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XAVIER BETTEL
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Éditorial Décembre 2014
COURAGE, AVANÇONS
T
out chemin, aussi long soit-il, commence trer la voie à ses troupes. « Courage » est un mot qui a de par un premier pas. La route qui mène à fortes chances d’être à la mode ces prochains temps : couun retour à l’équilibre des finances rage d’assumer des décisions qui parfois, voire souvent, publiques, à une utilisation plus efficace remettent en cause des acquis et des pratiques que l’on des deniers publics, à l’avènement d’une pensait immuables ; celui de faire face à un front impopu« nouvelle » société profondément ancrée laire d’une partie de la population – celle qui vote – a priori dans son siècle, le 21e, est tout sauf un long réticente et pas nécessairement très ouverte au(x) chemin tranquille. L’Histoire retiendra peut-être la date du changement(s) – rappelons que le 20 octobre 2013, un tiers 14 octobre 2014 comme un acte fondateur fort dans la pers- des électeurs avait affiché un certain conservatisme en pective de ce Luxembourg moderne auquel tout le monde renouvelant sa confiance au parti chrétien social – ; le couaspire… mais qu’il faut surtout construire. Ce jour-là, pen- rage aussi de rester persuadé que l’on détient au moins une dant 70 minutes, le Premier ministre Xavier Bettel a détaillé part de vérité, même si Xavier Bettel n’a pas manqué de les décisions de son gouvernement scellées dans un Zuku- rappeler que « l’important, ce n’est pas d’avoir raison, mais nftspak aussi ambitieux sur le papier qu’il sera forcément de prendre les bonnes mesures ». ardu à concrétiser sur le terrain. Il faudra évidemment comparer attentivement le contenu D’autant plus qu’il demeure encore bon nombre d’incerti- du paquet de 258 mesures annoncées et les grandes lignes tudes quant à la façon dont le gouvernement entend mettre de ce budget 2015 « nouvelle génération » avec ce qui sera en œuvre toutes les dispositions inscrites dans la règle d’or réellement voté à la Chambre des députés, à la mi-décembre. sur l’équilibre budgétaire. Nul doute que les semaines à venir ne seront pas de trop En termes d'efforts structurels, la question de la rémunéra- pour l’équipe gouvernementale afin d’expliquer, justifier et tion de la fonction publique et celle de l'avenir du système convaincre du bien-fondé de sa démarche. de pension constituent ainsi deux axes majeurs dont on Personne – y compris au sein de l’opposition – ne conteste attend toujours de connaître la direction. la nécessité toujours plus urgente d’agir pour le bien du Engagée dans ce qui ressemble à une véritable croisade, la pays et pour le bien des générations futures. Même Jeancoalition tricolore s’est investie d’une mission qui n’a rien Claude Juncker, dans son discours programmatique de de divin, mais qui, au contraire, se veut terriblement réa- 2009, ne voulait pas voir émerger, demain, une « génération liste : « La mission et le courage d’entreprendre les réformes remboursante », plombée par une actuelle « génération de qui s’imposent afin de restaurer la confiance et proposer un faiseurs de dettes ». projet d’avenir porteur d'espoir et une dynamique nouvelle Mais personne n’a, non plus, les mêmes réponses. Maintenant que le DP, le LSAP et les Verts ont la main sur l’exécupour notre pays et tous ses habitants. » Il est évidemment cohérent que cet élan amorcé dans le tif, la balle est en grande partie dans leur camp, même si, programme gouvernemental dévoilé en décembre 2013 ait ensuite, sur le terrain, l’effort devra être collectif. trouvé un écho dans le discours de Xavier Bettel, autour de Xavier Bettel appelle d’ailleurs à ce que tout le monde « tire cette même notion de « courage » : « La responsabilité ne se à la même corde, et de préférence dans le même sens ». Corde limite pas à faire les bonnes analyses, la responsabilité va plus sensible ou corde à nœuds de problèmes ? Peu importe. Reste loin : il s’agit d’agir, de faire preuve désormais à faire en sorte que cette corde n’étrangle personne ou ne de courage politique et de prendre Par Jean-Michel Gaudron, vienne pas à casser brutalement. des décisions, fussent-elles difficiles rédacteur en chef de Paperjam La croisade est en marche. La ou impopulaires », a martelé le PreE-mail : jean-michel.gaudron@paperjam.lu mier ministre, au moment de mon« terre sainte » est encore loin… ◄ Twitter : @jmgaudron
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Sommaire Décembre 2014
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Norbert Becker, président de PayPal Europe.
014
Grand entretien FRANZ FAYOT
« Nous avons osé » Le budget 2015 « nouvelle génération » a été présenté par le ministre des Finances Pierre Gramegna le 15 octobre dernier, accompagnant le Zuku nfstpak et ses 258 mesures. Le rapporteur socialiste de ce budget, Franz Fayot, défend le travail réalisé par le gouvernement et réfute les critiques qui le qualifient « d’anti-social ». « Nous avons la bonne con science d’avoir fait ce que nous estimions devoir faire. » Par Véronique Poujol et Jean-Michel Gaudron
022
Coverstory 024 ANALYSE
Aller plus loin Le gouvernement poursuit un objectif budgétaire à long terme et s’est donné la mission de moderniser le pays.
Économie & Politique 038 HAUSSE DE LA TVA
030
Deux points dans la marge Pour compenser la perte de rentrées sur le commerce électronique, le taux normal de TVA passera de 15 à 17 % au 1er janvier prochain. De nombreux produits, ceux qui bénéficient du taux super-réduit de 3 %, ne sont pas concernés par cette hausse. Beaucoup de commerçants et restaurateurs ne répercuteront qu’une partie de cette hausse et sont donc inquiets pour leurs marges.
TRAJECTOIRE
Par France Clarinval
Par Alain Ducat
028 « PAQUET D’AVENIR »
10 mesures à la loupe Extraits du Zukunftspak riche de 258 mesures, presque toutes chiffrées, et des annonces inscrites dans le projet de loi budgétaire. Par Jean-Michel Gaudron
Les pièces manquantes de la révolution copernicienne Le projet de budget 2015 et la loi de programmation financière jusqu’en 2018 n’ont pas encore tout dit. Par Véronique Poujol
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034
056
Entreprises 061 SERVICES FINANCIERS
PayPal Europe mise sur le long terme Le Luxembourgeois Norbert Becker préside désormais le conseil d’administration de PayPal Europe, la plus grosse filiale du groupe dans le monde. La séparation annoncée entre PayPal et eBay ne devrait pas affecter la banque luxembourgeoise, solidement implantée au Grand-Duché. Par Jean-Michel Gaudron
076
Place financière 080 PSF
Un écosystème bien vivant L’étude Deloitte sur les professionnels du secteur financier, à paraître le 11 novembre, observe une relative stabilité des trois catégories. Les PSF spécialisés accueillent encore de nouveaux acteurs. L’industrie continue de se développer, la base de son activité s’élargissant. Par Alain Ducat
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“I can’t believe it!? I can’t get in touch with him!“ “But he’s on holiday!“
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Sommaire Décembre 2014
094 Normalisation fiscale. Le ruling de la génération 2015.
034
Économie & Politique
056
076
Entreprises
Place Financière
042
048
062
068
084
090
LOGISTIQUE MULTI-MODALE
LUXEMBOURG INTERNET DAYS
LA CIGARETTE 2.0
RSE
MISSION FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE
ÉCHANGE DE RENSEIGNEMENTS FISCAUX
Le fluvial à bon port Le pavillon luxembourgeois flotte aussi sur la navigation intérieure, en pleine mutation. Sur la Moselle, un réseau d’entreprises s’est créé et se développe. Par Alain Ducat
044 BEATRIZ GARCIA
Une plateforme virtuelle aux atouts bien réels La troisième édition de l’événement phare organisé par Lu-Cix se concentrera sur trois piliers majeurs pour l’ICT : le gaming, la sécurité et les data centers. Par Thierry Raizer
85 jours de la vie d’une femme L’avocate Beatriz Garcia a pu rentrer au GrandDuché après avoir passé trois mois en détention préventive dans le cadre d’une affaire de fraude fiscale présumée. Elle raconte les conditions de son incarcération en Espagne.
050
Par Véronique Poujol
Par Véronique Poujol
ARCHIVAGE ÉLECTRONIQUE
La dernière ligne droite Le projet de loi sur l’archivage électronique, dans les tuyaux de la Chambre des députés depuis février 2013, devrait être adopté avant la fin de l’année.
À toutes vapeurs La cigarette électronique monte aussi en puissance au Luxembourg. Derrière la vapeur se cachent des enjeux économiques pour qui saura les aspirer. Par Thierry Raizer
065 SERVICE AUX ENTREPRISES
Qualité et excellence en mouvement La Semaine de la qualité et de l’excellence organisée par le MLQE va permettre de replacer la démarche qualité au cœur des préoccupations de nombreuses entreprises. Par Fabrice Barbian
Une vraie création de valeur La responsabilité sociétale de l’entreprise constitue un avantage compétitif lorsqu’elle est intégrée à la gestion, à la mission et à la stratégie de l’organisation. Démonstration par l’exemple. Par Alain Ducat
070 LIBRAIRIE ERNSTER
125 ans d’esprit livre Retour sur les grandes étapes qui ont marqué l’entreprise familiale fondée en 1889… et réflexion sur l’avenir du secteur du livre et de la transmission de l’entreprise. Par France Clarinval
Opération séduction au Brésil Fin novembre, une délégation d’acteurs financiers et de chefs d’entreprise luxembourgeois se rend en mission économique au Brésil, un pays en pleine relance de sa machine économique.
Rétrécissement des droits Pierre Gramegna a taillé dans les garanties offertes aux clients des banques pour empêcher la transmission d’informations à l’étranger. Par Véronique Poujol
Par Fabrice Barbian
094
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Le ruling de la génération 2015 L’Administration des contributions directes va faire payer ses accords fiscaux préalables. Le ministre des Finances clarifie les règles du jeu des « décisions anticipées ».
FONDS D’INVESTISSEMENT
L’alternatif, en continu Leader européen en matière de fonds Ucits, le Luxembourg cherche désormais à faire son trou dans la sphère alternative, via la directive AIFM.
NORMALISATION FISCALE
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Sommaire Décembre 2014
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Désirs 98 CULTURE
Actualités Quelques événements culturels marquants à venir, les person nalités à suivre, les parutions du moment, les dates à retenir.
99 ZOOM SUR…
Hervé Lancelin Collectionneur passionné et avisé, il ouvre sa galerie d’art à Luxembourg. Parcours d'un homme qui a acheté sa première œuvre à 18 ans. Par France Clarinval
100 SÉLECTIONS
Fêtes et musique On vous suggère cinq cadeaux à glisser sous le sapin sans passer pour un tocard. La Philharmonie présente trois spectacles qui se déroulent pendant les Rainy Days, une édition placée sous le thème de la lumière.
102 SHOPPING
Pop-up store Manalena Particular Clothing est une nouvelle marque luxembourgeoise de prêt-àporter et accessoires. Elle s’inscrit dans la tradition et le savoir-faire des artisans italiens tout en étant conçue ici. .
104 GASTRONOMIE
Christophe Gillard Depuis une dizaine d’années, sa boutique Mi-Orge Mi-Houblon près d’Arlon s’affirme comme une référence en matière de bières artisanales. L'homme décrit avec passion ce breuvage et ses coulisses. Par France Clarinval
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PHOTO : ERIC CHENAL
INTERVIEW
Sylvie Blocher Fruit d’une longue collaboration avec Enrico Lunghi, l’artiste française Sylvie Blocher est invitée à présenter une mono graphie au Mudam et réalise à cette occasion une nouvelle œuvre participative. Rencontre avec une belle personne de l’art contemporain. Par Céline Coubray
106 Sylvie Blocher (ici avec Donato Rotunno) réalisera une nouvelle œuvre au sein du Mudam.
TOP 5
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1
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4
Digital Lëtzebuerg avance ses pions (vu 3.848 fois)
5
Bettel dévoile son « paquet d’avenir » (vu 3.573 fois)
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Agenda Événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines
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RÉSULTATS
LÉGISLATION
ArcelorMittal sur sa lancée ?
Le dialogue social en entreprises
Les résultats pour le 3e trimestre du numéro un mondial de la sidérurgie sont attendus avec impatience, après des semestriels plutôt bons : le groupe avait, au 30 juin, affiché un Ebitda en hausse annuelle de 7,7 % à 3,5 milliards de dollars et un résultat net proche de l’équilibre, avec « seulement » 153 millions de pertes – contre 1,13 milliard un an plus tôt. La production d’acier brut (+2,7 %) et les expéditions d’acier (+2,4 %) s’affichaient également dans le vert.
Le projet de loi portant réforme du dialogue social à l’intérieur des entreprises, à l’arrêt depuis l’été 2013, revient sur le bureau des parlementaires. Après la désignation d’un nouveau rapporteur (en l’occurrence le député LSAP Frank Arndt), c’est au tour de la commission du travail, de l’emploi et de la Sécurité sociale, présidée par Georges Engel (LSAP) de reprendre le dossier en mains. Une seconde réunion est prévue le 17 novembre. Un dossier qui tient à cœur au ministre du Travail et de l’Emploi Nicolas Schmit.
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LÉGISLATION
FINANCES
RÉSULTATS
RÉSULTATS
Égalité des traitements : avec ou sans les médias ?
Cour des comptes et BCL
RTL Group : la France à la relance ?
Déclaration intermédiaire pour Luxempart
Au 1er semestre 2014, RTL Group avait présenté un chiffre d’affaires en recul de 2,5 % à 2,68 milliards d’euros, en raison d’une très faible performance du marché publicitaire en France. Un « vent de face » qui présage d’un léger recul des recettes pour l’ensemble de l’exercice en cours et un recul plus « considérable » du résultat d’exploitation. Premiers éléments de réponse avec la publication des résultats trimestriels.
La société d’investissement cotée en Bourse de Luxembourg présentera ses résultats pour le compte du 3e trimestre. À mi-parcours de l’exercice en cours, la société avait affiché, au 30 juin, un résultat net global consolidé de 118,40 millions d’euros (contre 40,82 millions un an plus tôt) et un actif net par titre de 48,17 euros (contre 43,33 au 30 juin 2013). « Suite aux cessions de titres RTL Group en 2013 et SES début 2014 et en absence d’un dividende exceptionnel de RTL Group, le résultat récurrent de Luxempart sera en diminution fin 2014. En revanche, le résultat en capital sera positivement impacté par les cessions réalisées en début d’année 2014 », avait prévenu la société cet été.
Deux commissions parlementaires (médias et communications, présidée par la libérale Simone Beissel, et égalité des chances, présidée par la socialiste Cécile Hemmen) vont se pencher sur une proposition de loi visant à exclure les domaines des médias, de la publicité et de l’éducation du cadre de la loi sur l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes dans l’accès et la fourniture de biens et services. Une proposition à laquelle le Conseil d’État s’est opposé dans un avis rendu en juin dernier.
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Riche séance en vue pour la commission du contrôle de l’exécution budgétaire (présidée par Diane Adehm, CSV) qui va d’abord prendre connaissance du rapport spécial de la Cour des comptes sur les établissements publics, pour le compte de l’année 2014 (ceux pour les années 2012 et 2013 seront examinés la semaine suivante), et qui ensuite aura des échanges de vues sur le contrôle de la Banque centrale du Luxembourg par cette même Cour des comptes.
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Grand entretien Franz Fayot ― Interview : Véronique Poujol et Jean-Michel Gaudron ― Illustration : Anne Mélan
« Nous avons osé » ► Le budget 2015 « nouvelle génération » a été présenté par le ministre des Finances Pierre Gramegna le 15 octobre dernier, accompagnant le Zukunfstpak et ses 258 mesures. ► Le rapporteur socialiste de ce budget, Franz Fayot, défend le travail réalisé par le gouvernement et réfute les critiques qui le qualifient « d’anti-social ». ► « Nous avons la bonne conscience d’avoir fait ce que nous estimions devoir faire. »
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onsieur Fayot, vous appeliez, il y a un an, dans les colonnes de Paperjam, la classe politique à faire preuve de courage politique. Le projet de budget 2015 et les 258 mesures du « paquet d’avenir » sont-ils à vos yeux un acte de courage politique ? « Oui. Il s’agit du premier budget du nouveau gouvernement qui traduit vraiment le programme gouvernemental. Ce programme comprend l’objectif de consolidation budgétaire qui se traduit, pour sa part, par les annonces d’assainissement des finances publiques. Il faut arrêter d’accumuler les déficits budgétaires et de financer les dépenses courantes de l’État par toujours plus de dettes, qui vont hypothéquer l’avenir de nos enfants. N’oublions pas non plus que les recettes vont diminuer dramatiquement avec la perte des revenus de la TVA sur le commerce électronique. Il s’agit aussi de moderniser l’État et la procédure budgétaire. Par ces 258 mesures, qui ne sont évidemment pas les dernières que prendra le gouvernement, nous avons également souhaité introduire sur certains points cette idée de sélectivité sociale, de préservation de certains acquis sociaux et de transferts sociaux pour ceux qui en ont le plus besoin. C’est, pour moi, clairement la preuve du courage politique. On le voit d’ailleurs bien au travers des réactions suscitées par ces annonces, non seulement de la part des syndicats, mais aussi des organisations patronales : tout le monde qui est concerné prend conscience de mesures de ce Zukunftspak et réagit parfois violemment. C’est quelque chose que les gouvernements précédents n’ont justement jamais osé faire. Et ce gouvernement a osé le faire, en sachant pertinemment que cela ne le rend pas plus populaire. Nous le voyons bien au travers des sondages, mais il n’en reste pas moins vrai que nous avons la bonne conscience de faire ce que nous estimions devoir faire. Justement, ces critiques et ces sondages mettent en avant le côté « antisocial » des décisions annoncées. Cet argument est-il défendable pour un homme de gauche comme vous ? « Ce sont dans une large mesure des slogans qui relèvent davantage d’une réaction allergique au changement et au fait que l’on touche à certains acquis et non pas d’une analyse approfondie des mesures. Il s’agit là clairement d’une des difficultés de faire de la politique, et ce n’est pas spécifique au seul Luxembourg : les partenaires sociaux ne prennent plus toujours le recul d’analyse nécessaire avant d’exprimer certaines choses. D’une certaine façon, les syndicats sont dans leur rôle : ils défendent leur clientèle, leurs membres, qui sont d’ailleurs
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Échange d’informations fiscales
Un recours toujours possible Certaines dispositions du projet de loi 6680 prévoyant la procédure applicable à l’échange de renseigne ments sur demande en matière fiscale (qui devait être voté après la clôture de cette édition de Paperjam) n’ont pas manqué de susciter un certain émoi, en particulier celle supprimant pour les banques et leurs clients les recours devant les juridictions administratives lorsque les administrations étrangères invoqueront l’urgence. En tant qu’avocat (il officie chez Elvinger, Hoss & Prussen), Franz Fayot n’est évidemment pas insensible à la question, même s’il tempère la portée de cet aspect du texte. « C’est une discussion qui a été menée en commission parlemen taire. C’est un vrai souci, car dans un état de droit, les droits de la défense sont éminemment importants et les recours contre des décisions administratives le sont aussi. Maintenant, il existe une doctrine qui veut que, même si un texte de loi ne prévoit rien, il y a toujours un recours en annulation possible en matière de décision administrative. Il est vrai que dans tous ces projets de loi, il y a toujours une certaine urgence qui prévaut, ce qui n’est pas toujours bon, car cela ne nous permet pas d’avoir la réflexion et le recul que de tels textes nécessitent. La priorité absolue a été de se mettre en conformité par rapport à l’évaluation du Forum Global et de l’OCDE qui nous a fait très mal en tant que place financière et en tant que pays. »
Franz Fayot Illustration : Anne Mélan Peinture à l'huile 50 x 40 cm, 2014
loin d’être uniquement des personnes en nécessité sociale, bien au contraire. C’est au gouvernement et à la majorité de rester fermes sur les mesures décidées ensemble et analysées avec un certain recul. Il faut bien avoir à l’esprit que ce ne sont pas des décisions prises à la va-vite : l’exercice de réflexion a démarré en mars et sur un total de quelque 500 mesures proposées, il en a été retenu 258. Le qualificatif ‘anti-social’ n’est pas justifié à mon sens. En tant que rapporteur et socialiste, je continue à analyser ces 258 mesures, calmement, dans une perspective de justice sociale. Je dois dire que je n’y ai rien vu, jusqu’à présent, qui me frappe comme étant profondément antisocial. Y a-t-il eu des consultations, ces derniers mois, avec ces partenaires sociaux, pendant l’élaboration de ces mesures ? « Il y avait eu une consultation en septembre si je suis bien informé. Le gouvernement a présenté les principales mesures juste avant que Xavier Bettel ne fasse son discours (le 15 octobre, ndlr). Tout le monde a donc, en quelque sorte, été mis devant le fait accompli… « Il est vrai que la méthode choisie peut paraître moins consensuelle que par le passé. Ceci relève en partie de la panne de l’instrument de la tripartite qui remonte à il y a quelques années, déjà. Cela étant, il s’agit d’une méthode de travail plus efficace que celles qu’on a vues par le passé. Dans le contexte économique actuel, le gouvernement doit prendre des décisions douloureuses, mais indispensables pour l’assainissement des finances publiques. Dans l’effort accompli, il y a une grosse charge pour 2015 qui va aller ensuite en s’amenuisant. Il ne faut pas nécessairement en faire plus. Ce qui est important, pour nous, au LSAP, c’est de ne faire des économies que dans la mesure où cela s’impose pour équilibrer nos finances publiques et pour réduire notre dette. Il ne s’agit pas de tomber dans une politique d’austérité pour être le meilleur élève de la classe européenne. Ce ne serait ni dans l’intérêt de la croissance ni dans celui de l’économie luxembourgeoise. Le projet de budget pluriannuel table sur une croissance en moyenne de 3,5 % par an jusqu’en 2018. Croyez-vous vraiment au réalisme de cette prévision compte tenu de l’environnement actuel pour le moins chaotique ? « Ce sont les chiffres du Statec ! Il n’y a de toute façon pas beaucoup de marge de manœuvre pour le gouvernement par rapport aux chiffres qu’il peut utiliser pour ce budget. Sont-ils réalistes ? Il se peut que ces chiffres doivent être revus à la baisse dans les années suivantes, mais pour l’instant, c’est ce que nous avons comme base de travail.
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Grand entretien Franz Fayot
Quel sera le secteur porteur pour une telle croissance jusqu’à la fin de la législature ? « Dans la programmation pluriannuelle, nous prévoyons 2,7 % de croissance pour 2015, avec un secteur financier un peu à la traîne, autour de 1 % seulement, mais d'autres branches marchandes à 3,5 %... Nous constatons donc un bon dynamisme de ce que l’on peut appeler l’économie réelle en même temps qu’une certaine stagnation ou une croissance moindre du secteur financier. Il faudra voir sur une perspective à moyen et long termes si cela constitue une vraie tendance, mais on observe clairement que l’environnement bancaire est assez morose, souffrant de l’influence de plusieurs facteurs, aussi bien de l’environnement fiscal que de la volatilité continue des marchés financiers. On constate, parallèlement, d’autres domaines qui affichent un beau dynamisme, comme le secteur de la construction. La consommation n’est pas des meilleures, mais elle ne se porte pas trop mal. Qu’est-il prévu si ces prévisions de croissance ne sont pas atteintes ? Quelles sont les mesures correctives à attendre ? « La mise en œuvre du budget pluriannuel constitue une nouveauté, car il oblige le gouvernement à définir de manière relativement précise sa politique future en se basant sur des chiffres dont il dispose au présent. Ces prévisions, sur une échelle mobile de quatre ans, sont de toute façon destinées à être réévaluées chaque année. S’il s’avérait en effet que pour le budget 2016, les prévisions économiques étaient moins bonnes, il faudrait réajuster la politique et prévoir des mesures supplémentaires d’économie venant s’ajouter à celles inscrites dans le Zukunftspak actuel. Et cela concernera aussi bien des recettes supplémentaires à aller chercher qu’une réduction accrue des dépenses. Nous n’en sommes pas encore là. Pour l’heure, il faut se fier aux chiffres qui sont sur la table et travailler avec. Je tiens tout de même à rappeler que dans ce budget pluriannuel, nous atteignons, dès 2015, l’objectif à moyen terme d’excédent équivalant à 0,5 % du PIB. Nous sommes donc en bonne position et nous avons un peu de marge. Ce n’est certes pas beaucoup, mais il faudrait que les chiffres soient fondamentalement beaucoup moins bons pour devoir revoir en profondeur les objectifs et la méthode du gouvernement. Sans oublier que la transition vers ce budget « nouvelle génération » implique une gestion plus efficace des
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Il ne s’agit pas de tomber dans une politique d’austérité pour être le meilleur élève de la classe européenne.
Le jeune député socialiste est rapporteur d'un budget de nouvelle génération, jusque dans son format numérique.
finances publiques et des moyens mis à disposition du gouvernement ainsi que des dépenses moindres. Le LSAP voulait créer un échelon d’imposition supplémentaire pour les revenus les plus élevés. Rien ne figure à ce sujet dans le budget. Cette ambition a-t-elle été enterrée ? « Non. Il s’agit tout simplement d’une proposition qui sera discutée dans le cadre de la réforme de la fiscalité sur laquelle nous allons commencer à travailler en 2015 pour aboutir à une réforme en 2016. C’est une des mesures parmi d’autres qui devront être discutées, sans tabou, entre les partenaires de la coalition. Sur la question de la fiscalité des personnes morales, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a laissé entendre récemment qu’il n’y aurait pas de hausse de ce côté à attendre jusqu’à la fin de la législature. Ménager d’un côté les entreprises et mettre à contribution les particuliers de l’autre, est-ce conforme au programme que vous avez soutenu ? « Il y a effectivement dans le programme gouvernemental un engagement assez ferme de ne pas trop toucher à la fiscalité des entreprises dans le but de préserver leur compétitivité, sachant que nous avions déjà augmenté quelques impôts en 2013, sur les Soparfis par exemple. Est-ce à dire que nous privilégions les entreprises par rapport aux ménages ? Ce n’est pas aussi simple. Nous sommes dans un petit pays, dans un contexte de compétition internationale intense. Nous ne pouvons pas nous permettre de trop obérer les entreprises. Si nous voulons une croissance durable qui crée de l’emploi, ce qui est un objectif primordial pour le LSAP, il nous faut coopérer avec les entreprises afin qu’elles puissent performer et créer de l’emploi.
PHOTO : LUC DEFLORENNE (ARCHIVES)
Sans compter l’impact du changement du système européen de comptabilité (SEC 2010)… « Le passage à la méthode SEC 2010 est déjà répercuté dans le budget. Ce fut d’ailleurs un exercice difficile pour le ministère des Finances et pour le Statec d’être prêts à temps. Il a fallu faire certains ajustements, même si l’exercice et la méthode ne sont pas encore tout à fait clairs sur tous les points. Il n’y a pas, pour tout, une très grande transparence pour savoir comment on passe de l’ancien système (SEC 95, ndlr) au nouveau. On doit encore peaufiner l’exercice de la comptabilité.
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Grand entretien Franz Fayot
Le respect de la convention avec les fonctionnaires impliquant une hausse des rémunérations était-il vraiment une nécessité politique, alors que le chômage augmente et que les salariés du secteur privé craignent pour leur avenir ? Est-ce qu’un peu de solidarité nationale n’aurait pas été plus appropriée ? « Il y a eu un principe clair dès les premières
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Mesures et voies budgétaires viennent du programme gouvernemental et aussi de la campagne d'octobre 2013.
discussions qui ont mené à la nouvelle coalition, de ne pas remettre en question cet accord salarial passé avec le secteur public. Il faut aussi voir que si on prend en considération les dernières années, la croissance des salaires dans le secteur public n’a pas été très importante même si elle part d’un niveau assez élevé. L’accord trouvé début 2013 nous semblait acceptable et il n’y avait pas lieu de revenir dessus. Le ministre des Finances était resté sourd aux appels du secteur de l’hôtellerie-restauration pour minimiser l’impact de la hausse de la TVA pour les boissons alcoolisées de 3 à 17 %. En revanche, il va préserver le tourisme des cigarettes en proposant de baisser les taux d’accises pour compenser la hausse de 2 % de la TVA et conserver l’intérêt des étrangers à venir s’approvisionner au Grand-Duché. Est-ce là vraiment cohérent ? « Je ne vois pas d’incohérence, car on parle de deux choses différentes. La mesure visant à augmenter les taux pour l’alcool dans l’horeca, c’est un peu comme la TVA sur l’immobilier locatif : il s’agit de
PHOTO : OLIVIER MINAIRE (ARCHIVES)
Dans le même temps, il faut réfléchir à une imposition ménages-entreprises qui soit juste. Et là, à titre personnel, je pense qu’il faut analyser la manière dont le travail est imposé et la manière globale dont l’assiette d’imposition est établie. Nous avons par exemple au Luxembourg un impôt foncier qui est ridiculement bas. L’accord de coalition prévoit une réforme de cet impôt-là. Mais il y a d’autres pistes. En revanche, il ne faut pas toucher à la taxe d’abonnement sur les OPC, ni introduire une taxe sur les transactions financières, ce qui serait désastreux pour notre Place en l’absence d’accord global au plan international. Mais pour le reste, nous sommes ouverts à toutes les idées.
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Grand entretien
Franz Fayot
revenir sur ce qui était quelque part un cadeau pour certains secteurs, avec un avantage fiscal considérable. Rien ne justifie cependant vraiment, pour l’horeca, une telle imposition à un taux inférieur. Cela fait partie de ces droits acquis auxquels on touche, ce qui est mal perçu. Mais c’est une mesure justifiée. Pour ce qui est du tabac, oui, on constate au niveau des recettes des douanes que les accises sur l’essence ont tendance à stagner, voire à diminuer, notamment en ce qui concerne le gasoil routier. On essaie alors de compenser cela par des accises et des recettes plus élevées sur le tabac. Dans une optique de santé publique, on peut toujours se poser la question de savoir si c’est une bonne chose de vendre plus de tabac. Le projet de budget a été rédigé sans que le Conseil national des finances publiques, mis en place dans le cadre de la loi sur la gouvernance des finances publiques, ait été impliqué. D’ailleurs il n’a toujours pas été nommé. Est-il prévu qu’il avise le projet de budget, à défaut d’avoir été impliqué dans sa rédaction ? « Sur le timing exact, je n’ai pas d’informations. La nomination des deux membres devant représenter la Chambre des députés (Romain Bausch, l’ancien CEO de SES et Anouk Agnes, la directrice adjointe de l’Alfi, ndlr) a eu lieu le 14 octobre. Je pense que ce conseil va se réunir et aviser le budget pluriannuel. Mais il faut bien avoir à l’esprit que jusqu’à la veille du dépôt des budgets, certains chiffres n’étaient pas encore figés. C’était un exercice de dernière minute, rendu plus difficile encore par le passage au système de comptabilité SEC 2010. Il n’y avait donc pas tellement de marge pour qui que ce soit, en dehors du ministère des Finances, de pouvoir revoir longuement les chiffres avant de les finaliser… Le Zukunftspak, dont vous n’êtes pas le rapporteur (il s’agit de la députée Déi Gréng Viviane Loschetter, ndlr), prévoit d’ancrer les rulings, qui sont dans le viseur de la Commission européenne, dans le droit luxembourgeois et de mieux les encadrer. Le gouvernement prévoit aussi de faire payer les rulings. Comment accueillez-vous ces choix ? « Le fait de donner une base légale aux rulings est une excellente chose. Jusqu’à présent, il ne s’agit que d’une pratique administrative. Cette base légale est clairement un premier facteur de transparence et de sécurité juridique. Ensuite, la mesure visant à rendre les rulings payants est aussi parfaitement justifiée. Ces dossiers font souvent des centaines de pages et il est demandé aux préposés de les étudier dans des délais assez courts. C’est clairement un grand service rendu aux contribuables qu’il est justifié, à mes yeux, de rendre payant. Pour ce qui est de la publication, je ne pense pas qu’il faille aller dans le sens d’une transparence absolue. Cela n’est de toute façon pratiqué nulle part, à ma connaissance. Il faut être clair sur les règles applicables en matière de prix de transfert et il faut réfléchir à préciser davantage encore les règles et le cadre administratif qui s’appliquent aux rulings. Il faut que les contribuables,
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Référendum
De l’importance de bien communiquer C’est par voie de référendum que le gouvernement consultera les électeurs, le 7 juin 2015, notamment sur la question du droit de vote des étrangers ou de la séparation de l’Église et de l’État. Une démarche que Franz Fayot juge « exceptionnelle », même si elle ne s’adresse qu’au corps électoral habituel. « Constitutionnellement, je ne vois pas comment il aurait été possible de faire autrement. Il est légitime de demander d’abord l’avis des citoyens luxembourgeois sur la question. Cela fait partie de ce que j’appellerai le pacte national. Le droit de vote est traditionnellement rattaché à la citoyenneté. Nous proposons, d’une certaine façon, d’introduire une citoyenneté de résidence. » Cette consultation nationale est issue de l’incapacité de l’ensemble des partis politiques à tomber d’accord sur quelques-uns des points clés de la réforme constitution nelle en cours de discussion depuis près de 10 ans. « Nous avions ouvert la discussion à tous les groupes parlementaires pour savoir s’il y avait d’autres questions à soumettre à ce référendum que celles qui ont été retenues. Je regrette au passage l’attitude totalement passive du parti chrétien social. Je considère qu’il s’agit d’une position contestable venant d’un grand parti populaire de se fermer à ces discussions. » L’enjeu autour du droit de vote des étrangers, notamment, est crucial. « La phase de discussion et de communication qui se déroulera les trois mois précédant le scrutin sera très importante. Si on explique bien la démarche inclusive, la situation démographique exacte du pays avec le déficit démocratique que nous connaissons actuellement, puisque près de la moitié de la population ne peut pas participer au processus démocratique ; si nous misons sur les valeurs d’intégration forte dans le pays, nous observons que nous pouvons faire changer d’avis beaucoup de gens qui, au départ, sont réticents. Il y a donc un certain optimisme que l’on puisse gagner ce référendum. Si nous le perdons, cette discussion sera close pour les 20 ans à venir. »
quand ils s’adressent à l’Administration des contributions, soient en mesure d’apprécier si leurs demandes sont conformes aux bons usages. En matière d’échange international, le Luxembourg avait, en 2013, été jugé non compliant par le Forum Global et l’OCDE. Qu’en est-il aujourd’hui ? « Nous avons, depuis, pris un certain nombre de mesures pour rectifier ce positionnement, tout en rappelant que l’analyse du Forum Global s’est faite sur un état des lieux des pratiques administratives et de la législation qui dataient en partie de 2009 et 2010. Or, ces données sont depuis largement périmées. La Chambre des députés doit d’ailleurs prochainement (la séance était programmée pour le 5 novembre, ndlr) voter deux projets de loi qui répondront à ces critiques (il s’agit du projet de loi 6680 prévoyant la procédure applicable à l’échange de renseignements sur demande en matière fiscale et du projet de loi 6668 portant modification de la loi en matière de fiscalité des revenus de l’épargne sous forme de paiement d’intérêts et de la loi portant introduction d’une retenue à la source libératoire sur certains intérêts produits par l’épargne mobilière, ndlr). Il faut se positionner de manière intelligente et ne pas broyer du noir. Nous ne sommes plus aujourd’hui, en tant que centre financier, tributaire de la niche fiscale. Il ne faut pas être trop nerveux et négocier ces échéances internationales de manière sérieuse. Le Forum Global avait jugé la Grande-Bretagne, Jersey, l’Île de Man ou encore l’Irlande compliant, mais avait recalé le Luxembourg. On a l’impression qu’il est plus facile de passer ces évaluations d’organisations internationales avec des experts anglophones plutôt qu’avec des experts francophones, qui cherchent parfois à « enfoncer » le Luxembourg. Faut-il envisager de passer à l’anglais pour ces évaluations, dans l’espoir de trouver des évaluateurs plus compréhensifs ? « Je ne suis pas persuadé que les anglophones nous seraient plus favorables. C’est en partie une question de compétition internationale : nous sommes évalués par d’autres places financières, par des compétiteurs qui ne sont pas toujours bien intentionnés. Il y a une forte partie de lutte de pouvoir dans tous ces processus. Je ne suis pas dans le secret des dieux et je ne sais pas comment ces discussions se sont déroulées sur le terrain. Sans doute ne nous sommes-nous pas bien vendus sur ce dossier. Il faut que nous soyons proactifs dans ces processus et que nous fassions nos devoirs afin de nous prémunir contre de tels classements. Mais quoi que nous fassions, nous serons toujours un petit pays dans le concert des grands et on ne nous fera jamais de cadeaux. À nous, donc, d’être irréprochables et de ne pas prêter le flanc à de telles attaques… » ◄ En résumé Le gouvernement a présenté son budget « nouvelle génération » et un « paquet d’avenir » riche de 258 mesures. Le rapporteur socialiste de ce budget, Franz Fayot, réfute le caractère « antisocial » que les critiques ont prêté à ce budget, estimant que le temps était venu de prendre certaines décisions, aussi impopulaires soient-elles, pour enrayer le déficit budgétaire.
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TEXTES : ALAIN DUCAT, JEAN-MICHEL GAUDRON, VÉRONIQUE POUJOL ILLUSTRATION : ANNE MÉLAN INFOGRAPHIES : MAISON MODERNE STUDIO
C O V E R S T O R Y
CROISADE POUR UN
LUXEMBOURG MODERNE
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« La différence entre un politicien et un homme d’État, c’est qu’un politicien pense aux prochaines élections, tandis que l’homme d’État pense à la prochaine génération. » Cette citation, prêtée à Hillary Clinton, vaut aussi pour le Grand-Duché de Luxembourg. Et c’est, en quelques mots, le résumé d’une situation qui éclate au grand jour du pays, en cette fin d’année 2014.
On est à un moment charnière d’une législature qui connaît son premier vrai budget aux accents imprimés par le gouvernement en place depuis un an, et qui, surtout, ouvre quelques portes vers l’horizon 2018, soit le moment prévu pour la fin de l’actuelle configuration politique, en attendant la suivante. Beaucoup de choses ont été lancées à propos des chiffres alignés par Pierre Gramegna, ministre des Finances du gouvernement Bettel-Schneider-Braz. Beaucoup de commentaires ont été apportés, en sens divers et critiques, à ce budget 2015 qui, en dehors de ce qu’il calcule pour aujourd’hui, vise aussi demain et réfléchit, un peu, à après-demain. Car les chiffres ne sont que l’instrument, indispensable, aux réflexions politiques, aux changements nécessaires, à la prévision qui fait gouverner. Les chiffres n’auraient pas beaucoup de sens sans la direction qui leur est imprimée. Or, Pierre Gramegna a parlé budget après que Xavier Bettel eut parlé du futur. Le Zukunftspak, le « paquet d’avenir ». C’est là le cœur du débat. Les premiers sondages – qui disent beaucoup, mais aussi ce que l’on veut leur faire dire, selon les questions posées par exemple ou le moment de les poser, plus ou moins à chaud – démontrent qu’une majorité du pays est encore frileuse à l’égard des changements. En tout cas face à une gamme d’acquis, que certains pensaient immuables, et qui se trouvent écornés. Comme on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, on ne fait pas de politique sans prendre le risque de déplaire à une partie de la population et des forces vives. Ou de l’électorat, ce qui n’est pas tout à fait la même chose au Luxembourg. La cote de popularité est une chose que les membres du gouvernement apprennent à affronter comme un vent contraire. Assumer sa vision en est une autre, et il faudra avoir du courage pour aller plus loin. Car ce n’est qu’un départ. La modernisation du Grand-Duché de Luxembourg est à ce prix, celui qu’il faut payer aujourd’hui pour assurer les lendemains sans qu’ils déchantent pour le plus grand nombre. Le pays est à la croisée des chemins. Ses gouvernants sont engagés – même s’ils ne portent pas l’emblème chrétien sur leur tenue de combat – dans une véritable croisade.
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ALLER
TEXTE : ALAIN DUCAT
Analyse
PLUS LOIN
► Le gouvernement poursuit un objectif budgétaire à long terme et s’est donné la mission de moderniser le pays, pour le rendre plus conforme à la société et à l’économie du 21e siècle. ► L’exercice 2015 et les 258 mesures du « paquet d’avenir » ne constituent qu’un début. ► Le coût des fonctionnaires, l’enseignement, l’orthodoxie luxembourgeoise face aux standards internationaux, les recettes nouvelles… Autant de tabous, parmi d’autres, qu’il faut encore lever.
L
e travail de sape a commencé. Mais il ne fait que commencer. Le budget 2015 marque un premier tournant, qui s’articule en une volée de chiffres. En 258 mesures. Et en une série de priorités. Choisir étant renoncer, le gouvernement Bettel fait, un an après les élections, l’apprentissage d’une popularité en berne. Mais, jusque-là, il avance. Même s’il avance avec prudence, coincé entre ceux qui lui tirent dessus à boulets multicolores, jugeant qu’il va trop loin, et ceux qui estiment que tout cela ne va, au contraire, pas assez loin pour s’attaquer aux problèmes récurrents, qui constituent des menaces à moyen terme. À ce stade, force est de constater que le gouvernement constitué en triangle, entre libéraux, socialistes et écologistes, se trouve un peu écartelé. Parce qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Parce que, pour prendre – enfin – des mesures qui pourront
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espérer devenir plus structurelles, il faut oser bousculer les vaches sacrées. On ne saura sans doute jamais ce que le CSV aurait fait s’il était resté au pouvoir, peu importe avec qui pour constituer sa majorité. On a quand même des éléments. L’ancien ministre des Finances, Luc Frieden, avait apparemment, dès 2012, un scénario pour réduire le déficit budgétaire. Ce « simple document de travail », comme l’a qualifié depuis Claude Wiseler au nom du CSV, avait en tout cas irrité le partenaire socialiste à l’époque de sa circulation. Cette ébauche prévoyait néanmoins des coupes dans les avantages familiaux – un impact sur les retraites, sur la participation des assurés à l’assurance maladie, recalcul des prestations familiales directes, baisse sur les investissements indirects liés à la famille… –, dans l’aide aux entreprises (baisse drastique des subventions) et, même, dans le traitement
des fonctionnaires (solide réduction du 13e mois notamment). Ce qui est sûr, c’est qu’il faut faire quelque chose et, curieusement, tout le monde en convient. Dans sa présentation du budget, Pierre Gramegna a présenté des chiffres et d’autres scénarios. Sur la dette publique et son inquiétante évolution par exemple : à politique inchangée, le pays risquait de se retrouver, en 2018, avec une dette de plus de 16,3 milliards, soit plus de 26 % du produit intérieur brut (PIB), qui aurait déjà atteint 12,8 milliards dès 2015 ; selon les calculs des Finances, le « paquet d’avenir » et ses mesures permettent a priori de freiner la folle ascension de la dette, en la laissant sous la barre des 12 milliards en 2015 et en la limitant à 12,8 milliards en 2018 (à 21,8 % du PIB, ce qui est moins qu’aujourd’hui, à 24 % environ). Si l’on prend le solde de l’administration publique, il aurait pu plonger à un déficit budgétaire de 815 millions en 2015 et espérer remonter à -85 millions en 2018, à politique inchangée toujours. En suivant au pied du chiffre les mesures du Zukunftspak, l’équipe en place promet de ne pas descendre sous les 76 millions de défi cit en 2015 pour ensuite remonter allègrement, jusqu’à un solde positif de 904 millions en bout de mandat, en 2018.
L’ÉTAT PATRON ET LE SENS DES RÉALITÉS
Les calculs micro- et macroéconomiques sont néanmoins soumis à une série d’indicateurs très volatils. La conjoncture, la géopolitique mondiale, les effets de crise, endiguée ou nouvelle (ce qui est toujours possible à moins d’un immense vent de raison et de rigueur à l’échelle planétaire), l’impact des prévisions et des accords européens ou internationaux (type OCDE)... Il faut se gar-
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der de toute euphorie et de la religion des chiffres, vrais aujourd’hui, remis en question peut-être demain ou après. Il n’empêche. Les dÊpenses de l’État, telles qu’elles figurent dans le budget 2015, font rÊflÊchir. Les transferts à la SÊcuritÊ sociale reprÊsentent 4,1 milliards d’euros, les prestations sociales (chômage, revenu minimum garanti‌) 1,4 milliard, les investissements directs et indirects presque 2 milliards‌ Deux postes attirent aussi l’attention : les frais de fonctionnement et d’entretien se chiffrent à 1,23 milliard ; quant aux rÊmunÊrations, elles reprÊsentent pour  l’État patron , plus de 3,2 milliards. Ainsi, une autre courbe se dÊgage, qui n’est pas dÊtaillÊe dans les graphiques de communication du budget 2015, et qui peut laisser perplexe : celle de l’Êcart existant entre la progression, depuis 2004, des effectifs de la fonction publique (hors administrations communales et SÊcuritÊ sociale) et leur rÊmunÊration telle qu’inscrite au budget : +30 % pour la première ; +90 % pour
ÂŤ Transparence, efficacitĂŠ et ĂŠconomies, les trois mots-clĂŠs de la stratĂŠgie budgĂŠtaire menant Ă une rĂŠduction des dĂŠpenses. Âť (Extrait des grands principes dĂŠfinis dans le programme gouvernemental)
RÉPARTITION DES DÉPENSES 2015 DE L’ADMINISTRATION CENTRALE SUIVANT LEUR NATURE ÉCOMOMIQUE (EUR) 169 Mios IntÊrêts sur la dette (212 Mios), autres opÊrations financières 3.216 Mios RÊmunÊrations
4.136 Mios Transferts de revenus à la SÊcuritÊ sociale DÉPENSES 15.658 Mio
1.228 Mios Frais de fontionnement et d’entretien
1.481 Mios Prestations sociales (ChĂ´mage, RMG...)
1.984 Mios Investissements directs et indirects
839 Mios Subsides, subventions 1.128 Mios Transferts de revenus aux communes
SOURCE : GOUVERNEMENT
RÉPARTITION DES RECETTES 2015 DE L’ADMINISTRATION CENTRALE
6.022 Mios Impôts indirects (TVA, accises, taxes d’abonnement...)
SUIVANT LEUR NATURE ÉCOMOMIQUE (EUR)
RECETTES 14.842 Mios 254 Mios Recettes des ĂŠtablissements publics 165 Mios Recettes diverses (loyers...)
1.476 Mios Autres transferts de revenus (UE, Êtrangers, mÊnages, asbl‌)
318 Mios IntĂŠrĂŞts et dividendes
6.828 Mios ImpĂ´ts directs
1.255 Mios Divers
la seconde‌ À noter que les prÊvisions du gouvernement pour la pÊriode 2015-2018 se basent sur l’hypothèse d’un accroissement des effectifs, au niveau de la fonction publique proprement dite, de 350 agents/an en moyenne. Le poids de la fonction publique, c’est un des plus vieux tabous du Grand-DuchÊ, dont tout le monde parle en privÊ – surtout dans le monde des entrepreneurs, oÚ l’on se trouve confrontÊ au manque de vocations ou à la fuite des cerveaux notamment – mais dont la gent politique s’est très peu emparÊe sur la place publique. Il faut y voir le  politiquement incorrect , ou dÊlicat, parce que les agents de la fonction publique constituent une masse, potentiellement Êlectorale, qu’il est pÊrilleux de prendre à rebrousse-poil, et que, accessoirement, ces agents, au fil du temps, ont constituÊ une caste, reprÊsentÊe dans tous les rouages de la politique et de l’Êconomie. Parallèlement, la hausse du salaire minimum, revu et indexÊ, et la course aux salaires – au temps des vaches grasses en tout cas – entretenue par un pan entier de l’Êconomie en quête de talents recrutÊs le plus souvent hors du pays – pour cause aussi d’attrait de la fonction publique –, tout cela a contribuÊ à modifier le sens des rÊalitÊs. Aujourd’hui, quand on parle, au Luxembourg, de coÝts pour une famille ou de prix de logement, tout le monde ne parle pas de la même chose. Et surtout pas sur la même base. Or, la famille et le logement ont ÊtÊ très fortement thÊmatisÊs, dans les rÊactions Êpidermico-politiques de l’après-dÊclaration budgÊtaire. Une famille en vaut Êvidemment une autre. Mais, de la vue conservatrice à la rÊalitÊ, plus ÊclatÊe, plus sociÊtale, il y a des diffÊrences. Tous les mÊnages n’ont pas les mêmes besoins – on parle de besoins, pas d’envies, de confort ou d’habitudes culturelles. Le monde a changÊ, le pays a changÊ aussi, et il Êvolue tous les jours. Tout l’enjeu de la politique aujourd’hui est de faire coller la gestion d’un pays à la rÊalitÊ de sa sociÊtÊ (il faudra voir aussi ce qu’apprendront les rÊponses au rÊfÊrendum du 7 juin 2015, autre rÊforme promise en marche). Et ce, quitte à prendre d’une main pour donner de l’autre.
MISE À L’ÉPREUVE
L’analyse vaut aussi pour la sphère Êconomique et financière. Le Luxembourg, aux yeux du reste du monde, veut incarner une nouvelle transparence, une orthodoxie, un peu forcÊe par les rÊglementations internationales, mais consentie quand même. Il doit aussi garder sa compÊtitivitÊ et se rÊinventer. La flexibilitÊ, la souplesse, la crÊativitÊ, à l’image des nouvelles spÊcialitÊs dont se dote la Place, sont des pistes à creuser. Terre d’accueil pour multinationales ►
SOURCE : GOUVERNEMENT
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Nouvelle gÊnÊration Franz Fayot (lire aussi le Grand entretien en pages 14 et suivantes) a ÊtÊ nommÊ rapporteur des trois projets de loi relatifs au budget 2015. Rappelons aussi que, selon les articles du projet de loi 6720 et 6721 concernant le budget des recettes et des dÊpenses de l’État, les chambres professionnelles, le Conseil d’État et, le cas ÊchÊant, la Cour des comptes, sont invitÊs à rendre leur avis au plus tard le 15 novembre. Le rapport de la commission parlementaire ad hoc, chargÊe de l’examen du projet de loi, lui, est attendu d’être approuvÊ le 5 dÊcembre, pour un vote du projet de loi au Parlement la semaine suivante. Rappelons enfin les grands principes dÊfinis dans le programme gouvernemental :  Faire mieux avec moins ; rÊinstaller un climat de confiance ; effort de consolidation budgÊtaire qui portera d’abord sur les dÊpenses ; modernisation du pays sur la base d’un projet commun ; transparence, efficacitÊ et Êconomies, les trois mots-clÊs de la stratÊgie budgÊtaire menant à une rÊduction des dÊpenses ; meilleur ciblage des transferts sociaux pour endiguer leur coÝt global. 
Le gouvernement poursuit un objectif budgÊtaire à long terme, en bout de lÊgislature (soit en 2018 logiquement). Si la modernisation du budget doit prendre plusieurs annÊes, les accents de la version 2015 sont observÊs de très près, dans le contexte politique et socioÊconomique. Pour arriver à ce rÊsultat – le premier vrai budget de l’Êquipe Bettel, 2014 ayant ÊtÊ calquÊ dans l’urgence sur celui des prÊdÊcesseurs – il y a eu de la mÊthode : 19 groupes de travail ont planchÊ en amont, dont 15  thÊmatiques  (sous l’Êgide d’un ministère donnÊ). Les quatre autres, eux, ont eu une approche  transversale  en matière de ressources humaines, d’achats de biens et de services, d’investissements ou encore de simplifications administratives. En aval, il est aussi prÊvu d’Êvaluer les choses :  Certaines mÊthodes et groupes de travail de prÊparation du budget 2015 seront amÊliorÊs et / ou maintenus pour la prÊparation des budgets futurs , selon le rapport de la commission des finances et du budget, en sa rÊunion du 25 septembre dernier. Rappelons que le jeune dÊputÊ socialiste
DETTE PUBLIQUE
ÉVOLUTION DE LA DETTE PUBLIQUE
Part liĂŠe Ă BGL 2.000 Mios EUR Dette brute 8.974 Mios EUR
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bien placÊ dans la course mondiale. Il doit conserver des atouts, comme les accords fiscaux favorables, comme le ruling (lire aussi page 94), comme, surtout, un Êcosystème à l’Êcoute, n’en dÊplaise aux pays plus grands qui tirent facilement sur le petit douÊ de la classe. Certes, au passage, on ne peut pas s’empêcher de sourire (de grincer des dents ?) à l’Êvocation de l’astuce dÊployÊe par Pierre Gramegna, dans la foulÊe des prÊvisions budgÊtaires, pour ne pas tuer la poule aux œufs d’or que constitue le  tourisme du tabac  : obligÊ de monter la TVA, il baisse les accises (ce qui reste dans les clous des directives) pour compenser et maintenir le diffÊrentiel de prix par rapport aux voisins immÊdiats‌ Donc, il y a – et il y aura – encore des couacs. Chacun d’entre eux est usÊ jusqu’à la corde par l’opposition qui fait feu de tout bois, par les lobbies insatisfaits ou par les baronnies menacÊes. Pourtant, il va falloir aller plus loin. Et expliquer que les 258 mesures ne sont que les premières, comme le rappelle le rapporteur socialiste du budget, Franz Fayot, dans notre Grand entretien de ce mois (page 14). Un an après les Êlections, les paroles n’ont plus le monopole. L’heure est aux actes, aux prises de dÊcisions. Bonnes ou mauvaises ? Comme toutes les mesures, celles qui se prennent devront être mises à l’Êpreuve, du temps, de la gestion, de la communication aussi (cette bataille-là fait rage !)‌ et du terrain surtout. Celui de la sociÊtÊ, des entreprises, des foyers, des Êlecteurs, des forces de travail. Bref, de la rÊalitÊ. Et, au jeu des familles politiques, la rÊalitÊ demande celles qui ne cachent pas les cartes. ◄
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â–ş ou sociĂŠtĂŠs innovantes, le pays veut rester
SOURCE : GOUVERNEMENT
FONCTION PUBLIQUE : DES RÉMUNÉRATIONS QUI FLAMBENT ! En 10 ans, l'emploi et les salaires ont augmentÊ en proportion autour de 30 %... sauf les rÊmunÊrations de la fonction publique (hors communes et SÊcuritÊ sociale) qui ont pratiquement doublÊ.
200 190 180 170 160 150 140
Nombre de fonctionnaires
130
Emploi intĂŠrieur privĂŠ (hors administrations et autres services publics)
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Salaire social minimum
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RĂŠmunĂŠrations des fonctionnaires
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C O V E R S T O R Y
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TEXTES : JEAN-MICHEL GAUDRON
« Paquet d’avenir » Paquet d’avenir
MESURES
À LA LOUPE
► Cinq mois de travaux, 19 groupes de réflexion, une méthodologie aux petits oignons, un budget « nouvelle génération » : le gouvernement avait promis de l’action, il n’a pas chômé depuis le printemps dernier. ► Au final, il en est sorti un Zukunftspak riche de 258 mesures, presque toutes chiffrées, et des annonces inscrites dans le projet de loi budgétaire en vue d’un assainissement durable des finances publiques et d’une modernisation des politiques publiques. Extraits.
01
Le fonds souverain, enfin !
Un serpent de mer qui sort enfin de l’eau ! En gestation depuis plusieurs années, sujet d’une publication dédiée par la Chambre de commerce (Les fonds souverains : une solution d’avenir pour le Luxembourg ?) et publiée en 2008, le fonds souverain intergénérationnel du Luxembourg, imaginé sous forme d’établissement public, est désormais sur les rails. L’idée est d’y affecter des recettes non récurrentes (notamment une partie des revenus de la TVA sur le commerce électronique, ainsi que des accises sur les carburants) en vue d’épargner un minimum de 50 millions d’euros par an. Au bout d’une période de locking de 20 ans, ou encore lorsque les moyens à disposition du fonds auront atteint le milliard d’euros, les revenus dégagés par ce fonds pourront être reversés à l’État, qui pourra alors en disposer librement, selon les besoins du moment.
Laboratoires d’analyses : dépenses réduites
02
Rappelant que l’évolution des dépenses du secteur des laboratoires d’analyses médicales et de biologie clinique a connu des hausses substantielles depuis de nombreux exercices, le gouvernement annonce, dans le cadre d’un plus large programme de limitation (à 4 %) de la croissance des dépenses liées au secteur hospitalier, que la valeur de la lettre clé des laboratoires d’analyses médicales et de biologie clinique (c’est-à-dire le coefficient multiplicateur de la valeur monétaire des actes médicaux repris dans la nomenclature de la Caisse nationale de santé) sera réduite de 20 %. Les autres professions de santé, elles, verront leurs lettres clés gelées pour les deux prochaines années. Ces deux mesures s’inscrivent dans un cadre plus général de réduction de la progression de l’enveloppe budgétaire globale du secteur hospitalier, dont l’impact est estimé à 35,5 millions pour 2015, et va croître jusque 67,5 millions en 2018.
Amendes et confiscations : régime sans zèle
03
Selon les dispositions d’une loi datant de… 1860, le gouvernement reversait un montant de 5 % des amendes et confiscations en matière répressive à tous les fonctionnaires et agents de la police générale, spéciale et locale, ayant donné « des preuves réelles de leur zèle, de leur intelligence et de leurs capacités dans l’accomplissement habituel des devoirs de leur service ». Un même montant de 5 % est également reversé aux communes. Ces deux dispositions seront abrogées, ce qui permettra une économie de l’ordre de 1,2 million d’euros.
04
R&D : efforts soutenus
Tout ne diminue pas dans la colonne « dépenses » du budget : dans le cadre du programme national de réforme Luxembourg 2020, le Luxembourg s’est engagé à intensifier le soutien à la recherche et à porter le montant des investissements privés et publics dans ce domaine à un niveau proche de 2,6 % du PIB, dont un tiers proviendra de la recherche publique. Les crédits dans l’intérêt du département de la Recherche et de l’Innovation progressent de 7 millions d’euros à 146 millions d’euros (+5 %). La dotation au Fonds national de la recherche, elle, progresse de 15,4 % (+8 millions à 60 millions d’euros), alors que les crédits au profit de l’Université du Luxembourg progressent de 12,6 % (16 millions) à 148,3 millions.
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Moins de subventions aux entreprises
Aide au réemploi et chômage de longue durée révisés
Dans la panoplie générale de mesures d’économie annoncées, le ministère de l’Économie annonce la réduction du niveau des subventions accordées aux entreprises de 10 %, ce qui pourrait générer des économies de 6 à 7 millions d’euros. La fusion de la Chambre de commerce avec la Chambre des métiers doit aussi permettre, selon Étienne Schneider, de réaliser des économies supplémentaires, avec une réduction des dotations de l’État versées aux deux institutions, représentant 1,5 million d’euros en 2015, 2 millions en 2017 et 2,5 millions en 2018. Une telle fusion, sur le terrain, n’est cependant guère du goût de la Chambre des métiers notamment. En outre, le ministère de l’Économie travaille sur une révision de la législation en matière de développement et de diversification économiques. Avec un impact estimé de 2,1 millions d’euros dès 2015, puis de 1,5 million chaque année.
La lutte contre le chômage et une plus grande efficacité des mesures existantes actuellement font partie des priorités de l’exécutif, porté par la réforme de l’Adem (voir notre précédente édition). L’un des plus gros postes d’économie identifiés dans les 258 mesures consiste en une redéfinition du mécanisme d’aide temporaire au réemploi qui permet à un chômeur d’accepter un nouvel emploi moins bien rémunéré que le précédent. Le nouveau mécanisme prévoit de réduire de quatre à trois ans la période d’octroi de cette aide et de plafonner cette aide au montant du salaire social minimum. Dès 2015, ce sont 6 millions d’euros d’économie qui sont planifiés, puis 12 millions en 2016, 18 en 2017 et 30 millions en 2018. Dans le même ordre d’idées, dans le mécanisme d’aide à l’embauche de chômeurs de longue durée, le gouvernement rembourse actuellement les cotisations sociales de l’employeur et du salarié. En limitant le remboursement aux seuls employeurs, l’impact estimé serait, à partir de 2016, de 8,5 millions d’euros chaque année.
07
06
Cofinancements moindres pour les ONG
Il est prévu une diminution de 15 % à 12 % du plafond de frais éligibles pour un projet ONG, mais aussi une réduction des taux de cofinancement des projets ainsi que des accords-cadres ONG. À partir de 2016, cela générera 3 millions d’euros d’économie, jusqu’à 3,6 millions en 2018. Ces montants économisés sont prévus d’être réinvestis dans le domaine de la coopération, afin de maintenir l’enveloppe de l’aide publique au développement à 1 % du revenu national brut, soit quelque 323 millions d’euros.
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Moins de privilèges pour la fonction publique
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Construction : des projets optimisés
Le ministère des Finances prévoit la suppression / vente d’immeubles ayant servi comme logements de service. L’impact budgétaire a été estimé à 7 millions d’euros pour chacun des exercices 2016, 2017 et 2018. Parallèlement, l’impact de la suppression de la gratuité de stationnement pour tous les fonctionnaires a été établi à 2 millions d’euros chaque année. Il a également été prévu de « supprimer certains avantages qui sont dépourvus de contrepartie objective justifiant la dépense générée en termes d’intérêt général ». Est directement visé, par exemple, le régime actuel du « trimestre de faveur », qui permet indistinctement à tous les bénéficiaires de toucher encore pendant trois mois consécutifs au départ à la retraite des mensualités correspondant au dernier traitement effectivement touché. Impact direct mesuré : 2,5 millions chaque année. De même, il est prévu de supprimer l’indemnité destinée à « récompenser des propositions d’économie et de rationalisation », le gouvernement estimant, d’une part, « qu’une telle indemnité a perdu sa raison d’être au cours des années, notamment au vu de l’évolution des technologies de l’information » et, d’autre part, que « de telles propositions font partie des missions normales des agents de l’État, ce que l’on peut d’ailleurs constater régulièrement en pratique ».
Le ministère du Développement durable et des Infrastructures est également un gros contributeur aux économies envisagées dans les prochaines années. En annonçant une adaptation des cahiers de charges et des besoins d’exploitation qui prennent en compte une approche de cycle de vie des projets, des réductions des investissements et du coût d’exploitation et / ou de maintenance sont planifiées : de 1,4 million pour l’exercice 2015 jusqu’à 16,9 millions à l’horizon 2018. François Bausch a également annoncé la mise en œuvre de nouveaux processus d’entretien des routes permettant un recyclage sur place des matériaux issus d’un fraisage. Un projet pilote doit être lancé au printemps 2015 entre Michelau et Fléibour, « permettant une réduction importante des coûts et un gain non négligeable de temps pour la durée générale des travaux », sans toutefois avancer de chiffres.
08 TVA : une hausse qui rapporte… un peu Alors que d’un côté, la perte de recettes en provenance de la TVA sur le commerce électronique est estimée, à compter du 1er janvier 2015, dans une fourchette assez large de 0,6 à 1,2 milliard d’euros, la hausse de deux points de la TVA va permettre de compenser une partie de ce manque à gagner : de 250 millions en 2015, l’impact a été estimé allant croissant chaque année, passant à 369 millions en 2016, 395 millions en 2017 et 422 millions en 2018. Ce qui laisse encore une certaine marge à compenser, que le gouvernement prévoit de couvrir par des mesures portant prioritairement sur les dépenses publiques.
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C O V E R S T O R Y
Gouvernance des finances publiques
LES PIÈCES MANQUANTES
DE LA RÉVOLUTION
COPERNICIENNE
► Le projet de budget 2015 et la loi de programmation financière jusqu’en 2018 n’ont pas encore tout dit. ► Pierre Gramegna n’a pas mis en place toutes les dispositions inscrites dans la règle d’or sur l’équilibre budgétaire.
Y
TEXTE : VÉRONIQUE POUJOL
a-t-il, derrière les apparences de bon élève de la classe européenne en matière de politique budgétaire que le gouvernement de Xavier Bettel veut se donner, beaucoup de mauvaise foi et de dissimulation ? Il s’agit aussi de freiner les éventuels contradicteurs du projet de budget 2015. Ceux par exemple qui jugent que l’équilibre budgétaire visé à la fin de la législature en 2018 ne sera atteint qu’au prix de hausses des recettes (augmentation de la TVA, contribution pour l’enfance), mais pas de coupes dans les dépenses ni de véritables réformes structurelles pour « moderniser » en profondeur l’État luxembourgeois. Dans le projet de loi de programmation financière pluriannuelle 2014-2018, une nouveauté voulue par le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance économique au sein de l’UE (instituant entre autres la règle d’or), on se félicite, bien sûr, de ce que l’équilibre sera atteint à la fin de la législature et que la spirale de l’endettement, dont on accuse volontiers l’ancien gouvernement Juncker d’être l’artisan, sera enfin stoppée. Le solde de la sécurité sociale dépassera le cap du milliard d’euros à l’horizon 2018, grâce en partie à des recettes nouvelles venues de la nouvelle contribution pour l’avenir des enfants et la restructuration des prestations familiales. Le gouvernement arrêtera-t-il là ses efforts pour requinquer ses caisses, alors que sa principale ressource, la TVA sur le commerce électronique, aura disparu ?
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On n’a pas touché à l’assurance pension, pas plus qu’on ne s’est inquiété de la soutenabilité à long terme du système des retraites, alors que tout le monde sait que la mini-réforme engagée en 2012 est insuffisante pour assurer leur financement à long terme. Ce n’est que courant 2016 que le gouvernement se penchera sur la question des retraites, après que l’Inspection générale de la sécurité sociale ait produit l’étude actuarielle programmée tous les cinq ans pour déterminer si le niveau des cotisations actuelles est suffisant pour financer les pensions. En cas de dérapage, ce sont les dispositions adoptées en 2012 que l’on sortira pour jouer les pompiers de service et, au besoin, utiliser les réserves financières qui atteignent plus de 13 milliards d’euros, soit 26,9 % du PIB.
Éviter les dérives
Si on ajoute à ces réserves de pension (gérées par le Fonds de compensation) les participations que l’État luxembourgeois détient dans des sociétés commerciales et non commerciales dont la valeur équivaut à 10 % du PIB, les actifs du Luxembourg totalisent 37 % du PIB, à comparer avec une dette publique qui a atteint 24 % du PIB. Le projet de loi de programmation financière 2014-2018 se veut donc exemplaire en offrant une « vision globale » des finances publiques, en prenant en compte toutes ses composantes (administration centrale, administration communale et sécurité sociale) et en les considérant comme un tout et « non comme des entités séparées, sans lien les uns avec les autres ». On oublie de dire que la loi du 12 juillet 2014 ayant transposé les dispositions européennes contraignantes du Traité de stabilité en matière d’équilibre budgétaire et de soutenabilité impose une discipline draconienne aux États membres pour éviter les dérives des dépenses publiques face à des recettes en berne dans les 28. C’est la fameuse règle
On n’a pas touché à l’assurance pension, pas plus qu’on ne s’est penché sur la soutenabilité à long terme du système des retraites. d’or sur l’équilibre budgétaire, qui oblige les États à veiller à ce que la situation budgétaire de leurs administrations publiques soit structurellement en équilibre ou en excédent, et prévoit des sanctions contre les États trop dispendieux. À Luxembourg, la loi de programmation pluriannuelle a tracé un objectif budgétaire à moyen terme (OTM) de 0,5 % du PIB pour chacun des exercices de la période 2014 à 2018. En tenant compte des mesures de restructuration, l’OTM sera atteint en 2014, mais il s’appuie sur des méthodologies du Statec. Or, précise une petite note inscrite dans le projet de loi de programmation 20142018, « dans le cadre de la gouvernance économique européenne, l’évaluation de la situation des finances publiques en 2015 sera faite sur la base de méthodologie commune élaborée par la Commission européenne ». Et selon cette donne, le solde structurel pour 2015 est estimé à -1,3 % du PIB. Toutefois, ce chiffre de Bruxelles ne tient pas compte du parquet d’économies présenté en marge du projet de budget. Une actualisation de son évaluation est attendue, qui pourrait aussi donner l’occasion à la Commission européenne de juger comment le Luxembourg a appliqué les dispositions du Traité de stabilité, de coordination et de gouvernance des finances publiques dans son projet de budget dit de « nouvelle génération ». Le gouvernement s’est aussi engagé à maîtriser l’évolution de la dette publique pour la maintenir en dessous de la limite des 30 % du PIB, préalable au maintien de la note triple A de l’État luxembourgeois par les grandes agences de notation financière. Un AAA est aussi le garant d’une dette et de
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W W W. A M D U E R F. L U
I
Alors que le feu vert avait été donné à la miseptembre, c’est seulement le 14 octobre, soit la veille de la présentation du budget par Pierre Gramegna, que la Chambre des députés a adopté une modification de son règlement intérieur pour lui permettre de nommer deux membres du conseil national des finances publiques. Ironie de l’histoire, encore une, ce règlement a été publié le 28 octobre au Mémorial A en même temps que le nouveau code de conduite des députés qui doit incarner l’ouverture et la transparence souhaitée par le pouvoir en place depuis un an. Avec tout ça, on se demande bien ce que la Banque centrale de Luxembourg va nous réserver comme surprise lors de la rédaction de son avis sur le projet de budget 2015 si, toutefois, l’institution estime avoir les moyens de vérifier les données sur les finances publiques. ◄
En résumé Bon élève de la classe européenne en matière de politique budgétaire et d’endettement, le gouvernement de Xavier Bettel n’a toutefois pas mis en place tous les instruments pour vérifier la pertinence des données sur les finances publiques et prévisions de croissance et de dépenses. Le Conseil national des finances publiques, qui aurait dû aviser le projet de budget 2015, reste inopérant. Aucune véritable réforme structurelle destinée à « moderniser » en profondeur l’État luxembourgeois n’a été effectuée.
SOLDE STRUCTUREL évolution du solde structurel (en % du pib)
ÉVOLUTION DES RECETTES ET DÉPENSES DE L'ADMINISTRATION CENTRALE (en mios eur)
avec mesures du paquet d'avenir
dépenses recettes
politique inchangée
17.000
1,4 %
15.000
0,5 %
13.000 12.000
-1,2 %
SOURCE: GOUVERNEMENT
2018
2017
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2011
2012
2010
2009
2007
2008
2005
9.000 2006
SOURCE: GOUVERNEMENT
DETTE PUBLIQUE projection de la dette (chiffres absolus en euros et en % du pib) 16.334 Mios politique inchangée 12.844 Mios
26,6 % politique inchangée
25,0 %
21,8 % avec mesures du paquet d'avenir
12.739 Mios avec mesures du paquet d'avenir
2018
2017
24,1 %
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2013
2018
2017
2016
23,0 %
2015
11.971,5 Mios
2014
10.974 Mios
2015
La loi de programmation financière s’est appuyée sur des prévisions macroéconomiques figurant dans la Note de conjoncture du Statec du mois de mai dernier, tablant sur une croissance en volume du PIB de 3,7 % de 2016 à 2018. Les chiffres pourraient-ils subir des corrections ? Les statistiques des comptes nationaux ont fait en tout cas l’objet de « grande révision » en septembre et octobre 2014, en lien avec le passage à un nouveau système européen de comptabilité nationale dit SEC 2010 (en vigueur depuis septembre). La principale nouveauté du processus pour le Luxembourg est l’intégration de la SNCI dans le périmètre de consolidation des comptes de l’administration centrale. Le SEC 2010 introduit aussi des modifications dans la comptabilisation des dépenses en recherche et développement. « Des révisions sont à attendre non seulement sur le niveau du PIB, mais certainement aussi sur son évolution en volume », souligne le projet de budget 2015, en avertissant qu’une « grande prudence » s’imposait dans l’attente de la révision. C’est, entre autres, pour faire face à ces incertitudes et éviter les dérapages que le cadrage budgétaire des États membres s’est resserré. Ce serrage de vis s’est traduit dans le Traité de stabilité, lequel a été transposé l’été dernier par le Luxembourg avec l’adoption de la loi du 12 juillet 2014 sur la « règle d’or » sur l’équilibre des finances publiques. Au cœur de ce dispositif se trouve une « institution nationale » chargée de vérifier le respect des règles budgétaires européennes. L’ange gardien a un nom, le conseil national des finances publiques, et doit être constitué de sept membres. Mais seuls trois noms sont connus, ceux d’Anouk Agnès (Alfi), de Romain Bausch (ex-SES Astra) et de Patrick Graffé (Cour des comptes). Le gouvernement devrait donner les noms de ses représentants le 7 novembre.
2014
Prévisions macroéconomiques hasardeuses ?
Cette « institution nationale » chargée de traquer les éventuels dérapages fianciers du gouvernement Bettel et de vérifier la pertinence des prévisions sur lesquelles le projet de budget s’est appuyé, ne fonctionne donc toujours pas, trois mois après le vote de la loi sur la gouvernance des finances publiques. On ignore si elle sera consultée dans les délais et pourra fournir un avis circonstancié sur le « budget de la révolution copernicienne ». Comme le rappelait le ministre des Finances Pierre Gramegna, cette révolution copernicienne ne s’est pas faite en un jour. Toutefois, au Luxembourg les choses traînent en longueur pour apporter la preuve que les finances publiques tournent rond. On rappellera d’ailleurs qu’un autre pilier de la gouvernance des finances publiques, le comité de risque systémique, est encore à l’état de projet de loi, alors qu’il aurait dû être transposé depuis un an et qu’un rapporteur n’a toujours pas été nommé.
2004
financements sur les marchés bon marché. Le coût lié au service de la dette publique (10,7 milliards d’euros, soit 23,6 % du PIB de dette brute fin 2013), c’est-à-dire les intérêts, devrait rester stable à 0,5 % du PIB, selon le gouvernement qui table aussi sur les taux d’intérêts « relativement bas ». Cela dit, l’État continuera d’emprunter entre 2015 et 2018, sans exclure de le faire à travers des instruments de la finance islamique : un milliard sera levé en 2015, un autre milliard en 2016, 500 millions en 2017 et encore 500 en 2018. Le gouvernement a aussi programmé dans son projet de loi de refinancer par de la dette « tous les emprunts et prêts tombant à échéance pendant la période 2015-2018 ». C’est une manière d’assainir ses caisses en laissant la facture au prochain gouvernement.
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SOURCE: GOUVERNEMENT
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29/10/2014 10:01
Économie & Politique Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 10 sujets clés sélectionnés par la rédaction. On connaît désormais les quatre questions qui seront soumises aux électeurs en 2015 dans le cadre du référendum annoncé depuis plusieurs mois : Approuvez-vous l’idée que les Luxembourgeois âgés entre 16 et 18 ans aient le droit de s’inscrire de manière facultative sur les listes électorales en vue de participer comme électeurs aux élections à la Chambre des députés, aux élections européennes et communales ainsi qu’aux référendums ? Approuvezvous l’idée que les résidents non luxembourgeois aient le droit de s’inscrire de manière facultative sur les listes électorales en vue de participer comme électeurs aux élections à la Chambre des députés, à la double condition particulière d’avoir résidé pendant au moins 10 ans au Luxembourg et d’avoir préalablement participé aux élections communales et européennes au Luxembourg ? Approuvez-vous l’idée de limiter à 10 ans la durée maximum pendant laquelle, de façon continue, une personne peut faire partie du gouvernement ? Approuvez-vous l’idée que l’État n’ait plus l’obligation de prendre en charge les traitements et pensions des ministres des cultes reconnus ? Rendez-vous le 7 juin 2015. La création d’un système de contrôle et de sanction automatisé
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en matière d’infractions routières pourrait se heurter à de nombreuses difficultés techniques pour les sociétés de location de véhicules, entraînant des modifications substantielles au niveau de leurs systèmes informatiques. C’est ce que craint la Chambre de commerce dans un avis rendu sur le projet de règlement grandducal traitant du sujet. « En effet, la situation n’est pas très claire, mais après une entrevue constructive avec le ministère, nous avons trouvé des pistes de solutions », tempère Gerry Wagner, le président de la Fédération des loueurs de véhicules, sans toutefois donner plus de précisions. Selon le Conseil économique, social et environnemental de Lorraine, en un an, 2.059 des 3.900 emplois frontaliers qui ont été créés au Luxembourg sont revenus à des résidents La progression, français, lesquels en pourcentage, du nombre sont désormais de frontaliers 81.669 à travailler français. au Grand-Duché. L’emploi des Français au Luxembourg a progressé de 1,4 % au cours du deuxième trimestre 2014, hausse atteignant 2,6 % sur un an.
2,6
Pas moins de trois ministères se sont associés dans une campagne de sensibilisation contre les méfaits de la consommation d’alcool et / ou de substances psychotropes au travail. Ils publient une brochure baptisée Alcool et
lieu de travail, qui se veut un guide pour responsables d’entreprise, cadres supérieurs, gestionnaires RH, membres des comités d’entreprise et délégations du personnel. Il y est indiqué qu’« il y a environ 8.000 à 10.000 personnes dépendantes de l’alcool au Luxembourg » et que, « à peu près, un travailleur sur 10 boit quotidiennement de l’alcool au travail ». Par ailleurs, selon une étude du Service de santé au travail multisectoriel, 8,4 % des répondants disaient consommer des substances illicites. La Cour des comptes a présenté aux membres de la commission parlementaire de contrôle de l’exécution budgétaire son rapport spécial sur les mesures anti-chômage. Il pointe notamment des retards dans le suivi personnalisé des demandeurs d’emploi et des méthodes encore « rudimentaires » de traitement de certains dossiers. En réponse à ces critiques, la directrice de l’Adem, Isabelle Schlesser, plaide pour une évaluation à moyen terme des changements entrepris en interne. Et de rappeler que la rédaction du rapport s’est échelonnée du 9 décembre 2013 au 4 juin 2014. « Si la même étude avait été faite mioctobre, nous pourrions déjà observer des avancées, a-t-elle expliqué à Paperjam.lu. Si nous voulons davantage d’encadrement, il faut des ressources supplémentaires, elles sont arrivées il y a peu et
d’autres arriveront l’année prochaine, il faut donc que les choses suivent leur cours. » Dans son rapport annuel consacré au travail et à la cohésion sociale, le Statec indique que la part des ménages ayant du mal à joindre les deux bouts n’a cessé de progresser ces dernières années. Entre 2009 et 2013, cette part est passée de 23 % à 27,7 %. L’institut statistique note que si le revenu médian a continué à progresser ces dernières années (les salaires réels ont progressé de 6,6 % en 13 ans), il n’a pas permis de compenser la perte du pouvoir d’achat due à l’inflation : de 2009 à 2013, le revenu médian a ainsi perdu 5 % de sa valeur. Les ministres chargés de mettre en pratique les futurs plans directeurs sectoriels ont indiqué, à l’occasion d’une table ronde organisée par le Mouvement écologique, qu’ils restaient ouverts à des propositions de modification, suite aux nombreuses critiques émises sur ces projets. Le ministre du Développement durable, François Bausch, a notamment reconnu qu’il aurait fallu consulter davantage les communes lors de l’élaboration des plans sectoriels, car celles-ci constituent des acteurs centraux dans la phase de réalisation.
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Économie & Politique Brèves
Selon une étude du Statec, les résidents ont dépensé en moyenne, au cours de leurs voyages d’affaires, un montant de 375 euros. Comme un voyage d'affaires dure en moyenne trois nuitées, le coût est donc porté à plus de 1.100 euros, ventilé comme suit : transport (449 euros), hébergement (432 euros) et restauration (160 euros), devant les autres dépenses. Entre le premier et le deuxième trimestre de cette année, le PIB du Luxembourg a progressé de
rer le consommateur. La CLC a notamment rappelé que les taux de TVA au Luxembourg restent les plus bas de toute l’Europe, et que le taux super-réduit de 3 % reste applicable à deux tiers de l’assortiment d’un supermarché, aux vêtements et chaussures pour enfants, aux livres, à la culture, etc. (voir aussi l’article en page 38). Symbole grandeur nature de la reconversion territoriale et économique du Luxembourg, le site d’Esch-Belval a aussi suscité
La Maison du savoir, un des mastodontes architecturaux de Belval.
0,7 %, malgré une valeur ajoutée des activités financières et d’assurance en recul de 1,2 %. Sur un an, le PIB affiche une hausse de 3,2 %. Selon les données communiquées par le Service national de contrôle technique, 3.582 nouvelles immatriculations ont été dénombrées en septembre 2014, portant le total à 38.147 depuis le début de l’année. La hausse mensuelle est de 13 % et la progression annuelle de 6 %. Mis à part septembre 2008 et ses 4.053 nouveaux véhicules immatriculés, le résultat de 2014 est le meilleur jamais enregistré depuis 1981. La Confédération luxembourgeoise du commerce, tout en regrettant la décision du gouvernement d’augmenter de deux points la TVA au 1er janvier 2015, a tenu à dédramatiser les conséquences de cette hausse et à rassu-
l’attention du quotidien français Le Monde et sa journaliste Marie Charel qui s’est rendu compte sur place que le pays empruntait de nouvelles voies. Hasard du calendrier ? Le même jour, une triple remise des clés (Maisons du savoir, des sciences humaines et de l’innovation) était organisée sur le site du campus de Belval qui sera occupé dès l’an prochain notamment par l’Université, le FNR, ou encore Luxinnovation. En publiant la 16e édition du bulletin économique Actualité & tendances, la Chambre de commerce se consacre à l’un des chantiers d’importance pour le pays et donc le gouvernement : la réforme de l’enseignement secondaire. Rappelant que le montant des dépenses par élève au Luxembourg « surplombe lar gement celui des autres pays de l’OCDE », avec (pour 2010) un coût par élève de 14.118 euros,
« soit près du double de la moyenne européenne », la Chambre propose d’agir sur quatre leviers pour maîtriser les coûts et améliorer les performances : l’organisation de l’enseignement, la structure du système scolaire, les enseignants et les relations écoles / entreprises.
avec nuitée. Ces quelque 275.000 mouvements constituent le niveau le plus élevé atteint au cours de la dernière décennie.
Après neuf mois de baisse, le nombre d’entreprises demandant l’accès à un régime de chômage partiel repart à la Le Premier ministre hausse, avec un total – et ministre des de sept demandes Le nombre d’entreprises Communications – supplémentaires. bénéficiant, en novembre, Xavier Bettel a affiné Au final, ce sont du régime de chômage la présentation du 23 entreprises qui partiel. plan Digital devraient bénéficier Lëtzebuerg de développed’un tel régime en ment de l’économie numénovembre. Soit 1.850 salariés rique. Un chantier à multiples à horaire réduit, sur un total facettes dans lequel l’ensemble potentiel de 4.260. des acteurs publics doit être impliqué. Une cellule de coordination, On savait depuis l’été que Gérard pilotée par Anne-Catherine Ries Lommel ne serait pas renouvelé (conseillère de direction 1e classe en charge des affaires juridiques, à la tête de la Commission natiodes dossiers UE et des dossiers de nale de protection des données promotion / prospection au (CNPD), où il officie depuis sa Service des médias et création en 2002, en raison des
23
Gérard Lommel a présidé la CNPD entre 2002 et 2014.
communications), jouera le rôle de « chef de chantier » pour appuyer la réalisation de différentes initiatives au sein de chaque administration concernée. Le Statec vient de publier une étude sur le tourisme d’affaires réalisée par l’institut de sondage TIP Biehl & Partner basé à Trèves. Il y apparaît qu’en 2013, près d’un résident luxembourgeois sur cinq en âge de travailler a effectué un déplacement professionnel
relations difficiles avec le personnel de l’établissement public. Il a été nommé au poste nouvellement créé de commissaire à la protection des banques de données. À l’heure où nous clôturions cette édition, deux candidats étaient sur les rangs pour le remplacer à la CNPD. Le Statec a mis en ligne l’intégralité de son enquête Global Entrepreneurship Monitor 2013, dont quelques éléments
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Économie & Politique Brèves
seulement avaient été commu niqués lors d’une première présentation en juillet dernier par la secrétaire d’État Francine Closener. Il y apparaît – et cela ne surprend personne – que l’esprit d’entreprise est loin d’être ancré dans les mentalités du pays. La peur de l’échec (42,9 %) y est davantage présente au Luxem bourg que dans le reste de l’Europe (moins de 40 %), alors que l’entrepreneuriat n’est considéré comme un bon choix de carrière que dans 39,4 % des cas, contre 56,9 % dans l’UE28. Au 30 septembre 2014, le nombre de demandeurs d’emploi résidents, inscrits à l’Adem, disponibles et non affectés à une mesure pour l’emploi, s’établit à 17.953 personnes. Ce qui représente une augmentation de 5,2 % du nombre de chômeurs sur un an et un taux de chômage stable à 7,2 % de la population active.
fins électorales, les fichiers du registre des personnes physiques auprès du Centre des technologies et d’informations de l’État. Il a été « condamné » à rester, jusqu’en 2020, au Conseil de la concurrence, où il avait été transféré au début de l’année. Dans la foulée, il a été condamné, au pénal, à une amende de 1.000 euros pour infraction à la loi de 2002 sur la protection des données personnelles. Selon un sondage TNS-Ilres publié par le Tageblatt, la cote de popularité du gouvernement a sérieusement baissé après les annonces du gouvernement et la présentation du Zukunftspak et du budget 2015. Ainsi, alors que 38,8 % des personnes interrogées (806 résidents) se déclaraient, avant ces annonces, satisfaits par l’action gouvernementale (et 52,4 % insatisfaits), l’écart a grandi après les annonces gouvernementales, puisqu’ils sont désormais 64,6 % à être insatisfaits et plus que 31,1 % à garder leur confiance envers la coalition.
Les compétences techniques ne suffisent plus aux besoins de l’ICT selon une nouvelle étude de l’IUIL et du CRP Henri Tudor. L’offre en L’Eurostat vient de revoir à la soft skills pour le secteur doit hausse l’excédent budgéêtre adaptée, d’autant que taire luxembourgeois les entreprises veulent en 2013, à 0,6 % du engager. Les secteurs produit intérieur brut porteurs ont été identifiés : cloud ; sécurité (contre 0,1 % estimé C’est, en pourcentage des systèmes d’infordu PIB, l’excédent budgétaire auparavant), faisant mations ; gestion des ainsi du Grand-Duché luxembourgeois en 2013 données ; légal… Les le meilleur élève de la mesuré par Eurostat. entreprises rencontrées zone euro et de l’UE28. Avec l’Allemagne (+0,1 %), pour les besoins de l’enil est le seul pays à afficher quête prédisent en effet une un excédent public. montée en puissance des métiers du cloud, du big data et de la sécurité. Le Premier ministre Xavier Bettel a annoncé mercredi au briefing Double peine pour Pierre post-conseil de gouvernement Barthelmé : l’ex-haut fonctionque la toile de Picasso Paysage naire du ministère des Classes de Cannes au crépuscule, achetée moyennes et du Tourisme a été en 1999 par l’État luxembourgeois reconnu par le conseil de discidans des conditions assez particupline de la fonction publique com lières, ne sera pas finalement me ayant eu un « comportement vendue, mais fera partie du patriindigne et déloyal » et qu’il avait moine culturel national. La manqué à ses devoirs que lui impo- rumeur d’une telle cession, sait son statut en consultant, à des en vue de renflouer les caisses
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publiques, avait suscité un grand émoi dans les milieux culturels. M. Bettel, qui a reconnu que cette acquisition avait, en son temps, été « un mauvais achat » qui ne devait pas déboucher sur « une mauvaise vente », justifiant le fait d’être conservée. Le gouvernement a validé le projet de loi pour créer une jointventure entre l’État et l’opérateur de satellites SES afin d’acquérir et de mettre sur orbite un satellite à des fins militaires, notamment pour l’Otan. Un projet qui tenait à cœur à Étienne Schneider, en sa qualité de ministre de la Défense. Chacune des deux actionnaires apportera un capital de 50 millions d’euros, répartis sur la période de 2015 à 2017. Un emprunt de 125 millions d’euros sera également effectué pour placer le satellite sur orbite. Outre une utilisation domestique, le satellite servira aux pays alliés et partenaires ainsi qu’à des organisations à qui ses capacités excédentaires seront revendues. Quelques jours après lui avoir délivré son premier budget effectif, le gouvernement vient de valider la composition de l’assemblée consultative de l’Autorité indépendante de l’audiovisuel, sorte de conseil des sages destiné à rendre des avis au conseil d’administration présidé par Thierry Hoscheit sur les dossiers dont est saisie l’autorité. Pas moins de 25 organismes, partis politiques et associations y siégeront : groupes et sensibilités politiques siégeant à la Chambre des députés, chambres professionnelles et même Syvicol seront représentés. D’autres associations et organismes auront aussi leur mot à dire quant aux programmes diffusés sur les chaînes battant concession luxembourgeoise et dont la majeure partie est destinée à un public situé à l’étranger.
Grand-Duché, permettant une exploration dynamique du pays par écran interposé. Le Luxem bourg est donc le 64e pays au monde à être « couvert » de la sorte. Aussi spectaculaire soit-il, le système souffre néanmoins d’une certaine obsolescence, la plupart des images ayant été captées en… 2009. La secrétaire d’État à l’Économie Francine Closener a annoncé la constitution d’un nouveau cluster, dédié au secteur du tourisme d’affaires et des congrès. Avec pour objectif de mieux positionner le pays en tant que destination attractive (lire l’article page 54). Le ministre Romain Schneider l’a annoncé, en marge du budget de la Sécurité sociale : il s’est créé dans le pays quelque 8.000 emplois sur le premier semestre de l’année. Plus d’un quart d’entre eux l’a été dans les services aux entreprises. 54 % des nouveaux postes sont occupés par des résidents, 46 % allant donc à des travailleurs frontaliers. « Nous devons libérer des moyens pour lutter contre les causes réelles du chômage. » Le ministre du nouveaux Travail et de conseillers l’Emploi, Nicolas spécialisés Schmit, annonce seront recrutés la couleur. Outre par l’Adem le recrutement en 2015. de 22 nouveaux conseillers spécialisés pour l’Adem en 2015, afin de réaliser le parcours personnalisé des chômeurs, il annonce la révision de certaines mesures de financement au réemploi qui, si elles sont utilisées sur un trop long terme, peuvent conduire à un certain dumping social.
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Google a mis en ligne, fin octobre, le mode Street view pour le
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Économie & Politique Hausse de la TVA
01 Deux points dans la marge ► Pour compenser la perte de rentrées sur le commerce électronique, le taux normal de TVA passera de 15 à 17 % au 1er janvier prochain. ► De nombreux produits, ceux qui bénéficient du taux super-réduit de 3 %, ne sont pas concernés par cette hausse. ► Beaucoup de commerçants et restaurateurs ne répercuteront qu’une partie de cette hausse et sont donc inquiets pour leurs marges.
▲ Même si l’augmentation de la TVA n’interviendra qu’en 2015, le consommateur, à l’approche des fêtes, sera peut-être rassuré par le fait que, sur beaucoup de produits, la hausse sera indolore ou presque.
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Ce qui devait arriver arrivera. On sait depuis 2007 que la TVA sur le commerce électronique serait, en 2015, appliquée selon le pays du consommateur et non plus celui du prestataire. Avec, pour le Luxembourg, « 4 milliards d’euros de manque à gagner d’ici 2018 », selon les dires de Pierre Gramegna, ministre des Finances, dans sa présentation du budget à la Chambre des députés. Pour compenser cette perte, les taux de TVA seront relevés de deux points, passant pour la plupart de 15 à 17 % au 1er janvier prochain, sauf vote surprise de la part des députés. Ces changements sont annoncés depuis longtemps, mais leur imminence et le contexte politique du budget 2015 ont mis le sujet sous le feu des projecteurs, entraînant des réactions de toutes parts. Les premiers à dégainer ont été les membres de l’Horesca (hôtels, restaurants, cafés). Si la partie alimentaire n’est pas touchée, car bénéficiant du taux super-réduit inchangé de 3 %, c’est sur la vente d’alcool que l’augmentation de la fiscalité indirecte va être particulièrement forte, passant de 3 à 17 %. « Une bouteille de vin luxembourgeois passera de 27,5 à 31,24 euros, une bière de 2,50 à 2,84 euros », soupire François Koepp, secrétaire général de l’Horesca. Ce sont surtout les petits exploitants, en particulier ceux qui ne vendent que des boissons, qui risquent d’y laisser des plumes, les restaurants ayant plus de latitude. « Je ferai un effort, sans doute mes fournisseurs aussi : une bouteille vendue aujourd’hui à 50 euros pourrait n’augmenter que de 3 euros au lieu de 8 », espère Dominique Colaianni à la tête du restaurant La Mirabelle réputé pour sa cave. « Cette hausse va changer les habitudes de consommation et renforcer les commandes de vins au verre, ceux du Nouveau Monde, souvent moins chers et les apéritifs et digestifs vont encore baisser », suppose-t-il. De son côté, l’Union luxembourgeoise des consommateurs (ULC) dénonce « une politique
PHOTO : STEVE EASTWOOD (ARCHIVES)
― Texte : France Clarinval
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Économie & Politique Hausse de la TVA d’économie aux seuls dépens des consommateurs qui entraînera une baisse de la demande intérieure ». L’association relève en particulier les deux exceptions aux taux super-réduits : les boissons alcoolisées et l’affectation d’un logement à la location, puisque seuls les logements d’habitation principale bénéficieront encore de la faveur fiscale.
d’affaires et 65 % sont d’avis que cette mesure mettra en péril des emplois. Dans l’ensemble, les 500 entreprises estiment la perte d’emplois rien que dans leurs structures à 1.000 entités », souligne Christian Reuter, secrétaire général adjoint de la Fédération des artisans. Il se félicite que les travaux de rénovation et d’assainissement énergétique gardent le taux super-réduit, mais reste attentif aux limites qui seront imposées. « On parle de logements de plus de 20 ans… Ce n’est pas réaliste pour un effort énergétique. » La Fédération des artisans craint une montée du travail clandestin et surtout des hausses significatives de loyers « alors que c’est déjà problématique dans notre pays et que cela a un impact sur le reste du coût de la vie ». Du côté de la Confédération luxembour geoise du commerce (CLC), tout en regrettant la décision du gouvernement, on se veut rassurant et les responsables œuvrent « à dédramatiser pour rassurer les consommateurs ». Deux arguments sont mis en avant, exemples à l’appui. Les taux de TVA au Luxembourg restent les plus bas de toute l’Europe et a fortiori de la Grande Région. Ainsi, les taux normaux chez nos voisins sont de 21 % en Belgique, 20 % en France et 19 % en Allemagne. Le taux intermédiaire et le taux réduit n’existent pas en Allemagne. La Belgique et la France pratiquent des taux de 12 et 10 % là où le Luxembourg est à 8 ou 14 % selon les produits et services. Les taux super-réduits (essentiellement destinés à l’alimentation) sont de 7 % en Allemagne, 6 % en Belgique et 5,5 % en France.
PÉRIL EN LA DEMEURE ? La construction de logements destinés à la location passera à 17 %. Une période de transition est prévue pour les achats faits cette année et dont la construction s’étend au-delà du 1er janvier 2015. La construction avant le 1er janvier 2017 serait facturée à 3 %. C’est là un changement que fustige la Fédération des artisans après une enquête auprès de 500 entreprises du secteur de la construction. « 75 % des entreprises sont convaincues qu’elles seront fortement impactées par l’augmentation de la TVA. Pire, 83 % s’attendent à une diminution de leur chiffre
« Deux tiers de l’assortiment d’un supermarché ne seront pas touchés par l’augmentation de TVA. » Thierry Nothum (CLC)
Quelques exemples de taux La future hausse sur la TVA - qui n'a pas encore été votée - ne s'applique pas sur tous les produits. Le taux super-réduit reste à 3 % et concerne une grande partie du panier de la ménagère. Les autres taux, différents selon les produits et services, grimpent de deux points.
Repas au restaurant 3 % ► 3 %
Biens d’équipement 15 % ► 17 %
Habillement 15 % ► 17 %
Automobile 15 % ► 17 %
ait les. De u uns s nc pe e par laie nt. ir e do s nez indicibl aix t ait les. De le p es ba u uns s nt ell t. E l nc pe e par laie nt. nui rent de ir e do s nez indicibl ou i aix t ns t. Batt le p es ba ge n nt ell t. E l inq uda u nui ent de o e c adj ti r ait les. De cit rai t gens t. Bat u uns s nc pe e par laie nt. et d an q ir e do s nez indicibl ul vau cin djud aix t ait les. De le p es ba re t cite ai t a u uns s nt ell t. E l nc pe e par laie nt. e dr nui rent de ir e do s nez indicibl ou i ul vau aix t ns t. Batt le p es ba re ge n nt ell t. E l inq uda u nui ent de o e c adj ti r cit rai t gens t. Bat sait les. De et d eu u n s an q ie nt. onc p ul vau cin djud sait les. De cible par la tir e d ez indi eu u n s ie nt. re t cite ai t a paix lles bas n onc p ait les. De cible par la r e E lle tir e d u uns s ez indi l e aud uit. nt dent nc pe paix lles bas n e par laie nt. o u n d e l e l v u r e indicibl i nt e t. E tti r so aix t as nez re e par laie nt. nui rent de en nt. Ba lle p nt elles b indicibl ou i a qg it. E e as nez ns t. Batt cin djud ou nu ti rent d lles b ge n ent e ite at t a ens inq uda sait les. De nt d t. B t c rai g eu u n s e c adj ti re ait les. De l e aud inq uda n parlaie nt. onc p Bat cit rai t u uns s d u e . c j . e t p n e t t ndicible i r a i l c v d n n e par e d s nez i aix t da re t cite ai t a ir e do s nez indicibl ait les. De ul vau le p es ba aix t dju u uns s e nt el l dr t. E l sait les. De le p es ba ta nc pe re e par laie nt. nui ren t de ul vau eu u n s nt ell t. E l ie nt. ir e do s nez indicibl rai ou i onc p t de nui cible par la aix t ud re ns t. Batt les. De tir e d ou atti ren ez indi le p es ba ge va uns sait n paix lles bas n ns nt ell t. E l c p eu ar laien t. re ge a nt. B it. E lle e inq juda u nui en t de t c n e don nez indicible p q e r i o e ti r in ad ud ou nu rent d s aix t cit rai t gens t. Bat ait les. De e c adj ti le p es ba u uns s et d nt ell cit rai t gens t. Bat t. E l an q sait les. De nc pe e par laien t. t de nui ul vau cin djud et d eu u n s an q t. ir e do s nez indicibl ou atti ren onc p ul vau cin djud ble par laie n aix t a re t cite ai t a ens tir e d as nez indici lle p lles b t. B r g re t cite ai t a b paix les. De l e aud inq uda n nuit. E t dent e uns sait E lle ent elles u e udr u n . c j e t . u t p e n v i e l i d o u nc d ait les. De e par la u va tti r re cite ai t a ens u uns s u n ti ren t ir e do s nez indicibl . Ba t nc pe so e par laie nt. aix t a re et dr a nt qg en nt. Ba ir e do s nez indicibl lle p nt elles b ul vau cin djud aix t a qg it. E e sait les. De le p es ba cin djud ou nu ti rent d re t cite ai t a eu u n s nt ell t. E l t. r onc p ite at t de ble par laie n t a ens nui les. De l e aud tir e d as nez indici t. B t c drai ou atti ren g uns sait x u u i n e e s a . t p n a e q i v a l p n B nc e par le es b ul vau cin djud ge re nt. ir e do s nez indicibl nt el l t. E l aix t inq uda u nui en t de re t cite ai t a sait les. De le p es ba o e c adj ti r eu u n s e nt ell dr t. E l ie nt. cit rai t gens t. Bat onc p t de nui ul vau cible par la et tir e d d ou atti ren an ez indi q paix l les bas n re ns ul vau cin djud les. De ge a nt. B it. E lle uns sait e e a t u t e e n . i t p q n t e i e r a l c rai nc e par in ud ou nu ren t d ir e do s nez indicibl et d e c adj ti aix t ul vau cit rai t gens t. Bat sait les. De le p es ba et eu u n s d nt ell t. E l an q re onc p t de nui ul vau cin djud tir e d ou atti ren re t cite ai t a ens paix B g E lle nt. . e udr t a q i l u va cin djud ou nu ait les. De re cite ai t a ens u uns s nc pe e par laie nt. et dr qg ir e do s nez indicibl ul vau cin aix t ait les. De le p es ba re t cite u uns s nt ell t. E l nc pe e parlaie nt. l o b nui ren t de e i d c i d e l u n r i o i u s nez i aix t ns t. Batt le p es ba ge n nt ell t. E l inq uda u nui en t de o e c adj ti r cit rai t gens t. Bat et d an q ul vau cin djud re t cite ai t a e dr ul vau re
ABSORBER L’IMPACT La CLC argue en outre que « compte tenu de la pression concurrentielle sur les prix dans la Grande Région, les commerçants vont préférer baisser leurs marges en absorbant l’impact de la TVA sur les prix ». L’organisme estime donc que « l’impact sur le pouvoir d’achat des ménages sera inférieur aux prévisions de 1 % et de 0,7 % établies par le Statec ou la Chambre des salariés » en mettant en avant le système d’indexation automatique des salaires qui garantira le maintien du pouvoir d’achat. C’est ce que confirme Marc Muller, patron des magasins Maroquinerie du Passage et administrateur de la Fédération de la mode. « Dans notre secteur, la plupart des prix sont fixés internationalement par nos fournisseurs. Parfois même, les produits nous arrivent déjà étiquetés. Les prix ne changeront donc pas. Ce sont les commerçants qui prendront en charge les 2 % en rognant sur leurs marges. » Partisan du « moins on en dit, mieux c’est », il n’entend pas communiquer sur ces questions et s’en remet à la CLC pour enfoncer le clou avec des messages clairs. « Je pense néanmoins que les conséquences seront limitées. Certains vont peut-être grappiller sur la communication et la publicité. Mais s’ils sont obligés de licencier, c’est qu’ils n’allaient déjà pas très bien avant. » Sur beaucoup de produits, la hausse sera donc indolore ou presque. Mais là où il faudra faire preuve d’inventivité, c’est sur des investissements plus importants. Ed Goedert, président de l’Adal (Association des distributeurs automobiles luxembourgeois), livre ainsi une astuce pour éviter la hausse de 2 %. « La voiture est un gros achat. Chaque pour cent compte. Mais si le client commande un véhicule avant le 31 décembre 2014, l’acompte qu’il versera, et qui peut atteindre 100 % du montant, ne sera taxé qu’à 15 %. Et ce même si la voiture est livrée en 2015 », explique-t-il. Car oui, si la voiture est achetée après le 1er janvier, elle sera taxée à 17 %. ◄
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Électricité, bois destinés au chauffage 12 % ► 14 %
Constatant, après un sondage (TNS-Ilres, en mars 2014), que 89 % des personnes interrogées savent que la TVA va augmenter, mais que 66 % ne savent pas que le taux superréduit de 3 % reste applicable, c’est un des axes de communication largement mis en avant. « Deux tiers de l’assortiment d’un supermarché ne seront pas touchés par l’augmentation de TVA », martèle Thierry Nothum en ajoutant à cette liste les biens culturels, les médicaments ou – plus surprenant – les vêtements et chaussures pour enfants.
Alimentation 3 % ► 3 %
Vêtements pour enfants 3 % ► 3 %
Livres et biens culturels 3 % ► 3 %
Coiffeur 6 % ► 8 %
Bières et vins 3 % ► 17 %
En résumé Face à l’augmentation attendue (et annoncée de longue date) des taux de TVA, en l’occurrence de deux points, les différentes fédérations et associations professionnelles veulent surtout rassurer les consommateurs. La plupart des commerçants intégreront en tout ou en partie cette hausse dans leurs prix de manière à ne pas augmenter trop fortement. Certains craignent cependant pour leurs marges et pour les emplois.
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Économie & Politique Commission Juncker
02 « J’ai un contrat »
― Texte : Alain Ducat
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C’était le mercredi 22 octobre. Un énième examen de passage pour Jean-Claude Juncker, le candidat populaire devenu le président élu et paré à s’engager (à compter du 1er novembre) pour cinq ans, à la tête de la Commission européenne et d’une nouvelle équipe. Ce jour-là, après quelques cahots sur la route, les députés européens ont validé le nouveau collège de 27 commissaires. Une validation, pas un plébiscite : 423 votes pour, 209 contre et 67 abstentions. À titre de comparaison, 10 ans plus tôt, la première Commission Barroso était passée avec 449 oui, 149 non et 82 abstentions. La seconde Commission Barroso, le 9 février 2010, recueillait l’approbation des députés, avec 488 voix pour, face à 137 contre et 72 abstentions. Jean-Claude Juncker, « Monsieur Bruxelles » désormais, sait bien qu’il n’a pas renversé toutes les incertitudes sur son passage. Là où il a fédéré, il a aussi dû accepter des compromis. Juste avant le vote, il avait d’ailleurs encore mentionné plusieurs changements aux portefeuilles attribués au sein de son équipe, conformément aux souhaits exprimés par les commissions parlementaires après les auditions des commissaires désignés.
▲ Comme le décompte des voix au Parlement européen, présidé par Martin Schulz, le valide, le président Juncker et sa Commision s’engagent pour cinq ans.
M. Juncker ne s’est pas rétracté. Il a affirmé que la Commission européenne nouvelle mouture assumait son côté « très politique ». Le président a mis en place un cercle de viceprésidents, une sorte de garde rapprochée, pour « coordonner, rassembler et organiser les idées ». Au passage, il a aussi reconnu que le nombre final de femmes dans sa Commission restait « pathétique » : neuf femmes sur 28, c’est le minimum, pour lequel Jean-Claude Juncker dit avoir « dû se battre ». « J’ai un contrat avec le Parlement et je le res pecterai », a clamé haut et fort le président Juncker, pour qui les « dispositions du pacte de stabilité ne seront pas modifiées », quitte à être mises en œuvre « avec le degré de flexibi lité » permis par les traités. Il a encore souligné qu’il s’en tiendrait à son paquet d’investissement de 300 milliards d’euros, qui sera présenté, a-t-il dit, « avant Noël ». ◄
PHOTO : PARLEMENT EUROPÉEN
► Jean-Claude Juncker a fait valider son équipe de 27 commissaires. Il est en route pour un mandat de cinq ans. ► S’engageant sur le pacte de stabilité, le président veut respecter sa proposition de paquet d’investissement de 300 milliards d’euros, qui sera présentée « avant Noël ».
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More than a law firm. After-work conferences & Breakfast seminars. NOVEMBER 2014
Tuesday 18 November, 6.00pm
Dismissals based on economic reasons or on performance reasons: case-law developments and practical input – co-organised with AMCHAM
Tuesday 25 November, 8.30am
Open Source Software – Balancing innovation with legal compliance – co-organised with Black Duck Software
JANUARY 2015
Thursday 22 January, 8.30am
Confidentiality breach: how to react?
Tuesday 27 January, 5.00pm
Annual tax conference
Participation is free of charge. Please visit www.allenovery-event.lu to register and learn more about future events. For further information please contact Allen & Overy in Luxembourg, 33 avenue J.F. Kennedy, L-1855 Luxembourg Tel +352 44 44 55 1 Luxembourgmarketingevent@allenovery.com
allenovery-event.lu allenovery.com
Allen & Overy means Allen & Overy LLP and/or its affiliated undertakings. © Allen & Overy 2014
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Économie & Politique Logistique multimodale
03 Le fluvial à bon port
― Texte : Alain Ducat
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Pour le Luxembourg, ce ne sont que 37 kilomètres. Mais ils représentent une voie navigable stratégique. Au fil de la Moselle, transfrontalière par nature, ils s’ouvrent, d’écluse en écluse, sur les marchés de cabotage dans la Grande Région mais aussi sur les grands ports ARA (Anvers, Rotterdam, Amsterdam) et les installations portuaires intérieures de l’Europe centrale. Or, il se fait que, dans les bassins mosellan et rhénan, comme un peu partout en Europe, la navigation fluviale a retrouvé une deuxième jeunesse et même un potentiel de croissance certain, encouragée par les autorités européennes au nom du développement durable (les barges et péniches modernes sont de plus en plus eco-friendly – lire aussi l’encadré page 45) et de la multimodalité. Le Luxembourg, qui a fait depuis les années 60 du port de Mertert un jalon important sur la Moselle, continue d’appuyer sur le levier de
▲ Le port de Mertert, seule plateforme eau / route / rail du pays, continue à se développer, et participe à un écosystème logistique de plus en plus stratégique.
la logistique. Et ce volet Navigation intérieure est tout sauf négligeable. Aujourd’hui, si l’on connaît le pavillon maritime luxembourgeois, qui en fait encore sourire certains puisque le Grand-Duché n’a pas de côte, le Roude Léiw flotte aussi, avec un pavillon fluvial spécifique, sur une cinquantaine de bateaux. « Autour de PME du pays, un écosystème s’est développé », souligne Max Nilles, chargé de direction au ministère du Développement durable et des Infrastructures. Ce juriste, qui s’est spécialisé dans les transports et la logistique, veille notamment sur la Société du port de Mertert (concessionnaire
PHOTO : OLIVIER MINAIRE (ARCHIVES)
► Le pavillon luxembourgeois flotte aussi sur la navigation intérieure, de plus en plus en vogue et en réelle mutation durable. ► Sur la Moselle et autour de Mertert, un réseau d’entreprises s’est créé et se développe. ► Les 19 et 20 novembre, Luxembourg accueillera pour la première fois Riverdating – BargetoBusiness, un événement de networking professionnel qui favorise les synergies efficaces.
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Économie & Politique Logistique multimodale de l’État, elle assume le rôle d’autorité portuaire et gère, à l’instar de Lux-Airport pour le Findel, les installations mosellanes) et sur la Commission et la Société internationale de la Moselle. « Beaucoup d’activités se sont développées sur le bassin mosellan en général et sur la partie luxembourgeoise en particulier. Il y a encore un gros potentiel et le multimodal est clairement en croissance. » C’est inscrit dans la politique luxembourgeoise liée au cluster logistique et c’est aussi un système économique qui flotte, sans bruit et avec une belle efficacité. En témoignent, par exemple, les quelque 15 millions de tonnes de trafic fluvial enregistrés en 2013 dans le bassin mosellan pour les six ports intérieurs (dont environ un million de tonnes pour la part grand-ducale) connectés à la Grande Région (Sarre et Lorraine), et surtout la croissance à deux chiffres (un peu plus de 10 %) qui caractérise ce trafic. En témoigne aussi la récente installation du Verband, sur l’autre rive de la Moselle (à Perl) mais en connexion directe avec Mertert, dont les gigantesques installations de stockage et de manutention de produits d’origine agricole tablent beaucoup sur le fluvial, en maillon multimodal de la chaîne logistique.
PLUS QU’UNE ALTERNATIVE, UNE VRAIE SOLUTION Tout cela a contribué à focaliser l’attention des grands opérateurs sur le petit Luxembourg et ses capacités de navigation intérieure, stratégiquement situées. Ainsi, pour la première fois, l’événement Riverdating – BargetoBusiness, septième du nom, a choisi de jeter l’ancre au Grand-Duché (les 19 et 20 novembre prochains, au centre de conférences du Kirchberg). « La navigation fluviale en Europe est très importante et, surtout, elle peut apporter beaucoup à la chaîne logistique, explique Karin de Schepper, directrice de Inland Navigation Europe, qui revendique le rôle de lobbyiste facilitateur de business dans le domaine, notamment au travers de BargetoBusiness. « Le secteur doit encore gagner en visibilité mais il y a un intérêt croissant de la part des chargeurs, des opérateurs logistiques. Le fluvial, qui a le mérite de proposer un moyen de transport écologique, économique et sûr, se pose désormais, au-delà de l’alternative à d’autres transports, comme une vraie solution, pour toute une série d’acteurs de la chaîne logistique multimodale. » Les moyens de financement, le renouvellement des flottes, l’émergence des gros opérateurs issus du maritime ou de la logistique classique sont autant de révélateurs et de signes d’évolution. Un des arguments se trouve dans la combinaison de l’économie régionale et des marchés globalisés – un axe « local » ouvre sur des perspectives mondiales – et aussi dans l’évolution des besoins. « Comme dans toute la logistique, il faut rentabiliser le temps et les capacités, poursuit Karin de Schepper. Les conteneurs maritimes s’adaptent aux
barges fluviales et l’intérêt est de faire en sorte que, à l’aller comme au retour, les conteneurs soient bien remplis. » Cette logique de groupage, bien connue des transporteurs routiers notamment, se développe dans la navigation intérieure, qui était davantage habituée aux très gros volumes d’un seul bloc, matières premières d’un côté, produits finis de l’autre, issus par exemple de l’industrie sidérurgique. Les chargeurs et les producteurs s’entendent à présent pour combiner les volumes, trouver les solutions qui se complètent. « C’est une des vocations premières de BargetoBusiness : faire se rencontrer les acteurs, favoriser les synergies, initier les partenariats. Le Riverdating met en relation directe les transporteurs, les opérateurs de terminal, les chargeurs, les fournisseurs. Ce n’est pas une foire, c’est un vrai salon B2B. Et les expériences précédentes démontrent que de réels partenariats se nouent lors de ces rendez-vous de networking. » À cette aune, on mesure mieux l’intérêt du Luxembourg à être bien en vue dans ce créneau. Le ministre François Bausch fera d’ailleurs partie des speakers lors de l’événement. Il pourra y développer les arguments d’un Grand-Duché central, connecté sur ses voisins, adepte d’une logistique intelligente et multimodale. Outre l’aérien, la route et le ferroviaire (la plateforme de Bettembourg se veut reliée à l’ensemble de la chaîne), la navigation intérieure a tout à gagner. Le port de Mertert, seule plateforme eau / route / rail du pays, dispose de 65 hectares, juste avant l’écluse de Grevenmacher et après celle de Trèves au point kilométrique 208,48 de la Moselle internationale. Les entreprises du pays s’y sont ancrées depuis longtemps, à l’image des Bétons Feidt ou des Sablières Hein, qui y font partie des gros manutentionnaires. Les opérateurs Luxport (groupe dans lequel on retrouve notamment les transports internationaux Lorang et TCT, le terminal conteneur de Trèves) et Tanklux (carburants) s’y sont aussi développés. Un des enjeux est d’étendre, sur place, la palette de services. « Les services de manutention s’accompagnent de développements IT, dans la géolocalisation par exemple de capacités de stockages spécifiques – climatisés, adaptés à des produits alimentaires, etc. –, dans l’emballage, l’étiquetage, le routage, le montage… », ajoute Max Nilles. C’est toute une chaîne. Et elle peut profiter à plus d’un maillon. L’événement BargetoBusiness jettera, en quelque sorte, un pont, du Kirchberg aux rives de la Moselle et par-delà. Alors, le pavillon luxembourgeois, concret et au fil de l’eau, pourra flotter pour l’économie, en espérant contribuer à la diversifier et à la rendre comme un long fleuve tranquille. ◄ En résumé Pour la première fois, l’événement BargetoBusiness se tiendra au Luxembourg (19 et 20 novembre). Le pays se rend ainsi plus visible dans le créneau de la navigation fluviale, maillon de plus en plus important de la chaîne logistique multimodale. Le port de Mertert et la Moselle navigable ouverte sur un important bassin ont tout à y gagner.
Masterplan européen
Un vent hybride sur la Moselle Le Sirocco, bateau bi-carburant – dont le gaz naturel liquéfié –, vogue pour le groupe Jaegers et sous la bannière luxembourgeoise.
Fin septembre dernier, François Bausch et son épouse baptisaient le Sirocco, un tanker battant pavillon luxembourgeois, à Grevenmacher. Une action plus que symbolique, car le nouveau-né fait le lien entre l’industrie pétrochimique et l’aspect environnemental voulu pour la navigation intérieure en Europe. Le Sirocco a rejoint la flotte du groupe Jaegers, une des plus grandes compagnies de navigation intérieure en Europe, qui fournit surtout des services de transport pétrolier entre la mer du Nord et la mer Noire. Plus exactement, le Sirocco vogue pour Chemgas, une filiale de Jaegers, qui a joué un rôle de premier plan dans sa conception et son développement. Car la barge est innovante en ce sens qu’elle est bi-carburant, diesel maritime classique et surtout LNG (liquefied natural gaz ou gaz naturel liquéfié). L’utilisation de ce concept assure la disponibilité opérationnelle et l’autonomie du tanker, équipé de deux générateurs de gaz propre. Chemgas déploiera le Sirocco dans le transport de gaz pour ses clients au long du bassin rhénan. Économique et écologique, sous le Roude Léiw flottant au vent hybride de l’innovation, le projet est aussi parrainé par la Commission européenne, dans le cadre du masterplan LNG Rhin-Main-Danube. Le plan vise à promouvoir ce carburant propre pour l’industrie de la navigation intérieure, tout en veillant à appliquer les règles de sécurité nécessaires pour l’utilisation et le transport du LNG. Le masterplan est doté de 40 millions d’euros et est mis en œuvre par un consortium de 33 entreprises et organisations des secteurs public et privé de 12 États membres européens. Et avec ce bâtiment, le Luxembourg s’est mis, discrètement mais sûrement, à la pointe. A. D. ◄
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Économie & Politique Beatriz Garcia
04 85 jours de la vie d’une femme ► L’avocate du Barreau de Luxembourg Beatriz Garcia a pu rentrer au Grand-Duché après avoir passé trois mois en détention préventive dans le cadre d’une affaire de fraude fiscale présumée. ► Elle raconte les conditions de son incarcération en Espagne et le fonctionnement de la justice ibérique, qui semble ignorer ce que veut dire la présomption d’innocence. ― Texte : Véronique Poujol ― Photos : Sven Becker
L’avocate fiscaliste Beatriz Garcia, inscrite au Barreau de Luxembourg, est sortie le 3 octobre dernier des geôles de la banlieue de Madrid où elle a été placée 85 jours en détention préventive dans une affaire de fraude fiscale présumée, dont elle serait un des maillons, alors que son implication s’est limitée à du conseil fiscal et à sa présence dans les conseils d’administration de sociétés d’un de ses clients. Pour autant, la justice espagnole la présente comme la tête d’une organisation criminelle (avec une vingtaine de personnes, principa lement en Espagne), pour avoir mis en place des montages de sociétés à cheval entre plu sieurs juridictions offshore destinés à mini miser le paiement d’impôts sur un contrat de 152 millions d’euros. Un exercice auquel se prête toute la communauté des fiscalistes au Luxembourg et qui, vu de l’intérieur, restait conforme à la réglementation en vigueur. D’autant que les montages fiscaux mis en place par l’avocate entre Luxembourg, les Îles Vierges britanniques et l’Espagne furent validés à l’époque par un ruling de l’Administration des contribu tions directes. « L’utilisation de la voie la moins imposable, ce n’est pas un délit », se défend-elle dans un entretien à Paperjam.
LA VOIE LA MOINS IMPOSABLE, C’EST LÉGAL ! L’affaire dite « Angolagate 2 » porte sur des contrats conclus en 2008 par le gouverne ment angolais à une société semi-publique espagnole pour l’acquisition de matériel policier et militaire par Luanda. Sa révéla tion fait suite à la dénonciation d’une banque luxembourgeoise qui va déclencher, en 2009, une enquête du Parquet luxem bourgeois pour abus de biens sociaux présu més lors des montages de sociétés destinés à payer, entre autres, les sous-traitants du
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contrat angolais. Jusqu’ici, aucune incul pation n’était intervenue dans le dossier luxembourgeois. Des perquisitions étaient intervenues à l’étude de Me Garcia et dans les locaux d’une fiduciaire avec laquelle l’avocate avait l’habitude de travailler et l’argent qui avait été saisi a été débloqué. L’enquête a toutefois rebondi en Espagne, après que la justice luxembourgeoise a adressé des commissions internationales à Madrid pour débroussailler le volet espa gnol de l’affaire. Du même coup, les auto rités espagnoles ont déclenché leur propre enquête, qui a débouché sur des préventions élargies au blanchiment de fraude fiscale et même au trafic d’armes.
Deux semaines après son extradition, Beatriz Garcia est fichée FIES, un traitement réservé aux organisations criminelles. Le dossier « Angola 2 » semble désormais avoir basculé en Espagne, depuis qu’un juge d’instruction, aux méthodes plutôt brutales, a délivré un mandat d’arrêt européen contre Beatriz Garcia, alors qu’il lui aurait suffit de lui adresser une convocation, à laquelle, assure-t-elle, elle se serait volontiers rendue. Le cauchemar de l’avocate a commencé au matin du 9 juillet, lorsque les officiers de police judiciaire au Luxembourg, plutôt gênés de la situation, se sont rendus à son appartement à Luxembourg pour la placer sous mandat de dépôt à Schrassig dans l’at tente de son extradition. Laquelle intervien dra le lundi 14 juillet. Beatriz Garcia voyagera
à bord d’un jet privé avec un jihadiste éga lement extradé vers l’Espagne et enfermé tout au long du voyage dans une camisole de force. L’avocate ne voulait pas faire appel de la décision à Luxembourg. L’atterrissage a lieu à 16 heures et l’avocate, après son transfert à la Cour suprême, est entendue une heure et demi plus tard pen dant trois heures, entourée de deux policiers, dans le bureau du juge d’instruction Pablo Rafael Ruz Gutiérrez, et en présence du procureur, qui assez curieusement, posera les questions, non pas le juge d’ins truction comme c’est normalement le cas,
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Économie & Politique Beatriz Garcia
L'avocate a passé près de trois mois en prison, pour une affaire financière où son rôle était celui d'un conseiller fiscal.
des enquêtes ne devant pas être instruites unilatéralement à charge. « J’ai répondu à toutes les questions », assure l’avocate. « Je leur ai expliqué, poursuit-elle, ce qu’est un ruling fiscal et je leur ai parlé des lois et des avantages que nous avons au Luxembourg. J’avais l’impression que le juge d’instruction dormait. » Au bout de trois heures, ses interlocuteurs la remercient en lui demandant tout de même si elle ne voulait pas « élargir » sa déclaration, c'est-àdire dénoncer son client, ce qui lui aurait peut-être valu un autre régime, puis, devant son refus l’envoient, menottes aux poignets
derrière le dos, au dépôt de la Cour suprême, une cellule sans fenêtre où elle reste deux heures. « Je me sentais comme une pestiférée : ici, les droits de la défense n’existent pas. Je n’ai pu appeler ma famille que le lendemain. » À ce stade, Beatriz Garcia, qui est encore persuadée que sa présence à Madrid est une affaire de trois jours, maximum, encaisse le coup : « Je me disais que j’allais rentrer demain ou après-demain », témoigne-t-elle dans un entretien à Paperjam. À 23 h 30, le secrétaire du juge d’instruction l’informe du mandat de dépôt. Elle est transfé rée à la prison de Soto dans la proche banlieue
de Madrid pour les détenus préventifs et ne gagne sa cellule qu’à une heure du matin. Elle va la partager avec une jeune femme bri tannique, en détention depuis cinq mois pour un délit fiscal. Elle y passera 12 jours avant d’être transférée, le 26 juillet, dans une prison de femmes, à Brieva, à 130 km de la capitale. Un endroit normalement réservé aux condamnées. Ses avocats forment un recours le 21 juillet contre le mandat de dépôt, qu’elle estime difficilement justifiable puisque pour enfermer une personne, il faut qu’elle pré sente un risque de fuite, de destruction de preuve (or, les perquisitions avaient eu lieu
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Économie & Politique Beatriz Garcia
« Les Espagnols m’ont déjà jugée, car je suis la nièce de Francisco Paesa. »
en 2009) et une « alarme sociale ». Ce der nier dispositif avait été déclaré illégal en 2009. Le recours est déposé peu avant les vacances judiciaires, mais la loi prévoit qu’il doit être examiné dans les 30 jours qui suivent son dépôt. Toutefois, la secré taire devant fixer les audiences ne rentrera de congés que le 3 septembre. L'avocate ne peut pas espérer voir son affaire tranchée avant le 26 septembre. Elle prend conscience qu’elle passera l’été derrière les barreaux : « C’est là que j’ai commencé à perdre courage. »
CONFIANCE MUTUELLE MISE À MAL « Le système judiciaire européen se base sur la confiance mutuelle entre les États, on trouve ces grands mots dans les préambules des directives et c’est dans cette philosophie que l’on signe les traités, comme celui sur le mandat d’arrêt européen, et que l’on accepte d’être extradé vers l’Espagne », explique Me François Prum, l’avocat de Beatriz Garcia. Entre la philosophie des préambules, les textes et leur application pratique, il y a un vrai fossé. À Luxembourg, un recours contre un mandat de dépôt doit être examiné dans les 48 heures. En Espagne, c’est neuf semaines. « Les traités ne reposent sur rien d’autre que des vœux pieux des hommes politiques », déplore encore Me Prum. En prison, Beatriz Garcia lit beaucoup, dévore notamment le manuel du droit péni tencier, et rencontre des détenues extrême ment dangereuses, apprend le crochet et se réjouit d’aller à la messe le dimanche,
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vue comme une « excursion ». « On apprend à arrêter de juger », dit-elle. Le 21 juillet, jour où son recours est déposé, on lui annonce qu’elle a été classée dans le fichier spécial FIES répertoriant les détenus liés à des organisations criminelles et susceptibles de mettre en péril la sécurité de la prison et des gardiens. Un dispositif stigmatisé par les défenseurs des droits de l’Homme comme étant anticonstitutionnel. Ce fichage, normalement réservé aux terro ristes (de l’ETA par exemple), change son régime carcéral : l’avocate voit ses communi cations téléphoniques restreintes et ses cour riers limités à deux par semaine. Jusqu’alors, elle n’avait pas versé une seule larme sur son sort, mais là, elle craque. Toujours est-il que ce statut FIES lui vaut le respect de ses codétenues. Une des femmes caïds de la prison lui assurera même sa « protection ». À Brieva, c’est une longue attente qui com mence, celle de la date des plaidoiries de son recours. La fixation dépend du retour de vacances d’une secrétaire. La date est enfin fixée au 26 septembre. Le 29 septembre, son client, Juan Carlos Cueto, qui avait été placé sous mandat de dépôt presque en même temps qu’elle et dont le recours fut également plaidé le 26 septembre, est libéré sous caution (100.000 euros). Sa femme l’avait été dès juillet pour le double de cette somme. Beatriz Garcia doit encore ronger son frein et, philosophe, se dit qu’elle fêtera peut-être Noël à Luxembourg. Elle est finalement libérée sous caution de 100.000 euros le 2 octobre à minuit. Mais son calvaire n’est pas fini pour autant. Dans un premier arrêt, les juges l’autorisent à quitter le sol espagnol
pour retourner travailler à Luxembourg, mais cette décision, sur appel du Parquet de Madrid, est retoquée le lendemain pour cause « d’erreur matérielle ». Elle ne peut pas quitter l’Espagne alors qu’elle n’y est pas résidente. Après négociation et un appel de cette déci sion restreignant sa liberté, elle est enfin autorisée à prendre l’avion le 13 octobre pour s’occuper de son cabinet où elle n’avait pas remis les pieds depuis près de trois mois, à la condition de « pointer » deux fois par mois devant la justice espagnole. « Je me sens un peu comme une gamine devant chaque fois demander l’autorisation pour se déplacer », dit-elle. Le 28 octobre, elle était toujours coincée, en Espagne, après un premier poin tage, et attendait toujours l'autorisation de se déplacer pour revenir à Luxembourg. Beatriz Garcia sera jugée en Espagne, avec une quarantaine d’autres personnes, lorsque l’instruction sera terminée, ce qui pourra prendre facilement deux ans. « Les Espagnols m’ont déjà jugée, car je suis la nièce de Francisco Paesa (l’ancien chef des services secrets, ndlr) », indique-t-elle. Au Luxembourg, Beatriz Garcia a aussi eu son lot de déceptions lorsqu’elle séjournait dans les geôles madrilènes : certaines banques luxembourgeoises lui ont demandé de se démettre de ses mandats d’administrateur de sociétés. ◄ En résumé L’avocate du Barreau de Luxembourg Beatriz Garcia a pu rentrer au Grand-Duché le 13 octobre après avoir passé trois mois en détention préventive dans le cadre d’une affaire de fraude fiscale présumée. En Espagne, on la présente volontiers comme la tête d’une organisation criminelle. Elle évoque pour nous les conditions de son incarcération, le fonctionnement de la justice espagnole et la présomption d’innocence.
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Économie & Politique Luxembourg Internet Days
05 Une plateforme virtuelle aux atouts bien réels ► Lu-Cix peaufine la troisième édition de son événement phare sur l’internet. ► Le programme se concentre sur trois piliers majeurs pour l’ICT : le gaming, la sécurité et les data centers. ► L’initiative B2B vise, plus que jamais, à positionner le pays comme plateforme européenne idéale. ― Texte : Thierry Raizer ― Photo : Mike Zenari Une quarantaine de speakers, quelque 400 participants déjà enregistrés, les compteurs conti nuent de tourner préalablement à la troisième édition des Luxem bourg Internet Days, l’événement phare organisé par l’asbl Lu-Cix. « Il repose cette année sur un nouveau concept, car nous combinons trois thématiques et un programme très large pour convenir à l’audience professionnelle que nous visons », déclare Frédérique Ulrich, business development manager et event manager au sein de Lu-Cix. Aux côtés du CEO Claude Demuth, elle est la cheville ouvrière d’un événe ment qui entend élargir le spectre de son public cible vers les PME, tout en restant dans le créneau B2B. « Nous voulons attirer des intervenants de haut niveau et capables d’aborder le sujet dans l’air du temps ou porteur », résume Frédérique Ulrich. Avec cette cou verture des grandes tendances, la présentation des projets d’entre prises et la venue de personnali tés telles que le Premier ministre et également ministre des Médias et des Communications, Xavier Bettel, Lu-Cix compte bien pour suivre son travail de positionne ment du Luxembourg dans le champ de l’internet à haut débit entamé en 2009. « Il est important que nous puissions compter sur des rendez-vous de ce type qui montrent comment ce secteur porteur de notre économie évolue, dans le contexte de la stratégie
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Digital Lëtzebuerg », déclare Marco Houwen, président de Lu-Cix. Celui qui est actif dans l’ICT depuis plusieurs années, notamment via la création de Datacenter Luxembourg avec Xavier Buck en 2000, salue l’ini tiative prise par le gouvernement. « Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais lorsqu’un Premier ministre s’adresse au public pour porter les messages du secteur, cela donne un impact particulier auprès des interlocuteurs internationaux », ajoute Marco Houwen. Secteur en évolution permanente par essence, l’internet offre de nombreuses possibilités pour le Luxembourg. Outre les data centers qui ont fortement contribué à mettre le GrandDuché sur la carte de l’ICT, deux autres domaines émergent au tra vers du programme de l’événe ment : la sécurité informatique et les jeux en ligne. Ceux-ci peinent quelque peu à naître depuis le Luxembourg quant à leur partie créative, même si des acteurs internationaux y ont posé leur structure européenne.
ENCOURAGER LES TALENTS Il n’empêche, les talents sont déjà sur place et ne demandent qu’à éclore, à l'instar du studio Carbon Fire, fondé en septembre 2014 à l’initiative de deux jeunes déjà actifs au Luxembourg dans
d’autres secteurs : Jérôme Labbé et Rémy Piot. Ils se sont rencon trés lors d’un Barbecue Game Jam du Technoport l’an dernier. L’événement avait justement pour objectif de créer un jeu commercial en un temps record. « Nous avons monté notre studio en tant qu’auto-entrepreneurs en France dans la foulée de notre rencontre, en espérant ouvrir rapidement une société au Luxembourg », déclare Jérôme Labbé. Et l’alchi mie semble plutôt bien fonction ner, puisque leur jeu, Frenchy Bird, sera lancé d’ici à la fin de l’année aux États-Unis sur la console Wii U de Nintendo, avant une commercialisation dans d’autres régions. « Notre but est d’ouvrir un studio créatif au Luxembourg, et pas juste une adresse », ajoute le concepteur âgé de 28 ans. Acteur bien implanté dans la sphère ICT du pays, Luxtrust fait aussi partie des intervenants de l’événement, par la voix de Thomas Kopp, head of information technologies. Son intervention traitera d’un enjeu clé pour les entreprises, celui d’assurer une dématérialisation des flux d’infor mation en toute sécurité. « Il y a un besoin de nombreux services pour mettre en place une telle
approche, observe Thomas Kopp. Notre objectif est donc d’apporter notre expertise en matière de signature électronique en complément de l’offre des autres acteurs luxembourgeois. » La possibilité de dis poser depuis le Grand-Duché de tous les éléments de la chaîne de valeur est un atout à vendre à l’étranger. « Notre objectif principal reste de supporter l’écosystème local qui nous nourrit, mais nous voulons aussi conquérir de nouveaux marchés et nous observons que de plus en plus de demandes extérieures nous sont adressées », ajoute Thomas Kopp. Une approche qui résume à elle seule le positionnement d’un pays qui a toujours misé sur un écosystème local dense et une ouverture vers les marchés étran gers. Quel que soit le secteur économique concerné. ◄ En résumé Les Luxembourg Internet Days 2014, dont Paperjam est partenaire média, se déroulent à la Chambre de commerce et débutent le lundi 17 novembre dès 13 h 30 avec luxembourg-gaming.com focalisé sur l’industrie du divertissement digital. Le lendemain, la séance de la matinée (dès 9 h 30) sera dédiée à la sécurité internet (luxembourg-security.com). L’après-midi sera orientée sur les data centers (luxembourg-datacenters.com). Les inscriptions gratuites sont accessibles via www. luxembourg-internet-days.com.
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Économie & Politique Secteur alimentaire
De quoi lire sur l’étiquette
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► Un nouveau règlement européen relatif à l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires entre en vigueur en décembre. ► Il faudra signaler les allergènes contenus dans un produit proposé à la consommation, qu’il soit préemballé ou servi en boucherie, au restaurant ou par un traiteur. ► Un défi de taille pour le secteur, dont les acteurs ont souvent anticipé. ― Texte : Michaël Peiffer ― Photo : Olivier Minaire
La réglementation euro péenne en matière d’étiquetage et de renseignements obligatoi res évolue en cette fin d’année. L’objectif d’élever le niveau de protection de la santé et des intérêts des consommateurs et de leur fournir ainsi les élé ments pour pouvoir choisir leurs produits en connaissance de cause est louable. Il implique toutefois de nouvelles adapta tions importantes pour le sec teur alimentaire, au Luxembourg comme ailleurs. « Comme le règlement en question date de 2011, nous avons heureusement anticipé son entrée en vigueur prévue ce 13 décembre 2014, explique Reynald Debargue, directeur assurance qualité du Groupe Steffen. Il a un impact sur toutes nos activités, qu’il s’agisse des boucheries, de notre restaurant de Steinfort ou de notre service traiteur. » Afin de ne pas induire en erreur le consommateur final sur les caractéristiques d’un produit, sa composition ou son origine, les mentions obligatoires ont été élargies. « Nous devrons désormais indiquer tous les allergènes présents dans un produit servi au client, ce qui ne se fait pas sans mal. » Ainsi, 14 allergènes majeurs sont repris dans la nouvelle réglemen tation européenne. On y retrouve le gluten, les crustacés, les œufs, le poisson, les arachides, le soja, le lait, les fruits à coque… S’ensuit aussi l’obligation de men tionner les allergènes dans la liste des ingrédients, et ce autant de fois qu’ils apparaissent dans le produit. Il faut en outre les mettre en évidence par une
impression qui les distingue clairement du reste de la liste des ingrédients, par exemple au moyen du corps de caractère, du style ou de la couleur de fond. Si l’on ajoute à cela des exigences en matière de taille minimale des caractères d’impression, le défi devient conséquent… Cette nouvelle obligation implique que le vendeur dispose notamment d’une fiche d’identi fication pour chaque ingrédient qui entre dans la composition d’un produit fini. Si cette fiche existe chez les gros fournisseurs du secteur agro-alimentaire, c’est moins évident pour une matière première qui vient d’un petit arti san local, comme cela peut sou vent être le cas au Luxembourg. « Ces modifications allongent considérablement l’étiquette d’un produit. Elles demandent par ailleurs des moyens financiers, humains et informatiques importants, constate Reynald Debargue. Pour nous, cela passe notamment par un changement d’étiqueteuses. Mais aussi par le développement plus poussé d’un logiciel dont nous disposions déjà pour notre activité de traiteur, afin de générer une liste des allergènes en fonction des produits servis lors d’un événement. »
ALLERGÈNES À LA CARTE On imagine ce que cela peut représenter pour un petit pro ducteur ou artisan. Car le coup de l’étiquette aura aussi un coût… Si un groupe comme Steffen a largement anticipé la réforme en informant les clients de ses
▲ L’étiquette des produits va considérablement s’allonger d’une liste de mentions obligatoires. Et dans deux ans, une nouvelle étape sera franchie.
boucheries dès 2007 au sujet des principaux allergènes pré sents dans une préparation ou en indiquant les plats sans glu ten sur la carte de son restau rant depuis trois ans déjà, la plupart des acteurs ont encore de sérieux efforts à fournir. « À partir du 13 décembre, chaque restaurateur devrait être en mesure d’indiquer sur sa carte la liste des allergènes en regard de chaque plat proposé et d’assurer une veille quant à l’évolution de tous les ingrédients qui entrent dans la composition de ses plats, tout au long de l’année. » La problématique prend encore une autre dimension si l’on s’in téresse au métier de traiteur, qui propose une large gamme de produits et s’adapte en per manence aux volontés du client. Sans compter les inconnues qui subsistent quant à la meilleure façon d’informer les convives
d’une soirée… Et encore, ce n’est qu’un début. Le 16 décembre 2016, une nouvelle étape sera franchie avec l’introduction de l’indication de la valeur nutrition nelle des produits préemballés. Si l’esprit de la loi va dans le bon sens, on peut tout de même s’in terroger sur la capacité qu’ont les petits artisans à répondre à ces nouvelles exigences. Les investissements doivent parfois être conséquents, ce qui désa vantage moins les grands pro ducteurs, voire les industriels du secteur. « Ce qu’un acteur du secteur doit garantir, c’est un produit sain et bon. La confiance doit être de mise entre l’artisan qui œuvre en toute transparence et le consommateur en quête de qualité », conclut Reynald Debargue. Car ce n’est pas encore à l’ex haustivité d’une étiquette que l’on reconnaît la valeur gustative d’un produit. ◄ En résumé Ce 13 décembre 2014, un nouveau règlement européen relatif à l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires entre en vigueur. Le vendeur sera dans l’obli gation de mentionner tous les allergènes con tenus dans un produit proposé à la consom mation, qu’il soit pré-emballé ou servi en boucherie, au restaurant ou par un traiteur. Un défi de taille pour le secteur.
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Économie & Politique Archivage électronique
07 La dernière ligne droite ► Le projet de loi sur l’archivage électronique, dans les tuyaux de la Chambre des députés depuis février 2013, sera adopté après le 15 novembre. ► Le texte vient d’être renvoyé au Conseil d’État, qui doit l’aviser une troisième fois, après des oppositions formelles. ― Texte : Véronique Poujol ― Photo : Luc Deflorenne
▲ En attendant que la pratique de numérisation des données se généralise, les alignements de classeurs ont encore de beaux jours devant eux.
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Les quelque 20 data centers risquent d’être pris d’assaut lorsque le texte de loi, dans les tuyaux de la Chambre des députés depuis le mois de février 2013, sera adopté et que le Code civil et le Code de commerce subiront des modifications de manière à accorder la même valeur probante aux copies numériques qu’à des actes papiers originaux. Le 20 octobre dernier, Mars di Bartolomeo, le président socialiste de la Chambre des députés, a adressé un courrier au président du Conseil d’État en lui soumettant les derniers amendements que les députés de la commission de l’économie avaient pris cet été en accord avec le gouvernement, dans l’espoir d’avoir une loi sur l’archivage électronique avant la fin de l’année. Il s’agissait de lever les dernières oppositions formelles que les Sages avaient émises sur le texte et faire ainsi l’économie d’un vote en seconde lecture, qui retarderait d’autant sa mise en œuvre, alors que le secteur privé piaffe d’impatience pour dématérialiser ses archives papier. Les lignes avaient bougé cet été, sous la houlette du président de la commission de l’économie, Franz Fayot (LSAP) et de fonctionnaires du ministère qui ont consacré pas mal de temps pour débloquer un projet de loi dans l’impasse depuis les élections anticipées. Il s’agissait aussi de lever les dernières réticences du Conseil d’État, portant notamment sur les pouvoirs réglementaires octroyés à l’Ilnas (Institut luxembourgeois de normalisation), pour accréditer les prestataires de services de dématérialisation de documents et de conservation. Pour les Sages, il était hors de question, par exemple, que l’Ilnas, qui n’est pas un établissement public mais une simple administration relevant du super ministère de l’Économie, puisse être doté du pouvoir d’édicter des règlements (des règles techniques sur lesquelles l’institut avait planché des heures) et accréditer les prestataires de services dématérialisés (PSCD). En cause aussi, le fait de réserver l’activité de dématérialisation
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Économie & Politique Archivage électronique et de conservation aux seules personnes morales, c’est-à-dire les sociétés. Ce qui allait, selon les Sages, à l’encontre de la liberté de commerce. Les amendements apportés au texte permettent d’ouvrir l’activité « à toute personne ».
PRIVILÈGE DE L’INSAISISSABILITÉ Pour contourner les difficultés juridiques, les règles techniques sur la dématérialisation des documents, faisant l’objet d’un volumineux manuel (plus de 100 pages), seront publiées sous la forme d’un règlement grand-ducal annexé au projet de loi pour faire de ce référentiel national de certification élaboré par l’Ilnas une « norme légale » (et neutre du point de vue technologique). D’ailleurs, le texte remanié proposé au Conseil d’État a rayé du dispositif « toute référence au référentiel national ». Parce que la matière est assez réglementée et qu’il s’agit de normes techniques, le projet de règlement grand-ducal et sa volumineuse documentation ont dû être notifiés le 15 août dernier aux services de la Commission européenne (alors que les travaux de la commission de l’économie avaient été bouclés en juillet), après que les amendements ont été apportés. Il s’agissait d’un préalable nécessaire pour ouvrir la route à la reconnaissance et à la force probante des documents électroniques pour le Luxembourg, qui veut être le premier en Europe à « normaliser » la dématérialisation et la conservation de documents et à tenter d’imposer « son » standard. Cette procédure de communication ne nécessite pas de feu vert de la part de Bruxelles. Il faut juste observer un délai de trois mois (période dite de stand still) entre la notification de la réglementation technique et l’adoption du projet de loi. Ce qui, de facto, permet d’espérer un déblocage définitif du dossier à partir du 15 novembre. « Ce délai de trois mois, souligne Franz Fayot, s’impose aux États membres de l’Union européenne lorsqu’ils élaborent des documents du type de celui qui contient les certifications techniques pour l’archivage électronique. » Jusqu’à présent, la transmission du projet de règlement grand-ducal n’a suscité aucune réaction de la part des services de la Commis sion européenne, ce qui est bon signe pour mettre le projet de loi sur les radars de la Chambre des députés. « Nous espérons que le projet de loi pourra être adopté en novembre ou en décembre, à tout le moins avant la fin de l’année. Ce serait une bonne nouvelle, car une règlementation est attendue par un certain nombre d’entreprises de la place financière », indiquait récemment Franz Fayot. Les amendements apportés par le ministère de l’Économie au projet de loi en juillet ont permis aussi de lever d’autres difficultés juridiques en cas, par exemple, de faillite du prestataire de services dématérialisés et de saisie de ses serveurs pour rembourser ses
créanciers. Aussi, les serveurs de ces opérateurs seront-ils considérés au même titre que les coffres-forts des banques : leurs contenus appartiennent aux locataires de ces dépôts sécurisés, même en cas de faillite du propriétaire des lieux. Les prestataires ne seront pas autorisés à constituer des sûretés et des garanties sur le hardware où les originaux et / ou les copies qui leur sont confiés vont être stockés. Tous les serveurs ne seront pas frappés par cette interdiction, précise la version définitive du projet de loi. Il suffira de préserver un seul data center du prestataire et non pas tous les endroits où les données sont conservées, pour que leur propriétaire puisse les récupérer à tout moment. Et pour s’assurer que les données ne puissent pas être saisies à la suite d’une défaillance d’un prestataire qui ne relèverait pas du secteur financier (la CSSF impose une localisation des données sur le territoire), et parce qu’il n’y a pas d’harmonisation de cette matière dans les 28 de l’UE, mieux vaudrait pour ses clients que ces données soient stockées au Luxembourg. À tout le moins qu’ils soient informés « sans équivoque » du lieu géographique du stockage des données. Comme le signale le projet, « tout client d’un PSDC pourrait être exposé au risque d’une saisie de ses données par des administrations d’un autre État s’il n’a pas la garantie que son PSCD assure le stockage de ses données sur le territoire luxembourgeois ». Il y aura donc insaisissabilité des matériels et supports sur lesquels est placé « un exemplaire à jour des copies probantes et originaux conservés pour le compte des clients » du prestataire. Les autres copies pourront être saisies. Si ces dispositions ont été au centre de débats entre le Conseil d’État, les députés et le ministère de l’Économie, c’est bien parce qu’au départ le projet de loi contenait des éléments jouant de manière très appuyée sur le registre de la préférence nationale. L’idée étant bien sûr d’assurer le remplissage des data centers installés sur le territoire, en imposant des restrictions au stockage des données, sous prétexte de protéger le client. Un député de l’ADR avait d’ailleurs résumé la situation, en commission de l’économie, en indiquant que les « garanties légales » de faire traiter ses données dans les centres de données nationaux pourraient être « un atout supplémentaire pour le développement du secteur de l’archivage électronique au Luxembourg ». Il y a toutefois peu d’espoir que ce projet de loi crée une nouvelle niche économique, admettent les promoteurs luxembourgeois de l’e-archiving. « Il représente, précisent-ils néanmoins, un élément important pour l’avenir du secteur des services électroniques. » ◄
CSSF
Les « principes prudentiels »
Le régulateur a encadré l'usage du cloud. La CSSF a émis en 2012 un certain nombre de « principes prudentiels » pour encadrer l’utilisation du nuage informatique (cloud) par le secteur financier, en rappelant notamment la clause de localisation au Luxembourg des données informatiques. Une disposition contestable du point de vue de la libre circulation des biens et services dans l’UE. Dans son rapport annuel de 2011, le régulateur avait balisé une première fois le terrain avant de produire une circulaire un an plus tard (12/544), en rappelant des principes de base comme la transparence totale des prestataires sur les modalités de mise en cloud, la localisation géographique des données (de préférence sur le territoire luxembourgeois pour avoir une meilleure maîtrise des flux d’informations), les mécanismes de ségrégation des environnements et les attribution des ressources. La circulaire de 2012 était revenue à la charge, avec un cadrage juridique des risques encourus par les opérateurs du secteur financier en cas de panne ou de défaillance de l’un d’eux. Il s’agit surtout de pouvoir assurer la continuité de la gestion et du traitement des données, afin que les informations ne tombent pas dans les mains de gens mal intentionnés. Les prestataires ne seront pas autorisés à constituer des sûretés et des garanties sur le hardware où les originaux et / ou les copies qui leur sont confiés vont être stockés. Les serveurs des prestataires seront considérés au même titre que les coffres-forts des banques : leurs contenus appartiennent aux locataires de ces dépôts sécurisés, même en cas de faillite du propriétaire des lieux. V. P. ◄
En résumé Les acteurs attendent le texte de loi sur l'archivage électronique. Il est dans les tuyaux de la Chambre depuis février 2013. Le Code civil et le Code de commerce subiront des modifications de manière à accorder la même valeur probante aux copies numériques qu’à des actes papiers originaux. Le vote doit intervenir d’ici à la fin de cette année.
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08 Front impopulaire ► Le sondage TNS-Ilres / Tageblatt montre une population résidente majoritairement méfiante à l’égard du gouvernement et des mesures annoncées. Le sondage d'opinion commandé par le Tageblatt à TNSIlres constitue un premier et sérieux coup de froid pour l’équipe de Xavier Bettel, juste après les annonces du budget et des premiers éléments du « paquet d’avenir ». 64,6 % de la population se disent mécontents de l’action du gouvernement. 48,5 % des sondés jugent même que l’exécutif n’est « pas compétent ».Clairement, les mesures annoncées passent mal. En particulier l’introduction d’un impôt de solidarité de 0,5 % destiné aux prestations pour l’enfance : 71,1 % des personnes interrogées y sont opposées. Dans les détails, on observe que le taux d’opposants atteint 82,9 % des sondés dont les revenus sont de 5.000 à
PHOTO : SVEN BECKER (ARCHIVES)
Économie & Politique Opinion / Diplomatie économique
6.000 euros mensuels, soit 10,9 % de plus que la catégorie de 6.000 à 8.000 euros et 12,3 % de plus toujours parmi les revenus supérieurs à 8.000 euros par mois. Ce sont les Luxembourgeois qui y sont le plus farouchement opposés (75,6 %), devant les résidents étrangers en général (66,2 %). Quant à l’âge, cela passe le plus mal auprès des 45-54 ans (77,7 %), devant les 55-65 ans (73 %) et les 35-44 ans (72,8 %). F. A. / A. D. ◄
► Xavier Bettel, pour la première fois, doit faire face à une opinion défavorable.
09 Liens resserrés avec les Émirats Sous la houlette de Xavier Bettel et Pierre Gramegna, un voyage à Abu Dhabi et Dubaï a permis de resserrer les liens avec les Émirats arabes unis. La Bil y a cueilli les premiers fruits, en ouvrant sa succursale de Dubaï, clairement orientée vers le wealth management, la structuration internationale et l’expertise en finance islamique. Entre autorités, ont notamment été signés un protocole modifiant (en conformité avec les règles OCDE) la convention entre le Luxembourg et les Émirats t endant à prévenir les doubles impositions et la fraude fiscale en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune, un accord de coopération entre les places financières de Luxembourg et d’Abu Dhabi, en matière de ◄ Entrevue avec le Premier ministre des Émirats arabes unis, Mohammed ben Rachid Al Maktoum.
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finance islamique, ainsi qu’un accord, avec la Banque centrale des ÉAU, facilitant les procédures administratives relatives aux demandes de remboursement émanant de créditeurs locaux, suite à la liquidation de la BCCI. Les Luxembourgeois ont multiplié les entrevues avec des acteurs majeurs de la région. On a notamment parlé de renforcement des liens en matière de fonds d’investissement, mais aussi de tourisme ou de logistique. À Dubaï, Xavier Bettel a aussi participé au World Islamic Economic Forum. L’image du Grand-Duché y a encore grandi. Lors d’une rencontre avec le président de la Banque islamique de développement, ce dernier a d’ailleurs souligné l’importance du Luxembourg comme centre de la finance islamique en Europe, « place idéale » pour l’émission de sukuk. F. A. / A. D. ◄
PHOTO : SIP / MFIN
► Finance islamique et gestion de fortune poussent la Place, accords politiques et économiques à la clé.
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Économie & Politique Tourisme d’affaires
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berg
― Texte : Thierry Iochem
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Le 23 octobre dernier, la secrétaire d’État à l’Économie Francine Closener a annoncé la constitution d’un cluster (ou grappe d’entreprises) dans le tourisme d’affaires et les congrès. Le cluster Mice (pour Meetings, Incentives, Conventions and Exhibitions) compte déjà 23 adhérents parmi lesquels un certain nombre d’hôtels, des professionnels du transport, des lieux culturels et autres institutions. Il regroupera les acteurs professionnels du secteur afin de développer et de fédérer leur expertise et leur savoir-faire. Il s’agit de contribuer activement à un meilleur positionnement du Luxembourg en tant que destination attractive dans le domaine du tourisme d’affaires et de congrès. « L’idée vient des différents acteurs de la filière qui nous ont approchés, pour faire état des besoins du marché qui présente un important potentiel de croissance », précise la secrétaire d’État. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le secteur du tourisme d’affaires représente, à l’heure
▲ Les événements, lies aux incentives ou en marge des congress, font partie des atouts à faire valoir dans une stratégie d’accueil du tourisme d’affaires.
actuelle, 6,5 % du PIB luxembourgeois, soit davantage que l’industrie classique (5,5 %). Ce qui, traduit autrement, représente un chiffre d’affaires annuel estimé à 3 milliards d’euros. Le secteur emploie 20.000 personnes. Avec 913.000 et 230.000 nuitées, le tourisme d’affaires et les congrès représentent respectivement 57 % et 14 % des nuitées dans l’hôtellerie. Sur le plan national, le cluster favorisera une collaboration étroite entre les acteurs publics et privés : échange d’informations, développement et valorisation de l’offre, élaboration de la stratégie de promotion, communication
PHOTO : LUXEMBOURG CONGRÈS
► Francine Closener a lancé un cluster pour le secteur Mice (Meetings, Incentives, Conventions and Exhibitions). ► L’importance de la Place fait du Luxembourg une destination très prisée des hommes et femmes d’affaires du monde entier. ► Les initiatives se multiplient pour répondre aux besoins de cette clientèle exigeante sur un marché en constante évolution.
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Économie & Politique Tourisme d’affaires auprès des décideurs politiques et économiques, formation continue, projets de recherche. Et à l’international, il visera à améliorer la lisibilité des marchés étrangers par une meilleure connaissance des clientèles et acteurs professionnels.
UNE STRATÉGIE, UN DIALOGUE Le cluster animera plusieurs commissions techniques qui se pencheront sur le potentiel d’amélioration au niveau de l’accueil de la clientèle visée, la mise en place d’un obser vatoire ou par l’implémentation au Luxembourg d’un « guichet unique ». Cette initiative ne risque-t-elle pas de faire doublon avec les structures déjà existantes comme Luxembourg City Tourist Office (LCTO), présent depuis 30 ans sur le segment du tourisme d’affaires au Luxembourg via le Luxembourg Convention Bureau (LCB) ? « Nous estimons qu’une bonne partie du chemin vers un guichet unique est d’ores et déjà franchie. Bien entendu, nous accompagnerons avec beaucoup d’intérêt cette discussion pour examiner dans quelle mesure l’offre actuelle serait à compléter, voire à améliorer », indique Tom Bellion, directeur du LCTO et du LCB. Et de considérer le nouveau cluster comme une alliance stratégique. « La plus-value consiste dans la mise en place d’un dialogue structuré et structurant entre les acteurs, de les fédérer et de mettre en place un processus de réflexion et de planification orienté vers des objectifs communs », poursuit-il. Le directeur du LCTO se plaît à rappeler que le Luxembourg a connu depuis les 10 dernières années une formidable évolution en termes d’infrastructures pour le tourisme d’affaires et de congrès, avec par exemple le Centre de conférences Luxembourg-Kirchberg, Neimënster (l’exCCRN) ou la Philharmonie pour les conférences et événements d’entreprises, l’in frastructure de la Chambre de commerce, le nouveau hall de l’aéroport ainsi que des hôtels, nouveaux ou rénovés, dûment équipés pour les événements et conférences. Mais pas question de se reposer sur ses lauriers : le LCTO a ainsi mis en place une stra tégie de marketing coordonnée comportant entre autres des campagnes de publicité ciblées auprès d’une clientèle potentielle de plus de 850.000 décideurs internationaux. Résultat : depuis le début de l’année, près de 250 demandes concrètes (conférences, congrès, événements d’entreprises, etc.) ont été traitées pour la période 2014-2016. Ces demandes viennent en majorité des marchés de proximité (Belgique, Allemagne, France, Pays-Bas), mais aussi de la part d’entreprises internationales basées au Luxembourg. « Nous espérons, poursuit Tom Bellion, que le cluster se donnera les moyens pour développer des outils statistiques permettant, en toute transparence, de mieux cerner le tourisme d’affaires et de congrès venant au Luxembourg : des pays d’origine aux moyens de locomotion, types
de séjour, hébergement, budget de dépenses, mais aussi une enquête de motivation et de satisfaction de la clientèle d’affaires. Une meilleure connaissance de la clientèle et de ses besoins est indispensable pour développer des stratégies cohérentes et ciblées de promotion de la destination. »
THINK LOCALLY TO SUCCEED GLOBALLY En attendant, il sera toujours possible de se référer à la dernière étude du Statec, l’Institut national de la statistique et des études économiques, pour connaître les us et coutumes des voyageurs d’affaires résidents luxembourgeois. Après une année morose en 2010, les voyages d’affaires sont repartis, atteignant l’an dernier le niveau le plus élevé jamais atteint (21 %). L’an dernier, près d’un résident luxembourgeois sur cinq en âge de travailler a effectué un déplacement professionnel avec nuitée. Soit le niveau le plus élevé atteint au cours de la dernière décennie. Ils ont ainsi effectué près de 275.000 déplacements professionnels avec nuitée et dépensé quelque 624 millions d’euros. Contrairement aux voyages de loisirs qui atteignent un pic en été, les voyages d’affaires se répartissent sur toute l’année. Sans surprise, ils diminuent en août pendant les vacances estivales et sont les plus nombreux en octobre et novembre. La durée moyenne des déplacements professionnels est restée assez stable au cours de la dernière décennie, aux alentours de trois nuitées en moyenne. Les voyages en Europe durent généralement 2,9 nuitées, contre 5,6 nuitées aux États-Unis et 8,3 nuitées pour l’Asie. « Cette étude est très complète et fournit toute une foule d’informations sur l’outgoing », relève Tom Bellion. On y voit ainsi que la majorité des voyages d’affaires mène en Europe (88 %). Proximité oblige, l’Allemagne, la France et la Belgique constituent les principales destinations avec respectivement 21 %, 18 % et 13 % des déplacements professionnels. En tête des destinations extra-européennes, on retrouve les ÉtatsUnis et la Chine. Ces dernières années, ce sont surtout les voyages vers le marché asiatique qui se sont légèrement renforcés. Signe des temps : l’Office national du tourisme faisait partie de la mission économique du gouvernent en Corée du Sud et au Japon pour augmenter la visibilité et la notoriété du Luxembourg en tant que destination touristique auprès des voyagistes, agents de voyages et journalistes locaux. Ne reste plus qu’à attendre les retombées. Car les voyageurs sont aussi porteurs d’affaires. ◄
Portrait-robot
Gros plan sur le travelling
Voyageur en col blanc, aimant l’avion et l’hôtel, mais ne dédaignant pas le train.
En extrapolant l’étude du Statec, on peut risquer un portrait-robot. Le voyageur d’affaires luxembourgeois a deux fois plus de chances d’être un homme qu’une femme. Il est le plus souvent âgé de 30 à 49 ans. Il y a de fortes probabilités qu’il fasse partie des « cols blancs » (38 %) et qu’il exerce en indépendant (47 %). Globalement, 44 % de tous les voyages d’affaires en partance du Grand-Duché sont effectués par une personne de nationalité luxembourgeoise. La part des voyageurs d’affaires résidant au Luxembourg est de 32 % parmi les Allemands, 34 % chez les Français et près de 40 % parmi les Italiens. Lors de son déplacement, notre touriste d’affaires luxembourgeois préfère de loin séjourner à l’hôtel (88 %). Enfin, à l’exception des voyages dans les pays voisins – l’Allemagne, la France et la Belgique, mais aussi les Pays-Bas –, l’avion reste le moyen de locomotion pour lequel il opte le plus souvent (48 % des déplacements) devant la voiture (32 %) et le train (19 %). À noter enfin que si la répartition entre les différents moyens de locomotion est elle aussi restée relativement stable au cours des dernières années, depuis 2004, les hommes et femmes d’affaires optent de plus en plus pour le déplacement en train plutôt que de prendre la voiture. T. I. ◄
En résumé Il y a le résident ou celui qui part de Luxembourg pour ses voyages d’affaires. Il y a surtout le potentiel énorme que constitue le tourisme d’affaires, lié au vaste secteur Mice (Meetings, Incentives, Conventions and Exhibitions). Luxembourg est déjà une destination prisée par le business. Un nouveau cluster entend augmenter cette attractivité et cette visibilité.
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Entreprises Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite neuf sujets clés sélectionnés par la rédaction. L’étude d’avocats Elvinger, Hoss & Prussen, à travers sa société immobilière Conimar, veut faire démolir la Villa Churchill (située sur la place du même nom) et y faire construire un bâtiment « moderne » de plus de 2.000 m2 sur 10 niveaux, conçu par la célèbre agence d’architecture de Miami Arquitectonica. La Ville de Luxembourg s’y oppose. Dans ce quartier à proximité du parc municipal, les anciennes maisons de maître sont protégées et le tri bunal administratif a donné, en ce sens, raison à la municipalité. « En tant que femmes, nous ne devons pas avoir de complexe d’infériorité et oser dire ce que l’on fait. » Ainsi s’exprime Christiane Wickler, la présidente de la Fédération des femmes cheffes d’entreprise, en marge des célé brations du 10e anniversaire de la FFCEL, créée à l’époque à l’ini tiative de l’UEL et du ministère de l’Égalité des chances. C’est un pur « produit maison », Timoteo Di Maulo, 55 ans, qui sera nommé à compter du 1er janvier 2015 CEO du producteur d’acier inoxydable et d’aciers spéciaux Aperam, basé au Luxembourg, dont la famille Mittal est le prin cipal actionnaire. Ce diplômé de l’École polytechnique de Milan et titulaire d’un MBA de l’Université Bocconi de Milan succédera à l’ac tuel CEO, Philippe Darmayan, 62 ans, qui part en retraite, mais qui conservera des liens avec la société en tant que conseiller et sera proposé comme membre du conseil d’administration à la pro chaine assemblée générale.
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L’annonce, par ArcelorMittal, de nou veaux investissements en France et en Belgique serait-elle synonyme d’un C'est le montant des désengagement du investissements promis géant mondial de la au Luxembourg par sidérurgie vis-à-vis du ArcelorMittal. Luxembourg ? À cette question posée par le député Marc Spautz (CSV), les ministres de l’Économie, du Travail ainsi que de l’Environne ment (Étienne Schneider, Nicolas Schmit et Carole Dieschbourg) ont répondu par la négative, indiquant que le groupe avait UpGrade, portée par les clubs confirmé, le 30 septembre der nier, des projets au Grand-Duché, Rotary Attert, Sûre et Semois et conformément au plan Lux 2016, Luxembourg-Vallée, et le forum Luxembourg Creative. Le projet, prévoyant 150 millions d’euros qui concernait aussi les entre d’investissement sur cinq ans. Ce qui n’a pas empêché les ministres, prises établies au Luxembourg, dans leur réponse, d’indiquer que a pour but d’intégrer des entre de manière générale, « les investispreneurs débutants au sein de sements industriels sont de plus en réseaux de networking solides. plus difficiles au Luxembourg du L’initiative est prévue d’être fait du contexte économique reconduite en 2015. actuel ».
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Cosmo, un poids lourd de l’indus trie pharmaceutique d’origine ita lienne, annonce vouloir délocali ser son siège au Luxembourg. Le projet a déjà obtenu le soutien des actionnaires principaux (plus de 65 % des actions en circulation), qui ont annoncé qu’ils ne feraient pas usage de leur droit de vendre leurs parts. Une assemblée géné rale extraordinaire se prononcera sur le projet de délocalisation le 14 novembre prochain. Cosmo a annoncé une double intention : celle de déplacer son siège social au Luxembourg, mais aussi de baser sa direction de groupe en Irlande. C’est finalement la jeune société Opal Systems (conception, fabri cation, vente et installation d’un émetteur de chaleur par le sol « réactif » en bois), codirigée par Pierre-Yves Franck, qui est le premier lauréat de l’initiative
Visant à un rapprochement entre le Casino Luxembourg et le Mudam, les quelques lignes du Zukunftspak du gouvernement ne passent pas auprès des deux direc teurs concernés. « Lire cette mesure et voir en même temps notre budget réduit de près de 10 % en 2018 a été une douche froide », explique Jo Kox, directeur administratif du Casino Luxembourg. « Les deux établissements sont deux institutions d’art contemporain qui fonctionnent très bien, qui sont très complémentaires et dont la réputation internationale contribue pour beaucoup à améliorer l’image de notre pays à l’étranger. Je ne vois pas l’intérêt d’y toucher pour réaliser d’hypothétiques économies pour l’instant », complète Enrico Lunghi, le patron du Mudam.
imposer des contraintes iden tiques, en plafonnant notamment ses tarifs. La joint-venture à 50/50 entre Join Wireless et Post Luxem bourg revendiquait un traitement à part, en tant que nouvel entrant, devant faire face à des coûts diffé rentiels supérieurs. Un argument balayé par le régulateur qui juge « très peu probable » qu’un opéra teur comme lui puisse faire état de tels coûts supérieurs aux autres opérateurs, alors qu’il n’investit pas dans un réseau et qu’il achète ses prestations auprès d’un opéra teur-hôte (en l’occurrence Post). Petit événement chez Microsoft Luxembourg : son dirigeant « his torique », Thierry Fromes, 50 ans, en place depuis 2003, a annoncé
Le Conseil de la concurrence considère qu’il faut traiter le dernier-né des opérateurs Join comme tous les autres et lui
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Entreprises Brèves
qu’il passera le relais d’ici à la fin de l’année. « C’est le bon moment pour passer à autre chose, j’avais envie de recommencer d’autres projets », déclare l’intéressé à Paperjam, indiquant ne pas avoir, à ce stade, pris de décision sur son futur professionnel. « Pour une fois, je veux prendre le temps de la réflexion. » L’actuelle présidente de l’associa tion Femme Leaders, Éliane Fuchs (également cofondatrice de la Fédération des femmes cheffes d’entreprise et ancienne prési dente du POG), a fait aveu de fail lite pour la société Vitalvie qu’elle avait créée en 2008 et qu’elle diri geait depuis. Selon le tribunal d’arrondissement qui a statué sur son sort, elle était en difficultés depuis le mois d’avril.
de proposer une nouvelle approche journalistique. « Nous avons souhaité prendre en compte l’évolution de la société en général, aussi bien au Luxembourg que partout ailleurs dans le monde », explique Danièle Fonck, la direc trice du groupe Editpress et rédac trice en chef du journal. À voir si cela sera suffisant pour enrayer la chute du lectorat mesuré ces dernières années par l’étude TNS Plurimedia. Le GIE Luxtram a laissé place à Luxtram SA : un changement de statut marquant un tournant important dans le développement du projet de tramway à Luxembourg. Alors que le GIE était en charge de la conception du développement du tram, la société anonyme est désormais en charge de sa planification, de sa mise en œuvre et de son
Explorator 20e ! La publication historique de Maison Moderne souffle aussi ses 20 bougies.
Les 20 ans de Maison Moderne (éditeur de Paperjam) coïncident avec la parution de la 20e édition du guide Explorator. L’édition 2014, désormais publiée en format pocket, propose une sélection ramenée à 250 restaurants, « les meilleurs dans leur catégorie », pré cise France Clarinval, la rédactrice en chef de la publication. Le quotidien eschois Tageblatt, qui a fêté son centenaire en 2014, a fait peau neuve : une maquette relookée avec une plus grande place accordée à la photo et aux infographies ; une organisation en huit cahiers et l’ambition avouée
exploitation à venir. La société Luxtram détient un capital de six millions d’euros, détenu à 2/3 par l’État luxembourgeois et le reste par la Ville de Luxembourg. Le premier tronçon du parcours, entre Luxexpo et le pont GrandeDuchesse Charlotte, est attendu pour le second semestre 2017. La quincaillerie Printz, enseigne emblématique de Gasperich, a cessé ses activités. Un pilier du commerce, fondé en 1860 et four nisseur de la Cour. Pour autant, l’émoi ne semble pas très grand, car l’activité, ainsi que le person nel sont repris par Hoffmann’s
Une recrue de choix pour Luxembourg Air Rescue
(les anciens établissements Hoffmann-Schwall), actif dans le même secteur du bricolage et des matériaux, avec deux magasins à Alzingen et Mersch. La Société nationale de crédit et d’investissement a présenté trois nouveaux instruments de financement à destination des entreprises luxembourgeoises, afin de mieux les soutenir, qu’elles soient PME / PMI ou grosses socié tés, avec le soutien de pas moins de sept banques de la Place (Banque de Luxembourg, BCEE, BCP, BGL BNP Paribas, Bil, ING et Raiffeisen). Le Prêt indirect déve loppement servira à concurrence de 12.500 à 10 millions d’euros à financer le business plan d’une PME ou d’une grande entreprise dans le cadre d’une création ou reprise d’entreprise, expansion, développement, innovation, etc. ; le Prêt recherche, développement et innovation servira à financer les dépenses liées à un projet d’in novation de produit ou service, de procédé ou organisationnel, avec un plafond à 250.000 euros ; le Prêt entreprises novatrices, enfin, d’un montant maximum de 1,5 million d’euros, s’adresse spécifiquement aux PME inno vantes de moins de huit ans. L’ancien patron de la Direction de l’aviation civile, Claude Waltzing, travaille désormais pour Luxem bourg Air Rescue (LAR), l’asbl de sauvetage aérien et de rapatrie ment médical où il s’occupe, pour l’heure, des opérations et de la maintenance. D’aucuns prédisent que l’association pourrait être amenée prochainement à suivre l’exemple de l’ACL, avec une direc tion collégiale et un comité de gérance de trois membres qui se répartiraient les tâches entre les opérations et la maintenance
(Claude Waltzing pourrait alors y avoir sa place), le volet légal et administratif et le marketing. Deux sociétés qui pourraient servir à la reprise du groupe de presse Nice-Matin ont été imma triculées, fin octobre, au Registre de commerce et des sociétés : Nice Matin Invest et sa filiale Services Presse Invest, derrière lesquelles on retrouve notamment le groupe de presse belge Rossel. Le tribunal de commerce de Nice tranchera le 7 novembre prochain sur le nom du repreneur du groupe qui édite, outre Nice-Matin, deux autres quo tidiens régionaux, Var-Matin et Monaco-Matin, placé en redresse ment judiciaire le 26 mai dernier. L’association Design Friends fête ses cinq ans. À cette occasion, son magazine Dee publie une inter view de Nadine Clemens, prési dente, et Mike Koedinger, viceprésident, qui y expriment leurs visions du design et le rôle qu’oc cupe cette discipline au sein de la société luxembourgeoise. Avec l’ambition que le design soit rec onnu comme étant un facteur dif férentiel ou encore ouvrir de nou veaux secteurs de marché. « Le design ne concerne pas seulement l’emballage, il peut aussi s’agir d’amé lioration de service, de design mana gement », précise M. Koedinger. L’homme d’affaires français Maurice Bidermann, l’ex-roi du textile, est dans le viseur du fisc français qui a demandé et obtenu la levée du secret bancaire sur ses comptes au Luxembourg pour retracer ses rentrées et sor ties d’argent et apporter la preuve qu’il réside bien en France et non pas au Maroc.
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Eagle, le privilège de la situation
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Paperjam Advertorial Somaco
► Situé à deux pas de l’aéroport, entre golf et forêt, le Findel Golf Office Park bénéficie d’une situation privilégiée pour les entreprises. ► Dans ce quartier d’affaires prisé, le nouveau bâtiment Eagle a accueilli ses premiers locataires et dispose d’encore quelques open spaces offrant une grande modularité. ► Le promoteur Somaco a fait appel à des artisans de qualité pour la construction du bâtiment Eagle, conçu pour un confort de travail optimal.
D’un côté le Gréngewald et ses chemins forestiers. De l’autre, l’aéroport du Findel, où atterrissent et décollent chaque jour des milliers d’hommes et de femmes d’affaires de tous horizons. Là, au carrefour de l’Europe, au milieu de ce décor mêlant business et nature, le promoteur immobilier Somaco a fait du projet Findel Golf Office Park le trait d’union intelligent entre ces deux univers aujourd’hui indissociables pour bon nombre d’entreprises, conscientes de l’importance pour leurs collaborateurs de « respirer », de prendre une heure pour parfaire leur swing ou de se libérer l’esprit le temps d’un footing. Pour cette nouvelle génération d’office workers, qui souhaite concilier carrière et vie privée qualitative, la situation du bâtiment Eagle est un privilège. Avec Eagle, Somaco n’a rien laissé au hasard. De la pierre naturelle suisse offrant des variations de couleurs au vignoble planté aux abords du bâtiment, du magistral escalier hélicoïdal aux larges ouvertures vitrées sur la forêt avoisinante, de la lumière naturelle aux techniques de chauffages perfectionnées, tout est réuni pour créer un cadre de vie unique, maximisant le bien-être au travail. Modulables, les surfaces disponibles restantes constituent les dernières opportunités pour profiter de ce privilège.
Affaires au grand air Qualité du lieu de travail et qualité de vie
La proximité immédiate de l’aéroport du Findel est devenue, pour de nombreuses entreprises, une condition primordiale au moment de s’installer ou de déménager. Avec le Findel Golf Office Park et ses bâtiments de bureaux à l’image de Eagle, le promoteur Somaco répond à cette demande grandissante. Dans cette zone naturellement privilégiée par les sociétés internationales, les entreprises bénéficient également de la proximité du centre d’affaires du Kirchberg et du centre-ville – deux destinations à un quart d’heure en bus – et d’une liaison directe avec la gare centrale ou encore avec la ville de Trèves. Le Findel combine qualité du lieu de travail et qualité de vie grâce à une offre variée en matière d’hôtellerie et de restauration, à son cadre naturel préservé, à ses crèches, ou encore à son prestigieux Golf-Club Grand-Ducal. Findel Golf Office Park est une réelle solution face à la demande croissante de locaux à Luxembourg.
La façade de Eagle offre de magnifiques variations de couleurs. ▼ ▲ Open spaces ou bureaux individuels, les plateaux sont modulables.
◄ Nature et architecture créent un cadre de travail unique.
PA P E RJ A M
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Entreprises Brèves
11 Mios
C’est l’impact réglementaire sur les revenus du 3e trimestre de Tango.
Le Lux Future Lab grandit : dans cet incubateur issu de la banque BGL, ce sont désormais pas moins de 17 start-up qui y sont hébergées, employant plus de 160 personnes. Ces créateurs de sociétés, aux horizons très variés, sont de 11 nationalités différentes.
recevoir le Prix créateur d’entreprise dans l’artisanat 2014, décerné par la Chambre des métiers, en collaboration avec BGL BNP Paribas. Il s’agit de Frank Daro (qui a créé une entreprise ayant pour objet la réalisation de tous services relatifs aux clavecins) ; Vitor Dos Santos Brandao
Le Lux Future Lab continue de grandir.
d’une existence juridique. Une étape qui fait du sens quelques semaines après la création d’ICTluxembourg, la « méta-fédération » regroupant tous les acteurs majeurs du secteur, présidée par Gérard Hoffmann, qui se trouve être, également, le président de FedilICT. « À côté de sa contribution à ICTluxembourg, Fedil-ICT poursuivra la mission que ses membres lui auront confiée et qui s’articulera autour du marché unique numérique et des missions d’étude. » Opérationnel depuis quelques mois déjà, le nouveau siège social du groupe Enovos a été officiellement inauguré le 16 octobre à Esch-sur-Alzette, en présence du vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, Étienne Schneider,
Après le succès de sa première édition en 2013 (plus de 200 personnes étaient venues à la rencontre de 19 firmes luxembourgeoises), le « Luxembourg for HEC Day » reviendra le 12 février 2015 sur le campus de l’École de Jouy-en-Josas en région parisienne. D’ores et déjà, de nombreuses sociétés luxembourgeoises ont confirmé leur présence et pas des moindres : ArcelorMittal, Post Group, mais aussi des cabinetsconseils (PwC, Deloitte, KPMG, EY, Kurt Salmon, McKinsey), des banques (BGL BNP Paribas, ING, Société Générale) ou encore des institutionnels. Et d’autres sont en cours de finalisation, pour un événement qui est unique dans son genre sur le campus de HEC, car dédié à un pays en particulier. L’enseigne française de produits surgelés Picard prend pied au Luxembourg : elle a investi quelque 280 m2 route d’Arlon, à deux pas du Centre commercial Belle Étoile, où elle propose plus de 1.000 produits différents (lire aussi en page 74). On connaît désormais le nom des cinq nominés en lice pour
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(qui a racheté un fonds de commerce pour créer la société de construction Viktor Sarl) ; Ralph Krips (à la tête de Leon Kremer SARL, spécialisée dans la vente, l’installation et l’entretien de matériel de levage et de manutention) ; Gilbert Reyland (créateur de la société de systèmes informatiques Securitec SARL) et HeinzWerner Wöltje (repreneur de la société de construction Felgen Constructions SA). Le nom du vainqueur sera dévoilé le jeudi 20 novembre 2014. Le cabinet d’executive search Marlière & Gerstlauer annonce avoir intégré le réseau mondial IIC (Independent International Consultants) Partners. Créé en 1987, ce réseau se place aujourd’hui parmi les 10 premiers réseaux de conseil en recrutement par appro che directe au niveau mondial. Il compte 45 bureaux dans 33 pays. Ce qui n’était jusqu’alors qu’un groupe de travail est désormais une vraie asbl : Fedil-ICT, le bras numérique de la Fédération des industriels, fort de quelque 36 membres, dispose désormais
un chiffre d’affaires de 86 millions d’euros. Des résultats positifs, certes, mais qui souffrent encore de l’impact de la diminution régulée des tarifs de terminaison d’appels décidée par l’ILR en début d’année. « Sans tenir compte de cette baisse, Tango présenterait un chiffre d’affaires de 97 millions d’euros, soit une augmentation de 3,5 % par rapport à l’an dernier », précise le communiqué de la filiale de Belgacom qui revendique, fin septembre, quelque 278.000 clients, soit une progression annuelle de 0,2 %. Le développeur de jeux vidéo allemand Goodgame Studios (qui revendique plus de 150.000 nouveaux inscrits par jour sur sa dizaine de jeux disponibles en 26 langues) vient de choisir
Le nouveau siège d'Enovos à Esch-sur-Alzette.
qui fut pendant quelques années, le président du conseil d’administration. Ce bâtiment, situé dans le domaine du Schlassgoard, regroupe plus de 300 collaborateurs d’Enovos Luxembourg, d’Enovos International et de Leo sur près de 8.000 m2. L’opérateur luxembourgeois de téléphonie mobile Tango clôture le troisième trimestre 2014 avec
Yapital pour partenaire et intégrera la première solution européenne de paiement multicanal avant la fin de l’année comme nouveau moyen de paiement. Ainsi, à l’aide d’un compte Yapital, plus de 230 millions de joueurs pourront bientôt acheter des biens virtuels dans des jeux comme Shadow Kings, Goodgame Empire et Goodgame Big Farm.
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Entreprises Services financiers
PayPal Europe mise sur le long terme
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► C’est un Luxembourgeois, Norbert Becker, qui préside désormais le conseil d’administration de PayPal Europe, la plus grosse filiale du groupe dans le monde. ► La séparation annoncée entre PayPal et eBay ne devrait pas affecter la banque luxembourgeoise, solidement implantée au Grand-Duché. ― Texte : Jean-Michel Gaudron ― Photo : Sven Becker
Un homme se promène dans la rue. Il passe au large d’un restaurant et reçoit sur son smartphone un message l’informant d’une opération promotionnelle sur le menu du jour. L’homme répond et réserve déjà sa table pour le déjeuner. En arrivant sur place un peu plus tard, son plat l’attend… Et lorsqu’il quitte la table, il paie l’addition d’un simple clic depuis son smartphone. Science-fiction ? Plus vraiment. Au cœur de la Silicon Valley, les équipes de R&D de PayPal mettent la dernière main au développement d’une telle application… « Le nombre de projets qui sont dans les cartons est impressionnant et ils sont tous mis en œuvre progressivement. » Celui qui parle est un obser vateur privilégié : Norbert Becker, administrateur de la première heure de PayPal Europe, qui vient d’être nommé, cet été, président du conseil d’administration de la société. « Cela concerne à la fois le consommateur client et le commerçant qui vend par internet, mais aussi celui qui a un commerce physique, car la société développe également des systèmes informatiques pour être plus efficace à tous les niveaux. » Contrairement à la maison mère, pure player sur le marché des sociétés technologiques de services financiers, PayPal Europe, établie au Luxembourg depuis fin 2006, dispose d’une licence bancaire, sous la surveillance de la commission de surveillance du secteur financier. C’est d’ailleurs la seule banque de l’ensemble du groupe. Et, avec 2 milliards de dollars de fonds propres, elle se positionne au 6e rang (sur 150) des banques établies au Grand-Duché, employant une centaine de personnes. « Aujourd’hui, un dollar dépensé sur six dans le commerce électronique est 'processé' par PayPal », indique Norbert Becker. À l’échelle mondiale, l’opérateur gère quelque 157 millions de comptes clients actifs (dont 60 millions sur l’Europe géographique) dans plus de 200 marchés et en plus de 100 devises différentes. En 2013, 180 milliards de dollars
de paiements sont passés entre ses mains, dont 27 milliards de paiements mobiles. « PayPal opère en moyenne 10 millions de transactions par jour, soit 7.000 par minute », indique M. Becker. Et chaque transaction est soumise, en l’espace de quelques millièmes de secondes, à plus d’un millier d’éléments d’évaluation de risques, ce qui permet à la société d’afficher un taux de perte dû à la fraude relativement « faible », de l’ordre de 0,33 %. Ce qui, ramené aux 180 milliards de dollars, correspond tout de même à quelque 600 millions de dollars.
ACTIVITÉS DE CRÉDIT EN VUE Au Luxembourg, PayPal a trouvé, dès son arrivée au Luxembourg, un environnement favorable à son développement. « Je peux témoigner que le côté business friendly que l’on prête au Luxembourg est une réalité, avec une grande capacité d’écoute de la part des administrations. Rien à voir avec ce qu’on peut trouver à Paris, Berlin ou Londres. Une ou deux fois par an, John Donahoe (l’actuel président et CEO d’eBay, la maison mère de PayPal, ndlr) vient au Luxembourg et rencontre les membres du gouvernement : les échanges sont toujours très constructifs. » À la tête du conseil d’administration de PayPal Europe, Norbert Becker – le seul administrateur luxembourgeois du conseil – a désormais la responsabilité du suivi de la bonne mise en œuvre de la stratégie européenne du groupe et du respect des conditions de gouvernance et de sécurité des sys-
tèmes pour tout nouveau service lancé. Dans les tuyaux actuellement : le lancement pour 2015, d’une activité « crédit » actuellement en phase de test. « Avec 150 millions de comptes, nous souhaitons élargir la palette des services financiers proposés, explique M. Becker. Nous ne ferons pas du crédit hypothécaire, mais du crédit à la consommation. Nous sommes en phase de test en Angleterre et nous envisageons de dérouler l’offre sur d’autres marchés en 2015. Nous sommes en train de recruter des spécialistes du crédit et de définir quels sont les marchés qui sont les plus mûrs pour un tel lancement. » La société va également vivre un changement majeur, avec la sortie programmée du giron d’eBay, annoncée fin septembre, qui va mener, dans le courant du second semestre 2015, à une entrée en Bourse de l’intégralité du capital d’une société qui a réalisé 6,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2013. « Mais cela n’aura aucun impact sur PayPal au Luxembourg, qui abrite toujours la plus grosse filiale du groupe dans le monde. Nous nous inscrivons dans la durée au Luxembourg, tant que le climat d’affaires ne change pas, affirme Norbert Becker. Il n’est d’ailleurs pas exclu que d’ici quelques années, une fois la séparation digérée, PayPal ait besoin d’un autre centre de données en Europe. Luxembourg sera alors forcément sur la carte de leurs réflexions. » ◄ En résumé PayPal Europe, qui opère au Luxembourg sous le statut de banque, ne sera pas affectée par la prochaine sortie de la maison mère du giron d'eBay. Le président de son conseil d'administration, Norbert Becker, travaille sur de nouveaux développements pilotés depuis le Grand-Duché.
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Entreprises La cigarette 2.0
02 À toutes vapeurs
► La cigarette électronique monte aussi en puissance au Luxembourg. ► Derrière la vapeur se cachent des enjeux économiques pour qui saura les aspirer. ► Les autorités observent attentivement sur base des exemples étrangers. ― Texte : Thierry Raizer ― Photos : Mike Zenari
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Vous fumiez ? Et bien, vapotez maintenant ! Laboratoire grandeur nature des tendances, le Luxembourg n’a pas échappé à celle qui se lit sur toutes les lèvres depuis quelques mois : l’émergence de la cigarette électronique. Jeunes ou moins jeunes, ils sont nombreux à avoir délaissé la clope pour les engins high-tech composés d’une batterie, d’un atomiseur ou clearomizer où le liquide parfumé se transforme en vapeur, d’un réservoir et d’un embout par lequel le fumeur ou plutôt le vapoteur peut consommer à sa guise, avec ou sans nicotine, mais sans tabac dans tous les cas. Le succès de ce nouvel appendice du fumeur moderne est certainement dû à un effet de mode porté par la possibilité qu’ont les utilisateurs de personnaliser leur cigarette électronique. Comptez une cinquantaine d’euros pour un kit de base. Mais le budget peut très vite grimper, puisque les accessoires sont de plus en plus nombreux. Deux jeunes entrepreneurs luxembourgeois, Pedro Gomes (28 ans) et son associé Sekou Kaba (32 ans) ont d’ailleurs senti l’intérêt d’aller dans cette direction en misant sur le haut
de gamme via la « Le Grand Ducal », leur marque estampillée 100 % luxembourgeoise lancée en janvier dernier et qui leur avait valu une mise en demeure du cigarettier historique, le groupe Landewyck, qui estimait que la marque était trop proche de sa Ducale. La procédure semble restée sans suite. Sur le site internet de l’e-cigarette, l’objet est présenté presque comme un bijou. On parle d’ailleurs d’expérience, de technologie fine et même d’élégance autour du produit qui permet de varier plus d’une quarantaine de parfums. « Nous avons atteint nos objectifs en fidélisant une clientèle particulière qui s’adresse à nous via internet, mais aussi des partenaires distributeurs que nous approvisionnons directement », déclare Pedro Gomes. Un bilan positif puisque les grands acteurs locaux tels que Cactus, Luxair ou encore Fixmer ont souscrit au produit qui connaît des fluctuations saisonnières. « La période automnale et hivernale est marquée par un regain de la consommation, tandis qu’en été les gens ont tendance à moins vapoter ou à revenir vers la cigarette classique », observe Pedro Gomes, qui se rend régulièrement en Chine avec son associé
Entreprises La cigarette 2.0 pour se fournir et dénicher de nouvelles tendances. Comme le cigare électronique, qui a valu aux deux compères de percer sur le marché de la Côte d’Ivoire. En découvrant sur internet les nombreuses enseignes qui se sont aussi investies dans le créneau de la cigarette électronique, on comprend que le phénomène est en plein boom. Une explosion trop rapide ? Si l’on ne dispose pas encore de chiffres tangibles de l’évolution des ventes au Luxembourg, le marché français semble arriver à un point de saturation quant à l’offre et aux nombreux points de vente qui, à l’instar des solariums il y a quelques années, ont pullulé sur le territoire. Une étude mondiale menée par Citi en mai dernier posait déjà quant à elle la question de l’explosion de la « bulle de la vape ».
LUXEMBOURG, TÊTE DE PONT « Nous pensons qu’il y aura un écrémage du marché au Luxembourg comme nous avons pu le constater à Paris », déclare Eric Nolen, administrateur la société au nom évocateur de Dbon’R aux côtés de Thierry Kirsch, autre associé déjà présent au Luxembourg. La structure qui a vu le jour en 2012 est le fruit de la réunion de plusieurs associés actifs au Grand-Duché, en Chine et en France. « La création de la société ici nous a paru évidente compte tenu des facilités par rapport à l’étranger », ajoute Eric Nolen, ancien directeur juridique de la banque Natixis. Moins active sur le web, la société a choisi de constituer un petit réseau de vente via deux magasins propres et un partenariat conclut avec Valora. « Le Luxembourg est trop petit pour ouvrir un magasin dans toutes les localités, ajoute Eric Nolen. Nous pouvons compter sur la compétence des responsables de K-Kiosk qui connaissent leur métier. » L’avantage réside aussi dans les économies du budget immo bilier, qui constitue, ici aussi, un frein au développement. L’objectif de l’implantation luxembourgeoise est aussi de l’utiliser com me tête de pont. Trois magasins sont déjà implantés en Moselle, un autre en région parisienne est en ouverture. « Nous sommes en phase de prospection sur le marché francophone et nourrissons des projets sur l’Allemagne », ajoute M. Nolen, qui emploie une quinzaine de personnes. « Nous sommes encore une start-up, il reste donc difficile de trouver des financements. Nous recherchons des partenaires financiers pour lancer des synergies. »
PAS SANS RISQUE Car le temps presse pour gagner cette révolution du tabac. Les grands noms mondiaux se sont aussi lancés dans la course pour réagir à cette nouvelle tendance et juguler la baisse des ventes généralisée. Les pouvoirs publics sont aussi contraints de réagir et de légiférer le cas échéant vis-à-vis de ces nouveaux
produits. Les nouveaux acteurs de la cigarette électronique se sont ainsi fédérés en association en France pour faire valoir leurs doléances auprès des pouvoirs publics et éviter que le marché ne soit réservé qu’aux pharmacies. Le gouvernement français vient aussi de limiter fortement la publicité relative à la cigarette électronique, après avoir limité le dosage des réservoirs à 2 ml. Faut-il y voir la main des producteurs de cigarettes ? En coulisse, le lobby s’organise. « La cigarette électronique n’est pas sans risque », précise le portail de la Santé du Grand-Duché de Luxembourg, en ajoutant qu’il semble « y avoir un consensus pour dire que l’e-cigarette est moins nocive que la cigarette, mais elle n’est pas sans risque ». Le site du ministère de la Santé se veut toutefois prudent en admettant qu’un certain manque de recul subsiste vis-à-vis des « produits potentiellement dangereux, voire cancérigènes comme de l’éthanol, du formol, de l’acroléine, de l’acétaldéhyde et des métaux lourds comme le nickel, le chrome, le plomb, l’aluminium… » Ce principe de précaution s’inscrit dans le contexte de la transposition de la Directive européenne sur les produits du tabac que les différents États européens doivent transposer jusqu’au 20 mai 2016 alors que les instances européennes entendent, dans le même temps, publier les résultats d’une étude sur la nocivité potentielle de la cigarette électronique. Outre le contrôle de l’Ilnas quant à la conformité des produits mis sur le marché luxembourgeois, la ministre de la Santé, Lydia Mutsch, s’est d’ores et déjà alignée sur l’Organisation mondiale de la santé en recommandant d’interdire la vente des cigarettes électroniques aux mineurs ainsi que leur consommation dans les espaces publics fermés, « au moins jusqu’à ce qu’il soit prouvé que la vapeur exhalée n’est pas dangereuse pour les personnes passant aux alentours ». On pense notamment à l’utilisation qui en est faite sur le lieu de travail. Du côté des revendeurs, on déclare déjà respecter l’interdiction aux moins de 18 ans. « La e-cigarette est un produit de substitution », rappelle Eric Nolen, qui en recommande, en tant qu’ancien fumeur, les effets positifs sur le souffle et l’odeur de tabac. D’une addiction à l’autre, après la propagation de l’effet de mode, vient le temps de la régulation et des modus operandi précis. Car si la nouvelle technologie est attirante, elle nécessite aussi conseils et précautions pour une utilisation aussi raisonnée que possible, notamment auprès des jeunes qui sont forcément un public cible pour les objets tendance. ◄ En résumé Dans les rues, au pied de l’immeuble, on fume moins. On « vapote » plus. Concerné comme les pays voisins par l’explosion de la consommation de cigarettes électroniques, le Luxembourg est considéré comme une plateforme pour entrepreneurs visionnaires dans ce créneau. Alors que le gouvernement s’aligne sur les bonnes pratiques étrangères en attendant d’adapter la législation.
Choix politiques
Le tourisme du tabac
Le Tabaktourismus a encore de beaux jours devant lui.
Le gouvernement a choisi de préserver le « tourisme transfrontalier du tabac », intéressant pour les caisses de l’État en mettant en place, discrètement, un règlement grand-ducal pour, tout en restant dans les clous européens, jouer sur le niveau des accises pour permettre aux cigarettes vendues sur le territoire luxembourgeois de rester compétitives. Et ce dans le contexte de l’augmentation de la TVA prévue début 2015. La mesure sera limitée à deux années et évoluera en fonction des pays voisins, précise le projet de règlement. Ainsi, pour les cigarettes, la taxe proportionnelle actuelle de 2,3 % va être abaissée à 0,81 % « pour compenser l’augmentation de la TVA de 2 % ». Les tabacs à fumer fine coupe pour les cigarettes à rouler verront leur taux d’accise ad valorem passer de 1,75 à 0,27 %.
Réglementation
Un principe de précaution
Un grand vide juridique entoure la notion de « vapotage »... L’arrivée de la cigarette électronique n’est pas sans poser question quant à l’adaptation de la législation entourant l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Or, les textes luxembourgeois sont encore vierges de notions quant au « vapotage ». « Lorsqu’une personne ‘vapote’ près de vous, la vapeur libère dans l’air des substances potentiellement dangereuses. Mais tout est question de quantité et de concentration », indique le portail de la Santé. Militant pour le principe de précaution, le gouvernement, en attendant d’adapter la législation nationale, fait siennes les recommandations émises par les experts de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT). Outre l’interdiction de vente aux mineurs, elles interdisent de « vapoter » dans les lieux publics concernés par l’interdiction de fumer.
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Entreprises Résultats
03 PwC toujours plus grand
― Texte : Jean-Michel Gaudron
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La firme de conseil et d’audit PwC, leader du marché au Luxembourg, a publié son rapport de transparence fin octobre. Elle y fait état d’un chiffre d’affaires global de 315 millions d’euros réalisé pour le compte de l’exercice 2013-2014 (clôturé au 30 juin), soit une progression qui flirte avec les 10 % (9,38 %), alors que l’exercice précédent avait déjà permis à la firme d’afficher 11 % de mieux à 288 millions d’euros. C’est la branche Advisory qui a réalisé la plus grosse progression, passant de 62 à 76 millions d’euros, soit un bond de 21 %. Les services fiscaux ont connu pour leur part une hausse de 9 % à 85 millions d’euros. Quant à l’audit et autres services d’assurance, ils constituent toujours le plus gros de ces revenus (49 % du total de 129 millions) et ont progressé de 4,3 %. Observée sur une période de 10 ans, l’évolution de la firme est pour le moins vertigineuse : en 2004, le chiffre d’affaires de PwC flirtait avec les 100 millions d’euros et ce sont près de 900 employés qui convergeaient vers le bâtiment principal du 400, route d’Esch. Une décennie plus loin, les revenus ont plus
▲ 30.000 m2 de bois et de verre : PwC a désormais réuni toutes ses équipes dans un seul et splendide bâtiment.
que triplé et les effectifs ont à peu près suivi la même tendance, puisqu’avec la fournée de 315 nouveaux collaborateurs et stagiaires arrivés en octobre, la firme revendique pas moins de 2.500 employés, ce qui place la société en 6e position dans le classement (par la taille) des employeurs privés du pays. Des salariés qui ont pris possession, au début de l’automne, du Crystal Park, le tout nouveau et tout beau bâtiment de PwC, qui regroupe l’ensemble des effectifs jusqu’alors répartis sur trois sites : un mastodonte de bois et de verre de plus de 30.000 m2, à esthétique rehaussée par une sculpture monumentale d’acier de plus de 15 tonnes de l’artiste français Stéphane Guiran. ◄
PHOTO : OLIVIER TOUSSAINT / PWC
► La firme de conseil et d’audit a pris possession de son nouveau et imposant siège, Crystal Park, sur le Ban de Gasperich. ► L’exercice 2013-2014 a encore été très positif pour le plus gros des Big Four de la Place, avec une croissance qui frôle les deux chiffres, au terme d’une décennie flamboyante.
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Entreprises Service aux entreprises
La qualité et l’excellence en mouvement
► Actif tout au long de l’année auprès de ses 280 adhérents, le MLQE organise sa traditionnelle Semaine de la qualité et de l’excellence, du 17 au 21 novembre. ► Un événement ponctué de rencontres et d’ateliers destinés à tous ceux qui désirent en savoir un peu plus sur l’un des leviers de l’économie nationale.
PHOTO : PORTAIL-QUALITÉ.LU
― Texte : Fabrice Barbian
« When quality meets business. » C’est le thème retenu, cette année, par le Mouvement luxembourgeois pour la qualité et l’excellence (MLQE) pour la 11e édition de la Semaine du même nom, programmée du 17 au 21 novembre 2014. « Une semaine durant laquelle nous organisons une petite dizaine de conférences, tables rondes et autres ateliers qui permettent aux entreprises de s’informer et d’échanger sur des thèmes forts liés à la qualité. Ces rendez-vous s’adressent à nos membres, mais également à tous ceux qui s’intéressent à cette thématique. En 2013, nous avons accueilli près de 400 participants », souligne Roger Ianizzi, le secrétaire du MLQE qui a repris les rênes de l’association il y a deux ans. Créé, en 2001, par la Chambre de commerce, la Fedil, la Chambre des métiers, Luxinnovation, le CRP Henri Tudor, la Fédération des hôpitaux et les ministères de l’Économie, de la Fonction publique et des Classes moyennes, le MLQE (dont le E n’a été ajouté qu’en 2013 à son sigle) œuvre à la promotion et à l’encouragement de la mise en place d’initiatives pour la qualité et son management au Luxembourg. Une démarche qui n’a rien d’anodin, notamment du fait que dans un « contexte actuel de libéralisation des échanges commerciaux, la compétition
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internationale oblige les entreprises à mettre en place des stratégies pour se démarquer de la concurrence », pour reprendre les mots de Francine Closener, secrétaire d’État à l’Économie. Car il convient aussi d’optimiser sa production, de fidéliser sa clientèle, de gagner en compétitivité, de maîtriser les évolutions du marché, de s’assurer de l’efficacité de son organisation. La qualité est à la fois interne et externe. « Chacun a certainement sa propre définition de la qualité. Pour moi, s’engager dans une telle démarche, c’est avant tout un gage de tranquillité, dans la mesure où je suis alors certain de commercialiser le meilleur de ce que j’ai à offrir, que ce soit un produit ou un service, compte tenu des moyens dont je dispose. C’est aussi l’assurance qu’en cas de problème ou de défaillance, je suis en mesure de réagir vite et bien pour corriger l’incident ou le dysfonctionnement », précise Roger Ianizzi. Illustration par l’exemple : la société événementielle Mediation s’est engagée dans une démarche de qualité depuis quelques années et a même décroché la mention « Sur la voie de l’excellence » du Prix luxembourgeois de la qualité en 2012. « Pour une entreprise de conseils en communication comme la nôtre, il est important de disposer d’outils et de
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Entreprises Service aux entreprises référentiels qui permettent de motiver le personnel et de capter l’énergie créative qu’il dégage. Cela nous permet aussi de mieux comprendre et accompagner nos clients », souligne Netty Thines, administrateur délégué de Mediation. La société, qui est détentrice de nombreux labels liés à la qualité et à la RSE, revendique une riche culture de la qualité, qui a facilité l’implémentation des préconisations du MLQE. « Ce qui est très intéressant dans leur approche, c’est le fait que le jury se déplace au sein de l’entreprise pour vérifier vos procédés, mais également vous faire part de leurs commentaires et analyses. Ce regard extérieur est très important », précise la dirigeante qui, forte de ces premiers pas encourageants, a également engagé son entreprise dans une certification Iso. L’intérêt de ce regard extérieur, c’est aussi ce qui a séduit Claudia Romosan, coordinatrice qualité et directeur des fonctions supports à l’Hôpital intercommunal de Steinfort, lauréat de ce même Prix, édition 2013, dans la catégorie « Grands organismes d’utilité publique », pour son centre de rééducation gériatrique. « Ces échanges sont très enrichissants, souligne-t-elle. Nous avons été audités par des professionnels qui ne sont pas du secteur hospitalier. Leur approche est dès lors très différente et nous avons beaucoup appris. » L’ambition du centre hospitalier avec la démarche du MLQE n’était pas tant d’optimiser ses méthodes de travail que de valoriser les résultats obtenus auprès des patients. « Ce prix nous permet de gagner en visibilité. C’est un atout auprès du grand public, mais également de nos administrations de tutelle pour négocier des lits supplémentaires », conclut Mme Romosan. S’engager dans cette voie implique d’échanger avec d’autres chefs d’entreprise, de s’enrichir des expériences des uns et des autres. La « Semaine » y participe. Mais tout au long de l’année, le MLQE délivre des services qui vont dans le même sens, en diffusant de l’information à destination de ses adhérents via, entre autres, son site internet. « 280 entreprises actives dans tous les secteurs d’activité nous ont rejoints. Nous accueillons des PME comme des grands groupes », précise M. Ianizzi. Différents « Cercles de bonnes pratiques » organisent également des enquêtes de satisfaction et en assurent la restitution. Le partage d’informations et d’expertise est aussi assuré via la publication d’un guide annuel sobrement intitulé Guide luxembourgeois pour la qualité et l’excellence qui compile des analyses d’experts et des retours d’expérience. Si le MLQE, pour l’heure installé à Esch-surAlzette, au sein du Technoport Schlassgoart, est aujourd’hui reconnu pour son expertise dans son champ d’intervention, il ambitionne de se développer encore. Le changement de nom avec l’ajout du « E » (pour « Excellence ») comme le nouveau logo dévoilé en 2013, participent à cette évolution. Actuellement animé par deux personnes (y compris son secrétaire) et bénéficiant d’un budget annuel d’environ 250.000 euros par an, alimenté
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par les cotisations des membres et quelques subsides publics, la structure planche sur les pistes de développement qui lui permettront de franchir un nouveau cap. Dès janvier 2015, une troisième personne intégrera ainsi l’équipe en tant que coordinateur de projet. « Cela va notamment me libérer du temps pour multiplier les rencontres avec les chefs d’entreprise afin de leur présenter nos missions et services », prévoit Roger Ianizzi, qui ambitionne de générer de la valeur ajoutée supplémentaire via de nouveaux services. « Pour l’instant, rien n’est figé, mais on peut ainsi imaginer qu’une partie de ces services soient désormais facturés. Toutes les options sont encore envisageables. Dans un autre registre, il nous faut aussi gagner en visibilité pour mieux faire passer nos messages, pour ce faire nous lançons, cette année, un nouveau prix (voir ci-contre). »
UN PRIX PORTEUR Au cœur de la stratégie MLQE, ce « Prix luxembourgeois de la qualité et de l’excellence », décerné depuis 2004, constitue un des piliers majeurs de son action. Cette action s’organise autour de deux niveaux de prix qui visent, d’une part, à récompenser des entreprises (ou plus largement des organismes) impliquées dans une démarche qualité et, d’autre part, des structures qui affichent un fort potentiel en la matière (et que l’on retrouve généralement au palmarès dans les années qui suivent). « Au-delà du prix qui valide la pertinence d’une démarche et qui est valorisable en termes d’image, c’est l’ensemble du processus de sélection au concours qui produit de la valeur ajoutée », explique Roger Ianizzi. À la base, une dizaine de candidats est sélectionnée. Tous répondent à un questionnaire qui favorise une première auto-évaluation de leur démarche qualité. Au sein du MLQE, une petite équipe d’experts est mise en place et se rend directement dans les différentes structures pour vérifier les informations délivrées et procéder à un audit plus approfondi. Cette visite participe à établir le palmarès. « Mais pour les prix décernés, nous revoyons l’ensemble des participants pour un débriefing, précise M. Ianizzi. Il s’agit non seulement de leur expliquer notre choix, mais aussi de leur faire des préconisations pour les aider à progresser dans leur démarche. Il ne s’agit pas pour MLQE de jouer les consultants, mais de délivrer des pistes d’amélioration. Mon rêve est d’arriver un jour à ce que le Prix devienne une véritable référence nationale pour que les organismes soient plus nombreux encore à participer. » Le palmarès de l’édition 2014 du Prix luxembourgeois de la qualité et de l’excellence sera dévoilé le 21 novembre. ◄
Coup de cœur
Un étudiant à l’honneur Pour la première fois, le MLQE dicernera un prix spécial.
La 11e édition du Prix luxembourgeois de la qualité et de l’excellence s’enrichit d’une nouvelle récompense. Le développement (et l’avenir) du MLQE passe également par son aptitude à générer de nouveaux rendez-vous susceptibles d’enrichir sa démarche, ses valeurs, sa visibilité ou ses pratiques. Bref, il lui faut innover. Lors du gala programmé le 21 novembre, un jury décernera, pour la première fois le Coup de cœur du MLQE. « Ce prix récompensera un étudiant ayant présenté, devant un jury, un travail (thèse, projet de fin d’études ou autres) dont la finalité aura été d’améliorer la qualité d’un produit ou d’un service, les performances globales d’une organisation. Et pour une première, nous sommes surpris par l’engouement puisque nous avons reçu une vingtaine de candidatures. Le jury a opéré une première sélection pour n’en retenir que six. Courant novembre, ces candidats auront une vingtaine de minutes pour présenter et argumenter leur projet. Ce prix sera attribué sous la forme d’une bourse offerte par la société Autopolis », précise Roger Ianizzi.
En résumé Évangéliser les entreprises quant à l’importance d’une démarche qualité assumée et organisée : tel est le credo du Mouvement luxembourgeois pour la qualité et l’excellence, à la veille de la 11e édition de son prix annuel qui récompense les meilleures pratiques en la matière.
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2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
PRIX LUXEMBOURGEOIS DE LA QUALITÉ ET DE L’EXCELLENCE
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12e PRIX LUXEMBOURGEOIS DE LA QUALITÉ ET DE L’EXCELLENCE LES INSCRIPTIONS SONT OUVERTES
Remise du Prix Luxembourgeois de la Qualité et de l’Excellence · Edition 2013
Rejoignez-nous en 2015 pour participer au concours de référence du monde de la Qualité au Luxembourg. Soutenu par le Ministère de l’Économie, le Prix Luxembourgeois de la Qualité et de l’Excellence est organisé chaque année par le Mouvement Luxembourgeois pour la Qualité et l’Excellence et est unique en son genre au Luxembourg. · Obtenez un avantage commercial par rapport à vos concurrents. · Identifiez les axes d’amélioration de votre organisation. · Motivez vos collaborateurs autour d’un projet commun.
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Pour obtenir l’information complète sur le processus d’évaluation des candidats, veuillez contacter le Mouvement Luxembourgeois pour la Qualité et l’Excellence.
www.mlqe.lu · tél. : 42 59 91 -4580 · e-mail : info @ mlqe.lu
Avec le soutien du Ministère de l’Economie :
et en partenariat avec :
Entreprises RSE
05 Une vraie création de valeur
― Texte : Alain Ducat
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Parler de la responsabilité sociétale des entreprises exige de sortir du cadre des bon nes intentions. IMS Luxembourg, l’organe qui encourage et coordonne les actions de plus en plus concrètes sur le terrain, n’a de cesse de faire passer les messages. Les 12 et 13 novembre, il proposera un double événement d’envergure, avec en invité principal une référence mondiale en matière d’entreprise socialement responsable, Vincent Stanley, co-CEO de Patagonia. Ce fabricant de vêtements de loisirs américain s’est rendu célèbre en adoptant une démarche environnementale, une politique de vente décalée, assumant sa responsabilité, plaidant pour le développement durable et faisant néanmoins des affaires florissantes… en partie grâce à cette réputation devenue un exemple mondial en la matière. « L’objectif est de montrer en quoi la RSE est facteur de création de valeur et constitue un avantage compétitif lorsqu’elle est intégrée à la stratégie de l’entreprise », explique Christian Scharff, président d’IMS Luxembourg et human resources partner chez PwC Luxembourg, qui hébergera en partie l’événement (le 13 nov embre) dans son nouveau Crystal Park. Le moment choisi n’est pas anodin. Les exigences européennes, avec une nouvelle
▲ En septembre dernier, l’Ecoparc Run a illustré le côté « tous ensemble » promu à Windhof. La RSE prend des facettes multiples, mais la collaboration s’impose en point commun.
directive sur la publication des informations extra-financières et relatives à la diversité, ajoutent un besoin accru de communiquer sur ces critères. « Il y a une tendance de fond des actionnaires à considérer les facteurs de durabilité et, globalement, de RSE, dans leur appréciation du management des risques de l’entreprise, poursuit M. Scharff. Au-delà de la gestion des risques, la démarche RSE constitue une opportunité. » Face à l’obsolescence attendue des modèles traditionnels, les leaders économiques doivent s’adapter à ces défis. « On voit l’émergence des business models à l’épreuve de la nouvelle donne environnementale et sociétale : group buying, collaborative economy, co-creation, service as business model… », cite-t-il. L’entreprise se doit d’intégrer ces défis dans sa mission même, de répondre à ces nouvelles attentes. « Cela annonce de profondes mutations dans les modèles de gestion de l’entreprise. »
PHOTO : TALK2U
► La responsabilité sociétale de l’entreprise constitue un avantage compétitif lorsqu’elle est intégrée à la gestion, à la mission et à la stratégie de l’organisation. ► IMS Luxembourg organise ces 12 et 13 novembre un double événement d’envergure, avec notamment Vincent Stanley (Patagonia), entrepreneur, auteur et figure éminente de la RSE. ► L’échange d’expériences mettra en avant la création de valeur au travers d’un modèle durable.
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Entreprises RSE Le double événement de l’IMS va le mettre en lumière. Le 12, ce sera CEO-only, avec la conférence de Vincent Stanley, figure de proue du mouvement RSE à l’échelle planétaire, à la BEI au Kirchberg, en présence de la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener. Le 13, chez PwC à Gasperich donc, il s’agira d’une table ronde, à laquelle participeront, autour de Vincent Stanley, Sabine Denis (CEO de Business & Society, l’homologue belge d’IMS), Mike Bremans (fondateur d’Ecover International) et Marie-Hélène Massard (CEO d’AXA Luxembourg).
Ils l'ont dit
COURTS CHEMINS PARTAGÉS
Christian Scharff (Président – IMS Luxembourg) « Il faut montrer que la RSE, intégrée à la stratégie de l’entreprise, est créatrice de valeur et constitue un avantage compétitif. »
Cette dernière témoignera notamment de l’engagement vécu au sein de l’entreprise, au Grand-Duché : « AXA part de son cœur de métier et de son expertise en gestion des risques et les articule autour d’une stratégie durable, dans la logique de protéger des risques à long terme », explique Marie-Hélène Massard. Au-delà des calculs d’actuaires apparaissent solidarité intergénérationnelle, actions sur les produits, éducation, micro-assurance pour segments vulnérables. Ainsi, AXA vient de signer un contrat avec International Finance Corporation (bras de la Banque mondiale) pour couvrir les pays émergents et notamment les femmes. « Chaque entreprise peut agir là où résident ses impacts majeurs. »
« L’engagement reste encore trop marginal. Pourtant, la RSE n’est pas l’apanage des très grandes entreprises. » Bob Kneip (Kneip)
Depuis 2011, une collaboration s’est instaurée entre l’équipe RSE d’AXA Luxembourg et l’association Care Luxembourg, autour des actions d’éducation et de prévention des risques, par le biais du dayCARE ou d’actions d’urgence en cas de catastrophes naturelles par exemple. Une soixantaine de collaborateurs de l'assureur ont participé à une marche solidaire en équipe, en transportant un verre d’eau, dont le contenu devait être précieusement conservé malgré des épreuves multiples sur le parcours. Cela, pour soutenir les femmes au Laos, qui parcourent une longue distance pour aller chercher de l’eau vitale pour la famille. « Pour chaque kilomètre parcouru, AXA a fait un don pour aider à construire des puits. » AXA s’engage aussi dans la semaine de la RSE depuis 2011. Les collaborateurs sont sensibilisés aux initiatives globales et invités à agir sur le terrain du bénévolat, près de chez eux. « Chaque heure passée en tant que bénévole est convertie en euros, versés à des projets que nous soutenons. »
Des acteurs engagés
La RSE se nourrit de bonnes pratiques en entreprise.
Vincent Stanley (Guest speaker, co-CEO – Patagonia) « Identifiez une pratique dommageable dans votre domaine. Si vous trouvez ensuite une alternative pour y remédier, foncez… »
La RSE peut prendre de multiples facettes au Luxembourg. Elles ont en commun, la plupart du temps, la mise en pratique, souvent dans une quête de mutualisation intelligente de ressources, de la devise du développement durable : think global, act local. Les exemples se situent aussi désormais au niveau de zones d’activités. L’Ecopark Windhof, quartier dont l’émergence a été suivie de près par IMS Luxembourg, propose des actions communes aux « habitants » du site, en matière de mobilité, d’échanges de bonnes pratiques. La zone de Bourmicht fait aussi l’objet d’une démarche pilotée par l’IMS, et dont les fruits commencent à se voir. « De façon générale, nous nous réjouissons de voir les groupes de travail RSE et Territoire de l’IMS trouver des solutions collaboratives aux questions environnementales dans des zones comme Bourmicht, où le groupe implémente des solutions que chaque entreprise de façon isolée ne pourrait pas envisager », témoigne Diane Muller-Kneip, DRH du groupe Kneip. « L’engagement des entreprises dans la RSE reste encore trop marginal, appuie Bob Kneip, le CEO de l’entreprise éponyme. Pourtant, la RSE n’est pas l’apanage des très grandes entreprises. Je crois dans la notion de partage, qui est inscrite dans un business qui marche. Le bien-être d’une société se base sur l’interconnexion des pièces du mécanisme. » Pour Diane Muller-Kneip, « il y a une infinité de façons de s’engager dans la RSE. La grande difficulté est de trouver un fil conducteur, permettant d’orienter l’activité afin qu’elle soit efficace et ressentie. L’entreprise peut nommer un responsable RSE, ou une équipe. Notre équipe est permanente, regroupe des membres de différents départements,
Diane Muller-Kneip (DRH – Kneip) « Des solutions collaboratives permettent de mettre en place des choses que chaque entreprise ne pourrait pas envisager isolément. »
Marie-Hélène Massard (Directrice générale – AXA Luxembourg) « Lors de notre semaine RSE, chaque heure passée en tant que bénévole est convertie en euros et versée à des projets que nous soutenons. »
et avec des compétences complémentaires ». Le mécénat de compétences est très apprécié. Par exemple, des graphistes s’occupent du rapport annuel de la Croix-Rouge. Ou une récolte de fonds au profit d’associations se fait autour d’un international breakfast fait maison auquel les travailleurs des entreprises voisines peuvent prendre part pour un chèque-repas... « Le rôle d’impulsion des instances décisionnaires est primordial dans l’intégration de la RSE à l’entreprise, explique encore Diane Muller-Kneip. Mais face à l’ampleur des enjeux, une approche isolée est souvent condamnée à l’échec. La clef réside dans le mode collaboratif. » Ainsi, le tremplin pour l’emploi a été initié par Kneip et l’IFBL, qui se sont entourés du ministère du Travail, de l’Adem, d’autres institutions du pays et de la Grande Région, pour former des demandeurs d’emploi à la comptabilité des fonds, compétence rare à l’époque du projet. « Par la suite, l’un des partenaires nous a sollicités pour l’élaboration d’une charte européenne du tutorat, dans le cadre d’un programme de la Commission européenne. » Les exemples commencent à se multiplier. Ils doivent encore être encouragés pour que la notion de responsabilité sociétale voisine avec celle de valeur ajoutée. Car, comme le dit Vincent Stanley, « notre audace nous a aussi rapporté des dividendes ». ◄ En résumé IMS Luxembourg organise ces 12 et 13 novembre un double événement d’envergure – conférence puis table ronde –, avec notamment Vincent Stanley (Patagonia), entrepreneur, auteur et figure éminente de la RSE. L’objectif est de mettre en avant la responsabilité sociétale de l’entreprise comme un avantage compétitif lorsqu’elle est intégrée à la gestion, à la mission et à la stratégie de l’organisation.
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Entreprises Librairie Ernster
06 125 ans d’esprit livre ► C’est l’arrière-grand-père de Fernand Ernster qui a créé, en 1889, la librairie qui porte toujours leur nom. ► Retour sur les grandes étapes qui ont marqué l’entreprise familiale… ► … et réflexion sur l’avenir du secteur du livre et de la transmission de l’entreprise.
Le registre de commerce de janvier 1889 indique la création de la librairie Ernster par Monsieur Peter Ernster. À l’époque, cet ancien enseignant voit l’opportunité de vendre manuels scolaires et cahiers. La localisation – toujours actuelle – à deux pas de l’athénée, de l’école de la rue de la Congrégation et de la cathédrale s’imposait alors comme un emplacement de choix. « On y vendait déjà des articles de papeterie mais aussi des chapelets. On doit encore en avoir dans un tiroir », évoque Fernand Ernster, l’actuel patron et arrière-petit-fils du fondateur. En 1917, c’est son fils, Ferdinand qui reprend les affaires jusqu’à sa mort en 1939 où sa femme tiendra les rênes. « Ma grandmère sera d’ailleurs présente dans une exposition sur les femmes dans l’entrepreneuriat », énonce Fernand, non sans fierté. C’est en 1957 que Pierre, dit Pit, père de l’actuel propriétaire poursuit le développement de l’entreprise. Il développe le département Didactique à la fin des années 60 après avoir découvert le rétroprojecteur et doit se battre pour garder l’emplacement du magasin. Nous sommes en 1969 et la place financière commence à se développer à Luxembourg. Quand la Dresdner Bank veut acheter tout l’îlot, personne n’ose s’y opposer. Pit Ernster réussira cependant à garder sa maison, même s’il doit reconstruire le bâtiment. Les travaux dureront jusqu’en 1971, pendant lesquels la librairie est
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installée avenue de la Porte Neuve, « mais la braderie avait lieu devant le chantier à la rue du Fossé. Comme quoi, les travaux, on connaît ! » Quelques années plus tard, en 1981, le département Papeterie est séparé de la librairie et installé quelques maisons plus loin, au 21. Fernand Ernster entre officiellement dans l’entreprise en 1984, non sans y avoir déjà travaillé comme étudiant et surtout en ayant passé six mois en Allemagne auprès d’un réseau de librairies qui comptait plusieurs filiales. « C’était une voie de développement que j’ai su suivre très tôt. » En 1988, en effet, la famille Leesch lui propose un espace dans le centre commercial Belle Étoile. « L’occasion d’élargir notre marché et de toucher de nouveaux clients. » Si, un temps, la famille craint un transfert de chiffre d’affaires, il n’en est rien et l’expérience du centre commercial sera étendue en 1997 avec un deuxième magasin à la Belle Étoile (l’enseigne Erny, destinée aux enfants), puis en 1999 au centre commercial City Concorde pourtant voisin. « Si ce n’était pas nous, c’était un autre. » Parallèlement à ce développement, c’est aussi la structure de la société qui se trouve modifiée. « Avec mes parents, on avait créé deux sociétés, une pour la Belle Étoile et une pour la ville, avec le fonds de commerce, le stock, les loyers. Après 10 ans dans l’entreprise, j’ai repris les parts de mes parents. » La fibre entrepreneuriale de Fernand Ernster ne se dément pas et il poursuit le
▲ La librairie Ernster est installée depuis ses débuts à la rue du Fossé au centre-ville.
développement des librairies qui portent son nom. Rénovation du magasin en ville (2002), Erny à la rue de la Reine (2009), ouverture à Esch (2009, fermeture début 2014), ouverture à Bascharage (2013), nouvel espace à la Belle Étoile (sur 1.150 m2) et tout récemment, développement de l’activité gros pour le réseau K Kiosk. Aujourd’hui le groupe compte 65 employés, avec presque 10 ans d’ancienneté en moyenne, et réalise un chiffre d’affaires de 11 millions d’euros (chiffres de 2013). Dans un secteur concurrencé par la vente en ligne, où l’on voit plutôt les librairies fermer qu’ouvrir, c’est une réussite notoire. Que Fernand Ernster explique par « la passion de nos équipes, le sérieux de la gestion et la maîtrise des coûts, notamment les loyers ». Il sait à quel point la vente en ligne est un défi permanent face auquel il doit affirmer un professionnalisme sans borne, des conseils personnalisés et une inventivité pour développer d’autres marchés. Aussi, aujourd’hui 20 % du chiffre d’affaires n’est pas lié aux livres, ce qui ne veut pas dire que Ernster peut vendre n’importe quoi : « Nos
clients sont exigeants par rapport à un niveau culturel. Les autres produits restent liés à l’univers du livre. » Et Fernand Ernster de monter une paire de lunettes de lecture, un best-seller, semblet-il. Un autre chantier est la refonte du site internet pour améliorer la vente en ligne. À 54 ans et en ayant accepté de nouvelles responsabilités, notamment comme président de la Confédération luxembourgeoise du commerce, Fernand Ernster se doit de se pencher sur l’avenir de sa société. « J’espère avoir, avec mon épouse, une implication active dans l’entreprise jusqu’à mes 60 ans, mais je veux plus me consacrer aux aspects stratégiques. » Ainsi, Dirk Sumkötter a été recruté comme directeur en juin 2013 pour veiller aux aspects managériaux. Les trois fils de la famille, âgés respectivement de 22, 20 et 16 ans auront-ils à cœur de poursuivre l’action entreprise par leur aïeul ? « Ça doit venir d’eux, d’une réelle volonté. Sinon, je préfère que l’entreprise soit pérenne quitte à ce qu’elle change de nom. » ◄ En résumé En quatre générations, la librairie Ernster, qui fête ses 125 ans, a su traverser les époques en s’adaptant au marché et à l’évolution de la clientèle. La fibre entrepreneuriale de Fernand Ernster, dans la maison depuis 1984, lui a permis de développer et diversifier l’entreprise pour atteindre 65 employés et 11 millions de chiffre d’affaires.
PHOTO : OLIVIER MINAIRE (ARCHIVES)
― Texte : France Clarinval
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centre de confĂŠrences kirchberg, luxembourg november 25th & 26th, 2014 03/09/2014 09:03:39
Entreprises Événement
07 Happy Inventory ! ► Un millier de personnes a répondu à l’invitation de Maison Moderne pour célébrer ses 20 ans lors d’une soirée de prestige au Grand Théâtre.
― Photos : Benjamin Champenois, Antonello Di Pinto, Jan Hanrion, Gaël Lesure et Vince Martinelli Mike Koedinger (Maison Moderne)
Pit Hentgen (Lalux)
Christine Feck (Graphisterie Générale) et Frédéric Humbel (Fonds-de-Gras, premier rédacteur en chef d’Explorator)
Jeannot Krecké (ancien ministre de l’Économie)
Claude Turmes (député européen)
Robert Philippart (historien)
Paul Helminger (Luxair)
Laurent Mosar (député)
Claude Nesser (Mad About Soul) et Georges Lentz Jr (Brasserie nationale)
Jean-Claude Bintz (président de Maison Moderne), Mike Koedinger (Maison Moderne) et Frank Steffen (Steffen Traiteur)
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Hubert Clasen (Bernard Massard) et Nicolas Buck (Seqvoia)
Jo Kox (Casino Luxembourg - Forum d’art contemporain)
Boz Temple-Morris (metteur en scène de la soirée)
Claude Neu (House 17, premier rédacteur en chef de Paperjam)
Donato Rotunno (Tarantula Luxembourg)
Jean-Michel Collignon (Luxexpo)
Raymond Schadeck (Luxinnovation)
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08 L’esprit de quartier ► À la place de sa Coopérative, Bonnevoie retrouve un petit supermarché, à l’enseigne Cactus Market. Pour le groupe Cactus, c’est le huitième Market. Pour Bonnevoie, c’est un retour attendu, celui d’un petit supermarché de quartier adapté à ses besoins de proximité. Sur plus de 1.600 mètres carrés, le magasin propose un circuit court, concentré principalement autour d’un « point chaud » (petit déjeuner, repas traiteur, boissons) avec consommation sur place ou à emporter, et un circuit classique, où faire ses courses parmi une gamme annoncée de quelque 17.000 articles à dominante alimentaire. L’assortiment sera adapté à la population du quartier, avec un mix de produits régionaux et internationaux ciblés. Le bâtiment, dont la structure a été refaite à neuf et remise aux normes au niveau de ses
PHOTO : OLIVIER MINAIRE
Entreprises Cactus à Bonnevoie / Picard à Strassen
équipements et de sa sécurité, propose une décoration épurée, sur un mode plus « industriel », avec beaucoup de luminosité et d’espace de circulation. Dans l’esprit de proximité, le magasin, dirigé par Frédéric Riot, a étendu ses horaires d’ouverture, le matin et le soir, « pour répondre aux attentes d’une clientèle urbaine ». Cactus Marché offre 60 places de parking sur le toit durant les achats. À noter que l’ancienne Coopérative comptait plus de 120 personnes, alors que Cactus y emploie 48 salariés. A. D. ◄
► Un mix entre produits locaux et spécialités étrangères.
09 Premier maillon pour chaîne du froid Avec 920 magasins en France et bientôt 70 dans le monde, Picard est un poids lourd de la distribution de produits surgelés. Après la Belgique, l’Italie et la Suède et avant le Japon, c’est au Luxembourg que Picard souhaite développer son implantation. « Nous avons déjà beaucoup de clients du Luxembourg dans nos enseignes à la frontière française », constate Stefano Moretti, directeur international. Le premier magasin, 280 m2, route d’Arlon
◄ Le premier Picard du pays s'est ouvert à Strassen.
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à Strassen, « s’est imposé en raison des flux importants sur la route de l’environnement commercial dynamique du plus grand centre commercial de Luxembourg ». Le groupe est d’ailleurs à la recherche de deux autres emplacements, « dont un au centreville » pour continuer son développement luxembourgeois. Comme dans d’autres pays, Picard entend tisser des liens privilégiés avec des fournisseurs locaux et, dans un avenir proche, développer des produits spécifiques. « Pour l’instant, nous travaillons déjà avec Panelux et Tavola. Il n’est pas impossible que d’autres suivent. » En attendant, la société insiste plutôt sur la French touch de ses produits, même si la diversification vers des goûts et recettes exotiques devrait plaire aux nombreux expatriés vivant au Luxembourg. F. C. ◄
PHOTO : OLIVIER MINAIRE
► L’enseigne Picard a ouvert son premier magasin au Luxembourg. Et en prévoit deux autres en 2015.
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Entreprises Start-up
LA VIDÉO AU BOUT DES DOIGTS ► En développant l’application Kilo, Wesley Deglise entend « faire mieux qu’Instagram ». L'entreprise, qui vient de rejoindre Europe4startups, ouvre à chacun la création de vidéos interactives en ligne. ― Texte : Sébastien Lambotte ― Photos : Olivier Minaire
Chaque mois, Chaque mois, Paperjam1 propose Paperjam1 propose un gros plan sur une un gros plan sur une start-up luxembourgeoise start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un qui sera peut-être un fleuron de l’économie fleuron de l’économie de demain. de demain. Ce mois-ci : Ce mois-ci : AirBoxLab Kilo Ses cofondateurs : Son fondateur : Jacques Touillon (photo) Wesley Deglise Inouk Bourgon
1/ LE CONCEPT Kilo a créé une application permettant de créer et de diffuser des vidéos interactives. « Nous proposons aux utilisateurs de prendre le contrôle de leur vidéo à l’aide de leur doigt », explique Wesley Deglise, fondateur de Kilo. Disponible sur Android, l’application permet à chacun de capturer des petits moments en vidéo, sur lesquels chacun peut créer un parcours, permettant de contrôler le défilé du film à l’aide de son doigt. « On peut actionner le mouvement de la balançoire sur laquelle s’amuse une petite fille, ou faire mouvoir cette main qui caresse un chien. L’engagement de l’utilisateur avec le média est démultiplié. Et cela ouvre de nouvelles perspectives dans de nombreux cas de figure. »
2/ LE DÉVELOPPEMENT Au moment où Facebook a racheté Instagram pour plusieurs centaines de millions de dollars, Wesley Deglise s’est dit qu’on pouvait faire bien mieux que la plateforme sociale de partage de photos en ligne, « et même 1.000 fois mieux »… 1.000 « Instagram » formant un « Kilo »… L’idée de la vidéo interactive lui est venue. Lors d’une formation de l’Université de Stanford, il rencontre Barbara Lee, une Américaine à qui il fait part de son projet, et qui deviendra son associée. Ensemble, ils développent Kilo. Lui depuis Luxembourg, où son projet vient d’être accepté dans le programme Europe4startups et où il poursuit le développement de la technologie, de la plateforme et de l’appli. Elle depuis les États-Unis, où elle cherche et développe des opportunités business. L’application Kilo est disponible sur le Google Play Store.
3/ LE MARCHÉ La technologie Kilo se présente aux particuliers, avec une version allégée en fonctionnalités, permettant à chacun de réaliser très simplement de petites vidéos interactives et de les partager via l’appli. « Toutefois, ce sont aux entreprises qui pourraient être intéressées par le technologique que nous nous adressons, explique le fondateur. Une version plus complète de Kilo, payante, permet de réaliser des films plus complexes et plus longs. » Les professionnels du marketing ou les médias pourraient trouver un réel intérêt dans la solution proposée. Le Washington Post teste actuellement ses possibilités. « Les marques peuvent susciter plus d’interactions avec leur cible, et profiter d’un meilleur engagement. Ce type de vidéos, très accessibles, se prête très bien à la présentation d’un hôtel, d’une voiture, d’un produit sur une plateforme e-commerce par exemple. »
4/ LES PERSPECTIVES Kilo a déjà été téléchargée 30.000 fois sur Google Play Store. Un bon début. Sans doute encore insuffisant pour envisager un rachat pour quelques centaines de millions d’euros. Mais les deux associés en caressent le rêve à terme. Ils ne misent toutefois pas tout sur ce seul espoir. Aujourd’hui, ils ont la volonté de valoriser les possibilités offertes par leur technologie auprès des entreprises de part et d’autre de l’Atlantique. « Nous découvrons régulièrement, grâce à la communauté fédérée autour de la solution, de nombreuses applications pour lesquelles Kilo apporte de la valeur et nous continuons à améliorer la technologie afin d’être présents sur la plus vaste palette de terminaux », explique Wesley Deglise. En mode lean startup, les fondateurs ne vivent pas encore des recettes engendrées par leur activité. Cela ne les empêche pas de la développer avec cœur et passion.
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Place Financière Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite neuf sujets clés sélectionnés par la rédaction. Le magazine anglais The Economist résume dans son édition parue le 11 octobre la transition vécue par le centre financier luxembourgeois et la manière dont le pays peut sortir de l’ornière fiscale. Et de constater qu’entre le retour des avoirs bancaires à un niveau pré-crise, l’établissement des banques chinoises ou encore le lancement récent du premier Sukuk, la Place entend « administrer plus que cacher », comme l’indique le titre de l’article. En réponse à une rumeur publiée dans L’essentiel et faisant état d’un possible déménagement de la firme Deloitte vers le Ban de Gasperich (où PwC vient d’inaugurer son impressionnant nouveau siège, voir en page 69), Yves Francis, son managing partner, précise à Paperjam.lu : « Plusieurs options sont ouvertes, mais aucune décision officielle n’est prise à ce stade. » L’objectif est de regrouper à l’horizon 2018-2019 les équipes (1.600 personnes actuellement) réparties pour l’heure sur trois sites, dans un bâtiment unique qui ferait quelque 25.000 m2. La fusion des agences Luxembourg for Finance (LFF) et Luxembourg for Business (LFB) n’est plus à l’ordre du jour de l’exécutif, quand bien même elle était clairement évoquée dans le
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programme gouvernemental. Le ministre des Finances, Pierre Gramegna, dans une réponse parlementaire, l’a indiqué, sans pour autant le justifier. Évoquant l’optimisation des efforts de promotion, le ministre insiste sur l’importance « de tenir compte des spécificités respectives du secteur financier et de l’économie, qui bénéficient chacun de l’encadrement et du support particuliers apportés par les deux agences de promotion ». La Commission de surveillance du secteur financier a publié le rapport d’évaluation sur le caractère équitable du prix des actions du groupe de C'est, en cinémas millions d'euros, Utopia qu’elle la valorisation avait commandé de la société suite à l’opposiUtopia. tion d’un petit porteur qui jugeait la première expertise peu convaincante. Celle-ci avait conclu qu’un prix de 44,73 euros, valorisant le groupe à 47 millions d’euros, était acceptable. La seconde évaluation a pourtant confirmé la première : la valeur de l’action ressort dans une fourchette comprise entre 42,4 et 47,7 euros par action, avec une valeur centrale de 44,9 euros, valorisant la société à 57,1 millions d’euros. « Il nous paraît difficile de proposer aujourd’hui un prix inférieur pour le rachat des actions restantes, la situation de la société n’ayant pas fondamentalement changé depuis cette date », souligne le rapport.
57,1
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Une semaine après avoir rejeté leurs demandes de placement en redressement judiciaire, la justice luxembourgeoise a finalement placé, mi-octobre, et à leurs demandes, les deux holdings luxembourgeoises du groupe bancaire portugais Espirito Santo, ESFG et ESFIL, en faillite. Dans la foulée, le tribunal d’arrondissement de Luxembourg a rejeté les demandes de placement en gestion contrôlée sollicitées en juillet dernier par les holdings Espirito Santo International et Rio Forte Investments. La prochaine étape sera donc, là aussi, l’aveu de faillite (voir aussi en page 86). Selon l’avocat Alain Steichen (Bonn, Steichen & Partners), Beps fera encore plus mal à la Place que l’échange automatique d’informations. « L’impact sera très sérieux. Ça ne sera pas une bourrasque ni une tempête, mais ce sera plus proche d’un tsunami, ou à tout le moins une tornade. Le Luxembourg doit se positionner, soit en communiquant tous les rulings, soit, s’il adopte une position plus courageuse, n’en communiquer que certains, les plus touchy. Il est toutefois encore trop tôt pour savoir comment le pays va réagir. » Appelée une nouvelle fois le 13 octobre devant le juge des référés, l’assignation de la holding financière LSK contre Maison Moderne, l’éditeur de Paperjam, pour faire interdire la publication d’un article, a été reportée au 15 janvier 2015. La juge des référés n’a pas estimé qu’il y avait urgence, d’autant que l’avocat de LSK a demandé la radiation de l’affaire,
alors que l’avocat de Maison Moderne, Me Pierre Hurt, s’y oppose farouchement. Il a d’ailleurs introduit une demande reconventionnelle contre la partie LSK en réclamant le paiement de dommages de 10.000 euros pour procédure abusive et vexatoire. Le tribunal administratif a retoqué, dans une ordonnance, une sanction infligée par la CSSF à l’encontre d’une réviseure agréée, qui s’était vu reprocher un manque de fiabilité dans ses évaluations. Elle s’était vu imposer de devoir être appuyée, pendant 12 mois, par un confrère, pour assurer une double signature des comptes de fonds d’investissement. Or, l’exigence de cette double signature ne serait pas prévue par la loi sur l’audit, ce qui a motivé la décision du tribunal, lequel avait été saisi contre cette décision pour son absence de base légale et son caractère disproportionné. Norddeutsche Landesbank Luxembourg, installée au GrandDuché depuis 1972 où elle emploie 200 collaborateurs dans les domaines de la gestion privée, des prêts aux entreprises et des marchés financiers, annonce sa fusion avec sa filiale Nord / LB Covered Finance Bank, spécialisée dans le financement sécurisé. L’opération, prévue pour le premier semestre 2015, a pour objectifs de réduire
Place financière Brèves
les coûts, se mettre en conformité et trouver de nouvelles pistes de refinancement. C’est Harry Rosenbaum, l’actuel président du conseil d’administration de Nord / LB Luxembourg, qui sera nommé président du conseil d’administration de la nouvelle entité. La direction, elle, sera confiée à Christian Veit, l’actuel président de Nord / LB CFB. Les affaires de blanchiment traitées par la Cellule de renseignement financier (CRF), puis
devises ne serait pas constitutif d’une aide étatique. Cette prise de position s’inscrit en marge d’une opération de collecte, par la Commission européenne, d’informations en relation avec le régime fiscal institué à l’article 54bis de la loi sur l’impôt sur le revenu, et pour lequel le gouvernement se dit « confiant que les échanges avec la Commission lui permettront d’apporter les clarifications requises en vue d’établir que ce dispositif n’est pas constitutif d’une aide étatique ».
société civile immobilière détenue par une société luxembourgeoise, appartenant aux fils Barre. Il n’y a pas que Maison Moderne qui ait fêté ses 20 ans à la mioctobre. Le pôle d’expertise en finance inclusive Ada a ainsi soufflé 20 bougies, profitant de
de l’entité portugaise Novo Banco vient clairement combler le vide laissé par le groupe de Banco Espirito Santo (BES). Novo Banco est dotée d’un capital de près de 5 milliards d’euros, dont la quasitotalité provient du fonds de recapitalisation des banques (12 milliards) alloué dans le cadre du plan de sauvetage du Portugal.
C'est à Neimënster qu'Ada a célébré son 20e anniversaire.
Le ministre des Finances, Pierre Gramegna
transmises aux parquets, ont affiché une hausse de 21 % en 2013 (4.891 dossiers), en comparaison avec 2012. Le nombre de condamnations qui ont suivi aussi : 14 % de plus. « La tendance principale quant aux types de soupçons de blanchiment analysés en 2013 est en continuité avec celle qui a été constatée ces dernières années », souligne l’administration judiciaire, indiquant que le faux, l’usage de faux, l’escroquerie ou la tentative d’escroquerie, l’abus de confiance, l’abus de biens sociaux ainsi que la banqueroute étaient les criminalités sous-jacentes ressortant le plus souvent des analyses de la CRF transmises aux parquets. D’après le ministre des Finances, Pierre Gramegna, le dispositif fiscal permettant à de nombreux établissements financiers de neutraliser leurs plus-values réalisées dans le cadre d’opérations en
Les choses se sont précipitées mioctobre, dans le secteur de l’assurance, avec la publication au Memorial du règlement grandducal complétant le dispositif de la loi sur les intermédiaires d’assurance suivi des premiers agréments de professionnel du secteur des assurances (PSA) et d’intermédiaire d’assurance et de réassurance. Eva Barre, la veuve de l’ancien Premier ministre français Raymond Barre, ainsi que ses deux enfants, Olivier et Nicolas, ont obtenu une victoire devant la justice administrative luxembourgeoise, en faisant annuler la levée du secret des affaires. Celle-ci était sollicitée par l’Administration des contributions directes, à la demande du fisc français, qui enquête sur les conditions de cession de la villa familiale sur la Côte d’Azur à une
l’occasion pour dévoiler deux nouveaux outils de réflexion et de partage des connaissances : une nouvelle revue, Passerelles, ublication biannuelle qui a pour ambition de faire le lien entre le monde de la recherche, de l’analyse et le terrain ; et la création d’une chaire en droit de la finance inclusive au sein de la Faculté de Droit, d’Économie et de Finance de l’Université du Luxembourg. À l’occasion de son assemblée générale extraordinaire qui se tenait mercredi soir à la Bil, l’Association des employés de banque et d’assurance (Aleba) a élu son nouveau président : il s’agit de Roberto Scolati, vice-président du syndicat et membre de la délégation du personnel à la Banque de Luxembourg. Il succède à Marc Glesener, président de l’association depuis 1994, qui a fait valoir ses droits à la retraite depuis le mois de juin dernier. Le Registre de commerce et des sociétés a enregistré l’immatriculation, en date du 15 octobre, de Novo Banco, succursale Luxembourg. Domiciliée 1, rue Schiller, la succursale
L’enseigne Novo Banco devrait remplacer partout celle de BES. Au Luxembourg, Novo Banco est en tout cas officiellement sur les rails, au même endroit. Le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a annoncé devant les membres de la commission des finances et du budget que la Commission européenne avait lancé, en juin dernier, deux enquêtes supplémentaires pour aides d’État, en plus des cas Amazon et Fiat Finance and Trade
Roberto Scolati est le nouveau président de l'Aleba, le syndicat des employés des banques et assurances.
Place financière Brèves
déjà connus. Les noms de ces sociétés, actives dans le secteur financier, n’ont cependant pas été communiqués. L’Administration des contributions directes est passée au stade supérieur dans les procédures d’échange d’informations fiscales sur demande. Elle inflige désormais des amendes aux sociétés boîtes aux lettres qui se montrent récalcitrantes à lui fournir dans les délais des documents pour les transmettre ensuite à l’étranger. La société anonyme Dacomi Investment vient ainsi d’écoper d’une amende de 25.000 euros pour « défaut de collaboration », étant restée muette aux nombreuses sollicitations du fisc luxembourgeois ayant souhaité vérifier la véracité de sa substance au Grand-Duché. 35.030 euros : c’est le montant de la facture finale que le ministère des Finances a dû débourser dans le cadre de la présentation du budget 2015 « nouvelle génération ». Un site internet dédié et les différents outils d’information (notamment la fameuse clé USB sur laquelle a été présenté le budget) sont le fruit d’un appel d’offres restreint lancé par le Premier ministre fin août « à l’adresse de quatre agences de communication luxembourgeoises », a précisé Pierre Gramegna, sans mentionner le nom de l’agence Comed, retenue pour ce marché. Ces coûts pourront être considérés comme des investissements, puisque le représentant du gouvernement précise que le système a été conçu « de manière à pouvoir être réutilisé les années prochaines ». L’Association des compagnies d’assurances a fait ses comptes : le passage à l’échange automatique d’informations coûtera 45 millions aux assureurs. Un coût qui sera fatalement répercuté sur le client final, mais qui ne sera pas le seul. La hausse de la TVA pèsera pour plus de 10 millions d’euros, alors que les frais de reporting liés à la directive
078 ―
Solvabilité II devraient représenter environ 5 % du bénéfice, sachant que la seule mise en place du projet s’élève déjà à 1,3 million d’euros par compagnie d’assurance. La société luxembourgeoise de services en informatique Neofacto a annoncé le lancement de Yallet, premier wallet bitcoin disponible en trois langues sur l’App Store, en attendant une version Android pour la fin de l’année. D’après les fondateurs de Neofacto, Laurent Kratz et Pierre Gérard, Yallet se démarque des autres porte-monnaie bitcoin grâce à une interface très simple, une rubrique aide complète et pédagogique et plusieurs devises pour l’affichage des montants des transactions. « La technologie bitcoin va engendrer des mutations qui vont impacter le grand public, mais aussi l’économie en général et le monde de la finance », explique M. Kratz. Pointant à 153,3 millions d’euros pour l’exercice 2013-2014, le chiffre d’affaires du cabinet d’audit et de conseil EY poursuit la hausse entamée au cours des cinq dernières années. Après la croissance de 12 % qualifiée d’exceptionnelle sur l’exercice précédent, la firme affiche tout de même 4,1 % de mieux, avec des progressions dans tous les métiers. L’homme d’affaires francoisraélien, Thierry Leyne, 48 ans, associé à Dominique Strauss-Kahn dans la société d’investissement LSK au Luxembourg, s’est donné la mort à Tel-Aviv où il résidait. Selon les informations communiquées par ses proches, il se serait défenestré d’une des plus hautes tours de la ville, poumon économique et financier d’Israël. Dans la foulée, sa société de gestion d’actifs, Assya Asset Management, a été placé par la justice luxembourgeoise à être placée en « sursis de paiement ».
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Le patrimoine global net des organismes de placement collectif et des fonds d’investissement spécialisés a franchi le cap hautement symbolique des 3.000 milliards d’euros, atteignant, fin septembre, le montant de 3.006,76 milliards. Le secteur enregistre ainsi une 13e hausse consécutive, avec une progression sur 12 mois de plus de 18 % du patrimoine.
La Banque internationale à Luxembourg a inauguré fin octobre sa première succursale à Dubaï, au cœur du centre financier de la capitale des Émirats arabes unis. Cette « agence » témoigne, comme le dit d’ailleurs le communiqué officiel, « des liens économiques étroits qui unissent les deux pays en général, et leurs secteurs bancaires en particulier ». La Bil, dont l’actionnariat est à
Les grands patrons de la Bil encadraient le ministre Gramegna pour les discours inauguraux.
À l’occasion des Banking Awards 2014, le magazine financier The International Banker a décerné les prix « Meilleure innovation en banque de détail au Luxembourg » et « Meilleure banque privée du Luxembourg » à la Bil. Ces prix décernés tiennent compte de la contribution positive des institutions primées à l’économie globale dans leur région ainsi que des niveaux de gouvernance et de compliance des plus élevés.
90 % qatari et à 10 % aux mains de l’État luxembourgeois, pose de fait le pied dans un espace très symbolique. Lors de cette inauguration, en présence du ministre des Finances, Pierre Gramegna, nul n’a au demeurant manqué de rappeler, aussi, que le GrandDuché est le plus important domicile de fonds islamiques en Europe et occupe la troisième place mondiale en la matière, derrière la Malaisie et l’Arabie saoudite.
Autre banque, autre récompense : la KBL a reçu, dans le cadre des Wealth & Money Management Awards 2014, le « Best Private Bank in Luxem bourg », ainsi que le « Commitment Award for Euro pean Banking » en récompense de ses efforts axés sur l’excellence dans le secteur des services financiers.
Claude Kremer (Arendt & Medernach), l’ancien président de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi), (re)prend du galon : il a été nommé au conseil d’administration de l’Association internationale des fonds d’investissement (IIFA).
www.pwc.lu/psf
De nouveaux défis pour les PSF Discutons-en
Dans un environnement en profonde évolution, les Professionnels du Secteur Financier (PSF) doivent préparer aujourd’hui les défis de demain. Notre équipe d’experts PSF vous aide à faire face aux épreuves, et à saisir les opportunités dans de nombreux domaines : Audit, Fiscalité, Risk Management, Gouvernance, Croissance Externe, Ressources Humaines, etc. Profitez de notre expérience en tant que leader sur le marché, pour trouver les solutions les plus efficaces, réalistes et adaptées à vos besoins.
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Place financière PSF
01 Un écosystème bien vivant
► L’étude Deloitte sur les professionnels du secteur financier, à paraître le 11 novembre, observe une relative stabilité des trois catégories. ► Les PSF spécialisés accueillent encore de nouveaux acteurs. ► L’industrie continue de se développer, la base de son activité s’élargissant avec de nouveaux agréments. ― Texte : Alain Ducat ― Photo : Christophe Olinger
d’appréhender certaines activités. Il y a, de toute évidence, une réelle appétence au changement. » La méthode de travail permet d’obtenir cet instantané fiable et, en plus, un feeling émanant du terrain. « Outre la compilation et le croisement de toute une série de données – issues du registre de commerce ou des publications de la CSSF, entre autres –, nous avons mené une série d’interviews avec des responsables de la Place, des gestionnaires, des professionnels du secteur. Cette approcwhe permet de prendre le pouls des acteurs, car rien ne remplace le contact direct. » La stabilité semble donc de mise pour l’ensemble de l’année 2013 (passée à la loupe de l’étude), ce qui se confirme au cours des premiers mois de 2014 (les infographies cidessous intègrent également les éléments du premier semestre). Mais il y a des orientations différentes, selon les catégories. Ainsi, les PSF spécialisés (126) continuent d’accueillir, chaque année, de nouveaux acteurs, alors que le nombre d’entreprises d’investissement
Au terme de l’année 2013, le nombre de PSF existants, proche de celui relevé fin 2012, témoigne de la relative stabilité dans chacune des trois catégories de PSF (entreprises d’investissement, PSF spécialisés et PSF de support). C’est une des premières observations que l’on peut faire, à la suite de l’étude annuelle menée par le cabinet Deloitte sur les professionnels du secteur financier au Luxembourg. L’étude 2014, qui paraîtra le 11 novembre, voit un secteur « bien vivant », en comparaison de la version 2013 qui évoquait la « résilience » d’une industrie ayant gagné toute son importance dans le pays, à plus d’un titre. Pour Stéphane Césari, partner et PSF leader chez Deloitte Luxembourg, coauteur de l’étude avec Raphaël Charlier (partner audit), ce travail « permet d’obtenir un très bon baromètre de l’activité des PSF. On perçoit notamment que la Place conserve cette flexibilité, notamment face à la multiplication des réglementations qui modifient la manière
▲ Suivis de près depuis les bureaux de la CSSF, les professionnels du secteur financier, avec des agréments en évolution, prennent une place de plus en plus intéressante.
PSF SPECIALISÉS en milliards d'euros
592,10
25
Résultats nets provisoires Somme des bilans
21,73 20
en millions d'euros
Emploi
600
5.000
PSF 150
Nombre 500
Emploi 4.000
3.595
3.484
127 3.511
3.424
400
90
3.113 3.000
15
286,74
110
300
10,39
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Place financière PSF et le nombre de PSF de support diminuent lentement, mais régulièrement. Au total, on comptait 314 PSF fin 2013. Et deux de plus depuis lors. Globalement, le secteur a trouvé un rythme de croisière depuis 2011, ce qui contraste avec les pointes constatées entre 2004 et 2011 où le nombre de PSF avait explosé, quasi doublé. Au passage, on peut noter que la course à l’agrément, parfois sans réel besoin opérationnel, avait surtout gonflé le nombre de PSF de support, qui est encore à 82 aujourd’hui quand même.
ENTREPRENEURS LOCAUX Les structures évoluent également. « Les PSF comptent moins de grands groupes et d’avantages d’entrepreneurs locaux ou venant des régions limitrophes, mais en tout cas ancrés au Luxembourg et connaissant bien les spécificités locales, analyse Raphaël Charlier. C’est le cœur de l’activité. Et c’est à encourager, au nom de la substance et au nom de la pérennité. » « Non seulement l’activité se maintient, mais il y a de réelles niches qui se développent, poursuit M. Césari, grâce à de nouveaux agréments notamment, comme le family office, alors que les agents de transferts et les domiciliataires connaissent encore une légère hausse de leur nombre au sein des PSF ». L’industrie, qui tend à la maturité, se développe encore. On voit que la flexibilité est un atout incontournable. Le secteur s’adapte et, mieux, va de l’avant. « Les PSF élargissent la base d’activités et le portefeuille de services. Le family office est un réel atout, pour lequel plus de 200 établissements ont un agrément. Le PSF dépositaire spécial d’actifs non bancaires est aussi un agrément en croissance, avec une petite dizaine de dépositaires, dont de nouveaux acteurs. » Encore peu nombreux fin 2013, les
PSF DE SUPPORT Résultats nets provisoires
en milliards d’euros
en millions d'euros
Somme des bilans
40
1.2
Nombre Emploi
150
9.222
36 35
PSF
Emploi
10.000
8.915
8.045
7.868
8.000
9.063
1,09
1.1
120 30
6.000
25
4.000
1.0
0,96 24,63
90 20
78
81
2.000
15 14 20
13 20
12 20
11 20
10
60 20
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12 20
20
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0.8 10
DONNÉES :CSSF
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Place financière PSF A priori, les augures sont plutôt encourageants. Après une année 2012 très riche en actualité réglementaire, 2013 et 2014 sont plutôt des années d’assimilation. Les nouveaux défis ont trait à Fatca, à MiFID II, au profond changement de paradigme induit par l’OCDE qui s’est résolument engagée vers une transparence fiscale, poussant les acteurs à revoir leur modèle d’affaires. « Les acteurs luxembourgeois ont toujours fait preuve de dynamisme, d’ingéniosité, et surtout d’esprit pionnier pour attirer toujours plus de clientèle et d’activité. L’activité de PSF, avec l’aptitude à se battre au jour le jour pour s’adapter et se développer, devrait être un vecteur de croissance », prédisent les partners. Pour Raphaël Charlier, « il y a une tendance sous-jacente, c’est l’ingénierie financière. Mais une ingénierie qui réussit la transition de la transparence. Elle ne se fait pas sans effort, mais elle s’opère. » Stéphane Césari complète l’observation : « Le type de clientèle a évolué et évoluera. Il y a une marge de croissance intéressante. Il y a sans doute moins d’acteurs, mais pas moins d’actifs, au contraire. Ces clients fortunés, de plus en plus internationaux, sont plus exigeants. Le niveau d’excellence du service est donc primordial. » Comme le niveau d’excellence est aussi le leitmotiv de la Place, l’écosystème « bien vivant » dévoilé sous toutes ses coutures dans l’étude menée par Deloitte n’annonce pas de menace à l’horizon. L’étude 2015 le confirmera ou pas. ◄
dépositaires spéciaux connaissent actuellement un intérêt réel suite à l’introduction de la loi AIFM en juillet 2014. « Ils devraient contribuer pleinement à un développement du secteur dans les prochaines années. En outre, nous constatons que, même sans tenir compte de ces deux événements, le nombre total d’agréments exercés continue d’augmenter, confirmant le dynamisme des PSF », expliquent les auteurs.
MOINS D’ACTEURS, PLUS D’ACTIFS Les données financières confirment l’analyse. « On a travaillé sur l’ensemble des états financiers, le revenu, les frais de personnel, le fonctionnement, le total des actifs sous gestion, la somme des bilans. Ce qui permet de dégager de réelles tendances, dit M. Charlier. On a en effet établi des moyennes, en écartant par exemple des cas extrêmes, parfois dus à la spécificité d’un acteur dont les montants créent un peak, intéressant en soi, mais qui n’a pas nécessairement de résilience. » Et de fait, les sommes de bilans, comme le résultat net provisoire des PSF, ne donnent pas de signe d’inquiétude. Une confirmation se retrouve derrière tout cela : tout un écosystème s’est mis en place, autour des PSF. Les compétences bien présentes sur la Place, du juridique à l’IT en passant par les activités de conseil, d’audit ou de révision, trouvent là un terrain d’activité propice. En outre, le « glissement » d’activités sur la Place se retrouve dans celui de l’emploi qui, dans les PSF, continue d’augmenter encore un peu (14.732 postes fin 2013), alors que la tendance est à la baisse dans le secteur bancaire (26.237 personnes à la même période).
Ingénierie transparente « Il y a une tendance sous-jacente, c’est l’ingénierie financière. Mais une ingénierie qui réussit la transition de la transparence. Elle ne se fait pas sans effort, mais elle s’opère. » Raphaël Charlier (Deloitte)
Niches et agréments
« Non seulement l’activité se maintient, mais il y a de réelles niches qui se développent, grâce à de nouveaux agréments notamment, comme le family office. »
En résumé Le secteur des PSF ne cesse d’évoluer. Dans la 4e édition de son étude, à paraître le 11 novembre, Deloitte Luxembourg analyse les chiffres et les tendances. Le secteur et l’écosystème développé autour sont bien vivants. L’adaptation et l’émergence d’acteurs de plus en plus liés au tissu local y contribuent.
Stéphane Césari (Deloitte)
ENTREPRISES D'INVESTISSEMENT en milliards d'euros 25
Résultats nets provisoires Somme des bilans
20
en millions d'euros
Emploi
PSF
600
10.000
150
500
Nombre Emploi
8.000
400
120
111
6.000
15
308,50
107
300 4.000 200
149,12
5
2.584
2.316 88 3,23
100
90
2.663
2.170
2.360
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14 20
13 20
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THE FUTURE OF WORKSPACES Après avoir conçu des espaces de travail pour des entreprises telles que Google, Nike et Amazon, la designer d’intérieur Suzanne Carlson, de la firme d’architecture NBBJ, affirme que « la concentration, d’un point de vue cognitif, peut véritablement être améliorée et soutenue par notre environnement physique. La configuration physique d’un espace a des effets bénéfiques quantifiables ». Dix orateurs de différents horizons nous présenteront leur(s) vision(s) de l’espace de travail du futur.
10 X6 1 soirée, 10 experts, 6 minutes par orateur
Bogdan BANICE Banice architectes
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Date Mercredi, 19 Novembre 2014
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Programme 18:30 Welcome cocktail 19:00 Mots de bienvenue 19:15 10 présentations 20:20 Walking & networking dinner
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10x6_futureofws_pub_paperjam.indd 1
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10/28/14 16:37
Place financière Mission financière et économique
02 Opération séduction au Brésil ► Du 16 au 21 novembre, une délégation composée d’acteurs financiers et de chefs d’entreprise luxembourgeois se rend en mission économique au Brésil. ► Le timing est opportun puisque le pays, qui a choisi de réélire Dilma Rousseff à sa tête, doit relancer sa machine économique.
Dilma Rousseff a été réélue pour quatre ans à la présidence du Brésil, avec 51,64 % des suffrages. Une élection qui a confirmé une division au sein de la population. Les marchés financiers et le monde économique penchaient plus volontiers pour son rival de centre-droit Aécio Neves. Il est vrai qu’après quelques années de forte croissance, l’économie brésilienne accuse le coup ces derniers mois. Pour 2014, le FMI avance une croissance de 1,8 % tandis que le gouvernement table sur environ 2,3 %. Loin des 7,5 % en 2010… En mars dernier, l’agence Standard & Poor’s a également abaissé d’un cran la note de solvabilité du Brésil, de BBB à BBB-, conséquence d’une croissance économique faible et d’un « dérapage » budgétaire. Cela dit, le pays, qui compte plus de 200 millions d’habitants et qui est en pleine mutation sociale, n’en reste pas moins un géant émergent. « Au cours des dernières années, le Brésil s’est hissé au rang de 7e économie mondiale, confirmant ainsi son rôle prépondérant au sein des pays émergents », souligne Nicolas Mackel, CEO de l’agence de promotion Luxembourg for Finance. « Le Brésil a ainsi vu évoluer un nombre important de grandes fortunes et d’entrepreneurs avec un regard tourné vers l’international, ayant besoin de services sophistiqués et multijuridictionnels. » Comprendre le Brésil, et plus globalement encore l’Amérique latine, constitue un enjeu important pour la place financière luxembourgeoise qui est, depuis toujours, tournée vers l’international. C’est dans ce cadre que s’inscrit la mission économique et financière au Brésil, organisée par Luxembourg for Finance et la Chambre de commerce, du 16 au 21 novembre, sous la houlette du ministre des Finances Pierre Gramegna, en présence également du grandduc héritier et la Princesse Stéphanie. Une importante délégation constituée de plus de 60 représentants de la place financière prendra part à cette mission qui passe par Sao Paulo et Rio de Janeiro. En matière de finance, les relations entre les deux pays ne sont pas embryonnaires :
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▲ Le Brésil n'est pas attractif que pour son décor.
le Luxembourg est la première source d’investissements étrangers au Brésil, avec 33 % des investissements financiers internationaux directs, soit 1,8 milliard de dollars, en janvier 2012. De nombreuses institutions financières brésiliennes ont également choisi le Luxem bourg comme porte d’entrée pour accéder au marché européen des fonds d’investissement distribués dans plus de 70 pays.
PARTENAIRES FINANCIERS « Le Luxembourg compte à ce jour trois banques brésiliennes (Banco Safra, Banco Bradesco et Banco BTG Pactual) dont deux d’entre elles utilisent des doubles structures (filiale et succursale), ce qui nous amène au nombre de cinq », rappelle également Nicolas Mackel. Historiquement, Bradesco a été la première banque brésilienne à s’être installée au Luxembourg en 1981 et à choisir d’y baser son siège européen. Trois des plus grandes banques du Brésil utilisent également le Luxembourg comme plateforme de distribution de fonds en Europe et dans le monde. « La réglementation, la fiscalité et la réputation de la place financière font du Luxembourg un centre financier et de compétences reconnu au Brésil. Pour Brasilia, le Grand-Duché n’est pas un paradis fiscal, mais un hub idéal pour
développer des activités à l’international », précise un banquier brésilien de la Place, sous couvert d’anonymat. La liste complète de participants n’est pas encore définitive, mais la Chambre de commerce étant coorganisateur de la mission, des entreprises « non financières » seront également du voyage pour y développer leurs activités, le Brésil investissant notamment massivement dans ses infrastructures. Pour l’heure, les échanges de biens entre les deux pays ne pèsent pas lourd. Ils ont représenté environ 48 millions d’euros l’an dernier. Dans le détail, les exportations luxembourgeoises se sont élevées à 44,3 millions d’euros, largement supportés par les « machines et appareils » et les « métaux communs et ouvrages en ces matières », ces deux classes de produits représentant à elles seules près de 37 millions. Selon les chiffres du Statec, pour les sept premiers mois de l’année 2014, le cumul des exportations atteint 22,6 millions d’euros. Les groupes Paul Wurth et ArcelorMittal sont les principaux représentants du pays de l’autre côté de l’Atlantique. En ce qui concerne les importations de produits brésiliens au Luxembourg, elles ont représenté 3,5 millions d’euros en 2013. Les produits chimiques pèsent à eux seuls pour près de 3 millions d’euros. ◄ En résumé Le Brésil sera la prochaine destination de promotion et de prospection du secteur financier luxembourgeois. Un pays qui a émergé ces dernières années et compte bien poursuivre sur sa lancée. De quoi susciter un intérêt réel pour les acteurs du Grand-Duché.
PHOTO : LICENCE CC / WP
― Texte : Fabrice Barbian
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Place financière Espirito Santo
03 La saga ne fait que commencer ► Le vaisseau amiral du groupe financier Espirito Santo au Luxembourg a coulé, la holding Espirito Santo Financial Group n’a pas pu être sauvée de la faillite. ► La question est désormais de savoir ce qui pourra être retiré de l'épave. ― Texte : Véronique Poujol
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par qui le scandale est arrivé, Francisco Machado da Cruz, avait été convoqué par la Police judiciaire en septembre. Son audition avait été suivie par celle de l’ex-directeur José Carlos Cardoso Castella. Sans surprise, le 3 octobre, le tribunal d’arrondissement de Luxembourg a rejeté, sans autre commentaire, les requêtes de mise sous gestion contrôlée formées par ESFG et ESFIL en juillet. Le 10 octobre, la faillite des deux entités était prononcée, les créanciers ayant jusqu’à la fin octobre pour faire leur déclaration. Mi-octobre, les plans de redressement présentés pour le contrôle de l’ex-BES par deux autres entités privées Rio Forte et Espirito Santo International (liées à la famille Espirito Santo), étaient à leur tour rejetés par le tribunal. Un verdict que Rio Forte n’a pas accepté, faisant appel du rejet de sa demande de placement en gestion contrôlée. C’est bien la preuve que Ricardo Selgado n’a pas renoncé à se battre (contre la Banque du Portugal qu’il accuse d’avoir trop rapidement enterré son groupe) et croit toujours au sauvetage de ce qu’il reste du groupe familial. La question est de savoir ce qui pourra être retiré des décombres du groupe par les créanciers d’ESFG et d’ESFIL, alors que le principal actif de la holding luxembourgeoise, l’assureur Tranquilidade, valorisé à 215 millions d’euros (et à 515 millions dans les comptes du groupe) a été vendu au fonds d’investissement américain Apollo. Il reste encore des actifs immobiliers et des hôtels et peut-être les biens personnels de Ricardo Selgado. La saga ne fait que c ommencer… ◄
▲ Au Luxembourg, Novo Banco côtoie déjà ce qu'il reste d'Espirito Santo.
Espirito Santo à la loupe Le groupe Espirito Santo avec ses cinq grosses unités domiciliées au Luxembourg était structuré en deux branches. ESFG (holding luxembourgeoise, cotée en Bourse de Lisbonne et de Luxembourg), dont le principal actif (à plus de 90 % pour un montant de 1,5 milliard d’euros) était la Banco Espirito Santo (BES), holding relevant de la supervision de la Banque du Portugal. L’autre pôle, non financier, est composé d’Espirito Santo International (ESI) et de Rio Forte. C’est au niveau d’ESI (en faillite depuis le 27 octobre) que s’est produite la fraude comptable présumée faisant actuellement l’objet d’une enquête judiciaire par le Parquet luxembourgeois. Mais l’endettement excessif de l’ensemble du groupe familial et l’enchevêtrement de structures opaques noyautées par la famille Espirito Santo (dont ESI et Rio Forte) ont causé la chute de toute la maison portugaise. PHOTO : DR
Le début de l’automne a sonné le coup de grâce pour l’empire financier que la famille Espirito Santo avait construit en pilotant une partie de ses affaires au Luxembourg. Elle y avait établi le siège de cinq de ses principales sociétés pour le contrôle de la banque éponyme, dépecée cet été, ses bons actifs ayant été parqués dans la nouvelle entité Banco Novo après une injection de capital de la Banque du Portugal d’un montant de 4,5 milliards d’euros. Plus personne ne croyait à la viabilité du plan de redressement présenté en juillet à la justice luxembourgeoise, après l’intervention de la Banque du Portugal qui avait gelé les droits de vote d’Espirito Santo Financial Group (20 % du capital) dans Banco Espirito Santo (BES), ses actifs sains sortis dans Novo Banco et les actifs toxiques maintenus dans l’ex-BES. Le 25 septembre, quelques jours avant que le tribunal de commerce ne se prononce sur le placement en gestion contrôlée de ESFG et une autre entité, Espirito Santo Financière (ESFIL), ça sentait déjà le roussi pour la famille portugaise, déjà expulsée de « sa » banque. Le même jour, les administrateurs indépendants de ESFG démissionnaient collectivement, dénonçant la gouvernance de la famille Espirito Santo dans le groupe et pointant clairement ses responsabilités dans le naufrage. L’un d’eux évoquait sur Paperjam.lu le « manque de transparence et de remontée d'informations sur les dettes » du groupe. Quelques jours plus tôt, suite à la démission du patriarche, Ricardo Espirito Santo Salgado, soupçonné d’être à l’origine de manipulations de comptes du groupe, l’ancien CEO d’ESFG, Roger Hartmann, s’était « dévoué » en prenant la présidence du conseil d’administration de la holding. Au Portugal, Ricardo Selgado était mis en examen pour fraude et blanchiment de capitaux. On apprenait aussi que la justice luxembourgeoise cherchait à l’entendre dans le cadre de son enquête pour abus de bien sociaux présumés. Son audition devrait intervenir à la fin du mois de novembre. L’ex-commissaire aux comptes d’Espirito Santo International (qui détient 49 % d’ESFG)
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Place financière Fonds d'investissement
04 L’alternatif, en continu
► Leader européen en matière de fonds Ucits, le Luxembourg cherche désormais à faire son trou dans la sphère alternative. ► La directive européenne AIFM ouvre de réelles perspectives de développement et de croissances continus pour le marché luxembourgeois dans une perspective crossborder. ► La conférence internationale organisée par l’Alfi le 25 novembre à Luxembourg permettra de faire le point sur l’avancement de la Place en la matière. ― Texte : Jean-Michel Gaudron ― Photo : Luc Deflorenne
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Les fonds d’investissement au Luxembourg continuent de surfer sur la vague. Fin septembre, le secteur a enregistré un 13e mois de hausse consécutif et le patrimoine global des OPC et des fonds spécialisés a franchi le cap symbolique des 3.000 milliards d’euros, à peine quatre ans après avoir passé celui des 2.000 milliards et 10 ans après le premier millier… Le succès des fonds d’investissement luxembourgeois « traditionnels » est quasi continu depuis l’adoption, par le Grand-Duché, de la première directive OPCVM en 1988. Un acte fondateur pour une industrie qui a su tirer profit d’une très grande réactivité, le Luxem bourg étant alors le premier État membre de l’UE à transposer en droit national cette directive européenne. Plus de 26 ans après, un autre pan du secteur suscite un intérêt grandissant sur lequel le Grand-Duché entend bien capitaliser rapidement : celui des fonds dits « alternatifs » qui, par définition, couvre tous les véhicules d’investissement qui n’entrent pas dans le champ d’application de la réglementation OPCVM. Les fonds alternatifs de droit luxembourgeois
▲ Claude Niedner (Arendt & Medernach) : « Nous devons avoir une approche manager-friendly. »
étaient en général créés sous la loi de 1991 sur les fonds réservés aux investisseurs institutionnels, ou bien sous la Partie II de la loi de 2002 sur les fonds d’investissement. En 2007, la création des fonds d’investissement spécialisés (FIS) avait permis d’élargir la palette des véhicules offerts aux investisseurs dits « avertis », leur offrant un cadre réglementaire élargi pour certains types de placements (immobiliers, fonds de couverture, fonds de fonds, actions non cotées, matières premières, produits dérivés…). Puis vint Lehman Brothers et ce que d’aucuns ont considéré comme étant la fin d’un « Ancien Monde ». Un choc tel qu’il ne fallut que quel ques mois à la Commission européenne pour élaborer une proposition de directive visant à réglementer les gestionnaires de fonds alternatifs (hedge funds, fonds de
Place financière Fonds d'investissement capital-investissement…) opérant en Europe. Ainsi naquit la directive AIFM, prévoyant d’un côté une supervision et une réglementation accrues pour les fonds alternatifs et leurs gestionnaires et, de l’autre, de réelles opportunités de distribution au travers, par exemple, d’un passeport européen permettant d’opé rer dans tous les États membres de l’UE. Tout comme en 1988 avec la première directive Ucits, tout comme avec la quatrième version de cette même directive en décembre 2010, le Luxembourg fut le premier État membre à transposer cette directive AIFM en juillet 2013. « Cette directive a créé un cadre réglementaire unifié et harmonisé qui n’existait alors pas en Europe, ce qui est a priori positif, commente Claude Niedner, associé chez Arendt & Medernach, un des spécialistes de la Place sur la question. Cela ne peut que servir le Luxembourg dans son statut de place financière européenne de référence pour ce qui est de la distribution des fonds d’investissement. »
UNE LARGE PALETTE Il n’en reste pas moins vrai que la success story vécue en matière de fonds Ucits n’est pas a priori destinée à être dupliquée telle quelle dans la sphère alternative. Pour commencer, les stratégies globales sont radicalement différentes : Ucits était une directive orientée « produits » ; AIFM est une directive orientée « gestionnaires », qui se développe au sein d’un pays qui a, historiquement, une « culture produits ». Ensuite, il y a fonds alternatif et fonds alternatif… Fonds de private equity, fonds immobiliers, hedge funds… et toutes les autres sortes de fonds « non Ucits » : la panoplie est très large et les environnements dans lesquels ils évoluent fort différents. « Le Luxembourg n’est pas positionné de la même manière sur chacun de ces marchés », indique M. Niedner. Dans le domaine des property funds, par exemple, le Luxembourg est, aux yeux de bon nombre d’acteurs du marché, LA juridiction de structuration des fonds immobiliers ayant une approche internationale, devançant même des Places historiquement très actives sur ce segment telles que les Îles anglo-normandes. « Les plus grands noms du marché sont établis au Luxembourg, constate M. Niedner. On observe une réelle internationalisation accrue pour ces types de fonds : plutôt que des fonds allemands ou français mis en place pour des investisseurs allemands ou français, on trouve désormais des fonds luxembourgeois établis pour des investisseurs d’origines diverses et variées. » Le contexte est un peu différent en matière de private equity, où le Luxembourg a, pendant longtemps, été avant tout une juridiction spécialisée de structuration de tels fonds. Mais les choses évoluent et là aussi, les marques d’intérêt vont en grandissant. Dans un article publié en début d’année dans un magazine professionnel, Olivier Coekelbergs, associé, private equity leader chez EY Luxembourg, est formel : « Il est clair
que l’industrie du private equity est appelée à jouer un rôle important pour assurer la pérennité de la place financière luxembourgeoise à offrir des opportunités de premier choix aux jeunes diplômés dynamiques de demain. » Encore faut-il pour cela surmonter quelques obstacles, à commencer par la question fondamentale de l’accès aux investisseurs européens. « Il demeure un problème de taxation du carried interest (la part de la plus-value réalisée par un fonds, ndlr) des gestionnaires de fonds alternatifs, avec des initiatives fiscales qui ne sont pas allées jusqu’au bout. C’est un peu dommage et si le Luxembourg veut mieux se positionner, il va falloir envisager de faire quelque chose d’un peu plus poussé », prévient M. Niedner. Récemment, encore, la Luxembourg Private Equity Association estimait que l’industrie du capital-investissement ne donnait pas encore sa pleine mesure au Luxembourg et qu’il restait des efforts à faire pour développer l’activité en se positionnant comme juridiction privilégiée d’accueil pour des fonds d’envergure internationale. Enfin, en matière de hedge funds, d’aucuns considèrent la Place luxembourgeoise jouant plutôt le rôle de back-office, sachant que les grands gestionnaires sont principalement basés à Londres ou à New York. « Le raccourci est un peu péjoratif, regrette M. Niedner. Mais il est vrai que les gestionnaires ne sont pas habitués pour utiliser des structures réglementaires pour ce type de fonds. Les Îles Caïmans, par exemple, jouent un rôle très important dans la structuration de tels fonds. Le Luxembourg est clairement moins bien positionné dans ce domaine. »
DES MILLIERS D’EMPLOIS EN JEU À la mi-octobre, le site de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) recensait un peu moins de 700 gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs (autorisés ou enregistrés), agréés. La sauce a donc pris très vite, ce qui a de quoi satisfaire le président de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement, Marc Saluzzi, qui exprimait, en septembre dernier, à la veille de la Global Distribution Conference, sa satisfaction de constater que, contrairement aux craintes initiales, les fonds alternatifs ne se sont pas tournés vers d’autres juridictions, compte tenu des exigences initiales élevées en matière de « substance ». « Nous avons mis 30 ans pour créer une telle substance pour les fonds Ucits, expliquait-il. Pour les fonds alternatifs, il a fallu que ce soit tout de suite le cas. Et globalement, ça se passe bien. Le nombre de personnes employées dans les sociétés de gestion tournait autour de 3.000. On est passé à plus de 3.200 emplois en quelque temps. Ce n’est peut-être pas spectaculaire, mais cela représente tout de même une progression de 7-8 % de l’emploi total. » La base est là. Il convient désormais de capitaliser dessus, et cela passe par quelques
aménagements fiscaux ou, dans certains cas, des levées d’incertitudes. Cela concerne, par exemple, des structures telles que les sociétés en commandite simple (SCS) ou les sociétés en commandite spéciale (SCSp). « Il n’y a pas de certitude absolue quant au traitement fiscal de ces structures, regrette M. Niedner. Si nous voulons les utiliser comme véhicules de stratégie alternative, il faut être sûr qu’aucune de ces structures ne soit frappée par l’impôt commercial communal. Nous attendons pour cela une clarification de la part de l’Administration des contributions. Nous devons avoir une approche manager-friendly, ce qui implique de mettre en place une politique claire et transparente, et l’appliquer de façon intelligente, en gardant à l’esprit la protection des investisseurs. » L’enjeu est de taille et le potentiel d’emplois qu’il est possible de créer n’est pas négligeable. Et sur ce point, Claude Niedner va plus loin que Marc Saluzzi dans l’analyse chiffrée : « On peut partir de l’idée qu’à chaque AIFM qui est créée, il y a aussi des emplois qui se créeront dans les métiers de dépositaire ou d’administration centrale. Aujourd’hui, le secteur des fonds d’investissement emploie 14.000 personnes et ce chiffre est susceptible d’augmenter davantage au cours des années à venir. » La stratégie du Luxembourg en matière de gestion alternative doit donc privilégier, avant tout, un élargissement de la chaîne des valeurs ajoutées que la Place peut offrir. S’il est vrai que certains gestionnaires de fonds alternatifs choisissent de s’établir hors du pays, tout le volet Gestion du risque est cependant susceptible de constituer, au Grand-Duché, un métier d’avenir, surtout que son domaine de couverture est largement plus vaste que les seuls fonds alternatifs. « Nous devons sortir de cette connotation back-office et être davantage dans la gestion du p roduit et la gestion des risques, mais aussi la corporate governance ou encore la surveillance des prestataires de services, estime Claude Niedner. Compte tenu de l’évolution des réglementations européennes, c’est un effort important à produire pour faire du Luxem bourg un centre d’excellence. Cela touche autant le métier en lui-même que les programmes éducatifs et les programmes de recherche. Nous avons une université et des centres de recherche qui, avec les institutions financières et le gouvernement, peuvent tout à fait travailler sur la mise en place d’un tel centre d’excellence. » Autant de sujets qui ne manqueront pas d’alimenter les conversations le 25 novembre, à l’occasion de la conférence European alternative investment funds organisée par l’Alfi au centre de conférences du Kirchberg et qui réunira, comme chaque année, la crème en la matière. ◄ En résumé Un peu plus d’un an après la transposition de la directive AIFM, le Luxembourg avance ses pions et veut se positionner comme plateforme incontournable en matière d’investissements alternatifs. Les enjeux sont importants, y compris sur le plan de l’emploi.
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Place financière Échange de renseignements fiscaux
05 Rétrécissement des droits ► Pierre Gramegna a taillé dans les garanties offertes aux clients des banques pour empêcher la transmission d’informations à l’étranger. ► Personne n’a vraiment vu venir le ministre des Finances, qui, pour être compliant vis-à-vis du Forum mondial, rogne sur les droits de la défense des recours. ― Texte : Véronique Poujol ― Photo : Luc Deflorenne
Le député libéral Guy Arendt, qui est aussi avocat, a mis ses collègues du Barreau dans une sainte colère en rédigeant, le 21 octobre dernier, pour le compte de la Commission des finances et du budget (Cofibu), le rapport sur le projet de loi sur l’échange de renseignements fiscaux. Le principal changement qui interviendra dans la procédure à suivre dans les échanges entre administrations pour obtenir des informations sur un contribuable soupçonné de fraude à l’impôt est la suppression, dans la majorité des cas, des recours devant les juridictions administratives pour s’opposer à la transmission d’informations à l’étranger. Et ce, pour autant que l’administration requérante invoque l’urgence. Sauf que personne au GrandDuché ne sera plus en mesure de déterminer si l’urgence sera donnée ou non. Le Conseil d’État semble s’être résigné à la disparition des recours, qui sont pourtant présentés par les défenseurs de l’État de droit comme des remparts contre l’arbitraire de l’administration. Et de l’arbitraire, il y en a manifestement, comme le démontrent les nombreuses annulations que le tribunal et la Cour administrative ont jugées, en retoquant des décisions que l’administration luxembourgeoise avait prises au jugé. Guy Arendt n’a pas eu non plus d’états d’âme à se plier aux exigences des experts du Forum mondial sur la transparence et
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l’échange de renseignements à des fins fiscales, qui voient dans les recours des freins à la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales. Ces experts avaient jugé que les mécanismes d’échange actuels « ne permettent pas un échange efficace » et ne sont pas compatibles avec les standards internationaux. À son arrivée au ministère des Finances, Pierre Gramegna avait fait le pari de rendre en un an le Luxembourg conforme aux exigences du Forum, éloignant ainsi la menace de voir le pays placé sur la liste des juridictions récalcitrantes à la lutte contre la fraude fiscale. Le ministre libéral a-t-il fait trop de concessions ? Guy Arendt, lui aussi DP, l’a en tout cas suivi aveuglément dans sa démarche consensuelle. Le projet de loi n’avait pas suscité jusque-là de grands débats politiques. Il a fallu attendre le 7 octobre et l’avis du Conseil d’État signalant qu’il ne s’oppo serait pas à la privation pour les banques (et leurs clients plus accessoirement), lorsque l’urgence s’imposait, des recours contre la transmission d’informations aux fiscs étrangers, pour que l’ordre de mobilisation soit donné. L’opposition (ADR) a demandé… au ministre de la Justice, Félix Braz (Déi Gréng), jusque-là pas directement concerné par le texte, de venir s’expliquer pour « clarifier la situation », en ce début novembre, juste à la veille de l’adoption supposée du projet de loi.
▲ Le tribunal administratif a plus d'une fois retoqué l'administration. Et maintenant ?
Le réveil de l’opposition est tardif, mais il est vrai aussi que le projet n’a pas fait l’objet de vraies discussions au niveau de la Cofibu. Aucun membre du gouvernement n’est venu expliquer les enjeux du texte. Des signaux rouges avaient pourtant été lancés par la Chambre de commerce (et en filigrane les banquiers) en juin dernier. Dans son avis sur le projet de loi, l’organisation patronale s’en prenait à l’excès de zèle des autorités et réclamait le maintien au Luxembourg du contrôle systématique du caractère de « pertinence vraisemblable » d’une demande venant des administrations fiscales étrangères, pour empêcher les fishing expeditions. Et, de facto, le maintien du droit des contribuables (et des établissements financiers) à contester ces demandes de renseignements devant les juridictions administratives. Les Britanniques, rappelaient alors les banquiers, eux-mêmes dans le viseur du Forum en 2011, avaient dû changer leur loi et élargir les pouvoirs de leur admi nistration fiscale sans pour autant remettre en cause les « garanties
procédurales » ni abandonner le contrôle de la « pertinence vraisemblable ». Les patrons estimaient que l’exemple de la Grande-Bretagne pourrait servir de source d’inspiration aux Luxembourgeois « pour un respect des droits de la défense et une protection de la vie privée ». Sans vrai contradicteur, le député Arendt s’est donc senti à l’aise pour ficeler son rapport, sans tenir compte de l’avis du Barreau de Luxembourg, publié le 24 octobre. Le Barreau ne prend pas de gants pour fustiger la perte des garanties et protections contre des détournements et abus possibles dans le chef des autorités fiscales étrangères. Les avocats considèrent que le projet de loi, s’il passe en l’état, permettra à des gouvernements étrangers, parfois peu regardants sur les droits de leurs citoyens, de faire de l’administration fiscale luxembourgeoise leur complice, en prétextant de l’urgence, pour aller à la pêche aux renseignements et « monter des coups contre un citoyen en prétextant une enquête en matière fiscale ». Un air de déjà-vu. ◄ En résumé Personne n’avait vu venir le ministre des Finances, Pierre Gramegna, qui, pour mettre le Luxembourg en conformité avec les exigences du Forum mondial, a dû tailler dans les droits de la défense et les garanties qui étaient offertes jusqu’à présent aux clients des banques pour empêcher la transmission d’informations à l’étranger.
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Place financière Affaire Landsbanki
06 Coup de froid ► Depuis la déconfiture de la banque islandaise, en 2008, les rebondissements n’ont pas manqué. Dernier épisode en date : la limitation aux seuls faits de blanchiment dans l’enquête engagée par juge d’instruction luxembourgeois. ► Pendant ce temps-là, la liquidatrice Yvette Hamilius, de plus en plus contestée, se déchaîne contre le juge van Ruymbeke et certaines victimes. ― Texte : Véronique Poujol et Jean-Michel Gaudron
À ce jour, nul ne sait quand et comment se terminera l’affaire Lansdbanki, à commencer par les victimes directement touchées par la faillite de la banque islandaise en 2008. En revanche, pour ce qui est des rebondissements et des surprises en tous genres, c’est presque fête tous les jours… Encore qu’il n’est pas dit que grand monde savoure vraiment les derniers développements, en particulier la décision prise, le 21 octobre, par le juge d’instruction luxembourgeois Stéphane Maas, de limiter son enquête à la prévention de blanchiment, laissant ainsi de côté les préventions de faux bilan et association de malfaiteurs que la Cour d’appel avait pourtant retenues en lui demandant d’ouvrir une instruction dans le dossier Landsbanki. Dans un arrêt du 10 juillet, les magistrats de la Cour d’appel, siégeant à huis clos, avaient en effet estimé qu’il y avait assez d’indices pour croire que la commercialisation de ces produits toxiques dits equity release a été « opérée au moyen de procédés malhonnêtes susceptibles de revêtir la qualification d’escroquerie » et qu’il convenait, de ce fait, d’ouvrir une enquête au Luxembourg. Ce à quoi la justice luxembourgeoise ne s’était pas résolue jusqu’à présent, bottant en touche et considérant que la fraude avait été commise à l’étranger et qu’il n’y avait pas matière à enquêter au Grand-Duché.La raison invoquée par le juge
▲ La façon dont le dossier évolue ne laisse guère d’espoirs aux victimes de pouvoir connaître une issue honorable.
Les victimes parlent de déni de justice
Quand Yvette se lâche…
Maas est simple : les parties civiles, à l’origine de la plainte (qui remonte à novembre 2012) contre les membres du réseau bancaire de Landsbanki et la liquidatrice, n’ont justifié « d’aucun préjudice personnel ni même d’une simple possibilité de préjudice qui leur aurait été causé par l’infraction de faux bilan de Landsbanki Luxembourg ». Le magistrat indique que les victimes n’ont pas avancé non plus « une possibilité de préjudice », matériel ou moral, pour l’infraction d’association de malfaiteurs. De quoi assommer un peu plus le collectif des victimes déjà ébranlées par les propos au vitriol servis par la liquidatrice de la banque, Yvette Hamilius (voir ci-contre). De quoi étonner aussi certains juristes qui suivent de près ce dossier et qui n’ont pas bien compris l’utilité de cette ordonnance du 21 octobre, trouvant surprenant qu’une partie civile soit déclarée irrecevable pour certaines infractions et non pour d’autres, surtout que l’infraction de faux bilan est reconnue. Deux ans après la plainte des victimes, et alors qu’en France le juge d’instruction Renaud van Ruymbeke a bouclé son enquête, on n’est donc pas très avancé. Les victimes parlent de déni de justice et ne comptent pas en rester là. L’avocat luxembourgeois du collectif, Me Benjamin Bodig, a évidemment fait appel de cette décision du juge Maas.
Alors que quatre avocats de différents Barreaux européens défendant des victimes de Landsbanki ont demandé sa tête et qu’elle est au cœur de l’ouverture d’une enquête pour blanchiment pour avoir, entre autres, fait réaliser des garanties et prêts toxiques, Yvette Hamilius, la liquidatrice de la banque, s’est confiée au Wort dans une interview très consensuelle, s’en prenant violemment au juge van Ruymbeke et surtout aux victimes. « Il y a beaucoup de différence entre les soi-disant victimes equity release qui se la coulent douce sous le soleil de Provence, le verre de rosé à la main, et ces Islandais qui n’ont toujours rien reçu », explique-t-elle. Quant au juge français, qui l’a placée en qualité de témoin assisté, en lui imposant une caution de 50 millions d’euros (qu’elle n’a jamais payée), elle se demande s’il ne s’est pas mué en « défenseur de ces emprunteurs ». « La justice française est allée très loin en demandant une caution de 50 millions. Pour Médiator, c’était quatre ou cinq millions… À Luxembourg, le tribunal m’a interdit de la payer », souligne-t-elle, avec le sens de la formule et de la comparaison. V. P. ◄
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La liquidatrice de Landsbanki ne parle pas souvent. Mais quand elle le fait, les oreilles sifflent…
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Place financière Normalisation fiscale
07 Le ruling de la génération 2015
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► L’Administration des contributions directes va faire payer ses accords fiscaux préalables. ► Pierre Gramegna clarifie les règles du jeu des « décisions anticipées » pour les ancrer dans le droit luxembourgeois et en faire des instruments présentables. ― Texte : Véronique Poujol ― Photo : Christophe Olinger
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Il faudra désormais payer pour un ruling au Luxembourg : cela fait partie des 258 mesures d’économie que le ministre des Finances a présentées en même temps que le projet de budget 2015. Les prix n’ont pas encore été définis, ni d’ailleurs d’autres modalités pratiques comme la publication de ces décisions anticipées qui valent au Luxembourg d’être dans le viseur de la Commission européenne en raison de leur caractère opaque. Tous ces détails seront fixés par un règlement grand-ducal encore à écrire. La clarification des règles du jeu des « décisions anticipées » est une des mesures destinées à faire entrer le Luxembourg dans la modernité en enterrant les « bonnes vieilles » méthodes qui ont fait en partie le succès de la place financière. Ce n’est pas par hasard si le quotidien financier américain Wall Street Journal a rendu une sorte d’hommage (lire page 95) à celui qui est présenté comme « l’homme qui a fait du Luxembourg un paradis fiscal ». En l’occurrence Marius Kohl, l’ancien préposé du Bureau 6 des sociétés à l’Administration des contributions directes, rue du Fort Wedell, que les caméras de France 2 avaient déjà transformé en mythe, il y a trois ans, dans l’émission Cash Investigation.
▲ Le ruling à la Luxembourgeoise, mijoté dans le célèbre Bureau 6, rue du Fort Wedell, sera vu sous un angle différent.
Aujourd’hui, au Bureau 6, six fonctionnaires traitent les dossiers. Et, pour conserver ces rulings qu’il a choisi de défendre devant la Cour de justice de l’Union européenne – défiant ainsi la Commission européenne qui voit dans ces instruments des boîtes noires –, le ministre des Finances a choisi d’abord de les faire exister légalement, de les cadrer et de les publier. On ne sait pas si toutes les décisions le seront, car c’est là encore à un règlement grand-ducal de fixer les conditions de cette « publicité » des décisions anticipées. Le gouvernement cherche « la modernisation du système des décisions anticipées actuelles » et fixe des lignes jaunes à ne pas dépasser : « Aucune décision anticipée ne sera rendue sur des demandes relatives à des situations théoriques ou à des opérations illégales », lit-on dans le texte du Zukunftspak qui fait tourner le message en boucle : une décision anticipée « est limitée à la stricte détermination préalable de la correcte application des lois
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Place financière Normalisation fiscale autant nationales qu’internationales de l’impôt à une situation projetée ». Pierre Gramegna juge nécessaire de changer certaines modalités des rulings sans pour autant mettre en cause leur existence ni leur utilité pour la place financière. Le projet de loi les dit « inadaptées (…) en raison de l’absence de base légale explicite ». Le ministre leur en donne donc une, à travers une modification de l’antique loi générale des impôts (Abgabenordnung), héritage de l’occupation allemande. Officiellement, il y aurait peu de choses à changer dans la mesure où les autorités ont toujours soutenu que les rulings se conformaient à la réglementation et n’avaient donc rien d’illégal. Des milliers de documents sub tilisés dans un des grands cabinets d’audit, portant la signature du préposé Marius Kohl et dont les bonnes pages ont circulé dans la presse, avaient relativisé les commentaires sur certains montages réduisant la base fiscale à presque zéro via l’usage de directives européennes et de conventions fiscales bilatérales, permettant ici de déduire et là d’exonérer des revenus. La publication du dossier Amazon traité par l’Administration des contri butions directes montre quand même des asymétries de traitement.
Le gouvernement va également se montrer plus regardant sur les prix de transfert pratiqués par les sociétés d’un même groupe. Il s’agira donc pour le gouvernement Bettel de « formaliser la pratique existante », d’en uniformiser les règles et les interprétations pour qu’elles soient les mêmes pour tout le monde et que personne n’ait le sentiment que certaines entités seraient mieux traitées (donc moins taxées) que les autres. « La décision anticipée permet d’offrir au contribuable par l’interprétation uniforme et égalitaire de la loi fiscale une sécurité juridique par rapport au traitement fiscal d’une ou de plusieurs opérations projetées », souligne le projet de loi. Le gouvernement va également se montrer plus regardant (les standards mis en place par l’OCDE l’y obligent) sur les prix de transfert pratiqués par les sociétés d’un même groupe, pour couper court aux critiques apparues après les cas de tourisme fiscal des multinationales utilisant le Luxembourg, mais aussi l'Irlande, et son réseau de conventions fiscales pour réduire à néant ou presque leur base imposable grâce à ce tax shopping entre plusieurs juridictions complaisantes. Le dispositif anti-abus est présenté comme « un renforcement de la visibilité de la
législation luxembourgeoise dans le domaine des prix de transfert ». Il va se traduire par l’introduction d’un nouvel article dans la loi sur l’impôt sur le revenu (article 56) qui comprendra une définition de la distribution cachée de bénéfice. Manière de lutter contre ceux qui se servent de deux sociétés de leur groupe comme de vases communicants pour dissimuler des opérations qui auraient dû être taxables. Le dispositif permettra « d’assimiler fiscalement les avantages indûment accordés à des distributions ouvertes ». D’après l’exposé des motifs, le ministère des Finances s’est inspiré du modèle néerlandais.
RENVERSEMENT DE LA CHARGE DE LA PREUVE D’autres « clarifications » sont prévues, en ce qui concerne notamment les obligations d’information et de documentation couvrant les transactions entre les entreprises « associées ». Là, l’inspiration vient des standards de l’OCDE qui vont amener – petite révolution dans la pratique fiscale luxembourgeoise et dans les pouvoirs de l’Administration des contributions – un renversement de la charge de la preuve. « Lorsque l’administration, souligne le projet de loi, peut faire état d’un faisceau de circonstances qui rendent un transfert de bénéfice au profit d’une entreprise associée probable et que ces faits n’ont pas été éclairés ou documentés par le contribuable, l’administration peut mettre en cause la réalité économique des opérations et supposer une diminution indue des bénéfices de l’entreprise sans avoir à la justifier exactement. Il y a alors renversement de la charge de la preuve et le contribuable doit prouver qu’il n’y a pas eu de diminution indue des bénéfices. » Cet arsenal s’ajoutera aux dispositions que l’ACD avait déjà prises, précisément dans le sillage du départ de Marius Kohl et de la réorganisation du Bureau 6. L'année 2013 avait en effet marqué la mise en place du nouveau régime fiscal applicable aux sociétés mères et filiales, inspiré d’une directive européenne sur les prix de transfert. L’ACD avait déjà imposé via circulaires (datant de 2011) une certaine « substance » aux sociétés financières basées au Grand-Duché. Mais les règles étaient souvent contournées par les opérateurs qui, en guise de présence au Luxembourg, se contentaient souvent d’y tenir leurs assemblées générales, alors que les centres de décisions n’y étaient pas. Désormais, les normes de l’OCDE contraindront les opérateurs soit à montrer un vrai attachement au Luxembourg, avec de vraies activités, soit à quitter le pays. ◄
Dans le Wall Street Journal
Marius, ce César
Le quotidien financier américain s’est intéressé aux rulings made in Luxembourg, à travers le prisme du fonctionnaire à la retraite Marius Kohl. Le quotidien financier américain Wall Street Journal, le 22 octobre dernier, diffusait l’interview de Marius Kohl, l’ancien préposé du Bureau 6 des sociétés à l’Administration des contributions directes. À la retraite depuis le 1er octobre 2013, l’agent des impôts, 61 ans, fascine toujours autant : dans son bureau de la rue du Fort Wedell, décoré d’un calendrier Pirelli à tirage limité, il a dû signer des milliers de rulings, qui, bien que cette pratique existe ailleurs, en France ou en Belgique entre autres, ont fait la mauvaise réputation du Luxembourg et lui valent encore des enquêtes de la Commission européenne. Le journaliste du WSJ compare Kohl à César, levant ou baissant (ce qui était plus rare) le pouce pour valider les traitements fiscaux d’opérations financières. Le fonctionnaire en retraite a d’ailleurs reconnu qu’il n’était pas en mesure de vérifier la pertinence des informations que les avocats d’affaires et autres dirigeants des cabinets de Big Four lui soumettaient. « Je pouvais dire oui ou non. Parfois, c’est plus facile quand vous n’avez qu’un seul interlocuteur, raconte-t-il. Assurément, le travail que j’ai fait a bénéficié au pays, mais pas en termes de réputation. » V. P. ◄
En résumé Parmi les 258 mesures destinées à faire faire des économies au Luxembourg et le faire basculer dans la modernité, il y a des dispositions sur les rulings fiscaux, qui sont dans le collimateur de la Commission européenne. Le ministre des Finances, Pierre Gramegna, veut les conserver, mais leur maintien va aussi être synonyme de clarifications. Désormais, ces rulings seront payants et ils seront ancrés dans le droit positif.
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08 Examen de passage réussi ► Dimanche 26 octobre, la Banque centrale européenne a publié les résultats de ses stress tests pour mesurer la résistance des banques à des scénarios de crise. ► Les six établissements luxembourgeois ont franchi l'épreuve haut la main. ― Texte : Véronique Poujol
Six banques luxembourgeoises, jugées « systémiques », ont été scrutées à la loupe par la Banque centrale européenne. Elles ont passé l’examen sans encombre. « Aucun déficit en capital n’a été identifié pour les six institutions luxembourgeoises », signalait dimanche 26 octobre dans un communiqué, diffusé à midi pile, la Commission de surveillance du secteur financier, chargée de coordonner l’exercice à deux dimensions : l’examen de qualité des actifs et un test de résistance. « Le résultat de l’examen de la qualité des actifs confirme que les six institutions luxembourgeoises sont évaluées de manière appropriée et que les besoins de provisions additionnels sont limités », se félicite encore le régulateur. Ces six établissements étaient la Banque et Caisse d’Épargne de l’État (BCEE), Clearstream Banking, Precision Capital (holding de la famille royale du Qatar, qui contrôle 100 % de KBL et 90 % de la Bil), RBC Investor Services Bank, State Street Bank Luxembourg et UBS Luxembourg. Les audits se sont déroulés en deux temps. Depuis novembre 2013, la BCE a d’abord mené son examen de qualité des actifs et crédits détenus par les banques de la zone euro. L’examen approfondi a porté sur toutes les composantes de leur bilan au 31 décembre 2013, allant du portefeuille des crédits aux obligations d’État en passant par les créances douteuses. Ensuite, de nouveaux tests étaient destinés à vérifier la solidité des fonds propres « durs » des banques (Core Tier 1, dans le jargon financier), selon deux scénarios macroéconomiques : un scénario de base fondé sur les prévisions de la Commission européenne pour les trois prochaines années (jusqu’en 2016) et un scénario pessimiste ou « adverse », intégrant une sévère récession économique. L’Autorité bancaire européenne (EBA), basée à Londres, a piloté les exercices de simulation. Si les fonds propres d’une banque testée passaient sous la barre des 8 % des engagements pondérés en fonction du risque dans le scénario de base (et de 5,5 % pour le scénario pessimiste), l’établissement était recalé, ce qui s’est produit pour 25 d’entre eux. Pour l’ABBL (Association des banques et
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Les dirigeants de la BCEE voient l’efficacité d’une politique de gestion prudente des risques.
banquiers, Luxembourg), « cet exercice sans précédent, qui apparaît comme une condition nécessaire en vue de promouvoir la transparence et de rétablir la confiance dans le secteur bancaire européen », confirme aussi « la robustesse et la fiabilité du secteur bancaire luxembourgeois, qui se caractérise par son haut niveau de capitalisation et par sa résilience ». Le résultat de la BCEE est, pour ses dirigeants, « la preuve de l’efficacité de (sa) politique de gestion prudente des risques ». Selon les estimations de la CSSF, les deux banques, KBL et Bil, sous contrôle de Precision Capital, présentent individuellement des seuils de fonds propres supérieurs aux seuils requis de respectivement 8 et 5,5 %. Le CEO de Precision Capital, Georges Nasra, s'est dit « extrêmement satisfait de ces résultats qui confirment les positions financières solides de KBL epb et Bil et la résilience de leurs bilans sous les scénarios fort négatifs de stress projetés ». Précisons que les maisons mères européennes des filiales ou succursales bancaires (ING Luxembourg, BGL BNP Paribas, BCP, Caixa Geral de Depositos et Banque de Luxembourg) servant le marché domestique luxembourgeois ont également passé sans problème les tests de résistance. Les analyses sont partagées sur les effets de levier de l’opération vérité menée par la BCE. Certains pensent que ces tests pourraient produire des résultats contre-productifs : les banques, les yeux rivés sur leurs ratios de fonds propres, seraient frileuses à prêter de l’argent aux entreprises et donc à permettre de retrouver ainsi la dynamique du crédit d’avant crise. ◄ En résumé Six banques luxembourgeoises, considérées comme systémiques, ont été scrutées à la loupe par la Banque centrale européenne et ont passé l’examen sans encombre. Qualité des actifs et test de résistance ont donné toute satisfaction.
Résultats des six institutions luxembourgeoises BCEE Scénario de base (2014-2016 – minimum 8 %) : 15,38 % Scénario adverse (2014-2016 – minimum 5,5 %) : 12,85 % Clearstream Banking Scénario de base (2014-2016 – minimum 8 %) : 19,26 % Scénario adverse (2014-2016 – minimum 5,5 %) : 17,91 % Precision Capital Scénario de base (2014-2016 – minimum 8 %) : 12,49 % Scénario adverse (2014-2016 – minimum 5,5 %) : 8,29 % RBC Investor Services Bank Scénario de base (2014-2016 – minimum 8 %) : 20,32 % Scénario adverse (2014-2016 – minimum 5,5 %) : 12,97 % State Street Bank Luxembourg Scénario de base (2014-2016 – minimum 8 %) : 25,28 % Scénario adverse (2014-2016 – minimum 5,5 %) : 22,29 % UBS (Luxembourg) Scénario de base (2014-2016 – minimum 8 %) : 11,97 % Scénario adverse (2014-2016 – minimum 5,5 %) : 9,91 %
PHOTO : LUC DEFLORENNE (ARCHIVES)
EE)
Place financière Stress tests
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Place financière Statistiques
Assurances : le palmarès
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Assurance vie (tous marchés)
► L’Association des compagnies d’assurances a publié les chiffres de ses membres (qui représentent la quasi-totalité du marché) pour l’année 2013. Coup d’œil à la loupe.
Sur un marché en hausse de 4 % par rapport à 2012, le leader de ces dernières années, Lombard International, qui enregistre un recul de 20 % de ses primes, perd sa première place au profit de Cardif Lux Vie (+3,5 %) et se retrouve directement sous la menace de La Mondiale Europartners qui affiche un bond spectaculaire de 30 %. Données en milliards d'euros Cardif Lux Vie 2,35
― Texte : Jean-Michel Gaudron
Lombard International Assurance 2,27
En 2013, selon les données de l’Associa tion des compagnies d’assurance, le total des primes émises, tous marchés confondus, s’est élevé à 22,27 milliards d’euros (+3,8 % comparé à 2012). La part de l’encaissement total réalisé à l’étranger via la commercialisa tion des produits d’assurances en libre pres tation de services passe de 91,32 % en 2012 à 89,9 % un an plus tard. L’assurance vie « pèse » à elle seule 82,43 %. En termes de primes émises, l’assurance vie luxembourgeoise occupe, en 2013, le 10e rang en Europe et le 21e rang au monde en 2013. En revanche, le résultat après impôt est en net recul, puisqu’il s’affiche à 346,11 millions d’euros, soit un repli de plus de 14 % comparé à 2012. ◄
La Mondiale Europartner 2,2
Autres 11,75
Swiss Life (Luxembourg) 1,96
Sogelife 1,74
Assurance vie (national)
Sur un marché en hausse de 18 % par rapport à 2012, La Luxembourgeoise Vie (stable) dégringole de la 2e à la 4e place, en même temps que ses concurrents progressent : +31 % pour Swiss Life qui conserve la tête (grâce à son activité assurance groupe), +64 % pour Cardif Lux Vie qui gagne trois places et monte sur la 2e marche du podium ou encore +34 % pour Foyer Vie qui se retrouve en 3e position. À noter que Sogelife (-52 % à 73,3 millions) disparaît du Top 5. La filiale de Société Générale s’est rattrapée sur les contrats vie à l’international (+37 % à 1,67 milliard). Données en millions d'euros
Assurance non-vie (national)
Sur un marché relativement stable (3 % de hausse), les deux assureurs « historiques » nationaux dominent toujours largement le marché, se partageant à eux deux plus de 63 % du marché. Foyer (+2,9 %) reste devant, mais La Luxembourgeoise a enregistré une plus forte progression (+6,2 %). AXA, pour sa part, est la seule des compagnies du Top 5 à ne pas progresser (-0,2 %). Données en millions d'euros
Swiss Life (Luxembourg) 238,53 DKV Luxembourg 29,83
Bâloise Assurances 64,29
Autres 475,87
Autres 109,19
Foyer Assurances 297,48
Cardif Lux Vie 148,55
DONNÉES : ACA
AXA Assurances 101,78 Foyer Vie 144,88
Allianz Life Luxembourg 119,31
La Luxembourgeoise 223,03
La Luxembourgeoise Vie 132,86
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Désirs Culture, sélections, gastronomie, shopping, interview
5 Alex Reding a confié au commissaire Alberto García del Castillo le soin d’organiser l’exposition Murder, she wrote, autour de la figure emblématique d’Angela Lansbury, la comédienne de cette série policière (Arabesque, en français). Alors qu’elle a eu sa première nomination aux Oscars à l’âge de 19 ans, elle continue à jouer près de 70 ans plus tard et représente ainsi une sorte de modèle hollywoodien. Trois artistes ont été invités : Mariah Garnett, Sam Lipp et Clare Noonan qui travaillent entre le documentaire et la fiction, les textes trouvés ou les images réinterprétées.
Le grand metteur en scène Peter Brook est de retour et l’on ne peut que s’en réjouir. Celui pour qui « le théâtre est là pour nous étonner et il doit réunir deux éléments opposés : le familier et l’extraordinaire », nous livre The Valley of Astonishment (en anglais surtitré en français). Il revient sur son exploration du cerveau commencée avec L’Homme Qui, mais cette fois, le spectateur va se trouver confronté à des individus chez qui la musique, la couleur, le goût, les images, la mémoire font vivre des expériences d’une telle intensité qu’ils passent d’un moment à l’autre du paradis à l’enfer.
Fondée en 2009 avec pour objectif de rassembler les personnes ayant un intérêt pour le design et s’adressant à un public à la fois amateur et professionnel, l’association Design Friends fête cette saison ses cinq ans. L’occasion de revoir un parcours d’une vingtaine de conférences de designers de renommée internationale, des expositions, mais aussi des projets collaboratifs et éducatifs. La 3e édition de DEE Magazine vient marquer cet anniversaire avec une rétrospective des projets et publications. Cette 6e saison sera notamment marquée par une exposition au Casino-Luxembourg cet hiver.
Les 25, 26 et 27 novembre à 20 h au Grand Théâtre de Luxembourg www.theatres.lu
www.designfriends.lu
Du 8 novembre au 1er mars à la Galerie Nosbaum&Reding
De Bommeleeërprozess 1.Deel, édition Mundo Libre
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Steve Krack et Silvano Vidale ont invité des architectes et designers à réaliser des pavillons pour « habiter » un ancien hall industriel à Bonnevoie. Le résultat est éclectique et stimulant. Sur la liste des invités : Tatiana Fabeck, Spike, Michel Petit, Alain Linster, Julie Conrad ou encore Jim Clemes. L’exposition restera en place tant que la réaffectation du lieu ne sera pas commencée. Une belle idée d’occupation d’espace vide et y apportant une vraie plus-value.
www.nataslovesyou.com
www.flac.lu
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À partir du 20 novembre, 8-10 rue Sigismond à Luxembourg (Bonnevoie)
FLAC
L’acronyme sonne comme une onomatopée et pour cause, c’est bien de sons dont il s’agit. La Fédération luxembourgeoise des auteurs et compositeurs vient de voir le jour pour défendre les intérêts des compositeurs luxembourgeois. Elle regroupe les initiatives individuelles et ponctuelles en faveur de la création musicale au Luxembourg et sert de lobby en poussant les commandes institutionnelles, la présence de la musique luxembourgeoise dans les médias et ce, dans les domaines variés du contemporain, jazz, rock, pop et musiques de films.
PHOTOS : STUDIO MM / PATTY NEU / PASCAL VICTOR
L’artiste luxembourgeois Pit Wagner a assisté en tant que dessinateur à la majorité des 176 audiences du procès de l’affaire Bommeleeër. Il rassemble ses dessins dans un livre qui témoigne de l’atmosphère, souvent dense, de cette affaire d’État hors du commun. Les dessins qu’il livre des enquêteurs et experts, des débats entre avocats, magistrats et témoins sont de précieux documents d’autant plus que les photos sont interdites pendant les audiences. En outre, l’artiste décrit les conditions de travail pendant les séances publiques, le défi étant de capter des scènes éphémères, de représenter des personnages en mouvement.
Après un début de carrière marqué par des lives réjouissants, quelques enregistrements remarquables et remarqués, voilà que Natas Loves You sort enfin son premier album. The 8th Continent est produit par le New-Yorkais Chris Zane et paraît chez 3e Bureau. À l’image du mélange inter national dont fait preuve le groupe (luxembourgeois, finlandais, français, américain, espagnol…), l’album est sorte de manifeste transculturel. On y retrouve le mélange de guitares soignées et nappes électroniques qui doivent autant à Metronomy qu’à João Gilberto, preuve que le grand écart ne leur fait pas peur. On ajoute des visuels très soignés qui proposent un voyage onirique et initiatique et un clip signé Larry Clark, excusez du peu.
Désirs Culture
HERVÉ LANCELIN ZOOM SUR
― Texte : France Clarinval ― Photo : Gaël Lesure
Collectionneur passionné et avisé, il ouvre sa galerie d’art à Luxembourg le 15 novembre. Retour sur le parcours de celui qui a acheté sa première œuvre à 18 ans. C’est un grand espace lumineux d’une centaine de mètres carrés qu’Hervé Lancelin s’apprête à ouvrir dans cette rue cossue du quartier de la gare. Derrière une vitrine aux vitres encore masquées, un parquet blanc, des lumières au plafond et au sol, un petit comptoir et une grande bibliothèque, le tout sur deux salles, constituent une nouvelle galerie d’art. Les œuvres commencent à arriver et Hervé Lancelin compte les jours avant l’ouverture. Il nous dévoile une sculpture en bois noir de Christian Lapie, groupe massif et aussi abstrait que sensuel, annonce que les cimaises verront « des artistes européens ou vivant en Europe », d’abord avec une exposition de groupe « pour montrer la sensibilité générale de la galerie », puis en monographies, à un rythme de six expositions par an. S’il est né dans un milieu cultivé et sensible à l’art, avec une mère professeur à l’École du Louvre, Hervé Lancelin s’est forgé son goût et ses affinités hors du carcan familial. Très jeune, il fréquente les
vernissages et les galeries parisiennes de St-Germain et devient un familier des marchands et des artistes. « Visiter des ateliers, sentir l’essence de térébenthine, passer du temps à discuter avec les artistes… rien ne me plaisait plus. » C’est ainsi qu’il fait l’acquisition, à 18 ans, d’une lithographie de Pierre Soulages, première pièce d’une collection devenue importante. « Petit à petit, j’ai acheté des petites pièces, j’ai forgé mon œil, ma sensibilité… » Études de commerce et finances, passage à New York à l’ONU, puis dans le Berlin de l’après la chute du mur, avant un retour en France où il exerce comme consultant, dans le domaine de l’art. Hervé Lancelin a finalement posé ses valises il y a deux ans à Luxembourg, « un pays en pleine mutation qui est en train de voir naître une économie de la culture et de l’art et qui est bien positionné en Europe ». Quand un ancien snack se libère en dessous de son appartement, il n’hésite pas longtemps et se lance dans l’aventure de la galerie.
Galerie Hervé Lancelin, 7, rue Michel Rodange à Luxembourg, www.hervelancelin.com
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Désirs Sélections Sélection de cadeaux de la rédaction de Désirs
C’EST BIENTÔT NOËL
Cinq idées de cadeaux à offrir pour ces fêtes de fin d’année sans passer pour un tocard.
POUR LUI
POUR ELLE
Hyper décalé, ce sac en cuir est un détournement des sacs poubelles de Bruxelles. Les consignes d’utilisation sont réinterprétées avec humour et reprennent toutes les caractéristiques de celui-ci afin de créer un parfait trompel’œil, sans oublier les détails « modeux » comme le matelassage.
Les fans apprécieront : le touche-à-tout José Levy signe pour Monoprix une collection capsule qui tombe à pic pour les fêtes. Sur fond noir, on arbore volontiers les imprimés de feux d’artifices colorés. Au total, ce sont 100 produits pour elle, mais aussi pour lui, enfants, la beauté et la maison.
SUPERPIECEOFCHIC
Robe José Lévy x Monoprix
POUR LE SAPIN
Drôles et décalées, ces boules de Noël en forme d’yeux habillent à elles seules tout le sapin. Déco vite faite et super chic ! À offrir sans modération. En vente sur www.denicheuse.com
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POUR LES PETITS
L’illustrateur Hervé Tullet a réalisé une version XL de son Jeu de sculpture et invite ainsi les enfants à s’approprier ce livre-jeu (long de 2 m et haut de 45 cm) en y plaçant les différentes formes géométriques pour construire leur propre monde. Jeu de sculpture GEANT, Phaidon
Mother par sen.se, www.sensemother.com
Bernhard Günther Chef dramaturge
Sélection de Bernhard Günther
RAINY DAYS
Du 26 au 30 novembre se déroule la 15e édition du festival Rainy Days. Bernhard Günther nous dévoile ses trois coups de cœur de cette édition placée sous le thème de la lumière. www.rainydays.lu
YVES KLEIN COMPOSITEUR
Le peintre du célèbre bleu a également écrit de la musique, dont sa spectaculaire Symphonie Monoton – Silence : 20 minutes d’un accord tenu, monochrome, 20 minutes de silence. On entendra sa 12e performance depuis sa création en 1960 en clôture des Rainy Days 2014, à la Philharmonie.
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FABIANA PICCIOLI, KNIGHT OF ILLUMINATION
L’artiste de lumière italienne ne vient pas seulement avec l’Akram Khan Company au Grand Théâtre, mais elle éclaire également deux concerts de l’OPL avec le chef Emilio Pomàrico d’une lumière spectaculaire – de pièces révolutionnaires pour orchestre et lumière de 1910 aux sounds à la Stanley Kubrick en passant par une création pour orchestre avec 100 lampes de poche.
LA PHILHARMONIE EN LUMIÈRE
Une exposition entrée libre de structures lumineuses de Dan Flavin, Brigitte Kowanz, Michel Verjux, etc. est à découvrir dans une Philharmonie transformée en musée de lumières. Pendant le festival, le Grand Foyer, éclairé par Eric Michel, sera exceptionnellement entièrement éclairé d’une lumière bleu foncé…
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Shopping
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Fabienne monte en ville
Après plus de 15 ans à Belair avec sa boutique « Jeux de dames », Fabienne s’est désormais installée en centre-ville et en profite pour lancer sa propre marque « Fabienne en Ville » aux côtés d’autres marques de prêt-à-porter italien de qualité, mais à prix abordables, puisqu’il s’agit de collections passées. Peu importe, puisque les pièces sont bien faites et les tissus de qualité. Un rapport qualité-prix intéressant. 11A, rue du Théâtre à Luxembourg (Centre-ville)
Luminaires en ligne
Le magasin de design Rob Carrerouge diversifie ses activités et vient d’ouvrir une boutique en ligne spécialisée dans la vente de luminaires. On y retrouve les grandes marques présentées en magasin, mais disponibles à portée de clic. Ce service vient compléter l’offre « physique », à savoir un vaste choix de mobilier dans le magasin, une partie vintage dans l’ancien appartement des propriétaires, ainsi qu’un service d’aménagement et de conception d’espaces, d’installation de luminaire et de réparation de meubles. www.carrerouge.lu
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PHOTOS : OLIVIER MINAIRE
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Désirs Gastronomie
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Cette nouvelle pâtisserie ouverte par Nelly Pereira s’est spécialisée dans les gâteaux d’exception et sur mesure pour les anniversaires, les mariages ou toutes les occasions. Et comme qui peut le plus peut le moins, l’endroit propose aussi des cupcakes savoureux, des pâtisseries d’inspiration américaine dans une jolie ambiance très actuelle. 30, rue de Clausen à Luxembourg (Clausen) www.cakebox.lu
THE KARAVAN
Amis d’enfance, deux Christophe et un Vincent ont décidé de laisser parler leur gourmandise et lancent leur food truck. Ils proposent une carte de snacks variés composée de hamburgers à la viande, au poulet, végétariens ainsi que de pâtes et de frites artisanales. Comme les autres acteurs du secteur, le camion se déplace tous les midis pour aller à la rencontre des employés là où ils travaillent. The Karavan est aussi disponible pour des événements les soirs et week-ends. www.thekaravan.lu 691 209 731
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CHRISTOPHE GILLARD ― Texte : France Clarinval ― Photo : Sven Becker
Depuis une dizaine d’années, sa boutique Mi-Orge Mi-Houblon près d’Arlon s’affirme comme une référence en matière de bières artisanales. Un serveur qui se trompe de bière, un coup de cœur pour cette découverte et l’occasion de visiter la brasserie concernée… « Et un univers qui s’ouvre à moi, celui des brasseries artisanales, dont Cantillon à Bruxelles m’a incité à me lancer », se souvient Christophe Gillard. Après 10 ans passés dans la banque, le jeune homme s’oriente vers « autre chose ». Il devient professeur de comptabilité et ouvre une petite boutique pour partager ses découvertes brassicoles. C’était en été 2005 et Mi-Orge Mi-Houblon comptait à l’époque une centaine de références. Aujourd’hui, il a déménagé pour un espace facile d’accès sur une zone artisanale et présente 350 bières provenant d’une quarantaine de brasseurs. « Je vends les bières d’un brasseur, pas d’une brasserie. » Parce que la rencontre compte autant que le produit, scrupuleusement dégusté. La dégustation d’une bière est aussi complexe que celle du vin parce que les apports gustatifs proviennent de quatre
ingrédients. Malt, houblon, eau et levure apportent chacun différentes caractéristiques, sans parler d’épices, de fruits… Outre les qualités de la bière, il est très strict quant à sa sélection : elles ne viennent que de brasseries indépendantes. Ses étals sont présentés par provenance. La Belgique et la région sont très bien représentées, mais la France, la Grande-Bretagne ou l’Italie n’ont pas à rougir et les États-Unis ou le Canada sont aussi au rendez-vous. Pour faire découvrir et apprécier la complexité de l’univers de la bière, Christophe Gillard organise des dégustations, en présence des brasseurs et des propositions d’accords bières et mets, notamment avec La Grappe d’Or, restaurant étoilé à Torgny. Ce puits de science est aussi régulièrement sollicité pour faire partie de jurys ou pour l’élaboration d’une brassée spéciale. 43, Zone artisanale de Weyler (B) www.miorgemihoublon.be
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PARTAGEONS L’OCCASION
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Désirs Interview – Culture L’appel a-t-il eu du succès ? « Oui, et pourtant tout le monde m’avait mise en garde en me disant : ‘Attention, les Luxembourgeois ne vont pas venir, ils sont très heureux, ils n’ont besoin de rien d’autre, ils ne vont pas avoir envie…’ Pourtant en une semaine, tout était complet. Nous avons dû ouvrir une liste d’attente. Ce que j’ai pu constater est que dans n’importe quel pays, à partir du moment où on offre aux gens la possibilité de travailler avec un artiste, ils répondent en masse. Il y a une grande attente par rapport à cela. Opérez-vous une sélection parmi les inscrits ? « Je ne fais jamais de casting, car je refuse l’idée du meilleur modèle. Des gens arrivent, je ne les connais pas, je ne sais rien d’eux. Je sais juste qu’il me faut un certain nombre de personnes. Je suis aussi obligée de me mettre face à mes propres sentiments, mes propres réactions. Et je suis d’une extrême attention à eux, comme un rapport amoureux temporaire. Je travaille avec des personnes de tous les milieux sociaux, mais j’ai remarqué ces dernières années que tout le monde se ressemble de plus en plus. On correspond tellement à des rôles que cela devient très difficile que la personne lâche prise. D’habitude j’utilise des questions, qui après disparaissent au montage, et dont l’une d’entre elles permet de créer un moment inouï entre la personne et moi. Il faut du temps, mais tout d’un coup la personne dit ou fait des choses qu’elle ne fait pas d’habitude. Pour que cela se passe, il faut qu’il y ait du lâcher-prise. Les gens deviennent alors magnifiquement beaux.
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SYLVIE BLOCHER
LE TEMPS D’UNE RENCONTRE ― Texte : Céline Coubray
Fruit d’une longue collaboration avec Enrico Lunghi, l’artiste française Sylvie Blocher est invitée à présenter une monographie au Mudam et réalise à cette occasion une nouvelle œuvre participative. Madame Blocher, à l’occasion de votre monographie au Mudam, vous allez réaliser pendant un mois une nouvelle œuvre participative. Pouvez-vous nous en expliquer la genèse ? « Lorsqu’Enrico Lunghi m’a invitée pour l’exposition, nous avons fait le tour des espaces du musée. Arrivés dans le grand hall, il me demande ce que je pense de cet espace et spontanément je réponds, un peu sur le ton de la blague, que ce hall est tellement grand qu’on dirait un studio de cinéma. Et tout est parti de là. Enrico rebondit sur cette remarque qu’on ne lui avait encore jamais faite et me demande si j’ai un projet de film, ce qui était le cas. Je lui ai alors proposé un projet de synopsis et le projet a démarré. 106 ―
Pour cette œuvre, vous avez lancé un appel à participation dans les médias. Pourquoi ? « Habituellement, quand je suis invitée je ne viens jamais avec mes œuvres. Je travaille sur place. Je fais alors appel à des personnes que je ne connais pas, que je rencontre, car mon travail est hanté par la question de l’altérité, de l’autre. Je dis souvent à ce sujet que ‘je partage mon autorité d’artiste avec le modèle’. J’ai donc proposé aux personnes intéressées de venir me rencontrer avec une proposition pour changer le monde. Cette proposition sera le début de notre dialogue. Nous serons installés dans une petite serre, pour rester à la vue des visiteurs, mais préserver une intimité de la parole.
C’est pour cela que vous avez choisi d’installer une machine de vol dans le grand hall, pour ce « lâcher-prise » ? « Au départ, je voulais juste avoir une machine qui nous détache du sol et qui puisse nous permettre de balancer les pieds dans l’air comme lorsque nous étions enfants. Avec cette machinerie installée dans le hall, on va pouvoir s’élever dans les airs, de 10 cm à 12 m, mais cela n’a rien à voir avec la fête foraine. Ce sera à la fois une position de pleine liberté dans les airs et de contrainte en même temps par la présence des filins. Comment votre intervention va-t-elle se dérouler ? « Je reste pendant un mois à Luxembourg. Je viendrai tous les jours pour rencontrer les 100 participants. Comme un rituel, non religieux. Je passe une heure avec eux pour dialoguer et échanger nos regards. Et après cet échange, les personnes pourront s’installer pour leur vol. Cette expérience va donner deux choses différentes. La première sera une captation de chaque vol qui sera retransmise le lendemain dans le musée. Chaque vol viendra grossir la vidéo au fur et à mesure et, au bout d’un mois, il y aura comme une petite communauté de personnes qui formera le cœur de l’exposition. La seconde est que cette expérience va permettre de récolter du matériel pour le film que nous allons réaliser avec
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Désirs Interview – Culture 1. Sylvie Blocher et Donato Rotunno 2. Vue de l’exposition Singularités partagées, au 116 – Centre d’art contemporain, Montreuil, France, 2014 3. Sylvie Blocher et Shaun Ross pendant le tournage de l’œuvre A More Perfect Country (2012) de la série Speeches (2009-2012, collection Mudam) 4. Extrait de la vidéo A More Perfect Revolution (2012), collection Mudam
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PHOTOS : ERIC CHENAL, CHRISTOPHE BEAUREGARD, EXTRAIT VIDEO : © SYLVIE BLOCHER
Je partage mon autorité d’artiste avec le modèle.
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Donato Rotunno, Dreams have a language, et avec qui je partage les mêmes interrogations sur le fait d’être ensemble. Je tiens aussi à préciser que je trouve avant-gardiste le fait que le Film Fund soutienne notre film.
la Gëlle Fra, qui n’est pas juste un monument aux morts, mais une œuvre avec laquelle chacun construit son identité nationale d’une manière radicalement différente. Cette œuvre montre aussi toute la difficulté qu’on peut avoir à être et vivre ensemble. On pourra aussi voir la série des discours chantés dont le Mudam possède la série complète.
de couple entre moi et le journal que je me forçais à lire tous les jours en entier. Et au moment où je commence, j’apprends que Libération est en difficulté. C’est aussi très révélateur de notre époque, de cette guerre que l’on ne voit pas, mais qui est présente. Alors j’ai continué. Une sélection de cette série est présentée au Mudam.
À part les vidéos, vous présentez également des dessins… « Oui, et il s’agit véritablement d’un coming out, car je ne les montre jamais. Il s’agit des unes du journal Libération. Quand j’étais jeune, je vendais le journal avec un ami à Strasbourg. J’adorais ce journal pour ses textes de philosophie, de réflexion. Puis, dans les années 1990, il n’y avait plus que les images. Au fil des années, je me suis fâchée avec le journal, je n’étais plus d’accord avec son contenu. Alors, j’ai commencé à recouvrir les unes de peinture à tableau et à écrire sur ces pages. J’y ai pris goût, comme une discussion
Quel est votre rapport à Luxembourg ? « J’aime particulièrement son caractère multiculturel. Cela m’avait énormément frappée lorsque je suis venue pour la première fois en 2002. C’est le pays où on pratique le croisement des langues, et pour moi c’est l’avenir. Cela m’a complètement fascinée. J’adore ça. »
Quelles sont les autres œuvres que les visiteurs pourront découvrir ? « Il y aura environ 10 installations vidéo, dont de très récentes qui seront montrées pour la première fois. Il y aura entre autres une œuvre sur Fort Alamo et qui pour moi se rapproche du travail que j’avais réalisé à l’occasion de l’exposition sur la Gëlle Fra. Fort Alamo est un des monuments les plus visités de l’histoire américaine. Lors de ma visite, on m’a fait accompagner par un des derniers chefs de tribu indienne qui n’a cessé pendant toute la visite guidée de dire ‘it’s not true’. Cela m’a donné l’idée de présenter cette bataille historique racontée par quatre personnes ayant des points de vue différents sur ce même fait historique. C’est un peu comme
S’inventer autrement. Exposition au Mudam, du 8 novembre au 25 mai. Behind the Invisibles. Exposition chez Nosbaum & Reding, du 8 novembre au 3 janvier.
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408 personnalités & entreprises ont été citées sur les 116 pages de Paperjam1.
INDEX A ABBL 96 ACA 77, 97 ACL 57 Ada 77 Adal 38 Adehm Diane 12 Adem 34, 36, 68 Administration des contributions directes 56, 77, 78, 94 Agnes Anouk 14 Al Maktoum Mohammed ben Rachid 52 Aleba 77 Alfi 71, 88 Alia 36 Allen & Overy 41 Amazon 94 Aperam 56 ArcelorMittal 12, 56, 57, 84 Arendt & Medernach 77, 88 Arendt Guy 90 Arndt Frank 12 Association internationale des fonds d’investissement 77 Assya Asset Management 77 Autopolis 65 AXA Luxembourg 68, 97
B Banco Bradesco 84 Banco BTG Pactual 84 Banco Espirito Santo 77, 86 Banco Safra 84 Banque de Luxembourg 10, 77, 83, 96 Barre Ève 77 Barre Raymond 77 Barreau de Luxembourg 90 Barroso Juan-Manuel 40 Barthelmé Pierre 36 Bausch François 34, 42 Bausch Romain 14 BCCI 52 BCEE 57, 96 BCL 12 BCP 57, 96 Becker Norbert 61 BEI 68 Beissel Simone 12 Belgacom 60 Bellion Tom 54 Bernard Massard 72 Bétons Feidt 42 BeTax Advisory & Compliance Services 93 Bettel Xavier 14, 23, 25, 30, 35, 36, 48, 52 BGL 60 BGL BNP Paribas 57, 96 Bidermann Maurice 57 Bil 57, 77, 96, 116
Bintz Jean-Claude BNP Parvest Bonn, Steichen & Partners Brasserie nationale Braz Félix Bremans Mike Buck Xavier Buck Nicolas Business & Society Business Initiative
72 27 76 72 23, 28, 90 68 48 72 68 87
Hubert Clasen CEO, Bernard Massard
C Cactus 62, 74 Caixa Geral de Depositos 96 Carbon Fire 48 Cardif Lux Vie 97 Care Luxembourg 68 Carlos Cueto Juan 44 Casino 37 Casino Luxembourg - Forum d’art contemporain 56, 72 Castegnaro 8 Caves Bernard Massard 105 Cellule de renseignement financier 77 Centre de conférences Luxembourg-Kirchberg 54 CESE Lorraine 34 Chambre de commerce 34, 35, 54, 57, 65, 90 Chambre des députés 14, 36 Chambre des métiers 60, 65 Chambre des salariés 38 Chemgas 42 CHNP 65 Citi 62, 88 Clarinval France 57 Clasen Hubert 72 CLC 35, 38 Clearstream Banking 96 Clemens Nadine 57 Clinton Hillary 23 Closener Francine 36, 54, 65, 68 CNPD 35 Coekelbergs Olivier 88 Collignon Jean-Michel 72 Comed 77 Comité du risque systémique 30 Commission européenne 40 Conseil d’État 12, 50 Conseil national des finances publiques 30 Cosmo 56 Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) 94 Cour des comptes 12, 34 CRP Henri Tudor 36, 65 CSSF 76, 96 CSV 12
D Dacomi Investment Darmayan Philippe Datacenter Luxembourg Dbon’R de Schepper Karin De Verband Debargue Reynald Deglise Wesley Deloitte Demuth Claude Denis Sabine Design Friends Di Maulo Timoteo Dieschbourg Carole Direction de l’aviation civile Do Recruit Domaine de Raville Donahoe John Dos Santos Brandao Victor
77 56 48 62 42 42 49 75 57, 76 48 68 57 56 56 57 91 101 61 60
E eBay École polytechnique de Milan Ecover International Editpress Elvinger, Hoss & Prussen Engel Georges Enovos International Enovos Luxembourg ESFG ESFIL Espirito Santo Financial Group Espirito Santo Financière Espirito Santo International État luxembourgeois Eurostat Explorator EY EY Luxembourg
61 56 68 57 56 12 60 60 76 76 86 86 86 36 36 57, 72 57, 77 88
F Fayot Franz 14, 25, 50 Feck Christine 72 Fédération des artisans 38 Fédération des hôpitaux 65 Fédération des loueurs de véhicules 34 Fedil 65 Fedil-ICT 60 Felgen Constructions 60 FFCEL 56, 57 Fixmer 62 Flashiz 108, 110 FNR 35 Fonck Danièle 57 Fonds-de-Gras 72
Forum Global Foyer Assurance Foyer Vie Francis Yves Franck Pierre-Yves Frieden Luc Fromes Thierry Fuchs Éliane Business Initiative
G
14 97 97 76 56 25 56 57 93
Beatriz Garcia Avocate à la Cour
Garcia Beatriz 44 Gérard Pierre 77 Glesener Marc 77 Goedert Ed 38 Goeres 17 Gomes Pedro 62 Goodgame Studios 60 Goodyear Innovation Center Luxembourg 65 Google 36 Google Play Store 75 Grand-Duc héritier Guillaume 84 Gramegna Pierre 23, 25, 28, 30, 38, 52, 76, 77, 84, 90, 94 Grand Théâtre 72 Graphisterie Générale 72 Groupe Charles Kieffer-CK 47 Groupe Espirito Santo 76 Groupe Rossel 57 Groupe Steffen 49 Guiran Stéphane 64 Gérard Hoffmann Président, ICTluxembourg
H Hartmann Roger HEC Helminger Paul Hemmen Cécile Hentgen Pit Hermès Hoffmann Gérard Hoffmann’s Hôpital intercommunal de Steinfort Horesca Hoscheit Thierry House 17 Houwen Marco Humbel Frédéric Hurt Pierre
86 57 72 12 72 4, 5 60 57 65 38 36 72 48 72 76
AU RESTO, FLASHEZ C’EST PAYÉ ! www.flashiz.lu
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Sans communication, cette canette rouge ne serait rien de plus qu’une canette rouge. Peut-être même qu’elle serait encore vendue en pharmacie aujourd’hui.
Meet the communicators
Membres : Accentaigu – Added Value – Binsfeld – Brain & More – Comed – Concept Factory – Dechmann Communication – Dété Publicité – E-connect Web Communication Emotion Event Management – Grey Worldwide – InsideOut – Kneip Communication – Mediation – Mikado Publicis – Moskito – MUM – Plan K – markcom.lu
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Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier
I-J-K IIanizzi Roger IFBL IIC Partners Ilnas ILR IMS Luxembourg ING Luxembourg Inland Navigation Europe Instagram International Finance Corporation IUIL Jaegers JMK Join Juncker Jean-Claude Kaba Sekou KBL KBL epb Kilo Kirsch Thierry Kneip Bob Koedinger Mike Koepp François Kohl Marius Kopp Thomas Kox Jo KPMG Krat Laurent Krecké Jeannot Kremer Claude Kremer Leon Krips Ralph Kurt Salmon
65 68 60 50, 62 60 68 57, 96 42 75 68 36 42 31 56 40 62 77 96 75 62 68 57, 72 38 94 48 56, 72 57 77 72 77 60 60 57
L L'essentiel La Luxembourgeoise La Luxembourgeoise Vie La Mondiale Europartners Labbé Jérôme Lalux Landewyck LCTO Le Monde Lee Barbara Lenert Paul Lentz Georges Jr Leo Lex Thielen Leyne Thierry Lombard International Assurance Lommel Gérard Lorang LPEA LSAP LSK Lu-Cix
113 97 97 97 48 72 62 53, 54 35 75 72 72 60 33 77 97 35 42 88 12, 50 76, 77 48
Lunghi Enrico 56 Lux Future Lab 60 Luxair 13, 72 LuxAirport 42 Luxcongress 6 Luxembourg Air Rescue 57 Luxembourg Convention Bureau (LCB) 54 Luxembourg for Business 76 Luxembourg for Finance 57, 76, 84 Luxempart 12 Luxexpo 57, 72 Luxinnovation 35, 65, 72 Luxport 42 Luxtram 57 Luxtrust 48
M-N-O Mackel Nicolas 84 Mad About Soul 72 Maison Moderne 57, 72, 76, 77 Markcom 109 Marlière & Gestlauer 60 Massard Marie-Hélène 68 McKinsey 57 Mediation 65 Microsoft 56 Ministère de l’Économie 28, 65 Ministère de l’Égalité des chances 56 Ministère de la Fonction publique 65 Ministère des Classes moyennes 65 Ministère des Finances 28, 77 Ministère du Développement durable et des Infrastructures 28 MLQE 65, 67 Moretti Stefano 74 Mosar Laurent 72 Mouvement écologique 34 Mudam 56 Muller Marc 38 Muller-Kneip Diane 68 Mutsch Lydia 62 Nasra Georges 96 Natixis 62 Neimënster 54 Neofacto 77 Nesser Claude 72 Neu Claude 72 Nice Matin 57 Nice Matin Invest 57 Niedner Claude 88 Nilles Max 42 Nintendo 48 Nolen Eric 62 Nord/LB Covered Finance Bank 76 Norddeutsche Landesbank Luxembourg 76 Novo Banco 77, 86 OCDE 14, 35, 52, 94 Office français de prévention du tabagisme 62 Opal Systems 56
P-Q Panelux Paperjam Patagonia Paul Wurth PayPal PayPal Europe Philharmonie Philippart Robert Picard Piot Rémy POG Post Luxembourg Post Telecom Precision Capital Printz Prum François PwC
74 76 68 84 61 61 54 72 74 48 57 56 2 96 57 44 57, 64, 68, 76, 79
R Raiffeisen RBC Investor Services Bank Registre du commerce et des sociétés Reuteur Christian Reyland Gilbert Ries Anne-Catherine Rio Forte Riot Frédéric Romosan Claudia Rosenbaum Harry Rotary Club Rotunno Donato RTL Group Ruz Gutiérrez Pablo Rafael
57 96 77 38 60 35 86 74 65 77 56 72 12 44
Roberto Scolati Président, Aleba
S Sablières Hein 42 Saluzzi Marc 88 Schadeck Raymond 72 Scharff Christian 68 Schlesser Isabelle 34 Schmit Nicolas 36, 56 Schneider Étienne 23, 28, 56, 60 Schneider Romain 36 Scolati Roberto 77 Securitec 60 Selgado Ricardo 86 Seqvoia 72 Service des médias et des communications 35 Service national de contrôle technique 35 Services Presse Invest 57 SES 36 Skycom 72 SNCI 57
Société du port de Mertert 42 Société générale 19, 21, 57 Sogelife 97 SPAD – Soins psychiatriques à domicile 65 Spautz Marc 56 Stanley Vincent 68 State Street Bank Luxembourg 96 Statec 30, 34, 35 Steffen Frank 72 Steffen Traiteur 72 Steichen Alain 76 Strauss-Kahn Dominique 78 Swiss Life 97 Syvicol 36
T-U-V T.I.P Biehl & Partner Tageblatt Tango Tanklux Tarantula Luxembourg Tavola Temple Morris Boz The Economist The International Banker Thines Netty TNS Plurimedia TNS-Ilres Tranquilidade Tribunal administratif Turmes Claude UBS Luxembourg UCVL UEL ULC Ulrich Frédérique Université de Bossoni, Milan Université du Luxembourg Utopia Valora Veit Christian Viktor Ville de Luxembourg Villeroy & Boch Vitalvie
35 52, 57, 85 60 42 72 74 72 76 77 65 57 36, 52 86 56, 76 72 96 87 56 38 48 56 35 76 62 77 60 56 103 57
Claude Wiseler Député
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DÉJEUNER CARROUSEL Le chef vous souhaite un bon networking. Un déjeuner = neuf contacts
Commencez par l’entrée avec Alain, Martine et Philippe.
Finissez par le dessert avec Linda, Hélène et Patrice.
Passez au plat principal avec José, Tony et Virginie.
Lieu : Le Fin Gourmand Date : jeudi 27 novembre à partir de 12 heures Prix : 30 € / personne Inscription obligatoire : www.Paperjam.club Dejeuner_Caroussel_final.indd 1
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Décembre 2014 Paru le 6 novembre 2014
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION WWW.PAPERJAM.LU
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PROCHAIN NUMÉRO
11 décembre 2014
Mike Koedinger
DÉCEMBRE 2014
:
RÉDACTEUR EN CHEF XAVIER BETTEL
FÉLIX BRAZ
PIERRE GRAMEGNA
Jean-Michel Gaudron
ÉTIENNE SCHNEIDER
PROCHAIN NUMÉRO
PA P E RJ A M 2
20 novembre 2014
COVER
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:
Croisade pour un
Luxembourg moderne 5 453000 074017
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Maison Moderne Media Sales Téléphone (+352) 27 17 27 27 Fax (+352) 26 29 66 20 Mail mediasales@maisonmoderne.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg
Maison Moderne Studio Directeur associé Guido Kröger
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Fondateur et CEO Mike Koedinger Directeur administratif et financier Étienne Velasti
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Quand le Luxembourg jouera dans la cour des grands... vous l´apprendrez par L´essentiel
Le Luxembourg en chiffres
étrangers
3,006.76
2.970,52
2.854,64
2.904,14
Nouvelles immatriculations 2.815,87
2.742,21
2.709,21
2.405,93
2.528,92
2.468,07
2.584,10
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6.000 5.000 octobre 2013 : 4.499
Mai 2014 : 1,03
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5 3.
2.486,58
2
1
Luxembourgeois
OPC (en millions d'euros)
Taux d'inflation (en %) 2,5
1,5
300.800
549.700
2
1.000
0
pt .1 3 Oc t. 13 No v. 1 Dé 3 c. 13 Ja n. 14 Fé v. 1 Ma 4 rs 1 Av 4 ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il . 1 Ao 4 ût 1 Se 4 pt .1 4
1 No 3 v. 1 Dé 3 c. 13 Ja n. 14 Fé v. 1 Ma 4 rs 14 Av ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il . 1 Ao 4 ût 1 Se 4 pt .1 4 Se pt .1 Oc 3 t. 1 No 3 v. 1 Dé 3 c. 13 Ja n. 1 Fé 4 v. Ma 14 rs 1 Av 4 ril 14 Ma i1 Ju 4 in 1 Ju 4 il . Ao 14 ût Se 14 pt .1 4
t.
23,1 %
1280 2274.2
907 1057.1
531
563 472
Dette publique (en % du PIB)
481
843 1377.9
1108 1570
2215.5 861
T1 2014
497
4.217,73
T4 2013
5,311.00
4.230,01
T3 2013
4,276.00
4.191,84
T2 2013
Autorisation de bâtir bâtiments logements volume (milliers de m2)
4.882,05
4,209.36 5,047.89
5.375,60
5.408,05
Prix moyen au mètre carré (en euros) ancien neuf
Se
Oc
Se pt
.1 3
0
SOURCES : STATEC, CSSF
2.586 km
Population totale (au 1er janvier 2014)
Avril 2014 : 5.220
Superficie
SOURCE : STATEC
TABLEAU DE BORD
(2013) +6,45 % par rapport à 2012
T2 2013
Nombre de banques
T3 2013
T4 2013
T1 2014
7,2 %
T2 2014
PIB en volume (évolution en %)
155
3,1 2,7 14 9
avril 2013 : 151
2,1
1,9
Nombre de faillites en 2014
575
145
-0,2
397.059
41,5 % 58,5 %
dont travailleurs frontaliers
164.852
Emploi du secteur financier au 2e trimestre 2014 (hors assurance)
25.954
emplois dans le secteur bancaire
114_tableau_de_bord.indd 114
14
44.079
Emploi total intérieur en septembre 2014
114 ―
20
13 20
12 20
11 20
10 20
Oc
t.
13 No v. 1 Dé 3 c. 13 Ja n. 14 Fé v. 1 Ma 4 rs 14 Av ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il. 1 Ao 4 ût 1 Se 4 pt .1 4 Oc t. 14
140
(au 23 octobre 2014) 774 au 23 octobre 2013
41 % 59 %
18.125
emplois dans les autres secteurs
SOURCES : STATEC, CSSF
150
(en août 2014) 6,9% en août 2013
SOURCES : STATEC, CSSF, BARREAU DE LUXEMBOURG
Taux de chômage
T2 2014
― Décembre 2014
10/31/14 6:57 PM
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