#15
décembre 2009
AVEC CE Numéro LE DVD n°12 Du côté de chez Antoine Diot
26 Sacha Giffa & Vincent Masingue 36 Marc Silvert 46 Arras 56 La légende de Micheal Ray Richardson
POITIERS
L’irrésistible ascenSion
Tommy Gunn, Pape Badiane, Pierre-Yves Guillard, Rasheed Wright & Cédric Gomez
M 03247 - 15 S - F: 6,90 E - RD
MAXI-BASKETNEWS N°15 - décemBRE 2009 DOM : 7,60 € - BEL : 7,50 €
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ÉDITO • maxibasketnews 03
Poitiers, une incongruité Par Pascal LEGENDRE
D
ans un basket professionnel où une majorité d’équipes sont des « Tours de Babel », où les Américains à double passeport sont aussi recherchés que les truffes noires du Périgord et où les rosters de fin de saison ne ressemblent parfois en rien à ceux de la première heure, le Poitiers Basket 86 est une incongruité. Cinq joueurs (Guillaume Constentin, Yann Devéhat, Cédric Gomez, Pierre-Yves Guillard et Sylvain Maynier) étaient déjà membres du club lorsque celui-ci était inscrit en toute discrétion en Nationale 1. Évidemment, ce club des 5 pourrait se passer la balle avec un bandeau sur les yeux. Deux (Guillard et Maynier) sont nés dans une clinique de la ville, un troisième (Devéhat) à Angoulême, distant d’une grosse centaine de kilomètres. Le coach Ruddy Nelhomme - qui a porté le maillot du club avant de faire un passage à Cholet - n’a fait appel qu’à trois Américains, qui étaient déjà en piste avec eux en Pro B. Trois étrangers, pas un de plus. Et à un seul renfort français, Pape Badiane, pour affronter cette première aventure en Pro A. Et pour l’instant sur le terrain, même si c’est forcément fragile, ça marche ! Nous voici replongés il y a un demi-siècle lorsque les équipes du haut niveau étaient composées d’un maximum de joueurs du cru. En ces temps-là, l’entraîneur n’avait pas besoin que ses joueurs se tapent dans les mains ou se percutent le poitrail avant d’entrer sur le terrain pour prouver qu’ils étaient solidaires. Ils faisaient corps entre
eux et avec un public qui n’était pas gorgé de VIP indolents, mais de gens qui se rendaient le samedi soir à la salle pour défendre – parfois jusqu’à l’excès –, dans une ambiance enfumée, les couleurs de leur ville. « Est-ce que les gens ne viennent pas à la salle parce qu’ils connaissent aussi notre histoire ? Ils ne viennent peut-être pas uniquement voir des mecs qui mettent des tirs au buzzer », se demande Sylvain Maynier dans le reportage que nous vous offrons dans ce numéro. « Les gens s’identifient à nous », lui répond Yann Devéhat. Les bonnes recettes du passé fonctionnent toujours, même en ce début de XXIe siècle. Y compris dans la vie de groupe puisque l’on apprend que les Poitevins délaissent en déplacement les consoles, n’ont pas les yeux dans le vague pendant des heures avec leur casque vissé sur la tête, mais sont des adeptes inconditionnels du tarot, une tradition qu’ils empruntent à leurs pères. Le Poitiers Basket 86 n’est pas pour autant un club ringard, traditionaliste, passéiste. Son « service communication » est ainsi le plus novateur – allez, on peut le dire – de France. À travers Dailymotion, la série « Vis mon match » a fait connaître ces illustres inconnus dans toute la France. Personne n’est dupe, à commencer par les joueurs. Le phénomène est éphémère. Si Poitiers veut pérenniser son rang en Pro A, il lui faudra embaucher de la main d’œuvre étrangère, entrer dans la norme. Mais en attendant, cette belle histoire de potes méritait d’être vécue et d’être contée. ■
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DÉCEMBRE 09 SOMMAIRE 15
04 14 16
Poitiers Le baromètre Focus : Joffrey Lauvergne
18
Du côté de chez : Antoine Diot
26 Sacha Giffa
& Vincent Masingue
34 Un contre un :
Derrick Obasohan
36 Moi je : Marc Silvert 42 Échos 46 Marielle Amant
& Sarah Michel
54 Emir Preldzic 56 Micheal Ray
Richardson
62 Zone mixte 66 Contrôle surprise :
Stephen Brun
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L’irrésistible ascension de Poitiers
Phénomène unique Il y a quatre ans, CETTE ÉQUIPE était en N1. PortéE par un noyau dur d'irréductibles Poitevins, ELLE a grimpé les échelons à une vitesse folle. Dans leur sillage, boostés par un club qui n'a pas trop de moyens mais des idées, ils entraînent toute la ville derrière eux ! Par Thomas BERJOAN, à Poitiers • Reportage photos par Jean-François MOLLIÈRE
La salle de Saint-Eloi ne suffit pas Ă contenir tous ceux qui voudraient assister au match. Plus de 400 places debout sont vendues Ă chaque match.
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maxibasketnews
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aint-Eloi, un quartier tout neuf à l’est de Poitiers. Sorti de terre il y a quelques années à peine. Les architectes qui ont pondu l’affaire devaient être aussi rock’n’roll que Valéry Giscard d’Estaing. Le week-end, déserté par les scolaires du lycée, l’endroit a autant de cachet qu’un appartement témoin à Berlin-Est, avant la chute du mur. Pourtant, samedi 7 novembre, 16 heures à peine passées aux abords de la salle omnisports, il règne une véritable agitation. Devant la grille baissée d’une petite cabane qui gère la billetterie, déjà une quarantaine de Pictaviens, des jeunes pour la plupart, bravent les premiers frimas de l’automne. Quatre heures avant le début de la rencontre ! Du jamais vu pour un match de Pro A… pour la réception du Havre qui plus est. Sans faire injure à l’équipe de coach Sousa, les Havrais ne comptent pas vraiment parmi les formations les plus prestigieuses de Pro A. Oui mais voilà, une douce folie s’est emparée de la ville. On appelle ça une dynamique, un buzz. « Je sais que je peux vendre 4.000 places à chaque match, mais je ne les ai pas », nous explique Benoît Dujardin, le responsable communication du club. « On en arrive même depuis deux semaines à réduire notre comm’ parce qu’on va avoir encore plus de gens frustrés à l'entrée de la salle. Le premier soir de match, on a connu un vrai bordel, il y avait 300 personnes qui n’ont pas pu rentrer. Aujourd’hui,
on a tellement de demandes qu’on ne vend plus les places que sur Internet dans la semaine. Mais on voulait laisser une opportunité aux gens en galère d’Internet de pouvoir venir quand même, s’ils prouvent leur courage en venant à 16 heures. Tout le monde s’arrache les places en ce moment. »
Pas d’ambition pro Comment expliquer un tel engouement pour le basket à Poitiers ? La ville n’est pas spécialement connue pour être un bastion de la balle orange, ni même un bastion sportif tout court. Après tout, en 2006, le PB86, club né en 2004 de l’union des anciens clubs de la ville n’était encore qu’en N1. « On n’avait pas du tout l’intention de créer un club professionnel », se rappelle aujourd’hui Alain Baudier (53 ans), le président. « Le CEP, le club de la ville qui était dans sa troisième saison en N1, était complètement saturé financièrement. Le but de l’union, c’était de réunir les forces vives du basket à Poitiers et puis surtout d'essayer d’avoir un budget de N1. On n’avait aucune vocation à aller en pro. » Mais alors, que s’est-il passé ? Comment en sont-ils arrivés là ? Comment se retrouve-t-on devant l’ASVEL au classement après six journées de Pro A, sachant qu’en 2006, les petits gars de Poitiers bataillaient en N1 pendant que l’ASVEL recevait à l’Astroballe les San Antonio Spurs de Duncan et Parker ? L’histoire du PB86 est avant tout une histoire d’alchimie. Une belle aventure humaine et sportive qui naît à l’été 2005 quand Sylvain Maynier « une légende de Poitiers », selon son président, décide de revenir dans sa ville six ans après avoir bourlingué et tenté l’aventure professionnelle avec Vichy, Saint-Etienne et Nanterre. Il rejoint les fleurons de la formation locale, Yann Devéhat et Pierre-Yves Guillard, deux solides intérieurs et l’arrière Guillaume Constentin arrivé en 2003 au club en provenance de Châtellerault en N2, à 35 bornes de là. En même temps débarque Cédric Gomez, un jeune espoir, pensionnaire de Brest, qui vient chercher des minutes à l’échelon inférieur. Cinq Français qui aujourd’hui font encore partie de l’effectif en Pro A. Plus qu’un noyau dur, ils constituent l’identité du club, rejoint par Ruddy Nelhomme, ancien étudiant et joueur lui-même à Poitiers « On a eu la chance d’avoir des joueurs qui avaient un fort potentiel et qui se sont retrouvés à passer les échelons », poursuit le président. « Mais faire confiance aux jeunes Français, c’est leur donner du temps de jeu et alors on voit qu’ils progressent. Ce n’est pas qu’on ne veut pas d’Américains ou d’étrangers à Poitiers, on n’est pas du tout dans cette démarche. On se dit simplement qu’il y a des jeunes Français et, s’ils sont bien encadrés, ils peuvent être aussi bons que les autres. »
“Tout le monde s’arrache les places !”
Kenny Younger, la première rotation intérieure venue du banc. Un sacré booster !
Une atmosphère familiale Sportivement, la recette a fonctionné au-delà de toutes les espérances. Et la complicité (lire l’interview p.10) dans le groupe a séduit toute la ville. Les cinq mousquetaires, dont trois du cru, représentent également une formidable vitrine pour le PB86. « On n’a pas gardé ce groupe par rapport à une réflexion marketing », précise toutefois Alain Baudier. « Mais on est très attaché à nos joueurs. En Pro A - je ne parle pas des clubs qui jouent l’Euroleague car c’est différent - on ne peut pas fidéliser un public dans une ville, donner une dynamique, avec des joueurs qui changent tous les ans, surtout s’ils sont étrangers. Nous, c’est une priorité d’avoir une assise de jeunes Français, même s’ils ne seront pas toujours du PoitouCharentes. » Aujourd’hui, l’identification entre un public, une ville et son équipe est saisissante. Et tout sauf artificielle. Il règne dans ce club une atmosphère familiale. Pas un vain
DOSSIER PB86 • maxibasketnews 07 mot. Dans l’équipe réserve qui évolue en N3, on retrouve les petits frères de Guillard et Maynier. Dans les tribunes, le public apostrophe et encourage ses champions par leurs prénoms et parfois même par leurs surnoms. Les « Boby » fusent dès que Yann Devéhat, la coqueluche, entre en jeu. La réussite de l’équipe et la sympathie qu’elle inspire a pris de cours tout le monde. Le club, qui découvre le professionnalisme comme on court sur un quai de gare pour rattraper un train, mais aussi la ville de Poitiers, dont le métabolisme et les lenteurs décisionnelles propres aux administrations ont bien du mal à saisir la queue de cette comète fulgurante. Le grand écart le plus douloureux que subit actuellement le club, c’est l’entrée cette saison dans une salle flambant neuve de Saint-Eloi. La saison dernière, le PB86 jouait à Lawson-Body, la salle du volley (2.500 places assises) et cette saison, Saint-Eloi offre… 2.400 places assises. Une hérésie ! « Les travaux de la salle ont débuté en mai 2004, au moment de l’union », déplore le président. « Le projet de l'enceinte était déjà finalisé, à l’époque, on avait 600 ou 800 spectateurs. On était loin de se douter que la capacité ne suffirait pas. » Difficile donc de retourner vers la mairie pour demander une nouvelle salle. Surtout qu’un tel projet met plusieurs années à voir le jour et c’est maintenant que le club est en pleine dynamique et qu’il est déterminant pour lui de grandir et de satisfaire son public. « Pour nous, c’est fondamental parce que si on a la chance de se maintenir cette année, on ne pourra pas continuer en Pro A si on n’arrive pas rapidement à un budget de 3 millions d’euros », lâche lucidement Alain Baudier. Le club pousse donc pour investir - comme Orléans le fait avec son Zénith la salle des Arènes, un vieux spoutnik cylindrique capable en configuration basket de contenir 4.000 à 4.500 personnes. « Il faut qu’on arrive à aller aux Arènes pour ne pas décourager les gens, c’est indispensable. Il y a une volonté du maire de pouvoir répondre à la demande. Poitiers veut permettre au basket de jouer dans une salle de 4.000 places. La possibilité d’être aux Arènes pour la saison prochaine existe à condition que les élus acceptent de débloquer 3 à 4 millions. Ce n’est pas forcément un coût très important pour une ville comme Poitiers mais il faut créer des bâtiments pour accueillir les manifestations autour. Ça nécessite qu’on se maintienne en Pro A et qu’on fasse la preuve qu’on a un public de 4.000 à 5.000 personnes. »
Jouer aux Arènes, la solution ? À partir de janvier, le PB 86 doit jouer cinq de ses dix rencontres à domicile aux Arènes. Un test grandeur nature déterminant. Un défi compliqué pour une structure encore très marquée par l’amateurisme, qui ne compte que deux salariés à plein temps. « On a plusieurs prestataires et des dirigeants bénévoles qui font beaucoup », précise Alain Baudier. « On ne peut pas limiter notre équipe à deux personnes. On ne pourrait pas faire tout ce qu’on fait avec deux salariés. » L’exemple le plus visible de ce fonctionnement est bien évidemment la cellule de communication extrêmement dynamique qui gravite autour du club. Le PB86 est à la pointe de la production audiovisuelle
en Pro A. La série Vis mon match, créée la saison dernière par Tommy Humbert pour faire découvrir la vie de l’équipe de l’intérieur, est une belle réussite et connaît une saison 2 en Pro A. Le site du club est probablement le plus dynamique de la division (2.500 visiteurs uniques par jour), la communauté Facebook déjà très forte (5.200 fans). « Notre volonté, c’est de laisser une trace de l’histoire qui se raconte sur le terrain », nous confie Benoît Dujardin, responsable de la communication. « Il y a une raison stratégique et marketing et puis un besoin personnel de mon côté. Je suis le club depuis la N4 et j’ai beaucoup regretté qu'on ne trouve plus rien sur la période. Notre idée, c’est de se dire qu’on a besoin d’exister en dehors de l’événement qui a lieu tous les quinze jours dans la salle. Sinon, on ne peut pas créer une vraie relation avec le public. Avec Vis mon match, on fait comprendre qu’une saison, c’est tous les matches à domicile plus tout le reste. C’est plus sympa si on suit l’aventure humaine dans son ensemble. Et grâce à ça, on a senti la différence. La saison 2008, on faisait le plein contre Limoges et le match d’après, il y avait 400 places de vide dans la salle. Après, on a un certain nombre d’actions en place et le retour a été direct, on a eu 98% de taux de remplissage. »
Objectif 3 millions Saison
Niveau
Budget
2003-04
(CEP N1)
350.000 euros
2004-05
(PB86 N1)
450.000 euros (dont 300.000 des collectivités)
2005-06
(N1)
2006-07
(Pro B)
650.000 euros 1.200.000 euros (dont 600.000 des collectivités)
2007-08
(Pro B)
1.450.000 euros
2008-09
(Pro B)
1.550.000 euros
2009-10
(Pro A)
2.400.000 euros (dont 1.250.000 des collectivités)
Rasheed Wright a acquis à Poitiers une réputation de tueur clutch.
« Faire confiance aux jeunes Français, c’est leur donner du temps de jeu ! »
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2 500 000
2 000 000
1 500 000
1 000 000
500 000
2003
2004
2005
2006
2007
2008
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Tommy Gunn (1), Pape Badiane (2), Rasheed Wright (3) et Lamine Kante (4) ont du ballon !
Poitiers est à la pointe de la production audiovisuelle en Pro A
Le club a saisi que l’identification entre cette équipe de joueurs attachés au club, à la région, un groupe où on parle le français, et son public fonctionnait à plein et qu’il fallait en profiter. Pour faire simple, est-ce que Vis mon match marcherait dans une équipe composée de sept étrangers recrutés deux mois avant ? « On bosse un maximum l’interaction avec notre communauté », reprend Benoît Dujardin. Sans énormes moyens, le PB86 se repose sur les bonnes volontés de chacun. « On a recruté 70 bénévoles qui ont exprimé la volonté de se joindre à la dynamique du club. C’est notre public qui nous pousse dans la salle mais aussi en dehors. On a mis à leur disposition des stickers de voitures pour habiller leur véhicule, on les voit partout en ville. Ils déposent aussi les affiches. On utilise le marketing viral qui existe sur Internet dans la vraie vie. Notre visibilité est énorme. L’année dernière, on a fait une opération avec nos totems (des statues grandeur nature en carton des joueurs) qui ont été pendant un an dans le plus grand centre commercial de la ville qui reçoit 100.000 visiteurs par semaine. Pour moi, c’est un des tournants dans la vie du club. On était super fort dans la salle, mais pas à l’extérieur. On s’est retrouvé à avoir une aura qui dépasse le basket. » Cette saison, le nombre d’abonnées est passé de 250 à 600. Les trois séances cinéma du film tiré de la saison 1 de Vis mon match ont affiché complet dans la plus grande salle de la ville (400 personnes). Les places assises aux matches s’arrachent en vingt minutes sur la billetterie Internet. « Quand on démarche des partenaires, leur première
demande, ce sont les places », ajoute Dujardin. « Ils sont prêts à les payer très cher. »
Une parenthèse enchantée Le PB86 vit une période extraordinaire de son existence. Depuis l’ouverture des frontières dans le sport professionnel, le basket d’élite a connu très peu d’expériences comme cellelà où une équipe s’enracine autant dans la durée et sur un territoire : le Pau-Orthez de la fin des années 90 (Gadou et Fauthoux), le Bourg-en-Bresse du début des années 2000 (Tissot, Monnet, Boivin, Serrano), le Cholet de 2004-05 (Marquis, Akpomedah, Ferchaud, Bardet, Bilba). L’histoire récente de ces parenthèses enchantées qui se referment nous apprend qu’il n’est pas forcément évident de gérer la suite. « Il n’y aura pas de fin », rassure Alain Baudier. « On sait que Sylvain (Maynier) arrêtera un jour, que Pierre-Yves (Guillard), on l’espère, sera appelé vers d’autres clubs, mais on gardera des joueurs, comme Cédric Gomez qui représente le club aujourd’hui et on continuera. Le tout, c’est que Ruddy (Nelhomme) arrive à faire venir de jeunes joueurs talentueux. Et puis, si on arrive à se maintenir, les gens sauront qu’à Poitiers, les jeunes Français jouent. Ce ne sera pas forcément des Poitevins, mais on peut continuer sur la même politique de formation. » En attendant, Poitiers tient cette saison une chance de s’installer en Pro A. Avec ses joueurs et dans une arène digne du niveau. Pour que le conte de fées continue… ■
DOSSIER PB86 • maxibasketnews 09
La méthode Nelhomme
“Cette aventure est belle à vivre” Coach Ruddy (36 ans) a été joueur à Poitiers, coéquipier de Yann Devéhat et Sylvain Maynier en Nationale. Depuis 2007, il est le coach de ce groupe atypique. Détendu, abordable, L'ENTRAÎNEUR de Poitiers croit en son équipe. Un homme de conviction, souple et humain.
« Je me fais plaisir » Et puis on oublie souvent que le basket est un sport collectif. On développe des choses sur la durée, ça nous rend plus fort. En revanche, ça pose également une autre question. Les joueurs ne vont-ils pas se lasser d’être ensemble, de voir le même coach, d’entendre le même discours ? Ça nous pousse aussi à nous renouveler, mais c’est super parce que ça permet de peaufiner une équipe comme on le veut. Je pense que cette équipe ressemble un peu au basket que je veux mettre en place. Je me fais plaisir et j’essaye de faire passer ce plaisir.
Il y a différentes façons d’avoir le respect d’un groupe, la peur, l’autorité… moi ça passe d’abord par une confiance, un discours avec les joueurs. On a des règles, on peut se faire plaisir en dehors du basket, mais une fois sur le terrain, un rapport s’installe. Ce n’est pas non plus pour autant la fin de l’échange. Je ne suis pas sûr que tout le monde doit être comme Obradovic et crier sur tout le monde. Il faut être soi. J’ai le respect des joueurs parce que j’ai été honnête et que j’ai des joueurs assez intelligents pour me comprendre. Toujours rappeler aux gars que la force, c’est l’équipe. Même en Pro B, on a rencontré des joueurs qui, individuellement, étaient plus forts que nous. On joue ensemble, on trouve le coéquipier démarqué, on aide le coéquipier en défense et on s’occupera après de qui marque, qui fait quoi… On a des joueurs capables de faire la différence mais parce que le groupe est là. Je ne dis pas que toutes les équipes doivent jouer comme ça, mais nous, c’est notre chemin.
« Je voulais mettre Poitiers sur la carte » La Pro A, c’est autre chose qui va nous permettre de progresser. Les défaites, peuvent nous aider à grandir. C’est là qu’on verra si on a une équipe. Quand on gagne, c’est facile, mais dans la difficulté, on verra si on est un club et l’identité basket qu’on veut mettre en place. Dans la ville, on sent un décollage, une ferveur. Les gens s’identifient à l’équipe. Et puis ces matches depuis deux ans qu’on a gagnés sur le buzzer ou en renversant des situations folles dans les deux dernières minutes… C’est un spectacle avant tout, faut pas l’oublier. Moi je voulais qu’on mette Poitiers sur la carte du basket de haut niveau. On y arrive petit à petit. Les rencontres jouées contre Limoges, les séries de playoffs contre Bourg, les finales à Bercy, le basket français nous regarde avec un œil différent, même si on reste les petits poucets. Mais on a envie de grandir, à notre rythme. Il faut qu’on fasse attention, on est monté très vite. Il faut bien structurer le club autour et pourquoi pas essayer de s’installer durablement dans les équipes de Pro A. Après, le souci, c’est de penser au futur. Yann Devéhat, Guillaume Constentin, Pierre-Yves Guillard et Sylvain Maynier ne vont pas jouer jusqu’à 45 ans ! Je leur souhaite mais il faut qu’on arrive à renouveler les jeunes. Lamine Kanté, qui est là depuis trois ans, commence à être reconnu par tous en ville et a envie de s’identifier. Ce sont des gars comme ça qu’il nous faut. Le but, c’est de trouver ces joueurs-là. Mais ça marche aussi avec les Américains, Kenny Younger ou Rasheed Wright sont identifiés au club. Donc, on veut réussir avec ce groupe, mais également préparer l’avenir tout en douceur. » ■
Pascal Allée / Hot Sports
“
Je pense que le groupe n’est pas encore arrivé à maturité complète. Il a encore une marge de progression. Estce que ça va suffire ? C’est la question. Il est évident qu’il va falloir arriver à se transcender sur toute la saison et ne rien lâcher. On est bien rentré dans la compétition mais ça ne suffit pas. Je sais cependant que les joueurs en ont encore sous la semelle, ils sont encore capables d’aller chercher quelque chose. Nous, on découvre. Ça fait partie du projet, mais ce groupe-là a vécu tellement de choses que ça valait le coup de tenter le challenge avec ces joueurs. On ne l’aurait pas tenté, on l’aurait regretté. Alors maintenant, je vais peut être le regretter à la fin de la saison, mais quand on a des joueurs de cette valeur humaine, de cette qualité de groupe - et j’inclus dedans les joueurs arrivés depuis que je suis là, Tommy Gunn, Lamine Kanté, Kenny Younger, Rasheed Wright, ils ont une envie d’être ensemble et de voir ce groupe évoluer - pour un entraîneur, c’est toujours intéressant. On aurait pu changer un ou deux joueurs de plus cet été, mais pour avoir qui ? Deux joueurs de la gamme un petit peu au-dessus, mais sans avoir cette alchimie qui fait qu’on a franchi des étapes ensemble ? Les joueurs sont sains, défendent les couleurs du club, savent d’où ils viennent… Peut-être que je vais m’en mordre les doigts en mai, mais on aura tout donné. C’est ça aussi le sport. Cette aventure est belle à vivre. Amener des joueurs à se dépasser, c’est beau. C’est un groupe qui a monté très vite les échelons et ils vivent leur aventure, ils ne se posent pas trop de questions, ils sont à fond. Ils se disent, on va se donner les moyens, on va s’entraîner et on va voir ce qu’il va se passer. Ce qui est intéressant, c’est qu’individuellement, ils évoluent. PierreYves Guillard a stabilisé son shoot, il devient de plus en plus efficace. Guillaume Constentin, qui jouait ailier en Nationale 2, est maintenant meneur de jeu. Ce sont des joueurs qui ont envie de réussir et qui relèvent les défis aussi.
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Le club des cinq
“Ce qu’on vit nous marquera à vie” Ces cinq-là jouent ensemble depuis cinq ans. Ils sont passés de la Nationale 1 à la Pro A et forment un noyau qu'on ne retrouve nulle part ailleurs dans le championnat. Complicité, vécu, solidarité, ce qu'on voit sur le terrain prend racine à l'extérieur. Rencontre avec l'âme du PB86. Propos recueillis par Thomas BERJOAN, à Poitiers Reportage photos par Jean-François MOLLIÈRE
A
lors que vous entamez votre cinquième saison ensemble après avoir démarré votre aventure en Nationale 1, avezvous conscience, tous les cinq, d’être une exception en Pro A ?
Sylvain Maynier : Je ne pense pas que faire cinq années ensemble soit si exceptionnel que ça. En revanche de faire N1 à Pro A... Yann Devéhat : Attends, regarde les autres clubs ! Personne n’a les mêmes joueurs depuis cinq ans ! Guillaume Constentin : C’est sûr qu’on fait exception, quand on voit les compositions d’équipes, la réglementation sur les étrangers... En fait, on n’a pas l’impression d’être concernés. C’est vrai que c’est la politique du club et du staff de garder l’ossature et de compléter, c’est bien, ça prouve qu’on peut y arriver. On sait qu’on est une exception, on en est fiers.
Quand vous regardez les autres équipes, ça vous inspire quoi alors ?
Sylvain Maynier : Ça ne me fait pas envie ! Je vais parler comme un vieux mais, à mes débuts, il y avait quand même une base de Français dans chaque équipe. Aujourd’hui, je découvre ce qu’est la Pro A : on arrive et on joue contre des équipes où les 9/10e des mecs sont des étrangers. C’est quelque chose de très nouveau pour nous. On vit dans notre petite bulle. Un match, ça ne dure que 40 minutes ! Nous, on vit tout le temps ensemble et c’est sympa d’avoir une vie dehors ensemble. Yann Devéhat : Au niveau de la communication, de la cohésion de l’équipe, ça aide ! Notre force en tant qu’équipe, c’est ça ! Sylvain Maynier : Maintenant, il faut faire attention à la notion de Français, d’étrangers, on n’est pas Front National ! (Rires) C’est surtout que le noyau du groupe reste. Des équipes pourraient très bien grandir avec trois Français et deux étrangers de la même façon qu’on l’a fait, en les gardant cinq ans. Aujourd’hui, par exemple, un mec comme Kenny (Younger), c’est sa troisième saison au club. Pierre-Yves Guillard : Les étrangers ici se plaisent bien ! Sylvain Maynier : La vie dans le bus, la vie à l’hôtel, tout ça, ça aide sur le terrain.
Êtes-vous dans un cadre professionnel ou encore dans un cadre sympa, d’amitié ?
Guillaume Constantin : Je crois qu’on arrive à associer les deux. Même si le coach ne va pas nous croire (il sourit), on sait être pro quand il le faut. On fait la part des choses, mais à côté, on est capable de délirer comme des gamins, parce qu’on se connaît.
DOSSIER PB86 • maxibasketnews 11
(De gauche à droite) Pierre-Yves Guillard, Sylvain Maynier, Yann Devéhat, Guillaume Constentin et Cédric Gomez, cinq garçons dans le vent.
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Yann Devéhat : Après, il y a aussi le fait que le professionnalisme à Poitiers est assez récent. Il reste encore de l’amateurisme. Les gens s’amusent, ils ne sont pas là pour gagner à tout prix. On défend autre chose aussi. Cédric Gomez : Moi, j’ai connu Brest, un club où il n’y avait pas beaucoup d’argent non plus. Mais les joueurs venaient, restaient un mois ou deux mois, puis partaient. Ce qui est bien ici, c’est qu’on est vraiment tous ensemble. Avec les coaches, on fait des soirées, c’est un véritable esprit de famille, les gens se sentent bien.
« La connerie serait de se dire que ça va durer éternellement » Sur le terrain, qu’est-ce que ça change d’avoir ce vécu ?
Guillaume Constentin : On a appris à se connaître. La première année, on ne s’entendait pas comme aujourd’hui… Yann Devéhat : (Il coupe) Ouais, mais au départ, t’étais vachement plus con aussi ! (Rires) Cédric Gomez : Il y eut des éclats, faut pas croire ! Sylvain Maynier : Plus sérieusement, il y a une notion de confiance qui s’est installée. Sur le terrain, on peut construire sur les qualités de chacun, année après année. C’est beaucoup plus facile de jouer avec des gens qu’on connaît par cœur… Yann Devéhat : Et puis les défauts aussi ! Quand Guillaume Constentin n’a pas envie de s’entraîner par exemple, je le sais tout de suite ! (Rires)
De gauche à droite : Cédric Gomez, Guillaume Constentin, Yann Devéhat, Pierre-Yves Guillard et Sylvain Maynier, un groupe unique.
Est-ce que ça peut poser problème ? Au bout d’un moment, n’en a-t-on pas un peu marre de toujours voir les mêmes ?
Cédric Gomez (regardant Pierre-Yves Guillard) : Chaque année, au printemps, il y en a qui disent qu’ils en ont marre,
qu’ils vont partir… et ça fait quatre ans que j’entends ça ! Yann Devéhat : Et c’est toujours le même ! (Rires)
Tout au long de ce parcours, de la N1 à la Pro A, avez-vous douté à un moment ? De vous, des autres, de vous dire que vous aviez atteint individuellement ou collectivement votre limite ?
Sylvain Maynier : Il y a eu une grosse période de doute la première année en Pro B (2006-07). Disons que ce groupe vit bien aussi parce qu’on est habitué à la victoire. Sur les cinq dernières années, la première année de Pro B a été dure, on a galèré, nous avons connu beaucoup moins de victoires… Yann Devéhat : Et puis, c’était surtout l’ambiance dans l’équipe… Sylvain Maynier : Effectivement, on était dans cette ambiance où l’on pensait que le groupe était arrivé à son maximum, qu’il fallait changer quelque chose… Guillaume Constentin : On a beau être cinq, on ne fait pas l’équipe à nous seuls. Là, ça fait trois ans qu’on a de bons résultats parce que les autres éléments autour de nous sont des mecs super. La première année en Pro B, comme l’a dit Yann, ce n'était pas pareil. Le club découvrait le professionnalisme, les Américains, les changements de joueurs… Sylvain Maynier : Parce qu’on a le beau rôle dans la victoire. Mais dès qu’on commence à perdre, il y a toujours quelqu’un pour dire que le groupe est arrivé à son maximum et qu’il faut le changer. On l’entend tous les ans. Mais l’avantage d’être dans ce groupe, c’est qu’on a une pression sur les épaules qui est moindre. On n’est jamais visé réellement individuellement.
À l’inverse, est-ce parfois dur de ne jamais être mis en avant individuellement ? (Pierre-Yves Guillard est désigné par ses coéquipiers) Sylvain Maynier : C’est le gros souci du basket. C’est un sport collectif où seules les individualités sont mises en avant.
DOSSIER PB86 • maxibasketnews 13 On ne parle que de stats. Mais jusque-là, ce qu’on voit nous, c’est que le groupe a toujours fonctionné. Donc les stats, on en parle peu quoi. Yann Devéhat : Certains aiment bien les regarder quand même ! (regardant Pierre-Yves Guillard)
Pierre-Yves, tu te fais beaucoup chambrer !
Pierre-Yves Guillard : J’ai rien dit en plus ! Sylvain Maynier : Vas-y, défends-toi bordel ! Pierre-Yves Guillard : Non, mais ça se passe très bien pour moi, les stats, c’est pas le plus important… Guillaume Constentin : Attends, tes stats feront que tu seras au All-Star Game ou pas ! Pierre-Yves Guillard : C’est pour vous si je vais au All-Star Game, c’est pas pour moi ! (Rires) Guillaume Constentin : Le coach nous a clarifié la situation d’entrée : la star, c’est l’équipe. Chacun connaît son rôle. Et on sait que pour y arriver, il faut respecter son rôle. Dans ce système, certains vont faire des stats, mais il faut que chacun y trouve son compte. Donc oui, on en rigole, mais on sait très bien que si Pierre-Yves fait des stats et va au All-Star, on sera très contents pour lui, mais quelque part, ce sera grâce à tout le monde. Yann Devéhat : On sait que Pierre-Yves ne pourra pas mettre des shoots s’il n’a pas les passes de Cédric. On sait d’ailleurs qu’il y a un arrangement entre les deux. Des dessous de table, parce que ce n’est pas possible que Cédric lui fasse autant de passes !
Par moment, vous êtes-vous surpris, malgré l’ancienneté de votre relation ?
Pierre-Yves Guillard : Quand Sylvain avait cartonné contre Bourg en playoffs en 2008, la belle de la demi-finale, il m’avait vraiment surpris, ça m’avait fait plaisir ! Cédric Gomez : Moi, le truc c’est un jour quand Bobby (Yann Devéhat) a pris la balle sur interception dans notre côté du terrain et qu’il a fait un coast-to-coast ! (Il est allé marquer en dribble en traversant tout le terrain) Il a dribblé tout le monde ! Toute la salle a fait « Ohhhhh » ! Même à l’entraînement, il n’avait jamais fait ça ! Sylvain Maynier : Ce n’est pas vraiment une surprise parce que j’étais sûr qu’on pouvait le faire, mais le match à Bercy la saison dernière, c’est quand même une sacrée réalisation collective ! La première année, l’équipe s’est complètement dissoute en arrivant au POPB ! Et la deuxième année, le collectif a parlé et on a abordé l’événement vachement plus ensemble.
Combien de temps ça peut durer une expérience comme la vôtre ?
Guillaume Constentin : On en rigole, mais on sait ce qu’il peut se passer. Je pense que tout le monde se plaît ici. On est tous appréciés. Si on veut bien de nous cinq, on continue. Sylvain Maynier : Après, est-ce que le groupe a le droit de vivre en cas de multiples échecs, je ne sais pas. Là, tout est beau, tout est rose. Yann Devéhat : Ce sont les aléas du sport. On le sait.
Vous posez-vous en exemple de ce que les joueurs français peuvent faire quand on leur laisse une chance d’être sur le terrain ?
Pierre-Yves Guillard : Je pense que ça doit être un exemple, les clubs devraient s’inspirer de ça. Aujourd’hui, ça marche pour nous et je pense que ça pourrait marcher ailleurs. Des joueurs français, si tu arrives à les former et surtout à les faire jouer, je ne vois pas pourquoi ils ne franchiraient pas les paliers comme on a pu le faire. Sylvain Maynier : Il y a deux choses importantes. Une, montrer qu’on peut y arriver en tant que Français, qu’on peut faire des choses. L’autre aspect, pour les joueurs français, il ne faut pas, nous non plus, qu’on rentre dans une dynamique de
consommation : je signe un an ici parce que c’est plus cher, un an là-bas parce qu’on me donne ça en plus… Il y a peut être des histoires à raconter qui sont un peu plus longues et belles que ça. J’avais perdu de vue la Pro A et cette consommation du joueur ne m’attire pas du tout. De savoir qu’on s’en fout du nom du mec en face parce que, dans deux mois, il n’est plus là… Il faut que les clubs construisent sur le plus long terme, mais il faut que les joueurs s’inscrivent dans ces projets. Tout le monde est fautif. Guillaume Constentin : C’était la parenthèse SNB (syndicat des joueurs de basket) ! (Rires) Sylvain Maynier : Oui, mais les mecs arrivent et disent : je vaux tant d’euros ! Il vaut mieux s’inscrire sur cinq ans dans un club pour essayer de construire quelque chose… Voilà, nous, on est partis de N1, ce qu’on a vécu, ça nous marquera à vie. Yann Devéhat : Ça n’a pas de prix. Sylvain Maynier : Ce qu’on a vécu sur ces cinq années, ce sera l’histoire de notre carrière basket. Je sais qu’on a très peu de chance de revivre un truc pareil. Ça vaut pas un engagement ? Est-ce que les gens ne viennent pas à la salle parce qu’ils connaissent aussi notre histoire ? Ils ne viennent peut-être pas uniquement voir des mecs qui mettent des tirs au buzzer… Yann Devéhat : Les gens s’identifient à nous. On a des mecs de Poitiers, un autre du Poitou-Charentes et puis ceux qui sont là depuis longtemps, c’est pareil.
Vous me parliez tout à l’heure de votre quintette de tarot…
Yann Devéhat : Ahhh… le tarot ! Guillaume Constentin : Moi, j’ai appris à jouer en venant ici, Mez (Cédric Gomez) aussi. Après, il y en a qui jouent dans une autre catégorie. Yann Devéhat : Ah pour certains, il n’y a pas que le basket et le All-Star Game dans la vie (il regarde Pierre-Yves Guillard), il y a aussi le All-Star Game du tarot ! Guillaume Constentin : On joue tout le temps tous les cinq. En déplacement, le bus a à peine démarré qu’on est déjà autour de la table. On ne fait que ça, on n’emporte même plus les consoles. Cette année, on a instauré des règles et tout, on fait un concours, c’est Mez (Cédric Gomez) qui mène. Pierre-Yves Guillard : Je me suis fait enfler aussi !
Les autres n’ont-ils pas l’impression de débarquer sur une autre planète ?
Yann Devéhat : Non, on veut bien l’apprendre aux autres… Guillaume Constentin : Et puis, ça met un peu de vie dans le bus… Sylvain Maynier : Il y a toujours un moment où les autres enlèvent leurs casques pour venir voir quand ça déconne, ça chambre.
Un jour, pourriez-vous avoir envie de faire carrière ailleurs et de lâcher ça ?
Guillaume Constentin : C’est obligatoire. Ce serait forcément différent ; maintenant, c’est notre travail. On fait partie du sport professionnel. On est toujours amené à partir à un moment. Après, nos souhaits, nos envies, c’est autre chose. Sylvain Maynier : Moi, je suis déjà parti une fois de Poitiers et je suis content de l’avoir fait. Parce que j’ai vu ailleurs qui j’étais. C’est bien d’aller ailleurs pour être jugé individuellement. Eux, et c’est tout à fait légitime, ils vont vouloir savoir ce qu’ils valent. Pierre-Yves Gaillard : Partir de Poitiers, ce n’est pas exclu, je laisse la porte ouverte. Moi, ça fait très longtemps que je suis là et l’envie d’aller voir ailleurs, c’est une autre aventure. Sylvain Maynier : La plus grosse connerie serait de se dire que tout ça va durer éternellement et de devenir des vieux cons. Cinq ans, c’est déjà tellement beau. ■
« Ça marche pour nous et je pense que ça pourrait marcher ailleurs »
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LE BAROMÈTRE DU MOiS : RICARDO CE HÉROS Par Thomas FÉLIX
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Ricardo Greer (Nancy)
Le Dominicain est absolument intenable depuis quatre matches. En plus de prendre le leadership de l’évaluation en Pro A (24,7), il a signé le premier triple-double de la saison. Non vraiment Ricardo, t’es beau !
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Mouhamed Saer Sene (Hyères-Toulon)
Appelez-le double 14 ! L’agent Sene est sur le podium du mois avec, en quatre matches, 14,3 points et 14,0 rebonds de moyenne. Tout simplement énorme, le Rugby Club de Toulon veut le signer mais Alain Weisz tient bon.
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Derrick Obasohan (Hyères-Toulon)
Chaud bouillant le mois dernier, Obasohan perd sa première place à cause d’un petit coup de fatigue. Moins performant au scoring et à l’évaluation, il vient quand même de claquer 31 points et 29 d’éval contre Strasbourg.
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Dounia Issa (Vichy)
Vichy sans lui n’aurait aucun goût. Issa est le seul Français dans le top 10 à l’éval (20,3, 3e) et au rebond (9,9, 3e), il est même sur le podium de la Pro A. En ce moment, il a la classe « internationale ».
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Blake Schilb (Chalon)
Au milieu des blessés chalonnais, dans les défaites et les victoires, s'élève le « Schilb » ! 39 d'évaluation contre Paris, 24,8 sur le mois. à Chalon, on le couve car s’il se blesse…
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Randal Falker (Cholet)
Sur le mois, Falker tourne en double-double, 10,0 points et 12,8 rebonds et si Cholet a perdu ses premiers matches, il ne le doit pas à une baisse de ses performances. Contre Gravelines, il était partout, 16 points et 20 rebonds.
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Uche Nsonwu-Amadi (Roanne)
D’autres faiblissent, pas lui. Roanne surfe sur cinq victoires de rang, Uche sur 19,3 d’éval assaisonnés de 14,0 points et 9,5 rebonds ce mois-ci. Du lourd, du massif, du top 10.
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Akin Akingbala (Nancy)
Repositionné dans le cinq de départ, le grand Akin fait un carnage. Depuis, il a dévasté Rouen (14 pts, 21 rbds) et bosse comme un fou dans la raquette du SLUC. Ses stats ont doublé de partout et Nancy gagne.
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Joao Paulo Batista (Le Mans)
Moins flashy que les Ricains du Mans, c’est pourtant lui qui tient la baraque ce mois-ci. Cinq victoires de rang, meilleur marqueur (17,3), meilleur rebondeur (7,5) et meilleure éval (17,0).
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Angel Daniel Vassallo (Paris Levallois)
Toujours aussi indispensable, mais un coup de froid contre les Manceaux l’a fait glisser hors du top 10. Un poil moins de points, un poil moins de tout en fait.
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Dee Spencer (Le Mans)
Chuuuuut ! Dee hiberne. Tranquille, Spencer n’a pas besoin de forcer pour faire gagner son équipe, donc ses stats baissent mais le réveil pourrait être sanglant.
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John Linehan (Cholet)
Moins fort que la grippe A en ce moment, le virus reste néanmoins le Choletais indispensable à l’équipe de Kunter. Une seul défaite en novembre, et c’est lorsqu’il se blesse…
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Nick Fazekas (Dijon)
Evidemment Dijon souffre (3 défaites), et le pivot américain aussi. En courant alternatif, il reste quand même sur 24 points, 9 rebonds et 31 d’évaluation pour sa dernière sortie.
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Thomas Terrell (Hyères-Toulon)
Complet au possible, l’intérieur réalise un bon mois comptable à l’ombre de ses coéquipiers. Un double-double contre Orléans (21 pts, 12 rbds) et 19,3 d’éval en novembre.
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Zack Wright (Le Mans)
Moins scoreur (9,0), mais plus passeur (5,8), Wright s’efface dans le collectif et Le Mans gagne. Un gros match contre Paris en prime (12 pts, 7 pds, 24 d’éval).
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Ryvon Coville (Orléans)
Orléans peine mais Ryvon ne s’économise pas. Un peu perdu en début de championnat, il a retrouvé les pleins pouvoirs. 21 points, 10 rebonds contre Le Havre.
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Odartey Blankson (Le Havre)
Odartey joue au Havre et beaucoup, 34 minutes sur le mois. Il est passé de 8,3 points à 14,5 sur la même période. Il y a toujours un Américain au Havre…
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Edwin Jackson (Rouen)
Rouen est au fond du seau, c’est vrai. Mais Jackson, lui, en a profité pour rebondir. De 4,0 d’éval sur les quatre premiers, il passe à 13,3 sur les quatre derniers matches. À 20 ans il montre la voie.
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Certains n’y ont jamais cru, pourtant, le meneur américain a posé la main sur le
Ben Woodside jeu du BCM et la série de victoires (5) lui doit beaucoup. Meilleur marqueur des (Gravelines-Dunkerque) Nordistes, il tourne même à plus de 17 points ce mois-ci. Alors oui… On le garde.
C'est la 2 e lame nordiste. 13,3 points, 7,5 rebonds, le Français a grandement augmenté Cyril Akpomedah (Gravelines-Dunkerque) sa production ce dernier mois et les victoires s'enchaînent.
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« IL N’EST DÉJÀ PLUS L’ESPOIR QUI DOIT PROUVER DES CHOSES EN PERMANENCE »
Jean-François Mollière
GREG BEUGNOT
FOCUS • maxibasketnews 17
JOFFREY LAUVERGNE
LE MIRACULÉ Après une grave blessure au pied qui l’a éloigné des parquets pendant un an et demi, Joffrey Lauvergne (2,07 m, 18 ans) est devenu en quelques mois, un membre à part entière de la rotation chalonnaise. Une trajectoire sidérante. Par Florent de LAMBERTERIE
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our être tout à fait honnête, peu de monde connaissait Joffrey Lauvergne il y a encore quelques mois. Pas même nous puisqu’il ne figurait pas dans le roster chalonnais du guide MaxiBasketNews d’avant saison ! Il y avait bien le souvenir d’un jeune homme qui avait terminé meilleur rebondeur de l’équipe de France (7,9 rbds) lors du championnat d’Europe cadet de 2007, mais depuis, plus rien. « Je n’ai pas joué pendant un an et demi. Après l’Euro cadet, j’ai commencé la saison avec l’INSEP et, en janvier 2008, j’ai souffert d’une chondropathie, un trou dans une articulation », se souvient-il. « On m’a soudé les deux os du pied gauche mais la cause de ce mal est très floue, il y a eu beaucoup de diagnostics différents. J’ai pensé à arrêter, j’ai pas mal galéré et je n’ai posé les béquilles que le premier août dernier. »
Meilleur rebondeur en EuroChallenge
Sa carrière aurait pu ne jamais décoller mais il en fallait plus pour le décourager. Fils de Stéphane Lauvergne, ancien ailier international, Joffrey a baigné dans le basket toute son enfance et il sait ce qu’il veut. « J’aimerais jouer en Euroleague ou en NBA, j’ai même essayé d’intégrer une fac aux États-Unis mais ma blessure les a refroidis. » Qu’importe, loin de se lamenter, il met à profit son indisponibilité. « Je faisais 95 kilos à l’INSEP quand j’ai arrêté, aujourd’hui j’en pèse 110. La muscu, j’en ai fait ! » Désormais bien charpenté pour ses 2,07 m, c’est un jeune homme avide de ballon qui signe à Chalon l’été dernier. Après avoir coaché le père à Villeurbanne, Greg Beugnot récupère donc le fils, à sa plus grande joie. « On savait que si l’opération se passait bien, le potentiel était normalement le même. Il a du caractère, c’est un très gros bosseur, c’est quelqu’un qui peut coucher à la salle, pas de problèmes là-dessus. Avec la blessure qu’il a eue, on ne savait pas quand il serait opérationnel mais on a été agréablement surpris, il a eu une évolution très rapide tant physique que mentale et technique. » Tant et si bien que Beugnot décide de le lancer dans le grand bain plus tôt que prévu et devant la cascade de blessés sur les postes intérieurs, ce jeune homme d’à peine 18 ans débute
contre Strasbourg lors de la quatrième journée. « Honnêtement, jusqu’à présent ses performances ont été excellentes », juge le technicien. « Il nous apporte de la verticalité et de l’agressivité, tant poste bas qu’à l’extérieur. Il nous l’a encore prouvé en EuroChallenge contre Mons en partant de derrière la ligne à trois-points pour terminer en smash et pour un grand gabarit, il court bien. Il a en plus cette forme de confiance et de maturité, il n’est déjà plus l’espoir qui doit prouver des choses en permanence. Il est rugueux, a beaucoup de générosité, d’intensité défensive et une sacrée présence au rebond ; contre les Belges, il est meilleur rebondeur de l’équipe avec huit prises. »
25 minutes contre Le Mans
L’expérience est une réussite, à tel point que Beugnot n’hésite pas à confier de plus en plus de responsabilités à ce jeune homme qui ne semble pas plus impressionné que ça par l’univers professionnel. « Honnêtement, ça faisait tellement longtemps que je n’avais pas joué au basket que je n’arrive pas à comparer. Forcément, c’est plus grand, plus costaud qu’en Nationale mais c’est surtout qu’en sortant de l’INSEP, j’ai eu du mal à comprendre qu’en pro, perdre des matches c’était grave. Mais pour l’instant, c’est difficile de se plaindre. » Bien que Chalon ait mal démarré sa saison, Joffrey Lauvergne a déjà gagné sa place dans l’équipe de Beugnot, qui n’envisage pas de le renvoyer en espoir une fois les blessés de retour. « Dans la conception initiale de l’équipe, il y avait Jérôme Schmitt, Brian Boddicker et Jerome Tillman, c’est tout », détaille Greg Beugnot. « On comptait sur Joffrey sur les postes 4 et 5 même si, à l’avenir, il devrait s’écarter, jouer plus poste 4 parce qu’il a un bon tir à trois-points et une bonne dextérité. » Un peu dans le même genre que Marc Salyers, contre qui Joffrey Lauvergne s’est mesuré 25 minutes durant lors du déplacement de Chalon au Mans, en novembre dernier. Un match particulier, à bien des égards. « Quand j’étais plus jeune, Marc Salyers était mon joueur préféré », avoue-t-il. « Avant le match, j’étais impressionné mais quand j’ai joué, je ne pensais plus qu’à le manger. » Résultat probant. En 28 minutes, Salyers ne terminera qu’à 5 points, soit quatre de moins ce soir-là qu’un certain… Joffrey Lauvergne. l
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Du côté de chez…
Antoine
Diot
Aucun Français n’a gagné autant de médailles qu’Antoine Diot en jeunes. À 16 ans, il était considéré comme le meilleur basketteur européen de sa catégorie d’âge. Quatre ans plus tard, le Manceau impressionne à la fois par son apport dans le jeu – il a réalisé un été de feu avec l’équipe de France –, et sa maturité intellectuelle. 20 ans, vous avez dit ? Par Pascal LEGENDRE, au Mans Reportage photos Jean-François MOLLIÈRE
Jean-François Mollière
DU CÔTÉ DE CHEZ • maxibasketnews 19
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CÔTÉ COUR
Gamin, tu rêvais d’être Je suis encore gamin ! Je rêvais d’être basketteur. Je suis tombé dedans lorsque j’étais petit. Mon père Christian entraînait la JL Bourg qui était en Nationale 2 ou 3 de l’époque. J’allais voir ses matches, comme ceux de mon grand frère Clément. Je n’ai pas eu d’autres rêves que d’être sportif. J’ai eu mon papa comme entraîneur, trois ans en benjamins, car j’étais surclassé, et c’est là que les compétitions sérieuses commencent. C’est lui qui m’a tout appris et c’est grâce à lui que je suis là aujourd’hui. Auparavant, j’avais fait du babybasket avec Claudette. Elle était très gentille avec nous. À chaque fois que l’on marquait un panier, il y avait des bonbons à la clé, des petites surprises. C’est là que j’ai connu “l’envie“. La JL Bourg, c’est le club de mon cœur. On était un groupe de potes toujours ensemble. On ne manquait jamais un match de l’équipe Une, toujours au même endroit dans les gradins. On rigolait autant sur le terrain qu’en dehors.
“C’est vrai qu’à 16 ans, ça peut monter à la tête.”
tout de suite, on a beaucoup parlé de moi. Ça fait plaisir mais je pense avoir conservé les pieds sur terre. C’est vrai qu’à 16 ans, ça peut monter à la tête. J’en ai beaucoup parlé avec ma famille, avec mon parrain Erik Lehmann (exentraîneur de LNB et LFB) pour me dire que même si j’avais été élu MVP, je n’avais rien prouvé, il fallait que je rentre dans le milieu professionnel pour le faire.
Nicolas Batum Un grand ami et un grand soutien lors de ma première année au Mans lorsque je rentrais dans le monde pro. J’étais au centre (de formation) à l’époque, je n’avais pas le permis et il venait me chercher pour m’emmener à la salle. On y allait tous les matins et, tous les soirs, on y restait. On s’est poussé l’un et l’autre vers le haut. Si j’avais été tout seul, peut-être n’aurais-je pas fait autant d’heures de travail. Lors de notre première année en équipe de France, il m’avait déjà impressionné car il avait été très bon lors des phases finales. Je suis très fier de le connaître, de voir ce qu’il fait en ce moment avec Portland, car c’est quelqu’un de très attachant, de très gentil. On a des relations continues, privilégiées. Lorsqu’on s’est retrouvé en équipe de France, on s’est mis tout de suite dans la même chambre.
De la Nationale 1 à l’Euroleague INSEP Trois années magnifiques. Le plaisir d’être en collectivité et puis, sur le plan basket, ça s’est super bien passé. On vit pour le basket et c’est ma passion. Je n’oublierai jamais ça. La première année, en cadets, on a gagné le championnat de France de 2e division. On noue des relations avec les sportifs des autres disciplines. Personnellement, j’en ai avec Ladji Doucouré (champion du monde du 110 m haies), avec Gwladys Epangue (championne du monde de taekwondo). On rencontre de grands sportifs français, que l’on voit à la télé, mais ça reste des gens qui rigolent, qui font des conneries. Tout le monde se côtoie à l’INSEP avec simplicité. Si tu veux aller poser des questions à quelqu’un, il va te répondre ouvertement.
Tes performances athlétiques
L’un ou l’autre • Vincent Collet ou JD Jackson ? (Devin, il annonce la question avant même qu’elle soit posée ! Et hésite, hésite, se torture…) Vincent. • Passe ou interception ? Passe. • Panathinaikos ou Boston Celtics ? Boston • Jeux Olympiques ou finale NBA ? Les JO • 15 jours dans un 5 étoiles à Tahiti ou une semaine de stage avec Phil Jackson ? Tahiti
Mon père m’appelait bip-bip lorsque j’étais benjamin. C’est sûr que j’ai toujours été quelqu’un d’assez rapide. J’ai mesuré mes performances à l’INSEP, mais je n’ai pas souvenir d’avoir battu des records. En revanche, ma mère, Françoise, a été championne de France UNSS du 100 m, donc peut-être que j’ai des qualités innées. Sur la vivacité des appuis, même si je suis un grand meneur, j’arrive à rivaliser avec les plus petits. Ça montre qu’au niveau vitesse, au niveau pieds, je peux envoyer.
Champion d’Europe (en 2004) et premier Français MVP d’un Euro cadets (2005) Une aventure humaine et sportive magnifique. Une grande partie de l’équipe était à l’INSEP et si on a réussi à gagner, c’est que l’on s’est côtoyé une année entière. On n’avait peut-être pas la meilleure équipe sur le papier, mais la cohésion a fait qu’on est allé jusqu’au bout. C’est là que je me suis révélé. À moi d’abord. Je ne pensais pas avoir ce niveau-là. J’avais fait une année sportive correcte, mais pas excellente. On avait été champions de France 2e division. J’ai été étonné. Je me suis relâché au fur et à mesure de la compétition. Plus ça allait et plus je me sentais bien dans l’équipe, mieux je jouais. Je ne pense pas que j’étais en avance sur mon âge. L’équipe de France était très physique, très athlétique, avec des gars qui courent, qui sautent. Peut-être que mentalement, avec d’autres, je savais vraiment ce que je voulais. J’étais dans le néant et
Une très grande marge ! C’est inouï. Je ne pensais pas le faire en une année. J’avais connu une très bonne saison car on avait battu le record des équipes de l’INSEP en Nationale 1, 13 ou 14 victoires il me semble. J’avais fait cette dernière année pour passer le bac et puis, je ne me sentais pas encore prêt à entrer dans le monde pro. Je n’étais pas encore assez mature. J’ai pris la bonne décision. J’ai eu le bac S… La marche vers l’Euroleague était très, très haute. Je pense que même si je n’ai pas été très bon dans cette compétition, je l’ai touchée du doigt, et comme je me sentais bien dans l’équipe, Vincent (Collet) et mes coéquipiers me faisaient confiance, je n’ai pas été minable. Si tu es ailier, quand tu es jeune, on te demande de défendre et de faire des passes. Quand tu es meneur, tu ne peux pas te cacher, il faut remonter la balle face à des très grands meneurs, annoncer les systèmes.
Le Mans Sarthe Basket Mon deuxième club après Bourg. J’y suis très attaché. Je retrouve un peu les mêmes caractéristiques qu’à la JL car s’il est très professionnel, il reste familial. Tout le monde se connaît. Il y a une très bonne ambiance avec les dirigeants, le club amateur. À la sortie de l’INSEP, j’avais beaucoup de choix, une dizaine d’équipes, françaises, aucune européenne, pas plus d’universités américaines. Mon souhait était d’aller en Pro A. Le fait que Le Mans jouait l’Euroleague a joué un grand rôle dans ma décision. Je voulais rencontrer les meilleurs car c’est comme ça qu’on apprend le plus vite.
Un meneur qui t’a impressionné Hollis Price. Je l’ai vu jouer à la télé quand il était au Mans. C’est un meneur qui peut scorer, qui peut défendre , un peu tout faire. Ensuite, je l’ai joué (avec Lietuvos rytas). C’est quelqu’un de très ouvert, de très gentil et, même si on était adversaire, il m’a donné des conseils. J’avais dû refuser un shoot ouvert et il m’a dit : « tu es jeune, prends quand même tes shoots ! » Ça m’a touché.
Les interceptions J’ai toujours eu le feeling pour ça. Ce qui compte, c’est le placement et l’anticipation. Et si l’attaquant a lu mon jeu, c’est foutu pour moi car parfois je me jette sans aucun contrôle. Si ça ne passe pas, ça peut avoir l’effet inverse.
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CÔTÉ COUR
La plus folle ambiance Le Maccabi Tel-Aviv. Une heure avant le match, des gars dans les tribunes tous avec des maillots jaunes, à chanter. Une ambiance de folie. On a failli gagner… (défaite 80-82 après prolongations). Mais en fin de match, tout le monde criait, chantait, une ambiance étouffante, impressionnante. Bien sûr que ça a joué dans le fait qu’on a un peu paniqué. J’ai fait la finale des moins de 20 en Grèce dans une toute petite
“En Nationale 1, je me souviens également du Portel. Le terrain est à un mètre des spectateurs, l’orchestre est énorme.” salle (défaite 90-85 à Rhodes). Il y avait 2 000 Grecs, c’était ahurissant. En Nationale 1, je me souviens également du Portel. Le terrain est à un mètre des spectateurs, l’orchestre est énorme. Ils agitent les drapeaux aux temps-morts et ils te passent limite au-dessus de la tête. Quand tu es jeune, tu es plus impressionnable, tu as encore plus l’appréhension du public.
Rodrigue Beaubois Rodrigue n’a pas fait partie de nos équipes de jeunes qui
ont gagné des médailles. C’est clair que personne ne le connaissait, même si une année (en 2008), il a été blessé sinon je pense qu’il aurait été assez facilement dans l’équipe. Il possède les caractéristiques typiques du meneur de NBA, très fluide, très athlétique. Je suis content pour lui. Bien sûr, comme tous les joueurs de ma génération, la NBA, c’est mon rêve, mais j’ai toujours dit que si c’est pour être 12e homme, ça ne me tente pas plus que ça. Je préfère largement jouer dans une équipe d’Euroleague.
Ton été sans repos Je commence à avoir l’habitude. Ça fait quatre-cinq ans que j’enchaîne en ayant une semaine de repos par ci, par là, à Noël et pendant l’été. Ainsi, entre la fin du championnat et le début de la préparation avec l’équipe de France U20, j’ai eu une semaine. Je ne m’en plains pas. Ça me plaît et, pour l’instant, c’est assez fructueux. Je ne perds pas du tout l’envie de jouer au basket, j’ai toujours autant la pêche, physiquement, je suis bien. Je n’ai pas eu de contrecoup et je pense que je n’en aurai pas. Avec le coach et les dirigeants, on gère ça bien. Dès que je me sens un peu fatigué, j’en parle, et puis on a souvent des matinées où les entraînements sont optionnels. Si je me sens bien, comme c’est le cas la plupart du temps, j’y vais, et quand mon corps a besoin de se reposer un peu plus, je sais dire stop.
L’Euro en Pologne Une aventure extraordinaire. C’était un objectif d’aller en équipe de France, mais inenvisageable que ça arrive aussi
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tôt. Il a fallu un concours de circonstances. J’ai beaucoup évolué car j’ai rencontré des gens très ouverts qui m’ont appris énormément en très peu de temps. Tony (Parker), je ne l’ai vu qu’un mois, mais rien qu’en le voyant jouer, c’est profitable. J’étais un peu impressionné d’entrer dans un groupe avec des joueurs NBA, mais ce fut très humain, on a été très solidaires. Ce sont des êtres humains simples et on a les mêmes délires. Je pense que jouer l’Euroleague m’a appris énormément, mais ça ne s’est pas vu sur le terrain car j’étais avec des adultes. Le fait de retourner en moins de 20 et de retrouver une position de leader, ça m’a montré tous les bienfaits de l’Euroleague et même de la Pro A, et que même si mes stats n’étaient pas éblouissantes, j’avais eu une réelle progression. Je le répète, je suis dans un club où je me sens bien. Edwin (Jackson), par exemple, a beaucoup bougé, ASVEL, Nanterre, Rouen, ce n’est pas évident de trouver des repères à chaque fois. J’ai re-signé et il me restera encore deux ans à faire au MSB à la fin de la saison.
Le shoot à 3-points Ça se travaille. Tout le monde disait que je n’étais pas un
shooteur. Tous les matins, j’ai mangé, mangé du shoot. J’ai l’habitude avec l’assistant-coach de faire dix « marqués » sur cinq spots après chaque entraînement, plus le matin si on n’a pas muscu. C’est comme ça que l’on trouve un automatisme et que l’on se sent en confiance. La tête joue un rôle prépondérant dans le shoot. Si tu as confiance et que tu sais que tu vas le mettre, t’as plus de chances d’y parvenir. J’essaye de me dire à chaque fois, « t’as un shoot ouvert, tu le prends, c’est dedans. » Ça a marché cet été et ça a boosté ma confiance et je sens que j’ai maintenant un shoot fiable. Je travaille aussi sur la future distance (6,75 m). Je pense avoir la distance, il reste à le montrer sur le terrain.
Ton secret pour progresser Le travail. Plus tu travailles à l’entraînement et plus les choses seront faciles en match. Il faut être besogneux, donner tout ce que l’on a à chaque entraînement, c’est dans l’intensité que l’on progresse. J’ai les oreilles un peu partout et que ce soit un coach région ou un coach pro, j’écoute ce que l’on me dit. Après, je fais le tri. ■
Si tu étais • Un sportif Antoine Diot • Une femme Gabrielle Union. Une actrice très jolie qui ressemble à ma copine • Un personnage de fiction Superman • Un mois de l’année Janvier, mon mois de naissance • Un pays La France
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CÔTÉ JARDIN
Le genre d’enfant que tu étais Au début, d’après ce que l’on m’a dit, dans les jupes de ma mère… Et puis ensuite, très dynamique, très fou-fou, à courir et sauter partout. Avec mon frère, on faisait des matches de foot dans l’appartement avec un petit ballon en mousse, on terminait en sueur, un vase cassé, et les parents qui gueulent. C’est ce que l’on retrouve aujourd’hui sur le terrain, une envie de courir et de mettre beaucoup d’intensité.
“J’ai envie de connaître cette sensation d’être sur le toit du monde.” Le genre d’élève que tu étais Bon élève. Je pense que c’est dû à l’éducation de mes parents. Ils sont tous les deux profs de sport. Le soir, il n’y avait pas de télé avant d’avoir fini les devoirs. Ça m’a permis d’aller jusqu’au Bac, même si ce n’est qu’un diplôme scolaire. J’ai envisagé un approfondissement d’anglais, c’est très important dans le monde pro, surtout pour un meneur, mais je me suis aperçu que ce n’était plus possible avec la charge d’entraînements, les matches, l’Euroleague. Ce n’est que partie remise. Je ne me vois pas me poser et ne rien faire à la fin de ma carrière. Et puis mon anglais a progressé nettement depuis que je suis au MSB.
Ton livre préféré
• Né le 17 janvier 1989 à Bourg-en-Bresse. • Taille : 1,93 m. • Poste : Meneur de jeu • Clubs : INSEP’04-07, Le Mans’07. • Équipe de France : International depuis 2009, 15 sélections, 1 participation à l’Euro (2009). • Palmarès : Champion d’Europe cadets (U16) en 2004, Argent et MVP de l’Euro cadets en 2005, Champion d’Europe juniors (U18) en 2006, Bronze au Mondial juniors (U19) en 2007, Argent au Championnat d’Europe espoirs (U20) en 2009, Semaine des As et Coupe de France en 2009.
Un super pouvoir Voler ou être invisible. Pour le basket, voler, ça me permettrait d’aller plus haut ! Voler pour découvrir le monde. J’ai vu des images de la Terre vue du ciel de Yann Arthus-Bertrand, c’est un livre magnifique. J’aimerais beaucoup voyager et lors de nos déplacements, même si on n’a pas beaucoup de temps pour découvrir la ville, à chaque fois qu’il y a possibilité, je sors. Je suis allé voir La Mosquée Bleue à Istanbul car on était arrivé la veille de bonne heure. Pour l’instant, je ne suis allé qu’en Europe. Le championnat du monde U19 devait se dérouler au Canada, mais le Dôme s’est écroulé, aussi ils ont fait ça en Serbie. Je n’ai jamais eu le temps d’aller aux Etats-Unis. Quand j’ai une petite semaine, j’essaye de rentrer chez moi pour voir tout le monde. Je suis très famille et j’aime revoir les cousins, les cousines.
Ton plat préféré
Les « 10 Petits Nègres » (d’Agatha Christie) que j’ai lu très tôt pour des raisons scolaires et je suis tombé amoureux de ce livre. L’énigme est remarquable. Et plus dernièrement le « Da Vinci Code » (de Dan Brown).
Le poulet de Bresse à la crème avec du riz, c’est quelque chose. C’est le poulet élevé à la campagne, c’est tendre, c’est ma région, c’est magnifique. Sinon, les escargots de ma grand-mère. J’apprécie, comme les cuisses de grenouilles. Dans la famille, on aime la bonne bouffe.
Un film culte
24 heures dans la peau d’un autre
« Gladiator ». Je peux le voir, le revoir sans me lasser. Ça reflète ma personnalité d’être combatif et hargneux quoi qu’il arrive.
Je suis très bien dans ma vie. Je n’envie personne, je n’échangerai ma vie pour rien au monde.
Ta musique préférée
Repères
des anciens que j’ai connus, dont les noms me disent quelque chose sans que je me souvienne exactement qui c’est. Allez voir le profil de chaque personne à chaque fois, ça m’a un peu saoulé, aussi maintenant j’accepte tout le monde. J’ai des messages d’encouragement de certains et ça fait toujours plaisir. Pour moi, c’est une mode, c’est bien pour entretenir des relations avec des gens que l’on a perdus de vue, mais je ne passe pas ma vie dessus, c’est un site comme un autre.
Ça change suivant les périodes. Surtout de la musique américaine. Le rap américain, la musique plus posée comme le r’n’b. Je n’ai pas trop d’échanges avec les Américains de l’équipe, mais je remarque qu’ils écoutent la même musique que moi, en étant un peu plus en avance sur certains chanteurs.
Ton surnom Je n’en ai pas. C’est probablement dû à mon nom de famille qui est très court. S’ils ne disent pas « Antoine », les gens m’appellent tout simplement « Diot ». Les espoirs, il y a deux ans, m’appelaient « i » pour faire « idiot ». C’est plus une connerie…
La ville du Mans J’ai été agréablement surpris, je pensais que c’était plus la campagne. Ce n’est pas une grande ville, mais ça bouge. Je me sens à l’aise. Il y a toujours quelque chose à faire. J’aime beaucoup me balader, faire du shopping. Je suis allé voir les essais des « 24 heures » avec Jérémy Leloup, qui est un pur Manceau et qui est très automobile. J’essaye d’aller voir le MUC (l’équipe de foot de Ligue 1), mais ce n’est pas facile car les matches sont souvent en même temps que nous. On est quatre joueurs à habiter dans le même immeuble. Ils ont un accord avec le club pour garder les apparts libres, aussi quand il y en a un qui s’en va, un autre le récupère. Ça arrive qu’on m’interpelle pour me dire « très bon match hier » ou « il faut gagner samedi », mais ce n’est pas tout le monde.
2174 amis sur Facebook Avant je triais, mais tu pars trois-quatre jours pour l’Euroleague, tu reviens et tu as cent demandes, notamment
Un endroit à visiter L’Égypte. Pas mal de gens autour de moi y sont allés et m’ont dit que c’est un endroit magnifique. Les pyramides, les pharaons, ça m’attire.
Un don caché Je ne sais si c’est un don, mais je suis très déconneur. J’aime beaucoup charrier, tout prendre à la rigolade. J’ai toujours été un gars qui parle. Je peux dire qu’on sait toujours que je suis là.
Un autre sport Le foot. Je n’en ai jamais fait dans un club, mais je suis un fervent supporter de l’Olympique Lyonnais. Il y a un Parisien dans l’équipe, Thierry Rupert, et on se chambre un peu. J’adore aussi jouer au volley, j’en ai fait en UNSS. Mes parents et mon frère y jouent. Quand on partait en vacances, je me souviens de matches de beach volley contre des jeunots qui nous voyaient arriver, qui se disaient « on va les bousiller » et finalement, il s’avère qu’on est une famille très sportive et qu’on n’est pas mauvais au volley.
Ton principal trait de caractère Travailleur. Je suis perfectionniste. Si je me fixe un objectif, même très élevé, aux shoots par exemple, et qu’il faut que je reste une heure, une heure et demie dans la salle, j’y reste pour l’atteindre.
Ce qui te fait peur Les araignées et les serpents. Ce n’est pas une phobie car je ne crie pas à chaque fois que j’en voie un, et puis je peux regarder un documentaire animalier avec des araignées et des serpents, mais c’est répugnant.
DU CÔTÉ DE CHEZ • maxibasketnews 25 Trois personnes avec qui dîner Ça tombe bien qu’il y en ait trois. Donc, mon père, ma mère, mon grand frère. Ça fait longtemps que l’on ne s’est pas retrouvés ensemble. Je suis au Mans, mon frère fait ses études d’architecte à Lyon. Il joue en Région à la JL.
objectif. Disons que c’est un rêve qui n’est pas inaccessible.
Tu n’aimes pas que l’on dise de toi
Trois choses à emporter sur une île déserte
Que je suis hautain, que j’ai pris la grosse tête. Même si ça vient de n’importe qui, ça me touche, ça me fait une petite pique au cœur, ça fait mal, car ce n’est pas dans ma nature. J’essaye de rester le plus humble possible.
Du feu donc un briquet, mon téléphone pour rester en contact avec le plus de monde possible, et un hamac pour bien dormir. J’aime vraiment bien dormir.
Ce que tu ne ferais pas pour 100 millions d’euros
Le meilleur joueur que tu as joué Pau Gasol. Et sur mon poste, Juan Carlos Navarro.
Le pire défenseur Nicolas Batum ! Avant, il ne défendait pas, il se faisait passer et après, il contrait. Il a fait d’énormes progrès.
Tuer quelqu’un.
Un rêve Gagner des titres, une grosse compétition, que ce soit NBA ou Euroleague, les JO, les Championnats du monde. J’ai envie de connaître cette sensation d’être sur le toit du monde. J’ai déjà eu des titres, mais en équipes jeunes… C’est à la fois un rêve et un
Si tu n’avais pas joué au basket J’aurais essayé dans un autre sport ou alors kinésithérapeute. C’est un métier qui permet notamment d’être en contact avec les sportifs. ■
Ton équipe préférée Barcelone ou Sienne. Ils jouent les uns pour les autres. Le basketteur que tu aimerais rencontrer Michael Jordan. Je l’ai vu de près lors de son camp à Coubertin, du temps de l’INSEP.
Ton cinq de potes Edwin Jackson et Abdou Mbaye aux ailes, Nicolas Batum en 4 et Alain Koffi en 5. J’ajouterais un 6e : Arthur Deplaces, un ami d’enfance à Bourg. Nos deux mères travaillent ensemble, aussi on s’est connus très tôt.
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Photos : D.R.
1 - Superman 2 - Gabrielle Union 3 - Gladiator, le film 4 - “10 Petits Nègres” d’Agatha Christie 5 - Paris 6 - L e poulet de Bresse à la crème avec du riz
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LES GRANDS ENTRETIENS DE MAXI
VINCENT MASINGUE (HYÈRES-TOULON)
(STRASBOURG)
SACHA GIFFA Vincent Masingue et Sacha Giffa, c'est bientôt 32 saisons de basket pro à eux deux, au sein d'un championnat de France qu'ils ont vu évoluer à travers le temps et qu'ils n'ont jamais quitté, exception faite pour Sacha d'une incartade de huit mois à l'étranger il y a quelques années. Les écouter parler, c'est un peu remonter le temps du basket français, jusqu'à leurs débuts, à Levallois où ils ont appris leur métier et où une indéfectible amitié est née. Propos recueillis par Florent de LAMBERTERIE, à Strasbourg
J’AI VU ARRIVER UNE ESPÈCE DE PETIT GROS, QUI SORTAIT DE SA BANLIEUE AVEC DES SAPES POURRIES
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ous parliez de l’arbitrage un peu plus tôt, ça vous dit de le faire micro ouvert ?
Vincent Masingue : Oui, mais politiquement correct ! L’arbitrage est tout à fait remarquable. (Rires) Il n’y a absolument rien à dire ! Sacha Giffa : Surtout deux joueurs comme nous ! On est toujours à la limite… Moi, je les adore les arbitres. VM : Non c’est vrai qu’on est difficile à arbitrer, surtout Sacha en fait. SG : Je pense qu’on est intense, il ne faut pas se mentir. VM : On est toujours à la limite, on pousse l’intensité jusqu’aux limites autorisées. C’est comme ça qu’on nous a appris à jouer et pour nous, le haut niveau c’est ça.
On vous a appris à jouer dur ? VM : (Il coupe) À jouer dur, à être tout le temps à fond, il faut faire bloc sur le terrain, il faut faire tout ce qui est autorisé. SG : Je pense aussi qu’à notre époque, pour rentrer sur le terrain, la première arme n’était pas l’attaque ou la lecture de jeu, c’était la défense. Vincent et moi, on nous a d’abord fait jouer parce qu’on avait cette qualité-là. Le coach nous disait : « tu rentres cinq minutes et je veux que tu défendes
sur ce Ricain. » Quand t’es jeune, c’est que du bonheur. VM : Ron Stewart et Sylvain Lautié nous ont appris que si tu voulais gagner des minutes, il fallait d’abord jouer à fond, avant tout le reste. SG : On n’était pas là pour shooter à trois-points, on rentrait pour défendre et faire souffler le gars qui sortait. Et puis nous, on est arrivé dans une période où c’était vraiment la transition, il y avait des Michael Brooks, Stéphane Lauvergne, Jim Deines… des mecs vraiment durs. VM : À l’entraînement, on se faisait massacrer ! Quand on était avec les pros, on apprenait à être durs et à répondre, à ne pas se laisser faire. Pour tenir aux entraînements, il fallait être prêt à prendre des coups et à en donner. SG : Ah ouais, on a pris, je te jure, il y avait les larmes qui coulaient !
Ça se perd aujourd’hui chez les jeunes ? VM : Il y a Ludovic Vaty, c’est un des rares jeunes qui est dur et qui n’a pas peur d’aller au charbon. SG : Il a un corps qui est fait pour ça, pour aller au charbon. VM : Et surtout, il a cette mentalité-là, il aime se battre. Je me rappelle d’un match amical contre lui où je lui ai mis deux ou trois bruns et il m’en a remis direct quelques-uns dans la
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Florent de Lamberterie
TU TE RAPPELLES VINCENT QUAND RON STEWART NOUS A SORTI LA TRAPPE TOUT TERRAIN ?
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figure. C’est de plus en plus rare chez les jeunes, surtout chez les intérieurs. SG : Il n’y a plus ce même respect… Bon à Strasbourg, on a Elson Mendy par exemple, lui il écoute. Mais il y a des jeunes qui restent dans leur monde, qui sont plus dans le basket « beau gosse ». (Vincent éclate de rire)
C’est quoi le basket « beau gosse » ? SG : Ben c’est les joueurs qui rêvent de la NBA, ça brille de partout et ça ne veut pas trop se faire mal. VM : En plus le souci, c’est que maintenant tu marques 4 points de moyenne en Pro A et ça suffit pour te faire drafter. Les jeunes d’aujourd’hui, ils ne rêvent plus du tout de la même chose que nous, quand on a commencé nos carrières. À l’époque, la NBA c’était une autre planète, même les meilleurs Européens n’y allaient pas.
C’étaient quoi vos références quand vous étiez jeunes basketteurs à Levallois ? VM : On a eu la chance de grandir avec des grands basketteurs : Michael Brooks, Terrence Stansbury, Moustapha Sonko… SG : Wendell Alexis, Larry Krystowiak… VM : Jim Deines… Tous ces joueurs nous ont beaucoup appris. On avait la volonté d’écouter et de progresser mais on avait des références de très haut niveau à nos côtés ; on a eu une bonne génération dès le départ, qui est arrivée en cadet. C’est vrai que c’est une chance extraordinaire. SG : L’intensité qu’on mettait, même en cadet, c’était énorme. Je me rappelle des entraînements cadets contre espoirs, c’était le « fight » tous les jours. VM : Il y avait une émulation entre nous, on voyait un mec qui travaillait dur, qui progressait, ça te donnait envie de bosser aussi. Thierry Zig, c’était un joueur hyper doué qui avait une éthique de travail extraordinaire. Il travaillait et devenait super fort, ça a été un modèle pour nous, tout cela a créé une grosse émulation qui nous a fait progresser très vite. SG : Et puis c’est vrai qu’on est arrivé juste avant l’arrêt Bosman. (L’arrêt Bosman de 1996, qui autorise la libre circulation des travailleurs au sein de l’Union Européenne, NDLR) VM : Et ça, ça change tout ! Quand tu as huit joueurs français et deux Américains dans une équipe, t’as forcément plus l’occasion de fouler le parquet. Tu as le droit de faire des erreurs sans forcément te faire sanctionner immédiatement. Aujourd’hui, un jeune qui a déjà la chance d’entrer sur le terrain, s’il fait une connerie, il retourne direct sur le
banc parce que, derrière, t’as un Ricain à 3.000 dollars qui est déjà un joueur confirmé.
Ça vous emmerde d’avoir cinq ou six Américains dans votre équipe tous les ans ? VM : Mais qu’est-ce que tu crois, bien sûr que ça nous emmerde ! Moi j’adore le basket, c’est ma passion depuis que je suis gamin mais maintenant, quand je regarde un match à la télé, je me fais chier. Il n’y a que des mecs que tu ne connais pas, qui viennent de je ne sais où et qui proposent un jeu qui n’est pas beau à voir. C’est du un-contre-un, du « hourra basket », il y a quelques années, j’avais dit à JeanDenys Choulet qu’il avait une belle équipe de CBA. Il était précurseur. SG : (Rires) Je m’en rappelle ! T’as été visionnaire, Vincent, sur ce coup-là. VM : C’est la CBA ! Tu ne vois que des Américains qui jouent des un-contre-un en première intention, plus de basket collectif à l’européenne. Après on se demande pourquoi nos équipes galèrent en coupe d’Europe. SG : Alors c’est la faute à qui ? Aux Ricains ? Aux centres de formation ? VM : Mais attends, la formation en France, elle existe toujours. On a toujours des résultats en équipe nationale de jeunes, mais le problème c’est que derrière, il n’y a pas de place pour eux en pro. Et si tu ne fais pas jouer les mecs, ils n’ont pas de terrain pour s’exprimer. Tu peux t’entraîner autant que tu veux, au bout d’un moment tu as besoin de concrétiser en match. Alors les meilleurs y arrivent toujours, mais nous à notre époque, on n’était pas les meilleurs, et on y est arrivé. À 16 ans, Sacha et moi on n’était pas en équipe de France, on serait sorti maintenant, je ne suis même pas sûr qu’on aurait fait carrière chez les pros.
“MAINTENANT, QUAND JE REGARDE UN MATCH À LA TÉLÉ JE ME FAIS CHIER”
Savez-vous qui est le meilleur marqueur français en Pro A actuellement ? (Question posée avant la 8e journée). SG : Ali Traoré ?
Oui, et vous savez combien sont à plus de dix points par match ? SG : Quatre ?
Bravo Sacha. VM : Quatre Français à plus de dix points ! (Estomaqué) SG : C’est clair, on a perdu nos responsabilités. Tous les systèmes sont faits pour les Ricains, tu n’es plus qu’un joueur de devoir.
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VM : On est relégué au fin fond de l’équipe. SG : Ces mecs-là, ils signent des contrats d’un an avant de partir, d’autres arrivent et nous on reste des joueurs de devoir. VM : Après, Sacha et moi on n’a jamais été des stars à prendre 20 shoots par match, ce n’est pas ce qu’on demande non plus. Mais on ne laisse plus l’opportunité à des joueurs français d’éclore. De Colo, il y a trois ans, il jouait en espoir, personne ne le connaissait et n’aurait misé un kopek sur lui. Il se trouve qu’il a eu du temps de jeu et il a percé, alors qu’avant, il n’avait jamais été en équipe de France, il n’était pas considéré comme un gros potentiel. Si tu ne lui laisses pas sa chance sur le terrain, il n’éclate jamais.
VM : On a pris des Ricains pour concurrencer les équipes d’Euroleague, ce n’est pas franchement une réussite, au contraire. En plus, on n’a plus de Français qui savent jouer sur le jeu FIBA, le jeu d’Euroleague et après en équipe nationale, les mecs sont perdus parce qu’ils ne sont pas habitués à jouer ce jeu-là, à part peut-être Ali Traoré qui arrive à sortir sa patte. SG : Ali c’est un bon exemple. Je l’ai vu à l’ASVEL quand il était encore en espoir, je l’ai vu ensuite partir à Quimper, Roanne, Le Havre… Il faut prendre des risques, parce qu’Ali au départ c’était un peu une tête brulée, pas très ordonné et regarde ce qu’il nous fait maintenant. VM : Sa saison au Havre lui a fait vachement de bien.
Vous voyez qui parmi les jeunes Français prometteurs en Pro A ?
Revenons à Levallois, vous vous souvenez de votre première rencontre ?
VM : Mais on n’en voit pas ! SG : Moi, je connais ceux de mon équipe. VM : Moi c’est pareil, il y a Nobel Boungou Colo. SG : Ah oui, il a des qualités athlétiques celui-là ! VM : Il a un très gros potentiel. Bon, il y a aussi des choses qui lui appartiennent, il n’est pas irréprochable non plus, mais le système fait que, dans notre équipe, il ne peut pas avoir beaucoup de temps de jeu. On a des joueurs qui sont là pour s’exposer avant de partir sous des cieux plus rémunérateurs. La Pro A c’est ça maintenant, un hall d’exposition pour Américains qui veulent faire des stats. SG : Ouais, enfin, il y en a certains qui reviennent ! Parce qu’on les a tellement starifiés dans notre championnat qu’ils partent, mais comme ils n’ont pas le niveau, ils reviennent en France.
SG : Ouais, Vincent me la rappelle tous les jours. Vas-y Vincent, qu’on rigole ! VM : Sacha, il est arrivé une année après moi. On était à l’entraînement et le coach nous dit : « il y a des jeunes qui vont venir faire des essais avec nous. » J’ai vu arriver une espèce de petit gros, qui sortait de sa banlieue avec des sapes pourries… SG : (Il coupe) Ça c’est la légende ! VM : Je me suis dit, allez, je vais le laisser s’amuser pour lui donner une chance, qu’il puisse sortir de sa merde de banlieue. J'ai donc défendu tranquille et du coup, il a fait un bon entraînement. Mais après, je lui ai dit : « écoute jeune, ne t’enflamme pas trop, je t’ai laissé jouer, j’ai été gentil. » S’il a fait sa carrière, c’est grâce à moi ! SG : C’est vrai, on était en opposition et c’était sympa. Vincent m’a montré qu’il y avait une classe de différence, mais il était plus vieux, moi j’étais un petit minime, il m’impressionnait. En revanche, je ne venais pas avec mes sapes de banlieue, parce qu’à Sarcelles, j’étais sponsorisé par David Lesmond !
“AUJOURD’HUI, IL Y A DES JEUNES QUI SONT PLUS DANS LE BASKET BEAU GOSSE”
VM : Les 24 secondes, ça a changé énormément de choses. SG : Oui mais on a surtout connu l’époque où il n’y avait que deux Ricains… VM : …et c’étaient des très bons, qui avaient vraiment une classe de différence par rapport aux Français. Maintenant, excuse-moi, mais il y en a quand même pas mal qui ne font pas rêver, et je ne vois pas ce que les Français ont à leur envier. SG : Pourquoi ne pas faire le sacrifice ? Si c’est pour prendre des déculottées en Euroleague, autant les prendre avec des Français. Mais au bout de deux ans, tu verras à quel point ils seront forts tes jeunes Français. Les Turcs, ils ne font pas autre chose que ça.
Vous êtes tout de suite devenus potes ? SG : Dès qu’on est rentré au centre de formation. On était tout le temps ensemble, à l’entraînement, au lycée, … Bon, c’était plus basket que lycée, il faut le dire. (Rires) VM : Attends, on était des morts de faim ! Le lycée était à côté de la salle, pendant la récré on allait jouer, à midi aussi. SG : On jouait tout le temps, on sentait le phoque à l’époque ! VM : Je tiens quand même à dire que j’ai été jusqu’au bac. SG : Tu l’as passé où ? Vas-y, dis-le !
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Florent de Lamberterie
Finalement, vous avez connu beaucoup de grands bouleversements : les Bosman, les 24 secondes…
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De Levallois (à gauche) à Hyères-Toulon (à droite), 17 ans à batailler dans les raquettes.
VM : Bon ok, je l’ai passé en session de rattrapage en septembre. SG : C’est ça, t’écris ton nom et t’as ton bac ! Sérieux, quand Vincent l’a eu, ça a fait du mal à plein de personnes au centre de formation ! VM : Je ne foutais pas grand-chose mais pour le bac, j’ai quand même bossé ! SG : On vivait, on parlait, on pissait basket. VM : On avait les conditions parfaites : du potentiel, une émulation quotidienne, l’environnement de beaucoup de joueurs pros de haut niveau. Un mec comme Terrence Stansbury, il avait un niveau… Un truc de fou ! SG : Stansbury, il sortait de NBA, il avait une aura, c’était extraordinaire.
Vous vous révélez réellement en 1997-98, l’année des « Cardiac Kids »… SG : Le club s’est écroulé pour raisons financières, du coup on est reparti avec tous les jeunes en Pro B. C’est vrai qu’on a eu cette petite chance-là. VM : Quand on redescend en Pro B, le club est reparti avec une équipe de jeunes et deux Ricains exceptionnels, James Scott et Hubert Register, donc on a eu beaucoup de temps de jeu, je ne sais pas si sans ça, on serait devenu ce qu’on est aujourd’hui. SG : Tu te souviens cette image, Vincent ? Quand on s’est vu au début de la préparation, on s’est tous regardé en disant : « c’est cette équipe-là qui va en Pro B ? » On était des gamins ! Franchement, on s’est posé des questions. La seule expérience qu’on avait, c’était les cinq minutes qu’on faisait en Pro parfois. On n’avait pas de joueur confirmé, les deux Ricains, Jim Deines et Fred N’Kembe qui nous avait rejoints et qui connaissait la Pro B. VM : Imagine un peu, une bande de potes qui s’est connue en cadet, ensuite en espoir puis Pro B puis Pro A. On a tous grandi ensemble, les sorties, les gonzesses, tout ce qui fait la vie d’un jeune de cet âge-là. SG : Ces deux années pro, il n’y avait pas mieux. Le coach nous faisait avaler n’importe quoi. On faisait tout ce qu’il nous disait, on ne se rendait compte de rien. Tu te rappelles Vincent, quand Ron nous a sorti la trappe tout terrain ? On y allait à fond, pas d’arrière-pensée, on ne connaissait rien, on était encore en formation donc on se donnait à fond, jamais fatigués. VM : Personnellement, je ne pourrais plus faire ça aujourd’hui ! (Rires) SG : Non merci, c’est plus possible !
Vous êtes un peu nostalgiques de cette époque ? VM : C’est vrai que ça fait un peu dernier des Mohicans, mais on s’éclatait, on ne nous aurait pas payés, on aurait fait la même chose. SG : En plus à l’époque, on touchait encore des salaires d’espoirs. VM : On s’en foutait, on était ensemble, on était jeunes et on jouait. SG : Il y a un truc qui nous motivait quand même, c’était quand BasketHebdo annonçait les salaires des joueurs. « Regarde ce qu’il touche celui-là, il vole son argent, ce n’est pas possible ! » Ça nous motivait encore plus.
Demain, vous jouez l’un contre l’autre, ça fait quoi de jouer contre un joueur qui est un ami et avec qui on a longtemps joué ? VM : J’ai une anecdote, il y a quelques années, on jouait l’un contre l’autre en playoffs, moi à l’ASVEL et Sacha à Strasbourg. C’était assez engagé et je fais faute offensive sur Sacha. Déjà, j’étais un peu énervé parce que, pour moi, il n’y avait pas faute.
SG : Ouais, j’ai exagéré un peu. VM : T’avais mythoné, oui ! Je repars en défense et je sens quelqu’un me mettre une grosse claque sur la tête derrière moi ! SG : C’était pour le faire sortir du match. (Rires) VM : Je me retourne et je m’embrouille avec Sacha. L’arbitre était juste à côté, Sacha lui disait : « mais non, on est potes, c’est juste une petite tape amicale… » Une énorme claque ! SG : (Ecroulé de rire) C’était un match super chaud. VM : Moi, je me faisais insulter par toute la salle et lui, il en rajoute ! On s’était bien embrouillés. On peut être les meilleurs potes du monde, une fois sur le terrain, on se rentre dedans. Sacha, il est comme moi, il est dans le même moule. SG : On veut gagner, mais quand on était jeunes, c’était déjà le cas. Après l’école, on allait jouer sur le playground et ça partait souvent en acharnement entre tous les gars du centre de formation. VM : Des fois, c’était plus que limite. SG : Pour les gens qui passaient devant le terrain, il fallait le savoir qu’on se connaissait, parce qu’on n’avait pas l’air d’être des potes. C’est l’esprit de compétition, tout le temps, même en vacances, on jouait au beach volley, au ping-pong, au foot, fallait voir comment ça partait. Personne ne veut perdre, ce sont des habitudes que tu prends très jeune, la compétition, tout le temps. VM : Mais on sait faire la part des choses, une fois que c’est fini, c’est fini.
C’est un avantage de jouer contre un joueur qu’on connaît très bien ? SG : Vincent connaît mes points faibles et mes points forts, pareil pour moi. VM : Mais comme on ne joue pas vraiment au même poste, ça n’influe pas trop. SG : À la limite, tu donnes des tuyaux au mec qui va jouer sur lui. VM : Ouais, enfin le dernier, il n’a pas trop compris. SG : Oui, mais ça ce sont les Ricains, ils s’en foutent et ils se disent : « il ne va pas faire ça sur moi. »
En fait, il n’y a qu’en équipe de France que vous avez déjà rejoué ensemble. VM : La campagne de qualification qu’on fait avec Sacha en 2004 pour l’Euro, avec Claude Bergeaud comme sélectionneur, ça reste parmi mes meilleurs souvenirs. SG : On a commencé tous les deux sous l’ère Weisz, c’était la fin de la génération Sydney, Sciarra, Foirest, Risacher… Après, sous Bergeaud, c’était la génération Parker avec Boris, Florent Piétrus… Nous, on a connu les deux. VM : Tu n’es qu’avec des Français, des mecs que tu connais bien, avec qui tu tisses des liens très forts. Ce sont des moments géniaux. SG : Il y a la naissance de mon fils et la médaille de 2005, ce sont les deux moments forts de ma vie. Mais quand je dis 2005, c’est tout le processus, des qualifications jusqu’à la médaille. VM : Et puis c’est la fierté de l’équipe de France. Tu représentes tout ton pays, tous les Français qui jouent au basket. Chaque fois que j’entendais La Marseillaise, je me disais « c’est toi qui portes le maillot, c’est toi qui vas jouer pour eux. » SG : Et puis c’est spécial pour nous deux vu d’où l’on sort, le même centre de formation. On n’était pas les gars les plus côtés, on n’a pas fait toutes les équipes de France de jeunes et d’un coup, on se retrouve là. Qui aurait dit ça de Masingue et Giffa ? On n’était sur les tablettes de personne. VM : La plus grande frustration de ma carrière, c’est quand je me blesse avant l’Euro 2005. Une très grande tristesse, en plus je suis allé les voir, j’ai vu comment ça s’est passé.
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INTERVIEW • maxibasketnews 31
Hervé Bellenger / IS & Pascal Allée / Hot Sports
« Vincent a toujours été un joueur dur mais les gens voient moins qu’il a des mouvements dos au cercle plus aboutis que la majorité des intérieurs. » Sacha Giffa
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maxibasketnews
COULISSES Le lieu Hôtel Ibis de Schiltigheim, dans le petit salon Le jour Vendredi 20 novembre 2009, la veille du match Strasbourg-Hyères-Toulon L’heure De 22h50 à minuit Le décor Deux fauteuils, une table basse et un ballon
Je n’aurai jamais fait de phase finale, c’est une grosse déception mais c’est le jeu. Quand tu te donnes à fond, ça passe mieux. De toute façon, Sacha et moi, même quand on était en Bleu, on était dans les derniers, on y est arrivé parce qu’on se battait et j’étais content de voir Sacha faire deux championnats d’Europe. SG : En 2007, on me rappelle au dernier moment pour remplacer Aymeric Jeanneau. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les gens ne se rendent pas compte mais être tout le temps ensemble, parler français, manger français, jouer en parlant français sur le terrain, c’est un plaisir immense, parce que maintenant, ce n’est plus ça. VM : Ce sont deux choses différentes, plus personne ne parle français. SG : Moi j’ai encore de la chance, il y a Steve (Essart), Alain (Digbeu), à Strasbourg on est bien de ce côté-là, on rigole encore en français. VM : À Hyères-Toulon, si tu veux parler français, c’est avec les espoirs. Il y a Nobel (Boungou Colo) et Laurent (Legname), point.
“LE BASKETTEUR PROFESSIONNEL DOIT SAVOIR GÉRER LA FRUSTRATION” Vous semblez désabusés, vous arrivez toujours à prendre du plaisir sur le terrain ?
De Levallois (à gauche) à Strasbourg (à droite), le shaker est devenu shooteur.
VM : Pas cette année. Depuis que je suis arrivé à HyèresToulon, j’ai retrouvé du plaisir mais, cette année, j’ai un rôle différent. Avec l’arrivée de Mo Sene, je joue moins et pas toujours à mon poste donc je suis moins à l’aise. Et du fait du jeu pratiqué par mon équipe, j’ai l’impression d’être un peu oublié. SG : Le discours de Vincent, je l’ai ressenti un peu l’année dernière. Mais le pire, c’est que j’étais sur le terrain. VM : Quand on tombe dans une équipe où on s’entend bien, où on se sent utile, l’amour du basket, on l’a toujours. Mais il y a des années où ton rôle change, tes coéquipiers aussi, c’est moins plaisant. SG : On ne vit pas le même basket. VM : Honnêtement, des fois c’est toi qui as l’impression d’être un étranger. SG : On est un peu « old school », on aime bien faire l’extrapasse, trouver les meilleurs shoots possibles. Les Ricains, ils disent toujours que leurs tirs étaient des bons tirs. On n’a pas la même conception du basket, bien qu’on joue au même sport. Vincent et moi, on donne beaucoup, alors quand tu ne te sens pas impliqué, ça fait mal. L’an dernier, on a fini 8e mais il y a des matches où je touchais trois fois le ballon et derrière, en défense, il fallait que je me tape le poste 4. VM : Cette année, mon plaisir je le prends dans des victoires. Quand tu gagnes, t’es quand même content parce que t’es avant tout sur le terrain pour gagner. Cette année, on fait un bon début de saison donc ça va, même si je ne m’éclate pas. SG : Ce qu’il faut savoir, c’est que le basketteur professionnel doit savoir gérer la frustration, parce que tu es tout le temps frustré. Si tu ne sais pas gérer ça, t’es mort. VM : Frustration de ne pas jouer tout le temps, frustration de l’échec parce que c’est un sport où il y a énormément d’échecs. Des tirs ratés, des balles perdues, c’est propre au basket, tu dois gérer beaucoup de frustration sur le match. SG : Tu sais, juste toucher le ballon des fois, ça fait du bien ! VM : Parfois tu fais cinq ou six allers-retours sans toucher une seule fois la gonfle, si ce n’est pour faire la remise en jeu. C’est pas le plus intéressant ! (Rires) Ça devrait rentrer dans les stats : lui, il tourne à 5,7 remises en jeu ! SG : T’es pas mal sur les remises en jeu !
À 33 (Vincent) et 32 ans (Sacha), vous avez conscience que votre carrière touche doucement à sa fin ? VM : On serait idiot de ne pas y penser. Tant que tu es en bonne santé, que tu peux être productif et que tu as encore envie, c’est formidable. Pour moi, ces trois conditions sont encore remplies, même l’envie. Même si je me plains, j’ai quand même les yeux ouverts. On vit de notre passion, on gagne bien notre vie, on est conscient de ça. SG : Vincent et moi, on est resté très proches des gars du centre de formation, qui ne sont pas tous des pros. Il y en a plein qui étaient avec nous pendant toutes ces années à Levallois et qui n’ont pas réussi, mais on continue de les voir, donc on connaît la réalité. Vincent a son BE2, moi je suis en train de le préparer, on garde les pieds sur terre mais on a toujours fait que du basket. VM : Je n’ai pas peur mais je me pose quand même des questions. J’ai longtemps été un privilégié et c’est chiant de se dire que tout va s’arrêter, que tu vas basculer dans une vie où tu as moins de privilèges. SG : Tu as moins de repères, parce que c’est une vie que tu ne connais pas. On vit dans un cocon. VM : Il faut à la fois profiter des dernières années et préparer l’après, parce que la fin d’une carrière sportive ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère. C’est une petite mort, il faut retrouver une activité, un rôle dans la société pour te sentir utile et souvent ça se passe de façon douloureuse. J’ai vu pas mal d’anciens joueurs qui ont fait des dépressions. SG : Dans notre génération, les 76, 77, on parle beaucoup de ces choses-là, on essaie de se préparer parce que pour ceux qui ne l’ont pas bien anticipé, ça se passe très mal. Il y a beaucoup d’anciens basketteurs qui divorcent après la fin de la carrière, énormément.
Vous vous voyez faire quoi après le basket ? SG : Vincent a volé mon idée ! VM : J’ai ouvert une boîte de nuit à Hyères avec des associés, « Le Sound ». J’apprends plein de choses même si c’est un monde totalement différent du basket. SG : J’y suis allé, c’est sympa. Moi je ne suis pas encore à ce stade-là, mais j’aimerais bien m’occuper d’un centre de formation, sans doute parce que j’ai été marqué avec ce que j’ai vécu à Levallois. VM : Moi aussi, je rejoins Sacha là-dessus, je n’ai pas envie de me consacrer à plein temps à ma boîte de nuit. J’ai envie de transmettre ce que j’ai reçu.
Tout en sachant que maintenant, il y a moins de débouchés pour les jeunes Français? SG : C’est vrai que ça fait mal mais j’ai envie de donner là-dedans. C’est difficile mais je pense qu’en France, on a vachement de potentiel. VM : Mais bon, ça peut changer aussi, on est tous les deux membres du syndicat des joueurs et on est bien décidé à faire en sorte qu’il y ait plus de places pour les jeunes issus du centre de formation. Le ballon par terre, l’an dernier, ce n’était certes pas suffisant parce que ça n’a pas abouti sur une refonte des quotas mais ça a déjà fait parler de nous et on va continuer à se battre. SG : Parce que si on doit encore jouer à 45 ans, c’est que ça va mal.
Une dernière chose à vous dire avant de jouer l’un contre l’autre demain ? SG : N’aiguise pas trop tes coudes, Vincent. VM : On va essayer de prendre plus de quatre shoots dans le match ! SG : Allez, quatre shoots à nous deux ! VM : Et puis, j’ai toujours une claque de retard sur Sacha. SG : Bon, ben je vais surveiller mes arrières, alors. ■
INTERVIEW • maxibasketnews 33
Hervé Bellenger / IS & Pascal Allée / Hot Sports
« Sacha a gagné beaucoup de leadership au fil des ans. » Vincent Masingue
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un-contre-un
DERRICK OBASOHAN
« PRATIQUEMENT LE MÊME JEU QUE STEPHEN JACKSON » LE TOP-SCOREUR DE PRO A LIVRÉ QUELQUES-UNES DE SES INFLUENCES ET AUTRES SPÉCIALITÉS TECHNIQUES. Propos recueillis par Antoine LESSARD
T
on mouvement préféré ? Le spin move.
Celui que tu travailles le plus à l’entraînement ? Mon catch and shoot à trois-points en transition. J’aime ce tir parce que personne ne s’attend à ce que je shoote en transition et, particulièrement, en contre-attaque.
Celui que tu as le plus de difficultés à réaliser ? Le crossover.
Tes meilleures séries à troispoints et aux lancers-francs à l’entraînement ? 17/17 à trois-points et 33 lancers d’affilée.
Ton spot favori derrière l’arc ? À quarante-cinq degrés (en français dans le texte).
Une préférence pour driver à gauche ou à droite ?
fois l’empêcher de scorer, de passer et de prendre des rebonds.
Tu préfères attaquer une défense individuelle ou une zone ? La zone parce que même si on essaie de stopper mon drive, je peux toujours shooter.
Le meilleur match de ta carrière en France ? C’était lors de ma première année à Toulon, il y a trois ans, à Pau. On n’avait que six joueurs – deux étaient malades et un autre blessé – et on les avait battus chez eux à la surprise générale. J’avais marqué 34 points. On devait absolument gagner pour rester en Pro A.
Le joueur que tu voudrais défier en un-contre-un ? Stephen Jackson (récemment transféré de Golden State à Charlotte, NDLR). Nous avons pratiquement le même jeu. J’aimerais bien le défier.
À gauche même si je suis droitier.
Ta situation préférée en match ? Shooter juste avant les 24 secondes.
Ton plus féroce défenseur en France ? Il y a John Linehan mais je vais dire Tony Dobbins. Il est en permanence en activité, il bouge en même temps que toi, il est toujours sur les lignes de passes. Je le respecte beaucoup parce que c’est fort de défendre de la façon dont il le fait chaque soir.
Le joueur que tu as le plus de mal à arrêter ?
Jean-François Mollière
Ricardo Greer, parce qu’il peut jouer quatre positions différentes. C’est dur d’arrêter un joueur comme lui parce qu’il faut à la
Ton modèle quand tu étais plus jeune ? Paul Pierce. J’aimais sa façon de jouer et son attitude. Toujours calme et confiant.
Qui est le meilleur en uncontre-un au HTV ? Pierre Pierce. Cela fait longtemps qu’il pratique. Il est très complet, il peut pénétrer, shooter, il est puissant.
Et aux concours de tirs ? Laurent Legname.
Marc Silvert devant le Complexe Sportif de Denain, symbole du renouveau d’une ville qui avait été lourdement affectée par la crise de la sidérurgie.
Marc Silvert
“ J’ai la fibre nordiste ” Coach emblématique du basket féminin, et PLUS PARTICULIÈREMENT d’Orchies et de Valenciennes, Marc Silvert est revenu à ses premières amours, à Denain, en NM1. Propos recueillis par Pascal LEGENDRE, à Denain Photos Hervé BELLENGER
Avec Georges Wilczyk, un ancien équipier devenu le président de l’AS DenainVoltaire Porte du Hainaut.
“
Je mesure 1,98 m et, jeune, j’avais 90 cm de détente sèche. J’ai passé 2,10 m au saut en hauteur. Je jouais aussi au basket dans un petit club à Dechy lorsque j’ai rencontré Jacques Fiévé (le coach de l’AS Denain-Voltaire) et c’est comme ça que je me suis retrouvé dans la salle Barbusse avec un ballon. Ça s’est vraiment très vite accéléré. J’ai fait partie des équipes de France cadets, juniors, universitaires. En étant Nordiste, que pouvais-je espérer de mieux que Denain qui était à trente kilomètres de chez moi ? C’était l’excellence du basket français. Degros, Staelens, Ledent, et puis Dubuisson, Boldoduc qui est aujourd’hui directeur des sports de la ville de Denain, Génart, Vandenbroucke, Lefèbvre. Je faisais 8 km à mobylette pour venir à l’entraînement du midi et, après les cours, je revenais à la salle à 17 h 30 avant de repartir chez moi. Mes parents sont propriétaires terriens, on avait une grande sablière et, dans les années 72-73, un peu en marge du basket, j’ai commencé le moto-cross. J’en faisais à partir de mai, pendant trois, quatre mois. J’ai disputé le championnat des Flandres, la Coupe des Provinces et puis, je crois, huit fois l’Enduro du Touquet. Et je continuais à donner un coup de main aux inter-clubs à mon club d’athlé, l’AC Douai de Pierre Legrain. En 75, je devais partir à Monaco, ça ne s’est pas fait. Je suis arrivé à Orchies en N3 masculine avec dans l’idée de n’y rester qu’une année avant de repartir dans un club de plus haut niveau. J’y suis resté 25 ans ! Je suis devenu rapidement joueur-entraîneur et l’idée était de monter l’équipe en 2e division. On l’a fait avec un recrutement dérisoire. L’Américain Phil Sewell et moi, on marquait 60% des points. Entre-temps, en 75, j’ai repris une équipe de filles,
des cadettes, qui ont démarré en promotion départementale. On est monté neuf années consécutives jusqu’en N2. On a fait un stop et, en 86, on était en première division. En 80, lorsque l’on a senti que ça se cassait la figure du côté des garçons, Robert (Leroux, président de l’US Orchies, le patron avec son frère Alain de la « Chicorée Leroux ») m’a dit : « on va changer notre fusil d’épaule, on va s’occuper des filles ». Robert a accepté que je continue à coacher les filles tout en jouant à Grand-Fort. J’ai fait ça pendant six ans. Il y avait118 kilomètres entre les deux villes que je faisais tous les jours, 240 aller-retour. Les filles jouaient le dimanche et moi, le samedi soir. Le chauffeur de la Chicorée Leroux me récupérait, par exemple, à Mont-de-Marsan, et on remontait à Nancy pour le match du lendemain. En 1986, on a accédé à la première division, j’avais 32 ans, j’ai arrêté ma carrière de joueur. On a encore fait cinq années à Orchies avec un recrutement régional, Cissé, Mercier, Clément, Chevalier…
“On s’est retrouvés à sept autour d’une table pour régler le dossier Semenova.”
Semenova, Dydek et Wauters On a pris comme première Américaine Kristen Cummings... J’avais fait quinze ou vingt séjours aux Etats-Unis grâce à des contacts que m’avaient fournis des Américains avec lesquels j’avais joué. Je voyais les matches universitaires à la période de Noël. J’ai fait des camps d’entraînement de début de saison, notamment à Orlando avec Matt Guokas. Le struggle for life, quand ils amènent 25 postes 1, 25 postes 4, etc., ils jettent la balle au milieu du terrain, il y a du sang sur le parquet et, au bout du compte, il y en a deux qui sortent. C’était à l’époque inhabituel pour un coach français d’aller aux USA. Je filmais les matches et j’ai actuellement
à peu près 2000 cassettes vidéo de cette époque-là. J’ai vu beaucoup de choses là-bas qui m’ont orienté dans mes choix. Même s’il est difficile de rapporter ici l’engagement mental qui existe dans le basket universitaire. Dans le sport de haut niveau, tu dois aller jusqu’à l’orgueil. Et eux, ils vont parfois jusqu’à la suffisance. C’est leur état d’esprit. Ils sont là et les autres n’existent pas. J’ai rencontré des gens imbuvables mais d’autres très intéressants. Il y a quatre jours, j’ai reçu un message sur Facebook de Stella Gardiner. C’est une ancienne coach de Long Beach. On s’était perdus de vue depuis 1983. Donc, on était en 1988. Un copain polonais m’avait demandé si j’envisageais de prendre une joueuse de l’Est. Moi, en rigolant, je lui avais dit, oui, mais Ouliana Semenova (Soviétique de 2,20 m, arme absolue du basket féminin pendant deux décennies). Le lendemain, il me rappelle en me disant qu’il connaît bien le coach de Riga. Semenova avait déjà joué en Espagne (Tintoretto). Elle avait eu une mauvaise expérience. Son articulation du haut du pied était une poubelle osseuse. Elle ne s’entraînait pas de la semaine et on lui faisait des infiltrations d’anesthésiant pour jouer le match. On la mettait aussi dans une petite voiture pour faire de la pub. Pour le président du club, c’était la poule aux œufs d’or, sans considération humaine. Je suis parti à Riga en voiture. J’ai pris mon copain au passage en Pologne. J’ai rencontré Ouliana, on a vachement sympathisé. Forcément, je paraissais très humain à côté du fou furieux président espagnol. Elle m’a dit, « j’aimerais venir en France et rencontrer Jacky Chazalon (sa rivale du Clermont UC des années 70). » On s’est retrouvés à sept autour d’une table pour régler le dossier avec le Ministère des sports soviétique, la Fédération soviétique, le Ministère letton, la Fédération lettone, le club de Riga, l’agence et moi. Un contrat de 26 pages… Je versais 35.000 dollars. Il y avait même un paragraphe pour savoir qui payait le rapatriement du corps en cas de décès. J’y suis retourné deux fois par avion. La troisième fois, je me souviens avoir failli mourir.
Il y avait des congères sur la piste et l’avion a fait quatre têtes à queue. Je me suis rendu compte qu’il s’agissait de marchands de tapis. Il fallait partager la somme entre eux et, à un moment, ils débattaient pour savoir qui allait payer l’avion. J’ai pété un plomb. Je suis reparti à l’hôtel. Une demi-heure plus tard, un mec est venu me rechercher. « Aucun problème, on a trouvé un accord… » C’est vrai qu’avec elle, j’ai signé des sponsors, Groupama trois ans… Elle était très motivée. Mais elle était diabétique au dernier degré et elle a chopé un staphylocoque doré. On a jugulé ça, elle a été opérée, mais le staphylocoque est reparti dans l’autre pied. Elle a joué trois mois, elle était imprenable, on ne pouvait pas nous arrêter. On a joué devant 6.000 personnes à Poznan, en Pologne, tout le monde criait « Oula… Oula… » Elle a fait un coma diabétique à la mitemps. Elle était toute verte, tout le monde croyait qu’elle allait mourir. On était à +14. Elle n’a pas pu revenir sur le terrain. On a perdu le match de 16 points. C’était une chic fille, désemparée. Jacky (Chazalon) devait venir en décembre. Ouliana ne l’a jamais vue. Le 18 novembre, elle a été opérée et elle est repartie à Riga. Elle est aujourd’hui vice-présidente de la fédération lettone (…) J’avais joué contre Poznan et on avait gagné d’un point là-bas. Les Polonais m’avaient appelé en me disant « 20.000 dollars et on ne déplace pas nos joueuses. » J’ai été approché dix fois dans ma carrière pour des trucs comme ça ! J’ai refusé. On a perdu au retour de deux points. J’ai vu Malgo Dydek, 19 ans. Je suis parti en Pologne et j’ai rencontré ses parents. C’était un papa de 2,05 m, une maman de 1,95 m, Malgo qui devait faire 2,18 m plutôt que 2,13 m, Katarzyna 2,07 m et la petite sœur de 13 ans qui faisait déjà 1,98 m. Et tout ce beau monde habitait dans un truc sordide de 15 m² ! J’ai ramené Malgo en France. Elle conduisait avec ses genoux, elle m’a cassé dix voitures ! On est allés au Final Four à Côme. On avait un budget de 6 millions et nos adversaires, c’était Valence, Moscou et Côme, qui avaient eux entre 15 et 18 millions. On s’est >>>
Les maillots de quatre glorieux Denaisiens encadrés dans la vieille salle Barbusse.
De gauche à droite :
Les coupures de journaux, les affiches et les photos retracent une carrière bien remplie.
retrouvé contre l’ami Aldo (Corno, actuel coach de Challes). On a perdu de 4 points devant 6.000 Italiens à Cantu. Arbitrage terrible… J’étais allé voir jouer Ann Wauters en Belgique, incognito. Elle était cadette. Elle devait partir à l’université aux USA. Je lui ai proposé de passer quinze jours de stage avec nous avant d’y aller. A la fin, je lui ai dit : « Ann, avec nous, tu joueras l’EuroLeague et, dans un an, je pense que la WNBA viendra dérouler le tapis rouge pour toi. » Ce n’était pas facile de lui attribuer un salaire. J’aurais pu me ficher d’elle en lui donnant 500 euros. Les parents auraient accepté. Je lui ai donné 1.500 euros contre l’avis de mes dirigeants qui me disaient « Marc, tu es tombé sur la tête. C’est une gamine ! » Je leur répondais : « oui, mais dans deux mois, elle est dans mon Cinq. » Le père m’a demandé si c’était pour l’année. « Non, non, 1.500 par mois. » (Il se marre). Robert Leroux avait une confiance aveugle en moi. Je me suis occupé du sponsoring jusqu’à la fin, en 1999. A un moment, c’était devenu un sacerdoce. L’été, il fallait que je parte à la recherche des sponsors. Je ne faisais plus de motocross (...)
Decourrière, l’ennemi juré
Repères • Né le 26 avril 1954 à Vitry-en-Artois. • Clubs comme joueur : Denain (1972-76), Orchies (1979-80), Grand-Fort Philippe (1981-86). • Clubs comme coach : Orchies et Valenciennes (1974-99), BCSS Namur (2000-02), Villeneuve-d’Ascq (02-04), Beauvais (04-05), Dexia Namur (05-07), équipe nationale de Roumanie féminine (07), Denain (09). • Palmarès : Champion de France (94), Final Four de l’EuroLeague (95 et 96).
En 99, Decourrière a voulu m’inventer un CDD. J’avais 19 ans de fiches de paye. C’était un CDI. Il a eu gain de cause aux Prud’hommes. Trois mois plus tard, c’était en appel (…) J’ai gagné. Après, ils ont demandé des délais de paiement sur deux ans. Pas question (…) Il avait été dit partout que l’on avait 500.000F de trou, que c’est moi qui avais conduit le club dans une détresse financière. J’ai fait intervenir un huissier lors de l’AG devant le commissaire aux comptes pour démontrer que l’exercice comptable de l’année où je suis parti était bénéficiaire de 82.800 F. Bien sûr que j’ai été frustré de voir ce qui s’est passé ensuite. On peut considérer que faire monter ce club d’Orchies en 1ère division, être champion de France dans les deux années qui ont suivi, aller deux fois au Final Four, en étant à chaque fois opposé aux équipes à domicile qui défendaient leur titre, tout cela était une réussite (…)Bref, c’était une réussite, mais bien sûr que j’ai eu une frustration. Il faut savoir que le budget est passé en un an de 6 à 13 millions de Francs. Je ne suis pas plus bête que le garçon (Laurent Buffard) qui m’a succédé et si j’avais pu continuer, peutêtre aurais-je été aussi champion d’Europe. On ne le saura jamais.
“Je pense qu’un club de basket mythique comme celui de Denain, qui renaîtrait, peut véhiculer une image dynamique.”
Valenciennes, ça s’est mal terminé pour une raison très simple. Je ne joue pas des rôles, je vis une passion... JeanLouis Borloo m’avait dit en 96 : « j’ai un mec, je ne sais pas quoi en faire, prends-le comme président. » C’était (Francis) Decourrière. Ça se passait bien, il me disait « tu es mon meilleur ami ». Quelqu’un, une secrétaire, est arrivée dans son giron et lui a dit que tant que je serais là, ce serait difficile de se faire une place. Et comme il avait une envie de reconnaissance… Après la demi-finale contre Bourges, en 98 à Bourges, Le Berry avait titré « VO torpillé par son propre président ! » Decourrière était arrivé dans le vestiaire en criant des mots orduriers contre les filles. Je l’ai sorti des vestiaires (…) Un jour, il me dit, « le magasin, je m’en fous, je veux une vitrine ! On a 350 licenciés et si on en jette les trois-quarts, on aura un meilleur budget, une ou deux joueuses de plus, et on gagnera un titre de champion d’Europe. Je pousse le feu pendant quelques années. Après, je balance ça au gnouf et on s’occupe du foot. » Tout était programmé de A à Z. Voilà la vraie raison de notre désaccord. Jean-Louis ne s’en est pas trop mêlé. L’année dernière, quand ils ont créé l’Union Hainaut, j’ai dit à Alain Bocquet (le maire de Saint-Amand), qui est un ami : « Ne va pas là-dedans ! Il y a des cadavres dans le placard. Il va tout te mettre sur le dos et tu ne le reverras plus ! » J’ai l’impression d’un grand gâchis !
La Roumanie, Denain
J’ai une fibre nordiste. J’ai toujours privilégié les clubs d’ici, sinon mon expérience à la tête de l’équipe féminine de Roumanie. Je suis allé à Namur. On a été champions de Belgique. Je me suis fait plaisir car il y avait un affectif avec les dirigeants. La deuxième année, j’ai récupéré Kathy Wambé, Bernie Ngoyisa et Agathe Nnindjem. On est allés en quarts de finale de la Coupe Ronchetti, contre Tarbes. Je suis allé ensuite à Villeneuve-d’Ascq. J’ai ramené mes trois joueuses et aussi mon trompettiste que j’avais piqué à Gervais Martel à Lens, pour le prendre à VO, puis l’emmener à Namur et ensuite à Villeneuve. Je pense que Yannick Leborgne, le manager général, a estimé que j’allais lui faire trop d’ombre, et pourtant, moi, je me satisfaisais très bien du sportif. Je ne suis pas allé au bout du contrat, on a trouvé un compromis. J’avais entendu des bruits alarmants sur Beauvais. Je ne voulais pas aller là-bas sans garantie. Trois jours plus tard, l’équipe beauvaisienne était validée en Pro B par la commission de contrôle de gestion. Bien. Il ne restait plus qu’un joueur, Mous Diallo. Je reconstruis. J’avais un contrat de trois ans. Dès le mois d’août, je vois les ATD qui tombent sur le bureau du président Marulier. Il me dit : « Ne t’inquiète pas, ce sont des trucs que l’on va régler. » En fait,
Photos D.R.
ce qui tombait des collectivités était déjà ponctionné par les organismes sociaux… Le président avait déjà détourné beaucoup d’argent. A partir d’octobre, on n’a plus été payés. Marulier s’est sauvé. Il y a eu quand même un détournement de près de 500.000 euros. A part deux joueurs, on a tous décidés d’aller au bout de la saison, sans rien toucher et on a essayé de sauver le club avec Jean Arida (un ancien du Paris Adia). Je prêtais de l’argent aux joueurs et certains ne m’ont pas remboursé ! Grâce aux AGS, ils ont touché une belle somme à la fin. La mairesse a décidé d’arrêter le basket. En novembre 2005, je retourne à Namur. On est allés en 8e de finale d’EuroLeague contre Samara. J’ai su par la suite fortuitement que mon salaire avait été payé à 80% par les six anciens dirigeants ! Et en 2007, on est la 12e équipe sur 18 de l’EuroLeague. L’USVO, Prague et Salamanque étaient derrière nous. De belles années. Les VIP là-bas, ça se terminait à 4 heures du matin. Il n’y a pas de flics pour te faire souffler… J’avais une Roumaine dans mon équipe, qui ne voulait pas retourner en équipe nationale. Elle m’a proposé et convaincu de venir m’occuper de la sélection. J’ai rencontré la présidente de la fédération, les dirigeants. Ils connaissaient mon parcours. En juillet, on a commencé à préparer le championnat d’Europe de septembre. Au niveau de la logistique, impressionnant. Salles avec clim’, hôtels quatre étoiles, ils faisaient les menus que je voulais. Deux ans auparavant, elles avaient perdu de 32 points contre les Allemandes, et là, on a perdu de 7. Et de 3 points contre la Belgique. Ça m’a fait du bien de côtoyer le peuple roumain. Ils ont envie de te faire plaisir sans attendre forcément un retour. Je suis encore en rapport par mails avec les filles (…) L’approche des filles est différente. Quand elles ont envie de quelque chose, elles peuvent aller beaucoup plus loin que les garçons dans l’effort, le courage, la générosité. En revanche, il existe des problèmes d’humeur féminine. Il y a moins de jalousie chez les garçons. Après la Roumanie, j’ai refusé une opportunité pour partir en Italie. J’étais fatigué. Stop. J’ai amélioré mon handicap au golf, où je suis passé de 18 à 7. Je me suis occupé de mon papa, j’ai géré mon patrimoine. J’avais dans l’idée de partir dans un club d’EuroLeague. Est arrivé un coup de téléphone de Georges (Wilczyk, un ancien équipier) qui m’a proposé de venir à Denain. J’ai toujours suivi la Pro A, la Pro B, peut-être un peu moins la N1. J’ai cherché un Ricain, j’ai fait venir un intérieur de 2,08 m, Nils Gouacide. Il semble que c’est à peu près cohérent maintenant. L’objectif affiché, c’est le maintien confortable. Je n’avais jamais vu le Complexe avant de venir. Georges m’y a amené. C’est dans la verdure, il y a des conditions de travail intéressantes, 2.400 places assises. C’est une salle co-financée par l’Europe. Ça fait partie des choses qui m’ont décidé. J’ai toujours eu également un bon relationnel avec Georges. La Pro B, pourquoi pas. Dans le sud du département, il n’y a pas de basket masculin. Le
basket a suivi ici il y a trente ans l’évolution économique de cette région, le traumatisme qu’a provoqué la fermeture des usines. De nouvelles choses ont été mises en place. Le maire estime qu’il n’y a pas de fatalité au marasme. On est supportés par une région, un département, une communauté de communes. Valenciennes est à 6 km. Je pense qu’un club de basket mythique comme celui de Denain, qui renaîtrait, peut véhiculer une image dynamique. C’est vrai que les clichés sont encore lourds pour le moment. » ■
Marc Silvert au golf - une autre passion - et face à la salle d’Orchies, arène qui a vu la montée en puissance de l’USVO.
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maxibasketnews
LES ÉCHOS HISTOIRE DE BRIQUES
METTEZ VOS CASQUES !
Hervé Bellenger / IS
l Curieuse situation que celle de Dounia Issa. L’intérieur de la JAV compile actuellement les meilleures statistiques de sa carrière et appartient au gotha de la Pro A : 3e rebondeur (9,9), intercepteur (2,1) et à l’évaluation (20,4) et 1er contreur (3,0). Une fiche ternie malheureusement par son pourcentage calamiteux aux lancers-francs : 42,9% après huit journées, dans la même veine que la saison dernière : 43,8% *. « Ce qui me désole, c’est que j’ai travaillé mon tir, j’ai franchi un palier cet été, mais ça ne se voit pas dans les stats », confiait-il récemment à BasketNews. On ne doute pas que Dounia mais aussi Yannick Bokolo (37,5% !) vont redresser la barre au cours des prochaines semaines. En l’état, les deux internationaux figurent parmi les plus mauvais shooteurs de lancers vus ces dernières années dans l’Hexagone. Coquins et vils que nous sommes, nous vous avons déniché les plus gros lanceurs de saucissons aperçus depuis dix ans en LNB. Le number ouane, Rolan Roberts, est carrément intouchable. Simple accident pour l’ex-Chalonnais ? Pas vraiment. Le petit intérieur musculeux tourne à 36,4% cette saison avec les Crocodiles de Townsville en NBL australienne !
LE SAVIEZ-VOUS ?
RICARDO DANS L’HISTOIRE ? L
Pascal Allée / Hot Sports
Vincent Masingue, classé trois fois dans ce flop 10.
’aîné des Greer est proprement éblouissant depuis le début du championnat et règne statistiquement sur la Pro A. Songez qu’à 31 ans, il produit les meilleures statistiques de sa carrière française – 7e saison – à la fois aux points, rebonds, passes, interceptions, aux pourcentages à 2-pts et 3-pts, et à l’évaluation ! Le grand favori pour le titre de MVP peut entrer dans l’histoire comme l’un des joueurs les plus complets jamais vus en Pro A. La preuve par les chiffres. Depuis 1987-88, seuls cinq joueurs ont assuré plus de 15 points, 5 rebonds et 5 passes en moyenne sur une saison. Très proche de le faire lors des deux derniers exercices – 16,0 pts, 6,2 rbds, 4,7 pds en 2008 puis 15,3pts, 7,1 rbds,
4,9 pds en 2009 – Ricardo peut rejoindre ce cercle très fermé. Et même devenir le seul joueur de l’histoire à plus de 15 pts, 7 rebonds et 6 passes. On aurait alors la confirmation statistique que le Nancéien est bel et bien unique en son genre. Les stats de Ricardo greer après 8 journées de PRO A Points
17,1
7e
Rebonds
9,0
5e
Passes
6,5
2e
Interceptions
2,3
2e
Balles perdues
3,8
3e
Pourcentage à 2-pts
60,9
11e
Pourcentage à 3-pts
44,8
10e
Évaluation
24,8
1er
Les 10 plus mauvais depuis dix ans Pl. Joueur
LF
%
1er
Rolan Roberts
Chalon’08
12/41
29,3
2e
Kyle Milling
Hyères-Toulon’05
52/138
37,7
3
Bruno Coqueran
Strasbourg’01
34/88
38,6
4
Vincent Masingue
Nancy’02
30/73
41,1
5e
Vincent Masingue
Hyères-Toulon’09
18/42
42,9
6e
Vincent Masingue
ASVEL’06
27/63
42,9
7e
Kyle Milling
Hyères-Toulon’04
70/162
43,2
8e
Neno Asceric
Hyères-Toulon’04
100/226
44,3
9
Akin Akingbala
Nancy’09
26/57
45,6
Paris’03
44/96
45,8
e e
e
10e Mario Bennett
Club
* Dounia Issa n’a pas tenté suffisamment de lancers pour figurer dans les classements en 2008-09.
Le club des cinq Joueur
Équipe
Points
Rebonds
Passes
Grant Gondrezick
Caen’88
23,6
5,9
6,0
Graylin Warner
Cholet’90
24,6
6,1
5,1
Stéphane Ostrowski
Limoges’91
22,2
8,4
5,2
Skeeter Henry
Dijon’94
24,2
6,4
7,3
Skeeter Henry
Montpellier’97
17,8
5,1
5,5
Stevin Smith
Antibes’01
18,2
5,2
5,6
En Pro B, sept joueurs ont réalisé cette performance : John Wiley (Chatou’90), Harold Keeling (La Rochelle’90 et CRO Lyon’91), Larry Lawrence (Le Mans’90), Julius Michalik (Golbey-Epinal’97 et ’98), Aaron Mitchell (Maurienne’99), Chris Coleman (Nantes’01) et Jimmal Ball (Roanne’02).
maxibasketnews
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Par Antoine LESSARD
Joueur
Équipe
Avant
Après
Marcellus Sommerville
Chalon
0v-4d
2v-2d
Maxime Zianveni
Chalon
1v-6d
1v-0d
Xane D’Almeida
Dijon
4v-2d
0v-2d
Terrell Everett
HTV
4v-2d
1v-1d
Victor Samnick
ASVEL
2v-3d
0v-3d
Marko Milic*
Orléans
2v-1d
1v-4d
Tony Williams
Roanne
4v-2d
2v-0d
Eric Chatfield
Rouen
0v-7d
0v-1d
Josiah James
Vichy
1v-5d
2v-0d
*Marco Milic a été coupé depuis par Orléans
Pro B Joueur
Équipe
Avant
Après
Alfred Aboya
Antibes
1v-4d
1v-2d
Aleksandar Zecevic
Antibes
1v-4d
1v-2d
Antwon Hoard
Boulazac
2v-2d
2v-3d
Gaston Essengue
Brest
1v-2d
4v-2d
William Gradit
Clermont
1v-6d
0v-2d
Justin Ingram
Clermont
1v-6d
0v-2d
Ismaïla Sy
Fos/Mer
3v-4d
0v-2d
Raphaël Desroses
Limoges
1v-1d
6v-1d
Yamar Diene
Nanterre
4v-2d
1v-2d
Alex Barnett
Nantes
3v-4d
0v-2d
Steve Smith
Quimper
0v-3d
1v-5d
Carlos Monroe
Quimper
1v-3d
0v-5d
NOTRE CINQ DES RÉVÉLATIONS 1
4
Dimitris Birdahas/EB via Getty Images
Pro A
Alius Koroliovas/EB via Getty Images
Quel est l’impact des jokers et autres pigistes médicaux sur les résultats de leur équipe ? La réponse en chiffres.
EUROLEAGUE
2
Ales Fevzer/EB via Getty Images
L’IMPACT DES JOKERS
5
3
INSOLITE
(www.bcmgravelines.com)
Alius Koroliovas/EB via Getty Images
« Une nouvelle mascotte a été fabriquée au Canada et va nous être livrée d’ici fin novembre » Hervé Beddeleem
Nebojsa Parausic/EB via Getty Images
LA PHRASE CULTE DU MOIS
1 - Lester « Bo » McCalebb
4 – Dimitrios Mavroeidis
• Un meneur insaisissable qui valait 23 points en NCAA
• Les Grecs nous ont encore sorti un pivot de
(1,83 m, 24 ans, Partizan Belgrade)
et formait l’an passé un duo de feu avec Chris Lofton à Mersin (Turquie). Ses stats : 14,0 pts à 53%, 4,3 pd, 17,5 au ranking. Pas un match sous les 10 points. 2 – Matt Walsh
(1,99 m, 27 ans, Olimpija Ljubljana)
• Le top-scoreur de l’Euroleague après quatre journées. Oui, c’est bien cet ailier blanc au bandeau qui tournait à 9 points en championnat belge l’an passé avec Charleroi. Cela ne durera sans doute pas mais l’ancien Gator de Florida est en train de se faire un nom sur le Vieux Continent. 3 – Martynas Gecevicius
(1,93 m, 21 ans, Lietuvos rytas)
• On l’attendait un jour ou l’autre. Mais sûrement
Voici le seyant et souriant « Texel »
pas si vite et si haut. Débarrassé de la concurrence de Chuck Eidson (1,1 pt en 8 min en Eurocup’09), le voici meilleur scoreur de « rytas » : 15,8 pts dont 53% à 3-pts en 34 min. Plus fort, l’équipe assure pour son retour en Euroleague (3v-1d). Épatant.
(2,08 m, 24 ans, Maroussi)
derrière les fagots. Cela devient presque lassant. Ce bon Dimitrios, qui n’a jamais fait d’étincelles dans les catégories de jeunes, émargeait péniblement à 5 pts et 4 rbds en ESAKE’09. Ses stats ? 11,6 pts à 70%, 4,4 rbds et 16,5 au ranking en moins de 20 minutes. On parle bien d’Euroleague. 5 – Aleks Maric (2,10 m, 25 ans, Partizan Belgrade)
• L’Australien ne monte pas aux lustres, n’est pas
spécialement rapide ni flashy, mais il est le parfait prototype du pivot d’Euroleague : la bonne vieille poutre solide physiquement (120 kg) et efficace près du cercle (65%). Barré par un certain Curtis Borchardt pour sa première saison en Europe, à Granada (4,6 pts et 3,5 rbds en 12 min), le joueur formé à Nebraska démontre l’étendue de son talent au Partizan : 14,5 pts, 7,5 rbds et 19,0 au ranking. Et si l’ASVEL n’avait pas choisi le bon pivot ?
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maxibasketnews
LES ÉCHOS
FOLLE AMBIANCE À ATHÈNES
l La Grèce ? Ses petites salles bondées et hostiles, la fumée de cigarette, les drachmes qui pleuvent...de vrais coupe-gorges. Pensez-vous. Les temps ont bien changé. Aucun
Panagiotis Moschandreu/EB via Getty Images
adversaire ne frémit à l’idée d’aller jouer Maroussi dans l’immense OAKA Stadium, à 90% vide. Surtout pas Vitoria qui s’y est imposé dans les grandes largeurs (+19).
ET VLAN !
l On connaissait les chest bump, les petites tapes sur les fesses,
Hervé Bellenger / IS
Pascal Allée / Hot Sports
Pascal Allée / Hot Sports
Lolo Sciarra instaure les bonnes grosses tartes pour motiver ses coéquipiers, ici Aldo Curti. Le problème, c’est que certains sont plus sensibles que d’autres et ont besoin d’être consolés.
LE SACHA SHOW
l Lorsque la SIG gagne des matches au Rhénus – et ce n’est pas si courant cette saison – Sacha Giffa devient dingue et se met à courir sur les mains. La preuve ci-dessous. Notez l’air subjugué de Mohammed Hachad, et l’attitude pour le moins circonspecte d’Alain Digbeu en arrière plan.
maxibasketnews
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Par Antoine LESSARD
IN YOUR FACE
l Mais quelle idée est passée par la tête de Zack Wright ? Voilà que le meneur US veut taper des bottom bump en plein match sur ses adversaires. Visiblement, Adrien Moerman n’était pas au courant des pratiques fantaisistes de l’hélicoptère manceau.
BIENVENUE EN EUROLEAGUE, JARED !
l Quand on vous dit que ça charogne en Euroleague. Ici une caresse de bienvenue de Mirza Teletovic (Vitoria) – qui n’a pas fait le voyage pour rien – sur Jared Homan au
LA PHOTO MYSTÈRE
l Est-ce une passe ? Une réception ? Un rebond ? Un contre ? Ou peut-être tout à la fois ? Espérons simplement qu’il ne s’agit pas d’un shoot. Quoi qu’il en soit, Aymeric Jeanneau invente des gestes qui ne figurent pas dans le manuel. Chapeau l’artiste !
Panagiotis Moschandreu/EB via Getty Images
Rodolfo Molina/EB via Getty Images
Pascal Allée / Hot Sports
dunk.
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maxibasketnews
Sarah Michel (Ă gauche) Marielle Amant (Ă droite)
Les joyaux d’Arras Marielle Amant et Sarah Michel
A 20 ans, Marielle Amant et Sarah Michel représentent la jeunesse flamboyante d’Arras ACTUELLEMENT SUR le podium de la Ligue Féminine. Par Pascal LEGENDRE, à Arras • Photos Jean-François MOLLIÈRE
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maxibasketnews
L
’Arras Pays d’Artois Basket Féminin est l’équipe à sensation de LFB de ce quatrième trimestre 2009. Une équipe où une seule joueuse a plus de 25 ans et qui est riche de deux Bleuettes, Marielle Amant et Sarah Michel, nées en 1989, et devenues ses symboles. Lorsque Arras est monté en Ligue, ça n’emballait pas grand monde de rallier le Pas-de-Calais. « Aujourd’hui, je ne dis pas que toutes les internationales m’appellent, mais il n’y a plus de soucis. Le fait que Marielle et Sarah aient re-signé pour deux ans est une véritable preuve de confiance. Ça a eu un gros impact sur l’aura du club » se réjouit le coach Bruno Blier.
20 points et 10 rebonds pour Marielle Amant en finale de l’Euro des 20 ans et moins.
Sarah et Marielle ne sont pas issues de la même branche. La Parisienne est la fille de Gabriel, un ancien intérieur de 2,02 m du Racing Paris, de Charenton et de l’US Métro, d’il y a une grosse trentaine d’années, qui a entraîné Ris (N2), présidé Courcouronnes et qui est venu, l’an passé, comme co-manager à la rescousse de Juvisy (N2), dont son fils Vincent était meneur de jeu. Marielle, elle, devait se mettre au hand et a finalement bifurqué à onze ans vers le basket. « J’étais plus grande que tout le monde. J’ai aimé, c’était facile, j’ai continué » dit-elle simplement. La Martiniquaise a suivi la voie royale. Elle est ressortie saine et sauve d’une sélection impitoyable qui regroupait les meilleures joueuses des différentes zones. Marielle avait les mensurations et le physique nécessaires pour forcer les portiques de l’INSEP. « Je ne savais pas que c’était quelque chose d’important » dit-elle, souriant de sa propre naïveté. « Je pensais que c’était une sélection comme une autre, que je repartirais en Martinique et que je serais appelée pour refaire des trucs. C’est juste une fois entrée que j’ai compris que c’était sérieux. » A l’INSEP, Marielle va apprendre comment se servir de ses
Ligue Féminine • maxibasketnews 49
« C’est le Nord… » Une bonne taille, des prédispositions athlétiques, une volonté de s’améliorer défensivement. Ce sont les atouts maîtres de Marielle. De quoi séduire le coach national Pierre Vincent qui l’a appelée, il y a tout juste un an, lors du rassemblement à Monaco. « Oh ! putain ! Quand tu arrives… » s’exclame-t-elle les yeux lumineux. « J’avais avec moi Doriane (Tahane) et Diandra (Tchatchouang), je n’ai pas été perdue. Et puis, elles ont toutes été vachement sympa. C’était enrichissant, j’ai acquis de l’expérience en peu de temps. » Ses défauts ? « La lecture du jeu, l’espacement, le moment où il faut attaquer, le choix des tirs » débite-t-elle. « Il lui manque un peu d’expérience, de vice » juge son coach. Marielle acquiesce et prend comme référence la Lituanienne Gintare Petronyte « qui a déjà fait 36 championnats d’Europe (10,2pts et 6,3rbds à l’Euro senior), une grande moderne, qui fait de très bonnes passes. Quand on la regarde à la vidéo, on se rend compte qu’elle marque 20 points sans croquer la balle » et la Russe Nadezda Grishaeva, toutes deux à 1,95 m et plus avancées dans leur processus de maturité. Le quintette d’intérieures (Gruda, Yacoubou, Ndongue, Godin, Miyem) de l’équipe de France championne d’Europe est impressionnant , d’autres sont sur les rangs (Tahane,
L’EuroLeague, pas tout de suite ! • Le secret d’Arras ? Avoir conservé le même noyau que l’an dernier. Posséder une équipe athlétique et bien équilibrée. Une équipe jeune avec une Ukrainienne - Olesia Malashenko - qui n’a pas encore 19 ans. Bruno Blier l’avait supervisée à l’Euro des U20 en 2008 et, avec le prési, il s’est rendu sept fois à Namur. « On a aussi joué contre eux et même s’il y a toujours une part d’incertitude quant à la faculté à enchaîner les efforts, la mentalité, on savait où on allait au niveau basket avec Olesia. » Coup double : le coach a profité de ses passages en Belgique pour voir de visu que les stats monstrueuses de Pauline Akonga en EuroCup avec le Dexia Namur (20,3pts à 54,2% et 11,1rbds) correspondaient au profil de la joueuse. « Elles sont quasiment toutes jeunes et elles ont une bonne entente entre elles sur et en dehors du terrain. L’Américaine (Leilani Mitchell), c’est aussi un bébé. Les seules qui sont un peu matures, ce sont Hanna (Bouldwin) et Pauline » juge le coach. « Il y a de la bonne humeur aux entraînements » confirme Sarah. « Il y a quand même beaucoup de différences avec les équipes de France de jeunes. Il y a moins de liberté, c’est plus carré. » Les faiblesses d’Arras ? L’absence d’un pivot lourd. Et surtout, le fait que l’équipe ne compte que sept pros. C’est suffisant quand on ne joue pas de Coupe d’Europe en semaine, mais Arras est sans filet en championnat. « Le jour où je vais avoir des blessées, des malades ou des filles qui vont prendre beaucoup de fautes, je sais que ça va être compliqué » commente le coach. « L’avantage de tourner à sept, c’est que les filles ne se posent pas de questions ; elles savent qu’elles vont avoir du temps de jeu. » Marielle : « Il y a la hargne quand on joue. On se « fighte » aux entraînements, on ne lâche rien. » Sarah : « On voulait se qualifier pour la Coupe d’Europe pour cette année, on n’a pas réussi. On est bien décidées à la faire la saison prochaine. »
La maxime de Maljkovic « Coupe d’Europe ». Tout le monde à Arras a ce mot à la bouche, même si Bruno Blier met le frein à main, rappelant encore une fois qu’une blessure pourrait faire trébucher ce beau projet. C’est que Arras ne roule pas sur l’or. Son budget n’est que d’un peu plus d’un million d’euros. Le partenariat privé est conséquent (230 personnes présentes au repas de VIP l’autre soir), mais le département est un peu radin au niveau sportif, et la ville, où il n’existe pas de tradition de clubs de haut niveau, a aussi des oursins dans ses poches : 230.000 euros de subvention. « Par rapport à Bourges et Tarbes, qui sont des villes moyennes, je sais que nous pouvons augmenter les subventions de la ville et de la communauté urbaine. Et au niveau des privés, j’y travaille et je sais que je pourrai aller chercher des entreprises lorsqu’il y aura l’image Coupe d’Europe. » Quand il parle de Coupe d’Europe, Jean-Louis Monneret évoque l’EuroCup, pas l’EuroLeague. Pas question de grandir trop vite au risque comme un adolescent d’avoir des pantalons trop courts. Le staff ne comprend que deux salariés, un manager et une responsable administrative et budgétaire. Il en faudrait au moins une de plus. Cela a un coût, comme d’avoir une 8e pro et de faire davantage de com’. Jean-Louis Monneret estime à 1,2 million le budget nécessaire pour une participation à l’EuroCup et à 1,3/1,4 celui pour la Reine des compétitions. « Ça serait une connerie de faire l’EuroLeague tout de suite. C’est normal que les joueuses aient envie d’y participer, tout le monde veut la faire, y compris le maire, mais si c’est pour prendre des cartons comme Montpellier l’année dernière, si tous les jours se pose la question de savoir si on pourra payer les joueuses en temps et en heure, ce n’est pas sérieux. Et puis, on n’a pas de savoir-faire européen. Et le péquin moyen, il n’est pas comme le spécialiste, il ne voit pas la différence entre l’EuroLeague et l’EuroCup. » Quant à Bruno Blier, il connaît ses classiques et il conclut : « Comme disait Bozidar Maljkovic, les grandes victoires ont tué les petits clubs. » Bref, qui va piano, va sano. ■
Pascal Allée / Hot Sports
indéniables qualités athlétiques, jouer en NF1, prendre des photos de la star Christine Aron et être en classe de 1ère STG avec Morgane Riboud, future championne du monde de judo. « C’est sûr que l’INSEP, c’est le gratin et qu’il y a plus de chance ensuite d’aller en Ligue Féminine » constate Sarah, qui elle s’est fait recaler. Après avoir effectué des essais à Bourges, la Parisienne a été acceptée par le centre de formation de Valenciennes, ce qui n’est déjà pas si mal. Elle s’est entraînée avec les pros et a fait ses gammes en Nationale 2. Leurs destins vont se rejoindre en U-18 (juniors), où les deux joueuses seront productives avec déjà une étonnante propension du côté de Sarah à additionner les interceptions. Seulement, Marielle moissonne davantage, participant notamment à trois Euro U-20 consécutifs. Surtout la Martiniquaise a eu un rôle déterminant, l’été dernier, dans la conquête de l’or. Elle a affiché 20 points et 10 rebonds en finale face aux terribles Espagnoles, qui sont reparties en liquette (74-52). « Elle a fini avec 30 d’évaluation ! C’est vrai que Alain Jardel a beaucoup fait tourner l’équipe, et c’est normal, mais c’est une spécialité en Europe de désigner une MVP venue de l’équipe qui a perdu - ce fut l’Espagnole Alba Torrens -, comme à l’Euro seniors où ce fut une imposture avec Maltsi » fulmine Bruno Blier. Sarah Michel n’était pas de l’aventure. Elle avait été victime d’une aponévrose l’été précédent, est restée longtemps sur le flanc et a seulement repris en janvier. « J’avais toujours des douleurs et je ne voulais pas rejouer cet été pour que ça se déchire de nouveau. » Ceci dit pour son coach, il n’y a pas l’ombre d’un doute : « L’an dernier, j’ai vu tous les matches en Italie. C’est Carine Paul qui avait été élue dans le meilleur cinq, Sarah était beaucoup plus forte. Simplement, comme elle s’est blessée, elle a moins joué. C’est une très bonne génération et elles font partie toutes les deux des troisquatre meilleures. » Tout le talent de Marielle s’est traduit par un trophée de MVP Espoirs de la ligue, gagné haut la main. Sarah n’avait pas disputé suffisamment de matches pour être éligible, mais elle a quand même tourné en moyenne, sur 13 rencontres, à 11.2pts et - remarquable ! - 4,5 interceptions.
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maxibasketnews
Repères Marielle Amant • Née le 9 décembre 1989 au Lamentin (Martinique) • 1,90 m, intérieure. • MVP Espoirs de LFB (09), Championne d’Europe U-20 (09), argent U-20 (08), bronze U-20 (07), argent U-16 (05). Sarah Michel • Née le 10 janvier 1989 à Ris-Orangis • 1,80 m, ailière. • Argent U-20 (08).
Vernerey…), mais parions que Marielle sera rapidement intégrée à cette Dream Team. Elle a aussi comme objectif perso, de partir un jour à l’étranger. A l’inverse, Sarah n’est pas bien épaisse, n’est pas une super athlète et le préparateur physique la fait bosser individuellement dès qu’elle a un creux dans son planning. Elle est en train aussi de modifier la gestuelle de son shoot et fait là aussi des heures sup’. « C’est une joueuse très intelligente, qui joue très juste, toujours bien placée, qui respire le basket » complimente son coach. De fait, il saute aux yeux que Sarah Michel possède des bras magiques, grands, rapides et, avec son sens de l’anticipation, elle fait donc un malheur dans le domaine des interceptions. Pour ces deux-là, entrer dans l’univers professionnel fut une évidence. « J’ai eu la chance d’avoir François Gomez (l’actuel coach de Tarbes). Je pense qu’il a eu beaucoup de retours de ses anciennes joueuses de l’INSEP et, souvent, il nous rappelait qu’en Ligue, on n’y serait pas cocoonées comme à l’INSEP, que c’est un monde de bêtes, qu’on risque de s’y faire bouffer. J’étais préparée à être bizutée, comme à Arras où l’on doit porter les maillots ! » Alors, justement, pourquoi Arras ? « Parce que c’est le Nord ! » dit-elle pince-sans-rire en tentant avec son accent
antillais de prendre l’intonation des Ch’tis. « A ma sortie de l’INSEP, je visais haut, oui, mais je voulais du temps de jeu. Il y avait Bourges, Valenciennes, ça m’intéressait, mais pas le banc ! Et vu quelques cas précédents, je sentais que ça serait la même chose avec moi. Du coup, j’ai préféré assurer à Arras qui avait une équipe de jeunes et qui me proposait la 2e ou 3e rotation. » Issue logique de Sarah Michel, espoir au club : porter le maillot de Valenciennes. Elle est d’ailleurs entrée symboliquement en jeu lors de la saison 2004-05 - à 16 ans donc - lorsque Sauret, Feaster, Le Dréan and Co furent sacrées championnes de France. Sarah pourrait donc s’en prévaloir dans son palmarès. Plus sérieusement, en quête de temps de jeu, elle a été prêtée l’année passée à Arras par l’Union Hainaut, héritière de l’USVO. Dans son contrat, une clause lui permettait de se libérer de ses attaches avec l’UHB, et elle l’a fait jouer avant la date limite du 30 mars. « Comme je n’avais pas fait la saison complète, je ne me voyais pas changer de club encore une fois. Ne serait-ce que par respect pour Arras » commente-t-elle. « Elle était venue pour avoir un rôle important dans l'Artois et, fin janvier, comme elle était arrivée blessée, elle n’avait pas joué une seule minute. On a toujours dit à Sarah de prendre son temps pour son
Ligue Féminine • maxibasketnews 51 inflammation de l’aponévrose, on a fait test sur test » ajoute son président Jean-Louis Monneret. En fait, pour pallier la défection de Sarah, Arras avait fait appel à une pigiste médicale, l’Américaine Mia Fisher, une showwoman, devenue la chouchou de la salle Tetelin. « On s’est demandé si Sarah n’allait pas psychoter. Pas du tout. Elle a été nickel, elle est d’une intelligence extraordinaire. Elle a fait une très bonne fin de saison. Ceci dit, ce n’est pas parce que Mia Fisher est partie et que Sarah est arrivée que l’on a commencé à gagner » commente le président. Marielle aussi a re-signé, bien avant la fin de saison, pour deux années supplémentaires (un + un). La Martiniquaise n’avait toujours pas envie de faire le grand saut dans un club comme Bourges. Elle se sent bien à Arras et elle avait aussi l’espoir (déçu) de disputer une Coupe d’Europe. « Oui, j’ai dû casser ma tirelire vis-à-vis de ce qu’elles avaient gagné l’année d’avant, mais sans pour autant faire d’excès. Aujourd’hui, elles ont dans leur contrat les contreparties qu’elles méritent, ni plus, ni moins. Et pour moi, l’élément le plus important, c’est qu’elles soient restées au club alors qu’elles le connaissaient. Ça veut dire qu’à leurs yeux, c’est un beau projet » juge JeanLouis Monneret.
Autre singularisme de Marielle Amant et Sarah Michel, elles sont encore étudiantes. Marielle est en licence d’anglais et Sarah est en deuxième année de STAPS. Marielle y voit l’occasion de parler la langue de LeBron James couramment et Sarah se félicite ainsi de pouvoir changer d’horizon, même si lorsqu’elle faisait les déplacements
« Sarah respire le basket. » Son coach Bruno Blier.
en EuroLeague avec VO, elle n’allait quasiment jamais en cours. « Pour moi, aucun problème tant que ça n’empiète pas sur le temps d’entraînement et de récupération. Elles ont 20 ans et récupèrent plus vite que la moyenne » résume Bruno Blier. « En revanche, ça leur donne de la fraîcheur d’esprit, de la hauteur de vue, de la rigueur. C'est bien de ne pas toujours avoir la tête dans le guidon. » ■
1.300 spectateurs certifiés
« Tout le monde voulait la peau de Bruno (Blier) lorsqu’on a eu sept défaites consécutives l’an dernier. Le maire m’a convoqué en me disant : « J’arrête de donner de l’argent si on ne change pas de coach » (NDLR : c’est toujours formidable lorsque les hommes politiques se mêlent de sport). Je lui ai répondu que c’était moi le président et que c’est moi qui déciderais tant que je le serais. Et, sauf, s’il décide de partir, tant que je serai président, Bruno sera le coach. Vous l’avez compris, Arras, c’est une histoire de potes. » En quelques lignes : Jean-Louis Monneret tient une boîte de com’, qui s’est occupée du Dakar’2001 qui démarrait de l’Artois. Il avait mis au point une opération caritative d’échanges avec le Sénégal. Le club d’Arras s’y est intéressé et trois jeunes filles sénégalaises ont été prises en charge pendant un an (déplacement, hébergement, restauration), dont l’une est restée trois fois plus longtemps : Mame-Marie
Sy Diop, aujourd’hui performante à Nantes-Rezé. Le basket, c’était pour Jean-Louis Monneret aussi incompréhensible que le Mystère de la Sainte Trinité, mais il est rentré très vite dans les ordres. Et comme l’ancien président - le père de Bruno Blier - voulait passer la main, il a pris la présidence. « J’ai demandé qu’elle était la division la plus haute ? La ligue ? C’est deux divisions au-dessus ? On y sera dans quatre ou cinq ans ! » Chose promise, chose due. L’Arras Pays d’Artois Basket Féminin a le bonheur d’être libre de ses mouvements puisque le foot en ville n’est qu’en CFA2. Ceci dit, Lens et son Stade Bollaert sont distants de 17 km. Cette ville de 45.000 habitants - il y a 200.000 habitants dans un demicercle de 25 km -, n’a jamais goûté à l’Europe dans aucun sport. Pas surprenant que les médias mordent dans le nouveau phénomène. Planète FM, une radio locale, commente ainsi en direct les matches à l’extérieur. En bonus, elle est diffusée sur son site
Internet avec une possibilité de 500 connections et elle sature régulièrement. Lorsqu’il fait son marché, le président se dit harcelé par les supporters alors que les joueuses signent des autographes en ville. « Dans la rue, ils sont capables de nous reconnaître. Plus qu’à Valenciennes. Lorsque j’y suis allée la première fois, j’ai demandé mon chemin à trois personnes et elles avaient été incapables de me l’indiquer » témoigne Sarah Michel. L’an dernier, dans la salle Tetelin, qui peut contenir 1.600 personnes, le président a enregistré 1.100 spectateurs en moyenne, et le progrès est cette saison de 200 unités. Jean-Louis Monneret est certain de ce chiffre car il prend des photos de la salle à chaque match. Grâce à un logiciel qui permet de conserver une bonne qualité d’image même en les grossissant, il demande à une assistante, à son retour à l’agence, de compter chaque spectateur. Une méthode infaillible. ■
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DANS L’UŒTIL S DES SCO
BOSCIA EN EST FOU AMOUREUX Emir se prend parfois un peu pour le roi du pétrole mais c’est normal puisqu’il est le nouveau chouchou de coach Boscia Tanjevic, qui voit dans cet arrière-ailier multicarte une réincarnation possible du Dieu Bodiroga. La comparaison est osée et le chemin est encore long mais le talent est là. Par Fabien FRICONNET
Robertas Dackus/EB via Getty Images
B
Repères • Né le 6 septembre 1987 à Zenica (Bosnie-Herzégovine) • Double nationalité bosniaque et slovène • Taille : 2,06 m • Poste : Arrière-ailier • Drafté par les Phoenix Suns en 2009, au deuxième tour, 57e choix. Droits vendus aux Cleveland Cavaliers. • Clubs : KK Celik Zenica (Bosnie, jusqu’en 2004), Triglav Kranj (Slovénie, 2004-05), Slovan Ljubljana (Slovénie, 2005-07), Fenerbahçe Ülker Istanbul (Turquie, depuis 2007).
oscia Tanjevic, le coach du Fener, est un incurable romantique, à sa manière. Et un dénicheur de talents hors pair puisque, n’oublions pas, Dejan Bodiroga, Gregor Fucka et Amara Sy, pour ne citer qu’eux, c’est lui. La palanquée des nouveaux intérieurs de la sélection turque (MM. Erden, Asik et Savas), encore lui. Andrea Meneghin posté en meneur de jeu avec la Squadra à l’Euro 1999 – victorieux – c’est toujours lui. La liste est longue des coups de flair du Bosno-Serbo-Italo-cigarophile, avec quelques échecs au passage. Au bout de celle-ci, Emir Preldzic. Emir, Boscia en est fou. Il l’adore, il le couve, il lui passe beaucoup de ses excentricités, mais il le surveille de très près. Et, vieille marotte, il veut en faire un meneur de jeu. Pourquoi pas ? L’ailier du Fener est ce que les Américains appellent un point forward, à savoir, dans la veine des Pippen et des Bodiroga, un joueur de grande taille capable de jongler sur trois postes et de créer du jeu pour les autres. D’ailleurs, quand il est allé le pécher, à 19 ans, au Slovan Ljubljana, où il commençait à faire quelques étincelles ici et là, et qu’il lui a signé dans la foulée un contrat de quatre ans, Boscia a fait dans le dithyrambe, yougo style, évoquant un talent comparable à ceux de Toni Kukoc et Dejan Bodiroga. On n’ira pas jusque-là mais Preldzic possède une indéniable classe, une capacité à lire le jeu, prendre les intervalles, servir ses coéquipiers et participer à tous les secteurs du jeu qui rappellent, de loin quand même, celles de ses glorieux aînés.
Cleveland à l’affut Les premiers gros frissons d’Euroleague remontent au 14 février 2008, pour l’Emir tanjevicien. Après une saison régulière bof bof, le petit prodige ne se démonte pas dans cette force qu’est l’Alexandrion de Salonique et passe à l’Aris 13 points, 3 rebonds et 6 fautes provoquées en 23 minutes. Boscia a une idée fixe et n’en démord pas : le gamin doit jouer, beaucoup, et avoir des responsabilités. De fait, le turbulent Emir n’attend que ça et ne craint pas de tirer les cartouches importantes, comme il le fit à l’Astroballe en début de saison, au risque de sortir du cadre. En 2008-09, année de l’explosion, il s’impose à plusieurs reprises et laisse même, en aller-retour, une bonne petite
ardoise à la Joventut Badalone : 31 points, 16 rebonds, 3 passes et 5 steals en 50 minutes. À côté de cela, des évaluations négatives, quelques manquements défensifs, du gaspillage dans ses rushs vers le cercle, où son manque de coffre le gêne parfois, et une adresse extérieure encore très fluctuante. D’ailleurs, son début de saison 2009-10 a illustré ses hauts et ses bas : 0/7 aux tirs contre Barcelone, puis 11 points, 4 rebonds et 3 passes à Villeurbanne, puis 0/5 contre le Cibona, puis 10 points et 5 rebonds contre Sienne. Pas encore de quoi faire tourner la tête aux Cleveland Cavaliers, qui ont l’œil sur lui puisque, après que Phoenix l’eut drafté au 57e rang en juin dernier, la franchise de LeBron James a racheté les droits sur le Bosno-Slovène, qui s’était montré plutôt à son avantage, en 2007, avec la sélection mondiale au Hoop Summit, aux côtés de Nicolas Batum (7 points, 2 rebonds et 3 passes en 16 minutes pour Preldzic). Preldzic sera-t-il prêt à court terme pour la NBA ? En tout cas, il n’a peur de rien.
Un oiseau de nuit Pas peur de tourner le dos à la Slovénie après, pourtant, avoir participé au tournoi de repêchage pour les Jeux Olympiques de Pékin (3 matches, 4,0 points et 2,7 rebonds en 16 minutes), et avoir connu les sélections de jeunes en vert : bronze à l’Euro espoirs 2006 (20,3 points, 9,4 rebonds, 3,4 passes et 2,4 steals), puis Euro espoirs 2007. En effet, l’été dernier, Preldzic a décliné la sélection pour l’Euro et a souhaité intégrer l’équipe nationale bosniaque (qui jouait les repêchages), la sélection de son pays de naissance (il n’a été naturalisé slovène qu’en 2006), mais la FIBA Europe a dit niet. Quant à son hygiène de vie… C’est celle d’un jeune homme de 22 ans, plein de sève et avec un joli portefeuille, et il se dit, en Turquie, qu’il a fallu recadrer Emir en début de saison, quand il fréquentait trop souvent les établissements nocturnes. La rumeur rapporte même que Boscia a fait appel à un chaperon pour surveiller son prospect et s’assurer qu’il respectait le couvre-feu de 22 heures imposé par le coach. Tanj ne lâche pas d’une semelle son chouchou et Emir est souvent la victime, y compris pendant les matches, de quelques colères jupitériennes de son entraîneur. Qui aime bien, châtie bien. l
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EMIR PRELDZIC (FENERBAHÇE ÜLKER istanbul)
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MICHEAL « SUGAR » RAY RICHARDSON
UN HÉROS
AMÉRICAIN Il y a 15 ans, c’est un drôle de bonhomme, et un sacré foutu joueur, qui débarquait à Antibes pour, quelques mois plus tard, offrir le titre de champion 1995 à l’équipe de Jacques Monclar, à 40 ans. Un basketteur et un homme attachant qui, entre 1979 et 1986, sema la terreur en NBA, jusqu’à être comparé aux plus grands. Découvrez, ou redécouvrez Micheal Ray Richardson. Par Fabien FRICONNET
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Micheal Ray Richardson avec les New York Knicks en 1980.
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une rage de gagner peu commune, un meneur de jeu de grande taille (1,95 m), d’une autre dimension, en avance sur son temps. « Micheal jouait comme moi », assure, en toute modestie, Magic Johnson. Sugar n’est pourtant pas très connu lorsque les New York Knicks utilisent leur 4e choix de la Draft 1978 pour s’assurer les droits sur l’étudiant de la petite fac de Montana. Sa saison rookie est d’ailleurs - presque banale. Mais dès sa deuxième année, en 1979-80, alors que Magic Johnson et Larry Bird viennent de débarquer dans le basket professionnel, Sugar explose à la face de la NBA. Avec 15,3 points, 10,1 passes, 6,6 rebonds et 3,2 interceptions, cet OVNI estomaque tous les observateurs et les joueurs. Sugar est le meilleur passeur et le meilleur intercepteur de la ligue ! Il est d’ailleurs le premier joueur de l’histoire à réussir cette performance. Seuls John Stockton et Chris Paul y parviendront, par la suite. Les comparaisons avec Oscar Robertson, l’homme qui tourna en triple-double en 1961-62, fleurissent. Évidemment, Sugar est All-Star en 1980. Il le sera aussi en 1981, 82 et 83. Car, de coast to coast éclairs en triple-doubles, de paniers au buzzer en séances de trash talking, Sugar met le feu à la ligue (*). Et pas que d’un côté du terrain. Car le furieux bonhomme, qui sera encore meilleur intercepteur en 1983 et 85, est également un défenseur de haut vol, en témoignent ses deux sélections dans la All-Defensive 1st Team en 1980 et 81 ! « Il pourrait jouer sur un terrain en pente ou sur la Lune », dira plus tard, dans une jolie formule, Jacques Monclar, son coach à Antibes. Chuck Daly le considère alors comme le meilleur joueur du monde. Isiah Thomas, pourtant avare de compliments, confesse que Sugar est le seul joueur à l’avoir réellement mis en difficulté. Le Piston n’a pas oublié cette soirée de 1982 lorsque, sous les yeux d’un Madison Square Garden médusé, Sugar le met plus bas que terre : 23 points, 12 rebonds, 11 passes, 5 interceptions et un tombereau d’injures, façon playground, puisque c’est encore toléré en NBA.
En 1982 avec les New Jersey Nets.
En 1985, il fugue
O
n a sans doute du mal à imaginer, notamment les plus jeunes d’entre nous, à quel point Micheal « Sugar » Ray Richardson a été un grand joueur de basketball, à quel point c’est une étoile de NBA qui a débarqué en Europe à la fin des années 80, et à Antibes en 1994. Une star, une vraie de vrai, aiguillée vers un chemin méandreux à cause de cette foutue cocaïne.
S’il fallait comparer Sugar à un joueur NBA d’aujourd’hui, on pourrait, pêle-mêle, citer Joe Johnson pour la polyvalence et l’impact, Gilbert Arenas pour le talent et le tempérament, ou encore les jeunes bolides Brandon Roy
Ainsi va la carrière de Micheal Ray, transféré aux Golden State Warriors le 22 octobre 1982 – contre la star Bernard King – puis aux New Jersey Nets, très rapidement, dès le 6 février 1983. Si son palmarès collectif n’est pas si fameux, l’élimination au premier tour, en 1984, du champion sortant, les Philadelphia Sixers de Julius Erving et Moses Malone, fait grand bruit. Sur la série, Micheal Ray a été tout bonnement fabuleux. La saison suivante, Sugar compile ses meilleurs chiffres offensifs : 20,1 points, 5,6 rebonds, –8,2 passes et 3,0 steals. Mais, déjà, sa carrière s’apprête à prendre un tournant, douloureux puis salvateur. De l’aveu de ceux qui l’ont connu à cette époque, Micheal Ray était un garçon calme, propre sur lui, bien sous tous rapports lorsqu’il évoluait à Montana, lui le Texan de naissance, élevé à Denver. Pourtant, avant même d’être drafté, Sugar a déjà la tête dans le star system. En lui exhibant des articles de presse annonçant sa future sélection par les Knicks, le phénomène convainc un banquier de lui prêter de l’argent. Sugar achète une voiture, puis une autre, et puis encore une autre. Une Datsun, une Pontiac. Une Rolls Royce. Seize véhicules en cinq ans. Sugar n’était pas prêt pour New York. À moins que, après tout, ce
« MICHEAL JOUAIT COMME MOI » MAGIC JOHNSON
ou Derrick Rose pour le côté insaisissable, la précocité et les fondamentaux d’école. Et on n’exagère pas. On est même en dessous de la vérité. Car, pour ses contemporains, Sugar, c’est encore bien plus que ça. Un talent quasi unique, un instinct du jeu phénoménal,
RÉTRO • maxibasketnews 59 fut son destin de plonger la tête la première dans les excès de la ville qui ne dort jamais. C’est en 1982, raconte-t-il, qu’il sniffe son premier rail de cocaïne. « C’est arrivé comme ça », nous expliquaitil, avec son bégaiement caractéristique, il y a quelques années. « Je ne peux pas expliquer pourquoi ni comment. C’est arrivé, c’est tout. » La poudre finit par pourrir sa vie et sa carrière. Son argent y passe, ses mariages y passent, sa réputation y passe. Les agents se succèdent, pas toujours honnêtes. Entre 1982 et 1986, Micheal Ray s’essaye à quatre cures de désintoxication. Un jour, en entrant dans le bureau de son médecin, il surprend ce dernier le nez dans la poudreuse. Ça ne s’invente pas, comme histoire. Le 27 décembre 1985, peu de temps après avoir signé, avec les Nets, un contrat copieux pour l’époque (3 millions de dollars sur quatre ans), il dérape, il divague. Il fugue. Il quitte une soirée et disparaît plusieurs jours. Même sa femme ne sait pas où il se trouve. Deux ans auparavant, déjà, les Nets avaient menacé de le couper, avant de se raviser. Le 25 février 1986, pour la première fois dans l’histoire, David Stern prononce la sentence : Micheal Ray Richardson, pour avoir été testé trois fois positif à la drogue, est banni à vie de la NBA. « La décision la plus difficile de ma carrière », confessera le commish de la ligue américaine. Sugar, plus tard, lui tombera dans les bras et le remerciera. Mais pour l’heure, c’est l’enfer qui s’ouvre sous les pieds de Micheal Ray.
vie commence. Brillante, celle-là aussi. Et turbulente. En quelques semaines, Sugar devient le chouchou des fans de la Virtus, et le Madison (de Bologne) le jardin de ses exploits pour trois saisons. La trace qu’il a laissée est indélébile. En 1990, il offre aux Noir et Blanc leur premier titre continental, une coupe Saporta (ex Coupe des Coupes), arraché au Real Madrid avec 29 points de la star américaine. Il faut ajouter deux coupes d’Italie. Les deux premières saisons à Bologne, Sugar est clean. Il est testé toutes les semaines et un rapport est envoyé tous les mois à la FIBA. Mais dès la deuxième saison, il entre en conflit avec le coach rookie, un certain Ettore Messina, assistant de Bob Hill en 1988-89 à la Virtus. Le technicien italien, déjà sûr de son fait et de sa méthode, veut enseigner à Sugar les délices du jeu demi-terrain, du contrôle et de la défense prioritaire. Le joueur est joueur et ne l’entend pas de cette oreille. Messina le prend alors à partie devant ses coéquipiers et lui explique que s’il souhaite avoir la tête de l’entraîneur, il l’aura, mais que le coach suivant sera sans doute aussi exigeant avec lui. Sugar est un mec bien, il comprend, il s’adapte. Et, donc, les deux hommes remporteront la Saporta. Pourtant, à l’intersaison 1990, Messina ne souhaite plus conserver son bouillant arrière, mais le propriétaire de la Virtus, sous le charme, prolonge Sugar pour 700.000 dollars. Cela sera l’année de trop. En 1990-91, Micheal Ray est un peu livré à lui-même et, après avoir séché une rencontre de coupe et avoir été suspendu cinq matches pour cause de bagarre, il est contrôlé positif. Deux fois. Il argue des effets néfastes d’une médication prescrite par son dentiste américain. La Virtus n’en croit pas un mot mais, pour s’épargner un long procès, accepte de publier un communiqué indiquant que les médicaments prescrits
« IL NOUS FALLAIT UN VOYOU » JACQUES MONCLAR
Sugar reste dans un premier temps au pays, en CBA (où il sera champion avec les Albany Patroons) et en USBL, mais, en 1988, il comprend qu’il doit prendre un autre chemin. Il signe à la Virtus Bologne. Une nouvelle
Champion de France avec Antibes et David Rivers (à droite) en 1996.
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Monclar-Sugar, on se menace
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1998, Paris Bercy : il remporte la Coupe de France avec Cholet face à Levallois (derrière Micheal Ray, Vincent Masingue avec des cheveux !)
par le dentiste peuvent avoir faussé le test anti-drogue. Le contrat est cassé, Sugar est libre. Il a alors 36 ans et son corps répond toujours. Son esprit, lui aussi, est toujours tourné vers le jeu. Il signe à Split, champion d’Europe en titre mais déplumé, ses stars, Kukoc et les autres, ayant toutes validé leur bon de sortie vers les riches clubs occidentaux. Avec l’équipe croate, Sugar croise le chemin de Jacques Monclar, lors d’un match d’Euroleague. Ça chauffe entre les deux hommes. Sugar cherche des noises à Robert Smith et Hugues Occansey, coach Monclar s’interpose. Micheal Ray se venge : 18 points, 12 passes et 8 rebonds à l’aller à l’Espace Piscine, 34 points au retour. La saison suivante, c’est le retour en Italie, à Livorno, pour deux saisons. Lorsqu’il retrouve la Virtus de Messina, il joue au banni révolté, en fait des tonnes, chambre le banc et le coach de Bologne, empile 32 points et 15 rebonds en 45 minutes, dans un Madison qui a pris fait et cause pour son ancienne idole, et donne le caviar à un coéquipier pour le panier de la victoire. Il adresse quand même un clin d’œil à Messina, manière de dire : « Sans rancune, coach, c’était du show tout ça. »
Henry James, shooteur américain fainéant, ne fait pas l’affaire. Lee Johnson et Jacques Monclar s’attablent, vident le bar, jusqu’à ce que le nom surgisse. Le grand Lee propose Sugar, Monclar tique. Et puis, à l’usure, Johnson convainc le coach. « Il nous fallait un voyou », dit un jour Monclar, avec toute la tendresse qu’il éprouve pour celui qu’il surnomme « Michel Raymond Richard Fils ». La cavalcade commence. Trois saisons de folie furieuse, dont deux sous Monclar, de coups d’éclats en coups de cœur. Un jour, un malotru attaque une personne âgée, dommage pour lui car Sugar se lance à sa poursuite et finit par le coincer. Un héros. Ingérable, parfois. Un soir, contre Cholet, Micheal Ray est à la rue à la mi-temps, 2 points inscrits, et Monclar va chercher la flamme au fond de son joueur. « Mike, je t’aime, tu as été élu quatre fois All-Star, tu étais un joueur fantastique mais là, arrête, fais-moi plaisir. Prends ta retraite. Tu es nul. » Deuxième mi-temps : 29 points pour Sugar. L’homme a déjà quarante ans, il défie la logique. Le coup de génie le plus connu de Sugar, en France, est évidemment le panier de la victoire, lors du match 4 de la finale du championnat 1994-95, dans la salle de Pau, qui donne le titre à Antibes. Sugar a tout mis à côté – ou presque : 2/18 aux tirs – mais, sur la dernière action, il met dedans. « Il était devenu tellement incontrôlable que je lui ai dit, pour le calmer, que si on avait besoin d’un dernier tir, il serait pour lui », dixit le coach. Par la suite, Sugar offre une coupe de France à Cholet, passe par Forli, Livorno encore, puis Antibes encore. Fin de carrière professionnelle en 2001. C’est à la même époque que TNT et NBA Entertainement produisent un documentaire sur la vie et la carrière du phénomène, narré par l’acteur Chris Rock, et dont le lien Youtube fourni est un extrait. Sugar est pleinement réhabilité, et heureux de l’être. D’ailleurs, en 2003, il est intronisé « Community ambassador » des Denver Nuggets. Un titre plus honorifique qu’autre chose, mais qui permet à Sugar de revenir au pays la tête haute et de parrainer les actions caritatives et sociales des Nuggets. Et en 200405, l’ancien fou furieux des parquets devient coach. Et un bon coach, apparemment, respecté, puisque, après deux saisons aux Albany Patroons en CBA, il prend ses quartiers au Cavalry (d’Oklahoma City puis de Lawton Fort Sill) pendant trois saisons, raflant deux titres de la ligue mineure (2008 et 2009) avant que la franchise ne mette la clé sous la porte. Un dernier incident, sur la route de sa vie : en mars 2007, il est suspendu par son employeur pour avoir soi-disant tenu des propos antisémites à un journaliste. En vérité, une fois la bande de la conversation produite par le journaliste, on s’aperçoit que la citation était tronquée et les propos déformés, et Sugar est immédiatement réintégré dans ses fonctions. D’ailleurs, avant même que Micheal Ray soit légitimement blanchi de ces accusations ridicules, de nombreuses personnalités, dont une partie de la communauté juive, étaient venues à son secours. Même David Stern était immédiatement monté au créneau, apportant un soutien chaleureux, et emprunt d’une tendresse évidente, à Sugar. Car l’Amérique aime son héros... l
LA POUDRE FINIT PAR POURRIR SA VIE ET SA CARRIÈRE.
Il pourchasse l’agresseur
Automne 1994, Antibes claudique, sorti sans ménagement de l’Euroleague au tour préliminaire.
(*) Petit florilège à cette adresse http://www.youtube.com/ watch?v=FgdyWZqTM3U (ou tapez « Micheal Ray Richardson » dans le champ de recherche sur www.youtube.com).
RÉTRO • maxibasketnews 61
GROS CV NBA EN LNB (*)
NOTRE TOP 10 1- Micheal Ray Richardson (Antibes, Cholet)
six équipes, dont les Lakers et les Knicks. Son séjour à Strasbourg en 2001-02 est correct mais la magie est passée.
Peu de temps après avoir été drafté haut par les Detroit Pistons en 1981 (12e choix), cet ailier shooteur au look à l’ancienne (une magnifique moustache) est déjà une star en NBA. Ou, pour tout le monde, un scoreur respecté et très craint. En 1982-83, pour sa deuxième saison, donc, il marque en moyenne 26,5 points (!), certes au sein d’une équipe pas très concernée par la défense, mais enfin, il faut le faire. Le 13 décembre 1983, il se « contente » de 35 points contre les Nuggets, lors du match le plus prolifique de l’histoire (186-184 pour Detroit). Deux fois All-Star en dix saisons (Detroit, Utah, Charlotte), 707 matches au compteur, Tripucka ne fait qu’un passage éclair au CSP en 1991-92 (17,6 points en sept matches) avant de s’enfuir.
3- Rolando Blackman (Limoges)
Objet récemment d’un article dans BasketNews, Ron Anderson n’est pas seulement un monstre de longévité, mais un scoreur made in NBA. En dix saisons dans la « Grande Ligue », et 664 matches (cinq équipes), il s’impose comme un efficace arrière scoreur de réserve, tournant même à 16,2 points en 1988-89 avec les Philadelphia Sixers de Charles Barkley. Il débarque en France en 1994-95 (Montpellier) où il sème la terreur (meilleur marqueur de Pro A, 25,5 points), et ne la quitte plus beaucoup (Le Mans, Angers, La Séguinière). Un monsieur.
8- Sedale Threatt (Paris)
Comme Tripucka, l’arrière panaméen ne fait pas long feu en Limousin, puisque, à l’orée de la saison 96-97, il fait ses bagages sans même jouer un match officiel. Dommage car Blackman, avec ses 13 saisons, 980 matches et quatre sélections au All-Star Game (!) aurait pu concurrencer Richardson au « palmarès LNB ». Une vraie pointure, ce Blackman, aux Mavericks et aux Knicks, entre 81 et 94. Longtemps meilleur marqueur de l’histoire des Mavs (avant d’être détrôné par Nowitzki 18 ans après), ce défenseur redouté (y compris par Michael Jordan himself) a dix saisons à plus de 17 points de moyenne derrière lui.
Sur le papier, un monstre : 14 saisons, 951 matches, cinq franchises, et l’honneur d’être le coéquipier de Julius Erving, Moses Malone et Charles Barkley (Philadelphie), Michael Jordan et Scottie Pippen (Chicago), Magic Johnson (Lakers) et Hakeem Olajuwon (Houston). Une vraie tranche d’histoire entre 1983 et 1997. Problème : ce meneur-arrière fessu est carbonisé quand il signe à Paris en 1996-97 et ne tient que trois matches. Mais quel CV !
5- Tracy Murray (Chalon) Ceux qui l’ont découvert à Chalon en 2006-07, alors qu’il avait 35 ans et des jambes de retraité (8,1 points en 14 matches), ne savent peut-être pas que Murray était un des tireurs les plus craints de la ligue américaine pendant douze saisons (658 matches). En 1994, il est le shooteur à trois-points le plus prolifique de NBA et, quatre ans plus tard, il démonte les Golden State Warriors, marquant 50 points pour le compte des Toronto Raptors, franchise avec laquelle il pèse 16,2 points en 1995-96.
sport-Getty Ima
Tim de Frisco /All
Son passage à Paris en 1996-97 (17,9 points et 8,3 rebonds), couronné d’un titre de champion, et son charisme entretiennent le mythe. Pourtant, Reid, ailierfort naturellement doué, drafté très haut par Charlotte à sa sortie de North Carolina en 1989, ne s’est jamais imposé comme un joueur majeur en NBA (8,5 points et 5,0 rebonds de moyenne en carrière). Toutefois, en onze ans (672 matches), il fait son trou et navigue entre
On aurait pu opter pour le « gunner minute » limougeaud Mike McGee (27,9 points à 65,9% en 14 matches au CSP en 1990-91, avant d’être… coupé !) et ses 520 matches (19,3 points de moyenne en carrière NBA sur un temps de jeu ramené à 36 minutes !), mais le « grand blanc » Mokeski méritait une mention, ne serait-ce que parce que ce besogneux a joué en « Pro B », à Sceaux, sous les ordres d’Alain Weisz, en 1991-92. Ce colosse n’a jamais cassé trois pattes à un canard (ni très bien compris les subtilités du jeu FIBA) mais il a quand même fait admirer sa moustache et ses aptitudes de « tâcheron parfait » pendant douze saisons en NBA (79-91), soit 694 matches. Ses faits d’arme : avoir aidé les Milwaukee Bucks à contester la suprématie des Celtics de Larry Bird à l’Est (finale de conf’ en 1985-86). F.F. (*) Depuis 1987-88.
ges
6- J.R. Reid (Paris, Strasbourg)
10- Paul Mokeski (Sceaux)
Sports
Dans la famille « cadors NBA qui ne finissent pas la saison au CSP », je voudrais Vern. Plus ou moins blessé, plus ou moins en fin de course, ce meneur clairvoyant aux gestes de couturier ne survit que sept matches en 199697 (10,6 points et 6,3 passes). Pour le reste, un background fameux, avec douze saisons NBA (893 matches), dont les onze premières à Indiana, où il est le titulaire (520 dans le cinq majeur) avant l’arrivée de Mark Jackson. Des moyennes en carrière de 11,3 points et 4,8 passes, un titre de champion olympique (1984) et une particularité : aucune faute technique en carrière (record NBA).
Chacun ses fuyards. L’Élan Béarnais a le sien. Quand il signe à Pau en 1993-94, cet intérieur puissant et technique a tout pour remettre l’équipe sur les rails (40 points et 12 rebonds en deux matches). Normal, ses huit saisons NBA (515 matches), dont les quatre dernières avec la jeune franchise du Orlando Magic, ont été plus que prometteuses. D’ailleurs, en 1989-90, « The Cat » tourne à 19,4 points et 7,6 rebonds ! Sauf que l’homme est une diva, turbulente qui plus est, et il part sans crier gare.
Pascal Allée / Hot
Sports
9- Terry Catledge (Pau-Orthez)
Pascal Allée / Hot
4- Vern Fleming (Limoges)
7- Ron Anderson (4 Clubs)
ich/Getty Images George Gojkov
2- Kelly Tripucka (Limoges)
De haut en bas : Kelly Tripucka (avec Detroit en 1981), Tracy Murray (avec Chalon en 2007), J.R. Reid (avec le PSG Racing en 1997) et Terry Catledge (avec Orlando en 1990).
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maxibasketnews
Par Laurent SALLARD
vidéos http://tinyurl.com/ybsjga7
DERNIER HOMMAGE
D.R.
Le 6 novembre dernier, à l’occasion de la réception de Cholet, la JDA Dijon et ses supporters ont rendu un vibrant hommage à Jonathan Bourhis, 19 ans, décédé le dimanche 1er novembre au matin dans un accident de voiture. Le club avait fabriqué t-shirts et bracelets à la mémoire du jeune joueur, que le public et les journalistes, dont les équipes
de Sport+ présentes pour retransmettre la rencontre, ont tous porté. Les supporters dijonnais ont réservé une longue standing ovation en mémoire du jeune homme dans une ambiance poignante, ses anciens coéquipiers de l’équipe espoir ne pouvant retenir leurs larmes. Des moments à revivre dans cette vidéo produite par le quotidien Le Bien Public.
http://tinyurl.com/y8dkm6m
• LA GAMELLE DU MOIS D.R.
Georgios Printezis se souviendra longtemps de la journée du 1er novembre. En déplacement à Séville avec Malaga, le Grec s’est retrouvé seul en contreattaque. Montant au dunk, il a été emporté par son élan et a lâché l’arceau, retombant lourdement
• LA BASTON DU MOIS
• LA CAGADE DU MOIS Par ailleurs diablement efficaces, les jumeaux Lavrinovic ne sont en revanche pas des artistes. Lancé lui aussi seul en contre-attaque – décidément, une situation pas si enviable qu’elle en a l’air – face à Bilbao, Darjus Lavrinovic, l’intérieur du Real Madrid, a visiblement hésité, ralentissant sa course,
bouscule deux, puis est écarté sans ménagement par ce qui semble être un membre du staff de Rostov. C’est alors qu’entre en scène l’immense Alexei Savrasenko (en survêtement), remonté comme une pendule, qui va déclencher la bagarre générale en distribuant généreusement les bourre-pifs, avant d’être pris à partie par un spectateur, puis raccompagné au vestiaire.
D.R.
D.R.
Le 14 novembre dernier, le Lokomotiv Rostov s’impose à domicile 94-91face au Dynamo Moscou en double prolongation. Mais les Moscovites n’ont pas apprécié certaines des décisions prises par les arbitres en fin de match, et le leur ont fait savoir. Sur cette vidéo filmée par un spectateur, on peut ainsi voir Sergei Bykov (n°10), puis Sergei Monya (n°12) se ruer sur les officiels en vociférant. Bykov en
sur l’épaule. Resté un long moment immobile sur le parquet, il est finalement sorti sur une civière, victime d’une fracture. Après avoir passé quelques heures à l’hôpital, il est rentré en bus avec ses coéquipiers.
avant de décider d’assurer le spectacle en claquant un dunk arrière. Mais un appui trop poussif l’a finalement trahi, le Lituanien tentant vainement de jeter la balle pour un résultat pour le moins ridicule. On imagine que le public basque n’a pas raté l’occasion de le chambrer.
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Par Laurent SALLARD
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IVERSON À MILAN ? pas une info, c’est une idée. Folle, irréalisable peut-être, mais une idée qui mériterait d’être approfondie. » Notre confrère explique par la suite pourquoi le club de la citée lombarde devrait, d’après lui, tenter d’attirer la star déchue, et pourquoi cette dernière devrait accepter. « Ce serait un message fort adressé à la ville, au basket italien, qui rappellerait les années 80 des Antoine Carr et Joe Barry Carroll », argumente-t-il, faisant référence à l’époque où le « circuit spaghetti » dominait encore l’Europe. Un rêve qui devrait toutefois rester sans lendemain. D.R.
Vous ne rêvez pas. C’est bien Allen Iverson sous le maillot de l’Armani Jeans Milan qui figure en couverture de ce numéro de nos confrères italiens de SuperBasket. « Iverson, la folle idée ! », titrent-ils. « Il pense à la retraite. Il veut jouer pour un prétendant au titre. L’Europe est l’unique solution. Pourquoi Milan est la destination idéale… », teasent-ils en Une. Cette photo est bien sûr un montage, drôlement bien fait au passage. Claudio Limardi, le directeur de la rédaction, prévient dans son édito. « Cette couverture n’est pas une blague, ce n’est même
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D.R.
LE LIVRE D’OR DU BASKET 2009 Le millésime 2009 du Livre d’Or du Basket est disponible. David Loriot, notre confrère de L’Équipe, vous fait revivre toute une année de balle orange. Du titre européen des Braqueuses, à la campagne des Bleus en Pologne, en passant par le retour de l’ASVEL au sommet de la Pro A, vous revivrez tous les grands moments de
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Contrôle surprise !
Stephen Brun Par Pascal Legendre
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1. De quel club allemand Dir
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7. Qui est natif de Clichy ?
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9. Quelle est la nationalité
de Tony Dobbins ?
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❏ Italienne ❏ Allemande possède ise gla An saisons en Italie ❏ - qui a passé deux . D.C ton ing sh Wa de Évidemment, le natif américain. AUSSI le passeport lo Braves ? jourd’hui les Buffa 10. Comment s’appellent au kee Bucks Clippers ❏ Milwau lée à ers ❏ Los Angeles hise était donc instal nc ❏ Philadelphia Six 8-84) de la Californie. La fra (197 n rs loi st ppe Cli c’e de lo, m ffa d’y prendre le no go, Pas facile ! Car Bu Die n Sa à rer mig 8 avant de Buffalo de 1970 à 197 à Los Angeles. er fix se de n, enfi et,
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US EUR CM
6 6+ 7 38,5 39 40 24 24,5 25
7+ 8 40,5 41 25,5 26
nike hyperize tb couleur: blanc/blanc/rouge [112] pointure: 7 - 12 13 14 15 @ kickz seulement 129,95 euros #24 916 606
tableau d’équivalence* hommes 8+ 9 9+ 10 10+ 11 11+ 12 42 42,5 43 44 44,5 45 45,5 46 26,5 27 27,5 28 28,5 29 29,5 30
12+ 13 13+ 14 14+ 15 16 47 47,5 48 48,5 49 49,5 50,5 30,5 31 31,5 32 32,5 33 33,5
La Matmut, le Saint Thomas Basket Le Havre et le SPO Rouen Basket
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