PFE Architecture - PAST MODERNITY - Réaménagement de la carrière d'Ostermundigen, Suisse

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P ast - modernity R é a m é n a g e m e n t d e l a c a rr i è r e d’Ostermundigen, Suisse

ENSA Paris Val de Seine Rapport de projet de fin d’études Manon Massot


Couverture: production personnelle



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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Remerciements Je remercie tout d’abord Olivier Raffaelli, professeur encadrant ce travail, pour ces discussions, ses références qui ont apportés beaucoup à ce projet. Merci à Carlo Bernasconi, propriétaire de l’exploitation de laquelle je vais vous parler longuement, qui m’a accordé son temps lors d’un entretien et d’une visite de la carrière et de son entreprise. Merci également à Olivier Fawer, tailleur de pierre qui m’a également accordé un entretien. Tous deux m’ont transmis une part de leur passion pour la pierre et son utilisation. Leurs expériences ont permis un apport essentiel dans ce travail. Ma gratitude va au corps enseignant et à tous les professeurs de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val-de-Seine pour ces deux années de master. Merci mille fois à mes parents , Betty et Didier, pour leur soutien inébranlable durant toutes ces années d’études. Leur intérêt particulier pour mon travail et la fierté qu’ils ont eue à m’accompagner m’a permis de toujours me surpasser. Je tiens également à remercier tous mes camarades de l’atelier Laurent de m’avoir intégré de cette manière et pour les nombreux échanges. Une pensée spéciale pour Anna, duo dans la joie et la douleur. Mais aussi merci à mes vieux amis genevois de l’HEPIA, toujours présent quoi qu’il arrive; Martin, Mathias, Pauline, Adrien et une pensée particulière pour Marion qui m’a accompagné lors de ma visite à Berne. Et enfin merci à tout le reste de ma famille et mes proches pour leur joie de vivre et la motivation qu’ils me donnent; Charly TD, Julie, Juspine, Lolo, Mac, Maguy, Mamie Odile, Mamie Rosie, Marie Kiki TD, Marjorie, Phanou, Rémy, Romain TD, Sandrine, Seb. Finalement, merci à tous ceux que j’ai pu bassiner avec mes cailloux.

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

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«Architecture is the constant fight between the man and nature, the foght to overwhelm nature, to possess it. The first act of architecture is to put a stone on the ground. That act transforms a condition of nature into a condition of culture; it’s a holy act.» Mario Botta

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Sommaire Introduction

9

I. Historique et contexte actuelle: Exploitation helvétique de la pierre

11

a. L’historique de l’exploitation helvétique b. Les morphologies des carrières c. L’économie actuelle: entre industrie et artisanat d. Les différentes réhabilitations des lieux d’extraction

13 17 27 31

II. Le site: Entre capitale et zone rurale

35

a.

Berne à l’échelle nationale b. Ostermundigen c. La carrière et le site industriel

37 47 53

III. Les influences: Exploration d’idées et de courants architecturaux

a.

Le purisme de Gilles Perraudin L’architecture radicale c. Le post-modernisme d. Le Land Art

81

b.

IV. Le projet: Réaménagement global de la carrière

79

a.

Mixité programmatique: enjeux et objectifs

91 95 107

115 117

b. Implantation dans la faille d’Ostermundigen

121

c.

129

Matérialisation et construction du bâtiment

Conclusion Bibliographie

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

133 137

7


8

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse Photo personnelle d’une partie abandonnée de la carrière d’Ostermundigen


Introduction

L’âge de pierre. Partons de cette expression symbolisant l’époque

de la Préhistoire ou l’homme fabriquait ses premiers outils en pierre. Ce matériau, au même titre que la terre où le bois, constituait la base de la construction. À travers les siècles la pierre perdure, s’amoncelle pour non seulement construire mais donner vie à des édifices civils, religieux, privés ou publics. Au XIXème siècle, la révolution industrielle change fondamentalement la manière de construire, l’essor de la production de l’acier, ou du béton remplacent petit à petit la pierre notamment grâce à leurs caractéristiques structurelles résistants davantage à la traction ouvrant ainsi de nouveaux horizons structurels à l’architecture. L’invention des murs-rideaux, l’apparition de l’usage intensif de l’isolation thermique lors du premier choc pétrolier de 1973, sont par exemple des évolutions qui tendent à rendre les bâtiments de plus en plus légers en augmentant les isolants et oubliant les principes de base de l’inertie thermique.

Nous sommes depuis une quinzaine d’année dans une ère où les

mentalités changent, ou notre mode de vie est remis en question, notre manière de consommer, de manger, notre regard sur l’environnement est en évolution positive. L’architecture n’échappe pas à cette évolution et montre depuis quelques années sont intérêts à tenter de faire évoluer la construction pour limiter son impact environnemental.

Après avoir largement étudié les possibilités de réindustrialiser la

pierre naturelle en Suisse et analysant la place de la pierre dans le marché actuel nous partirons d’une hypothèse simple: le sable vient à manquer et nous devons trouver une alternative au béton. Ce travail entreprend de proposer des alternatives futures à la construction d’aujourd’hui en revenant à l’un des matériaux les plus anciens de la construction: la pierre naturelle. Ce qui impliquerait d’augmenter les industries du secteur et donc d’améliorer les carrières en proposant des réouvertures, ouvertures ou des réaménagements afin de garantir une extraction viable pour la construction.

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

9


Nous nous sommes interessés davantage aux lieux d’extraction,

les carrières, espaces impliquant des formes fortes dans le paysages. L’architectonique inversée qu’elles permettent nous a semblé représenter l’endroit idéal pour la création d’un projet d’architecture pouvant promouvoir la pierre.

Après plusieurs semaines de recherches, la carrière d’Ostermundigen

proche de la capitale Suisse Berne a été choisie. Le travail se divisera en quatres grandes parties: dans un premier temps nous parlerons de la place de l’industrie de l’extraction en Suisse de façon historique mais aussi actuelle; le second chapitre s’attardera sur l’analyse à différentes échelles du site selectionné; puis nous reviendrons sur plusieurs courants d’architecture ou artistiques qui ont influencé le projet et pour terminer nous aborderons le sujet architectural du projet allant du concept global jusqu’aux détails de constuction.

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


I. Historique et contexte actuel:

l’exploitation helvétique de la pierre



a.

L’historique de l’exploitation helvétique

La Suisse a débuté ses exploitations de pierre naturelle depuis l’époque

romaine. Elle exploitait surtout des gisements facilement accessibles et dont les roches étaient connues comme les tufs calcaires à Leuzingen (BE) et à Niedergösgen (SO), les calcaires du Jura à la Lance (VD) ou à Dittingen (BL)et les grès coquilliers, à Würenlos (AG).

Pendant le haut Moyen-Âge le nombre de carrières diminue

considérablement pour privilégier la construction en maçonnerie de pierre sèche dont la pierre est trouvée sur place ou bien issue de l’excavation des tombeaux ou des bâtiments. Les carrières diminuent également parce qu’à cette époque on réutilise des pierres provenant d’anciennes constructions. L’exploitation se faisait donc selon les besoins et donnait lieu à des carrières de petite dimension.

Au XIIème siècle la Suisse débute d’importants chantiers urbains des

cathédrales, et «la nécessité de disposer de pierres de taille de bonne qualité et en grande quantité enclencha le rapide développement de l’activité extractive1». L’influence architecturale Italienne de la Renaissance combinée à la construction de nombreux édifices pour les bourgeois et les autorités a donné lieu à une grande production de pierres de revêtement et de décoration.

Une partie du XVIIIème siècle ainsi que le XIXème siècle constituent des

périodes ou l’extraction de la pierre en Suisse est au sommet, surtout en termes de quantités et de diffusion.

Jusqu’au XXème siècle les sites d’extraction sont répartis sur une grande

partie du territoire [Fig.I.1]. Mais la première Guerre Mondiale éclate, et après avoir connue son apogée, l’utilisation de la pierre perd petit à petit de l’intérêt jusqu’à décliner totalement après la Seconde Guerre Mondiale ou l’apparition de la brique, du béton armé et des pierres artificielles efface complètement la pierre du marché. Ce qui explique une large augmentation de l’exploitation 1. Zerbi, S. (2011) La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, p. 95.

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

13


Nord 10Km

30Km

Fig.I.1. Distribution des carrières suisses de pierre naturelle actives en 1915. Production personnelle d’après la carte de recencement de Niggli, P.

Nord 10Km

30Km

Fig.I.2. Distribution des carrières suisses de pierre naturelle actives en 2010. Production personnelle d’après la carte de recencement de Zerbi, S.

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


des gisements de pierre naturelle dans la catégorie de la production de granulats. De nos jours la situation perdure voir s’aggrave avec la concurrence croissante des pierres naturelles de provenance étrangère. Seulement une soixantaine de carrières sont encore en activité aujourd’hui [Fig.I.2].

Fig.I.3. Evolution du nombre des entreprises suisses du secteur de l’exploitation de la pierre naturelle de taille. Source: Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 2011, p. 60.

Fig.I.4. Evolution du nombre de carrières dans les six principaux Cantons suisses exploitant la pierre naturelle de taille. Source: Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 2011, p. 60.

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

15


16

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


b.

Les morphologies des carrières

Nous tenterons ici de faire un inventaire des différentes carrières

encore en activité en Suisse en fonction de leurs morphologies et de leurs types. Il ne s’agit pas là d’une liste exhaustive mais plutôt d’une observation de plusieurs carrières qui permettra de donner un aperçu de l’exploitation sur le territoire. Pour ce faire nous prendrons en référence la thèse de Stefano Zerbi1 ainsi que le mémoire de Florian Rochat2. Il existe deux catégories principales d’exploitation de la pierre de taille en Suisse : les carrières à ciel ouvert et les carrières souterraines. Les carrières à ciel ouvert se subdivisent en trois souscatégories en fonction de leur morphologie adaptée au terrain : en flanc de taille, en puits ou en fosse. Les carrières souterraines peu présentes en Suisse se subdivisent en deux sous-catégories : en galeries ou en chambres. On retrouve très régulièrement des carrières possédants plusieurs morphologies décrites, «que ce soit dans l’espace ou dans le temps3». Comme la carrière de grès de la Molasse de Berne à la Krauchtal, qui était anciennement exploitée en flanc de taille qui est de nos jours exploitée en souterrain, permettant aux carriers de pouvoir extraire même lors des périodes hivernales. Souterraine Fosse 3% 7%

Puits 7%

Flanc de taille 79% Fig.I.5. Répartition des types de carrières Réalisé d’après: Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 2011, p. 125.

1. Zerbi, S. (2011) La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne 2. Rochat, J. (2013) Un architecture des carrières, énoncé théroque du travail de master EPFL, Lausanne, 3. Rochat, J. (2013) Un architecture des carrières, énoncé théroque du travail de master EPFL, Lausanne, p.7

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

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Fig.I.6. Schéma synthétique d’une carrière en flanc de taille Production personnelle d’après: Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne,

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Carrière en flanc de taille

C’est le type d’exploitation le plus répandu depuis l’Antiquité jusqu’à nos

jours, notamment pour sa simplicité et le peu d’aménagement et de technique qu’elle demande. Ce type de carrière se situe principalement au pied d’une montagne ou d’une colline. Au vu de la topographie de la Suisse c’est tout naturellement qu’elle est la morphologie la plus présente sur le territoire helvétique et plus précisément dans les vallées alpines du Tessin, du Valais et des Grisons1 bénéficiant de bonnes connexions aux réseaux de transports. Ce type d’exploitation démarre depuis le sommet pour descendre en gradins ou bien en bancs verticaux. La pierre qui est extraite est amenée au sol par le biais de dumpers ou de derricks. Il suffit de mettre en place des rampes d’accès pour accéder aux différents bancs de pierre.

Fig.I.7. Photo personnelle de la carrière en flanc de taille d’Ostermundigen dans le canton de Berne

1. Rochat, J. (2013) Un architecture des carrières, énoncé théroque du travail de master EPFL, Lausanne, p.12

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

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Fig.I.8. Schéma synthétique d’une carrière en fosse Production personnelle d’après: Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne,

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Carrière en fosse

Les carrières en fosse se déploient souvent sur des surfaces importantes

où les gisements n’atteignent pas une grande profondeur. Elles furent répandues principalement sur le Plateau et parfois le Jura mais disparaissent au cours du XXème siècle parfois au profit de gravières1. L’exploitation commence par l’extraction d’une première tranchée jusqu’à la profondeur maximale puis dans un second temps on exploite les côtés. Elles côtoient fréquemment des espaces cultivés agriculture et sylviculture notamment et même des bâtis ce qui n’est pas le cas pour les carrières a flanc de taille.

Fig.I.9. Carrière en fosse dans le Jura suisse au Canton de Neuchâtel (Roc de Cernia) Source: Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 2011, p. 105.

1. Kündig, R. (Ed.). (1997). Die mineralischen Rohstoffe der Schweiz. Schweizerische Geotechnische Kommission. ETHZ, Zürich, p.208

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

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Fig.I.10. Schéma synthétique d’une carrière en puit Production personnelle d’après: Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 2011

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Carrière en puits

Ce troisième et dernier type d’extraction à ciel ouvert est semblable à

la carrière en fosse à la différence que la carrière en puits est utilisée pour les gisements d’une grande profondeur. Ce sont souvent des espaces nécessitant une sécurité accrue car elles sont dangereuses, sombres, étroites et profondes. Des derricks permettent d’acheminer la pierre au haut de la carrière. Elles restent rares en Suisse notamment car son exploitation est complexe et nécessite une technique précise. L’eau de pluie, les eaux des nappes phréatiques ou des sources environnantes remplissent régulièrement le fond de la carrière, elles peuvent servir aux refroidissements des machines en partie mais le reste doit être évacué et géré en surface. Les deux dernières encore en activité se trouvent sur le Plateau suisse1.

Fig.I.11. Carrière en puits dans la molasse d’eau douce inférieure au Canton de Saint-Galle (grès de Bollingen) Source: Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 2011, p. 106.

1. Rochat, J. (2013) Un architecture des carrières, énoncé théroque du travail de master EPFL, Lausanne, p.24

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

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Fig.I.13. Schéma synthétique d’une carrière en puit Production personnelle d’après: Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 2011

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Carrière souterraine

Les carrières souterraines impliquent des coûts élevés d’exploitation:

stabilisation, ventilation et transport vers l’extérieur de la pierre et des déchets. Des coûts qui expliquent probablement pourquoi cette morphologie a quasiment disparu du territoire Suisse. Une dernière subsiste à Berne la carrière de Krauchtal. Afin de garantir la sécurité du site et la stabilité du «ciel de carrière» l’exploitation doit porter une attention toute particulièrement à la structure naturelle de la roche. Malgré tout elle permet une extraction tout au long de l’année ne subissant pas les intempéries et les variations de température et d’humidité, elle est donc une forme d’exploitation idéale pour les roches sensibles au gel. Par sa définition cette morphologie de carrière n’est pas visible, un avantage non négligeable1.

Fig.I.12. Carrière souterraine dans la molasse de Berne situé à Krauchthal dans le canton de Berne Source: Hansueli, T. (2007) Sandstein, Stämpfli, ouvrage offert par Carlo Bernasconi sur ses lieux d’exploitation

1. Zerbi, S. (2011) La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, p.106

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

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26

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse Photo personnelle de l’entreprise de Carlo Bernasconi


c.

L’économie actuelle: entre industrie et artisanat

En s’intéressant davantage aux matières premières consommées

en Suisse on remarque une première chose: 80% de ces matières étaient extraites du sous-sol en 2006, dont 45 % provenant de l’étranger1. Les matériaux minéraux (ne comprenant pas les matériaux fossiles ni les métaux) représentent 50% des matières premières extraites en Suisse. Les 9/10ème extrait sont du sable, graviers et ciment réservés à la construction tandis que l’extraction de la pierre de taille représente seulement 1% de cette extraction des matériaux minéraux2. Il est impossible de trouver des données sur la production totale de pierre naturelle Suisse sur ces dernières années, ni extraite ni pour celle commercialisée. En revanche lors d’un travail de terrain mené sur plusieurs années, Stefano Zerbi avait recensé sur 23 entreprises actives un volume extrait de 225 600 m3 par an3. En 1983, l’étude de Schwarz4 sur les carrières Suisse révèle une production de 215 000 m3 pour l’ensemble des entreprises Suisses.

Une légère augmentation de la production alors que parallèlement les

sites de production disparaissent. Une observation qui nous permet d’affirmer que les méthodes d’extraction se sont améliorés mais aussi que la «pression grandissante sur le peu de gisements encore exploités, [impliquant] un plus grand impact au niveau de l’environnement5». La majorité de la production Suisse est utilisée en interne. L’exportation se limite à l’Europe et les pays limitrophes comme l’Allemagne qui reste l’un des principaux acheteurs de pierres Suisse [Fig.I.15]. Seulement la production en interne n’est pas sufissante et l’’importation représente 80% de l’utilisation de la pierre de taille en Suisse6. 1. Zecha, L., Kohler, F. (2006). Besoins matériels de la Suisse Statistique suisse de l ’environnement . Technical report, Office fédéral de la statistique (OFS), Neuchâtel, p. 8-10 2. Office Fédéral des Statistiques www.bfs.admin.ch 1. Zerbi, S. (2011) La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, p.126 4. Schwarz, H. (1983). Die Steinbrüche in der Schweiz: die Entwicklung, Wetzikon. AG, Zürich, p.14 1. Zerbi, S. (2011) La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, p.126 1. Zerbi, S. (2011) La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, p.126

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

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30Km

Fig.I.14. Géologie de la Suisse Production personnelle

Fig.I.15. Evolution de la taille des entreprises d’exploitation réalisé par Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 2011, p. 103.

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


La géologie Suisse étant variée [Fig.I.14], les productions le sont tout

autant. Les types de roches sont principalement des roches dures, gneiss et calcaires alors que les roches les plus tendres, telles que les grès, largement exploités jusqu’au 19ème siècle, se limitent à la rénovation. Les types de pierre utilisés ont beaucoup évolué comme nous le confirme Mr Bernasconi1, propriétaire de deux carrières, qui exploite la molasse de Berne, un type de grès. Selon lui la réindustrialisation de sa pierre paraît difficile car elle n’est pas assez dure, ce qui avant était un atout pour la construction, du fait qu’elle soit facile à travailler, mais qui désormais avec l’évolution des techniques d’extraction, est devenu un défaut.

Région 18% Monde 3% Suisse 53%

Europe 26%

Souterraine Fosse 3% 10%

Calcaire 8%

Puits 7%

Gneiss 50%

Grès 42% Flanc de taille 79%

Fig.I.16. Marchés principaux de vente de la pierre naturelle produite en Suisse

Fig.I.17. Répartition des types de carrières en Suisse

Fig.I.18. Types de roches exploitées en Suisse

Production personnelle réalisée d’après Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 2011, p. 127.

Production personnelle réalisée d’après Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 2011, p. 104.

Production personnelle réalisée d’après Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 2011, p. 125.

Nous savons déjà que le nombre d’entreprises d’extraction a

considérablement diminué et la composition même de ces entreprises a évolué. Nous avons pu observer que depuis 1975 les entreprises dites « artisanales», de petite taille, embauchant moins de dix employés se font de plus en plus rares, au profit des entreprises moyennes plus industrialisées [Fig.I.15]. La catégorie artisanale exploite principalement des pierres rares, tandis que les industrialisés (comprenant au minimum une trentaine d’employés) exploitent les carrières pas uniquement pour la pierre de taille. En effet, Ils combinent leur activité avec une autre pour des raisons économiques: production de 1. Voir annexes: Interview 1, Carlo Bernasconi, Octobre 2018

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

29


matériaux pierreux (sables, agrégats, gabions, ballast, ect…), importateur de pierre du monde entier, mise en œuvre en tant qu’entreprise de construction, stockage de matériaux et décharges. Carlo Bernasconi, qui exploite la carrière d’Ostermundigen et de Krauchtal, en est un exemple puisqu’il est également importateur de pierre.

Les chiffres sur l’exploitation des matières premières en Suisse nous

permettent d’assurer qu’inévitablement le territoire sera modifié, la construction nécessite une exploitation des minéraux. L’industrialisation des dernières exploitations a pour effet négatif d’augmenter l’impact environnemental de celles-ci. Nous allons nous intéresser à l’accès à la ressource afin de déterminer si cette dernière présente en grande quantité est aisément exploitable.

30

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


d.

Différentes réhabilitations des lieux d’extraction

Une des étapes les plus importantes pour limiter les impacts

environnementaux de l’exploitation de la pierre de taille est la réhabilitation de son site. En effet l’exploitation a une durée temporelle déterminée et lors de la phase de planification menant à l’obtention du permis d’exploiter, la phase de réhabilitation doit être prévue. Les élus, les administrés ainsi que le propriétaire du terrain veulent connaître la vocation future du site dès le début de l’extraction. Cette fixation de vocation se détermine en estimant premièrement la «valeur» de la carrière. Quatre catégories de valeurs sont proposées1 :

- Matérielle : Valeur du gisement restant pouvant faire l’objet d’une future extraction.

- Géologique : Valeur de témoignage visible de la géologie d’un site.

- Culturelle : Valeur de témoignage historique de l’exploitation humaine.

- Paysagère/territoriale : Valeur paysagère

Une fois la valeur de la carrière déterminée, il s’agit de réaliser des

analyses

écologique,

géologique,

morphologique

et

hydrogéologique,

historique, urbanistique et un recensement des utilisations du sol afin de déterminer le type de réhabilitation le plus adapté. Quatre nouvelles catégories de réhabilitations :

- Remise en état de nature : le reboisement d’une carrière permet

d’améliorer la stabilité de la carrière et ses conditions hydrologiques.

La nature peut aussi reprendre sa place de manière autonome.

- Récupération productive : Transformer la carrière en lieu d’agricul

ture, cela pourrait être pour de la sylviculture, fruiticulture, viticulture...

Il s’agit d’une transformation intéressante d’un point de vue socio-

économique car elle permet de recréer des emplois une fois

l’exploitation terminée.

1. Zerbi, S. (2011) La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, p.148

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

31


diminution des surfaces cultivables

% - Récupération urbanistique et fonctionnelle : cette dernière catégorie

cides

en

elée

< 5%

- 10% comprend les utilisations liées aux loisirs et à la construction5(escalade,

e décelée

11 - 15%

> 20% on peut pêche sportive, lieu de baignade, théâtre en plein air…). Mais

e décelée

10km 30km

aussi imaginer que la carrière se transforme en champs d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques. Pertes de terres cultivables

- Récupération technique : la carrière peut se transformer en bassin

d’épuration des eaux, de stockage, ou bien même de décharge contrôlée. différentes réhabilitations des carrières en fonction de leur morPhologies En flanc de taille

En fosse

En puit

Souterraine

Remise en état de nature

+

+

+ Remblaiement

0

Récupération productive

+ Sylviculture Viticulture Frutticulture

+

Récupération technique

Récupération

urbanistique et fonctionnelle

0/+

-

Elevage de champignons Conservation de fromages, charcuteries et vins

+ Bassin d’épuration Décharge contrôlée Stockage

+ Bassin d’épuration Stockage

+ + Zone constructible Zone de loisirs; zones constructibles

0 Zone de loisirs

Décharge contrôlée + Zone de loisirs; entrepôts

Fig.I.19. Exemples de récupération de carrières de pierre naturelle en fonction de sa morphologie et de sa valeur production personnelle réalisée d’après Zerbi, Stefano, La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 2011, p. 151.

campUs de staRt-Up

Peu importe le type de réhabilitations il faudra dans tous les cas

respecter certains principes. Premièrement d’atténuer les impacts en cours d’exploitation mais également d’atténuer les impacts en stade final en prévoyant

chimie alteRnative un réaménagement

adapté au contexte local. Il faudra aussi pérenniser les

réaménagements en identifiant le plus en amont possible le gestionnaire futur de l’espace créée par l’exploitation et préciser les conditions techniques et financières de gestion au travers d’une convention. Mais la réhabilitation nécessitera surtout de mettre le site en sécurité vis-à-vis des risques de chutes de pierres, de noyade, de chutes et d’instabilité des remblais.

En Suisse la remise en état de nature reste la plus répandue en Suisse.

La re-végétalisation des anciennes carrières se fait à certaines conditions1: 1. Site officiel DREAL: Direction Régionale de l’Environnement, de l’Amégagement et du Loge-

32

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


- Apport de terre végétale en quantité suffisante et d’engrais appropriés - Bonne répartition spatiale des espèces végétales - Priorités à donner aux espèces autochtones - Réalisation d’éboulis au lieu de falaises pour favoriser la repousse de la végétation - Gestion de l’écoulement des eaux afin de créer des espaces humides - Respect de la dynamique naturelle de reconstitution des milieux - Modelage des berges avec création de fonds en pente douce ou abrupte favorables à différents types de colonisation végétale

Parfois une réhabilitation peut se faire en parallèle de l’exploitation, par

exemple la carrière d’Ostermundigen ou le site se renaturalise par lui-même: «[Quelle est le plan de réhabilitation de la carrière?] Non ce n’est pas nécessaire car la réhabilitation se fait de manière progressive et naturelle due au fait que l’exploitation est lente1».

Nous avons pu voir qu’il existe une grande richesse de possibilité de

réemplois des sites. Sachant que le type de réhabilitation se décident dès l’obtention du permis d’exploiter on peut tout à fait imaginer un phasage de l’exploitation prenant en compte l’usage ultérieur afin de libérer certains espaces rapidement pour commencer la réhabilitation progressivement. Lors de la remise en état naturel, les suivis ont prouvés que les réaménagements bien conçus pouvaient aider au développement de la biodiversité et constituer des « zones de refuge pour des animaux ou plantes dont certaines (sont) en régression2». L’entreprise d’exploitation Guber Naturstein AG situé à Alpnach, est exemplaire en ce sens. Sur le plan écologique, la carrière est placée sous la surveillance de spécialistes. Dès qu’un lieu d’extraction est abandonné, l’entreprise procède aussitôt une renaturation ou à une reforestation du site, y compris à la mise en place de biotopes secs et humides destinés à accueillir des espèces rares d’animaux et de plantes. «La fermeture des carrières favorise l’apparition d’une biodiversité rare que les associations environnementales cherchent à protéger3». 1. Voir annexes: Interview 3, Carlo Bernasconi, Octobre 2018 2. Site officiel DREAL: Direction Régionale de l’Environnement, de l’Amégagement et du Logement de provence Alpes-côte d’Azur; Prévention des risques, Gérer les ressources minérales (carrières) http://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/chap9-5_cle2a1113-3.pdf 3. Véran, C. «Carrières d’Arzo, Tessin», D’Architecture, N°260, Mars 2018, p.85

I. Historique et contexte actuelle: l’exploitation helvétique de la pierre

33


34

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


II. Le site: entre capitale et zone rurale



Berne, capitale Suisse, est la cinquième plus grande ville du pays. Se

a.

Berne

situant à 30km au Nord des Alpes, il est aisé de rejoindre les villes de Zurich (une heure trente en voiture), Bâle (une heure et quart en voiture) ou encore Neuchâtel Bienne ou Fribourg (entre trente minutes et une heure de voiture). La «ville fédérale»1 est germanophone composée d’une minorité francophone. Le paysage autour de Berne a été formé par des galciers au cours de la denrière glaciation [Fig.II.1] .

Nord

Fig.II.1. Situation de Berne par rapport au reste de la Suisse 10Km

30Km

Réalisation personnelle + map.geo.admin.ch

Traversée par les boucles de l’Aar, Berne a des allures de provinciale

endimanchée dans un habit de capitale. Elle est fortement connue par les touristes pour la préservation du caractère historique de la ville. La vieille ville est même inscrite au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO depuis 1983. Ce centre historique est un témoin remarquable de l’urbanisme médiéval d’Europe. En 1997, est decerné par le Patrimoine Suisse à Berne pour saluer ses efforts sur la préservation et la mise en valeur de son patrimoine. 1. Ville fédérale: la ou siège de façon permanente le gouvernement fédéral et le parlement suisse mais pas les tribunaux fédéraux. Source: wikipédia

II. Le site: Entre capitale et zone rurale

37


3KM Nord

Fig.II.2. Berne, orthophoto

38

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse

Google Earth


Historique

La ville a été bâtie à l’origine sur une pénisule de l’Aar, point stratégique

offrant une protection naturelle sur trois côtés. Fondée par le duc Bertold V de Zähringen en 1191, la protection du quatrième côté se fera par des remparts, la tour de l’Horloge et des fossés. La ville se développe selon un principe urbanistique clair. Au XIIIème siècle, les limites occidentales de la ville furent étendues et un nouveau rempart érigé ayant pour porte principale la Käfigturm (Tour des Prisons). En 1405 la ville connaît un grave incendie qui fait prendre conscience qu’il serait plus judicieux de construire en grès plutôt qu’en bois et donc de choisir la pierre de la molasse présente aux alentours pour la construction de son architecture. Cette reconstruction a façonné la physionomie actuelle de Berne. L’invasion française de 1798 anéantit le pouvoir dont Berne jouissait jusqu’alors. Des ruines laissées par Napoléan 1er jaillit une Suisse nouvelle et Berne est contrainte de céder, à peu de chose près, la moitié de ses territoires afin de permettre la formation de deux nouveaux cantons, le canton d’Argovie et le canton de Vaud.

En 1848 la ville devint la capitale de la Suisse, plus précisément la «ville

fédérale» accueillant seulement le parlement et l’exécutif pour éviter l’effet souvent controversé d’une capitale trop centralisatrice. Berne devient ainsi attrayante pour les organisations internationales et pour être le siège de plusieurs congrès socialistes durant la Première Guerre mondiale. C’est aussi à Berne qu’à eu lieu entre 1885 et 1886 la conférence qui avait pour objectif de dresser un accord international sur les droits d’auteur connu aujourd’hui sous le nom de convention de Berne. En 1914, c’est l’Exposition nationale Suisse qui s’y déroule, avec plus de 3,2 millions de visiteurs elle réussit à dégager un certain bénéfice malgrè le contexte de la Première Guerre mondiale.

La Kunsthalle est un lieu d’exposition pour les créations artistiques

bernoises qui ouvrira ses portes en 1918, quarante ans après l’ouverture du Musée des beaux-arts qui exposait notamment des travaux de Paul Klee. Les années soixante sont marquées par une floraison culturelle, l’art alternatif, allant des petits théâtres de rue jusque dans les caves de la ville ou des pièces contemporaines sont jouées.

II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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Fig.II.3. Wrapped Kunsthalle, Berne, Christo and Jeanne-Claude, 1967-68 Photo réalisée par Carlo Bavagnoli, https://christojeanneclaude.net/projects/wrapped-kunsthalle

Fig.II.4. Paul Klee Zentrum, Berne, Renzo Piano, 2005 https://www.google.com/search?q=paul+klee+zentrum+photosj12IniAhW744&dpr=2

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


La Kunsthalle devient LE lieu d’exposition de l’avant-garde, et se voit être le premier monument emballé par Christo et Jeanne-Claude à l’occasion des ses cinquante ans en 1968 [Fig.II.3].

L’architecte Renzo Piano réalise en 2005 un musée pour Berne, le

Zentrum Paul Klee [Fig.II.4] regroupant le plus grand nombre d’oeuvres du peintre avec quatre mille oeuvres réunies (tableaux, aquarelles et dessins mais aussi textes biographiques et archives photographiques).

Au-delà de l’importance culturelle et artistique, Berne possède une

atmosphère médiévale avec ses nombreuses fontaines, ses façades en grès de la molasse, ses ruelles et ses tours historiques plongeant l’habitant ou le touriste dans une ambiance chaleureuse. Les anciens remparts et bastions descendent à pic vers la rivière. L’architecture historique renvoie à certains codes traditionnels de la construction. En effet les boutiques, bars et cafésthéâtres de la vieille ville sont en partie abrités dans des caves voûtées. Les six kilomètres d’arcades en tonnelle du XVème siècle constituent l’une des plus longues promenades commerçantes couvertes d’Europe [Fig.II.5].

Actualités

Berne possède désormais une superficie totale de 51,6 km2 (moitié

de Paris), 20,2% sont utilisés à des fins agricoles, 35% sont des forêts, 44,2% construits (bâtiments ou routes) et 2,1% de régions non-productives (rivières, glaciers). Mais au delà d’augmenter chaque année sa surface agricole, la capitale cherche constamment à s’améliorer notamment sur l’enseignement comme par exemple avec le futur campus de la Haute école spécialisée bernoise (HESB). C’est le résultat d’un processus historique, douze hautes écoles se sont associées en 1997 mais les différents départements étaient répartis sur 26 sites entre Berne, Bienne, Berthoud, Macolin et Zollikofen. C’est alors qu’en 2011 le conseil exécutif bernois décide de regrouper les sites pour faciliter l’enseignement et limiter les frais. C’est ainsi que le projet du campus de la HESB émerge regroupant les départements de Gestion, Santé, Travail social, la filière des arts performatifs, et les domaines Rectorat et Services. Situé à l’Ouest de Berne, le projet devrait voir sa construction démarrer autour de Juillet 2022 pour un début d’exploitation prévu pour Septembre 2026.

II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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Fig.II.5. Façades des bâtiments en pierre du centre historique Source: https://www.youtube.com/watch?v=2mJf1yXB75k

Fig.II.6. Photo du centre historique de Berne Source: https://generationvoyage.fr/loger-berne/

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Durant les cinquante dernières années, Berne a connu une expansion

d’une grande ampleur. Après s’être largement développée à l’Ouest c’est plutôt vers l’Est qu’elle se développe depuis une vingtaine d’années [Fig.II.7] notamment grâce aux grands ponts qui viennent enjamber l’Aar reliant ainsi la vieille ville aux banlieues Est. Tout en conservant son aspect médiéval [Fig. II.6], la vieille ville est devenue un important centre d’affaires. Plus de soixante dix ambassades et légations sont présentes ainsi que plusieurs organisations internationales.

Berne est la capitale du pays le plus innovant du monde selon une étude

appronfondie Allemande de l’institut Fraunhofer. Basée sur une sélection de trente huit indicateurs elle mesure l’innovation selon cinq domaines: l’économie, l’éducation, la science, l’Etat (la recherche publique) et la societé. Mais au-delà du rayonnement international de la Suisse, Berne est une ville non ostentatrice dont le développement urbain, culturel et artistique ne cesse de croître.

II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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Evolution

de la ville de

Berne

1870 1895 1915 1930 44

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse

depuis la


1980

1955

siècle jusqu’à aujourd’hui

2000

XI X è m e

2010

a fin du

Fig.II.7. Evolution de l’urbanisme de Berne Production personnelle d’après le site https://map.geo.admin.ch/

II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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3KM Fig.II.8. Limite de la commune d’Ostermundigen, orthophoto Google Earth

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse

Nord


b.

Ostermundigen

La commune d’Ostermundigen est le chef-lieu de l’arrondissement

administratif de Berne-Mitteland, mais fait également partie de la banlieue de Berne. L’agglomération se transforme largement autour de 1850 sous l’effet de l’industrialisation, l’ancien village agricole devient alors une localité artisanale et industrielle abritant de petites et moyennes entreprises et une importante population de salariés. Cependant la population de cette époque travaillait largement à l’extérieur de la commune ce qui l’a mise en péril puisque la loi fiscale en vigueur imposait «le revenu au lieu de travail et non au lieu de domicile»1. Ces difficultés ainsi que la complication des structures communales a conduit à des projets de fusion avec Berne, de centralisation ou de decentralisation comme par exemple quand Ostermundigen décida de se séparer de Bollingen dont elle était dépendante depuis 1528. Dans les années trente la commune est déjà considérée comme urbanisée. Depuis les années cinquante un vaste projet d’aménagement se met en place avec la construction de nouveaux équipements (église catholique, église protestante, cinq nouvelles écoles, une bibliothèque communale, une école de musique, des installations sportives, piscine et stand de tir) et de logement dans le village mais aussi dans des quartiers neufs.

La commune est peuplée aujourd’hui de 17 546 habitants pour une

superficie de 5,94 km2 [Fig.II.8]. Sa démographie augmentait de façon lente et progressive depuis les premiers recencements: 326 habitants en 1764, 3747 habitants en 1930; pour augmenter de manière exponentielle depuis la fin du 20ème siècle: 8754 habitants en 1960, 17 034 habitants en 1980 et enfin décroître jusque dans les années 2000 ou 15 452 habitants étaient recencés. Sa population stagnante, voir décroissante depuis le début du 21ème siècle et la nécessité à Berne de s’étaler, pousse les dirigeants d’Ostermundigen à entamer des aménagements pour attirer de nouveau la population.

1. Dubler, A.M. (2010) Ostermundigen, Dictionnaire historique de la Suisse, http://www.hls-dhsdss.ch/textes/f/F221.php

II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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Fig.II.9. Photo du quartier Sommerain

Source: https://www.losinger-marazzi.ch/fr/zoom/detail/156/sommerrain-ostermundigen-be/

Fig.II.10. Photo du lotissement Oberfeld

Source: https://www.halle58.ch/projekte/neubauten/wohn%C3%BCberbauung-oberfeld-ostermundigen/

Fig.II.11. Perspectives de la Bäre Tower Source: https://xn--bre-tower-v2a.ch/

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Accès

Située à 4km du centre ville de Berne c’est la commune idéale pour

s’etaler urbainement, d’autant plus qu’elle est reliée à Berne par l’autoroute A6 (Berne-Thoune, sorties 11 et 12) et qu’elle possède une gare se situant sur la ligne ferroviaire CFF Berne-Langnau-Lucerne. L’offre des transports en commun sur la commune est abondante, on retrouve trois lignes de bus reliant Berne à Ostermundigen et Ostermundigen aux communes des alentours. Un projet de tram va voir le jour remplaçant la ligne de bus N°10 reliant la gare de Berne à la gare d’Ostermundigen. Malgrè la présence d’un bus toutes les trois minutes, la ligne N°10 se retrouve surchargée et le tram rendra le transport des 8,4 millions de passagers par an plus agréable et plus rapide [Fig.II.12].

Actualités

Plusieurs projets de logements ont vu le jour ces dernières années dans

la banlieue d’Ostermundigen, comme par exemple le Lotissement Oberfeld [Fig. II.10], un village de construction en bois sans voiture avec environ 110 appartements construits en 2014. On retrouve également le projet Sommerrain [Fig.II.9], quartier construit en deux étapes de 2013 à 2017. La première étape concernait la réalisation de 124 logements combiné à 1040 m2 de surface commerciales et la deuxième étape englobait la construction de 101 appartements. La banlieue Bernoise s’est également vu obtenir en Juillet 2017 1 l’accord par l’arrondissement administratif de Berne-Mittelland pour la construction d’une tour de 100mètres de hauteur. Trente trois étages avec un socle de programmes mixtes comprenant un hôtel, un restaurant panoramique, des salles de conférences ainsi que des entreprises de services, des magasins et des bureaux. En plus de la location et des copropriétés, des appartements à la vente sont également proposés. C’est environ 200 personnes qui devrait trouver du travail dans la «BäreTower». Ce projet prendra place proche de la gare d’Ostermundigen et aura pour but de densifier la proche banlieue [Fig.II.11]. Ces trois projets récents ainsi que la future ligne de tram sont des exemples prouvant la volonté d’Ostermundigen de s’agrandir et d’apporter de nouveaux programmes pour dynamiser la banlieue. 1. Permis de 100 mètres d’altitute à Ostermundigen, Baublatt, 19.07.2018, https://www.baublatt. ch/projekte/in-ostermundigen-kann-der-baere-tower-mit-1005-metern-gebaut-werden II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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Ligne de bus N°10 Future ligne de tram Lignededebus busN°10 N°44 Ligne Future ligne de tram Ligne de bus N°28 Ligne de bus N°44 Ligne de train CFF Ligne de bus N°28 50Frontière d’Ostermundigen Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse Ligne de train Berne-Thoune Localisation de la carrière Périmètre d’Ostermundigen


1KM II. Le site: Entre capitale et zone rurale

51

Fig.II.12. Analyse des transports de Berne Ă Ostermundigen Production personnelle

Nord


2KM Fig.II.13. Représentation de la topographie d’Ostermundigen et repérage de la carrière Source: https://map.geo.admin.ch/

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse

Nord


c.

La carrière de grès de la molasse Historique

Située au point le plus bas à 549 mètres d’altitude et à 732 mètres pour le

point le plus haut, Ostermundigen possède une topographie vallonnée [Fig.II.13]. Effectivement la particularité de la commune se trouve dans son paysage puisqu’elle comporte des drumlins1 que l’on trouve généralement sur le fond des vallées glaciaires. Ce sont des petites moraines constituées de dépots glaciaires. Finalement ce sont les parties les moins érodées par les glaciations et qui sont donc les plus résistantes, c’était donc l’endroit idéal pour ouvrir une carrière de pierre de taille. Ouverte en 1191 pour la construction de la ville de Berne, la carrière d’Ostermundigen connaît son apogée dès le XVème siècle en fournissant les pierres pour la plupart des édifices religieux et civils de la ville de Berne jusqu’au début du XXème siècle 2. L’exploitation industrielle du site est liée à l’ouverture de la ligne ferroviaire Berne-Thoune en 1859 ce qui lui donne le statut de la plus grande carrière en activité du 19ème siècle. Alors principalement en flanc de taille, la carrière est aussi exploitée de manière souterraine dès 1866 et occupa environ 250 ouvriers. Dès le début du 20ème siècle, la concurrence du ciment et de la brique fait chuter la demande de molasse et la societé anonyme des carrières fut liquidée en 1907. L’exploitation reprit à petite échelle dès 1966 jusqu’à aujourd’hui par Carlo Bernasconi. Aujourd’hui seulement 1’000m3/ an sont extrait de la carrière pour notamment la rénovation de bâtiments et des aménagements extérieurs [Fig.II.14].

La carrière en bordure de la ville a été intégrée dans le plan

d’aménagement des communes Bernoises en 2012, la définissant ainsi comme espace pouvant accueillir des activités culturelles, artisanales ou industrielles.

1. Drumlin: terme introduit par le géologue James Bryce dans un article de la revue du Geological Society of Dublin en 1833 2. A.M. Dubler, Ostermundigen, 07.12.2010, http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F221.php

II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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Evolution

de la carrière depuis la fin

1870_ Une carrière au rayonnement régional - Première représentation en plan de la carrière

1875_ Une carrière au rayonnement national - Liaison de la carrière à la voie ferroviaire 54

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


n du

X I X ème

siècle jusqu’à aujourd’hui

1917 _ U ne

carrière en forte activité - Carrière souterraine et en flanc de taille

1940 _ U ne

carrière en stagnation - Abandon d’une grande partie de la carrière

II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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56

1975 _ U ne

carrière en transformation - Utilisation de la carrière en place d’arme

2019 _ U n e

carrière à extractio n le n te - Forte urbanisation de la commune

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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58

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse Photo personnelle de la carrière d’Ostermundigen


Physionomie de la carrière

Du fait de l’histoire de la carrière, celle-ci est moncellée en plusieurs

parties; deux espaces clos inaccessibles et l’espace en front de taille lui-même divisé en quatre lieux: une place basse inutilisée, la partie en activité, la place haute ou se trouve actuellement un enclos à chevaux et la partie exploitée dans le temps aujourd’hui arborée [Fig.II.15]. Actuellement les accès à la carrière sont multiples mais pour la plupart condamnés. Le seul accès non condamné est celui qui se fait à travers la forêt à l’Ouest de la carrière, c’est également par là que les camions venant charger les blocs de pierre accèdent à la carrière [Fig.II.16].

La présence de ces formes induites par l’homme dans le paysage sont

fortes et différentes interprétations peuvent être faite. Certaines personnes peuvent les observer comme des «blessures» dans la montagne et d’autres plutôt comme une révélation de ce qui se trouve sous nos pieds et apprecier cette «blessure». La hauteur vertigineuse et l’éblouissante couleur de la pierre se révèle au travers du seul chemin d’accès arboré surprenant ainsi le visiteur. Promeneurs, carriers, joggeurs, groupes de jeunes, conducteurs de camions, sont tant de personnes qui se croisent dans la carrière d’Ostermundigen. En effet après discussion avec la propriétaire de la carrière et quelques habitants proches, cet espace est réellement apprécié des habitants.

L’industrie actuelle

L’exploitation actuelle nécessite seulement deux ouvriers en été pour

couvrir les besoins en blocs pour une année. Sur place on retrouve un petit bassin servant à l’exploitation de la pierre, une grue à tour pour transposer les blocs, une scie à fil, des echaffaudages et un cabanon pour ranger les outils des ouvriers. L’espace de stockage est également important sur le site et permet aux camions de pouvoir circuler sans encombre. Le flanc de taille s’élevant parfois jusqu’à 34 mètres de haut, la carrière est bien sécurisée sur certains endroits notamment sur la partie haute.

II. Le site: Entre capitale et zone rurale

59



E spaces P lace

clos inaccessibles

basse innacessible

P artie

en activité

P artie

abandonnée arborée

P lace

haute - enclos chevaux

50m

100m

Z onage

de la carrière en fonction des usages actuels Fig.II.15.

Nord



U nique A ccès Z one

accès à la carrière

condamnés

de stockage des blocs de pierre

S ens d ’ exploitation

de la roche

B assin d ’ exploitation G rue 50m

100m

A naylse

du fonctionnement et des accès de la carrière aujourd ’ hui Fig.II.16.

Nord


64

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II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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500m

Fig.II.17. Parcours du Wege zu Klee liant le musée à la carrière Production personnelle

Nord


Wege zu Klee

Le peintre Paul Klee a été fasciné dans son jeune âge par la carrière

d’Ostermundigen. Ses nombreuses visites et son obsession pour la carrière lui permettent de découvrir l’idée fondamentale de sa Théorie de la forme picturale, à savoir que «toute oeuvre résulte d’un processus d’addition (une pierre posée sur l’autre ou de soustraction (une pierre que l’on équarrit)»1. En 1915 il fera naître une aquarelle symbolisant les parois abruptes de la carrière [Fig.II.18]. Se saissisant de couleurs vives, il utilise les contrastes clair-obscur pour s’exercer sur les divers aspects de la création picturale. La carrière ayant inspirée sa réflexion picturale, il a été décidé en 2005 lors de l’ouverture du centre Paul Klee, de réaliser un chemin didactique, le Wege zu Klee, reliant le centre de réalisé par Renzo Piano à la carrière tout en parcourant des point en lien avec l’artiste et exposant des reproductions de ses oeuvres [Fig.II.17]. Débutant par le cimetière Schosshalden où se trouve la tombe de Paul Klee, le parcours passe à travers les champs de Dennigkofen et la forêt pour rejoindre la carrière le tout sur 6,5km se parcourant en deux heures 2. L’inauguration du Wege zu Klee s’est déroulé dans la carrière avec des projections contre les parois, des spectacles et un repas sous une tente [Fig.II.19-20].

Fig.II.18. Carrière, Aquarelle de Paul Klee, 1915 Source: https://www.myswitzerland.com/fr/decouvrir/villes-culture/art-culture/art/carriere/

1. L’architecture dans l’oeuvre de Klee, Creavive, https://www.creaviva-zpk.org/fr/saper-vedere/paul-klee-et-l-architecture/architecture-dans-l-uvre-de-klee 2.Wege zu Klee, Gemeinde Ostermundigen, http://www.ostermundigen.ch/grueessech/wege-zu-klee/

II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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Fig.II.19. Photos de l’inauguration du Wege zu Klee, 2005

Source: http://www.ostermundigen.ch/grueessech/wege-zu-klee/wege-zu-klee/fotogalerie-wege-zu-klee-2005/

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Fig.II.20. Photos de l’inauguration du Wege zu Klee, 2005

Source: http://www.ostermundigen.ch/grueessech/wege-zu-klee/wege-zu-klee/fotogalerie-wege-zu-klee-2005/

II. Le site: Entre capitale et zone rurale

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III. Les influences:

Exploration d’idées et de courants architecturaux



a.

Le purisme de Gilles Perraudin

Gilles Perraudin est le précurseur du retour à l’architecture en pierre

massive. Il découvre des blocs de pierre brut sur le chemin du retour dans sa maison en Corse et propose au carrier de lui racheter pour un bouchée de pain. Il débute ses premières expérimentations sur l’île notamment avec la réalisation de plusieurs chais viticoles [Fig.III.1]. Fort de son expérience il décide de propager son savoir à travers plusieurs conférences, ouvrages et publications.

Un matériau qu’il qualifie même dans un article de «matériau du futur»

qui en temps de pénurie énergétique serait une solution durable. En effet issu du milieu naturel et ne subissant que le calibrage dimensionnel, cela permet de réduire la dépense énergétique de production. Pour Gilles Perraudin son abondance est infini et «outre l’abondance de la ressource disponible, la pierre présente des qualités extraordinaires! Elle n’a besoin d’aucun produit chimique pour être préservée, ce qui en fait un matériau extrêmement sain. Elle stocke le CO2 par sa production liée à l’activité des océans, absorbeurs de CO2»1. C’est également un matériau compétitif selon lui car au-delà de son économie d’énergie, la pierre peut être réutilisée à volonté grâce à un démontage simple. La préjugé principal qu’il a pu remarqué lors de ses présentations reste sur le prix de la pierre, faussement identifiée comme onéreuse il explique que ce préjugé vient du fait qu’aujourd’hui elle sert principalement à la rénovation des ouvrages historiques qui nécessite un taillage à la main. La construction contemporaine en pierre, les moyens de taillage et de levage rendent la pierre compétitive.

Il soutient lors de ses conférences ou dans ses articles que la disparition

de Fernand Pouillon (défendant avec zèle la construction en pierre) de la construction des logements sociaux n’est pas un hasard, il affirme que c’est le lobbying des groupes industriels sur les règles politiques du développement de ces logements qui en est responsable.

1. Perraudin, G. «La pierre, ce matériau du futur», Le moniteur, 21.01.08, https://www.lemoniteur.fr/article/la-pierre-ce-materiau-du-futur-par-gilles-perraudin-architecte.659199

III. Les influences

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Fig.III.1. Chai viticole, Vauvert, 1997

Source: http://www.perraudinarchitectes.com/projets/chai_vauvert/chai_vauvert.htm

Fig.III.2. Musée des vins et jardin ampélographique, Patrimonio, 2011 Source: http://www.perraudinarchitectes.com/projets/mavin/mavin.html

Fig.III.3. Logements sociaux nommés à l’équerre d’argent, Cornebarrieu, 2011 Source: http://www.perraudinarchitectes.com/projets/logement_cornebarrieu_G/lotoulG.html

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Il dénonce également une réglementation freinant l’utilisation de la pierre

en construction, notamment sur les carrières, «Leur raréfaction est un facteur d’augmentation du coût du matériau»1 ainsi que l’absence de règle sur la pierre massive. On enseigne à l’ingénierie actuelle principalement la construction en béton armé, et à la construction acier. Ce qui amène les ingénieurs lorsqu’ils sont confrontés à la pierre à la traiter comme le béton, «Une attitude aux conséquences dramatiques (...) Parce que la construction en pierre, d’une grande souplesse, est à l’exact opposé de la construction en béton armé, d’une grande rigidité. Les deux sont incompatibles»2. Il affirme aussi que la mise en place de joints de dilatation équivalents à ceux du béton armé n’est pas utile lorsque la pierre n’est qu’un appareillage de joints de dilatation d’une densité extraordinaire.

Etude de cas

Les nombreux édifices de Gilles Perraudin ont prouvé leur viabilité, il a

notamment été nommé pour l’équerre d’argent avec son projet de 20 logements sociaux à Cornebarrieu [Fig.III.3]. Dernièrement il a également construit un maison entièrement en pierre et bois de 100 m2 pour 100’000 euros. Mais l’un des projets qui a pu renverser les idées pré-conçues de la pierre c’est celui de la tour en pierre massive qu’il a imaginé en collaboration avec l’atelier de Genève ArchiPlein. Le canton de Genève ainsi que CFF immobilier3 s’associent pour valoriser les terrains de la gare, environ 31’000m2 qu’ils souhaitent dédier à de nouveaux logements, commerce et bureaux. Un concours d’architecture est alors organisé par le DALE4 et CFF immobilier qui devra répondre au plan localisé de quartier avec pour budget 48 millions de francs suisses (HT). Le programme stipulait la création de logements de qualité, d’un espace public harmonieux et surtout «un impact écologique minimum et des coûts supportables pour la construction et l’exploitation des bâtiments.5» Les deux agences d’architecture imagine une tour de 20 étages en pierre structurelle 1. Perraudin, G. «La pierre, ce matériau du futur», Le moniteur, 21.01.08, https://www.lemoniteur.fr/article/la-pierre-ce-materiau-du-futur-par-gilles-perraudin-architecte.659199 2. Ibid 3. CFF immobilier: Adjudicateur et maître d’ouvrage du programme; Chemins de Fer Fédéraux suisses Immobilier 4. DALE: Le Département de l’Aménagement, du Logement et de l’Énergie 5. CFF immobilier, Chêne-Bourg - Lot CFF. Rapport du jury - Concours d’architecture en procédure sélective, Décembre 2014

III. Les influences

83


Fig.III.4. Perspective générale du projet Source: site Perraudin architectes; http://www.perraudinarchitectes.com/projets/firmitas/firmitas.html

Fig.III.5. Schémas concept structurel Source: site Perraudin architectes; http://www. perraudinarchitectes.com/projets/firmitas/ firmitas.html

84

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


mêlant programmes de logements (7’780m2), bureaux (3’605m2), et activités (373m2). Un projet cassant les idées préconçues sur l’incompatibilité de l’utilisation de la pierre massive pour une structure de grande hauteur. Le système structurel est détaillé, il propose un soubassement et un noyau en béton posé sur des fondations sur pieux sur lesquels viennent se greffer une structure ponctuelle en pierre massive jusqu’au 5ème étage. Des arcs de reprise viennent reprendre les efforts latéraux au 5ème étage pour continuer à partir du 6ème étage avec une structure composée de murs de refend en pierre massive et d’une façade avec allèges et plate-bande en pierre massive [Fig.III.7]. Pour optimiser le matériau, les deux agences ont fait le choix d’affiner la structure de bas en haut à la manière grecque [Fig.III.5] une solution qui n’est pas recommandé pour garantir une grande résistance aux séismes. Mais dans ce cas le socle et le noyau en béton permettent surement de répondre aux attentes sismiques. Les planchers en dalles de béton préfabriquées sont aussi adaptés aux forces exercées puisqu’ils ont un effet diaphragme1. Gilles Perraudin s’est exprimé sur ce projet lors d’une conférence et exprimera sa déception de ne pas avoir proposé un plancher en bois car selon lui personne ne l’aurait pris au sérieux, mais il reste persuadé que c’est la meilleure solution constructive.

La thermique du bâtiment jouant un rôle important dans l’impact

écologique, celle-ci fut pensée de manière intelligente en introduisant un apport d’énergie solaire (obligatoire) servant pour 30% de l’eau chaude mais surtout en connectant le bâtiment au chauffage à distance de Chêne-Bourg. Si l’on ajoute les propriétés thermiques obtenues grâce à l’inertie des murs en pierre le projet promet d’être rafraichi de manière naturelle grâce au déphasage en été et chauffé à l’aide d’une source de chaleur existante en hiver. Deux modes de chauffage sont préconisés: le chauffage au sol pour les logements et leur utilisation permanente et des radiateurs à masse placés dans les contrescoeurs pour les bureaux.

Les typologies proposées allant du T2 au T6 sont agréables. La

disposition du noyau permet d’obtenir des logements traversants avec dégagements extérieurs généreux orientés au sud permettant un gain de 1. Effet diaphragme: transmission des forces horizontales exercées par le vent et d’autres actions simplement aux éléments de renfort.

III. Les influences

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Fig.III.6. Perspective intérieure d’un logement Source: http://www.perraudinarchitectes.com/projets/firmitas/firmitas.html

Fig.III.7. Schémas concept structurel Source: site Perraudin architectes; http://www.perraudinarchitectes.com/projets/firmitas/firmitas.html

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chaleur non négligeable dans les pièces de jour, tandis que les chambres sont placées au nord. Nous savons que l’implantation d’un projet en pierre peut être un véritable atout, en effet les façades nord et sud sont traitées de la même manière, or on pourrait imaginer un balcon moins profond dans la partie sud pour favoriser l’apport solaire tandis qu’au nord l’épaisseur pourrait être plus généreuse pour devenir un véritable espace tampon. Ce principe pourrait permettre une utilisation saisonnière des espaces. Lacaton et Vassal dans leur projet de rénovation de la tour Bois-le-Prêtre ont déjà expérimenté ce principe typologique en ajoutant une épaisseur véritable «espace thermique intermédiaire tempéré par les déperditions du volume chauffé et par les calories offertes par le soleil.1» Les habitants acceptent ainsi de perdre de la surface en hiver pour profiter d’un plus grand espace en été.

Concernant le projet de la tour massive, tout un travail (non accessible)

a été réalisé sur la recherche de la pierre, sa provenance et sa mise en oeuvre. Stefano Zerbi a été désigné expert de la ressource pour le projet. Pour diminuer les impacts environnementaux de la construction et surtout les nuisances possibles durant la construction, les architectes ont opté pour un montage à sec avec une très grande préfabrication. L’agence Perraudin souligne «nous avons privilégié dans ces préfabrications celle qui a l’empreinte carbone la plus faible et qui minimise l’utilisation de l’eau, ressource rare et précieuse.2» Le projet est estimé a 47 millions de francs suisses pour 16’500m2, un projet qui tente de prouver sa faisabilité économique et constructive.

Malgré la «parfaite cohérence avec la proposition3» faite par CFF

immobilier, le jury a placé le projet deuxième du concours. Le jury est resté «dubitatif quant à la simplicité et l’efficacité liées à la réalisation d’un tel choix constructif (acheminement simultané de pierre de même qualité? provenant de carrières différentes? en quantité suffisante?).4» 1. Berthier, S. «Slow-tech», D’Architecture, N°261, Avril 2018 2. Perraudin Architectes, Tour de bureaux et logements, http://www.perraudinarchitectes.com/projets/firmitas/firmitas.html 3. CFF immobilier, Chêne-Bourg - Lot CFF. Rapport du jury - Concours d’architecture en procédure sélective, Décembre 2014 4. CFF immobilier, Chêne-Bourg - Lot CFF. Rapport du jury - Concours d’architecture en procédure sélective, Décembre 2014

III. Les influences

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Fig.III.8. Perspectives, axonométrie du quartier de logements de Plan-les-Ouates, Genève, en cours de construction Source: http://www.perraudinarchitectes.com/projets/plo/plo.html

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Les propos d’Olivier Fawer, tailleur de pierre rencontré en décembre 2018 font sens, le jury semble manquer d’informations sur le sujet. Un doute que le jury justifie en affirmant ceci: « Finalement, les coûts de construction relatifs à ce type d’ouvrage ne peuvent être estimés avec assurance en raison notamment du manque de références contemporaines.1» Un cercle vicieux qui semble difficile de briser, l’appréhension sur la question est présente et l’on manque d’exemples pour rendre le propos solide et cohérent. Le projet est toute de même arrivé deuxième du concours avec comme dernier commentaire du jury: «En revanche, l’utilisation de la pierre locale apparaît très écologique et suscite beaucoup d’intérêt!2.» Un commentaire plein d’espoir, rappelant les propos d’Olivier Fawer qui disait : «L’entretien avec les architectes est hyper important, et j’étendrais même aux décideurs. [Il nous explique qu’il a rencontré un directeur de régie qui voulait faire un projet et que le projet avait des coûts trop élevés. Olivier Fawer explique avec entrain et convictions son projet durable au directeur de régie.] Et à partir de là le mec le garde en tête et se dit peut-être que pour celui-là je ne peux pas mais peut-être le prochain. Moi je saute sur la personne dès que je sens un potentiel décisionnel pour en tout cas planter des petites graines.3»

Concernant les détails de construction, il n’existe pas de façon juste

de l’employer, chaque architecte a ses convictions sur le sujet, celle de Gilles Perraudin sont claires, un purisme absolu de la pierre associé au maximum avec le bois. C’est en Suisse qu’il a trouvé le moyen de le faire avec notamment un quartier à Plan les Ouates (Genève) de quatre immeubles de logements en cours de réalisation avec pour but de démontrer la faisabilité économique, constructive et technique d’édifices de grandes dimensions en pierre massive avec une structure bois [Fig.III.8]. Ce sont des projets de cette ampleur qui vont finir par prouver la viabilité des réalisations en pierre massive et apporter l’information nécessaire. Une confiance commence à se créer autour des édifices de Gilles Perraudin et les maîtres d’ouvrages se laissent séduire par son purisme et amour de la pierre. 1. CFF immobilier, Chêne-Bourg - Lot CFF. Rapport du jury - Concours d’architecture en procédure sélective, Décembre 2014

2. Ibid 3. Voir annexes: Interview 3, Olivier Fawer, Décembre 2018

III. Les influences

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Fig.III.9. Monument continu, Superstudio, 1969 Source: http://ndlr.eu/superstudio/

Fig.III.10. Structure urbaine monomorphe, Archizoom, 1969 Source: https://www.pinterest.se/pin/438749188681623171/

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b.

L’architecture radicale

Depuis les années 50, le monde assiste à un effondrement des

certitudes de la modernité et du fonctionnalisme. Le milieu de l’architecture sort des sentiers battus pour se mélanger à celle de pratiques artistiques. il règne un climat mondial effervescent, conquête spatiale, irruption du rock et donc de la culture populaire, naissance du pop art, diffusion télévisée de différents programmes, ect... Autant de bouleversement y compris politiques s’ajoutant aux découvertes scientifiques et technologiques provoquant une ambiance globale de création. Mais c’est en Italie qu’émerge l’architecture radicale, née d’une confrontation entre la situation actuelle du monde et l’enseignement de l’architecture dans les universités. Un enseignement qu’ils jugent en totale rupture avec le monde extérieur, trop académique. C’est à l’université de Florence dès 1964 que vont se former les deux principaux groupes de la scène radicale italienne, Archizoom [Fig.III.10] et Superstudio [Fig.III.9]. Ils partageront le refus des valeurs consuméristes et tout deux choisissent «la dérision pour dénoncer un appauvrissement généralisé de la création1».

C’est avec l’exposition Superarchittetura que débute réellement l’ère

radicale, par la suite on verra naître d’autes expositions comme Italy: The New Domestic Landscape (organisé par Emilio Ambasz) à New-York et de multiples articles dans la revue Casabella qui encreront définitivement le radicalisme comme courant architectural avant-garde.

La frontière n’existe plus entre l’art et l’architecture, l’art n’est plus une

alternative, les radicalistes veulent enlever la contradiction qu’il existe entre la valeur artistique et sa valeur d’utilisation. L’intention conceptuelle de vouloir faire sortir l’architecture de la phase institutionnelle et marchande pour la placer dans un champ nouveau de connaissance est le moteur de l’architecture radicale. L’espace favoris de l’expérimentation du radicalisme se trouve dans

1. Architecture radicale, frac centre, http://www.frac-centre.fr/ressources/parcours-thematiques/architecture-radicale-127.html

III. Les influences

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Fig.III.11. No stop city, Archizoom, 1970 Source: Domus, no. 496, March 3, 1971, pp. 49-54

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les dessins, les écrits, les installations, l’évenement, l’object créatif alors que le projet construit sera absent. Le point fort du design radical résidait dans cette «habilité à communiquer pensées et émotions, à conduire le public et critiques à débattre de l’impropriété manifeste d’une grande partie des habitations nouvelles et à réfléchir en même temps sur les faux progrès de notre societé technologique1».

Les architectes Radicaux aspirent à un humanisme nouveau. Cette

génération s’est rendu compte que les dix dernières années les avaients bridés dans l’emploi des sens et qu’il est nécessaire de procurer de l’émotion, de créer du symbole. Elle a réussit à renouveller durablement le champ théorique et imaginaire de l’architecture en remettant en cause les certitudes de la modernité classique, en réformant le mode de penser l’architecture en la confrontant aux dérives de la societé. Le radicalisme architectural tente de changer la perception du courant moderniste à travers des projets utopistes. C’est dans ces valeurs et intentions que le projet de réaménagement de la carrière d’Ostermundigen voudra s’inscrire.

Le design radical a servit de fondations pour le Postmodernisme dont

nous allons developpé les principes.

1. Pedrini, E. «L’architecture radicale», permorArts

III. Les influences

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Fig.III.12. Destruction de l’ensemble Pruitt-Igoe, 1972

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Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Pruitt-Igoe

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c.

Le Post-Modernisme

La mort de l’architecture moderne est établie par Charles Jencks,

théoricien et critique d’architecture américain, le 15 Juillet 1972 à 15:h32. C’est à ce moment précis qu’est détruit un vaste ensemble à Saint-Louis dans le Missouri, réalisé selon les principes les plus avancés du Mouvement moderne devenu inhabitable [Fig.III.12] . Mais en réalité l’apparition du Postmodernisme date de la crise économique de 1973. Les sociétés occidentales qui vivaient depuis près d’un demi-siècle une période de prosperité immense font face à la réalité: la fragilité de cette croissance. Ce nouveau courant de pensée correspond à une réaction profonde d’une civilisation contre les excès de sa propre croissance, à la recherche d’autres modes de vie et par conséquent d’une nouvelle manière d’habiter. Le désir principal de chacun était de retrouver ses propres racines et de se rattacher à son histoire passée. C’est finalement une volonté réactionnaire face à ce qui se faisait à ce moment là, «Le postmoderne est refus, rupture, abandon, beaucoup plus qu’il n’est le choix d’une orientation»1.

En effet plus qu’uniquement le procès du Moderne et ses conséquences,

c’est une réelle prise de conscience, les rapports sociaux et de production se sont transformés, l’industrie a subi des transformations radicales et on commence à parler de la crise des ressources énergétiques faisant ainsi ressurgir des problèmes que l’on pensaient résolus. Charles Jencks critique le caractère dogmatique sinon totalitaire de l’architecture moderne et ses propos seront repris par l’architecte Eisenman qui considère que l’architecture moderne est associée à une image du monde où l’artefact domine tout.

1. Portoghesi, P. (1983). Le Post-moderne, l’architecture dans la société post-industrielle electa moniteur, Milan-Paris

III. Les influences

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Fig.III.13. Sulmona Social Center par Paolo Portoghesi Source: https://aqqindex.com/post/101057019929/paolo-portoghesi-sulmona-social-center

Fig.III.14. Projet d’un centre social place Saint-Pierre, Rome, Léon Krier Fig.III.15. Drawings, Léon Krier Source: https://laboratoireurbanisme.blogspot.com/leon-krier-rome.html

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Source: https://archisketchbook.com/drawing-by-l%C3%A9on-krier

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L’architecture a été l’une des premières disciplines à développer de

nouveaux désirs face à cette crise; «précocité dont la raison est très simple : étant donné son incidence directe sur la vie quotidienne, l’architecture n’a pu échapper au contrôle concret qu’exercent ceux qui l’utilisent»1. La cité moderne, la banlieue dépourvue de toute qualité de vie, le milieu urbain appauvri en valeurs collectives, la disparition des caractéristiques locales, du lien avec le lieu, finalement l’uniformisation des banlieues du monde entier faisant perdre à l’habitant sa singularité en oubliant de recréer une identité du lieu, est réfuté par toutes une génération d’architectes que l’on nomme Postmodernes. Dans une recherche de l’invention perpétuelle, du nouveau à tout prix le système physiologique urbain de la croissance urbaine a pris un coup et les postmodernes proposent de renouer avec le passé. «Il est nécessaire de réapprendre la modestie et avoir une connaissance des règles, des canons issus de siècles d’expériences et d’erreurs ; ils ont découvert que le caractère d’un lieu est un partrimoine à mettre en valeur, non à dissiper avec insouciance. Ainsi s’esquisse une sorte de nouvelle Renaissance qui veut récupérer certains aspects du passé, non pour arrêter l’histoire mais pour en faire cesser la paralysie»1. 1. Portoghesi, P. (1983). Le Post-moderne, l’architecture dans la société post-industrielle electa moniteur, Milan-Paris

Les premiers signes de cette tendance «historiciste» apparaissent dans les années soixante en Italie avec Passarelli et Portoghesi [Fig.III.13], en Angleterre avec Lubetkin et Erskine, au Japon avec Tange ou Kikutake, en Belgique avec Kroll et les frères Krier [Fig.III.14-15]. Robert Venturi est le premier à théoriser et définir ces nouvelles idées dans son ouvrage Complexité et contradiction en

architecture, 1966 et dans des oeuvres qu’il voulait inspirées de l’architecture «laide et ordinaire».

1. Portoghesi, P. (1983). Le Post-moderne, l’architecture dans la société post-industrielle electa moniteur, Milan-Paris

III. Les influences

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Fig.III.16. Walden 7, Ricardo Bofill, Barcelone, 1975 Source: http://globalhomedelivery.com/pommes-ricardo.html

Fig.III.17. Les arcades du lac, Ricardo Bofill, Saint-Quentin-en-Yvelines, 1981 Source: http://globalhomedelivery.com/pommes-ricardo.html

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Durant la fin des années soixante dix, le Postmodernisme introduit une

rupture radicale par rapport aux évolutions du style International en s’opposant aux dogmes du Mouvement moderne qui sont le fonctionalisme utilitaire et constructif et le refus des traditions culturelles. Les architectes issus de Mai 68 participent vivement à l’expansion du nouvement, tout commes les architectes américains Moore, Eisenman, Graves, Soleri ou encore Meier.

Le Postmodernisme n’a pas vraiment d’école, ni de doctrine à

proprement parler puisqu’il est une réaction à la doctrine moderne comme le souligne Joseph Belmont; « Les architectes ont rejeté le principe fondamental de l’autonomie et ont redécouvert celui de l’enchainement baroque. Plus de préoccupations fonctionnelles mais le souci constant du symbole. Plus d’architecture domestique mais une création monumentale»1. Pour certains notamment comme Ricardo Bofill [Fig.III.16-17], la redécouverte formelle de la tradition ancienne avec ses colonnes, ses chapiteaux, ses frontons et ses ornements est un point de départ pour une création contemporaine, «les architectes s’inspiraient des apparences et non des raisons qui les avaient fait naître»2. Finalement c’est un courant qui s’exprime au travers une série de tendances diverses telle que le vernaculaire, le métaphorique, l’historiciste et emprunte tout autant à l’architecture de Palladio qu’à celle du «Strip» de Las Vegas.Comme le Postmodernisme se méfie du puritanisme du progrès et cesse de croire à une possible libération par le progrès et la modernisation, il se renchaîne donc aux traditions classiques. Notamment car pour eux la perte de l’ornement ne satisfaisait plus les besoins humains de confort et de beauté. Dans une logique inversée à celle des modernistes, les architectes postmodernes pensent d’abord la construction de la forme puis à la fonction, redonnant du signifiant au bâtiment en préservant et se réappropriant des formes anciennes et parfois même opérer des transferts d’usages. Le stylehybride dont font partie les postmodernes insiste sur le contexte de cité, les valeurs des utilisateurs et les moyens éternels de l’expression en architecture. 1. Belmont, J. (1987). Modernes & postmodernes. Ed. du Moniteur 2. Belmont, J. (1987). Modernes & postmodernes. Ed. du Moniteur

III. Les influences

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Fig.III.18. La Strada Novissima: La Biennale de Venise de 1980 Source: https://www.domusweb.it/en/from-the-archive/2012/08/25/-em -la-strada-novissima-em--the-1980-venice-biennale.html

Fig.III.19. The Portland Building, Michael Graves, 1982 Source: https://www.archdail-com/407522/ ad-classics-the-portland-building-michaelgraves

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« L’art, l’ornement, et le symbolisme sont essentiels en architecture parce qu’ils élargissent la signification et la clarifient tout en lui donnant une plus grande résonnance. » 1

Il faudra attendre les années quatre vingt pour que les architectes

recommencent à utiliser la métaphore, l’ornement, la polychromie, pour essayer de communiquer avec le public. C’est peut-être la biennale de Venise de 1980 [Fig.III.18] qui le permet, sorte de synthèse des courants actuels. Mais Charles Jenck, participant à l’organisation avec Paolo Portoghesi, Robert Stern, Christian Norberg-Schulz et Vincent Sully, confiera que le véritable sujet de la biennale était l’architecture post-moderne, bien que son titre ait été «La présence du passé». Le Building Portland de Graves [Fig.III.19] est le premier monument majeur du post-modernisme, parce qu’en dépit de ses défauts c’est le premier à montrer qu’il est possible de construire à grande échelle dans un langage utilisant l’art, l’ornement et le symbolisme de manière à être compris des habitants: La Renaissance du monument comme le décrit Joseph Belmont2. L’architecture redécouvre la diversité des formes, des matériaux et des compositions et leur association à des lieux particuliers. L’éclestisme que va connaître le postmodernisme après les années quatre vingt, pourrait vouloir dire qu’aucune forme de s’impose comme telle de façon absolue, à l’image des hommes et de leur multiples expressions, les propos de Philip Johnson [Fig. III.20-21] à ce sujet sont explicites: «Mies est un tel génie ! Mais j’ai grandi et je me suis lassé ! Mon choix est clair : la tradition éclectique. Il ne s’agit pas de revivalisme académique. Il n’y a pas d’ordres classiques ou de faîtes gothiques. J’essaie de choisir ce qui me plaît à travers l’histoire. Nous ne pouvons pas méconnaître l’histoire.»3

Sous l’influence de Rossi [Fig.III.22-23] et d’autres comme les frères Krier

ou Mario Botta [Fig.III.24] se développèrent les aspects de répétition contrôlée et de bienséance urbaine : particulièrement le style sobre qu’on peut appeler le « nouveau toscanisme » ou « la nouvelle abstraction ».

1. Jencks, C. (1979). Le langage de l’architecture Post-Moderne. Academy 2. Belmont, J. (1987). Modernes & postmodernes. Ed. du Moniteur 3. Philip Johnson, propos recueillis par George Braziller, New-York, 1962.

III. Les influences

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Fig.III.20. The beck house, Philip Johnson, 1964 Source: https://archpaper.com/2014/11/eavesdrop-johnson-sale/

Fig.III.21. Sheldon Museum of Art , Philip Johnson, 1963 Source: https://archpaper.com/2013/09/on-view-university-of-nebraska-presents-look-for-beauty-philip-johnson-and-art-museum-design/

Fig.III.22. Elevation drawing, Aldo Rossi, 1978 Source: https://rndrd.com/n/1789

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Le nouveau toscanisme fut le genre dominant dans certaines parties de l’Europe, comme l’Italie et l’Espagne, qui utilisent la litote et le probité froide comme vertus, «le brutalisme et le détail de mauvaise qualité sont ses vices occasionnels»1.

« Il serait vain de se détourner du passé pour ne penser qu’à l’avenir. C’est une illusion dangereuse de croire qu’il y ait même là une possibilité. L’opposition entre l’avenir et le passé est absurde. L’avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien ; c’est nous qui, pour le construire, devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même. Mais pour donner il faut posséder, et nous ne possédons d’autre vie, d’autre sève, que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recrées par nous. De tous les besoins de l’âme humaine, il n’y en a pas de plus vital que le passé. » Simone Weil, L’enracinement, 1949

Finalement le postmodernisme était une forme de critique sociale,

raillant l’utopie technologique et prenant très tôt conscience de la crise écologique.Il peut être «solennel et très fine comme l’est l’œuvre d’Aldo Rossi. Cela peut être le jazz commercial de Charles Moore, la fanfare monumentale de Ricardo Bofill ou la douce polyphonie de Hans Hollein. La manière varie mais on peut l’identifier. Elle tire du classicisme une grammaire universelle et une syntaxe – les colonnes, les arches, les dômes, certaines techniques de menuiserie et de décorations – et les tâches sociales et la technologie courante lui fournissent un élan créateur»2.

1. Jencks, C. (1979). Le langage de l’architecture Post-Moderne. Academy 2. Jencks, C. (1979). Le langage de l’architecture Post-Moderne. Academy

III. Les influences

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Fig.III.23. San Cataldo Cemetery, Aldo Rossi, 1971 Source: https://www.archdaily.com/95400/ad-classics-san-cataldo-cemetery-aldo-rossi?ad_medium=gallery

Fig.III.24. Casa Rotonda, Mario Botta, 1981 Source: https://es.wikiarquitectura.com/edificio/Casa-Rotonda/

Fig.III.25. Photo du clip Putain d’époque tourné autour des arcades du lac de Ricardo Bofill, 2016 Source: https://www.vice.com/fr/article/zmyeey/comment-larchitecture-postmoderne-a-envahi-les-clips

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Aujourd’hui le post-modernisme continue de fasciner les architectes

mais aussi les usagers, on observe notamment la présence de bâtiment postmoderne dans de nombreux clips musicaux par exemple [Fig.III.25].

Pour le projet de fin d’étude de réaménagement de la carrière

d’Ostermundigen

le point de départ était la remise en question de la

construction actuelle. La volonté était de réutiliser des modes de mise en oeuvre traditionnels de matériaux biosourcés en général et de la pierre en particulier. Les principes évoqués par le mouvement postmoderne et plus particulièrement par les architectes issus du nouveau toscanisme ont une résonnance particulière et semblent intéressants pour un projet interrogeant la construction contemporaine. Bien que l’architecture qui en découle soit parfois brutale et répétitive, l’envie de procurer de l’émotion aux usagers est une des préoccupations primaires.

Cette nouvelle vision du monde, la disparition des frontières entre les

différents arts donne lieu à de nouvelles formes artistiques: l’art conceptuel, l’Arte povera, le Process Art, l’Anti-Form, le Body Art, la Performance et le Land Art auquel nous allons nous intéresser davantage.

III. Les influences

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Neil de Jenney, Dennis Oppenhein, Günther Réaménager Fig.III.26. la carrière molasse d’Ostermundigen , Suisse Uecker, Jan Dibbets, Richard Lond et Robert Smithson lors de l’exposition Earth Art à la Cornell University. Source: https://museum.cornell.edu/earth-art-1969#&gid=1&pid=1


d.

Le Land Art

Pour dynamiser la carrière d’Ostermundigen il semblait intéressant de

considérer un courant artistique comme le Land Art qui est en constant dialogue avec le paysage. A la fin des années soixante, notamment aux Etats-Unis, on voit apparaître l’émergence d’arts avant-gardistes dont les artistes rejettent «le concept d’oeuvre d’art en tant qu’objet esthétique»1. Certains minimalistes décident de s’interesser à un matériau sculptural: la terre. Les artistes quittent les ateliers avec la volonté de se débarasser de l’art de chevalet et des grands principes du modernisme notamment prônés par le critique d’art Clement Greenberg.

Deux expositions majeures vont faire émerger le Land Art: Earthworks

tout d’abord, organisée en 1968 par Virginia Dwan, galeriste et collectionneuse New-Yorkaise, répondant notamment à un essai de Robert Smithson: A

sedimentation of the Mind: Earth Projects. Puis Earth Art en 1969 organisée à Cornell University. Ces deux expositions seront le base de lancement du Land Art comme le souligne Suzan Boetger dans son livre intitulé Earthwork, Art and

the Landscape in the Sixties.

C’est en concordance avec le post-modernisme que se développe le

Land Art et les conditions socio-économiques d’une societé traumatisée mais idéaliste (période de guerre froide, manifestations anti-guerre/anti-nucléaire aux US, l’année du printemps de Prague en Europe ...) poussent les artistes à s’engager politiquement et socialement. Ils cherchent à revendiquer cet engagement et conçoivent leur art comme tel, en bousculant les normes culturelles et en particulier l’institution muséale avec laquelle ils se sentent en totale rupture. En réinventant leurs formes et lieux d’expressions, ils tentent d’échapper à l’exposition traditionnelle du musée, galerie qu’ils accusent de les maintenir à l’écart de la société et de proposer des environnements stérils (le white cube).

1. Elmaleh, E. (2002). La terre comme substance ou le Land Art. Revue française d’études américaines, n°93, p.65

III. Les influences

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Fig.III.27. Double Negative, Michael Heizer, 1970 Source: https://www.laweekly.com/arts/michael-heizers-double-negative-a-journey-to-a-land-art-landmark-2176032

Fig.III.28. Observatory, Robert Morris, 1971 Source: https://theartstack.com/artist/robert-morris/observatory-1971

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Les véritables précurseurs du Land Art sont Walter de Maria, Michael

Heizer [Fig.III.27], Robert Smithson, Robert Morris et Denis Oppenheim dont l’objectif commun était la transformation de larges espaces naturels pour opérer une sorte d’installation en utilisant des substances naturelles, notamment la terre chargée d’un symbolisme fort. Comme pour le postmodernisme, le Land Art n’est pas un mouvement strictement défini comme l’était le cubisme ou l’impressionnisme, puisque les critères ne sont pas véritablement définis mais les artistes se rassemblent autour d’une idée commune, la volonté de travailler avec des éléments naturels.

En 1966, Robert Morris [Fig.III.28] se questionne sur le dimensionnement

des oeuvres et conclut que plus les dimensions sont grandes, plus l’objet nécessite de l’espace, plus il est donc difficile de privatiser cette oeuvre. L’intimité avec l’oeuvre est modifié, rendant l’objet entièrement public. Il s’agit de mettre en avant l’oeuvre non plus à travers son espace d’exposition mais aussi grâce à sa temporalité. Généralement l’oeuvre du Land Art est durable, c’est justement le souci de la durée qui a conduit Heizer à choisir la terre comme matériau principal. Les artistes puisent explicitement leurs références dans les réalisations des cilivilisations disparues (les Egyptiens de Gizeh et de Saqqarah, les Mayas de Chitchen Itza et de Uaxactum, mais aussi les concepteurs des énigmatiques figures gravées dans le sol anglais et dans le désert de Nazca au Pérou) et renoue parfois avec l’archaïsme, le primitivisme, tentant de rendre leurs oeuvres éternelles. Soumises aux aléas climatiques et l’influence des éléments naturels, les oeuvres entrent dans un processus de modification, décomposition, dégradation dont Robert Smithson s’est longuement interessé. Montrant ainsi à travers ses oeuvres que tout artefact est tributaire des lois de la nature, qualifiant ce processus de «l’inexorabilité de l’entropie». L’art devient donc un produit éphémère utilisant des matériaux périssables pour marquer davantage la rupture avec la production académique d’oeuvres et la marchandisation de l’art en tant qu’objet décoratif.

III. Les influences

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Fig.III.29. Asphalt Rundown, Robert Smithson, 1969 Source: http://www.urbain-trop-urbain.fr/les-terrains-de-jeux-celestes-des-banlieues/

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« Le paysage est le reflet du l’histoire du lieu. » Robert Smithson

Robert Smithson [Fig.III.29] emprunte et popularise la notion d’entropie.

En physique cela exprime «le principe de dégradation de l’énergie» selon sa définition propre. L’artiste explore entre autre les paysages abandonnés par une industrialisation massive de la seconde moitié du XXe siècle. Il voit dans la manière dont s’industrialisent les paysages la manifestation concrète du renversement de nos conceptions traditionnelles de l’évolution de l’espace en fonction du temps, jusqu’alors fondées sur une impression de linéarité. L’entropie représente donc une évolution à l’envers. Elle dément l’habituelle vision automatisée que nous avons. Elle est plutôt «le résultat d’un état irréversible qui nous fait prendre conscience de la fragilité et de l’instabilité de tout ce qui existe» 1. Le changement et la décomposition étant des phénomènes inévitables, Smithson propose alors d’admettre, d’apprivoiser et même de récupérer les choses qui nous paraissent parfois désolantes. Cela signifie donc d’accepter l’entropie et même de commémorer l’espace désorienté que peut offrir le paysage.

La première génération de Land artistes créait des oeuvres irréversibles

dans le paysage, catégorisé de brutales et non-écologiques, ils seront d’ailleurs vivement critiqués pour cela dans une époque qui voit naître une conscience écologique. Ces polémiques se développaient sur l’interprétation premier degrè qui est que le Land Art doit participer au retour de la terre et dans ce sens être écologique. Robert Smithson affirme lors d’un entretien que « l’utilisation du paysage n’est rien d’autre que l’extension de la galerie et non un retour à la nature. Le paysage est un lieu d’expériences intellectuelles, sensibles et perceptibles» 2. Une importante réflexion sur la question du site se pose et certains artistes décident de pratiquer leur art «dont le sens émerge essentiellement du contact avec le sol et la surface terrestre»3. 1. Smithson, R. (1994). Le paysage entropique, Une rétrospective. Réunion Musées nationaux, p.216 2. Tiberghien, G. (2012). Land art. Ed.Dominique Carré 3. Elmaleh, E. (2002). La terre comme substance ou le Land Art. Revue française d’études américaines, n°93, p.65

III. Les influences

111


Fig.III.30. Photo de l’exposition de 1969 à Kunsthalle de Berne Source: http://kookaburraeditions.blogspot.com/2012_05_01_archive.html

Fig.III.31. Photo de l’exposition de 1969 à Kunsthalle de Berne, oeuvres de Joseph Beuys et de Claes Oldenburg Source: https://artplastoc.blogspot.com/2015/02/330-quand-les-attitudes-deviennent.html

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


C’est pourquoi les grands espaces désertiques satisfaisaient leurs exigences plastiques en leur procurant de grands espaces pour des oeuvres gigantesques mais aussi les ressources nécessaires: les rochers, le sable, la boue, les dépôts volcaniques... La deuxième génération d’artistes comme Agnès Denes, Andy Goldworthy, ou Nils Udo transformeront le Land Art en art environnemental au sens propre.

Le Land art est l’une des tentatives artistiques la plus aboutie pour casser

l’image académique de l’art et se rebeller contre l’institution muséale. Cet art s’inspirant et utilisant les matériaux bruts et le ressources naturelles, fait l’éloge de la fragilité, du transitoire, de l’éphémère et de la pérennite en utilisant différentes formes de représentations: réhabilitation de sites dévastés, scarifiant le paysage, édification de structures se rapprochant des civilisations primitives... Souvent le Land Art est classé dans la catégorie postmoderne des arts conceptuels notamment pour les textes des artistes et des critiques sur les oeuvres.

La Kunsthalle de Berne fut occupée en 1969 par de jeunes artistes

révolutionnaires éminents de l’Arte Povera mais aussi des précurseurs du Land Art et des artistes conceptuels [Fig.III.30-31]. C’est cette année que Harald Szeemann, dirigeant de la Kunsthalle organisa avec la fameuse exposition à Berne «Quand les attitudes deviennent forme» basé sur les principes de ce nouveau courant artistique. Une soixantaine d’artistes du monde entier sont réunis dont Michael Heizer, Walter de Maria, Robert Smithson, Dennis Oppenheim, Robert Morris, Joseph Beuys...ayant pour but de montrer que ce qui prime, ce qui fait forme, est l’idée ou l’attitude de l’artiste et non plus l’objet. Malgrè l’incompréhension et le scandale qu’elle déclencha, cette exposition a boulversé l’art, elle fut notamment l’objet d’une reconstitution en 2013 à Venise.

Pour le projet de réaménagement de la carrière d’Ostermundigen l’intention

est d’utiliser des matériaux locaux et de tirer profit du terrain et de la pierre mise à dispostion. Guidé par un choix sensible du site en constante évolution et par la volonté de remettre l’humain dans un processus de réflexion comme le cherchait à faire les Land artistes, il semblait intéressant de faire des recherches sur ce courant artistique et ainsi de ne pas seulement répondre à une demande fonctionnaliste. Les dimensions de certaines oeuvres des artistes évoqués précédemment sont souvent à l’échelle du paysage, imposantes, créant de par leur taille une dimension public. Le land art voulait fuir l’industrie de l’art de l’époque, et ce projet propose une nouvelle/ancienne approche de l’architecture avec un regard critique de la construction actuelle. III. Les influences

113


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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


IV. Le projet:

Réaménagement global de la carrière



a.

Mixité programmatique: enjeux et objectifs

Partant toujours de l’hypothèse ou le sable vient à manquer, l’idée

première était de créer un centre de recherche et de formation sur la pierre entre autre et les matériaux biosourcés en général dans la construction, tout en améliorant la partie d’industrie pour resensibiliser la nouvelle génération à ce matériau oublié. Le site en bordure dans la capitale d’un des pays les plus innovants du monde semble être adapté pour recevoir ce programme. Mais suite à la visite du site et la rencontre avec le propriétaire de la carrière, l’attachement des habitants à ce lieu aux formes atypiques a poussé la volonté de garder une partie public. La ville d’Ostermundigen possède de nombreux équipements publics mais n’a cependant pas de bibliothèque/médiathèque. Suite à des recherches sur l’histoire de l’extraction Suisse nous avons pu découvrir la présence d’éléments de construction historique (sculpture, pierre de construction, échantillons..) lié à la construction en pierre se trouvant actuellement à la Bibliothèque Nationale Suisse ainsi qu’au musée historique de la Ville de Berne. La présence d’un musée sur ce thème au milieu de la carrière et dans la continuité du centre Paul Klee semble également une option intéressante.

Pour lier les programmes et apporter des flux à temporalités différentes,

la présence d’une brasserie, de places de coworking et d’aménagements extérieurs pouvant accueillir des projections, spectacles de manière saisonnière, seront ajoutés.

La volonté de densification de la ville est un argument pour l’ajout de

ces programmes d’autant plus que la commune est pauvre en aménagements culturels et publics. La proposition est donc un programme mixte permettant l’articulation entre la ville, l’architecture, la carrière et le territoire et pourrait devenir l’un des pôles redonnant de l’attractivité à la commune.

IV. Le projet: Réaménagement global de la carrière

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Accès interdit

Accès réglementé

Réservé aux travailleurs

Réservé aux élèves employés et chercheurs

FORMATION Pour environ 160 élèves

EXPLOITATION INTERIEUR

Bureau Salle de réunion Accueil + espace d’exposition Cuisine / salle de repos Vestiaires + rangement outil Douches Sanitaires + poste de secours

20 m2 20 m2 70 m2 60 m2 50 m2 20 m2 40 m2

TOTAL

280 m2

2 salles d’étude + rangements 1 salle professeur Atelier pratique N°1 Atelier pratique N°2 Bureau de la direction + Secrétariat 1 zone de sanitaires Local matériel entretien + 500 m2 Circulations + Local technique

2 x 120 m2 130 m2 360 m2 370 m2 120 m2 60 m2 20 m2

TOTAL

1 800 m2

BU R EAUX

Plateaux de 350 m2 à 120m2

EXPLOITATION EXTERIEURE

160 + 70 m2 Plateau N°1 + circu. aménageable 130 + 50 m2 Plateau N°2 + circu. aménageable Plateau N°3 + circu. aménageable 130 + 50 m2 Plateau N°4 + circu. aménageable 370 + 180 m2 130 + 50 m2 Plateau N°5 + circu. aménageable 1 x 60 + 1 x 100 m2 2 zones sanitaires + 320 m2 Circulations + Local technique TOTAL

1 800 m2

Machines nécessaires:

Bouteur avec pelles interchangeables Compresseur pour air comprimé Foreuse à colonne Pelle hydraulique Foreuse mobile Grue Réservoir pour le fioul

Stockage 500 m2

RECHERCHE

Pour environ 60 chercheurs 24 x 15 m2 16 bureaux de recherche 370 m2 Laboratoires + rangements 250 m2 Circulations aménageables 120 m2 1 salle réunion 60 m2 1 zone de sanitaire 10 m2 Local matériel entretien + 350 m2 Circulations + Local technique TOTAL

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse

1 520 m2


Accès public Ouvert à tous

PUBLIC

Pour chercheurs + élèves + visiteurs

MUSEE Pour visiteurs

Shop musée Billeterie/ Vestiaires 3 zones sanitaires Salles d’expositions RDC Salles d’expositions R+1 Rangement / Technique + 300 m2 Circulations TOTAL

Brasserie Salle de conférence 1 zone de sanitaires Local matériel entretien Amphithéatre extérieur + 500 m2 Circulations

300 m2 300 m2 90 m2 20 m2

TOTAL

1 210 m2

120 m2 150 m2 3 x 60 m2 2 000 m2 1 400 m2 2 x 180 m2

4 510 m2

COWORKING

2

Pour chercheurs + élèves + visiteurs

2

2

Open space 470 m2 Cuisine attenante 75 m2 2 zones de sanitaires 2 x 80 m2 Local matériel entretien 2 x 20 m2 Bureaux associations 240 m2 + 460 m2 Circulations /Terrasses

2

2

2

TOTAL

1 445 m2

MEDIATHEQUE

Pour chercheurs + élèves + visiteurs Salle lecture N°1 (ouvrages spécialisés) 270 m2 Salle de lecture N°2 390 m2 Espace nouvelles technologies 155 m2 Espace informatique 230 m2 Salle de projection 180 m2 Rangement 50 m2 2 zones sanitaires 1 x 65 + 1 x 40 m2 Local matériel entretien 2 x 10 m2 + 300 m2 Circulations TOTAL 1 700 m2

Fig.IV.1. Représentation du programme

IV. Le projet: Réaménagement global de la carrière

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E spaces P lace

clos inaccessibles

basse innacessible

P artie

en activité

P artie

abandonnée arborée

P lace

haute - enclos chevaux

V ues

Fig.IV.2.

S c h é ma

d ’ i n t en t i o n

Liaison des différentes parties de la carrière + création de vues

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


b. Implantation dans la faille d’Ostermundigen

Implantation dans le paysage

La première intuition fut celle de séparer la carrière afin de gérer

les flux travailleurs des flux publics. Les imposants murs abruptes crées par l’industrialisation de la pierre ont inspirés des concepts se rapprochant de ceux des land-artistes. Le site étant actuellement caché par la végétation depuis la ville, il était nécessaire de faire un objet à la hauteur d’un programme mixte comme celui proposé. L’implantation part d’un pan de la falaise et se projette en direction du centre-ville de Berne allant jusqu’en dehors de la carrière, séparant cette dernière en deux laissant la partie basse au public et la partie haute à l’industrie. Le socle du bâtiment sera constitué d’espaces publics et la partie haute regroupera les espaces les plus privés. Ainsi le bâtiment vient créer du lien dans la carrière entre la partie haute et basse tout en séparant le Nord du Sud. Le bâtiment dédié à l’industrie serait à part possèdant sa propre autonomie avec la possibilité d’être réaménagée une fois l’exploitation terminée.

Accès au bâtiment

Pour le public, l’offre des transports en commun est véritablement

abondante à Ostermundigen il suffirait d’un arrêt de bus en plus sur la ligne 44 pour rejoindre la carrière depuis la gare de Berne et la gare d’Ostermundigen. Deux accès principaux se dessinent, le premier sur la façade pignon relié par un chemin au milieu de la forêt à un parking d’une centaine de place, et le deuxième accès situé au niveau de la place basse relié également à un parking extérieur d’une centaine de place. Les deux parkings sont reliés par un chemin pédestre. L’accès à l’indutrie et à l’espace de stockage des blocs de pierre se fait au même endroit qu’actuellement, permettant aux camions de pouvoir toujours circuler librement.

IV. Le projet: Réaménagement global de la carrière

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S équence 3 Liaison avec la carrière

S équence 2 Séquence 1 Liaison avec la forêt et l’industrie

Liaison Berne

S é q u en ç a g e

du projet en f o n c t i o n d e l a t o p o g r ap h i e Fig.IV.3.

Liaison des différentes parties de la carrière + création de vues

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Organisation du bâtiment

L’organisation générale du bâtiment est claire, le bâtiment est divisé

en trois parties, celle en lien avec la ville de Berne, celle en lien avec la forêt et l’industrie et celle plutôt en lien avec la carrière. Les trois parties sont reliées par un élément commun: la toiture accessible.

Le chemin pour rejoindre l’entrée sur la façade pignon depuis le

parking ressemble au chemin d’accès à la carrière haute au milieu de la forêt. Tentant de reproduire la rencontre surprenante avec les formes de la carrière, la façade pignon recrée un morceau de la falaise, avec pour seul percement l’entrée. L’accueil permet ici de desservir la médiathèque sur deux étages et les plateaux de bureaux en location au dernier étage. Il est possible d’accèder depuis cette entrée à la toiture, le visiteur se retrouve sur un promontoire face à la ville de Berne avec une vue complétement dégagée.

Une autre entrée plus au Nord permet d’accéder aux deux autres

parties du bâtiment. Comprenant la brasserie, la salle de conférence en lien avec une place minérale, le rez-de-chausée est dedié au public. C’est l’endroit ou pourrait se produire des spectacles, projections de manière saisonnière, avec la création d’un amphithéâtre faisant face à une paroi taillée par l’homme. Le musée troglodyte sera réalisé sur deux niveaux en récupérant les parties souterraines abandonnées, le musée se présente comme une réelle carrière souterraine composée de piliers tournés, de puits d’extraction servant comme apport de lumière et de tunnels d’accès. Le hauteurs seront variables dans ce musée, pouvant être de l’échelle d’un tunnel minier jusqu’aux grandes hauteurs que l’on retrouve habituellement dans les carrières souterraines de pierre de taille. Le niveau supérieur sera composé des éléments permanents qui bénéficieront d’une bonne conservation tandis que le niveaux bas recevra les expositions temporaires. Des percements le long de la falaise d’une partie abandonnée de la carrière apportera des faisceaux de lumière intérieure. Terminant la visite le visiteur sort en toiture, il peut choisir de continuer son circuit en toiture traversant différentes séquences, partant de l’industrie passant par la poésie de la forêt jusqu’au promontoire ou bien de redescendre sur la place d’accueil directement.

IV. Le projet: Réaménagement global de la carrière

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La partie de recherche sur la pierre et les matériaux biosourcés est

composée de bureaux individuels, de laboratoires en commun et d’espaces communs pour échanger. L’école de la pierre sera en lien directe avec la partie de recherche mais aussi avec l’industrie autorisant ainsi l’apport de blocs directement dans les ateliers. Un bâtiment indépendant a été pensé pour l’industrie n’excluant pas que les travailleurs utilisent les espaces communs.

La structure du bâtiment a été pensé de manière à créer une

«coursive» au Nord servant d’espace tampon mais qui se dilate et devient un véritable lieu habitable laissant ainsi les espaces les plus utilisés avec de temporalités plus longues au Sud profitant un maximum des apports solaires. Une organisation claire qui traverse le bâtiment permettant aux utilisateurs un parcours confiant.

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Zone de stockage

Accès

interdits

Accès

à l’exploitation

P h ase 0 : Etat actuel de la carrière en exploitation

IV. Le projet: Réaménagement global de la carrière

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P rivé (E

xploitation)

P ublic

P h ase 1 : Division nécessaire à la gestion des flux

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


B rasserie / S alle

de conférence

M édiathèque R echerche

sur la pierre et les matériaux biosourcés

F ormation

aux métiers de la pierre

P lateaux

de bureaux en location

P h ase 2: Répartition du programme en fonction de l’emplacement

IV. Le projet: Réaménagement global de la carrière

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Fig.IV.4.

S c h é ma

d e l eva g e d ’ u n b l o c ma r c h an d

Réalisation personnelle

M ur

porteur en pierre de taille

G obetis (E nduit d ’ acccroche ) B éton

de chanvre

Appliqué entre mur et banche en projection avec machine

O ssature

Fig.IV.5.

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M i se

bois

en o e u v r e d u b é t o n d e c h anv r e

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse

Réalisation personnelle


c.

Matérilisation et construction du bâtiment

La volonté d’utiliser uniquement des matériaux biosourcés a beaucoup

influencé l’apparence du bâtiment. En effet l’utilisation de la pierre structurelle impose certaines contraintes.

Eléments structurels verticaux

Les blocs de pierre seront assemblés à l’aide d’une grue automotrice

et selon le système des cordes. Cela permet d’éviter les marques éventuels des pinces mécanisées sur les blocs de pierre. Les joints seront réalisé à partir d’un mortier batard de chaux aérienne et de ciment blanc (2/3chaux, 1/3 ciment blanc). Le franchissement pour créer des ouvertures avec ce matériau peut se faire selon trois manières: le franchissement direct en pierre imposant un franchissement court, la plate bande allant jusqu’à une distance de deux mètres maximum ou bien le franchissement en clé de voûte octroyant plus de liberté. Pour maximiser les apports solaires c’est donc un franchissement en clé de voûte qui va être utilisé pouvant rappeler des formes historicistes. Pour la façade pignon les angles ne seront pas chaînés car cela peut les fragiliser, on préconise plutôt un croisement des pierres qui offrira un meilleur encaissement des murs aux effets de traction exercés par la toiture.

Bien que la pierre seule offre un certain confort thermique naturel, il est

indispensable de la combiner avec un isolant pour répondre aux exigences thermiques qu’implique la norme suisse (SIA 180). La pierre nécessite de respirer pour assurer son rôle naturel hygrothermique, un isolant en polyuréthane pourrait empêcher la perspirance du mur et ainsi l’endommager. Le choix de l’isolant s’est porté sur un béton de chanvre pour plusieurs raisons: pour ses performances hygrothermiques, pour sa climatisation naturelle, son faible impact environnemental, ses performances antisismiques et sa réaction au feu. L’isolation des murs en béton de chanvre s’effectue par remplissage des parois sur une ossature porteuse, selon le principe du banchage.

A l’intérieur les murs porteurs seront rendus apparents grâce à un rupteur

thermique entre la façade et les éléments de refends tandis que les murs isolés seront recouverts d’enduit de chaux crée à partir de la poussière de pierre. IV. Le projet: Réaménagement global de la carrière

129


Fig.IV.6. Revêtement intérieur des espaces de travail et de lecture: Parquet Source: http://www.coraparquet.fr/ produits/parquet-pour-espaces-publics/de-prestige

Fig.IV.7. Revêtement extérieur des espaces de circulation: Opus incertum en grès de la molasse Source: https://www.borgamarmi. it/fr/realizzazioni/pavimenti-in-pietra-e-marmo-da-esterno/pavimen-

Fig.IV.8. Revêtement extérieur de la place: Béton désactivé bouchardé et béton désactivé bouchardé poncé Source: http://www.sols.fr/portfolio_page/garibaldi-lyon/ti-opus-incertum-palladiana/

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Eléments structurels horizontaux

Pour garantir la durabilité d’un ouvrage en pierre il est nécessaire d’avoir

des fondations adaptées. L’introduction d’une semelle pour éviter les remontés par capillarités est essentielle: une fondation en béton armé parfois sur pieux selon les endroits du bâtiment. La surface du béton devra être rugeuse pour permettre un bon accrochage du mortier et prévoir un joint injecté dans le béton pour la coupure de capillarité.

Les planchers chauffants seront en bois car l’association bois/pierre

est la plus satisfaisante, le béton étant plus inerte que la pierre celui-ci pourrait la faire fissurer. Le sol sera recouvert de carrelage de pierre réalisé à partir des chutes de pierre pour les circulations et les espaces de travail ou de réception seront en parquet. Le plafond laissera les solives apparentes dans lesquelles se glisseront les luminaires.

Pour l’extérieur, la pierre est toujours présente sous différentes

utilisations: sous forme de granulats de petites tailles pour l’aménagement de la place et de gros granulats pour la réalisation de gabions.

Préfabrication des éléments

La répétition en architecture au-delà de son esthétisme permet

une préfabrication rationnelle. Dans une construction en pierre le plan de calepinage est d’une importance considérable, plus les éléments sont petits, plus ils nécessiteront d’entailles et donc plus le prix sera élévé. L’exploitation peut aussi avoir une influence sur l’architecture produite. Pour Ostermundigen chaque bloc brut (appelé le bloc marchand) tiré de la carrière possède des dimensions de 2mx1mx1m, c’est donc à partir de ce bloc marchand que le calepinage du bâtiment découle entièrement.

Acheminement des blocs et entreposage

La construction dans la carrière permet de limiter le transport puisque la

plus part des blocs ne nécessiteront pas de découpe. L’entreprise qui exploite la pierre possède des machines laser et pourrait donc prendre en charge la découpe des éléments de franchissements. La création du musée troglodyte permettra de dégager un stock de blocs qui pourront largement être stocker dans la carrière.

IV. Le projet: Réaménagement global de la carrière

131


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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Conclusion



Les enjeux environnementaux de demain impliquent une construction

durable définie par Paola Tozolini en trois points1: Environnement2, Economie3 et Société-Culture4. La gestion des déchets semble prendre une place importante dans notre société c’est pourquoi il faudra «passer d’un système unidirectionnel «produit-déchet» à un système presque cyclique «produit-utilisation-déchet-récupération des matières secondaires et ou réutilisation»5.» Ce projet tente de créer ce système cyclique en utilisant des matériaux biosourcés et dont les déchêts sont valorisés (utilisation du bloc marchand jusqu’à la poussière issue de la découpe en passant par les chutes et blocs non sains pour les revêtements de sol). L’emploi de la pierre du site permet de largement diminuer le bilan carbone du bâtiment en limitant considérablement le transport des matériaux. De plus le matériau pierre naturelle créer un confort intérieur non négligeable et sain, un point sur lequel les maîtres d’ouvrage et futurs acquéreurs semblent s’intéresser de plus en plus. Répondre aux enjeux environnementaux de demain c’est aussi apprendre à faire des prospections sur l’avenir, n’oubliant pas de prendre en compte l’augmentation constante des températures comme paramètre majeur. Un matériau comme la pierre permet une climatisation naturelle.

La législation Suisse ne facilite pas l’accès à la ressource malgré

son abondance. L’opinion négative des autorités mais aussi des organismes environnementaux et de l’opinion publique à propos des carrières ne va pas en faciliter l’ouverture ou la réouverture et constitue donc un frein à une possible réindustrialisation. C’est pourquoi il semble primordial d’informer ces personnes que la construction engendre la transformation de notre territoire quoi qu’il en soit. Un projet comme celui présenté pourrait devenir le médiateur entre la population et l’industrialisation de la pierre, réconciliant ainsi une population de plus en plus soucieuse de son envionnement avec l’industrie notamment avec la partie muséale et à la médiathèque. 1. Tiré du cours de Construction Durable donné par Tozolini Paola le 25 Octobre 2015 à Genève 2. Réponses adaptées au climat - protection et confort / Utilisation des ressources locales à disposition/Insertion harmonieuse dans le site-respect de la nature/ Matériaux non polluants/ Gestion approprié de l’eau 3. Faible coûts de construction/ Système constructif simple/ Eléments de construction remplaçable/ Minimisation des déchets de chantier/ Matériaux facile à entretenir/ Durable dans le temps 4. Adaptabilité et flexibilité des espaces/ Formes architecturales variées/ Participation de la communauté/ Valorisation du travail artisanal/ Expression de la culture du lieu 5. Zerbi, S. (2011). La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, p.141 Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse

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Il permettrait également de former une nouvelle génération de tailleurs de pierre, carriers, tout en rassemblant la population autour d’évenements festifs, de concerts, de conférences.

Les atouts de la pierre dans la construction sont multiples et la

conception de ce bâtiment tente de tirer profit de chacun d’entre eux. Les carrières sont des lieux temporaires dans le paysage, la plupart du temps elles sont seulement renaturer, mais il est aussi possible de les réhabiliter sous différentes formes (réhabilitation productive, urbanistique...) et ce projet en est un exemple. L’architectonique inversée créer par l’extraction prend encore plus de sens lorsque la pierre extraite sert à construire le site, un parallèle rappelant les fondements du livre de Fernand Pouillon, Les pierres sauvages. .

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Bibliographie



Consommation énergétique et confort intérieur Ouvrages:

Zerbi, S. (2011). «Confort et consommation énergétique» dans La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, pp.257-286

Articles:

Jorio, L. «Et si au lieu de 2 degrés de plus, on en avait 2 de moins?», Swissinfo. ch, 23.01.2018, https://www.swissinfo.ch/fre/economie/climat-et-%C3%A9nergie_et-siau-lieu-de-2-degr%C3%A9s-de-plus--on-en-avait-2-de-moins-/43840280 Palenzuela, D. «Les perfomances énergétiques du mur en pierre», 16.06.2010, http://www.ctmnc.fr/images/gallerie/PERFORMANCES_ENERGETIQUES_MUR_EN_ PIERRE_JT_CTMNC_ROC_16-06-2010_[Mode_de_compatibilite].pdf Shove, E. «Redéfinir le confort: un défi pour la consommation durable», La Revue Durable, n.9, février-mars 2004, pp. 18-21.

Sites Internet:

Energie et environnement, Calculer la valeur U (et R) d’une couche isolante, https://www.energie-environnement.ch/outils/421-calculer-la-valeur-u-et-rdune-couche-isolante Etat de Vaud site officiel, Environnement>Développement durable>Le confort thermique , https://www.vd.ch/themes/environnement/developpement-du-

rable/dd-au-travail/fiches-dd-info/chauffage/

Réhabilitation bâti ancien, BATAN: Modélisation du comportement thermique du bâtiment ancien avant 1948, http://rehabilitation-bati-ancien.fr/fr/espace-documentaire/batan-modelisation-du-comportement-thermique-du-batiment-ancien-avant-1948

Cours personnels:

Camponovo R. (2014). Cours personnel de Thermique du Bâtiment (TdB), Partie V: Le confort hygrothermique intérieur des bâtiments d’habitations, Hepia, Genève, 7 p. Camponovo R. (2014). Cours personnel de Thermique du Bâtiment (TdB), Partie VI: La transmission de chaleur à travers les éléments d’enveloppe opaques, Hepia, Genève, 15p. Tozolini P. (2015). Cours personnel de Construction Durable, Cours1: Architecture vernaculaire, Hepia, Genève, 28p.

Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse

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Comportement des maçonneries en pierre naturelle Ouvrages:

Lestuzzi, P., Sellami, S., & Badoux, M. (2008). Génie parasismique: Conception et dimensionnement des bâtiments, PPUR presses polytechniques et Universitaires Romandes, 327 p.

Primavori, P. (1997), I materiali lapidei ornamentali: marmi, graniti e pietre, Pisa, Edizioni ETS, 224 p.

Articles:

Bachmann, H. & Duvernay, B. «Construire parasismique en Suisse, Pourquoi et comment?», OFEV: Office Fédéral de l’Environnement, 2013, https://www.protection-dangers-naturels.ch/outils/telechargements.html?file=files/Downloads/ Downloads_FR/Tremblements/Construire_parasismique_Suisse.pdf CTMNC: Centre Technique de Matériaux Naturels de Construction, «Questions/ réponses sur l’acoustique de la pierre naturelle», http://www.ctmnc.fr/pages/ questions_reponses_pierre_naturelle.php Mayoraz J. & Lacave C. «Séismes: Cartes de classes de sols de fondation», OFEV: Office Fédéral de l’Environnement, 2016, http://www.bafu.admin.ch/uw-1603-f

Sites Internet:

Confédération Suisse, Office fédérale de l’environnement OFEV: Thème

Dangers naturels> Informations pour spécialistes: Tremblements de terre> Protection contre les tremblements de terre> Construction parasismique,

https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/dangers-naturels/informations-pour-specialistes--tremblements-de-terre/protection-contre-les-tremblements-de-terre/construction-parasismique.html

Service Sismologique Suisse, Aléa sismique Suisse, Ou, quand et à quelle fréquence certaines secousses se produisent-elles en Suisse?, http://www.seismo.ethz.ch/export/sites/sedsite/knowledge/.galleries/pdf_brochures/SUIhaz15_Flyer_FR.pdf

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Réaménager la carrière de molasse d’Ostermundigen, Suisse


Courants architecturaux et artistiques Ouvrages:

Belmont, J. (1987). Modernes & postmodernes. Ed. du Moniteur, 93p. Jencks, C. (1979). Le langage de l’architecture post-moderne. Academy, 169 p. Portoghesi, P. (1983). Le post-Moderne: l’architecture dans la societé postindustrielle. Electa Moniteur Tiberghien, G. (2012). Land art. Ed.Dominique Carré, 311p. Uffelen, C. (2018). Brutalism. Now and Then. Braun, 304p.

Mémoire:

Chipot, A. (2010). Architecture et paysage: L’éclairage du Land Art, mémoire de master, Paris, 70p.

Articles:

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Extraction de la pierre Ouvrages:

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Zerbi, S. (2011). «Exploitation de la pierre naturelle de taille» dans La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, pp.95-177

Mémoire:

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Articles:

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Sites Internet:

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Gestion des déchets Ouvrages:

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Articles:

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Histoire de la pierre et de son extraction Ouvrages: Pouillon, F. (2015). Les pierres sauvages, Le Seuil, 264p. Pouillon, F. (1968). Mémoire d’un architecte, Paris, Editions du Seuil, 484p. Vitruve & Damas, A. (trad. Perrault C.), (1965) De l’architecture: Les Dix Livres d’architecture, Traduction intégrale de Claude perrault, 1673, revue et corrigée sur les textes latins, Paris, Balland, coll. «Point de vue du spectateur», 349p. Zerbi, S. (2011). La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, 340p.

Mémoire:

Rochat, F. (2013). «Histoire et territoire des carrières en Suisse» dans Une architecture des carrières, énoncé théroque du travail de master EPFL, Lausanne, cahier n°2

Articles:

Froidevaux, N. «Autour des carrières disparues», Art+Architecture Suisse, 09.10.2018, https://www.e-periodica.ch/cntmng?pid=kas-002:2012:63::414

Sites Internet:

Les arènes de Nîmes, Les systèmes de préhension des pierres, https://arenes-webdoc.nimes.fr/fr/construire/batir/a-pied-d-oeuvre/les-systemes-deprehension-des-pierres/ Wikipédia, Définition de louve, https://fr.wikipedia.org/wiki/Louve_(outil) Wikipédia, Biographie d’Héron d’Alexandrie, https://fr.wikipedia.org/ wiki/H%C3%A9ron_d%27Alexandrie

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Mise en oeuvre de la pierre dans la construction courante Ouvrages:

Vittone, R. (1996): Bâtir. Manuel de la construction, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 950 p. Zerbi, S. (2011). «Construction en pierre massive» dans La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, pp.183-320 Laurent, J.P. (2011). Construire en pierre massive, guide technique, http:// construireenpierremassive.fr/index_htm_files/guide%20pierre%20massive%20-jp%20laurent%20-%20mars%202011.pdf

Articles: Borne, E. «La pierre de taille massive, un matériau d’avenir?», Le courrier de l’architecte, 10.11.11, http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_2399 Delemontey, Y. «Industrialiser la pierre», Le Moniteur, N°172, Septembre 2007 Guislain, M. «Matériau. La pierre entame une nouvelle carrière», Le Moniteur, N°59, Décembre 2017 Perraudin, G. «La pierre, ce matériau du futur», Le moniteur, 21.01.08, https:// www.lemoniteur.fr/article/la-pierre-ce-materiau-du-futur-par-gilles-perraudin-architecte.659199 Zerbi, S. «Inscrit dans la pierre», EPFL news, 01.01.10, https://actu.epfl.ch/news/ inscrit-dans-la-pierre-3/ Zerbi, S. «Construction en pierre massive en Suisse, vers un nouvel âge de la pierre», A suivre, N°56, Janvier 2012

Sites Internet: Wikipédia, Définition de préfabrication, https://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9fabrication

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Normes/Lois Cst: Constitution fédérale de la Confédération suisse du 18 avril 1999, état au 17 mai 2009, ConfédérationSuisse. LAT: Loi fédérale du 22 juin 1979 sur l’aménagement du territoire, état au 1er août 2008, ConfédérationSuisse. LPE: Loi fédérale sur la protection de l’environnement du 7 octobre 1983, état au 1er août 2008, Confédération Suisse. LPN: Loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage du 1er juillet 1966, état au 1er janvier 2008, Confédération Suisse. OAT: Ordonnance du 28 juin 2000 sur l’aménagement du territoire, état au 1er septembre 2009, Confédération Suisse. OBat: Ordonnance sur la protection des sites de reproduction de batraciens d’importance nationale du 15 juin 2001, état au 1er janvier 2008, Confédération Suisse. OEIE: Ordonnance relative à l’étude de l’impact sur l’environnement du 19 octobre 1988, état au 1er juillet 2009, Confédération Suisse. SIA V178 1996: Recommandation SIA V178, Edition 1996, Maçonnerie en pierre naturelle, Zurich, Société suisse des ingénieurs et des architectes, 49 p. SIA 180 2014: Correctif C1 à la norme SIA 180, Edition 2004, Protection thermique, protection contre l’humidité et climat intérieur dans les bâtiments, Zurich, Société suisse des ingénieurs et des architectes, 8 p. SIA D0170 2002: L’énergie thermique dans le bâtiment : guide d’utilisation de la norme SIA 380/1, édition 2001, Zürich, Société suisse des ingénieurs et des architectes, 97 p.

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Organismes luttant pour le maintien de la pierre ARMP, Association Romande des Métiers de la Pierre, Lausanne, http://www. armp.ch/ NVS, Naturstein Verband Schweiz Suisse Svizzera (Association Suisse de la Pierre Naturelle), Berne, https://nvs.ch/der-nvs/ CTMNC, Centre Technique de Matériaux Naturels de Construction, Paris, http:// www.ctmnc.fr/

Protection des sites et de l’environnement Ouvrages:

Emmot, S. (2013). 10 milliards, Fayard, 198p. Zerbi, S. (2011). «Exploitation de la pierre naturelle de taille» dans La construction en pierre massive en Suisse, thèse EPFL, Lausanne, pp.95-177

Mémoire:

Rochat, F. (2013). «Histoire et territoire des carrières en Suisse» dans Une architecture des carrières, énoncé théroque du travail de master EPFL, Lausanne, cahier n°4

Sites Internet:

Confédération Suisse, Office fédérale de l’environnement OFEV: Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels (IFP), https://www.bafu. admin.ch/bafu/fr/home/themes/paysage/info-specialistes/conserver-et-developper-la-qualite-du-paysage/paysages-d_importance-nationale/inventaire-federal-des-paysages--sites-et-monuments-naturels-dim.html Confédération Suisse, Office fédérale de l’environnement OFEV: Qu’est-ce qu’une EIE?, https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/eie/en-bref/quest-ce-qu-une-eie-.html DREAL: Direction Régionale de l’Environnement, de l’Amégagement et du Logement de provence Alpes-côte d’Azur; Prévention des risques, Gérer les ressources minérales (carrières), http://www.paca.developpement-durable. gouv.fr/IMG/pdf/chap9-5_cle2a1113-3.pdf ProNaturstein, Sur la voie du succès grâce à la durabilité et à l’innovation, https://www.pronaturstein.ch/fr/actualite/news/detail/sur-la-voie-du-succesgrace-a-la-durabilite-et-a-linnovation-1/

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« L’art moderne nous a enseigné l’abandon de la tradition, il nous faut apprendre à rompre avec la tradition de l’art moderne. » Dieter Kopp


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