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Conversation Carole Muller

cas d’urgence. Pour moi, c’est important de pouvoir m’arrêter en tant que chef d’entreprise. Il est évident que je ne peux pas ne pas penser au travail, mais je n’ai pas l’angoisse de partir, car je sais que mes équipes sont là et j’ai toute confiance en elles. C’est un privilège de pouvoir se reposer sur des gens.

Votre papa, qui est d’une génération pour laquelle le travail était souvent la première des priorités, comprend-il cela ?

Oui, tout à fait. Et, d’ailleurs, mon frère fait comme moi et veut également pouvoir passer du temps avec ses enfants. Aujourd’hui, les hommes aspirent aussi à passer du temps avec leur famille. À partir du moment où le travail est fait, pourquoi ne pas prendre plus de temps pour soi ? Il s’agit de s’organiser autrement et c’est aussi ce que j’aimerais que l’on comprenne à un niveau politique.

C’est-à-dire ?

Il faut que le gouvernement donne plus de flexibilité aux entreprises, afin qu’elles puissent s’organiser avec leurs équipes et selon leurs besoins. Je prends mon cas : je suis divorcée et j’ai mes enfants une semaine sur deux. La semaine où je ne les ai pas, cela ne me dérange pas de travailler 10 heures par jour, je peux commencer plus tôt et finir plus tard. Mais lorsque j’ai mes enfants, je préfère pouvoir finir plus tôt. Je suis évidemment loin d’être la seule dans ce cas. Aujourd’hui, le cadre législatif ne permet pas forcément cette flexibilité. À nous donc, avec le gouvernement, d’essayer de réinventer ce temps de travail et de faire en sorte que cela soit plus gérable.

Pourquoi ne pas vouloir agir directement ? Pourriez-vous vous engager dans un mandat politique dans les prochaines années ? Je ne pense pas. J’aime la politique, j’aime me dire que je peux travailler pour faire évoluer mon entreprise, mon pays, ma société. Si je peux y contribuer, tant mieux. Aujourd’hui, j’ai choisi un chemin à travers la CLC qui me le permet et qui me satisfait à 100 %. Je ne suis pas convaincue que la politique m’apportera cette même satisfaction. Et donc je ne m’y vois pas. Il faudrait vraiment réussir à me convaincre. Actuellement, je gère mon

Les origines

Ouverture de la première boulangerie Fischer par Eugène et Marguerite Fischer, à Diekirch.

Les tournées en charrette sont lancées et, après la guerre, Eugène Fischer inaugure ses premières filiales à Wallendorf et Bollendorf. En 1921, la famille Muller – les frères Edmond, Joseph et Georges – rachète

Les Moulins de Kleinbettingen, alors qu’elle est déjà propriétaire des Moulins de Dommeldange.

Le passage en SA

Joe Fischer, le fils d’Eugène, qui a obtenu son brevet de maîtrise de boulanger-pâtissier, prend les commandes de l’entreprise. Huit ans plus tard, il rachète et modernise la boulangerie de Gilsdorf, qui devient la société anonyme Joe Fischer, puis la Boulangerie industrielle de Gilsdorf SA.

Panelux-Fischer agenda. Si je faisais de la politique, ce serait plutôt la presse, mon parti, mon ministère qui géreraient mon agenda. Et moi, j’aime être maître de mon agenda !

L’alliance nouée entre les familles Fischer et Muller se consolide avec la création de Panelux-Fischer, fruit du rapprochement de la Boulangerie industrielle de Gilsdorf et de la Fabrique de produits alimentaires (Fapral), englobant aussi Panelux, société de distribution fondée en 1965.

Vous avez tout de même été impliquée en politique en participant à votre première tripartite en tant que présidente de la CLC. Comment cela s’est-il passé ?

Il est évident que j’ai encore des codes à apprendre, mais j’étais bien épaulée. C’était impressionnant, un exercice vraiment à part, intellectuellement très stimulant, mais aussi très fatigant. Après les trois jours, j’ai pris du temps pour récupérer, car cela demande une concentration intense.

Fischer, Panelux, Moulins de Kleinbettingen… Toutes ces entreprises sont situées sous une faîtière : Vertico. Avec un actionnariat 100 % familial ?

Vertico est notre holding. C’est une structure 100 % familiale au niveau de l’actionnariat puisque les Fischer ont revendu leurs parts en 2021 et que plus aucun membre de cette famille n’est encore actif dans une des sociétés du groupe. Les actionnaires sont donc tous issus de la famille Muller, à un degré plus ou moins large : mon père, mon frère, mais aussi des cousins, des petits-cousins…

Le conseil d’administration de Vertico est aussi très familial… Il inclut en effet des membres de la famille qui sont dirigeants de certaines sociétés du groupe, et d’autres qui ne sont pas présents dans les entreprises. Mais aussi des membres externes, comme dans une grande majorité des conseils d’administration.

Sous Vertico, on retrouve 27 sociétés, établies au Luxembourg et à l’étranger, mais les Moulins de Kleinbettingen, Fischer SA et Panelux SA se démarquent tout de même ?

Le départ de l’histoire est le moulin. Le nom Muller le reflète d’ailleurs, car il signifie « meunier » en allemand. Au début des années 1970, mon grand-père s’est associé à la famille Fischer pour créer Panelux. Le moulin représente le travail de la farine et de la semoule. Panelux représente le volet production, avec deux dimensions distinctes : d’un côté, l’atelier

« congelé », qui travaille jour et nuit pour produire presque exclusivement pour l’export. Et de l’autre côté, l’atelier « frais », où l’on travaille pour livrer 450 adresses, dont 60 enseignes Fischer, qui est le réseau de vente. Les autres clients sont des supermarchés, stations-services, hôpitaux… Pour résumer, Fischer est un client de Panelux, les Moulins de Kleinbettingen sont un des fournisseurs de Panelux, et Panelux est le fournisseur principal de Fischer. Il y a une autre structure importante qui s’appelle Panhold ( destinée depuis 2014 à fournir des services administratifs, ndlr) et avec laquelle Fischer et Panelux partagent la comptabilité, la gestion des ressources humaines, le département Finance et le marketing. Je gère Panhold avec Patrick Muller, qui est, pour sa part, le CEO de Panelux.

Comment définir Fischer de manière précise et complète ?

Fischer est notre réseau de vente propre pour lequel on développe des produits spécifiques. On compte 60 enseignes Fischer et environ 400 employés. Le chiffre d’affaires est de 45 millions d’euros pour Fischer et de 150 millions d’euros pour le groupe.

L’installation à Mensdorf

Les trois sites de fabrication sont regroupés à Mensdorf pour former une des boulangeries les plus modernes en Europe. En 1998, Fischer entame la rénovation de ses boulangeries et développe aussi une gamme de produits traiteur. En 2005, Mensdorf s’agrandit pour pouvoir doubler la production.

Un siècle d’histoire

L’entreprise fête ses 100 ans. Pour l’occasion, le parcours informatif et éducatif « Broutgaass » (« le chemin du pain ») est inauguré. Sur un total de 300 m2, ce circuit dévoile l’histoire de la Boulangerie Fischer, son développement et les différentes étapes de fabrication de ses produits.

La reconnaissance

En 2021, les Muller ont repris les parts des membres de la famille Fischer, qui s’étaient petit à petit et depuis plusieurs années désengagés du volet opérationnel. L’actionnariat de la holding Vertico SA est donc à 100 % familial. En décembre 2022, le classement du Paperjam Top 100 des décideurs économiques les plus influents du pays distingue Carole à la 7e place, et son frère Jean à la 41e

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