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Semaine du 30 novembre 15
COP 21 : le financement polémique
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Irlande : nouvel eldorado fiscal
Liberté chérie
#LeJournalismeNestPasUnCrime
Sommaire
P3 ESCALES TOUS LES
CHIFFRES,
TWEET & INFOS À RETENIR
2 AU DESSUS P5 TURBULENCES P6 FOCUS : PLANÈTE P4 VOL DE L’ HEXAGONE CENSURE ALARME CONTRE LA L’ISLAMOPHOBIE LA LIBERTÉ
MAIGREUR
GAGNE DU TERRAIN
COP 21 : POLLUTION FINANCIÈRE
LA CYBER-VIOLENCE :
DES SPONSORS
P8 CLASSE AFFAIRES
UN FLÉAU MACHISTE
P10 DUTY FREE
ENTREPRISES :
LE PARADIS IRLANDAIS LE PANZER SOUNDSYSTEM
LE MERCOSUR
COLDPLAY,
CONTRE LE
TERRORISME DE NICK NOWAK
TURQUIE :
LA PRESSE D’OPPOSITION
MUSELÉE
LA LUTTE CONTRE DES ROBOTS CHINOIS
DAESH
CRUCIFIÉE
ROI DES RÉSEAUX
PHOTO DE
P12 LA SEMAINE « BLACK FRIDAY » DÉBARQUE EN FRANCE
L’UNIVERS ÉTENDU DÉTRUIT
SUPPLEMEN TSUR
LA JAPAN TOUCH
DIRIGÉ PAR L’ARGENTINE
NOTRE EQUIPE
La liberté d’expression comme étendard
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e choix de suivre des études de journalisme n’est pas anodin. Malgré le peu de débouchés qu’offre ce métier, notre conviction ne doit pas être entachée par cette réalité. Plus que de transmettre l’information à la population, dans certains pays comme la Turquie (cf dossier p. 6-7) les journalistes deviennent les messagers de cette dernière. Aussi, ces professionnels de l’information sont parfois perçus comme une menace par les politiques de ces Etats. Leur arme : la liberté d’expression. En parallèle de son devoir essentiel d’information, le rôle du journaliste est, si nécessaire, d’incriminer les dérives de toutes sortes. Il ne doit pas se laisser leurrer par une communication faussée, véhiculée par les politiques. La liberté d’expression, comme nous avons pu le constater cette année, peut mener, même en France - pays des droits de l’Homme - à de tragiques et injustes
événements. En exprimant cela, je pense tout particulièrement aux victimes des attentats de Charlie Hebdo. Le 7 janvier dernier, ce journal satirique a en effet été touché en plein cœur par une attaque terroriste. L’ancien Hara-Kiri a été alors endeuillé de ses figures emblématiques. Aussitôt, la France, meurtrie, se levait d’un seul bloc - avec pour unique arme un crayon dressé vers le ciel - afin de protester contre cette atteinte grave à la liberté d’expression. La mort des frères Kouachi, abattus dans une imprimerie de Seine Saint-Denis, est le signe d’un combat acharné et multiforme, pour faire triompher la liberté d’expression dans le monde entier. Les journalistes doivent continuer d’incarner cette lutte, parfois risquée, au nom de la vérité. Comme disait Charb « Je préfère mourir debout que vivre à genoux ». a Grégory Zerbone
Rédacteur en chef : Grégory Zerbone Secrétaire de rédaction : Marlène Thomas Journalistes : Mathilde Van Heuckelom, Marion Gergely, Angélique Bernard, Romain Chaumier, Grégory Zerbone, Loris Martin, Rémi Métral, Alexandra Parcot, Marlène Thomas, Manon Dognin et Sarah Jobert Maquettiste : Mathilde Van Heuckelom & Sarah Jober Edité par Jet Lag Magazine SA 47 Rue Michel Berthet CP606 Lyon cedex 09 Tél. +33(0)4 72 85 71 73 E-mail : jetlaglemag@gmail.com Couverture © DR
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C’est le nombre de demandeurs d’emploi supplémentaires enregistrés au mois d’octobre. Un chiffre en hausse de 1,2 %. Après une baisse record enregistrée en septembre, le chômage connaît sa plus forte augmentation depuis deux ans. La France métropolitaine compte désormais quelque 3 589 800 chômeurs, nouveau record absolu.
Deuil dans un meeting au Venezuela Le député vénézuélien, Henry Ramos Allup a annoncé qu’un dirigeant local de l’opposition a été tué par balles, mercredi, lors d’un meeting de campagne. Ce rendez-vous, dans l’Etat de Guarico (centre du pays) était en lien avec les élections législatives du 6 décembre. Luis Manuel Diaz était le chef du parti de l’Action démocratique au Venezuela.
1,9 millions
C’est le nombre d’habitants privés d’électricité en Crimée, durant deux jours, à compter du 22 novembre dernier. Au final, deux lignes à haute tension ont été détruites. Un député russe, pro-Kremlin, a déclaré que cet événement était « un véritable acte de terrorisme » de la part de l’Ukraine. Les habitants de la Crimée ont donc vécu dans le noir total durant deux jours. C’est le nombre d’unités de son nouvel opus baptisé 25 que la chanteuse britannique Adèle a écoulé en l’espace de 5 jours aux Etats-Unis. L’album devient ainsi le disque le plus vendu de l’année an Amérique du Nord, pulvérisant ainsi son homologue Taylor Swift. La star anglaise à la voix rauque éclipse totalement cette dernière, qui détenait jusqu’à lors le titre de l’album le plus vendu en 2015, avec 1989, vendu à 1,8 million d’exemplaires aux USA.
En meeting à Ajaccio, Marine Le Pen en a profité, une fois de plus, pour reprocher le laxisme du gouvernement en place. Elle a fait de même pour la justice française en estimant que Christiane Taubira ne fait pas du bon travail et que les fichés S et délinquants ne sont ni assez surveillés ni assez condamnés. Elle accuse aussi la justice de passer plus de temps à épier ses faits et gestes que de s’occuper des risques d’attentats et de leurs auteurs présumés. Des propos qu’elle a confirmés sur son Twitter officiel. Pour rappel, la présidente du FN a été jugée le 20 octobre dernier pour incitation à la haine raciale. Pour de propos qu’elle a tenus en 2010, en comparant les prières de rue musulmanes à l’Occupation nazie. Le procureur Bernard Reynaud a demandé la relaxe, le jugement sera rendu le 15 décembre.
Un nouveau cas de grippe aviaire en France Pour la première fois depuis 2007, un cas de grippe aviaire H5N1 - souche de virus hautement pathogène pour les volailles - a été dépisté en France. Dans un élevage artisanal de Biras (Dordogne), un foyer de grippe aviaire H5N1 a contaminé une vingtaine de volailles. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a activé le plan national d’intervention sanitaire d’urgence. Une zone de protection de 3 km et un périmètre de surveillance de 10 km ont été mis en place. Tous les animaux de la ferme ont été abattus. Ce virus, à la différence d’autres de même origine, est transmissible à l’Homme. Ce risque n’a pour l’heure pas été établi pour la souche découverte en Dordogne. C’est le nombre de victimes à Hpakant, une région du Nord de la Birmanie, lors d’un glissement de terrain dans une mine de jade. L’accident a eu lieu le samedi 22 novembre, aux alentours de 03h00. Une montagne de débris s’est effondrée sur des dizaines de cabanes de fortune où dormaient de pauvres Birmans. La Birmanie est le premier producteur mondial de jade, mais les conditions de travail y sont déplorables. Les autorités ne se préoccupent pas de la préservation de l’environnement, pas plus que de l’existence de bataillons de mineurs en situation illégale. C’est l’une des pires catastrophes de ce genre de ces dernières années.
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2,8 millions 42 000
Escales
« L’émotion à l’heure du vote » Au Burkina Faso, «le pays des hommes intègres», 5,5 millions d’électeurs ont été appelés aux urnes ce dimanche pour le premier scrutin organisé depuis la chute de Blaise Compaoré. Au pouvoir pendant 27 ans, il en a été chassé, sous la pression de la rue, le 31 octobre 2014. Après une année de transition, les Burkinabés ont élu leur nouveau président. D’après les résultats provisoires, Roch Marc Christian Kaboré du Mouvement du peuple pour le progrès serait le grand gagnant de ces élections.
Ont participé à cette page : Manon, Grégory, Angélique, Mathilde, Sarah, Loris
Vol au dessus de l’Hexagone
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La participation des entreprises pollue la Cop21 Le Parc des expositions de Paris-le Bourget accueille la 21 e conférence des parties sur les changements climatiques. Ce sommet international, qui se tient du 30 novembre au 11 décembre prochain, recourt à la participation de « sponsors » pour se financer. Les associations écologiques accusent ces entreprises de se livrer à une véritable opération de greenwashing et d’alimenter la polémique. Une coopération suspicieuse où chacun trouve son compte.
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aurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, qualifie cet événement du « plus grand jamais organisé sur le sol français ». 196 délégations ou parties, plus de 40000 participants, 3000 journalistes et un budget avoisinant 187 millions d’euros. Une somme colossale qu’il faut impérativement amortir. L’Organisation des Nations Unies et le gouvernement français ont fait appel à des entreprises privées, dites « amies du climat », comme soutien financier. Ces aides, dont le montant reste à la discrétion de chaque groupe, devraient atteindre 20 % du coût total. Ces mécènes émanent de tous les secteurs d’activités, dont certains sont hautement producteurs d’émissions de gaz à effet de serre : transports, industrie et production d’énergie entre autres. Mais pourquoi des entreprises voudraient-elles financer un événement dont l’objectif est d’atteindre un accord contraignant, menaçant le cœur même de leurs stratégies ? Ces multinationales françaises ont assurément des intérêts abscons.
gociations sont aux mains des pollueurs. Elles reprochent en effet à ces derniers de vanter leurs engagements, alors que leur activité générale est problématique d’un point de vue environnemental. Cette utilisation à mauvais escient de l’argument écologique cache simplement une volonté de redorer leur image de marque : c’est le greenwashing. Selon eux, BNP Paribas, Engie, Suez Environnement ou EDF - quatre sponsors officiels - investissent directement dans le charbon à travers le monde. Air France est à la tête du secteur le plus polluant de France. Les Amis de la Terre sont allés jusqu’à déclarer que la « Cop21 est financée par des champions de la pollution ». Il ne faudrait pas que ce sommet devienne une foire commerciale. a Loris Martin
Des entreprises « climato-incompatibles » Les organisations non gouvernementales et associations écologiques estiment que les né-
a maigreur l à n o i itat
inc Dans la nuit du 24 au 25 ’ d l’Assemblée Nationale a élit surprisnovembre, d tout le monde en supprimant du le
projet de la loi santé, le délit d’incitation à la maigreur excessive. Cette loi avait été votée en avril dernier par les députés, une mesure concernant surtout les sites pro-ana (pro-anorexie).
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Des velléités dissimulées
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Le délit d’incitation à la maigreur avait pour principal enjeu de sanctionner tout ce qui favorisait l’anorexie. Cette maladie peut en effet constituer un danger de taille pour la santé en amenant les personnes concernées à de graves restrictions alimentaires. Le projet de loi avait pour objectif de punir les sites incitant à l’anorexie d’un an de prison et de 10 000 euros d’amende. Un bon moyen, a priori, de combattre ce fléau, touchant entre 30 000 et 40 000 personnes, dont 90 % d’adolescentes. Dans certains domaines d’activité, la pression liée à la représentation du corps mène souvent à sombrer dans ces travers. Le cas le plus flagrant est sans nul doute celui des mannequins. Aujourd’hui, les agences de recrutement exigent des jeunes postulantes qu’elles soient maigres voire très maigres. Après leur embauche, si ces jeunes filles veulent participer à des défilés de mode ou faire carrière dans le mannequinat, elles se doivent de respecter un régime drastique. Ce rationnement alimentaire est clairement communiqué par les agences qui les emploient.
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Aucune entreprise ne donne de l’argent sans attendre un retour sur investissement. Certaines d’entre elles ont préféré payer en nature. C’est le cas de Renault-Nissan qui fournira un service de navettes sur le site, grâce aux 200 voitures électriques mises à disposition. Le groupe familial Derichebourg, en collaboration avec Suez Environnement, va assurer le nettoyage, la collecte et le tri des déchets durant la conférence. De son côté, EDF veut assurer une fourniture d’électricité fiable et décarbonée. Une manière de renvoyer une image positive et inscrite dans le cadre de l’environnement. Toutes les entreprises sponsors pourront ainsi afficher le logo « Partenaire officiel Paris 2015 » pendant un an. Une visibilité qui les met indéniablement en valeur. Elles sont également invitées à un dialogue privilégié sur les enjeux de la conférence. C’est un élément essentiel, permettant aux lobbies de s’inviter à la table des négociations et donc d’influer sur les décisions. Corporate Europe Observatory a d’ailleurs dernièrement rendu un rapport expliquant le lien entre les lobbies industriels et la politique climatique de l’Union Européenne.
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Laurent Fabius, président de la COP21, a présenté à la presse les 20 premiers mécènes dont LVMH fait parti
Entre 30 000 et 40 000 personnes touchées par l’anorexie Jeudi 26 novembre, des députés, ainsi que des élus du parti des Républicains, ont approuvé la suppression de la loi contre le délit d’incitation à la maigreur excessive. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a validé cette décision avec Catherine Lemorton, présidente de la commission des Affaires sociales. A l’origine de cela, le constat d’une récente étude scientifique : les auteurs des sites incriminés sont eux-mêmes touchés par la maladie. Aussi, la ministre de la Santé refuse une loi qui tendrait à « repousser vers la clandestinité des jeunes ou des moins jeunes » déjà atteints par l’anorexie. Ce délit d’incitation à la maigreur excessive avait également suscité une forte réaction au niveau des professionnels, comme des associations luttant contre les troubles alimentaires. Un revirement politique paraissant d’autant plus lourd que l’anorexie mentale fait partie des pathologies psychiatriques occasionnant la plus forte mortalité dans notre pays. a Grégory Zerbone
Turbulences
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Quand l’islamophobie prend le pas sur la solidarité
Après les attaques terroristes de Paris revendiquées par Daesh, les manifestations racistes à l’égard de la communauté musulmane se sont multipliées. Tour d’horizon des amalgames nourrissant une islamophobie grandissante.
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rente-cinq. C’est le nombre d’actes anti-musulmans recensés par le gouvernement sur le territoire français, depuis les attaques du 13 novembre dernier. La Délégation Interministérielle à la Lutte contre le Racisme et l’Antisémitisme déplore notamment, dans son bilan, l’agression à coups de cutter d’une femme voilée à Marseille, au seul motif de son appartenance religieuse. Le rapport fait également état de dégradations de lieux de culte musulmans ou de manifestations anti-islam. Force est de constater que de tels exemples s’accumulent…
Retour à une situation post-Charlie Hebdo ? Des croix gammées et des inscriptions à caractère raciste dessinées sur plusieurs mosquées du pays, un homme d’ origine turque visé par balles pour sa couleur de peau dans le Nord, du jambon et du lard déposés sur le parvis d’un lieu de culte musulman dans le Doubs, ou encore des manifestations de militants d’extrême droite au slogan évocateur (« Islamisation hors de notre nation ») à Reims témoignent de cette situation. A Calais, plusieurs membres de mouvements identitaires nationalistes ont manifesté contre ce qu’ils qualifient de « génocide des blancs ». Un Coran a été brûlé au milieu du cortège. Et que dire encore de ceux qui contactent la police pour dénoncer un voisin vêtu d’une djellaba ? La liste continue de s’allonger et rappelle tristement celle émanant des attentats contre Charlie Hebdo, le 7 janvier dernier. Le nombre d’actes islamophobes avait connu une poussée démesurée dans l’Hexagone. Le Conseil Français du Culte Musulman observait alors
une progression de 122 % de ces actes dans les dix premiers jours suivant les attaques, soit 128 actions en 12 jours.
« Se convertir au christianisme avant qu’il ne soit trop tard » Le centre islamique de Corpus Christi aux Etats-Unis a été sommé de « se convertir au christianisme avant qu’il ne soit trop tard ». Des propos alarmants, qui ne sont pas sans rappeler ceux de Donal Trump préconisant la fermeture des mosquées du pays et le fichage systématique des citoyens musulmans. « La haine contre cette communauté n’a jamais été aussi forte », s’insurge Ibrahim Hooper, porte-parole du Council of American Islamic relations au Figaro. Outre-Manche, c’est le tabloïd anglais The Sun qui joue la carte de l’amalgame en titrant en une de son journal du 23 novembre dernier « Un musulman britannique sur cinq a de la sympathie pour les djihadistes syriens ». Ses méthodes de sondage douteuses et ses résultats approximatifs ont essuyé de nombreuses critiques auprès des instituts de sondages professionnels, comme des autres médias anglais. Cette polémique a rapidement fait réagir Twitter, avec l’émergence du hashtag #1in5muslmims tournant en dérision ce sondage discutable. « Un musulman sur cinq passe la sécurité à l’aéroport sans être sélectionné au hasard pour une fouille » écrit un internaute britannique. De l’humour qui sent toutefois le vécu… a Manon Dognin
Non, la cyber-violence n’est pas anodine Un vrai viol n’est-il pas le fait d’un agresseur inconnu et armé dans une rue déserte ? Si elle ne s’est pas débattue, n’est-ce pas parce qu’elle était consentante ? Comment un conjoint peut-il violer sa partenaire alors qu’ils ont habituellement des rapports sexuels consentis? Autant de questions encore trop souvent posées au détriment des victimes de violences sexuelles. Ce 25 novembre, l’ONU a proclamé la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes et a particulièrement pointé du doigt la cyber-violence, un problème à prendre très au sérieux.
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our certains, le 25 novembre, c’est la Sainte-Catherine, fête désuète des jeunes filles n’ayant pas trouvé de mari à l’heure de leur 25ème anniversaire. Pour d’autres, c’est la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, organisée par les Nations Unies depuis la résolution de décembre 1999. Son objectif : promouvoir la lutte pour les droits des femmes et, surtout, sensibiliser le public sur la situation complexe de ces dernières. Notons que 95% des comportements agressifs ou dégradants sur Internet visent les femmes, selon une estimation de la célèbre organisation. Un phénomène à suivre avec attention. L’ONU tire la sonnette d’ alarme face à la cyber-violence que subit une majorité de femmes à travers le monde. En effet, si nos ordinateurs et téléphones portables sont d’excellents moyens d’expression et d’émancipation, ils peuvent également se muer en véritables armes de destruction morale. Selon Mlambo-Ngcuka, en charge de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes au sein de l’ONU, « la violence en ligne a renversé les promesses positives » liées à Internet et à sa libre utilisation. « On en a fait un endroit qui permet la cruauté anonyme et facilite les actes nuisibles envers les femmes et les filles », a ajouté la secrétaire générale adjointe de l’ONU.
Du harcèlement au crime sexuel Du harcèlement en ligne au crime sexuel, en passant par la promotion d’une culture du viol, la cyber-violence présente plusieurs visages susceptibles d’ être lourds de conséquences. Avec les nouvelles technologies, une agression en ligne peut psychologiquement s’apparenter à une attaque physique. C’est le cas des personnes qui forcent des jeunes filles à se déshabiller devant leur caméra ou des ex-petit(e)s ami(e)s qui divulguent des photos de nus, souvent en guise de revanche. La plupart des menaces de mort ou de viol sur Internet sont considérées par le quidam comme des « blagues » ne présentant aucun danger pour la personne visée. Du côté des Nations Unies, une récente étude demande aux fournisseurs d’Internet, aux entreprises de téléphone mobile ou encore aux réseaux sociaux de jouer un rôle de gardien de la paix du web et de s’engager dans le combat contre le cyber-harcèlement des femmes . À bon entendeur. a Sarah Jobert
Focus : Planète censure
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La liberté de la presse dans le monde en 2014
Situation bonne Situation plutôt bonne Situation sensible Situation difficile Situation très grave © Classement RSP de 2014, édité par Mathilde Van Heuckelom
Turquie: chroniques de la censure Et si 2015 incarnait l’année du règne pour Recep Tayyip Erdogan ? Depuis sa réélection, le président turc s’illustre par sa fermeté et son désir revendiqué de restaurer la grandeur de son pays. Sa récente démonstration de force face à la Russie en atteste : même Vladimir Poutine, le chef de guerre, l’empêcheur de tourner en rond de la scène politique internationale, ne lui fait pas peur. Sur son sol, Erdogan est le seul maître et cela s’illustre dans les médias.
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aître, président, souverain, on ne sait plus très bien comment considérer le chef d’Etat turc. Ce qui est certain, c’est que si la Turquie se maintient dans la ligne directrice de cette année 2015, il n’y aura bientôt plus un seul journaliste qui osera aborder la question des abus de pouvoir d’Erdogan. Et pour cause, cette fin d’année constitue une déferlante de censure et de répression sur quiconque ose s’opposer à lui, particulièrement dans les médias.
L’assaut d’Ipek Media Le 28 octobre 2015, à seulement quelques jours des élections législatives, le bâtiment d’Ipek Media, où est regroupée près d’une vingtaine de sociétés, dont des chaînes de télévision (Bugün TV, Kanaltürk, Samanyolu Haber) et des quotidiens d’opposition (Bugün, Millet) a littéralement été pris d’assaut. A 4h30 du matin, plus d’une centaine de policiers, équipés d’attirails anti-émeutes ont été déployés devant les portes du siège à Istanbul. Il s’en est suivi un assaut particulièrement violent, où grenades lacrymogènes, coups de matraques et canons à eau ont été utilisés sans
réserve pour disperser la foule de manifestants et de journalistes opposés à l’opération. Les portes de l’immeuble ont été tronçonnées, les antennes d’émission coupées et certains chefs de rédactions passés à tabac. En représailles : 71 licenciements au sein du groupe, ainsi qu’un évincement de ces chaînes de la plupart des bouquets câbles et satellites. Pour le président du conseil d’administration d’Ipek Media, Hamdi Akin Ipek, rien de tout cela ne se serait produit si son groupe avait appartenu au pool de médias acquis au gouvernement. Le groupe fait toujours l’objet d’une enquête pour « financement et propagande du terrorisme », ce qui, selon les autorités, a justifié une telle intervention.
La confrérie de Gülen dans le viseur d’Erdogan Un motif bien loin de la réalité, puisque le président turc mène depuis plusieurs années une purge secrète au sein de son administration et des médias. Sa cible ? Les partisans de la confrérie Gülen. Ce mouvement nationaliste et religieux, largement composé d’intellectuels et de hauts placés dans la justice, a pour ambition de réconcilier la vie séculière et religieuse, la modernité et la tradi-
Focus : Planète censure
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tion. Les Gülenistes, anciens alliés d’Erdogan, lui ont permis d’obtenir une assise politique stable et une image de progressiste, après la tentative de coup d’Etat des militaires, en 2007. Mais ce puissant courant de pensée s’avère être un véritable contre-pouvoir idéologique face aux ambitions du président turc. Ainsi, depuis 2011, la confrérie est souvent associée à un mouvement terroriste par Erdogan et nombre de policiers, militaires et journalistes ont déjà fait l’objet de condamnations clairement liées à leur appartenance à ce courant. Le président du groupe Ipek, lui-même Güleniste, ne s’est donc pas étonné de l’attaque du 28 octobre et a instantanément accéléré la bataille juridique et médiatique contre Erdogan.
Les « insultes à Erdogan »
A la suite de cet évènement, le responsable du bureau d’Europe de l’est et d’Asie centrale de Reporter sans frontières a lancé ce signal d’alerte à la profession, ainsi qu’au monde entier : « La persécution des médias critiques a atteint un niveau extrêmement préoccupant pour la tenue des élections. L’acharnement du pouvoir à faire taire les médias du groupe Koza Ipek n’en est que la dernière illustration. Nous appelons de nouveau les autorités à y mettre un terme et à laisser les médias faire leur travail, conformément à la Constitution et aux conventions internationales qui engagent la Turquie. »
Il y a enfin le cas, désormais classique, des médias kurdes largement censurés et perquisitionnés, pour des motifs liés à l’encouragement au terrorisme.
Si Recep Tayyip Eddogan semble avoir du mal à accepter l’existence des médias d’opposition, il se montre également extrêmement susceptible en ce qui concerne les propos qui le mentionnent. Ainsi, au 30 septembre, dix-neuf journalistes faisaient l’objet d’une enquête et onze autres étaient en procès pour « insulte au président de la République ». Dernier affront en date, les 14 tweets critiques à l’égard du président turc par le directeur de rédaction de Today’s Zaman, Bülent Kenes. Celui-ci est pour le moment en liberté conditionnelle et en attente de son procès.
Aujourd’hui, la mondialisation nous offre la possibilité de prendre le relai de ces journalistes qui dénoncent les frasques totalitaires d’un président se rêvant monarque. Alors n’hésitons pas, si RSF fait parfaitement son travail, cette organisation ne peut être le seul canal d’alerte face à la censure. a Rémi Métral
Religion, conflit et dictature : le divorce de l’information En 2015, 152 journalistes ont été emprisonnés et 63 tués, comme l’indique Reporters sans Frontières (RSF), dans son baromètre des libertés de la presse en 2015. Une liberté qui ne cesse de se réduire. Des pays comme la Turquie, dont le cas a été évoqué précédemment, veulent un contrôle total sur leur presse. Mais pourquoi ?
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moraux ou immoraux, journalistes et blogueurs doivent faire face, dans un pays sur deux, à une forme de censure imposée par la religion. Prophètes, dieux ou Dieu et autres icônes n’aiment pas les journalistes allant à l’encontre de leur loi. Enfin, ceux qui sont censés l’appliquer n’apprécient guère ces libres penseurs. Si leurs propos sont considérés comme « insultants » ou « contraires à la morale », les conséquences pour ces journalistes peuvent être catastrophiques. Peine de mort, lynchage en public, assassinat dans le dos… ils ont parfois plus à craindre des fanatiques religieux que des lois elles-mêmes. Certaines peines sont très lourdes, voire d’une cruauté indicible. En Arabie Saoudite, (164e pays sur 181 au niveau de la liberté de la presse, selon RSF) le blogueur Raïf Badawi a été condamné, pour avoir fondé en 2014 le site Saudi Liberal Network, à dix ans de prison ferme, assortis de 1000 coups de fouet et d’une amende de 230 000 €.
Les journaux locaux, cible n°1
Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie, ce pays et l’Ukraine se disputent le contrôle des médias. En 2014, des représentants de la République populaire de Donetsk ont envahi les locaux d’une chaîne de télévision locale. L’information est un fantastique moyen de manipuler les foules, pouvoir la contrôler est un plus en tant de guerre que les belligérants utilisent à des fins propagandistes. Depuis le début du conflit, les chaînes télévisées locales sont dans la ligne de mire des protagonistes. Au fil des victoires militaires des uns et des autres, elles doivent s’adapter. Tantôt russes, tantôt ukrainiennes, ces antennes ne relaient plus d’informations, mais de la propagande. Les médias régionaux sont considérés comme les plus sûrs par les Ukrainiens vivant à l’est du pays. Ils sont donc la première cible des protagonistes qui cherchent le soutien de la population locale.
En Ukraine, les principaux médias russes ne sont pas diffusés. Les journalistes de ce pays ne sont pas autorisés à pénétrer sur le territoire et ils doivent, le plus souvent, se contenter de rester aux frontières. La création d’un ministère de l’Information en Ukraine témoigne des tensions que génère le conflit ainsi que dus désir du pays de contrôler l’information. Six journalistes ont déjà trouvé la mort, depuis avril 2014.
L’Etat islamique, un contrôle omniprésent
L’Etat islamique exerce une dictature de l’information sur les territoires qu’il occupe en Syrie et en Irak. Les journalistes n’ont d’autre choix que de couvrir l’information de loin ou la traiter avec un modèle imposé par Daesh. L’organisation terroriste possède sept chaînes de télévision et publie le magazine Dabiq, en version papier, à Raqqa. Elle n’hésite pas non plus à éliminer les journalistes dissidents, comme ce fut le cas pour les journalistes américains James Foley et Steven Sotloff, décapités en Syrie, en 2014. John Catlie, otage du groupe, a été forcé de réaliser un faux reportage sur l’Etat islamique, relayant le point de vue de l’organisation face aux combattants kurdes lors de la prise de Kobané. Daesh exige des journalistes qu’ils prêtent allégeance au calife Abu Bakr Al-Bagdadi. Le groupe a publié onze règles qui expliquent quel comportement ils doivent tenir. Par exemple, les professionnels de l’information ne peuvent publier un papier que s’il a été préalablement validé par les bureaux de presse de l’EI. Pour fuir la pression de ces organismes non-étatiques, certains décident de partir. C’est le cas d’Ammar al-Mamoun, journaliste syrien en exil à Paris : « Le groupe Etat islamique m’a menacé pour deux de mes articles. J’étais coincé, j’allais mourir » confie-t-il lors du Forum mondial de la démocratie qui s’est tenu le 2 novembre dernier. a Alexandra Pacrot
Classe Affaires
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L’Irlande, paradis fiscal européen pour les entreprises mondiales
Une Stratégie Payante Si la stratégie mise en place par Dublin pour attirer des entreprises est contes-
in
Mais la stratégie de Pfizer n’est pas la seule à être remise en cause. La fiscalité de l’Irlande est, elle aussi, pointée du doigt par de nombreux pays. Membre de l’Union Européenne depuis 1973, le pays possède l’un des plus faibles taux d’imposition sur les entreprises. Seuls Chypre et la Bulgarie ont un taux inférieur ou égal à celui de l’Irlande. La France (33%), L’Allemagne (30,2%) ou encore la Belgique (33,99%) sont bien loin de ces taux attractifs et peinent à attirer les très grandes entreprises. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui, certaines personnalités économiques parlent de concurrence fiscale entre pays, et notamment au sein de l’Union Européenne.
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américaine.
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pple, Facebook, Yahoo, Microsoft, Ebay, autant d’entreprises qui font partie des plus grandes et des plus rentables au monde. Un autre point commun les lie, le siège social de leur branche européenne situé en Irlande. Pfizer n’est donc pas la première entreprise à profiter de la fiscalité de ce pays. Sa fusion avec Allergan devrait permettre aux deux laboratoires de devenir le numéro 1 mondial, en pesant près de 160 milliards de dollars. L’intérêt est ailleurs pour Pfizer. Basé aupara-vant aux Etats-Unis, l’entreprise était sous la fiscalité américaine, où l’impôt sur les sociétés est de 35% contre 12,5% en Irlande. Le résultat sera immédiat, puisqu’aux Etats-Unis, Pfizer paie 26,5% d’impôts sur ses revenus, un taux qui devrait être de 17% en Irlande. Une opération qui fait grincer des dents les politiques américains. Ce type de manœuvre est qualifié de tax inversion et fait dé-bat dans la classe politique
b à ial soc
Le 23 novembre dernier, les laboratoires Pfizer et Allergan ont officialisé leur fusion. Une opération qui fait beaucoup parler car le but de Pfizer est avant tout fiscal. Avec cette opé-ration, le groupe va déménager en Irlande, un pays où la fiscalité est t rès avantageuse pour les entreprises.
© Oli Scarff
table (et contestée), elle n’en reste pas moins efficace. Car les entreprises installées dans le pays, et notamment dans l’informatique ont un véritable impact sur la vie locale et permettent de créer des emplois. Apple a annoncé, d’ici 2017, la création de 1000 postes à Cork, près de son siège social, portant ainsi le nombre de ses salariés en Irlande à 6000. a Romain Chaumier
Marathon politique de François Hollande contre Daesh
Le président de la République française ne cesse de courir à travers le monde. C’est un véritable marathon politique qui s’est mis en place pour François Hollande. Après les attentats du vendredi 13 novembre, le chef d’Etat socialiste essaye de créer une véritable coalition pour faire tomber Daesh.
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ashington, Paris, Moscou. Trois lieux emblématiques de la semaine de François Hollande. Créer une coalition contre Daesh, voilà la finalité de toutes ces rencontres de chefs d’Etat. Un objectif difficile à atteindre pour le président français. Les événements s’enchaînent et il n’est pas facile pour ce dernier de tout coordonner. La COP21, Daesh, deux questions importantes de l’actualité, qu’il n’est pas question de traiter à la légère. Daesh demeure au centre des préoccupations.
Obama, mais aussi à Moscou, pour discuter du cas de la Syrie avec Vladimir Poutine. Il a également reçu Angela Merkel à l’Elysée, ainsi que le Premier ministre italien, Matteo Renzi. Même si les résultats de ces rencontres ne sont pas ceux qui étaient espérés, ils s’inscrivent dans le concret. La COP21 sera aussi l’occasion, pour le locataire de l’Elysée, de rencontrer d’autres chefs d’Etat, à l’image du président iranien Hassan Rohani et de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan.
Plus qu’un symbole
Coordination plus que coalition
Même si le marathon diplomatique de François Hollande constitue une symbolique forte, le président français en attend des résultats concrets. L’homme de gauche souhaite que les actions militaires soient renforcées. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’est rendu à Washington, afin de rencontrer Barack
Le 16 novembre, devant le Congrès, François Hollande avait imaginé une « grande et unique coalition » internationale contre le djihadisme. Les fortes tensions entre la Turquie et la Russie ne favorisent pas la création de celle-ci. La Turquie a en effet abattu, mardi dernier, un avion militaire du Kremlin,
ainsi qu’un hélicoptère russe venu secourir les pilotes. Malgré l’absence de création de cette coalition, tous les chefs d’Etat s’accordent sur une chose : l’envoi de troupes au sol n’est pas une option.
Le frein du sort de Bashar al-Assad D’un côté, le duo franco-américain aimerait voir Bashar al-Assad quitter le pouvoir, de l’autre, le point de vue russo-iranien s’inscrit contre cette transition politique. Cette mésentente ne permet donc pas d’avancer dans l’établissement d’une coalition. Ce n’est pas parce que Laurent Fabius est prêt à associer l’armée syrienne aux combats contre Daesh que la donne va changer. Ainsi, la coalition internationale contre Daesh n’est pour le moment qu’une chimère, de nombreux points restent à travailler dans ce projet. a Marion Gergely
Classe Affaires
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Mauricio Macri réoriente la politique d’Amérique Latine Mauricio Macri est le nouveau président argentin. L’élu de centre droit prendra ses fonctions le 10 décembre. L’homme n’entend pas seulement changer la politique de son pays. Le Mercosur est au centre des attentions du chef d’Etat.
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e Venezuela est sur la sellette. La place du Venezuela dans le Mercosur (Marché Commun du Sud) n’est plus acquise. Mauricio Macri compte bien au prochain sommet, qui se déroulera à l’Asunción (Paraguay), le 21 décembre prochain, convaincre les membres que le Venezuela n’a plus sa place dans cette organisation. Le chef d’Etat argentin souhaite « invoquer la clause démocratique de l’organisation, contre le Venezuela, afin de protester contre les abus et la persécution dont sont l’objet les opposants ». Le Venezuela est actuellement dirigé par Nicolas Maduro. La raison pour laquelle Mauricio Macri demande la suspension du Venezuela du Mercosur est « la répression des opposants politiques et de la liberté d’expression ». Cette liberté d’expression reste une question au centre de l’actualité, comme vous pourrez le constater dans notre dossier (p. 6-7). Le Mercosur une entité importante Le Mercosur a été créé en 1991, avec la signature du traité d’Asunción, par l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Le Venezuela en est membre à part entière depuis juillet 2012 et le processus qui devrait permettre à la Bolivie d’obtenir ce statut est en cours depuis décembre 2012. Le Chili, la Colombie, l’Équateur et le Pérou en sont des membres associés. Le secrétariat, établi à Montevideo, fonctionne sur la base d’une présidence tournante semestrielle. Cette entité a pour but de coordonner la gestion de la macroéconomie de l’Amérique Latine. Chacun des pays membres a signé de nombreux traités pour faciliter leurs échanges. Le marché commun du Mercosur risque bien de vaciller avec la nouvelle politique de Mauricio Macri.
Les bouleversements politiques de Mauricio Macri Mauricio Macri n’est que le troisième président non péroniste depuis le retour de la démocratie en Argentine, en 1983. Le pays subit un véritable bouleversement politique, après douze années de pouvoir des Kirchner. L’élection s’est effectuée en deux tours, une première dans le pays. Outre les changements du Mercosur, le nouveau président compte bien modifier l’économie de son pays. Il critique très largement les taxes à l’ exportation, touchant notamment le soja. Cette taxe constitue une part importante du budget du pays. Sa promesse de supprimer ces taxes est un pari risqué pour un pays
subissant fortement l’inflation. « La principale urgence économique est d’avoir un plan pour réduire l’inflation », a-t-il expliqué dans un entretien accordé au quotidien La Nacion. L’ enjeu est de réparer les erreurs commises durant les mandats des anciens chefs de l’Etat argentin. « Il faut comprendre que gouverner c’ est dire la vérité et non mentir » explique Mauricio Macri sur la radio nationale. Les changements sont la force de cet homme. L’ Argentine et son président se situent donc au coeur des attentions de l’ Amérique du Sud. Mauricio Macri marquerait-il le début d’un grand changement sur le continent ? a Marion Gergely
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La Chine va développer des robots anti-terrorisme C’est lors de la conférence mondiale des robots, qui avait lieu à Pékin, que trois machines ont été présentées. Parmi les objectifs de celles-ci, la lutte contre le terrorisme.
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e terrorisme n’ est plus une question qui concerne seulement l’Occident. En Chine, certains groupes terroristes venus du nord-ouest du pays posent problème au gouvernement. C’est donc dans un contexte de menace d’attentats que la Harbin Institute of Technology Robot Group a pré-senté ses trois robots. Les trois engins sont un petit robot détective, un dispositif de désarmement de munitions et d’ explosifs, ainsi qu’un robot de combat. Le premier robot aura un rôle d’éclaireur, grâce à sa capacité de se déplacer sur des terrains accidentés ou montagneux et de détecter notamment des gaz toxiques. L’ objectif consistera ensuite à transmettre les informations sur les éléments suspects qu’il a pu détecter. En fonction de ces résultats, les deuxième et troisième machines entreront en action. Le robot chargé du désarmement sera capable, lui aussi, de résister à des conditions climatiques difficiles. Pesant 12 kilos, il pourra être transporté par des soldats agissant en autonomie, pour les aider dans leur mission. Enfin, le robot de combat armé sera capable de tirer avec une arme de petit calibre. Equipé d’une lunette, il sera apte à toucher des cibles éloignées. Mais ce n’est pas seulement dans la lutte contre le terrorisme que résidera l’utilité de ces petits engins. Si l’on en croit leurs créateurs, ils serviront également lors d’incendies et d’accidents. Le prix de vente de ces petits « jouets » est fixé à 230 000 dollars. a Romain Chaumier
Le Réveil de la Force a détruit l’univers étendu Avec la sortie du nouvel opus de la saga légendaire, il est temps de revenir sur l’univers étendu de Star Wars, un monde détruit à cause de ce nouveau film.
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ais qu’ est-ce que l’univers étendu ? Entre 1980 et 1983, la saga a développé une telle popularité que de nombreux auteurs, vidéastes, concepteurs de jeux ont décidé de perpétuer l’histoire au-delà du Retour du Jedi. Mais, depuis le rachat de la licence par Disney, l’univers étendu meurt à petit feu. En effet, le retour de Star Wars sur les écrans ne vise pas padawans, jedis et autres wookiees, mais le grand public. Le film est entré dans la légende et cette nouvelle adaptation est destinée au plus grand nombre, afin d’engranger un maximum de bénéfices. Évidemment, ce public plus traditionnel n’ a que faire de l’univers étendu.
Des publications qu’il va falloir oublier 35 ans de publications, formant un tout unique et cohérent, ont été mis de côté en un claquement de doigts. Les livres sont les seuls éléments à avoir été plus ou moins conservés. Ils seront désormais estampillés du label Legend, comme c’est le cas pour le livre de Timothy Zahn, auteur de L’Héritier de l’Empire. Pour tenter de faire passer la pilule en douceur, quatre livres ont été annoncés en attendant l’épisode VII de la saga, Star Wars : Le réveil de la Force. La maison d’édition Del Rey en conserve les droits. A contrario, les comics ont été confiés à Marvel, l’une des filiales de Disney. Les fans de l’univers étendu se sont indignés en masse sur les réseaux sociaux et les forums. Certains menacent même de boycotter ce nouvel opus. a Alexandra Pacrot
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Arme de pacification massive Nik Nowak est un pur condensé d’art contemporain « made in Germany ». Ce designer, tantôt mécanicien, tantôt ingénieur du son est un remarquable exemple de ce que la culture club berlinoise propose aujourd’hui. Ces derniers jours, la toile a massivement relayé les images de l’une de ses œuvres phare : le Panzer Soundsytem.
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i James Bond était une rockstar, Nik Nowak serait sans nul doute son fournisseur attitré de gadgets sonores. À moins que cet artiste de 35 ans ne soit lui-même l’ agent secret d’un art moderne, mêlant mécanique et sonorisation à basses fréquences. Avec son Panzer Soundsystem, construit à partir d’un wagon à benne de marque japonaise, il sillonne aussi bien les biennales d’art que les clubs branchés berlinois. Equipé d’une puissance de 4000 watts et d’autant de baffles qu’il en faut pour provoquer un raz de marée, le Panzer Soudsystem a récemment emporté l’intérêt unanime des internautes. Son œuvre, qui date pourtant de 2011, n’ est pas la dernière production de l’artiste allemand. Mais il est indéniable que son projet a largement fait écho auprès de la communauté web, suite aux terribles évènements qui se sont produits, aussi bien en Europe qu’au Moyen-Orient. Cet objet est une sorte de détournement ultime du tank de combat. Une cabine de commande est installée à l’arrière, le disque jockey s’y installe, à la place du tireur. Sa carrosserie est même dépliable, afin de transformer la coque du véhicule en façade sonore. Mais les chenilles sont opérationnelles et Nik Nowak s’est même offert le luxe d’un modèle amphibie, pouvant porter les vibrations jusque sous une pluie diluvienne. Un char indispensable à tout « concert asymétrique » digne de ce nom. a Rémi Métral
Le groupe Coldplay s’offre une promotion d’envergure Les fans l’attendaient, il arrive. Le nouvel album de Coldplay sera disponible dans les bacs le 4 décembre. Nommé A head full of dreams, il sera composé de 11 titres.
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ébut novembre, le groupe pop-rock avait collé de mystérieuses affiches dans Londres. Avec un symbole et en seule inscription : « le 4 décembre ». Les fans ont tout de suite fait le rapprochement avec la sortie d’un nouvel album, information confirmée par la suite sur Twitter. Coldplay, qui n’a plus rien à prouver, a adopté une nouvelle stratégie marketing pour faire patienter ses fans, le teasing. Omniprésent sur les réseaux sociaux et notamment sur Twitter, la troupe a su s’en servir pour partager des extraits de l’album avec la twittosphère. Après la chanteuse Adèle qui avait annoncé son nouveau single à succès « Hello » sur les réseaux sociaux, le groupe de rock my-thique s’est aussi approprié Twitter pour y faire sa promotion. Le 24 novembre, à 10 jours de la sortie de A head full of dreams, le groupe a éveillé l’intérêt de ses fans. A partir de 13h, un extrait d’environ 10 secondes de chaque chanson du nouvel album était posté une fois par heure. Tout juste le temps de découvrir une création à tonalité colorée et festive, contrastant avec le dernier disque plutôt sombre. L’album sera enrichi de collaborations avec Noël Gallagher, Beyoncé ou encore Obama. Un tournée internationale des stades en 2016 a été annoncée par le groupe. Coldplay était venu présenter le premier single de l’album, Adventure Of A Lifetime, lors des NRJ Musics Awards, en octobre dernier. Le clip, publiée sur le Facebook du groupe, a dépassé les 5 millions de vues en à peine 24 heures. Même après 20 ans de carrière, le groupe séduit toujours autant. a
Angélique Bernard
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La photo de la semaine
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Le Black Friday est le jour le plus attendu par les Américains après Thanksgiving ! Voir des personnes hystériques se battre dans les supermarchés du Middle West pour récupérer le dernier téléviseur en promotion, c’est tout de même très américain. Cette tradition commerciale essaie de conquérir la France d’année en année. Mais suite aux attentats de Paris, cet événement fut quelque peu paradoxal. Organiser une journée de soldes extrêmes, appelée « Vendredi noir », le jour même où la Nation rendait hommage aux victimes du 13 novembre, avouez-le, c’est embarrassant. Sarah Jobert
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Semaine du 30 novembre 15
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Immersion Japan Touch
2 La Japan Touch est le moment idéal pour devenir celui ou celle que vous avez envie d’être, grâce à la pratique du cosplay (voir p. X). Personnages de manga, de films ou de jeux vidéo ont tous été conviés à l’événement. Les cosplayeurs se prêtent volontiers aux jeux des photos avec les visiteurs friands de rencontrer leurs personnages favoris.
Du côté du Village des créateurs où se côtoient jeunes artistes en tous genres, des dessinateurs proposent de vous tirer le portrait façon manga ou encore de dessiner votre animal préféré à la mode japonaise. De quoi se faire plaisir et garder de beaux souvenirs de la Japon Touch.
Loin de se cantonner au monde du manga, le salon offre toute sa place à l’univers geek. L’espace jeux vidéo attire les foules. Il faut s’armer de patience pour accéder aux bornes d’arcade proposant de nombreux jeux vidéo rétros japonais. Non-initiés et gamers aguerris profitent de cette autre manière de jouer, loin de celles des consoles actuelles.
3 Moment phare du week-end, le concours de cosplay, qui a lieu sur la grande scène, fascine les visiteurs. Les cosplayeurs, métamorphosés, se mettent en scène sous le feu des projecteurs. Seul ou à plusieurs, ils font le spectacle devant de nombreux spectateurs attentifs. Sur la photo, les cosplays de deux personnages du jeu vidéo Diablo III.
Le style Lolita est une mode vestimentaire japonaise apparue au tout début des années 60. Contrairement aux cosplays, ce sont de véritables tenues vestimentaires. Il existe différents sous-genres comme la Sweet Lolita ou la Gothic Lolita. Au salon, La Maison de Chloé propose aux femmes une véritable séance de relooking à la mode Lolita.
Photos et légendes par Marlène Thomas
Les gourmands ne sont pas déçus. Parmi les nombreux étals de la Japon Touch, il est facile de trouver de délicieuses gourmandises japonaises aux emballages plus kawaii (« mignons ») les uns que les autres. Mochi (gâteaux de riz gluant souvent fourrés à la pâte d’haricot rouge) et autres friandises aux litchis ravissent les papilles.
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Bienvenue en terre kawaii Pour sa 17e édition, la Japan Touch continue de grandir en proposant cette année 30 000 m2 de surface d’exposition dans les halls d’Eurexpo. Associée au salon de l’Asie, la Japan Touch fait voyager ses visiteurs, durant un week-end, entre culture japonaise et culture geek. Jet Lag s’est rendu sur place samedi. 0000 m2 d’exposition, 200 exposants, 40 000 visiteurs attendus. Ces chiffres témoignent de l’engouement des Français pour cette culture japonaise multiforme. C’est un autre monde qui semble vivre au coeur des immenses halls d’Eurexpo. Dès l’entrée, une représentation du superbe Mont Fuji et 1500 m2 de jardins japonais plongent les Otaku (amateurs de mangas) dans l’ambiance du pays du Soleil Levant. Un non-initié à cette culture sera surpris de croiser de nombreux visiteurs costumés, cela se nomme le cosplay. Ainsi, il n’est pas rare de rencontrer des personnages tout droit sortis de Naruto, Pokemon ou encore Pandora Hearts. Mais les mangas sont loin d’être la seule source d’inspiration de ces passionnés : des personnages de comics comme le Joker ou encore de films, comme Gandalf du Seigneur des anneaux, peuplent les allées. Nombre d’entre eux portent une pancarte free hugs, une tradition amicale ancrée dans l’esprit convivial de ces événements. Quand les visiteurs, parfois venus de loin, ne participent pas aux ateliers de cuisine ou aux cours de japonais, ils flânent au milieu des exposants, à la recherche de produits dérivés de leurs franchises préférées ou de produits typiquement japonais. Les objets kawaii ne sont pas en reste, les peluches de pandas ou de chats sont un incontournable et ravissent en particulier les jeunes filles du salon. Katanas, figurines, mangas, t-shirts et autres bijoux s’exposent aussi dans un dédale presque infini de marchandises. A gauche du salon, il est aisé de se laisser happer par les odeurs toutes plus délicieuses de ramen ou de gaufres fourrées japonaises. A toute heure, de longues files d’attente s’étirent devant les stands de restauration. Un intrus, le vendeur de hot-dog essaie difficilement de trouver preneur au milieu de cette gastronomie asiatique. Repus, les visiteurs reprennent leur exploration du salon. Après un arrêt à la kermesse japonaise où il sera possible d’accrocher à l’arbre à souhaits des tanzaku (petites feuilles où est inscrit un voeu), de jouer à des jeux comme le Superball ou encore de se mettre dans la peau d’un sumo, les visiteurs reprennent le chemin de leurs vies occidentales, la tête emplie de souvenirs aux couleurs nipponnes. Marlène Thomas
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Japan Touch Haru
Lyon
Du 9 au 10 avril - Eurexpo Lyon Petit frère du salon de novembre, la Japan Touch Haru fonctionne sur le même principe, dans un espace légèrement moins important. Tarifs non dévoilés pour l’heure.
Japan Expo Paris Du 7 au 10 juillet Parc des Expositions de Paris-Nord Villepinte
Paris
Le plus grand festival de la culture et des loisirs japonais a recensé pas moins de 247 473 visiteurs en 2015, dans un espace équivalent à 18 terrains de football. Tarifs : Forfait 4 jours 56 €, Billet Zen 80 €. Entrées à la journée de 12 à 25 €.
Japan Expo Sud
Marseille
Agenda Pop culture
Si vous avez manqué ce week-end d’immersion dans la pop culture japonaise, Jetlag a sélectionné pour vous trois événements du même type.
Du 19 au 21 février à Marseille Chanot Palais des Congrès et des expositions Dans une moindre ampleur, la Japan Expo se délocalise dans le Sud, afin de permettre au plus grand nombre d’y accéder. Tarifs : Pass 3 jours 33 €, Billet Zen 45 €. Entrées à la journée de 10 à 15 €.
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Cécile, cosplayeuse « C’est changer de peau qui m’intéresse » L’art du cosplay (costume et playing) consiste à se muer en personnages de mangas, films, jeux vidéo, tant au niveau physique que dans l’attitude. Cette pratique, née sous l’impulsion des fans de Star Trek aux Etats-Unis dans les années 70-80, s’est ensuite largement répandue au Japon, dès 1990. Rencontre avec Cécile Roupénian, une cosplayeuse de 18 ans. Jet Lag : Depuis quand pratiquez-vous l’art du cosplay ? Cécile Roupénian : Je ne sais pas si on peut vraiment parler de cosplay, mais depuis que je suis toute petite j’adore me déguiser, je n’ai jamais loupé un carnaval ou un Halloween. J’ai découvert les Japan Expos voilà quatre ans, mais je ne me cosplay vraiment que depuis deux ans. Sinon j’ai toujours réalisé des créations, des déguisements, j’adore cela. C’est vraiment changer de peau, incarner un personnage que l’on n’est pas, adopter des attitudes que l’on n’aurait pas dans la vraie vie qui m’intéresse là-dedans. J.L : Pourquoi avoir choisi ce cosplay ? Quel personnage représente-t-il ? C.R : Il représente Sebastian Michaelis du manga Black Butler, sous sa forme de démon. Dans le manga, on ne le voit pas sous cette forme, on n’aperçoit que ses pieds, donc des chaussures à talons et des cornes. Cela permet de laisser l’imagination assez libre, je lui ai donc rajouté des ailes. J’ai quand même décidé de garder un veston avec une chemise pour rappeler le côté major-d’homme de Sebastian et qu’on le reconnaisse aussi un peu. J’ai beaucoup hésité à utiliser une perruque, mais c’est aussi cela qui fait que l’on identifie le personnage. J.L : Quelles sont les étapes de la création d’un cosplay ?
C.R : La première étape consiste à trouver l’idée, c’est assez long de choisir un cosplay qu’on a envie de faire et qui nous corresponde en même temps. Pour la réalisation du costume, j’ai d’abord commencé par fabriquer les cornes, en papier mâché sur une base de papier aluminium, pendant toute une journée. Je les ai ensuite fixées sur un serre-tête et peintes. Je suis alors partie à la recherche d’habits : je n’aime pas acheter un cosplay tout fait, je préfère le réaliser moi-même. Je suis donc allée dans des magasins pour hommes afin d’en rapporter des vestons, des chemises. Je me suis ensuite attelée à la fabrication des ailes qui m’ont demandé trois jours pour tout finaliser : acheter le tissu, sélectionner les matériaux, agencer le tout. L’armature principale est réalisée grâce à de faux serpents en mousse contenant une tige de fer, dénichés à la Foir’fouille pour Halloween. Après avoir coupé la tête des serpents, je les ai utilisés pour les tordre et les mettre dans le sens voulu. Puis, j’ai cousu sur la forme du tissu des gaines de fils électriques que mon papa m’avait gentiment fournies. Les petites cornes sont en polystyrène entouré de chatterton. Réaliser un cosplay peut très vite devenir cher, c’est pour cela que j’essaye de le faire au maximum avec des matériaux de récupération. J.L : Quand vous vous cosplayez, essayez-vous aussi d’incarner psychologiquement le person-
Je préfère réaliser mon cosplay moimême
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nage ? C.R : Totalement ! C’est assez difficile, mais dès qu’on me demande de poser pour des photos, je ne reste pas « normale ». Les gens souhaitent voir le personnage, ils prennent en photo ce que vous représentez. C’est dans l’expression et la conviction que l’on met pour incarner son personnage que l’on reconnaît aussi un bon cosplayeur. Certains sont trop timides et n’osent pas le faire, je ne suis pas forcément très à l’aise moi aussi, mais je me dis que ce n’est pas moi qu’ils photographient, c’est Sebastian. Le cosplay permet de se faire des contacts, de rencontrer des gens, de discuter, de partager des avis et c’est vraiment cela qui est formidable. On créé des liens qui n’auraient jamais été possibles, si on n’avait pas été cosplayé. « Le conseil c’est ‘Lancez-vous’ » J.L : Avez-vous des projets d’autres créations? C.R : J’essaye de réaliser une tenue steampunk (genre artistique lié à la science-fiction correspondant à un univers industriel) pour changer un peu mon cosplay de démon, tout en gardant les ailes et les cornes. Je veux mêler les deux univers. J’ai également un cosplay Harry Potter en tête. Je ne veux pas forcément représenter un personnage réel, sinon j’aurai fait Drago ou Lucius Malfoy, mais je ne suis pas blonde et je ne suis pas un homme… Cependant, je resterai dans l’univers de Serpentard. J.L : Des conseils pour les débutants ? C.R : Je pense que le conseil c’est « Lancez-vous ». J’ai moi aussi été un jour débutante et je me considère encore en tant que telle quand je vois de magnifiques cosplays, à l’aspect très travaillé. Il faut juste se dire « j’ai envie d’être ça » et petit à petit, trouver des éléments qui peuvent nous rapprocher de ce personnage, sans forcément chercher à lui ressembler complètement dès le début. Quand les gens reconnaissent votre personnage et que vous n’êtes pas cosplayé de façon habituelle, vous vous sentez
puissant ! (rires) J.L : Que pensez-vous de l’extension de la pratique cosplay en France ? C.R : Je suis totalement pour ! Je trouve cela génial d’exporter cette autre culture. Le cosplay permet aux gens de se libérer un peu, en changeant de peau, en changeant de personnage. J’espère que cela va continuer, qu’il y aura encore plus de concours de cosplay et de gens géniaux pour faire cela. Si seulement le métier de cosplayeur pouvait exister ! J.L : Un avis sur la Japan Touch ? C.R : C’est plutôt pas mal, même s’il est vrai que le salon est légèrement plus petit que celui de la Japan Expo. Mais la fréquentation y est aussi très importante. Malheureusement, avec les événements de ces dernières semaines, on croise moins de cosplays extravagants. Une amie a dû changer d’idée au dernier moment, car elle savait qu’elle serait interdite d’entrer en portant deux grosses massues cloutées. Elle a donc opté pour celui de Kiki la petite sorcière, mais la sécurité a quand même refusé qu’elle rentre avec son balai. Tout objet susceptible d’être utilisé avec violence doit rester à la consigne. Il est vraiment dommage que les attentats nuisent un peu à l’événement. Propos recueillis par
Marlène Thomas
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Violettes, rouges, vertes, bleues. Courtes ou longues. Une bonne cinquantaine de perruques attentent de trouver preneur. Touche finale d’un cosplay réussi, elles permettent de changer n’importe quel quidam en un personnage tout droit sortie d’un manga. Marlène Thomas
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