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lobbies de London City et du ROYAUME-UNI

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Luxembourg et lobbying

JUSTE DES MIETTES

11

organisations financières du

LUXEMBOURG

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Éditorial Mai 2015

UN BÉLIER PAR CÉSARIENNE

L

oin de la douceur provençale, le Luxem- dont LFF va cruellement manquer dès ses premiers pas bourg avait sa propre « Arlésienne » : celle forcément bancals. À qui la faute ? Officiellement à un prodont on parle sans arrêt, mais qu’on ne voit blème de disponibilité du gestionnaire tout désigné, Gerard jamais. Le 20 avril prochain, le voile devrait Lopez, via Genii Capital, à qui le Fonds européen d’invesêtre levé. Enfin ! On saura à quoi ressem- tissement – qui aura la double casquette d’investisseur (à blera le Luxembourg Future Fund (LFF, hauteur de 30 millions) et de conseiller de LFF – demandait qu’il ne faudra donc pas confondre avec de pouvoir jouer les nounous à temps plein. Une incompaLuxembourg for Finance… les concepteurs du projet tibilité de disponibilité que le ministre de l’Économie, n’ont, en la circonstance, pas vraiment fait preuve de Étienne Schneider, a résumée, fin mars, par un laconique finesse sémantique). Il sera ce jour-là porté sur les fonts « différence de vues » devant les députés de la commission baptismaux, devant notaire, et prêt à entrer en activité. de l’économie et de celle des finances. Un terme qui laisse Plutôt dodu en apparence, avec ses 150 millions d’euros, la porte ouverte à toutes les interprétations en dépit des le nouveau-né, sous le signe du bélier, se sera bien fait apaisantes positions officielles des uns et des autres. désirer, après trois ans et trois mois de gestation, depuis L’agitation médiatique qui a entouré, en début d’année, l’annonce officielle de sa fécondation en janvier 2012, par les conditions de « retrait » de Genii du projet et la quasiJeannot Krecké et Luc Frieden, alors respectivement affaire d’État qui s’en est suivi est, au mieux, une fâcheuse ministre de l’Économie et du Commerce extérieur et faute de communication ; au pire, révélatrice d’un réel ministre des Finances. Et encore, on ne tient pas compte problème politique dans la construction de ce fonds. des longs préliminaires qui avaient précédé, en vue de Dans les deux cas, c’est un énorme gâchis, une balle tirée préparer le terrain… Problème, les dernières échogra- dans le pied. Le Luxembourg se targue de vouloir se posiphies ont révélé une grave malformation : il manque une tionner en plateforme incontournable pour les structujambe… Créé pour dynamiser le tissu entrepreneurial en rations d’opérations de type private equity, mais il lui faut attirant des jeunes pousses étrangères désireuses de gran- plus de trois ans pour parvenir à accoucher par césadir au Luxembourg, ce fonds ne disposera en effet pas, rienne de ce qui se présentait comme un formidable et comme initialement prévu, d’un compartiment d’inves- ambitieux projet, finalement inabouti. tissements directs à hauteur de 50 millions d’euros. Étienne Schneider a beau promettre que tout sera mis Tout ça pour ça ! Présenté comme un instrument clé dans en œuvre pour que le membre manquant soit greffé au la volonté de diversification de l’économie nationale, le voilà plus vite, trop de temps a déjà été perdu, laissant à penprivé, avant même de naître, de son principal atout de ser que le futur du LFF s’écrit déjà en pointillés. Il lui séduction, presque sa raison d’être. Les sous-fonds dédiés faudra être très fort pour faire en sorte que la reculade aux cofinancements, aux business au démarrage puisse permettre angels et aux fonds de fonds de de mieux sauter une fois le grefPar Jean-Michel Gaudron, capital-risque ont beau ne pas fon implanté. Ce ne serait alors rédacteur en chef de Paperjam manquer de charme, c’est tout de pas là le moin­dre des miracles à E-mail : jean-michel.gaudron@paperjam.lu même de sa substance majeure Twitter : @jmgaudron la luxembourgeoise. ◄

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C'est grâce à vous!

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Sommaire Mai 2015

066

Amazon fait sa vie à Luxembourg.

012

Grand entretien CLAUDE WISELER

« Je n’ai peur de rien » Ancien ministre aujourd’hui président de la fraction CSV, Claude Wiseler incarne l’aile centriste du principal parti d’opposition. Son image de « gentil » lui a permis jusque-là de faire le grand écart avec un groupe de 23 députés correspondant à des courants de pensée pas toujours au diapason. Entre l’ancienne garde prétorienne de Jean-Claude Juncker et les « jeunes rebelles », il ne sera pas facile pour lui de s’imposer comme le candidat à la succession de Xavier Bettel. Par Véronique Poujol et Jean-Michel Gaudron

020

Coverstory 022 À BRUXELLES

Une place à prendre, une Place à défendre Dans la capitale de l’Europe, tous les intérêts ont leurs groupes de pression. Mais où est le Grand-Duché ? Par Jean-Michel Lalieu

028 TRANSPARENCE

Contrôle de pression Quand ils restent dans la clarté, les lobbyistes sont des interlocuteurs valables. Par Jean-Michel Lalieu

030

034

Économie & Politique 038 DÉBAT

Le Grand-Duché sous la loupe du « G7 » Sept des 10 premiers du dernier Top 100 Paperjam des décideurs les plus influents du Luxembourg se sont retrouvés pour discuter en toute liberté du pays, de son présent et de son avenir. Une radioscopie sans complaisance, qui passe en revue quelques enjeux majeurs de la prochaine présidence du Conseil de l’Union européenne.

060

Entreprises 066 SIÈGE ET BUSINESS EUROPÉEN

Amazon franche À Luxembourg depuis plus de 10 ans, on voit peu le géant mais il y vit. Le nombre d’em­plois a été multiplié par 50, pour dépasser le millier de postes. Et les recrutements continuent. Très discrète d’ordinaire, la population amazonienne s’est laissée aller à quelques confidences, le directeur général Europe, Xavier Garambois, en tête. Par Alain Ducat

084

Place financière 086 LUTTE CONTRE LA CORRUPTION

Le SOS de Transparency International La branche luxembourgeoise de l’organisation en appelle au soutien de tous et à un renforcement de la protection des lanceurs d’alerte. La hotline va-t-elle survivre à l’assèchement des subventions européennes ? Par Véronique Poujol

Par Véronique Poujol et Jean-Michel Gaudron

VIVIANE REDING

« Je défends les intérêts luxembourgeois » Pour la parlementaire et ex-commissaire, « la décision finale doit être politique ». Par Jean-Michel Lalieu

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Sommaire Mai 2015

076 Marc Neuen (Linc) et Nicolas Buck (Nyuko)

034

Économie & Politique

060

084

Entreprises

Place financière

044

047

070

074

088

092

SUCCESSION À L’ILR

CLUSTER ICT

ABDU GNABA

SOUNDTASTIC ET MAYFEX

MOYEN-ORIENT

LUXEMBOURG FOR FINANCE

Paul Schuh droit dans ses bottes Le directeur de l’Institut luxembourgeois de régulation prend sa retraite à la fin du mois d’avril. Il défend la justesse des décisions prises, en dépit des contestations émanant d’acteurs sous sa surveillance.

Booster et vendre à l’étranger Avec Xavier Buck à sa tête, ICT Cluster concentre son énergie sur les start-up. Le rassemblement publicprivé veut aussi faire rayonner le savoir-faire, notamment grâce à un mapping détaillé des compétences. Par Florence Thibaut

Par Jean-Michel Gaudron

046 RTO

Capitale européenne de la recherche Luxembourg accueille une première : une conférence commune des deux organisations européennes pour les RTO et la recherche industrielle. Coordonné par le List, l’événement met le pays en vitrine. Par Alain Ducat

« Pas de moteur génétique à l’esprit d’entreprise » Le socio-anthropologue français s’est penché sur les marqueurs identitaires des entrepreneurs familiaux au travers d’un essai, publié avec le soutien de la Banque de Luxembourg.

Ça va faire du bruit Soundtastic et Mayfex offrent des services autour du son lié à l’image, notamment au cinéma. Elles apprécient les synergies avec d’autres industries créatives, mais attendent les producteurs locaux.

MISSION ÉCONOMIQUE

Retour vers le Maghreb Une mission se rend au Maroc et en Tunisie. Quatre ans après le Printemps arabe, la Tunisie espère revoir des investisseurs. Au Maroc, des secteurs ouvrent des perspectives aux entreprises luxembourgeoises. Par Jean-Michel Lalieu

072 MÉDIATION CIVILE ET COMMERCIALE

Image de bonne résolution Moins chère et plus rapide que la justice classique, la médiation peut être utilisée par les entreprises, en interne comme en externe. Par Florence Thibaut

Par Véronique Poujol

Par France Clarinval

Par Jean-Michel Gaudron

050

Repenser les missions Le dernier voyage dans la péninsule arabique a déçu certains participants. Les tournées promotionnelles pourraient se concentrer sur un seul pays pour ménager les susceptibilités locales.

076 ÉCOSYSTÈME

Start-up and always upper Linc, Nyuko, Lux Future Lab, etc : l’écosystème contribue à faire souffler l’esprit d’entreprise et à placer la barre plus haut. Des idées innovantes rencontrent entrepreneurs, incubateurs et investisseurs. Par Florence Thibaut et Alain Ducat

090 WENDEL, EN SUBSTANCE

Une présence « naturelle » au Luxembourg Dans le viseur de la presse française et du fisc en 2012, Wendel s’est offert un nouveau siège en ville. La famille et l’entreprise ont une histoire au Grand-Duché, commencée au 17e siècle, poursuivie avec les premiers LuxLeaks.

Le Canada vaut le détour Une mission financière se rend à Toronto et Montréal. Elle ciblera gestionnaires de fonds et spécialistes des FinTech. Et elle en profitera pour visiter RBC et Toronto Dominion, banques implantées ici. Par Jean-Michel Lalieu

097 ELTIF

Miser sur l’avenir du réel Les nouveaux fonds européens d’investissement à long terme ambitionnent un placement dans des secteurs ayant besoin de perspectives. L’industrie des fonds se positionne. Par Fabrice Barbian

Par Véronique Poujol

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Do you master the key elements of cross-border fund distribution? 1

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De

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Germany

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France

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Ch Bh Cl Hk

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Chile

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No Za Pe Mo Norway

Spain

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South Africa

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Peru

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Macau

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It Se Fi Be Dk Lu Pt Li Ae Kr Tw Italy

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Sweden

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Finland

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Belgium

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Denmark

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Luxembourg

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Portugal

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Liechtenstein

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United Arab Emirates

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South Korea

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Taiwan

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Ie Gr Cz Sk Hu Pl Ee Is Du Au Jp Ireland

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Greece

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Czech Republic

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Slovakia

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Hungary

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Poland

45

Estonia

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Iceland

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Dubai

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Cy Lv Lt Mt Bg Si Ro Hr Il Cyprus

Latvia

Lithuania

Malta

Bulgaria

Slovenia

Romania

Croatia

Israel

Australia

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Japan

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Sommaire Mai 2015

100

Désirs 100 CULTURE

Actualités Quelques événements culturels marquants à venir, les personnalités à suivre, les parutions du moment, les dates à retenir.

101 ZOOM SUR…

Jérôme Konen Le jeune metteur en scène et responsable de production vient d’être nommé à la direction du centre culturel de Mamer, le Kinneksbond. Par France Clarinval

102 SÉLECTIONS

Sur les murs et la toile À l’occasion du Mois européen de la photographie, les commissaires de l’événement au Luxembourg nous présentent les expositions phares. La rédaction vous propose trois blogs luxembourgeois à suivre. Par Céline Coubray

104 SHOPPING

Nouveautés Une silhouette composée par Paule Ka à l’occasion de l’ouverture de la boutique en ville et trois nouveautés de la vie commerciale au Grand-Duché. Par Céline Coubray

106

101

GASTRONOMIE

Pour faire une Sachertorte À l’occasion de Pâques, le cho­ colat est à l’honneur avec la recette de la Sachertorte dévoilée par le pâtissier de Chocolate House. Ainsi que l’actualité de la gastronomie à Luxembourg. Par France Clarinval et Céline Coubray

108 INTERVIEW

Trouver son chemin Invité par le Centre national de l’audiovisuel pour une résidence, le photographe irlan­ dais Paul Gaffney nous explique son travail sur le paysage et son appréhension contemporaine, qu’il développe également dans le cadre de son PhD à l’université de Belfast. Par France Clarinval

Jérôme Konen

TOP 5

des articles les plus lus sur paperjam.lu du 6 au 31 mars 2015

1

Giovanni Ferrero : « Mon père était un grand homme » (vu 1.319 fois)

2

Miltgen limogé (vu 1.235 fois)

3

Miltgen : des HLM au placard doré de la concurrence (vu 1.143 fois)

4

Franz Fayot s’associe à Laurent Fisch (vu 1.118 fois)

5

Claude Strasser se sert un statut privé (vu 1.057 fois)

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Agenda Événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines

À SUIVRE 22/04

05/05

DEVANT LES DÉPUTÉS

DISCOURS

Fonds de compensation : quelle stratégie de placement ?

Dans quel état est la Nation ? Passage annuel obligé, le discours sur l’état de la Nation permet au Premier ministre de dresser un bilan de la situation financière, économique et sociétale du pays. Toujours très attendu, parfois au-delà du raisonnable, cet exercice permettra aussi à Xavier Bettel de donner quelques lignes directrices quant à la politique qui sera suivie par son gouvernement ces 12 prochains mois. Il sera suivi, le lendemain, d’une journée de débats à la Chambre.

La stratégie d’investissement et l’évolution actuelle du Fonds de compensation commun au régime général de pension serviront de thème à l’entrevue qu’aura Robert Kieffer, le président du Fonds de compensation, devant les députés de la commission du travail, de l’emploi et de la Sécurité sociale. À la demande du groupe politique Déi Gréng, il détaillera l’évolution actuelle de la politique de placement.

AVRIL/MAI

20-22/04

24/04

01/05

BILANS

RAPPORT D’ACTIVITÉ

R&D

GOUVERNANCE

Des assemblées générales à la pelle

Débats autour de la médiateure

Le rapport OCDE à la loupe

L’ILR change de tête

Il n’y a pas que les hirondelles qui reviennent au printemps. C’est aussi le temps des assemblées générales pour la grande majorité des entreprises clôturant leurs comptes au 31 décembre. À suivre notamment dans les prochaines semaines celles de RTL Group (le 15 avril), Foyer (le 21), Luxempart (le 27), ArcelorMittal et Aperam (le 5 mai).

Suite à la publication du rapport d’acti­ vité 2014 de la médiateure Lydie Err, début mars, un débat d’orientation se déroulera à la Chambre des députés, programmé le 20 avril devant la commission des institutions et de la révision constitutionnelle et celle des pétitions, et le 22 devant la seule commission des pétitions.

Attendue pour le courant du premier trimestre, la présentation de la deuxième étude de l’OCDE sur le dispositif de la recherche et de l’innovation au Luxembourg se fera finalement fin avril. Elle sera l’objet d’une discussion devant la commission de l’enseignement supérieur, de la recherche, des médias, des communications et de l’espace, présidée par Simone Beissel (DP).

Une page se tourne à l’Institut luxembourgeois de régulation. Son directeur général, Paul Schuh, en fonction depuis quatre ans, prend sa retraite. Il cède sa place à Luc Tapella, un « ancien » de la maison, parti entretemps au sein du groupe Wagner (lire l’article page 44).

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Grand entretien Claude Wiseler ― Interview : Véronique Poujol et Jean-Michel Gaudron ― Illustration : Anne Mélan

« Je n’ai peur de rien » ► Ancien ministre aujourd’hui président de la fraction CSV, Claude Wiseler incarne l’aile centriste du principal parti d’opposition. ► Son image de « gentil » lui a permis jusque-là de faire le grand écart avec un groupe de 23 députés correspondant à des courants de pensée pas toujours au diapason. ► Entre l’ancienne garde prétorienne de Jean-Claude Juncker et les « jeunes rebelles », il ne sera pas facile pour lui de s’imposer comme le candidat à la succession de Xavier Bettel.

M

onsieur Wiseler, on dit de vous que vous êtes meilleur comme homme de l’opposition que vous ne l’étiez comme ministre du gouvernement Juncker. Avezvous trouvé vos marques comme leader de l’opposition ? « Je considère cela comme positif… vu d'aujourd’hui ! En fait, j’ai constaté qu’il s’agit de deux types de travail totalement différents. Le travail d’opposition permet, et c’est ce qui m’intéresse, d’être beaucoup plus large sur les sujets politiques et de traiter de matières totalement différentes. J’ai été ministre pendant neuf années, avec des dossiers différents et intéressants, mais c’est tout de même autre chose de s’occuper seulement de transports et de travaux publics. Pour ne rien vous cacher, je préfèrerais évidemment être au gouvernement ! Mais ce travail d’opposition me plaît, car il me permet d’aborder tous les dossiers possibles, de A à Z. Ensuite, il y a une tout autre liberté de ton. En tant que ministre, tous les mots et les chiffres doivent être pesés. L’opposition donne une plus grande créativité dans le discours, ce qui ne veut pas dire pour autant moins de responsabilités. Ce qui ne m’empêche pas de faire ce travail d’opposition pour entrer de nouveau au gouvernement si possible ! Enfin, je constate que dans un ministère, même si on est entouré de nombreux fonctionnaires qui nous aident beaucoup, on est seul au final. Alors qu’en tant que président d’un groupe parlementaire, dans l’opposition, on est là, à 23 personnes, pour travailler ensemble, dans une ambiance de réelle camaraderie. Psychologiquement et intellectuellement, c’est tout à fait différent. On dit de vous que vous êtes trop gentil, trop consensuel. Est-ce compatible avec votre position à la tête de la fraction qui compte des personnalités fortes, voire brutales, comme Michel Wolter, Marc Spautz ou Aly Kaes, qui sont finalement l’ancienne garde prétorienne de Jean-Claude Juncker ? « Si on me considère comme quelqu’un de gentil, ce n’est pas négatif. Dans une certaine mesure, je vois le rôle de président de groupe dans la capacité de mettre de la cohérence dans un ensemble de 23 personnes toutes différentes, avec des personnalités et des idées qui peuvent être parfois fortes, mais pas brutales. Un des gros challenges est clairement de faire tenir tout ça ensemble. Et c’est vivant ! Essayer de trouver un consensus, cela fait partie du rôle. Mais ça n’empêche pas que, à un moment donné, il faut clairement dire quelle direction prendre ! Et pour cela, il n’est pas forcément nécessaire d’élever la voix. On peut le dire différemment.

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« Nous avons un potentiel et une réserve de jeunes. »

Claude Wiseler Illustration : Anne Mélan Peinture à l'huile 50 × 40 cm, 2015

Jusqu’à présent, la fraction CSV n’a pas vraiment proposé de véritable alternative politique avec, par exemple, des amendements musclés sur le projet de budget et la suppression des allocations d’éducation. Qu’attendez-vous pour vous montrer plus offensifs ? « Je ne suis pas d’accord avec ce constat. La grande difficulté que nous avons en tant qu’opposition, c’est justement de transmettre ou de faire connaître les alternatives qu’on propose. Nous remarquons qu’en fait peu de gens s’y intéressent, car ces alternatives ne se transforment pas en réalité, ce qui les rend évidemment moins attractives. Nous avions fait quatre ou cinq conférences de presse, avant la présentation du budget 2015, pour présenter nos propres idées. À la fin, on nous a dit ‘ça suffit, soyez plus courts et résumez’. Pour le budget, nous avons fait un certain nombre d’amendements et de notions. J’aurais bien aimé en faire plus, mais avec 23 députés et huit collaborateurs, c’était difficile. Ces propositions étaient claires, y compris au niveau des allocations familiales. Avec un budget égal à celui que le gouvernement a proposé, nous aurions évité un certain nombre de dépenses, comme celles tournant autour de la gratuité des services de crèches, ou celles liées à la mise en place d’un système de crèche bilingue. Nous aurions par exemple proposé de laisser les allocations familiales telles quelles : l’argent à épargner n’est certainement pas à mettre sur le dos de quelque 8.000 familles touchant l'allocation d'éducation, mais plutôt à répartir sur les 108.000 familles recevant les allocations familiales, afin que chacun puisse toucher, proportionnellement à sa situation, peut-être un peu moins, mais que cela concerne un maximum de gens. Nous avions également proposé la possibilité de donner la même allocation pour le premier et le deuxième enfant et de ne l'augmenter qu'à partir du troisième, car c’est à partir de là que les difficultés de financement apparaissent, ou bien encore d’accorder des allocations spéciales aux familles nombreuses à partir de trois enfants et ayant des difficultés sociales. Tout cela n’a peut-être pas été aussi clairement exprimé, en particulier sur le volet de la sélectivité sociale, prônée par la coalition gouvernementale. Le CSV est-il pour ou contre cette sélectivité dans les dépenses sociales ? « Nous sommes évidemment pour ! Mais, à nos yeux, l’introduction d’une gratuité pour les crèches est tout le contraire d’une sélectivité sociale. Le gouvernement fait une politique qui est le contraire de ce qu’il proclame. Si on n’est pas d’accord avec le financement des crèches, alors il faut revoir le système des chèques-services qui sont eux-mêmes synonymes de sélectivité sociale, puisque les montants dépendent des revenus des parents.

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Grand entretien Claude Wiseler

L’allocation d’éducation est aussi une allocation qui comporte un volet familial, qui permet à un des parents de rester à la maison. Mais le second volet que le gouvernement est en train d’oublier est celui concernant les familles qui travaillent à deux et dont le revenu est inférieur à un certain plafond. Elles, on n’en parle plus ! Sous prétexte d’imposer un modèle familial, on punit les familles qui ont des difficultés. Je ne comprends d’ailleurs pas comment les socialistes, qui avaient lutté pour introduire ce second volet, l’ignorent désormais complètement et n’en parlent même plus. Il a fallu que vous entriez dans l’opposition pour faire votre examen de conscience. L’introspection est-elle terminée ? Où voulez-vous aller et avec quel calendrier ? « Le congrès de Grevenmacher (le 28 mars dernier) nous a donné l’opportunité de finaliser le travail d’analyse des deux Marc (l’avocat Marc Thewes et le conseiller en communication Marc Glesener, ndlr). Ils ont senti le pouls du parti de manière très directe, sur ce qu’ils ont entendu dans les différentes circonscriptions. Ils ont fait un certain nombre de recommandations qui ont été analysées par les différents congrès régionaux. Nous avons fait la synthèse de tout cela, en vue de reformuler les statuts du parti sur une dizaine de points, afin d’avoir un parti plus ouvert et plus moderne. Marc Spautz a l’intention de finaliser ça avant 2016 : un groupe de travail va être chargé de préparer un congrès sur les statuts en fin d’année. D’ici à la fin de l’année, nous allons également revoir les formulations de nos principes de base et en faire une version simplifiée, comme cela a été recommandé dans le travail d’analyse. Et la troisième chose sera aussi de voir comment nous renouveler en matière de communication. Et puis nous serons déjà en 2016, qui sera la première année de préparation pour les élections qui se suivront à un rythme d’une par année : 2017 pour les communales, 2018 pour les législatives et 2019 pour les européennes. Il n’y a donc pas de temps à perdre. Parallèlement, nous devons engager des réflexions profondes sur un certain nombre de sujets : quelle est notre position sur l’éducation nationale ? Sur la famille ? Sur l’économie ?

« La question de la limitation des mandats est populiste et opportuniste. »

conditions. Mais si la situation économique évolue différemment, il faudra évidemment revenir dessus. On n’y est pas encore. Ce genre de réflexions doit nous permettre, pour 2018, d’établir un programme cohérent. Nous allons travailler sujet par sujet et nous allons beaucoup consulter, y compris auprès de personnes extérieures du champ politique. Je veux, au final, que nous ayons un programme réaliste et non pas une addition de desiderata des uns et des autres. J’espère alors qu’après 2018, les électeurs nous permettent de mettre cela en application. Et il faudra que ce programme résiste à la réalité. Est-ce que vous reconnaissez aux « rebelles », comme le député Serge Wilmes, le mérite d’être à l’origine du repositionnement du parti ? « C’est vous qui utilisez ce terme. Je ne vois pas Serge Wilmes comme un frondeur, mais comme un jeune homme intéressant avec qui on peut discuter. Oui, bien sûr, ces jeunes ont contribué à cette idée de renouvellement, mais pas seulement eux. Peut-être ont-ils été médiatiquement plus exposés. Mais ce qu’ils ont dit était ce que nous avons aussi souvent entendu dans les circonscriptions. C’est un message généralement répandu qui a été repris avec justesse.

Marc Spautz, président du CSV, et Claude Wiseler, chef de la fraction, ont besoin de tout le monde.

Est-ce que le CSV, lorsqu’il aura à choisir un leader aux prochaines législatives, donnera sa chance à chacun ou est-ce que le parti entend conserver le système actuel où ce sont les délégués qui désignent les « Spitzenkandidaten » ? Donner plus la parole aux militants de base ne doit-il pas aller de pair avec l’idée de primaires ? « Tout d’abord, permettez-moi de vous dire qu'aujourd'hui, nous n’avons rien dans les statuts qui nous imposent de désigner nos Spitzenkandidaten par la voie des délégués. Aucun congrès n’a, jusqu’à

Faudra-t-il penser à allonger le nombre d’années de cotisation ? « La question ne se pose pas pour l’instant. La réforme qui a été faite par Mars Di Bartolomeo est pour l’instant soutenable à un certain nombre de conditions et il existe des possibilités de faire varier ces

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PHOTO : CSV

Et sur la réforme des retraites ? Le précédent gouvernement auquel vous apparteniez avait fait des réformes timides, mais insuffisantes pour assurer le financement du système, ce que les experts du FMI, lorsqu’ils examinent le Luxembourg, ne cessent de souligner. Quelles sont vos idées en la matière ? « Il va évidemment falloir se positionner là-dessus, mais l’évolution économique étant ce qu’elle est et les paramètres sociaux se basant sur des taux de croissance extrêmement bas, il va falloir voir sur les deux années qui viennent quel est notre rythme de croissance en matière d’emploi.

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Grand entretien Claude Wiseler

présent, fait de la sorte. Il n’y a jamais eu besoin de faire de telles élections, en fait, car c’est toujours le Premier ministre qui était désigné. Et du temps de l’opposition (entre 1974 et 1979, ndlr), ce fut l’ancien Premier ministre (Pierre Werner, ndlr). Nous avons besoin aujourd’hui d’une modalité précise pour désigner un candidat tête de liste, que ce soit à l’échelle nationale ou régionale. Nous devons établir un mécanisme et le parti doit prendre une décision pour cela, pour que tout ne soit pas décidé au sein du comité national ou du comité exécutif. Il y a plusieurs façons de faire, comme par exemple par les délégués nationaux, dont il faudra aussi revoir la composition, car le système actuel est trop compliqué avec les délégués régionaux et nationaux, ou par le conseil national ou encore par le biais de tous les membres. Il faut un système qui soit évident et pour le candidat tête de liste un soutien clairement exprimé par le parti. C'est ce qui importe, et non pas par quel chemin ce soutien s'exprimera. Je suis d’avis qu’un candidat Premier ministre, quel qu’il soit, doit réussir à être élu largement lors d'un congrès ou sur une primaire. Sinon, il n’a aucune chance d’être élu par la population. Je ne vois néanmoins pas pourquoi on se focalise sur une question certes intéressante, mais qui n’est pas la question essentielle. J'ai écouté tout ce qu'on a dit sur les congrès des circonscriptions et sous-organisations et une décision sera prise en fin d'année. Parlons du référendum. Vous appelez votre électorat à voter trois fois non au référendum du 7 juin. Commençons par la limitation des mandats : la longévité au pouvoir d’un Jean-Claude Juncker, son usure, ne devraient-elles pas justement vous pousser à encourager le renouvellement de la classe politique ? « La limitation des mandats me gêne sur le principe, car je considère que c’est l’électeur qui doit avoir la liberté de choix. Si un électeur vote pour une personne, ce n’est pas sérieux de lui interdire ensuite d’exercer un mandat. Lorsque j’étais ministre, j’ai assisté à de nombreux conseils ministériels à Bruxelles. La longévité des mandats donne l’avantage de la connaissance des dossiers et des rouages. Nous avons pu avoir une influence beaucoup plus grande dans certains dossiers grâce à ces connaissances ! Je ne conçois pas de perdre ce très gros avantage par la seule raison de vouloir renouveler les visages. Limiter les mandats ne fait vraiment pas de sens et pourtant le ‘oui’ a des chances de passer, car il s’agit d’une question populiste et opportuniste. Je comprends tout à fait que si les électeurs ont la possibilité de limiter le mandat des politiciens, ils le feront ! C’est dans la nature des choses et je n’en veux à personne. Mais à moyenne et longue échéances, cela nuira au Luxembourg. Et tout cela se fait pour des raisons que je considère comme étant des raisons politiques inhérentes à un parti, uniquement parce que l’un ou l’autre de ses représentants essaie de mettre des gens sur la touche. Qu’ils règlent leurs problèmes en interne ! En outre se pose une autre question : pourquoi restreindre la limitation de deux mandats aux seuls

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ministres ? Et pourquoi pas aux bourgmestres, aux échevins ou aux députés ? C’est vraiment une question qui tombe du ciel et que personne ne s’est jamais posée. Et cette limitation n’existe dans aucun autre pays européen ! Cela existe pour le président des États-Unis… encore fautil oser ce genre de comparaison.

L’après-Juncker

Quand les jeunes poussent Le départ de Jean-Claude Juncker, alors président de la fraction CSV, pour Bruxelles, a permis au parti de tourner plus facilement la page. « Mais ça nous a aussi obligé à le faire, précise Claude Wiseler. J’étais moi-même 10 années au gouvernement ! On ne repart pas non plus de rien. Ce qu’il faut essayer de réussir, c’est ce mix entre ceux qui ont un peu plus d’expérience et les nouvelles têtes. » Et d’expliquer que l’absence de ministres dans les rangs du CSV n’a pas permis à la jeune garde de monter au Parlement. « Nous avons un potentiel et une réserve de jeunes hommes et femmes politiques qu’il va falloir montrer et à qui il est nécessaire de donner de l’expérience. » Mais aussi à les canaliser, quand on connaît les prises de positions de certains pour le moins tranchées avec la ligne officielle du parti. « Je suis content d’avoir ces jeunes ! On essaie souvent de nous mettre en opposition, mais je pense que ni Marc Spautz (le président du parti, ndlr) ni moi-même ne sommes fermés à ce genre de discussion. Nous devons au contraire profiter d’être dans l’opposition pour faire de nouvelles choses. Nous venons de passer 34 ans au gouvernement. J’aurais bien sûr préféré y rester, mais aujourd’hui, l’opposition nous donne un peu d’air pour faire des choses différentes. Et nul doute qu’un peu de contestation ne nous fait pas de mal. » J.-M. G. ◄

Sur le droit de vote des étrangers, vous avez dit votre crainte de voir le débat sombrer dans la polémique. Avez-vous peur des électeurs non luxembourgeois ? « Si les électeurs non luxembourgeois avaient participé au vote lors des dernières élections législatives, nous serions encore au gouvernement. Pourquoi aurais-je peur ? Je n’ai peur de rien et certainement pas d’avoir des contacts avec des électeurs non luxembourgeois. Au contraire ! Je veux qu’ils puissent participer à la vie politique. Je veux en discuter sérieusement et trouver des solutions qui soient claires. Pour nous, la liaison entre nationalité et droit de vote au niveau national est logique et il nous faut définir ce principe-là. Certains veulent le remplacer par une condition de résidence. Mais sur quoi se base-t-on pour définir la citoyenneté sur un critère de résidence ? Quelle est la réflexion qui permet de dire qu’un habitant de Steinfort qui travaille à Arlon a plus ou moins de légitimité de voter à Luxembourg que celui qui habite à Arlon et travaille ici ? Votre position est pourtant isolée, quand on voit que le CSJ, le LCGB, Caritas, l’archevêché sont pour le « oui » à cette question. Pourquoi ne pas suivre ce mouvement ? « Vous dites ‘isolée’, mais 99 % des pays font la même chose et la question ne se pose même pas. Mais aucun pays n’a une situation démographique similaire à celle du Luxembourg… « Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problème. Mais je dis qu’il y a d'autres solutions. Nous voulons que les non-Luxembourgeois puissent participer à la vie politique et c’est pour cela que nous avons déposé cette proposition de loi qui introduit le droit du sol au Luxembourg, ce qui n’a jamais été fait jusqu’alors. Ainsi, tous les gens qui naissent ici et qui y habitent à 18 ans seraient automatiquement luxembourgeois, sans n’avoir rien à faire. Et cette solution est beaucoup plus efficace par rapport à ce qui est proposé par le gouvernement. Un autre exemple : la Commission européenne, qui planche aussi sur le concept de citoyenneté européenne, a posé la question de savoir comment la liberté de s’établir dans un pays de l’Union européenne va ensemble avec la liberté de droit de vote et comment éviter les problèmes. La solution proposée en 2014 et soumise à tous les pays européens est de dire que les citoyens devraient, à moins d’avoir une double nationalité, garder le droit de vote dans leur pays d’origine. D’ailleurs, les Portugais et les Français élisent des représentants spéciaux pour ceux qui vivent à l’étranger. Partout dans l’Union européenne, on part donc sur d’autres voies. Un sondage indique que 40 % des membres du CSV ont l’intention de voter « oui ». Pouvez-vous nous dire ce que vous ferez si le « oui » l’emporte le 7 juin ? « J’ai toujours considéré que ce référendum n’était pas une

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Société Générale Private Banking est le nom commercial pour les entités de private banking de Société Générale et ses filiales à l’étranger. Société Générale est régulée et agréée par l’Autorité Française de Contrôle Prudentiel et de Résolution, par l’Autorité des Marchés Financiers et par la Banque Centrale Européenne (BCE). Tous les produits et services offerts par Société Générale ne sont pas disponibles dans toutes les juridictions. Contactez votre bureau local pour plus de renseignements. SOCIETE GENERALE BANK & TRUST, société anonyme de droit luxembourgeois, dont le siège social est à Luxembourg, 11 Avenue Emile Reuter, L-2420 Luxembourg, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Luxembourg à la Section B, sous le numéro B 6061. 2015 Société Générale Groupe et ses filiales. © Hugo Stenson. FRED & FARID

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PHOTO : CSV

Grand entretien Claude Wiseler

élection ‘normale’, au sens partisan pour l’un ou l’autre camp. On pose une question précise aux gens et ils ont toute la liberté de répondre ce qu’ils veulent. On nous demande d’exprimer une opinion et on le fait. La campagne que nous allons faire est une campagne d’arguments où nous expliquerons la situation. Les gens voteront sur ce qu’ils considèrent être correct. Je ne veux pas faire de ce référendum une bataille politique entre partis. D’ailleurs, si 40 % des électeurs du CSV votent autre chose que nos arguments, il y a aussi, dans les autres partis, beaucoup d’autres électeurs qui ne voteront pas non plus pour ce que leur parti leur propose. Cela montre combien ce référendum n’est pas une question seulement liée aux partis. Pour ce qui est du résultat, nous en prendrons clairement compte dans nos réflexions dès le soir du 7 juin, sans vouloir affirmer aujourd’hui tout à fait clairement quelles seront les conclusions de ces réflexions. Cela dépendra aussi du résultat en lui-même : si on a un résultat de 70-30, ce sera tout à fait différent que 50,1-49,9 avec 30 % d’abstention. Cela dépendra également de ce qu'on va nous proposer ensuite. Répondre à la question ‘Êtes vous d’accord avec l’idée que…’ ne donne aucune indication sur ce que cela signifiera en termes constitutionnels ou juridiques. Tout sera-t-il intégré au sein de la Constitution ? Y aura-t-il une partie intégrée simplement dans la législation ? Là aussi,

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Claude Wiseler, à propos de Serge Wilmes : « Je ne le vois pas comme un frondeur. »

« Je veux garder une certaine liberté de manœuvre que nous n’allons pas nous laisser prendre… »

l’approche sera très différente. Je veux garder une certaine liberté de manœuvre que nous n’allons pas nous laisser prendre… D’une manière générale, j’aurais préféré que le gouvernement aborde cette question sur le droit de vote des étrangers avec plusieurs alternatives et non pas une seule. Restreindre le choix donne plus de chances au ‘oui’ de passer. Lors du référendum de 1919, il y avait eu une question et le choix entre quatre réponses lorsqu’il s’est agi du maintien ou non du régime de monarchie constitutionnelle. Les électeurs d’aujourd’hui ne sont pas plus bêtes que ceux de 1919. Il est regrettable qu’un débat aussi essentiel pour le Luxembourg ait été restreint à une seule alternative qui vient d’on ne sait où. » ◄ En résumé Président de la fraction CSV, Claude Wiseler incarne l’aile centriste du principal parti d’opposition. Homme de lettres, son image de « gentil » et d’homme consensuel n’ayant pas d’opinions tranchées lui a permis jusque-là de faire le grand écart avec un groupe de 23 députés correspondant à des courants de pensée pas toujours au diapason, notamment sur des sujets de société comme l’avortement. Entre les « gaulistes sociaux » et fortes têtes que sont les Michel Wolter, Marc Spautz ou Aly Kaes, qui furent la garde prétorienne de Jean-Claude Juncker, et les « rebelles » qui appellent à une réforme en profondeur du CVS, il ne sera pas facile pour Claude Wiseler de s’imposer comme le candidat à la succession de Xavier Bettel, avec des concurrents comme Viviane Reding et Marc Spautz. 2018, c’est en tout cas maintenant que ça se prépare. Le congrès du CSV à Grevenmacher samedi 28 mars a posé les marques d’un parti qui veut revenir rapidement au pouvoir. L'interview intégrale sera à lire sur www.paperjam.lu.

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Luxembourg et lobbying

JUSTE DES MIETTES Les lobbyistes sont dans la place. À Bruxelles, on estime leur nombre entre 15.000 et 30.000, sans plus de précisions. Leur but ? Influencer le cours du travail législatif des décideurs européens pour qu’ils prennent en compte les intérêts des gens, des entreprises ou des associations qu’ils défendent. Dans la capitale de l’Europe, tous les intérêts sont représentés. Certains plus que d’autres. Depuis la crise financière, les lobbies financiers, City londonienne en tête, ont pris d’assaut le quartier européen. Et déploient des moyens financiers parfois colossaux pour arriver à leurs fins. Dans ce ballet parfois trop peu diplomatique, le Luxembourg semble bien faiblement armé. Gros plan sur une situation préjudiciable pour l’économie du pays et sa place financière.

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LA PUISSANCE DES LOBBIES Selon les intérêts à défendre, les grandes entreprises n’hésitent pas à envoyer de véritables équipes auprès de l’Union européenne. Quelques exemples de grands acteurs et le nombre de lobbyistes qu’ils ont inscrits au Registre de transparence.

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10

BNP Paribas France

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Google États-Unis

Philip Morris International États-Unis

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SES Luxembourg

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The Royal Bank of Scotland Royaume-Uni

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London Stock Exchange Royaume-Uni

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Une place à prendre, une Place à défendre Lobbying

► Bruxelles est un nid de lobbyistes qui tentent d’influencer la législation européenne. ► Le Luxembourg apparaît trop peu représenté pour défendre valablement ses intérêts, notamment financiers. ► De nouveaux acteurs se préparent à prendre la route vers la capitale de l’Europe pour y peser de tout leur poids.

TEXTE : JEAN-MICHEL LALIEU PHOTOS : MAISON MODERNE

B

ruxelles, place du Luxembourg. Autour du cercle de verdure qui sert de voie d’entrée vers le Parlement européen, tavernes et restaurants ne désemplissent pas. Touristes d’un jour, sans doute, mais ces lieux de rendez-vous sont aussi très prisés des avocats d’affaires, consultants ou représentants des grandes industries qui font le siège des institutions européennes. Leurs bureaux sont proches, dans le périmètre qui délimite le quartier européen de Bruxelles, soit autour des bâtiments du Conseil et de la Commission, rondpoint Schuman, et du Parlement. À Bruxelles, la présence des lobbies est un phénomène bien connu. La capitale belge en vit largement. Leur nombre exact reste un mystère, mais on l’estime généralement entre 15.000 et 30.000, sans plus de précisions. Si le centre névralgique de leur attention reste la place du Luxembourg, ironie des lieux, les intérêts luxembourgeois semblent étrangement peu représentés au cœur de l’Europe. Selon les tout derniers chiffres du Registre européen de transparence, au sein duquel les groupes d’intérêt peuvent s’inscrire sur base volontaire pour accéder plus facilement aux hauts responsables de la Commission et aux parlementaires, le Grand-Duché affiche 49 entités (voir tableau page 24). L’Allemagne en compte plus de 900, la France et le Royaume-Uni plus de 850. Question de taille ? Entre autres. « Au niveau du Parlement,

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je constate que l’Irlande, qui n’est pas beaucoup plus grande, est bien mieux représentée, observe Claude Turmes, eurodéputé vert luxembourgeois. À Bruxelles, le gouvernement luxembourgeois est un de ceux qui affichent le moins de lobbyistes. Ça s’améliore ces dernières années, mais des pans entiers des administrations du pays n’ont pas encore compris l’importance d’y être. » Or, depuis la crise économique et financière dont l’Europe tente de se remettre, de nombreuses règles édictées par les instances européennes ont eu pour objectif de mieux réglementer les pratiques du monde de la finance. Des enjeux qui concernent au premier chef une place financière de l’importance de Luxembourg.

LUXEMBOURG, POIDS PLUME Depuis que « Bruxelles » a pris les choses en main, les représentants des intérêts des grandes places ou groupes financiers font le siège de la capitale belge. Selon une enquête publiée il y a tout juste un an(1), on y recenserait plus de 1.700 lobbyistes du monde de la finance représentant quelque 700 organisations. Et pour défendre leurs banques d’affaires et la City, les Britanniques n’hésitent pas à tirer les premiers. Avec une puissance de feu, illustrée par la aussi puissante que discrète City of London Corporation, qui est ravageuse. Avec quelque 150 groupements, ils viennent largement en tête, devant l’Allemagne et la France.

Le Luxembourg, lui, n’en compte qu’une poignée. Onze, selon l’étude qui tient compte des entités ayant précisé leur intérêt pour les matières financières dans leur déclaration. Déséquilibre flagrant ? « Nous étions déjà à Bruxelles avant la crise. Nous avons accru notre présence progressivement en travaillant en commun avec l’Alfi », explique Serge de Cillia, CEO de l’Association des banques et banquiers du Luxembourg (ABBL). Actuellement, trois personnes représentent l’ABBL et l’Alfi à Bruxelles, deux employés temps plein et un stagiaire sous contrat d’un an. « Mais dans les faits, nous disposons d’un effectif plus étendu, poursuit le CEO. Lorsqu’il faut plaider un dossier spécifique devant la Commission ou une commission parlementaire, nous envoyons des spécialistes en support de l’équipe en place. » Enfin, l’ABBL et l’Alfi font encore reposer la défense de leurs intérêts sur la Fédération bancaire européenne et l’Efama (European Fund and Asset Management Association). « À ce niveau, nous sommes présents dans tous les comités. Et si la position de la Fédération est identique à la nôtre, nous nous y rallions », note encore Serge de Cillia.

TRAVAILLER À DISTANCE Cette stratégie de travail à distance et de délégation aux fédérations européennes, dictée par les contraintes financières et facilitée par la proximité géographique, est celle adoptée par

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beaucoup d’organisations luxembourgeoises. La Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC), qui représente 59 fédérations, explique que tout son travail se fait depuis Luxembourg. « Nous n’avons pas les moyens d’envoyer quelqu’un en permanence à Bruxelles, mais nos responsables de dossiers s’y rendent selon les sujets à défendre. Et nous sommes très actifs via les organisations européennes et supranationales », se défend Thierry Nothum, directeur de la CLC.

« ÇA AURAIT SEMBLÉ BIZARRE D’ÊTRE À LUXEMBOURG ET PAS À BRUXELLES. »

de la Représentation permanente pour qu’elle en fasse une priorité, elle a demandé à la fédération Eurocommerce, dont elle est membre, de la défendre sur ce sujet et agit encore au niveau de structures Benelux. À la Chambre des métiers, où les dossiers européens sont aussi essentiellement traités depuis les bureaux du Kirchberg, on compte également en partie sur la Représentation permanente pour donner l’alerte sur les sujets qui pourraient avoir des implications pour ses membres. « Mais nous avons aussi des contacts directs avec les différentes directions générales à la Commission, explique Marc Gross, membre du comité de direction. Nous sommes donc consultés si des initiatives se préparent. »

PROCHE DU POUVOIR

Antoine Kremer, représentant Alfi / ABBL à Bruxelles

Pour pallier les faiblesses de cette absence, la CLC travaille aussi via les institutions luxembourgeoises pour assurer le relais. C’est notamment le cas avec la Représentation permanente du Luxembourg, sorte d’ambassade du pays auprès des institutions européennes. « Pour faire en sorte d’amener les enjeux luxembourgeois le plus haut possible dans l’agenda européen, il faut utiliser différents leviers », explique encore le directeur de la CLC. Dans le cas du dossier des restrictions à l’importation pour le commerce, par exemple, elle insiste auprès

Mais pour une veille plus efficace, rien de tel évidemment qu’une présence au cœur de la machine communautaire. « Les représentants des secteurs importants pour l’économie luxembourgeoise tels que l’Alfi, l’ABBL et la Fedil ont bien compris que, désormais, environ 70 % de la vie économique est définie à Bruxelles et qu’il faut être sur place. Je ne peux donc que saluer cette présence », lance le député européen Claude Turmes. Des firmes luxembourgeoises d’envergure comme SES et RTL ont aussi des représentants dans la capitale belge pour faire connaître leurs vues. Elles n’ont toutefois pas souhaité nous en parler. Abrité dans les locaux de la puissante fédération BusinessEurope, à deux pas du rond-

point Schuman, Henri Wagener est à Bruxelles depuis sept ans pour assurer les intérêts des entreprises luxembourgeoises, via la Fedil. Pour préparer la future présidence tournante du Luxembourg, au second semestre, il a été rejoint par une deuxième personne. Pour le représentant de la Fedil, être à Bruxelles est stratégique. « La représentation personnelle a des avantages, elle rend le contact plus facile avec les institutions et permet la création d’un réseau sur place. » Sa position lui permet aussi d’accompagner des entreprises grand-ducales qui n’ont pas les moyens ou ne ressentent pas le besoin d’avoir un représentant sur place, et de faire le lien avec BusinessEurope qui, dans beaucoup de cas, est le seul intermédiaire pour l’ensemble des fédérations nationales de l’industrie. « Mais c’est aussi un moyen d’être plus vite au courant de ce qui se prépare à la Commission et de présenter aux responsables les arguments pour la défense de nos membres. »

LOBBYING EN CASCADE Installé dans le même bâtiment que son confrère de la Fedil, Antoine Kremer a ouvert le bureau pour l’Alfi et l’ABBL en 2006 et agit, depuis, pour leur compte. « Ça aurait semblé bizarre d’être à Luxembourg et pas à Bruxelles. De plus, travailler pour les deux associations nous donne un poids plus lourd pour obtenir des rendez-vous », pointe-t-il. Et souvent, selon lui, les positions sont communes. Pour ce, déjà, « vieux routard » du lobbying, la pratique

LES MILLIONNAIRES DU LOBBYING Estimation des dépenses en lobbying auprès de l’UE en 2013 (fourchette haute)

Source : LobbyFacts.eu

1

Philip Morris International 5,25 millions €

2

ExxonMobil 5 millions €

3

Microsoft Corporation 4,75 millions €

4

Shell Companies 4,5 millions €

5

Siemens AG 4,355 millions €

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« AU NIVEAU DU PARLEMENT, JE CONSTATE QUE L’IRLANDE, QUI N’EST PAS BEAUCOUP PLUS GRANDE, EST BIEN MIEUX REPRÉSENTÉE. » Claude Turmes, député européen luxembourgeois (Les Verts)

Autre manière de faire pour démultiplier son action : lobbyier des lobbyistes. « Récemment, il m’est arrivé d’avoir dû convaincre d’autres lobbyistes afin qu’ils fassent pression auprès de décideurs pour qu’ils acceptent de me rencontrer, admet-il. Nous sommes un petit pays, mais une grande place financière avec des intérêts importants à défendre. Une autre piste est donc de trouver des gens qui ont les mêmes intérêts que nous et leur montrer que, eux aussi, ont un problème à solutionner. » Et, selon, lui, ça fonctionne ! La politique du système D pour un pays dont les ambitions dépassent le poids politique ? ◄ En résumé Le poids du Luxembourg auprès des institutions eu­ ropéennes reste faible. Trop en tout cas par rapport aux enjeux à défendre pour une place financière de cette importance. Mais de nouveaux acteurs pourraient bientôt rejoindre la capitale de l’Europe.

(1) The fire power of the financial lobby, enquête réalisée par l’ONG Corporate Europe Observatory et les groupements autri­ chiens Arbeiterkammer et OGB, avril 2014.

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L’Europe des lobbies

Nouveaux venus

Luxinnovation et la Chambre de commerce bientôt à Bruxelles

Nombre d’organisations par pays enregistrées auprès de l’Union européenne (chiffres au 24 mars 2015)

Belgique

1.819

Allemagne

936

France

854

Royaume-Uni

853

Italie

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Pays-Bas

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Suède

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Finlande

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Danemark

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Pologne

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Portugal

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Luxembourg

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La Belgique est surreprésentée étant donné la présence de nombreux bureaux d’avocats et de sociétés de consultance auprès des insti­ tutions européennes, renseignés comme des entités belges.

L’idée d’ouvrir un bureau satellite auprès des instances européennes semble prendre de la consistance auprès des décideurs luxembourgeois.

Source : Registre de transparence de l’Union européenne

a changé depuis la crise financière. Notamment parce que beaucoup plus d’acteurs représentant les services financiers ont débarqué dans le quartier européen. « Quand je suis arrivé, nous n’étions que cinq associations nationales actives à Bruxelles. Il y avait la France, l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne et le Luxembourg. Aujourd’hui, du côté bancaire, il y a 12 pays représentés. » Il est donc devenu plus difficile, selon lui, de faire entendre un problème spécifique, d’autant que le Luxembourg n’est pas considéré comme un pays de première importance. Antoine Kremer a donc dû adapter ses moyens d’action et miser sur l’imagination pour mieux se faire entendre. « Un jour, se souvient-il, j’ai obtenu un entretien en page 2 de European Voice, un des médias les plus lus dans le milieu. Le jour suivant, le sujet que je défendais était repris partout et, aujourd’hui, il est toujours en haut de l’agenda. »

La Chambre de commerce du Luxembourg en est toujours au processus de réflexion, mais les expériences ABBL / Alfi et Fedil ont sans doute tracé plus large la route vers Bruxelles. « Nous sommes souvent mis au courant trop tardive­ ment des propositions de directive qui pour­ raient nous impacter, admet Carlo Thelen, son directeur. Ça ne nous laisse pas beaucoup de temps pour réagir. » Rien ne se fera en tout cas avant 2016. L’idée est de laisser passer le cap de la présidence tournante assurée par le Luxembourg au second semestre et, pour­ quoi pas, récupérer l’une ou l’autre personne intégrée dans les rouages européens. « Person­ nellement, j’aimerais trouver le mouton à cinq pattes, poursuit le directeur. Une personne qui assurerait la courroie de transmission vers l’Europe, mais qui pourrait aussi assurer un travail de promotion commerciale vers la Flandre où le Luxembourg est moins connu. » Luxinnovation envisage aussi très sérieusement d’avoir une présence permanente à Bruxelles. Ce projet est d’ailleurs supporté par le gouver­ nement et mis en œuvre en collaboration avec les acteurs de la recherche publique. Une procédure de recrutement vient d’être lancée et une personne pourrait être engagée pour démarrer en juin 2015. L’agence nationale pour la promotion de l’inno­ vation et de la recherche tient à donner plus de visibilité à la recherche luxembourgeoise au niveau européen et à pouvoir mieux se posi­ tionner par rapport au vaste programme euro­ péen « Horizon 2020 » qui consacre 80 milliards d’euros à la recherche et à l’innovation entre 2014 et 2020. « C’est un programme très con­ currentiel. Les acteurs fournissent beaucoup d’efforts pour se positionner avec les meilleurs labos et les meilleures industries dans le cadre de programmes collaboratifs pour avoir les meilleures chances de voir leur projet accep­ té », explique Jean-Michel Ludwig, porteur du projet pour Luxinnovation. Il devient donc nécessaire d’assurer un travail de networking avec les acteurs du privé et de lobbying avec la Commission pour faire valoir les atouts de la recherche luxembourgeoise. « Nous devons aussi faire savoir qu’à côté de la place finan­ cière, le Luxembourg a des atouts en matière de recherche et d’innovation », insiste-t-il. J-M. L. ◄

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Bruxelles

Une ruche de lobbyistes Plus de 70 % des règles qui influenceront la vie des citoyens et des entreprises européens sont décidées à Bruxelles. Guère étonnant que de plus en plus de lobbies en tous genres viennent s’agglutiner dans un périmètre restreint autour du quartier européen. Multinationales, bureaux de consultance, fédérations… Des acteurs luxembourgeois se sont intégrés dans cet essaim. Mais leur poids reste faible.

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TOP 10 MULTINATIONALES* 1

LES ACTEURS LUXEMBOURGEOIS 16

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TOP 5 SOCIÉTÉS DE CONSULTANCE* 11

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Fleishman-Hillard Square de Meeûs, 35 1000 Bruxelles Burson-Marsteller Square de Meeûs, 37 1000 Bruxelles G Plus Ltg Rue Breydel, 42 1040 Bruxelles FTI Consulting Belgium Avenue Marnix, 23 1000 Bruxelles Apco Worldwide Rue Montoyer, 47 1000 Bruxelles * (budget lobbying) ** (hors carte)

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Ordre des avocats du Barreau de Luxembourg Rue des Nerviens, 85/9 1040 Bruxelles Fedil Avenue de Cortenbergh, 168 1000 Bruxelles Alfi/ABBL Avenue de Cortenbergh, 168 1000 Bruxelles SES** Avenue de Tervueren, 55 1040 Bruxelles

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Philip Morris International Inc. Rue Montoyer, 51 1000 Bruxelles ExxonMobil Petroleum & Chemical** Hermeslaan, 2 1831 Machelen

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Microsoft Corporation Rue Montoyer, 51 1000 Bruxelles

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Shell Companies Rue Froissart, 95 1040 Bruxelles

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Siemens Avenue des Arts, 20 1000 Bruxelles

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GDF Suez** Boulevard Simon Bolivar, 34 1000 Bruxelles

RTL Group Avenue des Gaulois, 3 1040 Bruxelles

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ArcelorMittal Boulevard de l’Impératrice, 66 1000 Bruxelles

General Electric Rond-point Schuman, 2-4 1040 Bruxelles

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Amazon Europe Rue de Stassart, 131 1050 Bruxelles

Huawei Chaussée d’Etterbeek, 180 1040 Bruxelles

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Bayer Square de Meeûs, 40 1000 Bruxelles

Maison du Grand-Duché de Luxembourg Avenue de Cortenbergh, 75 1000 Bruxelles

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Telekom Austria Group Avenue de Cortenbergh, 52 1000 Bruxelles

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Contrôle de pression Un travail, une transparence

► Le travail d’un lobbyiste est de suivre pas à pas le processus législatif européen pour tenter de le faire évoluer en fonction des intérêts qu’il défend. ► Face à la marée de groupes de pression de toutes sortes, l’Europe a instauré un Registre de transparence des différents lobbies actifs à Bruxelles. ► S’ils jouent le jeu dans la clarté, les lobbyistes sont souvent considérés comme des interlocuteurs valables par les décideurs politiques.

TEXTE : JEAN-MICHEL LALIEU

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u’ils se présentent sous le nom de consultant, de responsable en affaires publiques, de délégué auprès de l’Union européenne ou qu’ils assument leur statut de lobbyiste, ce qui est certain c’est que ces travailleurs de l’ombre ont une forte influence sur les décisions qui impacteront les 500 millions de citoyens européens. Bien souvent, d’ailleurs, ils ne font que défendre les intérêts d’une partie d’entre eux. Et à Bruxelles, globalement, tous les intérêts sont défendus. Ceux des grandes entreprises, des travailleurs, des consommateurs, des défenseurs de l’environnement ou de la liberté sur internet. Leur but ? Faire en sorte que les groupes qu’ils représentent ne soient pas, ou le moins possible, atteints par les décisions prises au niveau de l’Union européenne. « Pour cela, ils doivent intervenir à chaque étape du processus législatif », explique Charles de Marcilly, responsable du bureau bruxellois de la Fondation Robert Schuman, qui a lui-même travaillé comme lobbyiste, notamment comme directeur du Cecra, une fédération européenne de l’automobile. Première étape : la Commission. C’est elle qui lance les initiatives de nouveaux textes et, à ce stade, sollicite l’opinion de la société civile via des consultations publiques. « À ce moment, les lobbyistes peuvent soumettre des études techniques, d’impact ou de faisabilité pour porter à l’attention des décideurs les conséquences éventuelles de telle ou telle mesure », explique Charles de Marcilly. « Le timing est très important, confirme Henri Wagener, responsable

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du bureau de la Fedil à Bruxelles. Dès qu’on est au courant qu’un texte est en préparation, il faut pouvoir rencontrer les fonctionnaires de la Commission pour faire passer son message et répondre aux consultations publiques. » Une fois la proposition de directive ficelée, elle glisse vers le Parlement européen où le travail des lobbies repart à zéro pour obtenir une majorité de parlementaires en faveur de la position qu’ils défendent. « Il faut pouvoir en convaincre suffisamment, mais ça ne veut pas dire qu’il faut les voir tous, précise le responsable de la Fondation Schuman. Il existe des personnes clés comme les présidents de groupes politiques, ceux de commissions parlementaires, les coordinateurs ou les rapporteurs. On appuie un dossier sur 15 à 20 députés. C’est tout à fait gérable. »

« LE CÔTÉ VOLONTAIRE DE L’INSCRIPTION, C’EST UN PEU RIDICULE. » David Lundy (Corporate Europe Observatory)

Au niveau des associations luxembourgeoises, Henri Wagener explique, de son côté, fournir de l’information aux parlementaires européens luxembourgeois. « Le but est simplement de les informer de nos positions et de nos ana-

lyses, la décision leur revient, assure-t-il. Mais nous voulons qu’ils puissent éventuellement relayer vers leurs propres réseaux l’impact de la décision pour les entreprises grand-ducales. »

L’EURODÉPUTÉ, ENTRE LE CLANDESTIN ET L’ENREGISTRÉ Reste donc à savoir ce qu’on pense au niveau des parlementaires de ces nombreuses sollicitations. « Actuellement, je ne vois pas comment un eurodéputé pourrait obtenir un rapport de fond en se fixant comme présupposé qu’il ne rencontrera personne. C’est impossible, juge Charles de Marcilly. En plus, leurs ressources propres sont limitées. Ils ont besoin d’avoir des rapports, des études d’impact, des compléments d’information à ce que leur a fourni la Commission. » Pour Claude Turmes, eurodéputé luxembourgeois dans le groupe des Verts, il faut pouvoir écouter les lobbyistes pour se faire une opinion éclairée et affiner sa stratégie politique. « Ça vaut toujours la peine de rencontrer un lobbyiste, pointe-t-il. Il y a souvent quelque chose de valable dans les arguments des industriels. Les hommes politiques ont intérêt à comprendre la logique, les contraintes économiques et les idées de tous les acteurs. » Sauf, précise-t-il, que certains sont malhonnêtes… Ce n’est sans doute pas la majorité, mais le député vert regrette d’avoir encore à être confronté à du lobbying clandestin. La situation semble toutefois s’améliorer : en 2008, un Registre de transparence a été mis en place par les décideurs européens pour mieux

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contrôler l’activité des différents groupes de pression. Ceux-ci ont donc été appelés à s’enregistrer pour se faire connaître des autorités. Le registre reprend aussi le nombre de lobbyistes qui travaillent pour l’organisation et les montants financiers qu’elle consacre à cette activité. Une base de données que tout le monde peut consulter, mais qui présente toutefois de nombreuses lacunes. « On y trouve des chiffres parfois farfelus, note David Lundy, porte-parole de l’ONG Corporate Europe Observatory (CEO), qui veille notamment sur l’activité des

« COMMENT UN EURODÉPUTÉ POURRAIT OBTENIR UN RAPPORT DE FOND EN SE FIXANT COMME PRÉSUPPOSÉ QU’IL NE RENCONTRERA PERSONNE ? » Charles de Marcilly (Fondation Robert Schuman)

lobbyistes. Certains inscrivent parfois l’ensemble de leur personnel plutôt que les lobbyistes… » Et, jusqu’à présent, la Commission ne s’est pas encore donné les moyens de contrôler ces informations. Mais dès sa création, en tout cas, de nombreux parlementaires ont fait le choix de ne rencontrer que des lobbyistes enregistrés, pour mettre un terme au lobbying souterrain.

Nouveau pas en avant avec l’arrivée de la Commission Juncker, début novembre 2014. Depuis le 1er décembre, il faut aussi être inscrit au Registre de transparence pour espérer rencontrer les commissaires, les directeurs généraux et les hauts fonctionnaires. Et ceux-ci ont l’obligation de rendre leurs agendas publics. Résultat : ces dernières semaines, de nombreux lobbyistes se sont résolus à montrer patte blanche pour pouvoir franchir les barrages. Le Registre de transparence, qui comptait 7.050 entités inscrites au 1er décembre, en affichait déjà plus de 8.200 fin mars. Selon les experts sur place, ce sont surtout les cabinets d’avocats qui se sont fait connaître. « Certains cabinets se sont en effet orientés vers le lobbyisme et, au nom de la confidentialité liée à leur métier, refusent de donner le nom de leurs clients », rapporte Grégoire Poisson, directeur des affaires européennes pour le bureau de consultance belge Interel. Pour lui, la transparence doit régner en maître dans les couloirs européens. « Le lobbyisme a souvent mauvaise réputation, observe-t-il. Il faut donc jouer la transparence, sinon on sera montré du doigt. Et si on n’y parvient pas, c’est qu’on a un problème. »

POURSUIVRE L’EFFORT Suffisantes ces réformes ? Pour David Lundy, les nouvelles exigences vont dans la bonne direction. « C’est mieux qu’il y a 10 ans, mais il reste quand même des choses à faire. Le côté volontaire de l’inscription, c’est un peu ridicule. Pourquoi une multinationale dirait-elle qu’elle dépense

des millions par an pour influer sur les décisions européennes si on ne l’y oblige pas ? » Le vice-président de la Commission, le Néerlandais Frans Timmermans, à la base des dernières mesures, voudrait encore aller plus loin et imposer un agenda public au niveau du Parlement européen et du Conseil. Mais les députés ont déjà refusé un excès de transparence il y a quelques années, afin de garder les mains libres de rencontrer les différents intérêts liés à un dossier. « Il ne faut pas tomber dans le phénomène de la suspicion généralisée, explique Charles de Marcilly. Si l’opinion publique contrôle vos rendezvous, il est évident que, sur un dossier énergétique par exemple, vous pourriez être tenté de ne voir que les intérêts des producteurs d’énergies renouvelables et négliger le lobby nucléaire, parce que ça pourrait nuire à votre image. » Et pour Claude Turmes, le véritable problème se situe au niveau des pressions faites auprès des gouvernements nationaux. « Les gouvernements font comme si le lobbying était juste un problème lié aux couloirs de Bruxelles. Mais il est connu que ce sont les exécutifs nationaux que les multinationales approchent pour faire passer leurs revendications. » Et les chefs d’État des grands pays se cachent de moins en moins pour faire barrage à des mesures qui pourraient nuire à un pan de leur industrie. Les décideurs européens n’ont visiblement pas encore trouvé le dosage idéal qui permet aux différents intérêts de faire entendre leur voix sans polluer le débat. ◄

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Viviane Reding, députée européenne

«  Je défends les intérêts luxembourgeois » ► Commissaire puis parlementaire européenne, Viviane Reding est en permanence confrontée aux lobbies présents à Bruxelles. ► Elle admet travailler fréquemment avec eux pour l’infor­mation technique qu’ils peuvent apporter sur un dossier. ► « La décision finale doit être celle du politique, pas celle des lobbyistes. Ce n’est pas à eux d’écrire les amendements. »

INTERVIEW : JEAN-MICHEL LALIEU PHOTOS : JULIEN BECKER

M

adame Reding, vous avez été commissaire européenne pendant 15 ans. Quel est votre sentiment par rapport au lobbying auquel sont confrontées les institutions européennes ? « C’est une question de pouvoir. Quand il n’y a pas de pouvoir, il n’y a pas de lobbies. Depuis mon premier mandat, le nombre de lobbyistes a doublé. Ça démontre que des décisions importantes sont prises par les institutions européennes. Personnellement, j’ai toujours beaucoup travaillé avec les lobbies actifs dans les secteurs sous ma responsabilité. Ils savent des choses que nous ne connaissons pas. C’est donc une mine d’informations. En matière de télécoms, de recherche technologique, j’avais vraiment besoin de m’informer. Donc, je pense qu’on peut regarder les lobbies de façon positive pour les éclairages qu’ils peuvent apporter. Mais il ne faut jamais se laisser faire. La décision finale doit être celle du politique, pas celle des lobbyistes. Ce n’est pas à eux d’écrire les amendements. En tant que commissaire, vous avez parfois reproché aux lobbies la pression qu’ils ont pu mettre sur certains dossiers, comme celui sur la protection des données… « Sur ce dossier, ils ont essayé de me freiner pour que le projet n’aboutisse pas sur la table de la Commission. Le lobbying a été incroyable. À partir du moment où la Commission l’a sorti, 80 juristes de haut niveau ont déménagé de Washington vers Bruxelles. Or, moi, je disposais juste d’une dizaine de fonctionnaires actifs sur ce dossier. On ne joue fran030 ―

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chement pas à armes égales. Mais ce lobbying agressif, c’est surtout une habitude américaine. Les entreprises européennes défendent aussi leurs intérêts, mais pas avec des méthodes où tout est permis.

Les mesures de transparence vis-à-vis des lobbies s’intensifient. C’est une bonne chose ? « Je suis tout à fait favorable à ces mesures. Mais elles sont très inégalement appliquées. La Commission les applique très strictement et Jean-Claude Juncker a encore serré la

vis avec l’obligation pour les commissaires et les fonctionnaires de publier la liste de leurs rendezvous. Le Parlement est un peu plus souple en la matière, mais on ne peut pas non plus obliger un parlementaire à dire avec qui il s’entretient. Le Conseil, lui, est peu transparent. D’ailleurs, les plus importants dommages faits par les lobbyistes, ce n’est pas à Bruxelles qu’on les constate, mais dans les capitales des ‘28’. C’est là que les lobbyistes se font entendre par les politiques, qui appliquent ce qu’on leur dit. Je l’ai expérimenté sur des dossiers très concrets :

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Cette information n’est pas un avis juridique et ne saurait engager la responsabilité de ses auteurs

« Quoi, vous travaillez désormais auprès de notre concurrent ?! Avez-vous déjà oublié votre clause de non-concurrence ? »

« Cette clause n’est pas valable !! »

UNE CLAUSE DE NON-CONCURRENCE, INTERDISANT UN EMPLOI SALARIÉ AUPRÈS D’UN CONCURRENT APRÈS LA FIN DES RELATIONS DE TRAVAIL, EST-ELLE VALABLE ? La clause de non-concurrence prévue par le Code du travail vise uniquement l’interdiction pour l’ancien salarié « d’exploiter » une entreprise personnelle concurrente. Elle n’est en principe pas valable si elle interdit au salarié de travailler au sein d’une entreprise concurrente, en tant que « travailleur salarié ». De plus, l’interdiction de concurrencer son ancien employeur doit en principe être limitée au Grand-Duché, pour être valable. La Cour d’appel a récemment précisé qu’une clause de non-concurrence peut valablement interdire à un (ancien) salarié de conclure un contrat de travail avec un concurrent, même à l’étranger, si les obligations imposées au salarié ne sont pas manifestement excessives. Tel est le cas dans les conditions suivantes : 1) lorsqu’il est par ailleurs permis au salarié de travailler auprès d’entreprises non-concurrentes ; 2) lorsque l’interdiction est limitée dans le temps (ex : 12 mois) ; 3) lorsqu’elle comporte une contrepartie financière ; 4) lorsqu’elle couvre un territoire non excessif (ex : Grand-Duché + Alsace et Lorraine). CASTEGNARO-Ius Laboris Luxembourg est le plus grand cabinet d’avocats spécialisé en droit du travail au Luxembourg, conseillant et défendant exclusivement les employeurs. CASTEGNARO est fondateur et membre de Ius Laboris, une alliance internationale composée des cabinets d’avocats spécialisés en droit du travail les mieux cotés dans leur pays respectif.

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lorsqu’il y a du lobbying dans les capitales, c’est souvent ce son de cloche qui prévaut. Parce qu’il est question de l’intérêt national.

En principe, les lobbyistes doivent désormais aussi être enregistrés pour avoir accès au Parlement… « Oui, mais est-ce qu’ils le font tous ? Pour moi, en tout cas, c’est très simple : la porte de mon bureau est fermée et les gens prennent rendez-vous. Je n’aime pas ça, mais j’ai dû le faire. Les lobbyistes ont accès aux bâtiments s’ils sont enregistrés ou invités, et certains n’hésitent pas à rentrer dans les bureaux. Je n’emprunte plus non plus les couloirs principaux, sinon on risque toujours de se faire accoster. En plus, personnellement, je serais pour un peu plus de transparence au niveau des lobbies. Que nous sachions qui les financent, quels sont les intérêts qui sont derrière. On parle toujours de notre transparence vis-à-vis des lobbies, mais j’aimerais aussi savoir au nom de qui me parlent les personnes que je rencontre. Il faut quand même savoir que la plupart des lobbyistes sont des cabinets de consultants et des cabinets d’avocats. Et il y a souvent des intérêts qui se cachent derrière ces cabinets.

JE N’EMPRUNTE PLUS LES COULOIRS PRINCIPAUX (DU PARLEMENT), ON RISQUE TOUJOURS DE SE FAIRE ACCOSTER. Viviane Reding

Dans l’esprit des citoyens européens, lobbying rime souvent avec corruption. C’est une perception exagérée ? « En tant que commissaire, je n’ai jamais vu de situations qui auraient pu être jugées ‘illégales’. Par contre, je sais qu’il y a un certain nombre de parlementaires européens qui sont sur le payroll d’intérêts économiques. Qu’on y soit, je veux bien, mais alors il faut le dire. Si on est payé par l’industrie du tabac, par exemple, il faut le faire savoir. 032 ―

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Qu’on vous ait proposé de siéger dans des conseils d’administration d’entreprises privées dès la fin de votre dernier mandat de commissaire, ça ne vous pose pas de problèmes ? « Non, parce que j’ai choisi des entreprises qui n’ont aucun lien avec mes anciennes responsabilités en tant que commissaire. J’ai d’ailleurs refusé des propositions de différentes sociétés parce que, déontologiquement, je ne pouvais pas les accepter. En outre, je ne suis pas lobbyiste, je suis actuellement proposée comme membre de conseils d’administration. C’est le lieu où on contrôle la société, pas celui où on fait du lobbyisme. Moi, je n’ai pas ouvert un bureau de lobbyisme comme beaucoup de politiciens le font. Je ne veux pas être lobbyiste ! Mais vous avez un carnet d’adresses qui doit être conséquent, vous connaissez bien les couloirs européens. Ça peut quand même aider les entreprises qui vous ont invitée à rejoindre leur conseil… « Oui et non… Mais ce n’est pas pour cela qu’on siège dans un conseil d’administration. On y est pour contrôler les comptes, pour voir où va l’entreprise, comment elle va se développer. Ces entreprises ont des personnes dédiées à la défense de leurs intérêts. Ce n’est pas à un membre du conseil de faire ça. J’ai fait le choix de ne pas aller vers des activités de lobbyisme. Ça aurait pourtant été très facile. En tant que parlementaire européenne, vous défendez les positions luxembourgeoises auprès des institutions européennes ? « Absolument. En tant que commissaire, on doit défendre le point de vue de l’Europe dans son ensemble. Mais en tant que parlementaire, on défend les intérêts des citoyens luxembourgeois au Parlement européen, donc aussi des instances luxembourgeoises. Il est très clair que nous avons des contacts continuels avec les grandes entreprises et les associations d’entreprises. C’est même parfois moi qui alerte les acteurs intéressés lorsque je vois que quelque chose est en préparation et pourrait nuire aux intérêts luxem­bourgeois. C’est une manière de défendre la croissance et l’emploi. » ◄

Parcours

Commissaire, parlementaire, conseillère

Rodée aux institutions européennes depuis plus de 25 ans, Viviane Reding devrait siéger dans diverses entreprises. Élue au Parlement européen après le suffrage du 25 mai dernier, la Luxembourgeoise Viviane Reding a presté trois mandats successifs en tant que commissaire européenne (entre 1999 et 2014). Elle a successi­ vement reçu la responsabilité de dossiers comme l’éducation et la culture, la société de l’information et les médias et, enfin, la justice, les droits fondamentaux et la citoyen­ neté. Au cours de son dernier mandat, elle a notamment été en première ligne sur la réforme européenne de la protection des données privées. À la fin de l’année 2014, elle a été critiquée pour avoir accepté des propositions dans différentes entreprises privées. Elle devrait ainsi siéger aux conseils d’admini­ stration des entreprises belges Nyrstar et Agfa-Gevaert – selon les futurs votes des assem­blées générales – et intégrer la Fondation Bertelsmann. Elle a obtenu l’autori­­ sation de l’ancienne Commission Barroso pour rejoindre ces entreprises. J-M. L. ◄

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Économie & Politique Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 10 sujets clés sélectionnés par la rédaction. La fin des soldes et la hausse des produits pétroliers (de 3,7 %, après quatre mois de recul) sont les principaux facteurs ayant contribué à la hausse du taux d’inflation qui s’est fixé à 0,1 % en février, selon le Statec. Dans le cadre de la présentation du bilan de ses activités 2014, la médiateure Lydie Err a émis quelques suggestions et autres revendications, dont une plus grande autonomie budgétaire pour ses services. Elle souhaite, en outre, l’inscription dans la future Constitution du droit aux particuliers de porter plainte auprès de l’Ombudsman. Les six partis représentés à la Chambre des députés (CSV, LSAP, DP, Déi Gréng, Déi Lénk et ADR) se sont mis d’accord sur des règles communes dans le cadre de la campagne du référendum du 7 juin. Celle-ci s’étendra sur un mois et débutera le 11 mai. Son budget sera d’un maximum de 100.000 euros par formation politique qui ne pourront être engagés que pour des annonces dans les médias imprimés, en ligne et sur les réseaux sociaux. Pas de médias audiovisuels donc, ni lettres personnelles aux électeurs, affichages et autres gadgets, à l’exception d’un simple stylo. À noter que les Pirates, le parti communiste

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et celui pour la démocratie intégrale (PID) n’ont pas souhaité participer à ce rendez-vous. « Nous craignons que les petits magasins se voient obligés d’ouvrir aussi sous la pression de la concurrence sans en avoir les moyens humains nécessaires. » Paul de Araujo, secrétaire syndical LCGB, n’est guère enthousiaste devant l’annonce de la prolongation des horaires d’ouverture des boutiques de la Ville-Haute et du quartier de la gare le dimanche après-midi, décidée par le gouvernement. Le chantier du futur centre Royal Hamilius a démarré ! Prévus pour durer quatre ans, il commence par les travaux de démolition de l’actuel centre Hamilius, de terrassement et de préparation du futur parking. Première conséquence : la disparition de la gare routière, les arrêts de bus étant alors principalement disséminés aux alentours sur le boulevard Royal. En 2014, la médiateure a traité 689 dossiers, 535 (soit 82,5 %) ont été clôturés. La majorité de ces dossiers (114) ont eu trait à des C'est le nombre problèmes ou de dossiers traités par la médiateure des litiges entre des citoyens et en 2014. la Sécurité sociale.

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Les dernières élections d’octobre 2013 et de mai 2014 ont été marquées par

une polarisation politique inhabituelle des électeurs. C’est ce qui ressort d’une étude de l’Université du Luxembourg rendue publique début mars (lire aussi en page 56). On en sait désormais un peu plus sur la réaffectation du campus de Walferdange suite au prochain déménagement des services de l’Université du Luxembourg qu’il hébergeait jusqu’à présent et qui seront pour la plupart regroupés à Belval. Selon le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, et le secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, Marc Hansen, les infrastructures libérées d’ici cet été seront réaffectées à divers services du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse qui étaient dispersés à de très nombreux endroits jusque-là, parmi lesquels l’Institut de formation de l’éducation nationale, le service de la Restauration scolaire ou encore l’INFPC. « Ce regroupement devrait permettre de créer des synergies et de faciliter une meilleure collaboration entre les services concernés, le tout avec de substantielles économies en frais de location », indiquent les ministres. La Chambre de commerce du Luxembourg organise, en étroite collaboration avec le ministère de l’Économie et l’agence Luxembourg for Business, dans le cadre d’une mission officielle, présidée par S.A.R. le Grand-Duc héritier et dirigée par le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, M. Étienne Schneider, une mission

économique au Maroc et en Tunisie du 27 au 30 avril (lire l’article page 50). Pour raison de santé (des problèmes au dos), le député Déi Lénk Justin Turpel a quitté son poste à la fin du mois de mars. Il sera remplacé, à compter du 28 avril, par le jeune élu au conseil communal de Luxembourg, David Wagner. L’Adem et l’institut LifeLong Learning and Guidance de l’Université du Luxembourg ont signé un accord de collaboration dans le cadre de la lutte contre le chômage de longue durée. Il s’agit notamment d’identifier le mieux et le plus tôt possible les facteurs de risque de chômage de longue durée, afin de permettre à l’Agence pour le développement de l’emploi de mettre en place des plans d’action individuels. Le conseil de gouvernement a proposé au Grand-Duc la nomination du Prof. Dr Simone P. Niclou (qui occupe, depuis sept ans, les fonctions de head of NorLux NeuroOncology Laboratory au sein du LIH) au poste de présidente du Laboratoire national de santé et de Laurent Mertz, juriste au ministère de la Santé, au poste de vice-président.

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Le nombre d’unités de logement construites ou reconstruites, au bénéfice de 44.838 habitants dans 98 communes signataires. C’est le bilan chiffré du Pacte logement présenté par la ministre DP du Logement Maggy Nagel. Le tout pour un coût de 251 millions d’euros investis entre 2008 et 2014.

Amené à se prononcer sur la succession d’Agnès Rausch, arrivée à la fin de son mandat au Conseil d’État, le comité exécutif de Déi Gréng a désigné la coprésidente du parti, Sam Tanson, 37 ans (par ailleurs première échevine de la capitale en charge de la Mobilité et des Finances), pour intégrer l’assemblée des Sages.

Srel, Frank Schneider, l’a fait condamner pour avoir publié sur son blog personnel des informations sur les avancées de l’enquête parlementaire sur les dysfonctionnements du Service de renseignement de l’État. Le préjudice moral est reconnu, pour un euro symbolique. « On ne peut pas tout faire ni tout dire, même en tant que politicien, pour sa propre car-

Sam Tanson, candidate désignée pour entrer au Conseil d'État.

Le 15 mai prochain, le centre culturel Kinneksbond de Mamer comptera un nouveau directeur en la personne de Jérôme Konen, qui succédera à Sylvie Martin, remerciée suite à des divergences de vues avec le conseil d’administration. M. Konen a été retenu parmi 26 candidats. Il faudra attendre le mois de mai pour connaître le montant des dépenses figurant au budget 2014 de l’État, les opérations de paiement pouvant se prolonger jusque fin avril. Il faudra donc encore patienter pour savoir si les promesses d’économies du gouvernement (le plan d’épargne ficelé par l’exécutif prévoyait quelque 230 millions d’euros d’économies) ont été tenues ou non. On devrait en savoir plus à l’occasion d’une réunion de la commission parlementaire des finances et du budget programmée le 19 mai prochain. François Bausch, lorsqu’il était encore député en avril 2013, aurait dû se taire. L’ex-agent du

rière », a commenté M. Schneider. Un argument que l’avocat de M. Bausch juge « ridicule », Pierre Hurt exprimant par ailleurs son insatisfaction. « C’était un sujet d’intérêt général de la plus haute importance. » Après la démission d’Alex Reuter pour raison de santé, c’est le journaliste Jean-Louis Scheffen (Wort et Télécran) qui a été nommé président du comité de sélection du Fonds national de soutien à la production audiovisuelle. Spécialisé dans la culture et le cinéma, il a déjà été à la tête du comité de lecture du Fonds de 1999 à 2014. La Chambre des députés a donné, à la mi-mars, son aval au projet de financement de la deuxième phase d’aménagement de la plateforme multimodale de Bettembourg-Dudelange. Soit un montant de 39 millions d’euros sur les 200 qui seront investis sur le site de 32 hectares.

Comptant parmi les pères de l’Université du Luxembourg, de l’antenne luxembourgeoise de l’Institut Max Planck et ex-président du Fonds Belval, Germain Dondelinger, haut fonctionnaire et Premier conseiller de gouvernement au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, s’est éteint à l’âge de 61 ans le 15 mars. L’enquête parlementaire sur les dysfonctionnements du Service de renseignement de l’État avait révélé l’existence d’un petit magot en or que les agents comptaient chaque année cérémonieusement. Le trésor a été discrètement confié en dépôt à la Banque centrale du Luxembourg en juin dernier, conformément aux recommandations du rapport de la commission d’enquête sur le Srel de juillet 2013 prévoyant de « remettre au Trésor public les pièces d’or ayant constitué la réserve financière allouée au réseau Stay Behind ». 2,4 milliards : c’est le montant total que le gouvernement annonce vouloir investir d’ici à cinq ans pour moderniser les réseaux ferrés et routiers du pays.

719 affaires, auxquelles s’ajoutent 814 dossiers bouclés par le tribunal européen. C'est le nombre Un total jamais d’affaires clôturées par atteint en 25 ans la Cour de justice d’existence, en de l’UE en 2014. hausse de 40 % par rapport à 2013.

719

Comme cela était attendu, Daniel Miltgen a finalement été révoqué de ses fonctions de président du Fonds du logement (FDL) et du Fonds d’assainissement de la Cité Syrdall. Une issue prévisible depuis la révélation de plusieurs dysfonctionnements au sein du FDL dont M. Miltgen était président depuis 25 ans. Il lui est notamment reproché un « manque de transparence » et des efforts de communication « insuffisants » envers sa ministre de tutelle. Le FDL « laisse l’impression d’une absence de direction », souligne la note de révocation en faisant grief à M. Miltgen de l’absence d’objectifs clairement fixés en termes de constructions et son incapacité de fournir un relevé des propriétés immobilières (lire aussi page 54).

L’ex-Beatles Paul McCartney a donné, fin mars, un écho inattendu à la Pétition 478 déposée à la Chambre et militant pour l’alimentation végétarienne et végétalienne. Via Twitter, le chanteur britannique a ainsi appelé à la signer. Cela n’a pas suffi au texte pour atteindre la limite des 4.500 signatures nécessaires pour que la pétition fasse l’objet d’un débat public devant les députés. Les mois se suivent et se ressemblent sur le front du chômage qui stagne toujours à 7,0 %. L’Agence pour le développement de l’emploi (Adem) a recensé, fin février, 19.099 personnes sans emploi.

Daniel Miltgen, au cœur d'une saga qui a duré plusieurs mois...

Année record pour la Cour de justice de l’Union européenne. En 2014, elle a clôturé

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Grand succès pour l’édition 2015 du Luxembourg City Film Festival : avec C'est la hausse 18.300 spectateurs, de fréquentation la fréquentation est du Luxembourg en hausse de 5,5 %.

5,5 % City Film Festival.

La réforme de la fonction publique a été actée par les députés, avec un texte prévoyant, notamment, l’instauration d’un système de gestion par objectifs (pour une meilleure évaluation des performances au niveau organisationnel) et la mise en place d’un système d’appréciation des performances professionnelles des fonctionnaires. Dans le même temps a été validé l’accord salarial intervenu en juillet 2011, prévoyant le versement d’une prime unique de 0,9 % et une augmentation du point indiciaire de 2,2 % qui a pris effet au 1er janvier dernier. Entrée au conseil communal de la Ville de Luxembourg il y a six mois à peine, Runa Egilsdottir (Déi Gréng) ne poursuivra pas l’aventure du fait de l’incompatibilité – qui s’est fait jour durant cette période – de son mandat avec ses activités professionnelles à la tête d’un studio de design. Elle sera remplacée par Gilles Rod. Avec 653 kilos de déchets produits par personne en 2013, le Luxembourg est bien au-delà de la moyenne européenne et, pire, un des plus mauvais élèves de la classe, même s’il en valorise près de la moitié. Concrètement, 35 % de ces déchets sont incinérés, 28 % sont recyclés, 20 % compostés et 17 % mis en décharge. À l’échelle européenne, chaque résident de l’UE a produit en moyenne 481 kilos de déchets, essentiellement ménagers, dont 43 % ont été soit recyclés, soit compostés, selon des chiffres communiqués par Eurostat.

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C’est, en euros, la première estimation donnée par Xavier Bettel du coût de l’organisation du référendum le 7 juin prochain, dont 1 million pour les seuls frais d’organisation avancé par les communes et que l’État devra rembourser.

L’Institut luxembourgeois de régulation a étendu le champ d’application de son comparateur de prix, Calculix, lancé en septembre 2013 : en plus de comparer les prix d’électricité, l’outil compare désormais aussi les prix du gaz naturel (www.calculix.lu). Pas moins de 41 représentants d’entreprises, d’associations et d’organismes publics ont officialisé leur engagement en signant la Charte de la diversité, à l’occasion d’une cérémonie qui s’est tenue en pré-

des « petits » clubs de football, au bénéfice d’un arrêt rendu à la mi-mars en sa faveur par le Tribunal arbitral du sport de Lausanne. Le club était poursuivi par l’équipe portugaise de Vila Real qui lui réclamait quelque 50.000 euros au titre de l’indemnité de formation du joueur Do Carmo da Silva. Le litige portait en fait sur le statut du joueur : les avocats (bénévoles) du CSG, Mes Henri Frank et Lynn Frank, Mes Marc Theisen et Benoît Theisen et Guy Fusenig, ont pu faire valoir que le joueur, dont la

C'est bien plus qu'un but qu'a marqué le CS Grevenmacher devant le Tribunal arbitral du sport à Lausanne.

sence de la ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen, en sa qualité de marraine de la Charte. Le nombre de signataires de la Charte s’élève à présent à 157, ce qui représente 15 % de la masse salariale luxembourgeoise, desquels 76 % appartiennent au secteur privé, 13 % au tissu associatif et 11 % correspondent au secteur public.

rémunération de 300 euros (hors primes de matches unitaires de 90 euros maximum) se limitait aux seuls remboursements de frais de déplacement, était réellement « amateur », et donc non concerné par le mécanisme de compensation de ces indemnités de formation réservé aux seuls professionnels.

La Chambre des députés a mis en ligne fin mars un site internet des plus complets consacré au référendum du 7 juin et au projet de réforme de la Constitution. Disponible en luxembourgeois, en allemand et en français, son objectif est de « faire participer la population à cette démarche de modernisation de notre loi fondamentale », a expliqué Alex Bodry, président de la commission des institutions et de la révision constitutionnelle.

C’est une première en Europe : l’Université du Luxembourg a créé la clinique du droit de la consommation, rattachée au master en droit privé européen et ouverte au public. Il s’agit de proposer un système d’enseignement innovant et plus proche de la pratique, inspiré du modèle américain et adapté au contexte culturel luxembourgeois.

Le CS Grevenmacher (CSG) va peut-être faire avancer la cause

Pour aider la logistique à continuer à se développer avec des salariés qualifiés, le gouvernement, en partenariat avec différents acteurs du secteur, a décidé

de la mise en place d’une formation qui mènera à un diplôme de technicien en logistique. En mode dual, elle se fera en partie à l’école, et en partie sur le terrain, par le biais d’un contrat d’apprentissage. Elle débutera à la prochaine rentrée. Le quatrième trimestre 2014 a vu l’enregistrement d’un nombre record de transactions immobilières, indique le Statec. Un phénomène expliqué par l’anticipation des acheteurs « des changements réglementaires » mis en place depuis le 1er janvier. La hausse a été de 28 % pour les ventes d’appartements existants et de 161 % pour les appartements en construction. Sur cette période, les prix ont augmenté de 5,6 %, ce qui amène la hausse globale pour l’ensemble de l’année à 4,5 %. C’est – peut-être – l’épilogue politique de l’« affaire Miltgen » : le conseil de gouvernement a décidé la nomination de Marc Hansen aux fonctions de secrétaire d’État au Logement, en vue de renforcer la présence du politique au sein d’un ministère où la titulaire du poste, Maggy Nagel, est sortie affaiblie de son bras de fer avec le président du comité directeur du Fonds du logement (voir aussi en page 54).

Marc Hansen est aussi secrétaire d'État au Logement.

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01 Le Grand-Duché

sous la loupe du « G7 »

► Sept des dix premiers du dernier Top 100 Paperjam des décideurs les plus influents du Luxembourg se sont retrouvés pour discuter en toute liberté du Luxembourg, de son présent et de son avenir. ► Une radioscopie sans complaisance, qui passe en revue quelques enjeux majeurs de la prochaine présidence du Conseil de l’Union européenne. ► À l’heure où le pays doit se réinventer pour aller de l’avant, les propositions et les idées ne manquent pas, toutes axées autour de la nécessité de qualité… ― Entretien : Véronique Poujol et Jean-Michel Gaudron ― Photos : Sven Becker

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Ce n’est pas souvent que ce « G7 » de l’économie luxembourgeoise se retrouve pour ce genre de débat.

Pierre Ahlborn « Le degré d’ouverture de l’économie et de la société constitue la base de toute idée de nation branding. Et c’est pour cela qu’il faut une certaine hygiène en matière de règles d’élection. Et dans ce domaine, le Luxembourg peut tout à fait être précurseur. L’image du pays doit mettre en avant cet esprit d’ouver­ ture, ce côté terre d’accueil, mais aussi porte d’entrée de l’Europe pour les groupes internationaux, qu’ils soient européens ou non. C’est une très bonne chose qu’il y ait aussi une discussion un peu plus large au sein de la population. Cela nous ramène à nous poser des questions sur notre identité et ce que nous voulons être à l’avenir. Nous avons aussi la chance de ne pas avoir, ici, de partis d’extrêmes qui seraient contre cette ouverture, alors que d’autres pays, qui ont une proportion de population étrangère bien inférieure à la nôtre, ont ce pro­blème. C’est une grande force qu’il faut mettre en avant dans notre nation branding. »

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Le 10 décembre 2014, le classement du cin­ quième Top 100 Paperjam des décideurs économiques les plus influents au Luxem­ bourg était dévoilé lors d’une soirée de pres­ tige organisée à Luxembourg-Congrès. Plus de 300 personnes ont assisté à la révélation de ce classement établi par un jury indépen­ dant de la rédaction, présidé, pour cette édi­ tion 2014, par Michel Wurth. Sur le podium : Pierre Ahlborn (administra­ teur directeur de la Banque de Luxembourg), Norbert Becker (administrateur indépendant, président, entre autres, de PayPal Europe, de Lombard International Assurance ou encore de CBP Quilvest) et Marc Saluzzi (partner chez PwC et président de l’Association luxembour­ geoise des fonds d’investissement). À l’initiative de Norbert Becker, sept parmi les 10 décideurs classés dans le Top 10 (en réa­ lité 12, car il y avait trois ex aequo à la 10e place, attribuée symboliquement aux CEO des trois banques chinoises établies au Luxembourg) se sont retrouvés autour d’une table pour un déjeuner informel au cours duquel ils ont eu l’occasion d’échanger autour des grands thèmes d’actualité et des défis qui attendent le Grand-Duché. Ce n’est pas souvent que ce « G7 » de l’éco­ nomie luxembourgeoise se retrouve pour ce genre de débat riche en observations perti­ nentes et en pistes à explorer. La rédaction de Paperjam a assisté à ces discussions auxquelles ont participé, outre les trois premiers du classe­ ment du Top 100, Pit Hentgen (président direc­ teur général de Lalux, classé 5e du Top 100), Michèle Detaille (administratrice directrice de No Nail Boxes, 8e), Laurent Schonckert (admi­ nistrateur directeur de Cactus, 9e) et Lihong Zhou (CEO de Bank of China, 10e). « En un siècle, le pays a réussi à se transformer trois fois avec des succès énormes. Nous sommes de nouveau à un croisement où nous devrons nous réinventer et j’ai pleine confiance que nous allons y parvenir », indique Norbert Becker, qui aimerait que la présidence du

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Norbert Becker « C’est le propre des petites nations de se flageller quand les choses ne vont pas bien. Mais il y a tellement de choses qui fonctionnent merveilleusement bien au Luxembourg, il ne faut pas les négliger ! En matière d’intégration, par exemple : quand on regarde la population de la Ville de Luxembourg, où plus de 100 nationalités cohabitent dans un climat de parfaite cohésion. J’ai davantage d’amis non luxembourgeois que de luxembourgeois. La plupart sont de toute façon devenus luxembourgeois par le cœur. En un siècle, le pays a réussi à se transformer trois fois avec des succès énormes. Nous sommes de nouveau à un croisement où nous devrons nous réinventer et j’ai pleine confiance que nous allons y parvenir. Il n’en reste pas moins vrai que je considère comme un déni de démocratie le fait que près de la moitié de la population qui vit au Luxembourg ne peut pas s’engager dans le dialogue politique. » Conseil de l’Union européenne (au second semestre 2015) soit l’occasion, pour le Luxem­­ bourg, de mettre à l’ordre du jour certains sujets porteurs. Avec un exemple très précis pour illustrer son propos : « Les moyennes entreprises, par exemple, n’ont pas accès à un marché de capitaux européens. Pourquoi ne pas l’organiser ? Et pourquoi le Luxembourg ne pourrait-il pas être la Bourse pour que ces moyennes entreprises se fassent coter ? On pourrait profiter de la présidence pour faire valoir l’une ou l’autre idée. » Cette présidence à venir n’est pas perçue de la même façon par tout le monde. « Nous n’en attendons rien de particulier », explique ainsi Lihong Zhou, qui ne pense pas que ce semestre va contribuer différemment au ren­ forcement des relations entre la Chine et l’Eu­ rope, via le Grand-Duché. « Elles existent déjà de manière très forte. » De son côté, Marc Saluzzi espère que les instances européennes vont un peu oublier le secteur des fonds d’investissement, parti­ culièrement sollicités ces derniers mois – voire dernières années – par une vague réglemen­ taire et législative sans précédent. Ce qui ne l’empêche évidemment pas d’espérer le suc­ cès de cette présidence. « C’est important, car le Luxembourg n’a pas été présent positivement dans la presse ces derniers temps, constate-t-il. Avec le changement à la tête de la Commission et l’annonce du Plan Juncker d’investissements, je sens un élan positif. Une présidence réussie peut remettre le Luxembourg en selle dans un certain nombre de dossiers. Cela peut créer une dynamique intéressante. » Dynamique internationale d’un côté, mais immobilisme national de l’autre : la crainte de voir la politique intérieure tourner au ralenti fait aussi partie des préoccupations de certains décideurs de la Place. « Il est certain qu’entre la présidence et sa préparation, certains dossiers ne vont pas avancer beaucoup, indique Pit Hentgen. Nous avons probable­ment un peu à perdre, mais c’est comme ça. On ne

Dynamique internationale, mais aussi crainte d'un immobilisme national.

8 Michèle Detaille « Il existe un label made in Luxembourg qui mériterait d’avoir encore davantage de substance. Il faudrait notamment qu’il puisse s’inscrire dans une démarche de mise en œuvre de toute une série de processus qui pourrait faire avancer le pays. Quand je pense à la Suisse, par exemple, je pense à la qualité et je sais ce que c’est. Au Luxembourg, on a déjà le savoir-faire technique. Mais il y a des éléments qui ne font pas partie du cœur de métier et que les PME ne maîtrisent pas forcément, dans les domaines administratifs, juridiques ou certaines tâches répétitives sans réelle valeur ajoutée. Si on pouvait élever certains standards de qualité de certaines PME, ces sociétés arriveraient alors à davantage de régularité, gagneraient plus d’argent, seraient pérennes et contribueraient à développer encore davantage ce savoir-faire qui existe déjà. »

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Pit Hentgen « L’utilisation des langues est évidemment toujours un sujet crucial. Dans notre société, nous incitons les non-Luxembourgeois à suivre des cours afin d’atteindre un certain niveau. La langue luxembourgeoise est la langue majoritaire dans nos réunions. Je remarque par ailleurs que nous n’avons que très peu de non-Luxembourgeois qui ont travaillé ailleurs qu’au Luxembourg. Ainsi, la mentalité est surtout déterminée par l’expérience nationale et je ne peux que constater que les non-Luxembourgeois qui ont fait toute leur carrière ici ont, au final, la même mentalité que nous. J’ai même le sentiment que c’est plus difficile pour eux, ensuite, quand ils rentrent le soir dans leur pays, vis-à-vis de leurs voisins qui, eux, sont restés travailler sur place. Ils ne sont plus dans le même monde. »

5 3 Le présidence du Conseil de l'Union européenne : une trop belle occasion !

Marc Saluzzi « Nous avons appris, chez nous, à être paranoïaques. Quand on est petits, il faut l’être ! Savoir penser au pire, avoir un souci de l’urgence absolue. Contrairement à un grand pays, qui peut prendre parfois de mauvaises décisions sans de trop graves conséquences, un petit pays n’a pas le droit à l’erreur, car le facteur d’accélération est énorme. Il faut sans cesse être sur le qui-vive. Or, je ne ressens plus actuellement ce sentiment d’urgence, de paranoïa positive : on a perdu du temps et on ne réagit plus comme on était capable de le faire il y a quelques années. Et ça, ça me fait peur. En outre, nous vivons actuellement une période d’accélération invraisemblable sur toute une série de sujets et nous sommes en train de toucher la limite de ce que l’administration est capable d’absorber dans des délais raisonnables. On sait qu’il y a une retenue naturelle à ne pas vouloir trop investir dans la fonction publique, mais cela commence à jouer contre nous. » 040 ―

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peut rien y faire. » À cela s’ajoute, hasard du calendrier, le récent changement de direction à la tête du Commissariat aux assurances, avec le départ en retraite de Victor Rod, fin 2014, remplacé par Claude Wirion. Pierre Ahlborn, lui aussi, constate qu’en dépit d’un certain nombre de dossiers ouverts destinés à faire avancer le pays, « l’appareil administratif a du mal à suivre. Est-ce lié à la présidence ou à une discussion plus générale sur le dimensionnement des ministères ? Les deux sont forcément liés et la présidence ne va certainement pas accélérer le processus législatif et les réformes menées par ailleurs ». Le second semestre qui se profile va éga­ lement être un moment charnière dans la démar­che nation branding engagée par le Luxembourg. Les yeux européens seront en grande partie tournés vers le Grand-Duché pendant six mois. L’occasion est trop belle, même si dans les milieux que l’on qualifie « d’autorisés », le Luxembourg jouit générale­ ment d’une très bonne réputation. « Nous sommes toujours ébahis de voir à quel point nous sommes bien accueillis, respectés, voire enviés, constate Marc Saluzzi, au fil des mis­ sions de promotion et autres roadshows menés avec l’Alfi. Dans la mesure où nous allons devoir vendre le Luxembourg sur une base légèrement différente les prochaines années, nous devons approfondir ce besoin de promotion et cette envie que nous devons avoir d’aller expliquer comment on fait les choses et pourquoi on les fait bien. » C’est ce que Michèle Detaille résume dans un laconique : « Au Luxembourg, on a le savoir-faire, mais on n’a pas le faire-savoir. Tout ce qu’on sait faire, on ne le dit pas », constate-telle, regrettant que le label existant made in Luxembourg, très honorable en tant que tel, ne soit pas encore plus fortement empreint d’une substance « qui lui permettrait de s’inscrire dans une démarche de mise en œuvre de toute une série de processus qui pourrait faire avancer le pays. Parallèlement, il y a des sources de productivité qu’on ne s’imagine pas dans

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Laurent Schonckert « Nous sommes tous les jours confrontés à la problématique de l’intégration des non-Luxembourgeois dans notre groupe, où nous avons des salariés de 40 nationalités différentes qui travaillent chaque jour côte à côte pour le bienêtre de la société. Les deux tiers de ceux qui travaillent chez nous ne sont pas luxembourgeois et 30 % de nos effectifs sont constitués par des non-résidents étrangers. Sans toutes ces personnes, nous ne pourrions en aucun cas assumer notre rôle dans la distribution au Grand-Duché. En dehors de toute considération au sujet des règles qu’il convient de préciser, je suis évidemment pour le droit de vote des résidents étrangers. Mais je remar­ que que le sujet défie parfois toute logique, quand on voit que dans un récent sondage, au sujet des intentions de vote, il avait été indiqué que 40 % des étran­ gers pourraient voter CSV. Cela peut paraître surprenant quand on sait que le parti chrétien-social est justement réticent à ce droit de vote aux étrangers. »

9 l’administration de ce pays, mais il faudrait qu’elle soit aidée par des gens de terrain pour gagner en efficacité et en argent ! » « Si nous avions une vision à définir, ce serait Luxembourg en tant que Place de qualité, complète M. Becker. La nation peut être fière de ce qu’elle fait et ne doit pas avoir de complexe d’infériorité. Mais cela implique un changement fondamental de l’administration. Sans compter qu’à Bruxelles, lorsque la délégation française débarque avec 20 énarques, nous n’avons à leur opposer que deux fonctionnaires ayant 28 ans de moyenne d’âge… Nous sommes sous-représentés à Bruxelles et c’est réellement problématique, car c’est là que ça se joue. » Une approche que Marc Saluzzi complète par une image forte : celle du Luxembourg comme « l’autre chez soi ». « Ce n’est pas la première maison de beaucoup de gens, mais ça devient de plus en plus cette autre maison. Il y a un réel aspect sécurisant derrière ce slogan. » C’est sans doute aussi pour cela que majoritairement, devant le « déni de démocratie » (dixit Norbert Becker) que représente la situation politico-démographique du Luxembourg (où la moitié de la population résidente n’a pas le droit de vote), la question d’accorder le droit de vote des étrangers ne se pose même pas. « Nous sommes tous les jours confrontés à la problématique de l’intégration des non-Luxembourgeois dans notre groupe, où 30 % de nos effectifs sont constitués par des non-résidents étrangers. En dehors de toute considération au sujet des règles qu’il convient de préciser, je suis évidemment pour le droit de vote des résidents étrangers », note Laurent Schonckert. Une position qu’il sera évidemment intéressant de mesurer à l’aune des résultats du 7 juin. L’occasion, qui sait, d’organiser une nouvelle rencontre entre les décideurs classés dans le Top 10. ◄ En résumé Sept des 10 décideurs économiques les plus influents du Luxembourg en 2014 se sont réunis à l’occasion d’un déjeuner informel, où ils ont pu laisser libre cours à leurs observations et leurs avis sur le présent et l’avenir du Luxembourg. Paperjam a assisté à ces échanges.

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Le 7 juin, une date clé.

Lihong Zhou « J’ai vraiment une très grande confiance dans ce pays. Lorsque je suis arrivée, je pensais ne rester que trois ans. Puis au bout de trois ans, trois années supplé­ mentaires. Cela fait désormais trois fois trois ans que je suis au Luxembourg et je m’y sens très bien. Je me rappelle que lorsque je suis arrivée, j’ai participé à une mission économique à Bruxelles. J’ai rencontré quelqu’un qui travaillait au Luxembourg pour les institutions européennes. Il me disait qu’il était là depuis 14 ans et qu’il n’avait aucun ami luxembourgeois. Il m’avait mis en garde devant la difficulté de nouer des liens avec les Luxembourgeois. Pourtant, je suis venue ici et je me suis fait des amis ! Et je sais que si j’ai des soucis, je peux les appeler. C’est une grande impression. Les Luxembourgeois sont peut-être timides au départ pour communiquer : si vous ne voulez pas parler en premier, ils n’iront pas forcément vers vous. Mais sincèrement, ce sont des gens très amicaux et gentils. »

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Économie & Politique Succession à l'ILR

02 Paul Schuh droit dans ses bottes

► Le directeur de l’Institut luxembourgeois de régulation prend sa retraite à la fin du mois d’avril, après quatre années de services. ► Il défend la justesse des décisions prises, en dépit des contestations émanant de certains acteurs qui sont sous sa surveillance. ► Avec des moyens humains adaptés au fil du temps, il laisse à son successeur un ILR armé pour remplir ses missions en toute autonomie. ― Texte : Jean-Michel Gaudron ― Photo : Jessica Theis

Pour ses dernières semaines en tant que directeur général de l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR), Paul Schuh aurait sans doute espéré un peu plus de tranquillité. L’actualité judiciaire en a décidé autrement, puisque le tribunal administratif a rendu coup sur coup, en mars, deux décisions annulant les tarifs de terminaison d’appels mobiles qui avaient été imposés à 0,98 centime d’euro par minute (contre 8,80 centimes, précédemment) par l’ILR en février 2014. Ces décisions n’ont pas manqué de surprendre celui qui, au 1er mai, sera officiellement en retraite, laissant la place à Luc Tapella. « Nous n’avons pas bien compris pourquoi le juge s’est prononcé en faveur d’un benchmark ne tenant compte que de nos trois pays voisins (Belgique, Allemagne et France, ndlr). Nous avions, pour notre part, basé notre évaluation sur un calcul moyen établi pour sept marchés. On nous reproche une ‘erreur d’appréciation’, car les réseaux de ces sept pays ne sont pas similaires avec le réseau luxembourgeois. Mais en quoi les trois réseaux voisins le sont-ils ? » Selon toute vraisemblance, l’ILR fera appel. Bien plus que pour le principe. « Ne serait-ce que parce que l’argumentation avancée par le tri­bunal administratif nous semble farfelue », précise M. Schuh. Car dans les faits, un nouveau règlement a été publié, fixant la tarification de ces terminaisons mobiles (MTR, mobile termination rates) à… 0,97 centime d’euro. Un calcul établi, cette fois, selon la méthode du modèle des coûts. « Nous n’avons peut-être pas suffisamment développé l’argumentaire expliquant que le réseau en tant que tel n’a rien à faire avec les tarifications des terminaisons mobiles et qu’il n’existe donc pas de spécificité luxembourgeoise pour ces tarifications », précise M. Schuh, qui

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▲ Paul Schuh : « Je laisse une ambiance et un climat de travail excellents. »

s’attend à ce qu’il y ait de nouveau des recours déposés par les opérateurs avec cette nouvelle tarification. « Cela fait partie du jeu. » Les opérateurs, eux, se posent la question de la rétroactivité des paiements concernés. Du reste, ce n’est pas la première fois (et sans doute pas la dernière) qu’un litige oppose l’un ou l’autre opérateur avec l’institut qui a en charge la régulation. Ainsi, il y a un an, le Groupement des transporteurs avait déposé deux recours auprès du tribunal admi­nistratif, mettant en question la hausse de la taxe prélevée par le régulateur pour la surveillance du secteur postal, dénonçant au passage une

transposition arbitraire de la réglementation européenne. Le tribunal administratif l’a, par deux fois, débouté. Directeur général de l’ILR, c’est donc loin d’être une sinécure. Paul Schuh le savait déjà quand il prit ses fonctions en 2011, puisqu’il avait déjà occupé, entre 2000 et 2006, un siège au conseil d’administration. Cela ne fut d’ailleurs pas, au commencement, sans lui poser quelques problèmes puisque, parallèlement, il occupait (depuis sa création en 1993) la présidence du conseil d’administration de l’Entreprise des P&T ! Un mandat qu’il dut donc se résoudre à abandonner en 2000.

RECRUTEMENTS POINTUS À son arrivée, l’ILR comptait 41 collaborateurs. Il est aujourd’hui à pratiquement 60. Et l’augmentation n’a pas été que quantitative. « Lorsque je suis arrivé, j’ai surtout essayé de recruter des spécialistes et je crois que j’ai réussi. Par exemple, un ingénieur spécialisé en satellites est sur le point de nous rejoindre. Ce serait alors le troisième de niveau doctorat

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Économie & Politique Succession à l'ILR que nous engagerions. Nous avons maintenant le savoir-faire en interne, et nous n’avons plus besoin de consultants pour traiter certains dossiers. » L’allusion n’est pas anodine. Car si l’ILR s’est longtemps « cherché » – au point de s’attirer les foudres de la Commission européenne, fin 2013, elle avait adressé un avis motivé au Luxembourg en raison de son retard dans la mise en œuvre d’un cadre réglementaire datant de 2009 – c’est aussi pour des raisons autant liées à ses ressources humaines qu’à son organisation initiale. « Nous sommes totalement à jour aujourd’hui, précise M. Schuh. Mais nous ne l’étions pas au moment du dépôt de l’avis. Cela s’est joué à quelques mois. Mais il y a d’autres régulateurs en Europe qui ont des retards plus importants. » Et d’expliquer, que tout au début, l’institut travaillait avec des consultants, que certains dossiers ont pu traîner en raison de « batailles » entre eux. « Et ce sont eux qui, au final, nous disaient quoi faire et combien ça allait nous coûter. Désormais, nous n’avons plus affaire à eux que de manière très ponctuelle. Et dans ce cas, nous savons parfaitement ce que nous devons leur demander de faire. »

DU TRAVAIL POUR SON SUCCESSEUR À l’heure de quitter ses fonctions, Paul Schuh ne revendique pas de fierté ou de satisfaction particulière, si ce n’est celle d’avoir su établir et entretenir « de très bonnes relations avec pratiquement tout le monde ici » et de partir « en laissant une ambiance et un climat de tra-

vail excellents ». Quant à ses relations avec les acteurs du marché, il reconnaît avoir peut-être été un peu plus « sec » et moins consensuel que son prédécesseur, Odette Wagener. Il n’aura donc pas l’occasion de plancher sur un des sujets cruciaux du moment : celui de l’avenir même de l’ILR et de son statut, alors que le gouvernement a annoncé, dans son programme, vouloir considérer et étudier un rapprochement entre l’institut et le Conseil de la concurrence, « afin de pouvoir mettre à profit les compétences de ces deux autorités indépendantes ». Une démarche qui n’est pas aussi simple sur le terrain, même si les deux parties travaillent déjà conjointement sur certains dossiers, puisque dans le cadre des analyses de marché réalisées par l’ILR, un avis du Conseil de la concurrence est indispensable. Intéressant sur le principe, ce « rapprochement » est cependant loin d’être une évidence dans le concret, ne serait-ce qu’en raison du statut différent des deux entités : l’ILR est un établissement public indépendant, financé par les sociétés qui sont sous sa surveillance, tandis que le Conseil de la concurrence est une autorité administrative indépendante, dont le budget est fixé par l’État. Ce sera là assurément un des dossiers majeurs à attendre Luc Tapella, qui prendra ses fonctions début mai. ◄ En résumé Après quatre ans passés à la tête de l’Institut luxembourgeois de régulation, Paul Schuh prend sa retraite fin avril. Il revient sur l’évolution de l’action de l’ILR ces dernières années et sur les défis qui attendent son successeur.

À propos… … du projet de loi sur la gouvernance de l’Entreprise des P&T : « C’est une évolution logique dans le management, mais c’est un retour en arrière, car l’entreprise continue de conserver tous les métiers sous un même toit et ça, je ne le comprends pas. Il n’y a plus vraiment de synergies entre le métier de postier et celui de telecom provider. » … de la notion de service universel dans le secteur postal : « Sans doute faudra-t-il dans le futur la modifier à l’échelle européenne. Cela ne fait plus vraiment de sens d’envoyer un facteur chaque matin pendant cinq jours par semaine devant une boîte aux lettres pour voir s’il y a quelque chose à mettre dedans. » … du projet de rapprochement entre l’ILR et le Conseil de la concurrence voulu par le gouvernement : « Cela fait du sens ! Mais il faudra tout repenser depuis le début, notamment pour ce qui est du financement. Il ne suffira pas de mettre les deux institutions ensemble et de dire ‘débrouillez-vous’. » … des prix élevés de certaines offres télécoms : « Ce qui revient cher, c’est la partie génie civil, avec l’enterrement des fibres. Certaines règles techniques, à mon avis, ne font pas de sens, comme celle de devoir creuser si profondément (80 cm) pour enterrer un câble. Je suis très curieux de voir comment ils vont se débrouiller avec le chantier Aldringen. » … de son successeur : « Je n’ai pas de conseils à lui donner. Il connaît bien le sujet et la maison (lire l'encadré). Je ne suis pas de ceux qui veulent que l’avenir ressemble à ce qu’ils désirent. Place aux jeunes ! »

Il entre en fonction le 1er mai

Luc Tapella, le connu dans la maison

La succession de Paul Schuh sera assurée, à compter du 1er mai, par Luc Tapella, qui occupe actuellement les fonctions de directeur financier et administratif chez Wagner Management, la société qui gère l’ensemble du groupe Wagner, soit une cinquantaine de sociétés. Âgé de 46 ans, M. Tapella arrive néanmoins en terrain connu, puisqu’il a, précédemment, travaillé pendant cinq années en tant qu’économiste au sein de l’ILR. « Je me suis occupé, directement en relation avec la direction, des volets économiques tous secteurs, explique-t-il. Mais je me suis plus spécifiquement occupé du secteur postal. J’ai aussi travaillé sur le projet de déménagement de l’institut. » Un changement d’adresse (de l’allée Scheffer à la rue du Fossé, où l’ILR a pris possession de la maison de Raville). « Bien sûr, je connais une grande partie des personnes. C’est forcément un atout, mais c’est aussi à double tranchant, car sans doute leurs attentes seront-elles d’autant plus grandes. » Commencée au sein du cabinet Coopers & Lybrand, la déjà riche carrière de Luc Tapella l’a ensuite conduit à la BCEE, pendant trois ans, puis chez SES où il a, pendant six ans, occupé diverses fonctions chez Astra, puis Satlynx où il fut le bras droit du directeur général. « J’ai toujours travaillé dans le domaine des finances et de la gestion de projets et de personnes et j’ai toujours eu la chance de rencontrer des gens intéressants. Et je suis impatient de pouvoir commencer ce nouveau défi », explique l’intéressé, pour qui la candidature à ces nouvelles fonctions est loin d’avoir été une promenade de santé. « Je n’ai jamais passé autant de tests et d’entretiens avant une embauche. Sans doute la volonté était-elle d’être sûr de trouver la bonne personne. À moi de prouver que c’est bel et bien le cas. » J.-M. G. ◄

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Économie & Politique Research & technology organisations

Capitale européenne de la recherche ► Luxembourg accueille fin avril une première : une conférence commune des deux organisations européennes pour les RTO et la recherche industrielle. ► Coordonné par le tout frais Luxembourg Institute of Science and Technology, l’événement met en vitrine une série d’atouts du pays, à un moment charnière. ― Texte : Alain Ducat

L’appellation research & techno­ logy organisation devient incontournable dans le monde de la recherche, qui se trouve un second souffle dans l’alliance de l’académisme et de la matérialisation industrielle, notamment. Les RTO européens ont leur association : Earto. Celle-ci a une demi-sœur, l’European Industrial Research Management Association (Eirma) qui se focalise davantage sur les centres issus des entreprises. Pour la première fois, elles tiendront leur conférence annuelle de concert. Et ce sera à Luxembourg. Les 28 et 29 avril, Luxembourg, après Dubrovnik et Vienne ces dernières années, sera donc la capitale européenne de la recher­ che, celle qui s’applique, qui joue la carte des synergies, de l’efficacité et du dynamisme. C’est la vitrine que souhaite montrer le List (Luxembourg Institute of Science & Techno­ logy), né de la fusion des centres de recherche publics, organisateur de l’événement et premier RTO d’un pays qui entend capitaliser sur sa recherche. « Le Luxem­ bourg a une position singulière dans le domaine, observe Marc Lemmer, chief strategy & inno­va­ tion officer du List. Nous avons la plus jeune université d’Europe, un environnement très dynami­ que, une volonté manifeste d’inves­ tir. » Secteurs public et privé ayant tout à gagner à s’entraider,

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la logique des États rejoignant celle de l’Union en la matière, le Luxembourg cumulait les atouts. « L’idée d’organiser cet événement d’envergure pour la première fois ici est partie il y a deux ans environ, poursuit le Dr Lemmer. Le processus de

Le List aurait aimé organiser l’événement à Belval où est sa maison. L’Alvisse Parc Hotel rassemblera le gratin de la recherche européenne. ▼

fusion des CRP était en cours. On voulait faire connaître et voir émerger la logique des RTO. Nous avons pressenti que 2015, avec la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE, serait un moment charnière. » Confirmé entretemps par l’avènement de JeanClaude Juncker à la tête d’une Commission qui entend aussi promouvoir l’investissement. De fait, le « lobby » européen de la recherche, rôle assumé par l’Earto notamment, entend bien suivre le plan Juncker pour vérifier, par exemple, que les crédits « innovation et recherche », suivant les mécanismes budgétaires, vont bien au bon endroit. Alors, placer l’événement à Luxembourg revêtait un sens évident. Une sorte d’alignement de planètes favorable qui amène des sujets de réflexion fonda­ men­taux, comme celui des infra­ structures de recherche partagées, en tant que vecteur important de l’innovation. Unir, à côté de leurs assemblées respectives, les centres de recherche et les laboratoires industriels, revient un peu à amener le débat direct entre les « fournisseurs » et les « clients ». Pour le List, l’événement tombe aussi à point nommé, comme pour saluer sa première grande sortie de RTO dans le

concert étoilé. Et pour saluer, aussi, l’arrivée de son nouveau CEO, l’Irlandais Gabriel Crean, en provenance du CEA Tech en France, qui fut le premier RTO en Europe (avec trois instituts de recherche de classe mondiale en micro-nanotechnologies, en nouvelles technologies pour l’énergie et en technologies de l’information). Tout au plus peuton presque regretter, au List, de ne pas avoir pu organiser cette première à Belval, près de cette Maison de l’innovation qui est la sienne désormais. « L’environnement de la recherche a changé et les enjeux sont énormes, détaille Marc Lemmer qui, via l’ex-CRP Tudor, avait déjà un pied dans Earto. La logique de RTO est encore méconnue mais les ponts entre aca­démie et industrie sont là, avec des partenariats publicprivé, une accélération de pro­ cessus de marché, la vitalité des transferts de technologies. » Or, dans une Europe qui cherche à se réindustrialiser mais qui doit investir pour y arriver (cela repré­sente 7 % du PIB au GrandDuché), le projet List a un côté transposable. « Il y a encore des business models différents. Mais industrie et recherche publique créent ensemble des cercles ver­ tueux. On jette un pont au-dessus de la Death Valley ! » Parmi les congressistes (quelque 250 personnes attendues pour les conférences d’envergure internationale), beaucoup d’acteurs luxembourgeois vont découvrir les associations européennes (seules quelques grandes entreprises, comme ArcelorMittal ou Goodyear, sont déjà impliquées dans Eirma). L’heure sera effectivement aux passerelles. Et même les atouts d’un Luxembourg touristique et orienté sur les événements d’ampleur gagneront à se faire connaître dans cette quête. ◄ En résumé Les 28 et 29 avril, Luxembourg sera la capitale européenne de la recherche. Dans une logique d’investissement de l’Union, de positionnement du Grand-Duché, de développement des RTO et des synergies en faveur de l’économie, l’événement bénéficiera d’un alignement de circonstances favorables à la mise en vitrine du pays. http://earto-eirmaluxembourg2015.eu/

PHOTO : GAËL LESURE (ARCHIVES PAPERJAM)

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Économie & Politique Cluster ICT

04 Booster et vendre à l’étranger ► Sous la présidence de Xavier Buck, incontournable du secteur au GrandDuché, l’ICT Cluster va concentrer son énergie sur le soutien aux start-up, nouvel axe prioritaire. ► Initiative publique issue de Luxinnovation, apôtre de la mixité avec le privé, le cluster veut aussi faire rayonner le savoir-faire présent dans le pays, notamment grâce à un mapping détaillé des compétences de ses membres. ― Texte : Florence Thibaut ― Photos : Jessica Theis

Xavier Buck veut un cluster qui apporte du neuf et de l’utile sur le terrain : « On va se concentrer sur ce qui amène de la valeur. »

Fondé en 2002 dans la mouvance de la stratégie « cluster » du gouvernement, l’ICT Cluster compte aujourd’hui 100 membres, dont la BCE, SES Astra ou Telindus. D’ici la fin 2015, ce chiffre devrait passer la barre des 150, c’est en tout cas le souhait de son président, qui a débuté sa mission en mai dernier. « C’est ce mix privé / public qui est intéressant et qui fait notre force, observe Xavier Buck, figure de proue entrepreneuriale du secteur. Nous allons élargir le spectre pour proposer une vue plus globale à nos membres. L’IT devenant de plus en plus centrale dans de nombreux métiers, y compris dans les sociétés plus traditionnelles, nous voulons attirer des fonds, des start-up, des incubateurs ou des accélérateurs, des banques… C’est essentiel pour contribuer à construire un vrai écosystème. J’ai consacré les premiers mois de mon mandat à rencon­trer les uns et les autres. Je commence à présent à avoir une vue claire sur la stratégie à adopter. » Si les tentatives pour promouvoir le Luxembourg des technologies et du numérique ne manquent pas, qu’il s’agisse de la stratégie Digital Lëtzebuerg ou d’ICTluxembourg, qui regroupe elle-même des acteurs tels que Fedil-ICT ou l’Apsi, pour Jean-Paul Hengen, responsable du volet ICT pour Luxinnovation et en charge de l’ICT Cluster, chacun a bien sa raison d’être.

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Économie & Politique Cluster ICT « Nous ambitionnons de donner du sup­ port à nos membres, mais aussi à l’économie. Notre positionnement est d’être un lien entre recher­che et ministères ou entre public et privé. Nous voulons être le nombril. Toutes les démar­ches qui existent sont complémentaires, même s’il y a des croisements et des recoupements potentiels. On a besoin les uns des autres. »

SE (FAIRE) CONNAÎTRE POUR INTERAGIR Réaliser une cartographie précise des com­ pétences présentes au sein du cluster fait partie des chantiers au programme de cette année. « C’est un exercice qui servira aux entre­ prises. En connaissant leurs points forts respectifs, elles pourront mieux inter­agir entre elles. Il faut absolument casser la muraille qui existe entre le monde du public et les acteurs privés. On veut plus de mélange, ce type de map­ping peut y contribuer », pour­ suit Xavier Buck. Divisé en plusieurs catégories, le catalogue sera réalisé par Jean-Paul Hengen via des entretiens avec les adhérents. In fine, ce docu­ment de travail permettra une meilleure visibilité sur l’arsenal de services proposés. « L’ICT est un facilitateur, c’est dans cette optique que nous voulons travailler. C’est un champ d’activité de plus en plus trans­versal, il suffit de regarder l’industrie automotive ou le secteur de la santé pour s’en convaincre. Cette base de données nous permettra de mieux vendre le secteur à l’étranger. » Dans ses devoirs pour 2015, le cluster va également renforcer sa communication externe et interne, notamment grâce à la refonte prochaine de son site web, qui sera plus détaillé et user friendly. Plateforme de rencontre, le cluster veut encore davantage clarifier les rôles de chacun. Et Xavier Buck de poursuivre : « Nous n’allons plus organiser des événements pour le principe d’en faire, mais plutôt relayer les projets existants et les contenus qui nous semblent intéressants. Notre rôle peut être celui de relais. Quand nous proposerons une conférence, ce sera pour aborder un angle novateur. Notre cri­ tère : apporter quelque chose de neuf et d’utile sur le terrain à nos membres. On va se concentrer sur ce qui amène de la valeur. Nous allons également renforcer notre présence sur les réseaux sociaux dans l’idée de créer une communauté active. Quatre ou cinq modérateurs seront chargés de publier du contenu pertinent et relayer les événements intéressants au Luxembourg et ailleurs. » Le 31 mars, le cluster, également partenaire officiel du nouvel espace de travail collaboratif Nyuko, était présent lors du pitching contest organisé par Docler. « 17 start-up qui s’affrontent, dont certaines d’envergure internationale, pour un premier prix de 50.000 euros. Soutenir ce type de projet est essentiel, poursuit Xavier Buck. Notre démarche est terre à terre. Notre plus-value en tant que groupe d’intérêt est moins sur

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l’aspect réglementaire que de proposer des conseils pratiques. Nous ne voulons pas faire du lobbying dans les hautes sphères à Bruxelles, mais bien être ancrés ici pour favo­ riser les échanges. C’est là où nous pouvons être les plus utiles. »

RÉGULER DEPUIS LUXEMBOURG Dotées de besoins particuliers, notamment en matière de financement, les start-up se nourrissent encore plus de rencontres et de conseils avisés. « La Place a besoin de talents, de geeks, de nouvelles compétences, de produits inédits ou de niches. Il faut les attirer, et pas seulement de Metz ou Trèves », affirme Jean-Paul Hengen. Pour ce faire, dif­férents partenariats se nouent avec des incubateurs étrangers. « Paradoxalement, plus on va loin, plus cela fonctionne. Pour nos partenaires néo-zélandais ou sud-africains, le Luxembourg est une bonne porte d’entrée en Europe. À Londres ou aux ÉtatsUnis, l’in­térêt est plus limité », embraie Xavier Buck. Dans cette optique, le président défend le cluster à travers ses autres activités. « J’ai toujours la casquette Luxembourg avec moi », plaide-t-il. Parmi les atouts mis en avant, le fameux multilinguisme est prisé des start-up qui veulent souvent vendre leurs services au monde entier. Il y a aussi l’infrastructure performante, la connectivité, les data centers (tant en matière de latence que de qualité), une fiscalité attractive, la flexibilité du cadre réglementaire, en plus du traditionnel positionnement géographique stratégique. Pour réussir à faire du Grand-Duché un nid à start-up et concurrencer des Places comme Londres, plusieurs blocages devront être levés. « Un des points essentiels serait de permettre à ces acteurs de domicilier leur société dans un espace de travail partagé. Aujourd’hui, ils doivent disposer de leur propre adresse et d’un nombre de mètres carrés minimum, ce qui constitue une bar­ rière financière conséquente. Dans le domaine des FinTech, il faudra trouver le bon statut pour leur permettre d’être régulés dans toute l’Europe depuis Luxembourg. » L’obligation de détenir un diplôme constitue un autre obstacle important. « Pour créer une application, ce ne sont pas les études qui feront la différence ! S’il s’agit d’un diplôme étranger, il faut le faire homologuer, etc. Par définition, une start-up n’a pas le temps. Enfin, il est urgent de développer plus de possibilités de financement, de VC ou de réseaux de business angels. Il y a quelques initiatives éparses, mais cela ne bouge pas assez vite. C’est, d’ailleurs, une de nos missions au sein du groupe de travail Digital Lëtzebuerg », conclut Xavier Buck. ◄ En résumé Initiative soutenue par Luxinnovation, l’ICT Cluster veut davantage s’orienter vers les start-up. Parmi les objectifs de son nouveau président : favoriser des événements pointus et nouer encore plus de partenariats clés.

Réseaux

Casser les silos

Pour Xavier Schaeffer, CEO de Zap depuis un an et membre potentiel du cluster, l’intérêt est de pouvoir bénéficier d’un carnet d’adresses étendu et diversifié.

« En charge du développement de la société et de sa capitalisation, je fais pas mal de networking en ce moment. Il faut nous faire connaître, séduire et être là. Le cluster peut être une bonne plateforme de rencontre, surtout qu’il rassemble plusieurs pans de l’ICT, de la sécurité au software jusqu’au stockage, mais compte aussi des acteurs issus du monde scientifique. Dans de nombreuses initiatives, le public et le privé fonctionnent en silos. Je pense que ce cluster a une carte à jouer pour casser ces barrières et créer des ponts d’affaire. » Xavier Schaeffer recherche avant tout un délivrable concret, une rapidité de prise de contact et une souplesse dans l’affiliation. « Comme nous sommes une petite structure, je ne pourrai pas être partout à la fois. J’étudie différentes initiatives, dont l’ICT Cluster, mais aussi la Fedil-ICT, réputée pour rassembler les poids lourds du secteur. S’y retrouver dans toutes ces initiatives n’est pas chose aisée. Je cherche avant tout un membership flexible, riche en contacts et qui ne demande pas trop de contraintes. Ce qui m’intéresse dans l’ICT Cluster, c’est son approche hands on et son côté pragmatique, qui se reflètent aussi dans la personnalité de son nouveau président. » Pour une société comme Zap, qui souhaite se réinventer et a besoin de fonds frais, avoir un coup de pouce pour y voir clair dans les possibilités de financement alternatif ou d’aides publiques serait précieux. « En phase de transformation, Zap est, en quelque sorte, redevenue une start-up. Ayant déjà pu bénéficier des aides majeures lors de notre création il y a huit ans, le financement est un vrai problème. Il nous manque un guichet unique qui recense toutes les subventions, les nouveaux modes de crédit ou de venture capital. » F. T. ◄

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Économie & Politique Mission économique

05 Retour vers le Maghreb ► Une mission économique se rend au Maroc et en Tunisie du 27 au 30 avril. ► Quatre ans après le Printemps arabe, la Tunisie espère voir revenir les investissements étrangers. ► Au Maroc, des secteurs importants peuvent apporter des opportunités pour les entrepreneurs luxembourgeois.

Après quatre ans d’absence, le Luxembourg reprend la route du Maghreb. Une délégation économique, emmenée par le Grand-Duc héritier, s’envolera du 27 au 30 avril à destination du Maroc et de la Tunisie. Elle fera halte à Casablanca et à Tunis, avec pour principal objectif de repérer des opportunités dans les nouvelles technologies et écotechnologies. Un peu plus de quatre ans après le début de la vague des Printemps arabes, qui avait démarré en Tunisie, ces deux pays sont sur la voie du redressement économique et de nombreuses collaborations peuvent être envisagées. « On sent l’espoir partout, chez les hommes d’affaires, les fonctionnaires, dans la rue… Nous y allons à un moment clé », note Daniel Sahr, conseiller en Affaires internationales auprès de la Chambre de commerce, qui organise la mission. Première étape : le Maroc. L’État chérifien n’a pas connu de soulèvement de la rue mais poursuit un processus d’évolution entamé au milieu des années 90. « Mon pays se modernise et se démocratise. Ce n’est pas pour ça que tout va bien, mais on y travaille », a expliqué Samir Addahre, ambassadeur du Maroc au Luxembourg, au cours d’un séminaire de présentation de la mission. Selon lui, c’est sur le plan économique que de plus grands progrès ont été réalisés. « C’est le chantier sur lequel on a le plus travaillé et pour lequel on obtient les meilleurs résultats. » Malgré des faiblesses comme la cherté du prix du foncier, la lourdeur administrative et la multiplication des lois et règlements, « le pays développe des secteurs qui pourraient être intéressants pour les entreprises luxembourgeoises », insiste de son côté Takis Kakayannis, attaché économique et com­ mercial basé à Casablanca. Le Maroc tente notamment de développer des start-up dans le domaine technologique et fait face à des défis importants dans le transport et la logistique, liés au nombre de ports le long de ses côtes. Mais il met aussi en avant le secteur des infrastructures et de l’immobilier, qui reste un pilier de base, et celui de l’extraction

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▲ La Tunisie bénéficie d’une jeunesse éduquée, mais qui manque d’opportunités professionnelles.

des phosphates, dans lequel le Maroc veut devenir numéro un mondial. « Il y a encore des opportunités à exploiter dans le domaine de la consultance, précise Takis Kakayannis. Les Marocains essaient d’être à la page et le fait de parler français est un atout pour les sociétés luxembourgeoises. » Entre la Tunisie et le Luxembourg, les relations ont toujours été bonnes. Ainsi, en juillet 1966, le président tunisien Habib Bourguiba a été le premier chef d’État étranger reçu par le Grand-Duc Jean depuis son accession au trône. Mais il y a quatre ans, lors d’une pré­ cédente mission, la délégation grand-ducale devait se déplacer d’Alger à Tunis et a finalement décidé de rentrer au pays. C’était le 10 janvier 2011 ; quatre jours plus tard, le président Ben Ali était chassé du pouvoir. C’est donc un retour, et dans de bien meilleures conditions. Même si les dernières années ont encore été mouvementées – le pays a connu cinq gouvernements en deux ans – « 2014 a été l’année de la délivrance, la machine économique s’est remise à tourner », a expliqué Tahar Chérif, ambassadeur de la Tunisie au Luxembourg. Grâce à son degré d’ouverture, le pays a su attirer de nombreuses entreprises étrangères, surtout

dans le textile. Mais, ces dernières années, il a souffert d’une chute des investissements étrangers. « C’est une région qui recèle vraiment des opportunités », insiste Frédéric Du Bois, attaché commercial à Tunis. Il pointe notamment les filières émergentes comme l’industrie électronique, la sous-traitance automobile, l’aéronautique, ou celles en devenir, les biotechs, l’environnement ou la R&D. Un des principaux atouts du pays reste en tout cas le niveau de qualification de sa jeunesse, qui souffre pourtant d’un manque d’opportunités professionnelles. C’est d’ailleurs avec cet objectif en tête que Daniel Longrée, cofondateur de la société 4i, tente de répliquer le succès de sa PME luxembourgeoise avec un ami tunisien, professeur à l’Université de Monastir. L’objectif des deux néo-retraités est de mettre en place une société qui proposerait des solutions de tra­ çabilité et de logistique à partir de terminaux portables, d’imprimantes à codes-barres, etc. « Nous formerions aussi des techniciens pour assurer la maintenance, et notre but est vraiment de pouvoir permettre à des jeunes de reprendre l’entreprise par après », explique-t-il. La mission économique, à laquelle il prendra part ainsi qu’une douzaine d’autres entrepreneurs, devrait lui permettre d’en savoir plus sur la viabilité du projet. ◄ En résumé Peu actives dans les pays du Maghreb, les sociétés luxembourgeoises repartent tester le terrain après les révolutions arabes. Une mission économique se rendra au Maroc et en Tunisie fin avril.

PHOTO : LICENCE CC

― Texte : Jean-Michel Lalieu

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Économie & Politique IPIL / OCDE

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Dans l’intérêt des droits

PHOTO : JULIEN BECKER (ARCHIVES)

► L’Institut de la propriété intellectuelle au Luxembourg est enfin constitué. L’Institut de la propriété intellectuelle, Luxembourg (Ipil) existe, plus de six mois après le feu vert du gouvernement. Ses statuts de groupement d’intérêt économique (GIE) et son immatriculation au Registre de commerce et des sociétés sont datés du 9 mars. Né sur les cendres du Centre de veille technologique (integré à l’ex-CRP Tudor), l’Ipil doit avoir plus de visibilité et de neutralité. L’ex-directeur du Centre de veille technologique, Serge Quazzotti, prend naturellement les rênes, alors que la présidence du conseil de gérance du GIE revient à Lex Kaufhold, le « Monsieur propriété intellectuelle » du ministère de l’Économie. Le ministère des Finances (qui veille à la taxe sur les brevets et à la loi d’exonération pour l’impôt sur les revenus) est associé à la

démarche, comme les Chambres de commerce et des métiers. Le rôle de l’Ipil sera de « coordonner la mise en œuvre de la politique publique et fédérer les acteurs impliqués », de développer une offre de services de support et d’accompagnement pour les entreprises. « La propriété intellectuelle deviendra ainsi un élément clé de la politique nationale, conférant une visibilité accrue du Luxembourg en tant que terre d’accueil », soulignait le gouvernement. L’institut est vu comme un argument de plus « afin que les sociétés établissent au Luxembourg, à côté de leur portefeuille de propriété intellectuelle, des activités innovantes et entrepreneuriales ». A. D. ◄ ► Lex Kaufhold, « Monsieur propriété intellectuelle », prend la présidence.

07 Les efforts sont payants PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER

► L’Organisation de coopération et de développement économiques souligne les progrès et le retour de la croissance. L’OCDE assure que le Forum sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales rendra sa décision en juillet prochain. Bon pour le Grand-Duché ? En tout cas, le pays a entrepris des efforts payants, selon le rapport 2015 de l’Orga­nisation de coopération et de développement économiques, qui salue le retour de la croissance aidée par les réformes mises en place au cours des deux dernières années. Via son secrétaire général Angel Gurria, venu remettre le « bulletin » en mains propres à Xavier Bettel, l’organisation relève toutefois quelques défis auxquels sera confronté, en particulier, le secteur financier : « le renforcement des obligations internationales de transparence des activités bancaires » ou ◄ Angel Murria (au centre) et l'OCDE voient le Luxembourg en bon élève.

« l’intensification de la concurrence internationale ». L’OCDE recommande d’« adopter une approche globale de l’évaluation du risque systémique », d’« élaborer des plans de résolution » et de « continuer à coopérer avec les autorités chargées de la réglementation dans des pays n’appartenant pas à l’UE ». La nécessité de diversifier l’économie n’étant plus une option, l’OCDE plaide notamment pour le développement du secteur de la recherche-développement, en lien avec un renforcement « de la coopération entre les entreprises, l’Université du Luxembourg et les établissements de recherche ». Par ailleurs, l’OCDE conseille aussi un renforcement de la planification budgétaire, assorti d’une réflexion pour la mise en place d’un « plafond de dépenses pour les administrations publiques ». J.-M. H. ◄

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Économie & Politique Logement

08 Au fond(s) des choses ► L’affaire Miltgen-Nagel, saga ou psychodrame, en 10 épisodes. ―Texte : Véronique Poujol et Alain Ducat

Maggy Nagel, ministre DP du Logement. Daniel Miltgen, premier conseiller (étiqueté CSV) de gouvernement. Deux personnages qui ne tiennent plus dans la même pièce. D’autres sortent des coulisses. Résumé synoptique.

1. L’INDÉBOULONNABLE Octobre 2013. Avant de partir, le ministre du Logement sous l’ancien gouvernement, Marco Schank, CSV, nomme les membres du comité directeur du Fonds du logement (FDL). Daniel Miltgen, premier conseiller de gouvernement, est reconduit à la présidence.

2. DU NEUF AVEC DU VIEUX

▲ Daniel Miltgen (lunettes noires, à gauche) était tout-puissant. Le gouvernement de Xavier Bettel a d’abord suivi la ministre Maggy Nagel. Puis lui a collé un secrétaire d’État.

3. EN ATTENDANT L’AUDIT Septembre 2014. Des questions lancinantes se posent sur les résultats du Fonds. Le programme du gouvernement Bettel prévoit bien une réforme du FDL pour adapter son fonctionnement. Cela passe par un audit, attendu.

4. LA PLAINTE DE MAGGY NAGEL Décembre 2014. PwC mène l’audit. Et souligne des dysfonctionnements, notamment des prestations surfacturées. La ministre porte plainte contre le chef comptable mais aussi contre X, peut-être pour remonter plus haut.

6. QUESTIONS DE PERSONNES Mars 2015. Daniel Miltgen et Maggy Nagel s’accusent mutuellement d’abus de pouvoir. En tout cas, Maggy Nagel appuie l’audit PwC toujours en cours, soutenu par des entretiens nourris avec le personnel (60 personnes) du FDL. Le déballage de linge sale ne fait que commencer, les échanges de lettres plus ou moins ouvertes aussi.

7. LIMOGÉ, MAIS À RECASER

Mars 2015. Le rythme s’accélère. Daniel Miltgen est soupçonné de « trafic d’influence » dans l’achat de terrains à Leudelange-Gare. Alors que l’audit bis de PwC est toujours en cours, Maggy Nagel et le gouvernement dégainent. Dans un courrier, la ministre informe Miltgen que tous ses mandats seront révoqués.

19 mars 2015. L’annonce officielle tombe : Daniel Miltgen est révoqué du Fonds du logement et du Fonds d’assainissement de la Cité Syrdall. Le toujours premier conseiller de gouvernement au ministère du Logement se voit proposer une nouvelle tâche. Il n’est pas encore dit laquelle ni s’il l’accepte.

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23 mars 2015. La pièce s’éternise. Les actes s’accumulent. Daniel Miltgen fait de la résistance, refuse la révocation, veut rester en place, distille les communiqués. Maggy Nagel se défend et se justifie. La saga devient psychodrame.

9. PLACARD DORÉ À LA CONCURRENCE

5. DE LEUDELANGE AU PURGATOIRE

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8. JE RESTE, MOI NON PLUS

24 mars 2015. Daniel Miltgen s’est vu proposer par le gouvernement une nouvelle affectation, au Conseil de la concurrence, sous la houlette du ministère de l’Économie d’Étienne Schneider. Il y rejoindrait Pierre Barthelmé, autre premier conseiller de gou­ vernement déboulonné (des Classes moyen­ nes) suite à une procédure disciplinaire.

10. TANIA FERNANDES ET MARC HANSEN EN SCÈNE 25 et 27 mars 2015. Le conseil de gouvernement désigne Tania Fernandes, attachée de premier rang auprès du ministère du Loge­ ment, à la présidence faisant fonction du FDL. Deux jours plus tard, un second conseil confère une délégation de signature à Marc Hansen pour le domaine du logement. Maggy Nagel devra s’adosser à un secrétaire d’État, DP aussi, placé là pour apaiser les partenaires de coalition. ◄

PHOTO : LUC DEFLORENNE (ARCHIVES)

Décembre 2013. Dans le nouveau gouvernement, Maggy Nagel, DP, hérite du logement. D’aucuns soulignent que la bourgmestre de Mondorf n’a jamais construit de logement social dans sa commune. La nouvelle ministre s’engage sur une réforme, incluant une distribution plus sélective des subventions au logement.

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Économie & Politique Des PAP en porte-à-faux

09 La maison dans la cuvette ► Drôle de plan d’aménagement dans un petit lotissement d’Eischen, commune de Hobscheid, grignoté sur la zone verte en 2004. ► L’implantation des maisons et l’aménagement des terrains y sont anarchiques. Et la cohabitation pas simple. ― Texte : Véronique Poujol

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a respecté le profil naturel du terrain, tandis que les maisons voisines n’ont pas respecté ce profil et sont surélevées par rapport au terrain naturel, mais également par rapport à notre maison. Nous nous trouvons donc en quelque sorte au fond d’une cuve. » Certains, du fait de la surélévation de leur maison, ont parfois une véritable plate­ forme d’observation sur la pro­ priété voisine. La famille, se disant « victime d’injustice » et maltraitée par les autorités communales, saisit la médiateure – qui évoque d’ail­ leurs ce cas dans son rapport annuel 2014. Lydie Err considère que le dossier a fait l’objet d’un « traitement inapproprié » par le bourgmestre. Ce dernier a refusé une autorisation d’installer des blocs de soutènement de béton afin de consolider et égaliser le terrain adjacent risquant de s’ef­ fondrer en raison des niveaux anarchiques des différentes constructions dans la cité. Il est dans son droit, mais la situation reste cornélienne. Le bourgmestre a pris récem­ ment un arrêté pour faire fermer le chantier de la famille en raison de violation des prescriptions du ministère de l’Environnement de 2006, inscrites dans le PAP, pour protéger le terrain naturel en dehors de l’emprise du sol des constructions. Aussi, il n’est pas question de déblayer le terrain, ni de le remblayer d’ailleurs. La surélévation de terrain des maisons ayant été construites via le contrat avec le promoteur, par opposition à la maison adjacente, est une énigme de cette cité du

▲ Le bucolique village d'Eischen vit une guerre de voisinage à géométrie variable.

Bettenwiss II, qui ne peut s’expli­ quer qu’en raison de l’existence de deux PAP différents ou de leur interprétation contradictoire. Mais alors lequel serait le bon ? Début février, face à la tour­ nure « hautement problématique » que prend l’affaire avec des constructions implantées anar­ chiquement et les différences de niveaux de remblais et déblais impliquant des risques de stabi­ lité, un avocat est mandaté par le couple et demande des explica­ tions à l’administration commu­ nale. « Comment peut-on appliquer dans le cadre d’un PAP, acte réglementaire, un plan approuvé par le ministre de l’Environnement d’une part (en 2006, ndlr) pour ce qui concerne les implantations, et un autre plan, approuvé par le ministre de l’Intérieur d’autre part (2004, ndlr), pour ce qui concerne les coupes ? », écrit l’avocat Georges Krieger dans une lettre à Serge Hoffmann.

Pour l’avocat, « si un PAP a été approuvé par le ministre de l’Intérieur, tandis qu’une autre version a été approuvée par le ministre de l’Environnement, en réalité, aucun de ces deux plans n’est actuellement juridiquement applicable ». Le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu de façon satisfai­ sante. Le ministère de l’Environ­ nement considère pour sa part que le PAP redressé avait été approuvé par Lucien Lux le 11 octobre 2006 et que « pour des raisons de pragmatisme », il fallait interpréter sa décision condition­ nelle de 2006 comme un feu vert du PAP de 2004, au risque d’une incompatibilité des deux déci­ sions. « En raison des sphères de compétences distinctes des départements de l’Intérieur et de l’Environnement, des différences d’appréciation ne sont pas exclues », écrivait le 14 mars dernier Camille Gira, le secrétaire d’État à l’Environnement. Il faudra pourtant bien sortir de la cuvette… ◄ En résumé Deux PAP de 2004 et de 2006 qui se contredisent et qui donnent lieu à des constructions anarchiques sur un lotissement à Eischen. Une histoire de litige entre voisins qui débouche sur des interrogations sur le pragmatisme d’anciens ministres de l’Envi­ ronnement et de l’Intérieur.

PHOTO : LICENCE CC

Dans la petite localité bucolique d’Eischen, à l’ouest du pays, une guerre de voisinage empoisonne depuis près d’un an la vie du bourgmestre CSV Serge Hoffmann : il est confronté aux propriétaires de maisons d’un nouveau lotissement et à des questions de légalité du plan d’aménagement particulier (PAP). Des voisins se déchirent sur les niveaux de leur maison et l’amé­ nagement de leur jardin, en rai­ son du caractère contradictoire de deux PAP. Un premier, du 29 septembre 2004, est uniquement validé par la ministère de l’Inté­ rieur. Le second, du 11 octobre 2006, a été revu par le ministre de l’Environnement de l’époque, Lucien Lux. Ce dernier autorisait le lotissement sous réserve que l’implantation de la voirie et des maisons se fasse conformément à un plan élaboré par un bureau d’architectes, Arco. Le conseil communal de Hobscheid, dont Eischen dépend, avait donné son feu vert au pro­ jet de cité Bettenwiss II le 25 mai 2004. Il avait autorisé un gri­ gnotage de la zone verte pour étendre ainsi le périmètre d’ag­ glomération sur des terrains à fort dénivelé. Les promoteurs qui se par­ tagent les terrains en cèdent l’essentiel avec des construc­ tions quasi « clé en main » aux acheteurs particuliers. Mais l’un d’eux choisit de prendre son propre architecte, tout en se conformant au plan du cabinet Arco. « Notre maison, écrit son propriétaire en interpellant le ministère de l’Environnement,

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Économie & Politique Étude

10 Des listes plutôt que des noms ► L’Université du Luxembourg a étudié les comportements électoraux lors des élections législatives de 2013 et européennes de 2014. Il en ressort une polarisation politique inédite dans le pays. ― Texte : Frédéric Antzorn et Jean-Michel Gaudron

LA COALITION AVEC PANACHE Statistiquement, le parti chrétien-social est sorti largement en tête des urnes, recueillant 33,68 % de l’ensemble des suffrages. Mais la lecture des votes panachés montre que les électeurs ont, indirectement, plébiscité la future coalition, puisque ces votes se sont principalement répartis vers le DP, le LSAP et les Verts. À noter néanmoins que seuls 47,2 % des électeurs étaient favorables, en amont, à une telle coalition tripartite. L’idée, majoritaire chez les électeurs libéraux (75,8 %), socialistes (71,6 %) et écologiques (64,5 %), ne plaisait en revanche qu’à 18 % de l’électorat chrétien-social.

PERTE DE CONFIANCE En 2009, le CSV apparaissait comme étant largement le plus à même de résoudre le problème de l’emploi et du chômage (57,9 %),

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▲ Les attentions se sont focalisées sur Jean-Claude Juncker lors du scrutin européen. Mais c’est surtout vers les partis que les électeurs se sont tournés.

loin devant le LSAP (19,7 %) et le DP (7,5 %). Quatre ans plus tard, les chrétiens-sociaux ne recueillent plus que 24,3 %, et les socialistes 12 %, alors que les libéraux bondissent à 20,7 %. Mais les électeurs sondés estiment à 36,6 % qu’aucun des partis du pays n’est en mesure de résoudre cette question !

IL FALLAIT TOURNER LA PAGE L’accumulation des « affaires » (Bommeleeër, Livange-Wickrange, Srel…) et la pression du partenaire de coalition socialiste ont eu raison du précédent gouvernement. Pas de quoi traumatiser un électorat qui, pour la première fois depuis 1999, désapprouve majoritairement (56,8 %) le bilan gouvernemental. Ils sont par ailleurs plus de 80 % à approuver la décision du LSAP d’avoir sonné le glas de la coalition qui gouvernait depuis 2004. Paradoxalement, les résultats de la Commis­ sion d’enquête parlementaire sur le Srel n’ont globalement pas eu d’influence sur le vote des électeurs aux législatives (pour 64,1 % d’entre eux), sauf chez les électeurs du parti chrétien-social qui estiment à 44,5 % que c’est le cas.

EUROPÉENNES : LA RUPTURE Sept mois après les élections législatives, le scrutin européen a marqué un fort recul du taux de loyauté, dans une configuration inédite, puisque les deux rendez-vous électoraux étaient jusqu’alors simultanés. Ainsi, cette « loyauté » (mesurée par un vote identique pour les deux scrutins), qui était de 88 % en 2004 et de 79 % en 2009, est tombée à 54 %. Le recul le plus important dans cette « loyauté » touche principalement les électorats du DP et des Verts : 91 % des Libéraux aux législatives de 2009 avaient voté DP aux européennes, alors qu’ils n’étaient plus que 65 % en 2014. Pour les Verts, le recul est encore plus net, avec un taux passant de 90 % à 42 %. 

UNE COALITION VITE BOUSCULÉE En mai 2014, au moment d’aller voter pour le scrutin européen, la proportion d’électeurs désapprouvant le bilan de la coalition tricolore était de 60,7 %. Si, sans surprise, ce taux atteint de hauts niveaux dans l’opposition (plus de 75 % au CSV), il est assez élevé du côté du DP (39 %) et des Verts (44,4 %). ◄ En résumé Plus de votes de liste et une moindre importance des têtes qui les composaient : tel est l’enseignement principal des dernières élections législatives de 2013, passées à la loupe de la Chaire de recherche en études parlementaires de l’Université du Luxembourg. Une radioscopie intéressante au lendemain d’un scrutin aux conséquences historiques pour le pays.

PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES)

À quelques encablures d’un scrutin national (le référendum du 7 juin) qui sera observé avec beaucoup d’attention, la Chaire de recherche en études parlementaires de l’Université du Luxembourg, sous la responsabilité de Philippe Poirier, a passé au crible les scrutins d’octobre 2013 (élections législatives) et de mai 2014 (élections européennes). Il en ressort une polarisation politique inhabituelle des électeurs, comparée aux élections précédentes, avec un effondrement de la proportion de votes intra- et inter-listes. Pour les législatives, cette proportion est passée de 48,01 % en 2009 à 41,3 % en 2013. Pour les européennes, la proportion moyenne des votes de liste est passée de 39,5 % à 48 %. Cette tendance se résume dans un autre chiffre : l’élément déterminant du choix de vote en 2009 avait été, à 78,9 %, les can­ didats, contre 21,1 % pour les programmes. En 2013, les candidats ne représentaient plus que 55,8 % contre 44,2 % aux programmes. Voici, en cinq points, quelques enseignements pertinents révélés par cette étude réalisée sur base de sondages pré- et post-électoraux, complétée par un tirage de 9.000 bulletins (6.000 pour les élections législatives et 3.000 pour les européennes) et des calculs alternatifs des résultats.

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Entreprises Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 10 sujets clés sélectionnés par la rédaction. Poursuivie par DB Schenker, filiale de Deutsche Bahn pour une entente sur les prix aux États-Unis entre 1999 et 2006, Cargolux a passé un accord à l’amiable avec la compagnie ferroviaire allemande pour un dédommagement à hauteur de 90 millions d’euros à partager avec SAS et Nippon Cargo. La compagnie ferroviaire allemande réclamait au départ 331 millions d’euros de dommages et intérêts à six compagnies. La plainte court toujours à l’encontre d’Air France-KLM, Qantas Airways et All Nippon Airways. RTL Group proposera à ses actionnaires, le 15 avril prochain, lors de son assemblée générale, le maintien en fonction de l’ancien Premier ministre luxembourgeois Jacques Santer en tant qu’administrateur, et ce jusqu’en 2018. L’intéressé, qui siège depuis 2004, aura alors 81 ans, mais aucune mention dans les statuts de RTL Group ne fait état d’une limite d’âge pour les administrateurs. Le groupe RTL annonce être à la recherche de solutions « partout en Europe » afin de pallier le démantèlement des antennes du site de Marnach, destinées à la transmission de programmes en ondes moyennes. La haute puissance de ces antennes était, depuis de nombreuses années, au cœur de litiges avec les habitants et représentants locaux quant à des nuisances possibles. Après le « nettoyage » des 5 ha du site, l’État prévoit de s’en porter acquéreur dès 2016 pour en faire une zone d’activité économique dédiée aux services audiovisuels et de télécommunication.

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Veritas, la chaîne belge de magasins d’articles de mode déjà très bien représentée au Luxembourg, passe sous contrôle du groupe Luxempart, via la société Indufin, qui a pris 60 % du capital. Une partie des sept familles fondatrices conserve 30 % des parts et le management en acquiert les 10 % restants. Le groupe compte au Luxembourg six magasins pour un chiffre d’afLa baisse du faires de 4,8 milrésultat net 2014 lions d’euros et de RTL Group. une trentaine de salariés. Présent en Belgique et en Allemagne, il vise, à l’horizon 2020, 200 magasins et un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros.

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Le groupe Cactus envisage un nouveau projet pour son site de Esch-Lallange, alors que le projet initial, prévu d’être inauguré en 2011, est au point mort et que les autorisations délivrées par la commune arrivent à expiration. « Nous sommes actuellement en train de travailler à un projet alternatif qui sera dévoilé dans les mois à venir. Ce que je peux déjà dire, c’est que Cactus envisage un nouveau grand supermarché avec une galerie marchande plus réduite par rapport à ce qui était initialement prévu », explique Laurent Schonckert, administrateur directeur de Cactus. Une « alternative » qui semblerait répondre aux critiques des opposants au projet, qui dénonçaient notamment un aspect « disproportionné » pour un quartier résidentiel. L’Agence du bénévolat annonce l’organisation, du 15 au 17 mai, de l’événement 72 Stonnen Benevolat, plateforme de rencontre entre les associations en recherche de bénévoles et les citoyens curieux d’en savoir plus sur la vie associative et qui

désirent s’investir pendant quelques heures le temps d’un week-end. Les personnes intéressées peuvent s’inscrire à une des activités proposées via le site www.72stonnen.lu.

prochains mois. Elles sont 41 % au Luxembourg dans le même cas. A contrario, elles ne sont que 4 % au Grand-Duché à anticiper une baisse de leurs résultats, contre 7 % en moyenne en Europe.

RTL Group a enregistré, pour l’année 2014, une forte baisse de son résultat net (-24,9 % à 653 millions d’euros), attribuée à des éléments exceptionnels, en particulier l’évolution des charges de dépréciation. En ligne de mire notamment, la filiale hongroise du groupe qui a enregistré « une dépréciation » de 77 millions d’euros. Malgré cela, le bénéfice d’exploitation (Ebitda) est resté stable sur l’ensemble de l’année, à 1,145 milliard d’euros.

En s’appuyant sur l’infrastructure Easy Cloud de Cegecom, l’opérateur Crossing Telecom a lancé une nouvelle offre cloud professionnelle clés en main, hébergée dans des data centers Tier IV situés exclusivement au Luxembourg. Cette offre est axée sur trois grands points : la sauvegarde sécurisée des données critiques, la mobilité et le partage sécurisé de données et, enfin, la virtualisation des serveurs clients dans le cloud.

Trois nouveaux bus fonctionnant en partie en « tout électrique » viennent d’être mis en service par Voyages Emile Weber sur la ligne 16 (Howald-aéroport). Entre la route de Thionville et le pont Grande-Duchesse Charlotte, ces véhicules circulent en mode exclusivement électrique grâce à des batteries placées sur leur toit. Autrement dit, ils traversent la capitale sur une distance de quelque 5 kilomètres sans aucun bruit et sans émission de gaz d’échappement. Une première mondiale assure le voyagiste. Une partie de leur coût – 900.000 euros pièce – est prise en charge par le ministère du Développement durable et des Infrastructures. Pour la première fois, l’édition 2015 European Mid-Market réalisée par EY inclut le Luxembourg dans son échantillon constitué de quelque 6.000 entreprises disposant d’un chiffre d’affaires allant de 10 à 500 millions d’euros. Malgré un contexte économique morose et une croissance proche de zéro, 46 % des entreprises européennes visent une hausse de leur performance d’ici les six

« Il est important que l’actionnariat d’Enovos continue à se composer, à côté des actionnaires publics, d’autres actionnaires privés, qu’ils soient du secteur financier ou industriel. » Par cette phrase, dans une réponse parlementaire, Étienne Schneider, ministre de l’Économie et ancien président de la société luxembourgeoise spécialisée dans les solutions et infrastructures énergétiques, a confirmé l’entrée imminente de nouveaux actionnaires, non encore dévoilés, mais issus du privé. Les partenaires historiques, RWE et E-On, sont en partance annoncée depuis longtemps. L’État, détenteur de 43,45 % du capital d’Enovos, doit devenir a priori actionnaire majoritaire, en faisant usage de son droit de préemption. Et il resterait 28,3 % des parts à couvrir, par de nouveaux investisseurs. Le processus est donc bien en cours de négociation, « en vue du développement durable de l’entreprise », souligne le ministre Schneider.

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Entreprises Brèves

C’est le nombre de Boeing 747 acquis par la compagnie Cargolux depuis 1979. Le dernier en date a été livré début mars. Il s’agit du 12e modèle 747-8F sur les 14 commandés.

Quelques jours après les German Design Awards de Francfort (voir notre précédente édition), Maison Moderne n’est pas non plus rentrée bredouille des iF Design Awards qui se sont tenus à Munich fin février. La société d’édition de Paperjam (entre autres) a été récompensée pour son propre magazine corporate, mmm. « On a coutume de dire que les cordonniers sont les plus mal chaussés… Avec mmm, nous avons voulu prouver le contraire », s’est réjoui Mike Koedinger, fondateur et CEO de Maison Moderne,

Moselle Construction et Façade, PMC Constructions (avec 34 salariés) et E-Bat Constructions (18 salariés). Le groupe télécoms français Altice a coté, en Bourse de Luxembourg, cinq emprunts obligataires d’un montant total de 4,4 milliards d’euros. Objectif : le rachat de l’opérateur PT Portugal. La plateforme Doctena, lancée en septembre 2013 pour simplifier

Guillaume Vanoutryve, Vinzenz Hölzl et Mike Koedinger, récompensés à Munich.

présent pour recevoir le prix aux côtés de Guillaume Vanoutryve (stratégiste-gestionnaire à l’agence de Maison Moderne) et Vinzenz Hölzl (directeur artistique). Le travail récompensé a été réalisé par la graphiste Cassandre Bourtembourg (absente sur la photo). Acteur majeur de l’internet au Luxembourg depuis 2006, yellow.lu (groupe Linc, nouvelle appellation de la Compagnie luxembourgeoise des annuaires) annonce un tournant historique dans son histoire. Il repense entièrement le modèle vieillissant des Pages jaunes en ligne en s’inspirant des forces des réseaux sociaux et des moteurs de recherche (voir aussi article page 76). Sale fin d’hiver pour le secteur de la construction, qui perd trois de ses entreprises sur faillite :

la prise de rendez-vous médicaux, prend de l’ampleur. Implantée à Bruxelles depuis l’été 2014, la société vient de créer une nouvelle filiale aux Pays-Bas et se prépare au lancement rapide de ses services à Amsterdam. Le tout porté par une augmentation de capital auprès d’investisseurs privés et un renforcement du conseil d’administration avec la présence des experts Xavier Buck et Pietro Longo. Cargolux et Oman Air ont annoncé la signature prochaine, prévue à la mi-avril, d’un accord de coopération via lequel l’opérateur de fret luxembourgeois pourra utiliser les infrastructures de la compagnie officielle du Sultanat d’Oman (sur l’aéroport de Mascate) pour étendre ses activités, notamment vers l’Inde, vers des destinations telles que Chennai, Hyderabad ou encore Bombay. Plusieurs liaisons hebdomadaires devraient être

Le fournisseur d’énergie luxembourgeois Enovos élargit encore son portefeuille et ses domaines d’activité, via la prise de 10 % du capital de Vialis en France, société active dans la distribution de gaz et d’électricité en Alsace.

développées au cours de cette année entre les deux pays. Le député LSAP et avocat Franz Fayot quitte l’étude d’avocats Elvinger, Hoss & Prussen. Il a choisi de s’associer à Laurent Fisch pour fonder le cabinet FischFayot, sur base de l’étude existante de Laurent Fisch créée en 2013. Les deux partenaires sont spécialisés en droit commercial et plus spécifiquement dans les domaines de l’insolvabilité et de la restructuration ainsi que la réglementation financière. Franz Fayot avait travaillé en 2008 sur la restructuration de la Banque Kaupthing, alors que Laurent Fisch s’était fait un nom comme liquidateur d’entités financières comme Lehman Brothers (il était alors chez Molitor Avocats à la Cour) ou le PSF Assya Asset Management, fondé par feu Thierry Leyne. La brasserie du Grand Hôtel Cravat a trouvé des repreneurs : Laurent et Romaine Roder, déjà restaurateurs dans le nord du pays, viennent d’y ouvrir la Brasserie Roder, après quelques menues rénovations. « Roder et Cravat, c’est l’alliance de deux familles luxembourgeoises issues de l’hôtellerie pour faire vivre les traditions – la tradition de la brasserie au sein de l’hôtel et la tradition de la brasserie classique », s’est réjoui Carlo Cravat, le propriétaire de l’hôtel. Et de trois ! Après le conseil d’administration de la société minière

Nyrstar et le conseil de surveillance de la fondation du groupe de médias Bertelsmann, la députée européenne et ex-vice-présidente de la Commission Viviane Reding pourrait ajouter une nouvelle activité extra-parlementaire en intégrant le conseil du groupe belge Agfa-Gevaert en tant qu’administrateur indépendant. Sa nomination sera soumise au vote de l’assemblée générale le 12 mai prochain (lire aussi page 30). L’édition 2015 du parcours d’affaires 1,2,3 Go Social a rendu son verdict et récompensé sept entreprises actives dans l’économie sociale : Arti’chok Clown (interventions de clowns ayant pour but de faciliter les rencontres, les échanges et la médiation) ; Freeflex+ (récupération, revalorisation et location de matériel informatique destiné à des personnes à revenus modérés) ; Il était une fois (ateliers de lecture multilingues pour des enfants et animations autour du livre et de la musique) ; Nappilla (location et vente de couches lavables) ; Prison Smart (aide à la réinsertion de détenus permettant leur autonomie dans le domaine de la gestion du stress et des émotions négatives) ; Socialmatter (création de design de nouveaux produits et services en étroite collaboration avec des organisations sociales) et Terra (production et distribution de fruits et légumes frais). Pour ce dernier projet, Pit Reichert, son initiateur, a par ailleurs reçu le Prix spécial du public.

Sophie Pixius et Pit Reichert (Terra), coups de cœur du jury, avec leur mentor Marc Hamel.

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Entreprises Brèves

C’est le nombre de foyers TV dans le monde couverts par les satellites SES, soit une estimation de 1,1 milliard de personnes touchées par ses services. Fin 2014, SES diffusait plus de 6.500 chaînes de télévision, dont plus de 1.800 en HD.

La société e-Kenz a été élue SAP Best Partner of the Year pour la deuxième année consécutive. Une récompense qui intervient alors que la société annonce une augmentation du chiffre d’affaires de 60 % pour 2014 et de 35 % prévue pour 2015. « Une augmentation de 70 % des effectifs au cours de l’année écoulée nous permet de garantir un travail exceptionnel », complète Amal Choury, la fondatrice et CEO de la société. Le fonds immobilier Leasinvest Real Estate a vendu l’immeuble de bureaux Kiem, situé rue du Kiem à Strassen, à un investisseur privé pour un montant de 6,3 millions d’euros (hors frais). L’immeuble comprend 1.700 m2 et 50 emplacements de parking et fait partie d’un complexe de trois immeubles de bureaux similaires. « L’immeuble n’était entretemps loué que pour 20 % et n’est pas considéré comme étant stratégique par sa taille », indique Leasinvest.

internationaux ». La facture s’élève à 40 millions d’euros, pour des travaux qui interviennent trois ans après le renouvellement du mobilier dont la facture s’était élevée à 15 millions d’euros. Trois mois après le départ de Daniel Hein, la compagnie de construction luxembourgeoise CDCL a nommé un nouveau directeur des opérations en la personne de Georges Thill (ex-Paul Wurth Geprolux, puis Poeckes). Âgé de 50 ans, cet ingénieur civil en métallurgie de formation et détenteur d’un MBA (Miami University) prend donc en charge la gestion journalière des activités de l’une des principales sociétés de construction du pays. La société luxembourgeoise ITS d’Adrian Diaconu (par ailleurs CEO de Rakuten Europe) a acquis le groupe français Actissia, qui détient notamment les enseignes France Loisirs ou Le Grand Livre du Mois. Active dans la distribution multicanal, spécialisée dans

Un nouveau trophée pour EBRC : un Uptime Institute Brill Award, reçu à New York dans la catégorie Data Center Facilities. Ces récompenses sont attribuées par un panel de plus de 90 professionnels qui mesurent l’efficacité énergétique dans leurs activités IT. Pour la deuxième année consécutive, RTL a remporté le Randstad Award, un prix qui salue l’entreprise où il est le plus agréable de travailler. Les deux autres marches du podium sont occupées par Luxair et la Banque de Luxembourg. General Mediterranean Holding (GMH), propriétaire de l’hôtel cinq étoiles Le Royal, a confirmé le montant (déjà évoqué en décembre dernier) engagé pour les travaux de remise à neuf de l’établissement inauguré en 1984, afin de l’adapter « aux standards

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Adrian Diaconu s'offre les enseignes France Loisirs et Le Grand Livre du Mois.

la culture, le bien-être et la vie quotidienne, Actissia revendique plus de deux millions de clients actifs. Avec aujourd’hui trois enseignes Pizza Hut à Luxembourg et dans les environs immédiats (centreville, Beggen et Strassen), le groupe Happy Snacks (Exki et Chi-Chi’s) et sa branche Happy Pizza cherchent depuis longtemps à multiplier le nombre de restaurants. C’est en cours d’être réalisé, puisque deux nouveaux projets

sont annoncés pour cette année : dans la zone commerciale de Foetz, le bâtiment est déjà sorti de terre et ouvrira à la fin du mois de mai. Quelque 200 couverts y sont prévus ainsi qu’environ 50 employés dans un premier temps, dont une quarantaine d’embauches. Plus tard dans l’année, ce sera à Ingeldorf qu’un autre Pizza Hut ouvrira, aux mêmes dimensions. La Fédération des artisans change de tête : après 20 années passées à la présidence, Norbert Geisen a laissé son siège à Michel Reckinger, 47 ans, qui était le seul et unique candidat. Représentant la quatrième génération de l’entreprise d’installation de chauffage Reckinger Alfred, fondée en 1911 et aujourd’hui établie dans la zone d’activité d’Ehlerange, M. Reckinger connaît bien la fédération où il est actif depuis une quinzaine d’années. Depuis 2013, il pilote un groupe de travail chargé de repenser et de redéfinir le rôle de l’association faîtière des artisans à l’horizon 2020. Longtemps appelé Incom, le groupement d’intérêt de commerçants indépendants repense son image et ses missions sous le nom Épiceries du Luxembourg. Il regroupe les enseignes Alima, Pall Center, Shopping-Center Massen et, tout récemment, Food2go. « Épiceries du Luxembourg a aussi vocation à renforcer et véhiculer les valeurs des enseignes qui le composent : proximité, disponibilité et accueil des clients, qualité et variété des produits ; promotion des producteurs locaux ; entraide, accompagnement et soutien entre membres », résume Christiane Wickler (Pall Center). Soucieuse de se développer au Luxembourg, l’agence-conseil en performance digitale ESV Digital, une des pointures mondiales du secteur, a fait l’acquisition de l’agence MyAgency.lu.

L’accord, dont le montant est tenu secret, a pu être finalisé au début de cette année et communiqué seulement en mars. L’agence luxembourgeoise spécialisée dans la stratégie de marque a semblet-il séduit par « le dynamisme, la compétence, notamment dans la vidéo, et la croissance », estime Aurélien Bourdaa, dirigeant fondateur de MyAgency.lu. La société compte aujourd’hui 10 salariés et devrait atteindre les 25 personnes d’ici deux ans. Pour la première fois, le Conseil de la concurrence a lancé une enquête sectorielle sur les réseaux de distribution sur le marché de détail au Grand-Duché, dans le but de détecter d’éventuels comportements illégaux. « Il ne s’agit pas d’une affaire précise, mais nous connaissons certaines difficultés qui ont été thématisées par la Confédération luxembourgeoise du commerce. Il est important de mieux comprendre les réseaux de distribution, pas seulement traditionnels, mais également via internet », explique Pierre Rauchs, le président du Conseil. Dans leur lutte contre la contrebande, notamment de produits du tabac, les Douanes et accises viennent de signer un accord de collaboration avec la filiale belgo-luxembourgeoise de British American Tobacco (qui produit les marques Dunhill, Lucky Strike ou encore Winfield), la deuxième plus importante société de production de cigarettes au monde (après Philip Morris International). Cet accord implique la collecte d’informations sur le commerce illicite, l’information aux régulateurs sur l’impact de ce commerce parallèle et le travail avec les autorités pour s’assurer que des mesures d’application appropriées soient prises. Le Family Guide fête cette année ses 10 ans et la cinquième édition vient de paraître. Créé en 2005

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Entreprises Brèves

La société Solarwood Folkendange, spécialisée dans les toitures solaires 100 % intégrées, annonce un accord de distribution pour le marché néerlandais de l’ensemble de sa gamme, grâce à la signature d’un partenariat avec Solned Solar Mechatronics, un des fournisseurs majeurs de systèmes photovoltaïques intelligents sur le marché néerlandais.

par Viviane Blum, ce précieux guide a été repris en 2012 par Maison Moderne dans la collection des Pocket Guides. « Ce guide, disponible en français, anglais et allemand, s’adresse vraiment à tous les parents qui vivent au GrandDuché. Il est un outil précieux pour organiser au mieux le temps libre de ses enfants et les ouvrir aux multiples possibilités d’activités de notre pays », précise Céline Coubray,

représentent en effet les deux tiers des effectifs et plus des trois quarts du partnership (sept des neuf associés sont des femmes). L’opérateur téléphonique Orange annonce la poursuite de ses investissements dans l’installation de bornes haut débit au Grand-Duché. Objectif : faire en sorte que 80 % du territoire luxembourgeois soit cou-

Family Guide est disponible en trois langues (français, allemand, anglais).

sa rédactrice en chef. Avec plus de 700 adresses commentées, dont 100 nouvelles, le Family Guide couvre tous les aspects de la vie des enfants de 0 à 16 ans. La chaîne de magasins discount Lidl, déjà présente sur sept sites au Luxembourg, annonce l’ouverture programmée de deux nouveaux magasins d’ici à 2016 au Grand-Duché. Une expansion qui génèrera une trentaine de recrutements s’ajoutant aux 137 collaborateurs déjà présents. Le tout est accompagné par le programme Talent@Lidl de développement continu et sur mesure, proposé sur deux ans aux 297 gérants des magasins en Belgique et au Luxembourg, pour un total de 43.065 heures de formation planifiées. Le cabinet d’avocats MNKS renforce son comité de gérance et change de gouvernance. Katia Scheidecker, 44 ans, l’une de ses cofondatrices, accède aux fonctions de managing partner occupées depuis 2011 par l’autre cofondatrice, Marie-Béatrice Noble, qui se voit confier de nouvelles responsabilités. Fondé en 2004, MNKS compte aujourd’hui 65 collaborateurs (dont 40 avocats et juristes), avec une forte présence féminine : les femmes

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vert par le réseau 4G+ d’ici la fin de l’année 2015, contre 45 % actuellement. Pour y parvenir, l’opérateur téléphonique entend déployer quelque 100 nouvelles antennes permettant aux clients de bénéficier d’un réseau plus rapide. La gouvernance de Luxconnect s’organise : au 1er juin, l’actuel CEO Édouard Wangen, en poste depuis la création de la société en 2006, fera valoir ses droits à la retraite. C’est Roger Lampach, 54 ans, l’actuel CTO, qui lui succèdera. Dans le même temps, M. Wangen sera nommé à la présidence du conseil d’administration, succédant à René Steichen. Enfin, dernière modification et non des moindres : l’entrée au comité de direction, au 1er janvier 2016, de Tom Kettels, qui quittera alors ses actuelles fonctions de conseiller de direction ICT au sein du Service des médias et des communications du ministère d’État. L’entreprise familiale Reichert, établie à Holzem, spécialisée dans la fabrication de machines industrielles, a été déclarée en faillite sur aveu, fin mars. Créée en 1931, la société faisait partie des fleurons de l’innovation au Luxembourg, nommée notamment en 2004 pour le Prix de

l’innovation industrielle de la Fedil. Elle avait connu des difficultés dès 2010 lorsque 250.000 euros avaient du être débloqués pour payer des arriérés, les dirigeants ayant réussi à dégager un plan de redéploiement à hauteur de 1,5 million d’euros.

phase d’agrandissement qui lui offrira, d’ici 2018, 10.000 m2 supplémentaires (dont plus ou moins 5.000 m2 dédiés au commerce et 250 places de parking additionnelles) aux 50.000 m2 déjà existants. Investissement prévu : 50 millions d’euros.

La tête de Dirk Gerkens, le patron de RTL Klub limogé au début du mois de mars, aurait été échangée contre une baisse de la super-taxe sur la publicité. Un journal hongrois assure que le Premier ministre Xavier Bettel a joué le « Monsieur bons offices » avec son homologue Viktor Orbán. « Le Premier ministre n’a pas rencontré Viktor Orbán de manière officielle. Il a en revanche abordé le sujet de la taxe sur la publicité en marge d’une rencontre internationale », a fait savoir Paul Konsbruck, le porte-parole du gouvernement, sans faire mention de la date de la rencontre. Elle aurait pu avoir lieu à Rome, selon nos informations. « Le Premier ministre n’est pas et n’a jamais été au courant de changements quelconques au niveau de la direction de RTL Klub », ajoute M. Konsbruck. Des auditeurs internes de RTL Group, dépêchés du Kirchberg, ont débarqué au siège de la filiale hongroise. Oliver Fahlbusch, le porte-parole du groupe, dément toute ingérence du gouvernement hongrois dans l’affaire.

Le long métrage d’animation Song of the sea, réalisé par l’Irlandais Tomm Moore et coproduit par la société luxembourgeoise Melusine Productions, a reçu le Feature Film Grand Prize lors du Tokyo Anime Award Festival. Un prix obtenu en raison de « la force de son motif central, le thème universel de la réunification de la famille, la synergie du scénario, la direction artistique et la musique », selon le communiqué officiel. À noter qu’une seconde coproduction luxembourgeoise était également en compétition officielle à Tokyo : Extraordinary Tales, du réalisateur espagnol Raul Garcia, également coproduit par Melusine Productions.

Un peu plus d’un an et demi après l’inauguration de l’extension du centre Belle Étoile, c’est au tour de son grand voisin, le City Concorde (historiquement le premier du genre, ouvert en 1974), d’annoncer une nouvelle

En place depuis l’arrivée de Docler Holding au Grand-Duché en 2013, Laszlo Czero annoncé sa démission, estimant avoir accompli sa mission qui était « d’y établir l’entreprise et de l’intégrer pleinement dans l’écosystème d’affaires luxembourgeois ». La société, connue pour, entre autres, exploiter du contenu pour adultes en streaming, est plus généralement spécialisée dans les activités de divertissement et les applications technologiques (systèmes de paiement électronique, plateformes de live streaming). Elle a employé jusqu’à 350 personnes en 2014 et a réduit un peu la voilure à 200 employés actuellement. C’est Karoly Papp, 40 ans, le cofondateur du groupe en 2001, qui est le nouveau CEO de Docler au Luxembourg.

Le centre commercial City Concorde s'apprête à investir 50 millions d'euros. dans une extension de 10.000 m2.

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Depuis sa création en 1994, Maison Moderne est devenue la première entreprise média indépendante du Luxembourg. D’abord éditrice de presse magazine, l’entreprise s’est diversifiée en suivant une stratégie de développement ambitieuse, soutenue par ses quelque 80 collaborateurs passionnés et engagés.

Aujourd’hui spécialisée dans l’édition et la diffusion de contenu de qualité, Maison Moderne génère un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros. Ses activités englobent les services de sa régie publicitaire, de son club d’affaires Paperjam Club et de son agence de communication spécialisée en content marketing, le tout supporté par un studio créatif interne habitué des récompenses.

Assistant CEO ( h / f )

Senior Web developer ( h / f ) Chargé de clientèle Magazines et guides

Parmi ses marques médias phares, Maison Moderne compte les magazines Paperjam, Delano, Archiduc, le guide gastronomique Explorator, mais également Flydoscope, le magazine de bord de la compagnie aérienne Luxair, City Mag, le magazine officiel de la Ville de Luxembourg et Merkur, le magazine de la Chambre de Commerce.

Maison Moderne recrute. La première entreprise média indépendante du Luxembourg propose actuellement 7 offres d’emploi et 3 offres de stage au sein de ses différents départements.

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Informations supplémentaires et candidatures via www.maisonmoderne.lu/jobs

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Entreprises Siège et business européen

01 Amazon franche

► La société est à Luxembourg depuis plus de 10 ans. On voit peu le géant mais il y vit. Son business et ses employés aussi. ► Le nombre d’emplois a été multiplié par 50, pour dépasser le millier de postes. Et les recrutements continuent. ► Très discrète d’ordinaire, la population amazonienne s’est laissée aller à quelques confidences, le directeur général Europe, Xavier Garambois, en tête. ― Texte : Alain Ducat ― Photos : Mike Zenari

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Et au milieu, coule l’Amazon. Les Rives de Clausen se miraient depuis toujours dans une paisible rivière. On y voit aussi couler un des flux les plus puissants du monde, depuis que le géant de Seattle s’y est implanté. Sans bruit, sans annonce, à la limite du déni d’existence. Comme toujours. Car, ici comme ailleurs, Amazon ne dit rien, ne communique pas, au point d’entretenir une aura de mystère autour de sa façon d’être. Et pourtant, Amazon fait partie de la vie de Luxembourg, avec de plus en plus d’importance, malgré les augures qui redoutaient, notamment, l’ar­rivée des chambardements fiscaux de 2015. En février 2006 déjà, Paperjam citait Éric Broussard, qui était alors le CEO d’Amazon Services Europe : « Le Luxembourg va devenir une plateforme importante pour Amazon », soulignait-il, ajoutant que le pays allait être le centre européen au niveau du management et du développement. À l’époque, Amazon, installée depuis un peu plus d’un an au Grand-Duché, y employait 20 personnes. Le cap des 10 ans de présence au Luxembourg a été franchi fin 2014 et la population « amazonienne » a été multipliée par… 50.

▲ Dans les bureaux du géant à Clausen, la population grouille, parfois nuitamment.

Xavier Garambois a, pour sa part, posé ses valises à Luxembourg à la fin de l’été 2012. Il était arrivé, en provenance d’Amazon France dont il était jusque-là le PDG, pour prendre la direction générale d’Amazon Europe et devenir vice-président European Consumer Business.

UNE SUCCESS-STORY ÉCRITE À L’ENCRE SYMPATHIQUE Son arrivée avait, elle aussi, été très discrète. Elle avait même failli être complètement phagocytée par l’inauguration officielle – sur initiative des ministères, avec le ban et l’arrièreban politico-économique – des bureaux nichés aux Rives de Clausen, plusieurs mois en fait après que l'entreprise américaine y ait

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pris ancrage, à quelques centaines de mètres du siège « historique », une jolie maison de la rue Plaetis, dans le Grund. Depuis, la success-story, discrète par nature mais alimentée par les faits, a con­ tinué de s’écrire, à l’encre sympathique. Mais pourquoi entretenir cette chape de non-communication dans le chef du géant mondial solidement installé au Grand-Duché, alors que certains – surtout dans la presse française ou anglaise, lorsqu’il s’agit de pointer l’ingénierie comptable et fiscale de la multinationale – s’entêtent à le voir comme un acteur virtuel ? « Nous sommes une entreprise qui ne parle que quand il y a des nouveautés à offrir à nos clients, à nos auteurs, à nos commerciaux ou à nos développeurs par exemple. C’est de ceuxlà que nous tirons notre énergie et c’est pour eux que nous travaillons. C’est pour ça que nous sommes ici ! » C’est Xavier Garambois qui le dit, dans une interview – fait rarissime – à Paperjam. « Nous inventons sans cesse et nous interagissons avec le client au centre de notre vision », poursuit-il sans se départir de réflexes corporate. Mais sans éluder non plus, tant qu’on ne parle pas chiffres ou affaires en cours. « Cela fait un peu plus de 10 ans qu’Amazon a son QG européen à Luxembourg. Nous avons ici une équipe de plus d’un millier de collaborateurs, répartis entre le Grund, Clausen et un large plateau au Kirchberg », développe Xavier Garambois. De fait, le troisième site (photo page 68) avait été ajouté, sans annonce bien

sûr, par le biais d’une location dans un immeuble de bureaux rue Edward Steichen, à la mi-mai 2014. À ce moment, l’approche du virage fiscal de 2015 faisait se détourner quelques sociétés de leur base luxembourgeoise plus ou moins consolidée. Amazon, elle, est restée. Et continue de se développer, comme en témoigne un recrutement quasi perpétuel. « Nous avons des employés qui viennent de toute l’Europe, voire du monde. Cela donne un environnement de travail très fun, très intéressant, très riche, souligne le vice-président Europe, qui ajoute, à l’américaine, We’re having a great time. » De fait, la présence d’Amazon, pour qui veut la voir, peut sauter aux yeux. La société a par exemple noué des partenariats locaux (avec le réseau Girls in Tech notamment) et elle participe avec enthousiasme à des challenges, à l’échelle du pays et de ses forces de travail, via des compétitions sportives inter-entreprises notamment. Mais, à nouveau, le faire-savoir n’est pas dans la culture de la maison.

UN GROS CENTRE DE MANAGEMENT DES AFFAIRES ET DES SERVICES Alors, que trouve-t-on, au juste, derrière Amazon Europe Core, société à responsabilité limitée dont le siège demeure au 5, rue Plaetis, au capital social de 37.500 euros, inscrite au registre de commerce et des sociétés

sous le no B 180022, et à l’autorisation d’établissement commercial n° 10040783 ? « Le business européen d’Amazon, ce sont cinq sites web clients – pour la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la France – qui servent des dizaines de millions de clients à travers l’Union européenne, résume M. Garambois. Nous acheminons les produits du e-commerce via notre European Fulfillment Network, une organisation logistique qui compte à présent ◄ Le siège historique dans le Grund (ci-dessus) est discret, mais pas tout seul. Comme le patron européen, Xavier Garambois.

Nous avons des employés qui viennent de toute l’Europe, voire du monde. Cela donne un environnement de travail très fun, très intéressant, très riche. Xavier Garambois (Amazon Europe)

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Entreprises Siège et business européen

6.000 POSTES EUROPÉENS EN UN AN

28 centres en Europe. Nous offrons également des plateformes puissantes, pour permettre à d’autres de construire leur propre business, de changer de carrière, de mener à bien leurs aspirations. Concrètement, il y a Kindle Direct Publishing, la plateforme pour les auteurs, la plateforme Marketplace pour les échanges achats-ventes entre commerçants, particuliers ou des vendeurs tiers, Amazon Web Services, notre collection de services informatiques distants, notamment le cloud, pour les développeurs ou les entreprises… » Et ces activités sont pilotées, pour le marché européen, depuis Luxembourg, par des centaines de collaborateurs actifs. « Oui, nous avons ici notre senior management team européen pour le e-commerce, les aspects légaux et réglementaires, les finances, le marketing et les relations publiques, les ressources humaines, mais aussi les équipes techniques de gestion de nos outils et plateformes. L’équipe qui dirige les 28 centres européens précités est aussi basée ici ; tout ce réseau est géré depuis Luxembourg. » Important acteur logistique, Amazon, nonobstant la suggestion répétée par le gouvernement qui fait de ces métiers un de ses axes prioritaires pour la diversification économique, n’a pas de plateforme logistique physiquement posée au Grand-Duché. « Il n’y a pas de plan en ce sens, confirme Xavier Garambois. Nous avons un gros centre d’acheminement et traitement de commandes à Coblence, pas très loin d’ici. » Et le géant a déployé d’importants sites en France notamment. Il n’empêche que le choix de Luxembourg a été et reste stratégique. Au risque de répéter un discours convenu, Xavier Garambois énonce : « Nous avons choisi Luxembourg parce

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Au passage, Amazon, qui alimente sans discontinuer les annonces de recrutement pour une dizaine de métiers et de profils, ne man­ que pas de reproduire ce discours charmeur pour ses potentielles recrues. « Notre siège social européen se situe entre le Grund et Clausen à Luxembourg. Remparts, casemates, rivière, rues pavées et village médiéval font tout le charme de ces quartiers, lit-on sur la page careers francophone du site amazonien. Malgré sa petite superficie, (le Grand-Duché) jouit d’une économie extrêmement développée et, selon le FMI, du PIB par habitant le plus élevé au monde. Maisons et écoles sont ici d’excellente qualité, tout comme le niveau de vie. » Alors Amazon entend bien continuer son développement. En d’autres endroits de la ville ou du pays aussi, avec ses propres bâtiments peut-être ? « Non, nous ne prévoyons pas d’investir dans de nouveaux bureaux, mais nous Les Amazoniens sont aussi sur le terrain, dans le « corpo » de futsal par exemple. ▼

continuons de louer – notamment au Kirchberg. Il y a encore une belle liste de jobs à pourvoir sur notre site… », répond le manager européen. De fait, Amazon a une puissance de feu redoutable sur le continent. « Il y a plus de 32.000 collaborateurs permanents d’Amazon dans toute l’Europe, souligne Xavier Garambois. L’an passé, nous avons créé envi­ron 6.000 nouveaux emplois, un record ! Et on continue à recruter et à créer des postes, un peu partout. » Aussi à Luxembourg où, pour rappel, se trouve le centre de gestion de ressources humaines européen. C’est donc bien une population impressionnante et internationale qui s’agite, sous la discrète bannière Amazon, à Luxembourg, déclenchant un ballet régulier de navettes et de taxis entre les trois sites de travail, générant des dizaines d’heures de formations, de séminaires ou de stages, faisant briller sa sélection de futsal dans la compétition nationale, marchant aux côtés de dizaines d’entreprises ancrées ici, alimentant le marché des services au Grand-Duché et dans sa grande périphérie régionale… Les Amazoniens sont bel et bien là. Ils ne crient pas fort mais, quand on veut les entendre ou les écouter, ils prouvent qu’ils existent. En toute franchise. ◄ En résumé Amazon à Luxembourg, c’est du costaud qui ne dit jamais rien. Un millier de collaborateurs, trois sites, une vie sociale. Malgré ce silence jalousement gardé, même quand les attaques extérieures semblent douter de la réelle présence du géant, le groupe, depuis plus de 10 ans, développe son business européen ici. Et ce n’est pas fini.

PHOTO : GOLEM

que c’est un endroit idéal pour faire du business, une place multiculturelle, agréable à vivre. Nous pouvons y trouver ou y attirer un vaste pool de professionnels multilingues, bien formés. D’ici, on peut aisément voyager à travers toute l’Europe, ce qui est primordial pour un business pan-européen comme le nôtre. »

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Shaaf Milani-Nia photographiée à l’Amicale des Amis devant une œuvre de Spike par Julien Becker.

Shaaf Milani-Nia lit Archiduc depuis 2010. Merci

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Entreprises Abdu Gnaba

02 « Pas de moteur géné­tique à l’esprit d’entreprise »

► Qu’est-ce qui pousse un entrepreneur à se lever, à créer, à développer et à transmettre ? Le socio-anthropologue français s’est penché sur les marqueurs identitaires des entrepreneurs familiaux au travers d’un essai, L’Explorateur et le Stratège : le voyage éternel des entrepreneurs familiaux, publié avec le soutien de la Banque de Luxembourg. ► À ses yeux, l’esprit d’entreprise est avant tout une démarche culturelle et non pas naturelle. ― Interview : Jean-Michel Gaudron ― Photo : Mike Zenari

Considérer l’entrepreneuriat sous l’angle anthropologique, c’est s’engager pour un voyage en terres souvent méconnues. À l’initia­ tive de la Banque de Luxembourg, désireuse de mieux comprendre les mécanismes qui ani­ ment les entrepreneurs dans leur démarche et leur façon d’être, et avec le soutien de l’organi­ sation philanthropique suisse Wise, l’anthropo­ logue Abdu Gnaba et ses équipes de Sociolab, l’institut d’études internationales qu’il a fondé en 2008, se sont penchés sur les marqueurs identitaires de ces entrepreneurs. Cela donne l’ouvrage L’Explorateur et le Stratège : le voyage éternel des entrepreneurs familiaux, un essai facile à lire réalisé au tra­ vers d’entretiens avec des entrepreneurs de tous niveaux et de tous secteurs venant de Belgique, Luxembourg, France et Suisse.

Monsieur Gnaba, peut-on parler d’une « race » à part quand on évoque les entrepreneurs ? « Je parlerais plutôt de tribu. On ne naît pas entrepreneur, on le devient à partir du moment où l’appétit est aiguisé et qu’on se donne les moyens de développer quelque chose. Je placerais l’entrepreneur au même niveau de passion qu’un artiste ou un jardinier : il est animé par la volonté de créer, développer et transmettre. Et quand je dis transmettre, je ne parle pas forcément au sens filial, mais transmettre l’esprit. Un entrepreneur, c’est celui qui comprend son environnement et le monde, et qui veut insuffler sa propre vision pour y laisser une trace spirituelle. Ce n’est pas un visionnaire au sens propre, c’est quelqu’un qui voit. Il s’intéresse tout autant au chemin qu’à son arrivée. D’ailleurs, généralement, quand on 070 ―

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Entreprises Abdu Gnaba croise un entrepreneur qui a abouti, il est souvent déjà en train de passer à autre chose. L’entrepreneur c’est l’homme qui sait s’adap­ ter, sait écouter et sait raconter. S’il n’est plus dans ce mouvement de vie, il cesse d’être entrepreneur.

Où retrouve-t-on, dans ce contexte, le parallèle avec le jardinier ? « Le jardinier nous apprend que pour être un bon jardinier, il fallait créer, entretenir et renouveler. Un entrepreneur est, à mes yeux, le symbole de ce que j’appellerais le ‘très vivant’. C’est quelqu’un qui s’adapte. De toute façon, le principe de la vie, c’est l’adaptation. Certains appellent ça de l’innovation, mais l’innova­ tion n’est rien qu’un concept marketing qui incite à aller du vieux vers du neuf. Pour un anthropologue, la question n’est pas de savoir si c’est vieux ou si c’est neuf, mais si c’est le bon moment ou pas, si c’est la bonne chose à faire ou pas. Cette faculté d’adaptation constitue le pre­ mier marqueur identitaire de l’entrepreneur. Puis, vient l’acceptation de la différence : un entrepreneur ne réussit pas tout seul. C’est un homme de troupe. C’est un leader. Et un leader, c’est celui qui sait définir une direc­ tion, en donner une image pour fédérer autour de lui différentes forces. Pour mettre en application ses idées, il doit transmettre de l’enthousiasme à ceux qui l’entourent. Et, du coup, l’entrepreneur doit être aussi un narrateur, un conteur, un auteur. N’oublions pas que le mot ‘autorité’ vient du mot ‘auteur’. Si on ne sait pas se définir, dire ce qui se passe et raconter une histoire, alors on ne peut pas être entrepreneur. On ne reste rien d’autre qu’un artisan qui fait son travail dans son coin. Le récit, en tant que tel, ne fait tout de même pas un bon entrepreneur… « Non. Tout cela ne suffit pas si ça ne passe pas l’étape du temps. Et c’est là que l’entre­ preneur est particulier et rejoint l’artiste dont l’œuvre dépasse le temps, ou le jardi­ nier dont le travail dépasse les saisons. La véritable création, c’est une histoire. Ce ne sont pas des mots, mais ce sont des choses. L’Homme fonctionne aux symboles et va les chercher. Au commencement était le verbe, peut-on lire dans les Évangiles. Mais pour que ça existe, il faut pouvoir dire les choses ! Tout comme les artistes tiennent le pinceau et hiérarchisent le monde pour le voir à leur façon, les entrepreneurs aussi illustrent leurs propres mondes. Qu’en est-il de la dimension temporelle ? « L’entrepreneur, et encore plus l’entrepre­ neur familial, est celui qui veut vaincre le temps au-delà de sa propre existence dans sa pensée. Ce qu’il crée doit être pérenne. Il s’attèle à un rythme et c’est pour ça qu’il a toujours des idées. Un des entrepreneurs que nous avons rencontré dans le cadre de cet essai nous disait : ‘Celui qui ne crée pas, qui

n’entreprend pas, qui n’a pas de projet, toujours un projet, celui-là ne vit pas.’ Un entrepreneur n’a pas d’autres choix que d’avoir des projets. Il ne se lève pas le matin en décidant d’être entrepreneur. Il cherche des choses, essaie des combinaisons, mélange des couleurs. Il y a une idée de ferti­ lité chère au jardinier : avoir des idées et faire en sorte qu’elles se réalisent. Il faut aimer la vie pour pouvoir la changer, non pas parce qu’elle n’est pas bien, mais dans l’idée de jouer, de danser avec. C’est aussi là que l’on considère la diffé­ rence entre un entrepreneur familial, qui sait créer un lien social, d’un simple gestionnaire qui considère que l’argent fait de l’argent. L’enrichissement de soi à travers la réalisa­ tion d’une œuvre pérenne vaut beaucoup plus que l’enrichissement via des bénéfices.

Au-delà de la transmission du savoirfaire, cette œuvre pérenne ne doit-elle pas aussi passer par la transmission de l’esprit d’entreprendre ? « Évidemment ! Et en tant qu’anthropologue, dans la notion d’esprit d’entreprise, c’est surtout le volet ‘esprit’ qui est intéressant. Il faut préserver cette tribu. Les entrepreneurs sont des huma­ nistes, parce qu’ils ne confondent pas l’erreur avec la faute. Tout le monde a le droit de se tromper ! Pour un entrepreneur, une idée n’est jamais bonne ou pas bonne. C’est juste le bon moment ou pas. Et un entrepreneur est à la base rebelle : il y a des rapports de pouvoir qui sont établis et il veut les changer. Mais de ce côté de l’Atlantique, on est dans un univers qui nous norme, qui inhibe, où on te montre du doigt pour te mettre en défaut. Une société où on a tendance à dire que le système fonctionne très bien comme cela et qu’il faut le répliquer. Et que ceux qui sont bons sont ceux qui savent le répliquer. Sous-entendu : ‘Qui es-tu, toi qui veux changer les choses ?’ Et très souvent, ce que craint le plus l’Homme, c’est l’excommunication. Ce que vous observez, en tant qu’anthropologue, est-ce que les entrepreneurs, eux-mêmes, en ont conscience ? « Quand ils ont lu l’essai, ils ont tous réagi en disant : ‘Oui, c’est comme ça que ça se passe.’ Mais ils n’ont pas besoin de ressentir tout ça. Ils ne sont pas dans l’analyse, ils n’ont pas à l’être… jusqu’au moment où la question de la trans­ mission intervient. Car quand on fait les choses en pensant qu’elles sont naturelles, on va exiger des autres qu’ils partagent cette même nature. Or ce n’est pas naturel, c’est culturel. Il n’y a pas d’ADN, il n’y a pas de moteur génétique à cet esprit d’entreprise. Ceux qui réussissent le mieux leur trans­ mission, ce sont ceux qui prennent assez de distance. Il faut être capable de se voir de l’extérieur, d’identifier ce que l’on est pour pouvoir le raconter et permettre à l’autre d’adhérer, de venir vers soi, et non pas de convaincre et d’aller l’un contre l’autre. C’est souvent l’erreur de celui qui est auteur,

qui sait faire preuve d’autorité, mais qui risque de devenir autoritaire.

La problématique de la transmission n’est-elle pas plus cruciale aujourd’hui, avec la fin de carrière programmée de la génération baby-boom ? « On est en effet dans un contexte particulier d’une génération de dirigeants qui a connu une période d’expan­ sion fabuleuse, mais qui s’accroche à un pou­ voir qu’elle dénonçait du temps où elle était jeune ! Ces baby-boomers sont nombreux, ils durent longtemps et ils ne partagent pas ce pouvoir, sauf ceux qui ont choisi de passer de rôle d’autorité active à celui d’autorité spi­ rituelle, c’est-à-dire de mentor. La grande difficulté de l’entrepreneuriat aujourd’hui est que cette courroie de trans­ mission entre les anciens et les plus jeunes ne se fait pas, ou trop peu, car la classe domi­ nante ne veut pas toujours laisser de place à celle qui suit, ou bien porte un jugement sur elle sans vouloir admettre qu’elle est tout simplement en train de s’adapter au monde comme elle le voit, avec ses propres yeux. Il n’y a pas de respect mutuel et c’est vrai­ ment un grand défaut de notre civilisation. Si le rapport est tendu entre les généra­ tions, c’est parce qu’il y a un défaut de com­ munication, chacun pensant que ce qu’il a en tête est une évidence pour l’autre. Au vu de cette nécessité de communiquer et compte tenu des technologies d’aujourd’hui, un entrepreneur a-t-il la vie plus facile qu’avant, lorsque ces moyens de communication n’existaient pas ? « Un entrepreneur ne communique pas juste pour communiquer. Il lui faut du fond. Or, la difficulté aujourd’hui est qu’on est dans un temps de l’immédiateté : tout va très vite et on attend des bénéfices immédiats. Pour illustrer à l’extrême, je dirais qu’un entrepre­ neur, ce n’est pas un trader, dans le sens où il n’est pas à la recherche du bénéfice immé­ diat. On est davantage dans la construction d’une œuvre sur le long terme. C’est en ça que les entrepreneurs d’hier ressemblent à ceux d’aujourd’hui. Mais le véritable entrepreneur se dégage de l’environnement anxiogène d’aujourd’hui et se dit qu’il veut aussi faire quelque chose. Pour pouvoir entreprendre, il faut savoir pas­ ser au-delà des normes imposées et accepter de jouer. Non pas pour faire un coup, comme au casino, mais plutôt pour développer stra­ tégiquement une œuvre qu’il construit au fil du temps. Il doit être capable de prendre assez de risques pour aller vers l’inconnu. D’où le titre de l’essai qui évoque le côté explorateur et stratège. » ◄ En résumé À quoi carburent les entrepreneurs familiaux ? Le socio-anthropologue français Abdu Gnaba s’est penché sur la question, dans le cadre d’un essai publié à l’initiative de la Banque de Luxembourg. Pour lui, la démarche entrepreneuriale repose en grande partie sur la capacité de savoir communiquer son esprit, dans une démarche qui est culturelle et non pas naturelle.

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Entreprises Centre de médiation civile et commerciale

03 Image de bonne résolution ► 38 % moins chère et 62 % plus rapide que la justice classique, la médiation peut être utilisée par les entreprises, en interne comme en externe. ► Anonymat garanti, honoraires raisonnables, sauvegarde de sa réputation, maintien de relations commerciales courtoises et co-construction de la procédure font partie des avantages. ― Texte : Florence Thibaut ― Photo : Mike Zenari

Créé en avril 2012 avec le soutien du ministère de l’Économie, le Centre de médiation civile et commerciale (CMCC) connaît un succès grandissant. Pour se rapprocher des justiciables, son équipe – un conseiller et un secrétaire général – a choisi de s’installer au cœur de la cité judiciaire. « Il y a une vraie volonté politique de promouvoir la médiation. En effet, différentes études, dont une réalisée par le Parlement européen, montrent un impact non négligeable pour le budget de l’État. Par essence, la méthode est universelle, elle s’adresse à tout type de domaine et fonctionne de la même façon partout, cadre Jan Kayser, secrétaire général du CMCC. Elle peut ainsi être utilisée dans toutes les branches du droit et intervenir à différents stades d’un conflit. C’est un outil de communication pacifique et constructif. » Une charte de la médiation permet déjà aux entreprises de s’engager publiquement sur cette voie. En marge du système judiciaire classique, la médiation touche en moyenne 30 % des litiges. On estime à 70 % son taux de succès. Inscrite dans la loi, elle y est définie comme « un processus structuré dans lequel deux ou plusieurs parties à un litige tentent volontairement par ellesmêmes de parvenir à un accord sur la résolution de leur litige avec l’aide d’un médiateur indépendant, impartial et compétent ».

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Plus souple qu’une procédure traditionnelle, la technique, qui permet aux parties de trouver une solution entre elles, est aussi 38 % moins chère et 62 % plus rapide. « On n’est pas convoqué comme à la Cour. Tout ne s’arrête pas à 17 h comme dans la justice classique. Les parties gardent la main sur la procédure, c’est un grand avantage. Ce sont aussi elles qui se mettent d’accord sur les honoraires. » Le rôle du médiateur, troisième point du triangle, est d’offrir un regard externe, neutre, et de faire la balance des intérêts en présence. Le premier contact avec lui se fera en ligne. Ils sont aujourd’hui 27 médiateurs assermentés à endosser le rôle en plus de leur travail – avocats, médecins, juristes ou architectes. Et Jan Kayser de constater : « Ils gardent un pied dans le terrain, c’est essentiel. Le choix du médiateur est très important. Il faut qu’il comprenne les contraintes et le métier des parties. » Le CMCC propose une formation théorique de 56 heures, suivie ensuite de petits-déjeuners médiation pour confronter les apprentis à des cas pratiques réels. « Il y a quelques grands principes à apprendre, mais le plus important est de s’entraîner. L’exercice demande une vigilance et une neutralité constantes. C’est un vrai travail d’équilibriste, puisqu’il lui faut accompagner chaque partie et s’oublier soi-même. »

▲ Jan Kayser, Centre de médiation civile et commerciale (CMCC)

La confidentialité est un des moteurs de la médiation. « Ni juge ni arbitre, un médiateur ne peut divulguer le contenu des discussions. Ce qui a été dit ne pourra jamais être réutilisé de manière négative », même le cas échéant dans un éventuel procès ultérieur. Maîtres de la procédure, les parties elles-mêmes ont la possibilité d’influer sur la décision. « Dans une procédure classique, on remet son sort à un tiers, ici on garde la main et on tient compte de l’autre. » Avocats, créanciers ou débiteurs ont tout à gagner à accepter de jouer le jeu. « Les avocats jouent un rôle central dans une médiation. En effet, chaque partie peut se faire conseil­ ler afin de bien cerner ce qu’elle souhaite obtenir. » Un accord de médiation codifie en bout de parcours les engagements pris. Il revêt alors une portée

contraignante. « C’est le seul document privé qui relève, en droit luxembourgeois, d’un caractère exécutoire. Un huissier peut ainsi en faire exécuter les obligations. » En facilitant une discussion dépassionnée, la méthode permet de garder la face, de rétablir le dialogue avec un client, un fournisseur ou un salarié. « En plus de faire économiser du temps et de l’argent, deux éléments essentiels pour les entrepreneurs, la médiation permet de clarifier les positions en présence, souligne Jan Kayser. Alors que la procédure classique reste plutôt en surface, la médiation tente, à chaque fois, de cerner le fond d’un conflit. Pas encore connue de tous les acteurs qui pourraient en bénéficier, elle gagne progressivement du terrain. C’est un réflexe que nous voulons inculquer, même si ce n’est pas la réponse à tous les problèmes. L’essentiel est d’au moins l’envisager comme alternative. L’augmen­ tation du nombre de demandes est un signal encourageant. » ◄ En résumé Outil de communication externe et interne, la médiation permet aux parties d’influer sur la procédure et de contribuer au résultat. Moins chère et plus rapide, la technique a un bon taux d’efficacité de 70 %.

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Joanna Baginska photographiée par Julien Becker.

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Entreprises Soundtastic et Mayfex

04 Ça va faire du bruit

► Soundtastic et Mayfex lient leurs forcent pour offrir tout un panel de services autour du son lié à l’image, notamment au cinéma. ► Basées à Differdange, elles y apprécient les synergies avec d’autres industries créatives. ► Elles ont des clients aux États-Unis ou au Japon, mais les producteurs luxembourgeois ne font encore que très peu appel à elles. ― Texte : France Clarinval ― Photos : Jessica Theis

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Un feu de camp qui crépite et quelques étincelles qui s’échappent dans la nuit, des oiseaux qui gazouillent, un drôle de bruit quand le méchant apparaît, Bruce Willis qui parle français… le cinéma regorge de sons, de tonalités, de voix et de musiques dont on ne se rend pas forcément compte, mais qui contribuent pleinement à la qualité du film. Difficile de s’imaginer que le bruit des étin­ celles est obtenu en éclatant les bulles en plastique des emballages de protection et que le crépitement du feu vient de bandes magnétiques malaxées… L’envers du décor qui engendre la magie du cinéma, il se réalise aussi au Luxembourg. Soundtastic et Mayfex, deux sociétés spécia­ lisées dans le son, ont uni leurs forces pour créer un studio à Differdange. Elles y pro­ posent tous les services qui concernent le son : musique, bruitage, doublage, enregis­ trement, mixage, création sonore, voix pour répondeurs… pour tous les professionnels de l’image et de la communication : cinéma, animation, télévision, publicité… Derrière ces sociétés, des passionnés qui ont développé leurs compétences au fil de

▲ Joël Heyard et Aaron Baustert (Mayfex) entourent Alexandre Gilbert et Vanessa Leiritz (Soundtastic).

l’expérience. Alexandre Gilbert travaille dans le secteur du doublage à Bruxelles et à Paris depuis plus de 20 ans. Il a entraîné sa com­ pagne, Vanessa Leiritz, dans l’aventure : « Quand j’étais à l’université en langues étran­ gères appliquées, je voulais apprendre le dou­ blage, mais ça n’existait pas. » Ils ont fondé Soundtastic en 2011 et développent l’activité depuis lors. De leur côté, Joël Heyard et Aaron Baustert ont fondé Mayfex en 2013 après de nombreuses années d’expérience dans divers studios.

PARTIR DE L’IMAGE « Le bruitage, comme le doublage, ça ne s’ap­ prend que par l’expérience », relate Alexandre Gilbert, bien en peine pour expliquer com­ ment fonctionnent les coulisses de ces métiers. Selon les cas – film d’animation

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Entreprises Soundtastic et Mayfex ou live – et selon le moment où ils inter­ viennent – parfois dès la préproduction, généralement quand le film est fini et monté – les étapes ne sont pas tout à fait les mêmes. Mais « le point de départ, c’est l’image », précise Vanessa Leiritz, qui cherche toujours à « s’im­ prégner de l’état d’esprit du film, à comprendre les intentions du réalisateur ». Ce qui est loin d’être facile, même quand l’occasion se pré­ sente de discuter avec lui : « Certains nous demandent un son ‘chaud’ ou une ambiance ‘bleue’… », s’étonne Aaron Baustert. Pour le doublage, le départ, c’est chercher les voix et donc trouver les comédiens. Soit il faut imaginer et tester des voix, pour les films d’animation, soit il faut trouver une voix qui ressemble à celle de l’acteur dans la langue originale. Certains comédiens français sont des pointures du genre, attachés à des comé­ diens américains. Ainsi, Patrick Poivey (Bruce Willis, Mickey Rourke, Bill Murray…), Richard Darbois (Harrisson Ford, Richard Gere, Dany Glover…), Éric Metayer (Tim Roth et des dizaines de personnages animés) sont passés par les studios de Soundtastic. Selon Vanessa Leiritz, « il y a aussi beau­ coup de comédiens locaux que nous avons for­ més pour cet exercice particulier ». En effet, pour un doublage, le comédien doit « oublier » son corps et se concentrer sur sa voix et son texte. Il doit s’effacer lui-même pour être l’autre acteur, sans compter la lec­ ture synchronisée où aucune improvisation n’est possible. Car le dialogue doit non seule­ ment raconter la même chose que le texte original, mais aussi coller parfaitement au rythme et au mouvement des lèvres. Il y a des langues où l’adaptation s’avère particuliè­ rement délicate : « Le japonais et le russe uti­ lisent des longs mots et des longues phrases pour peu de mots en français ou en anglais. L’allemand comprend plus de F que le fran­ çais… », détaille l’équipe qui parle d’adapta­ tion et non de traduction. Une phase de

Pourquoi Differdange ?

La ville plus facile Depuis quelques années, Differdange a complètement revu la politique de la ville pour y attirer des jeunes entreprises et des industries créatives. Paroxysme de cette volonté, le 1535 °C et ses centaines de mètres carrés proposés aux éditeurs, producteurs, animateurs, artistes, graphistes et créatifs de tout poil. La stratégie n’échappe pas aux pros du son : « On sent que c’est une ville qui bouge, il y a une réelle émulation entre les différents acteurs créatifs installés à Differdange », souligne Vanessa Leiritz. Une volonté de travailler ensemble s’inscrit chez tous : un producteur de cinéma

travail que Vanessa Leiritz apprécie particu­ lièrement : « Je peux passer deux heures sur une phrase pour trouver le mot juste… c’est passionnant ! » Quand il s’agit de création de voix pour les films d’animation, le travail se fait généra­ lement en amont, les animateurs adaptant les dessins des mouvements de bouche au son. Après le travail avec les acteurs, « de la mise en scène sans mouvement », vient le temps de la postproduction. C’est là qu’interviennent Mayfex et les nombreuses possibilités du stu­ dio selon les besoins du film. « Nous proposons la création, l’enregistrement et le mixage de bruits, habillage, effets, musique… », explique Aaron Baustert. Le bruit correspond à un moment précis, une action, alors que l’habil­ lage donne une ambiance. Enfin, les effets

qui s’installe bientôt au 1535 °C, un studio d’enregistrement et de répétition qui va y être créé. « Nos jeunes sociétés ont choisi Differdange parce qu’il nous semble que le vent de l’avenir souffle par là », estime Aaron Baustert. Le vent n’est pas un vain souffle. Les instances communales semblent très actives pour soutenir ces sociétés qui s’installent : « Quand on parle au city manager, il demande ‘qu’est-ce que je peux faire pour vous aider ? ’, c’est assez rare pour être souligné », renchérit Alexandre Gilbert. F. C. ◄

sont moins naturels, plus créatifs, imaginaires. Le studio propose aussi de réenregistrer les voix quand il y a eu des problèmes en prise directe, ainsi que d’autres services moins liés au cinéma, la création de jingles ou de voix pour les répondeurs par exemple.

IGNORÉS DES LUXEMBOURGEOIS C’est donc une offre très complète que pro­ posent Soundtastic et Mayfex. Et les clients viennent parfois de bien loin pour cela : la télévision japonaise NHK, une grosse poin­ ture de la production et de la distribution américaine (Miramax, pour être précis), des télévisions françaises ou encore Netflix n’hé­ sitent pas à faire appel à ces professionnels. Ils s’adressent à la petite société luxembour­ geoise pour l’excellent rapport qualité / prix de ses prestations, l’expérience et la passion. « Nous proposons des doublages vers le fran­ çais, l’anglais, l’allemand et le luxembourgeois, ce qui fait un beau panel de langues », argu­ mente encore Vanessa Leiritz. Curieusement, la production locale n’a pas encore tout à fait trouvé le chemin jusqu’à eux. « Les produc­ teurs luxembourgeois ne nous connaissent pas et ont leurs habitudes en Belgique. On ne nous demande même pas de devis, alors qu’on est très compétitifs… C’est dommage parce que nous voudrions nous impliquer dans la pro­ duction cinématographique du pays. » Cette situation pourrait évoluer grâce aux nouvelles synergies mises en place avec Mayfex et bientôt avec d’autres industries créatives differdangeoises. ◄ En résumé Les coulisses du cinéma se jouent aussi à Differdange où deux petites sociétés, Soundtastic et Mayfex, se sont unies pour créer un studio où tout ce qui concerne le son est possible : doublage, bruitage, musique, effets. Des métiers qui s’apprennent en grande partie par l’expérience et qui demandent de la passion et de l’investissement.

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Entreprises Écosystème

05 Start-up and always upper ► Linc, Nyuko, Lux Future Lab, Technoport : l’écosystème contribue à faire souffler l’esprit d’entreprise et à placer la barre plus haut. ► De plus en plus, les idées innovantes rencontrent entrepreneurs, incubateurs et investisseurs. ― Texte : Florence Thibaut et Alain Ducat ― Photo : Sven Becker

En ce printemps, souffle l’esprit d’entreprise. Lux Future Lab déménage et voit plus grand ; le Technoport suit ses pépites ; Nyuko, structure – issue de la rencontre de Business Initiative et The Impactory – pilotée par Nicolas Buck, a pris ses quartiers à Hollerich. Et Linc entre dans la danse des start-up. Linc ? Luxembourg Internet Culture, Luxembourg Innovative Company ou Luxem­bourg Incubator. Ou, mieux encore, un con­densé de tout ça. C’est en tout cas le vœu de Marc Neuen et de son équipe : la Compagnie luxembourgeoise des annuaires, fondée en 2006 pour encadrer le dévelop­ pement de yellow.lu, a opéré un rebranding et, depuis l’été 2014, Linc a développé une stratégie pour capitaliser sur les acquis techniques et l’expérience emmagasinée, et innover. La diversification s’opère en interne, avec des business units aux compétences spécifiques, à l’image de Webpartner (lancée fin 2014), une agence spécialisée dans le marketing digital et le brand monitoring. Mais Linc entre aussi dans la logique de l’écosystème. « On peut aussi apporter une partie de notre savoir-faire et aider le marché », glisse Marc Neuen. Une première start-up, Foostix.lu, en béné­ ficie : Linc a injecté 100.000 euros pour augmenter le capital de cette entreprise internet familiale, qui joue la carte des plats de restaurant livrés à domicile. Et il y en aura d’autres. Si deux projets ont déjà été jugés non pertinents dans ce contexte, deux autres sont dans le pipeline, dont un menant jusqu’en Afrique. Un budget théorique de 6 à 700.000 euros est d’ailleurs prévu par le groupe Linc, pour pouvoir investir en sautant sur l’éventuelle occasion. On peut rappeler que, avec Linc, on est au cœur du tissu entrepreneurial du pays : depuis avril 2009, on y trouve notamment les administrateurs de sociétés Thierry Glaesener, John Penning, Dan Schneider, Pierre Schneider et Alex Sulkowski, l’avocat René Faltz, les sociétés Lakehouse ( JeanClaude Bintz), Kuhn Soparfi (Roland Kuhn), Luxite Finance (Charles-Louis Ackermann) ou Reflex Investment (Stan Torba).

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▲ Marc Neuen et Nicolas Buck font partie de l’écosystème autour des start-up et de l’esprit qui souffle dans le bon sens.

De plus en plus, il apparaît évident que les initiatives locales peuvent émerger ailleurs. « Des entreprises luxembourgeoises peuvent apporter de la valeur ajoutée dans la Silicon Valley », témoigne Georges Schmit, consul général et executive director du LTIO (Luxembourg Trade & Investment Office) à San Francisco. Illustrant la stratégie globale « Digital Lëtzebuerg », il souligne qu’avec les États-Unis, « les échanges commencent à aller dans les deux sens » et démontrent qu’une start-up made in Luxembourg « peut très bien percer en Californie ou ailleurs ». Pour ce faire, au départ, il y aura toujours une bonne idée. Jérôme Wittamer, head of capital investment management chez Genii Capital, est passé lui-même par l’odyssée entrepreneuriale, notamment durant les grandes années de Vox Mobile. Pour lui, patience, connaissance intime du marché visé, pouvoir de persuasion et ténacité doivent faire partie de l’arsenal de tout startupper. « Si on prend les success stories de la Silicon Valley, elles ont toutes été portées par des perfectionnistes qui ont de grandes capa­ cités de travail et besoin de peu de sommeil. »

Pour s’imposer, la bonne idée doit être associée à la bonne équipe, au bon produit et à la bonne exécution. Tester sans relâche, repenser le concept et ne pas se laisser démonter par les critiques sont d’autres facteurs de réussite. « Les meilleurs entrepreneurs que j’ai pu croiser sont avant tout de bons commerciaux. Ils vendent ce qu’ils n’ont pas encore et trouvent une solution ensuite. La perspective pour un créateur de projet ou pour un financier est la même : on ne sait pas ce qui va arriver, alors restons modestes », poursuit Jérôme Wittamer. Si créer une société est un projet intense, trouver le financement n’est jamais gagné. Le créateur doit prouver que le marché qu’il vise et la demande existent. Pourtant, souligne l’homme de Genii, « il y a beaucoup de fonds disponibles pour des projets incroyables, y compris sur des marchés saturés. En tant qu’investisseurs, nous voyons beaucoup de projets axés sur de super idées techniques, mais qui ne correspondent à aucune demande. Quelques clients n’y suffiront pas. Comme dans tout métier, ce sont, bien souvent, les expériences humaines qui nous guident ». Et si les business angels peuvent se mettre à marcher sur le même trottoir que ceux qui ne demandent que des ailes pour décoller, alors des start-up pourront viser plus haut. ◄ En résumé Les idées innovantes semblent se plaire au Luxembourg. Le terreau est fertile et l’écosystème est favorable. De plus en plus d’entrepreneurs locaux se positionnent et investissent.

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Les meilleures histoires ne sont pas toujours les plus courtes.

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Entreprises Reconversion d’un champion

06 Andy Schleck, nouveau commerçant à Itzig

► Le vainqueur du Tour de France 2010 va se reconvertir dans le commerce de cycles en s’associant à son beau-père, entrepreneur. ► Andy Schleck ne manque pas d’ambition et cible autant les amateurs du dimanche que les enfants.

Après avoir été forcé, à 29 ans, d’abandonner la compétition en raison de blessures, Andy Schleck se voit deux qualités qui vont l’aider dans la nouvelle vie qu’il a choisie : « rouler très vite sur le vélo » et « aimer les contacts avec les gens ». Dans la localité tranquille d’Itzig, qui a conservé son cachet villageois et échappé à la sururbanisation pavillonnaire malgré sa proximité avec la capitale, ce qui fut autrefois un café est en passe de devenir un magasin de vélos pas comme les autres. Avec un patron tout aussi peu conventionnel. C’est l’endroit que le vainqueur du Tour de France 2010 et son beau-père, l’entrepreneur Jeannot Delvaux, ont racheté pour le transformer en un temple commercial dédié à la petite reine sur 600 mètres carrés et deux étages. On y trouvera bien sûr la marque américaine Trek, l’ancien sponsor, mais aussi deux autres marques. Un choix qui n’est en rien définitif. Les lieux accueilleront un espace convivial pour y boire un café et y prendre une petite restauration. Une des ailes de la bâtisse deviendra un atelier de réparation. Pour l’heure, l’ancien café n’est qu’un vaste chantier dont il ne reste que les murs extérieurs. L’architecte intérieur Laurent Biever a été recruté pour l’aménagement des surfaces commerciales qui devraient ouvrir en 2016. C’est aussi cet architecte qui est à l’origine de l’aménagement du showroom Hydros, consacré aux salles de bains, appar­ tenant au même Jeannot Delvaux, situé à une centaine de mètres du futur magasin de vélos. C’est aussi dans le magasin de son beaupère qu’Andy Schleck fait son « apprentissage » dans la vente. « Un meuble, c’est un peu comme un vélo, vous pouvez en choisir la couleur, le dessin et les dimensions », plaisante Jeannot Delvaux qui a investi 50/50 avec son beau-fils. Andy Schleck n’en est pas encore là. Il s’est installé derrière un bureau discret jouxtant l’accueil du showroom, position qui lui offre une vue sur les clients entrant dans le maga­sin.

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▲ Andy Schleck projette donc dans son plan d’affaires de cibler les jeunes, auprès desquels il a une bonne image, pour leur redonner goût au vélo.

La société Andy Schleck Cycles, qui devrait rester la marque commerciale sous laquelle il opérera d’ici une grosse année, a été constituée fin février. Dans une seconde étape, il s’agira d’obtenir l’autorisation de commerce, préalable au démarrage des affaires. Andy Schleck n’a pas peur de la concurrence, car il a le sentiment de « créer un nouveau marché avec ce fabuleux magasin » dans lequel, il le promet, il sera là tous les jours et où il y en aura pour tout le monde et toutes les bourses. « On n’y trouvera pas seulement des vélos à 10.000 euros, assure-t-il. Celui qui a un vélo depuis 20 ans pourra aussi y trouver des pièces de rechange », poursuit l’ancien champion. Ni lui ni son associé ne souhaitent évo­ quer les investissements qu’ils vont réaliser. « Un montant très important pour un magasin de vélos, que nous ne voyons d’ailleurs pas comme un magasin de vélos », souligne Jeannot Delvaux. La clientèle visée est celle des fans du deux-roues pour le loisir, mais aussi les enfants, qui ont perdu l’habitude de se déplacer à vélo. « Quand j’étais gosse, se souvient

l’ex-gamin de Mondorf, il y avait plus de 25 vélos garés devant l’école. Aujourd’hui, les enfants ne se déplacent plus à bicyclette. J’ai vu récemment à la TV allemande un reportage sur les ravages que fait l’absence d’activité sportive. À 9 ou 10 ans, certains enfants doivent aller deux fois par semaine chez le kiné. » Andy Schleck projette donc dans son plan d’affaires de cibler les jeunes, auprès desquels il a une bonne image, pour leur redonner goût au vélo et surtout leur apprendre les règles de sécurité : comment freiner ou éviter des dangers de la route, mais aussi changer un pneu crevé. L’ex-coureur est assez sûr de son coup et du concept qu’il va développer en ambitionnant de faire d’Itzig le passage obligé des amateurs de vélo au Grand-Duché, mais aussi dans la Grande Région. Le futur maga­sin se trouve à 1 km de la piste cyclable du Reiserbann et il n’est pas exclu qu’il puisse ouvrir les dimanches pendant la saison. En parallèle à la boutique, Andy Schleck et Jeannot Delvaux entendent aussi lancer un site de vente en ligne pour commercia­ liser à plus grande échelle la marque Trek en Europe. ◄ En résumé Le vainqueur du Tour de France 2010, qui a dû aban­donner la compétition à l’automne 2014, se convertit dans le commerce de vélos. Associé à son beau-père, il ouvrira un magasin en 2016 à Itzig et rêve d’en faire le rendez-vous obligé des amateurs de deux-roues de la Grande Région.

PHOTO : DR / PAPERJAM

― Texte : Véronique Poujol

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Entreprises Étude Potentialpark

Stratégies digitales RH : peut mieux faire

― Texte : Jean-Michel Gaudron

C’est une première au Luxembourg ! L’institut d’études de marché mondiales Potentialpark, basé à Stockholm, et qui mène chaque année depuis 2002 une enquête sur le comportement en ligne des candidats dans le monde et les contenus digitaux RH mis à disposition par les employeurs, a sondé le Luxembourg sur le sujet. Il y apparaît, dans les grandes lignes, que les entreprises luxembourgeoises sont à la traîne en ce qui concerne le développement de leurs stratégies de communication de recrutement et d’influence RH. « Il y a une approche très conservatrice du recrutement

au Luxembourg », constate Antoine Lhosmot, expert marque employeur et communication RH chez Potentialpark, qui a piloté l’étude au Grand-Duché. L’innovation se fait générale­ ment par les sociétés qui sont, par culture, de toute façon obligées d’innover. » Au niveau mondial, l’étude Online Talent Communication (OTaC) a analysé, entre sep­tembre 2014 et février 2015, et après un premier tour d’horizon auprès de quelque 12.000 étudiants, 472 entreprises uniques et leurs 3.374 présences en ligne en tous genres (sites carrières, gestion de candidatures en ligne, pages carrières Facebook, comptes carrières Twitter, sites et applis mobiles carrières…) via une grille de lec­ ture forte de 385 critères. En Europe, 146 employeurs ont été con­ cernés, cumulant 596 présences en ligne. Pour le Luxembourg, 28 employeurs influents (pour 56 présences en ligne) dans le pays ont été passés en revue, sélectionnés sur base de leur taille, le dynamisme de leur recrutement et leurs pratiques de communication RH. « Au Luxembourg, on constate que les efforts des entreprises sont limités, compa­ rés à ce qui peut se faire en Allemagne ou en France. Ceux qui s’en sortent le mieux sont les grands groupes qui utilisent leurs

plateformes internationales pour amener ensuite les candidats au Luxembourg. » Ainsi, comme le montrent les tableaux cidessous, on retrouve DuPont de Nemours, EY, Société Générale Bank & Trust ou encore Ama­ zon aux avant-postes du classement OTaC 2015. « Ces entreprises proposent plutôt une plateforme partagée pour différents pays et permettent de convertir efficacement des visiteurs curieux en candidats motivés », note M. Lhosmot. Au niveau plus local, on peut noter la bonne performance de PwC qui propose le deuxième meilleur site carrières du Luxembourg pour les étudiants et jeunes diplômés ou encore BGL BNP Paribas qui se classe cinquième du classement des actes de candidature en ligne. Contrairement aux autres pays, il n’a pas été possible, au Luxembourg, d’établir un classement spécifique pour les médias sociaux, en raison d’un nombre trop limité d’employeurs engagés sur ce créneau. « Sur Facebook, les seuls exemples de véritables inte­ ractions avec les jeunes diplômés sont à mettre au compte des Big Four. » Autrement dit, le champ de progression est très vaste, ce que pourra montrer l’édition 2016 de cette étude, destinée à être reproduite chaque année aussi au Luxembourg. ◄

Les meilleurs sites carrières

Les meilleures expériences de candidature en ligne

Les meilleures stratégies digitales RH (sites carrières + candidatures en ligne)

Société Générale Bank & Trust

Société Générale Bank & Trust

DuPont

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PwC PwC

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DuPont EY DuPont

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EY

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Microsoft

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Amazon

5.

Amazon

5.

Amazon

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BGL BNP Paribas

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Microsoft

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EY

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Ceratizit

7.

Ceratizit

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Deloitte

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RBC Investor Services

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ING

8.

Ceratizit

8.

Microsoft

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BGL BNP Paribas

9.

ING

9.

PwC

10. Deloitte

10. BCEE

Société Générale Bank & Trust

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SOURCE : POTENTIALPARK – OTAC 2015 LUXEMBOURG

► Depuis 2002, l’étude Online Talent Communication analyse le comportement en ligne des entreprises dans leurs démarches RH. ► Menée pour la première fois au Luxembourg, l’étude identifie les meilleures pratiques, mais révèle que les entreprises sont encore loin d’être les plus performantes en la matière.

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10. ING

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Entreprises Sodrugestvo / Luxembourg House

08 Stéphane Frappat s’en va déjà ► Le CEO a démissionné pour raisons personnelles. ► Le président Lutsenko assurera l’intérim au siège mondial de Sodrugestvo à Luxembourg. ment le 31 mai, a été annoncée dès la mi-février aux actionnaires puis aux employés. Mais per­ sonne n’a voulu « polluer » l’inau­ guration officielle du siège mon­ dial à Luxembourg, fin février. Selon les procédures internes – et en vertu d'un accord avec l’ac­ tionnaire minoritaire, Mitsui –, le président-fondateur de l’entre­ prise, Alexander V. Lutsenko, assurera l’intérim, pour une durée non définie. M. Lutsenko devra en tout cas passer du temps à Luxembourg. A. D. ◄

PHOTO : SVEN BECKER (ARCHIVES)

Le CEO français de Sodrugestvo, Stéphane Frappat, a démissionné. « Pour une série de raisons personnelles, dit-il, je suis arrivé à la conclusion que je ne pouvais plus me consacrer suffisamment à l’accomplissement des objectifs ambitieux décidés par les actionnaires. » Pour des questions familiales sur­ tout, l’homme ne se sentait plus la disponibilité d’être à 100 %. L’environnement géopolitique délicat n’a sans doute pas favo­ risé les choses pour le CEO, très lié à l’histoire et au développe­ ment international de l’entre­ prise, d’origine biélorusse, forte­ ment ancrée dans les républiques satellites de Moscou. D’autres dirigeants pourraient, dit-on, lui emboîter le pas. La démission de Stéphane Frappat, qui partira effective­

► Stéphane Frappat (au centre) sera suppléé par Alexander Lutsenko (à droite).

09 Luxair gère la vitrine Elle prendra ses quartiers rue de l’Eau, en plein cœur des rues anciennes de la Ville. Et, timing parfait, elle devrait ouvrir ses portes en juin 2015. La Luxem­ bourg House, après un appel d’offres auquel quatre sociétés ont répondu, a été confiée à la gestion de Luxair. La compagnie aérienne sera responsable d’aménager l’espace commercial mis à disposition et loué par le ministère de l’Éco­ nomie. Sur 85 m2, la maison,

◄ À deux pas du Palais grand-ducal, à côté de la boutique de Lea Linster, la vitrine du pays sera au cœur du Luxembourg des visiteurs.

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ouverte sept jours sur sept, met­ tra en avant des produits gastro­ nomiques, artisanaux et culturels de qualité. Le projet vise à attirer des visiteurs, mais aussi des Luxembourgeois intéressés par le savoir-faire du terroir. Située sur le trajet prévisible de tout touriste passant par Luxem­ bourg, la rue de l’Eau a été choisie pour sa proximité avec le Palais grand-ducal. Les partenaires planchent dès à présent sur une stratégie commerciale dédiée. La Luxembourg House est un des outils que le gouverne­ ment voulait mettre en place d’ici l’été, dans le contexte de la stratégie de nation branding pilotée par Francine Closener, mais aussi en vue de la prési­ dence du Conseil de l’Union européenne, moment important pour faire valoir le pays auprès des visiteurs étrangers. F. T. ◄

PHOTO : DR / PAPERJAM

► La boutique de la gastronomie et de l’artisanat luxembourgeois a été confiée à la compagnie aérienne.

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Entreprises Post Luxembourg

10 « Défonctionnariser » ► La gouvernance de Post Luxembourg devrait se rapprocher du management de sociétés commerciales, avec ouverture aux salaires du privé. ― Texte : Véronique Poujol ― Photo : Mike Zenari

Le gouvernement a adopté un projet de loi qui devrait donner à Post Luxembourg les moyens de se « défonctionnariser ». « Il est nécessaire d’adapter la structure de gouvernance au contexte concurrentiel actuel et de rapprocher le cadre législatif des pratiques de management d’une société commerciale », sou­ ligne l’exposé des motifs validé par Étienne Schneider. Le texte ancre notamment dans la législation le développement d’activités à l’étranger, qui fait désormais partie « des objectifs stratégiques ». Le ministre de l’Éco­ nomie considère que l’intensité de la concur­ rence sur les prix, les produits et les services requiert « un haut niveau de réactivité et une prise de décision véloce ». Le projet évoque « la part prépondérante du directeur général » ; il sera flanqué de deux directeurs généraux adjoints et plusieurs directeurs qui formeront le « comité exécutif » (aujourd’hui limité à cinq personnes et demain déplafonné), qu’il nommera (sous réserve du feu vert du conseil d’administration). Claude Strasser proposera l’organigramme de Post Luxembourg. « Le statut de droit privé permettra aussi à l’entreprise de proposer à ses dirigeants une rémunération en rapport avec leur niveau de responsabilités dans la conduite de la gestion de l’entreprise. » La réforme de la gouvernance du groupe prévoit encore l’instauration de plusieurs comités, pour l’audit, les risques, les nomi­ nations ou les rémunérations. Mais c’est le conseil d’administration qui va définir la stratégie, approuver le budget, les comptes annuels consolidés, les participations dans les sociétés publiques ou privées, l’organi­ gramme de l’entreprise ou les conventions collectives. ◄

► Le projet évoque « la part prépondérante du directeur général ». Claude Strasser proposera l’organigramme de Post Luxembourg, le comité exécutif ayant droit à un statut privé ouvrant les rémunérations.

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Entreprises Start-up

BÉBÉ CUPCAKE DANS SON BAIN ► Avec Cupcake Babies, Alexandra Kerckhof a créé « la plus petite baignoire pour bébé au monde ». Elle est commercialisée au Luxembourg, en France, en Angleterre et via son site e-commerce. ― Texte : Sébastien Lambotte ― Photos : Olivier Minaire

Chaque mois, Paperjam1 propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : Cupcake Babies Sa fondatrice : Alexandra Kerckhof

LE CONCEPT Jeune maman, Alexandra Kerckhof trouvait les solutions pour laver son bébé encombrantes et peu pratiques. Entre bassin et baignoire, cette créatrice d’entreprise régulièrement en déplacement n’a pas trouvé son bonheur. « Au moment où j’attendais mon deuxième enfant, je me suis dit qu’il fallait une alternative, explique-t-elle. Un jour, en découvrant les collerettes de cupcakes dans un livre de cuisine, j’ai eu une révé­ lation. » Si le lien n’a rien d’évident à première vue, pour Alexandra, ce fut le cas. À travers Cupcake Babies, elle a conçu, développé et breveté un concept de baignoire gonflable, confortable et facilement transportable. « C’est la plus petite baignoire au monde. Elle se place par­ tout, dans un évier, sur un plan de tra­ vail. Il ne faut plus se pencher. Elle a été conçue pour être ludique, con­fortable et offrir toutes les garanties de sécurité pour les bébés de 0 à 14 mois. »

LE DÉVELOPPEMENT Alexandra Kerckhof baignait déjà dans le business de la petite enfance, via l’édition de guides pour la femme enceinte et la jeune maman (les « Quoide9 ? »). Développer et commercialiser ce nouveau concept, cependant, constituait une autre aventure. « L’idée est venue en 2011. Le dépôt du brevet remonte à octobre 2012. La première baignoire a été commercialisée au Luxem­bourg début 2013. L’idée, c’est 5 % du travail. C’est le plus facile. Derrière, il faut trouver des designers, définir la taille idéale, choisir les matériaux, réali­ ser les premiers prototypes. » Designée en Europe, la baignoire est – faute d'avoir pu trouver les fabricants dans la région – produite en Chine. Alexandra, au Luxem­ bourg, a notamment pu béné­ficier des compétences du CRP Henri Tudor (aujourd’hui, le List) pour les aspects inhérents à la propriété intellectuelle. « La plupart des autres produits sont made in Europe », précise la créatrice.

LE MARCHÉ Alexandra, étant résidente luxembourgeoise, a concentré ses premiers efforts commerciaux sur le Grand-Duché. « Je connaissais déjà le monde de la petite enfance au Luxem­ bourg. Il était naturel que je commence par là. Si c’est un petit marché, il ras­ semble de nombreuses nationalités, différentes cultures. C’est un avantage pour tester un produit et pouvoir effec­ tuer les bons réajustements », expliquet-elle. L’accueil a été positif. L’entreprise a trouvé des partenaires pour commercialiser son produit, tout en développant un site de vente en ligne, pour s’adresser à un public large. Avec un prix abordable, Cupcake Babies a présenté son produit sur les marchés français et anglais, après participation à des salons. Elle a trouvé des distributeurs sur ces deux territoires. 60 magasins spécialisés proposent sa baignoire au Royaume-Uni.

LES PERSPECTIVES Alexandra Kerckhof travaille sur la déclinaison de sa marque. Outre la baignoire, sa société commercialise d'autres produits griffés : bavoirs, gigoteuses, coussins, mobiles, doudous, tétines ou capes de bain. « Le produit original, celui qui porte le mieux la marque, restera la baignoire, commente Alexandra Kerckhof. C’est avant tout pour ça que les gens viennent. Nous espérons pénétrer le marché belge dans les semaines à venir. Il y a aussi un inté­ rêt en Espagne. Mais je préfère y aller par étapes. Notre développement s’ap­ puiera aussi sur un élargissement de nos collections. » Si le site internet de Cupcake Babies offre la possibilité de toucher des clients dans le monde entier, ce sont les distributeurs qui permettent aujourd’hui d’être bien ancré sur les marchés. La fondatrice a lancé l’affaire seule, en s’appuyant sur des com­ pétences externes. Depuis peu, elle a engagé une personne pour l'aider au développement de l'entreprise.

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Place Financière Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite huit sujets clés sélectionnés par la rédaction. Le conseil d’administration de BGL BNP Paribas a nommé Patrick Gregorius, 47 ans, comme nouveau membre du comité de direction de la banque, en charge des Ressources humaines pour l’ensemble des entités du groupe au Luxembourg. Il y remplace Thierry Schuman, qui a rejoint le comité exécutif de la fonction RH de BNP Paribas à Paris. L’opérateur de paiement multicanal Yapital (groupe Otto) réorganise sa direction générale. Nils Winkler a ainsi annoncé quitter les fonctions de CEO qu’il occupait depuis le lancement de la société (agréée en tant qu’établissement de monnaie électronique) au Luxembourg en 2011. C’est Marc Berg, qui occupait depuis novembre dernier les fonctions de co-CEO, qui lui succède, conservant par ailleurs ses responsabilités de directeur général de Finnovato GmbH, qui est également une filiale à part entière du groupe Otto, dédiée au développement des services financiers. « Le Luxembourg veut devenir un joueur régulier pour les émissions de sukuks. » La phrase, lâchée par Pierre Gramegna, ministre des Finances (DP), lors de sa visite à Doha, pourrait être prochainement suivie d’effets. D’ici à la première moitié de l’année 2016, le gouvernement envisage ainsi

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la mise en place d’un deuxième sukuk, assurent nos confrères du Luxemburger Wort. Une information qui, aux dires de M. Gramegna, interrogé par Paperjam.lu, « ne fera pas l’objet de précisions avant quelques mois ». Le premier sukuk souverain lancé par le Luxembourg, d’une valeur de 200 millions d’euros, remonte au mois d’octobre 2014, alors que selon les dernières données de la CSSF, pas moins de 43 fonds d’investissement respectant les principes de la Sharia sont domiciliés sur la Place. Avec un patrimoine global de 3.403,8 milliards d’euros enregistrés en février, les organismes de placement collectif (OPC) et La hausse annuelle les fonds d’invesdu patrimoine tissement spéciaglobal des fonds lisés (FIS) fin février connaissent une hausse mensuelle de 3,8 %, selon les chiffres publiés par la CSSF. En glissement annuel, la progression est de 27,03 %.

27,03 %

Michel Sapin, le ministre français des Finances et des Comptes publics, a confirmé à Paperjam.lu que la question des fichiers HSBC sur les clients de la banque en Suisse, dont plus de 200 résidents luxembourgeois, a bien été au menu des discussions dans le cadre de la visite officielle de François Hollande début mars au Luxembourg.

Le conseil de gouvernement a approuvé, début mars, le projet de loi sur l’accord Fatca, qui prévoit l’échange automatique de données financières avec les ÉtatsUnis. Les premières informations devraient être échangées à partir de septembre 2015, pour les données concernant 2014. Le chapitre luxembourgeois de l’organisation dédiée à la lutte anti-corruption Transparency International tire le bilan de plus de deux ans du projet très médiatisé « Speak Up » destiné à encourager les dénonciations de cas de corruption. Une cinquantaine de cas ont été recensés (lire l’article page 86). Le tribunal de l’Union européenne a confirmé une décision prise en 2012 par la Commission européenne, qui s’était opposée au projet de fusion entre NYSE Euronext et Deutsche Börse (maison mère de Clearstream). L’opération avait alors été jugée incompatible avec le marché intérieur, estimant qu’elle conduirait probablement à entraver de manière significative la concurrence effective en créant une position dominante ou une situation de quasi-monopole. En effet, selon la Commission, la concentration aurait abouti à une structure verticale unique, réalisant la négociation et la compensation de plus de 90 % des transactions mondiales de produits dérivés européens négociés en bourse. En marge d’une réunion du conseil Ecofin à Bruxelles,

le ministre des Finances Pierre Gramegna a signé deux nouvelles conventions tendant à éviter les doubles impositions et à prévenir la fraude fiscale en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune avec la Hongrie et l’Uruguay. Après une pause forcée, Yvette Hamilius, la liquidatrice de la banque Landsbanki au Luxembourg, a repris en France les procédures de saisies sur les biens des victimes des prêts toxiques. La Cour de cassation a jugé non légales les saisies sur les créances détenues par la banque sur plusieurs épargnants faites par le juge Renaud van Ruymbeke. La démarche de la liquidatrice relèverait du harcèlement, selon un des avocats des victimes. Les autorités de police et judiciaires ont été saisies. Le Conseil d’État, qui avait démonté le projet de loi en mai 2014, a « pris acte » des amendements parlementaires apportés au texte créant un comité du risque systémique, qui aurait dû être voté à l’été 2013. Les Sages ont indiqué que leurs « craintes fondamentales » étaient apaisées et qu’ils donneront leur dispense au second vote constitutionnel. Le projet de loi a pu ainsi passer l’étape ultime de l’adoption par les députés à la mi-mars.

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« Il y a trop de banques en Europe par rapport à la taille du marché. »

C’est, dans le rapport annuel de l’Administration des contributions directes, le nombre indiqué de rulings traités au cours de l’année 2014.

Le membre luxembourgeois du directoire de la Banque centrale européenne, Yves Mersch, s’est exprimé dans le cadre d’une journée de débats organisée par le magazine The Economist.

Le cri d’alarme que Gaston Reinesch, le président de la Banque centrale du Luxembourg, a lancé dans l’interview exclusive publiée dans notre dernière édition n’est pas resté sans écho au niveau du gouvernement. À l’issue du conseil de gouvernement du 13 mars, le Premier ministre Xavier Bettel a déclaré qu’une solution sera trouvée encore cette année pour doter

cadre du dossier SwissLeaks. Il a néanmoins précisé que l’Administration des contributions suit le dossier, afin « de s’assurer que chaque contribuable s’acquitte correctement des impôts dus » et qu’elle « épuisera les voies domestiques » avant de recourir aux instruments d’entraide fiscale internationale.

L'appel de Gaston Reinesch a été entendu par le gouvernement.

la BCL de « capitaux adéquats », via une solution présentée comme étant « progressive et durable ». Pour l’heure, la BCL ne dispose que d’un capital de 175 millions d’euros. Au terme de leur mission annuelle au Grand-Duché, les représentants du Fonds monétaire international ont rendu leur copie à la mimars. Bien que saluant en partie la politique engagée par le gouvernement, ils pointent du doigt « les importants défis sur le long terme ». Le paquet budgétaire, mis en œuvre l’année dernière, a été jugé comme allant « dans le bon sens » et donc valant « toujours mieux que rien ». Mais Ashok Vir Bhatia, chef de la mission d’inspection du FMI au Luxembourg, estime que « ce paquet devrait être bien plus important pour avoir un impact significatif ». Dans une réponse parlementaire, le ministre des Finances Pierre Gramegna a réaffirmé que le Luxembourg n’a pas reçu de renseignements bancaires de la part des autorités françaises dans le

La société d’assurance vie patrimoniale Iwi, axée sur la clientèle internationale haut de gamme, annonce le déploiement de ses produits au rythme d’un nouveau marché par trimestre. Après Israël, en début d’année, où la société est le seul acteur étranger à proposer une solution en respect avec la réglementation locale pour les résidents israéliens, place au Brésil pour confirmer une sortie en dehors des frontières européennes. En 2014, Iwi a enregistré au 31 décembre 2014 un bénéfice de 19,9 millions d’euros, avec une progression des primes de 14 % par rapport à 2013 et un chiffre d’affaires à 389 millions d’euros. « Nous ne voulons pas être le plus grand, ni sur le plus grand nombre de marchés », prévient Luc Rasschaert, le CEO d’Iwi en place depuis un peu plus de trois mois. Une prochaine destination officialisée pourrait être en Amérique latine. Classée 15e par le Global Financial Centres Index (GFCI) en septembre dernier, l’activité financière au Grand-Duché se

Place financière Brèves

situe désormais à la 17e place, loin derrière le trio de tête habituel (New York, Londres et Hong Kong), selon le dernier rapport publié fin mars. Mais il n’en reste pas moins le premier centre de la zone euro, devançant Francfort (19e), Munich (30e) ou encore Vienne (35e). Paris et Amsterdam occupent pour leur part les 37e et 40e places. Sur l’ensemble du continent, Luxembourg conserve sa place dans le Top 5 des centres financiers, aux côtés de Londres, Zurich, Genève et Francfort. Basé sur 105 critères, ce classement indique toutefois que la Place figure parmi les « 10 centres susceptibles de devenir plus importants ». Le prestataire de services d’administration et de domiciliation SHRM Financial Services, qui emploie 13 personnes au Luxembourg, a été racheté par Gentoo Fund Services, société

les grandes institutions mondiales comme la Banque mondiale ou le FMI. « Le fait que Luxembourg est le premier pays non asiatique à être accepté comme membre de l’AIIB prouve l’excellence des relations entre le pays et l’Asie. Ce nouveau partenariat va encore resserrer ces liens, en particulier avec la Chine, à l’initiative de la banque », a commenté le ministre des Finances Pierre Gramegna. Crestbridge (Luxembourg) annonce le lancement du fonds Sustainability-Finance-Real Economies (SFRE), première Sicav mondiale qui a pour ambition de devenir le plus grand fonds d’investissement socialement responsable au monde, « avec la triple approche priorisant simultanément la prospérité, la planète et les personnes », commente Daniela Klasén-Martin, managing director & country head de Crestbridge.

Daniela Klasén-Martin (Crestbridge)

basée dans les Îles anglo-normandes. Une opération qui porte à 14 milliards d’euros les actifs sous gestion. La structure dirigeante de l’entreprise n’a pas été changée. Le gouvernement luxembourgeois a annoncé le succès de sa candidature pour participer à la création de l’Asian Infrastructure Investment Bank, gage de nouvel essor pour sa place financière. Le GrandDuché devient ainsi le premier pays européen à pouvoir devenir membre du réseau initié par la Chine dans l’idée de concurrencer

SFRE, Sicav basée au Luxembourg, est une entité distincte. C’est le premier fonds mondial de son genre constitué uniquement de capitaux privés. Les investisseurs comprennent des banques, des fondations, des investisseurs institutionnels, des family offices, voire des particuliers. Plus de 40 millions de dollars ont déjà été apportés. L’ambition est de mobiliser jusqu’à 1 milliard de dollars au cours de la prochaine décennie.

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Place financière Lutte contre la corruption

01 Le SOS de Transparency

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International

► La branche luxembourgeoise de l’organisation de lutte contre la corruption en appelle au soutien de tous et à un renforcement de la protection des lanceurs d’alerte. ► La hotline va-t-elle survivre à l’assèchement des subventions européennes ? ― Texte : Véronique Poujol

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Transparency International Luxembourg a tiré récemment le bilan de son action depuis sa création en 2010, peu avant l’adoption de la loi du 13 février 2011 sur la protection des lanceurs d’alerte. Un exercice ayant un petit côté opportuniste, avec un appel aux dons et aux cotisations pour soutenir le travail de l’organisation qui combat la corruption sous toutes ses formes, mais manque de moyens, notamment pour financer une hotline anticorruption couplée à un service d’assistance gratuite. Jusqu’à présent, la ligne avait fonctionné grâce aux subventions européennes du programme Speak Up, qui s’est arrêté en mars de cette année. Il s’agit dorénavant de trouver de nouveaux fonds pour assurer la poursuite du service et le job du conseiller juridique.

▲ Transparency International Luxembourg plaide pour que la loi sur les lanceurs d’alerte ne couvre plus seulement les pratiques liées à la corruption mais soit étendue « à tout méfait pertinent », y compris les affaires d’évasion fiscale.

Une cinquantaine de cas de whistleblowing ont été traités via la hotline de l’organisation.

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Place financière Lutte contre la corruption Ce bilan fut aussi l’occasion pour son président, l’avocat Yann Baden, d’appeler le gouvernement à repenser la législation sur les lanceurs d’alerte pour étendre leur protec­ tion « au plus grand nombre » et encourager les citoyens à signaler, de façon confidentielle, les corrompus ainsi que les corrupteurs.

Finances

Sans les aides, point de fonctionnement Les subventions européennes ont permis à TI de vivre et d’avoir une visibilité médiatique.

Une cinquantaine de cas de whistleblowing ont été traités par TI Luxembourg après des appels sur la hotline qui fonctionne pendant les heures de bureau. Comme le signale le communiqué de l’organisation, « une part sensible des cas » qui lui sont soumis concerne « des affaires pour lesquelles le lanceur d’alerte nous consulte en désespoir de cause, parce qu’il a auparavant tout essayé ». Du coup, Transparency International est impuissante à intervenir et apporter du soutien, autre que moral, à ceux qui l’ont sollicitée (l’asbl a été reconnue d’utilité publique et dispose de l’agrément pour déposer plainte en justice en son nom propre).

TI Luxembourg demande une amélio­ ration de la loi de 2011 sur les lanceurs d’alerte qui a pris un sérieux coup de vieux. Leurs signalements restent cependant utiles aux statistiques « pour en tirer des enseignements pertinents, dans le but de renforcer notre plaidoyer auprès des institutions pour prévenir et endiguer de nouveaux cas par l’adaptation du corpus législatif ou réglementaire », dit l’organisation. Bref, améliorer la loi de 2011 qui a pris un sérieux coup de vieux. Une des interventions de TI mérite une mention spéciale. Le cas porte sur une transposition assez particulière que le Luxem­ bourg a fait d’une directive de 2007 avec la loi du 10 novembre 2009 sur les services de paiement. Le dispositif, qui prévoit entre autres l’exemption « en apparence » pour les banques de la responsabilité de vérifier la correspondance entre l’identification d’un compte par le nom de son titulaire et par le numéro de compte, se heurte aux dispositions en matière de lutte contre le blanchiment, ou à tout le moins créerait des ambiguïtés.

PRUDENCE ET EXCUSE LÉGALE « Nous nous inquiétons de constater qu’une banque intermédiaire pourrait procéder à l’exécution d’un virement bancaire au bénéfice d’une personne dont elle ne connaît pas l’identité, rendant ainsi tout contrôle des causes de la transaction impossible », s’émeut TI.

PHOTO : TIL / CLAE

UTILES AUX STATISTIQUES

De 13 membres à ses débuts en 2010, TI Luxembourg en comptait 37 seulement fin 2013 selon les comptes annuels (aux normes IFRS) publiés au Registre de commerce et des sociétés. On comprend mieux dès lors les appels du pied que son président Yann Baden a lancés début mars pour soutenir l’action de l’organisation. Côté finance, le bilan 2013 affiche un bénéfice de 14.000 euros environ pour des rentrées d’argent de 156.300 euros et des sorties de 141.300 euros. Les cotisations des membres s’élevaient à 4.215 euros en 2013, contre 3.245 euros un an plus tôt. Les dons en liquide poin-

L’organisation a signalé cette anomalie au ministre de la Justice le 30 septembre 2013, donc sous l’ancien régime. Sans réaction. La situation des lanceurs d’alerte dans un pays pratiquant encore une forme de secret bancaire relève presque du casse-tête. Le cas du jeune Français Antoine Deltour, qui passe pour un voleur de bas étage au Grand-Duché, alors que ses révélations dans le cadre des LuxLeaks ont eu un impact spectaculaire en Europe dans l’encadrement de la fiscalité des multinationales, renseigne sur l’étroitesse des marges de manœuvre des lanceurs d’alerte dans des domaines couverts par le secret professionnel. D’ailleurs Yann Baden est resté prudent sur ce cas, indiquant que l’affaire était aux mains de la justice qui devait faire son travail. Mais pour lui, il ne faut pas exclure un acquittement.

taient à 34.386 euros il y a deux ans (44.990 en 2012), les subsides en pro­ venance du gouvernement s’affichaient à 15.000 euros, en baisse par rapport à l’exercice précédent (21.600 euros). Ce sont les subventions européennes qui ont permis à TI Luxembourg d’assu­ rer son fonctionnement et sa visibilité médiatique : le projet Speak Up a été financé par Bruxelles à hauteur de 72.674 euros. S’y ajoutent 4.126 euros d’un autre programme soutenu par les deniers communautaires. Les frais de personnel de l’asbl se sont élevés à 74.422 euros en 2013 (49.216 en 2012). V. P. ◄

Transparency International Luxembourg plaide d’ailleurs pour que la loi sur les lanceurs d’alerte ne couvre plus seulement les pratiques liées à la corruption mais soit étendue « à tout méfait pertinent », y compris les affaires d’évasion fiscale. Il conviendrait aussi de prévoir dans le futur dispositif « l’excuse légale » protégeant le lanceur d’alerte « de bonne foi », en matière civile, de tout recours recherchant sa responsabilité du fait de son signalement et, en matière pénale, contre les infractions de diffamation et de calomnie. ◄ En résumé Transparency International Luxembourg a dressé le bilan de son action contre la corruption et la protection des lanceurs d’alerte depuis sa création en 2010 et l’ouverture d’une hotline anti-corruption. L’organisation lance surtout un appel aux dons et soutiens pour assurer la survie de certains de ses services.

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Place financière Promotion au Moyen-Orient

02 Repenser les missions ► Le dernier voyage dans la péninsule arabique a déçu certains participants. ► Les tournées promotionnelles pourraient se concentrer sur un seul pays pour ménager les susceptibilités locales. ― Texte : Véronique Poujol

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▲ Les présentations et séminaires sur place n’ont semble-t-il pas touché le public escompté.

des Indiens ou des Bangladais », reconnaissables car ils portent le pantalon. Si le Luxembourg a certes des cartes à faire valoir, de bons produits à commercia­ liser auprès de la clientèle islamisante et surtout une réputation immaculée – comme si aucune affaire n’avait existé –, l’organisation des missions tournerait trop autour de l’agenda du ministre luxembourgeois, sans tenir assez compte des sensibilités à fleur de peau ou des us et coutumes locaux. Le séminaire organisé en matinée à Doha (le 5 mars) sur les liens et opportunités d’affaires entre le Luxembourg et le Qatar, après le froid jeté par le départ de Qatar Airways de Cargolux, n’a pas drainé autant de public qu’espéré. Et le peu de monde présent s’est éclipsé dans les pas du Grand-Duc héritier et de Pierre Gramegna, après les discours de bienvenue. Le Luxembourg a besoin du Golfe pour assurer la pérennité de son industrie financière et devrait apprendre à mieux l’apprivoiser. Pour exister sur ce marché, il lui faudra plus que le coup d’essai lancé en 2014 avec le premier sukuk en euros d’un État occidental. La volonté d’en lancer un second début 2016 ne résout pas la question de savoir comment attirer les investisseurs arabes. « Il faut de bons actifs pour garantir le deuxième sukuk »,

explique un connaisseur de la finance islamique. « Le gouvernement ne doit pas laisser passer trop de temps entre le premier et le second sukuk pour se positionner et afficher sa volonté d’entrer sur ce créneau de la finance islamique », poursuit-il. Pour leur première émission Sharia compliant, les autorités luxembourgeoises avaient notamment mis dans le panier les deux tours place de l’Europe au Kirchberg. Où iront-elles piocher dans le patrimoine immobilier public pour le second essai ? La possibilité de faire cofinancer l’Université à Belval ou la construc­ tion du tram en ville par des capitaux du Golfe ne choque apparemment personne sur la Place. Un autre produit made in Luxembourg également susceptible de rentrer dans les « canons de beauté » des investisseurs moyenorientaux, la fondation patrimoniale, a du plomb dans l’aile depuis LuxLeaks : le projet de loi, dans les starting-blocks depuis des mois, a été gelé pour ne pas attirer l’attention (et les foudres) des Européens sur le Luxembourg. Dommage, la fondation patrimoniale colle pourtant bien à un profil de clientèle polygame, ayant souvent une ribambelle d’enfants et, de fait, d’héritiers à sélectionner. ◄ En résumé Il faut repenser l’organisation et la logistique des missions de prospection au Moyen-Orient pour mieux coller à l’esprit de clan local et rendre les produits made in Luxembourg plus visibles.

PHOTO : MFIN / SIP

La dernière mission au Moyen-Orient du minis­ tre des Finances Pierre Gramegna accompagné du couple grand-ducal héritier et d’une importante délégation d’hommes d’affaires s’est achevée sur un bilan en demi-teinte. Une expédition du genre – ayant amené les participants aux Émirats arabes unis et au Qatar – devrait pourtant être bien rodée, puisque les pays ciblés par la délégation sont des terrains désormais connus des officiels luxembourgeois. Gramegna était ainsi en octobre dernier avec le Premier ministre Bettel en tournée sur la péninsule arabique, qui représente, au même titre que la Chine, un espoir de diversification de la place financière, vu que les débouchés se sont asséchés dans une Union européenne de la transparence fiscale. De retour au Luxembourg, des participants, qui préfèrent conserver l’anonymat, ont mis en cause une organisation logistique défaillante. D’aucuns évoquent le fait d’organiser des présentations en matinée – une manière de contourner l’épineuse question de l’alcool pour accompagner les petits fours, des locaux ne résistant pas à la tentation de trinquer à la santé de leurs hôtes –, alors que la logique, dans le monde du travail, y compris moyenoriental, veut qu’il y ait davantage de chances d’attirer les décideurs en début de soirée. Le jeu de saute-mouton entre plusieurs capitales, concurrentes, de la péninsule, avec un agenda serré dicté par le souci de rentabiliser un maximum l’agenda en couvrant le plus de destinations possibles, n’est pas toujours compatible avec les mentalités arabes. Il est peut-être temps que, lorsqu’ils entament une tournée de prospection, les dirigeants se concentrent sur un seul pays, histoire de ménager la susceptibilité de leurs hôtes. C’est en tout cas au pas de course que Pierre Gramegna a fait sa tournée début mars, au point même qu’il est arrivé en retard lors de la fête d’inauguration de la succursale de la Bil à Dubaï, ce qui expli­que sans doute la mine déconfite de George Nasra sur la photo officielle de la soirée, aux côtés du couple héritier. Plus sérieusement, il n’y avait pas beaucoup d’hommes en djellaba dans le road show de Luxembourg for Finance. « Les décideurs n’étaient pas là, assure un des participants, ils avaient envoyé des ‘seconds couteaux’,

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Place financière Wendel, en substance

03 Une présence « naturelle » au Luxembourg

► Dans le viseur de la presse française et du fisc en 2012, le groupe Wendel s’est offert un nouveau siège pour ses filiales luxembourgeoises. ► La famille et l’entreprise ont une histoire au Grand-Duché, qui a commencé au 17e siècle et s’est poursuivie avec les premiers LuxLeaks.

Le groupe Wendel, spécialisé dans l’investis­ sement à long terme, a fait, en inaugurant (le 10 mars dernier) son nouveau siège au Luxem­ bourg, une démonstration de substance. Ses dirigeants se sont volontiers prêtés à un exer­ cice de dérision en moquant les ennemis de la place financière et ceux qui entretiennent les « clichés » à son endroit. François de Wendel, président du conseil de surveillance du groupe éponyme, et Frédéric Lemoine, président du directoire, ont lancé un clin d’œil au Premier ministre Xavier Bettel, invité de marque. Ils ont évoqué le nouveau type de fenêtres équipant le bâtiment, acheté et rénové rue Pierre d’Aspelt, qui leur sert désor­ mais de siège au Grand-Duché. Des vitres spé­ ciales permettant, en un clic, de voir ce qui se passe dehors sans s’offrir en spectacle aux pas­ sants à l’extérieur, même la nuit. On ne fera pas de publicité pour le fabricant qui est dans le portefeuille de Wendel. Mais les dirigeants ont conseillé, sourire en coin, au chef du gou­ vernement luxembourgeois d’en équiper ses administrations… Cette entrée en matière avait permis de banaliser un peu le dramatique épisode LuxLeaks qui a secoué le centre financier luxembourgeois fin 2014 avec la fuite des centaines de rescrits fiscaux censés rester confidentiels entre des groupes internatio­ naux, dont Wendel, et l’Administration des contributions directes (ACD).

UNE IMAGE APAISÉE DE LA FAMILLE Car si Wendel a des relations historiques étroites avec le Grand-Duché, c’est aussi le groupe par lequel l’affaire LuxLeaks, qui ne s’appelait pas encore ainsi d’ailleurs, a com­ mencé en mai 2012. Les caméras de l’émis­ sion française Cash Investigation avaient piégé le ministre des Finances d’alors, Luc Frieden, le responsable de la fiscalité de la firme PwC, Wim Piot, ainsi que la directrice adjointe de l’ACD, Pascale Toussing, cette dernière ayant

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▲ La nouvelle maison Wendel, rue d’Aspelt, donne une image de la « famille » réunie au Grand-Duché.

autorisé France 2 à pénétrer dans les bâti­ ments du fisc luxembourgeois… à la recher­ che d’un certain Marius Kohl, invisible préposé aux rulings. Avec le recul des années, l’attachée de presse de Wendel, qui accueillait les rares jour­ nalistes invités à la soirée d’inauguration, mini­ mise l’impact de ces affaires de fraude fiscale présumée qui, pour l’essentiel, se sont dégon­ flées comme des ballons de baudruche. À tout le moins, la presse française n’en parle plus. Retour au printemps 2012. Les journalistes français, en faisant la tournée des « boîtes aux lettres », s’intéressent à la substance de trois sociétés internationales au Luxembourg où ils se rendent pour vérifier que les filiales de Wendel, GlaxoSmithKline et Pearson n’y débordent pas d’activité.

À l’époque, les sociétés du groupe Wendel, une des valeurs vedettes du CAC 40 à la Bourse de Paris, louent un rez-de-chaussée dans un immeuble de Belair, avenue Gaston Diederich. C’est là que les décisions étaient censées se prendre et les conseils d’adminis­ tration se tenir. Dans le lot des documents, dont on ne saura que deux ans plus tard qu’ils ont été copiés par l’ex-auditeur Antoine Deltour, figure un ruling conclu en 2010 entre un des holdings du groupe et une société de capital risque qui intrigue les journalistes, déjà alertés quelques mois plus tôt par une taupe de Wendel, sur les déviances supposées des entités luxembourgeoises pour contourner la réglementation et les impôts. Le groupe du CAC 40 est alors en pleine tourmente avec des héritiers et des branches de la famille qui s’entredéchirent. La copie du ruling arrive donc à point nommé pour enfoncer le clou. Le 10 mars dernier, à l’inauguration de la nouvelle maison Wendel rue d’Aspelt, les dirigeants ont donné une image apaisée de

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― Texte : Véronique Poujol

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Place financière Wendel, en substance la « famille » réunie au Grand-Duché. Cousins, cousines, neveux et même celui qui fut long­ temps la figure tutélaire, Ernest-Antoine Seillière, l’ex-patron des patrons français, une bonne partie de la lignée d’une famille qui fut la plus riche de France au sor­tir de la Seconde Guerre mondiale, tous étaient de la partie. Et personne pour reparler de ce qui est considéré comme un épiphénomène dans la veille histoire du groupe.

UN ÉPISODE OUBLIÉ Pourtant, c’est après l’émission Cash Investigation que le gouvernement luxem­ bourgeois avait pris les premières disposi­ tions pour mettre de l’ordre dans le shopping fiscal des multinationales, en améliorant le contrôle de l’activité des sociétés de partici­ pation financière (une circulaire sur les prix de transfert verra le jour) et en les mettant davantage à contribution. Fin 2012, le gouvernement Juncker lançait, sous l’aiguillon du partenaire socialiste, ému par la thématique des sociétés exonérées d’im­ pôts (de 80 % ne payant pas l’IRC selon l’ACD en 2011 et 2012, ce chiffre est tombé à 10 % en 2014), un plan pour introduire un impôt mini­ mal à charge des entreprises, essentiellement les Soparfi, les fonds immo­biliers et les socié­ tés de private equity. La taxe sera plafonnée forfaitairement à 20.000 euros par an pour les sociétés mères détenant plusieurs filiales, souvent fortement capitalisées. Par ricochet, les soucis fiscaux de Wendel avec ses filiales au Grand-Duché, sous les pro­ jecteurs de la presse internationale, rejaillis­ saient sur la réputation de Luxembourg, jetant la suspicion sur une activité florissante de la Place, qui attire les multinationales grâce au bon réseau luxembourgeois de conventions de non-double imposition ainsi

« Notre présence au Luxembourg ne s’explique pas par des taux de fiscalité. » François de Wendel (Wendel)

qu’au dispositif de la directive européenne mère-filles permettant de faire remonter les bénéfices au travers notamment des véhi­ cules fiscalement « neutres » (les Soparfi, en particulier). Wendel, selon son principal accusateur de l’époque, Arnaud Desclèves, un ancien cadre du groupe abondamment cité par la presse, aurait ainsi utilisé ses véhicules luxembourgeois pour faire passer entre autres les bonus de ses dirigeants et une partie aussi de leurs salaires, alors que leur présence effective au Grand-Duché se résu­ mait souvent à un aller-retour ParisLuxembourg en TGV par mois. À l’été 2012, le fisc français avait ouvert une information judiciaire pour fraude fis­ cale visant 14 cadres du groupe, dont ErnestAntoine Seillière. Bercy leur réclamait la somme de 160 millions d’euros pour avoir mis en place, en 2007, un montage de socié­ tés pour optimiser la fiscalité de leurs bonus. Aux yeux de l’administration française, il s’agissait d’un abus de droit. Aujourd’hui, plus personne ne parle de cet épisode dans la vie du groupe Wendel, qui affiche sa présence luxembourgeoise non sans fierté, comme en ont témoigné l’inaugu­ ration en grande pompe du nouveau siège des deux principales filiales, Trief Corporation et Winvest, et la présence du Premier ministre luxembourgeois. Les dirigeants ont donc cherché dans l’histoire pour trouver des racines luxem­ bourgeoises à cette dynastie familiale, sym­ bole du capitalisme à la française, dont le fondateur au 17e siècle, un certain Christian Wendel, avait « remonté » la Moselle depuis Coblence pour s’installer à Hayange, avec un passage obligé au Luxembourg. Il y épousa en 1660 une Luxembourgeoise du nom de Claire Sauerfeld et leur fils

« Il nous faut des règles claires et stables. » Frédéric Lemoine (Wendel)

Jean-Martin trouva également une femme au Grand-Duché : Anne Marguerite Meyer, fille d’un échevin de Remich. Les généra­tions suivantes trouveront aussi leurs épouses au Grand-Duché. Au 19e siècle, le Lorrain Charles de Gargan, pour éviter d’endosser la nationalité allemande, se fit Luxem­bour­ geois, puis continua à travailler sous l’occu­ pant, après avoir épousé une Pescatore. Au 20e siècle, les liens avec le GrandDuché se consolident avec Albert de Wendel qui y eut une maison et même une vie sociale puisqu’il fut un des membres fondateurs du Golf Club grand-ducal. Ses héritiers en ont même conservé les actions.

BESOIN DE STABILITÉ Vue sous cet angle historique, la présence de Wendel au Luxembourg « est tout à fait naturelle », selon Frédéric Lemoine, prési­dent du directoire de Wendel. Comme l’avait fait le président français François Hollande lors de sa visite officielle au Grand-Duché, il fus­ tige les « clichés » sur les activi­tés de holdings dans l’économie réelle au Luxembourg. « Winvest Conseil gère les actifs non cotés du groupe depuis le Luxembourg » et y emploie 10 personnes (sur un effectif mondial de 60 salariés), a précisé son dirigeant. L’ancrage luxembourgeois de Wendel se retrouve jusque dans le choix de ses admi­ nistrateurs. Le groupe français aligne des per­sonnalités comme Jacquot Schwertzer (Luxempart), Charles Krombach (ex-Landewyk) ou Jean Bodoni (ex-Bil et Experta), qui siègent de longue date dans le conseil des entités grand-ducales. La présence de Wendel au Luxembourg, a assuré haut et fort son président, ne s’ex­ plique pas par des « questions de taux de fis­ calité, mais en raison de la stabilité des règles juridiques ». Il y a eu, a-t-il indiqué, 24 chan­ gements réglementaires et 114 textes de loi autour des FCPR (fonds communs de place­ ment à risque) en France, l’équivalent des Sicar luxembourgeoises, contre six modifica­ tions réglementaires au Luxembourg depuis la création de ce véhicule dédié au capital risque, pour l’essentiel des « amélio­rations ». « Il nous faut des règles claires et stables », a souligné Frédéric Lemoine. Xavier Bettel l’avait rassuré en faisant, dans son discours devant l’illustre famille, l’éloge de la compétitivité fiscale (« Il nous faut, a-t-il répété, des règles identiques dans les 28 et même au-delà de l’UE ») et de la stabilité d’un pays qu’il aspire à transformer en « une des premières places financières au monde », basée sur la prédic­ti­bilité, la confiance et la créati­ vité des investisseurs. ◄ En résumé Le groupe Wendel, spécialisé dans le métier de l’investissement à long terme, a inauguré le 10 mars dernier en grande pompe son siège luxembourgeois rue d’Aspelt, une ancienne maison de maître qu’il a achetée et rénovée, voulant ainsi faire la démonstration de sa substance au Luxembourg, plus de quatre mois après l’affaire LuxLeaks.

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Place financière Luxembourg for Finance

04 Le Canada vaut le détour ► Une mission financière, menée par le ministre des Finances, se rend à Toronto et Montréal à la mi-avril. ► Elle tentera de convaincre les gestionnaires de fonds des attraits du Luxembourg, mais aussi les acteurs spécialisés dans les FinTech. ► La délégation en profitera encore pour se rendre chez Royal Bank of Canada et Toronto Dominion, deux banques implantées au Grand-Duché. ― Texte : Jean-Michel Lalieu

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une visite de courtoisie à la haute direction du groupe, ainsi qu’une autre à celle de la Toronto Dominion Bank, également active depuis le Luxembourg.

POURQUOI LE LUXEMBOURG ? Dans le dernier numéro de la revue de Luxembourg for Finance, Sébastien Danloy, directeur général continental Europe et offshore de RBC Investor & Treasury Services, explique d’ailleurs que, pour RBC, Luxembourg reste un endroit stratégique pour l’activité de la banque canadienne dans les fonds d’investissement. « Être basé au Luxembourg nous permet de bénéficier de l’expertise du marché local dans les activités d’administration de fonds et de banque dépositaire, une expertise développée depuis plusieurs décennies et supportée par un cadre réglementaire grand-ducal robuste », estime-t-il. Un atout amplifié par un capital humain de haut niveau qui vient d’horizons différents. À première vue, le Canada ne semble pas une destination incontournable pour aller promouvoir une place comme Luxembourg. « Mais si on y regarde de plus près, on voit qu’il existe un réel potentiel pour les fonds d’investissement, note Nicolas Mackel. On y recense beaucoup de gestionnaires de fonds. » Le pays vient en outre d’autoriser la distribution de

▲ La délégation luxembourgeoise tient particulièrement à rendre visite aux dirigeants de la Royal Bank of Canada à Toronto.

fonds Ucits. « Ce sera donc une belle opportunité de leur expliquer ce que sont les fonds Ucits et de convaincre les acteurs canadiens de choisir le Luxembourg comme plateforme de distribution de fonds en Europe et au-delà », poursuit-il. Au cours d’un séminaire organisé à Toronto, il entend encore montrer que le pays dispose d’une expertise dans différents domaines de la finance, tels que la finance islamique, le private banking, le renminbi business ou encore l’assurance. Quant à Yves Maas, président de l’ABBL, il tentera d’expliquer à ses hôtes canadiens comment les banques non européennes peuvent profiter de l’écosystème multilingue du Luxembourg pour opérer dans les différents pays d’Europe.

UN PÔLE FINTECH Mais la mission, qui compte plus de 30 inscrits, se donne aussi pour objectif de promouvoir les activités FinTech que le pays

entend développer rapidement. Des messages avaient déjà été envoyés dans ce sens lors des missions en Asie et au MoyenOrient, mais cette fois deux événements spécifiques aux FinTech seront organisés au cours du voyage pour sensibili­ ser les acteurs canadiens, qu’ils soient des start-up, des acteurs établis ou des opérateurs financiers spécialisés dans les FinTech. « Nous voulons leur expliquer comment étendre leurs activités en Europe en prenant le Luxembourg comme base », explique encore Nicolas Mackel. Quant au ministre des Finan­ ces, il devra déjà envoyer un message européen outre-Atlantique dans la mesure où le GrandDuché assurera la présidence tour­ nante du Conseil au cours du second semestre de cette année. ◄ En résumé Luxembourg for Finance organise une mission de prospection au Canada à la miavril, emmenée par le ministre des Finances. Le but est de convaincre banques et gestionnaires de fonds canadiens des attraits du Luxembourg comme plateforme européenne.

PHOTO : LICENCE CC

Après l’Asie et les monarchies du Golfe, les professionnels luxembourgeois de la finance se rendront au Canada entre le 12 et le 15 avril prochains. À Toronto et Montréal plus précisément. Pour Luxembourg for Finance, qui joue le rôle de locomotive, c’est une première. Et si elle a pu se mettre en place, c’est notamment parce que le ministre des Finances, Pierre Gramegna, doit se rendre à Washington du 17 au 19 avril pour la session de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. « À chaque déplacement du ministre des Finances à Washington, au printemps et en automne, nous essayons d’en profiter pour le compléter d’une mission de ce type », explique Nicolas Mackel, CEO de LFF. Deux voyages ayant déjà été effectués à New York et Boston, une nouvelle destination s’est donc naturellement imposée. Pourquoi le Canada ? « Toronto est une cible de choix, explique le responsable de Luxembourg for Finance. Ne serait-ce que parce que c’est là que se situe le siège de la Royal Bank of Canada. » RBC est en effet un acteur important au Luxembourg. Selon des statistiques récentes, avec quelque 1.400 employés, la banque canadienne est le cinquième employeur de la place financière et le 20e pour l’ensemble du pays. Ce sera donc l’occasion pour la délégation de rendre

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Place financière Ranking mondial / Rachat de DKV

05 Reculer pour mieux sauter Un recul de deux places dans un ranking mondial peut-il être de bon augure ? Oui si l’on prend les données optimistes et comparées à son cluster de concurrence. C’est un peu l’analyse que fait Luxembourg for Finance du dernier Global Financial Centres Index établi par Z/Yen Group. Luxem­bourg y est désormais 17e, à l’échelle planétaire, alors que la Place était 15e en septembre dernier. Pour les quelque 3.500 pro­ fessionnels sollicités, la qualité des services proposée par la Place est donc en légère baisse. À moins que, parmi les 105 critères d’analyse, les questions de secret et de transparence aient un peu plombé les performances, vues par la lorgnette des financiers mondiaux. En tout cas,

Luxem­bourg rétrograde et reste loin derrière le traditionnel trio de tête, New York, Londres et Hong Kong. Cependant, la Place demeure le premier centre financier de la zone euro, devant Francfort (19e), Munich (30e), Vienne (35e), Paris (37e) ou Amsterdam (40e). Et sur le continent, Luxembourg reste dans le Top 5, aux côtés de Londres, Zurich, Genève et Francfort. Mieux, Luxembourg est la seule Place européenne dans les 10 centres cités pour leur potentiel à devenir plus importants. Le reste des bastions financiers en devenir est surtout en Asie (Shanghai, Singapour, Busan, Hong Kong, Séoul, Dalian ou Shenzhen), Casablanca et Gibraltar complétant cette liste. A. D. ◄

PHOTO : SVEN BECKER (ARCHIVES)

► 17e centre mondial (-2), Luxembourg reste leader en zone euro. ► Et est dans le Top 10 des Places appelées à devenir plus importantes.

06 Le gros appétit de Lalux Annoncée le 31 mars dernier, l’acquisition de la société DKV Luxembourg par Lalux n’est pas, en soi, une réelle surprise. Depuis mars 2002, ce qui s’appelait encore La Luxembourgeoise avait acquis 25 % du capital de la société active dans le domaine des assurances maladie complémentaires. En raflant le reste de l’enjeu, « nous misons évidemment sur la continuité », indique Pit Hentgen, le directeur général de Lalux. Jusqu’à présent, la société avalée assumait le volet des assurances maladie en tant que partenaire de la société d’assurances. Changement d’actionnaire donc, mais pas d’activité, l’acqui­ sition n’ayant aucun impact sur les conditions contractuelles en vigueur entre les clients de DKV et leur assureur. Pas de changement de nom en vue et pas de « casse » sociale, non plus, puisque les

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90 collaborateurs de DKV sont maintenus dans leurs fonctions. « Nos centres d’intérêt sont notre clientèle, ainsi que l’ancrage local de notre compagnie », complète Pit Hentgen, qui table sur une nouvelle dynamique pour le développement des produits, dans un contexte de croissance non négligeable du marché des assurances complémentaires privées. Une opportunité qui tombe d’autant mieux que les perspectives de croissance sur le marché local sont forcément limitées, et que Lalux n’a jamais eu de stratégie d’expansion à l’international comme peut l’avoir son grand rival Foyer. À noter que, dans le même temps, la collaboration de Lalux avec les partenaires du groupe allemand Ergo reste en vigueur sur le marché de la prévoyance. J.-M. G. ◄

PHOTO : MIKE ZENARI (ARCHIVES)

► La compagnie d’assurances a racheté les 75 % du capital de la mutuelle complémentaire DKV Luxembourg, en vue d’une intégration opérationnelle totale.

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Place financière Statistiques

07 Les fonds à la loupe ► Les chiffres publiés dans l’édition 2015 du Global Fund Distribution Poster de PwC sont révélateurs de la bonne santé de l’industrie au Luxembourg. ― Texte : Jean-Michel Gaudron

importantes sociétés de gestion transfrontalières, leurs marchés cibles et leurs principales plateformes de distribution. En 2014, la croissance du nombre d’enregistrements de fonds transfrontaliers a été de 8 %. Mesurée sur les 10 dernières années, cette croissance a été, en moyenne, de 11,4 % annuellement. Avec une part de marché de 67 %, le Luxem­bourg est, plus que jamais, le centre numéro un en termes de distribution transfrontalière. ◄

Comme chaque année depuis 16 ans, le Global Fund Distribution Poster conçu par PwC et présenté, en mars, à l’occasion de la conférence de printemps de l’Alfi permet de mesurer visuellement l’importance majeure de l’activité de distribution de fonds made in Luxembourg. L’édition 2015 dresse le portrait de quelque 10.430 fonds transfrontaliers recensés en 2014, en détaillant leur pays d’origine, leurs marchés cibles et les grandes tendances du marché. Une photographie complétée par un classement détaillé des 50 plus

Top 5 des destinations...

Distribution transfrontalière – Parts de marché

... des fonds domiciliés au Luxembourg

Autres 5 %

... des fonds domiciliés en Irlande

Allemagne

4.704

Grande-Bretagne

1.880

Suisse

4.098

Allemagne

1.708

Autriche

4.067

Suisse

1.371

France

3.470

France

1.343

Grande-Bretagne

3.258

Pays-Bas

1.275

Grande-Bretagne 4 % Jersey 4 % France 4 %

Irlande 20 % Luxembourg 67 %

Top 10 Sociétés de gestion transfrontalières (2014 / 2013) 50

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SOURCES : LIPPER LIM AND PWC ANALYSIS, 31/12/2014

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Nombre de pays de distribution

30

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Place financière ELTIF

Miser sur l’avenir du réel

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► Les nouveaux fonds européens d’investissement à long terme (ELTIF) ont pour ambition de servir l’économie européenne en permettant un placement dans des secteurs ayant besoin de perspectives. ► L’industrie luxembourgeoise des fonds y voit des opportunités, se mobilise et se positionne. ― Texte : Fabrice Barbian

Dans un communiqué publié le 10 mars dernier par le Parlement européen, on pouvait lire : « Le Parlement a adopté, ce mardi, des dispositions visant à remédier à la réticence actuelle des banques à octroyer des prêts aux PME ou à des projets de recherche dont l’issue reste ouverte, grâce à la création de fonds européens d’investissement à long terme (ELTIF ou FEILT en français). Leur objectif est de servir l’économie réelle et la société en acheminant les fonds d’origine non bancaire vers des projets à long terme en faveur des infrastructures, de la propriété intellectuelle ou de la recherche. » Un nouveau type de fonds, qui participe à la construction d’une véritable union des marchés de capitaux à l’échelon européen, est donc créé afin de financer des investissements de long terme, comprendre des infrastructures routières, des aéroports, des écoles… « Mais aussi le financement des petites et moyennes entreprises dont on sait qu’elles fournissent une grande partie de l’emploi », précise Chrystelle Veeckmans, partner chez KPMG Luxembourg. Une partie de l’investissement pourrait également servir à financer les startup innovantes à l’heure où l’Europe entend « concurrencer la Silicon Valley, paradis des start-up », pour reprendre les termes d’Alain Lamassoure, député européen et rapporteur du Parlement européen sur ce dossier.

« Il est également important de noter que les fonds ELTIF pourront servir de véhicules d’investissement et de levier dans le cadre du plan Juncker et ainsi le soutenir. Le timing est donc excellent », précise Silke Bernard, managing associate d’Investment Management Group chez Linklaters. Pour rappel, ce plan prévoit de lever 315 milliards d’euros, sur trois ans, afin d’investir dans des secteurs jugés stratégiques pour la relance de l’économie et de l’emploi en Europe. Structurés comme des fonds d’investissement alternatifs (FIA) et destinés à favoriser les investissements d’origine non bancaire, les ELTIF s’adressent aux fonds de pension

PHOTO : PARLEMENT EUROPÉEN

ACCESSIBLES AUX PARTICULIERS

Le Parlement européen a adopté, à Strasbourg, le principe d’un type de fonds voué à l’économie réelle, dans la lignée du plan Juncker.

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Place financière ELTIF et aux compagnies d’assurances, notamment aux petites structures qui ne jouent pas dans la même cour que les grands groupes mais qui ont besoin d’investir dans des solutions d’investissement générant des revenus plus élevés que les obligations d’État ou les placements bancaires, et cela dans la durée et de manière stable. Mais les ELTIF s’adressent aussi aux particuliers. « En Europe, la quantité d’argent placée par les particuliers sur des comptes bancaires est énorme. Dans un contexte de taux d’intérêt très faibles, voire négatifs, tout cet argent dormant sur les comptes bancaires ne rapporte rien, alors qu’il pourrait contribuer à relancer l’économie européenne », souligne Chrystelle Veeckmans. Concrètement, les particuliers auront la possibilité de placer 10.000 euros dans un ou plusieurs fonds mais il leur faut néanmoins respecter certaines conditions, notamment liées à la qualité du portefeuille financier.

« Le Luxembourg est idéalement placé pour domicilier, conseiller et administrer ces fonds européens d’investis­ sement à long terme. » Chrystelle Veeckmans (KPMG)

Il est également prévu de donner à l’investisseur la possibilité de pouvoir retirer plus facilement son argent avant l’échéance prévue (par long terme, on entend généralement une dizaine d’années). « Il y aura effectivement un peu plus de souplesse pour les particuliers mais ce ne sera pas systématique. Cette option est au choix du gestionnaire qui définira les conditions précises d’un tel rachat dans le prospectus », précise Silke Bernard. Il est clair également que les ELTIF qui bénéficient d’un passeport européen s’accompagnent de toute une batterie d’obligations réglementaires visant à encadrer les investissements et les gestionnaires de fonds alternatifs (directive AIFM) mais également à garantir une transparence maximale

« Ces fonds pourront servir de véhicules d’investissement et de levier dans le cadre du plan Juncker et ainsi le soutenir. Le timing est donc excellent. » Silke Bernard (Linklaters)

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en direction des investisseurs via, entre autres, des outils comme le Kiid et l’incontournable prospectus. « Les fonds européens d’investissement sur le long terme devront demander une autorisation, avoir une structure réglementaire et se conformer à des règles uniformes afin de veiller à offrir des rendements à long terme et stables. Le Parlement a introduit des dispositions pour garantir qu’ils n’investis­ sent pas dans des actifs spéculatifs et que tout investisseur de détail soit correctement informé et protégé », indique le législateur européen. « À l’échelon européen, l’accueil de l’industrie des fonds est plutôt mitigé car certains acteurs ne sont pas convaincus de l’intérêt de ce fonds. À titre personnel, je suis persuadée qu’il y a un réel marché et que l’ELTIF offre de belles opportunités pour l’industrie et l’économie nationales. Je ne suis pas la seule à le penser. Un groupe de travail a été mis en place au sein de l’Alfi (Association luxembourgeoise des fonds d’investissement) et il s’étoffe au fil des réunions », précise Silke Bernard.

AVEC UN TEMPS D’AVANCE Par la voix de son président, Marc Saluzzi, l’Alfi a salué l’initiative. « En tant que centre d’excellence pour l’administration des fonds d’investissement destinés aux particuliers ainsi qu’aux investisseurs institutionnels, le Luxem­ bourg est idéalement placé pour domicilier, conseiller et administrer ces fonds européens d’investissement à long terme », confirme Chrystelle Veeckmans. Les professionnels luxembourgeois décortiquent, pour l’heure, les textes, avec pour ambition d’anticiper les interprétations possibles et de définir des réponses pertinentes aux questions qui se posent. « L’approche se veut très pragmatique. L’ambition est de tout clarifier afin d’optimiser le lancement des ELTIF dès que les textes sont applicables. Le Luxembourg a pris un peu d’avance sur ce dossier par rapport à ses voisins, aidé en cela, bien entendu, par son expertise en matière de fonds d’investissement. Ce petit temps d’avance ne sera peut-être pas aussi décisif que celui qui a participé au succès des fonds Ucits – il s’agissait alors d’implémenter une directive pas un règlement. Mais ce sera un atout de plus », affirme la spécialiste de chez Linklaters. Le Luxembourg a d’autant plus intérêt à vouloir jouer les premiers rôles en se positionnant comme un hub européen pour les ELTIF, qu’il est susceptible d’en retirer des bénéfices qui dépassent le cadre du business. Les nouveaux fonds européens marquent également une prise de conscience que l’industrie des fonds, et plus globalement encore la finance, est un acteur de la croissance économique et donc de l’emploi. Pas négligeable, non plus, en termes d’image positive. ◄

Calendrier

Peut-être disponibles cette année

Si le Parlement européen a approuvé la création des ELTIF le 10 mars dernier, la procédure doit suivre son cours avant leur mise en œuvre. Le texte doit tout d’abord être officiellement validé par le Conseil européen, ce qui devrait se faire avant la fin du mois d’avril. « Si ce calendrier est respecté, la publication devrait intervenir dans le courant du mois de mai pour une entrée en application six mois plus tard », précise Silke Bernard (photo), experte chez Linklaters. Si la procédure suit son cours, ce qui devrait être le cas puisque le projet fait consensus, ces nouveaux fonds d’investissement pourraient donc être disponibles sur le marché avant la fin de cette année ou au début de l’année prochaine. Au Parlement, la réglementation modifiée a été adoptée par 546 voix pour, 93 voix contre et 28 abstentions. À noter enfin, pour la petite histoire, que les négociateurs du Conseil, du Parlement européen et de la Commission sont parvenus à un accord sur la création des fonds européens d’investissement à long terme, le 26 novembre 2014. Le matin même, Jean-Claude Juncker avait présenté son plan d’investissement. F. B. ◄

En résumé Le Parlement européen a validé les nouveaux fonds européens d’investissement à long terme. Ces ELTIF ont pour ambition de servir l’économie européenne en permettant un placement, y compris venant de particuliers, dans des secteurs ayant besoin de perspectives. L’industrie luxembourgeoise des fonds est sur la balle.

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Désirs Culture, sélections, gastronomie, shopping, interview

22 Nouveauté pour les créatifs et les institutions culturelles : la toute jeune société ART_is (t) propose à la fois des services de fiduciaire et de gestion de la production de projets artistiques et culturels. Les trois associés, Séverine Zimmer, Jeannot Mousel et Marie-Ange Schimmer, répondent aux défis auxquels les artistes doivent faire face : aspects comptables, fiscaux, juridiques, mobilité internationale, stratégie de communication, accès aux financements, logistique, gestion de carrière artistique. Installée au 1535 °C, l’entreprise bénéficie de l’émulation de cette pépinière artistique. www.artistservices.lu

Après un galop d’essai au Luxembourg, c’est à Bruxelles que Guillaume Smets vient d’ouvrir une galerie d’art qui porte l’anagramme de son nom : Stems Gallery. Dans un très beau et lumineux rez-de-chaussée des beaux quartiers, il inaugure avec plusieurs artis­ tes en reprenant le titre d’une œuvre de Ben, Œuvre sans valeur à vendre cher . Clin d’œil à un marché de l’art qui con­ naît une tendance à l’emballement. On y découvre des pièces d’Arman, Pol Bury, César, Anthea Hamilton, Hergé, Tom Humphreys, Peyo, Mandla Reuter, Stephen Sutcliffe, Mungo Thomson, Ben Vautier ou Jacques Villeglé.

C’est le nombre de candidatures retenues parmi les 540 artistes qui ont soumis leur dossier pour le premier programme de résidence intitulé BeHave, dans le cadre du projet Public Art Experience avec le Fonds Belval. Les Luxembourgeois Patrick Galbats, Martine Feipel / Jean Bechameil et Ensemble Lucilin + Paul Bretz côtoieront des artistes venus de Belgique, Italie, France, Espagne, Royaume-Uni, Autriche, Canada, Pays-Bas, Allemagne et Chili. Les projets proposés par les artistes se devaient d’entrer en résonance avec les spécificités de l’ancien site sidérurgique de Belval. Il était particulièrement important que les candidatures interrogent le passage de la production matérielle à la production immatérielle. Exposition du 21 avril au 3 mai 2015 Halle des poches à fonte à Esch-Belval www.fonds-belval.lu

Les 9 et 11 mai au Grand Théâtre

Toute ressemblance avec un pays existant… ne serait pas vraiment fortuite. Dans Lettre d’amour au peuple qui ne connaissait pas le verbe aimer, Claude Frisoni décrit avec l’humour qu’on lui connaît le Vatounu, un petit pays du Pacifique peuplé de 500.000 habitants, dont la moitié sont étrangers, et qui accueille chaque jour plus de 140.000 transiliens. Un pays qui jouit d’un système linguistique original, avec trois langues officielles dont une langue nationale. L’occasion d’une réflexion sur le monde actuel dans le contexte du futur référendum sur le droit de vote des étrangers.

Après trois mois à Tokyo en 2013, un important travail en studio durant l’été 2014, Pascal Schumacher revient avec un album solo, Left Tokyo Right. À droite, pour le quartier Asakusa de Tokyo avec les temples, les femmes en kimonos et les tambours taiko – la tradition, donc. À gauche, c’est Akihabara et Shibuya avec les néons, la musique pop, les boutiques flashy – le nouveau Japon, en somme. Le vibraphoniste jette un pont entre ces deux faces d’une même médaille, qui correspondent selon lui à la vérité de la société japonaise.

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Le projet Paradiso Lussemburgo, proposé par l’artiste Filip Markiewicz, et le critique d’art Paul Ardenne représenteront le Luxembourg à la 56e édition de la Biennale de Venise, dans les espaces du Ca’ del Duca. L’idée est de mettre en scène le Luxembourg dans le contexte européen et mondial comme une sorte d’échantillon de l’Europe où se mélangent un nombre important de nationalités et de cultures constituant l’identité même du pays. « Une mythologie contemporaine du Luxembourg, à travers le monde du cinéma et de la performance », annonce l’artiste. www.mudam.lu

PHOTOS : BOHUMIL KOSTOHRYZ / MAISON MODERNE / D. R. / GREGORY BATARDON

Après Lohengrin, Ring Saga et Parsifal, Richard Wagner est de retour au Grand Théâtre, avec son premier grand opéra, celui où commence à s’affirmer nettement sa personnalité géniale, Der fliegende Holländer. Un marin maudit qui cherche l’amour, un père cupide qui veut vendre sa fille, un fiancé qui ne veut rien entendre et des sacrifices… La tragédie est bien là, mais dans un bonheur musical, une mise en scène (Alexander Schulin) efficace et des chanteurs de très haut vol.

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Désirs Culture

ZOOM SUR

JÉRÔME KONEN ― Texte : France Clarinval ― Photo : Sven Becker

Tout nouvellement nommé comme directeur du Kinneksbond, le jeune metteur en scène et responsable de production fourmille de projets pour le centre culturel de Mamer. Rien de moins que 26 candidats avaient postulé pour prendre la direction du centre culturel régional de Mamer, le Kinneksbond. C’est Jérôme Konen qui a emporté la mise et entrera en fonction le 15 mai. À 27 ans, le jeune homme, diplômé de l’Université Paul Verlaine de Metz, a déjà montré son énergie et son sens du texte dans plusieurs mises en scène et mises en espace et fait état de ses talents de gestionnaire, de communicateur et d’organisateur en tant que chargé de production auprès de différentes institutions (Trois C-L, Monodrama Festival, Many Spoken Words au Mudam). Si la programmation de la saison 2015-2016 est déjà largement bouclée, Jérôme Konen sait qu’il va avoir du pain sur la planche : « Je vais d’abord prendre le temps de connaître l’équipe, avec qui je me réjouis de travailler ainsi que le public et ses attentes. » En postulant à la tête du Kinneksbond, Jérôme Konen a déjà une idée des points forts de l’endroit : « C’est un lieu magnifique avec des moyens techniques exceptionnels. » Ce qui ne l’empêche pas de savoir ce qui doit être amélioré : « Le lieu n’a pas trouvé son identité au niveau national, il y a des créneaux à développer. » La proximité avec la capitale est à la fois un atout et une faiblesse. Le futur directeur estime qu’il faut offrir

autre chose que les salles de la ville d’une qualité suffisante pour attirer un public au-delà du simple voisinage. « Je ne vais pas balayer tout ce qui a été fait jusqu’ici. Le théâtre de boulevard et le cabaret correspondent à une demande. La résidence de l’Orchestre de chambre du Luxembourg fait partie de l’identité du Kinneksbond. Je ne vais pas non plus faire venir des spectacles hyper pointus qui ne toucheront pas le public. L’idée est de construire sur les atouts pour une programmation entre populaire et élitiste. » Cette profession de foi peut passer pour utopique, mais Jérôme Konen sait qu’il arrivera à trouver des jeunes créateurs qui proposent des spectacles « qui n’excluent personne, qui abolissent les frontières et qui soient lisibles par tous. » Avant sa prise de poste, Jérôme Konen signera aussi sa « dernière » (il utilise le terme, mais n’y croit pas luimême) mise en scène. Hosanna, comédie grotesque de l’auteur québécois Michel Tremblay, sera montée au Théâtre du Centaure à partir du 12 mai, avec Denis Jousselin et Serge Wolf. « Une histoire purement humaine sur l’identité et la vacuité de l’existence… C’est le type de pièce que je pourrais programmer. » Des semaines bien remplies en perspective, donc. ― Mai 2015 ― 101

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Désirs Sélections

Pierre Stiwer et Paul di Felice

Sélection

EMOPLUX

Dans le cadre de la 5 édition du Mois européen de la photographie au Luxembourg qui a comme thème Photographie et mémoire, nous avons demandé aux commissaires Paul di Felice et Pierre Stiwer de nous présenter cinq expositions.

MEMORY LAB I – RÉ-ÉCRITURES

MEMORY LAB II – PASSÉ PRÉSENT

Plutôt que d’inventer de nou­ velles images, ces artistes se servent de la photographie pour « ré-écrire » les événe­ ments historiques et poli­ tiques. En s’appuyant souvent sur des représentations exis­ tantes (archives, photos de presse…), en se les réappro­ priant, les artistes nous donnent de nouvelles pistes de relecture de ces images.

Le regard que la photographie contemporaine porte sur les guerres du siècle dernier et conflits ou tensions plus récents n’est pas celui du jour­ naliste ou de l’historien. Tout en faisant référence au passé, la photographie décline un registre de sentiments person­ nels où se mélangent réfé­ rences historiques, destin per­ sonnel et pensée prémonitoire.

Au Mudam, jusqu’au 31 mai

Au MNHA, du 24 avril au 13 septembre

MEMORY LAB III – TRACES

MEMORY LAB IV – TRANSIT

Les photographies qu’on peut voir dans cette exposition se réfèrent historiquement à des conflits très divers. Ce qui les relie c’est qu’elles ne retiennent des événements que des images qui sont autant de traces de ce qui s’est vérita­ blement passé. C’est l’émotion que produisent ces images qui appelle à réagir à défaut de pouvoir se positionner sur la connaissance de ce qui s’est véritablement passé.

Les vidéos et photographies de cette exposition montrent comment « passé et présent » sont traversés par une icono­ graphie dialectique qui met le spectateur en « transit » par une recontextualisation de l’ex­ périence personnelle et de l’histoire collective. Les œuvres sélectionnées constituent des moments de tensions où l’image représentée se distan­ cie du flux médiatique comme du document archivé.

Au Ratskeller, du 25 avril au 24 juin

Au Casino, du 25 avril au 6 septembre

MEMORY LAB – EUROPEAN MONTH OF PHOTOGRAPHY ARENDT AWARD

Pour la deuxième édition du Prix European Month of Photography Arendt Award, l’étude Arendt & Medernach montre les œuvres d’artistes émergents issus de la short list du projet commun « Memory Lab – Photography Challenges History ». La remise du Prix aura lieu le 22 avril à 19 h en présence des artistes. Chez Arendt & Medernach, du 23 avril au 13 septembre

PHOTOS : ANDRÉS LEJONA, DAVID BIRKIN, ANDREAS MÜHE, ATTILA FLOSZMANN, ADRIAN PACI, TATIANA LECOMTE

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Sélection

SUR LA TOILE.LU

Alternatif

Video Talks

Ailleurs

Orla Collective est un magazine online et une com­ munauté de gens bien sympathiques installés au Luxembourg. Ils prônent des modes de vie respec­ tueux de l’environnement et des hommes, dans un esprit positif, naturel, eco-friendly. On y trouve des conseils sur l’alimentation, des trucs et astuces pour mieux vivre, « plus heureux », profiter de la vie.

Karolina Markiewicz et Pascal Piron réalisent un blog sur lequel ils postent des entretiens vidéo avec des personnalités du monde du cinéma, du théâtre, de la danse, de la musique, de la littérature et autres. Une communauté de personnalités sensibles qui s’expriment sur leur travail, leur projet, mais aussi la vie en général, livrent des « clés pour mener à bien une existence fragile ».

La journaliste Sarah Cattani a choisi « de partir pendant un an (ou plus) », « découvrir le monde », plutôt du côté de l’Asie. Après avoir vidé son appartement, elle a pris un aller simple pour l’Inde, pays qu’elle affectionne particulièrement. C’est donc par là que son voyage commence. Sur Hello Globe, elle partage ses rencontres, ses découvertes, ses émotions. Dépaysant et revigorant.

Kulturstruktur.com

www.helloglobe.eu

Orlacollective.com

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PHOTOS : MAISON MODERNE

La toile regorge de sites sympathiques à suivre, et instructifs. Nous en avons sélectionné trois « made in Luxembourg ».

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L’OCCASION ÉCUSSON

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Désirs Shopping Silhouette

PAULE KA NOUS HABILLE

La première boutique Paule Ka a ouvert à Luxembourg en centre-ville. Nous leur avons demandé une silhouette emblématique de cette marque française empreinte du style des années 1950, qui utilise volontiers le nœud, le noir et blanc et les couleurs architecturées. 97, Grand-Rue à Luxembourg (Centre-ville)

TRICOTINE Ce manteau en tricotine revisite le style des années 60 avec modernité. Ses lignes structurées soulignent gracieusement la silhouette.

TRAPÈZE Volume idéal et design épuré, le sac Trapèze est disponible en blush et noir pour un look au chic graphique ou en color block pour un look pop.

NEW YORK La robe trapèze affiche cette saison un imprimé graphique. Elle se porte le jour comme le soir, avec ou sans talons : à vous de choisir !

NŒUD TWISTÉ Colorée et drapée, cette robe tout en féminité est la pièce parfaite pour briller dans les cocktails et soirées d’été.

Et que ça brille !

À la mode grecque

Et de deux

De nouveaux vernis arrivent au Luxembourg : Faby. Cette marque italienne développe une gamme de vernis avec un immense choix de couleurs (205) et surtout fabriqués sans produits toxiques (ils ne contiennent donc pas de phtalate de dibutyle, toluène, formaldéhyde, camphre, résine de formal­ déhyde) et non testés sur les animaux. Une version gel est aussi disponible chez les professionnels. Peu courant, la marque développe une gamme pour hommes.

La créatrice grecque Georgina Skalidi réalise des pochettes et sacs imprimés, à franges ou colorés hautement désirables ! N’hésitant pas à déconstruire la forme pour mieux la reconstruire, elle propose de nouveaux compagnons faits main, magnifiquement architecturés, avec des coupes, formes et couleurs pile dans l’air du temps. Par chance, elle a choisi de s’installer aussi à Luxembourg et y développe son activité.

Après l’ouverture de la boutique dans le centre commercial Auchan, c’est en centre-ville que la marque anglaise Karen Millen a choisi d’installer sa deu­ xième boutique. De quoi composer des silhouettes au gré de ses envies, du look décontracté à la tenue sexy en passant par la working girl dans l’air du temps.

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Désirs Gastronomie

RECETTE AU CHOCOLAT

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Pour fêter Pâques, quoi de mieux que de travailler le chocolat. Pour nous inspirer, nous avons demandé à Hannes Steier, pâtissier à la Chocolate House, de nous livrer une recette.

Si les classiques jambon-beurre et autres burgers ont incontestablement la cote, le bagel tend à se créer une place dans les tendances actuelles en termes de fast-food. Ainsi, le Luxembourg n’a pas été épargné avec la récente ouverture d’une boutique Bagelstein. C’est une première pour la marque alsacienne qui prend ses aises hors de France. Le tout dans une ambiance ludique et décalée. Une signature que Bagelstein s’applique à mettre en avant dans chacun de ses points de vente. Centre commercial Auchan au Kirchberg

Ingrédients 200 g de beurre à température ambiante 165 g de sucre glace 165 g de sucre en poudre 1 gousse de vanille Un peu d’arôme de citron 180 g de jaune d’œuf (environ 10 œufs) 270 g de blanc d’œuf (environ 8 œufs) 200 g de chocolat noir amer 300 g de chocolat de couverture 300 g de farine 250 g de confiture d’abricot 5 g de levure pâtissière 1 pincée de sel Chocolate House 20, rue du Marché-aux-Herbes à Luxembourg

La veille ► Préchauffer le four à 175 degrés. ► Mélanger la farine et la levure, tamiser l’ensemble. ► Mélanger le beurre ramolli avec le sucre glace, les grains récoltés dans la gousse de vanille et le citron pour obtenir un mélange mousseux. Ajouter les jaunes d’œufs, puis graduellement le chocolat noir fondu. ► Dans un autre bol, battre les blancs d’œufs en neige ferme avec la pincée de sel puis ajouter le sucre en poudre. ► Mettre ensemble les blancs d’œufs, le mélange farine-levure et l’appareil au chocolat. ► Placer le mélange homogène dans un moule à gâteau de 26 cm de diamètre et cuire au four environ 50 minutes. Le jour même ► Démouler le gâteau refroidi et le couper en deux horizonta­lement. Étaler la confiture sur la partie inférieure. Replacer la partie supérieure. ► Faire fondre le chocolat de glaçage avec quelques gouttes d’huile végétale. Napper complètement le gâteau. ► Laisser solidifier. Décorer avec des petits œufs en chocolat et divers objets de Pâques.

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Sushi Shop lance une nouvelle boîte en édition limitée : la Box Los Angeles, qui met à l’honneur les sushis californiens. Le design de la boîte a été confié au duo Carl & Kraig. À l’intérieur, trois nouvelles recettes valorisent les ingrédients utilisés dans les restaurants japonais en Californie, à savoir le crabe, la dorade et la Saint-Jacques.

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« Alors, le walking dinner ? » est sans doute la question la plus répandue le lendemain d’un événement d’entreprise.

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Désirs Interview – Culture

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« Je marche sans avoir d’idée préconçue sur ce que je vais trouver et les images qui vont en résulter. »

PAUL GAFFNEY

TROUVER SON CHEMIN Le photographe irlandais a bénéficié d’une résidence d’artiste de 10 semaines au Centre national de l’audiovisuel. Il y poursuit le travail qu’il mène dans le cadre de son PhD à l’université de Belfast : une réflexion sur le paysage et son appréhension contemporaine. ― Interview : France Clarinval

Monsieur Gaffney, quel a été votre premier contact avec le CNA et le Luxembourg ? « J’ai réalisé un projet il y a plusieurs années appelé We Make the Path by Walking. C’est le premier travail que j’ai voulu pousser et montrer, notamment à travers un livre (plusieurs fois nommé comme livre de l’année, par exemple par Photo-Eye et The British Journal of Photography, ndlr). C’est comme cela que j’ai rencontré Moritz Neumüller qui était un des curateurs jurés de sélection des Portfolio Days du CNA en février 2014. Lors de ces rencontres, j’ai gagné cette résidence d’artiste. Je n’avais pas forcément cela en tête. L’intérêt de ces journées était d’abord de rencontrer les curateurs invités et d’autres photographes – nous étions 36 – avec qui échanger des points de vue et des expériences. 108 ―

Quelle image aviez-vous du Luxembourg avant de venir ? « Je n’avais aucune idée préconçue sur ce que j’allais trouver. C’était une qualité supplémentaire pour mon projet dont la base est l’exploration. Je n’avais même pas d’image de la géographie du Luxembourg. Cela a été une belle surprise de découvrir ces paysages. Dès mon arrivée, je suis allé à Clervaux, pour voir l’exposition The Family of Man. Le trajet en train m’a permis de voir les vallées et les forêts du nord du pays où j’ai tout de suite eu envie de retourner pour faire mes photos. Lors des Portfolio Days, vous avez montré une partie de votre projet We Make the Path by Walking. L’idée était-elle de le continuer ici ? « Quand j’ai pris la résidence, j’y ai vu

l’opportunité de poursuivre mes recherches personnelles, dans le cadre de mon PhD à l’université d’Ulster à Belfast sur le thème ‘Reconsidering Landscape in Contemporary Photography’ et d’y apporter un aspect pratique, vécu. Ma recherche consiste à interroger la manière dont, en tant qu’artiste, je peux être totalement engagé et en immersion dans la nature pour réaliser des images de manière plus intuitive, sans que le fait de prendre des photos ne perturbe ma connexion avec mon environnement. Mon intérêt pour cette question est né de mon expérience quand je réalisais We Make the Path by Walking. Je me nourris aussi des différentes manières de considérer le paysage dans l’histoire de l’art. L’approche occidentale classique est de supposer que l’homme est déconnecté du paysage et a donc besoin d’y être reconnecté. Alors que dans l’art oriental, l’homme et le paysage forment typiquement un même ensemble. Il n’est pas nécessaire de reconnecter puisque rien n’a été coupé.

Pour le projet We Make the Path…, vous avez arpenté des kilomètres de chemins. C’est aussi ce que vous avez fait au Lux­em­ bourg ? « Ce précédent projet était surtout un prétexte pour passer plusieurs mois à marcher sur de longues distances dans la nature. En somme, le voyage personnel était au moins aussi

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Désirs Interview – Culture 1. We Make the Path by Walking_Untitled #25 2. We Make the Path by Walking_Untitled #2 3. We Make the Path by Walking_Untitled #24 4. We Make the Path by Walking_Untitled #9

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PHOTOS : YVETTE MONAHAN, PAUL GAFFNEY

éveil. J’ai pu ainsi éprouver cette manière instinctive de photographier et de ne pas exercer de contrôle : l’appareil photo capte plus que mon œil, fait le point tout seul. Ainsi, je ne pouvais pas voir exactement ce qu’il y avait dans le cadre ni où se faisait le point.

3

4

important que les photographies. Dès le départ, ma proposition était d’explorer le paysage du Luxembourg, à pied et pendant la nuit. Peu après mon arrivée, il y a eu beaucoup de neige, une nuit de pleine lune. J’étais intéressé par cette lumière particulière, combinée aux pollutions lumineuses de la ville, même si, finalement, les conditions n’ont pas duré assez longtemps pour que cette idée puisse évoluer.

personnelle… « En marchant, on est conscient de soi-même et de son environnement, ce qui est exactement la base de la méditation. J’essaie de ne pas imposer un point de vue personnel dans les images et c’est pour cela que je n’indique pas où elles sont prises. Ainsi, les images permettent plus d’interprétations et le spectateur peut y joindre sa propre expérience.

Progressivement, la démarche s’est affinée… « J’ai mis un peu de temps à trouver quelle serait mon approche. J’ai passé du temps dans les différentes régions du pays, le Mullerthal, près de Vianden et de Clervaux. Il me fallait m’immerger dans ces paysages, pour que je voie comment je réagis. Ce qui m’a frappé, c’est le grand nombre de chemins aménagés qui font des boucles autour des villes et villages. Ce n’est que dans les dernières semaines que j’ai pris les décisions. En somme, il y a deux approches. D’une part, je marche la journée pour explorer différents chemins et je réalise des polaroïds pour documenter cette exploration. D’autre part, j’en ai choisi certains à expérimenter durant les nuits qui entourent la pleine lune. Pour vos premiers travaux, vous disiez que le fait de marcher seul dans la nature est une forme de méditation et de trans­for­mation

Les paysages luxembourgeois ont donc changé votre manière de travailler ? « Il m’a semblé intéressant de faire des polaroïds pendant mes explorations diurnes, parce que je n’avais jamais expérimenté cela, mais aussi parce que le résultat est assez imprévisible. On a du mal à savoir si les images sont réalisées le jour ou la nuit. Je vais d’ailleurs prolonger ma résidence pour avoir une pleine lune en plus, début avril, et revenir à la fin de l’année en résidence aux Annexes à Bourglinster pour finaliser le travail, avec encore deux nuits de pleine lune supplémentaires. C’est encore plus vrai en travaillant de nuit où on ne voit pas vraiment clair… « C’est ce que j’ai expérimenté dans un de mes projets intermédiaires, réalisé en Irlande, qui nourrit beaucoup ce que je fais ici. Les photos sont prises en forêt, de nuit, sans lumière artificielle, sans pied. Il y a une résonance particulière quand on voit très peu, les autres sens sont en

La marche permet-elle de vous perdre ou de vous trouver ? « Quand je marchais de nuit, dans la réserve Haard dans les environs de Dudelange, je marchais sans vraiment savoir où j’étais. Je ne me suis pas repéré sur une carte. Avec les lumières lointaines de la ville, je savais que je retrouverais le chemin pour rentrer. Donc je ne me suis pas vraiment perdu. Dans le nord du pays, je me suis laissé immerger dans ces paysages, je m’y suis plongé, sans m’inquiéter des repères. L’idée est d’avoir confiance dans son propre chemin et, ce faisant, on ne se perd jamais, on retrouve toujours sa voie. Vous avez réalisé des livres, des expositions et des projections de vos photos. Qu’apportent ces différentes manières de montrer les images ? « Le livre est sans doute la manière la plus aboutie de les présenter. On y apporte une structure narrative, un séquençage, un cadre, un format, un poids, parfois du texte… tout cela est très réfléchi et conscient de ma part. Le lecteur peut s’y immerger, y revenir, y apporter son propre rythme, ses émotions. La projection est liée à un moment particulier. Dans le cas du projet que j’ai réalisé à Birmingham, il s’agissait d’accompagner une performance musicale. J’ai pris des photos sur un chemin de pèlerinage vers une ancienne chapelle qui inspirait aussi le compositeur. Contrairement au livre, c’est un moment unique, une expérience à vivre. Enfin, l’exposition permet de jouer sur les formats, l’échelle, l’ambiance sonore, la lumière… Je vais exposer à Belfast avant de revenir à Dudelange pour exposer, début 2016. Cela me donnera l’occasion de tester différentes propositions. »

www.paulgaffneyphotography.com

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458 personnalités & entreprises ont été citées sur les 116 pages de Paperjam1.

INDEX 1, 2, 3 4i

50

A ABBL 22, 92 Ackermann Charles-Louis 76 Actissia 62 Addahre Samir 50 Adem 34, 35 Administration des contributions 85 Administration des douanes et accises 62 ADR 34 Agence du bénévolat 60 Agfa-Gevaert 30, 61 Ahlborn Pierre 38 Air France-KLM 60 Alfi 22, 38 All Nippon Airways 60 Allen & Overy 33 Alliance mondiale pour 94 une banque fondée sur les valeurs Altice 61 Amazon 79 Amazon Europe Core 66 Amazon Web Services 66 Andy Schleck Cycles 78 Aperam 10 Apsi 47 Arbeiterkammer 22 ArcelorMittal 10, 44, 46 54 Arco Arti'chok Clown 61 Assya Asset Management 61 Astra 44 Atoz 43 Norbert Becker Administrateur indépendant

B

Baden Yann 86 Bank of China 38 Banque de Luxembourg 38, 62, 70, 81 Barthelmé Pierre 52 Bausch François 35 Baustert Aaron 74 BCE 47, 85 BCEE 44, 79 BCL 35, 85 Becker Norbert 38 Beissel Simone 10 Berg Marc 84 Bertelsmann 30 Bettel Xavier 10, 12, 51, 52, 64, 85, 88, 90 BGL BNP Paribas 79, 84 Biever Laurent 78 Bil 88, 90 Bintz Jean-Claude 76

Blum Viviane BNP Paribas Bodoni Jean Bourdaa Aurélien Bourguiba Habib Bourtembourg Cassandre Brasserie Roder British American Tobacco Broussard Eric Buck Xavier Business Europe

64 84 90 62 50 61 61 62 66 47, 61 22

C Cactus 38, 60 Cahen Corinne 36 Cargolux 60, 61, 88 Castegnaro 31 Caves Bernard Massard 103 CBP Quilvest 38 CDCL 62 CEA Tech 46 Cecra 22 Cegecom 60 Centre de médiation civile et commerciale 72 Ceratizit 79 Chambre de commerce 22, 34, 50, 51 35, 36 Chambre des députés 22, 51 Chambre des métiers 50 Chérif Tahar Chi-Chi's 62 Choury Amal 62 City Concorde 64 City of London Corporation 22 CLC 22 Clearstream 84 Clinique du droit de la consommation 36 Closener Francine 80 Commune d’Hobscheid 54 Compagnie luxembourgeoise 61, 76 des annuaires 35, 84 Conseil d'État 62 Conseil de la concurrence Coopers & Lybrand 44 Corporate Europe Observatory 22 Coubray Céline 64 Cour de justice de l'UE 35 Cravat Carlo 61 Crean Gabriel 46 Crestbridge 85, 94 60 Crossing Telecom CRP Tudor 46 CS Grevenmacher 36 CSV 12, 34, 56 83 Cupcake Babies Czero Laszlo 64

D

F

da Silva Do Carmo 36 Danloy Sébastien 92 Darbois Richard 74 DB Schenker 60 de Araujo Paul 34 de Cillia Serge 22 de Wendel François 90 de Marcilly Charles 22 Déi Gréng 34, 35, 56 Déi Lenk 34 Deloitte 79 Deltour Antoine 86, 90 Delvaux Jeannot 78 Desclèves Arnaud 90 Detaille Michèle 38 Deutsche Bahn 60 Deutsche Börse 84 Diaconu Adrian 62 DO Recruitment Advisors 55 Docler Holding 64 Doctena 61 Dondelinger Germain 35 DP 12, 34, 56, 84 Du Bois Frédéric 50 DuPont 79

Fahlsbuch Oliver 64 Faltz René 76 Family Guide 62 Fayot Franz 61 Fédération bancaire européenne 22 Fedil 22, 64 Fedil-ICT 47 Fernandes Tania 52 Fiat 6, 11 Film Fund 35 Finnovato 84 Fisch Laurent 61 FischFayot 61 FMI 85 Fondation Bertelsmann 61 Fondation Robert Schuman 22 Fonds Belval 35 Fonds d’assainissement de la Cité Syrdall 52 Fonds de compensation commun au régime général de pension 10 Fonds du logement 52 Foostix.lu 76 Foyer 10 36 Frank Henri Frank Lynn 36 Frappat Stéphane 80 Freeflex+ 61 Frieden Luc 90 Fundglobam 8 Fusenig Guy 36

Runa Egilsdottir Conseillère sortante, Ville de Luxembourg

E E-Bat Constructions 61 E-Kenz 4, 62 EBRC 62 Efama 22 Egilsdottir Runa 36 el-Abidine Ben Ali Zine 50 Elvinger, Hoss & Prussen 61 Enovos 60, 61 Entreprise des P&T 44 Entreprise Reckinger Alfred 62 Épiceries du Luxembourg 62 Err Lydie 10, 34, 54 Essential Values 93 ESV Digital 62 Eurocommerce 22 European Industrial Research Management Association 46 European Association for Research & Technology Organisations 46 Exki 62 Experta 90 60, 79 EY

Now in the city Center 12 Côte d’Eich (Place du Théâtre) L-2229 Luxembourg Tel : 26 68 38 43 Bandeau_Vinoteca.indd 1

110 ―

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G-H Garambois Xavier 66 Garcia Raul 64 Geisen Norbert 62 General Mediterranean Holding 62 Genii Capital 76 Gentoo Fund Services 85 Gerkens Dirk 64 Gilbert Alexandre 74 Gira Camille 54 Girls in Tech 66 Glaesener Thierry 76 GlaxoSmithKline 90 Glesener Marc 12 Gnaba Abdu 70 Goodyear 46 Gramegna Pierre 84, 88, 92 Grand Hôtel Cravat 61 Grand-Duc héritier Guillaume 88 Grand-Duc Jean 50 Gregorius Patrick 84 Gross Marc 22 Groupe Otto 84 Groupe Wagner 10, 44 Hamel Marc 61 Hamilius Yvette 84 Hansen Marc 34, 36, 52 Happy Snacks 62 Hein Daniel 62 Hengen Jean-Paul 47 Hentgen Pit 38 Heyard Joël 74 Hoffmann Serge 54 Hollande François 84, 90 Hölz Vincent 61 Hôtel Le Royal 62 Hurt Pierre 35 Hydros 78

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Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier

I ICT Cluster 47 Il était une fois 61 ILR 10, 36, 44 Incom 62 Indufin 60 INFPC 34 ING 79 Immo Luxembourg 25 Institut de formation de l'éducation nationale 34 Institut de la propriété intellectuelle, Luxembourg 51 Institut LifeLong Learning and Guidance 34 Institut Max Planck 35 Interel 22 ITS 62 Iwi 85

M

J - K Juncker Jean-Claude 12, 22, 30, 46, 56, 97 Kaes Aly 12 Kakayannis Takis 50 51 Kaufhold Lex Kaupthing Banque 61 Kayser Jan 72 Keller 116 Kerkhof Alexandra 83 Kettels Tom 64 Kieffer Robert 10 Kindle Direct Publishing 66 Kinneksbond Mamer 35 Klasén-Martin Daniela 85 Koedinger Mike 61 Kohl Marius 90 Konen Jérôme 35 Konsbruck Paul 64 KPMG 97 Kremer Antoine 22 Krieger Georges 54 Krombach Charles 90 Kuhn Roland 76 Kuhn Soparfi 76

L

Lundy David Lutsenko Alexander Lux Future Lab Lux Lucien Luxair Luxconnect Luxembourg City Film Festival Luxembourg for Business Luxembourg for Finance Luxembourg House Luxemburger Wort Luxempart Luxexpo Luxinnovation Luxite Finance

Marc Lemmer Membre du comité de direction, List

Laboratoire national de santé 34 Lakehouse 76 Lalux 38 Lamassoure Alain 97 Lampach Roger 64 Landsbanki 84 LCGB 34 Leasinvest Real Estate 62 Leiritz Vanessa 74 Lemmer Marc 46 Lemoine Frédéric 90 Leyne Thierry 61 Lhosmot Antoine 79 Lidl 64 Linc 61, 76 Linklaters 97, 115 List 46 Lombard International Assurance 38 Longo Pietro 61 Longrée Daniel 50 LSAP 12, 34, 56, 61 Ludwig Jean-Michel 22

22 80 76 54 49, 62, 80 64 36 34 92, 94 80 35, 84 10, 60, 90 99 22, 47 76

Q - R

Nicolas Mackel CEO, Luxembourg for Finance

Maas Yves Mackel Nicolas Maison Moderne Marketplace Mayfex McCartney Paul Meisch Claude Melusine Productions Mersch Yves Mertz Laurent Metayer Éric Miami University Microsoft Miltgen Daniel Ministère de l’Économie Ministere des Finances mmm MNKS Molitor, Avocats à la Cour Moselle Construction et Façade Murria Angel

PayPal Europe 38 Pearson 90 Penning John 76 Piot Wim 90 Pixius Sophie 61 Pizza Hut 62 PMC Constructions 61 Poeckes 62 Poirier Philippe 56 Poisson Grégoire 22 Poivey Patrick 74 Potentialpark 79 Prison Smart 61 PT Portugal 61 PwC 38, 52, 79, 90

92 92 61, 64 66 74 35 34 64 85 34 74 62 79 35, 52 34, 51, 80 51 61 64 61 61 51

Qantas Airways Qatar Airways Quazotti Serge Randtad Rasschaert Luc Rauchs Agnès Rauchs Pierre RBC Investor Services RBC Luxembourg Reckinger Michel Reding Viviane Reflex Investment Reichert Reichert Pierre Reinesch Gaston Reuter Alex Rod Gilles Royal Bank of Canada RTL RTL Group RTL Klub

60 88 51 62 85 35 62 79 92 62 12, 30, 61 76 64 61 85 35 36 92 22 10, 60, 62, 64 64

S

Nagel Maggy 35, 36, 52 Nappilla 61 Nasra George 88 Niclou Simone P. 34 Nippon Cargo 60 NN Investment Partners 58 NN Life 59 No Nail Boxes 38 Noble Marie-Béatrice 64 NorLux Nero-Oncology Laboratory 34 Nothum Thierry 22 Nyrstar 30, 61 NYSE Euronext 84 Nyuko 76 OCDE 10, 51 OGB 22 Oman Air 61 Orange 64

Sahr Daniel Saluzzi Marc Santer Jacques Sapin Michel SAS Satlynx Schaeffer Xavier Schank Marco Scheffen Jean-Louis Scheidecker Katia Schleck Andy Schmit Georges Schneider Daniel Schneider Étienne Schneider Frank Schneider Pierre Schonckert Laurent Schuh Paul Schuman Thierry Schwertzer Jacquot Seillière Ernest-Antoine Service des médias et des communications SES SFRE SGBT SHRM Financial Services

P Pall-Center Paperjam Papp Karoly Parlement européen Paul Wurth Paul Wurth Geprolux

62 61 64 97 41 62

97 37 61 70 80 64 74 12 35 34 76

T Tango 44 Tanson Sam 35 Tapella Luc 10, 44 Technoport 76 Telecran 35 Télévie 53 Telindus 47 Terra 61 Theisen Benoît 36 Theisen Marc 36 22 Thelen Carlo Thewes Marc 12 Thill Georges 62 Timmermans Franck 22 76 Torba Stan Toronto Dominion Bank 92 Toussing Pascale 90 Trade Immo 15 Traiteur Niessen 107 Transparency International 84, 86 Trek 78 Tribunal arbitral du sport 36 Trief Corporation 90 Turmes Claude 22 Turpel Justin 34

U - V

Marc Saluzzi Président, Alfi

N - O

Silke Bernard Smuggler Socialmatter SocioLab Sodrugestvo Solarwood Folkendange Soundtastic Spautz Marc Srel Statec Sulkowski Alex

50 38 60 84 60 44 47 52 35 64 78 76 76 52, 60 35 76 38, 60 10, 44 84 90 90 64 22, 44, 47, 62 94 17, 19, 79 85

Université du Luxembourg Van Ruymbeke Renaud Vanoutryve Guillaume Veeckmans Chrystelle Veritas Ville de Luxembourg Vir Bhatia Ashok Vox Mobile Voyages Émile Weber

34, 46, 88 84 61 97 60 35, 36 85 76 60

W - Y - Z Wagener Henri Wagener Odette Wagner David Wagner Management Wangen Édouard Webpartner Wendel Wickler Christiane Winkler Nils Winvest Wise Wiseler Claude Wolter Michel Yapital Yellow.lu

22 44 34 44 64 76 90 62 84 90 70 12 12 84 76

― Mai 2015 ― 111

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Mai 2015 Paru le 9 avril 2015

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION WWW.PAPERJAM.LU

PROCHAIN NUMÉRO

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15 mai 2015

Mike Koedinger

MAI 2015

RÉDACTEUR EN CHEF

Jean-Michel Gaudron

30 avril 2015

COVER

12,4% ALLEMAGNE

Stephanie Post

5,2% PAYS-BAS

150

11,4% FRANCE

lobbies de London City et du ROYAUME-UNI

6,4% ESPAGNE

11,4% ROYAUME-UNI

9,3% ITALIE 5 453000 074017 05 4€

0,7% LUXEMBOURG

Luxembourg et lobbying

JUSTE DES MIETTES

11

organisations financières du

LUXEMBOURG

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4/1/15 9:33 AM

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RÉDACTION Téléphone (+352) 29 66 18-1 Fax (+352) 29 66 19 E-mail press@paperjam.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg @paperjam_lu Jean-Michel Gaudron (J.-M. G.) jean-michel.gaudron@maisonmoderne.lu @jmgaudron Rédacteur en chef Alain Ducat (A. D.) alain.ducat@maisonmoderne.lu @Ducat_paperjam Secrétaire de rédaction Frédéric Antzorn (F. A.) frederic.antzorn@maisonmoderne.lu @FredAntzorn France Clarinval (F. C.) france.clarinval@maisonmoderne.lu @franceclar Céline Coubray (C. C.) celine.coubray@maisonmoderne.lu @celinecoubray

Rédacteurs Fabrice Barbian Sébastien Lambotte Laurent Moyse Michaël Peiffer Jean-Marc Streit Photographes Julien Becker Sven Becker Charles Caratini Eric Chenal Luc Deflorenne Gaël Lesure Olivier Minaire Christophe Olinger Jessica Theis Mike Zenari Correction Pauline Berg Muriel Dietsch Cynthia Schreiber

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Maison Moderne Media Sales Téléphone (+352) 27 17 27 27 Fax (+352) 26 29 66 20 Mail mediasales@maisonmoderne.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg

Maison Moderne Studio Directeur associé Guido Kröger

Directeur associé Francis Gasparotto (-33)

Studio manager Stéphanie Poras

Directrice commerciale Luciana Restivo (-53) Assistantes Tania Henriques (-235) Nathalie Sohn (-234) Chargés de clientèle Marilyn Baratto (-42) Laurent Goffin (-34) Barbara Wiesen (-64) Assistante commerciale Céline Bayle (-32) Administration Isabelle Ney (-233)

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Directeur artistique Stephanie Post

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Fondateur et CEO Mike Koedinger Directeur administratif et financier Étienne Velasti

Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Jean-Michel Gaudron, Mike Koedinger, Guido Kröger et Rudy Lafontaine. Conseil d’administration : Jean-Claude Bintz (président), Francis Gasparotto, Mike Koedinger, Guido Kröger, Daniel Schneider et Étienne Velasti (membres).

Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media S.A. (Luxem­bourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media S.A. Conformément à l’article 66 de la loi du 8 juin 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Mike Koedinger.

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Le Luxembourg en chiffres

TABLEAU DE BORD 300.800

549.700

2

Taux d'inflation (en %)

Nouvelles immatriculations

6.000

AVRIL 2014 : 5.220

1,9

20 15

20 11

Dette publique (en % du PIB)

23,6 % (2013) +10,28 % par rapport à 2012

776 1.465,2

965 1.086,7

449

486

531

1.280 2.274,2

1.108 1.570 563

472 T3 2014

843 1.377,9

4.916,75

4.344,15

5.311

Autorisation de bâtir bâtiments - logements - volume (milliers de m2)

4.276

4.882,05

4.217,73

4.191,84

4.230,01

5.375,60

5.408,05

Prix moyen au mètre carré (en euros) ancien - neuf

20 10

0

SOURCE : STATEC

-0,2

Fé v. 1 Ma 4 rs 14 Av ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il . 1 Ao 4 ût 1 Se 4 pt .1 4 Oc t. 14 No v. 1 Dé 4 c. 14 Ja n. 15 Fé v. 15

Fé v. 1 Ma 4 rs 14 Av ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il . 1 Ao 4 ût 14 Se pt .1 4 Oc t. 1 No 4 v. 1 Dé 4 c. 14 Ja n. 15 Fé v. 15

1.000

T2 2014

2,2

2

2.000

0,0 9

0

étrangers

20 14

0,5

248.900

2,9

OCT. 2014 : 4.522

MAI 2014 : 1,03

3.000

3,1

83

4.000

1

3.7

1,5

45 %

PIB en volume (évolution en %)

2

5.000

55 %

Luxembourgeois

20 13

2.586 km

Population totale (au 1er janvier 2014)

20 12

Superficie

T1 2014

T3 2013

Nombre de banques

T4 2013

T1 2014

T2 2014

T3 2014

OPC (en milliards d'euros)

14

3

3.094,99

3.083,35

3.034,46

3.006,76

2.970,52

2.904,14

2.854,64

2.815,87

2.742,21

2.709,21

2.468,07

145

2.405,93

7,0 %

Fé v. Ma 14 rs Av 14 ril 1 Ma 4 i1 Ju 4 in Ju 14 il. A o 14 ût Se 14 pt . O c 14 t. No 14 v. Dé 14 c. 1 Ja 4 n. 15

14 n. Ja

rs 14 Av ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il. 14 Ao ût 1 Se 4 pt .1 4 Oc t. 14 No v. 14 Dé c. 14 Ja n. 15 Fé v. 15 Ma rs 15

Ma

(en février 2015) 7,1 % en février 2014

44.056

410.699

Emploi total intérieur en février 2015

40,7 % 59,3 %

dont 167.241 travailleurs frontaliers

Emploi du secteur financier au 4e trimestre 2014 (hors assurance)

25.785

emplois dans le secteur bancaire

114_tableau_de_bord.indd 114

(en mars 2015) 63 en mars 2014

Taux de chômage

140

114 ―

60

41,47 % 58,53 %

18.271

emplois dans les autres secteurs

SOURCES : STATEC, CSSF

150

avril 2014 : 151

155

3.227,01

T4 2013

SOURCES : STATEC, CSSF, BARREAU DE LUXEMBOURG

Nombre de faillites T3 2013

― Mai 2015

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