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Eric Hoarau, dans l’atelier du dernier forgeron de l’île

Texte et photos : Corine Tellier

ERIC HOARAU

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Dans l’atelier du dernier forgeron de l’île

Petit tour du côté du village de la Grande Ferme à la Plaine des Cafres, dans l’atelier d’Eric Hoarau, l’unique forgeron-taillandier de La Réunion, qui nous fait découvrir son métier. Une affaire de transmission d’un savoir-faire irremplaçable.

Cela fait 25 ans qu’Eric Hoarau exerce l’un de ces métiers anciens, trésors d’une tradition qui tend à se perdre. Quand il décide d’ouvrir sa société en 2001, un nom s’impose de lui-même : Le Forgeron. Spécialisé dans la taillanderie, autrement dit la fabrication des outils tranchants, l’artisan touche à l’ensemble des spécialités que recouvre le métier de forgeron : la ferronnerie (y compris d’art), la coutellerie ou encore la maréchalerie. Et c’est surtout le tout dernier forgeron de l’île. « Même en métropole, les forgerons se font rares », nous apprend Eric Hoarau. « Bernard Solon, l’un des derniers taillandiers de métropole, a bien essayé de former une vingtaine de taillandiers à Orléans, mais les spécialités se perdent... »

Des techniques et des secrets à transmettre

Il faut dire que c’est un métier qui repose sur la transmission. Les techniques et les secrets, c’est auprès d’un maître forgeron qu’on les peaufine. C’est le beau-père d’Eric Hoarau, Marius Bègue, qui lui a enseigné les bases. Il faut plusieurs années pour apprendre à apprivoiser le feu de la forge, assimiler les gestes, la technique, maîtriser l’acier. Le dicton ne ment pas : c’est en forgeant qu’on devient forgeron. L’apprenti forgeron doit forger, forger et forger encore jusqu’à ce que le maître-forgeron estime que son élève puisse voler de ses propres ailes. Dans l’atelier semi-ouvert du forgeron, père de 6 enfants (3 filles, 3 garçons) : forge, marteau mécanique, ponceuse à bande attendent l’acier à travailler. Adepte de la récupération, l’artisan réemploie le métal mis au rebut : lames de ressorts de camions, de 4x4, les ressorts de voitures, les tiges d’amortisseurs, lames de scies circulaires... Un bel exemple d’économie circulaire qui Chaque outil a sa particularité :

s’applique également à ces oud’après l’utilisation finale, le fortils que l’on estime bons à jeter geron va privilégier tel ou tel alors que le forgeron pourrait type d’acier (présentant plus ou leur donner une seconde vie. moins de dureté) pour la lame. « Un passage par la forge, Il forge la lame et s’occupe et c’est reparti pour une aussi du façonnage du manche, vingtaine d’années ! » en bois de goyavier, très prisé pour ses qualités puisqu’il est très fibré et dure très longtemps. Il lui arapprivoiser le feu de la forge, assimiler les gestes, la technique, rive parfois d’avoir des commandes de couteaux, qu’il livre dans une petite pochette de protection en cuir, maîtriser l’acier cousue main par ses soins avec du Les particuliers et profesSur les objets qui sortent de sionnels viennent le voir l’atelier du forgeron, la marque pour la confection des outils de son poinçon personnalisé, à main : pioches, piques, geste final du forgeron et sabres, outils de jardin. Le garantie de qualité de l’outil. forgeron est aussi capable de D’ici quelques années, c’est fabriquer des outils lontan : Dorian, l’un de ses fils attiré comme ceux qui servent dans lui aussi par la forge, qui la technique traditionnelle devrait apposer son propre de construction des maisons poinçon. Son père et maître en bois (ciseaux à mortaises, forgeron lui a aménagé un herminettes, bisaiguës) ou petit poste où s’exercer. La encore haches à bardeaux. transmission est sauve. fil poissé résistant.

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