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25 décembre, entorse à la laïcité ? La Chine, 1 er producteur mondial des jouets
Noël à l’hôpital Semaine du 7 décembre 15
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Sommaire
P3 ESCALES TOUS LES
CHIFFRES,
TWEET & INFOS À RETENIR
2 AU DESSUS P4 VOL DE L’ HEXAGONE
CALAIS:
RÉTENTION ADMINISTRATIVE,
CADEAU POUR MIGRANTS?
P5 TURBULENCES
NOËL ET SA PLACE DANS
UNE SOCIÉTÉ LAÏQUE
UNE FÊTE ENTAMÉE
P6 FOCUS : NOËL À L’HÔPITAL
UN NOËL DÉCALÉ
FACTICE, DOCTEUR CLOWN PRÉMATURÉMENT LEARME ILS ESSAIENT DE JOUET BANNI ? «RENDRE CE MOMENT FESTIF ET CONVIVIAL»
P8 CLASSE AFFAIRES AU CŒUR DU
P10 DUTY FREE
DES JOUETS STÉRÉOTYPÉS
ÊTRE PÈRE NOËL,
MAÎTRE DU JOUET LES GUIRLANDES
LA CRUAUTÉ DE L’HYPOCRISIE
BUSINESS FORESTIER
LA CHINE,
P9 HISTOIRE AUTOUR
S’ATTAQUENT À INTERNET
ÇA S’APPREND
PHOTO DE
P12 LA SEMAINE
LA MAGIE
DES MARCHÉS DE NOËL
DU MONDE
UNE TRADITION
PROPRE À CHAQUE PAYS
NOTRE EQUIPE All I want for Christmas…
Rédacteur en chef : Mathilde Van Heuckelom
L
Secrétaire de rédaction :
’année 2015 touche à sa fin. L’occasion est idéale pour réaliser un bilan de l’année, mais l’équipe de Jet Lag a décidé de vous livrer une édition spéciale Noël. Chaque année, les fêtes de fin d’année sont attendues par tous avec une grande impatience. Entre les cadeaux magiques, les sapins illuminés, les décorations multicolores et les repas copieux, la réunion familiale trouve une place majeure dans la vie de chacun. Les rubriques habituelles sont conservées dans cette édition spéciale, afin de vous guider facilement à travers nos pages aux couleurs de Noël. Des sujets divers et variés à propos de cet événement festif vous seront proposés. Au « plat pays », le Père Noël n’est pas l’homme le plus important du mois de décembre. Cette place est dévolue à Saint-
Nicolas, un vieil homme avec un bâton d’or, une mitre et deux valets noirs. Ces derniers temps, ces deux valets provoquent de vastes polémiques en Belgique, mais aussi aux Pays-Bas. Certaines personnes trouvent discriminatoire l’idée que deux hommes noirs assistent un homme blanc. Mais, selon la tradition, ces hommes ne tiennent leur couleur qu’à la suie rencontrée dans les cheminées. Ils y grimpent en effet pour y déposer des cadeaux aux enfants. Pourquoi tant de débat inutile sur cette tradition ? Les adolescents et les adultes éclipsent par leurs querelles la joie des enfants. Pourquoi ne peut-on pas apprécier les plaisirs simples de la vie sans polémiquer ? Cette année, je n’ai pas eu l’occasion de fêter la Saint-Nicolas, pour autant j’ai pu m’imprégner d’une ambiance de Noël nouvelle, inconnue en Belgique. a Mathilde Van Heuckelom
MarlèneThomas Journalistes : Mathilde Van Heuckelom, Marion Gergely, Angélique Bernard, Romain Chaumier, Grégory Zerbone, Loris Martin, Rémi Métral, Alexandra Parcot, Marlène Thomas, Manon Dognin et Sarah Jobert Maquettiste : Sarah Jobert Edité par Jet Lag Magazine SA 47 Rue Michel Berthet CP606 Lyon cedex 09 Tél. +33(0)4 72 85 71 73 E-mail : jetlaglemag@gmail.com Couverture © MARION GERGELY
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Escales
a
Plus d’1 million
2 millions
C’est le nombre de colis expédiés par Amazon, durant la journée du 8 décembre 2014 dans toute la France. Parmi les paquets, plus de 220 000 jouets ont été recensés. Avec ce chiffre, le géant du e-commerce pulvérisait son propre record de 150 000 colis réalisé en 2013. Selon la société Fevad, les firmes présentes sur la toile auraient atteint un chiffre d’affaires total de 11 milliards d’euros. Pour faire face à cet afflux de commandes, Amazon a embauché cette année 3900 intérimaires supplémentaires.
3 Coca Cola retire sa nouvelle campagne publicitaire au Mexique La dernière publicité télévisée de Noël du géant à bulles a fait un tollé et a été retirée des écrans mexicains, ce mardi 1er décembre. A l’origine du problème, cette phrase qui introduit la vidéo : « 81,6% des Mexicains indigènes se sentent stigmatisés parce qu’ils parlent une langue différente » a suscité la colère des internautes et associatifs. D’après eux, la publicité véhiculait une vision condescendante et coloniale de la communauté mise en scène par la marque.
1,1 million...
C’est le nombre de lettres transmises au Père Noël par La Poste l’an dernier. Elles proviennent de 140 pays. Depuis 1962, les enfants peuvent en effet adresser leurs requêtes au bonhomme en rouge. A l’ère numérique, le Père Noël est également joignable par courriel, un service dont 123 600 personnes ont fait usage l’année passée. A partir du 17 novembre, quelques 60 secrétaires du Père Noël ont commencé à répondre aux lettres et mails des petits. Cette année encore, ils adressent à chacun une carte-réponse personnalisée. C’est le nombre approximatif de foyers qui bénéficieront de la prime de Noël, dès le 16 décembre prochain. Manuel Valls, en annonçant la reconduction de la prime de fin d’année, a toutefois précisé que celle-ci ne serait pas augmentée. Cette aide atteindra 150 euros pour les personnes seules et un peu plus de 320 euros pour les ménages avec deux enfants. Elle concernera les foyers les plus modestes, notamment ceux qui touchent certains minima sociaux.
Un sapin « Hubert » à votre porte Profiter du spectacle d’un sapin de Noël bien décoré, tout le monde adore. Mais aller le chercher et s’en débarrasser est une autre affaire. Pour cela, UberPop s’est associé au site Treezmas. Il suffit de cliquer sur « adopter » sur l’application Uber pour que l’entreprise livre des sapins en pot nommés « Hubert », moyennant 79 euros pièce. Elle viendra les récupérer afin de les replanter en forêt après les fêtes. L’opération s’est déroulée exclusivement le 4 et 5 décembre à Paris et Lyon. Un geste écologique dans l’air du temps.
577 euros Un Noël qui pourrait coûter cher 250 000 dollars, c’est la somme que pourrait payer chaque jour une famille américaine pour ses décorations de Noël. Située à Plantation, en Floride, cette maison américaine enfile un manteau de 240 000 lumières et de milliers de guirlandes chaque année. Elle est devenue l’attraction de la ville et attise la curiosité des passants. Cette maison de lumière fait même de l’ombre aux décorations de la mairie, qui a décidé de porter plainte contre la famille Hyatt. Les décorations engendraient des bouchons sur la route et donc une mobilisation excessive de la police. Ces dernières pourraient être démontées et les routes qui mènent à leur maison, barrées. Une information insolite que 20 minutes a tweeté et qui a fait réagir.
C’est le montant moyen que les Français prévoient de dépenser pour les loisirs des fêtes et les cadeaux de Noël cette année. Une légère hausse de 0,23%. Cela fait cinq ans que chaque année le Père Noël était un petit peu plus généreux que l’année précédente. Le budget d’intention d’achats est toutefois le plus élevé depuis 2011. Deux tiers du budget des Français sera consacré aux cadeaux, soit environ 350 euros. Cette année, la tendance qui se dégage est d’offrir des cadeaux moins nombreux, mais plus qualitatifs. Le dimanche 6 décembre, Terra Vinea a organisé son premier marché de Noël souterrain. L’événement a pris place au coeur du chai de vieillissement situé dans les anciennes galeries de gypse de Portel-des-Coribères, à 80 mètres sous terre. De 10 à 17 heures, les visiteurs ont profité de ce marché unique où de nombreux métiers de l’artisanat étaient représentés. Ce n’était pas le premier évènement organisé par Terra Vinea dans cet endroit insolite. En octobre dernier, l’Halloween des enfants y avait été organisé et les trois soirs affichaient complet.
Ont participé à cette page : Marion, Rémi, Mathilde, Grégory et Manon
Vol au dessus de l’Hexagone
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Calais : « Le père Noël est une ordure » « La jungle » de Calais va entamer un nouvel hiver dans la ville portuaire. Alors que les associations caritatives redoublent d’efforts pour apporter un peu de joie aux réfugiés, les forces de police vont poursuivre les mises en rétention administrative.
À
quel genre de « fête de Noël » pourront prétendre les migrants de Calais ? Si l’on en croit la tendance, il y a de fortes chances pour qu’environ un réfugié sur huit soit entre les quatre murs d’une cellule française, le 24 décembre au soir.
L’administration dans l’impasse
Dans une recommandation rendue publique le 2 décembre, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, a parlé « d’atteintes graves aux droits fondamentaux » ainsi que « d’utilisation détournée de la procédure », après sa visite à Calais. Elle ne se référait alors pas tant à l’attitude des forces de police à l’égard des migrants qu’à la pratique dénaturée de « la mise en rétention administrative ». A ne pas confondre avec une garde à vue ou une arrestation classique, « la rétention administrative permet de maintenir dans un lieu fermé un étranger qui fait l’objet d’une décision d’éloignement, dans l’attente de son renvoi forcé. La rétention est décidée par l’administration, puis éventuellement prolongée par le juge, lorsque le départ immédiat de France de l’étranger est impossible. Elle est limitée au temps strictement nécessaire à son renvoi et ne peut pas dépasser 45 jours, sauf exceptions ». Mais, depuis le mois d’octobre, sur les 1 114 migrants qui ont fait l’objet de cette procédure, seuls 9% ont été expulsés du territoire français, souvent pour d’autres pays européens. La France est-elle victime de sa propre complexité procédurale ? On l’espère, car les 45 jours ont été dépassés pour beaucoup de détenus. Le souci principal, on l’aura compris, est qu’il est inconcevable de renvoyer les réfugiés placés en rétention administrative dans leurs pays d’origine qui, souvent, ne sont autres que la Libye, l’Iraq ou la Syrie. Dans ce cas, le juge prolonge la rétention, dans la mesure où le renvoi s’avère impossible. Mais, en procédant ainsi, l’Etat français franchit peu à peu la frontière délicate et poreuse entre l’application du droit pénal et le respect des droits de l’Homme. Il la transgresse d’autant plus qu’une fois placés en rétention, peu d’alternatives s’offrent aux réfugiés. Soit l’Etat décide de les renvoyer dans leurs pays (solution des plus compliquées), soit il les garde en rétention (en les privant ainsi de leur liberté), soit il les relâche tout simplement dans Calais (dans le dénuement le plus total).
Néanmoins, il est de la responsabilité des autorités publiques de cesser la poursuite de procédures si elles ne sont pas aptes à les assumer en aval. Il y a aujourd’hui un peu plus de 6000 migrants dans Calais : le nombre croissant de mises en rétention administrative (auquel il faudrait rajouter celui des réfugiés en garde à vue ou en maison d’arrêt) ne vise -t-il pas simplement à désengorger la ville de ces nouveaux occupants ? D’autant qu’il est de notoriété publique qu’un séjour dans une prison française, si médiocre soit-elle, a un coût significatif pour l’administration pénitentiaire. Cet argent, qui alimente finalement un cycle d’aller-retour incessant dans nos geôles, pourrait au pire être économisé, au mieux être alloué à des actions de soutien humanitaire. La perspective d’un très beau cadeau de Noël pour les apatrides de Calais. a Rémi Métral
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Une mère et sa fille au centre de rétention administrative de Coquelles (62)
ncée trop tôt e m m o Le blanc ec t ê f e manteau neigeux qui recouvre n u les routes et la féerie lumineuse des :
ël guirlandes multicolores, tapissant sapins et o N balcons des maisons, sans oublier l’attente in-
terminable de cadeaux enrubannés: la magie de Noël est bien celle-ci. Cette ambiance festive et familiale est pourtant détournée de ses fondements par une exploitation économique toujours plus forte. Guillemette Faure, chroniqueuse du Monde et de RTL considère que « nous avons désormais trois saisons : le printemps, l’été et Noël ». Cette fête débute en effet dès l’envol des premières feuilles de l’automne. Elle a désormais supplanté une autre fête religieuse : celle de la Toussaint. Cette fête anticipée soulève aussi la question du sens de Noël, qui semble s’effriter peu à peu. La signification de cette date renvoie, à l’origine, à la célébration de la naissance de Jésus Christ, le 24 décembre à minuit. Il y a quelques années, les campagnes de Noël débutaient vers fin novembre, la magie et l’esprit féérique de l’événement étaient ainsi préservés. Les intérêts des distributeurs en ont décidé autrement.
Une fête anticipée à des fins commerciales Sous la pression d’enjeux économiques liés aux profits conséquents à retirer de cette période, les marchands entreprennent leur campagne publicitaire depuis plusieurs mois déjà. Inondant les boîtes aux lettres de catalogues, publicités et autres promotions de Noël du même genre, cette course effrénée pousse les consommateurs à des achats de plus en plus précoces dans l’année. Des stands sont installés dans les magasins où des rayons entiers, hauts en couleurs, réservés aux nombreux produits dérivés de Noël, attirent irrésistiblement notre œil. Une manière un peu malsaine d’exploiter la célébration de cette fête. Les calendriers de l’Avent, par exemple, sont en place dans les grandes surfaces bien avant la date du premier chocolat à déguster. Cette aberration, simplement destinée aux intérêts commerciaux de grands groupes de distribution, nous rappelle surtout que leurs gourmandises ne datent pas de la veille. La Redoute avait même publié un slogan à ce propos : « Achats de Noël : il n’est jamais trop tôt pour les faire ». Evoquer l’esprit de Noël de façon si anticipée, n’est-ce pas l’éteindre peu à peu ? a Loris Martin
Turbulences
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Laïcité : Noël, ce faux symbole religieux Faut-il interdire les crèches au sein des mairies, les sapins de Noël sur la place publique ou encore la venue du Père Noël dans les écoles, au nom de la laïcité ?
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Cette année, il y aura une très belle et très grande crèche à l’entrée de la mairie » , a clamé d’entrée de jeu le maire de Béziers, Robert Ménard, l’été dernier. Ultime provocation de l’élu, cette déclaration répond à la décision de la préfecture de l’Hérault qui l’avait sommé de ne pas installer de crèche de Noël au sein de cet édifice public en 2014. Ce n’est pas le seul exemple de polémiques sur la laïcité autour de la fête de Noël. En 2004 déjà, l’installation d’un sapin de Noël dans le hall d’un lycée de Créteil avait délié les langues, alors qu’en 2012, c’est la visite du Père Noël dans une école maternelle de Montargis qui avait failli être suspendue par la directrice pour « motifs religieux ». Que dit à ce sujet la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat ? L’article 28 prévoit qu’il « est interdit d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit ». Si l’on se réfère à cet article, la crèche de Noël va donc très clairement à l’encontre du principe de laïcité dans notre société, notamment à travers la représentation de Jésus et de la Vierge Marie.
Noël, célébration du soleil invaincu
Toutefois, les défenseurs de la laïcité qui s’en prennent aux sapins ou au Père Noël se trompent de cible. A l’origine, Noël est
une fête antique du solstice d’hiver où l’on brûlait des sapins pour aider le soleil à gagner en vigueur. Quand Jules César réforme le calendrier romain, le solstice d’hiver s’ancre sur la date que l’on connaît aujourd’hui : le 25 décembre. Lorsque le débat s’oriente sur le Père Noël qui s’invite à l’école, beaucoup ont tendance à oublier que ce personnage s’inscrit dans le contexte d’un mythe païen, issu des traditions de la fête de Saint-Nicolas, né en Europe du Nord et popularisé aux USA au XIXe siècle. Une figure légendaire, à la base complètement dépourvue de connotations religieuses. L’Eglise catholique s’est donc accaparée de la fête de Noël pourtant bien antérieure à la naissance de Jésus de Nazareth. Certains catholiques intégristes refusent de céder à la tradition du sapin, au nom de ce culte païen portant atteinte au message religieux de Noël. La laïcité ne doit pas devenir une arme anti-religion. Faut-il rappeler à ceux qui revendiquent plus d’indulgence envers la communauté musulmane, l’interdiction du port du voile intégral dans l’espace public ? Faut-il rappeler à ceux qui préconisent l’interdiction des repas hallal dans les cantines scolaires que la laïcité est initialement un instrument du vivre ensemble et non d’exclusion ? Comme le déclare le célèbre adage « La liberté s’arrête là où commence celle des autres ». a Manon Dognin
Un Noël désarmé Elles étaient restées hors des débats. Les armes factices ont été citées dans le cadre de l’après 13 novembre, par l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, au micro d’Europe 1. Alors que Thomas Sotto lui demandait ce qu’il pensait du retrait des armes factices au sein des magasins de jouets, le président du parti Les Républicains affirma « Si on s’attaque à l’armement du Père Noël, on pourrait peut-être regarder de plus près ces jeux vidéo d’une violence inouïe qui sont dans tous les cadeaux donnés ».
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istolets en plastique, fausses mitraillettes et autres fusils… La hotte du Père Noël devrait s’alléger cette année de nombreux jouets qui n’en ont d’ailleurs que le nom et pas vraiment la fonction. Plusieurs enseignes de jouets, telles que Toys’R’Us ou Joué Club, ont pris une mesure assez radicale suite aux attentats parisiens : retirer les armes factices de la vente. Certaines semblent effectivement plus vraies que nature. Chez Joué Club, à Portet-sur-Garonne, c’est une dizaine de références qui a disparu des rayons mais que l’on trouve encore dans le catalogue de Noël 2015, imprimé avant les attentats. Ces armes factices, qui étaient proposées dans le bien nommé rayon Comme les vrais jusqu’à la semaine dernière, ont été promptement sorties de la vente et renvoyées chez le fournisseur. « Cette décision, que nous avons prise spontanément avec tous les membres de notre coopérative, c’est juste du bon sens » témoignait à La Dépêche Laurène Nivelet, propriétaire de quatre magasins dans l’agglomération toulousaine. « L’idée n’est pas d’empêcher les enfants de jouer avec des pistolets, comme ils le font depuis la nuit des temps, mais bien de faciliter le travail des forces de l’ordre et d’empêcher toute bavure. Cette mesure est définitive : à l’avenir,
nous ne vendrons plus ce genre de produits ». Psychose alimentée Dans la grande distribution, les mesures sont beaucoup plus dispersées et nettement moins coordonnées. Chez Leclerc par exemple, des répliques d’armes au rayon des jouets de Noël sont encore disponibles. Par contre, chez le géant Carrefour, les fusils d’assaut factices et autres pistolets à bille ont été précipitamment retirés dans les jours qui ont suivi. Toutefois, aucune consigne n’a été donnée au niveau national, dans la mesure où le sujet embarrasse visiblement la direction. Idem chez Auchan, qui s’est déjà fait épingler, en septembre 2014, pour avoir proposé à la vente une mitraillette arborant le croissant et l’étoile, symboles de l’Islam. Le retrait, ou non, de ces armes en plastique est donc laissé au libre choix de chaque magasin. Le chef du rayon jouet du supermarché Auchan, à Balma, petite commune proche de Toulouse, a retiré en son âme et conscience « deux mitraillettes qui avaient l’air un peu trop réelles » mais a « conservé un fusil de cow-boy qui ne fait pas peur ». Une décision qui fera sans doute quelques petits malheureux le matin de Noël. a Sarah Jobert
Focus : Noël à l’hôpital
La mort tenue en échec par la magie des fêtes
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Bloc opératoire, salle de réveil, opérations d’urgence, salle de réa... Oui, nous sommes au premier étage, les murs sont blancs à l’hôpital Nord de Saint-Étienne. Urgentistes, chirurgiens, infirmiers courent dans tous les sens. Pourtant, quelques rares détails indiquent que les fêtes de fin d’année approchent.
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eux trois guirlandes par-ci, une boule de Noël par-là, et même un discret sapin à côté de la fontaine à eau. Assis sur les bancs, quatre couples, toujours les mêmes depuis le début de la semaine, patientent en se rongeant les sangs. Leurs enfants sont dans la salle d’à côté. Tous sont plongés dans le coma. Certains viennent juste de se faire opérer. D’autres sont là depuis plusieurs jours. L’une des mamans tient sur ses genoux une grosse boîte. Elle a préféré garder l’anonymat. « Mon fils est ici depuis maintenant quatre jours. Je ne sais plus quoi faire, je n’ai même pas de larmes. Mais il va bien finir par remonter dans sa chambre et il s’y réveillera. Avec mon mari, nous avons tout décoré. Il a même un sapin de Noël personnel ». Elle a un pauvre sourire aux lèvres quand elle poursuit « Nous avons pensé à lui offrir ses cadeaux. Nous en avons même mis un pour sa copine de chambre. Ils sont partis au bloc le même jour. Depuis, on attend ».
de la journée, juste pour ma tournée d’inspection. Je fais moins peur avec ! »
Un concours de décoration
Pour les patients qui sont là depuis plus de six mois, le personnel du service a décidé d’organiser un grand concours. Les chambres doivent être décorées le plus gaiement possible. Et les proches des patients s’en sont donné à coeur joie. La palme revient aux parents de Gabin, 8 ans, qui dort depuis maintenant neuf mois dans son lit. Lit qui a pris les allures d’un traîneau de Père Noël. Une hotte qui déborde de cadeaux est ouverte, juste à côté de la tête du gamin. Il a l’air tellement serein. Couturière, sa mère lui a même confectionné un costume d’elfe. « Il adore les histoires avec les lutins, les elfes et les fées. On devait partir en Laponie pour lui montrer le pays du Père Noël. Il voulait absolument voir la fabrique de jouets. Avant son accident, il regardait, au moins une fois par semaine, les Cinq Légendes, vous savez le dessin animé. » Ses parents, en illuminant sa chambre de guirlandes, boules de Noël, sapin, cadeaux, et lettres de ses copains ont voulu donner envie à leur fils de revenir passer les fêtes avec eux. Pour le réveillon, sa famille doit venir manger la bûche avec lui. « L’hôpital se vide en fin d’année » confie une infirmière du service. « Nous essayons au maximum de renvoyer les enfants chez eux, pour qu’ils puissent profiter de leur famille. Mais pour nos pensionnaires au long cours, nous permettons certaines exceptions. Une dizaine de proches est autorisée à leur rendre visite, alors qu’ils ne sont que deux ou trois habituellement. »
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L’esprit de Noël comme échappatoire
« Noël c’est l’espoir d’un renouveau », c’est à cette phrase que se raccroche un monsieur, appuyé contre un mur. Une discrète guirlande rouge tombe de la rambarde contre laquelle il se tient. Sa fille repose dans une chambre juste à côté. Elle est là depuis six mois. Une mauvaise chute l’a conduite dans le coma. La poignée de la porte est décorée d’une boule violette. Les infirmières sourient quand elles l’ouvrent. « Noël, c’est l’espoir d’un renouveau. Je sais que ma princesse va revenir pour le 24 décembre. Nous avons toujours fêté Noël tous les deux depuis que je suis divorcée de sa mère. Et puis, cette année, je lui ai fait une surprise qu’elle ne peut pas louper. » En se confiant, son ton vacille, puis se brise. Ce père éploré se raccroche à ces mots parce qu’ « ils sont le dernier espoir qu’il [lui] reste. » L’une des infirmières qui s’occupent de sa fille, Cloé, a décidé de porter un bonnet de Père Noël. Elle a même choisi d’arborer des boucles d’oreille en forme de rennes. « Cloé, c’est mon rayon de soleil. L’amour que lui porte son papa est incroyable. Il veut lui offrir un petit chat pour ce Noël. Elle les adore. Et comme ce brave monsieur est tout seul, j’ai pris la liberté de devenir leur Père Noël ! » La jeune trentenaire porte ses convictions dans sa voix. Son sourire s’y retrouve et illumine même ses yeux. Sa bonne humeur s’est propagée à tout le service, jusqu’aux chirurgiens. Juste avant de rentrer au bloc opératoire, l’un d’eux, qui va opérer une enfant du foie, dépose son bonnet et sa fausse barbe sur un porte-manteau. « Je les récupérerai à la fin
« Pour nous, il n’y aura pas de Noël cette année »
Certains enfants ne sortiront pas de la salle de réanimation avant le 24. Les parents qui attendent le réveil de leurs enfants tentent de rester positifs. Nulle joie n’illuminera leur Noël. « C’est la première fois que notre fils ne sera pas avec nous pour les fêtes. En fait, on ne sait même pas s’il va se réveiller un jour. » La mère qui confie ces dures paroles est incapable de retenir ses larmes. Plutôt que de pleurer devant tous, elle s’éloigne et disparaît au détour d’un couloir. Son mari ne cherche même pas à la consoler. Lui non plus n’a plus de larmes. Il a le visage fermé. « Pour nous, il n’y aura pas de Noël cette année. » La phrase tombe, sèche et aussi froide que la réalité qu’elle décrit. a Par respect pour les victimes et leurs proches, les prénoms ont été modifiés par la rédaction. Tous, ont demandé à rester anonymes. Alexandra Pacrot
Association Docteur Clown « Les parents tentent d’apporter la magie des fêtes à l’hôpital » Pendant la période des fêtes, de nombreux enfants n’ont pas la possibilité de rentrer chez eux et se voient obligés de rester à l’hôpital. L’association Docteur Clown, qui intervient pendant toute l’année dans les services de pédiatrie depuis 20 ans, assiste à ces moments difficiles, aux côtés du personnel soignant. Rencontre avec Mireille Imbaud, présidente de l’association. Jet Lag : Pendant la période des fêtes, quels sont les dispositifs établis par l’association Docteur Clown pour les enfants hospitalisés ? Mireille Imbaud : En général, rien de particulier. Pendant les fêtes, les clowns interviennent dans les services dans le cadre de leurs missions
habituelles. Nous n’en faisons pas davantage. Dans les services, le personnel soignant préfère célébrer Noël sans autres intervenants. Mais, la plupart du temps, les clowns sont présents à l’hôpital le jour de Noël. Cette année, ils interviendront dans trois services du Rhône, de l’Ain et de la Loire. Pour autant, cela reste très ponctuel, nous ne réalisons jamais de prestations supplémentaires. Ce n’est pas un choix délibéré,
Focus : Noël à l’hôpital
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mais que ce soit Noël ou pas Noël, les vacances ou pas les vacances, nous pensons que les clowns doivent être là pour aider les enfants, un point c’est tout.
ne se sentent pas en forme restent dans leurs chambres. C’est aussi un moment difficile pour les parents. Mais malheureusement des enfants restent encore à l’hôpital le 25 décembre.
J.L : Comment réagissent les enfants au fait de passer Noël à l’hôpital ?
J.L : Qu’est-ce que le personnel soignant met en place pour rendre ce moment moins pénible ?
M.I : Dans la majorité des cas, les services essaient d’autoriser le maximum d’enfants à quitter l’hôpital. Au moment des fêtes, ils ne font pas d’interventions, sauf pour les urgences. Quand cela s’avère possible, la majorité des enfants rentre chez eux pour fêter Noël. Sinon, la prise en charge des jeunes au moment des fêtes s’établit en collaboration étroite avec les familles. J.L : Que font les parents lorsque leurs enfants restent hospitalisés pour Noël ?
C’est difficile pour les parents
M.I : Ils agissent au maximum comme lors des Noëls chez eux, en venant voir leurs enfants et en leur offrant des cadeaux. Ils tentent d’apporter la magie des fêtes à l’hôpital. En général, un sapin de Noël est mis dans la salle de jeux. Tous les enfants ne peuvent pas s’y rendre, ceux qui
M.I : Ils essaient de rendre l’hôpital plus agréable en faisant un sapin et en décorant les locaux. De plus, le jour de l’arbre de Noël du service, un goûter est organisé pour les enfants. Les parents et le personnel soignant sont présents à leurs côtés. Mais, il n’est pas possible de distribuer des papillotes à tire larigot, car souvent les jeunes hospitalisés doivent suivre un régime spécifique. Nous emmenons chaque enfant qui le peut dans la salle de jeux, soit dans un fauteuil roulant, soit dans un brancard. La majeure partie d’entre eux quittent leurs chambres. Bien souvent, quand l’enfant est obligé de rester à l’hôpital pendant Noël, le service lui offre aussi un cadeau. Ils essaient de rendre ce moment festif et convivial. a Propos recueillis par Marlène Thomas
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Depuis 20 ans, les clowns égayent le séjour des enfants hospitalisés
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Classe Affaires
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Concurrence féroce pour les sapins de Noël Noël est de retour. Comme chaque fin d’année, c’est le moment de se procurer son arbre de Noël et de l’embellir de boules scintillantes. Que serait cette fête sans ce sapin devenu emblématique ? Véritable tradition, il est indissociable de ce jour de joie et de plénitude.
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Mon beau sapin, roi des forêts, que j’aime ta parure ». Si le sapin naturel fait toujours autant rêver, il est concurrencé par les arbres artificiels. Dans l’imaginaire collectif, le sapin de Noël provient forcément de nos sombres forêts. Pourtant, en réalité, la plupart de ces conifères naturels est simplement plantée et cultivée dans des pépinières, avant d’être vendue pendant l’hiver. Ces plantations permettent de préserver l’intégrité de nos bois.
désavantage : ils sont fort inflammables. D’ailleurs, selon un sondage de TNS, depuis 2010, le taux d’achat de sapins de Noël naturels a fortement évolué : sur les 23,4 % de ménages acheteurs de sapins de Noël, 19,8 % d’entre eux prennent un arbre naturel, contre seulement 3,5 % d’artificiels.
La solution du sapin artificiel semble en apparence être également une alternative écologique. Mais, selon des spécialistes, il constituerait en fait un véritable cataclysme pour la protection de l’environnement. Généralement, ce type d’arbre est conçu à l’autre bout de la planète, sur le continent asiatique, avec des matériaux polluants, tels que l’aluminium ou le plastique. Les sapins artificiels ont un autre
Dans notre pays, deux types de sapins traditionnels se disputent le Graal des ventes : l’Epicéa et le Nordmann. Le second, moins odorant mais aux épines persistantes, est le plus vendu dans l’Hexagone. Il est la plupart du temps importé des pays nordiques comme le Danemark et l’Irlande. Quant à l’Epicéa, il trouve sa principale origine dans les forêts du Morvan ou de Franche Comté.
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Epicéa, Nordmann : duel au sommet pour l’étoile de Noël Le sondage de TNS relève que les achats d’un Epicéa sont en nette baisse par rapport à ceux du Nordmann. En 2014, 14,5 % des consommateurs se sont procuré un sapin Nordmann et seulement 4,7 % des acheteurs lui ont préféré un Epicéa. L’arbre du Morvan vacille au fil des années. Mais qu’importe le sapin, pourvu qu’on en ait l’ivresse. a Grégory Zerbone
La Chine, géant incontournable des jouets
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Alors que Noël approche, les entreprises de fabrication de jouets chinois s’activent. Avec près de 80 % de la production mondiale concentrée dans le pays, cette industrie génère un chiffre d’affaire énorme pour l’Empire du milieu.
ette année, sous le sapin, 4 jouets sur 5 seront de fabrication chinoise. Un chiffre qui en 2015 n’étonne plus personne, tant la Chine est rentrée dans l’imaginaire collectif comme « l’atelier du monde ». Une image représentative du pays depuis près de 30 ans. Mais, si la Chine est toujours le leader incontesté du jouet mondial, ceux qui vivent de cette industrie s’inquiètent d’une concurrence venue de ses voisins d’Asie du sud-est, notamment du Viet-Nam. Ainsi, la province de Chengai, véritable ville usine - où près de 150 000 personnes vivent de l’industrie du jouet sur 800 000 habitants - craint de perdre sa suprématie. Il est important de préciser en effet que depuis un certain nombre d’années, les conditions de travail s’améliorent peu à peu en Chine. Ainsi, en dix ans, le salaire moyen d’un ouvrier non-qualifié a été
multiplié par 3. Pendant cette période, le yuan chinois a lui aussi connu des augmentations de valeur importantes. Des évolutions qui impactent donc forcément les coûts de production, l’atout numéro un des fabricants chinois. Aujourd’hui, d’autres pays d’Asie du sud-est tentent donc de devenir à leur tour « l’atelier du monde ».
Des conditions de travail toujours problématiques
En 2015, les conditions de travail des ouvriers de l’industrie du jouet chinoise ont beaucoup progressé par rapport aux dernières décennies. Néanmoins, certaines ONG dénoncent toujours les conditions précaires dans lesquelles de très nombreux ouvriers travaillent. Ainsi l’association Solidar a lancé en Suisse sa campagne Fair Toys (jouets équitables). Selon l’ONG, de nombreuses marques du
secteur du jouet, telles que Mattel, Hasbro ou encore Disney, feraient travailler leurs employés dans des conditions très difficiles. L’autre organisation très active à l’approche des fêtes, c’est la China Labour Watch, basée à New York et créée en 2000 par l’activiste Li Quiang qui en est aujourd’hui président. L’association est notamment connue pour avoir épinglé de grandes marques sur les conditions de fabrication de leurs produits. Apple, Samsung ou encore Mattel ont été les cibles des enquêtes de l’ONG. Pour Noël, China Labour Watch a publié un rapport très complet sur le traitement des employés dans les usines de fabrication de jouets. On y apprend ainsi que certains ouvriers travaillent 11 heures par jour, et ce, 6 fois par semaine. Là-encore, les entreprises mises en cause sont toujours les mêmes : Mattel, Hasbro et Disney. a Romain Chaumier
Histoire autour du monde
Noël à travers l’Europe
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Noël, cette fête que petits comme grands attendent chaque année... Une montagne de cadeaux en dessous du sapin, l’odeur de la dinde dorée dans le four, une grande famille attablée. Des traditions qui constituent cette fête familiale que la France célèbre le 25 décembre. Mais Noël se fête de différentes façons selon les cultures, les religions, tandis que certains états ou cultes ne le célèbrent pas.
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Jet Lag a enquêté pour vous sur les diverses traditions de Noël sur le continent européen. Pour commencer, en Italie, Noël (Natale) dure trois jours. A table, pas de buche, mais un gâteau typique, le panettone : une brioche fourrée de raisins secs et de fruits confits se dégustant comme dessert, accompagnée de vin ou d’une boisson chaude. En Espagne, Noël (Navidad) se fête traditionnellement le 24 décembre au soir, c’est la Noche Buena. L’Espagne est un pays très catholique, les habitants vont à la messe de minuit en famille, mais s’attablent seulement le lendemain. Pour Noël, le roi est le turron, un nougat traditionnel à base de miel et d’amandes se dégustant principalement pendant les fêtes de fin d’année. La grande différence du côté de la péninsule ibérique, c’est que le Père Noël n’existe pas. Les cadeaux sont offerts aux enfants le 6 janvier, le jour des rois. En Angleterre par contre, Noël (Christmas) est sacré. Le Père Noël dépose les cadeaux dans des chaussettes, de nombreuses cartes de vœux sont également envoyées et ensuite accrochées au-dessus de la cheminée. Le gâteau de Noël est le Christmas pudding, composé de fruits secs, de sucre et d’alcool. La tradition veut qu’il se prépare cinq dimanches avant le 25 pour qu’il puisse macérer. Le 26 décembre, également appelé Boxing Day, est un jour férié dans les pays anglophones. C’est le jour où débutent les soldes d’hiver.
Noël, une fête essentiellement européenne En Allemagne, Noël (Weihnachten) est célébré les 25 et 26 décembre. Le 26 est consacré à la visite des familles. Les cadeaux sont distribués lors de la veillée du 24 décembre par Christkindel, une jeune fille vêtue de blanc. Dans les pays d’Europe de l’Est (Allemagne, Pologne, Pays-Bas, Croatie, Hongrie, Roumanie), les enfants reçoivent des cadeaux et friandises le 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas. Dans les pays scandinaves, les cadeaux sont distribués le 13 décembre par Sainte-Lucie. Le 24 décembre, des bougies sont déposées sur les tombes des proches, le 25, lors du repas de Noël (Jul), une place est laissée en mémoire des défunts. Il s’en suit un dîner, la lecture de l’Evangile et des chants de Noël. En Russie, Noël (Hristos Razdajetsja) est célébré le 7 janvier (date de la naissance de Jésus selon le calendrier julien). Le soir du 6 janvier, les Russes vont à l’office religieux, puis s’attablent pour le réveillon (Soltchelnick). Le plat principal est une oie farcie de pommes, accompagnée de vodka. Le repas s’achève par deux desserts : la koutia (mélange de blé et de fruits confis) et l’uzvar (compote de fruits secs). Les cadeaux sont déposés dans la nuit du 31 décembre par le Père Gel. En Grèce, pays orthodoxe, on célèbre la naissance de Jésus le 25 décembre. La période des fêtes débute la veille de Noël et se termine par l’Épiphanie. Les Grecs assistent à la messe de Noël le 25 décembre à 4 heures du matin. En dessert, les Grecs mangent du miel, des fruits secs et le «Christopsomo» (« le pain du Christ »), une galette aux noix. Les cadeaux sont reçus à la Saint-Basile le 1er janvier. a Angélique Bernard
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La wifi victime des guirlandes de Noël ? Les guirlandes de Noël font rêver les grands comme les plus jeunes. Leurs couleurs brillantes et scintillantes incarnent l’esprit de Noël. Pourtant elles pourraient bien déplaire aux utilisateurs d’Internet.
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es réseaux wifi sont-ils ralentis par les guirlandes de Noël ? Une étude de l’Office Britannique de la Communication (Ofcom), citée par le site américain The Verge, montre que de nombreux foyers voient les performances de leurs réseaux sans-fil réduites à cause de certains appareils. Parmi les objets fauteurs de trouble, les fours micro-ondes, les variateurs de lumière électrique, les lampes halogènes, les hauts parleurs de chaîne hifi ou d’ordinateur, les télévisions, les cordons d’alimentation, mais aussi les guirlandes lumineuses, causeraient de fâcheuses interférences. L’année dernière, aux Etats-Unis, une étude a démontré que les réseaux pouvaient être ralentis jusqu’à
« Marre du rose » Les stéréotypes ont la vie dure dans les magasins de jouets. Pour les filles, une poupée Barbie ou un fer à repasser, pour les garçons des jeux de constructions et des voitures sont la règle. Les féministes refusent ces stéréotypes. « Des jouets spécifiques pour des garçons ou pour des filles, c’est l’absurdité totale », commente Mieke Van Stigt, une sociologue des Pays-Bas.
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l’approche de Noël, la question du genre, relative aux stéréotypes filles/garçons, ressurgit de nouveau. Aux filles, les jeux pour « faire comme une maman », aux garçons, les jeux développant la motricité. Les jouets des fillettes en rose, ceux des petits garçons en bleu. Les associations féministes ont lancé leur campagne Marre du rose, se révoltant contre les jouets « genrés ». Elles accusent les magasins de jouets de véhiculer des clichés sexistes dès l’enfance.
25 % de leur capacité, à cause de ces guirlandes. Les rayonnements électromagnétiques ont ainsi été pointés du doigt. Un problème auquel il serait tout de même possible de faire face. L’organisme britannique, à l’origine de l’étude, conseille aux utilisateurs d’éloigner les box des appareils responsables des interférences.
Les militants d’Osez le Féminisme, tout comme ceux de Chiennes de garde ont distribué des tracts, samedi, devant plusieurs magasins de jouets français. L’objectif n’est pas seulement l’abandon des rayons « genrés », mais la disparition de toute référence d’ordre sexiste en matière de jouet. Le code-couleur est leur principal cheval de bataille.
L’information a pourtant été démentie par Jean-Louis Tillet, responsable de l’activité mobilité chez Cisco France, auprès de Metronews. Les interférences seraient minimes et n’entraineraient pas de ralentissement du réseau sans fil. L’expert a expliqué qu’à moins de mettre sa box internet à l’intérieur même du sapin enguirlandé, la connexion wifi ne devrait pas en pâtir. Que les mordus du numérique se rassurent, wifi et décorations enchanteresses de Noël ne sont apparemment pas si incompatibles. a
Cette différenciation permet en effet aux magasins de jouet de démultiplier leurs ventes. C’est alors un cercle vicieux : les parents influencent les choix de leur progéniture et les entreprises entretiennent les codes du genre pour faire du chiffre. Désormais, quelques efforts ont déjà été engagés en matière de neutralité des packagings. Quelques supermarchés mettent aussi en avant des garçons jouant avec des poupons. La frontière garçon/ fille s’atténue peu à peu, mais un long chemin reste à parcourir.
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Il était une fois la réalité Noël approche, il est temps de ressortir les contes des frères Grimm ou d’Andersen, merveilleuses histoires qu’il est toujours agréable de retrouver. Merveilleuses ? Antithèse du message des conteurs du XVIIe et XIXe.
A
u-delà du merveilleux de première lecture, les contes d’origine ne cherchent pas à embellir la réalité de leur époque. Des thèmes comme la mort, le désespoir, l’usurpation de pouvoir, la cruauté sont courants dans ces écrits. Ils sont présents afin de montrer la réalité aux enfants. Or, la réalité de l’époque n’est pas celle d’aujourd’hui. La façon dont Cendrillon était traitée par sa belle-mère était monnaie courante en 1697, époque de Charles Perrault. Même si les contes traditionnels demeurent de sombres miroirs de l’existence, ils font partie intégrante de l’esprit de Noël. Il est courant d’en lire, le soir du 24 décembre, pour illuminer cette fête familiale.
Des contes réalistes Il était une fois deux frères, connus sous le nom de Grimm, qui décidèrent de coucher par écrit les traditions orales allemandes, au XVIIe siècle. Dans leurs récits, la réalité est cruelle. Mais, pour ne pas choquer, ils ont été réécrits au fil des décennies, édulcorés, dénaturés. Non, Cendrillon n’était pas naïve. Non, la Petite Fille aux Allumettes ne retrouvait pas sa grandmère pour passer le réveillon… A l’origine, La Petite Fille aux Allumettes, du danois Andersen, mourait de froid. La Camarde (allégorie de la mort) était incarnée par sa grand-mère, l’unique personne qui aimait tendrement l’enfant. Alors que Noël approchait à grands pas, la petite fille était ignorée par les passants, à l’instar des sans-abris d’aujourd’hui. Appartenant à la plus basse classe sociétale, la fillette est un stéréotype. Pauvre et malheureuse, elle craque allumette sur allumette pour se réchauffer, sans s’apercevoir qu’elle meurt à petit feu. a Alexandra Pacrot
A l’école des Pères Noël À Rio, existe une école de Père Noël. Plus de deux cents barbus, ayant passé la cinquantaine, veulent revêtir le célèbre costume rouge. Une manière d’échapper à la crise, le temps de quelques semaines.
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Ho ho ho » sont les mots prononcés par chacun des élèves de la classe à leur entrée dans la salle. Tous arborent une barbe blanche et le bonnet du Père Noël, tout en gardant des bermudas, indispensables par quarante degrés. Les chansons de Noël résonnent dans la salle où des hommes de plus de cinquante ans, retraités ou au chômage, espèrent ainsi échapper momentanément aux soucis financiers. « Cette année, à cause de la crise économique, l’école a reçu plus de 200 candidats, soit le double de ceux de l’an dernier, et nous n’avons que 40 places », a déclaré à l’Agence France Presse le directeur de l’école, Limachen Cherem. « Avant, ceux qui venaient voulaient acheter des cadeaux à leurs petits-enfants, mais, maintenant, ils sont là pour payer les factures », souligne Cherem, qui donne aussi des cours d’improvisation théâtrale et d’expression corporelle. Les divers cours, notamment de chant, de théâtre, de diction ou encore de maquillage sont gratuits, mais, s’ils sont embauchés, les Pères Noël reverseront un petit pourcentage de leurs gains à l’école. Ils peuvent gagner de 800 à 3 850 $ en 40 jours, notamment dans les centres commerciaux, alors que le salaire minimum mensuel est de 200 $. « Père Noël, tout le monde veut l’être, mais pour être un vrai Père Noël il faut irradier d’amour devant les enfants », affirme Voni Riberio, 68 ans, qui effectue ce travail depuis cinq ans dans un centre commercial de la zone touristique de Rio. Mais une question subsiste : avec la crise les centres commerciaux vont-ils embaucher de nouveaux Pères Noël ? a Marion Gergely
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La photo de la semaine Pendant un mois (du 25 novembre au 24 décembre), la magie de Noël sera présente place Carnot. L’installation de 140 chalets donne l’impression de vivre dans le village du Père Noël. De nombreuses animations ont lieu chaque jour : activités créatives, musicales ou autres, il y en a pour tous les goûts. Chacun marche, les yeux brillants, dans les allées de ce marché féérique. Un bel avant-goût des fêtes sur cette place lyonnaise. Marion Gergely
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