POSTE-LeRvallois)
#26
DÉCEMBRE 2010
is lbicy (Par Andrew A i (Le Mans) ff o K in & Ala
Du côté de chez Steed Tchicamboud
Entretien
Philippe Amagou & Solo Diabaté
04 Caroline Aubert 6 Kim Tillie 8 Les Eagles 38 Mickaël Var 64 Ed Murphy 70 Musée de Pau 74 Saint-Amand
Les agents Fantasmes et réalité La crise du basket grec
Reportage inside
à Gravelines
Les étoiles du Nord
Jean-François Mollière
M 03247 - 26 - F: 5,00 E
MAXI BASKET N°26 - DÉCEMBRE 2010 DOM : 5,60 € - BEL : 5,40 € - Port.cont : 5,20 €
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Édito • maxi-basket 03
Le basket des patelins Par Pascal LEGENDRE
Décembre 2010 Sommaire 26
4
L
ionel Chamoulaud, le journaliste de France Télévisions, ne va pas aimer le reportage photo qui anime ce numéro. Ceux qui ne comprennent pas cette entrée en matière doivent relire notre dossier de novembre intitulé « L’impossible conciliation » sur les médias nationaux et le basket. « Franchement, comment se passionner pour Roanne si vous n’êtes pas du coin ? » y déclare-t-il faisant enrager toute la Loire. Roanne, c’est 35.000 habitants (105.000 avec l’aire urbaine). Avec Gravelines, on tombe à moins de 12.000. Qui, à part dans le Nord-Pas-de-Calais, avait d’ailleurs entendu parler de cette cité fortifiée située sur le Littoral entre Calais et Dunkerque avant qu’y pousse un club de basket, créé en 1984 ? Une fusion entre les «Bleus» de Gravelines et les «Blancs» de Grand-Fort-Philippe réussie par un bâtisseur local fou de basket, Albert Denvers. Gravelines deviendra célèbre dans la France sportive entière grâce aux matches retransmis sur France Télévisions. Même si un jour le chef d’antenne coupa en pleine apothéose un duel assassin entre le BCM d’Olivier Bourgain et le Cholet d’Antoine Rigaudeau. Gravelines, ce n’est pas Barcelone ou Los Angeles et le Sportica ne ressemble en rien au Palau Sant Jordi et au Staples Center. Et personne n’osera écrire que le BCM est de la trempe des Lakers et du Barça. Pourtant, il y
a mille raisons qui nous ont poussés à donner un coup de projecteur sur le club nordiste, ses joueurs, son staff, ses «Irréductibles», ses «Loups de Mer», sa salle, un véritable complexe sportif en fait, qui est une sorte de mirage car édifié au milieu de nulle part. Le BCM est devenu au fil du temps un club professionnel, une référence, tout en conservant son caractère. L’ambiance est reconnue pour être l’une des plus fortes du championnat professionnel français, en concurrence avec celles de Limoges, Roanne - oui, Lionel C. et Vichy. Comment être insensible à l’hymne à Cô-Pinard qui célèbre les victoires ? Ça donne le frisson surtout un jour de Carnaval. Dans un sport professionnel de plus en plus unifié, planifié, aseptisé, robotisé, le BCM Gravelines-Dunkerque est une incongruité. Comme l’était Orthez (10.000 habitants), vainqueur de la Coupe Korac 84 - sous l’œil des caméras d’Antenne 2 - avant de déménager à Pau. Et comme l’Ėlan Béarnais, le BCM va bientôt émigrer, dans la proche banlieue de Gravelines et dans une arène d’une dizaine de milliers de places. France Télévisions n’aura alors plus aucune excuse pour ne pas diffuser ce sport qui l’indiffère. Et en attendant, nous, on va se régaler en (re) découvrant sous tous les angles le basket des «patelins».■
“Une sorte de mirage car édifié au milieu de nulle part.”
RÉDACTION DU MANS 75 Boulevard Alexandre & Marie Oyon BP 25244 - 72005 LE MANS CEDEX 1 Téléphone : 02-43-39-16-21 – Fax 02-43-85-57-53 Directeur de la publication Gilbert CARON Directeur de la rédaction Pascal LEGENDRE (p.legendre@tomar-presse.com) Rédacteur en chef Fabien FRICONNET (f.friconnet@tomar-presse.com) Rédacteur en chef-adjoint Thomas BERJOAN (t.berjoan@tomar-presse.com) MAXIBASKET est édité par NORAC PRESSE 3 rue de l’Atlas - 75019 PARIS RÉDACTION DE PARIS 3 rue de l’Atlas, 75019 Paris Téléphone : 01-73-73-06-40 – Fax 01-40-03-96-76
JOURNALISTES
Thomas BERJOAN, Thomas FÉLIX (01-73-73-06-47), Fabien FRICONNET, Florent de LAMBERTERIE (01-73-73-06-46), Pascal LEGENDRE (02-43-39-16-26), Antoine LESSARD, Pierre-Olivier MATIGOT, Laurent SALLARD. RÉDACTION AUX USA Jérémy BARBIER (Chicago), Pascal GIBERNÉ (New York). Correspondants à l’étranger David BIALSKI (USA), Giedrius JANONIS (Lituanie), Kaan KURAL (Turquie), Pablo Malo de MOLINA (Espagne), Streten PANTELIC (Serbie), Bogdan PETROVIC (Serbie); Yannis PSARAKIS (Grèce), Sran SELA (Israël), Stefano VALENTI (Italie).
A collaboré à ce numéro Yann CASSEVILLE. Secrétaire de rédaction Cathy PELLERAY (02-43-39-16-21 - c.pelleray@tomar-presse.com).
RÉALISATiON GRAPHIQUE Conception charte graphique Philippe CAUBIT (tylerstudio) Direction artistique Thierry DESCHAMPS Maquettiste Émilie CAILLAUD-HOUËL
ABONNEMENTS
Laurence CUASNET (02-43-39-16-20, abonnement@tomarpresse.com) Tomar Presse – Service abonnements - B.P. 25244 72005 LE MANS CEDEX 1
Contrôle surprise : Caroline Aubert
6 Un-contre-un : Kim Tillie 8 Les Eagles de Limoges 14 Les agents 22 Steed Tchicamboud 28 Photos :
Gravelines-Dunkerque
38 Focus: Mickaël Var 40 Philippe Amagou
& Solo Diabaté
62 Le baromètre 64 Ed Murphy 70 Musée de Pau 74 Saint-Amand 80 Dans l’œil des scouts :
Jonas Valanciunas
82 Le basket grec 88 Échos POSTERS
Alain Koffi (Le Mans) & Andrew Albicy (Paris-Levallois)
PUBLICITÉ RÉGIE
Hexagone Presse 12 rue Notre-Dame des Victoires – 75002 Paris Patrick GOHET (01-42-60-36-35), hexagonesport@gmail.com Loïc BOQUIEN (06.87.75.64.23), lboquien.hp@gmail.com
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ROTO PRESSE NUMERIS 36 Boulevard Schuman – 93190 Livry Gargan
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À JUSTE TITRES Benjamin Boutonnet (04-88-15-12-41 - b.boutonnet@ajustetitres.fr) COMMISSION PARITAIRE : 1110 K 80153 RCS : Paris B 523 224 574 ISSN : 1271-4534. Dépôt légal : à parution La reproduction des textes, dessins et photographies publiés dans ce numéro est la propriété exclusive de Maxi-Basket qui se réserve tous droits de reproduction et de traduction dans le monde entier.
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maxi-basket
Contrôle surprise !
Caroline Aubert Par Pascal LEGENDRE
la Nantaise ! i bonne note que ss au e un nu te n’a ob en photo Jamais personne elqu’un qui met qu jà Dé t. en aim s vr BasketNews Une surprise ? Pa en train de “lire“ an un de le fil sa n : une de profil Facebook ne de sa réputatio dig é ét a ro Ca t. trui est forcément ins du basket. te an viv ie éd encyclop
8/10
oir à Orléans ? uillet qui joue en esp Do vid Da de fils du 1. Quel est le prénom ❏ Mathias Maxi, il y a deux ❏ Jérémie ey J’ai lu l’article dans ffr « . Jo ms ❏ no pré is tro er cit de oin « Jérémie ! » Pas bes jours. » s CSP ? en 1993 avec le Limoge champion d’Europe été pas n’a rs eu 2. Lequel de ces jou ❏ Marc Mbahia s s, je ne connais z ❏ Georgy Adam pra Du arc n-M é à Limoges. D’ailleur Jea jou ❏ it ava z pra praz a Du arc e Jean-M Paris. » À noter : Du « Je ne savais pas qu te qu’il est coach de ois. jus all s Lev sai et je r, hy eu Vic jou n, pinal, Saint-Quenti pas son parcours de y-Ė lbe Go ne, ien ur illot de Ma porté également le ma Chris Kaman ? l’international allemand 3. Dans quelle équipe joue ❏ Sacramento Kings Angeles Clippers s Lo ❏ NBA. » s ck Bu souvent de clubs en ❏ Milwaukee encore? Ils changent est y Il n? bo st C’e « 7? de la saison 2006-0 en EuroLeague lors ves isi déc ses pas de 4. Quelle fut ta moyenne ❏ 6,0 ❏ 5,3 illot de Mondeville, année-là, sous le ma tte ❏ 4,2 Ce » ! pif au st un peu « Entre 5,3 et 6, c’e eague. passeuse de l’EuroL e ur ille me la t fu Caro
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5. Pour quel pays joue Am
❏ Mali X
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C’est tch de playoffs « Airness lors d’un ma His de s int po 63 x au 6. Qui a déclaré suite ael Jordan » ? Dieu déguisé en Mich ❏ Larry Bird ❏ Magic Johnson ❏ Charles Barkley
❏ Sénégal
7. En quelle année est née
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❏ 1985 te joué un peu ❏ 1984 dications. « Elle a jus d’in oin ❏ 1983 bes ir avo s san » 84 « d . » on Là encore, Caro rép mémoire des chiffres France. J’ai une bonne avec moi en équipe de Power Electronics ? he derrière le nom de cac se e agu ole ur 8. Quelle ville d’E ❏ Milan ❏ Valence ❏ Zagreb équipe de France ? plus de sélections en le te mp co ale on ati 9. Quelle intern ❏ Yannick Souvré eth Riffiod sab Eli ❏ t pas Yannick. » i mb ❏ Paôline Eka Je savais que ce n’étai « . lle d-e on rép » ? « La maman de Boris sident d’Arras ? 10. Comment s’appelle le pré ❏ Philippe Scy ❏ Carmelo Scarna ret nne Mo is ou n-L ❏ Jea
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Pascal Allée / Hot Sports
converse.fr
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maxi-basket •
un-contre-un
KIM TILLIE (ASVEL) « SOLLICITÉ POUR LE CONCOURS
DE DUNKS À BERCY » LE ROOKIE DE L’ASVEL (2,10 M, 22 ANS) RÉALISE UN DÉBUT DE CHAMPIONNAT FORT PROMETTEUR. SES QUALITÉS ATHLÉTIQUES NE LAISSENT PERSONNE INDIFFÉRENT. Propos recueillis par Antoine LESSARD
Ton geste offensif préféré ? Le dunk, c’est ce qui me donne le plus de sensations. Je n’ai pas spécialement de dunk favori. Juste à deux mains et puissant.
Ton spot préféré pour shooter ? Pareil, en tête de raquette, un mètre avant la ligne à 3-pts, ou dans le short corner.
As-tu mesuré ta détente ?
Le joueur que tu rêverais
Quand même ! As-tu été sollicité pour le prochain concours de dunks du All-Star Game à Bercy ?
Ton adversaire le plus coriace dans ta jeune carrière ?
La dernière fois, c’était aux États-Unis : d’affronter en un-contre-un ? 38 inches. ça doit faire quelque chose Dwight Howard, juste pour voir s’il est comme 90 centimètres (96 cm, ndlr). vraiment si puissant que ça.
Blake Griffin. On l’avait rencontré il y a deux ans (Kim jouait à Utah, alors Oui, mais je ne sais pas trop si je vais opposé à Oklahoma). Il n’avait pas très le faire. Je ne suis pas trop le genre bien joué contre nous mais ça reste de joueur flashy. Je suis un peu timide quand même le plus coriace. Très (rires). athlétique et costaud. Cette année-là, il tournait à 20 points et 20 rebonds de Le geste que tu travailles le moyenne (22,7 pts et 14,4 rbds).
plus à l’entraînement ?
Le shoot extérieur, et beaucoup de mouvements dos au panier. Parce que dans le système mis en place à l’ASVEL, je reçois beaucoup la balle en post-up.
Tes meilleures séries de shoots à l’entraînement ?
Les entraînements de l’ASVEL face à Davon Jefferson ? C’est vraiment très compétitif mais je pense très bien m’en sortir. Tous les jours, on se donne à fond tous les deux et on se motive mutuellement pour mieux jouer, élever notre niveau.
Environ 70 lancers-francs et 15-16 à trois-points. L’action qui a marqué ta jeune
Le geste que tu ne maîtrises pas ?
carrière ?
Plutôt un match qu’une action. Mon premier en Pro A contre Paris. Malgré la Le dribble. Je ne dribble pas souvent défaite, j’avais bien joué (18 pts, 4 rbds, mais j’y travaille et je commence à être 20 d’éval en 23 min). de mieux en mieux.
Ta situation préférée en match ?
Hervé Bellenger / IS
D’être ouvert poste haut avec un défenseur qui court vers moi. Cela m’offre plein d’options. Je peux shooter, feinter, driver. Je suis plus à l’aise face au cercle plutôt que dos au cercle.
Un coéquipier ? Trumo Bogavac. Il a 37 ans (le 14 décembre) et il apporte une énergie vraiment incroyable à l’équipe. Pendant l’entraînement, les matches, c’est vraiment un exemple. Après la longue carrière qu’il a connue, qu’il joue toujours à ce niveau-là…c’est un modèle.
lundi 14H - 19H du mardi au samedi 10H - 13 H / 14H - 19H Place du Pilori - ANGERS
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maxi-basket
Les aigles Les Eagles de Limoges
noirs
Les Eagles, c’est le groupe de supporters le plus actif du basket français. Il sévit à Limoges. Forcément. Par Pascal LEGENDRE, à Limoges
HervĂŠ Bellenger / IS
Reportage • maxi-basket 09
maxi-basket
Hervé Bellenger / IS
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Jean-Louis Chanier, le grand prêtre des Eagles.
L
es Jardins du Stade, un bar-PMU discret à deux cents mètres de Beaublanc. À l’étage, le nid des “Aigles“, confortable, avec un canapé zébré, des tables où est indiqué sous verre le règlement intérieur de l’association et, au mur, peint en noir et blanc, quatre t-shirts collector imprimés à chaque début de saison. Un exemplaire est offert à chaque nouvel adhérent et son port est obligatoire le soir des matches. L’hyperactif Jean-Louis Chanier est le véritable maître des lieux. Il est né à Limoges et son père l’a initié au basket, à la salle des Sœurs de la Rivière un jour d’avril 1975. Il avait 12 ans. Trois ans d’apprentissage et ensuite il est entré dans les ordres. Depuis plus de trente ans, Jean-Louis ne loupe jamais un match ou alors la faute à une pneumonie méningée et à 41° de fièvre. Forcément, Jean-Louis fut membre des mythiques Yellow et, précédemment, de ce club de supporters sans nom véritable fondé par Serge Alliot, le patron du bar Le Berrichon, un autre fanatique. Jean-Louis fut de toutes les aventures, de toutes les folies. Avec quatre potes, il a rallié Rome en Renault 5, c’était en février 1983 pour un quart de finale de Coupe Korac. Départ le lundi de Limoges, arrivée sur place trois jours plus tard. « 5.500 personnes nous attendaient dans la salle. La police est venue faire un cordon de sécurité autour de nous, avec des casques et des boucliers plus hauts que moi. Surréaliste. » Jean-Louis fut aussi de toutes les folles transhumances. En mars 1982, huit cents supporters avaient pris le rail pour assister à la finale de la Coupe Korac, montant jusqu’à Paris avant de replonger vers Padoue en Italie. Homérique. L’année suivante, c’était direction Berlin en franchissant le Mur qui n’était pas que symbolique. Ou encore Grenoble’88. 1.108 billets vendus rien que pour le voyage en train. À bord, l’intendance suivait, 2.000 bières, 500 panachés, 600 sandwichs, 2.000 rations de café. Et encore du rouge, du rosé, du blanc, du jaune pour abreuver les troupes jusqu’à la gare d’arrivée et la finale de la Coupe des Coupes. « Les supporters du CSP ont toujours eu un comportement
exemplaire » certifia un représentant de la SNCF. Pour saluer ce moment de franche rigolade, Maxi-Basket titra « Bouteen-Train ». Toujours d’attaque, Jean-Louis Chanier fit partie du quarteron de fanatiques – « neuf » dit-il – qui s’étaient déplacés l’année précédente à Barcelone, pour une autre finale de Korac qui était une cause perdue dès l’issue du match aller. Les souvenirs personnels fusent à la demande. Ce bus tombé dans le fossé en allant à Villeurbanne. « On arrive à la salle, l’ASVEL mène de 13 points, je crois. Les joueurs savent que l’on a eu un accident. On chante. Ils ont gagné. » Ceux-là avaient la foi des croisés et elle était contagieuse. Et si on évoque avec Jean-Louis les clasico avec Pau-Orthez, ses deux prunelles s’illuminent comme les phares d’une berline. Mille fois, il a déjà raconté ses anecdotes. Quand il a tourné quatorze fois (sic) autour de la Moutète, ce marché à volailles, avant de se rendre compte que c’était bien la salle de l’Élan Béarnais. Quand Ben Kaba lui a couru après sur un parking et qu’il a dû plonger sous une voiture pour échapper au courroux du Franco-Sénégalais. Ou encore lorsque la sécurité du Palais des Sports fit usage de bombes lacrymogènes pour disperser les belligérants. « Un supporter palois avait giflé une gamine de 7-8 ans. C’est parti en bagarre générale. On a été interdit de salle pendant cinq ans, je crois. Mais il y avait des gens adorables, comme Freddy Hufnagel, qui nous avait accueillis chez lui et Christian Ortega dans sa boîte de nuit à la sortie d’Orthez. Mais on n’aurait pas pu aller chez Pierre Seillant… » Quand on est un inconditionnel, la lucidité n’est pas la première vertu. Alors, en 2000, alors que les joueurs réalisaient le fameux triplé Coupe Korac/championnat/Coupe de France, Jean-Louis a avalé les bobards du président Jean-Pierre De Peretti, cru aux fonds asiatiques qui étaient dans les tuyaux, au miracle. « Si on n’y avait pas cru, on n’aurait pas été dignes d’être supporters. » Tout est dit. Et pourtant le CSP a été touché, coulé, relégué une première fois en Pro B. Le feu sacré de Jean-Louis a même vacillé. « J’ai cessé d’être supporter, >>>
“C’est parti en
bagarre générale. On a été interdit de salle pendant cinq ans.”
Jean-François Mollière
Reportage • maxi-basket 11
maxi-basket
j’étais juste abonné, et je m’emmerdais à Beaublanc. Je ne reconnaissais plus ma salle, mon équipe… »
25 chansons au répertoire « Il existe trois groupes de supporters à Limoges avec des esprits totalement différents » explique Frédéric Forte. « On a 1.850 abonnés dont près de 800 sont membres de ces groupes de supporters. C’est la force du club. Quand on perd, ils sont encore plus tristes que les joueurs et quand ça gagne, ils véhiculent ça dans toute la ville, ce sont des militants. » Le président évoque les Phénix, environ 150 membres, héritiers des fameux Yellow, les Z’Abonnés et les Eagles, 300 encartés chacun. « Respect pour les Phénix, même si on n’a pas des relations très chaleureuses. Ils ont vieilli. Ils n’ont pas su redynamiser le groupe » estime Jean-Louis Chanier. Alors, il y a trois ans, Jean-Louis a pris le dossier à bras le corps. Il a créé son propre groupe de supporters, à son envie. En activant son réseau, en donnant rendez-vous par le biais d’Internet à des mômes qui n’avaient même pas connu l’épopée de Bonato and Co. « Ici, la passion se poursuit de génération en génération » dit-il. Et c’est vrai. Plus que n’importe où ailleurs en France. La bande de Jean-Louis Chanier n’a fait que prendre du volume. Une poignée a connu Padoue, quelques-uns Grenoble, davantage Athènes et le titre de champion d’Europe en 93. Ce club de supporters possède
des ramifications un peu partout en France et a ouvert des antennes à Clermont et à Paris. 20% sont des femmes. Et comme pour Tintin, il y a des fans de chaque génération, « de 5 à 74 ans. » La couleur noire ? C’est celle du CSP. Le nom Eagles ? Ne cherchez pas une explication alambiquée. C’est un jeune, Nicolas, qui a proposé le nom et converti à son idée une majorité. Eagles, c’est en quelque sorte “la marque“, alors que l’association s’intitule “Force au Cercle“. Les Eagles, c’est en tribune une grosse masse noire et ce qui fait tout autant leur caractéristique, c’est que ces genslà chantent à tue-tête et sans relâche. Pas d’instruments de musique à leur disposition – sinon une grosse caisse – mais plus de vingt-cinq chants sont à leur répertoire. « Seuls Roanne 1937 et les Irréductibles de Gravelines chantent en Pro A » rapporte Jean-Louis qui a, plusieurs fois, fait le tour des popotes. Deux “kapos“ – quatre les soirs de grands matches – servent de chefs d’orchestre avec des porte-voix. L’un d’eux Thierry a été en quelque sorte formé à SaintÉtienne puisqu’il appartient aux Magic Fans de l’ASSE. À l’inverse des ultras du Panathinaikos qui se réunissent chaque jeudi pour répéter, les Eagles ne s’époumonent que les soirs de matches. « Ce qui nous aide beaucoup en revanche, ce sont les déplacements. T’es cinquante, t’es solidaire. Il ne peut pas y avoir vingt-cinq tricheurs, ça s’entend. » Et les Eagles ne font pas semblant. Jamais en France, section
Hervé Bellenger / IS
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Reportage • maxi-basket 13 de supporters – même ceux de Valenciennes – n’a fait autant de bruit. À Beaublanc, comme à Bercy ou dans les autres salles de Pro A. Sont-ce pour autant des ultras comme au foot ? Jean-Louis rejette la comparaison. « Il y a deux ans, Yann Barbitch – membre de France Basket Organisation – a passé une semaine au téléphone avec moi. Le phénomène Eagles lui faisait peur. Il se renseignait. Des ultras chez nous, il y en a… quatre. Mais, sinon, les Eagles viennent en famille avec des enfants de 10-15 ans. On est dans le basket… Et à la fin de la soirée, Yann m’a dit « c’est génial ce que vous avez fait ! »
Discipline À Limoges, les premiers vols des Aigles ont été vus d’un mauvais œil. Ils se sont même fait traiter de “nazis“ « On a encore une image très mitigée auprès du public de Beaublanc, des partenaires, en ville, et dans certains clubs de Pro A et de Pro B » reconnaît Fabien Thibaut, webmaster du site de cette association de supporters. « C’est vrai qu’on a des chants grecs et qu’une dizaine de personnes sont capables de crier : Sciarra est un pédé ! Ça la fout mal. » Il faut savoir qu’il y a eu en la matière un fâcheux précédent, dans la seconde moitié des années 90, les Granata Korps, une appellation aux relents douteux déjà apparue au Torino. Une petite cinquantaine de membres à leur apogée. « Ça a duré deux ans. Ils ont cassé un peu tout partout et ils ont fini menottés dans un fourgon. L’association a été dissoute par le président. Ils allaient vers des problèmes judiciaires importants. » Et Jean-Louis qui ne parle pas avec la langue de bois, ajoute : « J’en ai repris deux ou trois. Quinze ans étaient passés. Entre le petit con de 20 ans et le mec marié et père de famille, ils avaient changé. Tu as le droit à une seconde chance. Chez nous, des mecs ont le crâne rasé mais ce n’est pas pour ça que tu es un nazi, comme tu n’es pas un drogué sous prétexte que tu as des tresses. » Sur l’image de marque des Eagles, sur la discipline de groupe, Jean-Louis Chanier est intransigeant. Auparavant, en cas de dérapage, c’est le conseil d’administration de l’association qui sanctionnait. Jean-Louis a obtenu les pleins pouvoirs. Par souci d’efficacité. « Je reconnais que ça fait un peu dictatorial. » Le président a déjà sorti le bâton. Un membre a été suspendu pour trois matches à domicile et trois autres pour une rencontre. Six ont été avertis pour mauvaise conduite. Motifs : un siège brisé à Poitiers, des index levés toute une soirée, du Ricard absorbé dans le bus. Après la suspension, en cas de récidive, l’exclusion. Et ça ferait mal au porte-monnaie du banni car il ne pourrait plus bénéficier à Beaublanc des tarifs privilégiés pour les supporters. Jean-Louis se plaint que ses rapports avec Frédéric Forte manquent de chaleur mais, sur ce point, les deux hommes sont sur la même longueur d’ondes. « Il y a eu un incident l’année dernière – la personne incriminée n’était pas membre des Eagles – et ça été un peu compliqué contre Pau » raconte Forte. « S’il y a le moindre incident, ça ne me pose aucun problème de sortir la personne. Je ne voudrais pas arriver à l’extrémisme du foot anglais qui, pour éviter les incidents, a triplé le prix des places. Pour moi le sport, c’est jouer devant une salle pleine qui vibre. » D’ailleurs, le président du CSP a fait signer une charte de bonne conduite aux trois associations de supporters. « Un simple bout de papier » estime Jean-Louis Chanier. La tête de Turc des Eagles, c’est Laurent Sciarra. Ça tombe bien, il a rejoint cette année Pau-Orthez. L’Élan Béarnais, c’est toujours le meilleur ennemi des Limougeauds. La venue des Palois l’an dernier pour le compte de la Pro B a été une reconstitution grandeur nature des clasico des années 80 et
Le Horto Magiko du PAO • Le Horto Magiko, c’est l’hymne du Panathinaikos. Dans les textes, on y parle d’une herbe magique qui fait rêver du PAO. Les Eagles l’ont repris à leur compte mais sans avoir une traduction littérale ! Autre lien : si, la première année, les Eagles squattaient les places derrière un panneau de Beaublanc, ils sont montés tout en haut, à la porte 13, sachant que les ultras du Pana occupent dans leur salle la Gate 13. D’ailleurs, Jean-Louis est en contact via e-mail avec un certain Panayotis qui lui donne quelques tuyaux. C’est ainsi qu’à l’écoute du Horto Magiko version limougeaude, il lui a indiqué que le rythme était beaucoup trop rapide. Depuis les Eagles ont pris un tempo plus lent.
90. Les Eagles ont hué les joueurs, crié « anti-Béarnais ! » et couvert le discours de Didier Gadou d’une énorme bronca. Excessif ? Bien sûr. Mais tellement réconfortant dans un univers ouaté où le plus important, pour les privilégiés, est d’avaler en dehors du match un maximum de flûtes de champagne dans les salons VIP. Le classico, il n’existe plus vraiment qu’à Limoges. « L’année dernière, en allant à Pau, j’avais briefé les gens dans le bus. Genre, « si vous allez aux toilettes, faites-vous accompagner ! » J’avais créé une psychose » raconte Jean-Louis. « Il n’y avait plus rien. Et geste extraordinaire, quand on est parti, ils nous ont offert des sandwichs. Ils ne sont plus du tout concernés. »
“Ils ont cassé un
peu tout partout et ils ont fini menottés dans un fourgon.”
600 pour l’Euroleague ?
Au premier étage, le QG des Eagles.
Hervé Bellenger / IS
Le site des Eagles comptabilise chaque jour en saison plus de 300 visiteurs uniques. Il vient de faire peau neuve et on peut les découvrir en action notamment lors du fameux Horto Magiko. Les Eagles développent également leur merchandising et proposent dans leur catalogue un superbe autocollant pour les vitres arrière de voiture et un string à leurs couleurs. Aurélien Salmon, depuis quatre ans le parrain de ces supporters inconditionnels, vient les saluer dans leur repère systématiquement après chaque match à Beaublanc. D’autres joueurs et le coach Éric Girard l’ont imité. « Les gens mangent une pizza avec un petit verre de rosé. On n’est pas que des alcooliques qui viennent dans un bar » ironise Jean-Louis. Jean-Louis Chanier est forcément nostalgique des soirées titanesques au Berrichon où Greg Beugnot était au milieu des supporters jusqu’à pas d’heure. Et puis des grandes épopées européennes. Et si Limoges retourne un jour en Euroleague, il promet « on ne sera plus 300 mais 600. » Personne en France ne dit mieux. •
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PaNorama Des aGeNTs eN FraNCe
DÉNiCHeUrs, NÉGoCiaTeUrs, PLaCeUrs eT « CaroTTeUrs » « tOUte PeRsONNe eXeRÇaNt À tItRe OCCasIONNeL OU HabItUeL, CONtRe RÉMUNÉRatION, L’aCtIVItÉ CONsIstaNt À MettRe eN RaPPORt Les PaRtIes INtÉRessÉes À La CONCLUsION D’UN CONtRat ReLatIF À L’eXeRCICe RÉMUNÉRÉ D’UNe aCtIVItÉ sPORtIVe. » LA DESCRIPTION JURIDIQUE D’UN AGENT SPORTIF, EXTRAITE DU CODE DU SPORT. DERRIÈRE CES MOTS, QUI DISENT TOUT ET RIEN, UNE RÉALITÉ PLUS LARGE. PETIT VOYAGE DANS UN UNIVERS MÉCONNU ET POURTANT STRATÉGIQUE. Par Fabien FriCoNNeT
Au centre Pascal Levy, un des agents les plus présents en Pro A, à l’affut d’une nouvelle affaire ?
Jean-François Mollière
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«
C’est le mec un peu maquereau, le téléphone dans une main, son cigare dans l’autre, assis sur un fauteuil et qui essaye d’influencer d’un côté un joueur, de l’autre un club. Ça, c’est le cliché le plus répandu », s’amuse un agent, lui-même très loin de cette image d’Épinal. « C’est complètement éculé. Des gens comme ça ne tiendraient pas deux ans dans la profession. » Au 21e siècle, “l’agent FFBB“ ne répond à aucun portraitrobot précis. Il peut être un homme ou une femme (plutôt un homme toutefois). Il peut être jeune, entre deux âges, ou plus expérimenté. Il porte le costume ou le jean. Il vit dans de grandes agglomérations ou à la campagne. Il possède un portefeuille copieux ou seulement une poignée de joueurs. Il vit de son activité ou exerce une autre profession en parallèle pour faire le joint. « Il y en a qui essayent mais qui se rendent compte que ça n’est pas aussi facile qu’on veut bien le croire », nous explique un agent en vue. « Il ne s’agit pas de passer trois coups de fil et de prendre ton chèque », ajoute un autre membre de la caste. Et surtout, il n’est pas seul sur le marché. Loin de là. Ils sont 78 à posséder une licence FFBB. Tous, bien sûr, ne sont pas installés sur la Pro A (une grosse vingtaine) – mais sur la Pro B, le secteur féminin, etc. – et, nous le verrons, une grosse demi-douzaine d’intermédiaires se partagent une bonne partie du gâteau. La constante, c’est qu’ils sont des
Difficile de reprocher à un club d’entretenir des relations privilégiées avec un agent en particulier personnages indispensables et incontournables puisque les transactions dans lesquelles ils n’apparaissent pas sont quasi inexistantes (même si la loi permet de conclure un contrat sans agent, à condition que cela soit précisé dans ledit contrat). « Avant, les clubs pouvaient parler avec les joueurs, mais maintenant les agents sont la plaque tournante de toute l’intersaison », assure l’un d’entre eux. Ils n’influent pas sur la constitution et la hiérarchie du championnat, contrairement à une époque ou un nombre très limité “d’intermédiaires“ pouvaient faire et défaire des équipes, notamment avec leurs portefeuilles de joueurs français, mais ils pèsent sur un marché qu’ils maîtrisent et qui est devenu, depuis une quinzaine d’années, très volatile, avec l’ouverture des frontières (dans les deux sens) et l’inflation de l’offre (et de la demande, puisque les Français bougent beaucoup et la main d’œuvre étrangère pèse désormais grosso modo 50% des effectifs).
Les chasses gardées
Même s’il existe un “syndicat“ depuis 2003, l’AFAB (Association Français des Agents de Basket-ball), on ne peut pas parler de corporation. « C’est un boulot archi›››
Comsport
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Comsport
Le team Comsport célèbre pour placer des Français en NBA ou en WNBA. Ci-contre : Jérémy Medjana avec Sandrina Gruda et le même avec Kevin Séraphin et Bouna N’Diaye à la Draft 2010. En bas, de gauche à droite, le team au complet : Fred Pons, Florian Collet, Jérémy Medjana, Sébastien Raoul et Bouna N’Diaye.
La LiCeNCe ? DUr !
• Pour exercer la profession d’agent sportif en France, il est obligatoire d’obtenir la licence (FFBB dans le cas du basket), mise en place en 2003. Le précieux sésame est délivré une fois par an, au terme d’un examen. La licence est théoriquement valable pour un an mais, sauf en cas de violation, est renouvelée annuellement par tacite reconduction, sur une période de trois ans. Le programme est assez copieux puisqu’il exige des connaissances assez pointues en droit (des contrats, social, des assurances, fiscal, des sociétés, des associations). • L’épreuve se décompose en deux modules de deux heures (à base d’analyse de cas pratiques) et les candidats, pour obtenir la licence, doivent afficher la moyenne à chacun des deux modules. Pas donné ! « L’examen s’est durci avec les années. Au début, c’était un peu cadeau mais ça n’est plus le cas », juge un agent. « Est-ce qu’il est utile ? C’est pas utile, c’est nécessaire ! C’est important d’avoir des garanties sur quelqu’un qui gère ta carrière. »
Comsport
F.F.
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D.R.
Jean-François Mollière
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Quatre agents incontournables du basket français : François Torres, Nicolas Paul, François Lamy et Pascal Levy.
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concurrentiel, sans aucune solidarité et aucune volonté de rapprochement quelle qu’elle soit », tranche un représentant de joueurs. « C’est un milieu de requins », décrit un autre. « C’est la chasse aux joueurs. Tu t’entends bien avec tout le monde, jusqu’au jour où il y a un contentieux. Après, si on te pique un joueur, alors là c’est la porte ouverte… » Ainsi donc, pas de pacte de non agression, comme on aurait pu l’imaginer ? « Il y en a eu mais ils ont volé en éclat », souffle un intermédiaire. « Tu as parfois des bonnes relations personnelles avec certains, qui peuvent avoir été établies avant d’être agent, mais globalement les bonnes relations sont feintées. » Un peu comme dans la plupart des jobs, quoi… « Les chapardeurs qui sont reconnus comme tels, qui sont sans foi ni loi, qui sont des menteurs invétérés… On observe qu’il y a une sélection naturelle et que ceux-ci se tirent régulièrement des balles dans le pied. »
et Zerbo). Au CSP, Xavier Séverin a placé cette saison trois joueurs (Wright, Massie et Biggs) en plus de Souchu, qui était déjà au club. À Vichy, Yorick Hachemi est très actif (Brower, Sumpter, Reid et Elegar). À l’ASVEL, le Serbe Predrag Materic, par ailleurs représentant d’Ali Traoré, est l’agent de Lacombe, Bogavac et Zizic. Et à Poitiers, François Lamy est omniprésent : Gunn, Devehat, Costentin, Younger, Guillard et Gomez.
Le bon agent et le mauvais agent
Rien d’infamant ni de répréhensible. C’est même presque logique. Acheter un joueur n’est pas neutre et le facteur confiance joue à plein. Difficile de reprocher à un coach, un GM ou à un club d’entretenir des relations privilégiées avec un agent en particulier dès lors que celui-ci a fait la preuve de son flair et de sa fiabilité. Car il est important de
« C’est un boulot archi-concurrentiel, sans aucune solidarité et aucune volonté de rapprochement » Pas de pacte de non agression mais des chasses gardées. « Des totales exclusivités, ça n’existe plus », constate l’un des agents. « Il y en a eu et les clubs les ont payées. Mais des chasses gardées, il en reste. » Nicolas Paul a placé quatre joueurs à Cholet (Falker, Causeur, Duport et Houmounou), trois d’entre eux venant du Havre, où l’agent est implanté. Nicolas Paul “a“ d’ailleurs cinq joueurs au STB (Cox, Jones, Pitard, Pope et Wilkinson), en plus du coach. Le facteur géographique joue ainsi à plein. Au Havre, Paul a côtoyé Christian Monschau, désormais à Gravelines, où l’agent en question est très présent (trois joueurs : Jomby, Johnson
comprendre que la fonction d’agent a énormément évolué et tend à couvrir en partie – et de plus en plus – celle de “scout“ ou “d’aide au recrutement“. « Je fais le distinguo entre deux boulots », pose un agent. « Il y a une profession de représentation et une profession de placement. Le boulot a changé. C’est devenu du conseil, beaucoup plus qu’avant. Il y a de moins en moins de réelle négociation parce que tu connais à l’avance les prix et tout ça. Tu as peu de marge de manœuvre. Là aussi c’est un peu une image d’Epinal de voir l’agent marchand de tapis, qui négocie. On est dans un marché très limité, la marge est ›››
D.R.
Jean-François Mollière
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GaRDe-FOUs « L’affaire Rose ? Elle n’a pas nui à notre profession. Au contraire, ça a été le départ d’un assainissement », nous explique un agent, à propos de la condamnation de son “confrère“ Didier Rose, omniprésent sur le marché dans les années 80 et 90, et dont il a été reconnu par la justice qu’il avait été “dirigeant de fait“du Limoges CSP, ce qui avait précipité la chute du château de cartes limougeaud. « Ça a peut-être un petit peu nui à l’image mais, de toutes façons, elle est un peu noire d’emblée. En externe, c’est une profession qui est haïe. » L’affaire Rose n’a pas changé les règles du jeu car le durcissement de la loi, qui ne touche pas que le basket, était dans les cartons. Le législateur a couché sur papier (Code du Sport) des garde-fous qui paraissent a priori logiques mais dont il était sans doute bon qu’ils soient entérinés. Voici, sans exhaustivité, quelques-unes des choses qui sont interdites aux agents. - Exercer une activité au sein d’une fédération sportive (ou d’un organe qu’elle a constitué). - Être actionnaire, dirigeant ou entraîneur, de droit ou de fait, rémunéré ou bénévole,
d’une association ou société employant des sportifs ou organisant des manifestations sportives. Et s’il a exercé ces activités, l’agent doit les avoir cessées depuis un an pour jouir de sa licence. - Être associé, au sein de sa société d’agent, à une association ou société employant des sportifs ou organisant des manifestations sportives ; ou à une fédération sportive. - Être associé, au sein de sa société d’agent, à des sportifs ou entraîneurs pour lesquels l’agent peut exercer son activité. - Avoir été l’auteur de faits ayant donné lieu à condamnation pénale pour « agissements contraires à l’honneur, à la probité ou aux bonnes mœurs. » - Avoir été frappé de faillite personnelle ou d’une des mesures d’interdiction ou de
Le sulfureux Didier Rose, agent omniprésent dans le basket des années 80 et 90.
Pascal Allée / Hot Sports
Les iNTerDiTs
déchéance répertoriées par la loi. - Être rémunéré par les deux parties (joueur et club). - Exiger une rémunération supérieure à 10% du montant total du contrat. F.F.
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Quelques stars de la Pro A : Bernard King (Le Havre), Marquez Haynes (Chalon) et Chris Massie (Limoges).
CHeZ QUi soNT Les « sTars » ? Agent
1 Rick Hughes
Hyères-Toulon
François Lamy
2 Bernard King
Le Havre
Anthony Rose
3 Marquez Haynes
Chalon
François Lamy
4 K.C. Rivers
Roanne
François Lamy
5 Chris Massie
Limoges
Xavier Séverin
6 Pape-Philippe Amagou
Roanne
Pascal Levy
7 Lamont Hamilton
Paris Levallois
Olivier Mazet
8 Samuel Mejia
Cholet
François Lamy
9 Matt Walsh
ASVEL
Comsport
10 Yannick Bokolo
Gravelines-Dk
Comsport
Le Top 10 à l’évaluation en Pro a* Joueur
Équipe
Agent
1 Chris Massie
Limoges
Xavier Séverin
2 Rick Hughes
Hyères-Toulon
François Lamy
3 Matt Walsh
ASVEL
Comsport
4 Bernard King
Le Havre
Anthony Rose
5 Joseph Jones
Le Havre
Nicolas Paul
6 Yannick Bokolo
Gravelines-Dk
Comsport
7 Davon Jefferson
ASVEL
Comsport
8 Akin Akingbala
Nancy
Nicolas Paul
9 Tremmell Darden
Nancy
François Lamy
10 Lamont Hamilton
Paris Levallois
Olivier Mazet
Le Top 5 des Français à l’évaluation* Joueur
Équipe
Agent
1 Yannick Bokolo
Gravelines-Dk
Comsport
2 Alain Koffi
Le Mans
Predrag Materic
3 Andrew Albicy
Paris Levallois
Ayité Ajavon
4 Pape-Philippe Amagou
Roanne
Pascal Levy
5 Adrien Moerman
Orléans
Pascal Levy
(*) Après sept journées.
Jean-François Mollière
Équipe
Jean-François Mollière
Le Top 10 des marqueurs Pro a* Joueur
›››
infime. Sur les joueurs étrangers, certes tu représentes des agents étrangers (*), mais surtout tu as des clubs qui t’orientent sur une recherche spécifique, un profil précis, et tu cherches. C’est un job technique, qui demande une vraie connaissance des joueurs, et pas que des joueurs étrangers. Tu dois connaître le mode de fonctionnement des coaches, le contexte au club. C’est un vrai boulot de chasseur de têtes. » La négociation serrée intervient plutôt en cas de rupture de contrat. « C’est de l’humain donc il faut une énorme part de chance, de réussite, de beaucoup de paramètres… Il faut avoir des relations très constantes avec les clubs. Avec certains, tu as des relations quasi quotidiennes. Pas pour de l’interventionnisme mais dans de l’échange, pour connaître le championnat, connaître la vie d’un groupe, les phases. Tu te renseignes. » Enfin ça, c’est dans l’idéal. « Placer le bon joueur dans la bonne équipe, c’est l’objectif du bon agent, mais récupérer 10% ça incite certains à vendre n’importe quel joueur à n’importe quelle équipe », s’amuse un autre intermédiaire. On l’a dit, le marché est “globalisé“, il faut chasser les têtes un peu partout. « La mondialisation du basket est évidente, à l’import comme à l’export, et cela a rendu le rôle des agents plus important », explique l’un d’entre eux. « La volonté des jeunes joueurs français aujourd’hui est de s’exporter, ils ne rêvent pas d’ASVEL ou de Pau. La réussite d’un joueur
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Les 78
Pascal Allée / Hot Sports
« aGeNTs FFBB* »
français se mesure maintenant à son export. Et à sa réussite financière. C’est un reflet de ce qu’est devenue la société. »
Chacun sa spécialité
Mais qui sont, au juste, les agents-phares en Pro A ? Le leader est l’agence Comsport, celle de Bouna N’Diaye, qui a également un entregent considérable en NBA. Comsport aligne quelques noms qui font briller les yeux : Bokolo, Issa, Diot, Edwin Jackson, Walsh,
Fortement implanté, Nicolas Paul travaille avec Falker, Causeur, Cox, Jones, Sommerville, les frères Greer, etc. Une grosse quinzaine de pointures. Fort joli aussi le portefeuille de Pascal Levy, très français, avec Diarra, les frères Kahudi, Desroses, Moussa Badiane, Pellin, Moerman, la paire infernale de Roanne Amagou-Diabaté, etc. Une référence chez les JFL. Outre le clan serbo-croate de Peja Materic (Avdalovic, Zizic, Bogdanovic, Bogavac), on trouve aussi
Pas de pacte de non agression mais des chasses gardées Jefferson, Amara Sy, Sene, mais aussi Curti, Tchicamboud, Sangaré etc. Une grosse vingtaine de joueurs en vue, notamment chez les JFL. Et un leadership sur les gros salaires. Le catalogue de François Lamy est également très imposant. Positionné en priorité sur les joueurs américains, le Brestois représente Mejia, Haynes, Hughes, Krupalija, Batista, Hammonds, Mims, Darden, Gunn, Rivers, entre autres. Rien que ça ! Mais aussi Evtimov, Younger, Gordon, Digbeu et une bonne partie des Français de Poitiers. Sur le marché US, on trouve également Yorick Hachemi, agent de Schilb, Houston, Reid, Flowers, Moss, Reynolds, Hawkins, etc. Une douzaine de bons pros.
“chez lui“ Nelson, Lang, Koffi, Tanghe et Lacombe. « Mais tel agent peut perdre tel joueur », prédit un agent. « Quand un joueur change de club, il peut parfois ne plus rester avec le même agent… » Le quotidien d’une profession où il ne fait pas bon rester les bras croisés… l (*) Auquel cas l’agent étranger (l’agent “original“) et l’agent français (l’agent “pour la France“) se partagent les 10% de commission, selon un accord qui leur est propre, mais qui est généralement du moitié-moitié. C’est parfois dans ce “passage de main“ que les “chapardages“ interviennent.
• Ayité Ajavon • Guillaume Althoffer • Franck Aulagnier • Philippe Beikes • Damien Bellay • Christophe Bergez Au Maire • Claude Berraud • Nicolas Bonnet • Florian Brisot • Maud Brochot • Joseph Bronde • Laurent Cabut • Vincent Chamoulaud • Hubert Cocquerez • Éric Conti • Miloud Dahine • Gilles Dao • Sébastien Dekeirel • Marc Michel Desmazon • Matthieu Dodelin • Stéphane Dray • Georges Dubernat • Julien Durecu • Guillaume Durey • Damien Dussault • Thierry Edoa • Cyrille Ekambi-Manga • Olivier Falla-Etzol • André Fischer • Christophe Gardette • Yorick Hachemi • Frédérik Joly • Ahmadou Keita • Zeljko Kiauta • François Lamy • Alain Larrouquis • Frédéric Laurent • Christophe Le Cam • Pascal Levy • Hirant Manakian • Zdenko Marasovic • Josep Martin Ruiz • Predrag Materic • Georges Matijasevic • Olivier Mazet • Jérémy Medjana** • Fatou Meite • Fabien Miel • Christelle Mijoule • Bouna N’Diaye** • Evariste Ndembi Ndombasi • Djibril Niang • François Nyam • Nicolas Paul • Victor-Emmanuel Paulin • Chris Pearson • Dragan Percevic • Alexander Petrovic • Maik Prime • Sébastien Raoul • Anthony Rose • Richard Rousselet • Philippe Ruquet • Didier Salvat • Philippe Savelli • Xavier Severin • Craig Spitzer • Mounir Tall • François Torres • Julien Tsoungui • Betty Uroz • Jean-Noël Wolff • Acmt (Alain Manakian) • Aires (Olivier Ruiz) • Anypex (Thomas Besnier) • Asporia 15 (Jean Vandevelde) • Basket Plus International (François Torres) • Manage&Co. (Wassim Boutanos) (*) : Détenteurs de la licence d’agent FFBB. Classés par ordre alphabétique. (**) : Société Comsport.
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DU CÔTÉ DE CHEZ • maxi-basket 23
“
À Chalon, je suis épanoui
”
Du côté de chez…
STEED
TCHICAMBOUD STEED, C’EST D’ABORD UN MEC SOURIANT, À LA BONNE HUMEUR CONTAGIEUSE. DE LA N1 EN 2003 AU ALL-STAR GAME CINQ ANS PLUS TARD, SA TRAJECTOIRE EST UNIQUE. OUTRE SES QUALITÉS DE BASKETTEUR, SON MENTAL INDÉFECTIBLE N’A PAS ÉTÉ POUR RIEN DANS CETTE MONTÉE EN PUISSANCE. DÉSORMAIS POSÉ À CHALON, LE CLUB DE SES DÉBUTS POUR UN BAIL LONGUE DURÉE, IL SE DÉVOILE. Propos recueillis par Antoine LESSARD • Photo Jean-François Mollière
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CÔTÉ COUR
Tes débuts À Corbeil-Essonnes. Un jour, à la fenêtre de ma maison, je vois passer un copain qu’on appelait “mini-pouce“. Il me dit qu’il va au basket. Cela a commencé comme ça. J’avais 10 ans. J’ai vu que j’avais des capacités, peut-être pas pour devenir pro mais je savais que j’avais des capacités par rapport à certains. J’ai été surclassé en cadets. C’est à ce moment-là que je me suis posé au poste de meneur. Je suis resté à Corbeil jusqu’à mon départ en espoir.
Keith Gatlin, le meneur de Chalon. J’étais en admiration. Il a dicté toute ma lignée de meneur. Aujourd’hui, les espoirs ne restent pas pour regarder l’entraînement des pros. Moi, j’étais là, je le regardais tous les jours. Et puis Sacha Giffa m’a pris sous son aile. Mon plus gros souvenir à Chalon, en tant que spectateur, la victoire en demi-finale de Saporta contre Valence à la Maison des Sports. J’ai cru que j’allais pleurer. J’étais également du voyage pour la finale contre Maroussi. J’avais eu droit à ma médaille.
Dominique Juillot
Rodrigue Beaubois
J’étais en famille d’accueil chez lui. Cela a été comme une deuxième famille pour moi. Ils m’ont éduqué. Il faut dire que je sortais de la cité de Corbeil-Essonnes, les Tarterêts, c’était un peu chaud. Depuis, j’ai toujours gardé contact avec eux. Et à chaque fois que j’ai signé quelque part, j’ai demandé conseil à Dominique Juillot. Il a un peu dicté ma carrière. Je savais qu’un jour, j’allais revenir, pour leur rendre tout ce qu’ils m’avaient apporté (…) S’il devient président de la ligue, je pense qu’il gardera toujours un œil sur le club.
Le petit Beaubois, je l’avais déjà vu du coin de l’œil. Il commençait à monter à l’entraînement mais, physiquement, il n’était pas encore là. À la fin de l’année, il a compris qu’il fallait jouer physique avec moi et comme athlétiquement, il était un peu plus haut que moi, j’avais un peu de mal avec lui. Et Erman ne cessait de me répéter « le petit, il va prendre ta place, attention ! ». Cela me mettait la pression. J’étais obligé de donner le meilleur de moi.
J’ai fait des tests à Dijon. Mais à l’époque, il y avait Pacc' Morlende. C’était impossible de jouer derrière lui. Il était très loin devant par rapport à moi. À Limoges, c’était Willy Sénégal et Zaka Alao. Ils avaient déjà des années de centre de formation. Et puis Chalon m’a dit que Samuel Saint-Jean (le frère de Tariq Abdul Wahad) partait. Je me suis bien plu dans cette ville.
Le joueur qui t’a marqué à tes débuts
Né le 18 juin 1981 à Clichy-la-Garenne • Taille : 1,93 m • Poste : Meneur • Clubs : Chalon (99-02), Autun (N1, 02-03), Saint-Quentin (Pro B, 03-05), Châlons-en-Champagne (Pro B, 05-06), Cholet (06-08), Nancy (08-10), Chalon. International en 2008 (16 sélections). • Palmarès : Vainqueur de la Semaine des As 2008 All-Star Pro A en 2008 et 2009 (MVP) • Stats 2010-11 : 9,5 points à 46,3%, 25,0% à 3-pts, 3,5 rebonds, 4,8 passes en 29 min (6 matches)
Premiers pas en Pro A J’avais faim, j’avais perdu trop de temps ! Dans les trois premiers mois à Cholet, je voulais devenir premier meneur et j’insistais auprès de Ruddy Nelhomme. Tyson Wheeler (le meneur US de Cholet) revenait d’une blessure au tendon d’Achille, il ne pouvait pas avancer. Je lui rentrais dedans. Je m’entraînais bien. Et à côté de moi, je vois un petit Blanc, Nando De Colo. Il sortait de nulle part et il défonçait Norman Richardson ! Je suis rentré dans le cinq, contre Le Havre, le jour où Ruddy a été coupé. Les Ricains jouaient un peu pour leur gueule et les Français bouchaient les trous. Il y avait deux clans. Et puis Erman Kunter est arrivé, il a observé l’équipe pendant deux matches. Le lundi suivant, il nous convoque et nous donne sa vision des choses. « Si le petit Séraphin peut jouer, je le ferai jouer. » Séraphin était en cadets 2. Pression directe ! Dès le match suivant, il nous met avec Nando dans le cinq. À la trêve de noël, il a dit texto aux Américains : « J’appellerai ceux qui reviendront en France. » Avec Erman Kunter, j’ai appris ce qu’était le professionnalisme, la pression. Si tu joues mal, il te remplace, peu importe qui tu es. Il me rentrait dedans mais je savais que c’était pour mon bien. À chaque fois que j’ai fait une bonne saison, il y a eu un truc avec le coach. François Péronnet, Erman et maintenant Greg Beugnot.
Espoir à Chalon
Repères
Jean-Paul Landu, Rochel Chery, Karim Ouattara…On sortait tous ensemble, on allait faire du paint-ball avec le coach, il n’y avait jamais d’embrouille. Je n’ai jamais connu ça ailleurs. On est allé jusqu’en finale contre Orléans.
“ON NE M’A PAS FAIT SIGNER LA CHARTE, CELA VEUT TOUT DIRE.”
Ton départ de Chalon en 2002 Ça a été un coup très dur. Je signe mon premier contrat pro pour la dernière année de Philippe Hervé (2001-02). Je joue un petit peu et une blessure à la cheville m’écarte des terrains pendant 4-5 mois. Mais je reviens et reprends ma place parmi les meilleurs espoirs du championnat. Mon coach espoir, Manu Schmitt, devient coach des pros, et m’annonce qu’il a décidé de ne pas me garder. Qu’il prend Thabo Sefolosha et Mickael Mokongo pour jouer meneur avec Laurent Pluvy et Stanley Jackson. Je tombe des nues. J’avais mon contrat, je voulais rester, c’était hors de question pour moi d’aller jouer à un niveau inférieur. En plus, je venais juste d’avoir mon gosse. Mais j’ai été obligé de m’entraîner avec les espoirs. Je ne touchais même pas l’équipe pro d’un doigt ! La situation était intenable. Et j’ai fini par partir pour Autun, le club le plus proche. J’en veux encore à Manu Schmitt, parce que tout ce que j’ai acquis aujourd’hui, j’aurais pu l’acquérir bien plus tôt.
Meilleur souvenir La Semaine des As en 2008. Après tout ce que j’ai traversé, ma descente en N1, les blessures, gagner un titre…
Pire souvenir Les ligaments croisés à Brest avec le SQBB, début 2004. J’ai travaillé comme un dingue, à Cap Breton, cinq mois pour revenir. Depuis, pas de problème. Si ce n’est que Greg me dit que je ne sais pas courir, que je ne lève pas assez les genoux (rires).
Nancy Jean-Luc Monschau m’a beaucoup appris sur la lecture de pickand-roll. La première année, c’était très difficile parce qu’on avait beaucoup de talents, peut-être trop. On n’arrivait pas à s’auto-gérer. Tout le monde voulait manger et, en tant que meneur arrivant dans l’équipe, c’était difficile. Mais je garde un très bon souvenir de l’Euroleague. J’ai été scotché par le collectif des équipes, obnubilé par Barcelone. J’aimerais bien y revenir avec Chalon.
Tes années de purgatoire en N1 et Pro B
Retour à Chalon
Dans ma tête, je voulais remonter quoi qu’il arrive. J’ai beaucoup travaillé mon shoot à Saint-Quentin avec l’assistant d’Olivier Hirsch, Mustapha El Hafidi, mais peu gagné en expérience. C’est la dernière année, à Châlons-en-Champagne, avec François Péronnet, que j’ai commencé à apprendre les bases du meneur. Oui, c’est la saison charnière. Je n’ai jamais connu une meilleure année. On venait tous du même milieu. Samba Dia,
Il y a eu le critère familial. Ma femme est de la région. Elle a assez bourlingué avec les enfants. Ici, elle est épanouie. C’est pas mal aussi pour les petits qui voient leurs grands-parents. Il y a eu aussi le choix sportif. Cela me faisait mal de voir le club que j’avais connu 4e de Pro A à ce niveau-là. J’aurais pu jouer dans d’autres gros clubs comme Orléans ou Le Mans, mais c’était un challenge d’essayer de remonter le club, de faire une coupe
DU CÔTÉ DE CHEZ • maxi-basket 25 d’Europe, d’installer Chalon dans le Top 6 du basket français. Cela peut le faire. Pour l’instant, il n’y a pas d’individualisme. Tout le monde est préoccupé par les résultats, plus que par ses stats. Je connais tout le monde dans le club, la ville, les partenaires. Oui, je suis épanoui.
Un regret Aucun. J’ai fait une très bonne carrière. Je suis toujours allé vers le haut. Et là, c’est un retour aux sources. Tous mes choix ont été les bons.
Tony Parker Le soir de son arrivée en équipe de France (en 2008), il vient me voir. « On m’a dit dans le basket français que tu avais la grosse tête. » Je lui réponds « On m’a dit la même chose sur toi, qu’on ne pouvait pas te parler.» Il m’a dit « Ok, c’est comme ça, alors on se met dans la même chambre. » Cela a commencé comme ça. Je n’ai jamais vu un gars plus simple que lui. Dans son camp, il est super avec les gamins, il n’a pas du tout la grosse tête. Comme quoi les a priori. Je l’ai vu avec ses frères chez lui à San Antonio, il existe toujours un esprit de compétition entre les trois, c’est n’importe quoi. Ils n’arrêtent pas de se chambrer ! J’essaie d’inculquer cet esprit de compétition à mes enfants.
L’équipe de France On ne m’a pas fait signer la charte, cela veut tout dire. Oui, c’est une déception. Je ne peux qu’accepter les choix du sélectionneur. Vincent Collet a ses joueurs en tête. Dans ce cas-là, c’est dur d’inverser la tendance (…). Il y aura un bon groupe cette année si Beaubois peut jouer mais ça va être chaud à cause de ses blessures. J’aurais bien aimé le voir à côté de Tony. Avec Diot et le petit Albicy, on est armé au poste de meneur.
Ton cinq de potes Tony Parker, Rochel Chery qui joue à Lille, Samba Dia (Dijon), Stephen Brun et Sacha Giffa. J’ai rencontré Stephen Brun en équipe de France et on a sympathisé à Nancy. J’avais entendu tout et n’importe quoi sur lui. En équipe de France, c’était un fou. Son passage en Croatie l’a fait réfléchir. À Nancy, c’était une crème. Je l’appelle mon BasketNews .
Un joueur pour qui tu paierais ta place Kobe. Mais le Kobe en finale ou dans les matches importants, qui sort des trucs de fou.
Un coéquipier avec qui il ne faut pas partager sa chambre Stephen, il pète tout le temps et il est content !
Ton adversaire le plus coriace John Linehan en défense, Jaka Lakovic en attaque. Une petite phrase a été détournée : « je n’ai rien à envier à Lakovic », mais je n’ai pas dit ça ! J’ai dit exactement que je n’avais pas peur de lui, que si tu commences à avoir peur, tu ne peux pas jouer.
Une salle La maison des Sports à Chalon et Abdi Ipekci avec l’équipe de France en 2008 contre la Turquie. Rien qu’à l’échauffement des Turcs, il y avait déjà un boucan terrible quand Tunceri marquait des lancers-francs.
Une habitude avant un match Je vais voir jouer mon fils le samedi à 13h30, chaque fois qu’on joue à la maison. Il a 8 ans et est surclassé en poussins. Ça ne veut rien dire mais il a déjà deux ans d’avance.
Ton mental Je n’ai jamais douté de moi. Même s’il y a eu des moments difficiles, je savais que j’allais remonter. >>>
Une lacune dans ton jeu La gestion. C’est ce que je suis en train de travailler cette année avec Greg Beugnot. Avant, je rassurais mes coéquipiers par mon jeu. Greg me demande de les rassurer par ma voix, d’être un leader vocal. À l’entraînement, il me le répète à chaque fois. De m’imposer davantage.
Steed sous le maillot de l'équipe de France en 2008 (en haut), avec Chalon (en bas).
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CÔTÉ JARDIN L’un ou l’autre • Euroleague ou NBA ? Euroleague. • Défense ou attaque ? Défense. • Jour ou nuit ? Nuit. • Console ou tarot ? Console. • Facebook ou Twitter ? Facebook. • Beugnot ou Kunter ? (Rires) Là je ne peux pas. Les deux.
À l'époque de Nancy.
Petit, tu rêvais d’être
Ta famille
Dans l’armée. Si je n’avais pas fait de basket, c’était l’armée direct. Un truc physique. J’avais besoin de me défouler.
Ma femme et mes trois enfants (Jayson 8 ans, Honey 5 ans et Djelany 1 an et demi), c’est ma vie, mon oxygène. Sans eux, je meurs.
Ton enfance Très bonne, une bonne complicité avec mes cinq frères et sœur. On vivait dans un quartier très chaud. Ça te donne la gnac, l’envie de réussir. Oui, j’aurais pu mal tourner. J’ai fait quelques conneries. Si je n’avais pas eu Chalon à cette époque-là, je serais comme mes copains aujourd’hui, en prison ou à galérer dans la cité. C’est certain. J’étais le seul de la famille comme ça. Tous les autres ont fait des études, des écoles. J’étais en STT, et dès que j’ai signé mon contrat pro, je ne suis pas allé au bac.
Ta plus grosse bêtise à l’école En CM1, j’ai dit à tous mes camarades qu’on n’avait pas école le lendemain, et personne n’est venu. Mes parents ont été convoqués. J’étais le rigolo de la classe.
Ton premier job Je n’ai jamais travaillé. C’est chaud, hein !
Une journée sans basket Famille et Playstation.
Ton plus gros défaut Le manque de concentration.
Une expression De sourd. Par exemple, il est bon de sourd ! (Il est très bon) J’ai faim de sourd !
Ton principal trait de caractère Joyeux. J’aime bien mettre l’ambiance. Là, tu peux compter sur moi.
Ta philosophie Toujours tout anticiper, que ce soit dans le basket ou dans la vie. Comme cela, tu n’as jamais de problème. C’est Philippe Hervé qui m’avait dit cela, de toujours anticiper. Depuis j’anticipe tout. En ce moment, j’anticipe que le groupe va être beaucoup sollicité par les journalistes et qu’il ne faut pas prendre la grosse tête. Personnellement, j’aimerais devenir coach plus tard. Je suis en train de passer mes diplômes. Pour mes enfants, anticiper leur avenir. Mon fils est à fond dans le basket. Je vais tout faire pour qu’il y arrive. Je lui apporte tout ce que je n’ai pas pu avoir étant petit par rapport au basket. Bientôt, il va faire de l’athlétisme. Athlétiquement, il sera hors norme. Je lui apprend à shooter, à placer ses appuis. Beaucoup de mental. J’anticipe pour que plus tard, il soit bien.
Ce qui te fait rire Greg. Quand il a quelqu’un dans le collimateur à l’entraînement, il sort des trucs ! En début de saison, il a sorti à un arbitre : « Tu es aveugle ou quoi ? Tu es sponsorisé par Afflelou ? ». Déjà que la concentration, c’est chaud, alors quand il sort des trucs comme cela. En préparation, JBAM avait du mal à courir. « JBAM, tu viens en pirogue ou quoi ? ». Maintenant, il est passé au petit bateau à moteur.
Ce qui te fait pleurer Pas beaucoup de choses. Si mon fils va un jour en NBA, là je pleurerai. Déjà, lorsque Rodrigue a été drafté au 1er tour, franchement c’est monté.
Ce qui t’empêche de dormir Un mauvais match de l’équipe. Peu importe ma performance individuelle. Si on gagne, je dors bien.
La pire chose entendue à ton sujet Que j’avais la grosse tête.
Ta plus grande peur Perdre quelqu’un de ma famille (Steed a perdu l’une de ses sœurs, en 2007).
Ta plus grande joie La naissance de mes enfants.
Le plus beau compliment entendu à ton sujet Que j’avais de beaux enfants. On me le dit tout le temps.
Ton péché mignon La Playstation, je passe trop d’heures, tu ne peux pas savoir. Je veux toujours être le meilleur. Et pour être le meilleur, il faut que j’y passe du temps. Je joue à Call of Duty avec un de mes frères qui y joue beaucoup en réseau.
DU CÔTÉ DE CHEZ • maxi-basket 27 Avec Ilian Evtimov et Joffrey Lauvergne aussi. Et puis à NBA 2K, Pellin, je lui mettais la misère l’année dernière. Xane d’Almeida, Samba Dia, Rochel Chery, idem. Je leur ai tous mis la misère. C’est la compétition.
Ma voiture, 70.000 euros. Beaucoup de gens la trouvent très bien. C’est un 4x4 hors norme, que j’ai acheté dès que j’ai signé un gros contrat à Nancy. Un monstre avec jantes de 22 pouces, des extensions d’ailes, un truc de fou à l’intérieur. C’est Claude Marquis qui m’avait donné cette envie. À l’époque, il avait une BM série 6 qu’il avait bien équipé. Maintenant, il a une série 7 (…) Je n’ai pas de problème avec l’argent. C’est ma femme qui gère. Je suis très dépensier.
Qu’un de mes fils aille en NBA.
Un super pouvoir Le pouvoir de revenir en arrière. Gommer tout ce qui n’a pas été bien fait. Dans la vie ou dans les matches.
Une lecture Des magazines, BasketNews, et toutes les conneries que ma femme achète. Closer, Voici…
Ta dernière folie
Un rêve que tu veux accomplir
des expériences sur les êtres humains. Une sorte de X-Files nouvelle génération.
Dans ton I-Pod Hip Hop, R’n’B, Zouk et de la bonne House. Avant le match, pour bien méditer, j’écoute du Zouk ou Rick Ross.
Un voyage inoubliable
“TOUJOURS TOUT ANTICIPER, DANS LE BASKET OU DANS LA VIE”
Cet été, la première fois que j’ai emmené mes deux garçons aux États-Unis voir leur tante. Ma famille des États-Unis vit à Atlanta. Mais c’était chiant avec le petit qui a un an et demi. À Roissy, notre vol a été annulé, on a dû attendre 5 heures. Sinon, chaque année, on part avec les familles Bisseni et Giffa. Nos enfants ont tous à peu près le même âge.
Si tu étais • Une femme ? Ma femme. J’admire tout ce qu’elle me donne et ce qu’elle fait pour nos enfants. • Un personnage de fiction ? Iron Man. • Un sportif ? Michael Jordan. • Une ville ? Atlanta. • Un jour de la semaine ? Le samedi, parce que j’aime le game time ! • Une odeur ? Celle de ma femme. • Un son ? La voix de mes enfants. • Un sentiment ? L’amour.
Trois objets à emporter sur une île déserte Ma Playstation, ma télé pour y jouer et mon téléphone.
Une réforme politique Mettre tout le monde, riches ou pauvres, Noirs, Jaunes, Blancs sur un pied d’égalité.
Ce que tu refuserais de faire même pour 10 millions d’euros Vendre ma famille.
Ton film culte Malcolm X. Tous les films de Denzel Washington en fait, et ceux de Will Smith. J’aime bien tout ce qui est futuriste, mais aussi ce qui est ancien, du style Troie, Gladiator.
Trois personnes avec qui dîner
Une série télé
Toi dans 10 ans
Fringe, une série sur deux mondes parallèles conseillée par Nicolas Lang. On suppose que le gouvernement fait
Coach ou être derrière mon fils. Pas autre chose. Toujours dans le basket. •
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(Il cherche longuement) Ma femme, Michael Jordan et ma sœur qui est décédée. 1. La Playstation 2. Iron Man 3. Fringe 4. Atlanta 5. Malcolm X, avec Denzel Washington 6. Michael Jordan
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Photos : D.R.
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BCM Gravelines-Dunkerque
INTÉRIEUR
SPORT
Vous avez toujours voulu savoir comment vivait un club pro de l’intérieur ? Ça tombe bien, le BCM Gravelines-Dunkerque a bien voulu nous ouvrir ses portes à l’occasion du match contre Poitiers pour le compte de la 6e journée. Une immersion en imageS dans les coulisses d’un club de basket professionnel, sur fond de Bienvenue chez les Ch’tis. Par Florent de LAMBERTERIE, à Gravelines • Reportage photos par Jean-François MOLLIÈRE
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VEILLE DE MATCH
Lundi 8 novembre au Sportica, vers onze heures du matin. Sous l’œil scrutateur de Christian Monschau, les Gravelinois révisent leurs gammes en vue du jour J (1). Dounia Issa s’impose face à Mike Fraser alors que Ben Woodside est absent. Malade toute la nuit, il est resté à la maison, histoire de récupérer. Rudy Jomby, lui, n’a pas eu cette chance et c’est entre les mains de Yohann Casin (2) – le kiné du club qui travaille à temps plein avec le BCM – que l’ailier souffre pour une séance d’étirements bien musclée. Comme il a bien travaillé, Rudy aura droit à une bonne trempette dans le jacuzzi (3). Juby Johnson (4), quant à lui, reste de glace tandis que Dounia Issa est parti faire un peu de rab en salle de muscu (5). Pendant ce temps-là, les deux coaches Christian Monschau et Christophe Millois (6) peaufinent les stats. Le BCM est prêt à accueillir Poitiers.
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JOUR DE MATCH
Petite revue de presse pour Hervé Beddeleem dans les bureaux du club (1). Comme chaque jour de match, le direx est toujours un peu tendu. L’ambiance est plus décontractée en revanche chez Jeff Greer (2), qui défie son fils Aiden sur console. Le père et le fils termineront finalement sur un match nul, avec 21 shoots rentrés sur 30. De bon augure avant de partir à la salle. Non loin de là, dans leur quartier général adossé au Sportica, les “Loups de Mer“ se chauffent la gorge autour d’un demi de houblon ou d’un ballon de rouge (3). Depuis 21 ans, la fanfare nordiste accompagne le BCM à domicile. D’abord dans les tribunes puis sur le terrain, où ils descendent jouer l’hymne à Cô-Pinard les soirs de victoires. L’atmosphère est nettement plus concentrée dans les vestiaires des locaux (4), quelques minutes avant de pénétrer dans l’arène où le “6e homme“ – l’un des deux kops de supporters – attend impatiemment ses héros (5).
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LE MATCH
C’est le troisième match de la saison à Sportica et ce soir, la salle est pleine pour recevoir Poitiers. Chaleureux mais vétuste, le chaudron nordiste et ses 3.043 places appartiendront bientôt au passé puisque le BCM attend impatiemment son déménagement à Dunkerque, où une salle flambant neuve de 10.000 places devrait voir le jour en 2013. Pour l’heure en tout cas, les Maritimes évoluent toujours à Sportica et son décor si particulier à l’image de sa tribune de presse, sorte de balcon suspendu au-dessus des gradins, auquel on accède via des escaliers en bois. Une scène et une ambiance uniques, qui font du Sportica un antre imprenable en ce début de saison. Gravelines s’imposera finalement de 34 unités, sa “plus mauvaise victoire“ jusque-là puisque Cholet et Vichy étaient repartis avec 36 points de débours quelques semaines plus tôt.
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L’APRÈS-MATCH
Victoire pour le BCM ! Comme à l’accoutumée, les joueurs viennent parader devant les “Irréductibles“ pour fêter cela (1). Le boulot a été fait et bien fait, et le staff peut enfin souffler. Le coach et son adjoint débriefent rapidement (2), juste avant que Christian Monschau ne file en conférence
de presse. De leurs côtés, Yannick Bokolo et Dounia Issa (3) comparent leurs statistiques respectives sous l’œil envieux de Romain Grégoire qui, en 40 petites secondes de temps de jeu,n’a pas eu le temps de faire grandchose sur le terrain. Un peu plus tard, joueurs, coaches et partenaires se retrouvent aux VIP’s (4), vaste espace
où 600 personnes se retrouvent chaque soir de match. Au total, entre sécurité, accueil et fourniture, la soirée aura coûté près de 15.000 euros au club. Elle se terminera dans un restaurant gravelinois où les joueurs ont leurs habitudes après les matches (5). Au menu, travers de porc et frites. Et les doses sont copieuses.
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miCKaËL var (paU-LaCQ-OrtheZ)
19 anS, 10 pOintS et 7 rebOndS COntre ChOLet CET ÉTÉ, IL A REGARDÉ SES POTES DEVENIR CHAMPIONS D’EUROPE DES MOINS DE 20 ANS, RAGEANT DE NE PAS AVOIR FAIT PARTIE DU GROUPE. DEPUIS, MICKAËL VAR (2,05 M, 1990) S’EST REPRIS, ET BIEN REPRIS, EN CONFIRMANT DANS LE CHAMPIONNAT ESPOIR TOUT SON POTENTIEL. LUI QUI A COMMENCÉ LE BASKET SUR LE TARD A MÊME PROFITÉ DES BLESSURES PALOISES POUR SIGNER SON PREMIER FAIT D’ARMES EN PRO A À CHOLET. Par Yann CASSEVILLE
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octobre dernier. La saison de Pro A débute par un carnage à la Meilleraie. Le champion choletais passe à la moulinette (89-51) le promu palois, dévasté à l’intérieur (blessures de Marko Maravic, Mike Bauer, Travon Bryant et Georgi Joseph). Un match sans intérêt sportif, si ce n’est celui de découvrir les jeunes pousses de l’Élan : Tanguy Ramassamy, champion d’Europe U20 cet été, et son compère Mickaël Var. « Je ne m’attendais pas du tout à débuter en Pro aussi vite », confie ce dernier. Peu importe, devant les caméras de Sport+, il croque à pleine dents dans ses 27 minutes de temps de jeu – « J’avais alors un rôle important dans l’équipe, mais je ne me suis pas mis la pression, au contraire, il fallait que je sois relâché » – pour s’illustrer avec 10 points et 7 rebonds. Pas mal pour un minot envoyé au casse-pipe, pas mal pour un gamin qui n’a pas encore 20 ans (né le 8 décembre 1990)… et qui ne joue au basket que depuis cinq ans !« Mon truc, c’était le foot. » Var, natif de Saint-Pierre à la Réunion, n’est pas né avec une balle orange dans les mains. Lui, son truc, c’était le football. Mais remarqué pour sa taille, la transition se fait, et il commence le basket en première année cadet (15-16 ans). Et après une saison seulement, il intéresse plusieurs clubs de la métropole. Après avoir mûrement réfléchi, il opte pour Pau. Mickaël est alors un prospect sur le long terme, aussi, il sera envoyé une saison, en 2008-09, en couveuse en prénationale. Le club parle d’étape dans sa progression, lui perçoit cela comme une régression. Aussi, la saison dernière, il accepte d’être prêté à Poitiers, afin d’évoluer dans le championnat espoir. « Déjà, Pau descendait en Pro B », commente-t-il. « Ensuite, la saison d’avant, je voulais vraiment jouer en espoir mais eux ne voulaient pas, et là je voulais vraiment, donc le prêt, ce n’était pas du tout prévu, mais j’ai accepté et ça m’a fait “kiffer“. » C’est sûr que pour “kiffer”, il a” kiffé” dans le Poitou. Sous les ordres d’Andrew Thornton-Jones, Var aligne les cartons tous les weekends (des records à 28 points, 17 rebonds et 11 interceptions !), pour une moyenne de 15,9 points et 10,0 rebonds en 29 minutes. « Il a les capacités pour la Pro A », nous assurait ainsi ThorntonJones au printemps dernier. Var décroche d’ailleurs ses premières minutes avec les pros de Ruddy Nelhomme. Aussi, avec la remontée de l’Élan dans l’élite, son retour à Pau était une évidence. Mais avant de passer du Poitou au Béarn, Mickaël aurait bien fait une escale par Zadar avec l’équipe de France des moins de 20 ans, qui allait monter sur le toit de l’Europe. Las, pour le troisième été consécutif, Var fait partie des
pré-sélections mais pas du groupe final. Aujourd’hui encore, il n’aime pas trop aborder ce sujet. « L’année dernière, c’était vraiment un objectif et ça m’a vraiment déçu… Ouais, c’est une déception. »
2e évaluation espoir
Finalement, il retrouve rapidement le sourire avec cette nouvelle saison qui débute et ce fameux match à Cholet. Il profite à nouveau des absences paloises le week-end suivant pour passer 20 minutes sur le parquet contre Le Mans, se contentant de 2 points, 2 rebonds et 2 passes. Ensuite, il a eu droit à une minute lors de la 3e journée, et plus rien depuis, retour des blessés oblige – « Je savais très bien que je n’allais pas continuer comme ça, il y a quand même des mecs comme Mike Bauer et Marko Maravic ! » –, et aussi parce que lui-même a rejoint l’infirmerie. « C’est une fracture de fatigue au pied gauch. L’an dernier, j’avais eu la même chose au pied droit », rappelle-t-il. À son retour, il ne devrait pas mettre trop de temps pour redevenir l’une des valeurs sûres du championnat espoir. Ainsi, cette saison, en 4 matches, il n’est jamais descendu sous les 13 points et 9 rebonds (2e éval du championnat avec 19,8). Toutefois, désormais, Mickaël ne rêve plus de fiches de stats bien remplies, mais de victoires. « Autant l’année dernière l’objectif était vraiment de tout faire pour survoler le championnat espoir, autant cette année, tout le monde dans l’équipe peut le faire, donc le but c’est de gagner le Trophée du Futur, et personnellement, comme c’est ma dernière année espoir, avoir un contrat intéressant l’année prochaine avec du temps de jeu. » Forcément, l’épisode choletais a aiguisé son appétit. Pour cela, ce poste 4 a encore bien évidemment des progrès à faire. « Le tir extérieur », estime-t-il de lui-même, mais aussi apprendre à mieux utiliser sa fougue, sa débauche d’énergie souvent louable, parfois exagérée. En tous les cas, Mickaël Var a beau avoir goûté à la Pro A très jeune, il n’en a pas perdu son flegme naturel, cette façon de vivre en prenant les choses les unes après les autres, en sachant ce qu’il veut mais sans vouloir tout précipiter pour l’obtenir. « J’aborde tous les matches de la même façon parce que si je commence à me mettre trop de trucs dans la tête… Oui je suis parfois impatient, mais je me dis : mieux vaut prendre son temps et aller le plus loin possible plutôt qu’aller trop vite et tomber de haut. Je ne me fixe pas de limite, j’irai où j’irai et où je dois m’arrêter, je m’arrêterai. » ●
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Pascal Allée / Hot Sports
« L’ObjeCtiF : avOir Un COntrat L’année prOChaine aveC dU tempS de jeU »
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PAPE-PHILIPPE AMAGOU SOULEYMAN DIABATÉ (ROANNE)
(ROANNE)
LES GRANDS ENTRETIENS DE MAXI La taille (1,85 m pour Philippe, 1,80 m pour «Solo»), le registre de jeu (combo pour l’un, arrière reconverti meneur pour l’autre), le maillot ivoirien, qu’ils portent ensemble, le club (Roanne), la chambre partagée en déplacement avec la Chorale, le plaisir de la «déconne»… Beaucoup de choses les rassemblent. Et ça se voit. Le “jeune“ (23 ans) a du respect pour le “vieux“ Philippe (25 ans), déjà un sage. Et ça aussi, ça se voit. Rencontre. Propos recueillis par Fabien FRICONNET, à Roanne • Photos Hervé Bellenger
INTERVIEW • maxi-basket 41
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otre première rencontre, vous vous souvenez ? Solo Diabaté : C’était à Lille, l’année dernière. On préparait la CAN qui avait lieu en Libye. On était dans un restaurant ivoirien. On avait déjà commencé et Pape est arrivé un peu plus tard. Ça, c’est la première rencontre. Pape-Philippe Amagou : Avant ça, on avait déjà joué l’un contre l’autre ! J’étais au Mans, tu étais à Dijon… SB : Je me suis fait bousculer par lui d’ailleurs ! PPA : C’est pas vrai, ça ! Ce match, tu n’avais pas beaucoup joué. Tu ne jouais pas beaucoup à l’époque. C’était l’espoir qui montait ! Qu’est-ce que vous avez à dire sur le jeu de l’autre ? PPA : Solo est un joueur très athlétique, avec un physique hors norme par rapport à sa taille. C’est plus un meneur dans le style de jeu NBA. Il est spectaculaire.
Hervé Bellenger / IS
J’aime beaucoup la personnalité de Laurent Sciarra. J’aime son attitude et son charisme.
Tu peux dire du mal ! PPA : Non mais je crois que les gens seront d’accord. Son jeu est spectaculaire. Il est souvent dans les Top 10 de la ligue. SB : Lui, il est très complet. Il sait un peu tout faire. Il peut pénétrer, shooter, passer. En plus, il est très puissant, il est inarrêtable quand il va à droite. Et puis il a une main gauche, j’en parle pas… Une finesse ! Ça sert à rien de l’orienter à gauche alors ? SB : Non, pour l’arrêter, il faut faire des fautes. PPA : Nooonnnnn… SB : Il sait très bien que j’ai raison ! (Il se marre) Il a un jeu complet, il est intelligent. Ça fait longtemps qu’il joue. Il est intéressant à regarder jouer et puis quand tu es coéquipier, c’est super. Comment on arrête l’autre ? PPA : Solo, c’est lui qui peut s’arrêter. Il est sa propre
INTERVIEW • maxi-basket 59 barrière. Je l’ai rarement vu mis vraiment en difficulté par un adversaire. C’est plus de lui-même qu’il fait un mauvais match, par manque de concentration. SB : Lui, il faut faire des fautes. Je ne dis pas “jouer dur“ car il est très puissant, dur et, en plus d’être rapide, il est intelligent. Donc pour l’arrêter, il faut faire des fautes, mais ça coûte cher. Donc en fait, il n’y a rien à faire. À la limite, il faut que la défense se regroupe sur lui. (Philippe secoue la tête) L’adversaire le plus coriace que vous ayez eu à affronter ? PPA : Il y a quelqu’un contre qui j’ai vraiment fait un mauvais match, j’ai pris le bouillon car je n’arrivais pas à l’arrêter, c’est Shammond Williams (ndlr : un arrière US avec une petite carrière NBA et une longue carrière européenne), que j’avais joué en Eurocup, avec Nancy, quand il jouait à Valence. Je crois qu’il avait mis 25 ou 26 points. Zabian Dowdell et moi, il nous avait mis la misère, tout simplement.
SB : Les meneurs plus petits que moi me posent problème. Et pourtant, je ne suis pas grand. Ils sont chiants à jouer. Mais je n’ai pas de nom en tête. PPA : Ils sont dans tes pattes quand tu montes le ballon… En parlant de meneurs : toi, Philippe, tu as jonglé entre les deux postes arrière dans ta carrière, et toi Solo, as-tu toujours été meneur ? Quel est votre rapport à votre poste ? PPA : Moi depuis tout petit, j’ai toujours joué les deux postes, ça dépendait. Ça ne m’a donc jamais dérangé. J’ai la sensation que ça a plus dérangé les gens, qui me demandaient : mais toi, tu es quoi, poste 1 ou poste 2 ? Moi je suis 1 et demi, je suis combo guard. Peu importe où je joue, du moment que j’aide l’équipe, je prends du plaisir à être sur le terrain et puis c’est tout. Je n’ai aucun souci avec le poste. SB : Moi, toutes mes années espoirs, j’ai toujours joué 2. Le coach ne voulait pas me faire jouer meneur à cause de
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Pape, il est toujours prêt à faire le con, dès le matin. Toute la journée !
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mon côté fou fou… (Philippe rigole)… Non, mais c’est vrai ! Après, on m’a dit que si je voulais jouer à haut niveau, il fallait que je joue meneur, à cause de ma taille. Donc j’ai essayé d’acquérir les qualités de meneur, notamment grâce à Laurent Sciarra, avec qui j’ai joué à Dijon. Ça m’a beaucoup apporté. On dit que Laurent Sciarra, derrière son côté râleur, aime bien aider les jeunes qui veulent écouter… SB : Absolument. Il aide les gens qui veulent être aidés. En plus, c’est quelqu’un de très juste. Si tu travailles, il va t’aider, te donner des conseils. Mais si tu es désordonné ou pas sérieux, c’est sûr qu’il va te rentrer dedans. Pas parce qu’il ne t’aime pas, mais au contraire parce qu’il t’aime bien. PPA : Il n’est pas avare de conseils, donc si tu as envie d’écouter, tu progresses. Tu l’as côtoyé, Philippe ? PPA : J’ai déjà discuté avec lui. On a déjà fait un ou deux All-Star Game ensemble. J’aime beaucoup sa personnalité. J’aime son attitude et son charisme.
partie de moi. Mon père est ivoirien, ma mère sénégalaise. J’ai fait ma scolarité en Côte d’Ivoire jusqu’en CE1, bien que je sois né en France. Chaque été, j’y retournais. Toute ma famille y est. En plus, mon père est décédé quand j’avais onze ans donc je pense que ça lui aurait fait plaisir que je joue pour la Côte d’Ivoire. C’est un peu un moyen de lui rendre hommage. SB : Jouer pour son pays, c’est forcément une fierté, pour soi bien sûr mais aussi pour la famille. Toute ma famille y vit. J’y vais à tous les congés de Noël, tous les étés. Pour ceux qui veulent faire la fête…
Jouer pour la Côte d’Ivoire, c’est un peu un moyen de rendre hommage à mon père
En parlant de forte personnalité, parlons de Jean-Denys Choulet. En quoi est-il particulier ? PPA : Moi, avant d’arriver, j’avais entendu beaucoup de choses sur lui, des choses bonnes, des choses moins bonnes, des critiques. Moi, je trouve que c’est quelqu’un d’attachant, de passionné. Il dégage beaucoup d’énergie, il a un fort tempérament. Il lui arrive souvent de s’emporter, surtout quand il pense que quelque chose n’est pas juste. C’est son tempérament. Mais c’est quelqu’un qui essaye de donner beaucoup d’énergie et de confiance à ses joueurs. On peut le voir sur les temps-morts. Il essaye d’être un leader. Après, ça peut agacer certains, mais ça fait partie de ses qualités. Ses rognes, ses coups de gueule, ça ne vous fait pas marrer des fois, enfin quand c’est dirigé vers l’extérieur, je veux dire ? PPA : C’est un moteur pour lui de chercher ce qui le gêne. Ça lui sert. SB : Rien de plus à ajouter. La Côte d’Ivoire. Qu’est-ce que ça représente pour vous ? Solo, tu y es né, pas toi Pape… SB : Moi je suis arrivé en France en 2002. PPA : Je suis né à Paris mais la Côte d’Ivoire, c’est une
C’est festif ? SB : Ah oui ! (Il rit) PPA : C’est clair. Et c’est aussi une façon de me ressourcer pour moi. J’ai joué dans les sélections de jeunes en France, et jouer pour la Côte d’Ivoire, c’est aussi un moyen de redonner un peu aux pays des parents. En revanche, je ne pourrai pas porter le maillot du Sénégal, car on ne peut pas jouer pour trois pays, mais c’est déjà bien… SB : À chaque fois qu’on joue contre le Sénégal, on les tape, donc tu préfères rester dans l’équipe qui gagne. (Il rit)
C’est impossible règlementairement mais Philippe, par exemple, si les Bleus faisaient appel à toi, tu aurais un cas de conscience ? PPA : Honnêtement, je pense que je suis plus utile à la Côte d’Ivoire. Ça n’est pas vraiment un débat. J’en ai parlé avec coach Collet cet été, vu qu’il y avait de nombreux blessés en équipe de France et que ça aurait pu être intéressant pour moi, mais je ne regrette rien. La France a de quoi faire, avec le retour des joueurs NBA. Parlez-moi de ces années avec les Éléphants, notamment la CAN 2009, le Mondial, et la CAN à domicile l’été prochain… L’organisation des rassemblements par la fédé ivoirienne, c’est un peu folklorique. SB : Au niveau organisation, bon, c’est un peu comme tous les pays africains, il y a des efforts de fait mais c’est toujours un peu le bordel quand même. Mais ce qui m’a marqué, c’est l’ambiance. On était un peu comme une famille. On faisait tout ensemble, tout le temps. Ça s’est vu sur le terrain. Quand un rentre, il donne tout sur le terrain. On se chambrait gentiment. C’était très fort. PPA : L’argent à la CAN 2009, c’est une médaille après laquelle le pays courait depuis des années. Ça nous a permis de grandir et de nous projeter. La prochaine CAN
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est qualificative pour les Jeux de 2012. Le Mondial, Solo et moi, on l’a vécu différemment. Moi, j’étais blessé. SB : Pape était blessé, Mickaël Toti n’a pas pu être qualifié… Je pense que si on avait eu ces deux-là en plus, on serait passés au deuxième tour… PPA : En plus, Issife Soumahoro se blesse dès le début… SB : Voilà, bon, c’est derrière nous. Maintenant, on a la CAN chez nous, pour nous qualifier pour les JO. On va donc essayer de la gagner. Les JO, ce n’est pas donné à tout le monde dans une carrière. L’Angola est au-dessus. Ils sont intouchables ? PPA : Le souci c’est qu’ils sont performants, qu’ils se renouvellent et que les gars jouent pratiquement tous en Angola donc ils se connaissent par cœur. Ils ont des joueurs de qualité, qui jouent bien ensemble. Ils ont un jeu léché. Avec leur domination sur le basket africain, ils ont aussi l’autorité qu’ils savent asseoir sur les arbitres. On les a joués deux fois : on perd de trente points puis on ne perd que de six en finale, donc je ne pense pas qu’ils soient intouchables. Le respect, ça se gagne. Avec notre perf' à la CAN, on aura plus de respect de la part des arbitres. Il n’y a rien de scandaleux mais tu sais bien qu’un arbitre ne va pas siffler LeBron James comme il siffle un joueur de N3.
qu’on voit qui en sort le plus ! SB : Uche, pareil, toute la journée ! PPA : Bogdanovic, c’est pas mal non plus ! C’est un marrant, Bogdanovic ? PPA : Ah oui ! Les nouvelles règles, ça change quelque chose ? PPA : Pas au niveau de l’adresse. Je ne sens pas une grosse différence. Quand tu es un shooteur, que tu es adroit, ça n’est pas reculer d’un pas qui va te perturber. Après, c’est plus la règle du demi-cercle intérieur qui change. SB : Le retour en zone et la règle des 14 secondes, il n’y a que ça qui m’intéresse. Le reste, pff…
On ne voulait pas me faire jouer meneur à cause de mon côté fou fou
Vous vous êtes déjà frités, tous les deux ? PPA : Non, ces choses-là arrivent entre coéquipiers, mais nous deux non. C’est jamais arrivé. SB : Il y a un respect l’un pour l’autre. En plus, Pape, il a deux ans de plus que moi… (On rit) Non, mais c’est vrai, sérieusement… PPA : …C’est la mentalité africaine : tu respectes ton aîné, même s’il n’a que deux ans de plus que toi. Et puis même, on s’entend bien. On a des caractères faciles tous les deux. Votre meilleur souvenir en commun ? PPA : Le titre de vice-champion d’Afrique gagné ensemble. SB : Pareil ! PPA : Hors terrain ? On fait les cons toute la journée, donc je ne sais pas… SB : On fait les cons ou il fait le con ? (Il rit) Pape, il est toujours prêt à faire le con, dès le matin. Toute la journée ! PPA : C’est dommage qu’il n’y ait pas de caméras, pour
Dans dix ans, vous vous voyez où ? En train de faire quoi ? Des projets ? PPA : Je serai peut-être encore en train de jouer, mais ça dépend si je suis épargné par les blessures. Je ne me projette pas aussi loin. SB : J’espère que si, dans dix ans, je continue à jouer, ça ne sera que pour le plaisir et pas par besoin. À part ça, m’occuper de ma famille, monter un petit business avec ma femme. PPA : Moi, j’ai plein d’idées mais je ne veux pas les dévoiler car je pense que ça porte la poisse. Rien de concret, de toutes façons, mais je réfléchis. SB : Moi, le business serait pour ma femme, pas pour moi. Ma femme, avec qui je suis depuis quatre ans (ndlr : franc sourire d’homme amoureux) et là j’espère qu’on va se marier bientôt. Moi, je serai à côté d’elle, pour la soutenir. Et puis voilà. Bon, vous voulez ajouter quelque chose ? PPA : Oui. Solo, c’est le mec le plus athlétique que j’ai jamais vu. Les Steve Francis à l’époque, et tout ça, ils peuvent aller se rhabiller. Ici, on l’appelle le petit LeBron, il faudra l’écrire. Le petit LeBron. SB (gêné) : Non !
Dis donc, Pape, Solo est timide ! PPA : Ah oui, il est très timide ! Tu écriras aussi que son jeu, c’est un mélange de Rajon Rondo et de Russell Westbrook. SB : Nooooon ! Pape, personne ne peut lui ressembler car il est unique en son genre. Il peut tout faire. Sa place est en NBA, et il le sait très bien. PPA : Ouais, ouais, d’accord… Entendre autant de conneries, c’est triste ! ■
COULISSES Le lieu Halle André Vacheresse à Roanne Le jour Jeudi 18 novembre 2010 L’heure De 12h30 à 13h30 Le décor Le banc de touche de la Chorale et une chaise
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LE BAROMÈTRE DE PRO B : RILEY, LA CLASSE AU-DESSUS Par Laurent SALLARD
1
Mykal Riley (Nanterre)
Meilleure évaluation et coleader de Pro B avec Nanterre, Mykal Riley s’installe logiquement au sommet de ce baromètre. Présent dans toutes les catégories statistiques avec 14,2 points, 7,0 rebonds, 2,9 passes et 2,6 interceptions.
2
Devonne Giles (Rouen)
Passer de Nantes à Rouen n’a pas perturbé Devonne Giles, auteur de 6 double-double sur les neuf premières journées. Une pointe à 26 points et 12 rebonds lors de la première journée au Portel.
3
Sherman Gay (Fos)
Meilleur marqueur de Pro B, l’intérieur fosséen n’est descendu qu’une seule fois sous la barre des 13 points. Avec 17,7 points, 6,4 rebonds et 1,7 contre, il est également deuxième du classement à l’évaluation.
4
Andre Harris (Lille)
Le pivot de petite taille n’a pas tardé à faire la transition de la N1 à la Pro B. Il est l’artisan principal du bon début de saison de Lille, qu’il a rejoint l’été dernier dans les valises de son coach Fabien Romeyer en provenance de Saint-Étienne.
5
Justin Ingram (Antibes)
Bien qu’Antibes traverse une mauvaise passe, Justin Ingram reste le meilleur meneur scoreur de Pro B avec 15,3 points et 4,8 passes de moyenne. Qui lui donnera sa chance à l’étage supérieur ?
6
Drake Reed (Évreux)
Malgré son 1,92 m, Drake Reed tient avec brio la raquette d’Évreux, resté invaincu lors des huit premières journées de Pro B. Auteur d’une pointe à 31 points à Clermont.
7
Philippe Da Silva (Évreux)
Rampe de lancement d’Évreux, le meneur franco-portugais est le meilleur passeur de Pro B pour la deuxième saison consécutive. Il a frôlé le triple-double face à Châlons-Reims avec 12 points, 9 rebonds et 11 passes.
8
Errick Craven (Dijon)
Après avoir brillé offensivement en Pro B avec Saint-Quentin, Clermont et Boulazac, il s’est adapté avec succès à la philosophie défensive de Jean-Louis Borg à Dijon, où il tourne à 12,5 points, 3,3 rebonds et 4,8 passes.
9
Will Daniels (Nanterre)
Meilleur marqueur de Nanterre, coleader de Pro B, Will Daniels répond aux attentes de son coach Pascal Donnadieu, dont il était le seul point d’interrogation du recrutement. Une pointe à 34 points et 10 rebonds face à Quimper.
10
Amadi McKenzie (Boulazac)
S’il pèche encore par manque de constance, Amadi McKenzie monte en puissance, à l’image de Boulazac, dont il est le meilleur marqueur avec 13,9 points, mais aussi 6,7 rebonds.
11
David Melody (Dijon)
Son influence sur le jeu dijonnais n’est pas visible dans les statistiques. Homme de confiance du coach Jean-Louis Borg, il est le leader de la défense de la JDA. Son expérience et son leadership sont indispensables à Dijon.
12
Darryl Monroe (Boulogne)
Après avoir tourné à 17,3 points et 8,0 rebonds sur les quatre premières journées, Darryl Monroe a connu quelques problèmes d’adresse. Il a toutefois atteint cinq fois la barre des 20 d’évaluation.
13
Jason Siggers (Rouen)
Deuxième scoreur de Pro B la saison dernière, l’ancien Lillois a parfois eu tendance à forcer ses shoots alors que la richesse de l’effectif rouennais ne l’y contraignait pas. Trois matches toutefois à 20 points et plus.
14
Lee Cummard (Fos)
Deux trous d’air face à Charleville et Dijon – mais deux victoires – ont altéré le rendement de ce shooteur de grande taille. Il forme toutefois l’un des one-two punch les plus redoutés de Pro B avec Sherman Gay.
15
Calvin Watson (Évreux)
La réussite n’a pas toujours été au rendez-vous pour Calvin Watson, toutefois capable de faire exploser n’importe quelle défense dans un bon soir, comme en témoignent ses 26 points à 11/17 à Clermont.
16
Moses Sonko (Aix-Maurienne)
Le Sierra-Léonais a maintenu à flot Aix-Maurienne dans un début de saison difficile. Il a tourné à 18,3 points et 7,6 rebonds entre les 4e et 9e journées. En constante progression sur ses trois saisons en Pro B.
17
Korvotney Barber (Nantes)
Le pivot nantais a plein de défauts, que ce soit son inconstance en attaque ou une certaine permissivité en défense. Mais quand il s’agit de prendre des rebonds, il n’y a pas meilleur que lui en Pro B. Une moyenne de 10,8 prises, et une pointe à 17.
18
Malick Badiane (Boulazac)
À défaut d’avoir fait carrière en NBA, le grand Sénégalais s’est affirmé comme une valeur sûre en Pro B. Capable de marquer 20 points un week-end, et de prendre 17 rebonds le suivant.
19
Taron Downey (Nantes)
Son retour à Nantes a transformé l’Hermine, qu’il a menée à trois victoires sur ses cinq premiers matches. Meneur organisateur, mais aussi scoreur. Il avait déjà remis Nantes sur les rails la saison dernière.
20
Dreke Bouldin (Clermont)
Après trois premiers matches timides, Dreke Bouldin a montré son vrai visage et affiche depuis des moyennes de 21,0 points, 5,5 rebonds et 2,0 passes. Insuffisant toutefois pour faire décoller Clermont qui n’a remporté qu’une seule de ses six rencontres.
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ED MURPHY, LE N°1 DU XXE SIÈCLE
LE ROI DES CARTONS AVEC LUI, C’ÉTAIT TOUJOURS PAN, DANS LE MILLE ! AU DÉBUT DES ANNÉES QUATRE-VINGT, SA BOULIMIE DE POINTS A PROPULSÉ LIMOGES EN HAUT DE L’AFFICHE.
Pascal Allée / Hot Sports
Par Pascal LEGENDRE
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I
l est arrivé à Rotterdam un jour de novembre 78. Il s’est entraîné avec l’équipe et il a joué son premier match le lendemain soir. Ed Murphy a scoré 35 points. Edward Murphy, né à Bayonne - un présage ? - dans le New Jersey, au début de l’année 1956, moustachu et cheveux bouclés, a banalisé l’exploit tout au long de sa carrière. L’Américain a toujours été en phase avec le précepte de base du Pasteur James Naismith, inventeur de ce jeu, soit : l’essentiel est de marquer un maximum de paniers. Dans un match : 68 points en grammar school, 48 en NCAA, 53 en première division française. Sur une saison : 32,0 pts en junior à l’université - la meilleure marque de toutes les colleges de Division II NCAA en 1977 -, 35,0 au BOB Amsterdam, 30,5 au Racing Malines… En France, Murphy a réalisé sa propre édition du Livre des Records : 29,8 pts de moyenne la première saison,
Une adresse diabolique
Ed Murphy n’était pas Robocop. Au premier coup d’œil, il ressemblait à un employé de banque ou de La Poste. Le haut de son corps trahissait un goût très modéré pour la musculation, ses épaules étaient tombantes. Seulement,
Ed Murphy n’a pas inventé le feu mais c’est lui qui l’a propagé dans la France entière.
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À Padoue, en finale de la Coupe Korac 82 face au Sibenka Sibenik. La légende est en marche.
31,6 la deuxième, 32,3 la troisième, 34,0 la quatrième, et… il a franchi la frontière suisse avec ses valises pleines de cartons. Au Merrimack College, on le surnomma “Radar“ car il trouvait très souvent la cible. En France, on lui préféra “Lucky Luke“ car il tirait plus vite que son ombre, et encore “Ed-la-Gâchette“. Jeune journaliste au Boston Globe, Bob Ryan écrivit l’une de ces phrases choc qui font le miel des médias américains : « La seule façon de stopper Ed Murphy dans ses tirs, c’est de l’empêcher d’entrer dans la salle. »
on s’apercevait que ses mollets étaient en béton et qu’avec ses 90 kg pour 1,93 m, l’Américain n’était pas à ranger dans la catégorie poids plume. À l’instar de Nick Galis, un autre pointivore du New Jersey et de la même génération, Murphy était capable de contorsions en l’air - le fameux double pump ce qui lui permettait d’éviter les contres des big men. Galis avait la passe décisive comme deuxième arme mortelle, Murphy le rebond offensif. Question de placement. D’instinct. De volonté. Parlant de la défense inutile du SCM Le Mans, Bernard Verret écrira dans Le Populaire : « Murphy se faufile entre les Sarthois avec l’agilité d’un singe dans les branches d’un arbre. Les mâchoires du traquenard se referment sur le vide. » Son dribble chaloupé faisait sortir son vis-à-vis de ses baskets. Murphy pouvait marquer toutes sortes de panier. De près, à distance intermédiaire, de loin, avec le plexi, sans, bien droit, désarticulé, classiquement, avec malice, seul, avec trois défenseurs au ras de sa moustache. C’est comme il voulait. Son tir en extension si peu académique avec la balle bien calée derrière sa nuque était un cauchemar. Son fouetté du poignet était majestueux. Oui, bien sûr, on aura beau jeu de dire qu’en ces temps-là, le jeu était si peu physique, que ça ne défendait pas ou mal, même si par exemple un gars comme Allen Bunting et son double mètre – un as pour empêcher l’attaquant de recevoir le ballon – n’était pas un plaisantin. Murphy avait beaucoup de respect pour l’Antibois. Comme Larry Bird, Oscar Schmidt ou Kevin Durant, Ed Murphy était un basketteur fondamentalement adroit. Son équipier Apollo Faye raconta dans ce magazine trois anecdotes qui éclairèrent le phénomène. « C’était à l’échauffement avant le match contre Avignon. Je m’en rappelle bien car c’est moi qui lui donnais le ballon. C’est simple, je lui ai passé 49 fois Maxi-Basket
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LE GRAND TÉMOIN
JEAN-MICHEL SÉNÉGAL
«
En dehors du terrain, il n’était capable de rien. Il n’était pas coordonné et il n’arrivait pas à sauter par-dessus des bancs, à sauter à la corde. Il n’aimait pas trop les footings, il ne pouvait pas jouer au foot. En revanche, quand tu lui donnais un ballon de basket… À l’entraînement, on faisait des concours de shoots à trois- points et le premier qui en loupait deux de suite donnait la balle à l’autre. Il me faisait commencer, j’en mettais un certain nombre, j’en loupais deux de suite. Il prenait la balle, c’était fini. Le quart d’heure d’échauffement, il le faisait tout seul s’il le voulait. Il n’en loupait jamais deux de suite. En match et à l’entraînement, quand il était en colère, il se remontait un peu la moustache et le nez, on l’appelait “ le taureau“ car il était prêt à attaquer. Et là, il était inarrêtable. C’était un teigneux, un gagneur. Il était très agressif, vite sur ses bras, et il arrivait à récupérer des ballons dessous au milieu de grands, surtout ses propres shoots. J’ai connu deux grands joueurs, LC Bowen à Tours, qui était moins shooteur, plus talentueux, et Murphy. Murphy n’avait pas un shoot très académique. Personne ne shoote avec le ballon derrière la tête, sinon Larry Bird. Un shoot de Blanc pour éviter d’être contré. J’en ai discuté avec Patrick Cham qui a défendu sur lui des dizaines de fois, pour le contrer, il fallait être derrière lui. Face à lui, tu ne pouvais rien faire. Comme quoi quand tu es shooteur et que tu ne fais que ça, tu arrives à trouver et à t’adapter à un geste qui devient automatique. Sa grosse force, c’est qu’il ne passait jamais au travers. Et pourtant dans chaque équipe il y avait un défenseur qui s’accrochait à ses basques.
Pas un gros défenseur
Je pense que c’est comme Nick Galis, ces joueurs-là, si tu les transposes dans le temps, ils continueraient de marquer des
Jean-Michel Sénégal (à gauche) avec Didier Dobbels en 1983.
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« C’ÉTAIT UN RÉGAL DE JOUER AVEC LUI »
points. C’est vrai qu’il y avait moins de double défense à l’époque, mais ça ne le gênait pas car il shootait à cinq mètres, sur du uncontre-un, en dessous, son registre était très complet. D’ailleurs quand un joueur fait une longue carrière, il s’adapte au niveau auquel il s’entraîne et il joue. C’est dommage qu’il soit parti en Suisse pour l’argent, il aurait mérité d’être dans une grosse équipe pour savoir ce qu’il valait. Le seul bémol, c’est que ce n’était pas un gros défenseur. Pas une passoire mais il n’avait pas les qualités physiques pour bien défendre. Richard Dacoury prenait le meilleur joueur d’en face, Ed faisait tranquillement son job. On ne peut pas tout demander non plus. C’était un mec sympa, qui rigolait avec nous. Il ne sortait pas beaucoup, c’était l’anti-thèse d’Apollo Faye (rires). C’était un régal de jouer avec lui car ce n’était pas un shooteur fou, il n’y avait pas de shoots forcés puisqu’il mettait presque tout dedans. Il ne bouffait pas tant de ballons que ça, il jouait assez juste. Quand tu lui donnais le ballon en début de possession, tu le revoyais alors que tu en as qui shootent tout de suite. En revanche, en fin de possession, quand on était en difficulté, tu savais qu’il allait prendre le shoot et le mettre. Tout en marquant beaucoup de points, il jouait collectivement. Comme Bowen à Tours. »
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Un document : Ed sans ses moustaches !
la balle et 48 fois, c’est rentré. » L’autre ? Un soir à Clermont, pour s’amuser, Murphy envoie la balle dans le cercle à 12 mètres de distance et en la faisant passer par-dessus la planche. Ficelle. « Ensuite, il a lancé une bouteille de bière par-dessus son épaule vers une grande benne à verre usagée. La benne était à 10-15 mètres, il y avait une ouverture minuscule. Pan ! La bouteille est rentrée. » Lui, Ed Murphy, n’a jamais tiré gloriole de la montagne de points qu’il a construite durant sa vie de basketteur. « En revanche, réussir à être top-scoreur avec un fort pourcentage d’adresse, et surtout dans une équipe qui gagne, ça oui, c’était plus glorieux » commentera-t-il. Plus de 6 tentatives sur 10 faisaient mouche. Est-ce Limoges qui a fait Murphy ou Murphy qui a fait Limoges ? Ses seuls vrais lauriers, l’Américain les a récoltés avec le CSP, mais sans lui jamais Limoges n’aurait gagné ses deux Coupes Korac. Ed Murphy n’a pas inventé le feu mais c’est lui qui l’a propagé dans la France entière.
16/17 contre Cantu
Son arrivée à Limoges ne s’était pas faite dans un tintamarre médiatique. L’édition du 8 juillet 1981 du Populaire du Centre proposa une photomaton peu engageante, et quelques lignes de texte avec ce commentaire : « Murphy est un véritable ailier et il est surtout très adroit à 7-8 mètres. » La ligne à 6,25 m n’avait pas encore été tracée, ce qui laissait le champ libre à toutes les élucubrations quant à la distance des shoots. Murphy n’avait ni le pedigree de Michael Brooks, Don Collins ou Michael Young. Personne ne se doutait que ce club encore anonyme venait de trouver la Pierre Philosophale. À son apparition, Apollo Faye se demanda « qui c’est ce petit Blanc tout maigrichon ? » Et fut vite renseigné. « On est monté à quatre au contre sur lui. On s’est dit qu’on allait lui écraser la balle sur la gueule. Et puis on a commencé à descendre. Et lui, il était toujours en suspension avec l’air de nous regarder en se marrant. La balle est rentrée. Là, je me suis dit que c’était un super. » Quelques mois plus tard, c’est toute la France qui se pâmait d’admiration. Un train spécial de quatorze wagons partait de la gare des Bénédictins avec huit cents supporteurs à bord. Direction Padoue et la gloire éternelle. Le CSP terrassait le Sibenik de Drazen Petrovic, un moutard génial de 17 ans que l’on surnomma Mozart. 35 points pour Murphy - dont 24 en première mi-temps -, rien que de l’ordinaire, soit 15 de moins que le samedi précédent contre le Stade Français-Evry. L’autre Américain du CSP, Irvin Kiffin, un ancien Spur, toujours actif dans les moments chauds, homme cultivé, passionné de musique et qui se promenait continuellement avec une bible, fut décisif. La finale de la Coupe Korac avait été diffusée en direct à 20h30 sur Antenne 2 et un triomphe romain attendait les héros à leur retour en Limousin. La plus formidable impression, Ed Murphy la laissa peut-être un soir de janvier 1984 à Beaublanc. Le CSP accueillait Cantu en Coupe des Champions. Le sculptural Antonello Riva et le malin Pierluigi Marzorati se relayèrent pour tenter de stopper l’infernale mécanique.
Peine perdue. Ed Murphy ne commit qu’une seule bavure. Soit SEIZE shoots réussis sur DIX-SEPT tentés. Et un cinq sur cinq aux lancers. Unbelievable.
Un obscur college de Division II
Gamin, Ed Murphy habitait à une quarantaine de minutes du Madison Square Garden de New York. Son père l’emmenait aux matches et il aimait Bill Bradley, un shooteur, et surtout Walt Frazier, un as du dribble et des pénétrations. Ed fit un malheur à la Marist High School – 33 points de moyenne – mais prit la mauvaise habitude de jouer à l’aile. Ce fut un handicap vu sa taille et il fut négligé des recruteurs universitaires. Surtout que sa défense laissait sérieusement à désirer. En désespoir, Ed se retrancha sur le Merrimack College, une institution de Division II aussi anonyme qu’un Mr. Smith dans un bottin téléphonique américain. Autant dire que l’histoire des Warriors – le surnom des basketteurs – porte toujours en tête de page Ed Murphy. Plus grand nombre de points dans une carrière, de shoots et de lancers réussis et tentés. Murphy fut distingué comme All-America trois saisons de suite, mais en Division II, c’est dérisoire… Le canonnier fut drafté en 1978 par les Atlanta Hawks – tenez vous bien – au 8e tour ! « J’ai joué contre beaucoup de joueurs de NBA » raconta-t-il plus tard à Didier Le Corre pour Maxi-Basket. « Je me suis aperçu que je pouvais jouer contre eux, que je pouvais marquer contre eux. Ce qui m’empêche de jouer en NBA, c’est que je suis un scoreur et les clubs de la NBA ne recherchent pas de scoreurs. Ils ont leurs stars et ils veulent seulement des joueurs qui peuvent faire des choses précises. » Une évidence qui n’était pas forcément admise à l’époque par le basket français, pas encore au courant des mœurs américaines, et qui ne comprenait pas comment un tel héros pouvait être ignoré par la National Basketball Association. Le rejet fut si cruel que Edward se décida à trouver un vrai job et fut embauché par l’United Parcel Service, l’équivalent aux USA de… La Poste ! Il avait le physique de l’emploi, disions-nous, mais on comprend qu’il accepta l’offre du BOB Rotterdam.
« Qui c’est ce petit Blanc tout maigrichon ? » Apollo Faye
L’article du « Populaire » du mercredi 8 juillet 1981 annonçant la venue d’un certain Edward Murphy, moustachu américain en provenance de Malines.
L’hommage à ses équipiers
La moustache sûrement, la silhouette, la dégaine peut-être, son calme jamais pris en défaut, Ed Murphy avait un faux air de Charlie Chaplin. Il n’était pas du genre à enrichir les rumeurs de frasques des joueurs qui bruissaient en ville. Ed reconnaissait ne pas extérioriser ses sentiments mais ne voulait pas être comparé à Charlot, le clown triste. « C’est vrai qu’il fuit un peu les traditionnelles réjouissances d’après-match, mais c’est surtout parce que, des différents aspects de la culture française, celui du bien manger et du bien boire lui échappe absolument : sa joie de vivre, il ne la porte pas au bout de sa fourchette » raconta Jean-Luc Thomas dans son livre Trans Korac Express. Ed Murphy était tout simplement un bon père de famille, sans histoires, et terriblement américain. Il lisait L’Herald Tribune, faute de USA Today à Limoges – son père achetait L’Equipe chaque jour à New York pour suivre ses exploits – et le club lui avait obtenu des cassettes des programmes de télé en langue américaine. Car malgré l’apport d’un prof, Ed ne fit jamais beaucoup d’efforts pour apprendre le français. Il avoua regarder les chaînes françaises – il y en avait trois – en écoutant les Eagles et Fleetwood Mac. « Ça me détend plus que la voix des présentateurs français. Je me contente des images. » C’est ainsi que l’Américain suivit la Coupe du monde de foot 1982 avec un casque sur les oreilles. « C’est l’Italie qui a gagné en finale, n’est-ce pas ? Les Français, c’était bien aussi, mais ne me demandez pas leur nom. »
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toujours la même. « Voir tous ces gens m’applaudir est peutêtre le plus grand honneur que l’on ne m’ait jamais rendu. Ça, je ne l’oublierai jamais. C’était la première fois que je revenais en Europe depuis dix ans. » Étant donné ses caractéristiques, ses forces et ses faiblesses, Ed Murphy est tombé au bon moment en France. Surtout c’était un formidable champion. Vraiment. Un joueur toujours concentré. Un tueur à gages. D’ailleurs un jury constitué par Maxi-Basket devait l’élire « Meilleur basketteur étranger du XXe siècle. » Devant Delaney Rudd et Michael Young. Et l’homme était simple, modeste, tout simplement normal. À des années-lumière d’un LeBron James, d’un Kobe Bryant. Un « gars facile à vivre » comme il se qualifiait. À l’annonce de son élection, il renvoya le bouquet de fleurs à Richard Dacoury, Jean-Michel Sénégal et à tous les autres. « J’aimerais que les gens sachent que je n’aurais jamais été le joueur que je suis devenu sans eux, le plus grand joueur du siècle, sans leurs écrans pour me libérer, sans les ballons qui m’arrivaient parfaitement, sans leur défense. Merci à eux tous du fond du cœur. » Tout sauf un soliste, Ed Murphy. ●
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Ed qualifia Limoges de « middle of nowhere », en gros de “trou paumé“ – c’est vrai que lorsqu’on a fréquenté Manhattan, c’est peu animé – mais enchaîna aussitôt en déclarant que sa femme et lui s’y sentaient à leur aise. D’ailleurs, c’est à contrecœur qu’il quitta la ville et le club car la belle histoire se termina en eau de boudin. Ed expliqua plus tard qu’un talon d’Achille douloureux et un manque de communication avec Jean-Claude Biojout – le décideur numéro 1 du club – le priva d’une saison supplémentaire dans les verts pâturages limousins. Le CSP avait pris soin de lui faire signer un document comme quoi il ne pouvait jouer pour un autre club français. À moins de trente ans, “ Ed-la-gâchette“ se retrouva en Suisse et dans son modeste championnat. Trois saisons à Champel Genève, deux à Nyon. Une belle affaire financière – toutes proportions gardées étant donné l’époque –, mais quel gâchis sportif. À Genève, il y avait une école internationale et ses deux filles, nées à Limoges, purent ainsi être élevées à l’américaine. Ed perdit un moment tout contact avec la France mais le jubilé Richard Dacoury, juste après l’Euro 99, lui permit de revenir à Beaublanc. Les cheveux avaient blanchi, la silhouette était
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« Voir tous ces gens m’applaudir est peut-être le plus grand honneur que l’on ne m’ait jamais rendu.
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Un musée dans le Palais
L’Élan Béarnais
si beau en son miroir Dans les coursives du premier anneau du Palais des Sports de Pau, l’élan Béarnais a mis en scène son glorieux passé. C’est une idée de Claude Bergeaud, l’ancien directeur exécutif, et un travail réalisé sous la coordination de l’exdirecteur technique et de la communication, Gérard Bouscarel, qui a puisé dans ses propres archives, celles du président emblématique Pierre Seillant, et reçu quelques dons. Un musée ouvert à tous et que chacun se doit de visiter. Pieusement, même si on a le droit de garder son béret à l’entrée. Reportage photos par Jean-François MOLLIERE, à Pau
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Tous les joueurs ayant porté le maillot de l’Élan en pro ont droit à leur portrait.
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Les maillots de l’Élan Béarnais. Le “Belle des Champs“ allait si bien à Mathieu Bisseni.
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Non, Tony Parker n’a jamais joué à l’Élan.
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Toutes les couvertures de Basket Hebdo, de BasketNews et de MaxiBasket consacrées à l’Élan. Série en cours.
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Les baskets de Gheorghe Muresan. Taille 60.
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L’histoire d’un club aussi riche que la cuisine locale.
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HervĂŠ Bellenger / IS
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PORTRAIT • maxi-basket 75
UNION HAINAUT BASKET SAINT-AMAND
UNE HISTOIRE
À ÉCRIRE
Valenciennes et Saint-Amand, c'est l'histoire banale d'une union ratée. Deux clubs qui n'ont pas su s'entendre, réunis dans la hâte, marchant de travers et finissant par exploser au grand dam de ses supporters. Des cendres encore chaudes de la grande USVO, certains ont voulu replanter. Contre vents et marées, Jean-Pierre Boulanger s'est battu et l'Union est repartie. D'abord en NF1, puis cette année en LFB, Valenciennes n'est plus mais Saint-Amand est née. Par Thomas FÉLIX, à Saint-Amand
“
Et c’est avec une grande joie que nous accueillons l’ai toujours aimé », avoue-t-il. « Le basket féminin est à Jean-Pierre Boulanger, président de l’Union mes yeux plus technique, plus sympa à regarder et puis, Hainaut Basket Saint-Amand, pour son retour parmi que voulez-vous, j’ai toujours préféré regarder les filles. » l’élite. » C’était le 15 octobre dernier. Arnaud Dunikowski, De cette passion naîtra un engagement chez les Jaune chargé des relations presse à Ligue Féminine de Basket, et Noir de Valenciennes. Au sein de l’USVO, Jean-Pierre introduisait ainsi, lors de la conférence de presse de Boulanger est de tous les déplacements, Spartak de l’Open LFB, le président du club promu. Pourtant, Jean- Moscou, Valence en Euroleague, de toutes les décisions Pierre Boulanger n’a présidé aucun club parmi l’élite sur les salaires, les engagements, bref remplit son rôle avant cette saison, pourtant l’UHBSA est club vierge de d’administrateur dans le club qu’il chérit. « Le basket palmarès et d’histoire dans cette élite. Alors pourquoi un féminin est une passion, une vraie », explique-t-il. « Alors retour ? Tout simplement parce le club de Saint-Amand lorsque le club a disparu je ne pouvais rester sans rien faire, il a fallu que je construise est né de la faillite de l’union un dossier pour continuer entre l’USVO et Saint-Amand l’aventure. » première mouture, une faillite qui a provoqué l’explosion des deux clubs et même leur Fusion puis explosion disparition. Pourtant, dans En 2008, Valenciennes connaît la tête des gens, c’est bien une année difficile et suite à Valenciennes qui renaît à 18 une décision politique, le club petits kilomètres plus loin, à est sommé de fusionner avec Saint-Amand. son voisin de Saint-Amand. Pour tout le monde sauf « Francis Decourrière (ancien pour Jean-Pierre Boulanger patron de l’USVO passé au foot justement. Car pour le président ndlr) nous a convoqués, on ne Corinne Bénintendi, de l’UHBSA, la chose est savait rien », se rappelle l’ancien claire, « l’USVO était une belle administrateur de l’USVO. « entraîneur histoire, mais elle n’existe Le championnat était difficile, plus. » Et il sait de quoi il parle on venait de concéder sept le Nordiste pur jus. Homme d’affaires d’une cinquantaine défaites. Économiquement, le football nous phagocytait d’années, basé à Béthune, responsable d’une entreprise de les sponsors, les salaires des joueuses grimpaient, on menuiserie industrielle, Jean-Pierre Boulanger est tombé arrivait à la limite de ce que nous pouvions faire, alors dans le basket en rêvant devant les exploits de Berck et nous n’avons pas vu la fusion comme une mauvaise chose Denain puis, il est rapidement tombé amoureux du basket au départ. En revanche, le dossier a été très mal fait. Dès féminin. « C’est un autre sport que le basket masculin, je les premières réunions, les désaccords étaient nombreux. >>>
“L’histoire est ce qu’elle est, mais ce sont nos résultats qui feront de nous une équipe respectée ou non.”
Steffi Sorensen - repartie depuis -, Arhonda Covington et Clemence Beikes (en haut), Émilie Duvivier et Émilie Silbande, cinq des joueuses de base de Saint-Amand.
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Daniel Lemoine
Pascal Allée / Hot Sports
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Laëtitia Kamba et Corinne Bénintendi
On a dû virer un coach, des joueuses et avant même le début de la saison, on avait déjà 500 000 euros envolés. » Deux entités, deux clubs distants de 18 kilomètres mais bien plus éloignés dans les structures et les méthodes de pensée. Le président René Carpentier, qui a pris la suite de Christian Lecoq, président sortant de l’USVO, lutte lors de la saison 2008-09 mais ne peut éviter l’explosion. L’union aura duré un an, le club est définitivement perdu. Sauf pour Jean-Pierre Boulanger, un passionné comme on en trouve parfois, qui ne peut se résoudre à voir disparaître le club. Avec l’aide d’Alain Bocquet, maire de Saint-Amand qui est convaincu de la nécessité de posséder une équipe de basket pro dans sa ville de 16 000 âmes, le menuisier dépose son dossier et, à nouveau club, il souhaite un nouveau départ, en NF1 à l’époque. « J’ai déposé le seul dossier de candidature », soupire le président. « Tout le monde m’a pris pour un fou, mais il le fallait, j’étais certain que l’on pouvait redémarrer, mais pas en LFB, j’ai voulu que l’on passe par la case N1 pour se reconstruire. »
Vert comme espoir À l’été 2009, il ne reste rien des 25 titres de l’USVO dont deux d’Euroleague, rien non plus de l’Union Hainaut passé du jaune au rose pour une année bien noire. Maigre espoir
pour des joueuses comme Laetitia Kamba ou Clémence Beikes restées fidèles au club, le nouveau président JeanPierre Boulanger a décidé de poursuivre l’aventure. Lui seul présente un dossier, soutenu par Alain Bocquet, maire de Saint-Amand-les-Eaux. Des cendres de l’USVO va renaître l’Union Hainaut Basket Saint-Amand. Nouvelles couleurs, vertes, nouveau logo, nouveau club. « En quelques semaines, j’ai dû parer au plus pressé », détaille le président. « J’ai dû trouver un coach, Corinne Bénintendi était libre, j’ai dû la convaincre car je savais que j’avais besoin de sa rigueur pour recommencer. On a pris notre bâton de pèlerin pour trouver des joueuses capables de porter le projet en N1. » Pour Corinne, lâchée par Challes, la passion du président et sa connaissance du basket féminin ont suffi à la faire monter dans le Nord après dix ans passés en Savoie. « L’année en N1 fut compliquée mais le challenge était intéressant », avoue-t-elle. « Il ne fallait pas faire l’amalgame avec Valenciennes même si, à chaque match, les équipes adverses nous balançaient le palmarès de l’USVO. Nous n’avions que huit joueuses mais, en même temps, cela nous a soudés et on a franchi un palier. Cette année, ce n’est que du bonus pour nous, je pense même que c’est plus simple et on va essayer de déjouer les pronostics. » >>>
Hervé Bellenger / IS
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Arhonda "Jazz" Covington
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“Le Final Four de N1, c’est le début du renouveau. De grands moments pour construire l’histoire d’un nouveau club.”
Jean-PierreBoulanger, président
Le Final Four de N1 finit d’achever le renouveau du club. Dans un match au couteau contre La Roche, l’Union arrache la rédemption. « Ce match, on le gagne, on le perd, on le regagne », raconte le président. « Finalement, on l’emporte de deux points. Les gens sont venus, un bus complet, ils ont pleuré de joie contre La Roche puis ont pleuré de nouveau parce que l’on perd en finale. C’est le début du renouveau avec de grands moments même si ce n’est qu’une remontée en LFB. »
L’Europe pour exister Pour son retour en LFB, l’Union a été bien accueillie. Pierre Fosset, président de Bourges, a salué Jean-Pierre Boulanger. « Il s’est déplacé pour me dire qu’il était content de nous revoir, ça fait du bien, c’est agréable. » Pour son recrutement, le club avoue que l’aura de Valenciennes y a fait, comme pour l’Américaine «Jazz» Covington qui savait où elle mettait les baskets. « C’est un nouveau club, mais on sent quand même le poids de l’histoire. Il n’y a pas de pression historique mais, dans un club comme celuici, c’est important de savoir ce qui s’est passé. » Avec un
budget d’un peu plus d’un million d’euros, l’UHSBA est un club sain qui repart sur de bonnes bases et sans vouloir renouer avec son passé, se veut ambitieux. « L’année dernière, on a assisté à la naissance d’un club », martèle le président Boulanger. « Les gens y croient de nouveau. De 400 spectateurs, on est passé à 800 (avec une pointe à 985 lors du dernier derby remporté face à Villeneuve-d’Ascq, ndlr) mais je sais que, pour exister dans la région, il faut une coupe d’Europe. Notre objectif n’est pas l’EuroLleague, mais allons déjà jouer une petite coupe d’Europe et après on verra. » Un objectif présidentiel ambitieux mais qui ravit Corinne Bénintendi. « On joue pour gagner et l’ambition n’empêche pas l’humilité. Le discours du président me va, il est bon et je préfère qu’il me demande l’Europe que le maintien. On verra bien combien de temps on mettra pour y accéder mais j’ai envie de m’inscrire dans cette histoire. » Pour les supporters de feu l’USVO, Saint-Amand n’aura jamais le goût des Jaune et Noir, tant mieux. Les filles de l’UHBSA jouent en vert et portent l’espoir de pouvoir à nouveau faire rêver les foules. ■
CAPITAINE BEIKES
Daniel Lemoine
L'internationalE Clémence Beikes avait signé en jaune à l'USVO, mais a joué en rose sous le maillot de l'Union Hainaut avant de redémarrer en vert avec Saint-Amand en N1. Passée par toutes les couleurs, la capitaine est restée fidèle et est devenue le fer de lance de la nouvelle entité nordiste. « Cela n’a pas été facile pour moi. J’allais à Valenciennes, la fusion n’était pas à l’ordre du jour. Courant mars, cette histoire sort, moi j’avais un contrat de deux ans, ils ont décidé de me garder, j’ai décidé de rester car remonter dans le Nord était aussi un projet de vie pour moi. L’année est pâle mais je réintègre l’équipe de France en stage de préparation pour le championnat d’Europe 2009. À cette époque, on a encore de l’ambition, puis je suis coupée alors que les filles vont devenir championnes d’Europe. Là, je rentre et, au lieu de redémarrer en LFB, on rétrograde en NF1. Je me suis posée beaucoup de questions mais, le nouveau club me voulait comme fer de lance d’un nouveau projet. Mon instinct me disait que cela pouvait bien se passer et je ne vivais pas un drame non plus, j’avais encore la possibilité de jouer au basket alors je me suis lancée dans l’aventure. Jean-Pierre Boulanger a su me rassurer. Des filles comme Laëtitia Kamba sont restées, Corinne Bénintendi est arrivée, Émilie Duvivier aussi. On a su que l’on avait un effectif riche pour la NF1, avec des structures dignes d’un club de LFB. La remontée était l’objectif numéro un, match après match on a senti que l’on pouvait le faire. Au Final Four de NF1, on a senti les gens derrière nous, ils y croyaient alors nous aussi et on gagné notre place en LFB. On a alors compris qu’au-delà du résultat, c’était vraiment bien pour l’image du club d’avoir réussi à se sortir de cette situation. Personnellement, je suis devenue la capitaine de cette équipe, j’ai retrouvé l’équipe de France, j’ai participé au Mondial. La roue tourne vraiment vite, je suis passée d’un été 2009 pourri où je sors d’une saison où j’ai joué avec l’Union Hainaut alors que je devais jouer avec Valenciennes, où j’ai été coupée en EdF alors qu’elles deviennent championnes d’Europe, que je retombe en NF1 alors que je voulais l’Euroleague, à un été 2010 où tout me sourit. Voilà, je suis de retour en LFB, on est de retour en LFB, cela valait le coup de s’accrocher. Maintenant, nos objectifs sont clairs, on veut être une équipe surprise, on veut faire des coups comme notre victoire à Aix-en-Provence. J’aimerais bien que cette année on se dise : « on va aller jouer l’Union Hainaut Basket Saint-Amand chez elles, ça va pas être facile ! »
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DAN S L’UŒTIL S DES SCO
LE PLUS GRAND DEPUIS SABONIS ? IL FAIT FANTASMER TOUT UN PAYS. D’AUCUNS L’IMAGINENT DÉJÀ COMME LE MEILLEUR PIVOT LITUANIEN DEPUIS LE DIEU SABONIS. UNE CHOSE EST SÛRE, JONAS VALANCIUNAS EST UN MONSTRE DE PRÉCOCITÉ. Par Antoine LESSARD
Rodolfo Molina/EB via Getty Images
V
Repères Né le 6 mai 1992 à Utena (Lituanie) • Lituanien • Taille : 2,10 m • Poste : Pivot • Clubs : Lietuvos rytas Vilnius (équipe junior), Perlas Vilnius (2008-janv’10), Lietuvos rytas Vilnius • Palmarès : Champion d’Europe U16 et MVP en 2008, Champion d’Europe U18 et MVP en 2010. • Ses stats en LKL (Lituanie) : 11,2 pts à 52,5%, 7,8 rbds, 2,2 cts en 22 min après 6 journées • Ses stats en Euroleague : 10,0 pts à 76,9%, 6,4 rbds, 1,0 ct en 18 min après 5 journées • Ses stats à l’Euro U18 2010 : 19,4 pts à 70,0%, 13,4 rbds, 2,7 cts en 30 min
ilnius, 1er août 2010. Les 12.000 spectateurs de la Siemens Arena célèbrent le sacre des juniors lituaniens. En finale, les Russes ont été surclassés : 61-90. Écœurés, impuissants face à la domination du pivot adverse, Jonas Valanciunas, auteur de 31 points et 18 rebonds. Conclusion en apothéose pour celui qui a régné sur la compétition. Jonas reçoit le trophée de MVP des mains du président lituanien, Valdas Adamkus. Quelques instants plus tard, Arvydas Sabonis passe la médaille de champion autour du cou du jeune homme et lui glisse quelques mots à l’oreille. Que lui dit le dieu vivant ? « C’est un secret », glissera malicieusement Jonas. Probablement « ne t’arrête pas de travailler ». C’est que le talent de Valanciunas n’a pas échappé à l’œil expert de Sabas, génie de ce sport, celui qui fut à 17 ans « le meilleur basketteur de cet âge que j’ai vu dans ma vie » d’après Bobby Knight. Un talent inné, mais aussi un gros travailleur, bossant sans relâche son shoot et essayant de copier la gestuelle du grand Kresimir Cosic. Cela ne transparaît pas (encore ?) dans son jeu mais Valanciunas voue un culte à Sabonis depuis son plus jeune âge. Jonas n’avait que 12 ans à la fin de la carrière de Sabonis en 2004, mais il a dévoré beaucoup de vidéos de son idole. Des matches de championnat russe avec le Zalgiris, des Blazers en NBA, des J.O. de 1992 et 1996. Mieux, il a eu l’occasion d’apprendre quelques secrets, quelques ficelles du jeu de Sabonis en partageant la chambre de son fils, Tautvydas, en sélections cadet et junior. Qu’en at-il retenu ? Visiblement pas la science de la passe de Sabonis. En revanche, Valanciunas démontre, comme son illustre modèle, une précocité exceptionnelle. Sa compréhension, son instinct, son toucher de balle sont ahurissants pour un intérieur de 18 ans. Couplé à de bonnes qualités athlétiques et à une vélocité remarquable pour sa taille, le cocktail est explosif en attaque. Ceci explique pourquoi Valanciunas a tout dévasté en catégories de jeunes (37 points, 19 rebonds et 49 d’évaluation contre les Bleus à Metz en 2009 !). Et pourquoi il a continué à tirer son épingle du jeu au milieu des hommes.
et 6,1 rbds en 19 minutes pour l’intérieur de 17 ans. Des chiffres qu’il reproduit cette saison…en Euroleague ! Il en est la grande révélation avec le Croate du Cibona, Leon Radosevic, de deux ans son aîné. Pour son premier match en Euroleague, le numéro 17 de Vilinius s’est fendu d’un double-double (10 points et 10 rebonds) sur le parquet de Fenerbahce Ulker. Il a assuré 11 pts-6 rbds contre Sienne, 10 pts-5 rbds au Barça et 15 pts-9 rbds face au Cibona de Radosevic. Sa seule sortie de route a eu lieu à la Meilleraie (4 pts-2 rbds) où Jonas a fait preuve de naïveté en défense et été rapidement sanctionné. Un axe de travail majeur s’il veut passer plus de temps sur le terrain (4,0 fautes par match en moins de 18 minutes). Pour le reste, la copie est propre. 76,9% aux tirs (2e de l’Euroleague) et un bon 14,4 à l’évaluation. La meilleure de son équipe après cinq journées*. Et une évaluation de 32,2 en la ramenant sur 40 minutes ! Le tout à 18 ans, c’est-àdire à un âge où les jeunes Américains attaquent leur saison freshman en NCAA, le prodige fait déjà partie des intérieurs les plus efficaces du Vieux Continent. C’est une certitude, le Lituanien appartient au gratin mondial de sa génération. Les scouts NBA lorgnent depuis longtemps sur ce modèle rare, jugé plus prometteur encore que son compatriote Donatas Motiejunas (20 ans, Benetton Trevise). La NBA lui est promise. Peut-être dès l’année prochaine. Avec le risque de partir trop tôt et de gâcher son potentiel, faute de travail, faute de minutes sur les parquets. Rimas Kurtinaitis connaît bien le garçon. « Il est difficile à stopper près du cercle mais il a encore besoin d’apprendre l’alphabet du basket », a prévenu l’ancien coach de Rytas à notre confrère, Giedrius Janonis. « Il doit trouver une solution dans son jeu dos au panier, apprendre à prendre position dessous, ajouter le tir à trois-points à son arsenal, sans compter la lecture du jeu à améliorer. Ensuite, et seulement ensuite, il sera une arme atomique.» Jonas Valanciunas pourrait aussi s’inspirer du parcours de Pau Gasol, au profil technique pas si éloigné. L’Espagnol avait attendu d’avoir 21 ans pour quitter le Barça et rejoindre la grande ligue. On connaît la suite. ●
UN DOUBLEDOUBLE POUR SON PREMIER MATCH EN EUROLEAGUE
Lottery pick assuré
Valanciunas a débuté chez les seniors la saison dernière à Perlas Vilnius, en LKL lituanienne. Prêté par Lietuvos rytas, l’intérieur a fait si forte impression qu’il a été rappelé dès le mois de janvier par son club formateur. Au final ? 10,0 pts
*Le ranking de l’Euroleague est différent de l’évaluation. Il comptabilise également les contres reçus, les fautes et les fautes provoquées. Au ranking, Valanciunas est 3e de son équipe.
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Rodolfo Molina/EB via Getty Images
JONAS VALANCIUNAS (LIETUVOS RYTAS VILNIUS)
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SaLE TEmPS POUR LE BaSKET GREC
C’EST La CRiSE ! GRÈVE, ÉCONOMIE EN CRISE, SPONSORS QUI DÉSERTENT, JOUEURS QUI QUITTENT LE CHAMPIONNAT… LA LIGUE ESAKE, ET À TRAVERS ELLE LE BASKET GREC, EST EN PLEINE TOURMENTE. Par Florent de LamBERTERiE
L’OAKA stadium (19.000 places) est vide ! Sale temps pour les Grecs.
Jean-François Mollière
La CRiSE EN GRÈCE • maxi-basket 83
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Lazaros Papadopoulos (PAOK) instigateur de la révolte des basketteurs grecs.
L
’image a fait le tour de la planète basket sur Youtube et autre Dailymotion. Le 23 octobre dernier, c’est à un drôle de spectacle que les spectateurs de l’OAKA ont assisté en préambule à la rencontre entre le Panathinaikos et le PAOK Salonique pour cette première journée de championnat. Alors que les joueurs des deux équipes s’échauffent, une dizaine d’individus de grande taille, parmi lesquels Lazaros Papadopoulos – pourtant sous contrat au PAOK – se tiennent dans le rond central, debout, en tenue de ville. Et visiblement, ils ne sont pas là pour recevoir un quelconque trophée, encore moins pour donner le coup d’envoi du match. Ce serait même plutôt l’inverse. Membres du PSAK, le syndicat des joueurs grecs dont Papadopoulos est le président, les intrus ne sont autres que des basketteurs professionnels dont le syndicat a appelé à la grève, et la menace a été mise à exécution. Il faudra attendre l’arrivée des forces de police pour voir les manifestants finalement quitter les lieux, une situation que l’on retrouvait partout, sur tous les terrains de l’ESAKE lors de cette première journée de championnat. Parfois même un peu plus musclée, comme le lendemain, à l’Helleniko Arena de l’AEK Athènes, où la police n’hésitera pas à frapper dans le tas pour déloger les grévistes. Pathétique et troublant. Les signes d’un basket malade.
Un conflit gagné par la ligue
Depuis quelques mois déjà, les relations s’étaient sacrément durcies entre joueurs d’un côté, ligue, fédération et clubs de l’autre. Porte-parole du mouvement gréviste en qualité de président du syndicat, Lazaros Papadopoulos n’avait pas hésité, début octobre, à employer des mots pour le moins durs. « Le basket est mort en Grèce », déclarait l’ancien international hélène. « Dans cette ligue, les droits constitutionnels de la moitié des joueurs ne sont pas respectés. » Les motifs de la grogne, la violence dans les stades que les joueurs souhaitent voir réguler par la ligue, mais surtout des craintes quant au versement des salaires en temps et en heure, tels que prévus dans les contrats. Des
« Le basket est mort en Grèce. » Lazaros Papadopoulos
doléances pas vraiment au goût de l’ESAKE, qui a menacé à son tour de représailles les joueurs récalcitrants, ce qui a donné lieu au bras de fer de la fin octobre. Un duel finalement remporté par la ligue, grâce notamment à ses deux clubs-phares, Olympiakos et Panathinaikos. Votée à 89,5% par les joueurs grecs, la grève n’a pourtant rencontré qu’un demi-succès, en définitive. Certes, elle a réussi à reporter d’une semaine l’entame du championnat mais les clubs n’ont pas cédé, et devant le refus des nationaux à participer au match, les équipes de l’ESAKE ont aligné des rosters composés des joueurs étrangers et d’espoirs, avec une qualité de jeu forcément réduite. Ceci à l’exception des Reds et des Greens, qui affichaient pour l’occasion leurs équipes types, les Grecs du Pana et du Pirée
Juan Manetti/EB via Getty Images
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se désolidarisant de leurs homologues sous la pression de leurs employeurs. Y compris le pivot de l’Olympiakos, Ioannis Bourousis, pourtant vice-président du syndicat avant de démissionner de son poste. Si bien que, dès la deuxième journée, le mouvement de protestation retombait tel un soufflet. Le calme était revenu et les joueurs avaient regagné leurs équipes respectives. Instigateur de la révolte, Lazaros Papadopoulos, qui avait annoncé en grande pompe vouloir quitter son club et rejoindre un championnat plus stable, s’est même vu contraint de présenter ses excuses officielles aux dirigeants du PAOK ainsi qu’à ses fans, avant de retrouver la voie de l’entraînement tout en quittant ses fonctions de président du PSAK. Une fin en eau de boudin pour un conflit qui n’aura finalement débouché sur pas
La CRiSE EN GRÈCE • maxi-basket 85
Le taux d’imposition pour les sportifs est passé de 21 à 45% depuis le premier janvier Platon. De Frédéric Weis à Mamoutou Diarra, en passant par Jim Bilba ou encore Alain Digbeu, nombreux sont les souvenirs folkloriques que l’expérience hellénique a laissés dans l’esprit de nos basketteurs. Sauf que cette année, le mal semble plus profond et la situation nettement plus alarmante. Car au-delà du basket, le pays a subi de plein fouet la crise financière, plus gravement encore que ses voisins européens. Avec un déficit public équivalent à 13,6% du PIB pour l’année 2009, soit plus de quatre fois le montant maximal autorisé selon le pacte de stabilité de la zone euro, la Grèce a connu une véritable faillite et les mesures n’ont pas tardé. Un emprunt d’État largement médiatisé (110 milliards d’euros sur trois ans du FMI) et une politique d’austérité nouvelle pour un pays traditionnellement plus connue pour son évasion fiscale que pour sa rigueur. Conséquence directe, le taux d’imposition pour les sportifs gagnant plus de 100.000 euros annuels est passé de 21 à 45% depuis le premier janvier dernier et désormais, les joueurs eux-mêmes doivent s’acquitter de payer l’impôt, et non plus les clubs comme cela était coutume auparavant. Sans compter la suppression, quasi-systématique, des avantages “en nature” dont bénéficiaient les basketteurs (voiture, appartement…) Dans ces conditions, les retards des salaires, pratique qui demeure encore aujourd’hui, posent de vrais problèmes aux travailleurs des parquets. À commencer par les basketteurs grecs, qui traditionnellement “passent” après les étrangers dans les clubs de l’ESAKE, d’où leur révolte.
Les joueurs quittent le navire
Côté club, la crise aussi a eu son effet. En l’absence de comptabilité fiable et publique – là aussi, une “tradition” en ESAKE – difficile de chiffrer avec précision l’ampleur du cataclysme, même si plusieurs médias s’y sont essayé. À titre d’exemple, le site américain spécialisé dans l’économie bloomberg.com annonce une réduction des salaires de l’ordre de 70% par rapport à l’année dernière, un montant sans doute excessif. Reste que le mal est bien réel et que, ›››
LES CLUBS DE L’ESaKE
grand-chose, si ce n’est un peu d’agitation et quelques vagues promesses de l’ESAKE quant à la prise en compte de la précarité des joueurs grecs. De quoi laisser un goût amer dans la bouche, comme après une moussaka trop salée.
Récession, hausse d’impôt et préférence internationale
Depuis toujours, la Grèce véhicule bon nombre de légendes, et pas que chez les historiens spécialistes de l’Antiquité. Retard de paiements, salaires versés en petites coupures et livrés à domicile dans des sacs de sport, financements occultes, voire douteux, présidents fantômes… Des rumeurs bien connues et souvent confirmées par les joueurs français ayant tenté leur chance au pays d’Aristote et de
Club
Salle
Capacité
Ville
AEK
Helliniko Olympic Arena
15.000
Athènes
Aris
Alexandrio Melathron
5.500
Salonique
Ikaros Esperos
Glyfada
5.000
Athènes
Ilisiakos
Ilissia Indoor Hal
1.700
Athènes
Iraklis
Ivanofio Indoor Hall
2.500
Salonique
Kavala
Kalamitsa Sports Center
1.700
Kavala
Kolossus
Venetoklio Indoor Hall
1.300
Rhodes
Maroussi
Maroussi Indoor Hall
2.000
Athènes
Olympiakos
Palais de la Paix et de l’Amitié
14.905
Le Pirée
Panathinaikos
OAKA
19.250
Athènes
Panellinios
Lamia Indoor Hall
3.660
Athènes
Panionios
Glyfada
5.000
Athènes
PAOK
PAOK Arena
8.500
Salonique
Peristeri
Peristeri Arena
4.000
Athènes
maxi-basket
Roberto Serra/EB via Getty Images
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« C’est peut-être ma dernière saison parmi vous. » Theodoros Papaloukas
›››
dans un championnat où les affluences sont faméliques et qui repose essentiellement sur le mécénat, plusieurs clubs se retrouvent dans une grande précarité. Si les locomotives, Panathinaikos et Olympiakos – soutenus par les mécènes que sont les frères Giannakopoulos à Athènes et les frères Angelopoulos au Pirée – résistent à l’orage, Maroussi par exemple a dû renoncer à disputer le tour préliminaire de l’Euroleague au dernier moment, faute de garanties financières suffisantes. D’ailleurs, on ne compte plus les joueurs à avoir rompu leur contrat après s’être engagés cet été en ligue ESAKE. Parfois au grand bonheur de la Pro A d’ailleurs, tels Mamoutou Diarra (de Maroussi à Cholet) ou encore Nick Lewis (d’Iraklis à Strasbourg).
Le Pana menace de déserter
Dans cet iceberg d’exode précipité, le départ des stars NBA, recrutées à grand frais depuis deux ans, constitue la partie immergée. Coïncidence ou pas, Josh Childress est reparti en NBA après deux années passées à l’Olympiakos, de même que Linas Kleiza qui joue cette saison au Raptors après un an au Pirée. Deux joueurs emblématiques qui avaient pourtant tous deux un an de contrat encore en cours mais qui ont choisi de revenir au bercail. « J’ai été très bien traité là-bas », déclarait récemment le Lituanien. « Les Grecs vous donnent une maison, une voiture, ils paient même vos impôts alors qu’en NBA, ce sont les joueurs qui doivent s’occuper de tout ça. » Avec ces avantages en voie de disparition et un dollar qui s’est fortement apprécié par rapport à l’euro depuis 2008, l’expatriation n’est plus aussi intéressante. « Nous continuons de regarder les joueurs américains mais c’est de plus en plus difficile », rapportait
Vasilis Vourtzoumis, le general manager de l’Aris Salonique en août dernier. « De plus, les sponsors ne frappent pas vraiment à notre porte. » Bien entendu, des exceptions subsistent, à l’image de l’Olympiakos qui a réussi à rapatrier Radoslav Nesterovic en Europe après plus de dix ans en NBA. Mais même au Pirée, club fortuné s’il en est, le climat ambiant commence à faire tourner les têtes, et pas que chez les Américains. « C’est peut-être ma dernière année parmi vous », a déclaré Theodoros Papaloukas lors de la soirée organisée par le club à l’occasion du lancement de la nouvelle saison. « Mon contrat se termine bientôt et je ne sais pas encore si je vais le prolonger. Le basket grec manque d’organisation, il est sur le déclin et j’en ai assez d’espérer. » Des paroles qui ont encore plus de portée quand on sait qu’elles sortent de la bouche d’un Grec. Quant à Thanasis Giannakopoulos, le président du Panathinaikos, il a carrément menacé d’emmener son équipe à l’étranger et de la faire jouer dans un autre championnat si les problèmes de l’ESAKE persistaient trop longtemps. Le Pana champion de Pro A, vous imaginez ? Si l’on est encore bien loin de ces prévisions, la réalité reste préoccupante et pour endiguer la fuite en avant, la ligue commence à chercher des solutions. Les sponsors se recentrant de plus en plus vers le football, l’ESAKE est en quête de nouveaux partenaires et négocierait actuellement avec Turkish Airlines, la compagnie aérienne qui parraine déjà l’Euroleague depuis cette année. Pas sûr que cela suffise à endiguer la décrue du basket grec. L’ESAKE peut toujours se consoler en se disant qu’elle n’est pas la seule à connaître des soucis ces temps-ci, à l’image de la NBA, qui semble se diriger de plus en plus vers un lockout l’été prochain. La crise n’épargne personne, mais surtout pas les Grecs. n
La CRiSE EN GRÈCE • maxi-basket 87
aLaiN DiGBEU TÉmOiGNE
« JE NE RETOURNERai PaS EN GRÈCE » PASSÉ QUATRE MOIS PAR KAVALA, AU DÉBUT DE LA SAISON 2008, ALAIN DIGBEU GARDE UN SOUVENIR BIEN MARQUANT DE SON EXPÉRIENCE. L’OCCASION DE RAPPELER QUE LES TRAVERS DU BASKET GREC EXISTAIENT DÉJÀ BIEN AVANT LA CRISE FINANCIÈRE QUE LE PAYS SUBIT AUJOURD’HUI.
Q
mais plus par la suite parce qu’il avait commis une faute professionnelle terrible en oubliant d’inscrire l’équipe à temps dans le championnat. D’ailleurs, l’ESAKE avait dû retarder nos premiers matches pour régler ce problème. Tout ça n’était pas très clair, on ne savait pas très bien qui était le boss.
Jean-François Mollière
u’est-ce qui t’avait poussé à signer en Grèce en 2008 ? Je sortais d’une saison à Alicante où le club jouait en deuxième division et à ce moment-là, on va dire que les offres n’étaient pas florissantes. Kavala m’a proposé quelque chose d’intéressant et j’ai accepté. J’aime bien découvrir et je n’avais jamais joué en Grèce, et puis les joueurs qui avaient signé paraissaient former une équipe cohérente. Sauf qu’on ne m’avait donné que la moitié des données, donc j’arrive là-bas et je vois que ce qu’on m’avait décrit, ce n’était pas exactement ça. J’ai débarqué dans un club qui venait d’être promu et qui n’était pas prêt, tant au niveau logistique que des infrastructures. J’ai subi ça pendant quatre mois avant de partir à Pau-Orthez. Pour résumer, disons que j’avais envie de vivre une expérience grecque et je l’ai vécue, dans tous les sens du terme. Moi qui étais passé par le Barça, le Real, Bologne, des équipes assez sérieuses… Disons que quatre mois à Kavala, c’était la limite en ce qui me concerne.
« J’avais envie de vivre une expérience grecque, je l’ai vécue, dans tous les sens du terme. »
Tu n’avais jamais entendu les rumeurs qui courent sur l’ESAKE avant d’y aller ? Si, bien sûr, je savais que c’était une ligue qui souffrait. Avant la crise financière, elle avait déjà cette étiquette de ligue “pirate”, avec des équipes à l’abri comme le Pana, l’Olympiakos, Panionios voire l’AEK, mais où les autres travaillaient dans des conditions difficiles.
le professionnalisme avec un chantier pas possible. Et c’est vrai que Kavala était un cas particulier, parce qu’on ne disposait que d’une tribune latérale qu’ils avaient agrandie in extremis avant la réception de notre premier adversaire. Pour des joueurs comme moi, ça choque. Alors on est pro, on essaie de ne pas se plaindre et de ne pas faire la diva mais les premiers jours sont très difficiles.
Qu’est-ce qui t’a vraiment surpris là-bas ? Quand on arrive à la salle, on se pose des questions. Le vestiaire me rappelait celui de ma classe de troisième en cours de sport le vendredi après-midi… Bref, pas pro du tout. L’excuse, c’est que c’était une équipe qui venait de monter, qui découvrait
Et côté staff ? On avait un kiné qui n’était pas mal du tout, d’ailleurs je lui envoie encore des messages de temps en temps. En revanche, je crois que je n’ai jamais vu un seul docteur en quatre mois. On avait aussi un GM mais il n’était jamais là. Le président s’est montré au début
Question salaires, comment ça s’est passé dans ton cas ? Il y a beaucoup de légende qui circulent autour du moyen de paiement en Grèce. On va dire que c’était légal, et moyennement légal ! (Rires) Sur les quatre mois que j’ai effectués, j’ai touché deux mois et demi de salaire. J’ai demandé le reste, bien entendu, mais quand j’ai vu que les mecs baissaient les yeux, regardaient à droite ou à gauche, j’ai dit au revoir et je suis parti. Je pense que c’était la seule chose à faire. Et encore, on payait d’abord les Américains et les étrangers en premiers, les Grecs passaient après.
Et côté basket, quels souvenirs gardes-tu ? Le basket grec ne m’a pas du tout plu. J’aime le jeu en finesse, l’élégance et, à part le Pana ou l’Olympiakos, il n’y avait pas de grande richesse tactique. C’est une ligue où l’on joue très, très dur, il y a des marrons qui partent dans tous les sens et je n’étais pas trop dans mon élément. T’imagines-tu y retourner un jour ? Si Obradovic (coach du Panathinaikos) a besoin d’un ailier sur la fin de carrière pour donner cinq minutes à fond, il n’y a pas de problèmes (Rires) ! Non, ça m’étonnerait beaucoup. J’essaierais bien le championnat turc, je retournerais volontiers en Espagne ou en Italie mais je ne retournerai pas en Grèce ! Propos recueillis par Florent de LAMBERTERIE
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maxi-basket 89
Par Yann CASSEVILLE,
COACHES COUPÉS EN PRO A
TÔT, C’EST BIEN, TARD, ÇA NE SERT À RIEN
I
Hervé Bellenger / IS
Nordine Ghrib, a remplacé Vincent Collet à la tête de l’ASVEL.
Saison
Club
Coach viré
V-D (%V)
Nouveau coach
Vincent Collet
2-4 (33%)
Nordine Ghrib
l faut remonter à la saison 2005-06 pour avoir un exercice où aucun coach n’a été coupé. Cette saison encore, il y aura au moins un entraîneur prié de faire ses valises en cours de saison avec le remplacement à l’ASVEL de Vincent Collet par Nordine Ghrib. À la lecture du tableau ci-dessous, on distingue deux types de cas. 1/ Un changement de coach tôt dans la saison (avant les 10 premiers matches). Une méthode qui a porté ses fruits de manière exceptionnelle à Cholet en 2005-06, Erman Kunter emmenant CB en playoffs, et à Pau en 2007-08 avec Laurent Mopsus (qui, en 2008-09, a également fait mieux que son prédécesseur mais n’a cette fois-ci pas pu éviter la descente). 2/ Un changement de coach tardif. Là, les derniers exemples offrent un tout autre constat : point de redressement spectaculaire. L’effet est soit invisible (Hyères-Toulon en 200607), soit négatif, car souvent le nouvel entraîneur n’a pas le temps de sauver cette équipe qu’il n’a pas construite (Henrik Dettman l’année passée, Jean-Marc Dupraz en 2007-08). l V-D nouveau (%)
2010-11 11/2010 ASVEL
En cours
2009-10 01/2010 Dijon
Randoald Dessarzin
4-10 (28,6%)
Julien Mahé, Henrik Dettmann
3-13 (18,8%)
Jean-Aimé Toupane
0/7 (0%)
Laurent Mopsus
7-16 (30,4%)
1/7 (12,5%)
Laurent Mopsus
12-10(54,5%)
2008-09 11/ 2008 Pau-Orthez
2007-08 11/2007 Pau-Orthez
Olivier Cousin
01/2008 Gravelines-Dunkerque
Frédéric Sarre
4-8 (33,3%)
Philippe Namyst
7-11 (38,9%)
01/2008 Paris Levallois
Elias Zouros
5-7 (41,7%)
Jean-Marc Dupraz, Ron Stewart, Jean-Marc Dupraz
5-13 (27,7%)
04/2008 Strasbourg
Éric Girard
Olivier Weissler
1-6 (14,3%)
11-12 (47,8%)
2006-07 10/2006 Cholet
Ruddy Nelhomme
0-5 (0%)
Jacky Périgois, Erman Kunter
19-10 (65,5%)
01/2007 Bourg
François Peronnet
5-10 (33,3%)
Neno Asceric
3-16 (12,7%)
01/2007 Hyères-Toulon
Francis Charneux
5-11 (31,3%)
Frédéric Wiscart-Goetz
6-12 (33,3%)
2005-06 Aucun coach coupé
90
maxi-basket
LES ÉCHOS
Par Yann CASSEVILLE,
TOP MARQUEURS DE PRO A
Hervé Bellenger / IS
HUGHES DANS L’HISTOIRE ?
Saison Joueur 2010-11 Rick Hughes 2009-10 Derrick Obasohan 2008-09 Austin Nichols 2007-08 Sean Colson 2006-07 Dewarick Spencer 2005-06 Jason Rowe 2004-05 Rowan Barrett 2003-04 Rick Hughes 2002-03 Aubrey Reese 2001-02 Tony Dorsey 2000-01 Curtis McCants 1999-00 John White 1998-99 Keith Jennings 1997-98 Jerry McCullough 1996-97 David Booth 1995-96 Todd Mitchell 1994-95 Ron Anderson 1993-94 Mike Jones 1992-93 Terence Stansbury 1991-92 Bill Jones 1990-91 Bill Jones 1989-90 Derrick Rowland 1988-89 Ron Davis 1987-88 Ron Davis *Âge du joueur au 30 juin = fin de saison.
Équipe Hyères-Toulon Hyères-Toulon Hyères-Toulon Hyères-Toulon Roanne Hyères-Toulon Dijon Strasbourg Roanne Cholet Antibes/Montpellier Strasbourg Le Mans Gravelines Dijon Montpellier Montpellier Cholet Levallois Montpellier Montpellier Caen Mulhouse Mulhouse
Pts/match 18,0 19,8 21,4 21,4 20,6 21,0 21,5 24,1 19,9 20,0 21,7 31,1 19,4 20,3 22,4 24,7 25,5 24,2 26,3 24,8 26,5 26,3 31,1 30,2
Âge* 37 29 27 32 25 28 32 30 24 32 25 34 30 25 27 29 36 27 32 26 25 31 30 29
• Après sept journées, Rick Hughes était le top marqueur de Pro A avec 18,0 points par match. Actuellement blessé, s’il revient en forme, le pivot du HTV a l’occasion cette saison de s’offrir deux records. Il peut en effet devenir le premier joueur à devenir meilleur marqueur de Pro A avec deux équipes différentes (il l’a été avec Strasbourg en 2003-04), et le meilleur marqueur de Pro A le plus âgé de l’histoire de la LNB. En effet, Ron Anderson l’a été à 36 ans (il était dans sa 37e année, né en octobre 1958), alors que Rick a 37 ans (et est dans sa 38e année, né en août 1973). • Si Hughes joue suffisamment de matches et ne se laisse pas dépasser par les Marquez Haynes, Bernard King ou autres K.C. Rivers, alors l’attaquant le plus prolifique du championnat sera un joueur de HyèresToulon pour la quatrième fois de rang, et la cinquième en six saisons. Y’a pas à dire, l’air du Var, ça revigore.
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LES ÉCHOS
Par Yann CASSEVILLE,
FUiTE À La mEiLLERaiE
UNe saLLe QUasI IMPReNabLe, MaIs Pas IMPeRMÉabLe
6 novembre, le champion de France 2010, Cholet, accueille le champion de France 2009, l’ASVEL. Une affiche de gala qui a failli tomber à l’eau… • Les pompiers entrent en piste… sous l’œil attentif du GM choletais, Thierry Chevrier.
• Deux présidents, Gilles Moretton et Patrick Chiron, un entraîneur, Vincent Collet, et un arbitre, Anibal Castano, pour un sujet de discussion : une fuite d’eau à la Meilleraie.
• Thierry Chevrier, l’homme à tout faire de CB. Une âme généreuse pour lui offrir un parapluie ?
• Après l’intervention des pompiers et un bon coup de balai, le match, initialement prévu à 20h00, a finalement débuté vers 21h25.
Photos : Étienne Lizambard / Hot Sports
• La forteresse de la Meilleraie n’avait pas l’habitude d’être envahie par le toit.
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LES ÉCHOS
Par Yann CASSEVILLE,
LES ARRIVÉES EN COURS DE SAISON
LES COACHES ONT DU NEZ l’improbable Travarus Bennett (ancien de N1). Finalement, avec Ralph Biggs, bientôt 35 ans, il a rééquilibré son équipe. Ensuite, les retours de Ludo Vaty et Sacha Giffa dans leur club d’Orléans et Strasbourg semblent être à l’évidence des bons coups. Très bonne affaire aussi que celle d’Alain Weisz qui, en perdant Jonte Flowers sur blessure, a gagné au change en faisant piger Tony Dobbins. Enfin, le bilan statistique est défavorable pour Rob Lewin ou encore Willie Deane, mais leur qualité n’est pas remise en cause, et nul doute qu’ils feront du bien à leur équipe. Quant au dernier arrivé, Nick Lewis, à Strasbourg, on attendra de le voir à l'œuvre pour le juger.l Mat Walsh fait du bien à l’ASVEL.
Joueur
Équipe
Matt Walsh
ASVEL
Bilan avant Bilan après* 0-3
3-1
Nebojsa Bogavac
ASVEL
0-2
3-2
Mike Fraser
Gravelines-Dunkerque
0-1
5-1
Tremaine Ford**
Pau-Lacq-Orthez
0-1
3-3
Ralph Biggs
Limoges
1-3
2-1
Ludovic Vaty
Orléans
2-4
1-0
Tony Dobbins
Hyères-Toulon
2-2
2-1
Sacha Giffa
Strasbourg
2-3
1-1
Michel Morandais Paris Levallois
4-2
0-1
Willie Deane
Nancy
3-1
1-2
Rob Lewin
Vichy
1-4
0-2
* Bilan arrêté après la 7e journée. ** Ford a terminé sa pige avec Pau au soir de la 7e journée, et s’est depuis engagé avec Hyères-Toulon, pour pallier l’absence de Rick Hughes.
Hervé Bellenger / EB via Getty Images
A
près 7 journées, 10 équipes avaient déjà opéré un remaniement de leur effectif, que ce soit via un pigiste médical, un nouveau joueur ou un remplacement. Et force est de constater que les coaches de Pro A se sont pour l’instant plutôt bien sortis de cet exercice toujours périlleux qui consiste à intégrer un nouvel élément en cours de saison. Ainsi, l’ASVEL a eu le culot de virer A.D. Vassallo, pourtant star du championnat la saison passée avec le PL. Cela pouvait paraître incensé, mais son remplaçant, le chevelu Matt Walsh, a presque déjà fait oublier le Portoricain en signant carton sur carton. À Limoges, Éric Girard a longtemps tatonné pour trouver son poste 3 (mise à l’essai du Serbe Strahinja Milosevic, de l’Américain Awvee Storey) et avait commencé sa saison avec
LE
l Samedi 4 décembre, à Caen, se déroulera la traditionnelle élection de Miss France. Et parmi les 33 candidates, un nom qui parle pour les amateurs de basket. En effet, Miss Martinique s’appelle Anaïs Corosine (au centre sur la photo), et n’est autre que la sœur de Xavier Corosine, l’ancien joueur de Paris et Chalon qui s’éclate désormais en Pro B avec Nanterre. Si Xavier est un “nain” dans le basket masculin, avec ses 183 cm, les 175 cm d’Anaïs auraient fait d’elle une basketteuse de taille dite dans la norme... et de charme.
D.R.
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maxi-basket
LES ÉCHOS
Par Florent de LAMBERTERIE
Making of d’une couv’
Photos : Jean-François Mollière
Une impression de déjà vu ? Logique. Allez jeter un coup d’œil à la couverture de ce numéro et vous ferez tout de suite le rapprochement. Lors de son dernier déplacement à Gravelines, le photographe Jean-François Mollière a eu l’idée d’une petite mise en scène originale pour illustrer son reportage : faire poser les joueurs au milieu de leurs répliques grandeur nature qui servent habituellement d’adversaires aux jeunes du coin durant les mi-temps à Sportica. Ainsi, rendez-vous avait été donné à Yannick Bokolo, Rudy Jomby et Ben Woodside mercredi matin, au lendemain de la victoire contre Poitiers. Dans l’espace qui accueillait la veille le salon VIP d’après-match, nos trois basketteurs, tout de noir vêtus, ont bien rigolé au milieu de ces silhouettes factices, n’hésitant pas à mettre la main à la pâte pour que le décor prenne forme. Le résultat étant plutôt sympa, nous vous proposons quelques clichés supplémentaires de cette équipe qui marche si bien en ce début de saison. Car sur le terrain, et contrairement à ces photos, le BCM est loin d’être une équipe en carton…
maxi-basket 97
Par Yann CASSEVILLE,
MVP D’UNE JOURNÉE EN EUROLEAGUE
MEJIA, PAS LE PREMIER 5
Hervé Bellenger / EB via Getty Images
e journée d’Euroleague, Cholet reçoit le Fenerbahçe, jusqu’alors invaincu aussi bien sur la scène européenne que dans le championnat turc (9 victoires en 9 matches au cumul). Les hommes d’Erman Kunter réalisent l’exploit en ce soir du 17 novembre en battant à la régulière la bande de Neven Spahija, 82-78. Avec 29 points à 9/12, assortis de 5 rebonds et 3 passes en 30 minutes, Samuel Mejia s’offre une évalutation de 35 et surtout le titre de MVP de la journée. Une première pour un joueur d’un club de Pro A ? Non, avant le Dominicain, depuis la première saison de l’Euroleague telle qu’elle est conçue actuellement, en 2001-02, 6 ressortissants de notre championnat ont déjà raflé cet honneur. Et la meilleure éval d’un joueur de Pro A en Euroleague est toujours détenue par Yann “La Liane” Bonato, avec 36. l
Joueur
Équipe
Saison
Journée
Éval’
Yann Bonato
ASVEL
2001-02
13
36*
Florent Piétrus
Pau-Orthez
2003-04
Top 16, J2
33**
Ricardo Greer
Strasbourg
2005-06
5
33***
Eric Campbell
Le Mans
2006-07
2
32
Michael Wright
Pau-Orthez
2006-07
Top 16, J5
31
Marc Salyers
Roanne
2007-08
8
34
Sammy Mejia
Cholet
2010-11
5
35
* Bonato avait été élu co-MVP de la journée avec Grigorij Khizhnyak de Kaunas et Beno Udrih de Ljubljana. ** Piétrus avait été élu co-MVP avec Ibrahim Kutluay du Fenerbahçe. *** Greer avait été élu co-MVP avec Dejan Milojevic du Partizan.
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MAXI-BASKET
PARTENAIRES
DANS LES COULISSES DU…
POURQUOI IL CROIT AU BASKET
BERNARD LECOMTE Délégué régional Veolia Environnement Directeur général adjoint DALKIA FRANCE
• Au micro, Michèle Demessine, Maire Adjointe chargée des sports à la Ville de Lille.
PARTENAIRE DU LMBC
« UN ENGAGEMENT DANS LA DURÉE » Pourquoi investir dans le basket ?
• Sabrina Legname de la Ville de Lille, son fils Arthur, et Tony Dorangeville, assistant-coach du LMBC.
© Dominique LAMPLA (REPORTER-PHOTOGRAPHE)
• Le président du LMBC Servais Tomavo avec Bernard Lecomte (Veolia - Dalkia) juste après le coup d’envoi.
Le sport, et à plus forte raison le basket, est l’expression de la recherche de l’excellence avec toute la cohésion que cela suppose. C’est aussi la mise en œuvre à chaque rencontre d’une nouvelle stratégie. Stratégie, adaptation, réactivité, esprit d’équipe, finalement la vie de l’entreprise est très proche du sport et le challenge y est également permanent.
Vous investissez au LMBC depuis quand ?
• Olivier Gouez avec Sébastien Staels des Carosseries Lavoisier (partenaire auto du club).
Entretien
WILFRIED DUCHEMIN (DIRECTEUR EXÉCUTIF DU LMBC)
Combien de partenaires au LMBC ?
On a environ 110 partenaires privés, comme Dalkia, les autocars Mariot Gamelin, la société Ramery, la Société Générale. On les attire par le bouche-à-oreille, on lit la presse locale pour savoir quand une entreprise ouvre.
• Marc Widenlocher (Société Générale) : partenaire “tenue“ du club et Wifried Duchemin : Directeur exécutif du Lille Métropole Basket.
le français à nos Américains, par respect envers nos partenaires. Bien sûr ils n’apprennent pas un français aussi soutenu que le nôtre mais ils s’y mettent.
Quel est le déroulement d’une soirée ?
Le match se termine, les partenaires vont à la salle de réception, juste derrière les tribunes VIP, les joueurs arrivent une petite demi-heure plus tard et ça dure jusqu’à 23h30, minuit, avec environ 300 personnes. Il y a le discours du président, de l’entraîneur et d’invités, on a eu Mickaël Landreau (footballeur), Daouda Sow (boxeur). On a des
« NOS AMÉRICAINS SE METTENT AU FRANÇAIS » Avoir de bons résultats booste, sinon c’est difficile, on a la remarque : « Je ne vais pas sponsoriser une entreprise qui perd. » Donc j’ai souhaité atteindre l’objectif financier avant le 1er match, comme ça après, c’est du bonus.
Les joueurs assistent aux soirées VIP ?
Oui, ils discutent avec les partenaires. On apprend
animations, ça peut être un groupe de jazz, de gospel, on aimerait un magicien. Avec la nouvelle salle, on pourra accueillir plus de personnes et, si on est l’unique utilisateur de l’espace réceptif, on pourra le décorer avec des maillots, photos, pourquoi pas une moquette avec notre logo. ●
Dalkia accompagne le Lille Métropole Basket depuis de nombreuses années. Notre engagement s’est toujours inscrit dans la durée, même dans les moments difficiles, parce que c’est dans la durée que se construisent les meilleurs partenariats. C’est une fierté pour nous de soutenir ce club à l’évolution exemplaire. Nous sommes aussi partenaires de plusieurs clubs de basket, dont le SPO Rouen ou le BCM GravelinesDunkerque.
Les résultats sportifs sont-ils importants ?
Les bons résultats sont toujours plaisants. Mais un partenariat est avant tout une aventure humaine. Saison après saison, nous voyons les clubs évoluer, se professionnaliser et afficher des performances. Un beau match n’est pas forcément synonyme de victoire, l’important est l’effort collectif et la cohésion de l’équipe, qui font naître des moments forts avec le public. Ainsi les soirées d’après-match sont un moment de rencontre et de convivialité.