l’hebdo du basketball
JEUDI 7 juillet 2011 - N° 559
Le Mans : ni Diot ni Batum ?… U20 féminines… French Team à Gravelines… N’Dong… Barça… Cska… Kyrie Irving… V LE WESTERN HT
RÈGLEMENTS ES DE MÉCOMPT
Hervé Bellenger / IS-FFBB
LES BLEUES EN BRONZE
DES REGRETS, MAIS PAS TRO P
BA N N E T U O K LOC
Chris Chambers / Getty Images
ET SI ÇA ? T I A R U D
BasketNews n°559 - jeudi 7 juillet 2011 DOM avion : 4,20 € - BEL : 3,60 € - Port.cont : 4,30 €
M 03252 - 559 - F: 3,00 E
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02
sommaire
DISPONIBLES
04 EURO FÉMININ : BRONZE POUR LES BLEUES • Le verre à moitié vide : une France dont on n’a pas toujours reconnu toutes les qualités, une leader (Sandrine Gruda) passée au travers de la demi-finale, le chemin de la finale barrée par la Turquie. Le verre à moitié plein : les Braqueuses, malgré leurs difficultés et la blessure d’Emmeline Ndongue, sont parvenues à faire honneur à leur rang de championnes d’Europe 2009 en ramenant une médaille, la quatrième depuis 1999 s’il vous plaît. Pascal Legendre, notre envoyé spécial, revient sur leur parcours et s’entretient avec Jean-Pierre Siutat, le président de la fédération.
11 ÉCHOS EUROPE
• J.R. Holden ne fera pas l’Euro avec la Russie... Milan se bouge sur le marché (Fotsis, Cook et Hairston)... Le CSKA ne reste pas inactif... Le Barça vise Milos Teodosic et, plus largement, un rajeunissement.
12 PORTRAIT : BONIFACE N’DONG
• L’ancien Dijonnais et « pro NBA » est devenu, avec le Barça, un joueur qui compte au plus haut niveau européen.
13 GRÈCE : LE BASKET TOUCHÉ
• La crise en Grèce, on connaît. Il fallait bien qu’elle finisse par avoir des conséquences sur le sport. C’est le cas en basket où l’avenir des deux mastodontes, Panathinaikos et Olympiakos, est incertain.
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14 ÉCHOS FRANCE
• Le Mans a perdu Antoine Diot, annoncé en contacts avancés avec le club espagnol de Fuenlabrada, et ne recevra pas le renfort de Nicolas Batum, annoncé lui à Nancy... Les espoirs françaises attaquent leur Euro.
16 HYÈRES-TOULON : C’EST UN WESTERN !
• Changements de dirigeants, les nouveaux envoient sur les anciens, les anciens envoient sur les nouveaux, les finances sont pour le moins branlantes et, au milieu de ça, Alain Weisz tente de bâtir une équipe présentable. Yann Casseville s’est plongé dans l’un des feuilletons de l’été.
18 GRAVELINES ARMÉ ET AUTRES TRANSFERTS 20 LOCK-OUT EN NBA
• Comme on pouvait s’y attendre, les joueurs et les propriétaires n’ont pas réussi à s’entendre et, depuis le 1er juillet, la NBA est en situation de lock-out, c’est-à-dire de gel de toutes ses activités. Une situation extrême qui peut pourrir et durer.
22 CONNAISSEZ-VOUS KYRIE IRVING ? En vente le 12 juillet
• Il est le premier choix de la Draft. Un meneur de plus dans une ligue ou les joueurs de talent sur ce poste sont légion. Qu’est-ce que le jeune Australo-Américain (1,91 m, 19 ans) a de si spécial ?
23 ZONE MIXTE
BasketNews
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03
édito
STERN, PROPHÈTE DE L’APOCALYPSE ? Par Fabien FRICONNET
Un monde tordu Il est jadis le temps où la NBA pouvait se relever de tout sans dommage. Le lock-out de 1998, même long (204 jours !), ne l’avait pas l’affectée, ou très peu, et pourtant songez qu’il avait été immédiatement consécutif à la retraite du Dieu Jordan. La ligue, d’ailleurs, l’avait gagné ce lock-out ; les joueurs avaient plié, en y mettant les formes, certes, mais ils avaient plié. La NBA était alors toujours en expan-
patron à son employé, qu’elle n’a eu qu’un seul effet, celui de fédérer l’opposition et de la rendre hargneuse. « Nous avons anticipé ce lock-out depuis deux ou trois ans et je suis content, d’une certaine manière, qu’il arrive », a déclaré Billy Hunter, comme heureux d’en découdre et de montrer qui est qui. Chris Sheridan, notre confrère d’ESPN, a, en quelques lignes, brillamment donné un aperçu de l’aveuglement – c’est son analyse – des propriétaires et, partant, de David Stern. Ainsi, explique-t-il, en 1998 les propriétaires étaient dans l’obsession du « cost certainty » (l’évaluation précise de l’argent qu’ils devront sortir) alors qu’aujourd’hui ils sont, à l’exacte opposée, dans l’obsession du « profit certainty » (l’évaluation précise de l’argent qu’ils vont rentrer). Or s’il est bien une chose que l’on ne peut plus prévoir dans notre monde de 2011, c’est bien ce qui va rentrer, ou si même il restera encore quelque chose à rentrer dans deux, quatre ou six ans. Un monde tordu, en vrai, où il fait meilleur spéculer sur les pertes que sur les profits. L’analyse vaut ce qu’elle vaut. Le temps fera son office. Il le fait toujours. En attendant, comme le dit Stern, « nous avons une profonde divergence philosophique. » n Luca Sgamellotti/EB via Getty Images
L
es temps que l’on vit sont étranges, quand même. Apocalyptiques. Il y a comme un parfum dans l’air. Est-ce l’écroulement programmé du système financier mondial, décrit dans les écritures selon certains, et qui emportera l’Empire dollar et tout le reste ? Notre entrée prochaine dans l’Ère du Verseau ? Les prophéties du calendrier Maya ? L’activité solaire ? Où que l’on se tourne, tout suggère des catastrophes, l’Armageddon. À la limite, ça fout les jetons ! Même à la petite échelle de la NBA, tout semble hors contrôle, ou menace de l’être. On a ainsi noté cette énigmatique déclaration de David Stern. Elle sonne drôlement. La voici : « Je n’ai pas peur », commence le vénérable David, 68 ans, qui livre sans doute l’une de ses dernières batailles, sinon la dernière, avant de passer la main à son suivant, probablement son actuel bras droit Adam Silver, moins en rondeurs, moins suave, plus croque-mort anémié que chevalier fougueux des nouvelles conquêtes. Il poursuit : « Je suis résigné aux dommages potentiels pour notre ligue et tous les gens qui en vivent, et à mesure que nous nous enfonçons, ces choses [le lock-out] ont la capacité d’acquérir une vie propre ; et vous ne pouvez jamais prédire ce qui va arriver. » Il y a un apparent réalisme. On ne sait pas quand et comment la situation va se dénouer. C’est entendu. Mais enfin, les mots… La « peur » (même niée), la « résignation », les temps difficiles qui attendent le petit peuple de la NBA (« ceux qui en vivent », ça ne concerne pas tellement Marc Cuban, LeBron James ou Mike D’Antoni), cette ligue qui « s’enfonce », ces « choses » (sic) qui ont une « vie propre », comme quelques incontrôlables créatures mythologiques, quelques monstres sorties des légendes, de la mer ou des enfers. Et cet aveu : on ne peut pas « prédire ». Le pragmatisme de l’ancien avocat de l’ancienne toute-puissante NBA, avant d’en devenir le tout-puissant syndic de copropriété, s’est-il évanoui ? David Stern, qui semblait en tout temps avoir solution à toute chose, a-t-il eu une vision prophétique de l’avenir ? La fin de l’état de grâce ?
Le lock-out, créature de la fin du monde ? sion – comme l’univers, nous disent les savants. Elle avait des horizons, ouverts, tout autour d’elle. La situation de 2011 n’est pas si terrible mais, pour la première fois, elle est incertaine. L’adversaire est coriace – le syndicat des joueurs et son carnassier Général, Billy Hunter, bien plus expérimenté qu’en 1998 – et bien préparé, au moins peut-on le croire. Les joueurs NBA peuvent même jouer le pourrissement et se tourner vers l’Europe, la Chine ou ailleurs, où les attendent de juteux contrats. Il n’est plus sûr du tout que les propriétaires soient encore en position de force. L’incertitude vient aussi de ce que les « proprios » semblent se crisper et n’avoir qu’une seule vue, étroite et vacillante, sur la situation et les forces en présence. Leur proposition initiale était tellement léonine, elle sonnait tellement comme l’ordre du
WEISZ ULCÉRÉ
• C’est peu dire qu’Alain Weisz, l’entraîneur du Sénégal, n’a pas apprécié que la FFBB pose son véto aux sélections de Pape Badiane et Joseph Gomis avec les Lions de la Téranga. Ainsi s’est-il exprimé auprès de notre confrère David Kalfa, sur le site de RFI la semaine dernière : « Je suis abasourdi par une telle décision. […] Je n’arrive pas à comprendre… J’espère que c’est une décision transitoire. Je ne conçois pas que cette affaire puisse rester en l’état. […] Ce refus de laisser jouer est un drame. C’est un drame pour les joueurs et surtout une offense faite au Sénégal. »
04
événement
LES BLEUES 3E, EN TRANSIT VERS LES J.O.
FRUSTRÉES, QUALIFIÉE Frustrant d’échouer en demifinales, en prolongations, après une quinzaine à rebondissements, mais c’est si bon de gagner le bronze et d’avoir un pied aux J.O. La Russie, elle, rafle la mise. Par Pascal LEGENDRE, à Lodz
L
es Bleues avaient a priori tout prévu. Le jeu « moderne » et précis des Turques, tactiquement élaboré, l’agressivité offensive des arrières toujours en mouvement, la qualité des pick’n’rolls, l’abatage de la pivot de Fenerbahçe à la mâchoire carnassière, Nevriye Yilmaz, tout sauf que Nevin Nevlin, ancienne étudiante à la Stanford University, naturalisée turque pour les besoins de la cause nationale, marche sur l’eau. À la mi-temps, les deux tours jumelles de 1,95 m avaient pris plus de la moitié des shoots de leur équipe, sans gâcher, tout en menottant le trio Gruda (1/2), Yacoubou (2/3) et Digbeu (rien au compteur). Ni Nevlin, ni Yilmaz, et pas plus la meneuse Birsel Vardarli, n’avaient goûté jusque-là au moindre repos, et d’ailleurs avec le bonus de la prolongation, le trio dépassera les 40 minutes de temps de jeu. Fortes comme des Turques. Un peu comme les Monténégrines une semaine plus tôt, les mouches tsé-tsé turques ont piqué les Bleues, leur imposant un fauxrythme qui limite la dépense d’énergie. Là encore les Françaises ne purent profiter d’un banc bien plus profond. Un guide disait que ceux qui sont sortis vivants du camp de la mort d’Auschwitz avaient avec eux le physique, le moral, et l’indispensable coup de pouce de la chance. L’horoscope de Vardarli lui avait sans doute indiqué le matin que c’était son jour. « Son shoot à trois-points, à trois mètres de la ligne, sur un pied, en crochet, à la dernière seconde, c’est dur à prendre dans un match qui se joue à une ou deux possessions », constate Edwige Lawson. Même que les deux loupés aux lancers de la meneuse turque dans le temps réglementaire n’auront pas de conséquence puisque la dernière tentative de Céline Dumerc sera classée sans suite. Ce fut frappant au cours de cette demi-finale, les Bleues furent incapables de servir correctement Sandrine Gruda, identifiée comme leur arme de pointe. « On savait que toutes les équipes fermeraient à l’intérieur, c’était donc à nous de savoir jouer autour, ressortir, remettre dedans, ressortir », explique Emmeline Ndongue condamnée à une place d’observatrice privilégiée sur le banc depuis sa rupture partielle du tendon d’Achille. « J’ai une ou deux images dans la tête où l’on essaye de mettre les
ballons à l’intérieur, on les perd car elles sont un peu petites, ça chope les ballons, le jeu est très compact car elles nous attendent là. Les passes sont parfois un peu en retard, pas assez précises. » La sensation qui a prévalu à cet Euro, c’est que la France n’a pas exploité à fond ce qui, avec la défense, fait son fonds de commerce, le jeu
Le forfait d’Emmeline Ndongue, boulon essentiel de la mécanique bleue depuis deux ans
05
événement
IÉES ET BRONZÉES de shoot sont insuffisantes. « Je n’aimerais pas faire un concours de tirs avec nos adversaires », soupire le coach.
Hervé Bellenger / IS-FFBB
Leaders en demi-teinte
intérieur. « Nous dominons athlétiquement mais pas techniquement et ça permet à nos adversaires de donner toujours beaucoup d’aides », juge Pierre Vincent. « Ensuite, dans la maîtrise technique et le post-up, dans l’utilisation du ballon posté, mais aussi dans la relation de passes avec nos intérieures, on n’est pas parfait. Plus le niveau de jeu est
élevé et plus les temps de lecture sont courts. Il faut passer la balle ou décider d’être agressif plus vite. C’est ce que l’on a du mal à faire. » Les mélodies changent mais le refrain est toujours le même : les Bleues sont athlétiques, disciplinées, pleines de mordant, mais leur maîtrise du dribble, leur technique globale et aussi et surtout leur qualité
Sandrine Gruda est le porte-avions de la flottille française, mais elle n’a pas donné tout le temps dans l’aisance et fut franchement dominée dans le quart contre la Turquie. « C’est toujours la même tarte à la crème. Les joueuses fortes chez nous ont commencé le basket à 15-16 ans. Et en plus certaines joueuses sont parties à 18 ans dans des clubs étrangers où le travail technique n’est pas le centre des préoccupations », généralise le coach. « Les joueurs et leurs agents raisonnent en terme de salaires alors qu’un jeune doit trouver un lieu où il peut développer sa technique et après, quand il est mature, il peut aller sous d’autres cieux. C’est ma vision. Après on peut aussi aller dans un grand club et travailler techniquement. ça dépend où tu tombes. Et pour certaines de nos joueuses, je n’ai pas l’impression qu’on les aide à se développer. Une fille comme Sandrine travaille beaucoup, a de l’ambition, un profil d’athlète au plus haut niveau, simplement il faut lui donner du grain à moudre. » Plus marquant encore, Céline Dumerc, le centre de commandement des Bleues, n’a pas rayonné sur les parquets polonais comme en Lettonie et en République tchèque. La résultante d’un passage de deux saisons à Ekaterinbourg où, à l’entraînement, on s’entretient mais on ne se surpasse pas ? « Ma théorie, c’est que ses prestations en 2009 et sur quelques matches en 2010 étaient exceptionnelles, elle était sur un nuage », analyse Florence Lepron qui la connaît si bien. « En 2009, elle avait moins à se soucier d’organiser, de placer les gens car on était plus carrées sur ce qu’on faisait. Une meneuse de jeu dépense aussi énormément d’énergie pour les autres. » Mais les quelques errances défensives s’expliquent surtout par le forfait au cœur de l’Euro d’Emmeline Ndongue, boulon essentiel de la mécanique bleue depuis deux ans, une sorte de Jim Bilba de l’époque faste de Limoges. C’est lorsqu’ils font défaut que l’on mesure plus parfaitement l’importance de ce genre de taulier. Et, bien sûr, Cathy Melain, celle qui indiquait la bonne direction, qui apaisait, n’a pas été remplacée. On fait sans doute la fine bouche car la France s’impose comme l’équipe la plus imperméable du Top 8 (57,6 pts), et elle a démontré par séquences combien sa défense peut être terrifiante (n’est-ce pas l’Espagne ?). C’est bien en fait de l’autre côté du terrain que ce fut parfois très laid. Ainsi, lorsque les Bleues inscrivirent 8 points dans le premier quarttemps contre la faible Pologne avec un piteux 3/15. Pris individuellement, les pourcentages de réussite >>>
06
événement
L’âge adulte
La grande leçon de cet Euro, c’est que le niveau continental est homogène comme jamais. Seul Israël est apparu à la ramasse. L’Espagne (3e au Mondial) et la Biélorussie (4e) ont été virées comme des malpropres au deuxième tour. Le Monténégro, immense surprise du tournoi, invaincue jusque-là, apparemment maître du temps et du jeu, s’est fait dominer stratégiquement par la Turquie en quart, sa confiance s’est dégonflée et ce minuscule Etat, séparé récemment de la Serbie, n’ira pas au TPO. Cela relativise la « déception » française. Ne soyons pas atteint par le syndrome des handballeurs qui gagnent tout, tout le temps. Le basket est un sport universel où chaque médaille est en métal précieux. Seule la Russie en Europe est une superpuissance à défaut d’être une hyper-puissance comme l’était l’URSS. Il y a deux ans, les « Braqueuses » commettaient le hold-up du siècle. C’était le temps de l’insouciance, des girls scouts. À quelques petits indices et bruits de couloirs, on a su que l’harmonie n’est plus aussi parfaite dans le groupe malgré l’unité apparente. Les Françaises sont entrées dans l’âge adulte et ont réalisé l’essentiel. Elles ont su sortir les baïonnettes pour repousser les Lituaniennes, et accélérer quand il fallait face aux Tchèques. Une médaille de bronze est accrochée à leur cou, Big Ben se profile au fond de la brume. « Nous sommes arrivées sur le terrain déterminées. L’objectif de l’équipe était d’avoir un pass pour les JO, on l’a eu. Maintenant on fini 3e avec une médaille. Great ! », résumait Sandrine Gruda. « Ce qui prédomine, c’est le soulagement », enchaînait Céline Dumerc qui ne sait pas cacher ses émotions. « Je n’arrive même pas à être remplie de joie. ça a été dur, long, beau, triste, c’est un mixte de feelings incroyables. On n’est pas des joueuses extraordinaires, mais ce soir on gagne encore grâce à l’énergie, l’intensité. Je sors avec une médaille, c’est ce que je vais retenir. C’est toujours plus facile de se foutre de sa performance personnelle quand l’équipe gagne. Si tu perds, tu as toujours tendance à te remettre davantage en question. » « Cette équipe-là a une ossature très jeune, c’est prometteur pour l’avenir », observait le coach en prévision du TPO, peut-être des J.O., et de l’Euro en France en 2013. Pierre Vincent a donné rendez-vous aux filles dans un an après avoir goûté pour la première fois aux vertes prairies de la Pro A. Lui aussi va changer d’époque. n
Clémence Beikes, Edwige Lawson-Wade et Céline Dumerc toutes bronzées...
Les 12 bronzées Nom
Taille AdN
Note
Commentaire Parfois irrésistible, parfois insuffisamment servie, parfois un peu empruntée.
Sandrine Gruda
1,95
87
La Martiniquaise a loupé sa demi-finale mais, lors du match pour la 3e place ✩ ✩ ✩ ✩ (26 points à 12/14, 6 rbds, 4 pds), elle a prouvé qu’elle était une intérieure de très grande classe.
Pas toujours adroite, mais omniprésente des deux côtés du terrain. 14
Émilie Gomis
1,80
83
Céline Dumerc
1,69
82
✩✩✩
Physiquement en retrait comparativement aux deux dernières campagnes. L’équipe de France c’est SON équipe, et c’est tout le groupe qui paye ses défaillances (6/23 à 3-pts).
Clémence Beikes
1,78
83
✩✩✩
Une des grosses satisfactions de cet Euro. Une ramasse-miettes qui joue juste. Un manque de fiabilité dans le shoot dommageable.
Edwige Lawson-Wade
1,66
79
✩✩
Pas réellement une gestionnaire. Un vrai bonus même si ses tentatives ne sont pas forcément abouties (19/58 aux shoots).
Isabelle Yacoubou-Dehoui 1,90
86
✩✩
Un 3e quart-temps de feu face à la Lituanie. Un point toutes les deux minutes. Sinon, n’a pas utilisé à plein le formidable potentiel physique qu’on lui connaît.
Endy Miyem
1,88
88
✩✩
Son changement de statut - de leader offensif à back-up - lui a été préjudiciable. Rentable offensivement mais en net retrait en phase finale.
Jennifer Digbeu
1,90
87
✩✩
Beaucoup mise à contribution après la blessure de Ndongue (25 min contre la Turquie, 28 min face à la République tchèque), grâce à sa polyvalence 3-4. Faiblarde dans la finition.
Florence Lepron
1,82
85
✩✩
Des stats peu flatteuses mais un esprit marquant et un rôle-clé contre la Lituanie. Ne shoote que sous la torture.
Marion Laborde
1,78
86
✩
Quasiment pas utilisée jusqu’au match pour la 3e place où son shoot à trois-points a donné de l’air.
Aurélie Bonnan
1,87
83
✩
N’a pas joué dans les moments importants. Tout de même 12 rebonds en 40 minutes.
Emmeline Ndongue
1,92
83
-
Son absence dans la phase finale s’est fait à l’évidence cruellement ressentir, notamment pour tenir les intérieures turques.
✩ ✩ ✩ ✩ points contre la Lituanie, 24 contre les Turques. Une résurrection totale après une grave blessure.
Coach : Pierre Vincent
« Ce qui prédomine, c’est le soulagement » Céline Dumerc
Hervé Bellenger / IS-FFBB
>>> des extérieures frisent l’indigence. Le « shoot ouvert » n’est pas une spécialité française. Un refrain, disions-nous.
07
événement
Rép. tchèque
Croatie
FINALE Lettonie
Russie
Russie
Quarts de finalEs Monténégro
Turquie
Lituanie
Demi-finales
France
match 3e place
Turquie
France
FLO LEPRON
MUR PORTEUR La Tarbaise est un mur porteur des Bleues, même si ce n’est pas celui qui a le plus beau papier peint.
P
our les photos fédérales qui illustrent le dossier de presse, Céline Dumerc et Marion Laborde posent en tenues sport, alors qu’Emilie Gomis et Jenn Digbeu sont tout en séduction. Si révélateur de la personnalité, des aspirations de chacune. Florence Lepron, elle, se planque sous la capuche d’un sweat Nike. On a dû l’amener sous les projecteurs par la force des baïonnettes. La Nantaise de Tarbes n’a pas envie d’être glam’, trendy, mais avec elle une interview prend l’air d’une conversation au coin du feu où perce un sens inné de la réflexion, de l’introspection, de l’autodérision. « Trop de psychanalyse en ce moment », lâche-t-elle. Flo n’a pas eu comme modèle Mohammed Ali, Michael Jordan, LeBron James et tous ceux qui ont un ego encore plus gros que leurs biscotos. « Franchement, j’ai déjà eu de la chance d’être dans les douze. Il y a beaucoup de gens qui aimeraient être là. Personne ne peut avoir d’exigence par rapport à ça et surtout pas moi… Mon temps de jeu relève de l’anecdote. » Ce que cette meneuse/deuxième arrière rejette invariablement ? Le souvenir du trois-points décisif contre les Grecques en 2009. Y compris quand c’est Pierre Vincent qui en fait sa promo. « C’est un enfoiré, c’est une mauvaise pub. Deux ou trois fois, j’ai été décisive dans le bon sens, du coup on dit ça de moi, mais s’il y a bien une vérité qui est remise en cause sur chaque match, c’est celle-ci. »
QI basket
L’impact de Florence Lepron est plus subtil que la simple lecture d’un box-score. Elle est dure au mal, son QI basket est développé et, forcément, elle joue
pour autrui. Parfois jusqu’à la caricature. Florence n’est jamais aussi bonne que lorsque le match compte pour de vrai. Son impact en quart face à la Lituanie a été réel alors qu’elle n’a pas rentré un seul tir. « Je retrouve des automatismes avec Flo avec qui j’ai joué à Tarbes. Je me lâche enfin », remerciait Isabelle Yacoubou pour la première fois auteur d’une production conforme à ses désirs. Pierre Vincent, qui la tient en haute estime, s’en réjouissait : « Il faut aller jouer à l’opposé, prendre le temps, revenir ensuite dedans, faire des passes, ce que fait très bien Flo. On lui envoie la balle et elle reposte. C’est dans cet esprit-là qu’on a trouvé facilement nos intérieures. » Florence Lepron et Céline Dumerc, c’est une paire, et pas seulement d’arrières. Dans la vie, c’est du pareil au même. « C’est une joueuse que l’on a tendance à oublier », commente la Berruyère. « C’est quelqu’un qui fera le boulot qu’on lui demandera, qui est toujours là dans les matches importants. Si elle n’a pas joué avant c’est qu’il - le coach - voulait garder l’arme secrète (sourire). Il a conscience que c’est une joueuse qui a une valeur énorme dans notre équipe dans ces matches-là. Pendant un ou deux matches, elle ne va pas jouer beaucoup, mais elle sait qui elle est, ce qu’elle vaut, même si parfois elle se sous-estime, et elle est là quand il faut. Ce n’est pas donné à tout le monde. Ce n’est pas elle qui va marquer des tirs à tout va mais c’est elle qui va défendre, créer le jeu en attaque. Même si on ne la voit pas dans les stats, ce soir elle a été d’une aide incroyable. Voilà. » Céline prend un temps de réflexion. « Et je la kiffe. » n Pascal LEGENDRE
• Le TPO (Tournoi Pré-olympique), appelé aussi TQO – Tournoi de Qualification Olympique –, rassemblera 12 équipes dans un lieu à déterminer, du 25 juin au 1er juillet 2012. Y sont invités les quatre représentants du continent européen (Turquie, France, République Tchèque et Croatie), trois d’Amérique, deux d’Asie, deux d’Afrique et un d’Océanie. La formule – si c’est la même que celle déjà appliquée en 2008 – sera la suivante : 4 groupes de 3, les 2 premiers de chaque poule seront qualifiés pour les quarts, les vainqueurs des quarts auront gagné leur billet olympique. Un 5e et dernier billet sera offert au vainqueur de deux matches de classement entre perdants des quarts. Se retrouveront aux J.O. de Londres (27 juillet au 12 août), le pays hôte (Grande-Bretagne), le champion du monde (ÉtatsUnis), les champions des cinq continents (dont la Russie pour l’Europe), et les cinq équipes issues du TPO. En 2008, les quatre équipes européennes concernées s’étaient qualifiées avec le Brésil. On observera, vu la date du TPO, que la préparation des Bleues devrait être assez courte. Il pourrait y avoir un problème d’agenda pour leur coach, Pierre Vincent si, par exemple, sa nouvelle équipe, l’ASVEL, participait à la finale de Pro A qui se tient toujours dans la première quinzaine de juin.
P.L.
Elio Castoria / FIBA Europe
Hervé Bellenger / IS-FFBB
DIRECTION LE TPO
LES CHIFFRES : 3 ET 8
• La Russie, comme souvent, a eu quelques grumeaux dans son parcours mais, au bout du compte, elle a gagné sans émotion et elle a même eu la patte lourde en finale contre la Turquie, 59-42. Il n’y a pas eu en fait réellement de match et, quand la Turquie est revenue au score, une vaporisation d’anti-moustiques a suffi à éloigner le danger. • C’est sa 8e médaille et son 3e titre en 9 participations. Bien dans la tradition de l’URSS qui avait gagné 21 fois l’or (et un fois l’argent) en 22 éditions. • Elena Danilochkina a été tout naturellement élue MVP. Sa compatriote Maria Stepanova, la Tchèque Eva Viteckova, la Turque Nevriye Yilmaz et, plus surprenant, la Croate Sandra Mandir complètent le 5 idéal.
P.L.
08
ENTRETIEn
JEAN-PIERRE SIUTAT (PRÉSIDENT FFBB)
« LA PHASE FINALE EN Médaille de bronze pour les Bleues, un Euro féminin à organiser dans deux ans, candidature à l’Euro masculin de 2015, forfait de Yannick Bokolo pour l’été en bleu, élection d’Alain Béral à la présidence de la LNB, l’actu est chaude. Le moment d’interroger Jean-Pierre Siutat. Propos recueillis par Pascal LEGENDRE, à Lodz
Pierre Vincent sera le coach au TPO dans un an, mais si l’ASVEL se qualifie pour la finale de Pro A en juin, il ne sera dispo qu’en fin de préparation ? C’est ce que j’ai dit en blaguant : les garçons s’entraîneront le jour et les filles la nuit. Pourquoi cet Euro féminin a-t-il été aussi long, seize jours ? L’objectif de FIBA Europe, c’est d’avoir toutes les journées la possibilité d’une couverture télévisuelle maximale. Ça pose effectivement un problème car les joueuses, les joueurs, ne veulent pas de cette formule, pas plus que l’organisateur car ça coûte cher, mais la FIBA Europe considère que c’est un moyen supplémentaire pour eux, sans avoir aucune dépense, d’augmenter les recettes puisque la demande télévisuelle est plus importante. J’ai souhaité que l’on fasse le bilan après l’Euro masculin et l’Euro féminin pour faire évoluer ça puisqu’on est très intéressé pour 2013 et encore plus pour 2015. L’autre phénomène ce sont les salles vides, ce qui ne sert pas la promo du basket féminin. Pourquoi cette situation ? C’est lié à la Pologne. Ils avaient réussi leur Euro masculin, fait un bénéfice de près d’un million d’euros, il y a eu un changement de présidence à la fédération et, en mars, ils ont failli laisser tomber l’organisation de ce championnat d’Europe féminin. Il y a eu une sacrée pression de la FIBA Europe pour qu’ils acceptent de l’organiser et je crois qu’ils n’ont fait aucun effort pour remplir les salles. C’est dramatique. C’est évident que ces salles sont surdimensionnées pour du basket féminin. Le cahier des charges prévoit des salles de 2-3.000 places pour le premier tour et 5.000 pour les finales. En France, on sera formaté comme ça.
La France a été performante en termes de remplissage de salles, aussi bien à l’Euro 1999 des garçons que celui de 2001 pour les filles. C’est une garantie pour 2013 et 2015 ? La stratégie était la suivante : on était intéressé par l’organisation de l’Euro 2015, et on considère qu’il y a un passage obligé par un Euro féminin. Très souvent un pays organise les deux compétitions de façon plus ou moins consécutive. La Turquie, la Pologne, la France l’ont fait. 2013 nous intéressait car je pense qu’on aura une équipe capable de gagner le titre à domicile, et on est apte à faire une vraie animation, une vraie répétition pour un Euro masculin deux ans plus tard. On aura des salles beaucoup plus petites, de 2-2.500 places là où il n’y aura pas l’équipe de France, des salles plus grandes pour l’accueillir, et 5.000 places à Orchies pour les finales. L’idée, c’est de remplir les salles. Ça sera en juin, on pourra mobiliser en amont le monde scolaire, on n’est pas inquiet. Ce qui peut apparaître choquant, c’est que les sites de l’équipe de France concernent des patelins, Mouilleron-le-Captif, Trélazé, Orchies ? Vendée Espace, c’est La Roche-sur-Yon et Trélazé, c’est Angers… On a lancé l’appel à candidatures sur toute la France, très peu de grandes villes ont été intéressées par ce dossier. Il a fallu chercher des sites dans lesquels il y avait des salles et où les collectivités locales ont voulu suivre. Trélazé, c’est une salle de 4.200 places toute neuve qui va être inaugurée. Les Pays de Loire, le comité 49, ce sont les forces vives du basket français, il y a du monde. Vendée Espace va coûter 50-60 millions d’euros payés par le Conseil Général de Vendée et tout le monde sera épaté par sa qualité. On est en Vendée, un autre fief de basket. Le maire d’Orchies, qui va être sénateur, est aussi président de la structure qui gère le stade de Liévin, il est fortement mobilisé sur ce dossier. Une salle de 5.000 places va être inaugurée. Orchies, c’est aussi le berceau du basket féminin français avant le transfert à Valenciennes. On a trouvé assez facilement les trois sites pour l’équipe de France mais, pour les deux autres, il a fallu cravacher dur. Il y a une vraie crise économique et il y a un désengagement des collectivités locales si bien qu’elles ciblent leurs événements et, il faut appeler un chat un chat, le basket féminin reste du basket féminin. C’est aussi un budget de près de 6 millions d’euros, deux fois celui de l’Euro 99 garçons !
Hervé Bellenger / IS-FFBB
L
es espérances extérieures étaient très fortes, mais des médailles, il n’y en a pas pour tout le monde ? C’est sûr que quand on voit l’Espagne et la Biélorussie éliminées, à un degré moindre la Grèce, on peut dire que l’on est ravi d’avoir cette médaille et derrière la qualification pour le TPO. Il ne faut pas oublier la blessure d’Emmeline Ndongue qui est la MVP de la Ligue féminine et on a perdu deux matches après prolongations. Il faut savourer cette médaille et préparer le TPO.
Jean-Pierre Siutat (à droite) avec Pierre Vincent à Lodz.
« Tu as besoin d’arenas, nous on en a. Si ça permet de mobiliser les énergies, on te laisse la phase finale »
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ENTRETIEn
EN FRANCE EN 2015 ! » opter pour une autre solution. Le 11 juin il y a eu les finales de Ligue Nationale de Basket, j’ai fait venir Nar Zanolin (secrétaire général) et Olaf Rafnsson (président) de FIBA Europe et nos amis allemands. Nous avons dîné après les finales et je leur ai dit clairement qu’on allait certainement laisser tomber la candidature. Nous avions prévu une réunion avec nos amis allemands le lendemain matin, dimanche. Au sortir de cette réunion, nous avons convenu deux choses : 1- d’appeler deux autres pays à nous rejoindre, dont l’Italie, 2- que la France organise la phase finale. Le 21 juin, on a fait une réunion à Munich au cours de laquelle on a signé un protocole d’accord que j’avais préparé dans lequel on a acté le grand principe de cette organisation à quatre avec le leadership, l’investissement de chacun. Les Allemands ont été d’accord sans problèmes pour laisser la phase finale à la France ? Sans problèmes, si, puisque ce n’était pas prévu comme ça. Il faut reprendre les arguments à la base, notre besoin d’arenas. Il faut comprendre aussi que nous avons une vraie amitié entre nos deux pays, nos deux fédérations, entre les deux présidents, Ingo Weiss et moi. C’est un sacré personnage, vice-président du comité olympique, il parcourt actuellement le monde pour la candidature allemande pour les Jeux Olympiques d’hiver de 2018. Ingo m’a dit : « tu as besoin d’arenas, nous on en a. Si ça permet de mobiliser les énergies, on te le laisse la phase finale. » Il a compris que si on retirait notre candidature, c’est le hand qui serait gagnant en France en 2015 et 2017. Ce qui fait que la France après l’Allemagne basculerait dans le hand, soit deux grands pays. J’ai pesé fort. Ingo et les dirigeants allemands sont des gens bien, ils veulent que l’on fasse quelque chose en France. Je suis content car on aura trois sites en France où jouera l’équipe de France. Ce qui fait qu’on s’enlève le poids de deux sites où n’aurait pas joué l’équipe de France. On a tout bénef sur ce dossier.
La FIBA Europe n’a donc pas voulu de votre candidature commune franco-allemande pour l’Euro masculin 2015 ? Pour être concis, oui. Il y a eu un mismatch entre le Central Board et la Commission des compétitions. J’ai poussé fort au Central Board pour convoquer une Commission des compétitions extraordinaire pour débattre de ce sujet et les conclusions ne sont pas favorables, mais ce n’est pas une raison suffisante pour que le Central Board ne puisse pas décider de valider notre formule de compétition. Le problème, c’est que le temps passe et il faut déposer un dossier pour fin août. Compte tenu de cette incertitude que derrière le Central Board acte ou non notre formule de compétition, nous avons préféré
C’est une formule de compétition très originale. En cas d’acceptation, puis de réussite, est-ce que ça ne condamne pas la FIBA Europe à la pérenniser ? Donner l’organisation ensuite à un seul pays ne serait-il pas un retour en arrière ? Cela fait six mois que l’on pousse avec nos amis allemands à la création d’un nouveau concept. Ça sert à quoi d’organiser un Euro dans un petit pays (NDLR : l’édition 2013 aura lieu en Slovénie) qui ne va concerner que lui et les passionnés ? Les quatre pays organisateurs auraient leur équipe qualifiée et seraient à même de faire ensemble toute une série d’actions marketing que j’ai proposées, genre en amont des tournois à quatre. Chacun pourra ainsi garantir des salles pleines. Mais peut-être qu’ensuite la Russie voudra organiser seule un Euro. La décision
sera prise à la mi-décembre. L’Ukraine, l’Espagne et Israël sont également candidats. La bonne nouvelle, c’est que la France peut se porter candidate à la phase finale car vous avez obtenu la certitude que Bercy serait rénové pour 2015 ? On a posé la question, Bercy sera fini en 2014. Il y a eu un appel d’offres, il existe deux candidatures, celle de Philippe Ventadour avec AEG Sports Europe et du Stade de France. Le choix sera effectué par le conseil de Paris en septembre. Ils ont intérêt à le mettre en service le plus vite possible. On gardera la coquille de Bercy mais l’intérieur, et aussi l’extérieur je pense, seront refaits avec des vraies loges, comme dans les arenas modernes.
« L’ensemble des présidents de clubs de Pro A et Pro B vont venir avec nous visiter l’O2 Arena de Londres » Que pensez-vous du forfait de Yannick Bokolo ? Surpris par la soudaineté. Je connais les raisons, tout à fait personnelles, je ne peux pas les communiquer. Je suis déçu pour l’équipe de France, pour lui aussi qui avait une forte volonté d’être dans l’équipe. C’est une décision qui n’a rien à voir avec l’équipe de France, la fédération, le basket. Il y a zéro problème. Il en pleure de ne pas être dans l’équipe. J’espère qu’on va se qualifier pour les J.O. et qu’il reviendra. Alain Béral a été élu président de la ligue. Estce que ça va changer les rapports FFBB/LNB ? J’en suis ravi. Alain Béral m’a annoncé très tôt qu’il serait candidat si son projet pour la ligue allait passer. Nous avons travaillé ensemble sur ce projet, nous avons eu trois réunions de travail, il a tenu compte de nos remarques. J’ai des relations quasi quotidiennes avec lui. Je l’apprécie beaucoup, c’est un chef d’entreprise qui adore le basket, il est pragmatique. Et d’après ce que je sais, il est aussi ravi de travailler avec moi. Les relations sont au beau fixe, on va travailler ensemble pour le basket français. Lors du Tournoi de Londres, on visitera le 17 août l’O2 Arena avec les présidents de clubs de Pro A et Pro B qui souhaitent venir, ce afin qu’ils se rendent compte de ce qu’est une grande salle moderne. J’ai aussi demandé à la Ministre qu’elle soit présente. C’est l’une des plus belles salles du monde avec celle de Los Angeles. Ce sera un moment de partage entre l’équipe de France et les clubs. n
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Elio Castoria / FIBA Europe
CHIFFRES
PREMIER TOUR GroupE A À Bydgoszcz
Lituanie b. Turquie 64-58 Russie b. Slovaquie 68-66 76-60 Turquie b. Slovaquie Lituanie b. Russie 76-64 Slovaquie b. Lituanie 57-46 80-65 Russie b. Turquie Classement : 1-Lituanie (2-1), 2- Russie (2-1), 3-Turquie (1-2), 4-Slovaquie (1-2)
GroupE B À Bydgoszcz
Biélorussie b. Grande-Bretagne 55-40 Rép. tchèque b. Israël 72-56 Biélorussie b. Israël 68-41 Rép. tchèque b. Grande-Bretagne 60-45 Grande-Bretagne b. Israël 74-51 Rép. tchèque b. Biélorussie 67-62 Classement : 1-République tchèque (3-0), 2- Biélorussie (2-1), 3-GrandeBretagne (1-2), 4-Israël (0-3)
GroupE C À Katowice
Espagne b. Allemagne Montenegro b. *Pologne Montenegro b. Espagne *Pologne b. Allemagne Montenegro b. Allemagne Espagne b. *Pologne Classement : 1-Monténégro 2- Espagne (2-1), 3-Pologne 4-Allemagne (0-3)
79-69 70-53 66-57 75-60 76-64 78-63 (3-0), (1-2),
GroupE D À Katowice
Grèce b. Lettonie France b. Croatie Croatie b. Grèce Lettonie b. France
67-57 86-40 65-63 59-56
Lettonie b. Croatie 67-61 64-55 France b. Grèce Classement : 1-Lettonie (2-1), 2- France (2-1), 3-Croatie (1-2), 4-Grèce (1-2)
DEUXIÈME TOUR 64-63 62-51 56-51 64-57 69-55 68-50 62-59 63-59 65-56
Classement République tchéque Lituanie Russie Turquie Biélorussie Grande-Bretagne
4-1 4-1 3-2 2-3 2-3 0-6
GroupE F À Katowice
Monténégro bat Croatie Lettonie bat Pologne France bat Espagne Espagne bat Lettonie Croatie bat Pologne Monténégro bat France France bat Pologne Croatie bat Espagne Monténégro bat Lettonie
81-60 62-53 79-55 66-57 64-56 73-68 58-54 75-71 74-70
Classement 1 2
Monténégro Lettonie
3-2 2-3 2-3 0-5
À Lodz
À Bydgoszcz
1 2 4 4 5 6
France Croatie Espagne Pologne
PHASES FINALES
GroupE E Lituanie bat Grande-Bretagne Biélorussie bat Russie République tchèque bat Turquie Turquie bat Grande-Bretagne Russie bat République tchèque Lituanie bat Biélorussie Russie bat Grande-Bretagne République tchèque bat Lituanie Turquie bat Biélorussie
3 4 5 6
5-0 3-2
Quarts de finalE
Russie bat Lettonie République Tchèque bat Croatie Turquie bat Monténégro France bat Lituanie
Places 5 à 9
Croatie bat Lettonie Monténégro bat Lituanie
DEMI-FINALES Russie bat République Tchèque 85-53 Turquie bat France 68-62 a.p.
FINALES Match 7e place Lituanie bat Lettonie
83-72 79-63 56-44 66-58 84-75 68-59
CINQ DE L’EURO
Vendredi 1er juillet
75-56
Match 5e place Croatie bat Monténégro
73-59
Match 3e place
Elena Danilochkina (MVP) Maria Stepanova Nevriye Yilmaz Eva Viteckova Sandra Mandir
La Russie (en photo) est championne d’Europe et est qualifiée pour les J.O. de
France bat République Tchèque 63-56
Londres. La Turquie, la France,
Finale
la République tchèque et la
Russie bat Turquie
59-42
Croatie disputeront le TPO.
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échos europe
EN BREF
Juan Manetti/EB via Getty Images
J.R. Holden ne jouera pas avec la Russie à l’Euro. Après avoir annoncé sa fin de carrière avec le CSKA Moscou, il avait laissé planer le doute sur sa sélection… Marcin Gortat sera bien de la partie avec la Pologne, orpheline de Maciej Lampe. Le pivot des Suns s’est d’ailleurs excusé de la lenteur de sa décision… Malgré les soupçons de dopage qui pèsent sur lui, Yannis Bourousis est toujours dans les plans d’Elias Zouros, coach de la Grèce… Le Real Madrid a fait une offre plus qu’alléchante à Rudy Fernandez :
Direction CSKA pour Teodosic !
EUROLEAGUE
Déçus de leur saison passée en Euroleague, les deux clubs veulent monter une véritable armada afin de ne plus revivre le même cauchemar.
A
près une saison indigne de son rang en Euroleague, le CSKA veut (doit) réagir. Sortir comme des malpropres de la compétition avant le Top 16 (3 victoires pour 7 défaites dans la phase de groupe), ça ne peut pas plaire à une direction qui est habituée au Final Four depuis 2003, avec deux titres à la clé. Pour retrouver ce niveau, le club doit investir, comme le dit le président Andrei Vatutin. « Notre budget sera le même mais la fin de certains contrats souscrits avant la crise va nous donner une plus grande capacité de manœuvre. » Une capacité de manœuvre que les têtes pensantes comptent bien utiliser. Les retraites de Trajan Langdon (1,6 million de dollars) et J.R. Holden (1 million de dollars) et le départ de Matjaz Smodis (2,5 millions de dollars) remettent de l’argent dans les caisses et poussent aussi à amener du sang neuf. C’est chose faite avec les signatures de Nenad Krstic (Boston Celtics) et Darjus Lavrinovic (Real Madrid) à l’intérieur, mais aussi l’arrivée de Samuel Mejia (Cholet). Si l’on ajoute l’accord avec le très demandé Milos Teodosic, à qui le club a offert 2,5 millions de dollars sur deux ans, on aura un cinq majeur
composé de Krstic, Lavrinovic, Mejia, Siskauskas et Teodosic. Ça a de quoi faire peur.
Barcelone fait le ménage Ce même Teodosic était aussi courtisé par le Barça, très actif, puisque le club doit reconstruire son back-court après les départs de Jaka Lakovic (Galatasaray), Roger Grimau et surtout de Ricky Rubio pour le Minnesota. À l’intérieur, Boniface Ndong est également partant. Ceci pourrait conduire à un rajeunissement de l’équipe, critiquée pour son âge trop avancé. Les Blaugranas se doivent eux aussi de réagir, comme leurs compères moscovites puisqu’ils sortent d’une énorme déception après l’élimination aux portes de « leur » Final Four par le rival madrilène. Le retour de prêt du bien prénommé Xavi Rabaseda (1,97 m, 22 ans), révélation du championnat avec Fuenlabrada (8,7 points et 2,3 rebonds en 22’), entame la cure de jouvence désirée. Les dirigeants préparent un été mouvementé du côté du portefeuille. Ils l’ont prouvé avec la proposition faite, sans succès, à Antonis Fotsis et la signature de Chuck Eidson (Maccabi Tel-Aviv). La révolution est en marche. n Frédéric TRIPODI
Sam Forencich/NBAE via Getty Images
CSKA ET BARÇA, LES GROS RÉARMENT 18 millions de dollars sur 6 ans. Le joueur se donne jusqu’à samedi pour choisir entre Dallas et les Merengues… Milan construit pour l’Euroleague. Après la signature de coach Scariolo et Omar Cook, le club a grillé la politesse à Barcelone en engageant Antonis Fotsis (Panathinaikos) pour deux ans.
F.T.
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PORTRAIT
« Il mangeait à peu près 25 bananes par jour »
Liga ACB
Jérôme Monnet
BONIFACE N’DONG
L’OR NOIR
Passé à Dijon de 2004 à 2005, le pivot sénégalais (2,13 m, 33 ans) s’est ensuite essayé sans succès à la NBA avant d’atteindre les cimes européennes au Spartak Saint-Pétersbourg, Malaga puis à Barcelone. Derrière son talent monstrueux, se cache un homme profondément bon et généreux. « Un type en or », dit-on.
« Heureux de s’entraîner »
Par Romain MOLINA
H
ilare, N’Dong savoure son titre de champion d’Espagne. En finale, contre Bilbao, le super joker de Barcelone a maximisé son temps de jeu : 7,0 points, 7,3 rebonds et 1,7 contre en 16 minutes, dont la meilleure évaluation (15) lors de l’ultime match de la série (3-0). « Avec son physique, il arrive à passer en imposant sa vitesse et son dynamisme », constate son ancien entraîneur Jacques Monclar. « Il est parfait dans son registre. » Mais que la route a été longue. Boniface N’Dong naquît le 3 septembre 1977 à M’Bour, ville côtière au célèbre marché de poissons à l’Ouest du pays. À quelques kilomètres, Nianing se dresse. Une bourgade principalement composée de Sérères, ethnie ancestrale, partagée entre le Catholicisme et l’Islam, généralement cataloguée comme la tête pensante du pays. N’Dong est un patronyme typique de Sérère. Le grand Boniface
Sous la coupe de Dirk Bauermann, sélectionneur national, il se forge un corps de gladiateur mais rame (4,6 points et 4,1 rebonds). À la CAN 2003, en Egypte, sa patience et son labeur payent : il découpe ses adversaires et emmène les Lions au bronze. Deux ans plus tard, en Algérie, argenté et MVP, il s’envole aux Los Angeles Clippers. Pendant cet intermède, Dijon est passé par là. Époque Rowan Barrett – son ami – et Éric Micoud (14,0 points et 8,9 rebonds). Le tremplin vers les aventures dorées. « Il lui arrivait d’être totalement dominateur pendant deux, trois minutes. Il lui fallait répéter dans le temps », estime Monclar, qui faisait sûrement référence au gargantuesque 52 d’évaluation à Châlons-en-Champagne un soir de novembre. Jérôme Monnet, un ancien Dijonnais, abonde. « Il y a un match dont je me souviens, à Villeurbanne, contre Besok. Il y a eu un mano a mano de très haut niveau. Besok avait déjà une carrière et Boni rivalisait avec un mec pareil (23 points à 9/17 et 13 rebonds). » Formidable basketteur ambidextre, alliant « verticalité, adresse naturelle – il pouvait shooter à trois-points – et une capacité de contre ahurissante » dixit nos interlocuteurs, Boniface était surtout un monsieur. « Il est organisé, respectueux des endroits où il vit. C’est un gentleman », renchérit le consultant Canal +. Pas le genre à flâner ou à se gargariser. « Il bosse vraiment. Ce qui lui arrive, il est allé le chercher. Il est arrivé chez nous par la petite porte. Il a fait son trou tranquillement. Il n’a jamais tiré la couverture à lui », confie Monnet, avant de rire aux éclats sur les habitudes du garçon. « Il mangeait à peu près 25 bananes par jour ! »
n’échappera pas à la réputation des siens, entretenu par l’illustre Léopold Sedar Senghor. « Si un sportif veut atteindre et rester dans le haut niveau, il lui faut un certain niveau intellectuel et cela passe par les études », prononça-t-il lors de l’ouverture de son camp de jeunes à Nianing (source : senebasket.com), où il fit ses études et commença à tâter le cuir. « Le jeune qui travaille bien à l’école peut ensuite aller au terrain, développer ses capacités physiques et se faire plaisir dans le jeu. En combinant les deux, on peut réussir. »
Formé à l’allemande Au début, sur le terrain, ce géant à l’armature d’un roseau toise seulement ses adversaires par sa taille. Secoué, rudoyé dans la raquette, Boni s’arme de patience et développe sa panoplie. À 25 ans, il rallie l’élite allemande et Bamberg après une boucherie, en D2 à Breiten (19,2 points à 60% et 13,2 rebonds).
Inutilisé outre-Atlantique (2,3 points et 1,7 rebond en 6 minutes sur 22 matches), le Sénégalais est revenu en Europe pour s’imposer comme l’un des meilleurs pivots d’Euroleague. Dans la rotation abondante du Barça, il restait une indispensable dynamo. « Il rentre, il taffe et il sort », écrivait Ali Traoré sur son blog. Aérien, délié, intelligent, le personnage ne laisse pas indifférent. Christian Maillary, patron de l’agence immobilière Segerinvest et sponsor actif dans le sport dijonnais, a souvent accueilli Boniface à l’époque. Pour son anniversaire, il reçut un colis des Etats-Unis avec un maillot de basket dédicacé par les plus grands joueurs de NBA. Symbolique du personnage, enthousiaste et amoureux de la vie. « Il avait toujours le sourire. Il était heureux de s’entraîner et avait une bonne humeur communicative. » Avant, sans doute, de retourner à Thiès, inculquer à la jeunesse sénégalaise les valeurs éducationnelles et humaines, qui jalonneront sa carrière jusqu’à son dernier rebond. n
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Wojciech Figurski/EB via Getty Images
Wojciech Figurski/EB via Getty Images
ANALYSE
LE BASKET GREC EN CRISE
OLYMPIAKOS ET LE PANA À VENDRE !
libéré. Dusan Ivkovic aurait indiqué à ses propriétaires vouloir reconstruire autour de Vassilis Spanoulis, recrue phare de l’été dernier, piqué au Pana. Les Reds auront-ils les liquidités pour conserver un joueur à 2,4 millions d’euros nets la saison ? Neuf joueurs sont encore sous contrat au Panathinaikos. Tous ne resteront pas. Zeljko Obradovic a déjà perdu un homme de base, Antonis Fotsis (3 millions d’euros sur 2 ans à Milan). Le club va négocier avec Romain Sato pour diminuer son salaire d’un tiers. Pas gagné. Pas gagné non plus de garder intact pour équilibrer les comptes d’Olympiakos. En fait, les le quatuor Diamantidis, Calathes, Nicholas, Batiste. propriétaires de Chalivourgiki, géant grec de l’acier, Autant de joueurs au-dessus du million d’euro anauraient été rappelé à l’ordre par « Monsieur Skindilnuel. Pour compenser la vague de départs à venir, ias », un homme de confiance de leur milliardaire une première rumeur. L’arrivée de Pat Calathes (2,08 de père. m, 26 ans) – le grand frère de Nick – en provenance Côté Pana, les Giannakopoulos sont les propriétaires de Rhodes. Une bien modeste recrue dans le ton de de Vianex, une société pharmaceutique dont les profl’austérité ambiante. its sont passés de 48 millions d’euros en 2009 à 1,8 Partout en Europe, les équipes s’activent à construmillion en 2010. Premier client de Vianex, l’État grec ire leur roster 2011-12. Partout sauf en Grèce. Au 4 aurait une ardoise de plus de 400 millions d’euros, pas juillet, aucune signature n’a encore été recensée en prête d’être remboursée vu le contexte économique ESAKE ! « La plupart des équipes actuel. En l’état, les Giannakopoulos vont commencer à recruter en n’ont plus les moyens de dépenser septembre », nous livre le joursans compter dans leur hobby. naliste grec, Yannis Psarakis. « On La fuite des stars se demande comment beaucoup Yannis Psarakis, En attendant de trouver des repred’équipes vont pouvoir jouer la journaliste spécialisé neurs, les deux supertankers ont déjà saison prochaine. Panellinios, commencé à dégraisser leur roster. En Peristeri, Kavala, Maroussi, l’Aris fin de contrat à Olympiakos, Papaloukas et Halperin rencontrent d’énormes problèmes économiques. » sont partants. Sauf retournement de dernière minute, Le basket grec est au bord de l’implosion. « Il n’y a Milos Teodosic va partir monnayer ses talents en pas de basket grec ! La Fédération et la ligue sont Russie ou au Barça. En plus de payer sa clause de soren conflit. À la dernière assemblée de l’ESAKE, seuls tie de 1,3 million d’euros, le CSKA lui propose rien de neuf des quatorze clubs étaients réprésentés. Parmi moins que de tripler son salaire (3,7 millions sur deux eux, un seul propriétaire. Il n’y a pas de TV, un seul ans). Rasho Nesterovic et Matt Nielsen ne seront pas sponsor national. Tout le monde se moque de cette retenus. Suspecté de dopage, Yannis Bourousis a été ligue. » n
Le basket grec subit de plein fouet la crise économique qui frappe durement le pays. Jusque-là épargnés, ses deux fleurons, Olympiakos et le Panathinaikos, vont mener à leur tour une sévère politique d’austérité. Une orientation imposée par les retraits annoncés de leurs propriétaires et principaux mécènes. Par Antoine LESSARD
L
orsque deux fratries aussi puissantes que les Giannakopoulos (Panathinaikos) et les Angelopoulos (Olympiakos) annonçent leur intention de se retirer des affaires, c’est l’ensemble du basket grec – déjà fragile – qui tangue dangereusement. Pavlos et Thanassis Giannakopoulos, d’un côté. George et Panagiotis Angelopoulos de l’autre. À la tête d’empires industriels, ces quatre-là sont riches, très riches, et se sont livrés à une improbable course à l’armement depuis 2004. En jeu, la suprématie nationale et le toit de l’Europe. Investissement payant pour les Giannakopoulos, qui ont récolté avec le Pana une sixième Euroligue en mai dernier, et une flopée de sacres nationaux. Treize sur quatorze possible depuis 1998. Dans le camp adverse, les Angelopoulos ont craqué près de 150 millions d’euros depuis sept ans ! Sans jamais parvenir à déloger le grand rival ni reconquérir un nouveau sacre européen. Il y a deux ans, huit millions d’euros de salaires ont été investis sur la paire Josh ChildressLinas Kleiza. Insuffisant pour battre le Barça en finale de l’Euroleague. Après un nouvel échec en finale de l’ESAKE (1-3 contre le Pana), les Angelopoulos ont décidé d’arrêter les frais. En cette période de crise, plus question d’injecter entre 15 et 20 millions d’euros par saison
Les temps sont durs pour les fans de l’Olympiakos et du Pana : les clubs n’ont plus d’argent.
« Tout le monde se moque de cette ligue »
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échos FRANCE
Pascal Allée / Hot Sports
Le tandem Dio-Batum ne sera pas reconstitué au MSB.
LE MANS
DIOT S’EN VA, BATUM NE REVIENDRA PAS
L’histoire a pris fin en début de semaine, Antoine Diot (1,90 m, 22 ans), après quatre saisons au Mans, a décidé de s’exiler à Fuenlabrada plutôt que d’honorer sa dernière saison de contrat. Un exil voulu, mais sans doute forcé aussi par la saison en demiteinte du meneur international. Dans la tête de J.D. Jackson, son coach, Antoine était redevenu un remplaçant, et dans le projet du joueur, c’était inacceptable.
«
Ce sera de toutes les façons le seul dossier que nous examinerons », nous avait confié le président Le Bouille lundi par téléphone. Pas agacé mais pas loin de vouloir en finir avec le cas Diot, le président sarthois avait accordé une semaine de plus à son meneur français pour faire jouer sa clause libératoire (entre 75.000 et 100.000 euros). « Je lui ai accordé un délai », insiste-t-il. « On veut que tous le monde s’y retrouve, mais l’affaire sera réglée d’une manière ou d’une autre mercredi au pire ». Soit hier, et mardi déjà Antoine Diot était dans les mains des médecins espagnols, histoire de satisfaire à la visite médicale et de valider le transfert. Ce départ, après quatre années de bons et loyaux services, s’explique tout bêtement par la saison mi-figue mi-raisin que vient de rendre le meneur international. En phase ascendante depuis un été 2009 magique et un Euro polonais de grande facture, Antoine a peiné cette saison alors que le staff manceau avait misé sur lui pour tenir les rennes de l’équipe et devenir
un meneur titulaire indiscutable. La faute sûrement à ce fameux blocage lombaire qui lui a valu de manquer les playoffs 2010 avec son club mais aussi le Mondial avec l’équipe de France. Une blessure, qui a l’heure de se dire au revoir, est pointée également par J.D. Jackson dans une lettre adressée aux abonnées sarthois. « Antoine a symbolisé nos doutes dans l’adversité. Avant sa blessure, il était en phase ascendante, au cœur d’un projet commun dont le but était de le développer en un titulaire dominant », rappelle-t-il. « Ce coup d’arrêt physique a frustré tout
avec une clause libératoire à l’été 2012 et il devrait être ce fameux meneur étranger titulaire en lieu et place du Letton Kristaps Valters (10,4 pts, 4,5 pds en 22’) parti à Malaga.
Déçu par Nicolas Batum Du côté manceau, on peut maintenant penser à affiner le recrutement sur le poste 1. Un Américain, c’est entendu, mais qui va jouer beaucoup plus avec le départ d’Antoine et qui ne pourra compter que sur le jeune Henri Kahudi, qui a signé pour trois ans, en soutien pour le moment. « Il est certain que ce ne sera pas la même chose sans ou avec Antoine », acquiesçait le président lundi. « Mais on n’est pas pressé, on a déjà réussi à re-signer Alex Acker pour un an comme premier étranger, c’est une bonne chose pour débuter. » En plus d’Acker, rassuré par le fait que le MSB va s’aligner en l’Eurocup l’année prochaine, J.D. Jackson a jeté son dévolu sur le Centrafricain Max Kougère, qui après un passage à Gravelines et à Antibes, s’est
Derrière un meneur US, c’est non le monde, à commencer par lui. La saison prochaine, derrière un meneur cadre, il retrouvera un rôle de remplaçant où il est très performant. » Un rôle de remplaçant qu’Antoine n’avait aucune envie d’assumer. À Fuenlabrada, septième de Liga ACB l’an passé (20 victoires, 14 défaites), Antoine Diot, injoignable, aurait signé pour deux saisons
exilé un an en Suisse histoire de gagner du temps de jeu. Pour remplacer Thierry Rupert qui ne reviendra pas, le coach sarthois devra chercher un dernier JFL ainsi qu’un poste 4 US au « profil plutôt shooteur » d’après le Christophe Le Bouille. Côté cœur enfin, le président du MSB ne cachait pas sa légère amertume lundi dernier à la lecture des journaux annonçant la possible arrivée de Nicolas Batum* à Nancy pour cause de lock-out NBA. « Avec l’Euroleague, je le comprends », soufflait-il. « Mais je suis déçu car il n’a pas pris la peine de nous passer un coup de fil et je le regrette. » n Thomas FÉLIX
(*) Dans une interview accordée à Ouest France, datant du 5 juillet dernier, Nicolas Batum s’explique sur cette prise de contact avec le SLUC Nancy. « Je suis vraiment tenté par le fait de jouer l’Euroleague. […] Je pense que Nancy est un choix légitime pour moi, même s’il sera sans doute mal compris par certaines personnes au Mans. Ce que je conçois d’ailleurs, mais voilà… Avec l’Euroleague, Nancy colle plus à mes envies. ».
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échos FRANCE
EURO U20 FILLES
SANS LEADER MAIS EN ÉQUIPE
«
C’est le 7 juillet qu’il va falloir être bon ! », lançait Grégory Halin en début de semaine, faisant fit d’une préparation plutôt mitigée, 4v – 5d, dont deux grosses roustes contre la Serbie (-42 en deux matches). Amputé de deux joueuses majeures, Diandra Tchatchouang blessée et Alisson Vernerey portée pâle, le technicien bleu va devoir trouver une cohésion pour éviter la sortie de route. « II n’y a pas de joueuses largement au-dessus », lance-t-il. « L’accent de la préparation a donc été porté sur le collectif, c’est ce qui nous fera gagner des matches ». Sans fortes individualités, Grégory Halin comptera tout de même sur trois joueuses
qui ont pointé le bout du nez en prépa, Linda Boubsaa à la mène, l’ailière Touty Gandega
Le roster
Nom Linda Boubsaa Princesse Goubo Touty Gandega Clémentine Samson Isabelle Strunc Chloé Westelynck Kelly Corre Kekelly Elenga Morgiane Eustache Sophie Le Marrec Kadidia Minte Manon Morel
Taille 1,65 1,65 1,70 1,81 1,79 1,88 1,80 1,86 1,97 1,84 1,87 1,92
AdN 1991 1991 1991 1991 1991 1991 1991 1991 1991 1991 1991 1992
et à l’intérieur Kadidia Minte. Mais, avec un effectif inexpérimenté, le coach français espère seulement que « le groupe va pouvoir apprendre jour après jour dans la compétition ». Côté objectif, si la Fédération rêve de médaille, Grégory Halin se doit d’être plus réaliste. « Pour nous, c’est de passer le premier tour, pas plus haut. » n
Poste Meneuse Meneuse Arrière Arrière Ailière Ailière Ailière Intérieure Intérieure Intérieure Intérieure Intérieure
Gautier SERGHERAERT
Club US Dunkerque (LF2) Perpignan Basket (LF2) USO Mondeville Avenir de Rennes (LF2) Pays d’Aix Basket 13 SI Graffenstaden (LF2) Pleyber-Christ (LF2) Aplemont Le Havre (LF2) Nantes-Rezé Basket UF Angers (LF2) Avenir de Rennes (LF2) Challes-les-Eaux Basket
FIBA Europe / Ulrich Schulte
Pour sa première en tant que coach des moins de 20 ans, Grégory Halin se présente sans réel objectif au championnat d’Europe en Serbie. Manquant d’un véritable chef de file générationnel, les espoirs vont devoir trouver un esprit d’équipe fort pour s’en sortir.
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enquête
C’est le combat des chefs à Hyères-Toulon. Celui des anciens dirigeants, Francis Beaux et Philippe Legname, contre le nouveau président, Roland Palacios. Pris entre deux feux, le coach Alain Weisz, qui tente de construire une équipe avec trois bouts de ficelle. Il y a quelque chose du film « Le Bon, La Brute et Le Truand » et des « Tontons flingueurs ». Plongée dans les coulisses d’un western sous le soleil du Var. Par Yann CASSEVILLE
HTV/LNB
WESTERN AU HTV
LES TOULON FLINGUEU
A
h, le HTV ! Ce Petit Poucet qui retrouve à chaque fois son chemin, ce groupe d’irréductibles qui résiste encore et toujours à l’envahisseur. Ah quelle belle histoire que le HTV, quelle formidable leçon sportive enseignée par le professeur Alain Weisz et sa bande qui se battent, et souvent gagnent, avec leurs moyens, c’est-à-dire… peanuts. Hyères-Toulon est une incongruité. Les anecdotes relatant le quotidien folklorique du club foisonnent. Raphaël Coiffier, qui suit le HTV au quotidien pour Var Matin, en a plein sa besace. « Il y a des saisons où les mecs ont dormi dans le bus sur le parking. Quand le club jouait la coupe d’Europe, en déplacement les supporters partaient après nous mais arrivaient avant parce qu’on faisait quasiment le tour du monde pour aller dans un pays pour que ça coûte moins cher. Une fois on a eu sept heures d’attente à l’aéroport de Paris parce qu’ils ont gagné 200 euros sur les billets. On ne paye pas à bouffer aux joueurs parce qu’il y a un sandwich donné dans l’avion. » Cette saison, il y a cette fois où les salaires sont arrivés en retard ; il y a cette autre fois où les payes sont tombées en avance… pour les Américains, car le dollar était au plus bas ! Les Français tiraient la gueule. Les joueurs se retrouvent au milieu d’une
sacrée nébuleuse, d’une situation qu’ils imaginaient impossible. Aussi ils se confient, à la presse – « Ils m’en parlent sous le manteau. Parfois les mecs qui arrivent hallucinent ! C’est un peu un autre monde », commente Coiffier –, au coach – « Ils n’avaient jamais vu ça ! Heureusement que les Krupalija, Masingue étaient là pour mettre l’ambiance », confie Weisz. Vincent Masingue était de la folle aventure en 2010-11. « Je ne veux pas cracher dans la soupe où j’ai mangé pendant quatre ans », précise-t-il en amont, « mais certains de nos déplacements n’avaient rien de professionnel. Quand tu fais 12h de bus, t’es pas aussi frais que quand tu fais 1h d’avion. Il y a des trucs qui m’ont énervé. »
Qui c’est Raoul ?
Le folklore amuse un temps. Rapidement, le sourire devient jaune. Puis ça frustre, ça énerve. Et quand un énième imprévu frappe, ça explose. Cet événement a lieu pour la belle en quart contre Nancy. Dane Watts, pigiste de Damir Krupalija, n’est pas qualifié, le club n’ayant pas déposé à temps son dossier. « Les billets d’avion pour les Américains avaient été réservés pour le lundi après le match 2, donc avant le match 3 ! En aucun cas ils (Philippe Legname, ex-directeur sportif et Francis Beaux, ex-GM, ndlr)
n’avaient envisagé que nous puissions battre Nancy au match 2 », peste Weisz. « On était à deux doigts d’atteindre le dernier carré », grommèle le président Roland Palacios. Philippe Legname se défend : « M. Palacios est nouveau, il peut rêver. Mais on ne pouvait pas battre Nancy sur une série. » L’équipe – le sportif – grimpait quand le club – son organisation – se rapprochait du gouffre. En mai, la DNCCG refuse l’engagement du HTV en Pro A pour la saison à venir. La raison : une agonie financière qui n’a que trop duré. Le 6 juin, Roland Palacios fait son débarquement, à Paris, devant la DNCCG : le club est sauvé. « J’ai présenté un dossier plus complet et ça a été accepté », commente Palacios. « Ce jour-là je n’ai pas eu peur de la Pro B, j’ai eu peur de la disparition du club », se souvient Weisz. « Il y a deux personnes qui l’ont sauvé : M. Palacios et Hubert Falco Alain Weisz (maire de Toulon, ndlr). » Le maintien assuré, Palacios sort le balai : exit MM. Beaux et Legname, orientés vers la section amateur. Depuis, dans la presse, le western a commencé. Et ça dézingue à tout-va, et ça flingue par propos interposés. C’est le remake des Tontons flingueurs. Comme Bernard Blier, chacun veut mon-
« J’ai eu peur de la disparition du club »
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enquête
« Ici c’est Dallas ! »
SUR LE TERRAIN
Raphaël Coiffier, Var Matin
QUELLE ÉQUIPE ?
Philippe Legname s’est auto-proclamé GM, président, etc., et que malgré une équipe qui fait les playoffs, l’administratif envoie le club au niveau amateur il faut s’attendre à des changements. Philippe a pris une équipe dans une situation difficile mais il est allé encore plus bas. » Boum ! Le coach exécute. Cloué au pilori, Legname tonne qu’il « revendique le fait d’être amateur ! Je ne suis pas ironique, aigri, je suis soulagé parce que c’était difficile. Aujourd’hui je suis bien à la section amateur, j’ai un rôle à la Fédération. Jean-Pierre Siutat me donne des responsabilités nationales alors que je ne sais pas m’occuper d’un club. Amusant non ? » Boum ! Le banni contre-attaque, Francis Beaux aussi, dans Var Matin (mais il est resté injoignable).
• Avec 650.000 euros de masse salariale, Alain Weisz est face à un casse-tête. Il devra faire sans Masingue (parti au PL alors qu’il était proche de re-signer) et Krupalija (sous contrat mais désireux d’aller voir ailleurs, Strasbourg ?). Laurent Legname devrait résilier sa dernière année de contrat pour entraîner les espoirs. Le HTV a officialisé les arrivées d’Alex Gordon, dont Weisz pense que son duo à la mène avec Morlende (qui a prolongé, comme Fein et Hughes) sera complémentaire ; Souarata Cissé (13,9 pts à Clermont) ; Tasmin Mitchell (16,3 pts en D-League) et Mouhammad Faye, Sénégalais que Weisz coachera à la CAN, et le prêt du meilleur espoir de Pro B avec Fos, Louis Labeyrie.
UEURS trer qui c’est Raoul. Et ça dynamite, et ça disperse, et ça ventile. « Même s’ils essaient de ne pas trop s’assassiner en public c’est la guerre. Ici c’est Dallas ! », confirme Raphaël Coiffier.
Cauchemar en cuisine
« Par rapport aux acteurs économiques varois il fallait une crédibilité, je ne pouvais pas me présenter avec une ancienne équipe. Philippe Legname et Francis Beaux sont des personnes que je respecte, que j’apprécie, qui ont fait ce club, mais la partie professionnelle c’est un autre monde », explique Palacios. Boum ! Le président fusille. En fil rouge, le même reproche : le manque de professionnalisme. En un mot : l’amateurisme. Et ces relents d’amateurisme, Alain Weisz, entraîneur lassé par ce « dysfonctionnement » interne, en avait trop plein la tête. « C’était devenu tendu. On a réussi à vivre en autarcie avec les joueurs. (…) Quand Palacios a mis le nez dans les dossiers, c’était une transcription de Cauchemar en cuisine, l’émission de W9, où on voit les crevettes qui sont conservées dans les chiottes, sans glace, sans rien, des trucs comme ça. Il faut tout ré-organiser, avoir une mentalité de club pro, connaître un minimum de droit, de comptabilité. La bonne volonté ne remplace pas la compétence. Quand
Le HTV entame un nouveau chapitre de son histoire rocambolesque. En Pro A, mais pieds et poings liés par son budget riquiqui. « Touche pas au grisby, s… ! », hurlait Francis Blanche à une jeune fille s’approchant d’une liasse de billets. Le HTV, lui, n’a pas un sou. « C’est de la survie », convient Masingue. Depuis des lustres, Hyères-Toulon est en manque : de partenaires privés, et donc d’argent. « Il n’y a pas un manque de relations, il y a une inexistence de relations avec les partenaires », constate Palacios. La saison écoulée, sur 2,1 millions d’euros de budget, près de 2 millions venaient des institutionnels. Sur ce point, Legname défend son bout de gras : « On a toujours dit avec Francis Beaux que les partenaires, ce n’était pas notre domaine. C’était peut-être ma présence qui empêchait de les attirer, mais cette année on a remboursé 314.000 euros. » Boum ! Un boomerang lancé à la tête de Palacios… qui le renvoie aux bannis. « J’ai investi personnellement plus de 100.000 euros (injection propre et rachat des parts de l’ex-président Fabrice Veyrat, ndlr), si trois ou quatre autres en avaient fait autant le club serait peut-être sauvé définitivement. » Le HTV continue son numéro de funambule, tout là-haut, au-dessus du gouffre, cette dette affolante. « Entre 450.000 et un peu plus d’un million d’euros », chiffre Palacios, une autre source assurant qu’elle était de 1,3 million durant la saison. Le HTV a une masse salariale encadrée à 650.000 euros – Palacios escompte passer à 750.000. « Faire une équipe à 650.000, c’est impossible », alarme Weisz, qui doit encore tenter des paris (voir encadré). Il sait trop bien, lui qui a vu Sceaux passer, pour raison économique, de la Pro A à la N3, que la fenêtre ne restera pas ouverte indéfiniment. « Les miracles n’ont qu’un temps. Il y a tout à faire, on va passer de l’Ancien au Nouveau Testament. » Roland Palacios aussi veut espérer. « On peut stabiliser ce club d’ici deux ans. » Reste au président à le prouver par des actes. Car les paroles, c’est comme la bonne volonté. Flingueur parmi les Tontons flingueurs, Lino Ventura en personne le disait : « C’est jamais bon de laisser traîner les créances. » n
Alain Weisz, toujours coach d’un HTV en pleine crise.
• Ils arrivent : Alex Gordon, Souarata Cissé, Mouhammad Faye, Tasmin Mitchell, Louis Labeyrie • Ils partent : Kevin Houston, Nobel Boungou Colo, Laurent Legname, Jonte Flowers, Damir Krupalija, Vincent Masingue • Meneurs : Alex Gordon, Paccelis Morlende (JFL) • Extérieurs : Tony Dobbins, Souarata Cissé (JFL), Shaun Fein (JFL) • Intérieurs : Mouhammad Faye, Tasmin Mitchell, Rick Hughes, Louis Labeyrie (JFL)
Pierre Mangin / IS
Un million de dette
18 GRAVELINES RECRUTE FORT
BIENVENUE CHEZ LES FRENCH’TIS !
Jean-François Mollière
TRANSFERTS LNB
Après avoir enregistré les signatures de Ludovic Vaty et d’Andrew Albicy, le BCM compte dans ses rangs six joueurs français sur les sept professionnels actuellement sous contrat. Une configuration qui, en plus d’être atypique, à l’air sacrément séduisante sur le papier. Par Florent de LAMBERTERIE
D
ans la célèbre bande dessinée éponyme, Astérix résiste encore et toujours à l’envahisseur romain, quelque part en Armorique. 50 ans après l’apparition du héros à moustache imaginé par René Goscinny et Albert Uderzo, les Romains ont beau être partis depuis belle lurette, une nouvelle bourgade se donne des allures de village gaulois, cette fois dans le Nord de la France. À Gravelines en effet, le BCM se la joue French Touch, pour la plus grande joie du peuple maritime. « C’est sûr que les partenaires et les abonnés sont ravis », reconnait Hervé Beddeleem, le Direx du BCM. « Avoir la même culture que les joueurs, pourvoir échanger avec eux en Français après les matches, c’est appréciable. » Cette année, les habitués du Sportica vont être servis. Aux Dounia Issa, Rudy Jomby, Yannick Bokolo et Cyril Akpomedah sont venus se greffer Ludovic Vaty et Andrew Albicy. Ajoutez à cela Valentin Bigote – jeune espoir local pressenti pour compléter l’équipe – et vous obtenez un total de sept joueurs français sur un groupe prévu pour tourner à dix. Une rareté.
qui viennent », relève Christian Monschau, dont l’équipe remplissait déjà le quota de cinq joueurs formés localement avant de signer les deux derniers arrivants. « On ne les recrute pas parce qu’ils sont français où JFL mais parce que ce sont des bons joueurs que l’on souhaitait voir dans notre équipe. » Des six nationaux
« Ce qui se passe chez nous interpelle d’autres joueurs français »
/ IS
Le concept de French Team n’est pourtant pas une nouveauté dans le Nord. En 2006, quand Fred Sarre avait pris les commandes, la carte Bleue avait déjà tourné à plein. Stephen Brun, David Gauthier, Paccelis Morlende, Jérôme Schmitt, Steeve Essart, Thomas Dubiez… L’équipe avait beau être largement francisée, le bilan fut plus que mitigé. Huitième en 2007, Gravelines avait dû lutter jusqu’au bout pour son maintien la saison suivante, évitant la relégation de justesse. Si bien qu’aujourd’hui, on se refuse à parler de préférence nationale et on préfère mettre en avant la qualité du recrutement plutôt que sa nationalité. « Dans notre esprit, ça renforce la qualité des joueurs
actuellement sous contrat, quatre pointaient d’ailleurs dans le Top 10 des meilleures évaluations françaises de Pro A l’année dernière, ainsi que dans les dix premiers au référendum du MVP français. Des Français, certes, mais surtout des joueurs de talent, parmi les plus courtisés du moment. « J’avais des propositions financièrement meilleures mais j’ai choisi Gravelines », nous avoue Andrew Albicy. « Pour réussir mon objectif qui est d’aller un jour en NBA, j’ai estimé que Gravelines était le meilleur choix pour moi. » Un choix qui tient beaucoup à la présence de Christian Monschau. Hervé Bellenger
4 Français dans le Top 10
Hervé Beddeleem
« Des joueurs majeurs »
Depuis sa venue au club, en 2008, « Kiki » a démontré une grande faculté dans l’art de relancer les Français en difficulté, à l’image de Yannick Bokolo. « Lors de sa dernière année au Mans, Yannick était sifflé à domicile
« Pour réussir mon objectif qui est d’aller un jour en NBA, j’ai estimé que Gravelines était le meilleur choix » Andrew Albicy
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TRANSFERTS LNB
Le trio français du BCM, Akpomedah, Bokolo, Issa est rejoint par Albicy (en bas, à gauche) et Vaty (ci-dessous).
EFFECTIF
• Meneurs : Andrew Albicy (JFL) et un combo US • Extérieurs : Yannick Bokolo (JFL), Rudy Jomby (JFL), Juby Johnson et Valentin Bigote (JFL) • Intérieurs : Cyril Akpomedah (JFL), Dounia Issa (JFL), Ludovic Vaty (JFL) et un 4-3 US
tour préliminaire de l’Euroleague. Une compétition qu’il va découvrir avec un cinq de départ probablement français à 100% puisque des cinq starters de l’an dernier, Issa, Akpomedah, Jomby et Bokolo sont toujours là, et Albicy a remplacé Ben Woodside. Du jamais vu en Pro A, du moins, pas depuis bien longtemps.
2 US à trouver
Bien entendu, la main d’œuvre étrangère demeure indispensable pour compléter l’équipe et Gravelines en est conscient. C’est donc vers la piste américaine que Christian Monschau va se tourner pour trouver les deux joueurs manquants, à savoir un combo et « un poste 3 qui peut jouer 4, un peu comme Demetris Nichols ou Marcellus Sommerville. » Des joueurs pour lesquels l’entraîneur compte prendre son temps, guettant l’éventuelle bonne affaire que le lock-out NBA risque d’encourager. Avec un budget en hausse (4,8 millions d’euros pour 1,5 de masse salariale contre 4,2 et 1,4 l’an passé) et une enveloppe « conséquente », dixit Beddeleem, les deux larrons sont attendus pour la mi-août, histoire que l’équipe soit complète pour la reprise. À moins, bien sûr, que Gravelines n’obtienne quelques dividendes supplémentaires pour engager un dixième pro. Pour cela, il faudrait d’abord passer le tour préliminaire de l’Euroleague, contre le gratin européen. Un sacré exploit pour ce petit village gaulois. n
• Après s’être tourné vers l’Europe ces deux dernières années (Borchardt et Zizic), l’ASVEL a jeté son dévolu sur un joueur issu de NBA pour son poste de pivot en la personne d’Hilton Armstrong (2,11 m, 26 ans). Sorti de Connecticut en 2006, Armstrong a passé cinq ans en NBA entre la Nouvelle-Orléans, Houston, Sacramento, Atlanta et Washington, où il a fini la dernière saison. Avec les Wizards, il ne tournait cependant qu’à 1,9 point et 2,8 rebonds en 10 minutes. Il formera une paire US à l’intérieur avec Jamie Skeen (2,05 m, 23 ans), qui sort tout juste de VCU, la fac qui a créé la surprise en se qualifiant pour le dernier Final Four NCAA et dont il était la vedette (15,7 pts, 7,3 rbds). Avec Bangaly Fofana et Kim Tillie, qui a re-signé, l’ASVEL a donc désormais bouclé sa raquette. Il en va de même pour Roanne, qui vient d’engager deux rookies aux postes 3 et 5. Le premier se nomme John Holland (1,98 m, 22 ans) et valait 19,2 points et 5,8 rebonds à Boston University, le second s’appelle Rick Jackson. Pivot de 2,06 m et âgé de 22 ans, Jackson assurait 13,1 points et 10,3 rebonds Hilton Armstrong avec Syracuse l’an dernier. Avec la signature de Yohan Benfatah (1,88 m, 19 ans) pour une durée de trois ans, la Chorale ne cherche plus qu’un meneur US pour compléter son effectif. À Nancy, le SLUC a officialisé la venue d’Adrien Moerman ainsi que la re-signature d’Akin Akingbala pour une saison supplémentaire. Pas de nouvelle en revanche de Tremmell Darden mais on parle d’une possible arrivée de Nicolas Batum sur le poste 3 en cas de lock-out prolongé. Toujours côté rumeur, Strasbourg s’intéresserait à Chris Oliver (2,01 m, 25 ans, 13,5 pts, et 6,4 rbds à Tubingen en Allemagne) et Damir Krupalija serait tout près de signer, un accord financier avec le HTV étant sur le point d’être négocié. Sont actées en revanche les prolongations pour un an d’Eric Chatfield au PL, de William Gradit à Cholet et de Zach Moss à Dijon, qui a recruté Andre Harris, l’intérieur qui avait brillé à Lille l’an passé en Pro B. En Pro B justement, Vichy a rapatrié deux anciens pensionnaires de Pro A, Wilfied Aka (PL) et Dwayne Curtis (Limoges). Bourg a fait de même en signant Donald Copeland, meneur de jeu vu à Paris en 2006-07. Toujours côté signature, l’ex Ébroïcien Dwight Burk s’est engagé à Nantes, Benjamin Monclar à Antibes, Teddy Maizeroi à Rouen et Steeve Ho You Fat à Évreux. Formé à Roanne, Medhi Cheriet retrouve la France à Boulazac après cinq années universitaires aux États-Unis et William Hervé est officiellement prêté à Quimper pour un an. Chris Daniels rempile à Châlons-Reims et sera associé au MVP de la saison, Nate Carter (Nanterre), John Ford à Bordeaux et Mantcha Traoré à Aix-Maurienne, où Antoine Gomis a signé. Chez les techniciens pour finir, l’ancien coach d’Angers, Mickaël Hay, devient le nouvel assistant de Greg Beugnot à Chalon, suite au départ de Raphaël Gaume.
Jesse D. Garrabrant/NBAE via Getty Images
/ IS
HILTON ARMSTRONG À L’ASVEL
Hervé Bellenger
dès qu’il mettait les pieds sur le terrain », se souvient Hervé Beddelleem. « À la fin de l’année, il est licencié par son club, il prend un chèque et se retrouve à la rue. » Trois ans plus tard, Bokolo termine sur la deuxième marche du podium des meilleurs Français de l’année, juste derrière Mickaël Gelabale. En 2008 toujours, Cyril Akpomedah débarque d’un PL qui vient tout juste de descendre en Pro B, où il n’avait pas franchement brillé. Il est aujourd’hui l’un des Français les plus en vue de ces dernières années et, tout comme Bokolo, il vient de resigner avec Gravelines. « Christian a réussi à leur redonner confiance et ces joueurs sont devenus des joueurs majeurs », synthétise Hervé Beddeleem. « Et ça dure depuis trois ans. Dounia Issa nous a rejoints l’année dernière et il est un joueur majeur également. Je pense que ce qui se passe chez nous interpelle d’autres joueurs français, c’est peut-être pour ça qu’on a réussi à attirer Andrew et Ludovic. » La recette fonctionne à plein puisque, parallèlement à ces éclosions, le club aussi progresse à grands pas. 6e en 2009, 4e en 2010, le BCM vient de boucler la meilleure saison de son histoire, avec une nouvelle présence en demi-finale, une Semaine des As remportée pour la première fois ainsi qu’un strapontin au
TRANSFERTS LNB
F.d.L.
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événement
NBA : LE LOCK-OUT, ON Y EST
POUR LE COURRIER, S’ADR C’est tout sauf une surprise : le 1er juillet, les propriétaires de franchises NBA ont décrété le lock-out, c’est-à-dire le gel absolu de toute activité. Joueurs et proprios se reverront la semaine prochaine pour rouvrir les négociations mais l’écart est conséquent entre les deux positions. Par Fabien FRICONNET
Les revenus ont augmenté en 2011 ! Résumons la position de la NBA – des propriétaires : la ligue n’est plus rentable, les pertes avoisinent les 300 millions de dollars par exercice depuis deux ans, vingt-deux des trente franchises ont perdu de l’argent, le Collective Bargaining Agreement (CBA, la convention collective) signé en 2005 et qui arrivait
Jonathan Ferrey/Getty Images
J
eudi dernier, le 30 juin donc, pour la énième et ultime réunion de la « dernière chance », à quelques heures de l’échéance officielle avant lock-out (1er juillet à minuit et une minute), David Stern et son influent bras droit, Adam Silver, n’ont eu qu’à traverser la rue pour passer des locaux de la NBA aux « meeting rooms » de l’hôtel Omni Berkshire, un palace – de ceux où il fait bon se tenir sur ses gardes pendant la tournée d’entretien des chambres – où les représentants du syndicat des joueurs (la National Basketball Players Association) entendaient formuler leur offre finale. Une réunion longue (ou courte) de trois heures, en petit comité puisque, cette fois-ci, au lieu d’un face-à-face entre deux armées mexicaines, étaient présents, outre les avocats et staffs respectifs des deux belligérants, MM. Stern, Silver, Holt (propriétaire des Spurs) et Dolan (propriétaire des Knicks) d’un côté et Billy Hunter (directeur exécutif de la NBPA), Derek Fisher (président), Matt Bonner et Maurice Evans de l’autre. Pour un résultat nul. L’ambiance y fut cordiale, dit-on de part et d’autre, mais les positions n’ont pas bougé d’un iota. Ou alors si, mais d’un trop petit iota. « L’écart est trop grand », a commenté M. Hunter, utilisant le mot « éléphantesque. » « Nous avons fait un pas de bébé alors qu’il aurait fallu un pas de géant. » David Stern, lui, a évoqué un désaccord « philosophique. » Et, donc, tout ce beau monde s’est serré la main, les propriétaires ont déclaré le lock-out et tout le monde a convenu de laisser passer les fêtes du 4 juillet (fête nationale américaine) et de se revoir d’ici deux semaines, c’est-à-dire la semaine prochaine pour nous.
à échéance le 30 juin n’est plus tenable, il faut renégocier à la baisse la part du gâteau (des presque 4 milliards de revenus) allouée aux joueurs. Cette part s’élevait jusque-là à 57%, contre 43% aux clubs donc. Les propriétaires, dans le premier jet de leur proposition, plaidaient pour un 50-50, cette demande étant assujettie, en sus, à d’autres mesures (salary cap sévère, réduction de la durée des contrats, clauses de non-garantie dans lesdits contrats, etc.) apparemment totalement inacceptables pour les joueurs et leur syndicat mais qui, en cas d’accord sur le sujet essentiel (la répartition des revenus), auraient constitué un sujet à la marge et
Ça y est, c’est la grève, David Stern est dans le dur.
n’auraient probablement pas empêcher la signature d’un nouveau CBA. Les joueurs, eux, ont dégainé une contre-proposition à 54-46, arguant qu’ils faisaient ainsi un cadeau de 500 millions de dollars sur cinq ans aux franchises, et, malgré quelques menus efforts de dernière minute, sont restés sur cette ligne. Alors que les propriétaires insistaient pour que le centre du débat soit celui des pertes des franchises, les joueurs ont répondu en substance que 1- si les propriétaires ont mal travaillé, c’est leur problème, pas celui des joueurs, et 2- que les riches (les gros marchés) n’ont qu’à être un peu plus solidaires des « pauvres » (les
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RESSER À LA CONCIERGE 22 franchises déficitaires). Ce à quoi David Stern a rétorqué que quand 75% des clubs sont dans le rouge et qu’il manque 300 millions pour finir l’année, il n’y a pas moyen de rétablir l’assiette. Un discours parfois difficile à tenir car, en 2010-11, le ticketing, le marketing et les audiences TV ont augmenté. « Nous avons besoin d’un business model qui permette aux trente équipes de concourir pour le titre, aux joueurs d’avoir une part équitable et aux franchises de gagner de l’argent », a résumé Adam Silver dans une déclaration qui ne disait pas grand-chose. Réponse tout aussi diplomatique de Billy Hunter : « Ils ont un job à faire, nous avons un job à faire. Nous avons fait preuve de respect tout au long des discussions, ils ont une vue sur les choses qui diffère de la nôtre, nous n’avons pas été en mesure de trouver un juste milieu, et je crois que c’est ça le problème. »
Du sang sur les murs S’engage maintenant un bras de fer. Grosso modo, c’est à celui qui baissera les yeux le premier, offrant ainsi à l’adversaire la possibilité de faire basculer
la situation en sa faveur, sans pour autant humilier l’autre partie. Les deux précédents lock-outs n’apprennent pas grand-chose sur ce qui pourrait se passer. Celui de l’été 1995 n’avait duré que 74 jours, un deal avait été trouvé en septembre et la saison avait eu lieu comme prévue. Celui de 1998 avait été une guerre, une vraie : 204 jours. Les noms d’oiseaux avaient fusé, il y avait eu du sang sur les murs. On ne s’était officiellement pas adressé la parole entre le 22 juin et le 6 août (une réunion qui n’avait duré qu’une heure et demie). La saison avait failli être annulée. L’accord avait été trouvé le 7 janvier, les matches avaient repris début février, la saison étant raccourcie à cinquante matches. On peut supposer que les joueurs sont mieux préparés en 2011 qu’ils ne l’étaient en 1998. Billy Hunter, depuis dix-huit mois que la chose se prépare, les a en tous cas prévenus du conflit à venir. Les joueurs ne subiront d’ailleurs aucune conséquence
C’est à celui qui baissera les yeux le premier
matérielle avant novembre (première échéance salariale de leur contrat 2011-2012), les salaires pour 2010-11 étant soit déjà intégralement payés, soit garantis même en situation de lock-out. En revanche, pour les franchises, c’est l’arrêt immédiat du robinet à cash (sponsors, tickets, etc.). Enfin, pour les « simples » employés, c’est la catastrophe. Le chômage technique. Durant le lock-out, tout s’arrête. Plus de salaires, plus de négociations, fermeture des installations, annulation des summer leagues, des work-outs, de la communication, de tout quoi. L’hiver nucléaire. « Il y aura des dommages collatéraux », a prévenu David Stern, espérant sans doute que, dans l’opinion publique, les joueurs seront tenus responsables. En attendant que les deux camps dénouent le problème – ce que la NFL, en lock-out depuis mars, n’est pas parvenue à faire, les joueurs ayant finalement porté la chose devant la justice américaine –, certaines fédérations nationales (la FFBB au premier chef) ont des maux de tête pour trouver le moyen de financer les assurances de leurs joueurs NBA cet été… n
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événement
QUI EST LE NUMÉRO 1 DE LA DRAFT ?
PAUL + BILLUPS = IRVING ! Il est le premier choix de la Draft. Un meneur de plus dans une ligue où les joueurs de talent sur ce poste sont légion. Qu’est-ce que le jeune Australo-Américain (1,91 m, 19 ans) a de si spécial ? Par Thomas BERJOAN
«
grand besoin de tourner la page après LeBron. « Le costume n’est pas facile à porter », expliquait d’ailleurs Kyrie. « Il y a beaucoup d’attentes pour les numéros 1 de Draft et j’entends bien les dépasser. Honnêtement, je ne vais pas chercher à remplacer LeBron, je vais simplement tenter d’être moi-même et d’apporter autant que je peux à Cleveland. » De toutes façons, Kyrie ne reprendra pas le flambeau du « hometown boy », le petit gars d’Akron dans l’Ohio, tenu par James. Il vient de bien plus loin. Irving est né en Australie. D’ailleurs, il n’exclut pas de jouer pour l’Australie
À cause de la façon dont joue Kyrie, on va changer complètement notre attaque et notre façon de jouer. » Quel coach a dit ça ? Ce serait logique qu’il s’agisse de Byron Scott, l’entraîneur de Cleveland. Après tout, la franchise a rendu en 2011 la pire copie de la ligue (19v-63d) et l’a choisi avec le premier choix de la Draft. En fait, cette citation remonte à l’intersaison 2010. Et c’est Mike Krzyzewski qui l’a prononcé. Coach K, le mythique entraîneur de l’université de Duke et de la sélection américaine. Un homme ouvert mais conservateur, esprit de conviction et de principes, imperméable à toute forme de hype. Plus significatif encore, quand Irving rejoint les Blue Devils à l’été 2010, la fac vient de remporter son quatrième titre et les joueurs majeurs, Nolan Smith, Kyle Singler et les autres, restent. En clair, Coach K va changer une équipe qui gagne pour un meneur freshman ! Le gamin doit être exceptionnel ! « Je trouve que je suis un joueur entre Chauncey Billups et Chris Paul », a expliqué Kyrie après sa Draft. « Billups est plus dans le jeu demi-terrain et Paul pousse plus tempo, j’aime l’équilibre entre les deux styles. » Présomptueux ? En fait, l’autoanalyse n’est pas mauvaise. Irving n’est pas une bombe athlétique comme Rose, Wall ou Westbrook. Il possède toutefois une vitesse à la Tony Parker, avec plus de détente et une aisance technique qui rappelle effectivement CP3. Mais Kyrie est plus grand et meilleur shooteur que Paul, au même âge.
« Sur le terrain je veux détruire l’opposition »
Maintenant, c’est toujours un peu compliqué de l’évaluer puisque son unique saison à Duke a été tronquée de décembre à mi-mars à cause d’une inflammation du gros orteil. En 8 matches avant cet incident, Irving tournait à 17,3 points, 3,7 rebonds et 5,1 passes. De très bons chiffres. Après son retour, le meneur de Duke est apparu évidemment moins saignant. Ce qui ne l’a pas empêché de marquer 28 points dans l’élimination de son équipe en huitième de finale de la March Madness contre Arizona. Mais les doutes sur sa récupération au niveau de l’orteil et une condition physique approximative ont alimenté les débats. En effet, Irving a refusé de participer aux tests physiques au camp de Chicago, une première pour un premier choix attendu. De plus, sa masse graisseuse est actuellement estimée à 10%, soit entre 3 et 6% de plus que les arrières normalement prêts pour la NBA. Des réserves qui n’ont pas affecté Cleveland, une franchise qui a
Gregory Shamus/NBAE/Getty Images
Au nom du père
plus tard. Son père, Drederick, ancien joueur de Boston University, a mené là-bas une carrière de basketteur pro, après être resté aux portes des Celtics. Kyrie a vécu en Australie ses deux premières années, baignant dès son plus jeune âge dans l’ambiance des gymnases, dans une poussette au bout du banc de l’équipe de son père. À deux ans, la famille rentre au pays. Ensuite, le drame. Sa mère décède d’une maladie. Il a quatre ans. Son père se bat alors pour élever seul lui et sa grande soeur Asia. « Ça a été dur », explique Drederick, qui a continué à jouer au basket malgré tout. « Mais je crois qu’au final, Kyrie et sa sœur ont eu une bonne vie, j’ai essayé de faire de mon mieux. » Évidemment, Kyrie joue au basket. Et devient très vite très bon. Son père le testera à deux reprises. Une fois, à neuf ans, il l’emmène jouer à New York. Ils vivent dans le New Jersey. Kyrie est fortement intimidé par le trash talking des gamins de la Grosse Pomme. Il perd ses moyens. Sur le chemin du retour, son père lui explique qu’il ne devrait avoir peur de personne, ni de l’échec. L’épreuve ultime a lieu sept ans plus tard. Kyrie a 16 ans, son père 42 ans. Ils s’expliquent en un-contre-un. Kyrie l’emporte deux fois. Sur le score de 15-0. « Il m’a détruit en me parlant tout du long », explique Drederick. « J’ai su qu’il était prêt pour la suite. » « Sur le terrain, je veux détruire l’opposition. Ça m’amuse. Ça vient de mon père. Sans lui, je ne serais pas là. » En accédant à la NBA, c’est aussi le rêve de Drederick que Kyrie réalise. n
ZONE-MIXTE
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Prises de position
Antoine Diot vers Fuenlabrada, un choix compréhensible ?
S
OUI
NON
Par Antoine LESSARD
Par Fabien FRICONNET
Hervé Bellenger / IS
i Antoine rêve depuis longtemps d’Espagne, je doute qu’il ait une seule fois envisagé de porter le maillot de Fuenlabrada, modeste formation de la Liga ACB. Baloncesto Fuenlabrada, un budget (3,6 millions d’euros en 2010-11) à des années lumières des grandes maisons du Barça ou du Real, voire de Vitoria ou de Malaga. Assez d’argent cependant pour s’offrir de bons petits calibres. Esteban Batista, Lubos Barton, Davor Kus, Kristaps Valters… des joueurs inaccessibles en Pro A. Il faut croire qu’un euro espagnol ne vaut pas un euro français. Antoine devrait s’y retrouver, financièrement, en attendant mieux. Lui proposait-on mieux en France, net d’impôt, tout en réglant la clause de départ au MSB ? Je demande à voir. Fuenlabrada ne jouera pas l’Euroleague à la rentrée. Mais rassurez-vous, Antoine jouera deux matches par semaine. Septième en ACB cette saison, son équipe participera l’Eurocup. Et jouera accessoirement 10 matches contre les cinq équipes espagnoles engagées en Euroleague. Résumons-nous, Antoine va remplacer Kristaps Valters comme meneur titulaire dans une formation appartenant au Top 8 de la meilleure ligue d’Europe. Il y a pire comme porte d’entrée en Espagne, non ? Le scénario idéal : Antoine brille avec Fuenlabrada la saison à venir et rejoint un gros club espagnol dès 2012, avec qui il jouera l’Euroleague. Pas seulement pour y participer si vous voyez ce que je veux dire. Thomas Heurtel a choisi un plan de carrière similaire. Il est aujourd’hui à Vitoria. n
Sondage
Télévision Jeudi 7 juillet 07h30 MCS
NBA Best saison
I
l ne faut pas m’en vouloir, Antoine, mais pour moi, aller jouer en Espagne (ça en jette : « je vais jouer en Espagne ! »), c’est porter des maillots magiques, ceux du Barça et du Real, ou mettre sur son CV des noms qui veulent dire quelque chose : Vitoria, Malaga, voire Valence, ou Badalone pour les nostalgiques (même si la Penya est loin du sommet depuis un moment). Alors que, hormis pour la considération salariale (je comprends, je comprends), Fuenlabrada, ça manque un peu de brio, quoi. Vingt victoires en saison régulière 2010-11, je veux bien, c’est respect (ça n’est jamais que septième du championnat), mais enfin ça ne soulève pas de son siège non plus, et des clubs qui font des bonnes saisons avant de rentrer dans le rang, ça n’est pas ça qui manque. Mais si c’est le fameux rêve espagnol, alors… Et puis, comme plan de carrière, on verra bien ce que ça donne, mais bon, ça fait un peu improvisé, avec cette date échéance de clause de départ dépassée, puis repoussée. Et puis tes deux dernières saisons ont été correctes, on est bien d’accord, mais sans plus. Surtout, on n’a pas noté une progression fulgurante ; en prenant toutefois en compte tes soucis de dos. Si le but est d’aller en NBA, est-ce que Fuenlabrada est un véritable bond en avant ? Chacun aura son avis sur la question. En vrai, ton cas n’a rien de scandaleux, évidemment, mais il illustre notre frustration à voir nos meilleurs éléments partir pour des destinations pour le moins quelconque. Et ça fait rager ! n
50%
Qui choisiriez-vous pour remplacer Yannick Bokolo dans les 12 à l’Euro ? Noah Graham/NBAE via Getty Images
Sondage réalisé sur www.basketnews.net. 1049 réponses, décompte arrêté mardi.
27% Vendredi 8 juillet 13h00 Eurosport 2
Mondial U19 garçons 1/4 de finale
23h00 Eurosport 2
Mondial U19 garçons 1/4 de finale
10%
Samedi 9 juillet 19h00 Eurosport 2
Mondial U19 garçons 1/2 finale
20h15 Eurosport 2
Mondial U19 garçons 1/2 finale
Dimanche 10 juillet 20h15 Eurosport 2
Mondial U19 garçons Finale
Fabien
Causeur
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Albicy
Charles
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8% Abdou
M’Baye
5% Autres
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