Mémoire Réinventer l’architecte
Enjeux
coordonnateur
?
et perspectives d’un acteur de l’aménagement
Marie Plouhinec Aurélien Delchet École Nationale d’Architecture,
de la
Ville
2019 - 2020
et des
Territoires - Paris Est
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Architecte Diplômée d’État : Marie Plouhinec Directeur d’étude : Aurélien Delchet Mise en Situation Professionnelle : AAUPC - Chavannes et associés
Réinventer l’architecte coordonnateur ? Enjeux et perspectives d’un acteur de l’aménagement
École d’Architecture, de la Ville et des Territoires Juin 2020
SOMMAIRE
Réinventer l’architecte coordonnateur ? Enjeux et perspectives d’un acteur de l’aménagement
Préambule
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Introduction
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I. Une figure centrale mais délà bousculée 1. L’héritage : la fragmentation des tâches et la spécialisation du rôle de l’architecte 2. Les mutations des années 1980-1990 et l’affirmation de la démarche de projet urbain 3. La montée en puissance de la promotion privée : élargissement ou dilution du champ de compétences ?
10 11
Bilan - l’architecte HMO face à la commande, 50 ans d’évolution
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II. De la ZAC aux APUI : entre permanences et mutations 1. La ZAC : un modèle en fin de cycle ? Le cas de Vetrotex à Chambéry 2. Les APUI : quelles innovations ? Le cas d’Inveter Bruneseau à Paris Rive Gauche
22 23
Bilan - les compétences de l’architecte HMO face à la mutation des pratiques
34
III. L’architecte-coodonnateur : esquisses d’une prospective
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14 18
28
professionnelle
1. Quatre leviers d’évolution 2. Des scénarios contrastés
37 39
Conclusion
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Bibliographie
44
Remerciements
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6
Préambule
L’habilitation à la maitrise d’œuvre en son nom propre représente pour moi la possibilité d’un véritable tremplin pour ma carrière professionnelle. Chacune des étapes de mon parcours universitaire et de mes réflexions personnelles et professionnelles m’ont menée jusqu’à la formation d’HMONP à l’EAV&T. Mon cursus a commencé à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val-deSeine (ENSAPVS). Au cours des cinq années de formation, en addition d’une année de césure à Genève, ma vision de l’architecture a profondément évolué. Arrivée comme profane, j’ai développé une culture et des projets de création en architecture me conduisant, en dernière année à fonder une micro-entreprise. Cela m’a permis d’exercer l’architecture que je souhaitais, tout en proposant aux clients un projet répondant à leurs attentes. J’ai aussi endossé le rôle de chef d’entreprise, aussi petite soit elle : l’organisation, la gestion du calendrier, la déclaration des revenus, la relation avec les clients, les réponses à leurs demandes, l’élaboration des devis et des contrats sont autant de tâches que j’ai accomplies. J’ai décidé de poursuivre ma formation par un master en urbanisme et d’aménagement à l’École d’Urbanisme de Paris (EUP). Au cours de cette année, j’ai acquis de nouvelles compétences dans le domaine de la programmation urbaine, de l’organisation des processus de projet, des jeux d’acteurs ou encore des différents outils pouvant être mis en place lors de leurs réalisations. Aujourd’hui, toujours animée par cette envie d’apprendre et de développer des projets qui me ressemble, je poursuis ma formation par la réalisation de l’HMONP, opportunité offerte par l’École d’Architecture de la Ville et des Territoires (EAV&T). J’attends de cette année d’approfondir et diversifier mes compétences professionnelles dans trois domaines : juridique, avec l’apprentissage des responsabilités endossées en tant que Maître d’œuvre ; économique, avec l’apprentissage d’un montage financier permettant ainsi d’évaluer les coût d’un projet ; réglementaire enfin, en apprenant les principaux normes et outils juridiques qui encadrent l’architecture et l’urbanisme. Avec cette formation je serai susceptible d’entamer une carrière professionnelle correspondant à mes ambitions. Celles-ci consistent à gérer une équipe afin de pouvoir concevoir et conduire un projet du processus de réflexion à la remise des clés, en somme devenir une architecte-urbaniste à part entière.
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Introduction
Si le dictionnaire Larousse définit l’architecte comme une « personne qui conçoit le parti, la réalisation et la décoration de bâtiments de tous ordres, et en dirige l’exécution », être architecte est une notion plus complexe, qui repose sur une identité professionnelle et sociale (Chadoin, 2007). Cette identité n’est toutefois pas stabilisée ; elle évolue non seulement avec les contextes politiques et socio-culturels, mais aussi avec les conditions d’exercice de notre métier ; elle fait l’objet de nombreux débats auxquels nous sommes confrontés dès les premiers mois de notre pratique. Devons-nous créer des œuvres d’art ou de simples artefacts techniques ? Sommes-nous des concepteurs au service de visions plus globales ou des chefs d’orchestres mettant en musique l’espace bâti et son environnement ? La figure de l’architecte-coordonnateur est emblématique de ces incertitudes et de ces questionnements. Appelé en fonction des contextes et des missions « architecte coordonnateur », « urbaniste coordonnateur » ou « architecte urbaniste coordonnateur », il s’est imposé, dans les années 1990, comme un acteur central de l’aménagement urbain en France. Sa mission principale est d’organiser les différentes étapes et de faire travailler ensemble les différents acteurs d’un projet urbain. On a parfois comparé le travail de l’architecte à celui d’un chef d’orchestre, qui dirige ses musiciens tout en lisant une partition dont il n’est pas l’auteur. Cette métaphore me semble intéressante : l’architecte-coordonnateur se trouve, lui aussi, à l’interface de nombreux acteurs qu’il dirige, tout en respectant les directions données par les maîtres d’ouvrage des projets ; la partition du chef d’orchestre lui indique les mesures à suivre, tandis que l’architecte-coordonnateur soit d’inscrire dans un cadre réglementaire et contractuel ; enfin, l’un comme l’autre ont une libre par d’« interprétation ». Si les profanes sont souvent capables de déceler l’évolution des courants architecturaux dans les bâtiments, les outils techniques et réglementaires qui encadrent l’aménagement urbain sont, au contraire, particulièrement complexes et mal connus. Après trois décennies de stabilité, de la loi LOF (1967) à la loi SRI (2000), la période 2000/2020 a été ponctuée de très nombreuses lois qui n’ont cessé de redéfinir les rôles des acteurs de la production urbaine et architecturale - et leurs interrelations. A cette évolution du contexte législatif et procédural s’est ajoutée la montée en puissance d’exigences nouvelles pour l’extension ou la réhabilitation de nos espaces urbains, comme la sobriété environnementale ou la prise en compte des usages. Si l’on poursuit notre métaphore, on pourrait dire qu’à l’instar de la musique, l’architecture évolue en permanence en fonction des commandes, des attentes et des outils techniques à disposition.
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Dans ce contexte, j’ai décidé de me poser la question de l’avenir de notre métier à travers la figure de l’architecte-urbaniste coordonnateur. Mes premiers mois de pratique, mes lectures et mes visites de projet tendent à montrer que ce rôle a été fortement remis en question : est-il voué à disparaître trois décennies seulement après son émergence ? Pour quelles raisons ? Dans quelle mesure l’évolution contrastée de l’architecte-coordonnateur illustre-t-telle les recompositions en cours dans le champ de la production urbaine ? Comment adapter la profession au renouvellement des enjeux et des méthodes ? Je propose de tenter de répondre à ces questions en trois temps. Il s’agira, en premier lieu, de comprendre le contexte d’émergence de l’architecte-coordonnateur et de présenter son rôle à l’aune des mutations de l’urbanisme et de l’aménagement depuis une trentaine d’années. Dans un deuxième temps, deux études de cas (dont une prise dans ma pratique professionnelle en MSP) permettront de mieux comprendre les enjeux et les écueils de la fonction. Enfin, je proposerai une réflexion critique et personnelle sur les défis contemporains et à venir, de la formation académique à la prospective de la profession. Nota : dans ce mémoire, le terme d’architecte coordonnateur sera utilisé au même titre que celui d’urbaniste coordonnateur ou encore architecte-urbaniste coordonnateur.
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I. Une
figure
centrale mais déjà bousculée
L’émergence de l’architecte-coordonnateur est liée à la conjonction d’évolutions dans le champ de la conception urbaine aux plans législatif, socioéconomique et contractuel. Je les présenterai dans cette première partie, afin de mieux comprendre le contexte dans lequel cette figure est apparue.
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1. L’héritage :
la fragmentation des tâches et la spé-
cialisation du rôle de l’architecte
• Les bases posées par les lois LOF et MOP La loi d’orientation foncière (LOF) de 1967 est souvent présentée comme la pierre angulaire du modèle français d’aménagement urbain (Merlin, 2010). En matière d’urbanisme réglementaire, cette loi crée deux nouveaux documents : le schéma directeur (SD), à l’échelle intercommunale, définit les grandes orientations de la politique de développement et d’aménagement de l’espace à moyen terme (une quinzaine d’années) ; le plan d’occupation des sol (POS) fixe, dans le cadre des orientations du SD, les règles générales d’utilisation des sols à l’échelle de la Commune. Ce dernier document s’impose juridiquement à tous, particuliers et administrations, et constitue la référence pour l’instruction des permis de construire et des autres autorisations d’urbanisme par les autorités de l’Etat (puis par les collectivités territoriales à partir de 1983). En matière d’urbanisme opérationnel, la loi impose une nouvelle procédure polyvalente, la zone d’aménagement concerté (ZAC), qui définit les principes d’aménagement des grands secteurs d’urbanisation et les engagements techniques et financiers des différents acteurs concernés. Elle fera l’objet d’un développement détaillé ci-dessous. Le dispositif est complété par des outils fonciers (renforcement des zones d’aménagement différé, afin de faciliter la constitution de réserves foncières publiques) et fiscaux (création de la taxe d’urbanisation pour les propriétaires de terrains situés dans des secteurs déjà aménagés). Cette loi a durablement structuré les pratiques de l’aménagement urbain en France. Son architecture n’a jamais été vraiment remise en question, ni par les lois de décentralisation (1982-1983) ni par les réformes successives depuis la loi Solidarité et renouvellement urbain de 2000, qui remplace les POS par les plans locaux d’urbanisme (PLU) et les schémas directeurs par les schémas de cohérence territoriale (SCOT). Elle a mis en place un système d’aménagement puissant et efficace, organisé autour de la commande publique, de la programmation urbaine de la participation des acteurs privés. Toutefois, comme nous le verrons, de nombreux professionnels, à commencer par les architectes, ont rapidement critiqué les rigidités et la vision quantitative associées à ce système (Devillers, 1994). Moins de vingt ans après la LOF et à la suite des réformes de décentralisation, le législateur éprouve la nécessité de clarifier les étapes et le rôle des acteurs de la commande publique. Le maître d’ouvrage (MOA) est la personne morale pour laquelle le projet est construit. Sa mission est de piloter l’opération du début à la fin, c’est-à-dire étudier la faisabilité et l’opportunité du projet, puis définir la localisation, le calendrier et le financement, enfin de mandater des maîtres d’œuvre pour sa réalisation. De manière générale, dans le champ de l’aménagement urbain, il s’agit de l’État (ou d’une entité représentative de l’État), d’une collectivité territoriale ou d’une structure déléguée (par exemple une
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société d’économie mixte). Pour les aider et les accompagner dans leurs missions, et notamment dans la formalisation de leurs projets, les MOA ont souvent recours à des bureaux d’études ou des cabinets de conseil (stratégie territoriale, urbanisme, programmation urbaine), que l’on regroupe désormais derrière l’appellation d’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMOA). Le maître d’œuvre (MOE) est « la personne de droit privé qui détient une compétence technique et qui est chargée, par le maître d’ouvrage, de concevoir, de coordonner et de contrôler la bonne exécution des travaux. »2. Ses missions doivent permettre d’apporter des réponses urbaines, architecturales et techniques aux objectifs fixés par le projet et le programme. Elles sont définies par des contrats avec la MOA, concernant notamment conception architecturale ; les études d’esquisse (ESQ), d’avant-projet (AVP), de projet (PRO), d’exécution (EXE) ; les opérations de réception pendant la période de garantie de parfait achèvement ; la direction d’exécution des travaux. Ainsi, le système d’aménagement urbain à la française est caractérisé par la fragmentation des différentes tâches et étapes d’un projet. Si ce cadre législatif permet de maîtriser les coûts et les délais, réduire les incertitudes et les éventuels contentieux, il rend les processus de projet plus longs et plus coûteux, tout en fragilisant la cohérence d’ensemble. De même, si les contrats et les missions sont définies avec précision, c’est au prix d’une grande rigidité dans leur mise en œuvre. Dès la fin des années 1970, il a fait l’objet d’une remise en question de nombreux professionnels regrettant une double réduction de l’urbanisme à la discipline réglementaire des sols et de l’architecture à la réponse à un programme quantitatif. • Le triomphe de la ZAC, au détriment de l’architecture ? Le code de l’urbanisme prévoit de nombreuses procédures d’urbanisation : le lotissement, le permis d’aménager ou plus récemment le projet urbain partenarial, ou encore le permis groupé valant division. Mais c’est sans conteste la zone d’aménagement concerté (ZAC) qui est présentée l’outil par excellence de l’aménagement urbain en France. La ZAC est définie comme « une zone à l’intérieur de laquelle une collectivité publique, ou un établissement public y ayant vocation, décide d’intervenir pour réaliser ou faire réaliser l’aménagement et l’équipement de terrains, notamment ceux acquis ou à acquérir en vue de les céder ou de les concéder ultérieurement à des utilisateurs publics ou privés »3. Dans ce cadre, la maîtrise d’ouvrage est souvent déléguée par un acteur public (Etat, commune, communauté de communes ou d’agglomération, métropole) à un acteur parapublic (établissement public d’aménagement, société d’économie mixte, société publique locale, société public locale d’aménagement) qui assure le pilotage et la réalisation de l’opération. Cette procédure polyvalente a pour objet de favoriser le montage des grandes opérations d’urbanisme par la concertation entre les collectivités publiques et les promoteurs privés. Jusqu’à une période récente, les ZAC pouvaient être créées en dérogation aux dispositions des documents d’urbanisme, ce qui explique leur très large utilisation, dans tous les
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types de territoires, en extension comme en renouvellement urbain, depuis quarante ans (plus de 3000 ZAC instituées). Si son efficacité est indiscutable, cette procédure a suscité de nombreuses critiques et ce dès les années 1970. La rigidité du cadre normatif et la multiplication des étapes entraînent de nombreuses lourdeurs, notamment dans les phases amont de la mise en œuvre*. Par ailleurs, le séquencement dans le temps et la hiérarchie instaurée entre les acteurs limitent le dialogue ainsi que les initiatives. Avec des conséquences néfastes pour les architectes : alors que la division des tâches les réduit trop souvent à un rôle de concepteur isolé, les normes et les règlements empêchent la libre expression des projets. En témoigne le peu d’attention accordée à la composition urbaine, au dessin des espaces publics, à la diversité du bâti. Comme le résume de manière un peu provocante Christian Devillers : « la LOF répondait à la croissance urbaine et à la modernisation de la France, mais elle n’était pas fondée sur une pensée spatiale. Le juridique évacue le spatial. Si l’on avait fait Venise avec un POS ou une ZAC, ce serait une banlieue pavillonnaire ».1 C’est dans ce contexte de profonde remise en question que la figure de l’architecte-coordonnateur s’affirme au milieu des années 1980. Cette émergence s’inscrit, plus largement, dans un ensemble de mutations urbaines, économiques et sociétales qui reconfigurent les enjeux de l’urbanisme et de l’architecture.
*. Dans le cas d’un projet urbain, à partir de l’intention de création de ZAC, une concertation préalable est obligatoire avant l’élaboration du dossier de création (comportant un rapport de présentation, un plan de situation, un plan de délimitation du ou des périmètres composant la zone, une étude d’impact). Cette phase prend en général une année de travail. Puis, une enquête publique est nécessaire afin d’ajuster le projet avec le PLU, une phase qui prend entre un et deux ans. Commence ensuite la mise en œuvre de la ZAC, c’est-à-dire la réalisation des infrastructures et les premières constructions, qui s’étirent sur plusieurs années. Au total, il faut compter a minima une dizaine d’années pour voir l’aboutissement d’un grand projet de ZAC. 1. DEVILLERS Christian (1994), Le projet urbain, Éditions du Pavillon de l’Arsenal, Collection les mini Pa, Paris 13
2. Les
mutations des années
1980-1990
et l’affirma-
tion de la démarche de projet urbain
Les deux décennies 1980 et 1990 ont marqué le passage d’un urbanisme d’opération, réglementaire et quantitatif, à un urbanisme de projet partenarial, dans lequel la figure de l’architecte est replacée plus en amont de la conception urbaine. • Le renouvellement du contexte de commande et de mise en œuvre des projets On assiste d’abord à la décentralisation de l’urbanisme. Avec les réformes de décentralisation (1983), l’Etat ne modifie pas les instruments de l’aménagement urbain, mais délègue aux communes l’essentiel des compétences dans le domaine de l’urbanisme : réalisation des documents d’urbanisme, délivrance des permis de construire, lancement et conduite des opérations d’aménagement. Certains maires soucieux de développer leur commune n’hésitent pas à modifier leur POS pour distribuer généreusement des zones constructibles. Aussi l’avènement de l’urbanisme communal s’accompagne-t-il d’une multiplication des projets à toutes les échelles. A partir des années 1990 notamment, en lien avec la montée en puissance des intercommunalités, les acteurs de la commande publique se diversifient, parfois s’associent, parfois se concurrencent : Europe, Etat, Régions, métropoles, communautés de communes. Ces évolutions contribuent à accentuer la fragmentation des responsabilités et des tâches dans le domaine de l’urbanisme. L’urbanisme d’opération définissait un programme de développement à long terme pour une ville et en arrêtait les principes d’organisation spatiale, puis en déduisait des plans d’urbanisme visant à faire rentrer les réalités à venir dans le cadre établi : les règles fixaient en même temps les objectifs et les manières de les atteindre. Ce mode de faire est fortement remis en question dans les années 1980. D’une part, dans une économie mondialisée, l’action publique doit composer avec un environnement fluctuant et incertain (mise en concurrence des territoires, fragilité des tissus économiques) : les objectifs doivent pouvoir être réévalués, les documents doivent pouvoir évoluer. D’autre part, alors que les espaces urbains connaissent des trajectoires très contrastées, les politiques publiques doivent prendre en compte une multiplicité de situations et privilégier des solutions ad hoc par rapport aux grandes normes. Les démarches se font plus réflexives et plus itératives, afin de s’adapter à l’incertitude. Les séquencements chronologiques sont chamboulés. Enfin, alors que les dynamiques urbaines sont désormais analysées à l’aune de leurs implications environnementales, les politiques urbaines sont de plus en plus articulées autour des enjeux du développement durable. En France comme ailleurs en Europe, le cadre légal et réglementaire avalise ces évolutions, au point que l’idéal de la ville durable s’impose comme un modèle pour l’aménagement urbain, avec de nombreuses conséquences sur les pratiques et les démarches opérationnelles. Le modèle de la « ville durable » préconise de nouveaux modes d’urbanisation, susceptibles de minimiser la consommation
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d’espace et les besoins de déplacements motorisés ; de favoriser la mixité fonctionnelle et sociale ; de développer les espaces publics ; de transformer les formes urbaines et architecturales, soumises à de nouvelles réglementations (par exemple RT 2012 et la RE 2020 de nos jours) et à de nouvelles normes (type HQE). Le développement durable a aussi renforcé l’exigence de participation des citadins à la transformation de leur environnement. C’est dans les années 1990 qu’émergent les notions de démocratie participative et de maîtrise d’usage des projets. L’idée est qu’il n’appartient pas aux habitants de dessiner le projet ou de se substituer aux acteurs institutionnels, mais de formuler et de formaliser leurs besoins, afin que le programme et le projet correspondent d’avantage aux attentes et aux usages de ces derniers. • L’émergence d’un urbanisme partenarial L’urbanisme des années 1960 correspondait à une période d’abondance des ressources et à leur concentration dans les mains de quelques acteurs-clés. La logique de conception est hiérarchique : les décideurs politiques ont la responsabilité de déterminer les objectifs et d’élaborer les programmes ; les techniciens se voient confier la responsabilité de transcrire les objectifs politiques en réalisations techniques ; les habitants ont un rôle passif. L’urbanisme de projet correspond à l’inverse à des temps de rareté des ressources et de partage des tâches. La conception et la réalisation des projets résultent donc de façon croissante de l’intervention d’une multiplicité d’acteurs aux logiques différentes (privés et publics, techniques et politiques, experts et profanes). L’accord initial ne porte ni sur les objectifs ni sur le programme, mais sur un dispositif d’organisation qui prévoit à quel rythme et selon quelles modalités les acteurs seront associés à l’élaboration du projet. La transformation du vocabulaire utilisé témoigne de ces évolutions. Au maître d’ouvrage unique, supposé garant de l’intérêt général du projet, se substituent des maîtrises d’ouvrage urbaine (MOAU), qui associent plusieurs porteurs de projets aux objectifs divers et parfois même contradictoires. Pour gérer cette complexité, elles recourent de façon croissante à des équipes d’assistance à maitrise d’ouvrage (AMOA), qui les accompagnent durant les phases d’études et de définition du projet. Des experts en sciences sociales, de la sociologie à l’économie, viennent compléter les métiers traditionnels de l’urbanisme. La programmation urbaine se développe en amont de la programmation architecturale. Les programmistes sont chargés de déterminer les vocations fonctionnelles des espaces du projet, en fonction de la commande politique et des attentes sociales. De même, pour garantir la cohérence et la coordination des réalisations durant la phase opérationnelle, les MOA font appel non plus à un seul acteur, mais à de véritables groupements de maitrise d’œuvre urbaine (MOEU). C’est dans ce contexte que s’exprime le besoin de s’appuyer sur un architecte-coordonnateur. • L’architecte-coordonnateur : des missions d’interface Les missions de l’architecte-coordonnateur s’organisent en deux phases qui se succèdent,
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bien qu’il existe de nombreux aller-retour entre l’une et l’autre. Dans la première, le coordonnateur est presque toujours mandaté par l’aménageur afin d’élaborer un document de cadrage concernant la mise en œuvre du projet. Il ne s’agit plus d’un simple outil d’urbanisme réglementaire, comme le plan d’aménagement de zone d’une ZAC, mais d’un document stratégique définissant programme les partis-pris en matière de composition urbaine, d’aménagement des espaces publics et de conception architecturale. Il détermine le découpage du projet en différents lots et le phasage de leur réalisation. A la suite de l’expérience de l’île de Nantes, la notion de plan guide, proposée par le paysagiste Alexandre Chemetov, se diffuse. Il n’est plus figé une fois pour toute et peut être actualisé en fonction de l’évolution des contextes économiques et politiques, ou d’un changement programmatique inattendu. Pour filer notre métaphore musicale, si l’architecte-coordonnateur est un chef d’œuvre, le plan guide est comme sa partition, qu’il est libre d’interpréter avec plus ou moins de liberté. Dans la première phase, le coordonnateur élabore des mini cahiers des charges spécifiques à chaque lot ou groupe de lots. Ces indications permettent d’exprimer la traduction des objectifs contenus dans le plan guide à l’échelle des différents projets architecturaux du site. Elles constituent la base sur laquelle sont ouverts des concours pour l’attribution des lots à destination de groupements de promoteurs, architectes et divers bureaux d’études techniques (BET). Le coordonnateur se trouve alors dans la situation inédite d’évaluer ses pairs : il analyse les réponses et indique ses préférences à la MOA, qui reste toutefois le seul décisionnaire. Une fois cette étape passée, le travail de coordination continue à travers le pilotage des équipes retenues, afin de garantir la cohérence entre les différentes réalisations. Cette organisation a été peu ou prou celle de tous les grands projets urbains des années 1990 : Paris Rive Gauche, Euralille, Lyon Confluences. Elle a instauré la figure d’un architecte médiateur, capable de varier les échelles de réflexion et d’intervention, susceptible de réaliser un travail collaboratif et itératif à l’interface entre MOAU et MOEU.
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3. La
: compétences ?
montée en puissance de la promotion privée
élargissement ou dilution du champ de
Dans le milieu des années 2000, les modes opératoires continuent d’évoluer. Dans un contexte de raréfaction de financements publics, la montée en puissances des acteurs privés s’intensifie. Autrefois relégués aux missions de réalisation et de commercialisation, ces derniers jouent de façon croissante un rôle de transformateur urbain global. Ainsi, « dans le domaine des services publics, l’intervention du secteur privé est vue comme un levier d’optimisation et un gage d’efficacité. »2. Dans le champ de la promotion foncière et immobilière, les grands groupes se dotent de filiales d’ensembliers urbains afin de maîtriser l’ensemble de la filière. Ils développent une ingénierie autonome qui a vocation à prendre en main le pilotage et la coordination de grands projets. Deux procédures d’aménagement témoignent de ce basculement en incarnant l’intervention des acteurs privés dans les phases amont, parfois au détriment des missions de l’architecte. • Les macro-lots : un triomphe en trompe-l’œil de l’architecte-coordonnateur ? Alors que le pilotage des opérations devient de plus en plus complexe, une logique de sous-traitance à des opérateurs privés au sein même des opérations publiques fait son apparition. Au lieu de réaliser le projet dans sa totalité selon une même procédure, avec toutes les lourdeurs que cela implique, on préfère le réaliser en découpant la programmation, la conception et le financement des opérations secteur par secteur, puis en les confiant entièrement à des groupements de promoteurs et d’architectes. Le terme de macro-lot, popularisé par Jacques Lucan (2012), désigne à la fois cette nouvelle procédure et les formes urbaines et architecturales qui en découlent : le macro-lot « associe plusieurs maîtres d’ouvrage pour la réalisation du même ensemble, composé de programmes de nature différente, avec un ou plusieurs architectes, où les promoteurs privés ont un rôle majeur »3. Les macro-lots ont été expérimentés dans un contexte bien particulier, à la suite de la décision de Renault de vendre le terrain de ses anciennes usines de Boulogne-Billancourt à un groupement de promoteurs, puis se sont diffusés ailleurs en France (Tripode à Nantes, Port Marianne-Jacques Cœur à Montpellier, Bassins à flots à Bordeaux), Ils permettent non seulement de réduire les délais de montage et de réalisation en s’affranchissant des procédures des marchés publics, mais aussi de diversifier les programmes et les projets sur la base des initiatives d’acteurs nouveaux appelés « ensembliers urbains » (Orillard, 2018).
2. Isabelle Baraud-Serfaty (2011, février 23), La nouvelle privatisation des villes – Esprit. 3. Jacques Lucan (2012), Marier formes urbaines et mixité, Club ville aménagement 17
Dans cette configuration, qui consacre le projet d’échelle intermédiaire, entre le projet urbain et le projet immobilier, le recours à l’architecte-coordonnateur pourrait être potentiellement systématique : la conception d’un îlot entier nécessite une compréhension fine du territoire, des enjeux politiques et des solutions à apporter. C’est aussi, à tout le moins en théorie, l’assurance d’une certaine mixité. Toutefois, force est de constater que c’est loin d’être le cas : selon Jacques Lucan, le macro-lot témoigne surtout du désengagement des maîtres d’ouvrage, qui cherchent à externaliser leur fonction traditionnelle d’aménageur et à réduire les risques financiers, et d’une conception de l’architecture limitée à une « accumulation de bâtiments ». Que devient le rôle de l’architecte-coordonnateur quand l’échelle globale du projet urbain est abandonnée ? S’agit-il de faire de l’« architecture » à grande échelle ou seulement de répondre à chacun des exigences des acteurs publics (en amont) et privés (en aval) ? En tous les cas, cette modification de la commande implique de repenser le rôle de l’architecte-urbaniste dans la transformation urbaine. • Des PPP aux APUI : à la recherche de financements et d’innovation Dans la même optique de délégation au privé des risques financiers des projets urbains, le recours au partenariat public-privé (PPP) s’est généralisé. Il peut être défini de manière générale comme « un mode de financement par lequel une autorité publique fait appel à des prestataires privés pour financer et gérer un équipement assurant ou contribuant au service public. Le partenaire privé reçoit en contrepartie un paiement du partenaire public ou des usagers du service qu’il gère. »4. Avec les PPP, les pouvoirs publics renoncent, d’une certaine manière, à leur compétence de maitrise d’ouvrage en déléguant le portage financier à leurs partenaires privés. Ces derniers occupent une position de force pour négocier des aspects programmatiques du projet, et même parfois imposer leurs conceptions urbaines et architecturales, comme c’est le cas à Londres notamment, où les immeubles de grande hauteur sont devenus des produits financiers à part entière (Appert, 2011). En France, le recours au PPP dans l’aménagement urbain est limité. Toutefois, un nouveau dispositif a rencontré un grand succès depuis le début des années 2010 : les appels à projets urbains innovants (APUI). Un APUI entre dans le cadre juridique plus générale d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) : un acheteur invite des candidats à manifester leur intérêt pour un marché identifié dans un avis de pré-information valant avis de publicité. Une fois l’acheteur prêt à engager la procédure de sélection, il demande aux candidats ayant manifesté leur intérêt de le confirmer par la remise d’une candidature, étant entendu que seuls les candidats ayant manifesté leur intérêt dans les conditions requises par l’avis de pré-information peuvent participer à la procédure de passation du marché considéré. Ainsi, l’APUI est une procédure de contractualisation de droit privé qui n’est pas régie par le code des marchés publics et qui vise à laisser une plus grande liberté aux acteurs
4. Partenariat public privé, Wikipédia, consulté le 25 mars 2020. 18
des projets. Alors qu’un appel d’offres définit les contours d’une prestation intellectuelle soumise à rémunération, un APUI vise à faire émerger un projet opérationnel complet, doté d’une faisabilité technique et d’un modèle économique. Si cette manière de faire recouvre une diversité de configurations, elle a d’ores et déjà bousculé les rôles des différents acteurs de l’aménagement urbain. En effet, les API renforcent l’évolution récente des grandes entreprises de promotion immobilière de simples constructeurs à véritables groupes intégrés pouvant jouer tout à la fois le rôle de foncières, d’investisseurs et d’aménageurs. Quelle est alors la place de la conception urbaine et architecturale ? Selon Pierre-Alain Trévelo (agence TVK), « alors que c’est la charge foncière qui est mise en avant, les concepteurs n’arrivent pas toujours à se faire entendre parce qu’ils n’ont que trop peu d’éléments économiques à avancer pour défendre la pertinence de leurs intentions »5. Les APUI sont-ils la dernière étape d’une lente évolution ou le début d’une nouvelle ère de l’aménagement urbain ? Seul le recul des années permettra de le dire…
L’architecte-urbaniste coordonnateur est donc à la fois un maître d’œuvre mandaté par la MOA et un pilote des groupements architectes-promoteurs. Il occupe un rôle singulier, à l’interface de la MOA et de la MOE. Bien qu’aucun texte législatif ne le définisse clairement (puisque seule une distinction entre MOA et MOE est opérée par la loi LOF), ce métier est devenu central dans le cadre de la réalisation des grands projets urbains des années 1990. Mais cette position est délicate et ambiguë. D’un côté, l’émergence de nouveaux acteurs exige de nouvelles compétences en matière de pilotage et une hybridation des savoirs avec les experts des territoires, qui pourraient plus que jamais rendre le coordonnateur incontournable. D’un autre côté, les nouvelles démarches intégrées tendent à favoriser des groupements dirigés par les promoteurs immobiliers, au sein desquels les concepteurs peinent à faire entendre leurs voix et à défendre leurs choix.
5. Daniel Béhar, Emmanuel Bellanger et Aurélien Delpirou, (2018, juin 7) La production urbaine en chantier : héritages, enjeux et perspectives des appels à projets innovants, Métropolitiques. 19
Bilan : l’architecte HMO face à la commande, 50 ans d’évolution
Figure 1 : Synthèse de la partie 1- réalisation personnelle
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II. De
ZAC APUI : la
aux
entre permanences et mutations
Cette deuxième partie est consacrée à la comparaison du rôle joué par l’architecte dans le cadre de deux procédures d’aménagement différentes : la ZAC et l’APUI. Elle se fonde sur des analyses de deux cas d’études, l’un sur lequel j’ai travaillé lors de ma mise en situation professionnelle, l’autre analysé à partir de recherches bibliographiques.
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1. La ZAC : un modèle Vétrotex à Chambéry
en fin de cycle
? Le
cas de
• Contexte et genèse du projet La ZAC de Vétrotex occupe un terrain de 5,8 hectares situé dans le péricentre de Chambéry (Savoie, 59 000 habitants), sur les berges de la Leysse, au nord de la gare SNCF. Anciennement industrialisé, ce site est libéré en 2006, à la suite de la fermeture de l’Usine A du Verre Textile, qui fabriquait principalement des produits de renforcement de matières plastiques (ou matériaux composites). En 2011, la Ville acquière, par le biais de l’établissement public foncier du département de la Savoie, le site Vétrotex dans l’optique d’y réaliser un projet urbain à vocation environnementale, sous le label écoquartier. Sa situation stratégique permet d’intégrer cette opération au grand projet de reconquête urbaine de l’axe de la Leysse, conduit par la Ville de Chambéry et Chambéry métropole.
Figure 2 : Plan de situation de la ZAC Vetrotex- Ville de Chambéry
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En 2012, le conseil municipal de Chambéry lance une vaste consultation auprès des Chambériens sur le projet d’écoquartier. Le dossier, assorti d’un cahier de concertation, est mis à disposition du public à la mairie et au Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP). Les principales demandes exprimées concernent, de manière assez classique : la réduction de la place de l’automobile, l’amélioration de la desserte par les transports en commun et notamment de la connexion au centre-ville, la création de nouveaux espaces publics ainsi que la préservation de la biodiversité. Toutefois, certaines contributions remettent en question l’idée même d’un projet sur le site : « n’y a-t-il déjà pas trop de projets de nouveaux quartiers en cours sur l’agglomération ? » se demande une Chambérienne lors d’une réunion avec les conseils de quartier. La maire Bernadette Laclais répond alors, comme elle le fera à chaque fois que la question reviendra, que le projet est nécessaire pour accompagner la croissance démographique de l’agglomération et plus largement le développement de Chambéry. Ainsi, malgré toutes les évolutions décrites précédemment, on comprend que le lancement d’une ZAC reste d’abord et avant tout adossé à des stratégies politiques des élus locaux. • Du dialogue compétitif à la création de la ZAC En décembre 2012, la Ville de Chambéry lance un dialogue compétitif afin de désigner une équipe de maitrise d’œuvre urbaine. Cette procédure est fréquemment utilisée par les maitrises d’ouvrage lorsque leurs intentions ne sont pas clairement stabilisées. En effet, au contraire des appels d’offres (AO) ou des procédures avec négociation, elle permet un dialogue itératif entre la collectivité et les candidats (entre 3 et 5), mais aussi entre les candidats eux-mêmes : les propositions peuvent être modifiées au gré des discussions. Dans le cas de Vetrotex, cinq groupements sont retenus pour participer à cette étape. Ils sont adossés à de grandes agences basées à Paris (ANMA) ou à Lyon. Quelles que soient leur taille et leur renommée, elles présentent une double compétence d’architecture et d’urbanisme et des références solides de projets urbains partenariaux. Les critères de sélection énoncent les attendus classiques relatifs à un écoquartier, notamment en matière de qualité urbaine et de transition environnementale. Toutefois, malgré les ambitions affichées, l’appel d’offres indique que sera privilégiée « l’offre économiquement la plus avantageuse appréciée en fonction des critères énoncés ci-dessous. »9. Cette précision rappelle le poids des contraintes financières dans les marchés publics, surtout lorsqu’ils sont portés par des agglomérations de taille moyenne aux budgets limités. Le 15 décembre 2014, le maire signe un accord-cadre d’une durée de 9 ans avec le groupement AAUPC-Chavannes et associés. Les missions sont présentées dans la figure 3.
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L’accord-cadre entre la Ville de Chambéry et AAUPC « 1 - Mise au point puis mission de coordination et de suivi du projet urbain / Amo qualité environnementale / Amo concertation de l’ensemble de l’opération regroupant les missions suivantes permettant à l’échelle du secteur de VETROTEX de garantir : - la cohérence urbaine et programmatique du projet ; - la qualité et les performances environnementales ; - la bonne gouvernance ; - la mise en œuvre opérationnelle. 2 - Maitrise d’œuvre partielle pour la conception des espaces publics. La mission de maîtrise d’œuvre sera complète pour les éléments de missions suivants : - établissement du dossier d’esquisse (Esq) ; - établissement du dossier avant-projet (Avp) ; - établissement du dossier projet (Pro) - établissement du dossier de consultation des entreprises (Dce) ; - analyse des offres et mise au point des marchés de travaux (Act) ; - mission complémentaire : visa des documents d’exécution relatifs à la réalisation des espaces publics. Sans préjuger des procédures opérationnelles mises en œuvre (zac, pup), des missions pourront être confiées pour une ou plusieurs tranches opérationnelles. Les marchés subséquents, ultérieurement passés sur le fondement de l’accord cadre pourront avoir pour objet tout ou partie des missions et éléments de mission susvisés. » Figure 3 : L’accord-cadre - Centrale des marchés - https://centraledesmarches.com/marches-publics/ Chambery-Ville-de-Chambery-Conception-d-un-eco-quartier-au-sein-du-secteur-centre-nord-sur-l-ancien-site-industriel-de-l-usine-a-de-vetrotex-mission-de-maitrise-d-oeuvre-urbaine/412447
Le dossier de création de ZAC est élaboré entre 2015 et 2017 par un chef de projet d’AAUPC-Chavannes, accompagné d’assistants sur des périodes ponctuelles et des thèmes définis (figure 4). Il donne lieu à l’élaboration d’un plan guide, comme décrit dans la première partie. En juin, 2017, le Conseil municipal de Chambéry approuve la création de la ZAC VETROTEX. Dans la foulée, AAUPC est chargé de modifier le plan local d’urbanisme (PLU) sur le site afin de permettre son intégration. Dès cette phase, les missions confiées à l’architecte-coordonnateur sont donc multiples. Il s’agit à la fois de piloter le projet d’aménagement, dans ses dimensions programmatiques, bâties et d’espaces publics, et de garantir sa faisabilité réglementaire, opérationnelle et technique, notamment dans le cadre
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Figure 4 : Plan guide - AAUPC
• Pilotage et coordination des projets architecturaux A partir de 2018, les missions d’AAUPC évoluent. Pour l’architecte-coordonnateur, il s’agit désormais de choisir les différents projets architecturaux qui seront réalisés dans la ZAC par le biais de concours. Pour chaque lot, des groupements de promoteurs et architectes sont invités à proposer des offres sur la base de plusieurs critères résumés dans des fiches de lots. A ce stade, les groupements sont différents ; ils associent le plus souvent des promoteurs nationaux et des acteurs plus locaux, qui peuvent mettre en avant leur connaissance du site.
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Fin 2019, l’architecte-coordonnateur analyse les réponses des groupements et livre ses conclusions la MOA. Au cours de ma mise en situation professionnelle (MSP), j’ai participé à l’élaboration de plusieurs fiches de lot. Les compétences mobilisées relèvent à la fois de l’urbanisme et de l’architecture : il s’agit non seulement de vérifier la cohérence programmatique des propositions, mais aussi d’évaluer leur qualité urbaine et architecturale. Mais ce travail est rendu fastidieux par la complexité des normes à respecter et la lenteur des démarches, tant avec les MOA qu’avec les groupements. Le chantier ne commencera pas avant 2021, pour une livraison totale prévue en 2027. La ZAC permet donc de garantir l’intérêt général des projets et de sécuriser les procédures ; elle place l’architecte-coordonnateur dans un rôle polyvalent et transversal, qui implique à la fois de solides connaissances techniques et une vision territoriale plus ample. Toutefois, elle fige les acteurs dans des rôles spécifiques et cristallise les projets. Comme le dit Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme de la mairie de Paris, « la ZAC a un horizon temporel de 15 ans. Or dans 15 ans à Paris, on, travaillera, on habitera et on commercera de manière radicalement différente d’aujourd’hui »6. Dans les phases amont, le calendrier politique demeure déterminant dans le lancement du projet. Dans les phases aval, le système des fiches de lot limite l’innovation urbaine et la créativité architecturale, au risque de produire des formes urbaines standardisées : combien de projets et de bâtiments se ressemblent d’une ZAC à l’autre ? Pour une jeune architecte, cette activité est finalement assez frustrante : la place laissée au processus créatif est limitée, il s’agit avant tout de respecter et faire respecter des normes et des procédures. Comme plusieurs de mes collègues, j’ai éprouvé un besoin de revenir aux fondements de la pratique de l’architecture.
6. Lionel Gastine et Anne-Laure Desjardin, (2018), Épisode 3 : Ni ZAC ni MOP : l’APUI – Urbanova 27
2. Les APUI : quelles innovations ? Le Bruneseau à Paris Rive Gauche
cas d’Inventer
• Contexte et genèse du projet Paris Rive Gauche est un nouveau quartier de Paris qui occupe la partie du 13ème arrondissement située entre les voies ferrées de la gare de Paris-Austerlitz et la Seine, jusqu’au boulevard périphérique. Ce site de 130 hectares accueille la plus importante opération d’urbanisme à Paris depuis les années 1960. Celle-ci est emblématique à bien des titres des nouvelles pratiques du projet urbain (d’ailleurs, Christian Devillers, « philosophe » du projet urbain en France, y a participé).
Figure 5 : Plan de situation - APUI Inventer Bruneseau
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Au début des années 1980, cette zone est une presqu’île entre Seine et chemins de fer occupée par des terrains industriels en grande partie désaffectés, ainsi que par quelques immeubles d’habitation. En 1982, le contexte de désindustrialisation de l’Est parisien conduit à envisager la reconversion fonctionnelle des emprises industrielles. Un quartier d’affaires est envisagé, mais la crise du début des années 1990 entraîne une redéfinition du programme dans le sens d’une plus grande mixité. En 1991, le Conseil de Paris approuve le plan d’aménagement de zone de la ZAC Seine Rive Gauche, renommée officiellement Paris Rive Gauche en 1996. Entre cette date et 2001, les premiers logements sont livrés, la Bibliothèque nationale de France (souhaitée par le président François Mitterrand), le pont Charles-de-Gaulle et la ligne 14 de métro entrent en service, témoignant d’un fort investissement dans les équipements publics. En 2003, le Conseil de Paris approuve la réalisation d’un nouveau dossier de ZAC pour Paris Rive Gauche et la modification du Plan local d’urbanisme. Sous l’impulsion de la nouvelle municipalité dirigée par Bertrand Delanoë, le programme évolue encore, en intégrant la création d’un nouveau campus universitaire, l’augmentation du nombre de logements et la réalisation d’espaces verts de quartiers. • Les partis-pris urbains et architecturaux Le projet sur des principes urbains et architecturaux en grande partie issus des études préalables de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) et jamais véritablement remis en question. Tout d’abord, le nouveau quartier doit recouvrir et franchir les voies ferrées : il est surélevé par rapport à la Seine d’un côté et aux quartiers anciens de l’autre. La construction d’une dalle de 26 hectares entraîne de nombreuses contraintes techniques (passage des trains sous les superstructures des immeubles), financières (charges foncières très élevées à rentabiliser) et urbanistiques (nécessité d’aménager les transitions). Ensuite, une avenue centrale, de gabarit parisien, constitue l’épine dorsale du quartier, qui se développe parallèlement à celle-ci d’ouest en est, selon un système de voirie hiérarchisé. La thématique de la conservation est apparue plus tardivement : d’un parti-pris de table rase (rénovation), on a évolué progressivement vers la conservation des bâtiments les plus remarquables, comme les Frigos (anciens entrepôts frigorifiques situés le long de la rue de Tolbiac occupés par des dizaines d’artistes depuis le début des années 1980), les Grands Moulins de Paris ou l’usine SUDAC (usine d’air comprimé), transformée pour accueillir l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Val de Seine. Enfin, la mixité sociale, fonctionnelle et architecturale est encouragée. Ainsi, la ZAC est découpée en 8 secteurs avec chacun un architecte-coordonnateur à sa tête, dans une configuration hybride entre ZAC traditionnelle et macro-lots. Elle offre aujourd’hui un répertoire varié de formes urbaines et architecturales (du secteur néo-haussmannien de Roland Schweitzer) aux ilots ouverts de Christian de Portzamparc), qui témoigne des évolutions des attentes et des conceptions depuis 30 ans.
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Au fur et à mesure des années, le chantier avance progressivement vers la petite ceinture. En 2013, la finalisation de l’aménagement du sud de l’avenue de France, dans le secteur appelé Masséna-Bruneseau est annoncée ; le PLU du site est révisé ; les premiers travaux d’assainissement débutent. Une partie du site accueillera deux tours multifonctionnelles conçues par Jean Nouvel aujourd’hui en construction, dont l’une, la tour Duo n°1, avec 180 mètres sera le troisième plus haut édifice de la capitale après la tour Eiffel et la tour Montparnasse. Le programme prévoit un projet mixte avec un hôtel dans la partie supérieure de Duo n°2, un siège bancaire, ainsi que des commerces à rez-de-chaussée. L’autre partie du site fait l’objet de l’APUI Inventer Bruneseau.
Figure 6 : Photo aérienne du site dans son contexte - APUI Inenter Bruneseau
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Les trois phases de l’APUI Inventer Bruneseau 1) Phase 1 Avril - novembre 2017 : présélection de 4 équipes 2) Phase 2 Fin novembre 2017 : remise des dossiers « phase 2 » aux équipes 13 juillet 2018 : remise des offres Septembre 2018 : sélection de deux équipes finalistes 3) Phase finale Octobre 2018 : lancement de la phase 3 Janvier 2019 : remise des offres finalisées Mars 2019 : désignation de l’équipe lauréate Figure 7 : Les trois phases de l’APUI Inventer Bruneseau - Réalisation personnelle
• De Réinventer Paris à Inventer Bruneseau La Ville de Paris a été la première collectivité de France à utiliser la procédure d’appels à projets urbains innovants, à travers l’APUI « Réinventer Paris » lancé en 2014 et concernant 23 sites. On l’a vu, celle-ci permet de mettre en vente des terrains ou du patrimoine bâti, très majoritairement publics, auprès de groupements privés coordonnés par des promoteurs immobiliers et regroupant aménageurs, concepteurs, opérateurs de services ou futurs exploitants, à charge pour eux de proposer une programmation « innovante » et des solutions architecturales et urbaines. Pour la Ville, et notamment pour l’adjoint à l’urbanisme Jean-Louis Missika, il s’agissait alors de « mettre en mouvement l’ensemble des quartiers parisiens », tout en démontrant « qu’il existe une nouvelle façon de construire en s’appuyant sur les partenaires privés »7. Les concours ont concerné essentiellement des sites de taille modeste et à haute valeur ajoutée. La démarche est expérimentée à une autre échelle dans les années suivantes (Réinventer la Seine, Inventons la métropole du Grand Paris, etc.) : on passe, presque sans modification de la règle du jeu, de la parcelle au macro-lot voire au quartier. Si la procédure reste quasi-identique (calendrier resserré, mise en concurrence de groupements intégrés, carte blanche programmatique), elle n’obéit plus à la même fonction : l’enjeu quantitatif reprend de l’importance face à l’impératif d’innovation, les enjeux du projet urbain s’ajoutent à ceux de l’opération immobilière. C’est dans ce contexte qu’est lancé en 2017, l’APUI « Inventer Bruneseau ». Il s’agit d’un APUI unique et autonome des autres démarches, quoique situé au sein de la ZAC Paris
7. Clément Orillard, (2018, juin 21), Les appels à projets innovants : un renouveau de l’articulation public. privé dans l’aménagement urbain ? – Métropolitiques
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Rive Gauche. Le site s’étend entre la petite ceinture et le périphérique, sur un ensemble de quatre lots entre les rues Berlier, Bruneseau et le quai d’Ivry, soit environ 5,2 ha (la même superficie que la ZAC de Vetrotex). Le quartier des charges est volontairement limité à quelques grands principes : générer une nouvelle centralité pour relier Paris et Ivry-sur-Seine ; créer un nouveau lieu de destination parisien et métropolitain ; traverser l’infrastructure (le périphérique) en faisant un atout. En mars 2019, l’équipe lauréate est désignée, officiellement en raison de « la finesse des bâtiments et leur cohérence dans le rapport à la Seine et au grand paysage »8. Cette dernière est composée de quatre promoteurs : les Nouveaux Constructeurs, AG real Estate, Icade et Nexity, chacun d’entre eux étant associé à une agence d’architecture (respectivement Youssef Thomé, Hardel et Le Bihan, David Adjaye, Buzzo et Spinelli). Chaque groupement prend en charge un lot. Le pilotage et la coordination s’exercent à l’intérieur de chaque groupement plutôt qu’entre les groupements, comme c’est le cas dans une ZAC. L’innovation programmatique concerne la production d’énergie (installation massive de panneaux solaires sur les toitures), la réduction de l’impact carbone des bâtiments par la végétalisation, la maîtrise des consommations sur le long terme et l’amélioration de la qualité de l’air (intégration d’un dispositif de purification). Les lauréats affichent même une « première mondiale » : des tours hautes avec des planchers en bois, offrant une mixité programmatique verticale. Le dévoilement du projet s’accompagne d’une intense opération de communication. La livraison est attendue pour la fin 2025.
Figure 7 : Image 3D du projet lauréat- Youssef Thomé, Hardel et Le Bihan, David Adjaye, Buzzo et Spinelli
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8. Paris Rive Gauche, (2019, mars), Bruneseau Seine, Lauréat de l’appel é projets urbains innovants Inventer Bruneseau, Mairie de Paris
• Entre opportunités et risques Les APUI présentent donc certains avantages : - l’introduction de plus de souplesse, d’agilité et d’intégration à la fois entre les acteurs et dans les processus de projet ; - une réflexion dès la phase amont sur les usages de l’espace bâti : - l’accélération de la prise de décision et du passage à la phase opérationnelle ; - la stimulation de l’innovation comme facteur différenciant des projets. Par ailleurs, plusieurs architectes soulignent d’autres avancées potentiellement positives pour la profession, comme l’hybridation des compétences, la confrontation des concepteurs aux questions d’usages, la sécurisation du financement des projets. Toutefois, les APUI ont aussi suscité de nombreuses critiques, relatives notamment au désengagement des pouvoirs publics et à l’absence de concertation citoyenne. Nous présenterons ici celles qui ont trait à la fragilisation du rôle de l’architecte. Ainsi, Catherine Jacquot, présidente le Conseil national de l’Ordre des architectes de 2013 à 2017 estime que la consultation « se présente, en réalité sous la forme d’un appel d’offres pour promoteurs privés »9 . La responsabilité de choisir l’architecte n’incombe plus aux maîtres d’ouvrage, mais aux promoteurs. Par ailleurs, dans bien des cas, les architectes ont travaillé sans rémunération : « participer à un tel concours représente pour une agence l’équivalent d’un avant-projet définitif », soit une dépense parfois équivalente à plusieurs dizaines de milliers d’euros. C’est pourquoi l’Ordre des architectes a demandé qu’à l’occasion d’appels à projets lancés par les collectivités territoriales en dehors du code des marchés publics, soient mises en place des règles qui définissent clairement la place des intervenants, des règles de concurrence, de transparence et d’indépendance à respecter pour la maîtrise d’œuvre du projet urbain et architectural. Concernant, le contenu des projets, plusieurs professionnels ont alerté sur l’écueil de « tomber dans les gimmicks d’une époque, d’une classe professionnelle, voire d’une classe socio-économique, qui parlent essentiellement aux jurys et aux équipes qui se sont formées » (Sébastien Chambe, IAU 10), au risque d’une standardisation des programmes et des formes architecturales. Du reste, s’agit-il vraiment d’innovation architecturales ? La plupart des solutions nouvelles proposées semblent plutôt relever du domaine de l’environnement (végétalisation), de l’ingénierie de conception et de l’informatique (conciergeries connectées). Au risque de techniciser totalement la création architecturale ?
9. Sébastien Chabas, (2016, août 2), L’appel à projet, un format de concours qui dérange, batiactu. 10. Daniel Béhar, Emmanuel Bellanger et Aurélien Delpirou, (2018, juin 7) La production urbaine en chantier : héritages, enjeux et perspectives des appels à projets innovants, Métropolitiques.
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Bilan : les compétences de l’architecte HMO face à la mutation des pratiques
Figure 6 : Synthèse de la partie 2- réalisation personnelle
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III. L’architectecoordonnateur
:
esquisses d’une
prospective professionnelle
Dans cette dernière partie, je propose une réflexion personnelle sur l’avenir de la profession, à travers le prisme de la figure de l’architecte-coordonnateur. Je m’appuie sur ma formation, mes expériences professionnelles, mes lectures et ma vision des enjeux du métier.
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1. Trois
leviers d’évolution
Cette réflexion s’inscrit dans le prolongement des deux parties précédentes, qui ont caractérisé les mutations en cours dans le registre de la commande. Elle est organisée autour de trois scénarios prospectifs, qui déclinent des évolutions dans les trois champs différents. • La formation : en intégrant le monde professionnel, j’ai pu constater un réel décalage entre les études en architecture et le métier que je pratique au quotidien. D’un côté, la formation a peu évolué depuis les années 1970, à l’exception de la réforme LMD (Licence-Master-Doctorat), à la suite de laquelle le diplôme d’État d’architecte (DEA) est délivré au niveau master, soit cinq années d’études supérieures. Au cours de cette formation, les enseignements de projet demeurent largement prédominants, tant dans le temps de travail que dans la notation (jusqu’à la moitié des notes des semestres). Nos études nous conduisent donc presque « naturellement » vers des compétences centrées sur le processus de création d’un édifice et ses documents graphiques associés. D’un autre côté, certaines ENSA ont progressivement diversifié leur offre de formation : enseignement des sciences sociales, initiation à la programmation urbaine, parcours spécialisés en urbanisme, masters en apprentissage, etc. Comment renforcer la place des apprentissages connexes sans affaiblir la transmission des savoirs et savoir-faire fondamentaux nécessaires à tout architecte ? • Le métier : mes expériences en agence tendent à souligner un paradoxe : alors que les architectes-coordonnateurs, et notamment les starchitectes, sont considérés comme les professionnels les plus aboutis dans notre domaine, ils ne font (presque) plus d’architecture ! S’ils ont souvent développé de nouvelles compétences en matière d’urbanisme réglementaire, de programmation, de pilotage de projet, ils se sont dans le temps éloignés du cœur de métier. Par ailleurs, alors que la concurrence se généralise à toutes les échelles, il me semble qu’ils ne sont pas toujours suffisamment « armés » pour défendre leurs choix face auprès des maîtres d’ouvrage ou des promoteurs. En effet, les méthodes et les contraintes de l’architecture sont mal connues du profane. Comment revaloriser les apports de la création architecturale dans les projets ? • Les outils : avec l’expérience professionnelle, la maitrise des outils informatiques est devenue l’un des critères principaux d’embauche et d’évolution dans le métier. Initialement limitées à l’usage de logiciels 2D, comme Autocad, ou de modélisation, comme Sketchup, les attentes des agences concernent désormais les logiciels 3D, tels que REVIT ou ArchiCAD. L’utilisation de ces logiciels en réseaux (BIM) se développe rapidement,
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au point d’occuper une place prépondérante dans les tâches quotidiennes. Dans ce cadre, l’architecte est invité à travailler en collaboration avec d’autres acteurs, comme les ingénieurs structures et les gestionnaires des réseaux. Le développement des outils informatiques peut-il contribuer à réinventer le rôle de l’architecte-coordonnateur ? Dans quelle mesure se substituera-t-il au processus créatif ? Au cours des trente prochaines années, ces évolutions pourront prendre des formes et une intensité très variable. Il ne s’agit pas ici d’en faire une liste exhaustive, mais de proposer trois trajectoires possibles et contrastées, susceptibles d’ouvrir le sujet à la discussion et à l’imagination.
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2. Trois
scénarios contrastés
• Premier scénario : le retour à l’architecte bâtisseur Dans ce scénario, la formation et les missions de l’architecte sont recentrées autour de l’activité de conception architecturale. - Les compétences connexes font l’objet d’initiations au cours de la formation et d’approfondissements dans d’autres structures de formation - L’identité professionnelle est claire et garantie par le diplôme d’État - Les missions s’exercent exclusivement dans les phases opérationnelles, aux côtés d’autres professionnels de la maîtrise d’œuvre « J’ai grandi sur les chantiers de construction de mon père, et j’ai suivi le même chemin que lui en devenant bâtisseur. L’architecture, c’est d’abord l’art de construire » (Renzo Piano)11 • Deuxième scénario : la transformation de l’architecte en expert territorial Dans ce scénario, la formation et les missions de l’architecte sont élargies à l’ensemble de réflexion et de la transformation territoriale. - Les compétences connexes sont pleinement intégrées dans la formation, à la fois comme bases communes de tous professionnels de l’urbain (en licence) et comme domaines de spécialisation - L’identité professionnelle est floue et fluctuante - Les missions s’exercent à toutes les étapes de la production urbaine « Je n’ai pas beaucoup d’amitié pour les urbanistes, je crois qu’ils sont des propagateurs d’une idéologie assez répugnante, basée sur la ségrégation territoriale, fonctionnelle et sociale. On vit là-dedans depuis un demi-siècle ou plus donc il faut vraiment changer quelque chose. Je propose pour cela des ateliers d’élaboration du territoire où serait élaborée la stratégie écologique, celle des transports, celle aussi de la nourriture» (Jean Nouvel)12 • Troisième scénario : vers un smartchitecte toujours plus connecté Dans ce scénario, la formation et les missions de l’architecte sont articulées autour de nouvelles compétences informatiques.
11. Milena Chessa (2015, novembre 12), Renzo Piano, abécédaire d’un architecte bâtisseur - Le moniteur. 12. Claire Servajean (2020, mai 17), Jean Nouvel : «il n’y a aucune raison qu’on ne puisse pas construire plus grand au même prix - Franceinter.
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- La formation est réorganisée autour de l’apprentissage des logiciels - Le statut évolue, à l’interface entre architecture, ingénierie et informatique - Les missions peuvent s’exercer partout, à toutes les échelles, au-delà des cadres et des frontières traditionnels, y compris de manière virtuelle (architecture mort-née, jamais construite) «La maquette numérique, c’est l’avenir, je suis convaincu que c’est la potion magique des petites structures» (Olivier Celnik )13
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13. Florent Lacas (2019, février 19), Le Bim, potion magique pour les petites agences d’architecture» - Batiactu
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Conclusion
Au terme de ce mémoire, qui marque le début d’une carrière professionnelle en tant qu’architecte, j’ai souhaité formuler quelques-unes des questions qui m’animent, sur la base des différents éléments qui ont été exposés. En s’interrogeant sur le contexte d’émergence de l’architecte-coordonnateur et sur son rôle au sein des métiers de l’aménagement urbain, la première partie a montré que les évolutions passés et futures de notre profession sont étroitement imbriquées à des évolutions politiques, culturelles et socioéconomiques plus larges. L’architecte HMO doit intégrer ces évolutions et même les devancer. La crise sanitaire vient rappeler le poids de l’incertitude dans notre métier : les secousses économiques qui s’annoncent ne porteront-elles pas un coup fatal à la commande publique, du moins telle qu’elle a été structurée en France depuis 50 ans ? Quel sera le modèle économique de la production urbaine dans un Etat lourdement endetté et dans une société qui aspire à la dédensification ? Dans la deuxième partie, les études de cas ont montré la diversité des pratiques pour « faire la ville » aujourd’hui. Toutefois, dans un paradoxe évident, la multiplication des formes juridiques, des procédures et des outils contractuels s’est accompagnée d’une standardisation des formes architecturales produites. De fait, l’innovation apportée par les APUI a surtout été procédurale et programmatique. Dans ce contexte, le rôle de l’architecte HMO n’est-il pas de contribuer à une véritable transformation de l’art de construire, susceptible de répondre aux enjeux du présent et aux défis du futur ? Les outils informatiques seront-ils la clé de cette future architecture adaptée et adaptable ? Enfin, l’analyse prospective a montré l’infinie variété du champ des possibles s’agissant des métiers de l’architecture. Entre la construction d’une villa et la réalisation d’une stratégie territoriale, comment faire tenir ensemble les différentes facettes et pratiques du métier ? Quelles que soient les trajectoires futures, l’enjeu de la formation apparaît déterminant pour maintenir à des niveaux élevés la place et l’exigence de l’architecture. Finalement, la transversalité n’est-elle la réponse la plus stratégique à toutes ces incertitudes et instabilités ? Pour Rem Koolhaas, la période actuelle offre une opportunité unique pour réfléchir à l’évolution du métier : « La situation économique actuelle – soit la capitulation mondiale face au capitalisme – offre ironiquement aux architectes une nouvelle vélocité́ et de nouvelles trajectoires ». C’est à nous, jeunes professionnel.le.s, de les dessiner.
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Bibliographie
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Remerciements
Au terme de ce travail, je tiens à remercier les personnes qui m’ont soutenu pendant la rédaction de ce mémoire, tant d’un point de vue professionnel que personnel. Tout d’abord, merci à l’EAVT de m’avoir offert l’opportunité de réaliser l’HMONP au sein de leur établissement. Cette école d’architecture mais aussi axée sur des réflexions urbaines fait écho à mon parcours universitaire et personnel. Merci à Patrcik Chavannes et Hermine de Castro de m’avoir embauchée au sein de AAUPC afin d’y réaliser ma mise en situation professionnelle. Merci à Julie Courtet pour son professionnalisme, sa transmission du savoir mais aussi son humour et sa bienveillance. Merci à Aurélien Delchet pour ses qualités en tant qu’encadrant, son suivi et son écoute. Merci à ma famille et particulièrement à ma mère pour son apport dans la rédaction de ce mémoire, mais surtout des précédents. Merci à mes amis pour leurs points de vue et les discutions enrichissantes à ce mémoire que j’ai eu avec eux. Merci à toi, Lu, d’exister.
Une pensée pour mon père, qui, j’en suis sûre, serait fier de moi.
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