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L’appropriation culturelle fracture les USA Le Boston Globe se projette en 2017
Pas de paradis sans enfer fiscal juhdydhxxaidSemaine du 25 avril 16
Sommaire
P3 ESCALES TOUS LES
CHIFFRES,
TWEET & INFOS
2 AU DESSUS P4 VOL DE L’ HEXAGONE « TOUS DEBOUT
P5 TURBULENCES L’UTOPIE DU
POUR FAIRE TOMBER MELTING POT AMÉRICAIN QUELQUES VERROUS » P6 MÉDIAS
À RETENIR NUIT DEBOUT:
BOLLORÉ
SEUL CONTRE TOUS
« TOUS DES CONS » LE BOSTON GLOBE
& LE PRÉSIDENT TRUMP
P8 CLASSE AFFAIRES SALAH ABDESLAM FACE À LA JUSTICE
L’AVENIR POLITIQUE SE JOUE EN HONGRIE
P10 DUTY FREE
ÉTERNAL : ADIEU PRINCE L’A PPLI MÉMOIRE
P7 FOCUS : LES
TABOUS DE L’ÉVASION FISCALE
L’ENFER FISCAL
LE RÈGNE
DE LA CENSURE CHINOISE PHOTO DE
P12 LA SEMAINE
SUPER
TUESDAY
STARS WARS VODD : LE NETFLIX
L’ENVERS DU DÉCORS DU CINÉMA D’ART ET D’ESSAI DISCRIMINATIONS
CONTRE LES LGBT AUX USA
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Touche pas à ma culotte
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ichel Sapin a-t-il vraiment fait claquer l’élastique de la culotte d’une journaliste lors du Forum économique de Davos ? En mai 2015, 40 femmes journalistes (du collectif Bas les pattes) signent une tribune dans Libération dénonçant le sexisme dont elles font les frais en politique, sans citer de noms. Un an plus tard, le livre Elysée off des journalistes Stéphanie Marteau et Aziz Zemouri dévoile le nom du ministre des finances Michel Sapin, provoquant un tollé sur les réseaux sociaux. La lumière reste à faire sur l’affaire de la culotte aussitôt démentie par le collectif Bas les pattes, ainsi que par le ministre. Pour autant, la « culotte gate » a pour effet de soulever le problème du sexisme ambiant et banalisé dont sont victimes les femmes journalistes, en France comme ailleurs. Une enquête, publiée sur le site du Guardian, révélait qu’une journaliste sur cinq spécialisée dans les hautes technologies avait déjà fait croire qu’elle
était un homme pour éviter les critiques. L’universitaire toulousaine Marlène Coulomb-Gully revient également, dans son livre 8 femmes sur un plateau, sur ce qu’ont subi diverses journalistes politiques TV durant leur parcours. Ainsi, Anne Sinclaire s’est retrouvée à devoir cirer les chaussures de Jean-François Khan avant un débat et Danièle Breem, une des premières journalistes politiques femmes, se faisait uriner sur les pieds par ses homologues masculins quand elle lisait ses papiers à l’antenne. Ces comportements aberrants, flirtant même avec le harcèlement sexuel, devraient être bannis depuis bien longtemps. Avant que la société ne promeuve d’artificielles lois de parité, l’égalité des sexes devrait s’établir sur la base d’un respect mutuel, dans les milieux professionnels comme personnels. Pour accéder à une réelle égalité homme-femme, un long chemin reste à parcourir… a Marlène Thomas
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NOTRE ÉQUIPE Rédactrice en chef : Marlène Thomas Secrétaire de rédaction : Manon Dognin Journalistes : Marion Gergely, Angélique Bernard, Romain Chaumier, Grégory Zerbone, Loris Martin, Rémi Métral, Alexandra Parcot, Marlène Thomas, Manon Dognin et Sarah Jobert Maquettiste : Sarah Jobert Edité par Jet Lag Magazine SA 47 Rue Michel Berthet CP606 Lyon cedex 09 Tél. +33(0)4 72 85 71 73 E-mail : jetlaglemag@gmail.com Couverture © MARION GERGELY
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C’est désormais la place qu’occupe la France dans le classement annuel de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse. 7 places ont été perdues par rapport à l’an dernier. RSF regrette qu’une « une poignée d’hommes d’affaires ayant des intérêts extérieurs au champ des médias finissent par posséder la grande majorité des médias privés à vocation nationale ». L’assassinat des 8 journalistes de Charlie Hebdo en janvier 2015 participe aussi à la chute du pays dans ce classement. L’association a souligné que la situation de la liberté de la presse s’était dégradée à peu près partout dans le monde.
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L’opposition syrienne se retire des négociations de Genève La situation sécuritaire en Syrie est au point mort. Les négociations de Genève peinent à avancer et pour marquer son agacement, l’opposition au régime de Damas a décidé de se retirer des discussions le 19 avril dernier. Cette décision intervient suite aux bombardements effectués par l’aviation du régime, qui ont tué au moins 44 civils dans deux marchés de la province d’Idlib. « Nous attendons du Groupe international de soutien à la Syrie qu’il prenne des mesures décisives contre celui qui massacre le peuple syrien », a déclaré à la presse Riyad Hijab, le coordinateur de l’opposition.
C’est le nombre de nouvelles écoles maternelles qui vont être implantées en France pour scolariser les enfants autistes, à la rentrée 2016. Au total, trente unités d’enseignement spécialisé ont été créées au sein des maternelles depuis septembre 2015. Aujourd’hui, elles permettent la scolarisation d’enfants autistes âgés de 3 à 6 ans. Cet accompagnement a pour optique de mobiliser les aptitudes d’intégration sociale et d’apprentissage des enfants, et ce, le plus tôt possible. A terme, cela devrait permettre à ces élèves de suivre un cursus scolaire classique et de connaître une vie plus sereine.
Tel est le nombre de tests d’émission de CO2 qui ont été truqués par la marque Nissan. Le 20 avril dernier, le géant automobile Mitsubishi a avoué avoir manipulé ces tests sur certains des véhicules du groupe. Le constructeur japonais avait promis de présenter de meilleures performances énergétiques. «Les méthodes pour mesurer les économies de carburant n’étaient pas conformes aux normes japonaises. Nous présentons toutes nos excuses à nos clients », a indiqué Tetsuro Aikawa, le PDG de la marque. Suite à cette annonce, Mitsubishi et Nissan annoncent l’arrêt des ventes de ces véhicules.
La chaîne Al-Jazeera America a cessé d’émettre Lancée en 2013, la filiale américaine de la célèbre chaîne qatarie d’information en continu, Al-Jazeera, a cessé d’émettre le 12 avril dernier, deux semaines avant la date initialement prévue. Pourtant loué pour la qualité de son information, le média, qui a reçu plusieurs prix journalistiques prestigieux, n’a pas su trouver son public face aux géants CNN ou Fox News. Al-Jazeera America n’a pas pourtant pas dit son dernier mot, la chaine a annoncé le développement de nouveaux services en ligne, notamment sur les supports mobiles.
367 députés COP21 : L’accord de Paris signé par 175 pays Cette semaine, une actualité pleine d’espoir est apparue sur le compte Twitter de François Hollande et a fait la Une sur les réseaux sociaux : l’accord de Paris (hashtag #AccordDeParis) de la COP21. Après l’aboutissement des négociations du mois de décembre, les représentants de 175 pays - dont la Chine, plus gros pollueur du monde - ont signé l’accord destiné à ralentir le réchauffement de la planète, un record. Le président français, présent au siège de l’ONU, a appelé ces pays à le ratifier le plus vite possible.
ont voté dimanche en faveur de la destitution de Dilma Rousseff. Ils étaient 136 à soutenir l’actuelle présidente du Brésil. Les deux tiers des voix soit 342 étaient requises pour permettre aux putchistes de lancer la procédure « d’impeachment ». Un second vote aura lieu en mai, au Sénat qui pourra la mettre en accusation pour « crime de responsabilité » et l’écartera du pouvoir pendant 180 jours.
Une motion de défiance votée contre le directeur d’information de France TV L’étau se resserre autour du directeur d’information de France Télévisions, Michel Field. Une motion de défiance a été votée à son encontre, le 19 avril dernier, par les rédactions de France 2, France 3 et FranceTV info. Elle a été adoptée à une large majorité, avec 65% des voix. Bien que le nouveau patron du groupe ait exclu de démissionner à l’issue de ce vote, ce dernier s’en trouve fragilisé. Les équipes de France Télévisions se battent contre la fusion des rédactions et entendent défendre le maintien de magazines à l’antenne, afin de proposer une offre plus diversifiée au public. Ont participé à cette page : Sarah, Grégory, Manon et Angélique
Vol au dessus de l’Hexagone
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Nuit Debout : «Ce n’est qu’un début» Ce mardi 19 avril 2016, place Guichard, c’est le 10ème jour d’occupation des lieux pour Nuit Debout à Lyon. Parmi eux, Marie, chargée de communication pour le journal Fakir d’un certain François Ruffin, le déclencheur de ce mouvement. Ne croyez-vous pas que seuls les médias prennent au sérieux le mouvement Nuit Debout et que la classe politique française vous ignore ? Peut-être mais c’est ce qui nous importe, le reste viendra. Vous savez, le film Merci Patron ! de François Ruffin a joué un rôle de catalyseur pour cette action. Si l’on devait retenir une seule leçon de ce film en termes de lutte, ce serait que désormais, seule la pression médiatique peut faire plier les gros bonnets’’ face aux gens du peuple. Je pense que seule la communication la plus large possible peut faire bouger les consciences. C’est la raison pour laquelle j’ai adhéré au groupe. Je ne crois plus au vote depuis longtemps. L’appareil de communication, tenu par la classe dirigeante, est complètement verrouillé. La visibilité donnée par la mobilisation des Nuits Debout nous permet de faire sauter quelquesuns de ces verrous. Je suis aussi persuadée qu’il n’y aura pas de convergence des luttes tant que nous n’aurons pas cassé les clichés des petits jeunes révoltés qui viennent boire et fumer. Il faut donc être le plus possible présent dans le paysage médiatique, en occupant des places publiques. Pourtant, certains médias ne vous encensent pas et vous reprochent un manque cruel de fond dans vos débats. Il faut être présent dans le paysage médiatique, mais pas à n’importe quel prix ! Les médias que nous choisissons, comme Médiapart, font preuve d’un minimum de sérieux et d’honnêteté à notre égard. Ce qui n’est pas le cas de tous. Ensuite, il faut éviter de se disperser en débattant sur des sujets trop différents. Toutefois, c’est le rôle des assemblées générales : libérer la parole de chacun en 2 ou 3 minutes seulement. C’est forcément plus difficile de détailler des opinions de la sorte. Votre communication n’est pas toujours bien comprise alors que vous en faites une priorité. Comment l’expliquer ? Il y a aussi la fatigue qui veut cela. Or, c’est aussi une question d’organisation des structures. Nous savons que parfois cela part dans tous les sens et devient incompréhensible pour les personnes extérieures, pourtant en accord avec le mou-
vement. C’est également une question de production et de diffusion des contenus. Il me paraît indispensable de trouver des outils qui permettent aux très nombreuses personnes avides de nourriture intellectuelle de penser, formuler leur ‘’ras-le-bol’’ correctement et d’avoir des compléments d’information pour alimenter leurs discours. Nous le faisons déjà sur les stands qui proposent des lectures-débats. Nous voulons que les membres de Nuits Debout en produisent aussi sous la forme de communiqués ou de petits hebdomadaires synthétisant le contenu des sept journées. A chaque fois, dans l’ours, les contacts des référents seront mis à jour. Ce n’est donc pas fini, ce n’est que le début. a Loris Martin
© Alexandra Pacrot
Le mouvement Nuits Debout s’est déporté à Lyon et attire des curieux.
i ne s’étiole pas u q t Nuits en Debout sont unLesmouvement m e uv révolte né à Paris à la suite du projet dede o m la loi travail, proposé par Myriam El Khomri. n U Un projet qui ne plaît pas du tout à une grande majorité des salariés et qui s’exporte partout en France.
Les escaliers de la place Guichard se remplissent lentement. Le soleil se couche sur Lyon. La foule qui s’est massée sur les gradins ne ressemble pas à des manifestants. Odeurs de tabac froid, cendriers faits en canettes de coca ou de bière, fumée de joints. L’ambiance est étrange avant le début de l’assemblée générale. Le public présent vient de tous les horizons. Jeunes, moins jeunes, pour ne pas dire carrément vieux, hommes, femmes, quelques gamins un peu perdus au milieu de la place. Mais quand les organisateurs prennent le micro, que les premières idées s’exposent, cet étrange public disparate se tait. Des dizaines de regards se rivent sur la grand-mère qui vient de prendre son micro. Ses convictions et sa colère transparaissent dans sa voix. Elle parle si vite que les deux femmes, perchées sur les marches des escaliers et qui traduisent son discours en langage des signes ont du mal à la suivre. Cheveux courts grisonnants, petite femme rondelette, s’appuyant sur une canne, la sexagénaire a su se faire entendre. « J’appelle à la grève de la consommation ! Et ça, ça les fera vraiment chier ! » glapit-elle. Les bras se lèvent, les mains s’agitent pour montrer l’approbation. Deux, trois sifflements fusent, et quand la vieille dame retourne prendre sa place, elle est accueillie par un tollé d’applaudissements. Un sourire discret, fugace, et elle confie à la ronde : « J’ai soixante-quatre ans, je suis communiste depuis plus de trente ans. Je suis à la retraite. Mais, je vous assure que je ne vais pas me laisser marcher dessus par ces cons du gouvernement ! » Une autre personne s’avance. Un jeune homme, à peine la trentaine. Il a la voix qui tremble un peu, mais quand il prend le micro, ses mains s’agitent. Tant et si bien qu’il ne parle pas toujours dans le micro et que l’organisateur lui demande de ne plus bouger. Son ton hésite légèrement, il balbutie sur les premières phrases. Mais quand il appelle à la grève générale, la moitié des auditeurs lève les mains, en signe d’acquiescement. Plus rouge qu’une pivoine, les yeux baissés sur les pavés, l’homme continue tout de même son discours. « Pendant la grève, les transports ne circulent plus qu’aléatoirement, bloquant ceux qui vont au travail. Sans comprendre que ceux que nous voulons gêner ne prennent ni bus, ni train, ni métro. Par contre, si pendant cette journée de grève, les transports sont gratuits pour tous, là, il y a moyen d’être entendu ! » a Alexandra Pacrot
Turbulences
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Etats-Unis : le melting pot à l’épreuve de l’appropriation culturelle
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La couleur de peau n’est pas une culture
Mais alors on est en droit de se demander si ce n’est pas un crime pour les artistes d’arborer les codes d’une autre culture dans un clip. Ce ne sont peut-être pour eux que de simples jeux de rôles. Est-ce une couleur de peau qui définit une culture, ses traditions et son patrimoine ? Justin Bieber ne s’est-il pas contenté de suivre une tendance, sans pour autant avoir pour objectif de démontrer la prétendue domination d’une classe sur une autre ? Cet argument revient à dire que le melting pot américain n’est qu’un vaste idéal, puisque de toute manière le communautarisme semble vouloir rester la norme. a Manon Dognin
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écemment, c’est Justin Bieber qui se retrouve fourvoyé au sein d’une polémique récurrente aux Etats-Unis. La raison ? Le chanteur arbore une nouvelle coiffure sur les réseaux sociaux : des dreads. Non, ce n’est pas tant l’aspect esthétique de la chose qui défraye la chronique. Il est en fait reproché au jeune homme de s’approprier les codes de la culture noire. « Appropriation culturelle », ce terme que l’on entend à répétition ces derniers temps, sans savoir avec exactitude ce qu’il signifie ou lorsqu’il peut-être légitime de l’employer. Susan Scafidi, auteure d’un © Ben Toms livre sur le sujet, décrit cette tendance comme « le fait de s’emparer de la propriété intellectuelle, du savoir traditionnel, des expressions culturelles de quelqu’un d’autre sans sa permission. » Copier au lieu de lutter contre le racisme Le cas de Justin Bieber est loin d’être isolé, de nombreuses personnalités américaines Lorsque certains y voient un simple effet de mode, d’autres crient sont accusées de s’approprier la culture au cruel manque de respect. Une situation qui semble très sympafro-américaine à travers leurs vêtements tomatique des Etats-Unis et qui reflète un malaise communautaire ou leur comportement. Mais alors, en quoi toujours très ancré. Quand la cadette des sœurs Kardashian s’affiche est-ce si dérangeant ? Usurper les codes avec des tresses africaines sur son Instagram, les internautes se déd’une autre culture sans en connaître la si- chainent : « Elle ferait mieux d’utiliser son pouvoir pour dénoncer gnification n’est pas lui rendre hommage. les violences faites aux noirs et le racisme. » Les arguments des personnes réfractaires La stigmatisation entraine la haine et renforce toujours un peu plus à cette pratique sont clairs : cela devrait les stéréotypes assimilés aux minorités. C’est pourquoi certains sous-entendre un échange et un partage membres de la communauté noire américaine trouvent scandamutuel, là où l’appropriation culturelle a leux que des blancs imitent les traits de leur culture sans souffrir en trop souvent tendance à oublier la commu- contrepartie de la discrimination qu’ils subissent chaque jour. nauté d’origine.
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Aux Etats-Unis, s’approprier les caractéristiques d’une culture autre que la sienne peut être très mal perçu. A priori simple crêpage de chignon sur les réseaux sociaux, le débat sévit toutefois depuis plusieurs années. Des polémiques qui en disent long sur la fracture communautaire plus que jamais d’actualité Outre-Atlantique.
Médias
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Le Boston Globe s’essaye à la politique-fiction sur Donald Trump Le quotidien du Massachusetts a fait le buzz le 9 avril dernier en créant une fausse Une sur Donald Trump, imaginant ce dernier président des Etats-Unis. Publiée dans les pages opinion du journal, l’article apparaît comme un véritable travail romancé pour transmettre un message.
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Les expulsions vont commencer » : c’est avec ce titrechoc que le Boston Globe ouvre cette Une datée du dimanche 9 avril 2017. Le quotidien s’est essayé, dans ses pages opinion, à un exercice de politique-fiction, donnant une vision apocalyptique des Etats-Unis avec Trump dans le rôle du Président. Le Globe prend aux mots le candidat républicain et met ainsi en application plusieurs de ses promesses de campagne, notamment les plus controversées. Le faux président promet des expulsions « tellement rapides qu’elles donneront le tournis » aux immigrés illégaux. A propos de l’Etat Islamique, un article titre également : « Les soldats américains refusent de tuer les familles de terroristes de l’EI ». Le Boston Globe a aussi profité de l’occasion pour se moquer du candidat républicain à travers ses dérapages médiatiques. Une brève rapporte ainsi que le président Trump est dans la short list du prix Nobel de la paix 2017 pour avoir « guéri le schisme de 1385 ans entre Chiites et Sunnites qui est à l’origine de conflits sanglants depuis des années ».
La politique-fiction dans la littérature mais aussi dans le journalisme L’intention du journal avec cette Une est expliquée dans l’édito qui l’accompagne. Dans ce texte intitulé « Le parti républicain doit arrêter Trump », le Boston Globe s’inquiète des valeurs du candidat qu’il juge « contraires aux valeurs de l’Amérique ». Le
quotidien ajoute que la vision du milliardaire sur le pays « promet d’être aussi épouvantable dans la vraie vie que sur cette page en noir et blanc ». Avec cette fausse Une, le Boston Globe a eu une idée originale lui permettant de dévoiler son opinion sur Donald Trump. Néanmoins, le genre de la politique-fiction, lui, n’est pas nouveau. Dans la littérature bien sûr, il est largement présent, avec chaque année des ouvrages qui se plaisent à imaginer un résultat d’élection ou un événement inattendu et les conséquences de celui-ci. Le dernier en date ? La bande dessinée « La Présidente » montrant Marine Le Pen comme locataire de l’Elysée en 2017. Dans le journalisme, plusieurs titres se sont eux aussi essayés à cet exercice. Le Monde avait ainsi publié en 2010 « Le procès de Chirac ». Une fiction politique, rédigée sous un pseudonyme, par deux journalistes imaginant le procès de l’ancien président, consécutif à l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Europe 1 s’était aussi pris au jeu l’été dernier dans son émission Médiapolis. Les commentateurs de l’émission, qui traitent habituellement du rapport entre communication et politique, avaient créé une série intitulée Médiapolis fiction. L’idée était de faire réagir les interlocuteurs habituels de l’émission sur des évènements qui n’existaient pas. Un travail énorme en données, interviews et reportages fictifs qui permettaient de s’imaginer la prise de contrôle de TF1 par Daesh ou encore le retour de Dominique Strauss-Khan dans la vie politique. a Romain Chaumier
Un pari anti-échec : Hanouna au Zapping de Canal Plus Déjà omniprésent sur la chaîne D8, Cyril Hanouna pourrait débarquer sur Canal+. Selon Le Canard Enchaîné, le dernier pari de Vincent Bolloré consisterait à lui confier le Zapping de la chaîne à la rentrée prochaine.
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olloré continue son ménage. Le réalisateur du Zapping, Patrick Menais, est devenu numéro un sur la liste noire de l’homme d’affaires. Pour le remplacer, quelle meilleure idée que de miser sur Cyril Hanouna, animateur phare de D8, susceptible de faire souffler un vent nouveau sur la chaîne payante ? En septembre dernier, Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, prend la tête de la Canal+. Depuis, des changements notables sont intervenus, des animateurs et émissions mythiques ont été supprimés. Les premiers à en faire les frais ? Les Guignols de l’info, visibles uniquement en crypté ou en replay sur Dailymotion dans la soirée. Le Zapping, qui recense les moments marquants du petit écran, est également menacé. Le Monde annonçait que Patrick Menais, aurait été convoqué par la direction pour son manque de solidarité envers Bolloré, et serait sur un siège éjectable. En effet, récemment Le Zapping s’est encore attaquée à son patron en diffusant des extraits de l’émission « Complément d’enquête » de France 2. Le remaniement de la chaîne effectué par Vincent Bolloré, dans l’optique d’y placer ses proches, y est notamment pointé du doigt.
L’objectif, faire de Canal + une chaîne premium
Deux schémas principaux émanent de la stratégie de Bolloré. Le premier, un grand ménage dans la direction. Le second, la réduction des programmes en clair pour se concentrer sur les abonnés. Le Grand journal, Le Petit journal, le Zapping, ces émissions phares de Canal+ pourraient bien ne plus être accessibles gratuitement. En termes d’audimat, Le Grand Journal est le plus affecté, divisant par deux son nombre de téléspectateurs, depuis le départ d’Antoine de Caunes. Au vu des coûts de production élevés, revoir les chiffres à la baisse s’impose mais sans se préoccuper des audiences. Est-ce la bonne stratégie à adopter ? En tout cas, les abonnés sont mécontents puisque leur nombre a aussi chuté, ils ne sont plus que 5,7 millions, soit 300 000 de moins qu’en 2014. Les dettes du groupe Canal sont estimées à un milliard d’euros. Face à ces chiffres alarmants, l’homme fort de Canal + a mis un coup de pression jeudi, à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires Vivendi. Il a annoncé que si la situation ne s’améliorait pas, les chaînes Canal+ pourraient disparaître des écrans… Affaire à suivre. a Angélique Bernard
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Les tabous de l’évasion fiscale La bombe médiatique des Panamas Papers a remis les paradis fiscaux dans le viseur des administrations du monde entier. S’interroge-t-on pour autant sur l’existence des enfers fiscaux ? En Chine, l’affaire a tout simplement été ignorée. Focus sur les non-dits du scandale financier qui secoue la planète.
Pas de paradis sans enfer fiscal
Focus : les tabous de l’évasion fiscale
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L’affaire des Panama Papers a une fois de plus fait ressurgir la problématique des paradis fiscaux. L’attrait pour ces lieux idylliques, réservés aux puissants, ne serait-il pas conditionné par des enfers fiscaux bien réels et connus de tous ?
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ossack Fonseca. Avant 2016, ce nom n’était connu que des professionnels de la fiscalité internationale, des banquiers et avocats. L’idée d’évasion fiscale était alors liée à des pays européens comme la Suisse, le Luxembourg, le Lichtenstein… Depuis le scandale des Panama Papers, les choses sont un peu différentes. Le Monde a contribué à révéler un phénomène mondialisé de grande envergure. 205 pays sont concernés par l’affaire, preuve que l’évasion fiscale est bel et bien une discipline de haute voltige, un sport international auquel s’adonnent les grands de ce monde, des firmes transnationales aux riches particuliers, en passant par les dirigeants politiques. L’existence de structures telles que Mossack Fonseca en témoigne : rien n’est trop compliqué pour échapper à une administration trop gourmande. En effet, mettre en place un montage de sociétés dites « offshore » (ou écrans) dans des pays étranger pour stocker ou faire transiter de l’argent n’est pas une mince affaire. C’est là un processus onéreux, parfois lent et qui nécessite surtout une discrétion de chaque instant. La matière fiscale est par ailleurs très fluctuante. Elle change aisément au cours d’une gouvernance….elle est même l’une des priorités pour n’importe quel programme politique dans le monde. Pratiquer l’évasion fiscale, c’est réaliser un investissement risqué qui requiert des spécialistes performants et coûteux. Tout cela (les Panama Papers nous l’ont montré), des milliers de personnes physiques ou morales sont prêtes à l’affronter. Comment ? Les journaux nous le rabâchent : Par le « Paradis », la terre promise, l’Eldorado façon « taxfree ».
Paradis pour les uns, enfer pour tous Cet emploi du mot paradis n’est pas qu’une image. L’ affaire Cahuzac, Offshore Leak, Lux Leaks, Swiss Leaks, UBS sont autant de quêtes d’ascension au paradis de l’évasion fiscale. Pour ces pèlerins d’un autre genre, un enfer bien réel doit exister : celui des impôts sur les sociétés, de la taxation sur la fortune et de l’imposition des dividendes. Il ne peut y avoir de paradis sans enfer et il est certain qu’une partie de l’explication de ce phénomène provient directement des régimes fiscaux des Etats. Le propre des scandales financiers est de concerner des sommes astronomiques, à peine envisageables pour nombre d’entre nous. L’évasion fiscale a un coût, elle ne peut être financée ailleurs que dans les sphères déjà riches : celles des multinationales et des grandes fortunes. Mais à bien y réfléchir, l’enfer fiscal n’est pas que l’apanage des riches et des puissants. Dans l’Union Européenne où prime l’Etat providence, la fiscalité n’étouffe pas que les plus riches. Ces régimes solidaires font contribuer l’ensemble des citoyens. Mais les riches sont-ils les plus à plaindre ? Si l’on prend appui sur le modèle français, la réalité est bien loin des idées reçues. D’après le CREDOC (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), les 10 % les plus modestes contribuent à hauteur de 46 % de leur revenu, contre seulement 39 % pour les plus aisés. Un phénomène propre à la France car nulle part ailleurs les plus riches payent moins, en proportion, que les ménages aux revenus inférieurs. Dans de telles circonstances, comment ne pas être scandalisé par cette terrible fourchette que présente le Sénat dans ses rapports sur l’évasion : entre 30 et 50 milliards d’euros échapperaient à la France chaque année. Mais leur situation est également enviable : sortir de l’enfer fiscal n’est hélas pas donné à tous et il faut bien une fortune, personnelle ou industrielle, pour se le permettre.
Le secret bancaire : curseur entre enfer et paradis L’idée d’enfer fiscal ne tient pas uniquement à la quantité d’impôts et de prélèvements qu’un pays fait peser sur ses contribuables, car des mécanismes tels que les niches fiscales viennent largement les contrebalancer. Il existe cependant une notion qui fait sensiblement bouger la pression fiscale : le secret bancaire. Ce dernier, consistant pour une banque à ne pas divulguer à autrui les informations propres à un client, ne s’exerce pas partout dans les mêmes conditions. En France, l’administration fiscale a plein pouvoirs en matière d’information bancaire et il est ainsi impossible à une société d’avoir des comptes opaques. Dans d’autres pays, comme la Suisse, ce secret est bien moins tangible dans la mesure où certaines conventions peuvent obliger une banque à fournir les informations à l’Etat dont l’un de ses clients est ressortissant. Mais, dans certains pays, comme le Panama, le secret bancaire est parfaitement inviolable. Il est alors à la charnière entre enfer et paradis, mais à l’heure où l’Union Européenne renforce l’opacité des entreprises, il y a fort à penser que les Panama Papers ne seront qu’un énième scandale dans la longue histoire de l’évasion fiscale. a Rémi Métral
Focus : les tabous de l’évasion fiscale
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Les révélations des Panama Papers censurées en Chine
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Epinglé par les révélations des Panama Papers du Consortium international des journalistes d’investigation, le gouvernement chinois a répondu à ces accusations par une censure des plus sévères.
Trouvez et supprimez toutes les informations sur les Panama Papers (…) Si du contenu provenant de sites étrangers attaquant la Chine est découvert sur quelque site que ce soit, l’affaire sera traitée sévèrement. » Ces instructions, données par le service de censure de l’Internet chinois, ont des airs de 1984 de Georges Orwell. Révélées par le site China Digital Times, basé aux Etats-Unis, les consignes n’ont pourtant rien d’une fiction. Selon l’enquête menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) sur les archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, près d’un tiers des entreprises dont le cabinet s’occupe sont chinoises. Huit membres, anciens ou actuels, du comité permanent du bureau politique sont notamment mis en cause, dont un proche du président Xi Jinping. Des renseignements d’autant plus fâcheux que le chef du gouvernement a fait de la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale une priorité de son mandat, notamment en signant un accord de coopération fiscale avec l’OCDE, en août 2013. Des cadres du Parti Communiste Chinois (PCC) avaient aussi été arrêtés pour servir d’exemple et assainir le parti. Cependant, aucune réforme n’oblige les responsables à déclarer leurs actifs.
Les « princes rouges » pointés du doigt Parmi les huit membres haut placés cités, surnommés les « princes rouges », le nom de Deng Jiagui est pointé du doigt. Marié à la sœur de Xi Jinping, Qi Qiaoqiao, Deng Jiagui est propriétaire de trois sociétés. La première, créée en 2004, a été dissoute il y a neuf ans et les deux autres, basées aux Iles vierges britanniques, sont en sommeil depuis que Xi Jinping a pris la tête du PCC, en 2012. Selon le New-York Times, en juin 2014, le couple avait aussi revendu ses parts dans au moins dix de ses entreprises, à la demande de l’actuel président. Des proches de deux autres membres de l’actuel Comité permanent du PCC, Zhang Gaoli et Liu Yunshan, détiennent des sociétés offshores. Enfin, Jasmine Li, petite-fille de Jia Qinglin, ex-membre du Comité permanent et Li Xiaolin, fille de l’ancien premier ministre Li Peng, sont apparues dans les documents. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que des « princes rouges » sont épinglés par une enquête journalistique. En 2014, grâce aux documents de l’affaire Offshore Leaks, l’ICIJ dévoilait que 20 000 clients chinois ou hongkongais étaient liés à des compagnies offshores situées dans des paradis fiscaux. Le nom de Deng Jiagui avait déjà été assigné à cette enquête ainsi que dans celle de l’agence Bloomberg portant sur la fortune de la famille de Xi Jinping, en 2012. Par trois fois, une même constatation : les autorités chinoises ont censuré la quasi-totalité des informations relatives à l’enquête, en bloquant notamment les sites étrangers. Aucune poursuite n’a eu lieu en 2014 et le même schéma se reproduit cette année. Ainsi, les différents médias ont
été tenus au silence. Le Global Times, un des médias officiels, a déclaré dans un éditorial que ce scandale faisait partie d’une campagne de « désinformation » ayant pour objectif « d’attaquer les élites politiques non occidentales ». Comme d’autres titres, le journal a tout de même insisté sur la mise en cause de Vladimir Poutine, en omettant bien sûr de citer les responsables chinois.
Les réseaux-sociaux bridés Au-delà de la presse, les réseaux sociaux ont aussi fait les frais de cette censure. Sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, tous les posts mentionnant les mots Panama Papers en mandarin ou en anglais ont été supprimés, tout comme les termes beau-frère, Deng Jiagui, offshore, Panama … Un message d’erreur a alors été envoyé aux internautes les utilisant : « Conformément aux lois en vigueurs (…), les résultats de la recherche « Panama Papers » ne sont pas affichés ». Sur Freeweibo, un site recensant les posts bloqués, le terme le plus censuré est sans conteste « Panama ». Le même constat est à faire sur le moteur de recherche Baidu. Seules quelques bribes d’informations, décrivant l’investigation ou la promesse du gouvernement français d’étudier en détail les révélations, y apparaissent. La Chine, elle, n’est encore une fois mentionnée nulle part. Cette censure n’a rien d’étonnant, le président lui-même déclarait en marge de la deuxième édition de la Conférence mondiale de l’internet qu’elle « est nécessaire pour préserver la liberté des internautes ». Avec ses 670 millions d’utilisateurs du web (20 % du trafic mondial), la Chine arrive toutefois à la dernière place du classement de l’ONG américaine Freedom House sur la liberté d’usage d’Internet. Fin mars, le gouvernement chinois a même présenté un ensemble de nouvelles règles pour l’usage du net qui prévoient de bloquer tous les sites web « étrangers » ne terminant donc pas par « .cn ». La muraille du numérique semble devenir de plus en plus infranchissable. a Marlène Thomas
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Salah Abdeslam extradé vers la France pour répondre de ses actes
lam « souhaitait rentrer en France le plus vite possible et qu’il voulait s’expliquer làbas ».
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e transfert du prisonnier était attendu. L’opération, menée dans la plus grande discrétion, s’est tenue à l’écart de toute bavure. Salah Abdeslam est arrivé vers neuf heures sur le sol français sous escorte du GIGN. Il a ensuite été présenté aux juges d’instruction français en vue de sa mise en examen, au moins pour « participation à une organisation terroriste ». Il était incarcéré à la prise de Beveren et sera désormais détenu au centre pénitencier de Fleury-Mérogis (Essonne), l’un des plus grands d’Europe. Il sera placé « dans un quartier d’isolement » a annoncé le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas. Présenté comme le logisticien des attentats de Paris, il n’a quasiment pas collaboré avec les autorités belges. Les investigations sont au point mort. Le mois dernier, Sven Mary, son avocat en Belgique, avait rapporté que Salah Abdes-
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Arrêté en Belgique le 18 mars dernier, Salah Abdeslam, seul survivant des commandos terroristes du 13 novembre, a été transféré en France mercredi 27 avril.
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Une coopération franco-belge pointée du doigt Quatre mois de cavale et puis s’en vont. Enfin pas vraiment. Un mois a coulé entre l’accord de la justice belge pour son transfert et son arrivée dans l’Hexagone. Les enquêteurs belges ont voulu l’entendre sur plusieurs affaires internes, notamment sur la fusillade de Forest, trois jours avant d’être arrêté à Molenbeek. L’opération avait dégénéré, conduisant à la fuite du terroriste qui avait été interpellé quelque temps après. Il a été inculpé en Belgique le 21 avril dernier pour « tentative de meurtres comme auteur ou coauteur ». Un comble pour un
terroriste responsable de la mort de centre trente innocents. La Belgique avait promis ne plus s’opposer à son départ après cette inculpation. Sauf que les attentats de Bruxelles, trente-deux morts, ont entravé cette démarche. Arrêté quatre jours auparavant, Salah Abdeslam a-t-il tenu un rôle dans les attentats ? C’est ce que ce sont demandés les enquêteurs belges et qui ont retardé son extradition vers la France. a Loris Martin
La loi sur le travail dominical abrogée sans référendum en Hongrie
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En Hongrie, les demandes de référendums pour l’abrogation de la loi sur le travail dominical se multiplient et restent lettre morte. Le gouvernement l’a finalement annulée, sans consultation populaire.
n an et 18 demandes de référendums contre la fermeture des magasins de plus de 400 m2 le dimanche. Le choix de garder portes closes ce jour-là émane d’une loi, portée par la droite nationaliste et appliquée depuis avril 2015. Pourtant, 68% de la population se disaient favorables à cette ouverture dominicale (Ipsos 12/2015). Depuis la chute du communisme, il y a 25 ans, le travail dominical était autorisé dans le pays et vu comme un symbole de liberté. Le rétro-pédalage du gouvernement de Viktor Orbán est donc mal vu par la population. Finalement, Antal Rogan, ministre chargé de la communication, a annoncé, le 11 avril, que la loi serait abrogée.
Un choix stratégique
Derrière la prétendue volonté de protéger les salariés, certaines personnes soupçonnaient Viktor Orbán de vouloir satisfaire son allié du parti chrétien-démocrate. Les détracteurs soulevaient aussi le désir du gouvernement d’accabler les grandes surfaces étrangères, déjà soumises à de nombreuses taxes, pour favoriser les distributeurs locaux et la chaine CBA, un des financeurs de la campagne du partie d’Orbán. Les 18 demandes de référendum ont été rejetées par la Commission nationale électorale, présidée par le Fidesz, parti du Premier ministre. Parmi elles, le député socialiste Istvan Nyako a tenté sa chance pour la 3ème fois. Alors que le député s’apprêtait à déposer sa requête à
la Commission, il s’est vu bloqué par une douzaine de vigiles. Cette démonstration de force a servi un homme venu déposer une demande de référendum pour le compte d’une retraitée, mariée à un ancien maire du Fidesz. La question était «Êtes-vous d’accord pour que les commerces continuent à rester fermés le dimanche ?» Deux référendums ne peuvent pas être déposés sur le même sujet. L’affaire a résonné jusqu’à la Cour suprême qui a relevé l’illégalité de ce blocage et validé la question du député socialiste. Le gouvernement a fait le choix stratégique d’abroger la loi avant même que le référendum ne se tienne, afin d’empêcher l’opposition de galvaniser les foules avant les législatives de 2018. a Marion Gergely - Marlène Thomas
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La multiplication de lois anti-LGBT indigne la société américaine Dans plusieurs Etats, les gouvernements républicains conservateurs votent des lois ciblant la communauté LGBT. Elles suscitent de vives réactions et certaines sanctions se font déjà ressentir.
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n juin 2015, la Cour suprême, plus haute autorité judiciaire du pays, légalisait le mariage homosexuel sur l’ensemble du territoire américain. Une décision historique, qui pour beaucoup marquait le début de l’égalité entre la communauté LGBT et le reste du pays. Aujourd’hui, la question des droits des communautés lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles revient sur la table. L’exemple qui a fait le plus parler à l’international est celui de la Caroline du Nord, avec ce que les Américains appellent désormais la « Bathroom Bill ». La loi votée stipule que les personnes transgenres doivent se rendre dans les toilettes correspondant au sexe inscrit sur leur acte de naissance et non à celui qu’ils ont aujourd’hui. Initié par le gouverneur républicain Pat McCory, le champ d’application de la loi a depuis été réduit face à la levée de boucliers qu’elle a provoquée.
le chanteur Bryan Adams et l’humoriste Tracy Morgan dans le Mississippi sont notamment concernés. Des voix d’oppositions plus surprenantes se sont aussi élevées. C’est le cas de celle de Donald Trump qui a déclaré, à propos de la « Bathroom Bill », qu’il fallait laisser « les choses comme elles sont » et que la situation ne posait que « très peu de problèmes ». Mais ces lois polémiques n’ont pas suscité que des oppositions au sein de l’opinion américaine. Le candidat républicain à l’investiture Ted Cruz, connu pour ses positions conservatrices, a déclaré : « En tant que père, je ne suis pas vraiment enthousiaste à l’idée qu’un homme puisse aller seul aux toilettes avec mes petites filles. » a Romain Chaumier
Des lois qui indignent (presque) tout le monde Dans le même registre, l’autre Etat qui a fait parler de lui est le Mississippi. Là encore, c’est un gouverneur républicain qui a promulgué au début du mois une loi visant la communauté LGBT. Cette dernière, qui rentrera en application au mois de juillet prochain, donnera la possibilité à une entreprise, une organisation religieuse ou un fonctionnaire de refuser un service à des couples homosexuels, en fonction de ses croyances religieuses. Le gouverneur Phil Bryant précise que le but de cette loi est avant tout de protéger « les croyances religieuses sincères et les convictions morales. » C’est aussi l’argument qu’avançaient les gouverneurs du Tennessee et de Géorgie pour justifier des lois similaires, promulguées dans leurs Etats. La mise en place de ces réformes a suscité une vague d’indignation dans le pays. Plusieurs entreprises ont pris position contre les Etats qui les ont promulguées. C’est le cas par exemple de Paypal qui a annoncé, après le vote de la loi, l’annulation d’un projet en Caroline du Nord qui devait créer 400 emplois. En Géorgie, ce sont les studios de cinéma Disney et Marvel qui menacent de ne plus tourner sur ce territoire. Même discours chez les artistes et chanteurs, de plus en plus nombreux à annuler leurs concerts dans les villes concernées. Bruce Springsteen, Cindy Lauper, Ringo Starr, le Cirque du Soleil en Caroline du Nord ou encore © AP
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Prince est mort, vive le roi ! Prince, une des plus grandes figures de la pop, a été retrouvée sans vie dans sa résidence de Paisley Park, dans le Minnesota. Retour sur une légende humaine.
A
près le décès de David Bowie, en janvier dernier, une autre légende de la pop moderne vient soudainement de s’éteindre. 2016, une année maudite pour l’histoire de la musique. La disparition de Prince, survenue le jeudi 21 avril, a secoué une nouvelle fois la planète. Six jours plus tôt, son avion privé avait dû se poser d’urgence, afin que le chanteur de 57 ans soit hospitalisé. Il souffrait depuis plusieurs semaines de symptômes proches de la grippe. Malgré cette hospitalisation, Prince s’est produit en concert le lendemain soir. Un choc pour le monde de la musique qui perd une grande figure, emplie de talent et d’intelligence. Vedette omniprésente des 80’s et 90’s, le Kid de Minneapolis était devenu, un quart de siècle plus tard, un mythe, en rupture complète avec l’industrie musicale traditionnelle.
Prince comme prodige Au faîte de sa gloire, Prince multipliait les projets. Le showman mêlait alors musique et cinéma comme jamais, concevant des bandes son à l’écran tout droit sorties de son imaginaire. « Purple Rain » est bien un long-métrage musical le mettant en scène, avant d’être une bande-originale culte. A l’heure de refermer sans trop y croire le cercueil sur les traits fins d’un musicien inclassable, on le revoit gorgé de vie et capable d’endosser le rôle de punk de service androgyne, et d’autres personnages déjantés. Dansant sur ses talons au milieu d’un solo impossible, il lançait des clins d’œil amusés au public. L’image de la grâce ne meurt jamais. a Sarah Jobert
Star Wars cache son côté obscur Star Wars, la saga cinématographique planétaire, cache bien des dérives. Drogue, dépression, alcool, prison : la notoriété n’a pas que de bons côtés.
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ake Lloyd, la bouille blonde âgée de 10 ans en 1999, célèbre pour son rôle d’Anakin Skywalker dans le premier volet « La menace fantôme », a connu le succès très tôt et n’a pas su rebondir. Il assurait que Star Wars avait gâché son enfance et sa carrière. Après avoir subi des moqueries et une surmédiatisation, il a décidé de se retirer du cinéma. Il mène aujourd’hui une vie loin des paillettes, mais multiplie les frasques. Il a été incarcéré en 2015 après une course poursuite en voiture. Récemment, il a même été diagnostiqué schizophrène et interné en hôpital psychiatrique. L’acteur a toujours reproché à George Lucas de ne pas l’avoir protégé face à sa médiatisation, il en paye aujourd’hui les pots cassés. Mais Jake Lloyd n’est pas le seul dans cette situation. D’autres membres du casting lui ont emboîté le pas. Carrie Fisher, interprète du rôle de la Princesse Leïa, n’a pas échappé aux problèmes de drogue l’obligeant à se tenir écartée des plateaux TV. Hayden Christensen, qui jouait Anakin dans les épisodes II et III, s’improvise agriculteur depuis peu. Malgré quelques autres apparitions à l’écran, son rôle dans la saga n’a pas suffi à faire décoller sa carrière. Padmé, incarnée par Natalie Portman, a aussi souffert de l’après Star Wars. Face aux critiques sur sa prestation, elle confiait avoir eu du mal à trouver sa place dans le monde du cinéma. a Angélique Bernard
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Eternal, l’appli des mauvais élèves
VODD, le petit Netflix lyonnais
Las d’apprendre vos leçons ? Ce problème pourrait bien devenir de l’histoire ancienne. Grâce à la nouvelle application Eternal, les étudiants peuvent mémoriser leurs cours plus facilement, à l’aide d’un GIF animé relié à un lieu de leur choix.
Une jeune start-up, baptisée VODD, propose à ses abonnés de retrouver de nombreux films à la demande souvent méconnus du grand public ou difficiles d’accès. Ce service de vidéo lyonnais est doucement en train de se faire un nom sur le web.
U
P
n jeune américain, du nom de Spencer Yen, vient de créer une nouvelle application aide-mémoire. Etudiant du lycée de Saratoga en Californie, il connaît bien la difficulté d’apprendre ses cours par cœur. La solution à ce casse-tête ? Eternal. Disponible sur l’Apple store pour 99 centimes, cet outil permet, par le biais de moyens mnémotechniques, de retenir plus facilement des leçons. Programmée par le jeune homme pendant les vacances de Noël, l’application associe un GIF animé avec un lieu. Par exemple, pour retenir un cas de jurisprudence de la Cour suprême, qu’il place mentalement sur son bureau, l’appli le lie à un GIF de Kanye West avec Taylor Swift. Quand il veut s’en rappeler, il visualise les deux stars se battant sur son bureau. Avec seulement 200 dollars investis, Eternal compte déjà près de 1000 téléchargements. Mais ce n’est pas une première pour Spencer Yen, Eternal est en effet la neuvième application que le jeune programmateur commercialise. « J’avais déjà vu à la TV que des lycéens créaient des applications, je me suis dit : ’’pourquoi pas moi ? ‘’ Il est presque magique de voir comment la technique fonctionne réellement sur votre mémoire », confie-t-il à la presse locale. a Grégory Zerbone
résente depuis peu dans le paysage lyonnais, la startup VODD fournit un service complet de vidéo à la demande. Pour la modique somme de 5 euros par mois, les abonnés accèdent à un contenu extrêmement varié. Tout y est : des films d’action américains aux documentaires, en passant par de courts ou longs métrages asiatiques. A l’ouverture du site, 250 films enrichissaient déjà le catalogue. La jeune entreprise veut promouvoir des films riches en potentiel, souvent oubliés du grand public. « Notre objectif est de permettre aux abonnés de découvrir des films diffusés lors de festivals ou autres événements cinématographiques. Nous voulons montrer qu’il existe beaucoup de courts ou longs métrages de qualité, même s’ils ne passent pas dans les cinémas » indique Sébastien Morizot, un des co-fondateurs de VODD. Sur le marché depuis le 22 janvier, cette petite société compte dans ses rangs six membres dont les trois co-fondateurs. Trois partenaires, dont un développeur, viennent prêter main-forte à l’équipe. « Nous sommes une bande de potes, on se connaît tous très bien, nous travaillons dans la bonne humeur, et ça c’est le plus important » explique Sébastien Morizot, le sourire aux lèvres. VODD a pour ambition de développer un réseau social afin de permettre aux utilisateurs d’échanger. a Grégory Zerbone
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Photo de la semaine... Troisième « Super Tuesday » pour les Américains. Carton plein pour Donald Trump et double quine pour Hillary Clinton. La course pour l’investiture présidentielle est lancée depuis de nombreux mois et oppose d’un côté une boucle d’or démocrate et de l’autre Trump, l’impitoyable républicain. Six semaines avant la fin des primaires aux États-Unis, les électeurs des deux partis ont voté, mardi 26 avril pour un nouveau « Super Tuesday» (au nord est du pays). Les trois quarts des grands électeurs ont désormais choisi leur camp. a Sarah Jobert © DR