3 minute read

MON ARGENT

Next Article
Portfolio

Portfolio

Du soutien aux startup aux treks lointains : le risque fait partie de la vie de l’entrepreneure digitale, managing director de Hunteed au Luxembourg, Isabelle Weill.

Une devise ou un principe concernant l’argent ? L’argent est un serviteur, cela ne doit pas être un maître. L’argent doit servir à ce dont vous avez besoin, et puis il doit circuler.

Vous êtes donc plutôt cigale que fourmi… J’aime beaucoup aider les startup à démarrer. Je ne suis pas un bisounours, mais j’essaie de choisir des structures qui créent et développent de la valeur, et dans lesquelles les gens sont heureux de venir travailler car ils voient quelle est la finalité de leur tâche.

Quand vous aidez une start-up, vous le faites pour l’argent, le succès ou l’idée ? Je pars du principe que je peux tout perdre et que, si c’est le cas, ce ne sera pas un drame. J’ai le goût du risque, mais je sais qu’en pensant que l’on peut tout perdre, on est en quelque sorte plus « détendu » dans sa démarche.

Dans combien de start-up avez-vous déjà investi ? Au total, j’ai investi dans sept ou huit startup. Il y en a une où j’ai tout perdu.

Que retenez-vous de cet échec ? Je pense que l’idée était bonne, mais elle n’a pas été assez rapide, et un concurrent est arrivé plus vite, avec davantage de moyens. C’était une structure portée par deux jeunes qui sortaient de l’école. Cela m’a fait réaliser qu’une expérience dans le vrai monde de l’entreprise est importante avant de se lancer dans sa propre startup, de manière à acquérir une expérience pratique de terrain.

Outre les start-up, Isabelle Weill soutient aussi les artistes.

Vous souvenez-vous de votre premier salaire, de ce que vous en avez fait ? C’était en 1984 et j’étais gestionnaire de chantier de pose de plateformes pétrolières chez Bouygues Offshore. J’ai gagné environ 9.000 francs français, que j’ai utilisés pour payer la caution de la location d’un petit appartement à Paris pour lequel je venais de signer.

Avez-vous des passions coûteuses ? J’aime beaucoup aller faire des treks dans le désert ou en montagne. Ce n’est pas tant le budget hébergement, mais le fait d’accéder à l’endroit en question qui a un prix : l’ascension d’un 4.000 m, ça se mérite ! J’ai eu le plaisir de grimper au sommet du Dôme des Écrins (4.015 m en glace), du Cotopaxi en Équateur jusqu’à la limite de la glace à 5.000 m (nous n’avions pas pris de crampons, hélas !), du M’Goun (4.071 m) dans le Haut Atlas, du plus modeste Teide (3.715 m), stratovolcan à Ténérife, mais la roche volcanique accentue la difficulté. Dormir à la belle étoile dans le désert en Mauritanie, cela vaut tous les hébergements de luxe, car cet espace infini et la découverte des couchers de soleil en ce lieu, c’est un luxe énorme. On combine l’effort et le sentiment de récompense. Pour moi, le bonheur est dans l’effort.

Quel est votre dernier achat coup de cœur ? Une petite sculpture d’une artiste française qui exposait dans la galerie Subtile à Belair. Elle représente une petite danseuse élancée et est faite de bronze poli. J’ai beaucoup

Le goût du risque

d’admiration pour les danseuses et j’aime beaucoup accompagner les artistes. Cette artiste est Pauline Ohrel, c’est une avocate qui a changé de vie pour devenir sculptrice. J’aime soutenir des gens qui prennent des risques.

Le risque, c’est quelque chose qui vous attire… Ma vie n’est qu’une prise de risque. Dans mon premier job, j’ai rencontré un autre jeune gestionnaire de chantier qui avait débuté sa carrière dans la pub. Il m’a séduite et m’a dit que j’avais le talent pour partir dans ce secteur. J’ai donc quitté mon job à 22 ans et me suis lancée dans la pub. Je me suis mariée avec quelqu’un que je connaissais depuis trois mois et, avec le recul, je me dis que j’ai aussi pris beaucoup de risques avec l’argent.

Interview CATHERINE KURZAWA Photo ROMAIN GAMBA

This article is from: