Paperjam Plus - Fonds 05/2018

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PA P E R JA M . L U • M A I 2018

FONDS D’INVESTISSEMENT

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ÉDITO

Thierry Raizer Rédacteur en chef

D’un canal à l’autre PHOTO Maison Moderne

L

’industrie luxembourgeoise des fonds d’investissement célèbre, cette année, son 30e anniversaire. Ou plutôt trois décennies de succès, certes progressif, mais de succès continu, pour un secteur qui a bâti sa réputation en transposant une directive européenne sur les organismes de placement collectif en valeur mobilière, les OPCVM. Le 30 mars 1988, ce qui allait devenir l’épopée Ucits voyait le jour par l’entrée en vigueur de la loi luxembourgeoise. Parmi les acteurs qui ont parié à l’époque sur la distribution transfrontalière des fonds, certains partagent volontiers l’esprit du début qui s’apparente à celui perceptible aujourd’hui lors de l’arrivée d’une start-up au Luxembourg. Cet esprit de conquête, de remise en question et d’innovation perdure à travers les piliers de l’économie du pays. Un état d’esprit plutôt rassurant, alors que d’aucuns verraient volontiers quelques barrières au principe de délégation de la distribution des fonds, sans forcément en mesurer les conséquences. En 30 ans, la Place s’est dotée d’un écosystème robuste grâce à l’essor du secteur bancaire, mais aussi, faut-il le rappeler, aux fonds, qui ont permis aux petits cabinets de devenir les Big Four et autres grands noms du juridique que l’on connaît désormais. Avec un patrimoine net de 4.187,323 milliards (au 28 février dernier), les fonds représentent un marché mature. Mais comment poursuivre sur une telle lancée ? Depuis peu, le Luxembourg vit son « momentum » dans l’alternatif grâce à l’action conjointe des acteurs, dont l’Alfi et la LPEA, et surtout à l’expertise acquise dans le mainstream. Le tout combiné au besoin, pour une série

d’acteurs, de rejoindre des Places conformes pour distribuer leurs produits. Si les fonds luxembourgeois, déjà en pointe dans la microfinance, ou encore les fonds climatiques, peuvent se doter d’un pilier alternatif aussi robuste que les Ucits, la prochaine décennie s’annoncera sous les meilleurs auspices. Mais les récents projets de la Commission européenne de voir une partie des compétences de la Commission de surveillance du secteur financier transférée à l’Esma à Paris montrent que la vigilance doit rester de mise, que rien n’est jamais acquis et que les efforts de diversification doivent être maintenus. Dans le même temps, les acteurs des fonds et leurs fournisseurs de services doivent se préparer à l’émergence d’une nouvelle génération d'investisseurs et de son appétit pour le canal digital, qui rebat les cartes d’une industrie encore peu « disruptée ». D’une approche essentiellement B2B, les fonds vont peut-être retrouver un peu de leur essence avec des outils technologiques qui permettraient d’atteindre directement l’investisseur final. Alors que des marchés dits émergents continuent de croître, des classes moyennes et aisées représentent dans ces pays autant de nouvelles opportunités. La Place luxembourgeoise est capable de les atteindre en combinant l’expérience sectorielle et l’innovation technologique. 

La conversation continue en ligne : @paperJam_lu

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Mai 2018 — Fonds d’investissement —

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SOMMAIRE

FONDS D’INVESTISSEMENT Mai 2018 Denise Voss

« Nous devrons mieux expliquer ce que nous faisons, pourquoi et comment » Lorsque l’Alfi fut portée sur les fonts baptismaux en 1988, personne n’aurait cru que l’industrie des fonds se serait développée de manière aussi spectaculaire au cours des trois dernières décennies. Entretien avec Denise Voss, présidente de l’association depuis 2015.

8 Sur le radar

Pouvoir d’attraction

Quelques facts and figures du secteur des fonds au Luxembourg, qui va de record en record.

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Conseils

Dans les coulisses

Next steps

La finance verte est un marché qui s’est considérablement développé et qui continue de croître. Les conseils de Luxflag pour y investir.

Dans le Pacifique Sud, le fonds Nev Earthfund, qui dispose du label Environnement de l’agence Luxflag, a fait construire une école sur pilotis en plastique recyclé à l’épreuve des tempêtes.

Lee Godfrey, CEO de Kneip, répond en image à la question « Comment envisagez-vous l’avenir des fonds au Luxembourg ? »

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Investir pour soutenir le climat

Fonds humanitaire

L’adaptabilité, la force du Luxembourg

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Les assets managers face à leurs défis

OUTSOURCING

À la recherche des marges perdues

Transformation digitale

Paperjam a invité des figures de la Place à s’exprimer suite à leur participation à l’Alfi European asset management conference, qui s’est déroulée en mars dernier.

ntre baisse des revenus et co ts op rationnels en augmentation, les asset managers se concentrent sur les activités créatrices de valeur tout en consid rant les opportunit s d’externalisation et de mutualisation qui s’offrent à eux.

Dariush Yazdani, partner chez PwC Luxembourg, et Olivier Portenseigne, managing director de Fundsquare, nous livrent leur regard sur le processus de transformation digitale dans l’industrie des fonds.

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42

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Cartes blanches

Un premier pas vers le changement

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SUR LE RADAR

Pouvoir d’attraction OPC AC T I F S N E T S

DE RECORD EN RECORD

Malgré une petite baisse ressentie en février dernier, la tendance est largement à la hausse pour les actifs gérés dans les fonds d’investissement. Fin septembre, la barre des 4.000 milliards d’euros a été franchie, trois ans à peine après avoir passé le cap des 3.000 milliards. Sur l’année 2017, la hausse a été de plus de 11 %.

la n du mois de f vrier , la CSSF a recensé 4.014 organismes de placement collectif C , ce ui repr sente une diminution de 16 unités en un mois. Depuis juillet 2017, la chute du nombre d’OPC a été ininterrompue. On en comptait alors 4.133.

4.187,32

Actifs nets dans les fonds au Luxembourg (en milliards d’euros)

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4.000 3.600 3.200

PL A N EUROPÉEN

horizon 2030

2.400 2.000 1.600 1.200 800 400

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Jan. 2018

Fév. 2018

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2000

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1991

1992

1990

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Pour atteindre les objectifs du sommet de Paris sur le climat de 2015 à l’horizon 2030, l’Union européenne a calculé que 180 milliards d’euros supplémentaires devront être investis chaque année. Dans un plan publié en mars dernier, elle insiste notamment pour que les gestionnaires d’actifs et les investisseurs institutionnels prennent en compte les aspects de durabilité dans le processus d’investissement et renforcent leurs obligations en matière de publication d’informations.

EUROPE

FINANCE DURABLE

ont franchi pour la première fois la barre des 15.000 milliards d’euros. En un an, cela représente une progression de près de 10 % (1.432 milliards). Dans ce total, les fonds Ucits ont vu leur poids atteindre 9.714 milliards.

Mario Mantrisi, CEO de Lux ag depuis le début de l’année 2018, commentait en mars le plan d’action pour la nance durable de la Commission européenne, dont la création d’un écolabel.

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« Nous voyons de plus en plus de gestionnaires de fonds traditionnels qui s’engagent in , les actifs nets in ect s dans l’indusdans la finance durable. » trie européenne des fonds d’investissement

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INTERVIEW

DENISE VOSS, PRÉSIDENTE DE L’ALFI

« Nous devrons mieux expl iquer ce que nous faisons, pourquoi et com ment »

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INTERVIEW

PHOTO Anthony Dehez

Lorsque l’Alfi fut portée sur les fonts baptismaux en 1988, personne n’aurait cru que l’industrie des fonds se serait développée de manière aussi spectaculaire au cours des trois dernières décennies. Entretien avec Denise Voss, présidente de l’association depuis 2015.

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INTERVIEW

PROMOTEURS ÉTRANGERS

L Alfi f te ses ans e istence cette année u est­ce ui istin ue l or anisa­ tion d’aujourd’hui de celle de 1988 ? Denise Voss L’association a changé ne serait-ce

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Parts de marché des promoteurs étrangers de fonds domiciliés au Luxembourg par pays d’origine en termes d’actifs sous gestion.

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20,4 17,7

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née dernière, en nous focalisant sur les fonds en capital-investissement et les fonds immobiliers. En 2017, nous avons également organisé 15 manifestations éducatives de moindre envergure. Au sein de l’Alfi, nous disposons d’une équipe qui s’occupe de l’organisation de ces événements. Peu présente à l’origine du développement e la place financi re u Lu e bour l’industrie des fonds en est devenue un pilier central. Quelles sont les implica­ tions d’un tel changement pour le secteur ?

Ce n’est pas nouveau, car je dirais que l’industrie des fonds représentait déjà il y a 10 ans une part importante du centre financier. C’est vrai que nous n’enregistrons pas de ralentissement, que sa taille augmente en termes d’activités. Mais compte tenu de la nature transfrontalière de l’industrie des Ucits et des fonds alternatifs, cela colle avec la façon dont le Luxembourg fait du business sur le plan transfrontalier. De ce point de vue, elle s’insère bien dans le modèle existant. Il est évident que les interactions sont nombreuses entre nous et l’industrie bancaire ou le secteur des assurances, dont les produits investissent dans les fonds. Le private banking recourt souvent aux fonds d’investissement. Nous représentons une part importante du centre financier, mais les liens avec les autres activités de ce centre sont étroits. Et si l’on observe les développements récents de la fintech et de la technologie, on constate que nombre de start-up offrent leurs services à l’industrie des fonds. Celle-ci ne fonctionne pas en vase clos, mais s’appuie sur des

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OTHERS

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qu’au niveau de sa taille. L’Alfi est une organisation qui a commencé modestement, avec une petite équipe, alors qu’au 1er mai, nous emploierons 31 personnes, dont une basée à Hong Kong. Notre organisation compte par ailleurs 1.500 membres – des cabinets d’avocats, des sociétés de gestion, des sociétés administratives et d’autres acteurs – qui opèrent dans le secteur des fonds. Ils constituent cette force qui nous a menés là où nous sommes à présent. Nous avons aussi 150 comités techniques et groupes de travail qui s’occupent de sujets tels que les conférences de promotion ou la distribution, la formation professionnelle, la gestion des risques légaux ou réglementaires, l’investissement responsable, et d’autres sujets encore. L’un des comités plus récents est le forum « fintech ». Nous avons aussi un forum qui s’occupe de questions relatives aux investisseurs particuliers, notamment l’éducation des investisseurs. Les 31 personnes qui travaillent dans notre équipe ne sont pas de trop pour couvrir l’ensemble de ces sujets. Nous comptons beaucoup sur le travail de nos membres. Ils peuvent nous aider à élaborer notre cadre réglementaire au niveau national, mais aussi au niveau européen, ce qui représente un gros travail, en particulier depuis la crise financière mondiale. Les tournées de l’Alfi représentent aussi un volet important. Elles ont commencé en 2005 et sont nécessaires, compte tenu de la diffusion globale des Ucits, détenus par les investisseurs dans plus de 70 pays. Il est important de se déplacer là où se trouvent les investisseurs, car les Ucits – qui furent au départ un projet européen – ont entre-temps été approuvés par les régulateurs d’autres pays. La rencontre avec les communautés locales est donc importante. Lorsque nous voyageons, nous rencontrons aussi les régulateurs pour une mise à jour sur les Ucits et pour répondre à leurs questions. Cette partie du travail a beaucoup augmenté depuis que l’organisation existe. En 2017, nous avons parcouru la plupart des continents et participé à plus de 30 manifestations organisées par nos partenaires. L’Alfi est aussi très demandée pour donner des conférences dans le monde. C’est l’occasion de montrer l’expertise de notre secteur des fonds. Les conférences que nous organisons sont aussi en hausse. Outre notre conférence globale sur la distribution, qui a été créée très tôt dans l’histoire de notre association, deux autres grands rendez-vous annuels se sont ajoutés : l’un sur la gestion des fonds, et l’autre sur les fonds d’investissement alternatifs, que nous avons légèrement modifié l’an-

LES ÉTATS-UNIS EN TÊTE

synergies. Elle contribue au développement d’autres secteurs de l’économie. L in ustrie es fon s présente toute­ fois es caractéristi ues ifférentes es autres acti ités financi res Le private banking par e e ple est forte ent ar ué par les chan e ents e ré le­ entation sur le plan fiscal alors ue le secteur des fonds est moins concerné…

En effet. Croyez-moi, nous devons constamment expliquer aux législateurs ainsi qu’aux responsables politiques, en Europe ou ailleurs, que la gestion des fonds n’est pas une activité bancaire. Nous ne sommes pas des banques, mais les agents de nos investisseurs qui injectent de l’argent dans les fonds. Parler de la croissance de l’industrie des fonds représente parfois un défi : nous avons désormais plus de 4.000 milliards d’euros sous gestion, un chiffre qui ne signifie pas grand-chose dans la vie quotidienne. Il est important de rappeler que ce n’est pas notre argent, mais qu’il appartient aux investisseurs dispersés dans plus de 70 pays. Ce que nous avons connu par contre, surtout depuis la crise financière mondiale, c’est la pression en matière de réglementation. Nous avons dû nous adapter en termes de coûts, d’efforts et de temps pour la mettre en place, nous avons répondu aux consultations de la Commission européenne tout en lui rappelant que notre industrie fonctionne de manière différente. Cet effort a été important et continue de l’être. Nous avons eu des doutes avec toutes ces initiatives fiscales, que ce soient les directives sur la fiscalité de l’épargne en Europe, le Fatca aux États-Unis ou les diverses initia-

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INTERVIEW

tives au niveau de l’OCDE. Fondamentalement, c’est vrai, nous n’avons pas eu besoin de nous réinventer de la même manière que le private banking. Mais il y a un domaine dans lequel nous devons relever le défi : celui de la technologie. Elle offre de grandes opportunités tout en constituant un défi, car remplacer et modifier des systèmes existants est coûteux et prend du temps. Un secteur où nous devrons nous réinventer un peu est la façon de nous adresser aux jeunes générations en tant que futurs investisseurs. Actuellement, les fonds sont distribués à travers les banques, les compagnies d’assurances et les conseillers financiers, et rarement de manière directe auprès des investisseurs. Je ne crois pas que les jeunes générations achèteront des fonds d’investissement en passant par une banque. Elles le feront via leur smartphone. C’est une autre manière de faire du business. Pour le moment, avec les fonds d’investissement, nous n’avons pas d’accès à l’investisseur final, il y a toujours un intermédiaire entre nous. Cela va changer, et nous devrons nous y adapter, même si nous n’y sommes pas encore.

« Les gens vont devenir de plus en plus responsables de leur bien- tre nancier. » Denise Voss r sidente, l

Si vous devez souvent expliquer ce que ous faites cela si nifie­t­il ue os acti­ vités ne sont toujours pas très connues ?

Il est plus facile de parler à quelqu’un des activités bancaires, car là où il y a une banque, il y a aussi un banquier. Dans l’univers des fonds d’investissement, il est difficile de ne pas utiliser une terminologie compliquée. Je ne pense pas que le fait de parler de finance, même personnelle, intéresse la plupart des gens. Lorsque vous leur parlez d’un compte bancaire, ils savent ce que c’est. Mais pour expliquer ce qu’est un fonds d’investissement, vous devez chercher les mots pour ne pas tomber dans le jargon et la terminologie. C’est la raison pour laquelle nous nous intéressons à l’éducation de l’investisseur. Dans un proche avenir, nous devrons mieux expliquer ce que nous faisons, pourquoi et comment. L’encours total des fonds dépasse désormais les 4.000 milliards d’euros. Pense ­ ous ue cette croissance va durer ?

Je pense que oui, pour plusieurs raisons. En Europe et dans de nombreuses régions du monde, le pourcentage de ménages qui détiennent des fonds d’investissement est assez faible. La proportion en Europe est d’environ 8 %. Les gens vont devenir de plus en plus responsables de leur bien-être financier, et les fonds d’investissement sont un moyen facile pour y arriver. S’agissant du financement des entreprises, à l’inverse des États-Unis, la structure financière en Europe est davantage orientée vers 12 —

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Responsabilité Denise Voss rappelle qu’il ne s’agit pas de l’argent des gestionnaires mais d’investisseurs dans plus de pays.

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INTERVIEW

les banques que vers les marchés de capitaux. La Commission et le Parlement européens sont intéressés par l’idée de promouvoir des sources additionnelles de financement des entreprises. D’où viendra cet argent, si ce n’est en partie de l’industrie des fonds d’investissement ? Sur ce plan, je suis optimiste. On assiste par ailleurs à une hausse de la classe moyenne dans le monde (Brésil, Chine…), ce qui laisse entrevoir un grand potentiel pour les Ucits, étant donné que les régulateurs en dehors de l’Europe ont accepté que leurs ressortissants détiennent de tels fonds. Les Ucits ont été créés par le législateur européen pour des investisseurs particuliers et jouissent d’une forte protection grâce à la diversification et la gestion du risque. C’est ce qui les a rendus attrayants et acceptables aux yeux de nombreux régulateurs.

LES FONDS LUXEMBOURGEOIS À TRAVERS LE GLOBE 62 % des fonds distribués à l’étranger sont basés au Luxembourg, ce ui fait du Grand- uc le leader mondial de la distribution transfrontalière. Cette carte indique le pourcentage de fonds enregistrés à l’étranger domiciliés au Luxembourg. Le marc europ en repr sente le plus grand volume d’enregistrement : sur 93.340 fonds enregistrés en , . taient bas s au Grand- uc .

Amérique du Nord

Quels sont les obstacles qui pourraient entraver cette progression ?

Les Ucits sont le produit financier le plus exporté d’Europe. Pour qu’ils continuent de progresser, nous avons besoin d’un soutien de l’Europe, notamment sur le plan de la réglementation. Une proposition de la Commission portant sur le pouvoir des autorités européennes de supervision est actuellement en discussion, dont un élément est lié au pouvoir de délégation. La délégation est d’une importance cruciale pour la gestion et les gestionnaires de portefeuille dans le monde, surtout dans l’industrie des fonds d’investissement. Elle a joué un rôle dans le développement des Ucits et dans la croissance continue de ce secteur. La proposition de la Commission, qui prévoit que toute externalisation ou délégation hors de l’Union européenne soit soumise à nouveau à l’Esma, exigerait un coût supplémentaire et davantage de temps pour arriver sur le marché. En quoi est-ce nécessaire ? Il n’y a jamais eu de problème autour de la délégation en matière de fonds d’investissement. S’agissant de la réglementation, elle pèse toujours sur notre agenda. Quant à la technologie, il y a deux ans, j’étais un peu inquiète que notre industrie des fonds soit à la traîne, mais je pense qu’à présent, nous en avons pris la mesure. Je suis très confiante sur le fait que nous allons y arriver. Simplement, en matière de technologie, il faut avancer rapidement. L’Alfi a mis en place un forum « fintech ». Nous réfléchissons, par exemple, à la manière de faciliter l’investissement direct pour les investisseurs via leur smartphone. Le re it représente un autre éfi L Alfi est­elle in ui te es possibles conséquences sur le secteur des fonds ?

C’est un défi, parce que la dynamique au sein de l’UE va nécessairement changer d’un point de vue politique. Le Luxembourg a une

Amérique du Sud

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INTERVIEW

Europe Andorre utric e Belgique Bulgarie Croatie C ypre publi ue tc anemar Estonie Îles Féroé Finlande France Allemagne Gibraltar Grèce Groenland Guernesey Hongrie

ue

en % 100 , 73,1 86,8 100 , , , 96,1 100 59,2 59,3 56,8 86,8 93,2 100 , 95

Irlande Islande Île de Man Italie ersey Lettonie Liec tenstein Lituanie Luxembourg Malte Monaco ays- as Norvège Pologne Portugal Roumanie Russie aint- artin Slovaquie Slovénie Espagne Suède Suisse oyaume- ni

89,2 80,1 44,9 58,4 , 90,7 , 95,5 0 79,5 40 , 62,8 94,6 65,2 86,8 0 79,2 63,6 61,2 59,2 63,2 ,

Asie­Pacifi ue Australie Brunei C ine Hong Kong Japon Corée du Sud Macao ouvelle- lande Singapour Taïwan Vietnam Mo en­Orient a re n Israël Jordanie Koweit Liban Oman Qatar Arabie saoudite Turquie Émirats arabes unis

12,2 100 77 59,6 91,4 75,5 67,8 78,3 100

, 33,3 0 75 92,8 99,1 98,3 8,2 100 65,2

Amérique Brésil Îles Vierges britanniques Canada Îles Caïmans C ili Colombie Curaçao Mexique Panama Pérou rinit -et- obago tats- nis Afrique Botswana Maurice Afrique du Sud Swaziland ambie

100 0 3,7 0 75 99 0 8,3 0 ,

100 97,7 56 100

Asie

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Océanie

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INTERVIEW

« Le gouvernement nous a soutenus dans nos efforts de promotion, et nous demanderons qu’ils soient poursuivis. »

relation de longue date avec le Royaume-Uni, et la City de Londres en particulier. Plus de 17 % des avoirs de nos fonds d’investissement sont constitués par des gestionnaires britanniques, dont certains ont établi leur organisation, leurs fonds et leur société de gestion au Luxembourg depuis longtemps. Nombre d’entre eux se sont déjà installés avant le Brexit au Luxembourg ou en Irlande pour la distribution des Ucits. Pour les fonds d’investissement alternatifs, il a fallu travailler davantage, car beaucoup de gestionnaires ont constitué leurs fonds au Royaume-Uni. S’ils souhaitent travailler avec des clients européens, ils devront s’établir aussi sur le continent. Beaucoup d’organisations approfondissent leur lien avec le Luxembourg suite au Brexit en augmentant la substance et leur personnel au sein des sociétés de gestion et en faisant converger certains fonds avec ceux qui sont déjà enregistrés au Luxembourg. En tant qu’État membre de l’Union euro­ péenne, le Luxembourg est étroitement lié à ses partenaires sur les plans écono­ i ue et financier ace au pressions d’harmonisation et de régulation, co ent l Alfi se positionne­t­elle 16 —

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Il est certain que le processus du législateur a changé au cours des décennies. Un des rôles principaux de l’Esma est la convergence en matière de supervision. Par conséquent, les États membres ont moins de marge de manœuvre. Mais cette situation nous occupe depuis de nombreuses années. Nous soutenons de plusieurs façons la Commission dans l’examen des obstacles entravant la distribution transfrontalière. Je ne dirais pas que nous sommes nécessairement contre l’harmonisation. Il est important d’avoir des règles équitables (level playing field), et parfois, certaines initiatives et exigences de certains États membres s’en écartent. Mais ce n’est pas un élément inhibiteur pour le business.

Opportunité our enise oss, le rexit est l’occasion pour les organisations basées au oyaume- ni d’approfondir leur lien.

Vous êtes donc sur la même longueur d’onde que le gouvernement ?

Oui. L’un des risques avec le gouvernement actuel aux États-Unis est que, si ça part dans une autre direction, le reste du monde sera moins compétitif, en particulier l’Europe. Nous avons la chance d’être leaders en matière de distribution transfrontalière en Europe et aussi en dehors. Mais la concurrence au sein de l’UE s’intensifie. Au début, le Luxembourg et l’Irlande –

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INTERVIEW

VUE GLOBALE

L’INDUSTRIE DES FONDS AU LUXEMBOURG 16.000

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■ Nombre de fonds ■ Actifs nets

2009

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■ Unités de fonds

INVESTISSEMENTS DURABLES

GREEN LUXEMBOURG Les fonds actifs dans le champ des énergies renouvelables et du changement climatique représentaient, en 2016, 20 % des actifs sous gestion. Le Luxembourg occupe la première position dans cette catégorie, avec 38 % du nombre de fonds et 45 % d’actifs sous gestion.

No bre e fon s par caté orie au niveau mondial

■ Énergies renouvelables et changement climatique ■ Environnement et écologie ■ Eau ■ Effet de serre ■ Forestiers

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No bre e fon s par o iciliation

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En octobre, des élections législatives redessineront le paysage politique pour les années à venir. Quelles sont les attentes e l Alfi l é ar u futur gouvernement ?

D’abord, il est important de souligner que tous les gouvernements successifs ont apporté leur soutien au secteur des fonds. Ce soutien est précieux et n’a pas beaucoup d’équivalents dans le monde. Je m’attends à ce que cela continue, et nous le rappellerons dans nos discussions avec les partis politiques en vue des élections. Nous insisterons sur le fait que ce que nous faisons doit être durable par rapport à la concurrence, qui s’intensifie. Nous devons nous assurer que la législation européenne est mise en œuvre avec diligence. C’est un point critique pour que notre cadre légal et fiscal demeure concurrentiel. Par rapport au level playing field, un petit État membre n’a certes pas la partie facile, mais nous devons rester compétitifs. Investir de manière responsable est devenu depuis 2006 l’un des trois piliers de l’industrie des fonds au Luxembourg, et le gouvernement actuel se focalise aussi là-dessus, surtout depuis l’accord de la Cop21. Le financement du changement climatique est une préoccupation globale, et le Luxembourg a montré des ambitions sur ce plan. Nous voudrions encourager le gouvernement luxembourgeois à développer l’infrastructure de manière à permettre à l’ensemble de s’épanouir, car les investisseurs commencent à devenir exigeants. Enfin, il faut s’assurer que l’éducation financière devienne une partie intégrante de notre programme scolaire. Cet aspect est fondamental pour que les individus deviennent toujours plus responsables de leur propre bien-être financier.  L. M.

38 9

SOURCE KPMG

■ Luxembourg ■ France ■ Belgique ■ Irlande ■ oyaume- ni ■ Autres

deux États membres qui sont obligés de faire du business au-delà de leurs frontières – ont compris les opportunités qu’offraient les Ucits, en ont tiré avantage et fait ce qu’il fallait faire pour y parvenir. À présent, d’autres États membres observent ce succès et se disent qu’ils devraient être capables de le faire également. La concurrence augmente parmi les autres États membres et hors d’Europe. L’un des éléments-clés des Ucits est le passeport européen, et nous voyons que des passeports sont établis maintenant en Asie, avec l’ARFP, et en Amérique latine. Ils n’ont cependant pas les mêmes avantages que les Ucits dans le contexte européen, notamment du fait de l’euro.

Retr les id ouvez en page ée 66 de q s et prop ositio LSAP uatre dé ns puté , CS s (DP V pour , le se et Déi G ré cteur des f ng) onds .

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CARTES BLANCHES

ALFI EUROPEAN ASSET MANAGEMENT CONFERENCE 2018

Les 6 et 7 mars derniers, l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement a organisé la deuxième édition de sa conférence dédiée à l’asset management européen. Paperjam a invité Michael Ferguson, wealth & asset management leader chez EY, Lou Kiesch, partner chez Deloitte, Charles Muller, external advisor pour KPMG, Thomas Seale, chairman de Luxflag, et Steven Libby, partner chez PwC, à revenir sur les thèmes dont ils ont débattu durant l’événement.

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Les asset managers face à leurs défis

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CARTES BLANCHES

EUROPEAN FUND INDUSTRY

“ The Brexit excuse ” By Charles Muller External advisor KPMG

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t is clear that the British exit is changing the shape of the European fund industry and that the strategy of the EU27 needs to be adapted accordingly. However, I feel that some big countries are using Brexit as an excuse to try to reorganise their market shares in the EU. In the 30 years since the implementation of the Ucits, the success of the ‘small’ domiciles – Luxembourg and Ireland (supported by big non-EU managers from the US and Switzerland) – has made bigger countries feel threatened, especially since the Ucits product from these domiciles is being widely exported globally. The last attempt to try to ‘redistribute the cake’ was with the AIFMD, when the supervision focus was shifted from the product to the manager in the hope that alternative managers would prefer to sit in major cities such as Paris or Frankfurt instead of Dublin or Luxembourg. The first assessment of the AIFMD after seven years of its existence shows that this attempt was unsuccessful. Currently, Brexit is used as an excuse to trigger regulatory developments aimed at reducing the power of these two countries. The first such attempt has been made by Esma by directing all ‘Brexit-related’ files (with a very broad definition of what that means) to be presented by national regulators to a coordination group, which are being vetted and assessed against criteria that do not seem very transparent. Needless to say, most files come from the CBI and the CSSF, and some national regulators are trying by that bias to gain influence in the market and even are more flexible on substance in their home jurisdiction than what they request from the Esma group. The second attempt is the review of powers of the ESAs where it is proposed that Esma shall review all files that contain a delegation element outside the EU (not just to the UK but to all non-EU countries, including the US and Switzerland). This measure, if adopted, would hardly impact the French or German

solution, all we need to do is find the problem”. Another question raised is who is going to do the work and who will pay for it. Esma currently has neither the staff nor the money. In addition, it is not clear how much more time this additional layer of supervision will add onto the QUESTION OF CHANGE The officially stated rationale for these new approval process. The cost/benefit analysis is measures is baffling and always comes down significantly off the mark. to one argument – regulatory convergence. This is currently the ‘hottest’ topic in the Strangely enough, you do not seem to need fund industry debate and therefore, unsurprisregulatory convergence of requirements as ingly, was also the main theme of the morning long as you only delegate in your own country session at the Alfi conference that I chaired, or another country in the EU, but only if you with Esma head Steven Maijoor defending his delegate outside. The question raised by big plans and industry representatives giving their non-EU asset managers is why the EU suddenly not-always-very-kind views. The ball now lies wants to change a system that is currently func- in the court of the European Parliament and tioning smoothly. the Council, and the Luxembourg governAccording to the representative of a big ment has made its scepticism quite apparent. US fund house, “now that we have found the So, affaire à suivre.  fund industries, which are mostly domestic, but would significantly impact those domiciles that have a global reach, such as Ireland or Luxembourg.

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CARTES BLANCHES

NOUVEAUX COMPORTEMENTS D’INVESTISSEMENT

« L’arrivée des millennials est un nouveau paradigme »

I

l faut tout d’abord souligner un effet « culturel ». Les tendances des investissements dans les fonds dépendent de la maturité des investisseurs, qui peut être fort différente d’un pays à l’autre – ce qui se traduit par une fragmentation au niveau de la distribution. Le marché européen est emblématique de ce phénomène. Les canaux de distribution sont multiples (agents liés ou non, banque de détail, plateforme…) et on constate que l’éducation à l’égard des comportements « investisseurs » est plus développée dans les pays d’influence anglo-saxonne – ce qui génère des comportements différents, essentiellement expliqués par les investisseurs plus « matures ». Ces derniers vont exiger des gestionnaires une transparence accrue, ainsi qu’une information de qualité, afin de pouvoir faire des choix éclairés, et ceci en autonomie. Ce souhait se traduit également par une prise en main de leur destin financier, ce qui demande de la part des gestionnaires la mise à disposition de produits nouveaux, comme les exchange traded funds. On constate également des variations importantes des flux d’entrée et de sortie dans les produits financiers en fonction de critères géographiques. Un investisseur européen n’est pas un investisseur asiatique. Bien évidemment, les cycles économiques influencent les

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comportements d’investissement, mais force est de constater que la résistance et la patience aux chocs économiques sont hétérogènes et engendrent des mouvements divergents dans les fonds d’un pays à l’autre.

UN BESOIN DE DIVERSITÉ

Le besoin de diversité et de principe d’égalité homme / femme s’invite également dans l’industrie de la gestion des actifs financiers, dominée essentiellement actuellement par des hommes. Tant au niveau des gestionnaires, qui à présent s’assurent que les investissements cibles sont effectivement gouvernés par des équipes où les représentations masculine et féminine sont équilibrées, qu’au niveau des équipes de gestionnaires des actifs financiers, ce besoin de diversité devient une condition sine qua non, car elle est perçue par les investisseurs comme un gage de succès et de processus de décision plus nuancé et équilibré. Cette transformation prendra du temps et est intimement liée au niveau d’éducation des investisseurs, mais elle s’avère nécessaire. Nul doute que la tâche sera ardue. L’arrivée des millennials dans le monde des investisseurs est un nouveau paradigme. Dans ce domaine également, ceux-ci vont influencer durablement la manière dont les produits

d’investissement sont distribués et achetés. Il s’avère que les choix seront a priori plus basés sur des critères technologiques (accès aux produits et aux informations disponibles) que sur des critères liés à l’évolution des marchés et leurs fondamentaux. Le prisme de l’analyse des coûts va également changer, eu égard à une comparabilité plus grande et un rejet de supporter des coûts sans relation directe avec la performance des produits. Dans ce domaine, on voit émerger des nouvelles structures de commission de gestion où l’intégralité de cette commission n’est plus systématiquement garantie nonobstant l’existence ou non d’une commission de performance. En d’autres termes, la commission de gestion devient variable. En substance, nous pensons que les facteurs de succès seront, pour les acteurs de l’industrie, une utilisation extensive des nouvelles technologies pour cibler les jeunes investisseurs, une transparence augmentée pour assurer la comparabilité entre produits, ainsi qu’une rémunération raisonnée des acteurs. Dans ce contexte, l’évolution et la pression constantes de la réglementation que l’industrie subit actuellement sont des éléments structurants pour la détermination du modèle opérationnel et organisationnel plus approprié. 

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Par Lou Kiesch Partner Deloitte

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CARTES BLANCHES

MARKET FORCES AND MEGATRENDS

“ The challenge of the asset management industry ” By Michael Ferguson Partner, Luxembourg wealth & asset management leader, EMEIA wealth & asset management assurance leader, EY

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ince recovering from the aftermath of the 2008 financial crisis, the asset management industry is faced with the challenge of transforming itself through a combination of market forces and megatrends. This includes: new investor and other stakeholder demands, technology and digital innovations, a significant shift in the flow of assets from active to passive funds, increasing fee and margin pressure, macroeconomic factors. Taking a closer look at some of the megatrends makes change imperative:

1. FEE AND MARGIN PRESSURES

2. VALUE OF BRAND AND TRUST

The top 10 asset managers are on average attracting 70% of all new net asset flows. This winner-takes-all phenomenon is increasing the so-called barbelling within the industry, with certain managers concentrating on passive 24 —

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related products, including exchange-traded funds, with others concentrating on alternatives including private debt, hedge, real estate, private equity and infrastructure. Younger generations appear to trust nonfinancial services brands more than traditional firms, thereby potentially creating an opportunity for new entrants into the industry’s ecosystem, provided they are willing to take on the regulatory and risk management requirements. The most likely outcome will be that these non-financial services brands will partner with the global asset management brands to try to reach new investors including the millennials.

4. TECHNOLOGY AND DIGITAL

Technology and digital developments continue to revolutionise every part of value chain, covering manufacturing, operations and distribution. This includes developing digital tools to facilitate product distribution via financial advisors in intermediary channels, as well as distribution directly to investors. Managers seek to use alternative data aided by machine learning and artificial intelligence to improve the investment process. Distributed ledger technology and blockchain have the potential to transform custody and clearing and further drive cost 3. A SIGNIFICANT SHIFT TO ALTERNATIVES bases lower. Product innovation over the coming years will Robotic process automation offers the be driven by a combination of: relatively low opportunity to highly automate processes such interest rates in the major economies, increa- as net asset value calculations, portfolio valuasing aging populations in developed countries, tions and reconciliations in a cost efficient way. the need for asset protection, the continued According to the Institute for Robotic Process shift in retirement funding from the state or Automation, a single robot costs approximathe employer to the employee. Managers will tely one-third of the cost of an offshore fullneed to re-focus on their product range with a time employee, and initial industry studies significant shift to alternatives through a com- show that costs can be recouped in as little as six months.  bination of acquiring firms and teams.

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Focus on “value for money” by both institutional and retail investors, in addition to pressures from regulatory, political and public bodies, continues to drive fees lower while at the same time increasing demand for greater product risk transparency and disclosures. Pricing of products is expected to fall, with an underlying drive for price being much closer aligned to performance, and that performance being measured over a multi-year period. As a result, the “traditional active” managers have begun to introduce new pricing models, many of which borrowed from the alternative sector. Additionally, “value” is no longer simply viewed in terms of risk-adjusted net returns, but must incorporate a range of criteria including overall client service, digital engineered reporting and, in particular, whether the product delivered on its initial objectives. Fee and margin pressures have begun and will continue to drive consolidation across all parts of the industry, with size being seen as a critical factor in being able to offer a competitive range of products to reach the key distribution channels.

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CARTES BLANCHES

INVESTMENT APPROACH

“ Sustainability, an asset manager’s duty? ” By Thomas Seale Chairman Lux ag

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ack in 1962, Nobel laureate Milton Friedman famously argued that the only social responsibility for business is to make profits (Capitalism & Freedom, Milton Friedman, 1962). Five decades later, we have witnessed a sea change in terms of this neoclassical doctrine. Private actors and governments are expected to behave in a socially responsible way taking into account climate change, social impact, diversity and other key targets as defined by the UN Sustainable Development Goals. This shift means that asset managers must incorporate sustainable finance into their investment approach. But who should take the lead in this effort: the asset manager or the end investor? In March this year, the EU Commission has published an action plan on sustainable finance, based on the appointed high-level expert group’s (HLEG) final report, with a priority action to clarify fiduciary duties regarding sustainability. As fiduciary duty has in the past often been put forward as potential reason for not integrating ESG criteria, the Commission aims to include those who are not yet accounting for sustainability and rule out all remaining uncertainty. At the Alfi European Asset Management Conference, it became clear that environmental, social and governance criteria are already considered as financially material factors by 26 —

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market practitioners. ESG is becoming part of modern risk management. Asset managers who have already been active in responsible investing for many years factor in sustainability as an integral part of fiduciary duty and therefore do not see a necessity for further clarification. These pioneers follow their duty in sustainability through dedicated funds and mandates and embed sustainability in the whole investment process. They differentiate themselves through innovative processes and through the depth of their ESG policies. Their engagement with companies helps improve sustainability practices and change company behaviour through an active dialogue.

PRESERVE FLEXIBILITY

However, another part of the industry is concerned that regulatory intervention in ESG will result in bureaucratic “box ticking”. These actors are not in favour of mandatory requirements nor strict definitions regarding eligible types of investments. They argue that standardisation and legislative intervention might impede innovation, which remains a key requirement to grow the market further. Still other market players are more positive towards integrating ESG aspects into their conversations with investors as long as

flexibility is preserved and adaptations to the needs of their clients are not hampered. In addition, an audience poll revealed hesitancy about an increasing role of European supervisory authorities for encouraging sustainability, even though promotional efforts for sustainability are welcomed. However, integrating ESG into investment processes is not a simple matter. Panelists agreed that models around ESG need constant reviewing. Moreover, many feel that ESG data as it is available today needs to be improved as external sources are often considered as not consistent or reliable enough. Therefore, internal sources are increasingly becoming a requirement in sustainability implementation. It became clear that responsible investing already stopped being niche when pension funds stepped up and current developments in the market show very positive growth signs considering that companies of tomorrow will be influenced even more by ESG factors. The debate about fiduciary responsibility will continue, with different sides arguing convincingly their points. However, it is safe to say that the asset management industry will increasingly need to embrace sustainable finance in order to retain its agency role in helping individuals, institutions and governments save and invest for the future. 

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CARTES BLANCHES ASSET AND WEALTH MANAGEMENT INDUSTRY’S REVOLUTION

“  Unprecedented change for a growing fund industry ” By Steven Libby Partner, PwC Luxembourg Asset & Wealth Management leader, co-chair of lfi intech igital orum

hange in the asset and wealth management industry is now accelerating at an exponential rate. This was the premise that I set forth as part of the afternoon dedicated to predicting where the asset and wealth management industry was heading in the coming years during the 2018 Alfi European Asset Management Conference. Although the industry is set for growth over the next ten years, asset and wealth managers must become business revolutionaries, even disruptors, if they’re to survive and prosper. Now is the time for action. Asset and wealth management has been in a period of upheaval globally since the 2008-2009 global financial crisis (GFC) that’s intensifying. The modern-day industry has remained fundamentally the same since the last decade of the 20th century; over the next ten years it will be substantially reinvented. There will be major changes to fees, products, distribution, regulation, technology and people skills needed. Assets under management (AuM) will continue to grow rapidly. PwC estimates that by 2025 AuM will have almost doubled – rising from US$84.9 trillion in 2016 to US$145.4 trillion in 2025. This growth will likely be uneven in consistency and timing: slowest in percentage terms in developed markets and fastest in developing markets. Looking forward, the following interconnected trends will drive the AWM industry’s revolution: Buyers’ market. Increased regulation, competition and new entrants are disrupting traditional value chains and revolutionising wealth managers’ raison d’être. Regulations are being introduced worldwide to prevent asset managers from paying commissions to incentivise distributors, leading to lower cost retail products. 28 —

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Meanwhile, institutional investors have the sive and alternative strategies have become tools to differentiate alpha and beta – they building blocks for multi-asset, outcome will pay more for alpha but not for beta. driven solutions. Demand for passive and As low-cost products gain market share, and alternative strategies will grow quickly. While larger players benefit from scale economies, active management will continue to play an there will be further industry consolidation important role, its growth over the near term and new forms of collaboration. Asset and will be slower than passive. Managers must wealth managers must be ‘fit for growth’ or deeply understand their investors’ needs, they can expect either to fail or to become tailor solutions and focus on optimising disacquisition targets. tribution channels. They must also focus on their core differentiating capabilities Digital technologies: do or die. The AWM and move to outsource non-core functions, industry is a digital technology laggard. How well firms embrace technology will such as tax compliance. Investors have great help determine which prosper in the years choice; they will move to optimal solutions ahead. Technology giants will enter the sec- regardless of prior loyalties. tor, flexing their data analytics and distribu- These four trends will transform the industry’s tion muscle. The race is on. nature and structure. The industry must act Funding the future. Asset and wealth man- in three areas: agers have been filling the financing gaps Strategy: Firms should reorganise the busithat have emerged since the GFC. To gener- ness structure to support their differentiating ate alpha, their involvement in niche areas capabilities and to cut costs elsewhere. such as trade finance, peer-to-peer lending Technology: Every firm must embrace technology as it impacts all functions. and infrastructure will dramatically increase. Equipping individuals to save for old age, as People: Different skills are needed, backed governments step back, will also support by new employment models. Firms must growth in AuM. Action is needed to capi- find and develop people with new skills and talise on the gaps. adapt their employment models to nurture Outcomes matter. Investors have spoken and retain them. loudly. They want solutions for specific needs The AWM industry is in a time of unprecedented – not products that fit style boxes. Active, pas- change, and the time to act is now! 

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Alfi european asset management conference 2018

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6. Camille ommes l , Thomas Richter (German Investment unds ssociation , atric Lardner (Irish Funds), Chris Cummings e nvestment ssociation - , Pierre Bollon (association AFG) et Michael Ferguson (EY) 7. Pierre Bollon (association AFG) 8. Peter De Proft (Efama), Steven Maijoor (Esma) et Jacques Elvinger (Elvinger Hoss Prussen) 9. Marco Siero (Northern Trust) et Gianluca Castellani (RBC Investors & Treasury Services)

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1. Tony Parker (Riva Financial Systems) et Rafal Kwasny (Franklin Templeton Investments) 2. Nathalie Reuter (présentatrice et journaliste, RTL) 3. Xavier Bettel (Premier ministre) 4. Peter De Proft (Efama) 5. John Baker (Trident Trust) et evin Carey yngra i

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FLASH-BACK

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10. enise oss pr sidente de l’ l 11. Thorsten Hens (Université de Zurich) 12. Steven Maijoor (Esma) 13. Nils Kruse (GAM) et Hermann Beythan (Linklaters) 14. Charles Muller (KPMG) et Nathalie Reuter (RTL) 15. Alexandra Haggard (BlackRock), Revel Wood (FundRock), Lorraine Rodrigues (Fidelity International), Alexandra Morris (Skagen Funds) et Lou Kiesch (Deloitte) 16. roni ue Cioli, Claire irard-Canto, lodie ic aud (Linklaters) et Christian Hertz (Luxembourg Investment Solutions)

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Luxembourg et Londres ont développé des relations privilégiées pour assurer le développement des activités dans le domaine des fonds d’investissement. Le Brexit, à l’issue encore incertaine, pourrait remettre en question cette relation au beau fixe. Les acteurs analysent avec pragmatisme les possibilités qui s’offrent à eux.

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n an après l’activation de la procédure de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, les parties concernées peuvent s’entendre au moins sur une chose : l’incertitude permanente qui règne sur l’issue de la négociation. C’est bien le problème. Les négociations s’enlisent tandis que de nombreux acteurs économiques, dans l’expectative, s’inquiètent. L’industrie des fonds est directement concernée, Londres étant une place jusqu’alors privilégiée par les institutions spécialisées dans la gestion d’actifs. « Aujourd’hui, on est certain que le Brexit aura des conséquences sur l’industrie, tant au Luxembourg qu’à Londres. Le problème est que l’on n’a aucune idée de la forme que prendra ce Brexit, commente Sascha Bremer, conseiller en charge du business development au sein de Luxembourg for Finance. Dans ce contexte, les acteurs de l’industrie des fonds se préparent à toute éventualité, et donc aussi au pire. »

CONTINUER À COLLABORER AVEC LA CITY

Luxembourg a toujours entretenu des relations privilégiées avec la place financière londonienne. Le partenariat entre les deux pôles fonctionne sur une certaine répartition des activités. Du côté de la Place londonienne sont principalement menées les activités de portfolio management. Le Luxembourg, lui, assure l’administration des fonds et leur distribution transfrontalière à travers l’Union européenne et au delà. « Dans la mesure où le Brexit remet en question un modèle qui fonctionne jusqu’alors très bien, on peut s’attendre à ce que l’issue de la négociation nuise aux deux places financières, regrette Sascha Bremer. Notre position vis-àvis de ces enjeux, des risques et opportunités qui peuvent découler de la sortie du Royaume-Uni du marché unique a cependant toujours été claire. À nos yeux, Londres restera une place financière d’importance globale. Notre volonté est de pouvoir continuer à collaborer avec la City. » L’enjeu pour les fonds situés outre-Manche est de pouvoir continuer d’accéder aux investisseurs européens afin de leur proposer leurs produits. « Le vrai sujet réside dans la validité du passeport dont profite aujourd’hui les asset managers londoniens, commente Robert Brimeyer, chief operating officer d’Alter Domus, société d’asset servicing implantée notamment au Luxembourg, à Londres, 34 —

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Sascha Bremer a rejoint Luxembourg for Finance en janvier 2015, après une carrière de près de 10 ans en tant que journaliste économique et politique et membre de la rédaction en chef du Tageblatt. Au sein de l’agence de développement et de promotion de la place nanci re luxembourgeoise, il est en charge du business development, avec une orientation particulière sur les marchés asiatiques. Il s’est aussi fortement impliqué dans les enjeux relatifs au Brexit.

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TABLE RONDE

INTERNATIONAL

ACCÉDER AU MARCHÉ EUROPÉEN

en Irlande ainsi que dans 16 autres pays. Dans l’éventualité d’un accord qui invaliderait ce passeport ou d’une absence d’accord, les acteurs londoniens envisagent les possibilités qui leur garantiront un accès au marché. » Luxembourg, pour structurer, administrer et distribuer de nombreux fonds, est une plateforme de premier choix.

Il y a un réel intérêt à maintenir de bonnes relations entre la City et Luxembourg. Il en va de la prospérité de l’industrie des fonds sur les deux fronts. « Il serait préférable d’arriver à une situation de in- in, à défaut de quoi chacun y laissera des plumes », assure Robert Brimeyer. À l’heure actuelle, considérant l’enlisement des discussions, il faut s’attendre à ce que chacun y perde un peu. Il est tout de même intéressant de noter que Luxembourg gagnera sans doute sur d’autres fronts. Londres, considérant les incertitudes liées à l’issue de la négociation en cours, n’est aujourd’hui plus considérée comme une Place de choix pour les acteurs étrangers qui souhaitent accéder aux investisseurs européens. Forcément, le Luxembourg, avec sa capacité à distribuer des fonds à l’international, autrement dit à travers l’ensemble des pays de l’Union européenne, se positionne comme une porte d’entrée idéale pour pénétrer le marché.

LA DISTRIBUTION INTERNATIONALE DEPUIS LE CONTINENT

Quand, aujourd’hui, des promoteurs de fonds établissent leur véhicule sur les îles britanniques de Jersey ou de Guernesey, qui relèvent du territoire britannique, demain ils seront sans doute plus tentés de les établir sur le continent. « Il ne faut toutefois pas se leurrer, le portfolio management restera à Londres », poursuit Robert Brimeyer. Les mouvements qui s’annoncent vers de nouvelles juridictions impliquent toutefois quelques adaptations. Les acteurs britanniques de l’industrie des fonds, selon leur stratégie, devront opérer les bons choix entre la volonté de toucher uniquement des investisseurs sur le marché domestique ou des ambitions de distribution internationale. Si c’est l’ambition qui prime, un mouvement naturel de déplacement de l’activité de gestion et d’administration vers l’Irlande et le Luxembourg est à prévoir, malgré les velléités d’autres Places européennes qui souhaitent aussi profiter des conséquences du Brexit. « Pour ceux qui désirent lancer un nouveau fonds, Luxembourg est une Place de premier choix pour le domicilier, précise Sascha Bremer. En opérant de la sorte, les promoteurs peuvent s’assurer de disposer du passeport et permettent aux investisseurs européens d’accéder à leurs produits. En outre, au delà de l’Union européenne, les fonds luxembourgeois peuvent désormais être distribués dans 77 pays différents, jusqu’en Australie. »

« Le succès luxembourgeois sur les fonds alternatifs est incontestable. » Sascha Bremer Conseiller en charge du business development, Luxembourg for Finance

AIF : LUXEMBOURG A LE VENT EN POUPE

Dans le domaine des fonds alternatifs, les enjeux relatifs au Brexit concernent surtout les nouveaux fonds. La levée de fonds, pour des investissements à moyen et long termes (entre 5 et 10 ans), a lieu au début de la vie du fonds. Autrement dit, pour les fonds déjà établis ces dernières années, l’urgence est moindre depuis l’entrée en vigueur d’AIFMD. « La plupart des clients que nous accompagnons, tous actifs exclusivement dans le domaine des fonds alternatifs, Mai 2018 — Fonds d’investissement —

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TABLE RONDE

choisissent de positionner leurs nouveaux fonds au Luxembourg, où l’expertise dans le domaine de la structuration des AIF est bien reconnue et l’écosystème particulièrement attractif », commente Robert Brimeyer. Plus généralement, la Place luxembourgeoise domine largement les autres pôles européens dans le domaine des fonds. « Le succès luxembourgeois sur ce segment est incontestable, précise Sacha Bremer. Aujourd’hui, le volume d’actifs sous gestion dans des fonds régulés est deux fois plus important au Luxembourg qu’en Irlande. » Quand bien même d’autres Places tenteraient de se positionner pour accueillir des fonds en provenance d’Angleterre, elles auraient bien du mal à se démarquer. « La croissance de notre activité sur le segment des AIF est plus forte au Luxembourg qu’ailleurs. Notre chiffre d’affaires lié à l’activité d’administration de fonds a augmenté de 75 % par an au Luxembourg, contre 5 % sur la Place londonienne, précise Robert Brimeyer. Le Luxembourg est extrêmement bien positionné sur cette classe d’actifs, avec de bons véhicules et une réelle expertise. » Quand les sociétés établies à Londres sont amenées à considérer les possibilités qui s’offrent à eux, la balance penche donc presque toujours en faveur de la Place luxembourgeoise. « Au-delà des AIF, sur le segment Ucits, Luxembourg a aussi beaucoup d’atouts. Son seul vrai concurrent dans l’espace européen est l’Irlande. Les autres Places ne peuvent pas construire du jour au lendemain l’écosystème si complet que le Luxembourg a mis 20 ans à développer », poursuit le conseiller de Luxembourg for Finance.

Robert B

rimeyer us

Alter Dom

RELOCALISATION

Sur le segment Ucits, Luxembourg se positionne aussi comme partenaire privilégié des acteurs londoniens en recherche de solutions. D’abord, les grands promoteurs de fonds londoniens sont aussi présents au Grand-Duché. Obtenir une licence n’implique donc pas de devoir procéder à de grands chamboulements. Quelques interrogations demeurent sur la notion de substance. Ce qui n’empêche pas les uns et les autres de bien se préparer, histoire de n’avoir au final que quelques ajustements à réaliser selon l’issue des négociations. L’enjeu, pour chacun, est de s’assurer d’être « Brexit-proof ». « Le jour J, les gestionnaires veulent s’assurer de pouvoir distribuer leurs fonds selon leur stratégie », assure Sascha Bremer. Chacun prend les mesures qui lui semblent les mieux adaptées à la situation. Des promoteurs pourraient facilement décider de maintenir un fonds au Royaume-Uni et d’en établir un au Grand-Duché afin de pouvoir envisager toutes les options. Mais d’autres options, plus radicales, sont aussi envisagées. Parmi les annonces les plus remarquées ces derniers mois, le fonds d’investissement britannique M&G Investments a confirmé la création d’une structure juridique au Luxembourg constituée de deux entités  : une société de gestion active dans les fonds Ucits et AIFM, et une autre qui assurera la distribution de fonds. M&G Investments relocalisera plusieurs fonds à Luxembourg suite au Brexit, ce qui permettra de créer 30 emplois. « Déménager un fonds n’a rien de trivial. Même si l’on opère dans un cadre européen, un régulateur n’est pas forcément l’autre. Il faut s’adapter. Un autre défi réside dans la gestion des talents, eu égard aux enjeux de substance, commente Robert Brimeyer. Les équipes sont à Londres. Il n’est pas forcément simple de les convaincre de se déplacer, du moins sans les bons incitants. 36 —

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En tant que chief operating officer pour le groupe Alter Domus, Robert Brimeyer veille à la gestion et au maintien de l’ensemble des services du groupe à travers toutes ses implantations. Le COO s’occupe plus particulièrement de la mise en œuvre de solutions qualitatives et intégrées pour répondre aux besoins des gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs à l’échelle internationale. Robert Brimeyer, qui a rejoint Alter Domus en 2009, a plus de 14 ans d’expérience dans le domaine de l’administration des fonds alternatifs. Il travaille dans les services nanciers depuis près de 20 ans.

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TABLE RONDE

En outre, il n’est pas forcément évident de trouver les bons talents sur place. Une stratégie réside dans le maintien du portfolio management à Londres et, par exemple, le recours à une ManCo tierce au Luxembourg, pour accéder à une licence. De cette manière, on peut déplacer l’activité sans forcément faire bouger les talents. »

PAS D’EFFET D’ANNONCE

Pour attirer, les Places que sont l’Irlande et le Luxembourg n’ont donc pas à déployer de gros efforts. « L’expertise présente, les véhicules disponibles, l’écosystème existant font de ces deux places financières des plateformes de choix. Il n’est pas nécessaire de faire des effets d’annonce ou de mettre en place une hot-line dans l’espoir d’attirer de nouveaux acteurs », poursuit Sascha Bremer, taclant de cette manière des initiatives d’autres pôles financiers. Les mouvements s’inscrivent naturellement dans le contexte des relations existantes entre les places financières, avec la volonté de les maintenir durablement. Ne fût-ce que pour des raisons linguistiques, l’Irlande et le Luxembourg, où toutes les démarches peuvent être réalisées en anglais, facilitent les échanges avec Londres. « Le gap qui existe entre la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg est considérable, assure Robert Brimeyer. L’industrie des fonds dans ces pays se concentre le plus souvent sur le marché domestique. Luxembourg a pour sa part une vocation internationale. Quand le spectre du Brexit est survenu, nous sommes rapidement arrivés à la conclusion que nous pourrions récupérer à Dublin ou à Luxembourg le business que nous allions perdre sur Londres. » Ce sont souvent des motivations culturelles qui pèsent dans la balance quand les acteurs londoniens doivent choisir entre Luxembourg et Dublin. « La clientèle américaine aura naturellement tendance à privilégier Dublin », assure Robert Brimeyer.

PERSPECTIVES

DÉJÀ PENSER AU DELÀ DU BREXIT ! « D’une certaine manière, on est déjà au delà du Brexit, commente Sascha Bremer. Bien sûr, une forme d’incertitude demeure. Malgré cela, les acteurs mettent en place des solutions fonctionnelles, quel que soit le résultat de la négociation. » Après avoir passé de nombreux mois à analyser la situation, à retourner le problème dans tous les sens, à envisager l’ensemble des possibilités, les acteurs semblent progressivement réorienter leurs moyens vers d’autres enjeux que le Brexit. « Le modus operandi des uns et des autres s’envisage désormais au delà de l’éventualité d’un Brexit », précise Robert Brimeyer. L’un des grands enjeux pour Luxembourg réside encore dans l’attraction des talents pour garantir l’ef cacit op rationnelle de sa place nanci re. Celle-ci doit rester un centre de services de premier choix pour les promoteurs de fonds établis à Londres ou ailleurs. « Cet enjeu n’est cependant pas uniquement lié au Brexit. Beps a des conséquences positives en termes de substance pour le Luxembourg. C’est l’ensemble de l’écosystème qui doit se renforcer pour que cette success-stor luxembourgeoise puisse se poursuivre », ajoute Sascha Bremer.

L’ENJEU EST GLOBAL

Dans le contexte du Brexit, les enjeux ne résident pas tant dans la concurrence que la sortie du Royaume-Uni pourrait engendrer entre les Places européennes que dans le maintien de la position de la finance européenne à l’échelle globale. « Il y a beaucoup de défis à relever. Préserver la position du Luxembourg à l’international implique de continuer à travailler, de ne pas se reposer sur nos lauriers, assure Robert Brimeyer. Nous avons toujours su faire preuve d’une réelle agilité. Brexit ou non, il faut que nous puissions conforter notre position, évoluer plutôt que tout révolutionner. » Dans ce contexte, face à des Places comme Tokyo, New York ou Singapour, il est aussi essentiel de préserver des relations de qualité entre l’Union européenne et la City. C’est dans cette perspective que se positionne Luxembourg. « On sait que Londres restera une place financière importante. Il faut éviter qu’elle ne devienne, comme cela a été idéologiquement soulevé, un Singapour aux portes de l’Union européenne, avec un cadre réglementaire plus flexible, capable de capter une partie du business international dont profite l’Union européenne. Il s’agit de protéger notre marché vis-à-vis d’acteurs qui risquent de ne plus en faire partie. C’est pour cette raison qu’il faut trouver des solutions pragmatiques à cette situation, préserver un bon équilibre dans nos relations, une manière de bien fonctionner ensemble », conclut Sascha Bremer.  S. L. 38 —

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« Il ne faut pas se leurrer, le portfolio management restera à Londres. » Robert Brimeyer hief operating officer, Alter Domus

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CONSEILS GREEN FINANCE

INVESTIR POUR SOUTENIR LE CLIMAT La finance verte, qui rassemble l’ensemble des opérations ayant pour finalité de favoriser la transition énergétique et de lutter contre le réchauffement climatique, est un marché qui s’est considérablement développé et qui continue à croître. Gunter Fischer, Lucien Hoffmann, Nathalie Roth et Sigridur Torfadottir, du comité d’éligibilité Luxflag Climate Finance Label, nous livrent leurs conseils pour y investir.

1.

2.

3.

Le changement climatique est un fait, le négliger est hasardeux. Il est impératif qu’une évaluation de l’impact climatique soit incluse dans la décision d’investissement. n d’ viter ue cette consid ration soit isolée, il est nécessaire de faire un mainstreaming de cette évaluation dans le processus de décision, par exemple par l’inclusion d’une case « risque climatique » dans la grille d’évaluation standard de chaque investissement. Cela garantira un poids adéquat de ce risque dans la décision.

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nissez vos propres ob ectifs d’investissements climatiques avec des cibles concrètes et ambitieuses, ancrés dans une strat gie de nancement durable. Cela peut se faire par exemple avec l’obectif de r duire la production de C 2 par chiffre d’affaires tous les ans ou d’augmenter graduellement vos investissements dans les énergies renouvelables et secteurs propices au climat. ptez pour r duire considérablement ou éliminer entièrement les investissements qui ne sont plus compatibles avec l’accord de Paris.

Une fois bien intégrée et encadrée par un but uanti able, la performance climati ue de l’investissement doit être surveillée régulièrement. Cela inclut un reporting régulier et des visites p riodi ues pour v ri er la performance climatique. Cette approche facilite d’éventuelles corrections des décisions et favorise l’engagement direct avec vos compagnies d’investissement ainsi que vos investisseurs.

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CONSEILS

4.

5.

Définissez Des outils les limites pour se et les secteurs préparer à éviter

Il est important que les limites de la stratégie d’investissement soient bien d nies. Cela concerne notamment l’ nergie nucléaire, attractive sur base d’un effet positif climatique, mais exclue sur base d’autres effets négatifs, ou de grands pro ets ydro lectri ues, exclus sur base d’effets environnementaux et sociaux. Un solide système de gérance sur la base d’une stratégie ESG (environnement, social, gouvernance bien d nie est indispensable pour éviter des pièges. Reste à noter que les indices ESG ont constamment surperformé leurs benchmarks standards ces dernières années.

6.

Considérez l’impact global

amiliarisez-vous avec les outils disponibles pour évaluer l’alignement des fonds avec les ob ectifs de nancement climati ue. Consid rez des fonds ui ont obtenu des labels tels ue le label Lux ag Climate Finance. L’effort nécessaire pour obtenir et maintenir un tel label indique un engagement en faveur du climat. Pour de plus en plus d’investisseurs, pas seulement la génération des millennials, combattre le changement climatique est primordial et demande des produits adaptés.

Les investissements climatiques font partie de l’une des différentes dimensions des investissements dits « impact ». Ces investissements essayent de créer un impact positif en plus du rendement nancier re uis. Cela peut tre un impact culturel, social (la formation systématique des ouvriers par exemple), écologique (par la réduction de la pollution) ou climati ue dans notre cas. La nance d’impact se développe de manière explosive. La nance climati ue peut tre votre premier pas dans ce domaine.

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OUTSOURCING

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À la recherche des marges perdues

TECHNOLOGIE

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OUTSOURCING

Entre baisse des revenus et coûts opérationnels en augmentation, les acteurs de l’industrie des fonds sont sous pression. Dans ce contexte, les asset managers se concentrent sur les activités créatrices de valeur tout en considérant les opportunités d’externalisation et de mutualisation qui s’offrent à eux.

D

epuis la crise financière, les gestionnaires d’actifs voient leurs marges se réduire significativement, commente Steven Libby, asset & wealth management leader au sein de PwC Luxembourg. La pression à laquelle ils font face découle d’une compétition toujours plus forte entre les acteurs, avec l’apparition de nouveaux entrants sur le marché qui profitent de la technologie pour proposer des offres plus accessibles. À cela s’ajoutent aussi de nouvelles réglementations qui pèsent sur leurs revenus, notamment Mifid II, qui introduit une transparence accrue sur la structure des coûts tout au long de la chaîne de valeur. » Les investisseurs comprennent désormais mieux ce pour quoi ils paient. Plus que jamais, ils sont attentifs aux management fees qu’ils laissent aux gestionnaires. « Si les institutionnels sont prêts à payer pour la performance émanant d’une gestion active des investissements, ils le sont de moins en moins dans le contexte d’une gestion passive des actifs, s’appuyant sur des trackers, par exemple », poursuit Steven Libby.

RÉDUCTION DES REVENUS, MAINTIEN DES COÛTS

Ces trends participent à une transformation profonde de l’industrie des fonds. Les asset managers, comme de nombreux asset servicers autour d’eux, font face à une réduction sensible de leurs revenus. « Pour un service de gestion active, les fees moyens en Europe sont passés de 2 % à 1,6 % en une dizaine d’années. Sur la même période, les

frais dans la gestion passive d’actifs ont diminué de 1,1 % à 0,6 %, commente Benjamin Collette, strategy, clients & industries leader et associé au sein de Deloitte Luxembourg. La difficulté pour les acteurs réside dans le fait que les coûts, eux, ne sont pas forcément variables. Tous doivent assumer des coûts fixes, avec des infrastructures techniques et des ressources humaines à entretenir, qui ont plutôt eu tendance à augmenter ces dernières années. » Les exigences en matière de reporting, avec Ucits Kiid ou Priips Kid, et dans le domaine de la gestion de risques sont autant de nouvelles contraintes réglementaires qu’il faut pouvoir assumer. Au niveau fiscal aussi, les gestionnaires de fonds comme les sociétés de services associées à l’administration doivent composer avec une complexité grandissante. « La pression sur les revenus se fait d’autant plus ressentir au Luxembourg, avec des acteurs positionnés sur une distribution transfrontalière de leurs produits beaucoup plus coûteuse que celle des fonds destinés à un marché domestique », poursuit Benjamin Collette. Deloitte avait notamment estimé le coût supplémentaire associé à cette distribution transfrontalière, évalué entre 6 et 10 points de base, par rapport à des fonds domestiques. Dans un marché tendu, avec des investisseurs plus attentifs, les produits luxembourgeois s’exposent à un risque encore plus grand de perte de compétitivité. « Les management fees ont longtemps été une réelle source de revenus pour les gérants d’actifs. C’est de moins en

moins le cas, assure Jeremie Schaeffer, associé et responsable du département Corporate Implementation au sein d’Atoz. La pression sur les TER (total expense ratio, ou ratio des charges totales) et son impact sur les frais de gestion entraînent un alignement accru des intérêts des investisseurs sur ceux des gérants d’actifs, dans la mesure où la rémunération de ces derniers réside plus que jamais dans le carried et autres performance fees. »

INVESTIR OU EXTERNALISER

L’effet ciseaux, avec cette réduction des revenus associée à une hausse des coûts, oblige les acteurs à envisager de nouvelles stratégies, à se repositionner quant aux services qu’ils proposent et aux activités qu’ils choisissent de mener directement. « L’une des possibilités qui s’offrent aux gestionnaires désireux de retrouver des marges réside notamment dans un recours à la technologie. Le numérique permet d’accéder à un plus haut niveau d’automatisation et garantit un traitement opérationnel de la donnée plus efficient, au service de l’efficacité et de la compétitivité. Toutefois, le recours à la technologie implique des investissements supplémentaires qu’il est parfois difficile de mobiliser dans l’environnement actuel. L’autre possibilité réside dans la mise en place de partenariats, autrement dit dans l’externalisation de certaines fonctions, avec des acteurs tiers. Cette dynamique doit leur permettre de profiter d’économies d’échelle sur des activités considérées comme non core », poursuit Steven Libby.

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OUTSOURCING

LA TAILLE, ÇA COMPTE

Selon la taille de l’acteur, définie par le volume d’actifs sous gestion, la pression sera plus ou moins fortement ressentie. « Tous les acteurs sont confrontés aux mêmes enjeux. Les plus importants d’entre eux ont toutefois plus de ressources à leur disposition pour mieux envisager la diversité des solutions, entre investissements propres permettant des gains d’efficience ou externalisation », précise Steven Libby. Les plus petits promoteurs de fonds s’appuieront sur un écosystème d’acteurs pour faire face à leurs obligations réglementaires, comme des ManCo tierces ou d’autres prestataires spécialisés dans une activité particulière. Cette tendance est déjà perceptible dans le monde des Ucits depuis plusieurs années. « Au niveau des fonds alternatifs aussi, une certaine typologie de gestionnaires d’actifs (ceux dont les fonds sous gestion représentent généralement moins de 500 à 700 millions d’euros d’actifs) fait aujourd’hui le choix du recours à des AIFM tiers. En mettant leur licence à la disposition de promoteurs, ceux-ci offrent une solution mutualisée en termes d’infrastructure et d’équipe, et prennent à leur charge le risque opérationnel qui en résulte, précise Jeremie Schaeffer. L’asset manager qui envisage ce modèle doit bien en évaluer le coût, sa pertinence au regard du volume des actifs gérés, ainsi que le modèle de gouvernance qu’il entend mettre en place avec l’AIFM tiers, afin d’assurer un équilibre entre les besoins de fluidité et de rapidité, d’une part, et de saine gestion, d’autre part. » Dans ce contexte, on pourrait donc voir des acteurs se spécialiser avec des services d’AIFM tiers dédiés à des segments particuliers du domaine des fonds alternatifs (dette, private equity, real estate…), les uns et les autres n’impliquant pas forcément le même niveau

de contrainte. Quoi qu’il en soit, cette activité de services a tendance à se développer un peu partout, et particulièrement au Luxembourg. Face à la réduction des marges, au final, c’est sur les acteurs de taille moyenne que la pression est la plus importante. Ce sont eux qui, les premiers, seront amenés à faire des choix stratégiques. « Soit pour atteindre un volume suffisant d’actifs sous gestion leur garantissant le niveau de marge requis pour maintenir et faire évoluer leurs ressources, soit en externalisant pour se concentrer sur des activités particulières, à haute valeur ajoutée », précise Steven Libby. Plus généralement, donc, on devrait assister à des mouvements de consolidation des acteurs sur le marché. « En Europe, la taille moyenne des fonds est significativement inférieure à celle des structures US, par exemple. Dans une perspective de développement d’un marché unique, appelée de ses vœux par les autorités, il y a une volonté de voir les acteurs grandir en même temps que les règles de distribution se simplifient. Pour les asset managers, ‘big is beautiful’, précise Benjamin Collette. Les grands acteurs sont donc amenés à grandir toujours plus. »

DE NOUVEAUX SERVICES

L’externalisation n’est pas une pratique nouvelle dans le monde des fonds d’investissement. Luxembourg, notamment, a vu une importante activité de prestataires de services attachés à la gestion des fonds se développer ces dernières années. De nombreux acteurs se sont positionnés autour du gestionnaire pour l’accompagner dans son développement en assurant une large diversité de fonctions. « Face à une complexité grandissante découlant de la réglementation, mais aussi de l’internationalisation des

« Les acteurs envisagent progressivement l’opportunité d’externaliser des fonctions présentant une réelle valeur ajoutée avec un haut niveau de complexité. » trateg , clients

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Benjamin Collette industries leader et associé, Deloitte

TECHNOLOGIE

LES OPPORTUNITÉS DE LA FINTECH La technologie est également un facteur important à considérer par les divers acteurs de l’écosystème, tant elle pourrait bien bousculer les équilibres en place. « Face à la pression sur les revenus, et afin de maintenir des marges suffisantes, il faut pouvoir adapter sa structure de co ts. a technologie, à ce titre, est un vecteur essentiel d’optimisation. eaucoup d’initiatives dans le domaine de la fintech et de la regtech voient le our au uxembourg. Il a une vraie émulation sur ces su ets. Je pense que cette année et celles à venir seront charnières et doivent permettre à la place financière de transformer les idées et volontés sur ces su ets en pro ets concrets, à m me de conforter le développement de l’industrie », commente Jeremie Schaeffer. Les technologies à considérer sont évidemment nombreuses, de l’intelligence arti cielle aux possibilit s d’automatisation, sans oublier la blockchain, ou plutôt la distributed ledger technolog , qui doit permettre un meilleur partage de l’information, avec des garanties de abilit , entre acteurs. « Il a un fort intér t au uxembourg pour ces technologies qui présentent un réel potentiel de gains d’efficience », précise Steven Libby.

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OUTSOURCING

« Alors que les gestionnaires d’une certaine taille peuvent supporter le changement, l’écosystème des asset managers de petite et moyenne taille est directement affecté. » Benoît Kelecom sset management leader, Atoz

activités, de plus en plus de fonctions sont confiées à des acteurs experts, notamment dans les domaines du reporting et de la fiscalité », précise Steven Libby. « Les asset managers doivent mieux considérer les opportunités d’outsourcing au regard des prestataires de services formant l’écosystème fort qui existe autour d’eux, commente Benjamin Collette. Les éléments que les asset managers souhaitent externaliser en premier lieu sont les fonctions qui ne créent pas de valeur ajoutée eu égard à leur métier, d’une part, et celles qui présentent un certain niveau de complexité et exigent des ressources importantes, d’autre part. » Les asset managers ont d’abord commencé par externaliser les fonctions de dissémination des VNI et des informations requises par les régulateurs. Sont ensuite apparues les démarches d’outsourcing visant la compilation des états annuels des fonds et le support à la distribution cross-border. « Désormais, certains acteurs envisagent progressivement l’opportunité d’externaliser des fonctions présentant une réelle valeur ajoutée avec un haut niveau de complexité, explique Benjamin Collette. C’est le cas dans le domaine du tax reclaim, la récupération des retenues à la source au profit du client dans le cadre d’une convention de non-double imposition entre deux États, par exemple, et pour les contraintes de KYC et d’AML. Ces éléments créent beaucoup de valeur, du point de vue du client, d’une part, au niveau des possibilités d’accéder au marché et de pouvoir distribuer le produit, d’autre part. » La complexité qu’impliquent ces démarches, les ressources qu’elles demandent de mobiliser et d’entretenir ou tout simplement la difficulté

de trouver les talents adéquats poussent les acteurs à réfléchir aux possibilités d’externaliser. Par rapport aux démarches fiscales, des initiatives privées voient le jour. De grands cabinets, principalement les Big Four, pouvant s’appuyer sur un réseau global sont aujourd’hui les plus à même de pouvoir mettre en place un tel service. En matière de KYC et d’AML, il y a d’importantes économies d’échelle à aller chercher à travers une approche commune, pour éviter à un acteur d’avoir à effectuer des investigations qui auraient été menées par ailleurs, par exemple. Ainsi, des initiatives naissent. « On peut citer la collaboration entre Fundsquare et Post, ou des démarches entamées au niveau de Swift, ainsi que l’initiative D.KYC de Deloitte, précise Benjamin Collette, qui voit poindre à terme des infrastructures de Place. Il est probable que, dans un horizon de cinq ans, ces plateformes soient mises à la disposition de l’ensemble du marché, suite à une recommandation des autorités, par exemple, pour permettre à tout le monde d’en profiter. »

DES ACTIVITÉS CORE DÉLAISSÉES

Au-delà, des activités hier considérées comme stratégiques pour un asset manager sont aujourd’hui réévaluées à la lumière des changements réglementaires qui affectent le marché. Dans le domaine des fonds alternatifs, par exemple, le fait qu’un certain nombre d’activités ne sont plus rémunérées de la même manière a pour incidence que certains asset managers vont diminuer ou supprimer les moyens qu’ils dédient au sourcing de deals.

« Par le passé, l’asset manager pouvait avoir recours à des conseillers et pouvait lisser les coûts liés à la recherche d’opportunités, les due diligences qui y étaient associées, en les mutualisant avec d’autres frais supportés par le fonds sur l’ensemble de sa durée de vie. Désormais, avec une transparence accrue et une plus forte corrélation entre les deals à succès et le droit à une rémunération pour cette recherche, alors que les gestionnaires d’une certaine taille peuvent supporter le changement, l’écosystème des asset managers de petite et moyenne taille est directement affecté. Ces derniers s’orientent désormais volontiers vers des structures de co-investissement ou d’investissement indirect pour bénéficier dans ce contexte des produits fructueux des recherches effectuées par d’autres », explique Benoît Kelecom, asset management leader au sein de la société Atoz. Le Luxembourg doit profiter de cette tendance. « La Place a toujours été réputée pour l’administration des fonds. L’écosystème en place constitue désormais une plateforme back-office à haute valeur ajoutée. L’avenir de la Place et des services qu’elle propose passera par une consolidation de l’expertise sur place, avec le développement de services spécifiques qui impliquent un haut niveau de complexité et qui créent de la valeur », ajoute Benjamin Collette. « Il y a une vraie opportunité à faire levier sur l’expertise existante au Luxembourg. Avec celle-ci, la place financière est bien positionnée pour répondre à une complexification croissante de l’industrie et accompagner les asset managers à la recherche de solutions efficientes », conclut Steven Libby.  S. L.

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CARTES BLANCHES

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la mutualisation peut-elle améliorer les performances ? Face à la charge croissante des exigences administratives et réglementaires, les gestionnaires de fonds recourent de plus en plus à un partenaire extérieur.

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Combiner gestion active et passive pour optimiser ses portefeuilles

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onfrontés à une pression croissante sur leurs marges, les gestionnaires de fonds doivent maîtriser leurs coûts tout en répondant aux demandes de leurs clients et aux exigences des régulateurs. Dans cette optique, le recours à une externalisation des processus métier de type BPO (business process outsourcing) présente de nombreux avantages, et en premier lieu celui de pouvoir se concentrer sur leurs activités vitales. Cet outsourcing s’impose depuis longtemps aux activités de back-office. Et la démarche s’étend désormais à l’ensemble de la chaîne de valeur des fonds d’investissement. Outre le recours à une société de gestion externe ou bien l’accès à des rapports de risque à travers une management company, les gestionnaires de fonds peuvent utiliser des plateformes tierces pour leur PMS (portfolio management system), leurs exécutions d’ordres, leur middle-office (IBOR – investment book of record), leurs processus de contrôle, leurs reportings opérationnels, réglementaires et clients, leurs processus de commercialisation, le suivi du passif via du marquage d’ordres… Ainsi, les asset managers mutualisent les coûts des infrastructures et de la sécurité informatiques, des projets réglementaires ainsi que des expertises qui leur sont associées tout en pérennisant ces dernières.

Serge Weyland CEO Edmond de Rothschild Asset Management (Luxembourg)

En déléguant ces activités opérationnelles, le gestionnaire n’a plus à se préoccuper de l’évolution des versions des systèmes ni du turnover important des effectifs des fonctions support. De même, il peut faire évoluer ces structures de façon agile pour faire face à une accélération d’activité (nouvelles structures de produits, nouveaux instruments...) ou pour répondre aux évolutions réglementaires dans les pays où il exerce. Mais pour réussir une telle externalisation, le choix du prestataire s’avère primordial. Les gérants de fonds, les gérants de fortune ou les family offices ont besoin d’un partenaire qui travaille avec un niveau d’expertise très élevé, qui comprend leurs problématiques et qui est confronté aux mêmes évolutions réglementaires et de marché pour son propre compte. Un acteur qui exerce, comme eux, le métier de gestion de portefeuille et de gestion de patrimoine sera un véritable atout. Ils privilégieront un partenaire qui a éprouvé lui-même les solutions technologiques qu’il propose à des tiers, un partenaire qui gère lui-même toute la palette de fonds (long-only, alternatif, private equity, real estate…) et de classes d’actifs, un partenaire qui a développé des expertises reconnues sur toute sa chaîne de valeur.  

Marlène Hassine Konqui Responsable de la recherche ETF Lyxor Asset Management

D

ans notre dernière étude « Analysing active & passive fund performance: what 2017 results tell us about portfolio construction » publiée en avril 2018, nous analysons la performance de plus de 6.000 fonds actifs domiciliés en Europe par rapport à leurs indices de référence, au sein de 23 univers distincts. Nous en déduisons une proposition sur la combinaison optimale entre gestion active et passive au sein d’un portefeuille. Depuis de nombreuses années, la recherche académique a démontré que l’allocation d’actifs constitue le principal moteur de performance d’un portefeuille sur le long terme. Dans un environnement de marché en perpétuelle mutation, trouver le juste équilibre entre objectifs de performance et tolérance au risque représente un véritable défi pour les investisseurs. Aujourd’hui, la recherche ETF de Lyxor va plus loin et démontre que l’allocation entre gestion active et passive est un autre moteur essentiel pour optimiser leurs portefeuilles. Le développement des marchés et l’évolution de la théorie financière ont permis d’élargir la palette de solutions d’investissement à disposition des investisseurs : ETF, smart beta, gestion active et alternative. Chacun de ces outils présente des avantages spécifiques et l’enjeu consiste désormais à les combiner de façon optimale au sein

d’un portefeuille. La comparaison entre les performances historiques des fonds actifs et leurs indices de référence peut orienter les investisseurs qui cherchent à optimiser leur allocation entre gestion active et passive. Notre étude de 2018 révèle que sur une période de 10 ans, 34 % des fonds actifs en moyenne ont surperformé leur indice de référence chaque année. Sur la base de ces résultats, nous estimons qu’une allocation optimale devrait comprendre 30 à 40 % de fonds actifs et 60 à 70 % de fonds passifs traditionnels ou de stratégies smart beta. La poche passive (qu’il s’agisse d’ETF traditionnels ou de stratégies smart beta) peut être utilisée pour : renforcer la diversification ; exploiter les primes de marché de façon plus efficace ; améliorer la précision des allocations ; gérer la liquidité ; optimiser la gestion des facteurs de risque. Dans l’idéal, la poche active devrait comprendre une sélection de gérants actifs ayant prouvé leur capacité à générer de l’alpha (gérants alternatifs ou spécialistes de la sélection de titres de niche) afin d’apporter une diversification supérieure au portefeuille. 

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REGARDS CROISÉS

TRANSFORMATION DIGITALE

PHOTOS Benjamin Champenois (Maison Moderne), Nader Ghavami

Un premier pas vers le changement

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REGARDS CROISÉS

Dans le processus de transformation digitale, l’industrie des fonds n’en est encore qu’à ses prémices. Les opportunités sont pourtant multiples, et le digital doit permettre à ses acteurs de rester pertinents dans un environnement financier en plein bouleversement. Dariush Yazdani, partner chez PwC Luxembourg, et Olivier Portenseigne, managing director de Fundsquare, nous livrent leur regard sur ces évolutions.

Pour uoi le secteur n est­il pas aussi is­ rupté ue autres tels ue les ban ues ou les s st es e paie ent Dariush Yazdani Si l’industrie des fonds est petit

à petit en train de s’intéresser à la digitalisation, force est de constater qu’elle est en retard au regard de la situation d’autres acteurs du monde financier, déjà impliqués depuis un certain temps. Dès la fin des années 1990, les banques ont en effet commencé à faire leurs premiers pas dans la transformation numérique, en proposant des services en ligne. Au sein des compagnies d’assurances, de nombreux développements se réalisent autour des fintech. Les moyens de paiement ont eux aussi fortement évolué : aujourd’hui, tout le monde dispose d’une application de paiement mobile. Olivier Portenseigne Il suffit de visiter le site web d’une société de gestion de fonds pour se rendre compte que le secteur n’est pas encore impliqué dans cette transition. L’industrie est encore très centrée sur elle-même et sur ses propres produits. J’illustre souvent ces propos à travers un exemple tout simple. À l’heure actuelle, les sociétés de gestion agissent un peu comme si Danone, lorsqu’il vend un yaourt, vantait la composition de ce dernier. Désormais, ce n’est plus du tout sur cet aspect que joue l’entreprise agroalimentaire, mais plutôt sur l’expérience que l’on peut vivre en mangeant un yaourt. C’est de cette façon que des entreprises comme Danone gagnent la confiance des consommateurs. Les sociétés de gestion doivent, elles aussi, évoluer dans ce sens. Elles ont avant tout un grand travail à mener au niveau de leur marketing digital afin de pouvoir véritablement commencer leur transformation. Co ent e pli uer ce retar D.Y. L’industrie des fonds est un business B2B.

Ses clients sont principalement institution-

nels : banques, fonds de pension, compagnies d’assurances... L’asset manager est le producteur d’un fonds qui est ensuite fourni à un réseau de distribution. Ce sont ces acteurs, et non les asset managers, qui font l’effort de commercialiser leurs produits aux clients finaux, de leur proposer l’expérience nécessaire à la vente. Et ce sont donc ces intermédiaires qui s’impliquent davantage dans la transition digitale. O.P. Les sociétés de gestion auraient tout intérêt à se rapprocher des investisseurs finaux, soit en entrant directement en contact avec eux, indépendamment des réseaux de distribution, soit en nouant des partenariats plus forts avec des distributeurs, pour mieux connaître leurs clients et pouvoir leur apporter des produits et services plus adaptés. Les acteurs e l in ustrie es fon s sont­ils suffisa ent conscients e la nécessité e onter ans le train e la i italisation D.Y. Ces dernières années, les asset managers

ont découvert et compris les avantages que la digitalisation pouvait leur apporter, non seulement du point de vue de la distribution, mais également à travers l’ensemble de la chaîne de valeur. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais cette prise de conscience est un premier pas vers le changement. De nombreux acteurs sont en train de penser à leur transformation, mais ils ne sont encore que peu nombreux à s’être engagés très concrètement dans un processus de transformation. O.P. La transformation va en effet être longue et lente, car beaucoup de briques, du back- au front-office, doivent évoluer. La mise en œuvre de cette digitalisation est par exemple beaucoup plus simple avec des acteurs innovants,

tels que les néo-banques. Car elles partent d’une page blanche, elles entrent plus facilement dans ces nouveaux modèles. Transformer des legacy systems et des modes opératoires qui datent d’il y a 20 ans, c’est extrêmement compliqué… Mais c’est en train de se faire, tout doucement. n ati re e i italisation uels sont les en eu pour le étier e l asset manager D.Y. Cette transformation doit permettre de

répondre à certains enjeux importants auxquels le secteur est confronté. Ces dernières années, les revenus des asset managers ont été mis sous pression, et ils vont continuer à l’être. S’ils veulent préserver leurs marges, les acteurs doivent pouvoir réduire leurs coûts de production et de distribution. Dans cette optique, la digitalisation a un rôle essentiel à jouer. Du back- au front-office, les asset managers doivent évaluer comment la digitalisation peut améliorer l’efficacité de leurs opérations. O.P. Aujourd’hui, l’industrie des fonds est unique en son genre. C’est probablement la seule qui pousse des produits sans véritablement savoir ce dont le client a besoin ou désire. Les produits sont vendus plutôt qu’achetés. À travers les nouvelles technologies, on essaie de renverser ce modèle. Grâce à la digitalisation des canaux de distribution des fonds, les sociétés de gestion pourront en effet bénéficier d’une plus grande transparence sur leurs clients, mieux les connaître, acquérir plus de données et, par conséquent, mieux définir les produits à créer, en fonction de leurs besoins. D.Y. La digitalisation doit en effet également permettre d’améliorer l’expérience client offerte par l’industrie des fonds. Quel que soit le secteur d’activité, les clients veulent et attendent toujours plus d’expérience digitale.

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REGARDS CROISÉS

Co ent les nou elles technolo ies peu ent­elles ai er l in ustrie es fon s a éliorer sa connaissance es clients et ses perfor ances D.Y. Toutes les technologies peuvent suppor-

ter l’industrie des fonds : la blockchain, l’intelligence artificielle, les robots… Prenons un exemple. AlphaSense, une technologie basée sur l’intelligence artificielle de traitement du langage naturel, pourrait permettre aux analystes de l’industrie des fonds de gagner un temps précieux. Cette solution est en effet capable de rechercher et d’analyser seule des documents d’entreprise et des rapports annuels. Grâce à ce type de technologie, l’analyste pourrait consacrer davantage de temps à ses tâches essentielles, comme l’évaluation des sociétés en tant que telles. O.P. Aujourd’hui, chacun des intermédiaires de la chaîne de l’industrie des fonds réplique la même chose, le même ledger, par exemple, en tout ou en partie. Par sa nature, la technologie blockchain permet de mutualiser ces éléments sur tous les intermédiaires, de partager un même ledger, par exemple. Cela a pour effet d’améliorer l’efficacité et d’apporter toute la granularité de l’information nécessaire à l’émetteur, donc à la société de gestion, sur l’investisseur final. A contrario uels sont les ris ues ou les ifficultés au uels les sociétés e fon s peu ent tre confrontées a ec la i italisation O.P. L’une des difficultés consiste à passer au

delà de l’appréhension que suscitent les nouvelles technologies pour certains acteurs. Tous ces concepts sont encore peu familiers, et les sociétés de gestion ont besoin d’être rassurées sur la performance de ces nouvelles 50 —

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« S’ils veulent préserver leurs marges, les acteurs doivent pouvoir réduire leurs coûts de production et de distribution. » Dariush a ani Partner, PwC

DARIUSH YAZDANI Dariush Yazdani est partner chez PwC, où il dirige le Market Research Center, une unité composée d’une équipe internationale d’experts dédiée à l’analyse stratégique qualitative et quantitative pour le secteur nancier. ort d’une expérience de près de 20 ans dans l’asset management et l’industrie bancaire, il développe et contribue à un grand nombre d’études et de dossiers de recherche sur la gestion d’actifs à l’échelon européen et mondial.

PHOTO Nader Ghavami

Les sociétés de gestion de fonds doivent pouvoir répondre à cette demande. O.P. L’expérience client proposée par un asset manager autour de l’achat d’un fonds d’investissement est aujourd’hui pratiquement inexistante. Pour les sociétés de gestion, s’impliquer dans la digitalisation, c’est par exemple permettre à un investisseur de se connecter à une application sur son smartphone et de pouvoir y acheter un fonds en ligne, d’y faire sa transaction, sa liquidation, son ouverture de compte… Très peu d’acteurs sont aujourd’hui capables de proposer ce type de services. C’est pourtant essentiel. D’autant plus que l’entrée en vigueur de Mifid II change la donne. Dans ce nouveau contexte, le vrai défi pour une société de gestion consiste à rester pertinente afin d’être encore distribuée à l’avenir et rencontrer des investisseurs. Cette pertinence, elle se traduit par le fait de proposer une expérience client enrichie, au départ d’une meilleure connaissance de l’investisseur final.

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REGARDS CROISÉS

Les robots ne pourront onc pas apr s ous re placer les sociétés e estion D.Y. Je crois que, au moins pour les prochaines

décennies, la robotique, l’intelligence artificielle ou encore la blockchain serviront avant tout à améliorer la performance de travail. Si nous sommes capables d’utiliser de nouvelles technologies, de nous digitaliser pour supporter nos talents, ces derniers seront plus libres. Ils pourront donc être plus efficaces, se concentrer réellement sur leur cœur de métier et donner une plus grande valeur au business, à l’industrie des fonds. O.P. Dans le monde bancaire, on a dit que la digitalisation signerait la fin des agences bancaires. C’est vrai et faux à la fois. Apple, par exemple, qui est l’une des entreprises les plus digitales de ce monde, a elle-même créé des agences. Pour toutes les activités vraiment répétitives, je crois aussi que, oui, les robots vont certainement remplacer l’humain. Mais l’humain, lui, générera de la valeur ajoutée autrement. Aujourd’hui, ce qui fait la différence dans la gestion des fonds, c’est la performance. Cette performance passe notamment par la prise de décision, et ça, il n’y a que l’humain qui puisse le faire.  J. R.

« Il y a une réelle nécessité pour les sociétés de gestion de se faire connaître si elles veulent rester pertinentes et pouvoir entrer en contact direct avec des clients finaux. » Oli ier Portensei ne Managing director, Fundsquare

OLIVIER PORTENSEIGNE Olivier Portenseigne est managing director de Fundsquare. Il est également chief commercial officer, responsable du développement commercial et de la gestion des produits de Fundsquare, créée en 2010 à l’initiative de la Bourse et d’acteurs de la Place. Il possède une longue expérience dans l’industrie des fonds. Il a occupé divers postes de direction dans de grandes sociétés de gestion, où il était notamment responsable de la création et du développement d’une plateforme de distribution de fonds. Olivier Portenseigne est également membre du comit de direction de l’ l TA et de l’association Fund Platform Group.

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PHOTO Benjamin Champenoi s (Maison Moderne)

technologies, la confidentialité des données, la sécurité… D.Y. Car si les nouvelles technologies permettent d’apporter plus de transparence et de performance, elles ne sont pas complètement sans cyber-risque. Chaque utilisation d’une technologie doit donc être mise en perspective selon les éventuels risques qu’elle comprend. Il faut également définir comment réduire au maximum ces derniers. O.P. Aujourd’hui, les sociétés de gestion n’ont pas l’habitude d’être en contact direct avec leur clientèle finale. Dans cette optique, elles doivent travailler sur l’éducation financière. Très peu de personnes connaissent en effet les marques d’asset managers. Les pays les plus évolués à ce niveau sont ceux où les individus sont forcés à investir pour leur retraite : les États-Unis, la Suisse et le Royaume-Uni, par exemple. Il y a donc une réelle nécessité pour les sociétés de gestion de se faire connaître si elles veulent rester pertinentes et pouvoir entrer en contact direct avec des clients finaux. Parallèlement, elles doivent également penser au mieux leur expérience client afin que celle-ci soit positive. D.Y. Et une fois que l’asset management aura véritablement adopté de nouvelles technologies, il faudra veiller à ne pas trop mettre l’accent sur cette digitalisation. Car il ne faut pas oublier que l’asset management est avant tout un business humain. Le digital devra rester un support à la relation humaine, indispensable à ce type de business.

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DANS LES COULISSES

L’un des 14 bâtiments construits par NevHouse sur l’une des îles de l’archipel de Vanuatu, dans le aci ue ud, dévasté après le passage d’un ouragan en 2015. La structure montée sur pilotis est résistante aux tempêtes.

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DANS LES COULISSES

FONDS HUMANITAIRE

À

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PHOTO NevHouse

la frontière entre l’engagement philant ropi ue et le pragmatisme capitalisti ue, l’entreprise australienne NevHouse a développé un modèle de b timent pr fabri u base de plasti ue recycl . l y a un an, son fondateur a décidé de créer un fonds Fiar (Fonds d’investissement alternatif réservé), Nev Earthfund, pour supporter son business. l l’a install au Luxembourg, o il a obtenu le label Environnement de l’agence Lux ag, l’une des principales agences de labellisation européennes dans le domaine. Pour convaincre des investisseurs de rejoindre son initiative, Nev art fund rappelle ue la taille de ce marc est consid rable et ue les besoins au niveau mondial sont estim s millions d’habitations low cost. La nance responsable est un courant grandissant dans le secteur des fonds et le Luxembourg se positionne activement sur ce créneau. Le marché européen des fonds d’investissement durable a connu une croissance de 27 % entre , le domicile luxembourgeois et l’environnement réglementaire permettant de donner naissance des pro ets concrets plusieurs milliers de kilomètres du Kirchberg. — 53

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RÉGLEMENTATIONS

I

ADAPTATIONS DU CADRE RÉGLEMENTAIRE

Entre obligations et opportunités Comme d’autres segments de la finance, l’industrie des fonds doit digérer une vague conséquente de réglementations. Ces enjeux mobilisent tant le législateur que les régulateurs et les acteurs. Ils doivent être appréhendés dans l’optique de renforcer la position privilégiée qu’occupe le Luxembourg.

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l est essentiel de maintenir la confiance qui existe aujourd’hui envers les acteurs de l’industrie des fonds luxembourgeois, confiance que nous avons progressivement construite au fil des années », commente Laurent Van Burik, conseiller, chef de service adjoint, métier OPC – International, réglementation et enforcement au sein de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). En un peu plus de 30 ans, la place financière luxembourgeoise est parvenue à se hisser à la deuxième place mondiale des centres les plus importants au monde en termes d’actifs sous gestion détenus par des fonds, derrière les États-Unis. Dans son développement, l’industrie luxembourgeoise des fonds a toujours su tirer profit des opportunités qui se présentaient à elle, dussent-elles découler de réglementations à première vue contraignantes.

LE LUXEMBOURG PLUS SCRUTÉ QUE LES AUTRES

Dans ce contexte, le rôle du régulateur, qui contrôle, supervise et s’assure du respect des directives et règlements internationaux, n’est pas anodin. « Considérant sa position, Luxembourg fait l’objet d’une vigilance accrue de la part des autorités compétentes au niveau international en matière d’application correcte des exigences établies et notamment de la mise en œuvre des règles issues du droit communautaire », poursuit le conseiller de la CSSF. Plus que pour d’autres places financières, les pratiques luxembourgeoises sont scrutées avec attention. Pour le régulateur, l’obligation de veiller à une conformité exemplaire de tous les acteurs de la Place à l’ensemble des règles édictées est un enjeu-clé. Au delà, en restant proche du marché, la CSSF est aussi l’interlocuteur privilégié et le conseiller du ministère des Finances, qui peut peser de tout le poids de l’industrie dans l’établissement des règles à mettre en œuvre. Chaque changement réglementaire est envisagé avec attention, afin de s’assurer qu’il ne nuise pas à la bonne forme du marché, mais aussi pour permettre à chaque acteur de bien l’appréhender. C’est en étant proactive à l’égard de la réglementation que l’industrie luxembourgeoise des fonds s’est progressivement construite. La place financière, très tôt, a notamment profité de la mise en œuvre d’un passeport communautaire facilitant la distribution transfrontalière des produits d’investissement régulés.

MILLEFEUILLE DE RÉGLEMENTATIONS

Depuis lors, de nombreuses adaptations réglementaires se sont succédé, d’autres sont en préparation. Laurent Van Burik les rassemble en trois grandes catégories : celles qui émanent du droit communautaire, les circulaires émises par la CSSF et enfin celles résultant de

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RÉGLEMENTATIONS

travaux d’institutions internationales comme le FMI ou le Forum de stabilité financière. Les adaptations du cadre qui impliquent les chantiers de mise en conformité les plus importants sont généralement les directives et règlements communautaires, adoptés au niveau de l’Union européenne. « C’est une révision des directives Ucits et AIFM qui nous a occupés dernièrement. Les nouvelles directions empruntées touchent dans les deux cas à une amélioration du passeport permettant la distribution des fonds à travers les différents États de l’Union européenne », commente Laurent Van Burik, qui précise qu’un texte en la matière devrait pouvoir être adopté d’ici la fin de l’année. Les changements, pour autant que certaines adaptations soient faites dans ce contexte, devraient donc profiter au Luxembourg, dont la force tient à sa capacité de distribuer des produits à une échelle transfrontalière. « Les acteurs devraient cependant assez facilement s’adapter dans la mesure où ces adaptations n’affectent pas autant le business que ne l’a fait Ucits IV il y a quelques années, qui modifiait notamment les règles d’investissement. Une possible future directive Ucits VI constituera sans doute un chantier plus important. » En ce qui concerne les fonds alternatifs, la directive AIFM devrait prochainement connaître d’autres modifications dans l’optique d’améliorer ce qui avait été adopté au départ. « Si les enjeux doivent encore clairement être identifiés, on s’attend notamment à des modifications du régime dépositaire en la matière et de la ségrégation des actifs à travers eux sur les différents marchés d’investissement. Les règles actuelles sous les directives Ucits et AIFM sont souvent considérées comme trop contraignantes », poursuit le conseiller de la CSSF. Un règlement concernant les fonds monétaires (les money market funds) entrera pour sa part en application le 21 juillet prochain pour les nouveaux fonds et le 21 janvier prochain pour ceux qui existent déjà. Ce changement implique certaines adaptations de la part des acteurs positionnés sur ce segment, nombreux au Luxembourg et en Irlande notamment.

L’OPPORTUNITÉ DURABLE

« La Commission européenne, par ailleurs, travaille aussi sur les enjeux relatifs à la finance durable, avec l’opportunité envisagée d’instaurer un label vert pour les fonds qui répondent à un cahier des charges précis en la matière. Là aussi, il y a un enjeu pour le Luxembourg de bien se positionner », commente Laurent Van Burik. Dans l’octroi de cette reconnaissance, le régulateur aura certainement un rôle à jouer. La CSSF veut se tenir prête. « Avec ce trend, il y a une opportunité de diversification pour l’industrie des

fonds au Luxembourg qu’il faut pouvoir saisir. Dès lors, nous allons suivre de très près les travaux qui vont dans cette direction et qui s’inscrivent d’ailleurs en parfaite corrélation avec l’orientation prise par la Bourse de Luxembourg. Avec le Luxembourg Green Exchange, celle-ci a mis en place une plateforme d’échange de titres verts. »

ANTICIPER, BIEN ADOPTER, TIRER PROFIT

Pour maintenir sa position, Luxembourg veille à appréhender les changements réglementaires ou de marché de la meilleure des manières. « Il nous appartient de bien accompagner l’élaboration et la mise en œuvre de chaque réglementation pour permettre à notre industrie d’en profiter pleinement au-delà des contraintes qu’elle impose, précise Laurent Van Burik. Dans le cadre d’une directive, cela passe notamment par une bonne adaptation dans le droit national, dans de meilleurs délais pour autant que possible, pour permettre aux acteurs de tirer profit de ce qu’elle instaure. » Et si, depuis la crise, les réglementations se sont succédé, les acteurs luxembourgeois ont su se mettre en conformité avec un certain brio. « AIFM, qui encadre les gestionnaires de fonds alternatifs, s’inscrit dans ce contexte post2008. À travers la directive, l’enjeu était d’avoir une meilleure vision d’ensemble sur leurs activités, de mieux comprendre les risques associés, pour mieux appréhender d’éventuels risques systémiques, poursuit le représentant de la CSSF. Si, à première vue, ce régime pouvait être considéré comme contraignant, Luxembourg a su le transformer en opportunité. » Une bonne transposition de la directive, avec notamment l’instauration d’un double agrément Ucits-AIFM, a permis l’émergence de « super-manco » et surtout une diversification du secteur, avec un succès qui se confirme d’année en année. « La mécanique permet de rapidement identifier les contraintes, mais permet aussi aux acteurs de se repositionner en s’assurant du respect du cadre défini. »

D’AUTRES CONTRAINTES TRANSVERSALES Au delà des textes encadrant sp ci uement les acteurs de l’industrie des fonds, il faut aussi évoquer ceux, plus transversaux, qui s’adressent à l’ensemble de l’ cosyst me nancier. n la mati re, on peut citer l’ uropean Market Infrastructure Regulation mir , ui r gule les marc s des dérivés de gré à gré, et la ecurities inancing ransactions egulation , ui vise une transparence accrue des op rations de nancement sur titres. if cile aussi de passer c t de i d i r, une directive et un r glement relatifs aux marc s d’instruments nanciers, entrés en vigueur en janvier, et de Priips, relatif aux produits d’investissement packagés de détail et fondés sur l’assurance. « es réglementations instaurent des obligations de transparence, souvent complexes à mettre en œuvre et même à appliquer, particulièrement dans le domaine des fonds », commente Laurent Van Burik.

DES CIRCULAIRES POUR MIEUX GUIDER

Au delà des grandes réglementations communautaires, la CSSF émet régulièrement des circulaires permettant de mieux cadrer les acteurs, de garantir le respect des règles en vigueur et la bonne interprétation de celles-ci. « Actuellement, deux circulaires sont en cours d’élaboration, assure Laurent Van Burik. La première viendra préciser les règles de substance des gestionnaires de fonds d’investissement soumis aux dispositions des directives Ucits et AIFM, avec une meilleure définition notamment des ressources humaines et techniques nécessaires, tout en mettant l’accent sur les règles de gouvernance interne et de mesures de contrôles internes pour les gestionnaires de fonds qui Mai 2018 — Fonds d’investissement —

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RÉGLEMENTATIONS

DU KIID AU KID

Priips, qui s’applique à tous les produits d’investissement structurés de détail, et donc pas exclusivement aux fonds, ne concerne pas encore les produits Ucits. D’ici le premier janvier 2020, sous réserve que la Commission européenne s’assure ue cela puisse fonctionner effectivement, il est pr vu d’ tendre le ey nformation ocument id introduit par Priips, aux fonds Ucits. us ue-l , les fonds cits doivent produire des Key nvestor nformation ocuments iid . « Malgré l’entrée en vigueur de cette réglementation Priips au début de l’année, des questions importantes se posent encore sur les règles de calcul des indicateurs à fournir à l’investisseur dans l’optique de mieux l’informer et de le protéger, précise le conseiller de la CSSF. Si nous sommes favorables à une transparence accrue, comme le souhaite le législateur communautaire à travers ces réglementations, nous souhaitons aussi que les règles soient claires et suffisamment bien comprises par l’ensemble des acteurs. Pour l’industrie des fonds, l’enjeu n’est pas négligeable. Cela représente des centaines de milliers de Kid à produire. »

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développent ou souhaitent développer une activité au départ du Luxembourg. » Le texte actuellement en vigueur sera donc adapté, pour apporter plus de clarté à l’ensemble des acteurs, mais aussi pour permettre à la CSSF de mieux mener sa mission de supervision. « La deuxième circulaire en préparation a trait aux règles d’organisation que doivent appliquer les dépositaires attachés à des fonds alternatifs, notamment en matière de ségrégation des actifs, de mise en place d’un comité d’acceptation de mandats et de compréhension de la stratégie d’investissement de son client. » Enfin, si l’on considère la troisième catégorie de règles avec lesquelles doivent composer les acteurs de l’industrie des fonds, à savoir celles émises sur base de travaux ou de recommandations par des institutions internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) ou encore l’Organisation internationale des commissions de valeurs (Iosco), l’instauration de nouvelles exigences est en discussion. « Par exemple, suite à des recommandations du Forum de stabilité financière, l’Iosco et les autorités européennes de surveillance ont pour mission de définir les outils que doivent déployer les gestionnaires de fonds en matière de gestion des liquidités, afin notamment de garantir que la demande de rachat d’un investisseur puisse être honorée aussi en période de crise financière », précise Laurent Van Burik. En qui concerne Mifid/Mifir, qui a un impact sur l’architecture de distribution des produits attachés aux fonds et qui affecte les revenus tout au long de la chaîne de valeur, les éléments se mettent en place. « Luxembourg est cependant vigilant par rapport à l’une des possibilités instaurées par cette réglementation. Une disposition octroie au régulateur d’un pays dans lequel est commercialisé un produit un nouveau pouvoir d’intervention, qui pourrait freiner la commercialisation de celui-ci, explique Laurent Van Burik. On a actuellement peu de visibilité sur la manière dont sera utilisé ce pouvoir d’intervention. »

UN REPORTING TOUJOURS PLUS CONSÉQUENT

En quelques années, les contraintes en matière de conformité et de reporting ont considérablement augmenté. Et cela n’est sans doute pas terminé. « L’enjeu pour les autorités et les régulateurs, au-delà d’une meilleure information à fournir à l’investisseur, est de toujours mieux comprendre les risques liés à l’activité d’investissement, au niveau de chaque entité d’abord, pour mieux les appréhender ensuite à une échelle plus macro-économique. Il est essentiel par exemple d’identifier les effets de levier et de se prémunir de tout risque systémique, assure Laurent Van Burik. Il est sans doute probable,

dans cette perspective, que les acteurs des fonds soient invités à fournir d’autres indicateurs utiles, mais aussi à s’assurer de la qualité de la donnée. » En matière de transparence, un autre enjeu à venir relatif aux Ucits a trait, selon la CSSF, aux frais et commissions liés à la gestion d’un produit d’investissement. Des initiatives européennes et internationales visent leur encadrement, afin de s’assurer qu’ils n’impactent pas de manière non justifiée ou déraisonnable les performances du point de vue de l’investisseur. L’industrie des fonds évolue. Et la réglementation peut constituer un moteur de développement, comme le Luxembourg a régulièrement su le démontrer. Le défi est de rester vigilant pour saisir les bonnes opportunités quand elles se présentent. Dans cette perspective, la place financière pourra toujours s’appuyer sur l’expertise pointue qui s’est forgée au Luxembourg, qui fait le succès des fonds luxembourgeois et que beaucoup nous envient.

GARANTIR LA COMPRÉHENSION DU RÉGIME

Depuis 2008, les réglementations encadrant l’activité liée aux fonds d’investissement se sont multipliées. Aux yeux de la CSSF, toute modification du régime en place, notamment autour des fonds Ucits, est perçue comme positive dans la mesure où elle protège l’investisseur et renforce la confiance qu’il peut avoir en ces produits. « Toutefois, il ne faudrait pas des cycles de révision trop fréquents, tempère Laurent Van Burik. Cela crée une instabilité juridique qui pourrait nuire notamment à la compréhension du produit en dehors de l’Union européenne, là où Ucits est très apprécié, comme en Asie. C’est cette stabilité et cette sécurité liées au produit, adossées à l’expertise forte de la Place et au rôle du régulateur dans ce contexte, qui permettent au Luxembourg de bien le commercialiser. »

CONTRÔLER LES ACTEURS PLUTÔT QUE LES PRODUITS

À l’issue de la crise, et notamment avec la mise en œuvre de la directive AIFM, l’encadrement de l’industrie des fonds a été envisagé selon une toute approche. « AIFM s’est attachée à encadrer les gestionnaires de fonds alternatifs dans la manière dont ils organisaient leurs activités, alors que Ucits implique un contrôle sur le fonds lui-même, nous explique Laurent Van Burik. Aujourd’hui, les logiques d’encadrement ont tendance à converger. Dans ce contexte, l’approche qui consiste à encadrer les gestionnaires plus que les fonds eux-mêmes est de plus en plus privilégiée. Cette démarche devrait permettre de mieux encadrer à l’avenir les gestionnaires qui cherchent à se diversifier, par exemple à travers des fonds d’investissement non régulés. »  S. L.

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À

la fin de l’année 2017, l’Alfi soulignait la demande croissante pour les classes d’actifs alternatifs au Luxembourg. Une triple enquête révélait un intérêt grandissant des investisseurs pour les domaines de l’immobilier, du private equity et des titres de créances. Cette analyse confirme une tendance qui a débuté il y a plusieurs années déjà, et plus particulièrement depuis la transposition dans le droit luxembourgeois de la directive européenne AIFM. « La tendance va se poursuivre et se renforcer, estime Stéphane Ries, head of

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des investisseurs privés fortunés depuis plusieurs années déjà. Cette proportion est plus importante encore chez les investisseurs institutionnels, et elle augmente rapidement. Chez KBL, il y a cinq ans, cinq dossiers sur dix concernaient des fonds ‘traditionnels’. Aujourd’hui, huit sur dix sont relatifs à des fonds alternatifs… »

JUSQU’À 50 % DU PORTEFEUILLE DES INVESTISSEURS INSTITUTIONNELS EN 2030

« La proportion d’investissements alternatifs entre un portefeuille d’un acteur institutionnel et celui d’un privé varie du simple au

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e t n a double, embraye Alexandre Cegarra, CEO de Société Générale Private Wealth Management. 20 % des actifs des institutionnels sont désormais alternatifs. Cette différence s’explique notamment par le fait que ces fonds alternatifs sont plus difficilement accessibles pour les investisseurs privés. » Le constat est partagé par Lucienne Andring, senior business development manager à la Banque de Luxembourg. « Les investisseurs institutionnels, comme les fonds de pension ou les assurances, ont besoin d’un rendement régulier auquel ils peuvent accéder à travers certains types de fonds alternatifs. Ceux-ci représentent donc un vrai intérêt pour eux. Ce n’est pas étonnant si certains estiment qu’en 2030, 30 à 50 % du portefeuille des investisseurs institutionnels seront constitués de fonds alternatifs… » L’évolution des différents fonds alternatifs n’est toutefois pas homogène. « Le terme générique ‘fonds alternatifs’ recouvre plusieurs réalités, explique Alexandre Cegarra. Il y a d’une part les actifs non cotés – immobilier, private equity, dette privée – et, d’autre part, les hedge funds, qui reposent sur des processus de gestion flexibles au sein des actifs cotés. On constate une véritable montée en puissance des actifs non cotés, tandis que les hedge funds, déjà bien présents dans les portefeuilles des investisseurs, ne bénéficient pas d’une telle dynamique. »

MOINS LIQUIDE, PLUS PERFORMANT

C’est sans doute en partie dans cette possibilité de diversifier ses actifs qu’il faut chercher

FONDS ALTERNATIFS

COMMENT BIEN INVESTIR DANS LES FONDS ALTERNATIFS ?

le succès des fonds alternatifs, tant pour les investisseurs privés qu’institutionnels. « Le fait d’ajouter un investissement alternatif à un portefeuille comprenant déjà des actions, des obligations ou du cash est un moyen efficace d’améliorer le couple rendement/risque, estime Stefan Van Geyt, group chief investment officer chez KBL. C’est une vérité qu’on peut évidemment énoncer pour tout type d’investissement. Mais cette combinaison alternatif-traditionnel est devenue vraiment intéressante dans l’environnement actuel, avec des taux d’intérêt bas et l’état actuel du marché des actions. » Cet environnement particulier a aussi permis l’émergence de fonds alternatifs consacrés à la dette privée. « On a assisté à une diminution sensible des prêts bancaires suite à la crise financière de 2008 et aux évolutions réglementaires et structurelles qui ont suivi, explique Lucienne Andring. Le mouvement de désintermédiation du financement en Europe a permis à d’autres acteurs de se positionner et de proposer des sources alternatives de financement de l’économie. Les fonds de dette ont considérablement augmenté en taille et en nombre, et cette tendance va encore s’accentuer. » Enfin, l’attrait des investisseurs pour les fonds alternatifs s’explique également par la nature même des projets qu’ils servent à financer. « Le caractère moins liquide de ces investissements – dans l’immobilier, par exemple – est un élément qui est peut-être plus difficile à accepter pour les investisseurs, mais qui, sur le long terme, offre des perspectives plus intéressantes », indique Stéphane Ries. « Les actifs moins liquides ont la vertu de protéger les investisseurs malgré eux durant les périodes de forte volatilité observées sur le marché, estime également Alexandre Cegarra. En cas de grave crise sur le marché, le biais qui pousse les investisseurs à vendre dans la précipitation n’existe en effet plus. »

LE LUXEMBOURG TIRE SON ÉPINGLE DU JEU…

Cet engouement pour les fonds alternatifs est global. Mais, par rapport à d’autres places financières, comment se positionne le Luxembourg dans la course à la domiciliation de ces fonds ? La performance du Grand-Duché est à cet égard particulièrement positive, surtout en ce qui concerne les fonds alternatifs qui investissent

Stefan Van Geyt, group chief investment officer chez KBL : « Pour les personnes ou institutions qui veulent investir dans le private equity, nous proposons d’utiliser un véhicule qui combine le know-how de notre partenaire, la plateforme d’investissement SwanCap, et un certain niveau de diversification à travers un fund of fund. En ce qui concerne les hedge funds, nous utilisons des formes Ucits plus liquides qui recourent aux mêmes stratégies, tout en étant protégées par la législation Ucits. Notre valeur ajoutée se situe essentiellement dans l’analyse approfondie et continue du monde des fonds alternatifs que nous fournissons à nos clients. Il s’agit d’un élément absolument essentiel si on veut y investir. » Lucienne Andring, senior business development manager à la Banque de Luxembourg : « Il est difficile de donner un même conseil pour toutes les personnes ou institutions qui souhaiteraient investir dans des fonds alternatifs. Tout dépend du portefeuille d’actifs en leur possession, du profil de risque, de l’horizon temps et des possibilités d’immobiliser des liquidités, et ce même pour une institution. Cela dit, il est clair qu’il faut un savoir-faire pour gérer ce genre de placements. L’important est de bien se faire accompagner dans le temps, d’autant qu’on parle tout de même d’investissements qui portent sur 5 ou 10 ans. » Alexandre Cegarra, CEO de Société Générale Private Wealth Management : « De manière générale, il est pertinent de vouloir diversifier ses actifs et ses risques en investissant dans des stratégies alternatives. Toutefois, il s’agit d’une typologie d’actifs complexe, parfois difficile à appréhender et qui présente notamment des structures de frais peu compréhensibles, notamment dans l’immobilier. En outre, il faut savoir que les fonds les plus compétitifs sont souvent inaccessibles pour l’investisseur lambda. Je ne peux donc que conseiller aux investisseurs intéressés de s’adresser à des professionnels qui auront plus facilement accès à ces fonds plus performants. »

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AIF

PART II 155,272

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PART I 3.539,403

UCITS

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… GRÂCE À SA RÉPUTATION, SA STABILITÉ ET SON EXPERTISE

L’expertise du Luxembourg en matière de fonds alternatifs acquiert une renommée à travers toute l’Europe et au-delà. Les possibilités offertes au niveau légal pour structurer des investissements sont aujourd’hui nombreuses. « La fameuse boîte à outils du Luxembourg est particulièrement appréciée, indique Lucienne Andring. Le pays a su proposer des véhicules, à travers les Sicar, Sif et autres Fiar, adaptés aux besoins de chaque gestionnaire. Les demandes des promoteurs de fonds ont été entendues, et notre boîte à outils permet aujourd’hui de proposer la bonne solution à chacun. » Sur le segment des fonds alternatifs, le Luxembourg se positionne comme centre de choix pour la domiciliation de fonds aux ambitions internationales. « Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, 65 % des fonds qui sont destinés à être distribués dans au moins deux pays sont établis au Luxembourg, illustre Alexandre Cegarra. Le track record du pays en ce qui concerne les fonds paneuropéens est donc vraiment parlant. » Enfin, des facteurs plus structurels expliquent aussi le succès que rencontre le Luxembourg dans la domiciliation de fonds alternatifs. « Le pays bénéficie d’un triple A, mais aussi d’une réelle stabilité politique et fiscale, énumère Lucienne Andring. Cet

SICAR

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SOURCE CSSF

dans des actifs tangibles. « Le Luxembourg bénéficie de la plus forte croissance sur le marché des fonds alternatifs, explique Alexandre Cegarra. Si l’on se focalise sur la domiciliation de fonds immobiliers ou de private equity, qui visent une distribution paneuropéenne, le Luxembourg est tout simplement la Place de référence. Par contre, les fonds Caïman restent en tête en ce qui concerne les hedge funds. Notons toutefois que, considérant les parts de marché à l’échelle globale sur ce segment, le Luxembourg a considérablement progressé en passant de 6 % en 2011 à quasiment 16 % en 2016. » Stéphane Ries partage ce point de vue. « Un Américain qui voudrait commercialiser un fonds auprès de résidents européens devra domicilier son fonds sur le territoire de l’Union. Bien souvent, il ne se posera même pas de question et choisira le Luxembourg. Notre expertise dans la distribution transfrontalière des produits d’investissement est en effet largement reconnue. En faisant le choix du Luxembourg, en s’appuyant sur l’expertise de la place financière, le gestionnaire accède plus facilement à l’ensemble des investisseurs du marché européen. Ce facteur explique sans doute aussi l’explosion de la domiciliation de fonds alternatifs au Grand-Duché. »

équilibre qui se maintient dans le temps est particulièrement important pour la catégorie d’investissements qui nous intéresse, puisqu’il s’agit la plupart du temps d’investissements à long terme. »

LES PEPP, L’ENJEU DE DEMAIN ?

On l’a dit, de nombreux facteurs laissent penser que les fonds alternatifs vont poursuivre leur croissance au cours des prochaines années. Et le Luxembourg devrait toujours en profiter. L’une des principales opportunités à venir se situe peut-être dans les fonds de pension paneuropéens. « L’initiative PEPP – produits paneuropéens d’épargne-retraite individuelle – lancée par la Commission européenne a pour but de renforcer le troisième pilier de la pension, c’est-à-dire les plans d’épargne individuels et les produits d’assurance-vie, explique Stéphane Ries. S’ils devaient voir le jour, les PEPP constitueraient un enjeu fondamental pour les acteurs de la gestion de fonds, y compris de fonds alternatifs. Évidemment, d’importants obstacles fiscaux existent encore pour que les différents pays européens s’entendent sur la question, mais il convient d’y rester attentif… »  Q.D.

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POLITIQUE

Franz Fayot LSAP

Joëlle Elvinger DP

QUELLE PLACE POUR LES FONDS ?

quasi-unanimité avec des nuances

Christian Kmiotek Déi Gréng

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PHOTOS Nader Ghavami

Laurent Mosar CSV

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POLITIQUE

L’importance du secteur financier, et particulièrement des fonds d’investissement, ne souffre d’aucune discussion dans la classe politique. À quelques différences près, on retrouve les mêmes accents ou préoccupations au sein des quatre grands partis.

L

a place financière est une réalité qu’on ne peut ignorer » : cette constatation émise par le député Franz Fayot (LSAP) est partagée par les quatre grands partis ayant déjà participé à l’exercice du pouvoir à l’échelle nationale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cela n’a rien d’étonnant : le secteur financier représente environ un quart du PIB et occupe désormais plus de 46.000 personnes, sans compter les entreprises qui bénéficient des retombées des activités de la Place. De même, l’industrie des fonds a pris une envergure considérable, les avoirs dépassant les 4.000 milliards d’euros en termes de volume, un chiffre qu’on a du mal à se représenter tellement il comporte de zéros. Ce qui frappe dans les positions des représentants politiques que nous avons interrogés est l’insistance avec laquelle ils affirment que le pays a tourné la page par rapport aux pratiques du passé, lesquelles ont suscité des critiques massives à l’étranger. Laurent Mosar (CSV) reconnaît qu’il y a eu des abus, Christian Kmiotek (Déi Gréng) évoque les scandales ayant éclaboussé la Place luxembourgeoise, et Joëlle Elvinger (DP) rappelle que le Luxembourg, tout en se situant dans la légalité, courait il n’y a pas très longtemps le risque de figurer sur des listes noires en raison de son opacité dans le domaine fiscal. Nos quatre interlocuteurs soulignent à l’unisson que les temps ont changé et que l’approche des autorités nationales a évolué, en grande partie sous la pression des partenaires européens ou d’organismes internationaux. Aucun n’a cependant relevé le rôle des États-Unis qui, par le biais du Fatca, ont accéléré le changement d’orientation du Luxembourg en matière fiscale. Nos responsables politiques

considèrent en outre que l’industrie des fonds est un secteur à promouvoir sans réserve, car il n’est pas entaché de soupçons d’évasion fiscale, comme ce fut le cas dans un domaine tel que le private banking. La même unanimité règne à propos des instruments ou des produits qu’il s’agit de mettre en vitrine pour redresser l’image quelque peu écornée de la place financière : la finance verte, les fintech et le volet des assurances font partie du hit-parade. De même, les quatre partis politiques se retrouvent sur la même longueur d’onde pour réclamer des conditions équitables aux niveaux fiscal et réglementaire sur le plan international, le level playing field revenant comme un leitmotiv dans les propos de nos interlocuteurs. Une autre expression qu’on entend souvent – en particulier en provenance des partis de gauche – est le refus de participer à « the race to the bottom », Franz Fayot et Christian Kmiotek insistant tous les deux sur la nécessité de ne pas concourir à un nivellement vers le bas, en particulier au niveau des taux d’imposition. Il s’agit là d’une différence notable avec le CSV, Laurent Mosar indiquant pour sa part que le taux global d’imposition des sociétés devrait passer à moyen terme sous la barre des 20 % afin de sauvegarder la compétitivité du pays.

LES 4 ACTEURS

Le arti ouvrier socialiste luxembourgeois (LSAP) compte 13 députés et représente l’une des trois composantes de l’actuelle coalition tripartite. Malgré un recul en pourcentage à l’issue des élections législatives de 2013, il a su garder ses 13 sièges, qu’il occupait lors de la législature précédente. À l’exception de la l gislature , le LSAP a participé à toutes les coalitions gouvernementales depuis 1984. Il n’a toutefois pas réussi à hisser l’un des siens au poste de Premier ministre après la Seconde Guerre mondiale.

Le Parti démocratique (DP) compte 13 députés et est la formation qui a le mieux progressé en termes de sièges aux élections législatives de 2013 (+4 par rapport à 2009). Pour cette raison, il a obtenu le privilège de se voir attribuer le poste de Premier ministre dans une coalition à trois avec les socialistes et les Verts. Le DP a participé à sept reprises à une coalition gouvernementale depuis 1947, soit aux côtés du CSV, soit avec le LSAP. À deux reprises durant cette période, il a pu désigner un Premier ministre : Gaston Thorn en 1974, et Xavier Bettel en 2013.

QUELQUES DIFFÉRENCES D’APPROCHE

S’agissant du départ annoncé du RoyaumeUni de l’Union européenne, les positions se chevauchent là aussi entre les quatre grands partis : ils déplorent sans exception la perspective de perdre un allié de la place financière luxembourgeoise au sein de l’UE et craignent que la City de Londres ne profite Mai 2018 — Fonds d’investissement —

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CSV

et Dé

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POLITIQUE

Déi Gréng compte six députés et participe pour la première fois de son histoire à une coalition gouvernementale. C’est la formation la plus jeune parmi les quatre partis ayant déjà participé à un gouvernement depuis 1947. Les Verts se sont constitués en 1983 et ont connu par la suite des divisions qui ont momentanément affaibli leur représentation au Parlement. arvenant r uni er leur mouvement, ils ont décroché sept sièges en 2004, et réussi à les maintenir en 2009 avant de perdre un siège lors des élections législatives de 2013.

Le arti c r tien-social C compte 23 députés et constitue la formation la plus importante en nombre de sièges à la Chambre des députés. Relégué pour la seconde fois dans l’opposition depuis la Seconde Guerre mondiale après un premier intermède de cinq ans au terme des élections législatives de 1974, le CSV brigue un retour au gouvernement à l’issue des élections du 14 octobre. Depuis 1945, il a fourni au total six Premiers ministres à la tête du gouvernement luxembourgeois : Pierre Dupong, Joseph Bech, Pierre Frieden, Pierre Werner, Jacques Santer et ean-Claude unc er.

de ce découplage pour attiser la concurrence avec les autres places financières européennes au moment où elle ne sera plus tenue d’appliquer les règles communes. Des nuances sont toutefois perceptibles en ce qui concerne l’emploi des nouvelles technologies dans le monde de la finance et des instruments qui en découlent. Les représentants des quatre partis se rejoignent certes sur la nécessité de créer un cadre réglementaire pour protéger les investisseurs et lutter contre toute dérive illégale ou criminelle. L’enthousiasme à l’égard des technologies blockchain est toutefois plus prononcé au CSV et au DP, Laurent Mosar et Joëlle Elvinger étant tous les deux d’avis qu’il ne faut surtout pas rater le train en marche. Du côté socialiste, Franz Fayot souligne le potentiel de ces nouveaux instruments et invoque la diversité d’utilisation des ICO, qui exigent un traitement différent selon qu’il s’agit d’un moyen de paiement ou d’un actif numérique (token) pour financer un service ou servant de participation au capital de création d’un business. Il mise cependant sur une approche prudente, à l’instar de la CSSF, qui n’a pas encore osé s’aventurer sur ce terrain pour mettre en œuvre une politique d’encadrement. Quant aux Verts, Christian Kmiotek met l’accent sur les dangers que ces outils recèlent et maintient une distance critique à leur égard. L’image brouillée du Luxembourg et de sa place financière a tempéré l’ardeur des responsables politiques et économiques à promouvoir les niches de souveraineté, qui faisaient autrefois le bonheur de la Place. L’expression même des « niches » est partiellement bannie du vocabulaire, et le Grand-Duché s’est mis à l’ouvrage pour remodeler son nation branding. À l’instar des produits du terroir ou des vignobles mosellans dont les crus se voient apposer une marque nationale, le pays s’est doté d’outils de promotion pour redorer le blason de la place financière à l’étranger : Luxembourg for Finance s’investit à fond dans cette mission, aux côtés d’organismes plus spécifiques tels que l’ABBL ou l’Alfi. Nos quatre interlocuteurs insistent sur la nécessité pour la place financière d’avoir une bonne réputation, car elle rejaillit automatiquement sur l’industrie des fonds. Celle-ci peut tabler sur le succès de ses produits d’exportation, en premier lieu les Ucits, dont la directive a été transposée au Luxembourg il y a exactement 30 ans.

les missions économiques menées à l’étranger sous l’égide d’Étienne Schneider en tant que ministre de l’Économie. Déi Gréng insiste davantage sur le volet écologique, mettant en avant son intérêt primaire pour la finance durable et la transition énergétique. Le principal parti d’opposition est quant à lui assis entre deux chaises : d’un côté, il soutient la politique gouvernementale, dont les efforts visent à rendre la place financière conforme aux normes internationales et à garantir cette bonne réputation qui lui a fait quelque peu défaut dans un passé récent. D’un autre côté, le CSV n’hésite pas à émettre des critiques sur des points précis. Laurent Mosar juge ainsi que le gouvernement actuel est resté trop timide dans la refonte législative de la propriété intellectuelle. Il dénonce aussi l’excès de zèle de ce même gouvernement dans la transposition de la directive sur le dépôt de garantie des banques, estimant qu’en allant plus loin que les autres pays européens, le Grand-Duché impose aux banques un coût supplémentaire qui les défavorise par rapport aux autres établissements bancaires en Europe. Il critique par ailleurs la lourdeur accrue des procédures au Luxembourg, alors que dans le passé, leur exécution rapide constituait un atout certain. Le CSV prône en outre un renforcement massif du ministère des Finances en termes de personnel, une allusion indirecte aux nombreux départs qui ont affecté ce département lors de cette législature.  L. M.

ENTRE MAJORITÉ ET OPPOSITION

La perspective des élections législatives au mois d’octobre oblige les partis politiques à faire entendre leurs différences par rapport à leurs concurrents. Tandis que le DP, qui dirige le ministère des Finances sous la férule de Pierre Gramegna, prône la continuité et insiste sur les efforts ayant été effectués en matière de conformité et de transparence, le LSAP s’appuie sur 64 —

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POLITIQUE

JOËLLE ELVINGER

(DP)

« Nous râlons à un haut niveau » On ne peut pas faire beaucoup plus. Par ailleurs, une promotion intense est faite avec l’aide de Luxembourg for Finance et à travers les missions économiques. Nous ne risEn matière de fonds, Luxembourg est la deuxième place quons plus de figurer sur une liste noire, nous avons beaufinancière la plus importante dans le monde et occupe la coup réglementé et légiféré pour améliorer la réputation position de leader en Europe. Il est important de garder ce de notre place financière. Cela aussi fait partie de la proleadership. La place financière est un moteur de la crois- motion. Nous avons mis en route une réforme fiscale, rétasance qualitative, car elle représente 11 à 12 % de l’emploi, bli les finances publiques et réussi à conserver la notation générant près d’un tiers du PIB. Elle crée une plus-value AAA. La stratégie de promotion de notre gouvernement est non négligeable pour notre pays. Nous avons récemment bonne et nous devons nous assurer que la place financière conclu avec la France une convention visant à éviter la garde cette bonne réputation. double imposition et qui inclut les fonds. Ce n’était pas le cas dans la convention précédente de 1958, car on ne par- Que peut espérer le Luxembourg lait pas encore d’une industrie des fonds à l’époque. Cet dans le cadre du Brexit ? exemple montre que tout est entrepris pour que la Place Nous voyons que beaucoup de sociétés de fonds et de compuisse se développer et préserver sa position de leader. pagnies d’assurances s’établissent au Luxembourg en raison du Brexit. Cela implique aussi que nous devrons réfléchir à Co ent en isa e ­ ous l a enir e ce secteur long terme, au niveau de l’Union européenne, à l’avenir de au Luxembourg ? notre place financière et à la stratégie à mener de concert On peut décrire l’avenir en quatre mots-clés : d’abord, la avec les autres pays membres. En effet, avec Londres comme Place devient toujours plus verte. Avec le Luxembourg Green centre international, nous perdons un allié important qui a Exchange, la moitié des obligations vertes émises dans le toujours défendu les intérêts des places financières orienmonde sont cotées à la Bourse de Luxembourg. Ensuite, tées vers les marchés internationaux, alors que Francfort elle devient plus internationale, parce que l’environnement et Paris sont davantage des places financières nationales. international y contribue et parce que nous occupons cette Nous devons accepter ce défi, mais cette perspective offre position de leader. En troisième lieu, le secteur devient plus aussi des opportunités dans le secteur de l’assurance, au transparent, il suffit de penser au Gafi et au fait que nous niveau des fintech ou de la finance durable. La Place se avons fait beaucoup d’efforts pour être rayés des listes noires. porte bien et nous râlons à un haut niveau. Enfin, le secteur devient toujours plus digital, ce qui signifie davantage de valeur ajoutée et de croissance qualitative. aut­il re oir le ca re fiscal et ré le entaire pour Co ent otre parti se positionne­t­il l é ar e la place financi re et en particulier e l in ustrie des fonds ?

Il est important de fixer un cadre pour les monnaies virtuelles. Cela ne peut se faire à n’importe quel prix. À ma connaissance, la CSSF n’a pas encore donné d’agrément pour les ICO, mais elle est disposée à le faire sous certaines conditions et à partir du moment où on lui présente un bon dossier. aut­il re oir la straté ie e la pro otion es fon s et e la place financi re

Pierre Gramegna a souligné dans son bilan qu’il a fait plus de 200.000 kilomètres pour promouvoir la place financière.

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autres centres

Nous devons nous adapter, c’est sûr. Nous avons une réforme fiscale derrière nous et rien ne nous empêche d’introduire à l’avenir de nouveaux éléments ici ou là. Mais la fiscalité n’est qu’un critère parmi beaucoup d’autres. Le Luxembourg dispose de nombreux atouts, que ce soit au niveau des voies administratives ou de la réputation de notre place financière. Il ne s’agit pas de brader quoi que ce soit. Quant au cadre réglementaire, il faut souligner que la réglementation européenne est la même pour tout le monde. Nous devons nous y conformer sans pour autant être plus contraignants que les autres pays, de manière à avoir un level playing field. Les autorités doivent rester réactives. L. M.

PHOTO Nader Ghavami

tre co pétitif is­ ­ is

Co ent la place financi re oit­elle se positionner is­ ­ is es ICO initial coin offerings) ?

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POLITIQUE

FRANZ FAYOT

(LSAP)

« S’écarter des niches fiscales » Quand on sait qu’environ 40 % des recettes dérivent directement ou indirectement de la place financière, celle-ci est une réalité qu’on ne peut ignorer. Nous observons son développement de manière critique. Elle s’est développée avec le private banking et le secret bancaire, ce qui ne nous a pas apporté que des bonnes choses en termes de réputation. Mais la place financière est en train d’évoluer. Quant à l’industrie des fonds, fleuron de la Place luxembourgeoise, nous la voyons d’un œil positif. Cette histoire à succès a commencé en 1988 avec la directive Ucits que nous avons transposée rapidement. Les Ucits sont un produit d’exportation qui fonctionne bien. L’industrie des fonds est quasiment dépourvue de scandale et était résiliente pendant la crise financière. Pour nous, c’est l’exemple de l’instrument que notre place financière doit continuer à résolument promouvoir.

Co ent en isa e ­ ous l a enir e ce secteur au Lu e bour

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aut­il re oir la straté ie e la pro otion es fon s et e la place financi re

Nous devons bien réfléchir au message que nous voulons diffuser. Pendant longtemps, le développement de la place financière était tel que nous avons mis en avant l’environnement libéral que le législateur accompagnait et favorisait activement. Nous savons que les attraits fiscaux sont perçus aujourd’hui de manière très critique sur le plan international. La même chose vaut pour l’arbitrage réglementaire. Nous devons concentrer notre communication sur le fait que nous sommes un pays plurilingue, ouvert, cosmopolite, idéalement situé en Europe, avec un grand savoir-faire pour de nombreux produits. Il faut faire abstraction des niches fiscales et cesser de considérer la CSSF comme une agence de promotion, ce qu’elle n’est plus. ue peut espérer le Lu e bour u re it

ans le ca re

Un avenir plutôt positif : certaines industries comme celle des fonds sont toujours vigoureuses et se développent bien, d’autres sont en mutation. Et l’on doit s’interroger sur la valeur ajoutée que l’on peut encore apporter au client en matière de private banking lorsque ce n’est pas pour faire de l’optimisation ou de l’évasion fiscale avec des structures complexes. Si la politique actuelle de diversification de notre économie porte ses fruits, celle-ci sera moins dépendante d’un seul secteur. La place financière doit se concentrer sur les industries durables et les fintech, et développer son savoir-faire dans ces domaines.

Des compagnies d’assurances ont décidé de s’établir ici parce qu’elles disent apprécier le fait que le Luxembourg dispose d’un régulateur proactif et réactif, spécialisé dans les opérations d’assurance, à la différence d’autres pays qui ont un régulateur global pour l’ensemble de la place financière. Dans le domaine de la gestion des actifs, plutôt que de nouveaux acteurs, ce sont surtout des gestionnaires déjà établis au Luxembourg qui renforcent leur présence. D’un point de vue politique, le Brexit est un scénario perdant-perdant, car la place financière de Londres était toujours notre alliée dans les discussions européennes et représente un marché d’exportation important pour nos services financiers.

Co ent la place financi re oit­elle se positionner is­ ­ is es ICO

aut­il re oir le ca re fiscal et ré le entaire pour tre co pétitif is­ ­ is autres centres

Nous ne sommes pas fondamentalement « anti-tech », notamment en ce qui concerne la technologie blockchain, qui recèle beaucoup de potentiel. Par contre, pour les monnaies virtuelles, on observe un phénomène spéculatif, une grande volatilité et un risque important combiné à une promesse de profits d’une bulle financière classique. Les cours qui montent ont un pouvoir d’appel pour les petits épargnants, qui risquent de perdre tout leur argent. Aussi, les avertissements de la CSSF sont absolument justifiés, tant pour les monnaies virtuelles que pour

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les ICO. En l’état actuel des choses, nous sommes sur la même ligne qu’elle.

Fondamentalement, du point de vue du LSAP, la concurrence fiscale n’est pas un phénomène vertueux, car on essaie de manière un peu artificielle de se procurer des avantages par rapport à d’autres pays, avec des conséquences pas toujours heureuses. C’est pourquoi nous pensons qu’il faut éviter de prendre cette direction, d’autant plus que lors de la dernière réforme fiscale, nous avons abaissé les taux de l’IRC. Nous devons mettre d’autres avantages en vitrine. Il n’est jamais bon de participer au nivellement par le bas (race to the bottom).  L. M.

PHOTO Nader Ghavami

Co ent otre parti se positionne­t­il l é ar e la place financi re et en particulier e l in ustrie es fon s

— Fonds d’investissement — Mai 2018

18/04/2018 18:49


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POLITIQUE

CHRISTIAN KMIOTEK

(DÉI GRÉNG)

« Une question d’équité » La Place représente une grande part de notre PIB et de notre emploi, il faut donc la manier avec prudence. Toutefois, les scandales tels que LuxLeaks ou les Panama Papers ont mis en lumière les inégalités au sein de notre pays, mais aussi au niveau global. Le Luxembourg est toujours prompt à demander un level playing field, mais il doit aussi faire des efforts. C’est ce qui s’est passé au cours des quatre dernières années avec la coalition tripartite. Bien sûr, l’atterrissage ne peut pas être trop brutal, mais pour Déi Gréng, il s’agit d’un objectif à long terme, car nous souhaitons que l’État puisse se financer. Les impôts servent aussi d’instrument de guidage et contribuent à créer un équilibre entre ceux qui ont des épaules plus larges et les autres. Par ailleurs, nous ne souhaitons pas participer au nivellement par le bas (race to the bottom), notamment en ce qui concerne l’impôt sur les sociétés. En ce qui concerne plus spécifiquement l’industrie des fonds, elle est propre d’un point de vue fiscal, mais souffre de la mauvaise image de la place financière suite aux scandales.

Co ent en isa e ­ ous l a enir e ce secteur au Lu e bour

Ce sont bien entendu les fonds durables qui nous tiennent le plus à cœur. Des initiatives ont été lancées, mais il faut prendre garde que ce ne soit pas du greenwashing. L’expression « durable » revient souvent, mais il faut savoir ce que cela veut dire. Elle concerne en fait trois volets : écologique, économique et social. Notre ministre de l’Environnement et le ministère des Finances ont présenté des idées qui offrent une chance de cofinancer la transition énergétique. Des initiatives doivent venir aussi de la BEI. Un autre sujet qui domine chez les Verts au niveau européen est le désinvestissement de la production d’énergie et, plus généralement, d’une économie basée sur le carbone, c’est-à-dire l’abandon du charbon, du gaz et de l’uranium au profit des énergies renouvelables et des industries qui y recourent. Cela devrait être la tâche des fonds publics, des fonds de pension et des fonds d’investissement.

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Co ent la place financi re oit­elle se positionner is­ ­ is es ICO

Je me pose des questions à ce sujet. Ce qui intéresse notre parti est l’économie réelle. Or, je me demande quel lien les monnaies virtuelles ont avec celle-ci. Ces monnaies virtuelles peuvent aussi être utilisées pour des activités illégales ou criminelles, ce qui irait à l’encontre de l’objectif de notre place financière : tourner le dos à l’époque du blanchiment fiscal. Quant aux ICO, le danger est qu’elles ne sont pas encadrées juridiquement. Le consommateur ou l’investisseur n’est pas du tout protégé. Il faut donc faire preuve de prudence. aut­il re oir la straté ie e la pro otion es fon s et e la place financi re

Le fait que le Luxembourg se soit retrouvé dans le collimateur constituait une crise, et une crise offre toujours une chance d’agir autrement. C’est ce qui se produit actuellement. Quant au nation branding, on ne peut que vendre ce qui correspond à la réalité, sinon ça ne fonctionne pas. Les fonds ont tout à gagner s’il existe un level playing field en matière fiscale. C’est bien entendu aussi une question d’équité. ue peut espérer le Lu e bour u re it

ans le ca re

Il apparaît que de nombreuses firmes veulent s’établir sur le continent pour des raisons de sécurité juridique et pour garder l’accès au grand marché. Le Luxembourg reçoit sa part. L’industrie des fonds a le plus à gagner à partir du moment où nous disposons d’un encadrement sérieux, où nous adoptons une stratégie de conformité en Europe. Si la Grande-Bretagne se trouve en dehors, elle a fait son choix librement. Nous ne pouvons rebattre nos cartes que parmi les 27. aut­il re oir le ca re fiscal et ré le entaire pour tre co pétitif is­ ­ is autres centres

À partir du moment où nous avons une monnaie commune, nous devons aussi bâtir une économie commune, sinon des distorsions se produisent, comme on l’a vu avec la Grèce et d’autres pays du Sud. Le corollaire d’une économie commune est d’avoir à un moment donné une politique fiscale commune, quitte à ce que des nuances persistent. Ce n’est jamais tout à fait pareil d’un pays à l’autre. Mais tout nivellement par le bas doit cesser.  L. M.

PHOTO Nader Ghavami

Co ent otre parti se positionne­t­il l é ar e la place financi re et en particulier e l in ustrie es fon s

— Fonds d’investissement — Mai 2018

18/04/2018 18:54


ALFI LONDON COCKTAIL AND CONFERENCE 2 & 3 May 2018, Central Hall Westminster, London Highlights of the agenda: •

A perspective of the future Luxembourg Fund Industry from the Minister of Finance

The future of Asset Management through the eyes of CEO’s

To disrupt or to enable, a focus on transformational change

Can the eco-system of Investor Protection keep pace with transformational change?

What will the Regulator of tomorrow look like?

Specialist afternoon workshops covering: – UCITS innovation – Private Equity Funds (in partnership with LPEA) – Real Estate Funds – A focus on Sustainable Finance (in partnership with LuxFLAG) – A new stream covering Living and Working in Luxembourg: myths and reality (in partnership with LFF)

Join the ILA seminar on 2 May from 4pm - 6pm focusing on the importance of Luxembourg Fund Governance followed by the ALFI London Cocktail from 6pm - 8pm. The ALFI London Conference is taking place on 3 May from 9am - 3.30pm.

Confirmed Speakers include:

HE Pierre Gramegna Luxembourg Minister of Finance

Megan Butler FCA

David Hagen CSSF

Nichola Marshall Sparinvest

Eamon Devlin MJ Hudson

Joanna Munro HSBC Global Asset Management

Maxime Carmignac Dame Helena Carmignac Gestion Morrissey DBE Luxembourg Legal and General Investment Management

Jean-Francois Gillard CBRE

Rajaa MekouarSchneider Kharis Capital

Alexia Latortue EBRD

Martin Parkes BlackRock

Why this is a must attend event: • • • •

Join 1200+ industry experts from Luxembourg and the UK at ALFI’s biggest event Benefit from numerous networking opportunities with top representatives all gathered in one place Use the opportunity to engage with the ALFI community representing the second largest investment fund domicile in the world Debate innovation in operations, product development and strategic issues which matter to your business

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POLITIQUE

LAURENT MOSAR

(CSV)

« S’adapter en permanence » Nous sommes fiers de notre place financière et de la contribution de personnes telles que Pierre Werner, Jean-Claude Juncker et Luc Frieden. La performance de notre industrie des fonds, qui occupe la première place en Europe et la deuxième dans le monde, est impressionnante pour un pays de 600.000 habitants. Je ne cache pas que, dans le passé, il y a eu des abus. Aussi soutenons-nous le gouvernement actuel dans sa volonté de mettre un frein aux rescrits fiscaux. Nous partageons également son approche pour les directives sur l’échange d’informations, sur la lutte contre le blanchiment et sur Mifid, car la réputation de la place financière et du pays en dépend. Co ent en isa e ­ ous l a enir e ce secteur au Lu e bour

Nous vivons dans un monde globalisé, ce qui veut dire que la concurrence s’accroît. L’impact réglementaire est énorme, surtout pour les banques, qui ont plus de difficultés à gagner de l’argent. Un grand potentiel existe par contre dans l’industrie des fonds, avec de nouvelles possibilités au niveau des green funds et des fintech. Le Luxembourg a aussi la chance d’avoir d’excellentes relations bilatérales avec la Chine : nous aurons bientôt neuf banques chinoises, et la Chine considère le Luxembourg sur le plan économique comme une porte d’entrée vers l’Europe. Un autre volet prometteur est celui des technologies blockchain et des monnaies virtuelles.

aut­il re oir la straté ie e la pro otion es fon s et e la place financi re

Notre place financière dispose d’un bon cadre législatif, d’un grand savoir-faire et de nombreuses compétences. Un problème vient actuellement d’une proposition de la Commission européenne de transférer certaines compétences des régulateurs nationaux vers l’Esma. Nous devons nous défendre pour éviter de rendre les procédures plus compliquées, longues et coûteuses, avec le risque de chasser des fonds de l’UE. Nous avons en outre l’impression que le gouvernement fait du gold-plating, c’est-à-dire qu’il va plus loin que ce que prévoient les directives. Un exemple est le dépôt de garantie des banques, qui doivent supporter un coût supplémentaire par rapport aux concurrents européens. Nous plaidons pour une transposition de la directive, toute la directive, rien que la directive. ue peut espérer le Lu e bour le ca re u re it

ans

Le Luxembourg entretient des liens étroits avec le secteur des fonds à Londres. Je n’ai pas abandonné l’espoir que les Britanniques puissent revenir sur leur décision de quitter l’UE, mais si ce n’est pas le cas, nous avons quelques bonnes cartes en main. Nous devons miser sur les entreprises existantes pour qu’elles ramènent des activités supplémentaires, y compris dans le secteur des assurances. aut­il re oir le ca re fiscal et ré le entaire pour tre co pétitif is­ ­ is autres centres

Le monde change si vite que l’on doit s’adapter en permanence. Cela dit, nous étions connus pour être un pays peu Co ent la place financi re oit­elle se positionner bureaucratique, rapide et peu coûteux. Sous l’actuel gouis­ ­ is es ICO vernement, tout est devenu plus compliqué, évidemment Les monnaies virtuelles présentent un risque, car elles ne aussi du fait de la pression de l’UE et de l’OCDE en matière sont soumises à aucun contrôle. Nonobstant, je crois que de réglementation. J’ai le sentiment que ces dernières années, les technologies blockchain sont un instrument d’avenir. nous avons perdu du terrain par rapport à d’autres pays. La proposition de notre groupe parlementaire est de créer Nous devons simplifier nos procédures de façon à rester aussi vite que possible un cadre juridique pour protéger le attractifs. En ce qui concerne l’impôt sur les sociétés, nous client contre les abus et éviter que les monnaies virtuelles ne pourrons éviter de baisser à moyen terme le taux glosoient utilisées pour le blanchiment et la grande crimina- bal sous les 20 %, quitte à procéder en plusieurs étapes. De lité. Quant aux ICO, la place financière de Luxembourg plus, nous devons attirer des talents créatifs et innovants peut saisir sa chance, notamment en termes de modalités de l’étranger, leur offrir des logements convenables, être de paiement. Nous estimons par ailleurs que la nouvelle performants au niveau de la mobilité et du système scolaire. IP Box que le gouvernement a mise en œuvre ne tire pas Nous pensons également que le ministère des Finances n’est tout le potentiel de ce que la directive aurait pu permettre, pas assez étoffé, ne serait-ce que pour la transposition de en particulier par rapport aux PME. directives où nous perdons beaucoup de temps.  L. M.

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PHOTO Nader Ghavami

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CARTES BLANCHES

PERSPECTIVES

Quel avenir pour les fonds d’ici 2030 ? Nouvelles réglementations, Brexit, digitalisation, intelligence artificielle… sont autant de paramètres qui redessinent peu à peu le paysage des fonds. Paperjam a invité des acteurs du secteur à livrer leur vision de l’avenir des fonds d’ici 2030.

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— Fonds d’investissement — Mai 2018

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CARTES BLANCHES WAVESTONE

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE SECURITIES SERVICES

Les enjeux de la prochaine décennie

Quelles sont les tendances longues du marché des fonds ?

L

e niveau des actifs gérés par les sociétés de gestion en Europe a été doublé au cours des 10 dernières années, pour atteindre un peu plus de 20.000 milliards d’euros. D’ici 2030, 30 à 40.000 milliards d’euros d’actifs seraient gérés avec une croissance similaire. Plus de 70 % de ces actifs sont détenus par les investisseurs institutionnels ; les particuliers en détiennent 25 %. Pour la prochaine décennie, nous anticipons plusieurs enjeux : La vulgarisation des produits d’investissement. La simplification de la codification et de la littérature relative aux produits financiers, qui est une clé pour augmenter leur attrait aux yeux des particuliers. La codification de ces produits, notamment le Kid Priips, ou prospectus, reste difficilement compréhensible. L’aménagement de la réglementation, qui permettrait une plus large diffusion des fonds d’investissement à travers des nouveaux canaux de distribution tels que les réseaux sociaux et les géants du numérique. Ainsi, les procédures d’entrée en relation devraient être simplifiées pour fluidifier les transactions en ligne et permettre un traitement instantané des premières souscriptions. Les processus AML/ KYC représentent un véritable défi en matière de vulgarisation des produits financiers pour les acteurs qui ont la charge du traitement des opérations.

DIGITALISATION

La dématérialisation de la documentation actuellement proposée facilite l’accès aux produits financiers. Toutefois, la digitalisation se limite majoritairement aux activités front-office. En effet, la documentation requise est importante, et une certification originale est parfois demandée. Si les documents pourront, d’ici 2030, être fournis via des plateformes sécurisées, le traitement du risque par des outils informatiques intelligents ne saurait totalement remplacer l’analyse humaine afin d’apprécier adéquatement le risque client.

AUTOMATISATION DES PROCESSUS

Selon une étude réalisée par Wavestone en 2017, un tiers des participants avaient exprimé la mise en œuvre d’intelligence artificielle et de logiciels dits RPA dans leurs chaînes d’administration de fonds afin d’améliorer les relations client, augmenter la productivité sur les activités ou de repenser certains modèles d’affaires. Compte tenu des coûts de mise en œuvre, nous estimons une évolution de ce chiffre de 40 % à 50 % d’ici 2030. Ces approches supposent que les activités de back-office évolueront d’une logique d’exécution vers des opérations d’analyse, en laissant l’exécution aux robots ! 

Kabanga Michel Kayembe Associé Wavestone

Olivier Renault Country manager Société Générale Securities Services

L

es caractéristiques du marché des fonds d’investissement sont les suivantes : Dans un environnement de taux d’intérêt bas ou négatifs et de transparence sur les frais de gestion, la pression sur les coûts de production ne fait qu’accélérer. Cette tendance devrait s’accentuer. La gestion passive, permettant de suivre un indice avec des frais de gestion très faibles, prend de plus en plus d’importance. En 2013, elle représentait 5 % des actifs, elle en représente aujourd’hui 9 %. Pour rappel, la croissance des ETF est supérieure à 30 % par an, selon l’Efama. La gestion dite alternative va continuer de croître, principalement parce que les investisseurs sont à la recherche de performances supérieures à celles offertes par les traditionnels fonds Ucits. Les fonds de private equity continuent de disposer de liquidités abondantes, ils se développent notamment de manière importante au Luxembourg. Les fonds de dette et real estate sont également en forte croissance. Ces actifs, jusque-là considérés comme alternatifs, suscitent de plus en plus d’intérêt côté investisseurs, au point que la plupart des sociétés d’asset management renforcent leurs équipes de gestion dans ces domaines. La directive AIFM a certainement facilité cette émancipation des fonds alternatifs.

Enfin, le secteur connaît aussi des évolutions liées à la digitalisation, avec notamment l’émergence des start-up. Celles-ci s’appuient sur l’intelligence artificielle pour optimiser la gestion, ou sur le big data pour renforcer le ciblage des clients. Elles forcent les asset managers classiques à faire évoluer leurs pratiques.

LES CONSÉQUENCES SUR L’INDUSTRIE DES FONDS EN 2030

Dans 10 ans, l’industrie devrait être encore plus automatisée, encore plus orientée client, et avec des moyens de distribution multiples. La gestion passive et les ETF pourraient concentrer entre un tiers et la moitié des actifs investis dans les fonds en 2030, obligeant l’industrie à revoir son organisation interne et la gestion de ses commissions. Le développement des ETF va aussi de pair avec la digitalisation de la distribution des fonds d’investissement, qui devrait devenir le standard dans les années 2030. Enfin, le développement des nouvelles technologies lié à la pression sur les coûts va mener à davantage d’efficacité opérationnelle. L’industrie des fonds devrait être à la fois plus automatisée et plus flexible qu’aujourd’hui. L’utilisation des données des clients va se généraliser, et la distribution digitale va devenir de plus en plus personnalisée. 

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CARTES BLANCHES LINKLATERS LLP

ATOZ

2030 : focus sur l’expérience client de l’investisseur

Vers l’émergence de colosses de la gestion d’actifs ?

Arnaud Godfroid Associate Investment funds Linklaters LLP

E

n 2030, les millennials, qui constitueront le principal groupe d’investisseurs, se verront proposer un vaste choix d’investissements qu’ils sélectionneront, en ligne avec leurs valeurs éthiques, sociales ou écoresponsables. Ces derniers auront été préalablement suggérés avec acuité par un robo-advisor qui n’aura de cesse d’apprendre à cibler leurs attentes et leur proposer des produits en ligne avec celles-ci. Ces millennials auront dès lors la faculté d’acheter des fonds à travers une plateforme digitale intégrée, simplifiant drastiquement le processus de souscription et leur offrant une expérience client optimale. Tandis que l’utilisation des réseaux sociaux et plateformes digitales du futur permettra à la fois de cibler et d’atteindre l’investisseur tout en lui offrant une interaction plus directe avec les gestionnaires, les obstacles à une large distribution et à une souscription moins paperassière et frustrante auront alors été levés par une unification d’un certain nombre de procédures, en particulier quant à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (AML). Ces avancées procédurales et l’arrivée à maturité des récents progrès technologiques (blockchain, etc.) auront notamment permis la mise en place d’une plateforme AML unique, ou encore d’un bus de communication standardisé, qui auront grandement

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participé à l’homogénéisation du processus de souscription et, partant, à l’accessibilité des produits d’investissement. Tels sont quelques-uns des défis et perspectives des schémas actuels d’offre et de distribution des produits d’investissement, marqués tous deux par les progrès technologiques et techniques dont le rythme ne cesse d’accélérer. Ces avancées supposent toutefois, pour leur pleine exploitation, un cadre réglementaire adapté qui, tantôt, éliminera les entraves légales existantes, tantôt, s’en révèlera être le catalyseur. Face à cette vague de progrès qui croît de façon exponentielle, les acteurs de l’industrie des fonds luxembourgeois ont cependant d’ores et déjà pris le parti d’éviter le duck dive et de se projeter en 2030 afin de se positionner aux avant-postes de ces évolutions. À l’ère où investir consistera essentiellement à apposer son empreinte sur son smartphone, nous pouvons espérer avec optimisme que ce travail d’anticipation aura mené le Grand-Duché de Luxembourg au tout premier rang de la digitalisation du marché des fonds d’investissement. 

L

a fin des années 2000 et la crise de la dette ont amené le législateur européen à appréhender les risques systémiques et à garantir une transparence maximale, tout en permettant aux régulateurs nationaux et européens de limiter l’exercice du cadre de leur contrôle prudentiel sur les organes décisionnels effectifs. Les entrées en vigueur des directives AIFM et Mifid II et, en conséquence, une certaine sophistication et professionnalisation bienvenue des acteurs de marché en ont découlé. Cette mue initiée en Europe il y a 10 ans est à notre sens loin d’être terminée et animera encore le monde de la gestion d’actifs dans les prochaines années et, au vu du chantier en cours, certainement jusqu’en 2030 et au delà. Si la valeur totale des actifs sous gestion des fonds européens représente plus de 15.000 milliards d’euros logés dans plus de 55.000 fonds, le marché US est significativement plus important dans ce contexte, même si seulement 15.000 fonds environ y sont référencés. Le nombre de fonds en Europe est nettement plus important, ce qui représente un coût structurel additionnel non négligeable. Partant de ce constat, l’UE entend promouvoir une certaine rationalisation de la levée de capitaux en Europe afin de permettre aux fonds européens de réaliser des économies d’échelle, à l’avantage des investisseurs, mais surtout pour soutenir les

leviers de développement et de croissance européens. La première étape passera dans les 12 prochains mois par une facilitation accrue des modalités de distribution transfrontalière des fonds au sein de l’UE. Néanmoins, l’ambition politique à long terme est certainement celle de la mutualisation des « conduits » d’investissement. En 2030, la dynamisation de l’économie européenne sera essentielle pour relever l’ensemble des défis technologiques, sociaux, logistiques, industriels et énergétiques. Les besoins de financement seront par conséquent importants, et une gestion intelligente de l’allocation des capitaux devrait favoriser l’émergence de gestionnaires d’actifs d’envergure en Europe, capables d’optimiser les structures de coûts, au même titre que les vaisseaux amiraux US existant aujourd’hui. Une question reste cependant latente à ce stade : Est-ce que ceci correspond pleinement à un modèle économique européen, terreau fertile de PME, d’entreprises familiales et de start-up souvent financées par des investisseurs privés, dans un contexte de tiraillement entre plus ou moins d’intégration européenne ? 

Benoît Kelecom Asset management leader Atoz

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CARTES BLANCHES INTERTRUST LUXEMBOURG

BANQUE DE LUXEMBOURG

A promising future for investment funds

Un modèle ayant fait ses preuves pour affronter un avenir incertain

Anja Grenner Director Funds Intertrust Luxembourg

O

n a general note, investment funds are for me the future for Luxembourg. They have formed a sustainable anchor already in the past, at least since 1988, when Ucits were born. With Sif, Sicar and Raif, it brought alternative assets to Luxembourg, still small compared to Ucits, but growing strongly. Back-office work was what Luxembourg provided, supported by a stable political system, strong supervision and a well-developed network of service providers. AIFM brought certain middle-office functions to Luxembourg, triggered by stronger compliance control, substance requirements, transfer pricing, etc. At the same time, AIFM triggered the reassessment by many alternative fund managers of the jurisdictions to use for their fund vehicle, which is, still today, often not Luxembourg, but the Channel Islands, the Caymans or others. The passporting regime, reducing the alternative distribution roles of private placements or reserve solicitations, made Luxembourg a more viable alternative. I think to recap the evolution of funds in Luxembourg is vital to understand where we are going over the next decade or so. With more regulation on the horizon, whether Mifid II, AIFMD II, or any other new piece of regulation on the one side and strong competition among fund managers for best distribution on the other

side, more alternative funds will enter Luxembourg. This said, I do think that the servicing models will diversify strongly over the next years. Some asset managers increase substance, while others outsource as much as possible. In all cases, regulation, compliance, controls will increase significantly, hence the use of various jurisdictions could become more expensive and laborious, which can be advantageous for Luxembourg within Europe. But it will also mean that most of the larger asset managers in the alternative space will have funds in Luxembourg for their European investors, US funds for their American investors and possible HK or Singapore-based funds for their Asian investors – many might invest as parallel funds to each other. 

L

e 30 mars dernier, nous avons soufflé 30 bougies sur le gâteau d’anniversaire des fonds Ucits. Si les débuts étaient timides, le succès de ce label européen – qui a très largement contribué au développement du secteur des fonds d’investissement au Luxembourg – est aujourd’hui indéniable. J’ai intégré l’industrie des fonds il y a un peu plus de 10 ans. Depuis, le secteur s’est sans cesse développé, et ce développement s’est accéléré depuis la crise financière de 2008. Ainsi, de nouvelles réglementations sont apparues afin de protéger les investisseurs, mais de nouvelles structures, telles que le FIS, ou encore le Fiar, ont également vu le jour au Grand-Duché. En regardant dans le rétroviseur, on se rend à l’évidence : il aurait été difficile d’anticiper ce à quoi les acteurs du secteur ont dû faire face au cours de toutes ces années. Prédire où le secteur se situera à un horizon 2030 semble de ce fait impossible. Par contre, certaines tendances se cristallisent clairement, et ces dernières influenceront indéniablement le domaine des fonds d’investissement. Les nouvelles technologies – qui rythment notre quotidien – impacteront de plus en plus le secteur des fonds d’investissement, comme elles ont impacté d’autres domaines avant lui. Le monde des fonds n’échappera certainement pas à une

« ubérisation », bien que son caractère fortement régulé par des autorités de contrôle retardera vraisemblablement le phénomène. Aujourd’hui, de multiples domaines, comme les pensions ou encore le changement climatique, connaissent des besoins de financement énormes. Les fonds d’investissement luxembourgeois constituent bien souvent les véhicules de prédilection pour apporter des débuts de réponses à ces problématiques en raison de nombreux facteurs tels que la robuste gouvernance, la flexibilité de structuration, la capacité de coupler efficacement investisseurs privés et publics… Finalement, l’univers d’investissement des fonds est vaste et va bien au-delà des fonds dits classiques, voire des ETF. Les fonds thématiques, dans le domaine immobilier, la préservation du climat, le développement durable, le non coté ou encore la gestion robotisée, permettent aux investisseurs de diversifier leurs portefeuilles et de participer à des aventures parfois bien lointaines des marchés financiers classiques. L’avenir appartiendra principalement aux stratégies dites alternatives. Charge aux acteurs actuels d’évoluer pour répondre aux attentes des investisseurs de demain ! 

Pierre Even Head of relationship management private equity & real estate Banque de Luxembourg

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CARTES BLANCHES ARENDT & MEDERNACH

NAUTADUTILH

Le triple A gagnant

The future of Luxembourg investment funds in the next decade

Florence Stainier Partner Arendt & Medernach

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révoir l’avenir des fonds d’investissement n’est certainement pas chose aisée. Le passé nous rappelle à quel point cette industrie s’est développée au cours des quatre dernières décennies avec le fabuleux succès des OPCVM — qui fêtent leurs 30 ans d’existence —, sans compter la croissance continue des fonds alternatifs, et notamment de ceux de type private equity et immobiliers. La destinée des fonds d’investissement n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, puisque les diverses crises financières et les développements réglementaires qui ont suivi ont obligé l’industrie à s’adapter constamment. La dernière salve réglementaire significative est l’application de la directive Mifid, dont les effets n’ont probablement pas encore tous été identifiés et ressentis.  Si l’évolution macroéconomique mondiale, les politiques monétaires des banques centrales et les développements politiques à venir détermineront l’orientation des stratégies d’investissement mises en œuvre par les gestionnaires de fonds au cours des 10 prochaines années, la génération d’alpha par les produits plus traditionnels devrait rester l’attrait principal des investisseurs de détail, avec un intérêt continu pour les OPCVM — compte tenu du développement de la classe moyenne mondiale et de la nécessité de pourvoir aux carences des systèmes nationaux de retraites. Quant aux fonds alternatifs, ils devraient conserver les faveurs d’un public averti à la recherche

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de stratégies spécifiques, de prise de risque ciblée et de projets entrepreneuriaux tenant compte de leurs caractéristiques propres. La possibilité pour ces produits de profiter d’un passeport étendu serait néanmoins bénéfique. Quel que soit le type de fonds, ceux-ci seront très certainement soumis à une pression financière continue, avec une recherche constante de minimisation des coûts de fonctionnement. Il reste cependant à voir si le débat entre les gestions passives et actives aura pu être tranché ou si, plus vraisemblablement, grâce au développement de l’intelligence artificielle, des modes de gestion systématique ou algorithmique constitueront un nouveau pôle hybride exploitant différentes prises de risque. Parlant d’intelligence artificielle, c’est probablement à cet égard que l’évolution la plus significative devrait être attendue, que ce soit pour modifier les modes de distribution traditionnels des fonds ou dans leur traitement opérationnel.   Plutôt qu’une projection qui relèverait de la gageure, nous émettons le vœu qu’en 2030, l’industrie des fonds d’investissement puisse avoir acquis une certaine sérénité grâce au retour du balancier réglementaire permettant de redorer le blason des produits. Il restera dès lors aux gestionnaires de créer des produits répondant aux attentes financières, entrepreneuriales, voire philosophiques, des investisseurs de toute nature dans une transparence financière et de pouvoir profiter de capacités de distribution ciblées et harmonisées. 

he Luxembourg fund industry in the coming years will be significantly disrupted by outside technological, demographic, regulatory and economic forces. In light of this, there are two important potential/probable developments that we expect to take place in the coming decade. First, the importance of investment funds is likely to continue to grow. Currently, there is a dynamic and ongoing improvement in life expectancies that is not accounted for in pension systems designed to provide financial security in retirement. The possible introduction of the recently proposed PEPP regulation that aims to introduce a ‘European 401(k) account’ and embeds investment funds could potentially be a viable solution to mitigate the growing challenge of this so-called ‘pension gap’. Second, blockchain and decentralised autonomous organisations (DAOs) are due to reshape the investment fund industry in Europe and the United States. Recently, for the first time in the Luxembourg fund industry, an investor was able to use a blockchain-based platform to purchase real fund shares with real cash. The investor used the fund platform’s mobile app to submit the standard subscription order for the shares. The order was transmitted to the blockchain platform and the information was immediately and simultaneously transmitted using block-

chain technology to all parties involved in the transaction, each one being a participant on the blockchain platform. This example of change in the distribution chain promises a real revolution for the fund industry. The final stage of development in the fund industry of the coming decade may be marked by investment funds as DAOs that are set up as ‘fund blockchain platform’ and consist of a ‘bundle of smart contracts’. These are decentralised structures in which multiple ‘bundles of smart contracts’ are operating autonomously on the basis of rules and mechanisms programmed into them. Although this shows potential for (retail) investment funds, such as ETFs, many IT and cyber-related risks will need to be overcome in order to make DAOs commercially viable. It can, thus, be concluded that the Luxembourg investment fund industry will in the coming decade be characterised by continuous growth in which blockchain- based investment funds and DAOs will transform the role played by traditional actors and make the process much faster and cheaper than with ‘traditional’ investment funds.  Discover the whole article at www.nautadutilh.com Category Information center – Banking & Finance

Dr Sebastiaan Hooghiemstra LL.M., associate NautaDutilh Avocats Luxembourg

— Fonds d’investissement — Mai 2018

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NEXT STEPS

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« L’adaptabilité, la force du Luxembourg »

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Chaque mois, un acteur du secteur couvert par Paperjam Plus est sollicité pour partager en image ses impressions sur l’avenir de celui-ci. Lee Godfrey, CEO de Kneip, s’est prêté à l’exercice en répondant à la question : « Comment envisagez-vous l’avenir des fonds au Luxembourg ? »

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elon Lee Godfrey : « Les changements sont inévitables, particulièrement dans le modèle de distribution des fonds, et pas seulement au Luxembourg. À l’avenir, au travers des évolutions technologiques, réglementaires et géopolitiques, le Luxembourg devra continuer à s’adapter, à piloter et à être un pionnier de ces changements. »

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— Fonds d’investissement — Mai 2018

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