D
Ilse Theunissen
ENTREPRISES
entreprises Plan social chez Mahle Behr Le site de développement de l’équipementier automobile Mahle Behr à Foetz fermera bien ses portes. C’est ce que les syndicats LCGB et OGBL ont appris début novembre, déplorant le fait de ne pas avoir été directement informés par l’entreprise. Environ 80 personnes sont visées par le plan social. Les syndicats rapportent dans un communiqué que Mahle Behr estime ne plus disposer « des compétences nécessaires face aux évolutions constantes du secteur automobile ». Le site de Foetz était l’un des 16 principaux sites de recherche et développement du groupe d’origine allemande, qui s’était implanté au Luxembourg en 2015. Les Galeries se dévoilent Alors que la Fnac et Delhaize ont ouvert leurs portes courant novembre, les Galeries Lafayette seront accessibles à partir du 30 novembre. On en sait désormais un peu plus sur l’arrivée de l’enseigne française. Avec une superficie commerciale de 6.500 m2 sur 6 étages, les Galeries Lafayette proposeront 300 marques de mode, maison et beauté, « exclusivement premium et luxe mêlant des espaces multimarques d’envergure, des concept stores exclusifs, des ‘Labo Créateurs’
inédits et une palette de services personnalisés », explique le groupe dans un communiqué à quelques jours de l’ouverture. Zero.1 veut lever 10 millions La start-up Zero.1, incubée au LuxembourgCity Incubator et qui fait partie des quatre entreprises dans le monde à travailler sur le lifi, vient de lancer un tour de table de 10 millions d’euros et continue ses projets à travers le monde, notamment à Dubaï. « Nous venons par exemple d’équiper un ministère, et nous sommes en contact avec l’organisation de l’Expo 2020 pour y installer du lifi », explique son fondateur Marc Fleschen, qui souhaite boucler la levée de fonds au printemps. ArcelorMittal renonce à Ilva Nouveau coup de tonnerre dans le dossier du complexe sidérurgique italien Ilva. Début novembre, le premier aciériste mondial a en effet signifié au gouvernement italien son intention de casser le contrat qui lui avait permis de reprendre le complexe industriel italien il y a tout juste un an. Pour justifier sa décision, il invoque une nouvelle loi du 3 novembre 2019 prise par le gouvernement de la péninsule transalpine, qui affecte le plan environnemental et industriel envisagé par l’acquéreur.
À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
24 —
— Décembre 2019
ÉGALITÉ DES CHANCES
Des entreprises en phase avec leur époque Six entreprises se sont vu décerner le label « Actions positives » pour leur implication concrète en faveur de l’égalité des sexes. Retours d’expérience.
Cru 2019 Six entreprises ont reçu le label « Actions positives » dont Foyer, ici représenté par son CEO Marc Lauer, des mains de Taina Bofferding.
0
net, Foyer, AXA, Atos, Luxair Group et Brink’s. Les noms des entreprises qui ont reçu, le 13 novembre dernier, le label « Actions positives » reflètent une prise de conscience à travers tous les secteurs de l’économie en faveur de l’égalité des chances dans le monde du travail. Pour la sixième fois, le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes et sa ministre Taina Bofferding (LSAP) ont donc remis ce label à ces employeurs qui ont adopté une démarche volontariste. Elle débute par une demande d’adhésion au label auprès du ministère qui, à son tour, mandate un bureau d’experts externes pour réaliser une enquête de satisfaction interne et une analyse des données recueillies. La mise en place d’un plan d’action permet ensuite de
prétendre à un label. « Il y a trois axes majeurs qui se dégagent, précisait la ministre en marge de la remise des labels. Tout d’abord, une égalité de traitement dans le recrutement, la rémunération, la formation… Ensuite, une égalité dans la prise de décision. Enfin, une égalité au niveau de la ‘worklife balance’, qui concerne aussi beaucoup les hommes ! » En ce qui concerne Onet, qui propose des services d’entretien aux entreprises, ses dirigeants ont démarré le programme « Actions positives » fin 2016. La société a mené une grande enquête en interne qui a permis de déterminer que les salariés demandaient plus d’écoute de la part du management intermédiaire, notamment sur les possibilités d’évolution au sein de l’entreprise. « Nous
PHOTO Matic Zorman
DIGEST
ENTREPRISES
comptons 75 % de femmes chez nous, la parité n’était donc pas problématique. Mais nous avons travaillé pour que l’ensemble des postes soient accessibles à tous et d’abord à nos salariés en interne. Nous avons donc mis en place des procédures afin de permettre une réelle mobilité en interne. On travaille pour susciter l’envie et la motivation de nos salariés », détaille Pascal Roge, directeur général d’Onet.
CASSER LES STÉRÉOTYPES DES MÉTIERS
Du côté de LuxairGroup, c’est sur la parité hommes-femmes que les efforts ont été placés. De nombreux métiers du groupe aérien gardent en effet une étiquette assez « genrée ». Des idées reçues que la direction tente de gommer au quotidien. « Nous avons mis en place des actions de communication autour du recrutement afin d’attirer plus d’hommes pour les postes de personnel de cabine », détaille Dominique Hemmer, directeur RH. À l’inverse, sur les postes plus axés sur la mécanique ou la logistique, les hommes restent majoritaires. « Nous avons donc mis en place des formations avec l’Adem pour montrer que ces tâches peuvent également être réalisées par des femmes », ajoute Dominique Hemmer. La parité n’est pas encore de mise, mais l’entreprise met tout en œuvre pour s’en approcher. Dans le secteur de l’informatique également, les clichés peuvent perdurer. On croise en effet nettement plus d’informaticiens hommes que femmes. Pour montrer que les dames peuvent évidemment aussi faire carrière dans l’IT, Atos Luxembourg a créé un réseau féminin interne, entre autres actions. « Nous avons notamment soutenu une jeune cadre en la nommant au management team de Luxembourg et en lui offrant une formation au leadership », explique Véronique Lumen, director Belux.
LA PARITÉ AVANT TOUT
De son côté, AXA a engagé énormément de travail sur la question de la diversité puisque l’assureur a mis pas moins de 41 actions en place sur deux ans. L’audit réalisé
a surtout mis en exergue une mauvaise compréhension de certains processus déjà existants. « Certains pensaient par exemple qu’on ne pouvait pas évoluer dans la société si on ne travaillait pas à temps plein. Ce qui est loin d’être le cas. Nous avons donc interviewé plusieurs collaborateurs dans le cas et qui avaient bénéficié de promotions et avons diffusé les interviews en interne », explique Claudia Colantonio, executive assistant et CR & DI coordinator. AXA n’a toutefois pas à rougir au niveau de la parité puisque sur les 285 salariés, il y a 157 femmes. « Nous avons également trois femmes et trois hommes dans le comité exécutif », se réjouit Claudia Colantonio. Parité respectée également chez un confrère du secteur, Foyer, qui compte 352 femmes sur ses 775 employés. Pour améliorer le bien-être de l’ensemble du personnel, l’assureur a mis en place de nombreux services, dont certains sortent légèrement de l’ordinaire. « Nous proposons par exemple un service de conciergerie. Cela rencontre un franc succès puisque les employés peuvent se faire aider pour le nettoyage à sec, le changement de pneus de leur véhicule ou la recherche de cadeaux », détaille Alice Bodart, responsable Communication. Autre avantage très apprécié en interne : la possibilité de rachat de congés. En échange de leur 13e mois, les salariés peuvent en effet se voir accorder des jours de congés supplémentaires, jusqu’à 10 par an. Les pères sont également encouragés à prendre un congé parental, si bien que sur les 29 congés parentaux en cours, 19 ont été demandés par des hommes. De son côté, l’entreprise Brink’s, spécialisée dans la sécurité et le gardiennage, n’a pas souhaité communiquer sur son adhésion au programme « Actions positives ». « L’égalité des sexes est essentielle si nous voulons que nos économies et nos sociétés prospèrent. Il est important de continuer à agir pour un bien-être collectif », estime Taina Bofferding. À ce jour, environ 80 entreprises ont participé avec succès au programme. F. J.
PÉNURIE
9.400 C’est le nombre de salariés dont a besoin l’artisanat, selon une enquête de la Chambre des métiers. Les 779 entreprises participantes ont indiqué rechercher 3.142 personnes sur les mois à venir. En extrapolant, il faudrait recruter 9.400 salariés dans l’année.
BIG FOUR
ALAIN KINSCH PASSE LE TÉMOIN D’EY En juin 2020, Alain Kinsch quittera la direction d’EY Luxembourg. Il sera suivi par la plupart de ses lieutenants. Place à une nouvelle équipe et à un nouveau plan stratégique.
A
lain Kinsch, 50 ans, veut passer à autre chose. 11 ans après avoir pris la direction d’EY Lux embourg, il quittera son poste de country manager en juin 2020 pour tenter de nouvelles aventures. Le cabinet précise que la plupart de ses lieutenants au comité de direction se préparent également à prendre leur retraite. Le moment choisi n’est pas anodin. Le plan « Vision 2020 » avait été mis en place lors de l’accession du Luxembourgeois aux plus hautes fonctions, en 2010, et doit se terminer l’an prochain. Avec quel bilan ? « Nous avons profondément transformé EY Luxembourg, le faisant passer de 100 millions d’euros de revenus et de 700 employés à un chiffre d’affaires projeté de 260 millions d’euros avec plus de 1.500 professionnels », a résumé Alain Kinsch, dans un communiqué le 8 novembre. Les noms du prochain country managing partner et des nouveaux membres du « Country Leadership Committee » seront annoncés le 13 décembre prochain. Ils entreront en scène début juillet 2020, mais l’actuel patron assurera encore la transition avec lui jusqu’à fin 2020. Un nouveau plan déjà baptisé « Ambition 2026 » sera alors déployé par la nouvelle
équipe. Il se déclinera en 10 lignes directrices, dont la croissance du marché, les parcours professionnels, ou encore l’orientation client. Ce plan s’inscrit aussi dans le cadre plus large de la stratégie du Big Four au niveau global, « Next Wave », impulsée par le nouveau global chairman, Carmine Di Sibio, nommé en début d’année. Entré chez Arthur Andersen en 1995 – devenu EY –, Alain Kinsch a grimpé les échelons. Également private equity leader pour la région EMEIA, il est membre de groupes de travail au sein de l’Alfi et a été parmi les fondateurs de la LPEA. Membre du Conseil d’État et du Haut Comité de la place financière, en décembre 2018, il se place sur la deuxième marche du podium du Paperjam Top 100 des décideurs économiques les plus influents au Luxembourg, derrière son mentor, Norbert Becker. « Dans 18 mois, j’aurai 50 ans et j’ai donc beaucoup réfléchi à ce qui est le mieux pour EY Luxem bourg. J’en suis venu à la conclusion que le moment est venu d’avoir non seulement une nouvelle équipe de direction, mais aussi un nouveau managing partner, qui obtiendra le mandat pour exécuter ‘Ambition 2026’ », a encore expliqué Alain Kinsch. J.-M. L . Décembre 2019 —
— 25
ENTREPRISES FLASH-BACK
LE BEST OF DU WEB SUMMIT Que fallait-il retenir de la grand-messe mondiale du web qui s’est tenue le mois dernier à Lisbonne ? Morceaux choisis.
P
lus de 70.000 participants, dont 10.000 CEO, des experts et des acteurs incontournables sur scène, et 1.500 start-up à l’affût d’investisseurs. Pour sa quatrième édition dans la capitale portugaise, le Web Summit a encore fait le plein !
nombre de gouvernements ont compris qu’ils pourraient perdre cet accès à la vie privée. Ils n’auront alors d’autre choix que de revenir à une surveillance ciblée, parce que la surveillance généralisée pourrait être moins facilement réalisable. » « L’autre mouvement auquel nous assistons LE LUXEMBOURG aujourd’hui, a-t-il enchaîné, c’est EST DANS LA PLACE de voir certains hommes politiques, Une imposante délégation luxem- aux États-Unis et en Australie par bourgeoise, emmenée notamment exemple, mettre une pression sur par la Chambre de commerce, a les géants de la Silicon Valley ou mis le cap sur Lisbonne. Parmi les d’internet comme Facebook, pour quelque 300 Luxembourgeois s’assurer de leur collaboration à recensés par les organisateurs du un internet moins sûr... » Snowden Web Summit, se sont retrouvés des a indirectement invité ces derniers officiels, comme le ministère à bien comprendre pour qui ils traluxembourgeois de l’Économie, vaillaient, avant de conclure, pesLuxinnovation, la House of simiste : « Le problème, c’est que Startups, la CNPD, de grands leurs utilisateurs ne sont pas leurs groupes comme Accenture, Post, clients… » AXA, Bâloise, KPMG ou Foyer, mais aussi l’Université du L’ESPOIR DE BLAIR Luxembourg, son incubateur de Tony Blair fut l’une des attractions start-up, ou encore le SnT. À noter du Web Summit. Pour l’ancien que la start-up Nium, spin-off de Premier ministre britannique, l’Uni dans le domaine des techno- Américains et Européens devraient logies médicales, était la seule désormais collaborer à l’éta start-up luxembourgeoise quali- blissement d’un cadre général comfiée pour le concours de pitch du mun au lieu d’établir des standards sommet, malgré son très jeune âge pour les nouvelles technologies. (cinq mois et demi seulement !). « Le cadre rigide de la supervision Son fondateur, Alberto Noronha, n’est plus adapté au rythme qui n’est malheureusement pas auquel les technologies évoluent, parvenu à se hisser en quart de estime-t-il. Quand le politique ne finale malgré un pitch très réussi, comprend pas quelque chose, il s’est offert une seconde chance régule… Or, si vous regardez un devant le jury de l’événement événement comme le Web Summit, « Start-up Stories » organisé sur vous voyez que les spécialistes des place par le Paperjam Club. technologies sont dans une pièce, et les politiques dans une autre. Il L’AVERTISSEMENT DE SNOWDEN faut qu’ils se rencontrent et que les Invité par les organisateurs à ouvrir politiques comprennent mieux la (virtuellement) le Web Summit, le technologie, et plus vite. » Avant célèbre lanceur d’alerte Edward d’ajouter : « L’essor des populismes, Snowden a mis en garde l’assis- de gauche comme de droite, aux tance sur les futurs enjeux de la pro- États-Unis, au Royaume-Uni et à tection de la vie privée : « Avec peu près partout en Europe, est lié l’encryption, qui pourrait se géné- au pessimisme. Or, la technologie raliser dans les 10 années à venir, apporte des opportunités, et donc plus personne ne se retrouvera ‘nu’ de l’optimisme, et c’est préciséà traîner sur internet. Mais le pen- ment pour cela que nous devons y dant de cela, c’est qu’un certain travailler. » T. L. 26 —
— Décembre 2019
LE CIRQUE DE DOCLER HOLDING date 08.11.2019 lieu LUXEXPO THE BOX
Docler Holding a placé sa grande soirée 2019 sous le thème du « Circus Bizarre », avec plus de 1.000 invités qui ont osé franchir le seuil de ce cirque éphémère.
Les invités ont pu compter sur la présence surprise de l’ambassadeur de teqball Ronaldinho, aux côtés du cofondateur du groupe, György Gattyán (à gauche), et du CEO Karoly Papp (à droite).
Pour animer la soirée, Docler Holding a fait appel à plusieurs dizaines d’artistes qui ont assuré le spectacle tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du chapiteau. À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
PHOTOS www.olivimages.com, Bor Zoltán
RETOUR SUR
BUSINESS SOLU TIONS
TRAVEL MOBILITY BUSINESS Voyages Emile Weber is your dedicated operator for business solutions: business travel, bus or taxi services, conferences, meetings and all kind of corporate events. With our many years of experience we ensure professional and innovative services for business clients, nationally and internationally.
Let our expertise guide you.
ENTREPRISES
ARTISANAT
Genista cons truit son avenir sous un seul toit L’entreprise née de la fusion en 2017 de Sanichaufer et d’Electro Security se construit un nouveau siège. Une pièce maîtresse dans l’intégration des 300 collaborateurs.
D
«
u changement de joint chez Madame X à Bettembourg jusqu’à la prise en main d’un chantier d’une grande entreprise du Kirchberg », Genista veut continuer à voir large. L’en treprise née en 2017 de la fusion des deux entités familiales historiques qu’étaient Sanichaufer (créée en 1959 et active dans le sanitaire, le chauffage, la climatisation, la ventilation, les énergies renouvelables et autres rénovations) et Electro Security (fondée en 1992 et spécialisée dans la détection d’intrusions et d’incendies, le contrôle d’accès, la gestion horaire, la surveillance vidéo, les barrières et systèmes de parking, la gestion centralisée d’alarmes ou les travaux d’électricité) a écrit une nouvelle culture d’entreprise commune sur base de valeurs existantes. « C’est une autre culture que les deux séparées et qui auraient été simplement combinées, déclare Gilles Reinert. Ceci se reflète dans nos services. Nous avions choisi de nous rapprocher par complémentarité de nos spécialisations et pour offrir in fine une palette plus large à notre clientèle. » Moins de chaud et plus de froid. Moins de gaz et plus d’électricité. Genista donne aux deux entreprises fondatrices une masse critique suffisante pour suivre les tendances des techniques du bâtiment. « Notre succès nous a d’ailleurs permis d’embaucher une trentaine de personnes, note Nico Biever. Nous sommes satisfaits de constater que chaque collaborateur tire du même bout de la corde, tout le monde a vu le potentiel que pouvait représenter la fusion. » Celle-ci a été accompagnée d’une réorganisation, ou 28 —
— Décembre 2019
plutôt d’une nouvelle structure interne. « Un travail qui a nécessité beaucoup d’énergie, mais ô combien utile pour définir des postes précis, des vade-mecum, revoir notre accueil… des choses qu’on ne faisait pas avant », se rappelle Alain Wildanger. Prendre du temps pour s’organiser. Et prévoir l’avenir. Ce changement concerne aussi les trois directeurs associés. À Gilles Reinert (ancien patron d’Electro Security) et Nico Biever (ancien patron de Sanichaufer), qui détiennent 87 % de la société, de chapeauter les métiers historiques. À Alain Wildanger (qui détient 13 % du capital) de superviser les finances et la communication. Avec son expérience dans le secteur financier et son regard extérieur, tout en étant employé de Sanichaufer depuis 2015, M. Wildanger représente aussi la nouvelle génération de l’entreprise. « Nous ne sommes pas encore dans un processus de succession, mais lorsque vous employez 300 collaborateurs, vous avez une certaine responsabilité sociale », soulignent Gilles Reinert et Nico Biever. « Le but est que la structure tourne et que nous ayons les bonnes compétences en place. Nous avons aussi rédigé une charte familiale qui permet de régler les questions de gouvernance », ajoute encore Alain Wildanger. Réalisée en l’espace de neuf mois, la fusion sera effective lorsque le nouveau siège de 4.000 m2 sera inauguré d’ici mai 2020 à Fentange et permettra de rassembler les équipes réparties actuellement sur deux sites (Dudelange et Munsbach.) Orga nisé en fonction des métiers et pour faciliter la communication autour de projets, le siège est aussi pensé pour présenter un bilan énergétique neutre grâce aux nouvelles technologies. « Nous allons extraire du froid du sol, placer du photovoltaïque en toiture et monitorer l’ensemble via la domotique », cite Gilles Reinert. Autant donner l’exemple. Et faire du bâtiment une vitrine pour les clients et une carte de visite pour attirer de jeunes et nouvelles recrues. T. R.
GREAT PLACE TO WORK
ADECCO MISE SUR LE BIEN-ÊTRE DES SALARIÉS Le groupe d’intérim décroche la 11e place du classement mondial des Best Workplaces organisé par Great Place to Work. Fabrice Poncé, directeur général d’Adecco Luxembourg, révèle quelquesunes de ses astuces pour améliorer le bien-être au travail.
P
orté par les équipes d’une quinzaine de pays, dont le Lux embourg, le leader du marché de l’intérim, Adecco Group, vient de gagner la 11e place du concours organisé par Great Place to Work : World’s Best Workplaces. Même si le groupe recule de quelques places par rapport à l’an dernier, cela reste une véritable récompense pour l’entreprise, dont la branche luxembourgeoise avait déjà remporté la cinquième place de ce concours, au niveau national cette fois. « Notre objectif n’est pas de remporter un prix, mais de s’assurer que nos collaborateurs se sentent heureux de travailler au sein de notre groupe. Dans un secteur concurrentiel comme le nôtre, nous devons leur montrer qu’ils sont importants à nos yeux et nous donner les moyens de les retenir », commente Fabrice Poncé, le directeur général de la branche luxembourgeoise.
DES AMÉLIORATIONS CONTINUES
Aujourd’hui, Adecco dispose de 33.000 collaborateurs à travers le monde et 130 au Luxembourg. Un nombre idéal pour réfléchir ensemble aux changements à mettre en place pour améliorer le bien-être des travailleurs. « The Adecco Group a commencé à s’investir dans le projet GPTW il y a huit ans. Notre premier axe d’amélioration a été la communication interne, que nous avons nettement optimisée et que nous continuons de mettre dans nos priorités. Aujourd’hui, pour chaque grand sujet, un membre du comité de direction est identifié clairement comme leader du projet ; les salariés savent donc toujours à qui s’adresser », détaille-t-il. Autre axe essentiel pour l’entreprise : la diversité. Contrairement à d’autres secteurs, celui de l’intérim
est nettement plus porteur pour les femmes, qui représentent la majorité. Pourtant, quand on remonte au niveau hiérarchique, c’est souvent là que le bât blesse. « Concer nant la diversité, les femmes représentent presque 70 % de l’effectif total. Dans les agences, nous visons à avoir autant d’hommes que de femmes, mais cela reste très difficile. Les ressources humaines se sont d’abord concentrées sur la parité au sein des managers, aujourd’hui représentés par cinq femmes et quatre hommes. Nous pouvons dire que nous sommes un exemple pour le groupe, car beaucoup de pays n’en sont pas encore là », se félicite Fabrice Poncé. Une diversité qui se répercute également sur les âges ; au sein de l’équipe dirigeante luxembourgeoise, cela va de 36 à 55 ans.
UN FAIBLE TURNOVER
Autant de critères qui permettent à l’entreprise de fidéliser ses salariés. Adecco Luxembourg affiche d’ailleurs un turnover très enviable de 6 à 7 %. « Nous avons déjà atteint les 3 % », ajoute le dirigeant. Une chance pour l’entreprise, qui reconnaît les difficultés croissantes pour dénicher des talents. « Il y a cinq ans, notre processus de recrutement durait environ six semaines. Aujourd’hui, le même processus s’étend sur environ quatre mois. D’une part, du fait de la rareté des candidats, et d’autre part, en raison de l’évolution de nos critères de sélection, comme l’exigence d’un niveau d’anglais correct. Par ailleurs, la digitalisation fait dorénavant partie intégrante du processus », analyse-t-il. Plus que jamais, il est donc essentiel de se soucier du bien-être de ses collaborateurs pour leur santé, mais aussi pour celle de l’entreprise. F. J.
PUBLI-REPORTAGE
Le « Boxemännchen », une tradition à croquer Ça y est, on a bel et bien refermé la porte de l’été, laissant derrière nous les glaces et les smoothies rafraichissants. L’automne est désormais bien installé pour le plus grand bonheur de nos papilles. Parce que la saison rime avec toutes les traditions liées aux fêtes et au plaisir de la gourmandise partagée. Parmi elles, le « Boxemännchen » revient chaque année en courant. Avec ses petites jambes, c’est bien pratique !
La dynastie des « Boxemännecher » Comme beaucoup de traditions, celle-ci trouve ses origines il y a… bien longtemps. La dynastie des « Boxemännecher » a été fondée au Luxembourg. Si on ignore la date exacte du début de son règne, on ne peut en revanche remettre en cause son pouvoir, toujours actuel. Lequel ? Celui de nous faire craquer devant son petit air délicieusement sympathique, ses bonnes joues dorées, sa peau lisse et son petit corps délicatement dodu. Quant à sa mie moelleuse au parfum légèrement sucré, elle ne peut que faire l’unanimité. Pour les plus gourmands, elle existe aussi parsemée de pépites de chocolat ou, selon les années, dans d’autres variantes de poids, de tailles ou de compositions.
Un produit phare pour Fischer Si à l’origine, le « Boxemännchen » se consommait principalement à l’approche de la Saint-Nicolas, le 6 décembre, son succès est tel qu’il investit désormais les comptoirs des boulangeries Fischer dès le début de l’automne. Gare à celles qui ne seraient pas ponctuelles ! Car cette douceur est attendue de pied ferme par la plupart des clients. La version la plus classique en
pâte levée 70 g occupe la première marche du podium des ventes avec une moyenne de 230.000 pièces vendues par an. Celle au chocolat la suit avec plus de 130.000 pièces écoulées. De façon générale, les ventes sur ce segment de produits augmentent chaque année grâce notamment à la créativité de Fischer. Rappelez-vous en 2015, la « FamilyBox » composée des parents et de ses jumeaux BoxKetty & BoxMetti…
Une fabrication artisanale Avec un nombre de ventes aussi élevé, on serait tenté de croire que la fabrication des « Boxemännecher » est devenue industrielle… or, pas du tout ! Elle est restée artisanale, de la formation de la pâte, au façonnage de ses petits bras, ses petites jambes et sa tête ronde. Une fois que la pâte est pétrie, elle est divisée en pâtons allongés qui sont ensuite placés au réfrigérateur. Une fois raffermis, place au façonnage des « Boxemännecher » : une boule pour la tête et des entailles faites à la main à l’aide d’un couteau, pour former bras et jambes. Il ne reste plus qu’à les badigeonner d’un peu d’œuf pour qu’ils sortent joliment dorés du four ! Ils peuvent avoir un poids variant de 50 g à 1 kg, être natures, au chocolat, au sucre… Preuve qu’on peut être à la fois artisanal, créatif et innovant !
ENTREPRISES
COMMERCE
LES LOCAUX FONT FACE À LA FNAC Face à l’arrivée du géant Fnac-Darty en centre-ville, les commerçants locaux ne se montrent pas inquiets en misant sur des approches complémentaires.
près plusieurs années d’attente, le premier magasin FnacDarty a ouvert ses portes début novembre au Royal-Hami lius sur 1.200 m2 proposant plus de 33.000 références de produits. L’arrivée de l’enseigne française, qui pèse 7,47 milliards d’euros de chiffre d’affaires, représente a priori une concurrence importante pour les commerçants indépendants du centre-ville. De quoi les inquiéter ? « Pas du tout », répond Elmira Najafi, responsable de la librairie Alinéa, située à quelques centaines de mètres du nouveau paquebot commercial. « La Fnac n’est pas une librairie. Elle vend aussi des machines à café, et il y a seulement un coin livres », explique la jeune femme, qui a pris la suite du libraire fondateur Edmond Donnersbach en mars dernier. « La poursuite de notre activité depuis près de deux ans sous la forme d’une coopérative prouve bien que les gens se mobilisent pour une librairie comme la nôtre et sont attachés aux commerces locaux », appuiet-elle, en confiant que la clientèle d’Alinéa « est fidèle et se sent comme à la maison chez nous ». Et Frank Gigot, gérant du magasin Photo Mirgain situé à une
c entaine de mètres du RoyalHamilius, d’afficher ce même état d’esprit, en confirmant n’être « absolument pas inquiet. Oui, la Fnac fait de la photo et vend des appareils similaires à nos produits, mais nous vendons aussi des appareils photo haut de gamme qui ne sont pas à la Fnac. Et surtout, la Fnac n’a pas une équipe comme la nôtre, qui peut rester avec un client 30 minutes voire une heure pour le conseiller. » Son magasin, qui existe depuis plus de 80 ans, emploie sept salariés et est un des derniers indépendants spécialisés dans la photo. « Notre métier, c’est la photo. Nous connaissons les derniers produits mis sur le marché et sommes pointus au niveau technique. » Mais Frank Gigot est tout de même conscient que les modes de consommation ont changé, et « c’est la raison pour laquelle nous avons ouvert un service de commandes en ligne il y a six ans, qui connaît une belle croissance depuis lors ».
UN ÉQUILIBRE À TROUVER
— Décembre 2019
pas inquiet car nous avons une excellente connaissance des marchés luxembourgeois et allemand. Nous sommes multilingues, et même si la Fnac se positionne avec des livres en langue luxembourgeoise, cela reste anecdotique, alors qu’au sein de nos magasins, les livres luxembourgeois représentent environ 10 % de nos produits, et ceux écrits dans la langue de Goethe, entre 35 et 45 %. La librairie est notre cœur de métier, ce qui n’est plus le cas de la Fnac .» L’entreprise familiale Ernster, fondée en 1889, concentre aujourd’hui neuf magasins – dont son siège historique rue du Fossé –, et a compris dès les années 1980 l’intérêt d’être présente au sein des centres commerciaux, à la Belle
Fernand Ernster, directeur général des librairies Ernster, affiche AU ROYAL-HAMILIUS la même sérénité que ses confrères : « L’approche de la Fnac LA FNAC À LA SAUCE est différente de la nôtre. Je ne suis LUXEMBOURGEOISE
La librairie Ernster a ouvert, en mai dernier, un nouveau magasin à la Cloche d’Or, « preuve que le marché n’est pas saturé », selon son directeur général, Fernand Ernster.
30 —
Arrivée La Fnac ne soulève pas de grande crainte, mais est plutôt vue comme une forme de reconnaissance pour la capitale.
Charles-Henri de Maleissye, directeur général Fnac Vanden Borre Belgique et Luxembourg, a annoncé avec enthousiasme, lors de l’inauguration début novembre, que c’est un « vrai » magasin luxembourgeois qui a ouvert ses portes au RoyalHamilius, puisque des livres en luxembourgeois et en allemand, pour les enfants et les adultes, y sont en vente. Le site fnac.lu affiche plus de deux millions de références, et « nous devrions intégrer la plate-forme Letzshop.lu en début d’année prochaine », a précisé Richard Hoitinga, directeur du magasin Fnac Luxembourg, qui emploie 31 personnes.
Étoile et au City Concorde de Bertrange. Dernière ouverture en date : au complexe Cloche d’Or en mai dernier, sur 900 m 2. Soit 1,5 million d’euros investis. Fernand Ernster confirme, au moment de l’arrivée de la Fnac, que « si j’avais estimé que le marché était saturé, nous n’aurions pas ouvert ce nouveau magasin. Les curieux vont se rendre à la Fnac, mais je pense qu’il va y avoir un équilibre entre les différentes enseignes », insiste celui qui est également le président de la Confédération luxembourgeoise du commerce. Fernand Ernster ajoute justement que sous cette casquette, il « salue l’arrivée de la Fnac, une enseigne présente à l’international qui a choisi de s’installer au Luxembourg. Pour le pays, et surtout pour le centreville de la capitale, c’est un attrait supplémentaire. » Selon ces différents commerçants ouverts depuis de longues années, la fine connaissance d’un marché aussi spécifique, leur spécialisation ainsi qu’une attention au service du client devraient leur permettre de continuer à se distinguer. La dernière étude publiée en octobre par KPMG sur les marques préférées des Luxem bourgeois avait d’ailleurs placé une nouvelle fois la librairie Ernster en première position, alors que le géant du e-commerce qui s’est construit autour de la vente de livres, Amazon, pointe à la 10e place. Une preuve de l’intérêt des habitants pour des enseignes qui « sonnent local » et sont attachées à leur territoire. I.S.
PHOTOS Nader Ghavami
A
PUBLIREPORTAGE
Un vent de mer du Nord à Luxembourg In Tempo vous propose une splendide maison unifamiliale d’une surface brute de 329 m2 (256 m2 habitables) disponible immédiatement.
Agnatia pro tecti deles dolorendit ut ea adist volum queIs pratiate nobis maximpos quibus ut 100
La maison est érigée au cœur du village d’Eischen sur un terrain de 8,80 ares. Le jardin est aménagé avec de grandes terrasses ensoleillées S-E et S-O surplombant le village. Composition Niveau rue Local vélo, garage 2 voitures, bureau, buanderie, chaufferie, ch.1 avec SDD + WC et accès extérieur Niveau jardin Hall d’entrée, vestiaire, WC avec lave-mains, s. à m., salon, cuisine, arrière-cuisine Étage Hall, suite parentale avec dressing et SDB avec douche italienne et WC, ch.3, ch.4, ch.5, SDD avec WC Aménagement Tout le mobilier est réalisé sur mesure. Sols en pierre naturelle, parquet ou béton ciré. Luminaires Tekna-Nautic, appareils Miele, robinetterie Vola, chaudière Viessmann, foyer gaz Stûv. Localisation Le village d’Eischen est idéalement situé à 7 km du centre d’Arlon, à 22 km de Luxembourg-ville et à 15 km de l’École européenne de Mamer.
MAISON UNIFAMILIALE Lieux Eischen, Luxembourg Prix 1.825.000 € Contacts T. +352 48 39 68 Mob. +352 621 50 55 41 e-mail info@intempo.lu www.intempo.lu
MORE THAN JUST A WORK PLACE De nouveaux espaces verts avec wifi gratuit pour se détendre et recharger ses batteries Certification BREAAM
CONTACT
Jack Schulte
(+32) 2 627 13 52
jack.schulte@deka.de
Une multitude de services sur place : restaurant, brasserie, crèche, fitness, etc. Des animations conviviales sur le site : premier tournoi de ping-pong le 19 novembre à 17h
RUE DU PUITS ROMAIN – BETRANGE – LUXEMBOURG
NEW! BRING ME BOXES for your personal deliveries. With this service we want to help improve your work-life balance. More details will follow after installation in the third quarter of 2019.
NEW
Un lieu de travail qui vous ressemble : Atrium Business Park Lieu d’échange et de productivité facilement accessible, Atrium Business Park est tout sauf un énième lieu de travail.
NEW! A new centralised Situé à Betrange, Luxembourg : Le plus grand nombre de places security desk. une adresse unique et pratique
de parking de tous les immeubles
Our onsite security guard will move to a new de desk easily au visible bureaux Luxembourg Desentrance bureaux modernes et efficaces, in the hall of VITRUM. By the way, the hall of Vitrum Un You’re large éventail de services sur place à partir 500 m2 of the Atrium Business Park. is open to de all tenants welcome to enjoy the comfort.
Service de conciergerie disponible pour tous les locataires du lundi au vendredi de 8H00 à 11H00 et de 11H30 à 16H30
SOON
Centre d’affaires pour les besoins ponctuels
COME IN SOON! Concierge www.atrium.lu Services will soon be available for all tenants.
UN PROJET DE
ENTREPRISES
PRÉSENTÉES PAR
IMMOBILIER
INFINITY ACCUEILLE SES OCCUPANTS Le complexe immobilier mixte Infinity du promoteur Immobel entre dans la phase de prise en occupation des commerces et des bureaux. En attendant les appartements de haut standing à la mi-2020.
À
peine occupé, déjà vendu. Comme le prévoyait un accord conclu fin 2017 entre le promoteur Immobel et la société Real I.S. opérant pour un discret assureur allemand, les espaces de bureaux et de commerces du complexe Infinity, érigé à l’entrée sud du Kirchberg, viennent d’être cédés le 4 novembre dernier pour un montant, lui aussi, tenu secret. Il était question de 80 millions d’euros au moment de l’annonce. Immobel indique au final que cette vente devrait avoir un « impact significatif » sur les résultats du deuxième semestre 2019. Une belle opération, donc, qui traduit un intérêt confirmé de la part d’investisseurs étrangers pour la localisation luxembourgeoise et pour un produit mixte original. Le
chantier bouclé en partie, Infinity a accueilli ses premiers occupants à la veille de la Toussaint, à savoir les quelque 200 collaborateurs du cabinet d’avocats Allen & Overy. « Il nous paraissait fondamental de repenser l’environnement de travail de nos équipes pour que chaque collaborateur bénéficie de conditions de travail optimales, avec des espaces favorisant collaboration et concentration », indique Patrick Mischo, senior partner d’Allen & Overy Luxem bourg. Le cabinet dispose désormais d’un bâtiment dédié de 6.800 m2, répartis sur huit étages. Après le Cloche d’Or et le Royal-Hamilius, Infinity complète le trio de centres commerciaux attendus dans la capitale en 2019. La date-clé est cette fois le
12 décembre. 22 cafés, restaurants et commerces sont annoncés, dont un supermarché Delhaize. Les boutiques, réparties sur deux niveaux, seront réunies autour d’un parvis à usage public desservi par un escalier « monumental, propice à la détente », annonce Immobel. Le tout sera relié au parking de l’Europe au moyen d’un tunnel souterrain et le tram longe le site avec l’arrêt Philharmonie-Mudam. « Avoir tout à portée de main est un luxe qui nous permet d’optimiser nos journées et de consacrer un temps précieux à ce qui compte vraiment », se réjouit son CEO, Olivier Bastin, dans un communiqué. Dernière pièce maîtresse de ce projet de 33.000 m2 entamé en avril 2017 : la tour résidentielle de 20.000 m2, (6.500 m2 pour le commercial et 6.800 m 2 pour les bureaux) culminant à 104 mètres de hauteur (25 étages). Soit le bâtiment résidentiel le plus haut du pays. 165 appartements de haut standing ont trouvé preneur depuis août dernier. La livraison est prévue pour mi-2020. T. R.
carrières Yann Faber, 24 ans, a rejoint Inowai en qualité de junior analyst en immobilier d’entreprise dans l’équipe Valuation. AGENCE IMMOBILIÈRE
Morgan Mével, 28 ans, a rejoint Inowai en qualité de conseillère en investis sement au sein de l’équipe Capital Markets en charge de la recherche d’opportunités d’investis sement, de la sécurisation et de la gestion des instructions de vente et d’achat. AGENCE IMMOBILIÈRE
Marc Fogelgesang, 33 ans, a rejoint Inowai en tant qu’investment consultant au sein de l’équipe Capital Markets en charge du développement et de la recherche d’opportunités d’investissement pour le compte d’investisseurs privés et institutionnels. AGENCE IMMOBILIÈRE SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ
Créez ou actualisez votre biographie sur guide.paperjam.lu.
CEO SELFIE
JERRY GRBIC FORTUNA BANQUE 1 Jerry Grbic Directeur général 2 Paula Marques Responsable Communication et Marketing 3 Manuel Rodrigues Responsable commercial 9
4 Mike Felten Directeur
8
7
5 Tania Bruschi Responsable Middle office
6
6 Rosalie Coutinho Responsable Crédits et recouvrement 3 4
1 2
Née au Grand-Duché de Luxembourg en 1920, Fortuna Banque propose de nombreux services, allant des opérations quotidiennes aux prêts hypothécaires et placements, via un conseil personnalisé. Sa vision durable se traduit par des produits responsables et le soutien d’initiatives et de projets locaux, à vocation sociale ou environnementale. 34 —
— Décembre 2019
7 Océane Dée-Masure Risk officer 8 Jean-Louis Camuzat Senior compliance officer 9 Nicolas Bouillon Responsable IT
PHOTOS Fortuna Banque, Inowai
5
Une Envie, Un Poll-Fabaire
PREVIEW ONLY www.poll-fabaire.lu
BRAND VOICE
Repenser l’impossible Nos modèles économiques et énergétiques doivent urgemment être repensés : la crise écologique en est la preuve la plus évidente. Les acteurs de la finance ont un rôle prépondérant à jouer pour accompagner ce processus, qui ne doit pas forcément être synonyme de décroissance. C’est la vision que développe Bertrand Piccard, avec qui nous nous sommes entretenus. CONTENU SPONSORISÉ PAR BGL BNP PARIBAS
36 —
— Décembre 2019
BRAND VOICE
À vous qui avez fait le tour du monde avec un avion fonctionnant à l’énergie solaire, que vous inspire la fameuse phrase de Mark Twain : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » ?
Bertrand Piccard : C’est effectivement une phrase qui résume parfaitement mon état d’esprit et celui qui devrait d’ailleurs tous nous guider. L’impossible n’existe pas en tant que tel dans la réalité. Il est dans les obstacles que l’on s’inflige à soi-même, dans les limitations que l’on se fabrique, dans les dogmes et dans les paradigmes dans lesquels nous évoluons, sans parfois nous en rendre compte d’ailleurs. Si l’on veut réaliser ce qui est dit impossible, il faut donc seulement changer notre manière de penser.
Qu’est-ce qui fait encore défaut dans nos mentalités pour amorcer un changement véritable en ce qui concerne la préservation de l’environnement ?
B. P. : C’est une peur de l’inconnu et du changement qui fait que beaucoup de gens s’accrochent à leurs habitudes et leurs croyances. Il y a sans doute une certaine paresse et un manque d’ambition qui se cache là-derrière, de la bêtise parfois aussi. Le changement climatique, tout comme l’épuisement des ressources naturelles, est lié à des technologies anciennes et inefficientes que nous utilisons encore aujourd’hui. L’exemple le plus parlant, c’est le moteur à combustion, qui n’a que 27 % de rendement, alors qu’un moteur électrique a un rendement de 97 %. Nous voulons être très modernes avec notre dernier smartphone, mais en ce qui concerne notre consommation énergétique, nous utilisons des systèmes qui ont 120 ans. Il faut ramener notre monde dans le présent ! Il faut donc tout changer, ce qui créera des richesses et des emplois. Tout le monde y gagne. Ce n’est donc pas paradoxal si l’on accepte de changer sa façon de penser.
« La finance est aujourd’hui au centre de la solution environnementale. » Bertrand Piccard
Quand je suis arrivé avec la vision de Solar Impulse chez les constructeurs aéronautiques, tous m’ont dit que je n’aurais pas assez d’énergie du soleil pour pouvoir voler. C’est le paradigme de notre époque : toujours croire que la réponse se trouve dans une augmentation de la production. Alors qu’en fait, la réponse se trouvait plutôt dans une réduction des besoins en énergie de l’avion. Soit faire exactement l’inverse de ce qui se fait d’habitude. Plutôt que de produire plus, il faut consommer moins. En quoi une entreprise, une banque en l’occurrence, peut-elle être un acteur majeur du changement ?
B. P. : Aujourd’hui la finance est au centre de la solution. En se désengageant des vieilles technologies et des énergies polluantes pour redistribuer les flux d’investissement dans des technologies propres et des énergies renouvelables, on change le monde. Des entreprises industrielles et financières sont aujourd’hui pionnières en ce domaine et BNP Paribas en fait partie. Sa politique d’entreprise mise sur la durabilité, l’engagement social, les énergies propres et renouvelables. C’est un signal qui montre que c’est possible, à un niveau supérieur. L’exemple qui est donné par BNP Paribas est formidablement important.
BIO EXPRESS
BERTRAND PICCARD Bertrand Piccard, psychiatre et explorateur suisse, a réussi à démontrer avec son tour du monde, sans aucune goutte de carburant avec l’avion Solar Impulse, que les technologies propres et les énergies renouve lables permettent d’accomplir l’impossible. Dans la continuité de sa vision, et avec la Fondation Solar Impulse, il s’est lancé le défi de sélectionner 1.000 solutions rentables qui protègent l’environnement afin d’encourager les décideurs à adopter des politiques environne mentales et énergétiques plus ambitieuses. Il est l’un des pre miers à défendre une approche rentable de l’écologie, en préconi sant l’adoption de technologies propres et efficientes car elles sont logiques plus qu’écologiques. À ce jour, il collabore avec le LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology) pour trouver des solutions qui pourraient rentrer dans le portfolio des 1.000 solutions.
« Pour amorcer le changement, il faut commencer à penser l’inverse de ce que l’on croit. »
PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne)
Quel est le premier pas qui amorce la transition entre impossible et possible ?
B. P. : Je crois que le premier pas, c’est d’abord d’être suffisamment honnête avec soi-même. Comme je vous le disais, ce sont nos certitudes, nos dogmes et les paradigmes avec lesquels nous vivons qui nous empêchent d’avancer. Pour amorcer le changement, il faut commencer à penser l’inverse de ce que l’on croit. Plutôt que de penser, comme nous l’avons fait durant 50 ans, que protéger l’environnement est cher, rébarbatif et nécessite des sacrifices en termes de confort ou de croissance, il faut penser que la protection de l’environnement peut être financièrement rentable, enthousiasmante, sans imposer de sacrifices aux populations.
istoire ute l’h as o t z e r uv Parib Déco L BNP G B e d u .bgl.l www
Décembre 2019 —
— 37
PLACE FINANCIÈRE
place financière DIGEST CEO par intérim L’ABBL a nommé Yves Maas pour rem placer provisoirement Serge de Cillia au poste de CEO, les deux parties ayant mis fin à leur collaboration. La mission d’Yves Maas débutera le 1er décembre. Ce dernier a présidé l’ABBL entre 2014 et 2018 et pilote toujours le conseil d’administration de Credit Suisse. Décès de Patrick Zurstrassen Patrick Zurstrassen, ancien dirigeant de Crédit Agricole Indosuez au Luxembourg (de 1987 à 2002), ancien président de l’Alfi (de 1992 à 1995) et ancien président fondateur de l’Institut luxembourgeois des administrateurs (Ila), est décédé le 8 novembre. Il fut aussi président de l’association européenne des fonds d’investissement, l’Efama. Trentenaire La banque suisse Pictet a fêté ses 30 années de présence au Luxembourg. Lancée avec cinq collaborateurs, elle compte aujourd’hui 640 salariés, répartis entre ses bureaux du Kirchberg et une seconde implantation à Belval. Première séance Le Beirat, nouvel organe consultatif de Raiffeisen, s’est réuni pour la première fois le 8 novembre. Il compte 19 membres censés représenter la diversité de la société
À la reconquête de la finance islamique
luxembourgeoise, et il est amené à siéger trois fois par an. « Le Beirat est appelé à donner des impulsions, à proposer des idées, à être le porte-parole des clients et à accompagner la banque de façon critique et constructive », précise la banque. Effet Brexit Selon les chiffres du Commissariat aux assurances (CAA) publiés le 7 novembre, les primes ont augmenté de 21,94 % au 3e trimestre 2019 par rapport à la même période l’an dernier. Et ce, après une hausse de 53,8 % au 2e trimestre et de 46,18 % au 1er trimestre. Cette progression est en grande partie due aux relocalisations de compagnies au Luxembourg, du fait du Brexit. Nominations à la Bil La Bil a élargi son comité exécutif pour soutenir la croissance de ses activités internationales de wealth management. Hans-Peter Borgh, déjà membre du comex de la Bil, a été nommé group head international et CEO de Bil Suisse, d’où il supervisera le développement des activités de la banque en Chine et à Dubaï. Émilie SerrurierHoël est nommée head of wealth management du groupe et entre au comité exécutif. Elle pilotera les activités internationales de wealth management de la Bil, gérées depuis le Luxembourg.
À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
38 —
DIVERSIFICATION
— Décembre 2019
À l’approche de l’Exposition universelle de Dubaï en 2020 et après la tenue du Sukuk Summit à Luxembourg le 11 novembre, Pierre Gramegna partage sa volonté de développer davantage la finance islamique au Grand-Duché.
NOMBRE DE FONDS ISLAMIQUES PAR DOMICILIATION
Arabie saoudite Malaisie
Luxembourg
Autres
Afrique du Sud
Indonésie
Émirats arabes unis
Maurice
Pakistan
Irlande
Caïmans
Koweït
371 250 155 83
62
33
Égypte
Bahreïn
32
22
20
19
11
10
10
83
SOURCE Données IFSB et Bloomberg collectées dans le rapport Islamic Fund Management 2018 du Comcec
P
résentée comme un nouveau pilier de la place financière il y a quelques années, la finance islamique était en veilleuse. L’organisation du deuxième Sukuk Summit au Luxembourg le 11 novembre dernier l’a remise en lumière. Bandar Hajjar, président de la Banque islamique de développement (coorganisatrice, avec le ministère des Finances, de cet événement), a annoncé à cette occasion que son institution allait installer une « présence légale » au Grand-Duché pour développer les sukuk (obligations conformes aux principes de la finance islamique – « sakk » au singulier) en Europe. « Tous les éléments sont réunis au Luxembourg pour être un hub du marché des sukuk », affirme Bandar Hajjar dans un entretien à Paperjam. « En 2014, le Luxembourg a lancé le premier sakk souverain
en euros dans un objectif de diversification de la Place, en s’orientant vers les besoins des pays du Golfe », rappelle Pierre Gramegna, ministre des Finances (DP), dans un entretien en marge du sommet. Et la bourse luxembourgeoise était la première en Europe à coter un sakk en 2002. Aujourd’hui, le Grand-Duché est le cinquième pays pour la domiciliation de fonds d’investissement conformes à la charia. Mais aucune banque islamique n’a décidé de poser un pied sur le sol luxembourgeois. Pour asseoir davantage la légitimité du pays en matière de finance islamique, Pierre Gramegna se rendra à Dubaï en amont de l’exposition universelle, dès le mois de janvier 2020, accompagné d’Étienne Schneider, vice-Premier ministre et ministre de l’Économie (LSAP), et du Grand-Duc héritier Guillaume.
PLACE FINANCIÈRE À LIRE
L’objectif est aussi de séduire davantage d’investisseurs, en mettant en avant les atouts de la finance islamique. « Les sukuk sont une alternative aux produits traditionnels dans le contexte des taux d’intérêt bas. Ils garantissent aussi l’exclusion de certains secteurs néfastes pour la société, ce que nous recherchons aussi », constatait Robert Scharfe, CEO de la Bourse de Luxembourg, lors du Sukuk Summit. La finance islamique suivant les principes de la charia, elle exclut notamment les produits basés sur un taux d’intérêt fixe et prédéterminé (riba), sur l’incertitude ou la spéculation, tout comme les secteurs liés à l’alcool, au tabac, ou encore aux paris.
PHOTO Les Liens qui libèrent
UNE CROISSANCE REMARQUABLE
« Le marché des sukuk est l’un dont la croissance est la plus remarquable parmi la finance islamique. Il représentera quelque 20 % de notre industrie à la fin de l’année 2020. Selon les données de Bloomberg, le volume d’émission de sukuk en 2017 était de 137,49 milliards, et de 124,45 milliards de dollars en 2020 », précisait Bandar Hajjar. Quels sont les facteurs qui peuvent l’empêcher de décoller ? « Le handicap principal correspond aux coûts, notamment liés à un reporting plus complexe. Les sociétés choisissent simplement la solution de facilité. Nous luttons aussi contre les préjugés des investisseurs », déplore Robert Scharfe. Pierre Gramegna soulève un autre obstacle : « Les standards et d’exigences varient d’un pays à l’autre, ce qui ne facilite pas le développement des sukuk. En plus des Émirats arabes unis, nous cultivons des liens avec la Malaisie, qui est un des pays les plus dynamiques en matière de finance islamique et qui dispose de cadres de référence et de standards un peu plus larges que dans d’autres pays. » La convergence entre finance durable et finance islamique est avancée comme un des nouveaux arguments pour convaincre les réticents. « Il existe un lien étroit entre la finance islamique et
LE LUXEMBOURG ET LA FINANCE ISLAMIQUE 1978 1re institution financière islamique établie dans un pays non islamique.
1983 1re compagnie d’assurances en Europe.
2002 1re bourse en Europe à coter
L’ÉCHEC DU MODÈLE AMÉRICAIN
un sakk (« sukuk » au pluriel).
2008 Le gouvernement met en place
une task force pour promouvoir la finance islamique.
2009 Des cours spécialisés en
auteur Joseph E. Stiglitz éditeur Les liens qui libèrent date de publication septembre 2019
finance islamique sont lancés par l’institut bancaire.
2010 1re banque centrale en Europe à intégrer l’IFSB (Islamic Financial Services Board. Des circulaires clarifient le traitement des structures de finance islamique. Membre fondateur de l’IILM (International Islamic Liquidity Management Corporation).
2013 L’Alfi publie des lignes
directrices sur les bonnes pratiques pour la mise en place et le service des fonds islamiques.
2014 1er État à émettre un sakk en euros.
2016 L’ONG Appui au
Développement Autonome (ADA) préside un séminaire sur la microfinance islamique.
2019 La Banque islamique de
développement organise le deuxième Sukuk Summit à Luxembourg et annonce la création d’un hub européen au Grand-Duché.
SOURCE Luxembourg for Finance
la priorité du gouvernement donnée à la finance durable », observe Pierre Gramegna. « Il existe un paradoxe : les investisseurs focalisent leur attention sur la finance durable, et ne font pas le parallèle avec la finance islamique, qui est pourtant très clair. Les ‘green sukuk’ font tout à fait sens », estime Robert Scharfe. Le premier « green sukuk » souverain a ainsi été émis par la Malaisie en juin 2017. Le renforcement de la coopération entre la Banque européenne d’investissement et la Banque islamique de développement, qui ont signé un protocole d’accord en ce sens en marge du Sukuk Summit, pourra également jouer sur l’appétence des investisseurs dans les mois à venir. L. F
H
abitué à se dresser contre les inégalités créées à l’échelon planétaire par les pratiques de l’économie moderne et de la finance, Joseph Stiglitz place cette fois son pays dans le viseur et dresse la longue liste des erreurs qui ont conduit les États-Unis là où ils sont. Dans l’ancien berceau de la démocratie moderne, 1 % des plus riches détiennent 40 % de la fortune. Une position qui, en vertu des lois américaines, leur permet d’aider à l’élection des présidents, qui les aideront à s’enrichir davantage. À l’aube des années 1980, Ronald Reagan a prêché pour le « laisser-faire », dérégulant ce qui pouvait l’être et limitant l’action de l’État. Une politique qui ne pouvait pas marcher, selon le prix Nobel d’économie, et qui n’a fait que ralentir la croissance et creuser les inégalités. Parce que l’idée selon laquelle l’enrichissement des uns grâce aux lois du seul marché n’a jamais provoqué le ruissellement attendu sur les autres. Une situation idéale pour un président populiste à la sauce Trump, qui s’appuie sur les ultra-riches à qui il accorde une réforme fiscale extrêmement avantageuse tout en adressant un discours orienté vers les oubliés de la mondialisation et la classe moyenne en déliquescence. Il faut définitivement oublier Adam Smith et sa « main invisible » capable de tout régler, martèle l’économiste. Les temps ont changé et, dans nos économies post-industrielles, mondialisées et financiarisées, le besoin d’État se fait ressentir plus que jamais. Il est l’axe central de son programme pour un changement de modèle, qui dépasse le simple cadre de l’économie américaine. Mais, pour Stiglitz, le plus grand échec de cette société américaine est de n’avoir pas su faire en sorte que l’innovation, terreau de la croissance, permette d’offrir un haut niveau de vie à tous les citoyens. La recherche qui a permis l’émergence des géants technologiques a toujours été financée par l’argent public. La richesse qui en découle ne pouvait pas être confisquée par quelques-uns, qui ont choisi l’exploitation plutôt que la redistribution.
Découvrez la version intégrale sur paperjam.lu.
Décembre 2019 —
— 39
PLACE FINANCIÈRE B U Z Z WO R D
RECHERCHE
UNIVERSITÉ
UNE CHAIRE POUR La CSSF mise SERVICES FINANCIERS sur l’intelligence LES Depuis le mois d’octobre, l’Uni artificielle bénéficie d’une chaire dédiée La CSSF a confié au SnT la mise au point d’un outil de lecture automatisée des documents basé sur l’intelligence artificielle. Pour gagner en rapidité et sécurité.
L
a Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) a confié une part de son avenir à l’Uni. Fin octobre, elle a en effet signé une convention-cadre avec le SnT (Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust) afin de déployer l’intelligence artificielle dans ses méthodes de travail. L’objectif est de permettre au régulateur d’analyser de manière plus rapide les nombreux documents qu’il doit traiter tout en gérant une double pression : les investisseurs demandent un travail toujours plus poussé en matière de prévention des risques, et les acteurs du secteur souhaitent que leurs dossiers soient traités dans des délais de plus en plus courts. Le problème, c’est que la CSSF ploie sous le poids des documents qui lui sont soumis, qu’elle doit tous les passer en revue, même s’ils ne présentent qu’un intérêt limité. « Depuis le lancement des fonds Ucits, en 1988, nous avons traité plus de 40.000 prospectus en provenance du secteur des fonds d’investissement », a calculé Claude Marx, directeur général de la CSSF. « Or, le constat est que 95 % des informations contenues dans ces documents sont standardisées. » Face à ces constats, la stratégie CSSF 4.0 doit permettre d’avancer le plus rapidement possible vers une surveillance en temps réel.
PREMIERS PAS DANS LES FONDS
L’accord-cadre avec le SnT va évidemment dans ce sens. Signé pour une période de trois ans (reconductible tacitement), il vise à développer de nouveaux outils basés sur l’intelligence artificielle pour permettre une analyse automatisée de ces documents. Le premier projet initié dans ce contexte sera 40 —
— Décembre 2019
à la digitalisation des services financiers. Baptisée Pearl, elle sera intégrée au Fonds national de la recherche (FNR) et financée par le géant du paiement en ligne Paypal. Son CEO, Dan Schulman, avait d’ailleurs fait le déplacement en personne pour son inauguration. Dotée d’un budget de 5 millions sur cinq ans, elle sera dirigée par le professeur allemand Gilbert Fridgen, spécialiste de la pénétration des services financiers dans différents domaines par l’intermédiaire des technologies de l’information.
donc consacré au secteur des fonds d’investissement. Grâce au recours à l’intelligence artificielle, la CSSF espère pouvoir disposer d’un système qui identifiera les passages des prospectus qui méritent une analyse approfondie et valider automatiquement tous les autres. L’enjeu est technologique : la documentation fournie par les professionnels du secteur des fonds d’investissement utilise un langage tout en nuances, ce qui ne permet pas facilement de distinguer les documents l’un de l’autre. D’où le recours à l’intelligence artificielle et l’appel lancé au SnT, qui en a fait une spécialité. Aidés par des experts du métier fonds d’investissement et des experts informatiques que la CSSF mettra à sa disposition, le bras armé en recherche technologique de l’Uni devra mettre au point des techniques avancées de traitement du langage commun et d’apprentissage automatique. Et ce afin de « traduire » le contenu de la documentation en data que les machines pourront lire et examiner pour en vérifier la conformité et la cohérence. Ainsi que le caractère intégral des données. À la CSSF, 300 personnes sont chargées de ces analyses de prospectus. Selon Claude Marx, l’idée n’est pas de couper dans l’emploi, « mais d’orienter notre personnel vers des activités qui délivrent plus de valeur ». J.-M. L.
Banque dépositaire [/bɑ̃k depozitɛʁ/] noun La banque dépositaire est un des maillons essentiels de l’industrie des fonds. Elle joue un rôle de garant par rapport à l’investisseur.
L
’
écosystème des fonds d’investissement est particulièrement complexe. Entre le gestionnaire, le promoteur et l’administrateur vient se loger la banque dépositaire. Dans cet ensemble, elle joue un rôle de garde-fou ou de gardien des fonds. Sa mission a notamment été renforcée suite à différents scandales et notamment l’affaire Madoff, qui a grugé de nombreux investisseurs. Au Luxembourg, étant donné l’impor tance du secteur des fonds, de nombreux établissements assurent le rôle de banque dépositaire. Certaines sont spécialisées dans les services aux fonds, d’autres en font simplement un métier supplémentaire. La banque est dite dépositaire dans la mesure où c’est chez elle que, pour des questions de séparation des métiers, sont conservés les actifs liés à un fonds (tout ce qui est détenu par le fonds). Elle doit les garder de manière séparée de ses propres comptes, ne peut pas les utiliser et doit s’assurer de les restaurer dans leur entièreté. Elle détient également une mission de surveillance par rapport au gestionnaire du fonds. Elle veille à ce que sa stratégie d’investissement corresponde bien à celle qu’il a expliquée aux inves tisseurs potentiels dans le prospectus et contrôle que le gestionnaire opère de manière adéquate avec les fonds que ses clients lui ont confiés. La banque dépositaire doit également s’assurer que le fonds dispose effectivement bien des titres qu’il affirme détenir. Enfin, le dépositaire devrait aussi surveiller les comptes du fonds, ce qui exige de lui un suivi permanent des flux de liquidités.
“Qu’avez-vous fait pour protéger votre patrimoine les 15 dernières années ?”
Entre 2004 et 2019, nos clients ont doublé le patrimoine qu’ils nous ont confié*.
Tél. : 48 14 14 www.bdl.lu/gestionperformante
qui vise un rendement supérieur à celui du marché obligataire avec une volatilité inférieure à celle d’un placement en actions, tout en acceptant une certaine fluctuation de valeur. Les résultats enregistrés par le passé ne constituent pas une garantie de rendement pour l’avenir. Tout investissement implique des risques pouvant inclure des pertes en capital. Banque de Luxembourg, société anonyme – 14, boulevard Royal – L-2449 Luxembourg – R.C.S. B5310
* Performance annualisée nette de frais sur 15 ans du 01/01/2004 au 31/08/2019 de notre mandat de gestion profil équilibré,
PLACE FINANCIÈRE
Le Luxembourg Future Fund remplit ses cales Le Luxembourg Future Fund a investi dans six sociétés et deux fonds. La fin de la phase d’investissement est programmée pour la fin 2020 et devrait pouvoir être respectée.
«
L
e fonds doit à la fois assurer du retour sur investissement, mais aussi créer de la substance durable au Luxembourg en investissant dans des secteurs technologiques. » Le président du Luxembourg Future Fund (LFF) et par ailleurs président de la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI), Patrick Nickels, résumait les deux objectifs du LFF à l’occasion d’un premier événement de réseautage organisé le 18 novembre dernier. Le lieu choisi était le siège de la Banque européenne d’investissement (BEI) qui est, avec la SNCI, l’autre bailleur de fonds du LFF. Ce dernier opère de deux façons : investir dans des fonds de capital-risque ou co- investir dans des sociétés aux côtés de fonds technologiques en les faisant venir au Luxembourg. « Mais nous visons toujours des sociétés technologiques, des fintech ou des acteurs de la cybersécurité », précise Patrick Nickels. Après la création en 2015, les débuts ont été assez lents. Un premier accord avait été signé avec Paladin European Cyber Fund, qui investit dans des activités de cybersécurité et est resté un certain temps seul à bord. Le fonds
public précise avoir eu une activité soutenue en 2018 et avoir poursuivi sur sa lancée en 2019. Résultat : en plus de Paladin, il a désormais co-investi dans six sociétés et vient, début novembre, de boucler un nouvel investissement dans le fonds Middlegame Ventures, basé au Luxembourg. Les sociétés soutenues sont Crosslend (plate-forme de prêt dans le crédit à la consommation alternatif et le crédit de pair à pair), Cyberhedge (services financiers, spécialisée dans la gestion des risques technologiques), Pagantis (spécialisée dans les technologies financières et qui travaille à partir d’une plate-forme technologique évolutive pour les transactions de commerce électronique en Europe), Lendinvest (plate-forme de commerce en ligne dans les financements immobiliers), SolarisBank (plate-forme de banque numérique pour des tiers, qui leur permet d’offrir à leurs clients finaux des services financiers numériques et conformes) et Spire (collecte des données terrestres et maritimes à partir de son réseau de 80 nanosatellites). En termes de moyens, la SNCI a injecté 120 millions d’euros et le Fonds européen d’investissement, qui dépend de la BEI, 30 millions. « Nous disposons encore de montants à investir, confirme à Paper jam le président du LFF, qui refuse toutefois d’en donner le montant. En principe, nous disposons d’une période d’investissement qui court jusqu’à fin 2020 et qui peut être prolongée. Mais nous devrions avoir bouclé cette première phase dans les temps. » J.-M.L
Patrick Nickels, président du Luxembourg Future Fund (LFF), Pierre Gramegna, ministre des Finances, et Pier Luigi Gilibert, directeur général du Fonds européen d’investissement (FEI).
42 —
— Décembre 2019
BIG FOUR
DELOITTE « CONSOLIDE SES BASES » Deloitte Luxembourg a réalisé une neuvième année de croissance consécutive, mais avec un tempo plus lent selon les résultats annuels 2018.
L
a croissance est toujours là, mais elle ralentit. Après une progression de 12 % en 2018, le chiffre d’affaires de Deloitte Luxembourg augmente de 6 %, pour atteindre 350 millions d’euros (contre 330 millions d’euros en 2018). « Le contexte global n’est pas sans incertitudes. Malgré cela, l’activité est en croissance. Nous sommes très satisfaits de nos résultats, d’autant plus que le marché luxembourgeois est mature. Il faut maintenant consolider la croissance pour s’assurer un avenir durable », déclarait John Psaila, managing partner, le 19 novembre lors d’une conférence de presse. Le cabinet ne communique pas les revenus détaillés de chacun de ses métiers, mais assure que l’activité d’audit est en hausse de 7 %. « Les fonds alternatifs de private equity et de real estate ont constitué un fort moteur de cette croissance », affirme Christiane Chadoeuf, audit leader.
TASSEMENT DU CONSEIL
Du côté du département Fiscalité (+10 % de revenus), Raymond Krawczykowski, tax leader, signale trois évolutions majeures : la sophistication des règles fiscales locales et internationales, la rapidité des modifications réglementaires, et la prise en compte des évolutions digitales. Quant à la croissance de l’activité de conseil, elle se tasse. L’an née 2019 affiche une hausse de 3 %, après plusieurs années exceptionnelles. « Il s’agit d’une moindre croissance cette année. Nous avons consolidé les bases », note John Psaila. Joël Vanoverschelde, advisory and consulting leader, précise : « Nous avons eu une croissance de 20 % les deux années précédentes, et une moyenne de 12 à 15 % de progression auparavant. L’agenda conseil s’est déplacé des sujets réglementaires vers des sujets plus opérationnels. »
Le principal potentiel de dé veloppement se situe désormais au niveau de l’accompagnement des entreprises dans la relation et la fidélisation de leurs clients, et dans la recherche de gains de productivité.
SALARIÉS AGILES
Dans un contexte économique mouvant, la guerre des talents est plus que jamais ouverte pour Deloitte, qui compte 2.300 employés répartis entre le nouveau siège à la Cloche d’Or et Belval. « Chacun de nos métiers se transforme, et nous ne pouvons pas nous permettre d’être en retard. La demande de talents excède l’offre, ce qui nous oblige à élargir notre zone de recherche des profils », lance John Psaila. Chacun des départements cherche ainsi les perles rares pour étoffer ses équipes, mais aussi la possibilité de faire évoluer rapidement les collaborateurs pour répondre à de nouveaux enjeux, comme la digitalisation. « Il faut savoir bien recruter et faire en sorte que les techniciens et informaticiens puissent être très agiles, afin de développer des solutions rapidement », atteste Sophie Mitchell, operations leader. Le déménagement dans l’immeuble D.Square en juin dernier peut contribuer à l’attractivité du cabinet d’audit, qui a instauré à cette occasion de nouveaux modes de travail pour coller aux attentes des trentenaires (la moyenne d’âge des salariés atteint 32 ans) et / ou des frontaliers. « Le nouveau bâtiment modifie la manière de travailler. Les interactions entre les personnes ont augmenté du fait d’espaces propices à la collaboration et du ‘flex office’. Nous avons aussi introduit le ‘flex time’ et le télétravail : seuls nous importent le résultat et le respect des attentes des clients », certifie Sophie Mitchell. L. F.
PHOTO Blitz pour la BEI
VENTURE CAPITAL PUBLIC
Soutenir ceux qui font l’économie, de près comme de loin.
Nous finançons votre avenir. www.snci.lu
PLACE FINANCIÈRE
STANDARD EUROPÉEN
PSD2 BOUSCULE LE BUSINESS MODEL DES BANQUES Après la mise en conformité technique et réglementaire pour PSD2, les banques revoient désormais leur stratégie pour ne pas se faire distancer par des acteurs non bancaires.
L
es banques n’ont pas le choix de s’adapter. Car la deuxième directive sur les services de paiement (PSD2) comporte deux nouveautés majeures. D’abord, la possibilité est donnée à des acteurs tiers (third-party providers – TPP) d’avoir accès aux comptes de clients bancaires de manière sécurisée (après avoir obtenu leur consentement) pour développer de nouveaux services. Ensuite, la directive impose la mise en place d’un processus d’authentification plus poussé pour les paiements en ligne. Après un travail fastidieux de mise en conformité technique et réglementaire, tout est en place depuis le 14 septembre. Reste à
niques nécessite de passer par au moins deux des trois principes suivants : la connaissance (code PIN, mot de passe), la possession (smartphone, token) et une caractéristique personnelle (empreinte digitale par exemple). « Ajouter un élément d’authentification et garantir la confidentialité des données et l’indépendance de chaque élément augmentent la complexité pour tous les acteurs de la chaîne de paiement, en particulier pour ceux qui ne sont pas prestataires de services de paiement, et donc pas directement soumis à PSD2 (par exemple les petits commerçants en ligne, ndlr), mais qui doivent tout de même s’adapter », note Marco Gasparini, director chez Grant Thornton.
DÉSINTERMÉDIATION
Le volet concernant l’ouverture de l’accès aux comptes des clients n’est pas moins technique. Luxhub, adopté par la plupart des banques, a donc permis de mutualiser les ressources des établissements bancaires. ING Luxembourg lui a néanmoins préféré une solution maison. « Cela demandait certes un investissement de départ conséquent, mais permet d’accompagner une vision stratéLes banques doivent s’adapter aux nouveaux systèmes de paiement. gique européenne sur le long terme, sans reposer sur d’évenfinaliser l’authentification forte tuels intermédiaires. De cette des paiements en ligne, qui manière, par exemple, l’intégraentrera en vigueur fin décembre tion du service d’une fintech est 2020. « L’inconnue majeure se facilité et répliquable plus efficasitue au niveau de la prise en cement sur l’ensemble des filiales compte du temps d’adoption des du groupe », précise Jérôme solutions par les clients, qui reste Cacciatore. Avant d’ajouter : « Les difficile à estimer », indique changements concrets seront peu Jérôme Cacciatore, head of trans- perceptibles par le grand public formation office chez ING avant deux à trois trimestres. Luxembourg. Chaque prestataire de services Ce nouveau processus de sécu- tiers (TPP) devant notamment risation des paiements électro- réaliser ses implémentations 44 —
— Décembre 2019
NOM DE CODE : PEPSI 20 banques européennes travaillent à la création d’un standard de paiement baptisé PEPSI (Pan European Payment System Initiative). Cette initiative permettrait de gérer sous pavillon européen tous types de paiements dématérialisés. Elle vise à s’affranchir de la dépendance à des acteurs comme Visa ou Mastercard, et à contrer l’arrivée de géants étrangers des paiements, notamment chinois. Les banques impliquées dans le projet indiqueront en décembre si elles poursuivent ou non leur initiative. « Un peu d’élan de souveraineté ferait du bien à l’Europe, également en matière de paiement. J’espère que les expériences européennes dans le domaine du paiement, qui n’ont jusqu’à présent malheureusement pas connu le succès escompté, se montreront plus fructueuses à l’avenir », rappelle Jean Hilger, CIO de la BCEE. Une initiative similaire, baptisée Monnet et lancée en 2012, avait en effet échoué.
techniques pour accéder à l’environnement des banques. » Le fait de permettre à des tiers d’accéder aux comptes des clients des banques chamboule aussi les fondamentaux du secteur. « Les services de paiement sont révolutionnés : le système n’est plus fermé et bilatéral entre les banques et le client. Les banques redoutent donc une désintermédiation de leurs relations avec les clients, car de nouveaux acteurs non bancaires, pour peu qu’ils investissent dans des applications intelligentes et obtiennent l’agrément du régulateur, peuvent désormais proposer de gérer le budget de dépenses ou les paiements d’un client », assure Jean Hilger, CIO de la BCEE. En septembre, plus de 200 sociétés étaient ainsi inscrites au registre de l’Autorité bancaire européenne, et donc dans les startingblocks pour lancer des services compatibles avec PSD2 en Europe. Les banques doivent par conséquent réagir rapidement : « Main tenant, les établissements bancaires plus innovants réflé-
chissent à la manière d’adapter leur stratégie business et de profiter de la directive, en devenant eux aussi des TPP », remarque Marco Gasparini. C’est bien ce qu’ING envisage, en se positionnant d’abord sur des services « basiques » comme l’agrégation de comptes bancaires. Les fintech ne sont pas les seules à vouloir profiter de PSD2 ; les géants du web se positionnent également. « Certaines banques ont conscience qu’il leur faut rester performantes et innovantes, mutualiser leurs ressources et repenser leur business model à l’aune de l’open banking, à l’heure où des acteurs comme les Gafa entrent dans le secteur des paiements », observe Marco Gasparini. Apple, Alibaba, Facebook, Google ou encore Uber ont en effet déjà tous lancé leurs propres services de paiement. « Les banques doivent devenir créatives, car leurs services d’investissement, de prêt ou de paiement peuvent être offerts dans une grande variété de contextes et de clientèles avec PSD2 », constate Jean Hilger. L. F.
PRÉSENTÉES PAR
carrières Alain Hondequin, 63 ans, a rejoint BRP Bizzozero & Partners en tant que directeur en charge de promouvoir les services BRP auprès des institutions financières luxembourgeoises, ainsi que celles situées en Belgique, aux Pays-Bas et dans les pays nordiques. BUSINESS STRATEGY
Agnes Merz, 25 ans, a prêté serment au Barreau de Luxembourg le 26 septembre dernier et a été promue associate, toujours au sein du département Banking & Finance de Hogan Lovells (Luxembourg). CABINET D’AVOCATS SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ
Créez ou actualisez votre biographie sur guide.paperjam.lu.
PHOTOS Shutterstock, BRP Bizzozero & Partners, Hogan Lovells
PAIEMENTS
PUBLIREPORTAGE
Mario Kratz, Managing Director SAB, Johny Basher, Senior Corporate Advisor à la BIL, Robert Schweich, Managing Director SAB.
INDUSTRIE
La BIL, partenaire de la success-story SAB Mario Kratz et Robert Schweich ont repris SAB en 2003. Spécialisée dans les pièces de mécanique générale et à destination du secteur sidérurgique, l’entreprise a connu un développement fulgurant, avec le soutien et l’accompagnement de la BIL. Elle compte aujourd’hui une centaine de collaborateurs.
Parler de success-story pour évoquer le parcours de SAB est loin d’être exagéré. L’entreprise basée à Grevenmacher a réussi, en l’espace d’une quinzaine d’années, à prendre pied sur la plupart des marchés européens qui comptent dans le secteur de la sidérurgie, tout en se développant aussi à l’international (Taïwan, Corée du Sud, Brésil). Et pourtant, il s’agissait au départ d’un véritable pari. « Avec Mario, nous travaillions pour un acteur majeur du secteur, se souvient Robert Schweich, l’un des deux associés à la tête de SAB. Nous constations qu’il était difficile de répondre à des demandes spécifiques des clients, en dehors des processus standards mis en place par l’entreprise. En outre, nous souhaitions réellement changer de vie. C’est ainsi que l’idée de lancer notre propre société a germé. » Un succès immédiat Robert Schweich et son partenaire Mario Kratz se lancent donc à deux, dans un local loué. Et le succès est immédiat. « À cette époque, nous souhaitions seulement faire de la vente de pièces à la demande, pas nous occuper de leur conception. Mais nos clients nous ont rapidement fait savoir qu’ils souhaitaient que nous concevions et fabriquions également les produits, explique Mario Kratz. Cela permettait de répondre réellement à la volonté de nos clients d’obtenir des pièces personnalisées. »
« Notre banque est un
véritable partenaire pour notre business, un allié en qui nous avons pleinement confiance. » Robert Schweich, Managing Director SAB
Toutefois, cette nouvelle orientation exigeait de s’installer dans des locaux plus grands, permettant d’accueillir plus de matériel et un personnel croissant. Les deux entrepreneurs collaborent alors avec une banque de la Place. « Le problème, c’est que nous n’avions quasiment jamais de contact avec eux. On ne nous écoutait pas vraiment, et nous avions l’impression qu’il n’y avait pas beaucoup de volonté, de leur côté, d’intensifier la colla-
« À la BIL, nous estimons que tout conseiller doit faire preuve de curiosité. Son rôle est ainsi de bien comprendre les activités de chaque client, de s’informer sur le secteur et de suivre les tendances des différentes industries. Ce n’est qu’à cette condition qu’il est possible d’avoir une conversation professionnelle avec un entrepreneur et de partager avec lui ses propres réflexions. En outre, cette bonne connaissance permet, à terme, d’anticiper les besoins du client pour son développement futur et de lui faire part de nos commentaires afin qu’il puisse mener à bien ses projets. »
boration, indique Robert Schweich. Pour cette raison, mais aussi parce que nous souhaitions diversifier nos risques, nous avons souhaité faire appel à une deuxième banque. Nous avons été reçus à la BIL, et leurs collaborateurs nous ont longuement écoutés. Nous avons tout de suite eu un bon feeling. » De meilleures conditions, un meilleur conseil C’est en 2013 que le premier investissement de taille est réalisé grâce à la BIL. À l’étroit, SAB doit en effet s’installer ailleurs, dans une nouvelle usine construite à Grevenmacher, qui est aujourd’hui encore le siège de l’entreprise. « Nous avons obtenu des meilleures conditions pour notre prêt, explique Mario Kratz. Mais, surtout, le contact personnel que nous avons eu avec le conseiller de la BIL a été excellent. Il nous a beaucoup écoutés pour comprendre notre projet et notre marché, il a posé de nombreuses questions. Depuis cette époque, c’est le même interlocuteur que nous avons à la BIL, et nous en sommes vraiment très heureux. »
100 C’est le nombre d’employés que compte aujourd’hui SAB.
Les deux Managing Directors de SAB poursuivent actuellement le développement de l’entreprise, toujours conseillés par la BIL. « Dès que nous avons un investissement en tête, nous en parlons à notre conseiller bancaire, qui
Johny Basher Senior Corporate Advisor à la BIL
nous conseille toujours avec justesse. Notre banque est un véritable partenaire pour notre business, un allié en qui nous avons pleinement confiance. La BIL veut que nous réussissions, et il est clair que l’accompagnement qu’ils nous ont offert au cours des dernières années a été déterminant dans notre succès », conclut Robert Schweich. La joint venture nommée VCL, qui a été créée en 2014 avec Paul Wurth, constitue d’ailleurs un autre chapitre majeur de la success-story de SAB. La boucle est bouclée.
Avec l’aide d’experts connaissant parfaitement votre marché, nous nous engageons à concevoir pour vous des produits élaborés et à développer des solutions novatrices répondant aux besoins des grandes entreprises, PME, professions libérales et indépendants.
Vous avant tout
Banque Internationale à Luxembourg SA, 69 route d'Esch, L-2953 Luxembourg, RCS Luxembourg B-6307 - T: 4590-1 www.bil.com
Décembre 2019
ÉCONOMIE
économie Comprendre pour mieux gérer son argent La CSSF, en tant que responsable du programme national d’éducation financière, a lancé de nouveaux outils digitaux pour les différentes classes d’âge : www.letzfin.lu, un portail axé autour des sujets financiers les plus récurrents tant dans la vie privée que professionnelle. Il permet aussi de simuler des crédits et d’établir son budget personnel. Un jeu éducatif, Fingol, est aussi disponible sur les réseaux sociaux, ainsi que Lëtzfin Budget et Lëtzfin Pocket Money, deux applications destinées respectivement aux adultes et aux jeunes. Croissance faible en Europe Au cours du troisième trimestre de cette année, le PIB dans la zone euro a progressé de 0,2 %, a estimé Eurostat. Au niveau de l’UE, la progression est de 0,3 %. Au cours du deuxième trimestre, le PIB avait connu une hausse de 0,2 % tant dans la zone euro que dans l’UE. En comparaison avec le troisième trimestre 2018, l’évolution est de 1,2 % en zone euro et de 1,3 % au sein de l’UE28. Eurostat pointe que, sur ce troisième trimestre 2019, le PIB des États-Unis a connu une progression de 0,5 % par rapport au trimestre précédent, et de 2,0 % par rapport à la période juilletseptembre de 2018.
L’avenir dans les zones frontalières Les opportunités économiques entre les deux Luxembourg (belge et le Grand-Duché) ont fait l’objet d’une conférence le 12 novembre, organisée par les rotary clubs d’Attert-Sûre et Semois, de Bastogne et de Neuf château. Si le gouverneur de la province voisine, Olivier Schmitz, estime que « pour réussir à faire évoluer un territoire rural, il faut, d’une part, miser sur le numérique, et d’autre part, que les pôles de la province de Luxembourg tiennent compte de ce qui se passe de l’autre côté de la frontière », la patronne du groupe Pall Center, Christianne Wickler évoque l’idée d’une zone franche sur la province de Luxembourg : « Pour quoi pas ? En Belgique, vous devez en tout cas réagir, car le GrandDuché est occupé à vider votre bassin de compétences. Il faut se donner cette capacité d’améliorer nos collaborations, la mise en commun de nos compétences. » Record en vue Le nombre de voitures immatriculées durant l’année 2019 s’établit à 47.929 au mois d’octobre, en augmentation par rapport à 2018 à la même période (46.667), selon les chiffres du Statec. Si la tendance se maintient sur le marché automobile luxembourgeois, le record de l’année dernière pourrait être dépassé.
À 8 et 16 heures, comme plus de 33.000 abonnés, restez informé en vous abonnant à notre newsletter sur paperjam.lu.
46 —
— Décembre 2019
STRATÉGIE
Si le Luxembourg jouait la carte de la diversité... Pour le célèbre consultant franco-américain Navi Radjou, le Grand-Duché aurait tout à gagner à devenir un pays pionnier en termes de parité.
Navi Radjou était à Luxembourg pour une conférence sur la diversité organisée par Deloitte.
E
t si, à l’heure de la digitalisation à tout crin, les entreprises commençaient par replacer l’humain au cœur de leur dé marche ? C’est le conseil avisé que livre le célèbre spécialiste de l’innovation Navi Radjou, de passage au Luxembourg pour une conférence sur la diversité organisée par Deloitte cet automne. Selon lui, le salaire élevé, l’achat d’une maison et tous les traditionnels symboles de réussite ne sont plus le rêve des nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail. « Il faut se déconnecter de ces critères matérialistes pour se trouver de nouveaux repères. Il est temps de rentrer dans une société contributive plutôt qu’extractive. Pour cela, il faut aider
ses employés à faire émerger leurs talents parfois occultés par le conditionnement social », estime-t-il. Ce constat est déjà partagé par quelques dirigeants pionniers, assure-t-il, à l’image d’Emmanuel Faber, le PDG de Danone, qui juge « urgent d’inverser la vapeur de la productivité vers la diversité ». Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour le généraliser. Or, c’est pourtant vers ce modèle qu’il faut tendre si l’on souhaite aujourd’hui développer une entreprise sur un modèle sain et durable. Pour Navi Radjou, la diversité est la clé. Et le Luxem bourg, selon lui, dispose de nombreux atouts pour en faire un levier de transformation.
PHOTO Deloitte Luxembourg
DIGEST
ÉCONOMIE L U X E M B O U RG P E R F O R M A N C E I N D E X
NOVEMBRE 2019 EMPLOI LE CHÔMAGE RESTE STABLE
FONDS LA CROISSANCE CONTINUE
Le nombre de demandeurs d’emploi résidents inscrits à l’Adem s’établit à 15.036 au 20 novembre 2019. Une hausse de 263 personnes sur un an, soit de 1,8 %. Le taux de chômage, corrigé des variations saisonnières, calculé par le Statec, s’établit à 5,3 %. Le nombre de demandeurs d’emploi non résidents est de 2.378 au 30 septembre 2019, soit une baisse de 8,5 % par rapport à octobre 2018.
Les actifs sous gestion dans les fonds luxembourgeois continuent d’augmenter : ils s’établissent à 4.569 milliards d’euros pour le mois de septembre. 4.569
4.500
4.400
4.300
5,3 %
5,3 % 4.200
5 % 4.100
0 %
4.000 M
J
J
A
S
S
O
N
D J‘19
F
M
A
M
J
J
A
S
SOURCE CSSF
SOURCE Statec
Production et distribution d’énergies
RECENSEMENT 36.323 SOCIÉTÉS EN 2019
Commerce ; réparation d’automobiles et de motocycles
Activités spécialisées, scientifiques et techniques
Industrie
7. 82 0
71
4. 36 6
98
11
Le Statec a publié son manufacturière Construction nouveau répertoire des Agriculture, entreprises luxembour sylviculture Production et distribugeoises. En 2019, l’institut et pêche tion d’eau de la statistique a ainsi Industries extractives recensé 36.323 sociétés, réparties dans 18 branches d’activité. Les chiffres montrent également une progression du nombre de structures. En 2018, on comptait 35.111 entreprises. Sans surprise, c’est la capitale qui en regroupe le plus : 10.758. SOURCE Statec
O
Activités Arts, spectacles de services administratifs et activités récréatives et de soutien
Hébergement et restauration
Activités financières et d’assurance
Transports et entre posage
Information et commu nication
Santé humaine et action sociale
Activités immobilières
Ensei gnement
Autres activités de services
36 3 1. 52 3
A
35
M
83 8
F
2. 43 3
J‘19
8. 34 9
D
2. 71 1 2. 78 6 1. 24 1 1. 45 8
N
1. 34 9
O‘18
INTÉGRER DE NOUVEAUX COMPORTEMENTS
À l’échelle de l’entreprise, il mise sur la valeur d’exemple pour intégrer de nouveaux comportements. « Si la moitié des clients sont des femmes, il faut qu’en interne, en termes de leadership et de manager, on reflète cette diversité. Pour que cela soit vraiment efficace, je crois beaucoup au fait de se donner des objectifs chiffrés, comme arriver à 40 % de femmes dans l’équipe dirigeante. » Pour Navi Radjou, il faut lier la parité des sexes avec d’autres enjeux, comme le changement climatique ou les inégalités sociales. Si on implique davantage les femmes dans la santé, dans le changement climatique, on se rend compte qu’il y a de plus gros progrès. La femme serait donc bien l’avenir de l’Homme… F. J.
En milliards d’euros
5,5 %
78 5
« C’est le premier pays que je découvre où il y a un ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Sur le plan de la gouvernance, il y a les bons éléments. Un bon système scolaire et le fait que ce soit un petit pays, c’est parfait, car c’est plus facile à coordonner. C’est l’idéal pour créer un laboratoire à grande échelle pour mener ce genre de projet. Et inspirer le reste du monde. » Concrètement, l’expert préconise de fixer un calendrier, une feuille de route et des objectifs. « Il y a très peu de femmes qui participent aux investissements que fixent les objectifs de développement durable des Nations unies, relève-t-il. Alors qu’il a été prouvé que si 40 % des investisseurs étaient des femmes, on atteindrait les objectifs plus vite car elles pensent de façon systémique et voient sur le long terme. » Selon l’expert, si le pays misait sur la diversité, cela se répercuterait partout. « Si l’égalité des sexes s’améliorait, ça toucherait plein d’autres domaines, comme les salaires. Ici, on pourrait créer un monde de finance durable et inclusif. Le pays servirait de cobaye, et s’il s’ouvre aux entrepreneurs du monde entier, il pourra inspirer et lancer des projets concrets à grande échelle. »
86
UN LABORATOIRE À GRANDE ÉCHELLE
ÉTABLISSEMENTS DE CRÉDIT EMPLOIS EN BAISSE
FAILLITES NOUVELLE AUGMENTATION
Selon la Banque centrale du Luxembourg (BCL), 26.438 personnes étaient employées dans les établissements de crédit au 30 septembre 2019, soit une baisse de 200 emplois par rapport au trimestre précédent. En comparaison annuelle, ce chiffre est en hausse de 56 emplois.
Triste mois d’octobre du côté des faillites, chiffrées à 141. Depuis août, leur nombre ne fait qu’augmenter.
Nombre de faillites 150
141
125 28.000 100 27.000
26.438
75
26.030 26.000 50
25.000
25
0
0 T3-17 T4-17 T1-18 T2-18 T3-18 T4-18
SOURCE Banque centrale du Luxembourg
T1-19 T2-19 T3-19
O‘18 N
D
J‘19
F
M
A
M
J
J
A
S
O
SOURCE Creditreform Luxembourg
Décembre 2019 —
— 47
ÉCONOMIE
QUELLES OPPORTUNITÉS POUR LES ENTREPRISES À DUBAÏ ? L’Exposition universelle de Dubaï, organisée du 20 octobre 2020 au 10 avril 2021, offrira des opportunités d’affaires dans des secteurs-clés, comme l’économie circulaire, la construction durable ou la santé.
os relations économiques sont déjà bien installées aux Émirats arabes unis (EAU), ce qui est le signe que ce marché, qui a une dynamique énorme, a de l’importance pour nous », résumait, le 11 novembre, la nouvelle directrice des affaires internationales de la Chambre de commerce, Cindy Tereba, lors de la présentation du programme de l’Exposition universelle de Dubaï. Le thème de l’événement organisé du 20 octobre 2020 au 10 avril 2021 est « Connecter les esprits, construire le futur ». Les relations commerciales ne cessent en effet de se développer entre le Luxembourg et le pays hôte. Dans le domaine des services, les exportations vers les EAU ont bondi de 150 à 270 millions d’euros entre 2010 et 2018, quand les importations ont, elles, grimpé de 30 à 145 millions d’euros sur la même période. La balance commerciale, en faveur du Lux embourg, s’établit quant à elle à 165 millions d’euros en 2018. Ce qui explique la présence, à Abu Dhabi, d’une ambassade depuis 2011 et du Luxembourg Trade and Investment Office (LTIO) depuis une quinzaine d’années. Les opportunités vont donc bien au-delà de la capitale économique des EAU. « On ne parle généralement que de Dubaï, mais Abu Dhabi, du point de vue des relations économiques et financières, est un autre poids lourd des Émirats, explique Cindy Tereba. Il s’agit aussi, pour le Luxembourg, de découvrir de nouveaux points de développement, comme l’émirat de Ras Al Khaïmah. Au vu de sa très petite taille, les opportunités ne sont pas aussi multiples, mais pour un 48 —
En millions d’euros 300
200
145 M
— Décembre 2019
petit pays comme le Luxembourg, c’est intéressant. »
DES SIMILITUDES AVEC LE GRAND-DUCHÉ
Les Émirats présentent de nombreuses similitudes avec le Luxembourg, de par leur taille, leur cosmopolitisme, le besoin de faire appel à une main-d’œuvre extérieure ou la nécessité de diversifier leur industrie. Surtout, ces deux pays ne disposent pas non plus de leurs propres ressources. Ils doivent donc trouver les moyens nécessaires pour réutiliser celles qu’ils importent. D’où l’existence de secteurs-clés sur lesquels se concentrer lors de l’Exposition universelle. Les EAU sont aussi très ambitieux dans le domaine des space resources, et des liens étroits se sont déjà créés avec le Luxembourg, également à la pointe sur ce sujet. La construction durable, notamment avec la tenue de l’événement The Big 5, dédié au secteur de la construction, est en effervescence. Et bien sûr, l’économie circulaire : le pavillon luxembourgeois, qui mettra d’ailleurs l’accent sur ce thème, arborera une architecture sous forme de ruban de Möbius pour en illustrer le symbole. Le secteur de la santé n’est pas en reste : les EAU, souffrant actuellement d’un manque de compétences en la matière, sont désireux de se doter d’un système de santé viable. Leur marché s’intéresse donc de très près à l’importation de nouvelles technologies médicales ou à la télémédecine. Si la gamme des secteurs à exploiter est large, une sélection affinée sera effectuée selon les besoins des entreprises luxembourgeoises suite à la présentation du programme économique.
à de nombreux niveaux, ajoute la directrice des affaires internationales. Mais pas plus que dans de nombreux autres pays, même en Europe. D’où l’importance d’avoir un partenaire local, qui peut faciliter ce travail. »
UNE POSITION STRATÉGIQUE
100
30 M
50
0
N
«
IMPORTATIONS DE BIENS ET SERVICES
2010
2018
EXPORTATIONS DE BIENS ET SERVICES En millions d’euros
270 M
300
200
150 M
100
50
0 2010 Biens
2018 Services
SOURCE Chambre de commerce
« Nous lançons ce projet aussi tôt afin de recueillir des feed-back, explique Cindy Tereba. Nous renforcerons ou abandonnerons des secteurs en fonction de ce qui convient le mieux aux entreprises. Il s’agit d’exploiter au mieux notre présence, sans se disperser. » Faire du business avec un pays dont la culture est si différente pose-t-il des difficultés ? « Les Émirats ont une économie très ouverte, rassure Cindy Tereba. La culture est différente, mais ils parlent anglais. Au niveau de la compréhension économique, nous sommes très proches. » La mise en place d’un réseau de chambres de commerce dans le pays est aussi un atout. Et des délégations luxembourgeoises se rendent régulièrement dans les EAU. « Ils sont très sensibles à l’établissement d’une relation de confiance, précise Cindy Tereba. Il faut faire un travail en profondeur pour créer des liens. Il est ensuite plus facile d’être pris en considération et de gagner un projet. » Quant à l’aspect réglementaire, « il faut tenir compte des risques
L’intérêt de l’Expo 2020 est aussi de viser au-delà des EAU. « Les Émirats ont une position très stratégique dans le golfe, explique Cindy Tereba. Ils représentent la stabilité et la sécurité dans une région qui est en crise. Dubaï est une plate-forme dont l’influence rayonne bien au-delà de ses frontières, tout comme le Luxembourg. À Shanghai (ville qui a accueilli l’Exposition universelle de 2010, ndlr), le marché domestique était très important. Dubaï est, quant à elle, une porte d’entrée pour toute la région. » Et les regards se tournent d’ores et déjà au-delà des six mois de l’événement qui sera « un très bon baromètre pour la suite, conclut Cindy Tereba. Ce n’est qu’après que le vrai travail commencera. » P. P.
PRÉSENTÉES PAR
carrières Stanislas Dutreil, 39 ans, a rejoint Badenoch + Clark Luxembourg le 1er octobre 2019 en tant que managing director. Il a plus de 15 années d’expérience en recrutement au sein de Badenoch + Clark France et de groupes tels que Michael Page, Stanton Wallace et Korn Ferry. RECRUTEMENT
Matthieu Leyder a rejoint Eaglestone à Luxembourg en tant que project manager. Il a 33 ans et détient un master d’ingénieur industriel en construction. DÉVELOPPEUR, PROMOTEUR
SERVICES AUX ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE ACTIVITÉS INDUSTRIELLES PUBLIC, ASSOCIATIF ET SANTÉ
Créez ou actualisez votre biographie sur guide.paperjam.lu.
PHOTOS Badenoch + Clark Luxembourg, Eaglestone
EXPOSITION UNIVERSELLE
LEARN TO
WITH
PUBLIC SPEAKING & PRESENTATION TRAINING
Start Today. Contact: Guy Benzeno guy@centerstage.lu
www.CenterStage.lu www.Public-Speaking.lu
Mercredi 18 décembre 2019 La grande soirée du 18 décembre à la Maison du Savoir sera l’occasion - en plus d’écouter une keynote donnée par Oussama Ammar, entrepreneur charismatique et clivant de la tech, et fondateur de l’incubateur The Family - de redécouvrir les meilleurs pitchs des 5 rounds de sélections organisés par le Paperjam Club tout au long de la Saison.
Inscription sur invitation uniquement
Quelle sera la start-up de l’année 2019 ? Avec plus de 800 participants, cette soirée sera celle à ne pas manquer en cette fin d’année 2019!
AGENDA
LIEU
17:30 19:00 19:10 19:30 20:15
Maison du Savoir 2, avenue de l’Université Esch-Belval
Welcome cocktail Mot de bienvenue Keynote d’Oussama Ammar Pitch de 10 start-up et classement Walking dinner
GOLD SPONSORS
SILVER SPONSOR
ENJEUX RÉSIDENTIEL
le logement, entre crise et bulle
SOMMAIRE 52 Les plans du ministre
Nouveau ministre du Logement, Henri Kox (Déi Gréng) détaille ses priorités.
56 Dix solutions
ILLUSTRATION Shutterstock Faberr Ink
L
e logement est-il en crise ? Poser la question livre déjà la réponse, tant la recherche d’un toit au Luxembourg est devenue une gageure pour beaucoup de ménages, en particulier chez les jeunes. La hausse constante des prix observée durant les dernières années (+11,4 % sur un an au deuxième trimestre 2019) a de quoi refroidir les ardeurs d’une classe moyenne étrangère migrante et qui, de facto, fait grossir les rangs des 200.000 frontaliers. Avec des conséquences en cascade sur la mobilité et les infrastructures. Comment faire en sorte que Luxembourg puisse faire valoir son
statut de capitale européenne sans pour autant que les 10.000 euros au mètre carré – en moyenne – pour un appartement n’entraînent une sélectivité sociale radicale ? Le placement dans la brique tourne par ailleurs à plein régime à la faveur d’une bonne santé économique, d’un triple A et d’un contexte de taux bas. Mais à quel prix ? Plus qu’un simple retour sur investissement, le logement doit être envisagé comme instrument de promotion d’un cadre de vie, à l’heure du développement durable. À l’intersection des problématiques de transport, de la fiscalité, des emplois générés dans l’artisa-
58 Bulle ou pas bulle ?
Face à face entre Jean-Paul Scheuren (Chambre immobilière) et Julien Licheron (Observatoire de l’habitat).
nat, et surtout de l’attractivité du 61 Fracture sociale Luxembourg pour une mainEntre un rêve de la propriété d’œuvre de plus en plus rare dans qui s’étiole et une part dans certains métiers, ce ressort polile budget des ménages tique et, plus largement, la planiqui augmente, la fracture sociale n’est pas loin. fication territoriale représentent des leviers puissants pour traduire 62 Un emploi « clé sur porte » la vision du futur du pays que vouPour recruter certains draient défendre les autorités. profils dans un marché Logement social, nouveaux hors de prix, des entreprises types de baux, reconversion de englobent le logement dans leur stratégie RH. friches industrielles, pacte logement 2.0, obligations communales, 64 Carte blanche inspirations étrangères… Les idées Du logement social au logene manquent pas. Encore faut-il y ment abordable, Marco ajouter un certain courage poliHoffmann, président de Caritas Luxembourg, détaille tique et une adhésion des difféses pistes de solutions. rentes parties prenantes. T. R. Décembre 2019 —
— 51
ILLUSTRATION Ellen Withersová
Face à un marché déséquilibré par une offre insuffisante et une demande croissante, le gouvernement doit faire preuve de créativité, de rapidité et surtout de diplomatie pour éviter que la crise du logement ne s’enlise. Entre la susceptibilité de certains propriétaires frileux à l’idée de vendre leur foncier, la lourdeur des procédures de construction et les prérogatives communales, le sujet est hautement sensible. Et pourrait devenir explosif si on ne s’attaque pas à ses fondations.
Tour d’horizon de dix pistes pour tenter de résoudre la crise du logement.
ENJEUX
« D’UNE PHILOSOPHIE DE LA DEMANDE À UNE PHILOSOPHIE DE L’OFFRE » Henri Kox (Déi Gréng) doit prendre ses marques rapidement en tant que nouveau ministre du Logement. Il sait que les défis qui se présentent sont immenses. Un contexte qui n’effraie nullement ce triathlète et excellent connaisseur de son ressort ministériel. Là où il y a un but, il y a un chemin : Henri Kox compte bien s’y engager avec conviction, et en équipe.
pour avoir un logement social, mais pas assez pour accéder au Le logement est en crise à cause de marché privé. Une des réformes la rupture entre demande et offre ; que nous entamons concerne jusle logement est en crise pour ceux tement les critères définissant qui qui ne trouvent plus d’habitation sont les bénéficiaires en droit d’ocabordable, là oui. Et c’est cette crise cuper un logement abordable. qu’on veut résoudre en proposant Nous allons réviser la classificaplus de logements à prix abordable. tion des déciles (les tranches de Les réponses qu’on veut apporter revenus, ndlr) afin que plus de tiennent la route, comme cela a été foyers puissent avoir accès à un démontré dans de grandes villes logement abordable. comme Vienne. Mais là-bas, ils ont commencé il y a 100 ans. La création de logements à prix Le logement est en crise au Luxembourg ?
Vous avez pris officiellement vos fonctions le 11 octobre. Quelle est votre vision pour votre ressort ministériel ?
Nous dépendons encore au jourd’hui d’une réglementation qui date de 40 ans : la loi de l’aide au logement du 25 février 1979. Cette loi parle d’une subvention étatique pour les communes, de subventions pour les constructions d’ensembles, d’aides individuelles… Or, au cours de ces 40 dernières années, on a plutôt misé sur la demande, avec des incitations fiscales, des primes d’aides individuelles, d’autres en direction des communes. On n’a donc pas su résoudre les problèmes liés à la demande de logements à prix abordable. Je compare la société luxembourgeoise à une maison : si on ne veut pas de fissure, il faut de bonnes fondations. Et ces fondations doivent être le logement abordable et le logement locatif. La nouvelle coalition a donc misé sur cette priorité. Comment définissez-vous ce logement abordable ?
Aujourd’hui, de nombreuses personnes gagnent trop d’argent 52 —
— Décembre 2019
abordable doit aussi être une initiative du secteur privé…
Nous avons donc réalisé un atelier interactif pendant la Semaine du logement pour déterminer quels seront les critères qui rendront des entreprises éligibles à la construction de logements à coût abordable, et donc à des aides publiques. Aujourd’hui, si un promoteur privé veut investir dans la construction de logements abordables, il reçoit 75 % du prix de la construction en subvention et a le droit de les revendre au prix du marché après 20 ans. Cela n’est plus acceptable. C’est pour cela que nous avons demandé à changer la durée de 20 ans à 40 ans, puisque notre volonté est de conserver le plus longtemps possible, idéalement pour toujours, ces logements dans le parc étatique ou communal. Il faut donc discuter de la subvention et du gain obtenus par le privé, et ces discussions sont bien avancées. Nous voulons être plus flexibles, mais avec un schéma qui sera plus transparent et reproductible pour tout le monde, d’après les mêmes critères, et gérer l’argent public en bon père de famille.
Les réformes à mener sont nombreuses. Qu’en est-il des échéances ?
Je veux aller le plus vite possible. Tout devrait être fait depuis… hier ! La loi de 1979, le bail à loyer, le Pacte logement, les nouvelles formes de logements comme les colocations intergénérationnelles, le droit de préemption... toutes ces réglementations doivent être réformées. On va cependant agir étape par étape. Je crois que si cette coalition réussit à faire une refonte totale des réglementations et lois qui datent de 40 ans, alors nous aurons réussi beaucoup. Il faut surtout inverser la tendance, passer d’une philosophie de la demande à une philosophie de l’offre, en gardant un équilibre entre les deux. On ne supprimera pas tout ce qui concerne la demande, car il y aura toujours des personnes qui voudront, de manière légitime, se construire une maison individuelle. On doit ensuite discuter de l’offre et des instruments qui sont derrière. Ce ne sera pas si facile, car il y aura des réticences au niveau communal, je le sais. C’est pourquoi Taina Bofferding (ministre de l’Intérieur, LSAP) va opérer une réforme de la loi communale. Et je suis heureux que la réforme de la Constitution ne soit pas totalement stoppée par le CSV, car il y sera inscrit un droit au logement décent.
LÉGISLATION
UN PACTE LOGEMENT 2.0 EN 2020 Une des pierres angulaires des ambitions d’Henri Kox sera la con-crétisation d’un Pacte logement 2.0. C’est lui qui donne le ton quant aux relations entre le ministère et les communes. « Le but est d’accélérer la création de logements abordables par l’entité publique, c’està-dire l’État, mais aussi les communes, indique Henri Kox. Le premier Pacte logement était lui aussi dans la philosophie de la demande et n’a pas réussi à augmenter l’offre. Il n’était pas axé sur la création de logements abordables. » Envoyé aux communes et discuté avec les députés, le nouveau Pacte 2.0 devra être transposé en une loi – que le ministre espère voir effective pour la fin de l’année 2020. Ces 12 dernières années, 400 millions d’euros ont été distribués « mais ont été plus utilisés pour des infrastructures que pour du logement ». Henri Kox garantit que des montants importants seront toujours mobilisés, mais mieux orientés.
faces publiques. C’est pour cela que j’ai présenté, conjointement avec le ministre des Finances Pierre Gramegna (DP), un projet de nouvelle loi portant sur la création d’un fonds spécial de soutien au développement du logement. Jusqu’à présent, nous avions plusieurs articles non limitatifs dans la loi budgétaire, qui seront désormais regroupés au sein du budget en vue de la création d’un fonds spécial pour le logement, qui servira à l’acquisition de terrains. Il faudra 8 % des terrains restent encore entre les mains publiques. également utiliser le droit de préemption quand cela est possible Est-ce suffisant pour répondre aux besoins ou faut-il envisager pour récupérer des terrains et des logements, qui pourront alors être d’en acheter d’autres ? Mobilisons déjà ce que nous avons payés par ce fonds d’acquisition et augmentons en parallèle les sur- étatique. C’est seulement grâce à
Logement abordable Henri Kox veut revoir la nomenclature en place pour que plus de foyers puissent avoir accès à un logement abordable.
PHOTO Nader Ghavami
HENRI KOX (MINISTRE DU LOGEMENT)
ENJEUX l’utilisation de tous ces instruments calité qui est aujourd’hui en que nous arriverons à une augmen- vigueur va dans le sens de notre tation substantielle. philosophie ? Ou, au contraire, accélère-t-elle l’augmentation Pensez-vous qu’une augmentades prix ? Pour moi, le quart-taux tion du périmètre constructible a accéléré l’augmentation des des PAG soit nécessaire ? prix. C’est pour cela que nous traLa priorité est la mobilisation au vaillons avec le ministère des sein du périmètre constructible Finances pour revoir toute la fisdéjà existant dans les différents calité dans le cadre de la réforme PAG. Mais je ne suis pas contre une fiscale. Il existe une loi qui dit que augmentation, si les conditions si un privé vend son terrain au sont remplies. Nous avons prévu, public, il ne paie aucun impôt sur dans l’accord de coalition, d’amen- la plus-value. Cet instrument doit der et de compléter la loi concer- être mieux connu pour que les nant les contrats d’aménagement privés aient aussi le réflexe de (Baulandverträge) par une obli- vendre au public puisqu’ils y ont gation de construction ; sinon, le un intérêt financier. On peut aussi terrain sort du périmètre construc- revoir les taxes, mais cela ne va tible. Nous sommes aussi en train pas faire évoluer l’offre de logede discuter du plan sectoriel loge- ment abordable. L’impôt foncier ment pour les projets d’envergure : est en train d’être discuté, tout nous souhaitons que 30 % de ces comme une taxe à l’échelle natiosurfaces soient réservées aux loge- nale sur les Baulücken, puisque ments abordables. Je souhaite que la taxe communale n’a pas donné cette même philosophie soit appli- les résultats escomptés. Pour moi, quée aux Baulandverträge, c’est- les taxes ne sont néanmoins pas à-dire que si de nouveaux terrains une finalité pour avoir une offre entraient dans le périmètre de logement abordable. À travers constructible du PAG, alors au les taxes, il est certain que l’État moins 30 % seraient obligatoire- aura des moyens supplémenment dédiés au logement abor- taires, mais si l’État n’investit pas dable et, si possible, mis entre les dans l’abordable, il n’y aura pas mains publiques, qui les achèteront de résultat. Nous avons donc au prix juste. Dans ces conditions, besoin des deux : une politique je pourrais être favorable à l’agran- cohérente, les instruments qui dissement des PAG. vont avec cette politique et, à côté, le volet fiscalité qui ne doit pas Et pour le foncier privé, être contreproductif, mais aller comment faire pour arriver en parallèle de cette politique. à le libérer ?
Il faut revoir la fiscalité dans le Est-ce que les chiffres récemmême contexte. Est-ce que la fis- ment dévoilés par le Liser sur les
L’EXPLOSION DU PRIX DES MAISONS Prix moyens en milliers d’euros 1986
84
1991
154
1996
182
2001
255
2006
433
2011
509
619 2016 742 0
200
400
600
SOURCE Observatoire de l’habitat / BRI / Statec
2019 800
personnes qui détiennent la propriété foncière vous ont étonné ?
Je le savais déjà. Mais il faut toujours être vigilant et regarder un peu dans le détail cette étude et voir où se trouvent ces terrains. Il y a de grandes disparités nationales entre les prix de la ville et ceux du Nord. Cela veut dire que l’avenir du logement pour le Luxembourg se trouve dans le nord du pays ? Non, il faut une mixité. L’amé nagement territorial a sa part à jouer avec la mobilité. Si on choisit de développer le Nord au niveau du logement, il faut aussi y créer des postes de travail. Une autoroute ne suffit pas, sinon, on crée juste un village-dortoir.
LES LOGEMENTS À LA SNHBM
300
300 Logements achevés
Logements entamés
250
200
150
109 100
50
0
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
SOURCE SNHBM
a un règlement grand-ducal ayant passé le cap du gouverneOui, c’est ce que nous voulons faire ment qui indique qu’il ne peut y avec les plans sectoriels qui seront avoir plus de deux personnes bientôt en vigueur. Il faut avoir les dans une seule pièce. Tout cela pôles de développement à côté des est mieux défini. Mais une noupôles de logement, éviter que tout velle fois, ce sera aux communes le monde soit obligé de converger de mener les contrôles, et notre vers la ville. Ce qui complique la rôle est de les aider. Comme situation à Luxembourg-ville, c’est bourgmestre, j’ai fait fermer que pendant 20 ou 30 ans, le deux maisons, et d’autres comnombre de nouvelles construc- munes le font déjà. Là, le Pacte tions dédiées à l’habitation n’a pas logement apporte aussi des augmenté au même rythme que réponses. Je parle donc d’une responsabilité partagée à l’égard de la population. ce problème qui est terrible. Il ne Est-ce que le recensement faut pas oublier non plus que ce des logements vides est phénomène est arrivé aussi via toujours d’actualité ? ce qu’on appelle les « chambres Oui, car j’ai besoin de chiffres pour à café » (des chambres louées bien faire les choses, savoir où com- au-dessus des établissements mencer à tourner les vis. Si on les horeca, ndlr). Les grandes firmes tourne toutes ensemble, cela ne propriétaires ont donc aussi une peut pas fonctionner. Pour la pre- responsabilité. mière fois il y a quelques semaines, le Statec et le Liser étaient présents Ce sera discuté lors à une commission logement. Il y a de la refonte du bail à loyer ? eu beaucoup de questions de la part En effet, puisqu’il s’agira de dédes députés pour savoir comment terminer ce qu’est la cohabitaavoir encore plus d’évaluation des tion, et comme la nouvelle loi maisons et des appartements vides. définira notamment les conditions Une nouvelle réunion sera mise en de salubrité, on va résoudre le place d’ici peu pour estimer les ins- problème. truments à mettre en place et avoir des chiffres plus viables. La Ville de L’idée de cités ouvrières proLuxembourg a déjà fait ce recen- posée notamment par Roland sement, mais elle s’est retrouvée Kuhn vous séduit-elle ? bloquée à la fin au niveau juridique. Je ne veux pas dire que l’idée est On doit donc y travailler. exclue, mais je ne veux pas financer des ghettos. Il faut une finalité Les marchands de sommeil de logement abordable, une sont une réalité aussi au volonté de mixité… Si on trouve Luxembourg : faut-il renforcer des solutions pour cela, si c’est totalement transparent quant le cadre législatif ? C’est déjà fait puisque la loi sera aux personnes qui pourront y votée avant la fin de l’année. Il y résider, si c’est reproductible
Au contraire, vous voulez des quartiers mixtes ?
Décembre 2019—
— 53
ENJEUX
NOMBRE DE LOGEMENTS RÉALISÉS PAR AN PAR LE FONDS DU LOGEMENT
AGIR SUR L’OFFRE
332
350 300
UNE TRIPLE AMBITION
261
250
225 203
200
100 50
avec la même philosophie, je pense qu’on peut entamer cette discussion. Le logement doit être source de cohésion sociale ?
Et pas de fracture, comme on l’a vu en France et dans différentes grandes villes. Le principe des HLM était terrible, un échec dès le début… C’est pour cela que nous revoyons la mixité sociale et que nous cherchons à la promouvoir. Le Kirchberg devra devenir un exemple, tout comme Wiltz ou Dudelange. On ne peut plus dire qu’à un endroit on fait 1.000 logements et que ce n’est que du social. Il faut aussi mixer les générations. Et si un jour des entreprises cons truisent des logements, la philosophie devra aussi être la même. Le secteur de la construction, des architectes et des ingénieurs est totalement saturé au niveau du travail. Si on veut initier cette nouvelle politique, comment peut-on la gérer ?
La seule chose que je veux changer, c’est que l’on construise des logements abordables. Pour moi, on construit assez. Je lis aussi ces chiffres qui disent qu’il faut 6.500 logements en plus par an. Mais je veux surtout que les 10 % de logements abordables qui sont déjà inscrits à ce jour dans la loi soient appliqués ! Logement abordable et logement de qualité, c’est conciliable ?
Évidemment ! La qualité de vie est un pilier essentiel et elle ne peut être assurée dans une boîte. Mais 54 —
— Décembre 2019
il y a aussi la question de l’efficience. Il y a sans doute des gains à faire au niveau de la standardisation, des procédés. Mais je ne veux pas qu’on touche à la qualité de construction. Il est évidemment hors de question aussi qu’on touche à la qualité de l’environnement ?
J’entends souvent : l’environnement bloque tout. Mais non ! Il ne faut pas de guerre entre logement et environnement. Tout doit être résolu en même temps. J’ai été rapporteur de la loi sur la protection de l’environnement. On peut construire sur des terrains vierges, mais on doit y intégrer des points écologiques. L’environnement doit être inclus dans nos projets. Il y a la qualité de vie dans les immeubles, mais aussi en dehors. De là, on en vient à la densification du logement. Si on arrive à densifier l’habitat, les espaces extérieurs, publics, seront plus grands, de meilleure qualité... : du vert et une mobilité réduite. C’est beaucoup de pression d’être ministre du Logement au Luxembourg ?
Regardez : mon sac de sport est là et je suis allé nager avant de vous recevoir. Plus sérieusement, je suis très optimiste, j’ai beaucoup travaillé dans ce domaine et j’ai envie de changer les choses, également grâce à cette équipe autour de moi. Tout le monde a conscience, au sein des ministères du Logement et de l’Intérieur, qu’il faut maintenant concrétiser. Après, les gens jugeront, oui. Mais moi, je m’en tiens à ma philosophie et je veux avancer.
20 18
20 14
20 09
20 04
19 99
19 94
19 89
19 84
19 79
0
SOURCE Fonds du logement
133
150
Avez-vous hésité quand le parti vous a proposé de prendre le relais de Sam Tanson (Déi Gréng), devenue ministre de la Justice suite aux soucis de santé inopinés de Felix Braz ?
Je n’étais pas demandeur. Mais le congrès du parti a montré qu’il avait confiance en moi. Je crois connaître le domaine, j’ai été le négociateur des Verts durant les discussions pour la future coalition… Je compare un peu ce qui m’est arrivé avec l’Ironman de Remich que j’ai fait trois fois. Durant ces six heures d’effort, il y a des hauts et des bas. La nage, c’est terrible, on reçoit des coups… Le vélo, on s’envole. Puis la course, c’est horrible. Mais le plus important est d’arriver au bout. Et je pense que cette endurance, je peux l’apporter dans ma politique. Cela fait 20 ans que je suis en politique, au plus haut niveau, avec des hauts et des bas au niveau communal, des déceptions énormes… Je sais ce que les gens attendent, mais je garde le cap.
Le futur Pacte logement visera d’abord à augmenter l’offre de logements abordables, surtout locatifs. Il prévoit d’encadrer cette offre via un bailleur social, qui pourrait être le Fonds du logement ou d’autres acteurs. « Actuellement, un groupe de travail est en charge de définir qui seront ces bailleurs sociaux, qui seront conventionnés par le ministère du Logement et qui pourront être spécialisés dans différents domaines comme les logements pour étudiants, pour réfugiés, pour seniors… », complète le ministre. Il faudra, ensuite, mobiliser les terrains. « La réglementation qui concerne les PAP de plus de 25 unités de construction prévoit qu’au moins 10 % des surfaces doivent être des logements abordables. Or, le texte de la loi communale à ce sujet n’est pas très précis et il n’y a ni contrôle ni sanction. Les personnes éligibles ne sont pas précisées non plus », souligne le ministre du Logement, qui souhaite voir les choses évoluer. Car des terrains disponibles existent. « Nous disposons de 2.850 hectares encore non construits dans le périmètre constructible. 900 hectares sont des Baulücken et le reste n’est pas encore développé. Si on arrive à rendre obligatoire la cession de ces 10 % de la surface aux communes et qu’elles les confient à un promoteur public – SNHBM ou Fonds du logement – ou qu’elles les développent elles-mêmes, alors on arrivera à construire du logement abordable en nombre. » Dans le même temps, le ministre estime qu’il faut « que les communes arrêtent de vendre leurs terrains constructibles ou des logements au marché privé. Ce n’est pas compatible avec notre politique et nos besoins. » Enfin, un objectif sera la qualité de vie, en intégrant la dimension environnementale aux projets.
territoire, de l’Environnement et de la Mobilité, qui, par chance, sont tous Verts. Mais je collabore aussi beaucoup avec la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding, avec qui je m’entends très bien. Vous aimez le travail en équipe ? L’engrenage entre nos deux Je ne me vois pas comme le grand ministères est très important gourou du ministère. Bien puisque la majorité des réglemenentendu, quelqu’un doit décider tations ne se fait pas au sein du à un moment, et c’est mon rôle. ministère du Logement, mais au Et je serai jugé d’après le choix sein du ministère de l’Intérieur. effectué. Mais pour en arriver là, Enfin, les autres partenaires priil faut jouer en équipe, avoir du vilégiés pour le logement sont les feed-back. communes, car ce sont elles qui autorisent les constructions, Comment travaillez-vous avec augmentent le taux de terrains vos collègues des autres minisconstructibles, font les règletères, dont ceux de la Mobilité ments des bâtisses. Ce sera un et du Développement durable ? autre de mes défis : que le minisTous les mois, je rencontre les tère et les communes jouent ministres de l’Aménagement du en équipe. C. C. & N. L.
A C Q U I S I T I O N S I S A L E S I R E N T A L S I E V A L U AT I O N S I I N S U R A N C E I R E A L E S T AT E C O N S U LT I N G
WE SET STANDARDS IN RESIDENTIAL REAL ESTATE. BECAUSE WE LOVE WHAT WE DO AND WE KNOW HOW TO DO IT THE RIGHT WAY. “AND SO DO OUR CLIENTS – PROMOTERS AND DEVELOPERS, PRIVATE SELLERS AND BUYERS, LANDLORDS AND TENANTS – WHO WE THANK FOR THEIR CONTINUED TRUST IN THE WAY WE REPRESENT THEIR BEST INTERESTS.”
PAUL FABECK OWNER & FOUNDER
E X C E L L E N C E I N R E A L E S TAT E
2, PLACE DE NANCY I L-2212 LUXEMBOURG I T : 26 44 11 61 I INFO@BRICKS.LU I WWW.BRICKS.LU
ENJEUX d’une tour de 16 étages, Omnia, à Esch-Belval.
SOLUTIONS
Dix pistes contre la flambée des prix
quelques années. La capitale a d’ailleurs lancé un projet en 2015 dans le quartier de Merl, mais celui-ci tarde à se concrétiser. L’ass ociation Adhoc est, en revanche, passée à la phase concrète et met en place la première coopérative d’habitation, dans le quartier du Réimerwee, au Kirchberg. Le projet prévoit 35 appartements, des espaces communs pour réduire l’impact environnemental et des appartements réservés aux personnes âgées. Plus qu’une construction, il s’agit d’un projet de vivre- ensemble. Dans le principe, la coopérative est capitalisée par les résidents. Elle est propriétaire du bâtiment et les habitants versent un loyer qui correspond aux frais de fonctionnement. S’ils quittent la coopérative, ils reprennent le capital de départ. Tout est ainsi fait pour éviter la spéculation.
4. La colocation Face aux loyers exorbitants exigés dans la capitale pour le moindre studio – plus de 1.000 euros –, de nombreux jeunes font le choix de la colocation. Ils disposent alors d’une chambre et d’un espace partagé. L’offre s’est organisée et différentes agences se sont spécialisées. Attention : ce n’est pas non plus la solution miracle. Selon le site appartager.lu, il faut compter près de 800 euros (796 euros) pour une chambre à Luxembourgville, 730 euros à Capellen et 637 euros à Esch-sur-Alzette. Toujours selon la même source, 84 % des occupants d’immeubles en colocation sont des salariés et 13 % sont des étudiants. Dans le petit solde restant, on trouve aussi des expériences de colocations intergénérationnelles, qui mettent en contact jeunes et personnes âgées. Une première a été menée récemment à Vianden par la structure Cohabit’Age, puis une autre à Beggen, où Caritas et la Ville de Luxembourg ont lancé, en 2017, la résidence intergénérationnelle Doheem mateneen, qui propose des loyers bon marché à des étudiants étrangers avec peu de moyens et à des personnes âgées vulnérables.
3. Construire plus haut Au Luxembourg, ce n’est pas la tradition. Les communes préfèrent limiter les constructions aux bâtiments de deux étages. Mais l’idée fait quand même son chemin. Dans la capitale, à l’entrée du Kirchberg, le projet Infinity du groupe Immobel est en cours de finition. Dans cet ensemble, une tour sera réservée au logement. D’une hauteur de 104 mètres, elle comprendra 165 appartements répartis sur les 25 étages. Il s’agira donc de la tour de logement la plus haute du pays. Un projet qui devrait en attirer d’autres, comme 2. Les coopératives à Differdange, où une tour de d’habitation logement de 14 étages est aussi Les coopératives d’habitation prévue à côté du centre commeront largement pignon sur rue cial Opkorn, à l’initiative de dans des pays comme l’Alle- Arboria Developpement. Iko Real magne, la Suisse et l’Autriche. Au Estate et Luxembourg Capital Luxembourg, on en parle depuis sont, quant à eux, à la manœuvre
5. Taxer les logements inoccupés Au début de cette année, la ville de Vancouver, au Canada, a obser vé une baisse de 15 % des propriétés inoccupées en un an. La raison ? Une taxe communale sur les logements vacants instaurée en 2017. La ville souffre de la spéculation, et les employés étrangers ne trouvent plus à se loger. Scénario connu ! Au Luxembourg, cette question est toujours en débat. Selon la loi du 22 octobre 2008, les communes ont le droit de prendre des mesures pour taxer les immeubles non occupés et les terrains constructibles. Mais jusqu’à présent, six communes – sur 102 seulement – (Beckerich, Diekirch, Echternach, Esch-sur-Alzette, Esch-sur-Sûre, Redange-surAttert, Roeser et Winseler) ont pris des mesures en ce sens. Seules
La crise du logement n’est pas un phénomène récent. Diverses solutions ont déjà été tentées, d’autres sont en préparation. Nous en avons retenu dix qui ont eu, ou auraient dû avoir, le plus grand impact.
1. Réhabiliter les friches Pour pallier le manque de terrains disponibles à la construction qui fait gonfler les prix à la vente faute d’offre suffisante, une partie de la réponse a pu être trouvée dans les friches industrielles. Dans les prochaines années, différents projets devraient voir le jour (voir carte en page 57). Ils intègreront de nouvelles préoccupations, telles que le développement durable et l’économie circulaire. En 2016, l’État a notamment signé un accord avec ArcelorMittal pour la reprise de différents terrains à Wiltz, Dudelange, Sanem, Pétange et Esch-Lallange. Le premier projet à avoir émergé est celui du laminoir de Dudelange, où sera construit l’écoquartier de Neischmelz. Il devrait proposer, d’ici 2030, un millier d’habitations sur un site de 32 ha. Entre Esch et Schifflange, ArcelorMittal a cédé gratuitement à l’État un ancien site de 54 ha – l’État ajoutera une parcelle de 8 ha appartenant au Fonds du rail. La mission de réhabilitation du site a été confiée à Agora, qui profitera de son expérience sur le site de Belval. Le projet final sera connu au premier trimestre 2020. Toujours à Esch, c’est un projet mené par un développeur privé, Iko Real Estate, qui permettra de faire renaître la friche de la Rout Lëns, dont les terrains ont été cédés par ArcelorMittal. Un nouveau quartier doit voir le jour sur les 10,5 hectares du site.
56 —
— Décembre 2019
quatre ont recensé les logements non occupés ou non utilisés sur leur territoire. 6. La gestion locative sociale Le principe existe depuis 2009, mais il a surtout été activé ces dernières années. Il vise aussi à lutter contre l’inoccupation des immeubles, mais avec des incitants positifs. L’idée est de faire en sorte que les propriétaires acceptent de mettre leurs biens vides sur le marché à des loyers inférieurs, en moyenne, de 30 % aux prix du marché. En contre partie, ils bénéficient d’une exonération de 50 % sur les revenus locatifs depuis la réforme fiscale de 2017. À la base de cette mesure, on trouve une convention entre le ministère du Logement et des organismes tels que des fondations, des communes ou des offices sociaux. Ce sont eux qui font le lien avec les propriétaires. Ils contrôlent les biens loués, s’assurent de leur entretien et accompagnent les locataires. Aux propriétaires, ils garantissent le versement d’un loyer, même en cas d’inoccupation du bien. À la fin de l’ année 2018, 714 logements étaient gérés selon le modèle de la gestion locative sociale. La barre des 800 devrait être franchie cette année. 7. Le Pacte logement En 2008, l’État a voulu unir ses efforts avec les communes pour augmenter l’offre de logement et réduire le prix du foncier. Depuis, 97 communes s’y sont engagées. L’objectif est de leur fournir des aides financières. Pour cela, elles doivent augmenter leur population de 15 % en 10 ans, réaliser de nouveaux logements et créer des équipements collectifs. Les communes sont censées tout mettre en œuvre pour accélérer les projets de construction et intervenir auprès des promoteurs pour réduire le coût des terrains à bâtir. À l’occasion d’un monitoring publié en février 2018, l’État a annoncé que l’enveloppe d’aide aux communes atteignait 379 millions d’euros (251,5 millions en 2014). Selon le ministère du Logement, la planification de 45.000 logements avait été entamée, et 20.000 étaient en
ENJEUX voie de construction. Ce Pacte logement n’a toutefois pas atteint les résultats escomptés pour le logement abordable. Les ministères du Logement et de l’Intérieur ont donc entamé une réforme de ce Pacte. Elle doit être discutée à la Chambre des députés avant la fin de l’année. 8. Traquer les Baulücken Le programme « Baulücken » a été lancé en juillet 2014. L’objectif
était de détecter tous les interstices au sein du tissu urbain qui représentent un nouvel apport de terrains constructibles. Ces Baulücken – « dents creuses » –, pour présenter un intérêt, doivent être déjà viabilisés, se situer dans une zone d’habitat et être directement constructibles, moyennant une autorisation. En 2016, 941 ha de « nouveaux » terrains constructibles ont été recensés ;
94,2 % sont détenus par des personnes physiques, morales et des copropriétés. Actuellement, on compte encore peu de réa lisations sur ces terrains. Pour lancer concrètement l’initiative, le ministère du Logement et la Ville de Dudelange ont montré l’exemple avec un projet de 16 logements et parties communes sur un terrain de 40 ares appartenant à l’État. La Ville de
LES QUARTIERS QUI BOUGENT OU SE CRÉENT «Wunne mat der Wooltz» Sur une friche industrielle à Wiltz, un ensemble urbain du Fonds du logement de 25,5 ha centré sur l’économie circulaire comprendra 780 unités d’habitation (1.800 habitants).
Cloche d’Or À la Cloche d’Or, 500 logements seront bientôt livrés (lot A3 et tours Zenith). Le complexe résidentiel de 12.000 m2 « D Sud » sera aussi bientôt lancé.
Clervaux
Wiltz Schifflange La friche d’Esch-Schifflange (54 ha) sera transfigurée par Agora pour devenir le quartier modèle de la troisième révolution industrielle du Luxembourg. Diekirch
Kirchberg Dans les zones Kuebebierg et Laangfur, deux nouveaux quartiers, pour un total de 5.500 logements, sont programmés.
Elmen Près de Capellen, le projet Elmen de la SNHBM rassemblera 375 maisons et 375 appartements sur 27 ha. 2.000 habitants sont attendus dans ce futur village.
Belval Sur le site universitaire, les Capelli Towers abriteront 100 logements. Le complexe Orchidée disposera de 42 unités pour les seniors à domicile.
Capellen
Luxembourg-ville
La Lentille Rouge Un nouveau quartier verra le jour sur la friche industrielle Rout Lëns (10,5 ha) à Esch-sur-Alzette. L’approche écologique sera largement privilégiée par le promoteur Iko.
SOURCE Paperjam
Esch-sur-Alzette Dudelange
L’écoquartier Neischmelz Le futur écoquartier de Neischmelz, à Dudelange, accueillera, selon le Fonds du logement, entre 850 et 1.000 unités d’habitation d’ici à 2034.
Luxembourg a également réalisé plusieurs projets de ce type. 9. Le bail emphytéotique Le nœud gordien dans la crise du logement, c’est le prix des terrains, qui atteint des proportions parfois indécentes. Dans la loi d’octobre 2008 qui initie le Pacte logement, il est aussi prévu de recourir à l’emphytéose pour contourner cet écueil. Peu utilisé, le bail emphytéotique peut être vu comme une location à très long terme (entre 27 et 99 ans au Luxembourg) qui offre la pleine jouissance du bien pendant la durée du bail. C’est sur ce modèle qu’ont été montés les projets immobiliers Infinity au Kirchberg et Royal-Hamilius en centre-ville. Mais les acteurs du logement social, la Société nationale des habitations à bon marché et le Fonds du Logement, ont aussi commencé à y recourir pour limiter le prix de vente. Le Fonds du logement a notamment commercialisé de cette manière les maisons du quartier Wunnen am Park à Esch-sur-Alzette. Dans le quartier du Kirchberg, le promoteur privé BPI Luxembourg a construit le Domaine de l’Europe (quartier du Kiem) sur ce principe, et l’association Adhoc en a aussi bénéficié pour son projet de coopérative d’habitation dans le quartier du Réimerwee. 10. Le Fonds spécial de soutien du développement du logement Au début du mois de novembre, le ministre attitré, Henri Kox, a déposé un projet de loi visant à la création d’un Fonds spécial de soutien du développement du logement. Pour sa phase de démarrage, il disposera du résidu des crédits des aides à la construction d’ensembles (154,9 millions d’euros sont tombés en économie ces neuf dernières années). Avec cette enveloppe, le ministère du Logement envisage d’acquérir des parcelles qui permettront au secteur public de construire des logements à loyer modéré. Ce fonds devrait avant tout permettre de centraliser les aides à la construction de logements qui étaient, jusqu’à présent, disséminées dans une vingtaine d’articles budgétaires. J.-M. L. Décembre 2019—
— 57
ENJEUX FACE À FACE
Une bulle à l’horizon ? Le spectre d’une bulle immobilière prend de l’ampleur alors que les prix des maisons grimpent dans des proportions rarement atteintes. Faut-il craindre un dégonflement soudain ?
« Pas de bulle à l’horizon »
« Rester vigilant dans les prochains mois »
JEAN-PAUL SCHEUREN,
JULIEN LICHERON,
Président de la Chambre immobilière
Q
uantifier le potentiel d’une bulle est un exercice périlleux. Essai d’un tableau de bord : Évolution des prix Oui, l’évolution des prix a été constante, voire exceptionnelle, et mérite l’attention. L’évolution des prix s’explique cependant toujours par les fondamentaux économiques. Aspect spéculatif des opérations immobilières Au Luxembourg, l’acquéreur est résidentiel et je continue à croire que le phénomène des ‘grands investisseurs étrangers’ est marginal. Le Luxembourg a, avec 70 % de propriétaires-occupants, un des taux les plus élevés d’Europe. Évolution du pouvoir d’achat Les dépenses liées au logement restent acceptables pour les tranches de revenus supérieurs. Si l’on considère que les acquéreurs relèvent de toute façon principalement de cette tranche – ceci étant un simple constat, nullement un jugement de valeur –, le prix d’acquisition du logement n’a pas d’impact hors norme sur leur pouvoir d’achat. Évolution des taux d’intérêt Effectivement, la politique de taux bas incite les acteurs économiques à investir dans la pierre – investissement qui a fait ses preuves au cours des dernières décennies. Les taux d’intérêt bas soutiennent la capacité d’emprunt. Le crédit à taux fixe limite le risque d’une hausse des taux, hausse de toute façon improbable à moyen terme. Évolution du parc immobilier Le parc immobilier luxembourgeois s’adresse tradition nellement à la demande nationale, contrairement à d’autres pays, où l’offre est plus spéculative. La croissance démo graphique exceptionnelle du pays fait que la demande de logements – à la location ou à la vente – reste soutenue. Politique de l’offre Le problème principal du Luxembourg se situe au niveau de l’incapacité de l’offre à répondre à la demande. Les gouvernements successifs ont mis en place un cadre procédural extrêmement lourd, qui réduit la capacité d’adaptation. Donc, pas de bulle à l’horizon – ce qui ne veut pas dire que l’on peut vendre tout et n’importe quoi à n’importe quel prix. Tout va bien au Luxembourg ? Non, certainement pas. Les revenus faibles sont de plus en plus sous la pression du coût du logement, et ce sont eux les laissés-pour-compte de la politique du logement. » 58 —
— Décembre 2019
«
L
es prix des logements ont augmenté très régulièrement entre le début de l’année 2010 (qui faisait suite à une légère baisse des prix en 2008 / 2009, en conséquence de la crise économique et financière) et le milieu de l’année 2018 : l’indice des prix des logements fourni par le Statec indiquait une hausse des prix comprise en moyenne entre + 4,5 % et + 5 % par année sur cette période. C’est évidemment une hausse forte, qui renforce la difficulté d’accès à un logement pour un nombre croissant de ménages. Mais une telle augmentation des prix peut toutefois être rapprochée de celle relevée dans de nombreuses aires urbaines en croissance démographique, en Allemagne, en Autriche ou en Suède par exemple. Surtout, l’augmentation des prix observée au Luxembourg s’expliquait, à mon sens, essentiellement par le décalage entre la demande et l’offre de logements : la demande potentielle a encore été estimée par le Statec à environ 6.200 à 8.000 logements par an entre 2018 et 2030, alimentée par la croissance démographique (supérieure à + 2 % par an en moyenne depuis 2010). L’offre de logements peine à suivre cette demande, puisque seulement 2.900 logements par an ont été produits entre 2010 et 2016. Le nombre d’autorisations de bâtir octroyées par les communes est certes en hausse depuis cette date, mais l’écart entre offre et demande de logements reste important, et c’est pré cisément ce décalage qui génère la hausse des prix de l’immobilier résidentiel. Toutefois, il faut remarquer que la hausse des prix relevée sur les douze derniers mois (+ 11,4 % entre le 2e trimestre 2018 et le 2e trimestre 2019) a été très nettement supérieure à la croissance tendancielle relevée auparavant. Les fondamentaux de l’économie n’ont pourtant pas radicalement changé. Il est donc difficile d’expliquer une telle hausse, même si la demande en matière de logements a pu être alimentée par plusieurs événements conjoncturels (tels que le Brexit ou la mesure fiscale concernant l’imposition des plus- values immobilières, qui a expiré à la fin de l’année 2018). Ces éléments pris isolément ne me paraissent pas de nature à alimenter une flambée des prix, mais ils ont pu se conjuguer en 2018-2019. Voilà pourquoi il importe de rester vigilant dans les prochains mois et d’analyser avec précision les évolutions à venir. »
PHOTOS DR
«
Chercheur au Liser
ACTIONS POSITIVES EN FAVEUR DE L’ÉGALITÉ DES FEMMES ET DES HOMMES DANS LES ENTREPRISES DU SECTEUR PRIVÉ
PLACE AUX CHAMPION-NE-S DE L’ÉGALITÉ ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES Six entreprises obtiennent le label 2019 « Actions positives » du Ministère de l’Égalité La ministre de l’Egalité Taina Bofferding a décerné le 13 novembre un label à six entreprises qui ont mis en œuvre avec succès leur plan d’action pour un meilleur équilibre entre les femmes et les hommes au travail. Le programme «Actions positives» encourage les entreprises à analyser leurs pratiques. Ainsi, les lauréats ont sur base volontaire réalisé des actions qui favorisent : • l’égalité de traitement • l’égalité dans la prise de décision • l’égalité dans la conciliation entre vie professionnelle et vie privée Soutenir les bonnes pratiques pour la mixité, c’est se donner toutes les chances de réussite collective. « Ensemble, nous sommes plus forts. Ensemble, le ministère et les entreprises partenaires font vivre la valeur fondamentale de l’égalité entre femmes et hommes. La mixité est notre moteur et marque de fabrique. » Taina Bofferding
Rejoignez-nous !
Sébastien Respaut
Managing Director ATOS LUXEMBOURG PSF S.A.
Marie-Hélène Massard
@luxembourgmega
Découvrez les programmes et projets du ministère en ligne sur mega.public.lu
CEO AXA ASSURANCES
Carlo Weisen
Managing Director BRINK’S
Marc Lauer
Administrateur-délégué FOYER ASSURANCES S.A.
Adrien Ney
CEO LUXAIRGROUP
Pascal Rogé
Directeur Général ONET LUXEMBOURG
ENJEUX vent : ‘Quand on aura fini de travailler, on aura la maison.’ »
Le paradoxe de la propriété Être propriétaire de son logement était, voici peu encore, l’objectif d’une vie, le fruit du travail accompli, un patrimoine à transmettre à ses descendants. Dans un pays où les prix de vente des maisons et des appartements connaissent une croissance continue, ce rêve semble devenir inaccessible pour les primo-accédants.
E
nviron trois quarts des ménages luxembourgeois (71,2 % en 2018) sont propriétaires de leur logement. Un taux supérieur à celui de l’Union européenne (69,3 %), mais bien éloigné de ceux de la Roumanie (96,4 % de propriétaires) ou de la Croatie (90,1 %). La comparaison est cependant à manipuler avec prudence car le type, la qualité et surtout la valeur du logement peuvent varier grandement d’un pays à l’autre. Et les chiffres affinés peuvent livrer d’autres réalités. Ainsi, si au Luxembourg la personne de référence du ménage est de nationalité luxembourgeoise, le taux de propriété bondit à 85 %. « Et environ 50 % des ménages propriétaires au Luxembourg ont déjà terminé de rembourser ce logement auprès de leur banque », souligne Julien Licheron, coordinateur de l’Observatoire de l’habitat. L’attachement à la propriété
est donc puissant au niveau national et, « de plus, déteint sur les nouveaux arrivants étrangers dans le pays, qui veulent aussi acquérir un bien, comme le démontrent des études ». Faut-il voir là un héritage sociologique des Trente Glorieuses, quand la croissance économique faisait voir la propriété immobilière comme le graal d’une vie, un symbole de réussite sociale et professionnelle ? Les chercheurs sont plus nuancés. Antoine Decoville, responsable de l’Observatoire du développement spatial du Luxembourg, et sa collègue Valérie Feltgen notent ainsi que « cet attachement à la propriété peut aussi provenir du fait que le revenu de cette propriété est plus important que celui de son travail ». Tandis que certains restent séduits par la possibilité « de considérer la propriété comme une sorte d’épargne-pension. On entend sou-
LE POIDS DU LOGEMENT DANS LE BUDGET DES MÉNAGES En pourcentage 40
35,71
35
29,3 30
25
20
15
10
5
60 —
— Décembre 2019
16
15
20
14
20
13
20
12
20
11
20
10
20
09
SOURCE Statec
20
08
20
07
20
06
20
05
20
98
20
19
19
93
0
TROIS QUESTIONS À
PAS TOUJOURS LA MEILLEURE STRATÉGIE
Or, devenir propriétaire n’est pas toujours la meilleure stratégie pour le « bon père de famille ». Mais là Denis Scuto aussi, certaines idées reçues ont la Historien peau dure. « Notamment cette croyance que, si on loue, on dépense de l’argent pour rien », « LE PUBLIC DES LOGEMENTS note Julien Licheron. Pourtant, au SOCIAUX N’EST PAS ÉLECTOLuxembourg, la rentabilité brute RALEMENT INTÉRESSANT » atteint au mieux 2,5 %. « S’il faut 40 ans pour encaisser en loyers le Le logement social ou abordable un rôle à jouer dans le montant déboursé pour acquérir, a-t-il domaine de l’intégration ? il n’y a pas photo : n’achetez pas, C’est mon cas. J’ai grandi dans des louez », souligne Antoine Decoville. logements sociaux à Esch. Mon père D’ailleurs, pointe Julien Licheron, avait deux métiers, mais malgré cela, de ses trois enfants a pu faire des « si les gens n’avaient pas cette *un études supérieures. De plus, j’ai pu, impression que les prix vont grâce à la mixité, fréquenter au lycée encore augmenter, ils se met- des Luxembourgeois issus de la classe moyenne. Cela aide évidemment. traient plutôt à louer ». Mais les prix restent bien en Que constatez-vous concernant hausse. Et le rêve de la propriété l’intervention de l’État en matière semble de moins en moins acces- de logement social ? n’a presque jamais été une préocsible. « Si on analyse Luxembourg- Cela cupation si ce n’est un léger sursaut ville, où le problème du logement après la Seconde Guerre mondiale, est particulièrement sensible, on par peur de voir ressurgir le nazisme constate que des économies et un ou le communisme, sans doute. Les chiffres en témoignent. On comptait emploi ne suffisent plus pour deve- 2.660 logements sociaux en 1970 nir propriétaire, sauf si le salaire pour 340.000 habitants et 2.904 est extrêmement confortable. Il est aujourd’hui, d’après le rapport de la nécessaire de disposer d’un patri- Cour des comptes, alors que la popu lation a doublé. C’est assez éloquent. moine de départ ou de venir d’une famille qui en détient un. Acheter Pourquoi ce manque d’intérêt ? un logement d’emblée est de plus Le public des logements sociaux n’est électoralement intéressant, d’une en plus difficile, souligne Julien pas part. D’autre part, augmenter l’offre de Licheron. Un phénomène qui logements ne suffira pas. Il faut d’autres touche aussi bien les étrangers que actions, dont une réforme fiscale et l’inles Luxembourgeois. Car, il ne faut troduction de taxes sur les logements vides et les terrains à bâtir inutilisés… pas perdre cela de vue, de très J’ai aussi évoqué dans un article la Lex nombreux Luxembourgeois n’ont Koller suisse, qui soumet toute acquisition d’immeuble par une personne pas de patrimoine. » à l’étranger à une autorisaTerrible paradoxe : l’accès à la domiciliée tion administrative. Cela contrerait les propriété immobilière est plus dif- fonds étrangers actifs dans l’immobilier ficile alors que les conditions pour luxembourgeois. Mais il n’y a pas de y accéder sont presque idéales. « En volonté pour cela. effet, les taux hypothécaires sont très bas – et rien n’indique un ratio de temps qu’il faut pour remchangement à moyen terme –, la bourser, on est dans des niveaux durée des prêts a été allongée, les de mensualités pourtant accepbanques privilégient – pour se pré- tables, même inférieurs à de nommunir de toute mauvaise surprise – breux autres endroits », complète l’emprunt à taux fixe, ce qui est Antoine Decoville. déjà le cas de plus de 50 % des créEn tout cas, rien ne laisse dits… », conclut Julien Licheron. Le augurer que devenir propriétaire principal problème demeure donc, demain sera plus facile qu’auencore une fois, l’apport de départ. jourd’hui. Un marché dans lequel « Si on considère le revenu moyen les prix vont augmenter sera en par ménage et le prix moyen d’un effet toujours « plus sélectif au appartement, en tenant compte du niveau des propriétaires ». N. L.
PHOTO DR
SOCIÉTÉ
SOCIÉTÉ
un risque de fracture sociale
des Luxembourgeois, mais moins aisés que la moyenne nationale. »
GENTRIFICATION NATIONALE
solution est de proposer plus de logements sociaux et de logements à un prix abordable. « Oui, mais le vrai problème est surtout de savoir à qui attribuer ces logements, sur base de quels critères. Au Luxembourg, presque tout le monde peut introduire un dossier auprès du Fonds du logement ou de la SNHBM. Les personnes qui en auraient le plus besoin sont mal identifiées et donc mal connues ; souvent, elles n’ont d’ailleurs pas les connaissances pour demander un logement social... », souligne pour sa part Julien Licheron, du Liser. Une population résidente, mais étrangère, et qui, donc, ne vote pas. D’où aussi un moindre empressement des politiques à tourner les yeux vers elle. Du moins, jusqu’à présent, puisque le ministre du Logement Henri Kox (Déi Gréng) souhaite aussi qu’à ce niveau, le changement ait lieu maintenant (voir en page 52). N. L.
Le Luxembourg n’échappe donc pas au phénomène de gentrification sur une partie de son territoire – c’est-à-dire, quand une certaine population en remplace une autre, Le logement pèse lourdement sur le budget des ménages. poussée au-delà, comme cela se voit A fortiori parmi les plus défavorisés. Une inégalité qui a aussi à Londres. « On peut avoir le sentipour conséquences de modifier la structuration spatiale du pays, ment que ce qui se passe ailleurs à de favoriser la gentrification et de rendre la mixité sociale l’échelle d’une ville se produit au de plus en plus complexe à envisager. Luxembourg au niveau du pays tout entier, et s’accélère », indique e logement, que l’on soit loca- le logement représente 42 % des Antoine Paccoud. Avec le risque taire ou propriétaire, semble ne dépenses, soit presque trois fois de voir certains profils et métiers plus quitter le sommet du hit- plus que pour les plus aisés (14,5 %). éloignés de certaines zones, parade des inquiétudes des résiPremière conséquence de ce dont la capitale et sa ceinture. dents luxembourgeois. En effet, phénomène, le taux de risque de Luxembourg-ville en est le meilleur 80 % des ménages se disaient pauvreté gonfle si on tient compte exemple. Mais d’autres lieux pourconcernés par la charge financière des dépenses liées au logement raient aussi être gentrifiés à terme. de leur logement… en 2012. « Le dans le calcul. En 2017, selon le « Notamment Esch, sous l’impultaux est sans doute encore un peu Statec, 15,8 % de la population était sion du développement de Belval, plus élevé actuellement », dit-on en risque de pauvreté. Mais ce taux qui abrite une population bien difau Statec, qui avait réalisé cette s’élève à 24 % si on déduit le coût férente de la classe ouvrière. » étude consacrée au coût du loge- du logement du revenu disponible. Pour s’opposer à cette fracture ment. Déjà, l’inquiétude était crois- Et plus personne n’est épargné par sociale de plus en plus béante, la sante puisque, si 26 % des ménages ce risque, sauf les pensionnés et les avouaient que la charge du loge- propriétaires ayant fini de rem- LA MIXITÉ EN PÉRIL Revenus inférieurs à la moyenne ment n’était pas importante du tout bourser leur bien. nationale et taux de Luxembourgeois Croisement des variables supérieur à la moyenne nationale à leurs yeux en 2003, ils n’étaient La seconde conséquence est du taux d’étrangers Revenus supérieurs à la moyenne déjà plus que 17 % en 2012. Dans le que cette hausse de la charge du et des revenus (par rapport aux nationale et taux de Luxembourgeois même temps, le taux de familles logement impacte la structuration moyennes nationales) supérieur à la moyenne nationale qui estimaient cette même charge de l’espace. « Les prix devenant Revenus inférieurs à la moyenne comme importante avait bondi de de plus en plus inaccessibles, on nationale et taux de Luxembourgeois inférieur à la moyenne nationale 27 % en 2003 à 38 % en 2012. observe clairement un marquage Clervaux Revenus supérieurs à la moyenne Un phénomène plus compré- socio-spatial plus important, nationale et taux de Luxembourgeois hensible au regard du poids du relève Antoine Paccoud, géoinférieur à la moyenne nationale logement dans le budget moyen graphe social attaché au Liser et des ménages. Il n’a en effet jamais spécialiste des questions de dévecessé d’augmenter. Les chiffres loppement urbain et de mobilité. fournis par Ioana Salagean, éco- La carte du pays qui croise le taux nomiste et statisticienne au Statec, d’étrangers et les revenus par raple démontrent. En 1998, le poids port aux moyennes nationales est Diekirch du logement était de 27,35 %, avant éloquente. On voit clairement un de passer le cap des 30 % en 2005 premier cercle avec la capitale et et d’atteindre 36,5 % en 2017. des communes proches, où on retrouve une population surtout LE LOGEMENT ACCROÎT constituée d’étrangers avec des LE RISQUE DE PAUVRETÉ revenus élevés. Il y a ensuite L’analyse fine révèle une autre réa- un second cercle, assez large lité : c’est auprès des ménages les puisqu’allant d’Ell à Dahlem plus défavorisés que le poids du et de Clemency à Bech, occupé logement est le plus lourd et a le surtout par des Luxembourgeois plus augmenté ces dernières années. aisés. On voit ensuite des points qui Luxembourg Entre 2012 et 2017, il a grimpé de correspondent aux villes plus 20 % pour les plus défavorisés importantes, avec un nombre (groupe Q1, la société étant com- d’étrangers supérieur à celui des posée de cinq groupes) et de seu- Luxembourgeois et des revenus Esch-sur-Alzette lement 7 % pour les plus nantis (Q5), inférieurs à la moyenne nationale. selon une étude du Statec datant Puis, enfin, les campagnes, la prindu mois d’août. Dans ce groupe Q1, cipale partie du nord du pays, avec SOURCE Statec
L
Décembre 2019—
— 61
que les taux qui sont généralement pratiqués dans les banques, avoue Sabine Parisse. Mais à l’époque, cela représentait un avantage. » Autre société, autre proposiFace à la pénurie de main-d’œuvre, les employeurs doivent recruter tion : dans le cadre d’une instalde plus en plus loin. Pour attirer les profils recherchés et leur permettre lation définitive, le service des de se loger dans un marché hors de prix pour certains, des entreprises ressources humaines de PwC ajoutent le logement à leur politique de ressources humaines. Luxembourg offre les services d’un assistant à la relocation et es entreprises d’aujourd’hui déclare Florence Lindauer, res- propose ainsi une aide à la fois doivent-elles de nouveau se ponsable du recrutement chez financière et logistique. préoccuper de loger leurs Arendt. Aussi, nous avons mis en employés ? La question se pose place un document intitulé ‘Your DES OFFRES EN NATURE actuellement de manière très arrival in Luxembourg’, que nous D’autres ont décidé de prendre le accrue face à la difficulté de trou- distribuons aux stagiaires et aux taureau par les cornes et d’acheter ver des logements abordables au juniors en amont de leur arrivée eux-mêmes des logements pour Luxembourg. Dans le même pour les accompagner dans leur leurs employés. C’est le cas par temps, les employeurs se voient recherche de logement. Ce docu- exemple du Groupe Steffen, qui a dans l’obligation de recruter de ment rassemble des liens utiles : investi dans des petits logements plus en plus loin pour trouver les les sites pour faire de la coloca- aménagés pour son personnel. Ils profils recherchés. Comment tion, les sites d’annonces immofaire alors pour que ces nouveaux bilières, les groupes Facebook migrants parviennent à trouver dédiés, les logements proposés un toit, et si possible pas trop loin par la Ville de Luxembourg ou de leur lieu de travail ? Certaines l’Université du Luxembourg, les entreprises ont pris en considé- auberges de jeunesse, les ration cette question et pro- appart’hôtels… Dans ce guide posent quelques pistes ou sont aussi précisés tous les docusolutions à leurs employés. ments administratifs nécessaires pour faire ces démarches ou L’ENTRAIDE encore les moyens d’accès en L’une d’entre elles est l’entraide. transport en commun aux difféAinsi, plusieurs entreprises dis- rents sites d’Arendt. » posent d’un intranet sur lequel sont déposées des petites DES AIDES FINANCIÈRES annonces. « On y trouve aussi bien Il y a quelques années, la BEI a Dominique Laurent PwC Luxembourg des annonces pour des objets en fait un appel d’offres aux banques occasion que des annonces pour luxembourgeoises pour que ses des appartements ou de la colo- employés puissent bénéficier disposent ainsi d’une staff house cation », explique Sabine Parisse, d’un taux bonifié sur leur avec cinq chambres à la frontière chargée de communication à la emprunt hypothécaire dans le française, qui peut être occupée le BEI. « C’est très difficile de trouver cadre de l’achat de leur logement temps d’un stage ou d’une période un logement au Luxembourg principal. « Aujourd’hui, cela est d’essai, d’un appartement à Eschquand vous avez simplement un moins intéressant, car le taux sur-Alzette et d’un appartement à contrat de stage de six mois, bonifié n’est pas plus avantageux Luxembourg-Cents. « L’idée de la staff house date d’il y a cinq ans, à cause de cette énorme difficulté à trouver un logement pour les candidats venant de pays européens (hors frontières de proximité) et qui, pendant la période d’essai ou leur stage, essuient des refus avec les propriétaires des logements, frileux à l’idée de voir la personne repartir presque immédiatement, explique Tom Steffen. Notre priorité est de dépanner nos employés avec une réponse transitoire et rassurante, le temps qu’ils trouvent leurs marques. » RESSOURCES HUMAINES
Un emploi « clé sur porte »
L
« Nous nous sommes inspirés du modèle de coliving pratiqué à Londres. »
62 —
— Décembre 2019
Roland Kuhn, administrateur délégué de Kuhn, quant à lui, envisage de faire construire de nouveaux ensembles destinés à loger ses ouvriers de la construction, et a entamé des discussions avec le ministère du Logement en ce sens. Ce qui n’est pas sans rappeler le phénomène vécu au moment de la révolution industrielle du 19 e siècle. Certaines entreprises, dans une vision paternaliste, avaient créé les cités ouvrières, des logements fournis à leurs employés à moindre coût, qu’ils pouvaient occuper avec leur famille. Ces cités, qui avaient aussi un rôle social, permettaient aux employés, venus de régions ou de pays éloignés, de loger à proximité de leur usine et dans des lieux salubres, répondant aussi aux préoccupations hygiénistes de l’époque tout comme au souci de rentabilité de l’employeur. Ces systèmes ont perduré jusqu’au milieu du 20e siècle, répondant à la pénurie de logements sociaux, mais ont été critiqués puisqu’orientant totalement la vie des employés. Autre temps, autres raisons pour envisager cette solution de la cons truction. C’est le cas aussi chez PwC Luxembourg pour les stagiaires ou les jeunes recrues. « Nous nous sommes inspirés du modèle de coliving pratiqué à Londres, explique Dominique Laurent, managing director en charge de l’infrastructure chez PwC Luxembourg. Nous souhaitons développer sur un terrain jouxtant nos bureaux à la Cloche d’Or un ‘burothel’, c’est-à-dire un bâtiment qui abrite des logements de société. À la place de proposer une voiture, nous souhaitons offrir comme avantage l’accès à un espace de cohabitation pour un prix ciblé, entre 600 et 700 euros, pour une durée de 6 à 24 mois. Toutefois, notre proposition a rencontré plusieurs obstacles, que ce soit au niveau du règlement des bâtisses, qui ne permet pas la construction de ce type de logement, ou pour des raisons de fiscalité. Actuellement, nous avons dû mettre en suspens ce projet, faute d’engouement politique et de solutions concrètes apportées à nos questions. » C. C.
ILLUSTRATION Ellen Withersova
ENJEUX
L’Europe au bout des doigts!
Les applis des CFL
Réservez vos billets internationaux
Vos horaires internationaux en temps réel
Gestion de vos billets électroniques
Affichage de vos correspondances
cfl mobile
déplacements nationaux et transfrontaliers
www.cfl.lu
CallCenter + 352 2489 2489
ENJEUX CARTE BLANCHE vec l’accroissement fulgurant du prix du logement au Luxembourg, la crise du logement ne touche pas seulement les ménages à revenus modestes, mais aussi les classes moyennes. L’accès à la propriété, de plus en plus difficile, reste néanmoins un objectif très brigué des ménages à revenus moyens. Les ménages à revenus modestes (sans patrimoine), gravitant autour du taux de risque de pauvreté, n’ont d’autre choix que de rester locataires à vie, avec des loyers qui augmentent aussi en flèche et qui dépassent de plus en plus leurs moyens financiers. Le logement social – terme inexistant dans les textes légaux, mais couramment utilisé dans les discussions – est généralement défini comme du logement subventionné à l’adresse de populations incapables d’accéder au marché du logement libre. À côté de certaines conditions à remplir par le candidat locataire, un logement social se caractérise aussi par un loyer adapté au revenu du ménage. Le logement social abrite les « cas sociaux ». C’est un préjugé commun qui a comme conséquence que beaucoup de communes (50 %) et de citoyens ne veulent pas de logements sociaux à proximité. Il n’est pas certain, si on arrête de parler de logements sociaux et qu’on parle plutôt de logements abordables, que ces préjugés cessent. Mais au moins, la connotation péjorative disparaît dans les mots.
logement social VS logement abordable Plus que d’un logement social, au moins un cinquième de la population a besoin d’un logement dit « abordable », souligne Marco Hoffmann de Caritas Luxembourg. Un enjeu qui se joue sur plusieurs fronts, dont celui des communes et du « bailleur social ».
taires 2. En effet, le taux de risque de pauvreté est calculé uniquement sur le revenu disponible du ménage et ne prend pas en compte les dépenses ou la situation patrimoniale. Si le calcul des besoins en logements abordables se base donc uniquement sur les ménages non propriétaires en risque de pauvreté, le chiffre s’élève à 25.000 ménages pour 2018. C’est une estimation prudente qui ne prend pas en compte les tranches inférieures de la couche moyenne (en termes de revenus) de la population, car celles-ci ont certainement aussi des difficultés à supporter le coût du logement. Soulignons aussi qu’un autre indicateur, le risque de pauvreté et d’exclusion « Europe 2020 », porte le taux à 21,9 %. Retenons donc qu’au moins un cinquième de la population a besoin de logements abordables. En toute logique, l’État doit UN CINQUIÈME prêter main-forte à ces ménages DE LA POPULATION exclus du marché du logement Combien de personnes ont be libre en poursuivant et en intensoin d’un logement abordable ? sifiant une politique du logement En 2018, 105.620 personnes axée sur le logement abordable. (18,3 % de la population) vivent Lors de la présentation du Pacte en dessous du seuil de pauvreté logement 2.0, le ministre du monétaire qui s’élève à 2.013 € Logement Henri Kox (Déi Gréng) par mois pour un adulte seul 1. s’est heureusement engagé dans C’est cette tranche de la popula- cette direction. tion – pourrait-on croire – pour laquelle la problématique du UN NOUVEL ACTEUR : logement est une problématique LE BAILLEUR SOCIAL existentielle. Des statistiques Le projet de loi du Pacte logeassez récentes dévoilent cepen- ment 2.0 n’étant pas encore public, dant que 43 % des ménages en il faut recourir aux explications du risque de pauvreté sont proprié- ministre et du ministère dans la 64 —
— Décembre 2019
presse et sur les sites internet ad hoc. Le document le plus élaboré 3 détaille, à première vue, un concept cohérent d’attribution d’aides étatiques après élaboration d’un plan d’action local « logement » propre à chaque commune. À ce stade, le Pacte ne contient pas d’objectif chiffré concernant le nombre de logements abordables à créer obligatoirement. Or, sur base de l’analyse précédente, il faudrait que toutes les communes visent à créer du logement abordable à hauteur d’au moins 20 % de leur population résidente dans un délai raisonnable. C’est aussi une question d’équité entre les communes. Selon le Pacte 2.0, ces logements doivent rester la propriété de la commune ou de l’État. C’est ainsi que les pouvoirs publics se portent dorénavant garants de la création et du maintien d’un parc de logements abordables à travers le pays. Le problème de la gestion de ce parc est ainsi posé. Afin de le résoudre, le ministère entend créer un nouvel acteur : le bailleur social. Le bailleur social sera l’intermédiaire entre le propriétaire et les locataires. Ses interventions à destination de ses clients seront de deux ordres : 1. Les épauler et les cadrer dans leur rôle de locataire (respect des droits et obligations en tant que locataire) ; 2. Favoriser une vie commune agréable et paisible entre les locataires et entre les locataires et le quartier / village dans lequel ils
vivent (travail social communautaire, voisinage actif…). L’effritement du lien social oblige en effet à se soucier préventivement de la vie commune dans les résidences et quartiers. L’action vise à prévenir les conflits et à œuvrer pour l’inclusion sociale de populations fragilisées comme les personnes âgées, les enfants, les migrants, les personnes en situation précaire…
UNE EXIGENCE DE JUSTICE SOCIALE
D’autres facteurs ont une influence sur le logement abordable et il faut encore évoquer, avant de conclure, les excès du marché libre et notamment la spéculation sous forme de rétention de terrains à grande échelle (la critique ne vise pas les familles qui gardent un terrain pour leur enfant) et le vide locatif volontaire à des fins de revente ultérieure. Dans la mesure où l’accroissement de la valeur d’objets immobiliers est énorme, 7 % / an pour les logements par exemple, la location de ces logements devient un facteur négligeable, embêtant même, et les grands investisseurs préfèrent laisser vides des centaines de logements nouvellement cons truits pour les vendre, 10 ans après, au double du prix d’acquisition. Un logement de 500.000 € se vendra dans 10 ans au prix de 1.000.000 € (gain annuel de 50.000 € !). Abolir de telles pratiques est une exigence de justice sociale.
MARCO HOFFMANN
Président Fondation Caritas Luxembourg
1 Statec, Rapport Travail et Cohésion sociale / Analyses 2 – 2019, p. 129 2 luxembourg.public.lu/fr/vivre/logement/chiffres-cles/index.html 3 logement.public.lu/dam-assets/documents/politique-logement/pacte-logement-2/141119-Rapport-final-PL20.pdf
PHOTO Caritas
A
© opderschmelz
20 20
25.01.2020
KANNERBICHERDAG 06.02.2020
© Marc Lazzarini / Standart
TINA DICO 07.03.2020
ZELTIK
RED HOT CHILLI PIPERS, CELTIC SOCIAL CLUB BILLOW WOOD, MODENA CITY RAMBLERS THE YOUNG FOLK...
22.04.2020
CELTIC LEGENDS 14-17.05.2020
LIKE A JAZZ MACHINE
© Marc Lazzarini / Standart
© NPGrecords
RABIH ABOUH KHALIL, BOBBY SPARKS SAMUEL BLASER, SYLVAIN RIFFLET
30.04.2020
IDA NIELSEN & THE FUNKBOTS 20.06.2020
FETE DE LA MUSIQUE À DUDELANGE 12.10.2020
FISH
CENTRE CULTUREL REGIONAL DUDELANGE 1A, RUE DU CENTENAIRE, L-3475 DUDELANGE
www.opderschmelz.lu
layout — Bunker palace.
© Weltschmerz
LOTTE, MATHEA, WELLBAD ALEX HENRY FOSTER, TUYS...
GRAND DOSSIER
Cybersécurité Vivez l’expérience sur paperjam.lu/dossiers-editions
GRANDE INTERVIEW
« La cybersécurité est l’affaire de tous » Depuis 2010, Security Made In Lëtzebuerg (Securitymadein.lu) intervient en urgence en entreprise en cas de cyberincident et forme toutes les personnes intéressées aux bonnes pratiques en la matière. Dans un contexte de digitalisation accélérée, où la complexité des technologies s’accroît, cette agence du ministère de l’Économie est plus sollicitée que jamais.
S
i ses prémices remontent à quelques décennies déjà, la transformation digitale, dans tous les secteurs, s’est considérablement accélérée au cours des dernières années. Dans ce contexte, le Luxembourg a rapidement compris que, pour rester séduisant aux yeux des entreprises, il était crucial de pouvoir proposer un environnement informatique sûr. Différentes initiatives ont donc vu le jour au fil des années pour s’en assurer et, aujourd’hui, le Luxembourg figure, selon une étude de l’UIT (Union internationale des télécommunications), à la 11e place mondiale en matière de cybersécurité. Parmi toutes ces initiatives, Securitymadein.lu est sans doute l’une des plus connues. Elle propose depuis 2010 une offre très complète à destination des entreprises. « En tant qu’agence du ministère de l’Économie, nous sommes une organisation de service public. Notre but est donc de répondre à toutes les problématiques de cybersécurité aux66 —
— Décembre 2019
quelles pourraient être confrontées les sociétés installées au Luxembourg, explique Pascal Steichen, CEO de Securitymadein.lu. Dès les premiers développements digitaux, le Luxembourg a en effet compris que le fait de garantir la cybersécurité était un facteur d’attractivité important pour les entreprises, un outil de fortification du business. »
POMPIER, ANALYSTE ET FORMATEUR
L’activité de Security Made In Lëtzebuerg est assurée par trois départements : le Circl (Computer Incident Response Center Luxembourg), le Cases (Cyberworld Awareness and Security Enhancement Services) et le C3 (Cybersecurity Com petence Center). « L’équipe du Circl, c’est un peu les pompiers d’internet, détaille Pascal Steichen. Ils interviennent en urgence – et gratuitement – auprès des entreprises qui subissent une attaque informatique. Leur but est de stabiliser la situation,
IDENTIFIER LES NOUVEAUX BESOINS
Tournée vers l’avenir, l’organisation continue à chercher des pistes de diversification. « De nouveaux besoins en matière de cybersécurité apparaissent régulièrement, et c’est notre rôle de les combler s’il n’existe pas encore une offre suffisante pour y répondre », poursuit Pascal Steichen. De nouveaux produits ne cessent en effet d’apparaître sur le marché et le raffinement croissant de ces technologies nous fait parfois oublier les réflexes de sécurité de base. « En matière de cybersécurité, l’histoire repasse les plats », estime le CEO de Securitymadein.lu. « L’internet of things connaît ainsi de nombreux développements de nos jours, mais il suscite des comportements qu’on croyait révolus depuis longtemps, comme le fait de ne pas changer un mot de passe par défaut. Cela peut entraîner des risques importants, notamment dans le monde de l’automobile ou de la santé. » Autre nouveauté : le caractère de plus en plus
PHOTO Maison Moderne
Pascal Steichen CEO Securitymadein.lu
mais aussi de conseiller l’entreprise sur les éléments à mettre en place pour se prémunir contre une nouvelle attaque. Cases est moins technique, plus axé sur la gouvernance, et destiné plutôt aux PME. Son rôle est d’établir un état des lieux de la situation au sein de l’entreprise et de fournir éventuellement les contacts d’acteurs privés qui pourront mettre en place les éléments qui manquent pour assurer une cybersécurité suffisante. » Dernier développement de Securitymadein. lu, le C3 est une sorte de centre de formation qui doit servir à développer les compétences des collaborateurs de l’entreprise. « On met en place une approche basée sur le long terme, précise le CEO de Securitymadein.lu. À côté des formations classiques, qui s’adressent aux collaborateurs d’une entreprise de façon plus individuelle, nous proposons des outils qui permettent de tester la réaction du groupe face à une attaque, comme la Room#42. » « En y simulant une attaque informatique et en analysant la réaction de chacun – pas seulement les responsables IT, mais aussi les collaborateurs d’autres secteurs de l’entreprise –, on tente de faire comprendre que les solutions pour limiter les dégâts d’une telle attaque sont à 80 % non techniques, et que la cybersécurité est donc l’affaire de tous », ajoute-t-il.
GRAND DOSSIER
complexe de ces différentes technologies, qui exigent des compétences poussées en cas d’attaque informatique. « Le digital apparaît comme quelque chose de simple, de rapide, d’efficace. Mais les développements actuels sont constitués d’une série de couches qui reposent les unes sur les autres, et dont certaines sont très anciennes. Après tout, internet a déjà 50 ans, rappelle Pascal Steichen. Quand un problème se pose, il faut donc être capable de redescendre toutes ces couches pour en identifier la cause ou pour réparer les dégâts. Cela demande un haut niveau d’expertise. »
PHOTOS Maison Moderne
DES SERVICES SOLLICITÉS, UN ÉCOSYSTÈME RICHE
Ceci explique que Securitymadein.lu soit de plus en plus sollicitée par les entreprises, et de plus en plus tôt. « Avant, on nous demandait de jeter un œil au système informatique mis en place pour vérifier que tout était en ordre. Aujourd’hui, on vient plutôt nous voir en amont, pour nous demander conseil. On doit moins prêcher la bonne nouvelle. Et on constate que les différents acteurs nous connaissent peutêtre mieux », estime Pascal Steichen. La nature du tissu économique luxembourgeois est sans doute pour beaucoup dans cette prise en considération croissante du rôle central de la cybersécurité. « Le secteur financier, qui est très représenté au Luxembourg, est particulièrement critique en ce qui concerne les risques d’attaque informatique. Les différents acteurs de ce secteur ont donc eu un réel impact sur le développement rapide de structures veillant à une meilleure sécurité informatique dans tout le pays. » Selon une étude menée par Securitymadein. lu, et dont les résultats seront présentés en introduction à la Semaine de la cybersécurité qui aura lieu pour la troisième fois du 15 au 25 octobre, plus de 250 entreprises au Luxembourg se consacrent à la cybersécurité. Ces acteurs, en plus des structures publiques comme Securitymadein.lu, forment donc à présent un véritable écosystème en soi. « L’objectif de la Semaine de la cybersécurité est de permettre à toutes ces organisations de se retrouver et d’échanger. Évidemment, il s’agit aussi, à travers tous les événements qui y sont organisés, d’offrir au public extérieur une réponse à toutes les questions qu’il se pose sur le sujet », conclut Pascal Steichen. Q. D.
1
4
contributions
contributions
DE LA CYBERSÉCURITÉ À LA CYBER-RÉSILIENCE
CARTES BLANCHES
Jean Diederich Partner Wavestone (Luxembourg)
Thomas Koch Associate partner EY Luxembourg Mohamed Ourdane Head of cybersecurity Post Luxembourg
2 contributions
S’ASSURER À L’HEURE DE LA DIGITALISATION
Bertrand Moupfouma Partner Themis Lex
Cédric Mauny Cybersecurity lead Proximus Luxembourg Philippe Bonte Chief financial officer & chief actuary Foyer Koen Maris Cybersecurity leader PwC Luxembourg
3 contributions
CYBERSÉCURITÉ : LES NOUVELLES RÉGLEMENTATIONS ET TECHNOLOGIES QUI NOUS OBLIGENT À NOUS REPENSER Charly Rohart CEO RCDevs
RENDEZ-VOUS
LES PROCHAINS DOSSIERS DIGITAUX 28.11.2019
Private banking
12.12.2019
Data & Cloud services
Retrouvez tous les mois sur paperjam.lu et dans la newsletter Coffee Break un grand dossier qui comprend une table ronde et des contributions d’experts.
Décembre 2019 —
— 67
Auteurs
camille frati Et thierry raizer Photographe
patricia pitsch (maison moderne)
68 —
— Décembre 2019
« L’entreprise, ce n’est pas le goulag »
En remettant en cause les modalités du dialogue social tripartite à l’échelle nationale, Nicolas Buck a fait une rentrée fracassante sur le plan médiatique. Et a réalisé son premier véritable geste fort depuis sa prise de fonctions en mars dernier. Sans langue de bois, le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) assume son style, et surtout le fond d’un discours qui reflète l’état d’esprit des entreprises qu’il représente en tant que « syndicaliste ». À sa manière. Décembre 2019 —
— 69
Nicolas Buck Pragmatique et visionnaire
Bio « pro » express
Nicolas Buck en 5 dates 2000 − Cofondateur et CEO de Victor Buck Services 2012 − Fonde Seqvoia, une regtech pour les fonds 2014 − Préside l’accélérateur de start-up Nyuko jusqu’en 2017 2016 − Préside la Fedil jusqu’en 2019 2019 − Succède en mars à Michel Wurth à la présidence de l’UEL
L
Avant ma prise de fonctions, j’avais comfine, renvoyer une mauvaise image du pays mandé le livre des 100 ans de l’OGBL, qui à l’extérieur. reprend sur plusieurs pages ce qui est pré- Ce changement coïncide aussi avec senté comme des victoires, et qui sont en votre arrivée à la présidence de l’UEL… réalité des lois. Tout est dit. La décision est le fruit d’un constat et d’une Les syndicats parlent d’un aveu longue réflexion. Mais je ne viens pas de de faiblesse, d’une politique nulle part. J’ai exercé la vice-présidence de la chaise vide… de la Fedil pendant deux ans, et trois ans Notre droit du travail n’est pas adapté au Loin de là… C’est justement le contraire. la présidence. J’ai appris ce métier. Nous Nous voulons jouer cartes sur table. 21e siècle. Ce droit du travail qui, depuis ne faisons qu’arriver au bout de notre Ensuite, c’est au gouvernement dans son que le jeune Jean-Claude Juncker, à raisonnement. ensemble de porter ses réformes. La coa- Vous sentez que vous n’avez l’époque, est devenu secrétaire d’État au début des années 80, n’a été modifié que lition à trois rend plus compliqué le res- pas suffisamment l’oreille dans le sens du renforcement du droit des pect d’une seule ligne politique, com- des décideurs politiques ? salariés. Si la volonté est de continuer parativement aux gouvernements antéNous avons toujours l’oreille des politiques. rieurs qui étaient formés d’un grand parti dans cette voie, ce qui serait légitime pour La politique est un métier très compliqué (le CSV, ndlr) et d’un partenaire « junior » un gouvernement, alors nous proposons et qui est souvent sous-estimé. Les chefs (LSAP ou DP). Il y avait un chef. A ujourd’hui, d’arrêter les discussions factices à trois d’entreprise sont des gens libres, et c’est chaque parti de la coalition (DP, LSAP, Déi parties au sein du CPTE, qui, selon la loi, notre droit de mettre le doigt sur les quesGréng) suit en quelque sorte son propre n’est pas un organe de négociation, mais tions cruciales pour le pays. Car les entreprogramme, au détriment d’une politique de dialogue. La configuration tripartite prises font partie de la société et ne sont générale en faveur du pays. actuelle nous fait perdre tout espoir de ni opposées à l’État, ni aux syndicats. prise en compte de nos arguments, Qu’espérez-vous récolter comme Ne craignez-vous pas que le gouvernepuisque nous avons en face de nous un résultats au travers de cette méthode ? ment prenne des décisions qui aillent ministre du Travail socialiste et des synC’est une méthode adaptée au 21e siècle complètement à l’encontre de ce que dicats. Nous étions face à une discussion et qui correspond à tout processus de vous réclamez ? à deux contre un. consultation des autres projets de loi Au niveau du droit du travail, le gouverLes syndicats déclarent que défendus par le gouvernement. Pour chanement prend déjà depuis 20 ans des décivous mettez fin au dialogue social. cune des réformes, le ministre compétent sions qui vont à l’encontre des intérêts Que leur répondez-vous ? consulte la société civile sans pour autant des entreprises. La contrepartie à ce droit Je ne refuse pas le dialogue. Le dialogue qu’elle soit incluse dans un processus de du travail contraignant a toujours été un négociation. Le modèle qui était en social fonctionne plutôt bien au niveau de État particulièrement généreux au niveau vigueur avec le CPTE était une négation chaque entreprise. C’est là qu’il doit s’exerdes investissements, des systèmes de sécude la démocratie. Il donnait des pouvoirs cer en priorité. À l’échelle nationale, nous rité sociale… Mais en se projetant d’ici 20 de négociation à des organisations qui proposons en revanche de dialoguer à trois à 30 ans, l’argent risque de manquer. Les n’ont pas cette légitimité. Notre mandat sur des questions de nature à être discucharges sociales vont devoir évoluer, en tant qu’organisation patronale est de tées de façon consensuelle, mais lorsque l’État devra faire des choix. Il y a une nous franchissons la ligne politique, à donner des arguments pour que les reslimite à la croissance. Elle est presque savoir le droit, c’est au gouvernement de ponsables politiques puissent créer des physique. C’est dans cette optique que prendre ses responsabilités. Ce nouveau lois qui sont intelligentes et qui amènent nous avons besoin d’un droit du travail modèle de fonctionnement représente un une sécurité juridique. qui permette aux entreprises de s’adapproblème pour les syndicats. L’essence Mais vous « coupez l’herbe ter aux défis de demain. L’économie doit même d’un syndicat est une organisation sous le pied » des syndicats avec pouvoir respirer. politique qui veut s’ériger en facilitateur cette nouvelle méthode… Comment le droit du travail Ce n’est pas comme si les syndicats doit-il évoluer ? du progrès social au profit de ses affiliés. n’avaient pas accès aux politiques. Ma proMais l’UEL n’est pas une organisation poliNous ne pouvons pas avoir la prétention position ne change rien de ce point de vue. tique, elle représente les intérêts des entrede créer des cadres légaux, des convenNous préférons opter pour un mode bilaprises. Cette nuance est stratégique et tions collectives, qui puissent correstéral pour gagner du temps et arrêter de fondamentale. La politique vit de lois, pondre aux attentes de tous les salariés. Il nous disputer sur la place publique et, in comme un club de football vit de trophées. y a autant d’attentes que de salariés, qui
a rentrée a été chaude sur le plan du climat social. Quel est votre « coup d’avance » lorsque vous proposez de transformer les modalités des réunions du Comité permanent du travail et de l’emploi (CPTE) en dialogue bilatéral, et donc de mettre fin à la tradition tripartite ?
70 —
— Décembre 2019
Fiscalité
Luxembourg, « machine à recettes » À l’approche de la réforme fiscale, l’UEL milite pour une prise en compte des pays « concurrents ». De quoi faire dire de longue date à Nicolas Buck que le Luxembourg est une « machine à recettes fiscales » concentrées sur une faible proportion d’entreprises, avec les risques encourus en raison de la substance relative et du contexte international.
Évolution des recettes totales au Luxembourg et dans des pays au business model comparable (indice 100 en 1995)
500
400 Irlande Royaume-Uni
SOURCE Ameco (Commission européenne)
300
Luxembourg 200 Pays-Bas Belgique 1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
sont d’ailleurs plutôt bien formés. Les salariés veulent des espaces de liberté. Aujourd’hui, par exemple, vous ne pouvez pas travailler plus de 10 heures par jour ou 48 heures par semaine, sauf convention collective spécifique. Imaginons un père divorcé qui souhaiterait, une semaine sur deux, travailler 12 heures par jour pour pouvoir bénéficier de plus de temps avec ses enfants la semaine suivante, lorsqu’il en a la garde alternée, par exemple. Il ne pourrait pas le faire ! C’est une aberration. Il faut que le droit du travail soit adapté aux évolutions de la société. On dit qu’il faut protéger les salariés des plates-formes digitales… Or, il n’y a pas de plate-forme digitale ici. Uber n’existe pas. Il nous reste les taxis les plus chers d’Europe !
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
Business model Nicolas Buck souligne l’importance de traiter du sujet de la remise en question du business model des banques.
Ce concept de travail 4.0 lancé par les syndicats n’est donc pas recevable à vos yeux ?
C’est de la fumisterie. C’est un sujet qui n’existe pas et qui est utilisé pour légitimer des changements dans le droit du travail. La digitalisation aura bien entendu un impact, mais ce n’est pas avec des lois que nous apporterons les réponses adéquates. C’est au niveau de l’offre de formation, d’une stratégie nationale concernant les compétences, que nous réussirons à tirer profit des opportunités du digital. Chaque fois qu’un problème survient ou est perçu, les syndicats – et parfois des membres du gouvernement – estiment qu’il faut légiférer. C’est la maladie des lois, corollaire d’un État protecteur et qui contrôle, contre laquelle je m’érige.
Un « État-syndicat » ?
Par rapport au Luxembourg et à la structure de l’électorat, oui.
Quels retours avez-vous reçus de la part du gouvernement suite à votre proposition ?
Je note tout d’abord que nous avons été catégorisés par les syndicats comme ceux qui « refusent le dialogue social ». Or, ils ont compris dès le début ce que nous proposons. La véhémence de leur réaction me conforte dans nos choix. Quant au gouvernement, il a compris que le CPTE n’est pas Décembre 2019 —
— 71
100
Structure
Présidents
Fondée en 2000 sous l’impulsion de Joseph Kinsch, aidé par Norbert Friob et Paul Reckinger, l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) avait pour objectif initial d’unifier les positions du patronat autour des questions importantes pour les entreprises et le pays. Elle compte comme membres et actionnaires : la Chambre de commerce, la Chambre des métiers, la Fédération des artisans, l’ABBL, l’Aca, l’Horesca, la CLC et la Fedil.
Nicolas Buck s’inscrit dans les pas de deux capitaines d’industrie qui ont présidé à la destinée de l’UEL, tous deux patrons à l’Arbed (devenu ArcelorMittal) : Joseph Kinsch (président fondateur de l’UEL de 2000 à 2004) et Michel Wurth (président de l’UEL de 2004 à 2019). L’industrie (ou les industries), Nicolas Buck la con naît pour avoir présidé la Fedil de 2016 à 2019. C’est la première fois que l’UEL place à sa tête un dirigeant d’une entreprise dont le cœur de métier est l’informatique. Le reflet d’une époque et d’un pays qui se réinvente. C’est aussi la première fois que la casquette de président de l’UEL est séparée de celle de président de la Chambre de commerce, celle-ci étant revenue en avril dernier à l’ancien ministre Luc Frieden.
Continuité et changement
20 ans d’Union
un espace de négociation du programme gouvernemental. Il faudra trouver une sortie à la situation, il y en a toujours une. Mais nous ne reviendrons jamais à un mode de négociation tel que nous l’avons connu.
Cette nouvelle méthode permettrait d’établir des rapports professionnels avec le gouvernement, comme vous l’appeliez de vos vœux à votre prise de fonctions ?
contributeurs de recettes au niveau des personnes morales et, indirectement, des personnes physiques. Nous ne sommes pas encore dans un scénario catastrophe, mais nous avons des défis majeurs devant nous, surtout par rapport à nos grands concurrents, comme l’Irlande, qui semble avoir une approche encore plus souple que la nôtre.
S’ajoute le débat sur le modèle
Je cherche du professionnalisme, je ne de croissance du pays… cherche pas une forme de théâtre shakesC’est un vaste problème qui recouvre un pearien. Je crois que les salariés et les ensemble d’autres problématiques. Nous entreprises méritent mieux. devons le saucissonner. On ne peut pas parEn septembre 2017, vous citiez, lors ler du problème de croissance sans s’attad’une interview livrée à Paperjam, quer au régime de pensions. Si on ne change la confiance et l’ambition comme deux pas les conditions qui nous forcent à croître, clés pour garantir la pérennité du pays. nous n’aurons pas d’autre choix que de Deux ans plus tard, avez-vous toujours continuer à croître exponentiellement. confiance ? Quelle doit être l’ambition J’ajoute, sur un autre plan, que nous pour le pays ? n’avons, en 2019, en tant qu’un des pays les Je suis moins optimiste que je ne l’étais en plus riches d’Europe, que 4,5 km d’infra 2017. Nous ne parlons pas du tout d’un structures de transport public moderne : aspect technique, mais qui a d’imporle tram. Nous avons un énorme déficit d’intantes répercussions pour nos grandes frastructures adaptées. La politique doit entreprises, en particulier dans la finance : continuer à investir fortement à ce l’environnement de taux bas et même niveau-là. Lorsque je pense au métro du négatifs à une échéance plus longue que centre de Londres, qui date des années 30, 2023. C’est l’effet Draghi (Mario Draghi, et dont la longueur nous permettrait de président de la Banque centrale européenne de 2011 à 2019) qui, d’un côté, a sauvé le projet européen, mais qui, d’un autre, a remis fortement en question la rentabilité des banques. Le vrai sujet aujourd’hui pour un pays comme le Luxembourg, qui est une grande place financière, est la remise en question complète des business models de l’industrie financière. Notre vision ne se limite pas au droit du travail. L’industrie des fonds d’investissement est aussi en grande évolution. Or, ce sont deux piliers qui ont porté ce pays depuis 1970. On peut parler de diversification économique et discuter du choix de développer, par exemple, un pôle logistique – qui a peu d’intérêt dans un pays à forte valeur ajoutée comme le Luxembourg –, mais il faut prendre conscience du fait que nous sommes face à des défis qui concernent les plus grands
« Les entreprises font partie de la société et ne sont opposées ni à l’État, ni aux syndicats. »
72 —
— Décembre 2019
relier Arlon, Mersch ou Grevenmacher, je ne peux que questionner le choix qui a été fait d’allouer l’argent pour une fonction publique qui coûte cher et des régimes de sécurité sociale deux fois plus généreux par dépense par habitant que nos voisins directs. Or, l’infrastructure ne se construit pas en un an. Les politiques devraient proposer un plan sur 20 ans en faisant preuve de pédagogie. Quant à l’ambition que nous devons tous partager pour le Luxembourg, les entreprises prendront leurs responsabilités, mais le rôle de l’État est d’assurer un cadre adéquat et de mettre en place des infrastructures de qualité. C’est pour cela qu’on paie des impôts. Infrastructures et logements sont des priorités politiques. Pas le droit du travail.
Ces infrastructures pourraient aller au-delà des frontières pour résoudre les problèmes de mobilité vécus au quotidien par les frontaliers ?
Nous devons procéder par étape. Les défis sont tellement énormes que nous n’avons pas les moyens d’aborder tous les sujets en même temps. Il faut accepter que le centre du développement économique du pays reste la ville de Luxembourg. Il faut donc poursuivre la construction d’infrastructures du centre vers la périphérie.
Quelles seraient les réformes à mener en priorité ?
La réforme du système de pension est incontournable. Nous ne souffrons pas d’une urgence à court terme, mais nous devrons entreprendre une réforme qui impliquera une véritable discussion avec les syndicats et le gouvernement. Si Emmanuel Macron a sa grande réforme des pensions, croyez-moi que la réforme des pensions à Luxembourg sera la réforme de toutes les réformes. D’ici 10 ans, nous devrons avoir un plan et une visibilité sur le long terme. On ne peut pas avoir en 2050 le régime de pensions actuel et le triple A de la part des agences de notation, ça ne fonctionnera pas. Nous devrons aussi aborder la question de l’effet structurant de la rémunération
DESTINATION
SUMMER 2020 First Minute
40
up to
%* OFF
BOOK BEFORE FEBRUARY 29TH AT YOUR TRAVEL AGENCY OR ON LUXAIRTOURS.LU * Offer subject to conditions and availability.
du secteur public dans le privé. On parle origines. Oui, il y a des abus dans les entreMichel Wurth (précédents présidents, du statut unique, mais les pensions de prises, ce n’est pas le paradis. Mais l’entrendlr) ont jeté les bases du développement toutes les personnes qui travaillent dans le prise, ce n’est pas le goulag. C’est un espace de cette union des fédérations et des secteur public sont supportées entièrement où l’on passe beaucoup de temps. Et si on Chambres, une union qui est très forte. par le budget de l’État. Quant aux infra s’investit pleinement dans le travail, on peut Je pense aussi au mérite de Pierre Bley structures, elles représentent des proatteindre certains objectifs qu’on s’est fixés (premier directeur de l’UEL), Jeanblèmes à court terme. Cela nous prendra dans la vie, qu’il s’agisse d’une aisance matéJacques Rommes (ancien administrateur deux générations pour avoir, en 2060, rielle pour en faire bénéficier sa famille ou délégué) et Nicolas Henckes (ancien secréune infrastructure moderne comme dans d’un plan de carrière… C’est ce que j’appelle taire général) d’avoir fait en sorte de créer d’autres métropoles. Le logement sera l’ascenseur social. le socle qui nous permet aujourd’hui réglé dans le même temps, sans pour L’entreprise, un endroit pour d’aller plus loin. C’est un travail de 20 ans. autant devoir être l’enjeu d’investissement être heureux ? Sans mes prédécesseurs, tout ce que nous de tout un écosystème. Quand je vois Le monde du travail est fait d’exigences et faisons aujourd’hui ne serait pas possible. 1.000 agences immobilières, je préfère d’attentes de clients, qu’ils soient internes À votre entrée en fonction, vous aviez avoir 1.000 start-up ! ou externes. C’est un environnement enri- émis le souhait de « professionnaliser » Revenons à l’UEL. Quelle est votre chissant, mais la promesse n’est pas de tra- l’UEL. Est-ce chose faite ? vision de ses missions ? vailler pour être heureux. La satisfaction Nous sommes reconnaissants envers nos Elle est avant tout au service de ses dans le monde du travail vient de la contrifédérations et Chambres membres qui membres que sont les six fédérations, les bution individuelle à un ensemble. Je préont accepté de revoir à la hausse nos deux Chambres. Nous leur devons un fère le mot satisfaction au mot bonheur. moyens en fonction de notre projet. devoir d’excellence dans le travail de Une série d’entreprises, notamment Plus qu’une question de professionnaréflexion et de propositions autour des dans le secteur technologique, font lisme, c’est une question de moyens. Une trois piliers transversaux pour lesquels ils pourtant de la « joie de vivre » au bureau entreprise – et l’UEL est une entreprise, ont mandaté l’UEL : le droit du travail, les une marque de fabrique. Au point de systèmes de sécurité sociale et, le dernier voir certaines fonctions créées, comme en date, la fiscalité. le chief happiness officer… Ce cadre de travail s’inscrit dans une La priorité pour les entreprises est d’être vision du monde de l’entreprise qui est, compétitives et performantes. C’est ce que dans notre société, un des derniers grands les salariés attendent. Ils veulent travailler espaces de solidarité et de rencontres entre dans des entreprises qui leur donnent les différentes générations, entre des perconfiance grâce à leur marge de manœuvre sonnes plus ou moins expérimentées… pour, par exemple, engager de nouveaux Sans idéalisme, l’entreprise est un formicollaborateurs. Ce qui est le premier signe dable vecteur d’ascenseur social et d’intéde confiance que l’on peut ressentir à titre gration. C’est dans l’entreprise que nous individuel. Les salariés cherchent un envipouvons encore dépasser l’origine de nos ronnement qui est à la fois exigeant et qui conditions. amène une forme de sécurité. L’humain a Les bienfaits de l’entreprise besoin de ces deux piliers.
pour l’individu ne sont pas suffisamment mis en exergue ?
La vision que l’on a de l’entreprise est dépendante de son parcours particulier, de ses
74 —
— Décembre 2019
Quelle sera la « patte Buck » à la présidence de l’UEL ?
Il est encore trop tôt pour répondre en détail à cette question. Joseph Kinsch et
« Je cherche du professionnalisme, pas une forme de théâtre shakespearien. »
Montants estimés en millions d’euros
Fiscalité
Contribution en hausse des entreprises
6.000
L’UEL pointe l’effort croissant consenti par un nombre restreint d’entreprises en matière de fiscalité. De quoi relancer le débat sur l’élargissement de l’assiette et la réforme de l’impôt commercial communal (ICC).
5.000
SOURCE Comptes nationaux, projet de budget 2020 4.000
3.000
Impôt sur la fortune
Impôt commercial communal (ICC) 2.000
Impôt sur le revenu des collectivités (IRC)
Impôt de solidarité sur le revenu des collectivités
1.000
Taxe d’abonnement sur les titres de société 2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
en quelque sorte – a besoin de moyens pour se développer. Ma touche personnelle se reflétera sans doute dans le niveau d’exigence élevé que j’attends du résultat de notre travail. Quand nous promettons quelque chose, nous devons honorer cette promesse.
Comment vous positionnez-vous par rapport à la Chambre de commerce, qui a aussi un nouveau président depuis le début de l’année ? Luc Frieden a choisi de ne pas prendre de « position syndicale », mais souhaite accompagner en priorité le processus législatif.
2007
2008
2009
2010
2011
2012
monde du travail. Depuis 100 ans en Europe, les syndicats sont des organisations particulièrement stratégiques qui ont d’abord changé le monde du travail au travers de leur organisation et ont ensuite pris le pouvoir en créant des partis socialistes. Toute stratégie se doit d’être repensée ou adaptée aux nouvelles réalités économiques. Nous sommes en 2019, pas en 1919.
Vous avez structuré votre pilier « fiscalité » en prévision de la réforme fiscale annoncée par le gouvernement pour l’an prochain. Dans quel état Luc Frieden est un ami et il représente, en d’esprit entamez-vous les travaux tant que président de la Chambre de com- préparatoires ?
merce, un des actionnaires de l’UEL. C’est un grand serviteur de l’État, il nous apporte son expérience politique et ministérielle (comme ministre des Finances – CSV – notamment, ndlr). C’est important pour le patronat de compter dans ses rangs des personnes qui savent ce qu’est l’action politique. La Fedil a d’ailleurs fait la même chose avec la vice-présidence de Jean-Louis Schiltz (ancien ministre des Commu nications et de la Coopération, CSV). Qui est le « patron des patrons » ? Luc Frieden ou Nicolas Buck ?
Nous ne sommes pas dans une guerre des titres. Ce qui m’intéresse dans le monde du travail, ce sont les résultats. Nous avons des champs d’action très clairs entre organisations, et cela facilite notre travail à tous. Nous faisons partie du même groupe.
Vous considérez-vous comme un « représentant syndical » du patronat ?
Notre rôle est tout d’abord de centraliser les demandes qui émanent du patronat en prévision de cette réforme. C’est une nouveauté. Notre but ultime est d’assurer les recettes fiscales de l’État central. La réforme fiscale sera très importante pour les entreprises, mais elle ne devra pas se limiter à abaisser le taux de l’IRC de 17 à 16 %. Ça ne suffira pas. Nous plaidons pour une discussion non idéologique et en chiffres non absolus. Notre engagement est de revenir vers le gouvernement avec des idées au niveau de la politique fiscale pour avoir une réforme fiscale prévisible, évolutive et souple sur plusieurs années, qui représente une véritable stratégie. Le gouvernement a fait une grande réforme fiscale sur les personnes physiques en 2017. Il a quand même abaissé le taux de l’IRC de 21 à 17 %, ce que nous saluons, mais il va devoir agir au niveau de l’ICC avec un cumul des mandats à la Chambre qui risque de compliquer les discussions.
Absolument. Mais dans une conception noble du syndicalisme. Je respecte profondément la passion des syndicalistes, leur engagement en faveur d’un combat Avec comme objectif corollaire d’idées sur base d’une vision très claire du d’attirer des entreprises…
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Vous pouvez avoir des entreprises sans salarié, ça s’appelle des boîtes aux lettres. Mais vous n’aurez jamais des salariés sans entreprise. Ça n’existe pas. L’entreprise est à la base de la création d’emplois. Nous devons donc avoir une fiscalité qui attire les entreprises et qui incite certains compor tements comme l’investissement dans la recherche et l’innovation, tout en sachant que les entreprises seront impactées à l’avenir sur des taxes carbone par secteur. Nous l’acceptons, ce sont des objectifs climatiques que nous ne remettons nullement en cause, mais nous attirons l’attention sur le lien entre les objectifs globaux, y compris environnementaux, et les recettes fiscales.
… tout en tenant compte de la compétitivité affichée par d’autres pays.
Le Luxembourg s’est positionné en tant que concurrent de l’Irlande, de la Belgique et de la Hollande. Nous devons rester compétitifs par rapport à ces pays. Nos recettes fiscales sont concentrées et elles sont surtout exceptionnellement élevées par rapport au PIB. Cette équation donne beaucoup de moyens dont nous avons besoin pour faire fonctionner l’État, mais il faut les préserver. En cas d’inversion de la tendance économique, nous pourrions perdre énormément.
Que vous inspire le projet de budget 2020 de l’État avec le cap des 20 milliards, qui est franchi, tant pour les recettes que pour les dépenses ?
Après sa présentation, j’ai mal dormi. Avec un déficit prévisible au niveau de l’État central sur plusieurs exercices – même si tous les investissements ne seront peut-être pas réalisés –, nous entrons dans une autre dimension qui pose beaucoup de questions. Ce budget représente un engagement lourd Décembre 2019 —
— 75
0
Projections
Le risque des retraites À l’été 2018, le Conseil national des finances publiques pointait l’enjeu des futures dépenses liées au vieillissement de la population. L’indicateur S2 de la Commission européenne traduit « les efforts budgétaires permanents qu’il faudrait faire afin que la dette n’aboutisse pas dans une dynamique explosive-, expliquait le président du CNFP de l’époque, Yves Nosbusch. Le seuil, pour être considéré comme à risque élevé, est de 6 %. » SOURCE Conseil national des finances publiques
À l’horizon de 2070, le S2 nécessiterait un surplus budgétaire de l’ordre de 8,4 % du PIB tous les ans pour stabiliser la dette à long terme. Avec une large partie imputée aux pensions.
S2 Situation budgétaire initiale Coûts liés au vieillissement : Dépenses pensions Dépenses santé Dépenses assurances dépendance Dépenses éducation et chômage
AR2015
AR2018 (2060)
AR2018 (2070)
-1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
de responsabilités pour le futur, à l’image d’un club de football qui va jouer la Champions League pour la première fois, va fortement augmenter son budget et aura besoin ensuite d’y participer tous les ans, sinon il devra vendre tous ses joueurs.
Sur le fond, comment percevezvous le débat sur les rétrocessions fiscales demandées par les régions ou pays voisins, mais qui ne bénéficient pas des impôts que les frontaliers paient sur leurs salaires au Luxembourg ?
À l’image de la « poule et de l’œuf », c’est un débat sans fin. Le Luxembourg pourrait demander à son tour une forme de rétribution à ses voisins car il a créé un écosystème qui leur est bénéfique… Nous devons revenir à un état d’esprit plus collectif. Nous parlons de territoires qui ont une communauté de destins en commun. Si le Luxembourg s’écroule, Arlon et Thionville s’écrouleront. Trèves, peut-être un peu moins. Ces régions voisines doivent d’abord voir qu’il y a un investissement important au niveau de l’infrastructure et une écoute, une forme de respect. Je crois que le gouvernement Bettel passe beaucoup de temps avec les élus concernés. Mettre ces problématiques sur la place publique n’est pas toujours la bonne stratégie…
Qu’est-ce qu’une entreprise responsable en 2019 ?
Événement
Back vs Buck Nicolas Buck et Nora Back (présidente de la Chambre des salariés et – sauf surprise – de l’OGBL en décembre) seront réunis le 16 janvier au Centre culturel Opderschmelz à Dudelange, à l’initiative du Paperjam Club. Le temps d’une conversation sur scène, ils échangeront sur leur vision pour l’avenir du pays. Infos : club.paperjam.lu
76 —
— Décembre 2019
C’est d’abord une entreprise qui sait répondre financièrement à toutes ses obligations internes et externes. C’est la base. Aucune durabilité n’est possible sans la liquidité, qu’elle soit assurée par vos clients ou vos actionnaires. Or, c’est éminemment compliqué d’assurer liquidité et profitabilité sur une durée longue lorsqu’on sait que la durée de vie moyenne d’une entreprise en Europe est de sept ans. L’entre prise qui ne peut plus répondre aux exigences de base est une entreprise dangereuse. C’est sur cette base que vous pouvez ajouter d’autres objectifs de durabilité ou de responsabilité. Je n’ai jamais vu un chef d’entreprise dont le seul objectif est la maximisation du profit.
10
La confiance, ça n’a pas de prix. Ah si …
Maison Moderne félicite et remercie la BIL pour son 1er prix aux Native Advertising Awards de Berlin. Best Use of Native Advertising in Email Campaign —› BIL/myLIFE : www.my-life.lu Agency —› Maison Moderne
« J’ai rarement Changement de décor Difficile de reconnaître le bureau du ministre de la Justice, dont la configuration et les meubles ont été changés par rapport à l’ère Braz. Seules quelques photos de famille trônaient sur le bureau de Mme Tanson lorsque nous l’avons interviewée, en attendant que soient accrochés deux tableaux de Filip Markiewicz et de Marco Godinho.
78 —
— Décembre 2019
le vertige. »
Figure montante des Verts, Sam Tanson (42 ans) a dû délaisser le Logement pour remplacer Felix Braz à la Justice. Elle compte assurer la continuité tout en apposant sa marque pour les quatre années à venir.
Auteur
camille frati Photographe
anthony dehez Décembre 2019 —
— 79
C
Sam Tanson Plaide sur le fond
es huit dernières années, vous avez été conseillère communale, première échevine de la Ville de Luxembourg, conseillère d’État, députée, ministre… Que retirez-vous de ces années de vie publique qui n’ont pas été épargnées par les déconvenues – que ce soit le vote du Conseil d’État contre la nomination de Joëlle Christen ou la non-reconduction de la coalition DP-Déi Gréng à la Ville en 2017 ?
J’ai appris énormément de choses, je connais de l’intérieur un certain nombre d’institutions importantes pour le fonctionnement de notre pays et j’ai pu contribuer à faire bouger les choses. C’est effectivement passionnant de pouvoir participer à faire évoluer le pays, les expériences négatives faisant partie de la vie politique et autre !
N’avez-vous pas le vertige en regardant ce parcours accéléré ?
Je n’avais pas trop le temps de réfléchir [rires]. J’ai rarement le vertige. À partir du moment où j’étais en tête de liste pour les élections législatives de l’année passée, il était clair que j’étais prête à prendre des responsabilités – et après mon résultat (17.290 suffrages, ndlr), il était assez évident que je devais prendre des responsabilités si mon B I O E X P R E SS parti le voulait. 1977 Naissance Je n’aurais rien eu contre le fait de prendre plus à Luxembourg de temps, mais malheureusement, la situation ne l’a 2000 Maîtrise en droit de pas permis. Cet été (lorsque Felix Braz a été frappé Paris I Panthéon-Sorbonne d’une crise cardiaque, ndlr), je n’ai pas pu me poser 2002 Diplômée la question. Nous sommes dans un gouvernement et de l’Institut d’études politiques de Paris il fallait vraiment que quelqu’un reprenne ce minis2002-2004 Journaliste tère dans lequel Felix avait lancé tant de projets. Par la force des choses, j’étais la personne la plus appro- à RTL Radio Lëtzebuerg 2005 Première priée en termes de curriculum vitae. Mais j’aurais candidature Déi Gréng donné beaucoup de choses pour ne pas avoir à assu- aux élections communales mer ces fonctions dans ces conditions. à Luxembourg
Le ministère de la Justice occupait M. Braz quasiment à plein temps. Était-ce impensable pour vous de lâcher la Culture, un ministère pour lequel vous vous êtes battue ?
J’étais consciente que devenir ministre de la Justice allait représenter une charge importante, mais je ne voulais en aucun cas abandonner la Culture. Nous y avons lancé tant de projets, je souhaite les mener à bien. Par ailleurs, j’ai la chance d’être épaulée par des équipes compétentes et motivées, ce qui me facilite la tâche.
Quelle est la marque Sam Tanson ?
Ma manière de travailler est toujours la même : je veux vraiment connaître les dossiers à fond et discuter de manière contradictoire avec tout le monde. J’aime bien le dialogue sur les dossiers de fond. Je consulte, je forge mon opinion et je prends la décision en mon âme et conscience. Je mène ensuite la discussion à la Chambre des députés et, là aussi, j’estime que tous les avis sont bons à prendre. C’est important parce qu’on ne peut pas penser à tout, et
80 —
— Décembre 2019
2005-2017 Avocate au Barreau de Luxembourg 2008 Master II en droit de l’environnement par correspondance à l’Université de Limoges 2010-2015 Présidente du parti Déi Gréng 2011 Élue conseillère communale 2013-2017 Première échevine de la Ville de Luxembourg en charge des finances et de la mobilité 2015-2018 Membre du Conseil d’État 2018 Députée, présidente de la commission juridique 2018 Ministre du Logement et de la Culture 2019 Remplace Felix Braz au ministère de la Justice, conserve le portefeuille de la Culture
Ministre et maman Sam Tanson jongle entre ses fonctions ministérielles et sa famille – comme d’autres collègues masculins du gouvernement, soulignet-elle –, essayant de rentrer déjeuner avec ses enfants plusieurs fois par semaine.
c’est souvent en élargissant le débat qu’on peut voir des aspects qu’on n’avait pas vus auparavant.
Y a-t-il des sujets sur lesquels vous comptez mettre l’accent au-delà du programme gouvernemental ?
Felix Braz a lancé énormément de projets au ministère. C’est vraiment impressionnant. On vient de la même famille politique et, bien entendu, je tiens à transposer le programme gouvernemental qui avait été élaboré sous son égide. En tant qu’ancienne avocate, il y a un projet qui me tient à cœur, c’est l’efficacité de la justice. Je veux vraiment avancer sur la question du projet « Paperless Justice ». Les questions sociétales sont aussi primordiales parce que le fonctionnement de la justice, ce sont également les questions qui touchent à la vie de tous les jours, que ce soit en matière de jeunesse, de filiation, de divorce. Enfin, j’ai recruté une personne chargée de regarder mes projets de manière transversale à travers le prisme des droits fondamentaux. Le projet de loi sur l’efficacité de la justice déposé en mai 2018 reprend quelques-unes des pistes suggérées par l’ancien procureur général d’État Robert Biever. Va-t-il avoir un impact significatif sur les procédures en matière civile et commerciale ?
C’est une évolution, pas une révolution. C’est important que le juge de la mise en état – qui est en charge de diriger le procès – utilise vraiment ce pouvoir-là parce qu’il peut faire en sorte que le procès avance. En matière administrative, les mémoires échangés entre parties sont limités et cela fonctionne très bien. En matière civile et commerciale, vous pouvez conclure dix fois et cela peut traîner longtemps. D’une part, vous bloquez le tribunal avec des affaires qui sont en état d’être jugées, et d’autre part, les parties paient de très importants frais d’avocat en raison des nombreuses conclusions et des déplacements au tribunal. Il y a, bien entendu, des affaires très compliquées, ou de nouvelles pièces qui apparaissent en cours de route. Mais il y a aussi des affaires qui ne le sont pas forcément. C’est pour cela que le projet de loi prévoyait une mise en état simplifiée pour des affaires où il n’y a que deux parties et un enjeu de moins de 50.000 euros, avec un nombre limité de corps de conclusions et des délais fixés par le juge et augmente le seuil de compétence de la justice de paix. Après consultation, j’ai décidé d’augmenter ce seuil à 100.000 euros pour arriver à une accélération des procédures. Nous avons également décidé d’évaluer ce projet après cinq ans afin de voir si cela fonctionne, si on peut l’élargir ou si les avocats sont trop limités dans leur expression.
M. Braz tenait aussi beaucoup à l’indépendance de la justice. Avez-vous là aussi des modifications à apporter aux textes déposés ?
« Nous sommes dans un gouvernement et il fallait vraiment que quelqu’un reprenne ce ministère, dans lequel Felix avait lancé tant de projets. »
Le projet de révision de la Constitution prévoit effectivement un ancrage beaucoup plus fort de cette indépendance dans le texte, ce qui correspond à la pratique. Actuellement, le texte me permettrait de donner des instructions au Parquet – ce qu’aucun de mes prédécesseurs depuis des dizaines d’années n’a fait en pratique, et heureusement, parce que j’estime également que cela risque assez rapidement, surtout dans un petit pays comme le Luxembourg, de ne plus être des instructions générales, mais de devenir des instructions particulières, ce qui est assez dangereux. Je suis d’accord avec les principes formulés dans le projet de révision de la Constitution tel qu’il est prévu actuellement, sachant néanmoins que la Chambre des députés s’est donné comme mission de mener une discussion sur la séparation des pouvoirs. Je trouve cela très bien de consulter encore des experts pour déterminer ce que cela implique et éviter les discussions qu’on a eues ces derniers mois. Il y a des interconnexions et des interdépendances entre les pouvoirs législatif et judiciaire ; aussi est-il important qu’ils travaillent ensemble sans toutefois avoir toujours l’impression que l’un marche sur les pieds de l’autre. Ce n’est pas une situation saine dans une démocratie moderne.
Pas moins de 72 magistrats ont été recrutés depuis 2017. La question d’un agrandissement de la Cité judiciaire se pose-t-elle ?
La Cité judiciaire manque effectivement de place actuellement, j’en ai conscience et je suis en train de réfléchir à des solutions. Décembre 2019 —
— 81
Par tous les temps Sam Tanson ne peut plus se déplacer entre ses ministères à pied. Le vélo reste son moyen de locomotion privilégié entre le Kirchberg (Justice), le boulevard Roosevelt (Culture) et son domicile.
Il reste difficile de pourvoir tous les postes vacants. Faut-il réfléchir à élargir l’accès à l’administration judiciaire à des non-Luxembourgeois ?
Je ne peux pas confirmer qu’il est difficile de pourvoir les postes au sein de l’appareil judiciaire. La question de l’ouverture vers des non-Luxembourgeois en ce sein ne se pose dès lors pas pour moi pour l’instant.
Le projet « Paperless Justice » a été lancé par M. Braz lors de la dernière législature pour une dotation de 30 millions d’euros. Où en est-il aujourd’hui ?
Ce que je trouve très important, c’est le fait que les avocats puissent fonctionner de manière digitale par rapport au tribunal. Il y a déjà des avancées, mais c’est quelque chose dont on parlait déjà lorsque j’ai été assermentée en 2005… Il arrivait régulièrement que vous passiez trois heures au tribunal juste pour que le juge vous donne une date à laquelle le confrère ou vous-même devez conclure pour la prochaine fois. Vous imaginez le temps perdu et les frais engendrés par la présence de douzaines d’avocats dans une salle d’audience à des fins d’organisation de la procédure. Au sein de la magistrature, beaucoup de travail a déjà été réalisé et une première grande étape a été franchie le 14 novembre avec la mise à disposition de la jurisprudence en ligne, soit 37.500 décisions de justice anonymisées, auxquelles s’ajoutent également 26.500 extraits de décisions, portant le total à quelque 64.000 décisions. En parallèle, tout un système est mis en place pour permettre la connexion vers l’extérieur de l’administration judiciaire. Des discussions sont en cours entre le Parquet général et le Barreau pour faire en sorte que le niveau technique fonctionne. J’aimerais bien qu’on avance dans ce dossier, mais c’est aussi à moi de m’assurer qu’il y ait les outils et le personnel nécessaires au sein du ministère.
Où en sont les discussions entre le ministère de la Justice et le Barreau concernant la réforme de l’assistance judiciaire ?
Je vais bientôt rencontrer le Barreau pour évoquer cette question parmi d’autres. Il est vrai que l’avocat doit être rémunéré à sa juste valeur pour éviter que personne C I N Q D O SS I E R S ne veuille défendre des bénéficiaires de l’assistance P R I O R I TA I R E S judiciaire. Ce qui m’importe encore davantage, c’est P O U R L E B A R R E AU l’accessibilité des justiciables à l’assistance judiHeureux de voir « l’une des [leurs] » ciaire. À l’heure actuelle, dès que vous êtes un cenaccéder à la tête du ministère time au-dessus du seuil pour en bénéficier, vous de la Justice, le bâtonnier François Kremer a exposé lors n’avez droit à rien. Il est donc nécessaire de réfléde la rentrée du Barreau les cinq chir à des paliers. projets en haut de la pile, en rappelant que « le Barreau se tient prêt à contribuer ! » : 1. Mise en place de barèmes progressifs pour l’assistance judiciaire ; 2. Réforme du droit de l’arbitrage, sur la base des travaux du think tank initié par le Barreau, afin de renforcer l’attractivité du Luxembourg en matière d’arbitrage international ; 3. Promotion de la médiation et regroupement cohérent des différentes chambres de médiation ; 4. Réforme des lois sur la protection de la jeunesse et des majeurs sous tutelle ;
82 —
— Décembre 2019
5. « Paperless Justice », notamment mise en place d’un greffe électronique très attendu par le Barreau, qui s’est doté d’un cloud sécurisé.
Le Conseil d’État a émis plusieurs oppositions formelles à l’encontre de la réforme du notariat, en partie imposée par une directive européenne commandant l’ouverture de la profession. Est-ce difficile de concilier les différentes exigences dans ce domaine ?
Cela me semble en effet un exercice très délicat. J’envisage une entrevue avec les notaires dans ce cadre. Vu les avis qu’il y a eu, ce ne sera pas évident de mener à bien cette réforme dans un aspect très global. Un des points soulevés par les notaires est la nécessité de maîtriser les trois langues du pays.
Pour toutes les professions quelles qu’elles soient, et encore plus pour les professions réglementées, il est évident que vous ne pouvez prendre en charge
« Il est important que les pouvoirs législatif et judiciaire travaillent ensemble sans avoir l’impression que l’un marche sur les pieds de l’autre. »
La naissance du texte remonte effectivement à 2004 au sein du ministère de la Justice. Il a été retravaillé, il y a eu des amendements. Il faut dire que c’est une matière qui a évolué de manière impressionnante entre-temps, en particulier dans le domaine médical. Nous avons, d’un côté, les questions de filiation qui sont complètement dépassées – la différence faite entre la mère et le père, entre les enfants légitimes et illégitimes – et qu’il faut absolument revoir. Et puis,de l’autre, il y a toutes les questions autour de la procréation médicalement assistée (PMA) et de la gestation pour autrui (GPA) qui font partie intégrante du projet depuis les amendements de 2017. Et le monde a de nouveau tourné depuis 2017. Il y a eu des discussions dans les pays voisins, notamment en France, où un texte de bioéthique a été adopté. Avant toute autre chose, je veux réunir les acteurs au début de l’année prochaine parce qu’il faut un travail de préparation en amont. Nous mènerons une discussion sur la pratique au sein de la magistrature (à savoir les jugements pris actuellement) et sur la pratique médicale actuelle ainsi que sur la façon dont les pays européens ont traité ces questions. Il sera important de ne pas oublier l’intérêt de l’enfant dans ces discussions. Ensuite, nous reprendrons le projet de loi et regarderons s’il correspond toujours à nos attentes.
un client que si vous pouvez communiquer avec lui. L’acte notarié est rédigé en français – et parfois en allemand ou en anglais –, mais vous devez aussi informer votre client, lui expliquer l’acte, et c’est une responsabilité très forte de la personne qui exerce le métier.
L’Ordre des avocats réclamait, de son côté, il y a deux ans, un assouplissement des exigences linguistiques ou une formalisation de la différenciation entre les avocats plaideurs et les autres. Quelle est votre position ?
J’estime qu’il est important de comprendre les langues usuelles au Luxembourg. Je suis quand même parfaitement consciente du fait qu’on a plusieurs professions différentes au sein du Barreau. L’important est qu’un avocat ne prenne en charge que des dossiers où il sait qu’il peut servir son client du point de vue des langues, mais aussi de ses compétences matérielles. C’est une question de responsabilité et de déontologie de l’avocat.
La loi sur la modernisation du droit de la faillite lancée en 2013 par François Biltgen (CSV) et remodelée par la majorité parlementaire DP-LSAP-Déi Gréng se fait encore attendre. Espérez-vous un vote à la Chambre avant juillet 2020 ?
C’est un très gros projet de loi. Il y a eu, là encore, des discussions à ce sujet depuis des dizaines d’années. C’est important de revoir le cadre légal qui existe parce que nous avons chaque année près de 1.000 faillites. Nous attendons l’avis du Conseil d’État et cela fait déjà un certain temps, donc j’imagine que son avis sera très fouillé et qu’il faudra revoir la copie encore une fois. Pour avancer sur ce projet de loi sans freiner les autres, j’espère que la Chambre des députés reformera une sous-commission au sein de la commission juridique qui ne s’occuperait que de cela (comme en 2016-2018, ndlr). Certains députés ont déjà travaillé sur ce dossier, même si la Chambre a été renouvelée depuis les derniers travaux.
Quelle est votre position quant au projet de loi sur la filiation, qui, d’ailleurs, occupe aussi la Chambre depuis plusieurs années ?
« CE QU’ILS DISENT D’ELLE … »
« Elle était prédestinée à prendre la relève » FRANÇOIS BAUSCH Intarissable sur les qualités de Sam Tanson, François Bausch se souvient l’avoir « découverte » lorsqu’elle était journaliste chez RTL en 2003-2004, « impressionné par sa façon de travailler », confiet-il. Leurs chemins se recroisent lorsqu’il recherche de jeunes candidats pour les élections communales de 2005. Il la persuade de se lancer. « Elle ne m’a jamais déçu. C’est une femme intègre, intellectuelle, avec un énorme potentiel. » Élue directement en 2011, présidente du groupe Déi Gréng au conseil communal, elle reprend « logiquement » le poste de premier échevin de François Bausch, appelé au gouvernement en 2013. Avec un score canon de près de 18.000 voix en 2018, elle devient la deuxième ministre féminine Déi Gréng au gouvernement. « Ce qu’elle a fait au ministère du Logement en dix mois est vraiment impressionnant », a confié son successeur Henri Kox à M. Bausch, lequel est confiant pour la réussite de la quadragénaire au ministère de la Justice. Forte de son expérience juridique, « elle était prédestinée à prendre la relève ». C’est arrivé plus tôt que prévu. « Mais malgré nos malheurs, nous avons réussi notre changement de génération », assure M. Bausch.
Vous devez également vous atteler au projet de loi sur la protection de la jeunesse…
Effectivement. Felix Braz avait déposé un projet de loi qui a suscité de très vives discussions. Il avait prévu de recommencer à zéro. C’est à moi de le faire en m’appuyant sur les discussions qui ont été menées et sur les avis déposés. Et puis il y a surtout Renate Winter, ancienne présidente du Comité des droits de l’enfant à l’ONU, qui s’est lancée dans le débat à travers une série de conférences menées au Luxembourg en mars dernier. Je l’ai rencontrée il y a quelques semaines. C’est un personnage formidable qui vit corps et âme pour les droits des enfants. Il s’agit d’un dossier complexe, mais là encore, si on regarde tout cela depuis la perspective de l’enfant, je suis complètement confiante sur le fait que nous allons trouver des solutions. Nous sommes devant deux problématiques différentes : d’une part, la protection de l’enfant qui est dans une situation de danger, d’intense conflit familial, qui doit être protégé et extrait de son contexte familial ; d’autre part, l’action face à l’enfant qui a fait de grosses bêtises, qui s’est rendu coupable d’infractions. Je n’ai pas d’opinion prédéfinie, mais je ne vois pas de problème à traiter les deux dans un même texte, à condition de différencier très clairement ce qui tombe sous le coup de la pure protection et ce qui est soumis à la procédure pénale. Il faut qu’il y ait des lignes claires, des procédures claires, des droits et des devoirs pour l’enfant en matière pénale. Et il faut qu’on regarde vraiment tout cela depuis sa perspective d’enfant. Comment comptez-vous procéder ?
J’ai déjà eu plusieurs entretiens à ce sujet et j’ai écrit à tous les acteurs impliqués et plusieurs autres encore pour qu’ils me remettent un bref topo, après toutes les discussions qu’il y a eu, sur la façon dont ils envisagent ce nouveau texte. C’est une première étape. Décembre 2019 —
— 83
J’ai également chargé Mme Winter de consulter certains des acteurs et de nous aider à rédiger un nouveau texte parce qu’elle l’a fait dans beaucoup de pays. Je suis vraiment confiante, mais il faut prendre le temps nécessaire. Il y a eu des tensions très importantes entre différents acteurs, alors que tout le monde veut en fait la même chose : que les enfants, qu’ils se soient rendus coupables d’infractions ou qu’ils souffrent, puissent profiter de certaines protections et ne pas voir leur vie complètement saccagée à cause d’un ou de plusieurs incidents. L’aspect de la justice restaurative est important. En tout cas, je veux vraiment parvenir à un nouveau texte.
« Je veux vraiment parvenir à un nouveau texte sur la protection de la jeunesse. »
La réforme du droit du divorce menée à bien par M. Braz – et dont vous avez été rapporteuse du projet de loi – est-elle pour vous l’exemple d’une moderni sation réussie d’un volet du droit de la famille ?
C’est vraiment une réforme globale qui était absolument nécessaire parce que, là aussi, la législation luxembourgeoise n’était plus du tout moderne. Il fallait vraiment faciliter cette étape, qui est difficile pour les gens qui la vivent et dont les procédures étaient très lourdes. Une évaluation est prévue au bout de cinq ans, notamment avec la magistrature, par rapport à l’introduction d’un nouveau juge aux affaires familiales. En tout cas, quand je parle avec les gens qui sont directement concernés, je n’ai que des échos positifs. Un divorce n’est pas quelque chose qu’on décide à la légère, mais dès qu’on l’a décidé, on peut le faire rapidement et sans engager trop de frais. Je suis vraiment heureuse que cela ait pu être fait et que la loi ait été adoptée avant les élections de 2018. Je le suis aussi pour Felix Braz, qui s’est beaucoup impliqué dans ce projet de loi.
L’affaire dite du « casier bis », ou la question des banques de données gérées par la justice et la police, défraie la chronique depuis cet été. Vous accompagnez désormais le ministre de la Sécurité intérieure François Bausch lors des discussions à la Chambre pour défendre l’action du gouvernement dans ce dossier.
nous informait du fait que cette personne était impliquée dans des affaires en cours, nous refusions cet agrément dans le cas d’affaires de violence, par exemple. À l’heure actuelle, une telle personne reçoit son agrément parce que seul le casier compte, donc la condamnation finale. Il y a beaucoup de dossiers similaires. Je veux que nous menions une discussion en toute transparence et en toute ouverture d’esprit avec les députés pour que nous fixions les cas de figure dans lesquels nous irons plus loin que le casier et les cas où ce n’est pas nécessaire. Là encore, il faut que les personnes sachent précisément dans quel cas de figure nous pouvons consulter le fichier Ju-Cha, par exemple (l’outil retraçant les antécédents pénaux même en l’absence de condamnation, et duquel est partie l’affaire du « casier bis », ndlr). Autre actualité un peu moins brûlante : le registre des bénéficiaires effectifs (RBE) est censé être complété par toutes les entités inscrites au registre de commerce et des sociétés (RCS) pour le 30 novembre, après un délai supplémentaire de trois mois. Pensezvous parvenir à 100 % de déclarations pour cette date ?
Les retours se sont multipliés ces dernières semaines et nous en sommes à 70 % de déclarations complétées fin octobre, ce qui revient à 90 % en enlevant les associations inactives ou en liquidation. Toutefois, nous savons que nous n’arriverons pas à 100 %. Il s’avère que beaucoup d’asbl ne sont plus en fonction sans avoir jamais été dissoutes et apparaissent donc toujours dans le registre de commerce et des sociétés. Nous sommes en train de nous doter d’une procédure, prévue par la loi, pour pouvoir procéder à une radiation administrative du registre afin d’avoir au moins une vision claire de la chose. Les gens seront, bien entendu, prévenus par un courrier leur expliquant que nous envisageons de rayer leur association du registre, n’ayant pas eu de nouvelles de leur part depuis un certain nombre d’années. Une procédure plus avancée figurera d’ailleurs dans la nouvelle loi sur les asbl, également en finalisation.
La question n’est pas de défendre l’action du gouvernement. S’il y a des problèmes en matière de traitement de données, nous devons les résoudre, parce que nos données personnelles sont quelque chose de très délicat. Il faut que tout un chacun sache ce qui est fait avec ses données, par qui elles peuvent être consultées, à quelle fin. S’il n’y a pas assez de bases légales, il faut les renforcer. Le Parquet est en train de revoir ses outils de traitement de données ; l’autorité de contrôle judiciaire s’est saisie. Je suis ouverte à toute discussion et je vais « CE QU’ILS DISENT D’ELLE … » mener ces discussions. Nous avons maintenant établi la liste de tous les fichiers qui existent au « Un esprit sein de la magistrature. Nous allons en discuter très clair » avec la commission de la justice. Au sein du ministère de la Justice, nous avons ALAIN RUKAVINA dressé la liste de toutes les autorisations que je « C’est une dame extrêmement dois donner ainsi que des agréments sur base de intelligente, qui a un esprit très l’honorabilité. Je veux mener une discussion clair et lee sens de la collégialité », pour savoir quel fichier on peut consulter pour décrit M Alain Rukavina, à la tête du cabinet dans lequel Sam donner tel agrément, si on va se baser simple- Tanson a passé près de dix ans. ment sur le casier, si on peut aller plus loin et « Conseillère d’État, elle était toujours très consciencieuse quant regarder aussi les affaires en cours… aux conflits d’intérêts potentiels. Jusqu’à présent, si un agent de sécurité Elle apprend extrêmement vite demandait son agrément et que la magistrature et je pense qu’elle sera
84 —
— Décembre 2019
une bonne ministre de la Justice. Je lui souhaite bonne chance. »
Certaines associations professionnelles dans le secteur financier ont édicté des conseils confidentiels à leurs membres pour remplir leur déclaration. Ne craignez-vous pas que certains acteurs ne soient pas totalement sincères ?
Pour moi, la loi est plutôt claire concernant qui doit se déclarer comme bénéficiaire effectif. Et si on ne respecte pas la loi en ne donnant pas les informations nécessaires ou en donnant de fausses informations, on s’expose à des sanctions pénales. C’est la règle pour tous.
„Ganz oft feelt eng gewësse Rou an der Berichterstattung“ “The reassuring and calm side is often lacking in reports.” Andy (26)
Maison Moderne turns 25 We are listening Join the conversation on 25.maisonmoderne.com
86 —
— Décembre 2019
Auteur
Thierry Raizer Photographe
Edouard Olszewski
« Je suis juste un mec qui bosse » Chef de l’année au Gault&Millau Luxembourg 2020, seul chef doublement étoilé au Luxembourg pour le Michelin 2020… Cyril Molard plane au-dessus des cuisines du pays. Mais le patron de Ma Langue Sourit à Moutfort n’en oublie pas d’où il vient. Il passe à table pour une interview très personnelle.
Décembre 2019 —
— 87
Cyril Molard Les étoiles de sa vie
V ous vous définissez volontiers comme un artisan. Quelle est votre définition de l’artisan ?
Je vais reprendre l’image que m’a transmise un immense chef, Guy Krenzer, auprès de qui j’ai travaillé : c’est l’esprit et la main. L’esprit qui guide la réflexion sans laquelle la main ne peut travailler.
La cuisine, une réflexion permanente...
bio express
Cyril Molard en cinq adresses Lapérouse Le restaurant parisien où le Vosgien d’origine a travaillé avec un de ses modèles, le double Meilleur ouvrier de France : Guy Krenzer (désormais chez Lenôtre). Flocons de Sel Après avoir travaillé à ses côtés au Claridge’s de Londres, il a suivi Emmanuel Renaut dans son restaurant trois étoiles à Megève : Flocons de Sel. La Lorraine À son arrivée au Luxembourg, il rejoint en 1998 le restaurant du centre-ville. Le Royal Il intègre, un an plus tard, le célèbre hôtel cinq étoiles de la capitale. Ma Langue Sourit En 2008, il tente le pari d’une vie, ouvrir sa propre adresse, doublement étoilée depuis 2018.
Je débranche rarement. Parfois, débrancher veut dire être fatigué. Mais ne pas débrancher représente aussi une sorte d’électrochoc positif qui vous fait avancer dans ce métier qui est très difficile.
Le secret pour un artisan, c’est aussi de produire des choses différentes, avec un niveau de qualité constant. L’esprit et la main permettent de maintenir ce niveau ?
J’ajouterais un troisième élément : le cœur. Sans l’amour de ce que vous faites, sans l’amour de faire plaisir aux gens, sans l’empathie, sans la fragilité, sans la sensibilité, vous ne faites pas ce métier.
Vous osez ces mots alors que l’image du chef qui règne en maître dans sa cuisine est très répandue… 88 —
— Décembre 2019
Saisons Pour réaliser une cuisine « responsable », le chef Molard recommande avant tout de s’accorder sur le rythme des saisons.
« Nous n’aurions pas avancé aussi vite si nous avions ouvert ailleurs. »
Tous les jours, tout recommence, deux fois par jour. Deux fois par jour, des gens viennent chez vous, s’assoient à votre table. Certains sont déjà venus, d’autres reviennent après avoir été déçus et attendent beaucoup de vous, d’autres encore prévoient une première visite depuis plusieurs mois. Pour nous, c’est « un service de plus », et pour nos visiteurs, c’est « leur moment ». On doit donc oublier le service précédent pour penser au service à venir. Vous êtes dans une fragilité permanente qui ne laisse pas s’installer un doute négatif, mais un doute qui vous pousse à vous questionner pour vous surpasser.
Quelle place occupe la famille dans l’entreprise ?
Je suis très fier évidemment de tout le t ravail accompli avec l’équipe de Ma Langue Sourit en 11 ans, mais mes deux étoiles dans mon cœur sont mes fils.
Ils vous remettent sur le droit chemin lorsque le travail est trop prenant ?
Ils soutiennent leur papa. J’ai des enfants qui ont compris, qui m’ont vu travailler, souffrir, pleurer… ils sont avec moi. Ils ont compris le rythme. En revanche, quand je suis avec eux, je veux être présent à 200 %.
Quelle vision de la cuisine voulez-vous faire partager à vos clients ?
Je ne veux pas trop intellectualiser la cuisine. Ça me gonfle. Je ne comprends pas ceux qui réfléchissent longtemps sur cette question. Je fais la cuisine que j’ai envie de faire, dans la sensibilité du moment, des choses que l’on voit arriver. Ma cuisine évolue aussi en fonction des techniques nouvelles que nous partageons avec l’équipe. C’est un changement permanent. Tout ce que je sais, c’est que les assiettes que je fais, je voudrais les manger. Le plaisir procuré passe avant l’esthétique « Instagram ».
On ressent une forme de pression supplémentaire via les réseaux sociaux ?
Je ne crois pas ceux qui disent qu’ils ne sont pas atteints par les commentaires sur les réseaux sociaux. C’est toujours blessant d’être jugé anonymement. Mais il faut l’accepter. Ceci dit, les gens font la part des choses entre les critiques sur les
réseaux sociaux et les critiques gastronomiques professionnelles. Sachant que le Luxembourg fonctionne beaucoup via le bouche-à-oreille.
Vous auriez pu ne pas reprendre un restaurant ?
l e c h e f p a r ta g e
Un plat favori Difficile de choisir pour le chef. Mais « un bon pâté en croûte, comme celui que j’ai mangé récemment en forêt avec d’autres chefs. Un moment de partage important. C’est aussi pour cela qu’on fait de la cuisine. »
Un conseil aux amateurs « Goûtez ce que vous cuisinez avant de le servir. »
Un conseil aux aspirants cuisiniers « Sur 100 personnes, 96 vont vous dire de ne pas devenir cuisinier. Écoutez les quatre autres qui vont vous encourager à le faire ou vont partager avec vous l’amour de ce métier. »
J’aurais pu imaginer faire autre chose, par exemple rester au Royal où j’évoluais dans des conditions idéales. Mais j’ai toujours eu en tête l’idée de pouvoir me retourner à la fin de ma carrière et me dire : « Tu as fait ça. » Avec le recul et en côtoyant d’autres chefs, propriétaires de leur restaurant et donc aussi entrepreneurs, je peux vous dire qu’il faut être hyper courageux.
« Courageux », un terme qui vous convient pour vous qualifier ?
Je suis juste un mec qui bosse et qui veut bien faire les choses. Quand j’ai ouvert en 2008, c’était l’inconnu, il y avait quelque part une sorte d’inconscience puisque tout était à créer. 11 ans plus tard, quand j’en ai vraiment ras le bol, il y a toujours quelque chose, je ne sais pas dire quoi, une force ou une voix, qui me pousse à avancer. C’est quelque chose de plus fort que moi, même dans les moments où je veux tout arrêter. À l’heure actuelle, l’image qui comprend les titres de Chef de l’année, deux étoiles, une entrée dans Les Grandes Tables du Monde, un passage à la Villa Louise à Aixla-Chapelle… est plutôt positive. Si la voix qui m’a poussé l’a fait pour ça, j’ai bien fait d’avoir tenu bon ! Car, in fine, votre travail est reconnu. Mais le jour où la balance sera dans l’autre sens, c’est sûr, j’arrêterai.
La reconnaissance, c’est la véritable récompense ?
Elle ne compte pas forcément pour moi, mais pour tous les gens qui travaillent avec moi, pour les clients aussi, qui sont là depuis le début pour certains. Ils ont une place privilégiée chez nous. C’est une fierté partagée.
Quelles ont été les surprises, bonnes ou mauvaises, depuis la reprise du restaurant en 2008 ?
Les murs nous appartiennent désormais depuis deux ans. En nous débrouillant, nous avons réussi, en huit ans, à acquérir l’ensemble. Décembre 2019 —
— 89
« Le plaisir procuré passe avant l’esthétique ‘Instagram’. »
mon CAP passé à Nancy, j’ai été deuxième de ma promotion en Lorraine et premier dans l’Est de la France pour le BP. C’est ensuite que j’ai été faire la cuisine.
Le plus dur est forcément l’élément financier ?
Bien sûr. On ne fait pas ce métier pour gagner énormément d’argent, mais avant tout pour créer quelque chose. Les paramètres sont nombreux et difficiles, comme engager des gens, ce qui coûte de plus en plus cher, les clients qui sont exigeants… Mais pouvoir présenter une entreprise saine, qui ne perd pas d’argent, nous permet de nous dire que nous prenons un chemin correct.
Vous êtes-vous entouré de gestionnaires pour compléter votre approche artistique ?
C’est ma femme qui assure la gestion. Nous ne sommes pas des gestionnaires. Nous essayons de réfléchir, avec l’aide de comptables, mais nous n’avons jamais été des immenses calculateurs pour faire du p rofit. Nous avons beaucoup travaillé, en faisant les choses justes, sainement, ce qui nous a permis d’acheter ce bâtiment. C’est une sorte d’équation. Si le restaurant va dans le bon sens, que les gens viennent chez toi et que tu gères correctement tes menus et tes finances, la maison peut rouler. Tout est imbriqué. On vit un truc un peu fou à notre niveau, c’est parfois presque trop beau. Et les gens nous récompensent en plus !
C’est un rêve éveillé…
La réalité du métier nous rattrape vite, mais c’est via les retours externes que l’on se rend compte de ce que représente le restaurant. Nous sommes peut-être trop modestes. Je ne sors pas, je ne vais à aucun cocktail, je n’ai pas de réseau important… Je ne fais pas ça. Je n’en ai pas envie. Je n’ai jamais cherché à me montrer pour me montrer. J’ai des amis cuisiniers via l’association Foodamental, mais pour le reste, je bosse. Et puis je rentre chez moi.
Vous souvenez-vous de l’origine de votre motivation profonde pour la cuisine ?
J’y suis venu par la charcuterie en travaillant chez mon père et en passant un CAP. Dès que j’ai démarré dans le métier, je me suis senti à l’aise. Mais je voulais plutôt faire du sport, du football ou du handball, disciplines dans lesquelles j’avais un bon niveau. Pour
90 —
— Décembre 2019
Comment est venue votre envie d’être un team player, vous qui gérez une équipe d’une douzaine de personnes ?
gérer les récompenses
Rendre les étoiles Michelin ?
Rendre ses deux étoiles décrochées au guide Michelin pour vivre sa cuisine sans la pression supplémentaire qu’elles représentent ? Cyril Molard n’y pense même pas. Et coupe net à cette idée que d’autres chefs ont eue et ont mise en pratique. « C’est du baratin. C’est même déplacé. Quand des chefs comme Cyril Lignac ou d’autres, qui ont vécu grâce aux étoiles, choisissent de rendre leurs étoiles car ils n’arrivent plus à cuisiner, c’est scandaleux. »
Je ne suis pas un team player. Je suis avant tout quelqu’un d’hypersensible. Je ne suis pas un super manager. Comme pour le restaurant, je n’ai pas de stratégie, mais je parle. Je parle avec mon cœur, tant dans les bons que dans les mauvais moments. Les gens qui me connaissent savent qu’il n’y a jamais rien de méchant chez moi, et ils me suivent pour ce que je suis et pour la cuisine que je propose.
Vous êtes-vous entouré de conseillers externes pour améliorer le volet management de votre fonction ?
Je sais que ce qui me manque, c’est un peu de dialogue. Mais je ne veux pas entrer dans l’optique des consultants, des bouquins sur le management… J’ai compris que je devais m’ouvrir plus qu’avant, que je ne devais plus forcément décider tout seul des recettes.
À quel moment vise-t-on l’excellence dans son travail ?
Nous n’avons jamais prétendu être dans l’excellence. On a juste travaillé beaucoup pour avancer dans notre travail et toucher cette excellence. C’est un état d’esprit pour progresser. Il arrive aussi que l’autoroute de la progression personnelle croise celle de l’excellence…
Qu’est-ce qui caractérise alors l’excellence ?
L’excellence, cela veut tout et rien dire. Vous pouvez manger un excellent poulet rôti dans une brasserie, ça sera l’excellence ! Mais excellence ne rime pas avec chic. Dans la vie, l’excellence, c’est la franchise et l’honnêteté.
Honnêtement, la recherche d’une étoile peut aussi devenir un objectif…
Je suis quelqu’un qui est toujours dans la réflexion, j’ai des doutes sur plein de choses, ce qui peut être hyper fatigant. C’est un melting-pot d’émotions en perma nence. Je sais d’où je viens. Mais je doute tout le temps.
a s s o c i at i o n
La cuisine, c’est « Foodamental » « Si on ne fait que des produits de saison, c’est super. » Cyril Molard résume en une phrase un grand pas qui pourrait être fait en faveur d’une cuisine plus responsable. Un état d’esprit qui a poussé 11 professionnels de la gastronomie à former, en juillet dernier, le collectif Foodamental. Avec comme moteur une réflexion sur la cuisine faite de respect et de naturel. Les parcours de chacun des membres fondateurs sont là pour inspirer : sept chefs (Yann Castano, Paul Fourier, Arnaud Magnier, René Mathieu, Ilario Mosconi, Rachel Rameau et Cyril Molard), un boucher-traiteur (Frank Steffen), une pâtissière (Cathy Goedert), une chef d’entreprise (Stéphanie Jauquet) et un manager commercial (Mickael Williquet). Pari 11 ans après avoir ouvert sa propre adresse, Cyril Molard savoure la fidélité de ses clients, sans se reposer sur ses acquis.
Savoir d’où l’on vient permet de garder les pieds sur terre.
Je n’ai pas l’intention de m’envoler (!) Je veux rester authentique. Je veux vivre mon métier avec ces émotions-là.
Quel regard jetez-vous sur le Luxembourg, qui a tellement évolué depuis 2008 ?
Nous avons ouvert ce restaurant sans p arler le luxembourgeois, et les gens ont toujours été vraiment gentils avec nous. La clientèle est belle, le pouvoir d’achat permet aux personnes d’aller au restaurant. Nous n’aurions pas avancé aussi vite si nous avions ouvert ailleurs.
Que pourraient faire les autorités pour vous aider ?
Pour lancer un pavé dans la mare, je dirais tout simplement que lorsqu’on organise une représentation nationale à l’Expo 2020 de Dubaï, il faudrait mettre en avant sur le
pavillon des chefs qui font vraiment avancer le Luxembourg. Et pas un pâté au riesling avec des gens de l’école hôtelière. Nous avançons pour le Luxembourg, nous mettons le pays en avant, je fais travailler des gens ici, je paie mes impôts ici, mais on ne veut pas de nous… c’est très décevant. On a l’impression de gêner alors qu’on apporte une valeur ajoutée. C’est un dysfonctionnement.
Vous demandez de recréer des liens avec l’école hôtelière, qui représente aussi un vivier de jeunes talents pour vous ?
Je demande d’abord que l’on puisse se parler avec honnêteté, ça serait pas mal. Et reconnaître qu’il n’y a pas de chef étoilé luxembourgeois. Mon restaurant est ce qu’il est, ça fait 11 ans que je suis installé, mais je n’ai jamais participé à un seul jury dans une école hôtelière luxembourgeoise. On ne me l’a jamais demandé. Décembre 2019 —
— 91
92 —
— Décembre 2019
Auteur
Photographe
Thierry Labro
Jean-François Robert
« Être entrepreneur ? Tout le monde devrait essayer ! » Oussama Ammar n’a que 33 ans. Et plusieurs vies. De son Liban natal jusqu’à Londres, où il vit, en passant par le Congo, les États-Unis ou la France. En 2013, ce touche-à-tout du net fonde l’incubateur The Family à Paris. Son regard libre et critique dérange souvent la bienpensance. Oussama Ammar en a vu d’autres et avance. Décembre 2019 —
— 93
Oussama Ammar Track record
U
ne de vos punchlines favorites consiste à dire que n’importe qui peut devenir entrepreneur… À quelles conditions ?
N’importe qui, ça ne veut pas dire tout le monde. N’importe qui, ça veut dire qu’on est toujours surpris de l’origine des entrepreneurs. Il n’y a rien qui prépare au fait de devenir entrepreneur, à part d’essayer d’être entrepreneur. Et ce qui est drôle, c’est que, comme les marchés sont très différents, les qualités qu’il faut pour opérer dans un marché sont très différentes des qualités qu’il faut pour opérer dans un autre marché. Un entrepreneur, c’est quel qu’un qui rencontre un marché et qui arrive à avoir quelque chose d’assez unique. Comme tous les phénomènes singuliers, il n’y a pas de caractéristique initiale. C’est pour ça que nous, à The Family, nous répétons que tout le monde devrait au moins essayer une fois. C’est un bon test de vie. Au pire, on a appris plein de choses, et au mieux, on a bâti quelque chose d’intéressant.
pouvait plus investir dans une boîte de chez nous parce que le principal concurrent avait levé 100 millions. Je regardais le leader du marché. Le leader du marché a 2 % du marché… et 30 milliards de chiffre d’affaires. Quelqu’un qui a levé 100 millions reste un petit du marché. Les gens ont des visions très romantiques de ce qu’est la compétition. La plupart du temps, quand un marché est bon, vous pouvez avoir des dizaines et des dizaines de produits. Il n’y a qu’à aller dans un rayon de paquets de céréales et voir combien de paquets et de marques de céréales sont installés les uns à côté des autres sans être en faillite.
Quelle est la bonne composition des fondateurs ? On dit parfois deux, parfois trois, parfois quatre ? On dit un ingénieur et un commercial ? Comment vous positionnez-vous sur ce sujet ?
Nous, on dit aux gens que les cofondateurs, ce n’est pas tant un sujet de compétences qu’un sujet de
« Les investisseurs sont dans un monde incertain et ils essaient de se rassurer. »
Généralement, on dit que les start-up à succès sont celles où, un jour, l’entrepreneur avait un problème et pas de solution pour le résoudre…
confiance. Il faut absolument trouver des gens à qui vous êtes prêt à confier votre vie. D’ailleurs, les équipes sont rarement complémentaires. Regardez Larry Page et Sergey Brin (les cofondateurs de Google, ndlr) : ils ont fait les mêmes études, ils venaient du même endroit, ils sont complémentaires à la marge. Il vaut mieux être avec quelqu’un qui nous ressemble et à qui on fait confiance que chercher absolument quelqu’un de complémentaire et qu’on ne comprend pas. En général, les ingénieurs et les commerciaux ont du mal à se comprendre. C’est là où il faut faire la différence entre les dirigeants et les fondateurs. Le rôle des fondateurs est de choisir l’avenir de la boîte, les dirigeants doivent apporter des compétences complémentaires pour atteindre ce but.
Il y a un grand romantisme du début ! Souvent, les entrepreneurs « storytellent » au début pour donner le plus de sens possible à leur histoire. Mais, grosso modo, il y a trois grandes catégories de débuts. Il y a les gens qui ont fait quelque chose et qui ne savaient pas que c’était impossible. Ils pensent qu’un problème n’est pas si compliqué que ça et que, si personne ne l’a fait, c’est que personne n’y avait pensé. Et au fur et à mesure, ils découvrent que c’est de plus en plus difficile, mais ils arrivent à p asser les obstacles. La deuxième catégorie, c’est celle des gens qui construisent des choses dont ils ont besoin Est-ce que cette complémentarité, eux et qu’ils ne trouvent pas. Vous avez besoin d’une ce n’est pas encore plus une exigence solution, d’un outil ou d’un truc et vous ne le trou- des VC ou des investisseurs potentiels ? vez pas, donc vous finissez par le faire. Et la troiLes investisseurs sont dans un monde incertain et sième est plutôt du côté des hommes d’affaires. Eux, ils essaient de se rassurer. Il ne faut jamais faire ils cherchent des opportunités où ils voient qu’il y une boîte parce que des investisseurs veulent a un arbitrage à faire entre l’offre et la demande. quelque chose. C’est de très mauvais conseil On peut avoir l’impression qu’il existe des d’écouter les investisseurs, puisque la plupart des milliers de start-up et que beaucoup font boîtes qui fonctionnent hyper bien sont celles qui la même chose. On oublie de dire que ce qui vont chercher des choses que personne n’avait compte, c’est à la fois l’équipe et l’exécution… faites avant. Et c’est donc forcément surprenant, Exactement. Et puis, en plus, il y a des milliers de et les investisseurs résistent. C’est aussi le rôle d’un start-up qui peuvent vivre sur le même sujet. La entrepreneur : il sait pourquoi il fait les choses diffé dernière fois, un investisseur nous disait qu’il ne remment et pourquoi ça va marcher quand même. 94 —
— Décembre 2019
événement
Sur la scène des « Start-up Stories Awards » Présent fin janvier pour lancer la série d’événements « Start-up Stories » organisée par le Paperjam Club, Oussama Ammar sera de retour au Luxembourg le 18 décembre prochain, cette fois sur la scène des « Start-up Stories Awards ». L’événement permettra de redécouvrir les meilleurs pitchs des cinq « rounds » qui se sont déroulés tout au long de l’année. La meilleure start-up de l’année, désignée par un jury indépendant réuni par Paperjam, se verra remettre un prix spécial devant plus de 800 personnes réunies à la Maison du Savoir d’Esch-Belval. Infos : club.paperjam.lu
pa r c o u r s
La rançon du succès
Oser Le seul moyen d’être entrepreneur, c’est d’essayer, résume Oussama Ammar.
Est-ce que l’Europe est le bon endroit pour se lancer, avec beaucoup de freins à l’entrée, de freins régulatoires commu nautaires ou nationaux ? Vous le disiez, chaque marché a ses spécificités, sa culture… et pourtant, vous invitez toujours à ce que la start-up se lance directement à l’international.
Il y a un exemple que j’aime bien prendre. Je pense que ces questions de fragmentation sont des excuses et qu’on a un vrai problème de mindset ! Par exemple, prenons l’Inde. C’est un marché d’un milliard d’habitants. Mais la fragmentation de l’Inde est délirante. Les gens ne peuvent pas se blairer entre eux. Un Indien du Nord a plus de différences avec un Indien du Sud que nous avec un Espagnol ou un Italien. Et pourtant, les boîtes indiennes opèrent sur le marché indien très rapidement avec de bons niveaux de compréhension. La complexité administrative de l’Inde est 1.000 fois plus grande que la nôtre. On a des entrepreneurs qui sont éduqués à chercher de l’aide provenant de l’État avant de s’aider eux-mêmes… On a une culture qui veut qu’à chaque fois qu’on a un problème, c’est à l’État de le résoudre. Forcément, ça a un impact sur l’entrepreneuriat. Les entrepreneurs qui prennent conscience que ces problèmes peuvent aussi être des opportunités construisent des boîtes incroyables. Ceux qui c omprennent que la fragmentation et les barrières à l’entrée nécessitent plus d ’efforts. Et avec plus d’efforts et d’intensité, on peut aller contre toutes les barrières.
Comment regardez-vous l’initiative allemande sur le cloud souverain européen, Gaia-X ?
Aux États-Unis, ils ont Jeff Bezos (cofondateur d’Amazon). Nous, on a des bureaucrates ! J’ai du mal à être optimiste. Évidemment que nous avons besoin d’un cloud souverain européen ! Il n’y a pas vraiment de débat. Ce n’est pas vraiment normal qu’on le mette dans les mains de la politique américaine… On l’a vu avec l’affaire Alstom, on l’a vu avec plein de choses. Les États-Unis sont un pays ami dans la limite de leurs intérêts… C’est la réalité de ce monde. Maintenant, les politiques ont créé un environnement dans lequel on n’a pas pu faire émerger de leader européen du cloud, parce qu’ils ont mis des barrières dans tous les sens, et maintenant, ils veulent le faire émerger par la force publique… Ça ne marche pas. On ne peut pas gérer ce genre de projet de façon bureaucratique. Si Jeff Bezos travaillait à la Commission européenne, il serait du même niveau que les gens de la Commission européenne. Ils sont dans des structures où les organisations et la façon de prendre des décisions sont telles que personne de talentueux ne peut s’exprimer ! C’est un peu pareil sur l’intelligence artificielle, où l’Europe est coincée entre les Américains, très libres, et les Chinois, qui ont une fabuleuse base de données pour nourrir leurs intelligences artificielles.
« I dare to dream. I care for many. I share with all. » Voilà la – très courte – biographie d’Oussama Ammar sur le site de l’incubateur The Family, qu’il a cofondé en 2013 à Paris avec ses associés Alice Zagury et Nicolas Colin. Des antennes ont été ouvertes à Londres, Berlin et Bruxelles pour rechercher des profils différents d’entrepreneurs motivés par la rage de réussir. Une vision ultralibérale qui transpire des articles dédiés à Oussama Ammar. Le jeune « gourou » s’est déjà construit une petite légende, à force de réussite et de storytelling brillamment distillés sur scène. Il est tantôt reconnu pour avoir réussi malgré une enfance mouvementée – dont il parle très peu –, lui qui a fui le Liban avec sa mère pour se réfugier à Tours, après quelques années à Kinshasa. En 2011, la start-up Be Sport le poursuit pour abus de confiance et faux et usage de faux. Condamné en juin 2018 à quatre mois d’emprisonnement avec sursis, Oussama Ammar a finalement trouvé un arrangement avec Be Sport. Le seul fait retenu contre lui a été l’établissement d’une fausse facture de 5.000 euros. « J’ai fait une bêtise il y a huit ans, la justice a fait son travail, je ne vais pas m’en excuser, balaye-t-il. Mais ça m’a appris que plus on a de succès, plus il faut être irréprochable », assumait Oussama Ammar dans Les Échos en septembre 2018.
« Aux États-Unis, ils ont Jeff Bezos. Nous, on a des bureaucrates ! » Décembre 2019 —
— 95
« Un entrepreneur, c’est quelqu’un qui rencontre un marché et qui arrive à avoir quelque chose d’assez unique. »
Convictions Pour faire bouger les choses, « mieux vaut une minorité très très motivée et qui a des convictions très très fortes ».
e s p r i t d’e n t r e p r e n d r e
« Je me suis toujours dit qu’il fallait faire Erasmus au lycée et forcer l’apprentissage de l’anglais dès l’âge de cinq ans dans toute l’Europe. » Que faut-il faire pour que les jeunes Européens aient davantage goût à l’entrepreneuriat ? Oussama Ammar plaide pour une ouverture à l’international, à la fois via la langue et par une expérience en dehors de leur pays, bien avant l’université : « Si tous les Européens étaient bilingues en anglais et qu’ils avaient tous, dans leurs années d’adolescence, passé au moins un an à l’étranger, on aurait une Europe très différente. » Une opération qui ne coûterait pas très cher, selon l’entrepreneur, qui souligne une faiblesse du projet européen par la même occasion : « On a construit l’Europe monétaire, mais on n’a pas construit l’Europe culturelle, et aujourd’hui, ça nous coûte très très cher ! » 96 —
C’est à chaque fois le même pattern. On a compris le truc technologiquement avant tout le monde, mais on n’a pas réussi à le faire.
L’éthique, c’est une voix pour l’Europe ?
C’est du marketing ! On n’a pas de business, alors on a de la morale ! Ça changera si les entrepreneurs prennent leurs responsabilités. Je n’en veux pas aux politiques, on a ceux qu’on mérite. Si les gens pensent pouvoir faire mieux que les politiques actuelles, ils n’ont qu’à le faire ! Les mecs ont des problèmes impossibles à résoudre parce que l’écosystème n’est pas bon. Aujourd’hui, si les entrepreneurs en Europe demandaient un peu moins de subventions et qu’ils réclamaient vraiment de la simplification radicale et des structures qui les rendent libres et compétitifs, on aurait un truc. Le problème, c’est que c’est fondamentalement culturel. L’entrepreneur moyen européen reste quelqu’un qui se dit que c’est pas mal de toucher une subvention, comme ça il va faire tenir sa boîte six mois de plus, plutôt que d’assumer que son business model ne vaut rien et qu’il ferait mieux de chercher des clients.
Là encore, c’est une question d’éducation ? Ça prendra du temps ? Ça n’arrivera jamais ?
— Décembre 2019
C’est une question d’éducation, et l’éducation, ça ne se transforme que par la minorité. C’est pour ça que The Family est un endroit où l’organisation ne fonctionne pas comme dehors. Des gens très minoritaires dans la société se rassemblent pour
se sentir un peu mieux parce qu’ils sont moins minoritaires. Il n’y a pas besoin d’une grande majorité pour retourner un pays. Je crois beaucoup à la règle de minorité. Il vaut mieux une minorité très très motivée et qui a des convictions très très fortes. Vous êtes capables de construire quelque chose de nouveau et d’incroyable.
Depuis la création en 2013, vous avez accueilli environ 500 start-up, et 227 sont « toujours » en vie. C’est un critère qui mesure quoi, la vie ? Ce n’est pas forcément une référence…
Non, c’est même beaucoup trop ! Ça montre qu’on a vraiment du mal à tuer les zombies. Les gens durent trop longtemps. C’est aussi un vrai problème européen : les gens préfèrent avoir raison que gagner ! Ils préfèrent avoir leur boîte pendant des semaines plutôt que réussir à développer leur entreprise. Là-dedans, il y a des boîtes qui ne devraient pas être en vie. On ne peut pas leur mettre une balle entre les deux yeux. Vous les accompagnez, vous essayez de leur faire comprendre. Moi-même, à un moment, j’ai été à la tête d’une boîte qui aurait dû cramer, et j’ai passé deux années de trop. Tout le monde fait cette erreur, et c’est notre rôle de les accompagner. On serait mieux sans, mais on peut vivre avec. Notre taux de mortalité est un peu supérieur… Mais bon, la France préfère être fière d’annoncer que 80 % des start-up réussissent. C’est n’importe quoi !
A FORWARD-THINKING LAW FIRM
Sharpest minds, Keenest lawyers
INVESTMENT MANAGEMENT ◊ DISPUTE RESOLUTION MANAGEMENT GLOBAL TAX MANAGEMENT
LEGALIS 93, Route d’Arlon L-1140 Luxembourg info@legalispartners.com - Tel: +352 20 60 11 55 WWW.LEGALISPARTNERS.COM
BONHEUR
98 —
— Décembre 2019
Ma voiture, mon amour... Pour sa 22e édition, le traditionnel International Motor Show a réuni le mois dernier, à Luxexpo, plus de 30.000 amateurs de belles cylindrées et de sensations fortes.
MÉCANIQUE
Décembre 2019 —
Photographe
gaël lesure
— 99
Rendez-vous 172 exposants inscrits cette année ont pu dévoiler leurs véhicules d’exception : des voitures transformées, des voitures de compé tition, des « ancêtres », ainsi que de nombreuses motos.
100 —
— Décembre 2019
Éclectique Le salon, très varié, a attiré des professionnels, mais aussi le grand public : particuliers, fous de tuning, petits et grands...
Décembre 2019 —
— 101
Record Qu’ils soient collectionneurs, amateurs ou simples utilisateurs, les Luxembourgeois occupent la première place du podium européen concernant le nombre de voitures par habitant.
102 —
— Décembre 2019
Trésors Les passionnés ont pu dénicher, dans les nombreux stands du salon, l’objet ou l’outil qui leur manquait.
Décembre 2019 —
— 103
Acrobatie Lors des nombreux shows organisés, le public retient son souffle devant les exploits des motards spécialistes de trial extrême.
104 —
— Décembre 2019
Sensations À l’extérieur, les voitures de rallye font chauffer leurs pneus sur le bitume lors des épreuves de drift.
Décembre 2019 —
— 105
ENVIES
ARGENT COMPTANT JOHN PARKHOUSE
« L’argent n’a jamais été ma principale motivation » Désintéressement Quel est votre rapport à l’argent ? L’argent n’a jamais été ma principale motivation. Je ne suis pas quelqu’un qui compte chaque euro. Pour moi, l’argent est ce qui me permet de faire ce que je veux faire et de vivre comme je veux vivre, ce qui n’a pas toujours été le cas. J’ai grandi dans une famille modeste (mon père était policier, ma mère, enseignante), où l’argent était une denrée rare, mais nous n’en avons jamais vraiment parlé et je n’ai pas reçu de conseils particuliers à ce sujet à la maison. Quel a été votre premier salaire ? Je me souviens très bien de ma première paie. J’étais livreur de journaux. C’était six jours par semaine, les matins, et je gagnais 1,40 £ par semaine. Ensuite, mon premier « vrai » salaire s’élevait à 8.600 £ par an, lorsque j’ai rejoint la profession en tant que comptable. Je m’étais promis qu’avec mon premier salaire, j’offrirais un bon dîner à mes parents. C’était dans leur restaurant préféré, qui existe encore aujourd’hui : The Palmichael, à Burton Latimer, au centre de l’Angleterre.
106 —
— Décembre 2019
Duo d’exception Gestion déléguée Avez-vous déjà connu des problèmes financiers ? Oui, car je n’ai jamais été focalisé sur l’argent et j’ai toujours dépensé sans beaucoup de planification, de réflexion ou de budgétisation. Il y a donc eu des périodes dans le passé pendant lesquelles j’ai dépensé plus que ce que j’avais. Et je ne veux pas revivre ça. Déléguez-vous aujourd’hui le suivi de vos finances ? Ma femme est la comptable de la famille. Elle gère pratiquement toutes nos finances. Pour être honnête, je ne saurais même pas comment accéder aux comptes en ligne ! J’ai toujours la même motivation avec l’argent que j’avais quand j’étais plus jeune : tant que j’ai assez pour vivre, pour faire ce que j’ai envie de faire et, maintenant, pour préparer ma retraite, ma perception des finances personnelles s’arrête là.
Votre restaurant étoilé préféré ? Au Luxembourg, mon restaurant préféré n’est pas étoilé : il s’agit de Gold, à Leudelange, qui propose une cuisine et un service excellents. J’ai aussi vécu récemment une expérience fantastique au Clairefontaine pour l’anniversaire de ma femme. Un accord mets-vin pour lequel vous êtes prêt à payer le prix fort ? C’est un duo que je n’ai mangé que deux fois dans ma vie : vodka-caviar. La première fois que j’en ai mangé, c’était à La Lorraine, place d’Armes, pour fêter ma nomination comme partner. La seconde fois, c’était dans l’Orient-Express de Londres à Venise avec ma femme, pour fêter ses 40 ans et nos 10 ans de mariage. Nous avons mangé du caviar béluga avec de la vodka, et c’était hors de prix !
BIO EXPRESS CEO et territory senior partner de PwC Luxembourg, John Parkhouse (52 ans) effectue son deuxième mandat de quatre ans à la tête du cabinet d’audit qu’il dirige depuis juillet 2015. Il a rejoint Price Waterhouse au Luxembourg en 1994, avant de devenir le premier partner du « nouveau » PwC en 1999, après la fusion avec Coopers & Lybrand. Avant d’occuper le poste de CEO, John Parkhouse a été nommé responsable de la gestion d’actifs et de patrimoine pour la région EMEAI (Europe, Moyen-Orient, Afrique et Inde) en 2010. D’origine britannique, il s’est formé au Royaume-Uni et a également travaillé pour PwC à New York.
ENVIES
Coups de cœur
Un objet dont vous ne vous sépareriez jamais ? Je ne suis pas vraiment attaché aux choses, mais il y a des objets dont j’aurais beaucoup de mal à me défaire, du fait de leur valeur affective. Ma femme m’a, par exemple, acheté une très belle montre Omega il y a quelques années. C’était une surprise et quelque chose que je voulais depuis longtemps. Je ne voudrais pas non plus me séparer de ma voiture. Et un autre objet a une forte valeur sentimentale pour moi : c’est un ensemble de médailles militaires de mon grand-père, qui me rappelle les histoires qu’il m’a racontées sur la guerre et les sacrifices qu’il a faits. Avez-vous des passions coûteuses ? J’adore le cricket, et mon rêve serait d’assister à un match de l’Angleterre contre l’Australie en Australie pour les Ashes Series. Il s’agirait de six semaines de voyage à travers l’Australie pour assister à différents matches. À part ça, ce sont les vacan ces, et surtout le ski.
Un achat trop coûteux, mais que vous ne regrettez pas ? Il y en aurait deux. Le premier serait ma voiture : je conduis une Porsche 911, et c’est évidemment très cher, mais si j’ai eu une mauvaise journée, je monte dans cette voiture, et elle vaut chaque penny dépensé pour elle. Le second serait l’appartement que nous avons acheté dans le Valais (Suisse), et qui a complètement dépassé le budget que nous lui avions alloué. Mais nous l’avons construit avec nos enfants. Il a donc un lien émotionnel fort et nous nous y rendons très souvent en famille.
TEXTE Laura Fort PHOTO Edouard Olszewski
Cricket addict
Parlez-vous d’argent avec vos enfants ? Nous sommes très stricts sur la manière dont nos enfants gèrent leur budget. Et nous souhaitons nous assurer qu’ils ont du respect pour l’argent, compte tenu de l’environnement privilégié dans lequel ils ont grandi. Nous essayons donc de leur faire comprendre que, pour beaucoup de gens, y compris moi lorsque j’étais plus jeune, l’argent peut constituer une réelle source d’inquiétude.
Décembre 2019 —
— 107
ENVIES
COMPÉTENCES ORGANISATION
Mener une réunion avec efficacité Alors que de nombreux salariés se plaignent du nombre trop élevé de réunions qu’ils subissent quotidiennement et de leur manque d’efficacité, certains parviennent toutefois à tirer leur épingle du jeu en sortant des sentiers battus.
P
our mener à bien une réunion, il y a plusieurs bases incontournables. À commencer par la définition d’un objectif. Cela semble simple, mais c’est pourtant essentiel. S’interroger sur les raisons de la réunion et ce que l’on souhaite en retirer permet d’être plus concis et de ne pas se perdre en digressions. Il est également essentiel de définir un horaire précis de début et de fin de meeting. « Il faut se borner au factuel pour ne pas partir dans l’interprétation et tout ce qui pourrait faire dévier la réunion », conseille Béatrix Charlier de P’OP Consulting. L’horaire doit donc être fixé dans l’agenda, de même que les décisions qui devront être prises durant la réunion. Dans certaines entreprises, celui qui arrive en retard doit chanter une chanson, ou mettre un billet dans un bocal commun. Cela freine en général les retardataires. Adapter la méthode au résultat En fonction de l’objectif, différents types de réunions sont envisageables. Dans tous les cas, il est impératif de maintenir un niveau d’attention maximal et de limiter la durée à une quinzaine de minutes. En cas de digression, il faut être capable d’organiser un workshop ou une autre réunion pour traiter ce nouveau sujet. Rester debout plutôt qu’assis confortablement peut aider à capter l’attention de tous. « Fonctionner avec une balle de parole permet aussi de donner la parole à tous. On ne lance jamais la balle à la personne à côté de soi, de cette façon, la vigilance de tous reste constante », estime Béatrix Charlier. Lorsque la réunion doit déboucher sur une prise de décision, on peut également fonctionner en binôme. « Le duo marche alors ensemble en évoquant le point à travailler. L’un pose les arguments, l’autre creuse. On peut également éclater les différents points de la réunion pour en donner un à chaque participant, qui devra ensuite le présenter lors du meeting », détaille notre 108 —
— Décembre 2019
PRANJUL SHAH Directeur de l’incubateur de l’Uni L’incubateur de l’Université du Luxem bourg encourage la pensée et l’esprit d’entreprise. Le ‘Pitch & Pizza’ s’adresse au personnel de l’Uni, aux étudiants et aux entrepreneurs afin de faire valoir leurs idées au grand jour et dans le cadre de discussions. L’événement offre aux élèves un environnement bienveillant où ils peuvent s’ouvrir et exprimer ouvertement leurs idées parfois les plus folles.
experte. Pour gagner en efficacité lors d’une réunion où l’on doit prendre une décision, le groupe peut aussi désigner un « décideur ». Après avoir entendu les arguments, il décidera pour le groupe lors de cette réunion. La prochaine fois, un autre sera désigné. Reformuler pour comprendre Une fois la réunion terminée, « on entre alors dans la phase de ‘déclusion’. C’est le moment
L’événement se tient autour d’une scène ouverte qui permet de partager des idées et nous offrons la pizza. Cela nous permet de découvrir des présentations concrètes d’idées qui sont ensuite agrémentées par des retours d’expérience et les conseils d’experts en entrepreneuriat. Cela encourage nos étudiants à être des penseurs, des preneurs de risques et des entrepreneurs hors du commun.
où chacun repart avec une tâche ou une mission. En travaillant avec la reformulation, on peut s’assurer que chaque participant a bien compris son rôle et les attentes qu’il doit atteindre à l’issue de la réunion. Cela permet d’aligner l’information pour être certain que le message transmis est compris », commente Béatrix Charlier. Autant de possibilités qui devraient mettre fin à la réunionite aiguë. F.J.
ENVIES
NICOLAS HENCKES Directeur, Confédération luxembourgeoise du commerce Pour moi, il y a deux choses importantes : c’est d’avoir un ordre du jour très clair et si possible d’organiser la transmission de la réunion par des notes synthétiques, dans la foulée. De cette façon, la réunion se limite à discuter des points qui doivent l’être et n’a pas pour objet la transmission d’informations. Quand j’organise une réunion, je pars du principe que les gens ont lu les documents avant. En interne, je fais des réunions sur des créneaux de 15 à 30 min. Avec les
externes, j’essaie de m’en tenir à maximum une heure. Je propose de plus en plus souvent de prendre un café pour aborder des points spécifiques avec des plus petits groupes de trois invités maximum. Cette méthode, je la pratique souvent avec des externes car psychologiquement cela correspond à une pause café et personne ne fait des pauses d’une heure. Cela permet de limiter la durée de la réunion et de gagner en efficacité.
MÉTIER DU FUTUR CHIEF FREELANCE OFFICER La société change, le profil des travailleurs aussi, et les entreprises sont de plus en plus nombreuses à faire appel à des indépendants. C’est au chief free lance officer qu’il revient de les gérer.
Que fait-il ? Son rôle dans l’entreprise est de gérer et d’accompagner les prestataires externes. Il se positionne parfaitement entre la DRH et la direction des achats. On peut également le qualifier de responsable des ressources externes.
Quelles sont ses compétences ? Il doit être à même de comprendre les tenants et aboutissants de l’ensemble des missions des free-lances. Il doit maîtriser l’environnement légal, le management, les RH et les achats, faire preuve d’agilité et de polyvalence, d’organisation, de communication et maîtriser le langage informatique et les outils numériques. La veille et la maîtrise technologiques sont indispensables.
Quelle est sa formation ? La plupart du temps, il est lui-même indépendant ou l’a été. Sa formation est le fruit d’une expérience acquise sur le terrain associée à une formation académique. Il n’existe pas réellement de formation spécifique puisque cette fonction est relativement récente. Certaines s’en rapprochent, comme le master en management de projets numériques.
Le salaire est difficile à évaluer puisqu’il est lié au volume de travail. Plus son entreprise fait appel à des indépendants, plus il aura de travail, plus son salaire évoluera. Des bonus pourront également lui être attribués en fonction des dépenses et de la réussite du projet. Pour le moment, pas de grille de salaire prédéfinie. Cela peut partiellement s’expliquer par le fait qu’il n’y a pas encore de véritables formations.
Avis de l’expert POUR ALLER PLUS LOIN « Trois étapes pour transformer nos réunions en rassemblements transformateurs », c’est le nom de la conférence TED tenue par Priya Parker, conférencière américaine. En 10 minutes, elle détaille diffé08 _ LEGENDE-TITRE rents exemples qui mettent en lumière l’importance des règles éphémères pour atteindre un objectif08_legende commun enetréunion. Drôle, réaliste estrunteni inverup et très inspirante, cette conférence devrait donner des pistes à ceux tature, offic te pos eniscie nimu qui souhaitent sortir des réunions et ennuyeuses. sanchronophages discid quis a dem inctotate ab intibusdae. À regarder sur www.ted.com/speakers/priya_parker
« Métier très en vogue, surtout lorsque l’on regarde les tendances liées à la génération Z (prochaine à arriver en entreprise). Cette génération a la volonté de s’hyper-spécialiser dans un domaine et donc d’offrir ses services aux entreprises de manière ponctuelle. La tendance sera d’évoluer dans des entreprises qui les challengeront à coup de projets. Une fois que celles-ci n’auront plus de projets à proposer, ils s’en iront vers d’autres horizons », explique Victor Quinet, project manager, chez IMS Luxembourg.
Décembre 2019 —
— 109
PHOTOS Uni, Maison Moderne (archives) ILLUSTRATION Shutterstock
Combien gagne-t-il ?
ENVIES
STYLE ALL BLACK
Qu’apporte le noir à une tenue ? « C’est une valeur sûre en toutes circonstances : une simplicité d’association pour les tenues casual, une touche de mystère à l’élégance des tenues du soir. »
Comment définir votre style ? « En trois mots : classique, contemporain et décalé. Après, tout est dans la nuance, le détail qui fait la différence tout en restant portable en toutes circonstances. »
Quel est votre dernier achat mode ? « Un magnifique chapeau noir de chez Ezri Kahn, laissé à l’état brut, qui s’avère être une pièce unique ! »
« Tout est dans la nuance, le détail qui fait la différence » Avec quel créateur aimeriez-vous dîner ? « Incontestablement les créateurs japonais : Yohji Yamamoto, Issey Miyake ou Rei Kawakubo... Mais le travail d’Iris van Herpen me fascine dans son ap proche très conceptuelle et scénique de la matière. »
Quelle est la plus ancienne pièce de votre garde-robe ? « Une veste créée par une amie styliste dont la première collection était une aventure collective : un ami photographe, des amies modèles... Cette pièce est pour moi le symbole d’un rêve de carrière que les amitiés ont porté. »
Que porter pour une soirée de gala ? « Une robe longue noire, certes, mais avec un décolleté là où on ne l’attend pas. Le dos est un classique d’une élégance absolue. À associer avec des talons dont on maîtrise la hauteur et des accessoires éminemment personnels. »
Séverine Zimmer
Founder & project manager, Services for Creatives
TEXTES Fabien Rodrigues
110 —
— Décembre 2019
ENVIES
Qu’apporte, selon vous, le noir à une tenue ? « Le noir, c’est avant tout l’élégance. Pas besoin d’en faire des tonnes : des basiques noirs bien portés font le travail pour vous ! Comment définir votre style ? « Je pense qu’on peut parler de minimalisme. C’est une approche que j’aime bien et qui permet à la fois l’élégance et le confort. »
Quel est votre plus vieux souvenir lié à la mode ? « Je me rappelle qu’à l’âge de six ans, j’avais un joli pull-over kaki dont j’étais dingue. Impossible de m’en séparer, je le portais nuit et jour ! »
Quel est votre dernier caprice mode ? « Un grand classique mais qui reste indémodable : un cardigan en cachemire de la marque Bompard. »
« Le noir, c’est avant tout l’élégance, pas besoin d’en faire des tonnes »
Une adresse coup de cœur à Luxembourg ? « J’ai un faible pour l’enseigne COS, pour la qualité et la sobriété des collections qui y sont proposées.
Que porter à une soirée business ? « Je choisis souvent de porter ma veste à col Mao. Elle reste de circonstance pour un rendez-vous de travail, tout en apportant un élément plus mode, un peu plus pointu... »
La pièce que vous ne porteriez absolument jamais ? « Je dirais un costume... de père Noël ! Je ne sais pas pourquoi mais je n’aime pas cela, je n’en enfilerais un pour rien au monde ! »
Steve Krack
CEO & founder d’Unité d’habitation PHOTOS Mike Zenari – Ces photos ont été réalisées à la Valerius Art Gallery (Séverine) et à l’hôtel Graace (Steve).
Décembre 2019 —
— 111
ENVIES
ARCHITECTURE MAISON UNIFAMILIALE
Grange contemporaine 1
ARCHITECTES hsa – heisbourg strotz architectes
2
MAÎTRE D’OUVRAGE Privé LOCALISATION Erpeldange LIVRAISON 2018
3
L
a nouvelle maison se trouve dans un petit village, à Erpeldange, non loin de la frontière allemande. Un peu en retrait, la construction se trouve en deuxième ligne par rapport à la rue, à l’arrière d’une ferme. Rien d’étonnant puisque cette nouvelle maison, qui est aujourd’hui occupée par une famille, était autrefois un ancien corps de logis, attenant à une grange. Cette donnée explique beaucoup de choses sur le projet : son positionnement, mais aussi son gabarit, son volume, son aspect général. De l’ancien bâtiment, les architectes ont conservé l’idée et l’intégration dans le tissu rural bâti du village. C’est pour cela que la maison, quoique tout à fait contemporaine, présente une disposition en longueur, typique des fermes luxembourgeoises. Dans un souci de sobriété, les architectes ont choisi de travailler la façade avec des panneaux en fibro-ciment. Leur teinte s’inspire des bâtis environnants. Le rythme des plaques subdivise la façade. Les fenêtres sont ouvertes dans la verticalité et s’intègrent ainsi pleinement dans la trame des panneaux. Ces
112 —
— Décembre 2019
ouvertures rythment la façade et créent une alternance avec les parties pleines des panneaux. Les matériaux utilisés sont durables et les installations techniques optimisées afin de répondre aux contraintes énergétiques. La construction traditionnelle est constituée en blocs de béton recouverts d’une isolation extérieure en laine minérale. L’espace intérieur s’organise sur trois niveaux autour d’un escalier positionné au centre. Une véranda agrandit l’espace à vivre au rez-de-chaussée. Du côté de l’entrée, les abords sont traités avec un pavé traditionnel qui se poursuit à l’arrière pour créer une terrasse, avant que la perspective ne s’ouvre sur le jardin. Pour ce projet, pas de grand éclat. L’idée principale est de retravailler la typologie existante rurale, et de la transposer dans une réalité contemporaine et adaptée à un usage d’habitation pour une famille. En préservant le gabarit, les proportions urbaines sont maintenues et on gagne en qualité puisque la nouvelle bâtisse répond aux exigences actuelles de la construction. Une démarche qu’on aimerait voir plus souvent dans les villages luxembourgeois où les résidences sans grande qualité prennent trop souvent la place d’anciens corps de ferme et ne tiennent pas compte de l’histoire du bâti et de la culture architecturale locale. C.C.
1 2 3 4
La façade de la maison est une alternance rythmée entre parties pleines et parties vitrées. À l’arrière, la maison est complétée par une véranda et une terrasse. La maison a conservé le gabarit de l’ancien corps de ferme. La façade est sobre, réalisée en panneaux de fibro-ciment.
4
PHOTOS Steve Troes
C’est en milieu rural que hsa – heisbourg strotz architectes a réinterprété un ancien corps de ferme pour bâtir une maison unifamiliale.
LA newsletter incontournable
pour rester informé des grands projets architecturaux comme de l’immobilier au Grand-Duché 14 : 00
Abonnez-vous gratuitement sur paperjam.lu
ENVIES
CULTURE DANSE CONTEMPORAINE
25 ans de danse Le Trois C-L soutient depuis 25 ans de nombreux chorégraphes, dont Georges Maikel Pires Monteiro.
À NE PAS RATER TROIS DATES DU TROIS C-L Le Trois C-L organise régulièrement des événements pour découvrir la création choré graphique luxembourgeoise.
L’ANNIVERSAIRE Le 3 décembre 2019 sera particulier et festif car il célébrera l’anniversaire du Trois C-L. De nombreuses surprises attendent les spectateurs. Jennifer Gohier et Grégory Beaumont proposent un voyage mêlant danse et arts martiaux, et le chorégraphe et danseur portugais João Costa Espinho partagera sa vision du voyage dans la danse.
A
vant 1994, la scène indépendante n’existait pas. Ou à la marge. « À l’époque, il n’y avait que très peu de chorégraphes qui parvenaient à vivre au Luxembourg. Ils étaient tous à l’étranger. Le ministère de la Culture a alors décidé de créer TDM – Théâtre dansé et muet, qui s’est transformé par la suite en Théâtre Danse Mouvement, pour accompagner ces artistes chorégraphiques et les inciter à travailler au Luxembourg », explique Bernard Baumgarten, directeur du Centre de création chorégraphique luxembourgeois. « C’est ainsi que cette cellule a soutenu et encadré les premiers projets chorégraphiques, organisé les premiers stages professionnels. Puis, le projet a peu à peu grandi jusqu’à devenir, 10 ans après, le Trois C-L – Centre de création chorégraphique luxembourgeois, une évolution qui allait de pair avec le développement et la professionnalisation du secteur. » Les missions du Trois C-L reposent aujourd’hui sur quatre piliers : tout d’abord, l’encadrement des créations et des recherches des chorégraphes. Cela passe par une aide 114 —
— Décembre 2019
financière avec la gestion des aides allouées par le ministère de la Culture, mais aussi la mise à disposition de locaux pour travailler. Par ailleurs, il y a la mise en place de formations continues gratuites pour les professionnels. « Nous prenons également en charge la sensibilisation du public à la découverte de l’univers chorégraphique à travers des stages de pratique, mais aussi la présentation de créations, comme à l’occasion des soirées 3 du Trois. » Enfin, la dernière mission est le soutien à la diffusion internationale. Ainsi, le Trois C-L met en réseau les chorégraphes et participe à la diffusion de créations au sein de différents festivals, comme le Off d’Avignon. Quant aux défis pour le futur, « il s’agit de poursuivre l’accompagnement de cette scène qui évolue et se professionnalise toujours plus. Nous venons aussi de lancer une nouvelle aide qui s’adresse aux chorégraphes qui ont déjà un petit répertoire à leur actif, mais qui ne trouvent pas encore le chemin jusqu’aux théâtres pour leur diffusion. Une soirée leur sera consacrée le 3 décembre 2019 », détaille B. Baumgarten. Et sur les rumeurs de déménagement du lieu ? « Nous avons l’assurance de pouvoir rester à la Banannefabrik au moins durant les cinq prochaines années. Après nous verrons, car nous avons aussi de nouvelles ambitions que nous aimerions voir se concrétiser afin de devenir une grande maison de la danse. » C.C.
DANZDAG WILTZ Une nouvelle collaboration avec la commune de Wiltz propose une soirée dédiée à la danse contemporaine. Les créations de Georges Maikel Pires Monteiro et Giovanni Zazzera proposent de (re)découvrir le pouvoir de l’imaginaire avec !MAKI!? et Flowers grow even in the sand. AU BRANDBAU, LE 14 DÉCEMBRE À 20 H, 2, GRUBERBEERIG À WILTZ www.prabbeli.lu
KINNEKSBOND GOES BANANNEFABRIK Suite au succès de The Ephemeral Life of an octopus de Léa Tirabasso, la Bananne fabrik accueille de nouveau cette création chorégraphique. Basée sur une expérience personnelle du cancer, la pièce examine la dysfonction, le chaos et la vibrante force de la vie du corps. À LA BANANNEFABRIK, LES 3 ET 4 JANVIER, 12, RUE DU PUITS À LUXEMBOURG www.danse.lu
PHOTO Bohumil Kostohryz
Le Centre de création chorégraphique luxembourgeois célèbre le 3 décembre ses 25 ans d’existence et de soutien continu aux chorégraphes luxembourgeois.
À LA BANANNEFABRIK, LE 3 DÉCEMBRE À 19 H www.danse.lu
Photo → Franklin Delano Roosevelt, taken in 1944 by Leon A. Perskie [edited]
It’s a new De(a)lano!
LUXE MBO UR G IN E NGLISH, SINC E 20 11
ENVIES
RESTAURANT À TABLE AVEC
Carine Lilliu jolies verrines multicolores, mais pas de viande. « Mon plat idéal ne comporte ni viande ni poisson, mais j’avoue avoir un certain faible occasionnel pour les bons produits de la mer ! Cela doit venir de mes origines sardes... » PERTINENCE ET TEMPURA Pour la suite, Carine Lilliu opte pour de ifficile de dissocier Carine Lilliu superbes gambas en tempura, de l’organisation humanitaire dont elle apprécie la grande fraîdans laquelle elle a travaillé pen- cheur et la légèreté de la panure, dant 11 ans : MSF. Après avoir géré disposées sur un risotto d’épeautre les campagnes de récolte de aux petits légumes et sauce armofonds pendant toutes ces années, la jeune ricaine. Elle en profite pour soulifemme au grand sourire chaleureux a cepen- gner le caractère essentiel des dant décidé d’opérer un sacré virage en inté- dons privés, même relativement grant, début novembre, l’équipe du Musée modestes, pour assurer la pertid’art moderne Grand-Duc Jean, le Mudam. nence du Mudam dans le paysage Une nouvelle vie toutefois cohérente avec ses culturel luxembourgeois : « Même convictions. si les dons ne représentent qu’une PASSION ET ANTIPASTI Après un début de car- petite partie du budget par raprière dans les médias, le fundraising s’est pré- port aux subventions publiques, senté comme une opportunité, avant de devenir ils permettent par exemple l’achat un véritable métier-passion : « Ce poste m’a d’œuvres supplémentaires pour permis d’appréhender les problématiques la collection propre du musée et mondiales et de jouer un rôle moteur, même de maintenir ainsi cette dernière à mon échelle individuelle, dans leur résolu- à la hauteur de sa réputation. » tion. » Comprendre que les fonds privés sont Tout comme dans l’humanitaire, nécessaires à la pérennité d’institutions impor- Carine est convaincue que la réustantes et éprouver un réel intérêt pour leurs site et la valorisation des récoltes buts et leurs donateurs, voilà le fil rouge qui l’a de fonds privés passent par la professionnalimenée au Mudam début novembre. Cette com- sation du métier de fundraiser. binaison entre goûts et convictions, on la CULTURE ET MILLE-FEUILLE Un vif intérêt pour retrouve aussi dans l’assiette de l’Amélys à l’hô- l’art et la culture et être inspirée par celles et tel Le Royal. En revenant du buffet de hors- ceux qui l’entourent, voilà ce qu’attend la d’œuvre, du végétarien ou du poisson dans de nouvelle responsable Mécénat & Partenariat du Mudam : « J’ai déjà assisté à quelques événements dédiés et amélys à l’hôtel le royal je suis déjà impressionnée par 12, boulevard Royal le nombre d’interlocuteurs pasLuxembourg (Centre-ville) sionnés de culture auxquels je Tél. : 24 16 16.737 vais avoir affaire. C’est très enthousiasmant ! » Un sentiChef Simone Petaro ment sincère et partagé sans Chef exécutif Patrice Noël faux-semblant. Probablement Son 75 db identique à celui dont Carine Température 20 °C Lilliu fait preuve en dégustant Couverts 130 un savoureux mille-feuille aux Addition du jour marrons, noisettes et sorbet à l’orange Napoléon pour le des2 menus déjeuner 3 services 72,00 € sert. « J’adore la pâtisserie », 2 verres de Riesling Aly Duhr 20,00 € confie-t-elle, toujours le sourire 2 eaux pétillantes 9,00 € Total 101,00 € aux lèvres. F. R.
Carine Lilliu vient de prendre la tête du département Mécénat & Partenariat du Mudam, après plus de 10 années passées chez Médecins sans fron tières (MSF). Nous l’avons invitée à déjeuner à l’excellent restaurant Amélys de l’hôtel Le Royal.
D
116 —
— Décembre 2019
MAIS AUSSI CE QU’ELLE CUISINE EN CE MOMENT ?
SON ADRESSE COUP DE CŒUR ? « Chiche ! (au Limpertsberg, ndlr), sans hésitation ! J’aime beaucoup la cuisine levantine, qui sait vraiment sublimer les légumes, et c’est là qu’elle est le plus proche de ce que j’ai déjà pu goûter au Moyen-Orient, lorsque je m’y suis rendue pour le travail. »
PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne)
« Du fait de mes origines, je suis une grande férue de cuisine italienne, surtout avec de bons légumes ! Pour ma petite famille ou encore quand j’invite à la maison, j’adore préparer des ravioles au citron et aux artichauts, qui sont de saison. C’est délicieux ! »
The caterer FOR YOUR PRECIOUS MOMENTS
CELEBRATING GOOD FOOD. CELEBRATING LIFE. info@niessen.lu | www.niessen.lu
INDEX
ENTREPRISES PERSONNES
A ABBL
38, 68 ACA 68 ACCENTURE 26 ADECCO LUXEMBOURG 28 ADÉLAÏDE CASSIE 18 ADEM 24, 46 ADHOC 56 ADR 16 AFP 44 AIRBNB 16 ALFI 24, 38 ALIBABA 44 ALINÉA 32 ALLEN & OVERY 34 AMMAR OUSSAMA 92 ANTOINE JEAN-HUBERT 22 APPARTAGER.LU 56 APPLE 44 ARBED 54 ARBORIA DEVELOPPEMENT 56 ARCELORMITTAL 22, 24, 56, 68, 122 ARENDT 62 ASSELBORN JEAN 18 ASSOCIATION DES MÉDECINS ET MÉDECINS-DENTISTES 16 ATOS 24 AUTORITÉ BANCAIRE EUROPÉENNE 44 AXA 24, 26
B
BACK NORA 68 BADENOCH + CLARK LUXEMBOURG 48 BAKER MCKENZIE LUXEMBOURG 48 BÂLOISE 26 BANANNEFABRIK 114 BANQUE CENTRALE DU LUXEMBOURG 46 BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE 68 BANQUE EUROPÉENNE D’INVESTISSEMENT 38, 42, 62 BANQUE ISLAMIQUE DE DÉVELOPPEMENT 38 BARREAU DU LUXEMBOURG 78 BASTIN OLIVIER 34 BAUMGARTEN BERNARD 114 BAUSCH FRANÇOIS 16, 78 BCEE 44 BE SPORT 92 BEAUMONT GRÉGORY 114 BECKER NORBERT 24 BETIC 44
BETTEL XAVIER 16 BEZOS JEFF 92 BICHLER MARC 22 BIEVER NICO 28 BIEVER ROBERT 78 BIL 38, 122 BILTGEN FRANÇOIS 78 BLAIR TONY 26 BLEY PIERRE 68 BODART ALICE 24 BOFFERDING TAINA 24, 54 BONTE PHILIPPE 66 BORGH HANS-PETER 38 BOUILLON NICOLAS 34 BOURSE DE LUXEMBOURG 38 BOUZOU NICOLAS 68 BPI LUXEMBOURG 56 BRACCHETTI MATTHIEU 122 BRAHMS PIERRE 20 BRAZ FELIX 54, 78 BRIN SERGEY 92 BRINK’S 24 BRP BIZZOZERO & PARTNERS 44 BRUSCHI TANIA 34 BUCK NICOLAS 68
C
CAA 38 CACCIATORE JÉRÔME 44 CAHEN CORINNE 16 CAISSE NATIONALE DE SANTÉ 16 CAMUZAT JEAN-LOUIS 34 CARITAS 56, 51, 64 CASTANO YANN 86 CASTELLANI FLORA 68 CEDH 18 CENTRE DE CRÉATION CHORÉGRAPHIQUE LUXEMBOURGEOIS 114 CES 122 CHADOEUF CHRISTIANE 42 CHAMBRE DE COMMERCE 22, 26, 48, 68, 122 CHAMBRE DES DÉPUTÉS 16, 56, 78 CHAMBRE DES MÉTIERS 68 CHAMBRE DES SALARIÉS 68 CHAMBRE IMMOBILIÈRE DU LUXEMBOURG 51, 58 CHAOUCHE FATIMA 18 CHARLIER BÉATRIX 108 CHAUSSURES LÉON 16 CHL 122 CHRISTEN JOËLLE 78 CLAIREFONTAINE 106 CLARIDGE’S 86
CLOCHE D’OR 32 CNPD 26 COHABIT’AGE 56 COLANTONIO CLAUDIA 24 COLIN NICOLAS 92 COMITÉ DES DROITS DE L’ENFANT 78 COMITÉ INTERMINISTÉRIEL POUR LES DROITS DE L’HOMME 22 CONFÉDÉRATION LUXEMBOURGEOISE DU COMMERCE 32, 68 CONSEIL D’ÉTAT 24, 78 CONSEIL DE GOUVERNEMENT 16 CONSEIL NATIONAL DES FINANCES PUBLIQUES 68 COOPERS & LYBRAND 106 COSTANTINI 28 COUR DES COMPTES EUROPÉENNE 16 COUTINHO ROSALIE 34 CRÉDIT AGRICOLE INDOSUEZ 38 CRÉDIT SUISSE 38 CROSSLEND 42 CSJ 16 CSSF 40, 46 CSV 16, 54, 68
D, E, F
DAGLI+ 28 DANONE 46 DE CILLIA SERGE 38 DE FUNÈS JULIA 68 DE MALEISSYE CHARLES-HENRI 32 DECOVILLE ANTOINE 60 DÉE-MASURE OCÉANE 34 DÉI GRÉNG 16, 51, 54, 60, 64, 68, 78 DÉI LÉNK 16 DELHAIZE 34 DELLES LEX 16 DELOITTE LUXEMBOURG 42, 46 DELPHI 24 DI SIBIO CARMINE 24 DIEDERICH JEAN 66 DOCLER HOLDING 26 DOHEEM MATENEEN 56 DONNERSBACH EDMOND 32 DP 16, 54, 68, 78 DRAGHI MARIO 68 DUTREIL STANISLAS 48 EAGLESTONE 48 EFAMA 38 ELECTRO SECURITY 28
ERNSTER 32 ERNSTER FERNAND 32 EUROSTAT 46 EY 24, 66 FABER EMMANUEL 46 FABER YANN 34 FACEBOOK 44 FÉDÉRATION DES ARTISANS 68 FEDIL 68 FELTEN MIKE 34 FELTGEN VALÉRIE 60 FLESCHEN MARC 24 FLOCONS DE SEL 86 FNAC-DARTY 24, 32 FNR 40 FOGELGESANG MARC 34 FONDS DU LOGEMENT 54 FONDS EUROPÉEN D’INVESTISSEMENT 42 FOODAMENTAL 86 FORT-BRESCIA BERNARDO 34 FORTUNA BANQUE 34 FOURIER PAUL 86 FOYER 24, 26, 66 FRIDGEN GILBERT 40 FRIEDEN LUC 68 FRIOB NORBERT 68
G, H, I
GASPARINI MARCO 44 GATTYÁN GYÖRGY 26 GAULT&MILLAU 86 GENISTA 28 GERKRATH JÖRG 18 GIGOT FRANK 32 GOEDERT CATHY 86 GOHIER JENNIFER 114 GOLD 106 GOOGLE 44, 92 GRAMEGNA PIERRE 38, 54 GRANT THORNTON 22, 44 GRBIC JERRY 34 GREAT PLACE TO WORK 28 HAJJAR BANDAR 38 HAUT COMITÉ DE LA PLACE FINANCIÈRE 24 HCR 18 HEMMER DOMINIQUE 24 HENCKES NICOLAS 68 GRAND-DUC HÉRITIER GUILLAUME 38 HILGER JEAN 44 HOFFMANN MARCO 51, 64 HOGAN LOVELLS 44 HONDEQUIN ALAIN 44 HORESCA 68 HOUSE OF STARTUPS 26 HOUSE OF TRAINING 22
un vent de fraîcheur sur vos recrutements 118 —
— Décembre 2019
INDEX HSA – HEISBOURG STROTZ ARCHITECTES 112 IKO REAL ESTATE 56 ILVA 24 IMMOBEL 34, 56 IMS LUXEMBOURG 108 INDR 22 ING LUXEMBOURG 44 INOWAI 34 INSTITUT LUXEMBOURGEOIS DES ADMINISTRATEURS 38
J, K, L
JAUQUET STÉPHANIE 86 JUNCKER JEAN-CLAUDE 68 KAPOLA ANAÏS 44 KINSCH ALAIN 24 KINSCH JOSEPH 68 KIPPER CHRISTINA 22 KOCH THOMAS 66 KOEDINGER MIKE 20 KOX HENRI 51, 54, 56, 60, 64, 78 KPMG LUXEMBOURG 26, 68 KRACK STEVE 110 KRAWCZYKOWSKI RAYMOND 42 KREMER FRANÇOIS 78 KRENZER GUY 86 KUHN 62 KUHN ROLAND 54, 62 L’AUDIOPHILE 24 LA LORRAINE 106, 86 LAIR MARIE-LISE 16 LAPÉROUSE 86 LCGB 24 LE ROYAL 86 LENDINVEST 42 LENERT PAULETTE 16 LENÔTRE 86 LEYDER MATTHIEU 48 LICHERON JULIEN 51, 58, 60 LIGNAC CYRIL 86 LINDAUER FLORENCE 62 LISER 54, 58, 60 LPEA 24 LSAP 16, 24, 54, 78, 68 LUMEN VÉRONIQUE 24 LUTGEN ASSOCIÉS 18 LUXAIR 24, 122 LUXEMBOURG CAPITAL 56 LUXEMBOURG FUTURE FUND 42 LUXEMBOURG-CITY INCUBATOR 24 LUXEXPO 98 LUXFACTORY 122 LUXHUB 44 LUXINNOVATION 26
M, N
MA LANGUE SOURIT MAÂ-OUI! MAAS YVES MACRON EMMANUEL MAGNIER ARNAUD MAHLE BEHR MAISON DE LA COHÉSION SOCIALE MAISON MODERNE MANIERSKI RÉGIS
86 22 38 68 86 24 18 20 122
MARIS KOEN 66 MARQUES PAULA 34 MART CAROLINE 16 MARX CLAUDE 40 MASTERCARD 44 MATHIEU RENÉ 86 MAUNY CÉDRIC 66 MEHRSHAHI MARKS ARIANE 44 MERZ AGNES 44 MÉVEL MORGAN 34 MICHELIN 86 MIDDLEGAME VENTURES 42 MINISTÈRE DE L’ÉGALITÉ ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES 24 MINISTÈRE DE LA CULTURE 114 MINISTÈRE DE LA JUSTICE 78 MINISTÈRE DE LA SANTÉ 16 MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES 18 MINISTÈRE DES FINANCES 54 MINISTÈRE DU LOGEMENT 56, 62, 78 MISCHO PATRICK 34 MITCHELL SOPHIE 42 MOLARD CYRIL 86 MOSCONI ILARIO 86 MOUPFOUMA BERTRAND 66 NAJAFI ELMIRA 32 NATIONS UNIES 46 NEU CLAUDE 20 NICKELS PATRICK 42 NIUM 26 NORONHA ALBERTO 26 NYUKO 68
O, P, Q
OBSERVATOIRE DE L’HABITAT 51, 60 OBSERVATOIRE DU DÉVELOPPEMENT SPATIAL DU LUXEMBOURG 60 OGBL 24, 68 OLINGER JEAN-PAUL 22, 68 OMEGA 106 ONET 24 ONU 78 ORBAN JEAN-FRANÇOIS 22 ORDRE DES AVOCATS 78 OURDANE MOHAMED 66 P’OP CONSULTING 108 PACCOUD ANTOINE 60 PAGANTIS 42 PAGE LARRY 92 PALADIN EUROPEAN CYBER FUND 42 PALL CENTER 46 PAPERJAM CLUB 68, 92 PAPP KAROLY 26 PARISSE SABINE 62 PARKER PRIYA 108 PARKHOUSE JOHN 106 PASSERELL 18 PAUL WURTH 122 PAUL WURTH INCUB 122 PAYPAL 40 PHOTO MIRGAIN 32 PICTET & CIE (EUROPE) 38
PIRATEPARTEI 16 PONCÉ FABRICE 28 PORSCHE 106 POST LUXEMBOURG 26, 66 PROXIMUS LUXEMBOURG 66 PSAILA JOHN 42 PWC LUXEMBOURG 62, 66, 106 QUINET VICTOR 108
R, S, T
RADJOU NAVI 46 RAIFFEISEN 38 RAMEAU RACHEL 86 RAVARANI GEORGES 18 RCDEVS 66 REAL I.S. 34 REBUILD 28 RECKINGER PAUL 68 REFILL LËTZEBUERG 16 REINERT GILLES 28 RENAUT EMMANUEL 86 RODRIGUES MANUEL 34 ROGE PASCAL 24 ROHART CHARLY 66 ROMMES JEAN-JACQUES 68 RONALDINHO 26 ROTARYS CLUB 46 ROYAL-HAMILIUS 24, 32 RTL 16, 78 RUKAVINA ALAIN 78 SALAGEAN IOANA 60 SANICHAUFER 28 SCHAEFER GUILLAUME 48 SCHARFE ROBERT 38 SCHEUREN JEAN-PAUL 51, 58 SCHILTZ JEAN-LOUIS 68 SCHMIT ALAIN 16 SCHMITZ OLIVIER 46 SCHNEIDER ÉTIENNE 16, 38 SCHULMAN DAN 40 SCHULZ AMBRE 18 SECURITYMADEIN.LU 66 SEQVOIA 68 SERRURIER-HOËL ÉMILIE 38 SERVICES FOR CREATIVES 110 SHAH PRANJUL 108 SILGA JANINE 18 SINNIG JULIA 18 SNHBM 54 SNOWDEN EDWARD 26 SNT 26, 40 SOCIÉTÉ NATIONALE DE CRÉDIT ET D’INVESTISSEMENT 42 SOLARISBANK 42 SPIRE 42 STATEC 46, 54, 58, 60, 68 STEFFEN FRANK 86 STEFFEN TOM 62 STEICHEN PASCAL 66 STIGLITZ JOSEPH 38 SWENEN ARCHITECTURE & DESIGN 28 TANSON SAM 54, 78 TASI MONIKA 22 TED 108 TEREBA CINDY 48 THE FAMILY 92 THE PALMICHAEL 106 THEMIS LEX 66 THORN GASTON 16
U, V, W, Z
UBER 44 UNION COMMERCIALE DE LA VILLE DE LUXEMBOURG 16 UNION DES ENTREPRISES LUXEMBOURGEOISES 22, 68 UNITÉ D’HABITATION 110 UNIVERSITÉ DU LUXEMBOURG 18, 26, 40, 62, 108 VANOVERSCHELDE JOËL 42 VICTOR BUCK SERVICES 68 VILLA LOUISE 86 VILLE DE DUDELANGE 56 VILLE DE LUXEMBOURG 54, 56, 62, 78 VIRTUAL RANGERS 122 VISA 44 WARIN CATHERINE 18 WAVESTONE 66 WERNER PIERRE 16 WICKLER CHRISTIANNE 46 WILDANGER ALAIN 28 WILLIQUET MICKAEL 86 WINTER RENATE 78 WURTH MICHEL 22, 68 ZAGURY ALICE 92 ZERO.1 24 ZIMMER SÉVERINE 110
PUBLICITÉS
3C PAYMENT 21 APEX 124 BANQUE DE LUXEMBOURG 41 BGL 37 BGL BNP PARIBAS 36 BIL 8, 49 BRAM 12 BRICKS 55 CAR AVENUE 15 CAVES BERNARD-MASSARD 23 CENTER STAGE 97 CFL 63 DEKA 32, 33 DOMAINES VINSMOSELLE 35 ERNSTER 31 FISCHER 29 GALERIES LAFAYETTE 19 GRAND THÉÂTRE 115 IN TEMPO 10 LEGALIS 45 LUXAIR 73 MINISTÈRE DE L’ÉGALITÉ DES CHANCES 59 SNCI 43 SOS FAIM 149 TRAITEUR NIESSEN 117 TURKISH AIRLINES 150 VILLE DE DUDELANGE 65 VOYAGES EMILE WEBER 27
Décembre 2019 —
— 119
OURS
Décembre 2019 dir ecteur de la publication
Richard Karacian dir ecteur éditor i a l
Matthieu Croissandeau r édacteur en chef
RÉDACTION Téléphone (+352) 20 70 70-100 Fax (+352) 29 66 19 E-mail press@paperjam.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg secr éta ir e de r édaction
Jennifer Coghé (J. C.) jennifer.coghe@maisonmoderne.com Céline Coubray (C. C.) celine.coubray@maisonmoderne.com @celinecoubray
Thierry Raizer (T. R.) thierry.raizer@maisonmoderne.com @traizer1
ÉDITEUR
r édacteur en chef a djoint
Nicolas Léonard (N. L.) nicolas.leonard@maisonmoderne.com @NicolasLeonard
RÉGIE PUBLICITAIRE
www.maisonmoderne.com Téléphone (+352) 20 70 70 E-mail publishing@maisonmoderne.com Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg Bureaux 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie
Laura Fort (L. F.) laura.fort@maisonmoderne.com @LauraFort2
Téléphone (+352) 20 70 70-300 Fax (+352) 26 29 66 20 E-mail regie@maisonmoderne.com Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg
Camille Frati (C. F.) camille.frati@maisonmoderne.com @camillefrati
Francis Gasparotto (-301)
Richard Karacian
Jennifer Graglia (J. G.) jennifer.graglia@maisonmoderne.com
ch a rgé de clientèle
dir ecteur a dministr atif et fina ncier
Laurent Goffin (-315)
Etienne Velasti
assista nte commerci a le
Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Richard Karacian, Mike Koedinger et Etienne Velasti.
Fanny Jacques (F. J.) fanny.jacques@maisonmoderne.com
dir ecteur associé
Céline Bayle (-303)
Megane Kambala (M. K.) megane.kambala@maisonmoderne.com Thierry Labro (T. L.) thierry.labro@maisonmoderne.com @ThierryLabro Jean-Michel Lalieu (J.-M. L.) jean-michel.lalieu@maisonmoderne.com Pierre Pailler (P. P.) pierre.pailler@maisonmoderne.com
STUDIO GRAPHIQUE
conseil d ’a dministr ation Mike Koedinger (président), Jean-Claude Bintz (vice-président), Richard Karacian, Daniel Schneider et Etienne Velasti (membres).
dir ecteur de cr éation
Jeremy Leslie
hea d of production
Stéphanie Poras-Schwickerath
Ioanna Schimizzi (I. S.) ioanna.schimizzi@maisonmoderne.com
Vinzenz Hölzl
hea d of a rt dir ection
a rt dir ector
photogr a phes
Marielle Voisin
cor r ection
Corentin Andreosso, Elina Luzerne (coordination Paperjam), Sophie Melai, Oriane Pawlisiak, Audrey Ridremont (coordination Clubletter)
Lisa Cacciatore, Sarah Lambolez, Manon Méral, Elena Sebastiani, Laura Zorloni
ceo
dir ecteur de l’agence Mathieu Mathelin
Fabien Rodrigues (F. R.) fabien.rodrigues@maisonmoderne.com
Anthony Dehez, Nader Ghavami, Gaël Lesure, Edouard Olszewski, Patricia Pitsch, Jean-François Robert, Matic Zorman
fondateur
Mike Koedinger
mise en page
Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler ! Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. ISSN 2354-4619 Conformément à l’article 66 de la loi du 8 juin 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Richard Karacian.
hea d of production assista nt
Myriam Morbé
@paperJam_lu Paperjam Paperjam Entreprise
UNIVERS PAPERJAM pa per ja m . lu
newsletter
www.paperjam.lu
120 —
abonnement sur paperjam.lu
— Décembre 2019
a pplications pa per ja m
pa per ja m guide
guide.paperjam.lu
pa per ja m . jobs jobs.paperjam.lu
pa per ja m club
club.paperjam.lu
QUAND TU CROISES TON BOSS À 5H E EN BOÎTE NB OÎTE
Madame François Buron, Jacques-Louis David, 1769 (Art Institute of Chicago)
It’s ti
fo
m e fo
lla odzi
r
.pa
am perj
.lu
LA START-UP DU MOIS VIRTUAL RANGERS
« La réalité virtuelle made in Luxembourg » Virtual Rangers propose de nombreuses formations à la réalité virtuelle aux entreprises. Elle a également mis au point, avec le CHL un programme pour les enfants hospitalisés.
EN BREF Virtual Rangers en six points O ctobre 2017 : création de la start-up ondateur : F Matthieu Bracchetti P rintemps 2018: La start-up prend ses quartiers au Paul Wurth Incub C hiffre d’affaires 2018 : 250.000 euros N ombre de salariés : 6 J anvier 2020 : première participation au CES de Las Vegas
N
ous ne voulions pas avoir le fonctionnement de nombreuses start-up, en levant d’abord des fonds et en allant chercher le marché ensuite. Depuis notre création en octobre 2017, nous avons toujours voulu développer notre portefeuille clients afin de dégager un chiffre d’affaires », lance Matthieu Bracchetti, le cofondateur et CEO de Virtual Rangers. Celle-ci est spécialisée dans la réalité virtuelle et dans la réalité augmentée. Et son chiffre d’affaires est en hausse constante puisque « dès la première année, nous avons atteint le break even et, en 2018, notre chiffre d’affaires était de 250.000 euros », précise le jeune homme de 33 ans. La start-up devrait atteindre un CA de 350.000 euros pour l’exercice 2019. La particularité de Virtual Rangers est de développer ses propres programmes et projets de VR. « Nous sommes une équipe de six personnes, principalement composée de développeurs et de graphistes, ce qui nous permet une très grande flexibilité et d’être plus réactifs que d’autres sociétés qui font appel à des prestataires. »
Première au CES de Las Vegas Virtual Rangers est présente dans quatre grands domaines d’activité : la formation – qui représente 70 % du chiffre d’affaires de l’entreprise –, la création d’expériences, la réalité augmentée au service de la culture et des musées, et la construction. « Nous avons plus d’une trentaine de clients, dont des groupes comme ArcelorMittal, Paul Wurth, la Bil ou Luxair », appuie Matthieu Bracchetti. Et la jeune entreprise luxembourgeoise fera partie, pour la première fois de son histoire, des 20 start-up luxembourgeoises à se rendre au CES de Las Vegas en janvier prochain, emmenées 122 —
— Décembre 2019
par Luxfactory et la Chambre de commerce. « C’est un vrai rêve de gamin pour nous, jamais je n’aurais imaginé pouvoir y aller », se réjouit Matthieu Bracchetti, qui sera accompagné de son associé Régis Manierski. Un des projets présentés sera celui que Virtual Rangers a développé en partenariat avec le CHL : Roudy’s World. « L’idée est que les enfants hospitalisés, par exemple en onco logie, portent un casque de VR sur le visage pendant leur traitement et que les actions des médecins soient coordonnées avec le déroulement d’une aventure avec un petit personnage que nous avons créé. » Lors d’un prélèvement de moelle osseuse par exemple, l’enfant voit dans son casque le petit personnage lui expliquer que pour poursuivre son aventure, il doit lui installer un bouclier dans le dos, mais que pour bien l’accrocher cela peut lui faire mal. « L’enfant est alors pris dans l’histoire et oublie qu’il est à l’hôpital. Les parents ne sont plus obligés de tenir leurs enfants pour ne pas qu’ils bougent et cela leur permet de vivre moins difficilement ces moments », confirme Matthieu Bracchetti. Parmi les autres développements à venir, Virtual Rangers prévoit d’ouvrir une filiale au Canada d’ici fin 2020, et devrait doubler ses effectifs au Luxembourg l’année prochaine également. I.S.
BIO EXPRESS Matthieu Bracchetti Matthieu Bracchetti, 33 ans, né au Luxembourg, est diplômé d’une licence en hydraulique industrielle et commandes associées de l’Université de Lorraine, et d’un master en développement durable de l’Uni. Après plusieurs expériences professionnelles en tant que responsable innovation ou business development manager au GrandDuché, il a décidé de se lancer, accompagné par son associé Régis Manierski, dans le secteur d’activité de la réalité virtuelle. « J’étais persuadé du potentiel d’adhésion, car dès que l’on met un casque de VR sur le visage de n’importe quelle personne, cela fait un effet bœuf », explique-t-il. Dans le cadre de son activité de formations, Virtual Rangers permet par exemple de pouvoir former les salariés du secteur industriel dans les conditions réelles de l’usine sans avoir à arrêter la chaîne de production.
PHOTO Maison Moderne ILLUSTRATION Shutterstock Golden Sikorka
«
Clubletter dĂŠcembre janvier 2019-20 Bienvenue aux nouveaux membres AIG Europe aR & aH BIG IT Consulting (BI & Geo IT Consulting) Boutique Immobiliere Dominus Architecture easySolutions - Real Estate Solutions EmoSkills Immo Partner Living Concepts SA Mathey Mazout Poncelet Expertise-Comptable Saturn Luxembourg CityZortify
ENJOY THE FEST, WE DO THE REST.
www.apex.lu
ÉDITO L’INNOVATION À SON TOP
Q
LES AVANTAGES DU CLUB MEMBER
INSPIRE Ouvrez vos perspectives et stimulez vos idées par l’inspiration
W EN
FR
uelle sera la start-up de l’année à Luxembourg ? Depuis presque un an et cinq événements, Paperjam s’est attelé à le découvrir et à mettre en avant l’écosystème innovant de la Grande Région en partenariat avec les incubateurs et acteurs locaux lors de la série « Start-up Stories ». Une initiative unique, au cours de laquelle 50 start-up ont eu l’occasion de se présenter face à la communauté business. Une série qui aura pour point d’orgue un événement exceptionnel, les Start-up Stories Awards, qui auront lieu le 18 décembre prochain avec pas moins de 1.000 invités. Une occasion de découvrir le lauréat de ce premier prix et d’assister à la keynote d’Oussama Ammar, gourou de la tech, et à 10 pitchs de jeunes pousses parmi les plus prometteuses. LA soirée de cette fin d’année. Le Paperjam Club vous conduit à nouveau au cœur du « Luxembourg business », au sein du cercle des leaders et dirigeants du Grand-Duché.
hat will be the start-up of the year in Luxembourg? For almost a year and five events, Paperjam has been working to discover it and highlight the region’s innovative ecosystem in partnership with local incubators and stakeholders during the “Start-up Stories” series. A unique initiative, during which 50 start-ups had the opportunity to present themselves to the business community. A series that will culminate in an exceptional event, the Start-up Stories Awards, which will take place on 18 December with no less than 1,000 guests. An opportunity to discover the winner of this first prize and to attend a keynote by Oussama Ammar, a tech guru, and 10 pitches of some of the most promising start-ups. THE evening of the end of the year. The Paperjam Club takes you back to the heart of “Luxembourg business”, within the circle of leaders of the Grand Duchy.
LEARN Développez vos compétences et celles de vos collaborateurs
NETWORK Développez votre réseau professionnel et la marque de votre société
ENGAGE Renforcez l’engagement de vos collaborateurs
Julien Delpy Director Paperjam Club
Décembre / Janvier 2019-20 —
— 125
CLUBLETTER
THURSDAY 17 OCTOBER BGL BNP PARIBAS
Insight to Royal-Hamilius 1
2
On the occasion of the release of Archiduc magazine, the Paperjam Club offered an exceptional evening featuring architects Christoph Lang from Tetra Kayser Associés and Darron Haylock from the British architecture firm Foster + Partners for our 200 members present. 1
2 3
PHOTOS Arthur Ranzy
4
Christoph Lang (Tetra Kayser Associés) and Darron Haylock (Foster + Partners) Céline Coubray (Maison Moderne) Emmanuel Patte (Abil’IT), Fabrice Theis (Atelier d’Architecture Fabrice Theis), Dominique Herickx (Testa-RH Consulting) and Brent Frère (Abil’IT) Martin Schnoegass (act360°)
126 —
— Décembre / Janvier 2019-20
CLUBLETTER
3
4
7
5
6
8
11
12 13
9
10
5 6
7 8 9 10
Philippe Guilloteau (Workinov) Robert Philippart (Ministère de la Culture) Greta Airaghi (EGB) Emilie Le Guernic (AXA Luxembourg) Vincent Beck (Codic) Sandrine Monteiro (Milkshake)
More pictures on paperjam.lu
11
Maxime Lahaye (RBC) and Yves Lahaye (RBC) Eric Fortunel (Alma) Andrea Jagicza (JAD Luxembourg Interior Design) and Darron Haycock (Foster + Partners)
13
12
Décembre / Janvier 2019-20 —
— 127
CLUBLETTER
VENDREDI 25 OCTOBRE KAEMPFF-KOHLER
Déjeuner Carrousel À l’occasion de ce déjeuner, 35 membres ont pu développer un grand potentiel d’opportunités pour leur business au gré de trois services différents.
3
6
2
1
4
5
1
7
2
8
Frédéric Roll (Samsic Facility Luxembourg Services) Marianne Van Den Eerenbeemt (Livinlux) et Céline Corbiaux (Avocat Céline Corbiaux)
3 4
Marnik Demets (MSD Partners) Eugénie Desmet (Pronovem Luxembourg)
5 6
7 8
128 —
Adrien Trudelle (Golf Planet Events) Anne-Catherine Richard (Unicef Luxembourg) Charles Deville (G-Sys) Buu Huynh (ING Luxembourg) et Valérian Branco (Goldbaum)
— Décembre / Janvier 2019-20
PHOTOS Jan Hanrion (Maison Moderne)
X
CLUBLETTER Gold sponsors
MARDI 5 NOVEMBRE VODAFONE HEADQUARTERS
Start-up Stories Web Summit Pour cette édition spéciale Web Summit, organisée par le Paperjam Club en partenariat avec Luxinnovation, 10 entrepreneurs du Luxembourg et du Portugal ont pitché, en 3 minutes chacun, l’histoire de leur start-up. Nous remercions une nouvelle fois Pedro Castilho (Verbalius) pour sa complicité active, ainsi que la centaine de personnes réunies lors de cette soirée donnée dans les locaux de Vodafone. Nous adressons également nos félicitations à Arnab Naskar (Stokr), vainqueur de ce round.
2
3
1
4
1
5
Nadia Djebbar (ministère de la Protection des consommateurs), Jean-Jacques Welfring (ambassadeur du Luxembourg au Portugal) et Pedro Castilho (Verbalius)
2
3
Carlos Cerqueira (ESA BIC Portugal) et Luis Galveias (LPEA) Arnab Naskar (Stokr)
PHOTOS Cristina Tita Andrez, Thierry Labro
6
4
5 6
Polina Montano (Job Today), José Soares (SnT) et Lily Wang (Expon Capital) Jean-Michel Ludwig (Luxinnovation) Tom Naylor (Azoomee) et Nigel Bergstra (Tomorrow Street)
More pictures on paperjam.lu paperjam.lu
Décembre / Janvier 2019-20 —
— 129
CLUBLETTER
MERCREDI 23 OCTOBRE CENTRE CULTUREL TRAMSSCHAPP
10x6 Entrepreneurship « La base de l’entrepreneuriat, c’est la passion de l’apprentissage et de la connaissance. » Philippe Raynaud easySolutions
L’entrepreneuriat est un monde vaste et protéiforme, dont les règles et codes évoluent à l’exception de certaines constantes... à commencer par l’audace. 10 entrepreneurs ont partagé, lors de ce 10×6, leur histoire et leurs expériences entre succès et échecs auprès de nos 450 membres présents.
PHOTOS Patricia Pitsch (Maison Moderne)
De gauche à droite : Patrick Kersten (Doctena), Parissa Rafii (Ireco Trading and Production), Jean-Pierre Schmit (Jemmic), Carole Muller (Fischer), Jan Schneidewind (Windsor), Amal Choury (e-Kenz), Polina Montano (Job Today), Vincent Bechet (Inowai), Philippe Raynaud (easySolutions), Julie Lhardit (Maison Moderne) et Pedro Castilho (Verbalius)
130 —
— Décembre / Janvier 2019-20
CLUBLETTER Gold sponsor
1
2
3
X
X
4
5
1
6
2
6
7
More pictures on paperjam.lu
Polina Montano (Job Today), Carlo Thelen (Chambre de commerce) et Elena Stranieri (Primerock) Ricardo De Sousa (Banque de Luxembourg) et Simône van Schouwenburg (BCEE Spuerkeess)
Gabriel Bleser (Moyse Bleser), Pietro Marchione (Groupe Marchione), Nausicaa Rouge et Frédéric Vanholder (MIXvoip) Nadine Filep (Afordia), Marylène Boucard (Inowai), Alexandre Bodak (GCP Consulting)
3
4 5
et Eric Balle (Afordia) Jean-Claude Bintz (Lakehouse) et Jeannot Krecké Norbert Friob Abdu Gnaba (Sociolab) et Thibault de Barsy
7
Décembre / Janvier 2019-20 —
— 131
CLUBLETTER
JEUDI 07 NOVEMBRE VINOTECA
Gold sponsor
Networking Circle
3
6
2
4
5
1
7
2
8
6
7 8
132 —
1
Daniel Liebermann (ministère de l’Économie) Michael Lambert (VAT Solutions) Sandrine Huitric (VAT Solutions) et Joakim Tellatin (Ersel)
— Décembre / Janvier 2019-20
Daniel Kohn (Arthur Welter Transports) et Lucien Schummer (ancien vice- président de Cargolux) Alessandro Zoino, Antonio Cau et Ulrica Hilmersson (Deutsche Bank Luxembourg)
3
4 5
Raffaello Casati (Deutsche Bank Wealth Management) Alexandre Bodak (GCP Consulting) Karine Bellony (VAT Solutions) et Lucile Rahn (Natixis Life)
PHOTOS Jan Hanrion (Maison Moderne)
Ce sont pas moins de 35 personnes concernées par les problèmes et opportunités de la supply chain qui ont pu se réunir afin de dialoguer et networker au gré d’une dégustation vinicole surprise.
CLUBLETTER
MARDI 12 NOVEMBRE PARC HOTEL ALVISSE
Gold sponsor
Journée de workshops Près de 200 membres sont venus acquérir et développer de nouvelles compétences lors de notre journée de workshops, subdivisés en huit cycles différents, au Parc Hotel Alvisse. Une journée aussi riche en partage qu’en networking.
2
5
1
3
4
1
6
2
3 7
8
4
Romane Wautelet (LuxGap) Stefan Heynes (Fondation Caritas Luxembourg) Sarah Kessas (Projets et Performance) Carole Gaudiero (GWS Advisory)
9
6 7 8 9
François Delvaux (Minds & More) Margaux Owczarek (BTO Recherche) Julien Winkin (LuxGap) Benjamin Brugerolle (KPMG) Marie Citerne (Telkea)
More pictures on paperjam.lu
PHOTOS Jan Hanrion (Maison Moderne)
5
Décembre / Janvier 2019-20 —
— 133
CLUBLETTER
MERCREDI 13 NOVEMBRE THE OFFICE
Start-up Stories Round 4
1
De gauche à droite : Pierre-Olivier Rotheval (Banque Internationale à Luxembourg) Edouard Semin (Syslor) Ashwini Oke (Asets-Lux) Cédric Spaas (Arspectra) Safouane Jaouid (Smart Ecolocation) Philip Grother (RoomMate) Valérian Branco (Goldbaum) Ahoua Eve Bakayoko (Aurel Ivoire) Polina Montano (Job Today) André A. R. Wilmes (Rafinex) Vincent Popoff (Ama Mundu Technologies) Kenan Muhovic (Luxinnovation) Lily Wang (Expon Capital) Julien Delpy (Maison Moderne) Julie Lhardit (Maison Moderne)
134 —
— Décembre / Janvier 2019-20
PHOTOS Arthur Ranzy
L’avant-dernier round des « Start-up Stories » a réuni plus de 200 personnes qui ont assisté à 10 pitchs innovants dans les locaux de notre partenaire The Office. Nous félicitons encore une fois André A. R. Wilmes (Rafinex) et Ashwini Oke (Asets-Lux) qui ont remporté cette étape.
CLUBLETTER Gold sponsors 1
2
2 3 4 5 6
Matthieu Bracchetti (Virtual Rangers) Ashwini Oke (Asets-Lux) Myriam Pelladeau (Fyte) Jonas Mercier (Luxinnovation) Valérian Branco (Goldbaum) Frederic Gnabro (CSSF)
5
3
4
6
7
8
10
7 8
9
9
11
André A. R. Wilmes (Rafinex) Norma Bello Cortes et Freddy Djanabia (JES’tudio - Miha bodytec Luxembourg) Gosia Kramer (The Office)
10 11
12
Carine Cardoni (EmoSkills) Johnny Babin Bonyeme (J2B Trust) Ahoua Eve Bakayoko (Aurel Ivoire)
More pictures on paperjam.lu
12
Décembre / Janvier 2019-20 —
— 135
CLUBLETTER
TUESDAY 12 NOVEMBER KNOKKE OUT
Gold sponsor
Delano Live 200 people gathered to listen to our panellists Darren Robinson (managing partner, Anderson Wise) and Géraldine Hassler (head of people & culture, KPMG Luxembourg) discuss about employment trends for 2020 and beyond.
2
1
X
2
3
Maria Teresa Caracciolo (Wildgen) Stephan Lego et Bintou Diané (KPMG Luxembourg) Marianne Van Den Eerenbeemt (LivinLux) et Arno Tijink (VitrineMedia)
3
4
4 5
6 5 7
7
136 —
— Mai / Juin 2019
Laura Priolo (Société Générale) Gary Haycock (ARCOArchitecture Company) Jan Jansen (KPMG Luxembourg) Darren Robinson (Anderson Wise), Géraldine Hassler (KPMG Luxembourg), Jim Kent (The Insiders) and Duncan Roberts (Delano)
6
PHOTOS Jan Hanrion (Maison Moderne)
1
2020 janvier january
06 JEU • THU
17 MAR • TUE
28 MAR • TUE
Dans les coulisses... de Reka
Networking Circle
The Place: Marcom community
20 VEN • FRI
08 MER • WED
Marketing Breakfast: B2B content marketing 09 JEU • THU
The Place: Marcom community 16 JEU • THU
CEO & Entrepreneurs Winter Cocktail: Back vs Buck 17 VEN • FRI
Déjeuner Carrousel 22 MER • WED
Club Talk Blockchain: La confiance programmable 23 JEU • THU
Journée de workshops 24 VEN • FRI
Breakfast Nouveaux Membres 28 MAR • TUE
Let’s Taste 30 JEU • THU
10×6 Leadership: Corporate cultures that make sense 31 VEN • FRI
Delano Breakfast Talk
07 VEN • FRI
Déjeuner Carrousel
24 MAR • TUE 11 MAR • TUE
Journée de workshops 13 JEU • THU
Club Talk Real Estate Market: Evolution & Trends 19 MER • WED
Matinale RH
Networking Circle 05 MER • WED
Media Awards 2020
Breakfast Nouveaux Membres 26 JEU • THU
10×6 Finance: Impact investing
25 MAR • TUE
SAM 28
Start-up Stories
Journée Découverte: Méditation et management
26 MER • WED
Breakfast Nouveaux Membres 27 JEU • THU
10×6 Women on board
mars march Déjeunerconférence 10 MAR • TUE
The Place: Real estate community 10 MAR • TUE
Club Talk 12 JEU • THU
Let’s Taste 12 JEU • THU
Journée de workshops 13 VEN • FRI
Marketing Breakfast: Inbound marketing & Digital marketing
05 MAR • TUE
Networking Circle 12 MAR • TUE
Delano Live 12 MAR • TUE
Journée de workshops 13 MER • WED
01 MER • WED
14 JEU • THU
Start-up Stories
Marketing Breakfast: Agile sales & Agile sales management
07 MAR • TUE 06 VEN • FRI
mai may
avril april
Networking Circle Networking Circle
15 VEN • FRI
Delano Breakfast Talk 19 MAR • TUE
Déjeuner Carrousel
Breakfast Nouveaux Membres
14 MAR • TUE
26 MAR • TUE
Matinale RH
Networking Circle
09 JEU • THU
16 JEU • THU
Breakfast Nouveaux Membres 16 JEU • THU
Let’s Taste
Let’s Taste 10 MER • WED
The Place: Real estate community 11 JEU • THU
Club Talk: Les 4P des nouvelles façons de travailler
02 JEU • THU
11 MER • WED
04 MAR • TUE
Delano Breakfast Talk
Club Talk: Décider en situation de crise
27 MER • WED
10×6 Luxembourg 2040: Utopia? Dystopia?
21 MAR • TUE
Journée de workshops 22 MER • WED
10×6 Architecture: Coworking & Coliving
PLUS D’INFORMATIONS ET INSCRIPTIONS SUR PAPERJAM.LU/CLUB
septembre september
09 MAR • TUE
29 MER • WED
25 MER • WED
Delano Live
février february
Déjeuner Carrousel
juin june
Dans les coulisses... de Luxembourg Air Rescue 16 MAR • TUE
Matinale RH 17 MER • WED
Start-up Stories 18 JEU • THU
Journée de workshops 25 JEU • THU
Club Talk: Machtspiele mit Männern in Firmen 26 VEN • FRI
Déjeuner Carrousel
11 VEN • FRI
Matinale RH
15 JEU • THU
Oxford Debate: Lawyers at the bar
Journée de workshops
17 JEU • THU
Delano Breakfast Talk
Start-up Stories
19 SAM • SAT
21 MER • WED
Journée Découverte: We are the Champions!
Club Talk: US Elections 2020
22 MAR • TUE
Dans les coulisses
24 JEU • THU
Breakfast Nouveaux Membres
01 MER • WED
30 MER • WED
Networking Circle : Architecture
Déjeunerconférence
09 JEU • THU
22 JEU • THU
23 VEN • FRI
Déjeuner Carrousel 28 MER • WED
Let’s Taste 29 JEU • THU
10×6 Surprise
octobre october 01 JEU • THU
Breakfast Nouveaux Membres Networking Circle 10×6 Digital: Smart factories
décembre december 02 MER • WED
Club Talk: Systemic risk of Luxembourg real estate market 08 MAR • TUE
Breakfast Nouveaux Membres 08 MAR • TUE
Delano Live 10 JEU • THU
novembre november
Let’s Taste 11 VEN • FRI
Networking Circle
Marketing Breakfast: Boost sales productivity
12 JEU • THU
16 MER • WED
Journée de workshops
Paperjam Top 100
05 JEU • THU
02 JEU • THU
20 VEN • FRI
26 JEU • THU 20 MAR • TUE
Breakfast Nouveaux Membres
Journée de workshops
Déjeuner Carrousel
24 MAR • TUE 20 MAR • TUE
Déjeuner Carrousel
18 VEN • FRI
Club Talk 19 JEU • THU
16 MER • WED
Breakfast Nouveaux Membres
CEO & Entrepreneurs Summer Cocktail
18 MER • WED
Networking Circle 14 MER • WED
25 VEN • FRI
08 MER • WED
13 MAR • TUE
The Place: Real estate community
01 MER • WED
03 VEN • FRI
Matinale RH
15 MAR • TUE
juillet july
Tournoi de golf: Paperjam Open
17 MAR • TUE
Delano Live
The Place: Marcom community
10×6 Innovation: Business models & Growth hacking
10×6 Talents: Next generation
07 MER • WED
Paperjam’s Real Estate Seated Dinner Party 02 VEN • FRI
Marketing Breakfast: Effective marketing
Delano Live
MORE INFORMATION AND REGISTRATIONS ON PAPERJAM.LU/CLUB
Décembre / Janvier 2019-20 —
— 137
PHOTOS Markus Spiske (Unsplash)
138 —
— Décembre / Janvier 2019-20
BLOCKCHAIN : LA CONFIANCE PROGRAMMABLE Dans les années 80, le software prend le dessus avec Microsoft. Dans les années 90, internet arrive et devient un standard quelques années après. L’ascension d’internet commence avec la consommation de l’information, le Web1 (read only). Puis elle se poursuit avec la création de l’information, le Web2, dit « participatif », via les médias sociaux ou les blogs Nous parlons beaucoup de blockchain, par exemple (read and write). Chacun de mais que veut dire ce terme exacteces cycles amène de nouveaux services et ment ? Si l’on devait schématiser produits, et crée donc de nouveaux usages. cela en cinq mots, ça donnerait quoi ? La blockchain, avec l’aide de l’encryption La blockchain est une technologie assez moderne et des systèmes pair à pair, est en récente (un peu plus de 10 ans) qui permet la train de donner naissance à un nouveau désintermédiation dans tous types d’échanges cycle : celui d’un web décentralisé, le Web3. en ligne grâce à la confiance dite « programmable ». Cette confiance programmable n’est Le système de confiance porté par la pas basée sur un tiers de confiance, mais sur blockchain semble fermé aux secdu code et donc des mathématiques. teurs du business, des fonds… et très La blockchain a d’abord été rendue peu ouvert aux particuliers. Que célèbre par le bitcoin, qui est la première manque-t-il pour y accéder ? application à l’utiliser à grande échelle. Mais Arriverons-nous à un monde géré la blockchain peut être utilisée dans de nom- définitivement par la blockchain ? breux autres secteurs. Pour l’instant, la blockchain est majoritairement utilisée dans les secteurs financiers, De nombreux acteurs commencent l’assurance ou encore la traçabilité – supply à s’investir dans ce domaine comme chain. Les applications dites « consumers » s’il s’agissait d’une nouvelle « ruée vont arriver peu à peu, avec des premiers vers l’or ». La blockchain est-elle si exemples comme Filecoin, Golem ou encore bankable ? les Français Ipocamp. Comme toutes technologies nouvelles, Toutes ces innovations vont prendre la blockchain suscite de l’intérêt. du temps avant d’être intégrées dans Si l’on prend un peu de recul et que l’on notre quotidien. regarde le marché des nouvelles technoloEn 90, il était compliqué d’imaginer gies dans son ensemble, on remarque qu’il des services comme Wikipedia, Uber, fonctionne par cycles. Instagram ou Airbnb. Dans les années 60, le hardware prédoJe suis convaincu que les services majeurs mine avec l’ascension de sociétés comme IBM. de demain ne sont pas encore nés. J. D.
En amont du Club Talk « Blockchain : la confiance programmable ? » qui aura lieu le mercredi 22 janvier prochain au centre événementiel Ginkgo, Cyril Paglino, keynote speaker de la soirée, s’est prêté à une interview en trois questions.
CLUB TALK BLOCKCHAIN La technologie blockchain et les réseaux de cryptage ont le potentiel de transformer l’économie mondiale en libérant les données et en responsabili sant les utilisateurs. Une transition de grande ampleur est en cours. Retrouvez Cyril Paglino, general partner de Starchain Capital, lors de ce Club Talk qui vous transportera dans l’univers de la blockchain et des cryptomonnaies. DATE
22 janvier 2020 À PARTIR DE 18:30 LIEU
Centre événementiel Ginkgo PROGRAMME
18:30 Welcome cocktail 19:00 Keynote speech 20:15 Walking & networking cocktail
Vous pouvez vous inscrire pour assister au Club Talk « Blockchain : la confiance program mable » sur le site du Paperjam Club paperjam.lu/club.
Décembre / Janvier 2019-20 —
— 139
PHOTO Jan Hanrion (Maison Moderne)
Julie Lhardit, maîtresse de cérémonie, Head of programming Paperjam Club.
140 —
— Décembre / Janvier 2019-20
PROGRAMMATION ÄDDI 2019, MOIEN 2020 ! Un pied en décembre et l’autre presque en janvier, tournons-nous vers 2020, qui nous promet d’être un « grand cru ». Quelques bonnes nouvelles pour se réjouir de cette année à venir.
Dans le monde, 2020 sera festive, les personnes nées un 29 février pourront (enfin) fêter leur anniversaire. Festive, mais aussi sportive avec le coup d’envoi de l’Euro qui sera donné en Europe et Tokyo qui accueillera les Jeux olympiques d’été. 2020 sera climatique : les pays devront rendre compte de leurs engagements internationaux en matière de climat et de biodiversité, ce qui ne sera pas pour déplaire à Greta Thunberg et Natasha Lepage... Climatique, mais aussi politique avec, entre autres, les élections présidentielles aux États-Unis. Last but not least, 2020 sera culturelle et scientifique puisque tous les articles scientifiques financés sur des fonds publics et publics-privés seront librement accessibles en Europe1 – vive le savoir ! Au Luxembourg, 2020 sera mobile avec la gratuité des transports publics attendue pour le printemps. Bonne nouvelle, cette prochaine année sera également sanitaire (voire récréative) avec l’autorisation d’une production locale luxembourgeoise de cannabis.
Luxembourg place financière, 2020 sera aussi comptable avec l’adoption du plan comptable normalisé. Enfin, 2020 sera artistique et culturelle, avec Gims qui célébrera ses 10 ans de carrière à la Rockhal. C’est cadeau. En somme, une année chargée d’espoir et de progrès. Au Paperjam Club, 2020 sera également une année charnière... et festive ! À la croisée des secteurs et des expertises, le Paperjam Club voit plus loin et se veut être plus que le plus grand club d’affaires généraliste du Luxembourg (et d’Europe ?). Pour leur 12e saison, les équipes ont œuvré à programmer des événements qui répondront aux besoins des quelque 1.300 entreprises membres, leur permettant une consommation « à la carte », selon leur stratégie de formation, de communication ou de développement commercial. Mais pas seulement. Année charnière car, le Luxembourg n’étant pas qu’un eldorado financier et commercial, en 2020, le Paperjam Club mettra également l’accent sur certaines questions politiques, publiques ou sociétales, en donnant la parole à des figures institutionnelles luxembourgeoises telles que Nora Back (présidente de la Chambre des salariés) et Nicolas Buck (président de l’Union des entreprises luxembourgeoises), qui interviendront lors du CEO & Entrepreneurs Cocktail du 16 janvier, ou encoreTaina Bofferding (ministre de
l’Intérieur et de l’Égalité entre les femmes et les hommes), Marc Bichler (ambassadeur itinérant pour les droits de l’Homme) et Lex Delles (ministre des Classes moyennes et du Tourisme)... Parce qu’il n’y a pas de bonne fête sans lendemain, 2020 sera également célébrative et festive. La 5e cérémonie des Media Awards, reconduite par Maison Moderne et RTL, récompensera le meilleur de la publicité luxembourgeoise above the line le 5 février à la Halle Victor Hugo devant plus de 1.000 personnes. Créé en 2000, le magazine Paperjam fêtera ses 20 ans en 2020. Un bel âge que nous célébrerons le 27 mai avec un « 10×6 Luxembourg 2040: Utopia? Dystopia? » dans le cadre exceptionnel de la Philharmonie Luxembourg, en présence de 1.200 membres et invités. Enfin, l’année s’achèvera avec la grande cérémonie du Paperjam Top 100, le classement des décideurs économiques les plus influents du Luxembourg, qui révélera le lauréat de la 8e édition le 16 décembre à la Rockhal. Le Paperjam Club vous souhaite la bienvenue en 2020 ! J. L .
1. Selon une décision prise à l’unanimité le 27 mai 2016 par le Conseil compétitivité de l’Union européenne.
Décembre / Janvier 2019-20 —
— 141
CLUBLETTER
DÉC. 2019 - JAN. 2020
LE PROGRAMME DELANO LIVE WINTER 2019-2020 A team of panellists will reflect on the last 12 months in Luxembourg, and on international news that has affected the Grand Duchy. And we will gaze into our collective crystal ball to give some predictions about what will make the headlines in 2020. VENUE
Knokke Out STARTING AT 18:30
MARKETING BREAKFAST Création d’un plan marketing et vente selon la méthodologie Funnel Planning™. LIEU
Maison Moderne À PARTIR DE 08:15
DÉJEUNER CARROUSEL
BREAKFAST NOUVEAUX MEMBRES
LIEU
LIEU
À venir
Maison Moderne
À PARTIR DE 12:00
À PARTIR DE 08:15
DELANO BREAKFAST TALK
DELANO NETWORKING CIRCLE
LIEU
LIEU
Sofitel Luxembourg Le Grand Ducal
Centre Infinity Kirchberg (boutique Munhowen)
À PARTIR DE 08:15
START-UP STORIES AWARDS Quelles seront les start-up de l’année 2019 ? Pour le savoir, rendez-vous le 18 décembre prochain au cours d’une soirée exceptionnelle qui clôturera la première saison des « Start-up Stories » organisée par le Paperjam Business Club. LIEU
Maison du Savoir À PARTIR DE 17:30
À PARTIR DE 18:30
DÉCEMBRE 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 142 —
— Décembre / Janvier 2019-20
CLUBLETTER
10X6 LEADERSHIP CORPORATE CULTURES THAT MAKE SENSE La culture d’entreprise fait parler d’elle au sein des conseils d’administration et occupe aujourd’hui la troisième position des priorités, après la stratégie et la performance financière. LIEU
Athénée À PARTIR DE 18:30
JOURNÉE DE WORKSHOPS LIEU
Chambre des salariés Luxembourg – Casino syndical À PARTIR DE 09:30
CEO & ENTREPRENEURS COCKTAIL WINTER EDITION: BACK VS BUCK Pour son premier CEO & Entrepreneurs Cocktail de l’année, le Paperjam Club crée l’événement et réunit sur scène
la « femme la plus puissante du pays » et le « patron des patrons ». LIEU
Centre culturel Opderschmelz À PARTIR DE 18:30
BLOCKCHAIN : LA CONFIANCE PROGRAMMABLE La technologie blockchain et les réseaux de cryptage ont le potentiel de transformer l’économie mondiale en libérant les données et en responsabilisant les utilisateurs. Une transition de grande ampleur est en cours.
BREAKFAST NOUVEAUX MEMBRES LIEU
Maison Moderne À PARTIR DE 08:15
LIEU
Centre événementiel Ginkgo
MARKETING BREAKFAST B2B CONTENT MARKETING
THE PLACE MARCOM COMMUNITY
LIEU
LIEU
Maison Moderne À PARTIR DE 08:15
À PARTIR DE 18:30
À venir À PARTIR DE 18:30
LET’S TASTE
DÉJEUNER CARROUSEL
LIEU
The Office À PARTIR DE 18:30
LIEU
À venir À PARTIR DE 12:00
JANVIER 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 Décembre / Janvier 2019-20 —
— 143
CLUBLETTER
JOURNÉE DE WORKSHOPS JEUDI 23 JANVIER 2020 09H30 COMMUNICATION, MARKETING & SALES
1•2•3
FINANCE & COMPTABILITÉ
1
Journalists’ storytelling secrets: maximise the audience, engagement and ROI of your content marketing
ATAD I – Practical application of Controlled Foreign Company (CFC) rules The Anti-Tax Avoidance Directive I should be fully implemented in Luxembourg by the end of 2019.
The right story can help you stand out to your ideal prospects and boost your ROI. E. Schrieberg and P-Y Lanneau Saint Léger (VitalBriefing) HUMAN RESOURCES
1•2•3
S. Rucquoy et K. Kallout (Alcor Executive)
PERSONAL BRANDING
OBJECTIVES Understand how to pick the right sources · Understand how to craft the most effective and engaging story
OBJECTIVES Understand Anti-Tax Avoidance Directive I (ATAD I) · Understand the main points of attention of CFC
V. Ramos (TransFair Pricing Solutions S.A.) STRATÉGIE & OPÉRATIONS
1
Outils pour évaluer et développer votre employabilité et celle de vos collaborateurs
Choose shared offices? Perspectives and testimonies
Que recouvre le concept d’« employabilité » en 2020 ? Qu’en sera-t-il en 2025 ? Outils d’évaluation et pistes de développement.
Discover the dual perspective offered by the concepts of coworking and flex desk and benefit from advice and feedback to make your own choices and make a successful organisational change.
OBJECTIFS Mener une réflexion structurée relative à l’employabilité · Aider les collaborateurs à mener cette réflexion pour eux-mêmes
1•2•3
A. Meyer (Tétris)
OBJECTIVE Consider the advantages, disadvantages and benefit from feedback on shared offices
PRODUCTIVITÉ PERSONNELLE
1•2•3
Quels sont les moteurs qui nous propulsent dans la vie ?
How to boost your presence and your impact? Your presence demonstrates how, by accessing your own personal power, you can become more confident in challenging situations like public presentations, business pitches and networking events. OBJECTIVES Raise your self-confidence · Increase your communication and networking skills
S. Genovese (Genoways)
La motivation résulte de la combinaison de six forces élémentaires pour délivrer l’énergie dont nous avons besoin. OBJECTIFS Révéler ses talents · Élaborer un projet professionnel · Personnaliser les pratiques managériales
T. Delperdange (Communication, Coaching & Développements)
JEUDI 23 JANVIER 2020 14H00 COMMUNICATION, MARKETING & SALES
FINANCE & COMPTABILITÉ
2
L’intelligence artificielle (IA / AI) au service du marketing
The new reporting obligations of tax intermediaries (DAC 6)
Comment optimiser nos investissements et innover dans un contexte de transformation digitale et de création d’expériences ?
What are the new reporting obligations of tax intermediaries in Luxembourg? How to determine reportable cross-border arrangements?
OBJECTIF Développer la performance marketing grâce à l’intelligence artificielle
D. Eischen (Interact)
HUMAN RESOURCES
1•2•3
1•2•3
STRATÉGIE & OPÉRATIONS
1•2
Cooperating to innovate: opportunities and financing
Prevention of psychosocial risks How to acquire good reflexes in the prevention of psychosocial risks in a playful and pragmatic way? OBJECTIVES Conduct a structured reflection on employability · Help employees to conduct this reflection for themselves
V. Stevens (Pétillances)
PERSONAL BRANDING
1•2•3
Comment survivre au networking ?
Innovate with partners: learn how to set up cooperation and how to identify financial assistance. P. Fabing (Luxinnovation)
PRODUCTIVITÉ PERSONNELLE
144 —
OBJECTIFS Augmenter votre confiance en vous · Développer vos compétences en communication et en réseautage
— Décembre / Janvier 2019-20
OBJECTIVES Identify a partner to innovate · Identify the most appropriate financial assistance for each project 1•2•3
Mindfulness and character strengths: get the most out of it through mindfulness
Apprenez à aborder des personnes que vous rencontrez pour la première fois, à démarrer des conversations avec des inconnus ou à mettre fin à des discussions interminables, tout en développant efficacement votre réseau professionnel. P. Castilho (Verbalius)
OBJECTIVE Understand the impact of the new reporting obligations on alternative investments
O. R. Hoor and F. Bueb (ATOZ Tax Advisers)
How can we learn to use our inner treasure to reach our goals, better relationships, greater subjective well-being? Mindfulness is the answer. M. Grazia Serra (Consultant and life coach)
OBJECTIVE Practice mindfulness and use character strengths to achieve goals, improve relationships
CLUBLETTER
PREVIEW MARDI 11 FÉVRIER 2020 09H30 LÉGAL
3
COMMUNICATION, MARKETING & SALES
Droit social luxembourgeois : paysage à l’aube de 2020
Customer experience: a popular concept or a real loyalty lever?
Plusieurs changements importants sont intervenus courant 2019, et l’année 2020 s’ouvre également sur de nouvelles perspectives.
FINANCE & COMPTABILITÉ
OBJECTIF Comprendre les changements et leurs impacts sur la vie de l’entreprise et de ses employés
J. de Marneffe (SD Worx)
MANAGEMENT & LEADERSHIP
Dr K. Mnisri (ICN Business School)
C. Mammerickx (Prodware)
A. Houpert et T. Derochette (Tax Connected)
Approche stratégique de la fiscalité LÉGAL
M. Gagnon (MGSI)
Les récentes évolutions de la protection des données HUMAN RESOURCES
1•2•3
Play seriously to enhance your creativity
Management de proximité – Les clés de la réussite
Play seriously and experience the power of LEGO® SERIOUS PLAY® methodology in unleashing individual and collective creativity.
MANAGEMENT & LEADERSHIP
OBJECTIVE Understand the fundamentals of creativity as embedded in the knowledge system, particularly its importance at early stages of innovation processes
C. Campi-Blain (Eivilux)
D. Picard (Pyxis Management)
5 leviers pour une équipe concentrée PERSONAL BRANDING
Votre meilleure carte de visite, c’est vous !
F. Lemeer-Wintgens (Look@work)
PRODUCTIVITÉ PERSONNELLE
C. Paulus (Keyjob)
Time management avec Outlook STRATÉGIE & OPÉRATIONS
S. Nassoy (Lusis S.A.)
L’impact du RGPD sur la sécurité des données
MARDI 11 FÉVRIER 2020 14H00 LEGAL
COMMUNICATION, MARKETING & SALES
1•2
Rupture du contrat de travail à l’initiative de l’employeur : mode d’emploi
M. Sinniger et A.-L. Wach (Luther Law)
MANAGEMENT & LEADERSHIP
De nombreux motifs peuvent amener un employeur à mettre fin au contrat de travail. Cette décision est encadrée par des règles très strictes.
FINANCE & COMPTABILITÉ
OBJECTIFS Découvrir les questions à se poser avant le déclenchement de la procédure · Éviter l’engendrement de coûts considérables
LEGAL
1•2•3
Inspirer, diriger, contrôler, coacher... le manager parfait ou le mouton à cinq pattes Ce workshop aborde les challenges du management par l’analyse des rôles que doit assurer tout responsable d’équipe. C. Schauer (Aimer travailler)
La communication au cœur de la stratégie commerciale
OBJECTIFS Intégrer sa fonction de responsable d’équipe · Repérer les opportunités d’action
Démystification des services de gestion de portefeuille RGPD : retour sur expérience et sur les problématiques légales les plus fréquemment rencontrées par les entreprises
P. Lesage et C. Martins (Takaneo)
O. Goemans (BIL)
A. Rustichelli (PwC Legal)
HUMAN RESOURCES
L’outsourcing RH : votre nouvel atout
L. Bouchelaghem, A.-E. Marasse et A.-L. Parisot (Securex)
MANAGEMENT & LEADERSHIP
Facing change: what are tomorrow’s crucial managerial competencies?
C. Biver and N. Stoeltzlen (Sparx Factory)
PERSONAL BRANDING
Améliorer la relation humaine dans le milieu professionnel
A. Gerard et E. Abitelli (Trustia Partners)
PRODUCTIVITÉ PERSONNELLE
Personal agility – How to adapt to a changing environment
V. Anderson (Matrix Consulting sàrl)
STRATÉGIE & OPÉRATIONS
Réussir sa transformation digitale quand on est un acteur du retail Niveaux : 1 • débutant
2 • intermédiaire
F. Guilbard (Smile)
3 • expert
Décembre / Janvier 2019-20 —
— 145
CLUBLETTER
STRATÉGIE RH : À VOS PLANS DE FORMATION ! Le 12 novembre dernier est paru notre nouveau guide des formations Workshops 2020. Cet outil destiné aux membres vous permettra de définir vos plans de formation selon l’actualité et les besoins de votre entreprise. Vous n’avez pas encore reçu votre exemplaire ? Faites-en la demande à Emilie Bertoni : emilie.bertoni@maisonmoderne.com 146 —
— Décembre / Janvier 2019-20
PHOTOS Maison Moderne, Shutterstock ILLUSTRATIONS Maison Moderne
LA VIE DU CLUB
CLUBLETTER
LE SAVIEZ-VOUS ?
LISTING DES SOCIÉTÉS MEMBRES Si vous souhaitez avoir une vue sur les sociétés membres du Club afin d’identifier certaines opportunités business, rien de plus simple : vous pourrez les retrouver au complet au sein de la brochure Bienvenue au Club.
CHIFFRE C’est le nombre de membres du Paperjam Club qui reçoivent la newsletter hebdomadaire des événements à venir. Un bon moyen d’anticiper et organiser votre agenda. Vous souhaitez recevoir la newsletter du Paperjam Club ? Faites-nous parvenir votre demande par e-mail à l’adresse club@paperjam.lu.
NOS CONSEILS
AUGMENTEZ VOTRE VISIBILITÉ ! Parmi vos avantages en tant que membre du Club, vous bénéficiez d’insertions appelées e-news dans les newsletters biquotidiennes de paperjam.lu. L’e-news est un texte de promotion, de présentation ou d’information suivi d’une URL qui renvoie le lecteur à la page de votre article.
SHOW
MEDIA AWARDS 2020 : LES DÉS SONT JETÉS Les agences et annonceurs ont eu jusqu’au 25 octobre pour déposer leurs dossiers de campagne publicitaire luxembourgeoise dans neuf catégories : TV / Cinéma, Radio, Digital, Presse, Presse B2B, Cross-Média, Native Advertising, Première campagne, OOH / DOOH. Au total, 194 projets déposés par 33 agences et annonceurs sont actuellement passés en revue par notre jury indépendant. Venez découvrir les lauréats lors de la grande cérémonie des Media Awards le mercredi 5 février 2020 à la Halle Victor Hugo. Inscriptions sur paperjam.lu/club.
Vous pouvez envoyer votre annonce par e-mail à e-news@paperjam.lu en indiquant le nom de votre société, le titre de l’e-news (50 caractères), un texte (300 caractères), le lien URL et la date de publication souhaitée. Après validation du format, l’e-news sera publiée à la date disponible la plus proche de la date souhaitée. Profitez de cette visibilité ! C’est une occasion pour vous de toucher un large public et de mettre en avant votre société.
NOS CONSEILS
APPRENEZ À BIEN NETWORKER Le Paperjam Club vous propose de très nombreuses opportunités d’agrandir votre réseau, de faire du networking. Mais nouer de nouveaux contacts ou se présenter à un nouvel interlocuteur ne s’improvise pas. N’hésitez pas à participer à l’un des workshops du cycle Personal Branding, organisé dans le cadre des journées de formation. Ils sont animés par des experts et vous permettront de devenir un vrai spécialiste en la matière. Décembre / Janvier 2019-20 —
— 147
CLUBLETTER
ARENDT & MEDERNACH AMBASSADEUR DU CLUB Être membre actif au sein du Paperjam Club, c’est encourager ses collaborateurs à participer aux différents événements qui leur sont proposés et ainsi rentabiliser son membership. Marie-Adélaïde Leclercq-Olhagaray, communications manager chez Arendt & Medernach, nous décrit la stratégie mise en place au sein de la société pour permettre aux collaborateurs de profiter au maximum des avantages du Club.
Quelle stratégie interne avez-vous mise en place pour rentabiliser votre membership ? Nous menons plusieurs approches en parallèle en fonction de la typologie des événements concernés. Pour les workshops, un e-mail interne est envoyé à l’ensemble des collaborateurs d’Arendt, soit près de 800 personnes. À chaque nouvel agenda reçu de la part du Club, nous encourageons celles et ceux qui trouveraient un format qui les intéresse à se manifester auprès de nous. Pour les formats en soirée, qui sont généralement très thématisés, nous listons pour chacun le nom des associé(e)s ou directeurs/trices pour qui chaque thème ferait du sens. Ensuite, nous les encourageons à relayer l’information au sein de leurs propres équipes, car ils sont les mieux placés pour encourager untel ou unetelle à y 148 —
participer. Depuis que nous opérons cette approche ciblée, nous avons plus de participants qu’avant. Comment fonctionne votre profil « ambassadeur » au sein de votre société ? La personne de mon équipe qui envoie les e-mails relatifs au Club à nos collaborateurs s’appelle Tatiana Stablot. Elle fait partie de l’équipe qui gère nos propres événements et elle est donc rodée à la gestion des inscriptions. De fait, c’est elle qui est le point de contact privilégié en interne pour toute question, et qui fait le lien avec les équipes du Club. C’est avec elle que je sélectionne les noms en amont de chaque envoi, afin d’affiner notre ciblage. Quel est le format d’événement qui a le plus de succès au sein de votre société ? Rien que pour l’année 2019 à date, nos collaborateurs ont été présents à une trentaine d’événements organisés par le Club.
— Décembre / Janvier 2019-20
Tous formats confondus. Je note une prédominance des soirées emblématiques comme les 10×6, Club Talk ou Top 100. En ce qui concerne les workshops, il y a une répartition assez égale entre soft et hard skills. À la lecture des statistiques, je peux vous confirmer qu’il y a une grande ventilation en termes de profils de participants. On observe que les fonctions supports et les avocats ou consultants en bénéficient de manière égale. Pour finir, avez-vous des dos & don’ts à partager avec les autres membres afin qu’ils profitent comme vous de leur membership ? Ce qui change la donne est, d’une part, de se pencher sur les statistiques de participation interne et, d’autre part, de cibler les envois. Il me semble que chacun ne devrait pas hésiter à vous faire des feed-back pour faire progresser la programmation, mais pour ça, il faut d’abord les récolter en interne. Tout ceci peut paraître fastidieux à gérer, mais ça en vaut la peine ! J. D.
PHOTO Patricia Pitsch (Maison Moderne)
Quel est pour vous l’intérêt principal du Club ? D’abord, il nous permet d’offrir à l’ensemble de nos collaborateurs une large palette de formations via les workshops. Et ensuite de proposer de manière plus ciblée à certaines équipes de participer à des événements où une part de networking est intégrée, en fonction des thématiques abordées. Je pense en l’occurrence aux formats 10×6, Club Talk ou Delano Live.
WELCOME ON BOARD: The airline that flies to more countries than any other now flies to one more destination.
INDONESIA