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JUILLET / AOÛT 2015
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La présidence européenne va mettre le Luxembourg sous le feu des projecteurs ces six prochains mois.
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Éditorial Juillet / Août 2015
UNE BOUTEILLE À L’AMER
C
omme un enfant déballe un cadeau et dis-je, la péninsule…), mais la grille de lecture des résultats découvre avec tristesse qu’il ne correspond de ce référendum comporte suffisamment de dimensions pas à ce qu’il a demandé, nous avons, (lire en page 40) pour ne pas se contenter de la seule amercomme tant d’autres, ressenti amertume et tume d’un rendez-vous manqué avec l’Histoire. frustration au lendemain d’un référendum Évidemment, à l’heure où le pays prend la présidence du qui fera date, mais certainement pas pour Conseil de l’Union européenne, un « oui » au droit de vote les raisons espérées. des résidents étrangers aurait eu une portée au moins aussi À force de réclamer une meilleure intégration des résidents forte que celui prononcé devant madame la bourgmestre étrangers dans le système démocratique luxembourgeois par Xavier Bettel et son désormais mari. Aujourd’hui, c’est et de faire en sorte que les importantes décisions politiques toute la coalition gouvernementale qui se retrouve marrie. ne soient plus uniquement laissées entre les mains d’une Déjà bousculée à l’occasion des élections européennes de minorité qui se dit bien pensante, nous avions imaginé, mai 2014, elle a, en tous les cas, subi par procuration un peut-être naïvement, recevoir un tel cadeau pour notre nouveau revers dont il est encore trop tôt, aujourd’hui, pour 15e anniversaire. Quinze ans pendant lesquels Paperjam mesurer la réelle portée. s’est, petit à petit, émancipé. Du « Mir sinn dofir » du prin- Pour les partisans du « oui », deux siècles après la bataille temps 2013 au « Jo » du printemps 2015, ce ne sont pas les de Waterloo, c’est une autre morne plaine sur laquelle ils messages lancés qui ont manqué, suscitant ou, mieux, errent aujourd’hui. Mais chacun pourra toujours méditer relayant l’opinion de bon nombre de décideurs, y compris sur cette citation de Samuel Beckett, remise au goût du jour des Luxembourgeois « de souche », pour ce « mieux-être sur les courts de Roland-Garros par un tennisman suisse persévérant : « Ever tried. Ever failed. No matter. Try again. ensemble » que beaucoup appellent de leurs vœux. « Beaucoup », certes, mais visiblement pas (encore) ceux qui Fail again. Fail better. » ont le droit de s’exprimer. Et tous ces messages ont aujourd’hui Le 7 juin 2015 ne doit, en rien, constituer une date syno la triste apparence de bouteilles lancées dans cet océan de nyme de point final dans le grand livre du progressisme. conservatisme d’où nous aurions pourtant souhaité que sur- Paperjam, pour sa part, continuera encore et toujours à militer et à s’engager pour faire bouger nage un peu plus de bon sens. les choses. Peut-être échoueronsLe peuple luxembourgeois, qui Par Jean-Michel Gaudron, nous encore parfois, mais alors démocratiquement parlant a rairédacteur en chef de Paperjam E-mail : jean-michel.gaudron@paperjam.lu avec toujours l’envie d’échouer son, n’est donc visiblement pas Twitter : @jmgaudron « mieux ». ◄ encore prêt à franchir le cap (que
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Paperjam Advertorial Interview Pascal Driant – INFINITI By LENTZ
L’Infiniti Q50, élégance et puissance
► Avec la Q50, berline remarquable, la jeune marque Infiniti confirme ses ambitions pour le marché luxembourgeois. ► Le modèle entend concurrencer les constructeurs allemands sur le segment des véhicules premium. ► Infiniti allie design, moteur performant et plaisir de conduire. ▲ Avec ses 4,80 m de long et son design atypique, l’Infiniti Q50 ne passe pas inaperçue.
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Sa ligne et son regard particulier en font une voiture remarquable dès le premier coup d’œil. Avec la Q50, berline sportive et de caractère, la jeune marque Infiniti confirme sa volonté de se faire une place sur le marché des véhicules premium en Europe. Ce modèle a tout pour séduire un public luxembourgeois, qui affectionne particulièrement les voitures présentes sur ce segment. « La Q50 a été conçue pour répondre aux attentes de ce marché. Elle partage le niveau d’exigence de ses concurrentes, alliant design de qualité, performance moteur et, surtout, plaisir de conduire, commente Pascal Driant, nouveau directeur de NISSAN et INFINITI By LENTZ Luxembourg. Une fois installé à son volant, on ne peut qu’être séduit par la précision de conduite et le confort routier qu’offre ce modèle. » Cette savoureuse sensation ressentie au volant de la Q50, on la doit notamment à la technologie Direct Active Stearing qu’intègre le modèle. « La Q50 offre une direction full électronique. Extrêmement précise, particulièrement réactive, cette direction by wire peut être paramétrée selon les attentes et habitudes du conducteur. Elle s’accompagne de technologies d’aide à la
conduite, et notamment de maintien du véhicule entre les marquages sur la chaussée, rehaussant la sécurité au volant. » La Q50 est disponible en trois motorisations différentes. Les deux premières, traditionnelles, proposent respectivement un 4 cylindres, 2,2 l diesel et un 4 cylindres 2,0 l Turbo Essence. La troisième motorisation est plus innovante. « La version hybride propose un fabuleux V6 de 3,5 l, qui peut développer jusqu’à 364 chevaux. La motorisation intelligente, activant deux ou quatre roues motrices, offre des performances incroyables pour une consommation moyenne de seulement 5,1 l aux 100 kilomètres, poursuit Pascal Driant. Ne futce que pour ses caractéristiques, la Q50 est une voiture qu’il faut absolument essayer. » Par son design, pensé pour répondre aux attentes du marché européen, elle parvient à se démarquer de ses concurrentes. Plus souple, plus douce, avec cependant un caractère affirmé, elle allie prestance et élégance. La Q50 dispose de nombreux atouts et séduit avec malice. Si on ajoute à ses qualités l’argument de son prix attractif, avec un premier modèle à 33.746,28 euros, elle devrait faire de nombreux adeptes, au Luxembourg, en Grande Région comme à travers l’Europe. ◄
Paperjam Advertorial Interview Pascal Driant – INFINITI By LENTZ
Jeune marque, belles ambitions
Pascal Driant porte la marque Infiniti au Luxembourg depuis le début de cette année 2015. Il revient sur les ambitions du constructeur à l’égard du marché luxembourgeois et européen en général.
Monsieur Driant, quelles sont les ambitions d’Infiniti vis-à-vis du marché européen ? « Avec la Q50, Infiniti s’affirme vis-à-vis des berlines présentes sur le marché premium en Europe, principalement occupé par des constructeurs allemands. Nous sommes une jeune marque, qui existe depuis 1989. Le déploiement européen ne remonte qu’à 2008. Nous ne sommes présents au Luxembourg que depuis 2012. Mais la manière dont la marque pénètre le marché est enthousiasmante. Le constructeur a compris les opportunités existantes en Europe, avec des modèles adaptés. La Q50 en est un bon exemple. D’autres modèles attendus, la Q30 et la QX30, ne seront pas uniquement conçus pour notre marché, mais aussi construits et assemblés en Europe, en Angleterre plus précisément. Quels objectifs vous êtes-vous fixés au niveau du marché luxembourgeois ? « Malgré une présence relativement récente, nos ventes ont bien évolué en trois ans. En 2012, nous avions vendu une quarantaine de véhicules. En 2013, nous en avons écoulé une centaine et 150 l’année suivante. Pour l’année 2015, nous avons pour objectif d’en vendre 250. La marque doit encore se faire un nom. Notre enjeu premier est de la faire connaître, d’inviter les amateurs de belles voitures à travers la Grande Région à découvrir nos modèles, à les essayer. Nous sommes
en effet un distributeur unique et central sur l’ensemble de ce territoire. Comment vos véhicules parviennent-ils à convaincre face aux concurrents, mieux établis ? « Par l’équipement complet qu’ils proposent pour un prix qui reste extrêmement attractif. C’est, pour le constructeur, le meilleur moyen de pénétrer un marché porteur d’opportunités, mais aussi très concurrentiel. Pour des prix très raisonnables, nos clients accèdent à des véhicules de grande qualité, avec un équipement de base extrêmement bien étoffé. D’autre part, nous appuyons notre présence par le développement d’un service et d’une expérience client de qualité supérieure. Qu’en est-il du reste de la gamme ? « Nous avons une gamme en plein déploiement. Infiniti reste une marque en devenir. La Q50 est venue répondre aux attentes du marché européen. Elle est particulièrement bienvenue sur le marché luxembourgeois, offrant une alternative intéressante pour les travailleurs du secteur financier, cadres et dirigeants d’entreprise. L’année 2015 sera elle aussi exaltante, avec l’arrivée de la Q30, plus accessible, qui viendra concurrencer des véhicules comme la Classe A de chez Mercedes ou l’Audi A3. La QX30, un peu plus tard, offrira un véhicule magnifique sur le segment des petits SUV. Mais actuellement, on peut déjà apprécier la Q70, une berline haut de gamme exceptionnelle. La Q60 est un magnifique cabriolet. Infiniti a été l’une des premières marques à investir le segment des cross-over, bien avant BMW d’ailleurs, avec les QX50 et QX70. » ◄
La Q30, la compacte attendue
En fin d’année 2015, Infiniti renforcera sa présence sur le marché européen avec l’arrivée de la Q30.
Il s’agit d’une compacte, qui s’appuiera sur la même plateforme que la Classe A de Mercedes. Ce petit modèle, plus accessible, a été conçu pour le marché européen. La voiture sera construite et assemblée sur un site de production en Angleterre. Elle aura pour mission de populariser une marque au grand potentiel. On en sait cependant encore peu sur ce véhicule, si ce n’est qu’avec lui la marque espère doper sa visibilité sur nos routes.
En 2016, à la Q30 succédera la présentation de la QX30, sur le segment des SUV compacts. Selon les premières images dévoilées, elle développera une ligne élégante et de caractère, propre à la marque Infiniti. Ces deux sorties successives viennent démontrer les ambitions d’un jeune constructeur.
◄ Pascal Driant et Christophe Ceschin vous attendent au garage INFINITI By LENTZ au 535, route de Thionville à Alzingen Tél. : 44 45 45 1
― Juillet / Août 2015 ― 005
Paperjam Advertorial Interview G-Sys
Un outil IT centralisé au service de la productivité
► G-Sys délivre des services informatiques aux entreprises depuis 1997. ► Au travers de son logiciel de gestion commerciale Kolibrys, G-Sys offre un outil de gestion performant, complet, transversal et intégré, réel support à la productivité de l’entreprise. ► G-Sys développe également des applications mobiles au service des professionnels. ▲ Christophe Pietquin,
« Kolibrys est le fruit de plus de 20 années d’expérience. »
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Monsieur Pietquin, pouvez-vous nous présenter G-Sys et les activités que vous développez ? « G-Sys est une société éditrice de logiciels créée en 1997. Son développement l’a conduite à diversifier ses activités autour de trois piliers majeurs. Le premier est l’édition de logiciels. G-Sys met sa solution Kolibrys au service d’entreprises dans des secteurs variés. Le second a trait à la gestion de l’infrastructure informatique. Enfin, le troisième pilier englobe le développement d’applications mobiles et de sites web. G-Sys compte une dizaine d’employés qui se partagent ces trois domaines d’activité. En quoi un logiciel informatique comme Kolibrys permet-il d’obtenir des gains de productivité pour l’entreprise ? « La plupart des entreprises disposent de plusieurs logiciels, chacun étant dédié à une fonction en particulier : un logiciel de facturation, un autre programme dédié à la gestion des stocks, d’autres logiciels encore dédiés au management des timesheets, à l’archivage ou à la gestion
des e-mails. Ces outils ne communiquent pas forcément entre eux, ou pas toujours de manière fluide. L’utilisateur doit régulièrement basculer d’une application à une autre, ce qui diminue d’autant sa productivité. La multiplication des applicatifs finit par rendre leur gestion complexe et coûteuse. Kolibrys regroupe au sein d’une interface unique, simple et ergonomique l’ensemble des fonctions principales dédiées à la productivité de l’entreprise. Quelles sont les spécificités de Kolibrys ? « Le logiciel intègre toutes les fonctionnalités nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise. L’information est organisée de manière centralisée, ce qui permet une réelle automatisation des processus, et offre aux utilisateurs une vue permanente globale de l’entreprise. La fonction de gestion des pointages des employés est, par exemple, directement liée à la facturation vers le client, entraînant dès lors un gain de temps précieux lors de ce processus.
Paperjam Advertorial Interview G-Sys
Existe-t-il d’autres exemples permettant d’illustrer les gains en productivité que permet la solution ? « Oui, et notamment les fonctions de gestion documentaire et d’archivage. Kolibrys permet non seulement un accès rapide à tous les documents de l’entreprise, mais également un partage de l’information entre tous les collaborateurs. Retrouver une information est simple et intuitif : l’utilisateur lance sa recherche dans une barre de recherche unique, accessible partout et à tout instant, et le logiciel affiche tous les documents, e-mails, dossiers, produits, clients qui correspondent aux critères introduits. Dans la plupart des entreprises, la recherche d’informations se fait de manière indépendante à plusieurs endroits : dans des répertoires partagés pour ce qui concerne les documents, au travers d’un programme de recherche de l’ERP pour ce qui concerne les articles ou les données clients par exemple. Et lorsqu’il s’agit d’un e-mail dont il n’est ni l’émetteur ni le destinataire, l’employé est souvent contraint de s’adresser à ses collègues pour en obtenir une copie. Vous parlez d’automatisation. Comment cela s’organise-t-il ? « Il existe des tâches récurrentes auxquelles chaque entreprise est confrontée. Une fois identifiées, celles-ci peuvent être automatisées. Un système de notifications rappelle à l’utilisateur les tâches qui lui incombent. Ce système fait remonter l’information utile pour faciliter le travail de chacun et alimenter les processus internes à l’entreprise. Les notifications peuvent être interactives, mais aussi envoyées par e-mail. Elles sont notamment couplées à la gestion de projet et aux fonctions de facturation récurrente et représentent donc un réel support à la productivité. En quoi cette solution facilite-t-elle la gestion globale de l’entreprise ? « L’information étant centralisée, les gestionnaires peuvent profiter de tableaux de bord relatifs à la santé de l’entreprise en général, à l’avancée de projet en particulier, à leur rentabilité ou encore à la performance des employés. En accédant directement à cette information, on profite d’un gain de temps et de visibilité. D’un point de vue reporting et statistiques, G-Sys a développé une interface web permettant de créer des tableaux d’analyses dynamiques. Nos clients sont complètement autonomes dans la création de leur rapport.
Une telle solution est-elle facile à mettre en œuvre au niveau de l’entreprise ? « De manière générale, la solution est mise en œuvre rapidement. L’outil est modulable et s’adapte aux besoins du client. Notre solution peut tourner sur un système au sein même de l’entreprise, ou être hébergée à distance et distribuée en mode cloud. En outre, grâce au fait que notre solution soit centralisée et gérée par un prestataire unique, il est plus simple de la faire évoluer.
Notre solution peut tourner sur un système au sein même de l’entreprise, comme elle peut être hébergée à distance et être distribuée en mode cloud. Comment s’intègre-t-elle à l’environnement web de l’entreprise et aux évolutions mobiles ? « Comme expliqué précédemment, nos services s’articulent autour de trois piliers. Nous gérons les projets de bout en bout, en mettant en œuvre l’infrastructure nécessaire au bon fonctionnement de nos logiciels, mais aussi en développant le site web ou l’application mobile qui pourra interagir avec eux. Un site web développé par nos équipes intègre facilement la mise à disposition de ressources au moyen d’un extranet. Clients ou partenaires ont la possibilité d’accéder aux documents que la solution permet de partager. De plus, l’utilisation des mobiles se généralisant rapidement, nous créons également des solutions mobiles. Nous développons, par exemple, des formulaires sur mesure qui facilitent la saisie d’informations sur le terrain. Ceux-ci permettent l’encodage de données sur tablette, et la production de documents associés. Les données sont archivées automatiquement, intégrées dans la base de données, et donc directement accessibles, voire réexpédiées par e-mail automatiquement au client. Ce système permet de joindre photos, vidéos, messages vocaux et même une signature. Cette solution représente un gain de productivité, non seulement pour les collaborateurs itinérants, mais aussi pour l’entreprise, dans la mesure où il n’y a plus de réencodage des formulaires. » ◄
Pour une démonstration du logiciel Kolibrys, contactez G-Sys
www.g-sys.lu
Kolibrys recherche des distributeurs La solution Kolibrys est directement mise en œuvre par G-Sys auprès de ses clients au Luxembourg. G-Sys recherche cependant des partenaires susceptibles de distribuer Kolibrys à travers les différents pays d’Europe. « Nous avons actuellement des contacts avec des candidats en Suède et en Suisse. Nous sommes à la recherche d’autres partenaires », précise Christophe Pietquin.
Une expérience au plus près des besoins des entreprises Avant de créer G-Sys, société éditrice de Kolibrys, Christophe Pietquin a d’abord été ingénieur système, analyste, consultant pour des PME actives dans de multiples secteurs : bancaire, distributions, transport, fiduciaire. G-Sys lui a permis d’avoir une vue plus concrète sur la gestion d’une entreprise, et une idée plus précise du gain que pouvait représenter, en termes de productivité, la conception d’un logiciel intégrant non seulement les besoins de l’entreprise, mais aussi des utilisateurs. « Kolibrys est le fruit de plus de 20 années d’expérience adaptées aux technologies actuelles », explique-t-il.
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XE SE DÉCHAÎNE. NOUVELLE JAGUAR XE LA BERLINE DE SPORT REDÉFINIE. La nouvelle Jaguar XE est arrivée. Notre berline sportive la plus avancée, la plus efficiente et la plus raffinée jamais créée. Partageant l’ADN de la F-TYPE, sa gamme de motorisations affiche des performances et une sobriété exceptionnelles, à partir de 99 g/km CO2. Prix catalogue dès 33.830 € TVAC. JAGUAR.LU
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Sommaire Juillet / Août 2015
068 Paperjam, 15 ans d'information indépendante pour la Place.
016
Grand entretien JEAN ASSELBORN
« Nous sommes attendus au tournant » Le ministre des Affaires étrangères et européennes détaille les grands enjeux de la présidence européenne à venir. La question des migrants et celle des accords commerciaux transatlantiques font partie des dossiers les plus sensibles. Il s’agira aussi de redonner un nouvel élan à l’effort européen, mis à mal par un euro scepticisme grandissant ces dernières années. Par Jean-Michel Gaudron
024
Coverstory 026 PRÉSIDENCE
Entre vitrine et miroir Au-delà des grands dossiers, le pays aura aussi un objectif de séduction vis-à-vis de l’opinion. Par Jean-Michel Gaudron
030 ATTENTES
Sang-froid et dossiers chauds Le Luxembourg sera forcément scruté de près. Les décideurs ont leurs attentes. L’horesca est déjà gagnant. Par Jean-Michel Gaudron
034
036
Économie & Politique 040 L’APRÈS-RÉFÉRENDUM
Où est passé l’esprit « Multikulti »? Personne ne s’attendait à une telle déferlante du camp du « Nee » qui a convaincu près de 80 % de l’électorat sur la question du droit de vote des étrangers. Cet électrochoc aura des répercussions sur les réformes à poursuivre au cours de la législature. Par Véronique Poujol
062
Entreprises 068 15 ANS DE PAPERJAM
« Être indépendant, c’est prendre position » Paperjam fête les 15 ans d’une success-story ininterrompue. L’occasion, pour son éditeur Mike Koedinger et son rédacteur en chef Jean-Michel Gaudron, de passer en revue les valeursclés et les grandes étapes de l’existence du premier média économique et financier du pays. « Nous avons toujours eu cette volonté de contribuer au changement au Luxembourg et de faire avancer les choses. »
094
Place financière 098 FONCTION : ADMINISTRATEUR
Coup de canif dans les fromages Pour la première fois en droit national, le principe de la limitation des mandats au sein d’organes de direction sera introduit. Les « cumulards » vont devoir lâcher des parts de pouvoir et de rémunération. Mais les administrateurs issus de la fonction publique ne sont pas concernés. Par Véronique Poujol
Par Marc Gerges
HISTOIRE
Cinq dates marquantes Retour sur cinq présidences clés. Par Jean-Michel Gaudron
― Juillet / Août 2015 ― 009
TOUS LES EXPLORATEURS LE SAVENT, LE PLUS EXCITANT EST CE QU’IL RESTE À DÉCOUVRIR. Dr SYLVESTRE MAURICE - ASTROPHYSICIEN
NOUVELLE DS 5
3,5 – 5,9 L / 100 KM
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Sommaire Juillet / Août 2015
080
Contrairement aux apparences, Gerard Lopez (à gauche) n’est pas indifférent à la réussite d’Alexandra Kerckhof, à qui il a remis le trophée Cyel 2015.
036
Économie & Politique 044
048
RESSOURCES IT
TVA ET NUMÉRIQUE
Carte bleue pour sang frais La blue card européenne vise à attirer des travailleurs très qualifiés issus de pays tiers. Au Luxembourg, le précieux sésame est particulièrement prisé de l’ICT. Le niveau de salaire requis passera d’un ratio de 3 x le salaire moyen à 1,2 x.
Commerçant en ligne, contribuable européen La Commission Juncker viendra en 2016 avec une nouvelle fiscalité adaptée à une stratégie de marché numérique européen. D’ordinaire discret, Amazon applaudit depuis Luxembourg et organise ses structures filiales.
Par Florence Thibaut
Par Alain Ducat
045
050
CLIMAT
PROMOTION DANS L’HEXAGONE
Paris pour l’avenir Une nouvelle conférence décisive sur le climat se tiendra en décembre prochain dans la Ville Lumière. Assurant la présidence tournante du Conseil de l’UE, le Luxembourg coordonnera la position européenne.
Un Paris-Nice pour relancer le cycle Le Business Club FranceLuxembourg pourrait doper les nombreux échanges entre les deux pays. Déjà, une mission sur la Côte d’Azur sera VIP à Innovative City.
Par Jean-Michel Lalieu
Par Alain Ducat
062
094
Entreprises 074 PWC
Transition en douceur Après neuf ans passés à la tête du premier cabinet d’audit et de conseil du pays, et après une période de transition d’un an, Didier Mouget cédera sa place au 1er juillet à John Parkhouse, avant de quitter la firme au 1er janvier 2016. Par Jean-Michel Gaudron
080 CYEL
Femme, mère et entrepreneuse Alexandra Kerckhof, fondatrice de la société Éditions 9 et de Cupcake Babies, a décroché le Cyel 2015. Par Alain Ducat
Place financière 081
102
DISTRIBUTION
FISCALITÉ INTERNATIONALE
Bousculade dans les rayons Le pays attire les enseignes des pays voisins, souvent des géants du secteur. Saturation du marché ou démographie croissante ? L’enjeu est aussi de garder le consommateur luxembourgeois ici. Par Jean-Michel Lalieu
086 DIVERSIFICATION ICT
En quête du chaînon manquant Fournisseur mondial de cloud, SoftLayer ne s’est pas encore arrêté sur le Luxembourg. Y créer un POD pourrait être une pièce du puzzle en faveur des industries consommatrices de données. Par Florence Thibaut
106 WEALTH MANAGEMENT
En phase d’alerte L’OCDE présentera la version définitive du plan Beps en décembre prochain ; différentes mesures seront présentées en septembre. Il aura d’importantes répercussions sur la Place. Par Jean-Michel Lalieu
103 COMPLIANCE OFFICERS
Une conformité à préserver Le nouveau président de l’Alco, Thierry Grosjean, souhaite que le métier soit davantage reconnu. Au-delà de la situation au sein des sociétés, la compliance s’avère être un atout de poids pour l’ensemble de la Place. Par Jean-Michel Gaudron
Délaisser les vieilles recettes Les banquiers privés aiment encore le conseil en face à face. Étude à l’appui, EY pousse à investir dans les nouvelles technologies, sous peine de se faire doubler par des acteurs plus « digital friendly ». Par Jean-Michel Lalieu
114 STANDARDISATION DE LA PLACE
Les risques du métier Le Parlement européen a adopté la CRD4 qui prévoit un registre central des bénéficiaires de sociétés. Le pays a deux ans pour le mettre en place. Et La Chambre veut renforcer la protection des lanceurs d’alerte. Par Véronique Poujol
― Juillet / Août 2015 ― 011
“
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Sommaire Juillet / Août 2015
118
Désirs 118 CULTURE
Actualités Quelques événements culturels marquants à venir, les personnalités à suivre, les parutions du moment, les dates à retenir.
119 ZOOM SUR…
Chook Il est un des invités de la Endof-season party et des 10 ans de la Philharmonie. Producteur, DJ, il est membre de Monophona et peaufine ses morceaux dans son studio à Itzig. Par France Clarinval
120 SÉLECTIONS
Venise et RAF De retour de la Biennale de Venise, on vous livre les cinq pavillons coups de cœur parmi les Giardini. Le Rock-A-Field, c’est pour bientôt… Quelques groupes à l’affiche sont présentés.
121 SHOPPING
Luxembourg House C’est dans la vieille ville que la Luxembourg House ouvre ses portes. Vitrine pour la promotion du Grand-Duché, cette boutique, tenue par Luxair, ne propose que des articles « made in Luxembourg », entre tradition et innovation. Nous en avons sélectionné cinq. Ainsi que l’actualité du commerce à Luxembourg. Par Céline Coubray
122 GASTRONOMIE
Zoom sur Ramborn Le premier cidre luxembourgeois séduit par son goût et par la cohérence de son projet écoresponsable. Et l’actualité de la restauration ainsi qu’une sélection de terrasses en ville. Par France Clarinval
124 INTERVIEW
Dialogue entre un pendule et un dessin L’ensemble des espaces du Mudam sont consacrés à l’exposition Eppur si muove, réalisée en partenariat avec le Musée des Arts et Métiers à Paris et qui explore les relations entre art et science. Deux des commissaires de l’exposition nous éclairent. Par France Clarinval
120 L’installation The Key in the Hand de Chiharu Shiota.
TOP 5
des articles les plus lus sur paperjam.lu du 8 mai au 10 juin 2015
1
Juncker refait le buzz
2
La traque aux faux résidents
3
Président de KBL, ça use
4
Gilles Risser n’est plus
5
Hamilius : le démolisseur en faillite
― Juillet / Août 2015 ― 013
Agenda Événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines
À SUIVRE 22/06
JUILLET – AOÛT
VISITE OFFICIELLE
Ban Ki-moon au Luxembourg
SOCIÉTÉS COTÉES
Résultats semestriels
Un peu plus de trois ans après sa dernière visite (photo), le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Ban Ki-moon, se rend de nouveau au Grand-Duché. Des rencontres avec le Grand-Duc Henri, le Premier ministre Xavier Bettel et le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn sont prévues. Il assis tera également à un déjeuner en marge d’un conseil des ministres européens des Affaires étrangères.
PHOTO : SIP / CHARLES CARATINI (ARCHIVES)
La période estivale est synonyme, pour la grande majorité des sociétés dont l’exercice social se termine au 31 décembre, de la publication des résultats semestriels. Par ordre chro nologique, et pour ne citer que les principales, SES (le 24 juillet), Aperam (le 29), ArcelorMittal (le 31), RTL Group (le 27 août), Brederode et Luxempart (le 28), SEO (le 30) et Socfin / Socfinasia / Socfinaf (fin août) se livreront à cet exercice permettant d’entrevoir les perspectives pour l’exercice 2015.
22/06
25/06
25-26/06
25-30/06
ÉCHANGES
DÉBAT
CONSEIL EUROPÉEN
MISSION ICT
La politique de migration
Réduction des gaz à effet de serre
Dernière étape avant la présidence
À New York pour les fintech
La commission des affaires étrangères et européennes, de la défense, de la coopération et de l’immigration, présidée par Marc Angel (LSAP), se penchera sur la communication de la commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions concernant l’agenda européen en matière de migration. Il sera notamment question d’un projet de budget rectificatif au budget général 2015 pour intégrer les actions à mener face aux pressions migratoires.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports sera au cœur des échanges de vues programmés entre le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, et la sous-commission en charge de préparer le débat d’orientation avec rapport sur l’orientation politique ainsi que le cadre d’action e matière de climat et d’énergie, pilotée par la commission de l’économie et la commission de l’environnement.
Bruxelles accueillera le dernier conseil européen avant le début de la présidence luxembourgeoise. Il y sera notamment question de sécurité internationale, de la stratégie numérique européenne, de l’accord transatlantique et de la gouvernance économique au sein de la zone euro.
Quatre mois après la mission d’information menée par Xavier Bettel sur la côte ouest des États-Unis, le ministre des Communications franchit de nouveau l'Atlantique. Direction New York, accompagné de membres du service des Médias et des Communications, pour y rencontrer des sociétés actives dans le secteur des fintech.
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Grand entretien Jean Asselborn ― Interview : Jean-Michel Gaudron ― Illustration : Anne Mélan
« Nous sommes attendus au tournant » ► Le ministre des Affaires étrangères et européennes détaille les grands enjeux de la présidence européenne à venir. ► La question des migrants et celle des accords commerciaux transatlantiques font partie des dossiers les plus sensibles. ► Il s’agira aussi de redonner un nouvel élan à l’effort européen, mis à mal par un euroscepticisme grandissant ces dernières années.
Monsieur Asselborn, qu’est-ce que le Luxembourg peut et doit attendre de cette présidence du Conseil de l’UE ? « Il faut d’abord préciser que ce n’est pas le Luxembourg qui détermine l’agenda de la présidence ! En politique européenne, il y a une continuité, et nous serons confrontés avec les éléments qui se passent au sein de l’UE, mais aussi à l’extérieur. La présidence luxembourgeoise vient après celles de l’Italie et la Lettonie où un certain nombre de dossiers sont déjà lancés, sans compter l’agenda de la Commission européenne qui a un certain poids en lui-même. Il y a néanmoins des sujets sur lesquels nous serons en mesure d’avoir de l’influence, en matière de développement ou justice par exemple. Mais ces éléments formeront un tout. Ce que je peux dire, c’est que nous sommes bien préparés et c’est du reste ce que nous a été dit par le Parlement européen. Je constate d’ailleurs que même si pour la plupart des membres du gouvernement, cette présidence est une première (seuls Jean Asselborn et Nicolas Schmit étaient déjà en fonction en 2005, ndlr), tous montrent un grand intérêt et un grand enthousiasme.
Nous nous sommes nousmêmes placé la barre très haut.
Ce n’est tout de même pas anodin pour un pays comme le Luxembourg d’accueillir une telle présidence ! « Évidemment non, même si contrairement à 2005 où c’est le Premier ministre qui avait assuré la coordination du Conseil européen, il y a cette fois-ci, suite au traité de Lisbonne, un président du Conseil en exercice. Et il en va de même pour ce qui est des affaires étrangères. Nous allons gérer cette présidence avec quelque 300 personnes, là où d’autres États européens ont parfois des potentiels 10 fois supérieurs. Mais il s’agit de notre 12e présidence et les présidences précédentes, pas uniquement 2005, ont toujours été perçues comme performantes et efficaces. Nous nous sommes nous-mêmes placé la barre très haut. Quels seront à vos yeux les principaux enjeux politiques de ce semestre ? « Sans entrer dans le détail de l’agenda, je pense que la situation de la Grande-Bretagne au sein de l’UE, le dossier des migrants et celui des accords transatlantiques seront les plus cruciaux. Sans oublier le dossier grec qui évolue jour après jour.
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Jean Asselborn Illustration : Anne Mélan Peinture à l’huile 50 × 40 cm, 2015
La crainte de voir la Grande-Bretagne sortir de l’UE peut-elle être apaisée sous présidence luxembourgeoise ? « Les Anglais sont opposés au principe d’une ‘union sans cesse plus étroite’, telle qu’elle est exprimée dans le traité européen, et au diktat de Bruxelles sur bon nombre de sujets. Ils veulent que le cœur de la souveraineté de leur politique reste au sein de leur Parlement. Un scénario de sortie du Royaume-Uni serait évidemment une grosse perte sur les plans économique et stratégique et il faut donc tout mettre en œuvre pour que cela n’arrive pas. Mais on ne peut pas non plus admettre que le mandat européen de la Grande-Bretagne prévale et soit audessus de tous les autres, sans quoi ce que j’appelle ‘l’acquis communautaire’, l’essence même de l’Europe, est en péril. Il faut les préserver et faire attention à ce que d’autres ne se rallient pas à l’idée que ce principe de ‘ever closer union’ n’existe déjà plus. Il y a aussi, d’un côté, les Allemands qui souhaitent changer le traité européen dans un objectif de resserrement et d’une plus forte intégration au sein de la zone euro et, de l’autre, la Grande-Bretagne qui veut davantage diluer les choses et rapatrier une partie des compétences vers Londres. On ne peut pas casser l’Europe en tenant compte de toutes ces revendications de la Grande-Bretagne. Le débat sera intéressant et il y a certainement des choses qu’il est possible d’améliorer en allant dans le sens des Britanniques. Mais la proposition du gouvernement anglais de lier directement leur positionnement vis-à-vis ou ‘oui’ ou du ‘non’ selon que l’Europe cède, ou pas, à leurs revendications est pour le moins lugubre. Espérerez-vous régler le dossier d’ici à la fin de l’année, alors que ce référendum pour le maintien de la Grande-Bretagne au sein de l’Union pourrait être organisé dès 2016 ? « Cela va se régler au niveau des chefs d’État et de gouvernement de quelques pays seulement. Mais cela peut aussi redescendre, à un certain moment, au niveau du Conseil Affaires générales (le Conseil européen des ministres des Affaires européennes, ndlr). Ce n’est pas exclu. Mais surtout, ce qu’il faut éviter, c’est que les Allemands et les Français soient divisés sur la question du changement de traité. Ce serait une dynamique très dangereuse.
Grand entretien Jean Asselborn
Les actions de sauvetage menées ces dernières semaines semblent tout de même porter leurs fruits… « Oui, mais malgré cela, il ne sera jamais possible d’être à 100 % efficace. Et puis il vient ensuite le grand problème de la solidarité et de la répartition des efforts en matière d’accueil de ces réfugiés. Pour que cela puisse fonctionner, il faut évidemment que tous les pays s’engagent, à commencer par les plus grands. Il faut ensuite que les pays soient aidés à développer des capacités d’accueil adaptées. Sinon, ça ne marchera jamais et là aussi, chaque pays doit être prêt à assumer cette responsabilité. Il y a deux prochaines réunions du Conseil Justice et Affaires intérieures à la mi-juin et début juillet au Luxembourg. Cela permettra de connaître quelques avancées. Mais au final, il faut aussi garder à l’esprit qu’agir sur la migration implique une coopération très proche avec les autorités des pays concernés. Qu’en est-il du projet de partenariat transatlantique TTIP ? « Une certitude : il ne sera pas conclu pendant notre présidence. Mais les discussions vont évidemment continuer. Du reste, en tant que président du Conseil International Trade, j’assumerai la coordination au niveau du Conseil. Il est clair que le débat n’a pas été rendu facile par toutes les affaires autour de la NSA. Nous sommes dans un problème de confiance réciproque. En plus, certains pays se sont obstinés à ne pas publier le mandat de négociation européen, ce qui, selon moi, était une faute. Entre-temps, cela s’est réglé et il est vrai qu’il y a eu beaucoup d’avancées positives en termes de transparence avec Anna Cecilia Malmström (la Suédoise est la commissaire européenne au commerce, ndlr). Ce qui n’est pas encore public, ce sont les documents consolidés, dans l’attente d’un aval donné par les États-Unis. Mais
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Il faut tout faire pour que l’Europe redevienne l’Europe.
Jean Asselborn avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, en février dernier : « Il va falloir vite ranimer le projet de résolution sur un accord de paix avec Israël qui prévoit une solution à deux États. »
il y en a très peu, pour le moment, car les sujets les plus importants n’ont pas vraiment encore été traités. Quant à la procédure d’arbitrage ISDS (Investor-State Dispute Settlement, ndlr), qui a pour but de protéger les investisseurs, nous avançons, conjointement entre la Commission, le Parlement et le Conseil, pour trouver un mécanisme d’arbitrage ‘nouvelle génération’, qui est assuré par trois magistrats professionnels désignés par les deux parties. En outre, les séances sont publiques et avec possibilité de faire appel, tout en respectant le droit et les juridictions nationaux. Cette solution, à l’élaboration de laquelle le Luxembourg a contribué avec cinq autres États de l’UE, a été approuvée par le Parlement européen. Mais il faut maintenant que cette position soit acceptée par les Américains. Le fond même de cet accord ne pourra sans doute être abordé qu’à partir de novembre, en fonction de ce que décidera le Congrès américain. Mais en tout état de cause, la mentalité américaine doit évoluer ! Il n’est pas normal que les marchés publics aux États-Unis soient fermés aux entreprises européennes, alors que ce n’est pas le cas dans l’autre sens. Il faut donc insister pour que les acquis en matière de protection du consommateur et des droits sociaux et environnementaux en général, mais aussi les services publics soient respectés. Je suis favorable à ce qu’un accord soit trouvé avec les États-Unis en ce qui concerne la définition des standards et des règles, plutôt que de voir un accord conclu entre les États-Unis et la Chine qui nous serait défavorable. Le Luxembourg possède-t-il une réelle marge de manœuvre, voire une autonomie, pour faire évoluer ces dossiers ? Ou bien sera-t-il cantonné dans son rôle de pays hôte ? « Je ne veux pas surévaluer la force
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Vous évoquiez la migration parmi les priorités de cette présidence. L’évolution dramatique de ces derniers mois rend-elle d’autant plus urgente la prise de décisions concrètes et efficaces ? « Je félicite la Commission qui, sur proposition du Conseil, a proposé un paquet de mesures destiné, tout d’abord, à casser les systèmes mafieux en place des passeurs. Ce n’est pas en bombardant les bateaux en Libye, même sous le couvert du chapitre VII de la Charte des Nations unies que l’on réglera la question. Le plus difficile sera sans doute de guérir les racines du mal. Que ce soit pour les pays en guerre ou d’autres politiquement très instables, l’Europe peut et doit évidemment jouer un rôle, mais il ne faut pas croire qu’elle puisse, avec ses épaules, et toute seule, trouver des solutions pour stopper la guerre ou prendre en charge toute cette misère. Nous avons néanmoins une grande responsabilité en tant que donateur le plus important en matière de développement. Nous ne devons pas relâcher ces efforts. L’indifférence dans ce domaine pourrait coûter très cher.
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Grand entretien Jean Asselborn
du Luxembourg. Mais que ce soit nous, la France, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, le pays qui détient la présidence a toujours un rôle déterminant à jouer. Pour commencer, il doit faire en sorte qu’une position commune soit trouvée et que le Conseil, la Commission et le Parlement soient sur la même ligne. Et là, nous avons de l’expérience ! Car dans beaucoup de domaines, les intérêts du Luxembourg sont déjà des intérêts européens et nos visions des visions européennes, bien plus que pour d’autres grands pays… La crédibilité est plus grande chez nous. Encore une fois, sans nous surestimer, nous serons capables, avec notre mentalité, nos diplomates et notre connaissance des mécanismes des institutions européennes, de faire du bon travail. Cela veut dire que l’on attend beaucoup tout de même du Luxembourg ? « Nous sommes en effet attendus au tournant, et en particulier sur un point : nous avons la grande chance d’avoir une classe moyenne qui est un peu plus aisée qu’ailleurs, si nous disons que nous ne voulons pas uniquement un triple A pour les banques, mais aussi un triple A social, nous disposons d’une crédibilité beaucoup plus grande que si cela est proclamé par un pays qui a une physionomie sociale qui est moins poussée que la nôtre. Et puis nous savons aussi que nous sommes attendus sur tout ce qui touche à la transparence financière. Nous coopérons avec l’OCDE au niveau du projet Beps (Base Erosion and Profit Shifting, lire aussi l’article en page 102, ndlr) et avec l’UE pour tout ce qui concerne l’ouverture et la transparence sous la règle, évidemment, d’un level playing field pour tous. Le Luxembourg n’est pas un pays qui va autoriser les grands à passer avec le rouleau compresseur. C’est dans l’intérêt du Luxembourg, autant que dans l’intérêt de bien d’autres pays en Europe. Défendre les intérêts de tous les pays, cela revient à défendre la méthode communautaire.
Branding
« Pas déterminant » La présidence luxembourgeoise sera aussi l’occasion pour le Luxembourg de mettre en œuvre un certain nombre d’actions en matière d’image, suite au processus de longue haleine sur le nation branding entamé ces derniers mois, sous la houlette notamment de Francine Closener, la secrétaire d’État à l’Économie, et marqué notamment par une vaste consultation populaire. « C’est forcément le moment idéal pour pousser dans la bonne direction, constate Jean Asselborn. Nous avons préparé le sujet depuis longtemps, mais nous savons aussi rester humbles et les pieds sur terre. Si vous demandez au citoyen lambda, en Europe, quel est le pays qui occupe la présidence du Conseil de l’Union européenne, je ne suis pas sûr que beaucoup le sachent. C’est évidemment différent si l’on s’adresse à un public de décideurs. » L’afflux de délégations internationales constitue évidemment une occasion unique pour poser des jalons et présenter le pays sous un jour qui sera peut-être nouveau pour certains. Mais ce n’est pas pour autant que tout se jouera au cours des six prochains mois. « Je n’irais pas jusqu’à dire que la présidence est déterminante pour notre image, tempère M. Asselborn. Quand on voit ce qui se passe, parfois subitement, même entre amis comme peuvent l’être les Belges et les Luxembourgeois… Il s’agira de trouver la bonne carburation pour éviter des chocs qui ne sont pas nécessaires. » J.-M. G.
Six mois après les révélations de LuxLeaks, l’occasion est-elle bonne de tourner la page et présenter le Luxembourg sous un jour différent ? « LuxLeaks nous a bien secoués, mais quelque part, cela a été bénéfique. Cela nous pousse à aller plus vite dans cette direction de l’ouverture et de la transparence. Le gouvernement précédent avait déjà fait quelques pas en avant, mais nous avons la chance d’avoir désormais un nouveau gouvernement qui a pu trancher et aller de l’avant dans le bon sens. Cette présidence intervient quelques mois après le terme du mandat du Luxembourg en tant que membre non permanent du conseil de sécurité des Nations unies. Que retenez-vous de ce mandat ? « Je dirais, en premier lieu, que ce mandat a permis de constater que tout le travail de fond qui a été fait ces dernières années n’était pas vain. Quand il s’agit de
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Il ne faut pas assimiler le mot « réforme » à « austérité ».
convaincre au moins 130 pays sur 193, cela constitue un vrai challenge, mais qui a été et restera bénéfique pour le pays. Et malgré toutes les critiques que l’on peut entendre çà et là à son encontre, l’ONU reste un élément fondamental de politique internationale, surtout au travers de son conseil de sécurité. J’estime que nous avons fait notre travail et nous avons d’ailleurs eu des retours et des réflexions très positifs sur ce mandat. Nous avons fait ce que nous pouvions faire. Je pense notamment à notre action dans le groupe de travail sur les enfants et les conflits armés que nous avons présidé. Nous sommes notamment satisfaits de voir que certains gouvernements tels que le Tchad, Myanmar ou encore l’Afghanistan, mais aussi les ONG de ces pays, sont plus actifs pour éviter ce drame des enfants soldats. Nous avons également beaucoup œuvré dans le domaine humanitaire en Syrie. On peut toujours considérer que la situation y est catastrophique, mais ça pourrait être pire encore. Il y a une résolution sur la table qui pourra être mise en vigueur plus efficacement que c’est le cas actuellement. C’est en tous les cas mon souhait. Nous avons par ailleurs sauvé des milliers de vies en autorisant les convois de l’ONU d’aller au-delà des frontières et des fronts, même si ce n’est peut-être pas spectaculaire et même si ça ne se voit pas forcément dans les médias. Nous avons toujours pris nos responsabilités, y compris dans le dossier de l’Ukraine et de la Crimée : nous avons toujours tenté de maintenir les canaux ouverts avec la Russie et nous n’avons jamais été catégoriques pour couper les ponts. Le Luxembourg a été vu, aussi bien par les Américains que par les Russes, comme un pays qui a cherché à vraiment essayer de trouver une solution pour la reprise du dialogue, sans pour autant cracher sur les principes, c’est-à-dire la protection du droit international. Nous avons toujours dit que ce qui s’est passé ne peut pas être toléré, mais la politique continue ! Le G7 doit très vite redevenir un G8 et laisser la place pour un ‘revers’ des sanctions. Mais on n’en est pas là, malheureusement. Mais il est dans l’intérêt de la Russie, que ce soit économiquement ou politiquement, de retrouver les cadences de nos relations. Cela aussi nous a toujours animés. Enfin, en décembre dernier, il y a eu vote d’un projet de résolution palestinien sur un accord de paix avec Israël qui prévoit une solution à deux États avec Jérusalem comme capitale. Nous avons voté pour, mais la résolution n’a pas reçu suffisamment de voix pour être adoptée. Il va falloir la ranimer très vite, peut-être avec la France et la Grande-Bretagne comme leaders, pour fixer un nouveau calendrier d’établissement des conditions pour que cette résolution puisse aboutir. Malheureusement, le gouvernement israélien ne bouge pas. En décembre prochain, qu’est-ce qui vous fera dire que la présidence luxembourgeoise aura été une réussite ? « Je crois que le premier point sera de trouver une solution en matière de migration et de faire en sorte que les gens en Afrique n’aient plus besoin de voir la
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Grand entretien Jean Asselborn
fuite vers l’Europe, dans les conditions que l’on sait, comme seule sortie de secours de leur misère et que, parallèlement, nous puissions trouver, nous en Europe, des solutions pour permettre à ceux qui viennent ici et qui bénéficient d’une protection internationale une nouvelle vie chez nous. Ensuite, il est important de tout faire pour que l’Europe redevienne l’Europe, c’est-à-dire un projet de paix, mais aussi de paix sociale, qui puisse se stabiliser, avancer et trouver de nouvelles ressources et un nouveau dynamisme. Le plan Juncker de 315 milliards d’euros est un des éléments clés, mais il faut aussi compter avec la lutte générale contre le chômage. L’Europe ne doit pas accepter qu’il y ait des générations perdues en son sein. Enfin, je souhaite qu’à l’issue de notre présidence, nous puissions parler sereinement de l’Europe. Lorsque je suis devenu ministre, il y a 11 ans, l’Europe représentait le pro
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Le Luxembourg a été, entre 2012 et 2014, membre non permanent du conseil de sécurité des Nations unies. « J’estime que nous avons fait notre travail et nous avons d’ailleurs eu des retours et des réflexions très positifs sur ce mandat. »
grès et constituait une perspective positive. Aujourd’hui, même en tant que ministre des Affaires européennes, il faut parfois trois ou quatre phrases pour réessayer de définir l’utilité et l’essence de l’Europe. Ceux qui sont contre l’union et l’intégration européennes ont bien sûr le droit de l’exprimer. Mais ceux qui n’acceptent pas ce défaitisme, car pour moi il s’agit d’un défaitisme politique, doivent se bagarrer et s’engager pour rétablir cette conception positive de l’Europe. Mais il faut pour cela rétablir une paix sociale et surmonter cette crise qui dure depuis 2008. Et il est fondamental que cela ne se fasse pas en assimilant le mot ‘réforme’ à ‘austérité’. » ◄ En résumé À quelques jours du début de la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE, le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, évoque les enjeux majeurs qui se profilent pour ces six mois à venir. Avec, en arrière-plan, le souhait que l’Europe retrouve son lustre d’antan, synonyme de grand projet de paix porteur d’espoir.
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À peine digéré le rendez-vous manqué avec l’Histoire le 7 juin dernier, le Luxembourg s’engage dans un autre défi de taille avec la présidence du Conseil de l’Union européenne, qui occupera le pays tout au long du second semestre de l’année. Pendant six mois, le GrandDuché vivra au rythme de réunions de travail et autres conseils de ministres européens. Et l’enjeu est double : il s’agira à la fois de faire avancer l’Europe vers un peu plus de sérénité et de profiter de l’occasion pour faire rayonner le pays sous un jour nouveau, loin des attaques médiatiques dont il est régulièrement l’objet. Texte : Jean-Michel Gaudron – Photo : Jan Hanrion
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Présidence
l’Union européenne. Une disposition qui prend toute son importance aujourd’hui, alors que la Grande-Bretagne agite devant le taureau européen un peu agacé la muleta rouge vif d’un « Brexit » qui ne servirait, en tout état de cause, les intérêts de personne.
Une certaine continuité
► Le Grand-Duché sera plus que jamais au cœur de l’Europe au cours des six prochains mois, avec la présidence du Conseil de l’Union européenne. ► L’événement se prépare en coulisse depuis plus d’un an et demi. ► Au-delà des grands dossiers inscrits sur un agenda dont il n’est pas maître, le pays aura aussi un objectif de séduction vis-à-vis de l’opinion qui n’est pas toujours tendre avec lui. Texte : Jean-Michel Gaudron (avec Alain Ducat, Jean-Michel Hennebert et Florence Thibaut)
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ntre le Luxembourg et l’Europe, ce n’est pas d’une histoire d’amour qu’il s’agit. C’est bien plus fort que ça, les deux étant si intimement liés. Le premier n’existerait pas sans la seconde, et la seconde n’aurait peut-être même pas vu le jour sans le premier. N’en déplaise à Laurent Wauquiez, l’ancien ministre français de ce qui s’appelait encore l’UMP, auteur en avril 2014, devant les caméras de BFMTV, d’une pitoyable sortie de route (à ses yeux, le Luxembourg, qui ne dispose plus « d’un tissu économique et industriel » et qui « est « devenu un pays très artificiel » ne méritait plus de figurer au sein de l’Union européenne…), le Grand-Duché compte encore sur le Vieux Continent. Et il aura l’occasion de le montrer en grandeur nature à l’occasion de ces six prochains mois où lui sera confiée, pour la 12e fois de son histoire, la présidence du Conseil de l’Union européenne. Dix ans et six mois après, les projecteurs européens seront donc de nouveau braqués sur les rives de la Pétrusse, même si le contexte de cette présidence n’a plus grand-chose à voir avec celle qui occupa le pays en 2005. Car entre-temps, le traité de Lisbonne est passé par là et a totalement redistribué les cartes dans le complexe mécanisme de fonctionnement des institutions européennes. Initiée par le cuisant échec du référendum sur le traité
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constitutionnel européen de 2004, processus qui a notamment vu un « non » cinglant en France et aux Pays-Bas, la réflexion autour de la mise en œuvre d’un traité simplifié avait rapidement fait son chemin. Les dirigeants européens, qui n’étaient alors que 27 (la Roumanie était encore sur le palier), avaient convoqué, lors de l’été 2007, une Conférence intergouvernementale qui rédigea un projet de traité « simplifié ». Le texte fut approuvé en octobre et signé le 13 décembre 2007 en clôture de la présidence portugaise et entra en vigueur deux années plus tard, une fois ratifié par l’ensemble des États membres. Parmi les réformes, et non des moindres, actées par ce traité, la nomination d’un président permanent élu à la majorité qualifiée (c’est-à-dire réunissant au moins 55 % des membres du Conseil, comprenant au moins 15 d’entre eux et représentant des États mem bres réunissant au moins 65 % de la population de l’UE) pour une durée de deux ans et demi, renouvelable une fois ; la nomination d’un haut représentant de la politique étrangère européenne (la baronne britannique Catherine Ashton, à qui succéda, en décembre 2014, l’Italienne Federica Mogherini) ; un renforcement du rôle des parlements nationaux ou encore l’instauration d’une clause de sortie permettant aux États membres de choisir de se retirer de
À ce stade de l’édification de cette « nouvelle » Europe, le Luxembourg était concerné au plus près, puisque l’ancien Premier ministre JeanClaude Juncker était largement favori pour devenir le premier « président européen ». Mais le jeu des manœuvres politiques sur un axe Paris-Berlin, entre Nicolas Sarkozy, alors président français, et Angela Merkel, déjà chancelière allemande, laissa le résident de l’Hôtel de Bourgogne sur le perron, lui préférant le Belge Herman Van Rompuy. Prévu d’être intronisé en même temps qu’entrait en vigueur le traité de Lisbonne, le 1er décembre 2009, il préféra attendre la fin de la présidence suédoise alors en cours, et ne fut officiellement intronisé que le 1er janvier 2010. Reconduit en juin 2012 pour son second mandat, il céda sa place le 1er décembre 2014 à Donald Tusk, jusqu’alors président du Conseil des ministres de Pologne. Pour Jean-Claude Juncker, le train vers Bruxelles semblait lui être définitivement passé sous le nez, avant qu’il ne parvienne finalement à en trouver un autre, au bénéfice cumulé de son éviction du pouvoir au Luxembourg en octobre 2013 et du résultat des dernières élections européennes sept mois plus tard qui lui ont permis d’accéder à la présidence de la Commission européenne. Pour le Grand-Duché, cette nomination, aussi emblématique soit-elle (c’est la troisième fois qu’un Luxembourgeois préside la Commission, après Gaston Thorn et Jacques Santer), ne change rien à l’agenda européen qui lui a attribué, depuis une décision du Conseil datant du 1er janvier 2007, le second semestre 2015 pour sa présidence tournante, coincée entre celle de la Lettonie, qui s’achèvera au 30 juin, et celle des Pays-Bas, qui prendra le relais au 1er janvier 2016. Médiatiquement parlant, l’impact de cette présidence apparaît, de prime abord, moindre que celle de 2005, puisque le pays hôte assurait, dans le même temps, la présidence du Conseil européen et de celui des Affaires étrangères. « En termes de visibilité, une présidence en 2015 est donc moins évidente qu’en 2005, résume Guy Schuller, directeur du Service information et presse du gouvernement (SIP), qui suit évidemment de très près le dossier. Pour cette raison, nous nous sommes donc dit, il y a déjà deux ans, qu’il faudrait compenser cela d’une autre façon. Et nous le ferons notamment au niveau du nation branding et de la promotion de l’image de marque du pays. » En amont de cet événement, la représentation permanente du Luxembourg à Bruxelles a été renforcée, dès 2013, par une attachée de presse détachée du SIP. Ensuite, les premières
manœuvres ont doucement commencé au sein du Groupe protocole et organisation (GPO) « Présidence 2015 », intégré au sein du ministère des Affaires étrangères, dont la direction a été confiée à Sandra Thein, chef de protocole du gouvernement. « Les préparatifs ont vraiment commencé il y a un an et demi, surtout au niveau du recrutement, explique-t-elle. Nous avons engagé bon nombre de personnes supplémentaires pour assurer l’organisation des aspects logistiques et pratiques, concernant la réservation des sites de réunion, de restauration, le transport, le système d’accréditation. Nous nous sommes en partie basés sur le modèle de 2005 que nous avons évidemment adapté suite aux changements dans la structure institutionnelle de l’Europe. »
Mobilisation générale
Mme Thein. Il n’y a personne qui termine avant 20 h, voire 21 h. Les journées sont très remplies, week-end compris. » Le GPO n’est évidemment pas le seul à avoir recruté depuis 18 mois et en tenant compte de tous les besoins exprimés par chacune des huit directions du ministère des Affaires étrangères, c’est un total de quelque 200 personnes qui a été recruté en CDD entre 18 et 24 mois. Au total, le budget consacré à cette présidence avoisine les 93 millions d’euros, pratiquement équivalents aux 90 millions annoncés pour la présidence 2005, alors que le profil est assez différent, ne serait-ce que par le nombre de réunions ministérielles, qui atteindra les 21 pour l’édition 2015 contre une douzaine 10 ans plus tôt. À noter aussi que le Luxembourg accueillera un autre événement majeur dans le même temps : la réunion des ministres des Affaires étrangères européens et asiatiques, dans le cadre de l’Asem (Asia-Europe Meeting), qui aura lieu les 5 et 6 novembre. Pas moins de 54 délégations venant notamment de Chine, du Japon, d’Inde, etc. sont attendues. Et même si un nombre maximal de 10 représentants par délégation a été fixé dans le cadre des réunions de travail, au sein du centre de conférences, bon nombre de ces délégations seront bien plus nombreuses à faire le déplacement jusqu’au Grand-Duché.
Beaucoup d’inspiration et de bonnes idées ont évidemment ensuite été puisées dans les présidences récentes, en particulier celle de la Lettonie. Les responsables du GPO ont multiplié les réunions relatives à l’organisation des transports et au fonctionnement du centre de conférences. « Nous avons beaucoup appris, évidemment, constate Mme Thein, qui voit, là aussi, des différences notables avec la situation en 2005. Nous observons, ces dernières années, une certaine continuité dans l’organisation des présidences successives ; une certaine harmonisation. La présidence irlandaise (premier semestre 2013, ndlr) avait donné le ton, puis la Lituanie Cuisine et indépendance qui lui a succédé a calqué l’organisation sur celle Au dernier pointage, début juin, pas moins de l’Irlande, et la Lettonie (premier semestre de 24.223 nuitées étaient réservées pour les 2015, ndlr) a travaillé de façon étroite avec six prochains mois, impliquant près de 11.700 son voisin lituanien. Nous avons aussi travaillé chambres bloquées dans 25 hôtels. Comme si beaucoup avec les Lettons, un peu moins avec la tout le pays était mobilisé. Un chiffre qui est Grèce (premier semestre 2014, ndlr) et l’Italie loin d’être anecdotique, alors que le Luxem(deuxième semestre 2014, bourg compte sur cette ndlr) qui ont eu des sysprésidence pour, aussi, se refaire une petite beauté tèmes d’organisation difféen termes d’image. Régurents. L’Italie venait par ailleurs de changer de gouverlièrement attaqué dans les médias étrangers, plunement. » Et les échanges vont dans les deux sens, tôt injustement montré puisque l’Estonie, qui tiendu doigt par les révéladra la première présidence tions LuxLeaks fin 2014, le de son histoire entre janvier Grand-Duché se voit propoet juin 2018, envoie déjà des ser une occasion inespérée représentants au Luxemde se montrer sous un jour différent, forcément meilbourg pour voir comment Tania Berchem les choses se passent. (ministère des Affaires étrangères et leur. La présidence sera D’une base de deux européennes) notamment l’occasion de personnes, Sandra Thein passer à une phase active et Patrick Schmitz, chef de de la grande stratégie de bureau adjoint et coordination branding lancée il y a un an par le gouvernateur logistique, l’équipe du GPO s’est rapidement nement et dont l’un des agrandie jusqu’à compter points d’orgue, jusqu’à préaujourd’hui 23 personnes à temps plein, affi- sent, a été l’organisation d’une grande consulchant en majorité des profils variés, de haut tation en ligne auprès de la population, dont niveau, et relativement jeunes, connaissant les résultats devaient être présentés courant leur première expérience ou n’en ayant connu juin (après la clôture de cette édition). « Cette qu’une seule précédemment. « Tous sont très 12e présidence est évidemment une formidable impliqués et engagés, et plus on se rapproche de opportunité de mettre le Luxembourg en vitrine l’échéance, plus le travail est intense, reconnaît et de montrer les multiples facettes de ce pays »,
« L’image de marque de la présidence et l’image de marque du pays vont bien ensemble. »
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Condoleezza Rice avant George W. Bush Parmi les multiples rendez-vous importants qui ont jalonné la présidence luxembourgeoise, en 2005, a figuré la visite au Grand-Duché de la secrétaire d’État des États-Unis d’Amérique. Les 9 et 10 février, Condoleezza Rice s’est entretenue avec la présidence luxembourgeoise et la troïka européenne. À l’ordre du jour des entrevues avec le Premier ministre Juncker et le ministre des Affaires étrangères Asselborn a figuré notamment la préparation de la visite du président américain, George W. Bush, auprès de la présidence du Conseil de l’UE le 22 février, à Bruxelles. A. D. ◄
confirme Tania Berchem, conseiller de direction 1re classe au ministère des Affaires étrangères et européennes, coordinatrice générale de la stratégie de nation branding. Les principaux points de passage du pays (aéroport, gare, autoroutes, ville de Luxembourg…) seront évidemment habillés aux couleurs de la présidence. « L’image de marque de la présidence et l’image de marque du pays vont bien ensemble. Nous travaillons en partenariat avec les différents acteurs tels que le LCTO, l’ONT, le ministère de la Culture et tous les établissements culturels impliqués. Les visites guidées que nous proposerons aux différentes délégations ne concerneront pas que la capitale, mais aussi l’intérieur du pays. Nous souhaitons également mettre en avant le patrimoine culinaire du Luxembourg. Du reste, les vins, bières et eaux qui seront servis durant cette présidence seront luxembourgeois ! Notre objectif est de présenter un véritable teaser, de sorte que l’on dise ‘Ah c’est intéressant !’ et, pourquoi pas, revenir plus tard avec la famille et les enfants pour découvrir la ville et le pays. C’est clairement l’un des objectifs de cette présidence. » Les différents participants seront d’ailleurs sensibilisés au savoir-faire culinaire du pays dès leur phase d’approche par les airs, puisque Luxair s’est adjoint les services du chef luxembourgeois Carlo Sauber pour proposer des plats typiquement luxembourgeois dans
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La double casquette de Juncker Les ministres des Finances des États membres de l’UE, la Commission européenne, la BCE ainsi que les gouverneurs des banques centrales nationales s’étaient retrouvés les 13 et 14 mai 2005 à Luxembourg pour la traditionnelle réunion informelle « Ecofin ». En lever de rideau, les ministres des Finances des 12 pays membres de la zone euro s’étaient réunis en formation Eurogroupe. Et les différentes réunions avaient été présidées par Jean-Claude Juncker, porteur de la double casquette de président en exercice du Conseil « Affaires économiques et financières » et de président de l’Eurogroupe. La délégation luxembourgeoise était quant à elle menée par le ministre de l’Économie, Jeannot Krecké, et le ministre du Budget et du Trésor, Luc Frieden. A. D. ◄
les vols réguliers et dans le lounge de l’aéroport. « Nous voulons afficher partout cette présidence et vraiment mettre en valeur ce savoir-faire luxembourgeois », résume Mme Berchem. On sera donc très loin, a priori, de l’ambiance nauséabonde qui a entouré, notamment, les récentes affaires LuxLeaks. « Mais si on nous pose des questions sur le sujet, nous y répondrons évidemment, affirme Guy Schuller. Il y a des gens qui s’imaginent encore, comme aimait à le rappeler Jean-Claude Juncker, que le Luxembourg, c’est 200 banques et deux trottoirs… Nous voulons évidemment montrer que le Luxembourg n’est pas seulement une place financière. Et nous pouvons le montrer ! » Cela passera notamment par un voyage de presse organisé le 6 juillet avec une cinquantaine de journalistes venus de Bruxelles, qui suivront à peu de choses près les pas du président français François Hollande lors de sa visite d’État au Grand-Duché en mars dernier : une journée complète passée à découvrir les installations de SES à Betzdorf et, par extension, le Luxembourg comme centre d’excellence des technologies de l’information, mais aussi les installations flambant neuves de la Cité des sciences et de l’Université de Belval.
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Voilà donc le décor bien planté. Il ne reste plus qu’à le faire vivre durant six mois, autour de dossiers aussi variés que sensibles, où il sera question, avant tout, pour la présidence luxembourgeoise, dans le droit fil de ses traditions et convictions, de « mettre le citoyen au cœur du projet européen », comme le rappelle à qui veut l’entendre Jean Asselborn, le ministre des Affaires étrangères et des Affaires européennes (lire aussi l’interview page 16). « Un constat est sans appel : l’Union européenne ne peut pas s’éloigner davantage de ses citoyens et il est urgent de penser en termes de capital humain », lui répond presque en écho Gaston Stronck, directeur des affaires européennes pour le ministère des Affaires étrangères, à l’occasion d’un récent « Midi de l’Europe » organisé au Centre d’information européen.
le Luxembourg ne se contentera évidemment pas de passer les plats et d’un simple rôle de pays hôte. « Il est toujours possible pour le pays aux commandes d’insuffler des orientations politiques, en particulier lors des rencontres informelles, rappelle M. Stronck. Il y a, bien sûr, une certaine marge de manœuvre. Les conseils informels constituent un instrument clé. Même si les ministres ne sont pas censés y prendre de décisions, ils permettent d’aborder des sujets qui ne figurent pas à l’ordre du jour. » Le 1er juillet prochain, le semestre européen luxembourgeois sera officiellement lancé et le pays se verra offrir, sur un plateau, l’occasion de briller aux yeux de ses partenaires économiques. Une occasion à ne pas rater. ◄
Marge de manœuvre Il sera question de trouver des moyens d’investir dans la croissance et l’emploi, la grande priorité commune ; mais de aussi relancer le marché intérieur et de développer le marché numérique dans le sillage de l’agenda numérique publié début mai par la Commission européenne. Il s’agira aussi d’inscrire la compétitivité européenne dans un cadre global et plus transparent et de faire avancer le développement durable et la coopération au développement. À cela s’ajouteront les discussions en cours – qui ne trouveront pas leur terme dans les six prochains mois – liées aux accords internationaux TTIP (avec les États-Unis) et le Ceta (avec le Canada) et, bien évidemment, l’épineuse question des migrants clandestins qui arrivent aux portes de l’Union sur des embarcations de fortune. Autant de dossiers parfois complexes qui, au fil des années, ont eu tendance à brouiller l’image de « la chose » européenne vis-à-vis de la population. Le désamour des citoyens s’est largement exprimé au fil des récents scrutins européens, même si au Luxembourg, le phénomène est sans doute moins sensible compte tenu de l’héritage historique du pays. « Un récent sondage révélait que 81 % des résidents luxembourgeois trouvent que l’Europe est une bonne chose pour le Luxembourg, rappelle Guy Schuller. À titre personnel, c’est ma quatrième présidence : j’ai vécu la première en tant que journaliste, les trois autres en tant que co-organisateur. Je n’ai jamais eu le sentiment qu’il y avait eu une perception négative de la présidence. Je ne parle pas évidemment des problèmes ponctuels d’embouteillage. Au contraire, je pense qu’il y a une certaine fierté de la part des citoyens de voir leur pays et leurs politiciens diriger les affaires européennes. » Le programme de la présidence est très largement dicté par un certain nombre d’impératifs déjà inscrits notamment dans l’agenda du Conseil de l’Union européenne, approuvé par les États membres en juillet 2014, et dans les 10 points figurant à l’agenda de la Commission européenne de Jean-Claude Juncker. Mais
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En file et en harmonie La Philharmonie accueille aujourd’hui plus de 400 représentations par an et fait partie des principales salles de concert en Europe. En 1995, le Parlement d’un Luxembourg désigné « Capitale européenne de la culture » prenait la décision de construire cette salle prestigieuse (confiée à l’architecte Christian de Portzamparc), parmi d’autres infrastructures à caractère pérenne. Le 26 juin 2005, la Philharmonie ouvrait ses portes au public pour la première fois. Un parterre d’invités européens y était. En tout, huit jours de festivités ont marqué cette inauguration, au cours desquels 750 musiciens se sont produits devant plus de 15.000 visiteurs. La présidence luxembourgeoise revient, en 2015, 10 ans après l’inauguration de l’institution et 20 ans après la capitale culturelle qui en posa les fondations. A. D. ◄
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Attentes
► Au cours de ses six mois de présidence, le Luxembourg sera forcément scruté de près dans sa façon de mener les débats et de faire évoluer certains dossiers sensibles. ► Même s’il ne maîtrise pas entièrement l’agenda du semestre à venir, le Grand-Duché n’en garde pas moins une certaine marge de manœuvre. ► L’ABBL et la Fedil nourrissent de nombreuses attentes. Le secteur horesca, lui, a de quoi être satisfait du surcroît d’activité qu’engendrera tout le protocole lié à cet événement. Texte : Jean-Michel Gaudron (avec Florence Thibaut)
L
ors de la dernière présidence du Conseil de l’Union européenne, au premier semestre 2005, la relance de la stratégie de Lisbonne et la réforme du pacte de stabilité et de croissance avaient été reconnues comme étant les avancées majeures d’un semestre européen réussi pour le Grand-Duché. Au moment d’aborder l’édition 2015 de cette haute responsabilité, les attentes sont évidemment tout autres, dans un contexte international qui ne l’est pas moins. Le dossier de la migration, par exemple, est le premier sujet avancé par Jean Asselborn lorsqu’il a décrit, à l’occasion d’une conférence organisée début juin par la Trans European Policy Studies Association, les priorités et enjeux majeurs de la présidence luxembourgeoise. Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes a, ainsi, promis que le Grand-Duché poursuivrait « avec un haut degré de priorité les actions, dans le but de sauver des vies et de mener une politique d’immigration efficace, juste et crédible ». Sur le terrain luxembourgeois, les acteurs de la Place sont cependant probablement moins sensibles à cette thématique qui, aussi essentielle soit-elle sur un plan humanitaire, les touche forcément peu – voire pas du tout – sur un strict plan du business. Même si l’agenda de la présidence est déjà pour une très large part fixé, les attentes sont forcément nombreuses à divers niveaux. On pense en premier lieu à la place financière, alors que beaucoup de dossiers qui la concernent plus ou moins directement vont
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être traités. Notamment des dossiers fiscaux l’occasion d’aider à établir de précieux contacts tels que la directive sur les tax rulings ou l’as- ou d’organiser des événements centrés sur cette siette commune (consolidée) pour l’impôt sur présidence », explique-t-il. les sociétés. « Autant de dossiers qui auront un Mais au-delà de cet aspect « networking », le grouimpact sur la réputation du pays et dont le suivi pement des banquiers espère pouvoir compsera observé de près par les différents acteurs, ter sur « une présidence compétente et pour le les institutions européennes moins neutre, sinon ouverte », et la presse internationale », indique M. de Cillia, rassuré, rappelle Serge de Cillia, le tout de même, par l’hisCEO de l’Association des torique des présidences banques et banquiers, luxembourgeoises antéLuxembourg (ABBL), qui rieures qui ont toutes été n’oublie pas qu’une précouronnées de réussite sur des thèmes aussi variés que sidence est à la fois « une la réforme du pacte de staaffaire de prestige, mais également d’habileté polibilité et de croissance, on l’a vu, mais aussi la fiscalité ou tique et diplomatique pour encore le statut des députés ménager les intérêts du pays européens. tout en faisant preuve de La réforme de la strucla neutralité requise et qui Gaston Stronck incombe à la présidence. Les (ministère des Affaires étrangères et ture bancaire constitue, aux attentes vis-à-vis du Luxemeuropéennes) yeux des professionnels de la Place, l’un des enjeux bourg sont grandes, mais les majeurs pour le semestre talents et l’expérience dans à venir, avec un projet de l’administration le sont égarèglement destiné à s’aplement ». Sang-froid et efficacité seront donc de mise pliquer aux banques sysautour des nombreuses témiques, celles pour lestables de discussion… L’ABBL n’a évidemment quelles une faillite aurait des répercussions pas attendu le 1er juillet pour travailler sur cer- majeures sur le système financier. « La propotains de ces dossiers chauds. Depuis plusieurs sition initiale prévoit une séparation de certaines mois, les contacts et les échanges se multiplient de ces banques si des conditions spécifiques sont dans le but de mener à bien ce que M. de Cillia remplies, rappelle M. de Cillia. Cela pourrait appelle « un projet titanesque ». « Pour nous, c’est également avoir des répercussions sur les activi-
« Endosser le rôle de président du Conseil de l’Union européenne, c’est faire fi des logiques et des intérêts nationaux. »
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6.875
Le nombre de délégations qui seront accueillies pendant la durée de la présidence.
26.816
Le nombre total de participants accrédités pour toutes les réunions (237 sur 37 sites) inscrites à l’agenda du semestre.
45
Le nombre de limousines (dont 20 blindées) mises à disposition des délégations.
24.223
Le nombre de nuitées allouées : 11.694 chambres ont été réservées dans 25 hôtels différents.
47.000
Le nombre de « packages Présidence » (avec un carnet, un stylo et une cravate ou un foulard) et de cadeaux de courtoisie remis aux participants.
tés de la place financière, le traitement des fonds d’investissement alternatifs, des banques dépositaires, des clients corporate des banques, entre autres. Mais cela pourrait aussi toucher des activités qui sont moins présentes au Grand-Duché comme le trading pour compte propre ou le market-making. En tant que place bancaire internationale de renom, le Luxembourg compte la plupart des grands groupes financiers implantés au travers de filiales ou de succursales. D’autres groupes y ont établi leur siège pour l’Europe. Cette proposition ne laisse donc aucun des grands acteurs de la Place indifférent. » De même, une reprise du dossier concernant une modification substantielle du régime des fonds monétaires fait partie des hypothèses encore non confirmées, les négociations étant toujours bloquées au niveau du Conseil. Les discussions achoppent sur l’idée d’imposer à ces fonds dotés d’une valeur nette d’inventaire fixe, une certaine réserve de fonds propres afin de prévenir tout risque de défaillance. Une obligation qui rendrait alors quasiment impossibles la mise en œuvre et la gestion de tels fonds pourtant essentiels au financement des institutions financières et des émetteurs publics. Pour le Luxembourg, l’enjeu est de taille, car le GrandDuché constitue l’un des deux principaux domiciles (avec l’Irlande) de ce type d’instruments. Plus concrètement, en revanche, le mois de septembre devrait marquer le lancement d’un des projets phares de la Commission Juncker : celui de l’union des marchés des capitaux (UMC), présenté comme un des ins-
truments clés censés faire revivre ledit marché des capitaux et, par extension, faciliter le financement des entreprises européennes afin de stimuler la croissance de l’économie et lutter contre le chômage. « Dans le même temps, la Commission devrait présenter ses deux premières propositions législatives qui concernent une révision de la directive sur les prospectus et une initiative sur la titrisation, indique M. de Cillia. Cette dernière a pour but de stimuler la croissance en libérant les bilans des banques à travers les marchés financiers et en leur permettant d’accorder de nouveaux prêts aux entreprises européennes. En tant que place financière internationale, le Luxembourg ne peut a priori que profiter de l’approfondissement du marché intérieur. » Pas étonnant, donc, que l’ABBL, tout comme l’Alfi (l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement), ait déjà contribué de façon substantielle au débat et entende bien continuer à le faire ces prochains mois. « La présidence luxembourgeoise commencera le travail du Conseil sur l’UMC et le mettra sur la bonne voie pour les années à venir », prédit le CEO de l’ABBL. Bien évidemment, à aucun moment il n’est question que le Luxembourg puisse « profiter » de sa position à la présidence pour pousser ses propres pions sur l’échiquier des dossiers sensibles. « Endosser le rôle de président du Conseil de l’Union européenne, c’est faire fi des logiques et des intérêts nationaux. Ce n’est pas le moment de défendre des positions locales. C’est le compromis qui doit prévaloir. Il faudra certainement tous faire des concessions », a d’ailleurs rappelé Gaston Stronck, directeur des affaires européennes pour le ministère des Affaires étrangères, lors d’une intervention au Luxembourg début juin. Là aussi, le sang-froid prévaudra.
Proposer des solutions ambitieuses et pragmatiques Le côté « stratégique » de cette présidence n’échappe à personne, et du côté de la Fedil, les attentes sont également nombreuses, à l’heure où tout est mis en œuvre pour soutenir et aider au développement des entreprises sur le Vieux Continent. « Ce sont elles qui détiennent la clé du succès de l’Europe et qui constituent notre richesse à travers leur innovation, leur productivité et leur recherche de l’excellence, rappelle Henri Wagener, conseiller affaires européennes à la Fedil et qui dirige le bureau de représentation de l’organisation patronale auprès de BusinessEurope à Bruxelles. Les enjeux dépassent donc largement le cadre purement national et les solutions doivent être apportées par l’Europe pour créer un cadre dans lequel les entreprises peuvent générer de la croissance et créer des emplois. » Dans ce contexte, le Conseil « Compétitivité » (dont la prochaine réunion se tiendra début octobre à Luxembourg) est surveillé avec d’autant plus d’intérêt. « Un tel conseil jouera un rôle-clé dans les rouages institutionnels et celui-ci devra être significativement augmenté afin qu’il devienne le véritable gardien de
la compétitivité dans l’UE », plaide M. Wagener, qui rappelle l’importance de la mise en place en Europe d’une base industrielle solide, efficace dans l’utilisation des ressources et compétitive. « Cela doit se faire en liaison avec une politique européenne cohérente en matière de climat et d’énergie, y compris dans le cadre de mesures visant à remédier au problème des prix élevés de l’énergie, en particulier pour les industries grandes consommatrices d’énergie. » Pour lui, pas de doute : la présidence luxembourgeoise détiendra un rôle clé de coordination de la position de l’Union européenne, « et elle devra veiller à ce que les entreprises européennes ne fassent pas les frais d’une politique unilatérale ». Elle devra également faire encore davantage avancer les choses en matière d’accomplissement du marché intérieur, alors que les obstacles de taille et autres « chaînons manquants » subsistent. « Il s’agira d’inciter
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La présidence en cinq chiffres
Pas le droit de défaire Jean-Claude Juncker, président en exercice du Conseil européen, est intervenu le 22 juin 2005 devant le Parlement européen pour évoquer les résultats positifs de la présidence luxembourgeoise (réforme du pacte de stabilité et de croissance, relance de la stratégie de Lisbonne, objectifs plus ambitieux pour l’aide au développement, amélioration des relations transatlantiques et nouveau cadre pour les rapports avec la Russie). Dans son discours, Jean-Claude Juncker exprimait sa tristesse « de ne pas avoir réussi à éviter à l’Europe une entrée, non pas définitive, mais déterminée dans la crise ». Il enchaînait : « Je lis parfois que je n’ai pas été vraiment diplomate, mais je n’ai aucune envie d’être diplomate lorsque l’Europe est en crise, aucune. » En conclusion, il lançait un plaidoyer pour une Europe politique : « Nous n’avons pas le droit de défaire ce que nos prédécesseurs ont fait parce que les générations qui vont suivre auront besoin d’une Europe politique. Si elle n’est pas politique, elle ira à la dérive. Ces générations veulent avoir une Europe solidaire, une Europe sociale, une Europe compétitive, une Europe forte chez elle, une Europe forte dans le monde. Alors, vieux Européens et Européens convaincus, allons-y ! Courage ! » A. D. ◄
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Duché. « Mon plus grand espoir est que la présidence mette en valeur la gastronomie luxembourgeoise et l’excellence de nos produits locaux, confirme Alain Rix, le président de l’association Horesca, pour qui la qualité de cette visibilité ira évidemment de pair avec la qualité du travail effectué. Cette présidence va mettre en lumière tout notre savoir-faire. Les retombées économiques seront non négligeables en termes de nuitées et de banquets, même s’il est difficile de les anticiper avec précision. »
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L’UE est un client difficile !
Schengen : 20 ans il y a 10 ans Le 2 juin 2005, on a célébré sur place le 20e anniversaire des accords de Schengen : le 14 juin 1985, en effet, dans cette bourgade luxembourgeoise aux confins de la France et de l’Allemagne, on franchissait une nouvelle étape dans la construction européenne par la libre circulation des biens et des personnes. La séance académique commémorative a rassemblé le couple grandducal, des membres du Conseil des ministres de la Justice et des Affaires intérieures de l’Union européenne ‒ sous présidence de Luc Frieden (Justice) et de Nicolas Schmit (alors ministre délégué aux Affaires étrangères), et le commissaire européen en charge de la Justice, de la Liberté et de la Sécurité, Franco Frattini (photo). 2005 marquait non seulement le 20e anniversaire de la signature de l’accord, mais aussi le 15e de la convention d’application et le 10e de l’entrée en vigueur de ce qui devait constituer un pas décisif vers l’introduction de la libre circulation des biens et des personnes en Europe. Se retrouver aux bords de la Moselle avec 10 ans de plus au compteur mettra encore Schengen en valeur. A. D. ◄
la Commission européenne à proposer des solutions à la fois ambitieuses et pragmatiques, afin d’apporter les bonnes solutions aux difficultés rencontrées par nos entreprises », estime M. Wagener. Deux autres actions concrètes sont attendues par la Fedil au cours de ces six prochains mois : la mise sur les bons rails de la politique à mener en matière d’économie numérique et des avancées significatives sur le dossier de l’accord transatlantique TTIP, non seulement avec les parties concernées, mais aussi vis-à-vis de l’opinion. Car il s’agira, aux yeux de M. Wagener, « de convaincre l’opinion publique du bienfondé de cet accord et de ses répercussions positives sur la croissance et l’emploi en Europe tout en assurant le maintien du niveau élevé de protection des consommateurs ». Au-delà des dossiers politiques, économiques et sociétaux majeurs, il est un secteur important pour lequel la présidence représente six mois (et même davantage…) cruciaux : celui de l’horesca. Ne serait-ce que parce qu’avec un nombre de 26.816 personnes accréditées (hors
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médias) qui vont assister à quelque 237 réunions de travail mais aussi se voir proposer un programme socioculturel pour le moins riche (visites guidées, circuits pédestres, musées, expositions, visites gourmandes, dégustation de vins et produits du terroir, excursions fluviales, accompagnement musical…), l’occasion est évidemment trop belle pour ne pas la rater. Pour la seule période de cette présidence, le Groupe protocole et organisation « Présidence 2015 » a déjà recensé pas moins de 11.694 chambres bloquées dans 25 hôtels, pour un total de 24.223 nuitées allouées, dont un quart sont concentrées en novembre. Un mois dense qui verra aussi, notamment, l’accueil de la réunion des ministres des Affaires étrangères européens et asiatiques, dans le cadre de l’Asem (Asia-Europe Meeting) où pas moins de 54 délégations venant notamment de Chine, du Japon, d’Inde, etc. sont attendues. Mais au-delà de l’aspect hébergement, c’est tout le savoir-faire luxembourgeois qui aura l’occasion d’être présenté aux visiteurs qui, pour la plupart, découvriront ce qu’est le Grand-
Le budget des banquets officiels est néanmoins connu, il se situe entre 5 et 6 millions d’euros. « Mais à chaque présidence, il y a de nombreuses annulations, tempère M. Rix. Les hôteliers prennent un risque puisqu’il n’y a pas toujours de garantie à la clé. Les acomptes sont difficiles à négocier avec les délégations. L’UE est un client difficile ! » Ainsi, chaque hôtel se charge de négocier lui-même, sachant que le parc est, physiquement, limité et qu’il n’existe aucun établissement au Luxembourg capable de proposer plus de 600 places. « Pour des besoins plus élevés, il faut solliciter plusieurs acteurs, explique M. Rix. Tous les grands groupes seront mobilisés. Les plus petits accueilleront des acteurs non officiels comme des journalistes et des lobbyistes. » Pour ce qui est du volet restauration pur, l’organisation prévoit que plus de 200 repas officiels seront servis aux hôtes de marque pendant ces six mois. À la suite d’un appel d’offres mené en début d’année, cinq prestataires ont finalement été retenus, se partageant la « couverture » de sept sites : Steffen Traiteur pour la Cité des sciences à Belval ; L’Hôtel Le Royal pour le Centre culturel Schéiss, le boucher-traiteur Niessen pour Neimënster, Oberweis pour le Cercle Cité et le Centre culturel Tramsschapp et Kaempff-Kohler pour le Greiwels Haff et la Philharmonie. « On s’attend surtout à une grosse affluence en septembre et octobre, précise Alain Rix. Il y aura beaucoup de va-et-vient à gérer. Nous travaillons évidemment étroitement avec le ministère des Affaires étrangères pour planifier et organiser tout cela au mieux. » Le principal challenge pour les différents restaurants qui seront par ailleurs sollicités sera de proposer des menus de haute gastronomie avec un budget très contraint, allant généralement de 45 à 60 euros par personne tout compris. « L’État n’a pas augmenté le prix des menus pour ses banquets depuis une dizaine d’années. L’exercice est compliqué. » Un autre point crucial résidera, selon le président de l’horesca, dans la personnalisation du service, ce qui nécessite, de la part des personnels des hôtels et des restaurants, un haut niveau d’information sur les programmes et lieux importants. « Nous réalisons des réunions en ce sens au sein de la fédération depuis plusieurs semaines. Il y a tout un travail collectif à effectuer. La préparation est surtout intense depuis trois mois. » ◄
Les agences de voyage Sales-Lentz deviennent
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Histoire
1997
1 euro = 40,3399 LUF
► Depuis 1960, le Luxembourg a occupé à 11 reprises la présidence du Conseil de l’Union européenne. Retour sur cinq d’entre elles que l’Histoire retiendra (source : À propos… du Luxembourg et de l’Union européenne, par le SIP). Texte : Jean-Michel Gaudron
1966
1991
Reviens, France !
Depuis juin 1965, la France pratique la politique de la chaise vide et ne participe plus au travail communautaire à la suite d’un désaccord sur le financement de la politique agricole commune. Le 1er janvier 1966, le Grand-Duché prend pour la troisième fois la présidence et Pierre Werner excelle dans son rôle de fin diplomate. Il négocie le fameux compromis de Luxembourg réglant les relations entre le Conseil et la Commission, et déterminant les procédures de vote au Conseil. Un compromis qui permet à la France de retourner à la table du Conseil.
Durant le second semestre de l’année 1997, l’Union européenne adopte, sous l’impulsion de la présidence luxembourgeoise (10e du nom), une stratégie coordonnée pour l’emploi, fixant des lignes directrices communes à définir annuellement, pour encadrer les plans d’action nationaux. La présidence fixe également le plan de conversion des monnaies nationales en euros et fixe par anticipation les taux de change. Il en coûtera 40,3399 francs luxembourgeois pour 1 euro… En décembre, il est par ailleurs décidé d’ouvrir les négociations d’adhésion à l’Union (qui compte alors encore 15 États) avec Chypre, l’Estonie, la Hongrie, la Pologne, la Slovénie et la République tchèque.
Maastricht et l’euro sur les rails
2005
C’est dans un contexte international très instable (guerre du Golfe, disparition de la Yougoslavie et de l’URSS, crise dans les États baltes) que le Luxembourg entame sa neuvième présidence (au premier semestre). Il parvient à dégager un accord politique sur le rapprochement des taux de TVA et des droits d’accises. Mais il fait surtout avancer l’achèvement du marché unique en présentant un projet de traité sur l’Union économique et monétaire, qui servira de base au futur traité de Maastricht. L’euro prend doucement forme, dans la droite ligne du « Rapport Werner » publié en 1970.
La 11e présidence luxembourgeoise se tient au premier semestre 2005, avec une UE à 25 États. Elle est notamment le théâtre de l’assouplissement de l’interprétation du pacte de stabilité et de croissance et de la relance du processus de Lisbonne. C’est aussi l’occasion d’adopter la directive sur la fiscalité de l’épargne et de signer le traité d’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie (en avril 2005). Mais cette présidence s’achève sur une note amère, avec l’échec des référendums français (fin mai) et néerlandais (début juin) sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe.
Une fin amère
1985
La huitième présidence luxembourgeoise se déroule au second semestre 1985. Jacques Santer dirige le gouvernement et Jacques Poos occupe la fonction de ministre des Affaires étrangères. C’est à eux que revient l’honneur de finaliser l’Acte unique européen, initié au Conseil européen de Milan de fin juin 1985 : un texte qui supprime les frontières intérieures entre les pays membres de ce qui est encore la Communauté européenne et introduira la libre circulation des marchandises, des capitaux et des services. Dans le même temps, le vote à la majorité qualifiée est étendu et les pouvoirs du Parlement européen sont élargis. Le président français de la Commission européenne, Jacques Delors, évoquera une présidence « vraiment remarquable sur le plan technique » et même « un moment de bonheur ».
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PHOTO : LUXCONGRESS.LU
Signature de l’acte unique européen
Les agences de voyage Sales-Lentz deviennent
Pourquoi changer de nom ? La façon de consommer le voyage a évolué. Le digital est central à toute décision et prise d’informations, mais est aussi un outil de partage majeur lors de nos voyages. En tant que société innovante au Grand-Duché de Luxembourg et Grande-Région, nous devions répondre à cette demande de nos clients tout en leur facilitant la vie. Pour cette raison nous avons pris la décision de faire évoluer notre stratégie commerciale en créant une plateforme web participative pour nos agents de voyages et nos clients, afin que tout amoureux du voyage puisse partager sa passion. Rêve, émotion, plaisir et partage sont autant de dimensions auxquelles nous tenons en tant qu’agent de voyage. Il fallait donc que cela se traduise au premier contact avec notre personnel mais aussi avec notre société. Ce premier contact, c’est aussi notre marque. Connue pour ses activités de mobilité urbaine avec nos lignes de bus et de voyages organisés en cars de luxe, Sales-Lentz était aussi la marque de notre réseau d’agences de voyage. Nous avons voulu marquer cette différence et notre spécificité par le choix d’un nom différent qui sera cautionné par l’appartenance au groupe Sales-Lentz.
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Économie & Politique Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 10 sujets clés sélectionnés par la rédaction. Selon une étude publiée par le Statec, les maisons unifamiliales représentent un peu plus d’un logement sur deux (51,1 %) au Luxembourg, devant les immeubles à appartements (34,6 %) et les immeubles semirésidentiels (14,3 %). Au 1er mars 2015, le pays comptait 140.172 bâtiments résidentiels et semirésidentiels représentant 227.326 logements. Les maisons unifamiliales, qui ne renferment qu’un seul logement, représentent 82,9 % de tous les bâtiments. Les juges de la Cour administrative ont annulé, début mai, la mise à l’écart de Mariette Scholtus, en juin 2012, de sa fonction de directrice générale de l’Agence de développement de l’emploi (Adem). Elle a donc réintégré la fonction qu’occupait, depuis le printemps 2013, Isabelle Schlesser, avant que le conseil de gouvernement du 5 juin ne procède de n ouveau à la révocation de Mme Scholtus (lire aussi en page 54). Alex Fixmer, actuel directeur du Fonds Belval, va prendre sa retraite à partir du mois de juillet. Une procédure de recrutement a été lancée a laquelle a souhaité participer Daniel Miltgen, évincé il y a quelques semaines de la présidence du Fonds du logement.
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Alors que la dernière indexation automatique des salaires remonte à octobre 2013, la prochaine devrait survenir « au premier trimestre 2016 », selon les prévisions du Statec publiées début mai. Une prévision basée sur un scénario central qui table sur une inflation de 0,5 % en 2015, mais de 1,5 % en 2016, portée par la tendance à la hausse des cours des produits pétroliers et la faiblesse de l’euro face au dollar. C’est la part des internautes luxembourgeois (âgés entre 16 et 74 ans) qui surfent sur les réseaux sociaux (source : Statec). Négatif au mois de mars (-3), l’indice de confiance des consommateurs mesuré par la BCL est Le niveau de repassé dans l'indice de le vert (+1) au confiance des cours du mois consommateurs d’avril, retroupour avril. vant le niveau qui était le sien en février, lequel était alors le meilleur mois enregistré depuis les deux dernières années. L’indicateur relatif à la situation économique générale du pays reste dans le rouge (-6), mais augmente de 12 points par rapport à mars : une hausse qui n’avait « pas été observée depuis février 2013 », souligne la BCL.
+1
Opérationnelle depuis 2001, l’unité de cogénération du quartier européen du Kirchberg
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fonctionnait jusqu’à présent au gaz. Une situation qui va changer suite à la décision du conseil communal d’alimenter désormais la centrale avec des pellets, ces granulés de bois issus du compactage de copeaux et autres sciures de bois. Le Parlement luxembourgeois a voté à l’unanimité, début mai, une résolution qui reconnaît comme génocide le massacre de centaines de milliers d’Arméniens il y a tout juste 100 ans. Les députés luxembourgeois sont donc passés outre l’avertissement lancé par l’ambassadeur de Turquie au Luxembourg, Salim Levent Sahinkaya, qui leur avait fait parvenir une lettre prévenant qu’une telle résolution « ne servira pas à l’excellence de nos relations ». Du reste, dès le lendemain, Ankara a rappelé son ambassadeur au Luxembourg pour des « consultations ». Le gouvernement entend réformer la loi sur la formation professionnelle afin de répondre aux besoins du pays en main-d’œuvre. Le projet prévoit notamment de mieux encadrer les cursus effectués à l’étranger. Les apprentis pourront ainsi être formés soit au Luxem bourg, soit entièrement à l’étranger, sous condition de la présentation « d’une demande conjointe de l’entreprise formatrice, de l’apprenti et de l’organisme de formation » introduite « avant le début de la formation ». Le texte présenté doit « entrer en vigueur à partir du 16 juillet 2015 » et doit être exécuté conjointement par les ministres de l’Éducation nationale, du
Travail et des Finances, « chacun en ce qui le concerne ». C’est le 11 mai qu’a été donné symboliquement le premier coup de pelle du nouveau Lycée Clervaux sur l’ancien site industriel de l’entreprise CTI Systems. Le concept architectural a été confié à Jonas Architectes Associés (ingénieurs : Schroeder & Associés, SGI Ingénierie), pour un établissement devant développer une nouvelle approche pédagogique axée sur les compétences numériques et qui répond à la nouvelle stratégie « Digital (4) Education ». Le Bundesrat, le conseil fédéral allemand représentant les 16 Länder, a validé vendredi le projet de vignette à destination des automobilistes étrangers. La mise en application est prévue pour le 1er janvier 2016 et concernera aussi bien les transporteurs qui se rendent dans les villes allemandes que les consommateurs « lambda » qui voudront faire leurs courses à Trèves. Cette taxe pourrait varier entre 96 et 180 euros à l’année, selon les éléments présentés. Les conducteurs occasionnels et les frontaliers devront, eux, s’acquitter d’une vignette à tarif préférentiel : entre 5 et 15 euros pour une durée de 10 jours, entre 16, 20 et 30 euros pour une durée de deux mois.
Économie & Politique Brèves C’est le montant de la baisse des dépenses de santé liée à l’introduction des médicaments génériques dans le système de remboursement de la Caisse nationale de santé.
La Cour administrative a confirmé un jugement de septembre 2014 interdisant aux propriétaires de la Villa Churchill de la détruire pour y mettre à sa place un joyau de l’architecture contemporaine signé par le bureau Arquitectonica (à qui on doit notamment le bâtiment de la Banque de Luxembourg, boulevard Royal) et qui prévoyait plus de 2.000 m2 sur 10 niveaux, dont trois sous-sols. Suivant une directive européenne, la Marque nationale des vins et crémants de Luxembourg va disparaître pour être remplacée par l’appellation d’origine protégée Moselle Luxembourgeoise.
automatique des salaires et retraites ainsi que la formation des délégués. Un arrêt de la Cour administrative a mis fin au feuilleton du PAG de Mamer qui dure depuis 2013. Ce plan d’aménagement a été définitivement annulé et les plaignants seront indemnisés. La polémique venait d’un conflit d’intérêts du conseiller communal Jean-Marie Kerschenmeyer (CSV), pour un terrain concerné par le PAG, et qui est la possession de sa belle-sœur. À l’occasion de la présentation de son bilan 2014 et de sa nouvelle stratégie, la Société nationale
« Moselle Luxembourgeoise » devient une appellation d'origine protégée.
Le millésime 2014, dont les premières bouteilles sont arrivées sur le marché pour la Foire de printemps, est le premier concerné par ce changement de taille. Il n’y a pas que dans le secteur des banques que la Chine s’intéresse au Luxembourg : le syndicat OGBL a ainsi reçu une délégation de syndicalistes chinois entre le 25 avril et le 6 mai 2015, dans le cadre d’un accord existant avec la Fédération nationale des syndicats chinois ayant pour objet la formation syndicale. Ce séjour aura permis à la vingtaine de syndicalistes chinois de se familiariser avec la question des conventions collectives de travail telle qu’elle est pratiquée au Luxembourg, le fonctionnement de la sécurité sociale, le système d’indexation
des habitations à bon marché a annoncé la planification d’un accroissement spectaculaire, via notamment 800 logements à Olm, pour répondre à l’urgence des besoins en logements abordables. Pour la période 2015-2024, la SNHBM prévoit de mettre sur le marché 250 logements par an. « C’est un objectif ambitieux, mais réaliste », a souligné Guy Entringer, le directeur de la société. Le chômage se stabilise au Luxembourg : le taux de chômage mesuré au 30 avril était de 6,9 %, contre 7,2 % un an plus tôt. Cela correspond à 17.731 demandeurs d’emploi inscrits, soit 330 de moins qu’au printemps 2014.
La ligne de bus reliant Luxembourg à Sarrebruck a été renforcée, depuis le 1er juin, par deux courses supplémentaires, l’une le matin et l’autre le soir, dans les deux sens, portant à 15 le nombre de liaisons quotidiennes entre les deux villes.
Le ministère de l’Éducation nationale a dévoilé, fin mai, sa stratégie destinée « à hisser le Grand-Duché en centre d’excellence high-tech ». Baptisée Digital (4) Education, elle doit notamment permettre de combler, en partie du moins, les besoins ICT du pays, par la mise en place d’une nouvelle pédagogie, basée sur de nouveaux outils. Pour la première fois depuis 2008, le Grand-Duché réintègre le top 10 des économies les plus compétitives dans le classement établi par l’Institut international du développement (IMD). Le pays est désormais à la 6e place (+5 par rapport à 2014, dans un classement de 61 pays), ce qui en fait l’économie la plus compétitive de la zone euro et la deuxième en Europe derrière la Suisse. Le Luxembourg améliore ses performances principalement dans deux domaines : « l’efficacité du gouvernement » (12e position) et « l’efficacité des affaires » (4e). Au niveau mondial, les États-Unis conservent leur leadership en tête de ce classement,
l’environnement et du ministère du Développement durable qui, en plus du contrôle de la mise en œuvre de ce règlement européen, sont également en charge de l’information aux consommateurs. Dans ce sens, une brochure d’information présentant les nouveaux pictogrammes a été éditée. Elle est disponible dans les plus grands supermarchés du pays ainsi qu’auprès des magasins de bricolage et peut aussi être consultée en ligne sur le site internet du portail de l’environnement. Dans ses recommandations formulées sur la politique mise en place au Grand-Duché, la Commission européenne, si elle a donné un satisfecit général, n’a pas hésité à revenir sur certaines faiblesses connues du pays, comme les résultats du système éducatif, les « écarts significatifs de productivité selon les secteurs économiques » ou encore l’âge des départs en pension. Mais Bruxelles évoque également le besoin pour le pays d’« élargir sa base d’imposition » pour répondre à « la fragilité d’une
La Commission européenne a donné un satisfecit général à la politique budgétaire du Luxembourg.
devant Hong Kong – qui gagne deux places par rapport à 2014 – et Singapour. Un nouvel étiquetage indiquant de manière plus précise le degré de dangerosité lié à l’utilisation des produits chimiques est entré en vigueur début juin, partout en Europe. Au Luxembourg, ce nouvel étiquetage est placé sous la responsabilité de l’Administration de
partie au moins des recettes fiscales » mise en avant par la disparition, depuis le 1er janvier 2015, des revenus issus du commerce électronique. La Commission recommande ainsi de revoir « le niveau d’imposition actuellement peu élevé des biens immobiliers et en ayant davantage recours à d’autres sources, notamment la fiscalité de l’environnement ».
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Économie & Politique Brèves
Daniel Miltgen, le désormais ex-président du comité directeur du Fonds du logement, a vu sa demande de suspension de révocation de plusieurs autres de ses mandats rejetée par le président du tribunal administratif Henri Campill. L’ancien homme fort du ministère du Logement, limogé par Maggy Nagel en raison d’une perte de confiance, n’a pas été en mesure de convaincre le magistrat du « caractère grave et irréparable » du préjudice tant moral que matériel qu’il a subi et qui aurait pu lui valoir sa réintégration à ses anciennes fonctions. Le litige a permis de révéler que l’ensemble de ses mandats représentait un tiers de ses revenus mensuels, soit un montant de 5.466 euros. Avec le soutien de J.P. Morgan et de l’Adem, Nyuko vient de lancer un nouveau programme intitulé E-skills for Women, dédié aux femmes qui veulent développer leurs compétences en informatique pour accéder à un emploi dans le digital ou créer une entreprise dans le secteur du numérique. « Ce genre d’initiative est indispensable pour promouvoir la diversité dans ce secteur-clé au Luxembourg », explique Marina Andrieu-Thiriet, project manager chez Nyuko et coordinatrice du programme. Face à la pénurie de maind’œuvre qualifiée, deux règlements ministériels ont été publiés au Journal officiel, visant à attirer des spécialistes étrangers au Grand-Duché, en particulier dans le domaine des nouvelles technologies (lire aussi l’article page 44). Depuis le 6 juin, toutes les lignes (1-31) du réseau des autobus de la capitale sont gratuites les samedis, tout comme les lignes Eurobus (120, 125, 144, 165, 167, 195, 192) et les lignes RGTR 215 et 222 assurant une desserte
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intra-ville. Objectif : inciter les citoyens et les visiteurs à profiter de l’offre des transports publics pour se déplacer en ville. Cette gratuité s’appliquera jusque fin 2017, moment où la situation sera réévaluée. Depuis juin, il en coûte beaucoup plus cher pour les conducteurs ne respectant pas les règles en matière de sécurité routière. Outre les grands excès de vitesse et la conduite en état d’alcoolémie, les consommateurs de drogue ou les accros du téléphone portable au volant sont dans le viseur. Pour ces derniers, par exemple, le nouveau Code de la route prévoit une perte de deux points et un avertissement taxé de 145 euros. Le nombre de pétitions déposées à la Chambre des députés entre avril 2014 et juin 2015 est de 181. Six ont Le nombre de fait l’objet d’un pétitions déposées débat public. à la Chambre Pour l’ensemble depuis un an. de la législature précédente (20092013), seules 33 pétitions avaient été créées.
181
L’agence de notation Moody’s maintient le AAA du GrandDuché. Le service investisseur de l’agence souligne son économie fructueuse, en dépit de la fin du secret bancaire, ses perspectives de croissance encourageantes attendues autour de 3 % en 2015 et 2016, ainsi que son réseau institutionnel solide. Des atouts qui plaisent aux investisseurs. Cette bonne note vient rejoindre celle déjà accordée par les agences Fitch et Standard & Poor’s. Les autres pays européens à rejoindre le cénacle AAA sont le RoyaumeUni, le Danemark et la Suède. La Commission européenne a choisi, via l’EDIP (European Design Innovation Platform), l’initiatrice de Design City Luxembourg, Anna Loporcaro (Mudam), comme ambassadrice de Design for Europe, rejoignant ainsi les ambassadeurs de Design
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for Europe actuellement nommés dans chacun des 28 États membres de l’UE. Il lui incombera de promouvoir les messages et productions de Design for Europe dans la région. « À l’inverse, il s’agit aussi d’intégrer du contenu luxembourgeois au projet – tel que des études de cas d’innovation par le design – pour l’intégrer au portail web de Design for Europe », déclare la nouvelle ambassadrice. Plus de deux mois après la visite d’une délégation de l’Organisation de coopération et de développement économiques, de nouvelles prévisions de croissance plus optimistes pour le Grand-Duché ont été publiées. Ainsi, à en croire l’OCDE, la croissance du Luxem bourg, initialement à 2,2 % cette année, devrait finalement atteindre les 2,7 %. Et 2016 serait encore plus favorable, puisque l’organisation table sur un taux de 2,9 %, contre des premières estimations misant sur 2,6 %. Le Conseil national des finances publiques (CNFP), institué en 2014, a présenté début juin la pre-
publique devrait par ailleurs continuer à augmenter (de 10,9 milliards d’euros en 2014 à 13,7 milliards d’euros en 2019) et devrait fluctuer autour de 24 % du PIB, sous le plafond des 30 % retenu par le gouvernement. Mais le Conseil national n’a pas pris en considération toutes les mesures financières susceptibles d’augmenter le niveau de cette dette à moyen terme, comme la recapitalisation de la BCL, les passifs des CFL ou encore les dotations annuelles au fonds souverain intergénérationnel. 130 mesures inscrites dans le Paquet d’avenir présenté à l’automne 2014 devraient disposer, d’ici à fin 2015, d’une base légale. Cela portera à 220 (sur 260) le nombre de ces mesures gravées dans la loi. La résolution sur les suites à donner au rapport Artuso – une analyse du comportement de l’administration luxembourgeoise vis-à-vis des juifs qui résidaient entre 1933 et 1941 au Grand-Duché – a été adoptée à l’unanimité. Votée par les
Le rapport Artuso avait été présenté en février dernier.
mière évaluation préparée à l’occasion du programme de stabilité et de croissance pour la période 2015-2019. Il plaide pour une exécution budgétaire rigoureuse, ce qui implique, du côté des recettes, une stabilité fiscale sur toute la période et, côté dépenses, la mise en œuvre complète du Zukunfts pack. Selon le CNFP, la dette
députés, elle contient notamment les excuses de la Chambre à l’égard de la communauté juive du pays, « alors que du fait des actes fautifs commis, la responsabilité de l’autorité publique luxembourgeoise se trouve engagée ». Les excuses du gouvernement ont suivi.
formerly known as
Économie & Politique L’après-référendum
01 Où est passé l’esprit « Multikulti » ?
► Personne ne s’attendait à une telle déferlante du camp du « Nee », qui a convaincu près de 80 % de l’électorat sur la question du droit de vote des étrangers. ► Cet électrochoc aura des répercussions sur les réformes à poursuivre au cours de la législature. ― Texte : Véronique Poujol ― Photos : Christophe Olinger
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La matinée du dimanche 7 juin ne fut pas au Luxembourg cette nuit du 4 août 1789 que d’aucuns attendaient, lorsque les dépu tés révolutionnaires français, parmi lesquels les nobles et le clergé, votaient l’abolition de leurs privilèges. Ils le faisaient davantage par opportunisme, pour ne pas se faire débor der par le reste de la population, que par grandeur d’esprit. À 78,02 %, les Luxembourgeois ont refusé d’octroyer le droit de vote aux résidents étrangers. Un « non » massif qui risque de plomber pour longtemps les ardeurs de la classe politique, toutes tendances confondues, à consulter la population et l’inviter à la prudence lorsqu’il sera question de démocratie participative. Le référendum est toujours un exercice politique à haut risque, surtout dans des pays sans tradition référendaire et de surcroît sur des sujets aussi sensibles que celui des étrangers et de leur intégration. Et comme pour
▲ Les électeurs luxembourgeois ont bien gardé la main sur le vote législatif. Et foulé les velléités de modernisation démocratique.
« Le niveau élevé du ‘non’ n’est pas un vote sanction contre le gouvernement. » Étienne Schneider
Économie & Politique L’après-référendum aggraver leur cas, les autorités ont lancé la consultation alors que la coalition DP-LSAPDéi Gréng, qui a passé l’état de grâce, effectue des réformes qui sont loin d’être populaires, comme dans l’enseignement secondaire et la politique familiale. Ceux qui veulent se donner bonne conscience et se défendent d’avoir cédé à la crainte de voir leur influence politique diluée affirment qu’il faut plutôt voir dans ce tsunami du « non » le résultat d’un vote sanction contre le gouvernement de Xavier Bettel. Ce « non » risque, quoi qu’il en soit, d’accentuer les clivages dans la société luxembourgeoise entre les Stacklëtzebuerger (ou Stakletzeboier, que l’on peut traduire par « Luxembourgeois de souche ») et les autres, ceux qui sont devenus dans certaines communes (comme la capitale) la majorité silencieuse et qui, à moins de prendre la nationalité du pays d’accueil, ne peut pas mettre de bulletin dans l’urne pour élire ses dépu tés et choisir la couleur son gouvernement.
EFFET VEXATOIRE Étienne Schneider, le vice-président du gouvernement, s’inquiétait, au soir de ce référendum, de l’effet vexatoire que ce « ‘non’ écrasant », qui a surpris tout le monde par son ampleur, aura sur le moral des étrangers et surtout des investisseurs. Car ce refus de faire participer les non-Luxembourgeois à la vie politique porte fatalement un coup aux efforts des autorités à se créer un nation branding pour attirer des investisseurs étrangers dans des nouveaux secteurs de l’économie, alors que les revenus conventionnels liés à la place financière ont tendance à s’assécher. Des investisseurs jeunes, hype et urbains, que les démonstrations de conservatisme, voire de chauvinisme et de l’entre soi des Luxem bourgeois, pourraient décourager à venir s’installer au Grand-Duché et y apporter une contribution à la prospérité. « Il y a un risque, admettait M. Schneider, que les étrangers ne se sentent pas bienvenus. Il faut éviter qu’ils se sentent mal aimés au Luxembourg. » Pour autant, et il faut s’en réjouir, dans les communes ayant une majorité d’étrangers comme Luxembourg-ville, Larochette (dont on disait lors de l’introduction du vote des ressortissants de l’Union européenne aux élections locales qu’elle aurait à terme un bourgmestre portugais) et dans une moindre mesure Strassen, où le « vivre ensemble » produits ses meilleurs effets, on a vu un corps électoral moins défavorable au « Jo » qu’ailleurs dans les communes conservatrices du Nord ou ouvrières du Sud, par exemple. Politiquement, les ministres et les élus de la coalition bleue, rouge et verte, se sont montrés d’une rare prudence oratoire dans l’interprétation du « non » massif, qui ne fait pas des 80 % des Luxembourgeois du « non » des xénophobes. Il ne faudrait pas y voir non plus, selon eux, le signe d’un repli identitaire ni le réflexe de survie devant la perte d’influ
ence économique des Luxembourgeois de souche. Seule une analyse sereine du scrutin de dimanche permettra d’expliquer les raisons de ce rejet massif dans un pays où le modèle « Multikulti » et du « vivre ensemble » fut tant vanté. Le résultat du 7 juin donne plutôt le sentiment d’un « vivre l’un à côté de l’autre » sans se regarder ni se compren dre, faisant mentir les rapports d’experts qui glosent sur le degré d’ouverture aux autres de la société luxembourgeoise. « Ce n’est pas ça (le rejet des étrangers, ndlr) que les Luxembourgeois voulaient exprimer à travers ce vote », s’est défendu Étienne Schneider. « Les gens ne sont pas contre l’idée de faire participer les étrangers, ils sont d’accord, mais sous la condition de la nationalité », a poursuivi le ministre LSAP de l’Économie. À la veille du référendum, le Premier ministre, Xavier Bettel, expliquait lui aussi, par anticipation du « non », que tout le monde donnait déjà gagnant, mais pas avec autant de brutalité, que « le fait de dire 'non' n’est pas une preuve de racisme, comme certaines personnes aimeraient le faire croire ». « Je pense que l’intégration est plus que jamais un défi pour ce pays. Un vrai défi si on ne veut pas vivre l’un à côté de l’autre », indiquait de son côté Corinne Cahen, ministre DP de l’Intégration, le soir du référendum. Même son de cloche chez la bourgmestre DP de la capitale, Lydie Polfer, pour laquelle « l’essentiel, c’est qu’on sauvegarde ce bon climat de vivre ensemble ».
LES « JE SUIS CHARLIE » DU 20 % Y aura-t-il un avant et un après référendum ? Xavier Bettel assurait que non, alors que ses principaux adversaires au CSV lui demandent de tirer les conséquences politiques de la vague de « Nee ». Les quelque 20 % de Luxembourgeois du « Jo », pour lesquels l’octroi du droit de vote est « une évidence », sonnés par le résultat du vote du 7 juin, alors que l’appel au « oui » n’avait jamais obtenu autant de soutiens dans la société civile (Église, syndicats, patronat), montrent combien le décalage est profond entre l’élite intellectuelle et cosmopolite du pays et le reste de la population. « Le Luxembourg a inscrit un but dans son propre camp », faisait observer un partisan du « oui » sur les réseaux sociaux. Sur ces derniers, dès les résultats connus le dimanche soir, les messages « I am 20 % » ont remplacé ceux de Charlie dans l’esprit du 7 janvier dernier. Aussitôt le résultat officiel annoncé, Xavier Bettel rappelait le rendez-vous des Luxem bourgeois en 2017, plus probablement 2018, pour le deuxième référendum de la législature : ils seront alors appelés à se prononcer sur la nouvelle constitution luxembourgeoise, censée incarner l’évolution à marche douce du Luxembourg vers la modernité. Mais quel texte sortira des travaux de la commission de révision constitutionnelle, alors que les pétitions de citoyens polluent la Chambre des députés avec des revendications et initiatives
Résultats en chiffres NON OUI Droit de vote à 16 ans 19,13 80,87
Limitation des mandats des ministres 30,07 69,93
Vote des étrangers (pays) 21,98
28,03 % au Centre
78,02
71,97 % au Centre
Aperçu du vote par commune pour le droit de vote élargi aux résidents étrangers (%) Luxembourg-ville
Niederanven
32,99 67,01
29,27 70,73
Strassen
Walferdange
28,57 71,43
28,33 71,67
Kopstal 28,92
Esch-sur-Alzette 24,56
71,08
75,44
Schengen
Betzdorf
19,32 80,68
25,19 74,81
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Économie & Politique L’après-référendum populaires aussi fantaisistes que l’octroi de droits juridiques aux chiens et aux chats ? Et pourquoi pas alors, comme en plaisantent certains observateurs de la vie politique, un passage obligatoire par un paquebot de la « Paischt Croisière » et l’étalage de sa bedaine sur le site de RTL.lu pour mesurer son degré d’acculturation et a fortiori mériter le droit à l’obtention de la nationalité luxembourgeoise ? « Oui, il y aura un après référendum, car il n’y aura plus de référendum », assurait dimanche un ancien ministre libéral pour lequel il s’agit maintenant de trouver une voie de sortie, pourquoi pas même à reculons. « L’après sera terrible, car je ne vois pas de moyens assez efficaces pour élargir la base électorale », poursuivait-il. Il y a bien sûr d’autres options moins ambitieuses pour intégrer les étrangers, comme celle d’une réforme de la loi sur la nationalité, qui fut ouverte en 2008 et avait permis la double nationalité. Depuis l’introduction de ce texte (entre 2009 et 2013), près de 20.000 personnes ont adopté la nationalité luxembourgeoise et plus de 16.000 d’entre elles ont pu se rendre aux urnes dimanche 7 juin. Trois jours après le référendum, les membres de la commission des institutions devaient se réunir pour remettre la réforme sur la table et boucler un projet de loi avant la fin de l’année pour le faire passer à la Chambre « avant deux ou trois ans », selon le président de la fraction DP, Eugène Berger.
RÉFORME DE LA LOI SUR LA NATIONALITÉ Pour montrer son gage en faveur de l’intégration des étrangers, par la nationalité et non pas par des critères de durée de résidence, le président de la fraction CSV, Claude Wiseler, avait déposé en février dernier une proposition de loi devant assouplir les critères d’octroi de la nationalité par rapport à la législation de 2008. Un texte qui allait encore plus loin que celui que l’ancien ministre de la Jus tice CSV, François Biltgen, avait déposé en avril 2013 à la Chambre des députés, peu avant de quitter la scène politique pour la Cour de justice européenne. Même si le texte de Biltgen est estampillé du sceau des chrétiens-sociaux, relégués dans l’opposition, rien ne s’oppose à ce que la copie soit amendée. Cela permettrait à la fois de gagner du temps, mais aussi de mesurer la sincérité des dirigeants du parti chrétiensocial à poursuivre l’approfondissement de l’intégration des étrangers. Car dans sa proposition de loi, le président de la fraction CSV écrivait de façon équivoque que « le droit de vote, contrairement aux affirmations de certains défenseurs, n’apparaît pas comme le meilleur outil pour favoriser l’intégration des étrangers et les amener à participer à la vie politique et à façonner l’avenir du pays ». La proposition Wiseler s’appuie sur cinq piliers : réduction de la condition de résidence
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▲ Dès l’annonce des résultats, Xavier Bettel a accusé le coup mais a rappelé le rendez-vous en 2017 pour le deuxième référendum de la législature, sur la nouvelle constitution luxembourgeoise.
de sept à cinq ans ; acquisition de la natio nalité par le mariage ; accès à la nationalité luxembourgeoise de plein droit à leur majorité pour les enfants nés au Grand-Duché de parents étrangers (en introduisant ainsi un élément du droit du sol) ; abaissement du niveau de connaissance requis en langue luxembourgeoise (A2 pour l’oral au lieu du niveau B1) et dispense linguistique pour les personnes ayant résidé 20 ans au pays. Les Luxembourgeois du « non » se refu sent à ce que leur geste, ample et lourd, soit vu comme une manifestation de chauvinisme et la majorité gouvernementale ne veut pas interpréter ce score spectaculaire et inattendu comme la démonstration d’un désaveu. « Le niveau élevé du 'non' n’est pas un vote sanction contre le gouvernement », a dit Étienne Schneider.
DÉRIVE POPULISTE AU CSV Il faudra tout de même que les uns et les autres endossent leurs responsabilités : les Luxembourgeois pour ne pas avoir tendu la perche aux étrangers ; mais aussi les partis de la coalition, malgré leur dénégation, pour l’échec d’une campagne pour le « oui » décousue, mal préparée et peu coordonnée. Car, face à ce défi énorme représenté par les trois questions (outre le vote des étrangers, l’abaissement à 16 ans de l’âge minimal pour voter et la limitation des mandats de ministre à 10 ans ont été rejetés dans une aussi large proportion), le gouvernement (même si officiellement l’initiative venait de la Chambre des députés) ne s’est pas donné les moyens ni le temps d’expliquer le problème et les solutions
qu’il proposait aux Luxembourgeois. « Il n’y a eu tout simplement personne pour s’occuper de ce référendum. Et pendant des mois », explique un observateur de la scène politique en dénon çant l’absence de coordination de la campagne entre les trois partis de la majorité. Il y a tout lieu de craindre que ce degré d’improvisation pollue les autres réformes annoncées pour cette législature. Le CSV, qui avait prescrit la ligne du trois fois « non », ne sort pas non plus grandi de l’affaire. Car au-delà de l’exercice rhétorique auquel se sont livrés Marc Spautz son président, et son prédécesseur Michel Wolter en demandant la démission du Premier ministre, on retiendra de ce parti sa dérive populiste qui fait craindre pour le sort de sa branche plus « libérale » incarnée par Claude Wiseler. Dans un accès de testostérone, Marc Spautz, triomphateur et revanchard au soir du 7 juin, ne s’est pas privé d’invectiver la « Bischofsblatt » (c’est-à-dire le Luxemburger Wort), qui avait pris position pour le « oui » au droit de vote des étrangers, et son alliance « à côté de la plaque » avec la presse intellectuelle de gauche. Le président du CSV s’en est pris aussi à ses anciens collègues du LCGB, auxquels il reproche de ne pas avoir senti le pouls de l’électorat. Plus rien n’empêche Marc Spautz d’exploiter la vague populiste que les partisans du « Nee » ont lancée pendant la campagne, et de se positionner comme l’homme providentiel au CSV pour reconquérir le pouvoir en 2018. « C’est un discours dangereux », prévient un sympathisant chrétien-social, à l’heure où il s’agit plutôt de réconcilier les Luxembour geois avec les non-Luxembourgeois et non d’encourager le communautarisme. ◄ En résumé Vote sanction contre le gouvernement ou manifestation du malaise des Luxembourgeois face à une population étrangère qui gagne en importance économique, mais reste privée de participation politique ? Une analyse des conséquen ces de la déferlante du « non » à près de 80 % sur le vote des résidents non luxembourgeois.
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02 Carte bleue pour sang frais ► Pendant européen de la green card américaine, la blue card vise à attirer des travailleurs très qualifiés issus de pays tiers. ► Au Luxembourg, le précieux sésame est particulièrement prisé de l’ICT. Le niveau de salaire requis passera prochainement d’un ratio de 3x le salaire moyen à 1,2x. ― Texte : Florence Thibaut
Créée dans le sillage du traité de Lisbonne, la carte bleue européenne est un titre de séjour uniquement délivré à des professionnels spécialisés dans des métiers en pénurie. Son objectif, à travers l’Espace économique européen (l’UE, plus la Suisse et les pays scandinaves), est de faciliter l’établissement de travailleurs en provenance du monde entier. Au Luxembourg, ce laissezpasser cible particulièrement les profils ICT, recherchés en permanence. Parmi les conditions géné rales, il faut notamment un con trat de travail et un diplôme de l’enseignement supérieur ou attes ter d’une expérience professionnelle ciblée d’au moins cinq ans.
Pour 2014, le ministère des Affaires étrangères et de l’Immigration compte 261 premières cartes délivrées et 219 renouvel lements. En 2015, il y a déjà 135 premières délivrances et 86 dossiers de renouvellement. « Jusqu’à présent, le niveau de salaire requis a été dissuasif. La blue card a surtout concerné des spécialistes très poussés. Chez Post Telecom, par exemple, sur 150 personnes, ce cas de figure ne concerne que deux spécialistes sécurité, respectivement jordanien et finnois », souligne Nico Binsfeld, membre du conseil d’administration de l’ICT Luxembourg depuis juillet 2014, en charge du volet formation.
Symbole fort, le ministère de l’Économie s’est engagé à réduire le seuil salarial fixé jusqu’ici à 3x le salaire moyen. C’est chose faite depuis l’arrêté du gouvernement en conseil du 22 mai dernier, qui fixe un multiple de 1,2. Dans le cas d’un métier pour lequel un besoin particulier a été constaté, le salaire minimum passera de 55.886,40 à 57.556,80 euros par an. Le Mémorial du 2 juin précise que huit professions liées au secteur des télécoms et des TIC sont plus spécifiquement concernées : mathématicien, actuaire et statisticien ; analyste de systèmes ; con cepteur de logiciels ; programmeur d’applications ; concepteur de sites internet et multimédia ; spécialiste de bases de données ; administrateur de systèmes et spécialiste réseaux. À ce stade, il n’est pas encore prévu d’étendre la mesure à d’autres secteurs. Pour Nico Binsfeld, la nouvelle mouture de la carte bleue pourrait permettre de recruter davantage d’informaticiens « moyens » hors UE. « Les besoins de maind’œuvre se font sentir à tous les niveaux, des développeurs Java aux spécialistes mobilité ou virtualisation. Nous n’avons pas seulement des postes à pourvoir pour les top spécialistes. Abaisser le seuil minimum facilitera l’accès à de nombreux profils, en particulier aux fonctions intermédiaires.
Pour Nico Binsfeld : « On ne vise pas assez les maillons situés entre les techniciens et les ingénieurs universitaires. » ▼
On ne vise pas assez les maillons situés entre les techniciens et les ingénieurs universitaires. C’est pourtant indispensable pour le développement du secteur dans son ensemble. Un programme comme Digital Lëtzebuerg se nourrit de compétences pas toujours présentes localement. Je pense qu’il faudra aller de plus en plus loin pour les trouver. La Grande Région ne suffit plus. » Des pays francophones comme le Maroc ou la Tunisie pourraient désormais être des zones de recrutement fructu euses. « Le potentiel est de taille. Il ne faut pas oublier que le salaire moyen y est très faible. Les jeunes ingénieurs marocains gagnent environ 300 euros par mois. Malgré les nouveaux critères salariaux, le décalage reste important. La Hongrie est aussi une pépinière de talents multilingues peu exploitée. » Des commerciaux luxembourgeois ou germanophones sont également difficiles à débusquer. « C’est un pas dans la bonne direction, mais on pourrait faire bien plus, notamment dans le domaine de la promotion de la Place à l’étranger. Nous sommes loin d’avoir exploité toutes les bonnes pistes en Europe. Aucun organisme, privé ou public, ne s’intéresse, par exemple, à la Slovénie ou à la Hongrie. Ce sont pourtant des zones prometteuses. » Seule, la blue card ne suffira pas à combler les trous d’expertise pour développer le plein potentiel de secteurs comme les fintech. « Le modèle ICT grandducal a bien fonctionné jusqu’à présent. Il atteint une limite à cause du manque de ressources. Il est urgent de créer et garder de la valeur ici. Nous avons déjà pris du retard dans le développement de certains secteurs. » Il reste un gros travail à effectuer dans la formation, ici. « La priorité est d’expliquer aux lycéens que l’IT peut être une belle carri ère, afin qu’ils n’aspirent plus tous à être fonctionnaires. Un projet comme ‘Digital4Education’ est un bon signal, même s’il aurait pu venir plus tôt. On commence à ressentir une volonté d’agir, c’est encourageant. » Des enjeux comme l’encadrement juridique du télétravail ou les problèmes d’imposition que connaissent certains sont d’autres défis à relever pour attirer du sang frais. ◄ En résumé L’abaissement du seuil salarial attaché à la carte bleue européenne est une bonne nouvelle pour le secteur ICT. Huit métiers seront ouverts à un afflux de spécialistes en provenance de zones hors UE.
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― Juillet / Août 2015
PHOTO : BLITZ (ARCHIVES)
Économie & Politique Ressources IT
Économie & Politique Climat
03
PHOTO : GAËL LESURE (ARCHIVES)
Paris pour l’avenir
► Une nouvelle conférence décisive sur le climat se tiendra en décembre prochain dans la Ville Lumière. ► Assurant la présidence tournante du Conseil de l’UE, le Luxembourg coordonnera la position européenne. ― Texte : Jean-Michel Lalieu
« Les gens agissent de leur côté pour prendre des mesures en faveur de la planète. » Julian Gretsch Coordinateur de la campagne internationale Climat (Greenpeace)
Après Kyoto, Paris deviendra-t-elle la référence mondiale pour la lutte contre le réchauffement climatique ? Les dirigeants de 195 États s’y rendront en tout cas du 30 novembre au 11 décembre prochains, dans le cadre de la 21e Conférence des parties (Cop 21), avec comme objectif de conclure un premier accord universel et contraignant qui serait applicable après 2020. Un rendez-vous qui a donc pour enjeu de sortir de manière ambitieuse de la période Kyoto, entamée en 2005 et qui prévoyait que les États industrialisés prennent à leur charge l’essentiel de la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) par une politique de quotas. L’ère Kyoto se terminera en 2020. Avec un constat d’échec dans la mesure où, à part l’Union européenne qui veut toujours se montrer à l’avant-garde sur le dossier climat, aucune autre grande nation industrialisée ne fait encore d’efforts notables pour tenter de limiter le réchauffement de la planète. Du moins de manière officielle. « Depuis l’échec de Copenhague, en 2009, on n’a effectivement pas vu beaucoup de progrès au niveau des accords politiques, note Martina Holbach en
▲ Sous le ciel luxembourgeois, pas le plus chargé, le paysage industriel a changé mais les transports restent un facteur préoccupant.
charge de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Luxembourg. Mais ça ne veut pas dire qu’il ne se passe rien. On voit notamment des développements intéressants en Chine (devenue le premier pollueur de la planète, ndlr) pour réduire l’usage du charbon au bénéfice d’énergies moins polluantes. » Premier résultat : les émissions globales de GES n’ont pas augmenté en 2014.
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Économie & Politique Climat Greenpeace fait aussi le constat que, s’il reste très difficile d’obtenir des accords ambitieux au niveau des États, les citoyens sem blent avoir pris le pouvoir pour faire évoluer la situation dans la bonne direction. « Con scients qu’ils ne peuvent plus attendre que le politique s’accorde sur des objectifs, les gens agissent de leur côté pour prendre des mesures en faveur de la planète, c’est vraiment le people power », note Julian Gretsch, coordinateur de la campagne Climat pour Greenpeace au niveau international. L’ONG environnementale note aussi que de plus en plus d’investisseurs font eux aussi le choix de ne plus investir dans des entreprises qui privilégient les énergies fossiles ou le nucléaire. « Au niveau du Luxembourg, nous voulons convaincre le Fonds de compensation (qui gère la réserve de la Caisse nationale d’assurance pension, ndlr) de ne plus investir non plus dans ce type d’industries », poursuit Martina Holbach. Pour le Luxembourg, la conférence de Paris aura une consonance particulière. Le pays se prépare en effet à endosser la présidence tournante du Conseil de l’UE pour le second semestre 2015 et devra, à ce titre, coordonner la position européenne lors de la conférence de Paris. Lors de son discours sur les priorités de la présidence luxembourgeoise, au début du mois de juin, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a assuré que « la présidence luxembourgeoise préparera un mandat de négociation ambitieux (…). Elle mettra par ailleurs un accent particulier sur la question du financement climatique ».
RATTRAPER LE RETARD La position du Luxembourg est toutefois délicate : le pays est loin d’être considéré comme le meilleur élève de la classe européenne par rapport aux objectifs de Kyoto. Avec des émissions de GES de 11,4 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2013, le GrandDuché n’est responsable que de 0,3 % des émissions des 28. Mais selon le dernier rapport de l’Agence européenne pour l’environnement, en octobre 2014, avec une part des énergies renouvelables de 3,1 % dans la con sommation totale d’énergie en 2012, le pays pointe à l’avant-dernière place européenne et, menace l’agence, risque ne pas atteindre son objectif qui est de 11 % en 2020. « Au niveau des énergies renouvelables, une redynamisation est en cours, nous expli que la ministre de l’Environnement Carole Dieschbourg. De nombreux dossiers d’autori sation pour éoliennes sont en phase de déblocage, plusieurs grands projets de plusieurs MW sont en cours de réalisation et amélioreront notre bilan national en matière d’énergies renouvelables. » Elle pointe aussi la préparation d’un Plan national éoliennes (localisation des sites à privilégier) et la préparation, en coopération avec le ministère de l’Économie, d’un nouveau régime de subventionnement dans le domaine du photovoltaïque.
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L’Agence européenne pour l’environnement note aussi le fait que la moitié des émissions luxembourgeoises vient du transport et que, dans ce secteur, 70 % sont liés à l’exportation de carburant vu la faible taxation en vigueur. Mais les émissions des transports domestiques ont aussi augmenté et la moyenne des émissions des nouveaux véhicules enregistrés reste élevée. Carole Dieschbourg s’en dit consciente et note que différents changements sont en cours. « Je pense notamment à la réalisation du projet de tram et au soutien de la mobilité douce. Mais nous menons aussi une étude sur l’impact budgétaire et écologique du ‘tourisme à la pompe’, qui devrait sortir au plus tard à l’automne et doit mener à une réflexion sur l’introduction éventuelle d’une dose de fiscalité verte dans notre régime fiscal. »
195 ÉTATS CONCERNÉS Contrairement au protocole de Kyoto, la conférence de Paris espère obtenir un accord ambitieux de la part de l’ensemble des pays participants et pas seulement des pays les plus industrialisés. Chaque pays devant proposer sa contribution sur base volontaire, l’Union européenne s’est déjà accordée, lors du sommet de Bruxelles des 23 et 24 octobre 2014, sur un objectif contraignant de réduction des émissions de GES de 40 % d’ici 2030 avec comme base de référence l’année 1990. Mais quant à l’effort qui devra être fait par le Luxembourg et selon quelles voies, on n’en sait encore rien. Ces discussions n’interviendront qu’à partir de 2015. « Les objectifs ne seront réalistes que s’il y a cette fois une véritable action internationale et plus de l’UE seule », lance René Winkin, secrétaire général de la Fedil. Il s’inquiète notamment d’un traitement équitable entre les industries concernées par ces mesures, notamment les quotas de CO2 qui risquent de coûter plus cher en se raréfiant. « Il ne faut plus que les industries européennes soient les seules à devoir intégrer ces coûts, sinon on assistera à des vagues de délocalisation », menace-t-il. Du côté d’ArcelorMittal, fortement exposée au système des quotas et tout autant critiquée par sa gestion, on préfère ne pas s’exprimer pour l’instant. Mais au nom du secteur, René Winkin pointe qu’il n’y a pour l’instant que les entreprises européennes qui sont confrontées à l’incertitude quant à la politique climatique et que ce climat « détériore la volonté d’investissement pour les secteurs fortement exposés ». Alors que des décisions à l’échelle globale pourraient réellement doper la recherche de solutions technologiques. Jusqu’à présent, un optimisme modéré est de rigueur, même s’il est déjà clair que l’accord éventuel obtenu à Paris sera moins ambitieux que ce qu’il devrait être. ◄ En résumé Début décembre, Paris accueillera une conférence capitale pour le climat. Le Luxembourg coordonnera la position européenne, avec l’ambition d’un accord mondial qui laisserait l’Europe moins seule dans le combat contre le réchauffement.
En pratique
Une Cop, pour quoi faire ?
La conférence de Paris est présentée comme un rendez-vous à ne pas rater pour limiter la hausse des températures. Conclusion d’une bataille vieille de plus de 20 ans ? Chaque année, depuis le Sommet de la terre de Rio de 1992, les États concernés par la lutte contre le réchauffement climatique se réunissent une fois par an pour un sommet mondial afin de dégager des pistes de solutions. Ces Conférences des parties (Cop) à la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique ont connu des temps forts, comme à Kyoto en 1997, mais aussi des échecs cuisants comme à Copenhague, en 2009, où tous les espoirs d’un aprèsKyoto avaient été déçus. Depuis, l’échéance a été reportée vers la conférence de Paris de décembre 2015, qui sera la 21e de ce type. Elle réunira 195 États et accueillera 40.000 personnes (experts, politiciens, ONG, syndicats, médias, etc.). Son objectif est de conclure un premier accord universel et contraignant qui viendrait remplacer le protocole de Kyoto à partir de 2020. L’objectif reste le même : limiter la hausse des températures de 2 °C à la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle. Dans le cadre de Kyoto, seuls les pays industrialisés, considérés comme les responsables de la dégradation des conditions environnementales, ont été poussés à faire des efforts. À Paris, tous les pays sont concernés. Et d’ici octobre, on attend de tous qu’ils fassent part de leur volonté de contribuer à la tâche. À Copenhague, les pays développés se sont quand même engagés à alimenter le Fonds vert pour le climat des Nations unies à hauteur de 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à contrer les phénomènes de dérèglement du climat et à s’engager sur la voie du développement durable. En pratique, peu de moyens ont été réellement mis sur la table jusqu’à présent. Paris devra là aussi faire un grand pas en avant par rapport aux pays du Sud qui sont les premières victimes climatiques. J.-M. L ◄
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Économie & Politique TVA et numérique
04 Commerçant en ligne,
contribuable européen
― Texte : Alain Ducat
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― Juillet / Août 2015
La Commission européenne confirme sa marche en avant stratégique, sur la voie de l’établissement d’un marché unique numérique. Aussi, quand le président Jean-Claude Juncker se fait le porte-parole de nouvelles intentions de « se pencher sur la question du traitement fiscal de certains services électroniques tels que les livres électroniques et les publications en ligne, dans le cadre de la réforme générale de la TVA », les acteurs concernés tendent l’oreille. A fortiori au Luxembourg, qui avait dû faire marche arrière, tancé par la justice européenne et cette même Commission, après avoir mis en place une TVA super-réduite pour les e-books, à la même hauteur que pour les livres classiques. Quand Jean-Claude Juncker dit que la Commission « fera en 2016 une nouvelle pro position » pour une TVA adaptée aux livres numériques, il ajoute que, pour lui, les nouvelles règles devront être « technologiquement neutres ». L’esprit est clair : il faut permettre
▲ Amazon, depuis Luxembourg, jette des ponts vers les autres ancrages européens de son business numérique.
de réduire le taux appliqué au livre numérique et à la presse en ligne. Cette fois, la Commission Juncker a un argument con temporain, alors que la législation actuelle repose sur la directive TVA de 1991, une époque où le livre électronique, pour le coup, était d’autant plus virtuel qu’il n’exis tait pas sur le marché. Entre autres commentaires, Jean-Claude Juncker signalait, en mai dernier : « La précédente Commission ne s’est pas aperçue qu’il y a eu une petite révolution depuis. Alors cela sera changé. » Il s’est également dit conscient de la vitalité de l’édition numérique et s’est dit « convaincu que la Commission doit se saisir politiquement de ce thème et avoir du courage en la matière ».
PHOTO : JESSICA THEIS (ARCHIVES)
► Selon le président Juncker, la Commission reviendra en 2016 avec une nouvelle fiscalité pour les e-books, dans une stratégie menant au marché unique européen. ► D’ordinaire discret, Amazon applaudit depuis Clausen et confirme par ailleurs organiser ses structures pour payer des dus fiscaux hors du Luxembourg.
Économie & Politique TVA et numérique Pour le président luxembourgeois, que d’aucuns ont parfois accusé de faire le jeu des géants du e-commerce, et singulièrement d’Amazon et autres multinationales ayant choisi de s’implanter au Grand-Duché sous son ère, c’est bien évident : « Que le contenu soit lu sur papier ou en version numérique ne fait pas de différence. » C’était, en substance, l’argument que faisait valoir l’État grand-ducal dans son bras de fer avec l’Europe, qui a fini par lui interdire la TVA à 3 %, appliquée depuis décembre 2011 au livre numérique.
UN GÉANT EN FILIGRANE Dans ce combat, le Luxembourg avait la France pour premier allié. Aujourd’hui, la Commission revient avec l’idée de combler le vide et d’adapter le marché aux réalités numériques. Et, bien évidemment, le secteur est à l’écoute. « Amazon se félicite de l’annonce du prési dent de la Commission », a immédiatement fait savoir le QG européen du géant de Seattle, installé avec tout son staff à Luxembourg, via un communiqué. Comme Amazon est avare de communication, c’est un fait à souligner d’autant plus. « Comme beaucoup de nos clients, nous pensons que les livres devraient être soumis à la même taxe sur la valeur ajoutée, quel que soit le format de leur publication », indique le porte-parole d’Amazon Europe. Derrière la réaction, ciblée, du géant du e-commerce, il y a aussi une nouvelle volonté de semi-transparence. Les hasards du calendrier ont voulu que, quelques jours après la sortie de la Commission sur la TVA numéri que, saluée par Amazon, une partie de la presse européenne révèle que l’entreprise de Jeff Bezos modifiait sa stratégie multinationale d’évitement fiscal, en déployant de nouvelles structures, en Allemagne, au Royaume- Uni, en Espagne et en Italie pour y enregistrer le fruit de ses ventes locales.
« Que le contenu soit lu sur papier ou en version numérique ne fait pas de différence. » Jean-Claude Juncker (Président de la Commission)
Amazon
La France, prochaine sur la liste Quand plusieurs médias européens se sont fait l’écho de la « nouvelle stratégie » déployée par Amazon, s’acquittant désor mais d’impôts là où il était volontiers accusé de réserver sa manne négociée à son siège luxembourgeois, Paperjam a sollicité les responsables d’Amazon Europe, à Luxembourg. Ceux-ci ont rapidement souligné que la décision d’ouvrir des filiales européennes hors du pays ne datait pas de la veille. « Nous avons débuté le
processus d’établissement de succursales locales d’Amazon EU sàrl depuis plus de deux ans », précisait le siège d’Amazon. La firme comptabilise, depuis le 1er mai, les ventes relatives à différents marchés dans le pays concerné, à savoir l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie. Et l’Hexagone est le suivant sur la liste : « Amazon travaille à l’ouverture d’une branche dédiée en France », précisait notre interlocuteur. A. D. ◄
Commission européenne
415 milliards d’euros Selon la Commission qui a étudié les perspectives d’un marché numérique unique, seuls 15 % des consommateurs effectuent des achats en ligne dans un pays de l’UE autre que le leur. De même, les entreprises du web ne peuvent pas tirer le meilleur parti des possibilités de la croissance en ligne : 7 % des PME seulement vendent à l’étranger. Il faudrait donc « faire tomber les obsta cles d’ordre réglementaire et faire enfin des 28 marchés nationaux un marché unique », note la Commission Juncker, dans une déclaration datée du 6 mai dernier. « Un marché unique numérique totalement opérationnel pourrait représenter une contribution de 415 milliards d’euros par an pour notre économie et créer des centaines de milliers de nou-
Cette nouvelle cartographie fiscale faisaitelle peser un risque sur la base luxembourgeoise ? A priori non. D’abord parce que la fiscalité indirecte sur le commerce électroni que est une chose, intimement liée au lieu de l’achat désormais, et que les bénéfices conso lidés, le cas échéant centralisés au Luxem bourg, en sont une autre. Ensuite parce qu’Amazon a d’emblée tenu à justifier la manœuvre par un examen régulier de ses structures « afin de s’assurer que nous pouvons servir (nos) clients aussi bien que possible ». Optimiser la relation client, cela relève de la vente locale, pas de la gestion des bénéfices globaux… D’aucuns y voient néanmoins une réponse aux pressions récurrentes des autorités nationales, en Angleterre ou en France par exemple, pour percevoir tout ou partie des recettes fiscales du leader du e-commerce qui bénéficie – légalement – d’une imposition favorable au Luxembourg, où est logé l’ensemble de son business européen.
veaux emplois. » Le plan de la Commission s’appuie sur trois piliers : 1) Améliorer l’accès aux biens et services numériques dans toute l’Europe pour les consommateurs et les entreprises ; 2) Créer un environnement propice et des conditions de concurrence équita bles pour le développement des réseaux et services numériques innovants ; 3) Maximiser le potentiel de croissance de l’économie numérique. « Nous jetons aujourd’hui les bases de l’avenir numérique de l’Europe. Je veux voir des réseaux de télécommunications à l’échelle du continent, des services numériques qui franchissent les frontières et une vague de start-up européennes innovantes », clame Jean-Claude Juncker. A. D. ◄
La nouvelle donne amazonienne serait alors un signal à l’égard des autorités européennes désireuses de mieux encadrer, notamment via une directive qui devrait entrer en vigueur l’année prochaine, les « rescrits » fiscaux (les fameux rulings). Au Luxembourg, nul n’a manifestement tremblé sur ses bases. Rien n’est sorti des coulisses du gouvernement ou du ministère de Pierre Gramegna. Amazon a bel et bien élu domicile européen depuis une dizaine d’années au GrandDuché pour des opérations à valeur ajoutée. Et les embauches se poursuivent, avec une quarantaine de postes ouverts, en plus du millier de personnes déjà présentes au Grund, à Clausen ou au Kirchberg. ◄ En résumé La Commission Juncker a lancé la révolution numérique et un plan pour organiser un marché unique dans un secteur porteur. Une nouvelle fiscalité pour les e-books est dans les tuyaux. Ce qui réjouit notamment Amazon, qui organise par ailleurs ses structures pour payer aussi des taxes hors du Luxembourg.
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Économie & Politique Promotion dans l’Hexagone
05 Un Paris-Nice pour relancer le cycle
► Le Business Club FranceLuxembourg est né : les échanges entre les deux pays sont déjà nombreux, mais peuvent être dopés par de nouveaux acteurs. ► Après un crochet par la capitale, une mission sur la Côte d’Azur sera VIP à Innovative City.
La visite du président François Hollande en mars dernier a remis en lumière des liens économiques déjà solides entre la France et le Luxembourg. Mue par les services des Affaires étrangères et de la Chambre de commerce notamment, une nouvelle plateforme s’appuie sur les échanges qui ne demandent qu’à se développer. L’engouement est immédiat pour ce Business Club FranceLuxembourg (BCFL). Ce 24 juin, à Paris, il sera inauguré officiellement avec, en marge de la célébration décalée de la fête nationale grand-ducale, la mise en ligne du site BCFL.fr, parrainée notamment par Xavier Bettel. Ce club, qui se veut très pragmatique, est né devant notaire le 25 mai et, déjà, les membres se pressent au portillon. Sa secrétaire générale s’en réjouit : Laurence Sdika porte la double casquette de l’attachée éco nomique et commerciale à l’ambassade du Grand-Duché de Luxembourg en France. Et elle a pour mission de porter dans l’He xagone le dynamisme luxembourgeois, de « décomplexer la relation » entre les deux pays – pas exempte de caricatures à la vie dure voire de bashing à combattre – et d’ins taller une image affinée du Luxembourg, conforme à un nation branding qui se construit. Après des séminaires et des événements d’échanges, au Luxembourg et en France, le tissu entrepreneurial s’est nourri de nouveaux contacts et de nouvelles synergies. « L’idée est vraiment de susciter un engagement réel et de créer une communauté très concrète et représentative du business, tous secteurs confondus. Les conditions pour deve nir membre tiennent compte, statutairement, d’un lien existant ou sérieusement envisagé », souligne Laurence Sdika. Géographiquement et stratégiquement, on notera que, sur le versant français du partenariat, Monaco est couverte par la mission de représentation diplomatique et économique. Et que, par exemple, le club a déjà
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▲ La visite de François Hollande, en mars dernier, a servi de catalyseur.
attiré une demande suisse, en lien avec la France et le Luxembourg. Ce n’est pas la seule initiative en cours. Juste après l’inauguration parisienne, une délégation du BCFL mettra le cap sur la Côte d’Azur pour rejoindre la mission économique pilotée (les 25 et 26 juin) par la Chambre de commerce et à la tête de laquelle se trouvera Francine Closener, secrétaire d’État à l’Économie. Si la région niçoise est ciblée, c’est aussi parce que l’agence de développement Team Côte d’Azur est associée à l’organisation. La délégation luxembourgeoise aura d’ailleurs un statut d’invité VIP au salon Innovative City. Une série de visites d’entreprises azuréennes devrait confirmer la thématique « smart » et concerner des acteurs luxembourgeois en quête de synergies hexagonales ou plus lointaines (la côte attire, elle ouvre sur la mer, et l’océan sur le monde), dans des secteurs variés – ICT, écotechnologies, automotive, design industriel, santé ou logistique entre autres. Les aspirations semblent assez partagées. Team Côte d’Azur se veut une agence fédé ratrice de business, associée à des organes comme le parc technologique Sophia Antipolis
(Antibes) ou la métropole Nice-Côte d’Azur et son eco-vallée branchée high-tech. En bonne intelligence, il y a sans doute de quoi faire pour plus d’un acteur luxembourgeois. Comme les relations économiques sont déjà nombreuses sur le terrain (l’industrie luxembourgeoise qui a poussé une pointe en France ou les entrepreneurs français qui ont trouvé des débouchés au Grand-Duché), et vu les perspectives multiples à explorer, il faut relancer le cycle. Le BCFL compte donner les impulsions nécessaires. On notera au passage que sa gouvernance se veut équilibrée : le président, issu des membres élus, est Christopher Baldelli (président du directoire de RTL France) ; il est entouré des vice-présidents Marc Poncé (CEO de Sodexo Luxembourg), Paul Dühr (ambassadeur du Luxembourg à Paris) et Carlo Thelen (directeur général de la Chambre de commerce). Parmi les administrateurs, on compte aussi Nick Stubbs (CEO de SES Astra France), François Rémy (directeur général d’Auchan Luxembourg) et Robert Dennewald, entre autres président de la Fedil. Il peut même s’appuyer sur des « ambassadeurs » de prestige, avec des membres d’honneur comme le prince Jean de Luxembourg ou Stéphane Bern. ◄ En résumé Déjà très nourris dans les faits, les échanges économiques entre Luxembourg et France connaissent une relance. Le Business Club France-Luxembourg est né. Une mission économique va aussi explorer la Côte d’Azur et, en particulier, Innovative City à Nice.
PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER
― Texte : Alain Ducat
Économie & Politique Des réseaux complémentaires
06 Génération entreprenante ► De l’idée à l’embauche du premier employé, l’entrepreneuriat doit être accompagné à tous les échelons. ► Jonk Entrepreneuren, Jong Handwierk et la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise agissent sur des cibles différentes, mais se complètent et partagent les objectifs. ― Texte : Thierry Raizer ― Photos : Benjamin Champenois
Ils ont 34 ou 35 ans et ils font partie de cette génération qui a connu la crise, a dû composer avec une économie globalisée et a appréhendé une communication 2.0. Représentant les Jonk Entrepreneuren Luxembourg ( JEL), Jong Handwierk et la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise, ces jeunes responsables s’adressent chacun à des cibles particulières, mais complémentaires. Malgré une forme de continuité dans leurs démarches, les actions n’étaient pas forcément coordonnées. Mais une envie d’agir ensemble, voire de mutua liser les efforts, est désormais réelle, d’autant que les atomes sont crochus entre les principaux concernés. « La question des compétences est un enjeu central, déclare Jacques Constantin, président de Jong Handwierk et patron de l’atelier de menuiserie design
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éponyme. Or, si l’on veut susciter des vocations, l’orientation scolaire doit être adaptée aux métiers tels qu’ils se pratiquent actuellement. La volonté des enseignants est souvent présente, mais les moyens dont ils disposent ne sont pas toujours adaptés. » Les trois organismes veulent encourager l’esprit d’entrepren dre dans un Luxembourg où il n’est pas forcément là par défaut. Leur motivation trouve aussi sa justification dans le besoin intrin sèque de l’économie de voir la population des patrons se renouveler. Selon Jong Handwierk – qui regroupe quelque 130 entreprises (les membres ne doivent pas avoir plus de 40 ans) sous l’égide de la Chambre des métiers –, 1.500 entreprises artisanales chercheront un repreneur dans les 10 ans à venir. « Nous voulons être fédérateurs via des activités de networking
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▲ Stéphanie Damgé, Jérôme Wiwinius (à gauche) et Jacques Constantin (au centre) représentent, au-delà de trois associations actives auprès des jeunes entrepreneurs, une génération qui bouge.
ou des voyages d’étude, ajoute Jacques Constantin. Nous essayons de trouver des repreneurs pour des entreprises plutôt que les laisser s’éteindre. Nous échangeons pour créer des synergies entre des petites équipes qui, en s’alliant, peuvent se consacrer à des chantiers plus importants. » L’asbl Jonk Entrepreuneren Luxembourg ( JEL) agit en amont. Issue, depuis 10 ans, d’un partenariat public-privé, elle dispose d’une bonne visibilité auprès du grand public via ses différentes
activités qui concernent quelque 9.000 jeunes par an. Avec quatre salariés, l’action la plus connue, les « mini-entreprises », permet aux lycées de mener leur propre projet, de A à Z, durant une année scolaire. Les 11 programmes de JEL se réalisent aussi grâce à l’aide de 300 volontaires issus du monde professionnel pour accompagner les entrepreneurs en herbe et leurs idées. « Nous contribuons à leur faire découvrir les possibilités qui existent en devenant des entrepreneurs, déclare Stéphanie Damgé, directrice de JEL. Il y a certainement un gap à combler entre le système éducatif et le monde professionnel. Or ces deux mondes doivent se rapprocher pour donner envie aux jeunes d’entreprendre. Le rôle des parents est aussi primordial. » Cette vision est aussi à l’agenda de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise qui regroupe 135 membres actifs et 250 anciens (la limite d’âge est fixée à 45 ans). Elle a pour objectif de « contribuer par tous les moyens à faciliter et à renforcer l’accomplissement efficace des fonctions patronales dans les domaines économique et social », dit l’association créée en 1977. « Nous nous rapprochons du monde enseignant en invitant par exemple des professeurs d’économie lors de certaines de nos activités, indique Jérôme Wiwinius, président de la FJD, par ailleurs responsable clientèle grandes entreprises et relations internationales auprès de Lalux. Outre les activités dédiées à nos membres, nous nous sommes aussi rapprochés de nos pairs en France et en Allemagne. Cela a commencé en 2013 avec le Centre des jeunes dirigeants d’entreprise des trois frontières côté français. » Des premiers contacts tissés ont permis de cerner des problématiques commu nes. Car au Luxembourg comme en Grande Région, l’esprit d’entreprendre doit se partager pour se propager. ◄ En résumé Jonk Entrepreneuren, Jong Handwierk et la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise agissent sur des cibles différentes, mais se complètent et partagent les objectifs. Les trois jeunes responsables de ces structures se rapprochent pour stimuler une nouvelle génération qui entreprend.
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Économie & Politique Adem
07 Ne plus voir qu’une tête ► Le gouvernement a confirmé l’éviction de Mariette Scholtus, qui était revenue par la lucarne au gré d’une décision de justice. ► L’Agence pour le développement de l’emploi était devenue une hydre ; il fallait trancher pour laisser le travail se faire sous la houlette d’Isabelle Schlesser.
À l’Adem, jadis « administration », aujourd’hui « agence de développement », l’emploi, c’est sacré. Surtout un poste directorial. Mais une réforme, ça se mène à terme… Alors, quand l’Adem, par la force des choses, devient une hydre, le ministre Nicolas Schmit hausse le ton, comme pour dire « je ne veux voir qu’une tête ». Et il y en a, du coup, au moins une qui doit rouler dans la sciure. C’est un peu le synopsis d’une étrange pièce – à deux faces, alors qu’elle aurait pu tomber pile – qui n’est pas exempt de péripéties juridiques et politiques. Sans rappeler tous les épisodes de ce qui est rapidement devenu une saga, on peut remonter à juin 2012 et à l’éviction de Mariette Scholtus, alors directrice de l’Adem. C’était encore le gouvernement Juncker aux manet tes, déjà avec les socialistes et Nicolas Schmit aux rênes du ministère du Travail et de l’Emploi, qu’avait tenues en son temps François Biltgen. C’est d’ailleurs lui qui avait signé la nomination de Mariette Scholtus en 2000 et qui avait opiné à la décision du conseil de gouvernement de la « réaffecter ». Depuis, Géry Meyers était « monté » à la direction en septembre 2012, avant de laisser la place à Isabelle Schlesser, nommée en avril 2013. Cette directrice-là était intimement liée à la nouvelle structure voulue par Nicolas Schmit, et surtout à la mission de réforme d’une Adem à laquelle on demandait, enfin, d’être efficace, pour l’emploi, pour les chômeurs en augmentation chronique comme pour les entreprises en quête de main-d’œuvre. Mais on sait que la bagarre était devenue juridique. Les dernières semaines ont vu les échanges s’accélérer. La Cour administrative a donné raison à Mariette Scholtus, qui con testait sa mise à l’écart, en faisant valoir un vice de procédure. Celle qui avait été la première femme à accéder à la direction d’une grande administration étatique luxembourgeoise avait pourtant été démise en raison de son piètre bilan, après 10 ans de service à l’Adem. Repassée Premier conseiller de gouvernement au ministère du Travail et de l’Emploi,
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▲ Isabelle Schlesser était « montée » à la direction de l’Adem par paliers. Avant de redescendre une marche, poussée par le retour de la directrice écartée, Mariette Scholtus.
Mme Scholtus voyait donc le tribunal lui restituer illico (à la date du 5 mai, celle du prononcé de l’arrêt) son ancienne fonction de directrice de l’Adem. « Ce qui aura pour con séquence qu’à partir de cette date, la nomination de l’actuelle directrice, Madame Schlesser, sera nulle et non avenue », précisaient clairement les juges ! Cela ne réglait pas tout, loin s’en faut. Si, comme le disait laconiquement Nicolas Schmit, il fallait s’en remettre à la décision de justice et « mettre un bureau à disposition » de Mariette Scholtus, on ne pouvait pas non plus rayer de la carte Isabelle Schlesser. Dans un premier temps, cette dernière est redescendue d’une marche, redevenant directrice adjointe. Mais elle gardait le soutien du ministre Schmit, pas Mariette Scholtus : « À mon arrivée au ministère, Mme Scholtus avait déjà eu, pendant sept ans, l’occasion de faire avancer les choses. J’ai en ma possession des lettres de François Biltgen, dans lesquelles il l’appelait à agir. Or rien ne s’est passé. (…) Tous mes consultants et mes conseillers m’ont dit qu’elle n’était pas capable de mener à bien la réforme. Moi-même, j’ai pu m’en rendre compte », commentait Nicolas Schmit dans un entretien
au Quotidien, indiquant aussi être prêt à « user de tous les moyens » à sa disposition pour trouver une solution. Elle est tombée par le truchement d’un conseil de gouvernement. Mariette Scholtus, a été, à nouveau, démise de ses fonctions de directrice de l’Adem, le 5 juin. Un mois après son retour par la lucarne, elle devait repren dre la porte. Avec prière non exprimée de la laisser ouverte pour qu’Isabelle Schlesser puisse réintégrer le bureau de tête. Un sacré pataquès, qui en évoque d’autres. Me Jean-Marie Bauler, l’avocat de Mariette Scholtus, est aussi celui de Daniel Miltgen, révoqué (par la ministre de tutelle, Maggy Nagel) de son poste de président du comité directeur du Fonds du logement et ayant aussi perdu, dans la foulée, de confortables mandats et jetons. En outre, la ministre avait ellemême fait référence, dans un courrier motivant le licenciement de Miltgen, à un autre cas précédent traité par les juridictions administratives, celui de l’ex-colonel Ries, limogé en 2008 par le ministre de la Défense de l’épo que, Jean-Louis Schiltz. Nico Ries, ancien chef de l’armée luxembourgeoise, avait pu réintégrer les rangs après cinq ans de bataille judiciaire. Pour ne plus voir qu’une tête, il faut respecter l’alignement... ◄ En résumé Mariette Scholtus, remplacée à la direction de l’Adem, a été réintégrée par décision judiciaire, puis révoquée à nouveau par le gouvernement. L’imbroglio n’est pas sans rappeler le cas Miltgen, voire le cas du colonel Ries. Pendant ce temps, il faut que ça tourne…
PHOTO : SVEN BECKER (ARCHIVES)
― Texte : Alain Ducat
Économie & Politique 25 ans de l’OAI
08 Une année jalon ► En 25 ans, l’architecture luxembourgeoise a beaucoup évolué, dans un contexte général de plus en plus concurrentiel et normatif, tout en visant une qualité plus grande. ► De nombreuses étapes ont été franchies, aussi bien dans le cadre du travail que du point de vue législatif, et de nouvelles perspectives s’ouvrent désormais, dont une volonté d’exportation. ― Interview : Céline Coubray ― Photo : Sven Becker
L’Ordre des architectes et des ingénieursconseils a fêté le 15 juin à Belval les 25 ans de sa création. L’occasion de nous entretenir avec ses représentants actuels : Jos Dell, président et architecte, Andrea de Cillia, vice-président et ingénieur-conseil, et Pierre Hurt, directeur.
Pourquoi l’OAI a-t-il été créé il y a 25 ans ? Jos Dell : « Avant 1990, il existait deux asbl, l’Ordre des architectes de Luxembourg et la Chambre des ingénieurs-conseils, qui ont été dissoutes pour créer un ordre légal rassemblant les architectes et les ingénieurs-conseils. L’objectif était de mieux structurer nos professions et de les faire reconnaître sur base des diplômes, comme le prescrivaient les directives européennes. Andrea de Cillia : « C’est un mariage forcé, mais qui s’est avéré heureux ! Du point de vue des ingénieurs, l’Ordre a permis de rassembler aussi bien les ingénieurs civils que de techniques spéciales. Pierre Hurt : « Une assemblée constitutive s’est rassemblée le 15 mars 1990, suite au vote de la loi du 13 décembre 1989, au cours de laquelle toutes les personnes reconnues par le ministre des Classes moyennes comme étant architectes et ingénieurs sont devenues membres de ce nouvel ordre. Aujourd’hui, l’OAI regroupe cinq professions libérales qui sont l’architecte, l’architecte d’intérieur, l’ingénieur-conseil, l’urbaniste-aménageur et l’architecte / ingénieur–paysagiste. Quelles sont alors ses missions ? P. H. : « Les mêmes qu’aujourd’hui, à savoir une mission légale, avec le conseil de discipline, le tableau de l’Ordre, une mission d’organisation professionnelle, puisque nous négocions le cadre de travail, et une mission culturelle, de promotion et de sensibilisation à l’architecture et à l’ingénierie. Cette triple mission est une force et donne une plus grande crédibilité à notre Ordre. 056 ―
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En 25 ans, les professions d’architecte et d’ingénieur ont beaucoup évolué. Quels en sont les grands changements ? J. D. : « Je crois que le plus important tient à l’évolution de la culture du bâti pour laquelle l’OAI a beaucoup œuvré. Par ailleurs, les contraintes contractuelles, législatives et normatives ont sensiblement augmenté. Pour répondre à cela, il est nécessaire d’avoir une approche intégrée dès le début du projet et de travailler main dans la main avec les ingénieurs. Par ailleurs, nous devons désormais nous défendre en tant que professionnels intellectuels indépendants face à certains acteurs du marché qui ont une démarche commerciale plus agressive. A. de C. : « Il y a aujourd’hui une évolution palpable dans les processus qui sont de plus en plus rapides et contraignants, exigeant rapidité d’exécution et qualité. Cette évolution est encore plus sensible pour les ingénieurs de techniques spéciales avec les nouvelles technologies qui exigent d’être toujours à la pointe du progrès. P. H. : « L’OAI accompagne bien évidemment ces changements et évolutions. Pour permettre à ces professions libérales de rester indépendantes dans un marché hautement concurrentiel, l’OAI a œuvré pour améliorer le cadre de travail général comme avec la mise en place des contrats-types ou la mise en place d’un règlement concours. L’OAI intervient également au niveau législatif en avisant les lois, ce qui aboutit par exemple au nouveau Guide de l’urbanisme. Nous avons aussi mis en place des programmes de formation continue. Par ailleurs, nous veillons à l’aspect fédérateur de l’Ordre.
L’OAI a-t-il des spécificités qu’on ne retrouve pas dans les autres ordres en Europe ? J. D. : « Dans les autres pays, il y a souvent une nette séparation entre l’ordre des architectes et les chambres professionnelles des ingénieurs. P. H. : « Il faut aussi souligner que notre Ordre est un des seuls à avoir cette triple mission. Par ailleurs, il faut noter que près de 25 % des bureaux qui travaillent pour les projets sur notre territoire viennent de la Grande Région. Cette ouverture internationale correspond évidemment à notre économie en général très ouverte. La multiculturalité des bureaux, avec des collaborateurs polyglottes et qui ont été formés dans les écoles à l’international, est une autre spécificité. Est-ce que ce volet international n’est pas un atout à renforcer ? P. H. : « C’est effectivement un des points sur lesquels nous avançons. Nous réalisons un livre avec Luxembourg for Business qui regroupe les projets des bureaux luxembour geois à l’international. Par ailleurs, nous encourageons la participation d’architectes luxembourgeois aux jurys de concours à l’étranger. Nous sommes également en discussion avec le ministère de l’Économie pour pouvoir soutenir les bureaux qui souhaitent participer à des concours internationaux. » ◄
En résumé L’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils a célébré les 25 ans de sa création. En un quart de siècle, ces professions ont évolué. L’OAI accompagne ces changements et œuvre en faveur d’une qualité du bâti à différents niveaux tout en soutenant ces professions libérales indépendantes.
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Économie & Politique Armement, corruption et politique
09 Tourner la page ► DCN International, la branche commerciale de DCNS, a mis sa filiale luxembourgeoise Heine en faillite. ► « La boîte à pots-de-vin » de l’industrie d’armement française risque de conserver ses mystères.
Le 8 mai dernier, le tribunal de Luxembourg siégeant en matière commerciale plaçait en faillite la société de développement international Heine. Un nom connu pour qui suit les affaires politico-financières en France. La société luxembourgeoise a été présentée par la presse française comme la shadow company du groupe d’armement DCNS (ex-Direction des constructions navales) à 100 % contrôlé par l’État français. Heine fut au cœur d’une commission rogatoire internationale lancée par la justice française au Grand-Duché en 2010, avec plusieurs perquisitions, à son siège social en ville, place du Théâtre, ainsi qu’à Strassen, au domicile de son dirigeant Jean-Marie Boivin. Pour des frais de domiciliation impayés, Heine était à l’abandon depuis l’automne dernier. C’est sa maison mère, DCN International, la branche commerciale de DCNS, qui a fait tomber Heine, pour une créance de 329.610,29 euros. On sait peu de choses sur cette dette, sinon qu’elle fut validée en septembre 2014 par une sentence de la Cour internationale d’arbitrage à Londres et ren due exécutoire le 27 janvier dernier au GrandDuché. Mais comme personne n’a réglé la facture et que la société n’a plus de siège connu, il a fallu que son actionnaire passe à l’étape ultime, l’assignation en faillite. Une procédure curieuse dans la mesure où il n’y a pas d’actifs à récupérer, sinon à chercher des poux dans la tête à Jean-Marie Boivin. Ce dernier est aussi celui qui a dénoncé certaines opérations de la DCNS au Luxem bourg et mis en cause directement Nicolas Sarkozy, du temps où ce dernier était ministre des Finances du gouvernement Balladur. Depuis sa disgrâce en France, Boivin a été utilisé par les autorités luxembourgeoises pour son extraordinaire carnet d’adresses. Il a notamment participé à des missions de prospection économique. L’avocat Laurent Bizzotto, nommé curateur de la faillite, a peu de chances de recouvrer le moindre actif. La société Heine a surtout servi, dès son origine, à verser des commissions lors de gros contrats d’armements, pour échapper aux dispositions de lutte contre la corruption que Paris avait fait rentrer dans son arsenal législatif. Pour faire transiter les fonds versés
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▲ DCNS a notamment livré des navires de guerre. Les rétrocommissions faisaient aussi partie de son arsenal.
aux intermédiaires (notamment pour un con trat de livraison de sous-marins au Pakistan), la DCN avait créé, en 1994, une « boîte à potsde-vin », structure opaque logée au Luxem bourg et donc gérée par Boivin. Selon une note chronologique saisie au siège de la DCN, Nicolas Sarkozy aurait joué un rôle dans la constitution de cette société. La justice française s’était lancée sur la piste des rétrocommissions ayant entre autres pu financer la campagne du candidat Édouard Balladur aux présidentielles de 1995 (soutenu à l’époque par Sarkozy) après avoir mis la main sur un écrit évoquant Heine. La commission rogatoire internationale a débouché sur les perquisitions au siège luxembourgeois de Heine. Le rapport de la police judiciaire grandducale daté du 19 janvier 2010 est éloquent sur les raisons d’être de Heine (et d’une autre société, Eurolux, déjà placée en liquidation) : « Les accords sur la création des sociétés semblaient venir directement de M. le Premier ministre Balladur et de M. le ministre des Finances Nicolas Sarkozy, écrivent les policiers. En 1995, des références font croire à une forme de rétrocommission pour payer des campagnes politiques en France. » Ils estiment à
76 millions d’euros les sommes ayant transité par le Luxembourg à travers Heine : « Il ne s’agissait de rien d’autre que de corruption par l’intermédiaire d’une société luxembourgeoise faisant écran, de la part d’une entreprise française (DCNI) vers les pays où elle convoitait des marchés », notent encore les enquêteurs. Lorsque les policiers débarquèrent au siège de Heine, les domiciliataires les accueillirent en signalant qu’un cambriolage avait eu lieu un peu plus tôt dans leurs locaux : des documents et de vieux ordinateurs avaient disparu, mais ni argent ni PC récents. L’enquête de PJ butta sur la mémoire défaillante des domiciliataires, l’absence de coopération des banquiers, des dossiers manquants ou le rôle mystérieux d’un ancien ministre luxembourgeois de l’Économie et de la Défense, Henri Grethen. Aujourd’hui, pour le liquidateur ou l’enquêteur, les chances de percer le mystère de cette shadow company sont aussi élevées que celles de trouver une aiguille dans une botte de foin. Une nouvelle page se tourne sur le passé du Luxembourg, dans ce cas sanctuaire de manœuvres occultes d’opérateurs étrangers exploitant les retards dans la transposition des standards internationaux de lutte anticorruption ou la complaisance de certains opérateurs financiers. ◄ En résumé DCN International, branche commerciale de la société d’armement française DCNS, a assigné sa société Heine à Luxembourg en faillite pour un montant d’impayés de quelque 330.000 euros. Elle était « la boîte à pots-de-vin » de l’industrie d’armement française.
PHOTO : DCNS (ARCHIVES)
― Texte : Véronique Poujol
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Économie & Politique Mariage
10 « Oui ! »… « Jo ! » ― Texte : Véronique Poujol ― Photo : Christophe Olinger
« Je souhaite à tout le monde d’être aussi heureux que je le suis maintenant. Merci aux Luxembourgeois et, sans distinction, merci à tous » : Xavier Bettel, très ému, a lancé ces quelques mots le 15 mai dernier, sur le perron de l’hôtel de ville, aux côtés de Gauthier Destenay qu’il venait d’épouser. Le Premier ministre luxembourgeois avait confirmé en août 2014 son intention de se marier avec son compagnon, un architecte belge avec lequel il était déjà lié par un contrat d’union civile depuis 2010. Sans tapage, la cérémonie civile a été présidée par la bourgmestre Lydie Polfer, qui est aussi la marraine en politique de Xavier Bettel. Symbole sympathique parmi d’autres : lors de l’échange des consentements, Gauthier a dit « Jo ! » et Xavier « Oui ! ». ◄ 060 ―
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Entreprises Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 12 sujets clés sélectionnés par la rédaction. Aperam a enregistré, au 1er trimestre, des expéditions en hausse de 6,8 % à 469.000 tonnes, pour un Ebitda en progression de 13,7 % à 133 millions de dollars US et un bénéfice net qui bondit de 121 % à 42 millions. « Il est prévu que l’Ebitda au 2e trimestre 2015 soit en augmentation par rapport au 1er trimestre 2015 et que la dette nette diminue légèrement au 2e trimestre », indique la société. C’est en présence de la ministre de la Santé, Lydia Mutsch, que le nouvel espace saunas du Domaine thermal de Mondorf a été inauguré début mai, avec un espace wellness riche de cinq nouveaux saunas. Dans les années à venir, le ministère de la Santé participera de manière substantielle à la modernisation du Domaine, à hauteur de 29 millions d’euros étalés sur cinq ans pour la rénovation des installations thermales. ArcelorMittal annonce, pour le premier trimestre 2015, un gain opérationnel de 281 millions d’euros comparé aux 58 millions du premier trimestre 2014. L’Ebitda du premier trimestre 2015 a augmenté de 40 % à 546 millions d’euros, « ce qui reflète l’amélioration de la dynamique de la demande et la réalisation actuellement en cours des avantages induits par les mesures d’optimisation des coûts », explique le communiqué de la société. Un an après la prise de fonction de Jacques Linster en tant qu’administrateur délégué de Coboulux, la restructuration et la réforme profondes de l’entreprise voulues par le conseil d’administration prennent forme. Le groupe annonce ainsi
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une réorganisation de son réseau de filiales Boucherie (Emo), qui pourrait être aussi élargi, avec l’adoption d’une nouvelle corporate identity pour les points de vente. La société planche également activement sur la construction d’un nouvel abattoir. « Une telle démarche entraîne un investissement de 25 à 30 millions d’euros, mais elle apparaît judicieuse en vue de notre stratégie d’entreprise », explique M. Linster. L’opérateur de téléphonie mobile Tango a réalisé, au premier trimestre, un chiffre d’affaires de 31 millions d’euros, en hausse de 9,5 % par rapport aux trois premiers mois de 2014. Une hausse à lier à l’acquisition de 6.000 clients supplémentaires par rapport à l’an dernier, portant la base clients mobiles à 286.000. LuxTrust, société active dans les systèmes de protection de l’identité digitale et de la sécurité des données électroniques des entreprises et des citoyens, annonce, pour l’exercice 2014, un chiffre d’affaires en croissance de 25 % par rapport à l’exercice précédent, pour dépasser les 8 millions d’euros. Le bénéfice net, quant à lui, augmente de 50 % pour atteindre 1,754 million. Plus de 300.000 personnes utilisent déjà les services offerts par LuxTrust, qui prévoit d’atteindre plus de 400.000 d’ici un an. Post Telecom annonce un partenariat exclusif avec la plateforme de streaming musical Spotify pour ses clients, leur permettant un accès instantané au service Spotify Premium et à son catalogue musical riche de plus de 30 millions de titres. Après le quartier Gare et en attendant la ville haute, Monoprix annonce l’ouverture d’un deuxième site à Luxembourg-ville :
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le Limpertsberg accueillera ainsi un Monop’, qui proposera, avenue Pasteur, sur 350 mètres carrés des rayons épicerie, alimentation, hygiène, maison et snacking. Le magasin emploiera une douzaine de personnes et devrait ouvrir ses portes début octobre 2015. La société luxembourgeoise Saturne Technology, spécialisée dans l’additive manufacturing, vient d’être récompensée par le géant de l’aviation Safran, l’un de ses principaux clients, qui lui a remis le prestigieux prix Supplier Performance
à Differdange, ses programmes avant la fin de l’année. Porté par sa filiale allemande Mediengruppe RTL Deutschland, RTL Group a réalisé un « bon » premier semestre pour reprendre les termes d’Anke Schäferkordt et Guillaume de Posch, co-CEO du groupe. Si le chiffre d’affaires a reculé légèrement de 0,4 % à 1,308 milliard d’euros, l’Ebitda progresse de 0,4 % à 247 millions d’euros, pour un profit net de 106 millions qui bondit, lui, de 16,5 %. Plus spécifiquement, les activités
Le profit net de RTL Group a bondi de 16,5 % au premier trimestre.
Award. Une récompense qui n’est décernée qu’à quelques rares fournisseurs sur les plusieurs centaines que Safran compte. Saturne livre chaque année quelque 300.000 composants à l’avionneur, dont des pièces de moteurs de plus en plus complexes. And the winner is… Radiolux ! La société qui regroupe Edita (propriétaire du journal gratuit L’essentiel) et les actionnaires de la radio belge Must FM a été officiellement désignée pour occuper la fréquence radio 107,7 FM, laissée libre depuis la disparition de DNR. L’essentiel Radio prévoit l’embauche de huit personnes, dont deux journalistes à temps plein, et prévoit de lancer, depuis les locaux du journal
numériques sont en vogue, avec une progression de 66 % à 88 millions d’euros comparativement au premier trimestre 2014. Exor, propriétaire de la société immobilière Cushman & Wakefield, a cédé sa participation au groupe américain DTZ, amorçant le rapprochement de deux grands noms mondiaux en vue de créer un géant. De plus amples précisions doivent encore être apportées quant au modus operandi de la fusion sur des marchés où les deux enseignes sont présentes, comme au Luxembourg où elles emploient une trentaine de personnes, dont les deux tiers chez DTZ.
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Entreprises Brèves
C’est la prise en occupation de bureaux pour le premier trimestre 2015, en hausse annuelle de 7 %, selon JLL.
La SCPA Lamparski Bitburg Airport Group a été déclarée en faillite. Créée par l’ingénieur luxembourgeois Frank Lamparski, qui avait ambitionné de développer l’ancien aérodrome militaire de Bitburg, la société n’a jamais vraiment vécu… « La Commission fera en 2016 une nouvelle proposition » pour une TVA adaptée aux livres numériques : l’annonce du président Jean-Claude Juncker ravit le géant américain Amazon, bien campé au Grand-Duché avec son staff et son business européens. « La valeur culturelle d’un livre est issue du travail de l’auteur, pas de la forme classique ou numérique du livre », rappelle le porte-parole de la société (lire aussi en page 48). Face à un marché sidérurgique mondial fragile, mais exigeant, le groupe luxembourgeois Paul Wurth tient le choc, avec un chiffre d’affaires de 485,3 millions d’euros, soit un niveau à peu près similaire à celui de 2013. Mais c’est surtout la hausse du volume des nouvelles commandes (+6,7 %), pour près de 360 millions d’euros, qui a de quoi satisfaire le groupe filiale des Allemands de SMS. Le résultat consolidé avant impôts s’est affiché à 11,2 millions d’euros. Initialement prévue pour le printemps 2014, l’usine de fabrication de boîtes en aluminium d’International Can a été finalement inaugurée à la mi-mai par le ministre de l’Économie Étienne Schneider. Située sur la zone industrielle d’Echternach, celle-ci est destinée à fabriquer des produits pour l’industrie cosmétique (aérosols, mousses à raser et autres déodorants). Une localisation qui ne doit rien au hasard et répond à une stratégie globale au vu de l’investissement de 35 millions d’euros effectué : propriété du groupe allemand Maxim Markenprodukte, cette nouvelle ligne de production se situe à deux pas de Cosmolux, autre propriété du groupe allemand. Le sort s’acharne-t-il sur la présidence du Freeport luxembourgeois ? Après la mise en examen en mars dernier de son père spirituel,
l’investisseur suisse Yves Bouvier, suite à la plainte déposée par le milliardaire russe résidant à Monaco Dmitry Rybolovlev, son successeur Olivier Thomas vient aussi d’être inquiété par la justice. Il a été interpellé à Paris et placé en garde à vue dans le cadre d’une instruction judiciaire pour vol, recel de vol et escroquerie. L’enquête est menée suite à la plainte déposée par la belle-fille de Pablo Picasso, Catherine HutinBlay, en raison de la disparition de tableaux du maître qu’elle possédait. Mi-mai, la septième épicerie sociale de la Croix-Rouge a ouvert ses portes à Steinfort. L’extension du réseau des Croix-Rouge Buttek permet de répondre au mieux aux besoins des personnes touchées par la précarité. La zone de chalandise de cette nouvelle épicerie sociale couvre les localités de Bertrange, Dippach, Kehlen, Kopstal, Leude lange, Mamer et Reckange-sur-Mess, Garnich, Hobscheid, Koerich, Septfontaines, Steinfort et Strassen. Post Luxembourg et Cactus ont établi un partenariat qui permettra aux clients d’effectuer leurs transactions postales en même temps que leurs courses, dans les mêmes créneaux horaires. Les deux premiers points de vente nouvelle génération « Point Post » seront installés au Cactus Hobbi Howald et au Cactus Redange. Un objectif de 21 points de vente est fixé d’ici à fin 2016. EBRC, filiale du groupe Post, a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 48,2 millions d’euros et revendique 50 clients supplémentaires. En quatre ans, la société affiche une croissance organique de 58 % et maintient une croissance linéaire à deux chiffres depuis sa création en 2000. Le conseil d’administration de Luxtram a attribué, à la mi-mai, la construction des 21 rames du futur transport en commun de la capitale au constructeur ibérique CAF (déjà retenu par d’autres villes telles que Stockholm, Saragosse ou Birmingham). Un contrat d’une valeur de 83 millions d’euros décroché aux dépens d’Alstom et Stadler.
Le groupe Schuler avait déjà fait l’acquisition de l’ancien siège de la banque HSBC au 32, boulevard Royal. Il s’offre à présent l’immeuble voisin, jusque-là propriété et siège historique de la LBBI (Landesbank Berlin International) Luxembourg. Le Royal 30, acquis pour quelque 30 millions d’euros. L’immeuble, livré en 1996, totalise quelque 4.000 m² de bureaux et est actuellement occupé aux trois quarts. La transaction a été réalisée avec le conseil d’Inowai et de Cushman & Wakefield. En 2011, le groupe Schuler avait déjà opéré une transaction similaire, en se portant acquéreur de l’immeuble
Satisfaction pour Luxair qui, au moment de présenter son bilan 2014, remplit les conditions pour déployer son plan d’investissement sur cinq ans (lire l’article page 84). La société ORTP, basée à Esch, chargée d’effectuer les travaux de démolition de l’actuel RoyalHamilius, a déposé le bilan. 92 emplois sont concernés. Le syndicat OGBL espère qu’une solution pourra être trouvée pour un rachat par un investisseur étranger qui s’était déjà montré intéressé par ailleurs.
L'immeuble Royal 30 était jusqu'alors la propriété de la banque allemande LBBI.
du siège de HSH Nordbank (près d’Auchan au Kirchberg). Le groupe revendique un patrimoine immobilier d’environ 90.000 m² de bureaux, commerces, entrepôts ou habitations, répartis en 57 immeubles et halls sur 25 sites, tous au Luxembourg, avec 44.000 m² de terrains. Le CEO et associé de la plateforme Moovijob, Gilles Risser, est décédé accidentellement, à l’âge de 42 ans. Il avait été, auparavant, directeur commercial du groupe Républicain Lorrain et, entre mars 1999 et novembre 2005, directeur de la publicité dans le groupe MRE Publicis. Sa succession est assurée par Bertrand Cuinet qui reprend la direction de Moovijob, avec le soutien de Xavier Moreno (France) et Yannick Frank (Luxembourg).
À Sterpenich, face à Ikea, la première pierre du futur Decathlon a été posée. La grande surface du sport, annoncée depuis 15 ans à Arlon, devrait ouvrir ses portes fin 2015 sur 3.500 m2 (et peut-être 5.000 si ça marche). Le groupe Altice, basé à Luxembourg, poursuit sa stratégie de rachats dans les télécoms, les médias, le C'est en milliards numérique ou la disde dollars la valeur tribution de prode Suddenlink grammes. Dernière acheté par Altice. emplette en date : l’acquisition de 70 % du câblo-opérateur américain Suddenlink Communications, septième acteur des États-Unis dans ce segment, et qui se trouve valorisé à 9,1 milliards de dollars par l’opération de reprise d’actions.
9,1
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50.000
Entreprises Brèves
C’est le nombre de visiteurs recensés pour l’édition 2015 de la Foire de printemps.
Le Statec, dans sa note de conjoncture de mai, met l’accent sur la faiblesse des investissements dans l’industrie au Luxembourg pour 2015 : l’enquête menée montre ainsi une hausse de 5 % des investissements prévus dans l’industrie dans la zone euro, mais anticipe un recul de 2 % au Grand-Duché, notant que la capacité de production reste excédentaire dans le pays, n’étant utilisée qu’aux deux tiers, ce qui n’est évidemment pas favorable aux investissements. Héloïse Bock, avocate spécialisée dans la propriété intellectuelle, l’information et les technologies, partner chez Arendt & Medernach, a été désignée par le gouvernement pour prendre la présidence de Servior, le plus grand gestionnaire de structures d’hébergement pour personnes âgées du pays. Hudson Luxembourg a fermé ses portes. Installé à Leudelange, le spécialiste du recrutement, établi depuis 1991 au GrandDuché, employait une dizaine de collaborateurs.
L’avocat Erwin Sotiri a remporté son bras de fer face au Barreau de Luxembourg. La Cour administrative vient de l’autoriser à utiliser le nom de Jurisconsul pour son étude ( Jurisconsul Luxembourg law firm) et son site internet, ce que lui refusait depuis cinq ans le Conseil de l’Ordre. Dans un arrêt rendu le 19 mai, la Cour administrative a estimé, contrairement au Barreau, que même « s’il est bien vrai que le terme de ‘jurisconsulte’ constitue un terme générique qui vise le juriste ou l’avocat de manière abstraite, l’expression ‘Jurisconsul’ – n’ayant aucune signification dans le langage commun et ne se retrouvant pas dans les dictionnaires usuels – s’en différencie de manière suffisante pour ne pas évoquer la profession d’avocat ou le Barreau. » Face à un déficit de 3 millions d’euros l’an dernier, la fondation Hëllef Doheem, 11e employeur du pays (avec près de 2.000 collaborateurs), a décidé de prendre de nouvelles orientations stratégiques. Outre la fermeture annoncée de deux des 12 foyers de jour (centres psychogériatriques) à Wiltz et Echternach et deux des sept dispensaires (à Bascharage et Dude lange), une suppression de quelque 90 postes a été actée, au sein de l’administration centrale ainsi qu’au niveau des activités spécialisées.
Lors de sa récente séance, le comité de sélection du Fonds La firme Security Service national de soutien à la production audiovisuelle, présidé Schmitt, basée à Wasserbillig, et ses trois dirigeants allemands par Jean-Louis Scheffen, ont été condamnés à des peines a décidé d’accorder d’amende par la 16e chambre cordes aides à 12 projets rectionnelle pour défaut d’autorisasur les 21 déposés. tion dans l’activité réglementée Le montant global du gardiennage. Le litige concernait de l’aide accordé C'est en millions un contrat avec une station-service s’élève à 6,45 milà Leudelange pour laquelle la firme d'euros le montant lions d’euros, des aides accordées dont 6,2 millions effectuait des activités de gardienpar le Fonspa. nage sans disposer des habilitations dédiés à la seule requises. L’un des dirigeants aide à la producde la société ne disposait pas d’un tion de longs casier judiciaire vierge, après avoir métrages accordés à cinq projets : 1,7 million précédemment été incarcéré en pour Falko (coproduit par Iris Allemagne pour fraude fiscale. En sursis probatoire, situation l’em- Productions) ; 1,66 million pour pêchant de quitter le territoire alleThe Breadwinner, film d’animation mand, il n’avait pas comparu lors produit par Melusine Productions ; du procès au Luxembourg et pour1,2 million pour Girls with Balls rait bien retourner à la case prison. (coproduit par Deal Productions), 1,14 million pour A Real Vermeer (Tarantula) et 450.00 euros pour
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Hugo, Inventing the Future (Samsa Film). Euroscript International poursuit son expansion : la société de Bertrange a procédé à l’acquisition de ForeignExchange, numéro un du secteur des traductions médicales. Les deux entreprises associées emploieront 1.700 employés à temps plein, répartis dans 23 pays. À l’occasion de l’inauguration officielle de son data center vendéen aux Sables d’Olonne, Etix Everywhere, société luxembourgeoise spécialisée dans la construction et l’exploitation de data centers modulaires, annonce l’ouverture d’une filiale dédiée au marché français. Basé à Nanterre, ce bureau sera dirigé par David Thomas (ancien sales director cloud & managed services chez Interoute), secondé par Louis Blanchot, l’un des employés historiques de la société qui prend le poste de directeur du développement France. La société de leasing ALD Automotive Luxembourg a livré à la société Siemens, fin mai, le 10.000e véhicule en leasing opérationnel de son parc roulant au Luxembourg. ALD revendique, avec 1.900 clients, une position de leader au Grand-Duché, avec près de 30 % de parts de marché et une croissance en 2014 de 5,6 %, supérieure à la tendance du marché. La société a immatriculé plus de 3.600 véhicules en 2014 et plus de 36.000 depuis sa création en 1985. Le groupe Systemat, intégrateur de solutions et prestataire de services informatiques, continue ses emplettes et s’empare du groupe AB Supplies (15 millions de CA en 2014), spécialisé dans l’externalisation des solutions d’impression. Il en profite pour créer une nouvelle entité, Mimeos, qu’il contrôle à 85 % et qui intègre, outre AB Supplies, sa division Allo Supplies, active sur le même segment, et qui a réalisé 18 millions d’euros de revenus en 2014. C’est Guy van Caenegem, jusqu’alors à la tête d’Allo Supplies, qui s’est vu confier la direction générale de Mimeos.
Encore deux prix pour EBRC. Il s’agit, cette fois, du Brill Award for Efficient IT, EMEA Data Center Facilities Management, décerné en mai à Santa Clara (États-Unis) par l’Uptime Institute, puis du DataCloud European Cloud Enabler Award, remis début juin à l’occasion de la soirée de gala Datacloud Europe réunissant les acteurs majeurs du cloud et du data center en Europe. Castegnaro-Ius Laboris Luxembourg, cabinet d’avocats spécialisé en droit du travail au Luxembourg et qui représente exclusivement les employeurs, vient d’être réélu par les publications Legal 500 Europe, Middle East & Africa 2015 et Chambers and Partners Europe 2015 parmi les meilleurs cabinets d’avocats spécialisés en droit du travail. Son fondateur, Guy Castegnaro, a lui-même été nommé au rang de « Leading Individual » par chacune des publications. Depuis début juin, la compagnie aérienne low cost EasyJet opère, depuis l’aéroport de Luxembourg, une nouvelle liaison avec la ville de Porto. Il s’agit de la quatrième destination exploitée par la compagnie britannique à l’aéroport de Luxembourg, en plus de Londres Gatwick (depuis octobre 2012), Milan (mars 2013) et Lisbonne (décembre 2013). Les vols vers Porto sont effectués trois fois par semaine, tous les mardis, jeudis et dimanches. Cette ligne est également opérée par les compagnies aériennes TAP Portugal et Luxair, à raison de six à sept vols par semaine. Jusqu’alors aux commandes de SES Broadband Services, Patrick Biewer, 48 ans, a été nommé directeur général de LuxGovSat, la société en charge de l’exploitation du futur satellite gouvernemental. Il prendra ses fonctions le 1er juillet.
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C’est le nombre d’entreprises supplémentaires qui ont reçu le label « Made in Luxembourg ». Elles sont désormais plus de 500 à revendiquer ce label de qualité établi par la Chambre de commerce.
L’agence de communication luxembourgeoise Dechmann change de nom et devient Ierace | Dechmann + Partners. Une évolution logique, alors que le fondateur (en 2006) Dan Dechmann avait été rejoint, en 2010, au titre d’associé, par Alain Ierace (ex-Advantage, notamment).
C’est le nombre de membres du Paperjam Club. Le cap a été franchi avec la société d’ingénierie financière LWM.
avait en effet suscité des réticences dans le milieu du bâtiment en raison de la présence du patron de Tralux, Franck Becherel, dans le conseil d’administration de l’asbl École et Lycée français du Luxem bourg, qui est le maître d’œuvre du projet de campus francophone.
Dan Dechmann et Alain Ierace sont associés depuis 2010.
« Si le nom et la structure changent, les compétences restent identiques », préviennent les deux partenaires, désormais épaulés par deux autres partenaires : Luc Bolsius, qui occupe les fonctions de business & media manager, et Didier Prudhomme, finance manager. Créatrice du Foobot, un boîtier associé à un smartphone ou une tablette qui analyse la qualité de l’air ambiant et prévient des risques de pollution, la société Airboxlab a conclu un partenariat avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (List) pour affiner les algorithmes utilisés par son système. L’objectif est de mettre sur pied une base de données qui permettra aux chercheurs du List d’affiner ces algorithmes pour perfectionner les futures générations de ce boîtier. Sans surprise, l’offre de l’association Tralux et CLE pour être l’entreprise générale en charge de la construction « tout corps d’état du bâtiment » du Lycée français sur le Ban de Gasperich apparaît la plus avantageuse à l’issue d’une procédure qui avait inquiété un certain nombre d’entrepreneurs au Luxem bourg. La présélection en janvier 2015 du consortium Tralux / CLE
Entreprises Brèves
D’aucuns voyaient dans cette présence un conflit d’intérêts, M. Becherel ayant participé à l’élaboration du projet (lire dans notre précédente édition).
Opération réussie pour la société 1COM (qui gère les enseignes Ikki, Le Sud, Rockbox et Brauerei à Clausen, mais aussi les restaurants Aka, Nemo, Am Clubhaus et récemment Oishii à Esch-sur-Alzette) qui a ouvert 40 % de l’actionnariat du Zulu Blanc – un nouveau bar situé aux Rives de Clausen – au grand public. Les 4.000 parts proposées ont presque toutes trouvé acquéreur auprès d’environ 200 « associés ». C’est devenu une tradition attendue par tous les amateurs de cuisine ainsi que par les restaurateurs eux-mêmes : les Prix du public Explorator 2016 ont été lancés début juin. Pour déterminer quels sont les meilleurs restaurants du Luxembourg dans une sélection de 13 catégories, le public est invité à voter en ligne. Outre les traditionnelles catégories transversales liées à un type de cuisine ou bien récompensant le meilleur restaurant pour des repas d’affaires, le meilleur pour un dîner en amoureux ou le
Le groupe Ceratizit renforce sa présence dans les secteurs de l’aérospatiale, de l’automobile et de la technique médicale, avec l’acquisition du fabricant allemand d’outils spécialisés Klenk. L’opération, dont le montant n’a pas été communiqué, préservera la marque Klenk qui jouit d’une grande réputation dans le milieu. Le groupe familial Sales-Lentz a décidé de revoir l’identité de sa branche Voyages (21 agences, dont une en France et une en Belgique) qui devient « We love to travel ». « Cela va plus loin qu’un changement de vitrine ou de carte de visite », précise Jos Sales, qui dirige l’entreprise aux côtés de son frère Marc. La notion de communauté, exprimée à travers le « we » est ensuite déclinable autour des notions de « share, discover, meet, enjoy… » selon les axes de communication et les besoins. « Notre métier est devenu plus complexe, les habitudes de consommation ont changé. »
via le partage de publicités. En leur proposant « un large éventail d’outils et de ressources qui les aideront à exploiter au mieux leurs contenus », la plateforme vidéo de Google espère devenir un acteur incontournable de la Toile « made in Luxem bourg ». Repoussée en raison de l’absence d’accord concernant les droits d’auteur, l’arrivée de YouTube au Grand-Duché fait suite à un partenariat avec la Sacem, organisme en charge de la gestion de ces droits. Aucun détail sur la nature de cet accord n’a encore été divulgué. Contrairement à ce qui avait été indiqué dans l’interview du CEO de SES publiée dans notre dernière édition, Karim Michel Sabbagh n’est pas le premier « non-Luxembourgeois » à accéder à ce poste. Si Romain Bausch a été en place pendant 20 ans, le premier directeur général opérationnel de la société était un Suisse : Pierre Meyrat. On lui doit les premières orientations
Le grand public a jusque mi-septembre pour décerner ses prix.
meilleur pour un repas entre amis, une nouvelle catégorie a été ajoutée : celle du Meilleur nouveau restaurant, visant les établissements qui ont ouvert ou ont connu un changement majeur (nouveau chef, nouveau décor…) depuis la dernière édition du guide Explorator. Rendez-vous sur www.explorator.lu ! Dix ans après la création de la plateforme vidéo YouTube, le géant américain, propriété de Google, se décline désormais au Grand-Duché. Une chaîne regroupant tous les contenus créés au Luxembourg a vu le jour début juin, permettant de pouvoir rémunérer des internautes
stratégiques qui ont conduit au succès que l’on sait. La soirée Golden-I, rendez-vous de la communauté ICT du Luxembourg, organisée par ITnation, a rendu son verdict : Pierre Zimmer (Post Group) a été désigné CIO de l’année, alors que la start-up Mangopay (fondée par le groupe Leetchi) a reçu le prestigieux Flagship Award décerné par l’Association des professionnels de la société de l’information (Apsi) (lire l’article page 76).
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Paperjam Advertorial Interview Docler Holding
Docler Holding : des ambitions technologiques internationales
► Les spécialistes du streaming vidéo et de la technologie en ligne, Docler Holding, utilisent le Luxembourg comme tremplin pour leur stratégie de développement international. ► Ils ont créé une technologie de renommée mondiale et un service utilisé par 200 millions de personnes. Et cette fonctionnalité suscite actuellement l’intérêt de clients tiers. ► Ils sont aussi des investisseurs qui soutiennent les bonnes idées. ▲ Márton Fülöp Directeur des opérations Karoly Papp Président directeur général et cofondateur
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Le streaming vidéo est la base de votre activité. Quelles sont vos ambitions ? Karoly Papp : « Nous sommes les leaders mondiaux dans la prestation de services vidéo de haute qualité. Depuis une dizaine d’années, la façon dont les gens consomment les médias a changé. La révolution sera complète avec les prochaines connexions mobiles 5G, qui seront 1.000 fois plus rapides que les réseaux fixes à fibre optique actuels. Les gens pourront regarder en streaming des vidéos haute définition où qu’ils se trouvent, et les fournisseurs de contenus auront besoin d’une plateforme pour afficher et vendre ces produits. Vous utilisez cette expertise technologique dans bien d’autres domaines. Márton Fülöp : « Nous sommes très fiers de notre système de paiement interne, Escalion, qui traite plus de 6 millions de transactions par an. Notre moteur
de réservation d’hôtels Elvoline propose une offre originale sur un marché saturé. Nous enregistrons déjà plus de 30.000 réservations par mois et avons des projets de croissance ambitieux. Vous possédez pourtant un groupe d’entreprises très diverses. K. P. : « Nous sommes tout autant investisseurs que spécialistes des TIC. Nous prenons des participations dans des start-up et des entreprises technologiques à forte croissance. Parfois, nous aimons tellement le produit que nous intégrons ces entreprises à la nôtre, comme nous l’avons fait pour les caméras révolutionnaires Zinemath, la solution de certification électronique Netlock ou l’outil d’entraînement sportif Teqball. Nous nous intéressons également au secteur de la création avec nos activités de production télévisuelle. Nous employons près de 50 personnes à Los Angeles.
Paperjam Advertorial Interview Docler Holding Qu’est-ce que vos services de streaming ont de différent ? K. P. : « Notre site web jasmin.com est le leader mondial du marché, à la fois en nombre de spectateurs (nous avons eu jusqu’à 200 millions de visiteurs individuels sur le site) et par sa qualité technique. Le streaming haute définition, la facilité d’utilisation et la fiabilité de notre technologie sont inégalés. Nous avons chaque jour 35 millions de spectateurs qui visionnent plus de 10.000 live streams permis par 2.000 serveurs à travers le monde.
« Le Luxembourg est un endroit propice pour réaliser nos ambitions internationales. » En quoi ces services ont-ils évolué ? K. P. : « L’entreprise a démarré en 2001 en utilisant internet pour mettre en valeur les contenus générés par les utilisateurs. L’idée initiale était de créer une émission de télé-réalité démocratisée de type Big Brother sur la toile, et la formule actuelle vient de là. Nous avons commencé avec quatre personnes, et le site a rapidement connu le succès. L’entreprise a continué à voir grand et à réinvestir ses gains dans son développement. Nous avons embauché les meilleurs experts en technologie et sommes ainsi devenu l’employeur préféré des développeurs dans notre Hongrie natale. Vous êtes donc une entreprise de technologie ? M. F. : « Nous sommes une entreprise de technologie qui fournit ses services à un grand nombre de secteurs. Par exemple, Oranum est un service pour les personnes en quête de spiritualité, qui met les gens en contact avec des spécialistes de ce domaine. Cela montre que notre plateforme peut être adaptée à différents marchés tout en conservant un haut niveau de qualité.
Comment l’entreprise est-elle organisée ? M. F. : « La direction générale, les principales activités opérationnelles et la holding se trouvent ici. Nous employons au Luxembourg 200 personnes, dont 150 travaillent au développement de produits. Nous avons toujours une base importante en Hongrie, qui emploie 150 personnes, principalement dans les domaines du support client. Nous employons au total 1.000 personnes dans le monde. Comment envisagez-vous votre développement ? K. P. : « Nous voulons améliorer nos compétences en gestion d’entreprise. Nous sommes devenus leader mondial grâce à l’excellence de notre technologie et nous avons besoin de plus de personnes disposant des compétences nécessaires pour accompagner cette croissance. Et, naturellement, nous sommes constamment à la recherche d’excellents développeurs informatiques, mais également de personnes pouvant entrer au sein de la direction de l’entreprise. Quelle sera la prochaine étape ? K. P. : « Nous savons que de nombreux fournisseurs de contenus sont intéressés par l’utilisation de notre plateforme pour sa fiabilité et sa haute qualité. Nous allons bientôt commercialiser ce service par le biais de la nouvelle marque Docler.com. » ◄ En résumé Docler Holding est leader sur le marché mondial du streaming. Environ 35 millions de personnes visitent le principal site web de l’entreprise chaque jour, et cette technologie fiable et de haute qualité intéresse les fournisseurs de contenus du monde entier. Docler Holding détient également un portefeuille d’autres produits de haute technologie et utilise le Luxembourg comme tremplin pour ses ambitions internationales.
De la Hongrie au Luxembourg et au monde entier Docler Holding a été créée en Hongrie en 2001 par une petite équipe, dont le propriétaire Gyorgy Gattyan et le PDG Karoly Papp. M. Gattyan définit ainsi l’entreprise : « Le moteur de toutes nos actions est la créativité et l’innovation, peu importe ce que nous créons : site internet, film, centre commercial de luxe ou tout autre investissement. » D’où une volonté de rendre leur service de streaming vidéo accessible au plus grand nombre possible de fournisseurs de contenus. Outre une croissance organique s’appuyant sur leurs points forts, ils ont également choisi d’acheter et d’investir à grande échelle. Le résultat est un large portefeuille d’entreprises complémentaires caractérisées par leur aspect innovant.
35.000.000 Le nombre d’utilisateurs quotidiens sur le site phare.
Le Luxembourg est la plateforme choisie par Docler Holding pour son développement international.
Docler Holding dispose d’un large portefeuille d’investissements technologiques et propose un soutien aux start-up.
Pourquoi vous êtes-vous installés au Luxembourg ? K. P. : « Le Luxembourg est un endroit propice pour réaliser nos ambitions internationales. La Hongrie est excellente en termes d’expertise technique, mais le Luxembourg met l’accent sur les échanges commerciaux transfrontaliers, c’est pourquoi nous avons décidé d’installer notre siège social ici en 2013. C’est un environnement très favorable et qui offre une expertise considérable. ― Juillet / Août 2015 ― 067
Entreprises 15 ans de Paperjam
01 « Être indépendant,
c’est prendre position »
► En ce mois de juin, Paperjam fête les 15 ans d’une success-story ininterrompue. ► L’occasion, pour son éditeur Mike Koedinger et son rédacteur en chef Jean-Michel Gaudron, de passer en revue les valeurs clés et les grandes étapes de l’existence du premier média économique et financier du pays. ► « Nous avons toujours eu cette volonté de contribuer au changement au Luxembourg et de faire avancer les choses. » ― Interview : Marc Gerges
ans
▲ Arrivé en 2001, rédacteur en chef depuis 2007 et associé de Maison Moderne depuis sa création en 2010, Jean-Michel Gaudron (à gauche) a façonné l’évolution de Paperjam, de pair avec Mike Koedinger (à droite), l’éditeur, dont la vision éditoriale s’est concrétisée avec ce magazine économique et financier créé en 2000. Marc Gerges (au centre), qui a animé la discussion, a quant à lui accompagné le magazine en tant que consultant lors de sa refonte en 2003, puis en tant que directeur des rédactions lorsque les éditions MKé sont devenues Maison Moderne, contribuant à faire évoluer Paperjam vers un magazine d’opinion.
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C’est en juin 2000 que Paperjam a vu le jour, avec un contenu axé sur l’économie digitale, alors en ébullition avant d’être refroidie par l’éclatement de la bulle internet. Pour l’éditeur Mike Koedinger, ce fut le premier pas hors des sentiers battus jusque-là par des magazines gastronomiques et de la nuit. À ses débuts, outre sa ligne éditoriale, Paperjam s’est démarqué par son design, le soin apporté à la photographie, des modèles de distribution originaux et efficaces, une communication très forte et une volonté de créer des communautés pour les « entrepreneurs », au sens premier du terme. Quinze ans plus tard, Paperjam est devenu incontournable dans le paysage médiatique luxembourgeois : un magazine en deux cahiers
Entreprises 15 ans de Paperjam
distincts ; un site web fort, appuyé par une newsletter électronique biquotidienne ; une communauté de plus de 600 entreprises membres du Paperjam Club, le plus grand club business du Luxembourg ; et un lectorat qui n’a cessé de grandir. Aujourd’hui, Paperjam compte plus de 100.000 lecteurs individuels cumulés sur trois mois, 60.000 lecteurs par numéro et 10.000 lecteurs quotidiens sur le web... Alors que le monde des médias est en train d’évoluer des modèles classiques vers le digital, Paperjam est devenu le plus important média indépendant au Luxembourg. Le magazine, qui – à la différence des autres grands titres du pays – ne bénéficie pas de subvention directe de l’État, a su construire sa notoriété sur l’indépendance de l’éditeur et revendique aujourd’hui sa position de média d’opinion. Messieurs, Paperjam fête ses 15 ans. Produit de niche à ses débuts, il compte aujourd’hui parmi les médias les plus importants au Luxembourg, malgré son orientation « économie & finance ». Comment analysezvous cette évolution ? Jean-Michel Gaudron : « Sur le marché des médias au Luxembourg, il n’y a pas d’autre titre qui traite exclusivement de la matière économique et financière. Or, le Luxembourg est une place économique et financière importante. On ne revendique pas nécessairement d’avoir cette exclusivité, même si nous sommes, de fait, les seuls à le faire aujourd’hui. Mike Koedinger : « Au-delà d’être les seuls, nous sommes surtout les premiers à avoir compris que dans une capitale ‘business’ comme Luxem bourg, il fallait un média adapté, qui n’existait pas jusqu’alors. D’où le choix de la langue, le français, qui est la principale langue véhiculaire du pays. D’où l’importance, aussi, de disposer d’un actionnariat indépendant, qui permet de traiter de l’actualité de façon neutre et objective, avec toujours cette volonté de contribuer au changement au Luxembourg et de faire avancer les choses. Changer le Luxembourg... Ces derniers temps, Paperjam est en effet devenu très revendicatif... M. K. : « Il fallait d’abord avoir une vraie audience pour avoir la prétention de vouloir contribuer au changement. La nouvelle formule de Paperjam, lancée en 2004, a contribué de façon conséquente à ce changement. Mais il fallait à nouveau compter quelques années pour faire croître cette audience, pour que Paperjam ait un poids sur l’opinion. J.-M. G. : « Cette influence va de pair avec la légitimité qui est venue naturellement au fil des ans. Si l’audience a augmenté continuellement, c’est aussi parce que nous avons su lui apporter un contenu pertinent et digne de confiance. Un contenu qui a su évoluer avec le temps. Nous avons ainsi progressivement ouvert nos colonnes à la chose politique et sociétale.
Paperjam
Les covers marquantes
15 ans, 15 covers à retenir, choisies par la rédaction.
La première ! En juin 2000, la toute première édition de Paperjam paraît, avec un focus sur un géant de l’audiovisuel en train de naître : RTL Group. (Photo : Yvan Klein)
Avril 2002 : Monsieur R. ... l’emmerdeur Pour la première fois, un média au Luxembourg donne largement la parole au journaliste français Denis Robert, auteur de Révélation$, à l’origine de l’affaire Clearstream. (Photo : Frédéric Di Girolamo)
Mai 2003 : The Persuaders Le parcours entrepreneurial de Jean-Luc Mines et Bob Kneip illustre l’approche « pro-business » du magazine depuis ses débuts. (Photo : David Laurent)
Cette volonté de peser sur les choix sociétaux, n’est-ce est pas trop prétentieux ? Et, d’ailleurs, est-ce le rôle d’un média ? M. K. : « Nous avons aussi ce rôle à remplir en tant que premier média indépendant : une fois qu’on a l’audience, on doit assumer cette responsabilité. Nous devons exprimer notre opinion et nous devons contribuer au changement. Sinon, cela n’aurait aucune valeur d’être indépendant. J.-M. G. : « Prétentieux ? Non. Ambitieux, oui. Être ambitieux implique forcément une part de prétention, sinon on n’avance pas. Quant au rôle du média, à partir du moment où nous voulons exprimer de l’opinion, il n’y a aucune raison que l’on n’endosse pas ce rôle-là, en apportant notre contribution aux débats. Actuellement, on nous fait parfois le reproche de ‘rouler pour le gouvernement’. Ce n’est pas le cas, il se trouve simplement que des idées que nous avons, par le passé, promues, sont celles mises en avant aujourd’hui par la coalition en place. Par exemple, en mars 2013, nous avions pris ouvertement position pour une plus grande intégration des étrangers dans le processus démocratique du pays, bien avant qu’on ne parle référendum. Nous n’allons pas nous renier sous prétexte que le gouvernement en place pense la même chose. Comment ces choix se répercutent-ils sur la ligne éditoriale ? J.-M. G. : « Les choix éditoriaux se prennent de façon collégiale. Nous sommes évidemment en permanence en échange au sein de la rédaction sur les thématiques sociétales ou politiques qui se détachent de l’actualité. En 2006, par exemple, lorsque le groupe Mittal a lancé son OPA sur Arcelor, les premières réactions de bon nombre de médias ont été très virulentes, avec une très grosse charge émotionnelle liée au passé de l’Arbed. Nous avions pris le parti d’analyser cela sous l’angle purement économique pour constater qu’une telle opération répondait à une logique implacable. M. K. : « Les gens qui postulent pour travailler ici voient ce que nous faisons et c’est pour cela qu’ils briguent un poste ici. Et ceux qui sont recrutés le sont dans une même envie de changement. Je ne pense pas que quelqu’un qui soit profondément conservateur aura envie de venir travailler chez Maison Moderne ou chez Paperjam. L’éditeur garantit la liberté de la rédaction, lorsqu’un sujet s’impose, de dire ‘on y va’. Nous n’avons pas peur d’afficher une opinion forte. Quelles sont les valeurs selon lesquelles Paperjam prend position ? M. K. : « La priorité, que nous avons revendiquée dès le début, c’est d’être pro-business. Nous sommes favorables à ce que les affaires prospèrent. Avec tout de même certaines restrictions : nous avons un regard critique et nous ne cautionnons pas des pratiques qui ne se feraient pas dans le bon ordre des choses. Le changement qui a lieu
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Entreprises 15 ans de Paperjam
au Luxembourg en ce moment, d’aller vers plus de transparence, d’aller vers de nouveaux modèles, c’est exactement ce que nous avons envie de promouvoir. Dans la perception des gens, nous touchions principalement des frontaliers ou des résidents étrangers. Aujourd’hui, il est prouvé que nous sommes lus par les Luxembourgeois et que nous avons une réelle influence sur les décideurs, et notamment sur des personnes qui en influencent d’autres par la suite. À ce moment-là viennent la responsabilité et la motivation de se dire que si on peut contribuer à faire avancer les choses, alors on doit le faire. Nous voulons nous engager pour le progrès dans la société, car nous sommes convaincus que c’est nécessaire pour repositionner le pays sur le marché international. Nous avons besoin d’une société qui soit à la fois multiculturelle, cosmopolite, d’un haut niveau d’études, saine d’esprit, anti-conservatrice. Si le Luxembourg n’évolue pas dans ce sens-là, le Luxembourg ne pourra plus exister. J.-M. G. : « Ces valeurs collent à la fois à l’image et à la marque Paperjam. De par l’audience, la notoriété et notre développement, les gens savent à quoi s’en tenir avec nous ; à quoi s’en tenir dans le traitement d’un sujet, avec cette approche probusiness indépendante, hors des sentiers battus des autres médias. Il y a donc une « culture Paperjam » qui s’est développée d’elle-même et qui s’impose autant au lecteur qu’à la rédaction ? M. K. : « Nous avons un grand volume de contenu, avec des thématiques, plus techniques, dans les domaines du management, du business administration, des RH, de l’ICT, de la communication… Cette partie-là est beaucoup moins concernée par cette question de la ‘culture Paperjam’, même si elle s’inscrit toujours dans cette volonté ‘probusiness’. Pour ce qui est du traitement de certains dossiers éditoriaux, d’affaires juridiques ou des coverstories engagées, les lecteurs savent comment nous nous positionnons. Nous avons une voix forte, différente de l’opinion de certaines personnes, même si cela peut déranger certains. C’est même plutôt bon signe pour un magazine ! Votre opinion, a-t-elle une plus-value pour le lecteur qui ne s’intéresse a priori qu’à l’actualité économique et financière ? M. K. : « Paperjam est un tout : d’un côté, il y a tout ce volet ‘techniques de management’, actualités des secteurs et des métiers. À cela nous rajoutons une volonté déclarée de contribuer au changement des attitudes, des personnes, de la législation. D’où notre sous-titre ‘Business zu Lëtzebuerg’. Le Luxembourg est un territoire qui ne peut pas fonctionner de façon isolée : le Luxembourg doit être européen et doit attirer des entreprises et de la main-d’œuvre étrangères. Le Luxembourg a une condition d’existence qui est le succès économique !
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Paperjam en 15 repères
En 15 années, le magazine économique et financier a généré bon nombre de chiffres parfois insolites...
19/ 06 / 2000
Septembre / Octobre 2003 : Une rentrée politique ? Jean-Claude Juncker est le recordman des covers de Paperjam (six fois). (Photo : David Laurent)
Parution de la toute première édition de Paperjam (numéro zéro), tirée à 6.000 exemplaires.
22
Le nombre de femmes qui ont au moins une fois figuré en couverture de Paperjam : 16 fois de manière individuelle et une fois à l’occasion d’une photo collective qui a mis en avant six « leading ladies ».
116
Février 2004 : Pierre Gramegna La première édition de Paperjam « grand format » met en cover Pierre Gramegna, alors directeur de la Chambre de commerce. (Photo : David Laurent)
Le nombre de personnalités qui ont au moins une fois figuré en couverture de Paperjam. Jean-Claude Juncker et Jean-Claude Bintz partagent le record, avec six présences.
184
Le nombre d’invités reçus en direct dans les studios de Paperjam TV entre le 15 novembre 2011 et le 15 juin 2012. Auxquels s’ajoutent une centaines d’autres interviewés « sur le terrain », dans le cadre de reportages réalisés ponctuellement depuis.
30.028
Le nombre cumulé de pages (couvertures comprises) produites pour l’ensemble des éditions de Paperjam (hors suppléments et hors-séries). Soit un total de 495,5 millions de pages en tenant compte du tirage de chacune des éditions. Avril 2004 : Welcome L’élargissement de l’Union européenne donne le prétexte à une cover très graphique, la première du genre. (Illustration : Thomas Brodahl)
153
Le nombre de numéros de Paperjam parus en 15 ans (celui-ci inclus).
51.500
Le nombre de lecteurs « dernière période » résidents mesuré par la dernière étude TNS Plurimedia disponible (période 20132014). La première audience mesurée (2005-2006) était de 18.705, ce qui représente en huit ans une progression de 175 %.
Janvier 2006 : La bonne fortune de Luc Frieden À l’occasion d’un changement de formule (passage en cover glossy et dos carré), la photo « magistrale » du ministre des Finances fait, involontairement, couler beaucoup d’encre… (Photo : Andrés Lejona)
168
Le nombre de personnes ayant collaboré éditorialement (textes ou photos) à Paperjam depuis 2000, que ce soit une seule fois ou de manière régulière.
Entreprises 15 ans de Paperjam
83.500 C’est l’audience totale de Paperjam en lecteurs résidents uniques cumulés sur trois numéros au cours de la période 2013-2014. (Source : TNS Plurimedia)
60.000
C’est le nombre estimé de lecteurs par numéro de Paperjam pour la période 2013-2014 : un total qui cumule les données de TNS Plurimedia (51.500 lecteurs résidents) et une estimation du nombre de lecteurs frontaliers sur base d’une étude spécifique réalisée en 2011 et 2012.
Février 2007 : Didier Mouget Avec le nouveau CEO de PwC, Paperjam inaugure un style de cover en gros plan qui sera sa « marque de fabrique » pendant cinq ans et demi. (Photo : Andrés Lejona)
14
Le nombre de fois où Paperjam a été cité en référence par un député dans le cadre d’une question parlementaire adressée à un membre du gouvernement. Le premier à le faire fut… Xavier Bettel, en 2004, au sujet d’un article évoquant l’introduction de la carte d’identité électronique au Luxembourg.
23.906
Le nombre moyen de pages vues pour le site www.paperjam.lu (hors week-end), tous supports confondus. (Source : CIM Metriweb et Google Analytics)
Septembre / Octobre 2012 : Le prix de la monarchie Nouvelle formule et nouvelle approche esthétique pour les covers de Paperjam. (Concept : Maxime Pintadu)
646
Le nombre de picture reports que l’on peut consulter sur www.paperjam.lu : tables rondes, conférences, inaugurations, salons...
2
Le nombre de logos différents de Paperjam depuis sa création. Le premier, créé par Guido Kröger (associé et directeur du studio graphique), a accompagné le développement du magazine jusqu’en 2014, date à laquelle un nouveau logo a été conçu par Jeremy Leslie, directeur de la création.
Mars 2013 : Succession Story Onze jeunes « héritiers » d’entreprises familiales réunis au Cercle Cité pour une photo exceptionnelle et une cover qui se déplie. (Photo : Julien Becker)
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Le nombre d’évolutions dans la forme et la conception de Paperjam depuis sa création. Les plus marquantes ont été, en janvier 2004, le passage du petit au grand format et, en septembre 2008, la création d’un second cahier « Management », devenu Paperjam2 en septembre 2013 lorsque la parution de ces deux cahiers a été décalée de deux semaines.
Avril 2013 : Mir sinn dofir Paperjam s’engage et prend position pour une plus grande intégration des étrangers dans le processus démocratique du pays. Deux ans plus tard, un « Jo » vibrant barre la cover, à un mois du référendum sur le droit de vote des étrangers. (Concept : Maxime Pintadu)
De quelle façon Paperjam a-t-il pu évoluer pour aujourd’hui fortement peser sur l’opinion ? M. K. : « En 2000, la presse était quasi exclusivement germanophone et s’adressait prioritairement aux électeurs. Nous avons choisi dès le début de faire une presse qui s’adresse d’abord aux lecteurs et aux annonceurs. C’est le succès d’un petit média qui cible la communauté des décideurs et des entrepreneurs, qui ignore le diktat des choix politiques, qui utilise la première langue véhiculaire du pays et qui prend une position unique. Résultat, nous sommes aujourd’hui plus grands que le deuxième quotidien payant du Luxembourg. Revenons sur l’indépendance : il existe la dépendance des recettes publicitaires. Est-ce que cela se marie bien avec la volonté de faire de l’opinion ? M. K. : « Il y a deux contributions essentielles aux recettes de Paperjam : les publicités directes et le Paperjam Club, par le membership ou le sponsoring. C’est donc divisé en deux, même si ce sont les mêmes entreprises qui contribuent des deux côtés. Mais nous avons surtout la chance, par le très grand nombre de clients que nous avons, que plus aucun d’entre eux n’a vraiment de l’influence pris individuellement. Nos annonceurs comprennent que nous touchons nos lecteurs grâce à la qualité journalistique du contenu. J.-M. G. : « Contrairement à ce que certains, de moins en moins nombreux, croient encore, il y a une séparation claire et nette entre rédaction et régie publicitaire. Au niveau de la rédaction, nous nous imposons des garde-fous. Le contenu, lié à la pertinence de l’information, est complètement indépendant. Nous ne donnons la parole à un décideur ou une entreprise que s’il y a une actualité précise ou s’il a une opinion intéressante à développer. Et certainement pas au prétexte qu’il est un ‘gros’ annonceur. Dans l’affaire LuxLeaks, vous avez eu une approche très proche de celle des Big Four... M. K. : « Nous sommes, au Luxembourg, victimes d’une communication du pays qui n’est pas assez forte. En tant qu’entreprise média indépendante, dans le dossier LuxLeaks, nous avons par exemple créé et présenté une carte mondiale et visualisé ce qui se fait partout ailleurs dans le monde en termes de rulings et d’arrangements fiscaux – pour montrer qu’il ne s’agissait pas d’une spécificité luxembourgeoise. Être surpris qu’il y ait des rulings et croire que les entreprises s’installent à Luxembourg pour la seule beauté de la Pétrusse, c’est être naïf. J’ai été surpris que les médias étrangers mettent l’accent sur les Big Four, mais ne se soient absolument pas intéressés aux clients, c’est-à-dire les maisons mères des entreprises qui ont profité de l’optimisation fiscale. D’un point de vue moral, les responsabilités sont certainement partagées, mais on reste dans les conditions de la législation
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Entreprises 15 ans de Paperjam Comparaison
2000-2015, les chiffres-clés
En 15 ans, l’économie au Luxembourg a fortement évolué. La preuve au travers de 15 données macroéconomiques et statistiques.
Inflation En 2000, le taux d’inflation moyen au Luxembourg était de 3,2 %. Hormis en 2008 et en 2011 où elle a été plus forte, la situation s’est fortement tassée. Fin mai 2015, elle s’affiche à 0,7 %.
Population La croissance démographique du Luxembourg est assez vertigineuse. En 2000, le pays comptait 439.000 habitants. 15 ans plus tard, la population a augmenté de 28 % et atteint 563.000 résidents.
Nombre d’abonnés mobiles En 2000, 300.000 abonnés sont recensés dans le pays (avec deux opérateurs). En 2015, avec quatre opérateurs et des communications de plus en plus mobiles, on recense 870.000 abonnés, soit un taux de pénétration de 160 %.
Population luxembourgeoise Les résidents ayant la nationalité luxembourgeoise représentaient, en 2000, 63 % de la population totale, avec quelque 277.000 personnes. En 2015, ils n’en représentaient plus « que » 54 % avec 304.000 personnes.
Nombre de banques Les années 90 ont marqué l’apogée de la Place en termes de nombre de banques. En 2000, elle en comptait 202. Les mouvements de concentration ont, depuis, fait leur œuvre et ramené ce total à 144 en 2015.
Chômage Avec 2,5 % en 2000, le taux de chômage du pays était particulièrement envié de ses voisins. En avril 2015, il atteint 6,9 % après avoir connu un pic de 7,2 % au cours du second semestre 2014.
Demandes d’autorisation introduites En 2000, 7.174 demandes d’autorisation ont été introduites auprès du ministère des Classes moyennes. Il y en a eu presque deux fois plus en 2014 (+95 %), avec un total de 13.946.
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Demandes d’autorisation accordées En 2000, moins de deux tiers (62 %) des autorisations d’établissement étaient finalement accordées par le ministère (pour un total de 4.470). En 2014, la proportion était bien plus élevée (77 %), avec un total de 10.772.
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Dette publique Longtemps, le Luxembourg a affiché un niveau de dette publique très faible (6,1 % du PIB en 2000). Le sauvetage des banques BGL et Bil en 2008 a fortement fait gonfler cette dette, désormais établie à 23,1 % du PIB.
Population non luxembourgeoise Alors que le nombre de résidents luxembourgeois a augmenté en 15 ans d’un peu moins de 10 %, celui des non-Luxembourgeois a bondi de près de 60 %, passant de 162.000 en 2000 à 259.000 en 2015.
Nombre de demandeurs d’emploi En 2000, on recensait 4.719 demandeurs d’emploi. 15 années plus tard, l’Adem doit gérer plus de 18.000 chômeurs, soit une augmentation de 280 %.
Patrimoine global des OPC Le patrimoine global des fonds d’investissement domiciliés au Luxembourg atteignait à peine 850 milliards d’euros en 2000. En 2015, il dépasse les 3.500 milliards, soit une progression de plus de 300 %.
Nombre de frontaliers En 2000, ils étaient 84.000 travailleurs à franchir la frontière tous les jours. Ils sont le double (plus de 169.000) 15 années plus tard.
Tirage Paperjam À son lancement en juin 2000, le tirage de Paperjam était de 6.000 exemplaires par numéro. En janvier 2004, lors de la première grande refonte du magazine, dont la taille a doublé, ce tirage a été porté à 20.000 exemplaires et n’a plus changé depuis.
Nombre d’immatriculations En dépit d’une forte augmentation de la population en 15 ans (+28 %), le nombre d’immatriculations a suivi une hausse moindre : de 42.304 en 2000 (22.465 de janvier à mai), il est passé à 49.793 en 2014 (soit 18 % de plus).
Entreprises 15 ans de Paperjam
européenne. Nous avons pris une position promarché, pro-entreprises, pour défendre un marché – tout en étant intègres, sans être naïfs. La réforme de l’aide à la presse est en cours et pourrait permettre à Paperjam d’accéder enfin à cette subvention. Cela marquera-t-il de fait la fin de son indépendance ? J.-M. G. : « On peut toujours discuter de la pertinence de cette aide sur le fond, mais sur la forme, c’est une aide étatique et ce, quel que soit le gouvernement en place. Il est donc totalement neutre, d’un point de vue idéologique, de bénéficier de cette aide. En tant que tel, le mécanisme n’est donc certainement pas une inféodation de la part du média envers l’État. Il y a cependant une portée symbolique forte de bénéficier d’une telle aide après 15 ans d’indépendance... M. K. : « Le Premier ministre a clairement pris position en affirmant qu’il n’était pas possible de promouvoir l’économie digitale d’un côté, sans soutenir les médias qui s’expriment via le digital de l’autre. Paperjam publie deux quotidiens par jour, via sa newsletter. C’est deux fois par jour de la qualité journalistique, c’est du pur contenu, sans aucun espace ‘loisirs’ comme le font beaucoup d’autres médias pour gonfler leurs subsides. Nous remplissons donc deux fois les critères d’éligibilité en place, hormis le fait que cette newsletter biquotidienne n’est pas un média imprimé, mais digital. Une alternative ne serait-elle pas de supprimer cette aide ? M. K. : « L’aide au journalisme digital est importante, car nous arrivons aujourd’hui à un coût de développement informatique qui s’approche d’un coût d’impression. Le digital, qui était le moyen le moins coûteux pour distribuer du contenu, est devenu un canal cher. Les coûts liés au digital explosent et les revenus ne sont pas encore en adéquation. Un lecteur digital vaut beaucoup moins qu’un lecteur ‘print’ en termes de recettes publicitaires. Cela va empirer avec le développement du programmatic ad buying, où ce sont les moteurs de recherche qui vont acheter de la pub, à très bas prix. Il y a donc un vrai problème de transition des modèles classiques vers les modèles digitaux. Comment avez-vous intégré ce défi technologique et éditorial dans le modèle de Paperjam ? J.-M. G. : « Nous avons étoffé les équipes, ce qui nous permet de pouvoir traiter indifféremment une information sous un angle très factuel et immédiat, pour le web, ou plus en profondeur, avec du recul et dans l’analyse pour le magazine. Car contrairement à ce qui a pu être le cas au tout début, le magazine est aujourd’hui clairement démarqué du web en proposant un contenu
Juin 2013 : Luxembourg en quête d’image La cover la plus « light » de l’histoire ! Une contribution pour la recherche d’un nation branding efficace. (Concept : Maxime Pintadu)
Janvier 2104 : Une nouvelle ère Après 30 ans de gouvernement CSV, le pays change d’ère avec l’arrivée d’une nouvelle coalition menée par Xavier Bettel. « Sur certains sujets, nous avons les mêmes envies de faire avancer les choses. » (Photo : Christophe Olinger)
Janvier 2015 : Qui est le plus influent ? Pierre Ahlborn, lauréat du Top 100, est un homme discret et peu enclin à se montrer. Mais il accepte de jouer le jeu pour Paperjam. (Photo : Mike Zenari)
Mai 2015 : Juste des miettes Une façon originale de présenter une thématique souvent méconnue : les coulisses du lobbying à Bruxelles. (Concept : Stephanie Post)
radicalement différent, parfois complémentaire, mais toujours traité de façon exclusive. M. K. : « L’aide à la presse a été mise en place, dans les années 1970, pour maintenir un certain pluralisme et garantir la diversité et la qualité dans la presse d’opinion. Un titre comme Paperjam, qui a démontré qu’il a une opinion différente des autres titres, doit exister pour que ce pluralisme soit maintenu. Plus le marché sera difficile au niveau publicitaire, plus l’aide de l’État va devenir importante. Mais nous n’allons évidemment pas nous reposer uniquement làdessus, ce n’est pas dans notre philosophie. Ce qui est important pour nous, c’est que Paperjam soit devenu pour beaucoup de personnes la première source d’information généraliste au Luxembourg. Avec cette position-là, nous avons quelques années d’avance sur l’érosion des recettes publicitaires. À nous de nous réinventer. Quel regard porte le rédacteur en chef sur « son » Paperjam ? J.-M. G. : « De la fierté, forcément, car sans faire preuve d’ego démesuré, nous ne pouvons que constater le succès du titre et, forcément, en être fiers. Pour ce qui est du regard critique, il est vrai que c’est parfois difficile de prendre, au sein de la rédaction, le recul nécessaire pour avoir ce regard critique. Nous faisons tout de même régulièrement le point sur ce qui va ou ne va pas et sur ce qui pourrait aller mieux. Et ce regard-là, l’éditeur se charge de toute façon de nous le décrire en détail... M. K. : « Nous sommes passés d’une position où nous étions challenger à une position de leader. Tout l’art consiste désormais à rester agiles, à avoir le sens critique et savoir se remettre en question. Ce succès a-t-il été planifié ? Ou bien vous a-t-il parfois dépassés ? M. K. : « En 2003, lors de la refonte du magazine, nous avions ciblé 50.000 lecteurs. Il y avait aussi une forte envie d’être plus journalistique. D’où ce travail qui a duré près d’un an, pour réinventer le magazine, en étant ambitieux sur la qualité et sur la distribution, avec un impact immédiat sur le marché des lecteurs et des annonceurs. Notre approche, à l’époque, était peut-être légèrement naïve. Aujourd’hui, en tant qu’éditeur, avec un titre qui touche chaque mois 60.000 personnes et 100.000 lecteurs distincts en cumulé sur trois mois, je me rends compte de l’influence que nous avons. Et ça, nous ne nous en sommes pas rendu compte avant, pas plus que nous n’aurions pu imaginer quelle serait la vraie force d’un tel média. Les nombres en Excel et les nombres en vrai, ce n’est pas la même chose… » ◄ En résumé Paperjam fête ses 15 ans. Retour sur une success-story ininterrompue, avec l’éditeur et le rédacteur en chef, de ce qui est devenu le média économique et financier de référence de la Place.
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Entreprises PwC
02 Transition en douceur
► Après neuf ans passés à la tête du premier cabinet d’audit et de conseil du pays, et après une période de transition d’un an, Didier Mouget cédera sa place au 1er juillet à John Parkhouse, avant de quitter définiti vement la firme au 1er janvier 2016. ► La gestion de l’affaire LuxLeaks a été l’un de leurs plus gros dossiers ces derniers mois. ► En dépit des difficultés récentes, tous les voyants sont au vert et la crois sance est toujours au rendez-vous. ― Interview : Jean-Michel Gaudron ― Photo : Sven Becker
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Monsieur Mouget, vous avez fait toute votre carrière depuis plus de 30 ans au sein de la même firme, et vous l’avez dirigée ces neuf dernières années. Quels bilans tirez-vous à l’heure de céder votre place de managing partner ? « Sur un plan personnel, lorsque j’ai succédé en janvier 2007 à Marie-Jeanne Chèvremont, qui m’avait recruté et avec qui j’avais étroitement travaillé pendant plus de 20 ans, j’allais un peu vers l’inconnu. Je suis passé très vite de numéro 2 à numéro 1, avec une période de transition qui a été très courte par rapport à celle d’un an que je viens de vivre avec John. Je n’ai pas eu d’autre choix que de me faire très vite à mon nouveau rôle et les choses se sont finalement très bien passées si j’en juge par la position que PwC occupe sur le marché luxembourgeois. Je retiens ensuite la façon dont nous avons globalement géré la firme, car sur les neuf années de mon mandat, nous en avons vécu sept ou huit en pleine crise. Et malgré cela, nous avons très bien évolué et grandi. Je pense par exemple à ce nouveau bâtiment
▲ John Parkhouse (à gauche) reprend le flambeau des mains de Didier Mouget, après une période de transition d’un an.
que nous occupons depuis l’automne dernier : nous avons finalisé et signé le contrat fin 2006-début 2007. Ce nouveau bâtiment, tout le monde en rêvait depuis longtemps et le fait d’y entrer a fini de matérialiser les ambitions que nous avions à l’époque. Nous comptions alors moins de 1.400 employés et nous sommes aujourd’hui près de 2.500 et le bâtiment a une capacité de… 2.900 personnes. Et dire qu’en 2007, on se demandait comment on allait le remplir ! Comment expliquez-vous ce succès qui fait de PwC un des principaux employeurs privés du pays ? « Je pense qu’il se base surtout sur un esprit d’entreprise propre à PwC qui a toujours existé à Luxembourg. Il est dans notre culture d’être entrepreneur et investisseur. Je ne compte
Entreprises PwC
plus les initiatives où nous avons été précurseurs : l’accélérateur, PwC’s Academy, les systèmes de rémunération à la carte… Nous pouvons aussi nous appuyer sur la qualité du réseau international, composé de firmes locales, indépendantes opérationnellement et financièrement, mais très coordonnées au niveau des processus, de la qualité des services, des systèmes informatiques ou encore des procédures de risk management. Nous avons eu la liberté et n’avons pas eu peur de prendre des initiatives, même si parfois elles ont pu nous coûter de l’argent pendant quelques années avant d’être rentables. Comment se positionne concrètement un managing partner dans une structure décisionnelle aussi collégiale et un partnership aussi large ? « Un bon partner est quelqu’un dont le principal objectif est de recruter, porter et pousser des gens plus compétents que lui. Je suis très fier de penser que sur les 140 associés que nous comptons actuellement, au moins… disons… 130 sont plus compétents que moi ! Dans une structure démocratique où le managing partner est élu par les associés, sans un minimum de compétences et de capacités à tirer les gens vers le haut, on ne peut pas prétendre à rester longtemps dans cette fonction-là. Pour réussir, il faut donner un maximum de latitude à ses associés, dans le respect du brand et de la réputation de la firme. La fin de votre mandat a été marquée par l’affaire LuxLeaks. Comment l’analysezvous avec six mois de recul ? « Ce fut évidemment une période très difficile tant pour les employés que les associés. J’ai été profondément désolé, et choqué, de lire autant de choses négatives et très injustes sur PwC et surtout sur le Luxembourg, dans une certaine presse internationale. Surtout que pratiquement tout le monde reconnaît, aujourd’hui, que tout était parfaitement légal et, dans une large mesure, totalement légitime. Sur le strict plan des affaires, nous n’avons pas perdu de clients et les résultats que nous présenterons cet automne seront à nouveau très positifs malgré ces événements. Plus largement, nous allons vivre un réajustement de certaines activités dans un nouveau cadre international bien défini. Cela permettra de lever encore davantage les doutes. Mais en aucun cas, personne n’a à avoir honte ni à rougir de ce qui s’est passé. Ni PwC, ni le Luxembourg. Au-delà de l’impact des rulings révélés, vous avez eu en plus à gérer un important vol de documents en interne… « C’est un vol de documents qui a eu lieu en 2010. L’auteur a été inculpé et a expliqué son geste.
Je n’en dirai pas plus puisque l’instruction suit son cours. Je peux tout de même vous dire que les conséquences de ce vol ont été tirées depuis plusieurs années. Monsieur Parkhouse, quelques mois après avoir pris la codirection de la firme, vous avez tout de suite été plongé dans le bain à devoir gérer cette affaire. Comment se sont passées les choses pour vous ? « Il est clair que c’est un baptême du feu qui compte et que je ne suis pas prêt d’oublier ! Je me rappelle que la journée où tout a explosé, j’étais en rendez-vous client à New York. J’étais en train de dîner lorsque j’ai reçu l’appel m’annonçant ce qui s’est passé. Je suis resté sur place les jours suivants pour gérer tout cela avec l’équipe du réseau mondial basée à New York. Il a fallu s’organiser et s’assurer que nous pouvions conduire les affaires dans une même direction. Il s’agissait de contacter beaucoup de personnes, à commencer par nos clients qui, eux aussi, ont souffert de la situation, et, dans le même temps, de procéder à un certain nombre d’analyses de ce qui avait été fait depuis deux ans. Ce fut un travail très intensif et très prenant. Ma famille qui ne me voyait déjà pas beaucoup précédemment s’est presque inquiétée en constatant ce à quoi ressemblait mon ‘nouveau travail’ ! Je dois tout de même dire que j’ai eu la grande chance que Didier soit encore là à ce moment-là. S’il avait effectivement quitté ses fonctions en juillet, cela aurait été encore beaucoup plus difficile. De retour au Luxem bourg, il a fallu évidemment travailler étroitement avec tous les stakeholders de la firme, y compris le gouvernement, pour gérer au mieux ce dossier. Qu’en a-t-il été de la communication au sein même de votre entreprise ? « Nous avons évidemment organisé des meetings d’information et eu de nombreuses discussions avec nos équipes, notamment dans le service Tax. Il a fallu d’abord rassurer tout le monde que les méchants, ce n’était pas nous ! Et bien insister sur le fait que tout ce que nous avions fait l’avait été dans les règles et le respect des valeurs de la firme, dans les intérêts du client et de la société au sens large. Il faut aussi savoir que sur les 2.500 personnes qui travaillent pour PwC au Luxem bourg, un certain nombre ne savait pas du tout ce qu’était un ruling. Il a donc fallu aussi être pédagogique et, surtout, bien montrer que ce n’était pas du tout condamnable, contrairement à ce que certains journaux ont affirmé. Quant aux personnes du service Tax, le choc a été très grand et certains ont même
eu peur de perdre leur emploi. Il y a eu des moments humains très difficiles à gérer. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, PwC n’est pas une grande organisation sans âme. Le facteur humain y est essentiel. Du reste, au-delà même de cette affaire, nous avons lancé quelques initiatives pour réfléchir au futur de la firme et à la façon de pouvoir développer les talents en interne, les potentiels et la flexibilité de chacun. Il est important aussi de savoir sur quelles compétences nous devons miser à l’avenir pour rester compétitifs et pour mieux gérer notre capital humain. Quelles sont ces compétences justement ? « La réflexion est encore en cours, mais il est évident que cela tournera beaucoup autour des technologies, de la communication et du traitement analytique des données. Dans le même temps, nous anticipons déjà les changements de compétences en matière fiscale. Depuis deux ans, nous sommes déjà dans une transformation allant vers plus de substance et de conformité. Avec LuxLeaks, les choses vont encore s’accélérer. Et cela va de pair avec la situation même du pays, où les compétences sont toujours plus fortes en la matière, ainsi que pour tout ce qui touche à la gestion d’actifs. Quels sont les piliers de croissance majeurs que vous envisagez pour PwC ? « Les développements en matière de réglementation sont pour nous essentiels et nous comptons bien jouer un rôle actif en matière de gestion des informations de ce type. Nous sommes par ailleurs un très fort leader sur le marché de l’audit où la concurrence est évidemment de plus en plus vive, mais nous comptons bien maintenir, sinon renforcer, cette position. Dans le domaine du conseil fiscal, même si les mois qui viennent de passer ont été plus difficiles, nous continuons à bien performer et les changements en cours constituent autant de belles opportunités, sans compter que nous pouvons aussi nous appuyer sur l’expertise du réseau mondial, de la même façon que l’on fait appel de l’extérieur à notre très haut niveau de compétences notamment dans le secteur financier et dans les services publics. Dans les activités de conseil enfin, différentes initiatives, dont un partenariat avec PwC France, nous permettront d’assurer à la fois un service optimal et des opportunités de forte croissance pour les années à venir. » ◄ En résumé Après neuf années passées à la tête de PwC, première firme de conseil et d’audit du pays, Didier Mouget cède sa place à John Parkhouse, qu’il a accompagné pendant une année entière de transition. L’occasion de faire le point sur le développement d’une société devenue l’un des principaux employeurs privés du pays.
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Entreprises Golden-I
03 Les nouveaux modèles en vitrine
► Depuis huit ans, Golden-I se positionne comme la soirée de gala de la communauté ICT. ► Le Flagship Award de l’Apsi est allé à la success-story francoluxembourgeoise MangoPay. ― Texte : Florence Thibaut ― Photo : Jan Hanrion Inaugurée par Xavier Bettel, pour la deuxième année consécutive, l’édition 2015 du gala Golden-I a fait le plein de people IT au Casino 2000 à Mondorf. Le rendez-vous initié par la société Makana rassemble chaque année, depuis 2008, entre 500 et 700 pro fessionnels. « L’ICT est aujourd’hui un atout majeur pour l’économie et la société dans toutes ses dimensions. La vague digitale transforme la manière dont on apprend, travaille, échange, paie et communique. C’est une immense opportunité pour le business, ainsi que pour les citoyens. D’ici peu, chaque domaine politique sera digital par essence. C’est toute la raison d’être d’un programme comme Digital Lëtze buerg. L’idée n’est pas de digitaliser des vieux modèles, mais d’en créer de nouveaux pour repenser les services publics et la création d’entreprises », a souligné le Premier ministre. Convaincu de l’importance grandissante du secteur pour le futur de la Place, le gouvernement s’est engagé à adapter l’éducation aux besoins de compétences réclamées par le marché. Le récent projet Digital4Education, qui vise à favoriser un égal accès des élèves aux technologies, constitue une première étape. « Il est urgent de développer leur esprit entrepreneurial et leur créativité, poursuit Xavier Bettel. Les e-skills seront d’ailleurs une des priorités de la présidence du Conseil de l’UE à venir. » Parmi une série de prix remis durant la soirée (lire ci-contre), celui de CIO de l’année est allé à Pierre Zimmer, emblématique CIO du groupe Post depuis un an. Choisi par ses pairs du réseau CIONet, il a été récompensé pour son parcours au sein du secteur paraétatique. C’est MangoPay, solution éditée par Leetchi Corp, qui succède à Flibco, navetteur bien connu de la Grande Région, lauréat 2014, comme gagnant du Flagship de l’année. Le choix de l’Apsi (Association des professionnels de la société de l’information) s’aligne avec la stratégie Digital Lëtzebuerg, dont un des moteurs est de parvenir à attirer plus de start-up sur les terres grand-ducales. MangoPay présente, en outre, l’avantage
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d’être active dans les fintech, nouvelle mine d’or potentielle et voie de diversification toute désignée pour la Place. « MangoPay est rapidement devenue un leader européen du paiement en ligne. La solution gère déjà un volume de 200 millions d’euros par an depuis le Luxembourg. En ce sens, Leetchi Corp, sa maison mère, a une contribution significative à l’économie du pays, explique Jean Diederich, président de l’association créée en 2000. Les fintech seront un maillon essentiel à l’avenir. Pour les développer durablement, il faudra travailler sur l’image du pays et du secteur à l’étranger et se concentrer sur des segments porteurs comme les paiements ou les fonds. Luxembourg a tous les atouts pour devenir un hub au centre de la zone euro, à condition de doper le niveau d’expertise local et de soutenir les entrepreneurs. » Pour Romain Mazeries, CEO et cofondateur de Leetchi Corp, ce trophée « vient couronner plusieurs années de travail intensif ». Au fil du temps, la start-up s’est créée des antennes à Londres et Paris, et a développé plusieurs partenariats solides, notamment avec EBRC. « C’est une belle reconnaissance pour tous nos collaborateurs. 600 plateformes et 3,5 millions d’utilisateurs nous ont déjà fait confiance dans 16 pays. Ce n’est qu’un début ! Aujourd’hui, tous les voyants sont verts, nous allons encore poursuivre notre déploiement à l’international. » Conceptualisée en 2009 sur base d’un site de collecte de fonds, la cagnotte en ligne se situe au croisement des fintech et de l’économie circulaire, mettant
Golden-I, les lauréats Pierre Zimmer (Post Group), CIO de l’année ; MangoPay, Flagship Award ; Post Telecom, Champ Cargosystems, EBRC et Telindus pour les EuroCloud Awards.
sa technologie au service de plateformes externes sous la forme d’une solution de paiement clé en main, le tout adossé à une licence européenne d’établissement de monnaie électronique. Dès sa création, la jeune société Leetchi, à la tête d’une équipe de 30 personnes, dont 20 consacrées à MangoPay, a choisi le Luxembourg pour se développer. Elle compte bien y rester. « On nous a proposé de rapatrier notre agrément bancaire en France, mais ce n’est pas du tout à l’ordre du jour, dévoile Romain Mazeries. À notre création, le choix du Grand-Duché s’est imposé rapidement. Sa place financière nous permettait d’attaquer le marché européen et de développer notre réseau facilement. On y a trouvé l’infrastructure nécessaire à notre développement. Nous allons tout faire pour devenir un champion européen au départ de Luxembourg et contribuer à attirer d’autres talents ». ◄ En résumé Rendez-vous phare de la communauté ICT, Golden-I a notamment permis de saluer la success-story MangoPay, lauréate du Flagship 2015 décerné par l’Apsi.
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Entreprises Neobuild / Post
04 L’innovation bâtit le futur ► Le développement économique de la construction passe par le pôle de Bettembourg.
PHOTO : ERIC CHENAL
Le Conseil pour le développement économique de la construction (CDEC) veille sur un secteur important, surtout quand les défis, réglementaires et énergétiques notamment, sont là. À côté de son centre de formation (l’IFSB), le groupement a créé en 2011 un pôle d’innovation technologique orienté sur la construction durable. Neobuild vient d’inaugurer, à Bettembourg (ZAE Krakelshaff ), son Innovation Center qui, du coup, fait office de vitrine, de démonstration que le bâtiment passif ou pensé durablement est là pour bâtir le futur. L’IFSB et l’ensemble du secteur, avec le soutien du ministère de l’Économie, y voient un nouveau pôle d’excellence et une réponse constructive à l’évolution des sources d’énergie, des métiers, des techniques ou des formations adaptées. A. D. ◄
► Le Neobuild Innovation Center
05
Post aux petits soins « Pour le bien-être numérique des Luxembourgeois. » C’est ainsi que Serge Allegrezza, président du conseil d’administration du groupe Post, résume le fort niveau d’investissements (quelque 200 millions d’euros), majoritairement consentis dans les infrastructures télécoms (fibre optique, data centers, modernisation de systèmes informatiques), par l’opérateur historique, désigné dans le cadre de la stratégie numérique du gouvernement. Conséquence directe : la hausse des amortissements plombe quelque peu l’Ebit, tombé de 56,5 à 49,4 millions d’euros. Comme dans le même
◄ Serge Allegrezza (président du CA de Post) : « Un marché télécoms marqué par la saturation. »
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temps, les charges exceptionnelles ont été importantes (moins-values actées pour la démolition des anciens bâtiments CFM et provisions pour litiges en cours), le résultat net après impôts de 41,3 millions d’euros accuse un recul de plus de 30 %. Ce résultat contraste avec un chiffre d’affaires global en hausse de 2,1 % à 691,5 millions d’euros, dont 70 % sont réalisés par la branc he télécoms, qui enregistre à elle seule 6,1 % de mieux, portée par les succès de l’offre mobile Scoobido lancée fin 2014, l’offre internet haut débit LuxFibres ainsi que l’essor des services cloud. Le président du conseil d’administration trouve ce résultat plutôt encourageant, compte tenu d’une « énorme compétition et d’un marché marqué par la saturation », a-t-il précisé. V. P. et J.-M. G. ◄
PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER
► La forte baisse du résultat net du groupe Post s’explique principalement par un très haut niveau d’investissements.
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Entreprises Creative Young Entrepreneur Luxembourg
06 Femme, mère
et entrepreneuse ► Alexandra Kerckhof, fondatrice de la société Éditions 9 et de Cupcake Babies, a décroché le Cyel 2015. ― Texte : Alain Ducat ― Photo : Mike Zenari
Pour la première fois, le Cyel va à une femme : le jury de la JCI Luxembourg a choisi Alexandra Kerckhof, la fondatrice et gérante de la société Éditions 9 et de Cupcake Babies (start-up que Paperjam avait mise à l’honneur dans l’édition de mai), pour l’award du Creative Young Entrepreneur Luxembourg. Conciliant au mieux vie privée et vie professionnelle, la lauréate, maman de trois enfants, a créé Éditions 9, spécialisée dans l’édition de guides pour les parents (quoide9.lu), puis la marque qui commercialise, notamment, la plus petite et néanmoins très innovante baignoire pour bébé. Le président du jury, Patrick Wies (partner KPMG) a dit un panel « particulièrement séduit » par le dynamisme de cette femme plus qu’active. « Alexandra Kerckhof est dans l’action, elle sait ce qu’elle veut et où elle va. Elle a su prendre des risques tout en s’attachant à s’entourer et à créer des réseaux. » Alexandra Kerckhof l’emporte devant Alex Panican, cofondateur de la société Malinshopper.com, un site de vente en ligne, et Cyrille Gerhardt, le créateur de Smell Marketing (également repéré en son temps par la rubrique start-up de Paperjam), une entreprise spécialisée dans le marketing olfactif, respectivement deuxième et troisième du concours. Le Coup de cœur du jury est quant à lui allé à Tom Wecker, le patron de Livraison.lu, un portail qui permet de commander des repas dans un restaurant et de bénéficier d’un service de livraison à domicile. Le palmarès 2015 a été annoncé en présence de l’homme d’affaires Gerard Lopez, fondateur et CEO de Nekton Group. ◄
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Entreprises Distribution alimentaire
Bousculade dans les rayons
PHOTO : JESSICA THEIS (ARCHIVES)
07
► Le Luxembourg attire les distributeurs des pays voisins, qui sont bien souvent des géants du secteur. ► La question de la saturation du marché est posée, mais la réponse est chaque fois celle de la démographie croissante. ► L’enjeu est aussi de garder le consommateur luxembourgeois à l’intérieur des frontières. ― Texte : Jean-Michel Lalieu
« Il y aura des perdants, mais je suis incapable de dire qui... » Laurent Schonckert (Directeur général Cactus)
Depuis le début de l’année, les distributeurs alimentaires tant français qu’allemands ou belges ont décidé de mettre les petits plats dans les grands pour séduire les consommateurs luxembourgeois. Les projets pleuvent et la surface des mètres carrés potentiels s’étend inexorablement. Un peu comme si tous les ténors du commerce venaient de redécouvrir l’attrait de ce voisin parfois jugé trop petit pour s’y intéresser. Mais à ce train, il n’y en aura peut-être pas pour tout le monde. Faisons les comptes : le Français Auchan, présent depuis 1996 avec un seul hyper au Kirchberg, a confirmé son projet de centre commercial à la Cloche d’Or – un hyper de 12.500 m2 et deux autres niveaux de commerces – et un hyper de 4.500 m2 au centre de Differdange. Le shopping centre City Concorde passera de 24.000 à 30.000 m2. Le projet Royal-Hamilius, au cœur de la capitale (13.000 m2 de surface commerciale), accueillera un grand magasin Galeria Inno et un supermarché Delhaize de 1.000 m2. Monoprix, présent dans le quartier de la gare à Luxembourg, prévoit encore deux nouvel les ouvertures rapidement dans la capitale. Colruyt, qui n’avait qu’un magasin depuis sept ans, en a ouvert deux en 2014. Lidl
▲ Le Luxembourg est un marché prisé. Les enseignes s’y bousculent comme les caddies dans les rayons.
prépare deux nouvelles surfaces de vente pour le début 2016 et Cactus prévoit au moins trois nouveaux supermarchés d’ici 2017. Sans oublier Carrefour, qui vient de découvrir le Luxembourg, et a installé en quelques mois deux points de vente de proximité Express, à Luxembourg et Eschsur-Alzette, et se déclare ouvertement prêt à s’étendre sur le territoire grand-ducal.
UN MILLION DE M2 Pour Thierry Nothum, directeur général de la Confédération luxembourgeoise du commerce, la situation devient inquiétante. « Les grands projets risquent de ne pas attein dre le seuil de rentabilité, analyse-t-il. Au cours des cinq à six prochaines années, la surface de vente va croître entre 10 % et 20 % selon la concrétisation des projets. La demande ne
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Entreprises Distribution alimentaire suivra jamais cette augmentation de l’offre. » D’autant que, constate-t-il, depuis près de 10 ans le mode de consommation a changé au détriment du commerce de détail. « En 2012, les consommateurs y ont dépensé en valeur environ la même somme qu’en 2005. » De plus, le Luxembourg, avec un million de mètres carrés de surface nette dédiée au commerce de détail, se situe déjà dans le top 5 européen. Et il pointe carrément en deuxième position, derrière la Norvège, si on se limite à la densité des centres commerciaux. Saturation en vue ? Les responsables des grands projets en chantier ne le pensent pourtant pas. Parce que la démographie continue d’évoluer à un rythme de 2 % par an, soit 10.000 personnes de plus à nourrir chaque année, que le pouvoir d’achat est important et que les frontaliers sont aussi de plus en plus nombreux. « On arrive à un nombre d’enseignes et de mètres carrés par habitant qui est effectivement très important, mais le marché n’est pas saturé, estime François Rémy, directeur général d’Auchan Luxembourg. On constate d’ailleurs toujours une évasion commerciale vers la France et l’Allemagne. » Son but, explique-t-il, est de faire du futur centre commercial de la Cloche d’Or, qui ouvrira à l’automne 2018, une référence pour l’ensemble de la Grande Région. Il veut attirer des consommateurs des trois pays frontaliers et donc inverser la tendance. « Limiter notre zone de chalandise au Luxembourg ne serait pas suffisant », observet-il. Au Kirchberg, 30 % de la clientèle est éga lement faite de non-résidents. Au niveau du Grand-Duché, Cactus est l’acteur historique. Créée dans les années 60, l’enseigne s’est développée sur l’ensemble du territoire, quasiment à l’abri de la concurrence étrangère. « Dans les années 70, nous étions seuls, avec Match », constate le directeur général Laurent Schonckert. Aujourd’hui, même s’il estime toujours la concurrence stimulante, il se dit interpellé par l’accumulation des projets. « Il y a 20 ans, lorsqu’on me posait la question d’une éventuelle offre excédentaire, je disais déjà qu’il fallait
faire attention. Cette fois, je suis sceptique quant au fait qu’il y ait vraiment de la place pour tous les projets. » De son point de vue, au prix actuel du foncier, certains ont peut-être pour seule ambition de prendre des parts de marché. « Ils ont sans doute les reins suffisamment solides, mais moi je ne peux pas voir les choses comme ça. » Confrontée à un problème de loyer, l’enseigne familiale vient d’ailleurs de décider de fermer un magasin à Ettelbruck dès le mois de juillet. Le directeur de Cactus reconnaît une part de hasard quant au fait qu’autant d’annonces aient été faites en quelques mois. La crise a paralysé le développement pendant quelques années. « Mais si le gâteau a grandi avec l’évolution démographique, la part des dépenses alimentaires est en recul, s’inquiète Laurent Schonckert. Selon moi, il y aura donc des perdants, mais je suis incapable de dire qui… »
UN MARCHÉ COMPLEXE Le lion de Delhaize a fait son entrée en ter ritoire grand-ducal en 1997, par sa formule d’affiliés indépendants (AD Delhaize). Près de deux décennies plus tard, le dis tributeur belge, qui prépare activement sa fusion avec le Hollandais Ahold, est devenu un acteur incontournable. Et lui aussi veut poursuivre sa croissance. Grâce au projet Royal-Hamilius, nous l’avons dit, mais pas seulement. « On voit que nombre d’enseignes pensent que le Luxembourg est un marché attractif. Nous restons vigilants, mais ça nous stimule plus que ça ne nous inquiète, lance Kris Van Strydonck, directeur général de Delhaize Luxembourg. Notre pipeline de nouveaux projets se remplit bien. » Un son de cloche également entendu chez le discounter allemand Lidl qui veut passer à la vitesse supérieure alors qu’il est resté assez passif jusque récemment. Présent depuis 13 ans, il se contente de sept points de vente alors qu’il en a installé 292 en 20 ans en Belgique. « Nous sommes poussés dans le dos par les bons résultats de nos magasins
existants, explique Julien Wathieu, porteparole de Lidl Belux. Désormais, chaque fois que nous repérerons une opportunité, nous essaierons de nous implanter. » Dans les années 2000, suite à l’annonce d’un vaste projet de l’ogre français Leclerc, un moratoire a été décrété et est resté en vigueur pendant plusieurs années pour limiter le nombre de grandes surfaces. Aujourd’hui, l’Europe l’interdit. En plus, en tant que petit pays directement concurrencé à ses frontières, le Luxembourg a bien su voir où était son intérêt. « Le pays doit parfois accepter un acteur plutôt que de voir les résidents luxembourgeois aller faire leurs courses chez un de nos voisins, explique Thierry Nothum (CLC). Une telle situation se répercuterait sur l’ensemble du commerce luxembourgeois. » Cette proximité des frontières est évidemment la clé du succès des grands projets commerciaux. Parce qu’il faut à la fois pouvoir satisfaire le consommateur luxembourgeois, ce qui représente déjà un savant dosage de cultures, mais aussi proposer une offre apte à faire venir les résidents français, allemands et belges vers le Luxembourg. Auchan explique d’ailleurs partiellement le statu quo dans sa stratégie par ce manque de vision. « Nous avons mis quelques années à nous adapter au pays, à trouver notre modèle, note François Rémy. Depuis, nous avons su étendre la profondeur et la spécificité de l’offre et mettre en place des concepts commerciaux aptes à attirer cette large clientèle potentielle. » Une spécificité qui aurait pu décourager pas mal d’acteurs de venir batailler dans un territoire aussi complexe pour si peu de consommateurs. Mais, visiblement, le dynamisme de l’économie luxembourgeoise sonne de manière convaincante aux oreilles des distributeurs. ◄ En résumé Depuis le début de l’année, plusieurs distributeurs européens ont annoncé des projets ou de l’intérêt pour le territoire luxembourgeois. La densité de commerces y est déjà pourtant très importante et la saturation guette.
Présence des acteurs de la distribution alimentaire au Luxembourg
3
13
Aldi (Allemagne)
082 ―
43
1
Colruyt (Belgique)
Monoprix (France)
7
Pall Center (Luxembourg)
3
Delhaize (Belgique) 7 Super Delhaize ; 4 AD Delhaize ; 15 Proxy Delhaize ; 17 Shop’n Go
Carrefour (France) 1 supermarché ; 2 Carrefour Express
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26
Match (France) 13 supermarchés Match ; 13 Smatch
7
Lidl (Allemagne)
2
Cora (France)
1
Auchan (France)
42
Cactus (Luxembourg) 13 supermarchés ; 8 Cactus Marché ; 21 Shoppi
3
Alima (Luxembourg)
Entreprises Maison Moderne / Luxair
08 Oswald Schröder revient au pays ► Après 10 ans à l’Office européen des brevets, l’ancien communicant de la BGL retrouve le Grand-Duché, pour diriger l’agence de Maison Moderne. Award, devenu l’une des plus prestigieuses distinctions au monde dans le secteur de l’in novation technologique. C’est donc chez Maison Moderne que ce journaliste de formation, d’origine belge, devenu expert en stratégie de communication et en marketing de contenu, a choisi de poursui vre sa carrière. « Le content marketing est un instrument fantastique pour partager l’essence d’une marque et la vie d’une entreprise ou de ceux qui la représentent avec ses clients et un public plus large, explique-t-il. Maison Moderne a le potentiel et les compétences pour lever les trésors dormants. Et les médias modernes permettent de partager ces histoires et d’établir une interaction entre les acteurs. » J.-M. G. ◄
PHOTO : MAISON MODERNE
« Oswald is back ! » Oswald Schröder, 57 ans, revient au Grand-Duché après 10 ans en Allemagne : à compter du 1er juillet prochain, il prendra la direction de l’agence de communication de Maison Moderne, premier groupe média indépendant au Luxembourg (et éditeur, entre autres, de Paperjam). Les anciens se souviennent de lui en responsable du service Communication de la BGL, entre 2000 et 2004. Il choisit ensuite de s’expatrier en famille à Munich, où l’Office européen des brevets lui confia la direction du département Communication. Il y a mis en place une stratégie résolument moderne et efficace favorisant la visibilité de l’organisation dans les médias internationaux. Oswald a aussi créé l’European Inventor
09 Plan de vol validé ► Le conseil d’administration de la compagnie nationale a donné son feu vert au plan d’investissement massif de 250 millions d’euros pour les cinq prochaines années. 250 millions d’euros : c’est le montant du plan d’investissement que le conseil d’administration de Luxair a validé, en marge de l’approbation des comptes 2014 de la compagnie aérienne nationale. Renouvellement de la flotte, environnement digital et infrastructures constituent les trois piliers de ce plan. Objectif : rester compétitif et, par extension, être le principal acteur en Grande Région et, surtout, rester indépendant, au contraire des autres compagnies aériennes « régionales ». Sur le plan financier, Luxair a redressé le cap, même si le bénéfice net de 9,7 millions (contre 1,9 million un an plus tôt) est un peu en trompe-l’œil : il dépend très largement d’un élément « exceptionnel » de 6,1 millions issu de la cession d’une partie de la participation de
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Luxair dans Cargolux en 2014. Et même si l’activité « tourisme » de Luxairtours clôture 2014 avec un résultat opérationnel de 10,1 millions d’euros, l’activité « airline », elle, reste largement dans le rouge, même si sa teinte est moins vive, avec un chiffre d’affaires en hausse de 15 % et des pertes ramenées à 8,4 millions, contre 12 millions un an plus tôt. La compagnie récolte ainsi les fruits combinés d’une réduction des coûts de l’ordre de 30 % et d’un nombre record de passagers transportés (+19 % en un an), le cap du million ayant été franchi, porté notamment par les tarifications Primo. « Il s’agit là d’un succès inespéré qui augure bien de son avenir », s’est félicité Paul Helminger, le président du conseil d’administration, devant le bilan global 2014 du groupe. J.-M. G. ◄
C É LÉ B R E R AV EC S AVO I R , S E RV I R AV EC A M O U R .
FOOD & BEVER E X C E L L A G E C R E A T IV ENCE A E WARD
2009 , 2 010 2013 & , 2012 2014
R É CE PT I O N D’E N T R E P R I S E O U MA R IAG E P R I VÉ , BA N Q U E T D E P R E ST I G E O U CO CK TA I L D Î NATO I R E .
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Entreprises Diversification ICT
10 En quête du chaînon manquant
― Texte : Florence Thibaut
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Apple a opté pour l’Irlande, Amazon a misé sur Francfort et Microsoft sur Amsterdam. Le constat est sans appel : les grands joueurs ne choisissent pas encore le Luxembourg pour établir leurs data centers. Même son de cloche du côté de SoftLayer, spécialiste du cloud pour les entreprises, intégré dans la galaxie IBM depuis juillet 2013. Si la marque a également construit des data centers à Amsterdam ainsi qu’à Londres, à Francfort et à Paris pour desservir ses clients européens, elle n’a pas encore inscrit le Grand-Duché dans sa roadmap, malgré un appétit local grandissant pour des services cloud hybrides. « Aujourd’hui, les entreprises ne veulent plus gérer elles-mêmes leur infrastructure, mais se concentrer sur le core business. On s’oriente vers des modèles de ser vices plus flexibles », introduit Frédéric Robin, country general manager IBM Luxembourg. Il se murmure que des acteurs bien connus de la Place – Post et Telecom Luxembourg Private Operator –, déjà partenaires officiels de la gamme, envisagent de monter un dossier pour convaincre le groupe de créer un local point of delivery (POD) au Luxembourg. « Dans le domaine du cloud public, on compte trois grands acteurs mondiaux : Amazon web services, SoftLayer et la ligne Azure de Microsoft. Or, aucun n’a de data center public où les
▲ SoftLayer repose avant tout sur une plateforme hybride, un environnement sécurisé et un modèle de paiement basé sur un tarif lié à la consommation. 46 data centers ont déjà été construits.
utilisateurs peuvent commander des serveurs en ligne au Grand-Duché », cadre Jérôme Grandidier, fondateur et président de Telecom Luxembourg. Dans un contexte de start-up ou de fintech, le timing semble être propice pour défendre un business case. En pleine expansion, l’offre de cloud initiée grâce au rachat de SoftLayer a déjà permis à IBM de réaliser un coquet chiffre d’affaires de près de sept milliards en 2014. Le taux de croissance de sa ligne cloud a déjà atteint les 75 % depuis le début 2015. En partie intégrée au portfolio local, la carte SoftLayer n’a pourtant encore été que peu jouée. Jérôme Grandidier constate : « Il y a, sur le marché, une demande grandissante pour des modèles hybrides. D’ici 2020, on estime que 70 % des commandes seront hébergées dans un cloud public. Les taux de croissance sont énormes. Le Luxembourg est resté, jusqu’à présent, absent sur
PHOTO: SOFTLAYER / IBM
► Parmi les trois gros fournisseurs de cloud computing à l’échelle mondiale, SoftLayer multiplie les data centers en Europe, mais n’a pas encore arrêté son choix sur le Luxembourg. ► Créer ici un point of delivery de la gamme pourrait être une pièce du puzzle pour développer des industries grosses consommatrices de données.
Entreprises Diversification ICT ce créneau, qui se résume, pour le moment, à notre initiative Luxembourg Web Services. » Notamment apprécié de la communauté des gamers, le portfolio SoftLayer, né à Dallas en 2005, repose sur une plateforme hybride, un environnement sécurisé et un modèle de paiement basé sur un tarif lié à la consommation. 46 data centers ont déjà été construits. « Une fois entré dans le réseau, il n’y a plus rien à payer, précise Frédéric Robin. En quelque sorte, on a directement accès à un cloud mondial, un aspect qui ne se reflète dans aucune autre offre actuelle de la Place. La vitesse de transfert des données est très rapide. Chaque mois, nous gagnons environ 1.000 clients ! Les entreprises tirant parti du big data peuvent aller chercher des données et de la capacité partout, il n’y a aucune limite. »
« Sans cloud public, il manque une partie de l’écosystème. » Jérôme Grandidier (Telecom Luxembourg Private Operator)
L’argument massue ? En développant les services au Luxembourg, on pourrait toucher le monde entier. « En augmentant les capacités locales, il sera plus facile d’attaquer des clients à l’étranger. Créer un cloud local avec des données PSF peut tout à fait s’accompagner d’un cloud hybride hébergeant des données moins à risque. Ce qui doit rester au Luxembourg peut rester au Luxembourg », soutient le country manager d’IBM Luxembourg. « La plupart de nos clients sont à l’international. Nous essayons de les attirer au Luxembourg, mais il nous manque encore une pièce du puzzle. De nombreux acteurs globaux prennent leur infrastructure aux États-Unis. Ils ne veulent pas uniquement héberger leurs données au Luxembourg. Ma conviction est que le pays ne doit pas être absent des réseaux mondiaux à long terme », embraye Jérôme Grandidier.
SIGNAL PUBLIC Pour vendre le Luxembourg auprès des têtes pensantes, il faudra prouver la pertinence de ses traditionnels points forts, comme la localisation centrale couplée à des temps de latence réduits. « Le pays est stable, neutre et on peut facilement y servir toute l’Europe. L’impôt sur le travail est très faible et les prix de l’électricité limités. Migrer d’un site à l’autre peut se faire rapidement. Et puis l’optimisation fiscale reste légalement très attractive, les autorités de régulation se montrent réactives. De plus, le niveau de protection des données est un des meilleurs au monde, cela contribue fortement à l’image de marque de la Place », expose Jérôme Grandidier, convaincu de l’intérêt d’un SoftLayer local. Il faut convaincre les pouvoirs publics d’appuyer ce projet d’envergure, dans la stratégie de diversification. « Ce n’est pas en
se cantonnant à de la virtualisation que le secteur va gagner des parts de marché, ni développer ses activités à l’international. Les grands groupes sont apatrides. Il est temps de mettre le Luxembourg sur la carte mondiale », affirme Frédéric Robin. En attirant un POD de renom, on pourrait se rapprocher de la volonté politique de faire de la Place un coffre-fort électronique très protégé, pour tout le continent. « Le gouvernement a un vrai rôle à jouer. Face à des opérateurs mondiaux, il peut s’engager à assurer un volume minimal. Une des mesures pourrait être de confier une partie de son infrastructure publique. Tout ce qui a trait aux données sensibles et aux options SaaS pourrait être conservé localement. Mais sans engagement fort, nous allons perdre des années », poursuit Jérôme Grandidier. L’État pourrait également réaffirmer son souhait de respecter la protection des données en toute circonstance, argument central pour les poids lourds du cloud. « On pourrait imaginer créer un governement point, pourquoi pas à l’échelle de l’UE. IBM l’a déjà fait à Washington », complète Frédéric Robin. En outre, doper l’offre fournirait une autre arme pour attirer les start-up. Tout le monde aurait donc à y gagner, même si les investissements à consentir ne sont pas négligeables, s’agissant de plusieurs milliers de serveurs à installer simultanément.
« Les entreprises ne veulent plus gérer elles-mêmes leur infrastructure. » Frédéric Robin (IBM Luxembourg)
Pour Jérôme Grandidier, « financer un POD SoftLayer bénéficierait réellement au Luxembourg. Le gouvernement a fait le pari de construire toute une série de data centers. Sans cloud public, il lui manque encore une partie de l’écosystème. Je suis convaincu que le futur du secteur et sa renommée internationale en dépendent ». La prochaine étape sera sans doute de réunir les acteurs du privé ayant manifesté un intérêt, les institutions publiques concernées, mais aussi IBM Luxembourg, pour prêcher la bonne parole à l’échelle du groupe. « Il faut se mettre d’accord le plus tôt possible. La charge financière est trop lourde pour un seul acteur », prône Jérôme Grandidier. « Le pays doit aller plus loin et continuer à se réinventer. Les réalisations du passé ne suffiront pas », conclut Frédéric Robin. ◄ En résumé Attendue de pied ferme par de nombreux acteurs, la gamme SoftLayer pourrait permettre à l’ICT luxembourgeoise d’accéder à une autre étape de développement. À condition d’obtenir un engagement fort du gouvernement.
Cloud public
Démarrer un serveur à la minute
Buzz word depuis des années, le cloud computing se décline en plusieurs formules. Réduction des coûts, maintenance externalisée et flexibilité font partie des arguments de vente. Parmi les services les plus demandés sur le marché, on trouve le cloud public, accessible à qui le souhaite ; son pendant privé, ancré soit dans un réseau propriétaire soit dans un data center fournissant des services à un nombre limité de clients ; et le cloud hybride, mixte entre les deux. Chacun possède d ifférents avantages. Les services d ’hébergement mutualisés à distance se délivrent généralement selon trois grands modes : IaaS (Infrastructure as a Service), qui prévoit la location d’un service dédié, PaaS (Platform as a Service), qui vise plutôt des packs d’applications, ou SaaS (Software as a Service), au sein duquel on peut trouver des noms bien connus comme YahooMail ou GoogleDoc. Dans les grandes lignes, l’attrait d’un cloud public est avant tout de permettre une consommation beaucoup plus souple. Si elle n’est pas forcément moins chère, elle est plus modulable. « L’option ne nécessite pas d’engagement dans la durée, puisqu’en la choisissant, on peut démarrer un serveur à la minute, observe Jérôme Grandidier. À l’inverse, si le besoin est plus faible que prévu, on décomissionne facilement. Du côté du cloud privé, la contrainte est de devoir connaître ses besoins de capacité en amont. Il ne s’agit pas de pousser sur un bouton pour libérer de l’espace. » F. T. ◄
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Entreprises Business et technologie
11 L’effet Docler ► Depuis le Luxembourg, Docler Holding développe ses activités au départ d’une technologie de partage de vidéos en streaming. ► Son CEO atypique, Gyorgy Gattyan, a choisi cette localisation plus pour sa culture que pour sa fiscalité. ― Texte : Sébastien Lambotte ― Photo : Luc Deflorenne
C’est au départ d’une technologie de partage de vidéos de qualité en streaming que le groupe Docler s’est forgé. Entre Budapest, Los Angeles et Luxembourg, il emploie un millier de personnes. Il est d’abord connu pour être le développeur et gestionnaire du portail Jasmin, dédié à un public majeur et averti. Mais si Docler a percé dans cet univers particulier, cela semble relever plus du heureux hasard que d’une réelle volonté d’explorer ce créneau pour adul tes. « Nous sommes avant tout les promoteurs d’une technologie, précise Gyorgy Gattyan, fondateur et CEO de Docler Holding. Regardez autour de vous : personne ne peut dire que l’on présente les caractéristiques d’une société active dans le divertissement pour adultes. Pour la simple et bonne raison que ce n’est pas notre métier. Au départ, la technologie qui sous-tend notre activité a été testée sur plusieurs marchés. Elle peut aussi bien être utilisée par des passionnés de cuisine, de jeux vidéo ou même dans la sphère financière… Mais c’est au niveau du divertissement pour adultes que cela a pris le plus de proportions. Cependant, notre volonté, c’est avant tout de proposer un média s’appuyant sur notre technologie. » Pour peu que le marché soit prêt à accueillir de telles solutions, Docler, aujourd’hui, le permet… Non content d’opérer les plateformes web parmi les plus visitées au monde, le groupe a diversifié ses activités en explorant d’autres secteurs d’activité, comme la production de films hollywoodiens, en investissant notamment dans des start-up, en cherchant à soutenir son développement.
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« Rapidement, pour assurer notre croissance, nous avons voulu être indépendants. Nous avons créé diverses sociétés pour répondre à nos propres besoins, en matière d’hébergement, pour assurer la disponibilité de nos services, pour la gestion de nos noms de domai nes, commente le CEO. La bonne marche de notre activité dépend de beaucoup de paramètres que nous devons maîtriser. Comme nous étions confrontés à des difficultés pour être payés, j’ai décidé de créer notre propre processus de paiement par carte de crédit. » Depuis 2010, l’ensemble des activités est opéré depuis le Grand-Duché, où Docler Holding a installé son siège social. Le groupe se développe depuis Luxembourg, Budapest et Los Angeles. « Nous employons un millier de personnes à travers le monde, environ 200 au Luxem bourg », précise le patron. Ce choix pour le développement de l’activité en Europe occidentale peut aussi s’apparenter à un concours de circonstances. « Au départ, je me suis installé à Paris, durant deux ans, mais je ne me suis jamais fait à l’état d’esprit qui règne là-bas. Il nous fallait cependant une implantation en Europe de l’Ouest. Étant un adepte de l’esthétique à la française, avec un souci du détail, mais aussi de la fiabilité et de la rigueur allemandes, le Luxembourg s’est présenté comme une évidence, à l’intersection de ces deux univers », commente Gyorgy Gattyan, qui précise qu’il n’avait jamais mis les pieds ici, un an avant d’y installer son siège. Ses motivations sont donc avant tout culturelles, et non dictées par le business… Surprenant ? Le dirigeant se
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▲ Le CEO de Docler Holding assume le choix du Luxembourg. Et a aussi des idées fun pour l'attractivité du pays.
justifie : « On pense souvent que le Luxembourg présente un intérêt important en matière fiscale. Mais je paie trois fois moins de taxes en Hongrie. La main-d’œuvre est ici aussi beaucoup plus chère. L’intérêt n’est donc en rien d’ordre financier. Les infrastructures ICT ne sont pas nécessairement meilleures qu’ailleurs. » Si Docler travaille avec LuxConnect, le groupe a par le passé implanté ses serveurs ailleurs en Europe. Cela étant, Gyorgy Gattyan, au tempérament de fonceur, ne regrette en rien sa décision d’implanter son entreprise en Europe de l’Ouest. Et valide le Luxembourg. Toutefois, pour lui, le Luxem bourg pourrait renforcer son attractivité à l’égard des acteurs ICT. « Pour développer un business dans le secteur digital, il faut avant tout de l’énergie, pour alimenter les serveurs, et du froid, pour les maintenir à température. Au-delà, il faut pouvoir attirer des jeunes, avec des idées, des compétences en matière de développement. La difficulté du Luxembourg, c’est que le
pays n’a rien d’attractif pour la jeune génération qui cherche à travailler et à s’amuser. Il faut pouvoir les attirer. » Hors du discours convenu, l’entrepreneur, dont la société promeut le fun et la créativité, y va de quelques idées simples. « On pourrait offrir aux jeunes développeurs des billets de train leur permettant de rejoindre Amsterdam ou Paris en week-end, organiser des festivals musicaux d’envergure, promouvoir une autre animation du cœur de la ville, précise-t-il. Au niveau du système éducatif, il y a aussi un enjeu à promouvoir ces compétences, à encourager la créativité de la jeunesse à travers la programmation. » L’effet Docler, en quelque sorte. ◄ En résumé Gyorgy Gattyan n’a pas le discours formaté. Le CEO de Docler Holding a choisi le Luxembourg pour gérer des sociétés technologiques pour la diffusion de contenus, les plus connus étant pour adultes avertis. Mais pas pour les raisons attendues. Il a aussi des idées fun pour l’attractivité du pays, par rapport à la main-d’œuvre jeune et qualifiée d’abord.
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Entreprises Chromatik
12 Donner des ailes au cinéma ► Sept passionnés d’images ont uni leurs forces dans Chromatik. ► L’entreprise propose de nombreux services aux producteurs, dont la prise de vues à partir d’un drone. ► La technologie rend le cinéma de plus en plus accessible. ― Texte : France Clarinval ― Photo : Sven Becker
Ils sont sept associés, tous sortis de formations liées à l’image. Ils se sont connus sur divers projets de films dans la région. Depuis une bonne année, ces fondus de cinéma et de technologie ont lancé leur société. « En créant Chromatik, notre volonté était de fédé rer des énergies et des compétences en une seule structure », explique Stéphane Kies, l’un des associés, spécialisé dans l’informatique et la gestion de projets. En utilisant les innovations technologiques au service de l’image en général et du cinéma en particulier, Chromatik développe une large gamme de services, de la prise de vue à la postproduction. L’entreprise, basée au 1535° de Differdange, partage son travail entre des réalisations commerciales ou insti tutionnelles et des projets pour le cinéma. Reportages, making of, publicités, clips, EPK (Electronic Press Kit)… ont ainsi été réalisés pour Docler Holding, Casual Films pour la BCE, le ministère des Affaires étrangères, la Chambre de commerce ou Datacenter Luxembourg. Dans le cinéma, travaillant en images réelles comme en animation, Chromatik propose notamment des services d’étalonnage d’images très performants, réalisés sur des écrans de 25 pouces, moins chers qu’en salle de cinéma. Mélusine Productions ou a_BAHN y ont ainsi fait appel pour Extraordinary Tales ou Soundhunters. Une des spécialités de l’entreprise, c’est la prise de vues stabilisée notamment à partir de drones. Ces appareils volants ou glissant sur un câble, télécommandés, sont de plus en plus prisés pour réaliser des vues aérien nes, pas forcément depuis très haut. « Cela permet de réaliser des mouvements de caméra qui seraient très complexes à mettre en œuvre au sol », explique Stéphane Kies, qui constate que le tournage avec un drone est beaucoup moins cher et moins contraignant qu’avec un hélicoptère ou une grue. Mais le drone n’est pas un jouet et demande une batterie de certifications et autorisations. Le survol doit garantir un périmètre de sécurité autour des personnes, le pilote doit être certifié pour les assurances,
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▲ L’usage des engins volants permet des prises de vues impossibles à réaliser au sol. De quoi donner de la hauteur et des bons plans à la création.
remplir un plan de vol, autorisé par la Direc tion de l’aviation civile. Une série de procédures que Chromatik maîtrise, autant que l’expérience de pilotage : Jean-Luc Ciber, associé et directeur des opérations, est un des rares à pouvoir faire voler un engin de plus de 18 kg – un des plus gros d’Europe, que possède la firme de Differdange –, capable d’embarquer des caméras de cinéma jusqu’à 8 kg.
BONS PLANS Avec cette nouvelle approche, des réalisateurs « osent envisager des plans qu’ils ne pensaient pas possibles ». Le drone offre une grande liberté de mouvement qui permet davantage de proximité, de redécouvrir les sites, de suivre un personnage au sein du tissu urbain, de passer d’un plan au sol à un plan aérien pour donner du recul, d’effectuer un travelling en terrain inaccessible… Cette souplesse a notamment convaincu Donato Rotunno et Sylvie Blocher qui ont fait appel à Chromatik pour tourner au-dessus du Mudam et dans ses environs, sur Dreams have a language.
Chromatik essaie de travailler en amont avec les réalisateurs et les techniciens et propose même masterclasses et formations. « Aux États-Unis, la culture du contrôle a déjà ramené progressivement la postproduction au sein de la production. Les outils que nous mettons en place modifient le workflow », ajoute le spécialiste. Alors que les technologies numériques ont pris le pas sur la bonne vieille pellicule, c’est peu de dire qu’on n’est pas au bout des innovations. Il ne s’agit pas de brider les réalisateurs ou d’imposer des standards aux directeurs de la photo, mais, au contraire, de libérer leur créativité, d’ajouter du dynamisme, de l’agilité. « Les profession nels du cinéma sont à la fois enthousiastes et méfiants. Nous sommes là pour les rassurer avec la qualité de nos appareils, les marques de référence et leur apporter un soutien, un coaching, un service… », poursuit Stéphane Kies. La promesse de ces équipements, coûteux mais nettement plus accessibles que par le passé, est de démocratiser l’accès à la création. « Cela ne garantit nullement le talent, mais ça ouvre des perspectives au plus grand nombre. » ◄ En résumé Chromatik a été fondée il y a un an par sept passionnés d’images et de cinéma. Ils développent et proposent différentes techniques pour les appliquer au domaine audiovisuel dans son ensemble. Une de leurs spécialités est de travailler avec des drones embarquant des caméras. L’entreprise forme et encadre les professionnels pour ouvrir le champ des possibles dans la création cinématographique.
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Entreprises Start-up
SUR LE BOUT DES ONGLES ► Avec Moovenails, Alexandra Gosse lance depuis le Luxembourg un nouveau concept de bar à ongles et entend bien se développer via un réseau de franchisés, d’abord en Europe, puis dans le monde. ― Texte : Céline Coubray ― Photos : Olivier Minaire
Chaque mois, Paperjam1 propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : Moovenails Sa fondatrice : Alexandra Gosse
LE CONCEPT Partant du constat que les femmes ont peu de temps libre, Alexandra Gosse propose avec Moovenails des services de manucure en un temps limité et dans des lieux stratégiques. « L’idée m’est venue dans un Starbucks. Je me suis dit que ce serait très commode de transposer ce principe de semi selfservice à un service d’onglerie », expliquet-elle. Elle a donc développé un concept de nail bar pouvant être installé dans les lieux de passage, aéroports, centres commerciaux ou hôtels. « En trois étapes, on propose un soin complet de manucure. » La première étape se déroule à une borne munie d’un écran tactile sur lequel le client choisit son soin, son vernis ou commande des produits de soin complémentaires. « Les clients se présentent ensuite à notre opératrice. Le soin se fait assis au bar, entre 10 et 50 minutes en fonction du service souhaité, le tout sans rendezvous ! » La dernière borne est de confort, avec un distributeur de scrub et de lotion hydratante.
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LE DÉVELOPPEMENT Venue du domaine de l’esthétique, Alexandra Gosse maîtrise parfaitement les services de l’onglerie en institut. Elle connaît le parcours client, les points sensibles et les marges d’amélioration. « Lorsqu’une cliente arrive au salon pour une manucure, plusieurs minutes sont passées à l’installer, l’accompagner dans le choix de son soin, la couleur du vernis. Si cette étape est rendue autonome, nous pouvons consacrer plus de temps au soin à proprement parler, gagner en qualité de service et aussi en rentabilité pour l’entreprise. Ainsi, la plus-value se concentre sur la prestation et le savoir-faire humain et non plus sur la prise de commande. » Un logiciel réalisé spécialement a permis, par une interface conviviale et claire, de rendre la commande autonome. Avec une entreprise spécialisée, du mobilier adapté a été dessiné, puis produit. Et, après deux ans d’études, Alexandra Gosse a mis sur pieds Moovenails avec une équipe dédiée.
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LE MARCHÉ Alexandra Gosse a choisi d’implanter ses bars à ongles dans les lieux de passage. « Dans ce domaine, il est plutôt difficile de dégager de la marge. Pour être rentable, compte tenu des tarifs pratiqués, il faudrait qu’un rendezvous ne dépasse pas 30 minutes. Pour une prestation de qualité en salon, il faut compter une bonne heure. Grâce à une organisation optimisée et aux technologies, avec bientôt l’arrivée d’une application pour smartphone, nous pouvons assurer un service rapide, de qualité, à un tarif compétitif, tout en dégageant du profit. » Le défi était de concevoir un univers mobile et esthétique, peu coûteux, pouvant être installé facilement, « parce que nous n’avons pas besoin d’eau mais seulement de prises électriques et de 12 m2, nous pouvons facilement nous installer dans une galerie commerciale, un aéroport, une gare ou un hôtel. »
LES PERSPECTIVES Il y a le show-room, laboratoire de tests pour le développement du projet, route d’Arlon, et un premier bar dans le centre Knauf à Pommerloch. L’ambition pour 2015 et 2016 est d’ouvrir une dizaine de Moovenails au Luxembourg, France et Belgique en nom propre ou en franchise. Avec le monde pour horizon. « Nous sommes d’autant plus confiants que de grands centres commerciaux à Paris, Nice et Bruxelles notamment nous ont déjà sollicités pour des implantations prochaines. » C’est pourquoi le concept est déjà sécurisé par un dépôt de la marque à l’échelle mondiale, le logo et le nom sont protégés, et le business plan en e-dépôt. Les noms de domaine dans plusieurs pays sont aussi réservés. « Nous souhaitons également développer nos propres vernis et sommes en phase d’élaboration avec un des plus gros fabricants au monde, qui se trouve être au Luxembourg. » L’ambition de Moovenails est affichée.
Ariane Petit photographiée au Ënnert de Steiler par Julien Becker.
Ariane Petit lit City Mag depuis 2010. Merci
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Place Financière Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 10 sujets clés sélectionnés par la rédaction. 99 Partners : c’est le nom de la nouvelle structure issue du rapprochement entre le français 99 Advisory et le luxembourgeois ICE, permettant l’émergence d’un nouvel acteur européen de référence sur le marché du conseil regulatory et de la gestion de projets métier à destination des banques, des asset managers et des autres PSF. Cette nouvelle entité est forte d’une quarantaine de consultants et affiche un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros. Estimant ne pas disposer sur place d’une structure d’assez grande envergure, la Bil a décidé de fermer ses bureaux à Singapour où elle disposait d’une filiale forte de 23 employés. « Suite à l’examen rigoureux de nos priorités et de nos marchés cibles, nous avons décidé de renforcer nos activités de wealth management dans d’autres régions où nous considérons être plus pertinents », a commenté Hugues Delcourt, le CEO de la banque. La récente ouverture d’une succursale à Dubaï et le renforcement de sa présence en Suisse grâce à l’acquisition de KBL Switzerland entrent dans cette logique. L’avocat fiscaliste Stefan Oostvogels a été condamné début mai à six mois de prison avec sursis et 5.000 euros
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d’amende pour faux et usage de faux. Un de ses anciens clients pour lequel il avait conçu un montage de société destiné à corrompre des fonctionnaires a, pour sa part, écopé de 12 mois de prison avec sursis pour les mêmes chefs. Les juges n’ont pas retenu l’abus de biens sociaux. Selon l’accusation, les deux hommes avaient mis en place entre le Luxembourg, la Suisse et les îles Vierges britanniques une structure servant à payer au noir des fonctionnaires pour obtenir des informations confidentielles pour les besoins de l’industrie cimentière. La banque chinoise Bank of Communications (BoCom) a célébré officiellement son arrivée au Grand-Duché d’où elle déploiera ses activités en Europe. « Nous voulons étendre notre réseau en Europe avec une base au Luxembourg, a précisé en substance Shuguang Song, président de la banque, qui avait fait le déplacement pour l’occasion. Nous voulons conclure un partenariat sur le long terme. » Fondée en 1908, la BoCom est une C'est, en millions des cinq plus d'euros, le profit grandes banques de la BoCom en 2014. chinoises, affichant un profit en 2014 de 65,8 millions de RMB. Elle compte pas moins de 2.785 agences sur le territoire chinois et 56 représentations à l’étranger dans 12 pays et régions.
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La Fondation de Luxembourg, chargée d’assister les philanthropes dans leurs actions, a présenté ses chiffres 2014. Elle abrite désormais 55 fondations (53 au 31 décembre 2014) et a dépassé la barre des 100 millions d’euros d’actifs. Elle espère, pour 2015, accueillir une dizaine de nouvelles fondations. « En 2014, nous avons distribué 3,6 millions d’euros dans les différents projets soutenus, explique Tonika Hirdman, directrice générale de la Fondation. Depuis notre démarrage officiel en 2009, 14 millions ont été placés. » Nommé en février 2014 à la présidence du conseil d’administration de la banque privée aux capitaux 100 % qataris, KBL epb, Ernst Wilhelm Contzen a déjà jeté l’éponge. Officiellement pour « se concentrer sur d’autres priorités personnelles et professionnelles ». Jan Maarten de Jong, 70 ans, lui a succédé, devenant le troisième président en moins de deux ans. La banque coopérative Raiffeisen a présenté un bulletin 2014 en légère progression de 0,9 %, avec un résultat net s’élevant à 18 millions d’euros, ce qui correspond à une progression moyenne annuelle de 8,8 % sur une décennie. Les avoirs sous gestion affichent une progression de 3,9 % grâce à la clientèle résidente qui constitue, plus que jamais, le cœur de cible de la banque. Les dépôts de la clientèle non bancaire progressent de 3,4 % à 5.844 millions d’euros. Quant aux crédits à l’économie, ils progressent de 4,6 % à 5.027,9 millions.
La Cour administrative a confirmé la pertinence du refus que l’Administration des contributions directes avait opposé à l’État du Koweït sur l’imposition des dividendes entre 15 et 20 %, sans remboursement possible. Le petit État pétrolier avait introduit trois recours et réclamé la restitution de plus d’un million d’euros d’impôts sur les dividendes en rapport avec des investissements en Bourse de Luxembourg, notamment dans les titres ArcelorMittal et SES. Gaston Reinesch, le gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg, a reçu à la mi-mai un invité de marque en la personne de Jean Tirole, président de la Toulouse School of Economics et prix Nobel d’économie en 2014. Les deux hommes ont signé un accord de coopération prévoyant la mise en place, pour au moins cinq ans, d’une chaire intitulée « Stabilité agrégée et banques centrales », qui entend promouvoir la recherche de haut niveau en relation avec des sujets touchant les banques centrales. Cette coopération se fera à travers des publications communes, des tutorats, des formations et l’organisation de conférences et d’ateliers de travail ainsi que l’accueil mutuel de chercheurs à la BCL et à la TSE.
Place financière Brèves
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C’est, en décembre 2014, le nombre d’employés de BGL BNP Paribas, la plus « grosse » banque du pays, selon les chiffres annuels publiés par l’ABBL et le Wort. Cinq autres banques dépassent le millier d’employés : KBL (2.224), Bil (1.774), BCEE (1.624), RBC Investor Services (1.242) et Société Générale Bank & Trust (1.041).
Jean-Baptiste de Franssu, l’ancien banquier français et ex-dirigeant d’Invesco, nommé en juillet 2014 à la tête de l’Istituto par le Opere di Religione (IOR), n’a pas été autorisé par le pape François à constituer une sicav au Luxembourg pour y gérer une partie des actifs du Vatican. Une décision qui serait liée aux craintes du souverain pontife face à certains instruments financiers à l’heure de la remise en question de l’existence même de l’IOR : « Mettre en place un fonds d’inves tissement à Luxembourg serait
ING Luxembourg est la première banque de la Place à signer un accord avec le Fonds européen d’investissement, dans le cadre du nouveau programme InnovFin. Elle pourra ainsi octroyer des prêts à des PME pour un montant total de 50 millions d’euros, avec une garantie accordée pour la moitié de la somme par le FEI. Pour Luc Verbeken, CEO d’ING Luxembourg, « les entrepreneurs innovants n’ont cette fois plus d’excuses pour ne pas investir ».
L’immeuble Royal20, joyau en cours de construction, signé de l’architecte français Christian de Portzamparc et qui hébergera mi-2016 la China Merchants Bank, a été vendu à un fonds dédié familial de droit luxembourgeois, dont le nom n’a pas été révélé. Leasinvest Immo Lux, qui opère le chantier, a ainsi conclu un compromis de vente à terme (sous réserve des formalités notariales et de la livraison du bâtiment) avec l’acquéreur piloté par Edmond de Rothschild (Europe) pour un montant de 62,5 millions d’euros (hors TVA).
La banque privée est à l’aube d’une révolution digitale. Mais selon une étude menée par EY en Suisse, au Luxembourg et à Singapour, dans le wealth management, les investissements restent encore trop orientés vers le fonctionnement traditionnel (lire l’article page 106). La volonté de la Commission Juncker de rendre la fiscalité des entreprises « plus juste » et « plus transparente » a franchi une étape supplémentaire avec un accord trouvé autour de la création de nouvelles règles : la Commission s’est accordée pour « reconnaître que l’UE doit adopter une nouvelle stratégie en matière de fiscalité des entreprises ». Objectif : « Lutter
La BCL enregistre une légère baisse des effectifs des banques en 2014.
susceptible de rendre les contrôles et les vérifications du processus plus complexes », explique le site d’information Vatican Insider (groupe La Stampa) qui a relaté cette information.
été limité à 47 emplois, comparé aux 55 initialement annoncés. Une communication qui est intervenue au terme des négociations entre direction et syndicats.
Selon les chiffres communiqués par la Banque centrale, avec 25.682 personnes employées dans les établissements de crédit du pays au 31 mars, le Grand-Duché enregistre une baisse du nombre de salariés (141 postes) par rapport aux chiffres du 31 décembre 2014. Près de 40 % des banques (56 sur 142 recensées) ont néanmoins augmenté leurs effectifs au cours du premier trimestre 2015. La tendance haussière de l’évolution du patrimoine global net des fonds d’investissement luxembourgeois se confirme : avec 3.538,586 milliards d’euros recensés par la CSSF fin avril, la progression sur un mois est de 0,39 % et atteint 29,04 % sur les 12 derniers mois. Le plan social qui touche l’assureur vie NPG Wealth Management a finalement
Président de l’Association des avocats chinois en Europe, Shaohui Zhang rejoint Allen & Overy à Luxembourg. Il y a été recruté en tant que counsel de l’étude et head of Luxembourg China Desk et assistera les investisseurs chinois dans le cadre de leurs projets d’investissement en Europe et en particulier via le pôle luxembourgeois. « Nous prévoyons qu’au cours des cinq prochaines années, le volume des opérations en renminbis fera plus que doubler », indique Marc Feider, senior partner d’Allen & Overy. En marge du Forum RMB dédié à la devise chinoise, qui s’est tenu début juin à Luxembourg, le ministre des Finances Pierre Gramegna a indiqué qu’il s’attendait à une sortie du Grand-Duché
Pierre Gramegna s'attend à une sortie de liste noire.
efficacement contre les pratiques fiscales abusives, garantir des recettes durables et promouvoir un meilleur environnement pour les entreprises dans le marché intérieur. » Le cabinet d’avocats Wildgen, Partners in Law, a ouvert un « desk » dédié à sa clientèle germanophone. Sa responsabilité a été confiée à Mevlüde-Aysun Tokbag, associée au sein de la firme depuis 2013.
de la « liste noire » des paradis fiscaux du Forum mondial sur la transparence cet automne. Annoncées fin 2014, l’acquisition par KBL European Private Bankers d’UBS Belgium et son intégration au sein de Puilaetco Dewaay Private Bankers (la filiale belge de KBL) ont été finalisées fin mai. La société intègre désormais le top 3 des banques privées « pure-play » de Belgique, avec plus de 10 milliards d’euros d’actifs gérés pour le compte de quelque 10.000 clients.
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Place financière Brèves Isabelle Goubin a été nommée présidente du Fonds souverain intergénérationnel.
La start-up luxembourgeoise TheMarketsTrust, spécialiste des outils de gestion du risque financier, vient d’intégrer le programme de l’Union européenne en phase 1 pour développer une nouvelle génération d’outils : les contingent convertible bonds. À terme, l’objectif est d’intégrer d’autres types d’instruments financiers complexes et de proposer aux investisseurs un suivi en temps réel du risque associé. TheMarketsTrust bénéficie du soutien de Luxinnovation et de l’incubateur Lux Future Lab de BGL BNP Paribas. Les ministres des Finances français et luxembourgeois, Michel Sapin et Pierre Gramegna, ont eu une réunion de travail, début juin, pour un échange de vues sur l’actualité politique et financière en préparation de la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne, mais aussi de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques de la fin de l’année. Ils ont partagé le constat que la relance de l’investissement en Europe doit figurer parmi les priorités du Conseil Ecofin et ont plaidé pour
revenus considérés comme non récurrents, a été dévoilé début juin et mis en place pour une période de cinq ans. Il se compose de la directrice du Trésor auprès du ministère des Finances, Isabelle Goubin, qui siégera en tant que présidente. Elle est déjà, par ailleurs, la présidente de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) et assure le secrétariat permanent du Haut Comité de la place financière. Robert Kieffer, directeur de la Caisse nationale d’assurance pension, a été nommé vice-président du fonds où siègent également Pascale Toussing (directrice de la fiscalité au ministère des Finances et actuelle présidente du Comité économique et social – CES) ; Katia Kremer (conseiller de direction première classe au ministère de la Justice) et l’avocat Claude Kremer (associé fondateur du cabinet Arendt & Medernach).
Le comité directeur du Fonds souverain intergénérationnel, qui a pour objet de constituer une épargne à long terme à partir des
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Dans son traditionnel message en ouverture du rapport annuel 2014 de la CSSF, son directeur général, Jean Guill, avait plaidé pour une réforme en douceur de la gouvernance de sa maison. Or, depuis plus d’un an, un avant-projet de loi remettant à plat la gouvernance, les missions et les moyens du régulateur luxembourgeois du secteur financier semble traîner
miser sur un effet de réseaux via ses représentations et bureaux sur cinq continents, le dernier en date étant celui de Dubaï. HSBC Luxembourg tend de nouveau le dos, alors que le groupe annonce, au niveau mondial, la suppression de quelque 25.000 emplois, soit une réduction de 20 % de ses effectifs. Aucune information n’a été don-
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prestataires de services de paiement Ingenico Payment Services, Heidelberger Payment (Heidelpay) et ConCardis. Trois partenariats qui permettent aux détaillants en ligne d’intégrer encore plus facilement cette solution de paiement mobile à leurs autres moyens de paiement. Le classement 2014 des banques, publié par le Wort en collaboration avec l’ABBL, indique que Société Générale Bank & Trust est l’établissement qui a réalisé le meilleur résultat net, avec un montant de 610,33 millions d’euros. Elle devance la BCEE
Jean Guill, le directeur général de la CSSF, souhaite une réforme de la gouvernance de sa maison.
Le groupe SGG poursuit sa croissance externe et vient de procéder à l’acquisition de la société de services comptables et fiscaux Actefi en Belgique. Avec cet agrandissement, SGG confirme vouloir
Le groupe SGG grandit encore...
que la réforme de la directive prospectus et la mise en place d’un cadre européen pour la titrisation puissent avancer dans les meilleurs délais, dans le but de faciliter l’accès des PME au financement pour leurs projets.
née quant au sort réservé à son implantation luxembourgeoise, déjà touchée entre 2011 et 2013 par un autre plan social mondial qui avait touché 31 personnes au Grand-Duché.
sur les bureaux du ministère des Finances. Il s’agit notamment de s’adapter aux évolutions du cadre réglementaire et, par exemple, remédier aux potentiels conflits d’intérêts issus de la présence simultanée de représentants du ministère au sein du conseil de la CSSF, mais aussi des banques dans lesquelles l’État détient des participations. Cet immobilisme a poussé le député LSAP Franz Fayot à adresser une question parlementaire à Pierre Gramegna, afin de savoir s’il compte donner une suite favorable à cet avantprojet de loi et surtout quand il soumettra un texte à la Chambre des députés. Le groupe Yapital, qui opère la solution européenne de paiement multicanal du même nom, a renforcé sa coopération avec les
(218,5 millions) et State Street Bank Luxembourg (196,4 millions). Un trio identique à 2013. En termes de fonds propres, c’est BGL BNP Paribas qui est la mieux dotée (5,42 milliards d’euros), devant Deutsche Bank (4,86 milliards) et la BCEE (3,68 milliards). KBL annonce un partenariat avec la banque privée suisse Lombard Odier dans le cadre de la gestion de l’IT. L’accord prévoit la création d’une nouvelle société à Luxembourg, qui opérera en tant que PSF (sous réserve du feu vert de la CSSF) et délivrera des services de type BPO à l’ensemble du secteur financier. Détenue à 100 % par Lombard Odier, cette société sera dirigée par Alain Picquet (exKPMG, lire l’article page 112).
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Place financière Fonction : administrateur
PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES)
01 Coup de canif dans les fromages
► Pour la première fois en droit national, le principe de la limitation des mandats au sein d’organes de direction sera introduit. ► Les « cumulards » vont devoir lâcher des parts de pouvoir et de rémunération. ► Mais les administrateurs issus de la fonction publique ne sont pas concernés. ― Texte : Véronique Poujol
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Administrateur de sociétés financières, ce n’est plus un hochet distribué aux retraités méritants pour améliorer leur ordinaire, entretenir le copinage, peser sur la fabrication des lois ou donner un semblant de substance à une société en y recrutant des locaux. Le durcissement de la réglementation, notamment après le scandale Madoff, et les exigences d’indépendance ont presque fait de cette fonction un métier à part entière. Et un métier qui a ses risques, notamment celui de se voir traduire devant un tribunal correctionnel pour violation de la réglementation sur les sociétés commerciales et de devoir payer des amendes et des dommages et intérêts sur ses deniers personnels. Moins que la notoriété ou le passé du candidat, c’est sa compétence et sa disponibilité qui tiennent lieu désormais de déterminants pour l’envoyer siéger dans le conseil d’administration d’une société réglementée, banque, société de gestion ou fonds d’investissement. La nouvelle architecture réglementaire, qui a tiré les leçons des origines de la crise, impose aux entreprises financières de taille
▲ La mise en place d’un level playing field de la surveillance passe entre autres par un encadrement des membres du conseil d’administration.
significative de prévoir une limitation des mandats de leurs administrateurs et dirigeants. Pas plus de quatre fonctions non exécutives, cinq mandats au maximum : cela risque d’obliger des « cumulards » de la Place à lâcher des fromages. Le dispositif impose également un maximum d’une fonction exécutive et deux non exécutives au sein d’organes de direction, c’est-à-dire « tout organe d’administration, de gestion ou de surveillance ». Le projet de loi, une fois voté, aura « un impact significatif sur la gouvernance des institutions bancaires et entreprises d’investissement », expliquaient Anne-Marie Nicolas et Raymond Schadeck de l’Institut luxembour
Place financière Fonction : administrateur
geois des administrateurs à Paperjam.lu. Raymond Schadeck va d’ailleurs succéder le 1er juillet, pour deux ans, à Marie-Jeanne Chèvremont à la présidence de l’Ila.
ACTEURS ÉMERGENTS ET « DISCRÉTIONS NATIONALES » Il faut toutefois relativiser cette limitation, notamment pour les fonds d’investissement réglementés, dans la mesure où la CSSF considère souvent comme un seul grand mandat une gamme de sicav d’un même groupe, où l’analyse du risque peut être répliquée. C’est le cas des mandats dans des fonds immobiliers, où chaque immeuble du portefeuille peut correspondre à un fonds spécifique. Même s’il n’existe pas de règle écrite, la CSSF juge la limite acceptable pour un administrateur indépendant de fonds à 10 ou 15 mandats, voire 20 quand il s’agit d’une même gamme de sicav. Pour comparaison, en Irlande, le régulateur a fixé le seuil maximal à 30 mandats. Les règles du jeu, prescrites par la directive dite CRD4 de 2013 en passe d’être transposée en droit luxembourgeois, exigent aussi de mettre un peu de diversité dans les conseils d’administration, notamment en féminisant les effectifs, pour éviter que tout le dispositif repose sur une seule personne et que les autres membres jouent les figurants. Il y a du pain sur la planche. Selon une étude de Deloitte datant de 2014, 74 % des conseils d’administration n’avaient pas intégré dans leur organisation une stratégie de diversité.
En 2012, la CSSF avait imposé un certain nombre de prescriptions aux banques et entre prises financières pour éviter un mélange de genres entre les fonctions exécutives et les conseils d’administration où l’on retrouvait souvent les mêmes. Une circulaire prescrit qu’un conseil d’administration ne peut pas compter parmi ses membres une majorité de personnes assumant un rôle exécutif au sein de l’établissement. Dans le secteur financier luxembourgeois de l’après-crise financière – où l’État a dû jouer les pompiers de service, renflouer des banques et, du coup, placer les siens au sein des organes dirigeants –, le non-cumul des mandats est devenu une question « sensible », même si dans la classe politique et dans la société civile, le sujet ne fait pas vraiment le débat qu’il mériterait. La discussion sur la mise en place d’un système de gouvernance rompant avec des pratiques reposant essentiellement sur la cooptation amicale, l’entresoi ou l’utilisation d’employés maison que l’on n’a pas besoin de rémunérer reste pour l’heure confinée entre le ministère des Finances, la commission des finances et du budget et les représentants du secteur financier. Il y a clairement, dans cet environnement, un acteur émergent, l’Ila, qui fête ses 10 ans cette année et affiche quelque 950 membres. C’est dire le poids qu’ont pris tant l’organisation que l’activité dans l’écosystème de la place financière. La nouvelle donne en termes de gouvernance d’entreprise, la voici : dans un souci de «saine gestion des risques» au sein des
établissements d’une certaine taille (quelque 140 entreprises financières seraient concernées au Grand-Duché), l’UE a planché sur une série de règles qui ont fait remonter le contrôle prudentiel au niveau de la Banque centrale européenne avec des relais nationaux (assumés par la CSSF et la BCL), pour mettre en place un level playing field de la surveillance. Qui passe entre autres par un encadrement des membres du conseil d’administration. Il ne sera plus possible par exemple pour un président du conseil d’administration de banque de cumuler cette fonction avec celle de CEO de l’établissement « à moins que ceci ne soit autorisé par la CSSF ». On reconnaît ici le pragmatisme luxembourgeois qui autorisera son régulateur à prévoir un régime dérogatoire, au cas par cas, alors qu’en principe la transposition de CRD4 n’offre que très peu de « discrétions nationales ». La législation luxembourgeoise du 10 août 1915 sur les sociétés commerciales reste totalement silencieuse sur le cumul des mandats, silence que les juristes ont interprété comme « une absence de prohibition du cumul ». La réforme engagée au Parlement luxembourgeois ne prévoit rien non plus à ce sujet. Comme le signale l’exposé des motifs du projet de loi sur la transposition des normes CRD4, encore en discussion à la Chambre des députés, la limitation du cumul des mandats au niveau européen provient du constat que, lors de la crise financière de 2007-2008, « souvent les membres d’organes de direction des établissements cumulaient un trop grand nombre de fonctions au sein d’organes de direction ne disposant pas du temps nécessaire à l’exercice de leur mission de supervision ». Or, ajoutent les rédacteurs du texte, « afin de suivre efficacement les décisions et mesures de gestion, l’organe de direction d’un établissement doit consacrer un temps suffisant lui permettant d’exercer ses fonctions et d’être capable de comprendre en quoi consiste l’activité de l’établissement, ses principales expositions au risque et les implications de l’activité et de la stratégie en matière de risque ».
ENTITÉ SIGNIFICATIVE ?
Raymond Schadeck prend le relais, pour deux ans, de Marie-Jeanne Chèvremont à la présidence de l’Ila.
À qui s’appliqueront les règles de limitation des mandats ? La directive parle des « entités significatives ». Encore fallait-il les identifier dans un pays comme le Luxembourg où les échelles sont forcément réduites. C’est là que le bât blesse. Le projet de loi initial prévoyait de régler dans une phase ultérieure la question par un règlement grand-ducal, mais le Conseil d’État s’y est opposé, obligeant la commission des finances et du budget à revoir le texte et à le renvoyer amendé devant lui.
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Place financière Fonction : administrateur Six critères ont alors été établis et il faudra en remplir au moins deux pour se faire qualifier dans la catégorie d’une « entité significative ». Premier critère : être ce qu’on appelle un établissement d’importance systémique. Deuxième élément : soit la valeur totale des actifs doit dépasser les 30 milliards d’euros, soit le ratio entre le total des actifs et le PIB luxembourgeois est supérieur à 20 %, à moins que la valeur totale des actifs soit inférieure à 5 milliards d’euros. Troisième critère : l’entité constitue le niveau de consolidation le plus élevé dans un groupe d’établissements surveillés de la zone euro et mentionné comme tel sur la liste des « entités importantes soumises à la surveillance prudentielle ». En quatrième lieu : l’entité est la maison mère ultime du groupe surveillé dont elle fait partie. Cinq : l’entité est la maison mère de nombreuses filiales établies à l’étranger. Et six : les actions de l’entité sont admises à la négociation sur un marché réglementé. Le dispositif devrait également tenir compte – ce sera la marge d’appréciation de la CSSF – de l’organisation interne de l’établissement, de la nature, de l’échelle et de la complexité de son activité. On ne demande pas à l’administrateur d’une banque américaine comme JP Morgan, qui est un job pratiquement à temps complet, le même degré d’implication que pour un établissement de la taille de Pictet ou Rothschild au Luxembourg. « La directive CRD4 poserait un problème avec la limitation des mandats si elle devait être appliquée de manière restrictive », affirme un homme du terrain préférant garder l’anonymat. Car si les licenciements massifs dans les banques ont mis sur le marché une pléthore d’administrateurs, tout le monde ne remplit pas le profil de compétences demandé pour exercer son mandat au service des actionnaires, en toute indépendance.
SAFE HARBOR La Chambre de commerce se dit à moitié satisfaite des amendements apportés par la commission des finances et du budget, prévoyant un safe harbor lorsque moins de deux critères sont remplis, ce qui permettra de réduire le nombre de banques concernées par les limi tations du cumul des mandats. Toutefois, le dispositif, que les banquiers avaient euxmêmes inspiré mais que les parlementaires n’ont repris que partiellement à leur compte dans leurs amendements, ne va pas assez loin à leurs yeux et ne tient pas suffisamment compte des spécificités du Grand-Duché. Les députés ont ainsi retenu le critère chiffré de taille en s’inspirant d’un règlement du Conseil de l’UE du 15 octobre 2013 à la base du Mécanisme de surveillance unique. Il est toutefois jugé inapproprié par la Chambre de commerce qui a demandé – en vain jusqu’à présent – aux députés de revoir leur position pour abandonner les critères chiffrés « qui ne
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reflètent pas nécessairement le risque » pour ne tenir compte « que des critères majoritairement subjectifs que sont la taille (non chiffrée), l’organisation interne, ainsi que la nature, l’échelle et la complexité des activités, conformément au texte de la directive CRD4, qui permettraient une appréciation au cas par cas et proportionnelle ».
La Chambre de commerce craint que les adminis trateurs indépendants demandent des compen sations financières ou démissionnent. Car la crainte de certains opérateurs de la place financière est que la limitation du cumul des mandats dans les organes des grandes entités encourage les administrateurs ayant perdu des parts de gâteau à se montrer plus gourmands sur le montant de leurs jetons de présence. La Chambre de commerce évoque dans son avis complémentaire, que personne ne lui avait demandé de rendre, le risque de voir ces administrateurs indépendants « demander une compensation financière pour la perte de leurs mandats excessifs ou de démissionner, voire d’utiliser des moyens alternatifs » aboutissant à l’effet contraire voulu par la directive CRD4. Une quarantaine d’entités luxembourgeoises tout au plus pourraient être concernées par la limitation du cumul des mandats. Dans les grandes banques, il faudra s’atten dre à des arbitrages, notamment à la Bil où le président François Pauly montre un palmarès de mandats qui ne rentre pas dans les clous de CRD4. « Ses administrateurs et dirigeants examinent cette réglementation à venir et s’y conformeront en fonction de l’analyse des textes finaux et des instructions des régulateurs en la matière », indique le service Communication de la Bil. On peut s’étonner, avec Anne-Marie Nicolas et Raymond Schadeck, que le projet de loi n’ait pas étendu la limitation du cumul des mandats aux administrateurs représentant l’État. Ainsi, Étienne Reuter par exemple, qui préside le conseil d’administration de BGL BNP Paribas et que l’on retrouve dans pas mal d’autres institutions publiques ou semipubliques, va échapper au décompte obligatoire de son temps de travail consacré à ses différents mandats. ◄ En résumé Les mandats d’administrateurs des entités financières significatives vont être limités avec la transposition de la directive CRD4, alors que jusqu’à présent la loi sur les sociétés commerciales ne prévoyait pas de limitation. Une quarantaine d’entités seront concernées. Toutefois la limitation ne concerne pas les administrateurs représentant l’État luxembourgeois.
Contrôles de la CSSF
Cas de faiblesse La Commission de surveillance du secteur financier demande à chaque administrateur candidat de produire, outre un CV et un extrait de casier judiciaire, une liste des mandats exercés ainsi que le temps qui leur est consacré, variable selon le type de véhicule (fonds d’investissement, société de gestion, banque) et l’organisation qui est derrière chaque administrateur, pour l’aider à accomplir sa mission. Le contrôle du régulateur ne s’arrête pas là, bien que la CSSF ne communique pas le nombre de refus qu’elle oppose à des adminis trateurs ou dirigeants potentiels d’entités surveillées. Le régulateur a effectué 11 contrôles sur place dits corporate governance en 2014 et signale dans son rapport annuel avoir constaté des cas de faiblesse liés à « l’absence approfondie visant à vérifier que les autres mandats exercés par des administrateurs ne génèrent pas de conflits d’intérêts ou un manque de disponibilité ». V. P. ◄
140
Quelque 140 entreprises financières seraient concernées au Grand-Duché par la nouvelle donne en termes de gouvernance et la directive CRD4.
40
Une quarantaine d’entités luxembourgeoises tout au plus pourraient être concernées par la limitation du cumul des mandats.
950
C’est le nombre approximatif de membres de l’Ila, qui fête ses 10 ans cette année.
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Place financière Fiscalité internationale
02 En phase d’alerte ► L’OCDE présentera la version définitive du plan Beps en décembre prochain ; différentes mesures seront présentées en septembre. ► Destiné à mieux encadrer la fiscalité des multinationales, il aura d’importantes répercussions sur la Place, voire des dégâts collatéraux.
Depuis deux ans, et sans que cela fasse trop de vagues, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prépare un véritable serpent de mer fiscal. Articulé autour de 15 actions, ce plan devrait contraindre les multinationales à revoir leurs pratiques en matière de transferts de bénéfices notamment. C’est à la demande des ministres des Finances du G20 que l’OCDE a proposé en juillet 2013 le plan Beps – pour Base Erosion and Profit Shifting –, approuvé par les chefs d’État des pays du G20 lors du sommet de Saint-Pétersbourg, en septembre 2013. Son objectif est d’éliminer les structures qui permettent des transferts de bénéfices vers des juridictions plus favorables fiscalement et des réductions de base taxable. Le processus est en route et provoquera, à terme, un véritable bouleversement pour toutes les sociétés qui travaillent sur une base transnationale. L’OCDE a déjà publié ses propositions, mais certaines actions sont actuellement toujours soumises à discussion. Un nouveau rapport intermédiaire sera présenté en septembre et la mouture définitive est programmée pour décembre de cette année. Si les règles de l’OCDE ne sont pas contraignantes pour les États, il est cependant clair que la pression est mise à l’échelon international pour que les différentes propositions du plan Beps soient transposées en droit national. Au niveau du Luxembourg, le minis tre des Finances, Pierre Gramegna, avait déjà affirmé, en septembre 2014, que le pays « soutient pleinement les travaux de Beps » et participe activement aux groupes de travail qui analysent et discutent les recommandations à mettre en place. « C’est un vaste projet toujours évolutif et dont il est, à l’heure actuelle, difficile d’évaluer l’impact, note Marie-Aline Peetermans, attachée au service avis et affaires juridiques de la Chambre de commerce du Luxembourg. Il comprend différentes facettes, mais elles devraient impacter, de près ou de loin, toutes les entreprises luxembourgeoises qui ont développé une structure internationale. » Première contrainte, l’information. À travers différentes actions, Beps entend assurer
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PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES)
― Texte : Jean-Michel Lalieu
▲ Le secrétaire général de l’OCDE, José Ángel Gurría, présentera la version finale du plan Beps avant la fin de l’année.
que les prix de transferts au sein d’une multinationale soient conformes aux prix de pleine concurrence et liés à une substance de l’activité. Pour le prouver, les multinationales seront tenues de mettre en place un countryby-country reporting prouvant la teneur des différents transferts. « Ce sera un travail lourd, les groupes devront fournir énormément d’informations et de manière détaillée », commente la juriste de la Chambre de commerce. Un autre risque pour une économie ouverte comme le Luxembourg concerne la nouvelle définition d’établissement stable, soit une extension d’une société dans un autre pays, mais qui n’a pas de personnalité juridique distincte de celle de sa maison mère, bien que fiscalement, les bénéfices générés par l'établissement stable sont en principe taxables dans le pays où il est éta bli. Selon la mouture actuelle de l’Action 7 du plan Beps, « les actes préparatoires ou acces soires à la signature d’un contrat, même si celui-ci reste signé au niveau du siège, seraient pris en compte, la notion d’établissement stable risquant de s’étendre à la vente par un réseau de distribution captif de produits, explique Marie-Aline Peetermans. Cette nouvelle définition pourrait fortement toucher le secteur de l’assurance, dans la mesure où une très large
partie des primes provient de contrats signés avec l’étranger ». L’industrie luxembourgeoise des fonds d’investissement risque, elle aussi, d’être impactée, surtout par l’Action 6 qui a pour but d’empêcher l’utilisation abusive des conventions fiscales. Les fonds transfrontaliers devront vivre avec un risque de double imposition puisqu’ils pourraient ne plus bénéficier de conventions fiscales permettant de l’éviter. « Par rapport à des fonds qui sont distribués dans un seul pays, il existe une présomption que les fonds transfrontaliers soient utilisés à des fins d’abus, regrette Keith O’Donnell, managing partner d’Atoz et président de la commission de l’Alfi chargée des traités fiscaux. De même, la situation concurrentielle par rapport aux fonds nationaux risque aussi de se détériorer. » Pour lui, les fonds subissent les dégâts collatéraux par rapport aux objectifs de l’OCDE qui visent les multinationales. Si rien n’est encore véritablement figé au niveau du plan d’action de l’OCDE, il commence à être temps de prendre conscience de ce qu’il risque de modifier dans la vie des entreprises. « Les premiers signes ne devraient d’ailleurs pas tarder à apparaître, commente Marie-Aline Peetermans. La future réforme fiscale devra déjà tenir compte de ce qui est en préparation et faire preuve d'innovation afin de maintenir la compétitivité du pays. » ◄ En résumé La version définitive du plan Beps sera présentée par l’OCDE. Elle risque de fondamentalement modifier les pratiques fiscales des multinationales et aura d’importantes répercussions au Luxembourg.
Place financière Alco
Une conformité à préserver
► L’Association des compliance officers du secteur financier compte un nouveau président depuis mi-avril. ► Dans la continuité de ses prédécesseurs, Thierry Grosjean souhaite que la fonction soit davantage reconnue à sa juste valeur. ► Au-delà de la situation au sein même des sociétés, une bonne compliance s’avère être un atout de poids pour l’ensemble de la Place. ― Texte : Jean-Michel Gaudron ― Photo : Sven Becker
Une page s’est tournée en avril dernier au sein de l’Association luxembourgeoise des compliance officers du secteur financier (Alco). Président depuis 2008, Jean-Noël Lequeue, 69 ans, ancien chief compliance officer du groupe Dexia, devenu indépendant ensuite, n’a pas souhaité se présenter de nouveau, ouvrant ainsi la porte à un renouvellement de l’organisation et, mécaniquement, à un certain rajeunissement. Deux candidats (dont une femme) étaient initialement intéressés à prendre le poste, mais au final, le consensus s’est porté sur Thierry Grosjean, 39 ans, président du comité de direction du PSF Centuria Capital Luxembourg, pour un mandat de deux années. Arrivé au Luxembourg en 2000, en tant que corporate manager chez Fiduciaire F. Winandy & Associés, il a pris les commandes de Centuria en 2008, date à laquelle il a éga lement intégré le conseil d’administration de l’Alco. Forte de près de 800 membres (uniquement des personnes physiques), l’association est la 3e plus grosse du pays et fédère les intérêts d’une profession qui a gagné en importance ces dernières années, dans le sillage
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▲ Thierry Grosjean (Alco) : « Quand on est leader, il n’y a pas de raison de se priver de le dire. »
d’une vague législative et réglementaire sans cesse plus forte. « Je ne suis pas le seul maître à bord », tient à tempérer Thierry Grosjean, qui insiste sur la notion d’équipe au sein d’un conseil composé de 14 membres appuyés par sept conseillers.
COMPLEXIFICATION ET MULTIPLICATION Nouveau président, donc, mais pas pour autant virage à 180° dans les actions et les orientations d’une association qui a su se faire une place au sein du paysage de la finance au Luxembourg. « Je ne suis pas là pour révolutionner l’Alco, bien au contraire, explique le nouveau président. Il est nécessaire qu’il y ait une continuité avec ce qu’ont
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Place financière Alco
fait les deux premiers présidents de l’association ( Jean-Marie Legendre, puis Jean-Noël Lequeue, ndlr). L’association a fait de très belles choses depuis sa création il y a 15 ans. Le Luxembourg fait, aujourd’hui, partie des pays les mieux outillés en matière de compliance. S’il devait y avoir un leader en la matière, nous serions très bien placés, voire les mieux placés en Europe. » Le Luxembourg récolte aussi, en la circon stance, les fruits d’une volonté politique clai rement affirmée d’aller vers toujours plus de transparence, notamment en matière d’échange d’informations fiscales. Un mou vement déjà initié par le précédent gouver nement et prolongé, voire renforcé, par l’actuelle coalition. « Certaines décisions politiques ont été prises qui doivent maintenant être concrétisées et mises en place sur un plan réglementaire. Mais il ne faut pas non plus que trop de régulation empêche la croissance de la place financière. Il faut trouver le juste milieu et c’est aussi ce que nous visons. » À ce volet purement réglementaire et législatif, qui se traduit notamment par l’implémentation en droit national d’un certain nombre de directives édictées par Bruxelles, s’ajoutent une plus large diversification et, par extension, une complexification de certains métiers que l’on trouve sur la Place. « Nous avons de plus en plus de sociétés qui demandent des agréments au régulateur et dont il n’est pas toujours aisé de comprendre l’activité pure, constate M. Grosjean, qui pense, par exemple, aux sociétés actives dans le segment des devises électroniques. Pour être régulées, ces sociétés n’auront d’autre choix que d’être parfaitement compliance. Et pour cela, il sera nécessaire de parfaitement maîtriser les rouages de leur activité. » Aujourd’hui, il n’est plus possible de se contenter d’un « simple » compliance officer. La multiplicité des domaines couverts par la réglementation oblige à une spécialisation grandissante des professionnels du secteur, ce qui a fini par provoquer un besoin accru en compétences de la part de certaines sociétés, qui ne peuvent plus se contenter d’un seul compliance officer, mais sont obligées de recruter différents profils. « Il faut des gens de qualité, bien formés et qui, idéalement, ont déjà eu une première expérience en la matière », constate M. Grosjean, qui ne peut que noter une augmentation du « coût » de la compliance au sein des organisations, ayant pour conséquence de peser sur leur rentabilité. « Mais il faut savoir gérer cette charge supplémentaire et la tourner en qualité, au moins en atout marketing. Le risque de réputation d’une société ou d’un client est primordial. Ne pas connaître de problème de réputation fait que l’on va, au final, gagner des clients. Investir dans la compliance ne produit sans doute pas d’effets immédiats, mais à terme, c’est assurément un véritable gain en termes de qualité client et, donc, de chiffre d’affaires pour la structure…
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La législation évolue encore de manière intensive et la mise en place de toutes les règles est encore assez complexe. Mais je ne doute pas que dans 10 ans, tous ceux qui ont su investir aujourd’hui seront contents de l’avoir fait. »
UN INVESTISSEMENT À LONG TERME Une autre option existe, consistant à faire appel à des prestataires extérieurs spécialisés dans la compliance. Une approche qui peut être incontournable pour des petites structures qui n’ont pas forcément les moyens de mettre en œuvre un tel dispositif en interne. « C’est une approche indispensable dans ce cas, mais d’une manière générale, il est vraiment important de pouvoir conserver la fonction en interne », insiste le président de l’Alco. Il n’en reste pas moins vrai que la pression réglementaire et l’exigence de rapidité dans les prises de décision sont deux facteurs susceptibles de peser, voire de nuire, sur la qualité du travail mené par les services compli ance au sein des sociétés. « Il est ainsi de plus en plus difficile pour un compliance officer de prendre, par moments, un peu de recul vis-à-vis des dossiers qu’il traite et, plus largement, sur sa fonction », constate M. Grosjean. Dans un monde idéal, l’automatisation de certaines procédures serait un plus, mais dans une fonction où le jugement humain revêt une importance primordiale, une telle évolution ne peut pas constituer une réelle tendance. « Le facteur humain reste essentiel en matière de compliance. Le gros danger actuel est qu’en demandant aux compliance officers d’aller de plus en plus vite dans la prise de décision, il y a le risque quelle soit systématiquement négative pour tout nouveau dossier. Il est essentiel de pouvoir trouver le bon équilibre entre cette nécessité de rapidité et l’obligation de bien faire son travail en toute sérénité. Il ne faut pas que les attentes résident dans la rapidité de réponse plutôt que dans la qualité de celle-ci. Sans quoi, la fonction perdrait tout son sens. » A contrario, pour la place financière, cette recherche d’excellence en matière de compliance peut – et doit – constituer un atout concurrentiel de premier plan. Thierry Grosjean ne verrait d’ailleurs pas d’un mauvais œil que cette régulation de qualité, induite par une régulation stricte, puisse servir de véritable outil marketing et de gage de qualité, non seulement pour les sociétés qui sont présentes ou qui veulent s’établir au Luxembourg, mais aussi pour leurs clients. « Ce n’est évidemment pas le rôle de l’Alco ou du régulateur de faire cette promotion. Mais quand on est leader, il n’y a pas non plus de raison de se priver de le dire. » ◄ En résumé La compliance est devenue un incontournable, un élément de différenciation et d’avenir pour la Place. Les compliance officers, dont l’association (Alco) est désormais présidée par Thierry Grosjean, plaident pour une meilleure reconnaissance de leur valeur ajoutée.
Ambitions
Deux objectifs majeurs À la tête de l’Alco, Thierry Grosjean revendique deux ambitions majeures. Sur le plan national, il souhaite notamment que la formation compliance, développée en partenariat avec l’IFBL, prenne encore plus d’importance et, surtout, soit davantage reconnue par les autorités luxembourgeoises. « Qu’elle figure au moins sur une liste de référence parmi d’autres formations », souhaite M. Grosjean. Plus largement, le nouveau président de l’association entend capitaliser la notion « label de qualité » de la compliance made in Luxembourg et organiser un colloque international, au Grand-Duché, qui réunirait d’autres acteurs du secteur venus de différents pays. Un objectif qui nécessitera des échanges et des partenariats avec d’autres associations ayant la même activité. « À ma connaissance, cela n’a jamais été fait », constate M. Grosjean. Autre volonté affichée : celle de mieux communiquer et de rendre plus visibles les travaux de l’Alco. Un mouvement déjà engagé par la transformation du bulletin PDF de l’association en véritable magazine qui paraît deux ou trois fois par an, et par la réalisation d’un volumineux recueil de 350 pages reprenant l’intégralité des articles parus depuis 10 ans dans ce bulletin. « Un véritable outil de travail qui permet de montrer l’évolution réglementaire au Luxembourg et son suivi par l’Alco et par le régulateur. Il est extrêmement important de pouvoir avoir accès à un tel historique, car il est essentiel de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on veut aller. » Le gros chantier en cours concerne la refonte du site internet de l’association, dont une nouvelle version devrait être mise en ligne d’ici à la fin de l’année. J.-M. G. ◄
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Place financière Wealth management
04 Délaisser les vieilles recettes
― Texte : Jean-Michel Lalieu
« Le terrain pour l’émergence des technologies digitales est favorable. » Denis Costermans (Directeur associé Advisory, EY Luxembourg)
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En Europe, l’image de la banque privée reste liée aux salons feutrés qui sentent la cire et où des conseillers vous reçoivent pour envisager avec vous votre patrimoine et la meilleure manière de le faire fructifier. Un monde où l’on prend son temps et où l’on parle peu de rémunérations. Un monde qui est aussi en train de basculer, comme tente de le démontrer une étude menée par le groupe de consultance EY. « Avec l’émergence de la génération Y, le modèle traditionnel de la relation client en face à face est en train d’évoluer, rapporte l’étude. Les gens de cette génération sont plus habitués à communiquer à travers des vidéoconférences ou des messages digitaux. » Et tout comme cette génération a poussé à l’émergence de modèles de rupture dans d’autres pans de l’économie – Uber dans les taxis ou AirBNB dans l’hôtellerie –, elle va aussi obliger les acteurs du wealth management à intégrer de nouvelles manières d’entrer en relation avec eux. « Notre étude part du constat que l’on est face à une révolution digitale. Elle arrivera peut-être avec un peu de retard dans le secteur financier, mais des opérateurs d’un genre nouveau ont déjà fait leur apparition », expliquent Denis Costermans, directeur associé Advisory et Olivier Maréchal,
▲ Le monde digital est en train de faire changer le modèle. Le banquier privé doit pouvoir sortir des salons feutrés.
partner responsable des activités de conseil pour le secteur financier chez EY Luxembourg. Par rapport à l’internet des débuts qui n’a pas provoqué de révolution dans la gestion de patrimoine, on assiste cette fois, selon EY, à quatre changements fondamentaux qui exigeront du secteur qu’il s’y adapte : le passage de l’écran fixe au mobile, l’émergence des réseaux sociaux et le partage d’informations entre membres qu’ils proposent, le big data ou la capacité d’analyse de données massives et, enfin, le cloud computing. « Si on observe le changement proposé par les réseaux sociaux par exemple, note Olivier Maréchal, on voit que, de plus en plus, des gens font confiance aux conseils d’investissement de personnes qu’ils ne connaissent pas, mais qu’ils croisent sur ces réseaux. » De nouveaux entrants dans la banque privée, qui ont fait
PHOTO : BLITZ / ARCHIVES PAPERJAM
► Les banquiers privés continuent à privilégier les méthodes tradition nelles de conseil en face à face. ► Dans une récente étude, EY tire la sonnette d’alarme et pousse à investir rapidement dans les nouvelles technologies, sous peine de se faire doubler par des acteurs plus orientés « digital ».
Place financière Wealth management le choix d’internet comme terrain de jeu, exploitent déjà cette nouvelle façon de gérer les biens. « Il existe des plateformes de social trading où les gens partagent leurs stratégies d’investissement, poursuit-il. Et si vous trou vez qu’un membre obtient de bons résultats, vous pouvez, en quelques clics, dupliquer sa stratégie. » Avec ces pratiques d’un genre nouveau, il existerait donc un risque pour le secteur financier et les gestionnaires de patrimoine de se faire totalement désintermédier. « Le terrain pour l’émergence des technologies digitales est favorable », lance Denis Costermans, mettant le doigt là où ça fera mal pour les adeptes de l’immobilisme. Premièrement, dans la banque privée, le client est interna tional. Exposé à une multitude de modèles, il peut se laisser séduire par une offre, même éloignée de sa base, car à portée numérique. « Des études montrent aussi qu’il se laisse facilement séduire par les nouvelles technologies, qu’il utilise dans sa vie de tous les jours, pour acheter des vêtements ou réserver un voyage. Il attend donc les mêmes facilités dans son univers financier. » Et il aime aussi partager son expérience avec ses pairs.
Étude comparative
S’ADAPTER OU CHANGER ?
Garanties de compliance Renforcement de protection des données Optimisation des coûts IT Mise à niveau des systèmes existants Outils mobiles / applications clientèle Optimisation de l’infrastructure IT Gouvernance et organisation Staff IT Médias sociaux Cloud computing
La Place de Singapour est plus attirée par les nouvelles technologies. Proportionnellement, c’est pourtant elle qui investit le moins dans les développements IT. Pour mieux appréhender l’importance accordée à l’IT dans la banque privée, l’étude d’EY a pris le pouls de 30 responsables à Singapour, en Suisse et au Luxembourg. Les résultats entre les trois Places de première importance ne diffèrent pas fondamentalement. Mais on voit quand même que, par rapport aux Places européennes, Singapour est plus réactif sur les technologies. Un répondant sur trois dit accorder une grande importance aux médias sociaux. En Suisse et au Luxembourg, l’intérêt est totalement inexistant. « Ces différences ne sont pas surprenantes, note Denis Costermans. Le comportement du client de Singapour est assez différent. Il est plus dans l’immé-
diateté. En Europe, la banque privée fonctionne encore largement à travers le conseil ; en Asie, un gestionnaire de clientèle privée est plus proche du broker. » Question de culture. Les Asiatiques sont plus joueurs, attirés par la spéculation et réceptifs aux outils digitaux. Cependant, les acteurs de la banque privée à Singapour semblent investir relativement moins dans l’IT. En part des dépenses totales, les sommes investies représentaient 14 % en 2013. En Suisse, elles atteignent 16,6 % et au Luxembourg 16,2 %. Sur la période 2009-2013, on constate quand même que les budgets IT ont gonflé de 64,6 % à Singapour, de 36,2 % en Suisse tandis qu’ils reculaient de 2,2 % au Luxembourg. J.-M. L. ◄
10 priorités d’investissement des CIO (Chiffres 2014) Investissement dans
l’urgence n’est pas toujours ce qui permet de se positionner sur le long terme. » L’étude tente aussi une distinction entre les investissements réalisés pour permettre de faire tourner la plateforme informatique existante et ceux voués à de réelles innovations. Résultat : 60 % des budgets sont encore injectés dans les systèmes en place. « Et dans les 40 % restants, une bonne part est encore destinée à assurer la conformité aux aspects réglementaires, poursuit le partner. Il reste donc peu de moyens pour les technologies de rupture. » L’idée n’est certes pas de dire que le modèle actuel de la banque privée va disparaître si on ne copie pas les acteurs naissants, qui offrent parfois aussi une meilleure transparence au niveau des tarifs, mais qu’elle ne pourra pas non plus résister si elle n’en intègre pas les grands principes à l’une ou
étude globale
au Luxembourg
92 % 72 % 68 % 56 % 48 % 37,5 % 33,3 % 8 % 4,2 % 0 %
72,7 % 36,4 % 63,6 % 45,5 % 36,4 % 36,4 % 27,3 % 0 % 0 % 0 %
l’autre étape de son activité. En développant, par exemple, de nouveaux moyens d’interaction avec ses clients, comme des chats, des vidéoconférences, des voies directes pour les clients d’entrer en contact avec leur conseiller. « Dans la banque privée, il n’y a pas si longtemps, il y avait encore des gens pour affirmer que leurs clients n’avaient pas besoin d’internet, que seul le relationnel comptait. C’est irréaliste, insiste Olivier Maréchal. La technologie digitale est très importante pour renforcer la qualité du contact client. Et ça ne diminue pas l’importance des contacts personnalisés. Ce qu’il faut, c’est parvenir à intégrer les deux approches. » ◄ En résumé EY vient de fournir les conclusions d’une étude sur l’intérêt des responsables de wealth management pour les développements IT. Menée au Luxembourg, en Suisse et à Singapour, elle montre que les investissements restent encore beaucoup trop peu axés sur les nouvelles technologies.
― Juillet / Août 2015 ― 107
SOURCE : GLOBAL IT IN WEALTH MANAGEMENT (ENQUÊTE EY 2014)
Voilà pour l’évolution en cours. À partir de là, l’enquête d’EY a voulu voir comment le secteur du wealth management réagissait à l’irrésistible marche en avant du digital. Une enquête a donc été menée auprès de 30 représentants de banques privées à Singapour, en Suisse et au Luxembourg. Si des différences existent entre les trois places financières (voir ci-contre), les résultats globaux montrent que, dans la plupart des cas, les acteurs financiers investissent encore peu dans ces nouvelles technologies. En tête des priorités pour les investissements IT, au cours de l’année 2014, on trouve ceux nécessaires à assurer la conformité réglementaire et la sécurité de l’information et ceux destinés à améliorer l’efficience opérationnelle. En revanche, les investissements relatifs aux médias sociaux ou au cloud computing rencontrent un intérêt pour ainsi dire nul. La crise financière et son lot de corollaires réglementaires y sont évidemment pour quelque chose. « L’appétit du secteur financier pour investir dans le digital est là, note Denis Costermans. Le problème, c’est qu’actuellement il y a des contraintes plus urgentes, réglementaires et opérationnelles. » Il pointe aussi que, dans une étude menée conjointement avec l’ABBL (Association des banques et banquiers, Luxembourg), il a été constaté que deux tiers des investissements faits par le secteur bancaire en 2014 ont été destinés aux aspects réglementaires, dont une bonne part en investissements informatiques. « La priorité reste la compliance et pas ce qui permettrait de gagner de nouveaux clients, constate Olivier Maréchal. C’est l’urgence qui veut ça, mais
Un match Europe-Asie
Place financière Fatca
05 La dernière touche de protection
► La loi de lutte contre l’évasion fiscale, en place depuis 2010 aux États-Unis, va s’appliquer au Luxembourg à partir du 30 septembre. ► Les institutions qui violeront l’accord seront passibles d’une amende allant jusqu’à 250.000 euros. ► Les contribuables visés auront un accès à leurs données personnelles.
Le projet de loi transposant au Luxembourg le Foreign Account Tax Compliance Act sur l’échange d’informations fiscales avec les États-Unis n’en finit pas d’être rafistolé, alors que le texte doit entrer en vigueur le 30 juin pour que les premiers échanges aient lieu entre l’Administration des contributions et l’Internal Revenue Service (le fisc US), le 30 septembre prochain. L’accord devant s’intégrer dans le système juridique luxembourgeois, un texte à forte coloration culturelle anglo-saxonne a été signé par Pierre Gramegna et l’ancien ambassadeur des États-Unis en mars 2014. Il a fallu attendre un an avant traduction et transformation, dans les ateliers de la rue de la Congrégation, en un projet de loi déposé à la Chambre des députés. Or, peu discuté préalablement à sa rédaction, en dehors du cercle restreint de la place financière, le texte a dû subir des améliorations à mesure de son examen parlementaire. Ainsi, la Commission nationale pour la protection des données ne fut pas associée aux travaux préliminaires, ce dont le Conseil d’État s’était étonné dans son premier avis servi au début du mois de mai. Du coup, les gardiens de la CNPD ont émis des signaux rouges pour dire que le projet de loi violait les dispositions de la loi du 2 août 2002 sur la protection des données à caractère personnel. Il a donc fallu une nouvelle séance de la commission des finances et du budget, début juin, pour intégrer une possibilité pour les personnes visées (les citoyens américains) d’avoir un accès à leurs données, communiquées par le fisc luxembourgeois, et le cas échéant de pouvoir les corriger. Un autre ajout effectué désigne explicitement les institutions financières comme responsables du traitement des données. Ce qui aura pour conséquence de rendre le métier de banquier encore plus « dangereux » en termes de responsabilité.
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▲ Derrière la signature, qui remonte à mars 2014, il y a les modalités et les frais de l’échange d’informa tions, la question du suivi des données personnelles aussi.
Le projet de loi est donc revenu devant le Conseil d’État pour avis complémentaire sur les amendements apportés au volet de la protection des données. Les Sages devaient rendre leur avis le 16 juin (soit après le bouclage de ce numéro). Les enjeux de Fatca sur l’échange très étendu d’informations à caractère fiscal sont connus depuis 2010 et les banquiers ont eu le temps de s’y préparer. Pour autant, le secteur financier a jugé « difficilement tenable », dans un document parlementaire de mai dernier, la date limite du 30 juin prochain pour effectuer les premières communications de données avec l’ACD. La Chambre de commerce avait réclamé un délai d’un mois, au 31 juillet prochain, pour que les institutions financières s’acquittent de leurs obligations décla ratives au fisc luxembourgeois, qui les transmettra ensuite à son équivalent américain, afin d’épargner ce travail aux banques. Faute de communication, une retenue à la source de 30 % sera appliquée pour sanctionner les contrevenants. Les banques risquent jusqu’à 250.000 euros d’amende en cas de violation de la loi sur Fatca. L’ACD fera des contrôles de conformité.
Lors de l’introduction de l’échange d’in formations sur demande au niveau de l’UE, des fiscalistes avaient osé dire qu’ils conseil leraient à leurs clients de payer l’amende plutôt qu’avouer au fisc de leur résidence leurs comptes non déclarés au Luxembourg. À présent, le principe de l’échange automatique va commencer avec les États-Unis et se généraliser d’ici 2017. Les Américains avaient adopté Fatca en 2010, mais les négociations et la transposition dans les différentes légis lations hors de leurs frontières ont pris du temps. Spécialement au Luxembourg où les banques ont marchandé pour que la facture liée à la mise en place de l’échange automatique d’informations soit la moins douloureuse possible. D’où le choix d’un modèle de transmission passant plutôt entre administrations fiscales et non pas directement des établissements luxembourgeois vers l’IRS. Fatca coûtera 74 millions d’euros à la place financière, selon une étude de l’ABBL et de la firme EY. Les frais annuels récurrents occasionnés par l’accord devraient atteindre 10 millions d’euros. Selon un P-V de la commission des finances et du budget, plus de 7.500 institutions financières déclarantes luxembourgeoises, y compris les fonds d’investissement, sont inscrites auprès de l’IRS. ◄ En résumé Le projet de loi transposant au Luxembourg le Fatca, sur l’échange d’informations fiscales avec les ÉtatsUnis, n’en finit pas d’être rafistolé. Le texte doit entrer en vigueur le 30 juin pour que les premiers échanges aient lieu entre l’Administration des contributions et l’IRS, le fisc US, le 30 septembre prochain.
PHOTO : CHARLES CARATINI (ARCHIVES)
― Texte : Véronique Poujol
Place financière RBS /AIIB
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Du monde collé aux fonds ► Le repreneur de l’activité fonds de RBS doit sortir du bois bientôt. Les candidats ne manquent pas.
PHOTO : MIKE ZENARI
La Royal Bank of Scotland (RBS) avait surpris la Place, fin février dernier, en confirmant que la réduction de voilure dans son activité internationale allait se marquer par l’abandon du Luxem bourg, après 10 années de présence solide et avec une centaine de personnes. Deux entités doivent disparaître : RBS Luxem bourg GBL, qui fait partie de la division Banque corporate et institutionnelle CIB, et une division Gestion de fonds, RBS Luxembourg. Si l’activité bancaire demeure dans le flou, PwC Luxembourg conseille et accompagne la vente de la division Gestion de fonds. Celle-ci, fin 2014, gérait quelque 28,5 milliards d’euros d’actifs, en progression de 33 % sur un an. L’administration de fonds
d’investissement pour le compte de clients institutionnels ainsi que la gestion des risques sédui sent. RBS a su bénéficier du dopage aux produits grand public (type Ucits) ou aux fonds alternatifs (AIFM) pour les clients plus pointus. Du coup, les mouvements vont bon train en coulisse. Une vingtaine d’opérateurs se sont manifestés, certains ont fait des offres très crédibles, dit-on. Derrière ce business model qui marche, RBS dispose de deux licences de gestion de fonds qu’aucun acquéreur potentiel n’a envie de dédaigner et qu’il pourra récupérer, le cas échéant, après agrément par la CSSF. Si rien ne filtre officiellement, les recruteurs sont à l’œuvre et les échos évoquent un repreneur pour juillet. A. D. ◄
07 Naissance par le siège
PHOTO : LFF
► Dans la foulée du Forum RMB, le Luxembourg se voit loger la Banque asiatique d’investissement, alter ego de la BEI. Le récent Forum RMB tenu au Kirchberg (photo) a souligné tout l’intérêt que la monnaie chinoise éveille dans le monde en général, dans celui de l’investissement en particulier. Une fois confirmée sa sortie de la « liste noire » des para dis fiscaux (espérée cet automne) établie par le Forum mondial sur la transparence, le Grand-Duché compte bien marquer durablement de son empreinte les marchés mondiaux, surtout ceux sur lesquels il s’est résolument positionné. Le marché asiatique est évidemment de ceux-là. Lors du forum, le ministre des Finances Pierre Gramegna n’a pas nié l’intention de lancer une obligation souveraine dans la devise chi noise ; il l’estime juste « préma turée » et déclare « possible » le lancement du papier de la dette libellé en RMB. En revanche, il a clairement rappelé le souhait de
voir s’installer à Luxembourg la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), dont le Grand-Duché a été le premier État occidental à devenir membre fondateur. L’idée est de tenir un rôle de facilitateur entre les deux continents et de s’afficher comme un partenaire de choix dans le domaine du développement. Le Grand-Duché se voit aussi conseiller, apporteur d’expertise pour la compliance ou les standards financiers. Avec le plateau de banques ayant choisi Luxembourg pour leur business européen, et comme le Kirchberg héberge le siège de la Banque europé enne d’investissement (BEI), l’alter ego de l’AIIB, se placer aussi en siège de la banque asiatique d’investissement relève presque de l’évidence. A. D. ◄
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Place financière Liquidation ou faillite
08 Les ex-LSK face à l’Adem ► Les anciens salariés des sociétés mises à mal ont dû se battre pour voir leurs créances prises en charge par le Fonds de l’emploi.
La faillite du groupe LSK et la liquidation de son vaisseau amiral Assya Asset Management au Luxembourg ont bien failli virer au drame social. Face aux caisses vides de la société de gestion d’actifs et à un passif vertigineux (100 millions d’euros), le liquidateur était incapable de payer les émoluments des salariés. L’Agence pour le développement de l’emploi (Adem), qui prend le relais dans ce genre de situation, est finalement revenue sur son refus de verser le dû, via le Fonds pour l’emploi. Il a fallu l’intervention du liquidateur Me Laurent Fisch et l’introduction d’un recours gracieux d’un des ex-salariés pour que la situation se débloque. Retour en novembre 2014. La disparition du groupe financier Leyne Strauss-Kahn, après le suicide de son fondateur Thierry Leyne et la démission de la présidence de Dominique Strauss-Kahn, n’a pas laissé que les investisseurs trompés. La poignée d’employés (du siège et des filiales, au Grand-Duché mais aussi en Suisse, Belgique, Israël et France) se sont sentis abandonnés. Certains avaient déjà dû réclamer parfois, pour obtenir leurs salaires dans les délais, du temps où LSK fonctionnait… La procédure de faillite (pour LSK et ses antennes luxembourgeoises) et de liquidation judiciaire (pour la société de gestion Assya Asset Management Luxem bourg, AAML) lève peu à peu le voile sur la manière dont les soci étés étaient gérées, autant dire à la petite semaine. Le régulateur (la CSSF) avait pourtant procédé à des contrôles du PSF début 2014 et pointé de nombreuses
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défaillances, sans pour autant faire fermer la société. Les impôts sur les salaires restaient impayés, ce qui a d’ailleurs poussé l’Administration des contributions directes à lancer une procédure d’appel en garantie auprès des administrateurs de LSK, qui pourraient être obligés de faire leurs fonds de poches pour rembourser les impôts oubliés. Sans parler des impayés de cotisations au titre de l’assurance groupe chez Swisslife, entreprise régulée par l’IGSS, et auprès de DKV pour le remboursement des frais médicaux. Après avoir perdu leur job, les employés d’Assya ont essuyé une autre lourde déception auprès de l’Adem. Fin janvier 2015, ils demandaient le remboursement de leurs créances salariales. Dans une lettre du 5 février au liquidateur, Pierre Schloesser, conseiller de direction première classe, notifie le refus de l’Adem. « L’article L.126-1 du Code du travail ne prévoit la garantie des salaires par le Fonds pour l’emploi qu’en cas de faillite de l’employeur et non pas en cas de liquidation judiciaire », écrit-il. Or, les sociétés financières con trôlées par la CSSF ne peuvent pas être soumises de par la loi au régime commun de la faillite. La seule issue légale en cas de cessation de paiement d’une banque ou d’une société de gestion, c’est celle de la liquidation, ou au mieux un sursis de paiement ou une gestion contrôlée. Début avril, l’avocat Laurent Fisch demande, dans le cadre d’un recours gracieux, à la directrice de l’Adem, Isabelle Schlesser, de revoir sa position. Il cite une
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▲ La faillite du groupe LSK et la liquidation d’Assya Asset Management ont aussi frustré les anciens salariés.
jurisprudence de la Cour de justice de l’UE concernant le cas de Landsbanki. L’arrêt a assimilé « une liquidation judiciaire d’un professionnel du secteur financier à une faillite lorsqu’il s’agit de protéger les salariés contre le licenciement automatique du fait de l’ouverture de la procédure d’in solvabilité ». « Pourquoi, demande l’avocat, en serait-il différemment lorsqu’il s’agit d’avancer le paiement des créances privilégiées des salariés d’un PSF ? (…) Il existe d’amples et de bonnes raisons pour ne pas exclure les salariés d’AAML du bénéfice de la protection de la loi en cas de faillite et donc de revoir votre décision », écrit le liquidateur. Une autre lettre – datée du 23 avril – émanant d’un cabinet
d’avocats représentant des salariés d’Assya, rappelle à l’Adem l’obligation, inscrite dans une directive de 2008 sur la protection des salariés en cas d’insolvabilité de l’employeur, d’assurer le paiement des créances impa yées. L’administration interprétait le Code du travail en cherchant à exclure les travailleurs de sociétés financières en liquidation judiciaire, violant ainsi les dispositions de la directive européenne et le principe d’égalité devant la loi garanti par la Constitution. Le message ferme a finalement été entendu : le 4 mai der nier, Pierre Schloesser annon çait à Laurent Fisch que l’Adem avait « décidé de prendre en charge la déclaration de créances des salariés ». ◄ En résumé Les anciens salariés du groupe financier LSK ont dû affronter l’Adem pour avoir droit à la prise en charge par le Fonds de l’emploi de leurs créances prioritaires.
PHOTO : BENJAMIN CHAMPENOIS / MAISON MODERNE
― Texte : Véronique Poujol
Place financière KBL et Lombard Odier
09 Connectées pour l’avenir ► Les deux banques se sont engagées dans un partenariat IT qui devrait déboucher, notamment, sur la création d’un nouveau PSF offrant des services de type BPO à destination de l’ensemble du secteur bancaire. Une petite révolution en vue si la CSSF donne son feu vert.
La Bil en a rêvé, KBL European Private Bankers va peut-être le faire. Alors que la Banque internationale a échoué il y a six mois dans la mise en place d’une infrastructure de type BPO (business process outsourcing) avec le fournisseur de logiciels suisse Avaloq, sa banque sœur (avec qui elle partage, rappelons-le, le même actionnaire qatari, Precision Capital) est sur le point de concrétiser un projet similaire. Dévoilées il y a tout juste un an, les discussions entre KBL et la banque privée suisse Lombard Odier semblent en effet en passe d’aboutir à un résultat concret. Ainsi, en même temps que le groupe KBL (présent dans 50 villes de neuf pays d’Europe) a désormais accès aux processus existants et à la plateforme développée depuis de nombreuses années par Lombard Odier, une nouvelle structure, TBI (Technology and Banking Infrastructure) Europe a été constituée au Luxembourg et n’attend désormais plus que le feu vert de la CSSF pour devenir un PSF de support. Filiale à 100 % de Lombard Odier, cette société sera dirigée par Alain Picquet, bien connu à Luxembourg pour avoir été, pendant de longues années, et jusqu’à fin 2014, head of advisory and markets chez KPMG (firme où il a par ailleurs passé plus de 25 années).
UNE ANNÉE 2016 CHARNIÈRE « Il y a longtemps que la banque a créé et développé son propre environnement informatique et, ensuite, l’a dupliqué pour chacune de ses implantations hors de Suisse, explique à Paperjam M. Picquet. D’autres banques ont ensuite demandé à pouvoir utiliser cette plateforme et elle est devenue, depuis, un métier à part entière. » Dans les faits, TBI accueillera à la fois des « nouveaux » salariés spécifiquement recrutés, mais aussi des transferts venant de KBL et de Lombard Odier. « D’ici au printemps 2017, nous tablons sur un staff d’une centaine de personnes, et environ 250 à l’horizon 2019 », indique Alain Picquet. D’ici à 2016, c’est une soixantaine d’employés qui devraient être transférés de KBL. « Nous aurons plus de 200 milliards d’euros d’actifs sur cette plateforme qui sera en mesure de fournir une offre de type ‘front to back’
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― Juillet / Août 2015
▲ Marc Lauwers (KBL) : « Clairement, le modèle Odier était plus intéressant pour nous. »
comprenant de la gestion de portefeuilles, du CRM ou des systèmes opérationnels, préciset-il. L’effet de masse devrait nous permettre de proposer de la qualité à des prix de services compétitifs. » Pour KBL, la concrétisation de ce deal est présentée par Yves Stein, group CEO, comme un acte qui « change la donne pour notre groupe ». Il met surtout un terme à une réflexion stratégique majeure engagée depuis un bon moment, déjà, concernant sa plateforme informatique. « Nous disposions d’un bon outil global, mais très customisé au niveau de chaque entité du groupe, ce qui, au final, en rendait difficile la gestion, explique Marc Lauwers, le group COO de KBL. Nous avions le choix de redévelopper tout un système en partant d’une feuille blanche ou bien de nous appuyer sur un modèle déjà existant. Clairement, le modèle Odier était plus intéressant pour nous. On achète presque une ‘bank in the box’, prête pour utilisation et qui nous permettra d’aller plus vite dans l’uniformisation de notre parc informatique. » Si le processus d’agrément auprès de la CSSF va rapidement à son terme, les activités de TBI devraient commencer à la fin de
l’année, les premiers bénéficiaires de cette structure étant prévus d’être Puilaetco Luxembourg et KBL Richelieu (à Paris). Pour KBL Luxembourg, le transfert est programmé pour début 2017. « L’année 2016 sera donc essentielle pour éprouver le système et faire en sorte qu’il soit pleinement opérationnel », indique Marc Lauwers. Quant à « l’impact matériel sur l’emploi au sein de KBL », tel que décrit dans le communiqué de presse diffusé lors de la présentation du partenariat, il n’est pas censé intervenir avant 2017. « Quelle que soit la solution retenue, il y aurait de toute façon eu une restructuration à engager, indique M. Lauwers. Dans le cas présent, nous allons miser sur le volet formation pour permettre à un maximum de gens d’acquérir les nouvelles compétences requises dans le cadre de ce formidable projet. » Un projet qui ne va pas changer la donne que pour KBL. En ouvrant un tel outil de BPO à l’ensemble du marché, l’initiative TBI marque certainement un tournant dans le paysage bancaire. « Le monde est en train de changer et cette notion de business process outsourcing est quelque chose qui va s’étendre de plus en plus aux places financières. Le modèle construit par Lombard Odier est un réel modèle industriel international. » ◄ En résumé KBL et la banque privée suisse Lombard Odier se sont lancées dans une démarche de création d’une structure commune offrant des services de type business process outsourcing. La création d’un PSF est en cours.
PHOTO : LUC DEFLORENNE (ARCHIVES)
―Texte : Jean-Michel Gaudron
Lydie Polfer photographiée à l’Hôtel de Ville de Luxembourg par Julien Becker.
Lydie Polfer lit Flydoscope depuis 1975. Merci
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Place financière Standardisation de la Place
PHOTO : SVEN BECKER (ARCHIVES)
10 Les risques du métier
► Le Parlement européen a adopté la 4e directive anti-blanchiment qui prévoit, entre autres, un registre central des bénéficiaires de sociétés. ► Le Luxembourg a deux ans pour mettre le dispositif en place. ► La Chambre des députés s’apprête à renforcer la protection des lanceurs d’alerte. ― Texte : Véronique Poujol
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Deux ans pour transposer la nouvelle directive (c’est la 4e) relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme que le Parlement européen a adoptée le 20 mai dernier. Deux ans, c’est-à-dire jusqu’à juin 2017, pour changer et rentrer dans les clous dans les délais requis, au risque sinon de se faire rappeler à l’ordre par les organisations internationales de type Gafi (bien que le texte européen aille au-delà de ses recommandations), et échapper à une liste noire. On retient d’abord de cette future directive qu’elle va contraindre les 28 à tenir des regis tres centraux reprenant les informations liées aux propriétaires effectifs finaux de sociétés et d’autres entités légales, comme les trusts. Ces registres centraux seront accessibles aux autorités et à leurs unités de renseignement financier (sans aucune restriction), aux « entités obligées » comme les banques exerçant leurs fonctions de vigilance à l’égard de la clientèle, et, dans une moindre mesure, aussi
▲ Protéger les lanceurs d’alerte ? Le débat public n’a pas encore commencé. Ce sera trop tard pour Antoine Deltour, qui revendique haut et fort sa bonne foi.
Au Luxembourg, les avocats sont en passe de devenir des sortes de martiens du droit, des hyper-juristes multicartes du droit international.
Place financière Standardisation de la Place
au public et notamment aux ONG et journalistes. Pour y accéder et obtenir les noms, nationalités, années de naissance, pays de résidence des bénéficiaires effectifs, une personne ou une organisation devra prouver qu’elle a un « intérêt légitime ». Toute dérogation à l’accès fourni par les États membres ne sera possible qu’« au cas par cas, dans des circonstances exceptionnelles ». Certains États européens, dont le Royaume-Uni, la France, le Danemark, la République tchèque, les Pays-Bas, ont annoncé que leurs registres des bénéficiaires réels des sociétés seront publics. Le texte prévoit aussi de faire entrer l’évasion fiscale « grave » dans les infractions primaires du blanchiment. Mais personne, pas même le Gafi, n’a défini ce que sont les infractions fiscales graves, sinon qu’elles doivent être punissables de six mois de prison au moins, ce qui n’est pas le cas actuellement des infractions en matière fiscale (un mois minimum pour l’escroquerie fiscale). Au Luxembourg, la solution qui sera probablement retenue, parce qu’elle apparaît la plus pragmatique, consistera à rallonger la liste des infractions primaires en incluant certaines infractions spécifiques même si le seuil de peine minimale reste inférieur à six mois. L’autre option, plus improbable, serait d’aggraver le seuil de peine de l’escroquerie fiscale. Les deux principaux dispositifs de la directive européenne poseront en tout cas des problèmes de transposition au Luxembourg, mais leur mise en place constituera aussi une heure de vérité pour les acteurs de la place financière qui affirment que l’« onshorisation » des clients est un processus achevé et que le fonds de commerce des établissements a été assaini au cours des deux dernières années. On peut être sceptique sur la véracité de cette assertion, à tout le moins dans certains établissements où les arbitrages entre les commerciaux et le service de Compliance peuvent ressembler à des parties de poker, surtout si les clients ont six ou sept zéros sur leur compte.
MARTIENS DU DROIT Des affaires récentes devant le tribunal correctionnel de Luxembourg montrent que la culture de l’anti-blanchiment n’est pas aussi solidement ancrée qu’on le croit dans les gènes de certains opérateurs du secteur financier, y compris dans les cabinets d’avocats d’affaires. Or, il n’est plus possible de cloisonner le droit des affaires avec le droit pénal. « La pénalisation du droit des affaires touche tout le monde », expliquait l’avocat Nicolas Thieltgen lors d’une table ronde organisée début mai par l’Association luxembourgeoise des juristes de banque (ALJB). La formule
souvent entendue chez les juristes du droit bancaire se flattant de ne rien connaître du droit pénal n’est plus tenable, tout comme la stricte séparation dans les grands cabinets juridiques des services relevant du droit des affaires de ceux concernant le droit pénal, chacun étant souvent à des étages différents. À l’heure du risque transfrontalier, qui est transversal, et de la 4e directive anti-blanchiment, il est important pour les banquiers d’être conscients du droit pénal, relève en substance Me Thieltgen. Ce à quoi son con frère André Lutgen, un des autres intervenants de la table ronde de l’ALJB, ajoute : « Tout le monde peut se faire extrader » selon le grand principe de la territorialité qui veut qu’un État soit compétent pour les infractions commises sur son territoire. « Au Luxembourg, poursuit l’avocat pénaliste, on doit désormais se préoccuper de ce qui se passe sur le territoire mondial (…) car il suffit qu’un élément constitutif de l’infraction ait été
La solution qui sera probablement retenue consistera à rallonger la liste des infractions primaires en incluant certaines infractions spécifiques. commis sur le territoire de l’État où la poursuite est exercée. » Et devenir une sorte de martien du droit, des hyper-juristes multicartes du droit international. Voilà qui ne facilite pas le métier de banquier, déjà confronté à un véritable tsunami réglementaire qui rend son activité moins rentable que par le passé. De la Charte de qualité ICMA de la fin 2012, où les banquiers se sont interdit volontairement d’accepter des nouveaux clients fiscalement « non clean », à la dernière circulaire de la CSSF (27 mars 2015), dans laquelle le régulateur exhorte le secteur financier à anticiper l’échange d’informations et l’étendre à la fraude fiscale, en passant par la « note d’orientation » de l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL) en mai 2014, les banquiers ont donc du pain sur la planche pour mettre en place, si ce n’est pas déjà fait, des règles claires à l’égard de leur clientèle pour qu’en « aucun cas » ils ne se rendent complices de fraude fiscale. Ces engagements leur imposent aussi de s’abstenir d’accepter des avoirs dont ils savent qu’ils sont soustraits au fisc. Il existe désormais, selon Me Lutgen, une « grille tarifaire » à laquelle les professionnels
du secteur financier peuvent s’attendre dans l’hypothèse où ils sont pris dans les filets de la justice étrangère. « Nous disons, méfiez-vous du droit national, mais soyez aussi attentifs au droit étranger ainsi qu’aux juges étrangers et à la façon dont ces derniers perçoivent le Luxem bourg. » Ainsi, en Allemagne, un million d’euros fraudé vaudrait un an de prison ferme. En Italie, les bénéficiaires de sociétés de participations financières luxembourgeoises sont « invités » à relocaliser leurs structures dans la péninsule au risque s’ils ne transigent pas de faire de la prison. L’affaire Dolce & Gabbana a failli conduire les deux fondateurs de la maison de couture italienne pour 18 mois au bagne pour avoir mis en place via le Luxem bourg une structure d’évasion fiscale. Cassée une première fois, l’accusation a fini par faire « pschitt » devant la Cour de cassation à Rome. « Les autorités fiscales et pénales deviennent très agressives dès qu’elles croient pouvoir établir que la société étrangère, par exemple luxembourgeoise, a été vraiment dirigée à partir de l’Italie ou par un résident italien », souligne l’avocat. La loi pénale française permet de faire du banquier luxembourgeois un complice en vertu de l’article 121-7 prévoyant qu’« est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui sciemment, par aide ou assistance, en a facilité la préparation ou la consommation ». Le code pénal considère également complice « la personne qui par don, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué une infraction ou donné des instructions pour la commettre ». Pour ne rien arranger, les Français considèrent que le seul fait de détenir un compte non déclaré à l’étranger présume une dissimulation de revenus.
GRILLE TARIFAIRE L’affaire Landsbanki, avec au Luxembourg un arrêt de la Chambre du conseil du 10 juil let 2014 renvoyant la liquidatrice Yvette Hamilius à ses responsabilités et laissant entendre qu’elle serait susceptible de tomber sous le coup de blanchiment pour réaliser des actifs provenant d’une escroquerie commise à l’étranger, en l’occurrence auprès des victimes en France des commerciaux de la banque, a créé un électrochoc sur la place financière qui se standardise et qui doit surtout « être crédible sur la scène internationale », dixit Catherine Bourin, membre du comité de direction de l’ABBL, qui est également intervenue à la table ronde de l’ALJB. Rester crédible, ça veut donc dire que la Place doit se préparer à lâcher du lest, en incluant certaines infractions fiscales dans la liste des infractions primaires du blanchiment, à l’instar de ce qu’ont déjà fait des
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Place financière Standardisation de la Place
« La pénalisation du droit des affaires touche tout le monde. » Nicolas Thieltgen (Brucher Thieltgen & Partners)
« L’objectif n’est pas de demander aux professionnels de dénoncer les fraudeurs au Parquet. » Catherine Bourin (ABBL)
pays voisins. Si aujourd’hui encore les opérateurs financiers violent leur secret professionnel en effectuant une déclaration de soupçon de blanchiment à la cellule de renseignement du Parquet sur un motif uniquement fiscal, demain ils seront tenus de prévenir le Parquet pour ce type de soupçon. La 4e directive anti-blanchiment le prévoit et la CSSF leur demande déjà de se montrer « proactifs ». « Il ne faut pas se méprendre, prévient toutefois Catherine Bourin, sur les intentions de la CSSF dans cette circulaire. L’objectif n’est pas de demander aux professionnels de dénoncer les fraudeurs au Parquet au moyen de déclarations d’opérations suspectes, ce qui ne serait pas conforme au cadre légal actuel. L’objectif est plus de demander une nouvelle fois aux professionnels de se préparer aux changements législatifs à venir en matière fiscale. »
LANCEURS D’ALERTE MIEUX PROTÉGÉS La table ronde de l’ALJB ne pouvait pas ne pas parler des changements législatifs à intervenir, très vite puisqu’ils sont intégrés dans la transposition de la directive de juin 2013 dite CRD4, pour renforcer la protection des lanceurs d’alerte (si tant est qu’elle existe) au pays où la violation du secret bancaire peut encore conduire à la prison. L’ex-auditeur de PwC Antoine Deltour, à l’origine de l’affaire
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LuxLeaks, pourrait en faire les frais puisqu’il a été inculpé par une juge d’instruction, entre autres, de violation du secret professionnel pour avoir livré des données de son employeur à un journaliste. L’UE n’ira d’ailleurs pas plus loin que ce qu’elle a déjà fait dans CRD4 pour les whistleblowers. Comme l’a rappelé Catherine Bourin, il existe déjà des dispositions de droit luxembourgeois, bien qu’elles restent « très rudimentaires », obligeant les établissements financiers à mettre en place une procédure d’alerte. Cette obligation découle de la circulaire 12/552 de la CSSF qui dispose que les « alertes données de bonne foi n’entraînent aucune responsabilité d’aucune sorte dans le chef des personnes qui les ont données ». L’obligation de signalement des infractions imposée par la directive de 2013 sera intégrée à la loi du 5 avril 1993 (article 38-12). Les banques seront tenues d’assurer une « pro tection appropriée, au moins contre les représailles, les discriminations ou autres types de traitements inéquitables pour leur personnel qui signale des infractions ». Toutes les infractions et pas seulement celles qui sont liées à la corruption. Dans son rapport d’activité pour 2014, l’organisation Transparency International Luxembourg plaide d’ailleurs pour que la loi sur les lanceurs d’alerte ne couvre plus seulement les pratiques liées à la corruption mais soit étendue « à tout méfait pertinent », y compris les affaires d’évasion
« Méfiez-vous du droit national, mais soyez aussi attentifs au droit étranger. » André Lutgen (Lutgen+Associés)
fiscale. Toutefois le dispositif prévu par la transposition de CRD4 ne fournit pas de liste des infractions. De son côté, la CSSF devra mettre en place « des mécanismes efficaces et fiables pour encourager tout signalement d’infractions potentielles ou avérées ». Ses agents qui auront connaissance de faits pouvant être qualifiés d’infractions pénales devront à leur tour en alerter le Parquet. Pour eux non plus, il n’y a plus de secret professionnel qui vaille. Aussi, toute dénonciation sera potentiellement une affaire pénale. Le mécanisme de protection des whistleblowers mériterait néanmoins une couche de protection supplémentaire selon TI Luxembourg. Notamment la mise en place de « l’excuse légale » protégeant le lanceur d’alerte « de bonne foi » contre les recours en responsabilité en matière civile du fait de son signalement et, en matière pénale, contre les infractions de diffamation et de calomnie. Le débat public n’a pas encore commencé à ce sujet et quoi qu’il en soit, Antoine Deltour, qui revendique haut et fort sa bonne foi, ne pourra pas bénéficier de ce nouveau régime. ◄ En résumé Le Luxembourg a deux ans, jusqu’en juin 2017, pour transposer la 4e directive anti-blanchiment. Un texte qui impose la mise en place d’un registre central des bénéficiaires de sociétés, y compris les trusts. Il est peu probable que l’accès à ces fichiers deviendra public au Luxembourg. La standardisation de la Place passe aussi par un renforcement de la protection des lanceurs d’alerte.
AGLINI ° ADRIANO GOLDSCHMIED ° CALIBAN ° BELSTAFF ° MABRUN ° JAN MAYEN ° WOOLRICH ALLUDE ° HACKETT ° MONCLER ° WINDSOR ° TAGLIATORE ° HUGO BOSS ° STRENESSE ° DRYKORN 7 FOR ALL MANKIND ° Z ZEGNA ° MONOCROM ° BETTER RICH ° CRIME ° DOUCAL’S ° DIESEL
Désirs Culture, sélections, gastronomie, shopping, interview
10 Plusieurs artistes luxembourgeois (Justine Blau, Marco Godinho, Claudia Passeri) participent à la nouvelle exposition du Frac Lorraine, « Tous les chemins mènent à Schengen », qui place la marche au cœur du propos artistique. Les œuvres d’artistes contemporains sont mises en regard de nombreuses archives, et après la contemplation, l’action, avec différentes marches organisées entre Metz et Schengen, dont une randonnée tout nu ou une randonnée « régénérescence » qui associe jeûne et marche !
Trixi Weis, Anne Kieffer et Christophe de la Fontaine sont les trois créateurs qui ont participé au Design Challenge organisé par Villeroy & Boch et Luxinnovation pour mettre en valeur le savoir-faire de l’atelier de manufacture du Rollingergrund. Ils ont ainsi pu réaliser chacun une pièce de collection en porcelaine, éditée à 100 exemplaires. Leur création devait par ailleurs être un objet représentant pour eux le Luxembourg. Une collaboration fructueuse et un exemple dont d’autres entreprises devraient s’inspirer.
La Philharmonie célèbre ses 10 ans et organise un programme riche en surprises du 25 au 28 juin : des showcases de Music:LX, des concerts des rising stars Cathy Krier, Francesco Tristano, une journée portes ouvertes pour les enfants, une soirée de jazz et une end of season party avec Juan Atkins, Mouse on Mars et Chook. Réservez ces dates dans vos agendas !
www.villeroy-boch-design-challenge.lu
www.philharmonie.lu
Le Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain lance une nouvelle série de résidences qui investissent l’espace public. Les premiers à se lancer sur ce terrain compliqué sont les artistes du collectif Todo por la Praxis. Ils réaliseront, au croisement du boulevard de la Pétrusse et de la passerelle / viaduc, une construction à deux étages, la TAZ, The Temporary Autonomous Zone, qui accueillera un point de documentation sur des projets d’appropriation d’espaces désaffectés, et un jardin communautaire au deuxième étage.
À Belval, les artistes sélectionnés pour la résidence menée par les curateurs Stéphanie Delcroix & Michael Pinsky, sur le thème BeHave, sont désor mais connus. Au nombre de neuf, un seul représente le Luxembourg : le duo Feipel & Bechameil. Les autres (William Engelen, Jan Kopp, Neville Gabie, Alessandro de Francesco, Giuseppe Licari, Darya von Berner, David Rickard) viennent essentiellement d’Europe sauf le Californien Shimon Attie. Les premiers artistes seront accueillis sur le site de Belval à partir de septembre 2015.
C’est avec la dernière création d’Anne Teresa de Keersmaeker (et une scénographie signée Ann Veronica Janssens) que le Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg clôture sa saison. Pour Golden Hours (As you Like it), la chorégraphe s’inspire d’une chanson de Brian Eno et fait intervenir sur scène 11 jeunes danseurs qui proposent une approche décalée de la « théâtralité ».
www.fonds-belval.lu
Le 30 juin à 20 h.
Jusqu’au 6 septembre www.casino-luxembourg.lu www.todoporlapraxis.es
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Le Marché des créateurs s’installe à nouveau sous la verrière du Mudam. Pour cette édition, c’est Elfy Pins, fondatrice du site Supermiro, qui, en tant que guest curator, devra sélectionner les créateurs locaux et internationaux qui viendront vendre leurs objets inédits, éditions limitées et rencontrer un public toujours plus nombreux au fil des éditions. www.mudam.lu
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PHOTOS : VILLEROY & BOCH / JUSTINE BLAU / MARTINE FEIPEL & JEAN BECHAMEIL / TODO POR LA PRAXIS / ANNE VAN AERSCHOT
Jusqu’au 4 octobre www.fraclorraine.org
Désirs Culture
ZOOM SUR...
CHOOK ― Texte : France Clarinval ― Photo : Mike Zenari
Il est un des invités de la End-of-season party et des 10 ans de la Philharmonie. Producteur, DJ, il est membre de Monophona et peaufine ses morceaux dans son studio à Itzig. Cela fait 20 ans que Philippe Schirrer est Chook, un pseudo qu’un camarade lui a trouvé quand il commençait à scratcher, à l’âge de 15 ans en lui disant « tu vas faire tchook tchook… ». C’est en effet par le vinyle que tout a commencé : « Au lycée, tout le monde voulait faire du rap, je me suis démarqué en achetant une platine et en commençant à mixer et scratcher », se souvient-il. C’était avant l’internet et les tutoriaux, avant les logiciels de mixage, il fallait apprendre par soi-même. À la fin des années 90, Chook mixe du hip-hop, puis se tourne vers le Drum&Bass, ce qui l’amène à Londres, temple de l’électro qui percute, pour des études d’ingénieur du son. Parallèlement, il crée le label Fullforce en 2004 pour éditer ses vinyles de Drum&Bass ainsi que d’autres artistes internationaux. Chook se fait un nom dans la production et comme DJ et pendant une douzaine d’années, il tourne dans des clubs un peu partout : en Russie et dans les pays de l’est, en Nouvelle-Zélande et en Australie, en Grande-Bretagne et en Allemagne… « Il vient un moment où on hésite à consacrer sa carrière à la musique ou à s’assurer un métier qui
fasse vivre », avoue-t-il, lucide quand il voit qu’il n’arrive « juste pas » à vivre de sa musique. Il décrochera un travail de professeur au Lycée Ermesinde, ce qui lui permet « de produire la musique que j’aime, pas toujours commerciale ». Bien lui en a pris, puisque c’est dans le cadre du Lycée qu’il rencontre la chanteuse Claudine Muno. « Je cherchais des voix pour accompagner mes morceaux. » Une réelle révolution pour celui qui fabriquait tout tout seul : des vrais instruments, des compagnons pour faire un groupe, des scènes vivantes. Monophona rencontre un beau succès et réalise deux albums ; Black on Black est sorti en février dernier. Depuis quelques mois, Chook retravaille de la Drum&Bass et se remet à la production. C’est ce qui lui vaut d’être invité à la clôture de saison de la Philharmonie qui fête ses 10 ans… « Je joue à 4 h du matin… normal en club, bizarre dans le foyer de la Philharmonie. » Le 27 juin à la Philharmonie www.philharmonie.lu
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Désirs Sélections Sélection de Venise
POLITIQUE ET POÉTIQUE
Les artistes présents à la 56 Biennale de Venise ne passent pas à côté des thématiques d’actualité : écologie, immigration, crise économique, guerres, religions… mais traitent ces sujets avec une belle dose de poésie. Cinq coups de cœur aux Giardini. e
FRANCE
Avec rêvolutions, Céleste Boursier-Mougenot compose une œuvre poétique tout en laissant transparaître une dimension politique. Il déploie une chorégraphie de trois arbres mobiles qui bougent en fonction de leur métabolisme, des variations du flux de leur sève. Il s’agit de s’emparer des systèmes de contrôle des êtres vivants et de leurs déplacements.
JAPON
Chiharu Shiota et son installation The Key in the Hand, rassemblant plus de 50.000 clés reliées par des fils rouges et enlaçant deux barques, explorent la notion de mémoire. Objets familiers qui protègent les secrets et espaces importants de nos vies, les clés nous poussent à ouvrir la porte à des mondes inconnus. Les deux bateaux échoués ne peuvent qu’évoquer les migrants tentant de traverser les mers.
BELGIQUE
Rompant avec la tradition de l’artiste star, Vincent Meessen a invité d’autres plasticiens à collaborer à Personne et les autres. L’idée est d’explorer les conséquences des enchevêtrements politiques, historiques, culturels et artistiques entre l’Europe et l’Afrique durant la période de la modernité coloniale et de son prolongement.
AUSTRALIE
Fiona Hall a créé un vaste cabinet de curiosités à la fois primitif et contemporain. Wrong Way Time regroupe des douzaines de travaux à volets multiples : masques avec leurs harnais flottant dans l’espace, ménagerie de cordes et de végétaux tressés, forêt d’horloges peintes, meubles calcinés remplis de billets de banque, pain sculpté…
URUGUAY
Global Myopia (pencil & paper), de Marco Maggi, dessine et recompose les caractères de 10.000 éléments sur les murs. Son white cube met à l’œuvre un jeu d’échelles entre le détail, le très petit et la vue aérienne et cartographique, ainsi qu’entre le volume vide et la dense prolifération des dessins et sédiments.
PHOTOS : LAURENT LECAT, SUNHI MANG, ALESSANDRA BELLO, CHRISTIAN CORTE, UGO CARMENI
Jusqu’au 22 novembre à Venise www.labiennale.org
Michel Welter den Atelier
Sélection de festival
TROIS JOURS DANS LES CHAMPS
Comme chaque année, le Rock-A-Field est l’occasion d’applaudir têtes d’affiche et groupes locaux, d’aller de découverte en surprise. Une proposition par jour.
Fox
Kate Tempest
Muse
« Le groupe luxembourgeois est parti du projet de Jimmy Leen, le guitariste of Versus You. Il compose de superbes chansons, bien arrangées, jouées par des musiciens avec une belle attitude. »
« Elle représente parfaitement la nouvelle vague du hip-hop très british, en allant dans une voie plus poétique que rap. On adore son délicieux accent londonien. »
Le 3 juillet
Le 4 juillet
« LA tête d’affiche incontestée de l’ensemble du festival. C’est une des plus grandes productions en tournée cette année, avec un nouvel album très prometteur. En plus, nous avons déjà une belle histoire avec ce groupe venu en 2001 à l’Atelier et en 2007 à la Rockhal. » Le 5 juillet
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PHOTOS : DR
www.rockafield.lu
Désirs Shopping Sélection
VIVE LUXEMBOURG
C’est dans la vieille ville que la Luxembourg House ouvre ses portes. Vitrine pour la promotion du Grand-Duché, cette boutique, tenue par Luxair, ne propose que des articles « made in Luxembourg », entre tradition et innovation. Nous en avons sélectionné cinq. 2, rue de l’Eau à Luxembourg (Vieille ville)
LES EAUX-DE-VIE ZENNER La distillerie artisanale Zenner basée à Schwebsange réalise des eaux-de-vie « Fine de Luxembourg », dont les incontournables Poire, Mirabelle ou Framboise, mais aussi des spécialités locales comme la Neelchesbir ou la Coing.
L’ART DE LA TABLE DE SILK & BURG Derrière Silk & Burg, il y a Marie Pedersen qui réalise des objets des arts de la table à partir des traditions locales comme les recettes des Gromperekichelchen ou de la Boune schlupp imprimées sur des torchons et des planchettes à tartines ou des plateaux à l’effigie de la Gëlle Fra, le tout avec une touche graphique bien contemporaine.
LES SAVONS DE YOLANDE COOP La Yolande Coop réalise un atelier de savonnerie « de SeefenAtelier » qui, dans les locaux de l’Institut SaintJoseph à Betzdorf, fait travailler des salariés handicapés qui produisent et conditionnent eux-mêmes les savons.
LES FOULARDS DE DIVERSITY Les foulards de Diversity sont conçus au Grand-Duché. Valérie Dubois-Chahmérian produit ces écharpes qui conviennent aussi bien aux hommes qu’aux femmes, aux jeunes qu’aux personnes plus âgées, à porter en été comme en hiver.
LES MUGS DE JACQUES SCHNEIDER Jacques Schneider signe pour la Luxembourg House une production spécialement conçue pour ce point de vente : une série de mugs qui allient des symboles de notre pays (Gëlle Fra, Grand-Duc, Knuedler) et son style artistique bien reconnaissable.
Chaussures portugaises
Nous, les femmes
Encore plus de saunas
On avait pu voir ses créations en patchwork lors de la dernière édition du Marché des créateurs au Mudam. Voici que Vera Capinha Heliodoro s’est lancée avec son compagnon dans une nouvelle aventure : Norte Store. Ils y proposent des chaussures « made in Portugal » (dont ils sont originaires) et représentent principalement trois marques qui sont Dkode, Nobrand et JJ Heitor avec des modèles qui changent de ce qu’on a l’habitude de voir.
La marque Caroll est bien connue des Françaises et les accompagne depuis déjà un certain nombre d’années. Au fil du temps, elle a su s’adapter aux goûts des femmes urbaines, aux vies bien remplies, avec un vestiaire qui passe de la vie de bureau à une soirée glamour. À la fois chic et décontractée, la marque propose une mode féminine, faite pour être portée et se sentir belle.
Le Domaine thermal de Mondorf dispose désormais d’un espace saunas agrandi avec au total 12 saunas différents, dont cinq nouveaux. Le tout est disposé dans un nouvel aménagement paysager à la lisière du parc. On notera plus particulièrement le nouveau sauna Suri qui peut accueillir jusqu’à 65 personnes ou le Tekstiili dans lequel on peut rentrer pudiquement protégé par sa serviette (la nudité étant de mise dans les autres). Il sera aussi possible de privatiser le petit Vippi pour une journée détente entre amis par exemple.
8, rue du X Septembre à Esch-sur-Alzette www.nortestore.com
Centre commercial Auchan, 5, rue Alphonse Weicker à Luxembourg (Kirchberg)
www.mondorf.lu
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PHOTOS : BENJAMIN CHAMPENOIS / DR
Ouvertures
Désirs Gastronomie
0 % GLUTEN
PHOTO : SVEN BECKER
Le premier restaurant sans gluten et sans lactose vient d’ouvrir à Luxembourg. Lenelife, inité par Lene Pedersen, propose une carte fraîche, des plats colorés et originaux qui prouvent que l’on peut manger sainement sans s’ennuyer et qui offrent une belle alternative aux allergiques et végétariens. Au Bec Fin – 5, avenue Marie-Thérèse à Luxembourg (Centre) www.lenelife.com
ZOOM SUR...
RAMBORN
Le premier cidre luxembourgeois séduit par son goût et par la cohérence de son projet écoresponsable.
APPRENDRE LE BON
Apprendre à lire les étiquettes sur les produits alimentaires, comprendre les règles d’hygiène en cuisine, savoir rendre une photo de plat attrayante, découvrir les producteurs de notre région… Voilà ce que propose la Food Academy que lancent Isabelle Henschen et Anne Faber : cours de cuisine, visite de producteurs sont au menu. www.foodacademy.lu
Pays producteur de pommes, le Luxembourg a longtemps compté une tradition de cidres artisanaux. « Les fermiers laissaient le jus de pomme fermenter en fûts, sans trop y prêter attention. La boisson était plutôt forte et assez âpre », raconte Carlo Hein (sur l'image, avec son fils), un des promoteurs de Ramborn avec Gérard Bisenius et Gilles Dimmer. Ils ont pris conscience du potentiel des vergers du Mullerthal en voyant le succès commercial des cidres anglo-saxons et se sont initiés à la Cider Academy en Angleterre. Une récolte de pommes plus tard, le passage par les fûts supervisé par un expert anglais et la conviction que le produit est bon et commer-
cialement viable, Ramborn était né. Du nom de la rambo, la variété de pommes la plus répandue dans la vallée de la Basse-Sûre et de Born, le village natal des promoteurs. Si le cidre est tendance et peu alcoolisé, il est aussi « un excellent ambassadeur de nos richesses, de notre histoire et de notre savoir-faire local ». Préservation et entretien du verger, conservation de variétés anciennes et oubliées de pom mes, valorisation du patrimoine culturel, le produit entre de plain-pied dans une économie écoresponsable parfaitement dans l’air du temps. www.ramborn.com
SOUS LE SOLEIL EXACTEMENT
BRASSERIE MANSFELD Pour l’ombre des arbres, le bâtiment historique et la qualité des produits servis.
BRIGITTE Pour les pieds de vignes et le mobilier, le service avenant et le dépaysement du cadre.
MAHO Pour l’enchantement du jardin avec son kiosque, pour la qualité sans faille des plats.
SCHÉISS AUX ARQUEBUSIERS Pour le mobilier moderne dans un cadre ancien, pour un service souriant et une carte audacieuse.
3, rue de la Tour Jacob à Clausen www.brasserie-mansfeld.lu
10, route d’Echternach à Dommeldange www.brigitte-brasserie.lu
2, place Sainte-Cunégonde à Clausen www.maho.lu
142, Val Sainte-Croix à Belair www.scheiss.lu
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PHOTOS : 300MM / KINLAKE / SVEN BECKER / LALA LA PHOTO
L’été est rarement long et chaud au Luxembourg, alors profitons-en pour nous précipiter sur les terrasses. On préférera celles à l’écart des rues et routes, où la qualité de la cuisine et le service sont au rendez-vous. Nos choix du moment à Luxembourg.
Strip et bar-restaurant de nuit. Lieu inédit à Luxembourg. le dimanche à partir de 20h00 : Pâtes à volonté . Pour vos évènements, veuillez nous contacter au 49 05 52
La nourriture servie jusqu’au petit matin. Ouvert tous les jours 21 heures-9 heures. Adresse: 13 rue Dicks L-1417 Luxembourg Tel: 00 352 49 05 52 www.saumur.lu
Désirs Interview – Culture
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MARIE-SOPHIE CORCY ET CLÉMENT MINIGHETTI
DIALOGUE ENTRE UN PENDULE ET UN DESSIN L’ensemble des espaces du Mudam sont consacrés à l’exposition Eppur si muove, réalisée en partenariat avec le Musée des Arts et Métiers à Paris et qui explore les relations entre art et science. Deux des commissaires de l’exposition nous éclairent. ― Interview : France Clarinval
Comment est née la collaboration entre vos deux institutions pour mettre en place cette exposition ? Marie-Sophie Corcy : « Le Cnam Lorraine (Conservatoire national des arts et métiers) a imaginé présenter dans le hall du Mudam une réplique du pendule de Léon Foucault, dont le Musée des Arts et Métiers conserve les pendules originaux utilisés par Foucault et dont l’un est présenté en situation dans son église. Le lieu se prête en effet tout particulièrement à une telle présentation. Le pendule de Foucault est de plus une pièce tout à fait emblématique de l’histoire des sciences et des techniques, puisqu’il permet de mettre en évidence la rotation de la Terre. Le directeur du Mudam et ses équipes ont immédiatement réagi à cette idée et ont, à leur tour, imaginé une collaboration avec le Musée des Arts et Métiers à une tout autre 124 ―
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échelle : construire une exposition, en utilisant tous leurs espaces, sur le mode d’un dialogue art / science basé sur la présentation d’œuvres d’art contemporain avec des pièces issues des prestigieuses collections historiques du Musée des Arts et Métiers. Nous avons été très réceptifs à ce projet inédit de notre point de vue.
Qu’est-ce qui est né d’abord ? En d’autres termes, est-ce l’art qui a guidé les choix dans la collection du Musée des Arts et Métiers ou l’inverse ? M.-S. C. : « La collaboration entre le Musée des Arts et Métiers et le Mudam s’est établie sur le mode du dialogue et de l’évocation. Il s’agissait moins de ‘confronter’ des inventions avec des créations artistiques, en apportant les clés de leur réalisation, que d’établir les conditions de leur résonance. Il ne s’agissait pas non plus
de justifier la création par l’association de sources d’inspiration potentielles issues du registre de l’histoire des sciences et des techniques, d’avoir simplement recours à l’analogie ou de ne considérer que l’aspect esthétique dans le choix des pièces, mais bien d’ouvrir un espace où se rencontreraient les intentions de l’inventeur, de l’utilisateur ou de l’expérimentateur, et celles de l’artiste. L’intuition, l’ingéniosité et l’intelligence marquent le processus de création, qu’il s’agisse du registre de l’invention ou du domaine artistique. Ces notions guident également la curiosité du visiteur et le rendent acteur de l’exposition. L’objet de cette collaboration était également de se saisir de ce dialogue pour mettre en lumière certaines spécificités de la collection du Conservatoire des arts et métiers. L’origine de ces collections remonte à la création du Conservatoire par Henri Grégoire en 1794, et à la volonté de réunir les ‘moyens de perfectionner l’industrie nationale’. Cette idée s’articule autour de différents paradigmes : la réunion d’artefacts – ‘archives de l’histoire de l’art et de l’industrie’, selon Hervé Mangon, professeur puis directeur du Conservatoire – représentatifs de l’invention ; la constitution d’ensembles cohérents ou de ‘séries’ ; la normalisation des présentations ; la transmission et la pédagogie. Ces collections de science appliquée, répertoriées et classées dans les galeries ouvertes au public depuis 1802, parfois utilisées à des fins d’enseignement et / ou mises en scène à l’occasion de démonstrations, constituaient un dispositif de médiation concourant à l’émulation et au développement de l’industrie nationale, puis contribuèrent à l’émergence d’une culture scientifique et technique.
Comment les artistes d’aujourd’hui (du moins ceux de l’exposition) considèrent-ils la science ? Clément Minighetti : « L’exposition n’a pas pour ambition de dresser un état des lieux exhaustif des relations de l’art à un monde marqué par la technologie. En revanche, elle s’attache à définir un horizon, à présenter un paysage qui serait cet ‘espace partagé’ où les artistes se saisissent des questions qui animent les domaines de la technique et de la science. Les pratiques artistiques sont variées, et évidemment les rapports qu’entretiennent les artistes à la science et la technique sont multiples. Certains portent un intérêt particulier à l’histoire des sciences et des techniques ; le Musée des Arts et Métiers est, à ce titre, un lieu emblématique. D’autres, à travers leur pratique, rejoignent le champ de l’expérience scientifique. D’autres encore initient des collaborations avec des centres de recherche ou des laboratoires, déplaçant ainsi le lieu de la création et modifiant sensiblement les modes de production. Ils créent des œuvres, pour certaines à haute valeur technologique, et qui parfois proposent aux scientifiques eux-mêmes de nouvelles pistes de réflexion.
Désirs Interview – Culture
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PHOTOS : MICHÈLE FAVAREILLE / STUDIO CNAM / PROLITTERIS ZÜRICH / THE NATIONAL GALLERY PHOTOGRAPHY DEPARTMENT / RÉMI VILLAGGI
1. Jean Tinguely, Fatamorgana, Méta-Harmonie IV, 1985 2. Marie-Sophie Corcy, Musée des Arts et Métiers, Paris 3. Björn Dahlem, The Expanding Universe (Big Bang), 2010 4. Sphère du pendule de Foucault, 1851 5. Conrad Shawcross, Trophy, 2012
Quelles nouvelles perspectives offre cette exposition dans le champ de l’histoire des techniques et des sciences ? La manière dont les artistes s’en emparent apporte-telle de nouveaux éclairages ? M.-S. C. : « Les collections du Musée des Arts et Métiers suscitent souvent le questionnement. La compréhension de l’objet technique – son fonctionnement, ses applications – peut facilement constituer un obstacle dans sa perception. Associées à des œuvres artistiques, elles provoquent l’étonnement. Le décalage n’est pas si grand. L’œuvre d’art répond à l’objet technique ; le concept renvoie à l’invention. La ‘confrontation’ de la démarche de l’artiste à celle de l’inventeur se joue ainsi sur le registre de ‘l’utilité’ : l’utilité de l’invention se mesure à ses applications, l’utilité de l’œuvre d’art à son impact et à sa capacité à interroger. Cette mise en scène concourt à l’appropriation ; le registre de la technique et le registre artistique se fondent et apportent un éclairage réciproque favorable à l’entendement. Cette collaboration a été l’occasion d’élaborer une nouvelle grille de lecture et de changer notre perception de la collection en portant un autre regard.
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« L’art contemporain est une plateforme d’expériences qui se nourrit des apports des domaines scientifique et technologique. » Clément Minighetti 5
L’exposition s’articule autour de trois sections, « La mesure du monde », « La matière dévoilée » et « Les inventions appliquées ». Pouvez-vous détailler ce qu’on y verra ? M.-S. C. : « La scénographie repose sur un découpage thématique dynamique (abordant des domaines aussi larges que la mécanique céleste, la géométrie descriptive, la mesure du temps et de l’espace, l’observation de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, les ondes lumineuses, sonores et électromagnétiques, l’outil, l’énergie, et la cybernétique) qui permet la mise en contexte sur les plans historique et scientifique. Des textes d’introduction apportent les repères nécessaires à la compréhension des objets techniques et des œuvres d’art en témoignant de la démarche des artistes et en replaçant cette démarche dans une perspective contemporaine en interrogeant les enjeux. Ces sections thématiques sont l’occasion
pour le Musée des Arts et Métiers de dévoiler au public des pièces exceptionnelles, historiques ou emblématiques, voire curieuses, issues des cabinets de physique du 18e siècle ou acquises lors des expositions universelles au cours du 19e siècle, conservées dans ses réserves. L’exposition sera ainsi l’occasion de (re)découvrir une étonnante série de tableaux et d’objets relatifs à l’étude des tourbillons, une petite ‘bibliothèque des formes’ pour la géométrie descriptive, des daguerréotypes du passage de Vénus sur le Soleil en 1874, des tableaux représentant les phénomènes d’interférences d’une incroyable modernité dès lors qu’ils sont appréhendés hors de leur contexte, un dispositif expérimental de transmission du son à l’aide de la lumière (le photophone de Graham Bell), un châssis de voiture en coupe, ou la maquette du premier calculateur électronique français.
Les « nouvelles » technologies (informatique, robotique, numérique…) posent-elles de nouvelles questions aux artistes ? C. M. : « Ce n’est pas tant les nouvelles technologies que leurs implications qui soulèvent de nombreuses questions. En tant que partie du processus de production et de développement social, elles intéressent forcément les artistes. Leur intérêt pour la science et la technique se retrouve à toute époque. Mais, c’est d’autant plus vrai aujourd’hui, il n’y a pas de typologie précise dans l’approche. L’art contemporain est une plateforme d’expériences qui se nourrit des apports des domaines scientifique et technologique. Il faut aussi souligner l’intérêt actuel de nombre d’artistes pour l’histoire des sciences, d’une certaine façon l’artiste devient chercheur : il interroge son époque à travers le prisme du développement des nouveaux horizons de pensée. Inversement, le regard de l’artiste peut-il aider le scientifique dans sa démarche / recherche ? M.-S. C. : « C’est moins à l’historien qu’au scientifique à qui il faudrait poser cette question, mais c’est bien à travers la question des enjeux pour la société qu’il faut appréhender cette question. L’artiste et le scientifique ont pour point commun de porter une problématique en réponse à des questions de société. L’artiste a la faculté d’ébranler le scientifique dans le traitement de son œuvre, tout comme nos collègues du Mudam nous ont nous-mêmes ébranlés dans notre vision de la collection en nous exposant leur projet ! »
Du 4 juillet au 18 janvier au Mudam www.mudam.lu
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465 personnalités & entreprises ont été citées sur les 132 pages de Paperjam1.
INDEX 1, 2, 3 99 Advisory 99 Partners
94 94
A a-Bahn 90 ABBL 16, 18, 30, 95, 96, 114 Actefi 96 Adem 36, 38, 110 Advantage 65 AirBnB 16 Airboxlab 65 Alco 13 ALD Automotive Luxembourg 51, 64 Alfi 12, 30 Allegrezza Serge 78 Allen & Overy 95 Altice 63 Amazon 48, 63, 86 Ambassade du Luxembourg à Paris 50 Andrieu-Thiriet Marina 38 Angel Marc 14 Aperam 14, 62 Apsi 65, 76 ArcelorMittal 14, 45, 62 Arendt & Medernach 64, 96 Ashton Catherine 26 Asselborn Jean 14, 16, 26, 30, 45 Association des avocats chinois en Europe 95 Assya AML 110 Atoz 12 Auchan Luxembourg 50, 81 Avaloq 112
B Baldelli Christopher 50 Balladur Edouard 58 Bank of Communications 94 Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) 109 Banque centrale européenne 26 Banque de Luxembourg 93 Banque Edmond de Rothschild (Europe) 95 Bausch François 14 Bausch Romain 65 BCE 90 BCEE 95, 96 BCL 36, 94, 95, 98 Becherel Franck 65 BEI 109 Berchem Tania 26 Berger Eugène 40 Bern Stéphane 50 Bettel Xavier 14, 40, 50, 60, 68, 76 Bezos Jeff 48 BGL BNP Paribas 21, 84, 95, 96, 98 Biewer Patrick 64 Bil 29, 94, 95, 98, 112 Binsfeld Nico 44
Bizzotto Laurent Blanchot Louis Blocher Sylvie BMW Bock Héloïse Boivin Jean-Marie Bolsius Luc Boucher-traiteur Niessen Bourin Catherine Bouvier Yves Brederode Bush George W. Business Club France-Luxembourg BusinessEurope
58 64 90 15 64 58 65 30 114 63 14 26 50 30
Corinne Cahen Ministre de la Famille et de l’Intégration
C Cactus 63, 81 CAF 63 Cahen Corinne 40 Caisse nationale d'assurance-pension 96 Camppill Henri 38 Carrefour 81 Castegnaro Guy 64 Castegnaro Ius-Laboris 64 Casual Films 90 Cegecom 43 Centre culturel Schéiss 30 Centre culturel Tramsschapp 30 Centuria Capital Luxembourg 13 Ceratizit 65 Cercle Cité 30 CES 96 Chambre de commerce 12, 18, 50, 90, 98 Chambre des députés 38 Chèvremont Marie-Jeanne 98 China Merchants Bank 95 Chromatik 90 Ciber Jean-Luc 90 CIONet 76 Citroën 10 City Concorde 81 CLC 81 CLE 65 Closener Francine 16 Coboulux 62 Commission des finances et du budget 18 Commission européenne 16, 26, 37, 48, 63, 95 Commission nationale de protection des données 18 ConCardis 96 Concept Factory 2 Conseil d’État 18 Conseil de l’Europe 16 Conseil de l’Union européenne 26 Conseil de l’Union européenne 96 Conseil de sécurité de l’ONU 16
annonce paperjam vinoteca 1.4.pdf
in the center of the city
1
6/8/15
4:58 PM
Château Miraval by Brad Pitt
Conseil national des finances publiques 38 Contzen Ernst Wilhelm 94 Costermans Denis 16 Cour administrative 36, 37 Cour de justice de l’UE 110 Croix-Rouge luxembourgeoise 63 CSSF 95, 96, 98, 109, 110, 114 CSV 37, 40 CTG 61 CTI Systems 36 Cushman & Wakefield 62, 63
D Datacenter Luxembourg DCNI DCNS D'Coque de Cillia Andrea de Cillia Serge De Franssu Jean-Baptiste De Jong Jan Maarten de Luxembourg Jean De Portzamparc Christian de Posch Guillaume Deal Productions Decathlon Dechmann Dan Déi Gréng Delcourt Hugues Delhaize Luxembourg Dell Jos Deloitte Deltour Antoine Dennewald Robert Design for Europe Destenay Gauthier Deutsche Bank Diederich Jean Dieschbourg Carole Digital Lëtzebuerg Digital4Education Direction de l’aviation civile DKV DNR Do Recruit Docler Docler Holding Dolce Gabbana Domaine thermal de Mondorf DP DTZ Dühr Paul
E EasyJet EBRC Ecofin École et Lycée français de Luxembourg asbl Edita
and Angelina Jolie
12, Côte d’Eich - Place du Théâtre • L-2229 Luxembourg • Tel : 26 68 38 43
126 ―
― Juillet / Août 2015
90 58 58 59 56 30 95 94 50 95 62 64 63 65 40 94 81 56 98 114 50 38 60 96 76 45 76 44, 76 90 110 62 79 66, 67 88, 90 114 62 40 62 50
64 63, 64, 76 96 65 62
Emo Entringer Guy État du Koweit Etix Everywhere EuroCloud Eurolux Euroscript International Exor Explorator EY
62 37 94 64 76 58 64 62 65 16, 18, 95
F, G Fedil 30, 45, 50 Fiduciaire F. Winandy & Associés 13 Fisch Laurent 110 Fitch 38 Fixmer Alex 36 Flibco 76 Fondation de Luxembourg 94 Fondation Hëllef Doheem 64 Fonds Belval 36 Fonds du logement 36, 38 Fonds européen d'investissement 95 Fonds souverain intergénérationnel 96 Fonsap 64 ForeignExchange 64 Forum mondial 95 Frieden Luc 26 Gafi 114 Galeria Inno 81 Gattyan Gyorgy 88 Gaudron Jean-Michel 68 Gerges Marc 68 Google 65 Gosse Alexandra 92 Goubin Isabelle 96 Gramegna Pierre 12, 18, 48, 95, 96, 109 Grandidier Jérôme 86 Greenpeace 45 Gréiwelshaff 30 Grethen Henri 58 Gretsch Julian 45 Grosjean Thierry 13 G-Sys Solutions 6, 7 Guill Jean 96 Guillaume Trier 123 Gurría José Ángel 12 Paul Helminger Président, Luxair
H Hastelux Haut comité de la place financière Heidelberger Payment Heine Helminger Paul Henri Grand-Duc Hogan Lovells Holbach Martina Hollande François Hôtel Le Royal HSBC HSBC Luxembourg HSH Nordbank Hudson Luxembourg Hurt Pierre
83 96 96 58 84 14 97 45 26 30 63 96 63 64 56
Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier
I IBM ICE Icom ICT Luxembourg Ierace Alain Ierace Dechmann + Partners Infiniti ING Luxembourg Ingenico Payment Services Institut luxembourgeois des administrateurs (Ila) Instituto par le Opere di Religione International Can Invesco Iris Productions ITnation Iwi
86 94 65 44 65 65, 132 4, 5 57, 95 96 98 95 63 95 64 65, 76 55
J, K Jaguar Jonas Architectes Associés JP Morgan Juncker Jean-Claude Jurisconsul Kaempff-Kohler KBL KBL Richelieu Kieffer Robert Kies Stéphane Ki-moon Ban Klenk Knauf Koedinger Mike KPMG Krecké Jeannot Kremer Claude Kremer Katia
8 36 38, 98 26, 40, 48, 63 64 30 94, 95, 96, 112 112 96 90 14 65 92 68 69 26 96 96
L Lamparski Bitburg Airport Group 63 Lamparski Frank 63 Lauwers Marc 112 LBBI 63 LCGB 40 LCTO 26 Leetchi Corp 76 Legendre Jean-Marie 13 Lequeue Jean-Noël 13 L'essentiel 62 Leyne Thierry 110 Lidl 81 Linklaters 131 Linster Jacques 62 List 65 Lombard Odier 96, 112 Loporcaro Anna 38 LSAP 14, 40, 96 LSK 110 Lutgen André 114 Lux Events 33, 35 Lux Future Lab 96 Luxair 26, 53, 63, 64, 84 LuxConnect 88 Luxembourg Air Rescue 91 Luxembourg School of Finance 55 Luxemburger Wort 40, 95, 96 Luxempart 14 LuxGovSat 64 Luxtram 63 LuxTrust 62
M
R
Maison Moderne 68, 84 Makana 76 Malmström Anna Cecilia 16 MangoPay 65, 76 Maréchal Olivier 16 Maxim Markenprodukte 63 Mazeries Romain 76 Mélusine Productions 64, 90 Merkel Angela 26 Métropole Nice-Côte d’Azur 50 Meyrat Pierre 65 Microsoft Azure 86 Miltgen Daniel 38 Ministère de l’Environnement 45 Ministère de la Justice 96 Ministère des Affaires étrangères et de l’Immigration 26, 30, 44, 50, 90 Ministère des Finances 98 Mogherini Federica 26 Monoprix 62, 81 Moody's 38 Moovenails 92 Moovijob 63 Mudam 38 Must FM 62 Mutsch Lydia 62
Radiolux Raiffeisen RBC Investor Services RBS Luxembourg RBS Luxembourg GBL Reinesch Gaston Rémy François Reuter Étienne Rice Condoleezza Risser Gilles Rix Alain Robin Frédéric Rotschild Rotunno Donato RTL France RTL Group
Thierry Nothum Directeur, CLC
N, O Nagel Maggy Neimënster Neobuild Nicolas Anne-Marie NN Life Nothum Thierry NPG Wealth Management NSA Nyuko O’Donnell Keith OAI Oberweis OCDE Office européen des brevets OGBL ONT ONU Oostvogels Stefan Orange ORTP
38 30 23 98 39 81 95 16 38 12 56 30 12, 38 84 37, 63 26 14, 16 94 47 63
P Paperjam 68 Paul Wurth 63 Pauly François 98 Peetermans Marie-Aline 12 Philharmonie 26, 30 Picquet Alain 96, 112 Pictet 98 Polfer Lydie 40, 60 Poncé Marc 50 Post 86 Post Group 65, 76, 78 Post Luxembourg 63 Post Telecom 44, 62 Prudhomme Didier 65 Puilaetco Dewaay Private Bankers 95 Puilaetco Luxembourg 112
62 94 95 109 109 94 50, 81 98 26 63 30 86 98 90 50 14, 62
S Sabbagh Karim Michel Safran Sales Jos Sales Marc Sales-Lentz Samsa Film Santer Jacques Sapin Michel Sarkozy Nicolas Saturne Technology Sauber Carlo Saumur Schadeck Raymond Schäferkordt Anke Schlesser Isabelle Schloesser Pierre Schmit Nicolas Schmitz Patrick Schneider Étienne Scholtus Mariette Schonckert Laurent Schröder Oswald Schroeder & Associés Schuler groupe Schuller Guy Sdika Laurence Security Service Schmitt SEO service Information et Presse du gouvernement Servior SES SES Astra France SES Broadband Services SGBT SGG SGI Ingénierie SNCI SNHBM Socfin Socfinaf Socfinasia Sodexo Luxembourg Softlayer Song Shuguang Sophia-Antipolis Sotiri Erwin Spautz Marc Standard & Poor's Starbucks State Street Bank Luxembourg Statec
65 62 65 65 65 64 26 96 26, 58 62 26 117 98 62 36, 110 110 16 26 40, 63 36 81 84 36 63 26 50 64 14 26 64 14, 26, 65 50 64 95, 96 96, 101 36 77 37 14 14 14 50 86 94 50 64 40 38 92 96 36, 64
Steffen Traiteur Stein Yves Strauss-Kahn Dominique Stronck Gaston Stubbs Nick Suddenlink Communications Swisslife Systemat
30 112 110 26, 30 50 63 110 64
Sandra Thein Directrice, GPO « Présidence 2015 »
T Tango 62 TAP Portugal 64 Tarantula 64 Team Côte d’Azur 50 Telecom Luxembourg Private Operator 86 Telindus 76 Thein Sandra 26 Thelen Carlo 50 TheMarketsTrust 96 Thieltgen Nicolas 114 Thomas David 64 Thomas Olivier 63 Thorn Gaston 26 Tirole Jean 94 Tokbag Mevlüde-Aysun 95 Toulouse School of Economics 94 Toussing Pascale 96 Traiteur Steffen 30, 85 Tralux 65 Trans European Policy Studies Association 30 Transparency International Luxembourg 114 Uber 16 UBS Belgium 95 UMP 26 Union européenne 16, 26, 30 Uptime Institute 64
V, W, Y, Z Van Canegem Guy Van Rompuy Herman Van Strydonck Kris Verbeken Luc Vinoteca Volvo Wathieu Julien Wauquiez Laurent Wildgen, Partners in Law Winkin René Wiseler Claude Wolter Michel Yapital YouTube Zhang Shaohui Zimmer Pierre
64 26 81 95 126 19 81 26 95 45 40 40 96 65 95 65, 76
― Juillet / Août 2015 ― 127
Juillet / Août 2015 Paru le 18 juin 2015
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PROCHAIN NUMÉRO
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PROCHAIN NUMÉRO
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17 septembre 2015
Mike Koedinger
JUILLET / AOÛT 2015
RÉDACTEUR EN CHEF
Jean-Michel Gaudron
2 juillet 2015
COVER Concept : Stephanie Post Photo : Jan Hanrion
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La présidence européenne va mettre le Luxembourg sous le feu des projecteurs ces six prochains mois.
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― Juillet / Août 2015
Fondateur et CEO Mike Koedinger Directeur administratif et financier Étienne Velasti
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Étienne Schneider photographié dans son bureau au Ministère de l’Économie par Julien Becker.
Étienne Schneider lit Paperjam depuis 2000. Merci
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Le Luxembourg en chiffres
TABLEAU DE BORD 304.279
562.958 OPC (en milliards d'euros)
Taux d'inflation (en %)
3.000
OCT. 2014 : 4.522
AVRIL 2014 : 5.220
MAI 2014 : 1,03
4.000
0,6 5
6
1
SOURCES : BARREAU DE LUXEMBOURG, CSSF ET STATEC
15 20
14
Dette publique (en % du PIB)
23,2 % (2014) -1,7 % par rapport à 2013
2.000
0
2,2
2
20
11 20
04 5.
1,5
0,5
3.538,59
3.403,87
3.227,01
3.094,99
3.083,35
3.034,46
3.006,76
2.970,52
2.904,14
2.854,64
2.815,87
2.742,21
Nouvelles immatriculations
6.000 5.000
étrangers
2,9
1,9
Av ril 1 Ma 4 i Ju 14 in Ju 14 il . Ao 14 ût Se 14 pt . Oc 14 t. No 14 v. Dé 14 c. Ja 14 n. 1 Fé 5 v. Ma 15 rs Av 15 ril 15
Ao ût Se pt . Oc t. No v. Dé c. Ja n.
Ju il .
Ju in
Ma i
0
258.679
-0,2
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Av ril
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56 55 65
63
60
70 66 71 69
81
88
83 90 82
80
2014 : 58 2015 : 62 2014 : 72 2015 : 86 2014 : 63 2015 : 60 2014 : 25 2015 : 28 2014 : 90 2015 : 86
108
120 100
46 %
PIB en volume (évolution en %) 3.524,79
Nombre de faillites 2013 - 2014
54 %
Luxembourgeois
20 13
2
12
2.586 km
Population totale (au 1er janvier 2015)
20
Superficie
1.000 -0,5
Autorisations de bâtir bâtiments - logements - volume (milliers de m3)
T2 2014
T3 2014
T4 2014
495
T2 2014
6,9 %
939
1.227
1.958
Taux de chômage
(en avril 2015) 7,2 % en avril 2014
504
981 1.098
1.280 T1 2014
T3 2014
T4 2014
44.267
403.392
Emploi total intérieur en avril 2015
41,7 % 58,3 %
dont 168.125 travailleurs frontaliers
Emploi du secteur financier au 1er trimestre 2015 (hors assurance)
25.682
emplois dans le secteur bancaire 130 ―
(au 18 mai 2015) 151 en mai 2014
2.872 2.989 T4 2013
148
SOURCES : STATEC ET CSSF
T1 2014
Nombre de banques
― Juillet / Août 2015
41,99 % 58,01 %
18.585
emplois dans les autres secteurs
SOURCES : STATEC ET CSSF
T4 2013
531
563
1.108 1.570
2.274
5.571,66
4.437,62
4.916,75
4.344,15
5.311 4.276
4.882,05
4.217,73
4.230,01 5.408,05
Prix moyen au mètre carré (en euros) ancien - neuf
Av ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il. 1 Ao 4 ût Se 14 pt .1 4 Oc t. 14 No v. 1 Dé 4 c. 14 Ja n. 15 Fé v. 1 Ma 5 rs 1 Av 5 ril 15
il. 1 Ao 4 ût 14 Se pt .1 4 Oc t. 1 No 4 v. 1 Dé 4 c. 14 Ja n. 15 Fé v. 15 Ma rs 15 Av ril 15 Ma i1 5
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