«âRenforcer
PASCAL BOUVIER «âLes fintech sont centrales pour toute lâĂ©conomieâ»
JEAN-PHILIPPE ARIĂ
«âDĂ©velopper un Ă©cosystĂšme idĂ©al en matiĂšre de technologie mĂ©dicaleâ»
Techâ+âInnovation JUILLET
2023
ANKE JOUBERT ET NICOLAS GRIEDLICH
«âLe potentiel de lâintelligence artificielle est dĂ©sormais libĂ©rĂ©â»
FLORIANE DE LAPPARENT ET SABIKA ISHAQ
la reprĂ©sentation des femmes dans la cybersĂ©curitĂ©â»
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Ădito #Ralentissement
Lâarbre qui cache la forĂȘt
Les technologies de lâinformation et de la communication (TIC) sont au 21e siĂšcle ce que la machine Ă vapeur Ă©tait au 19e siĂšcle. Plus aucun secteur industriel nâĂ©chappe Ă la lame de fond amenĂ©e par la data-driven economy, ses nouveaux modĂšles, et ses bĂ©nĂ©fices sur la productivitĂ© et la rĂ©duction des coĂ»ts.
Pour bĂ©nĂ©ficier de ce nouveau souffle dans les voiles de la croissance de leur Ă©conomie, les Ătats font dĂ©sormais de lâinnovation technologique un enjeu de compĂ©titivitĂ©. Ă en croire diffĂ©rents classements, le Luxembourg nâaurait pas Ă rougir de son positionnement. Par exemple, lâEuropean Innovation Scoreboard 2022 identifiait le Grand-DuchĂ© comme un «âstrong innovatorâ» avec un score supĂ©rieur Ă la moyenne europĂ©enne. Pourtant, «âla performance du pays dĂ©passe de moins en moins celle de lâUEâ», indiquait le rapport, tout en pointant des faiblesses au niveau des dĂ©penses dans la Râ&âD.
Une analyse des donnĂ©es dâEurostat confirme en effet que les dĂ©penses en Râ&âD du Luxembourg sont en baisse depuis plus dâune dĂ©cennie, avec 1,42â% rapportĂ© au PIB en 2010 contre 1,02â% en 2021, soit un score bien loin de la moyenne europĂ©enne de 2,26â%. Pire, la contribution des entreprises luxembourgeoises ne reprĂ©sentait plus que 0,47â% du PIB au profit des dĂ©penses en Râ&âD publiques.
MĂȘme lâindice de rĂ©fĂ©rence DESI (Digital Economy and Society Index) observe un ralentissement. Bien que le pays y occupe la huitiĂšme place parmi les 27 Ătats membres, il accuse le taux de progression le plus faible de toute lâUE. La causeâ: une pĂ©nurie de spĂ©cialistes TIC qui entrave la numĂ©risation de son Ă©conomie.
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En mai 2023, la Banque europĂ©enne dâinvestissement (BEI) rendait son rapport Digitalisation in Europe 2022â2023, notant un retard dans lâutilisation de technologies avancĂ©es par les entreprises luxembourgeoises, telles que le 3D printing, le big data, lâIA, les plateformes et lâinternet des objets.
Autant de marges de progession possibles...
RĂ©dacteur en chef BENOĂT THEUNISSEN
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TECHâ+âINNOVATION 2023 3
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Legal Business
10 BERT BOERMAN
«âLa transformation digitale, une histoire sans finâ»
12 DIEGO DE BIASIO «âUn Ă©cosystĂšme en mouvement permanentâ»
18 MASTER Affûter les futurs entrepreneurs de la tech
20 ANKE JOUBERT ET NICOLAS GRIEDLICH
«âLe potentiel de lâintelligence artificielle est dĂ©sormais libĂ©rĂ©â»
26 VOCABULAIRE Parlez-vous IAâ?
p.64
30 FORMATION CONTINUE «âSe former dans un domaine en constante Ă©volutionâ»
32 GRĂGORY HERBà «âPour recruter des profils techniques, il faut de lâhuile de coudeâ»
38 APPEL Ă PROJETS Faciliter lâĂ©mergence de projets blockchain
40 PASCAL STEICHEN «âLa cybersĂ©curitĂ© est un combat permanentâ»
46 CARRIĂRES Les mĂ©tiers de la cybersĂ©curitĂ©
48 SABIKA ISHAQ ET FLORIANE DE LAPPARENT «âRenforcer la reprĂ©sentation des femmes dans la cybersĂ©curitĂ©â»
54 REGTECH Finologee, 6 ans dâaventure luxembourgeoise
56 PASCAL BOUVIER «âLes fintech sont centrales pour toute lâĂ©conomieâ»
60 INFRASTRUCTURES Les cinq fondamentaux du Luxembourg numérique
64 JEAN-PHILIPPE ARIà «âDĂ©velopper un Ă©cosystĂšme idĂ©al en matiĂšre de technologie mĂ©dicaleâ»
Photos
Matic Zorman
Jean-Philippe Arié explore le potentiel et les synergies possibles de la healthtech.
p.ââ20
Les modes de travail sont Ă un tournant, selon Nicolas Griedlich et Anke Joubert.
TECHâ+âINNOVATION 2023 5 Techâ+âInnovation Juillet 2023
Le Luxembourg, bon Ă©lĂšve en matiĂšre de digitalisationâ?
Les indicateurs de la performance numĂ©rique de chaque Ătat membre sont passĂ©s au crible par la Commission europĂ©enne de façon annuelle depuis 2014 avec le Digital Economy and Society Index (Desi). Ă la 8e place en 2022, tout comme en 2021, le Luxembourg se maintient au-dessus de la moyenne europĂ©enne. Voici les 15 pays en haut du classement.
Journaliste MARIE JACQUEMIN
Finlande 69,6
Danemark 69,3
Pays-Bas 67,4
SuĂšde 65,2
Irlande 62,7
Malte 60,8
Espagne 60,7
Luxembourg 58,8
Estonie 56,5
Australie 54,7
Slovénie 53,4
France 53,3
Allemagne 52,9
Lituanie 52,7
Portugal 50,7
RADAR 1. 2. 3. 4. 5. 6. 11. 7. 12. 8. 13. 9. 14. 10. 15.
Digitalisation des services publics Intégration des technologies digitales Connectivité Capital humain Source Digital Economy and Society Index 2022 Moyenne européenne
6 TECHâ+âINNOVATION 2023
52,3
experiment. exchange. innovate.
govtechlab.lu
1 ENVIRONNEMENT
Câest ce quâa dĂ©clarĂ© Adam Kramer, CEO de nZero, une plateforme de gestion et de comptabilisation du carbone en temps rĂ©el, aprĂšs avoir levĂ© 16 millions de dollars, fin avril. La sociĂ©tĂ© compte Andy Schleck parmi ses administrateurs.
2
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
La CSSF et la Banque centrale du Luxembourg ont publiĂ©, dĂ©but mai, une premiĂšre Ă©tude relative Ă lâintelligence artificielle, au machine learning et Ă lâadoption «âprudenteâ» de ces technologies par les acteurs de la place financiĂšre.
3 ĂDUCATION
Le 9 avril, Carlo Thelen, directeur gĂ©nĂ©ral de la Chambre de commerce, a Ă©voquĂ© lâenjeu de crĂ©er un centre de formation dĂ©diĂ© Ă la donnĂ©e et Ă sa valorisation, rĂ©unissant acteurs publics et privĂ©s, pour dĂ©velopper une rĂ©elle «âfiliĂšre dataâ».
4 IOT
Omar Qaise, CEO de OQ Technology, crĂ©Ă©e au Luxembourg en 2016, annonçait, le 18 avril dernier, que la sociĂ©tĂ© avait dĂ©crochĂ© un contrat commercial de prĂšs dâun million dâeuros portant sur lâutilisation de sa constellation de satellites fournissant une couverture 5G aux appareils IoT.
5 SĂCURITĂ
Dans le magazine Paperjam de mai, Jean-Charles Manigart, senior sales manager chez F24 Luxembourg, est revenu sur les enjeux relatifs Ă lâadoption de la nouvelle mouture de la directive NIS (Network and Information Systems).
SĂ©lectionnĂ© par SĂBASTIEN LAMBOTTE
nZero, Eva Krins et Guy Wolff
«âCe dont nous avons besoin, dĂ©sormais, câest dâun data campus.â»
«âLâengouement rĂ©cent du public pour les solutions gĂ©nĂ©ratives avancĂ©es telles que ChatGPT montre que lâavenir est dĂ©jĂ lĂ et quâil nous apportera probablement des IA de plus en plus puissantes.â»
«âNIS2 garantira un niveau de protection plus Ă©levĂ© pour les acteurs-clĂ©s.â»
«âNotre prochain chapitre permettra de nous dĂ©velopper en tant quâautoritĂ© de donnĂ©es et de faire Ă©voluer notre plateforme.â»
«âNous gĂ©nĂ©rons maintenant des revenus basĂ©s sur notre constellation de satellites 5G IoT et sur la fourniture des services et des produits quâelle peut offrir.â»
8 TECHâ+âINNOVATION 2023
Ristretto #Citations
Unmasking Sustainability: Now you see me
by European Convention Center Luxembourg November 22nd 2023
«âLa transformation digitale, une histoire sans finâ»
En mai dernier, vous organisiez une table ronde avec plusieurs acteurs de lâasset management au Luxembourg. Quels enseignements en avez-vous tirĂ©sâ?
Il sâagissait de faire un point sur les Ă©volutions et les barriĂšres qui subsistent en matiĂšre de digitalisation dans ce secteur. Ce qui apparaĂźt clairement, câest que la transformation digitale est une histoire sans fin. La premiĂšre Ă©tape, en gĂ©nĂ©ral, consiste Ă numĂ©riser des documents papier. La seconde vise Ă digitaliser des processus. La troisiĂšme est une transformation digitale accomplie, avec la crĂ©ation de nouveaux business models. Je dirais quâaujourdâhui, lâindustrie de la gestion dâactifs se trouve Ă la deuxiĂšme Ă©tape de ce processus.
Sur quels processus se concentrent les efforts de digitalisation des acteurs du secteurâ?
On peut Ă©voquer lâonboarding, qui sâest dĂ©jĂ considĂ©rablement digitalisĂ© ces derniĂšres annĂ©es. Toutefois, souvent, le recours aux documents Ă©lectroniques ou aux e-mails ne met pas un terme aux anciennes habitudes, avec des processus qui peuvent sâavĂ©rer trĂšs longs. Par exemple, chez lâun de mes anciens employeurs, nous avions toujours besoin de 16 signatures pour intĂ©grer un client⊠Notre rĂŽle est dâapprendre Ă mieux utiliser les outils disponibles afin de gagner en efficacitĂ©, mais aussi, quand cela sâimpose, de transformer la façon de travailler en elle-mĂȘme. La digitalisation, cela passe aussi par un changement de mentalitĂ©.
Quels sont les principaux freins au changement dans le secteur de la gestion dâactifsâ?
Le facteur humain reste un élément essentiel à cet égard. Il faut dire que la digitalisation a souvent été présentée comme une opération disruptive qui allait rendre certains
mĂ©tiers obsolĂštes. Aujourdâhui, il est essentiel de la prĂ©senter comme une opportunitĂ© de rendre les employĂ©s plus efficaces et le mĂ©tier plus «âfunâ».
Quelles sont les particularitĂ©s luxembourgeoises de cette transformationâ?
Au Luxembourg, il y a aussi des freins liĂ©s au caractĂšre transfrontalier de lâactivitĂ©. Pour les outils digitaux, la prise en compte des rĂšgles variĂ©es qui sâappliquent dans diffĂ©rentes juridictions est complexe. En outre, certaines entreprises qui ont grandi par le biais dâacquisitions se retrouvent avec une myriade de systĂšmes informatiques diffĂ©rents. Les remplacer par un environnement unique est une tĂąche dĂ©licate. Il est donc important dâadopter une approche progressive, en connectant les systĂšmes et en rĂ©duisant la complexitĂ© des processus pas Ă pas. Enfin, il faut souligner les diffĂ©rences culturellesâ: on est beaucoup plus habituĂ© Ă sâadapter rapidement aux Ătats-Unis quâen Europe, par exemple.
UNE PRIORITĂ NOâ1â!
Selon lâAsset Management Digital Readiness Report 2022 du cabinet Alpha, 97â% des rĂ©pondants font de la digitalisation lâune de leurs principales prioritĂ©s. 63â% dâentre eux avouent toutefois quâils sont toujours «âen train de sâorganiserâ» par rapport Ă cette prioritĂ©.
Comment dĂ©passer ces barriĂšresâ?
Dâabord, il est important de communiquer ouvertement sur lâobjectif poursuivi Ă travers un projet de digitalisation. Il faut ĂȘtre honnĂȘte sur le fait que ces changements crĂ©eront sĂ»rement des frictions au dĂ©part, mais permettront Ă terme de faciliter le travail. Ensuite, je prĂ©conise lâapproche «âthink big, start smallâ»â: avoir une vision ambitieuse tout en restant pragmatique dans lâapproche, avançant Ă©tape par Ă©tape. Mon dernier conseil est de se lancerâ: lâinnovation ne devrait pas faire peur, câest, au contraire, quelque chose dâexcitantâ!
Journaliste QUENTIN DEUXANT Photo MATIC ZORMAN
10 TECHâ+âINNOVATION 2023 Ristretto #AssetManagement
Bert Boerman, CEO de Governance.com, fait le point sur la digitalisation dans le secteur de lâasset management et Ă©voque les Ă©lĂ©ments qui continuent Ă retarder cette indispensable transformation.
«âUn Ă©cosystĂšme en mouvement permanentâ»
La premiĂšre mouture du Technoport a vu le jour il y a dĂ©jĂ 25 ans. Lâoccasion de faire le point sur lâĂ©volution de lâĂ©cosystĂšme soutenant le dĂ©veloppement dâentreprises technologiques au Luxembourg avec Diego De Biasio, CEO du Technoport.
Photo ROMAIN GAMBA
Journaliste QUENTIN DEUXANT
12 TECHâ+âINNOVATION 2023 Conversation Diego De Biasio
Diego De Biasio constate que, depuis 2012, les structures de soutien aux start-up ont explosé.
Il y a 25 ans naissait au sein du Centre de recherche public Henri Tudor, aujourdâhui partie intĂ©grante du List, le premier Technoport. Est-ce le rĂ©el point de dĂ©part de lâensemble des initiatives soutenant le dĂ©veloppement des start-up technologiques au Luxembourgâ?
On peut en tout cas dire que cette structure est lâancĂȘtre du Technoport tel quâon le connaĂźt aujourdâhui. Elle a Ă©tĂ© lancĂ©e en 1998 dans un contexte dĂ©licat, puisque nous Ă©tions en plein Ă©clatement de la bulle internet. AprĂšs trois annĂ©es de fonctionnement, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de faire du Technoport un dĂ©partement Ă Â part entiĂšre du centre de recherche. En 2002-2003, câest Ecostart, deuxiĂšme structure dĂ©diĂ©e Ă lâhĂ©bergement de start-up, qui a vu le jour. Rapidement, il est apparu que deux initiatives de ce genre, dans un pays de la taille du Luxembourg, câĂ©tait probablement un peu trop. LâOCDE a dâailleurs Ă©mis une recommandation allant dans ce sens. DĂšs 2006, nous avons donc commencĂ© Ă discuter dâune fusion entre Ecostart et le Technoport. Les discussions ont abouti en 2012, avec la crĂ©ation de Technoport SA. Depuis cette date, nous avons assistĂ© Ă une vĂ©ritable explosion du nombre de structures soutenant les start-up dans le pays.
De quels diffĂ©rents Ă©lĂ©ments se composent aujourdâhui cet Ă©cosystĂšmeâ?
Je pense quâil faut distinguer les incubateurs des autres Ă©lĂ©ments qui composent cet Ă©cosystĂšme, comme les aides Ă©tatiques, le rĂ©seau de business angels, les services de support, etc. Au niveau des structures qui incubent les projets, les soutiennent, offrent un rĂ©seau et des infrastructures pour les dĂ©velopper, on peut citer la Lhoft, le 1535° Creative Hub, Neobuild, le Luxembourg-City Incubator, la House of Biohealth, lâincubateur de lâUniversitĂ© du Luxembourg, ou encore des initiatives privĂ©es comme celles de Paul Wurth â Paul Wurth InCub â ou du CrĂ©dit Agricole â Le Village. Certaines sont trĂšs spĂ©cialisĂ©es, dâautres plus gĂ©nĂ©ralistes. Le Technoport complĂšte ce paysage et diversifie aussi son action.
Par exemple, récemment, nous avons établi une joint-venture avec Vodafone, appelée Tomorrow Street, qui se concentre plutÎt sur les scale-up.
La crĂ©ation de ces structures sâest-elle inscrite dans la stratĂ©gie de dĂ©veloppement Ă©conomique du gouvernement luxembourgeois, en privilĂ©giant certains secteursâ? Le Luxembourg compte en effet une sĂ©rie de structures qui sont spĂ©cialisĂ©es dans certains domaines dâactivitĂ©. Câest parfois la stratĂ©gie gouvernementale qui a permis de leur donner naissance. Je pense Ă la Lhoft, qui rĂ©pond aux importants besoins de la place financiĂšre luxembourgeoise en matiĂšre de fintech. Le Luxembourg-City Incubator et la House of Startups sont des Ă©manations de la Chambre de commerce. Le 1535° Creative Hub a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par la Ville de Differdange pour rĂ©pondre Ă un besoin dans le secteur crĂ©atif. Par contre, mĂȘme si le Technoport se positionne fortement dans ce secteur, nous nâavons pas dâincubateurs spĂ©cialisĂ©s dans le spatial, alors que câest un axe de dĂ©veloppement fort pointĂ© par le gouvernement. Par ailleurs, certaines structures Ă©manent tout simplement du secteur privĂ©, comme Neobuild. Ces acteurs privĂ©s sont, eux aussi, Ă mĂȘme dâidentifier leurs propres besoins et de mettre en place ce quâil faut pour y rĂ©pondre. Du cĂŽtĂ© du Technoport, nous sommes certes soutenus par lâĂtat, mais nous restons gĂ©nĂ©ralistes, ce que nous voyons comme une force pour crĂ©er des synergies trans-sectorielles. Nous segmentons toutefois notre approche entre le travail rĂ©alisĂ© auprĂšs des start-up, celui que nous menons avec les spin-off Ă©manant de centres de recherche, et, enfin, lâaccompagnement des centres de recherche et dĂ©veloppement de groupes Ă©tablis.
Quelles sont les principales rĂ©ussites que vous Ă©pingleriez depuis la crĂ©ation du Technoportâ?
En 25 ans, il y en a eu beaucoup, mĂȘme si tout dĂ©pend de ce que lâon appelle une rĂ©ussite. Pour nous, chaque entreprise qui sort de lâincubateur est un succĂšs, car nous les avons accompagnĂ©es tout au
25 ANS, ĂA SE FĂTEâ!
Pour marquer son 25e anniversaire, le Technoport coorganise, du 12 au 15 septembre, le congrĂšs annuel de lâAssociation internationale des parcs scientifiques, une structure qui compte 350 membres Ă travers le monde. Au cours de lâĂ©vĂ©nement seront notamment prĂ©sentĂ©es les diffĂ©rentes rĂ©alisations du Luxembourg en matiĂšre dâinnovation, mais aussi celles Ă venir, notamment les campus dâEsch-sur-Alzette (santĂ©), de Bissen (automobile) ou de Kockelscheuer (spatial). 500 Ă 600 personnes sont attendues durant ces quatre jours pour partager leurs rĂ©flexions en la matiĂšre. Plus dâinfos surâ: www.iaspworldconference.com
14 TECHâ+âINNOVATION 2023 Conversation Diego De Biasio
« Nous nâavons pas dâincubateurs spĂ©cialisĂ©s dans le spatial. »
La normalisation au service de la transformation digitale
LâaccĂ©lĂ©ration de la convergence
des technologies ouvre la voie à une transformation digitale sans précédent. Comment les normes contribuent-elles à ces développements ?
La transformation digitale contribue Ă la compĂ©titivitĂ© du marchĂ© national. Il demeure cependant difficile de suivre toutes les Ă©volutions technologiques et notamment dâen apprĂ©hender les nombreux dĂ©fis, par exemple en matiĂšre de sĂ©curitĂ©.
Dans ce contexte, la normalisation technique joue un rĂŽle primordial, facilitant lâadoption des technologies et dĂ©finissant des exigences visant Ă garantir leur interopĂ©rabilitĂ© ou encore Ă minimiser les risques de sĂ©curitĂ©. En tĂ©moigne dâailleurs le recours croissant de lâUnion EuropĂ©enne aux normes en support de sa stratĂ©gie numĂ©rique, derniĂšrement, par exemple, Ă lâappui de sa politique en matiĂšre dâintelligence artificielle. Au niveau national, lâILNAS, en tant quâorganisme luxembourgeois de normalisation, est lâinterlocuteur pour toute organisation souhaitant sâimpliquer dans
les travaux de normalisation, notamment dans le domaine des Technologies de lâInformation et de la Communication (TIC), que cela soit au plan national, europĂ©en ou international. Dans ce cadre, il a publiĂ© le 13 juin 2023 une nouvelle version de son analyse normative TIC, permettant aux organisations dâidentifier des travaux de normalisation pertinents pour leurs activitĂ©s.
De plus, il est Ă noter quâau Luxembourg, la participation aux comitĂ©s techniques de normalisationqui rĂ©digent les normes - est gratuite, pour encourager le marchĂ© Ă devenir acteur du dĂ©veloppement des futures bonnes pratiques quel que soit le secteur concernĂ©, et ainsi, contribuer Ă la compĂ©titivitĂ© et Ă la dĂ©fense des valeurs du marchĂ© national aux plans europĂ©en et mondial.
NICOLAS DOMENJOUD
Responsable secteur « TIC & Normalisation » - Organisme
Luxembourgeois de Normalisation t. +352Â 247Â 743-46
nicolas.domenjoud@ilnas.etat.lu
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M. Nicolas Domenjoud, ILNAS
Crédits ILNAS
Conversation Diego De Biasio
long de leur parcours jusquâĂ ce quâelles puissent se dĂ©velopper par elles-mĂȘmes. Mais sâil fallait pointer certaines sociĂ©tĂ©s en particulier, je citerais Conostix, Open Assessment Technologies, Luxscan Technologies, SecureWave, Agilis Engineering, RCDevs, Tadaweb, Trendiction, Passbolt, iNui Studio, Finquest, ANote Music, Jamendo, ITTM, etc. Au total, ce sont pas moins de 100 entreprises qui sont sorties du Technoport depuis sa crĂ©ation, et 18 dâentre elles ont Ă©tĂ© rachetĂ©es par des structures internationales. Certaines sont devenues, par ellesmĂȘmes, des rĂ©fĂ©rences mondiales dans leur domaine.
Comment le Covid a-t-il impactĂ© votre activitĂ©â? Ătes-vous revenu Ă un niveau dâoccupation Ă©quivalent Ă lâavant-pandĂ©mieâ?
Il est clair que le Covid a eu un impact importantâ: nous avons reçu 50â% de demandes en moins quâen temps normal durant cette pĂ©riode. Cela sâexplique par le fait que seules 50â% des start-up que nous accueillons sont luxembourgeoises.
canadienne ou indienne Ă aller au Luxembourg pour se dĂ©velopperâ?
Plusieurs facteurs interviennent. Dâabord, on lâa dit, certains secteurs sont mis en avant par le gouvernement, comme le spatial. Cette position de lâĂtat contribue directement Ă rendre le Luxembourg attractif pour les porteurs de projets dans ce domaine particulier. Nous avons aussi dâautres sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres qui dĂ©veloppent des projets liĂ©s Ă lâĂ©conomie circulaire, et qui savent que le Luxembourg a une approche dynamique Ă ce sujet. Pour le reste, câest le bouche-Ă -oreille qui joue beaucoup et contribue Ă amener de nouvelles sociĂ©tĂ©s au sein des incubateurs du pays.
OĂ EST LA SORTIEâ?
Diego De Biasio lâexplique dans son interviewâ: chaque sortie dâune start-up du Technoport est une rĂ©ussite, car elle est lâaboutissement dâun travail menĂ© parfois depuis plusieurs annĂ©es. En la matiĂšre, les chiffres de lâan dernier ont atteint des sommetsâ: neuf sociĂ©tĂ©s ont en effet quittĂ© la structure pour voler de leurs propres ailes. «âEt nous en sommes dĂ©jĂ Ă trois sociĂ©tĂ©s en 2023, ce qui explique que le nombre dâentreprises hĂ©bergĂ©es aujourdâhui soit lĂ©gĂšrement en dessous de notre moyenne habituelle de 35 Ă 40 entreprisesâ», prĂ©cise le CEO du Technoport.
12â% viennent de la Grande RĂ©gion, et le reste est issu de lâinternational, tous continents confondus. Or, les voyages Ă©tant quasiment impossibles durant le Covid, les sociĂ©tĂ©s qui auraient voulu nous rejoindre nâauraient tout simplement pas pu le faire. Cela dit, mĂȘme si les demandes Ă©taient moins nombreuses, la qualitĂ© des projets que nous avons soutenus Ă©tait plus Ă©levĂ©e. Aujourdâhui, nous sommes revenus Ă des chiffres comparables Ă ce que nous connaissions avant la pandĂ©mie. Nous hĂ©bergeons Ă prĂ©sent 25 projets, et une douzaine sont Ă lâanalyse. Nous ne sommes que 6 personnes pour gĂ©rer lâactivitĂ© du Technoport, il faut donc essayer dâĂȘtre le plus efficace possible dans nos processus dâanalyse, de sĂ©lection et de suivi. Par ailleurs, lâespace du Technoport nâest pas extensible Ă Â lâinfini. Nous disposons dâune surface de 16.000âm2, avec 10.000âm2 de halls. ConsidĂ©rant ces facteurs, lâidĂ©al est dâaccueillir 35 Ă 40 sociĂ©tĂ©s.
Vous Ă©voquez les structures internationales qui rejoignent le Technoport. Quâest-ce qui pousse une sociĂ©tĂ©
Aujourdâhui, peut-on dire que lâĂ©cosystĂšme des start-up est suffisamment dĂ©veloppĂ© au Luxembourgâ? Quels sont les éventuels points dâattentionâ? Tout Ă©cosystĂšme est en mouvement permanent, et câest aussi le cas du nĂŽtre. Notre responsabilitĂ© est de continuer Ă nous amĂ©liorer, en restant attentifs Ă ce qui se fait dans dâautres pays. Ăvidemment, la question de la pĂ©nurie de talents nous concerne particuliĂšrement, mĂȘme si je constate que certaines sociĂ©tĂ©s trĂšs spĂ©cialisĂ©es parviennent Ă attirer des profils venus de lâautre bout du monde, simplement parce que ce quâelles font est trĂšs attrayant. Et ce phĂ©nomĂšne devrait se renforcer lorsque lâĂ©cosystĂšme aura atteint sa pleine maturitĂ©, quâil sera encore mieux connu Ă lâinternational. Cela dit, il faut pouvoir payer ces compĂ©tences. Câest pourquoi le second point dâattention est le financement. Je pense que lâon pourrait faire davantage pour mieux impliquer les acteurs du private equityâ/âventure capital dans le financement de structures prometteuses. Au-delĂ de ces quelques points, je pense quâil faut pouvoir se fĂ©liciter du chemin qui a Ă©tĂ© parcouru au cours des 25 derniĂšres annĂ©esâ: je ne pouvais pas rĂȘver dâun meilleur Ă©cosystĂšme quand jâai commencĂ© Ă travailler dans ce secteur en 2001.
« Ce sont pas moins de 100 entreprises qui sont sorties du Technoport. »
16 TECHâ+âINNOVATION 2023
Sociétés Tech : adoptez une stratégie IP !
Les sociétés innovantes, souvent technologiques, négligent trop souvent la protection de leurs actifs immatériels et mettent en péril leurs investissements.
La place Luxembourgeoise confirme dâune annĂ©e sur lâautre son statut de terre dâaccueil de lâinnovation. NĂ©anmoins, on observe que de nombreuses sociĂ©tĂ©s tech, start up ou non ayant crĂ©Ă© une innovation leur confĂ©rant un avantage compĂ©titif sur un marchĂ© identifiĂ©, ont une politique IP qui demeure insuffisante ou trop faible. Pour rappel, la propriĂ©tĂ© intellectuelle est lâensemble des droits protĂ©geant les crĂ©ations de lâesprit et a donc pour vocation de protĂ©ger le principal actif de ces sociĂ©tĂ©s innovantes. Ainsi, elle :
âą confĂšre notamment Ă ces entreprises le monopole dâutilisation ou de commercialisation de leur crĂ©ation,
⹠protÚge les investissements qui ont été réalisés dans le cadre de ces créations,
âą empĂȘche toute personne non autorisĂ©e Ă tirer un bĂ©nĂ©fice de celle-ci.
On vise ici les droits dâauteurs, les brevets, les marques, les dessins et modĂšles, les protections de bases de don-
nĂ©es, les secrets dâaffaires et le savoir-faire. Par ailleurs, la gestion des droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle est nĂ©cessaire aux sociĂ©tĂ©s tech pour
⹠générer du revenu,
âą attirer des investisseurs,
⹠auditer le portefeuille de actifs immatériels de la société concernée,
âą encadrer les relations avec les clients et partenaires.
Aussi, est-il indispensable pour ces sociĂ©tĂ©s dâadopter une stratĂ©gie IP pour :
âą protĂ©ger lâactif le plus important câest-Ă -dire lâinnovation,
⹠éviter les litiges et éviter les contrefaçons,
âą assurer leur valorisation,
âą assurer leur croissance.
SociĂ©tĂ©s tech, quâon se le dise, nĂ©gliger votre protection IP câest mettre en pĂ©ril vos investissements.
t. +352
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ME. BERTRAND MOUPFOUMA Avocat
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Affûter les futurs entrepreneurs de la tech
Mener Ă bien un projet entrepreneurial sâappuyant sur les technologies les plus rĂ©centes implique de prendre en considĂ©ration de nombreux aspects techniques, stratĂ©giques et business. Ă travers son master en «âtechnopreneurshipâ», lâUniversitĂ© du Luxembourg veut permettre aux entrepreneurs dâaujourdâhui et de demain de faire de la technologie un catalyseur de croissance.
Journaliste SĂBASTIEN LAMBOTTE
Quels sont les ingrĂ©dients indispensables Ă la rĂ©ussite dâun projet entrepreneurial dans le domaine de la technologieâ?
Comment, au dĂ©part dâune idĂ©e ou dâune technologie, mettre en Ćuvre un projet crĂ©ateur de valeur pour le businessâ? Il nây a Ă©videmment pas de recette unique du succĂšs. La rĂ©ussite dĂ©coule souvent dâun heureux alignement de facteurs. «âPour mettre toutes les chances de son cĂŽtĂ©, il est toutefois intĂ©ressant de comprendre les Ă©lĂ©ments qui dĂ©terminent la rĂ©ussite dâun projet technologique au service du businessâ», commente Pascal Bouvry, professeur au sein du dĂ©partement Informatique Ă lâUniversitĂ© du Luxembourg.
Ce passionnĂ© dâinformatique est aujourdâhui directeur du master «âTechnopreneurshipâ: Mastering smart ICT, standardisation and digital trust for enabling next generation of ICT solutionsâ», dont lâambition est justement de former les futurs leaders dans le domaine des smart ICT. «âSi lâon considĂšre les compĂ©tences prĂ©sentes sur le marchĂ© de lâemploi, on trouve beaucoup de personnes disposant de connaissances techniques autour de
divers sujets informatiques ou technologiques. Dâun autre cĂŽtĂ©, on a des profils maĂźtrisant des enjeux business, marketing ou capables de soutenir des projets dâinnovationâ», poursuitÂil. Or, la rĂ©ussite dâun projet entrepreneurial implique de bien apprĂ©hender tous ces aspects. «â Pour entreprendre dans le domaine de la technologie, il faut les deux mondes. Apple ne serait sans doute pas la firme quâelle est aujourdâhui sâil nây avait pas eu un Steve Wozniak aux cĂŽtĂ©s de Steve Jobs, et si les deux nâĂ©taient pas parvenus Ă se comprendre et Ă sâaccorder au dĂ©part sur une ambition communeâ», ajoute Pascal Bouvry.
Moutons Ă cinq pattes Le master en «âtechnopreneurshipâ» est nĂ© dâune collaboration entre lâUniversitĂ© du Luxembourg et lâInstitut luxembourgeois de la normalisation, de lâaccrĂ©ditation, de la sĂ©curitĂ© et qualitĂ© des produits et services (Ilnas) et est opĂ©rĂ© par le Luxembourg Lifelong Learning Centre (LLLC). Son objectif est de permettre Ă des professionnels Ă©manant du monde
technique dâacquĂ©rir des compĂ©tences autour des enjeux business et, Ă lâinverse, Ă des personnes occupant des fonctions commerciales ou stratĂ©giques de mieux apprĂ©hender la technologie. De cette maniĂšre, il est possible de former des personnes quâil convient aujourdâhui de qualifier de «âmoutons Ă cinq pattesâ».
«âCette formation dâun genre nouveau sâadresse donc Ă des professionnels. Les personnes qui suivent ce cursus, un master de 60 ECTS qui sâĂ©tend sur deux annĂ©es, ont entre 30 et 35 ans, commente Pascal Bouvry. Les candidats au master viennent le plus souvent avec une idĂ©e, qui peut Ă©voluer au fil de la formation et des connaissances acquises. Le dernier semestre est entiĂšrement consacrĂ© Ă lâĂ©laboration dâun travail autour de sujets divers, en lien avec le contexte professionnel dans lequel Ă©volue le participant.â» (Voir ciÂcontre)
Anticiper les normes de demain
La formation vise à fournir aux étudiants une base de connaissances sur des sujets variés, autour des enjeux business actuels et des technologies de
MASTER
18 TECHâ+âINNOVATION 2023
lâinformation et de la communication de pointe, dites intelligentes, comme le cloud, lâIoT, lâintelligence artificielle, la blockchain, etc. «âLa volontĂ© est de permettre Ă chacun de considĂ©rer ces Ă©volutions technologiques, dâen maĂźtriser les concepts, afin de pouvoir sâappuyer dessus pour concevoir et mettre en Ćuvre des stratĂ©gies business. Il sâagit de donner les clĂ©s pour faire de la technologie un catalyseur de croissance dans lâindustrie du numĂ©riqueâ», poursuit Pascal Bouvry. La formation, Ă©galement soutenue par les organismes europĂ©ens de normalisation, aborde aussi les enjeux relatifs Ă lâĂ©tablissement de normes Ă la faveur de la confiance et dâune utilisation toujours plus efficace des technologies.
«âCette proximitĂ© avec les comitĂ©s de normalisation permet dâoffrir Ă nos Ă©tudiants des perspectives sur les cadres dans lesquels pourront ĂȘtre mises en
Ćuvre ces technologies, en matiĂšre de sĂ©curitĂ©, de confiance ou encore de traitement. Câest un enjeu essentiel pour bien investir dans ce domaineâ», explique le directeur du programme.
Appréhender tous les enjeux
Lâun des grands intĂ©rĂȘts de la formation, souligne Pascal Bouvry, rĂ©side dans la diversitĂ© des participants. Des Ă©tudiants disposant dâun profil juridique vont y cĂŽtoyer des techniciens ou encore des professionnels de la gestion de projet.
«âChacun vient avec des attentes particuliĂšres. Petit Ă petit, on se rend compte que, pour entreprendre des projets dans ce domaine, il faut parvenir Ă parler un mĂȘme langage, Ă aligner les enjeux Ă travers une stratĂ©gie unique, explique le professeur. Sâil nâest pas nĂ©cessaire de savoir programmer pour entreprendre dans ce domaine, il faut une base de connaissances suffisante pour comprendre et interprĂ©ter le code, sâassurer de maĂźtriser les tenants et aboutissants liĂ©s Ă lâutilisation de la technologie.â»
En outre, au dĂ©part dâexemples concrets de rĂ©ussite ou dâĂ©chec de projets entrepreneuriaux dans le domaine de la technologie, les participants au master vont apprĂ©hender de nombreuses dimensions essentielles Ă la rĂ©ussite dâun projet, comme les logiques de retour sur investissement, les enjeux de marchĂ© ou encore lâimportance du timing. «âSouvent, un produit technologique, dans un monde connectĂ©, est appelĂ© Ă interagir avec dâautres solutions numĂ©riques. Au-delĂ des idĂ©es, il y a un contexte quâil faut considĂ©rerâ», assure Pascal Bouvry. Lâexemple de Meta, qui a consacrĂ© des moyens exorbitants au dĂ©veloppement du mĂ©tavers, rĂ©vĂšle que le marchĂ© nâest pas forcĂ©ment rĂ©ceptif Ă de nouvelles idĂ©es ou, le cas Ă©chĂ©ant, nâa pas atteint le niveau de maturitĂ© requis. «âDans lâhistoire des Ă©volutions technologiques, les exemples sont nombreux. Il est important de sây intĂ©resser pour bien cerner ces enjeux, ajoute le professeur. Lâenjeu est de permettre Ă chacun de dĂ©velopper une vision prospective des technologies futures et Ă©mergentes afin dâassimiler, de diffuser et dâutiliser efficacement les connaissances et de faire les bons choix, au bon moment.â»
Des sujets trÚs variés
Ă travers les travaux proposĂ©s, la premiĂšre gĂ©nĂ©ration de «âtechnopreneursâ» luxembourgeois a abordĂ© des thĂ©matiques variĂ©es.
FINANCE
En ce qui concerne la transformation numĂ©rique de la finance dans lâoptique dâen accroĂźtre lâefficacitĂ©, dâamĂ©liorer lâexpĂ©rience client et de stimuler la croissance, un des travaux visait Ă fournir une revue pratique de cinq enjeux-clĂ©s en la matiĂšreâ: lâidentification dâun business case, la gouvernance informatique nĂ©cessaire, le cadre de gestion du changement, lâimportance et la valeur dâune approche standardisĂ©e, la confiance dans les transformations digitales.
NFT
Un autre projet visait Ă rĂ©aliser une analyse des lacunes en matiĂšre de normalisation dans le domaine de la blockchain et des technologies des registres distribuĂ©s. Alors que les activitĂ©s liĂ©es aux jetons non fongibles (NFT) sont appelĂ©es Ă se dĂ©velopper, il sâagissait dâanalyser les diffĂ©rentes Ă©tapes de la crĂ©ation dâun projet recourant aux NFT sur la base dâun projet piloteâ: la segmentation des projets NFT, lâĂ©valuation de lâinfrastructure liĂ©e aux projets NFT, les contrats intelligents NFT, le traitement sĂ©curisĂ© des mĂ©tadonnĂ©es, la sĂ©curitĂ© des donnĂ©es, les droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle et la fiabilitĂ© des projets NFT.
TRANSFORMATION NUMĂRIQUE
Parmi les autres travaux menĂ©s, lâun consistait Ă poser les bases du dĂ©veloppement de nouveaux services de conseil pour aider les entreprises Ă Ă©valuer et Ă amĂ©liorer leur maturitĂ© numĂ©rique. Par une approche mĂ©thodologique, il sâagit de proposer un modĂšle dâĂ©valuation applicable Ă toute entreprise, quel que soit son secteur ou son domaine dâactivitĂ©. Ce travail nâa pas permis dâidentifier de norme internationale traitant de la maniĂšre dont le niveau de maturitĂ© dâune organisation doit ĂȘtre dĂ©terminĂ©. Cette thĂšse a cherchĂ© Ă combler â en partie du moins â cette lacune.
PASCAL BOUVRY
Professeur au sein du département Informatique Université du Luxembourg
TECHâ+âINNOVATION 2023 19
« Donner les clĂ©s pour faire de la technologie un catalyseur de croissance dans lâindustrie du numĂ©rique. »
Conversation Anke Joubert et Nicolas Griedlich
«âLe potentiel de lâintelligence artificielle est dĂ©sormais libĂ©rĂ©â»
Lâintelligence artificielle (IA) va profondĂ©ment modifier nos maniĂšres de travailler. Sâil sâagit dâune rĂ©volution, elle nâest pas pour autant simple Ă apprĂ©hender. Explications avec Nicolas Griedlich, partner, et Anke Joubert, senior manager, experts de lâIA chez Deloitte Luxembourg.
Journaliste SĂBASTIEN LAMBOTTE
Photo MATIC ZORMAN
20 TECHâ+âINNOVATION 2023
Selon Nicolas Griedlich et Anke Joubert, lâIA est avant tout un outil dâaide au quotidien ne fonctionnant jamais seul.
Conversation Anke Joubert et Nicolas Griedlich
LâIA est au cĆur de nombreuses discussions. Si lâon sâattend Ă une rĂ©volution, comment en dĂ©finir lâampleurâ?
NICOLAS GRIEDLICH (N.âG.) Nous assistons en effet Ă une accĂ©lĂ©ration du dĂ©ploiement des outils dâIA. Cependant, les concepts qui y sont associĂ©s ne sont en rien nouveaux. Les possibilitĂ©s liĂ©es Ă lâIA font lâobjet dâune exploration depuis plusieurs dĂ©cennies. Aujourdâhui, de nombreux acteurs dĂ©ploient cette technologie dans tous les secteurs. On accĂšde beaucoup plus facilement Ă Â des solutions avancĂ©es dâexploitation et de traitement de la donnĂ©e qui sâappliquent Ă de nombreux cas dâusage dans beaucoup de domaines dâactivitĂ©. Il ne faut pas forcĂ©ment ĂȘtre un professionnel du numĂ©rique pour tester ces solutions et explorer les possibilitĂ©s offertes par ces outils. Il suffit simplement de quelques clics â et câest gratuit â sans que des bonnes pratiques ou un cadre soient clairement Ă©tablis.
Quelles sont les principales raisons menant Ă lâaccĂ©lĂ©ration de lâIAâ?
ANKE JOUBERT (A.âJ.) LâaccĂ©lĂ©ration en cours depuis 10 ans sâexplique, entre autres, par une dĂ©mocratisation des ressources informatiques, ainsi quâun accĂšs plus aisĂ© Ă de la puissance de traitement, notamment grĂące au dĂ©veloppement des plateformes cloud et Ă leur adoption par un nombre croissant dâacteurs. Le potentiel de lâIA est dĂ©sormais libĂ©rĂ©.
ChatGPT, depuis quelques mois, suscite beaucoup dâĂ©moi â de lâenthousiasme autant que des craintes. Quel regard portezvous sur les enjeux liĂ©s au dĂ©ploiement de ces solutionsâ?
A.âJ. En effet, ChatGPT a initiĂ© le buzz autour de lâIA gĂ©nĂ©rative aprĂšs lâajout, par OpenAI, dâune simple interface interactive par-dessus un modĂšle de langage de grande taille (large language model â LLM), en novembre dernier. De ce fait, la sociĂ©tĂ© a rendu lâIA gĂ©nĂ©rative accessible au grand public. Cependant, nous devons ĂȘtre prudents lorsque nous abordons lâIA gĂ©nĂ©rative. En effet, nous devons lâaborder dans son ensemble, et ne pas la restreindre
Ă ChatGPT. LâIA gĂ©nĂ©rative inclut une multitude dâoutils basĂ©s sur cette technologie, notamment la gĂ©nĂ©ration de textes, mais aussi dâimages, de code, de voix, de vidĂ©os. LâaccessibilitĂ© accrue Ă ces outils a suscitĂ© une excitation et une ouverture Ă de nombreuses opportunitĂ©s, mais nous devons garder Ă lâesprit que leur adoption implique certains dĂ©fis et risquesâŠ
N.âG. Le potentiel des IA gĂ©nĂ©ratives est Ă©norme. Si ChatGPT constitue la premiĂšre gĂ©nĂ©ration de ces solutions, aujourdâhui, des millions dâoutils sâappuient sur cette technologie. JusquâĂ prĂ©sent, les applications dâIA Ă©taient dĂ©ployĂ©es dans une optique dâautomatisation des processus pour fluidifier le suivi dâopĂ©rations. Avec cette nouvelle gĂ©nĂ©ration de solutions, on explore le potentiel crĂ©atif des solutions dâIA. Cependant, il faut Ă©galement se rappeler que ces outils font exactement ce pour quoi ils ont Ă©tĂ© imaginĂ©sâ: gĂ©nĂ©rer des rĂ©ponses. Ils le font Ă la demande, sur la base du contenu qui leur est fourni au dĂ©part et de ce quâils ont appris. Vous leur posez une question et vous obtenez une rĂ©ponse. Est-elle bonne ou mauvaiseâ? Si vous connaissez le sujet, vous pourrez facilement vous en rendre compte. Dans le cas contraire, vous nâĂȘtes pas en capacitĂ© dâĂ©valuer la validitĂ© de la rĂ©ponse.
Pour un dirigeant dâentreprise, comment bien apprĂ©hender les possibilitĂ©s associĂ©es Ă cette technologieâ?
N.âG. Aujourdâhui, lâIA est la technologie la plus avancĂ©e pour valoriser les donnĂ©es dont on dispose. Lâenjeu est de voir comment cela peut soutenir des processus, lever des freins et satisfaire de nouveaux besoins. Il ne sâagit pas de faire de lâIA pour de lâIA. Il y a un enjeu essentiel dâĂ©ducation prĂ©alablement Ă tout projet. Si lâIA est appelĂ©e Ă se dĂ©ployer dans de nombreux contextes, les Ă©quipes doivent ĂȘtre en capacitĂ© de comprendre comment elle agit, dâĂ©valuer les rĂ©sultats de son travail, ainsi que la valeur de ce qui est gĂ©nĂ©rĂ©. Lâenjeu actuel est de prĂ©server la maĂźtrise, ainsi que la connaissance des processus utilisĂ©s dans lâentreprise.
« LâIA est la technologie la plus avancĂ©e pour valoriser les donnĂ©es dont on dispose. »
22 TECHâ+âINNOVATION 2023
NICOLAS GRIEDLICH Partner Deloitte Luxembourg
LâIA sâappuie sur lâhumain autant que lâhumain est appelĂ© Ă travailler avec elle, en sommeâŠ
N.âG. Dans notre approche, nous nâĂ©voquons jamais lâIA seule, mais lâ«âIA avecâŠâ», comme un outil dâaide dans le quotidien professionnel. La technologie, en lâĂ©tat, ne va pas remplacer lâhumain, mais le soutenir. Si les IA gĂ©nĂ©ratives sont appelĂ©es Ă produire du contenu et mĂȘme des Ă©lĂ©ments crĂ©atifs, il faudra toujours en valider la pertinence. LâIA ne remplacera pas la discussion que nous avons aujourdâhui. Par contre, elle peut nous aider Ă prĂ©parer lâinterview, prĂ©ciser les questions et prĂ©parer les rĂ©ponses. Toutefois, la pertinence de lâarticle qui sera produit sâappuie essentiellement sur lâĂ©change qui a eu lieu autour du sujet.
Aujourdâhui, dans la sphĂšre business au Luxembourg, quels sont les cas dâutilisation les plus frĂ©quentsâ?
A.âJ. Les cas dâutilisation les plus frĂ©quents ont recours au traitement du langage naturelâ: un type spĂ©cifique dâIA qui permet notamment dâextraire des Ă©lĂ©ments dâinformation utiles dâun document pour, par exemple, soutenir un processus ou alimenter une base de donnĂ©es. La technologie permet notamment des gains de temps importants dans la mise en Ćuvre dâune procĂ©dure de KYC ( know your customer, ndlr ). Cette mĂȘme technologie est celle qui se retrouve derriĂšre les agents conversationnels, Ă lâinstar des chatbots, pour soutenir lâinteraction avec les utilisateurs. LâIA dans le domaine de la reconnaissance dâimage est aussi dĂ©ployĂ©e dans divers cas dâusage. Elle permet dâaller rechercher de lâinformation dans des documents qui ne se prĂ©sentent pas sous la forme de texte, mais dâimage. Par exemple, on peut utiliser la reconnaissance dâimage pour Ă©valuer les dĂ©gĂąts sur une voiture au dĂ©part dâune photo. Cela permet dâĂ©viter beaucoup dâinterventions manuelles.
N.âG. Le traitement du langage naturel est aussi beaucoup utilisĂ© pour transcrire des Ă©changes et faire des rĂ©sumĂ©s dâune discussion. Ces quelques exemples, toutefois, ne permettent pas de se rendre compte de lâĂ©tendue des
possibilitĂ©s offertes par ces technologies. Aujourdâhui, lâenjeu est de partir de besoins et de points de friction identifiĂ©s au niveau dâun processus pour envisager la maniĂšre avec laquelle lâIA peut les rĂ©soudre. Dans la plupart des cas, si la donnĂ©e est disponible, dĂ©jĂ maĂźtrisĂ©e par lâentreprise et que le projet a du sens pour le business, il y a des solutions Ă mettre en Ćuvre.
Les IA gĂ©nĂ©ratives semblent avoir un potentiel de transformation plus important encore. Quels sont les cas dâutilisation les plus frĂ©quentsâ?
A.âJ. Les possibilitĂ©s sont aussi nombreuses. On peut, par exemple, Ă©voquer le recours Ă ces solutions pour la mise en place de formations. Elles permettent de proposer des sessions ou de crĂ©er des vidĂ©os animĂ©es avec un avatar autour de divers sujets. Dans lâindustrie crĂ©ative, la capacitĂ© des IA Ă gĂ©nĂ©rer des images pour des besoins publicitaires sans devoir recourir Ă une sĂ©ance de prise de photos ouvre Ă©galement de nouvelles perspectives.
N.âG. Autour de ces sujets, des enjeux relatifs Ă la propriĂ©tĂ© intellectuelle se posent encore. Il y a lieu de se demander qui dĂ©tient les droits dâauteurâ: si lâon demande par exemple Ă une IA de nous Ă©crire une chanson Ă la maniĂšre de Nick Cave, Ă qui reviennent les droits dâauteurâ? Cet artiste, en particulier, sâest dit scandalisĂ© par ce type de dĂ©marche.
En lâoccurrence, au regard des capacitĂ©s de cette technologie, elle est en mesure de faire le travail rĂ©alisĂ© par des rĂ©dacteurs, des graphistes, etc. Si elle ne les remplace pas, elle va profondĂ©ment affecter leur maniĂšre de travaillerâŠ
N.âG. Je ne pense pas que lâIA va remplacer des mĂ©tiers, tels que le mĂ©tier de journaliste. Nous sommes ainsi aujourdâhui confrontĂ©s Ă une prolifĂ©ration de fake news, dont la production peut ĂȘtre soutenue par lâIA et qui affectent nos dĂ©mocraties. Dans ce contexte, le recours Ă ces technologies va contribuer Ă remettre en lumiĂšre la vraie valeur du mĂ©tier de journaliste, qui est de garantir la vĂ©racitĂ© de
ANKE JOUBERT Senior manager Deloitte Luxembourg
UN IA ACTâ?
Actuellement, le lĂ©gislateur europĂ©en avance sur son projet de rĂ©glementation visant Ă encadrer lâintelligence artificielle. Son objectif est de veiller Ă ce que les systĂšmes dâintelligence artificielle mis sur le marchĂ© et utilisĂ©s au sein de lâUnion europĂ©enne soient sĂ»rs et respectent les valeurs de celle-ci, ainsi que la lĂ©gislation en vigueur en matiĂšre de droits fondamentaux.
Cette rĂ©glementation doit favoriser les investissements et lâinnovation dans le domaine de lâIA, renforcer la gouvernance et lâapplication effective de la lĂ©gislation existante en matiĂšre de droits fondamentaux et de sĂ©curitĂ©, et faciliter le dĂ©veloppement dâun marchĂ© unique pour les applications dâIA.
« Il faut veiller Ă un Ă©quilibre : ne pas bloquer lâinnovation, tout en sâassurant quâelle sera mise en Ćuvre de maniĂšre sĂ»re. »
TECHâ+âINNOVATION 2023 23
Conversation Anke Joubert et Nicolas Griedlich
lâinformation qui est diffusĂ©e, en questionnant et recoupant les sources, en vĂ©rifiant les faits, et, enfin, en portant un regard critique sur lâinformation propagĂ©e. Dans le domaine du design, lâIA peut Ă©galement permettre dâĂ©pargner beaucoup de temps et dâargent lors des Ă©tapes de recherche prĂ©liminaire pour la mise en Ćuvre dâun nouveau concept de voiture, par exemple.
A.âJ. LâIA, comme dâautres technologies avant elle, va nous soutenir dans ce que nous cherchons Ă accomplir. Elle est un accĂ©lĂ©rateur, nous permettant dâatteindre plus facilement les objectifs que nous nous sommes fixĂ©s. Elle permet Ă lâhumain de concentrer ses efforts autour des enjeux pour lesquels il a une rĂ©elle valeur ajoutĂ©e Ă apporter.
N.âG. Câest pour cela que la bonne maniĂšre dâaborder lâIA est dâabord de regarder vos objectifs et vos processus, pour voir comment la technologie peut y contribuer. Dans beaucoup de cas, on voit que lâIA peut aider Ă rĂ©soudre de nombreuses problĂ©matiques.
A.âJ. Si certaines tĂąches rĂ©alisĂ©es aujourdâhui par des humains sont appelĂ©es Ă ĂȘtre effectuĂ©es par lâIA, cette transformation va aussi induire de nouveaux jobs et exiger de nouvelles fonctions. Travailler avec lâIA implique dâautres compĂ©tences. Il ne suffira pas, demain, de demander Ă OpenAI de crĂ©er la campagne marketing parfaite. Ce nâest pas simple. Il ne suffit pas de faire une demande. Il faut dĂ©velopper dâautres approches, qui exigeront sans doute dâautres compĂ©tences dans lâingĂ©nierie ou dans le domaine de la linguistique.
RĂ©cemment, plusieurs figures scientifiques et de la tech ont lancĂ© un appel, demandant un moratoire de six mois sur la recherche autour de lâIA. Quel regard portez-vous sur cette initiativeâ?
N.âG. DerriĂšre cet appel, on peut se dire que certains sont favorables Ă ce moratoire pour des raisons dâagenda. Mais sur le fond, je pense que lâenjeu est de donner du temps pour sensibiliser les utilisateurs, les dĂ©cideurs, les lĂ©gislateurs, et leur permettre de bien apprĂ©hender lâimpact de cette
TROIS BRANCHES DE LâIA
NLP
Le traitement du langage naturel (natural language processing ou NLP, en anglais) est une branche de lâintelligence artificielle qui permet aux ordinateurs de comprendre, gĂ©nĂ©rer et manipuler le langage humain.
IA générative
Ce concept dĂ©signe des algorithmes dâintelligence artificielle et de machine learning qui utilisent des contenus existants au service de leur apprentissage pour en gĂ©nĂ©rer de nouveaux. Il peut sâagir de la gĂ©nĂ©ration de textes, de sons, dâimagesâŠ
LLM
Un modÚle de langage de grande taille (large language model ou LLM, en anglais) est un modÚle de traitement de langage naturel qui utilise un grand nombre de données textuelles pour apprendre à prédire les phrases et les mots suivants dans un texte donné.
technologie. Dans ce contexte, je pense que câest un appel raisonnable. Les dĂ©veloppements en la matiĂšre vont trĂšs vite et la plupart des acteurs ne sont pas prĂȘts pour cela. Il faut sâassurer que chacun puisse bien comprendre la technologie, ses possibilitĂ©s, et lâadopter de maniĂšre fiable. Pour cela, on a besoin de lignes de conduite claires.
A.âJ. Il faut veiller Ă un Ă©quilibre pour ne pas bloquer lâinnovation, tout en sâassurant quâelle sera mise en Ćuvre de maniĂšre sĂ»re. Au regard de la vitesse Ă laquelle se dĂ©veloppent les solutions, les rĂ©gulateurs doivent apprĂ©hender rapidement les enjeux inhĂ©rents Ă leur dĂ©ploiement. Il sâagit de permettre lâadoption de lâIA, tout en prĂ©venant les risques de dĂ©rive qui pourraient porter atteinte Ă la sociĂ©tĂ©. Le cĂŽtĂ© rassurant est que la plupart des textes sont dĂ©jĂ lĂ pour cadrer lâusage de certaines informations dans les modĂšles dâIA, comme le RGPD (RĂšglement gĂ©nĂ©ral sur la protection des donnĂ©es, ndlr) ou encore lâAI Act (Artificial Intelligence Act, ndlr).
24 TECHâ+âINNOVATION 2023
Vous innovez dans la tech ? Protégez votre PI !
Les entreprises détenant des droits de PI performent mieux que les autres1. Nous vous accompagnons pour capter et protéger votre PI.
Les diffĂ©rents secteurs de la tech reposent sur lâinnovation technologique. Les acteurs, des startups aux multinationales, dĂ©veloppent des solutions techniques et digitales au quotidien ; il est primordial de penser Ă les protĂ©ger par les droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle (PI). En effet, les droits de PI confĂšrent des monopoles dâexploitation (donc dâinterdire la copie), qui vont permettre un retour sur investissement et dâaugmenter la valeur de lâentreprise
Il importe surtout que lâentreprise intĂšgre une Ă©tape de dĂ©cision sur le mode de protection de ses projets. Le brevet dâinvention, voie royale de protection des innovations technologiques (y compris impliquant des algorithmes et lâIntelligence Artificielle) nâest pas le seul moyen de protection. En pratique, on combine souvent plusieurs droits pour protĂ©ger un objet donnĂ©, tels que : les marques (protection du nom dâune sociĂ©tĂ©, de son logiciel et de ses produits ou services) ; dessins et modĂšles (protĂšgent lâapparence des objets, mais
Ă©galement les interfaces graphiques) et les droits dâauteurs (Ćuvres de lâesprit originales telles que publicitĂ©s, livres, musiques, films et logiciels).
Office Freylinger est un cabinet historique de la PI au Luxembourg. Notre équipe multiculturelle de 13 experts en PI (ingénieurs et juristes) conseille au quotidien les entreprises de la Grande-Région dans tous les secteurs techniques et économiques, offrant la gamme complÚte de services (recherches et analyses, dépÎts en Europe et dans le monde, exploitation et défense des droits). Notre métier est de vous accompagner pour bùtir une stratégie de PI sur mesure
EN SAVOIR PLUS OFFICE FREYLINGER S.A. 234 route dâArlon L-8001 STRASSEN 31 38 301 www.freylinger.com
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1. EUIPO - 2022 INTELLECTUAL PROPERTY SME SCOREBOARD
Crédit Emmanuel Fradin
Parlez-vous IAâ?
1
Intelligence artificielle (IA)
Avant dâaller plus loin, commençons par dĂ©finir ce quâest lâIA. Il sâagit de la possibilitĂ© pour une machine de reproduire certains comportements humains, comme la planification ou le raisonnement. En dĂ©veloppant des algorithmes et en intĂ©grant dâimportantes quantitĂ©s de donnĂ©es, une machine est capable dâapprendre et ainsi de reproduire un certain nombre de ces comportements. LâIA est utilisĂ©e dans de nombreux domaines et, chaque jour, le champ des applications sâĂ©tend.
4
Calcul de haute performance
Le calcul de haute performance offre de nombreuses opportunitĂ©s aux entreprises, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale. Cette technologie est rendue possible par des systĂšmes de calcul extrĂȘmement puissants pouvant rĂ©soudre rapidement des problĂšmes trĂšs complexes. Lâutilisation de lâintelligence artificielle gĂ©nĂšre un volume important de donnĂ©es. Le calcul de haute performance permet leur traitement rapide, voire quasiment en temps rĂ©el.
Les technologies de lâintelligence artificielle (IA) prennent de plus en plus de place dans nos vies quotidiennes. Un tout nouveau vocabulaire est donc en train dâapparaĂźtre. DĂ©couvrons-en une partie.
2
Machine learning
Ăgalement appelĂ© «âapprentissage automatiqueâ». Son dĂ©veloppement est basĂ© sur la crĂ©ation de systĂšmes qui apprennent et amĂ©liorent leurs connaissances Ă partir des donnĂ©es quâils traitent. Deux types de machine learning existent. Le premier est dit supervisĂ©. Dans ce cas, les informations intĂ©grĂ©es dans le systĂšme sont gĂ©rĂ©es par un humain. Le second type est non supervisĂ©. Ici, la machine apprend seule, par elle-mĂȘme, selon une instruction donnĂ©e.
5
Big data
Le big data, ou «âmĂ©gadonnĂ©esâ», est lâensemble des donnĂ©es qui sont produites lorsque nous utilisons des technologies numĂ©riques. Ce concept est basĂ© sur le principe des trois Vâ: volume, variĂ©tĂ© et vĂ©locitĂ©. Dâune part, la quantitĂ© et la variĂ©tĂ© de donnĂ©es augmentent de plus en plus. Dâautre part, avec lâaide de lâIA, le big data permet de traiter rapidement un nombre consĂ©quent dâinformations. Ce qui, en retour, entraĂźne une augmentation des performances des IA, bouclant ainsi la boucle.
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Deep learning
Lâapprentissage profond, traduction de deep learning, est une technologie sous-jacente du machine learning qui sâappuie sur un rĂ©seau de neurones artificiels. Ce dernier a pour objectif dâimiter le cerveau humain et son rĂ©seau neuronal. Dans le deep learning, les couches neuronales communiquent entre elles, et chacune interprĂšte les informations transmises par la couche prĂ©cĂ©dente. Plus il y a dâinformations traitĂ©es, plus le systĂšme est performant.
Journaliste MARIE JACQUEMIN
VOCABULAIRE 26 TECHâ+âINNOVATION 2023
35 ANS DâEXPĂRIENCE,
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LâexpĂ©rience employĂ© rĂ©inventĂ©e
Ă lâheure oĂč le marchĂ© du travail est de plus en plus compĂ©titif, attirer et fidĂ©liser les meilleurs talents devient un enjeu crucial pour le dĂ©veloppement des entreprises. « Nous croyons en la consolidation de lâexpĂ©rience employĂ©, du recrutement Ă lâexpĂ©rience alumni » affirme Daniel MEYER, Talent Manager au sein de Fujitsu Luxembourg. Il explique : « Nous avons donc entrepris une approche complĂšte et dĂ©veloppĂ© une stratĂ©gie mettant en valeur chaque Ă©tape de la carriĂšre de nos employĂ©s : la plateforme â Pulse â pour le recrutement, lâapplication â Fujitsu & me â comme canal de communication interne et de vie dans lâentreprise en gĂ©nĂ©ral (fun event, moment de rencontre, team building, âŠ) et le programme â Boost â pour offrir un dĂ©veloppement de carriĂšre individuelle et des formations ciblĂ©es ». Cette dĂ©marche vise ainsi Ă offrir une expĂ©rience complĂšte et enrichissante aux employĂ©s, Ă toutes les Ă©tapes de leur parcours professionnel.
En quoi le programme de recrutement « Pulse » de Fujitsu se distingue des approches traditionnelles ?
Fujitsu Luxembourg a lancĂ© la plateforme de recrutement « Pulse » en rĂ©ponse Ă un besoin spĂ©cifique de professionnels de la Tech. « Il sâagit non seulement de leur prĂ©senter lâensemble de nos opportunitĂ©s de carriĂšres, mais aussi de simplifier le processus dâembauche. GrĂące Ă une interface intuitive, les candidats peuvent facilement soumettre leurs CV, leurs lettres de motivation et dâautres documents justificatifs, en relation directe avec notre Ă©quipe RH. » explique Daniel MEYER.
« Avec â Pulse â, il sâagit Ă©galement de vĂ©hiculer nos valeurs au plus tĂŽt et de prĂ©senter nos engagements, notamment en matiĂšre de dĂ©veloppement durable, de diversitĂ© et de bien-ĂȘtre au travail. » prĂ©cise le Talent Manager. « DĂšs le processus de recrutement, les candidats comprennent alors la culture de lâentreprise et peuvent se lâapproprier. Notre approche â Be completely you â prĂ©sentĂ©e dans la plateforme â Pulse â reflĂšte dâailleurs bien notre engagement envers la diversitĂ©, lâĂ©quitĂ© et lâinclusion au sein de Fujitsu ».
AprĂšs lâĂ©tape du recrutement, comment se passe lâintĂ©gration au sein de Fujitsu et comment maintenez-vous le lien avec vos collaborateurs ?
Alors que les effectifs de Fujitsu Luxembourg avoisinent les 230 salariĂ©s, dont plus des deux tiers sont basĂ©s en externe chez les clients, il est essentiel de mettre en Ćuvre des actions concrĂštes pour maintenir la communication et dĂ©velopper lâesprit
Fujitsu Luxembourg place lâexpĂ©rience employĂ© au centre de ses valeurs contribuant Ă attirer et fidĂ©liser les meilleurs talents dans un environnement de travail stimulant et enrichissant.
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Crédits Fujitsu
dâĂ©quipe. « Nous avons lancĂ© lâapplication â Fujitsu & me â en octobre 2022 pour ĂȘtre mieux connectĂ©s avec nos employĂ©s et quâils puissent rester informĂ©s des actualitĂ©s de lâentreprise, telles que les Ă©vĂ©nements organisĂ©s, les nouveaux arrivants, mais aussi les projets en cours. Il sâagit dâun espace convivial, qui permet les interactions et le partage dâidĂ©es, dans lequel nous faisons dĂ©couvrir Fujitsu au Luxembourg, tout en valorisant le vivre-ensemble » explique Daniel MEYER.
Câest lâensemble de lâenvironnement de travail au sein de Fujitsu Luxembourg qui est valorisĂ© dans lâapplication « Fujitsu & me », crĂ©ant ainsi une vĂ©ritable dynamique, impulsĂ©e notamment par lâorganisation dâĂ©vĂ©nements internes. Fujitsu Luxembourg entend ainsi stimuler lâinnovation et lâengagement de ses collaborateurs. Entre Ă©vĂ©nements conviviaux pour cĂ©lĂ©brer le Printemps, NoĂ«l ou mĂȘme Halloween, ateliers interactifs et prĂ©sentations thĂ©matiques, Fujitsu Luxembourg offre ainsi des opportunitĂ©s prĂ©cieuses dâapprentissage et de partage de connaissances entre les diffĂ©rentes Ă©quipes. Les Ă©vĂ©nements internes permettent en effet de se tenir informĂ©s des derniĂšres avancĂ©es technologiques et des tendances Ă©mergentes.
Daniel MEYER ajoute « Nous accordons une attention particuliĂšre aux dĂ©marches ESG, qui reflĂštent notre engagement envers la durabilitĂ© environnementale, lâĂ©quitĂ© sociale et une gouvernance solide. Les Ă©vĂ©nements internes constituent un moyen efficace de sensibiliser nos collaborateurs Ă lâimportance de ces initiatives et de les encourager Ă adopter des pratiques durables dans leur travail quotidien ».
Le parcours du salarié est pris en main tout au long de sa carriÚre au sein de Fujitsu. Comment cela se traduit-il ?
Dans le cadre de son programme de dĂ©veloppement de carriĂšre et de talents nommĂ© « Boost », Fujitsu adopte une approche axĂ©e sur lâĂ©panouissement et la crĂ©ation de valeur. Celle-ci prend appui sur deux piliers fondamentaux : lâapprentissage et le dĂ©veloppement de talents. Lâobjectif de ce programme est ainsi dâassurer lâĂ©panouissement des salariĂ©s, tout en crĂ©ant une valeur positive pour lâensemble de lâĂ©cosystĂšme de lâentreprise.
« Le volet apprentissage de notre programme repose sur la conviction que nos employĂ©s doivent constamment acquĂ©rir de nouvelles compĂ©tences en phase avec les nouvelles technologies, leurs attentes et les tendances du marchĂ©. Pour ce faire, nous mettons Ă leur disposition un coaching adĂ©quat, des formations thĂ©oriques et pratiques et des opportunitĂ©s dâapprentissage sur le terrain » explique Daniel MEYER.
Une attention particuliĂšre est Ă©galement portĂ©e au dĂ©veloppement des compĂ©tences individuelles. Pour ce faire, des Ă©changes rĂ©guliers et personnalisĂ©s sont mis en place avec les collaborateurs. Ces interactions permettent dâidentifier les domaines dâamĂ©lioration et de dĂ©veloppement spĂ©cifiques Ă
Comment ces deux piliers dialoguent-ils dans lâĂ©cosystĂšme de Fujitsu ?
« Les piliers de lâapprentissage et du dĂ©veloppement de talents se complĂštent harmonieusement pour insuffler une dynamique de travail positive qui se traduit par une prestation de services de qualitĂ© supĂ©rieure qui satisfait nos clients et renforce notre position sur le marchĂ©. »
« RĂ©duction du turnover, stimulation de lâinnovation ou encore meilleure performance professionnelle sont autant dâavantages qui se ressentent dans nos services. Ainsi, nos clients ont la garantie de recevoir un service et du conseil dâexperts de la part dâune Ă©quipe motivĂ©e, compĂ©tente et Ă©panouie. »
Lâ expĂ©rience employĂ© proposĂ©e par Fujitsu repose donc sur une approche holistique axĂ©e sur lâapprentissage et le dĂ©veloppement individuel. En prĂŽnant une politique dâentreprise centrĂ©e sur le bien-ĂȘtre de ses collaborateurs et sur une dĂ©marche ESG solide, Fujitsu crĂ©e une valeur positive pour lâensemble de son Ă©cosystĂšme et contribue Ă construire une sociĂ©tĂ© plus responsable.
chaque employĂ©. Le Talent Manager lâaffirme : « Cet engagement en faveur du dĂ©veloppement continu tĂ©moigne de notre investissement dans la rĂ©ussite et lâĂ©volution Ă long terme de nos employĂ©s. »
« Assurer la satisfaction de nos collaborateurs, câest apporter une plus-value certaine Ă nos clients et partenaires »
DANIEL MEYER Talent Manager Fujitsu Luxembourg
FUJITSU TECHNOLOGY SOLUTIONS S.A. Parc dâactivitĂ©s Capellen 89C rue Pafebruch
Capellen www.fujitsu-pulse.com
L-8308
«âSe former dans un domaine en constante Ă©volutionâ»
La formation continue est cruciale Ă lâheure de la digitalisation. Serge Linckels, directeur adjoint du Service de la formation professionnelle au ministĂšre de lâĂducation nationale, de lâEnfance et de la Jeunesse (MENJE) et coordinateur du Digital Learning Hub, en Ă©voque les enjeux dans le domaine de lâIT.
Journaliste MARIE JACQUEMIN
64 %
64â% des rĂ©sidents luxembourgeois disposent de compĂ©tences numĂ©riques Ă©lĂ©mentaires, selon lâindicateur Desi (Digital Economy and Society Index), contre 54â% pour la moyenne europĂ©enne. Ă lâautre extrĂȘme, la part des spĂ©cialistes des TIC en pourcentage de lâemploi est de 6,7â%, au-dessus de la moyenne europĂ©enne de 4,5â%. Ainsi, parmi les 27 Ătats membres de lâUnion europĂ©enne, le Luxembourg occupe la 6e place du classement relatif au capital humain en matiĂšre de sociĂ©tĂ© numĂ©rique. Toutefois, la proportion dâentreprises assurant Ă leurs salariĂ©s une formation dans les domaines des TIC enregistre un recul, passant de 27â% en 2020 Ă 21â% en 2022.
Le Digital Learning Hub a ouvert ses portes il y a un an et sâattache Ă la formation dans les domaines des technologies et de lâIT. Quel est le premier bilan de ses activitĂ©sâ?
Le Digital Learning Hub est lié au MENJE et a comme mission de contribuer à réduire le digital skills gap ou, en français, les différences de niveau de connaissances concernant les outils informatiques et digitaux. Les premiÚres formations ont eu lieu à partir du mois de juin 2022. Depuis, ce sont 2.000 personnes qui ont été formées au travers des 200 formations déjà dispensées.
Il sâagit de proposer des cours aux personnes qui souhaitent dĂ©velopper de nouvelles compĂ©tences ou perfectionner leurs connaissances dans diffĂ©rents domaines de lâIT et des technologies. Les sujets sont variĂ©sâ: dĂ©veloppement web, cybersĂ©curitĂ©, ingĂ©nierie des donnĂ©es, intelligence artificielle⊠Lâobjectif du Digital Learning Hub est clair. Nous voulons offrir la possibilitĂ© Ă tous de se former dans un domaine qui est en constante Ă©volution.
Comment gĂ©rez-vous justement cette Ă©volution constante du secteurâ?
Le Digital Learning Hub se dĂ©marque par sa capacitĂ© dâadaptationâ: nous faisons en sorte de proposer des formations qui rĂ©pondent aux besoins du marchĂ© de lâemploi, en dĂ©veloppant les compĂ©tences dont il a besoin. Pour cela, nous travaillons en Ă©troite collaboration avec lâAdem et nous entretenons un Ă©change permanent avec les entreprises du secteur. Enfin, nous sommes en train de dĂ©velopper une intelligence artificielle qui analyse les offres dâemploi, quasiment en temps rĂ©el, afin de mettre en exergue les compĂ©tences demandĂ©es. Si certaines de ces compĂ©tences reviennent rĂ©guliĂšrement, nous ferons en sorte de proposer rapidement une formation.
Quels sont les profils les plus demandeurs en besoins de formationâ?
Nous identifions trois catĂ©gories de personnes susceptibles de suivre une formation au sein du Digital Learning Hub. Tout dâabord, nous avons un public de professionnels (salariĂ©s, indĂ©pendantsâŠ)
FORMATION CONTINUE
30 TECHâ+âINNOVATION 2023
qui cherchent Ă approfondir leurs connaissances par eux-mĂȘmes. Ils souhaitent gĂ©nĂ©ralement avoir accĂšs Ă des formations trĂšs prĂ©cises, par exemple par rapport aux technologies blockchain. Les entreprises sont Ă©galement nombreuses Ă encourager la formation de leurs salariĂ©s afin de les sensibiliser Ă certaines thĂ©matiques, comme la cybersĂ©curitĂ© et lâintelligence artificielle. En deuxiĂšme lieu, les demandeurs dâemploi constituent une autre partie importante de notre public. Leur objectif est de dĂ©velopper des compĂ©tences recherchĂ©es sur le marchĂ© du travail et dâaugmenter leur employabilitĂ©.
Enfin, la troisiĂšme catĂ©gorie, bien quâelle soit moins importante, concerne les jeunes avec ou sans baccalaurĂ©at, qui sont Ă la recherche dâun cursus non traditionnel. Nous essayons Ă©galement dâinciter les jeunes en situation de dĂ©crochage scolaire ou universitaire Ă Â nous rejoindre.
LâĂ©quilibre entre les hommes et les femmes constitue-t-il un dĂ©fi dans vos formationsâ?
Il faut souligner que 44â% des personnes formĂ©es au sein du Digital Learning Hub sont des femmes, ce qui est un beau rĂ©sultat, surtout dans un domaine qui a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme masculin.
Selon vous, quelles sont les stratĂ©gies Ă dĂ©velopper, tant au niveau gouvernemental quâau niveau privĂ©, afin dâencourager la formation continue dans le domaine du digitalâ?
La majoritĂ© des entreprises sont conscientes que nous sommes en plein cĆur dâune pĂ©riode de transformation numĂ©rique et que le Luxembourg veut se positionner comme une IT nation. Afin dâaccĂ©lĂ©rer cette transition, le gouvernement a établi une stratĂ©gie digitale, dĂ©bloquant notamment des ressources destinĂ©es Ă Ă©pauler les entreprises dans cette Ă©tape importante. Ainsi, le Digital Learning Hub a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par le MENJE afin de disposer dâune structure agile qui offre des formations en IT accessibles Ă tous.
Comment cette stratĂ©gie se complĂštet-elle par dâautres Ă©lĂ©mentsâ?
DiffĂ©rentes mesures ont Ă©tĂ© prises afin dâencourager chacun Ă dĂ©velopper ses compĂ©tences professionnelles. Par exemple, le congĂ© individuel de formation permet aux personnes suivant des formations de bĂ©nĂ©ficier de jours de congĂ©, sous certaines conditions. Le cofinancement, destinĂ© Ă soutenir les entreprises en finançant une partie de leur plan de formation, est Ă©galement disponible. Les structures peuvent ainsi recevoir une aide correspondant Ă 15â% imposables du montant annuel investi dans la formation. Enfin, un projet de loi, nommĂ© SkillsPlang, a Ă©tĂ© proposĂ© Ă la fin du mois dâavril. Son objectif est dâencourager la formation continue au sein des entreprises, principalement dans les PME.
Lors de chaque demande, une analyse de la structure sera effectuĂ©e et, selon les rĂ©sultats, des aides et des propositions de formation seront soumises. Cela permettra de rĂ©pondre Ă la demande sur le marchĂ© du travail. Il est Ă noter que, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, tout le monde a droit Ă la formation, et il sâagit donc de permettre Ă tous les citoyens dâavoir la possibilitĂ© de dĂ©velopper ces compĂ©tences essentielles.
SERGE LINCKELS Coordinateur Digital Learning Hub
TECHâ+âINNOVATION 2023 31
« Nous sommes en train de dĂ©velopper une intelligence artificielle qui analyse les offres dâemploi quasiment en temps rĂ©el. »
«âPour recruter des profils techniques, il faut de lâhuile de coudeâ»
Ă la tĂȘte du cabinet de recrutement
A-Player, spécialisé dans les profils tech, Grégory Herbé est directement confronté à la pénurie de talents qui sévit durablement, au Luxembourg comme ailleurs, et ouvre
quelques pistes de réflexion pour améliorer la situation.
Photo MATIC ZORMAN
Journaliste MICHAĂL PEIFFER
32 TECHâ+âINNOVATION
2023 Conversation Grégory Herbé
Face aux difficultés de recrutement des profils tech, Grégory Herbé préconise plus de transparence et de précision dans les descriptions de postes.
Conversation Grégory Herbé
Voici dĂ©jĂ quelques annĂ©es que lâon parle rĂ©guliĂšrement de pĂ©nurie de talents dans les TIC, tant au Luxembourg quâailleurs. En tant que recruteur spĂ©cialisĂ©, quel regard portez-vous sur cette problĂ©matique et son Ă©volutionâ?
Aujourdâhui, le marchĂ© de lâemploi dans les domaines technologiques est similaire Ă celui que lâon connaĂźt depuis plusieurs annĂ©es. La situation est tendue. Les employeurs sont trĂšs demandeurs et il est vraiment trĂšs compliquĂ© de trouver des dĂ©veloppeurs, des chefs de projet, des directeurs techniques, etc. La seule diffĂ©rence, assez rĂ©cente, rĂ©side dans la disponibilitĂ© de profils issus des Gafam, voire de sociĂ©tĂ©s de mĂȘme taille qui sont un peu moins sous les projecteurs. Certaines de ces personnes se retrouvent dans des programmes de licenciement, dâautres anticipent et sont dĂ©sormais Ă lâĂ©coute du marchĂ©. Elles ont vĂ©cu 10 ou 15 ans dâenchantement, avec des salaires mirobolants, des stock-options qui prenaient de la valeur. Et puis, dâun coup, la guerre en Ukraine a tout chamboulĂ©. Les marchĂ©s ont plongĂ© et les sociĂ©tĂ©s de la tech ont suivi le mouvement. Cette nouvelle tendance ne vient toutefois pas changer la physionomie fondamentale du marchĂ©. Ces nouveaux candidats potentiels sont horriblement chers et impossibles Ă embaucher pour la plupart des entreprises. Du moins pour le moment.
Dans ce contexte difficile, comment faut-il sây prendre pour recruterâ? Aujourdâhui, pour recruter des profils techniques, il faut de lâhuile de coude et beaucoup de temps. Pour vous donner un ordre dâidĂ©es, pour recruter un dĂ©veloppeur senior, il faut contacter entre 200 et 300 personnes et espĂ©rer 10â% de retour. Sur ces 20 ou 30 personnes qui vont prendre la peine de rĂ©pondre, 95â% vont ensuite dĂ©cliner pour diverses raisonsâ: «âNon, ça ne mâintĂ©resse pasâ», «âNon, jâai changĂ© de technoâ», ou tout simplement «âComment avez-vous obtenu mon adresse e-mailâ?â». Il reste finalement entre deux et trois personnes, qui ont des salaires et des desiderata
importants, des gens qui vous mettent en concurrence de façon tout Ă fait transparente, et qui vous annoncent 15 jours plus tard quâils ont choisi autre chose⊠Cette phase de recrutement peut ĂȘtre plus simple si on fait appel Ă un professionnel, mais la patience est toujours de mise. Au niveau des dĂ©veloppeurs, le fait dâintĂ©grer leur rĂ©seau nâest pas trĂšs utile, mais il existe toutefois des mĂ©thodes assez simples pour leur parler.
Quelles sont ces mĂ©thodesâ?
Il faut ĂȘtre extrĂȘmement clair sur les technologies utilisĂ©es, maĂźtriser soimĂȘme le sujet â câest-Ă -dire savoir Ă quoi ça sert â et ĂȘtre pertinent sur le ciblage des personnes. Un problĂšme rĂ©current dans le recrutement IT est que lâon contacte toutes les personnes qui ont un titre de dĂ©veloppeur. Or, il existe de nombreux types de dĂ©veloppeurs, spĂ©cialisĂ©s dans des technologies diffĂ©rentes, et ils nâaiment pas trop ĂȘtre confondus. Il faut ensuite livrer une information directement utilisable, avec
Les entreprises exigent des niveaux de formation de plus en plus élevés.
Source ICT: Jobs with a future!Fedil et ABBL
PROPORTION DES TYPES DE DIPLĂMES RECHERCHĂS DANS LES TIC
Master/Doctorat 60,4â% Bachelor 29,4â% BTS 6,1â% Bac 1,2â% DAP 0,7â% Technicien 2,2â% 34 TECHâ+âINNOVATION 2023
Conversation Grégory Herbé
une dĂ©finition des missions, le montant du salaire, qui sera leur manager, qui seront leurs collĂšgues, avec un lien vers leur profil LinkedIn, sâils auront ou non la possibilitĂ© de travailler Ă distance, combien de jours⊠En rĂ©sumĂ©, il est utile de construire une fiche de poste trĂšs dĂ©taillĂ©e. GrĂące Ă cela, on obtient plus facilement une rĂ©ponseâ; mĂȘme si câest un refus, ils y voient une plus grande marque de respect.
En amont, faut-il aussi opĂ©rer un travail de sensibilisation avec les entreprises, leur apprendre Ă ĂȘtre plus attractivesâ? Sur ce point, beaucoup de choses ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es. On peut sans doute encore faire mieux. Par exemple, dans certains Ătats amĂ©ricains, il y a une obligation lĂ©gale dâinscrire la rĂ©munĂ©ration dans les offres dâemploi. Nous pouvons sans aucun doute Ă©duquer les entreprises Ă devenir plus transparentes au niveau des salaires, Ă arrĂȘter de retenir lâinformation, mais bien Ă en donner davantage. Sur le branding, tout a dĂ©jĂ Ă©tĂ© fait ou presque. Soit on est une sociĂ©tĂ© technologique et, dans ce cas-lĂ , les dĂ©veloppeurs prĂ©sents font indirectement la pub de la boĂźte auprĂšs de leur communautĂ©, soit on nâest pas une sociĂ©tĂ© reconnue comme technologique, et ça ne sert Ă rien dâessayer de se dĂ©guiser.
de lâĂ©cosystĂšme technologique luxembourgeoisâ?
Il y a une habitude au Luxembourg Ă aller chercher des talents Ă lâextĂ©rieur des frontiĂšres. Et ce que je remarque, câest que le pays attire moins quâauparavant. Le logement est un problĂšme. Mais il y a dâautres freins. Si le salaire minimum est par exemple plus Ă©levĂ© quâĂ Paris, lâĂ©cart se rĂ©duit pour des postes plus expĂ©rimentĂ©s. Cela dit, le Luxembourg dispose de nombreux atouts. Certaines start-up connaissent un beau succĂšs, mais il faut encore construire ce grand ensemble oĂč les porteurs de projet viennent au Luxembourg, sây installent, investissent et crĂ©ent une vĂ©ritable dynamique positive. De mon point de vue, câest encore trop compliquĂ© de crĂ©er sa boĂźte au Luxembourg. En France, il faut 20 minutes pour le faire. Ici, il faut dâabord obtenir une autorisation dâĂ©tablissement, prĂ©senter un diplĂŽme sans lequel vous ne pourrez rien faire, etc. Vous croyez que Xavier Niel ou Richard Branson ont des diplĂŽmesâ? Cette vision est un hĂ©ritage des annĂ©es 80, qui veut que si lâon a un diplĂŽme, on est qualifié⊠Câest faux. Le potentiel est lĂ , mais il faut encore simplifier les choses pour crĂ©er un Ă©cosystĂšme complet plus favorable Ă lâentrepreneuriat.
UN PARCOURS DâENTREPRENEUR
Entrepreneur et recruteur, GrĂ©gory HerbĂ© crĂ©e sa premiĂšre entreprise en 2004 sous la forme dâun cabinet de recrutement de jeunes diplĂŽmĂ©s, baptisĂ©e Ecetera, quâil revend dĂšs 2006.
Il rejoint alors la start-up Moovement, un agrĂ©gateur dâoffres dâemploi, et passe ensuite par un cabinet de recrutement plus classique oĂč il accompagne le recrutement de profils techniques pour les start-up. En 2011, il fonde MyJob.Company, rachetĂ©e par Kalicea en 2017. Un an plus tard, il rejoint lâaventure Nexten.io au Luxembourg, aux cĂŽtĂ©s dâEric Busch, avant de lancer A-Player, son cabinet de recrutement spĂ©cialisĂ© dans les talents pour les start-up.
Quâen est-il des aspects liĂ©s Ă la formationâ?
Il y a certainement un point que les entreprises doivent prendre en considĂ©ration, câest celui de la formation interne. Beaucoup de gens se sont formĂ©s en tant que dĂ©veloppeurs durant la crise du Covid. Aujourdâhui, ces dĂ©veloppeurs juniors disposent dâun Ă trois ans dâexpĂ©rience. Une piste est sans doute dâinvestir dans ces personnes. Peut-ĂȘtre ne seront-elles pas immĂ©diatement opĂ©rationnelles, mais aprĂšs une bonne formation en interne, elles auront une valeur et pourront faire le job voulu. Quoi quâil en soit, lâentreprise aurait mis un an pour trouver le bon profil. On arrive donc au mĂȘme rĂ©sultat.
En tant quâexpatriĂ© français, quel est votre regard sur lâattractivitĂ©
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« Pour recruter un développeur senior, il faut contacter entre 200 et 300 personnes. »
Tokenisation and DLT are more than a technical solution, they create conditions to reengineer the entire model.
Build the future with tokenised investment funds
Digital distribution is essential for industry growth and increased accessibility of investment funds. Tokenisation is the cornerstone of any next-generation model says Bernard Simon, CIO of FundsDLT.
Future-prooïŹng fund distribution supply chain means a gradual shift to digital-native investment funds. Underpinning this fundamental change is tokenisation and DLT, which enable the token representation of investment funds. Tokenised funds differ from traditional funds in their issuance and position recordkeeping, leveraging decentralised blockchain technology to issue and manage shares or units as digital tokens. This allows investors to easily trade and transfer tokens on blockchain-based registrars.
For investors it makes all processes simpler and less time-consuming while providing numerous beneïŹts for institutions in the distribution chain. The technologyâs decentralized nature ensures data integrity, eliminates isolated record-keeping, and enables real-time
tracking of the entire fund distribution chain. Tokenisation facilitates increased automation, enhancing operational efïŹciency and reducing costs. It can enhance liquidity and pave the way for fractional ownership of alternative fund shares. To achieve this vision, FundsDLT has created a private, permissioned blockchain tailored for compliant fund distribution. Private blockchains are preferred for tokenising investment funds, compared to public blockchains, due to their ability to offer greater data conïŹdentiality, control over participation, security and compliance with KYC and AML regulations. They also offer scalability, faster transaction times, and interoperability with existing legacy infrastructure. However, tokenizing funds is more than just a technical solution. It enables better understanding of investor needs, leading to the creation of personalised products that make fund investment more attractive.
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Faciliter lâĂ©mergence de projets blockchain
Lâadoption de la technologie blockchain est un enjeu Ă©conomique clĂ© pour le Luxembourg. Dans cette optique, Ă travers la mise en Ćuvre de programmes de formation et des appels Ă projets en phase avec les ambitions nationales, le Luxembourg Blockchain Lab veut susciter lâĂ©mulation autour de cette technologie.
Le premier appel Ă projets du Luxembourg Blockchain Lab a sĂ©lectionnĂ© huit projets dans des domaines aussi variĂ©s que la santĂ©, lâagronomie, la logistique et la mobilitĂ©. Le deuxiĂšme appel Ă projets, actuellement en cours, vise des solutions rĂ©pondant Ă des objectifs de dĂ©veloppement durable fixĂ©s par les Nations unies.
Encore aujourdâhui, câest essentiellement Ă travers les cryptomonnaies que la blockchain est connue et Ă©voquĂ©e. Pourtant, cette technologie, en raison de ses propriĂ©tĂ©s, prĂ©sente bien dâautres intĂ©rĂȘts dont pourraient profiter les diverses industries, comme la logistique, la santĂ©, le secteur public ou les finances. «â La blockchain suscite encore des craintes, le plus souvent injustifiĂ©es et liĂ©es Ă la rĂ©putation des cryptomonnaies , explique Emilie Allaert, head of the Luxembourg Blockchain Lab. Il faut considĂ©rer cette technologie en faisant abstraction des actifs numĂ©riques. Selon lâarchitecture mise en place, elle permet une meilleure gestion de lâinformation et offre des garanties de confiance renforcĂ©es entre parties prenantes dâune mĂȘme chaĂźne de valeur. Elle est un levier important dâamĂ©lioration de lâefficacitĂ© de nombreux processus. Lâenjeu, aujourdâhui, est de permettre aux acteurs de diverses industries dâexplorer le potentiel de cette technologie au regard de leurs besoins.â»
La mission du Luxembourg Blockchain Lab, dans ce contexte, est de susciter lâĂ©mulation autour de cette technologie, de rassembler les acteurs intĂ©ressĂ©s pour dĂ©velopper des projets concrets.
Innover et diversifier
Ă cet Ă©gard, le Luxembourg Blockchain Lab dĂ©veloppe des programmes de formation et de sensibilisation autour de la blockchain, en partenariat avec le Digital Hub Luxembourg, notamment. Au-delĂ , lâenjeu est de permettre Ă de nouveaux cas dâusage dâĂȘtre mis en Ćuvre au dĂ©part du Luxembourg. «âDans cette optique, nous procĂ©dons notamment par appels Ă projets. La volontĂ© est de prendre une idĂ©e au stade de prototype et de la mettre en Ćuvre en situation rĂ©elle. Le premier appel Ă projets lancĂ© a permis dâexplorer des cas dâusage dans des secteurs aussi variĂ©s que la santĂ©, lâagronomie, la logistique et la mobilitĂ©â», explique Emilie Allaert.
Un deuxiĂšme appel Ă projets a Ă©tĂ© lancĂ© Ă lâautomne 2022, en partenariat avec la Luxembourg Sustainable Finance Initiative. Celui-ci est orientĂ© vers des solutions rĂ©pondant Ă des objectifs de dĂ©veloppement durable fixĂ©s par les Nations unies. «âLa volontĂ© est de dĂ©montrer que lâon peut utiliser la blockchain pour des choses positives, pour contribuer Ă une sociĂ©tĂ© plus durable, commente Emilie Allaert. La dĂ©marche sâinscrit dans la stratĂ©gie de diversification Ă©conomique dĂ©finie au niveau du gouvernement, qui
APPEL Ă PROJETS 8 38 TECHâ+âINNOVATION 2023
Journaliste SĂBASTIEN LAMBOTTE
sâappuie sur lâinnovation, le numĂ©rique et le dĂ©veloppement durable.â»
Faire preuve dâambition
Il sâagit surtout de positionner le Luxembourg comme un centre dâexcellence autour de cette technologie dans des domaines bien particuliers, en phase avec lâĂ©cosystĂšme et les ambitions socio-Ă©conomiques du pays. «âNous souhaitons que le Luxembourg soit perçu comme une terre favorable aux acteurs, ainsi quâaux talents, Ă mĂȘme de soutenir le dĂ©veloppement dâapproches innovantes au dĂ©part de cette technologieâ», explique Emilie Allaert. Lâenjeu est consĂ©quent.
«âLes dĂ©veloppements potentiels autour de cette technologie pourraient rĂ©volutionner certaines industries, notamment dans le domaine financierâ», poursuit la responsable. Au risque de voir mis Ă mal un pan majeur de son Ă©conomie, le Luxembourg ne peut pas se permettre de se laisser distancer sur ce sujet.
Si cela fait maintenant plusieurs annĂ©es que le Luxembourg cherche Ă dĂ©velopper des activitĂ©s et des compĂ©tences autour de la technologie blockchain, cela prend toutefois du temps. Quelques projets recourant Ă
cette technologie ont vu le jour, notamment dans le secteur public, oĂč lâon y fait appel pour simplifier la procĂ©dure dâoctroi des prĂȘts Ă©tudiants garantis par lâĂtat ou encore pour garantir lâauthenticitĂ© dâattestations. Dans le secteur financier, quelques acteurs se sont aussi positionnĂ©s.
Lever les freins
«âIl y a beaucoup Ă faire. Sâengager dans cette voie implique une rĂ©elle ambition, reconnaĂźt Emilie Allaert. Lâun des enjeux, pour soutenir les dĂ©veloppements au dĂ©part de la blockchain, est de lever certains freins persistants. Il sâagit notamment de faciliter lâaccĂšs Ă cette technologie en rĂ©duisant les coĂ»ts Ă lâentrĂ©e, notamment pour tester de nouvelles solutions.â»
à cette fin, le Luxembourg Blockchain Lab va mettre à disposition des plateformes et des compétences pour celles et ceux qui souhaitent évaluer de nouveaux concepts, définir les technologies et architectures blockchain les plus appropriées pour répondre à leurs besoins.
Soutenir plus activement lâadoption de la blockchain
La technologie blockchain prĂ©sente un potentiel de transformation important. Dans beaucoup de domaines dâactivitĂ©, et particuliĂšrement dans la finance, elle doit permettre de se passer de nombreux intermĂ©diaires, notamment grĂące Ă un meilleur partage de lâinformation entre participants dâun mĂȘme Ă©cosystĂšme.
Son adoption, cependant, exige des investissements consĂ©quents, un engagement rĂ©el des parties prenantes et une vraie ambition. En cette annĂ©e Ă©lectorale, le Luxembourg Blockchain Lab nâa pas manquĂ© de rappeler aux divers partis
politiques les enjeux inhĂ©rents Ă lâĂ©volution de cette technologie, notamment en matiĂšre de dĂ©veloppement Ă©conomique, ainsi que dâattractivitĂ© et de compĂ©titivitĂ© du pays. Ă lâoccasion de la publication dâune note qui leur Ă©tait adressĂ©e, la structure a formulĂ© quelques recommandations.
Le Luxembourg Blockchain Lab invite notamment Ă sâassurer que les rĂ©glementations et lĂ©gislations soient envisagĂ©es pour faciliter le dĂ©veloppement de projets innovants au dĂ©part de la technologie. En effet, si le cadre europĂ©en se clarifie, Ă travers lâadoption de plusieurs
textes, il faut sâassurer que le Luxembourg soit en bonne position pour attirer des acteurs et faciliter le dĂ©veloppement de projets. Dans cette optique, affirme la note, il faut pouvoir fournir des directives claires sur les questions rĂ©glementaires et fiscales pertinentes Ă destination des citoyens et des entreprises.
Le Luxembourg Blockchain Lab rĂ©clame aussi des mesures de soutien (sous diverses formes), qui font aujourdâhui dĂ©faut, en particulier pour des projets innovants ou avant-gardistes. La structure rĂ©clame aussi le lancement de projets Ă grande Ă©chelle, en particulier dans
la finance, la logistique et le secteur public, avec une attention particuliĂšrement portĂ©e Ă la fois sur lâinterdisciplinaritĂ© et lâadĂ©quation des avantages apportĂ©s par rapport aux dĂ©fis Ă rĂ©soudre.
La note recommande aussi dâexplorer le recours Ă la blockchain dans une approche qui privilĂ©gie la durabilitĂ©, qui soutient la sĂ©curitĂ© de lâinformation. Elle invite les futurs Ă©lus Ă se prĂ©parer aux cryptomonnaies, Ă favoriser lâĂ©cosystĂšme de tokĂ©nisation, Ă soutenir la transition vers la finance dĂ©centralisĂ©e et lâaccueil des organisations autonomes dĂ©centralisĂ©es.
Photo Guy Wolff (archives)
« Nous souhaitons que le Luxembourg soit perçu comme favorable aux acteurs, soutenant des approches innovantes au départ de la blockchain. »
EMILIE ALLAERT
TECHâ+âINNOVATION 2023 39
Head of the Luxembourg Blockchain Lab
Conversation Pascal Steichen
«âLa cybersĂ©curitĂ© est un combat permanentâ»
Au Luxembourg, tout un Ă©cosystĂšme a Ă©tĂ© mis en place pour protĂ©ger les structures privĂ©es et publiques de la menace cyber. Pascal Steichen, CEO de la Luxembourg House of Cybersecurity, nous le dĂ©taille et dĂ©voile lâĂ©volution rĂ©cente de la cybercriminalitĂ©.
Photo MATIC ZORMAN
Journaliste QUENTIN DEUXANT
40 TECHâ+âINNOVATION 2023
Pascal Steichen est Ă la tĂȘte de lâagence luxembourgeoise dĂ©diĂ©e Ă la cybersĂ©curitĂ© depuis 2010.
La Luxembourg House of Cybersecurity a Ă©tĂ© rĂ©organisĂ©e, fin 2022. Pouvez-vous nous dĂ©tailler son fonctionnement actuelâ? Cette restructuration vise Ă rendre son organisation plus cohĂ©rente par rapport Ă ce qui se fait Ă lâĂ©chelon national et europĂ©en. En effet, au Luxembourg, le Haut-Commissariat Ă la protection nationale (HCPN), qui se concentre sur la cybersĂ©curitĂ© des structures publiques et de lâinfrastructure critique, compte deux pĂŽlesâ: lâun dĂ©diĂ© Ă la rĂ©ponse aux incidents et lâautre qui agit proactivement afin de prĂ©venir les risques. Au niveau europĂ©en aussi, lâEuropean Cybersecurity Competence Centre (ECCC) et lâEuropean Union Agency for Cybersecurity (ENISA) couvrent ces deux besoins en rĂ©activitĂ© et proactivitĂ©. Nous avons voulu nous organiser de la mĂȘme maniĂšre au sein de la Luxembourg House of Cybersecurity avec, dâune part, le Computer Incident Response Center Luxembourg (CIRCL), qui peut rĂ©agir rapidement en cas dâattaque et, dâautre part, le National Cybersecurity Competence Center (NC3), qui fait de la prĂ©vention. Lâaccent mis sur lâaccompagnement des entreprises reste toutefois le mĂȘme. Notons que lâĂ©cosystĂšme de la cybersĂ©curitĂ© au Luxembourg est chapeautĂ© par le Premier ministre et un comitĂ© interministĂ©riel dĂ©diĂ©, prĂ©sidĂ© par le HCPN, qui Ă©tablit une stratĂ©gie commune en matiĂšre de cybersĂ©curitĂ©, basĂ©e sur celle de lâUE.
La nature de la menace a-t-elle Ă©voluĂ© au cours des derniĂšres annĂ©esâ?
Varie-t-elle selon quâelle vise une structure publique ou privĂ©eâ?
En rĂ©alitĂ©, environ 80â% des attaques dĂ©tectĂ©es ne sont pas dirigĂ©es vers un acteur en particulier, quâil soit public ou privĂ©. Les pirates vont sâengouffrer dans la premiĂšre faille quâils trouvent et entrer dans une machine, puis un systĂšme. Cet opportunisme doit inciter lâensemble des organisations Ă se protĂ©ger. Les 20â% restants sont des attaques plus spĂ©cifiques, qui varient en fonction de lâactualitĂ©. Pendant la pandĂ©mie, beaucoup dâacteurs de la santĂ© ont Ă©tĂ© touchĂ©s, tout comme les plateformes proposant de la
ĂVOLUTION DES CYBERATTAQUES AU LUXEMBOURG
Depuis 2016, le nombre de cyberattaques nâa fait que croĂźtre jusquâĂ la fin de lâannĂ©e 2022.
vidĂ©oconfĂ©rence. Aujourdâhui, nous sommes davantage confrontĂ©s Ă des attaques sur des sociĂ©tĂ©s actives dans lâĂ©nergie, en lien avec ce qui se passe en Ukraine. Ces attaques sont souvent les plus mĂ©diatisĂ©es, mais elles ne reprĂ©sentent que la partie Ă©mergĂ©e de lâiceberg. Depuis 2006-2007, il est clair que le monde de la cybercriminalitĂ© sâest professionnalisĂ©. Une Ă©conomie parallĂšle sâest construite petit Ă petit, avec des entreprises qui offrent leurs services de cybercriminalitĂ© et qui se concurrencent les unes les autres. Les cybercriminels sont dĂ©sormais, pour la grande majoritĂ©, membres dâorganisations complexes et bien structurĂ©es.
Disposez-vous de donnĂ©es sur le nombre et le type dâattaques menĂ©es au Luxembourgâ?
Le CIRCL met en effet Ă disposition une sĂ©rie de chiffres qui comptabilisent le nombre de tickets ouverts par ses services chaque annĂ©e. Depuis 2018, nous constatons quâenviron 1.000 tickets sont ouverts chaque annĂ©e, avec des pics en 2020 et 2021, annĂ©es de la pandĂ©mie. Au niveau du type dâattaques, nous notons que le phishing reste lâun des principaux types de menaces.
6.000e+5 0 4.000e+5 2.000e+5 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 8.000e+5
686.576 129.554 42 TECHâ+âINNOVATION 2023 Conversation
Source circl.lu
Pascal Steichen
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LE LUXEMBOURG PARTICIPE Ă UN EXERCICE DE LâOTAN
La cybersĂ©curitĂ© ne revĂȘt pas seulement une importance Ă©conomique, elle est aussi un vĂ©ritable enjeu en matiĂšre de dĂ©fense. Et celui-ci est dâautant plus important dans un contexte gĂ©opolitique tendu Ă cause de la guerre en Ukraine. Câest dans ce cadre quâa Ă©tĂ© organisĂ©, entre le 19 et le 22 avril, un exercice de cyberdĂ©fense de lâOtan impliquant une trentaine de pays, dont le Luxembourg. Aux cĂŽtĂ©s dâautres experts du Benelux, le rĂŽle des reprĂ©sentants du Luxembourg Ă©tait de veiller Ă la rĂ©silience du systĂšme financier face Ă des cyberattaques de grande ampleur.
Comment lutter contre ce phĂ©nomĂšne, sachant quâil sâagit dâun type dâattaque qui profite avant tout de la naĂŻvetĂ© de certains utilisateursâ? Beaucoup dâefforts ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Mais si la sensibilisation a progressĂ©, lâefficacitĂ© des cybercriminels aussi. Ils dĂ©veloppent aujourdâhui des campagnes de phishing bien plus sophistiquĂ©es quâil y a quelques annĂ©es. Pour expliquer la prĂ©gnance de ce type dâattaque encore aujourdâhui, il faut Ă©voquer la digitalisation accrue de certains secteurs qui nâavaient pas encore fait beaucoup de chemin en la matiĂšre. Je pense par exemple Ă lâindustrie. Dans ces domaines, il arrive quâon fasse encore des erreurs grossiĂšres parce que lâon nâa pas la culture de la cybersĂ©curitĂ©. Pour les cybercriminels, câest Ă©videmment le jackpotâ: ils disposent de portes dâentrĂ©e facilement accessibles et ne se privent pas de les enfoncer. La cybercriminalitĂ© est un combat permanent et, en ce qui concerne le phishing, il faut donc continuer Ă rĂ©pĂ©ter quels sont les bons gestes Ă adopter, ce quâil ne faut surtout pas faire⊠Câest un peu comme pour la ceinture de sĂ©curitĂ©â: elle existe depuis des dĂ©cennies, mais on fait encore des campagnes aujourdâhui pour inciter les gens Ă la boucler.
Avez-vous tout de mĂȘme le sentiment que les organisations accordent dĂ©sormais plus dâimportance Ă la cybersĂ©curitĂ©â?
Oui, la sensibilitĂ© au sujet a considĂ©rablement augmentĂ©, car tout le monde en parleâ: le Forum Ă©conomique mondial, les grands acteurs de lâassurance, les groupes de consultance, etc. Aujourdâhui, la cybersĂ©curitĂ© fait partie du top 5 des prĂ©occupations des entreprises. Les plus petites structures, avec lesquelles nous sommes le plus souvent en contact, sont aussi mieux sensibilisĂ©es quâavant. Il y a quelques annĂ©es, on devait encore expliquer aux gens ce quâĂ©tait la cybersĂ©curitĂ©. Aujourdâhui, ces entreprises nous demandent directement ce quâelles peuvent faire pour mieux se protĂ©ger.
ConcrĂštement, comment aidezvous les entreprises Ă se protĂ©ger ou Ă bien rĂ©agir en cas dâattaqueâ?
Au sein de la Luxembourg House of Cybersecurity, notre leitmotiv est «âDonât suffer in silenceâ». Notre prioritĂ© est que chaque organisation au Luxembourg sache qui contacter lorsquâune attaque est constatĂ©e ou suspectĂ©e. Chacun doit savoir que notre mission de service public est prĂ©cisĂ©ment dâassister les entreprises dans de telles situations. Par ailleurs, nous accompagnons aussi les sociĂ©tĂ©s qui le souhaitent dans la dĂ©finition dâune feuille de route leur permettant de mieux se protĂ©ger. Nous sommes dâavis quâil est essentiel, Ă ce niveau, de dĂ©velopper dâabord des compĂ©tences permettant dâaccĂ©lĂ©rer la dĂ©tection des cyberattaques. Il faut savoir quâentre lâincursion dâun hacker dans un systĂšme et sa dĂ©tection, il se passe en moyenne 200 jours. Ensuite, nous pouvons travailler ensemble pour identifier les risques propres Ă chaque entreprise et construire un dispositif de protection efficace. Nous essayons toutefois dâĂȘtre le plus pragmatiques possible, considĂ©rant que, pour de nombreuses PME, il nâest pas possible dâallouer en une fois autant de moyens Ă cette thĂ©matique. Nous procĂ©dons donc pas Ă pas, en les aidant Ă identifier leurs besoins, puis en les orientant vers les bons fournisseurs de services.
44 TECHâ+âINNOVATION 2023 Conversation
« Aujourdâhui, la cybersĂ©curitĂ© fait partie du top 5 des prĂ©occupations des entreprises. »
Pascal Steichen
We care about your assets and the environment
Banque et Caisse dâEpargne de lâEtat, Luxembourg, Ă©tablissement public autonome, 1, Place de Metz, L-1930 Luxembourg, R.C.S. Luxembourg B30775 Roselyne Daxhelet, Private Banking Advisor * Activmandate Green Discretionary Portfolio Management SPUERKEESS.LU/privatebanking
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Les métiers de la cybersécurité
1Architecte sécurité
Lâarchitecte sĂ©curitĂ© agit comme un conseiller. Il doit se charger dâanticiper lâĂ©volution des technologies et des mĂ©thodologies, puis de proposer lâimplĂ©mentation de certaines dâentre elles, en tenant compte des enjeux de lâentreprise. Afin dâassurer la bonne utilisation des outils dĂ©veloppĂ©s, il veille Ă ce que les Ă©quipes opĂ©rationnelles les maĂźtrisent pleinement. Lâarchitecte sĂ©curitĂ© travaille dans tout type de structure souhaitant mettre en place un systĂšme de sĂ©curitĂ© efficace.
Journaliste MARIE JACQUEMIN
2Intégrateur de solutions de sécurité
Si lâarchitecte sĂ©curitĂ© joue le rĂŽle de conseiller, lâintĂ©grateur de solutions de sĂ©curitĂ© a, quant Ă lui, un rĂŽle plutĂŽt opĂ©rationnel. Câest lui qui va par exemple dĂ©velopper le code et les solutions, les intĂ©grer dans lâespace de production et les dĂ©ployer. Ses connaissances techniques lui permettent par ailleurs dâinformer lâarchitecte sĂ©curitĂ© sur les derniers dĂ©veloppements en matiĂšre de sĂ©curitĂ© informatique. LâintĂ©grateur de solutions de sĂ©curitĂ© assurera lâexploitation des outils de cybersĂ©curitĂ© et veillera Ă ce quâil nây ait aucune faille de sĂ©curitĂ©.
3
Cryptologue Ătymologiquement, la cryptologie signifie «âscience du secretâ». Le cryptologue est donc un vĂ©ritable expert en sĂ©curitĂ© des communications. Il a pour mission de protĂ©ger les informations sensibles de lâentreprise, tout en luttant contre leur utilisation frauduleuse. Pour garantir la sĂ©curitĂ© des donnĂ©es les plus sensibles, il dĂ©veloppe des codes informatiques extrĂȘmement complexes. Il y a quelques annĂ©es, le cryptologue travaillait surtout dans les domaines de la dĂ©fense et de la diplomatie. Mais aujourdâhui, on en trouve Ă©galement dans les banques, les sociĂ©tĂ©s de conseilâŠ
5
Conseiller en cybersécurité
La mission du conseiller en cybersĂ©curitĂ© est de sĂ©curiser lâensemble des systĂšmes informatiques utilisĂ©s au sein dâune organisation. Son rĂŽle est dâopĂ©rer une surveillance constante du site internet ou des logiciels utilisĂ©s en interne afin dâĂ©viter toute faille de sĂ©curitĂ©, comme des fuites de donnĂ©es. En cas de problĂšme, il sâoccupe de rĂ©parer ces failles, le plus rapidement possible, toujours dans une optique de protĂ©ger les donnĂ©es.
4
Responsable de la CSIRT
Le responsable de la CSIRT â computer security incident response team â est lâĂ©quivalent du capitaine des pompiers. De la sorte, la CSIRT est une équipe spĂ©cialement formĂ©e pour rĂ©pondre aux incidents de sĂ©curitĂ© ciblant les systĂšmes dâinformation. Son responsable va donc coordonner lâensemble de lâĂ©quipe pendant et aprĂšs lâintervention. AprĂšs avoir sĂ©curisĂ© et corrigĂ© le problĂšme, elle se charge dâĂ©laborer des mĂ©canismes permettant dâĂ©viter de faire de nouveau face Ă cette faille.
Les nouvelles technologies prennent de plus en plus de place dans le monde du travail. Naturellement, de nouveaux mĂ©tiers apparaissent en parallĂšle. En voici quelquesÂuns relatifs Ă la cybersĂ©curitĂ©.
CARRIĂRES 46 TECHâ+âINNOVATION 2023
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Digital
Conversation Sabika Ishaq et Floriane de Lapparent
«âRenforcer la reprĂ©sentation des femmes dans la cybersĂ©curitĂ©â»
Dans un monde numĂ©rique, les dĂ©fis liĂ©s Ă la cybersĂ©curitĂ© sont nombreux. Pour Women Cyber Force, les relever efficacement implique une plus grande diversitĂ© dans les mĂ©tiers de la sĂ©curitĂ© informatique. Sabika Ishaq et Floriane de Lapparent, respectivement prĂ©sidente et vice-prĂ©sidente de lâassociation, prĂ©sentent leur travail sur ce point.
Photo MATIC ZORMAN
Journaliste SĂBASTIEN LAMBOTTE
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Floriane de Lapparent, à gauche, et Sabika Ishaq, à  droite.
Quelle est la reprĂ©sentation des femmes dans le domaine de la cybersĂ©curitĂ©â?
SABIKA ISHAQ (S.âI.) Les femmes occupent 25â% des emplois dans le secteur de la cybersĂ©curitĂ© Ă travers le monde. Nous nâĂ©tions que 20â% en 2019 et environ 11â% en 2013. La reprĂ©sentation des femmes dans nos mĂ©tiers Ă©volue donc positivement, bien que le chemin vers lâĂ©galitĂ© soit encore long. Si lâon considĂšre les fonctions dirigeantes dans le domaine, en lâoccurrence la position de CISO, selon une Ă©tude menĂ©e auprĂšs des 500 plus grandes sociĂ©tĂ©s amĂ©ricaines, on ne compte, parmi leurs responsables de la sĂ©curitĂ© de lâinformation, que 85 femmes. Cet Ă©cart rĂ©vĂšle aussi quâil faut agir pour permettre aux femmes de mieux Ă©voluer dans leurs fonctions.
FLORIANE DE LAPPARENT (F.âD.âL.) Aujourdâhui, on dĂ©nombre 4 millions dâopportunitĂ©s de carriĂšre disponibles dans le domaine de la cybersĂ©curitĂ© Ă travers le monde. Attirer les femmes vers la cybersĂ©curitĂ© permettrait de rĂ©pondre plus facilement Ă ce besoin en compĂ©tences.
Pour quelles autres raisons, au-delĂ du besoin en compĂ©tences, est-il essentiel de renforcer la diversitĂ© dans les mĂ©tiers de la cybersĂ©curitĂ©â?
S.âI. Ă lâĂ©chelle de lâentreprise ou dâune Ă©quipe, plus de diversitĂ© permet dâaborder les problĂšmes et les dĂ©fis en considĂ©rant une plus grande variĂ©tĂ© de perspectives et dâidĂ©es. Multiplier les points de vue, notamment dans un domaine aussi critique et complexe que la sĂ©curitĂ© informatique, est essentiel pour dĂ©velopper les rĂ©ponses les plus appropriĂ©es. Cela contribue Ă une sĂ©curitĂ© renforcĂ©e.
F.âD.âL. La technologie façonnant le monde, elle a un rĂŽle important Ă jouer en faveur du dĂ©veloppement dâune sociĂ©tĂ© numĂ©rique, en particulier dans le domaine de la cybersĂ©curitĂ©, en veillant Ă protĂ©ger chaque personne qui Ă©volue dans cet environnement numĂ©rique.
Comment expliquer cette sousreprĂ©sentation des femmes dans la cybersĂ©curitĂ©â?
F.âD.âL. Principalement en raison de
biais socioculturels qui ont la vie dure. On constate que, dĂšs le plus jeune Ăąge, certains Ă©lĂ©ments, sujets ou thĂ©matiques sont considĂ©rĂ©s davantage comme masculins ou fĂ©minins, dans la mĂȘme idĂ©e que le bleu devrait ĂȘtre pour les garçons et le rose pour les filles. Le domaine de la cybersĂ©curitĂ© offre de nombreuses possibilitĂ©s de carriĂšre Ă chacune, Ă travers des mĂ©tiers techniques. Câest Ă©galement le cas pour beaucoup dâautres domaines. La (cyber-)rĂ©silience dĂ©pend autant des femmes que des hommes. Nous avons besoin de plus dâinclusion et de diversitĂ© pour construire un monde plus pĂ©renne.
Quels sont les obstacles Ă lever pour que davantage de femmes se tournent vers des carriĂšres dans le domaine de la sĂ©curitĂ© informatiqueâ?
LâACTION
DE WOMEN CYBER FORCE
Soutenir
WCF encourage les femmes Ă explorer les cybercarriĂšres et les opportunitĂ©s dâapprentissage en la matiĂšre, Ă construire des rĂ©seaux avec dâautres professionnels du domaine. Elle offre Ă ses membres la possibilitĂ© dâĂȘtre accompagnĂ©es par des mentors.
Inspirer
WCF mĂšne des actions
auprÚs de la prochaine génération professionnelle, en invitant les étudiantes et étudiants à envisager une carriÚre dans le secteur de la cybersécurité.
Sensibiliser
Lâassociation sensibilise le public autour des enjeux de cybersĂ©curitĂ© en gĂ©nĂ©ral en organisant des confĂ©rences, en partageant de lâinformation, et Ă travers des actions ou des partenariats de formation.
S.âI. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il y a un manque de soutien, de sensibilisation et dâencouragement Ă lâĂ©gard des femmes pour quâelles sâengagent dans ce secteur. DĂšs lâĂ©cole, il est important de sensibiliser les filles sur les opportunitĂ©s quâoffrent ces carriĂšres. Il est aussi essentiel dâavoir plus de femmes mentors, de modĂšles et dâencouragements de la part des cadres supĂ©rieurs dans ce domaine. Au-delĂ , il faut aussi garantir aux femmes des chances Ă©gales Ă celles des hommes en matiĂšre dâĂ©volution de carriĂšre, du recrutement aux possibilitĂ©s dâavancement, comme il faut veiller Ă la rĂ©tention des femmes dans ce domaine.
Comment lever ces barriĂšresâ?
S.âI. Chez Women Cyber Force, nous pensons quâil est essentiel de reconnaĂźtre la valeur que les femmes, Ă chaque Ă©tape de leur carriĂšre, ont pour dâautres femmes Ă©voluant Ă dâautres Ă©tapes de leur carriĂšre. Les femmes qui sont des leaders dans la cybersĂ©curitĂ© doivent pouvoir soutenir et inspirer celles qui sont nouvelles ou Ă©voluent dans le domaine, autant que les filles qui envisagent des carriĂšres dans nos mĂ©tiers.
F.âD.âL. Devenir mĂšre ne doit pas ĂȘtre perçu comme un trou noir dans le parcours professionnel de la femme, mais comme une vĂ©ritable autonomisation
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Conversation Sabika Ishaq et Floriane de Lapparent
Conversation Sabika Ishaq et Floriane de Lapparent
et habilitation. Les responsables dâentreprise comprennent aujourdâhui de plus en plus lâimportance de la diversitĂ©. Au-delĂ de la prise de conscience, il faut dĂ©sormais mener des actions pour garantir lâĂ©galitĂ© entre les hommes et les femmes tout au long de leur carriĂšre, offrir de rĂ©elles perspectives Ă chacun et chacune en les soutenant Ă chaque Ă©tape de leur vie personnelle et professionnelle.
Que diriez-vous Ă une petite fille pour lâinviter Ă considĂ©rer les mĂ©tiers de cybersĂ©curitĂ©â?
des hommes â qui mâont soutenue, ainsi quâaux plateformes qui mâont donnĂ© lâoccasion dâapprendre.
SABIKA ISHAQ Présidente Women Cyber Force
S.âI. La cybersĂ©curitĂ© est un secteur trĂšs dynamique. En constante expansion, câest un mĂ©tier qui offre de multiples opportunitĂ©s de dĂ©veloppement, de cheminement de carriĂšre et dâapprentissage. On nâarrĂȘte jamais dâapprendre. Câest ce qui mâa attirĂ©e dans le domaine. Au-delĂ , il y a les dĂ©fis quotidiens, les problĂšmes et les Ă©nigmes Ă rĂ©soudre. Lâimpact de la cybersĂ©curitĂ© sur nos sociĂ©tĂ©s rend les mĂ©tiers passionnants. En outre, ils ont un impact positif sur le monde numĂ©rique et physique.
F.âD.âL. JâĂ©tablirais un parallĂšle entre ce qui mâanime en tant que mĂšre de famille et ma motivation dans mon rĂŽle de professionnelle de la sĂ©curitĂ©â: un engagement sans faille Ă protĂ©ger et Ă dĂ©fendre ce qui compte. Dans un paysage de la cybersĂ©curitĂ© en constante Ă©volution, les professionnels du secteur sont ces armĂ©es silencieuses liĂ©es par la volontĂ© de protĂ©ger le monde numĂ©rique dâaujourdâhui et de demain.
Personnellement, quâest-ce qui a contribuĂ© Ă votre Ă©volution de carriĂšre dans le domaine de la cybersĂ©curitĂ©â?
S.âI. Mon Ă©volution dans la cybersĂ©curitĂ© tient beaucoup aux valeurs que nous prĂŽnons Ă travers Women Cyber Force, câest-Ă -dire lâapprentissage continu, la mise en rĂ©seau avec dâautres professionnels et lâapprentissage Ă leurs cĂŽtĂ©s. Il faut surtout une grande ouverture dâesprit, qui permet dâexplorer et de relever de nouveaux dĂ©fis. Si jâai pu Ă©voluer dans ma carriĂšre, je le dois aussi en partie Ă mes mentors â autant des femmes que
F.âD.âL. Jâai commencĂ© ma carriĂšre dans le secteur de la cybersĂ©curitĂ© en tant quâadministratrice systĂšme dans le sous-sol dâune banque, avant dâaller plus loin. En voyageant dâun environnement Ă lâautre, jâai rĂ©alisĂ© que la mise en Ćuvre, la construction et/ou lâamĂ©lioration de la cybersĂ©curitĂ© dans diverses entreprises ne sont pas seulement un devoir professionnel, mais une passion, et surtout un Ă©tat dâesprit. Lâenjeu, en permanence, est dâĂ©viter le pire et de limiter les dĂ©gĂąts, dans lâoptique de construire un monde meilleur et plus sĂ»r.
« Les femmes qui sont des leaders dans la cybersécurité doivent pouvoir soutenir et inspirer les autres. »
52 TECHâ+âINNOVATION 2023
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Des centaines dâoffres dâemploi au Luxembourg sur
Finologee, 6 ans dâaventure luxembourgeoise
FondĂ©e en 2017, Finologee a connu une croissance rapide au point de devenir, 6 ans plus tard, une regtech bankable parfaitement implantĂ©e dans le monde de la finance luxembourgeoise. Retour sur une success-story qui remonte Ă lâaube du 21e siĂšcle avec Raoul Mulheims, son CEO.
Journaliste MICHAĂL PEIFFER
Raoul Mulheims fait partie de ces quelques entrepreneurs luxembourgeois Ă qui tout rĂ©ussit. Mais derriĂšre cette image dâĂpinal se cache une longue histoire, Ă©maillĂ©e dâidĂ©es innovantes et de nombreuses heures de travail acharnĂ©. Aussi, quand il lance en 2017 la regtech Finologee avec ses comparses Jonathan Prince et Georges Berscheid, ils disposent dĂ©jĂ tous les trois dâun beau curriculum vitae dont les premiĂšres lignes sâĂ©crivent Ă la fin du siĂšcle dernier. «âEn ce qui me concerne, Finologee est ma quatriĂšme start-up fondĂ©e au Luxembourgâ», explique Raoul Mulheims.
De lâagence web au micropaiement Pour lui, tout commence rĂ©ellement en 1999 avec la naissance de Nvision, une agence web et digitale plutĂŽt pionniĂšre dans son genre, dont il quittera lâactionnariat en 2018. «âAvec le mĂȘme groupe dâassociĂ©s, nous avons ensuite crĂ©Ă© Mpulse, dĂšs 2006, qui constitue notre premiĂšre expĂ©rience dans le monde du micropaiementâ», poursuit lâentrepreneur. Câest donc Ă cette Ă©poque que lâĂ©quipe fait sa premiĂšre entrĂ©e dans le monde du paiement
mobile et digital, avec lâambition dĂ©jĂ affirmĂ©e dâaller plus loin dans lâexploration de cet univers encore mĂ©connu. «âEn 2009, nous profitons dâune nouvelle loi sur la recherche et le dĂ©veloppement pour soumettre un dossier avec lâidĂ©e de porter lâactivitĂ© de paiement mobile Ă une autre Ă©chelle. On ne savait pas vraiment ce que ça allait devenir, ni mĂȘme comment le faireâ», se souvient Raoul Mulheims.
Câest de ce travail de recherche et dĂ©veloppement que naĂźt Digicash, en 2012, devenue Payconiq en 2021 et aujourdâhui rachetĂ©e par EPI. Une belle histoire qui conduira plus tard Ă la naissance de Finologee. «âLa crĂ©ation de Digicash marque notre entrĂ©e dans la sphĂšre des vĂ©ritables services financiers. Nous obtenons lâagrĂ©ment en tant quâĂ©tablissement de paiement et devenons un acteur rĂ©gulĂ© de la place financiĂšre luxembourgeoise. Nous avons surtout construit une logique dâencaissement diffĂ©rente et trouvĂ© un accord avec la Banque et caisse dâĂ©pargne de lâĂtat, premiĂšre banque participant Ă ce systĂšme alors unique en Europe, qui permet de directement connecter notre moyen de paiement
REGTECH
54 TECHâ+âINNOVATION 2023
digital aux comptes des clients de la banque. Sans ce premier accord, nous nâen serions sans doute pas lĂ aujourdâhuiâŠâ»
Au fur et Ă mesure, dâautres banques rejoignent lâaventure et permettent de faire grandir lâoutil. AprĂšs quelques annĂ©es de travail acharnĂ©, Digicash devient un standard sur le marchĂ© pour le paiement des factures, au dĂ©part dâun simple QR code, mais aussi pour le paiement de personne Ă personne, sur base dâun numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone. «âPour grandir davantage, lâoption choisie a Ă©tĂ© celle dâune reprise partielle de lâactivitĂ© par Payconiq, qui prenait en charge la relation commerciale avec les banques et les rĂ©seaux de commerçants, tandis que la propriĂ©tĂ© intellectuelle de lâenvironnement technique restait chez nous, raconte Raoul Mulheims. Nous sommes devenus un prestataire, et Payconiq a continuĂ© Ă faire grandir la solution, qui va prendre encore une dimension supplĂ©mentaire avec son rachat par EPI en avril 2023.â»
Un acteur réglementé du marché financier
Câest de cette expĂ©rience, et de nouvelles opportunitĂ©s de marchĂ© Ă saisir, que va naĂźtre Finologee en 2017. «âĂ lâĂ©poque, afin dâassurer des prestations techniques pour un client, nous obtenons tout dâabord lâagrĂ©ment de PSF de support. Ensuite, nous identifions un nouveau besoin avec lâarrivĂ©e de la directive europĂ©enne PSD2, qui allait obliger les banques Ă permettre Ă des tiers de dĂ©clencher des paiements sur les comptes de leurs clients. Nous avons rapidement constatĂ© quâil sâagissait dâun service trĂšs technique qui nâĂ©tait pas Ă la portĂ©e de toutes les banques. Dans ce contexte, une forme de mutualisation de lâinfrastructure faisait du sens. Nous nâĂ©tions pas les seuls sur ce terrain, mais notre expĂ©rience passĂ©e dans le domaine du paiement et des relations bancaires nous rendait plus lĂ©gitimesâ», constate le fondateur. Rapidement, Finologee sĂ©duit 37 banques, qui utilisent ses services pour ouvrir leur infrastructure Ă dâautres acteurs. Un deuxiĂšme axe de dĂ©veloppement est identifiĂ© avec le concours de Keytrade Bank, qui souhaite Ă lâĂ©poque permettre lâouverture totalement automatisĂ©e dâun compte en banque. Au fil
des discussions avec le rĂ©gulateur et de nombreuses heures de travail, le dĂ©fi est relevĂ©. «âSur base dâun constat de risque peu Ă©levĂ©, nous avons rĂ©ussi Ă proposer une ouverture de compte automatisĂ©e. GrĂące Ă ces deux premiers jalons, nous avions les principaux ingrĂ©dients pour lancer Finologee, tout en travaillant sur le dĂ©veloppement dâune ligne de produits autour du sujet AMLâ/âKYC. Afin dâaider les Ă©tablissements financiers Ă gĂ©rer cet aspect, nous avons proposĂ© une plateforme de gestion documentaire qui rĂ©pond tant aux attentes des acteurs quâĂ celles des rĂ©gulateurs.â» AprĂšs avoir atteint le seuil de rentabilitĂ© en 2019, Finologee est la seule regtech luxembourgeoise Ă intĂ©grer en 2021 le RegTech 100 des fintech actives dans le domaine de la rĂ©glementation. Le succĂšs est au rendez-vous, mais Raoul Mulheims et ses associĂ©s nâen restent pas lĂ pour autant. Ils prĂ©sentent alors Enpay. Cette nouvelle solution innovante permet aux acteurs rĂ©gulĂ©s dâutiliser une plateforme unique pour se connecter Ă leurs diffĂ©rentes banques, effectuer des paiements, mais aussi rĂ©cupĂ©rer diffĂ©rents rapports et gĂ©rer lâensemble des flux. Avec ses 40 collaborateurs et ses 13,1 millions de chiffre dâaffaires en 2022 au niveau du groupe, Finologee continue dâĂ©crire son histoire, rĂ©solument tournĂ©e vers lâavenir.
«âNous voulons continuer Ă grandir, au Luxembourg et Ă lâĂ©tranger, en nous appuyant sur le socle solide que nous avons construit ces derniĂšres annĂ©es.â»
La raison du succĂšsâ?
«âCâest une question trĂšs complexe. Tout dâabord, je pense que, pour rĂ©ussir, il faut disposer dâune bonne maĂźtrise des sujets. Nous nâavons jamais lancĂ© de produits dans des contextes que nous ne maĂźtrisions pasâ», explique Raoul Mulheims. Et il ajouteâ: «âĂ chaque fois, cela exige que les fondateurs â mes associĂ©s et moi-mĂȘme â se plongent dans le sujet, se frottent aux difficultĂ©s, challengent les idĂ©es, lisent la rĂ©glementation, lâanalysent, pour pouvoir en tirer des conclusions. Lâobjectif de cette Ă©tape indispensable est dâidentifier si une opportunitĂ© business existe ou non. Aujourdâhui, quand je parle Ă mes collaborateurs, quand on identifie des opportunitĂ©s ou quâils viennent eux-mĂȘmes avec des idĂ©es, jâai deux questions principales. La premiĂšre est de savoir si cela relĂšve de notre mĂ©tier. La seconde est de voir si cette opportunitĂ© business peut dĂ©gager un chiffre dâaffaires dâau moins un million dâeuros Ă un horizon de 2 Ă 3 ans. Ă chacun de dĂ©finir son Ă©chelle de valeur.â» Ensuite, trois autres facteurs entrent en jeuâ: la maĂźtrise technique, lâexpĂ©rience ajoutĂ©e pour lâutilisateur et la conformitĂ©. «âLe dĂ©fi principal dâacteurs comme nous est dâamener cette couche de conformitĂ© qui rassure nos clients.â»
ET POURQUOI LE LUXEMBOURGâ?
Parmi les trois associĂ©s de Finologee, deux sont Luxemâbourgeois. «âIl Ă©tait donc assez logique pour nous de nous lancer ici. Au-delĂ de cet aspect, nos solutions sâadressent essenâtiellement au secteur financier et, dans ce domaine, le Luxembourg nâest rien dâautre que la plus grande place financiĂšre dâEurope contiânentale. DĂšs le dĂ©but, nous avons cherchĂ© Ă optimiser nos solutions pour rĂ©pondre aux attentes des acteurs des fonds, de lâassurancevie, etc.â» Mais ce nâest pas tout. Le fondateur de Finologee prĂ©cise que lâentreprise sâadresse Ă©galement au seul secteur du pays qui dispose dâune vĂ©ritable dimension internationale. «âDans le cadre de nos solutions PSD2, la moitiĂ© de nos clients sont basĂ©s hors de nos frontiĂšres, mĂȘme si le plus souvent un lien existe avec le Luxembourg.â»
« Nous nâĂ©tions pas les seuls sur ce terrain, mais notre expĂ©rience passĂ©e (...) nous rendait plus lĂ©gitimes. »
RAOUL MULHEIMS CEO Finologee
TECHâ+âINNOVATION 2023 55
Photo Guy Wolff (archives)
«âLes fintech sont centrales pour toute lâĂ©conomieâ»
Alors que les dĂ©veloppements technologiques se succĂšdent, Pascal Bouvier, cofondateur de MiddleGame Ventures, souligne lâimportance dâinvestir dans les fintech.
Photo MATIC ZORMAN Journaliste QUENTIN DEUXANT
56 TECHâ+âINNOVATION 2023 Conversation
Pascal Bouvier
Ă la tĂȘte de MiddleGame Ventures, Pascal Bouvier a dĂ©jĂ financĂ© plus de 40 start-up, pour un montant total de 300 millions dâeuros.
Quel est lâĂ©tat des opportunitĂ©s dâinvestissement dans les fintechâ? Comment ont-elles Ă©voluĂ© au cours des derniĂšres annĂ©esâ?
Jâai commencĂ© Ă investir dans les fintech il y a plus de 15 ans. Ă cette Ă©poque, les Ă©volutions rĂ©glementaires et les problĂ©matiques nouvelles rencontrĂ©es par les grandes sociĂ©tĂ©s actives dans le secteur financier â banques, assurances, etc. â offraient de rĂ©elles opportunitĂ©s pour le dĂ©veloppement des fintech. Aujourdâhui, les choses ont Ă©normĂ©ment changĂ© avec la digitalisation. De nombreux secteurs ont Ă©tĂ© chamboulĂ©s. Le secteur financier a comptĂ© parmi les derniers Ă se lancer dans cette voie. Aujourdâhui, une partie de lâindustrie financiĂšre a mis en place un certain nombre de choses au niveau digital. Mais il reste une grosse marge de progression pour la plupart de ces acteurs. Il est donc encore possible de trouver des start-up qui accompagneront les grands groupes dans leur digitalisation ou qui deviendront elles-mĂȘmes des acteurs majeurs dans les prochaines annĂ©es. Les opportunitĂ©s sont donc toujours importantes.
Pourquoi cette transformation digitale a-t-elle tant traĂźnĂ© dans le secteur financier et quelles sont aujourdâhui les dimensions sur lesquelles un important travail doit encore ĂȘtre menĂ©â?
Il y a eu plusieurs vagues de dĂ©veloppement des fintech. La premiĂšre sâest surtout attachĂ©e Ă amĂ©liorer lâexpĂ©rience utilisateur, la relation entre le client et sa banque, son assureur, etc. Des avancĂ©es importantes ont Ă©galement Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es au niveau des paiements, des assurances, et de tout ce qui concerne les prĂȘts. Par contre, il reste encore beaucoup Ă faire au niveau de la gestion des actifs et au sein du marchĂ© des capitaux. La digitalisation et lâautomatisation des process dans ces secteurs pourraient permettre Ă des acteurs majeurs dâoffrir une meilleure expĂ©rience Ă leurs clients, mais aussi de rĂ©duire considĂ©rablement leurs coĂ»ts, ce qui constitue une prioritĂ© pour de nombreuses structures. Le numĂ©rique permet en effet de rĂ©aliser des Ă©conomies en
optimisant le modĂšle opĂ©rationnel, notamment en limitant le nombre de personnes nĂ©cessaires pour effectuer un certain nombre de tĂąches de back, middle et mĂȘme front-office qui sont exigĂ©es par le marchĂ© ou par le rĂ©gulateur. Mais la digitalisation permet aussi de gagner des parts de marchĂ© en offrant un meilleur service, attirant plus de clients.
Quelles sont les technologies les plus porteuses pour lâavenir des services financiersâ?
Lâune des technologies les plus matures et dĂ©jĂ largement adoptĂ©e par les acteurs du secteur financier est le cloud computing, combinĂ© aux API. Lâadoption progressive de ces outils a permis Ă de nombreuses institutions de rĂ©duire considĂ©rablement le nombre de solutions technologiques utilisĂ©es pour le back et le middle-office, tout en fluidifiant beaucoup de process. Je citerais aussi les outils dâanalyse de donnĂ©es avancĂ©s, qui reposent sur le machine learning ou lâintelligence artificielle (IA). Un certain nombre de solutions permettent aujourdâhui dâanalyser des donnĂ©es ou des process, de monĂ©tiser certaines choses, et ce de façon automatique. Enfin, comment ne pas Ă©voquer lâIA gĂ©nĂ©rative, telle que mise en Ćuvre par des sociĂ©tĂ©s comme OpenAI et son fameux ChatGPT, dont le potentiel est Ă©galement Ă©norme pour les services financiers.
Comment ChatGPT ou la technologie qui soutient cet outil pourraient-ils ĂȘtre utiles Ă la financeâ?
Les modĂšles proposĂ©s par ChatGPT permettent, par exemple, de faire du codage de logiciels de façon trĂšs rapide. Ils pourraient aussi accĂ©lĂ©rer certains dĂ©veloppements juridiques, comme la crĂ©ation de sociĂ©tĂ©s ou de fonds dâinvestissement. Or, ces tĂąches sont aujourdâhui effectuĂ©es par du personnel hautement qualifiĂ©, et souvent en grand nombre. Avec un agent dâIA, on pourrait envisager de diminuer drastiquement le nombre de collaborateurs nĂ©cessaires pour effectuer ces tĂąches, avec des consĂ©quences importantes sur les coĂ»ts et sur la structure mĂȘme de ce marchĂ©,
« Dans la vie, il nây a pas de zones sans risques, Ă lâexception du cimetiĂšre. »
58 TECHâ+âINNOVATION 2023 Conversation Pascal Bouvier
des start-up jusquâaux grandes sociĂ©tĂ©s. On peut presque parler dâune rĂ©volution, qui a des implications politiques, puisque lâon risque de voir une bonne partie des collaborateurs actuels se retrouver sans emploi.
Quelle est votre opinion sur lâappel Ă faire une pause par rapport Ă la recherche sur lâIA, lancĂ© notamment par Elon Muskâ?
Il est normal quâil y ait des rĂ©sistances au changement. Câest le cas Ă chaque vague dâinnovation. LâĂglise catholique a aussi voulu interdire lâimprimerie Ă ses dĂ©buts, car elle lui faisait perdre le contrĂŽle de lâĂ©criture et de la dissĂ©mination des Ă©crits. On a vu le mĂȘme mouvement avec le cloud il y a quelques annĂ©es. Au dĂ©but, tous les rĂ©gulateurs Ă©taient contre cette technologie, affirmant quâils nâautoriseraient jamais lâutilisation du cloud dans le secteur financier. Aujourdâhui, plus aucune banque ne fonctionne en dehors du cloud. Il en va de mĂȘme pour la blockchain, qui nâa pas encore trouvĂ© toutes ses applications. Mais cela ne saurait tarder. LâIA gĂ©nĂ©rative connaĂźtra le mĂȘme sort, jâen suis convaincu. Quant Ă cet appel Ă lâarrĂȘt des recherches en la matiĂšre, je suis sĂ»r quâElon Musk nây aurait pas pris part sâil Ă©tait encore Ă la tĂȘte dâOpenAI. Ces technologies sontelles dangereusesâ? Je dirais que toute nouvelle technologie comporte des risques, mais, de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, il nây a pas de zones sans risques dans la vie, Ă lâexception du cimetiĂšre. Entre le bannissement complet de lâIA et son dĂ©veloppement incontrĂŽlĂ©, il me semble quâil y a un grand espace Ă explorer. Ă mon sens, il faut pouvoir rĂ©glementer lâusage de cette technologie avec sagesse pour pouvoir en tirer profit, et ce au bĂ©nĂ©fice du plus grand nombre.
Votre sociĂ©tĂ© est installĂ©e au Luxembourg, mais pas seulement. Vous avez aussi beaucoup voyagĂ©. Comment Ă©valuez-vous la maturitĂ© de lâĂ©cosystĂšme fintech au Luxembourg par rapport Ă ce qui existe dans dâautres paysâ?
Je parlerais dâabord de lâĂ©cosystĂšme start-up au sens large. En 10 ans, celui-ci
UN SOUTIEN REMARQUĂ Ă NEXT GATE TECH
Parmi les entreprises soutenues par MiddleGame Ventures, on peut citer Next Gate Tech. Cette start-up luxembourgeoise, qui dĂ©veloppe un outil de gestion, de comprĂ©hension et dâanalyse de donnĂ©es, a notamment pu lever 5 millions dâeuros en juin 2022 grĂące Ă MiddleGame Ventures et dâautres partenaires. Une autre levĂ©e de fonds de 8 millions dâeuros a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en avril 2023. La jeune sociĂ©tĂ© travaille dĂ©sormais en partenariat avec Kneip, acteur majeur de la gestion de donnĂ©es liĂ©es aux fonds dâinvestissement.
sâest considĂ©rablement dĂ©veloppĂ©, avec un nombre de start-up qui se situe aujourdâhui entre 550 et 600. La part du lion, parmi elles, est occupĂ©e par des fintech, ce qui est logique si lâon considĂšre le fait que Luxembourg est une place financiĂšre dâenvergure, particuliĂšrement dans le secteur des fonds. Selon moi, il devrait toutefois y avoir bien plus de start-up, au Luxembourg, proposant des solutions aux acteurs des fonds, car le marchĂ© est lĂ . Cela me tient donc particuliĂšrement Ă cĆur de faire en sorte de faire Ă©voluer ces start-up, de leur faire prendre leur envol en soutenant ainsi lâensemble de lâĂ©conomie luxembourgeoise.
Que reste-t-il encore Ă mettre en Ćuvreâ?
Ă lâheure actuelle, je trouve que lâĂ©cosystĂšme pourrait ĂȘtre plus dĂ©veloppĂ© encore, car il existe un nombre considĂ©rable de prestataires de services dĂ©diĂ©s aux fonds, dont certains ne disposent pas encore de solutions technologiques performantes. Les start-up peuvent rĂ©pondre Ă ces besoins. Je ne vais pas nier que de nombreuses initiatives publiques ont Ă©tĂ© mises en place pour soutenir ces jeunes pousses, mais le Luxembourg pourrait encore faire mieux. Parmi les pistes dâamĂ©lioration, je citerais le renforcement des capacitĂ©s dâattraction dâentrepreneurs talentueux, la mise en place dâun accompagnement permettant aux start-up de devenir des scale-up grĂące Ă un systĂšme de mentoring, Ă du networking, au partage de bonnes pratiques⊠Ces mesures permettraient dâaugmenter la notoriĂ©tĂ© de la Place, et dâattirer plus dâacteurs en retour.
TECHâ+âINNOVATION 2023 59
Les 5 fondamentaux du Luxembourg numérique
Avec lâambition de dĂ©velopper une data-driven economy de premier plan, le Luxembourg investit depuis plusieurs annĂ©es dans la mise en Ćuvre dâune infrastructure numĂ©rique de pointe et dans le dĂ©veloppement dâun Ă©cosystĂšme riche, dont voici les principaux Ă©lĂ©ments.
Journaliste SĂBASTIEN LAMBOTTE
1Au cĆur des autoroutes de lâinformation
Lâun des premiers dĂ©fis pour construire une «ânation numĂ©riqueâ» a Ă©tĂ© de connecter le Luxembourg aux autres grandes Places europĂ©ennes. Il fallait positionner Luxembourg comme un nĆud dâĂ©change clĂ© des autoroutes de lâinformation europĂ©enne. Le gouvernement, en sâappuyant notamment sur Lu-Cix et en travaillant avec les opĂ©rateurs, sây attĂšle depuis une trentaine dâannĂ©es. Aujourdâhui, 28 routes internationales en fibre optique relient le Grand-DuchĂ© aux principaux centres europĂ©ens et internationaux. Ces dĂ©veloppements ont Ă©tĂ© essentiels Ă lâessor de lâĂ©conomie numĂ©rique luxembourgeoise, permettant notamment dâattirer les plus grands acteurs. Tout en connectant le pays Ă lâinternational, lâinfrastructure, sâappuyant sur plusieurs centres de donnĂ©es de pointe sur le territoire, contribue Ă sĂ©curiser le trafic internet au niveau national.
2Espace de préservation de la donnée
Le pays compte 17 centres de donnĂ©es, dont 9 pouvant faire valoir la certification Tier IV, garantissant le plus haut niveau de disponibilitĂ© des infrastructures. Le Luxembourg, Ă travers ces centres de donnĂ©es, fait de la sĂ©curitĂ© et de la confiance des Ă©lĂ©ments-clĂ©s de sa stratĂ©gie numĂ©rique. Ă lâheure oĂč la souverainetĂ© numĂ©rique est au cĆur des prĂ©occupations, le Grand-DuchĂ© offre une rĂ©ponse stratĂ©gique Ă ces enjeux. Le pays prĂ©sente un environnement fiable et stable pour la gestion, la protection et la valorisation des donnĂ©es. Au dĂ©part de cette infrastructure, les opĂ©rateurs de data centers, notamment pour rĂ©pondre aux enjeux du secteur financier, ont dĂ©veloppĂ© une expertise de pointe pour garantir la rĂ©silience des activitĂ©s. Ce savoir-faire profite aujourdâhui Ă dâautres secteurs. En tĂ©moigne notamment le choix de lâEstonie de positionner son ambassade numĂ©rique au Grand-DuchĂ©.
INFRASTRUCTURES
60 TECHâ+âINNOVATION 2023
Sécurité renforcée
Au niveau de son nĆud dâĂ©change, le pays a rĂ©cemment renforcĂ© sa capacitĂ© Ă mitiger le trafic malveillant ou illĂ©gitime dirigĂ© vers le Luxembourg et ses acteurs, Ă travers des attaques par dĂ©ni de service (DDOS). Le Grand-DuchĂ©, Ă travers la Luxembourg House of Cybersecurity (LHC), son Centre national de compĂ©tences en matiĂšre de cybersĂ©curitĂ© (NC3) et son Computer Incident Response Center Luxembourg (CIRCL), veille en permanence Ă enrichir un vaste Ă©cosystĂšme dâacteurs publics et privĂ©s dĂ©diĂ© aux enjeux de cybersĂ©curitĂ©, permettant dâopĂ©rer une veille sur la menace, de rĂ©pondre aux incidents, de sĂ©curiser les Ă©changes, de dĂ©velopper des solutions⊠Plusieurs acteurs investissent aussi dans la recherche dans le domaine de la sĂ©curitĂ© informatique, Ă lâinstar du SnT de lâUniversitĂ©. Le Luxembourg compte 93 sociĂ©tĂ©s privĂ©es dont le cĆur de mĂ©tier est la cybersĂ©curitĂ©, dont 33 start-up.
5
Haut débit partout
Le Luxembourg investit aussi dans le renforcement de son rĂ©seau national, Ă travers le dĂ©ploiement de la fibre et de la 5G. Ă lâheure actuelle, le rĂ©seau de fibre couvre environ 80â% du territoire national. En ce qui concerne la 5G, lâensemble des opĂ©rateurs se sont engagĂ©s Ă assurer la couverture 5G du territoire Ă 90â% dâici 2025. En novembre, Post annonçait que le rĂ©seau 5G couvrait 77,7â% du territoire et que la 5G Ă©tait accessible Ă 88â% de la population. Ces rĂ©seaux haut dĂ©bit, dâune nouvelle gĂ©nĂ©ration, placent le Luxembourg en bonne position pour attirer des acteurs dĂ©sireux dâexplorer les possibilitĂ©s quâils offrent, notamment autour de lâexploitation des donnĂ©es. Ces infrastructures permettent aux acteurs Ă©conomiques dâexplorer de nouveaux cas dâusage, liĂ©s au dĂ©veloppement de la connectivitĂ© des objets notamment, avec, par exemple, le dĂ©ploiement de tests dans le domaine de la conduite autonome.
4Lâordinateur haute performance orientĂ© business En 2021, le Luxembourg a fiĂšrement inaugurĂ© Meluxina, un ordinateur haute performance (HPC), le 10e plus puissant dâEurope et le 36e plus puissant au monde. Plus prĂ©cisĂ©ment, le superordinateur luxembourgeois possĂšde une puissance de calcul de 10 pĂ©taflops, câest-Ă -dire littĂ©ralement 10 millions de milliards dâopĂ©rations par seconde. Alors que la plupart des HPC sont dĂ©diĂ©s Ă la recherche pure, le Luxembourg a, pour sa part, souhaitĂ© mettre 65â% de la capacitĂ© de Meluxina Ă disposition des acteurs privĂ©s, notamment pour soutenir leurs dĂ©marches dâinnovation. Disposant dâune architecture modulaire unique, il a Ă©tĂ© conçu pour rĂ©pondre aux besoins des entreprises en termes de puissance de traitement. Meluxina intĂšgre en outre une grande famille de superordinateurs reliĂ©s Ă travers toute lâEurope au rĂ©seau europĂ©en EuroHPC, dont le siĂšge se situe au Grand-DuchĂ©.
46.000 m2 3
46.000âm2, câest la superficie totale des data centers opĂ©rationnels prĂ©sents au Luxembourg, qui possĂšde donc lâune des plus grandes densitĂ©s de centres de donnĂ©es au monde. Comme le rappelle Luxinnovation, 40â% des data centers Tier IV europĂ©ens sont au Luxembourg.
8.662
8.662 employĂ©s travaillent dans les 93 sociĂ©tĂ©s du pays qui ont la cybersĂ©curitĂ© comme cĆur de mĂ©tier. Pas moins de 18 de ces sociĂ©tĂ©s ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es au cours des cinq derniĂšres annĂ©es.
96 %
96â% des foyers luxembourgeois disposaient dâune connexion haut dĂ©bit en 2022, selon Eurostat. Avec une telle couverture, le pays se hissait Ă la deuxiĂšme place du classement europĂ©en en la matiĂšre, derriĂšre Malte, oĂč le chiffre Ă©tait de 100â%, et bien loin devant ses voisins allemands (14e), belges (17e) et français (18e).
TECHâ+âINNOVATION 2023 61
Votre DSP accessible via lâapplication mobile myDSP
Avec lâapp myDSP, vous pouvez accĂ©der et gĂ©rer votre Dossier de Soins
PartagĂ© (DSP) Ă tout moment et nâimporte oĂč via votre smartphone.
Depuis sa gĂ©nĂ©ralisation qui a dĂ©marrĂ© en 2020, le Dossier de Soins PartagĂ© (DSP) a fait son bout de chemin. Aujourdâhui plus dâun million de personnes ont leur dossier de santĂ© personnel, et bientĂŽt le cap des 10 millions de documents dĂ©posĂ©s sera dĂ©passĂ©. Ce dossier de santĂ© Ă©lectronique et sĂ©curisĂ© favorise le partage et lâĂ©change des donnĂ©es de santĂ© entre les professionnels qui interviennent dans votre parcours de santĂ©. Cela facilite le suivi et la coordination de votre prise en charge et vous permet de jouer un rĂŽle plus actif dans votre suivi mĂ©dical. Et pour favoriser et faciliter davantage son usage, il existe lâapplication mobile myDSP.
Quel est lâintĂ©rĂȘt de cette application ?
Lâapplication mobile myDSP vous permet dâaccĂ©der Ă tout moment au contenu de votre DSP pour, par exemple, consulter vos rĂ©sultats dâanalyses biologiques, votre imagerie mĂ©dicale (radiographies, scans, etcâŠ) ou vos rapports mĂ©dicaux.
PARTNER CONTENT Crédits Agence eSanté
1.045.295
DSP ouverts
9.625.438
documents déposés
3.305
professionnels de santé uniques déclarés par les patients
Une autre grande valeur de l'application myDSP rĂ©side dans sa capacitĂ© Ă centraliser vos donnĂ©es de santĂ©. Au lieu d'avoir des informations mĂ©dicales dispersĂ©es dans diffĂ©rents dossiers ou systĂšmes, vos donnĂ©es provenant de divers professionnels de santĂ© sont au sein d'une seule et mĂȘme application.
Cette gestion centralisĂ©e des donnĂ©es simplifie considĂ©rablement la recherche et la consultation des informations mĂ©dicales. Vous nâavez plus besoin de vous souvenir des dĂ©tails spĂ©cifiques de chaque consultation ou de transporter des documents physiques lors de vos visites mĂ©dicales.
En résumé, l'accessibilité et la disponibilité des données conservées en toute sécurité dans l'application myDSP vous permettent de consulter vos informations médicales à tout moment et de les partager facilement avec les professionnels de santé que vous consultez.
Quelles sont les autres fonctionnalités disponibles ?
Via lâapplication vous pouvez aussi gĂ©rer votre Cercle MĂ©dical de Confiance, câest-Ă dire : introduire le nom dâun ou de plusieurs professionnels de santĂ© Ă qui vous souhaitez donner un accĂšs permanent, que vous pouvez naturellement retirer Ă tout moment.
Elle permet Ă©galement le dĂ©pĂŽt de documents : vous pouvez Ă tout moment ajouter un document en lien avec votre santĂ© dans lâespace personnel de votre DSP.
Lâapplication vous offre aussi la possibilitĂ© de voir qui a accĂ©dĂ© Ă votre dossier, Ă quel moment il lâa fait, et pour quelle action (dĂ©pĂŽt ou consultation de document). Car toute intervention est tracĂ©e dans votre DSP et visible Ă travers lâapp.
Comment peut-on se procurer lâapplication myDSP ?
Lâapplication est gratuitement tĂ©lĂ©chargeable dans lâAppleStore et sur GooglePlay. AprĂšs
avoir installé myDSP sur votre smartphone vous pouvez, si vous avez déjà activé votre compte eSanté au préalable, directement accéder à votre dossier et aux fonctionnalités disponibles.
Si votre compte eSantĂ© nâest pas encore activĂ©, lâapplication vous permet facilement de rĂ©aliser cette action. Pour cela, vous aurez juste besoin de votre numĂ©ro de sĂ©curitĂ©
PrĂ©voyez-vous des Ă©volutions pour lâapplication ?
Oui, tout Ă fait. Ă titre dâexemple, si vous avez ouvert un carnet de vaccination Ă©lectronique auprĂšs dâun mĂ©decin vaccinateur (gĂ©nĂ©raliste, gynĂ©cologue, pĂ©diatre) vous pouvez paramĂ©trer dans votre DSP le transfert automatique de vos donnĂ©es vaccinales. Cela permettra dâavoir votre historique vaccinal repris dans votre DSP. Ce paramĂ©trage est actuellement uniquement possible dans la version du DSP qui est accessible via notre portail (www.esante.lu), mais nous travaillons pour que cette fonctionnalitĂ© soit Ă©galement intĂ©grĂ©e dans lâapp mobile myDSP.
Pensez-vous un jour pouvoir intĂ©grer une forme dâintelligence artificielle au DSP ? Cela fait en effet partie de nos objectifs. Nous sommes convaincus quâavec lâaide dâune intelligence artificielle utilisĂ©e Ă bon escient, le DSP pourrait devenir un « smartDSP » â un dossier de santĂ© Ă©lectronique capable de soutenir le professionnel de santĂ© dans la routine mĂ©dicale standard ainsi que dans le diagnostic et le suivi des maladies complexes Ă partir des donnĂ©es de santĂ© disponibles. Et nous sommes persuadĂ©s que cette avancĂ©e technologique pourrait positionner le Luxembourg en acteur majeur dans le dĂ©veloppement dâune mĂ©decine plus axĂ©e sur la personne et la prĂ©vention.
sociale et du courrier dâactivation envoyĂ© par lâAgence eSantĂ©. Vous ne retrouvez plus votre courrier ? Pas de soucis. Contactez le Helpdesk de lâAgence aux coordonnĂ©es indiquĂ©es Ă la fin de lâarticle.
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Contactez le Helpdesk de lâAgence eSantĂ©: Par tĂ©lĂ©phone : (+352) 27 12 50 18 33
Par e-mail : helpdesk@esante.lu
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«âDĂ©velopper un Ă©cosystĂšme idĂ©al en matiĂšre de technologie mĂ©dicaleâ»
Dirigé par Jean-Philippe Arié, le HealthTech Cluster de Luxinnovation soutient
lâĂ©mergence de technologies mĂ©dicales innovantes au Luxembourg. Un travail rĂ©alisĂ© en synergie avec une sĂ©rie dâautres acteurs et qui commence Ă porter ses fruits.
Photo
MATIC ZORMAN Journaliste QUENTIN DEUXANT
64 TECHâ+âINNOVATION 2023 Conversation Jean-Philippe AriĂ©
Jean-Philippe AriĂ© estime que le Luxembourg dispose dâatouts forts pour dĂ©velopper la healthtech.
La healthtech est parfois dĂ©finie comme lâensemble des technologies mĂ©dicales innovantes. Souscrivezvous Ă cette dĂ©finition ou la considĂ©rez-vous comme trop largeâ? Il est vrai quâil sâagit lĂ de la dĂ©finition de base de la healthtech. Celle-ci est effectivement trĂšs large, mais elle permet de regrouper lâensemble des innovations qui voient le jour de façon trĂšs rĂ©guliĂšre dans le secteur mĂ©dical. On pense souvent aux mĂ©dicaments mais, en rĂ©alitĂ©, il nây a pas de limite Ă lâinventivitĂ© dans ce domaine, et celle-ci sâexprime de multiples maniĂšres. Cela Ă©tant dit, le HealthTech Cluster sâinscrit dans la vision stratĂ©gique du dĂ©veloppement de lâĂ©conomie luxembourgeoise telle que dĂ©finie par le gouvernement, qui met fortement lâaccent sur le digital. Dans un pays de taille rĂ©duite comme le nĂŽtre, il nâest pas possible de disposer de toutes les expertises qui nous permettraient dâĂȘtre bons dans tous les secteurs et sous-secteurs de la healthtech. Nous soutenons donc en prioritĂ© lâĂ©mergence de technologies mĂ©dicales digitales, tout en restant Ă©videmment ouverts Ă dâautres projets particuliĂšrement prometteurs.
Combien de sociĂ©tĂ©s sont aujourdâhui actives dans ce secteur au Luxembourgâ?
Nous rĂ©alisons rĂ©guliĂšrement une cartographie des entreprises impliquĂ©es dans le secteur mĂ©dical au Luxembourg et, en 2020, on comptait 136 sociĂ©tĂ©s dont lâactivitĂ© principale est liĂ©e Ă ce domaine. Aujourdâhui, nous sommes plus proches des 150. Entendons-nous bienâ: ce chiffre ne reprend pas les entreprises â parfois de taille trĂšs important â dont une partie de lâactivitĂ© seulement est consacrĂ©e Ă ce secteur. Je pense Ă Ceratizit, DuPont de Nemours ou mĂȘme les Gafa, qui dĂ©veloppent toutes des solutions dans le domaine mĂ©dical, mais dont ce nâest pas lâactivitĂ© principale.
Quels sont les acteurs qui encadrent et soutiennent le dĂ©veloppement de ces entreprises spĂ©cialisĂ©es dans le domaine de la santĂ© au Luxembourgâ? Trois grandes catĂ©gories dâacteurs composent cet Ă©cosystĂšme. Il y a tout
dâabord les sociĂ©tĂ©s elles-mĂȘmes, qui disposent dâune grande expertise sur des problĂ©matiques parfois trĂšs spĂ©cialisĂ©es. Par ailleurs, les acteurs de la recherche publique ayant un focus clair sur la santĂ©Â â le LIH, le List et lâUniversitĂ©Â â sont de trĂšs bonne qualitĂ© au Luxembourg et nous aident Ă valider certaines idĂ©es portĂ©es par les sociĂ©tĂ©s que nous soutenons. Dans ce registre, cependant, dâautres acteurs publics, tels que le Liser ou encore le SnT, accompagnent Ă©galement les entreprises, lâaide apportĂ©e par cette derniĂšre structure sâavĂ©rant trĂšs utile dans les projets de numĂ©risation, de robotisation, etc. Enfin, les professionnels des soins de santĂ© constituent un Ă©lĂ©ment essentiel de cet Ă©cosystĂšme, car ce sont eux qui, in fine, valident les technologies qui sont dĂ©veloppĂ©es. De plus en plus souvent, nous essayons de les impliquer dĂšs le dĂ©but des projets, pour nous assurer que nous allons dans la bonne direction. Au-delĂ de ces trois catĂ©gories, nous pouvons aussi citer les citoyens, qui se portent souvent volontaires pour tester de nouvelles technologies, et deviennent aussi des acteurs de la prĂ©vention en matiĂšre mĂ©dicale.
Lâexercice est peut-ĂȘtre complexe, mais la comparaison entre ce qui est mis en place au Luxembourg et dans les pays voisins est-elle ou non flatteuse pour le Grand-DuchĂ©â? Effectivement, il est difficile de comparer le Luxembourg avec ses pays voisins. Ce qui est clair, câest que tout est mis en Ćuvre dans le pays pour dĂ©velopper un Ă©cosystĂšme idĂ©al en matiĂšre de technologie mĂ©dicale, et particuliĂšrement sur le volet digital. Si on se focalise sur cet aspect, les rĂ©sultats du Luxembourg sont plutĂŽt bons, le pays Ă©tant parmi les principaux followers en matiĂšre de technologie mĂ©dicale digitale en Europe. Il faut dire que nous disposons dâatouts de taille pour dĂ©velopper ces solutionsâ: le superordinateur Meluxina, une politique trĂšs volontariste en ce qui concerne le dĂ©ploiement de la 5G, un rĂŽle de leader dans le projet de cloud Gaia-X appliquĂ© Ă la santĂ©, etc. Progressivement, un Ă©cosystĂšme trĂšs complet se met en
« Jâavoue avoir personnellement des difficultĂ©s Ă comprendre les peurs qui surgissent aujourdâhui concernant lâIA. »
66 TECHâ+âINNOVATION 2023 Conversation Jean-Philippe
Arié
place au Luxembourg, et nous veillons à le compléter année aprÚs année.
Quel accompagnement offrez-vous Ă cet Ă©cosystĂšmeâ?
En termes dâaccompagnement, nous avons notamment lancĂ©, en partenariat avec le Fonds national de la recherche et le ministĂšre de lâĂconomie, un appel Ă projets nous permettant de sĂ©lectionner une sĂ©rie dâentreprises actives dans le secteur des soins de santĂ© et de stimuler leur dĂ©veloppement, sous la forme dâun partenariat public-privĂ© ciblant la validation clinique des produits mĂ©dicaux digitaux. LâidĂ©e, Ă travers cette initiative, est de faciliter le financement de ces structures, dâune part, et de leur permettre de tester rapidement les solutions quâelles dĂ©veloppent auprĂšs de patients, dâautre part. Ă travers le programme Fit4Innovation, nous identifions et finançons par ailleurs des experts de la rĂ©glementation mĂ©dicale capables de conseiller nos entreprises sur des sujets de trĂšs haut niveau. Nous cherchons aussi Ă crĂ©er un effet boule de neige en dĂ©veloppant les sociĂ©tĂ©s dĂ©jĂ installĂ©es au Luxembourg, mais aussi en attirant des entreprises Ă©trangĂšres particuliĂšrement prometteuses. Une personne a dâailleurs Ă©tĂ© recrutĂ©e derniĂšrement pour gĂ©rer cette prospection.
Quelles sont aujourdâhui les tendances fortes en matiĂšre dâinnovation dans le secteur mĂ©dicalâ? Au niveau des technologies digitales, il faut souligner la place que prennent aujourdâhui les dĂ©veloppements liĂ©s Ă lâintelligence artificielle. Les outils sont dĂ©sormais mĂ»rs, prĂȘts Ă ĂȘtre mis sur le marchĂ©. Et le rĂ©gulateur, de son cĂŽtĂ©, a aussi clarifiĂ© pas mal de choses, notamment en exigeant que les dĂ©cisions qui conduisent un algorithme Ă Ă©tablir tel ou tel diagnostic soient bien argumentĂ©es. Dans le domaine mĂ©dical, lâIA offre de nombreux bĂ©nĂ©fices. Câest le cas, par exemple, quand il sâagit dâanalyser les 10.000 images que livrent les IRM de derniĂšre gĂ©nĂ©ration. En synergie avec un mĂ©decin, lâIA permet dâamĂ©liorer et dâaccĂ©lĂ©rer sensiblement les capacitĂ©s de diagnostic. Des dĂ©veloppements existent
QUATRE PROJETS INNOVANTS
Lâappel Ă projets conjoint lancĂ© en 2021 par Luxinnovation, le Fonds national de la recherche et le ministĂšre de lâĂconomie a permis de crĂ©er quatre partenariats public-privĂ© visant Ă dĂ©velopper des projets particuliĂšrement innovants. Au-delĂ de LuxAI (voir interview ci-dessus), ce sont les solutions dĂ©veloppĂ©es par ViewMind (Ă©valuations neurocognitives Ă partir de lâoculomĂ©trie), IEE (dispositifs orthopĂ©diques portables) et Meracle Health (solution amĂ©liorant la gestion quotidienne des affections respiratoires chroniques) qui ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es. Un nouvel appel Ă Â projets a eu lieu entre le 2 fĂ©vrier et le 31 mars 2023. Les candidatures sont en cours de revue.
aussi en chirurgie, oĂč lâintelligence artificielle peut se combiner Ă la robotique. Cela fait clairement partie de lâavenir, et jâavoue avoir personnellement des difficultĂ©s Ă comprendre les peurs qui surgissent aujourdâhui concernant une IA capable de sauver des vies, surtout dans la mesure oĂč celle-ci est cadrĂ©e, avec une exigence de transparence par rapport aux dĂ©cisions quâelle prend. Une autre grande tendance est le dĂ©veloppement de technologies pour les soins Ă domicile, avec une sĂ©rie dâoutils qui permettent de suivre quotidiennement â et au plus prĂšs â lâĂ©tat de santĂ© du patient.
ConcrĂštement, comment organisezvous votre collaboration avec vos partenaires du monde de la recherche ou du secteur hospitalier, de façon Ă Â ĂȘtre le plus efficace possibleâ? Nos partenaires dans la recherche publique disposent de collaborateurs appelĂ©s des «âresponsables de transfert de technologieâ», qui sont nos interlocuteurs privilĂ©giĂ©s. Si des innovations Ă mĂȘme de nous intĂ©resser sont dĂ©veloppĂ©es chez eux, ils nous contactent et, de notre cĂŽtĂ©, nous les connectons avec nos industriels sâils dĂ©veloppent une technologie intĂ©ressante. La mise en place des partenariats public-privĂ© que jâĂ©voquais tout Ă lâheure a dâailleurs aussi pour but de mieux faire communiquer le monde de la recherche publique avec celui de lâentrepreneuriat. Les choses sont un peu diffĂ©rentes concernant le secteur hospitalier. Nous avons identifiĂ© des mĂ©decins particuliĂšrement intĂ©ressĂ©s par lâinnovation, et ce dans diffĂ©rentes disciplines, et nous collaborons en prioritĂ© avec eux. Le but est de faire le lien avec ceux qui seront parmi les premiers Ă utiliser les nouvelles technologies qui sont dĂ©veloppĂ©es, de bĂ©nĂ©ficier de leur input pour que les solutions mises au point fassent vraiment une diffĂ©rence pour leurs patients. Notre volontĂ©, Ă travers le dĂ©veloppement des technologies mĂ©dicales digitales, est en effet toujours de sauver plus de vies et de mieux soigner au quotidien.
68 TECHâ+âINNOVATION 2023 Conversation Jean-Philippe AriĂ©
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Renforcer la compétitivité technologique
Co-founder
Ibisa Network
NASIR ZUBAIRI CEO
Luxembourg House of Financial Technology
Pour renforcer sa compĂ©titivitĂ©, le Luxembourg pourrait Ă©tablir des hubs de recrutement satellites pour attirer des talents venant de lâĂ©tranger. Il serait aussi intĂ©ressant de se pencher sur la question de lâimpĂŽt sur le revenu, peutĂȘtre en instituant un rĂ©gime «ârĂ©sident non habituelâ» comme au Portugal. Pour retenir les talents, le Luxembourg pourrait revoir sa lĂ©gislation afin de soutenir la possibilitĂ© de mettre en place des plans de stock-options pour les salariĂ©s, dâaugmenter lâoffre de logements locatifs abordables et de soutenir le dĂ©veloppement dâespaces de coworking/ coliving. La simplification des processus administratifs et le dĂ©veloppement dâincitants fiscaux pour les investisseurs rendraient le pays encore plus attrayant. Sâinspirer des pratiques dâautres pays, telles que lâinitiative Smart Nation de Singapour, pourrait contribuer Ă Â favoriser lâinnovation technologique.
Selon moi, il faut continuer Ă investir dans la recherche et le dĂ©veloppement. Promouvoir lâesprit dâentreprendre et encourager la collaboration entre les universitĂ©s, lâindustrie et le gouvernement sont deux actions essentielles. Il sâagit Ă©galement de crĂ©er un environnement propice et de favoriser une culture de lâinnovation dans lâoptique dâattirer et de retenir les professionnels qualifiĂ©s et les entreprises innovantes. Enfin, lâutilisation des technologies Ă©mergentes, telles que lâintelligence artificielle et la blockchain, peut encore renforcer la compĂ©titivitĂ© du Luxembourg dans le monde.
House of Startups
Le Luxembourg peut renforcer sa compĂ©titivitĂ© en matiĂšre de technologie et dâinnovation en mettant en place deux mesures fiscales. La premiĂšre pourrait ĂȘtre une dĂ©duction fiscale pour les investissements dans les start-up et les scale-up, ce qui encouragerait les investisseurs Ă investir davantage dans ces entreprises. La seconde mesure consisterait Ă encourager la participation des employĂ©s aux bĂ©nĂ©fices de leur entreprise, une mesure supplĂ©mentaire qui pourrait renforcer la compĂ©titivitĂ© du Luxembourg en matiĂšre de technologie et dâinnovation. En stimulant lâinnovation et la croissance Ă©conomique, ces mesures pourraient attirer davantage dâinvestissements Ă©trangers dans le pays et crĂ©er de nouveaux emplois dans le secteur technologique.
Photos Mike Zenari (archives), Romain Gamba (archives)
PHILIPPE LINSTER CEO
MARIA MATEO IBORRA
La compĂ©titivitĂ© technologique du Luxembourg est essentielle. Trois experts partagent leurs conseils pour lâaccroĂźtre.
FORECAST 70 TECHâ+âINNOVATION 2023
Propos recueillis par MARIE JACQUEMIN
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