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Conversation Carole Muller

Être à la tête d’une entreprise familiale comme la vôtre est une grande responsabilité. Comment le vivez-vous ?

Je pense que la seule différence entre une entreprise familiale et une autre, c’est qu’on y est beaucoup plus attaché avec le cœur. Il n’y a pas que la tête qui œuvre, il y a le cœur aussi. C’est une grande responsabilité, on veut faire au moins aussi bien que les fondateurs.

Comment avez-vous justement affronté les crises de ces dernières années ?

Fischer a perdu 50 % de son chiffre d’affaires en avril 2020, en un mois à peine, de manière totalement brutale. Pendant la crise, il a fallu rassurer les équipes, montrer que tout allait bien, reconnaître qu’il y avait des problèmes, mais que nous allions les résoudre ensemble. On en a profité pour avancer sur différents chantiers, comme la digitalisation. On a mis en place un site de click and collect avec sept filiales. Nous n’avons licencié personne et nous avons eu de la chance d’avoir un gouvernement qui a très bien réagi et a décidé de soutenir les entreprises dès le début.

Vous avez sollicité les aides de l’État ? Nous avons en effet eu recours aux aides.

Depuis plusieurs mois, les entreprises, notamment dans le secteur agroalimentaire, rencontrent des difficultés d’approvisionnement en matières premières et doivent assumer la hausse des coûts de l’énergie. Comment Fischer traverset-elle cette nouvelle tempête ?

Nous avions anticipé en installant des panneaux photovoltaïques, et nous avons déjà investi au niveau de Panelux pour réduire nos frais en énergie. Je crois que cette crise nous sensibilise encore davantage à cette problématique. Les matières premières ont un impact énorme sur le fonds de roulement d’une entreprise. On paie plus cher l’adaptation des processus de fabrication, il faut renégocier les prix avec les clients… Ces crises nous obligent, en tant que chefs d’entreprise, à prendre plus de temps pour discuter de ces questions, et nous en avons finalement moins pour nous concentrer sur la stratégie, car nous sommes en gestion de crise permanente, toujours occupés à éteindre un départ d’incendie quelque part.

Comment assurer sa rentabilité sans impacter des clients également touchés par la crise ?

C’est un équilibre à trouver au jour le jour, ce qui n’est pas simple. Beaucoup de gens pensent que nous sommes impactés à cause de la consommation des fours, mais c’est surtout au niveau de l’export que cela nous pose problème. Nous produisons et transportons des produits congelés, dans des congélateurs qu’il faut donc refroidir. Pour Panelux, c’est complexe, car nos concurrents dans les autres pays ont pu bénéficier de prix de l’énergie bloqués, ce qui n’est pas le cas au Luxembourg. Si nous achetons deux fois plus cher, l’on ne peut pas tout prendre sur nos marges et sommes donc obligés de l’imputer à nos prix…

Une des activités historiques de Fischer, ce sont ses tournées en porte-à-porte. Ce service a-t-il déjà été remis en question ?

J’aime dire que, finalement, nous avons été les premiers food trucks, d’abord à cheval, puis maintenant avec 11 camions sur le terrain. Une partie sert des clients privés, et une autre partie assure des livraisons dans des structures, comme des entreprises qui n’ont pas de cantine, par exemple. Ce service a pu paraître vieillot à un moment, mais il a repris de la vigueur avec la crise du Covid. Il permet une proximité avec les clients et de tisser des liens sociaux.

Carole Muller En Quatre Ann Es

2006

Après des études de gestion d’entreprise, Carole Muller rejoint le ministère des Affaires étrangères en tant qu’experte junior. Deux ans plus tard, elle intègre Panelux et devient manager des filiales jusqu’en 2008.

2007

Carole Muller devient membre de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise. Elle en deviendra la présidente en 2018.

2010

Après une formation en boulangerie-pâtisserie chez Lenôtre, à Paris, elle occupe un poste de senior advisor chez PwC jusqu’en septembre 2010, année où elle rejoint Fischer SA comme directrice commerciale, avant de devenir CEO en 2014.

2022 Vice-présidente de la CLC depuis 2020, elle en est élue présidente en juin 2022.

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