Paysages culturels viticoles & Développement local

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2019 - 2020

PAYSAGES CULTURELS VITICOLES &

DÉVELOPPEMENT LOCAL

UNE NOUVELLE VALORISATION DE NOTRE PATRIMOINE VITICOLE

MAXENCE BAJARD

ENSAG - M1 AE&CC


REMERCIEMENTS : Je souhaite remercier David GANDREAU, mon directreur de mémoire, pour l’aide qu’il a su m’apporter, ainsi que pour son investissement. Je remercie également l’ensemble des personnes qui m’ont aidé à la réalisation de ce mémoire, pour leur accompagnement et les connaissances apportées sur le sujet. Celui-ci n’aurait sans doute pas était le même sans eux. Ma famille et mes amis de l’ENSAG, pour leur soutien au quotidien.

Enseignement sous la direction de Anne COSTE Mémoire encadré par David GANDREAU Master 1 - Architecture, Environnement et Cultures Constructives ENSAG - 2019 / 2020

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Paysages culturels viticoles et

développement local


SOMMAIRE : INTRODUCTION

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1.

CONTEXTE ET PROBLÉMATIQUE :

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1.1.

Les paysages culturels viticoles : ............................................................................

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1.2.

Un patrimoine en mutation : ...................................................................................

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1.3.

L’émergence de l’œnotourisme : ............................................................................. 10

1.4.

Paysages culturels et développement local : Vers un nouveau paradigme .......... 11

1.5.

Problématique : ....................................................................................................... 12

1.6.

Hypothèse de recherche : ....................................................................................... 13

2.

CLASSIFICATION, CONSERVATION ET VALORISATION DU PATRIMOINE :

15

2.1.

Évolution de la notion de Patrimoine : ....................................................................

17

2.2.

Chartes et recommandations : ................................................................................ 21

2.3.

Principes d’analyse : ...............................................................................................

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3.

ANALYSE DES PRATIQUES ACTUELLES DE CONSERVATION ET DE

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VALORISATION DES PAYSAGES CULTURELS VITICOLE FRANÇAIS :

3.1.

Vignoble Bordelais : ................................................................................................

43

3.2.

Vignoble Champenois : ...........................................................................................

57

3.3.

Vignoble Bourguignon : ........................................................................................... 71

3.4.

Vignoble du Beaujolais : .......................................................................................... 85

3.5.

Synthèse d’analyse : ...............................................................................................

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CONCLUSION

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ANNEXES

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BIBLIOGRAPHIE

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INTRODUCTION : Accompagnant nos repas depuis de très nombreuses années, le vin s’impose comme un produit incontournable de la culture française. Générant près de 12,7 milliards d’euros en 2019, les vins et spiritueux français sont les deuxièmes contributeurs à la balance commerciale du pays derrière l’aéronautique, et sont les premiers contributeurs pour la filière de l’agroalimentaire. (Intervin, 15/03/20) L’activité vitivinicole représente alors une part non négligeable de notre pays et rassemble de nombreux acteurs de la vigne et du vin (viticulteurs, négociants ...) mais aussi d’autres acteurs indirects (emplois saisonniers, services logistique, communication...). Cette fascination pour le vin et la culture de la vigne n’est pas nouvelle. Initiée dans la Grèce Antique avec les premiers comptoirs grecs, elle traversa les époques et marqua de son empreinte l’histoire et les paysages de la population française. Car bien évidemment, le vin avant d’être dégusté, est avant tout le fruit d’un processus de transformation bien particulier parfois ancestral, qui fait appel aux savoirs et aux savoir-faire des producteurs. On peut aussi voir dans cette activité vitivinicole, l’œuvre d’une intime relation entre une population locale et son environnement, créant alors au fil du temps un paysage culturel viticole façonné par le travail humain. La Vallée du Rhône, le Bordelais, l’Alsace, la Champagne, la Bourgogne ou encore le Beaujolais sont tous des exemples de vignobles français ayant leur propre climat, leur propre histoire et leurs propres pratiques culturelles. L’évolution de ces paysages culturels viticoles, est pendant très longtemps restée authentique sans marquer de véritables changements que ça soit dans la manière de cultiver la vigne, de produire du vin, de vivre ou d’aménager le territoire. Il faudra attendre l’essor de l’industrialisation avec la recherche de production intensive, pour observer un bouleversement de l’activité vitivinicole. Ce changement remettant alors en cause l’ensemble du fonctionnement des vignobles paraissant « primaire » face à toute cette nouvelle technologie. Ces nouveaux paysages culturels viticoles se modernisent et deviennent alors des ateliers offrant de meilleures conditions pour la culture de la vigne et l’élaboration du vin, améliorant ainsi la qualité et le rendement de la production. La mondialisation et l’émergence d’une concurrence mondiale, accentua ce renouveau du système vitivinicole français en place depuis des siècles. La modernisation n’est pas le seul outil employé par les acteurs de la viticulture pour se démarquer, ils vont chercher à faire valoir la typicité de leurs vins et promouvoir la notion de « terroir viticole ». Le vin obtient alors une identité qui lui est propre et qui transmet les valeurs d’un patrimoine culturel local. Cette démarche a permit l’émergence d’une nouvelle activité au sein des vignobles, l’œnotourisme. Basé davantage sur l’expérience du terroir plutôt que l’expérience du produit vin, l’œnotourisme entraine un changement de paradigme qui questionne sur les interactions qui se jouent à l’heure actuelle entre les programmes de conservation du patrimoine et les programmes de développement local. Dans ce mémoire, nous aborderons donc une réflexion sur les stratégies de mise en tourisme, de valorisation et conservation du patrimoine viticole, et l’impact sur le développement local. Cette démarche permettra d’envisager des éléments de réponses pour une gestion cohérente et efficace de ces paysages culturels viticoles.

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L’intérêt croissant de la population pour l’œnotourisme, permet d’observer certaines interactions qui se jouent à l’heure actuelle entre le tourisme et le patrimoine culturel viticole. De nombreuses stratégies de mise en tourisme, de conservation et valorisation du patrimoine local sont menées sur les territoires viticoles français et constituent des cas d’études très riches qui peuvent être évalués au regard des différentes chartes et recommandations internationales établit ces dernières années. La première partie de ce mémoire consistera à établir un état de fait sur la question des paysages culturels viticoles. En définissant la notion de « paysage culturel » et en analysant l’histoire et le développement de ces paysages, nous serons capables de discerner plus précisément les différents enjeux sociaux, culturels et économiques qui se jouent au sein de ces territoires aujourd’hui. Cette démarche permettra d’introduire la problématique qui questionne cet état de fait, et formuler une hypothèse qui tente de fournir des éléments de réponse à la problématique. Dans un deuxième temps, l’analyse et la compréhension d’un corpus théorique va permettre de révéler les différentes idées et concepts concernant la protection et la valorisation du patrimoine. Étudier l’évolution de la notion de patrimoine, offrira une meilleure compréhension des différentes chartes et recommandations internationales adoptées par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). De façon à évaluer l’influence des différentes actions menées sur ces paysages culturels, une grille d’analyse issue de ces différentes chartes et recommandations internationales sera alors mise en place. En suivant le modèle méthodologique du projet européen VerSus, qui s’applique aux patrimoines vernaculaires pour en tirer des enseignements pour la conception d’une architecture durable, la grille d’analyse permettra d’évaluer les stratégies mises en place dans les vignobles afin d’en tirer des enseignements pour une valorisation et une conservation durable de notre patrimoine viticole. Dans la dernière partie, la grille d’analyse sera appliquée à des sites de référence, pour confronter les différentes idées et concepts théoriques concernant la protection du patrimoine avec la réalité. L’étude portera sur les vignobles de Bordeaux, de Champagne et de Bourgogne, car ils possèdent tous les trois un contexte remarquable identifié par l’UNESCO, qui leur ont valu le titre de patrimoine mondial. Le vignoble du Beaujolais viendra compléter cette étude, car il possède lui aussi un contexte remarquable, mais ne fait pas l’objet d’une inscription au patrimoine mondial. L’objectif avec cette enquête est de réunir toutes les informations utiles pour remplir la grille d’analyse, que ça soit par le biais d’enquêtes de terrain, de rencontre avec les professionnels ou d’entretiens avec des acteurs du patrimoine local. Enfin, la confrontation de ces différentes évaluations et les témoignages recueillis lors des entretiens permettra d’infirmer ou de confirmer l’hypothèse évoquée lors de la première partie pour répondre à la problématique. Nous serons alors capables, d’établir une piste de réflexion concernant une gestion cohérente et efficace de ces paysages culturels viticoles.

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1. CONTEXTE ET PROBLÉMATIQUE : Cette première partie contextualise et établit un état de fait sur la question des paysages culturels viticoles. Elle permet tout d’abord de comprendre ce qu’est un « paysage culturel » et pourquoi certains vignobles du monde entier se définissent peu à peu comme tel. Ensuite, en se penchant sur l’histoire et le développement de ces paysages, nous serons capables de discerner les différents enjeux sociaux, culturels et économiques qui se jouent au sein de ces territoires. Cette démarche permettra de révéler l’émergence de nouvelles pratiques qui viennent véritablement chambouler les codes établis, instaurant ainsi un nouveau paradigme. Enfin cette démarche permettra d’établir une problématique qui questionne ce nouveau paradigme et formuler une hypothèse qui tente de fournir des éléments de réponse à cette problématique.

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Contexte et problématique

1.1. Les paysages culturels viticoles : Le monde d’aujourd’hui est habité par une merveilleuse diversité de paysages. Bien que certains territoires demeurent authentiques, la plus grande majorité reste marquée par l’activité humaine. Ces paysages témoignent de notre évolution et de notre occupation au cours des âges. De génération en génération, l’homme s’est adapté à son environnement transformant la nature vierge en ‘‘paysages culturels’’. Ce rapprochement des termes « paysage » et « culture » spécifie une approche des paysages comme un fait culturel. En effet un paysage désigne la « vue d’ensemble, qu’offre la nature, d’une étendue de pays, d’une région » (CNRTL) et la culture est définie par l’UNESCO comme « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances » (UNESCO, 1983). On retrouve dans l’unification de ces deux termes l’idée d’une « œuvre conjuguée de l’homme et de la nature » (UNESCO, 2019, Annexe 3). Considérés comme des paysages culturels par excellence, les paysages viticoles tiennent leur réputation mondiale d’un patrimoine vieux de plusieurs siècles. Ces lieux consacrés à la viticulture sont indissociables de l’histoire humaine, cet héritage fait partie intégrante de certaines régions que l’on appelle des « vignobles ». Ainsi le Bordelais, l’Alsace, la Champagne, la Bourgogne ou encore le Beaujolais sont tous des exemples de vignobles français ayant leur propre climat, leur propre histoire et leurs propres pratiques culturelles. Ces spécificités ont constitué au fil du temps un véritable patrimoine qui donne à chacune de ces régions une identité marquée par la production et la commercialisation du vin.

Paysage viticole du Lavaux, Suisse © Région-du-leman

Paysage viticole du Piémont, Italie © Megan Mallen

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Paysage viticole Champenois, France © Tourisme-champagne-ardenne

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Contexte et problématique

1.2. Un patrimoine en mutation : Au cours des dernières décennies, la révolution industrielle et la mondialisation ont entraîné une importante transformation de notre société. La production agricole a subi une mutation sans précédent, tant dans son aspect que dans son fonctionnement. Le domaine de la viticulture et de la production du vin n’y a pas échappé. Dans ce renouveau du patrimoine viticole, l’objectif premier reste celui de la production de vin. Les chais se modernisent afin d’offrir les meilleures conditions pour l’élaboration du vin. Pour lutter face à la concurrence et pour faire valoir les spécificités de leurs territoires, les exploitations viticoles ont besoin de moderniser leurs outils de production et s’adapter aux progrès effectués dans le domaine de l’œnologie et de la vinification. Les chais viticoles deviennent alors des ateliers offrants de meilleures conditions pour l’élaboration du vin, améliorant ainsi la qualité et le rendement de la production. Mais la modernisation n’est pas le seul outil employé par les acteurs de la viticulture pour se démarquer de la concurrence mondiale. Ils vont chercher à faire valoir la typicité de leur vins et promouvoir la notion de « terroir viticole ». Le terroir viticole est défini comme : « un concept qui se réfère à un espace sur lequel se développe un savoir collectif, des interactions entre un milieu physique et biologique identifiable et les pratiques vitivinicoles appliquées, qui confèrent des caractéristiques distinctives aux produits originaires de cet espace » (OIV, 2010). Le vin passe alors d’un produit sans véritable identité, à un vin typique d’une région qui possède elle-même son propre patrimoine. Il obtient alors une identité qui lui est propre et qui lui permet de se démarquer. Malgré tout cela, la notion de terroir à elle seule ne garantit pas la typicité du produit. En France pour protéger les producteurs des usurpations et contrôler la conformité de la production, l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) met en place en 1935 le concept de « l’Appellation d’origine contrôlée » (AOC). Cette appellation garantit la qualité, le caractère inimitable du vin et son origine. C’est la notion de terroir qui fonde le concept de cette appellation où l’on certifie à un produit les valeurs d’un véritable patrimoine culturel local.

Millésime Nom de l’exploitation viticole Nom de l’Appellation Appellation d’origine contrôlée (AOC) Identité du vigneron ou du négociant Étiquette de Julienas, France © Jean-Marc Monnet

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Contexte et problématique

1.3. L’émergence de l’œnotourisme : Autrefois, le seul fait de consommer du vin certifié par une AOC suffisait au consommateur, et c’est pourquoi le chai viticole était, en premier lieu, l’endroit où se déroulait la vinification et la conservation du vin. Aujourd’hui, il n’est pas rare de trouver de nouvelles fonctions annexes au lieu de production : lieu de vente, site touristique, restaurant, hôtel .... (CASAMONTI (M.),PAVAN (V.), 2004). Avec l’arrivée de nouveaux pays producteurs comme les États-Unis, le Chili, l’Argentine, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou l’Afrique du Sud, le marché s’est ouvert à l’international. Pour émerger de cette concurrence mondiale, la certification, le cépage, la qualité du vin et de la vinification ne suffisent plus. Les producteurs vont alors reconsidérer l’aspect physique et fonctionnel de leur patrimoine culturel pour en faire à la fois un lieu dédié à la production du vin et un lieu touristique. Le second objectif de ces vignobles est donc de répondre aux nouvelles exigences de la demande axée sur l’expérience davantage que sur le produit. Le patrimoine culturel viticole a donc pour but d’affirmer une nouvelle identité et fonctionner comme un outil touristique. Pour se démarquer et produire un attrait touristique, le patrimoine se doit d’être valorisé. On peut aujourd’hui discerner une tendance de mise en tourisme visant à séduire les touristes et les consommateurs, que l’on appelle « œnotourisme ». En misant sur cette notion d’œnotourisme, un vignoble devient alors un territoire qui « conjugue les spécificités du tourisme et du vin. Pour se définir comme tourisme, il exige des hébergements, des lieux de restauration mais aussi des activités ; pour être lié au vin, il s’ouvre aux lieux de la viticulture, de la vinification et du négoce » (LIGNON-DARMAILLAC (S.), 2011). Cette évolution requiert la création de nouveaux espaces et de nouvelles pratiques, c’est pour cette raison qu’aux paysages traditionnels viennent s’ajouter des espaces de vente, des lieux de dégustation, des œnothèques/vinothèques, des espaces évènement, des expositions, mais aussi des musées, des hôtels, des restaurants gastronomiques... Ces lieux de commercialisation du vin doivent faire l’objet des même soins que les espaces de production. Le développement de ces nouvelles expériences permet aux établissements viticoles de proposer des activités alternatives aux consommateurs. Les exigences du tourisme viticole étant de plus en plus axées sur l’expérience que sur le produit lui-même.

Chai viticole Château La Dominique, France © Château La Dominique

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Contexte et problématique

1.4. Paysages culturels et développement local : Vers un nouveau paradigme Au-delà de ces nouvelles pratiques touristiques, la mise en tourisme de ces paysages culturels viticoles est aussi un outil pour communiquer les valeurs patrimoniales du territoire. Les villages, les monuments, les caves, les parcelles viticoles sont les manifestations et les symboles d’une connexion avec le lieu, c’est la notion même de terroir. Ce patrimoine culturel doit être protégé et conservé car c’est « un produit et un processus qui fournit aux sociétés un ensemble de ressources héritées du passé, créées dans le présent et mises à disposition pour le bénéfice des générations futures. Il comprend non seulement le patrimoine matériel, mais aussi le patrimoine naturel et immatériel. Néanmoins, [...] ces ressources constituent des « richesses fragiles » et nécessitent comme telles des politiques et des modèles de développement qui préservent et respectent la diversité et le caractère unique du patrimoine culturel, car une fois perdues, elles ne sont pas renouvelables » (UNESCO,2014). Ainsi, en plus de viser un développement touristique axé sur de nouvelles pratiques, les acteurs de ces vignobles se doivent de renforcer leurs réglementations et mettre en place des dispositions pour une meilleure protection du patrimoine culturel viticole. Cette prise de conscience s’opère aussi car l’œnotourisme a pour objectif principal la découverte des régions viticoles via le vin et la vigne, mais aussi via le patrimoine local. Ainsi la conservation et la mise en valeur de ce patrimoine transforme ce paysage culturel dédié à la production viticole en patrimoine à partager et représente un potentiel majeur pour le développement local. C’est cette notion qui est abordée avec la déclaration de Paris de 2011, sur le patrimoine comme moteur de développement : « Il est désormais largement admis qu’un patrimoine dont la valeur identitaire et de mémoire historique, culturelle et sociale est préservé à travers son authenticité, son intégrité, son « esprit du lieu », constitue une composante indispensable du processus de développement » (ICOMOS, 2011). Ce lien induit entre patrimoine local et tourisme global un nouveau paradigme pour les acteurs du patrimoine culturel viticole. L’objectif n’est plus seulement de préserver le patrimoine mais de le mettre à disposition du grand public pour qu’il soit vecteur d’éducation, de culture et de développement local.

MISE EN VALEUR

PATRIMOINE

TOURISME MISE EN TOURISME

Schéma : Patrimoine et Tourisme / Tourisme et Patrimoine, une relation à double sens © Maria Gravari-Barbas

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Contexte et problématique

1.5. Problématique : Face à l’intérêt florissant pour le patrimoine culturel viticole et l’expérimentation œnologique, de plus en plus de projets de mise en valeur du patrimoine et de mise en tourisme voient le jour dans le monde entier. Pour se faire, ces projets font appel à de nouvelles méthodes, de nouveaux concepts et de nouveaux espaces qui s’invitent progressivement aux côtés d’éléments culturels et paysagers plus anciens. Or, même si de nombreuses études montrent que ces stratégies touristiques participent activement au développement local et touristique du lieu, des questions se posent sur la gestion de ces pratiques au sein de stratégies de conservation de ces patrimoines et de ces paysages culturels. C’est cette réflexion sur les stratégies de mise en tourisme, de valorisation et conservation du patrimoine viticole, de vision partagée entre acteurs du tourisme et acteurs locaux qui est au cœur de ce mémoire de recherche. Le cas de l’œnotourisme permet d’analyser les interactions qui se jouent à l’heure actuelle entre le tourisme et le patrimoine culturel viticole. L’analyse des stratégies de mise en tourisme, de conservation et valorisation du patrimoine local constituent des cas d’étude très riches pouvant faire apparaître des relations dialectiques entre ces disciplines, l’une se nourrissant de l’autre et réciproquement. C’est ce à quoi ce mémoire de recherche va tenter d’approfondir en se penchant sur plusieurs questionnements qui interrogent la problématique :

a. Définir le patrimoine viticole :

Pour établir un programme de mise en tourisme, de conservation ou de valorisation du patrimoine, il faut tout d’abord identifier quel est ce patrimoine. Les valeurs patrimoniales peuvent-être de multiples natures : paysagère, historique, sociale et même spirituelle. Cette diversité pousse les acteurs à délimiter et définir ce qui fait patrimoine, mais cette définition reste subjective et peut très vite être influencée ou orientée par certains enjeux et certaines idéologies. C’est pour cette raison que les acteurs du tourisme seuls ou les acteurs de la conservation du patrimoine seuls ne peuvent définir un programme de manière exhaustive. La perspective d’un travail collaboratif entre ces deux parties permettrait de définir des limites communes à la définition des valeurs patrimoniales et suggérerait la production de programmes de meilleures qualités. Question n°1 : Quelles sont les valeurs patrimoniales communes identifiées dans ces processus de mise en tourisme, de valorisation et de conservation des patrimoines viticoles ? b. Élaborer des stratégies et techniques de valorisation et de conservation :

Les stratégies et les techniques de mise en tourisme, de valorisation et de conservation sont nombreuses, elles diffèrent en fonction des valeurs patrimoniales identifiées et des aspirations des différents acteurs. Ainsi certains éléments du paysage culturel viticole peuvent être délaissés au profit d’autres, lorsque ceux-ci ne présentent pas un intérêt œnotouristique majeur. Alors que ces mêmes éléments pourraient au contraire faire l’objet d’un programme de conservation car ils représentent une part non négligeable du patrimoine culturel local. C’est pour cette raison

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Contexte et problématique

qu’il est indispensable de définir dans un premier temps des valeurs patrimoniales communes (Question n°1), pour pouvoir ensuite envisager des stratégies et des techniques de mise en tourisme, de valorisation et de conservation complémentaires. Question n°2 : Quelles sont les possibilités stratégiques et techniques pour conserver et valoriser le patrimoine culturel viticole, tout en développant les pratiques touristiques ?

c. Développer le territoire :

Mener des actions au sein d’un territoire implique tout naturellement le changement d’un ordre établit. Ce changement se doit d’être moteur d’un développement que ce soit pour la valorisation et la conservation du patrimoine mais aussi pour la vie de la population locale. C’est pour cette raison qu’il est important d’identifier correctement les actions nécessaires non seulement à la protection du patrimoine, mais aussi à son utilisation pour le mettre au profit des populations locales et des visiteurs. C’est aussi un moyen d’impulser une nouvelle dynamique au sein d’une société en utilisant le patrimoine comme vecteur de cohésion et de mobilisation pour la population locale. Question n°3 : Quelles sont les retombées sociales, économiques et culturelles au sein du territoire et quel rôle joue la population locale au sein des stratégies mises en œuvres ?

1.6. Hypothèse de recherche : A la croisée du global et du local, les paysages culturels viticoles entretiennent une relation dialectique qui suggère une étroite collaboration entre les programmes de conservation du patrimoine et les programmes de développement touristiques. Cette collaboration semble s’opérer avec le concept de la Liste du patrimoine mondial mise en place suite à la convention pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel de 1972. En effet les démarches et les différentes recommandations nécessaires à l’intégration d’un bien dans cette liste, s’avèrent bénéfique pour valoriser un patrimoine, sensibiliser une population à la préservation de ce patrimoine et impulser un développement à l’échelle locale. En somme l’intégration des paysages viticoles dans la Liste du patrimoine mondial optimise la manière d’appréhender la conservation et la valorisation d’un patrimoine culturel viticole.

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2. CLASSIFICATION, CONSERVATION ET VALORISATION DU PATRIMOINE : Cette deuxième partie est fondée sur l’analyse et la compréhension d’un corpus théorique, cela permet de révéler les différentes idées et concepts concernant la protection du patrimoine et leurs relations dialectiques avec les différentes pratiques touristiques. Ces recherches sur la notion de patrimoine supposent dans un premier temps, une étude approfondie sur l’évolution de la notion de patrimoine. Cette étude portée sur des travaux menés par des chercheurs tels que Françoise Choay, Guy Di Méo ou Nathalie Heinich, va nous permettre de mieux comprendre les différentes thématiques et idéologies adoptées par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Depuis 1972 avec la mise en place d’une convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, l’UNESCO encourage l’identification, la protection et la préservation du patrimoine culturel et naturel à travers le monde. Ces recherches, nous permettrons ensuite d’extraire des critères et des valeurs de classifications patrimoniales. De façon à évaluer l’influence des différentes actions menés sur ces paysages culturels, une méthodologie d’analyse issue du corpus théorique sera mise en place. A l’image du projet européen VerSus qui analyse certains patrimoines vernaculaires afin d’en tirer des enseignements pour la conception d’architectures durables, ce schéma permettra d’analyser certaines stratégies mises en place dans les vignobles afin d’en tirer des enseignements pour une valorisation et une conservation cohérente.

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Classification, conservation et valorisation du patrimoine

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Classification, conservation et valorisation du patrimoine

2.1. Évolution de la notion de Patrimoine : Aujourd’hui le patrimoine s’impose comme une notion universelle, connue de tous et facilement définissable. Mais pourtant le patrimoine fait l’objet de multiples approches et l’évolution rapide de son sens au cours des derniers siècles révèle toute la complexité et l’ambiguïté qui règne autour de cette notion. Appréhender cette évolution de la notion à travers les nombreuses publications de la société savante va permettre de révéler les différentes définitions de la notion qui se sont succédées et d’estimer comment la notion était comprise dans le passé et comment nous la comprenons aujourd’hui. L’objet de cette première sous-partie est de proposer une analyse de l’évolution de la notion de patrimoine à travers le regard de différents chercheurs fortement impliqués dans l’étude et l’approfondissement de ce concept. Ce travail apportera des éléments de compréhension en vue d’établir une analyse des différentes chartes et recommandations internationales mises en place depuis la première charte établie en 1931 lors du congrès international des architectes et des techniciens des monuments historiques à Athènes. En effet tout ce travail de recherche et de théorisation sur la notion de patrimoine permirent l’adoption de nombreuses chartes et recommandation à l’échelle internationale. Le rassemblement d’experts spécialisés dans différents domaines comme l’anthropologie, la sociologie, l’architecture ou l’urbanisme par exemple a permis peu à peu l’élargissement de la pensée patrimoniale. C’est ainsi que le concept de patrimoine, impulsé par les actions de l’UNESCO dans ce domaine, permirent d’intégrer les paysages culturels au sein de la liste du patrimoine mondial.

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Classification, conservation et valorisation du patrimoine

2.1.1. Une approche monumentaliste : Le terme « patrimoine » dans sa définition originelle selon le dictionnaire de la langue française désigne : « un bien d’héritage qui descend suivant les lois, des pères et mères à leurs enfants. » (Le Littré). On peut alors penser que la notion de patrimoine se limite uniquement aux biens familiaux dont on hérite. Mais les travaux des historiens français Jean-Pierre Babelon et André Chastel montrent que la notion de patrimoine est plus riche que cela et qu’elle peut s’étendre à un collectif. Ils expliquent que dès le Moyen Âge, certains « fait religieux » ou certaines réflexions étaient portées sur la sauvegarde et la préservation d’objets pourvus d’une grande valeur comme des reliques ou des archives royales par exemple. Ces reliques du passé deviennent alors une véritable richesse collective créant ainsi un patrimoine symbolique offrant une certaine renommée et une certaine identité à une communauté (Babelon (JP.), Chastel (A.), 1990). Cette forme première de notion patrimoniale s’est peu à peu développée pour véritablement prendre racine durant la révolution française avec une volonté inédite de lutter contre la destruction de monuments considérés alors comme un véritable patrimoine historique : « Il faut qu’un cri universel appelle enfin la nouvelle France au secours de l’ancienne. Tous les genres de profanation, de dégradation et de ruine, menacent à la fois le peu qui nous reste de ces admirables monuments auxquels s’attachent la mémoire des rois et la tradition du peuple » ( Hugo (V.), 2002). Pour lutter contre le vandalisme et les destructions, une Commission des Monuments historiques est mise en place en 1837. Son rôle est d’inventorier tous les édifices présentant un intérêt suffisant pour être placés sous la protection du gouvernement et statuer sur la gestion de ces biens. Aloïs Riegl historien de l’art autrichien, définit alors ces monument comme : « Au sens le plus ancien, le plus originel, on entend par monument une œuvre de la main humaine, érigée dans le but précis de garder présent et vivant le souvenir de faits ou de destins humains singuliers dans la conscience des générations ultérieures » (Riegl (A.), 2016). On retrouve dans cette définition le concept originel du terme patrimoine, mais cette fois-ci pour parler d’un patrimoine qui à une valeur de mémoire collective, c’est pour cette raison qu’on parlera aussi de « Patrimoine historique ». Françoise Choay, historienne des théories et des formes urbaines et architecturales françaises, dans son ouvrage intitulé l’allégorie du patrimoine, classe ces monuments historiques en trois grandes catégories qui sont : les monuments de l’antiquité, les monuments religieux du MoyenÂge et certains châteaux. Elle précise aussi que le nombre de biens inventoriés par la Commission des Monuments historiques avait grandement évolué jusqu’au début du XXème siècle mais que leurs typologies demeuraient la même (Choay (F.), 2007). Durant toute cette période, la notion de patrimoine portait principalement sur la question des monuments présentant un intérêt historique, artistique ou architectural. Dans ce contexte, il était encore inconcevable de considérer les paysages culturels comme patrimoine. C’est durant la seconde moitié du XXème siècle que la notion de patrimoine subi une « triple extension » : Typologique, Chronologique et Géographique (Choay (F.), 2007).

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2.1.2. Une notion élargie : Le « patrimoine » qui était alors synonyme de « biens culturels » ou de « monuments », s’impose alors comme une notion beaucoup plus large. Cette triple extension typologique, chronologique et géographique, s’inscrit dans la continuité des démarches mises en place avec la politique des monuments historiques. La notion de patrimoine s’est peu à peu étendue, englobant de nouveaux éléments et de nouvelles époques marquant à chaque fois un nouveau pas en avant. La définition du patrimoine se voit alors élargie comme nous l’indique Pierre Babelon et André Chastel: « Le patrimoine, au sens où on l’entend aujourd’hui dans le langage officiel et dans l’usage commun, est une notion toute récente, qui couvre de façon nécessairement vague tous les biens, tous les « trésors » du passé. En fait cette notion comporte un certain nombre de couches superposées qu’il peut être utile de distinguer. » (Babelon (JP.), Chastel (A.), 1990). La valeur du patrimoine est désormais appréciée selon des concepts plus divers que la seule valeur esthétique ou historique. Elle ne se résume plus seulement à la question des monuments historiques et englobe de nouveaux indicateurs comme l’aspect territorial, environnemental, architectural, social ou cultuel. Ces indicateurs peuvent alors être matériel mais aussi immatériel et symboliser l’identité culturelle d’un peuple ou d’une communauté toute entière. S’ajoute alors à la notion de patrimoine des biens qui ont une valeur de témoignage sur la vie quotidienne traditionnelle, les activités économiques ou l’industrie d’une communauté : moulins, fours, lavoirs, théâtres ou encore usines (Heinich (N.), 2009). C’est cette nouvelle approche qui va amorcer la reconnaissance du patrimoine viticole avec la classification de certaines caves, maisons viticoles ou outils de production viticole. La reconnaissance des paysages culturels en tant que patrimoine est impulsée par le géographe français Guy Di Méo, spécialiste de la géographie sociale et culturelle. Pour lui, la notion de patrimoine a vu sa valeur s’étendre au-delà d’un simple bien isolé en admettant que le territoire « en tant que symbole identitaire d’un groupe social, peut aussi faire l’objet d’une représentation et d’une transmission patrimoniale » (Di Méo (G.), Castaingts (JP.), Ducournau (C.), 1993). Pour illustrer cette notion, il explique que « les groupes localisés construisent dans le temps long de l’histoire des représentations vivaces de leur espaces (territoire) exerçant une fonction identitaire et consolidant le ciment social » (Di Méo (G.), Castaingts (JP.), Ducournau (C.), 1993). Ainsi certains territoires font référence à des savoir-faire spécifiques d’utilisation des terres, à des croyances, ainsi qu’à des pratiques artistiques et coutumières très fortes, qui témoignent d’une exceptionnelle relation spirituelle entre l’homme et la nature. C’est cette évolution de la pensée patrimoniale qui a permis aux paysages culturels viticoles d’être considérés aujourd’hui comme un patrimoine à part entière. L’élargissement de la notion de patrimoine a généré la mise en œuvre et le développement de nombreuses chartes et recommandations à l’échelle internationale. La nomination du premier paysage culturel viticole (Juridiction de Saint-Emilion) sur la Liste du patrimoine mondiale en 1999, marque un véritable tournant dans la reconnaissance et la valorisation de ces territoires remarquables.

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2.2. Chartes et Recommandations : L’évolution de la pensée patrimoniale ainsi que les différentes théories observées jusqu’à aujourd’hui, permirent le développement de chartes et de recommandation à l’échelle internationale. Établies lors de congrès internationaux par des experts venants de différents domaines, ces recommandations font office de références et définissent un cadre d’analyse pour la gestion du patrimoine culturel. Grâce à ces recommandations, les « États parties » possèdent des outils pertinents pour identifier des biens se trouvant sur leur territoire, établir des plans de gestion pour leurs conservations mais aussi pour les valoriser et promouvoir un développement durable à l’échelle locale. Depuis la première charte établie en 1931 lors du congrès international des architectes et des techniciens des monuments historiques à Athènes, la notion de conservation du patrimoine n’a cessé de s’élargir entraînant avec elle la constitution de nombreuses autres chartes et recommandations internationales. Ce mémoire étant principalement axé sur la conservation et la mise en valeur des paysages culturels viticoles, se référera qu’à un fragment des différentes documents produits par ces institutions. Les chartes et recommandations sélectionnées seront contextualisées et définies dans les prochaines sous-parties. Cela permettra dans un premier temps de comprendre les orientations applicables aux paysages culturels viticoles et le contexte qui a permis leur élaboration. Cette réflexion nous permettra dans un second temps de déterminer les valeurs principales véhiculées par ces textes et de les regrouper pour établir une grille d’analyse qui permet d’évaluer de manière objective certaines actions menées sur les sites viticoles de référence.

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2.2.1. La convention pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, 1972 : Cette conférence générale menée par l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), s’est déroulée à Paris durant la période du 17 octobre au 21 novembre 1972. Se déroulant dans un contexte d’après-guerre et de reconstruction intensive, cette convention a pour objectif de répondre à un constat partagé par l’ensemble du panel d’expert qui fait état d’une dégradation voir d’une destruction du patrimoine culturel mais aussi naturel. L’évolution de la vie sociale, l’expansion économique et l’industrialisation mettent à mal notre patrimoine par des phénomènes d’altération ou de destruction causant à terme la disparition des biens patrimoniaux. Cet appauvrissement néfaste du patrimoine qui se propage petit à petit dans le monde entier constitue un problème majeur pour l’ensemble des États parties. Le maintien de ce patrimoine qu’il soit culturel ou naturel nécessite des ressources économiques, techniques et scientifiques et c’est pour cette raison qu’il est important de mettre en place des directives communes qui permettent d’élever le patrimoine en tant qu’élément exceptionnel et universel pour l’humanité tout entière. Considérant qu’il est indispensable de travailler main dans la main face à l’ampleur des dangers nouveaux qui menacent notre patrimoine, les États parties mettent en place de part cette convention un système efficace d’identification du patrimoine culturel et naturel. En unissant leurs efforts pour chérir et protéger leurs biens, les états adoptent lors du 16 novembre 1972 un texte commun dans le but de préserver notre héritage pour les générations futures : « Chacun des États parties à la présente Convention reconnait que l’obligation d’assurer l’identification, la protection, la conservation, la mise en valeur et la transmission aux générations futures du patrimoine culturel et naturel visé aux articles 1 et 2 et situé sur son territoire, lui incombe en premier chef. Il s’efforce d’agir à cet effet tant par son propre effort au maximum de ses ressources disponibles que, le cas échéant, au moyen de l’assistance et de la coopération internationales dont il pourra bénéficier, notamment aux plans financier, artistique, scientifique et technique. » (UNESCO, 1972, Article 4).

2.2.2. La liste du patrimoine mondial, 1978 : Suite à la convention pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel de 1972, un « Comité du patrimoine mondial » et mis en place pour vieller à son application. Ce comité est créé conformément à l’article 8 de la convention : « Il est institué auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, un Comité intergouvernemental de la protection du patrimoine culturel et naturel de valeur universelle exceptionnelle dénommé «le Comité du patrimoine mondial». Il est composé

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de 15 États parties à la convention, élus par les États parties à la convention réunis en assemblée générale au cours de sessions ordinaires de la Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. Le nombre des États membres du Comité sera porté à 21 à compter de la session ordinaire de la Conférence générale qui suivra l’entrée en vigueur de la présente convention pour au moins 40 États. » (UNESCO, 1972, Article 8). Ce comité composé de 21 États parties élus pour six années, se réunit chaque année pour établir, mettre à jour et diffuser, une « liste du patrimoine mondial », cette liste répertorie des biens du patrimoine culturel et naturel des états membres ayant une valeur universelle exceptionnelle en application avec des critères établis. Ces critères sont répertoriés dans un document intitulé « Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial ». Ces orientations sont adoptées par le comité dès la première session en 1978 puis ne cesseront d’être révisées pour intégrer de nouveaux concepts, connaissances ou expériences. Le Comité du patrimoine mondial est aidé par des organismes consultatifs comme le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS), le Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM), l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour l’évaluation des sites proposés par les États parties. Après l’inscription d’un site sur la liste du patrimoine mondial, l’État partie se doit de fournir un suivi régulier de sa démarche de conservation du patrimoine au comité. Avoir autant de sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial permet aux États parties de sensibiliser la population à la préservation du patrimoine, d’avoir accès à des assistances financières venant de l’international (Fonds du patrimoine mondial), mais aussi d’avoir une plus grande exposition au site et à ses valeurs exceptionnelles, ce qui renforce les échanges culturels et touristiques sur le site.

2.2.3. La stratégie Globale, 1994 : Un des grands tournant de ces Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial s’est effectué en 1994 avec la « stratégie globale ». Avec cette réforme, le comité du patrimoine mondial élargit la définition du patrimoine mondial pour permettre la diversification des sites culturels et naturels inscrits sur la liste du patrimoine mondial. En effet, après un peu plus de deux décennies le comité et les organismes consultatifs ont constaté au travers d’une enquête menée par une étude globale, effectuée par l’ICOMOS entre 1987 et 1993, que la liste du patrimoine mondial présentait un déséquilibre dans la répartition des types de biens et dans les secteurs géographiques représentés. Ils ont répertorié pas moins de 410 biens principalement européens situés en majorité dans des pays développés. On comptait aussi 304 sites culturels pour seulement 90 sites naturels et 16 sites mixtes. Les grandes villes historiques riches de leurs monuments religieux et de leurs architectures élitistes étaient surreprésentées, alors que les cultures plus traditionnelles, étaient sous-représentées.

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C’est pour cette raison que le Comité du patrimoine mondial et l’organisme consultatif de l’ICOMOS ont organisé une réunion restreinte, du 20 au 22 juin 1994, sur la problématique de la représentativité de la Liste du patrimoine mondial. Pour pérenniser une Liste du patrimoine mondial qui soit à la fois représentative, équilibrée et crédible, le groupe d’experts en conclut qu’il faudra à la fois reconsidérer les régions et les époques sous-représentées mais aussi adopter une nouvelle conception de la notion du patrimoine culturel. Il est aussi très important de comprendre que cette stratégie globale s’inscrit dans un programme d’action qui s’est étendu sur plusieurs années. Ainsi plusieurs réunions se sont succédées pour corriger les disparités de la liste du patrimoine mondial. Depuis le lancement de la stratégie globale, de nouveaux pays ont ratifié la Convention du patrimoine mondial, notamment un grand nombre situé dans le Pacifique, au Moyen orient, en Europe de l’Est et en Afrique. De nouvelles catégories de sites du patrimoine mondial ont été encouragées, comme les paysages culturels, le patrimoine industriel ou les sites marins par exemple. On compte en 2019, 1121 biens inscrits dont 869 culturels, 213 naturels et 39 mixtes avec un total de 193 États parties. (https://whc.unesco.org/fr/list/, consulté le 16/03/2020) Les dernières études de l’ICOMOS et de l’UICN montrent qu’il reste encore de nos jours des disparités dans certaines zones géographiques comme les prairies tropicales, les savanes, les systèmes polaires et les déserts à hiver froid par exemple. Elles montrent aussi que les disparités sont issues de deux natures différentes. Tout d’abord, d’un problème dit « structurel » lié à la gestion et à la conservation des biens culturels et ensuite d’un problème « qualitatif » lié à l’identification et à l’évaluation des biens culturels. On recense en 2019,193 États parties qui ont ratifié la Convention du patrimoine mondial, mais seulement 167 ont des biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial. (https://whc.unesco.org/fr/list/, consulté le 16/03/2020)

2.2.4. La Charte du Tourisme Culturel, 1999 : Adoptée en octobre 1999, durant la 12ème assemblée générale au Mexique, la charte internationale du tourisme culturel encourage la gestion du tourisme au sein des sites patrimoniaux. Le patrimoine, qu’il soit culturel ou naturel est un bien universel et appartient à l’humanité tout entière, c’est pour cette raison qu’il est du devoir de chacun de l’apprécier à sa juste valeur. La stratégie globale amorcée par le comité du patrimoine mondial en 1994 a permis l’élargissement de la notion de patrimoine mondiale permettant ainsi la considération de nouvelles valeurs. Ainsi les paysages culturels, les pratiques culturelles traditionnelles ou même la biodiversité rentrent dans le cadre de la notion de patrimoine mondiale. Ces valeurs dites exceptionnelles constituent l’essence des diverses cultures locales et font partie intégrante de notre société. Avec cette charte internationale du tourisme culturel, le Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS) établit des orientations pour s’adapter à la globalisation croissante qui menace la protection, la conservation et la présentation du patrimoine de chaque région. Dans ce contexte, les communautés d’accueil ne doivent plus être les seuls acteurs de la gestion de leur patrimoine et doivent léguer une part des responsabilités aux visiteurs. Cette gestion doit

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s’établir sur un respect mutuel pour les valeurs patrimoniales que confère un site et pour les populations indigènes qui les perpétuent. Aujourd’hui, les interactions entre le patrimoine et le tourisme demeurent l’un des enjeux majeurs de notre époque contemporaine. La mondialisation et les nouveaux moyens de transports ont brisé les frontières qui freinaient les échanges culturels, le tourisme national est alors devenu international. Cette expansion a intensifié la reconnaissance du patrimoine mondiale et favorise sa conservation en créant des ressources économiques pouvant être réinjectées dans les stratégies de conservation. Le tourisme devient alors un levier essentiel au développement de nombreuses régions et de nombreux pays. Au cœur d’un développement toujours plus intensif, les enjeux touristiques tendent à prendre le dessus sur les enjeux patrimoniaux. La diversité des paysages, des cultures et des activités offre de nombreuses attractions touristiques, qui si elles sont mal gérées peuvent conduire à la dégradation des espaces naturels ainsi qu’aux modes de vie des communautés locales. Bien que le tourisme soit bénéfique pour les communautés d’accueils, les acteurs du tourisme, du développement local et du patrimoine se doivent de trouver un équilibre pour mettre en œuvre une industrie touristique et une gestion du patrimoine durable. Pour tenter de répondre à ce défi, le Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS) a mis en place un certain nombre d’objectifs à relever avec les autres organismes du patrimoine et du tourisme : « Encourager et faciliter le travail de ceux qui participent à la conservation et à la gestion du patrimoine afin de le rendre plus accessible aux communautés d’accueil et aux visiteurs. » (ICOMOS, 1999, Objectifs de la charte). « Encourager et faciliter le travail de l’industrie touristique pour promouvoir et gérer le tourisme dans le respect et la mise en valeur du patrimoine et des cultures vivantes des communautés d’accueil. » (ICOMOS, 1999, Objectifs de la charte). « Encourager et faciliter le dialogue entre les responsables du patrimoine et ceux des industries du tourisme afin de mieux faire comprendre l’importance et la fragilité́ des ensembles patrimoniaux, des collections, des cultures vivantes dans le souci de les sauvegarder à long terme. » (ICOMOS, 1999, Objectifs de la charte). « Encourager ceux qui proposent des programmes et des politiques afin de développer des projets précis et mesurables, et des stratégies qui touchent à la présentation et l’interprétation des ensembles patrimoniaux et des activités culturelles dans le contexte de leur protection et de leur conservation. » (ICOMOS, 1999, Objectifs de la charte).

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2.3. Principes d’analyse : La première partie témoigne de l’évolution de la pensée patrimoniale et nous permet de mieux cerner les différentes étapes menées par les acteurs du patrimoine pour faire évoluer la notion. La deuxième partie traduit l’aboutissement de cette évolution, elle synthétise les différentes pensées patrimoniales ainsi que les différentes théories observées qui permirent le développement de chartes et de recommandation à l’échelle internationale. L’ensemble de ces recommandations ont été reconnues par un ensemble d’experts et adoptées par des « États parties » qui s’engagent à établir des plans de gestion pour la conservation et pour la valorisation de leurs patrimoines. Partant de la première charte établie en 1931 à Athènes, la notion de conservation du patrimoine n’a cessé de s’élargir et a permis au fil du temps la reconnaissance des paysages culturels viticoles. La stratégie globale née d’un constat de déséquilibre au sein de la liste du patrimoine mondial, permit l’introduction de la catégorie « paysages culturels ». A partir de cette reconnaissance, plusieurs paysages culturels viticoles furent identifiés parmi : « Les formes les plus remarquables de paysages résultant de l’activité humaine, à la fois par la marque qu’ils impriment au territoire et par les traditions culturelles qui leurs sont associés. » (ICOMOS, 2005, Introduction). L’introduction de ces paysages culturels sur la liste du patrimoine mondiale a intensifié la reconnaissance du patrimoine viticole et a entraîné une forte multiplication des programmes de mise en tourisme. L’expansion est telle que le tourisme viticole fait l’objet d’une pratique touristique atypique qu’on nomme « œnotourisme » et devient alors un levier essentiel au développement de nombreuses régions viticoles. L’objectif est d’identifier au sein des documents de références, les valeurs qui définissent les bonnes pratiques concernant les 3 thématiques principales (Patrimoine, Tourisme, Développement local) abordées dans ce mémoire de recherche. Ce travail va établir un modèle d’analyse de référence qui permettra d’évaluer le niveau de mise en œuvre du tourisme durable et de la protection des ressources patrimoniales au sein des sites de références.

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2.3.1. THÉMATIQUE 1 : PATRIMOINE CULTUREL VITICOLE

a. Identification du patrimoine :

Les paysages culturels viticoles sont l’illustration de l’évolution de la société et de ses monuments au cours des âges. Ils sont le témoignage matériel et immatériel de l’adaptation d’une société aux contraintes ou aux atouts présentés par leurs environnement naturels. Les paysages culturels sont définis par la convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel comme une : « Œuvres de l’homme ou œuvres conjuguées de l’homme et de la nature, ainsi que les zones y compris les sites archéologiques qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique. » (UNESCO, 1972, Article 1). Il existe de nombreux exemples de paysages culturels et il est parfois difficile de déterminer les valeurs universelles exceptionnelles qui leur permettraient d’intégrer la liste du patrimoine mondial. C’est pour cette raison que le comité du patrimoine mondial se réfère au document des Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial pour juger l’intégration ou non d’un bien dans la liste du patrimoine. Le texte rédigé par des experts sur les paysages culturels en octobre 1992 fut approuvé puis intégré dans les Orientations par le Comité du patrimoine mondial à sa 16e session (Santa Fe, 1992). Ce texte fournit des précisions concernant la définition des paysages culturels et les divise en trois catégories majeures : « (i) Le plus facilement identifiable est le paysage clairement défini, conçu et créé intentionnellement par l’homme, ce qui comprend les paysages de jardins et de parcs créés pour des raisons esthétiques qui sont souvent (mais pas toujours) associés à des constructions ou des ensembles religieux. » (UNESCO, 2019, Annexe 3). « (ii) La deuxième catégorie est le paysage essentiellement évolutif. Il résulte d’une exigence à l’origine sociale, économique, administrative et/ou religieuse et a atteint sa forme actuelle par association et en réponse à son environnement naturel. Ces paysages reflètent ce processus évolutif dans leur forme et leur composition. Ils se subdivisent en deux catégories : - un paysage relique (ou fossile) est un paysage ayant subi un processus évolutif qui s’est arrêté, soit brutalement soit sur une période, à un certain moment dans le passé. Ses caractéristiques essentielles restent cependant matériellement visibles - un paysage vivant est un paysage qui conserve un rôle social actif dans la société contemporaine, étroitement associé au mode de vie traditionnel et dans lequel le processus évolutif continue. En même temps, il montre des preuves manifestes de son évolution au cours des temps. » (UNESCO, 2019, Annexe 3). « (iii) La dernière catégorie comprend le paysage culturel associatif. L’inscription de ces paysages sur la Liste du patrimoine mondial se justifie par la force d’association des phénomènes religieux, artistiques ou culturels de l’élément naturel plutôt que par des traces culturelles matérielles, qui peuvent être insignifiantes ou même inexistantes. » (UNESCO, 2019, Annexe 3).

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Mais il ne suffit pas de répondre à cette définition pour intégrer la liste du patrimoine mondial. Les sites viticoles doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection présentés dans les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial : « (i) représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain. » (UNESCO, 2019, Chapitre II.D.77). « (ii) témoigner d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages. » (UNESCO, 2019, Chapitre II.D.77). « (iii) apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue. » (UNESCO, 2019, Chapitre II.D.77).

« (iv) offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine. » (UNESCO, 2019, Chapitre II.D.77).

« (v) être un exemple éminent d’établissement humain traditionnel, de l’utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d’une culture (ou de cultures), ou de l’interaction humaine avec l’environnement, spécialement quand celui-ci est devenu vulnérable sous l’impact d’une mutation irréversible. » (UNESCO, 2019, Chapitre II.D.77).

« (vi) être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle (Le Comité considère que ce critère doit préférablement être utilisé en conjonction avec d’autres critères). » (UNESCO, 2019, Chapitre II.D.77). « (vii) représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles » (UNESCO, 2019, Chapitre II.D.77). « (viii) être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification. » (UNESCO, 2019, Chapitre II.D.77) « (ix) être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins. » (UNESCO, 2019, Chapitre II.D.77)

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« (x) contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation. » (UNESCO, 2019, Chapitre II.D.77) L’évaluation patrimoniale d’un bien sur les bases des orientations du patrimoine est un thème récurrent et indispensable. Avec une quantité de patrimoines culturels toujours plus élevée, il peut être difficile de déterminer, entre deux sites d’égal intérêt, lequel est le plus représentatif et lequel présente une valeur universelle exceptionnelle. C’est pourquoi dans le cadre d’une demande d’inscription sur la liste du patrimoine mondiale, il est indispensable que le paysage culturel viticole réponde à ces critères pour qu’il soit considéré comme un patrimoine viticole possédant une valeur universelle exceptionnelle.

b. Authenticité du patrimoine :

Pour être considérés d’une valeur universelle exceptionnelle, les paysages culturels viticoles doivent également répondre aux conditions d’intégrité, d’authenticité et doivent bénéficier d’un système adapté de protection et de gestion du patrimoine. L’analyse et la communication des valeurs du patrimoine culturel entrent véritablement au cœur du processus de décision car la diversité culturelle et la diversité du patrimoine culturel constitue une richesse intellectuelle et spirituelle irremplaçable pour l’ensemble de l’humanité. Par conséquent, une telle diversité se doit d’être impérativement conservée et de rester authentique pour permettre la diffusion de ses valeurs. La charte de Burra, adopté le 19 aout 1979, reprend les principes fondateurs de la charte de Venise et défini les valeurs culturelles comme une : « Valeur esthétique, historique, scientifique, sociale ou spirituelle pour les générations passées, présentes ou futures. La valeur culturelle est incarnée par le lieu lui-même, par sa matière, par son contexte, par son usage, par ses associations, par ses significations, par ses documents et par les lieux et objets qui y sont associés ». (ICOMOS, 1979, Article 1.2). Les stratégies de conservation et de mise en valeur du patrimoine culturel viticole doivent alors être considérées et jugées essentiellement dans le contexte. Les interventions sur un bien patrimonial se doivent d’être contextualisées et l’utilisation de techniques ou de nouveaux matériaux plus contemporains doit être justifiée par des données scientifiques et des retours d’expériences solides. Voici quelques recommandations évoquées par la charte internationale du tourisme culturel qui traitent de la gestion du tourisme aux Sites de Patrimoine Significatif : « Les programmes de protection, d’interprétation et de développement touristique doivent être basés sur une approche compréhensible des aspects particuliers, souvent complexes et conflictuels, de la signification des différents patrimoines. La poursuite régulière d’activités de recherche est importante car elle permet d’approfondir la compréhension et l’appréciation de la signification de ces différents témoignages patrimoniaux. » (ICOMOS, 1999, Article 2.3).

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« La préservation de l’authenticité des ensembles patrimoniaux et des collections est importante. C’est une condition essentielle de leur signification culturelle qui s’exprime dans les matériaux, la mémoire collective et les traditions qui nous viennent du passé. Les programmes doivent présenter et interpréter l’authenticité des ensembles patrimoniaux de manière à favoriser la compréhension et l’appréciation de ce patrimoine culturel. » (ICOMOS, Article 2.4). « Les projets de développement touristique et d’infrastructures doivent prendre en compte les dimensions esthétiques, sociales et culturelles, les paysages naturels et culturels, les caractéristiques de la biodiversité ainsi que l’environnement visuel le plus large des ensembles patrimoniaux. On doit donner la préférence aux matériaux locaux et prendre en compte les caractéristiques de l’architecture locale et les particularités des constructions vernaculaires.» (ICOMOS, 1999, Article 2.5). Les biens proposés pour inscription doivent satisfaire aux conditions d’authenticité. La conférence de Nara, de novembre 1994, a permis à un panel d’experts venus de 28 pays, de s’entretenir au sujet de l’évaluation de l’authenticité. Ce document fournit lui aussi plusieurs recommandations qui servent de bases pratiques pour examiner l’authenticité de ces biens : « La conservation du patrimoine historique, sous toutes ses formes et de toutes les époques, trouve sa justification dans les valeurs qu’on attribue à ce patrimoine. La perception la plus exacte possible de ces valeurs dépend, entre autres, de la crédibilité des sources d’information à leur sujet. Leur connaissance, leur compréhension et leur interprétation par rapport aux caractéristiques originelles et subséquentes du patrimoine, à son devenir historique ainsi qu’à sa signification, fondent le jugement d’authenticité concernant l’œuvre en cause et concerne tout autant la forme que la matière des biens concernés. » (ICOMOS, 1994, Article 9). « Selon la nature du monument ou du site, son contexte culturel et son évolution dans le temps, les jugements sur l’authenticité sont liés à quantité de sources d’information variées. Ces dernières peuvent comprendre conception et forme, matériaux et substance, usage et fonction, traditions et techniques, situation et emplacement, esprit et sentiment, ou autres facteurs internes ou externes à l’œuvre. L’utilisation de ces sources offre la possibilité l’examen du patrimoine culturel dans ses dimensions artistique, technique, historique et sociale spécifiques. » (ICOMOS, 1994, Article 13). L’évaluation des critères d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial permet dans un premier temps d’estimer si le bien possède une valeur universelle exceptionnelle. La seconde étape qui est d’évaluer les conditions d’intégrité et d’authenticité, va permettre de prendre conscience des valeurs tangibles et intangibles véhiculées par ce patrimoine culturel. Prendre conscience de ces valeurs doit encourager l’installation d’un système adapté au contexte de protection et de gestion du patrimoine.

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2.3.2. THÉMATIQUE 2 : TOURISME DURABLE

a. Tourisme immersif :

Le tourisme culturel est une forme de tourisme dont l’objectif est de faire découvrir le patrimoine culturel et le mode de vie d’une région ainsi que de ses habitants. Cette pratique se développe de plus en plus et englobe de nombreux domaines comme le tourisme architectural, le tourisme de site naturel, le tourisme religieux, le tourisme gastronomique... Les paysages culturels viticoles participent activement à ce tourisme culturel et proposent de nombreuses activités œnotouristiques qui offrent aux visiteurs une immersion au sein de leurs patrimoine culturel. Cette notion de mise en valeur du patrimoine culturel pour le tourisme est mentionnée dans la charte internationale du tourisme culturel qui traite de la gestion du tourisme aux Sites de Patrimoine Significatif. Les premières recommandations voient dans ce tourisme l’occasion d’un formidable échange culturel entre les communautés d’accueil et les visiteurs. Les touristes ont l’opportunité de découvrir et de comprendre les valeurs universelles exceptionnelles qui caractérisent les paysages culturels viticoles : « Le patrimoine culturel est une ressource à la fois matérielle et spirituelle. Il témoignage d’un développement historique. Il a un rôle important dans la vie contemporaine et doit être accessible physiquement, intellectuellement et émotionnellement au grand public. Les programmes de protection et de conservation des éléments physiques, des aspects intangibles et des expressions de la culture contemporaine prises dans leur sens le plus large, doivent faciliter la compréhension et la prise en considération de la signification du patrimoine par les communautés d’accueil et les visiteurs, d’une manière équitable et adaptée aux moyens dont ils disposent. » (ICOMOS, 1999, Article 2.5). Pour assurer aux visiteurs une expérience enrichissante et agréable, les opérations de mise en valeur doivent mettre l’accent sur la communication de leurs patrimoines, sur l’immersion et l’expérimentation de la vie locale mais aussi sur la liberté de mouvement des visiteurs : « Les programmes de protection et de tourisme doivent présenter une information de haute qualité de manière à favoriser la compréhension par le visiteur de la signification des caractéristiques du patrimoine et de la nécessité de le protéger. Ces programmes doivent aussi contribuer, de manière appropriée, à mettre le visiteur en situation de profiter au mieux de sa visite. » (ICOMOS, 1999, Article 3.1). « Le visiteur doit pouvoir visiter les ensembles patrimoniaux comme il le souhaite, si c’est son propre choix. Un circuit de circulation spécifique peut être nécessaire pour réduire les impacts de ce type de visite sur l’intégrité, et les caractéristiques physiques, naturelles et culturelles des sites. » (ICOMOS, 1999, Article 3.2).

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« La planification des activités touristiques doit offrir aux visiteurs les meilleures conditions de confort, de sécurité et de bien-être de manière à renforcer le plaisir de la visite mais sans que cela ne nuise à la signification et aux caractéristiques écologiques du patrimoine. » (ICOMOS, 1999, Article 3.4). La charte met aussi en garde contre la promotion touristique abusive. Souvent utilisée comme outil de communication œnotouristique, la notion d’immersion dans le patrimoine culturel viticole doit être communiquée de manière claire et transparente auprès des touristes. Une communication chimérique générera des retombées néfastes pour la conservation du patrimoine : « Les programmes de promotion touristique doivent susciter des attentes réalistes et informer de façon responsable les visiteurs potentiels sur les caractéristiques patrimoniales spécifiques des sites et des communautés d’accueil, et par ces moyens les encourager à se comporter de manière appropriée. » (ICOMOS, 1999, Article 3.4).

b. Transition écologique :

Un tourisme responsable ou durable doit tenir compte de son impact social et environnemental sur le patrimoine qu’il investit. C’est dans cette optique que la charte internationale du tourisme culturel émet des recommandations qui doivent protéger tout en valorisant les caractéristiques du patrimoine naturel et culturel. L’objectif est d’encourager les voyageurs à devenir des voyageurs responsables et de réduire au maximum son impact sur l’environnement et sur le mode de vie local : « Le respect du caractère sacré des sites, des pratiques et des traditions de nature spirituelle doit être pris en considération de façon prioritaire par les gestionnaires de sites, les visiteurs, les hommes politiques, les planificateurs et les opérateurs touristiques. Les visiteurs doivent être encouragés à se comporter en invités bienvenus, respectueux des valeurs et des styles de vie des communautés d’accueil, en rejetant les vols et le commerce illicite des biens culturels et en se comportant de manière à favoriser le maintien d’un accueil favorable pour les visiteurs à venir. » (ICOMOS, 1999, Article 3.4). La deuxième stratégie évoquée par la charte pour contribuer à un tourisme durable consiste à maîtriser la répartition du tourisme au sein des sites patrimoniaux. Cette stratégie permet de diluer la pression touristique d’un lieu pour garder une qualité de visite optimale. Cela permet aussi d’encourager les visiteurs à explorer l’ensemble du patrimoine culturel : « Les ensembles patrimoniaux et les collections doivent être promus et gérés de manière à protéger leur authenticité et à favoriser les meilleures conditions de visites en limitant les fluctuations incontrôlées des arrivées et en évitant les phénomènes de sur fréquentation dans un même lieu au même moment. » (ICOMOS, 1999, Article 6.2).

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Classification, conservation et valorisation du patrimoine

« Les programmes de promotion touristique doivent favoriser une large redistribution des bénéfices et alléger la pression qui pèse sur les sites les plus populaires. Ils doivent encourager les visiteurs à expérimenter de la manière la plus large les différents éléments du patrimoine naturel et culturel d’une région ou d’une localité. » (ICOMOS, 1999, Article 6.3). Il est tout de même important de rappeler que les résultats de ce développement touristique dépendent d’une stratégie viable et cohérente. Un tourisme excessif ou mal géré aura des conséquences néfastes pour les sites visités, la gestion du patrimoine ne sera pas maîtrisée (dégradation, décontextualisation, disneylandisation) et l’idéologie locale pourrait petit à petit perdre son caractère exceptionnel : « Un tourisme excessif peut de la même façon qu’un tourisme inexistant ou mal géré nuire à l’intégrité physique et à la signification du patrimoine. La fréquentation touristique peut également conduire à la dégradation des espaces naturels ainsi que des cultures et des modes de vie des communautés d’accueil. » (ICOMOS, 1999, Recommandations générales). « L’interaction entre les ressources patrimoniales et le tourisme est dynamique et en constante évolution, générant à la fois des opportunités, des défis et des potentialités de conflits. Les projets, activités et développements touristiques doivent parvenir à des résultats positifs et limiter les impacts négatifs qui pourraient nuire au patrimoine et aux modes de vie des communautés d’accueil, tout en répondant au mieux aux besoins et aux aspirations des visiteurs. » (ICOMOS, 1999, Article 6.3).

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Classification, conservation et valorisation du patrimoine

2.3.3. THÉMATIQUE 3 : DÉVELOPPEMENT LOCAL

a. Appropriation du patrimoine :

La charte internationale du tourisme culturel et la déclaration de Paris font part dans un premier temps de l’importance d’intégrer la population locale dans la gestion du patrimoine culturel. En effet, étant les principaux acteurs du territoire, les populations locales doivent participer aux programmes de mise en valeur touristique pour préserver leurs pratiques culturelles traditionnelles au sein d’un site touristique : « Les droits et les intérêts des communautés d’accueil tant au niveau régional que local, les propriétaires privés et les peuples indigènes qui exercent des droits traditionnels et des responsabilités sur leurs propres territoires et sur les sites chargés pour eux d’une signification particulière, doivent être respectés. Ils doivent participer à l’élaboration et à la mise en œuvre des projets de mise en valeur du patrimoine en définissant les enjeux, les stratégies, les politiques et les procédures permettant d’identifier, de conserver, de gérer, de présenter et d’interpréter leurs ressources patrimoniales ainsi que leurs pratiques culturelles traditionnelles et actuelles, et ceci dans un contexte touristique. » (ICOMOS, 1999, Article 4.1). « Bien que le patrimoine culturel revête une signification universelle, on doit respecter le souhait des communautés d’accueil ou des populations locales de restreindre ou de gérer directement l’accès physique, spirituel ou intellectuel à certaines pratiques culturelles, connaissances et croyances, mais aussi à certains objets ou à certains sites. » (ICOMOS, 1999, Article 4.2). « Impliquer tous les acteurs dans l’élaboration de plans de gestion pour les sites, les destinations, les territoires et centres urbains, en répondant aux questions : quel tourisme, pour qui, pour quoi ? Développer des plans de gestions qui reposent sur les valeurs mémorielles, esthétiques, historiques, culturelles et environnementales particulières à préserver, sur « l’esprit du lieu » ainsi que sur la vision à long‐terme choisie par consensus entre les partenaires pour un développement durable du tourisme. » (ICOMOS, 2011, Article 3.2). « Placer l’authenticité au cœur du développement du tourisme culturel et de la croissance des stratégies d’interprétation et de communication ; favoriser une interprétation fondée sur une approche scientifique et sur des inventaires fiables, évitant les « voyages dans l’hyper‐réalité » qui sont une dérive réductrice des valeurs patrimoniales. » (ICOMOS, 2011, Article 3.5). L’appropriation du patrimoine et du développement touristique par les populations locales permet en plus de préserver l’authenticité du patrimoine, de sensibiliser les populations à leur patrimoine. Un patrimoine durable implique que les acteurs locaux puissent maîtriser la gestion de manière autonome et perpétuer avec fierté les valeurs de leur patrimoine culturel :

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Classification, conservation et valorisation du patrimoine

« Favoriser l’appropriation par les populations locales de leur patrimoine et des projets touristiques ; encourager leur autonomisation et leur participation à la conservation du patrimoine, aux processus de planification et aux prises de décision. La participation des habitants, avec leur perception propre, leurs priorités et leurs orientations est une des conditions préalables au développement du tourisme durable. » (ICOMOS, 2011, Article 3.6). « Éduquer les jeunes, à l’école notamment, et la population en général à leurs patrimoines, aux valeurs historiques, culturelles, sociales porteuses de sens et de mémoire. » » (ICOMOS, 2011, Article 4.1). « Utiliser les média modernes pour diffuser la connaissance du patrimoine qui fera naître une fierté et un souhait de contribuer à sa protection et mise en valeur. » (ICOMOS, 2011, Article 4.2). b. Patrimoine et développement :

Engagée avec la charte internationale du tourisme culturel en 1999 puis approfondi avec la déclaration de Paris en 2011, l’idée qu’un patrimoine culturel soit moteur d’un développent local est largement admis depuis ces dernières années. Ainsi, les paysages culturels viticoles dont la valeur identitaire a su rester authentique constitue un potentiel incroyable pour le développement de population locale. L’appropriation du patrimoine et du développement touristique évoquée dans la sous-partie précédente permet d’alimenter et de pérenniser le processus de développement local : « Les populations locales, la société civile, les élus locaux et nationaux vont jouer un rôle clé dans la conception et la mise en valeur du patrimoine comme facteur de développement, et, par la sensibilisation au patrimoine, dans l’appropriation du processus de développement. L’appropriation du patrimoine s’effectuera d’abord par des actions d’information, de sensibilisation, pour que la société civile puisse reconnaitre et s’approprier les valeurs du patrimoine puis les valorise par un développement durable. » (ICOMOS, 2011, Article 5.1). La conservation et la mise en valeur du patrimoine culturel est bénéfique car il génère des retombées à la fois sociales, didactiques et économiques. Une bonne gestion touristique optimise les échanges entre les communautés d’accueil et les visiteurs, créant ainsi une économie locale qui génère de l’emploi, de la formation, des richesses et l’amélioration des conditions de vie. La charte internationale du tourisme culturel et la déclaration de Paris stipulent qu’une partie des bénéfices de cette économie locale doivent être réinjectés dans le financement de la gestion du patrimoine et du tourisme pour pérenniser le développement : « Les politiques de conservation et de développement touristique doivent promouvoir des mesures qui favorisent une répartition équilibrée des bénéfices du tourisme entre les pays et les régions, accroître les niveaux de développement socio-économique et contribuer à soulager la pauvreté. » ( ICOMOS, 1999, Article 5.1).

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Classification, conservation et valorisation du patrimoine

« La gestion du patrimoine et le tourisme doivent produire des bénéfices économiques, sociaux et culturels, équitablement répartis entre les hommes et les femmes des communautés d’accueil, à tous les niveaux, à travers l’éducation, la formation et la création d’opportunités d’emplois à plein temps. » (ICOMOS, 1999, Article 5.2). « Une partie significative des revenus provenant de l’exploitation touristique du patrimoine doit être affectée à la protection, la conservation et la présentation des sites patrimoniaux, et ceci dans leur contexte naturel et culturel. Autant que possible, les visiteurs doivent être informés de l’existence de cette procédure financière. » (ICOMOS, 1999, Article 5.3). « Prendre en compte les effets directs, les retombées touristiques, les effets de levier pour l’attractivité des territoires et la créativité ; veiller à ce que les impératifs financiers respectent ceux de la conservation des patrimoines, matériels et immatériels ; s’assurer notamment que les retombées économiques du patrimoine profitent prioritairement à l’entretien et à la mise en valeur du patrimoine, ainsi qu’aux populations locales. » (ICOMOS, 2011, Article 4.6).

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Classification, conservation et valorisation du patrimoine

2.3.4. CONCLUSION : L’analyse des différentes chartes et recommandations internationales mises en place par l’UNESCO permet de révéler dans chacun des 3 thèmes (Patrimoine, Tourisme et Développement local) des orientations nécessaires aux bonne pratiques patrimoniales d’un territoire. Ces orientations serviront de repères d’analyse et permettront d’évaluer leurs mises en applications au sein des sites de références. Ce travail est fondé sur le principe d’une grille d’analyse qui reprend les orientations clés apparues lors de l’analyse des chartes et des recommandations : Identification du patrimoine : Le patrimoine identifié se doit d’être le reflet matériel et immatériel de l’adaptation d’une société aux contraintes ou aux atouts présentés par leur environnement naturel. Il doit aussi être capable de communiquer une valeur universelle exceptionnelle du point de vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique.

Authenticité du patrimoine : La diversité du patrimoine culturel constitue une richesse irremplaçable pour l’humanité. Par conséquent, cette diversité se doit d’être impérativement conservée et de rester authentique pour permettre la diffusion de ses valeurs. Prendre conscience de ses valeurs doit encourager l’installation de système adapté de protection et de gestion du patrimoine.

Tourisme immersif : Les activités touristiques doivent assurer aux visiteurs une expérience enrichissante et agréable, les opérations de mise en valeur doivent mettre l’accent sur la communication de leur patrimoine, sur l’immersion et l’expérimentation de la vie locale. Transition écologique : Un tourisme responsable ou durable doit tenir compte de son impact social et environnemental sur le patrimoine qu’il investit. C’est pour cette raison que les activités mises en place au sein du territoire se doivent d’être respectueuses de l’environnement.

Appropriation du patrimoine : L’appropriation du patrimoine et du développement touristique doit être en partie menée par des acteurs locaux pour préserver l’authenticité du patrimoine et sensibiliser le reste de la population à leur patrimoine. C’est aussi un moyen de perpétuer avec fierté les valeurs de leur patrimoine culturel. Patrimoine et développement : Conserver et mettre en valeur le patrimoine culturel d’un territoire doit permettre de générer des retombées à la fois sociales, didactiques et économiques. Le résultat d’un échange entre les communautés d’accueil et les visiteurs permet ainsi de développer de l’emploi, de la formation, des richesses et l’amélioration des conditions de vie.

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TOUR ISM E D U R

LE AB

L LOCA T EN M E PP

E CULTUREL VI N I TIC MO I OL R T E PA

DÉ V E LO

En confrontant cette grille d’analyse aux sites de références, il sera possible d’estimer le degré d’application de chacun des différents indicateurs :

INSUFFISANT

MOYEN

ACCEPTABLE

SATISFAISANT

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3. ANALYSE DES PRATIQUES ACTUELLES DE

CONSERVATION ET DE VALORISATION DES PAYSAGES CULTURELS VITICOLE FRANÇAIS : Dans cette troisième partie, l’objectif est de confronter les différentes idées et concepts concernant la protection du patrimoine observées précédemment avec la réalité. La méthodologie d’analyse développée va pouvoir être appliquée sur des sites de référence qui sont les vignobles français de Bordeaux, de Champagne, de Bourgogne et du Beaujolais. Les territoires de Saint-Emilion, de Champagne et de Bourgogne, présentent un contexte remarquable identifié par l’UNESCO, qui leur ont valu le titre de patrimoine mondial, tandis que le territoire du Beaujolais présente lui aussi un contexte remarquable, mais ne fait pas l’objet d’une inscription au patrimoine mondiale. L’objectif avec cette enquête est de réunir toutes les informations utiles pour remplir la grille d’analyse, que ça soit par le biais d’enquêtes de terrain, de rencontres avec les professionnels ou d’entretiens avec des acteurs du patrimoine local. L’étude des sites de référence au regard de la grille d’analyse, permettra d’évaluer le degré d’application des pratiques actuelles de conservations et de valorisation au sein des paysages culturels viticoles français. Enfin, la confrontation de ces différentes évaluations et les témoignages recueillies lors des entretiens permettrons d’établir une piste de réflexion sur les bonnes pratiques à suivre au sein de ce patrimoine viticole.

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

N

PÉRIGUEUX

DORDOGNE (24) ST-EMILION

BORDEAUX GIRONDE (33)

LOT-ET-GARONNE (47) AGEN

LANDES (40)

MONT-DE-MARSAN

PAU PYRÉNÉES-ATLANTIQUES (64)

10

50 km

ZONE INSCRITE

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CHEF-LIEU

DÉPARTEMENT

CHEF-LIEU DE LA ZONE

VINS DU SAUTERNAIS

VINS DU LIBOURNAIS

VINS DU BLAYAIS ET BOURGEAIS

VINS DU GRAVES

VINS DE L’ENTRE-DEUX-MERS

VINS DU MÉDOC

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.1. Vignoble Bordelais :

L’ancienne région d’Aquitaine aujourd’hui appelée Nouvelle-Aquitaine était composée de cinq départements : la Dordogne, la Gironde, les Landes, le Lot-et-Garonne et les PyrénéesAtlantiques. Cette région du Sud-Ouest de la France avec ses 41 300 km2 se caractérise par la présence d’une ceinture naturelle composée des Pyrénées, du Massif central et de l’Océan Atlantique qui cernent les paysages de plaine de la région. Avec une telle variété de paysages et un climat à la fois tempéré et océanique, la région d’Aquitaine s’impose tout naturellement comme une région propice au développement de l’agriculture. Ces activités jouent un rôle majeur dans le développement social et économique de la région. Représentant historique du patrimoine de la région, la viticulture introduite par les Romains et intensifiée au Moyen-Âge symbolise l’empreinte laissé par l’activité humaine sur le paysage. Cette longue histoire viticole a marqué de manière caractéristique les monuments, l’architecture et les paysages de la région bordelaise. Pour protéger l’appellation et délimiter la zone de production, les vins du bordelais sont régis par une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). Depuis 1911, cette appellation d’origine contrôlée garantit ainsi la qualité et l’origine des vins du bordelais qui doivent être élaborés suivant un ensemble de règles établies par l’Institut National des Appellations d’Origine (I.N.A.O). Les vins de Bordeaux sont récoltés, produits et élaborés dans l’aire délimitée par l’AOC. Les cépages, c’est à dire les variétés de plants de vignes cultivées, sont principalement pour le vin rouge, le merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc et pour le vin blanc, le sémillon, le sauvignon blanc et la muscadelle. Une fois récoltés ces cépages sont transformés grâce à une fermentation naturelle selon les traditions du terroir bordelais. Premier paysage culturel viticole à intégrer la liste du patrimoine mondial suite au rassemblement du Comité du patrimoine mondiale réuni à Marrakech (Maroc) du 29 Novembre au 2 Décembre 1999. La Juridiction de Saint-Emilion bouleverse les codes de valorisation et de conservation du patrimoine viticole en s’engageant pour une nouvelle gestion du patrimoine, qui diffère de celle d’une AOC. L’inscription de ce bien sur la liste du patrimoine mondial ne met plus seulement le produit vin au cœur du processus de gestion et de protection mais bien l’ensemble du paysage culturel viticole.

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.1.1. THÉMATIQUE 1: PATRIMOINE CULTUREL VITICOLE

Identification du patrimoine Authenticité du patrimoine

a. Identification du patrimoine : La « Juridiction de Saint-Émilion » est une zone appartenant à l’espace protégé par l’aire AOC des vins de Bordeaux, elle met en scène un paysage exceptionnel, entièrement consacré à la viticulture, dont les villes et villages comptent de nombreux monuments historiques de qualité. C’est à partir du 8ème siècle que l’activité agricole et viticole s’est développée autour des bourgs, cette interaction entre l’homme et la nature n’a cessé de se développer et de structurer peu à peu la communauté locale. Cette juridiction compte huit communes qui furent établies au XIIe siècle par le roi d’Angleterre Jean sans Terre, duc d’Aquitaine. Cette longue histoire viticole est marquée par les monuments, l’architecture et les paysages de la juridiction alliant ainsi le bâti et le non bâti, la pierre et la vigne, qui en font un paysage culturel unique. L’inscription de ce bien au patrimoine mondial permet de découvrir un exemple remarquable de paysage culturel viticole et historique de la région bordelaise. Il illustre de manière exceptionnelle la culture intensive de la vigne et sa production en vin qui ont marqués la région pour en faire un véritable patrimoine. Ainsi le terroir de la juridiction mais aussi la ville et ses monuments sont représentés comme un ensemble indissociable exceptionnel. Ainsi en identifiant cette juridiction composée de huit communes et en l’élevant comme symbole historique du patrimoine culturel viticole bordelais, les acteurs du patrimoine réussissent à mettre en valeur la constante évolution de ce paysage et des hommes qui ont contribué à l’élaboration d’un patrimoine à la fois religieux (églises, chapelles, croix), aristocratique (châteaux, maisons de maître) et viticole (chais, châteaux viticoles).

Logo de la Juridiction de Saint-Emilion © Saintemilion-unesco

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Carte du périmètre inscrit au Patrimoine mondial © Saintemilion-unesco

Photo de vignes du vignoble de Saint-Emilion © Saint-emilion-tourisme

Photo de la commune de Saint-Emilion © Saint-emilion-tourisme

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des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Centre du village de Saint-Emilion © Saint-emilion-tourisme

Photo du Château Angélus, Saint-Emilion © Angelus

Photo du Chateau Cheval Blanc, Saint-Emilion © Christian de portzamparc

Photo du Château La Dominique, Saint-Emilion © Jean Nouvel

Photo du Château Faugères, Saint-Emilion © Château Faugères

Photo du Château Barde Haut, Saint-Emilion © Nadau-Lavergne

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des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

b. Authenticité du patrimoine : L’ancienne Juridiction de Saint-Émilion (Gironde) a été inscrite le 5 décembre 1999 sur la Liste du Patrimoine mondial de l’Humanité, au titre des paysages Culturels. La zone retenue lors de l’inscription au Patrimoine mondial de l’humanité correspond à l’entité historique de l’ancienne juridiction de Saint-Émilion telle qu’elle a été délimitée dès 1289. Après l’inscription, les collectivités locales ont élaboré la « Charte Patrimoniale de l’ancienne Juridiction de Saint-Émilion » qui définit les grandes orientations en termes de sauvegarde, de protection, de valorisation et de développement du paysage culturel. Cette charte permis entre autres la création de Zone de Protection du Paysage Architectural Urbain et Paysager (ZPPAUP), la révision des Plan Local d’Urbanisme (PLU) et du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) du Libournais. Malgré ces orientations, le territoire de la juridiction fut tout de même l’objet d’un développement de chais viticoles contemporains. De nombreux chais viticoles imaginés par les plus grands architectes du moment comme Mario Botta (Châteaux Faugères), Norman Foster (Châteaux Margaux) ou Jean Nouvel (Châteaux La Dominique), sont édifiés suite à l’appel des prestigieuses propriétés viticoles bordelaises désireuses de renouveler leur image. Piégés entre désir de renouveau, image de modernité et enracinement dans le terroir, ces chais contemporains ont parfois oublié la valeur exceptionnelle de la Juridiction de Saint-Emilion. Pour lutter face à la dégradation du bâti ancien, à la banalisation des matériaux et à la décontextualisation, la juridiction à décider par la suite de mettre en place une Aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP). Sur le territoire de la Juridiction, un grand nombre d’édifices sont protégés au titre des Monuments historiques. Ils bénéficient alors d’une réglementation particulièrement stricte et sont protégés par le Code. La surveillance de ces édifices est assurée par la Conservation Régionale des Monuments Historiques (sauvegarde et restauration) et par des Architectes des Bâtiments de France (entretien courant et gestion des abords). L’association Juridiction de Saint-Emilion est garante devant l’État du bien inscrit, c’est donc à elle que revient la charge de sa gestion, de sa valorisation et de sa préservation. Leur objectif est de promouvoir un développement à la fois durable et conservateur du patrimoine local.

Photo des vestiges de La Grande Muraille du monastère Dominicain du XIIème siècle © Saint-emilion-tourisme

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des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.1.2. THÉMATIQUE 2: TOURISME DURABLE

Tourisme immersif Transition écologique

a. Tourisme immersif : Avec son inscription à la liste du patrimoine mondial, la Juridiction de Sant-Émilion a su mettre en place des activités ludiques et variées capables de faire découvrir à plusieurs millions de visiteurs la richesse de son patrimoine. Entre vignes, cours d’eau, routes pittoresques, monuments historiques et cités médiévales, le paysage culturel bordelais offre un terrain propice au développement touristique et à la mise en valeur de son patrimoine. Les visiteurs ont donc la possibilité de contempler ce paysage à travers de nombreuses activités extérieure parfois insolites comme des routes à thèmes (viticulture, architecture, gastronomie, terroir...), des randonnées pédestres, des circuits vélos, un circuit en train touristique, un parcours canoë et même un vol en montgolfière. La profusion de ces activités en pleine aire donne la possibilité aux visiteurs de se mouvoir au sein du territoire et d’en apprendre davantage sur les principales étapes du développement de la cité, de ses origines à nos jours. Ces visites peuvent être autoguidées par l’intermédiaire d’une signalétique ou guidées par un expert du patrimoine et des activités locales. Ces balades sont aussi l’occasion d’en apprendre plus sur la vie de la population locale et de découvrir les secrets d’élaboration des prestigieux vins de Saint-Émilion, de la vigne au chai viticole. De nombreuses maisons viticoles ouvrent leurs portes pour partager leurs histoires et leur savoir-faire , offrant ainsi des ateliers découvertes de la vigne et de la vinification mais aussi des visites de leurs caves souterraines et de leurs châteaux historiques (visites des domaines privées payantes et souvent onéreuses). Avec plus de 20 années passées au sein de la liste du patrimoine mondial, la Juridiction de SaintÉmilion a su attirer de nombreux visiteurs et s’adapter aux nouvelles pratiques touristiques. Elle propose de nombreuses activités innovantes comme des « EscapeWine », des « Phone Quest » ou des « Parcours natures », qui sont des alternatives ludiques et originales pour les grands et les petits, et pour découvrir le patrimoine en s’amusant.

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des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Photo d’une visite au coeur du village de Saint-Emilion © Saint-emilion-tourisme

Photo Supports touristiques © Saint-emilion-tourisme

Photo d’une visite au coeur du vignoble © Saint-emilion-tourisme

Photo d’un cours de découverte et s’initiation aux vins de Saint-Émilion © Saint-emilion-tourisme

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Photo d’une visite en voiture électrique © Saint-emilion-tourisme

Photo d’une balade à vélo © Saint-emilion-tourisme

Photo d’une balane à dos d’âne © Saint-emilion-tourisme

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b. Transition écologique : Depuis l’inscription en 1999, les gestionnaires de la Juridiction de Saint-Emilion n’ont cessé de multiplier les outils réglementaires et les aménagements territoriaux aptes à soutenir une sauvegarde durable du territoire établi pour l’inscription au patrimoine mondial. Identifié comme les piliers fondateurs du développement local, le tourisme et la viticulture constituent les deux secteurs qui ont le plus fort impact sur le paysage culturel de Saint-Emilion. Les activités viticoles garantissent le maintien durable de l’identité paysagère de la juridiction, c’est pour cette raison que de nombreuses initiatives ont été menées pour les pérenniser et préserver l’intégrité du vignoble. Ainsi les acteurs locaux ont mené des campagnes de diffusion de brochures informatives à l’ensemble des viticulteurs détaillant les répercussions sur l’environnement, ce qui a permis ensuite la construction d’une station de traitement des effluents vinicoles et de plusieurs réglementations comme la loi « Grenelle II » de 2010 (Réduction des produits phytosanitaires) ou le plan « Ecophyto » de 2018 (réduction de l’usage des pesticides). La reconnaissance de ce paysage culturel a permis sans aucun doute de guider les orientations choisies lors de l’élaboration du SCOT du Libournais en 2014. Manifestant ainsi une volonté de préserver les espaces naturels et de limiter l’étalement urbain, en instaurant certaines restrictions au sein des PLU. On peut aussi noter une volonté de développer la production d’énergie verte avec la création de Zones de Développement Éolien (ZDE). Les municipalités se portent garantes de préserver un équilibre entre l’implantation de ces superstructures et la qualité paysagère du bien patrimoniale. La gestion des flux touristiques est une des stratégies principales de vigilance des instances de la juridiction car une mauvaise maitrise impacterait le bien et l’ensemble de l’environnement. Pour pérenniser et limiter ces flux touristiques, plusieurs propositions ont été avancées comme la création de navettes entre la gare et le bourg de Saint-Emilion, des liaisons en minibus qui assurent la liaison entre le bourg de Saint-Emilion et les autres communes de la Juridiction, la création d’aires de stationnement dans des zones correctement ciblées. L’ensemble de ces dispositifs sont mis en place pour inciter les visiteurs à utiliser des moyens de transport doux. C’est aussi pour cela que de nombreuses activités sur ce thème sont mises à dispositions comme des randonnées, des circuits vélos, des balades en vélos électriques, des circuits en canoë et même des balades en voitures électriques...

Photo du travail de la vigne non mécanisé avec l’aide d’un cheval de trait © Vins-saint-emilion

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3.1.3. THÉMATIQUE 3: DÉVELOPPEMENT LOCAL

Appropriation du patrimoine Patrimoine et développement

a. Appropriation du patrimoine : Ce fait maintenant plusieurs décennies que la Juridiction de Saint-Emilion s’essaye à rassembler l’ensemble de sa population autour d’une identité commune. C’est pour cette raison que la Juridiction fut le premier paysage culturel viticole inscrit à la liste du patrimoine mondiale. Après toutes ces années, un des enjeux de la juridiction est de pérenniser ce sentiment d’appartenance et développer au sein de la population locale un véritable engouement pour perpétuer cette culture locale. Un travail de médiation auprès de la population locale est mis en place par l’association de la Juridiction de Saint-Emilion pour les sensibiliser à la notion de patrimoine. Pour se faire, l’association a cherché à mettre en place des partenariats avec d’autres sites classés UNESCO à proximité pour pouvoir mener des visites organisées avec les acteurs locaux. Ainsi la population a régulièrement l’occasion de participer à des visites culturelles qui leur permettraient de prendre conscience des enjeux patrimoniaux de leur propre région. Toujours pour entretenir cette médiation au sein de la population, la juridiction mène en parallèle d’autres actions comme certaines qui visent à sensibiliser le jeune public. Une coopération avec les établissements scolaires et des ateliers pédagogiques sont établis pour expliquer à ces acteurs de demain, leurs rôles et leur importance future au sein de la Juridiction de Saint-Emilion. Cette conciliation de la population locale envers son patrimoine a permis le développement d’un tourisme participatif, avec des résidents bénévoles qui se proposent de faire découvrir leur région aux visiteurs. Ce réseau de « Greeters » permet de fédérer les acteurs locaux et de créer une véritable appropriation du patrimoine et permet aux visiteurs de bénéficier d’une approche plus sensible et personnelle.

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Photo d’un questionnaire rempli par les enfants © Saint-emilion-tourisme

Photo d’un atelier pédagogique pour enfants © Saint-emilion-tourisme

Photo d’une visite avec un Greeters bordelais © Saint-emilion-tourisme

Photo de la Jurade, tradition ancestral de Saint-Émilion © Saint-emilion-tourisme

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Communauté de communes du Grand Saint-Émilionnais

Communauté de communes du Grand 2006 2008 2010 2011 Saint-Émilionnais 2014 2016 Analyse des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français Agriculture 22006 662 22008 679 22010 642 22011 694 22014 748 22016 781 Communauté de communes du Grand Saint-Émilionnais Agriculture 2 662 2 679 2 642 2 694 2 748 2 781 Services 10 680 11 304 11 553 11 470 11 497 11 855 2006 2008 2010 2011 2014 2016 Services 10 680 et chômage - Intercommunalité-Métropole 11 304 11 553 11 470 11 855 Sources : Insee - Population active, emploi de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533)11 497 Agriculture 2 662 2 679 2 642 2 694 2 781 Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533) 2 748 * Sercices: Commerce, transports, services divers... • Évolution du nombre d’emplois dans le secteur de l’agriculture et des services :

Services 10services 680 divers... * Sercices: Commerce, transports,

11 304

11 553

11 470

11 497

11 855

A G RI CUL TURE A G RI CUL TURE

11 553 11 553 11 553

11 470 11 470 11 470

11 497 11 497 11 497

2010

2011

2014

2016

2006

2008

2010

2011

2014

2016

2008

2010

2011

2014

2016

2006

2008

2010

2011

2014

2016

Communauté de communes du Grand Saint-Émilionnais 2 0 1 4 Communauté 2016 0 0 6 Saint-Émilionnais 2008 2010 2011 de communes du 2Grand 2008 2010 2011 2014

2014

2016 2016

2 781

2 748

2 694

2 642 2 642 2 642

2010 2011 2006

SERVI CES

Communauté de communes du Grand Agriculture 22006 662 22008 679 22010 642 22011 694Saint-Émilionnais 22014 748 Communauté de communes du Grand Saint-Émilionnais Communauté de communes du Grand Saint-Émilionnais Agriculture 22013 662 22014 679 22015 642 22016 694 22017 748 Services 10 680 11 304 11 553 11 470 11 497 2006 2008 2010 2011 2014 Entreprises 12013 021 12014 093 12015 175 12016 202 12017 228 Sources : Insee - Population active, emploi de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533)11 Services 10 680 et chômage - Intercommunalité-Métropole 11 304 11 553 11 470 497 Communauté de communes du Grand Agriculture 2 662 2 679 2 642 2 694Saint-Émilionnais 2 748 021 093 175 202 1 355 228 Etablissements 11 140 11 219 11 305 11 335 Sources : Insee - Population active, emploi etdivers... chômage - Intercommunalité-Métropole de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533)1 *Entreprises Sercices: Commerce, transports, services Services 10 680 11 304 11 553 11 470 11 497 12013 140 12014 219 12015 305Grand Saint-Émilionnais 12016 335 12017 355 Sources : Insee - Démographie des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CC du (200035533) *Etablissements Sercices: Commerce, transports, services divers... Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533) 1 228 Entreprises 1 021 1 093 1 175 1 202 Sources : Insee - Démographie des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533)

22016 781 22018 781 11 855 2016 12018 282 11 855 2 781 282 11 415 11 855 12018 415 1 282

* Ensemble des activités marchandes hors agriculture.

282 2 7812 781 21781 1 282

*Etablissements Sercices: Commerce, transports, divers... 1 services 140 1 219 305 1 335 1 355 A Gmarchandes RI CUL TURE CES * Ensemble des activités hors agriculture. • Évolution du nombre d’entreprises et1 d’établissements : SERVI

A G RI CUL TURE ENTREP RI SES A G RI CUL ENTREP RITURE SES

1 415

SERVI CES ETA BL I SSEMENT S SERVI CES ETA BL I SSEMENT S 111 335 1 335 111470 470 11 470 335

111 355 1 355 111 497 497 11 497 355

2014

2016

2006

2008

2010

2011

2014

2011

2014

2016

2006

2008

2010

2011

2014

2016

2013 2006 2013

2014 2008 2014

2015 2010 2015

2016 2011 2016

2017 2014 2017

2018 2016 2018

2013 2006 2013

2014 2008 2014

2015 2010 2015

2016 2011 2016

2017 2014 2017

2018 2016 2018

2013

2014

2015 2016 2013

Communauté de communes du Grand Saint-Émilionnais 2 0 1 7 Communauté 2018 0 1 3 Saint-Émilionnais 2014 2015 2016 de communes du 2Grand 2014 2015 2016 2017

2017

2018 2018

1 228

1 282

1 175 1 175 2 6421 2175 642 2 642

ETA BL I SSEMENT S

Communauté du Grand Saint-Émilionnais 12014 093 12015 175 de communes 12016 202 12017 228 Communauté de communes du Grand Saint-Émilionnais Communauté de communes du Grand Saint-Émilionnais 2012 2013 2014 Entreprises 1 021 1 093 1 175 1 202 12015 228 Etablissements 140 219 305 335 355 2013 2014 2015 2016 2017 Médiane du- Démographie revenu disponible 19 612 19 985 20 219 20 225 Sources : Insee des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533) Etablissements 1 140 12012 219 12013 305 12014 335 12015 355 Communauté du Grand Saint-Émilionnais Entreprises 1 021 1 093 1 175 de communes 1 202 1 228 Médiane du revenu disponible 19 612 19 985 20 219 20 225 Sources : Insee Revenus et pauvreté des ménages Intercommunalité-Métropole de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533) Sources : Insee Démographie des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533) * Ensemble des -activités marchandes hors agriculture. Etablissements 1 140 12012 219 1de 305 12014 335 (200035533) 12015 355 2013 Sources : Insee - Revenus et pauvreté des ménages - Intercommunalité-Métropole CC du Grand Saint-Émilionnais 12013 021

Entreprises

** Ensemble Ménages fiscaux - hors marchandes communautéshors et sans abris. des activités agriculture. Sources : Insee des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CC Grand Saint-Émilionnais (200035533) Médiane du- Démographie revenu disponible 19du 985 20 219 * Ménages fiscaux - hors communautés et sans abris. 19 612

20 225

1 415

1 305 1 305 11 553 11 553 11 553 1 305

2011

2010

ENTREP RI SES

111 219 219 1 219 111 304 304 11 304

1 2093 1 093 2 1679 6792 679 093

2010

2008

* Ensemble des activités marchandes hors agriculture.

110140 110 140 680 10 1 140 680 680

2008

2006

1 228 748 2 7482 748 1 2228

2006

12202 1 202 2 1694 6942 694 202

12021 1 021 2 1662 021 6622 662

Sources : Insee - Démographie des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533)

1855 415 11 855 11 855 111 415

2008

10 680 10 680 10 680

2 694 2 694

2 662 2 662 2006

A G RI CUL TURE

11 304 11 304 11 304

2008

2006

2 748 2 748

2006

2 679 2 679 2 679

SERVI CES SERVI CES

2 662

2 781 2 781

* Sercices: Commerce, transports, services divers...

11 855 11 855 11 855

Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533)

2016

12018 282 12016 282 415 2018 20 696 12016 415 1 282 20 696 12016 415 20 696

ENTREP RI SES ETA BL I SSEMENT S * Ménages fiscaux - hors communautés et SES sans abris. MÉDI A NE DU REVENU ENTREP RI ETA I SSEMENT S en euros : • Évolution de la médiane du revenu disponible par unité deBL consommation SP ODU NI BL E MÉDIDI A NE REVENU ENTREP RI SES ETA BL I SSEMENT S DI SP O NI BL E

2015

2016

2014

2015

2016

2017

2018

2 0 1 5 2 0 1230 1 62 0 1 4 2015 2016 2013 2014

2015

2016

2017

2018

2015

2016

2017

2018

2018

2012

19 985 19 985 19 985

MÉDI A NE DU REVENU DI SP O NI BL E

2012

Médiane du revenu disponible

1 415 1 4151 415

2014

1 355 1 3551 355

2013

1 335 1 3351 335

2 0 1 72 0 1220 1 8 2 0 1 3 2012 2013 2017 2018

1 305 1 3051 305

2017

2016

1 219 1 2191 219

1 228 1 2281 228

2016

2015

1 140 1 1401 140 20 696 20 696 20 696

1 202 1 2021 202

2015

2014

20 225 20 225 20 225

1 175 1 1751 175

2014

2013

20 219 20 219 20 219

1 093 1 0931 093

2013

19 612 19 612 19 612

1 021 1 0211 021

1 282 1 2821 282

*Sources Ensemble des -activités : Insee Revenusmarchandes et pauvretéhors des agriculture. ménages - Intercommunalité-Métropole de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533)

2014 2014

2013

2Communauté 013 2 0 1 4 de 2communes 015 2 0 1du 6 Grand Saint-Émilionnais Communauté du Grand Saint-Émilionnais 2013 de communes 2014 2015

2012 19 612

2016

2013 2014 2015 19 985 20 219 20 225 Communauté de communes du Grand Saint-Émilionnais Médiane du- Revenus revenuet disponible Sources : Insee pauvreté des ménages - Intercommunalité-Métropole de985 CC du Grand Saint-Émilionnais 19 612 19 20 219 (200035533) 20 225 2012 2013 2014 2015

2016 20 696

Médiane du revenu disponible

20 696

Sources : Insee - Revenus et pauvreté des ménages * Ménages fiscaux - hors communautés et sans abris.- Intercommunalité-Métropole de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533)

19 612

19 985

20 219

* Ménages fiscaux - hors communautés et sans abris. Sources : Insee - Revenus et pauvreté des ménages - Intercommunalité-Métropole de CC du Grand Saint-Émilionnais (200035533)

20 696 20 696 20 696

20 225 20 225 20 225

20 219 20 219 20 219

MÉDI A NE DU REVENU SP ODU NI BL E MÉDIDI A NE REVENU DI SP O NI BL E MÉDI A NEPaysages DU REVENU culturels viticoles et développement local DI SP O NI BL E 985 19 985 19 985

54

2 19 612 19 612

* Ménages fiscaux - hors communautés et sans abris.

20 225

20 696 2016


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

b. Patrimoine et développement : Dans le cas de la Juridiction de Saint-Emilion, les politiques mises en place par les collectivités locales et les professionnels pour élaborer le dossier de candidature datent des années 90. Par conséquent, le développement local et la gestion du bien inscrit sur la liste du patrimoine s’étalent depuis plusieurs dizaines d’années, l’objectif n’est donc plus d’amorcer un développement local mais de l’entretenir pour garder une bonne dynamique que ça soit dans le domaine social, culturel et économique. Le travail de médiation auprès de la population locale qui a été mis en place par l’association de la Juridiction de Saint-Emilion pour les sensibiliser à cette notion de patrimoine, permet de transmettre les valeurs patrimoniales du site. Cette initiative montre que les acteurs locaux entretiennent une bonne dynamique pour préserver le développement culturel et social du territoire. Les données fournies par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) concernant la Communauté de communes du Grand Saint-Émilionnais, nous montre que le secteur a connu un léger développement durant ces dernières années. Le nombre d’emplois dans les secteurs de l’agriculture et des services (commerces, transports, services divers ...) sont en progression depuis 2006. Le nombre d’entreprises et d’établissements a lui aussi légèrement augmenté depuis l’année 2013. Même si la mise en valeur du paysage culturel de la juridiction ne peut pas à elle seul expliquer l’ensemble de ce développement local, elle peut tout de même en être l’un des facteurs. Cette évolution montre que les politiques mises en place au sein de cette communauté de communes maintiennent encore aujourd’hui une dynamique positive dans les secteurs de l’emploi et des entreprises. Les données de l’INSEE montrent que le revenu médian d’un résident de la Communauté de communes du Grand Saint-Émilionnais est en augmentation depuis 2012. La communauté de communes est donc en proie à une évolution positive dans le développement économique de ses ménages.

Photo du Caveau du Château Rozier au centre du village de Saint-Emilion © Saint-emilion-tourisme

Paysages culturels viticoles et

développement local

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

N CHARLEVILLE-MÉZIÈRES

REIMS CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE

ÉPERNAY

TROYES

CHAUMONT

50 km

10

ZONE INSCRITE

56

CHEF-LIEU

DÉPARTEMENT

CHEF-LIEU DE LA ZONE

VINS DE VITRY-LE-FRANÇOIS

VINS DE LA CÔTE DE SÉZANNE

VINS DE LA VALLÉE DE LA MARNE

VINS DE LA CÔTE DE BARS

VINS DE LA CÔTE DES BLANCS

VINS DE LA MONTAGNE DE REIMS

Paysages culturels viticoles et

développement local


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.2. Vignoble Champenois :

Situé à l’est de la capitale, la région de la Champagne Ardennes s’étend sur environ 25 600 km2. Composée de quatre départements, les Ardennes, l’Aube, la Marne et la Haute-Marne, cette région se caractérise par des paysages de plaines et de collines qui évoluent dans un climat tempéré symbole de transition entre un climat océanique et un climat continental. Malgré une activité agricole fortement portée sur la production céréalière, la région de la Champagne Ardenne, comme son nom l’indique, se caractérise principalement par sa production de Champagne qui s’effectue au sein du terroir champenois. Profitant de la position géographique, des conditions climatiques et des particularités du sous-sol, la population locale a su développer au fil du temps un savoir-faire et une organisation unique qui donne aux vins de Champagne leur inimitable typicité. Le vin de champagne est lui aussi régi par une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). C’est depuis 1927 que la qualité, l’origine et le caractère inimitable du vin de champagne sont élaborés suivant un ensemble de règles établies par l’I.N.A.O. Récoltés, produits et élaborés dans l’aire délimitée par l’AOC, ces vins effervescents caractérisés par trois cépages qui sont le Chardonnay, le Pinot noir et le Meunier. Récoltés puis transformés selon les méthodes traditionnelles champenoises, le processus permet d’obtenir un vin effervescent unique en son genre. Le patrimoine culturel viticole champenois fait partie de la liste indicative du patrimoine français depuis le 1er février 2002 et a intégré la liste du patrimoine mondial suite au rassemblement du Comité du patrimoine mondiale réuni à Bonn (Allemagne) du 28 juin au 8 juillet 2015. Cette nomination est le résultat d’un processus de longue haleine, mené par l’association d’acteurs locaux et de professionnels, pour valoriser et protéger les valeurs patrimoniales du terroir champenois. Au-delà d’une reconnaissance internationale, cette inscription est un engagement de la France devant l’UNESCO, à mettre en place es moyens d’identification, de protection, de conservation et de mise en valeur du paysage culturel champenois. Avec cette démarche, les collectivités territoriales et locales mettent toutes leur énergie au service de cette cause pour faire en sorte qu’on ne parle plus seulement du « Champagne » mais de la « Champagne » !

Paysages culturels viticoles et

développement local

57


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.2.1. THÉMATIQUE 1: PATRIMOINE CULTUREL VITICOLE

Identification du patrimoine Authenticité du patrimoine

a. Identification du patrimoine : Le bien actuellement inscrit sous le nom de « Coteaux, maisons et caves de Champagne », nous transporte au sein du terroir champenois, berceau et précurseur de l’élaboration de vins effervescents. Sur cette liste du patrimoine mondial, le bien occupe seulement une petite partie de l’actuelle zone protégé par l’AOC et se concentre sur quatorze éléments regroupés en trois catégories (coteaux, maisons, caves) sélectionnés sur la base de critères géomorphologiques, fonctionnels et historiques. La zone est partagée en trois espaces distincts : la colline SaintNicaise à Reims, l’avenue de Champagne à Épernay, et les villages d’Hautvillers, Aÿ et Mareuilsur-Aÿ. Le bien proposé met l’accent sur les espaces historiques et remarquables du terroir Champenois, et permet ainsi de distinguer les périodes marquantes qui ont forgées ce paysage culturel. La zone délimitée pour la demande d’inscription ne permet pas d’identifier la totalité du patrimoine culturel viticole champenois mais offre toutefois une vision globalement complète du patrimoine locale. Ainsi la colline Saint-Nicaise à Reims, l’avenue de Champagne à Épernay, et les villages d’Hautvillers, Aÿ et Mareuil-sur-Aÿ, permettent de mesurer l’impact de l’agro industrialisation du champagne sur les paysages naturels et urbains mais aussi sur les traditions culturelles de la population locale. Ils matérialisent un exemple remarquable et cohérent de structure territoriale, urbaine et technologique basée sur le terroir champenois, représentant la production du champagne et de l’histoire de cette production.

Logo des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne © Comité Champagne

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Paysages culturels viticoles et

développement local


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Plan de la zone d’engagement © Champagne-patrimoinemondial

Photo de coteaux de Champagne © Tourisme-champagne-ardenne

Paysages culturels viticoles et

développement local

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Photo d’un village champenois au milieu de coteaux © Tourisme-champagne-ardenne

Photo de la maison de Champagne Ruinart, Reims © Reims-tourisme

Photo d’une cave de la maison Veuve Clicquot, Reims © Reims.fr

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Paysages culturels viticoles et

développement local


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

b. Authenticité du patrimoine : Le patrimoine de la colline Saint-Nicaise à Reims, l’avenue de Champagne à Épernay, et les villages d’Hautvillers, Aÿ et Mareuil-sur-Aÿ sont encore de nos jours étroitement liés à la viticulture et permettent d’observer un paysage culturel viticole authentique. De manière générale, les infrastructures viticoles (villages, chais, caves...) sont restées inchangées et sont presque toutes encore en usage, à l’exception de quelques vendangeoirs et ateliers dans les vignobles. La demande d’inscription a permis à ces espaces de bénéficier de plusieurs dispositifs de protection mis en place en concertation avec les acteurs du territoire. Des AVAP (Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine), l’AOC ou la protection des Monument historiques assurent la protection et la valorisation des savoir-faire et du patrimoine. Les bâtiments datant de la seconde moitié du XIXème situés sur la colline Saint-Nicaise à Reims, ont subi des destructions majeures pendant la Première Guerre mondiale mais furent reconstruits à l’identique puis ré-agencés pour permettre l’installation d’outils viticoles plus modernes. Les caves souterraines accueillants de plus en plus de touristes ont dû être remises à niveaux pour garantir la sécurité du personnel et des visiteurs, ce qui a entraîné une détérioration de l’aspect général des caves. Malgré tout, l’association des Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne œuvre à la restauration de ces éléments et élabore des systèmes de mises aux normes plus adaptés. L’avenue de Champagne quant à elle, n’a pas souffert des dommages de la guerre et les comparaisons photographiques historiques confirment que l’avenue garde dans son ensemble son langage originel. Le plus gros changement s’opère à l’intérieur des différentes maisons de champagne, avec des espaces remis au goût du jour pour répondre à la demande œnotouristique et aux techniques de vinifications modernes. Seules les caves maintiennent globalement un état de conservation authentique et sont utilisées pour la conservation de champagnes de qualité supérieure qui sont toujours travaillés manuellement selon la tradition. L’association Paysages du Champagne devenue en 2015 avec l’inscription au Patrimoine mondial, la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne, pilote et accompagne le déploiement des engagements pris lors de l’inscription au patrimoine mondiale. Elle identifie les atouts et les faiblesses du territoire, formule des stratégies de préservation et de valorisation du territoire et construit des partenariats avec l’ensemble des acteurs pour fédérer les collectivités locales, les institutions publiques et privées ainsi que les professions vitivinicoles. L’objectif est d’aboutir à un développement durable et à une préservation cohérente du patrimoine local.

Photo d’un pressurage champenois © Comité Champagne

Paysages culturels viticoles et

développement local

61


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.2.2. THÉMATIQUE 2: TOURISME DURABLE

Tourisme immersif Transition écologique

a. Tourisme immersif : Depuis l’inscription du Bien sur la Liste du patrimoine mondial, de nombreux supports touristiques à destination des visiteurs ont été réalisés sur l’ensemble du territoire champenois. Ils permettent de rendre plus visible le patrimoine naturel et bâti, de l’expliciter aux visiteurs par des illustrations et des écrits, de dynamiser, guider et rythmer leurs visites. Une nouvelle signalétique patrimoniale a été mise en place en plus de la signalétique viticole, elle agit comme un système d’accompagnement qui communique l’aspect historique et patrimoniale du site. Ainsi des circuits autoguidés (Route touristique du Champagne, Voies vertes...) et des circuits organisés (Greeters, Balades œnologiques...) permettent d’explorer l’ensemble de la région viticole. Les circuits peuvent être réalisés aussi bien en voiture ou en moto, qu’en bus touristique, en bateau, en train, à vélo ou à pied. Cette liberté de mouvement au sein du territoire champenois offre une large palette de possibilités aux visiteurs, qui peuvent ainsi organiser leur séjour au gré de leurs envies. Pour agrémenter ces circuits touristiques, les acteurs locaux ouvrent en grand majorité les portes de leurs domaines ou de leurs commerces. Les visiteurs ont donc la possibilité de visiter les sites de production et de déguster le produit de ces productions (Visites des domaines privés payantes et souvent onéreuses). C’est pour eux l’opportunité de se plonger au cœur de la vie locale, de découvrir l’histoire et la culture du territoire mais aussi d’échanger avec les habitants, tout en profitant de la gastronomie locale. De plus, de nombreux évènements (Champagne Day, Soirée Blanche, Route du Champagne en fête ...) sont organisés tout au long de l’année pour inviter les visiteurs à venir découvrir les domaines, à apprécier la richesse du savoir-faire des acteurs locaux et de profiter d’un moment de convivialité. Quel que soit son mode de transport, le visiteur a dorénavant la possibilité de comprendre au terme de sa visite, quelle est l’identité des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne et le bien fondé de leur inscription au Patrimoine mondial. Il manque actuellement un lieu spécialement dédié à l’histoire du patrimoine local, mais le projet de musée du Champagne prévu à Épernay pour 2021, permettra de renforcer et d’enrichir l’expérience apportée aux visiteurs.

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Paysages culturels viticoles et

développement local


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Supports touristiques pour les visiteurs © Champagne-patrimoinemondial

Photo d’une randonnée au cœur du vignoble champenois © Marneffrandonnee

Photo d’une visite dans une maison de champagne © Tourisme-champagne-ardenne

Paysages culturels viticoles et

développement local

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Photo de la journée « Villages et Coteaux propres » © GrandReims

Photo d’une visite à cheval © Tourisme-champagne-ardenne

Photo du travail des vignerons à la main © Champagne-patrimoinemondial

Photo d’un CityBus totalement électrique à Reims © Reims-tourisme

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Paysages culturels viticoles et

développement local


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

b. Transition écologique : Dans le cadre de l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial, les Coteaux, Maisons et Caves de Champagne par leur plan de gestion, se sont engagés à devenir de véritables modèles d’aménagements paysagers et de gestion durable des activités vitivinicoles et touristiques. C’est pour cette raison que les organismes du Comité Champagne (CIVC), le Parc naturel régional de la Montagne de Reims et la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne, se sont concertés pour élaborer le programme AGIR (Aménagement et Gestion durable des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne). Cette démarche a pour objectif de créer une dynamique collective au sein du territoire pour progresser sur les domaines en rapport avec la viticulture durable et également la préservation et l’amélioration de la biodiversité et des paysages. Depuis 2014, ils organisent par exemple l’événement « Villages et Coteaux propres », qui a pour objectif d’organiser une journée de nettoyage et de collecte des déchets (chemins, bords de route, lisières, vignoble, ...) en mobilisant des habitants, des élus et des vignerons de toute l’AOC de Champagne. En parallèle des modes de déplacements classiques, les acteurs locaux ont entrepris des initiatives alternatives pour favoriser le tourisme durable. Ainsi dans la ville de Reims un service de navette autonome électrique et gratuit est expérimenté entre la gare et la ligne de Tramway pour faciliter la mobilité des voyageurs. La nouvelle ligne « CityBus » totalement électrique inaugurée en avril 2019 permet de relier la gare aux différents sites touristiques de l’agglomération. Enfin, à la fin de l’année 2017, la ville d’Épernay a mis à disposition un service d’auto-partage de véhicules électriques. Toutes ces initiatives couplées avec les modes de transports doux permettent de limiter l’impact environnemental du tourisme sur le paysage champenois. Les énergies renouvelables constituent aujourd’hui un élément majeur de l’aménagement du territoire champenois. Les installations de parcs éoliens, de panneaux solaires et de systèmes de méthanisation sont en grande expansion au sein de la région et permettent de produire une énergie alternative propre. La Mission Coteaux, Maisons et Caves a développé des chartes pour réguler l’implantation de ces projets (éoliens, méthaniseur, panneaux photovoltaïques...) et pour préserver l’authenticité du paysage inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. Elle continue encore aujourd’hui de contrôler cette densification de projets, qui malgré leur bienveillance environnementale restent une menace pour les paysages culturels.

Photo d’un parc éolien dans la marne © Renvicoenergy

Paysages culturels viticoles et

développement local

65


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.2.3. THÉMATIQUE 3: DÉVELOPPEMENT LOCAL

Appropriation du patrimoine Patrimoine et développement

a. Appropriation du patrimoine : En 2006, un certain nombre d’experts se sont lancés sur le travail d’une potentielle candidature sur la liste du patrimoine mondial et ont créé en 2008, l’association Paysages du Champagne. Cette structure composée à la fois de membres des collectivités locales et de professionnels de la filière vitivinicole, a eu pour mission de fédérer l’ensemble de la population et créer une dynamique collective qui participe à la valorisation du paysage culturel champenois. Les expositions, les brochures, les formations et les événements mis en place par l’association pour présenter la Valeur Universelle Exceptionnelle du patrimoine champenois a permis à la population locale de redécouvrir son territoire et d’y dédier une véritable fierté. Ainsi de nombreux commerçants, viticulteurs, et habitants se sont ouverts aux visiteurs pour partager leur quotidien, leur bien et leur savoir-faire. Ils s’activent aussi tout au long de l’année à la préparation et à l’animation de nombreux évènements. On peut citer par exemple le « Séjour des Réconciliations » dirigé par la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne. Cette journée célèbre le patrimoine local sous le signe de la convivialité, où chacun peut prendre le temps de découvrir ou redécouvrir le territoire et ses richesses en participant à des animations culturelles, des spectacles, des concerts, des conférences et des dégustations gastronomiques. La première édition de 2016 par exemple, compta près de 2 500 participants et fut organisée par de nombreux bénévoles qui ont œuvré à la préparation et l’animation de cette journée. Pour faire perdurer cet engouement et cette reconnaissance du patrimoine, la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne mène également de nombreuses actions de sensibilisation et d’éducation chez le jeune public, avec des programmes d’interventions au sein des classes et en essayant de les intégrer au maximum dans les différents évènements.

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Paysages culturels viticoles et

développement local


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Association des Greeters de Champagne © Tourisme-en-champagne

Photo d’un bénévole pendant une présentation © Sejourdesreconciliations

Photo du Séjour des Réconciliations en Champagne © Sejourdesreconciliations

Paysages culturels viticoles et

développement local

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Communauté d’agglomération d’agglomération d’Épernay d’Épernay Coteaux Coteaux et et Plaines Plaines de de Champagne Champagne Communauté

Analyse

2006 2008 2010 2012 2014 français 2006 2010 2014 des pratiques actuelles de conservation et 2008 de valorisation des paysages2012 culturels viticole Communauté d’agglomération d’Épernay Coteaux et Plaines de Champagne Agriculture 620 693 786 081 880 Agriculture 11 620 11 693 11 786 22 081 11 880 2006 2008 2010 2012 2014 Services 405 535 615 537 680 Services 77 405 77 535 77 615 77 537 77 680 Agriculture 1 620 1 693 1 786 2 081 1 880 Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037) Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037)

Services

7 405 535 7 615 7 537 7 680 Sercices: Commerce, Commerce, transports, transports, services divers... divers... • Évolution du nombre d’emplois dans7le secteur de l’agriculture et des services : ** Sercices: services Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037)

SERVI CES

22 00 11 22

2006

2008

2010

2 0 1 2 Communauté 2014 2 0 0 6 Coteaux 2 0 0 8 et2Plaines 010 2 0 1Champagne 2 2014 d’agglomération d’Épernay de

22 00 11 44

22 00 00 66

22 00 00 88

22 00 11 00

7 537 77537 537

22 00 11 00

7 535 77535 535

22 00 00 88

7 405 77405 405

1 786 11786 786

22 00 00 66

1 620 11620 620

1 693 11693 693

7 615 77615 615

A G RI CUL TURE

1 880 11880 880

SERVI CES

2 081 22081 081

A G RI CUL TURE

7 680 77680 680

* Sercices: Commerce, transports, services divers...

22 00 11 22

22 00 11 44

Communauté d’agglomération d’Épernay Plaines de Champagne 2006 2008 2010 Coteaux et 2012 2014 Communauté d’agglomération d’Épernay Coteaux et Plaines de Champagne Communauté d’agglomération d’Épernay Coteaux et et22012 Plaines de Champagne Champagne Communauté d’agglomération d’Épernay Plaines de 12006 620 12008 693 12010 786 Coteaux 081 12014 880 2006 2008 2010 2012 2014 Agriculture 2012 2013 2014 2015 2016 1 620 1 693 1 786 2 081 1 880 Services 72012 405 72013 535 72014 615 72015 537 72016 680 Agriculture 1 620 1 693 1 786 Coteaux et2Plaines 081 1 880 Communauté d’agglomération d’Épernay de Champagne Entreprises Services 1 796 1 823 1 950 2 049 2 087 7 405 7 535 7 615 7 537 7 680 Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays 1 de950 Champagne (245100037) Entreprises 1 796 1 823 2 049 2 087 Services 72012 405 72013 535 72014 615 72015 537 72016 680 Etablissements Sources : Insee Population active, emploi et chômage Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037) 237 261 409 509 556 * Sercices: Commerce, transports, services divers... Etablissements 22 237 22 261 22 409 22 509 22 556 Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037) Entreprises 1 796 1 823 1 950 2 049 2 087 Sources : Insee - Démographie des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037) Agriculture

2 509

2 556

Sources : Insee - Démographie entreprises - Intercommunalité-Métropole Epernay Pays de Champagne (245100037) A Gdu RI des CUL TURE • Évolution nombre d’entreprisesdeetCC d’établissements : SERVI CES

A G RI CUL TURE A G RI CUL TURE

2008

2010

2012

2014

2006 2006

2008 2008

2010 2010

2012 2012

2014 2014

22 00 11 22

22 00 11 33

22 00 11 44

22 00 11 55

2012

2013

2014

ETA BL I SSEMENT S ETA BL I SSEMENT S 261 2 261 22261

2 237 22237 2377 405 7 405 7 405

823 1 823 11823

1 796 11796 796

509 2 509 227509 537 7 537 7 537

2006

2014 2014

ENTREP RI SES

7 535 7 535 7 535

2014

2012 2012

ENTREP RI SES

087 2 087 22087 1 880 1 880 1 880

2012

2010 2010

950 1 786 1 950 11950 1 786 1 786

2010

2008 2008

1 693 1 693 1 693

2008

2006 2006

1 620 1 620 1 620 2006

409 7 615 2 409 22409 7 615 7 615

SERVI CES SERVI CES

049 2 081 2 049 22049 2 081 2 081

* Ensemble des activités marchandes hors agriculture.

556 2 556 22556 7 680 7 680 7 680

* Sercices: Commerce, transports, divers... Sources : Insee - Démographie des services entreprises - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037) *Etablissements Sercices: Commerce, transports, services divers... 2 237 2 261 2 409 Ensemble des des activités activités marchandes marchandes hors hors agriculture. agriculture. ** Ensemble

22 00 11 66 22 00 11 22 22 00 11 33 22 00 11 44 22 00 11 55 22 00 11 66 Communauté d’agglomération d’Épernay Coteaux et Plaines de Champagne

2 0 1 5 Communauté 2016 2 02014 1 2 Coteaux 2 0 1 3 et22015 0Plaines 14 2de 0 1Champagne 5 2016 d’agglomération d’Épernay 2012 2013 2016 Communauté d’agglomération d’Épernay Coteaux et Plaines de Champagne Entreprises 12012 796 12013 823 12014 950 22015 049 22016 087 2012 2013 2014 2015 2016 Communauté d’agglomération d’Épernay Coteaux et et2Plaines Plaines de Champagne Champagne Entreprises 1 1 1 049 2 087 Etablissements Communauté d’agglomération d’Épernay de 2 796 237 2 823 261 2 950 409 Coteaux 509 556 Entreprises 1 796 1 823 1 950 2 049 2 087 Etablissements 2012 2013 2014 2015 2 237 22012 261 Pays de Champagne 22013 409 (245100037) 22014 509 22015 556 Sources : Insee - Démographie des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Etablissements 2 237 2 261 2 409 Coteaux et2Plaines 509 2 556 Communauté d’agglomération d’Épernay de Champagne Sources : Insee Démographie des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CC du-activités revenu disponible 19Epernay 570 Pays de Champagne 20 209 209 (245100037) 20 20 396 396 20 677 677 *Médiane Ensemble des marchandes hors agriculture. Médiane du revenu disponible 19 570 20 20 Sources : Insee - Démographie des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037) 2012 2013 2014 2015 Sources : Insee - Revenus et pauvreté des ménages - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037) * Ensemble des -activités Sources : Insee Revenusmarchandes et pauvreté hors des agriculture. ménages - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037) * Ensemble des marchandes hors agriculture. Médiane duactivités revenu disponible 19 570 20 209 20 396 ** Ménages Ménages fiscaux fiscaux -- hors hors communautés communautés et et sans sans abris. abris. Sources : Insee - Revenus et pauvreté des ménages - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037)

20 677

2016

2 509 2 509 2 509

2 409 2 409 2 409

ETA BL I SSEMENT S ETA BL I SSEMENT S 2 261 2 261 2 261

2015 2015

2 237 2 237 2 237 20 677 20 20677 677

2015

2014 2014

20 396 20 20396 396

2014

2013 2013

20 209 20 20209 209

2013

2012 2012

2 087 2 087 2 087

2012

MÉDI A NE DU REVENU DI SP O NI BL E MÉDI A NE DU REVENU DI SP O NI BL E

19 570 19 19570 570

1 823 1 823 1 823

2 049 2 049 2 049

1 796 1 796 1 796

1 950 1 950 1 950

ENTREP RI SES ENTREP RI SES

2 556 2 556 2 556

* Ménages fiscaux - hors communautés et SES sans abris. du revenu disponible par unité • Évolution de la médiane deBL consommation ENTREP RI ETA I SSEMENT S en euros :

2012

2013

2014

2015

2016

22 002110221 6 2016

22 00 11 33

22 00 11 44

222000111255 2012

2013 2013

2014 2014

2015 2015

2016 2016

2012

2013

2014

2015

Communauté d’agglomération d’Épernay Coteaux et Plaines de Champagne Communauté d’agglomération d’Épernay Plaines de Champagne 2012 2013 Coteaux et2014 2015 Communauté d’agglomération d’Épernay Coteaux et Plaines de Champagne 2012 2013 2014 2015 Médiane du revenu disponible 19 570 20 209 20 396 20 677 2012 2013 2014 2015 Médiane du- Revenus revenuet disponible 20Champagne 209 20 396 20 677 Sources : Insee pauvreté des ménages - Intercommunalité-Métropole19 de570 CC Epernay Pays de (245100037) Médiane du revenu disponible 19 570 20 209 20 396 20 677 Sources : Insee - Revenus et pauvreté des ménages * Ménages fiscaux - hors communautés et sans abris.- Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037) Sources : Insee - Revenus et pauvreté des ménages - Intercommunalité-Métropole de CC Epernay Pays de Champagne (245100037) * Ménages fiscaux - hors communautés et sans abris. * Ménages fiscaux - hors communautés et sans abris.

2020 677 677 20 677

2020 396 396 20 396

020 209 209 20 209

19 70 570

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MÉDI A NE DU REVENU SP ODU NI BL E MÉDIDI A NE REVENU MÉDIDI A NE DU REVENU aysages SPPO NI BL E culturels viticoles et développement local DI SP O NI BL E


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

b. Patrimoine et développement : Avec la création de l’association des Paysages du Champagne en 2008, de nombreuses actions ont été menées auprès des collectivités locales et des professionnels de la filière vitivinicole pour élaborer le dossier de candidature. Ces actions ont permis de générer une gestion efficace et durable des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne, avec l’objectif d’amorcer un développement à la fois social, culturel et économique au sein du territoire au fil des années. La sous partie précédente nous montre, que les nombreuses actions de sensibilisation de la population locale, des professionnels et du jeune public, a créé un engouement certain pour le patrimoine des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne. Cette évolution montre à quel point la prise de conscience du caractère exceptionnel du territoire champenois a été moteur d’une évolution à la fois culturel et sociale. Si l’on observe l’évolution de la Communauté d’Agglomération Epernay, Coteaux et Plaine de Champagne, par le biais des données fournies par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), on observe également que le nombre d’emplois dans le secteur des services (commerces, transports, services divers ...) est en progression depuis 2006 et que le nombre d’entreprises et d’établissements a lui aussi nettement augmenté depuis 2012. Cette évolution constante ne peut pas être seulement liée à cette prise de conscience patrimoniale, mais elle est en partie le résultat d’une dynamique positive orchestrée par la mise en valeur d’un territoire exceptionnel, d’un attrait touristique accru et d’un engouement local retrouvé. Même si là aussi les raisons peuvent être multiples, il est intéressant d’observer que le revenu médian d’un résident de la Communauté d’Agglomération Epernay, Coteaux et Plaine de Champagne a considérablement augmenté au cours des dernières années. Ces observations témoignent néanmoins que la région est en proie à un développement économique positif depuis maintenant plusieurs années et que les politiques mises en place au sein de a Communauté d’Agglomération Epernay, Coteaux et Plaine de Champagne sont pertinentes.

Image de synthèse du future centre d’interprétation sensorielle des vins de Champagne © Atelier Philéas

Paysages culturels viticoles et

développement local

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

N

AUXERRE

YONNE (89) CÔTE-D'OR (21) DIJON

NIÈVRE (58) BEAUNE NEVERS

SAÔNE-ET-LOIRE (71)

MÂCON

10

70

50 km

CHEF-LIEU

DÉPARTEMENT

CHEF-LIEU DE LA ZONE

VINS DE LA CÔTE CHALONNAISE

VINS DE LA CÔTE DE NUITS

ZONE INSCRITE

VINS DU MÂCONNAIS

VINS DE LA CÔTE DE BEAUNE

VINS DE CHABLIS

Paysages culturels viticoles et

développement local


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.3. Vignoble Bourguignon:

La région de la Bourgogne s’étend sur environ 31 582 km2, et accueille les départements de l’Yonne, la Nièvre, la Saône-et-Loire et la Côte-d’Or. Cette région principalement composée de plaines vallonnées et de plateaux, est caractérisée par un climat de type océanique à tendance semi-continentale, qui se traduit par des pluies fréquentes en toute saison et une amplitude thermique parmi les plus élevées de France avec des hivers froids et des étés très chauds. Cet environnement propice à l’agriculture a permis à cette région de se forger une solide réputation dans les domaines de la production agricole avec par exemple, le bœuf Charolais, les volailles de Bresse ou encore la moutarde de Dijon. Mais c’est avec sa production viticole que la région de Bourgogne est connue mondialement. C’est en s’appropriant puis en travaillant cet environnement que la population locale a pu développer un savoir-faire et une culture du vin unique en son genre. Le vignoble de Bourgogne fait lui aussi l’objet d’une protection par l’intermédiaire d’une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). Cette protection est en vigueur depuis 1937 et permet de préserver la qualité, l’origine et la typicité des vins de bourgogne, en instaurant des règles et un système de suivis établi par l’I.N.A.O. Sur le territoire de cette AOC, les vins de Bourgognes sont principalement des vins blancs élaboré avec le cépage du Chardonnay, les vins rouges sont quant à eux élaborés avec le cépage du Pinot noir. Fruit d’une longue histoire, la Bourgogne et ses vins sont réputés dans le monde entier, avec un vignoble fortement morcelé et une qualité de vins assez hétérogène en fonction des appellations, des « climats » et de la culture locale. Tout comme le patrimoine culturel viticole champenois, les Climats du vignoble de Bourgogne étaient inscrits sur la liste indicative du patrimoine français depuis le 1er février 2002 et ont intégré la liste du patrimoine mondial lors du rassemblement du Comité du patrimoine mondiale réuni à Bonn (Allemagne) du 28 juin au 8 juillet 2015. Le travail de l’association des Climats du vignoble de Bourgogne et des collectivités locales engagées depuis plusieurs années a permis de remettre sur le devant de la scène, la valeur exceptionnelle de ce paysage culturel viticole bourguignon. Avec cette inscription, les acteurs locaux s’engagent alors à continuer leurs efforts pour mettre en place des actions et des démarches qui favorisent le développement et la protection de ce patrimoine de manière durable.

Paysages culturels viticoles et

développement local

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.3.1. THÉMATIQUE 1: PATRIMOINE CULTUREL VITICOLE

Identification du patrimoine Authenticité du patrimoine

a. Identification du patrimoine : Les « Climats de Bourgogne » retenus par les instances du patrimoine mondial représentent des parcelles de vignes délimitées et situées sur les pentes de la côte de Nuits et de la côte de Beaune qui s’étendent du sud de Dijon jusqu’aux Maranges. Ces « climats » sont marqués par une multitude de sols argilo-calcaires tous différents, qui résultent de phénomènes tectoniques datant de 30 millions d’années. Cette zone couvre un espace qui appartient à l’actuelle zone protégée par l’AOC et se concentre sur près de 1247 parcelles viticoles, chacune identifiée par son propre nom et sa propre référence cadastrale. Le bien nous fait découvrir les conséquences de cette appropriation du paysage par la population locale, les unités de production, les villages ruraux et la ville de Beaune se sont construits au rythme de ce système de production vitivinicole produisant ainsi un patrimoine culturel exceptionnel. Ce bien proposé pour inscription met aussi l’accent sur l’importance du rôle joué par la ville de Dijon pour soutenir et promouvoir la viticulture et la vinification régionale. Le palais des Ducs et des États de Bourgogne, le bâtiment du parlement, les archives et les nombreuses maisons de négoce témoignent d’un patrimoine aussi bien matériel qu’immatériel du patrimoine bourguignon. L’identification de ces 1 247 climats de Bourgogne nous montre la relation de longue date des communautés humaines locales avec leur territoire et permet de communiquer sur la capacité des vignerons à identifier, exploiter et distinguer les différences et le potentiel de ces climats. Le vignoble bourguignon porte aussi une grande importance au rôle joué par les zones rurales et urbaines au cours de l’histoire pour développer cette tradition viticole et les activités commerciales qui caractérisent cette région.

Logo des Climats du vignoble de Bourgogne © Climats-bourgogne

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Paysages culturels viticoles et

développement local


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Carte du périmètre inscrit au Patrimoine mondial © Climats-bourgogne

Dossiers d’inscriptions au Patrimoine mondial © Climats-bourgogne

Photo de l’Architecture des Hospices de Beaune © Maxence Bajard

Photo de quelques Climats du vignoble de Bourgogne © Climats-bourgogne

Paysages culturels viticoles et

développement local

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Plan cadastral des Climats du vignoble de Bourgogne © Climats-bourgogne

Photo du village de Nuits-Saint-Georges © Climats-bourgogne

Photo d’une cadole viticole en pierre © Climats-bourgogne

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Photo de conservation du vin © Climats-bourgogne

Paysages culturels viticoles et

développement local


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

b. Authenticité du patrimoine : Les 1 247 climats de Bourgogne situés sur les pentes de la côte de Nuits et de la côte de Beaune sont parfaitement délimités par des données cadastrales, ce qui leur permet d’être facilement classés comme des zones protégées. L’ensemble de ces parcelles sont préservées et ne subissent pas d’effets négatifs car l’énergie et l’engagement des vignerons garantissent leur entretien. De plus, la zone est protégée par une appellation d’origine contrôlé qui permet de garantir la qualité, l’authenticité et le respect de ce terroir viticole. Conscient de l’importance économique et historique de ces paysages, les acteurs locaux œuvrent au respect des traditions et des techniques ancestrales qui ont forgé fil du temps leur réputation et leur mode de vie. La grande importance économique du vignoble a également contribué à maîtriser l’étalement urbain et à maintenir la plupart des caractéristiques des villages et du paysage rural. Avec l’inscription au patrimoine mondiale, 15 communes se sont engagées pour mettre en place des aires de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP), l’association des Climats de Bourgogne continue encore aujourd’hui à fédérer d’autres communes à forts enjeux pour les intégrer dans la nouvelle politique des « Sites Patrimoniaux Remarquables – SPR » (Remplace les AVAP, depuis 7 juillet 2016). La mise en place de ces zones de protection permet de protéger le patrimoine identifié face aux différents projets d’aménagements. Ce travail piloté par l’association des Climats de Bourgogne est le résultat d’études et de démarches pédagogiques menés sur le territoire en collaboration avec des élus, des professionnels et des habitants. L’objectif de cette stratégie et de préserver dans un futur proche la quasi-totalité des climats, des villages et des monuments. Le patrimoine bâti, témoin de l’alchimie qui s’est créée entre le paysage viticole et la population locale, met en scène des villes et des villages qui ont pu par ces aires de protections conserver leur langage originel. De nombreuses parcelles sont encore délimitées et protégées par des meurgers, des clos, et des murets en pierres calcaires. L’architecture des maisons vigneronnes, des caves et de monuments tels que les Hospices de Beaune ou le Palais des États de Bourgogne à Dijon restent fidèle aux valeurs d’antan. Acteurs non négligeables du rayonnement économique, politique et culturel de la région, ces éléments nous communiquent une histoire locale maintenue et perpétuée.

Photo du travail d’un vigneron © Climats-bourgogne

Paysages culturels viticoles et

développement local

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.3.2. THÉMATIQUE 2: TOURISME DURABLE

Tourisme immersif Transition écologique

a. Tourisme immersif : En entrant dans la liste du patrimoine mondial, le territoire des Climats de Bourgogne s’est peu à peu structuré pour nous permettre d’arpenter des itinéraires de découverte, de participer à des visites guidées ou de découvrir des sites incontournables. Une nouvelle scénographie et une signalétique spécifique ont été mises en œuvre pour valoriser le paysage et nous permettre de comprendre l’histoire des vignobles et des villes du territoire. La diversité des 1247 Climats constitue ainsi un patrimoine millénaire, lisible aussi bien dans le paysage que dans l’architecture. Pour en faire la découverte, les acteurs locaux ont misé sur la création d’une cartographie qui regroupe plusieurs circuits autoguidés ou organisés dans lesquels les vignerons nous ouvrent les portes de leur domaine, cave ou maison, pour échanger sur leurs savoir-faire. Les circuits autoguidés peuvent être réalisés en voiture, en moto, en bus, à vélo, à pied et même à cheval. De nombreux itinéraires de découvertes (La Route des Grands Crus, Randonnées des Chemin des Grands Crus, La Voie des Vignes...) ont été mis en place au sein du territoire pour pouvoir apprécier l’intégralité du patrimoine. De plus, pour faciliter et enrichir l’expérience des usagers, l’association a créé l’application mobile « Balades en Bourgogne », elle permet de guider et informer les visiteurs tout au long de leur parcours avec des contenus éditoriaux, audio et visuels. Les visites guidées proposées sont riches et variées car elles peuvent être menées soit par des habitants bénévoles (Greeters) qui nous accompagnent le temps d’une rencontre dans leur quotidien ou soit par des guides indépendants qui peuvent nous partager leurs anecdotes et leurs expertises sur la géologie, l’histoire et le patrimoine des climats de bourgogne. En juillet 2017, la maison des Climats a été inaugurée à Beaune. Ce centre d’interprétation est dédié au patrimoine viticole bourguignon et permet de mieux comprendre cette notion qui fait toute la richesse du vignoble de Bourgogne et qui a été classée au patrimoine mondial de en 2015. De nombreux évènements se succèdent tout au long de l’année pour perpétuer cette découverte, on retrouve alors des programmations comme le « Mois des Climats », la « Marche des Climats », les « Climats en Fête »...

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Paysages culturels viticoles et

développement local


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Photo de conservation du vin © Beaune-tourisme

Photo de la Maison des Climats © Maxence Bajard

Carte des parcours touristiques © Climats-bourgogne

Paysages culturels viticoles et

développement local

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Photo de l’aire de lavage viticole de Saint-Romain © Bienpublic

Photo d’une signalisation pour les randonneurs © Beaune-tourisme

Photo d’une balade à cheval © Beaune-tourisme

Photo d’un cycliste au milieu des vignes © Beaune-tourisme

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développement local


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des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

b. Transition écologique : La démarche amorcée pour l’inscription des Climats de Bourgogne sur la liste du patrimoine mondial a été l’occasion d’intensifier les directives de préservation et de gestion de ces paysages culturels et de susciter l’engouement de la communauté locale face à ces objectifs. Ce travail des acteurs du territoire et des membres de l’Association des Climats, met en œuvre un ensemble d’actions contribuant activement à cette prise en compte de l’environnement. Une charte régionale « Nos terroirs au cœur de nos territoires » est signée en 2017 pour assurer la maitrise des risques sur la santé et l’environnement liés aux pratiques viticoles. Des aires de lavage pour les viticulteurs sont aussi mises en place, permettant ainsi de limiter les risques de pollutions phytosanitaires. Enfin, de nombreuses campagnes de sensibilisation auprès des viticulteurs sont menées pour créer une dynamique collective au sein du territoire et progresser sur les questions de viticulture durable et de conservation de ces 1247 Climats de Bourgogne. Pour préserver durablement ce site qui s’étend sur un territoire conséquent, l’association des Climats de Bourgogne et ses partenaires se sont emparés de la question des déplacements et des flux touristiques avec la création d’une commission de gestion thématique sur le tourisme en 2009. Cette commission s’est alors chargé de développer des modes de circulation alternatifs à la voiture. Plusieurs actions ont été menées comme un « Pass Climats » (Offre tarifaire spécifiques pour les TER), un service d’accueil gare pour les visiteurs (accueil touristique, location de vélos ...), mais surtout tout un réseau de véloroutes et de voies vertes. Malgré cette stratégie de découverte du patrimoine utilisant des modes de déplacement doux, les acteurs locaux n’ont pas encore développé d’autre modes de déplacements respectueux de l’environnement (Navettes électriques, location de voitures électriques...). La région Bourgogne est un territoire qui développe la question des énergies renouvelables et tente d’échapper à la dépendance des énergies non renouvelables. Ainsi la région a su développer un réseau de production d’énergie bois, solaire, géothermique, biogaz, éolienne et même par l’incinération des déchets. Le développement de cette filière permet aux Climats de Bourgogne de renforcer leurs politiques environnementales tout en contrôlant un certain équilibre entre l’aménagement de ces structures et la qualité paysagère du bien patrimoniale.

Photo de l’usine d’incinération des ordures ménagères de Dijon © Dijon énergies

Paysages culturels viticoles et

développement local

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.3.3. THÉMATIQUE 3: DÉVELOPPEMENT LOCAL

Appropriation du patrimoine Patrimoine et développement

a. Appropriation du patrimoine : L’association des Climats du vignoble de Bourgogne considère que cette inscription au Patrimoine mondial garantit la conservation et la transmission du site pour les générations futures. Pour améliorer la visibilité de cette inscription, partager ses valeurs à la population locale et créer un enthousiasme autour de cette cause, l’association partage ses actions avec des bénévoles, des ambassadeurs, des mécènes et un jeune public où chacun apporte sa pierre à l’édifice. Les bénévoles attachés à l’histoire et au patrimoine de la Bourgogne ont la possibilité d’apporter leur aide quotidiennement pour différentes missions et manifestations qui se déroulent sur le territoire. Ces missions peuvent aller d’une simple tenue de stands pour présenter les différents projets menés dans la région, à l’organisation d’événements comme la Marche des Climats par exemple ou à un accompagnement des visiteurs pour leurs visites (Greeters). L’association des Climats du vignoble de Bourgogne accompagne même ses bénévoles dans leurs missions en les formant ou en les dédommageant lors de frais conséquents liés à une mission. Le rôle des ambassadeurs est d’avantage lié à la communication. Ils sont chargés d’améliorer la visibilité de cette inscription et renforcer le développement touristique du territoire, en valorisant l’ensemble de ses atouts culturels, patrimoniaux et touristiques. Les viticulteurs sont encouragés à agir en qualité d’ambassadeur et peuvent être formés grâce à des modules simples et ludiques mis à disposition en ligne par l’association. Grâce à cette formation, ils auront le pouvoir de répondre à des questions sur le terroir, l’histoire des Climats, l’inscription et les projets futurs. Le mécénat permet à des entreprises de participer au développement des projets de l’association. Des entreprises locales peuvent ainsi être au cœur des projets et participer par le bais d’un financement, d’une mise à disposition de ressources humaines ou matérielles. Le jeune public concerne les missions de sensibilisation des plus jeunes à la notion de « climat ». Depuis 2011, l’association a mené de nombreuses actions au sein des écoles et des centres de loisirs pour leur fournir des outils pédagogiques. Ils ont aussi veillé à la formation du personnel scolaire et des animateurs pour pérenniser la démarche. Ainsi l’histoire, la géographie, la biologie et bien d’autres thèmes peuvent être abordés en classe et raisonner avec les paysages culturels que les élèves côtoient au quotidien.

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Paysages culturels viticoles et

développement local


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Photo de bénévoles pendant une manifestation © Climats-bourgogne

Photo de bénévoles pendant une manifestation © Climats-bourgogne

Photo d’un Ambassadeur pendant une présentation © Beaune-tourisme

Photo d’une mission de sensibilisation du jeune public © Climats-bourgogne

Paysages culturels viticoles et

développement local

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Communauté Communauté d'Agglomération d'Agglomération Beaune Beaune Côte Côte et et Sud Sud

Communauté d'Agglomération Beaune Côte et Sud 2008 2010 2011 2014 2008 2010 2011 2014

2006 2006

2016 2016

Agriculture 222006 662 222008 679 222010 642 222011 694 222014 748 222016 781 Agriculture 662 679 642 694 748 781 Analyse des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français Agriculture 2 662 2 679 2 642 2 694 2 748 2 Services 10 680 11 304 11 553 11 470 11 497 11 855 Services 10 680 11 304 11 553 11 470 11 497 11781 855 Services 10 emploi 680 et 11 304 11 de 553 11Sud 470-- Communauté 11 497 11 855 Sources CA Sources :: Insee Insee -- Population Population active, active, emploi et chômage chômage -- Intercommunalité-Métropole Intercommunalité-Métropole de CA Beaune, Beaune, Côte Côte et et Sud Communauté Beaune-Chagny-Nolay Beaune-Chagny-Nolay (200006682) (200006682) : Insee - Population active,services emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CA Beaune, Côte et Sud - Communauté Beaune-Chagny-Nolay (200006682) *Sources Commerce, transports, divers... * Sercices: Sercices: Commerce, transports, services divers...

11497 497 11 497 11

22 00 11 00

22 00 11 11

22 00 11 44

22 00 11 66

22 00 00 66

22 00 00 88

22 00 11 00

22 00 11 11

22 00 11 44

22 00 11 66

2008

2010

2011

2014

2016

2006

2008

2010

2011

2014

2016

10680 680 10 680 10

694 2 694 22694

642 2 642 22642

662 2 662 22662

11304 304 11 304 11

22 00 00 88

2006

748 2 748 22748

22 00 00 66

679 2 679 22679

11470 470 11 470 11

SERVI SERVI CES CES SERVI CES 11553 553 11 553 11

781 2 781 22781

A AG G RI RI CUL CUL TURE TURE A G RI CUL TURE

11855 855 11 855 11

* Sercices: Commerce, transports, services divers... • Évolution du nombre d’emplois dans le secteur de l’agriculture et des services :

Communauté d'Agglomération Beaune Côte et Sud 2006 Agriculture

332013 739 739

2008 2010 2011 2014 Communauté Communauté d'Agglomération d'Agglomération Beaune Beaune Côte Côte et et Sud Sud 2 679 2 642 2 694 2 748 Communauté d'Agglomération Beaune Côte et Sud 2014 2015 2016 2017 2014 2015 2016 2017 11 304 11 553 11 470 11 497 332014 887 442015 105 442016 164 442017 269 887 105 164 269

2 781 2018 2018 11 855

739 43 4 362 362

887 43 4 524 524

393 54 5 120 120

2 662 2013 2013 10 680

Services Entreprises Entreprises

2016

442018 393 393

Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CA Beaune, Côte et Sud - Communauté Beaune-Chagny-Nolay (200006682)

Entreprises Etablissements Etablissements

* Sercices: Commerce, transports, services divers...

105 44 750 750

164 44 842 842

269 44 974 974

Etablissements 4 362 4 524 4 Beaune, 750 Côte 4Communauté 842 4 974 5 120 Sources Beaune-Chagny-Nolay Sources :: Insee Insee -- Démographie Démographie des des entreprises entreprises -- Intercommunalité-Métropole Intercommunalité-Métropole de de CA CA Beaune, Côte et et Sud Sud -- Communauté Beaune-Chagny-Nolay (200006682) (200006682)

750 4 750 44750

842 4 842 44842

974 11 497 4 974 44974

2008

2010

2011

2014

2016

2006

2008

2010

2011

2014

2016

22 00 11 33

22 00 11 44

22 00 11 55

22 00 11 66

22 00 11 77

22 00 11 88

22 00 11 33

22 00 11 44

22 00 11 55

22 00 11 66

22 00 11 77

22 00 11 88

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2013

2014

2015

2016

2017

2018

11 304

524 4 524 44524

36210 680 4 362 44362

2 662 739 3 739 33739

ETA ETA BL BL II SSEMENT SSEMENT S S ETA BL I SSEMENT S

120 5 120 55120

1642 694 4 164 44164

2006

ENTREP ENTREP RI RI SES SES ENTREP RI SES

11 470

105 4 105 2 642 44105

11 553

SERVI CES

887 2 679 3 887 33887

269 2 748 4 269 44269

393 2 781 4 393 44393

A G RI CUL TURE

11 855

: Insee Démographie des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CA Beaune, Côte et Sud - Communauté Beaune-Chagny-Nolay (200006682) *Sources des marchandes hors * Ensemble Ensemble des -activités activités marchandes hors agriculture. agriculture.

* Ensemble des activités marchandes hors agriculture. • Évolution du nombre d’entreprises et d’établissements :

Communauté Communauté d'Agglomération d'Agglomération Beaune Beaune Côte Côte et et Sud Sud Agriculture Entreprises

2006 2013

2008 2014

2 3 662 739

2 3 679 887 2012 11 304 42012 524 2012 20 145 20 145

2010 2011 2014 2015 2016 2017 Communauté d'Agglomération Beaune et Communauté d'Agglomération Beaune Côte Côte et Sud Sud 2 642 2 694 2 4 105 4 164 4 748 269 Communauté d'Agglomération Beaune Côte et Sud 2013 2014 2015 2013 2014 2015 11 553 11 470 11 497 4 750 4 842 4 974

2016 2018 2 4 781 393 2016 11 855 52016 120 2016 21 622 21 622

Services 10 680 Etablissements 4 362 Médiane du revenu disponible 2013 2014 2015 20 623 20 948 21 298 Médiane du Population revenu active, disponible 20 623 20 948- Communauté Beaune-Chagny-Nolay 21 298 Sources :: Insee Insee -- Démographie et chômage - Intercommunalité-Métropole de CA Beaune, Sud (200006682) Sources des emploi entreprises - Intercommunalité-Métropole de CA Beaune, Côte et Côte Sud -etCommunauté Beaune-Chagny-Nolay (200006682) Médiane du- Revenus revenu 20 145 20 21 298 21 622 Sources : Insee et disponible pauvreté des ménages - Intercommunalité-Métropole de 623 CA Beaune, Côte et 20 Sud948 - Communauté Beaune-Chagny-Nolay (200006682) Sources : Insee - Revenus et pauvreté des ménages ** Sercices: transports, services divers... - Intercommunalité-Métropole de CA Beaune, Côte et Sud - Communauté Beaune-Chagny-Nolay (200006682) EnsembleCommerce, des activités marchandes hors agriculture. : Insee - Revenus et pauvreté des ménages *Sources fiscaux -- hors et abris. * Ménages Ménages fiscaux hors communautés communautés et sans sans abris.- Intercommunalité-Métropole de CA Beaune, Côte et Sud - Communauté Beaune-Chagny-Nolay (200006682) * Ménages fiscaux - hors communautés et sans abris.

2012

2013

2015

4 524 11 304

411 974 497

2014

2 20 00 16 3 2 20 00 18 4 22 00 11 66

4 11 842470

22 00 11 55

104 680 362 21622 622 21 622 21

21298 298 21 298 21

22 00 11 44

4 750 11 553

2 20 01 14 7 2 20 01 16 8 22 00 11 22 22 00 11 33

20948 948 20 948 20

2 20 01 11 6

20623 623 20 623 20

2 20 01 10 5

42393 781

2 694 4 164

2 20 00 18 4

20145 145 20 145 20

2 6424 105

2 20 00 16 3

SERVI CES S ETA BL I SSEMENT

MÉDI MÉDI A A NE NE DU DU REVENU REVENU SP NI E DI SP O ODU NI BL BL E MÉDIDI A NE REVENU DI SP O NI BL E

24 748 269

32 887 679

3 2739 662

A G RI CUL ENTREP RITURE SES

2 20 01 10 5

2 20 01 11 6

2 20 01 14 7

2 20 01 16 8

2016

Communauté d'Agglomération Beaune Côte Communauté d'Agglomération Beaune Beaune Côte et et Sud Sud Communauté d'Agglomération Côte et Sud 2010 2011 2014 2015 2016 2017 2013 2014 2015 2 642 2 694 2 748 4 105 4 164 4 20 623 20 948 21269 298 11 553 11 470 11 497 4 750 4 842 4 974

2006 2013 Agriculture 2 Entreprises 3 662 739 Médiane du revenu disponible Services 10 680 Etablissements 4 362

5 120 11 855

• Évolution de la médiane du revenu disponible par unité de consommation en euros :

2008 2014 2012 2 679 3 20887 145 11 304 4 524

2016 2018 2016 2 781 4 21393 622 11 855 5 120

Sources : Insee - Revenus et pauvreté des ménages - Intercommunalité-Métropole de CA Beaune, Côte et Sud - Communauté Beaune-Chagny-Nolay (200006682)

Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CA Beaune, Côte et Sud - Communauté Beaune-Chagny-Nolay (200006682) Sources : Insee - Démographie des entreprises Intercommunalité-Métropole de CA Beaune, Côte et Sud - Communauté Beaune-Chagny-Nolay (200006682) * Ménages fiscaux - hors communautés et sans -abris. * Sercices: Commerce, transports, services divers... * Ensemble des activités marchandes hors agriculture.

5 120 11 855

11 974497

11 42470

11 0 553

304

21 622

21 298

948

culturels viticoles et développement local MÉDI A NEPaysages DU REVENU SERVI CES S DI SP O NI BL E ETA BL I SSEMENT 23

42 269 748

694 164

105

79 7

2

A G RI CUL ENTREP RITURE SES

4 2393 781

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

b. Patrimoine et développement : Les Climats du vignoble de Bourgogne ont entamé leur démarche de candidature en même temps que celle effectuée par l’association des Paysages du Champagne, on retrouve chez eux aussi de nombreuses actions menées dans le but de fédérer les professionnels et la population locale. L’ensemble de ces actions ont permis de mettre en place de nombreuses stratégies au sein du territoire pour valoriser le patrimoine local et impulser un développement à la fois social, culturel et économique sur ce territoire. Les évènements et les missions de sensibilisation menés par l’association des Climats du vignoble de Bourgogne, en collaboration avec des bénévoles, des ambassadeurs, des mécènes et un jeune public, permet de partager les valeurs patrimoniales du territoire à la population locale et créer un enthousiasme autour de cette cause. Cette démarche sous-entend que l’association œuvre pour un développement culturel et social du territoire. Si l’on regarde les chiffres fournis par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), on observe sensiblement la même évolution que pour les Coteaux, Maisons et Caves de Champagne. Le nombre d’emplois dans le secteur de l’agriculture et des services (commerces, transports, services divers ...) est en augmentation depuis 2006, tout comme le nombre d’entreprises et d’établissements présents au sein de la Communauté d’Agglomération Beaune Côte et Sud depuis 2012. Cette amélioration semble correspondre avec celle subie par la Communauté d’Agglomération Epernay, même si les actions menées ne sont pas les seules variables de ce développement, il est tout de même intéressant d’observer que la mise en valeur de ces paysages viticoles et l’attrait touristique accrue permettent d’instaurer une dynamique positive dans les secteurs de l’emploi et des entreprises. Le développent économique de la Communauté d’Agglomération Beaune Côte et Sud semble lui aussi en bonne voie. Les données de l’INSEE sur le revenu médian de ses résidents sont en nette augmentation depuis 2006, ce qui donne des indications sur l’impact positif généré par cette volonté de valorisation patrimoniale.

Image de synthèse de la future Cité des vins et des Climats de Bourgogne implanté à Beaune © SIZ-IX Architectes

Paysages culturels viticoles et

développement local

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

N BEAUJEU

LYON

RHONE (69)

2

10 km

84

CHEF-LIEU

DÉPARTEMENT

FLEURIE

CHIROUBLES

CHEF-LIEU DE LA ZONE

MORGON

CHENAS

BROUILLY ET CÔTE DE BROUILLY

BEAUJOLAIS

JULIÉNAS

RÉGNIÉ

BEAUJOLAIS VILLAGE

ST-AMOUR

MOULIN-À-VENT

Paysages culturels viticoles et

développement local


Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.4. Vignoble du Beaujolais :

Le Beaujolais est une région géographique située dans le nord du département du Rhône, juste au nord de Lyon. Cette ancienne province française qui s’étend sur environ 1 550 km2, a pour capitale historique la ville de Beaujeu et sa capitale actuelle est Villefranche-sur-Saône (cheflieu d’arrondissement du Rhône). Territoire localisé sur les contreforts du Massif Central et à proximité du Massif Alpin, le Beaujolais est un ensemble collinaire avec une des compositions géologiques les plus complexes de France. Cette typicité géographique et géologique couplée avec son climat continental lui a permis de développer des entités paysagères très riches comme les paysages du Val de Saône, des Pierres dorées ou des Monts du Beaujolais par exemple. Principale composante de ces paysages, la viticulture, depuis de très nombreuses années, symbolise l’intime relation entre la population locale et son environnement. Cultivant principalement des vignes de cépage Gamay pour les vins rouges et de cépage Chardonnay pour les vins blancs, le Beaujolais s’impose alors comme une région viticole française à part entière. Elle est connue pour sa richesse géologique qui lui a permis de développer sa réputation autour de 12 Appellations viticoles d’Origine Contrôlée (AOC). Au sein de ce groupe, 10 appellations sont classées en tant que crus du Beaujolais et sont produites sur les communes du même nom : Juliénas, Chénas, Côte de Brouilly, Brouilly, Chiroubles, Morgon, Moulin-à-Vent, Régnié, Saint-Amour, Fleurie. Les 2 appellations restantes sont réparties sur le territoire restant : Beaujolais et Beaujolais Villages. Cette diversité des terroirs viticoles résulte d’une richesse géologique, sociale et culturelle installée depuis déjà de nombreuses années. Le Beaujolais ne fait pas partie de la Liste du patrimoine mondial, la région n’est même pas inscrite sur la liste indicative du patrimoine français, pourtant elle a été reconnue en tant que Géoparc mondial UNESCO en 2018. Ce label est attribué à un territoire qui possède un patrimoine géologique remarquable et permet la mise en place d’actions de protection et de valorisation de ce site. Avec cette inscription, les acteurs locaux ont réussi à faire valoir une partie de leur patrimoine au niveau mondial, preuve que le paysage culturel du Beaujolais a le potentiel pour faire valoir une valeur universelle exceptionnelle.

Paysages culturels viticoles et

développement local

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des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.3.1. THÉMATIQUE 1: PATRIMOINE CULTUREL VITICOLE

Identification du patrimoine Authenticité du patrimoine

a. Identification du patrimoine : Les frontières de la région du Beaujolais correspondent de manière générale à la somme des 12 aires AOC des vins du Beaujolais. Cette délimitation met en scène 3 types de paysages qui caractérisent le patrimoine singulier de ce territoire : le Val de Saône, les Coteaux du Beaujolais et le territoire des Pierres dorées. Chacun de ces paysages est le parfait exemple d’une « Œuvre conjuguée de l’être humain et de la nature, ils expriment une longue et intime relation des peuples avec leur environnement » (UNESCO, 1992). Le Beaujolais trouve son origine lors de la fin du Moyen-Âge et compte aujourd’hui de nombreux paysages, monuments et villages propres à l’activité locale qui définit ce paysage culturel exceptionnel. Le « Pays des pierres dorées », aussi appelé la « petite toscane française », rassemble plusieurs communes du sud du Beaujolais, qui comme son nom l’indique se sont construites grâce à une pierre calcaire locale qui a la particularité d’être dorée. Ces villages, en plus d’être marqués par l’activité viticole, offrent un véritable témoignage d’un type de construction ou d’ensemble architectural qui marque l’interaction humaine avec son environnement. Les « Coteaux du Beaujolais » offrent eux aussi un parfait exemple d’une tradition culturelle locale qui se perpétue depuis plusieurs siècles. Profitant de sa richesse géologique et de son climat propice à la culture de la vigne, l’appropriation du paysage par la population locale s’est construite au rythme d’un système de production viti-vinicole produisant ainsi un patrimoine culturel exceptionnel. Classé en tant que Géoparc mondial UNESCO en 2018 pour sa richesse géologique, les acteurs locaux ont su valoriser une partie de ce patrimoine. Mais malgré un territoire déjà très bien délimité par les aires AOC et un paysage culturel extrêmement riche, la région du Beaujolais ne fait pas l’objet d’une démarche d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Pourtant tout comme le vignoble Bourguignon ou Champenois, la qualité de ce patrimoine culturel et le témoignage qu’il procure semble indiquer que le Beaujolais possède le potentiel pour prétendre à cette inscription. Ainsi, une démarche d’inscription à la Liste du patrimoine mondial permettrait d’élargir la reconnaissance patrimoniale déjà entamée avec le label Géoparc.

86

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Bagnols

Chessy

Charnay

Lucenay

A89

A89

30

Lozanne

9

Monsols

u

Marcilly D’Azergues

Belleville

aS

aôn

e

Roches granitiques formées au cœur d’une vaste chaîne de montagnes (-330 à -290 Ma) Granitic rocks formed at the heart of a vast moutain range

(20 min)

L

Thizy-les-Bourgs

LYON

D385

(20 min)

Villefranche sur-Saône

38

Amplepuis D3

Anse

Le Bois d’Oingt

(30 min)

N7

A6

La

Bré

venn

e

A89

LYON

Lamure sur-Azergues

St-Exupéry

6

Roches sédimentaires formées au fond des mers chaudes du Jurassique (-250 à -160 Ma) Sedimentary rocks deposited at the bottom of jurassic seas

Beaujeu

Civrieux D’Azergues

Cours

GENÈVE (1h40)

A4

erg

A6

z L’A

D306

Belmont D’Azergues

Formations superficielles issues de l’érosion des reliefs par les cours d’eau (-65 Ma à auj.) Superficial formations resulting from erosion and alluvial deposits

Chasselay

Tarare

15 km

Lozanne

6

D306

A89

A4

A466

rdin e

Chazay D’Azergues

Saint-Jean des-Vignes

es

1

D306

La Tu

6

Les Chères

4

Saint-Germain-Nuelles

A4

A89

Morancé

Châtillon

Tarare

Lozanne des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Légny

-Riottier

N7

Anse

D306

8

Marcy

3

Le Bois d’Oingt

(30 min) 500 million years of geological history

Analyse

Le Breuil

38

St-Exupéry

6

A6

Alix

22

(1h40)

D3

A4

Lachassagne

A466

d’histoire géologique GENÈVE

Frontenas

A466

Moiré

A6

Bois d’Oingt

Roches volcaniques issues d’intenses éruptions et roches sédimentaires créées dans un océan proche (-350 à -325 Ma) Volcanic rocks from intense eruptions at the edge of an ocean Roches métamorphiques provenant des entrailles de la Terre (-500 à -360 Ma) Metamorphic rocks from the depth of the Earth

A89 A89

res

02/07/2019 09:48

Carte géologique simplifiée du Beaujolais © Geopark-beaujolais

Chasselay

9

Formations superficielles issues de l’érosion des reliefs par les cours d’eau (-65 Ma à auj.) Superficial formations resulting from erosion and alluvial deposits Roches sédimentaires formées au fond des mers chaudes du Jurassique (-250 à -160 Ma) Sedimentary rocks deposited at the bottom of jurassic seas

LYON

(20 min)

Roches granitiques formées au cœur d’une vaste chaîne de montagnes (-330 à -290 Ma) Granitic rocks formed at the heart of a vast moutain range Roches volcaniques issues d’intenses éruptions et roches sédimentaires créées dans un océan proche Photo de la commune Oingt ©Ma) Vignerons-pierres-dorees (-350 de à -325 Volcanic rocks from intense eruptions at the edge of an ocean Roches métamorphiques provenant des entrailles de la Terre (-500 à -360 Ma) Metamorphic rocks from the depth of the Earth

02/07/2019 09:48

Photo depuis les vignes de Quincié en Beaujolais © Beaujolais.com

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développement local

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Photo aérienne de la commune de Fleurie © Beaujolais.com

Photo du vinification © Beaujolais.com

Photo d’une composition géologique © Geopark-beaujolais

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Photo du centre d’ Oingt © Climats-bourgogne

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b. Authenticité du patrimoine : Le territoire du Beaujolais, situé au nord du département du Rhône, est parfaitement délimité par l’aire AOC. Cette appellation d’origine contrôlée ou son équivalent européen l’appellation d’origine protégée (AOP) permettent de préserver l’authenticité du territoire avec un cahier des charges précis tenant compte des traditions : emplacement de la culture, cépages utilisés, rendements par hectare, les degrés d’alcool, les techniques de vinification. Cette démarche de protection permet alors de conserver une partie du paysage culturel de la région en garantissant l’entretien des parcelles viticoles et le maintien d’un savoir-faire ancestrales propre à cette région. La gestion du patrimoine du Beaujolais est accompagnée par quelques associations locales comme par exemple l’Association Pierres dorées Azergues (APDA) ou l’Association de Protection de l’Environnement à l’Ouest de la Saône (APEOS). Même si ces associations œuvrent à la protection et à la conservation du patrimoine locale, elles n’agissent qu’en tant qu’organisme conseil totalement autonome et sur un secteur restreint du territoire. Contrairement aux vignobles inscrits à la Liste du Patrimoine mondial vu précédemment, le vignoble du Beaujolais ne possède pas véritable d’association spécifique qui constituerait un organe collectif capable de conduire un plan de gestion en faveur de son paysage culturel. C’est le Syndicat Mixte du Beaujolais (SMB) qui est en charge du développement territorial, il travaille avec les 4 intercommunalités du Pays Beaujolais pour conduire des actions sur l’aménagement du territoire (SCoT), le développement local et le développement rural. La démarche Geopark Beaujolais lancée en 2013 et portée par ce syndicat a permis d’initier une collaboration avec différents acteurs locaux pour faire du Beaujolais un territoire de recherche et de protection des géo-patrimoines. Ainsi, des stratégies et un plan d’action prévoient d’agir au sein du territoire pour réguler l’urbanisation grandissante, préserver l’intégrité des paysages naturels et du patrimoine géologique. Face à une absence de statuts juridiques spécifiques à cette cause, les acteurs de cette démarche accompagnent et sensibilisent la population locale pour la protection des sites et des paysages. Le Beaujolais est un territoire rural à la population dense où l’urbanisation progresse fortement sous l’influence de la métropole lyonnaise. Cet étalement urbain menace le paysage culturel de la région et commence à impacter le caractère authentique des villages et du paysage rural. L’importance économique que représente la viticulture permet de limiter cette expansion urbaine. En revanche, l’absence de zones de protection ou d’aires de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP) dans la région engendre des difficultés lorsqu’il est nécessaire de protéger le patrimoine identifié face aux différents projets d’aménagement.

Logo Geopark Beaujolais © Geopark-beaujolais

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des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.3.2. THÉMATIQUE 2: TOURISME DURABLE

Tourisme immersif Transition écologique

a. Tourisme immersif : L’accueil touristique est géré par l’office de tourisme « Destination Beaujolais », cette structure propose des itinéraires, des activités et des événements en tout genre pour nous permettre de parcourir et découvrir l’ensemble du paysage culturel du Beaujolais. Elle travaille en collaboration avec l’organisme qui gère la partie Géoparc Mondial UNESCO du Beaujolais pour révéler au grand public les richesses géo-patrimoniales du territoire. Pour faire la découverte du patrimoine architectural et paysage de cette région, des circuits autoguidés sont mis en place. Dans le prolongement de la route des vins de Bourgogne, la route des vins du Beaujolais s’impose comme la principale attraction touristique de la région. Réalisable en voiture ou à moto, cette route donne la possibilité aux visiteurs de parcourir les 12 appellations du vignoble pour découvrir des dizaines de communes et donc des dizaines de patrimoines différents. D’autres circuits pouvant être effectués à pied, à vélo ou à cheval sont mis en place. Ils offrent la possibilité de parcourir des zones moins accessibles comme les coteaux viticoles, le sommet des Monts du Beaujolais ou les abords du Val de Saône. Autoguidés par l’intermédiaire d’une signalétique touristique ou accompagné par un guide local, ces parcours sont idéals pour profiter de l’ensemble du paysage culturel de la région et pour rester informé tout au long du parcours avec des contenus éditoriaux et visuels. En prolongement de cette démarche, un système de « Geocoaching » par application mobile est mis à disposition pour parcourir le Géopark Beaujolais et découvrir toute la richesse géologique de la région. La diversité des appellations du Beaujolais constitue une diversité du patrimoine, lisible aussi bien dans la composition des différents villages que dans le savoir-faire des viticulteurs. Ainsi, la région se caractérise par un tourisme de proximité où les visiteurs sont invités à aller visiter chacune des communes pour y faire la découverte de la vie, de l’architecture et de la viticulture locale. Chaque commune assimilée à une appellation possède un caveau de dégustation et des viticulteurs habitués à accueillir des visiteurs pour leur faire visiter leur domaine, déguster leur vin et découvrir leur histoire. Le territoire du Beaujolais possède plusieurs musées (Le Hameau Duboeuf, Maison du terroir Beaujolais...) et propose de nombreux événements tout au long de l’année qui permettent aux visiteurs de se plonger encore un peu plus dans les traditions locales. Parmi ces événements, les plus connus restent la fête du « Beaujolais Nouveau » qui depuis 1985 est fixée au 3ème jeudi du mois de novembre, ou la traditionnelle fête des « Conscrits » qui a lieu dans la plupart des villages du Beaujolais.

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Paysages culturels viticoles et

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des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Photo du musée du Hameau Duboeuf © Hameauduvin

Photo d’une visite panoramique © Destination-beaujolais

Photo d’une signalétique pour les randonneurs © Beaujolais.com

Photo d’une dégustation organisé par des vignerons de Julienas © Beaujolais.com

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Photo des vendanges en Beaujolais © Beaujolais.com

Photo d’une randonnée en Beaujolais © Beaujolais.com

Photo d’un parcours en mobilboard électrique © Beaujolais.com

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b. Transition écologique : Avec sa nomination de Géoparc Mondial UNESCO, les acteurs se sont engagés à suivre un plan d’action sur la période 2019 – 2022. Cet engagement a pour objectif de promouvoir le patrimoine géologique et culturel du Beaujolais dans une démarche de développement durable, mais aussi d’insuffler un réel engouement à la communauté locale face à cette cause. Pour anticiper les mutations et valoriser la qualité paysagère du Beaujolais, le Syndicat Mixte du Beaujolais a lancé l’élaboration d’un Plan de Paysage sur le territoire du Beaujolais en mai 2019. Les élus, les professionnels et la population locale sont mis à contribution à travers des ateliers participatifs pour établir des objectifs communs cohérents qui conduiront des interventions sur le territoire afin de préserver et valoriser la qualité des paysages. Amorcée il y a peu de temps, cette démarche est actuellement dans une phase de concertation et n’a pas encore conduit à de véritables actions concrètes au sein du territoire, la phase d’action prévue courant 2020 permettra, à terme, d’établir une charte d’engagement pour assurer la maitrise des risques sur la santé et l’environnement. En ce qui concerne la pratique viticole, le vignoble du Beaujolais reste très traditionnel et se montre plutôt insensible à l’utilisation de méthodes plus modernes. Si les vendanges à la machine sont autorisées par exemple, les vendanges manuelles restent en grande majorité utilisées. Un réajustement fut impulsé en 2009 par l’Union des Vignerons du Beaujolais avec l’homologation de nouveaux cahiers des charges qui encouragent les pratiques viticoles respectueuses de l’environnement empêchant notamment l’utilisation de certains produits de traitements trop nocifs. Il faut malgré tout rester attentif face à ces pratiques viticoles authentiques, car elles peuvent aussi entraîner l’enlisement de mauvaises pratiques. C’est aussi pour cela que la charte d’engagement prévue avec le Plan de Paysage a pour objectif de créer une campagne de sensibilisation qui pourrait entraîner une dynamique collective au sein de la profession et une progression sur les questions de viticulture durable. La diversité et la répartition homogène des sites d’intérêts touristiques au sein du territoire facilitent la gestion des flux, réduisant ainsi les risques liés à un tourisme intensif. Mais en contrepartie, la répartition et le caractère rural du territoire entraîne une absence de transports collectifs qui encourage un tourisme axé sur des mobilités motorisées (bus, voitures, motos), notamment avec la route des vins du Beaujolais qui reste la principale attraction touristique de la région. Certains modes de circulation alternatifs (voie verte, circuits VTT) et certaines activités (randonnées pédestres, randonnées équestres) sont développés pour tenter d’atténuer cette dépendance à la motorisation. Malgré cette stratégie, les acteurs locaux n’ont pas encore développé d’autres modes de déplacements respectueux de l’environnement (transports en communs, location de voitures électriques...). La question des énergies renouvelables reste peu développée dans cette région rurale encore très dépendante des énergies non-renouvelables. Mais la démarche Territoire à Énergie Positive (TEPos) menée par la Communauté de Communes Saône-Beaujolais en 2019 montre que la région tente d’impulser des actions pour le développement d’énergies renouvelables.

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des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.3.3. THÉMATIQUE 3: DÉVELOPPEMENT LOCAL

Appropriation du patrimoine Patrimoine et développement

a. Appropriation du patrimoine : La région du Beaujolais est avant tout un territoire rural composé de petites communes. Sa proximité avec la métropole lyonnaise et l’expansion urbaine menace petit à petit l’intégrité de son paysage culturel. Cette évolution entraîne l’arrivée d’une nouvelle population plus urbaine qui doit trouver sa place au sein d’un territoire à caractère rural où l’agriculture et la viticulture représentent la principale économie locale. C’est pour cette raison qu’il est très important de sensibiliser cette nouvelle population à la culture locale et ainsi fédérer l’ensemble du territoire autour de ce paysage culturel exceptionnel. Les actions lancées par le Syndicat Mixte du Beaujolais en 2013 pour la reconnaissance des géopatrimoines, ont étés menées en collaboration avec des acteurs locaux et des professionnels. Ce travail a permis d’initier des actions capables de fédérer une partie de la population et de créer une dynamique collective qui participe à la valorisation du paysage culturel. L’organisme du Géopark Beaujolais a initié en 2015, une programmation pédagogique pour faire découvrir le territoire du Beaujolais, ancien et actuel. Ce programme passe notamment par les établissements scolaires, en intervenant dans les classes et en réalisant des sorties sur le terrain. La communication autour du patrimoine du beaujolais est aujourd’hui principalement réalisée par l’organisme qui gère le tourisme, il diffuse des informations sur les sites historiques, les événements et les activités mises en place sur le territoire. Au sein des villages, la majeur partie de l’appropriation patrimoniale est exercée par les commerçants et les viticulteurs qui sont ouverts aux publics pour partager leur quotidien et discuter de leur activité. Ils s’activent également tout le long de l’année à la préparation et à l’animation de nombreux événements. On peut citer comme exemples la fête du « Beaujolais Nouveau » ou la fête « Bienvenue en Beaujonomie », qui sont tous les deux des événement qui réunissent les acteurs du territoire et qui célèbrent le patrimoine local. Grâce à l’implication de ces acteurs locaux, chacun peut prendre le temps de découvrir ou redécouvrir les richesses du paysage culturel du beaujolais en participant à des visites guidées, des animations culturelles, des spectacles, des conférences et des dégustations gastronomiques.

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des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Photo d’une visite pédagogique © Hameauduvin

Photo d’une soirée Beaujomanie © Beaujolais.com

Photo du Marathon du Beaujolais © Beaujolais.com

Photo de la terrasse de Chiroubles en été © Beaujolais.com

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Communauté Communauté d'Agglomération d'Agglomération Villefranche Villefranche Beaujolais Beaujolais Saône Saône

d'Agglomération Villefranche Beaujolais Saône 2016 2012 2013 2014 2015 2012 Communauté 2013 2014 2015 2016

Agriculture Agriculture

2012 740 740

2013 722 722

2014 667 667

2015 464 464

2016 434 434

15 067

15 120

15 072

14 375

14 385

Analyse des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français Agriculture Services 15740 067 15722 120 15667 072 14464 375 14434 385 Services

Services 15 067 15 de 120 15 072Saône (200040590) 14 375 Sources CA Sources :: Insee Insee -- Population Population active, active, emploi emploi et et chômage chômage -- Intercommunalité-Métropole Intercommunalité-Métropole de CA Villefranche Villefranche Beaujolais Beaujolais Saône (200040590)

14 385

: Insee - Population active,services emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CA Villefranche Beaujolais Saône (200040590) *Sources Commerce, transports, divers... * Sercices: Sercices: Commerce, transports, services divers... * Sercices: Commerce, transports, services divers... • Évolution du nombre d’emplois dans le secteur de l’agriculture et des services :

434 434 434

15120 120 15 120 15

15072 072 15 072 15

14375 375 14 375 14

14385 385 14 385 14

22 00 11 33

22 00 11 44

22 00 11 55

22 00 11 66

22 00 11 22

22 00 11 33

22 00 11 44

22 00 11 55

22 00 11 66

2012

2013

2014

2015

2016

2012

2013

2014

2015

2016

15067 067 15 067 15

464 464 464

22 00 11 22

667 667 667

722 722 722

SERVI SERVI CES CES SERVI CES

740 740 740

A AG G RI RI CUL CUL TURE TURE A G RI CUL TURE

Communauté Communauté d'Agglomération d'Agglomération Villefranche Villefranche Beaujolais Beaujolais Saône Saône Communauté d'Agglomération Villefranche Beaujolais Saône 2012 2013 2014 2015 2016 2012 2013 2014 2015 2016 2012 Communauté 2013 2014 2015 2016 d'Agglomération Villefranche Beaujolais Saône Communauté d'Agglomération Villefranche Beaujolais Saône 740 722 667 464 434 740 722 667 464 434 740 Communauté 722 667 464 434 d'Agglomération Villefranche Beaujolais Saône 2018 2014 2015 2016 2017 2014 2015 2016 2017 2018 15 067 15 120 15 072 14 375 14 385 15 067 15 120 15 072 14 375 14 385 15 067 15 120 15 072 14 375 14 385 552014 091 552015 486 552016 720 552017 404 552018 704 091 486 720 404 704

Agriculture Agriculture Agriculture Services Services Services Entreprises Entreprises Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CA Villefranche Beaujolais Saône (200040590) Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CA Villefranche Beaujolais Saône (200040590)

Sources : Insee - Population active, emploi et chômage - Intercommunalité-Métropole de CA Villefranche Beaujolais Saône (200040590) Entreprises Etablissements 091 486 720 404 55 949 65 65 65 Etablissements 949 6 345 345 6 595 595 6 283 283 * Sercices: Commerce, transports, services divers... * Sercices: Commerce, transports, services divers... *Etablissements Sercices: Commerce, transports, services divers... 5 949 6 Villefranche 345 6 595(200040590) Sources Beaujolais Sources :: Insee Insee -- Démographie Démographie des des entreprises entreprises -- Intercommunalité-Métropole Intercommunalité-Métropole de de CA CA Villefranche Beaujolais Saône Saône (200040590)

704 65 6 618 618

6 283

6 618

: Insee Démographie des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CA Villefranche Beaujolais Saône (200040590) *Sources des marchandes hors * Ensemble Ensemble des -activités activités marchandes hors agriculture. agriculture.

2 20 01 13 3 2013

2 20 01 14 4 2014

2 20 01 15 5 2015

2 20 01 16 6 2016

2 20 01 13 3 2013

2 20 01 14 4 2014

283 66283 6 283 1414 14 375 375 375

595 66595 6 595

345 66345 6 345 2 20 01 12 2 2012

2 20 01 15 5 2015

618 66385 618 614 618 14 14 385 385

1515 15 072 072 072

1515 15 067 067 067

SERVI CES SERVI CES

ETA ETA BL BL II SSEMENT SSEMENT S S ETA BL I SSEMENT S 949 5 949 55949

2 20 01 12 2 2012

404 55404 5 404 464 464 464

720 55720 5 720

486 55486 5 486

091 5 091 55091

ENTREP ENTREP RI RI SES SES ENTREP RI SES

704 55434 704 5 704 434 434

667 667 667

722 722 722

740 740 740

A G RI CUL TURE A G RI CUL TURE

1515 15 120 120 120

* Ensemble des activités marchandes hors agriculture. • Évolution du nombre d’entreprises et d’établissements :

2 20 01 16 6 2016

22 00 11 44

22 00 11 55

22 00 11 66

22 00 11 77

22 00 11 88

22 00 11 44

22 00 11 55

22 00 11 66

22 00 11 77

22 00 11 88

2014

2015

2016

2017

2018

2014

2015

2016

2017

2018

Communauté Communauté d'Agglomération d'Agglomération Villefranche Villefranche Beaujolais Beaujolais Saône Saône Communauté d'Agglomération Villefranche Beaujolais Saône 2014 2015 2016 2017 2018 2014 2015 2016 2017 2018 2014 2015 2016 2017 Beaujolais2018 Communauté d'Agglomération Villefranche Saône Communauté d'Agglomération Villefranche Beaujolais Saône Entreprises 5 091 5 486 5 720 5 404 5 704 Entreprises 5 091 5 486 5 720 5 404 5 704 Entreprises 5 091 5 486 5 720 5 404 Beaujolais 5 704 Communauté d'Agglomération Villefranche Saône 2013 2014 2015 2016 2013 2014 2015 2016 Etablissements 5 6 6 6 6 Etablissements 5 949 949 6 345 345 6 595 595 6 283 283 6 618 618 Etablissements 5 949 6 345 6 595 6 283 6 618 Médiane du 2013 2014 2015 2016 19 865 19 865 20 243 20 182 Médiane du revenu revenu disponible disponible 19 865 865(200040590) 20 243 20 182 Sources entreprises -- Intercommunalité-Métropole Intercommunalité-Métropole de de CA CA Villefranche Beaujolais 19 Saône Sources :: Insee Insee -- Démographie Démographie des des entreprises Villefranche Beaujolais Saône (200040590) Sources : Insee Démographie des entreprises - Intercommunalité-Métropole de CA Villefranche Beaujolais Saône (200040590) Médiane du-- Revenus revenu 19 865 20 182 Sources : Insee et disponible pauvreté des ménages - Intercommunalité-Métropole19 de 865 CA Villefranche Beaujolais Saône (200040590) 20 243 : Insee -activités Revenus et pauvretéhors des ménages - Intercommunalité-Métropole de CA Villefranche Beaujolais Saône (200040590) **Sources Ensemble Ensemble des des activités marchandes marchandes hors agriculture. agriculture. * Ensemble des activités marchandes hors agriculture. : Insee - Revenus et pauvreté des ménages *Sources fiscaux -- hors et abris. * Ménages Ménages fiscaux hors communautés communautés et sans sans abris.- Intercommunalité-Métropole de CA Villefranche Beaujolais Saône (200040590) * Ménages fiscaux - hors communautés et sans abris.

• Évolution de la médiane du revenu disponible par unité de consommation en euros :

Médiane du revenu Médiane du revenu disponible disponible Médiane du revenu disponible

2 20 01 17 7 2017

22 00 11 44

22 00 11 55

2 20 01 14 4 2014 22 00 11 66

2013

2014

2015

2016

2 20 01 15 5 2015

2 20 01 17 7 2017

6 6618 6618 618

6 6595 6595 595 2 20 01 16 6 2016

6 6283 6283 283

2 20 01 18 8 2018 22 00 11 33

ETA BL I SSEMENT S ETA BL I SSEMENT S 6 6345 6345 345

5 5949 5949 949 20182 182 20 182 20

20243 243 20 243 20

5 5704 5704 704

5 5404 5404 404

5 5720 5720 720

2 20 01 16 6 2016

19865 865 19 865 19

2 20 01 15 5 2015

MÉDI MÉDI A A NE NE DU DU REVENU REVENU SP NI E DI SP O ODU NI BL BL E MÉDIDI A NE REVENU DI SP O NI BL E

19865 865 19 865 19

2 20 01 14 4 2014

5 5486 5486 486

5 5091 5091 091

ENTREP RI SES ENTREP RI SES

2 20 01 18 8 2018

Communauté d'Agglomération Villefranche Beaujolais Saône Communauté d'Agglomération Villefranche Beaujolais Saône Communauté d'Agglomération Villefranche Beaujolais Saône 2013 2014 2015 2016 2013 2014 2015 2016 2013 2014 2015 2016 19 19 20 20 19 865 865 19 865 865 20 243 243 20 182 182 19 865 19 865 20 243 20 182

Sources Villefranche Beaujolais Saône (200040590) Sources :: Insee Insee -- Revenus Revenus et et pauvreté pauvreté des des ménages ménages -- Intercommunalité-Métropole Intercommunalité-Métropole de de CA CA Villefranche Beaujolais Saône (200040590) Sources : Insee - Revenus et pauvreté des ménages - Intercommunalité-Métropole de CA Villefranche Beaujolais Saône (200040590) Ménages fiscaux ** Ménages fiscaux -- hors hors communautés communautés et et sans sans abris. abris. * Ménages fiscaux - hors communautés et sans abris.

20 0182 182 182

culturels viticoles et développement local MÉDI A NEPaysages DU REVENU MÉDI A NE DU REVENU DI SP O NI BL E DI SP O NI BL E 020 20 243 243 243

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

b. Patrimoine et développement : L’aire urbaine de Lyon s’est étendue dans les années 2000 et englobe désormais une grande partie du Beaujolais. Cette expansion du territoire lyonnais, cause petit à petit un changement de paradigme au sein du beaujolais, la région qui était rurale devient une région urbaine. Aujourd’hui, 164 000 habitants du Beaujolais, soit 78 % de la population, font partie de l’aire urbaine lyonnaise. L’influence de la métropole lyonnaise a gagné 61 communes de la région depuis 1999. (Insee Rhône-Alpes, 2015) L’absence d’une véritable politique de préservation et conservation du paysage culturel du Beaujolais semble favoriser ce développement urbain. Avec les démarches amorcées pour l’inscription du Beaujolais comme Géoparc Mondial UNESCO, les collectivités locales tentent de fédérer leur population locale. Les actions de sensibilisation menées auprès du jeune public et des acteurs locaux, permettent de réaffirmer certaines valeurs patrimoniales et créer un enthousiasme autour de cette cause. Les données fournies par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), montrent très clairement ce changement de paradigme. Une baisse significative du nombre d’emplois dans le secteur de l’agriculture et des services (commerces, transports, services divers ...) est en marche depuis 2012, de plus en plus d’actifs sortent pour travailler au sein de la métropole lyonnaise. Le nombre d’entreprises et d’établissements présents sur le territoire de la Communauté d’Agglomération Villefranche Beaujolais Saône reste relativement stable depuis 2015. La migration de la population locale vers la région lyonnaise engendre la stagnation du développement local, mais semble profiter aux ménages avec une légère augmentation de leur revenu médian disponible. Le Beaujolais se transforme ainsi d’un territoire rural et industriel en un espace périurbain et résidentiel. Cette évolution risque de modifier de manière irrémédiable l’ensemble du paysage culturel pourtant exceptionnel du Beaujolais.

Photo aérienne de Belleville-sur-Saone, commune du Beaujolais © Gaelfontaine-photo

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

3.5. Synthèse d’analyse :

Vignoble Champenois

Vignoble Bourguignon Vignoble du Beaujolais Vignoble Bordelais

CULTUREL V INE ITI O CO IM R LE T A P

Identification du patrimoine Authenticité du patrimoine

LE AB

D É VE LO

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TOUR ISM E D UR

L LOCA NT E EM P P

Tourisme immersif Transition écologique

Appropriation du patrimoine Patrimoine et développement

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Analyse

des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des paysages culturels viticole français

Vignoble Bordelais : SATISFAISANT ACCEPTABLE MOYEN INSUFFISANT

Vignoble Champenois : SATISFAISANT ACCEPTABLE MOYEN INSUFFISANT

Vignoble Bourguignon: SATISFAISANT ACCEPTABLE MOYEN INSUFFISANT

Vignoble du Beaujolais : SATISFAISANT ACCEPTABLE MOYEN INSUFFISANT

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CONCLUSION : Cette recherche sur les pratiques de conservation et de valorisation du patrimoine culturel viticole a permis de lever le voile sur certaines démarches et orientations qui s’opèrent au sein des paysages culturels étudiés. L’observation des pratiques actuelles de conservation et de valorisation des sites viticoles inscrits sur la Liste du patrimoine mondial (Bordelais, Champagne, Bourgogne), confronté à un site viticole ne faisant pas partie de cette liste (Beaujolais), confirme l’hypothèse de départ. L’analyse thématique montre en effet que les nombreuses démarches, les différentes recommandations et le suivi nécessaires à l’intégration d’un bien dans cette liste, s’avèrent bénéfique pour valoriser un patrimoine, sensibiliser une population à la préservation de ce patrimoine et impulser un développement à l’échelle locale. Tout d’abord, les premières observations montrent que le terme de « paysage culturel » reste une notion encore très peu connue du grand public. Le manque de considération pour cette notion entraine une sorte de dévalorisation de l’ensemble du patrimoine culturel présent sur un territoire et freine les démarches de conservation et de valorisation de celui-ci. Le témoignage d’un membre de la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne en est le parfait exemple: « C’était drôle car au début quand on a communiqué notre volonté d’inscrire la Champagne au patrimoine mondiale, beaucoup se sont dit « mais ils sont fous, on n’est pas le Taj Mahal », la comparaison entre la liste du patrimoine de l’UNESCO et le patrimoine de la Champagne poussait les acteurs locaux à se dire « on n’est pas formidable » » (Annexe 1). Une prise de conscience rapide de cette notion à notamment permis à la Juridiction de Saint-Emilion d’être le premier paysage culturel viticole inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1999, ce n’est que quinze années plus tard que les vignobles Champenois et Bourguignon ont intégré cette liste. Cette volonté d’inscrire ces paysages culturels viticoles sur la Liste du patrimoine mondial a permis l’émergence d’organismes appelés « Mission » pour permettre la création et le déroulement d’un plan d’action au sein du territoire : « La Mission Climats, c’est un ensemble de professionnels du territoire, du tourisme, de la viticulture et des organismes d’état. C’est l’ensemble de ces partenaires qui travaillent sur le territoire et qui construisent le plan d’action » (Annexe 2). Cette association qui a la délégation de l’état pour gérer le patrimoine culturel du territoire, permet de mobiliser différents acteurs du territoire constituant ainsi une équipe pluridisciplinaire capable de répondre à différents enjeux. Cette démarche permet d’avoir une structure de référence spécialement dédiée à la gestion du paysage culturel d’un territoire, étant en relation direct avec les organismes d’états, cette association possède un réel pouvoir décisionnel et financier pour mener des actions de sensibilisations, de protection et de valorisation du patrimoine. Dans un deuxième temps, bien que l’engouement et l’implication de la population locale semble s’opérer tout naturellement au sein de tous les sites étudiés, le beaujolais reste relativement en retard en ce qui concerne les politiques écologiques et patrimoniales. En effet, ces politiques représentent très souvent des contraintes pour les professionnels ou pour la population locale et il est difficile pour certains d’accepter l’application de nouvelles normes : « il y avait énormément de craintes de tous les professionnels. Pour eux une inscription ça représente principalement des

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contraintes avec une interdiction de certaines activités et de nouvelles réglementations. » (Annexe 2). Pour estomper cette défiance, il est nécessaire d’effectuer un travail de sensibilisation et de médiation chez les acteurs actuels du territoire mais aussi chez les futurs acteurs avec le jeune public. Les analyses nous montrent que ce travail est particulièrement bien mené au sein des paysages culturels inscrits et qu’il créé un réel engouement pour la préservation du patrimoine : « On a donc fait un énorme travail de pédagogie vis à vis de la profession et puis progressivement tout ça s’est transformé en grande fierté notamment lors de l’inscription. Aujourd’hui cette fierté est partagée à la fois par les habitants et par les professionnels. D’ailleurs, nous, quotidiennement à la mission, on vient nous voir dès qu’il y a un nouveau projet qui pourrait impacter leur commune, pour qu’on y regarde de plus près. On a maintenant presque un militantisme sur le terrain qui nous rapporte un peu tout ce qui s’y passe. » (Annexe 1). Cette démarche a donc la double fonction, de revaloriser les paysages culturels puis de mobiliser les professionnels et les acteurs locaux autour d’une cause commune de conservation. Enfin, l’analyse comparative révèle que les démarches nécessaires à l’intégration d’un bien dans la Liste du patrimoine mondial ne sont pas véritablement axées sur le développement touristique. En effet les 4 sites de référence ont su mener un tourisme efficace et structuré, avec le développement de l’œnotourisme. En revanche, l’analyse montre que le patrimoine identifié est globalement plus complet dans les sites inscrits, cela favorise une interprétation globale des paysages culturels, fondée sur une approche authentique et scientifique, évitant ainsi une communication réductrice et commerciale des valeurs patrimoniales. Ainsi les visiteurs ne visitent pas seulement un paysage culturel viticole pour y découvrir du vin mais pour y découvrir des valeurs mémorielles, esthétiques, historiques, culturelles et environnementales particulières. Cette approche favorise alors le développement local en offrant une nouvelle clientèle aux autres secteurs d’activités : « Il y a plein de petites entreprises qui se développent et des nouveaux hôtels qui ouvrent donc il y a bien évidemment des retombées. Un nouveau tourisme arrive, il consomme du champagne, mais c’est aussi au-delà de la filière vin, c’est aussi de la consommation classique au sein du territoire tout entier. » (Annexes 1). Ce développement profite alors au développement économique du territoire mais amplifie également les échanges culturels entre les populations autochtones et les visiteurs, en diffusant les valeurs humaines, sociales et culturelles du patrimoine hors du territoire. Pour conclure, ce travail de recherche montre que l’application des différentes chartes et réglementations internationales au sein de notre patrimoine culturel viticole, semble participer non seulement à le préserver mais aussi à impulser une nouvelle dynamique locale. Bien évidemment le patrimoine est une notion complexe qui évolue avec le temps tout comme notre société, c’est pourquoi cette recherche ne peut être exhaustive et demanderais une observation sur plusieurs années pour pouvoir en tirer de véritables réponses.

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ANNEXES : ANNEXE N°1 - ENTRETIEN N°1 – 07/02/2020 – 11h 00 – 29 min MEMBRE DE LA MISSION COTEAUX, MAISONS ET CAVES DE CHAMPAGNE Pourquoi le Champagne a-t-il intégré la liste du patrimoine récemment ? « Oui c’est quelque chose de récent, la convention de 1972 donc la convention du patrimoine mondial, inscrit plutôt au début des grands chefs d’œuvres dont tous les plus grands monuments iconiques. Quand je dis grands chefs d’œuvres c’est bien volontaire parce que les paysages vivants n’apparaissent que dans les années 1990, il faudra attendre 1992 pour qu’il y ait une catégorie paysagère au sein de cette convention et les paysages viticoles rentrent en 1999 avec la juridiction de Saint-Emilion. Mais il y a aussi le Val de Loire, ce n’est pas un dossier qui est monté exclusivement sur un paysage viticole mais il y a des vignes, c’est plus le paysage dans sa globalité avec toute sa diversité culturale qui est mis en avant. Enfin on à la Bourgogne et la Champagne qui intègre la liste du patrimoine mondiale en 2015 qui viennent compléter la liste avec deux typologies de vignoble différentes. La Bourgogne qui est inscrite comme un bien culturel avec la question du ‘’ climat de Bourgogne ‘’, donc de l’enclos de pierre avec l’historique très ancien de la vigne à l’intérieur de ses murets et nous la Champagne avec un valeur universelle exceptionnelle plus portée sur un aménagement de l’espace de type agroindustriel. Le Champagne est en effet un vin de l’innovation, avec sa seconde fermentation et ses bulles qui ont nécessité un urbanisme spécifique et des constructions de villages particulières. » Quelle est la genèse de cette inscription au patrimoine mondiale ? « Alors c’est intéressant, car c’est une initiative d’une étudiante ! Une étudiante qui a fait un stage à l’UNESCO et qui était en école de commerce. Elle a découvert ce qu’était le patrimoine mondial et ses programmes puis elle retourne faire ses études de commerce à Reims où elle fait un stage dans une maison de Champagne. C’est à ce moment-là qu’elle croise les informations et qu’elle découvre que la Champagne est inscrite sur la liste indicative du patrimoine français, mais qu’il n’y a pas d’initiative locale. A la suite de ça, elle va porter cette idée à l’interprofession et puis la commission de l’interprofession va trouver que c’est une belle idée notamment car cette commission a depuis son origine toujours essayé d’honorer l’appellation, c’est une de ses principales occupations. Et elle s’est dit qu’en étant inscrite au patrimoine mondial, ça confirme qu’il n’est de champagne qu’en Champagne. Les professionnels ont entamé un dialogue avec les collectivités locales pour lancer cette initiative et créer une association pour se mettre à la conquête de cette inscription dans un petite dizaine d’années. C’est très long et c’est un dossier complexe, car il faut démontrer la VUE, il faut construire une délimitation, il faut réfléchir sur un plan de gestion donc ce n’est pas uniquement le « on est unique et exceptionnel », c’est bien plus complexe que ça. Il faut une entente et que toutes les conditions s’agrègent, il faut aussi passer plusieurs étapes au niveau national et que le gouvernement vous choisisse pour être le candidat de la France. Donc voilà on a gravi tous ces échelons en une dizaines d’années. »

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Cette volonté d’inscription était-elle partagée par l’ensemble des acteurs locaux ? « C’était drôle car au début quand on a communiqué notre volonté d’inscrire la Champagne au patrimoine mondiale, beaucoup se sont dit « mais ils sont fous, on n’est pas le Taj Mahal », la comparaison entre la liste du patrimoine de l’UNESCO et le patrimoine de la Champagne poussait les acteurs locaux à se dire « on n’est pas formidable ». On a dû faire tout un travail, en expliquant l’évolution de la liste, en disant que le paysage est un objet patrimonial et que leurs savoir-faire avait meublé tout ce paysage. On a progressivement fait beaucoup d’études qui ont permis d’éveiller les consciences des champenois localement. En plus le territoire champenois est un territoire où toutes les armées du monde sont passées et où il y a fallu reconstruire des villages. Il y avait une sorte d’amnésie patrimoniale flagrante même dans la ville de Reims ou la ville avait été quasiment détruite. Le Rémois, avec l’inscription patrimoniale, était un petit peu frileux car leur ville ne leurs parlait pas comme pour d’autre ville où l’on a encore le patrimoine de la renaissance par exemple. Donc il y a eu tout un changement de regard quand même, où au début ils étaient très circonspects et interrogatifs, puis progressivement il y a eu comme une sorte de fierté, une sorte de réappropriation du territoire. Les vignerons avaient aussi peur que ça leur apporte de nouvelles contraintes alors qu’ils en ont déjà énormément dans leur pratique professionnelle, donc il a fallu bien leur expliquer ce qu’impliquait d’être inscrit au patrimoine mondial, que l’engagement était celui qu’on se fixait dans le plan de gestion. On a donc fait un énorme travail de pédagogie vis à vis de la profession et puis progressivement tout ça s’est transformé en grande fierté notamment lors de l’inscription. Aujourd’hui cette fierté est partagée à la fois par les habitants et par les professionnels. D’ailleurs, nous, quotidiennement à la mission, on vient nous voir dès qu’il y a un nouveau projet qui pourrait impacter leur commune, pour qu’on y regarde de plus près. On a maintenant presque un militantisme sur le terrain qui nous rapporte un peu tout ce qui s’y passe. » Cette inscription sur la liste du patrimoine mondial a-t-elle permis de conserver mais aussi de valoriser vos paysages culturels viticoles ? « Complètement, on est en train de faire changer la façon de voir des vignerons et des coopératives. Pendant de nombreuses années on percevait la vigne de façon économique. Aujourd’hui on essaye de leur faire comprendre que quand ils construisent un bâtiment, c’est avant tout l’expression d’un savoir-faire et un prolongement pour les générations futures, qu’il faut essayer de conserver cette unité. On essaie de faire en sorte que toutes ces progressions restent cohérentes, en faisant appel à des architectes par exemple. Il y a de nombreux projets parfois qui passent par de la simple ingénierie de bureau d’étude et où nous leur disons qu’il faut apporter le regard de l’architecte paysagiste, qu’il faut se faire accompagner pour apporter de la qualité. Ils commencent à l’intégrer et maintenant quand on a des projets, il y a de plus en plus de prise de consciences et de collaborations pour avoir une meilleure intégration et que tous les champs soit vus et que l’on ne fasse pas d’erreurs. Donc il y a quand mêmes de nouvelles habitudes, là nous, par exemple, on lance un chantier sur de l’embellissement. On va engager un

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paysagiste qui va être sur le terrain et qui va essayer d’éliminer progressivement certaines verrues paysagères. Il faut aussi comprendre qu’il faut du temps pour faire ce basculement, sur nos zones centrales on n’a pas trop de problèmes mais notre objectif est que, au-delà de cette zone, entrainer toute l’appellation champagne dans une démarche de progrès. Donc c’est en train de s’opérer mais il faut du temps. Il y a un impact que l’on peut repérer aussi, c’est l’engouement et le développement de l’œnotourisme. La Champagne n’était pas forcement une véritable terre d’accueil, les vignerons ne sont pas toujours ouverts, ce n’est pas comme l’Alsace ou le Bordelais par exemple. Il y a eu une volonté, un désir de la profession de s’ouvrir pour partager son savoir et son savoir-faire pour vendre au domaine. Donc ça, c’est quelque chose qui est en train de s’opérer et aussi car il y a une sorte de dynamique sur le terrain avec de nombreux hôtels qui s’ouvrent, des musées en projet. Le territoire est vraiment en train de s’ouvrir aux touristes, c’est aussi intéressant pour nous car ça nous fait un argument de plus pour leur dire de se développer de manière qualitative, car le viticulteur va être confronté au territoire et il ne faut pas qu’il soit déçu. Donc stratégiquement c’est important d’avoir un geste intelligent si on veut construire un hangar par exemple, arrêter de prendre de la tôle, imaginer des cuveries contemporaines, ne pas faire du façadisme et réinterpréter le patrimoine gratuitement avec des matériaux nouveaux. On est un paysage évolutif mais il faut que ça soit fait avec des qualités architecturales. » Quel est votre approche face à ce développement touristique et aux risques de la surfréquentation ? « En effet la surfréquentation pourrait avoir un impact négatif sur le site alors ça complètement, c’est pour ça que l’on a essayé de fédérer tous les acteurs du tourisme, on les rassemble un fois par mois avec les professionnels du vin pour travailler sur un livre blanc de l’œnotourisme où l’on dessine le cadre d’œnotourisme que l’on souhaite. Dans ce cadre, on rappelle bien évidemment qu’on doit faire attention à cette surfréquentation, qu’il faut booster les mobilités douces, privilégier un tourisme à haute valeur ajoutée plutôt que du tourisme de masse, privilégier la qualité de l’accueil et ne pas par exemple ouvrir des hôtels bas de gammes. Ce n’est pas la stratégie du Champagne, la stratégie privilégiée, c’était plutôt d’avoir des hôtels de 3 voire 4 ou 5 étoiles, de privilégier l’accueil à la cave sur rendez-vous pour essayer de contenir les flux. En plus nous travaillons sur le milieu souterrain et il y a des préconisations particulières, sur certaines caves nous ne pouvons pas descendre à plus de 25 personnes en même temps, donc déjà on a quelques contraintes qui nous font dire qu’on n’est pas un site qui doit exploser la fréquentation. Donc on fait du sur-mesure, sur rendez-vous pour limiter au maximum les flux. On en a fortement conscience car ça serait une erreur, j’ai souvenir de ma visite de Saint-Emilion où je discutais avec quelques commerçants qui disaient que les visiteurs qui arrivaient de croisières à bordeaux et qui visitaient Saint-Emilion, que c’était une catastrophe car ça leur coute énormément. Car les visiteurs ne venaient pas vraiment consommer, ils faisaient vraiment de l’excursionnisme, visitaient en 2 ou 3 heures et repartaient. Il y a en parallèle des problèmes de pollution, d’encombrement urbain et tous les petits magasins typiques étaient devenus des enseignes banales. Il y a des impacts vraiment négatifs du tourisme et c’est pour cela qu’on est très vigilant, de toute façon on n’a pas la mer donc on n’aura pas de bateaux de croisières mais on reste malgré tout proche de Paris alors on reste vigilant. »

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Cette démarche d’inscription a-t-elle permis une meilleure communication autour du patrimoine et de ses valeurs ? « Absolument, on est passé en disant qu’on ne voulait plus seulement parler du Champagne, celui connu dans le monde entier, mais d’essayer de comprendre la Champagne. C’est à dire, les hommes, les femmes qui fabriquent ce produit, le paysage qui en résultent, les domaines qui sont construits pour élaborer le vin et on a une vision culturelle beaucoup plus globale aujourd’hui. Les évènements se multiplient avec des festivals œnotouristiques et de nombreuses balades dans le vignoble s’organisent où les vignerons expliquent leurs terroirs, leurs savoir-faire et l’histoire de leur famille. Ça a donné une véritable épaisseur culturelle au produit. On raconte plus maintenant qu’on est une civilisation du vin et que sur ces terres on à développer une particularité et qu’on a inventé la méthode champenoise avec tout un process historique qui a conduit cette région à se spécialiser dans le vin. » Avez-vous ressenti des retombées au niveau économique après l’inscription ? « Alors ce n’est pas évident à mesurer. On est actuellement en train de mettre en place un observatoire de l’œnotourisme pour justement chiffrer les retombées. Mais il y a effectivement plein d’indices qui nous montrent une évolution. Quand on entend qu’un hôtelier restaurateur qui d’habitude travaille de novembre à mars, a tellement de demandes, qu’il doit ouvrir toute l’année et recruter du personnel car il est plein tout le temps, j’ai envie de dire que ce genre de discours est révélateur. Il y a plein de petites entreprises qui se développent et des nouveaux hôtels qui ouvrent donc il y a bien évidemment des retombées. Un nouveau tourisme arrive, il consomme du champagne, mais c’est aussi au-delà de la filière vin, c’est aussi de la consommation classique au sein du territoire tout entier. » Quel est le rôle de la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne ? « L’UNESO nous a demandé un plan de gestion pour l’inscription, on a dû réfléchir à ce qu’on pouvait faire et ne pas faire, dresser des limites. C’est plus simple, une fois qu’on a le cadre, on peut intervenir, quand il n’est pas là, on ne sait pas qui est l’arbitre. Nous on a aussi eu la chance d’avoir cette Mission UNESCO tout de suite de mis en œuvre, une structure spécialement dédiée qui permet de poursuivre cette dynamique, nourrir le plan de gestion et veiller à ce que tout fonctionne correctement. Notre mission est véritablement de dérouler le plan de gestion, on est les gardiens. On intervient beaucoup sur des problèmes de suivi réactif sur les sites où il y a des destructions, des dégradations, alors on essaie de réparer, de guider, de conseiller, on initie énormément de protection au sein du territoire. On essaye par un travail de condition d’emmener le territoire vers du mieux. On a une vraie force au sein des villages, les vignerons qui sont des paysans pour la plupart ont peur des inspecteurs, ils en peuvent plus car ils sont déjà très contraints par les normes. Nous on a l’habitude de leur parler, ils nous font confiance, donc on peut les rassurer et les convaincre de garder leurs vignes et leurs domaines propres, de faire des rénovations cohérentes, d’aller voir un architecte. Avec nous ils sont beaucoup plus réceptifs

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car on est énormément sur le terrain avec eux, donc on a une bonne force de frappe. Ça c’est la partie du plan de gestion pur, on a aussi tout une partie de formation et sensibilisation progressive où l’on donne envie aux habitant de s’intéresser au patrimoine pour qu’ils en soient fiers. On travaille aussi avec les écoles sur tout un travail de fond, car c’est eux le futur du patrimoine local et c’est eux qui demain vont transmettre ces bonnes habitudes. On essaie qu’ils s’approprient leur patrimoine, car les réglementations c’est bien, mais si elles ne sont pas comprises donc pas portées, ça n’a pas de sens. » Sans cette inscription est ce que le patrimoine champenois serait le même aujourd’hui ? « Ah non je pense qu’il y aurait des choses qui auraient pu disparaître car on est énormément en alerte, car c’est quand même des contraintes économiques d’entretenir ce patrimoine et on aurait pu perdre des sites historiques du champagne sans cette inscription. Aujourd’hui avec l’inscription le négoce se dit que c’est une valeur ajoutée et ça se sent dans leur façon de le raconter au client. Maintenant ils veulent conserver ces sites et en faire leur joyaux ! Ce n’est pas anodin, on a aussi des petites communes qui se disent qu’elles ont finalement un patrimoine, que dans leur urbanisme tout est imbriqué et très dense, que c’est ça qui fait leur spécificité et donc qu’elles vont redonner vie à leur centre ancien. C’est très intéressant car on aurait pu avoir des centres de villages détruits, complètement massacrés avec pleins de zones de lotissements. C’est une véritable réappropriation par la population des centres bourgs, pour ouvrir des petites boutiques de vins de champagne, des endroits de dégustation. Ça a quand même permis de conserver tout ce patrimoine viticole de Champagne. »

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ANNEXE N°2 - ENTRETIEN N°2 – 06/03/2020 – 14h00 – 27 min MEMBRE DE LA MISSION DES CLIMATS DU VIGNOBLE DE BOURGOGNE Quelle est la genèse de cette inscription au patrimoine mondiale ? « Je vais essayer de vous répondre, mais je n’étais pas à l’origine de ça. C’est quelque chose qui était encré dans la mentalité des vignerons, et ça fait de nombreuses années que certains vignerons se demandaient comment valoriser le système de production bourguignon. Alors il y a déjà eu des démarches qui avaient été entamées, il y a une trentaine d’années mais l’idée était un peu retombée. Puis il y a une quinzaine d’années, avec l’impulsion de plusieurs vignerons dont certains mondialement connues comme Aubert de Villaine le propriétaire d’un domaine de Romanée Conti. Aubert de Villaine avait vraiment à cœur de défendre et de protéger le système de viticulture bourguignon. Le modèle de viticulture, car en Bourgogne il y a un système de production assez unique au monde, justement avec le lien qui est fait entre la parcelle et le vin qui est produit. Donc il y a eu tout une démarche entamée dans ce sens-là, et l’idée c’était véritablement ce système de production que les vignerons voulaient défendent. Et à force d’avancer dans cette démarche, ils se sont rendus compte que ce système de viticulture était vraiment rattaché à un territoire et plus particulièrement à la Côte d’Or. Donc ils ont commencé à s’intéresser au territoire, au terroir, à la viticulture, aux systèmes de production et au patrimoine. C’est là que la candidature s’est un peu construite au fur et à mesure, car au départ on partait vraiment sur le système productif et petit à petit tout s’est construit autour du paysage culturel. Ils se sont rendu compte que c’était vraiment ce paysage qu’il fallait protéger et que c’est ce paysage qui était porteur, d’une part d’une valeur exceptionnelle et que c’était aussi le marqueur flagrant du mode de viticulture bourguignon, du patrimoine en place en lien avec la viticulture et de tous les savoir-faire de la population locale. Donc c’est comme ça qu’est née l’idée et la volonté d’inscrire un paysage. » Cette volonté d’inscription était-elle partagée par l’ensemble des acteurs locaux ? « Initialement l’impulsion avait été donnée par les vignerons, mais très vite ils ont rattaché toutes les collectivités à cette démarche, donc les villes, les communautés d’agglomération. Il y a une Charte d’engagement qui a été signée par l’ensemble des collectivités avant l’inscription pour s’inscrire dans cette démarche et pourvoir présenter la candidature à l’UNESCO. Donc c’est d’abord initié par les vignerons, mais derrière ils ont rattachés la population par le biais des collectivités puisqu’il fallait que ce soit une démarche collective et non pas une niche portée par une simple profession. » Cette inscription sur la liste du patrimoine mondial a-t-elle permis de conserver mais aussi de valoriser vos paysages culturels viticoles ? « Oui il y a forcément eu des impacts, car au départ toutes les collectivités ont signé cette charte d’engagement, tout le monde étaient partie prenante. C’est aussi au départ, quand on est inscrit au patrimoine mondial, quelque chose qui fait peur. C’est pour cette raison que ce n’était pas forcément partagé par toute la population, ni par toute la profession viticole puisqu’il y avait une certaine réticence. Ils se demandaient ce que ça allait leur apporter, s’ils allaient avoir de nouvelles

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contraintes pour leur activité. Donc les premières années d’inscriptions de 2015 à 2017, le gros du travail était justement d’impulser tout cette dynamique de préservation et d’expliquer à la population comment le fait d’être inscrit au patrimoine mondial, peut créer des dynamiques de préservations et apporter des soutiens financiers par exemple puisque l’on a des opérations qui sont financées pour préserver le patrimoine ou pour restaurer. Donc voilà, on a vraiment eu tout une démarche où il fallait sensibiliser la population, qui commence à porter ses fruits. Notamment grâce à un dispositif qu’on a mis en place, qui est un dispositif financier de restauration du patrimoine viticole, donc tout ce qui est muret ou petite maison vigneronne dans les vignes par exemple, et on est allé collecter des fonds à l’étranger pour créer un énorme fond de financement et aider les vignerons qui restaurent leur patrimoine. Donc c’est aussi un levier financier qui permet de faire de la sensibilisation et de la formation. On voit que les mentalités changent, que la préservation du patrimoine rentre dans les intérêts des vignerons. On fait le même travail sur l’aspect paysagé puisqu’on est sur un territoire relativement urbanisé qui impacte certaines zones viticoles, et il y a encore beaucoup de villages ou l’expansion démographie est assez importante. Donc on travaille beaucoup avec les collectivités pour intégrer la notion paysagère dans tous les documents d’urbanisme et dans la sensibilisation de toutes les personnes qui sont amenées à apporter des constructions. C’est encore totalement encré dans la mentalité de la société locale mais nous, association des Climats, on est gestionnaires du territoire et notre vocation première c’est bien évidemment de préserver ce territoire, ce patrimoine, ces paysages et pour qu’on puisse transmettre tout ça aux générations futures. Donc ça passe par des actions ponctuelles qui peuvent être par exemple, accompagnées financièrement, mais ça passe aussi par des outils réglementaires. On travaille beaucoup avec l’état et les organismes d’état pour que dans toutes les réglementations qui existent sur le territoire les données paysagères y soit intégrées. » Quel est votre approche face à ce développement touristique et aux risques de la surfréquentation ? « On travaille beaucoup avec les offices de tourisme ou des partenaires touristiques, que ce soit au niveau régional, départemental ou plus local. En fait l’association des Climats est une association qui a eu une délégation de l’état pour gérer ce territoire, mais l’association en tant que telle est dirigée par la Mission Climats. La Mission Climats, c’est un ensemble de professionnels du territoire, du tourisme, de la viticulture et des organismes d’état. C’est l’ensemble de ces partenaires qui travaillent sur le territoire et qui construisent le plan d’action. Et sur le volet touristique, on travaille énormément avec les opérateurs touristiques pour deux choses. D’une part pour les circuits touristiques, la communication et tout ce qui est fait au niveau du tourisme pour intégrer cette notion de patrimoine mondial, donc on fait beaucoup de communication sur le fait que le territoire est inscrit au patrimoine mondial. Le deuxième volet d’action n’est pas encore engagé car l’inscription est encore récente, il s’agit du tourisme et la préservation territoire en lien avec les activités touristiques qui sont très fortes. En fait, dans nos missions, on n’a pas vraiment pour vocation de promouvoir le tourisme, ce n’est pas un secteur d’activité sur lequel on doit agir, car on est vraiment gestionnaire de territoire dans la préservation d’un patrimoine et d’un paysage mais on a quand même un territoire qui a une très forte pression touristique, donc on essaie de travailler avec les acteurs du tourisme pour justement limiter l’impact néfaste et faire en sorte que tous les équipements touristiques s’accordent avec le paysage mais aussi avec l’activité viticole. Il faut faire attention avec les intrusions dans le monde viticole, on est

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sur un territoire ou il y a beaucoup de conflits d’intérêts, par exemple avec la Route des Vins de Bourgogne, qui est une route qui est énormément empruntée par les touristes et ça pose des conflits d’usage avec les vignerons qui travaillent dans leurs vignes. Les touristes ont tendance à passer en vélos ou à pieds dans les vignes ou à prendre des pierres. Donc voilà, à la base ce n’est pas notre rôle de s’occuper de ça, mais on voit très bien que dans le développement de notre territoire, c’est quelque chose qu’on va devoir gérer et qu’on réfléchisse si ça devient dangereux à des solutions de tourisme durable. » Cette démarche d’inscription a-t-elle permis une meilleure communication autour du patrimoine et de ses valeurs ? « Une grande partie de nos missions c’est vraiment la connaissance des Climats et la médiation autour des Climats. On travaille beaucoup avec les acteurs locaux et on a tout une gamme d’action qui visent différents publics. On a notamment tout ce qui touche le jeune public, avec un nouveau programme qui rend accessible la sensibilisation du patrimoine, de la protection du patrimoine et de la profession viticole à toutes les écoles du département. Donc les jeunes sont une cible importante, mais on fait aussi ce travail avec des professionnels et des acteurs du tourisme, en créant des petits outils et des petites vidéos pour les former. Les acteurs du tourisme, c’est par exemple les hôteliers, ou un agent d’accueil, il faut qu’il soit capable de comprendre et d’informer les visiteurs sur le patrimoine local et qu’ils expliquent que c’est un lieu à préserver. Après avec la population locale, on a ouvert toute une partie animation culturelle autour des Climats pour essayer de créer des évènements qui puissent être partagés avec la population locale. Par exemple au mois de juin, il y a le festival du Mois des Climats, avec près de 80 évènements au sein du territoire. Ça peut être des évènements sportifs, culturels, patrimoniaux et encore plein d’autres choses, pour partager cette culture avec les locaux. On organise aussi tous les ans, un anniversaire de l’inscription en Juillet, où l’on fait un grand événement où la population locale est invitée à participer gratuitement. On réunit en générale entre 2000 et 3000 personnes. » Avez-vous ressenti des retombées au niveaux économiques après l’inscription ? « Ce n’est pas facile à dire car l’inscription est encore très récente, mais il y a véritablement un avant et un après ça c’est sûr. Car l’avant inscription c’était essayer de rassembler toute la population autour de cette inscription et même si on a eu énormément d’engouement avec une liste d’engagement très fournie, il y avait énormément de craintes de tous les professionnels. Pour eux une inscription ça représente principalement des contraintes avec une interdiction de certaines activités et de nouvelles réglementations. C’est vraiment la situation qu’il y avait avant l’inscription. Après l’inscription, aujourd’hui, on peut le dire, il y a vraiment un changement des mentalités, un changement de réception de cette inscription au patrimoine mondiale car il y en a beaucoup qui ont vu un intérêt fort. Notamment les vignerons qui avaient des craintes mais maintenant, au contraire, qui comprennent que c’est pour restaurer et valoriser le patrimoine. Ils accueillent plus facilement les touristes pour leur parler de leurs histoires et de leur patrimoine. Dans cette mesure il y a véritablement un changement des mentalités après l’inscription. Après dire si ça génère plus de tourisme ou si ça développe plus d’activité, c’est encore un peu tôt pour le dire. »

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Considéré comme le pays du vin par excellence, la France tient sa réputation mondiale d’un patrimoine vieux de plusieurs siècles. Les paysages culturels viticoles sont indissociables de l’histoire française, cet héritage fait partie intégrante de certaines régions ayant leurs propres climats, leurs propres histoires et leurs propres pratiques culturelles. Ces spécificités ont constitué au fil du temps un véritable patrimoine qui donne à chacune de ces régions une identité marquée par la culture, la production et la commercialisation du vin. Au cours des dernières décennies, la révolution industrielle et la mondialisation ont entraîné une importante transformation de notre société, les domaines de la viticulture et de la production viticole n’y a pas échappé. Dans ce renouveau, les paysages viticoles acquièrent une nouvelle identité axée davantage sur l’expérience que sur le produit, c’est ce que l’on appelle l’œnotourisme. L’intérêt grandissant pour ces paysages questionne sur les interactions qui se jouent à l’heure actuelle entre les programmes de conservation et les programmes de développement local. Ce mémoire de recherche émet l’hypothèse que les démarches et les différentes recommandations nécessaires à l’intégration d’un bien dans la Liste du patrimoine mondial (UNESCO, 1972), s’avèrent bénéfiques pour valoriser un patrimoine, sensibiliser une population à la préservation de ce patrimoine et impulser un développement local durable. Cette recherche est fondée sur une analyse comparative de trois vignobles français actuellement inscrits sur la Liste du patrimoine mondial (Bordelais, Champagne, Bourgogne) et un n’étant pas inscrit sur cette liste (Beaujolais). L’analyse suit une méthodologie qui confronte les pratiques observées sur les terrains d’étude aux recommandations mentionnées dans les différentes chartes internationales. Les résultats nous permettrons d’apporter des éléments de réponse sur les bonnes manières d’appréhender la conservation et la valorisation d’un patrimoine culturel viticole. Mots clés : Patrimoine, Développement local, Paysage culturel, Œnotourisme, Conservation, Valorisation.

Considered as the world’s leader when it comes to wine, France’s worldwide reputation is based on a centuries-old heritage. The wine-growing cultural landscapes are inseparable from French history, and this heritage is an integral part of certain regions with their own climates, histories and cultural practices. Over time, these specific features have formed a real heritage that gives each of these regions an identity marked by the culture, production and marketing of wine. Over the last few decades, the industrial revolution and globalization have led to a major transformation of our society, and the field of viticulture and wine production has not escaped this. In this revival, the wine-growing landscape is acquiring a new identity that is more focused on experience than on the product, this is wine tourism. The growing interest in these landscapes raises questions about the current interactions between conservation programs and local development programs. This research paper puts forward the hypothesis that the steps and the various recommendations necessary for the integration of a property in the World Heritage List (UNESCO, 1972), prove beneficial for the enhancement of a heritage, raising awareness of the population for the preservation of this heritage and stimulating sustainable local development. This research is based on a comparative analysis of three French vineyards currently registered on the World Heritage List (Bordeaux, Champagne, Burgundy) and one that is not yet registered (Beaujolais). The analysis follows a methodology that compares the practices observed in the study areas with the recommendations mentioned in the various international charters. The results will enable us to provide elements of answers on the best ways to apprehend the conservation and enhancement of a wine-growing cultural heritage. Keywords : Heritage, Local development, Cultural landscape, Wine tourism, Conservation, Enhancement.


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