UN DOSSIER SPÉCIAL DE
Fribourg La mobilité comme priorité cantonale
DOSSIER SPÉCIAL
A Fribourg, la mobilité comme priorité cantonale Le 4 décembre 2009, le Conseil d’Etat du canton de Fribourg décidait la création d’un RER. Ce réseau à construire avait un objectif : établir une relation ferroviaire rapide et cadencée entre les principales villes du canton. Une ambition : inciter les Fribourgeois à utiliser les transports publics le plus souvent possible pour leurs trajets quotidiens. Et un but : préparer la voie à une mobilité durable, plus efficiente et plus responsable.
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n 2011, au terme d’un chantier considérable, les autorités fribourgeoises inauguraient la liaison express entre Bulle, Romont et Fribourg. Le RER Fribourg/Freiburg venait de commencer ! Dès lors, sur ce tracé, des trains circulent toutes les demi-heures entre ces trois cités. Certains d’entre eux poursuivent leur course jusqu’à Berne, la capitale fédérale. Pour exploiter ce RER, une compagnie régionale, les Transports publics fribourgeois (TPF), s’est alliée à l’opérateur ferroviaire national, les CFF. Grâce à cette combinaison, le RER a rapidement conquis son public et depuis, son succès est total. A l’issue de sa première année de fonctionnement, les passagers sont toujours plus nombreux à l’utiliser. Fort de ce résultat, le gouvernement cantonal a lancé la deuxième phase de ce projet majeur : le RER Sud qui relie les communes du sud du canton. Cette liaison cadencée sur voie métrique les connecte au réseau national en gare de Palézieux. Déjà, la troisième étape du RER est en marche, elle roulera bientôt sur des voies renouvelées vers les cantons voisins. Une révolution est en cours : pour la première fois de sa jeune histoire, les TPF partagent infrastructure et concession avec les CFF. Des milliers de Fribourgeois confirment chaque jour le pari de leurs autorités en préférant le train à la voiture. Profitant de cette adhésion populaire, le Conseil d’Etat a donné un nouvel élan à ses réseaux de bus qui complète ses lignes ferroviaires. Pour le gouvernement fri-
bourgeois, la multimodalité permet d’amplifier la dynamique du RER en le reliant aux plus petites localités. Son slogan le confirme : « C’est plus qu’un train, c’est un lien. »
Une population en plein essor
Sommaire A Fribourg, la mobilité comme priorité cantonale p. II Entretien avec Maurice Ropraz, conseiller d’Etat du canton de Fribourg p. VI ● Le réseau des TPF : pour aller partout sans souci p. VIII ● Vincent Ducrot, un homme de dialogue à la tête des TPF p. IX ● Un grand projet territorial : le RER Fribourg/Freiburg p. XII ●
Couverture : (c) TPF
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Quelques données expliquent la création de ce réseau express régional et son indéniable succès. La poussée démographique : la population fribourgeoise qui compte plus de 300 000 habitants a augmenté de plus de 20 % entre 2000 et 2011. Beaucoup de ces nouveaux résidents sont venus partager l’exceptionnelle prospérité que connaît le canton de Fribourg depuis près de vingt ans. Et de nombreux fonctionnaires fédéraux ont choisi de s’y établir pour profiter de sa proximité avec la capitale helvétique. Mais les pendulaires dont le nombre poursuit son ascension congestionnent le réseau routier aux heures de pointe sachant que les Fribourgeois sont parmi les plus motorisés de Suisse : on y dénombre 600 voitures pour 1 000 habitants ! Et la part modale des transports publics n’est que de 18 %, alors qu’elle est de 27 % pour la moyenne nationale suisse. En plus des déplacements quotidiens de la population fribourgeoise, le gouvernement cantonal doit prendre en compte tous ceux qui traversent son territoire pour se rendre dans les cantons voisins. Les émissions de gaz nocifs augmentent plus qu’il ne faudrait et la qualité de l’air s’en ressent. Pour répondre aux défis de la mobilité et de la protection de l’environnement, les autorités fribourgeoises ont mis en place un système de transports publics efficace et performant : les TPF. Le Conseil d’Etat (l’exécutif cantonal) leur a donné un mandat : transporter le plus grand nombre de Fribourgeois dans les meilleures conditions de ponctualité, de confort et de ra-
Ce dossier a été écrit et réalisé de manière autonome. Il n’a fait l’objet d’aucune validation. II • septembre 2013
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pidité. Grâce à des tarifs attractifs et des horaires qui leur conviennent, les Fribourgeois sont incités à utiliser les transports publics pour la majorité de leurs déplacements. Depuis plus de dix ans, les TPF ont enregistré une croissance qui dépasse les prévisions les plus optimistes. Pour réussir cette difficile mission de satisfaire chaque jour une clientèle toujours plus nombreuse, ils peuvent compter sur un réseau performant, des matériels récents et surtout, des personnels compétents et disponibles.
Satisfaire les voyageurs Pour mieux connaître les aspirations de sa clientèle, les TPF ont sollicité son avis. Durant plusieurs mois, une enquête a été menée auprès de 1 500 passagers. Les résultats ont montré qu’une grande majorité utilise bus et trains pour aller au travail. Les déplacements occasionnels et de loisirs viennent ensuite. Mais cette étude a démontré que les principales aspirations des voyageurs sont des fréquences plus nombreuses, une ponctualité améliorée et une meilleure information. Les TPF ont déjà entamé les réponses appropriées. Parmi celles-ci, l’information du voyageur est prioritaire. Dans les stations, la signalétique et les panneaux d’affichage ont été améliorés. Dans les bus urbains et les
trains des TPF, un système d’information à deux écrans a été installé. Ils permettent d’afficher les arrêts et les destinations de la ligne empruntée, mais aussi les correspondances et les chantiers planifiés. Ils préviennent aussi les voyageurs des perturbations sur le réseau. Cette information se double d’annonces acoustiques. Dans les années à venir, ce système devrait être étendu à tous les véhicules des TPF. Sur le périmètre de l’agglo, on prépare un projet novateur d’information voyageurs en station. Plutôt que de la transmettre aux écrans d’affichage par un coûteux réseau de fibre optique, l’information sur le fonctionnement des lignes sera transmise par internet. Des essais ont démontré que ce système était le plus rapide. Pour informer les usagers en temps réel, le wi-fi a déjà prouvé sa capacité. Le dialogue fonctionne également avec les associations d’usagers comme avec les représentants des communes. Des rencontres fréquentes sont organisées pour identifier les problèmes et chercher des solutions qui conviennent aux voyageurs. Elles ont eu lieu, notamment, à l’occasion de l’introduction du RER fribourgeois. Dans le sondage réalisé auprès de la clientèle, il apparaît que la sécurité est une des préoccupations essentielles des voyageurs. Les TPF ont choisi d’installer des caméras de vidéosurVR&T Communication
Des milliers de Fribourgeois confirment chaque jour le pari de leurs autorités en préférant le train à la voiture.
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veillance dans la totalité de ses stations et de ses gares, mais aussi dans ses bus et dans ses trains. Le PC sécurité peut ainsi veiller au bon déroulement du voyage de ses clients, même durant son temps d’attente en station. Et les TPF ont également mis en place des agents de médiation dans principales stations, ainsi qu’aux arrêts considérés comme les plus sensibles. Avec les plus jeunes de leurs clients, ils organisent également des réunions pour les informer des principales règles de sécurité. Il s’agit de leur faire prendre conscience des risques qu’ils peuvent rencontrer sur le trajet scolaire : une sortie trop rapide et désordonnée des bus scolaires ou une traversée inattentive des passages piétons. Lors de ces réunions, il leur est aussi rappelé les règles essentielles de la civilité, de la courtoisie et du respect d’autrui. Au cours de l’année 2012, plus de 8 000 élèves ont participé à ces séances pédagogiques. Les TPF transportent également les Fribourgeois quand ceux-ci se rendent aux grands événements sportifs, économiques ou culturels du canton comme la traditionnelle Poya fribourgeoise, la désalpe de Charmey et celle du Moléson, ou encore les matchs du hockey club de Fribourg Gottéron. Les TPF proposent des bil-
lets combinant le transport et l’entrée à ces manifestations. L’année prochaine, les TPF seront partenaires de la grande fête annuelle de la lutte suisse et des jeux alpestres qui se dérouleront en 2016, dans la cité fribourgeoise d’Estavayer-le-lac. Durant plusieurs jours, des dizaines de milliers de spectateurs vont arriver par le rail. L’expérience de Vincent Ducrot, directeur des TPF depuis presque trois ans sera bienvenue pour organiser le transport quotidien de tous ces visiteurs. Alors qu’il était aux CFF, Vincent Ducrot avait planifié et coordonné les déplacements des visiteurs d’expo02, l’exposition nationale suisse qui s’était tenue sur les bords des trois lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat.
Plus facile et plus rapide : le Ticket SMS ! En matière de titre de transports, les TPF ont mis en œuvre le ticket SMS. Dans les deux périmètres de l’agglo de Fribourg et du réseau de Bulle (Mobul), le ticket papier, c’est dépassé… Pour acquérir un ticket valable une heure, il suffit de taper 10 (pour Fribourg) ou 30 (pour Bulle) au numéro 973. Quelques secondes plus
Qui sont les TPF ? Les Transports publics fribourgeois sont issus de la fusion, opérée en juillet 2000, de deux entreprises fribourgeoises : les GFM (Gruyère-Fribourg-Morat) et les ETF (Entreprises de transport fribourgeois). Les TPF ne sont ni une régie ni un EPCI mais une société anonyme dont l’actionnaire principal est le canton de Fribourg qui détient plus de 53 % des actions devant la Confédération helvétique qui en possède un peu plus de 21 %. La commune de Fribourg vient en troisième position avec 16,24 %. Plusieurs communes fribourgeoises et les TPF eux-mêmes disposent d’un petit pourcentage du capital. Et depuis le 27 juin 2011, les CFF sont actionnaires des TPF, dont ils détiennent 5 %. Depuis plus de deux ans, les TPF sont dirigés par Vincent Ducrot (voir portrait p. IX), qui avant d’en prendre la direction, a fait carrière aux CFF. Le Conseil d’administration est présidé par Christian Castella, qui est également le président de la fédération patronale de Bulle. L’entreprise compte 713 collaborateurs, parmi lesquels 325 conducteurs de bus. Mais ce sont plus de 40 métiers qui y sont représentés : techniciens, commerciaux, personnels administratifs, agents de vente, informaticiens, planificateurs… La formation est par ailleurs prise très à cœur, tant en matière d’apprentissage (dont le nombre de places sera porté à 15 à la rentrée)
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que de formation continue de son personnel. C’est la raison du partenariat conclu entre les TPF, les Hautes écoles spécialisées de Suisse (HES. CH) et plusieurs organismes de formation technique. Parmi ceux-ci, le Centre de perfectionnement interprofessionnel (CPI) forme les collaborateurs de la compagnie fribourgeoise dans plus de 150 disciplines. L’arrivée à Fribourg d’une antenne de l’EPFL (Ecole polytechnique Lausanne) va ouvrir de nouvelles perspectives de développement pour certains collaborateurs des TPF. En ce qui concerne les relations sociales, une nouvelle convention collective de travail est entrée en vigueur en janvier 2013. Elle marque un progrès notable en matière de protection des employés en cas de licenciements et apporte de meilleures conditions salariales, notamment pour les nouveaux collaborateurs. Cette nouvelle convention s’engage aussi contre le dumping social et s’impose aux autres entreprises de transports publics du canton. Les TPF fixent ainsi une nouvelle référence pour préserver et améliorer les acquis sociaux des travailleurs de cette branche. Entre la direction et les partenaires syndicaux, le dialogue se veut consensuel et constructif et permet d’aboutir à un bon climat de travail. Au-delà de leur engagement au service du public, les TPF s’engagent aussi pour une vision de l’entreprise à la fois citoyenne et solidaire.
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tard, un SMS parvient sur le téléphone portable avec la confirmation d’un ticket virtuel valable une heure. Ce billet SMS est ensuite débité sur l’abonnement téléphonique ou sur le forfait de portable du passager. Souple et pratique, il s’adresse autant aux voyageurs occasionnels et aux touristes qui peuvent ainsi payer leur trajet avec leur forfait prépayé. Les billets à la journée ou tarif réduit s’obtiennent sur le même principe. Ce ticket a tout de suite enregistré un succès considérable. A tel point que l’administration fédérale songe à en faire un standard. Déjà, les Transports publics genevois (TPG) ont exprimé leur intérêt en faveur de ce système. Mais pour les voyageurs qui préfèrent prendre leur ticket au distributeur, les TPF vont renouveler toute leur flotte d’automates DATT. D’ici un an, 311 nouveaux distributeurs vont être installés dans les stations et dans certains véhicules des TPF pour un montant de 3,5 millions de francs suisses (2,8 millions d’euros) dont une partie sera prise en charge par l’agglo et une autre par Mobul. La communauté tarifaire fribourgeoise Frimobil fixe les tarifs de tous les déplacements en transports publics dans le canton. Mais de nombreux Fribourgeois utilisent les réseaux des cantons voisins, de la même manière que de nombreux Vaudois, Bernois et Neuchâtelois poursuivent
leur voyage sur le réseau fribourgeois. La coopération avec les communautés tarifaires Libero (Berne) et Mobilis (Vaud) doit être développée. Voilà pourquoi les TPF envisagent de mettre en œuvre le système ZPS qui permettrait d’établir des tarifs dits « de relation » pour passer d’une communauté tarifaire à une autre. Cette gamme tarifaire pourrait comprendre des tickets simples ou des abonnements. La mise en place du RER Fribourg/Freiburg est une bonne opportunité pour réformer l’actuel système de tarification en lui donnant la dimension intercantonale que le RER fribourgeois possède déjà. Thierry Pierre GRAINDORGE
Entre 2000 et 2011, la population fribourgeoise a augmenté de 20 %.
Vers une billettique intégrée Pour les TPF du futur, Vincent Ducrot croit en une nouvelle forme de billet : « Aux TPF, on réfléchit sur les nouveaux titres de transports. On a un projet qui s’appelle Clipabo. C’est une carte à puce qui regroupe les différents composants du trajet d’un voyageur. On peut y mettre un parcours sur le réseau TPF et un autre sur celui d’une autre compagnie, comme celui du BLS ou des TRN, pour prolonger son voyage. L'étape suivante, ce sera la carte sans contact, puis, dans un avenir plus lointain, la carte style Easy Ride plus besoin de badger : des bornes installées dans les voitures détecteront la carte et enregistreront les données du trajet et proposeront en fin de mois l'abonnement le plus avantageux. »
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Maurice Ropraz, conseiller d’Etat du canton de Fribourg :
« Ne pas réagir, anticiper ! »
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Quels sont les axes principaux de votre politique en matière de transports ? Quels en sont les fondements, les objectifs et les difficultés ? Maurice Ropraz. Nous souhaitons encourager l’utilisation des transports publics en garantissant une offre de prestations suffisante, dans les limites de la capacité financière des collectivités publiques. Notre mission est de coordonner les décisions à prendre dans le domaine des transports avec les objectifs de l’aménagement du territoire et de la protection de l’environnement et de mettre en valeur les fonctions complémentaires des différents moyens de transports. La difficulté principale reste le financement des infrastructures de transports ainsi que les changements d’habitudes en matière de mobilité.
Maurice Ropraz.
Quels sont vos priorités et vos objectifs à long terme pour développer et faciliter la mobilité des Fribourgeois et de ceux qui traversent ou voyagent dans le canton ? M. R. Le canton de Fribourg est traversé par les grands axes de transport est - ouest du plateau suisse. Les autoroutes A1 et A12, ainsi que la ligne ferroviaire Genève – Lausanne – Berne – Zurich offre une situation favorable au canton en termes d’accessibilité. En matière ferroviaire, le canton de Fribourg demande que l’accélération de la ligne Berne - Lausanne, telle que prévue initialement dans le projet Rail 2000, se concrétise dans les meilleurs délais. De manière plus générale, le canton vise à améliorer ses liaisons avec les centres extérieurs : Lausanne, Berne et Neuchâtel principalement. A côté de ces projets d’importance nationale, la politique cantonale vise à développer son offre RER et, par là, à promouvoir une mobilité davantage durable.
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Côté infrastructures, quelles sont les réalisations qui vous tiennent les plus à cœur et les projets que vous comptez faire aboutir dans les années à venir ? M. R. Le projet routier du pont de la Poya (qui vise à décharger le centre historique de la ville de Fribourg) sera ouvert à la circulation dans le courant du second semestre 2014. Il s’agit là d’une des réalisations, en matière d’infrastructures routières, les plus importantes et les plus ambitieuses jamais construites dans le canton de Fribourg. Parallèlement plusieurs projets ferroviaires sont encours de réalisation : la nouvelle halte de Fribourg - Saint-Léonard, la nouvelle gare de croisement à Cheyres, par exemple. Le déplacement des gares de Bulle et de Châtel-Saint-Denis constitue par ailleurs des projets d’importance au centre de réflexions urbanistiques. Le canton de Fribourg est en pleine croissance économique, mais aussi en pleine évolution. L’urbanisation progresse et pose de nombreux problèmes, comment pouvez-vous réagir et anticiper les problèmes liés à cette mutation irréversible ? M R. Il s’agit justement d’essayer de ne pas réagir, mais d’anticiper toutes ces questions ! Une bonne gestion du boom démographique est impossible si l’offre de transports, individuelle et publique, ne suit pas. Transports individuels et transports publics doivent se compléter. Les projets d’agglomération de Fribourg et de Bulle visent justement à anticiper la coordination nécessaire entre l’aménagement du territoire et les besoins de mobilité. Pour la partie rurale et les secteurs touristiques (la Gruyère, le Moléson, etc.), quelles solutions envisagez-vous pour concilier ces activités essentielles et une accessibilité optimale ? M. R. Le développement du territoire, dans le canton de Fribourg est pensé en fonction des différentes régions. Il y a, bien sûr, le centre cantonal, mais chaque district se développe également autour de son propre centre. Le réseau ferroviaire principal, national et le RER
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Fribourg/Freiburg, constitue la colonne vertébrale autour de laquelle se développe l’offre routière, avec les lignes de bus adjacentes et des accès fiables et sûrs pour le trafic routier individuel. L’offre en transports publics sur les pôles touristiques a été développée ces dernières années (cadence horaire vers Moléson, Charmey et la station du Lac-Noir).
intègrent dès le départ l’élément mobilité. Les organisateurs collaborent en amont avec les opérateurs concernés. Beaucoup d’entreprises s’implantent dans le canton de Fribourg. Les aidez-vous dans leur plan de mobilité ? De leur côté, fontelles un effort dans ce sens ? M. R. Dans une première phase, le canton de Fribourg vise à réaliser des plans de mobilité pour ses propres collaboratrices et collaborateurs. Il s’agit, pour l’Etat, de montrer l’exemple aux autres ! Le canton de Fribourg participe par ailleurs depuis plusieurs années au prix de l’entreprise écomobile organisé par la Conférence des transports de Suisse occidentale. Le service de la mobilité est en contact avec ces entreprises dans le cadre des procédures d’autorisation.
Vous êtes également très engagé en faveur de la protection de l’environnement et de la réduction des émissions polluantes, que comptez-vous faire pour promouvoir la mobilité durable et les modes de déplacements doux (mobilité piétonne et cycliste) ? M. R. L’ensemble de la politique cantonale en matière de mobilité avec, en particulier, le développement de l’offre en transports publics, vise justement à promouvoir une mobilité plus Le taux moyen d’utilisation des transports durable. publics peut encore progresser. Quelles L’Etat de Fribourg prévoit de réaliser un à trois mesures pourriez-vous prendre pour inciplans pilotes de mobilité pour ses employés(e)s ter vos concitoyens à les utiliser plus soudans le cadre de la stratégie développement vent ? durable. Il s’agit de renforcer l’utilisation des M. R. L’amélioration de l’offre visée par le RER transports publics et de la mobilité douce pour constitue certainement le moyen central pour venir au travail ainsi que inciter les FribourUne bonne gestion du boom pour les déplacements geoises et les Fribourprofessionnels. Le pregeois à utiliser davandémographique est impossible mier plan de mobilité, si l’offre de transports ne suit pas tage les transports qui concerne un noupublics. Le plan cantoveau site à Givisiez, est en cours d’élaboration. nal des transports comprend également d’auLorsque la pollution atmosphérique est exces- tres mesures visant à accroître la part des transsive, la loi fédérale sur la protection de l’envi- ports publics dans l’ensemble des ronnement oblige les cantons à prendre les me- déplacements. Une des idées centrales est de sures nécessaires afin de limiter les émissions concentrer le développement d’une région là de polluants et à élaborer des plans d’assainis- où se trouvent les accès aux transports publics. sement dans les régions touchées. Le Conseil d’Etat a adopté, le 8 octobre 2007, un plan de Pour terminer, comment jugez-vous l’évomesures pour la protection de l’air dans les ag- lution de la mobilité dans votre canton deglomérations de Fribourg et de Bulle. Ce plan puis ces dernières années ? prévoit d’augmenter la part modale des trans- M. R. La mobilité dans le canton de Fribourg ports publics et de la mobilité douce. Les ag- se caractérise d’une part par une très forte glomérations ont planifié ces mesures dans le croissance des besoins de mobilité liés à la cadre de leur projet d’agglomération. croissance démographique et économique, et, d’autre part, une orientation des investissements De grandes manifestations, comme la vers une mobilité plus durable (rocades pour Poya, bénéficient d’un plan spécial d’accès soulager les centres villes, développement du en transports publics, comptez-vous am- réseau ferroviaire, amélioration des infrastrucplifier ces initiatives ? tures pour les deux-roues). Il s’agit de prendre M. R. Lors de grandes manifestations, les trans- en considération ces deux axes dans le déveports publics jouent un rôle essentiel. Les pro- loppement de l’offre en matière de transports. chaines (meeting de Payerne en 2014, fête féPropos recueillis par dérale de lutte à Estavayer-le-Lac en 2016, …) Thierry Pierre GRAINDORGE
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Le réseau des TPF : pour aller partout sans souci
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Funiculaire, réseaux de bus urbain, interurbain et ferroviaire… les TPF – dont la fréquentation en 2012 a dépassé les prévisions les plus optimistes – ont plus d’un atout pour remplir leur mission qui consiste à desservir au mieux le territoire cantonal.
Zones rurales et sites touristiques de montagnes sont desservis au quotidien par les lignes de bus régionales ou interurbaines des TPF.
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es TPF ont reçu une mission claire des autorités fribourgeoises : assurer la desserte la plus complète possible du territoire cantonal. Pour exercer ce mandat ils utilisent deux réseaux qui se complètent. Le premier est la route. Dans un canton qui comporte encore de nombreuses zones rurales à l’habitat disséminé et de nombreux sites touristiques de montagne, les TPF exploitent soixante lignes de bus régionales ou interurbaines. Les lignes régionales totalisent 1 044 km et desservent 476 points d’arrêts. Depuis l’introduction de RER Fribourg/Freiburg, le réseau routier régional a connu quelques changements. D’abord, la ligne express Bulle - Fribourg directe a été suppriVR&T Communication
mée. Dans le même temps, certaines liaisons interurbaines ont été redéployées et d’autres renforcées. C’est le cas dans les districts de la Gruyère et de la Glâne. Ces modifications de lignes sont aussi en discussion avec les représentants des districts du lac et de Morat. Le réseau des bus interurbains de l’ouest du canton doit être entièrement revu pour s’adapter aux changements de l’espace urbain de ces deux secteurs. La mise en service du RER fribourgeois va modifier l’offre de transport sur cette partie du territoire cantonal. Côté urbain, 11 lignes sillonnent l’agglomération de Fribourg (le Grand Fribourg) depuis 2012 au lieu de sept l’année précédente. Depuis la même année, trois liaisons régionales
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Vincent Ducrot, un homme de dialogue à la tête des TPF
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Vincent Ducrot a pris la direction des pas à en parler. Tous les jours, je TPF il y a un peu plus de deux ans. Inprends le bus. Je prends le temps de génieur électricien, il est diplômé des discuter avec les chauffeurs. Si quelque deux écoles polytechniques fédérales, chose ne va pas, je le saurai très vite. l’EPFL de Lausanne, mais aussi de C’est important d’être à l’écoute. Je fais l’EPFZ de Zurich. Précédemment, il a régulièrement la tournée des garages géré pour les chemins de fer Suisses et des ateliers. On peut discuter d’une (CFF) tout le secteur des grandes manière plus directe. Chacun a ses inlignes. Vincent Ducrot a gardé de bons térêts, ses impératifs. Le dialogue n’est rapports avec les CFF dont il était, il y pas toujours facile. Mais on arrive toua moins de trois ans, l'un des membres jours à négocier en se respectant. On du collège de direction. Le RER est un arrive toujours à trouver un arrangeespace de collaboration entre TPF et ment. Plutôt que de s’affronter, chacun son ancienne maison : « Nous sommes va faire les concessions nécessaires des coopérateurs. Sur certaines lignes, pour trouver un accord qui ne lèse pernous partageons l’infra et la concessonne. C’est l’art suisse du compromis, sion. Sur d’autres nous sommes entièrement autonomes. une tradition bien helvétique ! Et si un des collaborateurs à Nous travaillons ensemble dans le respect de notre indé- une suggestion ou un problème particulier, on trouve toupendance. Nos domaines de compétence et d’expertise jours un moment pour en discuter. Là encore, c’est l’avansont différents, mais ils se complètent ! Les CFF maîtri- tage de la proximité ! De mon bureau au garage, il n’y a sent totalement le trafic national, nous connaissons par- que deux étages. » Le dialogue est également crucial avec faitement le trafic régional. Notre coopération est basée le monde politique : « Tous les jours ou presque, je rensur le respect mutuel et l’intérêt du public. On partage une contre les représentants politiques pour les écouter. Dans concession et une infrastructure, notre billetterie a été har- les districts, dans les communes, ils ont toujours des sugmonisée et nos guichets vendent les tickets des deux com- gestions à faire, des réclamations à nous faire entendre. pagnies. Ailleurs, ce serait proprement impensable ! D’ail- C’est avec eux qu’on élabore les projets de desserte, ils leurs, nous collaborons aussi avec connaissent le terrain mieux que « De mon bureau au garage, le BLS qui est notre partenaire sur personne. Ils nous en font profiter. les lignes du RER entre Berne et Chaque commune à des besoins il n’y a que deux étages » Fribourg », indique-t-il. Fribourgeois bien précis, on essaie de les satisd'origine, Vincent Ducrot se sent particulièrement à l’aise faire du mieux possible. » L'objectif ultime, pour le patron dans son canton et dans son entreprise : « L’avantage des des TPF est de bien cerner les atteintes des usagers. TPF, c’est la proximité. Nous sommes une compagnie à « Ce qui nous fait plaisir, c’est de voir à quel point les Fritaille humaine, ça se ressent tous les jours ! Avec les bourgeois se sont approprié le RER. Tous ceux qui l’utilisent clients, les politiques, les collaborateurs. Ici, tout le monde disent maintenant : je prends “mon” RER », note Vincent me connaît. On peut m’aborder dans le bus, au restaurant. Ducrot. Après même pas trois ans de service, une véritaLe contact est plus facile ! S’il y a un problème, on n’hésite ble consécration ! T. P. G.
ont été intégrées à l’offre urbaine, preuve de la forte croissance de l’agglomération. L’agglo est aujourd’hui l’AOT sur les lignes qui parcourent son territoire. Celui-ci forme un ensemble cohérent de 10 communes et totalise plus de 81 km2. D’importants travaux ont été menés pour renforcer l’interface entre les bus urbains et la gare de Fribourg. Ainsi, les terminus des lignes 4 et 7 de l’agglo ont été déplacés vers la gare routière, afin d’assurer une meilleure correspondance avec les trains
grandes lignes des CFF comme le réseau des bus régionaux. Mais la vitesse commerciale des bus de l’agglo reste un facteur préoccupant. Le problème vient du fait que toutes les lignes convergent vers le centre-ville avant de repartir vers d’autres secteurs de l’agglo. Pour y remédier, les TPF discutent avec l’agglo et le service de la mobilité (SMO) pour pouvoir disposer de tronçons supplémentaires en site propre. D’autre part, les communes de l’agglo réfléchissent avec les TPF pour mettre en VR&T Communication
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Pour les habitants de Fribourg, le funiculaire fait partie du patrimoine vivant de la ville.
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place quatre lignes tangentielles pour contour- Soucieux de perpétuer cet héritage, Ils ont ner le cœur de la ville et d’autres projets sont été conservés dans leur aspect d’origine, à l’étude pour renforcer le réseau de l’agglo jusque dans les banquettes et les peintures fribourgeoise. extérieures. Par deux fois, les cabines ont été Au sud-est du canton, trois lignes desservent démontées, révisées et remontées pour la ville de Bulle et des communes qui l’envi- qu’elles continuent leur va-et-vient quotidien ronnent. Cette petite agglomération, en plein en toute sécurité. Pour les habitants de Friessor, a pris le nom de Mobul. Les trois lignes bourg, le funiculaire fait partie du patrimoine qui la traversent totalisent 17,1 km et sont vivant de la ville. ponctuées de 36 arrêts dont 27 sont exclusi- Ensuite, les TPF disposent d’un réseau ferrovement gérées par Mobul. viaire composé de cinq lignes dont trois sont Les TPF exploitent aussi une ligne de funicu- en voie métrique et deux autres à l’écartement laire qui, depuis 1899, il relie les deux parties international. Ce choix correspond aux de la ville de Fribourg qu’une forte déclivité contraintes topographiques d’un canton en sépare. Entre la ville haute, plus bourgeoise, et partie montagnard. Les trois lignes en voie la ville basse, plus populaire, ses deux cabines étroite totalisent 48,9 km. Situées au sud du vont et viennent sur un canton, elles relient les Grâce aux accords passés avec communes du district rail à crémaillère. Grâce à un ingénieux le BLS et les CFF, ce sont 47 gares de La Gruyère à leur système de contrechef-lieu, Bulle. Depuis que desservent les TPF poids d’eau, il utilise l’introduction de la preles ressources du réseau des eaux usées de mière phase du RER Sud, une liaison directe la cité fribourgeoise pour se mouvoir. relie Montbovon à Broc sans changement à Lorsqu’une des cabines se trouve à la station Bulle. Cette nouvelle desserte a tout de suite supérieure, elle se charge de 2 700 litres séduit les nombreux pendulaires qui vont trad’eau répartis dans deux ballasts latéraux. Ar- vailler dans les entreprises de la région. Une rivée à son terminus inférieur, elle les vidange troisième ligne en écartement métrique relie la dans un collecteur relié au circuit des eaux gare de Bulle à celle de Palézieux, via Châusées de la cité. Entre les deux stations, le tel-Saint-Denis, balcon fribourgeois à trajet dure 1 min 50 pendant lequel il va cou- quelques kilomètres de la Riviera vaudoise. vrir une distance de 126 m. Chaque véhicule Le district de la Gruyère est doublement peut emmener 20 passagers dont 10 assis. connecté au réseau national des chemins de VR&T Communication
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fer suisses. La première se fait en gare de Palézieux où les attend la correspondance du RegionExpress des CFF vers Lausanne, Romont ou Genève. La seconde connexion réside dans la ligne en voie normale que les TPF exploitent sur leur propre infrastructure, entre Bulle et Romont. Celle-ci est intégrée au RER fribourgeois dont elle est le premier tronçon. La deuxième ligne des TPF en écartement UIC est une liaison diamétrale qui relie Fribourg à Neuchâtel, via la cité historique de Morat, chef-lieu du district du Lac et la commune bernoise d’Anet. Un embranchement de cette liaison permet d’arriver à Chiètres, une localité fribourgeoise limitrophe du pays bernois. Cette ligne en voie unique possède trois points de croisement. Mais bientôt, elle fera l’objet d’importantes transformations dans le cadre de la seconde étape du RER fribourgeois. L’imbrication du territoire cantonal avec celui des cantons voisins n’a pas facilité la création de ce réseau. Au total, l’ensemble des lignes en écartement international des TPF compte 43,8 km pour sa propre infrastructure. Mais le kilométrage des voies desservies est bien plus important :
127, 4 km ! Cette différence tient à l’utilisation des voies CFF desservies dans le cadre du RER Fribourg/Freiburg. Pour accueillir les passagers de leurs trains, les TPF possèdent 14 gares et 10 haltes ferroviaires sur leur réseau à voie étroite. Sur la ligne Bulle - Romont, ils ne détiennent qu’une seule station : celle de Bulle. Celle-ci a la particularité de réunir les deux types de voies sur la même plateforme. Dans le cadre du RER Fribourg/Freiburg, elle devra bientôt subir d’importantes modifications : les quais devront être déplacés et rehaussés, tandis que la géométrie de l’ensemble des voies (métriques et UIC) sera corrigée. Avec ces profils corrigés, le trafic sera plus fluide et plus fiable. La gare de Bulle gardera son rôle prépondérant d’interface entre les différents réseaux ferrés du sud du canton. Sur la liaison Fribourg - Neuchâtel, sept gares sont la propriété des TPF, alors que les têtes de ligne appartiennent aux CFF. Grâce aux accords passés avec le BLS et les CFF, ce sont 47 gares que desservent les TPF. C’est la conséquence directe du RER fribourgeois. T. P. G.
En 2012, la fréquentation en hausse 27,7 millions de passagers transportés en 365 jours. L’année dernière, près de 28 millions de personnes ont utilisé les transports publics fribourgeois. Le résultat 2012 de la fréquentation des TPF dépasse les prévisions les plus optimistes. Si l’on détaille le bilan de la fréquentation des TPF pour l’année passée, on constate une nette hausse de l’utilisation des transports collectifs dans tout le canton et le district voisin de la Broye vaudoise. Dans l’agglo de Fribourg, plus de 15 millions de passagers ont emprunté les bus et trolleys de l’agglo. Ceci représente une croissance de 5,1 % par rapport à l’année précédente grâce à des fréquences supplémentaires, des horaires mieux ajustés et à l’intégration de trois lignes interurbaines. A Bulle, 751 000 passagers sont montés dans les bus de Mobul. C’est presque 36 % de voyageurs supplémentaires. L’offre du RER Bulle Romont - Fribourg a dynamisé la fréquentation des bus, grâce aux correspondances entre le rail et le réseau urbain. Pour Mobul, le bilan s’élève à 6,6 millions de passagers pour l’année 2012 sur les lignes routières interurbaines. Soit une légère baisse de 3,55 par rapport à l’exercice précédent. Mais ces chiffres reflètent le report des usagers de la ligne routière directe Bulle - Fribourg vers la liaison RER. La réalité du trafic est bien meilleure : hormis cette ligne déplacée sur le rail, la fré-
quentation augmente de 5,3 %. Mais la croissance la plus forte en 2012 est bien celle enregistrée par les lignes ferroviaires des TPF avec 4,2 millions de voyageurs. Comparé à 2011, cela représente une hausse de près de 21 % ! Cette augmentation considérable est, en majeure partie, due à l’offre du RER fribourgeois mais le reste du réseau s’en est également très bien sorti. La fréquentation de la ligne diamétrale Fribourg - Neuchâtel s’est élevée à 1,8 million de voyageurs en 2012. Et celle du Regio Express Bulle Romont a enregistré 880 000 passagers en 12 mois. Pour le réseau à voie étroite, il faudra attendre les effets du cadencement semi-horaire sur le tronçon ChâtelSaint-Denis - Palézieux, mais les TPF ont remarqué une progression, notamment grâce au tourisme, sur les deux liaisons Bulle - Broc et Bulle - Montbovon. L’évolution de la fréquentation des multiples réseaux des TPF montre une croissance régulière sur les derniers exercices : en 2008, ils avaient transporté 23,7 millions de passagers. L’année suivante, les TPF avaient enregistré 24,4 millions d’usagers sur ses lignes. Avec 27,7 millions de clients en 2012, la stratégie des TPF continue de porter ses fruits. Ces bons résultats se traduisent aussi par un bénéfice de 5,8 millions de francs suisses (4,7 millions d’euros).
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Des matériels neufs et performants Sur la route, les TPF engagent plus de 200 bus. La plupart d’entre eux sont des Mercedes Benz Citaro, de construction récente. 150 d’entre eux circulent sur les liaisons interurbaines, 54 roulent en circuit urbain à Fribourg et cinq autres sont affectés à Mobul, le réseau de Bulle. Plusieurs lignes de l’agglo de Fribourg sont exploitées avec des trolleybus Hess de fabrication suisse mis en service depuis novembre 2010. Alimentés par de l’électricité d’origine hydraulique, ces Swisstrolleys 3 sont une preuve de l’engagement des TPF en faveur du développement durable. Tous les véhicules roulant dans l’agglo sont à plancher bas. Une importante commande a par ailleurs été passée à Evobus en 2012 : 80 autobus interurbains, dont 20 articulés, viendront rejoindre les garages des TPF. De plus, 12 bus urbains articulés et 10 minibus s’aligneront bientôt dans le parc des transports urbains fribourgeois. L’agglo s’intéresse également au projet Tosa qui a été officiellement présenté en mai 2013 au salon UITP à Genève. L’Etat de Fribourg s’est associé à ce programme développé par ABB Sécheron, Hess et l’OPI Genève. Le Tosa, trolleybus sans fil, se recharge en quelques secondes lors de son arrêt en station. Il stocke son énergie
dans une grosse batterie installée sur le toit du véhicule. Une délégation de l’agglo est venue l’essayer sur sa ligne expérimentale à Genève. Sur le rail, les TPF déploient deux gammes de matériel roulant. Cinq rames automotrices type Be4/4 mises en service en 1977 sur son réseau en voie étroite et sur ses lignes en écartement international, quatre rames Stadler Flirt (RABe 4/10), reçues en 2010. Pour faire face à la hausse du trafic liée au RER Fribourg/Freiburg, les TPF ont commandé à Stadler six nouvelles compositions Flirt en mars 2013. Pour ce faire, ils se sont associés avec trois autres transporteurs régionaux qui devaient également renouveler leur matériel roulant. L’appel d’offres groupé pour 17 véhicules a été lancé, en août 2012, par les TPF et trois compagnies vaudoises : Travys, MBC et MOB. Les TPF utilisent aussi six rames automotrices RBDe4/4, similaires aux matériels NTN des CFF. Un premier lot de ces compositions a été mis en service en 1893, un autre en 1991. Depuis, elles ont fait l’objet d’un important chantier de modernisation et trois voitures intermédiaires à plancher bas sont venues s’y adjoindre.
Un grand projet territorial : le RER Fribourg/Freiburg La mise en service en décembre 2011 de la première étape du RER a été suivie un an plus tard de celle du RER Sud. L’occasion de moderniser l’ensemble du réseau existant et de voir apparaître de nouvelles infrastructures : centre d’exploitation et nouvelles gares entre autres.
L
e 4 décembre 2009, le Conseil d’Etat fribourgeois décide la création d’un RER entre les principales villes du canton. La première étape de ce réseau a été inaugurée le 9 décembre 2011, deux jours avant sa mise en service, en gare de Bulle en compagnie des conseillers d’Etat fribourgeois. Ce projet propose une réelle alternative à l’expansion du trafic individuel motorisé. L’objectif est ambitieux : faire circuler, en 2018, un train chaque demiheure sur la plupart des lignes ferroviaires du canton. Pour y parvenir, plus de 300 millions de francs suisses (243 millions d’euros) ont été investis pour la seule infrastructure. Les travaux ont duré 24 mois pendant lesquels trois points de croisements ont été réalisés sur le tronçon Bulle - Romont, 51 postes de signalisation ont été remplacés, les installations de sécurité ont été modernisées ou changées. Et pour plus de XII • septembre 2013
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sécurité, 14 passages à niveaux (sur 26) ont été assainis. La première ligne du RER circule entre Bulle, Romont et Fribourg à la cadence d’un train chaque demi-heure (une heure après 20h). Son trajet dure 37 min et sept fois par jour, elle continue jusqu’à Berne sans changement à Fribourg. Depuis le 9 décembre 2012, sa fréquence semihoraire a été étendue au trafic de fin de semaine et elle poursuit sur Berne une fois par heure. Entre 2013 et 2014, les TPF vont rénover les voies entre Bulle et Vaulruz sur le tronçon qui relie le chef-lieu de la Gruyère à celui de la Glâne. La fluidité de cette ligne est garantie par les points de croisement de Salles, Vuisternens devant Romont et Vaulruz. En cas de perturbation, celui de Bossonnens peut être utilisé. Les TPF s’efforcent de renforcer la stabilité de cette
ligne indispensable entre le sud et le nord du canton. Les autorités fribourgeoises et leurs partenaires ferroviaires ont ensuite lancé le RER Sud, la seconde étape du réseau express cantonal. L’objectif est d’obtenir une fréquence semi-horaire sur le réseau du sud du canton. La principale difficulté tient à l’écartement métrique des voies qui le desservent. Dès le 9 décembre 2012, ils ont mis en service la première phase du réseau express au sud du canton et proposent désormais tous les jours une liaison cadencée à la demi-heure entre Châtel-Saint-Denis (district de la Veveyse) et Palézieux. Dans le même temps, les TPF ont ajouté des trains supplémentaires aux heures de pointe entre Semsales et Bulle. Ces deux liaisons renforcées sont capitales pour les communes des districts du sud du canton de Fribourg. La gare vaudoise de Palézieux est un important nœud ferroviaire qui se connecte avec le réseau grandes lignes des CFF. La seconde phase du RER Sud devrait être mise en service pour l’horaire 2014. La troisième étape du RER Fribourg/Freiburg, c’est-àdire les lignes reliant Fribourg à Neuchâtel et Yverdon-les-Bains, a pour objectif d’assurer une cadence semi-horaire sur ces deux liaisons. Pour y parvenir, deux nouveaux points de croisement sont prévus sur la liaison qui relie Fribourg à Neuchâtel via Morat. Pour y faire rouler un convoi toutes les demi-heures, les CFF feront de même sur la liaison qu’ils exploitent entre Fribourg et la cité vaudoise d’Yverdon-lesBains : deux points de croisement seront créés dans les gares de Cheyres et de Grolley. Les installations de sécurité et la signalisation devront également être améliorées pour absorber la hausse du trafic. En plus de la liaison horaire qui prolonge le RER Bulle - Romont - Fribourg jusqu’à Berne, une ligne de RER Bernois (S1), opérée par BLS, relie la capitale fribourgeoise à celle de la Confédération. Le réseau express fribourgeois s’intègre ainsi dans un système de mobilité beaucoup plus vaste avec des correspondances multiples : avec le MOB en gare de Montbovon, avec le réseau des CFF en de nombreux endroits, avec les TRN en gare de Neuchâtel et même avec les tram-trains de l’ASM qui s’arrêtent à Anet. Pour poursuivre son développement et proposer les meilleurs services, les TPF ont besoin de nouveaux bâtiments, de nouveaux matériels et de nouvelles infrastructures. Le premier à entrer en fonction va être le centre d’exploitation centralisée du trafic. Il sera installé dans de nouveaux locaux à Bulle. Dévolu à
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la gestion de la totalité du trafic des TPF, ce pôle pourra gérer simultanément les réseaux des bus urbains et régionaux, ainsi que la circulation des trains du RER fribourgeois. Dès sa mise en service, en novembre 2013, cette télécommande centralisée pourra commander en temps réel un bus à Semsales, un trolleybus à Fribourg et une rame Flirt à Düdingen. En plus d’une meilleure vision de l’activité simultanée des trois flottes des TPF, ce centre permettra à ses opérateurs de réagir plus rapidement en
Les quais en écartement UIC et en voie métrique de la gare de Bulle seront déplacés de 200 mètres.
RER : Bientôt le cadencement au quart d'heure Et pour l’agglomération fribourgeoise, les projets ne manquent pas : « Nous travaillons d’abord sur le cadencement au quart d’heure sur les lignes du RER qui aboutissent à Fribourg. On pourrait les pousser quelques gares plus loin dans l’agglo plutôt que de laisser attendre en gare de Fribourg. Mais il faut bien identifier quelles lignes pourraient être prolongées et dans quelle direction les envoyer pour les rendre plus efficaces ». Vincent Ducrot cite l’exemple du tramtrain de Karlsruhe et celui de Sarrebruck pour parler d’un dernier projet, à plus lointaine échéance. « Ce projet de RER ne sera complet qu’avec une desserte ferroviaire de la commune de Marly (à la périphérie ouest de l’agglomération fribourgeoise). Nous disposons d’une voie ferrée qui part de la gare vers le quartier de l’université, à Perolles. Le projet est de lui trouver un prolongement ferroviaire en site propre jusqu’à Marly. Les rames pourraient rouler comme un train jusqu’à Fribourg et comme un tram en ville jusqu’à Marly. Jusqu’à Perolles, la voie est en parfait état. Mais pour aller plus loin, il reste beaucoup de monde à convaincre… » Et beaucoup d’aménagements à réaliser au niveau de la voie et de la régulation du départ des trains. Certaines améliorations techniques devront être effectuées en gare de Fribourg pour parvenir à ce cadencement. Ainsi, la mise en place d’un enclenchement plus performant est à l’étude pour obtenir la fluidité nécessaire à ces circulations.
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L’objectif du RER Fribourgeois : faire circuler en 2018 un train chaque demi-heure sur la plupart des lignes ferroviaires du canton.
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cas d’incident, de pannes ou de surcharge du trafic. En regroupant les télécommandes jusqu’ici dispersées, les TPF réalisent d’importantes économies d’échelle tout en optimisant la circulation de leurs véhicules. Un nouveau système d’aide à la navigation offrira aux chauffeurs, conducteurs et mécaniciens une vue instantanée de la situation du trafic et du contexte dans lequel ils évoluent. Grâce à ces deux systèmes, les TPF comptent offrir une plus grande régularité aux passagers et moins de stress aux personnels. Une vingtaine de collaborateurs travailleront dans ce centre de contrôle qui pilotera tous les transports du canton. Le second projet se situe à Givisiez, une commune de l’agglomération fribourgeoise. Sur plus de 60 000 m2, Les TPF vont y édifier leur grand centre de maintenance et d’exploitation. Sur ce site sera regroupé l’ensemble des activités industrielles des TPF : la maintenance et l’entretien des matériels roulants (routiers comme ferroviaires) ainsi que celle des infrastructures. Ce centre technique géant abritera aussi les services techniques des TPF, ceux de l’ingénierie et la direction administrative. Plus de 500 collaborateurs viendront y travailler chaque jour. Le lieu d’implantation a été choisi pour son importante surface disponible et sa connexion immédiate avec les réseaux routiers et ferroviaires. Dans ses locaux seront installés les garages pour la totalité de la flotte des TPF. Les dimensions de ce complexe d’entretien permettront VR&T Communication
d’accueillir tous les véhicules des TPF : bus, trains et trolleys. Et les bus pourront subir nettoyage complet de leur carrosserie et un plein de gazole en moins de cinq minutes. La maintenance des rames Flirt sera également optimisée dans des locaux taillés sur mesure. Le seul magasin des pièces de rechange occupera plus de 3 000 m2. Il regroupera dans une même unité les stocks des véhicules routiers et des rames ferroviaires. Au-dessus des immenses garages, des espaces de travail ergonomiques et modulaires accueilleront les activités administratives. Ils seront conçus pour renforcer les synergies existantes entre les différents services et en développer de nouvelles. Actuellement, ces activités sont dispersées sur sept sites différents. De plus, les performances énergétiques et environnementales du grand centre de Givisiez vont permettre aux TPF de réaliser de substantielles économies d’énergie : grâce aux matériaux utilisés pour sa construction, ainsi qu’à ses équipements de chauffage, d’éclairage et de ventilation, ce grand bâtiment aura une consommation bien moindre que l’ensemble des installations qu’il remplace. Les travaux de ce complexe d’entretien centralisé devraient s’achever dans cinq ans et l’investissement total atteint 100 millions de francs suisses (81 millions d’euros) dont les TPF assumeront la plus grande part. Le troisième projet de grande envergure concerne la gare de Châtel-Saint-Denis. La dé-
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cision de modifier l’emplacement et la structure transports. Les seuils d’accès vont être modide la gare du chef-lieu de la Veveyse a été prise fiés, les quais rehaussés de plusieurs dizaines au mois de juillet dernier. L’emprise ferroviaire, la de centimètres, les bâtiments voyageurs seront géométrie des voies et l’emplacement des quais adaptés aux nouvelles prescriptions fédérales. ont été définitivement arrêtés. Cette station fer- Les TPF prennent ces obligations comme une roviaire est actuellement en cul-de-sac, suite à opportunité de moderniser leurs gares : des l’interruption de la ligne qui la reliait à Vevey. salles d’attente plus confortables, des espaces Dans quatre ans, elle redeviendra traversante commerciaux plus accueillants et des écrans avec de nouvelles voies à la géométrie entiè- d’informations clairs et lisibles. On pourra bienrement corrigée. Ces nouvelles installations fe- tôt le constater dans la gare de Bossonnens ront gagner de nombreuses minutes sur la ligne qui sera le prototype de cette nouvelle généraen voie étroite entre Bulle et Palézieux. Ce gain tion de station ferroviaire. de temps permettra d’atteindre l’objectif du ca- En même temps, l’Etat de Fribourg participe dencement semi-horaire prévu dans le cadre au financement du projet de bogie à écartedu RER Sud. Estimé à plus de 20 millions de ment variable GoldenPass, programme acfrancs suisses tuellement en essais sur Le RER constitue désormais (16 millions d’eula ligne des MOB qui reros), ce projet prélie la gare de Montreux à le moyen de transport préféré voit le déplacement d’un grand nombre de Fribourgeois celle de Zweisimmen de la gare sur un dans l’Oberland Bernois. nouveau site à quelques centaines de mètres, Cette technologie pourrait, un jour, être utilisée un nouveau bâtiment voyageurs et une moder- sur le réseau à voie métrique des TPF pour nisation complète de la signalisation et des équi- améliorer sa connexion avec celui construit pements de sécurité. Bus, vélos et piétons y en écartement UIC. trouveront chacun une aire spécifique et bien En moins de dix ans, les TPF ont réussi la fuagencée. Les terrains libérés en centre-ville per- sion de plusieurs compagnies locales de mettront la construction d’un nouvel ensemble transport pour les transformer en un ensemble de logements, une opération aussi profitable à cohérent et structuré. C’est sur cette base que la commune de Châtel-Saint-Denis qu’aux TPF. l’Etat de Fribourg a pu mettre en œuvre son En Gruyère, la gare de Bulle doit être aussi re- RER qui constitue désormais le moyen de maniée. Ses quais en écartement UIC et en transport préféré d’un grand nombre de Frivoie métrique seront déplacés de quelque bourgeois. Dans les années à venir, la crois200 mètres. Les contraintes liées au rayon de sance des TPF et celle du RER iront de pair courbure des voies impliquent un changement pour accompagner le développement éconocomplet de leur géométrie. En collaboration mique et démographique du canton. A Friavec les autorités bulloises et celles de l’Etat bourg, l’important : c’est d’anticiper. de Fribourg, les TPF ont choisi de construire Thierry Pierre GRAINDORGE une nouvelle gare sur l’emplacement choisi. Un concours d’architecture et d’urbanisme a été lancé pour définir la nouvelle station et son interface avec les autres modes de déplacement. VR&T COMMUNICATION Une attention particulière sera apportée à l’in■ Directrice générale adjointe Delphine CHÊNE : 01 49 70 12 79 tégration de ce bâtiment dans le quartier dans delphine.chene@laviedurail.com lequel il prendra place. Son emprise couvrira ■ Directeur de la publicité ferroviaire près de 100 000 m2. En même temps, les TPF Patrick MUZOLF : 01 53 80 74 05 ont choisi de regrouper leurs installations de lopatrick.muzolf@laviedurail.com gistique et de maintenance en périphérie de ■ Directrice de clientèle pôle Mobilités l’agglomération bulloise. Comme à Châtel-SaintSabine HORSIN : 01 53 80 74 02 sabine.horsin@laviedurail.com Denis, ce transfert libère une immense surface ■ Responsable technique constructible ouverte à de nouvelles perspecMarie-Line RENAUD : 01 49 70 73 03 tives de développement. maryline.renaud@laviedurail.com Ces deux stations ferroviaires ne seront pas les RAS Imprimerie (95) seules à faire l’objet de transformation car Ce dossier est le dernier travail réalisé par Thierry toutes les gares des TPF vont être mises en Pierre GRAINDORGE, les TPF et Ville, Rail & Transports présentent leurs condoléances à sa famille. conformité avec la loi fédérale sur l’accès des personnes handicapées aux infrastructures de VR&T Communication
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