Maxi-Basket 32

Page 1

Jacques Monclar... Rétro : Robert Smith... Chalon et la Coupe de France... Edwige Lawson... Dario Saric

#32

JUIN 2011

Du côté de chez

Kévin Séraphin

Euro Féminin

Un titre en jeu

Spécial Jeunes

Evan Fournier, Joffrey Lauvergne, Vincent Pourchot, ASVEL, la draft…

Reportage Boris Diaw à Bordeaux

Joakim Noah et l’équipe de France

© Jean-François Mollière-FFBB

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E L B A S N INDISPE

wige Lawson... de France... Ed e up Co la et Smith... Chalon Rétro : Robert ... ar cl on M s Jacque

Dario Saric

#32

JUIN 2011

Du côté de chez

Kévin Séraphin

Euro Féminin

Un titre en jeu

Spécial Jeunes ier,

Evan Fourn Joffrey Lauvergne, ot, Vincent Pourch … ASVEL, la draft

le plus jeune mvp de l’histoire e g a t r o p Re Boris Diaw à Bordeaux

nce a r F e d e ip u q é l’ t Joakim Noah e

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Photos : J.F. Mollière, H.Bellenger / IS et BCM

ÉDITO • MAXI-BASKET 03

CHOLET, L’ALLEMAGNE ET LE TOC Par Pascal LEGENDRE

P

rincipe élémentaire d’économie : le nombre de spectateurs à un événement sportif – en l’occurrence un match de basket d’Euroleague – démontre l’intérêt pour le spectacle proposé et entraîne un chiffre d’affaires plus ou moins important au niveau des recettes aux guichets, et par ricochet liées au sponsoring et aux droits TV. Les entreprises tout comme les patrons de chaînes ne supportent pas, à raison, les banquettes vides dans des préaux de banlieues. D’où l’intérêt d’avoir de grandes salles car si on les remplit, on initie un cercle vertueux. Bravo à Cholet Basket qui a multiplié ces dernières semaines les sold out en Pro A et qui a connu un vrai succès populaire en Euroleague. CB est dans la lignée de Pau, Villeurbanne et du Mans. Si l’on en croit le document fourni par la fédération à l’occasion de la “Conférence Arénas Basket“, CB a enregistré une moyenne de 4.806 spectateurs pour ses cinq matches à domicile. Soit un taux de remplissage de près de 95% puisque la capacité de La Meilleraie est de 5.091 places assises. On a déjà beaucoup écrit un peu partout et ici même sur ce hangar délabré de 24 ans d’âge inadapté aux temps modernes, même si le club a su le transformer. La Meilleraie compte ainsi 400 sièges à prestations (1.000 à Strasbourg, 800 au Mans et… 1.200 pour Aix-Maurienne quand le club de Pro B joue au Phare de Chambéry), 43 loges (jusqu’à 200 à Poitiers) et deux salons de réception de 500 et 700 m², mais hors de l’enceinte, 20 places à la table de presse (plus du double à Roanne). Redite : l’engouement populaire autour du club des Mauges, tout comme sa pérennité en Pro A et son sens exceptionnel de la formation, valent bien un nouveau palais des sports. C’est dans les cartons, pour 2015, avec une capacité de 5 à 6.000 places (vous ne pensez pas que 7.000, ça serait mieux ?), à

Directeur de la publication Gilbert CARON Directeur de la rédaction Pascal LEGENDRE (p.legendre@norac-presse.fr) Rédacteur en chef Fabien FRICONNET (f.friconnet@tomar-presse.com) Rédacteur en chef-adjoint Thomas BERJOAN (t.berjoan@tomar-presse.com) MAXI-BASKET EST édITé pAr SArL NOrAC prESSE

Siège Social : 3 rue de l’Atlas – 75019 PARIS. CApITAL : 25 000 euros prINCIpAuX ASSOCIéS : Print France Offset, Le Quotidien de Paris éditions, Investor.

l’image de projets plus ou moins avancés qui existent dans une petite vingtaine de villes de LNB. Un vrai bond en avant si l’essentiel passe aux travaux pratiques. Avec 4.806 spectateurs, Cholet Basket est loin du Maccabi Tel-Aviv (11.000 spectateurs pour une possibilité de 11.500), Vitoria (9.421) et Vilnius (8.358)… Les budgets des clubs d’Euroleague sont-ils proportionnels aux affluences comme le laisserait entendre l’axiome qui a servi d’entrée en matière à cet édito ? Ça serait beaucoup trop simple… Il faut savoir que Cholet se positionne avant les deux clubs de Moscou, le CSKA (4.171) et le Khimki Moscou (3.517), et les deux clubs italiens, issus également de grandes métropoles et qui n’ont pas l’air d’y intéresser grand monde, Armani Jean Milan (3.491) et Lottomatica Rome (3.280). Même le Real Madrid, le club de tout un pays paraît-il, gavé de stars, n’est pas très reluisant puisqu’il est tombé en un an d’une moyenne de 9.954 à 5.745 spectateurs. Ceux-là ont pour autant une force financière 4, 5, 6 fois supérieure à celle de Cholet. Précisons que, dans son tableau, la fédé n’a pas récupéré les chiffres du Panathinaikos et de l’Olympiakos, mais je ne suis pas certain qu’ils soient folichons même si les arènes athéniennes sont gigantesques. Il faudra quand même qu’un jour l’Euroleague nous explique le modèle économique qui régit son fonctionnement. Et plutôt que certains clubs de pacotille, j’aimerais que l’organisme supranational valorise le basket allemand, qui a la portion congrue en Euroleague – Bamberg, 6.800 spectateurs, le maximum de la capacité de la Stechert Arena –, et son fleuron, l’Alba Berlin, qui dans la fantastique O2World a accueilli 8.626 spectateurs de moyenne en Eurocup pourtant largement moins médiatisée. Le basket européen ressemble un peu trop à l’économie générale superficielle qui dévaste les pays méditerranéens depuis quelques mois. l

RÉDACTION DE PARIS 3 rue de l’Atlas - 75019 Paris Téléphone : 01-73-73-06-40 – Fax 01-40-03-96-76 RÉDACTION DU MANS 75 Boulevard Alexandre & Marie Oyon BP 25244 - 72005 LE MANS CEDEX 1 Téléphone : 02-43-39-16-21 – Fax 02-43-85-57-53

JOURNALISTES

Thomas BERJOAN, Thomas FÉLIX (01-73-73-06-47), Fabien FRICONNET, Florent de LAMBERTERIE (01-73-73-06-46), Pascal LEGENDRE (02-43-39-16-26), Antoine LESSARD, Pierre-Olivier MATIGOT, Laurent SALLARD. RÉDACTION AUX USA Jérémy BARBIER (Chicago), Pascal GIBERNÉ (New York). Correspondants à l’étranger David BIALSKI (USA), Giedrius JANONIS (Lituanie), Kaan KURAL (Turquie), Pablo Malo de MOLINA (Espagne), Streten PANTELIC (Serbie), Bogdan PETROVIC (Serbie); Yannis PSARAKIS (Grèce), Sran SELA (Israël), Stefano VALENTI (Italie).

ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO Yann CASSEVILLE, Samuel HAURAIX et Romain MOLINA. SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Cathy PELLERAY (02-43-39-16-21 - c.pelleray@norac-presse.fr).

RÉALISATION GRAPHIQUE Conception charte graphique Philippe CAUBIT (tylerstudio) Direction artistique Thierry Deschamps (Zone Presse) Maquettiste Cyril FERNANDO

ABONNEMENTS

Laurence CUASNET (02-43-39-16-20, abonnement@tomar-presse.com) Tomar Presse – Service abonnements - B.P. 25244 72005 LE MANS CEDEX 1

JUIN 2011 SOMMAIRE #32

04

CONTRÔLE SURPRISE : KIM TILLIE

06

ÉCHOS

16

JOAKIM NOAH

24

KÉVIN SÉRAPHIN

30

À LA UNE : JACQUES MONCLAR

32

DOSSIER JEUNES

46

BORIS DIAW

54

ROBERT SMITH

60

PHOTOS : CHALON

66

EURO FÉMININ

70

EDWIGE LAWSON

74

UN-CONTRE-UN : PHILIPPE AMAGOU

76

ŒIL DES SCOUTS : DARIO SARIC

82

BAROMÈTRE

PUBLICITÉ RÉGIE Hexagone Presse 12 rue Notre-Dame des Victoires – 75002 Paris Patrick GOHET (09.54.04.72.66), hexagone@hexagonepresse.com Loïc BOQUIEN (06.87.75.64.23), lboquien@hexagonepresse.com

IMPRESSION ROTO PRESSE NUMERIS 36 Boulevard Schuman – 93190 Livry Gargan

RÉGLAGE À JUSTE TITRES : Badice BENARBIA (04 88 15 12 42) b.benarbia@ajustetitres.fr COMMISSION PARITAIRE : 1110 K 80153 RCS : Paris B 523 224 574 ISSN : 1271-4534. Dépôt légal : à parution

La reproduction des textes, dessins et photographies publiés dans ce numéro est la propriété exclusive de Maxi-Basket qui se réserve tous droits de reproduction et de traduction dans le monde entier.


4

MAXI-BASKET

CONTRÔLE SURPRISE !

KIM TILLIE Par Romain MOLINA

e. « Je n’ai pas ans) explose de rir 22 – m 10 , (2 el qui obtient la L’intérieur de l’Asv nner tort à Tillie, do de et le ci ffi Di » un peu de réussite été mauvais, non ? rise, avec parfois rp su le rô » nt ! co meilleure note du is fier de moi, tiens s de rire. « Je su lat éc os gr de t ou surt

8/10

ntest en 1976? premier Slam Dunk Co 1. Qui a remporté le ❏ George Gervin ❏ David Thompson n.. » Bien vu Kim. ❏ Julius Erving Julius Erving, mais bo dis Je « il. -tole d », rig « Putain, c’est chau

X

t en 2010 ? 2. Qui fut le lauréa ❏ Gerald Green Nate Robinson ❏ rd wa l’avait remporté en Ho t ❏ Dwigh ight. Erreur, Howard Dw ur po plus », te rac rét mais se 10. « Je le savais en Kim opte pour Nate, isième trophée en 20 tro n so t nai gla n so bin 2008, tandis que Ro . ? pestera-t-il à la fin rs de dunks français deux fois le concou rté po rem a i qu rs, eu 3. Parmi ces trois jou ❏ Alain Digbeu ❏ Kadour Ziani on en 2002 et 2004. zal Ca ❏ Laurent Lobel fera de même eve St nk. du du roi on était le En 1998 et 2000, Cazal . 1996 et Ziani en 2005 en r eu nqu vai t fu Digbeu ah ? ée universitaire à Ut lors de ta dernière ann s int po de ord rec 4. Quel est ton ❏ 20 ❏ 15 ❏ 10 10 rebonds. À Weber State, avec Nationale 1 ? ait Nordine Ghrib en 5. Quelle équipe coach ❏ Saint-Quentin ❏ Saint-Étienne d on ham protégé de Ghrib. -C int ❏ Sa « Ouf », sourit le se. on rép nne bo is ion, ma Petit temps d’hésitat l’Asvel ? ampion de France de le dernier titre de ch te on rem and qu À 6. ❏ 2009/2010 2008/2009 ❏ 8 00 /2 ❏ 2007 Sy MVP. en finale, avec Amara 55 à 41 contre Orléans son? tu marqués cette sai s à trois-points asier pan de ien mb Co 7. ❏6 ❏4 tatives pour être ❏2 ore juste. Sur 9 ten Enc » . on cti nvi co s 4, mais san « Ouh là là… je dis . cis pré joué en Grèce? is coéquipiers n’a pas 8. Lequel de tes tro ❏ Cliff Hammonds ❏ Matt Walsh u Walsh (Larissa ❏ Pops Mensah-Bons èce, contrairement à Gr la ité vis pas n’a Pops La réponse a fusé. nes 2009/2010). onds (Peristéri Athè -ball? 2006/2007) et Hamm ipe de France de volley rent Tillie, avec l’équ Lau e, pèr ton te mp co ions 9. Combien de sélect ❏ 406 ❏ 356 rreur. ❏ 306 on pas le droit à l’e n n’avait de toute faç sto fi Le l. ma n cu portée Il répond sans au moins de 18 ans, rem e de l’Euro 2006 des nal fi la de r eu rqu ur ma 10. Quel était le meille nie? ua Lit la e ntr co 77 à 72 Ludovic Vaty ❏ Nicolas Batum ❏ st lui ! » En ❏ Adrien Moerman c’est Adrien… oui c’e ose. « Je crois que mp isans du titre. s’i art on nds exi gra réfl de Un petit moment français fut l’un des r ieu tér l’in ds, on et 10 reb effet, avec 16 points

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06

maxi-basket

LES ÉCHOS

Par Yann CASSEVILLE, Florent de LAMBERTERIE, Pascal LEGENDRE et Romain MOLINA

PRONOS DANS LE RÉTRO

T

el est le nombre des prévisions qui se sont avérées exactes par rapport à ce que pronostiquait Maxi-Basket en début de saison pour les championnats de Pro A, Pro B, N1 et LFB, soit à peine plus de 6% de réussite au final. Une “stat” assez misérable – convenons-en – qui pourrait faire passer les “experts” de la rédaction pour des truffes. Mais, à regarder plus en détail, notre bilan n’est peut-être pas aussi ridicule qu’il n’y paraît à

4/66

première vue. Ok, si en Pro A et Pro B, aucun club n’a fini à la place escomptée, Maxi-Basket avait tout de même trouvé, pour chacune des divisions, six des huit qualifiés en playoffs, ce qui n’est quand même pas si mal ! Si Chalon (+9) et Hyères-Toulon (+6) nous ont surpris en Pro A, que dire alors de Boulogne-sur-Mer !? On annonçait les promus bons derniers de Pro B, ils ont finalement obtenu une jolie 6e place pour leur première saison dans la division.

Pro a

Bilan pas si mauvais non plus en Nationale 1 où, outre le fait que nous avions tout bon pour les deux derniers (Roche et le Centre Fédéral), nous avions trouvé sept équipes sur les neuf concernées par la montée, Le Puy et Sorgues nous ayant pris en défaut. Chez les filles enfin, Maxi-Basket avait vu juste concernant Bourges (1er) et Mondeville (8e) ce qui n’est quand même pas si mal ! Mais bon, 6%... Promis, on fera mieux l’an prochain. l

NATIONALE 1

CLASSEMENT FINAL

NOS PRONOSTICS

DIFF.

CLASSEMENT FINAL

1

Cholet

ASVEL

-5

NOS PRONOSTICS

1

Bordeaux

Denain

2

Nancy

Le Mans

3

Chalon

4

Gravelines-Dunkerque

DIFF. -1

-6

2

Denain

Bordeaux

+1

Gravelines-Dunkerque

-1

3

Angers

Blois

-9

Roanne

-1

4

Saint-Quentin

Brest

-1 +1

5

Roanne

Cholet

+4

5

Brest

Saint-Quentin

6

ASVEL

Orléans

-5

6

Sorgues

Saint-Étienne

-1

7

Hyères-Toulon

Nancy

+5

7

Saint-Étienne

Angers

+4

8

Le Mans

Paris Levallois

-2

8

Challans

Orchies

-3

9

Pau-Lacq-Orthez

Limoges

-7

9

Le Puy

Challans

+1

10

Paris Levallois

Strasbourg

-2

10

Liévin

Denek

-5

11

Orléans

Pau-Lacq-Orthez

+2

11

Orchies

Le Puy

+2

12

Strasbourg

Chalon

+9

12

Blois

GET Vosges

-4

13

Le Havre

Hyères-Toulon

+6

13

Souffelweyersheim

Liévin

+3

14

Poitiers

Le Havre

+1

14

Saint-Chamond

Sorgues

+8

15

Vichy

Poitiers

+1

15

Denek

Saint-Chamond

+1

-1

16

GET Vosges

Souffelweyersheim

+3

17

Roche-la-Molière

Roche-la-Molière

-

18

Centre Fédéral

Centre Fédéral

-

16

Limoges

Vichy

Pro B CLASSEMENT FINAL

NOS PRONOSTICS

DIFF.

1

Nanterre

Dijon

-1

2

Dijon

Rouen

-1

3

Rouen

Boulazac

-9

4

Fos-sur-Mer

Bourg

5

Évreux

Nanterre

LFB CLASSEMENT FINAL

NOS PRONOSTICS

1

Bourges

Bourges

DIFF.

-7

2

Challes-les-Eaux

Nantes-Rezé

+4

3

Tarbes

Villeneuve d’Ascq

-7

-4

6

Boulogne-sur-Mer

Évreux

+1

4

Lattes-Montpellier

Tarbes

+1

7

Aix-Maurienne

Le Portel

-1

5

Basket Landes

Lattes-Montpellier

+1

8

Le Portel

Aix-Maurienne

+1

6

Nantes-Rezé

Arras

-1 -5

9

Châlons-Reims

Lille

-6

7

Arras

Aix-en-Provence

10

Nantes

Châlons-Reims

+1

8

Mondeville

Mondeville

11

Bourg

Fos-sur-Mer

+7

9

Hainaut

Challes-les-Eaux

+7

12

Boulazac

Nantes

+2

10

Villeneuve d’Ascq

Basket Landes

+5

13

Quimper

Saint-Vallier

-3

11

Charleville-Mézières

Calais

-2

14

Antibes

Quimper

+1

12

Aix-en-Provence

Charleville-Mézières

+1

15

Lille

Clermont

-2

13

Calais

Toulouse

-1

16

Saint-Vallier

Antibes

+2

14

Toulouse

Hainaut

+5

17

Clermont

Charleville-Mézières

18

Charleville-Mézières

Boulogne-sur-Mer

-1 +12

-


maxi-basket 07

Par Antoine LESSARD et Romain MOLINA


08

maxi-basket

LES ÉCHOS

Par Yann CASSEVILLE, Florent de LAMBERTERIE, Pascal LEGENDRE et Romain MOLINA

État des lieux

LES salles de basket en France

Photos : Hervé Bellenger / IS

Lors de la Conférence Arénas Basket, la fédération a fait un état des lieux des salles de basket de haut niveau dont ces données sont extraites.

Quelques instantanés de la conférence Arénas (en haut à droite, Chantal Jouanno, ministre des Sports).

PROJETS DE 10.000 PLACES et PLUS Ville

Club Utilisateur

Projet

Nanterre

Sport Indoor

Lille

Sport Indoor

De 7.500 à 30.000

2013

Paris

Sport Indoor

Construction d’un stade couvert “Arena 92“ Construction d’une salle multifonctionnelle sous la pelouse du futur stade couvert (travaux en cours) Rénovation et agrandissement du POPB

17.000

2014

Villeurbanne

ASVEL Lyon-Villeurbanne

Construction d’une Aréna multifonctionnelle

De 7.000 à 14.000

2015

Bordeaux

JSA Bordeaux

Construction d’une salle multifonctionnelle

14.500

2013

Orléans

Orléans Loiret Basket

Construction d’une Aréna multifonctionnelle

10.000

2013

Dunkerque

BCM Gravelines-Dunkerque

Construction d’une Aréna multifonctionnelle

Aix-en-Provence Pays d’Aix Basket + PAUC Hand (*) : en configuration sports de salle

Projet d’une salle multifonctionnelle

Capacité

Livraison

Jusqu’à 30.000*

2013

10.000

2013

10.000 (à définir)

2013-14


maxi-basket 09

Par Antoine LESSARD et Romain MOLINA


10

maxi-basket

LES ÉCHOS Suite

LES salles de basket en France CONSTRUCTIONS ET PROJETS DE SALLES Club

Salle

Capacité

Année

Nouveau projet ou Rénovation envisagée

Capacité Livraison

5 à 6.000

2015

10.000

2013

Pro a Cholet

La Meilleraie

Gravelines-Dunkerque Le Sportica

5.181

1987

Projet de construction

3.043

1986

Construction d’un équipement

Pau-Lacq-Orthez

L’Astroballe Palais des Sports Zénith Palais des Sports

5.560 3.222 5.013 7.702

1995 1964 1996 1991

Construction d’un équipement multifonctionnel Construction d’un équipement Rénovation à l’étude

Roanne

Halle André-Vacheresse

3.205

1988

Rénovation en cours

Vichy

Palais des Sports Pierre-Coulon

3.336

1974

Projet de construction ou de rénovation

Antibes

Salle Salusse-Santoni

1.401

1951

Boulazac

Le Palio

4.228

Bourg

Charleville-Mézières

Salle des sports Complexe René-Tys (Reims) P. d. Sports P.-de-Coubertin (Châlons) Salle Dubois-Crancé

Evreux Fos

Lyon-Villeurbanne Orléans

7 à 14.000 2015 10.000 2014 À définir 5.000

2011

4.200 (?)

2013

Construction d’un équipement

5.600

2013

2008

Augmentation de la capacité d’accueil

5.200

À définir

2.288 3.068 2.781 1.149

1969 1975 1989 1956

Construction d’un équipement Rénovation Création de loges + Rénovation-Extention Parc Expo Projet à l’étude

3.500 À définir 3.760 À définir

À définir

Salle Omnisports Jean-Fourré

3.399

1962

Construction d’un Palais des Sports

3.500

À définir

Halle des Sports Parsemain

1.330

2006

Rénovation/Agrandissement

À définir

À définir

Le Portel

Salle Damrémont

2.000

1972

Construction d’un équipement

Lille

Palais des Sports Saint-Sauveur

1.845

1977

Projet de construction d’un Palais des Sports

Nanterre

Palais des Sports

1.552

1967

Nantes

Palais des Sports de Beaulieu

4.894

1973

1.018

1990

Pro B

Chalons-Reims

Rouen Gymnase des cotonniers (*) : en configuration basket

À définir À définir

4.000

2013

À définir

À définir

Stade Couvert – Aréna 92

30.000

2013

Rénovation du Palais des Sports

5.300

2014

Construction d’un Palais des Sports

6.000*

2011

2014

NATIONALE 1 Brest

Salle Marcel-Cerdan

2.253

Construction d’une salle multifonctionnelle

5.000

Angers/Trélazé

Jean-Bouin (Angers)

3.000

Construction d’une salle multifonctionnelle à Trélazé

5.000

2013

Blois

Palais des Sports

1.200

Construction d’un Palais des Sports

3.000

À définir

Orchies

Léo-Lagrange

997

Construction d’une salle multifonctionnelle

3.500/5.000 2012-13

LFB Aix

Gymnase de la Pioline

1.200

1985

Projet d’une salle multifonctionnelle

10.000 (?)

2013-14

Basket Landes

Salle Laloubère

1.000

1975

Projet d’une construction d’une salle

À définir

À définir

Bourges

Palais des Sports du Prado

3.100

1964

Construction d’un Palais des Sports

5.000

2015

Charleville-Mézières

Salle Bayard Gymnase Arthur Dugast Palais des Sports de Beaulieu

1.500 1.100 4.894

1960 2004 1973

Projet à l’étude Rénovation du Palais des Sports

À définir 5.300

À définir 2014

Rezé-Nantes

• Les tableaux ont été élaborés sur la base d’un questionnaire envoyé à chaque club de Pro A, Pro B et LFB. Certaines données ont également été complétées grâce à une base de données et différents rapports fédéraux. • La capacité moyenne des salles de Pro A est de 4.428 places, de 2.638 en Pro B. et de 2.100 en LFB. En 2009-10. les taux de remplissage étaient de 82% en Pro A, 64% en Pro B et 62% en LFB. • Le Palais des Sports de Pau (7.702 places) possède la plus grande capacité des salles consacrées en France au basket, devant le Rhénus de Strasbourg (6.098), le Palais des Sports Jean-Weille de Nancy (6.027) et Antarès au Mans (6.023). • En Pro A, c’est Strasbourg qui possède le plus de sièges à prestation (1.000) devant Le Mans (850) et Nancy (840). Surprise. Bourges en possède autant que Strasbourg. Mais le record est à mettre au crédit de Aix-Maurienne quand l’équipe joue au Phare de Chambéry : 1.200. • 100% de la billetterie est informatisée en Pro A, 65% en Pro B et 64% en LFB, 60% des salles de Pro A sont équipées de panneautique LED. • Tous les projets inscrits dans les tableaux ont fait l’objet, soit d’un plan de financement acté par la collectivité territoriale, d’une expression de besoin de la collectivité territoriale, d’une assistance à maîtrise d’ouvrage, d’une étude de faisabilité ou d’une étude de programmation. • Le projet à Paris-Bercy est actuellement au stade des appels d’offres. Si l’actuel administrateur est retenu, la construction se fera durant la période estivale et n’empêchera pas le fonctionnement du POPB le reste de l’année.


19ème édition

maxi-basket 11

(Président du Bourges Basket )

« Un million d’euros de plus dans le budget » Dans quatre ans, le Bourges Basket sera équipé d’un nouveau Palais des Sports. De quoi booster le budget.

V

Hervé Bellenger / IS

ous deviez avoir une salle de 5.000 places assises accolée au Prado pour 20,7 millions d’euros. Or, il y a quelques semaines, la municipalité a changé son fusil d’épaule, sur l’insistance du club, et la salle sera construite près de l’autoroute, mais en 2015 au lieu de 2013 ? Le projet était ficelé, l’architecte choisi. J’ai demandé au maire de voir le projet et il a été d’accord. Le projet ne m’a pas plu. Je m’étais engagé à remplir le nouveau Palais des Sports et tel qu’il était conçu, je ne pouvais pas le faire. Ce n’était pas de la faute de l’archi, simplement c’était fait sur un terrain où il n’y avait pas de place. On n’avait pas de parkings, on était obligé de mettre les partenaires sur deux étages, on n’avait pas une qualité d’accueil digne d’une aréna. En plus, on était parti sur une jauge de 4.500 places, ce qui fait que l’on ne pouvait plus organiser de Final Four de l’EuroLeague ou accueillir une phase finale avec l’équipe nationale car la capacité minimale doit être de 5.000. Pareil pour le hand. À l’Open à Paris, j’ai donné mes arguments au maire. Il m’a demandé si je pensais qu’il fallait annuler ce projet, j’ai dit oui. Le maire a annulé le projet et politiquement, il faut le faire. On a perdu dix-huit mois et on est parti sur un projet à l’autoroute. On a pratiquement fini la programmation de ce deuxième Palais des Sports, le concours d’architectes va démarrer en septembre et donc ça sera 2015 car, pour la construction, il faut entre dix-huit mois et deux ans. Ça perturbe le plan de développement du club ? Fatalement. Dix-huit mois de plus de délai. Je pense qu’en deux saisons avec ce palais, on pourra envisager d’avoir un million de plus d’euros. On aura quand même un VIP et un super VIP, des spectateurs assis dans des fauteuils, on y aura nos bureaux là haut. Pour les partenaires, j’ai demandé son avis à la présidente des partenaires et pour le sportif à Pierre Vincent. l

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Le Prado, la salle de Bourges.

Pierre Fosset

été 2011

Jean-François Mollière

Par Yann CASSEVILLE, Florent de LAMBERTERIE, Pascal LEGENDRE et Romain MOLINA


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maxi-basket

LES ÉCHOS

Pascal Allée / Hot Sports

Par Yann CASSEVILLE, Florent de LAMBERTERIE, Pascal LEGENDRE et Romain MOLINA

Le BCM, vainqueur de la Semaine des As 2011.

Le basket français généreux

uNE LNB SURTITRÉE ? D

epuis l’instauration de la Semaine des As en 2003, la Pro A décerne trois titres par an (As, Coupe de France et champion de France) et le moins que l’on puisse dire, c’est que (presque) tout le monde en profite ! Comme le montre le tableau ci-dessous, dix des seize pensionnaires de Pro A de cette saison ont remporté au moins une compétition depuis ladite date, Dijon étant le seul vainqueur ayant quitté l’élite. Souvent décriée, la Coupe de France a au moins le mérite de gonfler les palmarès estampillés LNB. Orléans et Chalon – qui viennent tout juste de se “dépuceler” ces deux dernières saisons par l’intermédiaire de la Coupe

– ne diront pas le contraire… Cette inflation des trophées fait qu’aujourd’hui, presque tout le monde a quelque chose à présenter en vitrine, y compris parmi les six équipes exclues de cette moisson post-2003 puisqu’avant cela, Limoges a enquillé un paquet de récompenses et le Paris Levallois s’est adjugé le titre de 1997 (même si le club ne s’appelait alors que Paris). En fait, seuls Le Havre, Hyères-Toulon, Poitiers et Vichy sont toujours vierges et encore, les deux derniers ont déjà été sacrés champions de Pro B. À titre de comparaison, on rappellera qu’en NBA, 30 équipes s’affrontent chaque année pour un seul titre de champion à la clé. n

Clubs Pau-Lacq-Orthez Le Mans ASVEL Cholet Nancy Roanne Dijon Gravelines-Dunkerque Strasbourg Chalon Orléans

As 1 2 1 1 1 1 1 1

CdF Pro A Total 2 2 5 2 1 5 1 1 3 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 1 1 1 1 1

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Par Antoine LESSARD et Romain MOLINA


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LES ÉCHOS Coupe de France cadets

LES GAMINS DU HAVRE APPRIVOISENT BERCY Chez les filles, Basket Landes a remporté la Coupe de France cadettes 58-56 face à Bourges. Le match suivant, pour la catégorie cadets, Le Havre est venu à bout de Strasbourg, 77-75. Pour la plupart de ces jeunes, Bercy était une première mais l’enjeu n’a pas tué le jeu.

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Hervé Bellenger / IS-FFBB

près le match, Arnaud Imohff était abattu. Il ne trouvait pas les mots. C’est qu’à 18 ans, il découvrait l’exercice des conférences de presse. Bercy, il savait qu’il n’aurait peut-être plus l’occasion de fouler encore son parquet. En ce dimanche 15 mai, le meneur des cadets de Strasbourg avait vu son rêve être brutalement stoppé. « Une fois qu’on est dans le match, on ne pense plus que c’est Bercy », commenta-t-il. Ainsi, la finale cadets était à peine commencée qu’il était parti pour la marquer de son sceau. En bon capitaine, il menait les siens avec 16 points à 4/7 à longue distance en 1ère mi-temps, permettant à la SIG de s’envoler (53-41 au cours du 3e quart). Et le ciel se déroba sous ses pieds. La foudre frappa la SIG. Les éclairs venaient de Normandie et se nommaient Nianta Diarra (2,00 m, 18 ans), qui martyrisa la raquette alsacienne, et Maxence Claveau (1,95 m, 17 ans), efficace des deux côtés

du terrain dans son rôle de 6e homme. Devant une SIG aphasique, Le Havre remporta le 3e quart 34-10. Dans le dernier acte, Imohff allait bien sonner la révolte (21 pts au final) alors que les Normands ne trouvaient plus le chemin de l’arceau, mais le STB, aux forceps, tenait bon. Tenait sa victoire, sa Coupe de France. Les minots recevaient leur médaille, et Diarra son titre de MVP (20 pts, 17 rbds, 33 d’éval) des mains de Vincent Collet. « Je retiens plus la victoire collective que mon titre personnel », confiait Nianta, symbole d’une jeunesse havraise qui n’avait jamais lâché. Qui se retrouvait au centre du terrain, pour sauter, crier, devant des Strasbourgeois la mine défaite. Contraste cruel, bien qu’habituel. Et qui sait, parmi les vaincus comme les vainqueurs se trouvent peut-être de jeunes basketteurs qui reviendront un jour à Bercy, dans quelques années… l

Final Four de l’Euroleague

Mike Batiste le showman !

Photos : Rodolfo Molina, Wojciech Figurski, Ulf Duda/EB via Getty Images

• Si Diamantidis fut élu MVP, le Pana doit beaucoup à son gardien du temple américain, auteur de 17,0 points à 80% et 6,5 rebonds. En prime, Batiste assure le spectacle sur le terrain, avec un numéro d’équilibriste, de lanceur au baseball ainsi qu’en dehors pour les célébrations du trophée.


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Par Yann CASSEVILLE, Florent de LAMBERTERIE, Pascal LEGENDRE et Romain MOLINA

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Joe Bunn

l’aventurier

• Petit intérieur new-yorkais (1, 98 m – 36 ans) avide de lecture et d’histoire, Joseph Ray Bunn Stallins a la bougeotte. Vu à Gravelines en 2007/2008 (15,2 points à 54,7% et 6,3 rebonds en 26 minutes), ce globe-trotter a sillonné la planète depuis sa sortie de Phillips University en 1998. Au total, Bunn a joué pour 26 équipes, dans 10 pays différents. Cette saison, il évoluait avec l’Atletico Argentino, bon dernier de Liga A, où il finit meilleur marqueur du championnat argentin (20,0) pour la cinquième fois de sa carrière. Il termine cette année au Mexique, à Nogales, où il compile 16,5 points à 51,7% et 7,0 rebonds en quatre rencontres. Saison 1998-99 1999-00 2000-01 2000-01 2000-01 2000-01 2000-01 2001-02 2001-02 2001-02 2002-03 2002-03 2002-03 2002-03 2003-04 2004-05 2004-05 2004-05 2005-06 2006-07 2007-08 2008-09 2009-10 2009-10 2010-11 2010-11

Club Lucentum Alicante (LEB) Caprabo Lleida (LEB) Estudiantes Olavarria Peñarol Mar del Plata Gaiteros del Zulia Mauricio Baez Indios de Mayaguez Atenas Cordoba Red Bull Thunder Toros de Aragua Maracay Lobos Cantabria (LEB1) Mauricio Baez Capitanes de Arecibo Toritos de Cayey Peñarol Mar del Plata Anyang SBS Stars Galllitos de Isabela Guaiqueries de Margarita Peñarol Mar del Plata Reggio Calabria (LegaDue) Gravelines Imola (LeagaDue) San Martin de Marcos Juarez Argentino de Junín Atletico Argentino Nogales

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MAXI-BASKET

JOAKIM NOAH

ET L’ÉQUIPE DE FRANCE

UNE SI LONGUE ATTENTE APRÈS PLUSIEURS RENDEZ-VOUS MANQUÉS, L’HEURE DE VÉRITÉ EST QUASIMENT ARRIVÉE. À MOINS D’UN MAUVAIS COUP DU SORT, JOAKIM NOAH REVÊTIRA LE BLEU DE CHAUFFE LORS DE L’EURO LITUANIEN. PAPIERS EN RÈGLE ET CONTRAT NBA RENÉGOCIÉ, LE PIVOT DES BULLS NE PEUT PLUS SE DÉFILER. LE NBAER SERA-T-IL LE PIVOT DOMINANT QUE LA FRANCE ATTEND DEPUIS SI LONGTEMPS ? SON INTÉGRATION PERMETTRA-T-ELLE À LA SÉLECTION DE CONCRÉTISER SES AMBITIONS ? SA POPULARITÉ BOOSTERAT-ELLE CELLE DES BLEUS DANS LE CŒUR DU GRAND PUBLIC ET LES RÉDACTIONS DES MÉDIAS GÉNÉRALISTES ? TOUTES CES QUESTIONS DEVRAIENT TRÈS VITE TROUVER UNE RÉPONSE. Par Jérémy BARBIER

Jean-François Mollière

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Jean-François Mollière

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hervé Bellenger/IS

Il y a deux ans, au tournoi de Strasbourg, Joakim avait pu avoir un échantillon de l’engouement populaire qu’il peut provoquer.

araît-il que tout vient à point à qui sait attendre. Maintenant que la France prend son mal en patience depuis au moins trois ans, il est grand temps que Joakim Noah enfile pour de bon le maillot bleu. Sauf pépin physique de dernière minute, il devrait enfin s’engager sous les drapeaux cet été. Il l’a promis… Ou presque. À Chicago, nous lui avons plusieurs fois demandé cette saison s’il serait bien au rendez-vous de l’Euro lituanien. Sa réponse n’a jamais dévié. Joakim « veut jouer avec cette équipe ». Il connaît les échéances de la sélection nationale, le potentiel de ce groupe. Comme tous les soutiers de la génération Parker, les Jeux de Londres occupent une partie de ses pensées. Il s’est donc parfois autorisé à nous assurer qu’il faudrait compter sur lui, une affirmation généralement nuancée par sa volonté d’attendre l’épilogue de sa saison NBA. « Je vis dans le moment », répète-t-il inlassablement à ses interlocuteurs, peu importe le sujet évoqué. Tour à tour, ce « moment » fut le training camp des Bulls, la rééducation consécutive à son opération de la main, la conquête d’une première place au sein de la conférence Est et, plus récemment, les playoffs. Quand bien même le Bull n’a jamais semblé si proche de rejoindre les Bleus, son obstination à ne pas s’engager

fermement laisse planer une légère incertitude. Il faut dire que le basketteur a quelques antécédents.

À nos actes manqués

C’est véritablement en 2006 que le Gator et la France du basket commencent à se rapprocher. En décembre de la même année, Claude Bergeaud profite d’une tournée américaine pour faire un crochet par Florida. Il s’agit tant d’établir un premier contact physique que d’effectuer une légère session de scouting. Comme s’il avait deviné le jeu du chat et de la souris qui se tramait, l’entraîneur tempérait déjà les premiers espoirs suscités par le champion NCAA. « Je crois, enfin j’espère qu’on le verra sous un maillot national un jour, même si je ne sais pas si c’est à court terme ou à moyen terme. Nous lui avons expliqué toutes les échéances de l’équipe de France, les Euro 2007 et 2009, les Jeux Olympiques à Pékin. Nous sommes allés le rencontrer pour nous entretenir du contenu d’une équipe nationale, mais aussi de notre volonté de l’avoir en sélection. » Avant cela, il faudrait déjà que l’intérieur se dote d’un passeport français. Quelques certificats officiels à fournir et une requête de routine, rien de bien compliqué a priori, surtout lorsque votre nom peut suffire à faire passer


PORTRAIT • MAXI-BASKET 19 le dossier sur le haut de la pile. Las, l’affaire traîne. Sélectionné en 9e position lors de la draft, Noah prépare son entrée chez les professionnels et remet à plus tard la paperasse administrative. En juin 2008, Michel Gomez assure que le précieux sésame a enfin été délivré. « Joakim a son passeport français. Je l’ai même vu », promet le nouveau chef des Bleus. À quelques semaines d’une périlleuse campagne de qualification, Gomez espère inclure le jeune pivot à son équipe de mercenaires. « Nous nous sommes rencontrés et entraînés deux heures ensemble à l’INSEP. Je lui ai expliqué le fonctionnement de l’équipe de France. Il est prêt à venir mais doit encore s’entretenir avec son patron John Paxson. » Une première saison professionnelle très mitigée et quelques dérapages extra-sportifs au cœur de l’été inciteront finalement Noah à remiser son passeport flambant neuf dans la commode. Douze mois plus tard, le pivot débarque à Vichy. La fin de l’Arlésienne ? Pas vraiment. Dès son arrivée, le petit

nouveau prévient qu’il lui faudra quitter le groupe après les trois matches amicaux du tournoi de Strasbourg. « Les Bulls m’ont dit que je ne pouvais rester que pendant deux semaines », explique-t-il aux médias avant sa première sélection officielle. « Je pensais que ça allait aller mais ce sera un peu plus difficile quand faudra partir. Je partage des moments avec un groupe qui est super cool et qui a beaucoup de potentiel. On peut faire quelque chose de vraiment bien et j’ai envie de faire partie de cette équipe. Je comprends aussi l’attitude de mon club et je sais que je ne peux pas être partout. » À Windy City, on exige que la liane tricolore revienne soulever de la fonte au centre d’entraînement. « Ils veulent vraiment que je prenne des kilos parce que je me faisais un peu bousculer pendant les playoffs. » Au grand dam du staff tricolore, l’employé du sextuple champion obtempère. « J’avais de l’espoir, même Joakim en avait un peu, Larry Brown est intervenu, mais les dirigeants de Chicago ont été très fermes et la porte s’est refermée », regrette Vincent Collet.

« J’ai toujours dit que c’est avec la France que je voulais jouer. »


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MAXI-BASKET

« Il n’est pas politiquement correct et c’est tant mieux. » Jacques Monclar Rendez-vous est donc pris pour le Mondial 2010. Malheureusement, une nouvelle désillusion sera à la clé. À l’orée d’une intersaison marquée par la négociation d’un nouveau contrat à huit chiffres, la star montante des Bulls réserve sa participation. La France entame sans lui la préparation mais laisse la porte ouverte à une intégration tardive dans le groupe. Sans trop y croire. Le 5 août, soit trois semaines avant le premier match de poule, Vincent Collet confirme la mauvaise nouvelle. « Joakim le dit depuis le début, s’il ne vient pas, c’est à cause de son contrat. On le sait depuis le début et la situation n’a pas changé. Et pour moi, les Bulls ne vont pas lui signer un contrat demain. C’est pour ça que, de mon côté, mon équipe, elle est là. Il faut se résoudre à tourner la page. En tout cas, c’est ce que j’ai fait…Pour moi, c’est une affaire classée. » Caramba ! Encore raté !

« Je suis de New York »

hervé Bellenger/IS

Aucune réaction immédiate de l’intéressé qui, trois jours plus tard, fête le 49e anniversaire de Barack Obama en enfilant les paniers à la Maison Blanche. Le 15 août, dans les gradins du Madison Square Garden, c’est en simple spectateur qu’il regarde les Bleus se faire hacher menu (88-55) par le Team USA. L’image du pivot en civil est pour le moins frustrante et, dans le camp des supporters, cette ultime défection agace. « Je conçois que certaines personnes ne comprennent pas », expliquera l’intérieur, un mois plus tard, dans les colonnes du JDD. « Cela les fait chier que je ne sois pas venu cet été. Je fais partie de l’équipe et je veux jouer un jour avec elle, c’est pour cela que j’ai fait en sorte d’avoir mon passeport français. Mais ce sera quand je serai prêt. Là, avec la

négociation de mon contrat, c’était important de sécuriser mon avenir. Il faut aussi comprendre que mon attachement à l’équipe de France n’est pas le même que celui d’un type passé par l’INSEP et qui a joué depuis tout jeune en sélection. Moi, je suis parti de France à 12 ans, je suis de New York. » Cette – légère – distance parfois prise avec l’Hexagone n’est pas au goût de toutes les sensibilités. Sur le web, un simple coup d’œil aux réactions des internautes suffit à comprendre que nombreux questionnent son attachement à l’équipe de France. Injuste ? En partie. Le cas Noah est difficile à comparer. Contrairement à d’autres bi-nationaux ayant porté le maillot bleu par le passé, il n’a encore jamais vraiment eu à défendre les intérêts français à très haut-niveau, en club comme en sélection. Certes, c’est bien en France – à Levallois précisément – que Joakim tâta son premier cuir. C’est néanmoins aux États-Unis qu’il comprit que sa passion pourrait également devenir sa profession. À l’adolescence, pendant que les meilleurs prospects de sa génération se retrouvaient chaque été en sélection de jeunes, l’ancien habitant de Neuilly répétait ses gammes sur les playgrounds de Big Apple. Ainsi, quand certains de nos représentants créditent aujourd’hui une part de leur réussite au système de formation français, Noah se voit davantage comme l’héritier d’un basket made in NYC. « Sans tous ces étés, je ne crois pas que je serais en NBA aujourd’hui », expliquait-il à nos confrères d’ESPN l’an dernier. « Jouer au parc, dans les tournois et les rues de cette ville m’a aidé à devenir le joueur que je suis aujourd’hui. J’ai l’impression d’avoir acquis mon cœur et ma dureté en jouant dans ces rues. » C’est à New York, sur le campus de Florida puis à


PORTRAIT • MAXI-BASKET 21 Chicago qu’il s’est construit en tant qu’homme et basketteur. Américain par droit du sol, enfant d’un père français et d’une mère suédoise, petit-fils d’un grandpère camerounais, celui qui se définit lui-même comme un « Viking africain » refuse de privilégier l’une de ses identités. Son multiculturalisme fièrement prôné est-il si gênant ? Non, évidemment. Après tout, même si le futur pivot des Bleus se fait désirer, il n’a jamais publiquement envisagé de porter d’autres couleurs que celles de la France et ce, malgré les sollicitations alléchantes du Team USA. « Ils ont demandé si j’étais intéressé mais je n’ai pas eu besoin de réfléchir », nous expliquait-il en octobre dernier. « C’est flatteur mais j’ai toujours dit que c’est avec la France que je voulais jouer. »

Le chaînon manquant ?

À n’en pas douter, la présence de joueurs du calibre de Tony Parker ou Boris Diaw a un peu plus renforcé sa volonté de rejoindre le camp français. « On peut faire quelque chose de bien tous ensemble », nous confiaitil il y a quelques mois. « Ce sont tous de super joueurs. Tony est un exemple. C’est un grand champion, un mec qui a déjà trois bagues. » L’admiration est réciproque. T.P. en tête, les cadres de l’équipe de France font depuis longtemps un lobbying aussi précieux que bienveillant auprès de leur compatriote. « Notre souhait est de nous présenter au complet en septembre prochain », expliquait le Spur sitôt les adversaires du prochain Euro dévoilés. « En disant ça, je pense bien évidemment à Joakim

Noah. Sa présence peut changer beaucoup de choses. Il faut un pivot dominant pour briller dans les compétitions européennes. » Les revers concédés par nos Bleus lors des derniers matches couperets légitiment l’analyse du meneur NBA. En 2009, Vincent Collet n’avait pu trouver en quart de finale l’élément capable de gêner l’abattage de Pau Gasol près du cercle (28 points à 11/13, 9 rebonds). Le Laker et son frère Marc s’étaient régalés, infligeant aux Bleus leur seule défaite du tournoi. Au Mondial, bien que moins déséquilibrée sur le papier, la bataille du milieu tournait rapidement à l’avantage des bourreaux turcs. Sans prendre beaucoup plus de tirs que ses adversaires directs, le trio Asik/Savas/Erden (24 points à 9/10, 9 rebonds cumulés) exposait au grand jour les limites des big men français (11 points à 3/7, 9 rebonds) Comme aux Bulls, Noah devra devenir le gardien du temple, l’homme capable de contrarier les velléités des colosses européens. « Il a le profil pour apporter quelque chose que nous n’avons pas », explique Jacques Monclar. « C’est une usine. Des rebonds, il va en prendre. Des contres, il va en faire. De la dissuasion, il va en apporter. » Coéquipier éphémère du NBAer il y a deux ans, Alain Koffi se souvient ne pas avoir été insensible à cette énergie défensive. « Je le voyais plus petit et moins costaud que ça », sourit l’intérieur du MSB. « Son intensité est impressionnante. Il est partout. Tout ce qu’il fait, il le fait à fond. On a parfois l’impression qu’il possède quinze poumons. » Si l’impact défensif que pourrait avoir Noah est assez prévisible, son influence sur l’ensemble du secteur offensif doit encore passer au révélateur de la préparation. CQFD, un

hervé Bellenger/IS

« On a parfois l’impression qu’il possède quinze poumons. » Alain Koffi


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MAXI-BASKET

point de fixation menaçant sous le cercle fluidifie les attaques, décongestionne les espaces et désinhibe les snipers. À condition néanmoins que le pivot en question ne soit pas un simple épouvantail. Lors des deux dernières compétitions majeures, aucun pivot tricolore n’a pu aligner une moyenne offensive supérieure à huit unités. Même si le scoring n’est pas sa spécialité, Noah a suffisamment d’atouts dans sa panoplie pour punir plus fréquemment près de l’arceau. « Il met ses points sur des engagés, il a d’ailleurs beaucoup progressé à gauche », estime Jacques Monclar. « Il met ses points aux lancers, il met des points gratuits avec les rebonds offensifs. » D’une mobilité rare pour un pivot de cette envergure, Noah s’intègrera aisément au jeu rapide qui sied tant aux lévriers français. « Sur les arrivées de jeu en transition, il va être présent et à la demande du ballon. S’il le reçoit en mouvement, il est quasiment inarrêtable. S’il le reçoit à la position, cela va servir à fixer. Sachant qu’au poste quatre, Boris est capable de faire exister la relation poste haut-poste bas, Joakim sera certainement amené à recevoir plus la balle avec l’équipe de France qu’avec les Bulls. En termes de provocation de fautes, c’est quelque chose d’intéressant. » Les fautes, Jooks devra également apprendre à s’en préserver. Il convient de rappeler qu’hormis trois matches contre des sélections peu préparées, le New-Yorkais ne s’est jamais frotté aux subtilités du jeu FIBA. Indispensable pour appréhender au mieux cette délicate transition, la longue préparation concoctée par le staff tricolore ne suffira pas à tirer des enseignements définitifs. « Il a le niveau pour être dominant en Europe mais il va falloir s’adapter », témoigne Monclar. « Cette découverte à travers les matches amicaux sera pour partie un faux-semblant. L’arbitrage, les coups, la tenue de balle, les roublardises, le vice du basket FIBA, on ne les verra vraiment qu’à partir du premier jour de la compétition contre les Lettons. » En sélection, tout ou presque sera donc nouveau pour le pivot. Il découvrira d’abord la vie de groupe d’une équipe nationale, bien différente de celle vécue en club tout au long d’une saison NBA. Rien à voir non plus avec le quotidien d’un cursus universitaire, plus débridé et, par définition, moins professionnel. L’électron Noah s’adapterat-il aisément à ce “huis clos““ imposé ? « C’est quelqu’un d’humble et de simple », se souvient Alain Koffi. « En plus, il est assez extraverti et on apprend donc à le connaître facilement. Il met les gens à l’aise. » De passage à Chicago en novembre dernier, Yannick Noah anticipait l’épanouissement de son rejeton. « Je sais que Joakim a tout pour bien faire, c’est un gars d’équipe », nous confiait l’ancien capitaine de Coupe Davis. « Je suis très excité à l’idée de voir ce que cela va donner l’année prochaine avec Tony, Boris, Ronny…Tous ces mecs sont potes. Je n’y connais rien en basket, mais je sais que, mentalement et spirituellement, ça va le faire. » Tony Parker n’en espère pas moins.

« Ça fait plusieurs années qu’on a une équipe performante et qu’on n’arrive pas à avoir de gros résultats », rappelait le meneur lors de sa récente venue à Paris. « J’espère que ça va changer et qu’avec la venue de Joakim Noah, on aura cette présence à l’intérieur qui permet de faire la différence… En Europe, tu es obligé d’avoir des joueurs qui dominent à l’intérieur. Il nous faut plus de joueurs à l’intérieur et je pense que Joakim peut être la différence pour nous. »

« Je suis très excité à l’idée de voir ce que cela va donner avec Tony, Boris, Ronny… »

hervé Bellenger/IS

Yannick Noah

Le favori des médias ?

À trois mois du grand rendez-vous, s’appuyer sur sa seule présence pour placer l’équipe de France dans le wagon des favoris semble évidemment très prématuré. « Même si une certaine pression paraît inévitable, ce serait une grave erreur de lui en mettre tant », pense Jacques Monclar. « Il va y avoir un impact technique et tactique sur l’équipe, mais Joakim, c’est une pièce. Résumer la progression de cette équipe à Joakim, c’est limité. La progression de l’équipe est dans l’épanouissement de Nico (Batum), la confirmation de Tony (Parker), Boris (Diaw), Ronny (Turiaf), les progrès que Nando (De Colo) et d’autres peuvent accomplir. La progression est partout. » Pour l’ensemble du basket tricolore, la progression se jouera également sur le terrain médiatique. La ferveur constatée en 2009 au tournoi de Strasbourg tend à le prouver, la présence de Noah en équipe de France peut donner un réel coup de fouet à la popularité de nos Bleus. « Il y avait vraiment de l’engouement, on le sentait », confirme Alain Koffi. « Les gens attendaient sa venue depuis longtemps. C’est le fils de Yannick Noah qui rejoint l’équipe de France. Les gens n’appelaient pas seulement Tony, ils appelaient également Joakim. » Parce qu’il se nomme Noah, les médias généralistes devraient lui réserver une place de choix dans leurs colonnes cet été. Protégé de


PORTRAIT • MAXI-BASKET 23 personnalité du Bull devrait même inciter le grand public à s’intéresser davantage au parcours de ce groupe. Mais dans le cas contraire, quelles seront les réactions des autres Bleus lorsque micros et caméras se concentreront autour des vedettes “américaines“ ? La jalousie peut-elle venir gangréner les relations internes ? « Pas du tout », pense Alain Koffi. « Avec Tony, les joueurs sont habitués. C’est compréhensible, on sait très bien que ces gars sont des leaders. Ils sont connus pour le basket et leurs performances mais aussi pour l’extra-basket. Le groupe fait avec. » « Mais si jamais la presse non spécialisée a l’idée de vous lire, préparez-la un peu, formez-la », sourit Jacques Monclar. « Croire que l’équipe de France va s’arrêter à Joakim, Tony, Nico, Boris, Ronny ou d’autres, ce serait une erreur. Il ne faut pas que ça arrive. Évitons ça au moins chez nous. Avoir Joakim, c’est top. Oui, on peut franchir un niveau avec lui. Oui, on récupère un joueur que nous n’avions pas. Mais un groupe est une alchimie, ce sont des choses fragiles. » Avec ou sans Joakim Noah. Quitte à choisir, autant que cela soit avec… n

hervé Bellenger/IS

la célébrité paternelle pendant toute son adolescence, le “fils de“ devra maintenant assurer son héritage familial. « Nous parlons de gens qui ont de la bouteille et du vécu », analyse Jacques Monclar. « Ils se farcissent toute l’année des conférences de presse. Joakim va apporter une fraîcheur. Il a un charisme naturel et il assume parfaitement son côté Noah. » S’il s’est réellement professionnalisé dans sa relation avec les médias au fil des saisons, Noah conserve une candeur dont les journalistes US se délectent bien volontiers. En NBA, des saillies comme celles lancées à l’attention de la ville de Cleveland ou Kevin Garnett font le bonheur des éditorialistes. Moins familiers avec le francparler du NBAer, les médias français sauront-ils distinguer le basketteur du gentil provocateur ? « En dehors de la presse sportive, on risque d’avoir quelques interférences », prévient le consultant télé. « Il lâchera peut-être une connerie, ils ne vont retenir que ça. Eh bien, tant pis ! Il faut que tout le monde soit préparé à ça. Il n’est pas politiquement correct et c’est tant mieux. » À condition que les résultats suivent, la


HervĂŠ Bellenger/IS

24 MAXI-BASKET


DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 25

MON TRUC, C’ÉTAIT LES POMPIERS.

DU CÔTÉ DE CHEZ…

KÉVIN SÉRAPHIN INSTALLÉ DANS UN SALON PRIVÉ DU MAGASIN NESPRESSO SUR LES CHAMPS-ÉLYSÉES, IL N’A PAS PRIS DE CONSOMMATION. L’ALCOOL, IL N’EN BOIT PAS. LE CAFÉ, CET HYPERACTIF, QUI, GAMIN, PRÉFÉRAIT COMMETTRE DEUX BÊTISES PLUTÔT QUE D’EN RATER UNE, N’EN A PAS BESOIN POUR ÊTRE ÉVEILLÉ. WHAT ELSE ? DE CAYENNE À WASHINGTON, EN PASSANT PAR POITIERS ET CHOLET, KÉVIN SÉRAPHIN, PAS EMBALLÉ PAR LE BASKET À SES DÉBUTS MAIS PAR LA SUITE PROGRAMMÉ POUR LA NBA, SE RACONTE. Propos recueillis par Yann CASSEVILLE


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MAXI-BASKET

CÔTÉ COUR

Tes premiers pas dans le basket

Le Hoop Summit 2009

J’avais 14 ans. Je ne savais pas shooter, je ne savais rien faire du tout donc, forcément, c’était très compliqué. Quand j’ai commencé le basket, je n’étais pas vraiment à fond dedans. D’autant qu’en même temps, je suivais un cursus de pompier. J’étais inscrit au basket, je m’entraînais, mais je ne faisais pas les matches parce que c’était les samedis après-midi, en même temps que les pompiers. Et mon truc, à l’époque, c’était les pompiers. Je n’ai jamais fait de match de basket en Guyane !

Je savais un an avant que j’allais être sélectionné. Avec Edwin (Jackson), on était parti à Dallas un an avant, on avait vu des matches NBA. Bouna (N’Diaye) nous avait dit : « C’est la ligue, c’est le but ! » On avait regardé un match, un joueur dont je ne me rappelle plus le nom me ressemblait un peu, et Bouna avait dit « si lui y est, tu peux y être ». Là, j’avais vraiment commencé à penser NBA. Un an après donc, on était au Hoop Summit. Personne ne se connaissait mais ça jouait vraiment, parce que tu sais que, tout autour du terrain, il y a plein de scouts NBA. Tu sais que ta vie peut changer à ce moment-là, et c’est d’ailleurs ce qui s’est passé. (…) Le match, je ne me prends pas la tête mais, après trois quarts-temps, je suis présent au contre, au rebond, mais je ne mets pas de point. Donc, pendant le match, je me dis « je n’irai jamais en NBA ». Je sors à la fin du 3e quart. Je suis sur le banc, je serre mes chaussures, en me disant « si je rentre sur le terrain, je n’ai plus rien à perdre ». Et je rentre. Première action, je dunke sur un gars. J’enchaîne les actions comme ça. À la fin du match, je savais que j’avais fait un grand pas vers la NBA. Dès cette année-là, je pouvais partir à la draft. Avec Bouna, on a réfléchi dans ma chambre d’hôtel jusqu’à quatre heures du mat’. La question était : je vais à la draft ou pas ? J’avais des garanties d’être pris mais j’avais peur de passer du championnat espoir à la NBA. On en a parlé avec Cholet. J’ai décidé de rester et de signer pro.

Détecté par Cholet J’ai joué au basket une saison en Guyane et après, j’en ai eu marre donc j’ai arrêté un an. Je jouais juste chez moi, sur le playground. Ensuite, je me suis ré-inscrit. Rapidement, Jacky Périgois et JeanFrançois Martin, du Cholet Basket, sont venus me voir parce qu’un coach en Guyane leur avait parlé de moi. C’est là que tout a débuté. Je suis parti pour Cholet à un camp d’été mais je n’ai pas été retenu. Jean-François est revenu un an après, m’a de nouveau invité au camp, je l’ai refait et il a décidé de m’envoyer à Poitiers. Vraiment, à l’époque, je jouais au basket comme ça, pour essayer, je ne pensais pas que ça allait devenir mon sport.

Poitiers Là-bas j’ai progressé au niveau scolaire et au niveau basket. C’était l’époque où ils sont montés en Nationale 1, je me disais « j’espère jouer un jour en N1, après en Pro B ». Jean-François a suivi ma progression toute l’année. Je suis retourné à Cholet faire des essais et… (Il rigole) Il y a un truc qu’il m’a dit, je ne sais pas s’il me l’a dit pour me booster, mais il m’a fait « je ne trouve pas que tu as progressé ! » (Il se marre) Je m’en souviendrai toujours. Je me suis dit qu’il n’allait encore pas me prendre. J’étais un peu… Pas triste quand même, mais je pensais que je n’avais aucune chance. Finalement, quelques mois après, il m’a appelé : j’étais pris au centre de formation.

Tes débuts chez les pros J’ai commencé à jouer avec les pros en 2007-08, parce qu’ils avaient besoin d’un joueur de plus en Coupe d’Europe et ils m’ont donc signé en contrat aspirant. Je suis allé avec eux 9 matches et j’en ai joué 2. En 2008-09, là je suis rentré plus dans la rotation (19 matches de Pro A, ndlr).

“ LE SOIR OÙ JE ME BLESSE, EN PLAYOFFS CONTRE GRAVELINES, JE PLEURE. JE N’ARRÊTE PAS DE ME RÉPÉTER : C’EST FINI ”

Le centre de formation de CB

Repères Né le 7 décembre 1989 à Cayenne (Guyane) Français Taille : 2,05 m Poste : pivot Clubs : Cholet (2007-10), Washington Wizards (NBA, 2010-…) Palmarès : vice-champion d’Europe U20 2009, champion de France espoirs 2009, champion de France 2010 Stats NBA’11 : 2,7 pts à 44,9% et 2,6 rbds en 11 min et 58 matches.

Quand je suis arrivé, je croyais que je me débrouillais niveau basket. En fait, je me suis rendu compte que non (rires), que j’étais loin d’être au niveau des autres. Je travaillais donc plus que les autres. Jean-François venait me chercher le midi pour que je travaille avec lui. C’était vraiment dur. J’avais appris des choses à Poitiers mais, en arrivant à Cholet, on a tout repris. Là-bas, ils me trouvaient un peu arrogant parce que je leur répétais « vous verrez, je deviendrai pro ». Mais ce n’était pas de l’arrogance, c’était de la motivation. C’est là-bas que j’ai voulu faire du basket mon métier.

Espoir à CB J’ai fait ma première année, après je suis rentré en Guyane et, tout l’été, j’ai travaillé. Je bossais avec Steeve Ho You Fat. J’arrivais sur le terrain à 16 heures, je repartais à 23 heures. Tous les jours. Tout le temps, tout le temps. Je suis revenu à Cholet, en espoirs première année. J’ai été pivot titulaire parce que Garry Florimont était parti. Mon premier match, j’ai mis 23 points. Je ne sais pas ce qui s’est passé mais là, tout a changé. En cadets je ne faisais rien, je suis arrivé en espoir et j’ai commencé directement à taffer ! J’ai fait une bonne saison, vers les 16 points-8 rebonds-2 contres mais nous ne sommes pas allés au Trophée du Futur. La saison d’après, Christophe (Léonard) nous a rejoints et on a commencé à gagner tous nos matches. On a tapé tout le monde de 20 points. On a gagné le titre et, avec Christophe, on a été sélectionné dans le 5 du championnat.

Cholet 2009-10 J’étais passé pro, ce qui me donnait un autre statut. Mais, au début, ce n’était pas évident. En présaison, j’étais bien, je fais 16 points-12 rebonds contre le Maccabi. T’es là, tranquille, jeune, tu fais des bons matches et tu penses alors que tout va bien se passer. Et premier match de la saison : toute la rencontre sur le banc. Je n’ai pas compris. Les agents, mon coach espoir, personne n’a compris. Direct, ça te fait redescendre de ton nuage. Les matches suivants, je joue peu. C’est quand Claude (Marquis) est parti qu’Erman (Kunter) m’a fait jouer. J’ai progressé. Assez vite je trouve. Et au bout d’un moment, j’ai explosé.

Ta blessure Au moment où je me suis blessé, en playoffs, contre Gravelines, j’ai pleuré. Dans le vestiaire, j’ai pleuré. Je me disais « c’est fini ». Le soir qui a suivi la blessure, je n’ai pas dormi du tout. J’avais mal au genou, je n’arrêtais pas de me répéter « c’est fini ».

Champion de France 2010 J’avais un gros regret de ne pas être sur le terrain. Je ne me sentais pas exclu, mais un peu à côté du groupe. Mais ça a été parce que j’avais des coéquipiers qui faisaient tout pour m’inclure dans le truc. J’étais donc dans le groupe mais c’était bizarre. Pas pouvoir les aider, être là, c’est bizarre…

Erman Kunter On a eu une bonne relation. Je sais qu’il m’aimait bien, il ne m’a pas trop fait jouer mais c’était ses choix de coach. Il y avait Claude, Randal (Falker), il y avait des gens devant moi. (Tu confirmes sa réputation de coach dur ?) Oui (rires) ! La présaison qu’on a faite


DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 27 avec lui était plus dure que celle avec Washington. Il ne lâche rien. Si on perd le samedi, on a entraînement le dimanche. D’ailleurs, même quand on gagne, on a entraînement le dimanche (rires) !

La draft J’étais sûr d’être pris. Des équipes étaient prêtes à me prendre dans le Top 20, même plus haut si je ne m’étais pas blessé. Parce que je n’ai pas pu faire de workouts, ça a refroidi quelques équipes. J’ai fait 6 clubs en 7 jours, je voyageais tous les jours mais je ne m’entraînais pas. Et à Washington, ça s’est vraiment bien passé. Cleveland et Washington voulaient absolument me prendre, le soir où je suis rentré de Washington, j’ai appelé Bouna pour lui dire que je voulais aller là-bas. J’ai eu un meeting avec eux. Je ne parlais pas anglais, Bouna traduisait. Je leur ai dit « je veux vraiment venir chez vous ». Le GM a souri et il a dit « OK, on va tout faire pour te prendre ». Il y avait d’autres équipes qui me voulaient, j’ai donc pensé que je n’irais peut-être pas à Washington. Le jour de la draft, j’attendais, j’attendais. D’un coup, les caméras s’avancent vers moi mais je ne vois pas au début, j’étais vraiment ailleurs, comme si je n’étais plus là. Je regarde Bouna qui me dit « je crois que c’est pour toi », je me retourne, je vois les caméras sur moi, je me lève, je mets ma casquette, c’était Chicago, je ne m’y attendais pas du tout. J’ai serré la main de David Stern. C’était le plus beau jour de ma vie, et après j’apprends que je vais à Washington, j’étais vraiment très heureux.

Le bizutage des rookies Une saison rookie, c’est moins dur pour les Américains. Je ne parlais pas vraiment anglais, ils en faisaient exprès de me parler et moi je ne comprenais rien, je faisais « OK, OK ». Après j’ai bossé mon anglais et ils m’ont intégré, quand ils partaient quelque part, ils m’appelaient alors qu’avant, ils ne le faisaient pas. Le bizutage, vraiment, ça a été cool, juste prendre les sacs.

Washington Je suis arrivé blessé. Je suis monté à 133 kilos. J’étais gros, à 15-16% de masse graisseuse, lent. Aux entraînements, j’avais vraiment beaucoup de mal. Le coach m’a dit « au début de saison, tu ne joueras pas ». Et c’est ce qui s’est passé. Si je ne réagis pas, je ne joue pas de la saison. Je ne pouvais pas rester gros, gras. J’appelle Sébastien, mon préparateur physique de Cholet, pour savoir si ça lui dirait de venir m’entraîner à Washington, tout en travaillant avec le préparateur physique des Wizards. Il est OK, il vient un mois pendant l’hiver. Un mois très dur. Ils m’ont tué (rires) ! J’ai aussi pris un chef cuisinier. J’ai perdu 20 pounds (9 kg). Tout le monde l’a vu, le coach, le GM. Donc le coach m’a dit « maintenant que t’as perdu du poids et que tu parles anglais, je vais te donner plus de minutes au fur et à mesure ». (…) Dans mon équipe, il y a pas mal de gars qui shootent beaucoup, ce n’est donc pas évident d’avoir des ballons à l’intérieur. Les transferts, le départ de Gilbert (Arenas), la venue de Mo Evans, Mike Bibby, Jordan Crawford, ça nous a beaucoup aidés.

Le lock-out Vu la manière avec laquelle on nous en a parlé en NBA, ça paraît très probable qu’il y en ait un. J’imagine un retour en Europe. Je ne sais pas où, mais en France, c’est sûr. Si je peux avoir l’Euroleague, c’est mieux, mais si je ne l’ai pas, ce n’est pas grave. Je veux juste jouer beaucoup. De toute façon c’est provisoire, je ne reviens pas en Europe pour un an.

Sam Forencich/NBAE via Getty Images

Je suis un peu en contact avec Crawford (Palmer), mais sinon je n'ai pas beaucoup de relation avec le staff. Je pense que j'ai mes chances pour être à l'Euro, j'ai confiance en moi. C'est quelque chose d'important pour moi. J'ai déjà testé l'équipe de France avec les jeunes, là si j'y suis avec les A, ça voudra dire que j'ai passé un cap.

Euroleague

L’équipe de France


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MAXI-BASKET

CÔTÉ JARDIN

Gamin tu rêvais d’être Footballeur. Mon père a joué au foot, ma mère aussi, donc ils nous ont directement inscrits, mon frère et moi, dans un club de foot. J’en ai fait pendant 7 ans. J’étais défenseur, d’un niveau pas très élevé, plutôt moyen. J’étais au collège où il y avait le pole espoir de Guyane et l’assistante de la directrice est venue me voir. Elle avait vu que j’étais grand et m’a donc demandé si je voulais faire du basket. Je faisais 1,67 m à 10 ans, j’étais déjà plus grand que tout le monde.

Ned Dishman/NBAE via Getty Images

Les pompiers

en maths, je n’allais pas aux cours et j’avais toujours la moyenne.

Ta plus grosse bêtise (Il réfléchit) Ah j’en ai fait… Il y en a trop, je ne me souviens pas. J’étais assez nerveux, je me battais souvent. Je n’étais pas calme, je ne peux pas rester calme. J’étais hyperactif. Je me suis fait renvoyer plusieurs fois de l’école.

Un péché mignon

Avec Poitiers, je me suis investi beaucoup plus dans le basket mais tout en continuant les pompiers. L’école, l es pompiers et le basket (rires), c’était compliqué à gérer. Le mercredi après-midi, j’étais avec les pompiers et après, j’enchaînais avec le basket. Ensuite, j’ai eu mon diplôme de pompiers et j’ai arrêté.

(Il rigole) Les retards. Tu l’as constaté toi-même ! (Kévin est arrivé avec environ 15 minutes de retard à notre rendez-vous, ndlr) Je fais tout pour essayer d’arriver à l’heure mais je n’y arrive jamais. Là, je suis parti une heure en avance, mais il a fallu que je me trompe dans mon GPS. C’est toujours pareil. J’ai toujours de la malchance, quelque chose qui fait que j’arrive en retard.

Kévin Séraphin élève

Un talent caché

Je n’étais pas un bon élève, pas du tout, il faut être honnête. Je n’ai jamais aimé l’école. C’est d’ailleurs à cause de mes résultats que je ne suis pas rentré tout de suite à Cholet. Je n’étais pas sérieux, je n’allais pas tout le temps en cours en Guyane mais pourtant j’étais fort

Je cuisine bien. Je fais beaucoup de choses, c’est ma mère qui m’a appris.

Tes hobbies La musique. J’écoute de tout. Bon, pas du métal, mais


DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 29

“TOUS LES MATINS, JE ME LÈVE ET JE M’OCCUPE DE MON PERROQUET ET DE MON SERPENT ” quasiment de tout. J’aime bien Drake, Lil Wayne, un peu comme tout le monde en fait. J’aurais aimé faire du piano. Ah oui ! Il y aussi les animaux comme hobby. Je prends très soin des miens, j’ai un perroquet et un serpent. Tous les matins, je me lève, je m’occupe d’eux.

Trois personnes avec qui dîner

Les jeux vidéo

Tu n’aimes pas que l’on dise de toi

Je joue souvent, chez moi, posé. Je suis bien branché jeux vidéo. J’aime bien les jeux d’aventure, Call of Duty. Et NBA 2K évidemment. Il y a beaucoup de concours entre joueurs. On a joué chez John (Linehan), Rodrigue (Beaubois), Christophe (Léonard)....

Déjà, il y a un truc qui m’énerve, et Christophe me le répétait tout le temps, c’est qu’on me dise que je suis gros. Il me disait « toi, de toute façon, t’es gros », et moi je lui répondais de ne pas dire ça, je l’insultais. Après, je n’aime pas ceux qui disent qu’on part super tôt de France, qu’on part pour l’argent.

Un film culte Il y a beaucoup de gens qui trouvent ça bizarre mais pour moi c’est Mesrine. Ce film… La façon dont il vit sa vie, j’aime trop ! Il ne se prend pas la tête, il rentre dans des banques, il braque. Je ne dis pas que j’aimerais braquer des banques (rires), mais c’est la manière qu’il a de prendre la vie. Il s’en fout ! Ce film, je l’ai regardé je ne sais pas combien de fois.

Tes lectures Je lis pas mal de magazines, Maxi-Basket, BasketNews, mais je ne lis pas de bouquins.

Un endroit pour vivre La Guyane est l’endroit où je suis né, c’est parfait pour les vacances, mais pas pour y vivre. Pour vivre, je dirais les États-Unis. J’aimerais habiter à Miami, j’adore cette ville, enfin la Floride en général parce qu’Orlando, c’est pas mal non plus.

24 heures dans la vie de quelqu’un d’autre Dans la peau de qui j’aimerais être… Je me vois bien dans la peau de Shaq. Pour voir comment il pense en fait. Sa vie de tous les jours. Et faire un match, pour voir ce que ça fait d’être aussi puissant. Oui, ça me dirait bien.

Un modèle Dwight Howard. Quand je n’étais pas en NBA, j’aimais beaucoup Orlando et j’étais donc fan de lui. Maintenant, c’est différent parce que je suis dans la ligue. Même s’il est un stade au-dessus, je ne peux pas me permettre d’être fan d’un joueur qui est dans la même ligue que moi.

(Il réfléchit longuement) Mes potes, sinon… Ah oui, il y aurait Obama, c’est sûr, je voulais le voir cette année mais je n’ai pas pu. Il y aurait aussi Alicia Keys. La troisième, ce serait qui… Henry, oui Thierry Henry.

Ce que tu refuserais de faire même pour 10 millions d’euros Trahir quelqu’un de ma famille.

Ton engagement pour la Guyane Je suis en train de développer un camp en Guyane. C’est quelque chose qui me tient à cœur parce que moi, j’ai été détecté par un camp, et je sais qu’en Guyane, on a beaucoup de potentiel. Je veux donc donner une chance aux autres jeunes d’y arriver. Beaucoup se disent « moi, je suis en Guyane, je suis bloqué là, je ne serai pas pro », mais je veux leur montrer que c’est possible. Le premier camp sera du 3 au 9 juillet, ça avance plutôt bien. C’est quelque chose que j’aimerais énormément développer, ça m’intéresse vraiment. Je pense que je suis le mieux placé en Guyane au niveau du basket pour le faire comme je suis le seul en NBA et que j’ai les moyens de le faire. Je n’ai pas envie d’être égoïste et ne pas le faire serait égoïste de ma part.

L’un ou l’autre • Facebook ou Twitter Facebook • Foie gras ou hamburger Foie gras • Bière ou vin Je ne bois pas d’alcool. • Brune ou blonde J’ai une préférence pour les blondes mais la plupart des filles avec qui je suis sorti sont brunes. Donc plutôt brune (rires). • Champion NBA ou champion d’Europe NBA

Si tu étais • Un animal ? Je me vois bien en aigle. • Un superhéros ? Spiderman • Une femme ? Alicia Keys • Une ville ? Paris • Un des 5 sens ? La vue. II y a beaucoup de choses à voir.

Toi dans 15 ans Pour l'instant, je n'ai pas d'idée précise. Mais j'aime bien regarder les joueurs, ça m'amuse bien, donc si j'arrive à rester dans la NBA, être scout me dirait bien. Surtout j'aimerais que l'on ne parle pas de moi juste en tant que joueur, j'aimerais aussi que l'on parle de moi en dehors du basket, qu'on dise « c'est quelqu'un dans le milieu du basket mais en dehors aussi, il a fait des choses bien, c'est quelqu'un de respecté ». J'aimerais avoir cette image-là. n 1. Pompiers de Paris 2. Dwight Howard 3. Jeux "NBA 2K11" 4. Film "Mesrine" 5. Rivage guyanais 6. Shaq'

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Photos : D.R.

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MAXI-BASKET

N JACQU ES MO

C LAR

OCTOBRE

1995

À la

Une

Propos recueillis par Thomas BERJOAN

« TU RESSEMBLES AU MEC QUI FAIT MENNEN ! »

IL EST LE COACH DE BASKET QUE LES MÉNAGES FRANÇAIS ONT LE PLUS VU À LA TÉLÉ. PARCE QU’IL COMPTE 200 SÉLECTIONS EN BLEU ? PARCE QU’IL A GAGNÉ 2 TITRES DE CHAMPION DE FRANCE EN TANT QUE COACH ? PARCE QU’IL EST CONSULTANT POUR SPORT + ? NON, PARCE QU’IL A ÉTÉ LA STAR D’UNE PUB !. elle , se rapp ouston » tôt, il vient H à is é, j’éta es jours plus e titre u téléphon On m’a uin 1995. Quelq ch son deuxièm es. a J o . tib c s n e e nt qu ue d’A Jacqu her en ta avec l’Olympiq , c’était un c ro c é d n de France -Housto e c’était pion de Orlando u de cham la finale NBA r en pensant q ui m’a q ais ule « Je suiv s ai envoyé bo on ex-femme, c’est m le n, , o je e c c , n n le ti re ma st Lau de faire ’e C te ennen . ê e rr M g a un piè isant : ting de d e e rk re a m m n e l la figu ables rappelé respons n internationa d s n e a L u Q » « vrai ! e l’ancie e campagne. d e c ir e v fa a in veulent r procha voir à Antibes le e e de leu de prou sont venus me t que je « fass t s ien an c is la e u fa m o v n s e s le urnée cope, il jo s é ec la m v a a é c s pas leur teau ! J’avais er sur un ba carlate, » h c a o h é c êc moins t de p semblan j’étais pour le ça devait être , , is le iment de sab des am fallait vra me , plein Il lé ) a e s rr n a bie em pour ue ! (Il s s avant magnifiq t vu des image s images de n le qu’ils aie n fait, ce sont c Antibes et ve .E prendre agnée à Pau a fin qui leur g la la finale que je fais à tibes était s te s d’An e ll a les ge h» s plu. La is « fait le coac a avaient v a » r ! u e sall je le fermée, ier au cul de la st quand v hose se ra e g u q le c r a u mière c J s

«

, pre uoi vous ier abord . « La ais pourq lqu’un m : e Au prem peu déconcerté d n n ur dema t : on veut que e and je le même u e disen nné parc isent qu d e Il m ? peu éto ls i sm ! o n m u it qu’i a it is ll o u a ! Je s ue ce s ça leur voulez q ble à Pat Riley ente nt, mais s e m ré e p ll re em pas te c qui , qui ress semble e un me entique e lui res ris comm vait être auth p s a p que je n uait q e is d li u p s h x c e e a n , je e co en » En fait, ue à is. » « L leurs de Menn t frança a la marq er, e d le le baske véhiculer les v b ad a s le n o e p m s t e Un hom 5 un re « 9 crédible 9 i. 1 » x . a n rt M e e et fo solidair ection illet, dir ois ju t u tr Déb r u ne po Barcelo e dans g a rn u to s jours de alais de ifique P , ts n ra le magn gu Mille fi volet, sports. le r triés su joueurs on. « Tu producti e s s il faut la gro , e c sur pla is s e iv rr a um. Ma un minim , très lo assurer o g très ri c’était

Jacques Monclar. Faut-il vraiment le présenter ?

Né en 1957 à Neuilly, champion de France à deux reprises en 81(ASVEL) et en 88 (Limoges, doublé avec la Coupe des Coupes) en tant que joueur, 200 sélections en équipe de France, présent aux J.O.de 1984, puis double champion de France avec Antibes en tant que coach, il met un terme à sa carrière sur le banc en 2007 après Dijon et la sélection de Côte d’Ivoire et devient consultant pour le groupe Canal. Un monument.

sympa. Quand tu fais des tu as to ujours la choses que tu petite b J’aime ne conn oule au bien av ais pas, ve oir un passer. peu peu ntre qui te fait Ce n’éta r, avancer. craindre it pas fa finales cile. Il fa ce qu’il ne sont ut sa pas va se avec un rideau b les images de m voir que les im ages lanc de a bois d’u tc h . On les a vant, en n mètre refaites éta de large la camé sur un m nt sur une cais ra sur le se en ètr ne rien… p as évide z, il faut bouge e cinquante de r alors q nt. » long, Tout se u’il ne s passe b e passe ien. En français o ctob .2 diffusio 00 diffusions e re, le clip sort ns par su n moins jo de 3 mo r les écrans u top », s r. Le m is, soit atraqua e rappe 3 ou 4 ge lle JM. Green L’intro à . « La musiqu Bay de e était la bass George La camp e B du titre aker Se ag le Lit trois an ne est un succ ès et se ction est impa tle s plus ta ra resso rable. rd à l’oc foot en rtie des casion d France e ca e la Cou n1 Niveau pe du m rtons notoriété 998. onde de , pas d l’ancien e boule coa verse faisait M ch. « On me dis ait que je ment dans la ennen ! vie de C’était p ressemb dans le as fa lais s s La carriè alles de baske ux d’ailleurs ! (R au mec qui t, ires) J’a re de m rrivais annequin on m’offrait d arrêtée u Menn là. « Je de Jacq en ! » n’ai pas ues s’e mon mé st d tier, et p uis pass onné suite, déjà en revanche je suis d er par d , ce n’é éjà bien es agen tait pas occupé ces, des !» castings …


E L B A S N PE INDISEuroEssonne 2011 wige Lawson... de France... Ed e up Co la et Smith... Chalon Rétro : Robert ... ar cl on M s Jacque

Dario Saric

France, Allemagne, Slovénie, Suède e chez #32

JUIN 2011

Du côté d

raphin vin Séde Kémoins 20 ans masculin Euro Féminin

Un titre en jeu

Spécial Jeunes ier,

Evan Fourn Joffrey Lauvergne, ot, Vincent Pourch … ASVEL, la draft

17, 18 ET 19 JUIN

ARÈNES DE L’AGORA, ÉVRY

Reportage Boris Diaw à Bordeaux

nce a r F e d e ip u q é l’ t Joakim Noah e

! E V I R R A L I

> VENDREDI 17 JUIN

© Jean-François

Mollière-FFBB

17h30 Allemagne / Slovénie 19h30 Cérémonie d’ouverture 20h30 France / Suède

> SAMEDI 18 JUIN

16h Suède / Allemagne 18h Démonstration de basket en fauteuil 20h30 : 5,60 € - BEL : 5,40 € - Port.cont : 5,20 € IN 2011 DOM ET N°32 - JU MAXI BASK Slovénie / France

> DIMANCHE 19 JUIN 13h30 Slovénie / Suède 16h30 France / Allemagne 17h Remise des récompenses

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Joffrey Lauvergne


DOSSIER : JEUNES FRANÇAIS • MAXI-BASKET 33

DOSSIER JEUNES FRANÇAIS

LES 10 QUESTIONS QU’ON SE POSE JOFFREY LAUVERGNE, UN VRAI 2,10 M ? EVAN FOURNIER, VRAIMENT SI FORT ? VINCENT POURCHOT, LE GÉANT DE L’INSEP, A-T-IL PROGRESSÉ ? L’ASVEL A-T-ELLE BIEN FAIT DE LANCER SON PARI JEUNES ? QUI SONT LES PROCHAINS “BON JEUNES FRANÇAIS“ ? L’ÉQUIPE DE FRANCE ESPOIRS PEUT-ELLE CONSERVER SON TITRE CET ÉTÉ ? CES QUESTIONS, ET D’AUTRES, NOUS LES POSONS ET TENTONS D’Y RÉPONDRE. Dossier réalisé par Antoine LESSARD et Fabien FRICONNET


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MAXI-BASKET

EVAN FOURNIER

JUSQU’OÙ PEUT-IL ALLER ? C’EST L’UNE DES STORIES DE LA SAISON 2010-11. UN GAMIN SURDOUÉ (IL AURA 19 ANS EN OCTOBRE) QUI S’AFFIRME, AU FIL DES MOIS, COMME L’UN DES BONS SCOREURS FRANÇAIS (10,3 POINTS SUR LES 13 DERNIÈRES JOURNÉES). AU-DELÀ, UN JEUNE HOMME QUI TRANSPIRE LA CONFIANCE ET L’AMBITION. BIEN. CECI POSÉ, QUESTION : TOUS FANTASMES MIS À PART, JUSQU’OÙ PEUT-IL MONTER ?

«

Il faut qu’il reste à Poitiers jusqu’à soixante ans ! » Florent de Lamberterie, qui a interrogé Ruddy Nelhomme, le coach de Poitiers, pour cet article, n’a pas eu le temps de finir sa question. Ruddy était déjà parti dans un rire après sa saillie. On l’a compris, il s’agissait de savoir quelle était la meilleure option de carrière, à court terme, pour Evan Fournier. Et Nelhomme sait bien que le petit prodige ne fera pas de vieux os dans la Vienne. Mais il a re-signé au PB jusqu’en 2013, ce qui garantit au club pictavien qu’Evan y restera jusqu’en… 2012. Après, qui sait ? Car ça bouge et ça buzz fort autour du gamin de Saint-Maurice (Val-de-Marne). Déjà rentable en Pro B à Nanterre l’an dernier, et aperçu déjà bien culotté lors d’un match de pré-saison 2010-11 contre Limoges, cet arrière-ailier au fort tempérament de scoreur a pris toute la place disponible dans l’équipe poitevine cette année. Avec lui, les chiffres sont en trompe-l’œil car son temps de jeu moyen (14 minutes) ne correspond pas à celui qui était le sien dans la deuxième partie du championnat (plutôt 20 minutes), sur un poste où sévissaient deux Américains (Rasheed Wright et Tommy Gunn). Idem pour les points (6,4). Quoique, là encore, attention. Il y a eu, évidemment, les 21 points (20 d’évaluation) le 5 février 2011 contre Nancy, pas un record pour un joueur de son

Evan n’a aucun défaut. Entendonsnous bien : aucun défaut intrinsèque âge mais presque, mais aussi le 0/5 aux tirs deux journées après. Il y a eu, plus tard, 16 d’évaluation contre Roanne mais aussi -2 contre Hyères-Toulon le dernier jour. Fournier est perfectible, cela tombe sous le sens. Mais c’est presque déjà un détail. Sa précocité, que l’on rapprochait de celles d’Alain Gilles, Hervé Dubuisson, Antoine Rigaudeau, Boris Diaw et Tony Parker avant lui, est servie par un alliage talent-mentalité qui, sauf coup de déveine (blessure) ou sortie de route, est un ticket direct vers une grosse carrière. « C’est rare, je suis d’accord. De toutes façons, il a un truc en plus des autres, aujourd’hui », tranche Nelhomme. Evan n’a aucun défaut. Entendons-nous bien : aucun défaut intrinsèque. On le trouve pour le moment peu créateur (19 passes en 29 matches, un record à 3), et certainement pas encore mature physiquement. Ruddy Nelhomme a la réponse : « Evan, il en fait des passes décisives, à l’entraînement notamment. Mais c’est un joueur intelligent, il fait donc ce dont l’équipe a besoin, or notre équipe avait besoin d’agressivité. Il a lu ça et l’a fait. Ce n’est pas un garçon qui ne joue que pour marquer. Il est capable de faire des belles passes, de défendre. Je sais que c’est une réponse bateau mais Evan, c’est quelqu’un qui est basket dans tout ce qu’il fait. S’il y a un point qu’il doit continuer à travailler, c’est celui de progresser physiquement, mais en termes de basket, il s’agit


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Draft 2014… ou avant

Fournier veut devenir un « gros joueur », comme dit le coach de Poitiers. Il ne s’agit pas que d’un rêve mais surtout d’un objectif. Un gros joueur… donc en NBA ? « Ce que je sais, c’est que depuis que je connais Evan, il me parle de ça », révèle Nelhomme. Il a d’ailleurs déjà fait un petit pas vers l’Amérique, en participant au Hoop Summit 2011, match de gala annuel, organisé par un célèbre équipementier, qui met aux prises les meilleurs jeunes du monde. Pas une démonstration (6 points à 2/8 en 22 minutes) mais pas un échec non plus (6 rebonds, 2 passes et 1 interception). « Pour lui, cela a certainement été ressenti comme un échec », juge Jérémy Medjana, l’un de ses agents, « mais globalement non, car il a fait une excellente semaine d’entraînement. Forcément, les scouts le suivent. Ils ne

sont pas fous. Quand à 18 ans, tu commences déjà à t’imposer en Pro A... Ce sont des signes. Les mecs sont venus le voir jouer, ils vont revenir beaucoup le voir jouer à l’avenir. Il n’y a pas de soucis. Maintenant, c’est toujours intéressant de briller au Hoop Summit parce qu’il y a une très forte hype. Mais cela l’aurait peut-être plus pénalisé si cela avait été l’année où il s’était présenté à la draft. » Evan a jusqu’en 2014 pour présenter son nom à la “conscription annuelle“. Il a de la marge. Bref, pour répondre à la question titre : Evan peut aller en NBA, peut s’y imposer, ou il peut devenir un joueur de classe Euroleague. Rien ne semble s’y opposer. À condition de respecter les étapes. « Avec Evan, il y a l’aspect nouveauté. Tout le monde le découvrait. Le plus dur commence », prévient Nelhomme. « Il le sait, il le dit, il n’a pas encore prouvé grandchose, il a envie de réitérer ça sur toute une année. Après, ce qu’il doit faire ? Je ne sais pas. Les trajectoires sont différentes pour chaque joueur. Evan fera ses choix. Jusqu’ici, il a fait des bons choix. C’est lui qui sait, c’est lui qui va sentir les choses, avec ses parents. Il ne faut pas non plus dire que c’est telle ou telle voie. Il grandira à son rythme. » ■

Jean-François Mollière

principalement de peaufiner son bagage. Faire les choses encore plus vite, avec un peu plus d’efficacité. Je le vois tous les jours à l’entraînement et il n’y a pas de lacune. Il fait tout. Après, pour devenir un gros joueur, il faut faire tout mais le faire vite, au bon moment, faire les bons choix. C’est ça qui fait la différence. »


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MAXI-BASKET

PLAN JEUNES DE L’ASVEL

ALORS, RÉUSSITE OU PAS ?

L’ASVEL AVAIT PRIS LE PARTI DE MISER SUR UN BANC “100% JEUNES“ (LEO WESTERMANN, PAUL LACOMBE, EDWIN JACKSON, KIM TILLIE, BANGALY FOFANA). LA SAISON A ÉTÉ CHAOTIQUE, LE COACH VIRÉ, DES ÉTRANGERS REMPLACÉS. LA “FAUTE“ AUX JEUNES ? NON, BIEN SÛR. ILS ONT EMMAGASINÉ.

«

Paul Lacombe.

Moi, je trouve qu’on ne s’en sort pas trop mal. Nos jeunes progressent, on fait quand même une bonne saison. » Dixit Tony Parker, dirigeant comme actionnaire au statut et prérogatives flous en 20092010. La saison brouillée de l’ASVEL (A.D. Vassallo coupé, Vincent Collet démis, Andrija Zizic remplacé,

Matt Walsh cyclothymique, etc.) empêche de porter un jugement définitif sur la démarche du club rhodanien mais 1- L’ASVEL se serait mieux portée si elle avait disposé d’une hiérarchie (donc d’un banc) plus solide, plus stable et plus expérimentée, 2- Les jeunes pousses, malgré tout cela, ont montré qu’elles avaient du talent, de l’avenir, et qu’elles ont emmagasiné, malgré des temps de jeu fluctuants (notamment au rythme des absences ou faiblesses des cadres). Kim Tillie (2,10 m, 23 ans) est la révélation de la saison. L’ancien de l’université de Utah a commencé fort (18 pts à 7/8, 20 d’éval. au PL) et termine sur une fiche moyenne à 7,7 points à 49,1% et 4,8 rebonds en 19 min. Incontestablement, cet ailier-fort tonique et vertical, dont on n’a pas encore vu toute la panoplie (son tir extérieur) et qui a été présélectionné en équipe de France, a de quoi devenir l’un des intérieurs français majeurs – au moins en Pro A – à très court terme. Dommage qu’il ait évolué sur un poste riche à l’ASVEL (Davon Jefferson).

Jean-François Mollière

Westermann, le talent

Toujours dans la raquette, Bangaly Fofana (2,13 m, 22 ans) a payé une sérieuse blessure au poignet alors qu’il avait intégré (par défaut) le cinq majeur depuis sept matches. Pas assez explosif, manquant encore de maîtrise et de bouteille, le tenace Parisien a néanmoins montré un potentiel supérieur, guère caractérisé dans les chiffres (3,6 pts à 57,1%, 2,3 rbds et 1,0 blk en 11 min) mais visible (10 pts et 4 rbds contre le PL à la 30e journée). Leo Westermann, le plus jeune (1,98 m, 18 ans), s’en est très bien tiré, parfois brillamment lorsqu’il a eu les responsabilités et la confiance. Son temps de jeu très erratique (plus qu’un autre) n’a pas empêché ce talentueux et complet arrière de montrer qu’il pouvait créer tout comme générer du scoring. Les statistiques (2,5 pts à 32,1% et 1,4 pd en 12 min) ne disent rien de son feeling pour le jeu. Toujours à l’arrière, le gamin du club, Paul Lacombe (1,97 m, 21 ans), vrai combo et joueur de tempérament, a livré une fiche anodine (2,7 pts à 33,3% et 1,0 stl en 14 min) mais a montré qu’il en avait plein les mains lorsqu’il a été responsabilisé (5,5 pts et 3,6 pds, 11,8 d’éval, entre la 12 e et la 17 e journée), avant, comme les autres, de faire de longs séjours sur le banc. Plus problématique, le cas d’Edwin Jackson (1,90 m, 21 ans). De prospect de valeur (sélectionné au Mondial 2010), le fils de Skeeter est passé au statut de déception (3,5 pts à 32,7%), attendant la 22 e journée pour marquer son premier trois-points. En manque de confiance et de réussite, il est en appel. La vérité ? Avec un an de plus, ceux-là auraient pu être le banc le plus excitant de Pro A… ■


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LA PRO B

LE DÉSERT DES JEUNES ? LES CHIFFRES SONT PARLANTS. LES JEUNES NE JOUENT PAS, OU TRÈS PEU DANS L’ANTICHAMBRE. LA PRO B EST LOIN, TRÈS LOIN DE RESSEMBLER À CETTE LIGUE DE DÉVELOPPEMENT QUE CERTAINS AIMERAIENT LUI VOIR PRENDRE TOURNURE.

L

es votants pour le référendum du MVP espoirs de Pro B n’ont pas dû beaucoup hésiter avant de désigner Louis Labeyrie (2,08 m, 18 ans), le jeune intérieur de Fos-sur-Mer. Et pour cause. Chez les moins de 20 ans, ceux nés au plus tard en 1991, ils n’étaient sur l’ensemble de la division que…quatre à jouer plus de cinq minutes par match. Labeyrie donc (3,9 pts à 58%, 1,7 rbd en 10 minutes) et trois “91“ : Ferdinand Prénom (Dijon, 2e au classement du MVP Espoirs), Kévin Mondesir (Boulogne) et Jérémy Nzeulie (Nanterre). Voilà pour ceux qui auraient fait partie de la catégorie “Juniors” cette saison en FFBB. Le tableau n’est guère plus reluisant chez leurs aînés nés en 90. L’âge limite des espoirs Pro A. Maxime Courby (Antibes), Jérome Sanchez (Bourg) et Florian Thibedore (Quimper) sont les seuls à dépasser cette barre fatidique des cinq minutes. Il faut pousser jusqu’aux “89”, 10 joueurs, pour comptabiliser un contingent plus fourni. Antibes est la seule équipe à jouer véritablement la carte jeune, comme peuvent le faire l’ASVEL, Chalon ou Poitiers en Pro A. Johwe-Frens Casseus, Maxime Courby, Steve Ho You Fat (né en 88), Lamine Sambe et même le jeune Yann Siegwarth (93) ont eu un terrain d’expression sur la Côte d’Azur.

À ce désintérêt global et manifeste, plusieurs explications. D’abord, les jeunes ayant le niveau pour jouer en Pro B tout en étant disponibles ne courent pas les rues. « Ils sont un peu trop en couveuse en bout de banc ou en espoirs Pro A », déplore Rémi Giuitta. Les exemples de Saidou Njoya (Nancy) et Jonathan Rousselle (Gravelines-Dk) appuient les propos de l’entraîneur de Fos. L’été dernier, « bon nombre de jeunes n’ont pas eu la patience d’attendre le marché de Pro B et se sont engagés très vite en N1 ou N2 par peur de ne pas avoir de club. » Autre explication plausible. Devant l’obligation de signer un nombre plus important de contrats professionnels, les clubs de Pro B ont tendance à privilégier les joueurs d’expérience aux jeunes pousses. Enfin, le scouting est défaillant. Un agent se désole que « 4-5 clubs tout au plus » se déplacent pour le Trophée du Futur. LA vitrine de fin de saison pour voir évoluer en direct live la crème des espoirs Pro A. La création d’une Summer League à la française offrirait – en théorie – une meilleure exposition aux jeunes. Serait-elle davantage suivie par les coaches ? ■

Pascal ALLEE / HOT SPORTS

Pourquoi ?

Ferdinand Prénom (JDA Dijon)


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MAXI-BASKET

LES SORTANTS DU CENTRE FÉDÉRAL

UNE BONNE CUVÉE ? APRÈS EVAN FOURNIER EN 2009 ET LEO WESTERMANN EN 2010, VOICI VENIR HUGO INVERNIZZI ET LIVIO JEAN-CHARLES, LES DEUX MEILLEURS JOUEURS DU CENTRE FÉDÉRAL EN NATIONALE 1. À LEURS CÔTÉS, QUELQUES BONS POTENTIELS. LA PROMOTION 2011 A DE LA TENUE.

I

Hugo Invernizzi

Pascal ALLEE/HOT SPORTS

ls sont six joueurs à quitter le Bois de Vincennes cette année. Vincent Pourchot (lire par ailleurs), le seul “92“ de la bande, et puis cinq “93“*, qui faisaient partie de l’équipe de France Cadets, 7e à l’Euro il y a deux ans. Une place pas forcément révélatrice de la vraie valeur de cette génération. En effet, les Bleuets avaient hérité d’un cadeau empoisonné en quart de finale. La Lituanie à Kaunas. Dur dur. Pas de talents hors-norme à la Evan Fournier dans cette génération mais une densité intéressante. À commencer par ses deux leaders, Hugo Invernizzi (1,96 m), le sniper, un bras comme on en voit rarement à cet âge. Et Livio Jean-Charles (2,02 m), intérieur monté léger, opportuniste en attaque. Un gros moteur sous le capot, façon Florent Pietrus. Ces deux-là ont brillé individuellement au tournoi junior de l’Euroleague joué à Barcelone en avril, parallèlement au Final Four : 15,0 pts, 5,3 rbds et 3,7 pds pour Invernizzi. 22,7 pts, 7,7 rbds pour Jean-Charles. Ces deux bons prospects européens ont les moyens de gagner rapidement des minutes en Pro A. À condition, comme leurs camarades de promotion de ne pas perdre de vue les exigences du secteur pro. « Tenir défensivement, être dans l’organisation collective, avoir des lectures justes dans les systèmes de jeu et ne pas perdre la balle », rappelle leur coach, Jacky Commères. Ensuite, et seulement ensuite, il sera temps de s’illustrer en attaque. Les repères sont très clairement définis. À eux de jouer. ■


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JACKY COMMÈRES

LE CLUB DES CINQ

Photos : Hervé Bellenger / IS

Ulysse William Hugo J-Charles Benjamin Adjagba Howard Invernizzi Livio John

1,85 m, meneur.

2,00 m, ailier.

1,96 m, arrière.

2,02 m, intérieur

1,86 m, meneur

« C’est un joueur extrêmement intéressant, un beau potentiel. Une très bonne valeur athlétique. Il va vite avec le ballon, très habile. Techniquement, il a un bon tir extérieur. Il doit augmenter ses pourcentages mais j’espère déjà qu’il répondra présent dans les caractéristiques évoquées, s’il est amené à travailler avec les pros. Il peut vraiment être fort défensivement. Ensuite, il devra perdre un peu moins le ballon. Il travaille beaucoup, avec énormément de qualités dans le sérieux et dans l’engagement. Un gamin intelligent. »

« William a été gêné toute l’année par des problèmes de pubalgie (seulement 10 matches joués sur 34). C’est un gros potentiel, qui n’a pas atteint encore une maturité physique comme les autres. Il a un projet très orienté sur les États-Unis. (Son père, Skip Howard était basketteur en France, ndlr). Il devrait partir en Prep School. Après une saison très courte, cette étape est nécessaire. »

« Hugo était connu comme un tireur extérieur, une grosse main. J’ai essayé de le faire évoluer vers un jeu plus complet. C’est quelqu’un de costaud qui s’est bien développé physiquement. En attaque, il est meilleur dans la lecture du jeu. Sa palette s’est élargie. Il peut attaquer le panier, aller chercher des tirs à deuxpoints et des lancers-francs. Défensivement, il a fait des progrès sur le porteur du ballon. En Nationale 1, il a joué comme un leader offensif. Il devra intégrer son changement de statut à l’entraînement chez les pros. Avant de devenir peut-être dans le futur un leader offensif, il va falloir qu’il se mettre dans un rôle différent. »

« C’est le joueur le plus complet que j’ai eu à coacher cette année. Il a fait une très bonne saison. Il est vraiment dans l’intensité défensive attendue au niveau du secteur pro. Défensivement, c’est vraiment très bien. Il faut qu’il rajoute plus de dureté. Il a fait beaucoup de progrès sur le plan offensif. Son poste de prédilection est le poste 4. Il a travaillé aussi au poste 3 pour développer une forme d’aisance avec le ballon. Ça reste prioritairement un poste 4 mais il est beaucoup mieux dans les départs en dribble et dans le tir extérieur. C’est aussi un joueur parfait au niveau de l’état d’esprit et un très bon travailleur. Vraiment un exemple dans l’équipe. Le super mec. »

« Un meneur de jeu de petite taille mais très puissant. De fortes aptitudes défensives, en particulier sur le porteur du ballon. Il a fait beaucoup de progrès dans la lecture du jeu en attaque, notamment dans sa qualité qui est vraiment le jeu en pénétration autour du pickand-roll. Son tir extérieur est à travailler. Il a été gêné plusieurs fois dans la saison par une multitude de petits pépins physiques. Cela peut être son talon d’Achille. »

• Stats’11 : 14,2 pts à 40,9%, 67/183 à 3-pts (36,6%), 2,9 rbds, 2,3 pds, 2,5 bps en 31 min.

• Stats’11 :

• Destination :

• Destination :

Inconnue

ASVEL (en convention)

• Stats’11 : 9,4 pts à 35,7%, 25/102 à 3-pts (24,5%), 2,6 rbds, 1,3 pd, 3,1 bps en 24 min. • Destination :

Pascal ALLEE/HOT SPORTS

Élan Chalon

• Stats’11 : 6,8 pts à 41,5%, 10/30 à 3-pts (33,3%), 3,1 rbds, 0,7 pd, 1,4 bp en 23 min (10 matches) • Destination : Prep School (États-Unis)

13,0 pts à 53,8%, 14/53 à 3-pts (26,4%), 5,4 rbds, 1,4 pd, 2,7 bps en 30 min.

*Le dernier “93”, Yannis Morin (2,06 m) va rester une année supplémentaire au Centre Fédéral pour gagner en maturité, d’après son coach.

• Stats’11 : 5,3 pts à 38,0%, 10/50 à 3-pts (20,0%), 2,3 rbds, 2,2 pds, 2,4 bps en 20 min. • Destination : Cholet (en convention)


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VINCENT POURCHOT

A-T-IL PROGRESSÉ ? PHYSIQUEMENT, C’EST DÉJÀ UNE CERTITUDE. IL Y A UN AN, DES PROBLÈMES CHRONIQUES AU GENOU FAISAIENT CRAINDRE POUR LA SUITE DE SA CARRIÈRE. LE PLUS GRAND BASKETTEUR FRANÇAIS (2,22 M) EST REQUINQUÉ !

«

Il sort de ses problèmes médicaux. Il termine le Centre Fédéral en étant guéri. » Voilà la meilleure nouvelle que l’on pouvait entendre au sujet de Vincent Pourchot tant la saison 2009-10 du géant français fut minée par ses problèmes physiques. Ses pépins l’avaient ensuite privé d’une participation à l’Euro Juniors. « Vincent a souffert depuis l’an dernier d’une pathologie tendineuse au niveau de ses genoux et il a fallu faire un travail extrêmement adapté toute l’année en liaison avec les spécialistes médicaux qui se sont occupés de lui », dit son entraîneur au CFBB, Jacky Commères. « L’entraînement et le renforcement physique ont été adaptés. Sa présence sur le terrain s’est souvent limitée à moins de 20 minutes. Aujourd’hui, il est guéri. » Cette petite vingtaine de minutes passées sur le terrain, dix-huit en fait, Vincent l’a plutôt bien rentabilisée. 7,2 points à 49,5%, 5,9 rebonds, 1,0 contre, 10,0 d’évaluation. Son bilan statistique est convaincant. À l’évaluation à la minute, il faisait partie des meilleurs Français de Nationale 1. « Il a une réelle intelligence de jeu en attaque, il a des mains », apprécie son coach.

Le jeune pivot a rendu des copies intéressantes, notamment contre les gros. 10 pts-6 rbds à Denain, 11 pts-5 rbds contre Bordeaux, 8 pts-11 rbds à SaintQuentin et contre Sorgues. Son dernier match, face à Angers, fut aussi son meilleur de la saison : 8 points, 9 rebonds, 4 contres, 3 passes et 19 d’évaluation. Comme quoi, lorsqu’il est à 100% de ses capacités physiques, ce joueur de 19 ans est réellement efficace à ce niveau. « Sachant très bien qu’il a encore vraiment de la force à acquérir au niveau des jambes », complète Commères. « Comme tous les très grands, il a encore besoin de temps pour continuer à bâtir son corps. Je ne peux pas considérer Vincent au même point qu’un Invernizzi, Jean-Charles ou Adjagba » À la rentrée prochaine, Vincent Pourchot poursuivra sa maturation au SLUC Nancy, dans le championnat espoirs – il peut encore jouer deux ans à ce niveau – et à l’entraînement de l’équipe pro. À un niveau plus faible que la Nationale 1, on l’attendra cette fois réellement agressif et dominant. Avant cela, un autre challenge s’offre à lui. Vincent cherchera à gagner sa place dans la sélection des U20 qui disputera l’Euro cet été. Un bon moyen de s’évaluer face aux meilleurs pivots de sa génération. ■

FIBA Europe Ciamillo Castoria

Se bâtir un corps


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EN COUVEUSE

QUI SONT LES PROCHAINS ? ILS ONT MOINS DE 18 ANS, VOUS SONT POUR LA PLUPART INCONNUS, MAIS DÉJÀ DANS LES RADARS DES SCOUTS ET DES AGENTS. QUI SONT CES JEUNES PÉTRIS DE TALENT ? Anthony Racine

S

FIBA Europe Marco Metlas

’il rassemble les phalanges des équipes de France Cadets et Juniors, le Centre Fédéral n’a pas le monopole des jeunes talents. Nicolas Batum, Rodrigue Beaubois, Andrew Albicy, Kévin Séraphin, pour ne citer qu’eux, ne sont pas passés par le Bois de Vincennes. Les centres de formation de Pro A savent aussi y faire pour sortir des futurs internationaux. L’ailier-fort du Paris Levallois, Kevin Dinal (2,02 m, 18 ans) aligne des stats lambda en espoir (5,0 pts à 45,9%, 3,7 rbds en 13 min) dans la meilleure équipe de la saison. Mais son talent n’est pas passé inaperçu. Au printemps, Dinal a récolté sa première pré-sélection en équipe de France U18 et participé à un tournoi amical en Espagne pour un bilan convaincant : 8,0 pts et 7,7 rbds en 3 matches. Le Parisien a de bonnes chances de participer au Tournoi de Douai (du 22 au 26 juin) et de jouer son premier championnat d’Europe. Un agent est catégorique, « Il est potentiellement le meilleur joueur de la génération 93. » Chez les 94, Benjamin Sene (1,84 m, Nancy), tout juste 17 ans, domine la concurrence en championnat de France cadets. Surtout, le meneur issu de Mont-de-Marsan joue déjà un vrai rôle avec les espoirs du SLUC (5,5 pts à 38,3%, 2,5 rbds, 2,7 pds) contre des joueurs bien plus âgés. La maturité de ce vrai meneur de jeu, vocal, est étonnante. Son arsenal offensif (crossovers, tirs en suspension, équilibre en l’air) très complet. Dans la liste des 23 joueurs pré-sélectionnés en équipe de France U18, Sene fait partie des 5 joueurs “surclassés”, avec Alexandre Chassang, Boris Dallo, Mouhammadou Jaiteh et Anthony Racine (le fils de Régis), tous les quatre du Centre Fédéral. Au mois d’avril, l’équipe de France cadets a remporté le tournoi de Bellegarde contre la Grèce. Damien Inglis (1,98 m, 16 ans) a été désigné MVP (13,7 pts et 9,0 rbds). Un talent sacrément précoce que cet ailier d’origine guyanaise, appelé à deux reprises en Nationale 1 cette saison au Centre Fédéral. L’année dernière, il fut le seul “95” de l’équipe de France cadets lors du championnat d’Europe au Monténégro (4,5 pts et 5,0 rbds en 20 minutes). Un signe fort quant au potentiel du garçon. Ils sont également à surveiller : Axel Toupane (1,98 m, 19 ans, Strasbourg, ailier), Valentin Bigote (1,97 m, 19 ans, Gravelines-Dunkerque, ailier), Clément Faroux (1,85 m, 18 ans, Cholet, meneur), Jean-Jacques N’Ganga (2,10 m, 18 ans, Nanterre, pivot), Clint Ndumba-Capella (2,02 m, 17 ans, Chalon, ailier-fort), Kevin Harley (1,90 m, 17 ans, Poitiers, arrière), Olivier Yao-Delon (1,93 m, 16 ans, Centre Fédéral, ailier), Arthur Rozenfeld (1,76 m, 16 ans, ASVEL, meneur). ■


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MAXI-BASKET

JOFFREY LAUVERGNE

UN VRAI 2,10 M ? QUELLE EST LA TAILLE EXACTE DE L’INTÉRIEUR DE CHALON ? L’UTILISE-T-IL BIEN ? QUEL POSTE EST LE SIEN ? QUEL EST SON AXE DE DÉVELOPPEMENT ? ESTIL UN PROTOTYPE UNIQUE EN FRANCE ?

«

2,10 m, oui ! » Greg Beugnot marque la toise. Joffrey Lauvergne, fils de l’ancien international Stéphane (un robuste ailier de près de 2 m, passé notamment par Cholet et l’ASVEL), a bien atteint la barre “symbolique“ qui fait rêver. Il n’est pas le premier joueur français dans ce cas, loin de là, mais, par bien des aspects, son dossier est à part. Les 2,10 m français vus à haut niveau depuis, disons, trente ans étaient soit des pivots purs, et pas dominants (hormis Fred Weis à sa manière, à une époque, et l’hypothèse Noah), soit des joueurs hybrides et en échec, peut-être momentanément (Alexis Ajinça trop ceci ou pas assez cela, Johan Pétro réfractaire au travail poste bas). Le jeune Lauvergne (il n’aura 20 ans qu’en septembre), lui, possède un cocktail “taille, utilisation de sa taille, dextérité, vitesse, dureté, mental“ pas loin d’être inédit (avec Kim Tillie également). Et pourtant… il part de loin. « Le gros problème, c’est que Joffrey n’a quasiment pas joué les années cadets, car il était blessé », rappelle son entraîneur. « Or ce sont les années où tu définis, pour le futur, ta position sur le terrain. C’est là où tu commences à maîtriser le jeu à deux, le jeu à trois, les situations… On a fait un gros travail pour qu’il revienne musculairement, physiquement. Après, il a fallu le mettre dans le jeu, naturellement, dans des situations basiques. Puis on a commencé à travailler le tir, la gestuelle. Même si ça n’est pas parfait, il y a une belle amélioration. Aujourd’hui, on en est à travailler les mouvements poste bas. Comme il a une grosse capacité d’absorption, il franchit des paliers. »

Jean-François Mollière

Ne pas le robotiser

Joffrey a fait du très bon boulot cette année, tout le monde l’avait remarqué : plus de six points, plus de trois rebonds en quinze minutes, 20 d’évaluation contre Roanne, 17 contre l’ASVEL lors du quart de finale aller. Il s’est déchiré par moments, aussi. Normal. Le plus important : Joffrey a carte blanche. « Dans le jeu, il a déjà toutes les libertés. Il peut tirer, jouer le uncontre-un, aller poster. Après, d’un match à l’autre, il va exploiter plus ceci ou plus cela, car ça je le demande à mes autres joueurs aussi, vis-à-vis de l’adversaire. Je ne veux pas robotiser Joffrey sur deux ou trois situations. » Pour répondre à une des questions : oui, Joffrey utilise bien sa taille et son envergure. Mais utiliser sa taille, ça ne veut pas dire s’installer dessous et attendre de pouvoir déposer la balle dans le cercle. Ce qui nous amène à son poste. Ailier-fort. De 2,10 m, oui, un type de joueurs qui pullulent à l’Est, et pas que là. « Il est presque plus attiré sur le poste 3 pour le futur, ce qui est logique s’il a des ambitions pour la NBA », pose Beugnot, « mais au niveau européen, le poste 4 est le plus intéressant car il a la mobilité, il peut poster, il peut shooter, il peut driver. Pour sa taille, il a une vitesse d’exécution qui est assez performante. » ■


DOSSIER : JEUNES FRANÇAIS • MAXI-BASKET 43

EURO U20

LES BLEUS CHAMPIONS 2011 ? CHAMPIONNE D’EUROPE ESPOIRS EN 2010, CONTRE TOUTES ATTENTES, LA FRANCE A LES MOYENS DE CONSERVER SON TITRE, AVEC UN EFFECTIF TRÈS REMODELÉ. MAIS L’EFFET DE SURPRISE NE JOUERA PAS.

E

t pourquoi pas un doublé ? Jamais couronnée dans cette catégorie jusque-là, la France avait surpris l’an dernier en dominant la Grèce, à Zadar (73-62). Les acteurs majeurs de la finale s’appelaient alors Andrew Albicy (MVP du tournoi) et Paul Lacombe, notamment. Ceux-là ne seront plus là, touchés par la limite d’âge. Il en va de même, c’est la loi du genre, pour Nicolas Lang, Jonathan Rousselle, Alexis Tanghe, Christophe Léonard et les autres. Jean-Aimé Toupane, coach victorieux, va donc devoir recomposer son équipe – il ne peut encore compter, s’ils les sélectionnent, que sur Henri Kahudi, Ferdinand Prénom et Alexandre Gavrilovic – en ce moment à l’INSEP, puis à Poissy, Évry, en Turquie, en Espagne et enfin à Anglet, avant le départ pour Bilbao, où l’attendent, à partir du 14 juillet, la Croatie, la Suède et la Lettonie. Forts d’Albicy au poste de meneur en 2010, les Bleuets seront cette fois cornaqués par Leo Westermann, avec derrière lui des joueurs à choisir parmi le Parisien Malela Mutuale, champion de France espoirs à la barre du PL, Kahudi toujours et Theo Leon, coéquipier de Westermann à l’ASVEL. Aux postes d’extérieurs, tout est également à refaire. Lacombe avait livré un Euro formidable mais son substitut est d’un autre calibre : Evan Fournier. Tout d’un MVP potentiel. À ses côtés, Maël Lebrun, qui n’a pas explosé cette saison avec Orléans mais dont le potentiel est réel. Pour le reste, Toupane a le choix parmi les cadres du championnat espoirs Pro A (Jordan Aboudou, Romain Hillotte, Valentin Bigote, Billy Ouattara, Kevin Mendy, Axel Toupane) et le joueur de Gonzaga, Mathis Keita, qui a peu joué.

Des big men !

FIBA Europe Pascal Allée

Plutôt limités à l’intérieur en 2010, les Bleuets ont cette fois, sur le papier, de quoi voir venir. À ce niveau, Joffrey Lauvergne doit se révéler comme un joueur ultra majeur. À ses côtés, un autre “2,10 m“, le très scouté Rudy Gobert (2,11 m, 18 ans), meilleur joueur espoir à l’évaluation (14,9 pts à 61%, 10,3 rbds et 2,3 blks avec Cholet), rentable dès qu’il a mis les pieds sur les parquets de Pro A. Mais la liste des big men ne s’arrêtent pas : le géant de l’INSEP Vincent Pourchot (2,22 m), les cadors du championnat espoirs Fabien Paschal (2,08 m), Abdoulaye Loum (2,08 m), Babacar Niang (2,07 m), le meilleur jeune de Pro B (Louis Labeyrie, 2,09 m, Fos), et les “Américains“ Gavrilovic (2,08 m), Nikola Stojilkovic (2,10 m) et Wil Yeguete (2,03 m). C’est ce qui s’appelle avoir l’embarras du choix. ■

Maël Lebrun


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MAXI-BASKET

LES EXPATRIÉS AUX ÉTATS-UNIS

UN NOUVEAU

KIM TILLIE EN NCAA ? IL FAUDRA ATTENDRE QUELQUES ANNÉES AVANT DE REVOIR EN PRO A UN ROOKIE EN PROVENANCE DE NCAA AUSSI EFFICACE ET CONSISTANT QUE NE L’A ÉTÉ KIM TILLIE (UTAH’10) À L’ASVEL. LE CONTINGENT DES FRENCHIES N’A GUÈRE BRILLÉ CETTE SAISON.

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ls pourraient atterrir en LNB à la rentrée. Moustapha Diarra (2,07 m) et Moussa Camara (1,95 m) étaient nos seniors les plus en vue cette saison en NCAA. Deux joueurs pas vraiment de première jeunesse (24 ans) et qui évoluaient dans des facs peu cotées. Diarra vient de passer deux saisons à San Francisco (7,8 pts, 3,5 rbds en 16 min). Camara s’est plutôt bien comporté dans la minuscule université de Binghampton, à côté de New York (11,2 pts, 38,6% à 3-pts). Un intérieur et un shooteur calibrés Pro B – a priori – plutôt que Pro A. Le tableau est moins réjouissant encore chez les juniors. Seul élément réellement prometteur du lot, Guy-Marc Michel (2,15 m, 23 ans) n’a pas eu le droit de porter le maillot des Hoosiers d’Indiana pour avoir été aligné avec les pros du SLUC Nancy il y a trois ans, et commencé la fac (à Nancy) en 2006. Un gros coup d’arrêt dans sa jeune carrière. Les meilleurs éléments ne sortiront de NCAA que dans deux ou trois ans. Après une seule année à San Francisco, Nikola Stojiljkovic (2,10 m, 20 ans) est repassé par la case Junior College. Avec réussite. Plusieurs facs s’intéressent de nouveau à ce bon shooteur à la croissance tardive. L’ex-international junior aurait en effet pris sept centimètres depuis l’Euro 2009 (!) et évolue désormais au poste 4.

Sophomore à Wyoming, Amath M’Baye (2,05 m, 22 ans) a signé les meilleures stats de tous les Frenchies : 12,0 pts à 47,5% et 5,7 rbds en 30 minutes. Seulement, l’ancien espoir havrais a décidé de quitter l’université. Il ne jouera pas la saison prochaine et misera sur une grosse saison junior en 2012-13 pour faire gonfler sa cote. Pari risqué. On prête à Bandja Sy (2,05 m, 21 ans) un bon potentiel. Réputé complet, meilleur shooteur que son grand frère, Amara, il n’en sort pas moins d’une saison sans grand relief à New Mexico State (4,7 pts et 2,7 rbds en 18 min). Idem pour Bryson Pope (1,98 m, 90) le jeune frère de Nick (Le Havre). Un ailier costaud, aperçu avec l’équipe de France U19 au Mondial 2009, qui valait cette saison 6,2 pts, 2,9 rbds et 2,3 pds en 22 minutes à Tulsa. Deux freshmen sont potentiellement très intéressants. Sorti du Centre Fédéral, Mathis Keita (1,95 m, 19 ans) n’a pu faire étalage de ses qualités de percussion pour sa première année à Gonzaga. L’international cadet et junior n’y a joué que 9 minutes par match pour une fiche de 2,7 pts, 1,2 rbd et 0,7 pd. À revoir la saison prochaine avec, on l’espère pour lui, un temps de jeu en hausse. Wilfried Yeguete (2,03 m, 20 ans) n’a ramassé que des miettes chez les Gators de Florida (1,3 pt, 2,6 rbds en 7 min). Ce fort athlète, très dense musculairement, pré-sélectionné en équipe de France espoirs cet été a encore trois ans pour grandir. Stojiljkovic, M’Baye, Keita, Yeguete. Les quatre noms à retenir parmi nos expatriés aux États-Unis. ■

Moustapha Diarra, ici en défense, vient de passer deux saisons à San Francisco.

Ethan Miller/Getty Images

Keita et Yeguete dans de gros programmes


DOSSIER : JEUNES FRANÇAIS • MAXI-BASKET 45

FRANÇAIS À LA DRAFT

PERSONNE ?

EST-CE QUE, POUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS 2006, AUCUN FRANÇAIS NE SERA DRAFTÉ ? C’EST TOUT À FAIT POSSIBLE. ET PAS COMPLÈTEMENT ILLOGIQUE.

Le dos de Diot

En attendant la mise en application d’une stratégie pour faire publicité de leurs talents (work-outs, Eurocamp de Trévise), et en considérant que les Européens sont parfois mieux considérés à mesure que l’échéance approche, leurs noms sont regardés

avec suspicion par les divers spécialistes américains, légitimes ou autoproclamés. Si Rudy Gobert et Evan Fournier (pourtant non candidats), ainsi qu’Albicy et Lauvergne (très bas), sont jugés comme appartenant au virtuel Top 100 de leur classe d’âge, ils sont très rares les Français à être cités comme candidats aux deux tours de la draft. On retrouve uniquement Lauvergne tout en bas du deuxième tour (59e choix par… les Spurs) et Edwin Jackson en 31e position (Miami) dans une publication fantaisiste. Le plus ennuyeux est évidemment pour Antoine Diot, qui n’a pas le choix. Apparemment fragile du dos, il avait dû prématurément mettre un terme à sa saison 2009-10, puis retiré son nom de la draft et faire une croix sur le Mondial avec les Bleus ; et le spectre d’une même issue se représente cette année puisque Antoine est encore touché au dos. Pour Albicy, même si le précédent Parker peut compter, c’est son profil (meneur de petite taille) qui peut poser problème car les joueurs comme lui pullulent aux USA. Quant à Edwin Jackson, son statut de shooteur quasi exclusif ne le sert pas, pas plus que sa saison décevante. La draft 2011 devrait en revanche être faste pour la Lituanie, avec Donatas Motiejunas et Jonas Valanciunas, la Turquie avec Enes Kanter, la République tchèque avec Jan Vesely et l’Espagne avec le Monténégrin d’origine Nikola Mirotic et le Congolais de Fuenlabrada Bismack Biyombo. ■

Antoine Diot (Le Mans)

Jean-François Mollière

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ne année sans ? Lors des quatre dernières éditions de la draft NBA, la France était systématiquement représentée : Joakim Noah (2007), Alexis Ajinça et Nicolas Batum (2008), Rodrigue Beaubois et Nando De Colo (2009), Kévin Séraphin et Pape Sy l’an dernier. Cette fois, bien que l’on soit encore loin de la ligne d’arrivée (23 juin), les Français sont en retard, au moins si l’on se fie aux nombreuses “mock drafts“ (simulations de drafts) qui fleurissent, certaines très sérieuses, d’autres plus amateurs. À l’heure actuelle, ils sont une grosse demi-douzaine de Français à avoir le projet – ou être en âge – de postuler. Réservée d’office aux joueurs nés en 1989, cette draft est automatiquement “celle“ d’Edwin Jackson, Antoine Diot, Bangaly Fofana et Carl Ona Embo. En outre, quatre autres jeunes talents se sont inscrits sur les listes : Andrew Albicy (1990), Negueba Samake (1990), Abdoulaye Loum (1991) et Joffrey Lauvergne (1991). Leur démarche ne consiste pas nécessairement à jouer le tout pour le tout, mais à se faire connaître, tâter le terrain.


JF Molliere par Agenzia Ciamillo-Castoria

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REPORTAGE • MAXI-BASKET 47

BORIS DIAW À BORDEAUX

UNE JOURNÉE AVEC LE PRÉSIDENT CAPITAINE DE L’ÉQUIPE DE FRANCE, IL EST UN JOUEUR RESPECTÉ. SUR LE SOL FRANÇAIS, IL A TOUT GAGNÉ OU PRESQUE AVEC PAU-ORTHEZ. EN NBA DEPUIS BIENTÔT NEUF ANS, IL A ÉTÉ ÉLU “MEILLEURE PROGRESSION EN 2006“, A CONNU TROIS CLUBS ET EST LE FER DE LANCE DES CHARLOTTE BOBCATS DEPUIS TROIS SAISONS. MULTIMILLIONNAIRE, BORIS DIAW POURRAIT SE REPOSER SUR SES LAURIERS, MAIS CE SERAIT MAL CONNAÎTRE NOTRE BONHOMME. GÉNÉREUX, ALTRUISTE, BORIS A DÉCIDÉ, À 29 ANS SEULEMENT, DE RELEVER UN AUTRE DÉFI, CELUI DE CONDUIRE LES JSA BORDEAUX AU SOMMET DU BASKET FRANÇAIS. DEPUIS DEUX ANS, IL EST LE PRÉSIDENT, ET NE COMPTE PAS SON TEMPS POUR FAIRE GRANDIR LE CLUB, SON CLUB. Par Thomas FÉLIX, à Bordeaux

JF Molliere par Agenzia Ciamillo-Castoria

Reportage photos Jean-François MOLLIÈRE


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JF Molliere par Agenzia Ciamillo-Castoria

mai, Bordeaux. Pour le sacre des JSA, champion de Nationale 1 et promu en Pro B, le soleil n’est pas au rendez-vous en Aquitaine. Il fait chaud mais un poil nuageux en cette fin de matinée, le ciel va même pleurer d’ici peu. Cela ne cadre pas avec l’ambiance de la salle Jean-Dauget, rejetée à quelques stations de tram du centre bordelais, d’où les rires résonnent dès la porte d’entrée. L’ensemble de l’équipe des Jeunesses Saint-Augustin Bordeaux se marre franchement sur le parquet. Ahmed Fellah s’échauffe à peine, John Ford rit à gorge déployée et Sami Driss ainsi que Gauthier Darrigand se sont laissé pousser une petite moustache qui les fait ressembler à deux policiers tout droit sortis des Brigades du Tigre. Une sombre histoire de pari à respecter qui fait bien sourire le président bordelais assis nonchalamment sur le côté d’un bureau posé le long de la ligne de touche. « Ils sont beaux, non ? » sourit un Boris Diaw qui s’éveille doucement de quelques heures de sommeil glanées dans le train du matin. On est samedi et Boris débarque de Paris pour voir jouer ses troupes. Il n’est présent en France que depuis une grosse semaine mais consacre tout son temps aux sollicitations. Médiatiques, politiques, financières, amicales, œnologiques parfois, elles sont nombreuses et tout le monde veut voir le joueur NBA, le capitaine de l’équipe de France, le président. Mais tu dors quand, Boris ? « Quand je peux en ce moment, et où je peux aussi. Ce matin, c’était dans le train tu vois et, cet après midi, avant le match si je peux faire une sieste, je prends ! » répond-il en se tournant vers Laurent Mesnil, ami, banquier et un peu cornac de Boris pour

cette journée. « Pas sûr », lui renvoie-t-il. Parce que Boris n’est pas venu juste jeter un coup d’œil à son équipe. Bien sûr il va les féliciter, bien entendu il va soulever le trophée de champion de Nationale 1 ce soir avec ses hommes, mais il est avant tout un président aujourd’hui, un président face à la réussite de son club et son emploi du temps va être chargé. Pour l’instant, on rigole avec Denis Lacampagne, manager de l’équipe, on se chambre avec Thomas Darnauzan, le directeur sportif encore bénévole sur cette fin de saison. Et l’on regarde les joueurs en shooting matinal décontracté, très décontracté. « Ouais », fait le président. « Mais bon, ce soir ce serait bien de gagner quand même, histoire que la fête soit belle. »

Boris comme Bordelais

Midi. Laurent Mesnil sonne le rassemblement. Il va falloir presser le pas, Boris a rendez-vous. Jean, basket, t-shirt, le président passe un polo blanc histoire de faire mieux. Direction les quais, pour le salon de l’union des Grands Crus Classés de Bordeaux. « Ah ! Le vin ! C’est du sérieux, là. Le Bordelais, c’est ici que l’on trouve le meilleur vin. Chez nous, c’est le meilleur, un point c’est tout », tonne-t-il dans la voiture fier comme Artaban. Dans cette réflexion, on comprend qu’elle est là, la raison de l’investissement de Boris dans les JSA Bordeaux. Ici, c’est chez lui, Boris est bordelais, et sacrément fier de l’être. Il a commencé tout petit à Talence, Pessac puis les JSA en minimes, dans la petite salle des Peupliers, les belles années, insouciance et ballon orange, avant de rejoindre l’INSEP. Il a toujours su qu’il


REPORTAGE • MAXI-BASKET 49 reviendrait, Boris possède d’ailleurs une maison dans la région, sur le bassin d’Arcachon, et un appartement sur Bordeaux. Alors son investissement ici, c’était une question de temps tout au plus. « J’ai toujours voulu un grand club de basket à Bordeaux », nous raconte-t-il. « C’est une grande ville. On mérite d’être au plus haut niveau, d’être en Pro A. Au départ, mon implication n’était pas claire, c’était un parrainage, un soutien. Et puis les JSA, c’était une association pas un club, il n’y avait pas de place pour moi dans le capital. Ensuite, ils sont montés en Pro B et là, je leur avais dit que je voulais en être. Le problème c’est que c’est arrivé trop vite, trop tôt la Pro B. Le club n’était pas prêt, mais cela nous a permis de découvrir plein de choses et maintenant on est prêt. » Sous l’impulsion de son président, les JSA sont passées professionnelles. Conseillé, Boris bûche un peu la législation, se renseigne, observe et en ressort confiant. Pour la Pro B, Bordeaux est paré cette fois-ci. En attendant le président fait honneur au prestigieux breuvage de sa région. « Ce n’est pas n’importe quoi comme salon. Tu vas voir, ce ne sont que des grands noms ! » Boris n’est pas là que pour goûter quelques bonnes bouteilles. Le président est en représentation pour son club et également pour son dîner de charité le 19 juillet prochain au profit de son association

Babacards. Et Boris, ça il sait faire. Un verre par là, un autre par ici, un mot, une blague, une question, Boris est bon dans l’exercice et ne se fait pas prier. Il ne passe pas inaperçu non plus avec son double mètre dans la foule des connaisseurs de Bordeaux venue du monde entier. Pour son gala de charité, le président jette son dévolu sur un château Larrivet Haut-Brion. « Il est excellent ! Tu as goûté aussi le blanc ? » Boris charme, profite. « Je ne le connaissais que de nom », nous explique tout sourire Bruno Lemoine, directeur général chez Larrivet HautBrion. « J’ai découvert un garçon très intelligent, charmant, avec une grosse envie de faire connaître les produits de sa région. Au-delà de son implication, Boris est un ambassadeur du Bordelais, il aime, il découvre, il apprend le vin par exemple et organise, je crois, des dégustations à Charlotte. Il va devenir un personnage central de la communauté parce que son investissement est déjà grand alors qu’il n’est ici que deux mois par an. » Surprise, Ronny Turiaf apparaît à l’horizon. Le vice-président des JSA en personne, fraîchement éliminé par Boston en playoffs, arrive en ligne directe de New York et cela se voit. Le pivot est grognon, fatigué et surtout il ne boit pas. Il trouve donc le rendez-vous un poil superflu pour lui. Pas grave, sa présence est importante pour Boris qui a réussi

« J’ai toujours voulu qu’il y ait une grande équipe de basket à Bordeaux. »

Boris Diaw dans la salle des Peupliers, théâtre de ses débuts.


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« Boris est un ambassadeur du Bordelais. » Bruno Lemoine

à entraîner son pote avec lui dans l’aventure au cours d’un safari photo (voir par ailleurs). Et puis il n’y a pas que le vin, il y a aussi à manger, et Ronny se défend mieux avec une fourchette qu’un verre.

« Comme Pierre Seillant à Pau »

15h00. Thomas Darnauzan s’impatiente. Seul à la salle des Peupliers, devant la première promotion du tout nouveau centre de formation, il attend son président. Un poil arrosé, le repas s’est éternisé au salon. « Combien tu as d’appels en absence, Laurent ? » s’inquiète Boris. « Trois ! », « Bon ça va, il peut encore attendre, le Darnauzan ! », rigole Boris dans la voiture. Sur la route menant à l’ancienne salle, Ronny s’enquiert de la soirée. « On se met où pour le match ? » demande-t-il à Boris. « Je me mets derrière le banc, on se mettra derrière le banc, sur deux chaises », répond le président avant de se lancer dans une anecdote paloise. « Comme Pierre Seillant à Pau. Tu sais, lui il se mettait même entre la table de marque et le banc, comme ça il pouvait te parler avant que tu rentres sur le terrain. « Vas-y petit ! » ou, « tu sais, on est à -10 petit, il va falloir que tu leur rentres dedans ». C’était énorme, il était tellement stressé qu’il frottait ses pieds sur le sol, il y avait la marque sur le sol mais ils ont repeint à Pau. Je trouve ça con parce qu’ils auraient plutôt dû l’encadrer. » Arrivés à la salle, les deux compères vont faire le job avec les jeunes tiges amenées à se former à Bordeaux. Ronny signe les autographes de rigueur et Boris prend le micro, rassure les parents, et fait rire les jeunes avant d’inviter tout le monde à se désaltérer. Le show du président est rodé.

« Aujourd’hui, je me sens bien. »

JF Molliere par Agenzia Ciamillo-Castoria

Boris toujours très entouré.

19h00. La salle Jean-Dauguet se remplit. Boris a finalement réussi à coincer une petite heure de repos dans son emploi du

temps mais le ballet reprend. Avec l’aide de Ronny, il distribue les t-shirts marquant le titre, remercie mille fois les bénévoles, répond à la presse et regarde les joueurs s’échauffer, il place également une bise à sa maman, Elisabeth Riffiod, qui dispose les t-shirts dans les tribunes, le président est là et bien là. « Je n’aime pas rester les bras croisés. Je ne voulais pas être l’actionnaire principal et ne rien faire, je préfère comme ça parce que, si on se plante, ce sera de ma faute. Je suis responsable devant les joueurs, le staff, les bénévoles, les élus, bref devant Bordeaux. » Pour le match, la salle est quasi comble, une grande victoire à Bordeaux. Le duo présidentiel a pris place derrière le banc bordelais et, après un début de match délicat, les JSA prennent la mesure du Puy. C’est peut-être le seul moment de la journée où Boris n’est pas dérangé. Le calme avant la tempête. Fin du match, la fête se lance. Le couloir aménagé en salle VIP est comble. On est surpris de voir des affiches pour les matches de l’équipe de France à… Pau et Toulouse, mais c’est le président qui a dit de les coller. Boris n’oublie rien ni personne. Au milieu de tous, dépassant d’une tête, il savoure, le joueur n’a pas peut-être pas connu une grande saison mais le président si. « Je suis heureux pour le club, je suis loin mais j’ai l’impression d’être là tout le temps. Je suis en contact avec tout le monde, tout le temps et aujourd’hui, je me sens bien. » Loin, bien loin dans la soirée, Boris a invité l’ensemble de l’équipe pour manger et fêter la fin d’une belle saison. L’année prochaine, c’est la Pro B où, du haut de ses 29 ans, Boris sera sûrement le plus jeune président de l’histoire de la LNB, un président qui joue encore, en NBA. « Le pire, c’est que je suis un joueur syndiqué », rigole-t-il. « C’est sûrement une première ça, président et joueur syndiqué. » Sûrement Boris, mais cela ne devrait gêner personne. n


REPORTAGE • MAXI-BASKET 51

THOMAS DARNAUZAN (DIRECTEUR SPORTIF DES JSA BORDEAUX)

« ON EST OBLIGÉ DE SUIVRE BORIS » L’AÎNÉ DES FRÈRES DARNAUZAN VIENT DE PRENDRE SA RETRAITE DÉFINITIVE APRÈS PRÈS DE VINGT ANS DE CARRIÈRE. THOMAS COULAIT UNE PAISIBLE PRÉRETRAITE EN TAPOTANT LE BALLON EN NATIONALE 2. SE DESTINANT À UNE RECONVERSION COMME OSTÉOPATHE, IL NE SE VOYAIT PAS RESTER DANS LE BASKET PUIS BORIS DIAW EST ARRIVÉ...

«

Je connaissais déjà Boris Diaw, mais comme ça. Il y a deux ans, il m’a approché au mariage de mon frère Simon (meneur d’Aix-Maurienne cette saison, ndlr). Boris venait de s’investir réellement dans le projet des JSA Bordeaux et on lui avait dit que moi j’arrêtais et que je m’installais sur Bordeaux. Il m’a alors demandé de suivre un peu les matches de l’équipe qui venait de monter en Pro B, un peu à la surprise générale, il faut bien l’avouer. Le but était de lui faire quelques comptes-rendus des rencontres, rien d’officiel mais il voulait que je jette un œil de temps en temps. Au cours de la saison, il m’a investi auprès du coach (à l’époque Tommy Davis, ndlr) et de Denis Lacampagne (manager général des JSA, ndlr) de plus en plus. Cette fin de saison de Pro B a été difficile, avec notamment des blessés, et j’ai été beaucoup en contact avec Nicolas Minguant (actuel directeur administratif, ndlr) pour des recrutements médicaux comme celui d’Ahmed Fellah par exemple pour aider le club. Suite à la descente, Boris m’a conforté dans un rôle de directeur sportif mais étant encore en “préretraite“, puisque je jouais avec Saint-Médard en Nationale 2 jusqu’à la fin de cette saison, j’étais bénévole pour l’année qui vient de s’écouler.

Dans les tribunes, Elisabeth Riffiod, la maman toujours attentive.


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Au quotidien, Boris est très investi. Pour les matches à domicile, on communique par textos et Boris suit tout les matches sur Internet, en live s’il le peut. Je l’ai systématiquement par téléphone après les rencontres pour un débriefing. Le lundi, c’est par mail, je lui envoie un récap du weekend et un détail de tous les problèmes sportifs. Il tient aussi à passer des messages, aux joueurs, aux bénévoles, que je transmets à chaque match. Ce qui est impressionnant, c’est que Boris vient d’avoir 29 ans, il a une énorme carrière et son investissement personnel sur Bordeaux est pourtant énorme. Il participe financièrement, c’est évident, mais son investissement personnel est bien plus grand. Avant de m’engager avec lui, à ses côtés, nous avons beaucoup parlé, j’ai senti chez lui une grande volonté pour faire de Bordeaux un grand club, c’est un projet qui lui tient à cœur tout particulièrement. Il en a vraiment envie parce qu’il a commencé ici, parce que c’est sa ville. Quand on voit ce qu’il fait tous les jours, on est obligé de le suivre. Je ne suis pas surpris car c’est quelqu’un de très généreux, vraiment très généreux. Ce qu’il fait là c’est naturel, c’est en lui, il a envie d’aider ce club, il a envie d’aider les jeunes, il possède une grande détermination. Quel gars de NBA va faire un aller-retour pendant le All-Star break pour venir accompagner son équipe lors d’un match de Nationale 1 ? Boris ! Lui, il est là !

Je n’ai jamais entendu aucune chose négative sur lui, ou son investissement. C’est une personne tellement altruiste, que tu ne peux pas penser une seule seconde quelque chose de négatif à son propos. De toute façon, on ne peut pas trouver un mec sur Bordeaux qui dise du mal de Boris Diaw ou alors un gros jaloux (Il rit). Sur Bordeaux, il est connu. Si un sportif doit représenter la région de Bordeaux, c’est Boris. Bien sûr, il y a les footballeurs des Girondins mais, avec Joakim Noah et Tony Parker, Boris fait partie des sportifs que tout le monde connaît. Après, bizarrement, à Bordeaux, quand tu parles aux gens dans la rue, ils ne savent pas forcément qu’il y a une équipe de basket mais ils savent tous que Boris est le président d’une équipe de basket. C’est un peu paradoxal mais c’est comme ça. Boris facilite les rendez-vous institutionnels et, à Bordeaux, tout le monde veut le voir. C’est une attraction, c’est un président dans la lumière. Il a les épaules pour porter un tel projet, de part sa notoriété en tant que joueur, il est habitué aux sollicitations médiatiques, pour lui c’est naturel. Le projet de Bordeaux, créer l’événement, être suivi partout par les médias, ça lui fait plaisir, car les JSA, il a ça dans le sang. Il va arriver à faire le lien entre Bordeaux et son équipe de basket. Il faut un bon projet sportif car la com est assurée avec Boris. Depuis un mois, on est en Pro B et il n’arrête pas, on doit surfer làdessus. Boris est une locomotive. Son projet et sa détermination font que oui, on travaille tous pour le club mais on travaille aussi parce que Boris a un rêve pour le basket à Bordeaux. Il est super, il est intéressant, il te donne envie de réaliser ce rêve. Un club de Bordeaux en Pro A, on y arrivera grâce à sa volonté. » n

JF Molliere par Agenzia Ciamillo-Castoria

« Un rêve pour Bordeaux »


REPORTAGE • MAXI-BASKET 53

RONNY TURIAF (VICE-PRÉSIDENT DES JSA BORDEAUX)

« UNE HISTOIRE DE POTES » POUR LE DERNIER MATCH DES JSA, HISTOIRE DE FÊTER LE TITRE, RONNY TURIAF A FAIT LE DÉPLACEMENT. POURQUOI ? PARCE QUE BORIS A RÉUSSI À CONVAINCRE SON POTE RONNY DE LE SUIVRE DANS L’AVENTURE BORDELAISE, ET SON INVESTISSEMENT VA BIEN AU-DELÀ DE L’ARGENT. Ronny, comment Boris t’a-t-il embarqué sur le bateau des JSA ?

En me soûlant pendant tout un séjour en Afrique l’année dernière (il sourit). On a passé un moment ensemble lors d’un safari et Boris a su trouver les mots pour me convaincre. Je voulais faire partie d’un projet semblable et celui de Boris à Bordeaux m’a paru solide.

Tu as investi financièrement mais pas uniquement ?

Bien entendu que ce n’est pas qu’un investissement financier. Je n’ai pas juste fait un chèque et puis voilà. Je suis un des vice-présidents du club, j’ai suivi les résultats cette année et on m’a demandé mon avis. On me tient au courant par mail des décisions qui sont prises pour le club et je compte m’investir encore plus dans les années futures. Ma présence ici le prouve, je viens directement de New York pour féliciter tous les acteurs du club pour la montée et j’en suis heureux.

Pourquoi le faire aux côtés de Boris et pas dans ton coin ?

Boris et Ronny avec Charlotte Le Bon, la miss météo de Canal +.

TOURNÉE MÉDIATIQUE

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n vacances depuis la mi-avril, le président Diaw n’a pas chômé. S’il a bien pris quelques jours pour se ressourcer dans sa maison de Phoenix, puis de détente à Cancun au Mexique, depuis qu’il a posé le pied sur le sol français il a effectué un véritable marathon médiatique. De l’émission Canal NBA avec Jacques Monclar et George Eddy, au passage dans le Grand Journal à Cannes sur Canal +, il joue au foot sur le sable, donne le coup d’envoi de Bordeaux-PSG, radios, télés, Internet, Boris a tout fait ou presque et sans promotion, c’est-à-dire sans que quelqu’un vous rappelle qu’il est là. « Je ne dirais pas qu’il adore ça, mais il le fait avec un grand professionnalisme et ça l’amuse le plus souvent », dit Thomas Darnauzan. « Il est d’une très grande gentillesse, il ne refuse quasiment jamais rien et puis, aux États-Unis, c’est un joueur NBA connu, il a donc l’habitude, c’est sa vie. » Salué pour son extrême amabilité par tous, Boris est ce que l’on appelle un bon client. Affable, drôle, intelligent, tout le monde le veut. En à peine plus d’un mois, il ne se sera que très peu reposé et l’avoue lui-même, « mon agenda est bien plus rempli en France qu’à Charlotte. » Présent à Paris fin mai, il a effectué une dernière tournée médiatique à Roland-Garros où il a enchaîné les plateaux de télévision avant de s’envoler vers l’Afrique pour un safari photo, sa passion. n

Canal+

Parce que Boris est mon ami et qu’il est très convaincant. J’ai moi-même des projets en Martinique mais je voulais être présent sur le continent. C’est une histoire de potes, le basket nous a tout donné et on voulait rendre en apportant notre pierre à l’édifice. Ça passe par Bordeaux et, s’il y a encore beaucoup de travail, on compte bien arriver tout en haut. n


MAXI-BASKET

ROBERT SMITH

LE PRIX D’EXCELLENCE AUX LANCERS-FRANCS

99/100

LE PLUS FABULEUX RECORD D’UN QUART DE SIÈCLE DE BASKET PROFESSIONNEL FRANÇAIS ? CELUI DE ROBERT SMITH, AUX LANCERS-FRANCS, SUR UNE SAISON. PERSONNE N’A PROBABLEMENT JAMAIS FAIT AUSSI BIEN, AU MONDE. Par Pascal LEGENDRE

Maxi Basket

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RÉTRO • MAXI-BASKET 55

Maxi Basket

Robert Smith, aux lancers-francs, lors de la saison 1987-88, celle de son fabuleux record.


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octobre 1987 à Nantes. Robert Smith loupe un lancer-franc. Statistique anodine ? Au contraire. Le meneur de jeu de Monaco ne va plus manquer un seul shoot de la saison sur la ligne de réparation. 6/6 contre Antibes, 10/10 à Mulhouse, 12/12 à l’occasion de la venue d’Avignon. Et encore 4/4 pour la 14e journée retour et la venue d’Orthez sur le Rocher. Arnaud Sevaux, le statisticien de la ligue a repris pour nous les feuilles de stats de l’époque. Résultat : l’Américain a bien réalisé un incroyable 99/100 aux lancers cette saison-là en en convertissant 90 de suite. C’est cette marque qui est entrée dans l’Histoire mais il faut savoir que le “Petit Robert“ en a encore

Deux fois MVP, Robert Smith était le parfait joueur pour un All-Star Game.

transformé 4/4 au Tournoi des As. Pour la Coupe Korac et les playoffs, il était blessé. 99/100, le record d’un autre Américain, Carmine Calzonetti qui, quinze ans auparavant, en avait enfilé 51 de suite, pour un total de 51/52, était pulvérisé. À l’époque, l’exploit de Robert Smith ne fait pas tout un tintamarre. Contrairement aux Américains, les Français ne sont pas friands de chiffres et de plus la performance du meneur monégasque s’est réalisée à doses homéopathiques, presque en catimini. Il s’agit pourtant, très probablement d’un record mondial et c’est bien ce que son coach de l’époque, Bill Sweek relevait : « On n’en parle pas trop, mais il faut se rendre compte. Ce que Robert est en

« Un des meilleurs joueurs et l’une des personnes les plus merveilleuses que je n’ai jamais rencontrés. » Jerry Tarkanian train de réussir aux lancers-francs n’a jamais été égalé. C’est une performance exceptionnelle. Et je n’ai jamais vu ailleurs, ni même en NBA ou en CBA, un joueur aussi adroit aux lancers-francs. Je n’en connais pas un dans le monde. » La phénoménale série de Robert Smith s’est-elle prolongée au-delà des 90 ? Nous n’en saurons jamais rien. Pour la rentrée de la saison 88-89, Monaco accueille Nantes et c’est face à la même équipe que l’Américain va dérailler, deux fois. 11/13. Seulement la feuille de match est tombée aux oubliettes et on n’a pas moyen aujourd’hui de savoir à quel instant Smith a manqué son premier lancer.

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Speedy

De 1974 à 77, Robert Leroy Smith fut le meneur de l’équipe de UNLV répertoriée sous le nom de “Hardaway Eight “. Elle comprenait des gars comme Reggie Theus, Eddie Owens, Sam Smith, Glen “Gondo“ Gondrezick, et encore Larry Moffett (vu à Vichy) et Lewis Brown (vu au Mans), et cette générationlà pouvait scorer plus vite que n’importe qui dans le pays. En 1977, les Rebels engrangèrent 107 points par match et la fac se qualifia pour la première fois pour le Final Four. Le coach, Jerry Tarkanian, au crane dégarni, se rendit célèbre en mâchouillant perpétuellement sur le banc une serviette blanche. « Tarkanian ne voulait pas trop de moi. On me reprochait d’être trop petit – Robert mesurait un peu moins de 1,80 m –. Mais un jour, il est venu me voir en junior college. Et il a changé d’avis… » se rappelait Robert pour Maxi-Basket. « Avec lui, si tu ne te donnes 100% de ce que tu as en toi, tu n’as rien à faire sur le terrain. Pendant la saison, il est à cran, inabordable. Mais après, c’est un homme charmant. À UNLV, j’étais surtout un passeur et un tireur de lancers-francs. Mais on comptait aussi surtout sur ma vitesse. Dans l’équipe, on m’appelait Speedy. » « Un des meilleurs joueurs et l’une des personnes les plus merveilleuses que je n’ai jamais rencontrés. Il est allé aux Denver Nuggets et Larry Brown m’a dit qu’il était le kid le plus sympa qu’il n’ait jamais coaché » s’est souvenu récemment Tarkanian. Le maillot de Robert Smith a été “retiré“ à UNLV et il a été “introduit“ dans le Southern Nevada Sports Hall of Fame. Dans la capitale du jeu, la demi-finale du Final Four 77 est forcément restée un moment de légende. UNLV lutta à mort avec North Carolina pour s’incliner d’un point, 83-84. Robert cumula 8 points et 3 passes et… loupa un lancer. « Je m’en souviens d’autant mieux qu’avant ce match, j’avais eu quelques problèmes de santé, et j’étais à l’hôpital. Je ne m’étais pas entraîné de la semaine. Et deux jours avant le match, le médecin avait dit qu’il ne me laisserait pas


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« J’ai l’habitude de m’exercer à en tirer une cinquantaine par jour. Après, je m’arrête… »

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Robert et son coach à Monaco, Bill Sweek.

sortir parce que je n’étais pas en état de jouer. Je lui ai dit que ce n’était pas possible, que j’avais un match important. Mon coach et mes dirigeants ont discuté avec lui. Et il s’est incliné… Ce fut un match serré, âpre, un match de défense. On a mené une bonne partie du match, et puis ils sont revenus, et on a perdu dans les dernières minutes. Un match comme je les aime, avec beaucoup de pression. Mais que ça fait encore plus mal de perdre. » Forcément, Robert Smith était déjà un expert du lancer-franc. Lors de cette fameuse saison 1976-77, il établit la meilleure performance de toute la NCAA : 98/106 (92,5%) avec 27 réussites consécutives, un record de la fac. Ce qui est absolument fantastique, c’est que sa moyenne en 229 matches de NBA s’établit à 87,7% et monte à 93,2% en 157 games de CBA. Qu’on soit le mardi ou le samedi, sous le maillot des Cleveland Cavaliers comme des Montana Golden Nuggets, à la première ou la dernière minute du match, boum !, dedans. Un don, une machine. De 1980 à 85, Robert Smith fut un journeyman de la NBA mais lors de ses trois premières saisons, il joua tout de même 192 matches avec Denver et New Jersey pour 5,0 pts en moyenne. C’est en Continental Basketball Association, une ligue qui recelait alors quelques pépites, que l’ancien Runnin’ Rebel va s’éclater. Il en fut même désigné le MVP en 83. « Je n’ai jamais terminé une saison en CBA parce que j’étais chaque fois rappelé en NBA » expliqua t-il à Maxi-Basket. « La NBA a toujours été une priorité sauf lors de ma dernière saison à Toronto. Je n’avais vraiment plus envie de retourner en NBA. Parce que j’aime la CBA. On y gagne moins d’argent, c’est plus difficile, mais le jeu et la compétition, là, c’est quelque chose. C’est dur, tu voyages tout le temps, parfois tu joues sept matches en neuf jours, mais pour le basket, c’est le pied. La NBA, ça devient vite fatigant. Trop d’équipes n’admettent pas le droit à l’erreur,

à

la défaillance. Il suffit que tu ne joues pas pendant un moment, et tu entends dire partout que tu es fini, que tu n’es plus bon. J’étais fatigué de tout ça. »

Anti star

Le Petit Robert a décalé son départ en Europe à la trentaine. Partir à l’étranger l’effrayait, ce n’était pas encore quelque chose de naturel. La rumeur s’était répandue auprès des basketteurs américains que les payes ne tombaient pas quand il y avait trop de défaites, qu’il fallait se débrouiller seul pour dégoter un appartement, que femme et enfants ne bénéficiaient pas du moindre secours. Comble d’infortune, la première expérience européenne du Californien se solda par une aventure foireuse et avortée à cause d’un agent peu recommandable. Robert ne voulait plus entendre parler d’une équipe “oversea“, et c’est Bill Sweek, un ancien de UCLA, coach auparavant au Clermont Université Club et au Mans, qui le fit changer d’avis. Quelle aubaine ! Robert Smith fut l’un des joueurs les plus spectaculaires, l’un des meneurs les plus performants – avec Denaley Rudd –, l’un des hommes les plus charmants qui aient jamais fréquenté les parquets de la LNB. « Il est adroit, rapide, c’est un vrai meneur. Il fait les passes et crée les situations pour les autres », notait alors Bill Sweek. « Déjà quand j’étais encore au Mans, j’avais un œil sur lui. Au début à Monaco, il n’était pas très démonstratif. Progressivement, il a donné l’exemple sur le terrain. Par l’action. Puis il est devenu meneur au niveau du groupe. Par la parole. Et il a progressé chaque année. Aujourd’hui, dans les préparations de matches, je lui demande son avis sur tout. Sur le terrain, c’est lui qui annonce les systèmes défensifs, les systèmes d’attaque, c’est lui qui choisit. Tout repose sur lui ! » Robert Smith fut élu MVP du premier All-Star Game français, en 1987, à Limoges. Il récidiva trois ans plus tard. Pourtant s’il y en a bien un qui ne se prenait pas pour une starlette, c’était bien le meneur de l’AS Monaco. « Je ne me sens pas une star, je ne veux pas être une star. Je veux rester ce que je suis, ouvert, abordable, et que les gens n’aient pas d’appréhension à venir vers moi. » Le Californien passa 4 saisons à Monaco puis 2 et demie à Antibes avec qui il fut champion en 91. Il laissa une dernière fois sa trace aux lancers-francs lors de l’exercice 91-92 : 54/56 sur la ligne de réparation. Robert Smith est retourné ensuite à Las Vegas et il est actuellement consultant pour la chaîne de TV qui diffuse les matches de UNLV. « Il bosse avec des gosses et à chaque fois que vous le voyez, il a un sourire sur son visage. Il est absolument merveilleux » apprécie Jerry Tarkanian. Au fait, Robert, ton secret ? Lorsque Liliane Trévisan le lui avait demandé pour Maxi-Basket juste après son incroyable 99/100, le Petit Prince de Monaco avait éclaté de rire. « En fait, j’utilise le même geste, la même technique depuis que je suis junior. Mais ce n’est rien de vraiment spécial. Juste le travail d’un geste. Je ne fais aucun entraînement particulier pour ça. Simplement, j’ai l’habitude de m’exercer à en tirer une cinquantaine par jour. Après, je m’arrête… » On imagine que Robert a réussi, seul, des séries incroyables, plusieurs centaines de lancers, jusqu’à tard dans la nuit… Ben, non. « C’est amusant parce que je n’ai jamais été au bout de mes possibilités, pour savoir jusqu’à combien je pourrais aller sans m’arrêter. » Son record ? 85. Pas plus. Inférieur donc à sa marque officielle. Ce Little Big Man au sang froid de tueur avait besoin de la compétition pour exprimer pleinement son talent. n


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5221, de suite

1

DES AMÉRICAINS, PARFOIS DES PAPYS, SE SONT SPÉCIALISÉS DANS LES LANCERS-FRANCS. POUR ÉTABLIR DES RECORDS ABSOLUMENT INCROYABLES.

S

teve Nash ? Mark Price ? Calvin Murphy ? Rick Barry ? Micheal Williams, qui – sous le maillot des Timberwolves – en accumula 97 d’affilée du 24 mars au 9 novembre 93 ? Ne cherchez pas. Les plus fabuleux shooteurs de lancersfrancs n’ont pas appartenu à la NBA ou à l’ancienne ABA, ni à une quelconque ligue professionnelle. Comme pour les dunks, ces artistes sont davantage des spécialistes du shoot sur la ligne que des basketteurs. Ce sont de véritables robots qui ont répété sans état d’âme des centaines de milliers de fois la même gestuelle. Et les Américains ont toujours le chic pour en faire des êtres légendaires. Les livres d’Histoire rapportent que le premier as fut un certain Harold “Bunny“ Levitt qui, le soir du 6 avril 1935, au Madison Street Armory de Chicago, eut recours au shoot à deux mains en vigueur à l’époque, pour transformer 499 lancers de suite. Il loupa le 500e, entama une nouvelle série, et en convertit cette fois 371 de rang. Malheureusement, il était plus de minuit, la salle s’était vidée – il est vrai que l’exercice n’est pas à proprement parlé spectaculaire – et on demanda à Bunny de quitter les lieux. Harold Levitt, qui ne mesurait que 1,62 m, fut ensuite enrôlé par les Harlem Globe Trotters. Il ne joua pas avec la troupe mais était payé pour défier les spectateurs, aux lancers-francs, évidemment. Une récompense de 1.000 dollars était promise à qui battrait le prodige sur 100 lancers. Elle ne fut jamais accordée. Levitt ne descendit jamais sous les 96 réussites et face à lui, personne ne fit mieux que 86. Il fut ensuite embauché par l’équipementier Converse et professa dans des clinics.

Sebastian, lui, le 18 mai 1972, en cumula 63 de suite, les yeux bandés. Le pire ? Ce record surnaturel fut battu six ans plus tard par Fred Newman. 88 lancers sans en manquer un seul, dans le noir le plus complet. Ce ne sont pas les seuls spécimens à faire du lancer-franc un art majeur. Bob Fisher en a réussi 33 en trente secondes, sa consœur Ashley Graham 39 en une minute… Fouillez sur Internet, vous verrez que ces invraisemblables records sont dument répertoriés et il y a même quelques vidéos pour démontrer que tout ceci n’est pas fantaisiste. On voit ainsi Fred Newman battre le record de lancers en une heure en direct à la télé japonaise. Le binocleux Newman a alors 71 ans et son corps est juste celui d’un papy. Son geste n’est pas non plus académique mais il enchaîne, sans défaillir ou presque, 1.415 lancers en 1.663 tentatives. Un jour, il en envoya 20.371 en 24 heures. Soit 14 à la minute. Un autre septuagénaire – il avait alors 72 ans –, Tom Amberry, est entré dans le Livre des Records en en inscrivant 2.750 de suite sans en louper. Et il s’arrêta là.

88 lancers sans en manquer un seul, dans le noir le plus complet.

Dans le noir le plus complet

Wilmer Hetzel en enfila 53 de rang. Banal ? Sauf que 38 furent réussis avec la main gauche et le reste avec la droite. Vous avez dit ambidextre ? Hetzel en marqua également 42 de suite en fermant l’œil gauche et enchaîna avec 18 en fermant l’œil droit. Bien. John T.

7 heures et 20 minutes

Le plus grand de tous, c’est Ted St. Martin. St. Martin n’a jamais joué ni en NBA, ni à l’université, il n’était même pas la star de sa High school. À 13 ans, il se classa 3e à un concours régional. Il était fermier à Riversale, Californie, et il s’adonnait aux lancers par plaisir sur le panier familial. Un jour, il épata sa famille et ses amis en transformant 514 lancers de suite. Il appela le Fresno Bee, le quotidien local, pour connaître le record de tous les temps dans cet exercice. « Ils ont fait des recherches et ils m’ont rappelé en me disant que c’était 144. Je leur ai dit, “ne bougez pas, je peux battre ça“. » St. Martin fit une première tentative mais la série s’arrêta à 87. Il se concentra encore davantage et, cette fois, en mis 200 d’affilée. Ted S. Martin est devenu ensuite professionnel avec l’appui de sa femme Barbara. Il a fait des démonstrations

2

1 • Harold “Bunny“ Levitt.  2 • Ted St. Martin. Pas le  physique d’un playboy,  mais un as du lancer.

pendant plus de trente ans aux ÉtatsUnis et au Canada, lors de matches NBA, de CBA, de USBL, au Final Four NCAA, dans des centres commerciaux, pour l’ouverture de magasins, à des foires expos… Il fit aussi des concours, releva des défis. Personne ne l’a jamais battu. Il a transformé 14.466 lancers en 24 heures – 90% de réussite –, obtenu 95% de réussite dans ses shoots en huit heures de démonstration à Chicago. Plein de trucs de dingue. Son record de 200 lancers de suite, il l’a battu 15 fois. Le 28 avril 1996, lors d’un clinic avec des étudiants, en 7 heures et 20 minutes, St. Martin l’a élevé à une cime qui défit l’imagination, quelque chose de plus fort encore qu’un dunk en prenant appel de cette même ligne des lancers-francs. 5.221, oui cinq mille deux cent vingt et un lancers-francs sans que la balle ne rate une seule fois la cible. n


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Coupe de France

Chalon première Reportage photographique de Hervé BELLENGER


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La mer rouge

« Ma crédibilité passait par un trophée » a reconnu le coach Greg Beugnot. Celle de l’Élan Chalonnais, qui avait fait chou blanc en 2001, en finale de la Saporta, et cette année lors de celle de la Semaine des As, aussi. Les Bourguignons n’ont pas laissé passer une troisième fois le train du succès, matant dans les dernières minutes un Limoges CSP avide de se racheter un peu d’une saison catastrophique (79-71). Trois milliers de Chalonnais ont hurlé leur joie et – sous la haute direction de Steed Tchicamboud –, pour fêter ce premier sacre, ils ont entonné à Bercy le fameux ban bourguignon. Rentrés à Chalon en bus, les joueurs ont eu la surprise d’être accueillis au Colisée dans la nuit par près de 800 supporters en liesse. Une vraie communion.


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maxi-basket

Un homme de parole

Le MVP de la soirée, c’est lui, Blake Schilb, considéré par ses pairs et les médias comme le numéro 3 des étrangers de France. Greg Beugnot lui demanda de faire la décision. « Vous pouvez compter sur moi, coach » lui a-t-il répondu. Résultat : l’Américain scora 14 points consécutifs dans le dernier quart, celui qui mena à la victoire. Quelques heures plus tard, Blake Schilb prolongeait son contrat avec l’Élan jusqu’en 2013.


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Une œuvre commune

Si Ilian Evtimov – ici en photo – fut l’une des pierres angulaires du succès chalonnais (10 pts et 6 rbds), chacun apporta sa part à la pièce montée. Ainsi Alade Aminu (17 pts, 9 rbds, 3 ctrs) fit son meilleur match de la saison. « Le banc avec Aminu et (Bryant) Smith a reboosté tout le monde en deuxième mi-temps » se félicitait Greg.


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maxi-basket

Tout ça pour rien

Si Limoges a longtemps cru en son étoile, c’est grâce à cet homme-là : Robert Hite, 28 pts en 34 minutes, à 10/16 aux shoots. Quoi de plus frustrant que d’être le MVP de l’équipe perdante ?


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Pour l’éternité

La photo souvenir, à encadrer dans le Hall of Fame du club et à diffuser partout dans la région. Une première fois, forcément, ça marque !


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FIBA Europe Ciamillo Castoria

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CĂŠline Dumerc


EUROBASKET FÉMININ

EUROBASKET FÉMININ

TOUJOURS UN CHAT NOIR ? LES CHAMPIONNES D’EUROPE EN TITRE BÉNÉFICIERONT-ELLES DE L’ESSENTIEL DE LEURS RESSOURCES EN POLOGNE ? LES MÉSAVENTURES DE L’ÉTÉ DERNIER INCITENT À LA PRUDENCE. Par Pascal LEGENDRE

I

FIBA Europe Ciamillo Castoria

FIBA Europe - Nick Marzoli

l y a un an, il est possible qu’un sorcier vaudou ait gère nos joueuses de façon individuelle si besoin » précise jeté un sort à l’équipe de France. La liste des “24“ Pierre Vincent. de Pierre Vincent avait été décimée. Passons sur le fait que Fatimatou Sacko ne s’était pas présentée au À la carte premier rassemblement et que, de fil en aiguille, le coach L’Euro se tenant en juin, comme il y a deux ans, la période avait écarté trois joueuses jugées pas assez qualifiées entre la fin des compétitions de clubs et la reprise avec pour le Championnat du monde. Ce qu’il faut retenir, l’équipe nationale ne permet pas de prendre à proprement c’est que huit pré-sélectionnées ont été inopérantes parler de vacances, juste d’avoir un moment de répit pour à cause de blessures diverses et quelques-unes. variées. Certaines n’ont pas pu se Le staff avait convoqué un premier déplacer (Diandra Tchatchouang, groupe de joueuses dès le 2 mai, à Allison Vernerey), une autre est Bourges. Étaient concernées celles arrivée physiquement mal en point qui avaient arrêté dès la mi-avril, en (Isabelle Yacoubou), une quatrième LFB ou encore Pauline Krawczyk en éreintée (Sandrine Gruda), et quatre Pologne. Berruyères et Tarbaises ont se sont blessées durant la période de pris le train en marche, et quelquespréparation (Virginie Brémont, Émilie unes ne sont apparues qu’à DivonneGomis, Sarah Michel et Doriane les-Bains. « L’état de fraîcheur, Tahane). Sans oublier qu’Endy Miyem, de santé, n’est pas le même pour excellente jusque-là, fut victime d’une toutes. Certaines enchaînent trois entorse de la cheville lors du quart de saisons en une. » Le coach rappelle finale contre l’Espagne et n’a ainsi ainsi que la préparation pour le pas participé aux deux matches de Mondial avait commencé le 5 août, classement. que les Bleues étaient reparties de La poisse est-elle toujours Karlovy-Vary le 4 octobre, deux jours de repos, reprise de l’entraînement, d’actualité ? Un point à l’heure du et le 16 c’était l’Open à Paris. « Les premier stage à Divonne-les-Bains, le 19 mai, démontrait que le chat cas de figure étaient différents. Des noir rodait encore dans les parages. filles m’ont téléphoné en me disant Pierre Vincent devait faire sans « je suis cramée », alors que d’autres Marielle Amant (fracture de fatigue), étaient fraîches et avaient besoin Élodie Bertal (claquage musculaire), Florence Lepron de s’entraîner car elles n’avaient Élodie Godin (syndrome de Morton, rien fait depuis un moment. Il faut une réduction du canal nerveux sur gérer l’hétérogénéité des niveaux de le pied qui a nécessité une opération), Johanne Gomis fatigue, tout en profitant pour voir de jeunes joueuses. » (genou) et Doriane Tahane (toujours en arrêt de travail La préparation est plus conséquente que celle à la vasuite à une rupture des ligaments du genou). vite de 2009, mais loin des standards habituels, qui Ajoutons que trois élues parmi les 16 sont convalescentes. comprennent six semaines de regroupement, un stage Pauline Krawczyk (rupture des ligaments du genou) n’a en altitude, une douzaine de matches. « Les Tchèques, joué que la moitié de la saison polonaise, Émilie Gomis les Espagnoles, les Russes, les Polonaises ont fini leurs (opération du ménisque) s’est contentée de 7 matches compétitions plutôt que nous. » de saison régulière et du Challenge Round, alors que Pierre Vincent a fourni une liste de 16 pour ce premier Ana-Maria Cata-Chitiga a loupé la fin de la compétition stage à Divonne. Toutes celles qui ont été de l’aventure nationale à cause d’une triple fracture de fatigue. « Il en République tchèque ont été rappelées, sauf Pauline n’y a aucun risque pathologique et elle a droit à un Jannault-Lo, qui n’a pas spécialement apprécié. Les vraies programme de préparation physique personnalisée. On a surprises, ce sont les retours d’Edwige Lawson-Wade (voir un préparateur physique, Fred Aubert, très compétent qui l’article), Aurélie Bonnan, et Paôline Salagnac. « Aurélie était

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LE MODE D’EMPLOI GROUPE A

GROUPE B

GROUPE C

GROUPE D

Lituanie

Biélorussie

Espagne

Croatie

Russie

Grande-Bretagne

Monténégro

France

Slovaquie

Israël

Pologne

Grèce

Turquie

République tchèque

Qualifié

Lettonie

TOUR PRÉLIMINAIRE

TOUR DE QUALIFICATION

DEMI-FINALES

Groupe A

22.06

01.07

(Katowice, Spodek Arena)

(Lucznicka Sports Arena, Bydgoszcs) 18.06

A/1 A/2

Turquie-Lituanie Russie-Slovaquie

12h30 18h00

Slovaquie-Turquie Lituanie-Russie

12h30 18h00

Slovaquie-Lituanie Turquie-Russie

12h30 18h00

19.06

A/3 A/4 20.06

A/6 A/5

Groupe B

(Lucznicka Sports Arena, Bydgoszcs) 18.06

B/2 B/1

Biélorussie-Grande-Bretagne République tchèque-Israël

15h00 20h30

19.06

B/4 B/3

Israël-Biélorussie 15h00 Grande-Bretagne-République tchèque 20h30

20.06

B/6 B/5

Grande-Bretagne-Israël République tchèque-Biélorussie

15h00 20h30

Groupe C

(Katowice, Spodek Arena) Espagne-Équipe (C/3) Pologne-Monténégro

15h00 18h00

Monténégro-Espagne Équipe (C/3)-Pologne

12h30 18h00

Équipe (C/3)-Monténégro Pologne-Espagne

12h30 18h00

19.06

C/4 C/3 20.06

C/6 C/5

Groupe D

(Katowice, Spodek Arena)

23.06

(Lucznicka Sports Arena, Bydgoszcs) E/1 E/2 E/3

Équipe (B/3)-Équipe (A/1) Équipe (B/2)-Équipe (A/2) Équipe (A/3)-Équipe (B/1)

(Katowice, Spodek Arena) F/4 F/5 F/6

Équipe (C/1)-Équipe (D/2) Équipe (D/3)-Équipe (C/3) Équipe (C/2)-Équipe (D/1)

E/4 E/5 E/6

Équipe (A/1)-Équipe (B/2) Équipe (B/3)-Équipe (A/3) Équipe (A/2)-Équipe (B/1)

15h30 18h00 20h30

F/7 F/8 F/9

Équipe (D/1)-Équipe (C/1) Équipe (C/2)-Équipe (D/3) Équipe (D/2)-Équipe (C/3)

(Lucznicka Sports Arena, Bydgoszcs) E/7 E/8 E/9

Équipe (B/1)-Équipe (A/1) Équipe (A/2)-Équipe (B/3) Équipe (B/2)-Équipe (A/3)

Grèce-Lettonie France-Croatie

12h30 20h30

15h30 18h00 20h30

Croatie-Grèce Lettonie-France

15h00 20h30

15h30 18h00 20h30

15h30 18h00 20h30

20.06

D/6 Croatie-Lettonie 15h00 D/5 Grèce-France 20h30 Les 3 premiers de chaque Groupe préliminaire sont qualifiés pour le tour de qualification (Groupes E et F). Les 4e sont éliminés. Les résultats entre les équipes du même Groupe préliminaire sont pris en compte pour le Groupe de qualification.

18h00 20h30

18h00 20h30

CLASSEMENTS DE 5 À 8 30.06

(Lodz Arena)

47/A Perdant de (43)-Perdant de (46)

15h30

01.07

(Lodz Arena)

48/A Perdant de (44)-Perdant de (45)

51/A Perdant de (47)-Perdant de (48)

18h00

Finale 5e place (Lodz Arena)

52/A Gagnant de (47)-Gagnant de (48)

20h30

Finale 3e place (Lodz Arena)

53/A Perdant de (49)-Perdant de (50)

18h00

FINALE (Lodz Arena)

54/A Gagnant de (49)-Gagnant de (50)

20h30

LES VILLES

Bydgoszcz : 360.000 habitants Salle : Sports Arena Luczniczka (8.000 places) Katowice : 315.000 habitants Salle : Spodek Arena (11.500 places) Lodz : 753.200 habitants Salle : Lodz Arena (11.500 places)

LONDRES 2012

30.06

44/A Équipe (E/2)-Équipe (F/3) 45/A Équipe (F/1)-Équipe (E/4)

(Lodz Arena)

OBJECTIF :

QUARTS DE FINALE

(Lodz Arena)

Finale 7e place

03.07

Les 4 premiers de chaque Groupe de Qualification sont qualifiés pour les quarts de finale. Les 5e et 6e sont éliminés.

43/A Équipe (E/1)-Équipe (F4) 46/A Équipe (F/2)-Équipe (E/3)

18h00 20h30

03.07

26.06

(Katowice, Spodek Arena)

49/A Gagnant de (43)-Gagnant de (46) 50/A Gagnant de (44)-Gagnant de (45)

02.07

25.06

(Lucznicka Sports Arena, Bydgoszcs)

(Lodz Arena)

02.07

15h30 18h00 20h30

24.06

(Lodz Arena)

19.06

D/3 D/4

15h30 18h00 20h30

29.06

18.06

D/1 D/2

Équipe (D/3)-Équipe (C/1) Équipe (D/2)-Équipe (C/2) Équipe (C/3)-Équipe (D/1)

27.06

18.06

C/2 C/1

F/1 F/2 F/3

15h30

Le Tournoi Olympique féminin se tiendra du 27 juillet au 12 août 2012 à Londres. Le plateau sera constitué de 12 équipes. En ce qui concerne la zone européenne, le champion continental sera directement qualifié. Les équipes classées de 2 à 5 à l’Euro (jusqu’à 6, si la Grande-Bretagne fait partie des 5 premières) seront engagées au Tournoi Qualificatif (du 25 juin au 1er juillet) qui regroupera des équipes de tous les continents dans un lieu à déterminer. Les 5 premières seront qualifiées pour les J.O.


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« Je conçois que l’on puisse avoir une autre vision que la mienne, mais c’est moi qui dirige le projet. » Pierre Vincent venue en 2009 pour nous aider à préparer le championnat d’Europe et je lui avais dit qu’elle avait zéro chance d’être retenue. » Depuis, la Mondevillaise s’est imposée comme l’une des meilleures joueuses de LFB en faisant notamment des razzias au rebond. Quant à la Berruyère, excellente en playoffs, le coach à la double casquette précise : « quand j’entends quelqu’un dire « il prend cette joueuse-là car elle est à Bourges », ça me fait rigoler. L’année dernière, je suis allé voir Pao qui est dans mon club et je lui ai dit « tu ne seras pas sélectionnée en équipe nationale ! » Quand je suis l’entraîneur de l’équipe de France, j’ai besoin de construire l’équipe la plus performante possible. Je conçois que l’on puisse avoir une autre vision que la mienne, mais c’est moi qui dirige le projet. »

12 pas 14

Dans ses plans, Pierre Vincent envisageait de réduire son groupe à 12 avant le départ à Prague (1er juin). « Autant

à l’intérieur et à la mène il y a une hiérarchie très forte, autant à l’extérieur c’est un peu la bouteille à encre, plein de cas de figures sont envisageables. » Pour se prémunir contre d’éventuels pépins, riche des mésaventures passées, le coach rappellera deux joueuses supplémentaires pour le dernier stage à Beauvais, mais c’est bien à douze que les Bleues partiront à l’Euro, même si le nouveau règlement en permet quatorze. Croisons les doigts pour que l’équipe nationale ne soit pas une nouvelle fois maraboutée. Même si Pierre Vincent, qui n’est pas habitué à sortir le parapluie, effectue un ultime contre-pied : « A contrario, le plus difficile c’est de vivre l’intégration de toutes les stars du basket français et d’avoir un contexte qui prétend que ça va être facile. On croit que le simple fait de mettre des noms sur une liste permet de gagner des matches. Je discute avec Stella Kaltsidou (internationale grecque de Bourges), elle me dit qu’au complet, nous sommes injouables. Je n’y crois pas. Quand tu es supposé faible, tu n’as rien à perdre et, à l’inverse, personne n’est à l’abri de passer au travers. La valeur ajoutée de notre équipe depuis quelques années, c’est notre capacité à travailler ensemble. Et c’est quelque chose qu’il faut remettre en question chaque année. » n

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FIBA Europe Ciamillo

Sous le maillot de Valence, pour le match de consolation du dernier Final Four de l’EuroLeague, face à Ekaterinbourg et Sandrine Gruda.


EUROBASKET FÉMININ

EDWIGE LAWSON

LE RETOUR DE

SPEEDY

EDWIGE LAWSON REVIENT AVEC LES BLEUES POUR L’EURO ET SE QUALIFIER POUR LES JEUX OLYMPIQUES DE LONDRES, DOUZE ANS APRÈS SYDNEY. Par Pascal LEGENDRE

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Edwige est un petit bolide qui fait des misères à tous les défenseurs.

ux Jeux Olympiques de Sydney, Edwige Lawson a 21 ans. C’est le mousse de la délégation française qui, tout à fait exceptionnellement, présente ses deux équipes nationales. La Rennaise aux racines béninoises appartient à la sélection depuis deux ans. Elle a déjà raflé une médaille d’argent un an plutôt à l’Euro en Pologne. Edwige est la back-up de Yannick Souvré et Laure Savasta et Alain Jardel l’utilise avec parcimonie. Les J.O., des souvenirs pour la vie. « Ce qui revient tout de suite à l’esprit, c’est la cérémonie d’ouverture, la compétition elle-même et puis, avec Audrey (Sauret), nous sommes allées voir chaque jour les garçons et la finale du 100 m » raconte-t-elle. « On avait une bonne équipe, terminé 5e, on était déçues même si c’était un bon résultat. Le Brésil avait eu la médaille de bronze et on l’avait battu en poule. » Les Bleues se vengeront un an plus tard en remportant au Mans le titre de championnes d’Europe. Edwige imposera sa marque (6,4 pts, 3,1 pds) avec notamment 16 points en 16 minutes face à la Yougoslavie. Onze ans après Sydney, les douze vice-champions olympiques sont à la retraite. Laurent Sciarra et Frédéric Weis sont les deux derniers à avoir quitté la piste aux étoiles. Dans les rangs des filles, Nicole Antibe (37 ans) et Audrey Sauret (35 ans) sont encore vaillantes, seulement Edwige Lawson-Wade est la seule à pouvoir prétendre disputer une seconde fois les Jeux Olympiques. Et dans l’intervalle, elle a parcouru un long et magnifique chemin, la Bretonne. « Honnêtement, je ne vais pas quelque part sans que je connaisse la moitié de l’équipe » s’amuse-t-elle.

Europe et WNBA

Ce que l’on ne sait pas forcément, c’est qu’Edwige a gagné la Coupe Ronchetti – l’équivalent de l’actuelle EuroCup – avec Bourges alors qu’elle n’avait pas 16 ans. Disons qu’elle faisait partie du roster mais son nom n’apparaît pas dans les statistiques récapitulatives. « J’étais à fond sur l’échauffement ! Mais je me souviens de la finale à Parme, on est rentré en avion privé, tous les fans de Bourges étaient là. À la fin de la saison, le président Pierre Fosset voulait m’inclure dans l’équipe première, mais je n’étais pas prête, je n’aurais pas eu de temps de jeu. Je voulais jouer. » Et Edwige jouera, beaucoup, partout, et pas pour rien, pour des lauriers, des médailles, des trophées. Trois EuroLeague avec Valenciennes et Samara. Trois titres de championne de France, deux de Russie. Une Coupe du monde des clubs. Une finale de WNBA. Et ce n’est qu’un échantillonnage. C’est simple : Edwige Lawson-Wade est le basketteur français, des deux sexes, à avoir la carrière la plus dense, la plus variée, la plus accomplie. « Je ne suis pas une mercenaire qui change tout le temps d’endroit » rigole-t-elle. « Je sais que je suis tombée au bon endroit, au bon moment, et j’ai voulu vivre chaque moment à fond. » Edwige comptabilise 141 matches en WNBA et cela fait trois étés qu’elle avait trouvé une stabilité aux San Antonio Stars. Son statut n’a cessé de s’améliorer, au point qu’en 2010, elle était apparue 19 fois dans le starting five –- en 33 matches – pour 22 min par match. Pour plusieurs Françaises, la WNBA fut

FIBA Europe Ciamillo Castoria

« On peut faire mieux qu’en 2000. » un miroir aux alouettes, c’est une vraie réussite pour Edwige comme pour Sandrine Gruda. De la meneuse américaine, elle n’a pas que l’apparence mais aussi le style de jeu. La Rennaise fait donc du basket non-stop. « Au début, c’était dur de faire la transition car le basket américain est beaucoup plus physique, ça prend deux ou trois semaines d’adaptation. Ann (Wauters) en rigolait car elle ne prenait pas un shoot sans que deux ou trois filles lui arrachent le bras. Après, c’était plus facile quand je suis revenue à San Antonio car j’avais le même coach, les mêmes équipières. À l’inverse, lorsque j’ai joué à Valence, il a fallu que je m’adapte car c’était un rôle totalement différent, surtout qu’on a changé de coach en cours de route. » Après un long épisode russe (voir Maxi-Basket n°17) clôturé par une pige dans le plus prestigieux club européen, le Spartak Moscou, la Française s’est offert en février 2010 une escapade en Israël, à Elizur Ramla. Habituée à servir les stars, c’est elle qui est devenue Générale. « J’ai adoré le pays, il faisait beau tous les jours » commence-t-elle. « Les joueuses israéliennes ne sont pas aussi fortes qu’en Russie et les équipes jouent souvent sur leurs étrangères. Il y en a trois par équipe, et peu importe leur niveau, il faut qu’elles marquent 20 points et prennent 10 rebonds. J’ai fait quelques matches à 20 pts et plus. Après ils se sont adaptés à mon jeu et j’ai davantage été dans mon rôle de meneuse en marquant 10-12 points. Mon président est venu me voir et il m’a dit, « Lawson, on a besoin que tu scores ! » C’est la première fois où je me suis retrouvée dans une équipe où on me demandait ça. » C’est ainsi qu’Edwige a battu ses records personnels : 17,3 pts avec un excellent taux de réussite, 56%. Forcément, à Ros Casares Valencia, le décor n’était pas le même. « J’avais d’autres opportunités mais je me suis dit que c’est un club qui gagne toujours et qui joue le Final Four. Même si je savais qu’il y avait trois meneuses, que je serais remplaçante et que ça serait plus dur sur un plan personnel. » Bon choix, sauf que Valence a buté sur Salamanque en EuroLeague comme dans le championnat domestique. La production personnelle d’Edwige a été fluctuante, avec des pointes à plus de 15 points mais aussi un rendement parfois


EUROBASKET FÉMININ

discret (25 minutes de jeu et 4 points sur les deux matches de quarts de finale d’EuroLeague face à Bourges).

Vie de couple

FIBA Europe Ciamillo Castoria

Qualifié par toutes de catastrophe nationale, l’Euro 2007 aurait pu servir de point final à l’engagement d’Edwige avec les Bleues. L’été suivant, c’est là qu’elle a choisi de s’investir à fond en WNBA. « Je jouais en Russie avec Becky Hammon et Ann Wauters et Becky nous parlait beaucoup de San Antonio, nous disant qu’ils cherchaient une meneuse et une intérieure. Elle voulait surtout Ann, je pense. On s’est dit qu’on allait tenter l’aventure là-bas. C’est sûr que si on s’était qualifiées pour les Jeux, je n’aurais pas pensé à la WNBA. » Jamais Edwige n’a renoncé à l’équipe nationale et la véritable raison de son émigration estivale est d’ordre familial. La Française est l’une des rares internationales mariée. Avec un Américain, James Wade, lui-même basketteur. James “Coco“ Wade, un guard de 1,77 m et de 36 ans, a écumé pas mal de clubs français semi-pros, Cambrai, Sainte-Luce, Vitré, et se retrouvait cette saison à Golbey-Épinal, en NM1, avec Danny Strong, le mari d’Alliston Feaster, une amie d’Edwige depuis l’époque d’Aix-en-Provence et Valenciennes. Un moment, James s’est retrouvé au CSK Samara, pour être au même endroit que sa femme. Ça n’a pas toujours été le cas et l’éloignement géographique pesait sur le couple. « Cela fait sept ans que je joue à l’étranger et, depuis plusieurs années, James et moi nous n’étions plus dans le même pays. L’équipe de France, ça veut dire stages et vie à l’hôtel. Je ne pouvais pas faire ça douze mois sur douze. J’avais besoin de vivre avec mon mari à un moment donné. Il est Américain, aussi jouer l’été aux États-Unis, c’était l’idéal. » Et pourtant Edwige Lawson-Wade n’a jamais coupé les ponts avec les Bleues et s’était mise en réserve de la République, assurant qu’en cas de coup dur – genre une blessure de Céline Dumerc – elle viendrait au secours d’un secteur sinistré. Céline a toujours été d’attaque, la France est devenue championne d’Europe et, pendant ce temps, Edwige est parvenue en finale WNBA. Que des heureuses ! Durant cette période, le coach national Pierre Vincent n’a pas utilisé un téléphone rouge pour se tenir au courant en permanence des intentions de la plus Américaine des basketteuses françaises. Il explique ses principes : « Je ne suis pas quelqu’un qui téléphone aux joueuses tous les quatre matins pour savoir comment elles vont, d’autant qu’au niveau français, je ne veux pas mélanger les genres. Je n’ai pas eu Céline Dumerc durant sa saison à Ekaterinbourg. Je suis un peu

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old school et, pour moi, l’équipe nationale, c’est une fierté et un devoir pour un joueur d’y répondre. Ceci dit, quand il y a des blessures, des problèmes, elles peuvent me contacter, on a un suivi médical, de préparation physique, de programme adapté si besoin. Lorsque j’ai su qu’Élodie (Godin) avait des problèmes physiques, je suis entrée en contact avec elle, pareil avec Pauline (Krawczyk) mais je ne vais pas téléphoner à celles qui n’en ont pas. Je ne trouve pas ça normal de leur dérouler le tapis rouge pour les séduire. En revanche, ça l’est de les aider dans mon champ de compétence. »

À Montpellier

Et puis, cette saison, Bourges et Pierre Vincent ont eu le loisir de croiser quatre fois Valence et Edwige Lawson. C’est en avril qu’Edwige a changé ses plans. Déjà parce qu’elle n’était plus sous contrat avec San Antonio pas forcément décidé à la re-signer. Et surtout Edwige et James avaient la perspective de jouer en 2011-12 dans le même pays, la France. Un cas de figure concrétisé avec la signature mi-mai de la Bretonne à Lattes-Montpellier. Une sacrée pioche pour l’équipe héraultaise, ceci dit au passage. Sans parler, évidemment, de la perspective de re-goûter à une aventure olympique. « On peut faire mieux qu’en 2000 » assure Edwige. « Il y a les États-Unis et l’Australie qui dominent, mais je trouve que les Russes ont une petite baisse de régime. Il faut être en forme au bon moment. Si on se qualifie pour les Jeux, je ferai tout pour avoir une médaille. Il y a toujours sur le podium une équipe que personne n’attendait ! » Edwige Lawson en doublure, en relais de Céline Dumerc ? Au poste 2 à ses côtés ? Edwige a beaucoup servi de deuxième arrière à San Antonio avec Becky Hammon et, à Valence, aux côtés de Laia Palau ; sa vitesse, sa dextérité font toujours merveille et son shoot extérieur est une vraie menace. Ce sont les options qui s’offrent à Pierre Vincent, mais le coach a été clair avec “l’ancienne“, rien n’est garanti. « Je ne lui ai parlé que de règle de vie car c’est quelqu’un qui revient dans une équipe de France où le fonctionnement a changé. Avec Alain Jardel, les joueuses stars étaient identifiées, on savait très bien qui serait dans l’équipe. J’estime que le groupe France est assez large pour que des joueuses pas connues puissent entrer en équipe nationale, jouer la compétition et, à l’inverse, que des joueuses réputées ne soient pas sélectionnées. Edwige m’a demandé si c’était possible qu’elle ne soit pas retenue dans les 12. Oui, ça l’est. Ce n’est pas parce que tu joues au CSKA Moscou que tu vaux plus que quelqu’un qui joue à Challes-les-Eaux. Ceci dit, Edwige Lawson est une très bonne joueuse et il n’y a pas de raisons qu’elle ne soit pas apte à produire. » n

Sa dernière apparition avec l’équipe de France remonte à l’Euro 2007.


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PAPE-PHILIPPE AMAGOU (ROANNE) TOP-SCOREUR DE LA CHORALE DE ROANNE (12,6 PTS), PAPE RAFFOLE DU JEU RAPIDE ET DES FEINTES DE CORPS. MAIS CE JOUEUR ATYPIQUE — UN GAUCHER QUI SHOOTE MAIN DROITE — EST AUSSI UN VRAI TECHNICIEN, QUI BOSSE DUR CHAQUE JOUR APRÈS L’ENTRAÎNEMENT. Propos recueillis par Florent de LAMBERTERIE

Ton geste préféré ?

J’aime bien dribbler vers l’adversaire main gauche, feinter d’envoyer mon corps vers la gauche et finalement récupérer la balle main droite. Le grand spécialiste, c’est Manu Ginobili.

Celui que tu voudrais améliorer ?

Le floater. C’est super dans le jeu intermédiaire, surtout quand tu n’es pas très grand, comme moi. On le travaille beaucoup aux États-Unis, dès l’âge de cinq, six ans. Pour eux, ça fait partie de la base du jeu au même titre qu’un lay-up. En France en revanche, on ne le travaille jamais, aucun coach ne t’apprend ce geste, c’est pour ça que le mien n’est pas très efficace. La difficulté, c’est qu’il faut allier vitesse et toucher en même temps, donner la trajectoire lobée pour éviter le contre malgré la vitesse.

Celui que tu travailles le plus ?

Le shoot. À chaque fin d’entraînement, je ne quitte pas la salle tant que je n’ai pas marqué au minimum 70 tirs à 3-pts et 20 lancers-francs. En général, ça me prend environ vingt minutes.

Ta meilleure série à trois-points ?

Mon record n’est pas très élevé, c’est 24 réussites d’affilée.

Plutôt catch and shoot, après un dribble ou en sortie d’écran ?

En catch and shoot. La balle va à l’intérieur, elle ressort, tu l’attrapes, tu balances.

Ton spot préféré ?

Je n’ai pas spécialement de spot favori pour shooter mais j’aime beaucoup quand ça joue vite en transition. Ça offre beaucoup de solutions, tu peux bloquer à 3-pts, la défense n’est pas vraiment en place... Quand tu es un joueur de percussion comme moi, c’est le meilleur moyen d’exprimer tes qualités.

Attaque main gauche ou main droite ?

Les gens disent souvent que je vais tout le temps à droite mais ça me fait rire parce que ce que les gens ne savent pas, c’est que je suis gaucher ! Je suis gaucher dans la vie de tous les jours, j’écris de la main gauche et d’ailleurs, quand je prends le contact avec un grand, je préfère finir main gauche. En revanche, je shoote main droite et je n’ai jamais su pourquoi.

Les passes, à terre, bien sèches ou lobées ?

Plutôt à terre, j’aime bien le jeu en pick and roll où après l’écran, tu mets la balle au sol entre ton défenseur et le porteur d’écran. C’est propre, ça fait très “yougo“, très Euroleague.

Le secret pour bosser ton dribble ?

Le mieux, c’est de travailler avec des plots et deux ballons en même temps. Ensuite, il faut faire des variations de hauteur, de vitesse et de manière asymétrique : une main qui dribble bas et rapide, l’autre main qui dribble haut et plus lentement. C’est ce que font beaucoup les Américains et c’est le meilleur moyen de gagner en dextérité.

JF Molliere par Agenzia Ciamillo-Castoria

Le geste un peu funky que tu aimerais passer en match ?

Je n’ai jamais vraiment essayé de reproduire des gestes freestyle, j’ai même du mal à faire tourner la balle sur mon doigt ! Parfois, on voit des mecs faire des trucs impressionnants avec un ballon mais ce n’est pas ça qui va t’aider en professionnel. En revanche, avoir un bon cross main gauche et main droite, c’est pas mal. ●

IRE « DU MAL À FA E L L A B A L R E N TOUR !» T G I O D N O M SUR


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DAN S L’UŒTIL S DES SCO

L’HÉRITIER À SEULEMENT 17 ANS, DARIO SARIC A RÉALISÉ UNE SAISON EN TOUT POINT EXCEPTIONNELLE ET TRANSFORMÉ EN OR PRESQUE TOUT CE QU’IL A TOUCHÉ. CHAMPION D’EUROPE DES 16 ANS ET MOINS, VAINQUEUR DE L’EUROLEAGUE JUNIOR, IL ÉTAIT ÉGALEMENT LE PLUS JEUNE JOUEUR DE L’ÉDITION 2011 DU HOOP SUMMIT. DE QUOI S’ATTIRER DES COMPARAISONS AVEC LES PLUS GRANDS. Par Laurent SALLARD

L

FIBA Europe / Marko Metlas

e 8 mai dernier à Barcelone, après avoir remporté le tournoi junior de l’Euroleague, Dario Saric a dû se faire poser un pansement à la tête. Mais les joueurs du Zalgiris Kaunas, battus en finale par son équipe du KK Zagreb, n’y étaient pour rien. Le trophée lui est tout simplement tombé sur le crâne lorsqu’il a tenté de le soulever. Saric est pourtant loin d’être maladroit, comme en témoigne son triple-double réalisé en finale (19 pts, 14 rbds et 10 pds). En tournant sur la compétition à 20,3 points, 12,3 rebonds et 6,3 passes, il s’est également adjugé le titre de MVP, séduisant les derniers observateurs qui ne l’avaient encore pas vu à l’œuvre. L’irruption sur la scène européenne du prodige date de l’été dernier. Il avait alors emmené la Croatie à la médaille d’or de l’Euro des 16 ans et moins, réalisant déjà un triple-double en finale face à la Lituanie avec 30 points, 11 rebonds et 11 passes. Avec des moyennes de 24,3 points, 11,5 rebonds et 5,8 passes, il avait logiquement été élu MVP de la compétition. Personne n’avait dominé la catégorie à ce point depuis Ricky Rubio en 2006.

Le cadet du Hoop Summit 2011

Repères Né le 8 avril 1994 à Sibenik (Croatie)

• Croate • Taille : 2,05 m • Poste : Ailier-fort • Club : École de basket Drazen Petrovic (Croatie), KK Zagreb (Croatie) 2009-11, Dubrava Zagreb (Croatie) 2010-11.

• Stats en championnat croate’11 : 17,2 pts à 50,2%, 10,0 rbds et 3,5 pds en 34 min

• Stats en Ligue Adriatique’11 :

2,4 pts à 40,0% et 2,3 rbds en 12 min

• Stats en EuroChallenge’11 :

2,0 pts à 33,3%, 2,5 rbds et 1,5 pd en 14 min

Sa performance estivale lui a valu d’être cette année le plus jeune joueur invité au Hoop Summit à Portland. Saric s’y est certes contenté de 7 points et 6 rebonds, mais du haut de ses 2,05 m, il a fait apprécier durant toute la semaine d’entraînement une vision du jeu, une qualité de passe et une tenue de balle exceptionnelles pour un joueur de sa taille. Des qualités qui lui permettent d’évoluer aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur et d’envisager de jouer à terme au poste 3, même s’il est pour le moment surtout utilisé en 4. Pour sa première véritable saison avec les seniors, Dario Saric a goûté à la Ligue Adriatique et à l’EuroChallenge avec le KK Zagreb, mais a également joué dans le championnat croate avec le Dubrava Zagreb. Encore relativement peu utilisé dans les deux premières compétitions, il s’est en revanche totalement épanoui dans la troisième, peu relevée. Il y a ainsi terminé la saison par huit doubles-doubles en neuf matches, pointant même à 21,0 points, 12,5 rebonds et 5,3 passes sur six matches.

Plus talentueux que Drazen Petrovic ? À l’été 2009, le magazine Kosarka se penchait déjà sur le phénomène, qui apparaissait en photo, moustache duveteuse et maillot des Nets à l’effigie de Drazen Petrovic sur les épaules, dribblant sur la côte dalmate. Le jeune homme de

15 ans, originaire de Sibenik, sortait tout juste de l’école de basket. Signé par le puissant agent américain Bill Duffy, il revenait d’un essai à Vitoria, qui le suivait depuis ses 11 ans, et lui avait proposé un contrat de 11 années et 3 millions d’euros. Mais la famille Saric a finalement refusé, trouvant la durée d’engagement trop longue, et soucieuse de voir le jeune prodige jouer rapidement en équipe première, ce que le KK Zagreb lui a offert. Predrag Saric, le père de Dario, savait ce qu’il faisait. Il a en effet joué durant 15 ans au plus haut niveau européen avec le Sibenka Sibenik, y côtoyant un certain Drazen Petrovic. « Je ne peux pas être objectif, mais j’ai joué avec Drazen, et je sais comment il jouait à l’âge de 15 ans, et je peux vous dire que Dario est comme Drazen. Peut-être est-il encore plus talentueux que lui », expliquait Predrag en 2009.

Travailler avec Obradovic Depuis quelques mois, son père n’est plus le seul à couvrir son fils de louanges. « Il y a longtemps que nous n’avions pas eu un tel talent (en Croatie) », remarquait ainsi récemment Neven Spahija, le coach du Fenerbahçe Istanbul. « Il est le premier depuis Kukoc et Radja à être à un tel niveau, le premier de ce genre depuis l’indépendance du pays. » Zeljko Obradovic, entraîneur du Panathinaikos, suit également le prodige de près. « Si on parle de talent pur, alors Dario Saric est sûrement le meilleur de ces dernières années. Toutefois, il a encore du chemin à parcourir pour devenir un joueur de top niveau. » Et le technicien serbe pourrait lui montrer la voie à suivre dans un avenir proche. Car si le Fenerbahçe, Barcelone, Vitoria et le Real Madrid suivent de près son fils, pour Predrag Saric, le choix est déjà fait. « Je serai honnête et direct. Je pense que le Panathinaikos est de loin la meilleure option pour Dario », assurait récemment l’ancien joueur croate au site Leoforos.gr. « Il y a une raison à cela, et elle s’appelle Zeljko Obradovic, et je souhaite que mon fils ait la chance de travailler avec lui. J’ai joué contre Zeljko, il y a des années, et j’ai une entière confiance en lui. » Dario devra toutefois peut-être patienter un an de plus. Lié en effet au KK Zagreb jusqu’en 2012, sa clause libératoire s’élève à 3 millions d’euros, une somme astronomique pour un gamin de 17 ans, aussi talentueux soit-il. Mais s’il rejoint le Pana, il n’a probablement pas fini de soulever des trophées… au péril de son crâne. ●


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FIBA Europe / Nebojsa Parausic

DARIO SARIC (DUBRAVA ZAGREB)


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AU CŒUR DE LA REMISE _logo de base

DES TROPHÉES LNB

LA LISTE DES LAURÉATS _logo de base

MVP Pro A Français Mickaël Gelabale (ASVEL)

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Samedi 14 mai 2011, hôtel Westin, Paris. Joueurs, coaches, dirigeants et femmes de basketteurs, tout le basket français s’était mis sur son 31 pour la remise des trophées LNB 2010-11, et a pu se retrouver, le temps d’une soirée. PlongÉE au cœur de l’événement ! sur fond noir / sombre + Westin

MVP Pro A Étrangers Sammy Mejia (Cholet)

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MVP Pro B Français Philippe Da Silva (Évreux)

MVP Pro B Étrangers Nate Carter (Nanterre)

Meilleur Entraîneur Centre de Formation Thomas Drouot (Paris Levallois)

Meilleur Entraîneur Pro B Pascal Donnadieu (Nanterre)

Meilleur Défenseur John Linehan (Nancy)

Meilleur Marqueur Rick Hughes (Hyères-Toulon)

Meilleur Entraîneur Pro A Erman Kunter (Cholet) Meilleur Espoir Pro A et Meilleure Progression Pro A Evan Fournier (Poitiers)

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1 Antoine Rigaudeau était le président d’honneur de l’événement 2 Une nouvelle star, Nicolas Batum (Portland, NBA), un journaliste historique, Jean-Luc Thomas (L’Équipe) 3 Deux ex-sélectionneurs : Claude Bergeaud et Alain Weisz (Hyères-Toulon) 4 William Louis-Marie (Trace Sports HD) discute avec Loïc Boquien (Maxi-Basket) 5 Les 10 lauréats de la saison 2010-11 6 Jean à gauche, Pascal à droite : les Donnadieu de Nanterre 7 David Cozette (Sport+) en discussion avec Hervé Beddeleem (BCM) 8 Jacques Monclar et Alain Weisz, deux figures historiques du coaching 9 Jean-Luc Desfoux (Pst LNB) a tenu un discours en ouverture de la soirée 10 Mickaël Gelabale (ASVEL) : avec le sourire, mais sans dreadlocks ! 11 Antoine Rigaudeau récompense Sammy Mejia : Cholet, du passé au présent 12 Philippe Da Silva (Évreux) a reçu son trophée des mains de Moustapha Sonko 13 Dominique Juillot (Pst Chalon) pose en compagnie de son épouse

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8 1 Jean Donnadieu (Président Nanterre), Yann Barbitch (FFBB) 2 Isabelle Weisz, Laurent Foirest, Moustapha Sonko 3 Jacques Monclar, Jean-Luc Desfoux (Président LNB) 4 Erman Kunter (Entraîneur Cholet Basket) et son épouse 5 Antoine Rigaudeau, Françoise Amiaud (Vice-Présidente FFBB), Richard Dacoury 6 Une partie de l’équipe de Sydney 2000, Alain Weisz et Jean-Luc Desfoux 7 Nicolas Batum, Evan Fournier (Poitiers), Antoine Rigaudeau 8 Pierre Seillant, Jean-Luc Desfoux 9 Richard Dacoury 10 La famille choletaise 11 De g. à d. : Mme Da Silva, Philippe Da Silva (Évreux), Nate Carter (Nanterre), Pascal et Jean Donnadieu (Nanterre), André Rostol (Évreux) et sa femme 12 Yannick Bokolo (BCM) en famille 13 La famille BCM Gravelines-Dunkerque 14 Les compagnes de Kévin Séraphin, Nicolas Batum et Jérémy Medjana 15 Mesdames Mejia, Darden, Linehan 16 Jacques Lemonnier (Vice-Président de la LNB), Philippe Legname (Membre du bureau fédéral) et leur épouse 17 Jean-Marc Jehanno (Vice-Président FFBB), Thierry Balestrière (Président de la LFB) 18 Antoine Rigaudeau, Audrey Sauret

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TROPHÉES LNB • maxi-basket 81

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19 Pascal Biojout (Sport Plus Conseil), Philippe Morin (Basketball Network) 20 Nicolas Batum interviewé par Trace Sports HD 21 Aix-Maurienne : Xavier Lain, sa femme et Jean-Paul Genon honorés par les danseuses lituaniennes de la Coupe de France 22 Les présidents LNB : Alain Béral (Candidat 2011), Mme Le Goff, Jean-Luc Desfoux, Jean Bayle-Lespiteau, Alain Pelletier 23 John Linehan reçoit son trophée 24 De g. à d. : Jean Bayle-Lespiteau, Pierre Seillant, Philippe Restout, Mme Juillot, Alain Pelletier, Dominique Juillot, Christian Baltzer 25 Le SLUC : Julien Marboure, JeanCharles Brejeon, Cyrille Muller (Président de la DNCCG) 26 Joël Ras (Le Havre) avec Antoine Rigaudeau 27 Jacky Chazalon, Jean-Pierre Goisbault (Président UCPB) 28 Yann Casseville (Journaliste BasketNews) : un homme heureux ! 29 Emy Westermann (LNB) 30 L’équipe du Paris Levallois 31 Xavier Lain (Président Aix-Maurienne) et son épouse

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Plus de photos sur la page offcielle Facebook de la LNB

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Hervé Bellenger /IS

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MAXI-BASKET

LE BAROMÈTRE DE PRO A : JEFFERSON AIRPLANE Par Florent de LAMBERTERIE

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Davon Jefferson (ASVEL)

Tel le célèbre groupe éponyme, Davon Jefferson a plané sur la Pro A en ce mois de mai. Ses stats en playoffs contre Chalon ? 30, 43 et 26 d’évaluation. Effrayant.

2

Rick Hughes (Hyères-Toulon)

Malgré son âge canonique, le top-scoreur de la Pro A a encore quelques leçons à donner. Y compris en playoffs où ses 20 points de moyenne ont fait trembler le SLUC Nancy jusqu’au bout.

3

Samuel Mejia (Cholet)

15,5 points, 5,0 rebonds, 15,5 d’éval en playoffs. Le Dominicain de Cholet n’a pas eu à forcer son talent mais il a reçu son trophée de MVP. Une juste récompense pour une splendide saison.

4

Blake Schilb (Chalon)

Si "Monsieur Propre" n’a pas su vaincre l’ASVEL, ses 14 points consécutifs en finale de Coupe de France ont offert à Chalon le premier titre de son histoire. Ça tombe bien, il a rempilé pour deux ans.

5

Demetris Nichols (Vichy)

Le perdant magnifique. 3e scoreur de Pro A, l’Américain n’a pas pu sauver le destin de Vichy. Mais avec 27,0 points, 6,5 rebonds et 28,0 d’éval sur les deux derniers matches, il a vraiment tout tenté.

6

Alade Aminu (Chalon)

Le pivot chalonnais a explosé en fin de saison. 17 points en finale de Coupe de France, 16,7 points, 8,3 rebonds pour 24,3 d’éval en playoffs et surtout, des alley-oops spectaculaires dans tous les sens.

7

João Paulo Batista (Le Mans)

Moins en verve cette saison, le Brésilien s’est rappelé au bon souvenir de la Pro A en postseason. 23 points à 65% contre Cholet, malgré la défaite, Batista leur a tout fait.

8

Robert Hite (Limoges)

Si seulement Limoges l’avait signé dès le début de saison ! Le fou furieux du shoot a régalé Bercy en finale de Coupe de France (28 pts, 7/9 à 3-pts). Celui-là, on veut le revoir en Pro A.

9

Tremmell Darden (Nancy)

Un match de mammouth à Gravelines pour chiper la 2e place (24 pts, 10 rbds, 31 d’éval) et un leadership assumé en playoffs (18 pts, 18 d’éval). Toujours aussi précieux.

10

Ben Woodside (Gravelines-Dk)

Dans le dur en fin de saison, Woodside renaît en playoffs. 15,3 points, 6,7 passes, 17,3 d’éval face à Roanne et un poignet toujours aussi sûr dans le money-time (11/12 aux lancers-francs).

11

John Cox (Le Havre)

Le retour au Havre aura définitivement été une bonne chose pour l’ancien Nancéien. 24,0 points à 26,5 d’éval sur les deux derniers matches, et un maintien tranquille pour le STB.

12

Mickaël Gelabale (ASVEL)

Il a coiffé Yannick Bokolo sur le fil pour le trophée de MVP français. À voir son rendement en playoffs (15,0 pts à 60%, 5,3 rbds, 3,0 pds, 18,3 d’éval), le Guadeloupéen prouve que son titre n’était pas usurpé.

13

Chinemelu Elonu (Pau-Lacq-Orthez)

Pau n’ayant plus rien à jouer, ça compte un peu pour du beurre. Mais tout de même, 18,5 points, 5,5 rebonds, 23,0 d’évaluation et deux victoires pour finir la saison, ce n’est pas donné à tout le monde.

14

Abdoulaye M’Baye (Strasbourg)

L’arrière de Strasbourg a sonné la révolte sur ce mois de mai. 16 points à 65%, (21 d’évaluation) et surtout, deux précieux succès qui assurent le maintien de la SIG. Bon boulot.

15

Dounia Issa (Gravelines-Dk)

Toujours aussi fort en défense, Dounia met de plus en plus le nez à la fenêtre en attaque avec trois matches sur cinq à plus de dix points sur le mois de mai. Sevré de playoffs depuis 2008, le gaillard profite !

16

Uche Nsonwu-Amadi On aurait pu mettre Dylan Page, on a choisi Uche. Pour sa présence constante dans la raquette roannaise (12,0 pts, 8,0 rbds, 18,3 d’éval en playoffs), dans la victoire comme dans la défaite. (Roanne)

17

Stephen Brun (Nancy)

« En mai fais ce qu’il te plaît », dit l’adage. Stephen l’a bien compris alors il bat ses records aux points (20), rebonds (10), et à l’évaluation (21) cette saison. Et il a même obtenu son permis !

18

Antywane Robinson (Cholet)

On n’en parle pas assez mais ce joueur est indispensable à Cholet. 11,8 points à 50% et 8,0 rebonds sur le mois. Pas forcément le plus spectaculaire, mais une régularité de métronome.

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Charles Lombahé-Kahudi Comme l’an dernier, l’ailier sort ses griffes sur la fin. 28 points, 11 rebonds, 30 d’éval contre Roanne et des progrès significatifs en playoffs (14 pts, 14 d’éval). À quand la saison complète ? (Le Mans) Edwin Jackson (ASVEL)

Une saison cauchemardesque, quelques frémissements sur les dernières semaines et puis ce match 3 contre Chalon (30 pts à 11/13 pour 36 d’éval). Vous n’y comprenez rien ? Nous non plus !


E L B A S N INDISPE

wige Lawson... de France... Ed e up Co la et Smith... Chalon Rétro : Robert ... ar cl on M s Jacque

Dario Saric

#32

JUIN 2011

Du côté de chez

Kévin Séraphin

Euro Féminin

Un titre en jeu

Spécial Jeunes ier,

Evan Fourn Joffrey Lauvergne, ot, Vincent Pourch … ASVEL, la draft

Reportage Boris Diaw à Bordeaux

nce a r F e d e ip u q é l’ t Joakim Noah e

! E V I R R A L I

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