Paperjam plus - Tech+Innovation

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« Renforcer

PASCAL BOUVIER « Les fintech sont centrales pour toute l’économie »

JEAN-PHILIPPE ARIÉ

« DĂ©velopper un Ă©cosystĂšme idĂ©al en matiĂšre de technologie mĂ©dicale »

Tech + Innovation JUILLET
2023
ANKE JOUBERT ET NICOLAS GRIEDLICH
« Le potentiel de l’intelligence artificielle est dĂ©sormais libĂ©ré »
FLORIANE DE LAPPARENT ET SABIKA ISHAQ
la reprĂ©sentation des femmes dans la cybersĂ©curité »

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Édito #Ralentissement

L’arbre qui cache la forĂȘt

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont au 21e siĂšcle ce que la machine Ă  vapeur Ă©tait au 19e siĂšcle. Plus aucun secteur industriel n’échappe Ă  la lame de fond amenĂ©e par la data-driven economy, ses nouveaux modĂšles, et ses bĂ©nĂ©fices sur la productivitĂ© et la rĂ©duction des coĂ»ts.

Pour bĂ©nĂ©ficier de ce nouveau souffle dans les voiles de la croissance de leur Ă©conomie, les États font dĂ©sormais de l’innovation technologique un enjeu de compĂ©titivitĂ©. À en croire diffĂ©rents classements, le Luxembourg n’aurait pas Ă  rougir de son positionnement. Par exemple, l’European Innovation Scoreboard 2022 identifiait le Grand-DuchĂ© comme un « strong innovator » avec un score supĂ©rieur Ă  la moyenne europĂ©enne. Pourtant, « la performance du pays dĂ©passe de moins en moins celle de l’UE », indiquait le rapport, tout en pointant des faiblesses au niveau des dĂ©penses dans la R & D.

Une analyse des donnĂ©es d’Eurostat confirme en effet que les dĂ©penses en R & D du Luxembourg sont en baisse depuis plus d’une dĂ©cennie, avec 1,42 % rapportĂ© au PIB en 2010 contre 1,02 % en 2021, soit un score bien loin de la moyenne europĂ©enne de 2,26 %. Pire, la contribution des entreprises luxembourgeoises ne reprĂ©sentait plus que 0,47 % du PIB au profit des dĂ©penses en R & D publiques.

MĂȘme l’indice de rĂ©fĂ©rence DESI (Digital Economy and Society Index) observe un ralentissement. Bien que le pays y occupe la huitiĂšme place parmi les 27 États membres, il accuse le taux de progression le plus faible de toute l’UE. La cause : une pĂ©nurie de spĂ©cialistes TIC qui entrave la numĂ©risation de son Ă©conomie.

Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ?

Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !

En mai 2023, la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI) rendait son rapport Digitalisation in Europe 2022–2023, notant un retard dans l’utilisation de technologies avancĂ©es par les entreprises luxembourgeoises, telles que le 3D printing, le big data, l’IA, les plateformes et l’internet des objets.

Autant de marges de progession possibles...

RĂ©dacteur en chef BENOÎT THEUNISSEN
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TECH + INNOVATION 2023 3
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Legal Business

10 BERT BOERMAN

« La transformation digitale, une histoire sans fin »

12 DIEGO DE BIASIO « Un Ă©cosystĂšme en mouvement permanent »

18 MASTER Affûter les futurs entrepreneurs de la tech

20 ANKE JOUBERT ET NICOLAS GRIEDLICH

« Le potentiel de l’intelligence artificielle est dĂ©sormais libĂ©ré »

26 VOCABULAIRE Parlez-vous IA ?

p.64

30 FORMATION CONTINUE « Se former dans un domaine en constante Ă©volution »

32 GRÉGORY HERBÉ « Pour recruter des profils techniques, il faut de l’huile de coude »

38 APPEL À PROJETS Faciliter l’émergence de projets blockchain

40 PASCAL STEICHEN « La cybersĂ©curitĂ© est un combat permanent »

46 CARRIÈRES Les métiers de la cybersécurité

48 SABIKA ISHAQ ET FLORIANE DE LAPPARENT « Renforcer la reprĂ©sentation des femmes dans la cybersĂ©curité »

54 REGTECH Finologee, 6 ans d’aventure luxembourgeoise

56 PASCAL BOUVIER « Les fintech sont centrales pour toute l’économie »

60 INFRASTRUCTURES Les cinq fondamentaux du Luxembourg numérique

64 JEAN-PHILIPPE ARIÉ « DĂ©velopper un Ă©cosystĂšme idĂ©al en matiĂšre de technologie mĂ©dicale »

Photos Matic Zorman Jean-Philippe AriĂ© explore le potentiel et les synergies possibles de la healthtech. p.  20 Les modes de travail sont Ă  un tournant, selon Nicolas Griedlich et Anke Joubert.
TECH + INNOVATION 2023 5 Tech + Innovation Juillet 2023

Le Luxembourg, bon Ă©lĂšve en matiĂšre de digitalisation ?

Les indicateurs de la performance numĂ©rique de chaque État membre sont passĂ©s au crible par la Commission europĂ©enne de façon annuelle depuis 2014 avec le Digital Economy and Society Index (Desi). À la 8e place en 2022, tout comme en 2021, le Luxembourg se maintient au-dessus de la moyenne europĂ©enne. Voici les 15 pays en haut du classement.

Finlande 69,6

Danemark 69,3

Pays-Bas 67,4

SuĂšde 65,2

Irlande 62,7

Malte 60,8

Espagne 60,7

Luxembourg 58,8

Estonie 56,5

Australie 54,7

Slovénie 53,4

France 53,3

Allemagne 52,9

Lituanie 52,7

Portugal 50,7

RADAR 1. 2. 3. 4. 5. 6. 11. 7. 12. 8. 13. 9. 14. 10. 15.
Digitalisation des services publics Intégration des technologies digitales Connectivité Capital humain Source Digital Economy and Society Index 2022 Moyenne européenne
6 TECH + INNOVATION 2023
52,3

experiment. exchange. innovate.

govtechlab.lu

1 ENVIRONNEMENT

C’est ce qu’a dĂ©clarĂ© Adam Kramer, CEO de nZero, une plateforme de gestion et de comptabilisation du carbone en temps rĂ©el, aprĂšs avoir levĂ© 16 millions de dollars, fin avril. La sociĂ©tĂ© compte Andy Schleck parmi ses administrateurs.

2

La CSSF et la Banque centrale du Luxembourg ont publiĂ©, dĂ©but mai, une premiĂšre Ă©tude relative Ă  l’intelligence artificielle, au machine learning et Ă  l’adoption « prudente » de ces technologies par les acteurs de la place financiĂšre.

3 ÉDUCATION

Le 9 avril, Carlo Thelen, directeur gĂ©nĂ©ral de la Chambre de commerce, a Ă©voquĂ© l’enjeu de crĂ©er un centre de formation dĂ©diĂ© Ă  la donnĂ©e et Ă  sa valorisation, rĂ©unissant acteurs publics et privĂ©s, pour dĂ©velopper une rĂ©elle « filiĂšre data ».

4 IOT

Omar Qaise, CEO de OQ Technology, crĂ©Ă©e au Luxembourg en 2016, annonçait, le 18 avril dernier, que la sociĂ©tĂ© avait dĂ©crochĂ© un contrat commercial de prĂšs d’un million d’euros portant sur l’utilisation de sa constellation de satellites fournissant une couverture 5G aux appareils IoT.

5 SÉCURITÉ

Dans le magazine Paperjam de mai, Jean-Charles Manigart, senior sales manager chez F24 Luxembourg, est revenu sur les enjeux relatifs à l’adoption de la nouvelle mouture de la directive NIS (Network and Information Systems).

SĂ©lectionnĂ© par SÉBASTIEN LAMBOTTE

nZero, Eva Krins et Guy Wolff

« Ce dont nous avons besoin, dĂ©sormais, c’est d’un data campus. »
« L’engouement rĂ©cent du public pour les solutions gĂ©nĂ©ratives avancĂ©es telles que ChatGPT montre que l’avenir est dĂ©jĂ  lĂ  et qu’il nous apportera probablement des IA de plus en plus puissantes. »
« NIS2 garantira un niveau de protection plus Ă©levĂ© pour les acteurs-clĂ©s. »
« Notre prochain chapitre permettra de nous dĂ©velopper en tant qu’autoritĂ© de donnĂ©es et de faire Ă©voluer notre plateforme. »
« Nous gĂ©nĂ©rons maintenant des revenus basĂ©s sur notre constellation de satellites 5G IoT et sur la fourniture des services et des produits qu’elle peut offrir. »
8 TECH + INNOVATION 2023
Ristretto #Citations

Unmasking Sustainability: Now you see me

by European Convention Center Luxembourg November 22nd 2023

« La transformation digitale, une histoire sans fin »

En mai dernier, vous organisiez une table ronde avec plusieurs acteurs de l’asset management au Luxembourg. Quels enseignements en avez-vous tirĂ©s ?

Il s’agissait de faire un point sur les Ă©volutions et les barriĂšres qui subsistent en matiĂšre de digitalisation dans ce secteur. Ce qui apparaĂźt clairement, c’est que la transformation digitale est une histoire sans fin. La premiĂšre Ă©tape, en gĂ©nĂ©ral, consiste Ă  numĂ©riser des documents papier. La seconde vise Ă  digitaliser des processus. La troisiĂšme est une transformation digitale accomplie, avec la crĂ©ation de nouveaux business models. Je dirais qu’aujourd’hui, l’industrie de la gestion d’actifs se trouve Ă  la deuxiĂšme Ă©tape de ce processus.

Sur quels processus se concentrent les efforts de digitalisation des acteurs du secteur ?

On peut Ă©voquer l’onboarding, qui s’est dĂ©jĂ  considĂ©rablement digitalisĂ© ces derniĂšres annĂ©es. Toutefois, souvent, le recours aux documents Ă©lectroniques ou aux e-mails ne met pas un terme aux anciennes habitudes, avec des processus qui peuvent s’avĂ©rer trĂšs longs. Par exemple, chez l’un de mes anciens employeurs, nous avions toujours besoin de 16 signatures pour intĂ©grer un client
 Notre rĂŽle est d’apprendre Ă  mieux utiliser les outils disponibles afin de gagner en efficacitĂ©, mais aussi, quand cela s’impose, de transformer la façon de travailler en elle-mĂȘme. La digitalisation, cela passe aussi par un changement de mentalitĂ©.

Quels sont les principaux freins au changement dans le secteur de la gestion d’actifs ?

Le facteur humain reste un élément essentiel à cet égard. Il faut dire que la digitalisation a souvent été présentée comme une opération disruptive qui allait rendre certains

mĂ©tiers obsolĂštes. Aujourd’hui, il est essentiel de la prĂ©senter comme une opportunitĂ© de rendre les employĂ©s plus efficaces et le mĂ©tier plus « fun ».

Quelles sont les particularitĂ©s luxembourgeoises de cette transformation ?

Au Luxembourg, il y a aussi des freins liĂ©s au caractĂšre transfrontalier de l’activitĂ©. Pour les outils digitaux, la prise en compte des rĂšgles variĂ©es qui s’appliquent dans diffĂ©rentes juridictions est complexe. En outre, certaines entreprises qui ont grandi par le biais d’acquisitions se retrouvent avec une myriade de systĂšmes informatiques diffĂ©rents. Les remplacer par un environnement unique est une tĂąche dĂ©licate. Il est donc important d’adopter une approche progressive, en connectant les systĂšmes et en rĂ©duisant la complexitĂ© des processus pas Ă  pas. Enfin, il faut souligner les diffĂ©rences culturelles : on est beaucoup plus habituĂ© Ă  s’adapter rapidement aux États-Unis qu’en Europe, par exemple.

UNE PRIORITÉ NO 1 !

Selon l’Asset Management Digital Readiness Report 2022 du cabinet Alpha, 97 % des rĂ©pondants font de la digitalisation l’une de leurs principales prioritĂ©s. 63 % d’entre eux avouent toutefois qu’ils sont toujours « en train de s’organiser » par rapport Ă  cette prioritĂ©.

Comment dĂ©passer ces barriĂšres ?

D’abord, il est important de communiquer ouvertement sur l’objectif poursuivi Ă  travers un projet de digitalisation. Il faut ĂȘtre honnĂȘte sur le fait que ces changements crĂ©eront sĂ»rement des frictions au dĂ©part, mais permettront Ă  terme de faciliter le travail. Ensuite, je prĂ©conise l’approche « think big, start small » : avoir une vision ambitieuse tout en restant pragmatique dans l’approche, avançant Ă©tape par Ă©tape. Mon dernier conseil est de se lancer : l’innovation ne devrait pas faire peur, c’est, au contraire, quelque chose d’excitant !

Journaliste QUENTIN DEUXANT Photo MATIC ZORMAN
10 TECH + INNOVATION 2023 Ristretto #AssetManagement
Bert Boerman, CEO de Governance.com, fait le point sur la digitalisation dans le secteur de l’asset management et Ă©voque les Ă©lĂ©ments qui continuent Ă  retarder cette indispensable transformation.

« Un Ă©cosystĂšme en mouvement permanent »

La premiĂšre mouture du Technoport a vu le jour il y a dĂ©jĂ  25 ans. L’occasion de faire le point sur l’évolution de l’écosystĂšme soutenant le dĂ©veloppement d’entreprises technologiques au Luxembourg avec Diego De Biasio, CEO du Technoport.

Photo ROMAIN GAMBA
Journaliste QUENTIN DEUXANT
12 TECH + INNOVATION 2023 Conversation Diego De Biasio
Diego De Biasio constate que, depuis 2012, les structures de soutien aux start-up ont explosé.

Il y a 25 ans naissait au sein du Centre de recherche public Henri Tudor, aujourd’hui partie intĂ©grante du List, le premier Technoport. Est-ce le rĂ©el point de dĂ©part de l’ensemble des initiatives soutenant le dĂ©veloppement des start-up technologiques au Luxembourg ?

On peut en tout cas dire que cette structure est l’ancĂȘtre du Technoport tel qu’on le connaĂźt aujourd’hui. Elle a Ă©tĂ© lancĂ©e en 1998 dans un contexte dĂ©licat, puisque nous Ă©tions en plein Ă©clatement de la bulle internet. AprĂšs trois annĂ©es de fonctionnement, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de faire du Technoport un dĂ©partement à part entiĂšre du centre de recherche. En 2002-2003, c’est Ecostart, deuxiĂšme structure dĂ©diĂ©e Ă  l’hĂ©bergement de start-up, qui a vu le jour. Rapidement, il est apparu que deux initiatives de ce genre, dans un pays de la taille du Luxembourg, c’était probablement un peu trop. L’OCDE a d’ailleurs Ă©mis une recommandation allant dans ce sens. DĂšs 2006, nous avons donc commencĂ© Ă  discuter d’une fusion entre Ecostart et le Technoport. Les discussions ont abouti en 2012, avec la crĂ©ation de Technoport SA. Depuis cette date, nous avons assistĂ© Ă  une vĂ©ritable explosion du nombre de structures soutenant les start-up dans le pays.

De quels diffĂ©rents Ă©lĂ©ments se composent aujourd’hui cet Ă©cosystĂšme ?

Je pense qu’il faut distinguer les incubateurs des autres Ă©lĂ©ments qui composent cet Ă©cosystĂšme, comme les aides Ă©tatiques, le rĂ©seau de business angels, les services de support, etc. Au niveau des structures qui incubent les projets, les soutiennent, offrent un rĂ©seau et des infrastructures pour les dĂ©velopper, on peut citer la Lhoft, le 1535° Creative Hub, Neobuild, le Luxembourg-City Incubator, la House of Biohealth, l’incubateur de l’UniversitĂ© du Luxembourg, ou encore des initiatives privĂ©es comme celles de Paul Wurth – Paul Wurth InCub – ou du CrĂ©dit Agricole – Le Village. Certaines sont trĂšs spĂ©cialisĂ©es, d’autres plus gĂ©nĂ©ralistes. Le Technoport complĂšte ce paysage et diversifie aussi son action.

Par exemple, récemment, nous avons établi une joint-venture avec Vodafone, appelée Tomorrow Street, qui se concentre plutÎt sur les scale-up.

La crĂ©ation de ces structures s’est-elle inscrite dans la stratĂ©gie de dĂ©veloppement Ă©conomique du gouvernement luxembourgeois, en privilĂ©giant certains secteurs ? Le Luxembourg compte en effet une sĂ©rie de structures qui sont spĂ©cialisĂ©es dans certains domaines d’activitĂ©. C’est parfois la stratĂ©gie gouvernementale qui a permis de leur donner naissance. Je pense Ă  la Lhoft, qui rĂ©pond aux importants besoins de la place financiĂšre luxembourgeoise en matiĂšre de fintech. Le Luxembourg-City Incubator et la House of Startups sont des Ă©manations de la Chambre de commerce. Le 1535° Creative Hub a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par la Ville de Differdange pour rĂ©pondre Ă  un besoin dans le secteur crĂ©atif. Par contre, mĂȘme si le Technoport se positionne fortement dans ce secteur, nous n’avons pas d’incubateurs spĂ©cialisĂ©s dans le spatial, alors que c’est un axe de dĂ©veloppement fort pointĂ© par le gouvernement. Par ailleurs, certaines structures Ă©manent tout simplement du secteur privĂ©, comme Neobuild. Ces acteurs privĂ©s sont, eux aussi, Ă  mĂȘme d’identifier leurs propres besoins et de mettre en place ce qu’il faut pour y rĂ©pondre. Du cĂŽtĂ© du Technoport, nous sommes certes soutenus par l’État, mais nous restons gĂ©nĂ©ralistes, ce que nous voyons comme une force pour crĂ©er des synergies trans-sectorielles. Nous segmentons toutefois notre approche entre le travail rĂ©alisĂ© auprĂšs des start-up, celui que nous menons avec les spin-off Ă©manant de centres de recherche, et, enfin, l’accompagnement des centres de recherche et dĂ©veloppement de groupes Ă©tablis.

Quelles sont les principales rĂ©ussites que vous Ă©pingleriez depuis la crĂ©ation du Technoport ?

En 25 ans, il y en a eu beaucoup, mĂȘme si tout dĂ©pend de ce que l’on appelle une rĂ©ussite. Pour nous, chaque entreprise qui sort de l’incubateur est un succĂšs, car nous les avons accompagnĂ©es tout au

25 ANS, ÇA SE FÊTE !

Pour marquer son 25e anniversaire, le Technoport coorganise, du 12 au 15 septembre, le congrĂšs annuel de l’Association internationale des parcs scientifiques, une structure qui compte 350 membres Ă  travers le monde. Au cours de l’évĂ©nement seront notamment prĂ©sentĂ©es les diffĂ©rentes rĂ©alisations du Luxembourg en matiĂšre d’innovation, mais aussi celles Ă  venir, notamment les campus d’Esch-sur-Alzette (santĂ©), de Bissen (automobile) ou de Kockelscheuer (spatial). 500 Ă  600 personnes sont attendues durant ces quatre jours pour partager leurs rĂ©flexions en la matiĂšre. Plus d’infos sur : www.iaspworldconference.com

14 TECH + INNOVATION 2023 Conversation Diego De Biasio
« Nous n’avons pas d’incubateurs spĂ©cialisĂ©s dans le spatial. »

La normalisation au service de la transformation digitale

L’accĂ©lĂ©ration de la convergence

des technologies ouvre la voie à une transformation digitale sans précédent. Comment les normes contribuent-elles à ces développements ?

La transformation digitale contribue Ă  la compĂ©titivitĂ© du marchĂ© national. Il demeure cependant difficile de suivre toutes les Ă©volutions technologiques et notamment d’en apprĂ©hender les nombreux dĂ©fis, par exemple en matiĂšre de sĂ©curitĂ©.

Dans ce contexte, la normalisation technique joue un rĂŽle primordial, facilitant l’adoption des technologies et dĂ©finissant des exigences visant Ă  garantir leur interopĂ©rabilitĂ© ou encore Ă  minimiser les risques de sĂ©curitĂ©. En tĂ©moigne d’ailleurs le recours croissant de l’Union EuropĂ©enne aux normes en support de sa stratĂ©gie numĂ©rique, derniĂšrement, par exemple, Ă  l’appui de sa politique en matiĂšre d’intelligence artificielle. Au niveau national, l’ILNAS, en tant qu’organisme luxembourgeois de normalisation, est l’interlocuteur pour toute organisation souhaitant s’impliquer dans

les travaux de normalisation, notamment dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), que cela soit au plan national, europĂ©en ou international. Dans ce cadre, il a publiĂ© le 13 juin 2023 une nouvelle version de son analyse normative TIC, permettant aux organisations d’identifier des travaux de normalisation pertinents pour leurs activitĂ©s.

De plus, il est Ă  noter qu’au Luxembourg, la participation aux comitĂ©s techniques de normalisationqui rĂ©digent les normes - est gratuite, pour encourager le marchĂ© Ă  devenir acteur du dĂ©veloppement des futures bonnes pratiques quel que soit le secteur concernĂ©, et ainsi, contribuer Ă  la compĂ©titivitĂ© et Ă  la dĂ©fense des valeurs du marchĂ© national aux plans europĂ©en et mondial.

NICOLAS DOMENJOUD

Responsable secteur « TIC & Normalisation » - Organisme

Luxembourgeois de Normalisation t. +352 247 743-46

nicolas.domenjoud@ilnas.etat.lu

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M. Nicolas Domenjoud, ILNAS
Crédits ILNAS

Conversation Diego De Biasio

long de leur parcours jusqu’à ce qu’elles puissent se dĂ©velopper par elles-mĂȘmes. Mais s’il fallait pointer certaines sociĂ©tĂ©s en particulier, je citerais Conostix, Open Assessment Technologies, Luxscan Technologies, SecureWave, Agilis Engineering, RCDevs, Tadaweb, Trendiction, Passbolt, iNui Studio, Finquest, ANote Music, Jamendo, ITTM, etc. Au total, ce sont pas moins de 100 entreprises qui sont sorties du Technoport depuis sa crĂ©ation, et 18 d’entre elles ont Ă©tĂ© rachetĂ©es par des structures internationales. Certaines sont devenues, par ellesmĂȘmes, des rĂ©fĂ©rences mondiales dans leur domaine.

Comment le Covid a-t-il impactĂ© votre activité ? Êtes-vous revenu Ă  un niveau d’occupation Ă©quivalent Ă  l’avant-pandĂ©mie ?

Il est clair que le Covid a eu un impact important : nous avons reçu 50 % de demandes en moins qu’en temps normal durant cette pĂ©riode. Cela s’explique par le fait que seules 50 % des start-up que nous accueillons sont luxembourgeoises.

canadienne ou indienne Ă  aller au Luxembourg pour se dĂ©velopper ?

Plusieurs facteurs interviennent. D’abord, on l’a dit, certains secteurs sont mis en avant par le gouvernement, comme le spatial. Cette position de l’État contribue directement Ă  rendre le Luxembourg attractif pour les porteurs de projets dans ce domaine particulier. Nous avons aussi d’autres sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres qui dĂ©veloppent des projets liĂ©s Ă  l’économie circulaire, et qui savent que le Luxembourg a une approche dynamique Ă  ce sujet. Pour le reste, c’est le bouche-Ă -oreille qui joue beaucoup et contribue Ă  amener de nouvelles sociĂ©tĂ©s au sein des incubateurs du pays.

OÙ EST LA SORTIE ?

Diego De Biasio l’explique dans son interview : chaque sortie d’une start-up du Technoport est une rĂ©ussite, car elle est l’aboutissement d’un travail menĂ© parfois depuis plusieurs annĂ©es. En la matiĂšre, les chiffres de l’an dernier ont atteint des sommets : neuf sociĂ©tĂ©s ont en effet quittĂ© la structure pour voler de leurs propres ailes. « Et nous en sommes dĂ©jĂ  Ă  trois sociĂ©tĂ©s en 2023, ce qui explique que le nombre d’entreprises hĂ©bergĂ©es aujourd’hui soit lĂ©gĂšrement en dessous de notre moyenne habituelle de 35 Ă  40 entreprises », prĂ©cise le CEO du Technoport.

12 % viennent de la Grande RĂ©gion, et le reste est issu de l’international, tous continents confondus. Or, les voyages Ă©tant quasiment impossibles durant le Covid, les sociĂ©tĂ©s qui auraient voulu nous rejoindre n’auraient tout simplement pas pu le faire. Cela dit, mĂȘme si les demandes Ă©taient moins nombreuses, la qualitĂ© des projets que nous avons soutenus Ă©tait plus Ă©levĂ©e. Aujourd’hui, nous sommes revenus Ă  des chiffres comparables Ă  ce que nous connaissions avant la pandĂ©mie. Nous hĂ©bergeons Ă  prĂ©sent 25 projets, et une douzaine sont Ă  l’analyse. Nous ne sommes que 6 personnes pour gĂ©rer l’activitĂ© du Technoport, il faut donc essayer d’ĂȘtre le plus efficace possible dans nos processus d’analyse, de sĂ©lection et de suivi. Par ailleurs, l’espace du Technoport n’est pas extensible à l’infini. Nous disposons d’une surface de 16.000 m2, avec 10.000 m2 de halls. ConsidĂ©rant ces facteurs, l’idĂ©al est d’accueillir 35 Ă  40 sociĂ©tĂ©s.

Vous Ă©voquez les structures internationales qui rejoignent le Technoport. Qu’est-ce qui pousse une sociĂ©tĂ©

Aujourd’hui, peut-on dire que l’écosystĂšme des start-up est suffisamment dĂ©veloppĂ© au Luxembourg ? Quels sont les éventuels points d’attention ? Tout Ă©cosystĂšme est en mouvement permanent, et c’est aussi le cas du nĂŽtre. Notre responsabilitĂ© est de continuer Ă  nous amĂ©liorer, en restant attentifs Ă  ce qui se fait dans d’autres pays. Évidemment, la question de la pĂ©nurie de talents nous concerne particuliĂšrement, mĂȘme si je constate que certaines sociĂ©tĂ©s trĂšs spĂ©cialisĂ©es parviennent Ă  attirer des profils venus de l’autre bout du monde, simplement parce que ce qu’elles font est trĂšs attrayant. Et ce phĂ©nomĂšne devrait se renforcer lorsque l’écosystĂšme aura atteint sa pleine maturitĂ©, qu’il sera encore mieux connu Ă  l’international. Cela dit, il faut pouvoir payer ces compĂ©tences. C’est pourquoi le second point d’attention est le financement. Je pense que l’on pourrait faire davantage pour mieux impliquer les acteurs du private equity / venture capital dans le financement de structures prometteuses. Au-delĂ  de ces quelques points, je pense qu’il faut pouvoir se fĂ©liciter du chemin qui a Ă©tĂ© parcouru au cours des 25 derniĂšres annĂ©es : je ne pouvais pas rĂȘver d’un meilleur Ă©cosystĂšme quand j’ai commencĂ© Ă  travailler dans ce secteur en 2001.

« Ce sont pas moins de 100 entreprises qui sont sorties du Technoport. »
16 TECH + INNOVATION 2023

Sociétés Tech : adoptez une stratégie IP !

Les sociétés innovantes, souvent technologiques, négligent trop souvent la protection de leurs actifs immatériels et mettent en péril leurs investissements.

La place Luxembourgeoise confirme d’une annĂ©e sur l’autre son statut de terre d’accueil de l’innovation. NĂ©anmoins, on observe que de nombreuses sociĂ©tĂ©s tech, start up ou non ayant crĂ©Ă© une innovation leur confĂ©rant un avantage compĂ©titif sur un marchĂ© identifiĂ©, ont une politique IP qui demeure insuffisante ou trop faible. Pour rappel, la propriĂ©tĂ© intellectuelle est l’ensemble des droits protĂ©geant les crĂ©ations de l’esprit et a donc pour vocation de protĂ©ger le principal actif de ces sociĂ©tĂ©s innovantes. Ainsi, elle :

‱ confĂšre notamment Ă  ces entreprises le monopole d’utilisation ou de commercialisation de leur crĂ©ation,

‱ protĂšge les investissements qui ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dans le cadre de ces crĂ©ations,

‱ empĂȘche toute personne non autorisĂ©e Ă  tirer un bĂ©nĂ©fice de celle-ci.

On vise ici les droits d’auteurs, les brevets, les marques, les dessins et modùles, les protections de bases de don-

nĂ©es, les secrets d’affaires et le savoir-faire. Par ailleurs, la gestion des droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle est nĂ©cessaire aux sociĂ©tĂ©s tech pour

‱ gĂ©nĂ©rer du revenu,

‱ attirer des investisseurs,

‱ auditer le portefeuille de actifs immatĂ©riels de la sociĂ©tĂ© concernĂ©e,

‱ encadrer les relations avec les clients et partenaires.

Aussi, est-il indispensable pour ces sociĂ©tĂ©s d’adopter une stratĂ©gie IP pour :

‱ protĂ©ger l’actif le plus important c’est-Ă -dire l’innovation,

‱ Ă©viter les litiges et Ă©viter les contrefaçons,

‱ assurer leur valorisation,

‱ assurer leur croissance.

SociĂ©tĂ©s tech, qu’on se le dise, nĂ©gliger votre protection IP c’est mettre en pĂ©ril vos investissements.

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ME. BERTRAND MOUPFOUMA Avocat
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Affûter les futurs entrepreneurs de la tech

Mener Ă  bien un projet entrepreneurial s’appuyant sur les technologies les plus rĂ©centes implique de prendre en considĂ©ration de nombreux aspects techniques, stratĂ©giques et business. À travers son master en « technopreneurship », l’UniversitĂ© du Luxembourg veut permettre aux entrepreneurs d’aujourd’hui et de demain de faire de la technologie un catalyseur de croissance.

Quels sont les ingrĂ©dients indispensables Ă  la rĂ©ussite d’un projet entrepreneurial dans le domaine de la technologie ?

Comment, au dĂ©part d’une idĂ©e ou d’une technologie, mettre en Ɠuvre un projet crĂ©ateur de valeur pour le business ? Il n’y a Ă©videmment pas de recette unique du succĂšs. La rĂ©ussite dĂ©coule souvent d’un heureux alignement de facteurs. « Pour mettre toutes les chances de son cĂŽtĂ©, il est toutefois intĂ©ressant de comprendre les Ă©lĂ©ments qui dĂ©terminent la rĂ©ussite d’un projet technologique au service du business », commente Pascal Bouvry, professeur au sein du dĂ©partement Informatique Ă  l’UniversitĂ© du Luxembourg.

Ce passionnĂ© d’informatique est aujourd’hui directeur du master « Technopreneurship : Mastering smart ICT, standardisation and digital trust for enabling next generation of ICT solutions », dont l’ambition est justement de former les futurs leaders dans le domaine des smart ICT. « Si l’on considĂšre les compĂ©tences prĂ©sentes sur le marchĂ© de l’emploi, on trouve beaucoup de personnes disposant de connaissances techniques autour de

divers sujets informatiques ou technologiques. D’un autre cĂŽtĂ©, on a des profils maĂźtrisant des enjeux business, marketing ou capables de soutenir des projets d’innovation », poursuit­il. Or, la rĂ©ussite d’un projet entrepreneurial implique de bien apprĂ©hender tous ces aspects. «  Pour entreprendre dans le domaine de la technologie, il faut les deux mondes. Apple ne serait sans doute pas la firme qu’elle est aujourd’hui s’il n’y avait pas eu un Steve Wozniak aux cĂŽtĂ©s de Steve Jobs, et si les deux n’étaient pas parvenus Ă  se comprendre et Ă  s’accorder au dĂ©part sur une ambition commune », ajoute Pascal Bouvry.

Moutons Ă  cinq pattes Le master en « technopreneurship » est nĂ© d’une collaboration entre l’UniversitĂ© du Luxembourg et l’Institut luxembourgeois de la normalisation, de l’accrĂ©ditation, de la sĂ©curitĂ© et qualitĂ© des produits et services (Ilnas) et est opĂ©rĂ© par le Luxembourg Lifelong Learning Centre (LLLC). Son objectif est de permettre Ă  des professionnels Ă©manant du monde

technique d’acquĂ©rir des compĂ©tences autour des enjeux business et, Ă  l’inverse, Ă  des personnes occupant des fonctions commerciales ou stratĂ©giques de mieux apprĂ©hender la technologie. De cette maniĂšre, il est possible de former des personnes qu’il convient aujourd’hui de qualifier de « moutons Ă  cinq pattes ».

« Cette formation d’un genre nouveau s’adresse donc Ă  des professionnels. Les personnes qui suivent ce cursus, un master de 60 ECTS qui s’étend sur deux annĂ©es, ont entre 30 et 35 ans, commente Pascal Bouvry. Les candidats au master viennent le plus souvent avec une idĂ©e, qui peut Ă©voluer au fil de la formation et des connaissances acquises. Le dernier semestre est entiĂšrement consacrĂ© Ă  l’élaboration d’un travail autour de sujets divers, en lien avec le contexte professionnel dans lequel Ă©volue le participant. » (Voir ci­contre)

Anticiper les normes de demain

La formation vise à fournir aux étudiants une base de connaissances sur des sujets variés, autour des enjeux business actuels et des technologies de

MASTER
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l’information et de la communication de pointe, dites intelligentes, comme le cloud, l’IoT, l’intelligence artificielle, la blockchain, etc. « La volontĂ© est de permettre Ă  chacun de considĂ©rer ces Ă©volutions technologiques, d’en maĂźtriser les concepts, afin de pouvoir s’appuyer dessus pour concevoir et mettre en Ɠuvre des stratĂ©gies business. Il s’agit de donner les clĂ©s pour faire de la technologie un catalyseur de croissance dans l’industrie du numĂ©rique », poursuit Pascal Bouvry. La formation, Ă©galement soutenue par les organismes europĂ©ens de normalisation, aborde aussi les enjeux relatifs Ă  l’établissement de normes Ă  la faveur de la confiance et d’une utilisation toujours plus efficace des technologies.

« Cette proximitĂ© avec les comitĂ©s de normalisation permet d’offrir Ă  nos Ă©tudiants des perspectives sur les cadres dans lesquels pourront ĂȘtre mises en

Ɠuvre ces technologies, en matiĂšre de sĂ©curitĂ©, de confiance ou encore de traitement. C’est un enjeu essentiel pour bien investir dans ce domaine », explique le directeur du programme.

Appréhender tous les enjeux

L’un des grands intĂ©rĂȘts de la formation, souligne Pascal Bouvry, rĂ©side dans la diversitĂ© des participants. Des Ă©tudiants disposant d’un profil juridique vont y cĂŽtoyer des techniciens ou encore des professionnels de la gestion de projet.

« Chacun vient avec des attentes particuliĂšres. Petit Ă  petit, on se rend compte que, pour entreprendre des projets dans ce domaine, il faut parvenir Ă  parler un mĂȘme langage, Ă  aligner les enjeux Ă  travers une stratĂ©gie unique, explique le professeur. S’il n’est pas nĂ©cessaire de savoir programmer pour entreprendre dans ce domaine, il faut une base de connaissances suffisante pour comprendre et interprĂ©ter le code, s’assurer de maĂźtriser les tenants et aboutissants liĂ©s Ă  l’utilisation de la technologie. »

En outre, au dĂ©part d’exemples concrets de rĂ©ussite ou d’échec de projets entrepreneuriaux dans le domaine de la technologie, les participants au master vont apprĂ©hender de nombreuses dimensions essentielles Ă  la rĂ©ussite d’un projet, comme les logiques de retour sur investissement, les enjeux de marchĂ© ou encore l’importance du timing. « Souvent, un produit technologique, dans un monde connectĂ©, est appelĂ© Ă  interagir avec d’autres solutions numĂ©riques. Au-delĂ  des idĂ©es, il y a un contexte qu’il faut considĂ©rer », assure Pascal Bouvry. L’exemple de Meta, qui a consacrĂ© des moyens exorbitants au dĂ©veloppement du mĂ©tavers, rĂ©vĂšle que le marchĂ© n’est pas forcĂ©ment rĂ©ceptif Ă  de nouvelles idĂ©es ou, le cas Ă©chĂ©ant, n’a pas atteint le niveau de maturitĂ© requis. « Dans l’histoire des Ă©volutions technologiques, les exemples sont nombreux. Il est important de s’y intĂ©resser pour bien cerner ces enjeux, ajoute le professeur. L’enjeu est de permettre Ă  chacun de dĂ©velopper une vision prospective des technologies futures et Ă©mergentes afin d’assimiler, de diffuser et d’utiliser efficacement les connaissances et de faire les bons choix, au bon moment. »

Des sujets trÚs variés

À travers les travaux proposĂ©s, la premiĂšre gĂ©nĂ©ration de « technopreneurs » luxembourgeois a abordĂ© des thĂ©matiques variĂ©es.

FINANCE

En ce qui concerne la transformation numĂ©rique de la finance dans l’optique d’en accroĂźtre l’efficacitĂ©, d’amĂ©liorer l’expĂ©rience client et de stimuler la croissance, un des travaux visait Ă  fournir une revue pratique de cinq enjeux-clĂ©s en la matiĂšre : l’identification d’un business case, la gouvernance informatique nĂ©cessaire, le cadre de gestion du changement, l’importance et la valeur d’une approche standardisĂ©e, la confiance dans les transformations digitales.

NFT

Un autre projet visait Ă  rĂ©aliser une analyse des lacunes en matiĂšre de normalisation dans le domaine de la blockchain et des technologies des registres distribuĂ©s. Alors que les activitĂ©s liĂ©es aux jetons non fongibles (NFT) sont appelĂ©es Ă  se dĂ©velopper, il s’agissait d’analyser les diffĂ©rentes Ă©tapes de la crĂ©ation d’un projet recourant aux NFT sur la base d’un projet pilote : la segmentation des projets NFT, l’évaluation de l’infrastructure liĂ©e aux projets NFT, les contrats intelligents NFT, le traitement sĂ©curisĂ© des mĂ©tadonnĂ©es, la sĂ©curitĂ© des donnĂ©es, les droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle et la fiabilitĂ© des projets NFT.

TRANSFORMATION NUMÉRIQUE

Parmi les autres travaux menĂ©s, l’un consistait Ă  poser les bases du dĂ©veloppement de nouveaux services de conseil pour aider les entreprises Ă  Ă©valuer et Ă  amĂ©liorer leur maturitĂ© numĂ©rique. Par une approche mĂ©thodologique, il s’agit de proposer un modĂšle d’évaluation applicable Ă  toute entreprise, quel que soit son secteur ou son domaine d’activitĂ©. Ce travail n’a pas permis d’identifier de norme internationale traitant de la maniĂšre dont le niveau de maturitĂ© d’une organisation doit ĂȘtre dĂ©terminĂ©. Cette thĂšse a cherchĂ© Ă  combler – en partie du moins – cette lacune.

PASCAL BOUVRY Professeur au sein du département Informatique Université du Luxembourg
TECH + INNOVATION 2023 19
« Donner les clĂ©s pour faire de la technologie un catalyseur de croissance dans l’industrie du numĂ©rique. »

« Le potentiel de l’intelligence artificielle est dĂ©sormais libĂ©ré »

L’intelligence artificielle (IA) va profondĂ©ment modifier nos maniĂšres de travailler. S’il s’agit d’une rĂ©volution, elle n’est pas pour autant simple Ă  apprĂ©hender. Explications avec Nicolas Griedlich, partner, et Anke Joubert, senior manager, experts de l’IA chez Deloitte Luxembourg.

Photo MATIC ZORMAN
20 TECH + INNOVATION 2023
Selon Nicolas Griedlich et Anke Joubert, l’IA est avant tout un outil d’aide au quotidien ne fonctionnant jamais seul.

Conversation Anke Joubert et Nicolas Griedlich

L’IA est au cƓur de nombreuses discussions. Si l’on s’attend Ă  une rĂ©volution, comment en dĂ©finir l’ampleur ?

NICOLAS GRIEDLICH (N. G.) Nous assistons en effet Ă  une accĂ©lĂ©ration du dĂ©ploiement des outils d’IA. Cependant, les concepts qui y sont associĂ©s ne sont en rien nouveaux. Les possibilitĂ©s liĂ©es Ă  l’IA font l’objet d’une exploration depuis plusieurs dĂ©cennies. Aujourd’hui, de nombreux acteurs dĂ©ploient cette technologie dans tous les secteurs. On accĂšde beaucoup plus facilement à des solutions avancĂ©es d’exploitation et de traitement de la donnĂ©e qui s’appliquent Ă  de nombreux cas d’usage dans beaucoup de domaines d’activitĂ©. Il ne faut pas forcĂ©ment ĂȘtre un professionnel du numĂ©rique pour tester ces solutions et explorer les possibilitĂ©s offertes par ces outils. Il suffit simplement de quelques clics – et c’est gratuit – sans que des bonnes pratiques ou un cadre soient clairement Ă©tablis.

Quelles sont les principales raisons menant Ă  l’accĂ©lĂ©ration de l’IA ?

ANKE JOUBERT (A. J.) L’accĂ©lĂ©ration en cours depuis 10 ans s’explique, entre autres, par une dĂ©mocratisation des ressources informatiques, ainsi qu’un accĂšs plus aisĂ© Ă  de la puissance de traitement, notamment grĂące au dĂ©veloppement des plateformes cloud et Ă  leur adoption par un nombre croissant d’acteurs. Le potentiel de l’IA est dĂ©sormais libĂ©rĂ©.

ChatGPT, depuis quelques mois, suscite beaucoup d’émoi – de l’enthousiasme autant que des craintes. Quel regard portezvous sur les enjeux liĂ©s au dĂ©ploiement de ces solutions ?

A. J. En effet, ChatGPT a initiĂ© le buzz autour de l’IA gĂ©nĂ©rative aprĂšs l’ajout, par OpenAI, d’une simple interface interactive par-dessus un modĂšle de langage de grande taille (large language model – LLM), en novembre dernier. De ce fait, la sociĂ©tĂ© a rendu l’IA gĂ©nĂ©rative accessible au grand public. Cependant, nous devons ĂȘtre prudents lorsque nous abordons l’IA gĂ©nĂ©rative. En effet, nous devons l’aborder dans son ensemble, et ne pas la restreindre

Ă  ChatGPT. L’IA gĂ©nĂ©rative inclut une multitude d’outils basĂ©s sur cette technologie, notamment la gĂ©nĂ©ration de textes, mais aussi d’images, de code, de voix, de vidĂ©os. L’accessibilitĂ© accrue Ă  ces outils a suscitĂ© une excitation et une ouverture Ă  de nombreuses opportunitĂ©s, mais nous devons garder Ă  l’esprit que leur adoption implique certains dĂ©fis et risques


N. G. Le potentiel des IA gĂ©nĂ©ratives est Ă©norme. Si ChatGPT constitue la premiĂšre gĂ©nĂ©ration de ces solutions, aujourd’hui, des millions d’outils s’appuient sur cette technologie. Jusqu’à prĂ©sent, les applications d’IA Ă©taient dĂ©ployĂ©es dans une optique d’automatisation des processus pour fluidifier le suivi d’opĂ©rations. Avec cette nouvelle gĂ©nĂ©ration de solutions, on explore le potentiel crĂ©atif des solutions d’IA. Cependant, il faut Ă©galement se rappeler que ces outils font exactement ce pour quoi ils ont Ă©tĂ© imaginĂ©s : gĂ©nĂ©rer des rĂ©ponses. Ils le font Ă  la demande, sur la base du contenu qui leur est fourni au dĂ©part et de ce qu’ils ont appris. Vous leur posez une question et vous obtenez une rĂ©ponse. Est-elle bonne ou mauvaise ? Si vous connaissez le sujet, vous pourrez facilement vous en rendre compte. Dans le cas contraire, vous n’ĂȘtes pas en capacitĂ© d’évaluer la validitĂ© de la rĂ©ponse.

Pour un dirigeant d’entreprise, comment bien apprĂ©hender les possibilitĂ©s associĂ©es Ă  cette technologie ?

N. G. Aujourd’hui, l’IA est la technologie la plus avancĂ©e pour valoriser les donnĂ©es dont on dispose. L’enjeu est de voir comment cela peut soutenir des processus, lever des freins et satisfaire de nouveaux besoins. Il ne s’agit pas de faire de l’IA pour de l’IA. Il y a un enjeu essentiel d’éducation prĂ©alablement Ă  tout projet. Si l’IA est appelĂ©e Ă  se dĂ©ployer dans de nombreux contextes, les Ă©quipes doivent ĂȘtre en capacitĂ© de comprendre comment elle agit, d’évaluer les rĂ©sultats de son travail, ainsi que la valeur de ce qui est gĂ©nĂ©rĂ©. L’enjeu actuel est de prĂ©server la maĂźtrise, ainsi que la connaissance des processus utilisĂ©s dans l’entreprise.

« L’IA est la technologie la plus avancĂ©e pour valoriser les donnĂ©es dont on dispose. »
22 TECH + INNOVATION 2023
NICOLAS GRIEDLICH Partner Deloitte Luxembourg

L’IA s’appuie sur l’humain autant que l’humain est appelĂ© Ă  travailler avec elle, en somme


N. G. Dans notre approche, nous n’évoquons jamais l’IA seule, mais l’« IA avec  », comme un outil d’aide dans le quotidien professionnel. La technologie, en l’état, ne va pas remplacer l’humain, mais le soutenir. Si les IA gĂ©nĂ©ratives sont appelĂ©es Ă  produire du contenu et mĂȘme des Ă©lĂ©ments crĂ©atifs, il faudra toujours en valider la pertinence. L’IA ne remplacera pas la discussion que nous avons aujourd’hui. Par contre, elle peut nous aider Ă  prĂ©parer l’interview, prĂ©ciser les questions et prĂ©parer les rĂ©ponses. Toutefois, la pertinence de l’article qui sera produit s’appuie essentiellement sur l’échange qui a eu lieu autour du sujet.

Aujourd’hui, dans la sphĂšre business au Luxembourg, quels sont les cas d’utilisation les plus frĂ©quents ?

A. J. Les cas d’utilisation les plus frĂ©quents ont recours au traitement du langage naturel : un type spĂ©cifique d’IA qui permet notamment d’extraire des Ă©lĂ©ments d’information utiles d’un document pour, par exemple, soutenir un processus ou alimenter une base de donnĂ©es. La technologie permet notamment des gains de temps importants dans la mise en Ɠuvre d’une procĂ©dure de KYC ( know your customer, ndlr ). Cette mĂȘme technologie est celle qui se retrouve derriĂšre les agents conversationnels, Ă  l’instar des chatbots, pour soutenir l’interaction avec les utilisateurs. L’IA dans le domaine de la reconnaissance d’image est aussi dĂ©ployĂ©e dans divers cas d’usage. Elle permet d’aller rechercher de l’information dans des documents qui ne se prĂ©sentent pas sous la forme de texte, mais d’image. Par exemple, on peut utiliser la reconnaissance d’image pour Ă©valuer les dĂ©gĂąts sur une voiture au dĂ©part d’une photo. Cela permet d’éviter beaucoup d’interventions manuelles.

N. G. Le traitement du langage naturel est aussi beaucoup utilisĂ© pour transcrire des Ă©changes et faire des rĂ©sumĂ©s d’une discussion. Ces quelques exemples, toutefois, ne permettent pas de se rendre compte de l’étendue des

possibilitĂ©s offertes par ces technologies. Aujourd’hui, l’enjeu est de partir de besoins et de points de friction identifiĂ©s au niveau d’un processus pour envisager la maniĂšre avec laquelle l’IA peut les rĂ©soudre. Dans la plupart des cas, si la donnĂ©e est disponible, dĂ©jĂ  maĂźtrisĂ©e par l’entreprise et que le projet a du sens pour le business, il y a des solutions Ă  mettre en Ɠuvre.

Les IA gĂ©nĂ©ratives semblent avoir un potentiel de transformation plus important encore. Quels sont les cas d’utilisation les plus frĂ©quents ?

A. J. Les possibilitĂ©s sont aussi nombreuses. On peut, par exemple, Ă©voquer le recours Ă  ces solutions pour la mise en place de formations. Elles permettent de proposer des sessions ou de crĂ©er des vidĂ©os animĂ©es avec un avatar autour de divers sujets. Dans l’industrie crĂ©ative, la capacitĂ© des IA Ă  gĂ©nĂ©rer des images pour des besoins publicitaires sans devoir recourir Ă  une sĂ©ance de prise de photos ouvre Ă©galement de nouvelles perspectives.

N. G. Autour de ces sujets, des enjeux relatifs Ă  la propriĂ©tĂ© intellectuelle se posent encore. Il y a lieu de se demander qui dĂ©tient les droits d’auteur : si l’on demande par exemple Ă  une IA de nous Ă©crire une chanson Ă  la maniĂšre de Nick Cave, Ă  qui reviennent les droits d’auteur ? Cet artiste, en particulier, s’est dit scandalisĂ© par ce type de dĂ©marche.

En l’occurrence, au regard des capacitĂ©s de cette technologie, elle est en mesure de faire le travail rĂ©alisĂ© par des rĂ©dacteurs, des graphistes, etc. Si elle ne les remplace pas, elle va profondĂ©ment affecter leur maniĂšre de travailler


N. G. Je ne pense pas que l’IA va remplacer des mĂ©tiers, tels que le mĂ©tier de journaliste. Nous sommes ainsi aujourd’hui confrontĂ©s Ă  une prolifĂ©ration de fake news, dont la production peut ĂȘtre soutenue par l’IA et qui affectent nos dĂ©mocraties. Dans ce contexte, le recours Ă  ces technologies va contribuer Ă  remettre en lumiĂšre la vraie valeur du mĂ©tier de journaliste, qui est de garantir la vĂ©racitĂ© de

UN IA ACT ?

Actuellement, le lĂ©gislateur europĂ©en avance sur son projet de rĂ©glementation visant Ă  encadrer l’intelligence artificielle. Son objectif est de veiller Ă  ce que les systĂšmes d’intelligence artificielle mis sur le marchĂ© et utilisĂ©s au sein de l’Union europĂ©enne soient sĂ»rs et respectent les valeurs de celle-ci, ainsi que la lĂ©gislation en vigueur en matiĂšre de droits fondamentaux.

Cette rĂ©glementation doit favoriser les investissements et l’innovation dans le domaine de l’IA, renforcer la gouvernance et l’application effective de la lĂ©gislation existante en matiĂšre de droits fondamentaux et de sĂ©curitĂ©, et faciliter le dĂ©veloppement d’un marchĂ© unique pour les applications d’IA.

« Il faut veiller Ă  un Ă©quilibre : ne pas bloquer l’innovation, tout en s’assurant qu’elle sera mise en Ɠuvre de maniĂšre sĂ»re. »
TECH + INNOVATION 2023 23

Conversation Anke Joubert et Nicolas Griedlich

l’information qui est diffusĂ©e, en questionnant et recoupant les sources, en vĂ©rifiant les faits, et, enfin, en portant un regard critique sur l’information propagĂ©e. Dans le domaine du design, l’IA peut Ă©galement permettre d’épargner beaucoup de temps et d’argent lors des Ă©tapes de recherche prĂ©liminaire pour la mise en Ɠuvre d’un nouveau concept de voiture, par exemple.

A. J. L’IA, comme d’autres technologies avant elle, va nous soutenir dans ce que nous cherchons Ă  accomplir. Elle est un accĂ©lĂ©rateur, nous permettant d’atteindre plus facilement les objectifs que nous nous sommes fixĂ©s. Elle permet Ă  l’humain de concentrer ses efforts autour des enjeux pour lesquels il a une rĂ©elle valeur ajoutĂ©e Ă  apporter.

N. G. C’est pour cela que la bonne maniĂšre d’aborder l’IA est d’abord de regarder vos objectifs et vos processus, pour voir comment la technologie peut y contribuer. Dans beaucoup de cas, on voit que l’IA peut aider Ă  rĂ©soudre de nombreuses problĂ©matiques.

A. J. Si certaines tĂąches rĂ©alisĂ©es aujourd’hui par des humains sont appelĂ©es Ă  ĂȘtre effectuĂ©es par l’IA, cette transformation va aussi induire de nouveaux jobs et exiger de nouvelles fonctions. Travailler avec l’IA implique d’autres compĂ©tences. Il ne suffira pas, demain, de demander Ă  OpenAI de crĂ©er la campagne marketing parfaite. Ce n’est pas simple. Il ne suffit pas de faire une demande. Il faut dĂ©velopper d’autres approches, qui exigeront sans doute d’autres compĂ©tences dans l’ingĂ©nierie ou dans le domaine de la linguistique.

RĂ©cemment, plusieurs figures scientifiques et de la tech ont lancĂ© un appel, demandant un moratoire de six mois sur la recherche autour de l’IA. Quel regard portez-vous sur cette initiative ?

N. G. DerriĂšre cet appel, on peut se dire que certains sont favorables Ă  ce moratoire pour des raisons d’agenda. Mais sur le fond, je pense que l’enjeu est de donner du temps pour sensibiliser les utilisateurs, les dĂ©cideurs, les lĂ©gislateurs, et leur permettre de bien apprĂ©hender l’impact de cette

TROIS BRANCHES DE L’IA

NLP

Le traitement du langage naturel (natural language processing ou NLP, en anglais) est une branche de l’intelligence artificielle qui permet aux ordinateurs de comprendre, gĂ©nĂ©rer et manipuler le langage humain.

IA générative

Ce concept dĂ©signe des algorithmes d’intelligence artificielle et de machine learning qui utilisent des contenus existants au service de leur apprentissage pour en gĂ©nĂ©rer de nouveaux. Il peut s’agir de la gĂ©nĂ©ration de textes, de sons, d’images


LLM

Un modÚle de langage de grande taille (large language model ou LLM, en anglais) est un modÚle de traitement de langage naturel qui utilise un grand nombre de données textuelles pour apprendre à prédire les phrases et les mots suivants dans un texte donné.

technologie. Dans ce contexte, je pense que c’est un appel raisonnable. Les dĂ©veloppements en la matiĂšre vont trĂšs vite et la plupart des acteurs ne sont pas prĂȘts pour cela. Il faut s’assurer que chacun puisse bien comprendre la technologie, ses possibilitĂ©s, et l’adopter de maniĂšre fiable. Pour cela, on a besoin de lignes de conduite claires.

A. J. Il faut veiller Ă  un Ă©quilibre pour ne pas bloquer l’innovation, tout en s’assurant qu’elle sera mise en Ɠuvre de maniĂšre sĂ»re. Au regard de la vitesse Ă  laquelle se dĂ©veloppent les solutions, les rĂ©gulateurs doivent apprĂ©hender rapidement les enjeux inhĂ©rents Ă  leur dĂ©ploiement. Il s’agit de permettre l’adoption de l’IA, tout en prĂ©venant les risques de dĂ©rive qui pourraient porter atteinte Ă  la sociĂ©tĂ©. Le cĂŽtĂ© rassurant est que la plupart des textes sont dĂ©jĂ  lĂ  pour cadrer l’usage de certaines informations dans les modĂšles d’IA, comme le RGPD (RĂšglement gĂ©nĂ©ral sur la protection des donnĂ©es, ndlr) ou encore l’AI Act (Artificial Intelligence Act, ndlr).

24 TECH + INNOVATION 2023

Vous innovez dans la tech ? Protégez votre PI !

Les entreprises détenant des droits de PI performent mieux que les autres1. Nous vous accompagnons pour capter et protéger votre PI.

Les diffĂ©rents secteurs de la tech reposent sur l’innovation technologique. Les acteurs, des startups aux multinationales, dĂ©veloppent des solutions techniques et digitales au quotidien ; il est primordial de penser Ă  les protĂ©ger par les droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle (PI). En effet, les droits de PI confĂšrent des monopoles d’exploitation (donc d’interdire la copie), qui vont permettre un retour sur investissement et d’augmenter la valeur de l’entreprise

Il importe surtout que l’entreprise intĂšgre une Ă©tape de dĂ©cision sur le mode de protection de ses projets. Le brevet d’invention, voie royale de protection des innovations technologiques (y compris impliquant des algorithmes et l’Intelligence Artificielle) n’est pas le seul moyen de protection. En pratique, on combine souvent plusieurs droits pour protĂ©ger un objet donnĂ©, tels que : les marques (protection du nom d’une sociĂ©tĂ©, de son logiciel et de ses produits ou services) ; dessins et modĂšles (protĂšgent l’apparence des objets, mais

Ă©galement les interfaces graphiques) et les droits d’auteurs (Ɠuvres de l’esprit originales telles que publicitĂ©s, livres, musiques, films et logiciels).

Office Freylinger est un cabinet historique de la PI au Luxembourg. Notre équipe multiculturelle de 13 experts en PI (ingénieurs et juristes) conseille au quotidien les entreprises de la Grande-Région dans tous les secteurs techniques et économiques, offrant la gamme complÚte de services (recherches et analyses, dépÎts en Europe et dans le monde, exploitation et défense des droits). Notre métier est de vous accompagner pour bùtir une stratégie de PI sur mesure

EN SAVOIR PLUS OFFICE FREYLINGER S.A. 234 route d’Arlon L-8001 STRASSEN 31 38 301 www.freylinger.com
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1. EUIPO - 2022 INTELLECTUAL PROPERTY SME SCOREBOARD Crédit Emmanuel Fradin

Parlez-vous IA ?

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Intelligence artificielle (IA)

Avant d’aller plus loin, commençons par dĂ©finir ce qu’est l’IA. Il s’agit de la possibilitĂ© pour une machine de reproduire certains comportements humains, comme la planification ou le raisonnement. En dĂ©veloppant des algorithmes et en intĂ©grant d’importantes quantitĂ©s de donnĂ©es, une machine est capable d’apprendre et ainsi de reproduire un certain nombre de ces comportements. L’IA est utilisĂ©e dans de nombreux domaines et, chaque jour, le champ des applications s’étend.

4

Calcul de haute performance

Le calcul de haute performance offre de nombreuses opportunitĂ©s aux entreprises, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale. Cette technologie est rendue possible par des systĂšmes de calcul extrĂȘmement puissants pouvant rĂ©soudre rapidement des problĂšmes trĂšs complexes. L’utilisation de l’intelligence artificielle gĂ©nĂšre un volume important de donnĂ©es. Le calcul de haute performance permet leur traitement rapide, voire quasiment en temps rĂ©el.

Les technologies de l’intelligence artificielle (IA) prennent de plus en plus de place dans nos vies quotidiennes. Un tout nouveau vocabulaire est donc en train d’apparaĂźtre. DĂ©couvrons-en une partie.

2

Machine learning

Également appelĂ© « apprentissage automatique ». Son dĂ©veloppement est basĂ© sur la crĂ©ation de systĂšmes qui apprennent et amĂ©liorent leurs connaissances Ă  partir des donnĂ©es qu’ils traitent. Deux types de machine learning existent. Le premier est dit supervisĂ©. Dans ce cas, les informations intĂ©grĂ©es dans le systĂšme sont gĂ©rĂ©es par un humain. Le second type est non supervisĂ©. Ici, la machine apprend seule, par elle-mĂȘme, selon une instruction donnĂ©e.

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Big data

Le big data, ou « mĂ©gadonnĂ©es », est l’ensemble des donnĂ©es qui sont produites lorsque nous utilisons des technologies numĂ©riques. Ce concept est basĂ© sur le principe des trois V : volume, variĂ©tĂ© et vĂ©locitĂ©. D’une part, la quantitĂ© et la variĂ©tĂ© de donnĂ©es augmentent de plus en plus. D’autre part, avec l’aide de l’IA, le big data permet de traiter rapidement un nombre consĂ©quent d’informations. Ce qui, en retour, entraĂźne une augmentation des performances des IA, bouclant ainsi la boucle.

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Deep learning

L’apprentissage profond, traduction de deep learning, est une technologie sous-jacente du machine learning qui s’appuie sur un rĂ©seau de neurones artificiels. Ce dernier a pour objectif d’imiter le cerveau humain et son rĂ©seau neuronal. Dans le deep learning, les couches neuronales communiquent entre elles, et chacune interprĂšte les informations transmises par la couche prĂ©cĂ©dente. Plus il y a d’informations traitĂ©es, plus le systĂšme est performant.

Journaliste MARIE JACQUEMIN
VOCABULAIRE 26 TECH + INNOVATION 2023

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L’expĂ©rience employĂ© rĂ©inventĂ©e

À l’heure oĂč le marchĂ© du travail est de plus en plus compĂ©titif, attirer et fidĂ©liser les meilleurs talents devient un enjeu crucial pour le dĂ©veloppement des entreprises. « Nous croyons en la consolidation de l’expĂ©rience employĂ©, du recrutement Ă  l’expĂ©rience alumni » affirme Daniel MEYER, Talent Manager au sein de Fujitsu Luxembourg. Il explique : « Nous avons donc entrepris une approche complĂšte et dĂ©veloppĂ© une stratĂ©gie mettant en valeur chaque Ă©tape de la carriĂšre de nos employĂ©s : la plateforme ‘ Pulse ’ pour le recrutement, l’application ‘ Fujitsu & me ’ comme canal de communication interne et de vie dans l’entreprise en gĂ©nĂ©ral (fun event, moment de rencontre, team building, 
) et le programme ‘ Boost ’ pour offrir un dĂ©veloppement de carriĂšre individuelle et des formations ciblĂ©es ». Cette dĂ©marche vise ainsi Ă  offrir une expĂ©rience complĂšte et enrichissante aux employĂ©s, Ă  toutes les Ă©tapes de leur parcours professionnel.

En quoi le programme de recrutement « Pulse » de Fujitsu se distingue des approches traditionnelles ?

Fujitsu Luxembourg a lancĂ© la plateforme de recrutement « Pulse » en rĂ©ponse Ă  un besoin spĂ©cifique de professionnels de la Tech. « Il s’agit non seulement de leur prĂ©senter l’ensemble de nos opportunitĂ©s de carriĂšres, mais aussi de simplifier le processus d’embauche. GrĂące Ă  une interface intuitive, les candidats peuvent facilement soumettre leurs CV, leurs lettres de motivation et d’autres documents justificatifs, en relation directe avec notre Ă©quipe RH. » explique Daniel MEYER.

« Avec ‘ Pulse ’, il s’agit Ă©galement de vĂ©hiculer nos valeurs au plus tĂŽt et de prĂ©senter nos engagements, notamment en matiĂšre de dĂ©veloppement durable, de diversitĂ© et de bien-ĂȘtre au travail. » prĂ©cise le Talent Manager. « DĂšs le processus de recrutement, les candidats comprennent alors la culture de l’entreprise et peuvent se l’approprier. Notre approche ‘ Be completely you ’ prĂ©sentĂ©e dans la plateforme ‘ Pulse ’ reflĂšte d’ailleurs bien notre engagement envers la diversitĂ©, l’équitĂ© et l’inclusion au sein de Fujitsu ».

AprĂšs l’étape du recrutement, comment se passe l’intĂ©gration au sein de Fujitsu et comment maintenez-vous le lien avec vos collaborateurs ?

Alors que les effectifs de Fujitsu Luxembourg avoisinent les 230 salariĂ©s, dont plus des deux tiers sont basĂ©s en externe chez les clients, il est essentiel de mettre en Ɠuvre des actions concrĂštes pour maintenir la communication et dĂ©velopper l’esprit

Fujitsu Luxembourg place l’expĂ©rience employĂ© au centre de ses valeurs contribuant Ă  attirer et fidĂ©liser les meilleurs talents dans un environnement de travail stimulant et enrichissant.
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Crédits Fujitsu

d’équipe. « Nous avons lancĂ© l’application ‘ Fujitsu & me ’ en octobre 2022 pour ĂȘtre mieux connectĂ©s avec nos employĂ©s et qu’ils puissent rester informĂ©s des actualitĂ©s de l’entreprise, telles que les Ă©vĂ©nements organisĂ©s, les nouveaux arrivants, mais aussi les projets en cours. Il s’agit d’un espace convivial, qui permet les interactions et le partage d’idĂ©es, dans lequel nous faisons dĂ©couvrir Fujitsu au Luxembourg, tout en valorisant le vivre-ensemble » explique Daniel MEYER.

C’est l’ensemble de l’environnement de travail au sein de Fujitsu Luxembourg qui est valorisĂ© dans l’application « Fujitsu & me », crĂ©ant ainsi une vĂ©ritable dynamique, impulsĂ©e notamment par l’organisation d’évĂ©nements internes. Fujitsu Luxembourg entend ainsi stimuler l’innovation et l’engagement de ses collaborateurs. Entre Ă©vĂ©nements conviviaux pour cĂ©lĂ©brer le Printemps, NoĂ«l ou mĂȘme Halloween, ateliers interactifs et prĂ©sentations thĂ©matiques, Fujitsu Luxembourg offre ainsi des opportunitĂ©s prĂ©cieuses d’apprentissage et de partage de connaissances entre les diffĂ©rentes Ă©quipes. Les Ă©vĂ©nements internes permettent en effet de se tenir informĂ©s des derniĂšres avancĂ©es technologiques et des tendances Ă©mergentes.

Daniel MEYER ajoute « Nous accordons une attention particuliĂšre aux dĂ©marches ESG, qui reflĂštent notre engagement envers la durabilitĂ© environnementale, l’équitĂ© sociale et une gouvernance solide. Les Ă©vĂ©nements internes constituent un moyen efficace de sensibiliser nos collaborateurs Ă  l’importance de ces initiatives et de les encourager Ă  adopter des pratiques durables dans leur travail quotidien ».

Le parcours du salarié est pris en main tout au long de sa carriÚre au sein de Fujitsu. Comment cela se traduit-il ?

Dans le cadre de son programme de dĂ©veloppement de carriĂšre et de talents nommĂ© « Boost », Fujitsu adopte une approche axĂ©e sur l’épanouissement et la crĂ©ation de valeur. Celle-ci prend appui sur deux piliers fondamentaux : l’apprentissage et le dĂ©veloppement de talents. L’objectif de ce programme est ainsi d’assurer l’épanouissement des salariĂ©s, tout en crĂ©ant une valeur positive pour l’ensemble de l’écosystĂšme de l’entreprise.

« Le volet apprentissage de notre programme repose sur la conviction que nos employĂ©s doivent constamment acquĂ©rir de nouvelles compĂ©tences en phase avec les nouvelles technologies, leurs attentes et les tendances du marchĂ©. Pour ce faire, nous mettons Ă  leur disposition un coaching adĂ©quat, des formations thĂ©oriques et pratiques et des opportunitĂ©s d’apprentissage sur le terrain » explique Daniel MEYER.

Une attention particuliĂšre est Ă©galement portĂ©e au dĂ©veloppement des compĂ©tences individuelles. Pour ce faire, des Ă©changes rĂ©guliers et personnalisĂ©s sont mis en place avec les collaborateurs. Ces interactions permettent d’identifier les domaines d’amĂ©lioration et de dĂ©veloppement spĂ©cifiques Ă 

Comment ces deux piliers dialoguent-ils dans l’écosystĂšme de Fujitsu ?

« Les piliers de l’apprentissage et du dĂ©veloppement de talents se complĂštent harmonieusement pour insuffler une dynamique de travail positive qui se traduit par une prestation de services de qualitĂ© supĂ©rieure qui satisfait nos clients et renforce notre position sur le marchĂ©. »

« RĂ©duction du turnover, stimulation de l’innovation ou encore meilleure performance professionnelle sont autant d’avantages qui se ressentent dans nos services. Ainsi, nos clients ont la garantie de recevoir un service et du conseil d’experts de la part d’une Ă©quipe motivĂ©e, compĂ©tente et Ă©panouie. »

L’ expĂ©rience employĂ© proposĂ©e par Fujitsu repose donc sur une approche holistique axĂ©e sur l’apprentissage et le dĂ©veloppement individuel. En prĂŽnant une politique d’entreprise centrĂ©e sur le bien-ĂȘtre de ses collaborateurs et sur une dĂ©marche ESG solide, Fujitsu crĂ©e une valeur positive pour l’ensemble de son Ă©cosystĂšme et contribue Ă  construire une sociĂ©tĂ© plus responsable.

chaque employĂ©. Le Talent Manager l’affirme : « Cet engagement en faveur du dĂ©veloppement continu tĂ©moigne de notre investissement dans la rĂ©ussite et l’évolution Ă  long terme de nos employĂ©s. »

« Assurer la satisfaction de nos collaborateurs, c’est apporter une plus-value certaine Ă  nos clients et partenaires »
DANIEL MEYER Talent Manager Fujitsu Luxembourg
FUJITSU TECHNOLOGY SOLUTIONS S.A. Parc d’activitĂ©s Capellen 89C rue Pafebruch
Capellen www.fujitsu-pulse.com
L-8308

« Se former dans un domaine en constante Ă©volution »

La formation continue est cruciale Ă  l’heure de la digitalisation. Serge Linckels, directeur adjoint du Service de la formation professionnelle au ministĂšre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse (MENJE) et coordinateur du Digital Learning Hub, en Ă©voque les enjeux dans le domaine de l’IT.

64 %

64 % des rĂ©sidents luxembourgeois disposent de compĂ©tences numĂ©riques Ă©lĂ©mentaires, selon l’indicateur Desi (Digital Economy and Society Index), contre 54 % pour la moyenne europĂ©enne. À l’autre extrĂȘme, la part des spĂ©cialistes des TIC en pourcentage de l’emploi est de 6,7 %, au-dessus de la moyenne europĂ©enne de 4,5 %. Ainsi, parmi les 27 États membres de l’Union europĂ©enne, le Luxembourg occupe la 6e place du classement relatif au capital humain en matiĂšre de sociĂ©tĂ© numĂ©rique. Toutefois, la proportion d’entreprises assurant Ă  leurs salariĂ©s une formation dans les domaines des TIC enregistre un recul, passant de 27 % en 2020 Ă  21 % en 2022.

Le Digital Learning Hub a ouvert ses portes il y a un an et s’attache Ă  la formation dans les domaines des technologies et de l’IT. Quel est le premier bilan de ses activitĂ©s ?

Le Digital Learning Hub est lié au MENJE et a comme mission de contribuer à réduire le digital skills gap ou, en français, les différences de niveau de connaissances concernant les outils informatiques et digitaux. Les premiÚres formations ont eu lieu à partir du mois de juin 2022. Depuis, ce sont 2.000 personnes qui ont été formées au travers des 200 formations déjà dispensées.

Il s’agit de proposer des cours aux personnes qui souhaitent dĂ©velopper de nouvelles compĂ©tences ou perfectionner leurs connaissances dans diffĂ©rents domaines de l’IT et des technologies. Les sujets sont variĂ©s : dĂ©veloppement web, cybersĂ©curitĂ©, ingĂ©nierie des donnĂ©es, intelligence artificielle
 L’objectif du Digital Learning Hub est clair. Nous voulons offrir la possibilitĂ© Ă  tous de se former dans un domaine qui est en constante Ă©volution.

Comment gĂ©rez-vous justement cette Ă©volution constante du secteur ?

Le Digital Learning Hub se dĂ©marque par sa capacitĂ© d’adaptation : nous faisons en sorte de proposer des formations qui rĂ©pondent aux besoins du marchĂ© de l’emploi, en dĂ©veloppant les compĂ©tences dont il a besoin. Pour cela, nous travaillons en Ă©troite collaboration avec l’Adem et nous entretenons un Ă©change permanent avec les entreprises du secteur. Enfin, nous sommes en train de dĂ©velopper une intelligence artificielle qui analyse les offres d’emploi, quasiment en temps rĂ©el, afin de mettre en exergue les compĂ©tences demandĂ©es. Si certaines de ces compĂ©tences reviennent rĂ©guliĂšrement, nous ferons en sorte de proposer rapidement une formation.

Quels sont les profils les plus demandeurs en besoins de formation ?

Nous identifions trois catĂ©gories de personnes susceptibles de suivre une formation au sein du Digital Learning Hub. Tout d’abord, nous avons un public de professionnels (salariĂ©s, indĂ©pendants
)

FORMATION CONTINUE
30 TECH + INNOVATION 2023

qui cherchent Ă  approfondir leurs connaissances par eux-mĂȘmes. Ils souhaitent gĂ©nĂ©ralement avoir accĂšs Ă  des formations trĂšs prĂ©cises, par exemple par rapport aux technologies blockchain. Les entreprises sont Ă©galement nombreuses Ă  encourager la formation de leurs salariĂ©s afin de les sensibiliser Ă  certaines thĂ©matiques, comme la cybersĂ©curitĂ© et l’intelligence artificielle. En deuxiĂšme lieu, les demandeurs d’emploi constituent une autre partie importante de notre public. Leur objectif est de dĂ©velopper des compĂ©tences recherchĂ©es sur le marchĂ© du travail et d’augmenter leur employabilitĂ©.

Enfin, la troisiĂšme catĂ©gorie, bien qu’elle soit moins importante, concerne les jeunes avec ou sans baccalaurĂ©at, qui sont Ă  la recherche d’un cursus non traditionnel. Nous essayons Ă©galement d’inciter les jeunes en situation de dĂ©crochage scolaire ou universitaire à nous rejoindre.

L’équilibre entre les hommes et les femmes constitue-t-il un dĂ©fi dans vos formations ?

Il faut souligner que 44 % des personnes formĂ©es au sein du Digital Learning Hub sont des femmes, ce qui est un beau rĂ©sultat, surtout dans un domaine qui a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme masculin.

Selon vous, quelles sont les stratĂ©gies Ă  dĂ©velopper, tant au niveau gouvernemental qu’au niveau privĂ©, afin d’encourager la formation continue dans le domaine du digital ?

La majoritĂ© des entreprises sont conscientes que nous sommes en plein cƓur d’une pĂ©riode de transformation numĂ©rique et que le Luxembourg veut se positionner comme une IT nation. Afin d’accĂ©lĂ©rer cette transition, le gouvernement a établi une stratĂ©gie digitale, dĂ©bloquant notamment des ressources destinĂ©es Ă  Ă©pauler les entreprises dans cette Ă©tape importante. Ainsi, le Digital Learning Hub a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par le MENJE afin de disposer d’une structure agile qui offre des formations en IT accessibles Ă  tous.

Comment cette stratĂ©gie se complĂštet-elle par d’autres Ă©lĂ©ments ?

DiffĂ©rentes mesures ont Ă©tĂ© prises afin d’encourager chacun Ă  dĂ©velopper ses compĂ©tences professionnelles. Par exemple, le congĂ© individuel de formation permet aux personnes suivant des formations de bĂ©nĂ©ficier de jours de congĂ©, sous certaines conditions. Le cofinancement, destinĂ© Ă  soutenir les entreprises en finançant une partie de leur plan de formation, est Ă©galement disponible. Les structures peuvent ainsi recevoir une aide correspondant Ă  15 % imposables du montant annuel investi dans la formation. Enfin, un projet de loi, nommĂ© SkillsPlang, a Ă©tĂ© proposĂ© Ă  la fin du mois d’avril. Son objectif est d’encourager la formation continue au sein des entreprises, principalement dans les PME.

Lors de chaque demande, une analyse de la structure sera effectuĂ©e et, selon les rĂ©sultats, des aides et des propositions de formation seront soumises. Cela permettra de rĂ©pondre Ă  la demande sur le marchĂ© du travail. Il est Ă  noter que, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, tout le monde a droit Ă  la formation, et il s’agit donc de permettre Ă  tous les citoyens d’avoir la possibilitĂ© de dĂ©velopper ces compĂ©tences essentielles.

SERGE LINCKELS Coordinateur Digital Learning Hub
TECH + INNOVATION 2023 31
« Nous sommes en train de dĂ©velopper une intelligence artificielle qui analyse les offres d’emploi quasiment en temps rĂ©el. »

« Pour recruter des profils techniques, il faut de l’huile de coude »

À la tĂȘte du cabinet de recrutement

A-Player, spécialisé dans les profils tech, Grégory Herbé est directement confronté à la pénurie de talents qui sévit durablement, au Luxembourg comme ailleurs, et ouvre

quelques pistes de réflexion pour améliorer la situation.

Photo MATIC ZORMAN Journaliste MICHAËL PEIFFER
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2023 Conversation Grégory Herbé

Face aux difficultés de recrutement des profils tech, Grégory Herbé préconise plus de transparence et de précision dans les descriptions de postes.

Conversation Grégory Herbé

Voici dĂ©jĂ  quelques annĂ©es que l’on parle rĂ©guliĂšrement de pĂ©nurie de talents dans les TIC, tant au Luxembourg qu’ailleurs. En tant que recruteur spĂ©cialisĂ©, quel regard portez-vous sur cette problĂ©matique et son Ă©volution ?

Aujourd’hui, le marchĂ© de l’emploi dans les domaines technologiques est similaire Ă  celui que l’on connaĂźt depuis plusieurs annĂ©es. La situation est tendue. Les employeurs sont trĂšs demandeurs et il est vraiment trĂšs compliquĂ© de trouver des dĂ©veloppeurs, des chefs de projet, des directeurs techniques, etc. La seule diffĂ©rence, assez rĂ©cente, rĂ©side dans la disponibilitĂ© de profils issus des Gafam, voire de sociĂ©tĂ©s de mĂȘme taille qui sont un peu moins sous les projecteurs. Certaines de ces personnes se retrouvent dans des programmes de licenciement, d’autres anticipent et sont dĂ©sormais Ă  l’écoute du marchĂ©. Elles ont vĂ©cu 10 ou 15 ans d’enchantement, avec des salaires mirobolants, des stock-options qui prenaient de la valeur. Et puis, d’un coup, la guerre en Ukraine a tout chamboulĂ©. Les marchĂ©s ont plongĂ© et les sociĂ©tĂ©s de la tech ont suivi le mouvement. Cette nouvelle tendance ne vient toutefois pas changer la physionomie fondamentale du marchĂ©. Ces nouveaux candidats potentiels sont horriblement chers et impossibles Ă  embaucher pour la plupart des entreprises. Du moins pour le moment.

Dans ce contexte difficile, comment faut-il s’y prendre pour recruter ? Aujourd’hui, pour recruter des profils techniques, il faut de l’huile de coude et beaucoup de temps. Pour vous donner un ordre d’idĂ©es, pour recruter un dĂ©veloppeur senior, il faut contacter entre 200 et 300 personnes et espĂ©rer 10 % de retour. Sur ces 20 ou 30 personnes qui vont prendre la peine de rĂ©pondre, 95 % vont ensuite dĂ©cliner pour diverses raisons : « Non, ça ne m’intĂ©resse pas », « Non, j’ai changĂ© de techno », ou tout simplement « Comment avez-vous obtenu mon adresse e-mail ? ». Il reste finalement entre deux et trois personnes, qui ont des salaires et des desiderata

importants, des gens qui vous mettent en concurrence de façon tout Ă  fait transparente, et qui vous annoncent 15 jours plus tard qu’ils ont choisi autre chose
 Cette phase de recrutement peut ĂȘtre plus simple si on fait appel Ă  un professionnel, mais la patience est toujours de mise. Au niveau des dĂ©veloppeurs, le fait d’intĂ©grer leur rĂ©seau n’est pas trĂšs utile, mais il existe toutefois des mĂ©thodes assez simples pour leur parler.

Quelles sont ces mĂ©thodes ?

Il faut ĂȘtre extrĂȘmement clair sur les technologies utilisĂ©es, maĂźtriser soimĂȘme le sujet – c’est-Ă -dire savoir Ă  quoi ça sert – et ĂȘtre pertinent sur le ciblage des personnes. Un problĂšme rĂ©current dans le recrutement IT est que l’on contacte toutes les personnes qui ont un titre de dĂ©veloppeur. Or, il existe de nombreux types de dĂ©veloppeurs, spĂ©cialisĂ©s dans des technologies diffĂ©rentes, et ils n’aiment pas trop ĂȘtre confondus. Il faut ensuite livrer une information directement utilisable, avec

Les entreprises exigent des niveaux de formation de plus en plus élevés.

Source ICT: Jobs with a future!Fedil et ABBL
PROPORTION DES TYPES DE DIPLÔMES RECHERCHÉS DANS LES TIC
Master/Doctorat 60,4 % Bachelor 29,4 % BTS 6,1 % Bac 1,2 % DAP 0,7 % Technicien 2,2 % 34 TECH + INNOVATION 2023

une dĂ©finition des missions, le montant du salaire, qui sera leur manager, qui seront leurs collĂšgues, avec un lien vers leur profil LinkedIn, s’ils auront ou non la possibilitĂ© de travailler Ă  distance, combien de jours
 En rĂ©sumĂ©, il est utile de construire une fiche de poste trĂšs dĂ©taillĂ©e. GrĂące Ă  cela, on obtient plus facilement une rĂ©ponse ; mĂȘme si c’est un refus, ils y voient une plus grande marque de respect.

En amont, faut-il aussi opĂ©rer un travail de sensibilisation avec les entreprises, leur apprendre Ă  ĂȘtre plus attractives ? Sur ce point, beaucoup de choses ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es. On peut sans doute encore faire mieux. Par exemple, dans certains États amĂ©ricains, il y a une obligation lĂ©gale d’inscrire la rĂ©munĂ©ration dans les offres d’emploi. Nous pouvons sans aucun doute Ă©duquer les entreprises Ă  devenir plus transparentes au niveau des salaires, Ă  arrĂȘter de retenir l’information, mais bien Ă  en donner davantage. Sur le branding, tout a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© fait ou presque. Soit on est une sociĂ©tĂ© technologique et, dans ce cas-lĂ , les dĂ©veloppeurs prĂ©sents font indirectement la pub de la boĂźte auprĂšs de leur communautĂ©, soit on n’est pas une sociĂ©tĂ© reconnue comme technologique, et ça ne sert Ă  rien d’essayer de se dĂ©guiser.

de l’écosystĂšme technologique luxembourgeois ?

Il y a une habitude au Luxembourg Ă  aller chercher des talents Ă  l’extĂ©rieur des frontiĂšres. Et ce que je remarque, c’est que le pays attire moins qu’auparavant. Le logement est un problĂšme. Mais il y a d’autres freins. Si le salaire minimum est par exemple plus Ă©levĂ© qu’à Paris, l’écart se rĂ©duit pour des postes plus expĂ©rimentĂ©s. Cela dit, le Luxembourg dispose de nombreux atouts. Certaines start-up connaissent un beau succĂšs, mais il faut encore construire ce grand ensemble oĂč les porteurs de projet viennent au Luxembourg, s’y installent, investissent et crĂ©ent une vĂ©ritable dynamique positive. De mon point de vue, c’est encore trop compliquĂ© de crĂ©er sa boĂźte au Luxembourg. En France, il faut 20 minutes pour le faire. Ici, il faut d’abord obtenir une autorisation d’établissement, prĂ©senter un diplĂŽme sans lequel vous ne pourrez rien faire, etc. Vous croyez que Xavier Niel ou Richard Branson ont des diplĂŽmes ? Cette vision est un hĂ©ritage des annĂ©es 80, qui veut que si l’on a un diplĂŽme, on est qualifié  C’est faux. Le potentiel est lĂ , mais il faut encore simplifier les choses pour crĂ©er un Ă©cosystĂšme complet plus favorable Ă  l’entrepreneuriat.

UN PARCOURS D’ENTREPRENEUR

Entrepreneur et recruteur, GrĂ©gory HerbĂ© crĂ©e sa premiĂšre entreprise en 2004 sous la forme d’un cabinet de recrutement de jeunes diplĂŽmĂ©s, baptisĂ©e Ecetera, qu’il revend dĂšs 2006.

Il rejoint alors la start-up Moovement, un agrĂ©gateur d’offres d’emploi, et passe ensuite par un cabinet de recrutement plus classique oĂč il accompagne le recrutement de profils techniques pour les start-up. En 2011, il fonde MyJob.Company, rachetĂ©e par Kalicea en 2017. Un an plus tard, il rejoint l’aventure Nexten.io au Luxembourg, aux cĂŽtĂ©s d’Eric Busch, avant de lancer A-Player, son cabinet de recrutement spĂ©cialisĂ© dans les talents pour les start-up.

Qu’en est-il des aspects liĂ©s Ă  la formation ?

Il y a certainement un point que les entreprises doivent prendre en considĂ©ration, c’est celui de la formation interne. Beaucoup de gens se sont formĂ©s en tant que dĂ©veloppeurs durant la crise du Covid. Aujourd’hui, ces dĂ©veloppeurs juniors disposent d’un Ă  trois ans d’expĂ©rience. Une piste est sans doute d’investir dans ces personnes. Peut-ĂȘtre ne seront-elles pas immĂ©diatement opĂ©rationnelles, mais aprĂšs une bonne formation en interne, elles auront une valeur et pourront faire le job voulu. Quoi qu’il en soit, l’entreprise aurait mis un an pour trouver le bon profil. On arrive donc au mĂȘme rĂ©sultat.

En tant qu’expatriĂ© français, quel est votre regard sur l’attractivitĂ©

36 TECH + INNOVATION 2023
« Pour recruter un développeur senior, il faut contacter entre 200 et  300 personnes. »

Tokenisation and DLT are more than a technical solution, they create conditions to reengineer the entire model.

Build the future with tokenised investment funds

Digital distribution is essential for industry growth and increased accessibility of investment funds. Tokenisation is the cornerstone of any next-generation model says Bernard Simon, CIO of FundsDLT.

Future-prooïŹng fund distribution supply chain means a gradual shift to digital-native investment funds. Underpinning this fundamental change is tokenisation and DLT, which enable the token representation of investment funds. Tokenised funds differ from traditional funds in their issuance and position recordkeeping, leveraging decentralised blockchain technology to issue and manage shares or units as digital tokens. This allows investors to easily trade and transfer tokens on blockchain-based registrars.

For investors it makes all processes simpler and less time-consuming while providing numerous beneïŹts for institutions in the distribution chain. The technology’s decentralized nature ensures data integrity, eliminates isolated record-keeping, and enables real-time

tracking of the entire fund distribution chain. Tokenisation facilitates increased automation, enhancing operational efïŹciency and reducing costs. It can enhance liquidity and pave the way for fractional ownership of alternative fund shares. To achieve this vision, FundsDLT has created a private, permissioned blockchain tailored for compliant fund distribution. Private blockchains are preferred for tokenising investment funds, compared to public blockchains, due to their ability to offer greater data conïŹdentiality, control over participation, security and compliance with KYC and AML regulations. They also offer scalability, faster transaction times, and interoperability with existing legacy infrastructure. However, tokenizing funds is more than just a technical solution. It enables better understanding of investor needs, leading to the creation of personalised products that make fund investment more attractive.

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PARTNER CONTENT Crédits FundsDLT

Faciliter l’émergence de projets blockchain

L’adoption de la technologie blockchain est un enjeu Ă©conomique clĂ© pour le Luxembourg. Dans cette optique, Ă  travers la mise en Ɠuvre de programmes de formation et des appels Ă  projets en phase avec les ambitions nationales, le Luxembourg Blockchain Lab veut susciter l’émulation autour de cette technologie.

Le premier appel Ă  projets du Luxembourg Blockchain Lab a sĂ©lectionnĂ© huit projets dans des domaines aussi variĂ©s que la santĂ©, l’agronomie, la logistique et la mobilitĂ©. Le deuxiĂšme appel Ă  projets, actuellement en cours, vise des solutions rĂ©pondant Ă  des objectifs de dĂ©veloppement durable fixĂ©s par les Nations unies.

Encore aujourd’hui, c’est essentiellement Ă  travers les cryptomonnaies que la blockchain est connue et Ă©voquĂ©e. Pourtant, cette technologie, en raison de ses propriĂ©tĂ©s, prĂ©sente bien d’autres intĂ©rĂȘts dont pourraient profiter les diverses industries, comme la logistique, la santĂ©, le secteur public ou les finances. «  La blockchain suscite encore des craintes, le plus souvent injustifiĂ©es et liĂ©es Ă  la rĂ©putation des cryptomonnaies , explique Emilie Allaert, head of the Luxembourg Blockchain Lab. Il faut considĂ©rer cette technologie en faisant abstraction des actifs numĂ©riques. Selon l’architecture mise en place, elle permet une meilleure gestion de l’information et offre des garanties de confiance renforcĂ©es entre parties prenantes d’une mĂȘme chaĂźne de valeur. Elle est un levier important d’amĂ©lioration de l’efficacitĂ© de nombreux processus. L’enjeu, aujourd’hui, est de permettre aux acteurs de diverses industries d’explorer le potentiel de cette technologie au regard de leurs besoins. »

La mission du Luxembourg Blockchain Lab, dans ce contexte, est de susciter l’émulation autour de cette technologie, de rassembler les acteurs intĂ©ressĂ©s pour dĂ©velopper des projets concrets.

Innover et diversifier

À cet Ă©gard, le Luxembourg Blockchain Lab dĂ©veloppe des programmes de formation et de sensibilisation autour de la blockchain, en partenariat avec le Digital Hub Luxembourg, notamment. Au-delĂ , l’enjeu est de permettre Ă  de nouveaux cas d’usage d’ĂȘtre mis en Ɠuvre au dĂ©part du Luxembourg. « Dans cette optique, nous procĂ©dons notamment par appels Ă  projets. La volontĂ© est de prendre une idĂ©e au stade de prototype et de la mettre en Ɠuvre en situation rĂ©elle. Le premier appel Ă  projets lancĂ© a permis d’explorer des cas d’usage dans des secteurs aussi variĂ©s que la santĂ©, l’agronomie, la logistique et la mobilité », explique Emilie Allaert.

Un deuxiĂšme appel Ă  projets a Ă©tĂ© lancĂ© Ă  l’automne 2022, en partenariat avec la Luxembourg Sustainable Finance Initiative. Celui-ci est orientĂ© vers des solutions rĂ©pondant Ă  des objectifs de dĂ©veloppement durable fixĂ©s par les Nations unies. « La volontĂ© est de dĂ©montrer que l’on peut utiliser la blockchain pour des choses positives, pour contribuer Ă  une sociĂ©tĂ© plus durable, commente Emilie Allaert. La dĂ©marche s’inscrit dans la stratĂ©gie de diversification Ă©conomique dĂ©finie au niveau du gouvernement, qui

APPEL À PROJETS 8 38 TECH + INNOVATION 2023
Journaliste SÉBASTIEN LAMBOTTE

s’appuie sur l’innovation, le numĂ©rique et le dĂ©veloppement durable. »

Faire preuve d’ambition

Il s’agit surtout de positionner le Luxembourg comme un centre d’excellence autour de cette technologie dans des domaines bien particuliers, en phase avec l’écosystĂšme et les ambitions socio-Ă©conomiques du pays. « Nous souhaitons que le Luxembourg soit perçu comme une terre favorable aux acteurs, ainsi qu’aux talents, Ă  mĂȘme de soutenir le dĂ©veloppement d’approches innovantes au dĂ©part de cette technologie », explique Emilie Allaert. L’enjeu est consĂ©quent.

« Les dĂ©veloppements potentiels autour de cette technologie pourraient rĂ©volutionner certaines industries, notamment dans le domaine financier », poursuit la responsable. Au risque de voir mis Ă  mal un pan majeur de son Ă©conomie, le Luxembourg ne peut pas se permettre de se laisser distancer sur ce sujet.

Si cela fait maintenant plusieurs années que le Luxembourg cherche à développer des activités et des compétences autour de la technologie blockchain, cela prend toutefois du temps. Quelques projets recourant à

cette technologie ont vu le jour, notamment dans le secteur public, oĂč l’on y fait appel pour simplifier la procĂ©dure d’octroi des prĂȘts Ă©tudiants garantis par l’État ou encore pour garantir l’authenticitĂ© d’attestations. Dans le secteur financier, quelques acteurs se sont aussi positionnĂ©s.

Lever les freins

« Il y a beaucoup Ă  faire. S’engager dans cette voie implique une rĂ©elle ambition, reconnaĂźt Emilie Allaert. L’un des enjeux, pour soutenir les dĂ©veloppements au dĂ©part de la blockchain, est de lever certains freins persistants. Il s’agit notamment de faciliter l’accĂšs Ă  cette technologie en rĂ©duisant les coĂ»ts Ă  l’entrĂ©e, notamment pour tester de nouvelles solutions. »

À cette fin, le Luxembourg Blockchain Lab va mettre Ă  disposition des plateformes et des compĂ©tences pour celles et ceux qui souhaitent Ă©valuer de nouveaux concepts, dĂ©finir les technologies et architectures blockchain les plus appropriĂ©es pour rĂ©pondre Ă  leurs besoins.

Soutenir plus activement l’adoption de la blockchain

La technologie blockchain prĂ©sente un potentiel de transformation important. Dans beaucoup de domaines d’activitĂ©, et particuliĂšrement dans la finance, elle doit permettre de se passer de nombreux intermĂ©diaires, notamment grĂące Ă  un meilleur partage de l’information entre participants d’un mĂȘme Ă©cosystĂšme.

Son adoption, cependant, exige des investissements consĂ©quents, un engagement rĂ©el des parties prenantes et une vraie ambition. En cette annĂ©e Ă©lectorale, le Luxembourg Blockchain Lab n’a pas manquĂ© de rappeler aux divers partis

politiques les enjeux inhĂ©rents Ă  l’évolution de cette technologie, notamment en matiĂšre de dĂ©veloppement Ă©conomique, ainsi que d’attractivitĂ© et de compĂ©titivitĂ© du pays. À l’occasion de la publication d’une note qui leur Ă©tait adressĂ©e, la structure a formulĂ© quelques recommandations.

Le Luxembourg Blockchain Lab invite notamment Ă  s’assurer que les rĂ©glementations et lĂ©gislations soient envisagĂ©es pour faciliter le dĂ©veloppement de projets innovants au dĂ©part de la technologie. En effet, si le cadre europĂ©en se clarifie, Ă  travers l’adoption de plusieurs

textes, il faut s’assurer que le Luxembourg soit en bonne position pour attirer des acteurs et faciliter le dĂ©veloppement de projets. Dans cette optique, affirme la note, il faut pouvoir fournir des directives claires sur les questions rĂ©glementaires et fiscales pertinentes Ă  destination des citoyens et des entreprises.

Le Luxembourg Blockchain Lab rĂ©clame aussi des mesures de soutien (sous diverses formes), qui font aujourd’hui dĂ©faut, en particulier pour des projets innovants ou avant-gardistes. La structure rĂ©clame aussi le lancement de projets Ă  grande Ă©chelle, en particulier dans

la finance, la logistique et le secteur public, avec une attention particuliĂšrement portĂ©e Ă  la fois sur l’interdisciplinaritĂ© et l’adĂ©quation des avantages apportĂ©s par rapport aux dĂ©fis Ă  rĂ©soudre.

La note recommande aussi d’explorer le recours Ă  la blockchain dans une approche qui privilĂ©gie la durabilitĂ©, qui soutient la sĂ©curitĂ© de l’information. Elle invite les futurs Ă©lus Ă  se prĂ©parer aux cryptomonnaies, Ă  favoriser l’écosystĂšme de tokĂ©nisation, Ă  soutenir la transition vers la finance dĂ©centralisĂ©e et l’accueil des organisations autonomes dĂ©centralisĂ©es.

Photo Guy Wolff (archives)
« Nous souhaitons que le Luxembourg soit perçu comme favorable aux acteurs, soutenant des approches innovantes au départ de la blockchain. »
EMILIE ALLAERT
TECH + INNOVATION 2023 39
Head of the Luxembourg Blockchain Lab

« La cybersĂ©curitĂ© est un combat permanent »

Au Luxembourg, tout un Ă©cosystĂšme a Ă©tĂ© mis en place pour protĂ©ger les structures privĂ©es et publiques de la menace cyber. Pascal Steichen, CEO de la Luxembourg House of Cybersecurity, nous le dĂ©taille et dĂ©voile l’évolution rĂ©cente de la cybercriminalitĂ©.

Photo MATIC ZORMAN
Journaliste QUENTIN DEUXANT
40 TECH + INNOVATION 2023
Pascal Steichen est Ă  la tĂȘte de l’agence luxembourgeoise dĂ©diĂ©e Ă  la cybersĂ©curitĂ© depuis 2010.

La Luxembourg House of Cybersecurity a Ă©tĂ© rĂ©organisĂ©e, fin 2022. Pouvez-vous nous dĂ©tailler son fonctionnement actuel ? Cette restructuration vise Ă  rendre son organisation plus cohĂ©rente par rapport Ă  ce qui se fait Ă  l’échelon national et europĂ©en. En effet, au Luxembourg, le Haut-Commissariat Ă  la protection nationale (HCPN), qui se concentre sur la cybersĂ©curitĂ© des structures publiques et de l’infrastructure critique, compte deux pĂŽles : l’un dĂ©diĂ© Ă  la rĂ©ponse aux incidents et l’autre qui agit proactivement afin de prĂ©venir les risques. Au niveau europĂ©en aussi, l’European Cybersecurity Competence Centre (ECCC) et l’European Union Agency for Cybersecurity (ENISA) couvrent ces deux besoins en rĂ©activitĂ© et proactivitĂ©. Nous avons voulu nous organiser de la mĂȘme maniĂšre au sein de la Luxembourg House of Cybersecurity avec, d’une part, le Computer Incident Response Center Luxembourg (CIRCL), qui peut rĂ©agir rapidement en cas d’attaque et, d’autre part, le National Cybersecurity Competence Center (NC3), qui fait de la prĂ©vention. L’accent mis sur l’accompagnement des entreprises reste toutefois le mĂȘme. Notons que l’écosystĂšme de la cybersĂ©curitĂ© au Luxembourg est chapeautĂ© par le Premier ministre et un comitĂ© interministĂ©riel dĂ©diĂ©, prĂ©sidĂ© par le HCPN, qui Ă©tablit une stratĂ©gie commune en matiĂšre de cybersĂ©curitĂ©, basĂ©e sur celle de l’UE.

La nature de la menace a-t-elle Ă©voluĂ© au cours des derniĂšres annĂ©es ?

Varie-t-elle selon qu’elle vise une structure publique ou privĂ©e ?

En rĂ©alitĂ©, environ 80 % des attaques dĂ©tectĂ©es ne sont pas dirigĂ©es vers un acteur en particulier, qu’il soit public ou privĂ©. Les pirates vont s’engouffrer dans la premiĂšre faille qu’ils trouvent et entrer dans une machine, puis un systĂšme. Cet opportunisme doit inciter l’ensemble des organisations Ă  se protĂ©ger. Les 20 % restants sont des attaques plus spĂ©cifiques, qui varient en fonction de l’actualitĂ©. Pendant la pandĂ©mie, beaucoup d’acteurs de la santĂ© ont Ă©tĂ© touchĂ©s, tout comme les plateformes proposant de la

ÉVOLUTION DES CYBERATTAQUES AU LUXEMBOURG

Depuis 2016, le nombre de cyberattaques n’a fait que croĂźtre jusqu’à la fin de l’annĂ©e 2022.

vidĂ©oconfĂ©rence. Aujourd’hui, nous sommes davantage confrontĂ©s Ă  des attaques sur des sociĂ©tĂ©s actives dans l’énergie, en lien avec ce qui se passe en Ukraine. Ces attaques sont souvent les plus mĂ©diatisĂ©es, mais elles ne reprĂ©sentent que la partie Ă©mergĂ©e de l’iceberg. Depuis 2006-2007, il est clair que le monde de la cybercriminalitĂ© s’est professionnalisĂ©. Une Ă©conomie parallĂšle s’est construite petit Ă  petit, avec des entreprises qui offrent leurs services de cybercriminalitĂ© et qui se concurrencent les unes les autres. Les cybercriminels sont dĂ©sormais, pour la grande majoritĂ©, membres d’organisations complexes et bien structurĂ©es.

Disposez-vous de donnĂ©es sur le nombre et le type d’attaques menĂ©es au Luxembourg ?

Le CIRCL met en effet Ă  disposition une sĂ©rie de chiffres qui comptabilisent le nombre de tickets ouverts par ses services chaque annĂ©e. Depuis 2018, nous constatons qu’environ 1.000 tickets sont ouverts chaque annĂ©e, avec des pics en 2020 et 2021, annĂ©es de la pandĂ©mie. Au niveau du type d’attaques, nous notons que le phishing reste l’un des principaux types de menaces.

6.000e+5 0 4.000e+5 2.000e+5 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 8.000e+5
686.576 129.554 42 TECH + INNOVATION 2023 Conversation
Source circl.lu
Pascal Steichen
Connecting businesses & people.
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LE LUXEMBOURG PARTICIPE À UN EXERCICE DE L’OTAN

La cybersĂ©curitĂ© ne revĂȘt pas seulement une importance Ă©conomique, elle est aussi un vĂ©ritable enjeu en matiĂšre de dĂ©fense. Et celui-ci est d’autant plus important dans un contexte gĂ©opolitique tendu Ă  cause de la guerre en Ukraine. C’est dans ce cadre qu’a Ă©tĂ© organisĂ©, entre le 19 et le 22 avril, un exercice de cyberdĂ©fense de l’Otan impliquant une trentaine de pays, dont le Luxembourg. Aux cĂŽtĂ©s d’autres experts du Benelux, le rĂŽle des reprĂ©sentants du Luxembourg Ă©tait de veiller Ă  la rĂ©silience du systĂšme financier face Ă  des cyberattaques de grande ampleur.

Comment lutter contre ce phĂ©nomĂšne, sachant qu’il s’agit d’un type d’attaque qui profite avant tout de la naĂŻvetĂ© de certains utilisateurs ? Beaucoup d’efforts ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Mais si la sensibilisation a progressĂ©, l’efficacitĂ© des cybercriminels aussi. Ils dĂ©veloppent aujourd’hui des campagnes de phishing bien plus sophistiquĂ©es qu’il y a quelques annĂ©es. Pour expliquer la prĂ©gnance de ce type d’attaque encore aujourd’hui, il faut Ă©voquer la digitalisation accrue de certains secteurs qui n’avaient pas encore fait beaucoup de chemin en la matiĂšre. Je pense par exemple Ă  l’industrie. Dans ces domaines, il arrive qu’on fasse encore des erreurs grossiĂšres parce que l’on n’a pas la culture de la cybersĂ©curitĂ©. Pour les cybercriminels, c’est Ă©videmment le jackpot : ils disposent de portes d’entrĂ©e facilement accessibles et ne se privent pas de les enfoncer. La cybercriminalitĂ© est un combat permanent et, en ce qui concerne le phishing, il faut donc continuer Ă  rĂ©pĂ©ter quels sont les bons gestes Ă  adopter, ce qu’il ne faut surtout pas faire
 C’est un peu comme pour la ceinture de sĂ©curité : elle existe depuis des dĂ©cennies, mais on fait encore des campagnes aujourd’hui pour inciter les gens Ă  la boucler.

Avez-vous tout de mĂȘme le sentiment que les organisations accordent dĂ©sormais plus d’importance Ă  la cybersĂ©curité ?

Oui, la sensibilitĂ© au sujet a considĂ©rablement augmentĂ©, car tout le monde en parle : le Forum Ă©conomique mondial, les grands acteurs de l’assurance, les groupes de consultance, etc. Aujourd’hui, la cybersĂ©curitĂ© fait partie du top 5 des prĂ©occupations des entreprises. Les plus petites structures, avec lesquelles nous sommes le plus souvent en contact, sont aussi mieux sensibilisĂ©es qu’avant. Il y a quelques annĂ©es, on devait encore expliquer aux gens ce qu’était la cybersĂ©curitĂ©. Aujourd’hui, ces entreprises nous demandent directement ce qu’elles peuvent faire pour mieux se protĂ©ger.

ConcrĂštement, comment aidezvous les entreprises Ă  se protĂ©ger ou Ă  bien rĂ©agir en cas d’attaque ?

Au sein de la Luxembourg House of Cybersecurity, notre leitmotiv est « Don’t suffer in silence ». Notre prioritĂ© est que chaque organisation au Luxembourg sache qui contacter lorsqu’une attaque est constatĂ©e ou suspectĂ©e. Chacun doit savoir que notre mission de service public est prĂ©cisĂ©ment d’assister les entreprises dans de telles situations. Par ailleurs, nous accompagnons aussi les sociĂ©tĂ©s qui le souhaitent dans la dĂ©finition d’une feuille de route leur permettant de mieux se protĂ©ger. Nous sommes d’avis qu’il est essentiel, Ă  ce niveau, de dĂ©velopper d’abord des compĂ©tences permettant d’accĂ©lĂ©rer la dĂ©tection des cyberattaques. Il faut savoir qu’entre l’incursion d’un hacker dans un systĂšme et sa dĂ©tection, il se passe en moyenne 200 jours. Ensuite, nous pouvons travailler ensemble pour identifier les risques propres Ă  chaque entreprise et construire un dispositif de protection efficace. Nous essayons toutefois d’ĂȘtre le plus pragmatiques possible, considĂ©rant que, pour de nombreuses PME, il n’est pas possible d’allouer en une fois autant de moyens Ă  cette thĂ©matique. Nous procĂ©dons donc pas Ă  pas, en les aidant Ă  identifier leurs besoins, puis en les orientant vers les bons fournisseurs de services.

44 TECH + INNOVATION 2023 Conversation
« Aujourd’hui, la cybersĂ©curitĂ© fait partie du top 5 des prĂ©occupations des entreprises. »
Pascal Steichen
We care about your assets and the environment
Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat, Luxembourg, Ă©tablissement public autonome, 1, Place de Metz, L-1930 Luxembourg, R.C.S. Luxembourg B30775 Roselyne Daxhelet, Private Banking Advisor * Activmandate Green Discretionary Portfolio Management SPUERKEESS.LU/privatebanking
*

Les métiers de la cybersécurité

1Architecte sécurité

L’architecte sĂ©curitĂ© agit comme un conseiller. Il doit se charger d’anticiper l’évolution des technologies et des mĂ©thodologies, puis de proposer l’implĂ©mentation de certaines d’entre elles, en tenant compte des enjeux de l’entreprise. Afin d’assurer la bonne utilisation des outils dĂ©veloppĂ©s, il veille Ă  ce que les Ă©quipes opĂ©rationnelles les maĂźtrisent pleinement. L’architecte sĂ©curitĂ© travaille dans tout type de structure souhaitant mettre en place un systĂšme de sĂ©curitĂ© efficace.

2Intégrateur de solutions de sécurité

Si l’architecte sĂ©curitĂ© joue le rĂŽle de conseiller, l’intĂ©grateur de solutions de sĂ©curitĂ© a, quant Ă  lui, un rĂŽle plutĂŽt opĂ©rationnel. C’est lui qui va par exemple dĂ©velopper le code et les solutions, les intĂ©grer dans l’espace de production et les dĂ©ployer. Ses connaissances techniques lui permettent par ailleurs d’informer l’architecte sĂ©curitĂ© sur les derniers dĂ©veloppements en matiĂšre de sĂ©curitĂ© informatique. L’intĂ©grateur de solutions de sĂ©curitĂ© assurera l’exploitation des outils de cybersĂ©curitĂ© et veillera Ă  ce qu’il n’y ait aucune faille de sĂ©curitĂ©.

3

Cryptologue Étymologiquement, la cryptologie signifie « science du secret ». Le cryptologue est donc un vĂ©ritable expert en sĂ©curitĂ© des communications. Il a pour mission de protĂ©ger les informations sensibles de l’entreprise, tout en luttant contre leur utilisation frauduleuse. Pour garantir la sĂ©curitĂ© des donnĂ©es les plus sensibles, il dĂ©veloppe des codes informatiques extrĂȘmement complexes. Il y a quelques annĂ©es, le cryptologue travaillait surtout dans les domaines de la dĂ©fense et de la diplomatie. Mais aujourd’hui, on en trouve Ă©galement dans les banques, les sociĂ©tĂ©s de conseil


5

Conseiller en cybersécurité

La mission du conseiller en cybersĂ©curitĂ© est de sĂ©curiser l’ensemble des systĂšmes informatiques utilisĂ©s au sein d’une organisation. Son rĂŽle est d’opĂ©rer une surveillance constante du site internet ou des logiciels utilisĂ©s en interne afin d’éviter toute faille de sĂ©curitĂ©, comme des fuites de donnĂ©es. En cas de problĂšme, il s’occupe de rĂ©parer ces failles, le plus rapidement possible, toujours dans une optique de protĂ©ger les donnĂ©es.

4

Responsable de la CSIRT

Le responsable de la CSIRT – computer security incident response team – est l’équivalent du capitaine des pompiers. De la sorte, la CSIRT est une équipe spĂ©cialement formĂ©e pour rĂ©pondre aux incidents de sĂ©curitĂ© ciblant les systĂšmes d’information. Son responsable va donc coordonner l’ensemble de l’équipe pendant et aprĂšs l’intervention. AprĂšs avoir sĂ©curisĂ© et corrigĂ© le problĂšme, elle se charge d’élaborer des mĂ©canismes permettant d’éviter de faire de nouveau face Ă  cette faille.

Les nouvelles technologies prennent de plus en plus de place dans le monde du travail. Naturellement, de nouveaux métiers apparaissent en parallÚle. En voici quelques­uns relatifs à la cybersécurité.
CARRIÈRES 46 TECH + INNOVATION 2023
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« Renforcer la reprĂ©sentation des femmes dans la cybersĂ©curité »

Dans un monde numĂ©rique, les dĂ©fis liĂ©s Ă  la cybersĂ©curitĂ© sont nombreux. Pour Women Cyber Force, les relever efficacement implique une plus grande diversitĂ© dans les mĂ©tiers de la sĂ©curitĂ© informatique. Sabika Ishaq et Floriane de Lapparent, respectivement prĂ©sidente et vice-prĂ©sidente de l’association, prĂ©sentent leur travail sur ce point.

Photo MATIC ZORMAN Journaliste SÉBASTIEN LAMBOTTE
48 TECH + INNOVATION 2023
Floriane de Lapparent, à gauche, et Sabika Ishaq, à droite.

Quelle est la reprĂ©sentation des femmes dans le domaine de la cybersĂ©curité ?

SABIKA ISHAQ (S. I.) Les femmes occupent 25 % des emplois dans le secteur de la cybersĂ©curitĂ© Ă  travers le monde. Nous n’étions que 20 % en 2019 et environ 11 % en 2013. La reprĂ©sentation des femmes dans nos mĂ©tiers Ă©volue donc positivement, bien que le chemin vers l’égalitĂ© soit encore long. Si l’on considĂšre les fonctions dirigeantes dans le domaine, en l’occurrence la position de CISO, selon une Ă©tude menĂ©e auprĂšs des 500 plus grandes sociĂ©tĂ©s amĂ©ricaines, on ne compte, parmi leurs responsables de la sĂ©curitĂ© de l’information, que 85 femmes. Cet Ă©cart rĂ©vĂšle aussi qu’il faut agir pour permettre aux femmes de mieux Ă©voluer dans leurs fonctions.

FLORIANE DE LAPPARENT (F. D. L.) Aujourd’hui, on dĂ©nombre 4 millions d’opportunitĂ©s de carriĂšre disponibles dans le domaine de la cybersĂ©curitĂ© Ă  travers le monde. Attirer les femmes vers la cybersĂ©curitĂ© permettrait de rĂ©pondre plus facilement Ă  ce besoin en compĂ©tences.

Pour quelles autres raisons, au-delĂ  du besoin en compĂ©tences, est-il essentiel de renforcer la diversitĂ© dans les mĂ©tiers de la cybersĂ©curité ?

S. I. À l’échelle de l’entreprise ou d’une Ă©quipe, plus de diversitĂ© permet d’aborder les problĂšmes et les dĂ©fis en considĂ©rant une plus grande variĂ©tĂ© de perspectives et d’idĂ©es. Multiplier les points de vue, notamment dans un domaine aussi critique et complexe que la sĂ©curitĂ© informatique, est essentiel pour dĂ©velopper les rĂ©ponses les plus appropriĂ©es. Cela contribue Ă  une sĂ©curitĂ© renforcĂ©e.

F. D. L. La technologie façonnant le monde, elle a un rĂŽle important Ă  jouer en faveur du dĂ©veloppement d’une sociĂ©tĂ© numĂ©rique, en particulier dans le domaine de la cybersĂ©curitĂ©, en veillant Ă  protĂ©ger chaque personne qui Ă©volue dans cet environnement numĂ©rique.

Comment expliquer cette sousreprĂ©sentation des femmes dans la cybersĂ©curité ?

F. D. L. Principalement en raison de

biais socioculturels qui ont la vie dure. On constate que, dĂšs le plus jeune Ăąge, certains Ă©lĂ©ments, sujets ou thĂ©matiques sont considĂ©rĂ©s davantage comme masculins ou fĂ©minins, dans la mĂȘme idĂ©e que le bleu devrait ĂȘtre pour les garçons et le rose pour les filles. Le domaine de la cybersĂ©curitĂ© offre de nombreuses possibilitĂ©s de carriĂšre Ă  chacune, Ă  travers des mĂ©tiers techniques. C’est Ă©galement le cas pour beaucoup d’autres domaines. La (cyber-)rĂ©silience dĂ©pend autant des femmes que des hommes. Nous avons besoin de plus d’inclusion et de diversitĂ© pour construire un monde plus pĂ©renne.

Quels sont les obstacles Ă  lever pour que davantage de femmes se tournent vers des carriĂšres dans le domaine de la sĂ©curitĂ© informatique ?

L’ACTION

DE WOMEN CYBER FORCE

Soutenir

WCF encourage les femmes Ă  explorer les cybercarriĂšres et les opportunitĂ©s d’apprentissage en la matiĂšre, Ă  construire des rĂ©seaux avec d’autres professionnels du domaine. Elle offre Ă  ses membres la possibilitĂ© d’ĂȘtre accompagnĂ©es par des mentors.

Inspirer

WCF mĂšne des actions

auprÚs de la prochaine génération professionnelle, en invitant les étudiantes et étudiants à envisager une carriÚre dans le secteur de la cybersécurité.

Sensibiliser

L’association sensibilise le public autour des enjeux de cybersĂ©curitĂ© en gĂ©nĂ©ral en organisant des confĂ©rences, en partageant de l’information, et Ă  travers des actions ou des partenariats de formation.

S. I. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il y a un manque de soutien, de sensibilisation et d’encouragement Ă  l’égard des femmes pour qu’elles s’engagent dans ce secteur. DĂšs l’école, il est important de sensibiliser les filles sur les opportunitĂ©s qu’offrent ces carriĂšres. Il est aussi essentiel d’avoir plus de femmes mentors, de modĂšles et d’encouragements de la part des cadres supĂ©rieurs dans ce domaine. Au-delĂ , il faut aussi garantir aux femmes des chances Ă©gales Ă  celles des hommes en matiĂšre d’évolution de carriĂšre, du recrutement aux possibilitĂ©s d’avancement, comme il faut veiller Ă  la rĂ©tention des femmes dans ce domaine.

Comment lever ces barriùres ?

S. I. Chez Women Cyber Force, nous pensons qu’il est essentiel de reconnaĂźtre la valeur que les femmes, Ă  chaque Ă©tape de leur carriĂšre, ont pour d’autres femmes Ă©voluant Ă  d’autres Ă©tapes de leur carriĂšre. Les femmes qui sont des leaders dans la cybersĂ©curitĂ© doivent pouvoir soutenir et inspirer celles qui sont nouvelles ou Ă©voluent dans le domaine, autant que les filles qui envisagent des carriĂšres dans nos mĂ©tiers.

F. D. L. Devenir mĂšre ne doit pas ĂȘtre perçu comme un trou noir dans le parcours professionnel de la femme, mais comme une vĂ©ritable autonomisation

50 TECH + INNOVATION 2023
Conversation Sabika Ishaq et Floriane de Lapparent

et habilitation. Les responsables d’entreprise comprennent aujourd’hui de plus en plus l’importance de la diversitĂ©. Au-delĂ  de la prise de conscience, il faut dĂ©sormais mener des actions pour garantir l’égalitĂ© entre les hommes et les femmes tout au long de leur carriĂšre, offrir de rĂ©elles perspectives Ă  chacun et chacune en les soutenant Ă  chaque Ă©tape de leur vie personnelle et professionnelle.

Que diriez-vous Ă  une petite fille pour l’inviter Ă  considĂ©rer les mĂ©tiers de cybersĂ©curité ?

des hommes – qui m’ont soutenue, ainsi qu’aux plateformes qui m’ont donnĂ© l’occasion d’apprendre.

S. I. La cybersĂ©curitĂ© est un secteur trĂšs dynamique. En constante expansion, c’est un mĂ©tier qui offre de multiples opportunitĂ©s de dĂ©veloppement, de cheminement de carriĂšre et d’apprentissage. On n’arrĂȘte jamais d’apprendre. C’est ce qui m’a attirĂ©e dans le domaine. Au-delĂ , il y a les dĂ©fis quotidiens, les problĂšmes et les Ă©nigmes Ă  rĂ©soudre. L’impact de la cybersĂ©curitĂ© sur nos sociĂ©tĂ©s rend les mĂ©tiers passionnants. En outre, ils ont un impact positif sur le monde numĂ©rique et physique.

F. D. L. J’établirais un parallĂšle entre ce qui m’anime en tant que mĂšre de famille et ma motivation dans mon rĂŽle de professionnelle de la sĂ©curité : un engagement sans faille Ă  protĂ©ger et Ă  dĂ©fendre ce qui compte. Dans un paysage de la cybersĂ©curitĂ© en constante Ă©volution, les professionnels du secteur sont ces armĂ©es silencieuses liĂ©es par la volontĂ© de protĂ©ger le monde numĂ©rique d’aujourd’hui et de demain.

Personnellement, qu’est-ce qui a contribuĂ© Ă  votre Ă©volution de carriĂšre dans le domaine de la cybersĂ©curité ?

S. I. Mon Ă©volution dans la cybersĂ©curitĂ© tient beaucoup aux valeurs que nous prĂŽnons Ă  travers Women Cyber Force, c’est-Ă -dire l’apprentissage continu, la mise en rĂ©seau avec d’autres professionnels et l’apprentissage Ă  leurs cĂŽtĂ©s. Il faut surtout une grande ouverture d’esprit, qui permet d’explorer et de relever de nouveaux dĂ©fis. Si j’ai pu Ă©voluer dans ma carriĂšre, je le dois aussi en partie Ă  mes mentors – autant des femmes que

F. D. L. J’ai commencĂ© ma carriĂšre dans le secteur de la cybersĂ©curitĂ© en tant qu’administratrice systĂšme dans le sous-sol d’une banque, avant d’aller plus loin. En voyageant d’un environnement Ă  l’autre, j’ai rĂ©alisĂ© que la mise en Ɠuvre, la construction et/ou l’amĂ©lioration de la cybersĂ©curitĂ© dans diverses entreprises ne sont pas seulement un devoir professionnel, mais une passion, et surtout un Ă©tat d’esprit. L’enjeu, en permanence, est d’éviter le pire et de limiter les dĂ©gĂąts, dans l’optique de construire un monde meilleur et plus sĂ»r.

« Les femmes qui sont des leaders dans la cybersécurité doivent pouvoir soutenir et inspirer les autres. »
52 TECH + INNOVATION 2023

Donnez un nouvel envol Ă  votre carriĂšre.

Des centaines d’offres d’emploi au Luxembourg sur

Finologee, 6 ans d’aventure luxembourgeoise

FondĂ©e en 2017, Finologee a connu une croissance rapide au point de devenir, 6 ans plus tard, une regtech bankable parfaitement implantĂ©e dans le monde de la finance luxembourgeoise. Retour sur une success-story qui remonte Ă  l’aube du 21e siĂšcle avec Raoul Mulheims, son CEO.

Raoul Mulheims fait partie de ces quelques entrepreneurs luxembourgeois Ă  qui tout rĂ©ussit. Mais derriĂšre cette image d’Épinal se cache une longue histoire, Ă©maillĂ©e d’idĂ©es innovantes et de nombreuses heures de travail acharnĂ©. Aussi, quand il lance en 2017 la regtech Finologee avec ses comparses Jonathan Prince et Georges Berscheid, ils disposent dĂ©jĂ  tous les trois d’un beau curriculum vitae dont les premiĂšres lignes s’écrivent Ă  la fin du siĂšcle dernier. « En ce qui me concerne, Finologee est ma quatriĂšme start-up fondĂ©e au Luxembourg », explique Raoul Mulheims.

De l’agence web au micropaiement Pour lui, tout commence rĂ©ellement en 1999 avec la naissance de Nvision, une agence web et digitale plutĂŽt pionniĂšre dans son genre, dont il quittera l’actionnariat en 2018. « Avec le mĂȘme groupe d’associĂ©s, nous avons ensuite crĂ©Ă© Mpulse, dĂšs 2006, qui constitue notre premiĂšre expĂ©rience dans le monde du micropaiement », poursuit l’entrepreneur. C’est donc Ă  cette Ă©poque que l’équipe fait sa premiĂšre entrĂ©e dans le monde du paiement

mobile et digital, avec l’ambition dĂ©jĂ  affirmĂ©e d’aller plus loin dans l’exploration de cet univers encore mĂ©connu. « En 2009, nous profitons d’une nouvelle loi sur la recherche et le dĂ©veloppement pour soumettre un dossier avec l’idĂ©e de porter l’activitĂ© de paiement mobile Ă  une autre Ă©chelle. On ne savait pas vraiment ce que ça allait devenir, ni mĂȘme comment le faire », se souvient Raoul Mulheims.

C’est de ce travail de recherche et dĂ©veloppement que naĂźt Digicash, en 2012, devenue Payconiq en 2021 et aujourd’hui rachetĂ©e par EPI. Une belle histoire qui conduira plus tard Ă  la naissance de Finologee. « La crĂ©ation de Digicash marque notre entrĂ©e dans la sphĂšre des vĂ©ritables services financiers. Nous obtenons l’agrĂ©ment en tant qu’établissement de paiement et devenons un acteur rĂ©gulĂ© de la place financiĂšre luxembourgeoise. Nous avons surtout construit une logique d’encaissement diffĂ©rente et trouvĂ© un accord avec la Banque et caisse d’épargne de l’État, premiĂšre banque participant Ă  ce systĂšme alors unique en Europe, qui permet de directement connecter notre moyen de paiement

REGTECH
54 TECH + INNOVATION 2023

digital aux comptes des clients de la banque. Sans ce premier accord, nous n’en serions sans doute pas lĂ  aujourd’hui  »

Au fur et Ă  mesure, d’autres banques rejoignent l’aventure et permettent de faire grandir l’outil. AprĂšs quelques annĂ©es de travail acharnĂ©, Digicash devient un standard sur le marchĂ© pour le paiement des factures, au dĂ©part d’un simple QR code, mais aussi pour le paiement de personne Ă  personne, sur base d’un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone. « Pour grandir davantage, l’option choisie a Ă©tĂ© celle d’une reprise partielle de l’activitĂ© par Payconiq, qui prenait en charge la relation commerciale avec les banques et les rĂ©seaux de commerçants, tandis que la propriĂ©tĂ© intellectuelle de l’environnement technique restait chez nous, raconte Raoul Mulheims. Nous sommes devenus un prestataire, et Payconiq a continuĂ© Ă  faire grandir la solution, qui va prendre encore une dimension supplĂ©mentaire avec son rachat par EPI en avril 2023. »

Un acteur réglementé du marché financier

C’est de cette expĂ©rience, et de nouvelles opportunitĂ©s de marchĂ© Ă  saisir, que va naĂźtre Finologee en 2017. « À l’époque, afin d’assurer des prestations techniques pour un client, nous obtenons tout d’abord l’agrĂ©ment de PSF de support. Ensuite, nous identifions un nouveau besoin avec l’arrivĂ©e de la directive europĂ©enne PSD2, qui allait obliger les banques Ă  permettre Ă  des tiers de dĂ©clencher des paiements sur les comptes de leurs clients. Nous avons rapidement constatĂ© qu’il s’agissait d’un service trĂšs technique qui n’était pas Ă  la portĂ©e de toutes les banques. Dans ce contexte, une forme de mutualisation de l’infrastructure faisait du sens. Nous n’étions pas les seuls sur ce terrain, mais notre expĂ©rience passĂ©e dans le domaine du paiement et des relations bancaires nous rendait plus lĂ©gitimes », constate le fondateur. Rapidement, Finologee sĂ©duit 37 banques, qui utilisent ses services pour ouvrir leur infrastructure Ă  d’autres acteurs. Un deuxiĂšme axe de dĂ©veloppement est identifiĂ© avec le concours de Keytrade Bank, qui souhaite Ă  l’époque permettre l’ouverture totalement automatisĂ©e d’un compte en banque. Au fil

des discussions avec le rĂ©gulateur et de nombreuses heures de travail, le dĂ©fi est relevĂ©. « Sur base d’un constat de risque peu Ă©levĂ©, nous avons rĂ©ussi Ă  proposer une ouverture de compte automatisĂ©e. GrĂące Ă  ces deux premiers jalons, nous avions les principaux ingrĂ©dients pour lancer Finologee, tout en travaillant sur le dĂ©veloppement d’une ligne de produits autour du sujet AML / KYC. Afin d’aider les Ă©tablissements financiers Ă  gĂ©rer cet aspect, nous avons proposĂ© une plateforme de gestion documentaire qui rĂ©pond tant aux attentes des acteurs qu’à celles des rĂ©gulateurs. » AprĂšs avoir atteint le seuil de rentabilitĂ© en 2019, Finologee est la seule regtech luxembourgeoise Ă  intĂ©grer en 2021 le RegTech 100 des fintech actives dans le domaine de la rĂ©glementation. Le succĂšs est au rendez-vous, mais Raoul Mulheims et ses associĂ©s n’en restent pas lĂ  pour autant. Ils prĂ©sentent alors Enpay. Cette nouvelle solution innovante permet aux acteurs rĂ©gulĂ©s d’utiliser une plateforme unique pour se connecter Ă  leurs diffĂ©rentes banques, effectuer des paiements, mais aussi rĂ©cupĂ©rer diffĂ©rents rapports et gĂ©rer l’ensemble des flux. Avec ses 40 collaborateurs et ses 13,1 millions de chiffre d’affaires en 2022 au niveau du groupe, Finologee continue d’écrire son histoire, rĂ©solument tournĂ©e vers l’avenir.

« Nous voulons continuer Ă  grandir, au Luxembourg et Ă  l’étranger, en nous appuyant sur le socle solide que nous avons construit ces derniĂšres annĂ©es. »

La raison du succùs ?

« C’est une question trĂšs complexe. Tout d’abord, je pense que, pour rĂ©ussir, il faut disposer d’une bonne maĂźtrise des sujets. Nous n’avons jamais lancĂ© de produits dans des contextes que nous ne maĂźtrisions pas », explique Raoul Mulheims. Et il ajoute : « À chaque fois, cela exige que les fondateurs – mes associĂ©s et moi-mĂȘme – se plongent dans le sujet, se frottent aux difficultĂ©s, challengent les idĂ©es, lisent la rĂ©glementation, l’analysent, pour pouvoir en tirer des conclusions. L’objectif de cette Ă©tape indispensable est d’identifier si une opportunitĂ© business existe ou non. Aujourd’hui, quand je parle Ă  mes collaborateurs, quand on identifie des opportunitĂ©s ou qu’ils viennent eux-mĂȘmes avec des idĂ©es, j’ai deux questions principales. La premiĂšre est de savoir si cela relĂšve de notre mĂ©tier. La seconde est de voir si cette opportunitĂ© business peut dĂ©gager un chiffre d’affaires d’au moins un million d’euros Ă  un horizon de 2 Ă  3 ans. À chacun de dĂ©finir son Ă©chelle de valeur. » Ensuite, trois autres facteurs entrent en jeu : la maĂźtrise technique, l’expĂ©rience ajoutĂ©e pour l’utilisateur et la conformitĂ©. « Le dĂ©fi principal d’acteurs comme nous est d’amener cette couche de conformitĂ© qui rassure nos clients. »

ET POURQUOI LE LUXEMBOURG ?

Parmi les trois associĂ©s de Finologee, deux sont Luxem–bourgeois. « Il Ă©tait donc assez logique pour nous de nous lancer ici. Au-delĂ  de cet aspect, nos solutions s’adressent essen–tiellement au secteur financier et, dans ce domaine, le Luxembourg n’est rien d’autre que la plus grande place financiĂšre d’Europe conti–nentale. DĂšs le dĂ©but, nous avons cherchĂ© Ă  optimiser nos solutions pour rĂ©pondre aux attentes des acteurs des fonds, de l’assurancevie, etc. » Mais ce n’est pas tout. Le fondateur de Finologee prĂ©cise que l’entreprise s’adresse Ă©galement au seul secteur du pays qui dispose d’une vĂ©ritable dimension internationale. « Dans le cadre de nos solutions PSD2, la moitiĂ© de nos clients sont basĂ©s hors de nos frontiĂšres, mĂȘme si le plus souvent un lien existe avec le Luxembourg. »

« Nous n’étions pas les seuls sur ce terrain, mais notre expĂ©rience passĂ©e (...) nous rendait plus lĂ©gitimes. »
RAOUL MULHEIMS CEO Finologee
TECH + INNOVATION 2023 55
Photo Guy Wolff (archives)

« Les fintech sont centrales pour toute l’économie »

Alors que les dĂ©veloppements technologiques se succĂšdent, Pascal Bouvier, cofondateur de MiddleGame Ventures, souligne l’importance d’investir dans les fintech.

Photo MATIC ZORMAN Journaliste QUENTIN DEUXANT
56 TECH + INNOVATION 2023 Conversation
Pascal Bouvier
À la tĂȘte de MiddleGame Ventures, Pascal Bouvier a dĂ©jĂ  financĂ© plus de 40 start-up, pour un montant total de 300 millions d’euros.

Quel est l’état des opportunitĂ©s d’investissement dans les fintech ? Comment ont-elles Ă©voluĂ© au cours des derniĂšres annĂ©es ?

J’ai commencĂ© Ă  investir dans les fintech il y a plus de 15 ans. À cette Ă©poque, les Ă©volutions rĂ©glementaires et les problĂ©matiques nouvelles rencontrĂ©es par les grandes sociĂ©tĂ©s actives dans le secteur financier – banques, assurances, etc. – offraient de rĂ©elles opportunitĂ©s pour le dĂ©veloppement des fintech. Aujourd’hui, les choses ont Ă©normĂ©ment changĂ© avec la digitalisation. De nombreux secteurs ont Ă©tĂ© chamboulĂ©s. Le secteur financier a comptĂ© parmi les derniers Ă  se lancer dans cette voie. Aujourd’hui, une partie de l’industrie financiĂšre a mis en place un certain nombre de choses au niveau digital. Mais il reste une grosse marge de progression pour la plupart de ces acteurs. Il est donc encore possible de trouver des start-up qui accompagneront les grands groupes dans leur digitalisation ou qui deviendront elles-mĂȘmes des acteurs majeurs dans les prochaines annĂ©es. Les opportunitĂ©s sont donc toujours importantes.

Pourquoi cette transformation digitale a-t-elle tant traĂźnĂ© dans le secteur financier et quelles sont aujourd’hui les dimensions sur lesquelles un important travail doit encore ĂȘtre mené ?

Il y a eu plusieurs vagues de dĂ©veloppement des fintech. La premiĂšre s’est surtout attachĂ©e Ă  amĂ©liorer l’expĂ©rience utilisateur, la relation entre le client et sa banque, son assureur, etc. Des avancĂ©es importantes ont Ă©galement Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es au niveau des paiements, des assurances, et de tout ce qui concerne les prĂȘts. Par contre, il reste encore beaucoup Ă  faire au niveau de la gestion des actifs et au sein du marchĂ© des capitaux. La digitalisation et l’automatisation des process dans ces secteurs pourraient permettre Ă  des acteurs majeurs d’offrir une meilleure expĂ©rience Ă  leurs clients, mais aussi de rĂ©duire considĂ©rablement leurs coĂ»ts, ce qui constitue une prioritĂ© pour de nombreuses structures. Le numĂ©rique permet en effet de rĂ©aliser des Ă©conomies en

optimisant le modĂšle opĂ©rationnel, notamment en limitant le nombre de personnes nĂ©cessaires pour effectuer un certain nombre de tĂąches de back, middle et mĂȘme front-office qui sont exigĂ©es par le marchĂ© ou par le rĂ©gulateur. Mais la digitalisation permet aussi de gagner des parts de marchĂ© en offrant un meilleur service, attirant plus de clients.

Quelles sont les technologies les plus porteuses pour l’avenir des services financiers ?

L’une des technologies les plus matures et dĂ©jĂ  largement adoptĂ©e par les acteurs du secteur financier est le cloud computing, combinĂ© aux API. L’adoption progressive de ces outils a permis Ă  de nombreuses institutions de rĂ©duire considĂ©rablement le nombre de solutions technologiques utilisĂ©es pour le back et le middle-office, tout en fluidifiant beaucoup de process. Je citerais aussi les outils d’analyse de donnĂ©es avancĂ©s, qui reposent sur le machine learning ou l’intelligence artificielle (IA). Un certain nombre de solutions permettent aujourd’hui d’analyser des donnĂ©es ou des process, de monĂ©tiser certaines choses, et ce de façon automatique. Enfin, comment ne pas Ă©voquer l’IA gĂ©nĂ©rative, telle que mise en Ɠuvre par des sociĂ©tĂ©s comme OpenAI et son fameux ChatGPT, dont le potentiel est Ă©galement Ă©norme pour les services financiers.

Comment ChatGPT ou la technologie qui soutient cet outil pourraient-ils ĂȘtre utiles Ă  la finance ?

Les modĂšles proposĂ©s par ChatGPT permettent, par exemple, de faire du codage de logiciels de façon trĂšs rapide. Ils pourraient aussi accĂ©lĂ©rer certains dĂ©veloppements juridiques, comme la crĂ©ation de sociĂ©tĂ©s ou de fonds d’investissement. Or, ces tĂąches sont aujourd’hui effectuĂ©es par du personnel hautement qualifiĂ©, et souvent en grand nombre. Avec un agent d’IA, on pourrait envisager de diminuer drastiquement le nombre de collaborateurs nĂ©cessaires pour effectuer ces tĂąches, avec des consĂ©quences importantes sur les coĂ»ts et sur la structure mĂȘme de ce marchĂ©,

« Dans la vie, il n’y a pas de zones sans risques, Ă  l’exception du cimetiĂšre. »
58 TECH + INNOVATION 2023 Conversation Pascal Bouvier

des start-up jusqu’aux grandes sociĂ©tĂ©s. On peut presque parler d’une rĂ©volution, qui a des implications politiques, puisque l’on risque de voir une bonne partie des collaborateurs actuels se retrouver sans emploi.

Quelle est votre opinion sur l’appel Ă  faire une pause par rapport Ă  la recherche sur l’IA, lancĂ© notamment par Elon Musk ?

Il est normal qu’il y ait des rĂ©sistances au changement. C’est le cas Ă  chaque vague d’innovation. L’Église catholique a aussi voulu interdire l’imprimerie Ă  ses dĂ©buts, car elle lui faisait perdre le contrĂŽle de l’écriture et de la dissĂ©mination des Ă©crits. On a vu le mĂȘme mouvement avec le cloud il y a quelques annĂ©es. Au dĂ©but, tous les rĂ©gulateurs Ă©taient contre cette technologie, affirmant qu’ils n’autoriseraient jamais l’utilisation du cloud dans le secteur financier. Aujourd’hui, plus aucune banque ne fonctionne en dehors du cloud. Il en va de mĂȘme pour la blockchain, qui n’a pas encore trouvĂ© toutes ses applications. Mais cela ne saurait tarder. L’IA gĂ©nĂ©rative connaĂźtra le mĂȘme sort, j’en suis convaincu. Quant Ă  cet appel Ă  l’arrĂȘt des recherches en la matiĂšre, je suis sĂ»r qu’Elon Musk n’y aurait pas pris part s’il Ă©tait encore Ă  la tĂȘte d’OpenAI. Ces technologies sontelles dangereuses ? Je dirais que toute nouvelle technologie comporte des risques, mais, de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, il n’y a pas de zones sans risques dans la vie, Ă  l’exception du cimetiĂšre. Entre le bannissement complet de l’IA et son dĂ©veloppement incontrĂŽlĂ©, il me semble qu’il y a un grand espace Ă  explorer. À mon sens, il faut pouvoir rĂ©glementer l’usage de cette technologie avec sagesse pour pouvoir en tirer profit, et ce au bĂ©nĂ©fice du plus grand nombre.

Votre sociĂ©tĂ© est installĂ©e au Luxembourg, mais pas seulement. Vous avez aussi beaucoup voyagĂ©. Comment Ă©valuez-vous la maturitĂ© de l’écosystĂšme fintech au Luxembourg par rapport Ă  ce qui existe dans d’autres pays ?

Je parlerais d’abord de l’écosystĂšme start-up au sens large. En 10 ans, celui-ci

UN SOUTIEN REMARQUÉ À NEXT GATE TECH

Parmi les entreprises soutenues par MiddleGame Ventures, on peut citer Next Gate Tech. Cette start-up luxembourgeoise, qui dĂ©veloppe un outil de gestion, de comprĂ©hension et d’analyse de donnĂ©es, a notamment pu lever 5 millions d’euros en juin 2022 grĂące Ă  MiddleGame Ventures et d’autres partenaires. Une autre levĂ©e de fonds de 8 millions d’euros a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en avril 2023. La jeune sociĂ©tĂ© travaille dĂ©sormais en partenariat avec Kneip, acteur majeur de la gestion de donnĂ©es liĂ©es aux fonds d’investissement.

s’est considĂ©rablement dĂ©veloppĂ©, avec un nombre de start-up qui se situe aujourd’hui entre 550 et 600. La part du lion, parmi elles, est occupĂ©e par des fintech, ce qui est logique si l’on considĂšre le fait que Luxembourg est une place financiĂšre d’envergure, particuliĂšrement dans le secteur des fonds. Selon moi, il devrait toutefois y avoir bien plus de start-up, au Luxembourg, proposant des solutions aux acteurs des fonds, car le marchĂ© est lĂ . Cela me tient donc particuliĂšrement Ă  cƓur de faire en sorte de faire Ă©voluer ces start-up, de leur faire prendre leur envol en soutenant ainsi l’ensemble de l’économie luxembourgeoise.

Que reste-t-il encore à mettre en Ɠuvre ?

À l’heure actuelle, je trouve que l’écosystĂšme pourrait ĂȘtre plus dĂ©veloppĂ© encore, car il existe un nombre considĂ©rable de prestataires de services dĂ©diĂ©s aux fonds, dont certains ne disposent pas encore de solutions technologiques performantes. Les start-up peuvent rĂ©pondre Ă  ces besoins. Je ne vais pas nier que de nombreuses initiatives publiques ont Ă©tĂ© mises en place pour soutenir ces jeunes pousses, mais le Luxembourg pourrait encore faire mieux. Parmi les pistes d’amĂ©lioration, je citerais le renforcement des capacitĂ©s d’attraction d’entrepreneurs talentueux, la mise en place d’un accompagnement permettant aux start-up de devenir des scale-up grĂące Ă  un systĂšme de mentoring, Ă  du networking, au partage de bonnes pratiques
 Ces mesures permettraient d’augmenter la notoriĂ©tĂ© de la Place, et d’attirer plus d’acteurs en retour.

TECH + INNOVATION 2023 59

Les 5 fondamentaux du Luxembourg numérique

Avec l’ambition de dĂ©velopper une data-driven economy de premier plan, le Luxembourg investit depuis plusieurs annĂ©es dans la mise en Ɠuvre d’une infrastructure numĂ©rique de pointe et dans le dĂ©veloppement d’un Ă©cosystĂšme riche, dont voici les principaux Ă©lĂ©ments.

1Au cƓur des autoroutes de l’information

L’un des premiers dĂ©fis pour construire une « nation numĂ©rique » a Ă©tĂ© de connecter le Luxembourg aux autres grandes Places europĂ©ennes. Il fallait positionner Luxembourg comme un nƓud d’échange clĂ© des autoroutes de l’information europĂ©enne. Le gouvernement, en s’appuyant notamment sur Lu-Cix et en travaillant avec les opĂ©rateurs, s’y attĂšle depuis une trentaine d’annĂ©es. Aujourd’hui, 28 routes internationales en fibre optique relient le Grand-DuchĂ© aux principaux centres europĂ©ens et internationaux. Ces dĂ©veloppements ont Ă©tĂ© essentiels Ă  l’essor de l’économie numĂ©rique luxembourgeoise, permettant notamment d’attirer les plus grands acteurs. Tout en connectant le pays Ă  l’international, l’infrastructure, s’appuyant sur plusieurs centres de donnĂ©es de pointe sur le territoire, contribue Ă  sĂ©curiser le trafic internet au niveau national.

2Espace de préservation de la donnée

Le pays compte 17 centres de donnĂ©es, dont 9 pouvant faire valoir la certification Tier IV, garantissant le plus haut niveau de disponibilitĂ© des infrastructures. Le Luxembourg, Ă  travers ces centres de donnĂ©es, fait de la sĂ©curitĂ© et de la confiance des Ă©lĂ©ments-clĂ©s de sa stratĂ©gie numĂ©rique. À l’heure oĂč la souverainetĂ© numĂ©rique est au cƓur des prĂ©occupations, le Grand-DuchĂ© offre une rĂ©ponse stratĂ©gique Ă  ces enjeux. Le pays prĂ©sente un environnement fiable et stable pour la gestion, la protection et la valorisation des donnĂ©es. Au dĂ©part de cette infrastructure, les opĂ©rateurs de data centers, notamment pour rĂ©pondre aux enjeux du secteur financier, ont dĂ©veloppĂ© une expertise de pointe pour garantir la rĂ©silience des activitĂ©s. Ce savoir-faire profite aujourd’hui Ă  d’autres secteurs. En tĂ©moigne notamment le choix de l’Estonie de positionner son ambassade numĂ©rique au Grand-DuchĂ©.

INFRASTRUCTURES
60 TECH + INNOVATION 2023

Sécurité renforcée

Au niveau de son nƓud d’échange, le pays a rĂ©cemment renforcĂ© sa capacitĂ© Ă  mitiger le trafic malveillant ou illĂ©gitime dirigĂ© vers le Luxembourg et ses acteurs, Ă  travers des attaques par dĂ©ni de service (DDOS). Le Grand-DuchĂ©, Ă  travers la Luxembourg House of Cybersecurity (LHC), son Centre national de compĂ©tences en matiĂšre de cybersĂ©curitĂ© (NC3) et son Computer Incident Response Center Luxembourg (CIRCL), veille en permanence Ă  enrichir un vaste Ă©cosystĂšme d’acteurs publics et privĂ©s dĂ©diĂ© aux enjeux de cybersĂ©curitĂ©, permettant d’opĂ©rer une veille sur la menace, de rĂ©pondre aux incidents, de sĂ©curiser les Ă©changes, de dĂ©velopper des solutions
 Plusieurs acteurs investissent aussi dans la recherche dans le domaine de la sĂ©curitĂ© informatique, Ă  l’instar du SnT de l’UniversitĂ©. Le Luxembourg compte 93 sociĂ©tĂ©s privĂ©es dont le cƓur de mĂ©tier est la cybersĂ©curitĂ©, dont 33 start-up.

5

Haut débit partout

Le Luxembourg investit aussi dans le renforcement de son rĂ©seau national, Ă  travers le dĂ©ploiement de la fibre et de la 5G. À l’heure actuelle, le rĂ©seau de fibre couvre environ 80 % du territoire national. En ce qui concerne la 5G, l’ensemble des opĂ©rateurs se sont engagĂ©s Ă  assurer la couverture 5G du territoire Ă  90 % d’ici 2025. En novembre, Post annonçait que le rĂ©seau 5G couvrait 77,7 % du territoire et que la 5G Ă©tait accessible Ă  88 % de la population. Ces rĂ©seaux haut dĂ©bit, d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration, placent le Luxembourg en bonne position pour attirer des acteurs dĂ©sireux d’explorer les possibilitĂ©s qu’ils offrent, notamment autour de l’exploitation des donnĂ©es. Ces infrastructures permettent aux acteurs Ă©conomiques d’explorer de nouveaux cas d’usage, liĂ©s au dĂ©veloppement de la connectivitĂ© des objets notamment, avec, par exemple, le dĂ©ploiement de tests dans le domaine de la conduite autonome.

4L’ordinateur haute performance orientĂ© business En 2021, le Luxembourg a fiĂšrement inaugurĂ© Meluxina, un ordinateur haute performance (HPC), le 10e plus puissant d’Europe et le 36e plus puissant au monde. Plus prĂ©cisĂ©ment, le superordinateur luxembourgeois possĂšde une puissance de calcul de 10 pĂ©taflops, c’est-Ă -dire littĂ©ralement 10 millions de milliards d’opĂ©rations par seconde. Alors que la plupart des HPC sont dĂ©diĂ©s Ă  la recherche pure, le Luxembourg a, pour sa part, souhaitĂ© mettre 65 % de la capacitĂ© de Meluxina Ă  disposition des acteurs privĂ©s, notamment pour soutenir leurs dĂ©marches d’innovation. Disposant d’une architecture modulaire unique, il a Ă©tĂ© conçu pour rĂ©pondre aux besoins des entreprises en termes de puissance de traitement. Meluxina intĂšgre en outre une grande famille de superordinateurs reliĂ©s Ă  travers toute l’Europe au rĂ©seau europĂ©en EuroHPC, dont le siĂšge se situe au Grand-DuchĂ©.

46.000 m2 3

46.000 m2, c’est la superficie totale des data centers opĂ©rationnels prĂ©sents au Luxembourg, qui possĂšde donc l’une des plus grandes densitĂ©s de centres de donnĂ©es au monde. Comme le rappelle Luxinnovation, 40 % des data centers Tier IV europĂ©ens sont au Luxembourg.

8.662

8.662 employĂ©s travaillent dans les 93 sociĂ©tĂ©s du pays qui ont la cybersĂ©curitĂ© comme cƓur de mĂ©tier. Pas moins de 18 de ces sociĂ©tĂ©s ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es au cours des cinq derniĂšres annĂ©es.

96 %

96 % des foyers luxembourgeois disposaient d’une connexion haut dĂ©bit en 2022, selon Eurostat. Avec une telle couverture, le pays se hissait Ă  la deuxiĂšme place du classement europĂ©en en la matiĂšre, derriĂšre Malte, oĂč le chiffre Ă©tait de 100 %, et bien loin devant ses voisins allemands (14e), belges (17e) et français (18e).

TECH + INNOVATION 2023 61

Votre DSP accessible via l’application mobile myDSP

Avec l’app myDSP, vous pouvez accĂ©der et gĂ©rer votre Dossier de Soins

PartagĂ© (DSP) Ă  tout moment et n’importe oĂč via votre smartphone.

Depuis sa gĂ©nĂ©ralisation qui a dĂ©marrĂ© en 2020, le Dossier de Soins PartagĂ© (DSP) a fait son bout de chemin. Aujourd’hui plus d’un million de personnes ont leur dossier de santĂ© personnel, et bientĂŽt le cap des 10 millions de documents dĂ©posĂ©s sera dĂ©passĂ©. Ce dossier de santĂ© Ă©lectronique et sĂ©curisĂ© favorise le partage et l’échange des donnĂ©es de santĂ© entre les professionnels qui interviennent dans votre parcours de santĂ©. Cela facilite le suivi et la coordination de votre prise en charge et vous permet de jouer un rĂŽle plus actif dans votre suivi mĂ©dical. Et pour favoriser et faciliter davantage son usage, il existe l’application mobile myDSP.

Quel est l’intĂ©rĂȘt de cette application ?

L’application mobile myDSP vous permet d’accĂ©der Ă  tout moment au contenu de votre DSP pour, par exemple, consulter vos rĂ©sultats d’analyses biologiques, votre imagerie mĂ©dicale (radiographies, scans, etc
) ou vos rapports mĂ©dicaux.

PARTNER CONTENT Crédits Agence eSanté

1.045.295

DSP ouverts

9.625.438

documents déposés

3.305

professionnels de santé uniques déclarés par les patients

Une autre grande valeur de l'application myDSP rĂ©side dans sa capacitĂ© Ă  centraliser vos donnĂ©es de santĂ©. Au lieu d'avoir des informations mĂ©dicales dispersĂ©es dans diffĂ©rents dossiers ou systĂšmes, vos donnĂ©es provenant de divers professionnels de santĂ© sont au sein d'une seule et mĂȘme application.

Cette gestion centralisĂ©e des donnĂ©es simplifie considĂ©rablement la recherche et la consultation des informations mĂ©dicales. Vous n’avez plus besoin de vous souvenir des dĂ©tails spĂ©cifiques de chaque consultation ou de transporter des documents physiques lors de vos visites mĂ©dicales.

En résumé, l'accessibilité et la disponibilité des données conservées en toute sécurité dans l'application myDSP vous permettent de consulter vos informations médicales à tout moment et de les partager facilement avec les professionnels de santé que vous consultez.

Quelles sont les autres fonctionnalités disponibles ?

Via l’application vous pouvez aussi gĂ©rer votre Cercle MĂ©dical de Confiance, c’est-Ă dire : introduire le nom d’un ou de plusieurs professionnels de santĂ© Ă  qui vous souhaitez donner un accĂšs permanent, que vous pouvez naturellement retirer Ă  tout moment.

Elle permet Ă©galement le dĂ©pĂŽt de documents : vous pouvez Ă  tout moment ajouter un document en lien avec votre santĂ© dans l’espace personnel de votre DSP.

L’application vous offre aussi la possibilitĂ© de voir qui a accĂ©dĂ© Ă  votre dossier, Ă  quel moment il l’a fait, et pour quelle action (dĂ©pĂŽt ou consultation de document). Car toute intervention est tracĂ©e dans votre DSP et visible Ă  travers l’app.

Comment peut-on se procurer l’application myDSP ?

L’application est gratuitement tĂ©lĂ©chargeable dans l’AppleStore et sur GooglePlay. AprĂšs

avoir installé myDSP sur votre smartphone vous pouvez, si vous avez déjà activé votre compte eSanté au préalable, directement accéder à votre dossier et aux fonctionnalités disponibles.

Si votre compte eSantĂ© n’est pas encore activĂ©, l’application vous permet facilement de rĂ©aliser cette action. Pour cela, vous aurez juste besoin de votre numĂ©ro de sĂ©curitĂ©

PrĂ©voyez-vous des Ă©volutions pour l’application ?

Oui, tout Ă  fait. À titre d’exemple, si vous avez ouvert un carnet de vaccination Ă©lectronique auprĂšs d’un mĂ©decin vaccinateur (gĂ©nĂ©raliste, gynĂ©cologue, pĂ©diatre) vous pouvez paramĂ©trer dans votre DSP le transfert automatique de vos donnĂ©es vaccinales. Cela permettra d’avoir votre historique vaccinal repris dans votre DSP. Ce paramĂ©trage est actuellement uniquement possible dans la version du DSP qui est accessible via notre portail (www.esante.lu), mais nous travaillons pour que cette fonctionnalitĂ© soit Ă©galement intĂ©grĂ©e dans l’app mobile myDSP.

Pensez-vous un jour pouvoir intĂ©grer une forme d’intelligence artificielle au DSP ? Cela fait en effet partie de nos objectifs. Nous sommes convaincus qu’avec l’aide d’une intelligence artificielle utilisĂ©e Ă  bon escient, le DSP pourrait devenir un « smartDSP » – un dossier de santĂ© Ă©lectronique capable de soutenir le professionnel de santĂ© dans la routine mĂ©dicale standard ainsi que dans le diagnostic et le suivi des maladies complexes Ă  partir des donnĂ©es de santĂ© disponibles. Et nous sommes persuadĂ©s que cette avancĂ©e technologique pourrait positionner le Luxembourg en acteur majeur dans le dĂ©veloppement d’une mĂ©decine plus axĂ©e sur la personne et la prĂ©vention.

sociale et du courrier d’activation envoyĂ© par l’Agence eSantĂ©. Vous ne retrouvez plus votre courrier ? Pas de soucis. Contactez le Helpdesk de l’Agence aux coordonnĂ©es indiquĂ©es Ă  la fin de l’article.

PLUS D’INFOS SUR LE DSP ET SON

APPLICATION MOBILE ?

Contactez le Helpdesk de l’Agence eSantĂ©: Par tĂ©lĂ©phone : (+352) 27 12 50 18 33

Par e-mail : helpdesk@esante.lu

Consultez le portail www.esante.lu

« AprÚs avoir installé myDSP sur votre smartphone vous pouvez directement accéder à votre dossier de santé électronique et aux fonctionnalités disponibles.
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« DĂ©velopper un Ă©cosystĂšme idĂ©al en matiĂšre de technologie mĂ©dicale »

Dirigé par Jean-Philippe Arié, le HealthTech Cluster de Luxinnovation soutient

l’émergence de technologies mĂ©dicales innovantes au Luxembourg. Un travail rĂ©alisĂ© en synergie avec une sĂ©rie d’autres acteurs et qui commence Ă  porter ses fruits.

Photo
MATIC ZORMAN Journaliste QUENTIN DEUXANT
64 TECH + INNOVATION 2023 Conversation Jean-Philippe AriĂ©
Jean-Philippe AriĂ© estime que le Luxembourg dispose d’atouts forts pour dĂ©velopper la healthtech.

La healthtech est parfois dĂ©finie comme l’ensemble des technologies mĂ©dicales innovantes. Souscrivezvous Ă  cette dĂ©finition ou la considĂ©rez-vous comme trop large ? Il est vrai qu’il s’agit lĂ  de la dĂ©finition de base de la healthtech. Celle-ci est effectivement trĂšs large, mais elle permet de regrouper l’ensemble des innovations qui voient le jour de façon trĂšs rĂ©guliĂšre dans le secteur mĂ©dical. On pense souvent aux mĂ©dicaments mais, en rĂ©alitĂ©, il n’y a pas de limite Ă  l’inventivitĂ© dans ce domaine, et celle-ci s’exprime de multiples maniĂšres. Cela Ă©tant dit, le HealthTech Cluster s’inscrit dans la vision stratĂ©gique du dĂ©veloppement de l’économie luxembourgeoise telle que dĂ©finie par le gouvernement, qui met fortement l’accent sur le digital. Dans un pays de taille rĂ©duite comme le nĂŽtre, il n’est pas possible de disposer de toutes les expertises qui nous permettraient d’ĂȘtre bons dans tous les secteurs et sous-secteurs de la healthtech. Nous soutenons donc en prioritĂ© l’émergence de technologies mĂ©dicales digitales, tout en restant Ă©videmment ouverts Ă  d’autres projets particuliĂšrement prometteurs.

Combien de sociĂ©tĂ©s sont aujourd’hui actives dans ce secteur au Luxembourg ?

Nous rĂ©alisons rĂ©guliĂšrement une cartographie des entreprises impliquĂ©es dans le secteur mĂ©dical au Luxembourg et, en 2020, on comptait 136 sociĂ©tĂ©s dont l’activitĂ© principale est liĂ©e Ă  ce domaine. Aujourd’hui, nous sommes plus proches des 150. Entendons-nous bien : ce chiffre ne reprend pas les entreprises – parfois de taille trĂšs important – dont une partie de l’activitĂ© seulement est consacrĂ©e Ă  ce secteur. Je pense Ă  Ceratizit, DuPont de Nemours ou mĂȘme les Gafa, qui dĂ©veloppent toutes des solutions dans le domaine mĂ©dical, mais dont ce n’est pas l’activitĂ© principale.

Quels sont les acteurs qui encadrent et soutiennent le dĂ©veloppement de ces entreprises spĂ©cialisĂ©es dans le domaine de la santĂ© au Luxembourg ? Trois grandes catĂ©gories d’acteurs composent cet Ă©cosystĂšme. Il y a tout

d’abord les sociĂ©tĂ©s elles-mĂȘmes, qui disposent d’une grande expertise sur des problĂ©matiques parfois trĂšs spĂ©cialisĂ©es. Par ailleurs, les acteurs de la recherche publique ayant un focus clair sur la santé – le LIH, le List et l’Université – sont de trĂšs bonne qualitĂ© au Luxembourg et nous aident Ă  valider certaines idĂ©es portĂ©es par les sociĂ©tĂ©s que nous soutenons. Dans ce registre, cependant, d’autres acteurs publics, tels que le Liser ou encore le SnT, accompagnent Ă©galement les entreprises, l’aide apportĂ©e par cette derniĂšre structure s’avĂ©rant trĂšs utile dans les projets de numĂ©risation, de robotisation, etc. Enfin, les professionnels des soins de santĂ© constituent un Ă©lĂ©ment essentiel de cet Ă©cosystĂšme, car ce sont eux qui, in fine, valident les technologies qui sont dĂ©veloppĂ©es. De plus en plus souvent, nous essayons de les impliquer dĂšs le dĂ©but des projets, pour nous assurer que nous allons dans la bonne direction. Au-delĂ  de ces trois catĂ©gories, nous pouvons aussi citer les citoyens, qui se portent souvent volontaires pour tester de nouvelles technologies, et deviennent aussi des acteurs de la prĂ©vention en matiĂšre mĂ©dicale.

L’exercice est peut-ĂȘtre complexe, mais la comparaison entre ce qui est mis en place au Luxembourg et dans les pays voisins est-elle ou non flatteuse pour le Grand-Duché ? Effectivement, il est difficile de comparer le Luxembourg avec ses pays voisins. Ce qui est clair, c’est que tout est mis en Ɠuvre dans le pays pour dĂ©velopper un Ă©cosystĂšme idĂ©al en matiĂšre de technologie mĂ©dicale, et particuliĂšrement sur le volet digital. Si on se focalise sur cet aspect, les rĂ©sultats du Luxembourg sont plutĂŽt bons, le pays Ă©tant parmi les principaux followers en matiĂšre de technologie mĂ©dicale digitale en Europe. Il faut dire que nous disposons d’atouts de taille pour dĂ©velopper ces solutions : le superordinateur Meluxina, une politique trĂšs volontariste en ce qui concerne le dĂ©ploiement de la 5G, un rĂŽle de leader dans le projet de cloud Gaia-X appliquĂ© Ă  la santĂ©, etc. Progressivement, un Ă©cosystĂšme trĂšs complet se met en

« J’avoue avoir personnellement des difficultĂ©s Ă  comprendre les peurs qui surgissent aujourd’hui concernant l’IA. »
66 TECH + INNOVATION 2023 Conversation Jean-Philippe
Arié

place au Luxembourg, et nous veillons à le compléter année aprÚs année.

Quel accompagnement offrez-vous Ă  cet Ă©cosystĂšme ?

En termes d’accompagnement, nous avons notamment lancĂ©, en partenariat avec le Fonds national de la recherche et le ministĂšre de l’Économie, un appel Ă  projets nous permettant de sĂ©lectionner une sĂ©rie d’entreprises actives dans le secteur des soins de santĂ© et de stimuler leur dĂ©veloppement, sous la forme d’un partenariat public-privĂ© ciblant la validation clinique des produits mĂ©dicaux digitaux. L’idĂ©e, Ă  travers cette initiative, est de faciliter le financement de ces structures, d’une part, et de leur permettre de tester rapidement les solutions qu’elles dĂ©veloppent auprĂšs de patients, d’autre part. À travers le programme Fit4Innovation, nous identifions et finançons par ailleurs des experts de la rĂ©glementation mĂ©dicale capables de conseiller nos entreprises sur des sujets de trĂšs haut niveau. Nous cherchons aussi Ă  crĂ©er un effet boule de neige en dĂ©veloppant les sociĂ©tĂ©s dĂ©jĂ  installĂ©es au Luxembourg, mais aussi en attirant des entreprises Ă©trangĂšres particuliĂšrement prometteuses. Une personne a d’ailleurs Ă©tĂ© recrutĂ©e derniĂšrement pour gĂ©rer cette prospection.

Quelles sont aujourd’hui les tendances fortes en matiĂšre d’innovation dans le secteur mĂ©dical ? Au niveau des technologies digitales, il faut souligner la place que prennent aujourd’hui les dĂ©veloppements liĂ©s Ă  l’intelligence artificielle. Les outils sont dĂ©sormais mĂ»rs, prĂȘts Ă  ĂȘtre mis sur le marchĂ©. Et le rĂ©gulateur, de son cĂŽtĂ©, a aussi clarifiĂ© pas mal de choses, notamment en exigeant que les dĂ©cisions qui conduisent un algorithme Ă  Ă©tablir tel ou tel diagnostic soient bien argumentĂ©es. Dans le domaine mĂ©dical, l’IA offre de nombreux bĂ©nĂ©fices. C’est le cas, par exemple, quand il s’agit d’analyser les 10.000 images que livrent les IRM de derniĂšre gĂ©nĂ©ration. En synergie avec un mĂ©decin, l’IA permet d’amĂ©liorer et d’accĂ©lĂ©rer sensiblement les capacitĂ©s de diagnostic. Des dĂ©veloppements existent

QUATRE PROJETS INNOVANTS

L’appel Ă  projets conjoint lancĂ© en 2021 par Luxinnovation, le Fonds national de la recherche et le ministĂšre de l’Économie a permis de crĂ©er quatre partenariats public-privĂ© visant Ă  dĂ©velopper des projets particuliĂšrement innovants. Au-delĂ  de LuxAI (voir interview ci-dessus), ce sont les solutions dĂ©veloppĂ©es par ViewMind (Ă©valuations neurocognitives Ă  partir de l’oculomĂ©trie), IEE (dispositifs orthopĂ©diques portables) et Meracle Health (solution amĂ©liorant la gestion quotidienne des affections respiratoires chroniques) qui ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es. Un nouvel appel à projets a eu lieu entre le 2 fĂ©vrier et le 31 mars 2023. Les candidatures sont en cours de revue.

aussi en chirurgie, oĂč l’intelligence artificielle peut se combiner Ă  la robotique. Cela fait clairement partie de l’avenir, et j’avoue avoir personnellement des difficultĂ©s Ă  comprendre les peurs qui surgissent aujourd’hui concernant une IA capable de sauver des vies, surtout dans la mesure oĂč celle-ci est cadrĂ©e, avec une exigence de transparence par rapport aux dĂ©cisions qu’elle prend. Une autre grande tendance est le dĂ©veloppement de technologies pour les soins Ă  domicile, avec une sĂ©rie d’outils qui permettent de suivre quotidiennement – et au plus prĂšs – l’état de santĂ© du patient.

ConcrĂštement, comment organisezvous votre collaboration avec vos partenaires du monde de la recherche ou du secteur hospitalier, de façon à ĂȘtre le plus efficace possible ? Nos partenaires dans la recherche publique disposent de collaborateurs appelĂ©s des « responsables de transfert de technologie », qui sont nos interlocuteurs privilĂ©giĂ©s. Si des innovations Ă  mĂȘme de nous intĂ©resser sont dĂ©veloppĂ©es chez eux, ils nous contactent et, de notre cĂŽtĂ©, nous les connectons avec nos industriels s’ils dĂ©veloppent une technologie intĂ©ressante. La mise en place des partenariats public-privĂ© que j’évoquais tout Ă  l’heure a d’ailleurs aussi pour but de mieux faire communiquer le monde de la recherche publique avec celui de l’entrepreneuriat. Les choses sont un peu diffĂ©rentes concernant le secteur hospitalier. Nous avons identifiĂ© des mĂ©decins particuliĂšrement intĂ©ressĂ©s par l’innovation, et ce dans diffĂ©rentes disciplines, et nous collaborons en prioritĂ© avec eux. Le but est de faire le lien avec ceux qui seront parmi les premiers Ă  utiliser les nouvelles technologies qui sont dĂ©veloppĂ©es, de bĂ©nĂ©ficier de leur input pour que les solutions mises au point fassent vraiment une diffĂ©rence pour leurs patients. Notre volontĂ©, Ă  travers le dĂ©veloppement des technologies mĂ©dicales digitales, est en effet toujours de sauver plus de vies et de mieux soigner au quotidien.

68 TECH + INNOVATION 2023 Conversation Jean-Philippe AriĂ©
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Renforcer la compétitivité technologique

Co-founder

Ibisa Network

Luxembourg House of Financial Technology

Pour renforcer sa compĂ©titivitĂ©, le Luxembourg pourrait Ă©tablir des hubs de recrutement satellites pour attirer des talents venant de l’étranger. Il serait aussi intĂ©ressant de se pencher sur la question de l’impĂŽt sur le revenu, peutĂȘtre en instituant un rĂ©gime « rĂ©sident non habituel » comme au Portugal. Pour retenir les talents, le Luxembourg pourrait revoir sa lĂ©gislation afin de soutenir la possibilitĂ© de mettre en place des plans de stock-options pour les salariĂ©s, d’augmenter l’offre de logements locatifs abordables et de soutenir le dĂ©veloppement d’espaces de coworking/ coliving. La simplification des processus administratifs et le dĂ©veloppement d’incitants fiscaux pour les investisseurs rendraient le pays encore plus attrayant. S’inspirer des pratiques d’autres pays, telles que l’initiative Smart Nation de Singapour, pourrait contribuer à favoriser l’innovation technologique.

Selon moi, il faut continuer Ă  investir dans la recherche et le dĂ©veloppement. Promouvoir l’esprit d’entreprendre et encourager la collaboration entre les universitĂ©s, l’industrie et le gouvernement sont deux actions essentielles. Il s’agit Ă©galement de crĂ©er un environnement propice et de favoriser une culture de l’innovation dans l’optique d’attirer et de retenir les professionnels qualifiĂ©s et les entreprises innovantes. Enfin, l’utilisation des technologies Ă©mergentes, telles que l’intelligence artificielle et la blockchain, peut encore renforcer la compĂ©titivitĂ© du Luxembourg dans le monde.

House of Startups

Le Luxembourg peut renforcer sa compĂ©titivitĂ© en matiĂšre de technologie et d’innovation en mettant en place deux mesures fiscales. La premiĂšre pourrait ĂȘtre une dĂ©duction fiscale pour les investissements dans les start-up et les scale-up, ce qui encouragerait les investisseurs Ă  investir davantage dans ces entreprises. La seconde mesure consisterait Ă  encourager la participation des employĂ©s aux bĂ©nĂ©fices de leur entreprise, une mesure supplĂ©mentaire qui pourrait renforcer la compĂ©titivitĂ© du Luxembourg en matiĂšre de technologie et d’innovation. En stimulant l’innovation et la croissance Ă©conomique, ces mesures pourraient attirer davantage d’investissements Ă©trangers dans le pays et crĂ©er de nouveaux emplois dans le secteur technologique.

Photos Mike Zenari (archives), Romain Gamba (archives) PHILIPPE LINSTER CEO MARIA MATEO IBORRA
La compĂ©titivitĂ© technologique du Luxembourg est essentielle. Trois experts partagent leurs conseils pour l’accroĂźtre.
FORECAST 70 TECH + INNOVATION 2023
Propos recueillis par MARIE JACQUEMIN

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