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MAI 2014

Ici, la banque n’a plus de secret


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ÉDITO

Par Jean-Michel Gaudron, rédacteur en chef de paperJam MAI 2014

Ici, la banque n’a plus de secret

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MAI 2014

LEURRES D’ÉTÉ

A

vec les discours sur l’état de la Nation, il en va souvent comme avec les popcorns dans un four à microondes : beaucoup d’agitation au début et un arrière-goût étrange ensuite. Le premier exercice du genre effectué par le Premier ministre, Xavier Bettel, n’a pas dérogé à la règle. Et c’est peu dire qu’il était particulièrement attendu, ce 2 avril, un peu plus de 100 jours après l’entrée en fonction de son gouvernement, lorsqu’il monta au perchoir de la Chambre des députés pour se lancer dans un exercice toujours aussi périlleux… Et encore plus lorsque, comme lui, on est plutôt adepte des interventions courtes. 85 pages, 150.000 signes, presque deux heures de monologue et trois bouteilles d’eau plus tard, Xavier Bettel a davantage laissé de questions en suspens qu’il n’a apporté de réponses. Bien évidemment, faire « l’état de la Nation » ne suppose pas, à la base, que l’on inonde son auditoire – largement plus étendu que les seuls 60 députés et la poignée d’observateurs présents sur place – d’annonces spectaculaires.

La « grande réforme fiscale » prévue pour 2016 ; la révision (ou pas) du mécanisme d’indexation automatique des salaires ; la simplification administrative ; la modernisation du gouvernement : autant « d’annonces », parmi d’autres, qui n’en sont pas vraiment, faute de détails quant à la feuille de route pour y parvenir. Comme autant de leurres pour faire patienter les décideurs économiques et, plus largement, les citoyens, qui ne demandent pourtant pas mieux que certaines pendules soient remises à l’heure, et rapidement. Pour autant, entendre Jean-Claude Juncker, Premier ministre sorti, évoquer une « grande nébuleuse », pourrait prêter à sourire. Lui-même qui, pendant 19 ans, se retrouvait, chaque année, derrière le micro de cette tribune pour se livrer, dans un style bien à lui, au même exercice. Lui-même qui, presque tous les ans – et encore plus ces dernières années, lorsque la dégradation de la situation économique du pays suscitait une attente d’annonces fortes – laissait autant de monde sur sa faim.

« Un gouvernement moderne pour une société moderne. » Voilà comment Xavier Bettel considère le Luxembourg d’aujourd’hui, « un petit pays avec un grand avenir », assure-t-il, reculant un peu plus l’échéance des vraies annonces, celles qui, pour certaines d’entre elles, ne plairont pas, car elles supposent une profonde remise en question. D’ici à l’été, certains coins de voile devraient être définitivement levés. Paradoxalement, l’une des premières mesures fortes que la coalition tricolore a annoncées et actées en ce début d’année a concerné la hausse de la TVA. Dans le programme électoral du DP, cela avait été présenté comme ne devant intervenir qu’en dernier recours. Le parti libéral s’interrogeait alors sur sa réelle nécessité, ignorant son réel « contrecoup économique et social ». Difficile de faire plus joli contre-pied. Prendre les problèmes à l’envers est une tactique comme une autre. Reste à savoir si cela sera efficace pour remettre le pays dans le sens de la marche. Le compte à rebours est lancé…

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SOMMAIRE

SOMMAIRE

MAI 2014 ENTREPRISES

59 MONEY FOR JOB Le recrutement collaboratif en marche

L’arrivée d’une nouvelle plateforme démontre qu’il est encore possible d’innover dans le recrutement en ligne.

ON EN PARLE

12 DISCOURS SUR L’ÉTAT DE LA NATION La touche arc-en-ciel de Xavier Bettel

Le « style Bettel » n’a pas suffi à emporter l’adhésion. Le Premier ministre a parlé de tout dans son premier exercice du genre, mais tâte encore le terrain. Le patronat et l’opposition lui reprochent de n’avoir rien livré de concret. Exception : la réforme du Srel, hautement symbolique.

ÉCONOMIE ET POLITIQUE

19 ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ÉCONOMIE Trouver un nouveau modèle

64 BANQUEROUTES FRAUDULEUSES Grande vie et business parallèle

Dix ans de procédure, avant de faire comparaître et condamner deux notables devant le tribunal correctionnel, pour banqueroute frauduleuse et abus de biens sociaux. Ils confondaient la caisse de quatre crèches et trois restaurants avec leur portefeuille.

68 RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE L’autre facette de la diversité

Emploi et handicap cohabitent de plus en plus, depuis le renforcement du cadre légal, il y a 10 ans. Une journée de sensibilisation aura lieu le 28 avril. L’insertion des personnes handicapées dans le marché du travail reste affaire de démarche volontariste.

Avec le discours du Premier ministre à la Chambre pour contexte, le dernier volet des « états généraux » a pu faire le point sur la compétitivité du pays et le rôle de l’État.

74 START-UP

26 RÉFORME DE LA FONCTION PUBLIQUE

All Square lance une plateforme web dédiée aux golfeurs. Elle connecte pratiquants, clubs et fédérations à travers le monde, mais aussi les marques.

Possible épilogue pour la saga Un accord, revu et corrigé, permet d’entrevoir la fameuse réforme de l’appareil administratif, mais pas les économies espérées. Le ministre Dan Kersch et la CGFP ont trouvé un compromis, notamment sur la revalorisation salariale.

30 CHAMBRE DE COMMERCE Une class action des Soparfi

Des membres contestent la légalité des bulletins de cotisation et soulignent le caractère anticonstitutionnel de la réforme de 2010. Des fonds d’investissement revendiquent le statut de société de participations financières pour payer moins.

Connecter le monde du golf

PLACE FINANCIÈRE

77 ACTIONS AU PORTEUR Gramegna corrige le tir de Frieden

Sortir le Luxembourg de la « non-conformité » et entrer dans le monde de la finance durable est un gros chantier. L’actuel ministre doit recoller les morceaux laissés par son prédécesseur aux Finances.

82 PROTECTION DES SOUSCRIPTEURS DE CONTRATS D’ASSURANCE-VIE

Les coins cassés du triangle de sécurité

Vendre l’assurance-vie luxembourgeoise à l’étranger, avec un secret amputé, ira de pair avec une montée en gamme de la qualité. Les assureurs veulent « moderniser » les règles de protection des souscripteurs. Le fameux triangle de sécurité a souffert du cas Excell Life.

88 ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ÉCONOMIE Ne pas se reposer sur ses acquis

La « nouvelle place financière » espère le soutien d’un gouvernement qui rassure. Mais une autre politique de promotion des compétences luxembourgeoises est souhaitée par tous.

90 CRISE UKRAINIENNE Gare à la roulette russe

La position officielle du Luxembourg dans la crise ukrainienne est claire. En coulisse cependant, on s’inquiète de la tournure des événements pour des relations financières profondément imbriquées.

94 BUSINESS AND LAW Mutations juridiques

L’Université et le marché s’adaptent à un environnement de l’après-crise, qui a favorisé l’explosion de la demande de profils juridiques internationaux et techniquement pointus. Sur le terrain, avocats et réviseurs-conseillers s’opposent et cohabitent.

98 CHANGEMENT DE CAPITAINE Un nouveau chapitre pour François Tesch

Le patron emblématique de Foyer s’apprête à passer le témoin à Marc Lauer. Défenseur du modèle de l’entreprise familiale, il conserve une grande soif d’activités, notamment via Luxempart. MAI 2014 —

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SOMMAIRE

SOMMAIRE COVERSTORY

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Ici, la banque n’a plus de secret L’histoire bancaire mérite que l’on s’y attarde quelque peu. Le présent est truffé de défis mais aussi de promesses. La banque de demain se dessine. Dans tous les cas de figure, derrière les enseignes bancaires, il y a des hommes de métier. Et un métier qui, en évolution constante, n’a plus de secret pour le Luxembourg, dont le savoir-faire est reconnu.

40 HISTOIRE Une vague continue

Le secteur bancaire s’est imposé, au fil des ans, comme l’un des principaux piliers de l’économie nationale. Opportuniste, la place financière a su, en permanence, s’adapter aux évolutions législatives des pays voisins pour être plus attractive.

46 SERGE DE CILLIA (ABBL)

52 CHANGEMENTS

DE CONSOMMATION

De la banque de papa à la banque de données

Les banques testent de nouveaux créneaux technologiques. L’ère du tout numérique et des communautés en ligne bouscule la relation banquier-client. Au Luxembourg de se positionner comme centre d’excellence.

« Notre marché ? 500 millions d’investisseurs ! »

Le futur CEO de l’Association des banques et banquiers prendra ses fonctions au 1er mai, succédant à Jean-Jacques Rommes. La diversification et l’ouverture à l’international constituent, à ses yeux, les deux piliers du succès à venir.

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SOMMAIRE

SOMMAIRE

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CULTURE

Zoom sur Serge Ecker

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LIFESTYLE ET PLUS

DÉSIRS Culture Gastronomie Commerces Sélections Bien-être Interview Style watch

Artiste et spécialiste de la 3D, il signe la future sculpture Melusina qui sera installée le long de l'Alzette à Luxembourg.

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SÉLECTION

Du design et des musées

Utile et futile

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Actualités à manger et à boire

Paul Priestman

GASTRO

Découvrez une recette qui sent bon la Méditerrannée, un fou de rhum, les meilleures adresses pour boire un cocktail ou encore les secrets pour bien conserver son vin.

PARFUMS

DES ARTICLES LES PLUS LUS SUR PAPERJAM.LU DU 7 MARS AU 4 AVRIL 2014 1.  Péages autoroutiers pour frontaliers dès l’été (lu 5.847 fois) Note de la rédaction : beau succès pour notre poisson d’avril en ligne… 2.  Frontaliers victimes de harcèlement fiscal belge (lu 5.160 fois) 3.  Les patrons peuvent lire les emails privés (lu 4.609 fois) 4.  La CSSF dégaine le carnet de commandes (lu 4.409 fois) 5.  Existence en péril pour Orange Luxembourg ? (lu 3.343 fois)

COMMERCE

Dans le cadre de la biennale Design City, nous avons sélectionné cinq lieux et manifestations. L'Invitation aux Musées et aussi l'occasion de belles découvertes.

108 TOP 5

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La bonne odeur

Nous vous présentons quelques nouveaux jus parfumés qui fleurent bon le printemps.

On a testé pour vous un soin des mains à faire chez soi. On vous livre quelques nouvelles adresses de boutiques.

INTERVIEW

À quelques semaines de sa conférence au Mudam, le designer spécialisé dans les transports nous explique les enjeux de ce secteur pour l'avenir.

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STYLE WATCH

Women: the next generation

À l'occasion de la conférence 10x6, nous avons tendu l'objectif uniquement vers des femmes.

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AGENDA

À suivre 0/04

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CARITATIF

ÉCHANGE DE VUES

Croix-Rouge : le mois du don

Où l’on reparle de Cargolux

Photo : Cargolux

Suite à une demande du groupe CSV à la chambre, fin mars, la Commission du Développement durable (présidée par Josée Lorsché, Déi Gréng) et celle de l’Économie (présidée par Franz Fayot, LSAP), procèderont à un échange de vues avec des représentants gouvernementaux au sujet des évolutions récentes dans le dossier Cargolux. Cette réunion intervient deux jours avant le vol inaugural de la liaison Luxembourg-Zhengzhou autour duquel devrait être officiellement scellée la reprise des 35 % du capital de la compagnie aérienne par le groupe chinois HNCA.

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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

RTL soigne ses actionnaires

Luxempart : 10 % de mieux pour le dividende

Le groupe de médias européen, basé au Kirchberg, tient son assemblée générale annuelle à l’occasion de laquelle les actionnaires devraient valider le principe d’un dividende par action de 7 euros. En mars ? RTL Group avait annoncé une progression du résultat d’exploitation de 6,9 % pour atteindre 1,152 milliard d’euros, générant une marge de 19,6 %.

Photo : Olivier Minaire

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COMMISSION

Les comptes de la Chambre

Photo : archives paperJam

Après presque 30 années passées à la tête du groupe d’assurances, François Tesch cède son fauteuil de CEO à l’issue de l’assemblée générale annuelle des actionnaires. Il devrait néanmoins conserver un pied dans la gouvernance de l’entreprise, puisqu’il postulera pour la présidence du conseil d’administration, laissée vacante par le départ en retraite de Henri Marx (lire notre article en page 98).

La Chambre des députés prend son temps pour valider ses propres comptes. La Commission ad hoc (présidée par Marc Lies, CSV), qui se réunira fin avril, présentera et soumettra à l’adoption un projet de rapport relatif aux comptes pour l’exercice 2012… — MAI 2014

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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

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Foyer : François Tesch passe la main

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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Photo : RTL

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Photo : Luxempart

Du 1er au 30 avril 2014, le Grand-Duché de Luxembourg se mobilise en faveur de la Croix-Rouge luxembourgeoise dans sa lutte contre les crises familiales. Drapeaux, affiches, dépliants, actions de rue, événements de bienfaisance et, surtout, plus de 2.000 quêteurs bénévoles qui font du porte-à-porte à travers le pays pour collecter des dons en faveur de la Croix-Rouge.

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MISSION ÉCONOMIQUE

Trois jours à Varsovie

Photo : DR

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Tour d’horizon des événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines au Luxembourg.

Trois semaines après la publication de ses résultats 2013, Luxempart tient l’assemblée générale de ses actionnaires. Il y sera proposé le paiement d’un dividende brut de 0,9077 euro, en hausse de 10 % par rapport à ce qui avait été versé pour le compte de l’exercice 2012.

La Chambre de commerce, le ministère de l’Économie, celui des Finances, l’Ambassade du Luxembourg à Varsovie et les agences de promotion Luxembourg for Business et Luxembourg for Finance s’associent pour une mission économique multisectorielle à Varsovie. La délégation passera trois jours à Varsovie et les échanges seront focalisés sur la finance, la logistique, les énergies renouvelables, l’ICT, les technologies spatiales, les technologies des matériaux et de la santé.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

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DISCOURS SUR L’ÉTAT DE LA NATION

On l’attendait sans doute plus décalé. Mais, respectant le protocole, Xavier Bettel a dû brider sa verve dans la solennité de circonstance.

LA TOUCHE ARC-EN-CIEL DE XAVIER BETTEL

TVA, chômage des jeunes et des vieux, indexation : le Premier ministre a parlé de tout dans son premier discours sur l’état de la Nation, mais teste encore le terrain. Le patronat et l’opposition lui reprochent de n’avoir rien livré de concret. La « Bettel touch » est restée discrète. Hautement symbolique, le projet de réforme du Service de renseignement de l’État a été une des rares mesures concrètes présentées par le chef du gouvernement.

Texte Véronique Poujol et Alain Ducat Photos Christophe Olinger

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Avant son entrée en scène, le Premier ministre avait encore l’air détendu, malgré le trac induit par tous les regards médiatico-politico-citoyens.

S

ans doute les attentes étaient-elles trop élevées. Chacun (sauf sans doute l’opposition, emmenée par un Jean-Claude Juncker qui restait le seul référent de l’exercice depuis longtemps) espérait voir dépoussiéré le discours sur l’état de la Nation par la « Bettel touch », le style séduisant du sémillant Premier ministre. Mais peut-être l’importance de l’enjeu a-t-elle fait un peu monter la pression : Xavier Bettel, avec une mise en forme pas vraiment décalée par rapport au protocole qui fige le grand oral, est resté « en dedans ». Et le fond, plus collectif et directement dérivé du programme gouvernemental triangulaire, n’a pas suffi à faire décoller l’ensemble et à emporter l’adhésion des foules… Quatre mois après la prise de fonction du gouvernement de coalition inédite (DP, LSAP et Déi Gréng), le premier discours du genre n’aura donc pas été le discours du Premier. Quant au contenu, au potentiel de changement des annonces, la déception est palpable, tant chez le patronat que dans l’opposition. Le reproche majeur tient dans l’absence de mesures concrètes nouvelles. La hausse de la TVA, de 15 à 17 % pour le taux normal à partir du 1er janvier 2015, cela avait été annoncé une semaine plus tôt, jusque dans la presse. Le volet financier du discours était connu à l’avance ; personne n’a été étonné d’entendre Xavier Bettel dire que les « incohérences » des taux de TVA frappant les boissons alcoolisées allaient être corrigées. Ces séquelles de l’État CSV cachaient à peine un coup de pouce aux viticulteurs mosellans (hors des spécialistes du crémant), voire une incitation à la consommation : les vins « t ranquilles » (ceux qui n’ont

Selon Jean-Claude Juncker, Xavier Bettel a, de l’avenir du pays, « des idées imprécises » et « aucun projet concret ».

pas de bulles) étaient taxés à 12 %, contre 15 % pour les autres boissons alcoolisées. Le taux sera donc harmonisé. Le gouvernement de Xavier Bettel maintient la TVA super réduite à 3 % sur les produits de première nécessité (deux tiers des produits vendus dans les supermarchés bénéficient de ce taux de faveur, qui avait été arraché en 1991 à Bruxelles), ceux « que chacun a dans son frigo », développe le Premier ministre dans sa verve retrouvée, ainsi que dans le secteur de l’hôtellerie-restauration et sur les logements principaux. En revanche, la spéculation immobilière devra participer à l’effort de guerre, même sous un gouvernement dominé par les libéraux : les logements destinés à la location seront frappés à 17 %. « Une catastrophe ‘fait maison’ pour le marché immobilier », a aussitôt réagi la Fédération des artisans, qui considère, avec une certaine mauvaise foi d’ailleurs, que « l’abandon du taux TVA super réduit pour les résidences secondaires et les investissements dans le logement locatif est contraire à la priorité que le gouvernement affiche en matière de création de logements ». La date de l’entrée en vigueur de la grande réforme fiscale, en chantier dans les ateliers de Pierre Gramegna – jusqu’à présent, elle n’a pas fait l’objet d’indiscrétions –, était connue elle aussi, puisque les socialistes, lors de leur congrès, avaient indiqué qu’elle interviendrait au 1er janvier 2017. Le style Xavier Bettel, celui du négociateur habile, s’est quand même montré dans la prudence accordée à certains sujets plus touchy, en particulier pour ses partenaires. Une façon de montrer que son gouvernement de coalition est uni, au risque de se faire reprocher, sur ses terres libérales,

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

N ON ELE PAR

Xavier Bettel a repris le flambeau de l’exercice oratoire que plombe le discours politique. Le fond n’a pas convaincu le vieux renard Jean-Claude Juncker, longtemps titulaire de la tribune.

RÉFORME DU SREL

Tout un symbole

une reculade sur les principes… Ainsi, sur l’indexation des salaires, qui fait florès au LSAP, le Premier ministre n’a pas livré ses véritables intentions sur le maintien de la modulation actuelle (un saut par an) et il a botté en touche, vers une négociation à l’été avec les partenaires sociaux. Le Premier ministre a toutefois prévenu : il ne tolèrera pas de dérapage de l’inflation, jusqu’ici plutôt sage. Mais la hausse de la TVA va fatalement se répercuter sur les prix et le budget des ménages… Attention, équation délicate ! Touche bleue et orange noire

La touche « bleue » du discours, qui fut en même temps un encouragement donné au ministre des Finances, Pierre Gramegna, se retrouve dans l’expression de cette « fierté » de faire appel à des consultants externes pour aider son gouvernement à réformer les finances publiques et entrer dans la déjà fameuse « révolution copernicienne » budgétaire, après le triple choc que l’économie luxembourgeoise devra affronter (échange automatique d’informations, hausse de la TVA et perte des recettes – 800 millions d’euros – en provenance du commerce électronique). Il n’y a pas de honte, a dit en substance Xavier Bettel, à faire appel à des Big Four ou à McKinsey pour aider son gouvernement à réaliser la refonte de son architecture budgétaire et la gouvernance en matière de finances publiques. Ce discours rappelle certains accents mis par la Chambre de commerce dans son avis sur le projet de budget 2014, saluant « l’initiative du ministère des Finances de recourir aux conseils et services d’un consultant de renommée internationale ». « Ces experts pourront notamment, dans un délai très court, fournir au gouvernement des exemples de meilleures pratiques existant à l’étranger en matière d’architecture et de gouvernance budgétaire, d’identification de poches d’efficiences et d’économies budgétaires », écrit l’organisation patronale. Si c’est une question de point de vue, c’est un angle libéral. Il ne fallait pas s’attendre à une pluie d’éloges de l’opposition. Les deux heures de discours de Xavier Bettel ont d’abord ausculté l’état de santé d’un pays que son prédécesseur du CSV n’a pas laissé dans une situation confortable. Mais l’absence de remède ou de potion magique a servi la critique politique sur un plateau. « Le programme du nouveau gouvernement est précis en ce qui concerne tout ce que l’ancien gouvernement avait entrepris. Sinon, je n’ai rien vu de nouveau » :

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On attendait une annonce forte et symbolique du premier discours sur l’état de la Nation de Xavier Bettel. Elle est venue… de la réforme du Service de renseignement de l’État. Le contrôle du fameux Srel sera renforcé, ses méthodes clarifiées et surtout son rôle dans l’espionnage économique précisé. En marge de son intervention, le Premier ministre a fait l’annonce et déposé le même jour le projet de loi qui va modifier le texte de 2004. Celui-là même qui, par son imprécision et les dérives qu’il avait entraînées, fut à l’origine de la chute de Juncker et de son gouvernement. Comme une boucle bouclée… « Pour éviter qu’à l’avenir des dysfonctionnements puissent encore se produire dans le service, le contrôle sera complètement réorganisé », a déclaré M. Bettel. En interne, cela se traduira par la mise en place d’un auditeur indépendant. En externe, la réforme prévoit l’introduction d’un délégué au Service de renseignement, en charge du contrôle de son fonctionnement. « Aucun secret ne peut lui être opposé », souligne le projet de loi. « Il dispose d’un pouvoir propre d’investigation et de contrôle à l’intérieur du Srel, sans pour autant s’immiscer dans l’exécution journalière des missions. » Au-dessus de cet édifice siègera un comité ministériel (composé du Premier ministre, DP, du ministre de la Justice, Felix Braz, Déi Gréng, et du ministre ayant dans ses attributions la Sécurité intérieure, Étienne Schneider, LSAP) pour fixer « l’orientation générale » et coordonner les activités. Xavier Bettel veut éliminer les zones d’ombre, qui ont permis à certains agents du Srel de fonctionner comme des électrons libres. Il veut notamment définir clairement les moyens du service, ses méthodes (il y aura une gradation en fonction de leur caractère intrusif) ainsi que l’accès aux informations par ses membres. Il sera octroyé davantage de ressources : les effectifs, actuellement limités à 60 personnes, passeront à 65 ; et on placera le curseur sur le recrutement d’agents chargés de la lutte anti-terroriste, le contre-espionnage et l’ingérence économique. L’ingérence économique : c’est la nouvelle formule qui va dessiner les contours de l’intervention du service et mieux cadrer ses agents. Le projet de loi « propose d’ajouter à la défense du potentiel économique la notion de la défense des intérêts économiques contre des menaces visant le Luxembourg ». Les termes « intérêts économiques » entendent « mieux tenir compte de la réalité de la menace de l’espionnage économique et industriel, permettant ainsi de mieux protéger le fonctionnement de l’économie nationale », précise le texte. Autre nouveauté dans le dispositif : le caractère « offensif » de l’espionnage économique et industriel. « Il convient d’ancrer la mission du Srel dans une base légale plus solide, c’est-à-dire plus explicite, ceci afin qu’il puisse légitimement recourir à des moyens opérationnels pertinents. » V. P.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

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l’ancien Premier ministre, Jean-Claude Juncker, devant les journalistes, a pu servir le ton de l’orange amère, voire noire, peu après le discours très attendu de son successeur. Les déclarations d’intention sur l’indexation des salaires, sujet que l’on pensait chaud et sur lequel on s’attendait à des annonces de la part du chef du gouvernement, ont été présentées par Jean-Claude Juncker comme « une grande nébuleuse ». Bettel a, de l’avenir du pays, « des idées imprécises » et « aucun projet concret », a fait savoir l’ancien chef du gouvernement en écho à Claude Wiseler, le président adjoint de la fraction parlementaire CSV : « J’attendais ce discours avec impatience, mais je n’ai pas été satisfait, les grands sujets importants pour l’avenir du GrandDuché comme le travail, l’emploi ou le rééquilibrage des finances publiques n’ont pas été abordés », a-t-il déclaré. Mais ce serait faire un mauvais procès au Premier ministre DP que d’affirmer urbi et orbi que son discours sonnait creux et apparaissait comme « une répétition générale » du programme gouvernemental livré en décembre et la poursuite du programme dessiné par le CSV, notamment sur le volet de la place financière. Signes de normalisation

Car le Premier ministre a rappelé l’importance qu’il attachait à la réputation de la place financière, à l’heure de la disparition du secret bancaire et de l’échange automatique d’informations fiscales. Xavier Bettel et son gouvernement le disent haut et clair : ils s’engagent à « tout faire » pour améliorer la réputation de la Place et sortir le pays de la « case de non-conformité » dans laquelle il a été classé l’automne dernier par le Forum mondial sur la transparence. Parce qu’il veut une place financière irréprochable, le Premier ministre a confirmé que le gouvernement renonçait à l’introduction des intérêts notionnels, comme le pratique la législation belge. Attendu sur ce tournant-là aussi, Xavier Bettel n’a pas livré d’autres commentaires, sauf que « le jeu n’en vaut pas la chandelle » et que le système engendrerait, selon lui, plus de déchets fiscaux que de rentrées de recettes… Ce renoncement à une niche fiscale, plutôt controversée, fait figure de symbole : c’est le pari d’une normalisation de la place financière, d’un pays qui « rentre dans le rang » et doit miser sur la qualité et le sérieux de ses produits et de son expertise plutôt que sur des subtilités liées à

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Le style Xavier Bettel a laissé de la prudence accordée à certains sujets plus « touchy » pour ses partenaires.

son culte du secret. Dans cette logique, Xavier Bettel a annoncé la mise en place « dans les prochaines semaines » d’une direction chargée des questions de compliance et de gouvernance au sein du ministère des Finances. Ce qui permettra de rompre avec les pratiques du prédécesseur de Pierre Gramegna… Lequel prédécesseur visé, Luc Frieden, redevenu député CSV, a eu beau jeu d’envoyer, pendant le discours de Bettel à la Chambre des députés, un tweet… Il y disait sa reconnaissance au Premier ministre de « confirmer (sa) stratégie pour renforcer Luxembourg comme un vrai centre financier international ». Faut-il rappeler que l’ancien ministre des Finances n’avait pas hésité à placer son chef de cabinet, Sarah Khabirpour, à la présidence du conseil de la Commission de surveillance du secteur financier et la faire siéger dans les conseils d’administration de la Bil et de la Bourse de Luxembourg, tombant sous le contrôle de ladite CSSF ? En dehors de toute polémique, on pourra sans doute voir aussi, un autre signe du « changement de paradigme », dans le retocage par Pierre Gramegna du projet de loi sur les actions au porteur, qui n’allait pas assez loin aux yeux des experts du Forum mondial sur la transparence (voir en page 81). La place financière change. Et elle va devoir muer en un centre comme les autres, qui se trouvera un petit quelque chose de plus. Le syndrome post-secret bancaire commence à frapper. Là, c’est moins libéral. Les verts et les rouges étaient bien, eux aussi, en filigrane de ce fameux discours sur l’état de la Nation. Un discours historique à plus d’un titre. Après tout, c’était la première fois qu’il était diffusé en trichromie. « Mais pas en relief », raille l’opposition. En attendant, cette étape-là est franchie. Xavier Bettel a tout du caméléon. Et, retrouvant au fil du discours un peu de sa facilité d’homme de parole, il a pu faire espérer l’arc-en-ciel. Celui qui amène le soleil après la pluie. Il faudra juste voir ce que la météo réserve derrière…

Le premier discours sur l’état de la Nation prononcé par Xavier Bettel était très attendu. Peut-être trop. Il ne s’est pas profondément démarqué sur la forme, bien qu’imposant un style plus dynamique. Et sur le fond, il a manqué des accents de surprise, le contenu étant déjà bien connu par ailleurs.


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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Économie & politique

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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

États généraux de l’économie

TROUVER UN NOUVEAU MODÈLE LUXEMBOURGEOIS Le discours sur l’état de la Nation a servi de fil rouge au dernier volet des états généraux de l’économie. Un contexte idéal pour faire le point sur la compétitivité du pays et le rôle de l’État.

Photo : Christophe Olinger

Le modèle du dialogue luxembourgeois pourrait renaître via des schémas de projets participatifs unissant secteur privé et public, décideurs et citoyens.

On aurait pu s’attendre à une discussion entre experts sur les mesures techniques à mettre en place pour assurer la croissance du pays ou faire remonter sa compétitivité. Mais il était plutôt question de grandes orientations et impulsions lors du dernier volet des états généraux de l’économie organisés par le paperJam Business Club le 2 avril dernier, dans les installations de l’auditorium de BGL BNP Paribas. Mais la teneur des discussions n’était pas tout à fait due au hasard puisqu’elles se déroulaient quelques heures après le premier discours sur l’État de la Nation prononcé par le Premier ministre Xavier Bettel à la Chambre. « Nous n’avons pas appris de nouvelles informations, notait en substance Nicolas Soisson, le directeur de la Fedil en réaction à cette intervention. Il s’agissait d’un rappel du programme et de la déclaration gouvernementaux. » Attentifs aux annonces de Xavier Bettel, les observateurs semblent être restés sur leur faim quant aux solutions pour améliorer la compétitivité tant recherchée afin de permettre au pays de soutenir la comparaison face aux concurrents voisins et plus lointains.

« L’industrie luxembourgeoise est très ouverte sur l’international, il est donc grand temps de s’attaquer aux coûts qui touchent les acteurs du secteur, dont ceux relatifs à l’énergie qui ont explosé durant les dernières années », ajoutait Nicolas Soisson. L’attente se fait aussi sentir au sujet de pistes permettant d’amener d’autres sources de recettes fiscales à l’État, en complément des quatre secteurs privilégiés dans le cadre de la diversification économique du pays. «  I l faut bien entendu continuer à les soutenir, mais ils ne représentent que 10 % du PIB, déclarait Carlo Thelen. Il faut mettre de l’huile dans le moteur de toute l’économie en pensant par exemple à des mesures en faveur des PME ou encore le tourisme. » Unir autour d’une vision commune

Satisfait de constater que le gouvernement s’attaque aux problématiques budgétaires, le directeur général de la Chambre de commerce l’est aussi au sujet de l’annonce de modernisation de l’État et de la simplification administrative. « L’État doit fonctionner selon une approche client

et être un partenaire lors de projets menés avec le secteur privé », ajoutait Carlo Thelen. Il fut d’ailleurs aussi beaucoup question durant le débat de l’union des forces vives du pays vers un même objectif, celui de la pérennisation de sa croissance. Mais encore faut-il partager la même vision, le même état des lieux. « Ces dernières années ont été marquées par une redistribution des richesses puis un creusement des fossés entre différentes catégories au sein de la population, relevait Raymond Schadeck, membre du collectif 5 vir 12. Le rôle de l’État doit être d’expliquer à la population dans son ensemble d’où venaient ses richesses, que certaines niches qui les généraient sont amenées à disparaître et qu’il faut entamer un effort collectif. » L’heure serait donc à la mobilisation générale, tout en sachant que chacun devra faire des compromis. « On peut encore les faire de façon relativement indolore et les répartir d’une façon égalitaire si l’on s’y prend à temps », notait Carlo Thelen. Mobilisation et innovation sont les maîtres mots qui devraient animer l’action étatique à l’avenir selon les propos échangés durant la soirée. D’autant que les financiers existants permettraient de tester de nouveaux créneaux de développement. « Il faut regrouper les participations de l’État dans une structure commune qui serait gérée de façon professionnelle en la rendant accessible aux citoyens », proposait Raymond Schadeck. Décrit plusieurs fois comme moribond, le modèle du dialogue luxembourgeois pourrait renaître de ses cendres via des schémas de projets participatifs unissant secteur privé et public, décideurs et citoyens. Les échanges organisés durant les quatre sessions des états généraux de l’économie ont en tout cas montré que la volonté de faire progresser la cause commune existe. Au gouvernement de réaliser la synthèse de ce dynamisme, en mettant en place le cadre propice pour que chacun et chaque société puissent s’épanouir. T. R.

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LUXEMBOURG ET SINGAPOUR

Focus sur l’ICT et la finance La première visite au Luxembourg, fin mars, du Premier ministre singapourien, Hsien Loong Lee, a permis aux deux pays d’affirmer leur volonté de se poser en tant que portes d’entrée sur leur continent respectif, ou tout le moins vers leur organisation politique régionale. Des accords bilatéraux à venir devraient notamment permettre la multiplication de passerelles pour les services financiers, le secteur de l’ICT et la logistique. « Luxembourg est une place idéale pour faire des affaires en Europe », a témoigné M. Lee. Une délégation ICT luxembourgeoise se rendra à Singapour en mai, une mission financière en juillet.

Cour des comptes

Dépenses publiques : s’inspirer de la France La Cour des comptes a profité de son avis rendu sur le projet de budget 2014 pour partager ses vues sur la réforme de l’architecture budgétaire.

ÉLECTIONS EUROPÉENNES

Un code de bonne conduite pour les partis La quasi-totalité des partis politiques engagés dans la campagne des élections européennes du 25 mai prochain (ADR, CSV, Déi Gréng, DP, LSAP et PID, seul manque le parti Pirate) a signé un code de bonne conduite dans lequel ils promettent de se respecter mutuellement et de limiter à 65.000 euros leurs dépenses publicitaires, tous supports confondus. La campagne, elle, débutera officiellement le 5 mai, alors que les affiches de campagne pourront être collées dès le 2 mai.

TAXE AUTO

Le patron des douanes pour une hausse ! S’exprimant devant les membres de la Commission des finances et du budget pour présenter l’évolution des recettes de l’Administration des douanes et accises (Ada) en 2013, Alain Bellot, le directeur de l’Ada, s’est montré favorable, à titre personnel, à une augmentation de la taxe sur les véhicules automobiles, qui est de loin inférieure à celle qui est appliquée dans les autres pays de l’UE. Cette taxe a rapporté 60,9 millions d’euros en 2012 et 67,9 millions d’euros en 2013. Pour 2014, le montant prévu est de l’ordre de 67 millions d’euros, ce qui reste marginal comparé aux 934 millions attendus, par exemple, sur l’essence et le gasoil.

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Photo : Christophe Olinger

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Dans l’exercice traditionnel d’analyse du projet de budget, la Cour des comptes a également fait une longue digression sur le modèle français de la loi de finances, dont le gouvernement luxembourgeois pourrait s’inspirer pour améliorer l’efficacité de la dépense publique, mais aussi davantage impliquer et mieux informer le Parlement. C’est d’ailleurs le fil rouge de son avis, qui critique le « cloisonnement » de la réforme budgétaire envisagée par le gouvernement Bettel au niveau du ministère des Finances, avec le concours de consultants externes comme McKinsey et « sans la collaboration active de la Chambre des députés ». La Cour des comptes propose la mise en place d’une task force composée de fonctionnaires du ministère des Finances et de délégués mandatés par la Chambre des députés

pour écrire la partition de la réforme de l’architecture budgétaire du Luxembourg. Sans oublier un élargissement des compétences de la Cour des comptes : « Dans un souci de transparence et afin d’affirmer davantage le rôle de la Chambre des députés en matière de contrôle budgétaire, il serait opportun que la Cour des comptes participe, à l’image de la Cour des comptes allemande, à l’élaboration du budget de l’État. » Par ailleurs, la Cour des comptes préconise, à l’instar de la réforme qu’a engagée la France, de réformer « en profondeur » la direction du contrôle financier. « Il importe surtout, note encore l’institution, que les agents et fonctionnaires impliqués par cette réforme dans les différents ministères, administrations et services publics, adhèrent à ce nouveau concept. Autrement, on risque de se retrouver avec un projet mort-né et de faire une réforme vouée à l’échec dès le début. »


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STANDARD & POOR’S

Le triple A confirmé Fin mars, l’agence de notation américaine Standard & Poor’s a confirmé le AAA du Luxembourg, associé à une perspective stable. À court terme, la dette luxembourgeoise porte la note A-1+. Cette décision s’inscrit dans la continuité des récentes publications des deux autres agences internationales, Fitch et Moody’s, qui avaient respectivement confirmé puis renforcé leur notation maximale du Luxembourg en début d’année. Seuls neuf autres pays au monde affichent une telle performance (Allemagne, Australie, Canada, Danemark, Finlande, Norvège, Singapour, Suède et Suisse). Photo : Licence CC

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ENQUÊTE FISCALE

Sur la piste des avoirs cachés de Bernard Arnault Le milliardaire français Bernard Arnault, qui contrôle LVMH, est dans le collimateur du fisc français, qui cherche à remonter la piste de ses avoirs, et pas seulement en Belgique, mais aussi au Luxembourg. Bercy s’intéresse surtout à deux sociétés de participations, Scheffer Participations et Delcia, pour lesquelles des demandes de renseignements ont été récemment lancées au Grand-Duché. Validées dans un premier temps par l’Administration luxembourgeoise des contributions directes (ACD), ces demandes ont fait l’objet d’un recours de la part des deux sociétés. Mais ces recours ont été « radiés » par des jugements du Tribunal administratif, début mars, suite à un arrangement entre les deux parties, l’avocat des deux sociétés d’un côté et l’ACD de l’autre.

Protection des données

Max Schrems attaque la CNPD L’étudiant autrichien Max Schrems et son ONG, europe-v-facebook.org, déjà en procès depuis deux ans avec Facebook qu’ils accusent d’enfreindre les règles de protection des données, attaquent la Commission nationale de protection des données (CNPD) devant le Tribunal administratif. Max Schrems avait saisi l'institution en 2013 afin qu'elle enquête sur le respect des droits et libertés fondamentaux à l’égard des traitements de données réalisés par Skype (dont le siège est au Luxembourg) et Microsoft Luxembourg. La position de la CNPD – qui, ayant limité son investigation au seul périmètre du Grand-Duché, n’a pas été en mesure de confirmer ou réfuter l’existence des programmes de surveillance massive d’internet – avait été très critiquée par l’ONG. Elle avait jugé « contradictoires » les approches de la CNPD, d'une part, et de la Commission européenne, d'autre part, notamment au sujet des accords américains de protection des données, Safe Harbor, signés en 2000. La première considère que le programme américain Prism de surveillance massive des communications trouve une sorte de base légale dans ces accords, alors que la seconde a clairement fait savoir qu’en aucun cas ces accords ne couvrent ce programme Prism. « Une clarification est nécessaire », estime l’ONG fondée par Max Schrems, en appelant à une réaction musclée, « conséquente » et uniforme des Européens à l’égard des États-Unis.

IMMOBILIER DE BUREAUX

Objectif 1 milliard en 2014 Présent en force à l’occasion du 25e salon international des professionnels de l’immobilier (Mipim, à Cannes) à la mi-mars, le Luxembourg n’a pas manqué, une fois de plus, de mettre l’accent sur les solutions et véhicules made in Grand Duchy pour valoriser des investissements dans l’immobilier. « L’immobilier est redevenu une valeur refuge. Cela donne un marché dynamique, avec des interlocuteurs sérieux, des fonds accumulés et une valorisation des professionnels du secteur immobilier », commente Vincent Bechet, CEO de Property Partners, qui table sur un volume d’investissement supérieur au milliard d’euros.

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FRAUDE TVA AUX QUOTAS CO2

PIGE PUBLICITAIRE

Le Luxembourg épargné

Une dernière sans internet

Selon le ministre des Finances, Pierre Gramegna, le Luxembourg n’a pas vraiment été « touché » par le phénomène de fraude carrousel TVA mis à jour autour des transactions de quotas d’émissions de CO2 en 2009. Il a, à l’occasion d’une réponse à une question parlementaire, salué le travail de l’Administration de l’enregistrement et des domaines qui, par une « réaction rapide et efficace de son service antifraude », a évité une perte de recettes TVA. Selon Interpol, cette fraude a généré quelque 5 milliards d’euros de manque à gagner pour les pays appliquant la TVA sur les quotas de gaz à effet de serre.

Le dernier Luxembourg Ad’Report de MediaXim sur les investissements publicitaires dans le pays fait état d’un recul de 7,6 % (à 151,9 millions d’euros) en 2013. Un chiffre toutefois largement biaisé par l’absence de données concernant internet. Si les supports « papier » sont toujours les plus sollicités (67 % des investissements), presque tous sont en baisse, sauf les « périodiques » (+0,1 %), catégorie dans laquelle sont notamment classés les magazines édités par Maison Moderne. La « pige », sous cette forme, n’existera désormais plus, puisque son commanditaire, l’État, a décidé, pour des raisons d’économie, de ne plus la financer.


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BUDGET DES MÉNAGES

MUTUALITÉ DES EMPLOYEURS

Haro sur la hausse de la TVA

Le poids de l’alimentation

Un financement à reconstruire

L’Union luxembourgeoise des consommateurs (ULC) regrette la décision du gouvernement de procéder à une hausse de la TVA qu’elle juge « déloyale » vis-à-vis des consommateurs, touchés dans leur pouvoir d’achat. Elle s’étonne que le gouvernement n’ait pas envisagé la possibilité de percevoir d’autres recettes, par exemple dans le secteur financier. La décision étant actée, l’Union demande aux représentants de l’artisanat et du commerce de ne pas profiter de cette hausse de la TVA pour imposer « des hausses de prix déloyales aux consommateurs ».

Si l’inflation nationale a fortement diminué en 2013 au Luxembourg, en raison du net recul des prix des produits pétroliers, elle reste encore dans la fourchette haute des pays européens, constate, dans son dernier rapport, l’Observatoire des prix. L’institution constate notamment que les fournitures alimentaires, ainsi que les biens et services, sont responsables de « presque la moitié de l’évolution des prix à la consommation. Les prix dans le secteur de l’Horeca ont aussi fortement contribué au taux d’inflation, ceci peut être expliqué de nouveau par la flambée des produits alimentaires. »

Inquiétude du côté des employeurs, alors que le projet de budget de l’État ne prévoit pas de modification du taux d’intervention de financement de la Mutualité des employeurs, l’organisme qui rembourse aux entreprises la majeure partie (80 %) du coût de l’absentéisme de leurs salariés pour cause de maladie. Cela représente un trou à combler de 45 millions d’euros sur les 86 millions de budget de fonctionnement. Une somme qui sera donc prélevée sur les réserves, lesquelles seront alors épuisées. Conséquence directe : une inévitable hausse des cotisations versées par les entreprises à la Mutualité, ce que l’Union des entreprises luxembourgeoises considère comme étant une hausse d’impôt déguisée. Le secrétaire général de l’UEL, Nicolas Henckes (également président de la Mutualité), regrette le « non-respect des engagements de l’État ».

UNION DES CONSOMMATEURS

AIDES FINANCIÈRES AUX ÉTUDIANTS

110 millions pour 25.000 étudiants

Photo : Jessica Theis (archives)

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Marc Hansen est passé, en quelques semaines, de la direction du Lëtzebuerger Journal à un poste de secrétaire d’État.

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Suite à une question parlementaire de Martine Hansen (CSV, précédemment ministre de l’Enseignement supérieur), l’actuel titulaire au portefeuille, Claude Meisch (DP), a détaillé le mécanisme d’allocation des bourses d’études, nouvelle mouture, pour les étudiants, devant entrer en vigueur à la prochaine rentrée universitaire. Le ministère s’est basé sur 16.000 étudiants résidents et une population de 9.000 étudiants non résidents, pour lesquels sera versé un total de 109.586.250 euros.

Remaniement gouvernemental

Bauler s’en va, Hansen arrive Pour des raisons de santé, le secrétaire d’État à l’Éducation nationale, à l’Enfance et à la Jeunesse, à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, André Bauler (DP), âgé de 50 ans, a décidé de quitter ses fonctions gouvernementales. Il a été remplacé par l’ancien journaliste Marc Hansen (43 ans), l’ancien directeur du Lëtzebuerger Journal, élu député lors des dernières élections législatives, et qui prend ainsi encore un galon supplémentaire après avoir endossé la présidence de la Commission des finances et du budget à la Chambre. Deuxième score du DP au Nord lors des législatives, André Bauler ne quitte pas pour autant la scène politique, puisqu’il a choisi de réintégrer son siège de député.

RAPPORT WTTC

Le tourisme en croissance Selon le dernier rapport du World Travel & Tourism Council (WTTC) sur l’importance économique et sociale de l’industrie du tourisme et des voyages, la contribution de ce secteur au Luxembourg a atteint 6,5 % du PIB, soit près de 3 milliards d’euros en 2013. Pas loin de 20.000 emplois (19.688) sont concernés, soit 8,7 % de l’emploi total, pour des investissements de 1,4 milliard d’euros.


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Réforme de la fonction publique

POSSIBLE

ÉPILOGUE

POUR LA

SAGA

Un accord revu et corrigé permet d’entrevoir la fameuse réforme de l’appareil administratif. Mais pas les économies espérées. Le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, Dan Kersch, et la CGFP ont trouvé un compromis sur une nouvelle mouture du projet, notamment sur la revalorisation salariale. Si tout va bien, le feuilleton pourrait se finir en même temps que l’année.

Texte Laurent Moyse

A

u Luxembourg, le poids de la fonction publique est tout sauf négligeable, à plus d’un titre. Moderniser la fonction publique est donc, par nature, un exercice épineux… Le dossier traîne depuis des années déjà. En mai 2007, le gouvernement CSV-LSAP adoptait un plan d’action en matière de réforme administrative, lequel s’inscrivait dans un projet plus vaste de modernisation de l’État. Ce plan d’action reposait sur trois

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axes : le management par la qualité, qui prévoyait une procédure d’autoévaluation des services de la fonction publique, la gestion des relations avec les citoyens ainsi que l’implication et la motivation du personnel. Ce dernier axe incluait notamment l’élaboration d’un code de déontologie, des entretiens de développement professionnel et le renforcement des « compétences comportementales, sociales et relationnelles ». La perspective d’une évaluation, à l’instar

de ce qui se pratique dans le secteur privé, déplut cependant fortement aux syndicats, qui tentèrent de faire barrage contre une partie des mesures envisagées. À l’issue de négociations laborieuses, menées sous l’égide des ministres chrétiens-sociaux François Biltgen et Octavie Modert, la coalition CSV-LSAP – qui avait entre-temps été reconduite en 2009 – conclut un double accord avec la CGFP le 15 juillet 2011. Le premier volet portait notamment sur une simplification du


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Photo: archives paperJam

L’accord salarial concerne plus de 24.000 personnes travaillant dans la fonction publique, auxquelles s’ajoutent plus de 30.000 autres agents assimilés.

système des carrières, avec la création de quatre catégories de traitement, une réforme du stage dont la durée était augmentée à trois ans, une gestion par objectifs, un système d’appréciation des compétences personnelles et professionnelles ainsi que la création d’un poste de médiateur au sein de la fonction publique pour permettre aux agents de l’État d’exercer un recours en cas de conflit avec leur hiérarchie. Le second volet était d’ordre salarial : il prévoyait la suppression de l’impôt de crise

de 0,8 % à partir du premier janvier 2012, l’allocation d’une prime unique de 0,9 % versée en juillet 2012 et la hausse des rémunérations de 2,2 % à partir du premier janvier 2013. La satisfaction qu’affichèrent les deux parties négociatrices s’effaça vite devant la pluie de critiques portant sur la substance même de ce compromis. Au Parlement, une majorité de députés considéraient que la perspective d’augmenter les traitements des fonctionnaires cadrait mal avec la volonté du gouvernement

Directement en lien avec le citoyen et au service du pays, le monde de la fonction publique n’en reste pas moins délicat à manier et très cloisonné.

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de diminuer les dépenses de l’État en vue de réduire le déficit budgétaire. Dans les milieux syndicaux, certaines des propositions furent vivement dénoncées car considérées comme contre-productives.

DÉCODAGE

Désaccords syndicaux

Une version allégée, une dépense supplémentaire

Désavoué, le gouvernement fut contraint de renégocier le paquet de mesures avec la CGFP, elle aussi débordée par sa base. Il fallut recourir à la procédure de conciliation, qui déboucha sur un accord fin mars 2012. Ce compromis tint compte de la dégradation de la situation économique, puisque la CGFP accepta le report du versement de la prime unique à 2014 et de la hausse salariale à 2015. En échange, le syndicat de la fonction publique parvint à conditionner l’introduction de la réforme administrative à l’application des mesures salariales. Dans les milieux syndicaux, le mécontentement persistait cependant (voir encadré). Début 2014, nouveau rebondissement : le Conseil d’État tailla en pièces le projet de réforme – un paquet législatif comprenant neuf projets de loi – en formulant plus d’une centaine d’oppositions formelles. La patate chaude atterrit alors dans les mains du nouveau ministre en charge, le socialiste Dan Kersch, ce dernier héritant du dossier à la suite du changement de coalition gouvernementale. Sa marge de manœuvre était toutefois limitée du fait que son parti s’était engagé, durant la campagne électorale, à respecter les grandes lignes de l’accord qu’avait signé le gouvernement précédent. La CGFP en profita pour avancer ses pions lors de la renégociation de l’accord. Au final, en ce mois de mars, à l’issue de l’accord trouvé, elle a conforté sa position en persuadant le ministre de lâcher du lest sur l’indemnité de stage, qui représentera en fin de compte 90 % du quatrième échelon dans la grille des rémunérations (au lieu du troisième), soit une dépense supplémentaire de 4 à 5 millions d’euros dont devra s’acquitter l’État. Pas vraiment les économies que d’aucuns attendaient… Un boulet ou une mine

En matière de réforme administrative, les concessions du nouveau gouvernement sont encore plus importantes : réduction de la procédure d’appréciation de quatre à une étape, suppression du poste de médiateur, réduction pour moitié du nombre des critères d’appréciation, élimination du rapport d’expérience professionnelle en fin de carrière et abandon de la mobilité professionnelle au cours de la période de stage. Vidé d’une partie de sa substance, le projet repart donc dans les arcanes législatifs où il sera soumis aux avis de la Commission parlementaire, du Conseil d’État et des divers

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Photo: SEW-OGBL / archives

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En mars 2012, les enseignants descendaient bruyamment dans la rue. Le calme actuel est-il un bon signe ou un signe de tempête à venir ?

La scène syndicale reste divisée sur l’interprétation de l’accord conclu entre le ministre Dan Kersch et la CGFP. Ainsi, la FNCTTFEL, qui s’éleva en 2012 contre une réforme considérée comme « catastrophique » et « inacceptable », s’est réjouie cette fois que certaines des mesures envisagées aient été abandonnées. Le syndicat des cheminots déplore toutefois le maintien de la réduction du niveau salarial en début de carrière et le fait que la réforme administrative demeure étroitement liée à la question salariale. Il reste aussi sceptique sur l’introduction du système d’évaluation, qui d’après lui ne pourra « jamais être objectif ». L’accord conclu en mars s’applique à tous les secteurs de la fonction publique, y compris à l’enseignement. Or, c’est justement là où la tension est la plus palpable, les divers groupements syndicaux se livrant bataille sur fond de désaccord en matière de représentativité politique et en termes de revendications sociales. L’Apess, qui représente les enseignants des cycles secondaire et supérieur, conteste en effet l’attribution de l’ensemble des sièges à la CGFP à la suite des élections sociales, estimant qu’un siège devrait lui revenir à la Chambre des fonctionnaires et employés

organismes professionnels. Le ministre espère que la Chambre des députés votera le projet final d’ici la fin de l’année, ce qui permettrait au gouvernement de se débarrasser de ce boulet et de se concentrer sur d’autres dossiers délicats. L’accord salarial concerne en effet plus de 24.000 personnes travaillant dans la fonction publique, auxquelles s’ajoutent plus de 30.000 autres agents assimilés. À la Chambre des députés, l’accord – une fois amendé – devrait passer sans encombre, contrairement à la fois

publics en vertu des bons scores qu’elle a obtenus. L’association s’est trouvé une alliée en la circonstance, à savoir la branche SEW de l’OGBL, qui affirme dans un communiqué publié conjointement avec l’Apess fin janvier que les deux organisations ne se sentaient pas liées « par un accord-cadre qui a été négocié sans leur participation et au mépris des conditions particulières qui existent dans le secteur de l’enseignement ». S’agissant de la réforme administrative, elles ont demandé au ministre de ne pas appliquer au secteur de l’enseignement la gestion par objectifs, le système d’appréciation ni la hiérarchisation des carrières. En outre, le 13 mars, soit la veille de la réunion décisive entre le ministre et la CGFP, l’Association luxembourgeoise des professeurs-ingénieurs et architectes (Alpia), pourtant affiliée à la CGFP, s’est prononcée dans un communiqué commun avec l’Apess pour l’enterrement pur et simple de la réforme et le retour au statu quo. Cette prise de position n’a pas été du goût de la confédération syndicale, qui a malgré tout obtenu le soutien d’une grande majorité des délégués lors de la conférence des comités pour entériner l’accord conclu avec le gouvernement. L. M.

précédente, où l’opposition avait vertement critiqué le gouvernement. On se souvient que, à l’époque, le président du groupe parlementaire Déi Gréng était allé jusqu’à exiger la démission du ministre d’alors, François Biltgen. À présent ministre lui-même, François Bausch – à l’instar de certains autres élus – est devenu moins disert sur ce dossier, il est vrai un peu miné. Certains y voient même une bombe à retardement, vu les défis qui restent à réaliser, comme emporter la conviction des enseignants.



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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Chambre de commerce

Une class action des Soparfi La Chambre de commerce est confrontée à de nouvelles attaques de membres qui contestent la légalité des bulletins de cotisation. Des fonds d’investissement revendiquent le statut de Soparfi (société de participations financières) pour payer moins. Des entreprises récalcitrantes mettent en avant le caractère anticonstitutionnel de la réforme de 2010. Texte Véronique Poujol Photos paperJam / archives

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lles ne veulent pas payer, ou le moins possible… Certaines entreprises revendiquent le statut de société de participations financières pour bénéficier du forfait à 350 euros par an et remettent en question l’utilité même de leur affiliation à la Chambre de commerce. Le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, avait laissé entrevoir la possible fusion de cette dernière avec la Chambre des métiers, sans pour autant que les idées soient bien arrêtées, ni qu’elles fassent consensus. Bref, ça remue une nouvelle fois sur le front des cotisations obligatoires à la Chambre de commerce. Une déferlante de recours provenant d’opérateurs très divers, des gros fonds d’investissement d’origine américaine aux banques, en passant par des sociétés de private equity, s’est abattue devant les juridictions administratives au cours des mois de février et de mars. Les juges ont même été jusqu’à annuler des bulletins de cotisation… de 2009, en raison de leur mauvaise base légale. Encore. Pour la Chambre de commerce, la pilule est plutôt amère. Les attaques contre celle-ci ont donc repris de plus belle et elles ont été payantes pour les entreprises, qui regardent à la moindre dépense,

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mais n’hésitent pas toutefois à engager des sommes importantes, en s’entourant des meilleurs avocats, pour contester leurs bulletins de cotisation. Le tribunal administratif, saisi d’une myriade de demandes d’annulation de ces bulletins, a partiellement donné raison à certaines d’entre elles. Certains recours donnent l’impression que des avocats veulent refaire le monde en mettant en avant des arguments identiques à ceux qui avaient débouché sur la réforme de 2010. D’autres recours pointent, en revanche, des incohérences. Les juges viennent de les corriger en annulant notamment les bulletins de 2008 et 2009 qui avaient été pris sur la base de la nouvelle réglementation. Établissement public ?

Ce serait presque une class action des sociétés de participations financières (Soparfi) contre leurs bulletins de cotisation à la Chambre de commerce. Une quarantaine de sociétés, parmi lesquelles BIP Investment Partners, Bâloise Holding, Sainte Yvette, Vodafone Marketing, Lone Star Capital Investments ou Glaxosmithkline International (cette dernière incarnant, selon la presse britannique, ces


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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

CALCUL

Cotisations, mode d’emploi

Certaines entreprises revendiquent le statut de société de participations financières pour bénéficier du forfait à 350 euros par an et remettent en question l’utilité même de leur affiliation à la Chambre de commerce.

majors de l’industrie qui se sont réfugiés au Luxembourg pour payer le moins d’impôts possible), ont réclamé l’annulation de leurs bulletins de cotisation de 2009 et même 2010 pour défaut de base légale et, accessoirement, pour celles qui avaient raté un épisode, incompatibilité avec la Constitution. La question de la constitutionnalité avait été tranchée en mars 2013, en faveur de la Chambre de commerce. Mais il restait plusieurs questions ouvertes sur la légalité du caractère rétroactif du règlement de cotisations, qui avait été pris par la Chambre de commerce en 2010 afin de percevoir ses taxes de… 2009, alors que leur principe avait été remis en question par un grand nombre d’entreprises. La rédaction de paperJam a retenu un certain nombre de cas emblématiques de cette quête à payer le moins de cotisations possible et surtout à mettre en question la qualité d’établissement public de la Chambre de commerce. La banque Landsbanki Luxembourg, en liquidation, fait, entre autres, partie des frondeurs. Toutefois, l’établissement n’a pas eu gain de cause devant le tribunal administratif. Il faut dire qu’il entendait remettre à plat toute la légalité

du système de cotisation à la Chambre de commerce, mis en place dans l’urgence en 2010 après les premières annulations des bulletins en raison de l’illégalité de l’ancienne base réglementaire… Les textes de base remontaient à 1924. Le recours de la banque, défendue par l’avocat Jean-Pierre Winandy (étude Loyens & Loeff ), un de ceux qui avaient fait s’écrouler le système en 2010, contestait le caractère d’établissement public qui avait été conféré à la Chambre de commerce. Un artifice ayant permis à l’organisation patronale d’être dotée de certains pouvoirs réglementaires, dont celui de mettre elle-même en place un règlement de cotisation pour pouvoir légaliser le prélèvement desdites cotisations auprès de ses membres, sachant aussi que l’affiliation des entreprises est obligatoire.

Tout ressortissant de la Chambre de commerce y est affilié avec effet à partir de la date de son inscription au Registre de commerce et des sociétés, soit d’office, soit sur sa propre initiative, soit sur base de données communiquées par l’Administration des contributions directes. La loi du 26 octobre 2010 a autorisé la Chambre de commerce à percevoir des cotisations annuelles de ses ressortissants. Les cotisations annuelles sont calculées en fonction du bénéfice réalisé pendant l’avant-dernier exercice (les cotisations dues au titre de l’exercice 2014 sont donc fixées sur base du bénéfice imposable de l’année 2012, abstraction faite des pertes reportées). Le taux « normal » est de 2 ‰, avec application des taux dégressifs (entre 1,5 et 0,25 ‰) pour les résultats importants, c’est-à-dire dépassant les 49,5 millions d’euros. Les cotisations minimales annuelles sont fixées à 14 euros pour les personnes physiques, 70 euros pour les sociétés de personnes et 140 euros pour toutes les autres sociétés de capitaux. Pour les sociétés de participations financières ou Soparfi (à l’origine de la réforme de 2010), la loi prévoit une cotisation annuelle forfaitaire de 350 euros. Mais il faut que la société tombe sous la nomenclature générale dans la communauté européenne (code NACE) pour bénéficier du régime approprié. V. P.

Une tutelle légère, mais suffisante

La question du caractère d’établissement public avait été un des points les plus controversés de la réforme engagée en 2010. Le Conseil d’État avait mis son veto et, de ce fait, le projet de loi avait dû être adopté en seconde lecture. Landsbanki, ainsi que

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RÉTROACTES

Une vieille histoire Une première brèche avait été ouverte en 2008 par des Soparfi pour mettre en question tant leur affiliation obligatoire à la Chambre de commerce que le niveau des cotisations et sa base légale. La bataille avait débouché sur une victoire des entreprises et abouti à une réforme de la réglementation sur le financement de l’organisation patronale (loi du 26 octobre 2010). Les tarifs à charge des sociétés de participations financières furent ainsi modulés. Les attaques ne se sont pas arrêtées pour autant et les recours ont continué de pleuvoir devant les juridictions administratives. Il y a un peu plus d’un an, le 19 mars 2013, la Cour constitutionnelle, dans une série de 20 arrêts, avait jugé « conforme » à la Constitution luxembourgeoise un règlement interne de la Chambre de commerce l’habilitant à déterminer elle-même les modalités de calcul des cotisations de ses membres. La loi du 26 octobre 2010 avait servi de base légale à ce règlement, mais de nombreuses entreprises en contestaient toujours la validité. L’un des points attaqués était le droit qui avait été octroyé à la Chambre de commerce de se façonner elle-même ses propres règlements, à l’instar de ce que font aussi la Commission de surveillance du secteur financier, le Commissariat aux assurances ou la Banque centrale du Luxembourg. La réforme de 2010, adoptée dans l’urgence, s’apparente sur certains aspects à du bricolage, ce qui a poussé pas mal de juristes à vouloir attaquer le dispositif. Il a bien résisté jusqu’à présent. V. P.

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d’autres sociétés, ont relancé le débat, considérant que la tutelle administrative revendiquée par la Chambre de commerce ne serait pas compatible avec son statut d’indépendance. Un statut qui lui permet, entre autres, d’intervenir dans la procédure législative, même si elle le fait à titre purement consultatif, ses avis n’obligeant pas le gouvernement à en tenir compte. Exercer un pouvoir réglementaire (comme celui de se confectionner sur mesure des bulletins de cotisation, qui sont ensuite validés par les autorités), « p orte nécessairement atteinte » à son statut d’indépendance, lit-on dans un jugement du 27 février dernier. Les juges administratifs n’ont pas voulu rouvrir les hostilités et, pour trancher, ils ont ressorti plusieurs arrêts de la Cour constitutionnelle de mars 2013 ayant considéré la Chambre de commerce comme « un établissement public ». Et qui dit établissement public dit pouvoir réglementaire, dont celui de fixer elle-même son taux de cotisation. Le problème, c’est que la Cour constitutionnelle aurait récemment été saisie pour arbitrer sur de nouveaux aspects de la légalité de la réforme de 2010 (c’est du moins ce que laissent entendre certains recours administratifs). Il n’y a pas encore de décisions à ce sujet. Autre cas, sans doute plus révélateur de cette course de certains opérateurs à alléger leurs frais au maximum au Luxembourg, celui de la société de participations d’origine américaine, Lone Star Capital Investments. Elle avait également déposé un recours en annulation de ses bulletins de cotisation et doutait que la Chambre de commerce puisse se prévaloir du statut d’établissement public. Et elle s’est fait dire à peu près la même chose par les juges administratifs. L’affaire était cette fois défendue par l’avocat Dominique Bornert, du cabinet Allen & Overy. Et son argumentation juridique, sans être tout à fait nouvelle, a permis de mieux débroussailler le terrain et a obligé le défenseur de la

Chambre de commerce, Patrick Kinsch, à sortir les gros calibres. Comme le résume le jugement (là encore du 27 février), « la Chambre de commerce soutient qu’une loi conférant un pouvoir réglementaire autonome en matière de fixation de ses cotisations (décrites comme des taxes parafiscales, ndlr) ne se heurterait pas à une réserve de la loi ». Il estime que même le Conseil d’État se serait « laissé égarer » lorsqu’il avait émis des réserves au projet de réforme de l’automne 2010, obligeant les députés à adopter le texte en seconde lecture. Ce qui l’avait d’abord fait conclure dans la procédure que « la Chambre de commerce serait effectivement soumise à la tutelle du gouvernement. Il s’agirait d’une tutelle certes légère, mais néanmoins suffisante ». Et dire ensuite que l’organisation « remplirait tous les critères essentiels d’un établissement public » : elle aurait ainsi été créée par les pouvoirs publics, bénéficierait d’une personnalité juridique séparée de l’État et des communes et se serait fait déléguer « des missions de service public » en plus de se faire attribuer « des prérogatives exorbitantes du droit commun, caractéristique d’un établissement délégataire de prérogatives de la puissance publique ». Non-rétroactivité

Or, telles ne sont pas les vues de ses détracteurs. Car pour l’avocat Bornert, selon le résumé qui est fait de ses conclusions, « la Chambre de commerce n’aurait jamais eu à rendre compte de son budget approuvé par sa seule assemblée plénière, ses membres seraient désignés par la voie de l’élection et non pas par le gouvernement et son directeur général ne serait pas non plus nommé par le gouvernement, ce dernier ayant un simple pouvoir d’approbation. Par ailleurs, si le procès-verbal des réunions de la Chambre de commerce était porté à la connaissance du gouvernement, ce simple devoir d’information n’impliquerait nullement un pouvoir de contrôle ou de direction caractérisant une véritable tutelle administrative. »


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RÉSUMÉ DES CONCLUSIONS DE L’AVOCAT

Patrick Kinsch « La Chambre de commerce remplirait tous les critères essentiels d’un établissement public : créée par les pouvoirs publics, elle bénéficierait d’une personnalité juridique séparée de l’État et des communes et se serait fait déléguer des missions de service public. »

RÉSUMÉ DES CONCLUSIONS DE L’AVOCAT

Dominique Bornert « La Chambre de commerce n’aurait jamais eu à rendre compte de son budget approuvé par sa seule assemblée plénière, ses membres seraient désignés par la voie de l’élection (…) et son directeur général ne serait pas non plus nommé par le gouvernement. »

Dans le «Nouvel Hémicycle», les thèses s’affrontent entre parties que le tribunal administratif doit arbitrer.

C’est vrai qu’on ne s’est jamais posé la question de savoir si la Cour des comptes pouvait mettre son nez dans les bilans de la Chambre de commerce, comme elle vient de le faire pour la Banque centrale du Luxembourg, longtemps réticente à se prêter à pareil examen. Mais c’est une autre affaire… Dans la procédure administrative, Lone Star Capital Investments avait plusieurs cordes à son arc et a finalement obtenu gain de cause sur un point, celui de la non-rétroactivité de la loi du 26 octobre 2010. La société est en effet parvenue à faire annuler, pour absence de légalité, les bulletins de redressement au titre de l’année 2009 que la Chambre de commerce entendait lui faire payer sur la base de la loi de 2010. Or, une loi ne peut pas avoir d’effet rétroactif, pas même pour une organisation patronale qui soutenait le caractère « implicitement » rétroactif de la réforme. Un troisième argument fut développé par Lone Star, mais n’est pas passé devant les juges administratifs : son statut revendiqué de Soparfi, qui aurait allégé sa facture ( 350 euros par an), pour une société affichant fin 2011 un total d’actifs de 473 millions d’euros, dont 96 % relevaient de l’activité de détention de participations financières. Or, dans la nomenclature officielle du Statec, Lone Star tombe dans la catégorie des gestionnaires des fonds

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d’investissement et de pension. D’où un prélèvement basé sur les montants d’actifs et non pas forfaitaire. Le tribunal administratif a rappelé à Lone Star son objet social, qui brasse trop large pour tomber dans la catégorie des pures holdings, puisqu’il s’agit de « l’accomplissement de toutes les opérations se rapportant soit directement soit indirectement à la prise de participations, sous quelque forme que ce soit, dans une entreprise, ainsi que l’administration, la gestion, le contrôle et le développement de ces participations ». Soit, pour les dernières citées, quatre activités de trop pour avoir droit au forfait de 350 euros.

Ce serait presque une class action des sociétés de participations financières (Soparfi) contre leurs bulletins de cotisation à la Chambre de commerce. Une quarantaine de sociétés, parmi lesquelles BIP Investment Partners, Bâloise Holding, Sainte Yvette, Vodafone Marketing, Lone Star Capital Investments ou Glaxosmithkline International, ont réclamé l’annulation de leurs bulletins de cotisation de 2009 et 2010 à la Chambre de commerce pour défaut de base légale et, accessoirement, incompatibilité avec la Constitution. Le tribunal administratif leur a donné raison sur certains points, comme la non-rétroactivité de la réforme de 2010. Mais pas sur l’essentiel.


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ACTUALITÉ

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RESSOURCES HUMAINES

Conférence du POG

Le POG avait convié la communauté RH du Luxembourg le 27 mars pour une conférence sur le leadrship via l’expérience du champion olympique Steve Williams. Photos Charles Caratini

Marianne Reimann (Hëllef Doheem) et Catherine Gerardin (CGRH)

Anne Jacquemart (POG)

Steve Williams (champion olympique britannique et orateur de la soirée)

TABLE RONDE

La formation continue universitaire

« L’enseignement supérieur – Quels modèles de développement pour le Luxembourg ? » était le thème de l’ouverture de la 2e édition du Salon de la formation professionnelle continue universitaire, le 13 mars, à la Chambre de commerce. Photos Laurent Antonelli / Blitz

Antoine Rech (Sacred Heart University)

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Anne-Lise Demortier et Diane Durinck (IUIL)

Michel Kalika (Business Science Institute Luxembourg)

Gérard Eischen (Luxembourg School for Commerce) et Louis Robert (BBI-Lux)

Thomas Lentz (CRP-Santé)


“You should have seen Eric last Saturday night! A real party animal!“

“Isn’t he on sick leave until next Monday?“

SERIOUS CAUSE FOR DISMISSAL OR RIGHT TO PRIVACY DURING SICK LEAVE? Activities that appear incompatible with the employee’s illness may indicate that the “illness” is fake. However, for reasons of privacy and confidentiality, employers are rarely aware of the nature of the employee’s illness. It is therefore difficult for the employer to determine to what extent the activity of the employee, such as participating in a party, is incompatible with his sick leave. So, before taking disciplinary action, it is necessary to conduct a thorough investigation of the employee’s situation and records to ensure the employee’s conduct warrants disciplinary action. Niche employment law firm CASTEGNARO - Ius Laboris Luxembourg represents employers only. Through Ius Laboris, a global alliance of leading human resources law practitioners, CASTEGNARO assists employers worldwide.

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Ici, la banque n’a plus de secret COVERSTORY

Textes Alain Ducat, Jean-Michel Gaudron, Thierry Raizer Photos Sven Becker

Il n’y a pas beaucoup de pays dans le monde dont le nom même est associé à l’activité bancaire et, en l’occurrence, au secret bancaire. Le Luxembourg est dans ce peloton. Et, depuis 75 ans, son association des banques et des banquiers – la nuance est importante – veille, rigoureusement, jalousement et scrupuleusement, sur la Place. Par une de ces coïncidences de dates qui pimentent les grands jalons de l’histoire, 2014 est aussi une année charnière, pour ce qu’on appelle, parfois un peu à tort et à travers hors du pays, le « secret bancaire », ou plus exactement pour l’échange automatique d’informations. Quatorze années après les accords de Feira qui enclenchèrent le mouvement, le sulfureux secret du Luxembourg est en passe de devenir un simple souvenir. C’est un changement de paradigme, voire, pour reprendre une notion fort usitée ces temps-ci, une révolution copernicienne... Mais ce n’est pas le premier cap que le vaisseau amiral bancaire a à franchir sur l’océan de ces trois quarts de siècle. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’équipage est sur le pont. Le nouveau capitaine va prendre la barre. Et surtout, il regarde l’horizon. L’histoire bancaire mérite que l’on s’y attarde quelque peu. Le présent, nourri de tout ce qui a précédé, est truffé de défis, mais aussi de promesses. La banque de demain se dessine. Et elle se prépare un avenir, différent, mais intéressant. Dans tous les cas de figure, derrière les enseignes bancaires, qui n’ont pas toujours eu bonne presse au plus fort de la crise financière, il y a des hommes de métier. Et un métier qui, en évolution constante, n’a plus de secret pour le Luxembourg, dont le savoir-faire est reconnu.

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HISTOIRE

Une vague continue Le secteur bancaire au Luxembourg est devenu, au fil des ans, l’un des principaux piliers de l’économie nationale. Opportuniste, la place financière luxembourgeoise a su, en permanence, s’adapter aux évolutions législatives des pays voisins pour être plus attractive. « Il n’y a jamais eu de période où tout le monde s’est vraiment reposé sur ses lauriers », résume Jean-Jacques Rommes, qui va quitter ses fonctions de CEO de l’ABBL. Texte Jean-Michel Gaudron

C

ontrairement à l’industrie luxembourgeoise des fonds d’investissement, dont le formidable développement trouve ses racines dans la transposition, en mars 1988, de la première directive européenne OPCVM, il est difficile de trouver un véritable point de départ temporel au succès du secteur bancaire national. Faut-il remonter à 1856 et la création des deux premières banques luxembourgeoises, la Banque internationale à Luxembourg (Bil) et la Banque et Caisse d’Épargne de l’État (BCEE) ? Forcément un peu. Faut-il plutôt considérer 1929 et la création de la Bourse de Luxembourg ? Ou celle, 10 ans plus tard, de l’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL) qui, fin mars, a fêté en grandes pompes son 75e anniversaire à la Philharmonie (voir le reportage en page 97) ? Évidemment aussi... Banque Commerciale, BGL, Bil, Crédit anversois, Crédit industriel d’Alsace et de Lorraine, Crédit lyonnais, Alfred Levy & Cie, La Luxembourgeoise, Société Générale Alsacienne de Banque et Union Financière Luxembourgeoise : voilà le nom des 10 pionniers qui, le 5 mai 1939, signent les statuts fondateurs de l’ABBL. Un élan fédérateur brisé quelques mois plus tard par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, mais qui permit, une

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fois la paix revenue, de repartir sur des bases solides. Au début des années 50, alors que la sidérurgie domine encore et « pèse » pour un tiers dans les comptes nationaux, la place financière, elle, ne porte pas encore ce nom et le nombre de banques n’excède pas une quinzaine, luxembourgeoises, belges et françaises. En 1960, les 19 banques recensées n’occupent guère plus de 1.300 emplois. C’est pourtant à cette période que les choses commencent à bouger, grâce à un coup de pouce venu à la fois d’outre-Atlantique et d’outre-Moselle. Peut-être faut-il d’ailleurs trouver dans ce début des années 60 les véritables origines de l’essor du secteur bancaire luxembourgeois.

Bank of China, la 100e... Il y a, ainsi, en 1963, l’introduction par l’administration Kennedy aux États-Unis de l’interest equalization tax : une taxe sur les intérêts des obligations, dans le but initial de limiter les emprunts des pays européens aux États-Unis. Cela a pour conséquence la création et l’émission, au Luxembourg, de la première euro-obligation, libellée en eurodollar et, par la suite, du développement du marché des eurodevises et des euro-obligations. Dans la foulée, bon nombre de banques allemandes franchissent la frontière, à la fois pour


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CLAUDE MEIERS

Photo : KBL

« Nous ne sommes pas les meilleurs »

En 1949, le siège de la Kredietbank se trouvait boulevard Franklin Roosevelt.

échapper à la taxation sur les réserves obligatoires imposée par la Bundesbank, mais aussi pour contourner la taxe de 25 % prélevée sur les coupons d’obligations détenues, en Allemagne, par des épargnants étrangers, ce qui boosta la création d’emprunts en euro-deutsche marks. C’est la Dresdner Bank, via une succursale (la Compagnie luxembourgeoise de banque), qui est la première à franchir la Moselle en 1967... à peine 20 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement est, en tous les cas, lancé. En 1970, la Place compte moins de 40 banques. Dix ans plus tard, on en dénombre plus de 100 : les banques suisses établissent des filiales pour profiter de l’euromarché ; les banques américaines, dont la première (Crédit Européen) s’était établie en 1960, arrivent aussi pour bénéficier des avantages du secret bancaire (jusqu’alors formellement régi par le seul article 458 du Code pénal) et de l’absence de retenue à la source ; les établissements scandinaves débarquent pour contourner l’interdiction de prêter en devises dans leur pays d’origine... Des quatre coins de l’Europe, et parfois même au-delà, on trouve une bonne raison pour venir s’établir au Grand-Duché. Pour l’anecdote, la 100e banque à s’établir au Grand-Duché fut, en 1979, Bank of China. Ce fut la première implantation « occidentale » d’une banque

chinoise, ce qui, aujourd’hui, prend une symbolique toute particulière alors que trois autres établissements de l’Empire du Milieu ont pris racine ces derniers mois et que plusieurs autres sont en attente de recevoir un agrément de la part des autorités luxembourgeoises. « Ce qu’il est important de constater, relève JeanJacques Rommes, le futur ex-CEO de l’ABBL (il quittera ses fonctions au 1er mai pour prendre la présidence du comité exécutif de l’Union des entreprises luxembourgeoises), c’est qu’il y a toujours eu un développement, un mouvement, un changement... Il n’y a jamais eu de période où tout le monde s’est vraiment reposé sur ses lauriers. Et quand on regarde sur ces 75 années écoulées, on voit bien à quel point chaque génération s’appuie sur les épaules des générations précédentes. Tout ce qu’on fait aujourd’hui, même si cela est très différent de ce qu’on a fait hier, n’aurait jamais pu être possible sans le dynamisme et la voyance de ceux qui nous ont précédés. »

« Le Luxembourg vaut le détour » À la fin des années 70-début des années 80, l’économie luxembourgeoise est à la recherche d’un souffle nouveau alors que le secteur fort, la sidérurgie, est frappé de plein fouet par une crise annon-

Co-auteur (avec Laurent Moyse et Michel Maquil) du livre Les artisans de l’industrie financière – Témoignages sur l’origine et le développement de la place financière de Luxembourg (Éditions Saint-Paul), l’ancien banquier Claude Meiers (Banque Lambert, puis Bil) porte, avec le recul du temps, un regard plein de franchise sur l’évolution du secteur bancaire au Luxembourg. « La Place a su exploiter correctement un ensemble d’opportunités de manière pragmatique. On ne peut pas vraiment dire que ce ne sont que nos grandes qualités d’experts qui ont fait la différence, mais clairement, en grande partie, les attraits fiscaux. » Selon lui, la parfaite collaboration entre tous les acteurs concernés – banques, régulateur, gouvernement – a aussi constitué un atout fort que d’aucuns ont assimilé à une collusion. « Aujourd’hui, les choses sont plus complexes, avec des paramètres en évolution constante et beaucoup de produits nouveaux. Il a fallu s’adapter. À l’époque, par exemple, un gestionnaire était plutôt un communicant. Aujourd’hui, nous sommes dans un monde marketing, avec les dérives que cela peut comporter et qui ont contribué à faire perdre leur confiance aux investisseurs. Arrêtons de dire : ‘Nous sommes les meilleurs’. Non, ce n’est pas vrai. Soyons compétitifs et gardons les pieds sur terre, en misant notamment sur les efforts en termes de formation du personnel bancaire. » Et de partager une réflexion récemment menée par Jean Guill (directeur général de la CSSF), trouvant très préjudiciable à l’image de professionnalisme de la Place le comportement de certains banquiers, qui éconduisent sèchement une partie de leur clientèle, y compris de longue date, parce que tardant à régulariser une situation fiscale qui ne correspond plus forcément aux nouveaux standards. « Je suis optimiste quant au but à atteindre, mais parfois dubitatif quant au chemin pour y parvenir », conclut-il. J.-M. G.

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ciatrice de son lent, mais inexorable déclin. La forte poussée des activités tertiaires autour des banques constitue alors une aubaine presque inespérée. Le législateur ajoute de surcroît un élément non négligeable par la loi du 23 avril 1981 concernant l’accès à l’activité des établissements de crédit et son exercice, laquelle inscrit dans le marbre le principe du secret bancaire. Il n’en faut pas plus pour donner un nouvel élan à une activité porteuse, le private banking, qui va drainer le pire et le meilleur sur les bords de la Pétrusse : des files de petits investisseurs français, belges ou allemands venant, chaque mois, faire la queue pour toucher leurs coupons, mais aussi des placements à la légalité pas toujours forcément affirmée. « Le Luxembourg vaut le détour », vante même un slogan publicitaire que l’on voit fleurir en Allemagne. « Le secret bancaire a certainement été utilisé abusivement par des personnes ayant voulu cacher leur argent vis-àvis de leurs autorités, pour ‘frauder le fisc’ en quelque sorte. Mais la matière reste complexe et personne ne sait vraiment très bien où commence la vraie fraude fiscale et où s’arrête la planification fiscale », rappelait le regretté Lucien Thiel (alors directeur de l’ABBL) dans les colonnes de paperJam en octobre 2002. Il est vrai aussi que certaines publicités faites à la fin des années 80 par certaines banques vantaient, presque ouvertement, la possibilité pour les clients étrangers de contourner leurs administrations fiscales sous couvert de ce secret bancaire. « Ce genre de promotion était évidemment dangereuse pour une Place comme la nôtre », rappelait, dans ces mêmes colonnes, Jean-Nicolas Schaus, alors directeur de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). La banque des années 80 ne ressemble évidemment en rien à celle d’aujourd’hui... « Lorsque j’ai commencé ma carrière en 1983, le rythme de travail était de moins d’un tiers de ce qu’il est aujourd’hui dans une banque normale, se souvient Jean-Jacques Rommes. Les exigences des clients étaient à des années-lumière de ce qu’elles sont aujourd’hui. Nous n’avions qu’à attendre les clients qui venaient de l’étranger ! Ils ne discutaient pas les marges et étaient peu exigeants en matière de gestion de portefeuille. Il faut aussi se rappeler d’un monde avec une informatique qu’on n’imagine même plus aujourd’hui. Cela ne fait que 30 ans, mais c’était clairement un tout autre âge. » Dans les chiffres, l’importance grandissante du secteur bancaire saute rapidement aux yeux. En 1975, l’emploi dans le secteur bancaire (un peu moins de 6.000 personnes) ne représente que 3,7 %

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Photo : BGL

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Le siège de la BGL en 1921, rue Aldringen (au 14).

de l’emploi total intérieur au Luxembourg. Il atteint 6,6 % en juin 1986 (près de 11.000 personnes). L’apogée est atteint en 1994, avec un total de banques atteignant 222 (il n’est que de 177 cinq années plus tôt) et un nombre de personnes employées dépassant les 20.000.

La roue continue de tourner Entre-temps, l’essor des fonds d’investissement, porté par la loi de 1988 – le Luxembourg fut le premier pays à transposer dans sa législation nationale la première directive européenne OPCVM – ne manque pas d’apporter une quantité non négligeable d’eau supplémentaire au moulin de la croissance du secteur bancaire. Les grands mouvements de concentration et de fusions-acquisitions qui suivent alors, à partir du milieu des années 90, réduisent inexorablement le total des banques, avec au moins autant d’efficacité que la succession de crises et autres krachs qui marquent le début de ce siècle. « En 2001, il y eu le premier choc qui a suivi l’éclatement de la bulle internet. Et les réactions politiques à ce premier incident n’ont pas été les bonnes, regrette M. Rommes. C’est là que se trouve la base de la crise de 2007-2008. La

« Il ne faut pas considérer que les meilleurs jours du secteur sont définitivement révolus. » Jean-Jacques Rommes (ABBL)


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Pierre Werner, le pionnier

Photo : Bil

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L'ancien siège de la Bil, aujourd'hui occupé par la Banque centrale du Luxembourg.

confiance a été très sérieusement ébranlée et le secteur financier n’est définitivement plus ce qu’il a été. Tous les gens qui, aujourd’hui, sont dans des positions de décision sont profondément marqués par cet événement, beaucoup plus que le public, qui n’a compris qu’à moitié à quel point nous avons frôlé la catastrophe... » Cette quasi-catastrophe, c’est bien évidemment celle du début de l’automne 2008, dans le sillage de la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers. L’onde de choc qui touche le continent européen dans la foulée frappe de plein fouet deux géants bancaires européens : le groupe belgonéerlandais Fortis et le groupe franco-belge Dexia et, par ricochet, leurs filiales au Luxembourg, Fortis Banque Luxembourg et Dexia Bil. Entre fin septembre et début octobre, l’État luxembourgeois intervient dans l’élaboration de deux plans de sauvetage massifs, qui évitent à ces deux banques dites « systémiques » la fermeture pure et simple de leurs portes au Luxembourg et un séisme dont il est impossible de vraiment mesurer l’ampleur. Au total, ce sont quelque 3 milliards d’euros qui sont injectés dans les caisses de ces deux banques afin d’assurer leur survie. Fortis Banque Luxembourg redevient alors BGL, avant de s’adosser au groupe français BNP Paribas. Dexia Bil, pour

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sa part, redevient la Bil et passe sous pavillon qatari. Le vent du boulet a décoiffé quelques têtes, mais au final, le secteur bancaire luxembourgeois est toujours bel et bien là, fidèle et solide au poste. L’arrivée massive, depuis fin 2012, de banques chinoises et l’intérêt grandissant d’établissements venus des Émirats, actifs dans la finance islamique, montrent à l’envi que la roue continue de tourner, même si elle ne tourne peut-être plus aussi glorieusement que dans les années 90. La fin, actée, du secret bancaire et le passage à l’échange automatique d’informations (évoqués depuis le sommet de Feira en 2000 et qui auront pris 15 années à être concrétisés) constituent, assurément, une opportunité pour certains modèles économiques de se réinventer pour aborder l’avenir sous un jour nouveau. Modèles forcément différents des plus anciens. « Il ne faut pas considérer que les meilleurs jours du secteur sont définitivement révolus, prévient Jean-Jacques Rommes. Il ne faut surtout pas casser l’élan et tomber dans un pessimisme exagéré, mais conserver une dynamique d’adaptation. Oui, ça sera plus difficile demain qu’hier, mais la volonté d’adaptation et d’innovation doit rester la même. En tout état de cause, nous ne sommes pas une industrie crépusculaire. »

Dans toute saga historique, il est toujours tentant de chercher des « grands hommes », ceux sans qui rien ne serait arrivé. À l’évocation du formidable développement du secteur bancaire, isoler des noms relève de la gageure. Quelques-uns viennent spontanément : Edmond Israel, Albert Dondelinger, Jean Krier, Raymond Kirsch… Mais la liste est forcément très incomplète. Dans cet exercice très subjectif, JeanJacques Rommes préfère plutôt mettre en avant Pierre Werner. L’ancien ministre des Finances puis Premier ministre fut, au début de sa carrière professionnelle, banquier à la BGL. Il devint ensuite, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, commissaire au contrôle des banques avant d’embrasser la carrière politique qu’on lui connaît. « Dans toute croissance, il faut toujours une semence au départ. C’est lui qui a eu les idées initiales. Quand il a pris des responsabilités politiques, il a pensé qu’il pouvait faire profiter le pays de ses amours de jeunesse. Tout est parti de là. » J.-M. G.

« Le secret bancaire a certainement été utilisé abusivement. » Lucien Thiel (en 2002, alors qu'il était directeur de l'ABBL)


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SERGE DE CILLIA (ABBL)

« Notre marché ? 500 millions d’investisseurs ! » Le futur CEO de l’Association des banques et banquiers (ABBL) prendra ses fonctions au 1er mai, succédant à Jean-Jacques Rommes. La diversification et l’ouverture à l’international constituent, à ses yeux, les deux piliers du succès à venir du secteur bancaire. « Il faut investir dans nos ressources humaines », prévient-il. Interview Jean-Michel Gaudron

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onsieur De Cillia, l’univers de la banque doit faire face à de grandes mutations, et pas uniquement en raison de l’introduction de l’échange automatique d’informations entraînant une profonde évolution du secret bancaire. Le secteur vous semble-t-il bien armé, au Luxembourg, pour relever ces défis ? « L’essentiel est de continuer à jouer la carte de l’international. La place financière, c’est 95% d’international, et ça doit rester international, puisque nous n’avons pas de marché domestique. Notre marché, c’est 500 millions d’investisseurs et de demandeurs de services financiers au sein de l’Union européenne et au-delà. Nous avons des atouts bien connus par rapport à d’autres centres financiers. Et si nous connaissons l’une ou l’autre difficulté dans l’un ou l’autre des domaines d’activités dans lesquels nous sommes présents, les autres domaines peuvent généralement compenser. Au cours de ces 75 dernières années, ça a très bien fonctionné.

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Rien ne peut donc remettre en cause la force du secteur dans le pays ? « Le secteur financier sera toujours le secteur dominant de notre économie, mais avec des taux de croissance qui ne seront plus les mêmes… Plus on diversifie, plus on compense des ‘moins’ par des ‘plus’ pour garder une masse d’affaires suffisante. Mais ce ne seront plus les mêmes acteurs, les mêmes personnes, les mêmes fonctions. C’est une évolution naturelle, au même titre que celle qui a touché le secteur de la sidérurgie. Quand j’ai commencé en 1986 dans la banque, nous avions un service chèques et un service portefeuilles, qui traitait les lettres de change. Cela n’existe plus aujourd’hui. C’est typique des produits qui, dans leur cycle de vie, arrivent à maturité puis déclinent car on n’en a plus besoin. Et selon les produits, ce cycle est plus ou moins long. Parfois, on peut repositionner les produits, comme avec les fonds d’investissement. Et parfois on ne peut pas. Aujourd’hui, par exemple, les marchés monétaires sont sous pression, car les taux d’intérêt sont faibles et les couches de frais imposés par la commission européenne augmentent. Peut-être que dans quelques années, cette success-story des mar-


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« Il serait irresponsable de ne pas s’intéresser aux opportunités de la banque électronique. » Serge de Cillia (ABBL)

chés monétaires touchera à sa fin et qu’il faudra réinventer ce produit. Tout comme il faut, aujourd’hui, totalement réinventer la banque privée, par exemple… « Oui, mais depuis 2009, le processus est en route. Ce qui a été annoncé il y a quelques semaines en matière d’échange automatique d’informations est, pour nous, un ‘non-event’. C’est évidemment un exercice délicat, compliqué, mais extrêmement important. Il aura pour principale conséquence un changement majeur de profil de clientèle… Comme le disait l’avocat Paul Mousel, nous faisions, jusqu’à présent, des ‘petits tickets’ et les Suisses des ‘grands tickets’. Maintenant, nous aussi, nous voulons faire des ‘grands tickets’, ce qui nécessite une tout autre approche. Il faut alors investir dans nos ressources humaines. Il existe plein d’offres de formation déjà en place avec l’Institut de formation bancaire (IFBL) et la Luxembourg School of Finance. Il faut davantage pousser dans cette direction, voire aller jusqu’à la mise en place de certifications pour certaines fonctions-clés. Nous en discutons au niveau du Private Banking Group de l’ABBL, mais aussi au niveau du Haut Comité

de la place financière, au sein duquel je préside un groupe ‘formation et éducation’. Ce type de certification existe pour des métiers tels que les risk managers, les auditeurs internes ou les compliance officers. Il faut l’élargir à d’autres métiers, comme la banque privée ou encore le retail banking. C’est sur cette fondation solide que nous devons construire les métiers de l’avenir. Nous observons, d’ailleurs, une certaine renaissance du marché retail dans la Grande Région, puisque nos banques sont bien outillées pour élargir leur présence sur un territoire qui peut aller au-delà de 100 km autour du Luxembourg, ce qui implique, évidemment, une tout autre concurrence. La hausse du nombre de banques observée ces derniers mois (il y avait 141 banques recensées en janvier 2013 ; il y en a 150 en mars 2014, ndlr) constitue-t-elle un signe marquant pour vous ? « C’est en tous les cas révélateur, surtout qu’il y a encore pas mal de demandes d’agrément en cours, surtout des banques chinoises et l’une ou l’autre banque d’Amérique latine. Nous avons également une série de banques de type ‘islamique’. Ces nou-

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Une fusion non désirée L’idée du nouveau gouvernement de rapprocher, voire de fusionner, les agences de promotion Luxembourg for Finance (LFF) et Luxembourg for Business (LFB) n’est guère du goût de Serge De Cillia. « Je ne pense pas que nous ayons nécessairement besoin d’une fusion », assure-t-il, décrivant les deux institutions comme étant « deux animaux différents » : une entité à part entière, mise en place selon le régime du partaneriat publicprivé (LFF) et une dépendance directe du ministère de l’Économie (LFB). « On pourrait plutôt imaginer que les ministres des Finances et de l’Économie se voient plus régulièrement, ou bien que les deux comités de pilotage se réunissent plus souvent. Ce serait faire un grand pas vers cette notion de ‘rapprochement’. » J.-M. G.

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Photos : Bil et DR

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Le 1er siège de la Bil, rue Notre-Dame, que la banque occupa de 1856 jusqu’au début du 20e siècle.

velles banques ont une autre approche et un autre business plan que les banques qui pourraient avoir des soucis avec l’échange automatique d’informations, car dès le départ, elles s’appuient sur une démarche white only. Les banques chinoises, par exemple, sont très fortes dans le domaine du commercial banking, pour des financements dont on n’a pas forcément l’habitude ici, comme des avions ou des bateaux… Cette hausse va-t-elle se poursuivre, compte tenu de ce qui arrive à la fois avec la mutation de la banque privée dont vous parliez et l’arrivée de l’union bancaire ? « Il est vrai qu’avec l’arrivée de l’union bancaire, il y aura probablement des changements dans la structure de certaines banques, notamment celles qui ont une double présence succursales-filiales. Ces banques-là devront survivre aux stress tests qui vont avoir lieu. Je ne vois pas de soucis pour ‘nos’ banques luxembourgeoises, mais davantage pour les maisons mères de certaines de nos banques sauvées par d’importantes aides d’État. Il va falloir regarder de très près la composition de leurs portefeuilles et se demander si ces groupes sont suffisamment bien capitalisés, surtout que les critères des prochains tests ne seront pas les mêmes que ceux jusqu’alors appliqués. Dans les nouvelles règles, il y aura une vraie pondération du risque lié aux emprunts sou-

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C'est en octobre 1989 que la Bil est entrée dans le bâtiment « Indépendance », qui est toujours son siège à ce jour.

verains, par exemple, alors que jusqu’à présent, un emprunt allemand et un emprunt grec représentaient un risque identique. Ainsi, certaines filiales de banques pourraient être transformées en succursales, car les maisons mères pourraient avoir accès à des fonds propres de bonne qualité. Dans ce cas, nous assisterions de nouveau à une baisse du nombre de banques, avec comme autre conséquence un impact sur tout ce qui est nécessaire pour établir une filiale : outre les fonds propres, je pense aux conseils d’administration ou bien encore à certaines fonctions-clés obligatoires… Tout sera assuré par le siège. A-t-on déjà mesuré le réel impact de la formalisation définitive de l’échange automatique d’informations en termes de business ? « Le Statec a récemment fait des simulations et évoquait la disparition de quelques centaines ou de milliers d’emplois. Il y a un an, l’avocat Alain Steichen (associé fondateur de Bonn Steichen & Partners, ndlr) évoquait la disparition pure et simple d’une cinquantaine de banques… On peut évidemment tout simuler, mais on sait très bien qu’en tournant une petite roue de quelques crans sur la gauche ou sur la droite, ça change tout. Il est donc difficile d’avancer des chiffres. En revanche, nous pouvons déjà anticiper une hausse conséquente des frais de supervision, avec

« Nos banques sont bien outillées pour élargir leur présence sur un territoire qui peut aller au-delà de 100 km autour du Luxembourg. »


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Photos : BCEE et David Laurent (archives)

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À la fin du 19e siècle, le siège de la BCEE se trouvait au coin de la rue Aldringen et de la rue Notre-Dame...

l’augmentation des effectifs de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) qui vont accompagner la mise en œuvre du nouveau mécanisme de contrôle prudentiel. Rappelons que le secteur des banques participe directement au financement de notre propre supervision, à l’instar des fonds et des assurances. Or, aux frais de la CSSF vont également s’ajouter les frais de la Banque centrale à Francfort, qui est en train de recruter un millier de nouveaux spécialistes qui ne seront pas des juniors… La proximité entre le régulateur et les acteurs sur le terrain a toujours constitué un atout fort pour la place financière luxembourgeoise en général. Cela veut-il dire qu’avec l’éloignement de fait que va imposer la nouvelle structure de surveillance, qui se fera davantage depuis Francfort, cet atout va disparaître ? « Cette ‘proximité’ et les chemins courts qui font la force du Luxembourg continueront d’exister, puisque la CSSF fait partie intégrante du mécanisme unique de supervision. Et il sera toujours possible de faire passer certains messages à Francfort via la CSSF. Bien sûr, certaines marges de manœuvre seront plus étroites, mais la CSSF reste quand même considérée comme une entité qualitative qui connaît bien ses dossiers et qui réagit rapidement. Tant qu’elle gardera cette capacité de vitesse de réaction, il n’y aura pas de souci majeur.

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... Cela dura jusqu'en décembre 1913, où la banque prit ses quartiers place de Metz, dans le majestueux bâtiment qu'elle occupe encore aujourd'hui.

Quels sont, selon vous, les produits qui feront la force du secteur à l’avenir ? «  O n envisage de belles perspectives pour le marché RMB, qui est un marché où tout le monde sera gagnant, que ce soit Londres, Francfort, Zurich ou bien nous… Le gâteau sera de plus en plus grand, car le marché se développe partout. Nos intentions sont de pouvoir couper un grand morceau dans ce gâteau et nous sommes bien équipés pour le faire… Là encore, c’est une nouvelle fois la carte internationale qu’il faut jouer, autant que la diversification totale de la Place. Pour la finance islamique, aussi, il y a une multitude de produits. Nous n’allons pas entrer en concurrence avec une Place comme Londres sur les crédits islamiques, où elle est active depuis 30 ans. Mais nous pouvons nous positionner sur les fonds, les assurances, les activités de cotation… Nous avons une autre flexibilité… Je le dis et le répète : ‘International’ et ‘Diversification’ sont les deux mots-clés qui devront accompagner notre avenir. La banque de demain sera aussi, en partie, digitale, et les acteurs dans le domaine des paiements électroniques commencent à se positionner. S’agit-il d’un simple phénomène de mode ou bien de quelque chose de plus profond ?

« Il s’agit clairement d’une niche qui est amenée à se développer. Très récemment, Marc Hemmerling (membre du comité de direction de l’ABBL, responsable, entre autres, des volets paiements & ICT, ndlr) s’est récemment rendu en Californie dans le cadre d’une visite de prospection pour rencontrer les grands acteurs dans ce domaine-là. Des data centres performants, des connexions rapides, une réglementation sérieuse : ce sont autant d’atouts que nous avons dans ce domaine et que nous devons développer, tout en sachant que cela fait et fera des jaloux. Je comparerais d’ailleurs cette jalousie à celle que le Luxembourg a connue lors du lancement du premier satellite Astra. Et nous savons que ces jaloux ne sont pas loin d’ici ! On va encore nous traiter de faire dans le CocaCola (au début des années 80, le ministre français des PTT, Louis Mexandeau, utilisa le terme de ‘satellite Coca-Cola’ en faisant référence au projet de satellite luxembourgeois alors piloté par un consultant américain, Clay Whitehead, ndlr). Mais nous le ferons quand même ! Il ne s’agit pas seulement de la diversification de la seule place financière, mais du pays tout entier. Et cela correspond à un réel besoin. Je ne suis pas sûr que mes enfants, qui sont déjà de jeunes adultes, aient mis plus de 10 fois les pieds dans une agence bancaire. Tout fonctionne à distance et il serait irresponsable de ne pas s’y intéresser et de ne pas s’attaquer à ces opportunités. »


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CHANGEMENTS DE CONSOMMATION

De la banque de papa à la banque de données Les banques profitent des innovations technologiques pour tester de nouveaux créneaux commerciaux. L’ère du tout numérique et de ses communautés en ligne bouscule la relation du banquier avec son client. Au Luxembourg de se positionner comme centre d’excellence à l’heure de la gestion des données. Texte Thierry Raizer

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lutôt à la fête pour célébrer les 75 ans de leur association sectorielle, les banquiers avaient bien besoin de ce moment pour se serrer les coudes et se motiver à l’aune des changements qui concernent leur métier. Qu’ils proviennent de la réglementation ou des évolutions de consommation induites par les innovations technologiques. Or, si les premiers s’appréhendent progressivement via, entre autres, une approche à l’égard d’une nouvelle clientèle pour compenser le départ de clients historiques, la seconde voit l’émergence d’autres acteurs se substituant à certaines de leurs missions. La montée en puissance de l’accès à internet puis l’achat massif de smartphones offrent en effet aux consommateurs une autre approche de leurs paiements et plus généralement de gestion de leurs avoirs. L’un des phénomènes les plus symptomatiques est la croissance récente, mais intense, du commerce électronique puis des paiements mobiles. Un créneau dans lequel s’engouffrent des structures plutôt jeunes, souvent nées sous la forme de start-up. Plusieurs entités sont ainsi agréées au Luxembourg par la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) en tant qu’établissements de monnaie électronique. On retrouve sur la liste de l’autorité de

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contrôle des sociétés locales, mais aussi Amazon. L’on y découvre aussi en filigrane l’intention d’utiliser le Luxembourg comme une plateforme internationale par le champion de la vente en ligne. C’est aussi le cas pour Yapital, le porte-monnaie électronique du géant allemand de la vente par correspondance, Otto. Une offre développée depuis Luxembourg à destination de son marché domestique, puis européen, que paperJam.lu avait révélée en primeur il y a un an. Même schéma, mais sur un plan géographique plus large, chez Mobey, qui s’est fait connaître des commerçants luxembourgeois avec l’interface de paiement mobile Flashiz. « Notre objectif premier était de créer un réseau d’acceptation international chez les commerçants avant de conquérir des clients finaux », déclare Alexandre Rochegude, CEO de Flashiz, alors de retour de mission de prospection au Canada. Depuis sa création il y a deux ans et demi, l’idée d’un paiement mobile via une application détectant les QR codes a même séduit le groupe international Flexco, spécialisé dans les services financiers, notamment les solutions de paiement. Une aubaine pour la structure luxembourgeoise logée dans les locaux du Lux Future Lab, d’autant que le groupe BNP est aussi entré dans la danse de cette acquisition avec une participation minoritaire. États-Unis, Australie, Singapour ou encore France, Belgique et Espagne,


Photo: Charles Caratini (archives)

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La banque de demain, connectée et interactive, comme à l'agence Belle Étoile de la BCEE ?

l’aventure de Flashiz a pris une envergure rapide sur le plan international. Un tempo qui ne doit rien au hasard tant l’écosystème bancaire 2.0 se conquiert à coups d’avancées technologiques et en mettant sur le marché le plus rapidement possible des solutions innovantes, qu’elles soient développées en nom propre ou via des partenariats. Les clients de Leclerc, par exemple, peuvent utiliser Flashiz sous les couleurs des centres commerciaux français. « Nous abordons les commerces avec une approche de partenariat, ajoute Alexandre Rochegude. Nous misons sur une facilité d’intégration de notre solution auprès des fournisseurs de caisses ou terminaux de paiement, avec pour objectif d’augmenter la fidélisation du client. » Car derrière la technologie, ces entrepreneurs presque digital native veulent proposer une valeur ajoutée à leurs véritables clients que sont les commerçants qui l’utilisent ou les entreprises dont les produits sont achetés par ce biais. L’exploitation des données relatives aux habitudes d’achats pourrait, en cas d’utilisation massive, faire pâlir d’envie les cracs du marketing.

Comprendre la dynamique des communautés Différentes études tentent d’ailleurs d’estimer l’ampleur des phénomènes d’achats en ligne

et mobiles. Sans disposer de boules de cristal, les marges de progression s’avèrent importantes, selon une analyse de PayPal (2012), qui indique que 55 % des smartphones sont utilisés pour effectuer du shopping dans des centres commerciaux traditionnels. Une autre étude, menée par Deloitte pour eBay, indique que « les commerçants présents sur le site de vente en ligne attirent davantage de clients dans leurs magasins ». Et l’émergence de communautés en ligne, actives via des blogs et autres réseaux sociaux, marque un changement supplémentaire pour les acteurs financiers. « Nous observons l’émergence de communautés qui se créent avec d’une part, des personnes en recherche de financement, et d’autre part, des personnes qui seraient disposées à prêter de l’argent, déclare Georges Bock, managing partner de KPMG Luxembourg. Les banquiers doivent donc trouver leur place dans cette nouvelle donne où ils peuvent potentiellement être hors jeu. Il faut à tout prix qu’ils évitent d’adopter le réflexe du repli sur soi, à l’image des maisons de disques qui avaient sanctionné les utilisateurs téléchargeant gratuitement de la musique plutôt que de se remettre en question. » Amenées à se recentrer sur leurs métiers de base dans la foulée de la crise de 2008, les banques doivent donc trouver leur place dans de nouvelles relations de créanciers à prêteurs, notamment le

« Il faut éviter le repli sur soi, à l’image des maisons de disques qui avaient sanctionné les utilisateurs téléchargeant gratuitement de la musique plutôt que de se remettre en question. » Georges Bock (KPMG)

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ÉTUDE

Technologie et sécurité La tendance vers le « tout mobile » allant de pair avec le phénomène du big data met en lumière le besoin crucial d'une sécurité informatique adatée. La cybercriminalité est d’ailleurs l’un des volets de l’enquête récurrente de PwC, Global Economic Crime Survey, menée dans 79 pays. Selon les derniers résultats de l’enquête, la cybercriminalité reste la deuxième forme la plus répandue de criminalité économique subie par les entreprises du secteur financier, après le détournement de fonds. 39% des entreprises interrogées déclarent en avoir été victimes en 2014, contre seulement 17% pour les entreprises des autres secteurs. Et l'étude d'indique que « ce pourcentage est anormalement bas. Nous savons par expérience qu'une nette majorité d'entreprises du secteur financier, les banques de détail en particulier, ont été victimes d'actes de cybercriminalité au cours de la période de l'enquête. » « Le secteur financier a été l’un des premiers à être touché par la cybercriminalité. Ce n’est guère étonnant au vu des gains financiers potentiellement très importants pouvant être obtenus par le détournement des processus informatisés et des mécanismes de contrôle en place dans les banques », explique Vincent Villers, associé et IT security leader chez PwC Luxembourg. Et l’expert de noter qu’il est « préoccupant de constater que 40 % de l’ensemble des personnes interrogées du secteur financier pensent qu’il est peu probable que leur entreprise soit victime d’actes de cybercriminalité au cours des 24 prochains mois. Il est primordial que les entreprises du secteur financier reconnaissent la cybercriminalité comme un risque à part entière et mettent en place des mécanismes adaptés de reporting. » Voulant se positionner à la pointe des problématiques de sécurité informatique, notamment via les data centres qui y sont exploités, le Luxembourg a donc aussi un rôle à remplir durablement dans cette composante essentielle pour le secteur bancaire. T. R.

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Visuel : ING

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La banque ING prévoit de prendre possession de son nouveau siège, en face de la gare (à l'emplacement de l'actuelle Galerie Kons) à l'horizon 2016.

crowdfunding. Ce qui pourrait les amener à prodiguer de nouveaux conseils sur base de l’expertise acquise de longue date. « Les transactions au sein de ces communautés nécessiteront, à un moment donné, une certification quant à leur sécurité », ajoute M. Bock. Comme le reconnaît le patron de la firme d’audit et de conseil, il est ici question de scénarios, mais le frémissement des tendances incite à les considérer sérieusement. Mode, jardinage ou cuisine, ces communautés virtuelles exercent une influence réelle sur les marques, dont celles de l’univers bancaire. « Le monde financier est plutôt conservateur, ce qui implique que les banques sont encore inégalement actives sur les réseaux sociaux, ajoute Georges Bock. Or, on ne peut ignorer ce sujet. Il est donc essentiel qu’elles effectuent au minimum une veille de leur réputation en ligne, voire qu’elles augmentent leur présence via une véritable stratégie. »

Repenser la proximité avec les clients Car l’objectif ultime de la transition numérique doit être de maintenir, voire de renforcer, la proximité avec les clients. Or, dans ce cas aussi, l’usage qui est fait des outils influence fortement le résultat. « La pression sur les coûts pousse les banques à revoir leur processus et donc à installer beaucoup de barrières digitales entre elles et leurs clients », observe Robert Carter, CEO de Ipaymo, une start-up née en 2011 et portée sur les fonts baptismaux par le biais d’un programme de transfert de technologie de l’Agence spatiale européenne. Primée par l’Innovation Award d’Accenture en 2013 et désignée également l’an dernier « Start-up of the Year » par Luxcloud, la petite structure se spécialise dans la sécurisation d’opérations bancaires via la géolocalisation par satellite. « Le digital doit être utilisé à bon escient pour rapprocher les banques de leurs clients,

ajoute M. Carter. Les terminaux actuels pourraient ainsi être repensés pour offrir de nouveaux services et se transformer en quelque sorte agences bancaires de proximité. » Rien n’empêche toutefois d’expérimenter, de tester et de mesurer l’appétit des clients à la lumière des spécificités de chaque marché. Comme dans le cas de la Banque et Caisse d’Épargne de l’État, qui a repensé depuis deux ans son agence de la Belle Étoile sur un mode 2.0 avec le soutien, ici aussi, d’une jeune pousse prometteuse des nouvelles technologies : iNUI Studio. Sur place, une solution ad hoc permettant une reconnaissance des gestes permet de naviguer dans des documents via des gestes instinctifs. Le téléchargement de documents via QR code y est aussi proposé. « Le client peut s’approprier en quelque sorte le lieu, il n’a pas besoin de se mettre dans une file d’attente. Il découvre lui-même les différents médias électroniques, peut les utiliser à sa guise. Une assistance est systématiquement proposée de la part des agents, mais pas toujours nécessaire », déclare Gaston Molling, chef du service coordination du réseau des agences de la BCEE. Ce test grandeur nature permet d’affiner les choix de l’institution dans les développements technologiques à l’échelle de son réseau d’agences. Tout en attirant de nouveaux clients. « Ces nouvelles technologies permettent de concevoir un accueil intéressant, de s’engager dans un entretien commercial, de détecter les besoins et de fournir les premiers éléments d’information, ajoute M. Molling. Les clients plus autonomes et adeptes de ces technologies ont la possibilité de trouver eux-mêmes les informations voulues, d’exécuter leurs opérations transactionnelles par les appareils en place. » Et la BCEE d’envisager d’intégrer une bonne partie de ces modules dans les prochains sites en planification ou les rénovations à venir. Moins de guichets, plus d’espaces ouverts et un accueil par un personnel dédié y seront réunis pour


Visuel : BGL

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Deux bâtiments de plus de 50.000 m2 avec une option pour un troisième de 18.000 m2 : le groupe BNP Paribas va regrouper, au Kirchberg, quelque 4.000 collaborateurs actuellement disséminés sur plusieurs sites. Livraison prévue au second semestre 2016.

faire vivre une « expérience » agréable aux usagers. « Ces technologies dépendent fortement du contenu, précise Gaston Molling. Ce dernier doit absolument suivre les nouvelles tendances, être en permanence à jour, utile et surprenant. Nous élaborons actuellement de nombreux applicatifs pour permettre à notre clientèle de devenir plus autonome dans ses besoins bancaires, de recevoir toutes les informations dans les meilleurs délais et sous la forme voulue. »

Un marché pour les données sensibles Être présente à tout moment, à tout endroit. Le défi de la banque moderne se gagnera sur le terrain de la disponibilité permanente. À la croisée des chemins, des acteurs ont senti l’opportunité de se rapprocher des grands noms en leur proposant une solution de paiement mobile sécurisée en lien avec un compte bancaire. Actuellement en contrat avec la BCEE, Post Luxembourg et la Bil, Digicash – agréée en tant qu’établissement de paiement – ambitionne de travailler d’ici à la fin de l’année avec quatre, voire cinq banques de la Place, soit la majeure partie de la clientèle résidente. « Les paiements mobiles initiés par QR code sont particulièrement prisés dans le contexte du règlement de factures, car ils permettent de faire économiser du temps et des moyens à chaque partie », déclare Raoul Mulheims, CEO de Digicash. Les grandes sociétés émettrices de facture, dont les assureurs, sont aussi sur le radar d’un acteur de paiement électronique. « Pour faire accepter une solution telle que la nôtre, une banque doit y percevoir une nécessité et une opportunité. L’apport d’une solution intégrée et réduisant le temps d’implémentation entre 50 et 150 jours-hommes est aussi un argument important », estime Raoul Mulheims. Fort de son expérience luxembourgeoise, Digicash veut, elle aussi, se développer internationale-

ment. « Nous envisageons déjà différentes pistes au Portugal, en France, en Italie ou encore au Royaume-Uni. » Internationale par essence, comme l’indique le nouveau CEO de l’ABBL (voir page 46), la place bancaire aurait donc tout intérêt à embrasser les nouvelles tendances pour demeurer attractive. « Nous sommes convaincus que les paiements électroniques sont déjà un domaine d’excellence pour le Luxembourg, ajoute M. Mulheims. Si le pays continue à être flexible vis-àvis de ce type d’activités tout en disposant des compétences suffisantes, nous pourrons représenter une terre d’accueil crédible pour des groupes qui veulent aborder le marché paneuropéen. » Estimant à 800 le nombre d’emplois perdus dans la foulée de l’échange automatique d’informations, le Statec perçoit cependant qu’un certain onshoring favorable au pays est en marche, en provenance « des ménages originaires d’autres pays qui deviennent résidents en transférant une partie ou l’intégralité de leur gestion de fortune à Luxembourg. » « La confidentialité doit continuer à faire partie de l’ADN de notre secteur, conclut Georges Bock. Nous aurons tout à gagner à nous positionner comme une Place offrant un cadre et des solutions mobiles sécurisés. Car si les solutions cloud gratuites sont légion, je suis persuadé qu’il existe un réel marché pour des solutions payantes à haute valeur ajoutée pour gérer des données sensibles. Et les banquiers pourraient combler cette demande de cloud sécurisé. » Maîtrise technologique, solutions mobiles sécurisées, expertise financière et confidentialité déontologique, la place bancaire luxembourgeoise 2.0 devra valoriser ces atouts à l’égard de son nouveau cœur de cible : les clients plus fortunés, autrement appelés high net worth individuals. Présentant un profil de plus en plus entrepreneurial et étant de plus en plus issus d’une génération connectée, ils seront sans nul doute sensibles aux possibilités modernes de gérer leurs avoirs.

« Les technologies dépendent fortement du contenu. Il doit absolument suivre les nouvelles tendances, être en permanence à jour, utile et surprenant. » Gaston Molling (BCEE)

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COVERSTORY

POST-SCRIPTUM

Chantiers perpétuels Texte Jean-Michel Gaudron

L

e Luxembourg n’est pas qu’une place financière, mais sans place financière, le pays serait beaucoup plus pauvre. » Cité dans un des films réalisés par l’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL) dans le cadre de son 75e anniversaire, ce résumé fait par l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker n’est pas prêt d’être obsolète. Contributeur pour un tiers de la richesse nationale, le secteur financier est, et devrait rester encore longtemps, le pilier fort de l’économie du Luxembourg. Ce n’est un secret pour personne. Le secteur bancaire, lui, pèse à lui tout seul une bonne dizaine de pourcents, que ce soit en termes de valeur ajoutée, d’emploi ou de recettes fiscales. Diversifier l’économie a toujours fait partie des priorités des gouvernements successifs, afin de s’affranchir, au mieux, de cette dépendance de fait. Mais au sein même de la sphère financière, la diversification est également indispensable pour faire en sorte que le secteur financier demeure ce qu’il est : un formidable atout pour que le « petit » Luxembourg ait voix au chapitre sur la scène internationale. Désormais sur le point de se débarrasser de l’encombrant fardeau d’un secret bancaire (son « péché originel », comme le qualifia récemment Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance, lors d’un événement organisé par le paperJam Business Club) qui lui a rapporté au moins autant de tourments que d’argent, la place financière vit une mutation devenue forcément nécessaire. Elle y est poussée autant par les obligations légales et réglementaires qui lui sont imposées de toutes parts que par l’évolution naturelle des attentes d’une clientèle à la recherche d’une nouvelle confiance après avoir été échaudée – et parfois même ébouillantée – par les conséquences (toujours vivaces, d’ailleurs) des récentes crises. Elle n’a évidemment – et heureusement – pas attendu mars 2014 et l’acte officiel du passage à l’échange d’information automatique pour démarrer un chantier qui, par la force des choses, s’annonce quasi perpétuel. Pas question de vouloir « rester ce que nous sommes », sauf si, évidemment, l’objectif est de rester une place de référence à l’international. Car la banque de demain devra être toujours plus, et plus que jamais, ouverte vers l’extérieur et toujours plus innovante pour garder son lustre d’aujourd’hui et le rendre encore plus brillant. Mais elle devra aussi être toujours plus compétitive et efficiente pour se donner les moyens de ses ambitions, car elle ne peut pas se contenter de faire seulement aussi bien que maintenant. Engagés dans les discussions pour le renouvellement de la convention collective du secteur, patronat et syndicats devront donc aussi faire preuve d’ouverture et d’innovation pour ne pas rester bloqués à « aujourd’hui » et poser de vrais et durables jalons pour « demain ». Le gâteau confectionné à l’occasion des 75 ans de l’ABBL avait fière allure. Ceux qui ont eu l’occasion de s’en servir une tranche ont une grande partie des cartes en main pour faire en sorte que celui qui sera servi en 2039, pour le centenaire de l’institution, ait encore un meilleur goût.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Entreprises

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Money For Job

LE RECRUTEMENT COLLABORATIF EN MARCHE Il est encore possible d’innover en matière de recrutement en ligne. Démonstration par l’exemple… Avec Money For Job, Julien Husson entend proposer un service au « juste prix ».

Photo : Maison Moderne Studio

D’où le nom du site internet. « Notre modèle de financement se veut transparent dès le départ, ajoute M. Husson, chargé d’implanter la marque au Luxembourg. Les networkers recevront 25 % des 2.200 euros versés par l’annonceur qui aura trouvé le candidat correspondant à ses attentes. » Soit 550 euros qui seront bienvenus dans les escarcelles personnelles. Win-win

C’est une petite révolution qui s’annonce dans le domaine du recrutement en ligne. L’arrivée, courant avril, de la plateforme « Money For Job » (www.moneyforjob.com, accessible en ligne d’ici à la fin du mois d’avril) risque en effet de bousculer les habitudes du marché sous plusieurs aspects. Tout d’abord celui du prix. Les offres d’emploi des entreprises seront en effet totalement gratuites, seules celles qui débouchent sur un recrutement leur seront facturées. « Nous voulons proposer un service au juste prix, notamment pour les plus petites structures qui ne peuvent pas toujours s’offrir les services d’un chasseur de têtes et pour qui trouver rapidement une compétence adéquate représente un besoin parfois vital, déclare Julien Husson, directeur commercial de Money For Job. La somme forfaitaire, de 2.200 euros, sera applicable à toute société, petite ou grande. » Autre point commun partagé par tous les annonceurs : l’anonymat. Chaque descriptif de poste présenté sur Money For Job sera détaillé, y compris le secteur d’activité, mais le nom de la société gardé secret. Il en sera de même pour les candidats. Chaque partie connaîtra l’identité de l’autre lorsque le candidat aura accepté le rendez-vous proposé.

Mais la valeur ajoutée que veut proposer le site internet, ce qui en fera son véritable différenciateur par rapport aux autres outils de recrutement, tient dans le renversement de la dynamique interne. Celle-ci dépendra en effet de la participation et de la fidélisation des membres d’une communauté en devenir qui pourront coopter leurs connaissances. L’idée de base est assez simple : les membres de cette communauté, inscrits sur le site et spécialisés dans un métier connaissent forcément un proche ou ami potentiellement intéressé par un emploi. « Nous avons remarqué que trop de personnes inscrites sur les plateformes de recrutement ne participaient pas activement à la vie de cette plateforme ni même à la gestion de leur profil », ajoute Julien Husson. Pour susciter l’adhésion d’une masse de petits chasseurs de têtes à leur manière, les initiateurs du projet comptent sur les « bons points » attribués sous forme d’étoiles et autres indicateurs de performance. Et l’idée de récompense va encore plus loin. Les membres ayant coopté une de leur connaissance se verront aussi valorisés en recevant monnaie sonnante et trébuchante.

Dans la mouvance des moyens de paiement électronique et des achats en ligne, Money For Job prévoit de convertir la somme touchée en bons d’achat, en crédit sur une carte estampillée aux couleurs de la plateforme ou encore de la verser en faveur d’une organisation humanitaire soutenue, cette année Médecins sans frontières. «  Nous reverserons de notre côté 5 % de l’argent reçu par les annonceurs à MSF, par volonté d’ancrer durablement notre action dans la responsabilité sociétale. » Une manière de garder les pieds sur terre en cas de succès de cette entreprise, dont l’idée a germé en 2008 au Luxembourg, à l’initiative de Vincent Balzano, expert dans le recrutement depuis 25 ans. Ce projet a ensuite mûri en France avant de revenir sur ses terres natales dans une optique internationale. « Nous voulons être ouverts à toutes les sociétés en donnant la même chance de visibilité à chacun, note Julien Husson. Nous poursuivons un plan de développement en Europe avec une présence commerciale sur place, proportionnellement aux zones visées. » À moyen terme, 76 pays seront abordés via une expansion en partie sous licence. Si elle devait faire ses preuves en fonction de l’appétit des usagers, cette idée pourrait positionner le Luxembourg comme terre d’accueil de nouveaux projets, à la convergence des ressources humaines et de l’ère du digital collaboratif. T. R.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

APRÈS SCHLECKER ET DAYLI

Nominations

Meng Drogerie+, version light

Cargolux tient sa gouvernance Un nouveau CEO (le Suisse Dirk Reich) ; de nouveaux vice-présidents pour remplacer les partants : la compagnie aérienne peut désormais (re)construire son avenir dans le giron des Chinois de HNCA.

Une troisième vie commence pour le réseau de magasins discount Schlecker, devenu Dayli début 2012. Une nouvelle enseigne vient de se créer sur les cendres de ses deux devancières : Meng Drogerie+. La société support a été créée en début d’année à Mondorf-les-Bains par de nouveaux investisseurs européens et prévoit de rouvrir, d’ici à Pâques, 25 des 28 magasins de la chaîne. Le premier l’a été à Pétange. L’ambition du nouveau gérant est de créer un réseau transfrontalier au départ du Luxembourg et d’Allemagne. Pour l’heure, une soixantaine d’emplois seulement, sur la centaine que comptait l’enseigne, pourraient être sauvés. PROCÈS LUXAIR

Poeckes se pourvoit en cassation Claude Poeckes, le pilote du Fokker de la Luxair qui s’était crashé le 6 novembre 2002, ainsi que trois autres condamnés dans l’affaire (Marc Galowich, ex-directeur technique de la compagnie aérienne luxembourgeoise et deux mécaniciens, Guy Arend et Léon Moes) ont fait cassation de l’arrêt du 21 janvier ayant accordé quelque 400.000 euros aux familles des victimes. Les parties civiles, elles, n’ont pas introduit de recours, bien que certains de leurs avocats s’étaient déclarés peu satisfaits des indemnisations décidées. Les quatre hommes à l’origine du recours en cassation avaient été condamnés à des peines de prison avec sursis allant de 18 mois à trois ans et demi.

AEW

65 salariés sur le carreau Actifs dans la réparation et le rebobinage de moteurs électriques d’industrie, d’alternateurs et de transformateurs, les Ateliers électriques de Walferdange (AEW), fondés en 1941, ont été déclarés en faillite le 14 mars. En difficulté depuis plusieurs mois, la société souffrait, selon les syndicats, d’un manque de liquidités entraînant l’impossibilité d’honorer factures et salaires. 65 employés se retrouvent ainsi sans emploi.

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Photo : Charles Caratini

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Dirk Reich devient président & CEO et succède à Richard Forson, qui occupait la fonction ad interim.

C’est finalement un Suisse qui se retrouve aux commandes de la « nouvelle » Cargolux, bientôt adossée à HNCA, le groupe d’investisseurs de la province chinoise du Henan, repreneur des 35 % du capital abandonnés par Qatar Airways. Le nouveau pilote s’appelle Dirk Reich, précédemment membre de la direction du groupe actif dans la logistique Kuehne & Nagel International pendant plus de 12 ans et qui fut, auparavant, pendant 10 ans, route manager chez Lufthansa. Il succède à Richard Forson, qui occupait la fonction par intérim depuis l’été 2012, et qui redevient le directeur financier qu’il était précédemment. La gouvernance de Cargolux a été profondément remaniée, puisque deux senior VP, Robert van de Weg (ventes & marketing) et Peter van de Pas (opérations et maintenance) ont quitté la société pour rejoindre AirBridge Cargo (filiale de la compagnie Volga-Dnepr, qui fut aussi sur les rangs pour reprendre l’ancienne participation qatarie). Le seul membre exécutif à rester en place est Henning zur Hausen (senior VP legal affairs & compliance). Deux nouveaux senior VP ont été promus en interne : Marcel Funk (head of flight operations) et Onno Pietersma (maintenance and engineering). Autre arrivée : celle de Robert Song, nommé aux nouvelles fonctions de senior VP Asia & Pacific, un poste créé sur mesure pour l’ancien conseiller de HNCA, dont l’intronisation fait polémique. Selon la radio socioculturelle 100,7, sa nomination serait la cause d’un autre départ : celui de l’avocat Paul Mousel de son siège d’administrateur, qui aurait choisi de prendre la tangente en raison de divergences de vues sur l’évolution de la société de fret. Il ne reste désormais plus qu’à finaliser officiellement le deal avec HNCA. Cela devrait être fait fin avril, autour du vol inaugural d’un Boeing de Cargolux vers Zhengzhou, prévu le 25. Les actionnaires chinois ont cependant d’ores et déjà validé la nouvelle gouvernance. Ce qui ne manque pas de réjouir Paul Helminger, président du conseil d’administration : « Nous pouvons enfin nous tourner vers l’avenir », a-t-il confié au sortir de la réunion du conseil qui a entériné ces décisions�


ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

« C’est un projet personnel, en tant qu’investisseur, sans aucun lien avec le groupe japonais Rakuten au sein duquel j’exerce un certain nombre de mandats. » Adrian Diaconu, directeur au sein du QG européen du géant japonais basé à Luxembourg, tient à faire la part des choses après avoir investi 2 millions d’euros pour le sauvetage de l’entreprise de lingerie française Lejaby.

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

SANTÉ

SUPERNAP

Fusion hospitalière actée

Le Luxembourg passe au superlatif

Annoncée fin 2012, la fusion de la clinique Bohler, de l’hôpital Kirchberg, de la Zithaklinik et de la clinique Sainte-Marie (à Esch) est désormais officiellement actée. Ainsi sont nés les Hôpitaux Robert Schuman, dont le conseil d’administration est présidé par Frank Wagener et le comité de direction par le docteur Paul Wirtgen, directeur général de l’hôpital Kirchberg. La nouvelle entité regroupe 250 médecins sous statut libéral et plus de 2.200 salariés. Tous seront gérés par la Fondation François-Élisabeth, désormais baptisée Fondation Hôpitaux Robert Schuman.

L’opérateur du plus grand data centre au monde, l’américain Switch Supernap, qui dispose d’un campus de 200.000 m2 à Las Vegas, va se lancer à l’international en basant ses activités au départ du Luxembourg, via deux sociétés déjà établies au GrandDuché : Accelero Capital Holdings et Orascom TMT Investments, qui ont signé un partenariat avec Switch Supernap pour former une jointventure qui aura la charge de construire le plus vaste écosystème de centres de données hors États-Unis. Derrière Accelero Capital Holdings et Orascom TMT Investments se trouve l’homme d’affaires et politicien égyptien Naguib Sawiris, 6e fortune africaine et 341e fortune mondiale, selon Forbes.

SES

Une couverture élargie de 5 %

Photo : Binsfeld

Guy Binsfeld, visionnaire et éditeur passionné, était sans nul doute un des pionniers du secteur de la communication au Luxembourg.

Carnet noir

Guy Binsfeld, le visionnaire Âgé de 77 ans, Guy Binsfeld, fondateur il y a 35 ans de l’agence de communication et de la maison d’édition du même nom, a tourné la dernière page de sa vie, le 19 mars dernier. Visionnaire, éditeur passionné et, sans nul doute, un des pionniers du secteur de la communication au Luxembourg, il avait commencé sa carrière en tant que journaliste au Lëtzebuerger Journal (de 1960 à 1964), puis quitta la profession pour créer, avec Léo Reuter, Interpublicité (aujourd’hui Interpub’), l’une des toutes premières agences-conseils en communication du pays. En 1976, il posa un congé sans solde pour se consacrer, pendant deux années, à une campagne mondiale pour Amnesty International. C’est à son retour qu’il concrétisa, en 1979, l’idée de se lancer à son propre compte. Son premier livre fut un coup de maître : un ouvrage consacré au Luxembourg, le premier sur cette thématique, richement illustré en couleurs. Bilan : 30.000 exemplaires vendus et un second tirage pour 20.000 autres. Un tirage alors jamais atteint au Luxembourg. C’est à la fin des années 80 que son fils, Marc, entra au sein de la structure à la tête de laquelle il est toujours�

L’opérateur de satellites SES annonce que sa couverture a progressé de 5 % en 2013, pour atteindre désormais quelque 291 millions de foyers TV dans le monde, dont 151 millions (52 %) en Europe. C’est surtout en Inde (+18 %) et en Asie-Pacifique (+7 %) que la progression a été la plus forte.

OERLIKON BALZERS

Production boostée à Niederkorn Leader technologique mondial dans le domaine des solutions de surface, Oerlikon Balzers (dont le siège est au Liechtenstein) a décidé d’augmenter sa capacité de production pour ses revêtements en diamant à la pointe de la technologie afin de répondre à la demande croissante des secteurs aéronautique et automobile. Une décision qui touche directement le Luxembourg, puisque c’est à Niederkorn, centre de compétence mondial du groupe pour le revêtement en carbone d’outils de découpe, que l’espace de production sera augmenté de plus de 50 % et les technologies des processus de revêtement en diamant améliorées.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

CLUSTER ICT

Buck, 1er président Actif depuis 2012, le cluster ICT, regroupement d’une soixantaine de professionnels des technologies de la communication, animé par Luxinnovation, ne comptait pas de président. C’est chose faite avec la nomination de Xavier Buck (DCL Group), qui aura pour premier objectif de redynamiser ce groupement en commençant par construire des passerelles entre le public et le privé. Mais il tentera aussi de fédérer les initiatives. « Je suis là pour que ça bouge un peu. Nous voulons mettre l’accent sur Luxinnovation ou encore favoriser les liaisons avec les centres de recherche. Beaucoup de sociétés ne sont pas conscientes du potentiel de cet écosystème », a-t-il indiqué à paperJam.lu.

Photo : David Laurent (archives paperJam)

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ICT

Viber rejoint Rakuten au Luxembourg En février dernier, Viber Media, créatrice du logiciel de VoIP marchant dans les traces de Skype, était rachetée pour 900 millions de dollars par le géant japonais Rakuten, dont le quartier général européen est établi au Grand-Duché depuis 2008. Conséquence directe : Viber Media a choisi elle aussi d’implanter son siège au Luxembourg, perpétrant le quasiregroupement familial autour du groupe nippon. En 2011, la société canadienne Kobo avait été rachetée par Rakuten et avait aussi choisi, quelques mois plus tard, de poser ses valises au Grand-Duché.

FLAGSHIP AWARDS

Derniers jours pour postuler Comme chaque année, le Flagship Award, organisé par l’Association des professionnels du secteur de l’information (Apsi), va récompenser une entreprise qui, par son dynamisme et sa créativité, a particulièrement favorisé le développement économique du pays. Pour succéder à DCL Group, lauréat en 2013, la date limite du dépôt des candidatures (via le site www.apsi.lu) est le 15 avril. La remise du prix se fera le 15 mai dans le cadre de la 7e édition du gala Golden-i, organisé par ITnation-Makana au Casino 2000 de Mondorf.

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Jean-Luc Dourson réclame à Ketterthill le paiement d’un montant total de 7,10 millions d’euros.

Ketterthill

La bataille continue Jean-Luc Dourson, ex-administrateur délégué du laboratoire privé d’analyses médicales, estime sa mise à l’écart abusive et fautive et réclame plus de 7 millions d’euros devant la justice.

Jean-Luc Dourson, limogé début janvier de la direction du laboratoire d’analyses médicales Ketterthill, a assigné, lundi 24 mars, son ancien employeur devant le Tribunal de Luxembourg siégeant en matière commerciale. Cette procédure fournit une lumière crue sur la nature des relations qui liaient l’ancien patron du premier laboratoire privé du Luxembourg avec son actionnaire français, Cerba European Lab (CEL), qui détient le contrôle de sa filiale luxembourgeoise à travers une entité de droit belge LBS. Dans l’assignation, dont paperJam.lu a eu connaissance, M. Dourson réclame à Ketterthill le paiement d’un montant total de 7,10 millions d’euros, dont 4 millions au titre de préjudice matériel et six salaires (partie fixe) de 26.000 euros mensuels pour rupture de son mandat d’administrateur délégué. L’ancien patron du laboratoire invoque le caractère abusif et fautif de sa révocation « p our faute grave », intervenue de manière brutale, par un simple courriel avant qu’il ne se rende au travail, au lendemain d’un courrier dans lequel il annonçait son intention de dénoncer des infractions aux dispositions de la loi de 1915 sur les sociétés commerciales et réclamait la convocation d’une assemblée générale. Dourson avait ainsi mis en cause les frais de gestion prélevés (pour certains à titre rétroactif, alors que les comptes avaient déjà été clôturés) par la maison mère parisienne sur sa filiale ainsi que les montants jugés exorbitants que CEL facturait à Ketterthill pour des frais (10 millions d’euros) liés à un prêt high yield. Sur les 10 millions de frais, Ketterthill devait supporter 1,662 million. La société doit par ailleurs faire face à une hémorragie dans son équipe managériale, puisque la responsable communication et marketing de la société s’est en effet vue signifier son licenciement à compter du 1er avril, ce qui porte à cinq le nombre de départs de responsables du laboratoire privé depuis janvier dernier�


START-UP 2 Qu’elles soient créées par des résidents ou attirées sur le territoire national grâce à son environnement légal et fiscal,il existe de nombreuses jeunes pousses installées au Luxembourg. Lancées par des entrepreneurs ambitieux – qu’ils soient jeunes ou expérimentés – elles représentent un gisement d’innovations, d’emplois et de croissance important. Découvrez, en 60 minutes, 10 projets patiemment sélectionnés !

Mercredi 28 mai 2014 1 soirée, 10 experts, 6 minutes par orateur Irina Aleksandrova Sportunity

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Marcus Becker Paycash

Fabien Nizard Nubs.com

Loic Didelot Pindo.me

Patrick Rahme All Square Golf

Julie Gordet Voltage

Alain Schmit Oji Drinks

Per Fredrik Hagermark The Impactory

Max Wolter Nexunity

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PLACE FINANCIÈRE

Banqueroutes frauduleuses

Grande vie et business parallèle Dix ans de procédure avant de faire comparaître deux notables devant le tribunal correctionnel pour banqueroutes frauduleuses et abus de biens sociaux. Les prévenus ont confondu la caisse de quatre crèches et trois restaurants avec leur portefeuille. Les juges de la 13e Chambre correctionnelle se sont interrogés sur les délais d’une enquête « laborieuse ». Texte Véronique Poujol Photos Jessica Theis

U

n ancien banquier de la Spuerkeess qui ramassait la caisse des trois restaurants branchés dans lesquels il était associé, y puisait des fonds comme si c’était sa tirelire personnelle, ne payait pas toujours les employés, mais se faisait financer une Porsche… Le directeur médical faisait travailler ses enfants au noir dans les restaurants ou leur payait des salaires fictifs d’éducateurs dans des crèches privées. Ces deux notables étaient dans le business. La 13e Chambre correctionnelle les a condamnés le 13 mars dernier à respectivement 24 et 12 mois de prison avec sursis (ils encouraient cinq ans) pour banqueroutes frauduleuses et abus de biens sociaux. Une affaire qui a fait beaucoup de dégâts collatéraux dans la bonne société luxembourgeoise. Les 70 pages de jugement se lisent comme un roman noir, entre establishment, argent facile et clientélisme. Who’s who et affaires de famille

C’est un petit empire commercial qu’avaient constitué, en marge de leur activité professionnelle principale, François May, 64 ans (ex-conseiller général de la BCEE) et Claude Bollendorff, 61 ans (qui a dirigé jusqu’à récemment l’Association pour la santé au travail du secteur financier). Au début des années 2000, ils avaient ouvert – sans apparaître officiellement dans les statuts, mais ils ont été déclarés dirigeants de fait – plusieurs crèches ainsi que trois restaurants. En moins de deux ans, les caisses étaient vides, les salariés, les charges sociales et les fournisseurs impayés. L’enquête judiciaire qui les a menés devant un tribunal correctionnel fut « laborieuse », ont reconnu les juges. « On a tout fait pour les soustraire à la justice », admet un proche du dossier. Le procès des deux hommes n’a pas dit quel fut le degré de proximité qu’ils entretenaient avec le pouvoir. Ils y avaient en tout cas des entrées. Il est certain que la longueur de la procédure a pesé à leur avantage dans les sanctions qui leur ont été infligées. À l’heure de boucler cet article, le jugement n’avait pas été frappé d’appel.

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Le business des crèches, ça ne s’improvise pas. Les quatre qui avaient été ouvertes par les prévenus (ils se cachaient derrière des membres de leur famille et des sociétés offshore) n’étaient remplies qu’aux deux tiers et la qualité des prestations n’atteignait pas les meilleurs standards. Quelque 120 enfants, selon la presse de l’époque, se répartissaient entre la Villa bleue à Senningerberg, la Villa lavande à Gasperich, la Villa

jaune à Helmsange et Les Petits Loups à Kirchberg (qui accueillait les enfants du personnel de la Banque générale). La structuration de l’ensemble s’appuyait sur les sociétés Les Villas SA et TM SCI, pour le patrimoine immobilier, et Familienservice SA, pour la gestion des crèches. Les conseils d’administration de ces sociétés ressemblaient à un who’s who. Christian Billon, actuel secrétaire général de l’administration des biens du Grand-Duc, a siégé


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PLACE FINANCIÈRE

Le restaurant à l’étage du complexe Utopolis, après tout un cinéma, a dû fermer boutique.

dans Familienservice (à peine six mois, sa démission avec effet immédiat laisse penser qu’il y avait déjà de l’eau dans le gaz) et la fiduciaire Billon & Associés (ex-PwC Experts comptables et fiscaux), qu’il dirigeait avec Gérard Becquer, avait domicilié Les Villas avant d’en dénoncer le siège. L’avocat Aloyse May, frère du principal inculpé, y avait fait aussi plus que des apparitions. L’avocate Katia Scheidecker, qui a ensuite repris le fonds de

commerce de l’étude May, avec deux autres associées, apparaît aussi dans les statuts. Les crèches fermèrent à l’été 2004, laissant les parents de 120 enfants dans l’embarras et jetant les employés dans la précarité, car certains n’avaient pas été payés. Les médias s’étaient emparés de l’affaire, relayée par la classe politique. Puis ce fut le silence radio. Les Villas SA fut laissée à l’abandon jusqu’à sa liquidation judiciaire en décembre 2008 et Familienservice fut mise en friches, après les démissions en 2004 de tous ses administrateurs, puis sa faillite à la suite des impayés de salaires (40.400 euros, selon le jugement du 13 mars). Dans l’affaire des crèches, MM. May et Bollendorff avaient été renvoyés en octobre 2011 devant le tribunal correctionnel du fait d’abus de biens sociaux et de banqueroute simple. Bien qu’ils l’aient longtemps contesté et se soient renvoyé la patate chaude, ils ont été les dirigeants de fait de Familienservice. Le parquet reprochait aux prévenus d’avoir omis de faire aveu de cessation de paiement entre juin et septembre 2004. May avait ouvert les comptes à la BGL en juin 2001 et y avait procuration. La banque avait ouvert une ligne de crédit de 50.000 euros, mais en juin 2004, elle adressa à la société une mise en demeure pour régulariser un solde débiteur de près de 92.000 euros. La BGL coupera le robinet peu de temps après, ce qui précipita la fermeture des crèches. Bollendorff s’occupait de la comptabilité, après que la comptable, auditionnée par la police, eut jeté l’éponge (des suites d’une mésentente avec les actionnaires et d’honoraires impayés). Selon le jugement, Claude Bollendorff s’est servi de son frère comme « homme de paille » de Familienservice. Il y figurait comme administrateur délégué mais, devant les enquêteurs, il déclarera n’avoir jamais assisté à une assemblée générale et même ignorer le nom de la société. Les deux fils de Claude Bollendorff touchèrent pour leur part pendant près d’un an – entre juin 2003 et mai 2004 – des salaires confortables sans aucune contrepartie. L’abus de biens sociaux a donc été

retenu par les juges contre May et Bollendorff, en plus de la banqueroute simple. Familienservice a laissé un passif de 226.100 euros pour un actif d’à peine 7.000 euros, selon le témoignage de sa liquidatrice, Evelyne Korn. À côté des crèches, le banquier et le médecinchef avaient aussi investi dans trois restaurants : un premier, sous l’enseigne initiale de Spaghetteria, au 1er étage du complexe Utopolis Kirchberg, un deuxième à Esch-sur-Alzette, rue du Brill, et un troisième rue Notre-Dame au cœur de la Ville de Luxembourg. L’exploitation de Spaghetteria était assurée par la société Food Factory, constituée en février 2003. On y retrouve François May et Claude Bollendorff à travers d’autres sociétés de participations, ainsi qu’un troisième homme, Égide Thein, qui apparaît plutôt comme une victime et qui s’est d’ailleurs constitué partie civile dans le procès. Un an et demi plus tard, en novembre 2004, les huissiers débarquent au Kirchberg à la demande du Centre commun de la sécurité sociale, qui réclame des arriérés de cotisations de 53.000 euros. Food Factory est déclarée en faillite le 20 décembre, un curateur est nommé, l’avocat João Nuno Pereira, partie civile dans le procès. Selon le livre des comptes retrouvé par le liquidateur, le passif de 663.000 euros ne se justifiait pas dans l’intérêt social de Food Factory. Des montants qui, selon le jugement, n’étaient pas en relation avec l’objet de la société et qui ont profité « aux dirigeants de fait eux-mêmes où à des membres de leur famille, connaissances ou amis ». Tournée des caisses en Porsche

Selon le témoignage d’un des gérants techniques du restaurant, May et Bollendorff venaient vider les caisses le matin, mettant l’argent et les chèques repas « dans un attaché-case noir ». Les deux hommes avaient aussi les clefs du coffrefort. Sur le compte ouvert à la banque, chaque associé était habilité à effectuer des mouvements au prorata de ses participations dans la société. Après le passage de l’huissier en novembre 2004,

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PLACE FINANCIÈRE

Le petit réseau de crèches des « Villas » en a vu de toutes les couleurs.

Food Factory vend pour 50.000 euros – il en valait dix fois plus – son fonds de commerce à un cousin de François May. Le restaurant est exploité par une autre société, Spaghetteria Factory sàrl, et le personnel est remplacé, ainsi que le gérant. Les enquêteurs ont retrouvé un courrier du 29 juillet 2004 rédigé par François May et adressé au dirigeant de la société Experta (filiale de la Bil), Jean Bodoni. « François May a tenté de chercher une solution au gel des lignes de crédit de la société Food Factory. Il a proposé ‘pour des raisons stratégiques et plus particulièrement de discrétion’ de constituer une SA qui reprendrait les dettes et les créances de la société », souligne le jugement. Les comptes bancaires étaient tous dans le rouge : -36.400 euros à la Raiffeisen. Dexia Bil avait déclaré une créance de 343.000 euros (la banque avait gelé les comptes en juillet-août 2004) et Eurolease, 141.000 euros. Des contrats de leasing pour trois véhicules de tourisme avaient été signés : une Porsche, conduite exclusivement par François May (notamment pour faire la tournée des caisses), dont les mensualités s’élevaient à 2.200 euros ; une Audi Break conduite par l’épouse de May et une Smart Roadster pilotée par un des fils de Claude Bollendorff (qui a travaillé officiellement deux mois dans le restaurant comme garçon de salle, puis DJ). Il faudra, par ailleurs, attendre plusieurs rappels du curateur de la première faillite de Food Factory pour que le cousin de François May paie les 50.000 euros du fonds de commerce. Le chiffre d’affaires mensuel moyen du restaurant dépassait les 102.000 euros. Une partie des chèques repas de la caisse sera réutilisée à des fins personnelles (près de 50.000 euros). Les dirigeants de fait picoreront dans les comptes bancaires, 3.000 euros par-ci, 10.000 et 24.500 par-là, 60.000 pour donner au cousin. May, pour sa défense, indiquera que les montants n’ont pas été prélevés à titre privé, mais qu’il s’agissait de contrats de prêts documentés… dont il avait perdu les originaux, volés avec son coffre-fort. Les juges n’y ont pas cru. L’infraction de banqueroute frauduleuse a été retenue contre lui et son comparse. L’histoire s’est répétée à Esch, à la Toscana, restaurant ouvert en février 2003. L’huissier viendra réclamer plus de 15.000 euros d’impayés de cotisations sociales en novembre 2004 et la faillite sera prononcée un mois plus tard, en décembre. Dans l’urgence, François May avait fait intervenir son frère avocat pour tenter de vendre 150.000 euros le fonds de commerce du restaurant. Le repreneur avait signé une convention mais quelques heures avant la remise des clefs, il se rendit compte que le mobilier du restaurant, pourtant dans l’inventaire, avait

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disparu. Il n’appartenait pas à la société exploitante. Le candidat à la reprise a assigné May et Bollendorff devant un tribunal civil et obtenu gain de cause. Retards manifestes

Une seconde tentative a eu lieu au printemps 2004. Marc Hobscheit, qui exploite déjà plusieurs enseignes à Luxembourg, approché d’abord pour le rachat du restaurant (ce qu’il refuse), accepta de le gérer. L’homme raconta toutefois aux policiers que, vite, il se rendit compte de soucis : factures aux fournisseurs atteignant 200.000 euros, compte courant dans le rouge de 100.000 euros, loyer impayé depuis trois mois, sans compter les employés qui attendent leur salaire du mois précédent et ceux qui ont assigné le restaurant pour licenciement abusif. Le 30 avril 2004, le restaurant fermait et le tableau des créances (présenté lors du procès) affichait une ardoise de près de 500.000 euros, dont 247.000 de créances de la Bil. Selon les enquêteurs, des prélèvements de 165.000 euros étaient étrangers à l’intérêt social de l’entreprise, mais des remboursements avaient été effectués de sorte que la perte avait été limitée à environ 85.000 euros. Le troisième restaurant fut exploité par Geromlux à partir de février 2003, rue NotreDame, d’abord sous le nom de la chaîne BICE (une franchise qui coûtait 80.000 euros par an), puis de Signora d’Oro. L’affaire semblait bien marcher, le chiffre d’affaires tournait entre 200.000 et 250.000 euros par mois. Mais six mois après l’ouverture, un des partenaires de May et Bollendorff se rend compte que les fournisseurs et les employés restent impayés. La dette de la sécurité sociale s’élève à 123.000 euros, celle de l’Administration de l’enregistrement à 16.000 euros. Les créanciers déclarent un montant de 1,233 million d’euros. L’enquête montre que les deux prévenus ont

mélangé les comptes d’un restaurant à l’autre et ont puisé dans la caisse : plus de 30.000 euros à leur profit personnel, 65.800 euros en faveur de personnes physiques et morales de leur entourage. Le tribunal parle de « détournements » et de « mauvaise foi » des prévenus, dont le procès devait se tenir en octobre 2012 mais qui ont chaque fois décommandé en présentant des certificats de maladie. Le procès s’est tenu dans la discrétion entre le 5 et le 14 février 2014. Dans leur décision du 13 mars, les juges ont pointé les anomalies de la procédure, notamment ses délais trop longs : « Il y a eu des périodes d’inaction avec des retards manifestes qui ne s’expliquent pas par le comportement des prévenus et qui sont excessives et dépassent le délai raisonnable dans lequel les prévenus avaient droit à voir leur cause entendue. » Il est vrai qu’une première plainte d’un des ex-associés de May et Bollendorff remonte au 31 octobre 2005. Le premier rapport de l’enquêteur de la PJ date de janvier 2008 et les ordonnances de renvoi devant un tribunal correctionnel sont intervenues en octobre et novembre 2011. Les premières convocations adressées aux prévenus pour comparaître remontent à octobre 2012… « Eu égard à l’ancienneté des faits, il convient donc d’alléger la peine à prononcer contre les prévenus, alors qu’ils ont dû accepter l’incertitude quant au sort de l’action publique pendant une période prolongée », note le jugement.

En 2004, quatre crèches ferment brutalement leurs portes, dont celle des employés de la BGL, laissant les parents de 120 enfants dans l’embarras. Dans le même temps, trois restaurants, exploités par les mêmes dirigeants, ferment de manière tout aussi spectaculaire. Dix ans plus tard, deux notables luxembourgeois se retrouvent devant le tribunal correctionnel et sont condamnés à de la prison avec sursis.


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Responsabilité sociétale

L’autre facette de la diversité

Emploi et handicap, deux notions qui cohabitent de plus en plus depuis le renforcement du cadre légal, il y a 10 ans. L’insertion des personnes handicapées dans le marché du travail reste le fruit d’une démarche volontariste. Les entreprises échangeront leurs bonnes pratiques lors d’une journée de sensibilisation organisée le 28 avril.

Texte Thierry Raizer Photos Jessica Theis

S

i la diversité est souvent mise en lumière via les questions d’origines culturelles et de genre, elle l’est peut-être moins via celles liées à l’intégration des personnes handicapées dans le marché du travail. Or les besoins de part et d’autre sont nombreux. Les moyens mis en œuvre par les pouvoirs publics aussi. Mais force est de constater en rencontrant les parties concernées que volontarisme et courage sont souvent nécessaires pour aboutir à des résultats. « Il existe une législation adaptée, des aides mais beaucoup d’employés et d’employeurs ne les connaissent pas », reconnaît Silvio Sagramola, directeur du service Info-handicap, point de convergence des informations depuis 1993. « Plutôt que de s’aventurer sur un terrain inconnu, certains préfèrent d’ailleurs ne pas franchir le premier pas. » Le besoin de coordination entre les différents acteurs concernés apparaît comme essentiel pour réussir une mise au travail. « La coordination est le terme clé, ajoute Silvio Sagramola. Lorsqu’un handicap survient durant un parcours professionnel, cela implique une remise en question qui doit être correctement gérée par les différents services concernés. » Des rouages étatiques sollicités

Parmi ceux-ci, la commission médicale qui siège au sein du ministère du Travail occupe une place déterminante puisqu’elle est chargée d’accorder le statut de salarié handicapé. En 2013, pas moins de 977 demandes lui ont été adressées. Au sortir de ses 27 réunions, la commission a marqué un accord dans 421 cas (167 femmes et 254 hommes). Celle-ci transmet ensuite son avis à une autre commission,

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CHÔMAGE ET HANDICAP

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C’est le nombre, fin janvier, de demandeurs d’emploi ayant le statut de « salarié handicapé » répertoriés sur le site de l’Adem. 2.356 personnes sont par ailleurs reconnues en incapacité de travail (au moins 30 %). On doit ajouter les 455 salariés handicapés bénéficiant d'une mesure de reclassement externe pour se rendre compte qu’avec 4.095 personnes disponibles sur le marché de l’emploi, cette tranche des statistiques du chômage est tout sauf anecdotique.

« Le salarié handicapé est avant tout un salarié. » Nicolas Schmit (ministre du Travail)

en charge de l’orientation et du reclassement professionnel qui, dans la suite des rouages étatiques, « décide de guider la personne (…) vers le marché du travail ordinaire ou vers les ateliers protégés », indique le rapport annuel 2013 du ministère de la Famille. Dans le premier cas, le lien entre employeurs et salariés handicapés est effectué par le service des salariés handicapés de l’Adem. « L’employeur peut s’adresser à ce service pour demander une participation de l’État au salaire du collaborateur concerné », déclare Ginette Jones, conseillère de gouvernement au ministère du Travail, en charge des questions des salariés handicapés. Le remboursement du salaire oscille entre 40 % et 100 % du montant brut, les aménagements de postes de travail peuvent aussi être supportés par les fonds publics. Difficile pourtant de dire si, malgré les aides possibles, la législation est respectée. En 2003, la loi protégeant les salariés handicapés a été revue et prévoit une série de quotas (un salarié handicapé temps plein pour les entreprises entre 25 et 49 collaborateurs, 2 % des effectifs pour les entreprises de moins de 300 personnes et 4 % des effectifs pour les structures dépassant ce seuil), assortis de sanctions financières en cas de non-respect. « Les moyens d’opérer un véritable contrôle ne sont pas en place, note Silvio Sagramola. Le seul moyen d’inciter les employeurs est la sensibilisation. » Le consensus s’opère

Le Parc Merveilleux de Bettembourg, un exemple réussi dans une société qui se veut « inclusive ».

pour dire que les quotas doivent être maintenus dans la loi pour garder un caractère dissuasif en cas de situation extrême mais que le dialogue doit être privilégié. « Il faut garder les quotas comme porte d’entrée pour négocier, amener la discussion », relève Joël Delvaux, secrétaire syndical auprès du département des travailleurs handicapés de l’OGBL. « L’intégration de la personne handicapée dépend aussi d’elle-même et de son attitude plus ou moins ouverte, lorsque cela est possible bien entendu », ajoute Joël Delvaux, lui-même concerné par cette question. Celui qui deviendra l’an prochain conseiller communal de la capitale en raison des rotations effectuées parmi les élus Déi Lénk ne manque pas de motivation communicative. Bénéfices pour tous

Outre le bon fonctionnement des services de soutien, la communication entre chaque partie est la clé. D’autant plus au sein des sociétés qui militent en faveur de l’inclusion, le terme de plus en plus utilisé pour décrire un objectif d’intégration des différences au sein d’un même projet d’entreprise. « Nos gérants organisent mensuellement une réunion d’information avec leurs équipes dans laquelle la diversité au sens large est régulièrement abordée, déclare Ann De Jonghe, directrice des ressources humaines de Sodexo au Luxembourg. Il est en effet important pour une entreprise qui emploie 1.700 personnes sur un mode décentralisé de veiller au partage des mêmes valeurs et de préserver la cohésion des équipes. » Le géant de la restauration collective et de facilities management poursuit d’ailleurs une politique de diversité à l’échelon local reposant sur un canevas global.

DISCRIMINATIONS

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C’est le nombre de cas liés aux handicaps dont a été saisi le Centre pour l’égalité de traitement en 2013. Soit 27 % des dossiers traités l’an dernier.

« Nous proposons tous les mois une journée de sensibilisation sur base volontaire consacrée à l’inclusion en entreprise, ajoute Ann De Jonghe. Elle était initialement destinée aux managers mais nous avons remarqué un engouement de la part de nos différents collaborateurs, tout simplement pour partager leur réalité quotidienne et apprendre davantage sur leurs collègues. » Du travail en cuisine aux fonctions administratives, peu de freins théoriques existent pour qu’un collaborateur souffrant d’un handicap puisse exercer une tâche. « La première difficulté, et non des moindres, concerne les préjugés de chacun, relève Ann De Jonghe. Le plus difficile est de faire changer les mentalités. » L’entreprise qui veut intensifier ses collaborations avec l’Adem pour intégrer des jeunes en décrochage scolaire fait partie des exemples d’employeurs proactifs. Ceux qui ont compris les bienfaits de la diversité en interne mais aussi de la prise de conscience globale qui s’effectue autour de cette notion. « Dans leurs appels d’offres, nos clients tiennent de plus en plus compte du volet responsabilité sociétale, précise Ann De Jonghe. Ils veulent s’assurer que les valeurs de leurs fournisseurs correspondent à celles qu’ils défendent. » Ces bonnes pratiques seront justement échangées lors d’une journée de sensibilisation organisée le 28 avril. « Nous devons montrer que le salarié handicapé est avant tout un salarié, déclare Nicolas Schmit, ministre du Travail. Certains préjugés subsistent alors que des projets concrets portent leurs fruits comme dans le cas du call center de l’Adem qui est entièrement géré par des travailleurs handicapés. » Une manière d’indiquer que le secteur public (soumis à un quota de 5 % de salariés handicapés embauchés) doit montrer l’exemple pour entraîner l’adhésion du

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ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

AGENDA

Des défis, une conférence La journée de « sensibilisation, emplois et handicaps » sera organisée le 28 avril dès 11 h 30 au Tramsschapp sous l’égide du ministère du Travail, en partenariat avec la Charte de la diversité Lëtzebuerg, l’Adem, Info Handicap, Hörgeschädigters Beratung et l’INDR. Outre une intervention du ministre Schmit et la présentation du service des salariés handicapés de l'Adem, la parole sera donnée aux acteurs de terrain qui pourront également échanger autour de stands d’information. Infos : www.chartediversite.lu. T. R.

Depuis 2011, le Luxembourg a ratifié la convention de l'ONU relative aux droits des handicapés, dont celui de s'insérer dans le marché du travail.

privé. « La convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées que nous avons signée implique notamment de créer des marchés du travail inclusifs », souligne Nicolas Schmit. Ratifiée via la loi du 28 juillet 2011, cette convention doit donc devenir une réalité, au-delà des principes louables. Elle prévoit d’ailleurs, dans son article 27, que les États doivent « favoriser l’acquisition par les personnes handicapées d’une expérience professionnelle sur le marché du travail général ». Acteurs principaux de l’emploi des personnes handicapées au Luxembourg, les ateliers protégés (un terme appelé à être revu) proposent un véritable projet de vie au travail aux personnes présentant des besoins spécifiques. Cette réalité est vécue depuis de nombreuses années par l’Association des parents d’enfants mentalement handicapés (APEMH) qui a vu le jour en 1967 et s’est développée sur différents sites dont le château de Bettange-sur-Mess. Moins connu, le travail de quelque 70 personnes prises en charge par l’APEMH est indispensable pour la logistique du Parc Merveilleux de Bettembourg. Un trinôme gagnant

« Nous employons 300 collaborateurs au sein de différents sites », déclare Liette Braquet, directrice de l’APEMH. Une vingtaine d’entre eux sont occupés dans des entreprises du circuit classique. « Dans tous les cas, une formation de trois ans est dispensée sur base d’un bilan de compétences, ajoute Liette Braquet. La réussite de leur intégration tient à

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la construction d’une relation triangulaire, entre la personne handicapée, sa famille et l’entreprise. » Au milieu de ce trinôme, les organismes spécialisés doivent jouer leur rôle, sur une approche individualisée. « Le job coaching est une solution intéressante à cet égard, note Joël Delvaux. Il s’agit de mettre en place des sortes de médiateurs qualifiés qui peuvent intervenir en cas de conflit ou de dégradation de la situation de travail, mais surtout dont le rôle préventif est primordial. » Si la sensibilisation a progressé depuis 10 ans, notamment via la reconnaissance à part entière (salaire y compris) des salariés handicapés, des efforts restent à fournir, notamment en termes d’infrastructures. Comme la construction d’un nouveau site à Limpach pour l’APEMH qui lui permettrait d’accueillir 200 personnes supplémentaires. Une nécessité réelle puisqu’une enquête réalisée par le gouvernement en 2007 montrait qu’un besoin de 300 places – particulièrement dans le Sud – se faisait sentir pour les élèves au sortir de leur cycle de primaire dans l’éducation différenciée. Six ans plus tard, les terrains sont toujours à disposition, les fonds sont théoriquement débloqués mais pas les autorisations administratives nécessaires. Sans forcément demander plus de moyens, les acteurs du secteur attendent, eux aussi, une efficacité pragmatique de l’appareil étatique pour continuer à être en phase avec la société. Un point qui sera forcément évoqué au détour de l’important dossier de la réforme administrative.

« Il faut garder les quotas comme porte d’entrée pour négocier, amener la discussion. » Joël Delvaux (OGBL)


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PLACE FINANCIÈRE

ANNIVERSAIRE

La Croix-Rouge a 100 ans

Séance académique de prestige, le 18 mars au Grand Théâtre, pour lancer les festivités du centenaire de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Photos Benjamin Champenois

Le couple grand-ducal a assisté aux cérémonies du centenaire.

Peter Maurer (président du Comité international de la Croix-Rouge)

CROIX-ROUGE ET DELOITTE

Concert de bienfaisance

Traditionnel rendez-vous organisé à la Philharmonie, le 14 mars, au profit de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Photos Blitz

Pierre Ahlborn (Banque de Luxembourg)

Pierre Gramegna (ministre des Finances), accompagné de son épouse et d’Yves Francis (Deloitte)

Jean Lucius (Enovos Luxembourg) et son épouse — MAI 2014

Pit Hentgen (Lalux), accompagné de son épouse (à gauche) et de Manou Reckinger Hoss (Croix-Rouge luxembourgeoise)


ARCHITECTURE ET TRANSFORMATION

HABITAT, BUREAUX, COMMERCES Mercredi 23 avril 2014

1 soirée, 10 experts, 6 minutes par orateur

EVÉNEMENT SOUS LE PARRAINAGE DE MADAME MAGGY NAGEL, MINISTRE DU LOGEMENT. Transformer et aménager des espaces existants est un défi particulièrement difficile - et passionnant - à relever. Il faut en effet prendre en compte le bâti existant, l’adapter à son nouveau programme, intégrer les souhaits des propriétaires, maîtres d’ouvrage et locataires, respecter les règles de sécurité et d’efficacité énergétique... sans oublier la destination même du bâtiment : habitation, commerce ou bureau. Parole à 10 experts qui présenteront leurs projets et visions dans le cadre du salon ARCHITECT@WORK, qui se tient à Luxembourg les mercredi 23 & jeudi 24 avril 2014 (www.architectatwork.lu). LUXEXPO 10 circuit de la Foire Internationale, Luxembourg-Kirchberg Programme : 16: 00 Enregistrement et visite du salon ARCHITECT@WORK 18 : 30 Cocktail d’accueil 19 : 00 Mots de bienvenue 19 : 10 Début du 10x6 20 : 15 Walking dinner en présence des exposants Inscription obligatoire : www.club.paperJam.lu

Événement organisé par :

Eve-Lynn Beckius Bel.architecture

Diane Heirend Diane Heirend Architectes

Arnaud de Meyer Steinmetzdemeyer

Claudine Kaell Kaell Architecte

Stéphane di Carlo egb Hornung & Associés

Jean Petit Jean Petit Architectes

Monique Etienne Klein & Muller

Lisi Teisen Bureau d’architectes Teisen & Giesler

Tatiana Fabeck Fabeck Architectes

Anouk Thill A+T Architecture

En partenariat avec :

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

TR A ST P U

Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain.

RÉSEAU SOCIAL

CONNECTER LE MONDE DU GOLF

Ce mois-ci : All Square

La start-up luxembourgeoise All Square lance une plateforme web dédiée aux golfeurs. EIle connecte les pratiquants, clubs et fédérations à travers le monde, mais aussi les marques. Texte Sébastien Lambotte Photos Olivier Minaire

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

O

n arpente les terrains de golf pour le plaisir et le beau geste en plein air, mais aussi pour discuter business, renforcer ses relations, développer son réseau. All Square, start-up créée au Luxembourg en décembre 2012, entend prolonger les connexions établies lors de la pratique de cette discipline au-delà des greens. « Nous créons une plateforme en ligne dédiée à l’univers du golf, aux acteurs qui le composent, aux passionnés de ce sport », explique Patrick Rahme, cofondateur et CEO d’All Square. Ce jeune entrepreneur est par ailleurs double champion national de golf au Grand-Duché. C’est avec un ami suisse, Arthur de Rivoire, qu’il a rencontré pendant ses études à HEC Lausanne et lui aussi passionné par le golf, que Patrick Rahme a décidé de créer sa société. « Nous avons développé un réseau social. Il s’adresse aux pratiquants de ce sport, mais aussi aux clubs et cercles de golf à travers le monde ainsi qu’aux marques proches de cet univers. Jusqu’à présent, si la discipline fait de plus en plus d’adeptes sur la planète, le marché du golf reste très fragmenté. Chaque club ou acteur crée sa propre fan base, mais rien ne les unit les unes aux autres. Notre volonté est de fédérer l’ensemble. » Une troisième levée de fonds

Plus qu’un réseau social, All Square est une plateforme web dédiée à tout ce qui tourne – privé ou public, personne ou association – autour de l’univers de la petite balle blanche. Elle reprend de nombreuses fonctionnalités de plusieurs réseaux sociaux généralistes. Les utilisateurs peuvent ainsi partager des statuts et des commentaires, des photos, signaler qu’ils commencent un parcours à tel ou tel endroit ou qu’ils en sont au 7e trou, faire part de leurs résultats, préciser les personnes avec lesquelles ils jouent… L’actualité en lien avec le monde du golf sera diffusée via la plateforme. Les clubs pourront notamment plus facilement communiquer avec leurs membres… et les marques adresser des messages à leurs fans, ce qui ouvre un réel business model. « Aujourd’hui, on constate une diversification des réseaux sociaux, avec l’émergence de plateformes spécialisées, ciblant des publics précis. Le golf étant un sport pour lequel l’aspect communautaire est particulièrement important, l’idée de prolonger le lien grâce aux nouvelles

possibilités numériques nous est apparue comme évidente », poursuit Patrick Rahme. Aujourd’hui, All Square est disponible directement en ligne et aussi sous la forme d’une application mobile. Pour la développer, ses instigateurs ont déjà opéré deux levées de fonds et s’apprêtent à réaliser la troisième. « Nous avons passé trois mois dans la Silicon Valley, au sein du Plug and Play Tech Center, un accélérateur de start-up technologiques. C’était une réelle chance pour nous », poursuit-il. All Square s’adresse vraiment à un panel d’utilisateurs à l’échelle de la planète, comme l’illustre la carte du monde présentée sur le site, mais aussi les nombreux parcours, utilisateurs, compétitions qui y sont référencés. « À l’heure actuelle, 850 parcours sont inscrits sur le réseau. Nous estimons qu’un club compte en moyenne 600 membres. À moyen terme, nous espérons qu’environ 200 membres par club adhèrent à notre plateforme », poursuit son co-fondateur. Pour les atteindre, All Square va à leur rencontre, d’abord via les fédérations, puis les clubs puis, au final, les membres. « Les clubs, à travers notre outil web, trouveront un moyen de mieux s’adresser à leurs membres, présents ou à venir, de maintenir un lien avec eux, de les attirer et de se valoriser à leurs yeux », poursuit Patrick Rahme. Si l’inscription et l’utilisation de la plateforme sont gratuites, All Square entend bien créer de la valeur. « Nous allons pouvoir générer des revenus de quatre manières différentes. La première réside dans un CRM que nous proposons de mettre à disposition des clubs de golf. Notre plateforme leur permet de la sorte d’accéder à des données relatives aux utilisateurs et à leurs habitudes que personne, par ailleurs, n’a la possibilité de proposer, explique le CEO. Ensuite, avec l’aide de partenaires, nous entendons développer de la réservation en ligne de parcours et de voyages. Pour chaque réservation réalisée via la plateforme, une commission nous sera reversée. Enfin, il y a la publicité et le sponsoring. » Pour l’heure actuelle, All Square est donc dans une phase de séduction. Elle rencontre déjà un vif intérêt auprès des clubs. Le nombre d’utilisateurs ne cesse de croître. Des partenaires institutionnels et acteurs économiques ont aussi décidé de faire confiance à cette plateforme, comme la Scottish Golf Union, KPMG ou le groupe Troon Golf, qui est le leader de la gestion de parcours de golf et de resorts dans le monde.

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Analyse SWOT STRENGTHS (= FORCES)

WEAKNESSES (= FAIBLESSES)

– Le réseau dont dispose All Square dans le milieu du golf – Une équipe jeune et passionnée

– Les difficultés d’un certain nombre de golfeurs à embrasser les nouvelles technologies

– Le retour du golf aux Jeux Olympiques de 2016 – Le marché asiatique en croissance. On y ouvre un parcours par semaine

– Des concurrents qui commencent à se positionner

OPPORTUNITIES (= OPPORTUNITÉS)

THREATS (= MENACES)

CV

Parcours gagnant Âgé de 26 ans, Patrick Rahme pratique le golf depuis sa tendre jeunesse. Ce double champion national (en 2009 et 2010) a par ailleurs réalisé ses études à HEC Lausanne, avant de partir pour la London School of Economics. C’est à HEC qu’il a rencontré son actuel associé, Arthur de Rivoire. Avant de fonder All Square, les jeunes entrepreneurs ont tous deux travaillé au sein de banques privées à Genève, le Credit Suisse pour l’un et Lombard Odier pour l’autre. Le 12 décembre 2012, ils créent All Square. En un peu plus d’un an, la start-up de droit luxembourgeois les a emmenés aux États-Unis et de par le monde.

FICHE TECHNIQUE

All Square Objet : plateforme web et réseau social dédiés au golf Statut : société anonyme Date de création : 12 décembre 2013 Nombre d’employés : 7 personnes Finances : All Square s’apprête à procéder à une levée de fonds de plus d’un million d’euros

DES CONCURRENTS

Le handicap d’avoir du monde sur le green Golf GameBook Finlande Création : 2010

VPAR Royaume-Uni Création : 2008

The Social Golfer Royaume-Uni Création : 2007

GolfBoo Royaume-Uni Création : 2013

Game Golf États-Unis Création : 2013

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PLACE FINANCIÈRE

Place financière

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PLACE FINANCIÈRE

Actions au porteur

GRAMEGNA CORRIGE LE TIR DE FRIEDEN Sortir le Luxembourg de la « non-conformité » et entrer dans le monde de la finance durable est un gros chantier. L’actuel ministre doit recoller les morceaux laissés par son prédécesseur CSV aux Finances.

Photo : Christophe Olinger (archives)

À son arrivée au ministère des Finances, Pierre Gramegna a soumis le projet de loi de son prédécesseur au Forum mondial. Il a depuis dû apporter des amendements.

Le changement de cap dans la gestion (durable) de la place financière entre l’ancien et le nouveau ministre des Finances est désormais visible. La politique de transparence de Luc Frieden se résumait souvent à des déclarations d’intention, parfois suivies d’un texte pour se donner bonne conscience et surtout rassurer les partenaires du respect des standards internationaux de bonne gouvernance. Avec Pierre Gramegna, les choses ont changé, l’environnement aussi, avec des partenaires qui ne se font plus attraper. Les experts du Forum mondial sur la transparence, lors de l’examen du Luxembourg à l’automne dernier, avaient regardé derrière la façade, ausculté la législation et surtout passé à la loupe son application pratique. Le résultat fut mauvais et le pays fut recalé à l’examen de la conformité des règles en matière de lutte contre la fraude fiscale. Une onde de choc passa au Luxembourg, en même temps que les Luxembourgeois s’apprêtaient à choisir un nouveau gouvernement et à enterrer près de 30 ans d’un pouvoir recroquevillé sur lui-même.

S’était-on aperçu que la crise financière avait modifié l’ordre du monde ? En 1989, Jacques Santer, alors Premier ministre CSV, se targuait de disposer de la loi sur le blanchiment la plus sévère au monde… Cela n’avait pas empêché une banque comme la BCCI, qui tombera en disgrâce à l’été 1991, d’industrialiser à partir de sa base arrière grand-ducale le recyclage d’argent sale des dictateurs de la planète, ni les cartels colombiens de faire leur marché dans les établissements de crédit du boulevard Royal. Vingt ans plus tard, en 2009, il a fallu d’urgence légiférer sur le blanchiment parce que le Groupe d’action financière (Gafi) menaçait de placer le pays sur la liste noire des juridictions laxistes. Trop lacunaire

Bref, en 2014, le chantier de la transparence est encore immense et il coûtera beaucoup de sueur au nouveau pouvoir et autant de sacrifices sur l’autel de la finance durable, au-delà d’un projet de loi et de déclarations de bonnes intentions. Avant de quitter la rue de la Congrégation, Luc

Frieden avait déposé un projet de loi censé conformer la législation sur les actions au porteur aux standards de transparence définis par le Forum mondial. Mais pas question pour le ministre – ni d’ailleurs pour son prédécesseur – de renoncer aux actions au porteur qui sont considérées par la communauté internationale comme des « boîtes noires » de la finance, parce qu’elles sont synonymes d’anonymat des investisseurs. Malgré la pression de ses pairs, le Luxembourg souhaitait conserver son régime, alors que de nombreux pays en ont fait le deuil en raison de son incompatibilité avec le concept de finance durable. Le compromis trouvé par Luc Frieden dans son projet de loi déposé le 4 octobre dernier, trois jours avant la dissolution de la Chambre des députés, a été de rendre l’accès à l’information sur les actionnaires plus accessible aux autorités judiciaires et fiscales et plus rapidement. C’est à ce prix que le régime pouvait survivre. À son arrivée au ministère des Finances, Pierre Gramegna a soumis le projet de loi de son prédécesseur chrétien social au secrétariat du Forum mondial pour savoir s’il passerait ou non la rampe de la conformité. Les dispositions, qui prévoient entre autres la mise en place d’un registre des actionnaires devant être disponible afin de garantir aux autorités un accès à l’information en temps opportun, « semblent respecter le standard international », ont écrit les experts du Forum. Ceux-ci ont toutefois jugé le texte – notamment ses dispositions transitoires – trop lacunaire pour réussir le test final de la conformité. Or, le gouvernement de Xavier Bettel s’est fixé l’objectif de sortir de la case de non-conformité encore cette année (lire « On en parle » pages 12 à 16). Alors, Pierre Gramegna a dû corriger le tir fin mars et amender le projet de loi en durcissant les sanctions contre les actionnaires anonymes qui refuseront de jouer le jeu de la transparence. V. P.

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PLACE FINANCIÈRE

MINISTÈRE DES FINANCES

Assurances

Pas de nouveau cabinet en vue

L’heure du secret professionnel non fiscal

Interrogé, mi-mars, sur ses intentions de former un nouveau cabinet au ministère des Finances (après les départs programmés de trois de ses principaux fonctionnaires, Alphonse Berns, Georges Heinrich et Sarah Khabirpour), Pierre Gramegna a affirmé qu’il ne souhaitait pas reformer un nouveau cabinet et qu’il se débrouillerait avec les fonctionnaires existants, « qui sont de surcroît très compétents », a-t-il dit. Aucune décision n’a été prise non plus au sujet du nom du futur directeur du Trésor. « Monsieur Heinrich n’est pas encore parti, ne l’enterrez pas toute de suite », a encore déclaré le ministre.

Les assureurs, prêts au passage à l’échange automatique d’informations fiscales, demandent la levée des barrières à la libre prestation de services.

BANQUE LBLUX

150 postes supprimés Depuis fin 2013, on sait que les jours de Banque LBLux sont comptés. La filiale luxembourgeoise de la banque régionale allemande Bayern LB (Munich) avait décidé d’arrêter ses activités en cours d’année 2014. La banque s’était donné jusque fin février pour trouver un repreneur pour la partie des activités non encore cédées, le private banking étant passé sous le giron de la Banque de Luxembourg. Or, aucun contact n’ayant abouti, syndicats et direction sont finalement parvenus à un accord sur les modalités d’un plan social concernant les 150 salariés. Ce plan prévoit notamment un budget permettant de réaliser un outplacement ou de la formation, ainsi qu’une série d’indemnités.

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Photo : archives paperJam

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Marc Lauer est le nouveau président de l'Association des compagnies d'assurances.

Un nouveau président (Marc Lauer, Groupe Foyer, qui succède à Pit Hengen, Lalux) ; une nouvelle gouvernance avec la mise en place de quatre commissions statutaires consacrées à des métiers (assurance-vie, non-vie, marché local et réassurance) ; une ouverture au monde de la réassurance qui va lui conférer une masse critique : l’Association des compagnies d’assurances (Aca) se met en ordre de bataille pour affronter le monde qui sera le sien à partir de 2016 avec les règles de solvabilité (Solvabilité II) et de 2017 avec l’élargissement de la directive sur la fiscalité de l’épargne, qui intégrera désormais les produits d’assurance-vie, obligeant les assureurs à passer à l’échange automatique d’informations fiscales. Les assureurs ne manquent pas de rappeler leur attachement au « secret professionnel non fiscal », un argument marketing à faire valoir face à des clients internationaux clean du point de vue de leurs déclarations fiscales. Un changement de paradigme qui n’est pas présenté comme une révolution : « Le secteur de l’assurance-vie luxembourgeois a déjà fait siennes les nouvelles normes en matière de transparence fiscale », souligne-t-on à l’Aca, en invoquant la charte de qualité (non contraignante), que 31 de ses

membres ont signée en 2013, s’engageant à ne pas accepter de clients fraudeurs du fisc. Mais qui dit transparence fiscale dit, aussi, levée des barrières à la libre prestation de services, de nombreux pays européens ayant mis en place des systèmes protectionnistes nationaux rendant difficile la vie des entreprises étrangères, notamment la présence de « représentants fiscaux ». Les assureurs-vie se disent confiants en raison de la supériorité et des avantages compétitifs des produits made in Luxembourg, comme « le large choix des fonds sous-jacents », ainsi que la sécurité des avoirs des clients (le fameux triangle de sécurité, qui a pris toutefois un coup de canif avec la liquidation de la compagnie Excell Life, lire l’article page 80). La hausse de la TVA de 15 à 17 % est un autre sujet d’inquiétude pour les assureurs, puisque les opérations d’assurance sont exonérées de la TVA, ce qui ne donne pas droit à sa récupération. Pour la branche non-vie, par exemple, cette hausse devrait générer une charge supplémentaire de quelque 12 millions d’euros par an, soit 2 à 3 % du résultat technique des entreprises directes luxembourgeoises et 3 à 5 % de leur bénéfice annuel.


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PLACE FINANCIÈRE

LOMBARD

Rulings et propriété intellectuelle

L’ingérence de Bruxelles passe mal La décision de la Commission européenne de s’attaquer à certaines pratiques fiscales luxembourgeoises ne plaît pas du tout aux professionnels de la Place.

Résultats « robustes » Établie au Luxembourg, d’où elle opère en libre prestation de services dans toute l’Europe, Lombard International Assurance a publié, pour 2013, un résultat d’exploitation de 40,5 millions d’euros, supérieur de 20 % à son niveau de 2012. Une performance expliquée par la croissance du portefeuille existant des dépenses maîtrisées, bénéficiant des investissements réalisés au cours des 24 derniers mois. Lombard revendique un niveau record de plus de 24 milliards d’euros d’actifs sous administration.

KBL

Photo : David Laurent (archives)

Bilan positif, ambitions retrouvées

La réponse du Luxembourg aux injonctions de Bruxelles devra être suffisante pour empêcher la procédure en cours d'aller jusqu'à la Cour de justice de l'Union européenne...

La Commission européenne a adressé au gouvernement luxembourgeois, le 24 mars, des « injonctions » pour lui communiquer, endéans un mois, des exemples pratiques de rulings, ces décisions négociées à l’avance entre l’Administration des contributions directes et les entreprises multinationales pour déterminer le traitement fiscal d’une transaction. Bruxelles souhaite vérifier que le traitement fiscal ainsi accordé ne contrevient pas à la réglementation en matière d’impôts en octroyant des avantages indus aux entreprises et menace d’une action auprès de la Cour de justice de l’Union européenne si le Luxembourg n’obtempère pas. Jusqu’à présent, en effet, les autorités luxembourgeoises se sont refusées à communiquer à la Commission de telles informations, se contentant d’indications générales. Dans le même temps, l’exécutif européen a annoncé l’ouverture d’une enquête sur le régime de taxation de la propriété intellectuelle dans certains États membres, en particulier le Luxembourg, qui exonère 80 % des profits obtenus grâce à l’utilisation ou la licence de droits liés aux brevets, marques, noms de domaines internet et autres droits d’auteur.

Le ministère des Finances a, dès le lendemain, annoncé qu’il allait « essayer de comprendre si ces injonctions dissipent les doutes (…) sur la légalité de la requête de la Commission. Le Luxembourg est déterminé à coopérer pleinement avec la Commission dans le cadre des mécanismes de coopération prévus par le droit européen ». Les juristes du ministère planchent donc sur la contre-attaque à mener. Du côté des professionnels, on doute aussi de la légalité de la manœuvre de Bruxelles. « La Commission se pose ici en gendarme de la procédure fiscale interne d’un État membre, alors qu’elle n’a stricto sensu pas de compétence autonome en matière fiscale », indique, par exemple, Lionel Noguera, associé du cabinet Bonn & Schmitt, interrogé par paperJam.lu. Et de rappeler que cette pratique du ruling est généralisée (rescrit en France, verbindliche Auskunft en Allemagne, décision anticipée en Belgique…). « Sans même un mandat politique, on ne voit donc pas pourquoi la Commission devrait enquêter sur certains plus que sur d’autres. » Un autre avocat d’affaires, sous couvert d’anonymat, juge la demande de la Commission concernant les rulings « totalement inacceptable ». « J’ai l’impression que plus on fait de concessions, plus on se fait taper dessus. »

Oubliée l’année 2012 chaotique. KBL European Private Bankers a enregistré, en 2013, un résultat net de 84,5 millions d’euros, ce que la banque considère comme être un « redressement substantiel » par rapport aux 249,9 millions de résultat négatif de l’exercice 2012. « Aujourd’hui, notre bilan est sain, a indiqué le CEO, Yves Stein. Nous avons de véritables ambitions pour atteindre nos objectifs, dont celui de devenir l’un des meilleurs groupes européens de banque privée. » Du reste, cette activité spécifique affiche une progression de 37 % de ses revenus à 540,6 millions d’euros et des actifs sous gestion en hausse de 3,2 % à 42,2 milliards d’euros. OPC

Nouveau record, malgré un vent d’est Le patrimoine net global des OPC et des fonds spécialisés poursuit sa progression et a atteint un nouveau record, fin février, à 2.679 milliards d’euros (+2,12 % en un mois et +8,57 % en glissement annuel). Le solde des émissions nettes a été positif de 25 milliards d’euros. Pratiquement toutes les catégories d’OPC ont connu des hausses de cours, à l’exception de celle liée aux actions de l’Europe de l’Est, victime du choc de la crise en Ukraine, et de celle du Japon, en recul suite à des chiffres économiques inférieurs aux attentes.

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AMENDES DE LA CSSF

Les auditeurs de fonds sous pression « Une sanction non justifiée ou à tout le moins disproportionnée », c’est en ces termes qu’Yves Francis, le managing partner de Deloitte Luxembourg, qualifie la sanction de 10.000 euros que la Commission de surveillance du secteur financier vient d’infliger à un des associés du cabinet « pour violation des prescriptions légales et réglementaires ». C’est la première fois qu’un auditeur d’un des Big Four est mis à l’amende. « Je ne connais pas un réviseur signant des comptes annuels qui pourrait dire que ça ne peut pas lui arriver. Tous les réviseurs sont concernés », assure le patron de Deloitte, qui rappelle que la concurrence « féroce » sur le marché de l’audit des fonds d’investissement et la pression à la fois tarifaire et de contrôle ont amené à une certaine industrialisation des procédures de contrôle, pouvant alors être source d’imperfections.

PLACE FINANCIÈRE

Conflit du travail

L’honneur retrouvé de Giovanni Patri Comment un responsable des procédures de contrôle des fonds d’investissement d’une entreprise financière a mené un combat pendant plus de deux ans pour se faire réhabiliter, après avoir été accusé de négligences…

GLOBAL FINANCIAL CENTRES INDEX

Luxembourg, 5e centre financier européen Dans la 15e édition du Global financial centres index, réalisée par le think-tank londonien Z/Yen Group, le Luxembourg pointe en 12e position (sur 83 pays étudiés dans le monde), gagnant une position par rapport à l’édition précédente. New York, 2e l’année dernière, reprend la première place à Londres. Hong Kong complète le podium, devant Singapour et Zurich. Au niveau européen, Londres, Zurich, Genève et Francfort devancent le Grand-Duché, devant Vienne et Monaco. Luxembourg figure, par ailleurs, en 9e position (et 1re position en Europe) parmi les 10 centres qui sont destinés à devenir de plus en plus importants à l’avenir.

RÉCOMPENSES

Capitalatwork Foyer Group et FIA primés Capitalatwork Foyer Group Luxembourg a reçu le prix de meilleur gestionnaire de fortune luxembourgeois, décerné par l’agence de notation FundClass, dans le cadre de ses European Funds Trophy 2014. Ce sont sa philosophie d’investissement « maison » et sa méthodologie de valorisation particulière qui ont été primées. De son côté, FIA Asset Management a reçu le premier prix aux Diamand Asset Manager Awards 2014, dans la catégorie « Fixed Income », mais a également été cité dans toutes les autres catégories où il a participé.

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Le long combat judiciaire de Giovanni Patri a fini par payer. Mais certaines plaies ne se refermeront jamais.

Cadre dans la société d’administration de fonds d’investissement Casa4Funds, responsable des procédures de contrôle des OPC, licencié en février 2011 pour de prétendues négligences, Giovanni Patri a vécu l’enfer d’un licenciement pour faute grave. Avec le sentiment d’être devenu un paria de la Place, impuissant à retrouver un emploi similaire, comme s’il y avait des « listes noires » implicites. Il avait décidé de se battre contre des dirigeants qui avaient cherché à lui faire endosser la responsabilité de leurs inepties. Et son combat a payé, puisqu’au bout de trois ans de procédure éprouvante, il a été totalement blanchi par la justice et son employeur a été condamné à lui verser plus de 65.000 euros d’indemnités. Lui qui caressait le rêve de devenir le directeur général de Casa4Funds en était devenu l’homme à abattre. M. Patri a gravi en trois ans les échelons de la société d’administration de fonds. Entré comme simple agent de transfert, il se retrouve rapidement promu chef de service puis conducting officer, c’est-à-dire en charge des

procédures de contrôle qui en faisait un interlocuteur direct avec les réviseurs d’entreprise et la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). Casa4Funds gérait alors 13 OPCVM et une centaine de contrats avec des distributeurs et des intermédiaires financiers, dont des apporteurs d’affaires. Longtemps gérés depuis la Suisse par une succursale à Lugano, les contrats de gestion ont été « rapatriés » vers le Luxembourg, afin de faciliter les procédures de contrôle, notamment d’identification de la clientèle. La CSSF avait identifié, en décembre 2009, après un contrôle sur place, un certain nombre de défaillances, notamment dans la revue des documents et des procédures de due diligence et de lutte contre le blanchiment. Le contrôle de la CSSF fut suivi, en mai 2010, d’une injonction de la CSSF à Casa4Funds de corriger ses défaillances et réorganiser sa gestion interne, replaçant l’entité luxembourgeoise au centre et la succursale de Lugano à la périphérie (elle deviendra une « simple branche » apportant son soutien à Casa4Funds Luxembourg). La société – et Giovanni Patri – avaient disposé


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d’un mois pour mettre de l’ordre dans la maison. M. Patri devait servir en quelque sorte d’ambulancier, mais c’est sur lui que les tirs de la direction générale allaient se diriger. Pourtant, le cadre prend son travail au sérieux : il visite personnellement les distributeurs et les clients en Suisse, vérifie et certifie conformes des documents également situés sur le territoire helvétique, met en place des procédures de contrôle qui sont présentées à la CSSF et approuvées par le conseil d’administration de son entreprise. Les poux dans la tête

Une des dernières étapes de la réorganisation devait être franchie le 11 janvier 2011 avec une réunion entre M. Patri, les dirigeants de Casa4Funds et des représentants de la CSSF. Mais M. Patri tombe malade et demande le report de la réunion. En vain, ses chefs y allant sans lui. Tous les malheurs vont dès lors s’abattre sur ses épaules, avec de la part de ses supérieurs une déformation de la réalité à son désavantage. Une simple note des réviseurs d’entreprise de ce qui était encore Ernst & Young datant de décembre 2010, dont il ne fut pas le destinataire, fera vaciller son destin professionnel : il est accusé de ne pas avoir transmis à sa hiérarchie une information qu’il n’avait pas reçue. Cette note épinglait entre autres l’absence de vérification interne sur l’identité des clients ; le fait que la société ne s’était pas dotée d’un compliance officer, mais seulement d’un agent de conformité ; le manque de formation du personnel et d’identification par Casa4Funds des bénéficiaires économiques des fonds sousjacents, conformément à la loi antiblanchiment en vigueur. La direction de la société considèrera, dans une longue lettre de licenciement, que Giovanni Patri n’avait pas rempli sa mission de répondre aux demandes des auditeurs et qu’il n’avait pas respecté les règles qu’il venait lui-même de mettre en place. On lui cherchera des poux dans la tête en l’accusant aussi d’avoir accordé indûment à des clients des rabais considérables. Or, l’enquête et les témoignages des auditeurs dans le cadre de la procédure devant la juridiction du travail viendront le disculper totalement des accusations de sa direction. Il n’y a eu chez lui ni négligence, ni inertie et la remise au client avait été validée préalablement par sa hiérarchie. « Le licenciement avec effet immédiat intervenu le 8 février 2011 à l’égard de Giovanni Patri est à déclarer abusif », ont dit les juges en lui accordant des indemnités qu’il a eu tout le mal du monde à récupérer. Pour autant, son ancien employeur n’a pas osé lui faire l’affront de faire appel de la décision de première instance. L’honneur de Giovanni Patri est sauf, mais les plaies sont inguérissables.

PLACE FINANCIÈRE

FAILLITE DE LANDSBANKI

PRÉLÈVEMENT À LA SOURCE

Victimes 1 – Yvette Hamilius 0

Le Koweït n’est pas Luxembourg

La justice française a donné des points aux victimes de l’affaire Landsbanki, en confirmant la saisie des créances de la banque. Conséquence : la liquidatrice, l’avocate Yvette Hamilius, ne pourra faire exécuter en France les garanties d’emprunts hypothécaires que l’établissement luxembourgeois avait accordées à ses clients peu avant la crise financière islandaise de 2008. Le juge d’instruction français Renaud van Ruymbeke avait imposé, en 2011, une caution record de 50 millions d’euros contre Landsbanki Luxembourg. Le Grand-Duché s’était opposé au versement de cette caution, ce qui avait amené le juge français à ordonner cette saisie de créances détenues par la banque sur plusieurs épargnants.

La justice administrative luxembourgeoise a déclaré non fondés trois recours introduits par l’État du Koweït pour tenter de se faire rembourser quelque 1 million d’euros d’impôts prélevés à la source sur les dividendes de sociétés luxembourgeoises cotées dans lesquelles des fonds koweïtiens ont été investis. Le Koweït voulait bénéficier du même traitement que l’État luxembourgeois, exonéré d’impôts sur ces mêmes dividendes. Dans son jugement, le tribunal présente l’État koweiti non pas comme une puissance étatique souveraine, mais en tant que « contribuable soumis à l’impôt sur le revenu des capitaux et débiteur de cet impôt », alors que l’État luxembourgeois est, lui, exonéré « en sa qualité de bénéficiaire de l’impôt sur le revenu des capitaux ».

SIX GROUP PREND 100 %

Cetrel à l’heure suisse Passé sous le contrôle à 50 % du groupe suisse Six fin 2008, Cetrel a cette fois définitivement hissé le drapeau rouge à la croix blanche : l’actionnaire helvétique a annoncé, le 1er avril, le rachat aux banques luxembourgeoises fondatrices leur partie du capital. « Six conforte ainsi sa position de leader pour les prestations de services financiers en Europe (…) et par cette reprise, poursuit le développement d’une offre internationale de premier ordre dans le trafic des paiements par carte », a indiqué le communiqué diffusé par le groupe.

C’est, assurément, une page de l’histoire de la place financière luxembourgeoise qui se tourne. Cetrel avait vu le jour en décembre 1985 (mais ne fut opérationnelle que deux ans plus tard), sous forme de coopérative, à l’initiative d’un certain nombre de banques de la Place à la recherche d’un système de compensation et de liquidation journalières électroniques des transactions effectuées au moyen de cartes Eurocheque. Elle était devenue société anonyme en 2008, lorsque Six Group entra dans le capital pour accompagner le développement stratégique de la société.

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PLACE FINANCIÈRE

Protection des souscripteurs de contrats d’assurance-vie

Les coins cassés du triangle de sécurité Vendre l’assurance-vie luxembourgeoise à l’étranger, avec un secret professionnel amputé, ira de pair avec une montée en gamme de la qualité. Les assureurs veulent « moderniser » les règles de protection des souscripteurs de contrats d’assurance-vie. Le fameux triangle de sécurité a pris du plomb dans l’aile avec la liquidation de l’entreprise Excell Life. Texte Véronique Poujol Photo Luc Deflorenne

L

es assureurs-vie luxembourgeois vont devoir faire la démonstration que les produits commercialisés au Luxembourg ainsi que leur expertise ont bien la supériorité dont ils se targuent depuis des années, eux qui avaient tendance à banaliser l’importance du secret professionnel dans l’évolution des primes encaissées auprès d’une clientèle internationale. Or, malgré les avantages indéniables des contrats made in Luxembourg et la souplesse et la diversité des investissements sous-jacents dans lesquels ces contrats peuvent être investis, on a bien vu combien la santé d’un secteur, qui emploie quelque 5.600 personnes au Luxembourg (et plus de 2.000 personnes vivant des produits d’assurance-vie liés à de la pure gestion privée), pouvait être affectée par les soubresauts et les avancées des discussions dans les cénacles internationaux et européens en matière de lutte contre la fraude fiscale. Il n’y a pas que ça. La défaillance de l’assureur Excell Life, en juillet 2012, a jeté une certaine

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suspicion sur les contrats luxembourgeois et leur solidité prétendument « en béton », s’appuyant sur le fameux « triangle de sécurité », à savoir le Commissariat aux assurances et ses standards de régulation exigeants, la banque dépositaire (qui fait que l’argent des déposants est en principe protégé) et le privilège absolu des preneurs d’assurance en cas de faillite de la compagnie. Le dispositif a montré ses limites. L’affaire Madoff, en 2009, avait déjà jeté le doute chez les épargnants sur l’inaltérabilité du triangle de sécurité. Mais il s’agissait de coups de canif. Dans l’affaire Excell Life, le coup fut rude pour l’ensemble du secteur de l’assurance. Ce qui a obligé ses opérateurs à réagir. Pour regagner la confiance des investisseurs et affirmer le caractère unique en Europe de ce « super privilège », qui est la marque de fabrique de l’assurance luxembourgeoise, les assureurs ont fait de « la protection optimale des avoirs des clients » une de leurs principales revendications lorsqu’ils avaient eu des entrevues avec les différents partis politiques avant les élections


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PLACE FINANCIÈRE

Au cœur du « triangle de sécurité », il y a le Commissariat aux assurances, en convention avec l’entreprise d’assurance luxembourgeoise et une banque dépositaire des avoirs, agréée par le Commissariat.

législatives anticipées du 20 octobre dernier. « Un des avantages incontestables des contrats d’assurance-vie luxembourgeois, notait l’Association des compagnies d’assurances (Aca), est la solide protection des preneurs d’assurance. En effet, un privilège absolu est réservé aux créances d’assurance. Ce système est connu au-delà des frontières sous la dénomination du ‘triangle de sécurité’, qui illustre une convention tripartite entre une entreprise d’assurance luxembourgeoise, le Commissariat aux assurances et une banque dépositaire des avoirs, agréée par le Commissariat aux assurances. » Les assureurs plaidaient pour une modernisation et un renforcement constants de ce triangle de sécurité, qu’ils voient comme « un des points-clés du développement du secteur de l’assurance luxembourgeois ». Le programme gouvernemental a repris cette modernisation à son compte, sans toutefois que les plans soient très bien définis sur les pistes à suivre : « Il n’y a encore rien de très concret », relevait récemment Marc Hengen, l’administrateur délégué de l’Aca. « Nous avons

des pistes, mais il n’y a pas d’urgence et rien en tout cas de prêt sur la table pour être discuté », ajoute-t-il, en répétant à l’envi que « la sécurité est un des avantages objectifs et essentiels de la Place ; il faut veiller à ce que ça reste le top en Europe ». Marc Lauer, le nouveau président de l’Aca, se montre un peu moins évasif sur les pistes à suivre : elles ont été tracées par les liquidateurs de la compagnie Excell Life International et validées par le Tribunal de commerce dans un jugement du 15 juillet 2013 (non frappé d’appel, donc définitif ), qui avait permis la distribution d’un premier dividende aux souscripteurs de contrats d’assurance-vie de l’entreprise, placée en liquidation un an plus tôt. Compartimentage

Pour résumer très schématiquement, tout le monde n’a pas été servi de la même manière : certains investisseurs ont été remboursés, d’autres pas, en fonction de leur profil d’investissement et de leur appétit aux risques, comme si le « privilège absolu » des créanciers

d’assurance était à géométrie variable. « On pourrait imaginer un compartimentage en fonction des produits », explique Marc Lauer, qui n’en dit pas davantage sur les plans de l’Aca pour « moderniser » la protection des investisseurs. Car le sujet est sensible et le président de l’Aca ne veut pas donner le sentiment que derrière une modernisation du dispositif, en fonction du profil de risque des clients, il y aurait aussi des arbitrages qui rendraient moins universelle la fameuse protection en béton des assurés. Les deux autres éléments du triangle : le rôle du Commissariat aux assurances (l’Aca ne revendique d’ailleurs pas pour rien le maintien d’un régulateur spécifique pour le secteur des assurances, pour prendre en compte « la différence fondamentale » entre les activités bancaires et d’assurance) et celui de la banque dépositaire resteraient inchangés. Faut-il vraiment tailler dans le triangle de sécurité  et revoir la réglementation sur la protection des souscripteurs ? « Avant de modifier la législation », estime pour sa part l’avocat bruxellois Robert Wtterwulghe, qui

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PLACE FINANCIÈRE

« Les autorités chargées d’appliquer ces législations se sont cantonnées dans une application purement formaliste et laxiste des textes. Personne n’a pris ses responsabilités de peur de provoquer, sans doute, des remous qui auraient été salutaires. Aujourd’hui, la réputation de la place financière est atteinte. » Robert Wtterwulghe avocat

-13,32 %

ASSURANCE-VIE

Collecte en déclin Le secteur de l’assurance-vie est sur le déclin au Luxembourg, mais il n’y a pas de décollecte. L’encaissement des primes en assurance-vie a reculé de 13,32 % les trois derniers mois de 2013 par rapport au 4e trimestre 2012, selon les chiffres du Commissariat aux assurances. Sur l’ensemble de 2013, la baisse des primes a atteint 5,7 %. Toutes les branches de l’assurancevie ont été touchées par le recul de l’encaissement, la baisse la plus importante provenant des produits en unités de compte (-8,07 %). Les primes des produits vie à rendements garantis ont régressé de 2 %. V. P.

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est notamment à l’origine d’une class action de clients d’Excell Life contre le régulateur luxembourgeois, il serait utile d’analyser d’abord pourquoi l’actuelle législation n’a pas été correctement appliquée. » Car si la loi l’avait été correctement, il aurait sans doute été possible d’éviter les « dérives » qui se sont produites dans l’affaire Excell Life : « Les autorités chargées d’appliquer ces législations, dit-il sans prendre de gants, se sont cantonnées dans une application purement formaliste et laxiste des textes. Personne n’a pris ses responsabilités de peur de provoquer, sans doute, des remous qui auraient été salutaires. Aujourd’hui, la réputation de la place financière est atteinte. » À regarder de près le cas Excell (qui est d’ailleurs l’unique grosse faillite d’un assureurvie au Grand-Duché), ce serait donc le « laxisme » du Commissariat aux assurances dans l’application des lois et règlements – ce qui a permis la création par des personnes peu recommandables de diverses sociétés d’intermédiation dans le secteur financier (sociétés de titrisation, fiduciaires, conseillers, réviseurs) – qui serait à l’origine du problème : « Ces entités, souligne l’avocat, constituent aujourd’hui de véritables plaques tournantes de la délinquance financière et du blanchiment, lesquelles faussent la concurrence en sanctionnant l’image de marque des autres professionnels du secteur. »

D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si Victor Rod, le directeur du CAA, a fait confectionner dans ses ateliers le statut de professionnel du secteur des assurances (PSA), à l’instar de ce qui existait déjà dans le secteur financier (avec les PSF), pour ne plus tolérer d’électrons libres et faire entrer toute la chaîne des acteurs de l’assurance-vie dans le giron du régulateur. « Il est temps d’appliquer la loi avec rigueur et de faire respecter la finalité de celle-ci », indique Me Robert Wtterwulghe, qui suggère « une saine mesure » afin de restaurer l’image de marque de la Place de Luxembourg : « Pour les autorités, qui ont toujours vanté le triangle de sécurité, ce serait bien de permettre l’indemnisation des petits épargnants victimes des dérives. » Comment ? En faisant, par exemple, adopter une nouvelle loi étendant « aux victimes de la branche 23 luxembourgeoise (c’est-à-dire les souscripteurs de contrats d’assurance-vie adossés à des fonds d’investissement - on dépasse ici les frontières de l’assurance ‘pur jus’, ndlr) les indemnités prévues en cas de défaillance du secteur bancaire ». Les règles des banquiers ?

Est-ce le prix à payer pour que les assureurs luxembourgeois continuent à commercialiser leurs produits dans toute l’Europe et


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PLACE FINANCIÈRE

« On pourrait imaginer un compartimentage en fonction des produits. »

« La sécurité est un des avantages objectifs et essentiels de la Place ; il faut veiller à ce que ça reste le top en Europe. »

Marc Lauer président de l’Aca

Marc Hengen administrateur délégué de l’Aca

atteignent une masse critique ? L’Aca se met en ordre de bataille pour affronter le monde qui sera bientôt le sien, avec les règles de solvabilité durcies (directive Solvency II) et, en 2017, l’élargissement de la directive sur la fiscalité de l’épargne. Celle-ci intégrera les produits d’assurance-vie, obligeant les assureurs à passer à l’échange automatique d’informations fiscales. Une révolution et surtout un branle-bas de combat qui va coûter cher en organisation, car il n’existe « pas d’informations disponibles » pour l’Administration des contributions directes lui permettant d’échanger avec les administrations fiscales étrangères. C’est l’heure de « la transparence fiscale absolue », selon les termes de Marc Lauer, qui ne veut toutefois pas entendre parler de « transparence générale ». Les assureurs rappellent ainsi leur attachement au « secret professionnel non fiscal », nouveau credo de ralliement des opérateurs et surtout argument marketing à faire valoir face à des clients internationaux clean du point de vue de leur déclaration fiscale.

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Les assureurs luxembourgeois espèrent en tout cas que l’échange automatique d’informations mettra fin aux « invectives répétitives non motivées à l’égard de la place financière ».

L’affaire Excell Life, la première compagnie d’assurance-vie à avoir subi une liquidation judiciaire, a jeté le trouble chez les clients des assureurs-vie luxembourgeois, dans la mesure où elle a montré que le fameux « triangle de sécurité », tant vanté par les autorités et les opérateurs eux-mêmes, montrait des failles. Pour préparer l’avenir sans secret professionnel, les assureurs veulent moderniser la protection des souscripteurs. Les juges luxembourgeois, toujours dans le cadre de la liquidation d’Excell Life, ont ouvert des pistes. Reste à les formaliser dans un texte.

+2 % TVA

Sujet d’inquiétude La hausse de la TVA de 15 à 17 % est un des sujets d’inquiétude des assureurs luxembourgeois, toutes branches confondues : les opérations d’assurance sont exonérées de la TVA, ce qui ne donne pas droit à sa récupération. Or, une hausse de 2 % de la TVA va impliquer une « augmentation directe des charges d’exploitation soumises à la TVA (autres que les salaires et charges salariales) », souligne l’Aca. Pour la branche non-vie, notamment dans l’automobile ou l’assurance de biens, les conséquences seront plus importantes en raison du renchérissement des frais de réparation des objets assurés des clients. L’Aca estime que sa charge supplémentaire sera de 12 millions d’euros par an, soit 2 à 3 % du résultat technique des entreprises directes luxembourgeoi ses et 3 à 5 % de leur bénéfice annuel. V. P.


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PLACE FINANCIÈRE

États généraux de l’économie

Ne pas se reposer sur ses acquis La « nouvelle place financière » était au centre du troisième volet des états généraux de l’économie, le 12 mars. Le gouvernement rassure la Place, celle-ci espère compter sur son soutien dans les prochains combats. Une autre politique de promotion des compétences luxembourgeoises est souhaitée par tous. Texte Thierry Raizer Photos Olivier Minaire

2

1

« Garder un état d’esprit innovant. »

« Changer de braquet en matière de promotion. »

Franz Fayot député

Marc Saluzzi Alfi

Invité de cette table ronde organisée par le paperJam Business Club, le député LSAP Franz Fayot, et par ailleurs avocat, a d’emblée voulu rassurer l’auditoire. « Des discussions entourant les négociations gouvernementales ont pu laisser croire que la politique à l’égard de la place financière serait remise en cause, ce n’est pas le cas », a-t-il tenu à préciser. Ce fin connaisseur du pilier principal de l’économie est conscient que l’agenda politique international impactant la Place est dense et nécessitera un travail important de la part du gouvernement, ministre des Finances en tête. « L’une de nos préoccupations est de maintenir la stabilité du pays tant nous accordons de l’importance au triple A. » Si les nouveautés réglementaires européennes se répercutent, d’une manière ou d’une autre, en coûts pour les acteurs du secteur et leurs clients, Franz Fayot veut continuer à croire dans les opportunités liées à ces changements. « Nous devons garder notre statut de ‘first mover’ dans la transposition de directives pour nous positionner sur de nouveaux produits, à l’instar de ce que nous avons réalisé avec les Ucits dès la fin des années 80. Il faut garder cet état d’esprit innovant pour explorer de nouvelles niches et tirer profit de notre capacité d’agir rapidement en tant que petit pays. »

Plus que performante, l’industrie des fonds, qui a connu un nouveau record de l’encours des OPC et des SIF fin février, ne doit pas se reposer sur ses acquis. C’est en tout cas l’avis de Marc Saluzzi, le président de l’association sectorielle: l’Alfi. « Depuis 2008, nous volons de record en record, ce qui nous a permis d’ailleurs d’attirer de nouveaux promoteurs, une centaine chaque année. Mais cela cache une réalité qui est un peu moins rose », a tempéré Marc Saluzzi. Les changements réglementaires annoncés ou en voie de réalisation n’ont en effet pas encore tous produit leurs effets. C’est notamment le cas dans les réflexions autour de la taxe sur les transactions financières qui auront forcément un impact sur Luxembourg. « Nous faisons face à une concurrence de la part d’autres centres financiers, notamment en dehors de l’Europe, qui veulent répliquer le succès du Luxembourg ou de l’Irlande », ajoutait Marc Saluzzi. D’où l’importance de faire entrer la promotion de la place financière dans une nouvelle ère, synonyme de plus d’actions proactives. « On se rend compte que les visites annuelles ou bisannuelles de marchés qui sont devenus importants ne suffisent plus.  Nous devons changer de braquet en matière de promotion, par exemple en redéployant le réseau diplomatique du pays, voire en mettant en place des ressources propres sur place. » Une nouvelle ambition qui passera probablement par des synergies de moyens publics, comme la fusion annoncée des deux agences de promotion Luxembourg for Finance et Luxembourg for Business, faute de disposer de plus de deniers en période de rigueur budgétaire.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

JEU DE RÔLE

Si j’étais ministre En clôture des discussions, les quatre orateurs se sont volontiers glissés dans le costume du ministre des Finances pour annoncer une mesure qu’ils prendraient en cas d’accession à ce poste. Morceaux choisis :

1 « J’engagerais davantage de fonctionnaires pour gérer

2 « J’enverrais des signaux forts en matière de gestion des

l’environnement réglementaire. »

3 « J’envisagerais une nouvelle réforme du système

finances publiques pour préparer l’avenir de nos enfants. »

4 « J’utiliserais les marges de manœuvre législatives

des pensions. »

qui subsistent au niveau national. »

4

3

« Faire évoluer le cadre législatif du secteur de façon intelligente. »

« La Place a besoin de certitudes. » Robert Scharfe Bourse de Luxembourg

Pit Hentgen Association des compagnies d'assurances

Plutôt préservé de la crise, le secteur de l’assurance a même continué à progresser durant les dernières années, notamment grâce à la capacité de ses produits à répondre aux besoins de clients issus du secteur bancaire souhaitant conserver leurs avoirs au Luxembourg à l’aube de la fin du secret bancaire. « L’échange automatique d’information est un changement de paradigme pour le secteur bancaire, moins pour le nôtre, dans la mesure où nous avons toujours eu des obligations déclaratives à satisfaire », estimait Pit Hentgen, président de l’Association des compagnies d’assurances, qui a été, entretemps, remplacé par Marc Lauer, lui-même remplaçant de François Tesch à la tête de l’assureur Foyer. « Nous devons faire évoluer le cadre législatif du secteur de façon intelligente, à l’instar de la création en 2013 du statut de professionnel du secteur de l’assurance. » Et le patron de LaLux de se prononcer en faveur de toute initiative qui pourrait, d’une part, permettre d’accroître la protection des clients et d’autre part, qui rapprocherait encore un peu plus les acteurs luxembourgeois des besoins de la nouvelle clientèle – d’ailleurs commune au secteur bancaire – des plus fortunés, soit le segment communément appelé des « high net worth individuals ».

Évoluant dans un contexte de marché international par essence, le CEO de la Bourse de Luxembourg sait mieux que quiconque l’importance de la perception du pays par les marchés. « Il faut encourager les développements à venir qui nous permettront de sortir des zones d’ombre qui subsistent », notait, en substance Robert Scharfe. La référence aux attaques du Luxembourg dans la presse étrangère était explicite. Celle au programme gouvernemental également. Le document indique en effet plusieurs pistes à l’égard de la Place, mais aussi des finances publiques, dont le patron de l’institution a pris bonne note. « Si les mesures annoncées dans le programme peuvent être implémentées, elles permettront de contribuer à l’amélioration des finances publiques, élément très important pour conserver notre triple A. » Car au-delà de la réputation et de la stabilité, la Place a « besoin de certitudes ». Sur le front des nouvelles niches de développement, il a indiqué caresser de bons espoirs à l’égard de la finance islamique ainsi que du marché du RMB. L’une des conditions du succès des affaires avec les pays qui y sont liés, dont le Moyen-Orient et la Chine, sera d’attirer les compétences nécessaires pour répondre aux besoins des clients et capables de comprendre leurs finesses culturelles.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

Crise ukrainienne

Gare à la roulette russe La position officielle du Luxembourg dans la crise ukrainienne est claire. L’invasion de la Crimée par la Russie est condamnée.

En coulisse cependant, on s’inquiète de la tournure des événements pour des relations financières profondément imbriquées. Les sanctions prononcées par l’Union européenne et les États-Unis sèment le trouble. Texte Pierre Sorlut Photos Luc Deflorenne

L

es Russes ont violé le droit international. Au Conseil de sécurité des Nations unies, 14 membres sur 15 partagent cet avis. À l’Assemblée générale des Nations unies, seuls 10 membres sur 193 ont voté pour la démarche russe. » Jean Asselborn, ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, condamne fermement l’annexion de la Crimée, sous souveraineté ukrainienne, par la Russie. Étienne Schneider, ministre de l’Économie, qui devait se rendre à Moscou le 5 mars, a annulé sa mission. Elle était organisée à peine cinq jours après l’avancée des troupes russes dans la République autonome. Le gouvernement n’accepte donc pas l’agression. En coulisse cependant, on ne souhaite pas en rajouter. Au contraire. La Russie est un partenaire financier de premier ordre. Le Luxembourg est le troisième pays de provenance de flux d’investissement en Russie. En 2009, il était même le premier investisseur direct en Russie. Cela laisse perplexe quand on sait la Fédération 6.600 fois plus grande que le GrandDuché en superficie et 280 fois en population. La place financière luxembourgeoise sert en fait à la structuration et à la circulation des flux financiers. Car avec les Russes, on parle tout de suite de gros sous. Un exemple dans la production pétrolière en octobre 2012 : l’acquisition de TNK-BP par Rosneft pour 61 milliards de dollars. Cela passait par le Grand-Duché. Plus récemment, fin mars, rebelote. Le véhicule d’investissement luxembourgeois du Russe Mikhail Fridman, LetterOne, a racheté la branche d’exploration de pétrole et de gaz, Dea, du groupe allemand RWE pour 7,1 milliards de dollars. Ainsi, lorsque Bruxelles a voulu taper du poing sur la table et viser des personnalités russes pour contrarier Vladimir Poutine,

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

La représentation diplomatique de la Fédération de Russie loge au château de Beggen… lui-même lié à l’histoire économique du Luxembourg. D’abord utilisé comme moulin de papeterie, le site a été racheté en 1865 par Émile Metz. À sa mort en 1904, sa veuve, Edmée Tesch, hérita du château (celui-ci avait été reconstruit en 1894 dans la forme qu’on lui connaît aujourd’hui). Faute d’héritier à son trépas, la propriété passa dans les mains du directeur général de l’Arbed, Émile Mayrisch, puis de Gaston Barbanson, lequel a racheté l’intégralité des parts pour y vivre jusqu’en 1940, année durant laquelle il a fui devant l’armée allemande. Libéré puis occupé, puis libéré à nouveau par les forces armées américaines, il a été racheté en 1949 par un homme d’affaires belge qui le transforma en hôtel. L’Union soviétique l’a loué en 1956 pour l’acquérir en 1973.

PLACE FINANCIÈRE

Le Luxembourg a freiné des quatre fers. Le gouvernement n’aurait pas souhaité voir de noms familiers apparaître dans les listes prononçant des interdictions de visas et le gel des avoirs. Des noms sulfureux

Car la liste américaine publiée le 20 mars comporte, elle, quelques noms bien connus au Grand-Duché. Arkadi Rotenberg, un bon copain du président russe, et son frère Boris, sont visés par l’administration Obama pour avoir été associés aux principales constructions publiques de ces 10 dernières années et plus particulièrement à la réalisation des infrastructures des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi. Ils auraient reçu pour cela 6,9 milliards de dollars de contrat de la part du gouvernement russe. Guennadi Timchenko et ses acolytes, Vladimir Kostylev et Evgeniy Sur, ont eux empoché 5,5 milliards de dollars sur les chantiers russes pour faire de Krasnaya Polyana l’écrin des jeux. Mais seul le premier est mentionné dans la liste de Barack Obama pour être le fondateur du négociant de matières premières Gunvor, directement lié à Vladimir Poutine. Comment se matérialise leur présence au Luxembourg ? Arkadi et Boris Rotenberg sont à l’origine de la création, en 2007, au Luxembourg, de l’association sans but lucratif Judo International… La raison de la présence de cette asbl ne saute pas aux yeux. On relève simplement qu’à cette époque, le Grand-Duché n’avait pas encore satisfait aux recommandations du Gafi (Groupe d’action financière)… L’organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment et le terrorisme avait en effet soulevé que les asbl et les clubs de sport constituaient des outils souvent utilisés pour blanchir des capitaux.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

Guennadi Timchenko est lui actionnaire fondateur du fonds d’investissement Volga Group, un véhicule d’investissement luxembourgeois représentant 116 milliards de dollars de capital investi dans des sociétés employant quelque 90.000 personnes. Le groupe possède d’ailleurs 8 % de Rossiya Bank, une institution également visée par Obama pour être la banque des cadres du régime. Dégel

« Luxembourg dans une situation vulnérable » Mark Entin (ambassadeur de Russie au Luxembourg)

Monsieur Entin, comment décririez-vous les relations économiques entre le Luxembourg et la Russie ? « Les deux pays ont et auront des relations très bonnes, amicales. En matière de politique économique, il y a une marge de manœuvre énorme avec les règles existantes. Pour nous, il est important de donner la possibilité à des entrepreneurs de juger sur place. Pour cela on a besoin que des sociétés luxembourgeoises soient implantées en Russie. Elles pourront en échange partager leur know how. Ce type d’échanges Russie-Luxembourg existe depuis Jeannot Krecké (l’ancien ministre de l’Économie, ndlr). Qu’en est-il des relations financières, notamment à la lumière de la crise ukrainienne ? « C’est intéressant de venir travailler ici. La tendance est assez récente pour les banques et les fonds d’investissement. Récemment, Vnesheconombank a monté un fonds d’investissement pour financer des PME. LetterOne opère également depuis le Grand-Duché. Nous investissons sur la base de la stabilité au Grand-Duché. Bien sûr nous allons tout faire pour que les projets de nos partenaires luxembourgeois soient protégés en Russie. Pour cela, il ne faut pas qu’on nous impose de barrières. Vous avez rencontré Pierre Gramegna le 21 mars. Que vous êtes-vous dit ? « Le Luxembourg se trouve dans une situation vulnérable en ce qui concerne les rapports du Forum mondial, le ministère des Finances russe avait proposé de mettre le Luxembourg sur une liste noire. Les autorités luxembourgeoises ont alors communiqué les informations nécessaires. Nous avons également prévenu Moscou qu’un rapport prenant en compte les réformes en termes de transparence avait été publié. Nous avons évoqué ce dossier avec Monsieur Gramegna, mais nous avons aussi parlé de projets concrets pour voir comment nous allions procéder pour qu’il y ait des résultats. Quels projets pourraient nécessiter une coopération entre places ? « Nous voulons faciliter la coopération entre places financières. J’ai fait part d’une proposition de la ville de Moscou. Celle-ci a élargi sa juridiction et se dégagent plusieurs possibilités de construction. Nous travaillons sur un projet d’usine de liquéfaction de gaz dans la péninsule de Yamal. Cette construction offrirait des opportunités pour toute une variété d’acteurs. Le potentiel du projet est énorme. On a tout intérêt à faire venir les Luxembourgeois. Nous avons aussi un intérêt à venir ici au Luxembourg pour avoir cet accès en Union européenne. »

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Heureusement pour le Grand-Duché, la liste de 33 personnalités russes et ukrainiennes visées par l’Union européenne les 17 et 21 mars ne compte aucun homme d’affaires. Mais il fallait quand même rassurer le partenaire russe, échaudé par cette crise diplomatique et ce début de guerre économique, pour qui l’origine du conflit n’est pas son annexion de la Crimée, mais la décision unilatérale de l’Union européenne de soutenir un gouvernement provisoire ukrainien jugé illégitime. Le 21 mars, le ministre des Finances a donc rencontré, en catimini, l’ambassadeur russe, Mark Entin (voir interview par ailleurs) pour évoquer l’état des relations entre les deux pays, contrariées par le contexte international. Tous deux sont opposés à des sanctions économiques et privilégient la voie diplomatique. Si le gouvernement s’échine à ne pas laisser filer son secret bancaire sans avoir de garantie sur la disparition parallèle du secret bancaire helvétique, ce n’est certainement pas pour laisser filer les actifs russes en Suisse à la première crise internationale venue. D’autant que la Suisse, non liée à l’Union européenne, a pu faire preuve d’un réel pragmatisme en ne sanctionnant aucune personnalité russe. Par prudence, Guennadi Timcheko, résident suisse, a tout de même cédé ses parts de Gunvor pour ne pas nuire à la continuité des affaires. Le régulateur du marché financier helvétique a lui demandé à ses ouailles d’être particulièrement attentifs à ne pas prendre de personnalités politiques concernées comme nouveaux clients. Au Luxembourg, la Commission de surveillance du secteur financier fait preuve du même esprit. Si elle invite les établissements financiers à accorder une attention toute particulière à leurs clients politiques, elle précise que « toutes les décisions de sanctions juridiquement applicables au Luxembourg (soit celle des Nations unies et de l’Union européenne) sont publiées sur son site »… or seuls les règlements européens visant les proches de Ianoukovitch et les dirigeants politiques russes y figurent. « Il ne faut cependant pas confondre sanctions et soupçons », souligne le régulateur. Une liste publiée par un État tiers n’aurait pas de valeur juridique et n’est pas applicable au Luxembourg, mais elle peut servir pour éveiller l’attention des professionnels. Les affaires continuent de tourner donc au Grand-Duché. Une délégation d’une région russe se présentait le 4 avril à la Chambre de commerce pour nouer des contacts. Le Luxembourg ne saurait en effet jouer à la roulette russe avec son camarade financier.

La question ukrainienne a engendré une valse diplomatique globale. Au Luxembourg, la position officielle est claire : l’invasion russe de la Crimée est condamnée. Mais la chose peut aussi avoir des impacts sur les relations financières profondément imbriquées entre le Luxembourg et la Russie. Les avoirs russes, non négligeables, font le gros dos sous les sanctions prononcées par l’Union européenne et les États-Unis.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Business and law

Mutations juridiques L’industrie financière et le corporate business font partie de l’ADN du Luxembourg, les réglementations transposées aussi. L’Université et le marché s’adaptent à un environnement de l’après-crise, qui a favorisé l’explosion de la demande pour des profils juridiques internationaux et techniquement pointus. Sur le terrain, les monopoles s’opposent encore parfois entre avocats et réviseurs, qui cohabitent pourtant. Texte Alain Ducat Photo Luc Deflorenne

L’Université du Luxembourg veut accentuer les passerelles vers l’international, les droits étrangers, le droit comparé. Le renouveau du bachelor en droit colle ainsi aux réalités du terrain juridique luxembourgeois, en mutation.

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L

’explosion n’est pas violente mais elle ne manque pas de souffle. Et cela n’a rien d’une bulle.  Depuis quelques années, comme en réaction à la crise (d’abord financière) de 2008-2009, les métiers juridiques, au sens large, connaissent un boom évident au Grand-Duché de Luxembourg. Une simple observation préalable permet de mesurer les effets sur le terrain : des acteurs étrangers s’intéressent de plus en plus aux atouts réglementaires du Luxembourg,

impliquant le recours à des connaissances en droit international et comparé ; des cabinets luxembourgeois historiques ont splitté, créant de nouvelles entités ambitieuses ; des réorganisations d’études – avec rebranding au passage, à l’américaine, OPF ou MNKS par exemple – mènent vers une spécialisation accrue et une orientation plus marquée, notamment vers les besoins des groupes internationaux et des acteurs financiers ; le recrutement des profils juridiques et techniques est de plus en plus exigeant mais


ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

« La finalité que tout le monde devrait suivre, c’est la sécurité juridique. »

« Un corporate lawyer de qualité, à Luxembourg, vaut bien plus qu’à Bruxelles ou en Allemagne. »

Me René Diederich (bâtonnier)

Berglind Fridriks (Fridriks Legal Recruitment)

aussi prolixe... L’internationalisation est évidente. Et elle est aussi logique qu’assumée. « Nous saluons l’arrivée de cabinets d’origine étrangère au Luxembourg. Cela contribue à la réputation de sérieux du pays, souligne Guy Harles, founding partner d’Arendt & Medernach, la seule étude luxembourgeoise devenue une véritable entreprise internationale (voir encadré page 95). En jouant le rôle d’apporteur d’affaires, en entretenant des relations de proximité dans les zones d’où les clients sont originaires, nous contribuons à assurer la promotion de Luxembourg en tant que Place fiable et compétitive. Comme la réglementation est stricte et bien suivie, le rôle juridique n’en est que plus important. » Pour les officines importantes, l’essentiel des clients est d’origine étrangère. « En allant sur les places étrangères où nous nous établissons, nous poursuivons la même logique de substance que nous défendons pour Luxembourg, auprès de clients étrangers qui souhaitent s’y installer », poursuit Me Harles. Et, dans un monde aussi globalisé que régulé, les subtilités d’un droit national, les directives mises en application ou la comparaison entre textes de lois pour en extraire ce qui fait toute la différence au profit de l’un ou de l’autre, cela prend tout son sens. Les juristes ont donc la cote. Un coup d’œil sur les offres d’emploi suffit pour s’en convaincre. En permanence, on trouve entre 30 et 40 annonces pour des profils très ciblés : spécialisé en ingénierie patrimoniale assurance-vie, senior en droit des contrats et de la concurrence, spécialiste des calculs fiscaux et des OPC, rompu à la banque privée, expert en sécurité des produits financiers, gestionnaire des risques intragroupe, conseiller en fonds, senior tax compliance officer, KYC analyst (le know your customer, au cœur du métier bancaire pour l’origine des fonds, la lutte contre le blanchiment et le

terrorisme)… Et les grands demandeurs sont dans l’industrie financière, la fiduciaire, les cabinets d’avocats, et bien entendu l’audit et le conseil. Au niveau pécuniaire de Paris ou de Londres

« Il y a effectivement une grosse demande et pour toute une série de spécialités », observe Berglind Fridriks qui, après une expérience dans le recrutement (notamment chez Linklaters, grand consommateur de juristes) a créé son établissement, spécialisé dans le conseil en ressources humaines et, surtout, le legal recruitment international. « Les juristes portés sur le business development sont très recherchés. On piste les soft skills et on encourage aux formations économiques et techniques, en plus des diplômes de droit. Les métiers liés à la finance, les fonds et la compliance notamment, sont très attirants ici. » Car comme le Luxembourg entend se hisser sans cesse à d’exigeants niveaux d’excellence, les fameux « moutons à cinq pattes », à la solide formation juridique internationale et au bagage technique bien ficelé, valent leur pesant de codes. Sans que sortent des montants, il est clair que les carrières alternatives au droit classique (et donc au métier d’avocat au sens des prétoires) sont extrêmement bien rémunérées. « Un corporate lawyer de qualité, à Luxembourg, vaut bien plus qu’à Bruxelles ou en Allemagne, estime la fondatrice de Fridriks. On est au niveau de Paris ou de Londres. Et Luxembourg est attractif, pour les packages originaux, pour le work-life balance, pour la qualité de vie. » En quantité et en qualité, le monde juridique occupe clairement, pour l’embauche au Grand-Duché, une importance grandissante, qui arrive juste derrière les banques et la finance, et ce en lien avec elle.

MAGIC CIRCLE

Big 3 et Big 1 Le Magic Circle est aux avocats ce que les Big Four sont au conseil. Avec des armadas de pointures, ils sont présents dans les endroits stratégiques. Tous basés à Londres, trois de ces géants ont pris pied depuis longtemps au Luxembourg, Allen & Overy, Clifford Chance et Linklaters. Pour les autres... les échos vont et viennent quant à une possible arrivée. Mais le Grand-Duché ne laisse pas indifférents ces pourvoyeurs de business. Slaughter and May se focalise sur le Benelux depuis Bruxelles. Idem pour Freshfields Bruckhaus Deringer, dont le Brussels Office « veille » sur Luxembourg, avec notamment un partner spécialisé tax practice dédié. Quant au Grand-Duché, il a son Big One. Arendt & Medernach, le plus gros cabinet d’avocats du pays, s’est très tôt développé à l’international, à Bruxelles (les affaires ont été reprises depuis Luxembourg), puis à Dubaï, Hong Kong, Londres, New York et Moscou. L’activité a aussi donné lieu à des entités corporate juridiquement séparées, pour les conseils et services aux entreprises, Arendt Services et Arendt Regulatory Solutions. A. D.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

L’engouement pour le droit se retrouve aussi dans les besoins de la fonction publique, du monde associatif et, bien sûr, dans les candidats au Barreau. « Il y a un grand turnover et beaucoup de mouvements internes au niveau des avocats », observe pour sa part René Diederich, actuel bâtonnier. Il n’y a plus de parcours classique. On va vers les études d’avocats, vers les fiduciaires ou les secrétariats sociaux, vers les réviseurs ou le conseil, parfois de l’un vers l’autre, et parfois on revient au Barreau. » On sait l’Ordre des avocats sourcilleux sur ces questions de frontières entre le monde des avocats « pur jus » et celui des conseillers juridiques tous azimuts. Au nom de la qualité, du contrôle, de la déontologie, le Barreau tient à une certaine étanchéité. « La mission est différente et n’a pas la même règle de fonctionnement, appuie Me Diederich. Un avocat est tenu au secret professionnel le plus strict vis-à-vis de son client, alors que le réviseur est censé repérer et alerter qui de droit sur d’éventuels problèmes de légalité comptable par exemple. » Nul n’est naïf, le bâtonnier pas davantage. « Si la logique est différente et si on privilégie la relation avocat-client qui représente notre valeur ajoutée, cela n’empêche pas la collaboration en bonne intelligence, la complémentarité et une présence à différents stades de la chaîne de valeur. La concurrence peut être saine. L’important, la finalité que tout le monde devrait suivre, c’est la sécurité juridique, une égalité devant les règles qui permet l’émulation, l’existence et le respect de la règle de droit. » La guerre du droit aura-t-elle lieu ?

L’indépendance est une des clés. Quand en juin 2012, le bâtonnier (Guy Harles à l’époque) a lancé, au nom du Barreau et de l’Ordre des avocats, une plainte à l’encontre de KPMG, ce sont deux poids lourds de l’économie nationale, symboles des services connexes à la place financière, qui se sont retrouvés face à face. La question n’est pas tranchée, d’autant que d’autres procédures et enquêtes serrées ont, depuis, discrètement suivi, à l’encontre d’autres « conseilleurs ». Les Big Four ont évidemment une stratégie de présence à tous les étages et la matière juridique – de la détection d’opportunités d’affaires à l’implantation en passant par la domiciliation, la structuration et l’accompagnement (parfois défense comprise) – est un maillon incontournable. Mais il y a la profession d’avocat, qui est réglementée et codifiée, sur base de la loi d’août 1991.

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Il y a aussi une frontière, un « double monopole » disent certains, entre réviseur et avocat. Pour prolonger la métaphore juridique, il ne faut pas qu’une même entité soit juge et partie. Quand d’aucuns font les deux par le biais du conseil juridique associé à l’audit par exemple, il y a conflit, si pas d’intérêt, au moins de voisinage. « Il peut y avoir un risque de secret partagé et donc risque pour le justiciable », plaident les avocats. « Nous avons aussi notre secret professionnel et notre déontologie », concluent les tenants – nombreux et solidement implantés au GrandDuché – de la multidisciplinary practice… Objet de multiples écrits et débats académiques, le fonctionnement en réseau de services professionnels adaptés à l’environnement international des affaires fait rage au Luxembourg. À fleurets mouchetés certes et peu en surface. Mais il existe. Certains, même au sein de cabinets d’avocats estampillés « à la Cour », se demandent si, à terme, vu l’évolution dans des pays voisins et vu les situations déjà existantes ici, il ne faudrait pas ouvrir des vannes pour permettre aux vases juridiques de communiquer. La nécessité ferait loi et le législateur ferait foi… Sur le terrain, on s’observe encore mais on avance. Les exemples cohabitent. Les deux plus flagrants ? Arendt est une marque qui, à côté des avocats du cabinet historique (lire encadré page 95), s’est déclinée au travers d’entités distinctes, dédiées aux corporate services, aux solutions de conseil. Quant à Deloitte, il jouxte le cabinet d’avocats D-Law, émanation qui a sa propre structure et sa propre entrée. Tout cela – et d’autres cas de figure et cas d’études – est suivi de près, décortiqué. « Parfois, on voit les arbres et pas la forêt », sourit un ancien partner de société d’audit et de conseil. Il faudra qu’un jour, d’une manière ou d’une autre, une décision, digne de Salomon, tranche les nœuds potentiels, pour éviter que la guerre du droit ait lieu. Pragmatique, un avocat d’affaires estime que « les service providers font partie du paysage économique. Pour faire du business, il est évident que les entreprises ont besoin de s’appuyer sur de bons conseils et que les juristes doivent être capables de comprendre l’environnement culturel, politique, économique et légal des gens avec lesquels ils traitent. » Les juristes ont toujours fait partie de la chaîne de valeur économique, à commencer par les notaires – sans, eux, pas de société enregistrée… – et les avocats, qui ont été parmi les premiers admis – avec les experts-comptables et les banques – au statut de potentiel domiciliataire.

UNIVERSITÉ

Le droit transnational Le bachelor en droit, déjà très fréquenté à la jeune Université du Luxembourg, fait une mue importante. L’objectif du cursus « transnationalisé », est de « former des juristes multilingues, polyvalents, à l’esprit ouvert, qui sachent penser en termes de global law, tout en maîtrisant les techniques du droit national luxembourgeois ». Gilles Cuniberti, professeur en droit comparé à l’Uni, souligne : « L’économie du Luxembourg est tournée vers l’extérieur. Les interlocuteurs sont souvent des juristes étrangers. Mais en Allemagne ou en Angleterre, on a un système de pensée juridique différent. C’est pour cela que nous devons former des juristes ouverts au monde. » L’Université mise sur cette réforme pour asseoir son aura internationale et servir les intérêts du pays. Déjà multilingue, le bachelor relooké sera un des rares en Europe, voire dans le monde, à proposer une telle vision. Sur la Place, tout le monde juridique se félicite de cette initiative. A. D.

L’après-crise n’a fait que renforcer les règles. Même quand il y a des marges à explorer, le droit est l’affaire des personnes physiques, des personnes morales et de personnes physiques qui ont de la morale… La place financière fait partie de l’ADN du pays, en constante évolution. Ces gènes sont transmis aux acteurs de la chose réglementaire, mais pas toujours au niveau des facs de droit. Il était logique que l’on entre dans une ère de mutations juridiques.

Depuis la crise de 2008-2009, les métiers juridiques, au sens large, connaissent un boom évident au Grand-Duché de Luxembourg. Bien balisées a priori, les frontières sont parfois plus floues dans la réalité du business et des corporate lawyers, à l’heure des services multidisciplinaires. Avocats, conseillers juridiques et autres analystes cohabitent ou se concurrencent, en tout cas ils se complètent. La place financière, très gourmande en profils internationaux et techniquement pointus, en ferait presque oublier que les juristes sont demandés partout.


ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

ANNIVERSAIRE

Les 75 ans de l’ABBL

Cérémonie de prestige à la Philharmonie, le 25 mars, en présence du couple grand-ducal. Photos Olivier Minaire et ABBL

Luc Frieden (député) et André Marc (Allen & Overy)

François Pauly (Bil)

Ernst Wilhelm Contzen (ABBL)

Xavier Bettel (Premier ministre)

Alain Picquet (KPMG)

Robert Dennewald (Fedil) et Viviane Reding (vice-présidente, Commission européenne)

David Micallef (The Bank of New York Mellon Luxembourg)

Claude Wiseler (député) et Georges Heinrich (ministère des Finances)

Jean Guill (CSSF), Rolf Tarrach (Université du Luxembourg) et Michel Maquil (indépendant)

Daniel Croisé (BDO), Emmanuel Baumann (SNCI) et Jos Glod (Post Finance)

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PLACE FINANCIÈRE

Changement de capitaine

Un nouveau chapitre pour François Tesch

Le patron emblématique de Foyer s’apprête à léguer la gestion opérationnelle du groupe à Marc Lauer. François Tesch conserve une grande soif d’activités, notamment via Luxempart, qui occupera davantage son agenda. Défenseur du modèle de l’entreprise familiale, il reste optimiste pour le futur du pays, s’il sait attirer les compétences nécessaires à son développement.

Texte Thierry Raizer Photos Olivier Minaire

François Tesch prendra la présidence du CA de Foyer à l‘issue de l’assemblée générale du 15 avril.

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arquée par plusieurs anniversaires de grands noms de l’économie luxembourgeoise, 2014 l’est aussi par des changements à la tête de certains de ses fleurons. C’est le cas chez SES avec François Bausch, qui évoquait son départ exécutif dans le numéro d’avril de paperJam. Michel Wurth fera de même chez ArcelorMittal dans quelques semaines, peu après François Tesch (63 ans), qui s’apprête à quitter la gestion opérationnelle de l’assureur Foyer. Il cèdera la main à l’homme qui a pris du gallon progressivement depuis son entrée dans l’entreprise familiale en 2004 : Marc Lauer (49 ans). Une transition en douceur que les deux hommes ont bien préparée. « L’arrivée de Marc au sein de notre groupe s’est effectuée avec l’objectif de reprendre un jour ma succession, déclare François Tesch. J’y ai beaucoup travaillé avec lui et il y a un an, j’ai pensé que le bon moment était venu pour penser à cette transition de manière plus concrète. » Mais que l’on ne s’y trompe pas, rares sont les hommes d’affaires et grands patrons qui peuvent raccrocher du jour au lendemain. « Je présenterai ma candidature lors de la prochaine assemblée générale de nos actionnaires afin d’endosser le rôle de président du conseil d’administration, en remplacement d’Henri Marx, l’un de nos anciens directeurs. » Loin de quitter le navire Foyer fondé en 1922 et toujours détenu par un actionnariat familial, François Tesch entend donc prendre encore un peu plus de hauteur. « Je veux conduire d’autres activités et renforcer celle d’administrateur délégué de Luxempart qui me passionne véritablement. » Entre la société d’investissement et l’assureur, les liens sont forts puisque Foyer Finance détient la majorité des parts de Luxempart. « Nous voulons poursuivre sur la lancée de nos résultats 2013 en recherchant des opportunités auprès de sociétés d’une certaine taille, ajoute François Tesch quant à Luxempart. Dans le cas d’investissements en private equity, nous privilégions l’implantation d’équipes dédiées sur place, car seule une présence dans le tissu économique local permet d’accompagner correctement un projet. » François Tesch a mené sa carrière quasiment exclusivement au sein du groupe d’assurance, après une expérience auprès du conglomérat W. R. Grace & Co à New York et à Paris. Il est

en effet entré en 1983 chez Foyer pour assumer la fonction de secrétaire général puis, en 1985, celle de directeur général (devenue CEO). Difficile dès lors de résumer 30 ans d’expériences riches et influencées par les mutations – profondes – du secteur de l’assurance. « Lors de mon arrivée, j’ai compris que les règles du marché allaient changer pour tendre vers un marché européen, dans lequel l’assureur était appelé à être un entrepreneur et à aller chercher ses clients en dehors des frontières. » C’est ce que Foyer a effectué, non sans se recentrer sur ses fondations avant d’entamer une nouvelle expansion. La cession des activités à l’étranger dans les années 80 et 90, via la vente des entités française et belge, pas suffisamment rentables dans des marchés dominés par des grands noms locaux, a en effet permis à Foyer de gérer durablement son destin. 1999, année clé

« L’un des moments très importants que je retiens est l’année 1990, se souvient François Tesch. La vente dans de bonnes conditions de notre branche belge nous a permis de restructurer notre groupe en créant Foyer Finance, la holding chapeautant nos activités d’assurance, mais aussi en devenant l’actionnaire de référence de Luxempart. C’est une démarche personnelle que j’ai défendue à l’époque auprès du conseil d’administration et qui nous a permis, par le biais de Luxempart, d’investir dans l’économie luxembourgeoise. » De la création de Foyer International, en 1996, pour commercialiser des produits en libre prestation de services, à celle de Foyer Asset Management, en 1997, l’action de François Tesch a été rythmée par une volonté d’internationalisation et de spécialisation dans des produits de niche. « Mon obsession a toujours été de ne pas être dépendant du seul marché luxembourgeois. Je me réjouis du fait que l’activité de gestion patrimoniale représente 23% de notre résultat consolidé en 2013, ce qui donne une assise plus diversifiée à nos sources de revenus. » Ce résultat, François Tesch en est d’autant plus fier que le groupe Foyer a pu conduire sa diversification sur ses fonds propres. Et l’une des autres années clés, celle de 1999, n’est pas étrangère à cette indépendance assumée. « Ce fut un moment très fort, puisque nous avons tout

PLACE FINANCIÈRE

SUCCESSION

2014, l’année Lauer Entré en 2004 chez Foyer pour en devenir le chief operating officer, soit le numéro 2, Marc Lauer en a appris les rouages aux côtés de celui qui sera bientôt son prédécesseur. Mais ce Luxembourgeois dont l’anniversaire est célébré le même jour que celui de François Tesch (le 16 janvier) n’est pas un inconnu du domaine des assurances, puisqu’il avait exercé, entre 1989 et 2004, au sein du Commissariat aux assurances en tant que membre de la direction. Diplômé de l’Université libre de Bruxelles et de la London Business School, Marc Lauer voit ses responsabilités doubler en 2014. Outre l’accès au poste de CEO chez Foyer, il est devenu, suite à l’assemblée générale du 20 mars, le nouveau président, pour deux ans, de l’Association des compagnies d’assurances (Aca). Ses deux viceprésidents sont Pit Hentgen (Lalux, président sortant) et Marie-Hélène Massard (Axa).

simplement failli perdre notre indépendance, rappelle François Tesch. Notre coactionnaire, Guardian Royal Exchange, ayant été racheté à l’époque par le groupe français Axa, par ailleurs concurrent sur le marché luxembourgeois, nous étions alors placés dans une situation inconfortable. » Une solidarité et une mobilisation intenses de l’actionnariat familial de Foyer, conforté dans sa décision par le fait que les autorités de Bruxelles ne voyaient pas d’un bon œil l’entrée dans le jeu de l’assureur français, ont permis de changer rapidement la nomenclature interne de Foyer, avec la reprise en main totale par un actionnariat local et familial. « Nous sommes ensuite entrés en bourse en 2000 afin d’avoir accès aux marchés pour d’éventuelles prises d’acquisitions, ce dont nous n’avons pas eu besoin en raison de la bonne santé de notre entreprise. » Deux crises financières plus tard, Foyer se porte plutôt bien au vu de ses résultats de 2013 et se prépare activement aux

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PLACE FINANCIÈRE

challenges du marché actuel, notamment sur le plan réglementaire au travers de Solvency II et de ses exigences en fonds propres.

exceptionnel, que les grandes métropoles ne peuvent plus offrir, afin de continuer à attirer des compétences. Car c’est sur ce terrain que se gagneront les prochaines batailles. »

Leadership et travail d’équipe PARCOURS

Un goût pour l’ouverture Libéré de ses engagements quotidiens auprès de Foyer, François Tesch est prêt à assumer la fonction de président du C.A. du groupe et à s’investir encore plus auprès de la société de participations Luxempart, dont il est l’administrateur délégué. Soit autant de voyages et de réseautages à l’étranger. Cet attrait pour l’étranger provient du parcours d’étudiant de M. Tesch, à Aix-en-Provence, dans les années 70. « C’était une décision importante, car cela m’a permis de découvrir une autre culture, de m’ouvrir les yeux », se souvenait-il lors d’une interview livrée à paperJam.TV en novembre 2012. « Je ne peux qu’encourager les jeunes à partir aussi loin que possible pour élargir leurs horizons. » Après une dizaine d’années passées à l’étranger, dont cinq ans aux États-Unis, François Tesch est revenu au pays en 1981 pour rejoindre progressivement l’entreprise familiale. T. R.

ÉPOPÉE

Une vie, une entreprise Outre son propre parcours, la vie de Foyer est intimement liée à celle de la famille de François Tesch, dont le grand-père, Léon Laval, était l’un des quatre fondateurs. Entouré de Max Lambert, Joseph Bach et Max Menager, il a posé en 1922 les premiers jalons de la compagnie d’assurances. Si François Tesch cultive l’esprit d’entreprendre, c’est certainement aussi en raison de l’engagement de son père, Emmanuel Tesch. Décédé en 2011, il est considéré comme l’un des pères du modèle luxembourgeois du dialogue en entreprise. Il fut le président du conseil d’administration de l’Arbed entre 1972 et 1991. C’était avant la mutation vers Arcelor, puis ArcelorMittal. Autre époque, autre donne socio-économique, François Tesch entend tout de même, via son action, faire perdurer les valeurs léguées par les fondateurs du groupe et sa famille. Dont l’importance de la responsabilité des gouvernants d’entreprises. T. R.

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Plutôt modeste à l’égard de ses réalisations, François Tesch préfère voir dans cette genèse vertueuse le fruit d’un travail collectif. « Une indépendance, ça se mérite. Nous avons beaucoup investi dans la professionnalisation de notre gestion interne, qu’il s’agisse de la mise en place de plans d’entreprise, de processus clairement définis ou de systèmes informatiques de pointe. » Et François Tesch de ne pas tarir d’éloges sur ceux qui l’ont accompagné au jour le jour durant 30 ans. « Le choix de nos collaborateurs a toujours eu une importance particulière, ajoute-t-il. J’ai toujours souhaité engager des gens compétents et loyaux en espérant leur rendre la pareille, tout en leur donnant la possibilité d’exercer progressivement leurs responsabilités via une délégation. » Et lorsque nous l’interrogeons sur les valeurs qu’il espère léguer à son successeur, François Tesch cite instinctivement celles de l’entreprise. « En tant que leader sur le marché luxembourgeois, une place qui se mérite aussi, l’innovation est réellement l’une de nos valeurs clés, ajoute François Tesch. Il en est de même pour la déontologie, qui doit être irréprochable vis-à-vis des clients. » Prévue de longue date par les entreprises proactives, la fin du secret bancaire a été envisagée chez Foyer comme un axe de développement de l’activité de gestion patrimoniale. « Nous savions depuis plusieurs années que le secret bancaire ne serait plus un atout avec lequel il fallait compter, explique François Tesch. En revanche, notre présence en Belgique à Bruxelles, Gand et Anvers, via CapitalatWork Foyer Group, nous a permis de maintenir notre relation client en suivant ceux qui avaient choisi de rapatrier leurs avoirs dans leur pays de résidence. » Le regard toujours vif, la passion intacte, François Tesch reste optimiste à l’égard de la Place. « Malgré la mauvaise image que nous nous faisons parfois du pays, je reste surpris durant mes déplacements de voir à quel point la situation de notre pays demeure enviée à l’étranger. Cela ne veut pas dire que la tâche des acteurs luxembourgeois sera facile à l’avenir, mais nous devons mettre tous nos atouts en avant, dont notre cadre de vie

Perpétuer l’esprit des fondateurs

Membre de l’une des familles qui a contribué à l’essor du pays, François Tesch a tenu a en perpétuer l’esprit ainsi que celui des fondateurs du groupe Foyer. « Il faut bien entendu penser à ceux qui nous ont précédés, d’autant plus dans une entreprise familiale. C’est grâce à leur engagement que notre famille a pu prospérer de la sorte jusqu’à aujourd’hui, ajoute François Tesch. La gouvernance a, du reste, toujours joué un rôle important dans notre entreprise, d’où notre volonté de disposer de profils expérimentés dans différentes matières au sein de notre conseil d’administration. » Amené à en prendre la présidence le 15 avril prochain lors de l’assemblée générale ordinaire, François Tesch ne compte donc pas se reposer sur ses lauriers. Mais bien continuer à représenter le pays via ses activités. « Je compte bien jouer un rôle personnel accru dans les contacts à nouer, tant pour Foyer que pour Luxempart. La notion de réseau à l’étranger sera ma première préoccupation. » Serein à l’heure de passer la main, François Tesch espère avoir communiqué à son successeur le goût pour l’entrepreneuriat. « Marc a véritablement la fibre d’un entrepreneur. Je sais qu’il saura continuellement se remettre en question pour innover, prendre des risques en saisissant les nouvelles tendances. Il pourra compter sur le conseil d’administration pour l’aider dans sa nouvelle mission. »

Pas évident de se retirer de la gestion quotidienne d’une entreprise que l’on a dirigée pendant 30 ans. Alors mieux vaut préparer cette transition de longue date. C’est la méthode pour laquelle a opté François Tesch, emblématique patron du groupe Foyer, en collaboration avec son successeur, Marc Lauer. Et ne lui demandez pas si la retraite est proche. À 63 ans, François Tesch s’apprête à devenir le président du CA de Foyer, tout en se consacrant encore plus à son poste d’administrateur délégué de Luxempart.


More than just a law firm. A knowledgeable resource. Conferences and seminars agenda APRIL 2014 Thursday 24 April, 8.30am

Understanding the basics of Private Equity funds terms

MAY 2014 Thursday 8 May, 6pm Monday 12 May, 11.30am Thursday 22 May, 8.30am Tuesday 27 May, 8.30am

Accessing the U.S. market – Legal and practical solutions for Luxembourg funds raising capital in the U.S. Annual leave and public holidays: road map for employers The status of company directors under Luxembourg law – Employees, independents or both? Securitisation structures post AIFMD implementation

JUNE 2014 Thursday 19 June, 5.30pm

Annual Corporate and M&A seminar – Insights 2014

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DÉSIRS

Désirs

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Les immanquables Chaque mois, nos coups de cœur parmi les sorties culturelles.

STIJN

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L’installation Vector déborde de l’aquarium pour matérialiser l’axe entre l’intérieur et l’extérieur. Jusqu’au 27 avril au Casino Luxembourg

MAR ZIGGY

LE Y

Le fils de Bob est bien né dans le reggae et le prouve dans l’album A Life On Mars. Le 21 avril à l’Atelier

VA T OU T

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Un oratorio slammé et chanté s’appuyant sur les lettres de Christophe Colomb à son souverain.

Photo : Sven Becker

Les 25 et 26 avril au Grand Théâtre

Serge Ecker Sa Melusina pourrait bien devenir le nouveau symbole de la capitale au même titre que la Petite Sirène de Copenhague ou le Manneken Pis de Bruxelles. Serge Ecker a en effet remporté le concours organisé par la Ville de Luxembourg pour créer une sculpture autour de cette femme dont le mythe nourrit notre imaginaire. Pour la créer, il a suivi la même démarche que dans ses travaux précédents : un scan en 3D d’une personne réelle, un maillage polygonal presque abstrait, puis un travail pour assouplir les traits et donner un semblant de visage à cette femme mystérieuse. « Ce qui est intéressant, c’est de déconstruire, puis de reconstruire l’image et donc le mythe, pour arriver à ma propre Melusina », explique l’artiste, formé à l’image numérique et aux effets spéciaux. Tout son travail s’intéresse d’ailleurs

HEIMO

à la représentation du réel à travers les nouvelles technologies. Ainsi, à partir de photographies personnelles, d’images puisées sur Google Earth ou dans les médias, Serge Ecker recompose une image numérique en 3D qu’il va ensuite imprimer en volume, comme il l’a fait pour des habitations dévastées par le tsunami au Japon. Travaillant aussi pour des architectes, Serge Ecker est passionné par la question de la représentation de l’espace humain. « On peut ‘éteindre’ une photographie, alors que le modèle 3D est tangible et durable. Il n’en reste pas moins une construction, une représentation. » D’ici quelques mois, c’est une Mélusine bleue (« une couleur pop qui se verra de loin ») qui accueillera les promeneurs à ses côtés sur son banc au bord de l’Alzette.

Z OB E R

NIG

L’artiste autrichien développe une œuvre radicale axée sur une approche critique de l’abstraction. À partir du 26 avril au Mudam

B R NS

Le quatuor de talent multi-instrumentiste belge présente son album Wounded. Le 28 avril à la Rockhal

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Photos : Christophe Raynaud de Lage / D.R.

ZOOM SUR


DÉSIRS

SÉLECTION DESIGN CITY 2014 La biennale de design de Luxembourg, réalisée par le Mudam avec la collaboration de la Ville de Luxembourg, est un laboratoire d’idées, un outil de promotion et une plateforme d’expérimentation. Un foisonnement d’expositions, de parcours, de conférences à découvrir autour de la thématique « Into the Process ».

NEVER FOR MONEY, ALWAYS FOR LOVE Pensée comme une plateforme d’échanges entre deux scènes artistiques, l’exposition rassemble 13 designers du Portugal et du Luxembourg qui intègrent à leur pratique une approche critique et responsable et réinventent ainsi les modes de création et de production. Ici, Susana Soares et ses gâteaux en farine d’insecte.

ESPACE PUBLIC Design City a demandé à plusieurs intervenants de proposer des solutions spécifiques pour répondre aux problématiques de la Kinnekswiss. Balançoires collectives, poubelles-miroirs et signalétique appropriée ont été proposées par Encore Heureux, Studio Wakup et Maurice + Paula. À partir du 23 avril au parc de la Kinnekswiss

Jusqu’au 15 juin au Mudam

PARCOURS COMMERCES

MARCHÉ DES CRÉATEURS

Pendant toute la durée de la biennale, les commerces de mobilier, décoration et accessoires de Luxembourg et des environs se mobilisent pour proposer des installations ou des invitations exceptionnelles. Coups de cœur pour les PET Lamp chez Mâalem (photo), Super-ette chez Bonn, Jan Kath chez Tapis Hertz ou Damien Pierre chez Rob Vintage.

Ce rendez-vous annuel est l’occasion de réunir des designers aux techniques, disciplines et univers variés (design de produits, stylisme, design textile, illustration, bijoux, édition...) qui sont le reflet de la création contemporaine. Stéphanie Rollin (directrice de la maison d’édition luxembourgeoise Super-ette) est guest-curator de cette édition 2014 pour la sélection définitive des 30 participants.

Dans les commerces de la capitale

14 et 15 juin au Mudam

ET TOUT LE RESTE Conférence sur le design de transport, exposition sur les matériaux innovants, workshops, cours d’histoire du design, parcours dans les ateliers des créatifs luxembourgeois, Prix européen de l’espace public urbain, projection de films… Pour tout connaître et tout savoir sur la biennale Design City, rien de mieux que se procurer le magazine qui reprend l’ensemble de la programmation. Disponible au Mudam, au Cercle Cité et dans les commerces partenaires

GRATUIT INVITATION AUX MUSÉES Lancée en 1997 à l’initiative du groupement « d’stater muséeën » et étendue depuis cinq ans à pas moins de 44 musées au Grand-Duché, la manifestation annuelle « L’Invitation aux Musées » propose auxdits musées d’ouvrir gratuitement leurs portes un week-end de printemps. Ce qu’il faut savoir… Les 17 et 18 mai Programme complet sur www.statermuseeen.lu

Photos : Jessica Theis

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DIVERSITÉ

MOBILITÉ

ACTIVITÉ

Le Luxembourg peut se prévaloir d’une grande diversité de musées à travers tout le pays, qui sont spécialisés dans des domaines aussi variés que l’histoire, la nature ou l’art. Les journées portes ouvertes sont un moment privilégié permettant de visiter ce patrimoine muséal exceptionnel et de jouir d’une offre culturelle riche et éclectique.

Pour bien profiter de l’offre sans prendre le volant, le « Musel Hopper » est une navette de bus qui circulera entre quatre villages de la Moselle et sur Clervaux : cela concerne cette année cinq musées, dont le Musée national d’art brassicole et de la tannerie à Clervaux.

Les musées proposent chacun un programme culturel varié pour toute la famille, avec des visites guidées, des ateliers, des performances, des rencontres avec des artistes, des conférences, des concerts, des dégustations et des animations pour enfants : un travail de médiation culturelle qui vise à sensibiliser le public et à l’initier à la pratique culturelle.

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Semaine des vins, de l’art de la table, du mobilier et des équipements de jardin Du lundi au vendredi de 14h à 20h et les week-ends de 10h à 19h

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DÉSIRS

CONSEILS

5 RÈGLES POUR UNE BONNE CAVE À VIN Conserver ses bonnes bouteilles alors qu’on ne dispose pas d’une cave en sous-sol, c’est possible dans les armoires-caves disponibles sur le marché. Attention cependant à bien la choisir et bien l’installer. 1

Une température stable

Idéalement, votre cave doit rester aux alentours de 12 °C afin que le vieillissement des vins se produise au bon rythme. Certaines caves, multizones, permettent de moduler électroniquement la température des différents espaces, pour conserver les champagnes à 8 °C, les vins blancs à 11 °C et les rouges à 13 °C.

RECETTE

PAR DOMINIQUE DEMAGISTRI

Restaurant français très tourné vers le sud et notamment la Corse, L’Ambassade célèbre son ouverture en nous livrant une recette qui fleure bon les îles, où le chef a passé de nombreuses années. Voilà comment réaliser une couronne d’agneau aux effluves de café, patate douce au miel d’acacia. Il faut d’abord préchauffer le four à 200 °C. Sur une plaque à rôtir, on dépose la couronne d’agneau (huit côtes pour deux personnes), on huile légèrement, puis sale et poivre. L’agneau sera enfourné pendant une vingtaine de minutes. Pour réaliser la sauce, on met 10 grains de café à torréfier dans une casserole, trois à quatre minutes, on y ajoute une échalote ciselée, on mouille avec 10 cl de fond d’agneau et on laisse cuire à feu doux 10 minutes. Après avoir retiré le café, on monte la sauce avec 50 gr de beurre. Pour l’accompagnement, on épluche deux grosses patates douces oranges et on les fait cuire en morceaux dans de l’eau non salée. Une fois bien cuites, on les réduit en purée en ajoutant une cuillère à soupe de miel d’acacia et de la coriandre fraîche hachée. Quand l’agneau est cuit, on le laisse reposer quelques minutes hors du four avant de le servir sur la purée et nappé de la sauce. L’Ambassade – 100, rue de Rollingergund www.lambassade.lu

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Une obscurité si possible totale

La lumière accélère anormalement le vieillissement du vin. Assurez-vous donc de limiter au maximum la pénétration de la lumière dans votre cave, par exemple en privilégiant une cave avec des vitres traitées anti-UV. 3

Un taux d’humidité compris entre 70 % et 80 %

Car cela évite que le bouchon ne se contracte (cave trop sèche) ou ne moisisse (cave trop humide). Avec une cave équipée d’un affichage du taux d’humidité, on peut réagir à temps et ajouter de l’eau dans la partie inférieure d’un bac si nécessaire. 4

Une bonne circulation de l’air

Les odeurs étrangères risqueraient d’altérer le bouquet du vin. Pour éviter cela, il faut s’assurer que l’air soit pur et qu’il circule en continu. Les fabricants de caves à vins utilisent des filtres à charbon actif (issu de la coque de noix de coco) pour purifier l’air. Veillez à bien changer ces filtres tous les six mois. 5

Zéro vibration

Le vin supporte mal les vibrations, aussi, certaines caves à vin possèdent un dispositif d’amortissement des vibrations du moteur. De véritables silentblocs positionnés entre le châssis et le compresseur anéantissent toutes les vibrations.

SOIRÉES FESTIVES

Où boire un cocktail inédit ? Avec l’arrivée des beaux jours, les soirées s’allongent peu à peu et donnent envie de s’attarder en sirotant un verre. Mais quel verre ? Si pour vous les mojitos sont trop classiques, les spritz trop amers, le whisky coca trop banal et la vodka red-bull trop « djeune », voici quelques pistes pour découvrir de nouveaux cocktails, servis par des barmen qui travaillent leurs propres recettes.

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COCO MANGO

SERGE

L’ORIGINAL

LE ROYAL

Hôtel Sofitel Grand Ducal 40, boulevard d’Avranches (Gare)

17, rue du Saint-Esprit (Vieille ville)

15, rue Louvigny (Centre-ville)

12, boulevard Royal (Centre-ville)


DÉSIRS

E UR RT E V OU

DES THÉS POUR TOUS LES PALAIS Déjà bien présent chez nos voisins (France, Belgique), Palais des Thés vient d’ouvrir à Luxembourg. On y trouve plusieurs variétés de thés, noirs, verts, blancs, des mélanges parfumés. Parmi les grands classiques, on notera le Grand Yunnan Imperial, Sencha Ariake, Vive le Thé, Thé des Moines, Thé du Hammam... Pour cette 32e boutique, l’endroit propose un espace « Découverte du Thé », où il est possible de se faire conseiller par l’équipe et de déguster le thé de son choix. Dans un souci de diminution des déchets, l’enseigne propose à ses clients des conditionnements métalliques qui peuvent être remplis à nouveau au magasin. Des collections d’accessoires autour du thé sont également en vente : théières traditionnelles, boîtes à thés et épicerie gourmande.

Photo : Sven Becker

Palais des Thés – 6, rue Chimay à Luxembourg (Centre-ville)

ZOOM SUR

Benoît Bail « Déjà petit, je rêvais des îles, des tropiques et des pirates », se souvient Benoît Bail. Et, quand il a eu l’âge de le faire, il a découvert le rhum, parfaitement en adéquation avec cet univers ensoleillé. D’amateur, il devient averti, puis collectionneur. Il affine son palais et ses connaissances, rencontre les producteurs, fréquente les foires et festivals… Et découvre ainsi l’immensité de l’univers du rhum ou plutôt des rhums : agricoles (issus du jus de canne à sucre) ou industriels (issus de la mélasse, ce qu’il reste quand on fabrique le sucre), blancs ou vieux, purs ou arrangés… « Je faisais des rhums arrangés pour moi et mes amis et comme tout le monde les appréciait, on m’a poussé à les commercialiser. » C’est ainsi que naît Zwazo, la première marque luxembourgeoise

de rhum arrangé, c’est-à-dire dans lesquels macèrent des fruits et des épices. Benoît Bail sélectionne des rhums blancs et y ajoute des fruits, uniquement bio et de saison, et laisse le tout infuser dans son « laboratoire » de… Bascharage ! Pour l’heure, on pourra découvrir un excellent « Ananas vanille » et un non moins réussi « Banane vanille », dans une belle bouteille qui laisse voir les fruits en train de macérer. C’est avec ses bouteilles que Benoît Bail s’est taillé une réputation internationale, tant et si bien qu’il a été sollicité pour faire partie du jury au Festival international du rhum à Paris. Il sera le seul Luxembourgeois, aux côtés de Français, Britanniques, Espagnols ou Allemands. « Chaque culture a son goût et ses préférences, c’est bien de côtoyer différents pays. »

ANNIVERSAIRE 80 ANS DE GOURMANDISE C’est en 1934 que Michel Scheer a ouvert sa petite pâtisserie-confiserie artisanale à Belair. En 1960, sa fille et son beau-fils, Nicole et Théo Arens, reprennent l’entreprise… 80 ans après la création, Jean-Claude Arens est toujours à la tête de la petite entreprise qu’il a reprise en 1983. Si la spécialité de ce maître pâtissier-chocolatier est le bamkuch, ou les gâteaux de prestige (pour les mariages par exemple), il propose des créations originales sucrées et salées. Pour célébrer ce 80e anniversaire, il a créé une praline et un entremets pour lequel il a été rechercher une ancienne recette de biscuit qu’il a modernisée en y apportant un chocolat pure origine, particulièrement délicat. Jean-Claude Arens – 4A, avenue du X septembre à Luxembourg (Belair)

www.zwazo.lu

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DÉSIRS

Comme un parfum de printemps

Il flotte dans l’air comme des senteurs de fleurs et de bourgeons. La nature reprend vie avec l’arrivée des beaux jours. L’occasion de se mettre au diapason et de découvrir les nouveaux jus que les parfumeurs ont conçus pour ce printemps.

EAU TROPICALE

19 MAI 1957

C’est une forêt idéale qui cacherait des oiseaux colorés, des fleurs aux parfums inconnus et des fruits aux promesses de paradis perdus qui a inspiré Isabelle d’Ornano pour cette création pour Sisley. Elle captive par l’envolée fraîche, acidulée et légèrement musquée d’un bel accord de fleurs exotiques : hibiscus, frangipanier, passiflore. Ce parfum est construit autour d’un accord boisé sec du cèdre, la profondeur du patchouli et la sensualité des grains d’ambrette. Le cœur révèle une capiteuse tubéreuse rendue aérienne par la rose turque et la délicate violette.

Valentine Pozzo di Borgo a fait le pari de transformer son arbre généalogique en une collection de parfums d’exception, chaque fragrance étant inspirée par un membre de sa famille et portant le nom de son jour de naissance. Celui-ci est dédié à son père, Alexandre. Il invite à une immersion au cœur du maquis corse, lorsque les pins parasols s’imprègnent d’une odeur de pierres chaudes et évoquent l’arôme du pain d’épices. Il est composé notamment de coriandre, de lavande et d’héliotrope, qui apportent de la puissance. Les notes rocailleuses et sucrées-salées en font un parfum à la fois puissant et sophistiqué.

www.sisley-paris.com

PARADIS PERDU

www.pozzodiborgo-parfums.com

La famille Frapin, établie depuis 1270, perpétue la tradition des cognacs et en décline l’univers dans le parfum. Ce jus est une ode aux vignes, entourant la propriété, qui ont inspiré le parfumeur, Amélie Bourgeois. Se devine d’abord la sève, qui s’élève dans un bruissement de racines de vétiver. Le long des sarments, elle évolue d’un vert croquant à un vert sombre. Le basilic et son insolence de jeune pousse chahutent le vert sévère des larges feuilles de vignes. Le vert amer des feuilles d’épinard signe l’élégance décalée de cet accord organique. Qui se termine sur une note de bois de cèdre et de palissandre, sans oublier d’être passé par la mandarine ou la bergamote. www.parfums-frapin.com

CÉDRAT ENIVRANT

BEIGE

Ce nouveau jus marque un retour aux sources pour Atelier Cologne, première Maison de Parfum entièrement dédiée à la Cologne. Les créateurs, Sylvie Ganter et Christophe Cervasel, ont donné naissance à une famille de parfums conçus principalement autour de notes hespéridées, ingrédients traditionnels de la Cologne. Inspiré du cocktail French 75, il est destiné à tous les amoureux des notes gin et citronnées. On y trouve en tête du cédrat, du citron vert et de la bergamote. En note de cœur, la menthe, le basilic et les baies de genévrier se terminent en fond par la fève tonka, le vétiver et l’élémi.

La Maison Chanel recrée plusieurs parfums exclusifs de ses débuts. Celui-ci date de 1932 et évoque la couleur indissociable de l’esprit de Mademoiselle. Composé par Jacques Polge, le parfum qui lui rend hommage distille ses accents fleuris comme un souffle de pollen. Des effets poudrés et miellés issus du jasmin, de l’ylang-ylang et de l’accord aubépine, qui rappelle les facettes anisées et amandées du mimosa et du tilleul. Dans l’extrait, l’absolue de jasmin exotique se mêle à l’absolue de rose de mai dans des dosages impressionnants.

www.ateliercologne.com

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Quand le Luxembourg résoudra ses soucis de logement... vous l´apprendrez par L´essentiel

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DÉSIRS

LE S –

- Le bain assèche un peu les mains, il fau t se les laver après pour éviter l’effet craie sur les doigts (le sérum de la même marq ue est parfait pour ce la). - Selon l’angle d’utilisation, la lim e émet un son désagréable sur les ongles, comme un e craie sur un tablea u. - Les produits sont plus efficaces en cure… Il faut avoir un pe u de temps devant soi.

LE S +

able - Le bain est agré t fe par son ef i effervescent qu ct dégage un aspe e ss lai et laiteux . les mains douces se rre ve - La lime en et garde longtemps ue. est plus hygiéniq - Les ongles deviennent bien blancs grâce à la laque.

ON A TESTÉ

Soin des mains

Inspiré par le shintoïsme, le laboratoire Koh a développé une ligne de soins pour les mains. On commence par plonger ses mains cinq minutes dans la cuvette de manucure ergonomique, avec les billes purifiantes et effervescentes enrichies aux huiles essentielles. La chaleur de l’eau et les huiles présentes dans la formule adoucissent les cuticules et les rendent souples et saines. Une fois les mains bien propres, on va nourrir les ongles avec le sérum essentiel (doit s’utiliser en cure). On finit avec la lime cristal pour une forme parfaite, sans inégalités, avant d’appliquer la laque blanchissante au calcium. On a testé pour vous. Points de vente sur www.viak.be

NOUVEAUTÉ ACCESSOIRES

La boutique Mim’z a ouvert une seconde adresse qui complète la première consacrée au prêt-à-porter. Axée sur les accessoires, on y trouve des chaussures pour hommes et femmes, des foulards (Vol(t)age), de la maroquinerie (Jean Louis Fernandez) dont des sacs qui peuvent être personnalisés, et quelques accessoires pour la maison (Scapa Home) comme des bougies parfumées ou des vide-poches. Mim’z – 22, avenue de la Porte-Neuve à Luxembourg (Centre-ville) www.mimz.lu

APRÈS TRAVAUX TOUS LES ARTS DE LA TABLE Après plus d’un mois de travaux et un investissement de près d’un quart de million d’euros, le vaisseau amiral de Villeroy & Boch a rouvert ses portes sur 240 m2. Nouveaux meubles d’exposition, nouvel agencement, nouvelles collections, c’est un gros coup de frais qui a été apporté à ce magasin et qui préfigure d’une future offre à l’étranger. On y trouve un choix complet autour des arts de la table, mais aussi des articles de décoration et des articles de cuisine. D’autre part, un espace spécial a été dédié à la salle de bain, qui propose des textiles et des accessoires exclusifs Villeroy & Boch. La collection « Boch Luxembourg » s’y trouve aussi en exclusivité. Villeroy & Boch – 2, rue du Fossé à Luxembourg (Centre-ville)

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DÉSIRS

INTERVIEW : PAUL PRIESTMAN

Imaginer les transports de demain Le designer industriel Paul Priestman travaille depuis 25 ans dans le domaine des transports. Avec son agence Priestmangoode, il a pu signer des projets pour des sociétés leaders telles qu’Airbus, Virgin Atlantic Airways, Accor Hotels ou encore British Telecom. Il a également remporté plusieurs prix et reconnaissances. Interview France Clarinval Photos Priestmangoode

Monsieur Priestman, pour vous, à quoi sert le design ? « Depuis toujours, je réfute l’idée que le design est une affaire de style. Il ne s’agit pas de faire beau mais de faire mieux, de faire en sorte que la vie s’en trouve améliorée. Il ne s’agit pas de faire vendre plus d’objets, mais de trouver des solutions aux problématiques spécifiques, voire d’aller au-delà des attentes ou des questions formulées. La plupart des gens ne réalise pas que le design est partout autour d’eux et a de l’impact sur nos vies quotidiennes.

une compagnie aérienne, cela va de l’interface pour réserver son billet en ligne à l’avion lui-même, ses sièges, sa cabine de première classe, ses trolleys pour servir, mais aussi les salons pour attendre à l’aéroport, le logo de la compagnie, le traitement des bagages et, pourquoi pas, la liaison pour arriver à l’hôtel… Bien sûr, cela prend plus de temps et cela demande un grand nombre d’expertises. Notre bureau emploie une cinquantaine de personnes avec des compétences variées – des graphistes aussi bien que des ingénieurs, des développeurs web que des techniciens des matériaux, des ergonomistes aussi bien que des spécialistes des marques – ce qui permet d’avoir une vue globale de toutes les facettes de la question.

À quoi reconnaît-on alors le bon design ? « À mon sens, le bon design est celui que l’on ne remarque pas, il ne crie pas ‘Regardez-moi’, il permet simplement à la vie quotidienne de fonctionner convenablement. Il y a aussi une question de durabilité et, dans l’univers des transports où je travaille particulièrement, cette notion de temps est très importante parce que les investissements sont considérables. Le designer a donc une très grande responsabilité parce que ce qu’il met en place va rester longtemps.

Avez-vous une ligne reconnaissable ? « Comme je l’ai dit, le style importe peu, c’est l’adéquation de la réponse qui compte. Cependant, je dois dire que l’expérience nous permet d’apprendre d’un secteur, d’une industrie, pour nous en servir dans un autre. Nous avons vu que certains problèmes sont les mêmes dans les cabines des avions que dans les hôpitaux : peu d’espace, des temps de séjour courts, des questions d’hygiène et de sécurité… des solutions trouvées pour l’un, en termes ergonomiques ou par le choix de certains matériaux faciles d’entretien, peuvent être utiles à l’autre. Dans le même ordre d’idées, des réalisations pour un hôpital peuvent inspirer un hôtel, notamment ceux avec des chambres petites. C’est ainsi que la chaîne Yotel, nous a invités à travailler sur leur concept pour les hôtels futurs qui

Comment travaillez-vous pour obtenir ce bon design ? « La clé de la réussite d’un projet est de mener un processus intégré, qui considère tous les aspects du problème. Par exemple, quand on s’adresse à

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« On dépense des milliards pour construire le train du 21e siècle sur une infrastructure qui a été conçue au 19e siècle pour les trains à vapeur. »

visent à offrir aux clients une expérience de première classe à des prix abordables. Afin de maximiser un espace de 10,5 m2, le lit double peut tourner pour se transformer en canapé afin de se détendre. Les rangements sont encastrés pour libérer encore plus d’espace. À travers une variété de paramètres d’éclairage programmables, la salle Yotel peut être transformée pour la détente, le travail ou le bain. On utilise la taille réduite de la salle comme une contrainte pour développer une solution hautement intégrée. À quoi ressembleront les trains de demain ? « La conception des transports se doit d'être intemporelle. Nous concevons des trains qui seront en service pour les 50 prochaines années. Si nous les avions conçus avec une ressemblance avec les derniers modèles, ils auraient très vite l’air datés. Certaines caractéristiques du futur train sont importantes pour des raisons pratiques. Ainsi, un train à deux étages doublera la capacité, ce qui est essentiel pour la croissance du nombre de passagers en regard des croissances de populations urbaines et périurbaines. Une conception aérodynamique lisse est impérative pour un train qui roule à des vitesses élevées. Le réseau ferroviaire est aussi appelé à évoluer… « Le secteur des transports est aussi important que celui de l’éducation, car il définit les lignes de demain. Toutes les villes ont les mêmes problèmes : trafic, pollution, sécurité parce qu’historiquement elles ont été conçues de la même façon, soit autour de la voiture. Le point critique est de faire arriver les gens en ville parce que si les centres-villes se vident, les villes meurent. Il faut trouver des alternatives à la voiture : interconnexion entre les vélos et les transports publics, marche… À l’autre bout, il s’agit de faire circuler la population à longue distance. Partout, les gouvernements dépensent des milliards en essayant de construire le nouveau train du 21e siècle sur une infrastructure de gares qui a été conçue au 19e siècle pour les trains à vapeur. Nous devrions repenser les infrastructures et la construction d’un réseau ferroviaire local au global interrelié. C’est votre projet « Moving Platforms » ? « Oui. C’est un concept d’infrastructure ferroviaire totalement interconnectée où les tramways locaux se connectent à un réseau de trains à grande vitesse qui ne s’arrêtent pas. Les passagers peuvent ainsi voyager depuis leur arrêt local à une adresse locale à destination sans descendre d'un train. Pour réussir à changer la façon dont nous voyageons, il est impératif que l'infrastructure que nous utilisons fonctionne avec cette nouvelle technologie et qu’elle permette un voyage des passagers sans coupure, de la maison à la destination voulue. Le projet de tram à Luxembourg fait couler beaucoup d’encre. Qu’en pensez-vous ? « En tout état de cause, Luxembourg a raison de vouloir se sortir de la voiture. Il faut voir plus loin que le périmètre de la capitale. L’échelle de la ville dépasse maintenant les frontières de son propre territoire et même dans votre cas de celles du pays. La notion de frontière n’est donc plus pertinente et les transports doivent être pensés à cette échelle. Ça vaut la peine d’investir dans un système qui pourra remplacer la voiture et ce ne sera le cas que s’il est performant. » Conférence organisée par Design Friends le 23 avril à 18 h 30 au Mudam www.priestmangoode.com

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e l y St ch t a w

m perJa x6 a p e l ier, e 10 dern ganisait l ion. s r a m at or Le 26 ess Club ext gener es n Busin men : the r les femm Wo oom su mblée. Z sse de l'a

NATACHA a choisi une tenue Eliane et Lena.

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Photos : DR

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COLETTE porte une veste Ralph Lauren.

LAURA a choisi une robe de la créatrice Conni Kaminski.

GIOIA ose les pois avec ses chaussures Lola Ramona.

NATHALIE mélange Zara et Les Ateliers de la Maille.

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OURS

MAI 2014 Paru le 10 avril 2014

Directeur de la publication Mike Koedinger Rédacteur en chef Jean-Michel Gaudron Directeur artistique Maxime Pintadu

Abonnements Tarifs port compris Luxembourg / France-Belgique-Allemagne Coordonnées bancaires : Code BIC / Swift : BCEELULL No IBAN : LU87 0019 1655 8851 4000 de MM Independent Publishing and Media Autres pays sur demande Formule standard 1 x 10 nos/an : Luxembourg : 40 euros France-Belgique-Allemagne : 51 euros Formule corporate 3 x 10 nos/an : Luxembourg : 80 euros France-Belgique-Allemagne : 145 euros

Photos : Sven Becker

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Pour joindre les collaborateurs par e-mail, suivez le modèle : prenom.nom@maisonmoderne.lu

Éditeur Maison Moderne ™ www.maisonmoderne.lu Téléphone (+352) 29 66 18-1 E-mail publishing@maisonmoderne.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg Bureaux 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie Fondateur et CEO Mike Koedinger Directeur administratif et financier Étienne Velasti Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Jean-Michel Gaudron, Mike Koedinger, Guido Kröger, Rudy Lafontaine et Thierry van Ingelgom.

Rédaction Téléphone (+352) 29 66 18-1 Fax (+352) 29 66 19 E-mail press@paperjam.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg

Secrétaire de rédaction Alain Ducat Rédacteur en chef de paperJam.lu Pierre Sorlut Rédaction Frédéric Antzorn, France Clarinval, Céline Coubray, Frédérique Moser, Véronique Poujol, Thierry Raizer Collaborateurs rédactionnels Sébastien Lambotte, Laurent Moyse Photographes Julien Becker, Sven Becker, Charles Caratini, Benjamin Champenois, Luc Deflorenne, Olivier Minaire, Christophe Olinger, Jessica Theis Correction Muriel Dietsch, Sarah Lambolez, Cynthia Schreiber, Catherine Thomas

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Maison Moderne Media Sales Téléphone (+352) 27 17 27 27 Fax (+352) 26 29 66 20 E-mail mediasales@maisonmoderne.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg

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Studio graphique Maison Moderne Studio Directeur Guido Kröger Studio manager Stéphanie Poras Coordination paperJam Didier Helmstetter Mise en page Monique Bernard, Didier Helmstetter, Tae Kim, Sophie Melai, Zoë Mondloch Impression Imprimerie Centrale, Techprint EU Ecolabel : FI/11/001

Prochain numéro : 15 MAI 2014 Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !

Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media S.A. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media S.A. Conformément à l’article 66 de la loi du 8 juin 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de paperJam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Mike Koedinger.

ISSN 2354-4619

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sortira le 28 mai 2014


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INDEX

INDEX A Aca 78, 82, 88, 98 Accelero Capital Holdings 61 Achutegui Ainhoa 122 Adem 68 Administration de l’enregistrement et des domaines 22 Administration des contributions directes 22 Administration des douanes et accises 20 ADR 20 Ahlborn Pierre 72 AirBridge Cargo 60 Alfi 88 Alfred Levy & Cie 40 Allen & Overy 94, 97, 101 Ambassade de Russie 90 Amnesty International 61 Apess 26 Apsi 62 ArcelorMittal 98 Arend Guy 60 Arendt & Medernach 94 Arendt Services 94 Arnault Bernard 22 ARS 94 Asselborn Jean 90 Association des parents d’enfants mentalement handicapés 68 Association luxembourgeoise des professeurs-ingénieurs et architectes 26 Ateliers électriques de Walferdange 60 Atypical 35 Axa 98

B Bâloise Holding 30 Bank of China 40 Banque Commerciale 40 Banque de Luxembourg 45, 72, 78 Banque Degroof 57 Banque LBLux 78 Bauler André 24 Baumann Emmanuel 97 Bausch François 98 Bayern LB (Munich) 78 BBI-Lux 36 BCE 46 BCEE 40, 64 BCL 30

BDO 97 Bechet Vincent 22 Becquer Gérard 64 Bellot Alain 20 Berns Alphonse 78 Bettel Xavier 77, 97 BGL 40, 64 BICE 64 Bil 40, 64, 97 Billon & Associés 64 Billon Christian 64 Biltgen François 26 Binsfeld Communication 61 Binsfeld Guy 61 BIP Investment Partners 30 Bollendorff Claude 64 Bonn & Schmitt 79, 93 Bonn, Steichen & Partners 46 Bornert Dominique 30 Bourse de Luxembourg 40, 88 Braquet Liette 68 Buck Xavier 62 Business Science Institute Luxembourg 36

C Capitalatwork 98 Capitalatwork Foyer Group 80 Cargolux 60 Casa4Funds 80 Castegnaro 37 Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster 122 Cerba European Lab 62 Cetrel 81 CGFP 26 CGRH 36 Chambre de commerce 19, 30 Chambre des députés 20 Citroën 124 Clifford Chance 94 Clinique Bohler 61 Clinique Sainte- Marie 61 Clulster ICT 62 CNPD 22 Commissariat aux assurances 82, 98 Commission européenne 79, 97 Compagnie luxembourgeoise de banque 40 Conseil d’État 26 Costa 29

373 personnalités & entreprises ont été citées sur les 124 pages de ce cahier « Économie & Finance ».

Cour de justice de l’Union européenne 79 Cour des comptes 20 Crédit Anversois 40 Crédit Européen 40 Crédit Industriel d’Alsace et de Lorraine 40 Crédit Lyonnais 40 Credit Suisse 74 Croisé Daniel 97 Croix-Rouge luxembourgeoise 72 CRP Santé 36 CSSF 46, 80, 97 CSV 20, 24, 26 Cuniberti Gilles 94

D D-Law Dayli DCL Group De Cillia Serge de Gouges Olympe De Jonghe Ann de Rivoire Arthur Dedon Déi Gréng Déi Lénk Delcia Deloitte Deloitte Luxembourg Delvaux Joël Demortier Anne-Lise Dennewald Robert Dexia Bil Diaconu Adrian Diederich René DO Recruitment Advisors Dourson Jean-Luc DP Dresdner Bank Durinck Diane

94 60 62 46 122 68 74 17 20, 26 68 22 72, 94 80 68 36 97 40 61 94 73 62 24 40 36

F Familienservice 64 Fayot Franz 88 Fedil 19, 97 FIA 80 FNCTTFEL 26 Fondation François-Élisabeth 61 Fondation Hôpitaux Robert Schuman 61 Food Factory 64 Forbes 61 Forson Richard 60 Fortis Banque Luxembourg 40 Forum mondial sur la transparence 77 Foyer 88, 98 Francis Yves 72, 80 Freshfields Bruckhaus Deringer 94 Fridman Mikhail 90 Fridriks Berglind 94 Frieden Luc 77, 97 Fundclass 80 Funk Marcel 60

G Gafi 77 Galowich Marc 60 Garage Intini 33 Gerardin Catherine 36 Geromlux 64 Ginette Jones 68 Glaxosmithkline International 30 Glod Jos 97 Gramegna Pierre 22, 77, 78, 72, 90 Grand Théâtre 72 Groupe Foyer 78 Guardian Royal Exchange 98 Guill Jean 97 Gunvor 90

36 72 90 81 40, 81 22 78, 82 94

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Hamilius Yvette 81 Hansen Marc 24 Hansen Martine 24 Harles Guy 94 Haut Comité de la place financière 46 Heinrich Georges 78, 97 Hëllef Doheem 36 Helminger Paul 60 Hemmerling Marc 46 Hengen Marc 82 Hentgen Pit 72, 78, 88, 98 HNCA 60 Hobscheit Marc 64 Hôpital Kirchberg 61 Hörgeschädigters Beratung 68 Hsien Loong Lee 20 Husson Julien 59

I IFBL INDR Info-handicap ING Luxembourg Interpublicité IUIL

46 68 68 43 61 36

J Jacquemart Anne

36

K Kalika Michel 36 KBL 79 Kersch Dan 26 Khabirpour Sarah 78 Kinsch Patrick 30 Kobo 62 Korn Evelyne 64 Kostylev Vladimir 90 KPMG 74, 94, 97 Krecké Jeannot 90 Kuehne & Nagel International 60

E Eischen Gérard Enovos Luxembourg Entin Mark État du Koweït État luxembourgeois Europe-v-facebook.org Excell Life EY

H

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INDEX

L

P

M

L’essentiel 119 La Luxembourgeoise 40 Laboratoires Ketterthill 62 Lalux 72, 78, 87, 88 Landsbanki 30 Landsbanki Luxembourg 81 Lauer Marc 78, 82, 88, 98 LBS 62 Lehman Brothers 40 Lejaby 61 Lentz Thomas 36 Les Villas 64 Lëtzebuerger Journal 24, 61 LetterOne 90 Linklaters 94 ll Square 74 Lombard International Assurance 79 Lombard Odier 74 Lone Star Capital Investments 30 LSAP 20, 26, 88 LSF 46 Lucius Jean 72 Lufthansa 60 Lux Events 105 Luxair 60 Luxembourg for Business 46, 88 Luxembourg for Finance 46, 88 Luxembourg School for Commerce 36 Luxemburger Wort 122 Luxempart 98 Luxexpo 105 LVMH 22

Mac Arthur Glen 15 Makana 62 Maquil Michel 97 Marc André 97 Marx Henri 98 Massard Marie-Hélène 98 Maurer Peter 72 May Aloyse 64 May François 64 McKinsey 20 Médecins sans frontières 59 Mediaxim 22 Meisch Claude 24 Meng Drogerie+ 60 Mercedes 11 Micallef David 97 Microsoft Luxembourg 22 Ministère des Finances 78, 97 Ministère du Travail 68 MNKS 94 Modert Octavie 26 Moes Léon 60 Money For Job 59 MoovieJob 6 Mousel Paul 46, 60 Mutualité des employeurs 24

19, 88 68 20 80 97 72 97 20 60 60 36 97 2 90 46 22 94

Q Qatar Airways

60

R

N NGR Consulting Noguera Lionel Nuno Pereira João

paperJam Business Club Parc merveilleux de Bettembourg Parti Pirate Patri Giovanni Pauly François Philharmonie Picquet Alain Pid Pietersma Onno Poeckes Claude POG Post Finance Post Telecom Poutine Vladimir Private Banking Group Property Partners PwC

S

123 79 64

O Obama Barack 90 Observatoire des prix 24 Oerlikon Balzers 61 Office Du Ducroire Luxembourg 85 OGBL 68 OPF 94 Orascom TMT 61

Rahme Patrick 74 Raiffeisen 64 Rakuten 61, 62 Rech Antoine 36 Reckinger Hoss Manou 72 Reding Viviane 97 Reich Dirk 60 Reimann Marianne 36 Reuter Léo 61 Robert Louis 36 Rod Victor 82 Rommes Jean-Jacques 40, 46 Rosneft 90 Rossiya Bank 90 Rotenberg Arkadi 90 Rotenberg Boris 90

Sacred Heart University 36 Sagramola Silvio 68 Sainte Yvette 30 Saluzzi Marc 88 Santer Jacques 77 Schadeck Raymond 19 Scharfe Robert 88 Schaus Jean-Nicolas 40 Scheffer Participations 22 Scheideker Katia 64 Schlecker 60 Schmit Nicolas 68 Schneider Étienne 30 Schremes Max 22 Scottish Golf Union 74 SES 46, 61, 98 SEW-OGBL 26 SGBT 21, 23, 25 SGG 49 Six Group 81 Skype 22, 62 Slaughter and May 94 SNCI 97 Société Générale Alsacienne de Banque 40 Sodexo 68 Soissons Nicolas 19 Song Robert 60 Spaghetteria Factory 64 Standard & Poor’s 22 Steichen Alain 46 Stein Yves 79 Sur Evgeniy 90 Switch Supernap 61

T Tarrach Rolf 97 Tesch François 88, 98 The Bank of New York Mellon Luxembourg 97 Thelen Carlo 19 Thiel Lucien 40 Timchenko Guennadi 90 TNK-BP 90 Tribunal administratif 22 Troon Golf 74

U UEL 40 ULC 24 Union Financière Luxembourgeoise 40 Université du Luxembourg 94, 97

V van de Pas Peter van de Weg Robert Viber Media Vodafone Marketing Volga-Dnepr

W W. R. Grace & Co 98 Wagener Frank 61 Whitehead Clay 46 Wilhelm Contzen Ernst 97 Williams Steve 36 Winandy Jean-Pierre 30 Wirtgen Paul 61 Wiseler Claude 97 World Travel & Tourism Council 24 Wtterwulghe Robert 82 Wurth Michel 98

Z Z/Yen Group Zithaklinik zur Hausen Henning

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.

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MAI 2014 —

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121


OPINION

O

IO PIN

Photo : Jessica Theis

122

N

Ainhoa Achutegui, directrice du Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster

L

ET SI NOUS CHANGIONS DE REGISTRE ?

e 8 mars dernier, Journée internationale de la femme, le Luxemburger Wort m’a invitée à être rédactrice en chef pour un jour. Cette expérience très enrichissante m’a notamment permis de débattre, avec les journalistes, de la pertinence (ou non) d’un langage non sexiste ou épicène. Qu’est-ce qu’un langage non sexiste ? Je vous propose un petit exercice. Quelles images vous viennent à l’esprit si je vous dis « les directeurs des instituts financiers se sont rencontrés hier à Rome » ? Aviez-vous une femme en tête quand vous avez pensé à cette fameuse rencontre de business-men devant le Capitole ? Mais si je vous avais dit « les directeurs et directrices des instituts financiers se sont rencontrés… », alors vous auriez sans doute vu un groupe de personnes, femmes et hommes, discutant, en tenue « chic ». Olympe de Gouges, féministe de la fin du 18e siècle, fut guillotinée pour avoir eu le courage d’écrire la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, en affirmant haut et fort qu’elle ne se sentait pas incluse dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen rédigée par ses compatriotes révolutionnaires. Et elle avait raison. Elle n’était pas incluse.

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Car même si l’Académie française refuse les termes féminisants (en se référant surtout aux professions), je suis convaincue, comme Olympe de Gouges et bien d’autres, que la terminologie « masculine » utilisée n’est pas innocente et qu’elle participe au maintien de paradigmes. Prendre le masculin pour générique revient à dire que, par défaut, les êtres humains ayant des droits ou ceux qui exercent des fonctions politiques, écrivent, président et dirigent sont nécessairement de sexe masculin. Alors que nombre de sociologues, linguistes, féministes, philosophes du monde entier s’expriment en faveur d’un langage véritablement équitable et inclusif, je constate que peu de médias au Luxembourg en tiennent compte, et ceci dans aucune des langues du pays. Les femmes n’apparaissent pas explicitement dans les informations diffusées, sauf lorsque l’information se réfère à une femme en particulier. Et encore ! De nombreuses récompenses, bourses et cartes blanches sont officiellement attribuées à un Künstler (artiste homme), qui est bien souvent… une femme. La couverture médiatique (audiovisuelle) en langue luxembourgeoise ne suit malheureusement que partiellement le développement vers un langage non sexiste qui se fait depuis 20 ans dans les pays germanophones.

Dans ces pays, l’argument de l’alourdissement de la langue ou celui de l’importance de la tradition de la langue allemande ne tient plus. Et quant au travail et au « coût » que représentent ces mots et caractères supplémentaires, il me semble qu’ils sont bien faibles si l’on considère que l’emploi d’un langage non sexiste pour dire directeur et directrice, président et présidente, politicien et politicienne, contribuera à long terme à ce que nous verrons plus souvent nos filles devenir présidente, directrice ou politicienne. Toutefois, la meilleure option reste pour moi l’utilisation d’un langage épicène. Il s’agit d’un langage qui, par son utilisation, inclut tous les groupes, donc aussi les personnes transgenres, les personnes intersexuées et tous/toutes ceux/ celles qui ne veulent ou peuvent définir leur sexe (ou être jugé·e·s ou catégorisé·e·s par celui-ci). Le langage épicène ne parle pas d’hommes, mais d’êtres humains, de personnalités politiques, de personnel enseignant et non d’instituteurs, de droits humains et non de droits de l’homme, etc. Chers médias : « le Lecteur » avec un « L » majuscule qui ne comprend pas un langage sensible au genre n’existe pas. Mais il existe des lectrices et des lecteurs qui l’accepteront. Ou, mieux encore, un lectorat qui le soutiendra et le suivra.


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