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S’ADAPTER ET EXPLOITER L’ENVIRONNEMENT
La conception bioclimatique d’un bâtiment tient compte des phénomènes naturels qui agissent sur l’édifice et auxquels il doit s’adapter pour s’installer durablement. C’est parce que l’architecture habite le paysage qu’elle doit mettre en œuvre des dispositifs pour se protéger ou au contraire exploiter les éléments contextuels qui l’impacte. Après avoir pris connaissance des caractéristiques naturelles du lieu, l’architecte va pouvoir exploiter les possibilités, les contraintes, les interdis pour y intervenir de manière rationnelle et continuer à façonner son projet. La nature a beaucoup à nous apprendre et doit nous servir d’exemple pour établir des qualités d’usages telles que la ventilation, l’ensoleillement, l’apport de chaleur, l’isolation... Très souvent la végétation est propre à son environnement et met en place une sorte de connivence vis-à-vis des phénomènes naturels pour vivre en corrélation avec le milieu. On peut donc largement s’inspirer des vertus pédagogiques de la nature et de l’environnement pour se soustraire des nouvelles technologies énergivores au profit de stratégies passives tout en conservant des qualités d’ambiances et de confort.
Pour adopter une stratégie bioclimatique, il faut tout d’abord connaître puis comprendre les grands principes liés à la qualité de vie d’un intérieur : isolation, ventilation, lumière, orientation... C’est à travers mes cours sur la maitrise des ambiances que j’ai été formé aux différentes stratégies sensibles, spatiales et climatiques dans l’architecture. Cela m’a permis d’acquérir une certaine expertise dans le domaine et le pouvoir d’imaginer des solutions en fonction des programmes et des contextes pour articuler les climats intérieurs et maîtriser les consommations énergétiques. A travers des travaux dirigés par l’enseignant Nicolas Rémy dans le cadre des cours d’énergie, de thermique, de bio-climatisme (S4EA) et de fluides (S5EA), j’ai pu expérimenter et asseoir les bases de cette discipline. Faire l’analyse critique de projets existants m’a permis de mesurer toute l’importance d’établir une bonne stratégie bioclimatique dans un projet. Avant même de travailler sur le choix des matériaux ou sur le type d’équipements, la prise en compte du climat, du confort recherché et de l’environnement va permettre à l’architecte de penser à des dispositifs passifs. Le positionnement des ouvertures, l’orientation des pièces, la compacité de l’habitat, l’inertie, les protections solaires et bien d’autres dispositifs permettent d’apporter du chaud en hiver ou du froid en été sans avoir recours aux technologies modernes. Cela m’a permis de donner une nouvelle dimension à ma pensée architecturale et à ma manière d’aborder mes projets pour abolir définitivement cette dépendance aux nouvelles technologies et à la consommation qui frappe notre société actuelle.
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Compte tenu des bouleversements climatiques en cours et d’une volonté grandissante de réduire la consommation d’énergie. Les conceptions bioclimatiques deviennent de plus en plus d’actualités. A l’occasion de mon travail de rédaction d’un article (S5SA) qui servait à la préparation de ce rapport d’étude, j’ai eu l’occasion d’étudier l’œuvre de l’architecte australien Glenn Murcutt que j’admire tout particulièrement. Reconnu pour son idéal architectural et la qualité de sa production 3. Il cherche à construire des œuvres sensibles au lieu et réfléchit aux dispositifs nécessaires aux besoins écologiques de ses édifices : « Je m’intéresse beaucoup aux bâtiments qui s’adaptent aux changements de conditions climatiques en fonction des saisons, des bâtiments capables de répondre à nos besoins physiques et psychologiques de la même manière que les vêtements. Nous n’allumons pas la climatisation car nous marchons dans les rues en plein été. Au lieu de cela, nous changeons le caractère du vêtement par lequel nous sommes
3 https://www. pritzkerprize.com/ laureates/2002, [Site consulté le 02/05/2019], MURCUTT Glenn, Pritzker Prize, 2002.
![](https://assets.isu.pub/document-structure/210601071922-0ada6c206da1d1e79f0f0b489181453b/v1/40459170c161054632093281b32da528.jpeg?width=720&quality=85%2C50)
(fig. 2) Croquis d’analyse de la maison Marika-Alderton pour la réalisation de concepts bioclimatiques, Glenn Murcutt. Source : FOMONOT Françoise, Glenn Murcutt : projets et réalisations 1962-2002, Paris, Gallimard, 2003.
protégés. Superposition et possibilité de changement : c’est la clé. » 4. Avec cette philosophie, Glenn Murcutt semble avoir trouvé une parade contre la surconsommation de nos richesses et réussi à conjuguer éco-conception avec qualité architecturale. Étudier sa manière de procéder et comprendre sa pensée m’ont permis de puiser dans le paysage, les arguments nécessaires à la conception d’un habitat bioclimatique et d’en faire un véritable outil de projet. Ainsi les vents dominants, la végétation, le relief du terrain peuvent décider de l’emplacement et de la porosité du bâtiment pour élaborer une ventilation naturelle. Tout comme la trajectoire du soleil en fonction des saisons, les masques solaires, le temps d’ensoleillement de la parcelle vont déterminer le type d’orientation, la dimension des ouvertures et même le type de toiture pour apporter luminosité et confort thermique. Construire comme le fait Glenn Murcutt fait appel à des notions ordinaires et extrêmement simplistes mais qui sont en réalités extraordinairement complexes dans leurs pensées.
La force d’une architecture qui dessine des dispositifs suivants les éléments naturels du site réside dans sa faculté à être renouvelable offrant tout naturellement une pérennité énergétique. Cela permet aussi de rendre perceptible et de transmettre les propriétés sensibles de l’environnement à l’intérieur de l’édifice pour connecter encore un peu plus l’habitant au lieu auquel il appartient. L’usage du type de dispositif varie bien évidemment d’un lieu à un autre car les climats et les paysages changent, ils ne peuvent donc résulter que d’une rigoureuse analyse du contexte. Mais pour que ces dispositifs deviennent réellement efficaces l’architecte doit réfléchir de manière intelligente et raisonnée à la matérialité et à la mise en œuvre de ces concepts.
4 MURCUTT Glenn, Conférence, Université libre, Bruxelles, 19/11/2012.
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(fig. 3) Coupe de la maison Marika-Alderton, Glenn Murcutt. Source : FOMONOT Françoise, Glenn Murcutt : projets et réalisations 1962-2002, Paris, Gallimard, 2003.
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