TERGelabale POS & Mickaël
#28
février 2011
ah Joakim No
Du côté de chez Ilian Evtimov
Nanterre
Prêt pour la Pro A
04 Philippe Braud 22 Henri Kahudi 24 Basket et TV
72 Photos Euroleague 80 K.B. Sharp 86 Kostas Papanikolaou
William Gradit
Le Coyote a mauvaise réputation
Reportage
Loire-Sud, un pays fou de basket
Andrew Albicy
Prochain arrêt :
NBA © JHervé Bellenger / IS
M 03247 - 28 - F: 5,00 E
MAXI BASKET N°28 - février 2011 DOM : 5,60 € - BEL : 5,40 € - Port.cont : 5,20 €
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Édito • maxi-basket 03
Ce n’était qu’un mirage
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Siège Social : 3 rue de l’Atlas – 75019 PARIS. Capital : 25 000 euros Principaux associés : Print France Offset, Le Quotidien de Paris éditions, Investor.
Sommaire #28
Par Pascal LEGENDRE
Peut-être que la découverte du sport avec ses exigences, ses règles collectives, sa technique qu’il fallait s’approprier, peut-être que ça a joué un rôle dans cette discipline physique qui m’a accompagné et qui a eu des conséquences positives au plan intellectuel. Ça a été la découverte du basket. J’ai fait du basket pendant vingt ans. Ça a été une grande passion puisque j’ai joué à la fois au lycée, puis en universitaire lorsque j’étais à Sciences Po, et en civil parallèlement. J’avais deux matches par semaine et parfois un ou deux entraînements. Je jouais encore en vétérans à Sceaux à l’âge de 36 ans. C’est l’une des choses qui a structuré ma jeunesse. » S’il avait été élu président de la République, Lionel Jospin eut été le Barack Obama français. Mais il y a eu un certain 21 avril… Ceci dit, merci à Jospin d’avoir évoqué sa passion dans un entretien accordé à France 2 diffusé le 19 novembre dernier. Documents photographiques inédits en sus. Ce fut l’un des très rares “moments de basket“ de l’année 2010 sur l’une des quatre chaînes hertziennes françaises. Sinon ? Un portrait de Boris Diaw à Stade 2, le divorce Tony ParkerEva Longoria dans les JT et les émissions people, quelques zestes de Joakim Noah. De l’aumône pour ce qui est considéré sur l’ensemble de la planète comme le deuxième sport olympique derrière l’athlétisme. Et pas un match, rien. En 2009, au moins avions-nous eu droit à la finale de l’Euro féminin. Rappel : depuis qu’il a rejoint la NBA et qu’il est devenu une star planétaire, TP n’a jamais été vu en action sur une chaîne accessible à tous. Les raisons de ce bannissement ont été rabâchées : championnat de Pro A faiblard et sans identité, des audiences médiocres lors des deux dernières finales à Paris télévisées, des clubs pas compétitifs en Euroleague, le fait que le groupe Canal + se soit jeté sur les droits
Directeur de la publication Gilbert CARON Directeur de la rédaction Pascal LEGENDRE (p.legendre@norac-presse.fr) Rédacteur en chef Fabien FRICONNET (f.friconnet@tomar-presse.com) Rédacteur en chef-adjoint Thomas BERJOAN (t.berjoan@tomar-presse.com)
février 2011
pour nourrir sa chaîne Sport + – et c’était son job ! –, l’apathie de France Télévisions, l’absence d’une chaîne sportive sur la TNT – on préfère en France offrir un canal à la seule ligue de foot –, une Fédération Internationale qui vend ses droits aux plus offrants sans mesurer l’impact populaire dans chaque pays, l’absence de lobbying, des décideurs dans le basket français qui globalement n’ont pas de poids, le snobisme parisien pour un sport très provincial et à l’inverse le rejet de nombre d’adultes pour l’American Way of Life du basket-ball et de sa NBA, la concurrence des autres sports, et lorsque l’équipe de France est à même de passer sur France Télévisions pour jouer une finale européenne contre l’Allemagne – là, c’était une obligation –, elle se gaufre en moins d’une minute (souvenez-vous de la demi-finale face à la Grèce, à Belgrade en 2005). Ce début de XXIe siècle est donc marqué par une longue, longue traversée du désert. La situation est incroyablement paradoxale puisqu’il n’y a jamais eu autant de basket sur les chaînes à péage et en streaming, mais rien sur celles qui sont gratuites donc ouvertes à tous, donc qui font qu’un sport est majeur. Ou pas. Jamais on n’avait observé au cours des trois décennies précédentes une telle paupérisation télévisuelle. Il y a toujours eu quelques matches de championnat le week-end et parfois des exploits en coupes d’Europe en semaine. Tony Parker est même déjà apparu sur France Télévisions, avec l’équipe de France, mais c’était en 2001, à l’Euro turc, juste avant qu’il ne soit reçu en NBA. Croyez-nous, il y eut un temps, avec en pointe les années 1987 et 88, où le basket français a cru devenir un sport populaire. Ce n’était qu’un mirage. Et faire une rétro sur cet âge d’or est forcément masochiste. l
RÉDACTION DE PARIS 3 rue de l’Atlas - 75019 Paris Téléphone : 01-73-73-06-40 – Fax 01-40-03-96-76 RÉDACTION DU MANS 75 Boulevard Alexandre & Marie Oyon BP 25244 - 72005 LE MANS CEDEX 1 Téléphone : 02-43-39-16-21 – Fax 02-43-85-57-53
JOURNALISTES
Thomas BERJOAN, Thomas FÉLIX (01-73-73-06-47), Fabien FRICONNET, Florent de LAMBERTERIE (01-73-73-06-46), Pascal LEGENDRE (02-43-39-16-26), Antoine LESSARD, Pierre-Olivier MATIGOT, Laurent SALLARD. RÉDACTION AUX USA Jérémy BARBIER (Chicago), Pascal GIBERNÉ (New York). Correspondants à l’étranger David BIALSKI (USA), Giedrius JANONIS (Lituanie), Kaan KURAL (Turquie), Pablo Malo de MOLINA (Espagne), Streten PANTELIC (Serbie), Bogdan PETROVIC (Serbie); Yannis PSARAKIS (Grèce), Sran SELA (Israël), Stefano VALENTI (Italie).
A collaboré à ce numéro Yann CASSEVILLE. Secrétaire de rédaction Cathy PELLERAY (02-43-39-16-21 - c.pelleray@norac-presse.fr).
RÉALISATiON GRAPHIQUE
04 Un-contre-un : Philippe Braud
06 Contrôle surprise : OLIVIER VEYRAT
08 Andrew Albicy 16 Ilian Evtimov 22 Henri Kahudi 24 Rétro: TV 30 William Gradit 38 Loire-Sud 66 Nanterre 72
Photos: Euroleague
80 K.B. Sharp 86 Œil des scouts :
Kostas Papanikolaou
90 Échos 98 Le baromètre POSTERS
Joakim Noah Chicago Bulls & Mickaël Gelabale Lyon-Villeurbanne
PUBLICITÉ RÉGIE Hexagone Presse 12 rue Notre-Dame des Victoires – 75002 Paris Patrick GOHET (09.54.04.72.66), hexagone@hexagonepresse.com Loïc BOQUIEN (06.87.75.64.23), lboquien@hexagonepresse.com
Conception charte graphique Philippe CAUBIT (tylerstudio) Maquettiste Cyril FERNANDO
IMPRESSION
ABONNEMENTS
À JUSTE TITRES Diane PAILLARD (04-88-15-12-47 - d.paillard@ajustetitres.fr) COMMISSION PARITAIRE : 1110 K 80153 RCS : Paris B 523 224 574 ISSN : 1271-4534. Dépôt légal : à parution
Laurence CUASNET (02-43-39-16-20, abonnement@tomar-presse.com) Tomar Presse – Service abonnements - B.P. 25244 72005 LE MANS CEDEX 1
ROTO PRESSE NUMERIS 36 Boulevard Schuman – 93190 Livry Gargan
RÉGLAGE
La reproduction des textes, dessins et photographies publiés dans ce numéro est la propriété exclusive de Maxi-Basket qui se réserve tous droits de reproduction et de traduction dans le monde entier.
04
maxi-basket •
un-contre-un
PHILIPPE BRAUD (ROANNE)
« RECEVOIR LA BALLE D’UCHE EST UN DELICE » Pas de surprise avec l’artilleur roannais Philippe Braud, le shoot longue distance est sa madeleine, son péché mignon. Et s’il souhaite progresser en pénétration, l’étiquette de shooteur lui va très bien. Propos recueillis par Thomas FÉLIX
Quel est ton geste favori ?
(Il rigole) Je crois que cela n’est pas un secret, c’est le shoot à 3-pts. C’est là où je me sens le mieux, c’est ma première qualité.
Tu as toujours été un très fort shooteur ou tu as beaucoup travaillé ?
Un peu des deux, je pense. J’ai vu que j’avais une certaine adresse dès le départ, mais j’ai shooté pendant des heures. Après, il faut évidemment travailler son shoot pour pouvoir le prendre rapidement, se placer, être dans le rythme, même en étant adroit à la base.
Quel est ton spot préféré ?
Les corners, parce que c’est là où l’on est le plus caché, où l’on essaye de se faire le plus oublier . C’est donc là où l’on nous trouve le plus souvent.
Catch and shoot ou non ?
Je préfère shooter directement, parce que si on a le temps, on commence à réfléchir et ce n’est jamais bon.
Beaucoup de shooteurs disent la même chose, ne pas réfléchir c’est donc le secret ?
Oui et c’est la même chose sur une série où l’on n’est pas dedans. Il ne faut pas réfléchir, pas se poser de question en se disant, « tiens, je n’en mets pas un ? » Parce que, forcément, on ne va pas en mettre un. Cela doit devenir un instinct en match.
À l’entrainement, c’est quoi ta plus longue série ?
On ne compte pas vraiment. À Roanne, je termine les entraînements avec Solo Diabaté et on fait des grilles où je tourne entre 70-85 sur 100 à peu près.
En match, le 6/6 contre Gravelines, c’est le must ?
Contre Roanne avec Chalon il y a deux ans, j’avais aussi fais 6/6 mais j’avais terminé à 8/10. Mais j’ai déjà fait 7/7 en amical.
C’est quoi ta faiblesse dans le shoot ?
C’est d’attendre la passe, je ne me crée pas mon shoot, je suis tributaire des autres, c’est un problème. Il me faut aussi tenir dans la régularité, gommer les périodes de doute pour ne pas avoir de trou.
Hormis le shoot longue distance, ton deuxième geste préféré ?
Tu sais, moi à part le shoot à 3-pts, tout est à travailler (Il rigole). Pas de geste particulier, mais j’aimerais bien travailler ma pénétration, être plus agressif car tout le monde sait que je vais shooter donc feinter et pénétrer, c’est à développer.
Quelle est la meilleure passe pour shooter dans les meilleures conditions ?
Hervé Bellenger / IS
J’aime le jeu en transition, quand on est tous dans le rythme, que le meneur pousse la balle, va driver et me décale la balle extérieur. J’aime aussi recevoir la balle de mon intérieur lorsque mon défenseur va le trapper et que je me retrouve tout seul. Avec Uche par exemple, qui est un excellent passeur, c’est un délice.
06
MAXI-BASKET
CONTRÔLE SURPRISE !
OLIVIER VEYRAT Par Fabien FRICONNET
d’Eurosport – et !» Le consultant é us ab u pe un a lent, on veut bien « Ok, Olivier, on un quiz assez vio bi su a – B LN la moyenne, ça n’est superviseur pour les honneurs. La ec av e tir en s’ il e. Mais c’était le reconnaître, et , j’assume, j’assum me su as J’ « l. ma i appris des finalement pas si était intéressant, j’a C’ . yé vo en as m’ du lourd que tu choses ! »
5/10
uroleague ? aikos a-t-il gagné d’E 1. Combien le Panathin ❏7 ❏5 ❏4
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lsh ? 2. Où est né Matt Wa ❏ Sarasota (Floride) Moines (Iowa) s De ❏ nie) is je ne savais pas ylva nns ❏ Holland (Pe i joué la logique, ma J’a a… rid Flo de ité é à l’univers « Comme il avait jou ylvanie » nns Pe en né it éta qu’il Year NBA… niers Rookies of the ologique, les trois der ron ch e rdr l’o k Rose, Tyreke Evans s dan 3. Cite, ❏ Kevin Durant, Derric se Ro k ric Gordon, Der ❏ Kevin Durant, Eric in Durant, Eric Gordon ! » ❏ Tyreke Evans, Kev dans l’autre sens, là record au quiz, mais un re fai s vai je 3, 0/ « Je suis pas mal ! ? eur de la finale 1999 ricains de Pau vainqu mé d’A re pai la est e 4. Quell s Brown ❏ Josh Grant et Marcu al Davis ❏ Josh Grant et Emanu de za Muresan on les joue en quart ❏ Damon Bailey et Gid ore coach à Nancy et enc » s x. tai eu J’é ez ! s ch sai es je tch « Grant et Davis, ça on perd les deux ma gagne chez nous mais finale. On perd 2-1. On t-ils été localisés ? villes les Clippers on es ell qu s dan es, gel à Los An go 5. Avant de s’installer ❏ Buffalo et San Die Diego et Minneapolis n Sa ❏ NBA à San de nto me eu il n’y a jamais ❏ Buffalo et Sacra dire Sacramento, car s vai e tu me fais, qu Je r. iz sû qu st des c’e iz « Il y a Buffalo, quiz ? C’est le qu ce oi qu st C’e ? r s sû Diego. Ah bon, si ? T’e c infernal. » rire) « C’est un tru de e los exp l (I » ? là contre… 1967 ont été marqués n-Pierre Staelens en Jea de s int po 71 6. Les ❏ Bagnolet ❏ Valenciennes , c’est sûr, je le ❏ Denain st contre Valenciennes C’e . ain Den e ntr co pas st c c’e « C’est avec Denain, don » s. sai gne ? s de la salle de Boulo Le Palais des Sport 7. Quel est le nom des Deux Rivières ❏ if ort Sp e lex mp Co t ❏ Le ❏ La Salle Damrémon NBA ? ints de l’histoire en mier panier à trois-po pre le i ss réu a r eu 8. Quel jou ❏ Jamaal Wilkes ❏ Chris Ford Ah bon ! Tu je sache ça ? Ford ? ❏ Calvin Murphy e Comment tu veux qu ? perviseur, je su ion is est su qu Je te ? cet « C’est quoi s pris des produits T’a ? iz qu ce re, tu tor l’as préparé sous la ôle anti-dopage ! » passes direct au contr peux te dire que tu s a-t-il joué ? éens Dominique Wilkin rop eu bs clu is tro 9. Dans lequel de ces ❏ Fortitudo Bologne bul rs, ❏ Fenerbahçe Istan ée Pir Le s tre équipe aussi ! Alo ko pia ❏ Olym , il a joué dans une au Ah ? s lkin Wi na, Pa au » « Mais il a pas joué Italie, alors Bologne. e tête à avoir joué en bon… Wilkins, il a un lle ? lué à la SIG. Laque personnes n’a pas évo Christian Monschau 10. Une seule de ces ❏ c Micoud Éri ❏ bourg er à Mulhouse et Stras ❏ Hugues Occansey use et on ne peut jou lho Mu à é jou a Il ! n « Ben, c’est Christia on on est lynché ! » dans une carrière, sin
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Pascal Allée / Hot Sports
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MAXI-BASKET
ANDREW ALBICY
L’ÉTOILE FILANTE IL N’A QUE 20 ANS MAIS À L’ÂGE OÙ LA PLUPART DE SES HOMOLOGUES TRAÎNENT ENCORE DANS LE CHAMPIONNAT ESPOIR, LE MENEUR DU PARIS LEVALLOIS EST DÉJÀ UN PROFESSIONNEL CONFIRMÉ. RÉVÉLÉ AU GRAND PUBLIC PAR LA GRÂCE D’UN ÉTÉ 2010 DÉVASTATEUR, LE JEUNE HOMME, PERPÉTUELLEMENT EN AVANCE SUR SON TEMPS, VISE DÉSORMAIS LA NBA. PORTRAIT D’UNE MÉTÉORITE.
Géraldine Robert
Par Florent de LAMBERTERIE
Géraldine Robert
PORTRAIT • MAXI-BASKET 9
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MAXI-BASKET
A
ux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années. La fameuse maxime de Pierre Corneille semble avoir été écrite pour Andrew Albicy. Au premier abord, sa voix rieuse et sa légère timidité trahissent l’âge qui est le sien, avant qu’un coup d’œil rapide sur son CV ne le balaye tout aussi rapidement. Plus de 80 matches chez les pros, 10 capes en équipe nationale et une sélection au dernier All-Star Game LNB… Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces états de service ne correspondent pas vraiment à ceux d’un gamin de 20 ans. À cet âge-là, habituellement, on fait ses débuts sur le banc, en attendant que le coach veuille bien vous donner quelques minutes à grignoter. Sauf qu’attendre, ce n’est pas vraiment le truc d’Andrew. « Personnellement, je ne regarde pas trop l’âge », dit-il instinctivement. « J’ai l’habitude de dire que si tu peux faire les choses dès maintenant, fais-les. » En clair, ne perd pas ton temps, et ça, Andrew l’a bien compris. Il faut dire aussi qu’Andrew va vite, très vite même. Sur le terrain où, balle en main, peu de joueurs sont capables de suivre son tempo. Mais aussi dans son parcours où, là aussi, tout a toujours été très vite.
Trop petit pour le pôle espoir
Né à Sèvres, dans les Hauts-de-Seine, non loin de Levallois, c’est pourtant de l’autre côté que le phénomène va prendre son envol. De l’Atlantique tout d’abord, en Martinique, région d’origine de ses deux parents où Andrew partira vivre sa prime jeunesse, puis de l’autre côté de la région parisienne, à Coulommiers plus précisément. C’est là, à huit ans, qu’un jour Andrew décide de suivre son grand frère à l’entraînement. Le gamin ne connait alors rien au basket mais qu’importe, il repartira de la salle une licence en poche. « La première fois que je l’ai vu, il avait déjà une rapidité exceptionnelle pour son âge », se souvient Cédric Rakoton, l’un de ses premiers entraîneurs à Coulommiers. « Il avait aussi cette soif d’apprendre qui faisait que dès qu’on lui montrait quelque chose, il l’intégrait tout de suite. C’était incroyable, il assimilait l’information avec aisance, c’est comme s’il faisait quatre entraînements en un seul, donc il a progressé très, très vite. » Tellement vite même que dans sa dernière année de poussin, Cédric Rakoton, alors en charge des benjamins du club, n’hésite pas à le prendre avec lui histoire de se frotter aux plus grands. « Il tenait le rythme sans problème », se rappelle l’entraîneur, qui avoue avoir conservé les feuilles de match de l’époque. « D’ailleurs, c’était un spectacle parce que tout le monde savait qu’il était poussin et qu’il avait un culot monstre, il tirait déjà à trois-points et faisait régulièrement ficelle. C’était une petite attraction dans le coin, il impressionnait déjà par sa vitesse et son sens du collectif, ce qui est très rare à cet âge où, souvent, les gamins ont tendance à jouer pour eux. Je savais très bien que j’avais une pépite d’or. » Et celle-ci ne passe pas inaperçue. Andrew progresse à grands pas, sa vitesse et ses talents de scoreur font merveille. Nous sommes alors en 2003 et logiquement, le garçon décide d’intégrer le pôle espoir régional. Niet. Trop petit, juge-t-on alors. « C’est la seule fois dans ma carrière où l’on m’a refusé à cause de ma taille », se remémore le joueur aujourd’hui. « J’ai pris cette frustration comme une motivation, du coup chaque fois que je me retrouvais contre un gars du pôle, j’étais obligé de l’écrabouiller. » Ce qu’il fait plutôt bien. Après avoir rejoint Marne-la-Vallée, Andrew est rappelé à la fin de l’année pour intégrer l’équipe d’Île- de-France en vue du tournoi interrégional de Temple-sur-Lot. Ceux-là même qui le jugeaient trop petit lui font à présent les yeux doux. « J’y suis allé, je n’ai pas fait le rageux », s’en amuse-t-il avec le recul.
sur le poste de meneur. Albicy fera un autre essai au Havre, sans suite, et c’est finalement le PBR qui se frotte les mains. Directeur du centre de formation parisien à l’époque, l’actuel coach du Paris Levallois se souvient de la rencontre. « On organisait des journées de détection où l’on faisait venir des jeunes de la région parisienne qu’on nous avait conseillés et Andrew est venu. Il sortait du lot, largement. J’avais particulièrement apprécié sa vitesse et sa vision du jeu, il allait déjà très vite balle en main et il avait cette espèce de maturité dans le jeu, il trouvait déjà des choses que certains espoirs confirmés n’arrivaient pas à trouver, des passes pas évidentes. Je me suis dit : tiens, ce garçon-là, en plus d’avoir des qualités physiques intéressantes, il a du basket. » À son arrivée, Andrew est encore jeune et n’a pas encore atteint sa taille adulte. Mais il a déjà pour lui cette vitesse qui fait des ravages et cette hargne défensive qui n’est pas sans rappeler un autre joueur du PBR qui deviendra très vite son modèle, un certain John Linehan. « Tout le monde me comparait à lui parce que je courais partout, j’étais toujours en train d’essayer d’intercepter la balle », s’enflamme-t-il encore aujourd’hui. « En pro A, personne ne pouvait le passer. » Pour l’heure, Albicy n’est pas encore Linehan et c’est un garçon un peu réservé qui découvre l’environnement du club parisien. « Mais ça, c’était dans le groupe », précise Christophe Denis. « Dans le jeu, c’était un animal. » À tel point que le jeune cadet est rapidement surclassé en espoir, dès sa première année. À tout juste 15 ans, et avec réussite. « Il s’est tout de suite imposé pourtant, c’est très difficile », note Christophe Denis. « Quand vous êtes cadet première année comme lui, il y a quand même des espoirs qui sont quatre à cinq ans plus vieux que vous. Mais il a tout de suite gagné le respect des autres et, physiquement, il était au-dessus. Il faisait 20 à 25 cm de moins que les autres mais il allait beaucoup plus vite que tout le monde, c’était John Linehan en espoir. » Une vraie filiation.
« Il sortait du lot, largement. » Christophe Denis, sur sa rencontre avec Andrew
Repères Né le 21 mars 1990 à Sèvres (Hauts-de-Seine) Taille : 1,78 m Poste : meneur de jeu Clubs : • Paris Basket Racing’05-07 • Paris Levallois’07-11
Maxi Basket
Palmarès : • Médaillé d’or à l’Euro espoir 2010 • MVP de l’Euro espoir 2010 • MVP espoir Pro A 2010 • Sélectionné pour le All-Star Game français 2010 • 10 sélections en équipe de France
Le nouveau John Linehan
Les succès s’enchaînent et en 2005 vient le temps de passer aux choses sérieuses. Désireux de devenir pro depuis qu’il a touché un ballon, Andrew souhaite intégrer ce qui se fait de mieux en terme de formation à la française, Cholet. Seul hic, le centre de formation des Mauges compte déjà Carl-Ona Embo et Rodrigue Beaubois
Début pro à 17 ans
À l’été 2006 pourtant, Linehan a quitté Paris, de même que Gordon Herbert, l’entraîneur des pros. Le nouveau technicien se nomme Elias Zouros. Grec, autoritaire et ex-entraîneur de l’Olympiakos, l’homme n’est pas n’importe qui et n’est pas franchement réputé pour lancer des jeunes dans le grand bain. Ou alors c’est qu’il n’a pas d’autres choix, comme ce soir de mars 2007 contre Le Mans. Paris ne marche pas bien fort et ses deux meneurs de jeu, Kris Morlende et Donald Copeland sont sur le flanc. T.J. Parker étant incertain pour le match, Zouros emmène dans ses bagages le jeune Albicy qui vient juste de fêter ses 17 ans. Quelques semaines plus tôt, le Grec l’avait déjà fait rentrer une poignée de secondes contre Strasbourg mais cette fois, il a vraiment besoin de lui. « J’avais la trouille », se rappelle Albicy. « On était mené de trente points et Vincent Collet avait fait rentrer les espoirs. Je me suis retrouvé face à Aaron Cel, je fais une feinte, je lance un hook et ça rentre. Et puis à la fin du match, il ne restait que cinq secondes et je tire du milieu de terrain. Ça rentre ! On avait perdu de vingt points mais dans ma tête, c’était champagne ! » 5 points, 3 interceptions et une passe en 17 minutes pour Andrew, des débuts réussis. Il jouera encore 16 minutes la semaine suivante contre Pau avant que les blessés ne fassent leur retour. Ses deux premières et dernières prestations sous les couleurs du Paris Basket Racing.
Premières désillusions
Car à l’orée de la saison suivante, le PBR n’est plus. Paris et Levallois ont fusionné et le nouveau club, doté d’un grand budget et auteur d’un recrutement clinquant (Cyril Akpomedah, Taj Gray, Kelvin Torbert, Je’Kel Foster…), est voué à jouer les tout premiers rôles en Pro A. Pourtant, les prestations du jeune meneur ne sont pas passé inaperçues et Elias Zouros lui propose de se joindre au groupe pro pour le stage d’avant-saison en Italie. À sa grande
Photo Jean-François Mollière
PORTRAIT • MAXI-BASKET 11
Face à Ricky Rubio au Championnat du monde. Forcément un très bon souvenir.
12
MAXI-BASKET
surprise, ce dernier décline l’invitation. « C’est un regret », juge aujourd’hui Andrew. « J’étais rentré super tard de la campagne avec l’équipe de France, j’étais crevé et je voulais prendre un peu de vacances. Sauf que Zouros, et je le comprends, m’a mis de côté pour les pros. » Ulcéré du culot du gamin, l’entraîneur grec ne l’appellera plus jamais. La suite est connue. Zouros quitte le Paris Levallois en décembre et le club s’enfonce dans une spirale de défaites qui le conduira droit vers la Pro B. La baudruche du grand club parisien s’est dégonflée et Andrew, qui n’aura joué que quatre minutes avec les pros, souhaite quitter le navire. « On a essayé de trouver des clubs à côté, j’avais fait une très bonne année espoir donc je cherchais une place en Pro A. » Mais le nouvel entraîneur Jean-Marc Dupraz ne l’entend pas de cette oreille. Conscient du talent du gamin, il lui offre son premier contrat pro. Le deal est simple : il sera le back-up de Jimmal Ball en Pro B avec, pour optique, la remontée directe en Pro A. Si sportivement le club atteint ses objectifs, Andrew ronge son frein.
Lui pour qui tout allait très vite, doit se contenter de neuf petites minutes de moyenne derrière le Franco-Américain. « Je n’ai pas tellement joué, pas assez en tout cas », lâche-t-il avec une pointe d’amertume. « Certes, j’ai appris en regardant jouer Jimmal même si, à mon sens, j’aurais davantage progressé en jouant davantage. » Malgré un impact limité, quelques fulgurances pointent le bout du nez comme ce match face au Portel (10 pts, 3 pds, 5 ints, 14 d’éval) ou encore en playoffs, contre Saint-Étienne (10 pts, 6 pds, 3 rbds, 5 ints 17 d’éval). De quoi penser qu’il peut assumer davantage de responsabilités, raison pour laquelle Dupraz lui fait de plus en plus confiance. Pour sa première saison complète en Pro A, Albicy taquine sérieusement son titulaire (19,5’), réalise quelques coups d’éclats (15 pts, 7 rbds, 6 pds et 25 d’éval contre Rouen) et termine la saison en playoffs, auréolé du titre de meilleur espoir de l’année. Sans pour autant s’enflammer. « Saison mitigée », analyse-t-il. « Je pense que j’aurais pu faire mieux, plus me lâcher. J’étais Monsieur Propre, pas de perte de balle, faire jouer l’équipe… J’aurais pu faire plus et c’est
Géraldine Robert
Photo Jean-François Mollière
« En préparation, Toupane nous avait dit : si vous êtes bon, vous serez peut-être appelé par Vincent Collet. Moi, ça me paraissait totalement hors de portée. » Andrew Albicy
PORTRAIT • MAXI-BASKET 13 pour ça que j’attendais vraiment l’été parce que je savais que c’était la dernière avec mes potes de l’équipe de France. »
Médaillé d’or et MVP
Qualifiée pour l’Euro des moins de 20 ans, la France ne fait pas vraiment figure de candidat crédible pour le titre. L’équipe ne s’était classée que 8e au championnat du monde l’année précédente et ne dispose pas d’autant de talent que sa devancière. Mais la troupe de Jean-Aimé Toupane a du cœur et elle en a marre d’être sans cesse comparée à la baisse par rapport à sa devancière, portée d’Antoine Diot, Edwin Jackson, Thomas Heurtel et Kevin Séraphin. « Personne ne croyait en nous et Nicolas Lang avait dit : j’en ai marre qu’on me parle d’Edwin Jackson et Antoine Diot, moi
aussi j’ai envie de gagner ! », détaille Andrew. « J’avais un peu le même ressenti. On se disait qu’on pouvait le faire et que c’était notre dernière chance d’y arriver, c’est pour ça qu’on s’était fixé un objectif : gagner. » Les Français terminent sans encombre le premier tour invaincus, puis viennent à bout de la Slovénie, avant de s’incliner par deux fois, contre la Croatie et l’Espagne. Une contre-performance qui permet toutefois aux Bleus d’affronter en quart une modeste Ukraine, corrigée comme il se doit de 33 points. En demi, les Français prennent leur revanche sur les Espagnols au terme d’un match d’équipe, avant de balayer d’un revers de main les Grecs de Pappas et Papanikolaou, présumés intouchables en début de tournoi. La France remporte la première médaille d’or de son histoire en catégorie espoir et Andrew Albicy – top scoreur
STATS Saison
Club
Min
% Tirs % 3-pts
Pds Rbds
Pts
2006-07
Paris Basket Racing
MJ 2
17
66,7
50,0
0,5
0,5
4,5
2007-08
Paris Levallois
2
2
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
2008-09
Paris Levallois (Pro B)
34
9
42,5
21,9
1,1
0,5
2,5
2009-10
Paris Levallois
30
20
41,8
28,9
3,1
1,5
4,4
2010-11*
Paris Levallois
15
28
37,6
45,0
4,0
1,6
10,5
DRAFTÉ CET ÉTÉ ?
PAS GAGNÉ !
*À l’issue de la phase aller
Géraldine Robert
• Si Andrew Albicy escompte rejoindre la NBA dès cette année, force est de constater que pour le moment, les prévisions ne mentionnent pas son nom. Après avoir fait le tour des principaux mock drafts, aucun ne plaçait le meneur du PL dans la prochaine draft 2011, pas plus d’ailleurs qu’en 2012, date à laquelle il sera automatiquement éligible en cas de retrait cet été. Bien sûr, tout peut changer très vite et chaque année, des surprises voient le jour à l’image de Pape Sy, sélectionné l’année dernière par Atlanta en 53e position bien que totalement oublié des radars avant la draft. Reste qu’Andrew Albicy se situe pour le moment loin, très loin dans les prévisions. ESPN le classait fin janvier à la 173e place des meilleurs prospects pour 2011, à la 32e place parmi les meneurs de jeu. Le site draftexpress quant à lui le plaçait à la 8e position des meilleurs « étrangers » nés en 1990, classement où le Lituanien Donatas Motiejunas arrivait premier et où figurent également Paul Lacombe (6e) et Christophe Léonard (13e). Mais là non plus, pas de trace d’Albicy dans le top 100 des prospects.
Cela s’appelle fondre sur sa proie.
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des Français (12,3 pts), meilleur passeur (5,9 pds) et intercepteur du tournoi (3,1 ints) – se voit logiquement décerner le trophée de MVP de la compétition. Pourtant, le meilleur est encore à venir.
L’explosion
« En préparation, Toupane nous avait dit : regardez Antoine Diot l’année dernière, si vous êtes bon, vous serez peut-être appelé ensuite par Vincent Collet. Moi, je n’ai même pas calculé, l’équipe de France, ça me paraissait totalement hors de portée. » À Vichy, Andrew profite d’un repos bien mérité chez sa copine d’alors, qui n’est autre que la fille de Jean-Christophe Jonon, le président de
tu viennes avec nous pour la tournée en Amérique. » À peine deux ans après avoir signé son contrat pro, Albicy fait donc son entrée chez les A. Les débuts sont pour le moins difficiles. La France enchaîne les défaites en préparation et se fait étriller sans appel par les Américains. Au Madison, Andrew assiste à la déconvenue en civil sur le banc mais Vincent Collet décide tout de même de l’emmener avec lui en Turquie, en qualité de 3e meneur. Peu de chance de le voir à l’œuvre se dit-on alors, d’autant qu’en ouverture, les Bleus affrontent l’Espagne tenante du titre et championne d’Europe l’année précédente. Autant dire qu’elle ne part pas vraiment
« Pour le moment, c’est un très, très bon back-up, pas un titulaire. » Christophe Denis
Photo Hervé Bellenger
Tu me croyais à droite Marco, je suis parti à gauche.
la JAV. Au même moment, à quelques centaines de kilomètres de là, à Pau, les Bleus de Vincent Collet entament leur préparation en vue du Mondial turc. Au menu, un premier match contre la Tunisie avant le grand départ pour l’Amérique où la France affrontera le Team USA à New York, au Madison Square Garden. Tout se passe bien jusqu’à ce que, la veille du match contre les Tunisiens, Rodrigue Beaubois se fracture le pied à l’entraînement. Une tuile, d’autant plus qu’en l’absence de Tony Parker et Antoine Diot, le Maverick était appelé à tenir un rôle important à la mène. « Je te parie qu’ils vont t’appeler », lance alors Jonon à Andrew en apprenant la nouvelle. « Je prends ça comme une blague », explique ce dernier. « Je m’attendais à voir Curti ou Jeanneau, des joueurs confirmés, d’autant que je n’avais jamais eu aucun contact avec le staff des Bleus. Et puis juste avant, le matin même du match contre la Tunisie, Patrick Beesley m’appelle : On veut que
favorite, loin de là. « Sur Basketsession (un site Internet), les gens nous insultaient avant même que le match ait lieu », se souvient Albicy. « Tout le monde disait qu’on allait perdre. Je ne m’attendais pas à rentrer si tôt et puis Yannick Bokolo et Nando De Colo se blessent. » Vincent Collet n’a plus le choix, il lance le gamin dans le grand bain avec une consigne simple. Défend dur, fais tourner. « Je fais une première défense et je vois Raul Lopez prendre mon pied et tomber tout seul. Donc je prends la balle et je pars au cercle, pour la confiance, c’est pas mal. » Grippée jusque-là, l’attaque des Français se réveille sous l’impulsion de son meneur qui s’attaque à Ricky Rubio. Harcelé, décontenancé, le prodige espagnol perd tous ses moyens (6 pts à 2/4, 2 bps en 29 min). En face, Albicy s’arrache en défense, imprime le tempo et prend sa chance quand il le faut (13 pts à 3/5, 3 rbds, 1 pd, 1 int) et la France s’impose face aux Espagnols. Une immense surprise, et
PORTRAIT • MAXI-BASKET 15
« J’ai toujours le même objectif et je ne le perds pas de vue : j’ai envie d’aller en NBA et je vais tout faire pour. » Andrew Albicy une question sur toutes les lèvres de la planète basket : mais qui donc est ce Andrew Albicy ? « J’étais inconnu avant ça, d’ailleurs j’ai vu qu’après, les journalistes essayaient tous de m’interviewer, L’Équipe a voulu faire un sujet sur moi. » C’est le début du buzz.
Qu’importe si, au final, la France ne confirmera pas ce coup d’éclat, le monde du basket a découvert en grande pompe ce petit bonhomme de moins d’1,80 m capable de donner la leçon à son homologue espagnol considéré comme le meneur le plus doué de sa génération. Un vrai coup de projecteur. On commence alors à parler de NBA et il se murmure que Portland, qui suivrait déjà Andrew depuis quelques temps, l’aurait dans le viseur. « J’ai toujours le même objectif et je ne le perds pas de vue, j’ai envie d’aller en NBA et je vais tout faire pour », lâche le garçon qui ne fait pas mystère de ses ambitions. Alors pour montrer que l’été dernier, « ce n’était pas du pipeau », Andrew enchaîne. 21 points et 8 passes pour 28 d’éval en ouverture du championnat contre l’ASVEL, sous les yeux du sélectionneur Vincent Collet. 16 points, 8 passes et 23 d’éval la semaine suivante à Poitiers… Après un mois de compétition, Andrew est LA révélation de ce début de saison. Pourtant, les choses ne tardent pas à se gâter. Après un départ canon (4v-1d), le PL encaisse six défaites de suite. Jean-Marc Dupraz est remplacé par Christophe Denis et Andrew, à l’image de son équipe, a drastiquement chuté. De quoi, aujourd’hui se poser des questions. « Il est complètement dépendant des autres », avance l’entraîneur en guise d’explication. « Il ne peut être bon qu’à partir du moment où il a des gens autour de lui prêt à se mettre le cul par terre. En début de saison, on avait un groupe de joueurs au top dans l’envie, l’ambiance, l’état physique et Andrew, dans ce contexte, il est inarrêtable. Mais il ne peut pas faire du LeBron James, c’est pas ce genre de joueur, il a besoin du collectif. Il lui manque encore quelque chose de fondamental, c’est d’arriver à provoquer les choses. Il doit continuer son apport statistique mais en devenant leader de son équipe et pour le moment, je suis désolé mais c’est un très, très bon back-up, pas un titulaire. » Le constat peut paraître sévère, il est néanmoins juste. Car pour le moment, Andrew n’a jamais été en mesure d’arrêter le déclin de son équipe au classement. Et il le sait. « J’ai le sentiment d’être revenu en arrière », avoue-t-il sans sourciller. « Ça m’énerve parce que j’ai peur de rater le coche. J’ai un objectif et je ne veux pas le rater. » S’il veut vraiment intégrer la NBA dès l’année prochaine, il lui reste encore une demi-saison pour inverser la tendance. Pas même six mois en fait, soit très peu de temps. Mais tout va toujours très vite quand il s’agit d’Andrew Albicy. l
Photo Hervé Bellenger
Objectif NBA
Photo Jean-François Mollière
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DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 17
“
POUR BIEN JOUER, IL FAUT S’AMUSER SUR LE TERRAIN.
”
DU CÔTÉ DE CHEZ…
ILIAN EVTIMOV SA LANGUE NATALE ? LE BULGARE. SON CURSUS « ESPOIR » ? AUX ÉTATS-UNIS. SA CARRIÈRE ? EN ESPAGNE, ITALIE, ALLEMAGNE, BULGARIE ET À CHYPRE. SON FRANÇAIS ? PARFAIT ET SANS ACCENT. ILIAN, FILS D’ILIA ET FRÈRE DE VASCO, ENFANT DE LA BALLE, EST UN PEU UN CITOYEN DU MONDE MAIS EST FIER D’ÊTRE UN « JFL », UN VRAI DE VRAI. UN HOMME ÉDUQUÉ ET AVENANT. ET UN JOUEUR REDOUTABLE. Propos recueillis par Fabien FRICONNET, à Chalon Reportage photos par Jean-François MOLLIÈRE
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CÔTÉ COUR
Tes débuts dans le basket Mon père a rencontré ma mère sur un terrain de basket donc le basket, c’est quelque chose que la famille fait, c’est naturel. Et quand Vasco est parti évoluer aux États-Unis, ça m’a fait rêver. À cinq ans, à la salle, j’allais prendre les rebonds pour mon père. À sept-huit ans, on a commencé le travail individuel. Je ne me suis pas posé la question de pourquoi je jouais au basket.
La Caroline du Nord Je suis parti à 15 ans, au lycée, à St. Mary’s, puis je suis allé en Caroline du Nord où j’ai fait deux high schools différentes en deux ans. Cela m’a permis de me faire approcher par les universités de la région, dont North Carolina State, donc. Là-bas, tu as North Carolina, Duke, North Carolina State, tout ça à 20 km de distance ! Tu as aussi Wake Forest… Une dizaine de facs de première division de bon niveau. Un endroit parfait. Avant ça, j’étais à l’ASVEL tout petit, j’ai joué en poussin avec Sven, le fils de Greg (Beugnot). J’ai joué à Vienne (Isère), à la CRO Lyon, puis on a habité à Pau quand mon frère y jouait. J’ai donc joué à Pau-Nord-Est. Puis je suis parti aux États-Unis.
Partir Mon père m’a dit : tu veux partir aux USA ? C’est ton choix ! Si tu es sérieux, on te donne cette opportunité. L’INSEP me proposait de venir. J’ai choisi entre les deux. Le parcours incroyable de Vasco en high school – il était All-Star – m’a fait rêver. Pour aller en NBA, le rêve ultime, c’était plus logique à l’époque de partir en high school.
NC State
Repères Né le 28 avril 1983 à Sofia (Bulgarie) Taille : 2,01 m Poste : Ailier / Ailier-fort Clubs : North Carolina State (NCAA, 01-05), Estudiantes Madrid (Esp, 04-05), Virtus Bologne (Ita, 05-06), Francfort (All, 07-09), Levski Sofia (Bul, 0910), AEL Limassol (Chy, 09-10), Chalon Stats Pro A ’11 : 10,4 points à 46,2%, 40,0% à 3-pts, 4,4 rebonds, 2,0 passes et 1,4 interception en 28 min (14 matches)
NC State, une expérience incroyable ! Le campus est immense, avec 30.000 étudiants. Tout le monde te reconnaît car tu es basketteur. C’est comme être professionnel mais à 18 ans. Il y avait plus de personnes dans le staff que dans l’équipe elle-même ! Des salles de 20.000 personnes. On ne retrouve ça que dans les plus grandes équipes en Europe. C’est pour ça que les jeunes Américains, lorsqu’ils arrivent en Europe, ça leur fait un choc, des fois, et cette atmosphère leur manque. Je ne regrette pas cette expérience car elle m’a permis de grandir en tant que personne. En plus, j’ai eu du temps de jeu dès mon année freshman. Je suis toujours les résultats, c’est obligé. On m’envoie des messages avec les résultats du match. Quand j’y retourne, je suis toujours le bienvenu à la salle, 24h/24. C’est une famille, comme ici à Chalon.
Estudiantes Madrid J’ai fini ma saison senior fin mars et mon agent m’a dit qu’il avait une équipe pour moi, qu’il ne fallait pas laisser passer l’opportunité de jouer en Espagne. J’ai tout de suite accepté. On a réussi à se qualifier pour les playoffs. Le niveau, que je ne connaissais pas, était très fort. Je n’ai pas vraiment eu l’opportunité de jouer mais c’était une bonne expérience de commencer sa carrière pro dans une équipe de top niveau en Europe.
Bologne C’est marrant parce que Vasco a signé à la Fortitudo et moi à la Virtus, le même jour ! Et on n’avait pas fait exprès ! C’était super pour moi car, pour ma première vraie année professionnelle, je suis dans la même ville que Vasco. Avant que je signe, l’équipe était en milieu de tableau et on a fini deuxième de la saison. On avait une forte équipe. J’ai plus joué en FIBA Cup qu’en championnat, car en FIBA on avait un Américain, sur mon poste, qui ne pouvait pas jouer. C’était dur de trouver de la place dans cette équipe. Il fallait attendre une blessure. Mais c’était une très bonne année, je me suis adapté, j’ai travaillé. Les premiers mois, sur le
banc, il a fallu que je m’adapte après avoir joué 30 minutes par match à NC State, mais ça m’a appris les deux côtés du joueur : celui qui joue et celui qui ne joue pas.
L’Allemagne Là, pendant deux ans, j’ai pu montrer ce que j’avais appris à l’université, en Espagne et en Italie. Le coach comptait sur moi, j’étais un joueur important, on me demandait de marquer des points, de faire beaucoup de choses. La première année, nous sommes allés en demi-finale et nous avons perdu le match 5 à la maison, d’un point, au buzzer ! La deuxième année, on avait bien recruté, on avait douze bons joueurs mais on n’a pas eu trop de succès. Peut-être avions-nous justement trop de bons joueurs. Tout le monde jouait vingt minutes. L’alchimie n’était pas parfaite.
Retour en France Je me suis toujours dit que je reviendrais en France, un jour ou l’autre. En revanche, je ne me suis jamais dit : tiens, cette année je veux revenir en France. C’est venu comme ça. J’étudie chaque proposition : est-ce que la situation sera bonne pour moi ? L’an dernier, lorsque j’étais à Chypre, j’ai joué contre Chalon, donc ils me connaissaient. On a discuté. Et aujourd’hui, je suis très heureux d’y être. J’étais excité car Greg Beugnot est un grand
DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 19 nom. Je le connaissais car j’ai vu évoluer l’équipe de l’ASVEL avec Delaney Rudd, Ronnie Smith et tout ça. Cette équipe-là a marqué les gens. J’avais dix ans mais je me souviens très bien de ça. Les duels contre Pau, Muresan, etc.
Ta saison Je suis très content car nous avons de bons résultats. Individuellement, je me sens très bien. Je sens que l’on me fait confiance et c’est très important. Cela facilite tout sur le terrain. Pour bien jouer, il faut s’amuser sur le terrain et, pour s’amuser, il faut se sentir bien. C’est un cercle vertueux. Le basket doit se jouer avec passion, sans quoi on perd ses qualités. C’est un succès d’être à Chalon. Je n’ai pas quinze ans d’expérience européenne mais je sais déjà que cela n’est pas tous les jours que l’on trouve une équipe avec une telle ambiance, une telle alchimie. Personne ne se pose de question. On a confiance en ce qu’on nous dit et on fait ce qu’on nous
dit et ça marche. Steed Tchicamboud est un super leader. Quelqu’un comme Bryant Smith paraît discret comme ça mais il tient l’équipe, avec son expérience, la façon dont il joue, dont il parle. Il donne des bons conseils. Il met les gens en place mais sans agressivité. Il te dit quelque chose et tu le prends si tu veux le prendre.
Ton poste À Bologne, je m’entraînais et je jouais souvent au poste 3 car on avait beaucoup de monde au poste 4. J’étais plus mince, avec cinq kilos de moins, pour pouvoir jouer à l’extérieur. Après, à Francfort, j’ai un peu joué 3 la deuxième année. À Chypre aussi. Cette année, je suis plutôt un “4 shooteur“. Je me sens bien en 4, très à l’aise, mais je peux jouer 3, à condition de perdre du poids. L’été, quand je m’entraîne avec mon frère aux États-Unis, je joue sur l’aile. Donc si on me demande de jouer 3, je peux le faire.
Photo Jean-François Mollière
“ J’ÉTAIS EXCITÉ CAR GREG BEUGNOT EST UN GRAND NOM. JE LE CONNAISSAIS CAR J’AI VU ÉVOLUER L’ÉQUIPE DE L’ASVEL AVEC DELANEY RUDD, RONNIE SMITH ET TOUT ÇA. CETTE ÉQUIPE-LÀ A MARQUÉ LES GENS.”
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MAXI-BASKET
CÔTÉ JARDIN
L’arrivée en France J’avais six ans et je ne parlais pas un mot de français. À l’école, j’étais différent, c’est évident, mais j’ai appris assez vite. Je ne crois pas avoir vraiment d’accent quand je parle. En fait, on apprend très vite les langues quand on est enfant. Je suis devenu français dans mes habitudes. On en revient aux JFL car même si je n’ai pas tout à fait quatre ans de licence entre 12 et 21 ans, en fait j’ai neuf ans de licence en France ! C’était un de mes arguments pour obtenir une dérogation. Et puis j’ai joué pour l’équipe de France ! J’ai digéré cet épisode. Je comprends que, quand on pose une règle, on souhaite la faire respecter et être strict, et puis ils n’ont pas pensé à ma situation particulière, je comprends ça, je ne suis pas blessé. Aujourd’hui, c’est réglé.
Les langues
L’un ou l’autre • Bière ou vin ? Rien, je ne bois pas d’alcool • Blonde ou brune ? Brune • Panier au buzzer ou interception au buzzer ? Panier • Fromage ou dessert ? Fromage • Mer ou montagne ? Mer • NBA ou Euroleague ? Euroleague • LeBron ou Kobe ? LeBron • Poker ou belote ? Belote
Si tu étais • Un autre basketteur Drazen Petrovic • Un basketteur NBA actuel Peja Stojakovic • Un moment de la journée Le soir, après l’entraînement • Une chanson Por Ti Volare d’Andrea Bocelli • Une couleur Vert • Un plat Les pâtes tortellini à la sauce blanche • Un animal Un crocodile • Un personnage historique James Braddock, le boxeur interprété par Russell Crowe dans Cinderella Man
J’ai appris le français à l’école, donc ; on parlait le bulgare à la maison ; j’ai appris l’anglais et l’espagnol à l’école ; puis j’ai appris l’italien en trois ou quatre mois à Bologne, ce qui est facile quand tu as les bases en espagnol. Changer de pays est naturel pour moi. Je ne parle pas allemand en revanche car, en fait, à Francfort, on parlait uniquement anglais dans l’équipe et puis, à Francfort, une grande ville internationale, un centre de business, tout le monde parle anglais.
c’est la tirade du gladiateur dans le film Gladiator, quand il se retrouve en face du nouvel empereur et qu’il enlève son masque (*). C’est le moment préféré de mon film préféré.
Ce qui te fait rire Les blagues avec ma femme. Ce sont des blagues stupides mais elles nous font rire, c’est un truc entre nous. Tous les deux, nous sommes fous, chacun à notre manière. Des fois, on rigole et personne ne comprend pourquoi, mais nous on sait. Ce sont les petites choses de chaque jour.
Ce qui te met instantanément en colère Le désordre ! Ça… J’aime les choses bien faites. Tout ce qui n’est pas bien fait, pas en ordre, pas organisé, ça m’embête un petit peu. C’est comme sur le terrain, quand il n’y a pas d’ordre, c’est le chaos ! Cela me met plus en colère que si on ne met pas les paniers. Quand je rentre à la maison et que je vois que ma femme ou moi avons oublié de ranger quelque chose… Je ne suis pas patient, je l’ai dit. Impulsif ? Non, pas vraiment, mais impatient, oui.
“CHANGER DE PAYS EST NATUREL POUR MOI ”
Vienne (Isère) Une ville très sympa, où j’ai grandi. J’aime y revenir, je me sens à la maison. Tout le monde a un endroit où il se sent à la maison, moi c’est Vienne. Le fait que Chalon ne soit pas très loin a aussi compté dans mon choix (ndlr : 1h40 par l’autoroute).
La Bulgarie J’y suis très peu retourné jusqu’à il y a un an car j’avais toujours des choses à faire l’été, notamment finir mes études. Mais j’y ai rencontré mon épouse, qui est bulgare. Nous nous sommes mariés là-bas. Je vais donc y retourner beaucoup plus souvent. Je prends le meilleur des deux mondes.
Ta plus grosse bêtise (Il réfléchit) Quand j’étais gosse, j’avais un petit panier avec les petites balles, tu sais, ceux qu’on accroche dans la chambre. J’en voulais un depuis longtemps et j’étais super content quand mon père me l’a acheté. Je pouvais shooter tout le temps. Au bout d’une semaine, je l’ai cassé en dunkant. Je me disais : mon père va me tuer. J’étais désespéré. Mais Vasco est allé chercher de la super glue, pour régler le problème en douce, mais il… s’est collé les doigts sur le panier ! Quand mon père l’a vu, il a rigolé, en fait !
Ta qualité principale Je crois que je suis persévérant. Quand je vois que je peux atteindre quelque chose, j’insiste jusqu’à ce que j’y arrive. Ça fait chier pas mal de monde autour de moi de me voir insister 100.000 fois mais si je suis sûr qu’il y a un moyen d’y arriver, j’insiste. (Il réfléchit)… Oui, c’est une qualité.
Ton principal défaut Je suis impatient. Parfois c’est bien mais parfois ça fait un peu mal. J’exige que tout se passe vite. Ma femme m’aide à travailler là-dessus mais je suis impatient.
Ton expression préférée Ma phrase préférée, celle qui me donne un coup d’énergie,
Un autre sport J’aime le foot mais je n’aime pas le regarder. Sinon, en high school, j’ai joué également au volley. On n’avait que cinq mecs et il en fallait six. On n’a pas gagné un match ! On n’a gagné qu’un set, en fait. Mais on a essayé. (Il rit) On avait deux mecs de deux mètres. On faisait ça pour s’amuser.
Un livre J’aime bien les livres de Dan Brown. Da Vinci Code, Angels and Demons, The Lost Symbol… Comment il s’appelle en français ? Je l’ai lu en anglais. J’aime bien ses livres. C’est un peu toujours la même chose mais ça tient en haleine. Sinon, j’ai vraiment adoré Blink, de Malcolm Gladwell, qui traite du subconscient, des instincts… C’est une sorte de livre documentaire.
Une série télé Ma série préférée était Prison Break mais maintenant que c’est terminé, c’est Fringe. Il y a aussi Spartacus, que je vais commencer à regarder car j’ai eu de bons échos.
Un don caché Je joue du piano. Parfois, ça me relaxe. Je ne suis pas un virtuose mais ça va, je peux jouer des choses. Quand j’entends un morceau, je peux essayer de le rejouer. Je fais ça pour me faire plaisir.
Ta ville préférée Paris ! Je l’ai visitée plusieurs fois mais j’ai toujours envie d’y retourner. Pas forcément pour y vivre, c’est un peu grand, mais pour visiter, oui. Si on me dit “une ville“, je pense Paris. Je ne l’ai pas encore visitée avec ma femme, donc on va y aller.
Trois personnes avec qui dîner Gandhi, déjà. On va dire Drazen Petrovic aussi. Et puis mon frère. Si j’ai des questions spirituelles ou sur le basket, j’aurai toujours une réponse.
(*) « Mon nom est Maximus Decimus Meredius, commandant en chef des armées du Nord, général des légions Felix, fidèle serviteur du vrai empereur Marc Aurèle... Père d'un fils assassiné, époux d'une femme assassinée... et j'aurai ma vengeance, dans cette vie ou dans l'autre. »
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Photo Jean-François Mollière
Les années NCAA avec North Carolina State.
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Photos : D.R.
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1. Fringe 2. Paris 3. Da Vinci Code 4. Piano 5. Cinderella Man 6. Crocodile
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« Maintenant, il est vraiment au niveau pro » J.D. Jackson
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HENRI KAHUDI (LE MANS)
PATIENCE HENRI, PATIENCE HENRI KAHUDI (1,93 M, 20 ANS) ATTEND PATIEMMENT SON HEURE EN BOUT DE BANC DU MSB. EN COULISSE, LES PROGRÈS SONT PALPABLES. L’ÉCLOSION EST PROCHE.
D
ans la famille Kahudi, je demande le petit frère. Henri, cinq ans de moins que son aîné, est arrivé au centre de formation du MSB en 2006, après avoir fait ses premiers pas de basketteur dans l’Oise. Charles l’a rejoint dans la Sarthe en 2009. Ils forment aujourd’hui l’une des deux seules fratries de l’élite avec les Badiane. « Charles a toujours été à la fois un modèle et un rival », raconte Henri. « Je me comparais à lui quand j’ai commencé le basket et je lui ai dit que je ferais mieux que lui. Il m’a répondu qu’il allait mettre la barre haute et qu’il faudrait que je le suive ! » De fait, Charles a étrenné ses premiers galons d’international l’été dernier et a été à deux doigts de s’envoler en Turquie. Le cadet n’en est pas encore là mais ses premières apparitions chez les pros n’ont pas laissé indifférent. En fin de saison dernière, Henri a été propulsé sur le devant de la scène après la blessure d’Antoine Diot. 14 puis 19 minutes sur les deux dernières journées de championnat. Et encore 13 minutes en finale à Bercy. L’occasion de découvrir un meneur fin et athlétique, très rapide balle en main. Et visiblement pas impressionné par le contexte d’une finale de championnat devant 15.000 spectateurs.
Pas encore meneur à 100%
Sur sa lancée, Henri est devenu champion d’Europe U20, un an après avoir été médaillé d’argent avec les U18. Surclassé au milieu de joueurs nés en 90, ce “91“ n’a pas gagné beaucoup de minutes derrière le MVP de l’Euro, Andrew Albicy. Mais son comportement a pleinement satisfait Jean-Aimé Toupane. « Humainement, c’est un très bon mec », décrit Toupane. « Un garçon à l’écoute, parfait relais du coach. Malgré son air de ne pas être extraverti, il est quand même un leader. » Et Toupane de nous relater cette anecdote révélatrice du caractère du garçon : « La veille de la finale, il est venu me voir et m’a dit « Moi, Pappas – le meilleur joueur grec – j’en fais mon affaire. » Le lendemain, il a répondu présent. Croyez-moi, Pappas a passé un mauvais quart d’heure. » Voilà comment
le 3e meneur de l’équipe de France a gagné, au culot, son plus gros temps de jeu du tournoi, 17 minutes, le jour le plus important. Avec les pros du MSB, les promesses nées au printemps dernier n’ont pas été récompensées jusqu’à présent. À peine vingt minutes sur huit matches à miparcours. Henri paie les mauvais résultats de l’équipe mancelle. « Quand le jeu n’y est pas, ce sont toujours les joueurs de rotation qui souffrent », justifie J.D.Jackson. « mais ces derniers temps, avec nos blessés, quand je l’ai fait jouer, à Gravelines ou en Coupe de France (25 minutes à Orchies, ndlr), il a montré de la consistance. Henri ne va pas entrer sur le terrain et faire n’importe quoi comme d’autres jeunes. Lui, c’est solide. » En attendant que l’équipe se redresse, Henri prend son mal en patience, travaille dur à l’entraînement, s’attache à épurer son basket et à améliorer sa lecture. « Défensivement, j’ai vraiment progressé, surtout cette année avec l’arrivée de Marco (Pellin). En espoirs, j’ai fait un travail sur moi, en essayant de perdre moins de ballons, de faire plus jouer l’équipe. Avoir un vrai rôle de meneur de jeu. » Après 14 journées, Kahudi était 3e à l’évaluation parmi les arrières du championnat espoir (13,9 pts, 4,3 rbds et 5,5 pds, 15,2 à l’éval’). « Il est dans les deux ou trois meilleurs meneurs », estime son coach, Antoine Mathieu, « il a tout pour être le meilleur. J’aurais aimé qu’il nous porte plus sur les matches au couteau. Il bosse aussi pour être plus régulier à 3-pts et mettre dedans sur les tirs ouverts. Cela passe par la confiance aussi. Mais depuis six mois, il a fait de gros progrès avec les pros. Il a pris une autre dimension.» J.D. Jackson abonde en ce sens. « L’année dernière, il n’était pas vraiment à son aise. J’étais déçu qu’il n’ait pas trop évolué. Maintenant, il est vraiment au niveau pro. » Jackson le compare à un petit Steed Tchicamboud « capable de défendre très fort et d’accéler le jeu. » Sa taille et ses capacités défensives permettent de décaler Henri en 2. Un atout intéressant pour gagner des minutes au fil de la saison, et bien sûr en équipe de France l’été prochain où Kahudi subira la concurrence de Léo Westermann. Jean-Aimé Toupane l’assure, Henri « aura un rôle majeur à jouer dans cette équipe-là. » l
Jean-François Mollière
Par Antoine LESSARD
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1987-88. L’âge d’or du basket à la TV
Et 1, et 2, et 3, e Replonger dans les archives télévisuelles, vieilles d’il y a un peu plus de vingt ans, c’est comme visiter un pays merveilleux qui aurait été englouti par une catastrophe naturelle. À cette époque, les chaînes françaises faisaient le plein de basket et au niveau audience, parfois, ça cartonnait. Par Pascal LEGENDRE
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et 4 millions ! Le 26 septembre 1987, Antenne 2 diffuse le premier match de son contrat avec la ligue, un Orthez-Racing Paris à La Moutète. Patrick Chêne est dans les tribunes pour une interview avec le président Pierre Seillant.
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Le 23 septembre 1979, Antenne 2 consacra dans ses créneaux estivaux 1h40 à la finale Washington Bullets vs. Seattle Supersonics. Jusque-là, on n’avait jamais vu de NBA à la télévision française.
L
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Patrick Chêne dans les vestiaires de Mulhouse, entre Jean-Philippe Fedi et Franck Butter.
e Téléthon sert de fil rouge à Samedi Passion programmé en ce 3 décembre 1988 sur Antenne 2. Six cents enfants ont été invités à assister au match à Beaublanc. En préambule, le journaliste Bernard Père s’entretient avec le coach limougeaud, Michel Gomez, et son collègue Patrick Chêne fait de même avec Bill Sweek, le patron de l’équipe monégasque. Avant le premier entre-deux, les acteurs entourent Romain, jeune myopathe dans son fauteuil. On reconnaît Don Collins, Michael Brooks, Richard Dacoury, Billy-Joe Williams, Christian Garnier. La raquette est verte et tous les panneaux publicitaires en bois sont uniformément en bleu et jaune. Si ce match anonyme revient à la surface, c’est que son audience a grimpé à des sommets qui, avec le recul du temps, donnent le vertige. QUATRE MILLIONS de téléspectateurs. Et ne pensez pas que c’est le Téléthon qui a artificiellement gonflé le score du basket ; le match a été suivi par davantage de téléspectateurs que l’ensemble de l’après-midi sur la chaîne du service public. Quatre millions là où la RAI a sabré le champagne lorsqu’elle est parvenue péniblement au million une douzaine d’années plus tard, là où TPS Star ne réunira en moyenne qu’une vingtaine de milliers d’irréductibles ou que Sport + se satisfait de cent mille. Quatre millions, un record ? Peut-être ou pas loin. Les premiers Audimat de cette saison 88-89 indiquaient des chiffres largement inférieurs, autour de 1,5 million, mais un Mulhouse-Nantes, pourtant pas racoleur, était pointé à
2,25 millions. Les autres audiences doivent reposer depuis un quart de siècle dans un carton poussiéreux à moins que le dossier soit passé directement à la déchetterie. Mais c’est une certitude : l’âge d’or du basket français à la télévision s’inscrit à cette période.
Bouche-trou
Rappel historique : du temps de l’ORTF, la télévision française ne se déclinait que sur trois chaînes. La une, la deux et la trois. Simple. Les exploits européens du Clermont Université Club furent abondamment relayés dans les journaux télévisés de la première chaîne et quelques matches furent diffusés en deuxième partie de soirée. La France entière fit ainsi la connaissance de Jacky Chazalon et des “demoiselles“ en noir portées par la voix du journaliste Jean Raynal. Plans hasardeux, caméra qui sautille, commentaires baroques, la réalisation est à mourir de rire pour qui découvre avec recul la télévision de papa. Les équipes de France et Berck en Coupe des Champions furent sporadiquement à l’honneur. Hasard de la programmation, Antenne 2 donna en direct de Padoue, le 18 mars 82, la finale de la Coupe Korac, Limoges-Sibenik. Mais pas celle de Berlin un an plus tard avant de revenir à de meilleurs sentiments en 84 avec Orthez, qui transforma la salle de Coubertin en volcan pour une mise à mort en direct de l’Étoile Rouge de Belgrade. Immense événement lorsque le 23 septembre 1979, Antenne 2 consacra dans ses créneaux estivaux 1h40 à la finale
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Washington Bullets vs. Seattle Supersonics. Jusque-là, on n’avait jamais vu de NBA à la télévision française. C’est comme si on vous montrait demain la vie au quotidien des habitants de la Planète Pluton. La première chaîne organisa même deux « Télé-Basket », l’un en 79 et l’autre en 84 juste après le tournoi-préolympique disputé à Paris. « La case horaire étant libre entre la fin du championnat de France de football et le début du championnat d’Europe, nous avons pensé remplacer le « Télé Foot » par un « Télé Basket » expliqua alors Jean Raynal. Tout simplement. Comme le reste du programme basket, les matches du championnat de France apparaissaient subitement à l’écran comme boutons sur la peau d’un adolescent. « Il a servi de bouche-trou » reconnaissait Bernard Père. « Lorsqu’on n’avait rien d’autre, on téléphonait en toute panique à la fédé, aux présidents de clubs et, en général, ça s’arrangeait bien. Et on en faisait 4-5 par an. C’était du bricolage. Et il faut dire que les clubs sortaient du Moyen Âge, du patronage. » Prenons comme exemple l’année 1980. Un Tours-Stade Français fut programmé en janvier, un Tours-Le Mans en février, un Villeurbanne-Stade Français en mars avant, le 22 du même mois, la deuxième mi-temps de la finale du championnat qui opposa, dans la verdâtre salle Beaulieu à Nantes, Tours au Mans. « Une nouvelle formule de volley-ball (sic) car on a pris un peu la formule américaine (re-sic) en sélectionnant les quatre premiers » tente alors d’expliquer à l’antenne Bernard Père qui fait équipe avec Richard Diot. En fait, après une saison régulière classique et une poule finale à quatre, les deux meilleures avaient le droit de jouer une finale en une manche sèche. Cette nouveauté dura deux ans avant de rejoindre le cimetière des fausses bonnes idées du basket français.
Le contrat avec A2
À la rentrée 87, c’est la révolution. Antenne 2, ancêtre de France 2, signe un contrat avec le Comité des Clubs de Haut Niveau, lui même appellation d’origine de la Ligue Nationale de Basket. Douze matches de Nationale 1 (l’ancienne Pro A) sont assurés pour la saison contre la somme de 2,5 millions de francs. 80% de la manne retombe dans les poches des clubs de N1A et N1B, 10% à la fédé et autant au CCHN. « Le basket est sous-payé actuellement mais l’intelligence
Deux millions de Français voient dans la nuit Richard Dacoury et le Limoges CSP gagner la Coupe des Coupes.
Deux millions de Français regardent Limoges jusqu’à minuit et demi. du CCHN est d’avoir compris qu’il n’était pas en position de force, qu’il fallait d’abord que le basket s’impose vraiment » estime alors Bernard Père. Ce n’est pas tout. Cette année-là, l’Élan Béarnais Orthez est qualifié pour la Coupe des Champions et a refait – presque – à neuf sa Moutète, un marché couvert on ne peut plus pittoresque construit au centre du village. Avec une nouvelle tribune d’un millier de fauteuils, la Moutète peut désormais recevoir jusqu’à 5.000 spectateurs. Orthez se retrouve dans une poule finale à huit avec Milan, le Maccabi, l’Aris, le Barça, le Partizan, Cologne et Den Bosch. Antenne 2 est
preneur des sept matches à domicile pour les programmer en deuxième partie de soirée. La chaîne verse un million de francs au club et lui en promet 200.000 de plus en cas de qualification au Final Four. Ce sont donc Bernard Père et Patrick Chêne qui sont chargés d’animer les samedis après-midi. Bernard Père – dont l’exfemme, Renée Père-Champagne, est à la réalisation –, a alors 25 ans de télé derrière lui dont une douzaine au basket. Il s’est fait surtout connaître en épaulant Thierry Roland sur le foot avant de lui succéder à la rubrique lorsque celui-ci a quitté Antenne 2. Reconnaissable à sa voix traînante teintée ›››
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d’ironie, Bernard Père, qui se veut didactique, va faire bondir les initiés à chaque fois qu’il lance « c’est trois points si ça rentre » pour expliquer que le joueur a pris un shoot au-delà de la ligne à 6,25 m. Son compère Patrick Chêne possède un background plus pointu puisqu’il a exercé juste avant à la rubrique basket du quotidien L’Équipe. Plus tard, il commentera le Tour de France et présentera le JT sur le service public. Le partenariat entre Antenne 2 et le CCHN est officiellement lancé dans le cadre de Samedi Passion, le 26 septembre 1987, à partir de 15h10, avec un Orthez-Racing Paris à La Moutète. « Antenne 2, c’est la chaîne du basket, c’est officiel » ne manque pas de rappeler Gérard Holtz en plateau. D’ailleurs on retrouve le slogan sur le logo de la chaîne avec un second en prime, « le basket, c’est super ! ». Antenne 2 a déployé les gros moyens avec huit caméras, deux ralentis, un micro HF pour permettre à Patrick Chêne de se balader
Le contrat ? Douze matches de Nationale 1 plus sept matches d’Orthez en Coupe des Champions. dans les travées, et l’expertise du numéro 1 des arbitres, Yvan Mainini, afin d’expliquer quelques règles basiques du jeu avec des images de l’Euro précédent en Grèce. Quant à Freddy Hufnagel, icône d’Orthez, dans un portrait d’avantmatch, il balance sa profession de foi : « J’espère que je serai l’un des derniers rebelles, à savoir continuons à faire la fête et du sport après. » Tom Scheffler donne la victoire à Orthez sur un ultime panier à quatre secondes du buzzer. Dans les coulisses, les représentants de la société ISL s’activent à chaque match. Ce sont eux qui ont imposé l’uniformité des couleurs jaune et bleu pour chaque match télévisé, regroupé Vittel, Adidas et IBM, les trois gros sponsors. « Ils ont créé une ambiance » juge Patrick Chêne. Le contrat qui lie ISL au CCHN est de l’ordre de 4,8 millions de francs. « Le basket est en phase avec son degré économique. Il faut d’abord qu’il s’installe au niveau de l’image » insiste Catherine Grojean d’ISL. Pour parvenir à séduire le plus grand nombre, Antenne 2 mise sur les affiches. « Mis à part les spécialistes, les gens connaissent bien Limoges, Cholet, Orthez… Et c’est tout ! » estime Bernard Père. « Alors, on fidélise avec les gros, et après on fait connaître les petits. Ça me semble logique. »
De la NCAA sur TF1
Les audiences de cette Saison 1 sont jugées au mieux encourageantes au pire quelconques. Et pourtant nos cerveaux de fans frustrés du XXIe siècle les estiment absolument formidables. La moyenne de l’Audimat des matches de Nationale 1 s’installe à 1,28 million de téléspectateurs. Elle sera donc en progrès la deuxième saison. « Pour ce que je considère comme un travail de laboratoire, les premiers résultats sont encourageants » commente Christian Quidet, le chef des sports qui malgré tout s’attendait à une flambée. À l’évidence, les Français mordent davantage dans les épopées européennes d’autant que les clubs de l’Hexagone sont compétitifs. Un Orthez-Salonique, qui se termine à une heure du matin, rassemble 1,74 million de passionnés. La France sportive entière connaît désormais le Béarn, Freddy, Seillant et La Moutète. À Grenoble, Limoges affronte Badalone en finale de la Coupe des Coupes. Antenne 2 la diffuse en différé à 22h30. Le match s’éternise avec une prolongation qui prend fin à 0h32. Résultat des courses : deux millions de Français insomniaques assistent au sacre
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RÉTRO • maxi-basket 29 Page de gauche : même « La 5 » se met au basket avec l’Open McDonald’s au cours duquel Dino Meneghin montre ses talents de catcheur à Jerry Reynolds. Ci-contre : Danny Manning champion NCAA. C’est sur TF1 ! En bas : Orthez s’attaque à l’Europe devant les caméras d’Antenne 2.
des grands bonhommes verts. Au premier trimestre 88, les audiences sont ainsi en hausse. Surtout le basket pénètre les différentes strates de la société médiatique et sportive française. « Nous, on est volley à 100% bien sûr, mais on ne peut que s’incliner devant le spectacle que peut offrir le basket » lancent les volleyeurs vice-champions d’Europe. L’Équipe augmente sa surface quotidienne consacrée au basket. Le basket qui est en passe de supplanter le rugby et le vélo dans le deuxième quotidien sportif français, Le Sport, qui vient de naître. La balle orange est à la noce dans les JT de Antenne 2 de 13h et de 20h et dans Stade 2. La 5 de Sylvio Berlusconi s’y colle en retransmettant en différé des matches de l’Open de Milwaukee qui rassemble pour la première fois une équipe NBA (les Bucks) et deux équipes FIBA (l’URSS et Tracer Milan). On voit même un Limoges-Pesaro, un Barcelone-Milan et un Milan-Tel-Aviv, finale de la Coupe des Champions, sur TF1 dans l’émission Minuit Sport. Oui, vous avez bien lu TF1, qui vient tout juste d’être privatisée. D’ailleurs, le 5 avril 1988 la première chaîne offre en fin de soirée les demi-finales du championnat NCAA avec au commentaire, en nœud papillon, Pierre Toret, et Jean-Michel Sénégal qui vole à son secours. Six jours plus tard – oui, c’est du différé ! –, la finale entre Kansas (Danny Manning) et Oklahoma (Harvey Grant) a droit à une heure de retransmission. Incroyable, mais vrai.
Prophéties
Il faut observer en cette saison 87-88 un véritable tsunami mondial. La NBA affiche en un an une progression de 7,6% de ses affluences dans les salles. La Grèce est descendue dans la rue pour fêter ses Dieux vainqueurs de l’Euro qu’elle a organisé à Athènes. La Fédération Internationale met sur pied à Gand son premier Final Four qui est un succès populaire. La NBA et la FIBA se sont embrassés sur les deux joues en organisant l’Open McDonald’s à Milwaukee, ce qui laisse augurer que bientôt les pros seront admis aux Jeux Olympiques. « Le basket connaît une popularité extraordinaire que certains sociologues n’hésitent pas à traduire par ce slogan ambitieux : le basket-ball, le sport de l’an 2000. » Cette prophétie aussi solide que celles de
« C’est un sport fait pour la télé » Bernard Père
Nostradamus fut alors relayée par Robert Busnel, président de la fédération internationale. On en oublierait presque que l’équipe de France doit passer par un Challenge Round contre l’Islande, la Suisse et le Danemark pour se qualifier pour le Championnat d’Europe suivant et que le Pré-Olympique’88 aux Pays-Bas est une pantalonnade. En fait, tout le monde voit l’avenir en rose. À commencer par nos deux compères d’Antenne 2. « Non ! Il n’y a pas de dictature de l’Audimat » assure Patrick Chêne. « Si on met une série américaine, on fait 2-3 fois plus d’audience. Mais on est Antenne 2. Donc, un service public, donc moins préoccupé par les sondages… » « C’est un sport fait pour la télé » surenchérit Bernard Père. « Quand un match de foot est mauvais techniquement, ça se ressent. Quand un match de basket est mauvais, mais qu’il y a du suspense, on ne ressent pas ça. C’est sans doute pour ça que des gens du foot m’ont dit que je semblais plus passionné par le basket que par le foot. C’est faux, mais il est vrai qu’il y a moins de matches de basket mauvais que de matches de foot… Alors j’espère que la direction d’A2 sera patiente. Parce que le basket doit s’imposer. Inexorablement. » l
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WILLIAM GRADIT
LA MAUVAISE RÉPUTATION
LA MAUVAISE UN HOMME ENTIER, AVEC TOUS LES EXCÈS QUE CELA PEUT COMPORTER. TEL EST WILLIAM GRADIT (1,97 M, 28 ANS). EN MAL DE STABILITÉ DEPUIS SON DÉPART DE VICHY EN 2009, LE “COYOTE“ EST EN QUÊTE DE RÉDEMPTION. CHOLET EST UN TOURNANT IMPORTANT DANS SA CARRIÈRE. Par Antoine LESSARD
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«
Ce sont des choses qui peuvent arriver à n’importe qui. Ce ne sont pas les bonnes valeurs qui ont été véhiculées mais je n’ai pas choisi de me faire tomber dessus. » Jeudi 2 décembre, conférence de presse du Boulazac Basket Dordogne. Assis à côté de son entraîneur, Sylvain Lautié, William Gradit apparaît le visage tuméfié. Dents cassées, cocards, œil gauche injecté de sang, il porte encore les stigmates de l’épisode douloureux survenu deux semaines auparavant. Épisode qui a alimenté la colonne des faits divers dans la presse locale. Rappel des faits. Le 20 novembre, soir de victoire. Boulazac vient de s’offrir la JDA Dijon à domicile. L’ailier du BBD et quelques connaissances parmi lesquelles son coéquipier Yannick Gaillou font une virée à Bordeaux. À 140 kilomètres de Boulazac. « À la base, je ne voulais pas sortir. Il se trouve que c’est moi qui ai fait le chauffeur sans boire », précise William. Ils atterrissent au « Wizz », « un endroit pas très bien fréquenté. Je commande une bouteille, je la pose sur le bar, me retourne, il n’y a plus de bouteille. » William demande des explications. Les choses vont très vite dégénérer. « Une personne me dit de me diriger vers le bar. J’y vais. Elle me saute dessus, je me défends et ils me tombent dessus à quinze. » Le passage à tabac se poursuit en dehors de l’établissement. « J’ai de la chance, je sais me défendre », explique William, dix ans de boxe derrière lui, et adepte du free fight. « Mais un mec est mort il n’y a pas longtemps dans ces conditions (au Blanc-Mesnil, ndlr). C’est exactement ça. » Il s’en tirera avec dix-huit points de suture au cuir chevelu et au visage et quatre jours d’incapacité totale de travail. Gradit effectue son retour à l’occasion d’un déplacement à Évreux. Ce soir-là, il compile -2 d’évaluation en 11 minutes. Son plus mauvais match de la saison. Son dernier avec Boulazac. Quelques jours plus tard, le BBD convoque de nouveau les médias pour annoncer le départ de son ailier. La bagarre du 20 novembre n’a rien à voir, assure-t-on de part et d’autre, avec cette décision. Pas plus qu’un autre épisode peu reluisant s’étant déroulé dans un fast food de Périgueux. La vraie raison de cette séparation prématurée ? Le mal être du joueur, éloigné de sa femme et de son fils de 18 mois. « Je ne les voyais pas, je n’étais pas bien, je n’arrivais pas à trouver mon basket, j’ai décroché. » Son agent, Miloud Dahine, précise : « William ne pouvait pas continuer sa carrière en se préoccupant de sa famille. Il est allé voir le président et ils se sont expliqués entre quatre yeux. Le président et Sylvain Lautié ont été grands seigneurs. » Gradit avait signé un contrat de deux ans, il quitte le Périgord au bout de cinq mois. La pratique, courante chez les étrangers, est beaucoup plus rare chez les joueurs français. Même s’il n’est pas responsable, l’épisode vient écorner un peu plus l’image du joueur. « Une tête brûlée », « un pétard ambulant », « une mèche courte », ces descriptions reviennent régulièrement depuis le début de sa carrière. “Le Coyote“, surnom dont l’a affublé Jacques Monclar à ses débuts pros à Paris, a toujours été catalogué parmi les joueurs à problèmes. Quelques frasques ont aidé à bâtir sa mauvaise réputation. Avant même son départ pour les États-Unis à l’âge de 18 ans, William s’était fait remarquer en quittant le centre de formation d’Évreux après une seule année. « J’étais allé voir le manager Didier Salvat, pour lui dire que je voulais retourner à mes études, que je voulais devenir testeur de jeux vidéo ! » avait-il raconté en
Jean-François Mollière
Mal dans sa peau à Boulazac
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« J’ai beaucoup d’affection pour lui mais il a bientôt 30 ans, il faut arrêter les conneries. » Jacques Monclar
interview*. En 2002, après une année de Junior College dans le Texas, William revient en France et tape dans l’œil de Jacques Monclar. Il signe son premier contrat pro avec le Paris Basket Racing au mois de juin. William coupe le basket pendant l’été et revient hors de forme à la reprise. « Je n’arrivais même pas à sauter ! », décrit-il dans la même interview, « Jacques m’est rentré dedans pendant un an, on s’est un peu fait la guerre mais tout était de ma faute (…), une année de suicides et de pompes, ça forge ! » Monclar se souvient : « Quand je l’ai récupéré, c’était vraiment brut de déco. J’ai été obligé de faire des choses que j’ai rarement pratiquées dans l’exercice du coaching (…) C’est ce qu’on appelle un bon garçon mais qui n’a pas tous les repères du professionnalisme. Il ne met pas obligatoirement les bonnes choses au bon endroit. » Il y aura encore quelques prises de bec avec son entraîneur suivant, Olivier Garry, à Rueil. Une vraie accalmie pendant les trois saisons suivantes, à Besançon et à Vichy. Jusqu’à cette “bagarre” à Pau en novembre 2008. Ce soir-là, Fernando Raposo le Palois s’en prend verbalement au Vichyssois Kareem Reid. William réagit au quart de tour et vient défendre son coéquipier. Son coup de sang ne surprend pas grand monde. Il n’en faut pas beaucoup pour chauffer le Coyote. Il écopera de deux matches de suspension. Aucun pour le jeune Palois. Réputation encore. « Tout le monde parle d’une bagarre mais il n’y a pas eu coup ! », se défend-il aujourd’hui. « J’ai revu Raposo, on s’est expliqué, on s’est serré la main sans animosité. » Jean-Louis Borg, qui l’a côtoyé pendant trois ans à Vichy, se fait son avocat. « Il faut lui enlever cette étiquette qui lui colle à la peau et qu’il ne mérite pas. Oui, William a un fort caractère. On sait que, de temps en temps, il peut avoir des réactions surprenantes et se retrouver dans des situations délicates. Mais ce n’est pas un mauvais garçon, bien au contraire. » Sylvain Lautié précise : « Parfois il peut donner l’image de quelqu’un de totalement irrespectueux. Ce n’est jamais bien méchant. Il me fait penser à Max Zianveni jeune. Ce sont des garçons attachants. » Coaches, coéquipiers, tout le monde s’accorde à dire que Gradit est un écorché vif, mais aussi un mec entier. « Il n’y a pas de tricherie, pas de non-dit avec lui, c’est appréciable. On se dit les choses et on avance », approuve David Melody. « Il n’a pas de double-jeu, il ne va pas essayer de plaire à quelqu’un. Avec lui, tu sais tout de suite à quoi t’en tenir », reprend Dounia Issa. « William est attachant parce qu’il est nature, vrai, avec les douleurs et les qualités qui vont avec », approuve Jacques Monclar, « mais les gens qui lui passent la pommade dans le dos ne lui rendent pas service. J’ai beaucoup d’affection pour lui mais il a bientôt 30 ans, il faut arrêter les conneries. » La comparaison est facile mais le comportement de Gradit est un peu à l’image des tatouages
Contradictions
William a grandi à Hautepierre, une cité de Strasbourg. « Un environnement où il faut faire attention à tout. » Un environnement qui a à voir avec sa personnalité, explique Dounia Issa, son compagnon de chambre pendant deux ans à Vichy. « William est un personnage difficile à cerner parce qu’il a vachement de contradictions comme beaucoup de jeunes qui ont grandi en cité. C’est dur, tu dois te méfier de tout le monde. Même quand tu as un bon fond, tu restes un loup vis-à-vis des autres. » C’est pour Dounia, lui-même issu d’une cité de Toulouse, la source des dérives de son ami. « Même si tu sais que tu ne fais pas les bons choix, tu as toujours ce truc qui te rattrape, cette espèce de nature profonde dans laquelle tu as évolué qui te tire vers le bas. » Gradit a une deuxième explication : « Mon côté impulsif vient de ma frustration d’avoir du mal à communiquer », analyse-t-il. « Quand j’étais plus jeune, j’avais du mal à m’exprimer, je ne disais pas bien les choses. » Sentiment d’être incompris, impuissance à se dire, à exprimer son ressenti, ses demandes réelles, tout cela a entraîné des débordements.« Il faut beaucoup parler à William, ›››
« Mon côté impulsif vient de ma frustration d’avoir du mal à communiquer. »
Hervé Bellenger / IS
Max Zianveni jeune
présents sur ses avant-bras. À droite, les enfers, à gauche les anges. « Une lutte constante entre les deux. C’est un peu moi car avant j’ai fait quelques bêtises mais je m’en sors bien. C’est un moyen de m’en souvenir. »
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Photos : Pascal Allée / Hot Sports
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Repères • Né le 29 mai 1982 à Strasbourg • Taille : 1,97 m • Poste : Arrière-Ailier • 9e saison en LNB • Clubs : Laurenburg Institute ‘01 (Prep School, USA), Hill Junior College ‘02 (USA), Paris Basket Racing ’03 ‘04, Rueil (Pro B) puis Mulhouse (Pro B) ’05, Besançon (Pro B) ’06, Vichy (Pro B) ’07 ’08 ’09, Clermont (Pro B) ’10, Boulazac (Pro B) ’11 puis Cholet ’11. • Palmarès : Champion de France Pro B en 2007 • International français en 2008, 14 sélections. • Ses stats 2010-11 (Boulazac) :
10,4 pts à 44,2%, 2,6 rbds, 1,3 pd en 27 min en 10 matches.
pour canaliser toute cette fougue qu’il a en lui », dit Jean-Louis Borg. « À chaque fois qu’il y a un problème, il a le sentiment d’être visé, alors que c’est loin d’être le cas. » S’il lui a joué des tours, le caractère entier de Gradit a contribué à bâtir sa carrière sportive. Bien luné, le Coyote donne tout sur un terrain et s’affirme comme un stoppeur de haut niveau. « Il fait partie des meilleurs coéquipiers que j’ai eus. Avec une grosse implication, toujours à fond dans ce qu’il fait », décrit David Melody. « Quand on était ensemble à Vichy, je ne me posais pas beaucoup de questions sur ce qui allait se passer sur l’autre aile. » Les deux joueurs étaient les ailiers titulaires de la JAV, championne de Pro B en 2007, 7e de Pro A et finaliste des As en 2008.
International en 2008
Cette même année, Gradit était convoqué en équipe de France. Et n’était pas ridicule, loin de là, dans le groupe baroque constitué par Michel Gomez, amené à jouer les qualifications pour l’Euro 2009. « Je l’ai vu dominer des joueurs internationaux tous les jours à l’entraînement », rappelle Issa. « Cela lui a ouvert les yeux sur son potentiel. Parce qu’il a un gros potentiel quand il est vraiment concentré sur son basket. D’un autre côté, ça lui a peut-être fait croire qu’il était arrivé, qu’il pouvait se permettre de se relâcher en club. » L’équipe de France, pas nécessairement un cadeau, c’est aussi l’avis de Jacques Monclar. « Avoir été en équipe de France a un peu faussé la donne.
William s’est vu propulser dans un truc qui était peutêtre au-delà de ses possibilités, non pas techniques ou physiques mais mentales. C’est un changement de statut qu’il faut assumer. » Après une dernière saison décevante avec la JAV en 2008-09, Gradit a essayé de s’expatrier. Sans succès. Il n’a trouvé preneur qu’au mois de novembre. À Clermont, équipe sans autre ambition que le maintien en Pro B. Un retour en arrière. « Parfois, j’ai été mal conseillé, d’autres fois, j’ai fait des choix qui n’étaient pas mûrs et réfléchis. En fait, j’ai fait ma crise d’adolescence dans le basket et je n’avais personne pour me recadrer. Mais je ne vais pas cracher sur la Pro B. Boulazac, c’était un choix de stabilité. Une question de challenge
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Pascal Allée / Hot Sports et
William sous trois maillots : Boulazac, Vichy et le Paris Basket Racing. Ci-contre, avec l’équipe de France en 2008 lors des qualifs pour l’Euro.
« Je l’ai vu dominer des joueurs internationaux tous les jours à l’entraînement. » Dounia Issa
aussi avec le côté adrénaline de monter en Pro A.» Au BBD, William visait cette saison sa troisième montée après celles obtenues avec Besançon en 2006 et Vichy en 2007.
Des papillons dans le ventre
Hervé Bellenger / IS
Mardi 11 janvier, votre serviteur appelle William pour évoquer ces dernières semaines mouvementées. Il va mieux. Sa femme vient de trouver du travail à Paris. La petite famille a emménagé dans le capitale. « L’embrouille en boîte, mon départ de Boulazac, j’ai envie de laisser tout cela derrière moi. » Dernière question avant de raccrocher, Et maintenant, tes projets William ? « Aujourd’hui, à 20h29, je vais te dire que je pars à Cholet ! »
CB lui a proposé une pige pour pallier la blessure de Fabien Causeur. 20 jours et plus si affinités. « Là, j’ai des papillons dans le ventre, j’ai peur de mal faire, je me sens vraiment comme au début et ça me plaît. C’est génial, ils sont champions de France en titre. J’ai tout à prouver. On garde le meilleur pour la fin… pour une fois. J’ai retrouvé ma famille, la Pro A, que puis-je demander de plus ? Qu’on me signe jusqu’à la fin de l’année ! » Quatre jours plus tard, à Nancy, le Coyote joue son premier match avec CB. Cantonné au banc pendant les deux premiers quarts, Erman Kunter lui fait signe d’entrer en jeu au retour des vestiaires. Sa mission, tenir Tremmell Darden qui a fait le chantier avant la pause. Gradit s’acquitte de sa tâche – Darden ne scorera plus que 3 points –, ne fait pas de bêtises en attaque, délivre quelques offrandes, Kunter le laisse 16 minutes consécutives sur le parquet. Première sortie très encourageante. « Bien sûr que William est un vrai joueur de Pro A, largement », dit Issa. « Cholet est une énième chance dans sa carrière. Il a une bonne bonne étoile qui veille sur lui. J’espère qu’il s’en rend compte. » l *Interview parue sur le site officiel de la JAV
Publi-rédactionnel
L’ENTORSE DE LA CHEVILLE
UN VÉRITABLE C
’est le mal le plus redouté des parquets, l’ennemi public absolu de tout sportif, mais pas seulement. L’entorse de la cheville ne fait pas de détail et frappe aussi bien les professionnels que monsieur tout le monde, sans distinction. Avec à son actif près de 6.000 consultations quotidiennes dans les services d’urgence français, pour un coût journalier estimé à 1,2 million d’euros, elle touche tous les publics et dans toutes les circonstances : dans la rue, au supermarché, à la maison, partout. Avec tout de même une légère préférence pour les terrains de basket. Très répandue dans les sports de sauts tels que le volley, le handball et bien sûr le basket, l’entorse de la cheville représente entre 20 et 25% des blessures déclarées en Ligue Nationale de Basket. Exception faite des arrières, traditionnellement plus épargnés par les blessures que les autres, tous les postes sont concernés mais pas forcément pour les mêmes raisons. Les postes 4 et 5 en sont surtout victimes lors de la bataille au rebond, en retombant sur un pied après le saut ; les meneurs et les ailiers d’avantage sur les dribles, lors des changements de rythme et de direction. Un mal si répandu qu’il a donné lieu, aux États-Unis, à l’usage du terme « ankle breaker » – littéralement, « le briseur de cheville » –, surnom donné aux joueurs particulièrement habiles dans
l’art du dribble croisé, qui « cassent » les appuis de leurs défenseurs et les font tomber, jusqu’à provoquer des entorses. Bref, le basket constitue indéniablement un terreau fertile à la prolifération.
Des risques de rechute
Concrètement, l’entorse la plus répandue (90% des cas) se caractérise par un mouvement forcé du pied en inversion (vers l’intérieur), avec une atteinte du ligament collatéral latéral, composé de trois faisceaux. De l’entorse bénigne (simple élongation du faisceau antérieur) à l’entorse grave (rupture complète de ce faiseau avec atteinte plus ou moins importante des deux autres), l’indisponibilité varie de quelques jours à plusieurs semaines pour les basketteurs professionnels, trois à cinq semaines en moyenne pour le commun des mortels. Dans tous les cas, le protocole RICE (Repos-IcingCompression-Élévation) est indispensable à titre de protocole d’urgence, les phases d’immobilisation et de rééducation venant dans un second temps. Cette dernière a d’ailleurs toute son importance puisque les chiffres prouvent qu’une cheville mal rééduquée après entorse aura deux fois plus de chances de récidiver lors de la reprise de l’activité, sachant que dans tous les cas, une cheville touchée restera fragilisée. « Une fois touché par une entorse, le ligament se détend et ne va jamais retrouver parfaitement son état initial, il restera fragilisé », nous explique Marc Orlu. Kinésithérapeute au sein des équipes de
France de basketball, il est bien placé pour savoir que des soins appropriés ne protègent jamais totalement des risques d’une rechute, à l’image de Tony Parker, régulièrement victime d’entorses de la cheville depuis le début de sa carrière. Ce qui, d’ailleurs, lui a déjà coûté plusieurs matches sous le maillot bleu.
Le plâtre aux oubliettes
Si par le passé, le plâtre était souvent de mise en cas d’entorse, les basketteurs d’aujourd’hui disposent de solutions alternatives, moins contraignantes et plus efficaces, à savoir l’orthèse dynamique. Confortable et dotée d’un système d’aération performant, la chevillère moderne protège l’articulation en limitant les mouvements forcés, tout en permettant le travail proprioceptif, indispensable pour rééquilibrer l’articulation. Contrairement au strap qui, une fois posé, ne peut plus être touché, l’orthèse est facile à régler au cours de l’entraînement et ne requiert pas le savoirfaire du kiné pour la mettre en place. En outre, les orthèses actuelles s’insèrent parfaitement dans les chaussures de basket, même à tige haute, ce qui n’était pas toujours le cas pour les modèles plus anciens. « Aujourd’hui, on a des orthèses très techniques et très efficaces », reconnaît Marc Orlu. « C’est aussi efficace qu’un strap, sauf que le coût du strap est très élevé puisqu’il faut le changer à chaque séance. La chevillère s’avère donc bien plus économique à la longue. » Une solution adoptée par bon nombre de basketteurs, soucieux de retrouver rapidement les parquets. l
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Feurs (N2) Budget : 350.000 euros Classement : 3e N2-A (12v-5d)
Montbrison (N2) Budget : 260.000 euros Classement : 1er N2-A (14v-3d)
Andrézieux (N2) Budget : 320.000 euros Classement : 5e N2-A (10v-7d)
Saint-Just Saint-Rambert (N2)
Saint-Cham
Budget : 600.000 e Classement : 8e N
Budget : 230.000 euros Classement : 14e N2-A (4v-13d)
Roche-la-Molière (N1) Budget : 450.000 euros Classement : 17e N1 (4v-15d)
Échelle 5 km
Saint-Étienne (N1) Budget : 850.000 euros Classement : 7e N1 (10v-9d)
mond (N1)
euros N1 (9v-10d)
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LOIRE-SUD, UN PAYS FOU DE BASKET
LA FIN DES GUERRES
DE CLOCHERS ? Lyon
Aucun autre territoire en France ne présente une telle densité de clubs de haut niveau. Dans un rayon de 40 kilomètres, Montbrison, Feurs, Saint-Just Saint-Rambert, Andrézieux, Saint-Chamond, Rochela-Molière et Saint-Étienne évoluent entre N2 et N1. Dans la plaine du Forez, terre historique de basket, coincée entre Roanne, Lyon et Clermont, la guerre des clochers a longtemps fait rage, vibrant à l’énergie des derbys pour la suprématie locale. Aujourd’hui, pour survivre, les ennemis d’antan doivent désormais unir leurs forces. Et vite. Une page se tourne. Mais la passion reste. Par Thomas BERJOAN • Photos Jean-François MOLLIERE dans la plaine du Forez.
“
Avec le terroir basket qu’il y a ici, les licenciés, le public, les sponsors, tous ces gens qui ont envie de voir une belle équipe dans le Loire-Sud, pour moi, c’est possible. » Alain Thinet, l’actuel coach de SaintChamond en N1, connaît le coin comme sa poche. Il est la figure marquante de la région, celui qui a réussi une carrière professionnelle puis qui est revenu depuis sur la terre de ses racines. « Il faut avoir envie de le faire. Les problèmes que tous les clubs d’ici rencontrent au niveau financier obligent à réunir les forces. On ne peut plus tous travailler dans notre coin. Si on veut exister, avoir une chance d’atteindre un jour le plus haut niveau, de venir titiller la Chorale de Roanne dans le département pourquoi pas, il faut que tout le monde accepte l’idée d’un club commun. Laisser l’amour propre de côté, même si on a tous envie de garder son identité. » Coach Thinet agite un vieux fantasme. De Montbrison à Saint-Chamond, en passant par Feurs ou Andrézieux, la chimère d’un grand club dans le sud du département excite tous les passionnés de basket de la plaine depuis la disparition du CASE de la première division au milieu des années 80. Comment se fait-il que dans le coin, on ne se satisfasse pas de l’existence, au nord du département, de la Chorale de Roanne pour représenter la Loire au plus haut niveau ? Un club historique, structuré, qui obtient depuis cinq saisons des résultats impressionnants et qui est en train de se doter d’une salle de plus de 5.000 places ? Impossible de saisir les problématiques qui agitent actuellement la région sans un petit détour historique et géographique.
Un territoire à part
Globalement, au-delà du découpage officiel, il existe une logique de territoire qui coupe le département en deux. Au sud, la plaine qui s’étend des monts du Forez à l’ouest, jusqu’à ceux du Lyonnais à l’est, recouvre un ensemble cohérent : le Forez, historiquement centré sur Feurs, qui tire son nom du comté, puis autour Montbrison au Moyen-Âge. Au XIXe siècle, avec le développement industriel, le centre s’est
déplacé à Saint-Étienne et ses mines de charbon. Tout ça pour dire quoi ? Que Roanne, tout au nord d’un département très allongé, n’a jamais fait partie de cet ensemble sociologique. Aujourd’hui d’ailleurs, l’autoroute qui relie Clermont à Lyon, passe par Feurs, Montbrison, Andrézieux, Saint-Just SaintRambert, Saint-Étienne et Saint-Chamond, mais aucune voie rapide ne relie Roanne au sud du département. Ce qui explique que les amateurs de basket au sud du département font rarement le déplacement pour voir les matches de la Chorale. Par exemple, d’Andrézieux, il est plus rapide de se rendre à l’Astroballe qu’à Vacheresse. Et puis surtout, s’il existe une forte volonté d’exister par soi-même dans la plaine du Forez, c’est qu’historiquement le basket est une institution. « Dans la région de SaintÉtienne à Montbrison, la tradition pour le basket de qualité a toujours été très forte », affirme Gérard Bosc, l’historien indiscutable du basket français. Comment s’explique cette implantation ? Difficile à dire. Le basket arrive dans le coin en 1926 avec Jean Cerisier, futur directeur du journal La Liberté, qui a rapporté avec lui de Montargis la grosse balle orange. Une section de basket fut ainsi créée au sein des P’tits Fifres Montbrisonnais, société de musique et de gymnastique. Durant les dix années suivantes, tous les clubs aujourd’hui en activité naissent et s’émancipent. Et s’affrontent. « Ce qui fait la force d’une implantation du basket, c’est l’opposition entre les catholiques et les laïcs », reprend Gérard Bosc. « L’émulation est née des rivalités. On ne peut pas comprendre l’implantation du basket français sociologiquement si on ne prend pas en compte cette dimension. » Et en Loire-Sud, les rivalités sont terribles ! Elles mêlent dimension idéologique, cathos ou la proximité géographique et suprématie sportive. « Et comme toujours, dans la concurrence apparaît la qualité », ajoute professeur Bosc.
Pays de derbys
« Les derbys des années 50-60, fallait voir ! », nous prévient Antoine Bruyas, 68 ans, ancien international, né à Andrézieux puis joueur du CASE et de Montbrison. « La >>>
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La salle JeanPierre Cherblanc, le jour de son inauguration officielle (9 février 1947). Aujourd’hui, elle porte toujours chance au BC Montbrison (à droite), équipe leader de N2, regroupée autour de ses coaches et de ses dirigeants.
Pontoise-Andrézieux, c’était quelque chose ! Catholiques contre laïcs ! Finalement, ça n’a pas trop évolué, même si la notion religieuse a disparu. Mais restent les germes. On n’a pas une histoire de club catho ou laïc pour rien. Subsiste toujours quelque chose. » Entre des petites villes de taille similaires (entre 10.000 et 15.000 habitants), donc avec des moyens sensiblement semblables, la compétition est féroce. « Rapidement, il y a eu beaucoup de clubs de bon niveau », explique Antoine Bruyas. « Même à SaintRomain-le-Puy (3.500 habitants), il y avait un bon club ! À Montbrison par exemple, il y avait deux forts clubs dans cette petite ville. Le BCM, qui existe toujours, et le FCM, rattaché au club de foot. » Ce qui explique aussi peut-être la forte tradition basket, c’est l’ouverture sur l’international. À la fin des années 40, les premiers renforts étrangers font leur apparition dans la région, bien avant les Américains, en provenance de Lituanie. Zygmas Varkala a notamment marqué les mémoires. Il prend la fuite d’un pays déchiré entre une collaboration massive avec l’Allemagne nazie et qui passe rapidement sous tutelle soviétique, débarque à Monaco puis à Montbrison en 1948. Jean-Marc Boibieux, la mémoire vivante du club, s’en souvient bien. « Quand il débarque, directement à la descente du train, des dirigeants du FCM, le deuxième club de Montbrison, lui font signer un contrat. Lui pensait signer au BCM ! C’est dire le niveau de rivalité qui existait entre les deux clubs ! » Antoine Bruyas se rappelle parfaitement ce joueur qui avait marqué ses jeunes années. « Dans la région ligérienne, il y a avait le
tissu industriel, métallurgie, charbon. Et puis il y avait le basket. Les Lituaniens étaient vraiment meilleurs que nous à cette époque. Varkala, c’était le modèle. Ils nous ont fait progresser. »
Le Real et le CSKA à Montbrison !
« Autre facteur, Montbrison a été un des premiers clubs en France à organiser un grand tournoi de basket international à la sortie de la guerre », avance Gérard Bosc. La première édition aura lieu en 1946. Depuis le tournoi existe toujours, mais uniquement pour la catégorie benjamin. Mais à l’époque, dès 1947 avec la création de la salle (voir encadré), Montbrison accueille la crème du basket français et européen. Le Real Madrid et ses Américains gagnent les éditions 1961 et 1962. Barcelone, le CSKA Moscou, Ljubljana, Belgrade, Kaunas honorent l’invitation. « C’était en fin de saison, les joueurs venaient se faire voir et aussi faire la fête », souffle Jean-Marc Boibieux. « Il n’y avait pas de télé, donc les gens venaient de partout pour voir ces équipes. » Dans les années 70, le basket est donc solidement implanté. À l’époque, il était encore possible pour des petites villes d’exister dans l’élite. C’est aussi le début de la période faste des derbys entre des clubs qui naviguent entre les différentes divisions mais qui se croisent inévitablement. « Un derby, c’est toujours particulier, mais dans la plaine du Forez, c’est encore autre chose ! », confie Hugues Vanrentergeem, transfuge du Nord de la France, implanté de longue date dans la région, ancien joueur emblématique >>>
Montbrison
La plus vIeille salle de basket en France Au premier abord, rien de spectaculaire. Pas de vieille pierre, pas de colonne antique ni de mise en valeur du patrimoine. Le crépis a été refait, une annexe flambant neuve abrite désormais la buvette, qui a longtemps occupée le fond de la salle, à quelques mètres seulement de la ligne de fond, ainsi que des nouveaux vestiaires. Même le parquet, une pièce de musée, surface appréciée par plusieurs générations, a été changé. Pourtant, une fois à l’intérieur, quelques signes ne trompent pas. La charpente en arcs de béton qui soutiennent la verrière et des peintures publicitaires datent d’une autre époque. Du 9 février 1947 pour être précis. Jour de l’inauguration. « Cette salle compte parmi les plus belles d’Europe et est actuellement la seule en France conçue spécialement pour le basket », dira alors le délégué de la fédération venu sur place pour l’événement. « Effectivement, je pense qu’on peut dire que la salle de Montbrison est la première en France à avoir été spécifiquement et uniquement pour le basket », nous confirme Gérard Bosc, la référence historique du basket en France. « Parce qu’il y eu aussi des aménagements d’espaces industriels, comme par exemple à Grenoble le Palais de la houille blanche, qui a disparu depuis d’ailleurs. Mais ce n’étaient pas vraiment des salles. Montbrison, si. » Ici, pas de cage de hand, pas de trou pour les poteaux de volley, pas de marquage de badminton au sol. Un temple dédié à la grosse balle orange. Et les vibrations sont bonnes. Le seul match qu’a perdu le BCM cette saison à domicile est le derby joué pour l’occasion dans le gymnase municipal à 60 mètres de là, plus grand. Mais qui n’a pas le supplément d’âme de la vieille dame.
D.R.
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La “Bonbonnière“, la salle de La Pontoise, le club de Saint-Just SaintRambert dégage une atmosphère incomparable. Le mur du fond est en effet constitué en partie d’un immense vitrail. C’est la verrerie de Saint-Gobain présente sur la commune, la dernière en France à travailler le verre de cette façon, qui l’a réalisé, donnant à la salle une véritable ambiance d’église. Histoire de rappeler aussi qu’à la base, La Pontoise est un patronnage catholique, évidemment.
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de La Pontoise, aujourd’hui coach du club en N2. « La guerre des clochers, on a beau dire ce qu’on veut, elle existe. Les derbys d’antan, il s’agisssait vraiment des joueurs du cru. La suprématie régionale était importante pour les dirigeants. La première chose quand on recevait le calendrier, c’est clair, on avait le droit de perdre tous les matches, mais pas les derbys. Dès qu’on gagnait un ou deux derbys, la saison était réussie quoi ! C’était des joueurs qui avaient joué l’un contre l’autre depuis tout petits, ils avaient fait les sélections de jeunes ensemble. Dans les tribunes, c’était chaud, les gens arrivaient à 19h pour un match à 20 h, il y avait des groupes de supporters, des chants. » La série qui restera dans l’histoire concerne évidemment La Pontoise-Andrézieux, le derby le plus bouillant, les deux frères ennemis. Saison 1996-97. Andrézieux l’emporte au match aller de 37 points. « On s’est fait chambrer comme pas possible », se rappelle douloureusement Guy Antoine, dirigeant et speaker du club depuis 25 ans. « Sauf qu’au match retour, chez nous, on a gagné… de 38 points ! C’était absolument magique ! »
« On se tue entre nous ! »
« Ce sont des matches spéciaux, qui ont un intérêt pour le public, mais sportivement, les équipes concernées sont perdantes », nuance Yann Jolivet qui a grandi à SaintÉtienne, aujourd’hui coach du CASE, après huit saisons à Andrézieux. « On y laisse toujours des plumes. C’est la beauté du sport, mais le schéma des matches faussait le championnat à notre désavantage. J’explique. Parfois des équipes renversaient sur l’énergie des situations invraisemblables. Alors, par exemple, on est leader et on perd à Feurs. Mais sur les cinq matches suivants, Feurs ne joue absolument pas au même niveau contre les autres que contre nous. Ils ne sont pas transcendés de la même façon, résultat, quand notre concurrent direct va là-bas, il gagne. Donc on n’est pas gagnant quoi. On se tue entre nous. Le spectacle est intéressant mais sportivement… Après il y a l’intérêt financier, pas de déplacement, bonnes recettes. Maintenant, si c’est pour faire du basket loisir, c’est intéressant. Pour du plus haut niveau, les derbys… » De l’avis général, depuis deux ou trois ans, le niveau d’engagement sur le terrain et dans les tribunes a largement baissé. L’esprit de clocher tend à disparaître. Enfin pas totalement si on en croit la dernière réception de Montbrison à Feurs où les visiteurs se sont fait copieusement insulter ! Mais la fièvre d’antan est moindre. Il faut dire que pratiquement tous les clubs du coin ont au moins tâté de la N1 au cours des dernières saisons. Et aujourd’hui, un effectif de N1 ne se constitue plus avec uniquement des joueurs du coin. Alors que cela a longtemps été le cas, à quelques renforts près.
Peu de pros issus du coin
D’ailleurs, les meilleurs basketteurs de la plaine du Forez se sont très peu exportés. Paradoxalement, peu de joueurs pro sont sortis de ce vivier important. Déjà, la plaine n’a pas une
La refonte de la N1
• Dès la saison prochaine, l’actuelle Nationale 1 va être repensée, à l’instar de ce qu’il s’est fait en féminines, sous l’impulsion du nouveau président de la FFBB, Jean-Pierre Siutat. Il y aura désormais deux divisions de N1. « Élite N1 » regroupera en 2011-12 18 équipes, les 14 qui se maintiendront de l’actuelle N1 plus les 4 équipes issues des playoffs de N2. Cette Élite N1 descendra ensuite à 16 clubs en 2012-13. Ensuite, la N1à l’échelon en-dessous regroupera en deux poules régionales les 28 équipes suivantes : les 4 équipes descendantes de la N1 actuelle plus les équipes classées de 2 à 7 des quatre poules de N2 actuelles. Il s’agit donc de choper le bon wagon.
culture de centre de formation. En effet, à part Montbrison qui tente le coup de 1985 à 91 avec une véritable structure, rien n’existe. Expérience qui apportera un titre ronflant de champion de France espoirs en 1989, mais qui coûtera cher au club à bien des niveaux. « Et puis les gens de la plaine du Forez sont très attachés à leurs petites villes, parce qu’elles sont agréables à vivre et souvent les joueurs ont préféré être “star“, je ne sais pas si c’est le mot, mais être reconnus chez eux que partir ailleurs », explique Hughes Vanrentergeem. « Il y a des mecs qui auraient pu faire des carrières. Mais peut-être, c’était un manque d’ambition ou le choix de privilégier une carrière professionnelle à côté. Cette situation-là était bonne ici. » Les montages financiers entre un petit boulot dans la boîte du sponsor, des indemnités de défraiement, un peu de salaire déclaré et un peu d’argent au noir ont longtemps été monnaie courante. Et pouvaient monter jusqu’à 3.000 euros mensuels. « Même moi, j’ai eu du mal à partir de Montbrison », avoue Alain Thinet. « J’ai attendu 25 ans, alors que j’avais été sollicité avant. On avait notre petit confort. C’est évident que le vivier n’a pas été exploité à fond. Peut-être aussi qu’on n’a pas produit beaucoup de joueurs de grande taille. Il y avait de bons petits joueurs mais on n’est pas les Yougos ! » « Et puis ici, il n’y a pas de culture pro », conclut Hughes Vanrentergeem. « On finit le match, on boit des canons, on sort le saucisson, c’est un peu caricatural, mais c’est ça. »
L’heure des mariages ?
Aujourd’hui, avec la mobilité accrue, les agents et puis les ambitions des clubs, les rivalités exacerbées se sont adoucies. D’ailleurs, des unions ont vu le jour entre les clubs de la plaine pour les catégories de jeunes. Ainsi, Feurs et Montbrison ont désormais en commun une section jeune en masculins. Même chose pour Andrézieux et La Pontoise, qui appartenait pourtant au départ à l’union à trois mise en place entre les jeunes de Saint-Étienne, Roche-La-Molière et La Pontoise. Le même phénomène est-il aujourd’hui envisageable pour les seniors, comme l’appelle de ses vœux Alain Thinet ? « Malheureusement, aujourd’hui on crève de notre densité », lâche Antoine Bruyas. « Beaucoup trop de petits clubs relativement forts, mais pas un gros club. » Une expérience a pourtant existé. Le BULS. Basket Union Loire Sud, une fusion née en 1999 entre les clubs de La Pontoise et d’Andrézieux, alors tous deux en Nationale 1. L’ambition est forte. Le résultat sera un fiasco. Des décennies de rivalités et des personnalités très fortes à la direction – Roland Jouve pour Andrézieux et Gaby Thomas pour La Pontoise – sont irréconciliables. « C’étaient des dirigeants en guerre, ancrés sur leurs positions », raconte aujourd’hui Hugues Vanrentergeem qui a été joueur du BULS. Et puis le projet est tué dans l’œuf par une série de défaites très tôt dans la saison. Résultat, l’équipe de fusion est reléguée en N2. Les deux clubs divorcent un an après le mariage. La Pontoise repart en régionale et Andrézieux en N2. Un an plus tard, Andrézieux descend alors que La Pontoise remonte en N3. Les deux clubs se retrouvent donc… L’histoire se répète. Aujourd’hui, de l’eau a coulé sous les ponts. Depuis l’été dernier, l’heure est au rapprochement. Ou plutôt aux rapprochements. Deux projets sont très sérieusement à l’étude. Le premier concerne les clubs de N1. Un autre, ceux de N2. « On a débuté notre réflexion début 2010, avec Saint-Étienne et Andrézieux », nous explique Serge Richier, le président de Saint-Chamond. « Andrézieux a rapidement considéré qu’ils n’étaient pas mûrs. On avait également pris contact avec Roche-la-Molière qui allait monter en N1, mais ils n’ont pas donné suite. Ils voulaient tenter le coup par eux-mêmes. On a poursuivi avec SaintÉtienne, cette réflexion est allée très loin, j’ai présenté le projet au président Mainini. Ça a capoté parce qu’on n’avait pas les garanties financières suffisantes vu le contexte à Saint-Étienne (voir encadré). » Aujourd’hui, Saint-Chamond se déclare toujours >>>
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Saint-Étienne
La folle histoire des verts ! N
aturellement, c’est à Saint-Étienne que devrait se trouver le grand club du sud du département. Le berceau de l’ASSE est la 9e ville de France, et historiquement, a déjà appartenu à la première division de basket dans les années 80. Il y a une salle, le Bardot (3.100 places) un public et une culture basket. Sauf que parfois, ça ne suffit pas. Les deux dernières années ont été complètement chaotiques. Relégation sur tapis vert, crise financière, dirigeants en guerre, un véritable roman. Essayons d’y voir plus clair. Depuis 2000, une convention de délégation existait entre le groupement sportif, l’association historique du CASE, et une SASP créée pour gérer l’équipe pro, au nom de Saint-Étienne Basket, le SEB. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la cohabitation entre les deux entités génère des tensions. Les difficultés financières de la SASP sont chroniques, quatre présidents se succèdent en huit ans. Et puis la SASP a des vues sur les subventions accordées par les collectivités à l’association, pour la formation et les filles. Charmant. La dernière année du SEB en 200809, le club est en Pro B. Sportivement, ça va, l’équipe accroche les playoffs. Mais la SASP est désormais interdit bancaire. « Les joueurs et les appartements n’étaient plus payés », nous explique Lilo Bisaccia, président du CASE sur la dernière décennie. « J’ai notifié au président du SEB Jean-Sébastien Paquet qu’on ne reconduisait pas notre convention. Il a essayé de couler l’association pour avoir les mains libres. Une guerre politique pour les subventions et une procédure judicaire. Le tribunal a tranché en notre faveur. » En fait, le passif du SEB est énorme. Sur un budget de 1,7 million d’euros (2 millions avec l’association du CASE), il manquait selon nos informations 1,2 million.
À 5 jours près !
Normalement, dans ces conditions-là, le club doit disparaitre et repartir en régionale. Sauf que la convention qui lie le SEB au CASE prend fin au 30
juin, date à laquelle l’association du CASE récupère les droits sportifs et l’engagement en Pro B. Le dépôt de bilan du SEB, lourdeur administrative, ne sera prononcé que le 4 juillet. À ce moment-là, juridiquement, le CASE n’a plus rien à voir avec le SEB. Problème. La FFBB intervient. « Yvan Mainini dit : si je conserve Saint-Étienne en Pro B maintenant, ça peut faire jurisprudence et d’autres clubs, en dernière année de convention avec une association, peuvent monter une grosse équipe pro, dépenser sans compter pour aller chercher un titre ou une montée ou l’Euroleague et si jamais ils n’y arrivent pas, ils déposent le bilan, rendent les droits sportifs à l’association qui reste dans le championnat », nous confie le président du CASE. « Comme ça, on fausse le championnat en créant des équipes fictives. Le problème, c’est qu’il y a un vide juridique. » Le CASE se défend, entame une procédure et, au final, le comité olympique donne raison à l’association et propose à la FFBB de choisir un cabinet pour mener un audit des comptes du CASE, qui ressortent de l’affaire parfaitement propres. « Yvan Mainini nous dit alors, je sais que vous avez raison, mais je vous laisserai pas vous inscrire en Pro B », poursuit Lilo Bisaccia. « Il me met la pression en disant : on ira jusqu’au Conseil d’Etat et, pendant cinq ans, il n’y aura plus de basket à Saint-Étienne. Acceptez d’aller en N1 et nous, on vous aidera à passer le cap. » Saint-Étienne accepte. Un accord entre avocats est trouvé. À ce moment-là, la FFBB a désespérément besoin d’une place en Pro B. En effet, suite à une erreur de la fédération qui a qualifié à tort un joueur, Shaun Durand, pour Lille dans le cadre d’un match joué et gagné contre Fos en N1 au cours de la saison, ce dernier club a porté réclamation. Plus grave, Lille décroche la montée en Pro B, mais cette irrégularité coûte également la montée à Fos qui suit alors la procédure judiciaire et obtient gain de cause. La FFBB est bloquée. La situation de SaintÉtienne tombe comme une aubaine pour libérer une
place. Question : qu’a tiré le CASE de cet accord ? La question fait pas mal jaser dans le sud de la Loire…
Cinq jours pour monter une équipe
On est alors en septembre 2009 et la saison de N1 a déjà commencé. « C’était dimanche matin », nous explique le président du CASE. « Mainini me dit, il faut que vendredi soir, vous soyez à Angers avec vos joueurs qualifiés. » Plusieurs problèmes se posent. Un, former une équipe. Deux, les collectivités autour du club enregistrent la relégation et diminuent leurs subventions en conséquence. « Moins 120.000 euros pour la ville, moins 100.000 pour le Conseil Général », affirme le président. « Comme on n’a pas pu travailler en sponsoring de juin à septembre, j’étais déjà à moins 74.000, ce qui fait au total un déficit de moins 300.000 euros. On boucle la saison à moins 260.000 ». Enfin, sportivement, la réintégration du CASE en N1 après le début du championnat pose également problème aux autres clubs de la division qui boycottent un temps l’équipe de Saint-Étienne ! Malgré tout, tout rentre dans l’ordre, sous pression de la FFBB et le CASE se maintient. Nous sommes à l’été 2010. « Derrière, le contrôle de gestion de la FFBB, à cause de notre dette, nous déclare pas viable en N1 et nous rétrograde en R1. » Sauf que l’affaire ne s’arrête pas là. Finalement en juillet, la chambre d’appel de la FFBB revient sur le jugement du contrôle de gestion. Pourquoi ? La dette est importante. Sans doute à cause de l’accord de l’été précédent. Renvoi d’ascenseur de la part de la FFBB ? Le budget du club diminue encore pour éponger ce passif et le club passe en redressement judiciaire et cessation de paiement sous l’administration d’un mandataire, Etienne Martin. Dans les mois à venir, l’avenir du basket de haut niveau à Saint-Étienne dépendra des comptes du CASE sur la saison 201011. Le budget est passé de 2 millions en 2008-09 à 1,3 million en 2010 à 850.000 cette année. La chute s’enrayera-t-elle ? Affaire à suivre. l
Le coach Yannn Jolivet, en noir, entouré de ses joueurs, Benjamin Thomas, Sébastien Hermenier et Rodérick Pegon. À droite, Lilo Bisaccia, le président du CASE.
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Feurs
Berceau des Crazy Dunkers
D.R.
Manuel Pilon, Samuel Séité, Samuel Tillon et Laurent Valla, les Aigles du Forez, pour leur première représentation en 1993. On est alors bien loin du show des Crazy Dunkers.
• Tout fan de basket connaît aujourd’hui la troupe de dunkers acrobatiques qui se produit un peu partout dans le monde, en NBA, en France ou en Chine. Ce qu’on sait moins, c’est que l’aventure a commencé à Feurs, en 1993, à l’occasion du tournoi de Pâques regroupant des équipes de minimes filles. Une bande de copains (Manu Pilon, Samuel Séité, Samuel Tillon et Laurent Valla) se font appeler « les Aigles du Forez » et tentent le coup du trampoline, affublés d’un costume « maison ». Mais petit à petit, devant l’intérêt du public, le spectacle s’exporte. Saint-Étienne, Limoges à plusieurs reprises, puis bientôt toute la France. En 1996, premières représentations hors frontière, en Espagne. En 1997, le délire se structure finalement. Deux mois de représentations quotidiennes à Disney Land Paris et six membres décident de se professionnaliser. Xtrem Prod voit le jour et les deux Samuel, Tillon et Séité, les hommes du début en sont les fondateurs. Ils sont toujours aujourd’hui aux commandes des Crazy Dunkers. Quant aux Aigles du Forez, l’association existe toujours. Il s’agit du centre de formation, basé à Feurs, des Crazy Dunkers, qui organise des stages l’été et des show amateurs.
REPORTAGE • maxi-basket 63 porteur du projet d’une équipe d’agglomération mais attend avec impatience d’y voir plus clair sur la situation financière du CASE. « On a toujours la volonté », répond Lilo Bisaccia, le président du CASE. « Je ne prétends ni à la présidence ni à la salle. Après si chacun veut rester dans son coin et ne comprend pas l’intérêt du basket de haut niveau, on ne peut rien imposer. Saint-Chamond, suite à nos problèmes, a joué perso la saison dernière. Il y a des tensions, c’est un peu du poker menteur, mais pas de notre part. Saint-Chamond avait demandé que les garçons jouent chez eux et on avait dit oui. Il y a donc une volonté de faire un grand club. Nous, on n’est pas « clocher ». À Saint-Étienne il y a 12 églises, mais les autres, ce sont leurs couleurs, leurs clubs, leurs églises quoi ! Ils sont attachés à ça et je les comprends. Dans une grande ville, c’est plus simple, on a l’habitude du changement. » Une telle union pourrait prudemment prétendre à un budget d’1 million d’euros et suivrait un objectif de montée en Pro B dans les trois ans. « On est pour un projet comme celui-là, mais on veut déjà voir comment se passe un éventuel mariage entre Saint-Étienne et Saint-Chamond », tient à préciser Karim El Kacemi, le président de Roche. « On est dans une position attentiste, effectivement. C’est plus facile de faire par étapes plutôt qu’un mariage à trois directement. Mais on se rend compte qu’on n’a pas les moyens pour exister en N1, il ne manque pas grand-chose, mais si on veut monter un projet d’avenir et ambitieux, on sait qu’on ne pourrait pas le faire tout seul. C’est une certitude. »
Une entente dans la plaine ?
À l’échelon en dessous, les quatre clubs de N2 ne sont pas restés non plus les pieds dans le même sabot. Fin 2010, les présidents ont tous été conviés à une réunion pour évoquer un projet commun. Feurs n’est pas venu. « J’ai entendu parler de ce rapprochement », admet Eric Sardin, président du club. « Sur le fond, on n’est pas opposé, mais je ne pense
pas que ça va se faire en un jour. On risque de se heurter aux clivages politiques. Ce ne sont pas les mêmes mairies, pas les mêmes communautés de communes. Pour nous, ce n’est pas une urgence, le club est sain financièrement même si on n’a pas de gros moyens. On peut avancer seuls mais on est conscient avec la refonte des divisions que si on veut retrouver la N1, on aura des problèmes financiers. » Reste que Montbrison, La Pontoise et Andrézieux se sont vus. Et qu’une volonté commune de faire quelque chose existe. Et pour au moins deux d’entre eux, la volonté de faire vite. Pourquoi ? Un, à cause de la refonte de la Nationale 1 (voir encadré), qui oblige à se positionner dès la saison prochaine pour être dans le bon wagon. Deux, Montbrison est actuellement premier de sa poule de N2 et pourrait donc prétendre à la future Elite N1 mais pas seul. Pour eux, la fenêtre est donc ouverte. Maintenant. Pour la Pontoise qui devrait descendre en N3, la problématique est inverse, mais finalement la même. C’est le bon moment de passer à autre chose. « Aujourd’hui, je dirais non à la montée », affirme Jean-Paul Forestier, le président de Montbrison. « On a 260.000 euros de budget. En N1, il faut arriver à 400.000. Seuls, c’est quasiment impossible. Il faut qu’une décision soit prise avant fin mars. C’est possible. Si un projet doit se faire rapidement, avec la Pontoise, ça se fait en huit jours. C’est le bon partenaire. » Politiquement, les maires des deux villes s’entendent bien. Surtout, les deux villes font partie de la même communauté d’agglomération, un sponsor important. Mais rien n’est simple. Parce que du côté d’Andrézieux, on lorgne aussi sur une union avec la Pontoise. Les deux villes sont limitrophes, partagent les catégories de jeunes. Elles ont aussi déjà tenté le coup en 1999 avec le BULS. Problème cela dit, en raison d’un découpage étrange, elles ne font pas partie de la même communauté de communes. >>>
Hugues Vanrentergeem, coach de La Pontoise (à gauche) et Yves Peyron , coach de Montbrison. Les deux hommes sont des figures locales du basket et se connaissent bien. Peuvent-ils favoriser une union entre les deux clubs ?
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Alain Thinet, coach de Saint-Chamond, entouré de Romain Tillon, Alain Laroche et John Beugnot.
« Le comité directeur est tout à fait favorable à créer un rapprochement », lâche Antoine Béal du club d’Andrézieux. « Les responsables ne sont plus les mêmes qu’à l’époque du BULS. On est ouvert à tout projet mais, pour l’instant, rien n’a été mis sur la table. Chaque président est d’accord pour faire un grand club. On discute avec La Pontoise. Est-ce qu’on va faire quelque chose rapidement avec la Pontoise, puis dans un deuxième temps on ajoutera Montbrison ? Je suis incapable de vous le dire. » Pour résumer, il faut bien comprendre que chaque club, même dans l’optique d’une union, regarde de près ses intérêts. Montbrison a actuellement une équipe performante, bâtie depuis plusieurs années par Yves Peyron, 58 ans, un homme du coin, ancien joueur et coach très respecté dans les championnats nationaux. Un grand ami d’Alain Thinet et Jean-Michel Sénégal. L’entraîneur va prendre sa retraite à l’issue de cette saison. « C’est un éducateur avec un grand E », dit de lui coach Thinet. « Il a toujours privilégié ce côté à celui d’entraîneur de professionnels. C’est sans doute ce qui l’a empêché d’aller voir plus haut. Mais il vit le basket. » Andrézieux a de l’argent et une salle, le Palais des Sports, un outil moderne de 2.500 places qui date de 1999. La meilleure salle de basket des sept clubs de la plaine. La Pontoise n’a pas grand-chose à négocier actuellement. Et chacun
réfléchit à la meilleure façon de jouer ses atouts. Avec quel partenaire le club se retrouvera-t-il en position de force pour la négociation ? Où jouera l’équipe ? Sous quel nom ? Avec quels joueurs ? Autant de questions vraiment pas anodines dans cette région de rivalités historiques.
Une perte d’identité ?
Et si la guerre des clochers ne disparaissait pas vraiment ? Et si, dans les mois qui viennent qui pourraient voir la naissance d’une ou deux entités ambitieuses, les négociations ne se faisaient plus sur un terrain plus feutré mais pas moins féroce ? Parce qu’en face de l’ambition, le prix à payer est lourd : la perte de ce qui a constitué l’identité très forte de cette région basket. « C’est une évolution », résume JeanPaul Forestier. « De mon point de vue, c’est la seule solution possible pour pérenniser le basket de bon niveau. » « Et puis le nerf de la guerre, c’est le public », rajoute Yann Jolivet, le coach de Saint-Étienne. « Pour les joueurs, les partenaires, l’impact en communication. Et aujourd’hui, personne n’a trop de public parce qu’ils ont trop de choix. Les amoureux du basket ne suivront peut-être pas une union sur une première année, mais ils y viendront. C’est un passage obligé. La région le mérite. » Une seule chose est sûre. On n’a pas fini de causer basket en Loire-Sud. l
REPORTAGE • maxi-basket 65
Alain Thinet
L’homme de la région • Alain est né à Montbrison en 1953. Il est aujourd’hui la figure de la région identifiable dans le milieu professionnel. Un des rares à avoir quitté le cocon de la plaine du Forez. « J’ai eu la chance d’être en équipe de France militaire, de côtoyer des joueurs de haut niveau, de connaître un entraîneur comme Pierre Dao qui m’a poussé », nous confie-t-il. « Et puis des clubs sont venus me chercher. Mais j’étais bien à Montbrison, j’ai failli ne pas partir. Le fait d’avoir connu l’aventure du bataillon de Joinville, c’est ce qui m’a donné envie de partir. » Oh !, l’actuel coach de SaintChamond aujourd’hui n’est pas non plus allé très loin : à Vichy dans l’Allier, puis à Roanne à la fin de sa carrière de joueur. Mais c’est surtout en tant que coach qu’il va exister. Pour sa première année sur le banc, il fait monter
Roanne de Pro B en Pro A. Il est élu entraîneur de l’année avec la Chorale en Pro A en 1992, puis prend les rênes à Cholet en 1995-96. Un échec, il sera remercié après 7 matches, remplacé par Éric Girard. Ensuite, petit à petit, Alain navigue en direction de sa région d’origine. Châlons puis Bourg, qu’il fait monter en Pro A. Un détour par Dijon et puis retour au bercail pour de bon. « Je suis revenu, c’est vrai. À Bourg, je m’y plaisais bien. Depuis, je suis resté dans un périmètre de 200 kilomètres autour de Montbrison. Le fait de revenir à Saint-Étienne il y a huit ans, c’était du bonheur. Pour la famille et puis pour l’estime des gens aussi. Je suis quelqu’un qui marche à la confiance et le fait d’être en confiance avec des gens reconnaissants, c’est toujours agréable, ça évite bien des déboires. » Home sweet home, disent les Américains…
Repères Né le 15/11/1953 à Montbrison • Carrière joueur : Montbrison (N2, 1973-79), Vichy (N2 puis N1, 1979-86), Roanne (N1B, 1987-88) • Carrière entraineur : Roanne (Pro B puis Pro A, 1988-93), Vichy (N2, 1993-95), Cholet (Pro A, 1995-96), Châlons-en-Champagne (Pro B, 1996-97), Bourg (Pro B puis Pro A, 1997-01), Dijon (Pro A, 2001-03), SaintÉtienne (2003-08, Pro B), Besançon (2008-09, Pro B), Nyons (2009-10, Sui), Saint-Chamond (2010-11, N1).
MAXI-BASKET
De gauche à droite, Nate Carter, Xavier Corosine, Guillaume Pons, Mykal Riley, Loïc Akono.
Géraldine Robert
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NANTERRE, HUMBLE MAIS AMBITIEUSE
LA BANLIEUE VISE L’ÉLITE À Nanterre, on prouve saison après saison que l’on peut exister avec peu de moyens. Dans le fief des Donnadieu, père et fils, le club est une vocation, un sacerdoce, on l’épouse, on l’accompagne, on l’enseigne, on l’aime parfois plus que de raison, mais au fil des années la JSF Nanterre a fini par s’installer dans le basket français. Cette saison sera peut être celle qui emmènera la JSF vers son dernier sommet jamais gravi, la Pro A.
Photo Hervé Bellenger / IS
Géraldine Robert
Par Thomas FÉLIX, à Nanterre
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E
n ce matin de janvier, il fait froid, gris et il tombe une agaçante petite bruine sur Nanterre. On se laisse alors à penser qu’il y aurait clairement mieux que ce temps pour découvrir cette petite ville de la banlieue parisienne. Là, elle est malheureusement comme on se l’imagine. Une agglomération à perte de vue, des cités posées au pied des tours du quartier d’affaires de la Défense, un fait unique au monde nous certifiera le maire un peu plus tard. Nanterre s’étend dans les tons vert de gris, coincée entre Rueil-Malmaison, Puteaux, La Garenne-Colombes ou encore Suresnes et Colombes, à quelques kilomètres de la mère Paris. Sitôt laissé derrière nous le boulevard Wladimir Ilitch Lénine, il faut s’enfiler sur la grosse artère Joliot-Curie pour apercevoir bientôt la salle Maurice-Thorez, notre destination. Que voulez-vous, on ne se refait pas, Nanterre est rouge, depuis plus de 70 ans, et fier de l’être. Si Patrick Jarry, l’actuel maire, est étiqueté Gauche Citoyenne, il était encore affilié au Parti Communiste Français il y a peu, ce qui fait de lui un ardent défenseur de l’héritage ouvrier de sa ville. Le Palais des Sports Maurice-Thorez n’échappe pas au cliché d’une architecture plutôt imposante. Du béton, nu, nous accueille dès l’entrée. Mais, le début de journée s’éclaircit franchement grâce au franc sourire de Pascal Donnadieu qui nous accueille avec une bonhommie communicative. Car si on effectue le voyage jusqu’ici, c’est bien pour venir voir la JSF Nanterre et son éternel entraîneur. Pour rencontrer les leaders de Pro B, ceux qui caracolent en tête avec deux victoires d’avance après la fin de la phase aller, filant toutes voiles dehors vers une Pro A qui leur tend les bras. « Je suis toujours heureux de recevoir du monde chez nous », sourit l’entraîneur nanterrien alors en plein shooting matinal en vue du match de Coupe de France contre les voisins du Paris Levallois le soir même. « Ce soir, je te préviens tout de suite, on ne gagnera pas le match. On est premier de Pro B avec deux victoires d’avance, on ne peut pas se permettre de se faire mal en Coupe. » Le ton est donné, si on était venu pour voir Nanterre se tester face à un effectif de Pro A, mal en point mais de Pro A quand même, c’est raté.
« Ce club a donné un sens à ma vie, j’en suis dingue. »
Photo Hervé Bellenger / IS
Jean Donnadieu, Président.
Photo Hervé Bellenger / IS
Jean, père et président, et Pascal, fils et coach. Les Donnadieu sont indissociables de la belle aventure humaine et sportive de la JSF Nanterre.
La causerie d’avant match. Comme à son habitude Pascal Donnadieu insistera sur l’état d’esprit. À Nanterre, on a le droit de se planter mais seulement si on donne tout.
Partage et sentiments
Alors que l’effectif se chauffe dans la bonne humeur, Jean Donnadieu fait son entrée. Âgé de près de 70 ans, le président – et père de Pascal – de la JSF est le véritable gardien du temple vert et blanc. « J’ai pris ma première licence de basket en 1954 », se remémore-t-il, nous regardant avec malice. « C’est un copain de rue qui m’a poussé, moi j’étais plus foot. Nanterre était à l’époque un patronage où le basket dominait déjà. Un soir, un gars me demande de le remplacer deux minutes le temps d’aller boire une bière, il s’occupait des poussins du club. J’ai eu un déclic immédiat, il doit encore être en train de boire, moi je suis resté à enseigner le basket depuis ce temps-là. » Créées en 1927, les Jeunesses Sportives des Fontenelles de Nanterre ne sont à la base qu’un petit club de quartier développant trois sports principaux pour occuper les plus jeunes. En marge du basket, le tennis de table et l’athlétisme sont aussi pratiqués. Pour Jean Donnadieu, la rencontre avec la JSF, c’est aussi la révélation de ses talents d’enseignant, en même temps que son adhésion à des valeurs de partage et de don de soi. « J’avais 19 ans et je me suis attaché à la JSF. Ce club a donné un sens à ma vie, j’en suis dingue. C’est l’aventure d’une vie où une grande importance est donnée à certaines valeurs et où la notion de partage est essentielle. »
REPORTAGE • MAXI-BASKET 69 Dès le début des années 60, la JSF se taille une petite réputation dans le paysage basket francilien. Ici, on joue à la lumière des lampadaires sur la cendrée, on shoote en extension, on mise sur les fondamentaux pour apprendre aux mômes, on pratique un jeu rapide, déjà. Jean Donnadieu rentre au bureau du club, distille une philosophie de club formateur. Une équipe fanion qui tire le club et un tas d’équipe derrière pour partager avec les plus jeunes. « Ici, quand on signe une licence, ce n’est pas pour jouer dans son coin », dicte lentement le président Donnadieu. « On signe pour s’impliquer dans la vie associative du club, on partage certaines valeurs. Dans notre club, il y a la notion de petit village, de quartier. » Dans le respect des valeurs de partage et de solidarité que Jean Donnadieu, président depuis 1974, apprécie tant, le club vivote jusqu’à la fin des années 80. Las, l’équipe fanion est dissoute en 86, plus en phase avec le club. Les joueurs discutent tout le temps, ne rendent rien, qu’ils aillent jouer ailleurs, dira le patriarche. Après un an sans vitrine, la JSF décide de rappeler quelques jeunes pour leur donner carte blanche et s’amuser. Pascal Donnadieu, en exil forcé à Rueil, revient et prend les entraînements pour la saison 87. Il ne quittera plus le banc.
Dix montées en 15 ans vont suivre pour qu’en 2004 la JSF débarque en Pro B. « Je n’ai encore jamais connu la descente », sourit Pascal Donnadieu. « Mais les montées avec peu de moyens, je sais faire. » « Pascal a pris en main l’équipe avec le projet inavoué de rejoindre le niveau régional », se souvient son président de père. « On commence à monter toutes les années et, en 1989, je suis obligé de demander de l’aide à la mairie. » Une convention triennale est signée, indiquant à la JSF des objectifs sportifs et sociaux à remplir pour que le renouvellement soit accordé, depuis 21 ans la JSF n’a jamais failli. La découverte du monde pro est pourtant un choc pour le petit club aux valeurs qui jurent un poil avec la réalité du basket business. « Le passage fut terrible pour nous », baisse la tête Jean Donnadieu. « Il a fallu essayer de ne pas jeter nos valeurs aux orties, alors on a décidé de recruter toujours sur l’humain comme aspect primordial. On n’y arrive pas tous les jours, mais je pense que l’on n’a pas vendu nos âmes pour autant. » Depuis 2004, Nanterre s’est installé en Pro B. Présent dès la première année en playoffs, Pascal Donnadieu est fier de son parcours, d’avoir su concilier le respect des valeurs sociales et humaines du club et ambitions sportives. « On a de l’ambition, nous sommes des compétiteurs », souligne le coach leader de Pro B. « On veut gagner, on a soif de victoires sinon on ne serait pas là, mais ici c’est un club de gestionnaire. Mon père y tient, on ne doit pas être dans le rouge et c’est tout. Alors on fait attention, mais cela n’a pas empêché que l’on fasse les playoffs quatre fois sur six. » Plus encore que les playoffs, Pascal Donnadieu et Franck Le Goff ont imposé une identité basket ces dernières saisons et c’est ce dont ils sont le plus fiers. La JSF Nanterre joue atypique depuis longtemps, c’est inscrit dans ses gènes. Ici on a recours à un jeu rapide, porté sur l’attaque, on court. « On veut pratiquer un jeu offensif depuis la nuit des temps à Nanterre », détaille le technicien alto-séquanais. « Attention, on défend, mais on veut un basket d’attaque, je veux des intérieurs qui courent, des mecs adroits, c’est pour ça qu’il ne faut vraiment pas se planter dans la construction de l’équipe. » Et ça marche ! Sur six saisons, les Nanterriens ne loupent que deux fois les playoffs de Pro B, font une finale à Bercy pour la Coupe de France en 2007 (et demi l’année suivante) et sont deuxièmes au général la même année. Pascal Donnadieu ramène dans sa
Photo Hervé Bellenger / IS
Le meilleur groupe, la meilleure saison
À 31 ans, Guillaume Pons est « l’ancien » du groupe, mais aussi et surtout le capitaine revenu d’une rupture des ligaments croisés pour emmener les siens vers la Pro A.
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« Je n’ai encore jamais connu de descente sportive. » Pascal Donnadieu, entraîneur. besace des jeunes Français dans l’espoir d’en tirer du jus, là aussi c’est une réussite. Adrien Moerman se lance (MVP Français de Pro B), Edwin Jackson (meilleur espoir en 2009) également et Xavier Corosine s’épanouit enfin en banlieue.
En route vers la Pro A
Photo Hervé Bellenger / IS
Loïc Akono, barré en Pro A, s’est vu confier la mène dès son arrivée en banlieue parisienne, avec une certaine réussite. Ici en action face à Andrew Albicy avec, en décor, l’impressionnant trompel’œil de la salle. La photo du public a été prise à... Bercy !
Des réussites, un fond de jeu reconnu, quelques lignes au palmarès, des finances saines, les Donnadieu ont même été reçus à l’Elysée récemment, la JSF étant élu club le plus méritant des Hauts-de-Seine. Autant de victoires, de satisfactions dont pourraient se contenter ce petit club, où les mamies allant à l’aquagym croisent sans frémir la grande carcasse de Nate Carter dans les immenses couloirs du Palais Maurice-Thorez. Mais non, un nouvel objectif titille désormais Nanterre, la Pro A, un rêve éveillé, un aboutissement. « C’est vrai, on le sent que c’est réalisable », sourit Pascal Donnadieu. « Mais le rêve ultime, c’est d’y accéder sans rien casser au sein du club et pour ça il faut des sous. » Alors Jean, le père, à déjà repris son bâton de pèlerin et prêche. « On ne peut monter en Pro A sans budget conséquent, » prévient-il.
« De 1,6 million, il faut passer à 3 millions, c’est-à-dire le doubler et sans l’aide de la ville qui ne peut aller plus loin que ce qu’elle fait déjà. Alors, ce n’est pas gagné mais on a démontré que l’on pouvait faire des choses avec le budget que l’on a en Pro B et si on a 3 millions pour la Pro A, on saura se débrouiller, à moins c’est la planche à savon et… » À Nanterre, on veut y croire. La ville s’identifie au basket, présent depuis si longtemps. « C’est une ville basket », confirme l’assistant-coach Franck Le Goff. « Ici, tu te déplaces dans la rue, les gens viennent te parler. La finale de la Coupe a vraiment changé la donne. On est le sport de la ville, le club de la ville,
LA MEILLEURE SAISON Saison
V-D
%
Classement
Playoffs
2010-11
15-3
83,3
1
--------
2009-10
21-13 61,7
6
Demi-finale
2008-09
16-18 47,1
9e
-
2007-08
19-15 55,9
6
Quart de finale
2006-07
23-11 67,6
2e
2005-06
15-19 44,1
12
-
2004-05
17-15 53,1
8e
Quart de finale
er e
e
Quart de finale e
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« Le club, sans les Donnadieu, c’est inconcevable ! » Franck Le Goff, assistant-coach.
LE MOT DU MAIRE
« LA PRO A ? NOUS Y RÉFLÉCHISSONS » PATRICK JARRY, À LA TÊTE DE LA MAIRIE DEPUIS 2004, TRAVAILLE SES DOSSIERS ET NE VOIT PAS LE BASKET EN PRO A S’IL NE TROUVE PAS UN MÉCÈNE. DANS SON BUREAU DE L’HÔTEL DE VILLE, IL RÉITÈRE NÉANMOINS TOUT SON SOUTIEN À LA JSF. • « La JSF est un club qui a grandi avec sa ville. Il est né ici, s’est développé ici et il est une locomotive pour la ville. Il la symbolise très bien, et les Donnadieu aussi. Le club s’est construit dans un rapport étroit avec ses habitants et il n’existerait pas sinon. Nanterre et les Nanterriens commencent à être identifés “basket“, la finale de Bercy en Coupe de France en 2007 nous a fait beaucoup de bien. On avait réussi à ne déplacer que 4.500 personnes parce que nous nous étions vu refuser plus de la part de Bercy. Le club s’est fait sienne une politique de formation des jeunes, ils deviennent un référent à ce sujet, c’est bien. La concurrence pour exister dans la région parisienne est très forte, mais je pense surtout que c’est la médiatisation qui manque. L’intérêt que le monde économique porte au monde sportif et associatif de la ville m’inquiète également. Il y a plus de 4.000 entreprises dans le coin et on a du mal à trouver des sponsors alors que cela aurait beaucoup d’allure si une entreprise accompagnait un club comme Nanterre, en soutien de la banlieue. J’ai suivi l’équipe au Portel et ils sont plus petits que nous, mais ils ont un niveau de sponsoring équivalent, c’est anormal. Car ici, il n’y a pas Nanterre d’un côté et son club de l’autre. Ici, c’est Nanterre et son club, on doit faire comprendre que l’on prend les deux.
« Recevoir Paris Levallois à l’Arena92 »
• Les résultats qu’ils ont en ce moment vont bientôt nous obliger à nous pencher sur l’avenir. Si Pro A il y a, il va falloir interpeler les grandes entreprises, car la ville ne pourra rien de plus (le club touche un million d’euros de subvention). Donc, c’est soit on arrive à réunir un budget et on y va, soit on ne peut pas assurer la pérennité du club et il ne faut pas y aller. Dans le cas où la Pro A arrive, la salle est telle qu’elle est, on a toujours su la rendre acceptable pour les urgences de montée au fil des années, je pense que l’on trouvera encore des moyens. Le projet de l’Arena92, le stade de rugby, la salle qui doit l’accompagner, verront le jour en 2014, c’est loin. Mais pour moi, il est évident que cela va tirer tous les sports de la ville, que le basket profitera du dynamisme de cette construction et qui sait si nous n’accueillerons pas le Paris Levallois là-bas pour un prochain match. »
Photo Hervé Bellenger / IS
et les Donnadieu en sont les gardiens, c’est inconcevable de voir Nanterre sans eux. » Une ville qui verrait de bon augure (cf. l’entretien du Maire Patrick Jarry) l’accession de son équipe en Pro A, mais qui ne peut faire plus financièrement et qui ne peut rassurer les Donnadieu sur le nouvel ennemi, le Métro Racing 92 et son grand stade, l’Arena92. Quelques matches de gala dans la future grande enceinte sont possibles mais c’est tout, la cohabitation s’annonce ardue à l’horizon 2014, date à laquelle le stade devrait être livré. En attendant, les Nanterriens continuent sur leur lancée, meilleure attaque avec 84,2 pts, ils ont atomisé de friables Lillois pour conserver leur avantage au classement. Et comme l’année vient de bien débuter, que la Coupe de France s’est envolée, les Verts de Nanterre vont envoyer vers la Pro A toutes leurs pensées. ●
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Du sang, de la sueur et des larmes Instantanés d’Euroleague
Paraphrasant Sir Winston Churchill, les créateurs de l’Euroleague auraient pu proclamer qu’ils n’avaient rien d’autre à offrir que du sang, de la peine, de la sueur et des larmes. Chaque semaine, la plus grande compétition mondiale après la NBA est un formidable combat où chaque geste doit être calculé, millimétré, parfaitement exécuté. Les joueurs, les coaches, les fans, tous donnent un spectacle magnifique dont NOUS vous offrons quelques instantanés. Par Pascal LEGENDRE
On leur lance un ballon en pâture et Saso Ozbolt (Olimpija Ljubljana) et Kerem Tunceri (Efes Pilsen Istanbul) se jettent dessus comme s’ils n’avaient pas mangé depuis trois jours.
Ugras Ozyurt/EB via Getty Images
PORTFOLIO • maxi-basket 73
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David Sherman/NBAE via Getty Images
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Supporters de Cholet Basket venus faire la paix des braves à Barcelone.
Rodolfo Molina/EB via Getty Images
Un magasin de chaussures ? Non, le vestiaire du Barça.
Mariano Pozo/EB via Getty Images
PORTFOLIO • maxi-basket 75
Issu d’un précis technique l’écran posé par Joel Freeland (Unicaja Malaga) afin de permettre à Roderick Blakney d’avoir les mains libres.
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Herve Bellenger/EB via Getty Images
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Kenan Bajramovic (Lietuvos rytas Vilnius) compare ses biscotos avec ceux du Choletais Randal Falker.
Robertas Dackus/EB via Getty Images
Sarunas Jasikevicius (ici sous le maillot de Lietuvos rytas Vilnius), genre Jack Nicholson dans Shining.
Tel Zeus, Zeljko Obradovic (Panathinaikos) peut dĂŠclencher la foudre.
Nikos Paraschos/EB via Getty Images
PORTFOLIO • maxi-basket 77
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Ales Fevzer/EB via Getty Images
Un OVNIÂ ? Juste Trajan Langdon (CSKA Moscou) qui passe entre Kevinn Pinkney et Damir Markota (Olimpija Ljubljana).
PORTFOLIO • maxi-basket 79
Ales Fevzer/EB via Getty Images
Ibrahim Jaaber (Armani Jeans Milano) pris dans la toile tissée par Nando De Colo (Power Electric Valencia).
GĂŠraldine Robert
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PORTRAIT • MAXI-BASKET 81
K.B. SHARP LA FRANCE DANS LA PEAU LA MENEUSE AMÉRICAINE DE MONDEVILLE EST TOMBÉE COMPLÈTEMENT AMOUREUSE DE LA FRANCE. AU POINT DE L’AFFICHER SUR SON BICEPS.
Géraldine Robert
Pascal LEGENDRE, à Caen
Photo Jean-François Mollière
Superbe montée au cercle lors de l’Open de début de saison.
PORTRAIT • MAXI-BASKET 83
Q
uinze tatoos imprimés sur son corps, série en cours, racontent sa vie. Le premier de la liste représente les empreintes du Bearcat, le chat qui sert de mascotte à son ancienne université, Cincinnati. Sur sa hanche, une étoile recouvre le prénom d’un ancien petit ami. « Hey ! On fait des erreurs ! » rigole-t-elle en se promettant de ne plus jamais inscrire le prénom d’un homme à l’encre indélébile. Sur son mollet droit figure un dicton en français, « la vie c’est comme ça, ça va et ça vient ». C’était, dit-elle, son ancienne équipière à Aix-en-Provence, Magali Lacroix, qui ne cessait de répéter ce précepte so french plein de fatalisme. Et sur son biceps gauche, apparaissent un drapeau américain et un drapeau français entremêlés. Un résumé de ce qu’est devenue la destinée de Kristen Brooke Sharp, qui sera trentenaire en avril. « Elle aime tellement la France » témoigne Aurélie Bonnan, qui défend cette saison comme elle le maillot de Mondeville. « Comme elle le dit, dès qu’elle est arrivée à Aix, elle en est tombée amoureuse. Elle se considère maintenant autant Française qu’Américaine. Elle aime cultiver les deux cultures en même temps. En plus, elle a créé beaucoup d’affinités avec ses coéquipières et ses entraîneurs français. » Tout, K.B. aime absolument tout de la France. Les gens, les paysages, l’architecture des villes, la langue, la cuisine, la tartiflette, la raclette – on sent ici l’influence culinaire de la Savoie suite à son passage à Challes. Tout, sauf les impôts. « C’est le seul pays où les basketteuses en payent. Ailleurs, comme en Russie et en Israël, ce sont les clubs qui le font à ta place. » Elle se reprend bien vite. « En fait, quand je dis ça, c’est une blague. En payant mes impôts, je fais comme les autres Français, je fais partie de la France. » Le français, l’Américaine l’a appris quatre ans au lycée et deux ans à l’université. De quoi a priori avoir les bases élémentaires. « Je croyais que ça allait me servir en arrivant ici mais pas du tout. Vous parlez vraiment vite ! Au début, j’étais perdue. » K.B. n’a jamais pris de cours avec un prof. Sauf que Magali Lacroix a joué un rôle décisif dans son apprentissage en lui inculquant les inévitables mots d’argot et surtout en faisant preuve d’une patience infinie pour répondre aux multiples interrogations de son équipière sur la subtilité de la grammaire de notre langue et son vocabulaire riche comme une douairière de Floride. K.B. s’est mise à lire en français sur Internet, à regarder les JT à la télé, et surtout à converser avec qui le veut bien, même si elle précise : « je préfère écrire que parler. Je pense que je réfléchis trop pour savoir si je me suis bien exprimée ou pas. J’aimerais que ça soit parfait. Ça me perturbe. Au début, j’étais timide pour commander à manger ou pour parler avec les gens. J’avais peur de ne pas comprendre. Aujourd’hui, je sais prendre le train toute seule, sans appréhension. J’entends tout… Même si parfois c’est mieux de ne pas comprendre, tu peux jouer plus tranquillement. »
« Lorsque les Américains viennent en Europe, ils savent que c’est pour être les stars de l’équipe. Il y en a beaucoup qui ont la grosse tête et qui ne font pas d’effort. Moi, je pense que c’est bien de s’intégrer dans la culture des pays où tu vas. Ce n’est pas juste pour passer du temps, gagner de l’argent et après partir. J’ai envie de connaître les gens, m’investir dans le pays. Quand on arrête de jouer, on ne se souvient pas du nombre de points que l’on a marqué mais des moments agréables passés avec les Français, les Russes, les Israéliens. Je suis fière de dire que j’habite en France, en Normandie. » Kristen Brooke Sharp aime la France et tout autant les Français. Élevée au cœur d’un immense pays replié sur luimême et pour qui l’étranger est celui qui habite dans… l’État voisin, la native de Colombus dans l’Ohio a ouvert les yeux, les oreilles et s’est oxygéné le cerveau en découvrant les richesses « oversea ». « Lorsque tu es aux États-Unis, tu penses que les gens sont très différents de toi mais ce n’est pas vrai. Je ne parlais pas le russe mais j’avais des amis là-bas. Les Français, j’adore. Au début, je trouvais que vous étiez réservés. Moi, je peux parler avec n’importe qui, faire la folle. En fait, vous prenez plus de temps pour parler avec les gens. Vous êtes aussi plus polis que nous, vous avez le respect des bonnes manières, alors que nous, on fait plus de bruit ! » Dans son désir de compréhension des us et coutumes de la France, K.B. ne manque pas de regarder les matches de Pro A sur Sport +. Elle s’étonne que notre championnat autorise jusqu’à cinq Américains par équipe. « Je n’aime pas ça » rejettet-elle. Si elle observe la NBA, elle se délecte en visionnant l’Euroleague, appréciant « son jeu à cinq alors qu’aux États-Unis, tu joues avec seulement 2-3 stars. » Elle s’est rendue au Stade Vélodrome à Marseille pour assister à un OM-PSG de feu. Elle a adoré. Le foot, enfin le soccer, elle l’a pratiqué au lycée, « mais nous, on frappe le ballon et on court après. Vous, vous savez comment contrôler le jeu. » À Saint-Pétersbourg, elle ne disposait que d’une chaîne, Eurosport, et c’est comme ça qu’elle est devenue fan de Djibril Cissé. « J’étais super contente de voir qu’il jouait à Marseille et il a marqué un but juste devant moi. C’était énorme comme ambiance. Pour les gens en Europe, le foot c’est vraiment leur vie. » Après la Provence et la Savoie, K.B. se retrouve au cœur de la verte Normandie. Il y bruine souvent mais le temps y est clément à son goût comparé à l’Ohio. Et puis, son objectif, c’est de « jouer dans différentes équipes françaises pour voir des villes différentes. » Là encore K.B. se singularise de la grande majorité de ses compatriotes qui n’ont comme préoccupation une fois à pied d’œuvre que de savoir où se trouve le McDo le plus proche. Elle regrette de ne pas avoir eu l’occasion de visiter Saint-Tropez et elle se jure de découvrir au plus vite les plages du débarquement maintenant que son équipe est éliminée de l’EuroLeague et que son agenda va être moins chargé. « La Normandie, on en parle beaucoup dans nos cours d’Histoire et, à chaque fois que je dis aux gens que je vis ici, ils sont étonnés. »
« On était juste deux filles dans toute la ligue et comme j’avais les cheveux courts, tout le monde croyait que j’étais un garçon. »
Fan de Djibril Cissé
Si nombre de joueuses de l’Est s’initient très vite aux langues étrangères, rares sont les Américaines – tout comme leurs compatriotes du sexe masculin – à s’y intéresser. Pensezvous que les naturalisées Becky Hammon et Sancho Lyttle se soient mises respectivement au russe et à l’espagnol ? D’ailleurs K.B. a évoqué le sujet avec sa compatriote de Mondeville Lenae Williams, au club pour sa quatrième saison, qui lui a affirmé qu’apprendre le français, ça ne sert à rien puisqu’aux États-Unis, tout le monde parle anglais. CQFD.
Russie, Israël
Kristen Brooke Sharp était le leader des Bearcats de Cincinnati. Pas au scoring, pas plus un leader vocal, mais aux passes, et quand il fallait montrer l’exemple balle en main. Elle est même devenue la numéro 1 all time de la fac aux matches et minutes joués et aux assists. Preuve de son excellence, elle a joué 178 matches en
Repères Née le 18 avril 1981 à Colombus (États-Unis) Taille : 1,75 m Poste : Meneuse de jeu Clubs : University of Cincinnati, NCAA (99-2003), New York Liberty, WNBA (03, 04), St. Petersbourg, Russie (03-04), Hapoël Tel-Aviv, Israel (04-05), Raanana Hertzliya, Israel (0506), Aix-en-Provence (06-09), Indiana Fever, WNBA (06-07), Chicago Sky, WNBA (08, 09), Challes-les-Eaux (09-10), Mondeville.
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WNBA sous trois bannières (New York, Indiana et Chicago) avec un temps de jeu correct (jusqu’à 18 minutes à Chicago) et en scorant peu (2,4pts en moyenne). D’ailleurs, elle fut appelée pour rejoindre une sélection de la WNBA qui fut engagée en 2003 à la FIBA Women’s World Cup. C’était à Samara, au bord de la Volga, et c’est ainsi qu’elle découvrit la Russie. Ça tombait bien puisque le Baltiyskaya Zwezda Saint-Petersbourg la signa quelques semaines plus tard. Bon choix, le Baltiyskaya Zwezda remporta la FIBA Europe Cup et termina 3e du championnat national. « J’aimais la vie en Russie car elle était simple » commente-t-elle. « Les gens ne sont pas très ouverts, ne vont pas te dire systématiquement bonjour, mais ils sont hospitaliers. Quand tu es Américaine, c’est important de porter des vêtements de marque, alors que là-bas, tout le monde s’en fout, et j’ai beaucoup aimé ça. On jouait deux fois par semaine et je n’avais pas beaucoup de temps à moi, mais j’ai trouvé la ville très belle même s’il neige jusqu’en avril. Un jour, je vais y retourner pour visiter ce que je n’ai pas vu. » K.B. a forcément son avis sur le parcours de deux de ses compatriotes, Becky Hammon et J.R. Holden, qui ont choisi la nationalité russe – sans renier l’américaine – afin de participer aux Jeux Olympiques de Pékin. « Si tu as une opportunité comme ça, tu dois le faire » estime K.B. avec le pragmatisme connu des Américains. Et si on lui rappelle que la décision de ces deux-là avait fait jaser car la Russie fut pour les États-Unis l’Empire du Mal du temps de l’URSS, K.B. répond qu’elle est « sans doute trop jeune pour vraiment comprendre. »
Et puis, Kristen Brooke Sharp a en tête de retirer un dossier pour remplir les formalités pour l’obtention de la nationalité française dès qu’elle aura passé cinq ans sur notre territoire. Elle a encore du temps devant elle puisqu’elle envisage de jouer en LFB encore six saisons. Doit-on préciser que Becky Hammon et J.R. Holden ne parlent pas russe et qu’ils ont obtenu le passeport du pays grâce à un énorme piston. Son séjour en Russie lui a aussi permis de relire la Bible et ses deux ans en Israël de découvrir « Holy Land » comme on dit aux États-Unis, la Terre Sainte. Elle a visité le pays de fond en comble. « Pour les croyants, Jérusalem, c’est une ville historique. Je me suis dit que Jésus était là et j’étais choqué car les Israéliens (les Juifs) croient en Dieu mais pour eux, Jésus n’est qu’un homme. » Le cadre de vie ? Parfait. Trop parfait. « Il y avait beaucoup d’Américaines et on habitait pas très loin les unes des autres. Tout le monde parlait anglais parfaitement. C’était comme aux États-Unis. Pour moi, c’était trop simple. Je préfère quand il y a un challenge, il faut sortir de son confort. »
« Je suis fière de dire que j’habite en France, en Normandie. »
Photo Gary Dineen
K.B. sous le maillot des Chicago Sky en septembre 2009.
Un coach perso l’été dernier
Kristen et Hervé Coudray devaient bosser ensemble à Valenciennes mais, cette année-là, le club fut dissout dans l’Union Hainaut. C’est dire qu’ils s’apprécient depuis longtemps. Pourtant, ils ont un différent, minime, quant à l’approche de la personnalité de K.B. « C’est quelqu’un de très réservé, de très prudent dans sa façon de s’ouvrir aux autres » analyse le coach.
PORTRAIT • MAXI-BASKET 85
26 REBONDS
LE RECORD D’AURÉLIE BONNAN Face à Calais, Aurélie Bonnan a capturé 26 rebonds. Colossal. Dont 22 défensifs. Énorme. « Durant le match, je n’ai pas trop le temps de compter combien de rebonds je prends. » Elle sourit. « Mais je me doutais que j’en avais pris pas mal. Mais sincèrement, pas autant. » La France n’est pas un pays de statistiques, ni de basket, encore moins de basket féminin, alors cette perf’ n’a pas fait le buzz, ni même la moindre accroche dans l’actualité. Renseignement pris au près de la LFB, c’est bien un record. Le précédent était l’œuvre de Tiffany Stansbury qui, le 5 avril 2008, s’en était approprié 24 face à Calais, décidément habitué au rôle de faire-valoir. Sauf que les archives ne remontent pas au-delà de la saison 2003-04. « Ce serait mentir de dire que ce n’est pas flatteur. Même si c’est un sport co, ça fait toujours plaisir de faire des perfs comme ça » commente la recordwoman. Aurélie Bonnan est une vraie spécialiste puisque sur les huit dernières saisons, sa moyenne oscillait entre 5,6 et 8,0 prises. Cette année, elle casse la baraque. 11,8 en moyenne en 12 matches. Ce soir du 16 janvier, elle a également réalisé 7 passes, 6 interceptions pour seulement… 4 points. « Oui j’étais concentrée sur la défense. C’est quelque chose qui me tient à cœur, j’adore ça. Mais j’étais quand même agressive en attaque puisque j’ai fait des passes. Seulement le jeu n’était pas forcément sur moi et des filles avaient la main chaude. J’aurais pu prendre davantage de responsabilités, je ne cherche pas à forcer. » Mondeville a dû recourir à une prolongation pour se débarrasser de Calais (65-64), si bien qu’Aurélie a passé 41’26 sur le terrain et K.B. 43’32. On achève bien les chevaux ! Et les Normandes revenaient d’un match d’EuroLeague éprouvant à Tarente. « En deuxième mi-temps, j’étais un peu émoussée. J’avais beaucoup joué à Tarente, plus le voyage, le manque de sommeil… » « À la fin du match, quand on nous a dit « Auré a pris 26 rebonds », nous étions toutes choquées. C’est énorme ce qu’elle a fait » complimente K.B. Sharp. « Elle anticipe quand un tir est pris pour aller chercher le rebond. Elle est vraiment intelligente. » Photo Jean-François Mollière
« C’est vrai !? Hervé a dit ça ? » demande l’intéressée. C’est sur la bande. « Dis-lui qu’il se trompe ! » rigole K.B. « Non ! Elle aime rigoler, être avec ses potes, dire des bêtises comme tout le monde » tranche Aurélie Bonnan. Disons que K.B. Sharp n’obéit pas à certains canons des basketteurs américains, comme l’arrogance, et que cela peut passer pour de la réserve. « C’est vrai, je ne le suis pas, je n’aime pas ça. Je suis française… » glisse-t-elle malicieusement. Et puis, sur le terrain, K.B. semble mettre un peu le frein à main. « C’est quelqu’un qui pour son poste de jeu manque un peu de leadership » juge Hervé Coudray. « Elle a besoin d’être un peu rassurée. » Le contraire justement de la suffisance. « La confiance affichée des Américains n’est pas toujours la vérité » nuance le coach, « et Kristen cache ça plutôt moins bien que les autres Américains. » Kristen reconnaît qu’elle n’aime pas se mettre en avant. Elle a grandi en regardant Magic Johnson et applique le grand principe du meneur des Lakers, « rendre les autres meilleurs. » C’est pour ça qu’elle adore le basket européen. À l’inverse, on se dit qu’elle n’a pas dû être à son aise dans une WNBA où il faut penser à sa pomme, à marquer avant de passer, à faire des stats. C’est d’une absolue stupidité, mais c’est ainsi pour être reconnue. Là où chacun est d’accord, c’est pour déclarer que K.B. est une meneuse bigrement physique. L’Américaine a un jumeau, assez grand (1,93 m), qui a joué en Division III NCAA. C’est ensemble qu’ils ont appris le basket. À la maison, à la bonne franquette, et avec leur frère aîné, dans une ligue de jeunes de Colombus. « Pour jouer avec des garçons, il faut être physique. On était juste deux filles dans toute la ligue et comme j’avais les cheveux courts, tout le monde croyait que j’étais un garçon. Ça m’a beaucoup servi. J’aime jouer dur. C’est pour ça que j’aime l’EuroLeague, on nous laisse jouer physique, mettre des pains. En France aussi, mais pas tout le temps, ça dépend des arbitres. » « Je ne vois pas en France quelle meneuse peut physiquement la tenir » confirme Aurélie Bonnan. « Elle a une grosse qualité de drive et maintenant de shoot extérieur. C’est une joueuse très complète, très forte. » De plus, l’Américaine est revenue en France très affûtée après un été studieux. De juin à la mi-septembre, elle s’est offert un coach de muscu dans une salle de sport et un coach de basket, Johnny Clarck, un ami de la famille qui travaille avec des joueurs NBA. 1h/1h30 de muscu et 2h de basket chaque jour. Du levage de fonte, de la diététique, du sprint, de l’endurance, et des un-contre-un avec un garçon pour travailler l’attaque. « Ce n’est pas un hasard si ses performances sont pour l’instant à ce niveau-là » se félicite Hervé Coudray. Et avec un roster un peu juste en nombre et la blessure un temps d’Aurélie Bonnan, le coach de Mondeville a dû maintenir les titulaires sous pression. K.B. est à 36 min de jeu en moyenne en Ligue et 33 min en EuroLeague. « Elle n’a pas encore montré toute l’étendue de son potentiel car elle est encore sur la réserve » reprend Hervé Coudray. « C’est quelqu’un qui pense trop à jouer pour les autres et pas assez pour elle. Elle doit être plus agressive en un-contre-un alors qu’elle se contente souvent de mettre en place. » K.B. est tout de même la 5e marqueuse de LFB (15,3pts), et la 6e à l’évaluation. Mais quand on est coach, il faut être exigeant. K.B. le sait. « Je ne pense pas que je serais un bon entraîneur, je ne suis pas assez dure pour ça. Je veux que tout le monde soit content et tout le monde ne peut pas jouer, ce n’est pas possible. Quand on est coach, il faut faire le nécessaire pour l’équipe, pas faire plaisir aux gens. Je pense que je peux être assistante, ça m’intéresse. » La personnalité de Kristen Brooke Sharp sans doute résumée en ce commentaire. ●
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DAN S L’UŒTIL S DES SCO
LABEL GREC CERTIFIÉ Star de la génération 1990 en Grèce avec Nikos Pappas, Konstantinos “Kostas“ Papanikolaou a réussi à se faire sa place cette saison à Olympiakos. Sûrement trop juste physiquement pour la NBA, il a toutes les qualités pour s’imposer en Euroleague. Intelligence de jeu, défense, palette technique bien complète, il est le parfait prototype du « basketteur grec ». Par Yann CASSEVILLE
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FIBA Europe / Ciamillo-Castoria / Matteo Marchi
ui, le débarquement des NBAers Linas Kleiza et Josh Childress au Pirée, il l’a sûrement mal vécu. À l’été 2009, c’est pour lui qu’Olympiakos avait mis 700.000 euros sur la table afin qu’il puisse quitter l’Aris. Lui qui sortait d’un été où il avait tourné à 14,3 points et 6,6 rebonds au Mondial U19, lui qui avait été sacré champion et MVP de l’Euro U20. Et pourtant, la saison 2009-10 n’a pas été celle de l’explosion pour Kostas Papanikolaou. Loin de là. Pendant que le Marsupilami Childress s’envoyait en l’air pour convertir les alley-oops, lui avait tout le temps de cogiter sur le banc. L’Euroleague, il n’y a goûté que 35 minutes en tout et pour tout. Un apprentissage du très haut niveau forcément difficile pour Kostas, sacré meilleur jeune de l’ESAKE en 2008-09 avec l’Aris, et déjà multiple médaillé dans les compétitions de jeunes. C’est d’ailleurs avec la sélection des moins de 20 ans grecs qu’il a retrouvé le sourire, l’été dernier. Après des mois de frustration, il retrouvait enfin une importance réelle dans un collectif, des responsabilités. « Ma saison n’a pas été très bonne, je n’ai pas beaucoup joué et ces matches m’aident donc à me retrouver, reprendre confiance », confiait-il dans une interview pour BasketNews.net en juin dernier au tournoi d’Évry. Finalement, il ne réussira pas le doublé à l’Euro U20, étant stoppé en finale par une bande de Français menée par le lutin Albicy.
Titulaire en Euroleague
Repères Né le 31 juillet 1990 à Trikala (Grèce) • Grec • Taille : 2,03 m Poste : Ailier • Poste : Aris Thessalonique (2008-09), Olympiakos (2009-…) • Palmarès : Vice-champion d’Europe U18 en 2007, champion d’Europe U18 en 2008, meilleur jeune de l’ESAKE 2008-09, vicechampion du monde U19 en 2009, champion et MVP de l’Euro U20 en 2009, vice-champion d’Europe U20 en 2010 • Stats en Esake’11 : 6,5 points à 54,9% et 4,1 rebonds en 16 min • Stats en Euroleague’11 : 4,8 points à 54,8% et 3,2 rebonds en 15 min
Après cet intermède estival, il aurait pu retrouver la routine à l’Olympiakos… mais la roue a tourné et, du bon côté. Dusan Ivkovic a succédé sur le banc à Panagiotis Yannakis, Childress et Kleiza n’ont pas résisté aux sirènes de la NBA tandis que les recrues phares des Reds ont été Vassilis Spanoulis et Matt Nielsen, un 1-2 et un 4. L’effectif d’Olympiakos est devenu démentiel à l’arrière, avec les Spanoulis, Papaloukas et Teodosic, tout comme au poste 4, avec Nielsen et Keselj… mais démuni au poste 3. La chance de Kostas était arrivée, et il ne l’a pas laissée filer. Papanikolaou a été titulaire lors des sept premiers matches d’Euroleague, se fendant d’une perf à 17 points et 6 rebonds pour 24 d’éval contre Malaga. Depuis le début de la saison, quel que soit le contexte, Kostas a droit à son quart d’heure sur le parquet. Un temps de jeu constant qu’il rentabilise avec beaucoup d’efficacité, en témoignent ses très bons pourcentages de réussite aux tirs, notamment en Euroleague : 10/16 à 2-pts et 7/15 à 3-pts. Kostas joue, et joue propre. À le voir dégainer derrière l’arc, dans le corner, de sa patte gauche, on pourrait un instant le confondre avec Dimitris Diamantidis. À l’instar de la légende grecque toujours active, Kostas brille par son Q.I. basket au-dessus de
la moyenne, sa capacité à savoir tout bien faire sur un terrain, comme le confirme Jean-Aimé Toupane, le coach des Bleuets qui a disputé deux finales d’Euro U20 contre lui (perdue en 2009, gagnée en 2010). « C’est un poste 3 qui peut jouer 2. Il s’écarte, il poste, il fait tout. Il a vraiment beaucoup, beaucoup de technique. C’est un gros potentiel, un des meilleurs à son âge en Europe. » Aujourd’hui, à 20 ans, Papanikolaou est clairement entré dans la rotation de l’une des machines de guerre les plus impressionnantes du basket européen. « Il peut avoir un rôle important en Euroleague », atteste Toupane. « Comme tous les jeunes, ça dépendra de sa possiblité à s’exprimer. Plus ils s’expriment tôt, mieux c’est. Rubio, à 15 ans, il jouait déjà ! Lui, avec Olympiakos, c’est bien parti. »
Un joueur « à la grecque »
Mais, comme pour tous les jeunes aujourd’hui se pose la question de la NBA. Souvent listé parmi les meilleurs prospects européens de 1990, rien ne dit que le Grec soit amené à sauter le pas. Son jeu est taillé pour l’Euroleague, pas pour la NBA. Kostas, s’il rentabilise souvent à merveille les passes des autres, a beaucoup plus de mal à se créer son shoot. Problématique pour le jeu made in US. Surtout, Papanikolaou, ce faux lent, n’a pas le moteur pour tenir la comparaison avec les athlètes de NBA. D’ailleurs, nul besoin d’aller outre-Atlantique pour remarquer ce déficit de qualités physiques. Jean-Aimé Toupane, après avoir vu Kostas briller à la finale de l’Euro U20 en 2009 (15 pts, 6 rbds et 4 pds), avait trouvé la parade un an plus tard. « La première finale, il nous avait vraiment emmerdés. Parce que, dans notre équipe, on avait surtout des arrières, des petits, il nous postait donc tout le temps. Mais lors la deuxième finale (Kostas limité à 10 pts à 2/7 et 3 rbds), on avait un gars comme Christophe Léonard, qui a beaucoup plus de densité physique, qui l’a bien tenu. » « Il est un bon athlète pour l’Europe, mais est juste par rapport aux standards de la NBA », peut-on lire dans un rapport du site DraftExpress, qui compare Papanikolaou à un mélange entre Luke Walton et Omri Casspi. « Il devra choisir entre être un role player en NBA ou un joueur majeur très bien indemnisé dans son pays d’origine. » Les Pistons sont venus scouter Kostas en novembre dernier, toutefois les joueurs grecs ont rarement eu la cote en NBA. Le génial Spanoulis n’a jamais réussi à y faire son trou. Comme ses aînés, Konstantinos Papanikolaou ne sera sans doute pas un joueur réellement intéressant pour la NBA. Mais comme ses glorieux aînés, il a tout pour devenir un joueur “à la grecque“. Un joueur qui sait comment gagner un match. l
« Un role player en NBA ou un joueur majeur en Europe »
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FIBA Europe / Ciamillo-Castoria / Matteo Marchi
KONSTANTINOS PAPANIKOLAOU (OLYMPIAKOS LE Pirée)
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PARTENAIRES
DANS LES COULISSES DU… TOURNOI DES PARTENAIRES Samedi 15 janvier à la mi-temps du match PL vs Orléans, point de pom pom girls, de tir du milieu du terrain ou de défilé des équipes de jeunes. L’animation était assurée par… les partenaires ! Ainsi, une équipe de la Ville de Paris affrontait une équipe de Basketball Network, toutes les deux finalistes du tournoi des partenaires. Événement qui avait commencé en début de journée par un repas très convivial. Inciter les partenaires à créer une équipe et à passer une journée à Marcel-Cerdan, voilà une idée pour les rapprocher du monde sportif ! Pascal Galantin, directeur commercial du Paris Levallois, dresse un bilan très positif. « Quand on m’a proposé ce tournoi, j’ai entendu dire : “ tu n’auras que quatre ou cinq équipes “. En fait, j’ai été appelé par 19 équipes ! Mais comme je n’avais pas la disponibilité du terrain jusqu’au bout de la nuit, j’ai réussi diplomatiquement à redescendre à 12 participants. Mais on aurait pu dépasser les 20 ! Ce succès n’est pas lié à l’événement en lui-même, mais plus à l’ambiance que tu crées avec tes partenaires tout au long de la saison. Ce tournoi en tout cas est amené à se reproduire. Et pour nous, au Paris Levallois, je réfléchis à d’autres manifestations de ce genre. Tout est possible, en soi il n’y a pas de limite, par exemple pourquoi pas un tournoi de golf ou encore plus de folie ? »
ILS ONT PARTICIPÉ
Photos K-Ren Photo Design
• AJM (objet, textile publicitaire) • ADN IDF (ingénierie) • CITROËN • BASKETBALL NETWORK • NIKE • SPORTMAG • KOBALTT (recrutement) • LNB • MTOP (design et mobilier) • AXIANS (informatique) • ARC EVENEMENTS (traiteur) • VILLE DE PARIS
En partenariat avec Basketball Network, le réseau du Basket Français
PARTENAIRES • MAXI-BASKET 89
POURQUOI ELLE CROIT AU BASKET
Francis Flamme : Président du PL au commande pour le dessert. La table Citroën. À droite, Sylvie Cariou , Directrice Pôle Paris Ouest, et ses invités.
Le magicien de la soirée.
Arc Évènements, traiteur officiel du PL et partenaire actif du tournoi.
SYLVIE CARIOU
DIRECTRICE DU PÔLE CITROÊN PARIS OUEST
« LE BASKET EN ÎLE-DEFRANCE VA FAIRE SA PLACE » Citroën a son équipe pour le tournoi des partenaires ?
Pascal Galantin, Directeur Commercial du PL avec Jacques Monclar.
Entretien PASCAL GALANTIN
DIRECTEUR COMMERCIAL DU PARIS LEVALLOIS La fonction de directeur commercial diffèret-elle si l’on est au Paris Levallois ou dans un autre club ?
Oh oui ! C’est très différent que dans un autre club, c’est le jour et la nuit. Je ne sais pas spécifiquement comment ça se passe dans les autres équipes de Pro A, mais avant j’étais à Nanterre. Je devais passer 10 coups de fil, voire 20 ou 30 pour obtenir un rendez-vous. Au PL, les contacts se font plus facilement parce que c’est le PL, et plus il y a de rendez-vous, plus il y a des chances de signer un contrat.
Mais comment attirer de nouveaux sponsors avec la concurence du foot, du rugby ?
Je joue de cettte concurence. Parce que c’est une réalité, il y a le foot, le rugby à Paris. Donc j’en joue, je dis aux partenaires que, dans le foot, ça va leur coûter
La société Forclum (éclairage public) représentée par son directeur M. Philippe Leclerc (en cravate) et ses invités.
cent fois plus cher et qu’ils n’auront pas forcément plus de retour. C’est un discours qui séduit. Là, j’avais peur que le sportif influe sur le commercial mais ce n’est pas le cas. Ce qui intéresse les partenaires, c’est de créer du business, donc tant que l’on n’est pas en Pro B, on peut en faire., J’ai ressenti l’influence des résultats quand on était 1er, ça appellait de partout !
Quel est votre axe de travail principal ? Il faut se rendre compte que l’on représente le club de la capitale. La France est le seul pays où la capitale n’est pas représentée en masse dans tous les sports. Le but pour l’instant, c’est de me faire connaître. Après six mois, je trouve qu’on a plutôt fait du bon boulot. Si Nanterre monte en Pro A, cette concurrence en Île-de-France n’aura aucune incidence à mon niveau, ce n’est pas le même tissu économique que nous.
« JE BÉNÉFICIE DE LA NOTORIÉTÉ DU PL ! »
Oui, mais je ne joue pas (rires) ! On a une équipe avec des hommes, des femmes, des vendeurs, des responsables du personnel. On a recruté sur la base du volontariat, pour savoir qui se sentait apte à marquer un ou deux paniers.
Comment analysez-vous le potentiel, le niveau de votre équipe ?
Ils ont joué au basket mais pas à haut niveau. Ils se sont préparés un peu quand même. L’objectif, c’est de ne pas être ridicule. On ne sait jamais, il y a peut-être des autres partenaires qui vont arriver avec des super pros (rires) ! En tout cas, j’avais rarement vu de tels événements organisés pour les partenaires, j’ai trouvé l’idée intéressante. De plus, Citroën cherche à se rapprocher du monde du sport. On a une image dynamique, Sébastien Loeb nous représente bien, mais on regarde aussi au niveau local, d’où le partenariat avec le Paris Levallois.
Avec la conccurence, entre autres, du PSG en football, du Racing Métro et du Stade Français au rugby, y a-t-il une place pour le basket à Paris ?
Le basket en Île-de-France va trouver sa place. Je ressens un essouflement de la passion foot, je pense que les jeunes vont se retourner vers le basket. J’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de jeunes qui aiment ce sport. C’est dû pour beaucoup à l’influence américaine, je le vois bien avec mes fils, c’est ça qui les intéresse. Donc on parle de plus en plus de basket. Il y a quelques années, personne ou presque, et moi la première, n’aurait pu citer un basketteur, tandis qu’aujourd’hui on pense à Tony Parker.
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LES ÉCHOS
Par Yann CASSEVILLE
LES ANCIENS EN PRO A
SACRÉE ÉQUIPE !
Photos : J.F. Mollière, P. Allée / hot Sports et H. Bellenger / IS
Ils ont été coupés ou sont partis de leur plein gré. Et à y regarder de plus près, en faisant la liste des joueurs qui ont quitté leur club en cours de saison, on s’aperçoit qu’ils formeraient, ensemble, une équipe qui aurait de l’allure ! Le maestro Reid à la mène, les pistoleros Vassallo et Rivers sur les ailes, et du solide dans la raquette, le tout entraîné par le sélectionneur de l’équipe de France, ça laisse songeur…
De gauche à droite : Kareem Reid, A.D. Vassallo, K.C. Rivers, Curtis Sumpter et Chris Owens.
Joueur
Ancienne équipe
Points
Rebonds
Passes décisives
Évaluation
5 majeur Kareem Reid
Vichy
6,5
2,0
6,3
7,0
A.D. Vassallo
ASVEL
12,5
5,0
1,5
7,5
K.C. Rivers
Roanne
14,3
4,6
1,9
13,0
Curtis Sumpter
Vichy
8,1
6,0
1,0
8,7
Chris Owens
Gravelines-Dunkerque
8,3
4,8
0,3
7,5
Bracey Wright
Paris Levallois
9,2
1,8
1,8
6,7
Issife Soumahoro
Strasbourg
3,8
0,3
0,0
2,3
Tony Washam
Hyères-Toulon
11,0
5,2
1,4
9,4
Ryvon Covile
Le Mans
4,4
3,4
0,8
5,0
Claude Marquis
Cholet
4,3
3,4
0,3
5,8
Banc
Coach Vincent Collet
ASVEL
Jean-Marc Dupraz
Paris Levallois
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LES ÉCHOS
Par Yann CASSEVILLE
FLORENT PIÉTRUS
LE ROI DE LA PIGE
La saison de Florent Piétrus ? 2 clubs, et 4 contrats... pour l’instant ! Retour sur les derniers mois de carrière du Guadeloupéen. 2009-10 Flo remporte l’Eurocup avec Valencia et Nando De Colo. Il est en fin de contrat. Juillet-août 2010 Il passe son été avec l’équipe de France, sans aucune certitude sur son avenir en club. 13 septembre 2010 Vitoria, après avoir perdu Pops Mensah-Bonsu, signe Flo. Durée du contrat : 1 mois. 14 octobre 2010 Après avoir refusé une prolongation à Vitoria (d’un mois), il revient à Valence. Durée du contrat : 2 mois. 17 décembre 2010 Il est prolongé à Valence. Durée du contrat : 1 mois. 18 janvier 2011 Liga ACB
Il est de nouveau prolongé à Valence, jusqu’au 6 avril. Durée du contrat : 2 mois et demi.
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NM1
45 POINTS !
L’info est passée relativement inaperçue, mais le 18 décembre 2010, en N1, Brest a battu Angers. Rien d’exceptionnel. 109-108 après deux prolongations. Cela devient intéressant. Surtout, malgré la défaite, Tony Ramphort, le meneur d’Angers, a fait parler la poudre. Sa ligne de stats ? 45 points à 14/22 (11/14 à 2-pts, 3/8 à 3-pts), 14/18 aux lancers, 4 rebonds, 4 passes et 3 interceptions (mais 9 balles perdues !) pour 35 d’éval. Cela ne fait pourtant pas de Ramphort le scoreur numéro 1 puisqu’après 18 journées, il tournait à 16,7 points, en 6e position. Loin derrière le numéro 1, ce diable de Larry Blair, l’arrière américain tournant à 24,7 points. Le joueur de Bayonne était déjà le meilleur scoreur de N1 la saison passée (25,7 pts).
LECTURE
GRAINE DE COACH
• Coaches en herbe, si vous voulez mêler l’utile à l’agréable, ce livre vous permettra de lier les deux. Cet ouvrage est signé Stan Hacquard, Conseiller Technique National, entraîneur de l’équipe de France masculine des moins de 15 ans. Au programme des 314 pages (pour 29 euros), des systèmes en tout genre. « Construire un collectif en basket-ball », en voilà une bonne idée ! Si vous l’offrez, attention, ce genre de cadeau peut être mal interprété par le bénéficiaire…
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LES ÉCHOS BASKETLOOZ
« On ne rit pas assez ! » Sur le forum de BasketInfo, c’est devenu l’une des attractions à la mode. BasketLooz : une parodie de basketnews.net. Joueurs, coaches, présidents, tout le monde en prend pour son grade dans ces pastiches souvent poilants. Son auteur tient à garder l’anonymat. « Je suis un peu dans le monde du basket, je travaille dedans, donc je ne veux pas tout mélanger. » Sachez que BasketLooz a commencé il y a environ trois mois et que ce site virtuel a repris la maquette de basketnews.net parce que ça lui permet d’avoir une certaine crédibilité plutôt que de lancer quelque chose de nouveau. « J’adore le basket, rire et faire rire. L’idée m’est venue en lisant BasketNews, en suivant de près l’actualité du basket. Parce que je trouve qu’il y a beaucoup d’événements drôles mais que l’on n’en rit pas assez. On est trop tendres. » L’auteur avoue certaines cibles privilégiées dont « Stephen Brun et Ali Traoré, qui sont des personnes qui ont de l’autodérision. »
Le Best-of de BasketLooz Brèves
• « Le SLUC conteste le téléthon » • « Moretton veut sa wildcard pour les PO 2011 » • « J. Monclar : Chamouleau sur Sport+ à la rentrée » • « Exclu BL : affaire Zahia, Méphisto en était » • « Sarkozy veut limiter la taille des basketteurs »
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• « Smecta : partenaire de la Chorale de Roanne »
Sondage
• « Que représente Chalon pour vous ? 79%, je m’en fous, je n’aime pas Chalon ; 21%, je m’en fous, je supporte Dijon. »
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Par Yann CASSEVILLE
MOÏSO, MARBURY, ALSTON
MADE IN CHINA
Photos : CBA
La CBA, la ligue chinoise, est devenue depuis plusieurs saisons une destination à la mode pour les anciennes gloires du basket. Après le paria Stephon Marbury, Jérôme Moïso a effectué ses premiers matches et au moment de notre bouclage, Rafer Alston venait d’arriver sur le territoire chinois.
D
ans le numéro 27 de Maxi Basket, Thomas Berjoan avait retracé le parcours de Jérôme Moïso, ce « poor lonesome cowboy de l’image de fin dans Lucky Luke », comme le décrivait si bien Alain Weisz, son ancien sélectionneur en équipe de France. Depuis, le pivot a débuté sous ses nouvelles couleurs avec l’équipe de Jiangsu, en ligue chinoise. Et forcément, son talent et son physique font de lui un monstre en CBA. Après 18 matches, et 10 double-doubles, il pointait à 14,1 points à 56,2% et 12,9 rebonds en 32 minutes. Il restait notamment sur un match de mammouth : 27 points et 22 rebonds dans la défaite en prolongation contre Zhejiang. Le Français est l’un des poids lourds de CBA, mais pas
la star. Cet honneur revient, évidemment, à l’inimitable Stephon Marbury. L’ancienne star NBA, pour sa deuxième saison dans la ligue, continue d’exploser les compteurs : 23,0 points à 52,2% (dont un joli 50% à 3-pts), 5,2 rebonds et 6,5 passes en 35 minutes après 18 matches. Une rafale de 51 points contre Beijing, et un 43 points-11 rebonds-8 passes contre Shangai : bref, l’ancien kid de New York s’amuse. Plus marquant encore que les stats, c’est la “Marbury Mania“ qui a gagné la Chine. Des fans complètement hystériques scandent son nom, voire lui offrent des bouquets de fleurs ; plusieurs journaux locaux lui ont déjà attribué leur “Une“ ; la page principale du site de la CBA étant ultra régulièrement consacrée à ce
phénomène. “Starbury“, lui, déjoue les pronostics qui prédisaient une carrière de quelques matches en Chine, et, petit à petit, semble même s’acclimater à sa nouvelle vie. En témoignent les nombreux clichés où l’Américain s’amuse avec les fans et s’essaie au maniement de la baguette aux repas. Mais rassurez-vous, Marbury est toujours Marbury : dingue. Si l’on en croit les photos prises lors de chacune de ses apparitions sur les parquets, il ne se passe pas un match ou presque sans que le fantasque meneur ne soit sur le point d’en venir aux mains avec ses adversaires. Il restait ainsi sur trois matches où il avait été plus proche des “arts martiaux“ que du basket, à en croire la ligue. Quand va-t-il complètement péter les plombs ? l
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LES ÉCHOS
Par Yann CASSEVILLE
TOP/FLOPS
TOPS
Kareem Reid
• « Dès le début, il a voulu rester et adhérer au nouveau projet, en sachant qu’il aurait de nouveau un grand rôle dans l’équipe. » Avant le début de saison, le coach de la JAV, Jean-Philippe Besson, nous avait confié qu’il comptait énormément sur Reid… On connaît la suite. Le meneur est aujourd’hui à Rouen, en Pro B. Dommage pour un tel magicien.
Vasco Evtimov
• Lors du match de Coupe de France entre Chalon et Strasbourg, où il était simple supporter dans les tribunes, le massif pivot est intervenu sur le parquet du Colisée pour venir en aide à son petit frère, Ilian, aux prises avec Pervis Pasco. On a connu mieux comme retour sur les parquets !
Mike Mokongo
Hervé Bellenger / IS
• La mobylette est au point mort. Le meneur a été remercié à la mi-janvier par son club d’Ourense, en deuxième division espagnole. Il a auparavant erré ces dernières saisons entre Capo d’Orlando, Banvit, GravelinesDunkerque, Cholet et Nicosie. Certes, il n’a que 24 ans. Mais la trajectoire du Centrafricain, meilleur espoir et défenseur de Pro A en 2005, fait froid dans le dos.
Samuel Mejia
• Tremmell Darden a été élu meilleur joueur de décembre, a eu droit à une double page dans BasketNews, un papier dans L’Équipe. Et puis il y a eu ce match contre Cholet. 15 pts, 2 rbds et 2 pds pour Darden, 23 pts, 4 rbds et 5 pds pour Sammy Mejia. 85-75 pour CB. L’ailier de Cholet a remis les choses au clair : le boss, c’est lui. • Bauer, Joseph, Bryant et Maravic en début de saison, puis Teddy Gipson à peine arrivé et Travon Bryant à la mi-janvier : l’infirmerie paloise est sans doute la plus accueillante de Pro A ! Avec cette multiplication des pépins physiques, avoir un bilan de 6-8 après 14 journées, ce n’est pas si mal.
William Gradit
• Se faire passer à tabac à la sortie d’une boîte de nuit puis être coupé par Boulazac pour atterrir à Cholet, ça, c’est une trajectoire inattendue ! “Le Coyote” n’est que pigiste médical dans les Mauges, mais jouer pour le club champion de France devrait lui faire une bonne publicité.
FLOPS
Jean-François Mollière
Pau-Orthez
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LE BAROMÈTRE DE PRO A : WOODSIDE SORT DU BOIS Par Laurent SALLARD
1 2 3 4 5 6 7
Après un début de saison timide, le meneur du BCM est sérieusement monté en puissance, Ben Woodside occupant même la tête du classement des meilleurs marqueurs. Entre les 8e et 14e journées, (Gravelines-Dunkerque) il a tourné à 21,4 points et 6,7 passes.
Tremmell Darden (Nancy)
Élu joueur du mois de décembre, il est l’homme de base du SLUC et le joueur le plus athlétique de Pro A. Bien que n’évoluant pas à l’intérieur, il pointe à la neuvième place du classement des meilleurs rebondeurs. Le pivot du CSP écrase la Pro A au niveau des stats. Meilleur marqueur et meilleur rebondeur,
Chris Massie (Limoges) il est également et fort logiquement le meilleur joueur à l’évaluation. Insuffisant toutefois pour faire décoller Limoges du bas du classement.
Blake Schilb (Chalon)
Grâce à la régularité de son “couteau suisse", l’Élan occupe le haut du tableau cette saison. Sixième passeur de Pro A, il est le seul parmi les dix premiers à ne pas évoluer à l’arrière.
Uche Nsonwu-Amadi Le roc nigérian monte en puissance et entraîne la Chorale dans son sillage. Au moment de boucler ces lignes, il n’était plus descendu sous la barre des 10 points depuis le mois de (Roanne) novembre et affichait depuis une moyenne de 19,3 d’évaluation. Damir Krupalija (Hyères-Toulon)
Avec Vincent Masingue, il forme l’une des toutes meilleures raquettes de Pro A, ce qui a permis la qualification du HTV pour la Semaine des As. Le 2 janvier, le Bosnien a réalisé un tripledouble face à Vichy avec 16 points, 12 rebonds et 10 passes.
Yannick Bokolo Favori pour le titre de MVP français de Pro A, l’international forme la meilleure paire d’arrières (Gravelines-Dunkerque) de la division avec Ben Woodside. Il est également le meilleur marqueur français de Pro A.
8
Davon Jefferson (ASVEL)
MVP du All-Star Game, le Villeurbannais n’est pas passé sous la barre des 20 points en 2011, tournant sur les quatre premières journées de l’année à 21,5 points et 7,0 rebonds.
9
Samuel Mejia (Cholet)
L’élimination de l’Euroleague a laissé des traces à Cholet et la courte trêve a altéré le rendement du Dominicain. En 2011, il tourne tout de même encore à 17,5 points, 3,5 rebonds et 2,5 passes en Pro A.
10
Antoine Mendy (Pau-Lacq-Orthez)
Entrée fracassante dans le Top 10 pour le deuxième scoreur français de Pro A. Entre les 13e et 15e journées, l’ailier béarnais a tourné à 19,3 points et 5,0 rebonds, et l’Élan a remporté deux de ses trois matches, justifiant sportivement sa qualification pour les As.
11
Akin Akingbala (Nancy)
Pas toujours très régulier cette saison, l’autre pivot nigérian de la Pro A a commencé doucement l’année avant de cumuler 35 points et 21 rebonds en deux matches consécutifs.
12
Dylan Page (Roanne)
Longtemps blessé en début de saison, l’intérieur shooteur monte en puissance en ce mois de janvier puisqu’il tourne en 2011 à 13,3 points à 50,0% de réussite à trois-points et 6,8 rebonds.
13
Ilian Evtimov (Chalon)
Le Franco-Bulgare dispute cette saison à Dylan Page le titre de meilleur intérieur shooteur de Pro A. Depuis le début de l’année, il affiche des moyennes de 13,3 points à 47,8% de réussite à trois-points et 3,8 rebonds.
14
L’ancien Vichyssois profite de la longue période d’adaptation de Mouhamed Saer Sene à Dounia Issa Gravelines-Dunkerque pour continuer à faire régner la terreur dans les raquettes. Il n’a en (Gravelines-Dunkerque) revanche dépassé qu’une seule fois cette saison la barre des 10 points.
15
Demetric Bennett (Pau-Lacq-Orthez)
Après un passage à vide en fin d’année 2010, l’arrière palois a bien attaqué 2011 avec notamment 26 points passés au Paris Levallois, son record cette saison. S’il continue comme ça, l’Élan peut viser les playoffs.
16
Mickaël Gelabale (ASVEL)
L’international a eu besoin de temps pour digérer un été chargé et s’adapter à un contexte villeurbannais particulier. Entre les 10e et 14e journées, il a tourné à 16,5 points, 5,8 rebonds et 2,5 passes, permettant à l’ASVEL de rallier les As.
17
John Linehan (Nancy)
Bien que parfois ralenti par des pépins physiques, le "Virus" continue de faire cauchemarder les meneurs adverses. Il partage de plus la tête du classement des passeurs de Pro A avec Zack Wright avec une pointe à 14 assists contre Cholet.
18
Antywane Robinson (Cholet)
Comme toute l’équipe choletaise, "Antoine" a souffert du contrecoup de l’élimination en Euroleague. Il a toutefois passé à Nancy 24 points à 10/12 aux tirs en seulement 21 minutes.
19 20
Cyril Akpomedah Légère baisse de régime pour "Akpo" en ce début d’année 2011. Depuis la 11e journée, il ne (Gravelines-Dunkerque) tourne "plus" qu’à 10,4 points à 25,0% de réussite à trois-points et 5,6 rebonds. Vincent Masingue (Hyères-Toulon)
L’absence de Rick Hughes et un style de jeu plus collectif ont permis à "Vinny Bang Bang" de retrouver son meilleur niveau. En 2011, il tourne ainsi à 11,8 rebonds de moyenne et a permis au HTV de se qualifier pour les As.
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