POSTEvR ) elines-Dk
a OKOLO (Gr ) Yannick B (VALENCIA LO CO E D & NANDO
#27
janvier 2011
De Colo Nandocs Valencia)
(Power
Electroni
Yannick Bokolo
(Gravelines-Dunkerque)
Du côté de chez
FABIEN CAUSEUR
© Jean-François Mollière
© Roberto
Serra/EB
via Getty
Images
ENTRETIEN
Greg BEUGNOT & Philippe hervé
04 AMARA SY 66 LEON RADOSEVIC 68 AMÉRICAINS D’ITALIE 82 CÉLINE DUMERC 84 GÉRALDINE ROBERT 90 LÉO WESTERMANN
Reportage photos
Les icônes de Limoges Boulogne vs Le Portel
Frères ennemis Portrait
Le mystÈre Moïso
MADE IN FRANCE voyage au cœur de la formation
M 03247 - 27 - F: 5,00 E
© Jean-François Mollière
Claude Marquis & Christophe Léonard formés à Cholet MAXI BASKET N°27 - janvier 2011 DOM : 5,60 € - BEL : 5,40 € - Port.cont : 5,20 €
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StratosphĂŠrique
le meilleur du basket français
Édito • maxi-basket 03
BASKET CITY Par Pascal LEGENDRE
S
ur quels critères s’appuyer pour déterminer qu’ « une ville est basket » ? Les titres gagnés, sur le front national et européen. La durée de vie au plus haut niveau. Les affluences dans la salle, pas sur quelques embrasements, dans la continuité. La contribution des médias, que ce soit les journaux locaux (la PQR), les radios, les télés, voire les sites Internet. La salle, sa contenance, ses loges, son confort, et aussi son âme. La capacité du club à rebondir dans les moments difficiles, car ce n’est pas quand il est en haut de l’affiche que l’on juge de sa solidité mais au contraire lorsque la Grande Faucheuse lui court après. La concurrence des autres sports. Une ville peut difficilement avoir le label orange si foot, rugby et hand disputent au club de basket sa notoriété. Ce qu’aussi le club a produit, directement ou pas en personnalités diverses. Et enfin l’attachement des “anciens“ aux clubs. Une ville n’est “basket“ que si elle est trans-générationnelle, aussi bien au niveau des joueurs, des dirigeants que des fans. Cholet, Le Mans, Roanne et Vichy sont à mon sens des “villes basket“ sachant que l’Élan Béarnais, ce n’est pas Pau mais toute une région. Seulement aucun de ces quatre-là n’a percé en Europe – ou alors il y a si longtemps pour la JAV – et il y fait défaut soit un peu d’envergure soit ce petit supplément de folie qui fait les grandes épopées. Limoges était et reste la référence absolue. Des bannières, le CSP en a rempli tout le plafond de l’une de ses tribunes. La durée ? Cela fait 32 ans que le CSP a fait son entrée dans la cours des grands. Les affluences ? Pas le numéro 1, mais quand même 4.340 spectateurs l’an dernier en Pro B. La passion ?
Directeur de la publication Gilbert CARON Directeur de la rédaction Pascal LEGENDRE (p.legendre@norac-presse.fr) Rédacteur en chef Fabien FRICONNET (f.friconnet@tomar-presse.com) Rédacteur en chef-adjoint Thomas BERJOAN (t.berjoan@tomar-presse.com) MAXI-BASKET est édité par SARL NORAC PRESSE
Siège Social : 3 rue de l’Atlas – 75019 PARIS. Capital : 25 000 euros Principaux associés : Print France Offset, Le Quotidien de Paris éditions, Investor.
Elle est plus dévorante que nulle part ailleurs. Et JeanFrançois Maison la “Voix“ de France Bleue Limousin sait si bien la propager dans tout le département. Les Eagles – vous les avez découverts le mois dernier – sont des supporters qu’aucun autre sport de salle n’a enfanté, et un site Internet comme Encyclocsp.com montre l’attachement des jeunes pour le patrimoine laissé par leurs aînés. Cette ville d’apparence si calme possède un côté “marseillais“. Et cette fidélité s’est exprimée lorsque l’équipe est tombée dans les bas-fonds de la NM1. La chance, l’atout maître du CSP, c’est que le foot, qui vampirise tout partout, est éternellement à la ramasse (Division d’Honneur !) et que le rugby n’a pas encore émergé (Fédérale 1). La salle est vieillotte, inadaptée aux sponsors, au basket-spectacle, mais les grands soirs, elle est bruyante et fiévreuse – presque – autant que le Pionir de Belgrade. La ville a enfanté des personnalités comme Pascal Biojout, grand architecte du All-Star Game, Raymond Bauriaud, directeur de la com’ et du marketing de la fédé ou encore Fabrice Jouhaud, directeur de la rédaction de L’Équipe. Quant à l’attachement des anciennes gloires du club à la ville, je vous renvoie au reportage photographique dans ce numéro. Frédéric Forte est devenu le président du CSP, Stéphane Ostroswski son responsable du marketing, Claude Bolotny le directeur sportif du centre de formation. Yann Bonato, Fred Weis, Franck Butter et Apollo Faye y ont pignon sur rue, comme David Frigout, alors que Michel Gomez et Marc Mbahia y avaient leurs affaires il n’y a pas si longtemps. Limoges, c’est vraiment “Basket City“. n
janvier 2011 Sommaire #27
04 Contrôle surprise : Ricardo Greer
06 Le baromètre 08
Fabien Causeur
14 Les clubs formateurs 26 Photos :
Les icônes de Limoges
36 Boulogne-Le Portel 60 Greg Beugnot
& Philippe Hervé
66 Dans l’œil des scouts : Leon Radosevic
68 Les Américains d’Italie 74
Jérôme MoÏso
82 Un-contre-un : Céline Dumerc
84
Géraldine Robert
90 Léo Westermann 92
échos
POSTERS
YANNICK BOKoLo (GRAVELINES-Dk) & Nando de colo (VALENCIA)
PUBLICITÉ RÉGIE
RÉDACTION DE PARIS 3 rue de l’Atlas - 75019 Paris Téléphone : 01-73-73-06-40 – Fax 01-40-03-96-76 RÉDACTION DU MANS 75 Boulevard Alexandre & Marie Oyon BP 25244 - 72005 LE MANS CEDEX 1 Téléphone : 02-43-39-16-21 – Fax 02-43-85-57-53
A collaboré à ce numéro Yann CASSEVILLE. Secrétaire de rédaction Cathy PELLERAY (02-43-39-16-21 - c.pelleray@norac-presse.fr).
JOURNALISTES
Conception charte graphique Philippe CAUBIT (tylerstudio) Maquettistes Cyril FERNANDO
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À JUSTE TITRES Benjamin Boutonnet (04-88-15-12-41 - b.boutonnet@ajustetitres.fr) COMMISSION PARITAIRE : 1110 K 80153 RCS : Paris B 523 224 574 ISSN : 1271-4534. Dépôt légal : à parution
Thomas BERJOAN, Thomas FÉLIX (01-73-73-06-47), Fabien FRICONNET, Florent de LAMBERTERIE (01-73-73-06-46), Pascal LEGENDRE (02-43-39-16-26), Antoine LESSARD, Pierre-Olivier MATIGOT, Laurent SALLARD. RÉDACTION AUX USA Jérémy BARBIER (Chicago), Pascal GIBERNÉ (New York). Correspondants à l’étranger David BIALSKI (USA), Giedrius JANONIS (Lituanie), Kaan KURAL (Turquie), Pablo Malo de MOLINA (Espagne), Streten PANTELIC (Serbie), Bogdan PETROVIC (Serbie); Yannis PSARAKIS (Grèce), Sran SELA (Israël), Stefano VALENTI (Italie).
RÉALISATiON GRAPHIQUE
Laurence CUASNET (02-43-39-16-20, abonnement@tomar-presse.com) Tomar Presse – Service abonnements - B.P. 25244 72005 LE MANS CEDEX 1
Hexagone Presse 12 rue Notre-Dame des Victoires – 75002 Paris Patrick GOHET (09.54.04.72.66), hexagonesport@gmail.com Loïc BOQUIEN (06.87.75.64.23), lboquien.hp@gmail.com ROTO PRESSE NUMERIS 36 Boulevard Schuman – 93190 Livry Gargan
RÉGLAGE
La reproduction des textes, dessins et photographies publiés dans ce numéro est la propriété exclusive de Maxi-Basket qui se réserve tous droits de reproduction et de traduction dans le monde entier.
04
MAXI-BASKET
CONTRÔLE SURPRISE !
AMARA SY Par Florent de LAMBERTERIE
8/10
ours eu que les temps, j’ai touj us to de te no re eu ler le record de « C’est ma meill pas peu fier d’éga t es n’ a ar Am » lui coûtent un des 1 ou des 2 ! reurs sur la NBA er s se si me mê , si je ne m’étais Caroline Aubert pas pu faire mieux, is ra au n’ je ais M faux au Top 16. sans-faute. « r que j’aurais eu sû is su je , ing Ew quand on lui pas planté sur Brun ! », lance-t-il n he . ep St à te no de Nancy d’un point Allez, je dédie ma pédique shooteur lo yc nc l’e u tt ba annonce qu’il a
? SVEL a-t-elle gagnés ampion de France l’A ch de res tit de ien 1. Comb ❏ 19 ❏ 17 ❏ 13 de points en LNB ? 2. Quel est ton record ❏ 30 t le 28 novembre ❏ 29 andes trop ! » C’étai dem en ❏ 28 m’ tu là e, dat la e ntr co par « Contre Besançon, nne. 2006, avec Villeurba jamais joué ? ilippe Hervé n’a-t-il pagne 3. Dans quel club Ph ❏ Châlons-en-Cham ❏ Chalon-sur-Saône t é. ole Ch ❏ là qu’il a termin » u et à Chalon, c’est dea au Rig c ave it éta il « À Cholet, eague l’an dernier ? à l’évaluation en Eurol 4. Qui était le leader ❏ Aleks Maric s plus de son nom. » ❏ Ramunas Siskauska iza Kle as is je ne me souvenais ❏ Lin ma , zan rti Pa au it illeur éta . « Je savais que le me équipe au Final Four rtizan a emmené son Pa du r ieu tér l’in ne, Avec 21,1 d’éval moyen e Orléans ? SVEL en 2009, contr la finale gagnée par l’A de ore sc le it éta 5. Quel ❏ 52-44 her la bonne ❏ 55-41 nt de finalement lâc ava -il ❏ 54-46 dit , » ère vén is su en fut le MVP. je ara s, plu quand on sait qu’Am he « Putain, je ne sais tac t . » fai t rai au ent, l’erreur je peux dire au hasard réponse. Heureusem moyenne, maintenant la i j’a n Bo . 02 20 de celle « Je confonds avec Pro A ? léans est-il monté en 6. En quelle année Or ❏ 2007 deux matches. » ❏ 2006 e eux, j’étais blessé aux ntr co ❏ 2005 é jou pas vais n’a je e qu ce « Je m’en souviens par New York Knicks ? eur de l’histoire des rqu ma ur ille me le 7. Qui est ❏ Walt Frazier e ne prend pas, ❏ Patrick Ewing un piège ! » L’excus it ava ❏ Willis Reed y ’il qu s sai pen je le maillot des t, us den évi é 23.665 points so « Ça paraissait trop is a en effet marqu rka -yo new ot piv nd Amara ! Le gra (12.183). zier (14.617) et Reed Knicks, loin devant Fra nier ? playoffs NBA l’an der n’a pas participé aux s ipe équ ces de lle 8. Laque ❏ Houston Orlando. ❏ Charlotte au premier tour par s rti ❏ Oklahoma City so été t on w Dia ris n’ai pas trop suivi Bo je de mais l’an dernier, « , Eh non ! Les Bobcats ara Am e ur ass , je maîtrise » « Pourtant, la NBA, » . fs yof les pla ue ? te année en Euroleag fera pas le Top 16 cet ne s ipe équ ces de 9. Laquelle ❏ Vitoria e hasard fait bien ❏ Efes Pilsen vais dire Khimki. » L je ❏ Khimki Moscou ez, All ? n no , Eze in jam ? Ben « Y’a qui au Khimki les choses... ment ? ersfield Jam actuelle ur marqueur des Bak ille me le est i Qu 10. ❏ Stephen Dennis linois Trey Jonhson ❏ mps. » L’ancien Grave se Wi y ❏ Jerem aine il n’y a pas longte a joué sem la où e de uip P MV l’éq s élu dan , été « J’ai vu qu’il a match en D-League par s int po appart. » 26 me de mê s le à plu ité avec lui, dans émargeait fin décembre Jeremy Wise, j’ai hab « re. niè der n so sai Amara en début de
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Pascal Allée / Hot Sports
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LE BAROMÈTRE DE PRO A : OLA MEJIA ! Par Laurent SALLARD
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Samuel Mejia (Cholet)
Le Dominicain s’est révélé cette saison comme le véritable patron de Cholet. Seuls GravelinesDunkerque et Le Mans ont réussi à le maintenir sous la barre des 10 d’évaluation. Il a en revanche passé 28 points et 7 passes au Havre.
L’international fait une saison de MVP français de Pro A. Beaucoup plus scoreur que les Yannick Bokolo saisons précédentes, il a déjà atteint à trois reprises la barre des 20 points. Il est toujours aussi (Gravelines-Dunkerque) complet avec près de 5 rebonds et plus de 4 passes décisives par match.
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Tremmell Darden (Nancy)
L’ancien Strasbourgeois n’a pas tardé à se glisser dans le costume de l’homme à tout faire porté la saison dernière par Ricardo Greer. Moins créateur, mais davantage rebondeur que le Dominicain, il tourne à 16,9 points et 7,7 rebonds.
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Matt Walsh (Lyon-Villeurbanne)
Formidable scoreur, il est aussi le joueur qui prend le plus de rebonds sans jouer à l’intérieur, et celui qui fait le plus de passes décisives sans mener le jeu. Mais il est aussi, et de loin, le joueur qui perd le plus de ballons.
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Pape-Philippe Amagou Comme son ancien coéquipier Yannick Bokolo à Gravelines-Dunkerque, il effectue la meilleure saison de sa carrière. Il a notamment tourné à 18,0 points de moyenne en novembre, menant la (Roanne) Chorale à quatre succès pour aucune défaite.
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Chris Massie (Limoges)
Le meilleur pivot de Pro A depuis le début de saison. Il tient la raquette du Limoges CSP à bout de bras. Deuxième rebondeur de Pro A, il n’est jamais descendu sous la barre des 12 points depuis la rentrée.
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K.C. Rivers (Roanne)
Scoreur dans l’âme, il ne tire pas pour autant la couverture à lui, n’ayant atteint la barre des 20 points qu’une seule fois. Il a en revanche aligné six matches consécutifs entre 17 et 19 points.
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Damir Krupalija (Hyères-Toulon)
Le Bosnien retrouve une seconde jeunesse dans le Var après une dernière saison difficile à Dijon. Patron de la raquette du HTV depuis la blessure de Rick Hughes, il est le meilleur rebondeur de Pro A avec 9,2 prises en moyenne.
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Bernard King (Le Havre)
Le Havre surprend et Bernard King en est l’une des principales raisons. En l’espace de 7 matches entre la 4e et la 10e journée, il a tourné à 21,0 points, 3,3 rebonds et 6,6 passes.
10
Blake Schilb (Chalon/Saône)
L’assurance tous risques de l’Élan est l’un des joueurs les plus complets de Pro A. Sur les cinq dernières journées de l’année 2010, il a tourné à 16,0 points, 4,6 rebonds et 3,4 passes, et Chalon n’a perdu qu’un seul match.
11
Alain Koffi (Le Mans)
Le MVP français de Pro A en 2009 a certes baissé de pied après un extraordinaire début de saison, et Le Mans est à la peine. Mais l’intérieur international reste le meilleur Français à l’évaluation en Pro A.
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John Linehan (Nancy)
Premier de notre dernier baromètre, le "Virus" a été comme souvent rattrapé par des pépins de santé. Il reste toutefois l’homme de base de la défense nancéienne et le meilleur intercepteur de Pro A.
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Le meneur du BCM est monté progressivement en puissance et forme un duo d’enfer avec Ben Woodside Yannick Bokolo. Depuis la cinquième journée, il tourne à 20,6 points, 3,0 rebonds et 6,3 passes. (Gravelines-Dunkerque) Il est même désormais le deuxième scoreur de Pro A.
Marquez Haynes (Chalon/Saône)
Le seul rookie américain de la Pro A a flambé durant les 4e et 5e journées, marquant 22 puis 31 points. Il n’est depuis plus descendu sous la barre des 10 unités. Il développe ses qualités de meneur avec 6,2 passes de moyenne sur les cinq dernières journées.
Plus irrégulier offensivement que la saison dernière, l’intérieur shooteur reste une pièce Cyril Akpomedah incontournable du système gravelinois de par sa capacité à écarter les défenses et à réguler (Gravelines-Dunkerque) le trafic aérien.
Davon Jefferson (Lyon-Villeurbanne)
Sa régularité n’est pas exemplaire, mais dans un bon jour, l’Américain peut dévaster une raquette. Il compte déjà cinq double-double à son actif avec notamment 26 points et 11 rebonds passés à Nancy.
Uche Nsonwu-Amadi Si ses statistiques sont en baisse par rapport à la saison dernière, le Nigérian reste l’inamovible point de fixation intérieur de la Chorale. Il a notamment terminé l’année sur deux solides (Roanne) double-double.
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Joseph Jones (Le Havre)
Avec Bernard King, il est l’autre raison du bon début de saison havrais. Probablement le plus sous-coté des joueurs de Pro A. Quatre double-double à son actif, et deux matches à vingt points et plus.
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Ricardo Greer (Strasbourg)
Le MVP étranger de Pro A 2010 n’a certes pas le même rendement avec Strasbourg qu’avec Nancy. Irrégulier, il a tout de même déjà dépassé quatre fois la barre des 20 d’évaluation.
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Andrew Albicy (Paris-Levallois)
Après un début de saison en boulet de canon, le meneur international a été rattrapé par son été chargé, et c’est tout le Paris Levallois qui a plongé. Il reste toutefois à 20 ans le meilleur meneur français de Pro A.
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MAXI-BASKET
DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 9
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TACTIQUEMENT, EN FRANCE, ERMAN KUNTER, C’EST CE QUI SE FAIT DE MIEUX. PARFOIS, C'EST LUI QUI FAIT LA DIFFÉRENCE, TOUT SIMPLEMENT.
”
DU CÔTÉ DE CHEZ…
FABIEN CAUSEUR FABIEN A BEAUCOUP APPRIS CET ÉTÉ AU CONTACT DES INTERNATIONAUX. SON BON DÉBUT DE SAISON – EN PRO A ET EUROLEAGUE – ATTESTE QUE LE CHOLETAIS A PRIS UNE NOUVELLE DIMENSION. C'ÉTAIT AVANT QU'UNE BLESSURE AU PIED NE LE FAUCHE EN PLEIN VOL ET LE PRIVE DE MATCHES JUSQU'EN FÉVRIER. DERRIÈRE CE GROS TRAVAILLEUR, CE LATE BLOOMER, UN PERSONNAGE FONCIÈREMENT POSITIF. UN MEC BIEN. Propos recueillis par Antoine LESSARD Reportage photos par Jean-François MOLLIÈRE
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MAXI-BASKET
CÔTÉ COUR
Tes débuts dans le basket Mes parents étaient tous les deux basketteurs à Brest. Mon père dans l’ancienne Nationale 2 et ma mère en Nationale 3. J’ai commencé avec un ballon très tôt. En club, à 4 ans. Au début, ce n’était pas trop mon truc, je n’étais pas spécialement bon mais à force de rester longtemps dans les salles, j’y ai pris goût. C’est comme ça que c’est devenu une passion. J’ai été surclassé à partir des poussins et pratiquement dans toutes les sélections départementales.
Une histoire de famille Mes deux sœurs font toutes les deux du basket sur Brest. Ma petite sœur est coachée par ma mère. La grande entraînée par mon père. C’est mon père qui m’a dirigé jusqu’à mes 1213 ans. Lui-même était coaché par mon grand-père. Mon oncle a joué aussi. C’est une histoire de famille. Sur Brest, on est assez connu.
Ta croissance
Le centre de formation du STB C’était la première fois que je quittais la maison. J’avais déjà eu des propositions auparavant pour partir en CREPS mais je n’étais pas prêt. Les premiers mois n’ont pas été évidents. Je suis parti au Havre à 17 ans, l’année du bac. Mes parents n’étaient pas très chauds au début mais finalement ils m’ont laissé partir… et j’ai eu mon bac.
Né le 16 juin 1987 à Brest Taille : 1,90 m Poste : Meneur-Arrière Clubs : Le Havre (04-09), Cholet International en 2010 (13 sélections) Palmarès : Champion de France en 2010 All-Star Pro A en 2009 Stats Pro A ‘11 : 8,8 points à 47,9%, 33,3% à 3-pts, 4,2 rebonds, 3,0 passes en 29 min (6 matches) Stats Euroleague ’11 : 8,8 points à 37,9%, 26,7% à 3-pts, 3,5 rebonds, 2,3 passes en 30 min (4 matches)
Un match avec Le Havre Celui que l’on perd à cause de moi au buzzer contre Le Mans (9899, le 1er mars 2008). On menait de cinq points à 7 secondes de la fin. (Raviv) Limonad met un trois-points. Il reste deux secondes et sur la remise en jeu, c’est la panique. On me file la balle, je fais un dribble, je la perds. Limonad la récupère et marque à trois-points. Ce sont des trucs qui marquent. Je ne suis pas prêt de refaire cette erreur en tout cas.
“JE N'AI PRIS QUE QUATRE, CINQ JOURS DE REPOS CET ÉTÉ. PEUT-ÊTRE QUE JE LE PAIE UN PEU MAINTENANT AVEC CETTE BLESSURE.”
Jusqu’en minimes, je n’étais pas vraiment un joueur important dans les sélections, j’étais souvent une rotation. Après, j’ai grandi d’un coup et ça a changé beaucoup de choses. Entre mes 15 et mes 17 ans, il y a eu deux étés où j’ai pris à chaque fois 10 centimètres. Je suis passé d’1,70 m à 1,90 m en deux ans. C’est là que ça a vraiment explosé. Avant je jouais meneur, j’étais tout petit. En benjamin, je faisais 1,60 m et je chaussais déjà du 46. Tout le monde se foutait de ma gueule (rires). Après, j’ai pu jouer ailier, ça m’a aidé.
Repères
choses pour aider les gars et ça marchait plutôt bien. Christian me faisait beaucoup jouer. J’étais surpris de jouer autant (29 minutes en moyenne contre 6 la saison précédente, ndlr). Forcément avec un tel temps de jeu, on progresse beaucoup plus vite.
Jean-Manuel Sousa Lui et Franck Maignan m’ont fait grandir au tout début. Je m’entraînais dur et Jean me le rendait bien. J’ai beaucoup joué dès mon arrivée. Deux matches par semaine, en cadets et en espoirs, où j'étais sur le terrain pas loin de 30 minutes. J’ai encore fréquemment Jean au téléphone. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup et qui m’a fait vraiment avancer.
Champion de France espoir en 2007 On avait fait une grosse saison. 31 victoires et 1 défaite. On avait une super équipe. D’ailleurs, si tu prends aujourd’hui le cinq de départ, il n’y a pratiquement que des mecs qui jouent en Pro A ou en NBA. Pape Sy, Rudy Jomby, Romain Duport, Gabriel Cayol et moi. Plus Mérédis Houmounou. On en reparle souvent cette année avec Romain et Mérédis.
Ton premier match pro C’était au Mans. Je m’entraînais bien et Christian (Monschau) m’avait dit « s’il y a quelqu’un qui doit jouer dans les espoirs, ce sera toi ». Je crois que j’avais pris 1 rebond en 6 minutes (exact). Même si on avait perdu de 30 points, j’étais content d’être rentré.
L’explosion en 2007-08 Une super saison, on avait vraiment une très bonne équipe (Thompson, Cox, Sommerville, Traoré, Edwards…). On était le poil à gratter du championnat, capable de battre tout le monde. Une équipe super offensive avec de gros scoreurs. On avait fini cinquième. J’avais le rôle du petit jeune qui arrivait. J’essayais de bien faire les
Première sélection de jeune en 2007
J’étais super fier de porter pour la première fois le maillot des Bleus. Je n’avais pas fait les compétitions en cadets, juniors. Même pas été appelé pour les stages. Personne ne me connaissait. Il ne faut pas cacher qu’en cadets et en juniors, l’INSEP est favorisé. Pour les autres, c’est beaucoup plus difficile. J’ai perdu mon adresse sur l’Euro mais cela reste un bon souvenir. J’ai réussi à choper la vidéo du match de mes 16 points contre la Croatie. J’avais même mis un contre en fin de match, ce qui avait fait marrer tout le monde parce que ce n’est pas mon domaine de prédilection (rires). J’aime bien conserver mes bons matches pour les regarder plus tard. Des fois, je me regarde il y a trois-quatre ans et je me trouve nul. C’est là qu’on voit comment on progresse au fil des années.
Ton départ à Cholet (en 2009) J’avais envie de gagner quelque chose. Après six ans au Havre, je me sentais prêt à partir. Il était temps de voir autre chose pour ma carrière. Cholet et Roanne se sont positionnés. Je savais que Cholet était un club formateur de jeunes et j’ai eu la chance de tomber dans une équipe compétitive. La principale différence par rapport au Havre ? C’est un peu plus organisé, plus professionnel. En déplacement, on a toujours une feuille de route par exemple. Les installations à la Meilleraie sont au top. On a tout ce qu’il faut. Des bains froids, un jacuzzi, un hammam, la salle de muscu juste au-dessus de notre vestiaire. Même l’appart’ qu’ils m’ont donné est parfait.
Erman Kunter Depuis le début de ma carrière, j’ai eu la chance assez incroyable qu’on me donne tout le temps ma chance. En arrivant à Cholet, il me fallait un temps d’acclimatation. Erman m’a beaucoup aidé. Il m’a toujours mis en confiance et continue à le faire. Après, le personnage a un sacré caractère, dur au mal. Les gars font la gueule parce qu’on n'arrête jamais de s’entraîner. L’autre jour, ceux qui sont rentrés de Barcelone après 10 heures de voyage ont eu un entraînement direct en arrivant à la salle. Erman appelle ça de la récupération mais il fait courir et de la musculation derrière ! (…) Tactiquement, en France c’est ce qui se fait de mieux. Parfois, c’est lui qui fait la différence, tout simplement.
Ton évolution vers le poste de meneur Dans mon plan de carrière, c’est ce que je voulais. Être un 2-1. À tous les entraînements, Erman me fait jouer un peu aux deux postes. En match, il a commencé à le faire quand John Linehan s’est blessé l’année dernière. Et cela a bien marché. Du coup, il le fait de plus en plus.
Tes progrès au shoot J’ai beaucoup travaillé cet été. Je n’ai pris que 4-5 jours de repos. Peut-être que je le paie un peu maintenant avec cette
DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 11 blessure (aponévrose de la voûte plantaire). J’ai fait un camp de shoots avec Sylvain Lautié à Vichy, puis j’ai bossé avec Laurent Villa au Mans. Je n’ai fait que shooter pendant deux semaines. Quand je suis revenu, je me sentais vraiment bien. J’ai un petit peu modifié mon geste avec Sylvain, mais c’est surtout une question de confiance.
Un joueur pour qui tu paierais ta place
Une lacune
Le coéquipier avec qui il ne faut pas partager sa chambre
Tout le monde sait que je suis un pur gaucher donc il faut que je continue à bosser sur ma main droite. J’essaie d’apporter des petits trucs en plus. Par exemple, sur pick-and-roll, bosser sur le petit pull-up. Après, on peut toujours être meilleur en défense.
La demi-finale retour des playoffs à Gravelines Tout le monde ne me parlait que de ça quand on est rentré à Cholet (Fabien avait sonné la révolte des Choletais). Les gens me remerciaient, j’avais l’impression d’avoir fait un truc de dingue. C’est sûr que j’avais fait un peu revenir l’équipe, mais ce n’était pas la première fois. Après Bercy encore, les gens me remerciaient pour le match retour à Gravelines.
Manu Ginobili. C’est le gaucher type. Il est super fort sur tous ses appuis, sur sa main gauche, son shoot extérieur. J’essaie beaucoup de le copier, de le regarder jouer. J’adore, depuis des années. Depuis le Kinder Bologne.
Kevin Séraphin. L’année dernière, j’étais avec lui et le gars ronfle comme je n’ai jamais entendu quelqu’un ronfler. Impressionnant. La première nuit, j’ai dû dormir trois heures. J’avais beau le pousser et il ne se réveillait pas. Après, j’ai ramené des boules Quiès et j’ai pris l’habitude.
Ton numéro 5 Je l’ai toujours eu depuis que je suis en mini-poussin. En équipe de France, j’ai dû changer à chaque fois. J’ai eu le 11 qui est le numéro de toute ma famille. Mais le 5 est mon chiffre portebonheur. Dès que je joue à l’Euro Millions, je le mets dedans.
Champion de France
Le meilleur joueur que tu as affronté
Le plus beau souvenir de ma carrière, sans hésitation. Beaucoup d’émotions. Après notre défaite contre Gravelines à la maison, on avait pris un sacré coup sur la tête. La différence s’est faite sur le mental. On était une bande de potes. Il y avait une osmose. On est reparti sur les mêmes bases cette année, il y a une super ambiance. Les nouveaux se sont super bien adaptés à la situation.
Juan-Carlos Navarro tout simplement. J’étais un peu impressionné d’ailleurs la première fois que j’ai joué contre lui. Un grand joueur. >>>
" J'étais un peu impressionné la première fois que j'ai joué contre Juan-Carlos Navarro. "
L’équipe de France J’en ai pris plein la vue au championnat du monde. Je n’ai pas beaucoup joué mais c’était impressionnant de voir l’intensité fournie sur le terrain. J’ai beaucoup appris là-bas, rien qu’en regardant et ça m’a motivé à beaucoup travailler pour un jour rivaliser avec ces gars-là.
L’Euro 2011 Avec le retour des cadres de NBA, il y a moins de chance d’y être mais on verra bien. Il faut toujours être positif, j’espère être appelé au moins pour la présélection et après je bosserai pour essayer d’avoir ma place dans l’équipe. C’est toujours un objectif de porter le maillot, même si c’est pour avoir le même rôle que l’année dernière. Je serai toujours présent. Quand on est français, il faut porter le maillot avec honneur.
20 points contre Lietuvos rytas J’étais content parce que c’était notre première victoire. Ce match a lancé notre saison d’Euroleague. J’ai fait un bon match, été agressif, tenté 14 lancers-francs. Mais franchement j’avais un peu les boules d’en avoir raté 5 (…) Le niveau de l’Euroleague ? Avec ce que j’ai vu cet été, je savais à quoi m’attendre. C’est surtout l’intensité dans la raquette qui m’impressionne. C’est une vraie guerre. En Euroleague, il faut se battre sur tous les ballons si tu veux avoir une chance. Tous les matches sont difficiles. On l’a encore vu hier soir (le 15 décembre) contre le Cibona.
C’est ma première vraie blessure. Les trois, quatre premiers jours, j’étais presque content parce que ça me permettait de souffler. Mais après une semaine, j’en avais marre. D’ailleurs j’ai essayé de revenir et je me suis refait mal contre Roanne. C’est de ma faute parce que j’ai dit à Erman que j’étais bien et il m’a utilisé normalement (30 minutes). Du coup, j’en ai eu pour 3 semaines derrière (Fabien a ressenti une nouvelle douleur après cette interview et sera absent jusqu'au début février). C’est difficile à vivre parce qu’à Cholet, à côté du basket, il n’y a pas grand-chose à faire.
Un endroit où tu ne jouerais pour rien au monde On dit, je n’irai jamais jouer là-bas et puis il y a toujours l’aspect financier. On va dire la Russie à cause du climat.
Photo Pascal ALLEE/HOT SPORTS
Ta blessure au pied
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MAXI-BASKET
CÔTÉ JARDIN L’un ou l’autre • Bière ou vin ? Bière Blonde ou brune ? Brune Euroleague ou NBA ? Euroleague Sucré ou salé ? Sucré Christian Monschau ou Jean-Manuel Sousa ? Ça c’est vache ! Jean-Manuel Défense ou attaque ? Attaque Meneur ou arrière ? Meneur Vainqueur de l’Euroleague ou champion d’Europe des Nations ? Vu que mon rôle est plus important en club, Euroleague. Jour ou nuit ? Jour, je ne peux pas mettre nuit si mon coach lit ça (rires)
Si tu étais • Une femme ? Ma sœur, parce qu’elle me ressemble comme deux gouttes d’eau. On a le même caractère et elle est belle. • Un personnage de fiction ? Harry Potter. • Un jour de la semaine ? Le samedi soir, jour de match. • Une chanson ? My Time de Fabolous. • Une odeur ? La vanille. • Un plat ? Les crêpes bretonnes. • Un autre sportif ? Usain Bolt. • Une salle ? Le Madison. Ça sent le basket. • Un vêtement ? Un maillot de bain (rires) • Un animal ? Un canard. Ça va faire rire mes copains. Avec les meufs, on me traite de canard.
Breton
Une expression
C’est une grande fierté comme la plupart des Bretons. J’aime toujours être en Bretagne. Dès que je rentre à Noël, ça me fait du bien de me ressourcer. J’y ai ma famille, mes potes. À Brest, je suis à 200 mètres de la mer, c’est un endroit où je me sens bien. L’année dernière, j’ai eu un trou complet pendant un mois, un mois et demi. On a eu un week-end, je suis directement rentré chez moi et ça m’a fait beaucoup de bien.
« T’es chiant ». Quand un mec me fait rire. C’est Christophe Léonard qui dit ça tout le temps et c’est resté. Tous les Français de l’équipe le disent maintenant.
Le Gwenn Ha Du Après la finale à Bercy, j’ai sorti le drapeau breton. Ma mère apporte toujours le drapeau dans les compétitions sportives. Dès la fin du match, elle m’a passé le drapeau et j’ai couru avec sur le terrain. Personne ne comprenait ce que c’était. Les gars me demandaient « c’est quoi ton drapeau ? ». C’est juste une fierté tout simplement.
Petit tu rêvais d’être Basketteur professionnel. À partir de 8-9 ans, c’était vraiment basket. Dès que j’avais du temps, je shootais dans le jardin. Le dimanche après-midi, je ne faisais que ça. Je me prenais souvent des coups de pression par mes parents pour me concentrer sur l’école.
L’élève Fabien Causeur
Ton principal trait de caractère Je suis assez posé, sociable. Je m’entends bien avec la plupart des gens et j’essaie d’être gentil avec eux parce qu’après, ils nous le rendent bien quand on est sur le terrain.
Ta philosophie Ne jamais se reposer sur ses acquis. C’est quelque chose que j’ai toujours appliqué. Je n’ai pas les qualités athlétiques et la taille de certains mecs. Donc il a fallu que je bosse ailleurs. C’est toujours passé par le travail.
“J'AIME BEAUCOUP LE POKER ET JE GAGNE SOUVENT. JE FAIS DE TOUT. RÉEL, EN LIGNE AVEC DE L'ARGENT, AU CASINO DE TEMPS EN TEMPS”
Bavard. J’avais de la chance parce que j’apprenais vite, j’avais une bonne mémoire et, jusqu’au lycée, j’avais besoin de moins travailler que les autres. Plus j’apprenais vite, plus je savais qu’après je pouvais aller jouer. Quand j’avais de mauvaises notes, mes parents me privaient de match. Ça m’obligeait à bosser plus.
La matière que tu aimais à l’école Le sport et les maths.
Ta plus grosse bêtise à l’école Une matinée, en 4 heures de cours, j’avais pris trois mots à montrer aux parents et une colle. Du coup, j’avais peur de rentrer chez moi. J’avais même signé à la place de mes parents pour ne pas me faire engueuler. Mais ça c’est su après, du coup je me suis fait encore plus engueuler.
Ton premier job ? Au centre de tri de la Poste de Brest. Ma mère est secrétaire là-bas. C’est elle qui m’a embauché. J’y ai bossé pendant un été, de nuit. Je faisais le tri du courrier. Après cela, j’étais motivé pour faire autre chose.
Une journée sans basket
Ce qui te fait rire Beaucoup de choses. Je rigole pour tout et n’importe quoi. Je suis quelqu’un de très joyeux. Cela peut être mes potes ou l’émission « Qui veut marier mon fils ? » à la télé. Ce sont des acteurs je sais bien, mais cette émission est incroyable (rires).
Ce qui te fait pleurer
Je ne pleure pas beaucoup. Je peux pleurer par amour comme beaucoup de monde. Je m’étais dit que je pleurerais après la finale si on gagnait. Mais non. J’ai eu beaucoup d’émotion en revoyant le match, on a eu un DVD avec le déplacement des supporters.
La pire chose entendue à ton sujet Cela m’énerve quand on me dit que je suis un radin. Les Bretons sont censés l'être et Thomas Larrouquis n’arrêtait pas de me le dire l’année dernière.
Le plus beau compliment Que j’étais beau, tiens. J’aime bien (rires).
Un don caché Je ne sais pas si c’est un don mais j’aime beaucoup le poker et je gagne souvent. Je fais de tout. Réel, en ligne avec de l’argent, au casino de temps en temps. J’adore ça.
Un péché mignon Pendant l’été, je peux me laisser aller très facilement. Je mange autant que si je faisais deux entraînements et je prends du poids.
Pendant la saison, ça fait toujours bizarre de ne pas jouer. C’est une drogue pour nous tous, basketteurs. Bien sûr, il y a des jours avec et des jours sans. Parfois, on arrive 30 minutes en avance, d’autres fois on traîne un peu des pieds. Mais j’aime tellement ça que je suis en manque rapidement.
Ta dernière folie
Ta pire habitude
Un super pouvoir
Je prends tout le temps des bains. Un le matin, parfois trois dans la journée. Je ne sais pas pourquoi. Tout le monde me prend pour un malade. Je vais me faire engueuler par les écolos mais comme on ne paie pas l’eau…
Il y en a plein. J’adore la série Heroes et il y a plein de pouvoirs que j’aime dans cette série. J’aimerais bien pouvoir entendre ce que les gens pensent.
Ma voiture. Je me suis acheté une Audi A4 l’année dernière. C’est la plus grosse acquisition que j'ai faite.
Un rêve que tu veux accomplir Gagner l’Euroleague.
DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 13 La politique
Un voyage inoubliable
Ce n’est pas du tout mon truc.
New York, parce qu’il y a tout de jour comme de nuit. J’y suis allé avec l’équipe de France et je l’avais déjà fait avant, avec Romain (Duport) pour un camp des New York Knicks. On avait bossé dans leur salle d’entraînement pendant une semaine.
La religion Je suis chrétien. Je fais une prière avant chaque match comme une sorte de routine mais je ne lis pas la Bible.
Spécialiste de séries télé
Trois choses à emporter sur une île déserte
J’en regarde beaucoup. Ma préférée, c’est Entourage. Ensuite Dexter. Et puis Heroes et Les Experts. Je regarde de tout. Pendant mon temps libre, je regarde des films, je joue à la console. Je suis encore plus un fan de console que de séries. D’ailleurs Cyril Akpomedah passe son temps à me traiter de geek sur Facebook. Mais il n’est pas mieux !
Mon portable déjà parce que je ne le laisse jamais. (Il réfléchit longuement). Si je dis un PC, je vais vraiment me faire traiter de geek (rires). Alors, à manger évidemment, et mon chien.
Ce que tu refuserais de faire même pour dix millions d’euros Je ne sais pas, il faudrait qu’on me propose des trucs (rires). Je refuserais de truquer un match.
Un jeu vidéo Call of duty.. On joue en ligne avec les gars de l’équipe et pratiquement tous les gars de Gravelines sont dessus aussi. Rudy Jomby, Cyril Akpomedah, Yannick Bokolo, Jeff Greer... C’est un jeu qu’une bonne partie des basketteurs possèdent. On voulait se créer la team LNB mais ce n’est pas encore fait. (On lui demande si un joueur se démarque par rapport aux autres ?) Oui, c’est moi (rires).
Trois personnes avec qui dîner Michael Jordan, Megan Fox (une actrice US) et Al Pacino.
Tes prochaines vacances Ce sera Las Vegas pendant trois jours – mais pas pour le poker – et en République dominicaine. C’est prévu déjà.
Toi dans 15 ans
Un film culte
J’espère que ce sera ma dernière année de carrière pro et que je pourrai encore aider une équipe. Sinon, me reconvertir dans le coaching. Rester dans le milieu du basket. Je vais profiter de notre statut pour passer mes diplômes le plus rapidement possible.
J’ai adoré Inception avec Di Caprio mais je mettrais le premier Saw.. À la fin du film, j’étais choqué.
Une lecture Je ne lis pas beaucoup. BasketNews.
1. Al Pacino 2. Dexter 3. Usain Bolt 4. New York 5. Crêpe bretonne 6. Inception 2
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Photos : D.R.
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Thomas Drouot, le coach des Espoirs du Paris Levallois.
LES CENTRES DE FORMATION EN PRO A
Hervé Bellenger / IS
UN UNIVERS,
PLUSIEURS GALAXIES
Dossier • maxi-basket 15
De l’expertise reconnue de Cholet au niveau mondial, si l’on en juge par l’intérêt de la NBA pour les jeunes pousses maugeoises, aux budgets rikiki de Limoges (dont le centre de formation n’a pas encore l’agrément ministériel) ou de Vichy, la réalité des “espoirs“ en Pro A est très disparate. Certains sont gérés par les “amateurs“, d’autres par les “professionnels“ ; certains sont dotés de structures et d’installations de top niveau, d’autres sont contraints au bricolage éclairé ; certains recrutent essentiellement “en local“, d’autres envoient leurs scouts un peu partout. Par petites touches, club par club, nous tentons de dresser le tableau de la vérité des “espoirs“. Par Fabien FRICONNET et Florent de LAMBERTERIE
MODE D’EMPLOI Dans les pages qui suivent, l’appellation “formés et toujours là“ concerne les joueurs qui ont été formés au club (intégralement ou en partie) et qui ont un rôle significatif (régulier) dans la rotation de l’équipe professionnelle cette saison. L’appellation «les principaux formés en activité ces 5 dernières années» concerne les joueurs les plus connus formés au club (intégralement ou en partie) et qui, lors des cinq dernières saisons, ont évolué en Pro A ou plus haut (principales ligues européennes, NBA). Puisqu’il fallait bien fixer un critère, pour être considéré comme “formé au club“ (intégralement ou en partie), il faut qu’un joueur y ait évolué au moins une saison avant ses 21 ans (même sans avoir disputé de match avec l’équipe espoirs). Un joueur peut être mentionné pour deux clubs. Ainsi, Ian Mahinmi a été “formé“ au Havre, cela ne fait pas de doute, mais son apprentissage du haut-niveau s’est poursuivi à Pau (Pro A et Euroleague) où il est arrivé à 20 ans (un peu moins en fait). En outre, il convient de ne pas prendre les budgets des centres de formation que nous fournissons au pied de la lettre car ils recouvrent des réalités différentes. Certains centres sont ainsi gérés à 100% par l’association amateur, d’autres à 100% par le club pro, d’autres sont mixtes et, dans ce cas, difficile pour les intéressés d’attribuer les lignes comptables avec précision à telle ou telle entité (cadets amateurs et espoirs pros, coach pro qui participe à la formation, salariés partagés entre les pros et les espoirs, part de la location de la salle à répartir, répartition des subventions, des coûts et recettes, etc.). Les chiffres fournis sont plutôt “un ordre d’idée“. Pour cette raison, Strasbourg, qui ne rechigne pas à évoquer ses dépenses en termes de formation mais qui considère qu’il est impossible de comparer ce qui n’est pas comparable, ne nous a pas fourni de budget.
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CHOLET ✮✮✮✮✮✮
Jean-François Mollière
LE MODÈLE
Kevin Séraphin
A
ntoine Rigaudeau, Jim Bilba, Mickaël Gelabale… Cholet a toujours entretenu cette tradition de formation qui caractérise le club. Le club des Mauges inonde en effet la Pro A depuis belle lurette puisque décompte fait, ils sont plus d’une vingtaine issue du centre de formation choletais à avoir occupé un vrai rôle en Pro A sur ces cinq dernières années. C’est un fait, Cholet “fabrique” des basketteurs comme personne. « Je n’aime pas cette formulelà », tempère Jean-François Martin, l’entraîneur des Espoirs. « Ça donne l’impression qu’on est une usine alors que non, on est plutôt artisanal. » Le centre de formation du CB n’est en effet pas le plus riche, ni même celui qui compte le plus de jeunes en son sein. Mais il a l’expérience de la chose et surtout, le concept de formation y est imprégné partout. « C’est une philosophie », juge Martin. « Patrick Chiron a été président du centre de formation avant d’être président du club, Jacques Catel est là depuis la création du centre, moi je suis au club depuis 1976 et mes années poussins et je coache les Espoirs depuis 1996, le médecin, c’est pareil. On connaît tous l’histoire du club et on est super content de donner cette opportunité tous les ans à des jeunes d’intégrer le groupe pro. »
Un seul entraînement par jour
Les nouveaux arrivants n’ont d’ailleurs pas d’autres choix que de prendre le pas. Ainsi, quand Erman Kunter débarque pour la première fois à Cholet, en 2003-04, il récupère
une équipe fortement teintée de couleur locale (Marquis, Gelabale, Akpomedah, Ferchaud, Bilba, Mipoka et Bendriss). « Erman a démarré avec ça et ensuite, ça a été un autre cheminement à savoir intégrer des jeunes qui sortaient du centre de formation. Nando, Rodrigue, Kevin… et aujourd’hui c’est au tour de Christophe Léonard », poursuit Jean-François Martin. Le club aurait d’ailleurs tort de se priver de cette manne car, à Cholet, tout est mis en œuvre pour faire éclore les talents. Les infrastructures d’abord, avec un centre d’hébergement tout neuf et un restaurant – le Smash – situés à quelques mètres de la salle. Une unité de lieu qui facilite grandement le travail au quotidien, sans pour autant surcharger les jeunes. « On a rencontré le centre de formation du Mans en foot, ils ont pris une formule semblable à la nôtre », détaille Jean-François Martin. « Nous, on fait un entraînement quotidien, nos jeunes sont inscrits dans un lycée classique et s’entraînent après les cours. De plus, on a une disponibilité de salle importante qui nous permet de faire des groupes séparément et de réduire les effectifs et travailler plus qualitativement. » C’est d’ailleurs dans ce but que le club vient d’engager un nouveau BE2 en la personne de Jérôme Navier, ex-assistant d’Éric Girard l’année du titre à Strasbourg et désormais en charge de la préformation avec les benjamins. Un club modèle qui fait des émules puisque Quimper, Roanne ou encore les Belges de Liège sont récemment venus rendre visite à Cholet, histoire de s’inspirer de ses méthodes à succès. l
FICHE TECHNIQUE Responsable : Jacques Catel Coach : Jean-François Martin Budget : 450.000 euros Palmarès : Champion de France espoirs 1988, 1989, 1997, 2009 et 2010, vainqueur du Trophée du Futur en 1989, 2000 et 2001 Formés et toujours là : Claude Marquis et Christophe Léonard Les principaux “formés” en activité ces cinq dernières années : Stephen Brun, Aymeric Jeanneau, Nando De Colo, Rodrigue Beaubois, Jim Bilba, Kevin Séraphin, Mickaël Gelabale, Cyril Akpomedah, Charles Lombahé-Kahudi…
DOSSIEr • maxi-basket 17
LE MANS ✮✮✮✮✮
LABEL QUALITÉ L
Antoine Diot
FICHE TECHNIQUE Responsable : Philippe Desnos Coach : Antoine Mathieu Budget : 450.000 euros Palmarès : Vainqueur du Trophée du Futur en 2005 et 2007 Formés et toujours là : Alain Koffi, Antoine Diot et Henri Kahudi
Hervé Bellenger / IS
e Mans est incontestablement l’un des centres les plus productifs de France. Plus d’un point de vue qualitatif que quantitatif puisque, si seulement une dizaine de pros venus du Mans ont fréquenté la Pro A ces dernières années, la plupart d’entre eux sont des joueurs de gros, gros calibre. Diot, Batum, Koffi, Amagou, Bokolo… Pas moins de quatre membres réguliers de l’équipe de France, sans oublier Amagou, international ivoirien. Un constat qui ne peut laisser indifférent et qui résulte d’une vraie volonté du club. « On a toujours raisonné sur une quantité faible », synthétise Philippe Desnos, directeur du centre depuis sa création en 1986. « Ça fait sourire les gens mais on a un rapport quantité/sortant qui est très intéressant. » L’autre aspect qui fait la réussite du Mans, c’est la tradition d’inclure les jeunes au groupe pro, année après année. « Les jeunes savent qu’ils vont avoir une chance ici, ce qui n’est pas le cas partout », poursuit Philippe Desnos. D’ailleurs, J.D. Jackson, l’entraîneur des pros, supervise régulièrement les entraînements des Espoirs, histoire de maintenir un lien constant entre les deux générations. Enfin, la structure, elle aussi, joue beaucoup. « Quand les familles voient que c’est encadré et fiable ça fait souvent la différence dans le choix du centre. » Après des années passées au centre Gué Bernisson, les jeunes Manceaux logent depuis cette année dans un “mini INSEP”, qui regroupe 70 filles et garçons tous sports confondus. l
Les principaux “formés” en activité ces cinq dernières années : Pape-Philippe Amagou, Alain Koffi, Nicolas Batum, Yannick Bokolo, Antoine Diot, Jérémy Leloup…
PAU-LACQ-ORTHEZ ✮✮✮✮
ILS ONT ÇA DANS LE SANG U
Boris Diaw
FICHE TECHNIQUE Responsable : Richard Vairez Coach : Laurent Vila Budget : 1 million d’euros Palmarès : Champion de France espoirs en 1985, 92, 93, 2001, 02 et 03 ; vainqueur du Trophée du Futur en 1991, 2002 et 08 Formés et toujours là : JeanFrédéric Morency et Frédéric Moncade
Pascal Allée / Hot Sports
n million d’euros. Voire un tout petit peu plus. L’Élan annonce une bourse pour la formation hors norme à l’échelle de son budget, presque le quart. Le passage en Pro B, qui a mené à la fusion avec le club de PauNord-Est et son équipe en nationale, fait qu’aujourd’hui l’Élan aligne une équipe cadets, une équipe espoirs et une équipe en Nationale 2, ce qui représente un coût mais aussi une aubaine. « On a un double effectif », explique Laurent Vila, de retour cette année après des détours par Gravelines-Dunkerque et Le Mans. « Cela nous permet d’avoir des vases communicants et de demander aux joueurs des choses un peu différentes suivant l’équipe dans laquelle ils jouent. En Nationale 2, on s’entraîne trois fois par semaine, ça n’est pas suffisant pour faire de la formation, il faut s’entraîner deux fois par jour. On a la chance de pouvoir faire les deux. » De tous temps, l’Élan a alimenté son équipe pro avec ses jeunes pousses, tout en gardant son approche régionale. « 80% des joueurs viennent de la grande région Aquitaine. Mais il faut aussi avoir un regard large et ne pas passer à côté d’opportunités. On fait du bon travail, on est ambitieux sur la formation et il nous faut des joueurs de qualité. On va aller dans les Antilles, à la Réunion, pour voir les potentiels. » Dans le creux depuis la génération PiétrusDrozdov et le passage de prospects NBA, Pau-Lacq-Orthez n’a pas forcément sous la main les nouvelles perles à l’heure actuelle mais veut réamorcer la pompe. l
Les principaux “formés“ en activité ces cinq dernières années : Florent et Mickaël Piétrus, Boris Diaw, Johan Pétro, Alexis Ajinça, Artur Drozdov, Ludovic Vaty, Ian Mahinmi, Thomas Heurtel, etc.
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LE HAVRE ✮✮✮✮
EN PLEIN BOOM L
Ian Mahinmi
ongtemps resté dans l’ombre, le centre de formation du Havre est aujourd’hui l’un des plus performants de France si l’on considère le nombre de jeunes qui en sont sortis depuis cinq ou six ans. « C’était devenu une nécessité si on voulait survivre. On a essayé de rivaliser sans trop de jeunes de la maison du temps d’Éric Girard, sauf que financièrement, on s’est un peu grillé les ailes », explique Franck Maignan, l’entraîneur de l’équipe Espoirs. « Quand Christian Monschau est arrivé, on a fait le constat qu’il fallait compléter l’effectif avec les jeunes. » Désormais, le club se tourne prioritairement vers sa réserve, y compris en matière de coaching puisque l’actuel entraîneur des pros, Jean-Manuel Sousa, a longtemps coaché les Espoirs avant de prendre du galon. Si bien qu’aujourd’hui, on retrouve des petits Normands un peu partout. En NBA, mais aussi à Gravelines-Dunkerque, Orléans et même chez le champion de France puisque Cholet compte trois éléments issus du STB dans son effectif cette année (Duport, Causeur et Houmounou). Une recette qui permet même de générer des bénéfices grâce à la revente, d’autant plus que le club assume très peu de frais. « C’est vrai qu’en terme de structures, on n’est pas flamboyant », admet Franck Maignan. « Les mineurs sont en centre régional jeunesse et sport et les majeurs vivent dans des studios étudiants. » Grâce à ce système, le STB ne débourse que 40.000 euros sur les 350.000 de budget du centre, le reste étant assumé par les collectivités. l
FICHE TECHNIQUE Responsable : Patrick Mailhé Coach : Franck Maignan Budget : 350.000 euros Palmarès : Champion de France espoirs 2007 et 2008
Les principaux “formés” en activité ces cinq dernières années : Ian Mahinmi, Fabien Causeur, Rudy Jomby, Aldo Curti, Pape Sy…
Pascal Allée / Hot Sports
Formés et toujours là : Gédéon Pitard, Ousmane Camara, Fabien Paschal, Adrien Boivin et Benjamin Sousa
CHALON ✮✮✮✮
ÉLITISTE I
Thabo Sefolosha
FICHE TECHNIQUE Responsable : Jean-Claude Collin Coach : Romain Chenaud Budget : 615.000 euros Palmarès : -
Les principaux “formés” en activité ces cinq dernières années : Thabo Sefolosha, Steed Tchicamboud, Michael Mokongo…
Euroleague
Formés et toujours là : Steed Tchicamboud, Joffrey Lauvergne, Nicolas Lang et Jordan Aboudou
l ne suffit pas d’être bon basketteur pour intégrer l’Élan puisque le centre chalonnais est le seul à annoncer des critères scolaires à l’entrée. « Nous voulons recruter à 15 ans des jeunes qui soient capables d’intégrer une seconde générale et de préparer un bac S, ES ou STG », nous explique Jean-Claude Collin, directeur du centre depuis sa création en 1995. « Nous ne prenons pas de jeunes qui ne soient pas capables de préparer un bac général. » C’est ainsi que cet ancien proviseur du lycée Émiland Gauthey – spécialisé dans l’accueil de jeunes sportifs de haut niveau notamment les jeunes Chalonnais – participe au recrutement, en évaluant les capacités scolaires des apprentis basketteurs sélectionnés par l’entraîneur Romain Chenaud. Bref, un esprit sain dans un corps sain, et la démarche fonctionne. Ainsi, en plus d’afficher un taux de réussite au bac de 100% depuis trois ans, le centre de Chalon a vu éclore de nombreux basketteurs ces derniers temps, dont la plupart intègre l’effectif pro relativement jeune (Mokongo, Lang…) Revers de la médaille, si l’on peut dire, l’équipe espoir “appauvrie” de ses meilleurs éléments affiche toujours un palmarès vierge, même si le but premier n’est pas là mais bien d’alimenter les pros. Autre particularité, le club a développé une “filière suisse” – amorcée avec Thabo Sefolosha aujourd’hui en NBA – toujours en activité avec deux jeunes internationaux présents au centre : Vincent Gaillard (-18 ans suisses) et Clint N’Dumba Capela (-16). l
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ASVEL ✮✮✮✮
EN ATTENDANT LA TP ACADEMY U
Amara Sy
FICHE TECHNIQUE Responsable : Hamid Mesbah Coach : Fabrice Serrano Budget : 700.000 euros Palmarès : Champion de France espoirs 1991 et 2000, vainqueur du Trophée du Futur en 2009 et 2010 Formés et toujours là : Paul Lacombe, Bangaly Fofana et Edwin Jackson Hervé Bellenger / IS
n peu à l’image de ce qui se pratique à Pau, l’ASVEL dispose d’une grosse structure dédiée à la formation qui va des équipes de baby-basket aux Espoirs, le tout géré par l’ASVEL Association, avec Hamid Mesbah à sa tête. « On a fait le choix de laisser le centre de formation sur la structure associative parce qu’on considère que l’équipe Espoirs est l’aboutissement de la formation », détaille Mesbah. Une “super école” de basket dont le centre de formation à proprement parler engloutit bien évidemment la majeure partie des fonds (environ 540.000 des 700.000 euros de budget) et autour duquel gravitent une vingtaine de personnes, dont Pierre Grall, qui dirige la politique sportive du centre et de l’équipe pro, d’où les nombreuses passerelles de l’un à l’autre (Fofana, Lacombe, Leon…) La structure conserve tout de même un “esprit famille”, à l’image de la Maison Verte, bâtiment situé à Bron et où les mineurs du centre vivent au quotidien au contact d’une famille en charge de la préparation des repas. Une organisation cependant appelée à évoluer avec l’arrivée de la TP Academy, intégrée à la future grande salle villeurbannaise. « L’idée c’est de tout mutualiser parce que l’éparpillement coûte cher », reconnait Mesbah. « On a le projet de devenir le centre de référence en Europe, avec des salles de cours, une bibliothèque, deux ou trois salles
de basket, un service de restauration et l’ensemble des hébergements sur un même lieu. » l
Les principaux “formés” en activité ces cinq dernières années : Amara Sy, Ali Traoré, Hervé Touré, Alain Digbeu…
NANCY ✮✮✮
uteur d’un threepeat, comme on dit en NBA (un triplé), entre 2004 et 2006, le SLUC était leader à la trêve cette année, après sa victoire sur le Paris Levallois (26 points chacun pour les ailiers Nicolas Wachowiak, 1,98 m, 19 ans, et Romain Pintiaux, 1,98 m, 17 ans). Le Seychellois Kader Sylla (2,05 m, 20 ans) a été moins en vue mais il se balade dans le championnat (17,8 points et 11,5 rebonds). « On arrive sur une fin de cycle mais positive, et on a des joueurs prometteurs », juge Pierre Verdière, le grand ordonnateur de la formation, qui dispose de moyens tangibles, notamment au niveau de la structure. « Le point fort, chez nous, c’est l’unité de lieu avec un centre de formation, un bâtiment composé de 14 chambres à 20 mètres du Palais des Sports et à 300 mètres du lycée. On ne perd pas de temps, l’équilibre entre projet scolaire et projet sportif est facilité. » Cela est beau mais cela profitera-t-il à l’équipe professionnelle ? Cela n’a pas été le cas avec la génération du triplé. « Ce que je pense n’a pas vraiment d’importance. Ce qui compte, c’est ce que le coach pro pense », répond Pierre Verdière. « Il y a des coaches pros qui y vont parce qu’ils y croient, d’autres qui y vont car cela est incontournable vis-àvis du budget, etc. Je ne me fais pas d’illusion par rapport à ça. Si demain Jean-Luc (Monschau) estime que des jeunes
Cyril Julian
FICHE TECHNIQUE Responsable : Pierre Verdière Coach : Pierre Verdière Budget : 300.000 euros Palmarès : Champion de France espoirs en 2004, 05 et 06 Formés et toujours là : Saidou N’Joya Hervé Bellenger / IS
A
EN ATTENDANT QU’ILS JOUENT…
vont l’aider à gagner des matches, il les fera rentrer et s’il pense le contraire, il ne les utilisera pas. » l
Les principaux “formés“ en activité ces cinq dernières années : Maxime Zianveni, Cyril Julian, Aurélien Salmon et Roger Zaki
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maxi-basket
PARIS LEVALLOIS ✮✮✮
TOUT NEUF E
Andrew Albicy
ntre les Cardiac Kids levalloisiens et les fleurons de l’école parisienne, la tradition de formation en Île-deFrance ne date pas d’hier. Sauf que depuis la fusion entre Paris et Levallois en 2007, cette filiation ne veut plus dire grand-chose. « On est parti sur une page blanche depuis deux ans, la filiation, c’est Ron Stewart, c’est tout », reconnaît Thomas Drouot, l’entraîneur des Espoirs. Avec la descente en Pro B, l’ancienne structure a disparu, entraînant un départ massif de jeunes pousses vers la concurrence. Aussi, quand le PL est remonté en Pro A l’année dernière, un nouveau centre a vu le jour à Levallois, une coquille vide qu’il a fallu repeupler, ce qui n’est pas une mince affaire. Malgré l’incroyable réservoir de jeunes talents que compte la région, le PL a bien du mal à attirer les pépites d’Îlede-France. « On est jeune, on n’a pas le palmarès ou les structures de Cholet ou Nancy, », poursuit Thomas Drouot. « Quand les meilleurs sortent des pôles régionaux, ils ne choisissent pas d’aller au PL. » La solution, écumer les différents tournois et championnats de la région tout en misant sur les oubliés de la détection, tel Andrew Albicy, recalé au pôle Île-de-France et en sélection régionale. « On veut développer le lien francilien, faire qu’à terme le centre devienne l’option numéro un pour les jeunes de la région. » Les débuts sont encourageants puisque l’an dernier, pour leur première année d’existence, les Espoirs du PL ont atteint la finale du Trophée du Futur. l
FICHE TECHNIQUE Responsable : Ron Stewart Coach : Thomas Drouot Budget : 300.000 euros Palmarès : Champion de France espoirs 1987 (Paris), vainqueur du Trophée du Futur en 1990 (Paris) et 1996 (Levallois)
Les principaux “formés” en activité ces cinq dernières années : Vincent Masingue, Sacha Giffa, Makan Dioumassi, Michel Morandais, Kim Tillie, Andrew Albicy…
Hervé Bellenger / IS
Formés et toujours là : Andrew Albicy et Jonathan Leria
ORLÉANS ✮✮✮
« SORTIR » DES JOUEURS Maël Lebrun
FICHE TECHNIQUE Responsable : Stéphane Paty Coach : François Peronnet Budget : 500.000 euros Palmarès : -
Les principaux “formés“ en activité ces cinq dernières années : Maël Lebrun, William Hervé et Nobel Boungou Colo
Pascal Allée / Hot Sports
Formés et toujours là : Maël Lebrun et William Hervé
«
On est partis de rien. » Le club d’Orléans est tout jeune, sa formation aussi. « Il y a cinq ans, j’avais quatre chambres », rappelle Stéphane Paty. « Aujourd’hui, on n’est pas au niveau de Cholet, avec des cartes à puces pour passer les portes, mais on a un immeuble avec 17 chambres. Après, cela ne se traduit pas forcément en termes de résultats d’équipe, mais ça n’est pas le plus important. Tous les ans, on rajoute des choses. Il faut qu’on progresse dans les moyens humains, l’accompagnement individuel des garçons. » Le club du Loiret met déjà à disposition de ses jeunes pousses deux médecins et le kiné de l’équipe professionnelle à plein temps, et c’est déjà beaucoup ! L’intérêt est réel chez les pros puisque Philippe Hervé a établi les contenus techniques, des cadets première année à l’équipe première. « Il est très présent. Il voit tous les matches des jeunes. Il a un œil sur tout. Il entraîne les jeunes avec nous parfois. Il valide le recrutement. On fonctionne bien. Les espoirs s’entraînent avec les pros, ils ne sont pas sur le côté en attendant qu’un Américain se blesse. Mais le truc, à un moment, c’est qu’il faut sortir des joueurs. Si tu n’en sors pas, tu peux quand même être satisfait de ce que tu fais, mais notre job reste cependant de sortir des joueurs professionnels. » La croissance de l’Orléans Loiret Basket a été rapide et plutôt impressionnante, mais la suite dépendra aussi des espoirs… l
DOSSIEr • maxi-basket 21
ROANNE ✮✮
LA VITESSE SUPÉRIEURE ? D
Marco Pellin
FICHE TECHNIQUE Responsable : Maurice Beau Coach : Yann Fatien Budget : 360.000 euros Palmarès : Champion de France espoirs Pro B en 2002 Formés et toujours là : Pascal Allée / Hot Sports
e tous les clubs actuellement en pointe en Pro A, Roanne est certainement celui qui a le plus de chemin à faire en matière de formation. Mais il en est conscient. « On est en retard par rapport à des centres de formation comme Cholet, Le Mans, l’ASVEL maintenant », explique Yann Fatien, dans sa troisième année en poste. « Il faut que le centre de formation avance plus vite. Mais il y a une vraie volonté politique pour cela à Roanne. » Emmanuel Brochot, le président de la Chorale, veut mettre les bouchées doubles, non seulement alimenter une équipe professionnelle qui n’a vu passer qu’Adrien Moerman et Marco Pellin – ce qui ne serait pas pour déplaire à Jean-Denys Choulet – et, à terme, former des futurs joueurs exportables, ce qui doit être un plus, financièrement parlant. Pour cela, il faut d’une part sortir du recrutement local – « Ça demande des moyens humains, des moyens financiers, les bonnes structures, des partenariats », dixit Fatien – mais aussi mettre l’outil de travail au niveau, ce que les travaux de la Halle Vacheresse vont participer à faire. « Ça va bien nous aider. (…) Après, faire progresser le centre de formation, ça ne se fait pas en six mois. L’autre difficulté, aussi, ce sont les études. On n’a pas tous les débouchés scolaires après le bac comme peuvent avoir les grandes villes, donc c’est un frein car, à un moment donné, on ne peut pas leur proposer, scolairement, ce que les autres leursproposent De plus en plus, les gamins veulent en effet faire et basket et études. » l
Les principaux “formés“ en activité ces cinq dernières années : Adrien Moerman, Marco Pellin et Franck Bouteille.
GRAVELINES-DUNKERQUE ✮✮
PRÉFÉRENCE RÉGIONALE L
Fréjus Zerbo
FICHE TECHNIQUE Responsable : Christophe Millois Coach : Christian Cléante Budget : 420.000 euros Palmarès : Champion de France espoirs Pro B 1988, vainqueur du Trophée du Futur en 2003 Formés et toujours là : Jonathan Rousselle et Fréjus Zerbo Pascal Allée / Hot Sports
e centre de formation du BCM se singularise par rapport aux autres du fait que son directeur n’est autre que… Christophe Millois, également assistant chez les pros de Christian Monschau. « On a interdit aux assistants de Pro A d’entraîner les Espoirs mais le texte ne dit pas qu’il est interdit de diriger le centre », explique l’intéressé. Natif du Nord-Pas-de-Calais, le directeur n’est pas dépaysé puisque le club pratique une politique de recrutement ultra régionaliste. « On estime que la région est suffisamment riche en basketteurs et je veux garder un esprit nordiste. Donc je ne vais pas chercher ailleurs ce que j’ai chez moi. » Ce qui explique que nombre des jeunes du centre habitent encore chez leurs parents, ceux venant de plus loin (Lille, Douai…) étant logés dans une aile de l’hôtel du Polder, juste à côté de Sportica. Une politique qui n’empêche pas le BCM d’aller chercher plus loin des jeunes capables de donner la réplique aux pros à l’entraînement en cas de besoin, tels Romain Grégoire (Rouen) ou Chrislain Cairo (INSEP) cette année. Reste que cette démarche régionaliste n’est pas synonyme de débouchés. Car si certains jeunes sortis du centre ces dernières années trouvent une place en Pro B (Kerckhof, Akono, Le Pellec…), aucun n’a réussi à s’inscrire durablement en Pro A. Excellent en Espoirs ces deux dernières années, Jonathan Rousselle semble d’ailleurs voué à subir le même sort (16 minutes en 4 matches). l
Les principaux “formés” en activité ces cinq dernières années : Olivier Viviès, Loïc Akono, Fréjus Zerbo…
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POITIERS ✮✮
C’EST MARQUÉ DANS LE SLOGAN Sylvain Maynier
FICHE TECHNIQUE Responsable : Alain Renoux Coach : Andy Thornton-Jones Budget : 270.000 euros Formés et toujours là : PierreYves Guillard et Yann Devehat Les principaux “formés“ en activité ces cinq dernières années : Pierre-Yves Guillard, Yann Devehat, Evan Fournier et Sylvain Maynier
Hervé Bellenger / IS
Palmarès : -
P
oitiers, ce club à l’aura familiale, où il fait bon jouer, où l’on donne leur chance aux Français, aux gars du cru, en pensant au long terme… Quelle aide
formidable au recrutement des jeunes pousses… Stop ! Cliché. Oui, Poitiers est bien le club décrit, mais attirer des potentiels, c’est une autre paire de manches. « Il n’est pas sûr du tout que des jeunes de 15/16 ans se rendent compte de ces choses-là », explique Andy Thornton-Jones, l’entraîneur des jeunes. « Ceci dit, c’est évident que l’on montre quand même que, chez nous, il y a de la place pour les jeunes dans l’équipe pro. » Malgré les réserves, le PB croit en son devoir de formation, le budget du centre étant défini, de manière invariable, à 10% du budget du club pro. « Le slogan du club c’est : former, jouer, gagner. Même quand on était à un niveau inférieur, on a toujours voulu appuyer sur la formation, notamment les locaux. » Le club a d’ailleurs organisé, au Futuroscope, le Trophée du Futur 2010. Mais, sans surprise, les moyens financiers conditionnent tout, notamment pour s’extraire d’un recrutement local. « Mais depuis deux ans que nous sommes en Pro A, nous avons dû élargir notre champ de recrutement. Par exemple, nous avons trois joueurs d’ailleurs, un de Guadeloupe, un de Chambéry et un de Saint-Brieuc. » Et même en cas de descente en Pro B, le centre de formation continuera de fonctionner, avec une équipe de Nationale 3 même si « quand tu es en Pro B, ça fait moins rêver les jeunes. » l
STRASBOURG ✮✮
LES PROS IMPLIQUÉS Jérôme Schmitt
FICHE TECHNIQUE Responsable : Jérôme Rosenstiehl Coach : Frank Kuhn Budget : Palmarès : -
Les principaux «formés» en activité ces cinq dernières années : Jérôme Schmitt, Elson Mendy et Issife Soumahoro
Pascal Allée / Hot Sports
Formés et toujours là : Issife Soumahoro
À
l’instar de ce qui se fait à Orléans, le coach de l’équipe pro, Frédéric Sarre, est très impliqué, jusqu’à porter le titre et assumer les fonctions de «responsable technique» d’un centre de formation placé sous l’égide de la structure professionnelle puisque le directeur en est Jérôme Rosenstiehl, également le directeur sportif de la SIG. Deux BE2 à plein temps, Frank Kuhn et Lauriane Dolt, se partagent les équipes cadets et espoirs. Pour autant, le centre de formation n’est pas pharaonique. « Nous avons seize joueurs au total. Financièrement, on est ricrac donc on n’a pas plus de capacité que ça », explique Frank Kuhn. « Le souhait serait d’avoir un centre d’hébergement et de restauration. Mais c’est difficile car ça coûte très très cher. Le foot peut faire ça, avec des profs qui viennent donner des cours particuliers, une cafétéria avec des cuisiniers, etc. C’est pour ça que ceux qui ont ça, comme Cholet, sont très en avance. » La solution pourrait être de parvenir à mutualiser les moyens avec d’autres sports. En attendant, la SIG reste très régionale. « Nous privilégions les Alsaciens même si, bien sûr, on ne va pas prendre un Alsacien à la place d’un joueur qui aurait plus de potentiel. 70% de nos jeunes sont issus d’ici, car il y a un pôle qui fournit. Ceci dit, on fait quand même un petit travail de recrutement avec les agents, qui n’ont pas de joueurs signés, bien sûr, mais qui sont au courant. C’est difficile de recruter, surtout des joueurs étrangers. » l
DOSSIEr • maxi-basket 23
VICHY ✮
À BASE DE PARIS L
Nicolas De Jong
FICHE TECHNIQUE Responsable : Guy Taurau Coach : Matthieu Mousserion Budget : 150.000 euros Palmarès : Formés et toujours là : Nicolas de Jong et Jimmy Djimrabaye Pascal Allée / Hot Sports
a problématique du centre de formation est proche de celle de l’équipe pro. Le manque d’argent. Quand il est arrivé il y a quatre ans, en provenance de Cholet, Matthieu Mousserion avait tout à construire. « Il y avait une équipe cadets France en deuxième division. Tous les ans, on avance un peu. » En essayant d’être malin. Le club passe après tout le monde en matière de recrutement donc il fait « des paris », comme le fut Nicolas De Jong. L’intérieur Ilyess Gmar (2,00 m, 19 ans), 17,4 points et 9,1 rebonds, jouait en cadets France deuxième division à Vaulx-en-Velin. Le pivot Malamine Bah (2,01 m, 19 ans) a été recruté sur CV. La JAV, qui organise le Trophée du Futur 2011, a aussi un international cadet, Benjamin Meri (16 ans), qui a fait l’Euro de la catégorie en 2010 avec les Bleuets. « On demande une participation financière aux familles des cadets. Forcément, quand on est en concurrence avec des centres qui peuvent prendre en charge à 100% les choses… On essaye de contourner en travaillant sur le long terme. Chez nous, on essaye de s’engager sur le fait qu’un jeune qui arrive en cadet première année terminera son cursus cadet, sauf gros problème, qu’il soit basket, scolaire ou dans l’attitude. On s’engage sur la stabilité, ce qui rassure les familles. » Le centre doit aussi de rassurer lui-même car la descente en Pro B sera peut-être au bout de la saison. « Avec Guy Taurau, on a prévu de voir nos dirigeants en début d’année pour discuter de cela, voir si on engage une équipe en Nationale 3… » l
Les principaux “formés“ en activité ces cinq dernières années : Nicolas de Jong et Jimmy Djimrabaye
HYÈRES-TOULON ✮
itué sur la Côte d’Azur, à Hyères, le centre de formation du HTV profite du soleil et c’est bien là son seul avantage. Car pour le reste, les espoirs varois sont parmi les moins bien lotis du championnat. À commencer par le logement puisque le HTV ne dispose pas de structures d’hébergement propre, le club louant des appartements Pierre et Vacances où les Espoirs vivent à plusieurs. Une solution de repli qui coûte cher mais qui a au moins le mérite d’exister. « C’était la seule possibilité pour avoir l’agrément », nous explique Philipe Legname, directeur du centre toulonnais. « On n’a pas de structures scolaires, il existe un pensionnat pour jeunes filles et un autre qui accueille déjà le sport études rugby et qui ne nous prend pas. Comme il n’y a pas non plus de structure à Toulon, si on va s’installer à Draguignan ou à Fréjus, ça fait plus de 80 km. » Le déficit structurel ne s’arrête pas là puisque n’ayant pas de cantine à leur disposition, les repas sont pris midi et soir à la cafétéria Casino du coin et les jeunes ne fréquentent pas de lycée mais suivent les cours via le CNED « parce qu’on veut les entraîner deux fois par jour, ce qui est très difficile avec un système scolaire classique », poursuit Legname. Enfin, avec un coach (Alain Weisz) peu porté sur la formation, peu de chances d’intégrer, à terme, l’effectif pro. À l’image de Florent Tortosa (Saint-Vallier) ou Romain Dardaine (Bordeaux), les débouchés se situent, au mieux, en Pro B ou NM1. l
Laurent Legname
FICHE TECHNIQUE Responsable : Philippe Legname Coach : Éric Lecerf Budget : 300.000 euros Palmarès : Champion de France espoirs Pro B 1996, vainqueur du Trophée du Futur en 1998 Formé et toujours là : Laurent Legname Pascal Allée / Hot Sports
S
MARGINALISÉ
Les principaux “formés” en activité ces cinq dernières années : Laurent Sciarra et Laurent Legname
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maxi-basket
LIMOGES -
CLAUDE BOLOTNY
« C’EST DUR DE DÉBUTER »
Pascal Allée / Hot Sports
Au CSP, il a été joueur majeur (1976 à 1980), mais aussi entraîneur des pros et des espoirs. Il est aujourd’hui directeur sportif du “centre de formation“, bien que celui-ci ne soit pas encore homologué, en binôme avec JeanFrançois Jouhaud. Il explique la situation très particulière du CSP.
Stéphane Dumas
FICHE TECHNIQUE Responsable : Claude Bolotny Coach : Sylvain Maurice Budget : 170.000 euros Palmarès : Champion de France espoirs 1986 Formés et toujours là : Frédéric Weis Les principaux “formés“ en activité ces cinq dernières années : Frédéric Weis, Cheikhou Thioune, Frédéric Adjiwanou, Pierric Poupet et Stéphane Dumas
L
e centre de formation du CSP attend toujours l’agrément ministériel. De quoi s’agit-il ? L’année dernière, la ligue est venue pour voir un peu le centre. Nous n’avons pas eu l’agrément à juste titre puisque nous n’avions pas d’équipe espoirs. Il nous manquait le BE2, le suivi médical, pas mal de choses. Cette année, ils sont revenus, il n’y a aucun souci, nous avons tout ce qu’il faut, mais le problème est que nous pensions qu’il y aurait une session au ministère rapidement, or d’après ce que j’ai compris, cela ne se fera qu’à la fin de la saison. Nous ne sommes donc pas officialisés. Quelles sont les exigences pour obtenir cet agrément ? Pas mal de choses ! Les équipements dédiés aux entraînements, un docteur référent, un kiné référent, un ostéopathe référent, un suivi scolaire avec une convention signée avec un lycée. Après, il y a un budget qui doit être validé. Nous, ça a été très compliqué à ce niveau-là car nous avons été suspendus, jusqu’au dernier moment, à la montée en Pro A ou non de l’équipe professionnelle. Je trouve inadmissible que, dans les conditions actuelles, nous ne puissions pas signer de contrat stagiaire à nos gamins, alors que nous en avons un ou deux qui pourraient être sur le banc des pros (*). Je trouve cela scandaleux ! Traditionnellement, le CSP a très peu alimenté son équipe professionnelle avec ses Espoirs. Cela paraît
pourtant être devenu incontournable. Est-ce entré dans la mentalité de ce club ? Je suis très clair : quand je suis revenu au CSP il y a deux ans et demi, après un appel de Frédéric Forte, qui est quelqu’un que j’apprécie beaucoup et avec qui j’ai des rapports privilégiés, c’est dans cet objectif de former des joueurs pour l’équipe première. Le jour où je penserai que je ne suis pas là pour faire monter des jeunes, j’arrêterai tout de suite. En sachant que c’est très difficile pour un centre de formation qui débute, surtout pour nous qui sommes dans une région catastrophique au niveau basket, le CSP étant l’arbre qui cache la forêt. Quand je vois les benjamins et minimes de la région qui arrivent, je me dis : mon pauvre Claude, tu vas être obligé de prendre ton bâton de pèlerin et d’aller chercher autre part. On n’a pas de grands gabarits. On a très peu de licenciés dans la région. On se penche beaucoup sur le problème. Ça rend tout compliqué. Et plus, rien n’est clair. Un coup, il doit y avoir des centres de formation en Pro B, un coup non, un coup on fera jouer les centres de formations en divisions nationales, ce qui est très bien. Je trouve que le niveau du championnat Espoirs a baissé. Cela serait bien de se frotter à la Nationale 2 et là il verrait ce que c’est que le basket. Là, ils jouent entre eux, la défaite n’est pas grave et, à la limite, ils jouent plus pour leurs stats qu’autre chose. C’est en tous cas mon ressenti. l (*) Stanley Dubois (1,88 m, 20 ans), Lucas Durand (1,90 m, 20 ans) et Tiegbe Bamba (1,96 m, 19 ans) sont les trois “leaders“ de l’équipe espoirs.
DOSSIEr • maxi-basket 25 Bangaly Fofana lors de la finale du Trophée du Futur 2010 remportée par l’ASVEL face au PL.
PALMARÈS CHAMPIONNAT
Année Champion 1985 Orthez 1986 Limoges 1987 Racing Paris 1988 Cholet 1989 Cholet 1990 Reims 1991 ASVEL 1992 Pau-Orthez 1993 Pau-Orthez 1994 Dijon 1995 Dijon 1996 Dijon 1997 Cholet 1998 Dijon 1999 Dijon 2000 ASVEL 2001 Pau-Orthez 2002 Pau-Orthez 2003 Pau-Orthez 2004 Nancy 2005 Nancy 2006 Nancy 2007 Le Havre 2008 Le Havre 2009 Cholet 2010 Cholet
TROPHÉE DU FUTUR Année Champion 1988 Reims 1989 Cholet 1990 Racing Paris Hervé Bellenger / IS
1991 Pau-Orthez 1992 Antibes 1993 Antibes 1994 Evreux
CLASSEMENT 2009-10
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Club Cholet ASVEL Paris Levallois Le Havre Le Mans Gravelines Dijon Nancy Rouen Chalon Poitiers Hyères-Toulon Orléans Roanne Strasbourg Vichy (*) Un match de forfait.
CLASSEMENT 2010-11*
Bilan 24-6 23-7 22-8 20-10 19-11 20-10 (*) 17-13 17-13 13-17 13-17 13-17 11-19 8-22 8-22 6-24 6-24
Club 1 Nancy 2 Paris Levallois 3 Gravelines 4 Le Mans - Cholet - Pau-Lacq-Orthez - Chalon 8 Vichy - ASVEL - Le Havre - Hyères-Toulon - Orléans - Poitiers 14 Roanne - Strasbourg 16 Limoges (*) Arrêté à la trêve de Noël.
Bilan 10-1 9-2 9-2 7-4 7-4 7-4 7-4 4-7 4-7 4-7 4-7 4-7 4-7 3-8 3-8 2-9
1995 Dijon 1996 Levallois 1997 Dijon 1998 Hyères-Toulon 1999 Dijon 2000 Cholet 2001 Cholet 2002 Pau-Orthez 2003 Gravelines 2004 Pau-Orthez 2005 Le Mans 2006 Dijon 2007 Le Mans 2008 Pau-Orthez 2009 ASVEL 2010 ASVEL
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MAXI-BASKET
LES ICÔNES DE LIMOGES ILS REPRÉSENTENT PLUSIEURS GÉNÉRATIONS DE BASKETTEURS, DU MILIEU DES ANNÉES SOIXANTE-DIX À AUJOURD’HUI. AUCUN N’EST NATIF DE LA VILLE, TOUS ONT PORTÉ AVEC BRIO LE MAILLOT DU CSP ET LES BASKETS REMISÉES, ILS POURSUIVENT LEUR CARRIÈRE PROFESSIONNELLE À LIMOGES OÙ ILS SONT DEVENUS DES ICÔNES. Par Pascal LEGENDRE Reportage photos par Hervé BELLENGER / IS
PORFOLIO • MAXI-BASKET 27
FRANCK
BUTTER • Période au CSP 1984-85 et 90-94
• Signe particulier
• Aujourd’hui
Directeur d’un Quick.
Maxi Basket
Formé à Limoges, il muta chez le rival orthézien pour revenir au CSP et y gagner un titre de champion d’Europe.
MAXI-BASKET
CLAUDE
BOLOTNY • Période au CSP 1976-80
• Signe particulier Ce moustachu aux cheveux longs retenus par un bandeau blanc fut le taulier de la salle des Sœurs de la Rivière, ancêtre du Palais des Sports de Beaublanc.
• Aujourd’hui Directeur sportif du centre de formation du CSP.
Maxi Basket
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PORFOLIO • MAXI-BASKET 29
APOLLO
FAYE
• Période au CSP 1977-85
• Signe particulier
• Aujourd’hui VRP à Midi Pyrénées Synthèses.
Maxi Basket
Jamais basketteur français ne fut aussi adulé que Sérigne Cheikhou “Apollo“ Faye à Limoges.
30
MAXI-BASKET
YANN
BONATO • Période au CSP 1995-97, 99-2000, 03-04
• Signe particulier Le club était en faillite, l’acte de décès imprimé, mais sous l’impulsion de leur capitaine, les joueurs se révoltèrent pour faire en 2000 un incroyable triplé championnat/ Coupe Korac/Coupe de France.
• Aujourd’hui Propriétaire de boutiques de lunettes de la marque Alain Afflelou.
Photo Pascal ALLEE/HOT SPORTS
PORFOLIO • MAXI-BASKET 31
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MAXI-BASKET
FRÉDÉRIC
FORTE
• Période au CSP 1988-89 et 91-97 Sa balle interceptée en finale des mains de Toni Kukoc donna définitivement le titre européen au CSP, à Athènes en 1993.
• Aujourd’hui Président du CSP.
Photo Pascal ALLEE/HOT SPORTS
• Signe particulier
PORFOLIO • MAXI-BASKET 33
STÉPHANE
OSTROWSKI • Période au CSP 1985-92
• Signe particulier Maxi Basket
4 fois élu “Meilleur Joueur français“ (86, 88, 89 et 90).
• Aujourd’hui Directeur du marketing du CSP.
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MAXI-BASKET
FRÉDÉRIC
WEIS
• Période au CSP 1995-2000, 2009 à aujourd’hui
• Signe particulier Il est arrivé minot, en est parti à 23 ans, pour revenir au CSP neuf ans plus tard y apporter son immense corps de 2,18 m.
• Aujourd’hui Propriétaire du Royalty, une brasserie de la Place de la République.
Photo Pascal ALLEE/HOT SPORTS
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Le Portel – Boulogne-sur-Mer
LES MEILLEURS ENNEMIS
REPORTAGE • maxi-basket 37
Pour beaucoup, ce match était coché depuis longtemps sur l’agenda. Un derby, un vrai, que dis-je, “Le“ Derby ! Celui de la Côte d’Opale, entre les deux meilleurs ennemis, Boulognesur-Mer et Le Portel. Il y avait même une certaine excitation à aller voir de près cette première levée entre deux clubs rivaux, distants de quelques kilomètres, évoluant tous les deux en Pro B et dans la même salle, fait unique à ce niveau de compétition. Par Florent de LAMBERTERIE et Thomas FÉLIX, à Boulogne-sur-Mer et au Portel. Photos : Jean-François MOLLIÈRE.
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our bien comprendre, il faut planter le décor. Le Portel – Boulogne, c’est une histoire vieille comme le monde, celle de deux voisins incapables de s’entendre, incapables de s’aimer et qui préfèrent s’ignorer et se nourrissent de leur rivalité. Les villes sont attenantes, se touchent. Boulogne la grande, qui étouffe Le Portel avec quatre fois moins d’habitants. Le Portel la petite, qui avec son équipe de basket et son public vert et blanc à vie, nargue les Jaune et Noir depuis des années. Alors, lorsqu’à la fin de la saison dernière, le SOMB a validé son accession en Pro B, la Côte d’Opale s’est embrasée. L’ESSM et le SOMB allaient pouvoir en découdre sur le terrain, solder les comptes et savoir qui était le boss de la région. « Ce n’est pas non plus à ce point, » sourit Jean-Pierre Desgardin, président du SOMB depuis 1996. « Mais pour ce match, de l’extérieur en tout cas, il y a une excitation folle c’est vrai, et des deux côtés. J’ai lu que le président du Portel, Pierre Leprêtre, a dit qu’une salle de 3.000 personnes aurait été remplie sans soucis, je crois qu’il a raison. » Il a sûrement raison en effet, car l’engouement pour ce match, rassemblant “seulement” deux équipes de milieu de tableau de Pro B, a dépassé le cadre purement sportif. Comme pour les vielles querelles, on se sait plus vraiment de qui, de quand ou pourquoi il existe une telle opposition entre les deux clubs mais on sait qu’elle est là et bien là. Stéphane Danger, journaliste à La Semaine dans le Boulonnais, est bien le seul à nous raconter, les
présidents préférant éluder la question. « Il y a au sein des clubs des personnes qui ne s’apprécient pas sans le dire, » s’amuse-til. « Mais tout le monde le sait et ça rajoute de l’animosité. Et en même temps, ce qui est amusant, c’est qu’il y a des dirigeants qui ont joué dans les deux clubs par le passé. C’est le fruit de l’histoire qui fait que ce sont deux clubs qui ne s’aiment pas. »
Deux équipes, une salle
Au-delà de l’histoire, qui n’a plus vu de derby depuis les années 70, les deux clubs se sont surtout frictionnés suite à la montée du Portel en Pro B. En 2007, les Portelois acquièrent leur montée et leur salle Carpentier avec ses 900 places n’est plus conforme, ils doivent s’installer ailleurs. « On pensait jouer à Calais au départ », raconte Pierre Leprêtre, président du Portel. « Mais on nous a dit non, vous jouerez à Damrémont, la salle du SOMB. Cette salle, on y est, mais on ne fait pas tous les entraînements ici. On s’est arrangé autrement, on a mis un parquet dans notre ancienne salle et c’est là-bas qu’on s’entraîne. » Dans le même temps, le SOMB monte en Nationale 1 et au lieu de fêter sa montée, se voit sommer de partager son enceinte avec son voisin promu également mais dans la division supérieure. « Cela nous a fait souffrir », avoue le président Desgardin. « On a très mal vécu de prêter notre salle, car on venait de monter après un long périple en N2. C’est une ›››
« On aurait pu remplir une salle de 3.000 personnes sans problème » Pierre Leprêtre
Image rare. Le président Pierre Leprêtre (Le Portel, à gauche) pose aux côtés de son homologue Jean-Pierre Desgardin (Boulogne). Aujourd’hui, c’est l’ESSM qui reçoit et les Portelois n’ont laissé qu’un peu moins de 200 places pour les Jaunes qui se sentent perdus, bien que dans leur salle.
REPORTAGE • maxi-basket 39
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Glenn James et Ron Turenne/NBAE via Getty Images, Liga ACB et EB via Getty Images
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En bon derby, le match fut explosif. De gauche à droite, Jean-Philippe Ludon à la lutte avec Fernando Raposo. Édouard Choquet déborde Klemensas Patiejunas qui, tente ensuite de calmer Darryl Monroe, fou de rage, que Germain Castano a toutes les peines du monde à retenir. Le match terminé, Tony Stanley célèbre la victoire de Boulogne acquise à l’“extérieur“.
« Ce derby, il m’a donné envie de remettre un pied sur le parquet. » Germain Castano, coach Boulogne
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décision politique que nous avons eue du mal a accepter, car vécue comme un manque de considération. Les joueurs ont mal supporté de partager leur territoire, les bénévoles aussi. C’était une épreuve. » Une épreuve qui dure et qui a pris une autre ampleur cette saison. Jusqu’alors évoluant dans deux divisions différentes, cohabiter dans la même salle ne posait pas trop de problème. Cette saison, la Pro B a un peu changé la donne. Les horaires d’entraînements sont plus chaotiques, « on nous a donné des créneaux invraisemblables, » tonne Pierre Leprêtre, « un à 07h du matin, l’autre à 13h, on ne peut pas faire pire. » Et comble de la situation, pour ce derby, Le Portel reçoit Boulogne dans sa propre salle qui vit donc un match à l’extérieur bien qu’à domicile ! Une situation ubuesque, toute désignée lorsqu’il s’agit d’évoquer les tensions interclubs et qui donne lieu à un étrange ballet les jours de match...
Jour de derby
Vendredi 17 décembre, 10h15. Ce soir, c’est le grand soir, celui du derby. Les Portelois ont l’air détendu. Seul manque à l’appel Cédric Binault. Bloqué par des tonnes de neige à Lille, le coach portelois n’a pas pu assister au shooting matinal et
c’est Frédéric Munch, son assistant, qui répond volontiers à la presse. « Un derby, c’est une conquête de territoire », sourit-il. « Et ce n’est pas la proximité qui va diminuer l’animosité bien au contraire. Moi, je ne suis là que depuis deux ans, je suis alsacien à la base et je vois ça d’un œil un peu extérieur et amusé. » Dans les tribunes, le président Leprêtre fait le tour du propriétaire et partira avant l’arrivée des joueurs boulonnais et d’Olivier Bourgain, leur manager général. Vers 11h, les Maritimes font suite aux Portelois, volontairement ou non, c’est bien la seule fois que les équipes se croiseront à la salle Damrémont. Germain Castano, coach du SOMB, salue ses futurs adversaires et salive d’avance sur le match du soir. « En tant que joueur, j’ai connu des derbys bourguignons Chalon-Dijon très chaud, mais ici les attentes sont énormes, on parle de ce match depuis cet été et il me donne envie de remettre un pied sur le parquet en tant que joueur. » Côté vert et blanc, Guillaume Leburge, au club depuis cinq saisons, savoure lui aussi l’attente d’un tel match. « Au niveau local, c’est important. À notre échelle, c’est comme un PSG OM ou un Real Barça, » se réjouit-il. « Dans une saison, qu’elle soit bonne ou mauvaise, c’est important de gagner ce matchlà, ça rend ton championnat meilleur. C’est ma 5e saison, ›››
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LE PORTEL
• 10.232 habitants • Club : Étoile Sportive SaintMichel Le Portel Côte d’Opale (ESSM) • Date de fondation : 1931 • Président : Pierre Leprêtre • Couleurs : Blanc et vert • Salle : Damrémont • Championnat 2010-11 : 11e de Pro B, 7v-8d (après 15 journées) • 4e saison en Pro B • L’ESSM fut créée en 1931, avec le basket-ball comme sport principal. Après quelques descentes, le club repart du championnat régional et gravit à nouveau tous les échelons. Champion de N3 en 1999, il accède en N2, dont il finira 1er de la poule C en 2003, synonyme de montée en N1. Quatre ans plus tard, Le Portel termine 2e de la saison derrière SaintVallier et gagne son ticket pour la Pro B pour la saison 2007-08.
BOULOGNESUR-MER
• 43.840 habitants • Club : Stade Olympique Maritime Boulonnais • Date de fondation : 1935 • Couleurs : Jaune et noir • Salle : Damrémont • Championnat 2010-11 : 10e de Pro B, 7v-8d (après 15 journées) • Président : Jean-Pierre Desgardin • 1ère saison en Pro B • Fort d’une longue histoire, le SOMB revient au premier plan par la grâce de cinq montées successives, grimpant ainsi d’Excellence départementale à la N3 de 1999 à 2002. Promu en N2 en 2005, puis en N1 deux ans plus tard, le SOMB accède à la Pro B en 2010 après seulement trois petites saisons de N1.
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La joie du côté de Boulogne, la tristesse du côté du Portel. Rendez-vous est pris, au même endroit pour le match retour en avril prochain...
« On a un peu tué le père ce soir ! » Jean-Pierre Desgardin
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je suis arrivé en N1, Boulogne était en N2 et déjà les gens s’imaginaient les derbies s’ils montaient. Des matches comme ça, on n’est pas énormément de joueurs à pouvoir en vivre. On vit dans la même salle, on habite au même endroit, on se croise tous les jours… Après, il y a des querelles de clocher mais pour le Boulonnais, ça doit être une grande fête. » Lui est en jaune et noir, mais le vieux Tony Stanley a hâte aussi d’en découdre. « J’ai connu beaucoup de choses dans ma carrière, » s’étonne Tony. « Mais ici, la première chose que l’on m’a dite quand j’ai signé c’est : « il faut gagner contre Le Portel ! » C’est vraiment très chaud, non ? » 12h30. Au siège du SOMB, le champagne coule déjà. L’occasion d’un anniversaire d’un membre de l’équipe avance d’un poil la célébration de l’hypothétique succès. Pas grave, Jean-Pierre Desgardin n’est pas superstitieux, Olivier Bourgain non plus qui pronostique une victoire de Boulogne. 15h00. La salle Damrémont change de peau. Les Portelois prennent possession des lieux du SOMB. Ce soir, ce sont eux qui reçoivent et, pour se sentir à la maison, les bénévoles travaillent d’arrachepied. Comme à chaque rencontre, ils cachent les sponsors du SOMB et déploient le vert et le blanc de rigueur. Dehors, Emmanuel Bourgain dirige les bénévoles du SCF Vert, et Blanc, une association montée dans le but unique de favoriser les regroupements de supporters portelois et de leur proposer des
animations. « Ils représentent l’âme du club et ils sont importants », dit d’eux le président Leprêtre. Un tifo est posé sur le futur kop qui sera bondé au coup de sifflet. On monte des tentes, on prépare la sono, il neige à gros flocons mais rien n’arrête le supporter portelois lorsqu’il s’agit de soutenir son club, la salle sera pleine ce soir.
La fusion, une fiction
18h00. Dehors, ce sont dix centimètre de neige. À l’intérieur, ça commence à se remplir, sur le parquet Édouard Choquet et Austin Rowlands s’échauffent. Une heure de maniement de ballon face à ses supporters pour le jeune Choquet qui, au final, rendra la meilleure évaluation de son équipe. 19h00. La salle affiche complet. Une heure avant le match, le meilleur public de Pro B (élu par les arbitres la saison dernière) a pris place. Ça et là, quelques grappes de supporters somistes s’agitent. Une féroce bataille a eu lieu pour l’obtention des sésames, une petite révolution, on a même eu vent de marché noir pour le match. Dehors, par une température polaire, les Portelois chantent les pieds dans la neige ; dedans, Fabrice Canet, attaché de presse de la Fédération de basket et arbitre de la rencontre, prend la température de la salle. « C’est un match spécial, on ne peut pas le nier. Il faudra être hyper concentré. »
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LE PORTEL AURA SA SALLE EN 2013
20h00. Le premier derby de la Côte d’Opale est lancé. Dépassés par les évènements, en manque d’agressivité, les Portelois vont perdre pied peu à peu devant des Boulonnais qui tiennent une défense de zone impeccable derrière leur meneur lituanien Klemensas Patiejunas. À l’intérieur, Darryl Monroe écrase la raquette des Vert et Blanc, avec 28 points pour 37 d’évaluation il terminera le match comme il l’avait commencé, en chambrant gentiment le public. Le promu tient devant l’aîné et l’équipe de Cédric Binauld, consterné et passablement énervé, cède devant son public 78-88. Les yeux rougis par le spectacle, le président Leprêtre glisse
première dans son histoire. Le Portel s’est lui laissé prendre au piège de son voisin, mais a rectifié le tir la semaine suivante contre Nantes, alors que Boulogne perdait à domicile, vraiment cette fois-ci, contre Fos-sur-Mer. Résultat, égalité, encore, au classement de Pro B pour les deux rivaux. Alors, pourquoi ne pas fusionner pour envisager un avenir vers les sommets ? « Impossible ! », souffle Jean-Pierre Desgardin. « Un, notre projet Pro B est viable des deux côtés, deux, je crois qu’aucun des deux n’aimerait y réfléchir avant de voir la Pro A un jour. » « Il y a un gros truc à faire sur la Côte d’Opale, c’est certain », admet Pierre Leprêtre. « Mais un mariage, cela
« Un derby, c’est une conquête de territoire. » Frédéric Munch, assistant Le Portel
dignement, « C’était un beau derby, Boulogne en voulait plus, c’est tout. Cette défaite a plus de signification parce que c’est le derby mais c’est comme ça. » Pour le président boulonnais, la satisfaction est immense. « On a un peu tué le père ce soir », s’exclame-t-il. « C’est un peu fort comme expression mais, Le Portel a toujours été une référence pour nous et là, on les bat donc c’est merveilleux, surtout que l’on a été très bien reçu chez nous. » Boulogne a vaincu le signe portelois. Une victoire prise comme une récompense qui apporte peu sur le plan comptable et davantage sur l’image. Le SOMB a grandi, est maintenant capable de rivaliser dans la même division que l’ESSM, une
ne se fait pas comme ça. Il faut avoir les mêmes valeurs et que la famille l’accepte. Pour l’instant, ce n’est pas d’actualité. » On n’est donc pas prêt de voir les Jaune et Noir se marier avec les Vert et Blanc. Une fusion vue d’ailleurs comme une véritable utopie dans les deux camps de supporters, qui ne voient qu’un seul et unique rapprochement possible… celui qui aura lieu en avril prochain, Boulogne reçoit Le Portel, et tout recommencera. l Rendez-vous sur http://vimeo.com/17884751 pour voir une vidéo d’Édouard Choquet (Le Portel) et Étienne Plateau (Boulogne) jouant le derby à leur façon.
• Le maire du Portel, Laurent Feutry, a tranché le 21 décembre dernier, la nouvelle salle de l’ESSM devrait voir le jour en 2013. En forme de quille de bateau retournée, toute en bois, la nouvelle enceinte de 3.500 places, qui accueillera les Portelois, ravit le président Leprêtre. « Je me suis battu pour avoir cette nouvelle salle et on a enfin eu une réponse positive. C’est peut-être petit mais on est quand même une région économiquement pas aisée. C’était en tout cas le minimum vital et il était urgent pour nous d’avoir une salle. On s’est calqué sur la région avec une salle de lycée qui devait être construite pour faire baisser le coût. On aurait pu faire un projet plus ambitieux, je suis tout à fait d’accord, mais ça aurait pris encore plus de temps et vous voyez bien ce qu’on vit, c’était devenu crucial. » La première pierre devrait être posée fin 2011 et la fin de la cohabitation avec le SOMB envisagée pour la saison 2013-2014.
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GREGOR BEUGNOT (CHALON)
PHILIPPE HERVÉ (ORLÉANS)
LES GRANDS ENTRETIENS DE MAXI UN ENTRETIEN LA VEILLE DE MATCH FACE AU STRATÈGE ADVERSE ? CES DEUX-LÀ EN ONT VU D'AUTRES POUR ÊTRE DÉSTABILISÉS. BEUGNOT, HERVÉ, DEUX ANCIENS JOUEURS DÉSORMAIS COACHES, SURTOUT DEUX PERSONNES QUI SE RESPECTENT, S'APPRÉCIENT. AVANT MÊME QUE LE MICRO SOIT ALLUMÉ, ILS ÉVOQUENT LEURS PREMIERS SOUVENIRS, LEURS RETROUVAILLES À CHALON OU VILLEURBANNE AUTOUR D’UN VERRE DE CHASSAGNE-MONTRACHET OU DE SAINT-VÉRAN. BAVARDS, MÊME POUR PARLER DES SUJETS QUI FÂCHENT : LE RENOUVELLEMENT QUASI INEXISTANT DANS LE COACHING, L’ASVEL, LEUR MANQUE DE TITRES… Propos recueillis par Yann CASSEVILLE, à Orléans. Reportage photos Hervé BELLENGER.
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ous vous souvenez de votre première rencontre ? Gregor Beugnot : Oui ! Philippe Hervé : Comme coach, c’est en match amical, on est en Pro B et Villeurbanne en Pro A, Delaney Rudd nous fait un festival. Je m’en souviendrai toute ma vie de ce match parce qu’à la fin, Greg m’a dit « c’est bien ce que vous faites. » Quel type de coach est l’autre ? GB : Philippe a toujours été un coach défensif, mais un coach qui n’est que défensif, il ne gagne pas les matches ! Il a eu une belle évolution. Quand je l’ai connu, c’était : “on défend dur pour récupérer la balle et, quand on l’a récupérée, on fait un système long”. Aujourd’hui, il laisse ses joueurs shooter vite en transition. PH : Greg, une personnalité. Un charisme. Une gueule. C’est un maître tacticien, toujours capable de tenter des coups, partir sur des 5 un peu… Je garde en mémoire le truc de Barcelone avec Andrieux et… Qui ? GB : Andrieux et Ouattara. PH : Voilà ! Il me l’a fait à moi aussi, quand j’étais venu à Chalon avec Villeurbanne, il m’avait lancé le deuxième 5 avec l’énorme Anglais, Henlan.
JE PRÉFÈRE JOUER 4 FINALES EN QUATRE ANS QU’EN GAGNER UNE
Greg à Chalon depuis 2003, Philippe coach de l’Élan entre 1995 et 2002, vous vous attendiez à rester aussi longtemps, chacun, dans ce club ? GB : Non. J’ai fait neuf ans à Villeurbanne, l’Italie c’est moi qui ai décidé de partir et depuis, je n’ai fait qu’un club. Le plus dur dans ce métier, c’est de durer. Si tu dures, ça veut dire que tu évolues, puisque le basket évolue aussi. Si on arrive à rester, c’est que les gens apprécient qu’il y ait cette remise en question. Est-ce aussi parce qu’il n’y a pas de jeunes entraîneurs qui arrivent ? GB : Il y en a toujours eu, ils ne durent pas. Parce qu’aujourd’hui, tu ne peux plus être que coach, on te demande d’être en contact avec les médias, ambassadeur, formateur, etc. Il faut du bagage, du vécu, les jeunes n'en ont pas. Les jeunes coaches ne peuvent pas s’imposer ? GB : Il faut qu’ils passent par des paliers, les divisions en dessous. PH : Il faut maîtriser beaucoup de choses dans l’aspect du métier de l’entraîneur, pas simplement dans l’aspect du technicien, il y a des compétences managériales qu’il faut développer. Et si on
INTERVIEW • MAXI-BASKET 63 dure, c’est aussi qu’on a eu la capacité de montrer que, dans le domaine du sportif, on était responsable. On est testé, Dominique Juillot m’a testé, j’ai su lui répondre. Avec Greg, on a été amené à dire à un président ou un partenaire, « ça c’est mon problème, pas le vôtre », alors que ceux qui débutent ne vont pas avoir la force et la maturité pour le dire. Les dirigeants n’osent pas installer un jeune coach ? GB : C’était possible il y a dix ans. La saison dernière, Dijon est allé chercher Henrik Dettmann pour sa mission maintien. Julien Mahé, intérimaire, entraîneur des espoirs, ne pouvait pas rester en poste ? GB : Mais comment tu te crédibilises vis-à-vis des partenaires, politiques, etc. si tu ne prends pas un coach confirmé ? Et aujourd’hui, avec cinq étrangers, s’ils sentent une faiblesse chez le coach, ils te font basculer tout de suite. Les jeunes entraîneurs sont en danger. Aussi, Nordine Ghrib à l’ASVEL, jeune coach, risque d’avoir beaucoup de mal à s’imposer ? PH : Il n’est pas jeune.
Mais son CV est court, sa dernière expérience de coaching était Saint-Chamond en N1. GB : Il faut attendre la fin de saison pour juger. En tout cas, il n’est pas qu’un intérim, l’ASVEL lui fait confiance. PH : Oui, enfin, bon, là… GB : Elle lui fait confiance aujourd’hui, demain tu verras, c’est ça le problème. PH : (rires) Il faut lire entre les lignes au niveau de la communication ! GB : Si demain tu me dis que l’ASVEL va re-signer Nordine pour trois, quatre ans, ou qu’après son passage à Villeurbanne, il va pouvoir retrouver facilement un club, je te dirai que je m’étais trompé, mais je ne pense pas que ça se passera comme ça. Pas par rapport aux compétences de Nordine, c’est qu’aujourd’hui, les présidents veulent se rassurer avec des coaches capables de gérer une bande d’abrutis. Parce que quand t’as un groupe comme j’ai eu l’année dernière, t’es tout seul, il faut gérer. Un jeune coach va paniquer. PH : Ce qu’il y a aussi, c’est que le championnat est devenu hyper concurrentiel. GB : Avant, il y avait une hiérarchie, aujourd’hui tous les ans
« UN TITRE, POUR QUOI FAIRE ? »
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il y a des équipes qui font des championnats mauvais alors que ce n’était pas prévu, les présidents en sont conscients. Donc ils cherchent des coaches pour de la stabilité, après s’ils sont dans le délire villeurbannais peut-être qu’ils feront autrement. Villeurbanne, ce sont huit coaches en neuf ans !
ça ! Greg à l’ASVEL, ils ont construit un club de dimension européenne à l’époque. Le projet, c’était celui-là : réussite totale ! Ça n’a pas réussi parce qu’il n’y a pas eu de titre ? Mais quoi ? Ils auraient gagné un titre, et alors ? Qu’est-ce que ça aurait changé ?
Vous êtes justement tous les deux passés par l’ASVEL. Comment expliquez-vous cette propension à couper coach sur coach ? GB : (ironique) Parce que Kunter est nul, Hervé est nul, Collet est nul, Tanjevic est nul, faut être honnête ce sont des gens qui sont nuls, ils n’ont rien à foutre à l’ASVEL ! PH : C’est parce que je ne sais pas s’il y a un projet sportif. GB : Bergeaud était nul aussi ! Mais couper, qu’est-ce que ça a changé ? Couper, ça ne sert à rien ! PH : La réussite d’un projet, c’est la réussite d’un référent. C’est l’exemple de l’OL, le référent, c’est Aulas.
Vous échangeriez quelque chose dans votre parcours contre un titre ? PH : Ma réponse va aller très, très vite : jamais ! GB : Un jour, on m’a dit « ça serait important qu’on ait un titre », j’ai répondu « un titre pour quoi faire ? » PH : Je préfère jouer quatre finales en quatre ans que d’en gagner une en quatre ans. La performance durable, c’est de jouer quatre finales de suite, c’est beaucoup plus difficile que d’en gagner une. GB : La course au titre, il y en a beaucoup que ça a mené en Pro B. Ce sont des gens qui ont fait des efforts énormes pour avoir un titre mais aujourd’hui, les titres sont là, certes, mais si ton club n’est plus là, ça ne sert plus à rien.
Il n’y a pas de référent à l’ASVEL ? PH : (il réfléchit) Je ne sais pas… Il faudra un jour qu’ils répondent à la question : quel est le sens profond du projet du club ? Est-ce que c’est de bien le vendre ? GB : Non, mais est-ce que c’est du business ou c’est un jeu ? PH : Mais ça peut être du business, pourquoi pas, ça ne me pose aucun problème mais, dans ce cas-là, il faut le dire. Parce qu’on nous vend un projet sportif, mais il ne peut pas être durable si le référent change tous les ans. Votre passage à l’ASVEL vous reste en travers de la gorge ? GB : Il manque un titre, mais d’avoir sauvé ce club, j’en suis très fier. PH : Greg, c’est une réussite à l’ASVEL. Sauf si l’on considère que le projet, c’est de gagner un titre. Pour moi, c’est tout autre. Un projet, c’est beaucoup plus puissant que de gagner un putain de titre ! Un titre, si c’est ça un projet, alors quand tu gagnes, qu’est-ce que tu fais le lendemain ? Il n’y a plus de projet ? Gagner un autre titre. PH : Mais un projet, c’est beaucoup plus puissant que
KUNTER ? HERVÉ ? COLLET ? ILS SONT NULS, ILS N’ONT RIEN À FAIRE À L’ASVEL
Limoges s’est crashé, est remonté et, aujourd’hui, on reparle beaucoup de Limoges, justement parce que sa vitrine est pleine de trophées. GB : Oui, certains ont les infrastructures, d’autres non. C’est pour ça que je dis « un titre, pour quoi faire ? » Si c’est un titre pour dire, demain un sponsor apporte le double de budget, on peut construire, oui. Mais si c’est pour dire, demain, on ne peut pas jouer l’Euroleague parce qu’on n’a pas les infrastructures, non. PH : Tu auras beaucoup plus de chances de gagner des titres si tu es dans un projet durable. Le projet doit être un rêve un peu fou. Et plus t’as un truc un peu fou, plus ça te rend intelligent, parce que ça t’oblige à te poser des questions que tu ne te serais jamais posé. C’est Kennedy qui un jour a dit « on va aller marcher sur la Lune ! » Quel projet ! Fabuleux ! Ils sont devenus très, très intelligents quand ils ont dû se poser toutes les questions. Alors pour aller sur la Lune, si on s’habille avec un truc à boutons, ça va pas être simple dans l’apesanteur, donc ils ont inventé le velcro. GB : Le projet va te ramener des trophées.
INTERVIEW • MAXI-BASKET 65 PH : C’est comme le jour où des gens de la fédération sont venus me voir pour l’équipe de France. Je leur ai demandé « c’est quoi le projet ? » Ils ne savaient pas quoi répondre. Je leur ai dit « vous rêvez de quoi pour le basket français ? » « Aller aux Jeux. » « Oui, ça c’est un objectif de résultats, mais c’est quoi votre rêve pour le basket français ? » Ils ne savaient pas répondre. Si tu ne sais pas ce que tu veux être demain, qu’est-ce que tu fais ? C’est l’exemple d’Usain Bolt. Il est champion olympique. Après, il n’a plus de motivation donc son entraîneur l’emmène voir un type qui lui dit « je veux que tu reviennes me voir avec une idée d’un truc qui te fait rêver. » Bolt revient 15 jours après et dit « je veux devenir une légende. » Depuis, il n’a que ça en tête. Voilà son projet. Donc qui dit légende, dit gagner, être recordman du monde, faire des doublés, parce qu’audessus, il y a un truc beaucoup plus puissant. Regarde (Philippe montre, scotché au-dessus de son bureau, un article de L’Équipe sur Bjorn Daehle, un Norvégien octuple champion olympique de ski de fond, qui voulait devenir une légende), lis. Un projet, c’est un rêve. Votre projet doit vous mener où ? PH : Au plus haut niveau européen. Il ne faut pas se fixer de limites, comme ça c’est dur à atteindre, ça donne du sens à ton quotidien. Le résultat n’est qu’un indicateur de l’avancée du projet. Ce discours est entendu aujourd’hui ? GB : Ça dépend où tu vas. À Chalon, on est parti dans toutes les directions. Aujourd’hui, on est plus à regarder ce qui est intéressant pour Chalon dans la durée. Parce que courir après un trophée… PH : (il coupe) Si Chalon fait ça, ils vont se casser la gueule. GB : On l’a fait, et ça a été très, très dur. Aujourd’hui tout le monde commence à être cohérent, se rassure à travers le projet alors qu’avant tout le monde était dans l’excitation du quotidien, du résultat ponctuel du samedi. Abordons un tout autre sujet, l’Euroleague. Greg, vous avez atteint le Final Four avec l’ASVEL, comment expliquez-vous les difficultés des clubs français à passer la phase de poule (Cholet était en balance pour le Top 16 au moment de notre bouclage) ?
GB : Quand t’es champion, tu te fais piller tes joueurs. L’ASVEL, on gardait 70 à 80% de l’effectif tous les ans. PH : Il y aussi le fait qu’on est un tremplin pour beaucoup d’Américains. Ils viennent dans l’idée de jouer 30 minutes. Le gros déficit des clubs français en Euroleague, c’est la constance dans l’intensité. Donc il faut qu’on arrive à ancrer dans l’esprit des joueurs que jouer 20 minutes, c’est très bien. Les pivots aujourd’hui en Euroleague jouent entre 15 et 20 minutes, parce que l’intensité demandée est terrible. Et on a dans nos structures d’équipes, je le touche du doigt avec Zach Moss, des mecs qui ne comprennent pas. Il fait l’effort une fois, après il ne le fait plus. Il me dit « mais je jouais 30 minutes ! » Je réponds « tu ne vas jamais pouvoir jouer 30 minutes avec les exigences du haut niveau ! T’as pas regardé jouer Lavrinovic hier ? C’est énorme ce qu’il fait en 20 minutes ! » GB : Je vais expliquer comment ça se passe. T’as pas l’argent pour avoir les joueurs forts pour l’Euroleague. Ceux qui restent sur le marché, l’agent te dit « comme t’as l’Euroleague, mon joueur va accepter une diminution de salaire. » Donc ça veut dire qu’il vient pour se montrer et se tirer. PH : Le mec vient pour jouer 30 minutes. GB : Il faut refuser ! Il vaut mieux prendre des joueurs moins forts que tu vas garder deux, trois ans, et là tu auras du collectif et, sur le collectif, tu pourras aller au Top 16. PH : On n’arrive pas à inscrire les joueurs dans un projet durable, là où pour un gros club, un mec va jouer 20 minutes et toucher un million d’euros, il restera trois ans, c’est évident. Nous non. L’année dernière, les Doellman, Nichols, Banks, on veut les re-signer pour deux ans, ils ne veulent plus, parce que leur entourage leur explique que c’est grâce à eux qu’Orléans a fait une grande saison ! Et on parle des Américains, mais il y a aussi les Français, on a eu le cas de Ludo Vaty. C’est vachement dur de construire sur la durée. Pour finir, je vous laisse vous poser chacun une question à l’autre. GB : Qu’est-ce que tu fais à Noël ? (Rires) PH : Greg, l’avenir ? GB : Gagner à Orléans demain ! Et à long terme, je sais pas, je suis en fin de contrat ! PH : Ça dépend du projet (rires) !
« C’EST KENNEDY QUI UN JOUR A DIT : ON VA MARCHER SUR LA LUNE… »
COULISSES Le lieu Palais des Sports d’Orléans Le jour Vendredi 17 décembre 2010, veille d’Orléans-Chalon L’heure De 19h30 à 21h00 Le décor Un bureau, deux sièges
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DAN S L’UŒTIL S DES SCO
LEON, L’EXPLOSION IL N’EST PAS LE JOUEUR LE PLUS TALENTUEUX DE SA GÉNÉRATION EN CROATIE. NI MÊME LE PLUS DOUÉ DANS SA PROPRE ÉQUIPE. CELA REND SA PROGRESSION ENCORE PLUS BELLE ET INATTENDUE. LEON RADOSEVIC, 20 ANS, A EXPLOSÉ AUX YEUX DE L’EUROPE DU BASKET. Par Antoine LESSARD
L
e bon plan de l’Euroleague Fantasy, c’était lui. Ce jeune intérieur croate, pratiquement inconnu dans l’Hexagone. Deux apparitions anonymes contre l’ASVEL l’an passé. Un bilan statistique maigrelet – 3,8 au ranking – pour ce qui était sa première saison d’Euroleague. Basée sur ce bilan 2009-10, la cote de Leon Radosevic s’est envolée en quelques semaines. 15 points et 9 rebonds d’entrée de jeu au Palau Blaugrana. 16 points et 4 rebonds en deuxième semaine contre Fenerbahçe Ulker. Un doubledouble, 19 points, 11 rebonds, 31 d’évaluation !) dans la défaite face à Cholet. Après 9 journées, le grand blond au visage juvénile était 9e au ranking de la compétition (15,8). Le seul joueur chez les 20 ans et moins, avec le Lituanien Valanciunas (64e à 10,8), à figurer dans le Top 100 de ce classsement. Une déflagration. Qui trouve une première explication e dans les problèmes que rencontre le Cibona depuis quelques mois. À l’agonie financièrement – on annonce un trou d’une quinzaine de millions d’euros – le grand club croate a perdu toutes ses stars à l’intersaison (Jamont Gordon, Marko Tomas, Luksa Andric) et été contraint, par la force des choses, de faire confiance à ses jeunes pousses. Radosevic a profité de la situation. Son temps de jeu est passé de 19 à 30 minutes par match.
– oubliez sa disqualifiante à la Meilleraie, – plus stable, plus productif tout simplement que Tomislav, encore soumis à des sautes d’humeur. Le plus étonnant, c’est que rien ne saute aux yeux chez Radosevic. Ni physiquement, ni techniquement. Sa taille (2,07 m) est tout juste supérieure aux standards européens sur le poste 4. Le garçon n’a rien d’un monstre physique (107 kilos) et athlétique. Il est incapable de scorer à trois-points, son jeu dos au panier est approximatif. Il fait la différence grâce à sa qualité de course, la vélocité de son premier pas pour prendre de vitesse ses adversaires directs. Et sa facilité à trouver le chemin du cercle sur pick and roll. Son tempérament batailleur et énergique, son opportunisme, son instinct pour le jeu font le reste. En défense, comment dire ? Le jeune homme a encore beaucoup à apprendre. Les 13 points en cinq minutes d’Antywane Robinson au match retour à la Meilleraie l’ont confirmé. Son manque de volume, de puissance, de dureté – d’investissement aussi – le handicapent pour le moment par rapport à des ambitions de NBA. Le site draftexpress lui pronostique un début de deuxième tour lors de la draft 2012. Le jeu de Radosevic ne recélant d’aucun réel point fort, ce dont raffolent en premier lieu les franchises NBA, une carrière en Europe est beaucoup plus probable. Son Q.I. basket sera probablement mieux exploité sur le Vieux Continent. Un bémol. Les statistiques actuelles de Radosevic sont à relativiser. Le très faible niveau du Cibona version 201011 lui permet de gonfler artificiellement ses chiffres. Très faible ? Le club phare du basket croate pointe n’a pas remporté le moindre match en Euroleague (9 défaites sur un écart moyen de 18,2 points) et souffre énormément en Ligue Adriatique (7 défaites après 12 matches contre 6 sur l’ensemble de la saison 2009-10 pour le dernier finaliste). À l’évidence, Leon ne livrerait pas de telles statistiques au sein d’une équipe compétitive en Euroleague. Il est donc encore loin de faire partie des meilleurs intérieurs européens. Mais, ne l’oubliez pas, Leon n’a jamais que 20 ans. l
Robert Valai/EB via Getty Images
9 AU RANKING DE L’EUROLEAGUE
Repères Né le 6 février 1990 à Zadar (Croatie) • Croate • Taille : 2,07 m • Poste : Ailier fort • Club : Cibona Zagreb • Palmarès : Médaillé de bronze à l’Euro U18 en 2008 et au Mondial U19 en 2009. Ses stats en Euroleague ‘11 : 12,9 pts à 51,1%, 6,3 rbds en 32 min après 9 journées • Ses stats en Adriatique ‘11 : 12,6 pts à 51,8%, 5,4 rbds, 0,8 ct en 33 min après 12 journées
À l’énergie
Le numéro 43 n’était pourtant pas le plus attendu parmi la jeunesse florissante du Cibona. Bojan Bogdanovic, 21 ans, Mario Delas et Tomislav Zubcic, 20 ans tous les deux, bénéficient d’une hype plus soutenue depuis leurs plus jeunes années. Si le premier justifie complètement ses talents de scoreur – 1er ex æquo de l’Euroleague après 9 journées – Delas s’est enlisé avant de quitter le club. Zubcic, ailier-fort de 2,12 m au shoot de velours, énorme potentiel s’il en est, n’affiche pas la régularité, la maturité de son coéquipier en sélection de jeunes. L’été dernier, à l’Euro espoirs, Leon lui avait déjà piqué sa place dans le cinq de départ de la sélection croate. Plus mature émotionnellement
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Robert Valai/EB via Getty Images
LEON RADOSEVIC (CIBONA ZAGREB)
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Photo : Noren Trotman
Darryl Dawkins, du temps où il était le showman des Nets.
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En 1988, Sugar Richardson fait la couverture du mensuel italien Giganti del Basket. Le titre est explicite (Richardson revient à la vie).
ANNÉES 80
SUPERSTARS NBA EN ITALIE DANS LES ANNÉES QUATRE-VINGT, L’ITALIE SERVIT DE TERRE HOSPITALIÈRE AUX PLUS GRANDES STARS DE LA NBA, EN PRÉ-RETRAITE OU EN TRANSIT. Par Pascal LEGENDRE
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C
e mercredi 5 décembre 1984, dans une salle Coubertin bien garnie avec plusieurs journalistes italiens émoustillés qui ont fait le déplacement, le Stade Français Paris donne l’hospitalité au Simac Milan pour le bénéfice d’une poule de quart de finale de Coupe Korac. Un match banal pour un événement majeur. La veille, le quotidien sportif La Gazzetta dello sport a fait sa Une avec une photo en appoint sur un basketteur qui traverse l’Atlantique : Joe Barry Carroll, beau pur-sang de 2,13 m, âgé de 26 ans, en provenance direct des Golden State Warriors. Carroll, c’est 20,1 pts et 8,5 rbds sur ses quatre premières saisons NBA. À peine descendu d’avion, le Californien marque 17 points et le Simac de Mike d’Antoni, Dino Meneghin et Russ Schoene croque le Stade Français, 109-88. Comment pareil phénomène peut-il se retrouver en Italie ? « On savait depuis quelque temps qu’il était en désaccord financier avec son club » explique alors le coach américain du Simac, Dan Peterson, sommité du Spaghetti Circuit. « Quinze jours avant le match de Korac contre le Stade Français, on l’a contacté et il nous a donné son accord. »
La proposition milanaise était supérieure aux revenus de Joe Barry Carroll en NBA. 42 matches sur le service public
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Joe Barry Carroll, beau pur-sang de 2,13 m.
Simple sur le fond. Joe Barry Carroll touchait 700.000 dollars annuels aux Warriors et voulait une augmentation significative, à savoir un million. Refus du propriétaire du club. La proposition milanaise pouvait apparaître moindre ($400,000 avec diverses primes) mais net d’impôts, elle était en fait supérieure aux revenus de Carroll en NBA une fois que le fisc ait fait son œuvre. Il ne restait plus à Gianmarino Gabetti, le président milanais, qu’à libérer le blond ailier Wally Walker sous contrat – après lui avoir versé $120,000 de dédommagement –, et le tour était joué. Une bombe. Car Joe Barry Carroll, le 10 ou 12e pivot dans l’échelle des valeurs de la NBA, était la première superstar en pleine possession de ses moyens à poser ses baskets sur les parquets du Spaghetti Circuit. Avec la bénédiction de la FIBA, la Fédération Internationale de Basket… Amateur. « Tout cela ne trouble plus personne. Pas même à la FIBA où l’arrivée d’un pro américain en Europe se traduit toujours par une grosse poignée de dollars supplémentaires dans l’escarcelle de cette fédération amateur qui fait justement son beurre avec ses coupes européennes » écrivait Pierre Tessier dans un édito pour L’Équipe.
Ce qui était épatant, ce n’est pas tant que le basket italien avait l’argent nécessaire pour se payer Joe Barry Carroll, c’est qu’il avait les connexions pour entrer en contact avec lui et son agent. Milan a toujours eu à ce sujet deux ou trois guerres d’avance. C’est le club lombard, alors placé sous la bannière du Simmenthal qui, au milieu des années soixante convainquit le prodige universitaire Bill Bradley de rejoindre la Péninsule pour une saison alors qu’il poursuivait ses brillantes études à Oxford, en Angleterre. Bradley sera ensuite l’une des célébrités des New York Knicks, double champion NBA. Si vous vous procurez le listing des NBAers qui ont transité par l’Italie dans les années 80, vous serez sidéré. Spencer Haywood. Marvin Barnes. Marques Johnson. Bob McAdoo. Adrian Dantley. Micheal Ray Richardson. Darryl Dawkins. Alex English. George Gervin. Rolando Blackman. Rick Mahorn. Norm Nixon. Albert King. Greg “Cadillac” Anderson. Etc, etc. Spencer Haywood ? Un prodige qui, à 19 ans, fut le leader de l’équipe américaine championne olympique à Mexico. Un MVP de l’ABA dès sa première saison dans la ligue. Un ailier-pivot fluide qui sema ensuite la terreur pendant sept saisons en NBA. En 1981, Haywood se réfugia à Venise. 34 matches la première saison. Puis cinq autres à 30,0 pts de moyenne (et 63% de réussite) la seconde avant de retourner clôturer sa majestueuse trajectoire dans la Grande Ligue. George “The Iceman” Gervin ? Un tueur au sang froid. Un fidèle qui a accompagné les Spurs lors de leur passage de l’ABA à la NBA. 26,2 pts en moyenne sur dix saisons en NBA. La même dose à BancoRoma, à près de 35 ans. Il prolongera son plaisir en Espagne, au TDK Manresa, et en CBA. Greg “Cadillac” Anderson ? À 28 ans, l’un des top-rebondeurs de la NBA. Phonola Caserte lui proposa davantage de cash, plus une villa et une Lancia. Saison 85-86. La NBA n’a pas encore connu sa croissance à la chinoise. Le salaire moyen – 296 joueurs – n’est que de 370.000 dollars. Certains s’imaginent que l’Italie peut réellement concurrencer la ligue américaine. Rétrospectivement, cette prophétie est à ranger au niveau des élucubrations. Le Spaghetti est en apparente pleine
RÉTRO • MAXI-BASKET MAXI71 santé et fier que les trois chaînes de la RAI aient retransmis en tout 42 matches de championnat, la plupart le samedi après-midi. Simac Milan est apparu 16 fois, Mobilgirgi Caserte 10 fois… Seulement, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que la moyenne de spectateurs en Serie A n’est jamais que de 3.199, soit près de quatre fois moins que dans la ligue américaine où l’on joue 82 matches. Le Spaghetti Circuit comme l’économie italienne, n’a jamais été construit sur du béton, en toute transparence.
Les Italiens ne touchent plus terre car ils viennent de séduire un ancien MVP (1975) et trois fois top-scoreur de la prestigieuse ligue, Bob McAdoo. Un shooteur de gala reconnaissable à sa moustache et ses longues chaussettes blanches. McAdoo place la balle très haut au-dessus de sa tête et il étire son immense corps (2,05 m) pour rendre son tir à distance intermédiaire incontrôlable. Un journaliste américain utilisera à ce propos une superbe métaphore : « On dirait un petit homme essayant de mettre une pizza dans un four surélevé. » À l’époque, Philips, sponsor de Milan, vient de lancer son rasoir Tracer et a versé au club trois milliards de lires (environ 2,4 millions d’euros) sur deux ans. Pour remercier la firme en dénichant deux énormes poissons, le président Morbelli, le general manager Cappellari, et surtout le coach Dan Peterson, ont multiplié les coups de fil et fait le voyage aux États-Unis. C’est ainsi que Tracer Milan a pu se payer ce Big Mac pour 300.000 dollars et aussi Ken Barlow pour 200.000. « En venant ici, je ne savais pas à quoi m’attendre, mais comme j’ai joué pour beaucoup d’équipes NBA, j’ai simplement considéré Milan comme une ville comme une autre » a confié McAdoo à Jim Patton pour son livre Il Basket d’Italia. « Être en dehors de mon pays ne me posait pas problème. Ma famille prenait ça bien et si votre famille est okay, vous êtes okay. Et être dans une équipe gagnante aide à bien se sentir. Le premier coach que j’ai eu, Dan Peterson, était américain, il n’y avait donc aucun problème de communication. À mon âge, je n’ai plus besoin de jouer contre les pros chaque nuit. En Italie, nous nous contentons de deux matches par semaine, et j’en suis satisfait. Ce n’est pas le même rabâchage.» Avec Mike D’Antoni, un oriundi – un descendant d’émigré italien – et Dino Meneghin, le monument national italien, Bob McAdoo va former un Big Three de plus de 100 ans d’âge mais à l’expérience absolument unique. Des winners. Milan sera deux fois champion d’Europe, en 87 et 88. McAdoo et l’Italie, ce sera une véritable histoire d’amour. Il passera quatre saisons à Milan, deux à Forli avant de jouer encore deux matches à Fabriano et… de faire un tour en Europe avec des légendes NBA telles que Magic Johnson et George Gervin. C’est à cette époque aussi que sa femme Charlena tombera malade et décédera d’un cancer au bout de deux ans de souffrances. « J’ai eu la chance de revenir jouer à Milan avec Forli et les fans m’ont offert une standing ovation. Ils ont rendu hommage à Charlena disant qu’ils se souvenaient d’elle ; elle avait fait partie de ceux qui avaient créé une troupe de cheerleaders. C’était simplement sympa de revenir à la maison. Les gens m’ont traité comme un roi et c’est quelque chose que je n’oublierai jamais. »
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Le Big Mac
Baby Gorilla L’un de ses surnoms,“Baby Gorilla“. Un monstre physique. 2,10 m et 125 kg à 18 ans. Il pouvait aussi courir, sauter, et son shoot n’était pas vilain. Un clown aussi. Darryl Dawkins était passé directement du lycée à la NBA, ce qui à l’époque était une première. Ce qui restera sa marque en NBA ? Ses excès. Genre 386 fautes personnelles dans la même saison. Ou mieux encore ses dunks d’une force inouïe à briser la glace, en l’occurrence les plexis des panneaux. Après en avoir pété un sur la tête de Bill Robinzine des Kings, il l’affubla de plusieurs surnoms plus savoureux les uns que les autres, « Chocolate Thunder Flyin’ , Robinzine Cryin’ , TheethShakin’ , Baby-Makin’, Rump-Roastin’, Bun-Toastin’,
Les Italiens ne touchent plus terre car ils viennent de séduire un ancien MVP de la NBA, Bob McAdoo.
Michael Ray Richardson diabolique sous le maillot de Knorr Bologne.
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Rick Mahorn commence à se plaindre. De tout...
Photo : Andrew
D. Bernstein
Bob McAdoo avec les Lakers et face aux Celtics de Larry Bird, en janvier 1983. Il s’étirait de tout son long pour shooter.
Wham-Bam Glass-Breaker I-Am Jam. » Sans oublier « Sir Slam » et l’excellent « Dr. Dunkenstein » Darryl Dawkins épatera la galerie mais sa carrière fut faite de déceptions, de frustration, d’une finale perdue sous le maillot des Sixers face aux Lakers. Il passera sept saisons de rab en Italie, à Turin, Milan et Forli. “Chocolate Thunder“ a toujours eu des rapports privilégiés avec les fans. Déjà en NBA, cela lui arrivait d’inviter le voisinage à déjeuner à la maison. « Je ne comprends pas comment des gars peuvent ne pas prendre quelques secondes pour dire bonjour à un gosse ou signer un autographe. » En Italie, Dawkins animera un programme de mini-basket. Jim Patton interrogea à son sujet Lou Colabello, le directeur sportif de Forli, qui lui dira : « c’est l’Américain parfait pour l’Italie s’il correspond à votre style. C’est un mec super respecté par tout le monde. Il sait qu’il est chanceux de pouvoir jouer encore au basket, en se faisant de l’argent et il est reconnaissant. Il aime les gosses, il traite chacun avec déférence, il est drôle, il signe chaque autographe demandé, les fans l’adorent. »
Darryl Dawkins ne gâchait rien jusqu’à la caricature. Une saison, il tourna à la réussite incroyable de 88,5% en 38 matches, playoffs inclus. Seulement, en ne prenant que neuf shoots par soirée. “Le Tonnerre de chocolat“ a brisé le cœur de ses coaches comme en NBA. « J’aime Darryl » commenta Mike D’Antoni, ajoutant aussitôt, « mais vous ne pouvez pas gagner avec Darryl. Il ne pense pas aux autres. Il n’a jamais regardé autour de lui en se disant, OK, je vais vous donner un titre ou je vais faire de vous un grand coach. »
Le coup de gueule de Messina
La plus belle rédemption en Italie fut Micheal Ray Richardson. Son surnom ? “Sugar“. Il était doux comme le sucre. Mais d’une totale férocité sur un terrain. De la vitesse, de la force, de la détente, de l’instinct. Un scoreur, un passeur, un as de l’interception. Si fort que Chuck Daly, coach des Pistons, déclara tout net, « s’il y a un meilleur joueur sur la planète, j’aimerais bien le voir ! » Micheal Ray ne sait plus quand il a touché pour la première fois à la cocaïne. Ce qui est certain, c’est qu’en 1982, son comportement devient incohérent. Il manque des entraînements, des avions. Le staff des Knicks perd patience. Il est envoyé aux Warriors qui engagent des détectives privés pour le filer. Les Californiens s’en débarrassent peu après et le voici aux Nets. C’est là qu’il reconnaît être sous dépendance et accepte de suivre une première cure de désintoxication. Une rémission, un trophée Year. Une rechute. Il est radié de Come Back of the Year de la NBA, à 32 ans. Un peu de CBA, et c’est alors que Knorr Bologne fait appel à lui, sachant pertinemment qui est Micheal Ray Richardson, connaissant le facteur risque. « Le premier jour où j’ai vu Micheal au camp, j’ai dit à mon assistant, « je ne training camp peux pas contrôler ce type », commente le coach Ettore Messina. « Il avait la mentalité NBA où la superstar a le pouvoir de virer le coach. Mais je ne pouvais pas accepter ça. Aussi, j’ai dit à Micheal ce qu’il devait faire, qu’il devait s’occuper du sale boulot et pas seulement marquer des points. Après quelques jours, je l’ai mis sur le banc durant un match car il jouait comme un paresseux. Après le match, devant les autres joueurs, j’ai pris la parole : « Micheal, j’ai obtenu un Master en business. Je peux coacher des équipes de juniors pour le reste de ma vie car je suis très respecté pour ce job. Je n’ai pas besoin de coacher en A-1 pour vivre. Alors, hey, ils peuvent me virer, pas de problème, et il y aura un autre coach et tu seras dans la même situation. Tu auras probablement besoin de faire virer le deuxième, et puis le troisième. Aussi, c’est à toi de décider. » Je ne bluffais pas, je lui ai dit la vérité » poursuit Messina. « Micheal a compris et, à partir de ce moment-là, il a fait une saison terrible. Nous avons gagné la Coupe d’Italie et la Coupe des Coupes (avec 29 points de Sugar en finale contre le Real). Je suis devenu un coach fameux et bla, bla, bla… »
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L’addiction de Sugar
Bob McAdoo, deux fois champion avec le Philips Milan.
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Toutes ces superstars américaines n’ont pas su s’adapter aux mœurs du Spaghetti Circuit comme Darryl Dawkins et Micheal Ray. Exemple, Rick Mahorn. Un fessier énorme, un ancien Bad Boy des Pistons génération Bill Laimbeer. Il atterrit à Rome où le Messaggero lui offre 1,8 million de dollars impôts payés, une villa et une Mercedes. Et Mahorn commence à se plaindre. De tout. De la méconnaissance du jeu des Européens. Des training camps italiens qui ne sont pas comme en NBA. De la répétition lassante des fondamentaux. D’être obligé de manger avec toute l’équipe en déplacement. Du fait que tous ses amis sont en Amérique et qu’il en a marre de leur téléphoner. Il répète mille fois qu’il a été champion NBA, qu’il a été une superstar, que son salaire le prouve, etc. Gonflant, le mec. Mahorn retournera dans son beau pays, pour commencer aux Nets de Chuck Daly une seconde carrière NBA. « Ce fut un désastre en Italie. L’année dernière, il était gros et fainéant, très fainéant » commenta Ettore Messina à son départ. « En NBA, il était le bad boy, le travailleur de l’ombre. Et puis il est arrivé en disant « Maintenant, c’est l’heure de me reposer. Fuck you !, vous les Italiens et votre sale travail, je suis Rick Mahorn. » Qu’est-ce qui est arrivé ? Il est retourné en NBA et il a recommencé son job de bad boy, poser des écrans, prendre des rebonds, travailler dur. » Sugar n’avait pas le melon de Mahorn, mais son séjour à Bologne ne s’est pas pour autant conclu par un happy end. Il reste clean durant ses deux premières saisons à Knorr où il est testé chaque semaine, les résultats étant envoyés mensuellement à la Fédération Internationale. Messina n’en veut plus, mais le proprio passe outre le souhait de son coach et prolonge le phénomène avec $ 700,000 à la clé. Sugar sèche un entraînement, est suspendu cinq matches pour avoir été au cœur d’une baston. Il a toujours été volcanique. « Il a eu à cette époque la première grave blessure de sa carrière et je pense qu’il s’est rendu compte qu’il n’était pas invulnérable » explique Messina. « Cela a mis de la pression sur lui car Micheal ne pouvait pas imaginer vivre sans le basket. Il ne sait rien faire d’autre. Et il avait de gros soucis financiers avec deux divorces, sans parler du fait qu’il a des trous dans ses mains comme on dit en Italie. Ce qu’il a, il le dépense. » L’ancien NBA All-Star est de nouveau contrôlé deux fois positif. Le club étouffe l’affaire en acceptant la version biscornue du joueur qui évoque un médicament prescrit par son dentiste américain. Son agent “Lucky“ Capicchioni lui trouve un contrat au Jugoplastika Split, l’ancien club de Toni Kukoc et Dino Radja. Avant un premier retour en Italie, à Livourne, pour un demi-million de dollars de revenus. C’est ensuite Antibes avec un titre de champion en 95 grâce à un panier de légende du maître au buzzer. Puis Rieti. Et Cholet. Et encore Forli, Livourne. Lors de la saison 200001, Sugar dispute 5 matches avec l’Olympique d’Antibes. 10 points de moyenne. Il a 46 ans accomplis. Sa plus forte addiction, c’était le basket.
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Jérôme Moïso, le regard perdu à l’EuroBasket 2003. À sa droite, Ronny Turiaf et à sa gauche, Florent Piétrus, Tony Parker et Makan Dioumassi.
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LE MYSTERIEUX JéRôME MOïSO
COMME UN MAUVAIS R
Le plus grand fantasme de l’histoire du basket français. Il avait tous les dons mais pas la tête. Aujourd’hui à l’orée de sa drôle de carrière, le grand Jérôme (2,09 m, 32 ans) se prépare pour un nouvel épisode, en Chine. L’occasion de revenir sur une décennie de rendezvous manqués. Une tentative de plus de résoudre l’énigme. Par Thomas BERJOAN
Pascal Allée / Hot Sports
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«
C’était le joueur mystère quand il était là et il est parti dans le coucher de soleil tout aussi mystérieusement. Sans que personne ne sache vraiment qui il était. » Doug Smith, notre confrère du Toronto Star a réussi en deux lignes à résumer la carrière de Moïso. Il faut dire aussi qu’il n’est resté qu’une saison au Canada. Comme partout ailleurs. Depuis UCLA, le Français n’a pas posé ses valises deux saisons de suite dans un même club. Le plus surprenant, c’est qu’à 5.000 kilomètres de Toronto, sur la côte Méditerranée à Toulon, l’image imprimée dans la mémoire d’Alain Weisz, le coach qui a côtoyé Jérôme pendant deux étés en équipe de France (moins de 22 ans en 1997 et Euro 2003), est exactement la même. « Jérôme est un cowboy, un solitaire. C’est le poor lonesome cowboy de l’image de fin dans les albums de Lucky Luke. » Le départ dans le soleil couchant, encore une fois. Troublant. Qu’est-ce que ça veut dire ? Déjà, il ne s’agit pas d’un départ avec en arrière-plan, des ruines encore fumantes. Mais pas non plus les hourrah de la foule. Simplement, Jérôme part sans qu’on le retienne, préférant la tristesse de la solitude à l’embarras et l’inadaptation d’une société et d’une vie pas faites pour lui. Aujourd’hui, Moïso est en Chine. Vers de nouvelles aventures. La prochaine fois, il pourra difficilement partir plus loin. Il a signé mi-novembre avec le club de Jiangsu Nangang. Apparemment, il s’entraîne
formé à l’INSEP entre 1995 et 97 a mis du temps à s’en remettre. En 2000 encore, trois ans après son départ du Bois de Vincennes, alors que Jérôme est sur le point de se faire drafter en 11e position par les Celtics après deux années à UCLA, l’émission Stade 2 effectue un reportage sur le phénomène et va interroger le technicien du centre fédéral. « Quand aura-t-on l’occasion de retrouver un joueur de cette dimension-là ? », interroge alors le formateur, des étoiles dans les yeux. On voit ensuite l’entraîneur insérer méticuleusement dans le magnétoscope une cassette vidéo, maniée comme une sainte relique. Sur l’étiquette, une inscription au marqueur : 5/02/1997. Le joueur en action sur la bande n’a donc pas encore 19 ans. Pourtant physiquement, il est déjà presque parfait. Il réussit une énorme claquette dunk qui dit tout – vitesse, hauteur, puissance – puis, la séquence suivante, Moïso enchaîne sans montage huit troispoints à la suite de sa patte gauche de velours. Et Legrand d’admettre dans un sourire : « Aujourd’hui, il me fait toujours rêver. » Que Lucien se rassure, il n’a pas été le seul. Un an avant, à l’Euro juniors 1996, Jérôme avait hissé la France en finale, développant un volume de jeu (16,7 pts à 54,5% et 7,9 rbds) au niveau des meilleurs propects du monde. Dirk Nowitzki (18,6 pts à 48,8% et 6,3 rbds et une 8e place avec l’Allemagne), n’était pas à cette époque-là le meilleur joueur européen né en 1978. L’année suivante au
« Après lui, ils ont cassé le moule » Steve Lavin de UCLA
Plus doué que Noah
Quoi qu’il arrive, une chose est sûre, Moïso n’a pas eu la carrière que son potentiel promettait. « Quand on voit Joakim Noah aujourd’hui, qui flirte avec le All-Star Game, je pense que Jérôme avait au moins autant de dons de basket que Joakim », nous assure coach Weisz. « Il aurait dû être plusieurs fois All-Star NBA. Son problème, c’est que sa personnalité l’a empêché de devenir le champion mondial qu’il aurait pu être. » Jamal Mashburn, fort joueur de NBA dans les années 90 et coéquipier du Français à New Orleans en 2002-03, décrivait Jérôme comme un « joueur à 100 millions de dollars », sous-entendu, au niveau des tout meilleurs. Tous les observateurs qui ont croisé la route de Jérôme dans ses jeunes années y ont cru. Lucien Legrand, qui l’a
Nike Hoop Summit de 97, il impressionne les scouts NBA avec 14 points à 7/8 aux tirs et 5 rebonds en 23 minutes, dominant Elton Brand, considéré alors comme le meilleur intérieur américain. Au regard d’une carrière inexistante en NBA et globalement anecdotique en Europe, ces débuts engendrent forcément des regrets. « Tu crois que les gens sont plus déçus que moi ? », s’interrogeait Jérôme avec BasketNews en octobre 2006 au moment de son retour en Europe à Rome. « Depuis toujours, les gens parlent de mon potentiel, du fait que je sois l’un des meilleurs talents du basket français. […] J’en pense que l’histoire et les faits ont prouvé que non. Beaucoup de gens disent que j’aurais dû, que j’aurais pu. Should have, could have, would have, comme on dit aux États-Unis. J’aurais peut-être pu être un All-Star. C’est dommage, mais c’est comme ça. »
Mais que s’est-il passé ?
Qu’est-ce qui explique un tel gâchis ? « Un jour, s’il acceptait de parler, ce serait intéressant de savoir pourquoi il s’est mutilé de la sorte », nous confie Alain Weisz. « Le terme est fort, mais je pèse mes mots. À ce niveau-là, c’est de la mutilation. Je ne suis pas un psychologue, donc je vais le dire avec mes termes. Déjà, il faut savoir que c’est un grand timide, c’est un garçon qui a toujours donné l’impression d’être gêné de ce qui lui arrivait. » Après son passage à l’INSEP, un véritable cocon, Jérôme décide de partir aux ›››
Todd Warshaw/Allsport-Getty Images
dur, ses dirigeants ont semble-t-il placé en lui des attentes énormes – ils veulent le voir dominer comme le Shaq de la grande époque – et ont installé l’équipe dans un trou paumé loin de la ville. Dans la monotonie de la préparation, Jérôme attend le début des matches avec impatience, entouré de Ricky Davis, l’ancien bon joueur de NBA et d’une tripotée de jeunes locaux sympathiques. Qu’est-ce que nous réserve l’épisode chinois de la vie de Moïso ? Peut-on changer à 32 ans ? Difficile d’en savoir vraiment plus car Jérôme ne souhaite pas s’exprimer.
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Sous le maillot de l’UCLA où il restera deux ans.
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Glenn James et Ron Turenne/NBAE via Getty Images, Liga ACB et EB via Getty Images
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Repères • Né le 15 juin 1978 à Paris. • Taille : 2,09 m. Poste : Intérieur. • Clubs : INSEP’95-97; Milford Academy (High School)’97-98; UCLA (NCAA)’98-00; Boston’00-01; Charlotte’01-02; New Orleans’02-03; Toronto’03-04; New Jersey’04-05; Cleveland’04-05; Roma’0607; Virtus Bologna’06-07; Real Madrid’06-07; Joventud Badalona’07-08; Khimki Moscou’08-09; Joventud Badalona’08-09; Bilbao’09-10; Jiangsu Nangang’10-11. • Palmarès : Champion d’Espagne 2007, Coupe du Roi 2008, ULEB Cup 2008. 32 sélections en équipe de France.
États-Unis en NCAA, à UCLA plus précisément, Los Angeles Californie. Finalement, c’est peut-être pendant deux saisons les gens sur ce campus, réputé pour son esprit libéral, limite baba cool, qui auront le mieux connu ce drôle d’oiseau. « Imaginez qu’une personne de votre famille soit la plus timide qui soit, qu’elle n’ait en plus aucune compréhension des choses qui nous paraissent les plus élémentaires, et enfin, incarnez cette personne dans un corps de 2,10 m », expliquait en 2000 Phil Gatton, un proche de l’équipe. À l’époque, la journaliste du Bruin Daily, le journal de la fac, est fascinée autant par ses incroyables capacités sur le terrain que par sa personnalité en dehors : « Il est humble, il n’assume pas du tout et n’a pas confiance en lui », explique notre confrère. « Soit l’exact inverse du très fort joueur universitaire. » Quand il signe des autographes et qu’on lui demande pourquoi il porte le numéro 0, Jérôme répond que c’est parce qu’il joue comme un zéro ! En fait, pour la plupart des autres élèves, explique la journaliste, Jérôme est inabordable. Trop décalé. Et quand il essaye de faire de l’humour, la surprise est telle que ça ne passe pas. « Je ne suis pas censé être sympa, je suis censé être un trou du cul, je suis un basketteur », explique un jour Jérôme à son interlocutrice dans un grand sourire. Derrière le sourire, pointait malgré tout le peu d’envie de se confier. Pince sansrire, intelligent, pas méchant pour un sou, drôle parfois, Jérôme est une énigme. « Il a l’humour des timides », explique Alain Weisz. « Le fait qu’il manifeste de l’humour une fois tous les quatre jours donnent une valeur supérieure à sa prestation. Mais c’est une échappatoire relationnelle. » « Un mécanisme de
défense », expliquait d’ailleurs Steve Lavin, coach de UCLA, en 2000. Étonnant de voir à quel point, à dix ans d’écart, les deux coaches sont d’accord. « Il y a celui qui fait de l’humour pour donner du liant à l’équipe et celui qui le fait pour fuir la réalité », reprend coach Alain. « Jérôme, c’est la deuxième voie. » « Quand je ne suis pas à l’aise, je plaisante », a d’ailleurs admis Jérôme à l’époque de UCLA.
Un mec unique
« S’il y a un gars après qui ils ont cassé le moule, c’est bien lui », expliquait en 2000 Steve Lavin. « Avec lui, aucune théorie logique ne fonctionne ». Avant d’ajouter, comme toujours, du positif. « C’est vraiment peu commun et rafraîchissant de coacher un joueur comme lui. » Sacrément épuisant aussi par moments, on imagine. « Il faut toujours le convaincre qu’il est un bon basketteur », poursuivait coach Lavin. « Il faut le convaincre qu’il est assez bon pour mériter une bourse d’étude, qu’il est assez bon pour être dans le cinq, qu’il devrait shooter plus. » Cela dit, Jérôme avait annoncé la couleur d’emblée. « Je peux être bon, mais il me manque quelque chose, du mental », avait dit Moïso à son arrivée à UCLA. « C’est ce que je suis venu chercher ici. » En fait, il ne l’a jamais trouvé. L’assistant coach Jim Saia avait mis en place avec Jérôme une échelle où ce dernier notait son agressivité sur le terrain de 0 à 10. Et Jim lui demandait donc, en plein entraînement ou en match : « Jérôme, t’en es où ? » Si Moïso se sentait bien, il disait 6 ou 7. Si ça n’allait pas, 2 ou 3. Saia finissait souvent par dire : « ça ne suffira pas pour gagner, on a besoin que tu sois à 7 ou 8 ! » Les Bruins ne pouvaient pas espérer
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« C’est le poor lonesome cowboy de l’image de fin dans Lucky Luke. » Alain Weisz
mieux en fait. « Il ne sera jamais à 9 », expliquait d’ailleurs Saia au journal de l’école. « Ce n’est pas lui. Pourtant, on ne parle que de ça. À un moment, j’ai pensé à l’emmener voir un psychologue. »
Refus de l’évaluation
Déconcertant. Une autre anecdote : « Certains soirs, je disais à Jérôme : on va jouer sur toi », explique encore Steve Lavin. « Et Jérôme répondait : Coach, pas ce soir, je ne le sens pas. » Il y a fort à parier qu’aucun coach de Tony Parker n’a jamais entendu ces mots sortir de sa bouche. « Jérôme a du mal à être présent au moment “M“, on a souvent l’impression qu’il est absent », poursuit Alain Weisz. « Pas négatif, absent. En 2003, quand on vient le chercher pour l’équipe de France, on était bien disposé à son égard et on savait qu’il était spécial. Malgré tout ça, il est toujours resté très discret dans son relationnel. Mais ne posant jamais de problème de façon ostentatoire. Lui, c’est laissez-moi tranquille et je ne vous emmerderai pas. » Une attitude difficilement compatible avec l’essence même du sport collectif. « C’est un garçon qui aurait été un champion de dimension mondiale s’il avait pratiqué un sport individuel », ajoute Weisz. « Mais il a du mal avec le collectif, le relationnel, le fait de tenir compte
des reproches. Jérôme ne revendiquait absolument aucune gratification. Donc à partir de là, il estimait qu’on n’avait pas à lui faire de reproches. Mais on fait du basket. Entre 45% et 50% de réussite, des titres se jouent, le coach est donc obligé de faire des reproches. C’est quelque chose qu’il ne supportait pas. Ça l’emmerdait. » Les relations de Moïso avec ses coaches ont toujours été compliquées. Rick Pitino à Boston, sa première franchise NBA, voulait en faire un Keon Clark, intérieur énergique et besogneux (8,2 pts et 5,9 rbds en carrière). La perspective n’a pas plu à Jérôme qui aspirait à mieux. À New Orleans, Paul Silas n’a pas su l’exploiter et Jérôme s’est par la suite refermé. À Rome, quand il débarque, la communication est dans un premier temps très compliquée avec Jasmin Repesa. Et ainsi de suite. Dans une interview donnée en 2006, Jérôme revient sur ce parcours NBA. « C’est en partie de ma faute parce que je n’ai pas compris combien il était important de communiquer avec les coaches. Être là, venir à l’entraînement et tout donner, je pensais que cela suffisait. Mais si tu ne vas pas les voir, pour eux, tu ne montres pas d’intérêt et on te met de côté. » « Dans le sport collectif, il faut être aussi un peu passionné de la relation humaine », enchaîne Alain Weisz. « Il y a des moments difficiles, où on se fait la gueule, où on ne s’aime ›››
Quatre équipes de la carrière de Moïso : New Orleans Hornets et Toronto Raptors, en NBA, la Joventut Badalona en Liga ACB et la Virtus Roma en Lega.
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maxi-basket
? d’évaluation était quelque chose d’interdit. Il s’interdisait d’évaluer les autres, et donc il refusait qu’on l’évalue. C’est difficile dans la vie déjà, mais dans le sport de haute compétition, on est évalué en permanence. Cette exigence est quelque chose qu’il n’a jamais acceptée, et je pense qu’il n’a pas assez réfléchi aux exigences de son métier. » L’arrivée de Jérôme dans l’univers si particulier qu’est la NBA a donc été un véritable choc. À UCLA, l’équipe avait tellement besoin de son talent que le coach acceptait d’avoir face à lui ce grand timide, parfois apathique, parfois moyennement excité. Dans une ligue où le talent n’est plus une denrée rare, ce sont l’éthique de travail, le professionnalisme et une motivation sans faille qui font la différence. « En NBA, on mesure tout au millimètre près », note coach Weisz. « C’est le monde de l’évaluation, donc comment pouvait-on imaginer que Jérôme puisse être bien dans ce monde-là ? Lui qui veut passer inaperçu, lui qui se refuse à évaluer qui que ce soit, qui refuse qu’on l’évalue, je ne vois pas comment Jérôme et la NBA pouvaient faire bon ménage. » « J’ai été victime du côté néfaste du business NBA, de fond en comble », explique l’intéressé. Pourtant, des joueurs comme Mashburn et même Vince Carter ont vraiment cru en lui. Tout juste transféré à New Jersey, Vinsanity aurait demandé aux Nets de recruter Jérôme, parlant de lui comme d’un « diamant brut ». Au-delà des aspects mentaux, Jérôme a-t-il assez bossé ? « Non, franchement ce n’est pas un bosseur, c’est un dilettante », affirme coach Weisz. « Il s’est toujours réfugié derrière son talent. Mais je ne pense pas qu’il ait à un moment donné eu envie de se créer des points techniques absolument incontestables. Je n’ai pas perçu ça. Mais il était tellement fort au départ… » Interrogé sur le sujet à UCLA, que dit l’intéressé ? « Fainéant ? Oui, je pense que parfois je peux être fainéant. Je suis trop relax. Mais je sais quand faire l’effort. »
Hervé Bellenger / IS
Aime-t-il vraiment le basket ?
Pivot titulaire avec les Bleus à L’Euro 2003, à 25 ans, l’Antillais n’a plus remis ensuite les baskets en équipe de France.
›››
pas. Et puis des moments où on est les rois du monde. Même le meilleur joueur du monde doit être capable d’entendre des remarques et aussi des gratifications. Jérôme ne voulait rien de tout ça. » Et avec les autres joueurs, comment ça se passait ? À UCLA notamment, on louait son altruisme, parfois exacerbé. Un soir contre Kentucky, une grosse équipe, Moïso était parti pour un match à 25 points, mais son coéquipier et coturne Dan Gadzuric, qui a connu une honnête carrière NBA, n’avait pas beaucoup de positions de tirs. Alors Jérôme a demandé à retourner sur le banc pour que son ami puisse shooter plus !
Pas un croqueur
« Les coéquipiers respectent toujours les joueurs qui ne sont pas des croqueurs », fait remarquer Alain Weisz. « Et Jérôme ne coûte rien à un collectif mais n’y apporte rien. Il va apporter sur le terrain ce qu’il peut faire, mais il ne va pas donner une valeur ajoutée à un collectif, tout en restant très respectueux des autres. Je ne l’ai jamais vu ou entendu faire une critique sur les autres – comme si le concept
Autre façon d’aborder le problème. Jérôme aime-t-il vraiment le jeu ? « Je ne sais pas si c’est de l’amour », avait-il déclaré à BasketNews en 2006. « Mais je tiens à dire que j’ai toujours cherché à jouer au plus haut niveau. Donc il y a un réel intérêt. Je ne vais pas dire comme tout le monde « I love this game ». Mais ma vie, ce n’est pas que le basket. Mais j’aime y jouer, car c’est quelque chose que je sais faire et que j’apprécie… pardon, que j’appréciais beaucoup. Maintenant je dois retrouver cette passion. » « Je pense qu’il aime le basket, mais il n’aime pas tout du basket », avance Alain Weisz. « Il y a des choses qui appartiennent au sport collectif, le fait d’être dans le consensus, dans l’observation des autres, dans le fait de trouver sa place, tout ça, c’est quelque chose qu’il refuse. » À plusieurs reprises dans sa carrière, le spectre de la fuite a hanté Jérôme. L’envie de tout plaquer face à l’adversité, d’arrêter cette carrière qui, par certains aspects, était trop compliquée à gérer. Un soir à UCLA, après une victoire en prolongation contre South Florida, Jérôme déclara dans un trait d’humour : « Si on avait perdu, j’aurais quitté l’équipe ». Comme d’habitude, le trait d’humour n’a pas été très bien compris et l’affaire avait fait grand bruit sur le campus. « Je n’étais pas content du match et j’ai voulu dire quelque chose de drôle mais ça a été pris au sérieux », se justifiait-il alors. Sans doute parce qu’autour de lui, les gens sentaient que l’hypothèse n’était pas complètement farfelue. La saison suivante, dans une période creuse pour l’équipe, Moïso a déclaré qu’il était si frustré qu’il pensait rentrer chez lui en Guadeloupe, pour pouvoir glander tranquillement sur la plage au milieu des filles aux seins nus, vivre de la pêche et de la vente de noix de coco… Toujours dans la même interview d’octobre 2006, Jérôme a d’ailleurs admis avoir songé à mettre un terme à sa carrière pendant sa période NBA et surtout après, avant de finalement revenir à Rome. « J’ai un peu arrêté toute
?
activité physique, je ne faisais pas grand-chose car j’étais écœuré par tout ce qui était arrivé. Je ne voyais plus la fin des galères. » Et sur le moment, juste avant de débuter sa carrière européenne en Italie, il a une vision assez radicale de cette dernière chance. « J’ai tout pour briller ici. J’ai une vision de monde particulière, soit c’est tout bon, soit tout mauvais. Si une chose ne marche pas, il faut voir ailleurs. Si ça ne marche pas, j’arrête ! » À la sortie de la NBA, Moïso avait gagné grâce à son contrat rookie environ 5 millions de dollars. De quoi vivre 50 vies sur la plage. Et si finalement, ce qui a tant manqué à Jérôme était la notion de plaisir ? « Je l’avais félicité après son match contre la Russie et Kirilenko, en quart de finale de l’Euro 2003 », nous rapporte Alain Weisz, alors sélectionneur. « Ce qu’il avait fait avait été déterminant dans ce match. Il n’avait rien dit. Peutêtre était-il content, mais je ne sais pas. Quand tu passes un quart de finale, que tu viens de bien jouer contre un All-Star NBA alors que tu es en phase de reconquête, tu peux être
PORTRAIT • maxi-basket 81 heureux, quoi ! Mes radars ne me permettaient pas de savoir s’il était heureux. Prendre du plaisir dans le sport collectif, ça veut dire quelque chose. Ça veut dire que tout à coup, tu sécrètes les bonnes hormones, qui font que tu vas tout faire pour retrouver les sensations, c’est ce qui fait que tu vas devenir innarrêtable. Jérôme n’a jamais ouvert ce robinet. » Pas si sûr. En 2008, quand il gagne l’ULEB Cup et la Coupe du Roi avec le Badalona de Ricky Rubio – sa meilleure saison de basket – Jérôme a retrouvé le sourire. Coach Aito semblait s’être accommodé de son fonctionnement parfois alternatif et l’intérieur avait vraiment fait de belles choses. Sur une vidéo improbable (http://wn.com/Jérome_Moïso), on voit le Français au micro au milieu de la salle de la Joventut, en train de chanter et de faire sauter la salle. Heureux, vraiment. Une image qui fait plaisir. Une parenthèse enchantée car la fin de sa carrière espagnole à Bilbao n’a pas été terrible. Une découverte du plaisir trop courte et trop tardive. Quel dommage ! l
Liga ACB
À plusieurs reprises, le spectre de la fuite, l’envie de tout plaquer l’ont tenté.
Moïso l’incompris ? La saison dernière avec Bilbao.
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maxi-basket •
un-contre-un
CÉLINE DUMERC (EKATERINBOURG)
« ON NE FOUT RIEN SUR UNE ZONE ! » La meneuse de l’équipe de France a beau adorer Tony Parker, elle préfère passer la balle qu’aller scorer près du cercle. Et ne lui parlez pas de défendre en zone... Propos recueillis par Florent de LAMBERTERIE
Quel est ton geste préféré ? Le jump shot après dribble. C’est celui que j’ai maîtrisé en premier.
Celui qui te pose problème ? Tout ce qui est finition en lay-up après pénétration. À cause de ma taille, j’ai toujours peur du contre, je n’ai donc pas grande confiance en ce geste-là.
Départ main droite ou main gauche ?
plus, il faut retrouver des repères. Au début, c’était un peu difficile mais une fois qu’on a mémorisé le geste et la poussée, ça ne change pas énormément.
Ton geste avec la balle armée sur l’épaule, d’où ça vient ? Je ne sais pas, je ne me souviens même pas qui m’a appris à shooter mais j’ai toujours fait ainsi. Les gauchers ont souvent des tirs un peu différents des droitiers mais le mien est quand même extrême.
Je suis gauchère, donc plutôt main gauche.
Ton spot préféré ? Plus ou moins 45°, à trois-points ou au niveau du poste haut, et à gauche, bien entendu (rires).
Hervé Bellenger / IS-FFBB
Que travailles-tu le plus à l’entraînement ? Actuellement, j’envoie pas mal de trois-points. Comme la ligne a reculé et qu’il faut pousser un peu
La défense que tu aimes attaquer ? Une individuelle classique, on peut trouver plus facilement les failles.
Et la zone ? Je déteste ça ! On ne fout rien sur une zone, c’est d’un ennui ! En Russie, on n’en fait pas trop mais quand même un peu et ça me choque parce que pour moi, quand on fait de la zone c’est qu’on
a des faiblesses. C’est pour ça que je trouve ça scandaleux d’en faire une, vu l’équipe qu’on a.
Les passes, tu les préfères lobées, au sol ou bien sèches ? Ce que je fais régulièrement, c’est ressortir extérieur pour un shoot après fixation. Bon, maintenant que je joue avec Stepanova (2,02 m), les petites passes en lob, ça marche aussi !
Le geste un peu funky que tu voudrais maîtriser ? Je ne suis pas du tout “freestyle” mais je dirais une passe dans le dos pour l’intérieure après le pick. On en parlait avec Pierre Vincent cet été, c’est super efficace contre les défenses qui sortent très fort après le pick mais j’ai toujours un peu peur de lâcher la balle. J’ai tendance à me dire que je vais me la mettre sur le talon. Du coup, je perds une seconde à transférer d’une main à l’autre.
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MAXI-BASKET
Géraldine dans son “village“, à Umbertide, entre Florence et Pérouse (Pérugia).
Géraldine Robert
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MOI, JE
GÉRALDINE ROBERT L’ITALIE À SA BOTTE « Je méritais que l’on me donne ma chance »
UNE HISTOIRE, UN PARCOURS SPORTIF HORS DES SENTIERS BATTUS. GÉRALDINE ROBERT EST UNE FORMIDABLE ATHLÈTE QUI EST DEVENUE SUR LE TARD UNE ÉTOILE DE LA LIGUE FRANÇAISE AVANT, PAR SON ÉNERGIE, SON ABATTAGE, D’ÉTONNER À SON TOUR LA LEGA ITALIENNE. POURTANT LA FRANCO-GABONAISE N’A JAMAIS PORTÉ LE MAILLOT BLEU. TROP ATYPIQUE ? Propos recueillis par Pascal LEGENDRE
“
Je suis partie à l’étranger pour des raisons professionnelles et personnelles. Je ne m’étais pas fixé un pays précis, je voulais simplement découvrir autre chose que la ligue française. Faenza a été l’une des meilleures propositions. La ligue italienne est d’un niveau égal à la nôtre. Elle regorge de bonnes joueuses italiennes, ainsi dans mon équipe actuelle, Umbertide, il y a Simona Ballardini et Francesca Zara. Et tout autant de bonnes étrangères, comme Isabelle Yacoubou, Janal McCarville, Élodie Godin. C’est équilibré. L’une des différences majeures avec la France, c’est la médiatisation. Un match par semaine est retransmis à la télé sur RAI Sport + – généralement en live le dimanche à 18h –, une chaîne qui a une très grosse audience en Italie. Les douze équipes passent à tour de rôle et, l’année dernière, mon équipe a été télévisée cinq ou six fois. Les journaux locaux parlent aussi de nous deux ou trois fois par semaine, davantage qu’en France. C’est un grand mot de dire que l’on est “connu“ car ça reste du basket féminin, ce n’est pas du foot, mais l’impact dans la ville où on habite est plus important qu’en France. La ligue italienne fut aussi la première à faire le système de l’Open ; la première journée de championnat se déroule avec toutes les équipes en un même lieu.
J’appréhendais ma première saison en Italie. Je me demandais si le coach allait pouvoir tirer le meilleur de moi sachant que mon jeu est atypique. À mon arrivée, il a voulu me parler individuellement avec la traductrice et il m’a dit qu’il avait longuement étudié les DVD de mes matches, qu’il savait exactement ce dont j’étais capable ou pas. Il voulait que je reproduise en Italie la gnaque que j’avais à Villeneuve. J’ai apprécié. Je lui ai répondu que je n’étais pas fausse, que j’allais donner 100%. L’année dernière, j’ai fait ma meilleure saison depuis que je suis professionnelle. Sur le plan individuel, j’ai eu des stats, waouh !, je me suis étonnée moi-même. J’étais la deuxième meilleure marqueuse (16,6 pts) et rebondeuse (8,5 rbds) du championnat. Et surtout sur le plan collectif. Avec Faenza, on a terminé deuxième du championnat. C’est la première fois que ça m’arrive. On est allé en demi-finale des playoffs. C’est Adriana, la meneuse de mon équipe, la meneuse principale du Brésil, une personne adorable, qui a été élue MVP par la ligue avec les votes des journalistes, peut-être des coaches. Elle le méritait. Je ne sais pas si j’ai eu des voix, seule la première est récompensée. J’ai été élue de mon côté Meilleure Joueuse étrangère par le site Eurobasket.com.
Géraldine Robert
« Lorsque je suis au Gabon, je vais tous les jours sur des playgrounds et je joue avec des garçons. »
GĂŠraldine Robert
Maxi Basket
PORTRAIT • MAXI-BASKET 87 Mon coach parlait essentiellement en italien. Les filles traduisaient sur le terrain et en dehors, c’était la traductrice. Entre joueuses, sinon avec une ou deux jeunes, on parle anglais. J’ai honte, je ne parle toujours pas italien ou très peu. C’est une très belle langue… mais je n’aime pas, je n’arrive pas à me connecter avec, au contraire de l’anglais que j’adore. Il faut que je m’y mette ! Je serais bien restée à Faenza mais le club a perdu quelques sponsors et c’était difficile de me garder vu mon salaire. Je suis partie avec un peu de tristesse. J’étais ouverte à toutes propositions. Umbertide avait fini 8-9e et partait sur un très bon projet avec la signature de Simona Ballardini, l’une des meilleures joueuses italiennes que j’adore. Umbertide (17.000 habitants), ce n’est pas une ville, c’est un village, il n’y a même pas de feux de signalisation, rien ! C’est au milieu des montagnes, à quelques kilomètres de Perugia. Et j’ai une phobie des montagnes. Lorsque j’ai joué ici l’année dernière, je m’étais dit, Oh ! my God, je ne pourrais jamais jouer ici et me voilà à Umbertide, au milieu de nulle part. Cela fait trois ans qu’ils sont en Lega feminnile et, cette année, ils voulaient monter d’un cran. On est un peu les reines de la ville, comme toujours dans les petits patelins. En début de saison, on s’est qualifié pour les demi-finales de la Coupe d’Italie qu’ils appellent Final Four, en battant Tarento. Tarento, c’est l’équipe d’Élodie Godin avec qui je m’entends très bien, tout comme avec Isa (Yacoubou) et
Nicole (Antibe). Mais la personne avec qui je suis la plus proche, c’est Kathy Wambé (internationale belge). On a joué ensemble à Villeneuve et c’est l’une de mes meilleures amies. Sur le plan individuel, ça va, mais je suis surtout contente quand mon équipe va bien, lorsque j’apporte ce que le coach veut. C’est évident que l’on attend plus des étrangères que des locales, j’ai vu que mon statut a changé mais comme je m’entends avec tout le monde et que je me donne à fond sur le terrain, il n’y a pas de soucis.
Repérée par Cathy Melain
Je ne serai jamais assez reconnaissante à Cathy Melain. Un jour avec Rhondda, mon club anglais, j’ai rencontré son club, Venise, en coupe d’Europe. C’est elle qui est venue vers moi, en me demandant si j’étais bien française, et ça m’a ouvert beaucoup de portes. Elle a parlé un peu de moi à gauche, à droite. J’ai reçu des coups de fil de certaines personnes dont Alain Jardel. J’ai fait deux stages en équipe de France, le premier en 2006 lorsque j’étais à Strasbourg puis en 2007. J’ai été coupée à chaque fois mais j’y allais pour acquérir de l’expérience. Bien sûr que j’ai été déçue de ne pas être appelée en équipe de France après ma saison à Villeneuve en 2008-09. Je pense que les joueuses qui sont appelées sont celles qui, sur le plan statistique, ont fait de bonnes saisons ou qui ont évolué en comparaison avec l’année précédente,
Géraldine Robert
« L’année dernière, mon équipe a été télévisée cinq ou six fois. »
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pour les encourager à devenir meilleures. En 2008, pour les qualifications pour l’Euro, j’avais été appelée, j’avais rendez-vous chez le médecin de l’équipe de France le mercredi et deux jours avant, j’ai découvert une nouvelle liste sur Internet où mon nom n’apparaissait plus. Ça m’avait vraiment touchée. Je pense que ces dernières années, je méritais d’être au moins pré-sélectionnée, au moins que l’on me donne ma chance. Personnellement, je ne suis pas trop d’accord quand on dit que j’ai un jeu atypique, que je ne suis pas complémentaire avec les autres joueuses, mais je ne vais pas ouvrir un long débat sur ça. Pierre Vincent dit ce qu’il pense et je le respecte. Mais si on veut me fondre dans un collectif, je suis sûre que c’est possible. J’ai fait mes preuves en France, à Faenza et je suis en train de le faire à Umbertide. Certainement que si j’avais joué dans les équipes de France en jeunes, ça aurait été plus facile car mon jeu n’aurait pas été aussi atypique (elle rit). Il aurait été plus cadré. Mais je suis ce que je suis, Géraldine Robert, celle qui saute, qui court, qui n’a peut-être pas toutes les qualités techniques, mais qui essaye de se donner à fond sur un terrain de basket. C’est vrai que j’ai des qualités athlétiques. Lorsque j’étais jeune je courais le 100m. Je ne me souviens plus de mes temps mais j’ai eu le record du
« Bonnes stats, mais atypique… Bonnes stats, mais atypique… »
Après huit journées, Liomatic Umbertide était invaincue dans le championnat italien.
Gabon en cadettes ou juniors et je crois qu’il tient toujours. J’ai arrêté rapidement pour me mettre au volley. Bien sûr que je suis le parcours de l’équipe de France et je suis contente de leurs résultats. Championnes d’Europe, chapeau ! Je n’ai plus vingt ans… Ce n’est pas à moi de dire si j’ai encore ma chance de jouer en équipe nationale. Si on m’appelait, il faudrait que j’aie une longue conversation avec la personne qui ferait appel à moi. Je ne sauterais pas sur l’occasion comme ça, il faudrait voir ce qu’il attend de moi. Pourquoi maintenant ? Ceci dit, je pense avoir fait des progrès dans mon shoot, dans mon dribble. J’ai beaucoup gagné en maturité car, en tant que joueuse étrangère, j’ai un peu plus le poids de l’équipe sur mes épaules qu’à Villeneuve. Je n’ai pas porté le maillot de l’équipe de France, mais j’ai participé au All-Star Game européen (en 2009). C’est sûr que j’avais fait une bonne saison en EuroLeague mais j’étais quand même étonnée car, à chaque fois, je lisais « bonnes stats, mais atypique… Bonnes stats, mais atypique… » J’étais fière, pour ma famille, et fière de représenter la France et le Gabon.
Mon fils de dix ans est toujours sur Villeneuve avec mon père, ma mère et ma petite sœur. Je voulais qu’il soit dans un environnement équilibré avec ses amis à l’école, mes parents qui sont là 24h/24. Ça se passe bien à l’école, dans le basket, et je ne voulais pas le perturber. C’est difficile, bien sûr, mon fils c’est ma vie, mais je le vois lors de toutes les vacances scolaires et puis le téléphone maintenant, c’est gratuit. Cet été, j’ai fait la deuxième édition de mon camp avec Stéphane Lasme (un Gabonais qui a joué un peu en NBA). C’est à Port-Gentil, la ville où je suis née que j’appelle Pogles-Bains car c’est la ville la plus belle du Monde ! (Elle se marre) Ce n’était pas dans mes plans d’être basketteuse professionnelle, je pensais aux études, à ma vie de famille, et je m’estime très chanceuse d’y être parvenue. Je me suis dit que j’aimerais transmettre aux jeunes le peu de connaissances que j’ai et surtout l’importance de pratiquer un sport. Je ne savais pas à quelle porte frapper et en fait c’est Total Gabon, par l’intermédiaire de l’un de mes amis, qui est entré en contact avec moi. Ils voulaient s’investir dans un sport et comme ils ont fait construire un gymnase, ils m’ont demandé si j’étais intéressée par du bénévolat avec les enfants pour les initier au basket. Je retourne au Gabon un mois et demi ou deux mois l’été et, à part faire la fête tous les soirs, je n’ai presque rien à faire. J’ai sauté sur l’occasion. Je suis en train de créer une association, Yemaly. Ye pour Yema, mon deuxième nom. Ma pour Mayeden, le prénom de mon fils. Et Ly pour Lynne, le prénom de ma petite sœur. J’ai acheté le nom de domaine Yemaly.com sur Internet il y a quelques jours et on doit faire le site pour janvier. J’ai vu l’engouement que procure mon camp de basket. J’ai fait des apparitions télé, de la pub en ville, je suis une référence dans le monde du sport, et je me suis dit, « pourquoi ne pas utiliser mon statut pour venir en aide aux jeunes sur Port-Gentil, plus tard sur le Gabon, et on ne sait jamais sur l’Afrique. » Mon association a pour vocation de recueillir des dons en France et au Gabon pour acheter des biens éducatifs, des stylos, des cahiers, pour venir en aide aux familles nécessiteuses. Et donc de promouvoir la pratique du basket. J’ai déjà un blog par l’intermédiaire Géraldine Robert
Maxi Basket
Une association pour les défavorisés
PORTRAIT • MAXI-BASKET 89 de Syra Sylla de Lady Hoop, pour partager ma vie de basketteuse professionnelle à l’étranger. J’en profite pour faire un Big up a tous ceux qui m’ont toujours encouragé, en France, comme au Gabon. J’écris en français et je traduis en anglais. Même en primaire, j’ai toujours aimé l’anglais. Lorsque je suis au Gabon, je vais tous les jours sur des playgrounds et je joue avec des garçons. J’adore ça, c’est plus challenging ! C’est comme ça que j’ai commencé pendant cinq ans sur les playgrounds de Londres. Ça m’aide à être plus forte, ça me permet de mieux m’exprimer. Comme ça, après c’est plus facile avec les filles… En Angleterre, j’ai eu comme premier job un travail chez McDo, j’ai bossé aussi dans des magasins, la vie d’une étudiante. J’ai commencé des études pour être analyste programmeur mais je ne les ai pas terminées car je suis venue en France. Il me manquait trois ans pour avoir mon Master. J’adore créer les programmes et je finirai mes études, je pense par correspondance, quand ma carrière de basketteuse sera finie. Ou peut-être dès l’année prochaine. »
Géraldine Robert
Au milieu de ses stagiaires à Port-Gentil.
RETARD À L’ALLUMAGE • Rappel : le parcours de Géraldine Robert ne ressemble à aucun autre. Née à Port-Gentil en 1980 d’un père français et d’une mère gabonaise, Géraldine n’a débuté le basket qu’à son arrivée en France à Besançon, à 18 ans, après avoir tâté du sprint et du volley. Niveau Nationale 2. Ensuite direction l’Angleterre pour la poursuite de ses études avec un imprévu : Géraldine tombe enceinte. Elle reprend le basket sur les playgrounds londoniens, avec des garçons, avant de s’inscrire au London Sting. D’où son style. Elle a déjà 23 ans. Un an plus tard, elle rejoint les Rhondda Rebels et leurs trois entraînements hebdomadaires. Elle est élue MVP du championnat anglais. • C’est alors un diamant brut. La ligue féminine, elle la découvre à Strasbourg avant de rejoindre pour trois saisons Villeneuve-d’Ascq. En 2008, c’est la consécration. Géraldine est la top-rebondeuse de la LFB avec 10,4 prises par match alors qu’elle ne mesure que 1,84 m. Elle se positionne à la 3e place du référendum annuel BasketNews/LFB qui désigne les meilleures joueuses françaises de la ligue derrière Isabelle Yacoubou et Céline Dumerc. Pourtant, Pierre Vincent, le coach national, ne la pré-sélectionne pas en équipe de France estimant que son format n’est pas dans les standards internationaux et qu’elle ne serait pas complémentaire des autres intérieures. L’été 2008, Géraldine va poursuivre sa carrière en Italie.
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maxi-basket
« On a vraiment un plan sur l’avenir pour lui. » Nordine Ghrib
FOCUS • maxi-basket 91
LÉO WESTERMANN (ASVEL)
CE N’ÉTAIT PAS DU VENT 18 ANS ET DÉJÀ UNE DOUZAINE DE MINUTES EN PRO A. UN FORT IMPACT SUR QUELQUES SÉQUENCES, UNE MATURITÉ ET UN QI BASKET ÉTONNANTS. DERRIÈRE LES STATS MAIGRELETTES SE CACHE UN VRAI BASKETTEUR. ET PROBABLEMENT UN FUTUR TOUT BON. Par Antoine LESSARD
rafle la mise pour un contrat de 2 ans et deux optionnels. Le jeune homme était une priorité pour Vincent Collet.
Formation accélérée à l’ASVEL Dans les plans, une première saison pour voir, pour progresser sans aucune garantie de temps de jeu, en relais de Cliff Hammonds et Paul Lacombe. Léo ne reprend le basket que fin septembre. Son talent et les événements qui secouent la maison verte vont accélérer les choses. Après son excellente séquence à Vichy, Léo gagne 22 minutes contre Poitiers. 8 passes décisives à l’arrivée. La vision du jeu, l’intelligence de ce “gamin” sont stupéfiantes. « J’ai eu une petite mainmise sur le jeu », dit-il humblement. Match référence ? « L’un des deux (avec Vichy), mais j’ai tellement plus d’ambition pour lui », assure Nordine Ghrib. « C’est un joueur qui compte beaucoup pour moi. On a vraiment un plan sur l’avenir pour lui. Il nous est déjà très utile mais il ne faut jamais oublier qu’avec les jeunes, il y a des poussées de progression mais aussi des creux. On l’a vérifié chez tous nos jeunes, Bangaly Fofana, Paul Lacombe. Aujourd’hui, on est entre la recherche de résultats immédiats mais aussi sa progression, sa formation et son travail. » Travail individuel et musculation sont au programme de Léo. Le jeune meneur n’est pas encore revenu à 100% physiquement mais rien d’alarmant. « Il faut à peu près un an pour arriver à sa forme physique totale, ses capacités athlétiques. Heureusement que je ne suis pas un joueur qui joue trop sur ces aspects-là », sourit-il. Ses modèles, ce sont les Papaloukas, Jasikevicius, éventuellement Steve Nash en NBA. Autant de meneurs qui jouent davantage avec leur cerveau que sur leurs qualités athlétiques. En quelques mois à l’ASVEL, Léo a vécu une formation accélérée du professionnalisme. Changement de joueur, éviction du coach, obligation de résultats, le jeune homme est loin du confort douillet du Centre Fédéral où la défaite n’a pas d’incidence. Il apprend aussi à gérer une nouvelle vie extra-basket. « On recherche toujours ce qu’on n’a pas. Au Centre Fédéral, on recherche l’autonomie complète. Maintenant je l’ai et je suis très heureux, j’arrive à me débrouiller. » Mature, talentueux, bosseur, Léo Westermann est aussi un garçon bien éduqué, la tête sur les épaules. Cela peut faire toute la différence pour la suite de sa carrière. l
Jean-François Mollière
V
endredi 19 novembre. Vichy-ASVEL. Première sortie post Vincent Collet pour les Villeurbannais. Un match brouillon, pauvre, insipide entre deux équipes qui nagent en plein doute. L’ASVEL galère. Moins quatre à l’entame du dernier quart. Et puis cette éclaircie venue du banc. Interception, pénétration, passe pour Matt Walsh à trois-points, alley-oop en direction de Davon Jefferson, deuxième interception, panier primé enfin avant de retourner sur le banc. En cinq minutes, Léo Westermann, 18 ans, a retourné le match. Cinq minutes pour bien faire comprendre aux sceptiques que la hype l’entourant depuis plusieurs années n’était pas infondée. Léo est bien un joueur à part. D’abord sa taille. 1,96 m et meneur de jeu. Depuis l’origine. « Cela a toujours été mon poste, même si j’étais parmi les plus grands de mon équipe. » Question de gènes. Son papa, Marc, était lui-même un meneur pro à la fin des années 80 avec la SIG. Léo a toujours eu l’âme d’un leader. « C’était dans mon caractère ». Ce poste a été une évidence absolue depuis ses débuts au CO Haguenau, ses passages au BC Gries-Oberhoffen puis au centre de formation du SLUC Nancy, au Centre Fédéral enfin. Sa maturité, son sens du jeu détonnent pareillement en équipes de France de jeunes. À 17 ans, Léo est vice-champion d’Europe Junior (U18) à Metz. Dans la foulée, il entame sa dernière saison de Nationale 1 avec le Centre Fédéral. En patron. 13 points en moyenne, 4 rebonds, 3 passes. Le 26 janvier 2010, Léo ouvre son blog pour raconter combien son expérience à l’INSEP est enrichissante, lui qui y côtoie de grands champions du judo (Teddy Riner) ou de l’athlétisme (Ladji Doucouré). Combien elle est source d’humilité. Quatre jours plus tard, il se rompt les ligaments croisés du genou contre Châlonsen-Champagne. Coup d’arrêt terrible. « Les premiers jours ont été très difficiles. Mais au bout d’une semaine, j’étais focus sur la rééducation et sur mon avenir. On a la chance d’être à une époque où les ligaments croisés se récupèrent très facilement. » Les recruteurs de Pro A ne sont pas refroidis pour autant. La moitié des équipes proposent un contrat au prospect. Léo l’Alsacien est à deux doigts de rejoindre la SIG, attiré qu’il est par le projet de Crawford Palmer. Le projet capote et l’ASVEL
92
maxi-basket
Roberto Serra/EB via Getty Images
LES ÉCHOS
Excellente saison de Joseph Gomis avec le Spirou Charleroi.
LES EXPATS’ : BILAN À MI-SAISON
JO GOMIS EN CHEF DE FILE Masculins
La bonne grosse surprise, c’est bien sûr la formidable saison de Jo Gomis. Après des années de galère, de blessures, l’ancien international revit en Belgique, aussi bien en championnat qu’en Euroleague. En Espagne, en revanche, le soufflé semble être retombé pour Nando De Colo, bien loin de ses standards de la saison passée ; son coéquipier Flo Piétrus, jamais signé, toujours prolongé, fait le boulot. On notera les bonnes perfs de Thomas Heurtel, prêté par l’ASVEL qui, pour une première expérience à l’étranger, est déjà très à l’aise. Enfin, en Italie, Ali Traoré peine, tout comme son club de Rome. Brindisi était dernier au moment de notre bouclage, mais le duo de Français s’y éclate : Yakhouba Diawara a déjà signé quelques cartons et Hervé Touré doit être satisfait d’avoir quitté Rome. Joueur
Équipe
Min
%tirs
%3-pts
Rbds
Pds
Pts
Espagne Thomas Heurtel
Meridiano Alicante
20
41,1
33,3
1,3
2,3
9,1
Tariq Kirksay
Cajasol Sevilla
31
45,5
33,3
4,5
1,8
8,7
Stéphane Dumas
Blancos de Rueda Valladolid
24
47,1
27,3
1,6
4,0
7,4
Nando De Colo
Power Electronics Valencia
19
42,4
20,6
2,1
1,8
8,3
Florent Piétrus
Power Electronics Valencia
16
52,0
0,0
4,1
0,4
3,1
Hervé Touré
Enel Brindisi
34
47,1
29,2
7,8
0,8
13,5
Yakhouba Diawara
Enel Brindisi
36
39,6
23,3
4,4
1,1
13,6
Ali Traoré
Virtus Roma
18
61,2
-
3,5
0,4
7,3
Joseph Gomis
Spirou Charleroi
28
46,2
43,7
1,8
2,3
14,7
Luc Louves
Optima Gand
16
40,5
16,7
2,8
0,0
3,4
AEK Athènes
20
40,0
30,0
2,9
1,6
6,0
Italie
Belgique
Grèce Rodrigue Mels
Féminines Que de belles perfs ! Avec l’armada d’Ekaterinburg, Céline Dumerc peut distiller les caviars à la louche (3e passeuse de la SuperLeague russe), souvent à l’attention de sa coéquipière en équipe de France, Sandrine Gruda (8e marqueuse et 5e au pourcentage aux tirs). En Italie, Nicole Antibe, à 36 ans, est l’une des intérieures les plus prolifiques, mais Parme est en difficulté. En revanche, Schio, avec Isabelle Yacoubou-Dehoui, et Umbertide, avec Géraldine Robert, sont dans la course à la première place, et les Tricolores sont pour beaucoup dans le bon début de saison de leur équipe respective. Joueuse
Équipe
Min
%tirs
%3-pts
Rbds
Pds
Pts
Nicole Antibe
Parma
33
Géraldine Robert
Umbertide
29
50,0
35,3
8,2
0,5
15,4
59,4
100,0
9,7
0,4
Isabelle Yacoubou
Schio
13,7
19
46,0
0,0
6,3
0,3
Élodie Godin
9,6
Tarente
24
40,0
0,0
6,8
1,5
7,0
Sandrine Gruda
Ekaterinburg
22
65,7
-
5,9
1,3
14,0
Céline Dumerc
Ekaterinburg
19
38,5
23,1
2,7
4,4
3,7
Valencia
19
43,2
40,4
2,1
2,2
7,6
Italie
Russie
Espagne Edwige Lawson
maxi-basket 93
Par Yann CASSEVILLE,
DES PERFS, VRAIMENT ?
LE MEILLEUR DU PIRE En Eurocup contre Göttingen, Matt Walsh a réalisé un triple-double non homologué mais plutôt improbable : 30 points, 12 fautes provoquées et 10 balles perdues ! Et en Pro A ? Voici les performances les plus mauvaises depuis le début de la saison.
Flop 5 : % lancers-francs*** 2 Pervis Pasco
Strasbourg
2/7 (28,6%)
@Limoges
Flop 5 : balles perdues
3 Pervis Pasco
Strasbourg
2/6 (33,3%)
@Chalon
-
Pervis Pasco
Strasbourg
2/6 (33,3%)
@Toulon
-
Alain Digbeu
Strasbourg
2/6 (33,3%)
@ASVEL
-
Alade Aminu
Chalon
2/6 (33,3%)
Strasbourg
-
Davon Jefferson
ASVEL
2/6 (33,3%)
Pau
-
Alexis Tanghe
Roanne
2/6 (33,3%)
@Strasbourg
-
Luca Vébobe
Cholet
2/6 (33,3%)
@Mans
-
Chris Massie
Limoges
2/6 (33,3%)
@PL
Joueur
Équipe
Stats
Match
1 Bernard King
Le Havre
8
Orléans
2 Matt Walsh
ASVEL
7
Nancy
-
Mickaël Gelabale
ASVEL
7
Poitiers
-
Cliff Hammonds
ASVEL
7
@Le Mans
-
Robert Conley
Poitiers
7
@Roanne
-
Kenny Younger
Poitiers
7
@Orléans
-
Laurent Sciarra
Pau
7
Strasbourg
-
Ben Woodside
Gravelines-Dk
7
ASVEL
-
Ricardo Greer
Strasbourg
7
Gravelines-Dk
-
John Linehan
Nancy
7
@Strasbourg
-
Alex Acker
Le Mans
7
@Paris Levallois
Flop 5 : évaluation 1 Kevin Houston
Hyères-Toulon
-6
@Havre
Juby Johnson
Gravelines-Dk
-6
@Strasbourg
-
2 J.R. Reynolds
Orléans
-5
Roanne
-
Rasheed Wright
Poitiers
-5
@Toulon
-
Philippe Braud
Roanne
-5
@Strasbourg
Flop 5 : % tirs* 1- Tony Washam
Hyères-Toulon
1/13 (7,7%)
Poitiers
2- Rasheed Wright
Poitiers
1/10 (10,0%)
@Toulon
3- Ben Dewar
Le Mans
2/13 (15,4%)
@Limoges
Bernard King
Le Havre
2/13 (15,4%)
Chalon
5- Bernard King
Le Havre
2/14 (14,3%)
@Poitiers
-
Flop 5 : % 3-pts** 1 Cedrick Banks
Limoges
0/7 (0,0%)
Pau
-
Bernard King
Le Havre
0/7 (0,0%)
Chalon
-
John Cox
Le Havre
0/7 (0,0%)
@Limoges
4 Ben Woodside
Gravelines-Dk
0/6 (0,0%)
Vichy
-
Kevin Houston
Hyères-Toulon
0/6 (0,0%)
ASVEL
-
Kareem Reid
Vichy
0/6 (0,0%)
@Poitiers
-
Slaven Rimac
Pau
0/6 (0,0%)
@Limoges
Joueur 1 Antoine Mendy
Stats 1/6 (16,7%)
Match @Toulon
* Au moins 10 tirs tentés. ** Au moins 6 trois-points tentés *** Au moins 6 lancers tentés
STYLE
UN MAILLOT DE… 1948 ! • Vous avez déjà le maillot brodé – enfin la réplique du jersey – de Michael Jordan, celui des Finals 1998, du match 6, de son shoot au buzzer face au Jazz ? Vous avez déjà le maillot de Magic Johnson ? Même celui de Wilt Chamberlain ? Vous pouvez désormais être encore plus old school, avec un maillot de… 1948 ! « Le Musée du Basket et la FFBB se sont associés pour réaliser une réplique du maillot de l’équipe de France de 1948, médaillée d’argent aux JO de Londres », nous apprend Daniel Champsaur, archiviste de la fédération. Vous pouvez donc acheter (130 euros) ce maillot collector, inspiré de celui de Michel Bonnevie, sur le site de la boutique de la FFBB : boutique. basketfrance.com (rubrique FFBB puis textile).
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94
maxi-basket
LES ÉCHOS EUROLEAGUE
LE TOP 5 DES GADINS
#2
Le tacle illégal, par Sergio Rodriguez
En plein hiver, et parce que l’heure est aux bêtisiers, quels qu’ils soient, MaxiBasket vous a concocté son Top 5 des plus belles chutes, acrobaties et autres gamelles en tout genre.
#3
Le tacle illégal (bis)
#1
#4
À deux, c’est mieux
#5
Darius Washington se repose
Photos : Robertas Dackus, Mariano Pozo et Juan Manetti, /EB via Getty Images
Le plongeon, par Brad Newley
maxi-basket 95
Par Yann CASSEVILLE,
JOUEURS EUROPÉENS DE L’ANNÉE
SIX FRANÇAIS(ES) EN LICE Sur le site de la Fiba Europe (rubrique On court, puis Player of the year), vous pouvez voter, jusqu’au 31 janvier 2011, pour élire les joueurs et joueuses européen(ne)s de l’année 2010. Quatre catégories, et six Français sélectionnés ! On retrouve notamment Sandrine Gruda, joueuse européenne de 2009. Voici la liste complète.
Joueur européen de l’année 2010 Joueur
Nat. Équipe (Ligue)
Andrea Bargnani
ITA
Nicolas Batum
FRA Portland TrailBlazers (NBA)
Toronto Raptors (NBA)
Omri Casspi
ISR
Luol Deng
GBR Chicago Bulls (NBA)
Sacramento Kings (NBA)
Dimitris Diamantidis
GRE Panathinaikos (ESAKE / Euroleague)
Goran Dragic
SLV
Pau Gasol
ESP Los Angeles Lakers (NBA)
Phoenix Suns (NBA)
Linas Kleiza
LTU
Ersan Ilyasova
TUR Milwaukee Bucks (NBA)
Toronto Raptors (NBA)
Timofey Mozgov
RUS New York Knicks (NBA)
Juan Carlos Navarro
ESP Barcelone (Liga ACB / Euroleague)
Dirk Nowitzki
GER Dallas Mavericks (NBA)
Nikola Pekovic
MNE Minnesota Timberwolwes (NBA)
Milos Teodosic
SRB Olympiakos (ESAKE / Euroleague)
Hedo Turkoglu
TUR Orlando Magic (NBA)
Espoir européen de l’année 2010 Joueur
Nat. Équipe (Ligue)
Andrew Albicy
FRA Paris Levallois (Pro A) LAT
Mario Delas
CRO Cibona Zagreb (Adriatic / Euroleague)
Olimpija Ljubljana (Adriatic / Euroleague)
Enes Kanter
TUR Kentucky (NCAA)
Prezemyslaw Karnowski
POL PZKosz (Pologne)
Dmitry Kulagin
RUS Novgorod (Superleague)
Dejan Musli
SRB Caja Laboral (Liga ACB / Euroleague)
Kostas Papanikolaou
GRE Olympiakos (ESAKE / Euroleague)
Nikos Pappas
GRE Kolossos (ESAKE)
Mateusz Ponitka
POL Tempcold AZS (Pologne)
Ricky Rubio
ESP Barcelone (Liga ACB / Euroleague)
Dario Saric
CRO KK Zagreb (Adriatic)
Tomas Satoransky
CZE Séville (Liga ACB)
Jonas Valanciunas
LTU
Jan Vesely
CZE Partizan Belgrade (Adriatic / Euroleague)
Lietuvos rytas (Baltic / Euroleague)
Joueuse européenne de l’année 2010
Sam Forencich/NBAE via Getty Images
Davis Bertrans
Nicolas Batum (Portland), candidat au titre de MVP de l’année pour la FIBA Europe.
Joueuse
Nat. Équipe (Ligue)
Espoir européenne de l’année 2010
Svetlana Abrosimova
RUS Ekaterinburg (Russie)
Joueur
Agnieszka Bibrzycka
POL Ekaterinburg (Russie)
Nika Baric
SLV
Liron Cohen
ISR
Cristina Bigica
ROU Olimpia (Roumanie)
Céline Dumerc
FRA Ekaterinburg (Russie)
Olivia Epoupa
FRA Centre Fédéral (NF2-France)
Sandrine Gruda
FRA Ekaterinburg (Russie)
Gaia Gorini
ITA
Hana Horakova
CZE Fenerbahçe (Turquie)
Alina Iagupova
UKR Dnipro (Ukraine)
Schio (Italie)
Spartak Moscou (Russie)
Nat. Équipe (Ligue) Merkur Celje (Slovénie)
Umbertide (Italie)
Anete Jekabsone
LAT
Anastasia Logunova
RUS Dynamo Moscou (Russie)
Styliani Kaltsidou
GRE Bourges (LFB-France)
Olesia Malaschenko
UKR Arras (LFB-France)
Yelena Leuchanka
BLR Gorzow (Pologne)
Emma Meesseman
BEL Lotto Young Cats (Belgique)
Sandra Linkeviciene
LAT
Sabine Niedola
LAT
Evanthia Maltsi
GRE Prague (République tchèque)
Leonor Rodriguez
ESP Florida State (NCAA)
Amaya Valdemoro
ESP Rivas Ecopolis (Espagne)
Marina Solopova
LTU
Anastasia Veremenyenka
BLR Nadezhda (Russie)
Artemis Spanou
GRE Morris University (NCAA)
Eva Viteckova
CZE Prague (République tchéque)
Diandra Tchatchouang
FRA Maryland (NCAA)
Ann Wauters
BEL Ekaterinburg (Russie)
Ksenia Tikhonenko
RUS Spartak Moscou (NCAA)
Nevriye Yilmaz
TUR Fenerbahçe (Turquie)
Marta Xargay
ESP Salamanque (Espagne)
Dynamo Moscou (Russie)
Nantes Rezé (France) Kaunas (Lituanie)
96
maxi-basket
LES ÉCHOS CLÉMENT ET MÉPHISTO
« UNE SEMAINE SANS BASKET ? JE VAIS ME FAIRE CHIER ! »
Dois-je vous appeler Yvon et Clément, ou par vos surnoms ?
Méphisto : “Le Méphisto” est devenu incontournable, ça a commencé sur BasketInfo et maintenant même mon fils m’appelle comme ça. C’est plus papa, c’est plus Yvon, c’est Méphi (rires) ! Clément : Mon surnom c’est “Le Troubadour”, ça vient d’une chanson qui s’appelle comme ça. Je pourrais vous donner les paroles si vous voulez (rires) ! Comment êtes-vous arrivés au basket ?
Clément : C’est vieux, très vieux. J’ai 71 ans, et ça fait 30 ans que je fais le clown ! J’ai pris ma retraite il y a 11 ans, on m’a dit « tu prends aussi ta retraite dans le basket ? », j’ai répondu « tant que la santé suivra, je resterai dans le basket ! » Méphisto : En fait, ça vient de mon fils aîné, on l’a inscrit au basket à Levallois, moi à l’époque j’accrochais pas trop mais, un jour, il nous a emmenés au match Levallois-Limoges, et j’ai été piqué… Depuis, j’arrête pas. Vous ne ratez aucun match ?
Clément : Jamais à domicile. Je suis toujours présent, à moins que je chope une grippe ! Mais maintenant, je fais beaucoup moins de déplacements, c’est l’âge… On met un sosie à ma place et c’est pareil (rires) ! Méphisto : Je fais les déplacements sauf conditions météorologiques extrêmes. Et à domicile, le dernier match du PL que j’ai loupé, c’était PL-Poitiers en février 2009 parce que j’étais parti fêter mon anniversaire au Madison Square Garden et voir un match des Knicks. Mais avec le décalage horaire,
Hervé Bellenger / IS
Pascal Allée / Hot Sports
Dans leur vie professionnelle, ils s’appellent Clément, retraité, et Yvon, qui travaille dans la sécurité logistique. Mais dès qu’il s’agit de basket, Clément devient Le Troubadour, soutien historique de Cholet depuis 30 ans, et Yvon se transforme en Méphisto, fan inconditionnel du Paris Levallois. Interview de deux des supporters les plus emblématiques de la Pro A.
j’étais dans la chambre d’hôtel, sur l’ordinateur, sur le site de la LNB pour suivre les stats. Et la semaine qui précède un match, vous pensez basket ?
Méphisto : Je passe au club une fois par jour, voir les derniers potins, les derniers ragots, s’il n’y a pas de blessés, etc. Je suis assez privilégié, je suis d’ailleurs membre du conseil d’administration du Paris Levallois Association. Donc une semaine sans basket, je vais me faire chier (rires) ! Clément : Je vais souvent dans un bar où l’on se retrouve, qui est le bar des supporters, pour entendre les derniers commentaires. Un modèle de supporters ?
Méphisto : Il y a une phrase qui me plaît : un supporter applaudit son équipe et ne siffle jamais l’adversaire. Limoges est un club que j’admire, quand je vois comme ils se déplacent, ça me fait rêver, je leur tire mon chapeau mais quand vous arrivez à Beaublanc, ils sifflent l’adversaire du début à la fin, ça c’est pas normal ! Clément : Dans le temps, il y avait Pau. Aujourd’hui, oui, Limoges. Dans le temps, on s’entendait bien, mais là comme je fais moins les déplacements… Déjà eu quelques supporters ?
bisbilles
avec
d’autres
Clément : Aucun problème, on regarde le match et, après, on va boire un coup au bar. Méphisto : Jamais eu de problème. C’est sûr que sur BasketInfo, ça peut partir en sucette. Je me chicorais un peu avec les supporters de Limoges. Cette année, j’ai
attendu le PL-Limoges, et là maintenant je fais le canard (rires). Bon, je supporte le PL, mais je supporte tout le basket français. Hier soir, j’étais choletais (interview réalisée le lendemain de Cholet-Zagreb, ndlr), il y a un engouement pour le drapeau bleu-blanc-rouge. Via BasketInfo, via les matches, vous avez noué de vrais liens d’amitié avec des supporters d’autres clubs ?
Méphisto : J’arrive à me faire des potes dans tous les clubs. Par exemple, je me suis fait des amis à Roanne, je suis allé passer quatre jours là-bas, je suis allé bouffer au resto, c’était très convivial ! Clément : Je me suis fait des amis à Pau. Il faut dire que, allez deux jours là-bas, vous verrez, c’est pas triste (rires) ! Bon, aujourd’hui, on a tous vieilli, certains sont même morts. Un coup de gueule à passer : pas assez d’animations, places trop chères… ?
Méphisto : Les animations, c’est souvent la présentation des jeunes du club, des pom pom girls, c’est bien. Non, je pense plutôt qu’il faut relever le niveau de l’arbitrage Clément : On a démarré il y a 30 ans, il y avait une fanfare personnelle au club, on défilait avant le match, c’était une autre ambiance. Mais aujourd’hui, il faut savoir évoluer, c’est normal. J’ai pas de coup de gueule. Un message à faire passer à l’autre ?
Clément : Méphisto ? Connais pas ! Méphisto : Clément, je t’ai vu sur Sport+, arrête de taper avec ta canne, tu vas bientôt la briser !
maxi-basket 97
Par Yann CASSEVILLE,
EUROLEAGUE, PHASE DE POULE
LES AWARDS DE MAXI Alors que se prépare la grande bataille du Top 16, un coup d’œil dans le rétroviseur avec nos trophées pour la phase de poule (avant la dernière journée). Et, parce qu’on est toujours plus attentif aux performances des Tricolores qu’aux autres, une mention pour les Français.
Meilleure progression Stanko Barac
MVP Chuck Eidson
4,0 points et 3,6 rebonds en 2008-09, 5,1 et 3,7 en 2009-10. Cette saison ? 14,4 points et 7,0 rebonds. Merci qui ? Merci Tiago Splitter d’être parti ! Barac, ce Croate de 2,17 m, né en 1986, est l’une des attractions du moment. Mentions : Sofoklis Schortsanitis (Maccabi), Joel Freeland (Malaga), Fernando San Emeterio (Vitoria) Le Français : Joseph Gomis
Maccabi Tel-Aviv
Le meilleur joueur de la meilleure équipe (8-1), tout simplement. L’ancien de Strasbourg est la plaque tournante du Maccabi, l’ailier à tout très bien faire. Marquer (10,4 pts), être au rebond (4,7), à la passe (4,4), et sur les lignes de passes (3,0 ints). Mentions : les autres membres de notre meilleur 5. Le Français : Jo Gomis (Charleroi). 11,0 points, 2,6 rebonds et 2,2 passes : solide. 30 minutes de jeu : preuve de l’importance du meneur chez les Belges.
Meilleur espoir Bojan Bogdanovic
Meilleur cinq Bo McCalebb
Montepaschi Siena Maccabi Tel-Aviv
Joel Freeland
Unicaja Malaga
Olympiakos Le Pirée Ionnis Bourousis Expliquons ce choix. Eidson est notre MVP, premier du groupe A avec Tel-Aviv ; McCalebb (3e éval avec 18,4) a reboosté Sienne, premier du groupe C ; Diamantidis est sûrement le MVP bis (1ère éval avec 19,0), impérial avec le Pana, premier du groupe B ; Freeland le poste 4 le plus régulier (14,1 pts, 6,9 rbds pour 18,0 d’éval) ; Bourousis est le point d’ancrage d’Olympiakos, premier du groupe D. Bien sûr, il manque une fournée de stars. Mais un 5 est un 5. Mentions : Roko-Leni Ukic (Fenerbahçe), Vassilis Spanoulis (Olympiakos), Igor Rakocevic (Efes), Stanko Barac (Vitoria), Ksystof Lavrinovic (Sienne) Le 5 Français : Jo Gomis (Charleroi), Fabien Causeur (Cholet), Nando De Colo (Valencia), LucArthur Vébobe (Cholet), Ali Traoré (Rome)
Meilleur coach Jure Zdovc
Montepaschi Siena
La stat 43
Seffi Magriso/EB via Getty Images
13,6 points à 60,0% à 2-pts, 6,1 rebonds et 15,6 d’éval en… 23 minutes, et en sortie de banc. Le Lituanien est un monstre d’intensité, une arme atomique de 2,10 m qui shoote à 3-pts. Cholet a payé pour le savoir (23 pts, 8 rbds, 10 fautes provoquées et 36 d’éval à la Meilleraie). Mentions : Ioannis Bourousis (Panathinaikos), Bostjan Nachbar (Efes Pilsen), Goran Jagodnik (Ljubljana), Nemanja Bjelica (Lietuvos rytas), Uros Tripkovic (Malaga) Le Français : Luc-Arthur Vébobe. Un impact, de par sa combativité, qui va bien au-delà des stats (5,6 pts et 3,6 rbds).
Olimpija Ljubljana
Avant le début de la saison, aucun pronostiqueur sensé n’aurait parié sur une qualification pour le Top 16 des Slovènes. Au final, ils étaient déjà qualifiés avant la dernière journée, premiers de leur groupe avec le Panathinaikos (6-3). Mentions : David Blatt (Maccabi), Simone Pianigiani (Sienne) Le Français : euh… Erman Kunter ?
Meilleur 6e homme Ksystof Lavrinovic
Cibona Zagreb
D’accord, le Zagreb était fanny après 9 journées, mais son ailier né en 1989 était le meilleur marqueur de l’Euroleague, tournant à 16,9 points ! 54 points en cumulés contre le Barça (28 au Palau Blaugrana, 26 à domicile). Mentions : Jonas Valanciunas (Lietuvos rytas), Tibor Pleiss (Bamberg), Leon Radosevic (Zagreb), Ricky Rubio (Barcelone). Et on suivra les performances du transfuge de Vrsac au Maccabi, le Serbe Milan Macvan… Le Français : Christophe Léonard. Il a commencé par jouer 4, puis 1, puis 9 minutes. Mais entre les 5e et 9e journées, titularisé, il s’est fendu d’au moins 20 minutes à chaque fois. 9 points et 6 rebonds au Barça. Un potentiel physique hors normes pour ce jeune né en 1990.
Dimitris Diamantidis Panathinaikos Athénes Chuck Eidson
Caja Laboral Vitoria
Chuck Eidson, impérial avec le Maccabi Tel-Aviv.
Le différentiel à l’éval de Nihad Djedovic (Rome), de la 8e à la 9e journée : -11 à Madrid (1 pt à 0/8), suivi de 32 contre Malaga (23 pts à 6/11 et 6 pds). La stat française : 20, le nombre de points de Fabien Causeur contre Lietuvos rytas. La meilleure perf au scoring d’un Tricolore après 9 journées. Gomis était resté bloqué à 19 contre Rome et De Colo à 16 à Ljubljana.
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MAXI-BASKET
PARTENAIRES
DANS LES COULISSES DU…
POURQUOI IL CROIT AU BASKET
Le discours d’après match de Joël Ras, Président du STB Le Havre.
JEAN-MICHEL LEVACHER
DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION DU GROUPE MATMUT,
SPONSOR MAILLOT DU STB Pourquoi investir au STB Le Havre ?
Catherine et François Loiseau de la Société Bouloi Fermetures entourés de Wesley Wilkinson, Joseph Jones et Bernard King.
Dominique Bézirard (le deuxième de gauche à droite), DG de ETS (Bureau d’études) et fidèle supporter du STB Le Havre.
Entretien JOËL RAS
Bernard King, alias BK, en pleine séance de dédicaces au salon VIP après la victoire du STB face à Orléans.
Quelques invités de la société LBC Sogestrol (chimie), partenaire du STB
Partenariat streetwear avec la marque LH d’Alix Chesnel (fondateur).
PRÉSIDENT DU STB LE HAVRE Le travail avec les partenaires est-il l’une des fonctions principales d’un président de club ?
Oui, c’est un gros travail. La vie économique du club, c’est quasiment le rôle principal d’un président. C’est une tâche de plus en plus importante, le système de financement du basket évolue parce que les subventions des collectivités baissent. Et c’est un travail sur le long terme, et quotidien. Quand on boucle le budget d’une saison, vers décembrejanvier, on doit déjà penser à la saison prochaine.
Vous réalisez un bon début de saison, c’est donc plus facile aujourd’hui d’attirer des partenaires ? Il est important de faire des efforts, beaucoup d’efforts pour que les liens soient tissés et pour avoir une relation plus proche. C’est l’idée du travail à long terme. Quand le “sportif“ va moins bien, le relationnel ne doit pas diminuer.
« UNE DRAFT, C’EST COMME UN TITRE »
Le nombre de victoires influe-t-il beaucoup ?
Les résultats sportifs sont très importants. Le sponsor s’identifie à l’équipe, il faut donc que le côté sportif soit positif. Après, si ça marche bien, ce n’est pas pour autant que les gens signent, mais c’est sûr que l’on obtient plus facilement les rendez-vous.
Pape Sy drafté cet été par Atlanta, estce un vrai plus pour le club dans sa relation avec les partenaires ?
Oui, c’est évident, parce qu’une draft, ça montre le succès de la formation du club. Donc faire signer un joueur dans un grand club européen ou si le joueur est drafté, ça équivaut à un titre.
Le STB est un club ancien, un club normand, et nous sommes une entreprise normande. Nous sponsorisons déjà le basket et le hockey à Rouen et le handball féminin au Havre. Nous sommes le sponsor principal du STB depuis quatre ou cinq ans. Le STB est une petite structure bien ancrée, très locale. Au Havre, il y a toujours eu cet aspect familial. La première chose importante, c’est que l’équipe se défonce sur le terrain, mais la victoire est toujours plus belle.
Ce partenariat vient d’une passion pour le basket ?
Moi, j’aime beaucoup les sports en salle, handball, basket, hockey sur glace. Notre président est plus fan de voitures et de sports mécaniques. Ce partenariat n’est pas pour autant étonnant. Le basket, comme le hand et le volley, véhicule des images positives d’équipe, de jeu en commun, c’est très important pour nous qui ne sommes pas une entreprise commerciale à 100%, nous sommes une mutuelle.
Comment la Matmut suit-elle la saison sportive du STB ?
On suit les résultats, je vais aussi à quelques matches, trois ou quatre dans l’année. Après je passe un peu de temps avec l’équipe, les dirigeants, enfin, le club dans son ensemble. Nous sommes en contact avec les dirigeants du STB très régulièrement, j’ai des nouvelles toutes les semaines. On a quelqu’un à la Matmut qui ne s’occupe que du sponsoring sportif. Ensuite, lors de tous les matches des équipes sponsorisées par la Matmut, des places sont réservées pour les salariés, ça peut aller de 10 à 200 places.
F R A N C A I S E
DE
B A S K E T B A L L
P R É S E N T E
FRANCE
L A
DE
FINALES À
BERCY 14 15 LES
ET
MAI 2011
w w w. c o u p e d e f r a n c e d e b a s k e t . c o m
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