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LUC BRUCHER

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La liste

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« La taille du pays, un atout pour la santé de demain »

L’approche value-based care était au centre de la 10e conférence de Deloitte sur la santé. Luc Brucher, associé et public sector & healthcare leader au sein du cabinet, en détaille les bénéfices potentiels pour le pays.

L’approche value-based care, soit le rapport entre les résultats bénéfiques pour le patient et le coût par patient pour atteindre ces résultats, était au centre de votre conférence annuelle, organisée le 14 juin avec la Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL). Pourquoi avoir choisi de mettre en avant cette approche ? Nous sommes persuadés qu’elle est utile et nécessaire pour le futur du système de santé au Luxembourg si nous voulons, d’une part, améliorer la prise en charge globale des patients, et, d’autre part, utiliser de façon efficiente les moyens financiers à l’aune des enjeux sociétaux comme le vieillissement de la population. L’objet de la conférence était donc de cerner comment le Luxembourg pourrait prendre ce chemin.

Comment entamer ce cheminement ? On peut parler d’un changement structurel et organisationnel dont les étapes mèneraient vers un parcours de soins intégré. L’une des conditions préalables est de faire évoluer l’état d’esprit : aborder la santé comme une approche centrée sur les résultats escomptés, en impliquant l’ensemble des parties prenantes, y compris le patient, plutôt que comme un « paiement contre un service ».

Quel bénéfice peut en retirer l’État pour les finances publiques ? L’approche en question conduit à une meilleure utilisation de l’argent public, avec comme prérequis une gestion optimale de l’information pour mesurer les investissements consentis, les retours obtenus, et effectuer des ajustements si nécessaire. Cette approche aboutit aussi à une création de valeur économique en activant des leviers d’innovation technologique et en impliquant différents acteurs, publics et privés, dans la chaîne de valeur.

Quels sont les premiers enseignements sur la gestion de la santé publique au Luxembourg, à la lumière de la pandémie de Covid-19 ? La pandémie a permis de constater les atouts d’une gouvernance unique de la santé qui repose sur le domaine public. La France et l’Allemagne, dont les systèmes de santé reposent en partie sur des acteurs privés, ont éprouvé plus de difficultés à surmonter les obstacles imposés par la crise. La cohésion des institutions de santé et la solidarité entre les différents acteurs luxembourgeois pourraient servir de fondations pour prendre le chemin d’une approche de type value-based care. Faut-il revoir le maillage territorial des soins de santé ? L’accès aux soins primaires s’est révélé primordial durant la crise, et il restera probablement un sujet de réflexion dans les mois à venir, notamment autour de l’idée de regroupements de professionnels de santé dans des maisons médicales.

Quid de la cartographie des hôpitaux ?

La cartographie me semble adéquate à l’heure actuelle. En revanche, dans l’optique d’une nouvelle façon de considérer la santé, il conviendra de mettre à plat l’ensemble du parcours du patient afin d’assurer une qualité continue des soins, avant, pendant et après la prise en charge en milieu hospitalier.

Quels sont les atouts du pays pour se préparer à la santé de demain ?

Sa taille adaptée à la réalisation de preuves de concept novatrices, la gouvernance du secteur et le nombre réduit d’acteurs sont autant d’atouts pour transposer de nouveaux modèles directement à l’échelle du pays tout entier. Il s’agit d’un atout considérable en comparaison avec les autres pays à l’international qui n’opèrent ce type de changement que sur certains pôles ou dans certaines régions.

À l’inverse, quels sont ses défis particuliers ? L’un des défis du Luxembourg est véritablement l’attractivité des métiers concernés, à la fois pour disposer de suffisamment de personnel et pour continuer à viser l’excellence. La volonté de digitaliser le secteur, et surtout le parcours du patient, représente un autre défi. Sans digitalisation du secteur, il sera délicat d’aborder le principe de value-based care.

Dans 10 ans, de quoi parlera-t-on à votre conférence ? Si le consensus se porte sur le value-based care, j’aimerais faire un premier bilan de son application autour de projets pilotes, et que le pays figure entre-temps parmi les pays matures sur le sujet.

Retrouvez la version in extenso de cette interview sur paperjam.lu.

L’attractivité des métiers de la santé, un impératif pour l’avenir, souligne Luc Brucher.

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