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Note sur la méthodologie de travail

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Conclusion

Conclusion

// Notes sur la méthodologie de travail.

Les thèmes exposés dans ce mémoire sont illustrés de manière récurrente par trois cas d’études liés à trois structures différentes : Bellastock, Rotor et Superuse studio

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Superuse studio

C’est en 1997 que Cesare Peeren et Jan Jongert créent Superuse Studios à Rotterdam. Ils sont aujourd’hui reconnus nationalement et internationalement pour leurs approches novatrices en termes de conception durable. Ce bureau est devenu un pionner du Design durable, lequel n’est pas considéré comme la première étape d’un processus linéaire, mais comme une phase d’un cycle continu de création et de recréation, d’utilisation et de réutilisation. Leur approche « open sources » les a obligé à concevoir des outils et des méthodes qu’ils mettent à la disposition d’autres entrepreneurs souhaitant créer des flux de valorisation des déchets.

Depuis la création de l’entreprise, Superuse Studios inverse radicalement les pratiques traditionnelles en matière d’architecture et de design. Ils ne se contentent pas uniquement de concevoir les espaces et de rechercher ensuite les matériaux les plus appropriés. Ils étudient également le projet et son environnement pour trouver des ressources disponibles à proximité pour les utiliser comme matériaux de construction. C’est ainsi qu’ils se forcent à examiner l’ensemble de la chaîne de construction sous un angle différent. Superuse Studios est géré par des ingénieurs tous spécialistes dans un domaine bien spécifique : urbanisme et recherches, design, intervention. Leur collaboration interdisciplinaire interne permet une grande flexibilité dans leur approche et leur intervention. Ils exercent leurs compétences multiples à différentes échelles et les appliquent à des concepts tels que le design social, l’agriculture urbaine ou encore l’économie circulaire.

Lorsqu’ils ont créé leur agence leur objectif était de créer une architecture qui intégrerait tous les flux (eau, énergie, matériaux et utilisateurs) dès le début du projet. Il y a vingt ans, la conception de systèmes d’approvisionnement en eau et en énergie renouvelable était déjà bien développée. Par contre, peu d’attention était accordée aux matériaux. Forts de ce constat, ils ont élaboré une méthodologie spécifique ainsi que les outils nécessaires qu’ils nommeront « Superuse ». Elle consiste à transformer des déchets en matériaux de construction en gaspillant le moins d’énergie possible dans le transport et dans le processus de transformation. (Ré)utiliser

des déchets incite à accorder plus d’attention aux matériaux.

Ceux qui existent déjà possèdent des propriétés techniques et esthétiques très spécifiques se les procurer reste difficile. La réalisation d’un bâtiment ou d’un objet dépend donc de ces critères. Superuse Studios considère la conception et la construction de façon dynamique : c’est le résultat de l’implication de différents partenaires, de l’environnement, de la disponibilité des matériaux disponibles et du programme de transformation. Cette démarche novatrice les a obligé à commencer

Rotor

Rotor est une association crée en 2005 par Tristan Boniver et Maarten Glelen, l’origine de cette association est une passion commune pour le flux des matériaux dans l’industrie, la construction et le design. Le collectif se positionne sur la pratique en concevant des projets architecturaux et sur la théorie, en développant une position critique des ressources matérielles. Une vingtaine de collaborateurs aux profils très différents est désormais impliqués, architectes, ingénieur, scénographe, bio-ingénieur, juriste, scénographe, etc. En 2012, un site internet est créé : Opalis.be. Ce site se veut à la fois une plateforme où trouver les revendeurs de matériaux de seconde main à une heure de route tout au plus de Bruxelles et un guide sur le réemploi des matériaux de construction.

En 2014, le collectif décide après le chantier de démantèlement de l’université de Liège de créer une entité à part : « Rotor déconstruction ». Certains membres du collectif vont alors s’établir dans une zone d’activités de Vilvorde (Belgique). Ils y installent un entrepôt, un terrain de stockage et un showroom pour entreposer les matériaux issus du démantèlement d’un patrimoine récent. C’est la suite logique de leur démarche engagée avec la plateforme Opalis.

C’est en maintenant une réelle vigilance sur les démolitions programmées et en gardant le contact avec les promoteurs spécialisés dans le secteur des bureaux que le collectif parvient à alimenter ses différents outils de revente. Il faut noter que la situation idéale est que le client ait montré son intérêt pour les matériaux présentés en ligne avant le démontage. Ils sont directement prélevés et soigneusement transportés sur le chantier de construction sans passer par l’entrepôt de stockage. Un travail de

nettoyage, référencement, prises de côtes, photographie en laboratoire est systématiquement réalisé. L’historique et le relevé précis nécessaire à la (re) mise en œuvre sont fournis à l’acheteur.

Si certains immeubles qui reçoivent la visite de Rotor sont des immeubles tout à fait banals, ils regorgent tout de même de matériaux valorisables, certains autres sont de vrais morceaux d’histoire. Par exemple les lustres en cristal imposants et d’autres très belles pièces de l’Hôtel de ville d’Anvers ou encore les pépites des tours de l’ancien siège de la Générale de Banque à Bruxelles. Quand le projet de démolition a été enclenché sur ce site, Rotor est rentré dans le processus. Son rôle : démonter, désincruster, sauver les composantes qualitatives du bâtiment, les éléments intérieurs qui, habituellement, auraient terminé dans une benne à déchets. Grâce à leur expertise, Rotor réussi sur nombreux projets a révélés des matériaux et préserver un grand pourcentage de l’existant.

En 20014, le collectif a livré l’aménagement intérieur des abattoirs de Bomel, nouveau centre culturel de Namur, un véritable manifeste de cette implication dans le secteur du réemploi. Rotor à sa manière contribue au développement d’une économie circulaire et, sans être le but premier, l’aspect social a aussi son importance dans la récupération des matériaux. Lorsque le chantier le permet, Rotor fait volontiers appel à des entreprises d’intégration ou de réinsertion par le travail. Enfin, le fait de sensibiliser autant d’acteurs, architectes, entrepreneurs, investisseurs, artisans etc. et de récupérer autant d’éléments permet, en quelque sorte, de revaloriser le patrimoine culturel de ces anciens bâtiments.

Bellastock Bellastockaété crééeen2006 pardes étudiants d’architecture de Paris-Belleville qui désiraient pallier au manque d’expérimentations pratiques et de manipulations pendant leur formation. Leur première initiative a été de monter un festival d’architecture consistant en la création d’une ville éphémère expérimentale.

Cette association d’architecture expérimentale, oeuvre pour la valorisation des lieux et de leurs ressources. Leurs travaux de recherches s’orientent principalement sur des problématiques liées aux cycles de la matière et au réemploi. Les compétences que Bellastock développent depuis sa création sont volontairement partagées avec le grand public. Elle initie ainsi

des projets innovants, écologiques et solidaires, et propose des alternatives à l’acte traditionnel de construire ; elle organise la matière et préfigure les transformations territoriales

Aujourd’hui l’association compte huit salariés à temps plein et de nombreux bénévoles très actifs. Elle diversifie son activité en multipliant les partenaires et les collaborations avec les écoles françaises et internationales, les entreprises, les institutions publiques et avec l’ensemble des acteurs impliqués au sein des aménagements de la ville et du territoire.

C’est à l’initiative de l’Agence nationale pour la Rénovation urbaine (ANRU) que Bellastock s’est engagé sur la transformation du quartier du Clos Saint lazare à Stains. Sa mission a été de suivre les démollitions de plusieurs tours d’immeubles et à apporter son expertise pour réemployer la matière en proposant l’aménagement d’un lieu de vie dans l’espace public.

Plusieurs prototypes ont été construits sur cet espace, La fabrique du Clos, à partir de matériaux réutilisés pour créer une continuité entre le passé et le futur de ce quartier. L’objectif principal étant de tisser du lien social entre les habitants et les structures locales (écoles, associations de quartier, régie de quartier) au sein même de ce nouveau lieu de vie.

Pourimpliquerles habitants duquartierdans leprojetetpermettreune réelle transmission de compétences, le chantier s’est déroulé conjointement avec 4 artisans de Bellastock, 5 jeunes employés par la régie de quartier du Clos Saint lazarre ainsi que 8 stagiaires en architecture-paysage.

D’autre part, Bellastock ne conçoit pas la construction sans s’intéresser aux cycles de vie de la matière, de son état brut à sa désuétude en passant par son exploitation, ses transformations et sa mise en œuvre. Ils deviennent experts sur le réemploi dans la construction notamment à travers Actlab, laboratoire manifeste du réemploi. Il est situé au cœur de la ZAC du futur éco quartier Fluvial de l’Ile-Saint-Denis (Plaine Commune). C’est in situ qu’ils expérimentent des prototypes d’aménagement à partir de matériaux réemployés issus de chantiers du territoire de Plaine commune. Toujours avec un souci de pédagogie et de sensibilisation, Actlab est ouvert aux habitants, aux usagers, aux professionnels de l’aménagement et aux artistes, curieux d’appréhender autrement la fabrique de la ville, sans « trou noir » dans l’espace urbain.

Pour chaque projet Bellastock développe des solutions adaptées et intégrées, mettant en valeur le caractère unique de chaque site.

Chaque maillon de la filière du réemploi est maîtrisé : du diagnostic des gisements et de leur déconstruction sélective, jusqu’à leur réemploi dans les constructions futures. Les architectes exercent leur créativité pour faire du déchet une ressource de qualité en y associant des solutions techniques adaptées aux moyens contemporains.

Lamaîtrise ducycle de vie de lamatière estune préoccupationmajeure de Bellastock, c’est par là que s’invente une autre architecture. Le réemploi est une alternative à l’extraction de matière première et à l’enfouissement de déchets. A l’inverse du recyclage, il faut travailler avec des matériaux de seconde vie sans leur faire subir une transformation importante.

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