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Le matching d’affaires

La plateforme Businesstransfer.lu regroupe des offres de cession et de reprise de sociétés à la recherche

Auteur CATHERINE KURZAWA

C’est un site de rencontre où la rencontre n’est pas amoureuse, mais entrepreneuriale : sur Businesstransfer.lu, les sociétés cherchent à pérenniser leur existence grâce à des repreneurs, et ceux-ci déclinent leurs préférences sur une page dédiée. À la clé, des prises de contact qui peuvent découler sur une mise en relation, un matching. En 2021, 542 contacts ont été établis et 122 matchings ont eu lieu. Entre janvier et octobre 2022, l’indicateur a atteint 562 contacts et 49 matchings, selon les données de la Chambre de commerce, aux commandes de l’outil avec la Chambre des métiers et le ministère de l’Économie.

Un matching ne mène cependant pas systématiquement à une reprise, avertit Cécile Mérenne, senior entrepreneurship project advisor à la Chambre de commerce.

« Lors des derniers mois de 2022, nous avons observé une accélération du nombre d’annonces publiées », décrypte-t-elle encore.

Les marques du temps

Car si la pandémie de Covid-19 a mis entre parenthèses les cessions et reprises, celles-ci sont à nouveau en hausse, puisque cette période a engendré un sentiment de fatigue chez de nombreux entrepreneurs. Celui-ci peut mener à des désirs de vendre en quelques mois ce qu’ils ont bâti en plusieurs années. Une mission parfois impossible qui peut se solder par une mise en liquidation de l’entreprise.

Un tiers des dirigeants inscrits à la Chambre des métiers sont âgés de plus de 55 ans et sont à la recherche d’un successeur, une proportion en hausse selon Christian Kremer, qui note que, « dans l’artisanat, le manque de main- d’œuvre qualifiée touche les salariés, mais aussi les chefs d’entreprise ». Le chef du service Contact Entreprise à la Chambre des métiers remarque une croissance des prises de rendez-vous pour des transmissions dans des activités comme la coiffure et la boulangerie.

Transmettre, mais à qui ?

Les deux chambres professionnelles proposent un accompagnement et des conseils gratuits pour les dirigeants. « Une transmission dure entre trois et cinq ans », résume Cécile Mérenne. Une estimation de la Fondation Idea table sur un contingent de 250 entreprises à reprendre chaque année au Luxembourg entre 2025 et 2035. Un chiffre qui s’explique principalement par les projections de départ à la retraite des entrepreneurs.

Mais la cession peut aussi être motivée par le souhait de réaliser une plus-value, l’envie de se lancer dans une nouvelle activité ou encore des problèmes de santé. Sur Businesstransfer.lu, les entreprises de construction constituent la majorité des sociétés à reprendre (23 %), devant les commerces (21 %) et les activités spécialisées scientifiques et techniques (13 %). Le portail ne revendique toutefois pas contenir la totalité des offres du marché.

Les annonces sont tantôt très larges, tantôt détaillées avec des photos et la dénomination de la société. L’outil en place depuis 2018 donne clairement un avant-goût du marché, mais il arrive aussi que les contacts se prennent directement entre les parties. Dans tous les cas, la transmission nécessite du temps, un appui extérieur, des qualités managériales et de l’adaptabilité.

« Le repreneur idéal est difficile à décrire, mais il vaut mieux qu’il soit ouvert aux nouveautés de son marché, car, dans l’artisanat, il y a clairement une tendance à sous-estimer le fait qu’un secteur peut changer du jour au lendemain », avance Christian Kremer. Un entrepreneur averti en vaut certainement deux.

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