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LE JOUR OÙ
J’ai décidé de devenir active au sein de ZEFI
Depuis 2017, Martine Kirsch est présidente de ZEFI (Zesummen fir Inklusioun), une asbl qui milite pour une meilleure inclusion des enfants et des jeunes à besoins spécifiques, et dont les combats la concernent pour des raisons très personnelles.
C’est à travers mon expérience personnelle que j’ai découvert ZEFI asbl. Étant moi-même maman d’un enfant à besoins spécifiques, je cherchais un soutien, et je l’ai trouvé au sein de l’association. ZEFI offre en effet un accompagnement bienvenu aux parents, dans différents contextes, notamment lors des réunions à l’école.
À partir de 2015, j’ai voulu m’engager un peu plus dans l’association et j’ai commencé à suivre certains des comités de ZEFI. À cette même période, il s’est avéré que les fondateurs de l’asbl, créée il y a 25 ans, pensaient tout doucement à passer à autre chose. Il fallait donc leur trouver des successeurs… ou décider tout simplement de mettre un terme à l’aventure. La disparition de l’asbl aurait été dommage, étant donné qu’il s’agit de la seule association qui milite sur ce sujet en particulier.
Je dois dire qu’il n’y avait pas beaucoup de candidats pour prendre le poste de président de l’association. De mon côté, je ne me considérais pas assez qualifiée pour postuler. Il me fallait un peu de temps pour apprendre tous les rouages de ce milieu, mieux connaître les différentes législations, etc. C’est donc une autre personne qui a pris la présidence cette année-là, en 2016. J’ai lui ai succédé l’année qui a suivi, en 2017.
Depuis mon arrivée, les combats ne manquent pas. Il y a quatre ans, une nouvelle loi a été créée pour encadrer la scolarité des enfants et des jeunes à besoins spécifiques. Celle-ci a conduit à la création de huit centres de compétences dédiés, qui consacrent leur travail sur le principe des « classes spéciales ». Au sein de ZEFI, nous étions contre ce principe de « ségrégation » des enfants à besoins spécifiques, même si nous sommes conscients des difficultés qui existent, aujourd’hui, pour intégrer ces profils aux classes traditionnelles. Comme souvent, le problème est le manque de moyens et de ressources humaines, notamment d’assistants capables d’épauler les enseignants dans leur mission.
Nous avons un problème fondamental avec le handicap au Luxembourg : nous avons l’habitude de mettre ces personnes à l’écart, de les « cacher ». Cela commence à l’école, et cela se poursuit tout au long de leur vie, à travers des structures spécialisées, des ateliers protégés. Pourtant, selon la convention de l’Orginastion des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées que le Luxembourg a signée, les personnes à besoins spécifiques, qui représentent une fraction non négligeable de la population, ont les mêmes droits que chacun d’entre nous… À l’heure actuelle, les engagements que nous avons pris en signant cette convention ne sont pourtant pas respectés.
Un autre problème majeur est la lourdeur administrative, qui est inévitable pour toutes les démarches liées aux jeunes à besoins spécifiques. Entre le début de celles-ci et la scolarisation effective du jeune, il s’écoule parfois un an ! C’est évidemment une année perdue pour un enfant ou un jeune qui a besoin d’être scolarisé.
Il est malheureusement très difficile de faire changer les choses. Nous avons lancé de nombreuses démarches qui sont finalement restées lettre morte. Il faut énormément de temps pour faire évoluer le cadre légal, surtout quand la volonté politique n’est pas vraiment présente. C’est pourquoi, aujourd’hui, tout en continuant à collaborer avec le ministère et nos différents partenaires, nous avons décidé de prendre certaines choses en main, en organisant des conférences, des tables rondes (ce 30 mai, notamment), ou encore des formations. L’un de nos grands objectifs est en effet de mettre sur pied une formation d’assistant pour ce public spécifique. Ce profil manque en effet cruellement, notamment au sein des écoles. Même si nous ne sommes qu’une poignée de bénévoles, nous voulons agir plus concrètement pour le bien-être des enfants et des jeunes à besoins spécifiques.
Martine Kirsch, en ayant repris la présidence de l’association, accompagne à son tour les familles.
Romain Gamba Photo