S E P T E M B R E / O C TO B R E 2019
WORKSPACE
spécial cloche d’or Les espaces de coworking au banc d’essai
Mobilier de bureau : suivez les tendances
Le facility management en plein essor
Faut-il fuir la capitale ?
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www.pwc.lu
Upskiller n; ʌpˈskɪlər
Bridging the skills gap
Upskilling for competitiveness and employability is the solution for technological and economic transformation. Offer people the opportunity to expand their capabilities by investing in the skills of the future.
© 2019 PricewaterhouseCoopers, Société coopérative. All rights reserved.
SOMMAIRE SOMMAIRE
ÉDITO
Le bureau, version 2019 L
uxembourg, terre d’accueil des travailleurs. Ceci n’est pas un vain mot, puisque, chaque jour, 431.462 personnes constituent la population active sur le territoire du Grand-Duché (Source : Statec, pour le premier trimestre 2019). Une grande partie d’entre elles se rend dans des bureaux pour y passer la journée. L’environnement de travail est donc une composante essentielle dans la vie de nombre de salariés et contribue à leur bien-être. C’est pourquoi Paperjam vous propose, dans ce supplément Workspace, de faire le point sur les dernières tendances et réflexions en la matière, mais aussi de découvrir les derniers projets et réalisations en devenir. La Rédaction vous propose aussi, grâce à un dossier spécial, de plonger au cœur du nouveau quartier de la Cloche d’Or, qui est aujourd’hui un nouveau morceau de la ville de Luxembourg, alors qu’il y a encore une dizaine d’années, ce n’était que des champs en bordure d’autoroute. Une autre grande tendance est passée au crible : celle des espaces de coworking, qui se sont multipliés ces derniers mois. Il sera aussi possible de s’informer sur les multiples solutions de facility management, ou encore de lire quelques conseils pour bien choisir son mobilier de bureau.
Céline Coubray journaliste, Paperjam
PHOTO Maison Moderne (archives)
La conversation continue en ligne : @paperJam_lu
Paperjam
Paperjam Entreprise
Spécial Cloche d’Or Naissance d’un quartier
Ils ont fait la Cloche d’Or
Trois sièges au banc d’essai
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Auchan a-t-il vu trop grand ?
En attendant que la vie prenne...
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Le coworking grandit encore
La révolution du mobilier de bureau
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Outsourcing : facilitez-vous la vie !
Faut-il fuir la capitale ?
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Maison Moderne ™ www.maisonmoderne.com, téléphone (+352) 20 70 70, e-mail publishing@maisonmoderne.com, courrier BP 728, L-2017 Luxembourg, bureaux 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie, fondateur Mike Koedinger, CEO Richard Karacian, directeur administratif et financier Etienne Velasti, RÉDACTION téléphone (+352) 20 70 70-100, fax (+352) 29 66 19, e-mail press@paperjam.lu, courrier BP 728, L-2017 Luxembourg, directeur de la publication Richard Karacian, directeur éditorial Matthieu Croissandeau (M. C.), rédacteur en chef Thierry Raizer (T. R.), secrétaire de rédaction Jennifer Coghé (J. C.), free-lances Quentin Deuxant (Q. D.), Sébastien Lambotte (S. L.), Michaël Peiffer (M. P.), Jeanne Renauld (J. R.), photographes Eric Devillet, Nader Ghavami, Jan Hanrion, Patricia Pitsch, correction Lisa Cacciatore, Sarah Lambolez, Manon Méral, Elena Sebastiani, Laura Zorloni, AGENCE GRAPHIQUE directeur de l’agence Mathieu Mathelin, directeur de la création Jeremy Leslie, head of production Stéphanie Poras-Schwickerath, head of art direction Vinzenz Hölzl, graphisme / layout Maison Moderne, directeur artistique José Carsí, head of production assistants Stéphane Cognioul, Myriam Morbé, mise en page Sophie Melai (coordination), RÉGIE PUBLICITAIRE téléphone (+352) 20 70 70-300, fax (+352) 26 29 66 20, e-mail regie@maisonmoderne.com, courrier BP 728, L-2017 Luxembourg, directeur associé Francis Gasparotto, chargé de clientèle senior Laurent Goffin
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Septembre / Octobre 2019 — Workspace —
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SUR LE RADAR
L’IMMOBILIER DE BUREAUX RALENTIT EN 2019
PRISE EN OCCUPATION PAR SECTEUR En 2019
Banque et finance 46 % Activités immobilières 21 %
3,78 %
Service aux entreprises 14 %
PRIX MOYEN DU LOYER AU M2
Assurances et fonds de pension 3 %
(hors TVA)
sur 4.040.280m2
Industrie 6 %
Le taux de vacance remonte légèrement mais reste très bas.
Autres 7 %
22,5
Éducation, santé, social 3 %
Périphérie éloignée
36 Kirchberg
6 Nombre de transactions de plus de 1.000 m2
50 Centre-ville
629
NOMBRE DE TRANSACTIONS
35 Gare
Investissement total en millions d’euros
au 1er semestre des 5 dernières années
28
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Périphérie proche
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Surface moyenne des transactions
36 35
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43
48 35
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Esch-Belval
Cloche d’Or / Gasperich / Howald
‘14 ‘15 ‘16 ‘17 ‘18 ‘19
UN PIPELINE BIEN REMPLI ET TRÈS PEU DE SPÉCULATIF
PRISE EN OCCUPATION EN M2 250
Réservé
245.561
Livré
24.887
200
Disponilbe
333.600
218.368 150
135.000 97.000
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109,734 143,400 41,334
30.000
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SOURCES Inowai, JLL, CBRE
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ALTER DOMUS BIJOU DELOITTE www.soludec.lu
RÉALISATIONS SOLUDEC TOUS CORPS D’ÉTAT
EN BREF
TOP 5
3 QUESTIONS À CHRISTOPHE VELLE
Le ratio mètres carrés / collaborateurs des cabinets de conseil et services financiers
General manager Intesa Sanpaolo Holding International EY Luxembourg Les salariés du célèbre Big Four sont les mieux lotis du secteur avec 15 m2 par collaborateur dans leurs locaux du Kirchberg.
15,08 m2 / collaborateur 19.600 m2 1.300 collaborateurs
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Alter Domus Le prestataire de services au secteur financier a emménagé dans le Melius en novembre 2018 à la Cloche d’Or.
13,25 m 2 / collaborateur 10.600 m2 800 collaborateurs
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Deloitte Luxembourg Dernier arrivé à la Cloche d’Or, Deloitte a pris possession de D.Square, son nouveau siège, en juin dernier.
12,76 m2 / collaborateur 30.000 m2 2.350 collaborateurs
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KPMG Luxembourg Autrefois réparti sur 5 sites différents, le Big Four a réuni ses équipes sur le boulevard Kennedy, au Kirchberg, en 2015.
12,02 m2 / collaborateur 17.200 m2 + 3.000 m2 1.680 collaborateurs
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Votre banque s’installera à la Cloche d’Or en 2022. Quelles ont été vos motivations pour rejoindre ce nouveau quartier ? En quête d’un bâtiment de 8.000 à 10.000 m2, le quartier de la Cloche d’Or s’est imposé comme l’un des seuls à pouvoir accueillir un immeuble d’une telle surface. Parallèlement, nous avons été convaincus par la dynamique de ce quartier, qui offre des perspectives de développement intéressantes en matière de mixité, de qualité de vie et de mobilité. Vous êtes partis d’une page blanche… À quels éléments avez-vous été attentifs dans la conception de ce bâtiment ? Nous avons veillé à ce que l’immeuble affiche de bonnes performances énergétiques. Nous nous sommes ensuite demandé quel serait le bâtiment idéal, considérant nos activités. Avec ce nouveau
Concours Qui sera élu « Environnement de travail de l’année » ?
PwC Luxembourg PwC est la première grande entreprise à s’être installée à2la Cloche d’Or, dans le Crystal Park, son siège inauguré en 2014.
10,50 m2 / collaborateur 30.157 m2 2.870 collaborateurs
siège social, notre ambition est de créer un réel sentiment d’appartenance au groupe pour nos équipes, une dynamique globale qui tienne compte des spécificités des différentes lignes de métier, de leurs sensibilités et méthodes de travail, tout en les harmonisant. Comment l’organisation du travail a-t-elle été pensée ? Nous nous sommes imprégnés de ce que font d’autres grands acteurs de la Place, tout en nous interrogeant sur nos propres besoins. Chaque collaborateur disposera d’un poste de travail, qui ne sera pas fixe, afin de répondre aux enjeux de flexibilité. L’ambition est de pouvoir combiner les attentes de l’employé et celles de l’employeur pour développer encore nos activités et attirer de nouveaux talents. C’est un projet fantastique que nous
menons là. Et notre richesse est d’avoir du temps à disposition pour le déployer de la meilleure des façons.
L’an dernier, le cabinet de conseil en immobilier d’entreprise CBRE organisait, pour la première fois, au Luxembourg, sur le modèle de ses confrères belges, le concours national « Office Space of the Year ». Celui-ci vise à récompenser le meilleur environnement de travail du pays. CBRE vient d’annoncer le lancement d’une seconde édition. Les entreprises candidates sont invitées à soumettre leur projet avant le 12 novembre pour le prix principal. Elles pourront également être récompensées par différentes mentions spéciales : « Meilleure réception », « Bien-être », « Petites entreprises », « Espace
de coworking », « Vote du public » et « Bureau innovant ». Le concours se clôturera le 5 décembre. Le grand gagnant de l’« Environnement de travail de l’année » se verra remettre un chèque de 10.000 euros à valoir sur un assortiment de meubles Vitra. L’an dernier, c’est La Mondiale Europartner, société d’assurance-vie basée à Bertrange, qui en était sortie lauréate. Des mentions spéciales avaient également été décernées : à Foyer Assurance pour la « Meilleure réception » ; Natixis Life pour le « Bien-être » ; BigBang Interactive Media pour la catégorie « Petites entreprises » ; et Silversquare pour les « Espaces de coworking ».
ouveau « Avec ce n l, siège socia ition notre amb er est de cré timent u n ré e l s e n ance d’apparten . » a u g ro u p e
Les brèves du secteur Arendt va déployer un nouveau bâtiment à Hamm d’ici 2020 pour les 150 collaborateurs de sa branche Corporate and Investors Services. Doté d’un auditorium, d’une cafeteria et d’une salle de fitness, il s’étendra sur 8.000 m². Sur le plan architectural, le bâtiment sera construit dans la continuité de ce qui a été réalisé au siège du groupe. Le S-Hub, bâtiment implanté à Yutz, dans l’agglomération thionvilloise, le long de l’A31, propose depuis juin dernier des espaces de travail et de coworking. Du fait de son positionnement géographique, cet espace de 2.250 m² entend répondre, en partie, aux problèmes de mobilité rencontrés par les travailleurs frontaliers français. Le bureau d’ingénieurs-conseils Schroeder & Associés va construire, d’ici 2020, son nouveau siège social sur le site de la Poudrerie, à Roeser, pour y regrouper ses 340 collaborateurs. Ils seront répartis dans des bureaux ouverts d’une à quatre personnes. Un restaurant, des salles de réunion, des espaces lounge thématiques (sport, zen et musique) et de think tank compléteront l’ensemble. 6—
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PHOTOS Mike Zenari (Archives Maison Moderne), Nader Ghavami (Archives Maison Moderne)
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Des bâtiments modulaires sur-mesure
Portakabin dont le siège est établi au Grand-Duché de Luxembourg, est aujourd’hui leader européen de la conception et de la fabrication de bâtiments modulaires de qualité. Ils nous font confiance : Centre Hospitalier de Luxembourg, ISG Luxembourg, Keter Luxembourg, Oberweis, la Ville de Differdange, l’école internationale de Mondorf-les-Bains, l’administration communale de Mertzig…
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LE JOUR OÙ...
QUAND j’ai abandonné mon bureau fixe
«
’ai quitté mon bureau fixe en octobre Jvation 2018, dans le cadre d’un projet de rénode nos espaces de travail, selon la
logique du flex office. Cette réorganisation s’inscrit dans une volonté plus large de transformer l’entreprise. Elle répond à l’exigence de pouvoir s’adapter toujours plus vite dans un monde où le changement s’accélère. Dans ce contexte, il était essentiel de modifier notre état d’esprit, que l’organisation dans son ensemble devienne plus agile, soit en mesure d’évoluer plus rapidement. Au-delà des espaces, c’est la structure managériale qui a été repensée autour de deux niveaux hiérarchiques uniquement : le management intermédiaire a été supprimé, au profit d’un rattachement direct de l’ensemble des collaborateurs à un membre du comité de direction. La volonté était de donner plus de responsabilités à chaque salarié, que ceux-ci soient beaucoup plus partie prenante des décisions relatives au développement et à la transformation de l’entreprise. C’est en outre une aspiration profonde exprimée par nos collaborateurs. Le flex office est un des éléments participant à cette nouvelle dynamique. Désormais, je suis au milieu des équipes, au cœur d’espaces ouverts, avec la possibilité de m’installer à des endroits différents d’un jour à l’autre, à divers moments de la journée.
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Selon l’humeur ou le besoin, chacun de nous a la possibilité de profiter d’environnements divers, de lieux où s’isoler, échanger. Si, quand je suis arrivé dans l’entreprise il y a trois ans, la plupart des équipes étaient déjà en open space, il y avait encore plusieurs espaces individuels, et j’occupais un bureau de directeur général. Pour la conception de ces nouveaux espaces, réalisée avec les équipes, je n’ai pas hésité à l’abandonner. Les équipes m’ont demandé si j’étais sûr de moi. À mes yeux, ayant pour mission principale d’insuffler ce nouvel état d’esprit, cela coulait de source. Si des conversations confidentielles doivent avoir lieu, il est toujours possible de s’isoler. La première impression que j’ai eue, après la livraison des nouveaux aménagements, a été celle d’une libération. Le bureau individuel, en effet, donnait le sentiment d’être enfermé dans une tour d’ivoire et de paraître inaccessible aux yeux des collaborateurs. Très rapidement, ces derniers se sont réapproprié l’espace. Aujourd’hui, il est plus facile de m’interpeller. J’entends aussi beaucoup plus ce qui se passe dans l’entreprise. Je la sens mieux vivre. Il est plus aisé de détecter des problématiques à résoudre rapidement, par exemple. Un des endroits où je préfère être, désormais, c’est près d’une table haute. Autour d’elle, en quelques minutes, on peut rassem-
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bler des collaborateurs, effectuer une petite présentation sur écran, régler un sujet, faire le point sur un projet… avant de passer à autre chose. C’est une nouvelle manière de fonctionner, avec moins de formalisme. Tout va beaucoup plus vite et l’on a moins tendance à s’enfermer dans des routines. On y gagne en efficacité opérationnelle. »
re « La premiè que impression rès j’ai eue, ap des la livraison aménanouveaux été celle gements, a ation. » d’une libér
PHOTO Nader Ghavami ILLUSTRATION Ellen Withersova
Chez Natixis Life, on a adopté le flex office. Même le directeur général de l’entité luxembourgeoise du groupe a abandonné son bureau individuel. Frédéric Lipka évoque avec nous ce changement… qui n’a rien d’anodin.
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Une vision sur mesure de l’immobilier Le marché de l’immobilier est en constante évolution au Grand-Duché. Une offre bien inférieure à la demande force les acteurs de ce secteur à constamment se réinventer. Pour évoquer le développement de sa société et celui du marché local, nous avons rencontré Sébastien Bequet, CEO de Cushman & Wakefield.
CONTENU SPONSORISÉ PAR CUSHMAN & WAKEFIELD
Pouvez-vous nous présenter la société Cushman & Wakefield, son activité, ses clients ?
La société est présente dans plus de 70 pays à travers le monde, représentée par nos 48.000 ex perts. Nous sommes un des leaders mondiaux sur le marché de l’im mobilier d’entreprise qui couvre la partie bureaux, la partie retail (surfaces commerciales) et enfin la partie semiindustrielle (usines, terrains en friche, produits plus atypiques). Nos clients sont inter nationaux ou issus du tissu local et sont des propriétaires institution nels, privés, des promoteurs ainsi que des occupants. Qu’est-ce qui vous distingue de vos concurrents sur le marché ?
Notre distinction repose dans ce qui fait notre ADN : le partenariat ! Plus qu’un prestataire de services, nous nous inscrivons dans une rela tion de longterme avec nos clients. Nous sommes une société d’entre preneurs où l’aspect humain est au cœur du projet. Nous sommes intimement convaincus que l’enga– gement de l’employé dans l’entre– prise est en corrélation directe avec son épanouissement per sonnel au sein de son environne ment de travail. Par ailleurs, nous disposons du support et de l’expertise inter nationale d’un grand groupe que nous mettons au service d’un déve 10 —
loppement local adapté. Nos pres tations de services ne sont donc pas uniformisées mais bien tail lées sur mesure. Le Luxembourg représente-t-il un écosystème particulier pour votre développement ?
Le GrandDuché est un pays d’en trepreneurs qui trouve une réson nance avec notre ADN. En matière de business, c’est un écosystème idéal pour nous, qui correspond à notre philosophie et à nos valeurs, à savoir la passion, l’excellence et l’intégrité. Le gouvernement favorise d’ailleurs cette culture d’entrepreneuriat, bien plus que dans d’autres pays. La taille du pays nous permet en outre de développer une proximité unique avec nos clients.
« Le Grand-Duché est un pays d’entrepreneurs qui trouve une résonnance avec notre ADN »
Et demain ? Quel regard portezvous sur l’évolution du marché ?
Le marché immobilier luxembour geois est un marché en croissance constante, qui chaque jour s’ouvre de plus en plus sur l’international. Nous avons clairement notre pierre à apporter à l’édifice, que ce soit en conseillant un occupant sur sa stratégie immobilière ou encore un propriétaire sur la commercialisa tion de son produit. Jusqu’à présent, le Luxembourg a bien réussi à tirer son épingle du jeu dans le domaine de la mondialisation, et il n’y a pas de raison que cela change.
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Virginie Chambon, Partner, Head of Retail Agency Luxembourg
Chez Cushman & Wakefield, la dimension humaine est au cœur de tous les projets.
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Asset Management Nous assurons la gestion complète de bâtiments avec un focus particulier sur la gestion locative et administrative, la coordination des travaux, des prestataires et des fournisseurs, et le suivi comptable pour le produit financier que représente un bâtiment.
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Capital Markets Notre équipe conseille et représente les propriétaires et les investisseurs qui souhaitent acquérir et vendre des biens immobiliers (bureaux, immeubles commerciaux, entrepôts …). Objectif : optimiser la valeur de ces actifs immobiliers dans le cadre d’opérations de cession ou d’acquisition.
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Nous accompagnons nos clients, enseignes et entrepreneurs dans la recherche du local ou de la surface commerciale idéal(e) qui leur permettra de faire prospérer leur activité. Nous représentons aussi les développeurs et propriétaires des ensembles commerciaux, tant en centre-ville qu’en centres commerciaux et retail parks. Objectif : optimiser l’offre commerciale au Grand-Duché de Luxembourg en conseillant preneurs et bailleurs dans leur stratégie de développement et choix immobiliers.
Nous accompagnons tant les occupants que les propriétaires de bureaux dans la définition et l’implémentation de leur stratégie immobilière. Qu’il s’agisse de la recherche d’un emplacement de bureaux idéal ou de celle de l’occupant pour remplir des surfaces vacantes.
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Notre connaissance approfondie du marché, couplée à l’accès permanent aux informations relatives aux transactions les plus récentes, nous permet d’évaluer un bien de la manière la plus professionnelle qui soit et à sa juste valeur. Notre avis permet d'orienter les décisions de gestion, de placement et d'utilisation professionnelle des investisseurs.
Nos architectes d’intérieur accompagnent et guident nos clients afin de leur offrir des espaces de travail fonctionnels et à leur image. Notre mission comprend à la fois le dessin des plans d’aménagement mais aussi l’exécution des travaux de réalisation. La créativité et l’innovation sont au cœur de ce département.
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EN COUVERTURE UN QUARTIER À LA LOUPE
Spécial Cloche d’or En quelques années seulement, c’est un quartier tout entier qui est sorti de terre sur le Ban de Gasperich, au sud de Luxembourg. Paperjam vous propose de faire le tour du propriétaire et de ses ambitions. 10
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PHOTO Grossfeld PAP
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REPÈRES Bureaux 1 Crystal Park, PwC Luxembourg 2 Kockelscheuer (livraison : 2022) 3 Bureaux (non attribués) 4 Melius, Alter Domus 5 Darwin (livraison : 2021) 6 Bijou (livraison : 2019) 7 D.Square, Deloitte Luxembourg 8 Intesa Sanpaolo (livraison : 2020) 9 Îlot E Divers / Infrastructures 10 Parc de Gasperich 11 Vauban, École et lycée français de Luxembourg 12 P+R Luxembourg Sud Commerces 13 D tours 14 Cloche d’Or Shopping Center Résidentiel 15 Îlot A 16 Zenith 21 17 Zenith 23 18 D tours 19 D sud 20 D sud / est 22
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Les grands axes 21 Vers le centre-ville 22 Boulevard Raiffeisen 23 A6 vers la Belgique 24 Boulevard Kockelscheuer
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EN COUVERTURE HISTOIRE
Naissance d’un quartier Il y a 15 ans, la Cloche d’Or n’était encore que de vastes pâtures parsemées de quelques infrastructures industrielles ou de loisirs. Sous l’impulsion d’un promoteur, c’est aujourd’hui tout un quartier d’affaires et de vie qui est en train de sortir de terre. Histoire d’un développement fulgurant.
A
u Luxembourg comme en Belgique et, dans une moindre mesure, en Allemagne et aux Pays-Bas, les passionnés d’histoire locale connaissent bien la carte de Ferraris. Réalisée par le compte Joseph de Ferraris entre 1770 et 1778, elle constitue en effet la première carte géographique à grande échelle produite en Europe occidentale. Elle détaille la topographie, les cours d’eau, les villes et villages, les paroisses, enclaves et châteaux présents dans l’ensemble des Pays-Bas autrichiens à la fin du 18e siècle. Pour les spécialistes de l’histoire d’une ville comme Luxembourg, la carte de Ferraris est donc absolument incontournable. La forteresse et les villages entourant l’actuelle capitale grand-ducale y sont en effet dessinés de manière suffisamment précise pour donner une idée de la topographie des lieux à cette époque.
constitue une zone nourricière pour la ville. On y produit des légumes, on élève du bétail, on cultive des céréales, etc. Cette vocation agricole va subsister jusqu’à la fin du 19e siècle » Gasperich qui, étymologiquement parlant, signifie « colline marécageuse », voit le bâti et la population augmenter considérablement dans le courant du 19e siècle. Ainsi, alors que le village ne compte que 18 maisons et 98 habitants en 1806, on dénombre 39 habitations et 300 citoyens en 1865. La création, en 1859, de la première ligne de chemin de fer reliant Luxembourg à Arlon et Bruxelles, n’y est pas étrangère. Le développement de Gasperich se poursuit davantage encore après le démantèlement de la forteresse de Luxembourg, acté en 1867 par le traité de Londres, et visant à détendre une situation géopolitique délicate entre Prussiens, Français et Néerlandais. « Pendant toute UNE COLLINE MARÉCAGEUSE la période durant laquelle la forteresse était À la fin du 18e siècle, ce que l’on nomme en activité, les constructions étaient volonaujourd’hui le quartier de la Cloche d’Or tairement limitées par les autorités, et ce n’est qu’une partie du village de Gasperich, pour des raisons strictement militaires, prélui-même complètement séparé de la ville de cise Guy Thewes. Il était en effet hors de quesLuxembourg. « Ce village, comme la plupart tion que des bâtiments, situés à proximité de ceux qui entourent la ville-forteresse, ne immédiate de la forteresse, puissent servir compte alors que quelques fermes, explique de protection pour les éventuels assaillants. Guy Thewes, directeur du Lëtzebuerg City Ceci explique donc le peu de constructions Museum. Comme on le voit bien sur la carte que l’on trouve dans la zone périphérique à de Ferraris, toute cette région périphérique la ville avant le démantèlement. » 14 —
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L’abandon de la forteresse, couplé à l’arrivée du chemin de fer, contribue à rendre la zone attractive pour les industries naissantes. Au tout début du 20e siècle, Hollerich devient ainsi une ville, englobant les entités de Cessange, Bonnevoie et Gasperich. Sur ce territoire, on trouve plusieurs activités industrielles. Gasperich reste toutefois très en retrait par rapport à Hollerich. On n’y trouve alors qu’une tuilerie et, à partir de 1920, une fabrique de goudron, même si l’essentiel de l’activité reste agricole. La Société nationale des habitations à bon marché (SNHBM) y construit en 1919 des logements destinés aux ouvriers et aux cheminots. Ce quartier populaire ancré dans la ruralité compte 1.236 habitants en 1935.
L’INVENTION DE LA « CLOCHE D’OR »
L’arrivée de nouveaux habitants, mais aussi de voyageurs, aiguise les appétits d’exploitants de restaurants, cafés et autres maisons de loisirs. « Le carrefour entre la route de Bettembourg et la route d’Esch, à hauteur du ‘Cessingerberg’, a accueilli dès 1908 le Café Weber-Hebber, raconte Robert Philippart, docteur en histoire à l’Université catholique de Louvain (UCL) et UNESCO site manager au ministère luxembourgeois de la Culture. Situé à proximité des promenades de la K ockelscheuer, cet établissement proposait à ses clients des vins
rafraîchissants, mais aussi un jeu de quilles qui agrémentait leur visite. » Mais c’est en 1937 qu’un autre aubergiste décide de baptiser son établissement d’un nom qui fera date. « Le 16 mai 1937, Gehardus Marx ouvre, au carrefour nommé ‘Scharfen Eck’, une auberge appelée ‘La Cloche d’Or’, poursuit Robert Philippart. Ce nom, qui avait déjà été utilisé en 1816 pour une auberge de Luxembourg située au Marché-aux-Poissons, va rapidement être utilisé pour remplacer celui de ‘Scharfen Eck’, nettement moins engageant puisqu’il évoque la dangerosité du carrefour. » La trouvaille n’est pas très originale, selon Guy Thewes. Il s’agit d’une appellation plutôt répandue dans nos régions depuis le Moyen Âge. « Pour chaque auberge, l’un des enjeux principaux était de se démarquer auprès de la clientèle, d’être visible de loin pour attirer le chaland, explique le directeur du Lëtzebuerg City Museum. Une cloche dorée, que l’on pouvait placer en façade de son établissement, était l’objet idéal pour y parvenir : facile à fabriquer, elle se remarquait de loin. D’autres objets dorés du genre ont d’ailleurs été utilisés au cours des siècles pour attirer l’attention, comme des lions d’or par exemple. Ceux-ci donnaient aussi leur nom à l’établissement. » L’enseigne marque toutefois les esprits comme le territoire. À tel point qu’en 1973, l’auberge changera de nom pour devenir le « Gran Vatel », mais le quartier, lui, continue encore aujourd’hui d’être désigné sous le vocable choisi en 1937 par Gehardus Marx…
PHOTO Jean-Pierre Fiedler - Photothéque de la Ville e Luxembourg
DE LA PISCINE À L’AUTOROUTE
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Cloche d’Or attire les habitants du quartier qui veulent se restaurer, mais aussi les citadins qui veulent profiter d’un bout de campagne à deux pas de la ville. Au début des années 1950, le quartier se dote d’une piscine célèbre dans le pays tout entier. Les jeunes s’y pressent dès que le temps le permet pour profiter de sa terrasse ensoleillée, de ses bars à glaces, mais aussi de la qualité de l’installation. « En 1958, le service d’hygiène de l’eau estimait qu’il s’agissait, avec les bassins de Mondorf-lesBains, Differdange et Dudelange, d’une des meilleures installations du pays. Cela était notamment dû à son système de filtration de l’eau », raconte Robert Philippart. Au fil des années, le complexe, rebaptisé « Ma Plage » en 1963, se dote d’un restaurant attenant aux bassins et d’un hall destiné aux sports de raquettes. La société qui l’exploite restera active jusqu’en 1992. Toutefois, à cette date, cela fait déjà bien longtemps que le bassin n’est plus qu’un lointain souvenir... Il faut dire que, dès 1968, la situation du quartier va commencer à évoluer radi-
1908 L’arrivée du Restaurant Weber-Hebber marque le début des activités de loisirs à ce qu’on appellera plus tard la Cloche d’Or.
calement, en raison de la construction du contournement routier de la ville de Luxembourg. Mais c’est la mise en place de l’autoroute reliant Hollerich à Esch et à la France ainsi que celle de l’échangeur entre l’autoroute A6 menant à Arlon et l’A1 conduisant en Allemagne qui va réellement marquer la naissance d’un quartier Cloche d’Or indépendant. « En 1974, lorsque l’autoroute vers Esch-sur-Alzette a été terminée, la question de l’échangeur s’est posée, commente Robert Philippart. Il y a eu de très nombreuses discussions pour savoir quelle direction donner aux nouvelles autoroutes en projet et tous les exploitants d’établissements qui étaient installés sur place se sont retrouvés dans l’incertitude. » Trois ans avant le raccordement de l’autoroute A6 à l’échangeur de Gasperich en 1978, une première zone industrielle voit le jour. Des entreprises artisanales s’installent aux environs de l’actuelle Cloche d’Or. Cette première zone – où l’on retrouve aujourd’hui le siège du Luxemburger Wort, par exemple – sera élargie en 1985. La physionomie du quartier change. Dans cette nouvelle configuration, l’ancienne piscine qui attirait la jeunesse luxembourgeoise n’a plus sa place. En 1984, un projet de construction d’un immeuble interprofessionnel la remplace. « Ce projet, basé sur les plans de l’architecte Pierre Bohler, s’est concrétisé à l’emplacement de l’ancienne piscine, poursuit Robert Philippart. Et avec cet immeuble, c’est toute une zone d’activités qui va se déployer. » Comme le rappelle Guy Thewes, cette zone
correspond à « l’ancienne Cloche d’Or », où l’on trouve aujourd’hui la Photothèque et la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg. Ainsi, le quartier Cloche d’Or, qui s’était constitué autour d’une zone récréative, va lentement se transformer en zone d’activités artisanales puis, petit à petit, en zone d’activités de service. L’installation progressive d’entreprises à cet endroit est liée aux nombreuses connexions avec la capitale, le Grand-Duché et les pays voisins. « Au-delà du seul échangeur de Gasperich, qui constitue un nœud stratégique entre les autoroutes venant d’Allemagne, de Belgique et de France, le quartier Cloche d’Or offre aussi une connexion intéressante, via la rocade, avec la gare de Luxembourg et, par extension, avec le centre-ville de la capitale, rappelle Robert Philippart. Ce réseau routier constitue véritablement la trame qui a permis la naissance d’un nouveau quartier à cet endroit. Tous les développements immobiliers des années 70-80 sont les précurseurs de ce que l’on appelle aujourd’hui le quartier Cloche d’Or. »
UN QUARTIER DESSINÉ PAR LE PRIVÉ
Mais tous les projets développés jusqu’alors dans ou aux abords de l’actuel quartier Cloche d’Or ne sont que des prémices, des balbutiements qui ne sont encore guidés par aucune ligne directrice. Qui va réellement orchestrer le projet de quartier structuré à la Cloche d’Or, tel qu’on le voit émerger aujourd’hui ? Aussi surprenant que cela puisse paraître pour un morceau
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HISTOIRE
QUESTIONNEMENTS ET HÉSITATIONS
Cette mainmise d’un développeur privé sur un projet urbanistique qui concerne d’actuels ou de futurs citoyens de la Ville de Luxembourg ne se fait toutefois pas sans heurt. Ainsi, comme le rappelait en mai 2019 l’hebdomadaire d’Lëtzebuerger Land, l’avis formulé par la commission d’aménagement sur le master plan de 2004 est loin d’être dithyrambique. La commission y affirme notamment que « la Ville de Luxembourg ne devrait pas abandonner à la seule initiative privée la définition de la conception urbanistique en un endroit aussi important de son territoire ». Ce nouveau développement immobilier à Luxembourg-ville allait, en outre, à l’encontre de la politique de décentralisation désirée à l’époque par le ministère de l’Intérieur. Alors que la volonté était de mener de nouveaux projets du côté de Belval et au nord du Luxembourg, on faisait tout à coup tout le contraire… Mais malgré ces mises en garde et ces questionnements, le projet de nouveau quartier à la Cloche d’Or suit son cours. En 2005, le master plan est à la base d’une modification du plan d’aménagement général de la Ville de Luxembourg. Un plan directeur ainsi qu’un plan d’aménagement particulier suivent. C’est dans ces différents documents que seront précisées les grandes lignes urbanistiques du projet : densités et hauteurs (60 mètres, 36 mètres, 22 mètres) sont ainsi arrêtées pour structurer le quartier. Seul le Syndicat d’intérêts locaux de Gasperich tentera de tuer le projet dans l’œuf en introduisant une procédure auprès du tribu16 —
nal administratif. Cette action en justice durera plusieurs années, mais tous les procès intentés seront perdus et le projet suivra son cours. En 2014, le premier bâtiment du quartier – les bureaux de PwC – est inauguré. L’installation de ce Big Four sera suivie de celle de Deloitte et Alter Domus, mais aussi d’infrastructures scolaires (le Lycée Vauban), commerciales (un imposant centre commercial et une grande surface Auchan au concept révolutionnaire) et de sécurité (le nouveau CNIS – Centre national d’incendie et de secours), d’immeubles résidentiels, d’un parc de près de 15 hectares, etc. L’organisation de ces différents développements est gérée par un « développeur de quartier » nommé Grossfeld PAP, dont l’un des administrateurs est Flavio Becca.
LA VILLE, EN ACCOMPAGNATEUR
À la Ville de Luxembourg, on se souvient bien des débuts du projet de quartier Cloche d’Or et du premier contact avec son promoteur. Sonja Gengler, architecte-directeur de la Ville, explique très simplement le fait qu’un privé ait finalement scellé le sort de tout un quartier de Luxembourg. « Les gens pensent souvent que les communes ont la main sur ce qui est fait en matière d’urbanisme, mais cela n’est que partiellement vrai. Les communes décident effectivement des affectations et des densités de construction admises sur leur territoire, sans pour autant avoir la possibilité de définir les détails. D’une part, les pouvoirs publics ne possèdent pas tous les terrains qui sont disponibles sur les territoires qu’ils administrent. De l’autre, le Luxembourg a une politique assez libérale par rapport aux
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LES DATES-CLÉS
1908 Les débuts Ouverture du Restaurant Weber-Hebber entre la route de Bettembourg et la route d’Esch.
1950 « Ma Plage » Le quartier se dote d’une piscine connue dans tout le pays. Elle fermera en 1992.
1968 Les axes routiers La construction de l’autoroute d’Esch a lancé l’activité industrielle du quartier.
1986 Les premiers changements La zone récréative se transforme peu à peu en zone d’activités artisanales, puis de services.
1996 Première vague La première partie du quartier s’est installée.
1998 Nouvelle extension La Cloche d’Or s’agrandit, rue Guillaume Kroll.
2004 Master plan Sous l’égide de l’investisseur Flavio Becca, le projet de la nouvelle Cloche d’Or est lancé.
2014 Arrivée de PwC Le Big Four est l’une des premières grandes entreprises à installer son siège.
PHOTOS Bathy Fischer, Carlo Hommel , Fernand Blom - Photothéque de la Ville de Luxembourg
de la ville situé à proximité immédiate du centre de la capitale luxembourgeoise, il ne s’agit absolument pas d’une initiative publique. Au contraire, la Cloche d’Or est avant tout le bébé d’un investisseur luxembourgeois à succès : Flavio Becca. Au début des années 1990, alors que le plateau du Kirchberg attire tous les regards, le célèbre promoteur sent qu’il y a un coup à jouer au sud de la ville. Patiemment, il acquiert un grand nombre de parcelles situées au Ban de Gasperich et appartenant à différents propriétaires. Et s’il ne parvient pas à mettre la main sur tous les terrains, il dispose toutefois d’un ensemble cohérent, susceptible de servir de base pour le développement d’un nouveau quartier. « Au départ des terrains qu’il avait acquis, Flavio Becca a présenté aux autorités un plan de développement pour un nouveau quartier, explique Guy Thewes. La Ville de Luxembourg y a vu une réelle opportunité de développement, étant donné que le Kirchberg était plutôt un projet de l’État. » Dans ses grandes lignes, c’est ce projet qui sera transformé en un master plan, luimême adopté en 2004.
HISTOIRE développements urbanistiques. Le fait qu’un promoteur se présente à nous avec un ensemble de terrains en sa possession et sur lesquels il était possible de réaliser quelque chose de cohérent représentait une réelle opportunité pour nous, et nous avons essayé de l’encadrer au mieux. » Le rôle de la commune a donc été d’accompagner les promoteurs privés dans la mise en place du projet. « Nous devons notamment nous assurer du respect des dispositions réglementaires, poursuit Sonja Gengler. En outre, de nombreuses études ont dû être menées pour voir comment on pouvait garantir l’accès à ce quartier et sa connexion avec les quartiers limitrophes : infrastructures routières, transports en commun, maillage des espaces verts, etc. Le boulevard Raiffeisen a notamment dû être élargi pour permettre à un flot plus important de véhicules d’y circuler. Mais il faut bien reconnaître que le projet a évolué au fil du temps et qu’il a été modifié petit à petit, notamment pas les plans d’aménagement particuliers élaborés au fur et à mesure. » L’architecte en chef de la Ville fait notamment référence au tram, qui a été intégré plus tardivement au projet. Parallèlement au projet initié par Flavio Becca, la Ville a également permis la construction de plusieurs infrastructures sur des terrains qui lui appartenaient, au sein de ce nouveau quartier. C’est le cas du Lycée Vauban et du CNIS.
UN COMBAT POUR LES LOGEMENTS ET LE COMMERCE
Ce rôle d’accompagnateur n’a toutefois pas été de tout repos, notamment parce que le PAG acté en 2005 ne contenait pas d’obligation chiffrée en ce qui concerne la proportion de logements à intégrer au projet, alors que celui-ci prenait place dans un endroit classé en zone mixte. « Nous souhaitions en effet que la zone soit exploitée pour construire également un nombre suffisant de logements, et pas seulement des bureaux, précise Sonja Gengler. Au début, il était très difficile de réussir à imposer cette condition. Par la suite, les promoteurs ont eux-mêmes convenu que le fait de construire plus d’habitations n’était pas une mauvaise chose. J’imagine que cela leur rapportait autant que de construire des grandes surfaces de bureaux, d’autant que les besoins à cet égard commencent à être satisfaits à Luxembourg. » Aujourd’hui, plus de 40 % des surfaces disponibles dans le quartier sont ainsi dédiées au logement. Une très bonne chose au vu de l’évolution démographique du pays, qui nécessite toujours plus de bâtiments résidentiels. Au niveau commercial, en revanche, les demandes de la Ville n’ont pas été entendues. 18 —
« Nous nous sommes longtemps battus pour que des commerces soient installés au rez-de-chaussée des différents bâtiments présents dans le quartier, plutôt que d’y installer un énorme centre commercial. Mais cette option n’a pas été retenue, ce que je ne peux que regretter, explique encore l’architecte-directeur de la Ville. D’un point de vue urbanistique, ce n’est pas l’idéal. Des commerces variés au pied des immeubles et accessibles depuis la rue auraient donné un caractère plus humain et convivial à ce nouveau quartier. »
EN CHIFFRES
UN PROMOTEUR BIEN ENTOURÉ
2.000
Quand elle jette un œil dans le rétroviseur, Sonja Gengler reconnaît toutefois que la prise en main de ce projet par des opérateurs privés a eu quelques avantages, notamment en termes d’efficacité. « Une fois le projet dessiné et les différentes études menées, la construction en elle-même a été relativement rapide, estime-t-elle. Cette vitesse d’exécution est certainement due en bonne partie au fait que tous les terrains étaient aux mains d’un seul promoteur. Et puis, des acteurs publics doivent toujours passer par une série de démarches réglementaires assez longues, pour trouver des prestataires, par exemple, ce qui n’est pas le cas des privés. Par ailleurs, il faut souligner que le promoteur est parvenu à s’entourer de gens extrêmement compétents. C’était nécessaire pour mener ce projet à son terme. Il constitue tout de même l’un des trois plus grands pôles de développement du pays, avec le Kirchberg et Belval. » Un autre facteur expliquant la rapidité d’exécution des différentes constructions du site est sans doute à trouver dans la nature des terrains disponibles. « On ne parle pas d’un site industriel qui doit d’abord être assaini, ce qui allonge considérablement tant les procédures que le travail en lui-même. À la Cloche d’Or, on ne trouvait à peu près que des champs, ce qui facilite grandement le travail et réduit le nombre de réclamations émises par d’éventuels riverains… » Ces champs, qui occupaient l’ensemble du paysage de la Cloche d’Or il y a quelques siècles, ont aujourd’hui été engloutis sous le béton. Le nouveau quartier ainsi créé continuera évidemment à évoluer au fil des années et des décennies, animé par sa propre histoire. Ce qui est certain, c’est que la demande de nouvelles infrastructures résidentielles ou de bureaux n’est toujours pas comblée. D’autres projets d’une envergure similaire devraient donc être lancés au cours des prochaines années à Luxembourg, notamment à la Porte de Hollerich. Reste à voir si les pouvoirs publics auront cette fois l’opportunité de mieux imprimer leur marque sur ces nouveaux développements… Q. D.
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700.000 m2
Le nombre de mètres carrés qui étaient constructibles concernant le projet Cloche d’Or.
6.000
Le nombre d’habitants qui devraient, à terme, y vivre.
Le nombre de logements prévus dans le quartier.
22.000
Le nombre d’employés qui devraient y travailler chaque jour.
3.000
Le nombre d’élèves que peut accueillir le Lycée Vauban.
14,9
La surface, en hectares, du futur parc de Gasperich.
75.000 m2
Le nombre de mètres carrés disponibles dans le centre commercial installé au cœur du quartier.
130
Le nombre de boutiques présentes dans le centre commercial Cloche d’Or.
11 MILLIONS Le nombre de visiteurs attendus annuellement au centre commercial.
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EN COUVERTURE PORTRAITS
Ils ont fait la Cloche d’Or
puis entrepreneur, qui avait commencé à rassembler du foncier. Au début des années 90, le fils va poursuivre dans cette voie. Flairant le potentiel à venir de cette zone vierge de toute construction, il part à la rencontre des autres propriétaires pour leur proposer de racheter leurs terrains. Restait à valoriser cet ensemble… en commençant par convaincre les autorités communales de le faire. En coulisse, l’homme ne manque pas d’influence. On raconte qu’aucun bon coup ne se joue sans qu’il ne soit, sinon de la partie, au moins bien informé. Au début des années 2000, il engage le projet en déposant un master plan auprès des autorités communales. L’initiative ne manque pas de susciter une certaine indignation. Comment un privé peut-il intervenir de cette manière dans le Sans lui, on ne parlerait sans doute développement de la ville ? Du jamais vu. Becca pas aujourd’hui de la nouvelle vie de ne manque toutefois pas d’ambition. « Je n’ai la Cloche d’Or. Homme d’affaires peur de rien, même pas du diable », confiait-il incontournable, Flavio Becca détient au média sportif So Foot, en septembre 2018, la quasi-totalité des 80 hectares du alors que son club de foot de l’époque, le F91 Ban de Gasperich, le quartier qu’il a Dudelange, s’apprêtait à affronter l’AC Milan… fait sortir de terre. À l’origine du projet, il y a un homme : Flavio Becca est en effet très engagé dans le monde Becca. Il en est à la fois le principal instigateur du foot, et particulièrement avec son club de et le premier propriétaire, détenant à lui seul la cœur : Dudelange. C’est dans le club belge de quasi-totalité des terrains constituant le Ban de Virton qu’il a plus récemment investi, le sauvant Gasperich. C’est son père, Aldo Becca, maçon, d’une faillite annoncée, et nourrissant pour
Flavio Becca Le flair
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lui de belles nouvelles ambitions. Il a aussi été partie prenante de l’aventure Leopard-Trek et de l’ascension d’Andy Schleck. Au fil de ses prises de participation et de la multiplication de projets entrepreneuriaux, mais aussi de ses engagements dans le monde du sport, ce maçon de profession a développé des amitiés fortes, mais aussi... quelques inimitiés. Pour permettre le développement de la Cloche d’Or, « Becca Town », comme l’ont récemment qualifié nos confrères du Land, l’entrepreneur a pu compter sur de solides soutiens, et notamment sur celui de l’ancien bourgmestre de la ville, Paul Helminger. Mais la personnalité de Becca ne laisse personne indifférent. Ses prises de parole, actions, sorties ne manquent pas d’être commentées. L’homme apprécie régulièrement défrayer la chronique sportive avec des propos sans langue de bois. Occasionnellement, ce sont aussi les affaires judiciaires le concernant qui font parler. Citons l’affaire Livange-Wickrange, ou encore le différend qui l’oppose avec son frère ennemi Éric Lux. Les deux associés sont divisés quant à la gestion du fonds Olos, détenant une très importante part du Ban de Gasperich. Au-delà de ses mésaventures, Becca symbolise surtout une réussite écono-
PHOTO Archives (Maison Moderne)
Le développement d’un quartier urbain de l’envergure de la Cloche d’Or implique la contribution de nombreux acteurs. Mais sans ces quatre-là, le projet n’aurait pas eu le même visage, ni connu le même développement. Pour chacun d’eux, l’émergence de ce nouveau lieu marque aussi une étape essentielle de leur carrière.
mique exceptionnelle. À 57 ans, l’entrepreneur est aujourd’hui à la tête d’un empire de sociétés dont la plate-forme centrale est Promobe, sa société de promotion immobilière. Son dernier projet visible et emblématique est le paquebot « Cloche d’Or », un vaste ensemble combinant commerces et résidentiel ouvert le 28 mai dernier. La partie commerciale de 75.000 m2 est portée par Ceetrus Luxembourg (ex-Immochan) et Promobe Finances (du groupe de Flavio Becca) et n’a ni plus ni moins comme ambition d’être le plus grand centre commercial du pays et de la Grande Région. Les deux tours résidentielles viennent d’ores et déjà y ajouter une clientèle potentielle pour un quartier que ses instigateurs voulaient être le contre-exemple du Kirchberg.
ichel Knepper M Le chef d’orchestre
PHOTOS Nader Ghavami, Archives (Maison Moderne)
À la tête de Grossfeld PAP, la société en charge du développement du quartier de la Cloche d’Or, Michel Knepper a la délicate mission de coordonner l’ensemble du projet, en veillant à en maîtriser chaque aspect.
Pour permettre à un quartier comme celui de la Cloche d’Or de voir le jour, il est nécessaire d’avoir un bon chef d’orchestre. Ce rôle a été confié à Grossfeld PAP, société en charge du développement de l’ensemble du quartier. Et c’est plus particulièrement Michel Knepper, occupant la fonction de directeur des opérations au sein de cette structure, qui l’incarne. « Ma première implication dans ce projet remonte à 1999, explique l’intéressé. À l’époque, je travaillais pour un bureau d’études invité à contribuer à la conception de ce quartier, et plus précisément à l’élaboration d’un premier master plan, à
l’initiative de Flavio Becca. » C’est ce même master plan qui sera repris à partir de 2004 par les autorités communales, désireuses d’en repréciser les grandes lignes, notamment en matière d’équilibre des fonctions en son sein, de mobilité ou de gestion de l’énergie. « Je peux cependant vous dire que les principaux éléments constitutifs du plan actuel se trouvaient déjà dans la première version, se souvient-il. Nous avons toujours envisagé le développement de la Cloche d’Or suivant une approche durable, avec la volonté d’en faire un lieu de vie et de travail de qualité. » Ce n’est toutefois qu’à partir de 2007 que cet ingénieur prend une part plus active dans le développement de la Cloche d’Or, en rejoignant Grossfeld PAP. « C’était une opportunité unique de pouvoir superviser l’ensemble du développement d’un tel projet, sur la plus grande réserve foncière que compte encore la Ville de Luxembourg. » En tant que chef d’orchestre, c’est donc à lui que revient le soin de coordonner l’ensemble des acteurs impliqués dans la chaîne de développement. « La principale singularité de ce projet est que le foncier est porté par un nombre limité d’acteurs privés. La volonté est de valoriser ce foncier en développant nous-mêmes les projets », poursuit-il. En tant que propriétaires, au-delà de l’établissement du master plan, beaucoup se seraient contentés de céder les terrains à d’autres pour leur permettre de développer leur propre immeuble, comme peut le faire le Fonds K irchberg ou le Fonds Belval, par ailleurs. Sans doute aurait-ce été plus facile. Ce n’est toutefois pas la voie envisagée ici par Grossfeld PAP. « La volonté est de garder la maîtrise sur l’ensemble du processus de développement, afin de proposer des biens répondant aux attentes des occupants, tout en étant garant de la vision et de la qualité du quartier, commente Michel Knepper. Notre petite équipe veille à la coordination du chantier, au développement des infrastructures et au maintien des relations avec les autorités, assure le suivi administratif, entretient les relations avec les clients. Il faut toucher à tout, répondre aux enjeux marketing, commerciaux, ou encore juridiques, mais aussi travailler avec les ingénieurs et les architectes. » Ce n’est qu’une fois développé, avec des occupants durablement installés à l’intérieur, que le développeur consent à céder le bâtiment… en espérant une valorisation optimale. « En travaillant suivant cette démarche, singulière pour un projet d’une telle envergure, nous pouvons assurer un développement cohérent, garantir un respect des standards de qualité les plus élevés, et notamment en matière de normes environnementales les plus ambitieuses », poursuit le directeur des opérations. Et tout
cela en allant vite, très vite. « C’est l’avantage de travailler avec un nombre limité d’acteurs, commente Michel Knepper. Le premier bâtiment a été livré en septembre 2014, soit sept ans après mon arrivée. Le plus difficile, au début, a été de convaincre des acteurs de s’installer sur ces parcelles de terre, à l’époque vides de toute infrastructure. Une fois PwC installé et les premières infrastructures en place, tout s’est accéléré. Il a été plus simple de convaincre d’autres acteurs de s’implanter. » Cinq ans après, 50 % des terrains font l’objet d’un projet en construction ou à l’étude. Selon le directeur des opérations de Grossfeld PAP, d’ici 2027, l’ensemble du quartier pourrait été livré, si la situation économique reste favorable. « C’est une grande fierté et une chance unique de pouvoir mener ce développement à terme dans un court laps de temps et de voir un tel quartier sortir de terre et prendre vie, précise-t-il. Au cœur d’une carrière, c’est une aventure exceptionnelle. »
Tatiana Fabeck L’audace au cœur C’est à elle que la Cloche d’Or doit l’esthétique du complexe commercial qui trône au cœur du quartier. Cinq ans après, Tatiana Fabeck, personnalité incontournable du monde de l’architecture au Luxembourg, n’en revient toujours pas.
En mai 2014, lorsqu’on lui annonce que son bureau d’architecture et d’urbanisme a été retenu pour la réalisation de l’extraordinaire complexe commercial de la Cloche d’Or, Tatiana Fabeck n’en revient pas. « Nous avions été mis en concurrence avec des bureaux internationaux réputés et spécialisés dans le développement commercial. On n’y croyait pas du tout, confie-t-elle. C’est un p rojet
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exceptionnel, le plus grand que nous ayons conçu, qui intègre un hypermarché, une galerie de boutiques et deux tours résidentielles avec un espace wellness dans les étages. Au départ, nous n’avons été consultés que pour la partie résidentielle, mais j’ai proposé à mes équipes de travailler sur un projet global… Nous avons travaillé à la conception de l’ensemble de ce complexe commercial en partant du principe que nous n’avions rien à perdre, mais tout à gagner à nous investir dans ce projet. » C’est bien connu : la chance ne sourit qu’aux audacieux. Et Tatiana Fabeck, sur ce coup, n’en a pas manqué… d’audace. « On a bien cerné ce que le maître d’ouvrage voulait, et notre bonne connaissance du contexte commercial et résidentiel luxembourgeois nous donnait un petit avantage, commente-t-elle. On a voulu proposer un projet très ouvert, avec beaucoup de lumière naturelle. En développant et exécutant le projet ensemble avec notre partenaire Schemel Wirtz Architectes Associés, nous voulions offrir un projet mixte inédit jusque-là à Luxembourg. On a donc beaucoup travaillé, ensemble avec notre maître d’ouvrage LCO, sur le parcours client, avec la volonté de proposer quelque chose d’original, une réelle carte de visite pour ce quartier. » Défi relevé. Mais la contribution de Fabeck Architectes ne se limite pas à la conception de ce joyau commercial. Le bureau a été sollicité à plusieurs reprises, au même titre que d’autres, pour effectuer une étude architecturale et urbanistique, réaliser des projets d’aménagement particulier ou participer à divers concours sur plusieurs des îlots du quartier. « Nous avons eu la grande chance de bénéficier de la confiance du maître d’ouvrage. Cela nous a permis de travailler sur de nombreux projets, de participer à la vision en tenant compte des contraintes établies, de développer des idées nouvelles », explique l’architecte. Tatiana Fabeck reconnaît que ce qui se passe là, à la Cloche d’Or, est assez exceptionnel. « C’est assez unique, la vitesse à laquelle tout se met en place. Cela fait plus de cinq ans que nos équipes sont mobilisées sur divers projets pour permettre à ce quartier de sortir de terre. Aujourd’hui, tout s’élève rapidement, avec un caractère minéral très prononcé, trop selon certains. Mais il faut laisser le temps aux arbres de pousser. Avec le parc, la coulée verte, les espaces partagés, ce quartier devrait constituer un espace de vie très agréable », explique-t-elle. La Cloche d’Or a permis à Fabeck Architectes de grandir – le bureau compte 26 collaborateurs –, mais surtout d’explorer de nouveaux horizons. « Nous mettons nos tripes et notre cœur dans tout ce que nous faisons, commente Tatiana Fabeck, diplômée de l’École spéciale d’architecture de Paris en 1994, installée et exerçant au Luxembourg depuis 1996 en tant qu’indépendante, 22 —
et, depuis 2012, à travers Fabeck Architectes. Que l’on soit mandaté pour un concours ou dans le cadre d’un projet concret, nous mettons la même énergie, nous appuyant sur une forte dose de curiosité, pour chaque réalisation. Les nombreux concours auxquels nous participons, comme la Cloche d’Or, nous permettent d’avancer, de nous confronter au marché, à de nouvelles contraintes. Il faut cette curiosité pour apprendre de nouvelles choses, pour s’épanouir. »
Stefano Moreno L’homme des bureaux Le bureau d’architecture Moreno est intervenu dans la conception et l’aménagement du siège de Deloitte, celui d’Alter Domus, et accompagne la banque Intesa Sanpaolo dans la réalisation de son nouveau siège sur le site de la Cloche d’Or, mettant en œuvre une approche singulière.
À la Cloche d’Or, chaque développement a souvent fait appel à plusieurs architectes. Derrière l’esthétique exprimée à travers l’enveloppe d’un bâtiment, un des grands enjeux est de concevoir et mettre en œuvre des espaces intérieurs répondant aux besoins exprimés par ses occupants. C’est principalement dans ce contexte que le bureau d’architectes Moreno a été amené à participer au développement d’importants immeubles dans ce nouveau quartier. « À partir de 2004, plus particulièrement, nous avons commencé à accompagner PwC, qui cherchait une nouvelle localisation, explique Stefano Moreno, architecte associé du bureau, installé au Luxembourg depuis 30 ans. Notre rôle était de déterminer la typologie du bâtiment dont le cabinet d’audit avait besoin, ainsi que ses spécificités. » Le bureau aide
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ainsi l’entreprise à s’implanter à la Cloche d’Or, réalisant par ailleurs, à cette occasion, ses aménagements intérieurs. En contribuant à l’installation du premier occupant du quartier, le bureau se fait valoir auprès des responsables du développement de ce dernier. Lorsque Deloitte adhère au concept défini par l’architecte Paul Bretz – ce bâtiment percé en son centre –, c’est au bureau Moreno que l’on fait appel pour envisager comment faire entrer tout le cabinet à l’intérieur. Ce qui relevait de la mission impossible, au regard de la surface disponible. « Il était nécessaire d’augmenter la capacité du bâtiment sans altérer les volumes. C’est à ce moment que nous avons envisagé la construction d’un deuxième bâtiment, à l’arrière. Il a fallu faire preuve d’inventivité dans la définition d’un space planning performant et l’utilisation de l’espace », poursuit Stefano Moreno. Et c’est aujourd’hui cette approche, à entendre les membres du comité de direction du bureau Moreno, qui fait sa singularité, sa force. « On part d’une réflexion de fond sur l’usage, pour définir les besoins et voir comment y répondre », poursuit l’architecte associé. Alors que le bureau travaillait sur le projet Deloitte, Grossfeld PAP l’a sollicité pour voir comment intégrer l’ensemble des équipes d’Alter Domus dans un bâtiment voisin. « L’avantage, avec le développement de ce nouveau quartier, c’est la flexibilité dont on dispose. Le PAP autorise de déplacer des mètres carrés d’un bâtiment à l’autre au sein d’un même îlot, explique Dominique Jacob, architecte, membre de la direction du bureau. On peut donc partir des besoins du client pour concevoir le bâtiment le mieux adapté, travailler de l’intérieur vers l’extérieur. » Cela a largement permis au bureau Moreno de faire valoir la pertinence de son approche. « On est dans du développement sur mesure, avec des surfaces importantes encore disponibles, explique Yannick Adam, architecte, membre de la direction. La construction de ce nouveau quartier nous permet de nous éclater sur des projets d’envergure, ceux-ci étant rares au Luxembourg. » En matière d’immeubles administratifs, le bureau Moreno s’était distingué, il y a quelques années, à travers le remarquable « One on One » (3.000 m2). Avec le futur immeuble de la banque Intesa Sanpaolo, l’équipe, qui compte une quarantaine de collaborateurs, peut s’exprimer sur 10.000 m2 de surface brute, faisant valoir toutes ses compétences. « Il ne fait aucun doute qu’il y aura un avant et un après Cloche d’Or pour notre bureau. La possibilité qui nous est offerte de travailler sur de tels projets renforce notre crédibilité et doit nous permettre d’aller plus loin », conclut Stefano Moreno. S. L.
PHOTO Archives (Maison Moderne)
PORTRAITS
EN COUVERTURE VISITE
Trois sièges au banc d’essai PwC, Alter Domus, Deloitte. Ils ont été les premiers à prendre leurs quartiers au sein de la Cloche d’Or. Nous vous emmenons à la découverte de leurs espaces de travail. Entrez !
’il y a bien un élément qui caractérise le S bâtiment de PwC – première société à avoir choisi, dès 2006, le quartier de la Cloche
depuis l’atrium, on peut aussi accéder aux terrasses extérieures et au parc qui entoure le Crystal Park, doté notamment de terrains d’Or pour y déployer ses locaux –, c’est son de foot et de beach-volley, ainsi que de mobilumineux atrium de 1.000 m2. Espace animé, lier extérieur pour profiter des beaux jours. dans lequel on trouve plusieurs points de resPar des escaliers en bois et des passerelles tauration ainsi qu’un bar, l’atrium est un lieu vitrées, où l’on retrouve çà et là un baby-foot, d’échange informel et de détente. Il dessert un une bibliothèque ou une console de jeux pour auditorium de 177 places en sous-sol, 18 salles se détendre, des canapés pour discuter ou de réunion pour les rendez-vous clients, un encore des petits coins pour s’isoler, on rejoint Experience Center dédié à la cocréation, ainsi les différentes ailes du bâtiment. Chaque étage, que la PwC’s Academy, lieu consacré aux for- attribué à un métier spécifique, dessert des mations, comprenant des espaces lounge et plateaux aménagés de façon similaire, de des pièces modulables. Atout non négligeable : manière à accueillir environ 80 personnes NOM DU BÂTIMENT :
Crystal Park ADRESSE :
2, rue Gerhard Mercator, 2182 Luxembourg ARCHITECTE :
P. Arc
MAÎTRE D’OUVRAGE :
BG1
ARCHITECTE D’INTÉRIEUR :
Moreno Architecture & Associés – P. Arc SURFACE :
30.157 m2 HAUTEUR DU BÂTIMENT :
22 m
NOMBRE DE NIVEAUX :
rez-de-chaussée – 5 étages – 2 niveaux en sous-sol NOMBRE DE SALARIÉS :
2.870
DATE D’EMMÉNAGEMENT :
septembre 2014
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chacun. On y retrouve ainsi des bureaux fermés et insonorisés, mais totalement vitrés, qui peuvent être modulés selon les besoins. Ils sont dédiés aux associés et aux directeurs et peuvent être utilisés, en leur absence, en tant que salles de réunion. Face à la croissance rapide du nombre d’employés, PwC, qui a conçu son siège social en 2007 pour 1.800 personnes, a en effet dû s’adapter, lors de la livraison de l’immeuble en 2014, afin d’optimiser la surface disponible pour 2.400 personnes. Les managers, secrétaires et employés occupent quant à eux des open spaces où la lumière naturelle est omniprésente. Particulièrement calmes, ces zones visent à favoriser la concentration. Une grande attention a ainsi été portée à l’acoustique, afin d’éviter toute résonance, ainsi qu’aux couleurs utilisées. Des teintes neutres, rehaussées de quelques notes de couleur rappelant celles du logo de PwC, ont été choisies. Les postes de travail – hormis pour les fonctions dirigeantes – ne sont pas fixes. Cette démarche permet à chaque collaborateur de travailler où il le souhaite, en fonction de ses projets en cours et de ses besoins du moment. Chaque plateau dispose enfin d’une ou plusieurs salles de réunion et de projet, ainsi que d’un coffee corner avec cuisine équipée, café, eau et fruits à disposition. Là, l’ambiance se veut plus détendue. PwC est certainement l’employeur de la Cloche d’Or qui met à la disposition de ses collaborateurs le plus de facilités. Parmi celles-ci, on peut citer une salle de sport, des douches et vestiaires, une conciergerie, une esthéticienne, une station Vel’oh, des parkings pour vélos, motos et scooters, ou encore des véhicules en carsharing.
PHOTO Nader Ghavami
1. PwC, le précurseur
PUBLIREPORTAGE
Philippe Weisen, Corporate Relationship Manager à la BIL (à gauche) et François Cordier, CEO de LEKO Labs (à droite)
CONSTRUCTION & INNOVATION
LEKO Labs révolutionne la construction bois avec le soutien de la BIL Acteur de la construction, LEKO Labs développe une approche particulièrement innovante de la construction bois. Au départ d’une nouvelle technologie brevetée d’assemblage d’éléments de bois de hêtre, usinés au cœur de sa digital factory à Foetz, cette start-up sera prochainement en mesure de faire sortir de terre pas moins de 500 logements par an au Luxembourg. Parmi les acteurs du secteur de la construction qui investissent dans l’innovation, LEKO Labs nourrit de grandes ambitions. Il faut dire que cette start-up, qui a grandi dans le giron du Technoport, à Foetz, est particulièrement prometteuse. « Nous avons mis au point une technologie, que nous avons fait breveter, qui révolutionne la manière d’appréhender la construction bois. Nous partons d’un système de pièces de bois, qui s’emboîtent les unes avec les autres, à l’image des briques du célèbre jeu de construction, explique François Cordier, CEO de LEKO Labs. Ces pièces sont
« La banque nous a permis
d’accéder à des possibilités de financement débloquées à l’échelon européen. » François Cordier, CEO de LEKO Labs
façonnées dans du bois de hêtre, que l’on trouve dans nos forêts, selon un procédé que nous avons fait breveter, afin qu’elles puissent être assemblées très facilement pour constituer un mur. » Un processus entièrement digitalisé Ces pièces ne constituent cependant qu’un élément de l’offre de valeur de cette entreprise luxembourgeoise. C’est tout le processus de construction, au-delà de ces éléments de bois novateurs, que LEKO Labs a repensé. « Nous avons cherché à digitaliser au maximum le processus de production des immeubles, poursuit François Cordier. Grâce à un logiciel, nous sommes capables de traduire en quelques minutes les plans d’un architecte en un assemblage LEKO Labs. Chaque mur du modèle numérique établi est représenté par un package de données. Celui-ci est alors transmis à une chaîne de production automatisée, au cœur de laquelle les pièces seront façonnées puis assemblées par des robots pour constituer les murs. » Ces derniers, une fois sortis de l’usine, n’auront plus qu’à être assemblés sur le chantier. Plus écologique, entièrement recyclable LEKO Labs s’apprête de cette manière à considérablement révolutionner le marché de la construction au
Garantie InnovFin
Luxembourg. Le concept, en effet, permet la construction de maisons plus écologiques, au bilan carbone positif, entièrement recyclables, dans des délais extrêmement réduits. « Avec une telle technologie, l’enjeu est de sortir du béton comme on cherche à sortir du diesel dans le transport. Une seule de nos usines digitales sera en mesure de produire 500 logements par an, chacun d’eux répondant à des exigences de confort au moins équivalentes à celles des constructions actuelles », explique le CEO. LEKO Labs a assemblé un premier prototype à Sandweiler. Il s’agit d’une habitation de 287 m2, constituée de 4.000 pièces LEKO Labs et de 35.000 vis.
« La BIL, dans sa volonté d’accompagner les acteurs luxembourgeois innovants, est très heureuse de pouvoir contribuer au développement d’une société comme LEKO Labs. Nous avons très rapidement pris conscience du potentiel de ce concept, qui répond à de réels enjeux du marché. En tant que partenaire du programme InnovFin au Luxembourg, nous avons souhaité lui faire profiter de cette possibilité de financement mise en place au niveau européen, mais aussi des services proposés par la banque, pour lui permettre de concrétiser ses ambitions. »
Des ambitions internationales À la poursuite de ses ambitions, la jeune société innovante est accompagnée par la BIL. « La banque nous a permis d’accéder à des possibilités de financement débloquées à l’échelon européen, en particulier au programme InnovFin, qui aide à financer des projets
Philippe Weisen Corporate Relationship Manager à la BIL
500 C’est le nombre de logements développés selon une approche innovante de la construction en bois que LEKO Labs envisage de faire sortir de terre chaque année au Luxembourg. innovants par l’octroi d’une garantie bancaire représentant 50 % des investissements », explique François Cordier. C’est grâce à ces moyens, entre autres, que LEKO Labs, qui emploie aujourd’hui 22 personnes, va s’atteler à mettre en œuvre sa première chaîne de
production entièrement automatisée. « L’idée est de développer des petites unités de production pouvant répondre localement aux besoins de divers marchés », explique François Cordier. Au Luxembourg, où l’on peine à livrer des logements en suffisance pour répondre à la demande, la construction LEKO Labs devrait rapidement faire des émules. Mais le CEO envisage d’ores et déjà de se déployer sur d’autres marchés, en commençant par la Suisse.
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Septembre 2019
VISITE
2. L’autre maison d’Alter Domus ’apparence plus conviviaux et chaleureux – D ils sont trois fois moins grands que ceux de PwC et Deloitte –, les nouveaux locaux ’Alter Domus ont été construits et aménad gés en étroite collaboration avec les employés qui ont pu suivre, visiter et participer régulièrement au chantier. Le nom du bâtiment, le mobilier, ou encore les couleurs utilisées, ont en effet été soumis au vote des collaborateurs. Chacun a donc pu rapidement s’approprier son « Autre Maison » après l’emménagement. Chez Alter Domus, c’est l’approche client qui a guidé la manière dont les espaces de travail ont été conçus. Ici, on n’est pas encore dans du flex office. Chaque collaborateur dispose toujours d’un poste de travail attitré. Le mode de fonctionnement se veut néanmoins dynamique, et le matériel IT adapté, de manière à permettre aux collaborateurs de se réunir en équipe lorsqu’ils travaillent pour un même client, et ce bien qu’ils exercent des métiers différents. Tous les bureaux sont également ergonomiques et ajustables en hauteur de manière électrique, afin que chacun puisse travailler debout ou assis, selon ses préférences. À chaque étage, on retrouve ainsi deux plateaux open space aménagés sur tout le pourtour du bâtiment afin de faire bénéficier au maximum de la lumière du jour. Les collaborateurs en recherche d’espaces de travail plus confidentiels peuvent s’installer dans les box acoustiques ou des alcôves. Chaque étage est agrémenté de plusieurs salles de projet de différentes capacités, aux aménagements variés – tables en hauteur, grande table classique, canapés confortables, etc.
On retrouve aussi un espace café-kitchenette. Afin de casser la routine et d’offrir un environnement favorisant la détente, ces endroits conviviaux rappellent, en alternance, trois univers différents : le jeu, la nature et la bibliothèque. Dans ces différents lieux de rencontre plus informels, des couleurs viennent dynamiser les espaces et des plantes égayent les lieux. Les étages 3, 4, 6 et 7 s’ouvrent encore sur des loggias offrant un accès à l’extérieur. D’ici à quelques mois, lorsque le bâtiment faisant face à celui d’Alter Domus sera terminé, le siège social bénéficiera également d’une grande agora privative. Au rez-de-chaussée se trouve le centre de formation, ainsi que plusieurs salles de réunion. Au 1er étage, des pièces cosy sont dédiées au recrutement et aux clients. Les collaborateurs peuvent également profiter de douches et se restaurer dans l’espace cafeteria, relativement restreint comparé à ceux de PwC et Deloitte, mais néanmoins doté d’une sélection variée de menus frais et d’un mini Starbucks, qui ravit les amateurs de café. Enfin, lorsque l’on prend de la hauteur, on arrive, au 9e étage, au sein de l’espace lounge destiné à la célébration d’événements avec les salariés ou les clients. Il s’ouvre sur la board room, offrant une superbe vue sur le quartier. À ce même niveau sont installés les bureaux des membres de la direction. Fait encore relativement rare : le group executive board a lui aussi abandonné ses bureaux fixes et cloisonnés. À l’image de l’ensemble des collaborateurs, les dirigeants sont rassemblés sur un même étage, dans un vaste open space.
UNE PREMIÈRE BANQUE AVEC INTESA SANPAOLO Après PwC, Alter Domus et Deloitte, Intesa Sanpaolo est la prochaine entreprise à rejoindre la Cloche d’Or. Elle constitue ainsi la première banque à installer son siège social dans ce nouveau quartier en construction. Le groupe bancaire italien investira, d’ici au premier trimestre de 2022, un bâtiment de 10.518 m2 implanté au carrefour des boulevards Kockelscheuer et Raiffeisen, face au D.Square. Intesa Sanpaolo emploie aujourd’hui 400 personnes au Luxembourg, réparties sur trois sites. Avec ce nouveau siège social, la banque entend rassembler ses équipes. Elle bénéficiera d’une marge de croissance intéressante, puisque le nouveau bâtiment a été conçu pour accueillir 900 collaborateurs.
NOM DU BÂTIMENT :
Melius
ADRESSE :
15, boulevard F. W. Raiffeisen, 2411 Luxembourg ARCHITECTE :
Moreno Architecture & Associés MAÎTRE D’OUVRAGE :
Promobe – construction par Soludec ARCHITECTE D’INTÉRIEUR :
Moreno Architecture & Associés SURFACE :
10.600 m2 HAUTEUR DU BÂTIMENT :
36,30 m
rez-de-chaussée – 11 étages – 2 niveaux en sous-sol NOMBRE DE SALARIÉS :
800
DATE D’EMMÉNAGEMENT :
novembre 2018
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PHOTO Nader Ghavami
NOMBRE DE NIVEAUX :
Centres d’affaires
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VISITE
3. Bol d’air frais chez Deloitte ’est le dernier arrivé en date. D’emblée, C c’est la fenêtre urbaine du nouveau siège social de Deloitte qui attire le regard. Acces-
sible depuis le 7e étage de l’immeuble-tour, elle offre aux collaborateurs une vue imprenable sur le quartier en développement, ainsi qu’une terrasse de 400 m2. Deux autres terrasses, situées au 3e étage, donnent aux collaborateurs un accès à l’extérieur. L’aménagement du parc du quartier prévu prochainement permettra également de prendre un bon bol d’air frais. À l’intérieur, l’aménagement des espaces de travail a été imaginé de manière à répondre aux différents besoins des collaborateurs, qui peuvent varier selon le moment de la journée. Deloitte a en effet profité de ce grand déménagement, projet initié en 2013, pour déployer une nouvelle organisation du travail. Plusieurs zones ont ainsi été aménagées dans les open spaces. On y retrouve des tables de travail modulables en hauteur de manière électrique. Elles sont entrecoupées d’espaces collaboratifs colorés, dotés de tables hautes et de banquettes afin de favoriser l’échange et la créativité, ainsi que d’alcôves pour s’isoler ou se concentrer. Le flex desk a ici aussi été adopté, pour éviter la routine, encourager le travail en « mode projet » et stimuler l’innovation. Encouragé par la mise à disposition d’un outillage informatique léger et des possibilités de rangement personnel, ce nouveau mode de fonctionnement semble séduire les collaborateurs. Seuls les 114 associés disposent encore d’un bureau personnel fermé, qui peut, comme chez PwC,
servir de salle de réunion en leur absence. Au dernier étage de la tour principale se trouve la zone VIP, dédiée aux clients, regroupant des locaux pour se réunir et un restaurant. Pour le reste, chaque étage des deux tours qui composent le siège social est structuré de la même façon. On retrouve également un vaste espace de réunion entièrement vitré et un coffee corner – un petit et un grand en alternance à chaque étage – où les employés peuvent compter sur les services d’un « floor captain » pour faciliter leur quotidien. Au-delà d’espaces de travail, Deloitte a veillé à proposer à ses collaborateurs de réels espaces de vie. Au rez-de-chaussée, plusieurs possibilités s’offrent à eux pour se restaurer. Une cafeteria propose des sandwichs, salades et repas chauds alléchants. Petit plus : chaque collaborateur peut voter pour les plats qu’il aimerait voir figurer au menu prochainement. Un restaurant classique, où l’on est servi à table, particulièrement adapté pour recevoir un client ou pour célébrer un événement en équipe, doit ouvrir ses portes d’ici peu. En dehors des heures de table, les lieux de restauration peuvent être utilisés pour des réunions. Le rez-de-chaussée est complété par des salles de formation et un auditorium de 200 places. Deloitte met encore à la disposition de ses employés une conciergerie, une salle d’activités où des sessions de sport sont organisées trois fois par jour, des douches et des vestiaires. Les collaborateurs peuvent également profiter une fois par semaine d’un service de livraison de produits locaux. J. R.
BIENTÔT DU COWORKING À LA CLOCHE D’OR 2022 devrait également voir apparaître la marque Spaces (Regus) sur les terres de la Cloche d’Or. Le géant du coworking a en effet annoncé son arrivée au Luxembourg dès le 1er octobre prochain. Après un premier développement place de la Gare, Spaces prévoit d’ouvrir un centre de coworking le long du boulevard Royal en 2020, puis à la Cloche d’Or deux ans plus tard. Le bâtiment de près de 4.500 m2 sera situé boulevard de Kockelscheuer, près du centre commercial et en face du Lycée Vauban. Il devrait rassembler bureaux, espaces de travail partagés et salles de réunion visant à proposer un environnement de travail agréable et à stimuler l’inspiration de ses futurs occupants.
NOM DU BÂTIMENT :
D.Square ADRESSE :
20, boulevard de Kockelscheuer, 1821 luxembourg ARCHITECTE :
Paul Bretz
MAÎTRE D’OUVRAGE :
Soludec
ARCHITECTE D’INTÉRIEUR :
Moreno Architecture & Associés – Majorelle SURFACE :
30.000 m2 HAUTEUR DU BÂTIMENT :
60 m pour la tour 1 – 22 m pour la tour 2 rez-de-chaussée – 15 étages pour la tour 1 et 5 étages pour la tour 2 – 4 niveaux en sous-sol NOMBRE DE SALARIÉS :
2.350
DATE D’EMMÉNAGEMENT :
juin 2019
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PHOTO Nader Ghavami
NOMBRE DE NIVEAUX :
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EN COUVERTURE COMMERCE
Auchan a-t-il vu trop grand ? Avec son concept révolutionnaire, Auchan Cloche d’Or ringardise le « supermarché de papa ». Mais il vient s’ajouter à un tissu commercial déjà très dense. Le Luxembourg a-t-il les moyens d’absorber une telle offre ?
de ces espaces. Les herbes fraîches qui sont vendues dans l’espace alimentaire sont cultivées sur place, dans des sortes de frigos que les d’Or, peut désarçonner. Tout d’abord, chose clients peuvent voir. Un imposant espace est inhabituelle, il faut faire son choix entre quatre consacré à la vente de produits en vrac, solides entrées distinctes. Ensuite, les codes tradition- et – moins commun – liquides. Les produits de nels sont bousculés : trois halls consacrés à l’ali- boulangerie et de pâtisserie sont pétris in situ. mentaire, au bien-être et aux « idées maison » y Les enfants peuvent suivre une série d’atesont astucieusement imbriqués. Une brasserie, liers (en boulangerie, cuisine, etc.) pendant un bar à ongles et une cave à vin contenant des que les parents font leurs courses. Les adultes, bouteilles de grands crus s’intègrent au milieu eux, ont la possibilité de faire leur séance de
Nouveau concept Avec Auchan Cloche d’Or, l’expérience du client en supermarché a été entièrement repensée, comme l’explique Cyril Dreesen, CEO d’Auchan Retail Luxembourg.
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sport, accompagnés par un coach sportif. Et la liste de toutes ces innovations n’est pas exhaustive.
UN SUPERMARCHÉ « E XPÉRIENTIEL »
Pour les responsables d’Auchan, le magasin de la Cloche d’Or est une sorte de laboratoire. Le but était de transformer intégralement le modèle classique du supermarché. « Nous nous sommes donné le droit de rêver, explique Cyril Dreesen, CEO d’Auchan Retail Luxembourg. Nous souhaitions attirer un public issu de la Grande Région, mais aussi les familles luxembourgeoises et les travailleurs internationaux présents sur place. Toutes ces personnes ont la possibilité d’acheter sur internet ou d’aller dans un magasin de quartier. Pour qu’elles se déplacent ici, il fallait donc leur proposer quelque chose de plus. » Le concept de lifestore développé par Auchan met aussi l’accent sur la liberté du parcours, avec ses nombreuses entrées et sorties. Une fluidité maximale a été voulue au niveau des systèmes d’encaissement : on peut scanner soi-même ses articles, passer par une caisse automatique ou classique. En outre, la transparence sur la fabrication des produits proposés et leur qualité a été poussée au maximum. « On peut voir nos boulangers et nos cuisiniers travailler, par exemple, poursuit Cyril Dreesen. Cette transparence ne s’improvise pas. Nous avons dû trouver un
PHOTO Nader Ghavami
e premier contact avec le supermarché Lcarrés Auchan, déployé sur plus de 12.500 mètres au sein du centre commercial Cloche
PHOTO Archives (Maison Moderne)
personnel extrêmement qualifié pour faire ce travail, et mettre à sa disposition du matériel de très bonne qualité. Évidemment, nous utilisons aussi en priorité des produits locaux. »
les grandes surfaces, de nombreux acteurs commerciaux étaient prêts à se positionner au Luxembourg. Ceux-ci ont donc rongé leur frein et ont introduit leurs demandes à la fin du moratoire. Elles se sont seulement À QUAND L’INDIGESTION ? concrétisées ces dernières années. » On le comprend, Auchan a bien capté l’air Pour le conseiller de gouvernement, le du temps pour mettre au point ce nouveau Luxembourg n’est toutefois pas encore dans modèle. Mais était-il bien raisonnable d’ins- une situation de saturation commerciale. taller cette structure à la Cloche d’Or, alors « Le problème, c’est qu’on prend toujours les qu’un grand supermarché du même groupe chiffres par résident, et on se dit que c’est prospère depuis plus de 20 ans à un jet de énorme, poursuit-il. Mais on oublie une donpierre de là, au Kirchberg ? Et au-delà de ce née fondamentale : les 200.000 frontaliers seul supermarché, un centre commercial qui viennent chaque jour au Luxembourg. comme la Cloche d’Or avait-il sa place au Croyez-moi, il y aura saturation le jour où Grand-Duché, un pays qui a déjà largement plus aucune grande surface ne voudra venir dépassé le seuil du million de mètres carrés ici. Les responsables de ces sociétés font très de surfaces commerciales ? La Grande Région bien leurs devoirs : ils savent quand un invesen avait-elle besoin, alors que huit autres tissement en vaut encore la peine ou non. » centres commerciaux d’envergure existent déjà sur ce territoire ? DES MODES DE CONSOMMATION HYBRIDES Le développement récent du projet Clo- Si le gâteau à se partager reste conséquent, che d’Or, mais aussi d’autres centres com- certaines zones souffrent toutefois de la merciaux au Luxembourg, est d’autant plus croissance des grandes surfaces commerétonnant qu’il est en totale contradiction ciales. « Nous voyons clairement que l’exploavec l’optique qui avait été privilégiée il y sion du nombre de surfaces commerciales a a quelques années. Entre 1997 et 2005, un eu un impact négatif sur les centres-villes, moratoire sur les surfaces commerciales de particulièrement dans les villes de moins plus de 10.000 mètres carrés était ainsi en de 30.000 habitants, indique Anne Darin vigueur au Luxembourg. Son objectif, sou- Jaulin, directrice de l’Union commerciale ligné par Fernand Boden dans une interview de la Ville de Luxembourg. Il est donc imporpubliée en 2006, prête aujourd’hui à sou- tant que les pouvoirs publics veillent aux rire. Le ministre des Classes moyennes de équilibres commerciaux entre les quartiers l’époque se félicitait que le moratoire ait per- d’une même ville, entre les centres-villes et mis d’« éviter une concentration excessive de les territoires périphériques, entre les petits gros centres commerciaux dans les grandes commerces et les grandes surfaces. C’est un agglomérations du pays, afin de favoriser défi majeur pour que le commerce de détail un développement plus proche des consom- dans son ensemble garde son attractivité. » mateurs, des magasins de taille moyenne Si un encadrement de ce genre ne semble mieux répartis sur l’ensemble du territoire ». pas d’actualité, des initiatives comme le Pakt Pro Commerce ou la plate-forme d’e-comUN EFFET DE RATTRAPAGE merce Letzshop ont été lancées pour booster Gilles Scholtus, conseiller de gouvernement un commerce de proximité qui est loin d’être 1re classe au sein du ministère de l’Économie, moribond. « Avec la transformation de la reconnaît ce décalage. « En 2018, la commis- mobilité, les gens vont de moins en moins sion grandes surfaces, qui avait été créée prendre leur voiture pour aller au supermarpour étudier chaque demande et l’autori- ché. Les commerces de proximité ont donc ser ou non, a été supprimée, explique-t-il. de l’avenir », estime ainsi Gilles Scholtus. Ce Seuls les PAG et PAP encadrent désormais n’est d’ailleurs pas un hasard si Auchan a égal’installation de centres commerciaux au lement passé un accord avec Aral pour créer Luxembourg. Cela signifie que les critères des petits magasins de proximité au sein des d’aménagement du territoire – présence de stations-service… Le groupe français, qui dit avoir besoin routes suffisante, égouttage, etc. – sont les seuls pris en compte. » d’un écosystème commercial sain autour de Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas ses magasins pour pouvoir prospérer, est en d’apprendre que 99 % des demandes intro- outre en discussion avec les commerçants duites au cours des dernières années ont été de la ville pour qu’ils puissent profiter de acceptées. Et si l’impression générale est que la présence d’Auchan à la Cloche d’Or. Il de nombreuses grandes surfaces commer- s’agirait d’un système de cagnotte qui se ciales ont été créées au Grand-Duché ces remplirait à chaque achat, notamment chez derniers temps, c’est le résultat, selon Gilles Auchan, et dont le montant pourrait être Scholtus, d’une sorte d’effet de rattrapage. dépensé dans tous les magasins de la ville. « Pendant toute la durée du moratoire sur Affaire à suivre… Q.D.
TROIS QUESTIONS À... Nicolas Henckes Directeur de la CLC
Quel sera, selon vous, l’impact de cette nouvelle grande surface sur le commerce à Luxembourg ? Il est clair qu’un tel centre entraîne un changement important dans l’environnement commercial et qu’un rééquilibrage sera nécessaire. Je crois toutefois que le commerce de proximité et le commerce en ligne peuvent cohabiter avec les grandes surfaces, pour la bonne raison que les gens veulent aujourd’hui pouvoir consommer comme ils le veulent. Ces trois canaux peuvent donc répondre à leurs besoins à des moments différents. Doit-on craindre une saturation commerciale au Luxembourg ? Le Luxembourg est le troisième pays européen en ce qui concerne le rapport entre le nombre d’habitants et le nombre de mètres carrés de surfaces commerciales. Ce chiffre est toutefois biaisé par les frontaliers. Ce qui est impressionnant, c’est la rapidité avec laquelle ces surfaces commerciales se sont installées. Mais au vu de la croissance démographique qu’enregistre le Luxembourg, le paysage n’est toujours pas saturé. Est-il utopique de croire que les commerces peuvent profiter de leur proximité avec un grand centre commercial ? Je crois qu’il y a effectivement des opportunités à saisir pour les commerces proches. Je pense plus au Royal-Hamilius qu’à la Cloche d’Or : de nouveaux flux de piétons vont parcourir les rues proches du centre commercial. Nous comptons comptabiliser les passages dans les rues attenantes aux centres commerciaux et mettre en place des stratégies pour faire profiter l’ensemble des commerces de ces nouveaux flux.
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EN COUVERTURE URBANISATION
en attendant que la vie prenne... Tout juste sorti de terre, le nouveau quartier d’affaires intégrera à terme une large diversité de fonctions : bureaux, résidences, commerces, loisirs. Mais passés les horaires de bureau, c’est encore assez désert...
lusieurs entreprises majeures s’y sont déjà P installées. Quelques commerçants s’y sont positionnés. D’ici la fin de l’année, la Cloche
d’Or comptera environ 2.000 habitants. Si le quartier présente un beau potentiel, ses salariés et ses résidents devront toutefois, le temps de son développement, faire preuve d’un brin de patience. Le nouveau quartier de la Cloche d’Or a connu des développements importants en 2019. Jusqu’alors, PwC Luxembourg, qui y a installé son siège en 2014, paraissait désespérément esseulé au milieu de ce que l’on appelait encore le Ban de Gasperich. Ces derniers mois, le cabinet d’audit et de conseil a été rejoint par Alter Domus et Deloitte, qui ont pris possession de leurs nouveaux locaux.
UN NOUVEAU KIRCHBERG ?
de 400 mètres de ses limites, explique Michel Knepper, directeur des opérations de Grossfeld PAP, structure en charge du développement du quartier. La Cloche d’Or se construit autour de cet épicentre alors que le Kirchberg, lui, s’est développé autour d’une avenue principale s’étendant sur plusieurs kilomètres. » La conversion du Ban de Gasperich en un nouvel espace urbain est l’un des principaux développements que la Ville de Luxembourg ait connus après celui du Kirchberg (accessoirement toujours en cours). Cette opportunité de valoriser ces terrains à l’intérieur de la boucle autoroutière qui encercle la capitale devait permettre de répondre aux défis de croissance que connaît actuellement le pays. Ceux-ci sont autant économiques que démographiques. La mobilité et la qualité de vie ont été d’autres préoccupations dont ont tenu compte tant les acteurs en charge du développement du quartier que les autorités de la ville. Dès le départ, la volonté a donc été d’élever un quartier de ville à la fois dense et diversifié, qui puisse être animé la journée comme en soirée, en semaine comme le week-end. « À terme, sur les 600.000 mètres carrés construits, 164.000 seront dédiés à du résidentiel. Le quartier comptera aussi 120.000 mètres carrés de commerce, explique Michel Knepper. Et il n’est pas exclu, compte tenu de la flexibilité dont nous disposons dans le développement du quartier, que l’on y rajoute entre 20.000 et 30.000 mètres c arrés de résidentiel. »
L’arrivée de ces acteurs économiques d’envergure du marché luxembourgeois a dynamisé le lieu, lui conférant une image de nouveau quartier d’affaires. L’ouverture récente du centre commercial ne suffit pas à relativiser cette impression d’un nouveau Kirchberg se développant au sud de la capitale. Pourtant, à bien y regarder, la comparaison entre les deux quartiers ne tient pas longtemps. Le développement urbanistique de la Cloche d’Or et celui qui a prévalu de part et d’autre du boulevard J. F. Kennedy n’ont presque rien en commun. Ne fut-ce qu’au regard de leur taille, les deux quartiers sont bien différents. « Lorsque vous vous trouvez au cœur de ce nouveau quartier de la PREMIERS RÉSIDENTS ESSEULÉS Cloche d’Or, à l’intersection des boulevards La nouvelle Cloche d’Or a commencé à Raiffeisen et Kockelscheuer, vous êtes à moins accueillir des résidents il y a quelques mois 32 —
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déjà, bien avant l’arrivée en masse des salariés de Deloitte et d’Alter Domus. Anne-Sophie Mauffrey, senior associate au sein de PwC Luxembourg, s’est installée dans le quartier il y a un an et demi. « Quand j’ai rejoint PwC, nous étions encore dans nos anciens locaux. J’ai donc vécu le déménagement vers la Cloche d’Or, explique-t-elle. À l’époque, il n’y avait vraiment rien autour de nous. Pendant plusieurs années, j’ai fait le trajet entre mon lieu de travail et mon domicile, en France. Je pouvais mettre 1 h à 1 h 30 pour rejoindre le bureau. J’ai donc cherché à me rapprocher et je me suis installée dans le premier bâtiment d’habitation livré à la Cloche d’Or. » Anne-Sophie était d’ailleurs une des premières à s’installer à l’intérieur. Et, voilà un an et demi, elle se sentait quelque peu esseulée au cœur de cet environnement. « Il n’y avait rien. Même dans l’immeuble, les habitants étaient rares. Au niveau du transport, c’était aussi compliqué. Les liaisons avec la ville en transport en commun ou même par la route n’étaient pas forcément très développées. Au fil du déploiement du quartier, cela tend à s’améliorer. Mais il y a encore beaucoup à faire », ajoute-t-elle. C’est aussi ce nouveau quartier que Julien Delpy, directeur du Paperjam Business Club, a choisi en arrivant au Luxembourg. « C’était une opportunité de m’installer dans un nouveau quartier, au sein d’un bâtiment tout juste livré, présentant des performances environnementales exceptionnelles, commente-t-il. Mon logement est situé juste en face du Lycée Vauban. À mon arrivée, en mars 2018, en dehors
de la circulation en lien avec l’établissement scolaire, la zone était encore assez fantomatique. Dans mon immeuble, sur six étages, avec trois appartements par niveau, seulement trois ou quatre devaient être occupés. » Depuis, les choses ont évolué. Les habitants du premier îlot résidentiel se sont progressivement installés. D’ici la fin de cette année, quelque 900 unités de logements auront été livrées. Le quartier devrait donc rapidement compter environ 2.000 habitants.
Campus L’École et lycée français de Luxembourg a accueilli ses premiers élèves à la rentrée 2017.
AU RYTHME DES AFFAIRES ET DU COMMERCE
agréable de s’y promener, en famille, avec des enfants, en couple. »
DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS
La présence d’Auchan, sur un niveau du centre commercial, était un gage de fréquentation. Beaucoup de commerçants, à l’image de l’enseigne de bijoux, ont donc saisi l’opportunité de s’y positionner, même si la fréquentation n’a pas encore atteint son rythme de croisière. « Cela dit, on ne se plaint pas, assure Sabine Paquay. Durant les premières semaines, on a accueilli pas mal de mamans d’enfants scolarisés au Lycée Vauban. Avec les entreprises qui se sont installées tout près, il y a du passage. Les samedis, beaucoup de familles viennent pour s’y promener. Après, je pense que tout le monde attend impatiemment la rentrée et l’ouverture officielle du centre commercial, prévue en octobre. » Il est évident que sans l’activité business intense qui s’est installée récemment à la Cloche d’Or, la vie des commerçants serait sans doute un peu plus compliquée. Beaucoup d’observateurs du marché ont encore en mémoire les difficultés rencontrées par les enseignes qui se sont installées au Belval Plaza, le complexe commercial de Belval, ouvert alors que le quartier n’accueillait encore que très peu d’activités. Ici, cependant, nous sommes à Luxembourg-ville et l’accès au centre commercial via l’autoroute est direct. La Cloche d’Or ne devrait pas connaître les mêmes difficultés. Stéphanie Jauquet, fondatrice et gestionnaire de la chaîne de restauration Cocottes, a décidé, quant à elle, de repositionner son emplacement commercial, passant de la Cloche d’Or ancienne version à la nouvelle. « J’avais une adresse au niveau du Centre Drosbach, au niveau de la zone d’activités plus ancienne. Avec le développement de
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PHOTO Éric Devillet
Cependant, c’est essentiellement au rythme des affaires que vit le quartier. Ce sont près de 3.000 salariés qui rejoignent PwC chaque jour. Chez Deloitte, environ 2.300 salariés se sont installés un peu avant l’été. Alter Domus a pris position juste à côté quelques mois auparavant. Enfin, le centre commercial a permis de créer pas loin de 1.200 emplois. Depuis quelques mois, le quartier est beaucoup plus animé en semaine et en journée. En témoigne l’affluence au centre commercial, chaque jour, plexe qui, aujourd’hui, fait office de place sur le temps de midi. « C’est ce nouveau com- publique au milieu du quartier, témoigne un employé de Deloitte. On y sort pour casser la croûte. L’offre en restauration est diversifiée. On y croise des personnes que l’on connaît et qui travaillent dans les boîtes à côté. C’est assez agréable. » BIENTÔT LE PLUS GRAND L’ouverture du centre commercial a PARC DE LUXEMBOURG contribué à initier une dynamique de quarCe n’est actuellement pas encore tier. « Les premiers jours qui ont suivi l’ouverture, les cartes bleues des collègues ont évident de l’imaginer, mais la Cloche d’Or proposera un cadre chauffé, s’amuse notre interlocuteur. Il a rapidement fallu se calmer… » Au-delà de l’opverdoyant. Aujourd’hui, entre les portunité offerte aux employés de la zone grues et les briques, c’est le caractère minéral qui domine principalede s’octroyer un moment shopping pendant ment. Le développement n’en est le déjeuner, le centre commercial est un vecteur d’attraction important de ce quartier en encore qu’à ses débuts. Fait est devenir. « C’est un lieu extrêmement qualitaque les arbres n’y poussent pas tif, commente Sabine Paquay, responsable encore. Mais ça viendra. Au-delà de la boutique de bijoux fantaisie Victoria des boulevards et des places, la Magdalena. L’atmosphère, pour les visiteurs, Cloche d’Or accueillera le plus est vraiment très conviviale. Il offre en outre grand parc de la ville, d’une surface des conditions de travail remarquables pour de 15 hectares. En son cœur coulera la rivière du Drosbach, qui sera les commerçants. » Victoria Magdalena est une chaîne de boutiques multimarques de bijoux réaménagée. Autour d’elle seront fantaisie pour femmes et pour hommes. Le créées une forêt alluviale et des magasin de la Cloche d’Or est le premier de zones marécageuses. Le parc est la marque à ouvrir en dehors du territoire pensé pour accueillir une grande français. « L’intérêt réside dans l’offre, avec diversité écologique. Il intégrera la présence d’enseignes qu’on ne trouvait des espaces de détente, des pas jusqu’alors au Luxembourg, explique chemins piétons et cyclistes, des la commerçante. Que ce soit au niveau des aires de jeux, de sport et de piquerestaurants ou de la mode, il y a un choix nique. Il comportera aussi un étang diversifié. Pour une boutique comme la nôtre, de 7.000 m2 et un restaurant. Dans le prolongement du parc, qui cherche à se démarquer des bijouteries une nouvelle coulée verte accomtraditionnelles, c’est un lieu idéal. En outre, pagnera le tracé du cours d’eau le centre commercial est extrêmement bien et fera la jonction entre l’ancienne conçu. Par rapport à l’image que l’on a des galeries commerçantes, la Cloche d’Or déveet la nouvelle Cloche d’Or. loppe un concept rafraîchissant. C’est très
URBANISATION ce nouveau quartier, mon souhait était de me rapprocher de cette zone de bureaux en devenir, explique-t-elle. Mon commerce s’adresse essentiellement à une clientèle professionnelle, qui cherche à se restaurer sur le temps de midi. Étant ouverte jusqu’à 18 h 30, la boutique sert aussi une partie de la clientèle résidante qui rentre en début de soirée (et profite d’une réduction de 50 % proposée par l’enseigne sur les produits frais durant la dernière heure d’ouverture du magasin, ndlr). C’est un quartier qui doit encore se développer. Petit à petit, la clientèle résidentielle, même si ce n’est pas ma cible principale, devrait grandir. Il y a pour nous un véritable potentiel de croissance. »
DES SOIRÉES TRÈS CALMES
Dès la fin de journée, le quartier se fait désert. Une fois que les quelques résidents installés ont rejoint leurs pénates, après avoir éventuellement effectué des courses à l’hypermarché du centre commercial, tout redevient particulièrement calme. Le dimanche, le centre commercial étant fermé, les travailleurs se reposant, la vie semble avoir disparu. « Il manque encore des endroits où aller boire un verre après le travail ou des restaurants ouverts en soirée où l’on peut passer un chouette moment entre amis, commente Anne-Sophie Mauffrey. Aujourd’hui, pour sortir, il faut encore prendre la voiture. Mais cela devrait progressivement changer. Nous attendons avec impatience qu’ouvrent quelques établissements où il sera possible de se retrouver, mais aussi la mise en place de nouvelles connexions avec le reste de la ville. » Julien Delpy abonde dans ce sens. « Les restaurants, au niveau du centre commercial, ne restent pas ouverts en soirée. Et même pour boire un café le matin, les possibilités sont limitées », explique le directeur du Paperjam Business Club. Forcément, l’offre commerciale s’adapte à la demande de la population. « Partant au travail tôt le matin et rentrant en après-journée, il m’a fallu un certain temps, à l’occasion d’un passage inhabituel par l’appartement, pour me rendre compte que la pharmacie proche de chez moi était en fait ouverte en journée », explique-t-il. Au niveau des loisirs, les habitants actuels précisent que les salles de fitness ne manquent pas à proximité, aux portes de ce nouveau quartier. En remontant vers la route d’Esch, trois ou quatre enseignes (dont une dénommée « Painworld ») vous invitent à (souffrir pour) vous maintenir en forme.
jours été de proposer un bel équilibre de fonctions, dans l’optique de créer de la valeur à long terme. La volonté est notamment de permettre aux résidents de pouvoir trouver tout le nécessaire à leur épanouissement sur place, sans avoir à prendre la voiture. L’idée est aussi de rapprocher, autant que faire se peut, les résidents de leur lieu de travail. « Aujourd’hui, compte tenu de l’avancement du projet, il est encore difficile de se projeter, confie Tatiana Fabeck, architecte associée du bureau Fabeck Architectes, qui a contribué à plusieurs projets urbanistiques et architecturaux du quartier. Il faut évidemment laisser aux arbres le temps de pousser. Au-delà des chantiers, on peine à imaginer la verdure entre les bâtiments, l’apport de la coulée verte qui fera le lien entre l’ancienne Cloche d’Or et la nouvelle. Il y a aussi ce parc, sur plusieurs hectares, qui constituera un magnifique espace de détente et de rencontre au cœur de Luxembourg. » Cet espace de verdure devrait d’ailleurs accueillir un restaurant, où l’on s’imagine déjà profiter du beau temps en terrasse. L’offre en bars et en restaurants devrait se développer avec le reste des îlots du quartier. Il est prévu que de nombreux complexes accueillent des commerces au rezde-chaussée. Si, à l’origine, les développeurs avaient prévu d’accueillir un hôtel au centre du quartier, ce projet semble aujourd’hui avoir du plomb dans l’aide. En cause ? Un prix du foncier qui rendrait difficile le développement de toute offre hôtelière sur la zone.
PRENDRE SON MAL EN PATIENCE
En attendant le quartier idéal, chacun doit prendre son mal en patience. « Je suis Parisien, issu de la banlieue, commente Julien Delpy. J’ai l’habitude de tout faire en voiture. À l’heure actuelle, le meilleur moyen de rejoindre le quartier reste la voiture individuelle. Le quartier est directement connecté à l’autoroute. Cependant, compte tenu de l’évolution du chantier, il n’est pas toujours évident de s’y retrouver. Les voies d’accès changent régulièrement. Et aux heures de pointe, c’est extrêmement compliqué de circuler. Le Lycée Vauban, à lui seul, représente 3.500 élèves, que chaque parent dépose et vient rechercher matin et soir. C’est vite le bazar. » Ceux qui privilégient le P+R pour rejoindre la zone attendent eux aussi la finalisation de certaines infrastructures. « À l’heure actuelle, aucun aménagement n’est adapté pour permettre aux piétons de rejoindre le parking en toute sérénité, nous confie un employé de la zone. Il n’est pas rare LAISSER AUX ARBRES LE TEMPS DE POUSSER que l’on doive se risquer à traverser la voie à En consultant le master plan du quartier et quatre bandes à pied. » en observant les modélisations 3D, il ne fait Ces quelques inconvénients, forcément aucun doute que la Cloche d’Or devrait être associés à toute réalisation de projet d’enverun endroit où il fait bon vivre. Le souhait des gure, ne devraient cependant pas subsister développeurs privés (et des autorités) a tou- bien longtemps. Le quartier se développe à
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EN ATTENDANT LA MOBILITÉ DOUCE... Développer un tout nouveau quartier soulève bien évidemment des questions de mobilité. Situé à l’extrême sud de la capitale, ce nouvel espace urbain est facilement accessible via l’autoroute. Toutefois, un des grands enjeux pour la ville est de limiter le recours à la voiture. Comme partout ailleurs dans Luxembourg, le nombre de places de parking par mètre carré de bureaux développés est réduit. Actuellement, des emplacements de stationnement ont été construits en périphérie du quartier, comme ceux aux P+R Sud et Kockelscheuer. Ils permettent à chacun d’accéder à la zone plus ou moins facilement. L’enjeu est d’encourager le recours aux transports en commun. Des infrastructures adaptées ont été prévues pour les piétons et les cyclistes afin d’encourager la mobilité douce. Le tramway circulera aussi au cœur de ce nouveau quartier. Venant de la nouvelle station ferroviaire périphérique de Howald, il traverse la Cloche d’Or en son centre pour ensuite aller rejoindre le nouveau stade national. La présence de ce moyen de transport moderne est d’ailleurs un levier d’attractivité essentiel pour les entreprises qui ont fait le choix de s’installer à la Cloche d’Or. Toutefois, ceux qui sont déjà présents devront faire preuve de patience, les rames multicolores estampillées Luxtram ne devraient pas y circuler, au mieux, avant la fin de l’année 2022.
un rythme effréné. Les mois à venir devraient encore en apporter la preuve. Le principal maître d’ouvrage du projet s’attend à ce que les dernières constructions soient livrées d’ici une quinzaine d’années. Pour un tel projet, c’est tout simplement extrêmement rapide. D’ici là, de nouvelles infrastructures verront le jour. Des connexions en transport en commun, avec notamment l’arrivée du tramway, faciliteront l’accès à ce nouveau quartier depuis l’extérieur. Avec l’arrivée progressive des résidents, c’est toute une vie de quartier ainsi que des services adaptés qui devraient se construire. C’est tout du moins le souhait des développeurs comme des résidents et des commerçants qui, en s’installant là, ont avant tout cru au potentiel et au devenir d’un quartier à part entière de cette belle capitale qu’est Luxembourg. S. L.
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TENDANCE
Le coworking grandit encore Le partage d’espaces professionnels devient de plus en plus populaire partout à travers le monde. Enquête sur un secteur florissant, en plein développement au Luxembourg.
ffet de mode ou consécration ? Le terme E « coworking » vient tout juste de faire son entrée dans l’édition 2020 du célèbre dic-
250 espaces à travers le globe, le groupe prévoit d’implanter un centre de coworking de 6.400 m2 – soit le plus grand du pays – au tionnaire Le Petit Robert. Un signe de l’in- sein du tout nouveau bâtiment Impulse situé térêt grandissant que rencontre ce mode de à côté de la gare. Huit succursales suivront travail, qui consiste à partager des espaces à l’horizon 2022. communs entre plusieurs entreprises. Selon l’étude Global Coworking Survey 2019, CONTRER LA FLAMBÉE DE L’IMMOBILIER menée par le magazine Deskmag, spécia- Comment expliquer cet engouement ? Sur un lisé dans le domaine, le marché des espaces marché de l’immobilier aussi tendu que celui de coworking connaît une croissance remar- du Luxembourg, où le prix de la location de quable depuis 2015, et tout particulière- bureaux atteint des sommets dans certains ment ces deux dernières années. On comptait quartiers de la capitale – jusqu’à 52 €/m2 en fin 2018 18.700 espaces de coworking dans centre-ville –, le coworking permet d’abord le monde, soit deux fois plus qu’il y a quatre aux plus petites structures de réduire leurs ans. Pour un nombre total de 1,6 million de coûts. « Occuper un poste de travail dans un salariés. Et la tendance devrait encore s’ac- espace partagé revient moins cher que de célérer. Fin 2019, 2,17 millions d’individus louer un bureau privé et de payer les charges travailleront dans quelque 22.400 espaces qui y sont liées. C’est une solution très intéde coworking. ressante lorsque l’on démarre son entreprise Si l’on ne dispose pas de chiffres aussi et que l’on a des moyens limités », analyse précis concernant le Luxembourg, il suf- Antoine Berghen, cofondateur de Paladium. fit toutefois de regarder les récentes arriSi les espaces de coworking attirent à cet vées d’espaces de coworking dans le pays égard principalement de jeunes créateurs pour constater que le phénomène touche d’entreprise, ils séduisent aussi un public également le marché grand-ducal. Ces bien plus vaste. « 80 % de nos clients sont deux dernières années, de nombreux lieux des start-up, mais nous accueillons égade travail partagé ont fleuri, comme le lement des entreprises bien établies, qui Luxembourg-City Incubator, Silversquare, recherchent un loyer à prix abordable, tous Paladium et Welkin and Meraki. D’autres frais compris, afin de savoir exactement ce ouvertures sont déjà programmées, à l’image qu’elles vont dépenser chaque mois », confie de celle du géant Spaces. Disposant déjà de Philippe Sonnhalter, global manager &
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founder d’Urban Office. C’est d’ailleurs cet aspect qui a, entre autres, séduit Klot Kieffer, managing director de Hype, une agence de communication spécialisée dans les médias sociaux, installée chez Urban Office. « J’ai créé mon entreprise en mai 2018. Comme je ne voulais pas travailler depuis mon domicile, j’ai cherché un local. J’ai opté pour un bureau fermé afin de pouvoir me concentrer pleinement quand j’en ai besoin. Mais ce bureau, en étant intégré dans une structure de coworking, me permet en même temps de ne jamais être seul et de profiter d’un ensemble d’infrastructures : parking, salle de réunion, douches, cuisine, etc. C’est aussi un gage de tranquillité puisque tout est inclus dans le prix. Je ne dois pas m’occuper du ménage, du fournisseur internet, de la réception des colis, etc. Pour disposer de tous ces services, je paierais beaucoup plus cher avec un local classique. Le prix n’est toutefois pas le principal facteur qui m’a orienté vers le coworking. »
LIEU D’ÉCHANGES ET D’OPPORTUNITÉS
Et ce n’est d’ailleurs pas son essence même. Ce que recherchent avant tout les coworkers, c’est un lieu qui leur permet de tisser des liens, de développer leur business, de partager leur vision et leurs difficultés en tant qu’entrepreneurs. « Je suis arrivé de France au Luxembourg en octobre dernier, raconte
Antoine Berghen. Je me suis rendu compte que la difficulté, en tant que jeune entrepreneur, n’est pas tellement de trouver un lieu opérationnel où travailler, mais plutôt de nouer des contacts humains. C’est ainsi que nous avons eu l’idée de créer Paladium. » Plus que des lieux de travail, les espaces de coworking donnent ainsi naissance à de véritables communautés. « De réelles synergies peuvent se créer entre les coworkers. Chacun peut s’aider mutuellement et faire grandir son activité », ajoute Philippe Sonnhalter. MyBioBox, entreprise proposant des bilans nutrition-santé, a ainsi choisi de profiter de cette opportunité. « Nous étions auparavant installés dans des bureaux classiques, explique Aline Ziliox, naturopathe au sein de la société. Nous avons désormais fait le choix d’un bureau fermé, au cœur de l’espace de coworking Paladium. Cela nous permet d’avoir notre intimité mais aussi de rencontrer des gens d’univers différents, avec lesquels nous sommes susceptibles de collaborer, d’échanger. C’est un moyen très simple de renforcer notre réseau »
coworking’. Cette expression se vérifie dans de nombreuses villes voisines comme Paris, Bruxelles ou Berlin, où un nombre impressionnant de mètres carrés sont désormais attribués au coworking. Ici, on en est encore loin, confie Romain Muller. Les espaces de coworking représentent aujourd’hui une goutte d’eau à l’échelle de l’immobilier de bureaux. » Aux yeux du CEO de JLL Luxembourg, il reste donc de la place pour d’autres centres dans le pays. Néanmoins, l’expert estime que le Grand-Duché ne devrait jamais connaître une situation similaire à celle de nos pays frontaliers. « Bien que la politique nationale vise à la diversifier, l’économie luxembourgeoise reste essentiellement liée au secteur financier, et ce dernier est fortement encadré. Il ne permet par exemple pas de travailler dans des espaces partagés, pour des raisons de confidentialité et de protection des données. Le phénomène du coworking risque donc de rester plus marginal par rapport à la taille du marché de l’immobilier de bureaux. » Le Luxembourg, qui ambitionne de deveUN MODE DE TRAVAIL PLUS AGILE nir une start-up nation, bénéficie néanmoins La culture du coworking répond également d’un écosystème qui devrait encore encouà une évolution des modes de travail, guidée rager le déploiement du coworking. De nomnotamment par l’arrivée massive des millen- breuses jeunes pousses se développent en nials sur le marché de l’emploi et l’utilisa- effet sur le territoire, qui attire par ailleurs tion des nouvelles technologies. « Beaucoup aussi de plus en plus de start-up provenant plus nomades, les gens sont aujourd’hui des pays frontaliers et du monde entier. à la recherche de flexibilité. Ils veulent pouvoir travailler où et quand ils veulent. TIRER SON ÉPINGLE DU JEU Ils ont tantôt besoin d’un bureau et d’un Davantage exposées aux difficultés éconoaccès à internet, tantôt d’une salle de réu- miques que celles situées dans des mégalonion pour accueillir un client, tantôt d’un poles, les enseignes de coworking installées espace plus créatif ou isolé pour ‘brainstor- dans des villes moins grandes, comme mer’ », détaille Philippe Sonnhalter. « C’est Luxembourg, doivent cependant veiller à très agréable de pouvoir travailler sur un se positionner sur un créneau singulier si poste de travail classique, puis de migrer elles veulent se distinguer de la concurrence vers un canapé quand on en ressent le besoin, grandissante et prospérer. Pour l’heure, les un peu comme si l’on était chez soi, poursuit acteurs luxembourgeois se portent bien. En Aline Ziliox. Pour nous, il était important témoignent le taux d’occupation de P aladium d’évoluer dans un cadre à l’image de notre qui a ouvert ses portes voici quelques mois seulement – les quatre bureaux privés sont philosophie d’entreprise. » Les espaces de coworking, en proposant loués –, ainsi que l’expansion prévue par des environnements aux concepts uniques, Urban Office. Deux ans seulement après sa des zones de travail variées et des formules création, l’enseigne compte déjà plus de souples – location à la journée ou au mois par 200 membres, répartis sur quatre emplaexemple –, répondent à ces nouveaux besoins. cements. Trois autres verront le jour d’ici « Nos locataires peuvent interrompre leur fin 2020. contrat quand ils le veulent, sans préavis. Ils Les chiffres mondiaux se veulent aussi doivent juste terminer le mois entamé, précise rassurants. Malgré la croissance du nombre ainsi Antoine Berghen. Cela permet aux jeunes d’espaces de coworking aux quatre coins de entreprises d’être réactives et flexibles. » la planète, l’an dernier, deux tiers d’entre eux ont connu une hausse de leur nombre de SATURATION ? membres, un tiers se sont agrandis et un tiers Face à l’augmentation du nombre d’espaces ont également augmenté leurs tarifs. Plus de coworking, on est cependant en droit de d’un espace sur deux a ainsi amélioré sa rense demander si l’on n’arrive pas à satura- tabilité. Les espaces de coworking semblent tion au Luxembourg. « On parle de ‘boom du donc promis à de beaux jours. J.R.
PRATIQUE
Où coworker au Grand-Duché La liste des espaces de coworking au Grand-Duché ne cesse de s’allonger. Paperjam a passé en revue la dizaine de lieux actuellement sur le marché.
1
GINKGO Quel concept ? Gingko propose plusieurs espaces de coworking au Grand-Duché et mise sur un concept « lifestyle ». Car pour l’entreprise de solutions facilities, il est important d’insérer la vie professionnelle dans une dimension globale de vie. Les lieux sont ainsi pensés pour travailler et se réunir, tout en veillant au confort, à l’ergonomie, au bien-être et au vivre-ensemble de ses occupants. Des petits events sont organisés pour que chacun puisse se rencontrer, apprendre à se connaître, partager les expériences, voire collaborer.
Où ? 6 centres : 3 dans le quartier de la gare, un à Esch-Belval, un à Gasperich, et enfin un à venir à Luxembourg-ville
Pour qui ? Indépendants, start-up, petites et grandes structures
Combien ? À partir de 395 euros HT/mois
Quelles prestations ? accès illimité 24 h/24 et 7 j/7 Un Des salles de réunion et de réception pour 2 à 80 personnes Un auditorium d’une capacité de 300 personnes C uisines, terrasses, douche, salle de fitness, salon de lecture Une boîte à rêves pour les micro-siestes Un service de conciergerie Un salon bien-être (yoga, ostéopathe, etc.)
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BERELDANGE
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TENDANCE
WINDHOF
N7
4
2
E25
E44
DOMMELDANGE
A6
A1
BERTRANGE
9
8
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E29
GASPERICH
CONTERN
1
E44
LEUDELANGE
A4
A3
BETTEMBOURG
4 1
4 ESCH-SUR-ALZETTE
E25
A13
DUDELANGE
A31
BAMHAUS
3
PALADIUM
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URBAN OFFICE
5
SILVERSQUARE
Quel concept ?
Quel concept ?
Quel concept ?
Quel concept ?
Offrant un accès à diverses installations de production, Bamhaus propose un environnement de travail unique pour les créateurs indépendants. Le lieu permet ainsi aux entrepreneurs de développer des projets concrets et de partager leur vision avec d’autres personnes actives dans le même secteur.
Dernier-né au Luxembourg, Paladium a ouvert ses portes voici seulement quelques mois. L’endroit, qui s’étend sur plus de 300 m2, regroupe des bureaux privés, une salle de réunion, une cuisine équipée, plusieurs espaces de travail ouverts ainsi que des box plus intimistes.
Urban Office propose quatre espaces de coworking situés dans la capitale et aux frontières du pays afin de permettre à ses résidents de rejoindre leur lieu de travail en évitant les embouteillages. Chacun a la possibilité d’utiliser tous les centres Urban Office sans supplément, selon ses besoins.
Sur 2.300 m2 et cinq étages, Silversquare accueille, dans une ambiance chaleureuse et un environnement à l’architecture contemporaine, une communauté diversifiée d’entrepreneurs. Le lieu offre une grande variété d’espaces de coworking, favorisant le dynamisme et la rencontre.
Où ?
Quartier de la gare – centre de Luxembourg-ville
Où ?
Où ? Quartier de Bonnevoie – centre de Luxembourg-ville
Où ?
Quartier de Dommeldange – nord-est de Luxembourg-ville
Pour qui ? Créateurs, entrepreneurs
Bettembourg, Esch-Belval, Luxembourg-ville et Windhof
Pour qui ?
Combien ?
Pour qui ?
Toute entreprise
Free-lances, entrepreneurs et petites entreprises actives dans le monde artistique et créatif
299 €/mois
Travailleurs frontaliers, free-lances, entrepreneurs
Combien ?
Combien ?
Quelles prestations ?
Combien ? À partir de 250 €/mois
Quelles prestations ? ccès 24 h/24, 7 j/7 A Accès à la salle de réunion Internet Boîte mail Cuisine équipée Possibilité d’utiliser les facilités et équipements de Bamhaus pour un usage personnel (studio photo, studio peinture, studio d’enregistrement, etc.)
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Quelles prestations ? Accès 24 h/24, 7 j/7 Accès à la salle de réunion Wifi Cuisine équipée et cafétéria (boissons chaudes, céréales, eaux, etc.) Imprimante Boîte aux lettres Adresse postale Réception et tri du courrier
— Workspace — Septembre / Octobre 2019
277 €/mois (337 €/mois à Luxembourg)
Quelles prestations ? Accès 24 h/24, 7 j/7 14 h d’accès aux salles de réunion Casier personnel Adresse postale Imprimante et impression de 100 pages
Pour qui ?
395 €/mois Accès 24 h/24, 7 j/7 Accès aux salles de réunion jusqu’à 4 personnes Internet (wifi et câble) Casier personnel Service de réception Imprimantes Espaces extérieurs : jardin et terrasse Douches
ILLUSTRATION Maps4News / Maison Moderne
2
T N IO H S T A LI D SL G N EN IDE A V R O T O IN PR
MERCREDI 20 NOVEMBRE 2019
SOGELIFE
LIFE INSURANCE INSIGHTS L’expérience client est aujourd’hui un sujet stratégique pour les entreprises. Le secteur de l’assurance-vie n’échappe pas à cette tendance. Ce 10×6 est l’occasion de saisir les enjeux et perspectives liés à cette thématique, à travers la vision de 10 intervenants experts.
ins cri ptio obl iga n toi pa p re s erj ur am. clu b
LIEU Kinepolis Kirchberg 45, avenue JF Kennedy L-1855 Luxembourg
PARKING Kinepolis Kirchberg 45, avenue JF Kennedy L-1855 Luxembourg
AGENDA 18:30 Welcome cocktail 19:00 Mot de bienvenue 19:15 10 interventions 20:30 Walking & networking dinner PARTENAIRE EXCLUSIF
TENDANCE
6
WISHBOX Quel concept ? Lieu à taille humaine, où le nombre de places est volontairement limité afin de préserver une ambiance confortable et chaleureuse, Wishbox offre un espace de travail collaboratif qui se veut convivial, mais également un support marketing et administratif à ses occupants.
Où ? Bereldange – au nord de Luxembourg-ville
Pour qui ? Start-up, petites entreprises, indépendants, free-lances
Combien ? 300 €/mois
Quelles prestations ? ccès de 9 h à 18 h A 8 h d’accès aux salles de réunion Wifi Cuisine équipée Café, thé, eau et fruits bio à disposition I mprimantes, copieurs et scanners Casier personnel Emplacement de parking Hébergement de votre site internet Happy hour le vendredi
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LUXEMBOURG- THE OFFICE CITY INCUBATOR «CITY » ET «CHARLOTTE » 8
Quel concept ?
Lancé par la Chambre de commerce, avec le soutien de la Ville de Luxembourg, le Luxembourg-City Incubator est un incubateur de start-up locales et internationales hébergé au sein de la House of Entrepreneurship. Il offre plus de 2.000 m2 d’espaces de coworking à de jeunes sociétés admises sur dossier.
Où ? Quartiers de la gare / Bonnevoie-Nord – centre de Luxembourg-ville
Pour qui ? Start-up, indépendants et entrepreneurs actifs principalement dans l’urban tech, l’environnement, le commerce, la construction, le tourisme et la logistique
Combien ? 300 €/mois
Quelles prestations ? ccès du lundi au vendredi A de 8 h à 19 h Accès aux salles de réunion à partir de 10 €/h Wifi C uisine équipée Casier personnel I mprimantes, cabines téléphoniques
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Quel concept ? Dans un garage pour The Office « Charlotte » et dans une bibliothèque pour « City », les bureaux de coworking ont tous les deux investi d’anciens locaux, ce qui leur confère une atmosphère particulière. The Office « Charlotte » comprend un espace de travail de 250 m2, des mezzanines communes, des bureaux privés, une terrasse, ainsi qu’un espace bar et café, servant des repas sains tout au long de la journée. The Office « City » propose quant à lui des locaux de 1.400 m2, lumineux et modernes, à la décoration à la fois chic et industrielle, avec la possibilité d’y organiser des événements.
Où ? « Charlotte » : entre le quartier Belair et la Ville Haute – centre de Luxembourg-ville « City » : Ville Haute – centre de Luxembourg-ville
Pour qui ? Free-lances, start-up et entreprises au sens large
Combien ? 190 €/mois
Quelles prestations ? Accès du lundi au vendredi de 8 h à 20 h 6 h d’accès aux salles de réunion et 20 % de réduction sur les tarifs standards W ifi 1 session de yoga gratuite par mois N ettoyage hebdomadaire I mpressions illimitées Réduction à The Café (pour The Office « Charlotte »
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WELKIN AND MERAKI Quel concept ? Ouvert en avril dernier le long du boulevard Grande-Duchesse Charlotte, cet espace de coworking de 2.442 m2, répartis sur quatre étages, se veut haut de gamme. Désireux d’offrir une « expérience 5 étoiles » à ses utilisateurs, Welkin and Meraki propose un concept de bureaux modernes, agrémentés d’un jardin en cour intérieure et de terrasses.
Où ? Entre le quartier Belair et la Ville haute – centre de Luxembourg-ville
Pour qui ? PME bien installées, cabinets d’avocats, grandes entreprises
Combien ? À partir de 400 €/mois (pour un poste de travail privé dans un espace de bureaux partagés)
Quelles prestations ? ccès 24 h/24, 7 j/7 A Bureau entièrement équipé Internet sécurisé et ultra rapide 2 crédits gratuits/mois (valeur : 50 €) Salle de réunion : 25 €/h (1 crédit) Café de premier choix, thés et tisanes bio Réception du courrier Accès aux installations : espace café avec barista, restaurant en partenariat avec un chef reconnu 1 étoile au guide Michelin, salle de fitness privée avec entraîneur personnel, evening bar, cuisines équipées
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AMÉNAGEMENT
La Révolution du mobilier de bureau Les modes de travail changent, les tendances en matière d’aménagement des espaces et du mobilier de bureau aussi. Petit tour d’horizon des principales évolutions du marché.
ne sont pas seulement les banques, Big Four ou cabinets d’avocats de renom qui ont recours à nos services, témoigne ainsi Camille Lohbeck, administrateur délégué du groupe Bureau Moderne, qui réalise des projets d’aménagement intérieur pour bureaux. Nous servons une grande diversité de clients, des entreprises de tailles différentes et actives dans des secteurs variés. »
UNE APPROCHE GLOBALE
Il faut dire que le marché du mobilier de bureau ne se limite plus aujourd’hui à la vente de tables, chaises et armoires de rangement. L’aménagement des espaces de bureau
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répond désormais à une approche globale. « L’espace est tout d’abord pensé en fonction du business de l’entreprise. Chaque société présente en effet des besoins différents selon ses activités », poursuit Camille Lohbeck. Avant de choisir les meubles, il s’agit donc d’abord d’identifier la méthode de travail du client afin de déterminer les différentes zones qui devront être aménagées dans ses locaux : accueil, pièce d’attente, postes de travail, salle de conférence, zone dédiée à l’archivage, espace détente, etc. C’est seulement après avoir identifié et délimité ces espaces que le mobilier peut être positionné. Ici aussi, plusieurs éléments sont pris en compte. « On veillera par exemple à ne jamais placer un écran d’ordinateur face à une fenêtre, pour une question assez évidente de luminosité, illustre Camille Lohbeck. On sera également attentif au passage laissé entre les postes de travail
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et les armoires ainsi qu’entre les différentes zones de travail. » Dans ce contexte, la plupart des entreprises se tournent vers un unique partenaire qui conçoit et met en œuvre un projet complet, clés en main, comprenant le mobilier, l’acoustique, la lumière, le multimédia, etc.
PLUS QUE DU SIMPLE MOBILIER
L’aménagement des bureaux et le choix du mobilier se voient aujourd’hui fortement influencés par les nouveaux modes de travail, qui se veulent de plus en plus agiles et flexibles. « Les entreprises proposent à leurs collaborateurs plus que de simples postes de travail, équipés d’une table et d’une chaise de bureau, commente l’administrateur délégué. Elles sont en effet de plus en plus nombreuses à déployer des zones de rencontre, de repos ou de brainstorming dans leurs locaux. L’objectif est de permettre aux collaborateurs de bouger au sein de l’entreprise et de leur offrir des espaces de travail qui sont adaptés à leurs besoins du moment : se concentrer, se réunir, discuter, se détendre, créer. » Si l’aménagement et le mobilier de bureau continuent donc à jouer un rôle fonctionnel avant tout, et qu’ils remplissent de plus en plus une fonction esthétique, ils participent également désormais à la construction de la
PHOTOS Febru, Aeris, Vitra, Werner Works, BuzziSpace
es entreprises font de plus en plus appel à Lbureaux un prestataire externe pour aménager leurs et être conseillées en la matière. « Ce
LEASING
LOUER SON MOBILIER CHEZ IKEA culture de l’entreprise et intègrent une certaine dimension émotionnelle. « En offrant aux travailleurs des espaces de travail où ils se sentent bien, un peu comme chez eux, qui favorisent la rencontre et les discussions informelles, l’entreprise cherche à préserver, motiver et fidéliser ses talents. » Un défi de taille sur le marché de l’emploi luxembourgeois.
Parallèlement, une importance croissante est accordée à l’ergonomie du mobilier. Chaises, mais surtout tables ajustables en hauteur, afin de travailler debout, deviennent courantes. Le mobilier sur roulettes est également apprécié, car apportant une totale flexibilité. Côté style, « la tendance est toujours à l’inspiration scandinave, même si celle-ci est en train de diminuer, analyse Camille Lohbeck. Les entreprises sont cependant L’OPEN SPACE EN FORCE toujours en quête d’ambiances chaleureuses, Les espaces informels et conviviaux occupent de teintes unies et claires. » Les postes de ainsi une surface de plus en plus importante travail se veulent fonctionnels et sobres, de au sein des locaux de bureaux. D’un autre manière à pouvoir s’adapter à chaque percôté, les zones de pur travail sont, elles, sonne qui l’occupe. L’accueil, les espaces de réduites et les open spaces – qui permettent vie, les salles de réunion et les coins inforaussi, il ne faut pas l’oublier, de réduire la mels sont eux davantage travaillés, avec une surface de bureaux nécessaire et donc le grande attention portée aux couleurs et matécoût des loyers – tendent à devenir la norme. riaux utilisés ainsi qu’à la décoration, afin de « On constate, dans certains domaines d’acti- créer une atmosphère conviviale, proche de vité, que les postes de travail sont de moins celle que l’on rencontre dans nos habitations. en moins utilisés tout au long de la journée. Il est rare que tous les collaborateurs ACHETER OU LOUER ? soient présents au bureau en même temps », À cet égard, le marché du mobilier de bureau explique Camille Lohbeck. Certains sont au Luxembourg demeure très traditionnel. en clientèle, d’autres en réunion, d’autres « La tendance est encore majoritairement encore effectuent du télétravail. à l’achat. Les entreprises veulent acquérir Revers de la médaille : des problèmes leur mobilier et le gardent généralement acoustiques peuvent survenir. « C’est un durant 10 à 15 ans, confie Camille aspect difficile à prendre en compte, car très Lohbeck. Mais il est vrai que l’on subjectif et dépendant de la sensibilité de voit de plus en plus d’acteurs se chacun, estime Camille Lohbeck. tourner vers le leasing. Dans une Il faut bien sûr travailler sur des telle démarche, le mobilier est éléments techniques pour éviter renouvelé en principe tous les les problèmes de son, en intégrant cinq ans. » sur les murs, les sols et dans le Choisir l’une ou l’autre option mobilier les éléments et solutions devra se faire en tenant compte adéquats, en fonction du volume de plusieurs critères : la situation des locaux et des matériaux uti- financière de l’entreprise, les lisés. Parallèlement, il est essen- liquidités dont elle dispose, l’entiel d’intégrer des zones où les vergure du projet et le montant collaborateurs peuvent s’isoler, qui y est alloué ainsi que la philose retirer ou se concentrer pleinement lors- sophie de la société. En préférant qu’ils en ont besoin. Mais il faut également le leasing et en renouvelant son se donner une certaine hygiène sociale, ins- parc mobilier régulièrement, taurer des règles dans l’open space pour ne alors qu’un mobilier de qualité pas déranger les autres, sinon cela devient peut sans problème être utilisé vite insupportable. » pendant plus d’une décennie, se pose en effet indéniablement la INSPIRATION MAISON question de l’impact environneCôté mobilier, on voit se développer de plus mental d’une telle démarche. À en plus d’assises différentes. « On mixe les l’heure où les entreprises ont un solutions et les niveaux : chaises classiques, rôle essentiel à jouer en matière sièges assis-debout, tabourets ajustables, de développement durable, il faudra donc, ballons de yoga, poufs, etc. Les fauteuils et avant de faire son choix, bien étudier la forme sofas sont aussi de plus en plus installés dans de leasing proposée et prendre en considérales espaces de travail, alors qu’ils étaient tion le destin réservé aux meubles au terme auparavant réservés aux zones d’accueil. » de la location. J.R.
Si de nombreuses entreprises font appel à un prestataire spécialisé dans le domaine pour équiper leurs locaux en mobilier, d’autres se tournent vers de grandes chaînes d’ameublement bien connues pour aménager leurs locaux. En février dernier, Ikea a ainsi annoncé se lancer dans la location de meubles. Une phase de test est actuellement menée en Suisse, en Pologne, aux Pays-Bas et en Suède. Dès l’an prochain, la formule sera expérimentée dans l’ensemble des pays où l’enseigne est présente. Le géant de l’ameublement semble viser avant tout les entreprises avec cette initiative. L’objectif est de leur permettre de conserver les produits à la fin du leasing ou de les reconditionner pour ensuite les revendre, au lieu de les jeter.
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OUTSOURCING
Facilitez-vous la vie ! De l’accueil des clients à l’entretien des espaces verts, de la gestion du courrier à l’intégration de solutions informatiques, de la maintenance du bâtiment à l’introduction du bien-être au travail, le facility management est un secteur d’activité en plein développement.
uand vous entrez dans un centre comQ mercial, quand vous arrivez au guichet d’accueil d’une entreprise, quand vous vous installez dans une salle de réunion chez un client ou que vous profitez d’un moment de détente dans un espace vert aménagé à l’arrière de votre bureau, lequel d’entre vous se rend compte du travail mené dans l’ombre pour que tous ces moments vous soient les plus agréables possible ? Pourtant, pour atteindre ce but, une multitude de métiers s’activent à l’abri des regards pour nettoyer les sols, assurer le bon éclairage, remplir les distributeurs de boissons, veiller au bon fonctionnement des escalators ou des ascenseurs, vous garantir une réunion de qualité dans une salle équipée de tout le matériel multimédia nécessaire, tondre les pelouses et tailler les haies… Bienvenue dans le monde hétéroclite du facility management. De manière très générale, ce terme venu des États-Unis regroupe un ensemble d’activités qui contribuent au bon fonctionnement de l’entreprise, en dehors de son cœur de métier. Ces activités sont pilotées par un facility manager qui, en fonction de la taille de la société, peut être à la tête d’un département des services généraux pour les plus grandes entreprises, un directeur des ressources humaines, un responsable administratif ou un simple collaborateur, pour les plus petites structures. Certaines tâches peuvent être externalisées et confiées à des
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fournisseurs spécialisés. Dans ce cas, le faci- clients internes que sont les collaborateurs, lity manager devient le chef d’orchestre. Il est afin de leur permettre de travailler dans les responsable des appels d’offres, du suivi des meilleures conditions. prestations et du choix des fournisseurs. Certaines sociétés se sont spécialisées dans le facility management et gèrent cet UN MÉTIER AUX MULTIPLES FACETTES aspect pour le compte de différents clients. « Si l’on devait donner une vue d’ensemble Pour l’entreprise, la question centrale est de du facility management, tout commence savoir jusqu’où il faut externaliser toutes ces par le bâtiment. Des équipes vont propo- tâches annexes, mais pourtant essentielles à la ser des infrastructures, les dimensionner, bonne marche des opérations. « Aujourd’hui, les construire pour y accueillir ensuite une l’outsourcing n’est pas assez développé », ou plusieurs société(s). Cela implique des analyse Christopher Becmann, asset manadomaines sous-jacents comme le design, ger, dont l’un des métiers est de veiller à la l’écologie, le respect des normes de sécurité bonne gestion d’immeubles pour le compte et de bien-être…, explique Patrick Kemper, de leurs propriétaires. « La tendance est à country manager de Ricoh Luxembourg. l’externalisation totale, et tous ceux qui Ensuite, les sociétés vont prendre posses- pensent pouvoir gérer ces aspects en interne sion de leurs locaux, y développer des métiers se trompent, poursuit-il. En externalisant, différents. Il va donc falloir organiser les les entreprises disposent d’une flexibilité bureaux, faire en sorte que les collabora- accrue, notamment en ce qui concerne la teurs s’y sentent bien. On va s’intéresser au gestion du personnel. À cela s’ajoute l’aspect bien-être, à la sécurité, à l’hygiène, à l’amé- veille réglementaire, ne fût-ce qu’au niveau nagement des postes de travail, souvent bien de l’évolution technique des bâtiments, de au-delà des normes légales. Très vite, on va la domotique. Il est devenu impossible de toucher à la responsabilité sociale et envi- tout suivre et de tout maîtriser. » Le marché ronnementale (RSE) de l’entreprise pour évolue progressivement. Les grandes sociéla traduire concrètement sur le terrain. Et tés se renseignent davantage sur les possice n’est encore qu’une partie des tâches qui bilités d’externalisation de certaines tâches. peuvent attendre un facility manager. C’est « Un grand cabinet d’avocats qui occupe trois un domaine très vaste, mais je suis convaincu agents de nettoyage a désormais tendance à que c’est l’un des métiers de demain. » Le ser- les sortir de son payroll, constate Julien Dailvice facility doit à la fois satisfaire des clients land, country manager de Samsic Facility externes (visiteurs, clients, prospects…), et les Luxembourg. Et si l’on se place d’un point
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de vue stratégique, on comprend très vite qu’un patron n’a aucun intérêt à maintenir en interne des personnes qui vont sortir les poubelles, entretenir les espaces verts ou s’occuper de la gestion des fournitures… En faisant appel à l’outsourcing et en confiant le pilotage de l’ensemble de ses sous-traitants à un prestataire externe, il obtient une vision mutualisée de ses coûts de fonctionnement. »
UN PROFIL D’HOMME DE TERRAIN
PHOTO Natali_Mis (Shutterstock)
Sur le terrain, un facility manager, ou l’équipe interne en charge du facility management, doit disposer d’une bonne connaissance des enjeux et d’une capacité à résoudre les problèmes au plus vite. « Aucune formation n’existe, c’est l’expérience du terrain qui fait toute la différence », partage Adrien Jacquemin, ancien facility manager du Belval Plaza Shopping Center et aujourd’hui à la tête de sa propre structure de project management. « J’ai moi-même une formation d’ingénieur, avec un aspect sécurité et environnement. J’ai découvert ce métier sur le tas. Un bon facility manager est quelqu’un de généraliste. Il doit s’intéresser à beaucoup de domaines pour ne pas se laisser raconter n’importe quoi. Il a une culture technique étendue, mais il doit aussi connaître ses limites et s’appuyer sur des spécialistes dès que cela est nécessaire. » Disposant d’un bon réseau pour trouver rapidement des solutions aux problèmes rencontrés au quotidien, il est aussi à l’intersection de toutes les parties prenantes. « C’est en centre commercial que cette gestion est sans doute la plus compliquée. Le propriétaire gère sou-
Entretien Le nettoyage des locaux est souvent une des premières activités externalisées.
vent en interne le facility management de ses bâtiments, qu’il confie à une petite équipe sur place. C’est ensuite au facility manager de veiller à l’exploitation du bâtiment, de gérer les charges locatives et les charges communes, d’assurer le secrétariat pour les commerçants… Toute la vie du centre est entre vos mains et vous devez gérer une soixantaine de contrats, proposer des améliorations et des investissements... » De façon générale, un bon facility manager doit maîtriser l’art du compromis. Il reste toutefois difficile de dresser un portrait-robot fidèle de ce métier hétérogène, qui présente des variations selon qu’on gère un centre commercial ou un immeuble de bureaux pour le compte d’un propriétaire, ou encore une entreprise de 50 ou de 1.000 personnes sous la direction d’associés ou d’un CEO. « Dans tous les cas, un bon facility manager doit pouvoir s’entourer. Il sait que son planning est prêt à 7 h 30 et va changer à 8 h. On peut le comparer au super concierge d’un grand hôtel de luxe, dont la mission principale est de veiller au bon déroulement du séjour des clients et de satisfaire toutes leurs demandes, même les plus originales, explique Christopher Becmann. Mais à la différence des concierges, le facility manager doit aussi satisfaire les collaborateurs de l’entreprise, les commerçants d’un centre commercial, les propriétaires, les locataires, les clients… S’il rencontre un problème, c’est à lui de se débrouiller parce qu’il n’existe pas de référentiel, de bouquins ou de formations pour apprendre le métier. » De plus en plus, il doit aussi intégrer des notions de rentabilité,
UNE MULTITUDE DE POSSIBILITÉS Le facility management regroupe un ensemble d’activités très large. Dans les entreprises, le facility manager peut être le responsable des services généraux (ou workplace services), des affaires, des environnements de travail, des services en facility management, etc. « Il est impossible de résumer le métier en quelques mots. De plus, il englobe également les termes de property manager dans le bâtiment ou de shopping manager dans les centres commerciaux », constate Christopher Becmann.
de réduction de coûts, d’optimisation de processus ou encore de digitalisation.
DE L’EXTERNALISATION PARTIELLE À L’OUTSOURCING GLOBAL
Parmi les prestataires de services de facility management, on trouve de toutes petites structures, spécialisées dans un aspect bien précis. C’est le cas du Chat Biotté, structure active dans la livraison de paniers de fruits biologiques. « L’activité a vu le jour voici une dizaine d’années. Au début, l’idée était de travailler essentiellement avec les particuliers, mais nous avons également rencontré les besoins des entreprises, à la recherche de produits sains pour leurs collaborateurs. Des études ont démontré que les employés qui mangeaient régulièrement des fruits avaient une meilleure productivité que les autres », confie Audrey Charvet, commerciale. Depuis plusieurs années maintenant, la tournée de livraison s’arrête dans de nombreuses entreprises à Luxembourg-ville et dans le sud du pays. Et l’activité ne fait que grandir. Ces entreprises très spécialisées côtoient d’autres sociétés dont le but est d’offrir un maximum de services de facility management sous une seule enseigne. « Notre volonté est de permettre à notre client de se reconcentrer pleinement sur son cœur de métier, confie Julien Dailland. Pour ce faire, nous lui proposons de piloter à sa place tout un ensemble de compétences utiles, voire indispensables, à son activité. Certaines entreprises nous sollicitent pour un domaine d’expertise bien particulier, d’autres nous confient un plus large panel de services dans une volonté de mutualiser les coûts. »
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OUTSOURCING De telles entreprises proposent à leurs clients de mettre en commun les prestations, de repenser leurs processus, de prendre en charge tout ou partie de leurs services généraux, ou encore de mettre en place des outils de pilotage dans des domaines aussi variés que le secteur tertiaire, la logistique, les transports, le commerce, l’industrie, l’hôtellerie… « Pour donner un exemple, nous sommes amenés à assurer 26 métiers différents auprès de l’un de nos clients à Luxembourg-ville. Nous n’avons pas toujours les compétences en interne, par exemple dans le domaine du catering, mais nous sommes là pour trouver les bons sous-traitants quand cela est nécessaire, précise Julien Dailland. Notre stratégie est toutefois de diminuer au maximum cette part de sous-traitance afin de réduire l’accumulation des marges, toujours dans l’intérêt de nos clients. »
Services Le catering et la livraison de fruits frais connaissent une demande accrue.
LIBÉRER L’ESPACE GRÂCE À LA TECHNOLOGIE
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conciergerie… Un simple exemple ? Les collaborateurs sont nombreux à faire livrer leurs colis au bureau. Mais plutôt que de demander à la secrétaire de gérer les paquets, avec tous les risques que cela comporte et le temps que cela prend, nous avons mis en place une box électronique. Le livreur dépose le colis, le collaborateur est averti de son arrivée et le casier s’ouvre avec le code reçu par SMS. La traçabilité est garantie, et la méthode est compliant avec le RGPD. »
tendances. « De l’ombre, il va passer au premier plan, prédit encore Patrick Kemper. Le facility manager a une belle carte à jouer pour passer d’un centre de coûts à un générateur de revenus. C’est à lui que revient d’amener dans la société des solutions innovantes qui vont permettre de réaliser des économies. À cela s’ajoute un aspect rétention et fidélisation du personnel toujours plus important. Il doit pouvoir utiliser les évolutions technologiques au profit de son organisation. » Nous vivons une BIENTÔT UN SALON DU FACILITY MANAGEMENT... période de transition intense. Les changeAfin de donner davantage de visibilité aux ments sont nombreux, et il faut pouvoir les métiers du facility management, une nou- comprendre, les appréhender pour ensuite velle association a vu le jour voici quelques les traduire en solutions concrètes sur le mois au Luxembourg. « Le Grand-Duché n’est terrain, en bonne entente avec toutes les pas en retard par rapport à d’autres pays parties prenantes. Le métier est multiple et voisins quant à la qualité et la diversité des demande de rassembler diverses expertises. acteurs présents, mais les métiers du facility Si on pense à la digitalisation, on imagine management manquent de visibilité. Dans que c’est l’IT qui va s’en occuper. Mais ce ce contexte, la création de Facility Luxem- ne sont pas les services informatiques qui bourg est une très bonne chose », constate vont prendre en main l’amélioration des Christopher Becmann. « Cette association espaces de travail. Il faut donc trouver la est avant tout un lieu de partage où nous bonne interface pour trouver et mettre en pouvons échanger sur des problématiques place des solutions plus professionnelles, très concrètes, précise Audrey Charvet. Pour plus écologiques, plus efficaces et plus plaiune petite entreprise comme Le Chat Biotté, santes pour l’utilisateur. c’est particulièrement enrichissant de pouvoir participer à des réunions et des ateliers PLACER L’HUMAIN AU CŒUR DES NOUVEAUX avec d’autres professionnels bien plus impor- ENVIRONNEMENTS DE TRAVAIL tants, sans esprit de compétition. » Fournis- Dans les secteurs du commerce et de l’immoseurs et demandeurs de services se retrouvent bilier de bureaux, le facility manager endosse à une même table pour mener le marché vers de plus en plus régulièrement le costume d’asdavantage de maturité. C’est ainsi qu’un pre- set manager. « C’est à lui de contrôler la renmier salon du facility management devrait tabilité du centre et de développer les actifs, voir le jour à l’initiative de Facility Luxem- en amenant de nouvelles idées. Il devient bourg dès cet automne. un gestionnaire hyper polyvalent », relève Loin des feux de la rampe, le métier évo- Adrien Jacquemin. Et quand il s’agit de concelue sans cesse et s’imprègne des nouvelles voir les bureaux de demain, là aussi, le facility
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PHOTO Motorsion Films (Shutterstock)
D’autres prestataires s’intéressent à un domaine de compétences particulier, sur base de leur propre cœur de métier. Les services de catering demandent notamment une expertise qu’il est difficile, voire impossible, de maîtriser en interne. D’autres vont se concentrer sur la digitalisation, dans son acception la plus large. « Notre métier est d’aider nos clients à s’engager dans un processus de transformation digitale, détaille Patrick Kemper. Aujourd’hui, une entreprise doit se concentrer sur son core business pour gagner de l’argent et satisfaire ses clients. Elle ne doit pas perdre d’énergie dans des fonctions annexes comme l’impression et la gestion de processus documentaires. Elle doit optimiser et automatiser les tâches répétitives, et cette digitalisation va bien au-delà du papier. On parle de gestion électronique des documents, la finalité étant de pouvoir archiver n’importe quel document pour ensuite pouvoir le retrouver, peu importe le moment et l’endroit où l’on se trouve. » Au Luxembourg, le prix du mètre carré en immobilier de bureaux oblige les entreprises à chercher sans cesse des pistes d’économies tout en veillant à améliorer la rentabilité et l’efficacité de leur organisation. « La gestion et l’optimisation de l’espace constituent de vrais problèmes pour nous tous, ajoute Patrick Kemper. Grâce à des outils digitaux, on peut aujourd’hui mettre en place des desks virtuels pour confier d’autres tâches aux traditionnels réceptionnistes, gérer la réservation de salles de réunion, de places de parking. Ils permettent également de mieux collaborer depuis différents endroits, comme si l’on était en face à face. Les technologies modernes doivent nous aider à nous améliorer et à libérer l’espace. Dans le même contexte, on parle beaucoup de confort de travail, de services de
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TROIS QUESTIONS À... Alain Borguet président de Facility Luxembourg
Pouvez-vous nous présenter l’association Facility Luxembourg, récemment créée ? Facility Luxembourg est l’unique association professionnelle à Luxembourg et en Grande Région regroupant les professionnels du facility management et de la maintenance industrielle. L’association n’a que quelques mois d’existence, mais l’engouement des professionnels du secteur est bien réel, tant du point de vue des facility managers que des prestataires de services. Nous comptons déjà quelque 80 membres, alors que le lancement officiel n’a pas eu lieu. Nous avions besoin d’une telle association au Luxembourg pour enfin donner de la visibilité à ces fonctions trop souvent méconnues. Notre but est d’en faire un lieu de partage et de réflexion sur nos métiers très divers, d’y ajouter une part de lobbying, indispensable à toute association professionnelle, et une part de formation. Aujourd’hui, nous devons encore beaucoup expliquer ce qu’est le facility management. Nous avons un retard à combler par rapport à nos pays voisins. Justement, que regroupe la notion de facility management aujourd’hui ? On peut dire que le facility management regroupe tous les services, hors ressources humaines et finance, qui contribuent au bon fonctionnement de l’entreprise, en dehors de son cœur de métier. On peut dès lors y intégrer énormément de choses, et la difficulté d’en parler vient du fait que le scope est très large. Cela va de la gestion technique du bâtiment aux services de catering, en
passant par l’entretien des espaces verts, l’accueil des clients ou la sécurité. Mais ce n’est finalement que quand l’ascenseur est en panne ou qu’il n’y a plus de café dans la machine qu’on pense à ces intervenants de l’ombre. Comment s’organisent ces métiers sur le marché luxembourgeois ? Ces métiers tendent à évoluer, tant dans leur technologie que dans leur structuration. Certains clients souhaitent qu’une seule firme prenne en charge un large panel d’activités, d’autres multiplient les contrats avec des sociétés spécialisées dans un domaine particulier. D’autres encore souhaitent conserver en interne une partie des tâches comme la maintenance, la gestion du courrier, etc. La tendance générale est tout de même à une augmentation de l’externalisation. Aujourd’hui aussi, les entreprises sont beaucoup plus attentives au confort, à l’environnement de travail, au bien-être de leurs collaborateurs. Cela a un impact direct sur le métier du facility manager, qui, s’il n’est pas le décideur final, doit jouer un rôle de guide et devenir force de proposition en matière d’environnement de travail. Au final, le facility manager est le couteau suisse de l’entreprise. Il doit maîtriser une multitude de compétences dans des domaines très différents. L’association est là pour l’aider dans ses tâches et pour l’aider à améliorer son savoir-faire. Nous avons déjà mis en place plusieurs groupes de travail, et nous allons poursuivre dans cette voie, pour le bien de tous.
PHOTO Maison Moderne (archives)
manager doit constamment remettre en question sa façon d’appréhender le marché. « Dans la mouvance du bien-être au travail, les prochains immeubles de bureaux qui sortiront de terre voudront recevoir la certification WELL Building Standard, qui n’est autre que le nouveau référentiel pour le bien-être en entreprise, témoigne Christopher Becmann. Elle introduit de nouvelles normes concernant le bien-être des salariés en entreprise. À la différence de certains labels déjà existants, elle se focalise principalement sur les occupants plutôt que sur les bâtiments. Or, jusqu’ici, les labels HQE, Breeam et autres ne tenaient pas compte de l’utilisateur final. On revient par exemple en arrière par rapport aux systèmes de climatisation, au profit d’une ventilation naturelle. On aménage enfin de vraies cages d’escalier pour offrir une alternative à l’ascenseur… » Cette question du bien-être au travail et de la responsabilité sociale des entreprises fera partie des prochains challenges des constructeurs, des propriétaires et des locataires de bureaux. Dans ce cadre, le facility manager va devoir anticiper et comprendre les attentes des futurs occupants. « Les entreprises doivent aujourd’hui mettre tout en œuvre pour accueillir leurs collaborateurs dans les meilleures conditions, essentiellement pour les fidéliser. Elles ne peuvent toutefois pas gérer toutes ces questions en interne, d’où l’intérêt d’externaliser un maximum d’éléments, en faisant confiance à des professionnels », ajoute Christopher Becmann. La fonction du facility manager évolue progressivement d’un poste d’intendance vers un poste à forte responsabilité. Les différentes crises économiques ont eu un impact sur l’évolution du métier. La rationalisation des budgets, la qualité de service interne, le bien-être des salariés et la gestion efficiente des actifs immobiliers sont autant d’éléments stratégiques pour l’entreprise. Les dispositions légales en matière d’hygiène et de sécurité, les réglementations environnementales qui évoluent régulièrement, mais aussi la complexification technique des installations et la diversité des services proposés aux occupants (conciergerie, crèche d’entreprise, etc.) demandent des compétences pointues. On constate dès lors une professionnalisation du métier, qui demande une maîtrise accrue de compétences diverses en immobilier, dans les domaines juridique et technique, ou encore dans celui des achats. Véritable chef d’orchestre au service de son employeur ou de son client, le facility manager mène sa barque contre vents et marées, pour que l’ensemble des passagers du navire vivent l’expérience la plus agréable possible, dans un environnement serein, accueillant, sécurisé et parfaitement optimisé. M. P.
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FORECAST
Faut-il fuir la capitale ? Avec les problèmes de mobilité et l’évolution du coût du loyer, les entreprises ont-elles intérêt à quitter la capitale pour installer leurs bureaux à proximité des frontières ? Réponses de Vincent Bechet (Inowai), Jean Wirion (bourgmestre de la commune de Koerich) et Vincent Eggen (Pictet Technologies).
gen Vincent Eg
rector, managing di gies lo no ch Te t te Pic
V. E. « Plusieurs raisons justifient le choix de V. B. « L’idée de plus en plus partagée d’installer
Pictet d’installer sa structure dédiée au développement technologique à Belval. La première est économique. La zone offre des surfaces moins chères à la location que Luxembourg. Ensuite, le site lui-même, avec sa Cité des sciences, correspond mieux à l’état d’esprit de notre population, composée essentiellement de développeurs, geeks et autres amoureux de la technologie. L’ambiance y est moins marquée ‘finance’ qu’au Kirchberg, où se trouvent les bureaux de Pictet Asset Management. L’accessibilité est aussi un élément important. Une grande partie de nos collaborateurs utilisent la voiture pour venir de France ou de Belgique. On perdrait une heure de plus par jour pour rejoindre Luxembourg. Je pense d’ailleurs qu’il y a très certainement un avenir pour des bureaux d’accueil aux abords des frontières, permettant aux frontaliers de commencer la journée en laissant passer le flux de trafic du matin et du soir avant de rejoindre la capitale. » 50 —
des bureaux proches des frontières est liée aux problèmes de mobilité que connaît la capitale. Ceux-ci s’expliquent par son succès économique et par la réalisation d’importants chantiers d’adaptation des infrastructures. Toutefois, si les zones décentralisées se développent, l’attractivité de Luxembourg-ville reste extrêmement forte. En témoignent la poursuite des investissements au niveau du Kirchberg, le développement de la Cloche d’Or, de Howald ou de Leudelange. On ne peut pas parler d’exode. C’est toujours principalement à Luxembourg que l’on fait du business. 80 à 90 % du stock de surfaces de bureaux se trouvent en ville. La décentralisation ne concerne que des activités de support ou des organisations qui emploient principalement des frontaliers, pour répondre à une exigence de meilleur équilibre entre vies privée et professionnelle. Considérant les problématiques de mobilité, les entreprises s’adaptent et trouvent des solutions pour fidéliser leur staff. »
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Jean Wirion
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J. W. « La demande pour l’implantation d’ac-
tivités économiques près des frontières est très importante. Nous pouvons le constater au niveau de notre zone d’activité de Windhof – l’Ecoparc – qui connaît un succès important. Celle-ci s’est développée en quelques années. Aujourd’hui, on n’y trouve d’ailleurs plus de terrains disponibles. Son attrait pousse des promoteurs à envisager de démolir certains hangars pour proposer des bureaux et densifier l’activité. Un projet d’extension de la zone fait son chemin. Tout cela participe à une dynamique très intéressante pour la commune. Le principal vecteur de développement de ces zones d’activité proches des frontières réside dans la facilité d’accès à son lieu de travail. En étant proche de l’autoroute, à quelques kilomètres de la frontière, on répond aux exigences des travailleurs de disposer d’une meilleure qualité de vie. Un des enjeux est aussi de renforcer l’offre de transports en commun pour rejoindre la zone. »
PHOTOS Eric Chenal, Eric Devillet
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