Les Antillais... CSKA Moscou... Jimmy Verove & Émilie Gomis... Charles Kahudi... Mistie Mims...
#37
NOVEMBRE 2011
• Boulazac
Fierté du Périgord • Cherokee Parks
Un NBAer en Nationale 2
Parker, Batum, Diaw, Mahinmi
DIVINES
© Hervé Bellenger / IS
APPARITIONS MAXI BASKET N°37 – NOVEMbre 2011 DOM-TOM : 5,60 € BEL 5,40 € Port.cont : 5,20 €
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Édito • maxi-basket 03
NOVEMbre 2011 Sommaire #37
4
échos
16
Nicolas Batum
24 Boulazac 32 Du Côté de Chez : Ian Mahinmi
Hervé Bellenger / IS
38 Cherokee Parks
Rien n’est impossible Par Pascal LEGENDRE
A
vant de s’envoler pour quelques jours à San Antonio, le 1er octobre, Tony Parker avait été l’invité de 50 minutes Inside, émission présentée par Sandrine Quétier et Nikos Aliagas et diffusée chaque samedi sur TF1 en début de soirée. Il y a révélé souffrir de sa séparation d’avec l’actrice Eva Longoria : « Eva, je l’aimerai toujours, j’aurai toujours du respect pour elle. Il faut aujourd’hui continuer à vivre. » Les ménagères de moins et de plus de 50 ans adorent ce genre de confidences. Alors qu’il était en promo de la série animée Baskup, il a ajouté sur la Matinale d’Europe 1 que son divorce est « quelque chose qui est très très dur à vivre. » Les lectrices de Oops avaient pu apprendre que TP est agacé par les rumeurs qui l’annoncent en couple avec Barbara Morel – la première Miss Nationale de l’histoire au cas où vous ne le sauriez pas. Celle-ci a cru bon de préciser qu’ « une certaine presse a gâché une histoire d’amitié qui commençait avec Tony Parker. Je me suis un peu sentie comme Nemo jeté dans une eau infestée de requins. » Je tiens à préciser que la « certaine presse » n’est pas celle spécialisée dans le jeu de basket-ball ! Pas facile de suivre sa trace à Tony ! Quelques fins limiers ont su qu’il s’est rendu au nouveau Disney Store pour y signer des autographes dans le cadre de l’association Make a Wish dont il est le parrain. Sa venue à Cannes a fait davantage de bruit. « Dans les salons du Majestic, il est attendu comme le messie. Même lorsqu’il arrive avec une heure et demie de retard sur l’horaire prévu, on lui pardonne volontiers. Pourvu qu’on puisse lui arracher deux mots dans son emploi du temps chargé », écrit Nice Matin. La raison de sa présence sur la french rivieira : un tournoi des World Series of Poker. « C’est mon vice. J’aime
Directeur de la publication Gilbert CARON Directeur de la rédaction Pascal LEGENDRE (p.legendre@norac-presse.fr) Rédacteur en chef Fabien FRICONNET (f.friconnet@tomar-presse.com) Rédacteur en chef-adjoint Thomas BERJOAN (t.berjoan@tomar-presse.com) MAXI-BASKET est édité par SARL NORAC PRESSE
Siège Social : 3 rue de l’Atlas – 75019 PARIS. Capital : 25 000 euros Principaux associés : Print France Offset, Le Quotidien de Paris éditions, Investor.
l’adversité dans le sport et je la retrouve dans ce jeu. Chambrer les partenaires, avoir un jeu agressif. En fait, il y a beaucoup de points communs avec le basket. Il faut être fort mentalement. Avoir l’endurance physique pour tenir dix heures durant à jouer. » Précision non négligeable, TP assurait la promotion de son sponsor Betclic. La preuve de sa célébrité, le nom de Tony Parker a été inclus dans le Who’s Who 2012, dictionnaire biographique comprenant 2.308 pages et 22.000 notices de personnalités les plus en vue dans des domaines variés, de la politique à la vie culturelle et sportive. « Pour l’avoir, il a fallu courir derrière et relancer son agent pendant dix-huit mois », a déclaré une source au Parisien. Le site Strategie.fr sortait de son côté un scoop : TP sera(it) l’égérie de Quick, l’un des rois de la restauration rapide, jusqu’en 2014. Un film publicitaire les associant devrait sortir au début de l’année prochaine, « et un burger de l’enseigne pourrait être baptisé du nom du joueur. » Stratégie, c’est du sérieux, mais notez quand même le conditionnel. Sollicité pour donner son pronostic avant la finale de la Coupe du Monde de rugby, le meneur des Bleus a lâché : « Dans le sport, rien n’est impossible. » Et c’est le leitmotiv que l’on reprend pour ce billet. Car enfin, qui pouvait sérieusement imaginer, il y a quelques mois, que la superstar des San Antonio Spurs puisse revêtir le maillot vert de l’ASVEL sinon au soir de sa carrière ? Il y a quand même quelque chose de surnaturel dans sa présence, même temporaire – plus celles de Batum et Diaw – en Pro A. Une divine apparition. On y voit comme un signe du destin : pour le basket français, si longtemps à la traîne, la roue est en train de tourner. l
RÉDACTION DE PARIS 3 rue de l’Atlas - 75019 Paris Téléphone : 01-73-73-06-40 – Fax 01-40-03-96-76 RÉDACTION DU MANS 75 Boulevard Alexandre & Marie Oyon BP 25244 - 72005 LE MANS CEDEX 1 Téléphone : 02-43-39-16-21 – Fax 02-43-85-57-53
Ont collaboré à ce numéro Claire PORCHER, Gaétan SCHERRER, Frédéric TRIPODI et Barbara YOUINOU. Secrétaire de rédaction Cathy PELLERAY (02-43-39-16-21 - c.pelleray@norac-presse.fr).
JOURNALISTES
Conception charte graphique Philippe CAUBIT (tylerstudio) Direction artistique Thierry Deschamps (Zone Presse) Maquettiste Cyril FERNANDO
Thomas BERJOAN, Jérémy BARBIER, Yann CASSEVILLE, Fabien FRICONNET, Florent de LAMBERTERIE (01-73-73-06-46), Pascal LEGENDRE (02-43-39-16-26), Antoine LESSARD, Pierre-Olivier MATIGOT, Laurent SALLARD. RÉDACTION AUX USA Pascal GIBERNÉ (New York). Correspondants à l’étranger David BIALSKI (USA), Giedrius JANONIS (Lituanie), Kaan KURAL (Turquie), Pablo Malo de MOLINA (Espagne), Streten PANTELIC (Serbie), Bogdan PETROVIC (Serbie); Yannis PSARAKIS (Grèce), Sran SELA (Israël), Stefano VALENTI (Italie).
RÉALISATiON GRAPHIQUE
ABONNEMENTS
Laurence CUASNET (02-43-39-16-20, abonnement@ tomar-presse.com) - NORAC PRESSE - Service abonnements B.P. 25244- 72005 LE MANS CEDEX 1
47 Contrôle surprise : Hervé Beddeleem
48 Les Antillais
56 Photos :
NBAers en France
66 CSKA Moscou 68 Jimmy Verove
& émilie Gomis
74 Mistie MIMS
78 Charles Kahudi 80
Fondamentaux
82 à la Une : Alexandre Atinkpahoun
PUBLICITÉ RÉGIE Hexagone Sports 12 rue Notre-Dame des Victoires – 75002 Paris Patrick GOHET (09.54.04.72.66), hexagone@hexagonepresse.com Loïc BOQUIEN (06.87.75.64.23), lboquien@hexagonepresse.com
IMPRESSION ROTO PRESSE NUMERIS 36 Boulevard Schuman – 93190 Livry Gargan
RÉGLAGE À JUSTE TITRES : Badice BENARBIA (04 88 15 12 42) b.benarbia@ajustetitres.fr COMMISSION PARITAIRE : 1110 K 80153 RCS : Paris B 523 224 574 ISSN : 1271-4534. Dépôt légal : à parution
La reproduction des textes, dessins et photographies publiés dans ce numéro est la propriété exclusive de Maxi-Basket qui se réserve tous droits de reproduction et de traduction dans le monde entier.
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maxi-basket
LES ÉCHOS
Claire PORCHER, Pascal LEGENDRE et Antoine LESSARD
Pierre Seillant
Au cœur DE l’Élan Béarnais
Un livre sur le légendaire président de l’Élan Béarnais Pau-Orthez est sorti début octobre, écrit par Gérard Bouscarel, ancien journaliste à La République et L’Éclair des Pyrénées puis directeur sportif du club. En voici quelques extraits pour vous donner l’eau à la bouche.
PIERRE SEILLANT, UN HUMANISTE
• (…) D’abord, il jouit d’une santé de fer. Quatre
à cinq heures de sommeil lui suffisent pour réparer la mécanique, pour refaire une santé physique, morale. C’est Jacky Commères, un modèle de coach assistant, qui lui dit un jour, « vous n’êtes pas fait du même bois que nous. Vous n’êtes jamais enrhumé, je ne vous ai jamais vu mal fichu. » C’est un atout majeur dans le jeu d’un président qui est aussi assureur de métier et qui, la moitié ou presque de sa carrière, vient au quotidien à Pau en partant d’Orthez. Cela dit, sa voiture est aussi un second bureau, un labo plutôt. Il y analyse les infos de la journée, dissèque les idées, révise les projets, au besoin il s’arrête et note sur des « Postit », de couleur toujours, et au feutre, noir surtout. Au Palais des Sports quand il descend de son auto, c’est au nombre de ces petits papiers collés sur son inusable agenda que l’on mesure l’humeur du prési. Mais le risque de dépression n’est pas énorme, il a en général, pour ne pas dire toujours, le sourire de quelqu’un qui arrive heureux au bureau. Peut-être le lundi matin fait-il exception à la règle. Le boss a eu, au calme de sa maison de Sainte Suzanne, tout le week-end pour penser, réfléchir, prévoir, orienter, réorienter. Il a seulement sacrifié à la tradition dominicale d’un cigare-armagnac devant son poste de télévision et un match, de rugby si possible. Il n’a pas d’ordinateur, tout est stocké dans
la mémoire de l’homme. Bref il a beaucoup de choses en tête et c’est le premier sur lequel il tombe en arrivant au Palais qui va prendre le relais… Claude Bergeaud a sa tactique, quand la Mercedès se gare, il prend le téléphone… Mais ce n’est que partie remise. Et ce n’est qu’un jeu. Puisque Pierre Seillant ne se défausse jamais totalement d’un dossier, il garde toujours un œil sur l’évolution des choses, à plus forte raison quand celles-ci relèvent du domaine sportif. Non pas qu’il n’a pas confiance, simplement sa curiosité déborde, sa passion éclate à tous les étages de ce qui se fait dans l’antre de l’Élan… C’est aussi sa manière de montrer l’exemple puisqu’il n’est pas question que quelqu’un travaille plus que lui… « Ce club c’est sa vie » dit un jour Freddy Hufnagel revenu à l’Élan en 1995 et parfait trait d’union entre les deux époques du club. On l’a vu, pour définir son attachement à l’Élan Pierre Seillant use d’expressions fortes venues de ses entrailles. Le père des deux magnifiques filles que sont Marie Béatrice et Anne a-t-il trouvé à l’Élan les fils qu’il n’a pas eus ? Beaucoup de ses proches le pensent. C’est ce qui explique aussi qu’il soit magnanime, indulgent. Il a du mal à se fâcher avec les gens. Il préfère de loin les bons gros coups de gueule qui font du bruit mais ne laissent pas de traces. Celui du Palais, un soir de demi-finale contre le Mans, avec Jerry Mc Cullough, à la mi-temps, est resté dans les mémoires. L’orage
Pascal Allée / Hot Sports
Gérard Bouscarel
éclate ce soir là où, dit-on, le prési ne parla jamais aussi bien l’anglais. Une fois passé le soleil brille, radieux et l’Élan champion… En revanche, si la rupture est rare elle est définitive et sans appel quand elle survient. Jamais il ne pardonne ni ne pardonnera à Michel Gomez d’avoir quitté l’Élan comme il l’a fait en l’amenant devant les tribunaux. (…)
TROIS POSTERS À L’US ARENA…
• Invité par Gheorge Muresan à Washington, Pierre
Seillant s’y rend quatre jours en février 95 avec votre serviteur. Quatre jours c’est trois matches à domicile. Un seul entraînement. Une foule d’obligations. 150 ballons à signer par toute l’équipe, le matin, pour un donateur, 30 maillots à dédicacer l’après midi, pour une visite dans une école. Gidza est en mode NBA un homme pressé que l’on dépose au match en limousine blanche. Qui possède son fan club. Ses affichettes aussi, « Big George ». C’est une star, une vraie. Avec ses gardes du corps. Ses costumes trois pièces. Son carnet de rendezvous. Son courrier de ministre. Seuls les membres du fan club ont droit désormais à ses autographes. Il a consenti une entorse au règlement pour répondre à › › ›
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LES ÉCHOS ›››
la gentille lettre de l’école Jean Moulin de Jurançon. Pour une bonne cause, il accepte à la télévision de chanter un chant traditionnel de Noel en roumain. Et puis il tourne un film, « My Giant », avec Billy Cristal. Il joue le rôle de « Dédé le Français ». Son propre rôle. « C’est un business » confie-t-il à son hôte. Il touche 5,5 millions de dollars sur 4 ans. Bill Sweek, l’ancien entraîneur de Monaco et Liliana, sa femme, gèrent ses affaires. Chez lui, au 1310 Pleasant Meadow Road, c’est par contre un bunker. Lucky, un énorme dogue allemand monte la garde. Ce soir là, 27 février, c’est l’anniversaire de Pierre Seillant. Gidza a réservé sa soirée. Il a invité la famille Sweek, Kenny Grant, une petite voisine et un agent littéraire, venu négocier les droits de sa biographie. Son petit mot plein de reconnaissance, en français, est touchant. Il offre à son prési, un pin’s en or des Bullets. Il parcourt avec lui le press book de son passage à l’Élan. Sur l’ordinateur, Kenny Grant est allé chercher l’hymne de l’Élan, celui que chante Michel Etcheverry. Quand il raisonne dans la pièce, Gidza n’en croit pas ses oreilles. Il se lève, rit franchement et marque la cadence. Il est heureux comme un gamin.
Claire PORCHER, Pascal LEGENDRE et Antoine LESSARD
Le lendemain jour de match à l’US Air Arena, Pierre Seillant déjeune dans le salon d’honneur des Bullets, le Capitan’s club. Tout au champagne. Il est arrivé par l’entrée « Stars and Stripes », celle des VIP. Le couloir est en boiserie fine et brillante. La moquette y est épaisse. La lumière filtrée. Deux hôtesses l’escortent. Trois posters, sobres mais élégants, ornent le mur. Celui de Ronald Reagan en visite. Celui de Tina Turner en concert, la cuisse dénudée. Celui de Gheorge Muresan que le Shaq essaie de contrer… Pierre Seillant s’arrête. Son cœur s’est emballé…
L’EUROPE, LA MORT
• « Tu as fais le forcing pour le faire venir… Et s’il n’était pas venu ! Peut-être que rien ne serait arrivé. Cette idée hante mes nuits sans sommeil. » Cette fois là, la seule, pour de bon, Pierre Seillant pense rendre son tablier, renoncer, se consacrer uniquement aux assurances devenues son métier. Dave Russell vient de se tuer. Au volant de sa voiture, dans un virage, à Castétis. Il bruine à l’aube de ce 28 décembre 1977. L’auto va trop vite. Elle s’enroule autour d’un arbre… La veille, l’Élan lui souhaitait son 24ème anniversaire. Dave avait poursuivi la fête, à Pau. Il n’avait pas bu. La mort invite Pierre Seillant à traverser le pays de l’horreur. Ce coup de fil du pompier Michel Laudumier, qui glace le sang, à 4 heures du matin : « Pierre, un de tes joueurs américains vient de se tuer »… Une semaine s’écoule, longue, laide. En ces périodes de fêtes, ambassade et consulat américains fermés, la dépouille de Dave reste 6 jours à la morgue. Ses amis, basques espagnols et béarnais, lui rendent un hommage poignant dans l’église de Départ. Le corps a été posé dans un cercueil à hublot, pour qu’au retour, ses parents le voient une dernière fois. L’obsession est
terrible, « et s’il n’était pas venu… » Jay, son frère, vient le chercher pour le dernier voyage au pays. C’est lui qui insiste pour que Pierre Seillant ne laisse pas tomber. Pour qu’il continue, en souvenir de Dave. Dave Russell, est arrivé de Saint Sébastien, du club de l’Askatuak, à Orthez quelques mois plus tôt. José Gasca, l’entraîneur-bondissant du club basque préfère le voir jouer chez son ami Pierre Seillant plutôt que de le voir passer chez l’ennemi, le Réal de Madrid. Gasca a eu le nez fin en allant chercher, ce bel athlète blanc, solide, blond, au sortir de l’université de Shepherd. Il y détient deux records : 56 points sur un match, 22 paniers sur un autre… Il est racé, doué, il porte beau et le panier agit sur lui comme un aimant. « C’était un très joli joueur », les années passent, l’émotion demeure. En novembre, un mois auparavant, l’Élan de Jean Luent, avec Dave Russell a disputé ses deux premiers matches de coupe Korac face à Badalone. L’Europe, c’est une consécration pour l’Élan. Elle est là et le club est dans la peine. l Éditions Gascogne. 390 pages. 20€. En vente sur france-libris.fr et boutique-elan-bearnais.fr
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LES ÉCHOS
Claire PORCHER, Pascal LEGENDRE et Antoine LESSARD
Tendance robe comme à Lyon (ici, Charline Servage).
P.Allée-H.Bellenger-FFBB
CABINE D’ESSAYAGE
Les ligues féminines pâtissent souvent d’une sous-popularité et sous-médiatisation par rapport à leurs homologues masculins. Depuis plusieurs années, les clubs de LFB contreattaquent en se démarquant dans leur choix de tenues.
L
’arme fatale de la LFB, la féminisation, est devenue un axe majeur de communication. Robes, cuissards, tenues cintrées : le traditionnel combo short long / maillot large prend la poussière. L’année dernière, le club de Lyon (alors en Ligue 2) a révolutionné l’équipement des joueuses françaises. Avec une robe. « La féminisation est essentielle », confirme le
président de la LFB Thierry Balestrière. « Dans la ligue, nous essayons notamment de travailler autour des visuels de l’Open. » Le président est plus sceptique sur l’effort des clubs. « Il y a encore du boulot ! Je suis un peu inquiet sur leur prise en compte de la nécessité de travailler sur la tenue des joueuses. » Il souhaiterait que chacun comprenne l’importance d’associer féminité et sport, en prenant exemple sur l’initiative › › ›
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LES ÉCHOS › › › lyonnaise.
«J’ose croire que l’électrochoc apporté par Lyon va réveiller les autres. Leur tenue concilie féminité, tenue sportive et confort », ajoute-t-il. À son arrivée au Lyon Basket, le GM Olivier Ribotta décide de faire des tenues une valeur ajoutée. « Faire jouer les filles en filles ! », s’exclame-t-il. Avec deux notions importantes prises en compte par leur designer local : l’aspect technique et le bienêtre. Julie Legoupil trouve la matière « agréable et sympa à porter. Ça met vraiment en valeur l’athlète. » L’arrière lyonnaise trouve que c’est positif que les joueuses ne ressemblent pas à des « bonhommes ». Après plusieurs demandes, le club envisage même de commercialiser la robe dans sa boutique.
Toutes de rose vêtues comme à Arras (ici, Krissy Bade).
Si Lyon a été précurseur avec sa robe, d’autres clubs travaillent sur la féministation depuis longtemps. Le club de Bourges a « aidé les joueuses à rester féminines ». « Elles sont d’abord femmes avant d’être joueuses ! », explique Pierre Fosset. Cette saison, Challes-les-Eaux a aussi opté pour le style haut moulant et « cuissards ». Le président se réjouit de voir éclore ses nouvelles tenues. « J’aime autant voir des joueuses à Lyon comme à Bourges que des joueuses avec un short quasiment aux talons, je trouve ça horrible. » D’un point de vue esthétique, Julie Legoupil du LBF péfère largement jouer en robe qu’en tenue berruyère : « La robe, ça cache un petit peu. Les cyclistes pas du tout, pas le droit à l’erreur ! » Johanne Gomis (Nantes Rezé) ne sais pas si elle
P.Allée-H.Bellenger-FFBB
Une nouvelle tenue à s’approprier
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LES ÉCHOS serait capable de jouer avec la tenue lyonnaise. « Visiblement les filles s’y accomodent... Quand on en parle entre nous, les filles ne semblent pas réticentes aux robes. À condition d’avoir un cycliste en dessous, au lieu de leur boxer un peu court », précise-t-elle. À Lyon, les joueuses se sont appropriées la tenue, même si la pilule a eu du mal à passer de prime abord. « Avant de les avoir vues, nous étions contre ! Après avoir essayé, porté les robes à l’entraînement, on s’est toutes adoucies », explique Julie Legoupil. Toutes les joueuses sont conscientes que l’image du club repose beaucoup sur ces robes. « De toute façon on n’a pas le choix ! », confie Julie. Son GM confirme : « Si les nouvelles ne veulent pas mettre de robe, elles ne viennent pas ! »
Un peu trop fille
À Nantes Rezé, on ne fait pas de la féminisation des tenues une priorité. Mise à part quelques nouveautés dans la couleur ou la typographie, on reste dans le classique. « Les tenues qui sont sensées être plus féminines, je ne trouve pas ça très réussi. Est-ce qu’on valorise vraiment le basket féminin avec des tennues de tenniswomen ? », se demande Cyrille Aubert, responsable marketing à Nantes Rezé. « Essayer de se rapprocher des tenues un peu plus cintrées, pourquoi pas. Mais de là à changer radicalement, ce n’est pas l’objectif dans l’immédiat. » Et le rose ? C’est fille mais peut-être trop. « Jouer en rose, je pense que ça ne révolutionne pas les choses, ça fait un peu fillette ! », explique Olivier Ribotta. Johanne Gomis aussi, même si elle a apprécié jouer en rose à Arras, avoue « que trop de rose tue le rose ! » Lyon réfléchit déjà à la prochaine étape de son plan marketing. « On va développer l’élégance en dehors du terrain et sûrement partir sur des couleurs différentes, comme une robe noire. » À suivre... De toute façon, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. l
À Bourges, c’est la tenue moulée qui est à l’honneur (ici, Jennifer Digbeu).
OSÉES LES TANGOS ? • En début de saison, la campagne de Bourges intitulée « Osez le Tango » a beaucoup fait parler d’elle. En cause ? Des affiches promotionnelles avec une joueuse en shorty représentée. Les associations et syndicats locaux sont montés au créneau en écrivant un communiqué corsé au président Pierre Fosset. Ambiance : « Les sportifs, qu’ils soient hommes ou femmes ne sont pas des choses, mais des humains [...] Les dirigeants du club auraient-ils perdu toute valeur, tout esprit critique, tout sens de la dignité. » Pourtant, le président n’a eu aucune réclamation de ligues féminines. « Je ne vois pas ce qu’il y a de dégradant ! » Il trouve même un avantage à tout ce tapage : « Finalement, c’était plutôt intérssant : ça nous a fait pas mal de pub ! » Du côté de la ligue, Thierry Balestrière pense que « c’est peut-être un des moyens que l’on a pour parler du basket féminin ». « Quand les joueurs de rugby posent, personne n’en parle, et là une photo complètement anonyme posant une certaine forme d’élégance féminine dérange ? »
P.Allée-H.Bellenger-FFBB
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Claire PORCHER, Pascal LEGENDRE et Antoine LESSARD
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LE LIVRE D’OR 2011 Immanquable, la version 2011 du traditionnel Livre d’Or du Basket, édité par Les Èditions Solar. Sur 120 pages copieuses, les auteurs revisitent la saison 2010-11, ponctuée par l’incroyable épopée des Bleus à l’EuroBasket. De la chevauchée des Mavericks et de Nowitzki au sacre de Nancy, des coups de gueule aux coups de sang, des salaires aux révélations, le Livre d’Or raconte les petites et les grandes histoires d’une saison exceptionelle.
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LES ÉCHOS
Claire PORCHER, Pascal LEGENDRE et Antoine LESSARD
LES NOUVEAUX MAILLOTS DE PRO A
TOUT NOUVEAUX… TOUT BEAUX ?
C’est de saison. Après les tenues des filles, jetons un œil sur celles des garçons ! Les collections automne hiver 2011-12 de l’ASVEL, Gravelines-Dunkerque, Orléans, Paris Levallois, Poitiers et Roanne sont passées au grill de la rédaction (10 votants). Attention, avis tranchés !
ASVEL (11/20 en vert, 15/20 en noir)
Sponsors discrets, nom du club mis en valeur, coupe correcte, la nouvelle tenue de l’ASVEL est globalement une réussite. Seule vraie faute de goût, la couleur vert pomme (l’historique), jugée « trop flashy ». La version noire, « classe », « élégante », « zéro défaut » est presqu’unanimement reconnue comme la plus belle réussite de cette nouvelle collection, voire carrément comme le plus beau maillot du championnat.
POITIERS (10/20 en blanc, 13/20 en bleu)
Le PB86 a bénéficié d’une dérogation de la LNB, à titre expérimental, pour sortir du cahier des charges imposé à tous les clubs. Le nom de la ville s’affiche en gros sur le poitrail au-dessus du numéro. Une première saluée surtout que les sponsors sont bien intégrés à l’ensemble. Bravo ! Malheureusement, le maillot est mal dessiné et la version blanche un peu vide. La version bleue s’en sort beaucoup mieux. « Sobre et classe », « c’est ça le basket ! » L’un des rares jerseys de Pro A réellement commercialisable.
Photos : ASVEL, PB86, Chorlae Roanne, Kipsta, OLB, PL et P. Allée / Hot Spoorts
GRAVELINES-DUNKERQUE (9/20 en bleu, 10/20 en orange, 11/20 en blanc)
Les nouvelles tenues du BCM sont pour le moins identifiables. Cependant, à vouloir chercher l’originalité, l’ensemble manque d’unité, de cohérence. Le col marinière recueille peu de suffrages. « Il me rappelle les maillots de bain pour gosses des années 30 ». Les rayures, les bandes flashy sur le côté, les associations de couleurs pour le moins osées…toutes ces nouveautés laissent perplexes. Passe encore pour les versions blanches et orange. La bleue (spéciale coupe d’Europe) est « vraiment trop carnavalesque pour le coup ».
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Claire PORCHER, Pascal LEGENDRE et Antoine LESSARD
ROANNE (9/20 en blanc, 11/20 en bleu)
Les nouvelles tuniques de la Chorale nous font regretter le jacquard des précédentes. Les créatifs ont recherché le côté old school, épuré, mais quelques fautes de goût pénalisent l’ensemble, comme cette portée musicale qui traverse le maillot. De même le décalage curieux entre le maillot revival et le short baggy. Enfin les sponsors sont trop nombreux et imposants. « Il y en a trop comme sur une voiture de rallye ». Des deux versions, la bleue et ses couleurs « sympas » est la plus appréciée.
ORLÉANS (7/20 en blanc, 8/20 en noir)
Un millesime raté. En cause, la coupe trop large des maillots, aux épaules notamment et surtout l’énorme ballon logo qui traverse le short et le maillot. « Horrible », « un véritable scandale ». Quelques aplats des sponsors ternissent un peu plus le tableau. « Une ambiance placard à pubs ». La déclinaison en noir est jugée « moins pire ». Mais là encore, le « monsieur Bricolage » sur le verso n’arrange rien.
PARIS LEVALLOIS (6/20 en blanc, 7/20 en bleu marine)
La version blanche du nouveau maillot parisien hérite de la plus mauvaise note. « Trop simple », « banal, banal, banal… », « Qui est responsable d’un tel manque d’imagination ? » Le combo entre le bleu, le blanc et la publicité en vert est désastreux. La coupe « Nike, trop large » ne relève pas l’ensemble. La déclinaison bleu marine ne fait pas beaucoup plus rêver. Pour résumer l’avis général : « Indigne de Paris la capitale de la mode ». l
Agenzia Ciamillo-Castoria/GiulioCiamillo
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INTERVIEW • MAXI-BASKET 17
L’EURO DE
NICOLAS BATUM « JE VOULAIS FRANCHIR CE CAP QUE L’ON ATTENDAIT DE MOI »
ET DIRE QU’IL N’A ENCORE QUE 22 ANS ! L’AILIER DES BLEUS, QUI AURAIT SANS CONTESTE ÉTÉ ÉLU DANS LE « DEUXIÈME MEILLEUR CINQ » DE L’EURO SI CETTE DISTINCTION EXISTAIT, GRANDIT À VUE D’ŒIL. COMME L’ÉQUIPE DE FRANCE. POUR MAXI, IL REVIENT SUR CE CHAMPIONNAT D’EUROPE QU’IL A VÉCU COMME UN ÉPANOUISSEMENT ET QUI, SELON LUI, APPELLE DES VICTOIRES FUTURES. UN RÉGAL Propos recueillis par Fabien FRICONNET
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Quel a été, pour toi, le moment le plus fort de l’Euro ? J’hésite entre la Serbie et la demi-finale. Je mettrais quand même la demi-finale. Le buzzer final, quand tu te dis : ça y est, on évite le tournoi qualificatif olympique, on est aux J.O. direct, on est médaillés. On a fait quelque chose qu’on attend depuis longtemps. C’était génial.
FIBA Europe/Elio Castoria
Nicolas Batum, version guerrier japonais.
À ce moment-là, en effet, il ne peut plus rien vous arriver de grave… C’est un grand « ouf », c’est clair ! Quand je disais,
au tout début, que pour nous l’objectif était d’aller en finale, et que moi je voyais rien d’autre, on nous regardait avec des grands yeux. Ouh la ! Mais nous, c’est ce qu’on avait en tête. On était sûr de notre force, on savait qu’on pouvait le faire. À quel instant avez-vous réalisé que vous pouviez effectivement aller en finale ? C’est pour ça que j’ai hésité entre Serbie et Russie sur la première question. C’est le match contre la Serbie où on comprend… Quand tu vois la tournure du match, et surtout le dernier tir de Savanovic, tu te dis que la
INTERVIEW • MAXI-BASKET 19 chance tourne. Ce tir, avant, il l’aurait mis. Donc là, on s’est dit qu’on pouvait battre tout le monde. Là, on voit qu’on termine à 5-0, qu’on bat le vice-champion d’Europe, qu’on bat des grosses équipes. On est passés par pas mal de trucs bizarres. On mate la Turquie, puis on bat la Lituanie… Il y a des signes. Il y a le tir manqué de Dusko Savanovic mais aussi celui de Kerem Tunceri tout seul à trois-points… C’est clair ! Tu te dis : ok, c’est bon. Contre la Lituanie, on ne rate pas un lancer-franc dans les dernières
« Quand je disais que l’objectif était d’aller en finale, on nous regardait avec des grands yeux » minutes alors qu’il y a 15.000 Lituaniens contre nous. Ce sont des petits détails mais qui te font dire que la chance a tourné, que c’est pour nous. Contre la Grèce, que s’est-il passé ? Le stress ? Oui. On avait tellement envie de gagner… mais en même temps peur de perdre. On s’est complètement tétanisés au début. Et le fait d’être à -10, -12 au début, je crois que c’est la meilleure chose qui pouvait nous arriver. Vraiment. On s’est bien pris une grande claque dans la gueule. À la mi-temps, on s’est tous regardés en face, du style : bon, on peut jouer maintenant ? Après, c’était parti. On s’est lâchés. Si on avait perdu en quart après ce parcours génial, ça aurait été l’horreur. Tu as senti à un moment que la Grèce ne pourrait pas vous avoir ? Oui… On s’était mis trop de pression, on les avait laissés jouer. On jouait comme ils voulaient. On a subi leur jeu. On n’a pas imposé notre jeu comme on avait su le faire dans les matches précédents. Notre truc, c’était d’imposer notre jeu. On était énervés. On a commencé à inverser la tendance, on est passés devant, et là ils ne pouvaient plus suivre. On savait qu’ils allaient lâcher physiquement dès lors qu’on était plus forts qu’eux mentalement. Le match contre l’Espagne a-t-il été dur à « lâcher » ? (Silence) Franchement, on ne s’est jamais dit qu’on allait perdre le match. En fait, on n’avait pas de pression sur ce match puisque, dans les deux cas, victoire ou défaite, on passait. Je ne vais pas dire qu’on s’en foutait mais… On n’a pas dit : on perd. On n’a jamais dit ça ! On a dit : on essaye de gagner, on voit, si on peut faire le truc, on fera. À la mi-temps, on est bien, hein ! On joue ! Et puis en deuxième mi-temps, on fait… Ouais… Sans Tony, sans Joakim… On est revenus dans le même état d’esprit mais on a pris un 15-0. (Il rit) On prend les temps-morts, on essaye, mais à -15, hein… C’est les Espagnols, en face ! Donc voilà, on s’est pris un écart. On s’est pris une grande claque dans la gueule qu’on n’avait pas vu venir. On a été trop confiants, à mon avis. Qu’avez-vous ressenti face aux réactions qui ont suivi ce match, des critiques contre les Bleus venant d’Espagne et de Lituanie notamment ? Il y a ceux qui ont parlé du match, en disant qu’on n’avait pas joué, et tout ça… Ça, encore, je m’en fous un peu. Mais les trucs qu’on n’a pas aimés, c’est les trucs au niveau racial… Il y a eu pas mal de trucs racistes. Ça, ça nous a gênés. Le reste, le match en lui-même, on s’en foutait royalement de ce qui était dit. (Silence) On a fait ce qu’on avait à faire, c’est tout. Le racisme ambiant, appelons ça comme ça même si le terme est flou, que l’on craignait voir dirigé à votre égard, vous l’avez constaté ? Non, franchement, ça a été ! C’est juste au niveau des
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médias, notamment espagnols… L’Espagne, encore, mais en finale cette fois. Vous faites un match que l’on peut qualifier de solide mais ils sont clairement plus forts. Qu’est-ce qui vous sépare encore d’eux ? Sur ce match-là, sur la finale… Nous, c’était notre première ! Notre première finale. Pour nous tous. On était concentrés, vraiment dans le truc. Eux, ils étaient relax, c’était leur sixième finale en dix ans ! (*) Tu vois ce que je veux dire ? Avec l’expérience qu’ils ont, ils étaient relax, ils n’avaient pas de stress. Moi, quand on entre sur le terrain, j’étais concentré, dans mon truc, à fond, et là Rudy (ndlr : Fernandez, son ancien coéquipier à Portland, dont il est resté proche) me fait : « Pourquoi t’es vénère ? (ndlr : énervé) C’est qu’un match de basket, t’es en finale, profite ! » Tu vois l’état d’esprit qu’ils avaient ? Ils étaient tranquilles ! C’est peut-être ça qu’on n’avait pas : eux, ils étaient libérés ! Nous, on l’a pris trop comme une finale. Eux ils ont joué leur jeu, nous on s’est un peu crispé, on a un peu bafouillé. Mais
on a appris ! L’Euro dans deux ans, ça sera différent. Maintenant, on sait comme jouer une finale. On a eu le sentiment que cet été, l’équipe de France n’a pas connu le doute, pas vraiment. Que vous étiez sereins… Le doute, jamais. Enfin, le seul moment où on a douté, c’est contre la Lettonie ! (Il rit) On s’est dit : merde, on va pas perdre le premier match, quand même ! (Il rit) Sinon, le doute, non… C’est… (Il réfléchit)… Je devrais pas dire ça comme ça mais en fait, c’est limite comme si on savait pas, dès le début, qu’on allait au bout. On avait un but en tête et on a tout fait pour y arriver. On savait qu’on allait le faire. Quand on sort du vestiaire pour aller au milieu de terrain contre la Lituanie, tu as 15.000 personnes qui sont en train de t’insulter, de te siffler, de te huer, le truc qu’on s’est dit entre nous, c’est… Je sais pas si je devrais le dire comme ça dans un média (il rit) mais c’était : « Qu’est-ce que ça va être bon de fermer la gueule à 15.000 personnes ! » Mot pour mot. On n’a pas eu peur. C’était pas : allez les gars, on fait pas attention
« On n’a jamais dit : on perd contre l’Espagne »
FIBA Europe/Elio Castoria
Nicolas Batum, version Baaaaatman.
INTERVIEW • MAXI-BASKET 21 au public. Ben non, justement, c’était : le public, on va lui fermer la gueule !
nous, quelques fois. Des trucs qu’on n’avait pas avant. Donc oui, on a gagné le respect de tout le monde.
Avez-vous eu le sentiment que le regard sur l’équipe de France a changé, vers plus de respect ? Nous l’avons ressenti auprès des journalistes étrangers, mais vous, les joueurs ? On l’a ressenti surtout en rentrant en France. Parce que, bon, sur place, on ne fait pas très attention. On savait qu’on passait de plus en plus à la télé, que ça parlait. On est allé sur les plateaux, Tony a fait le 20h… On a vu la différence, c’est clair !
Partages-tu l’opinion générale qui fait de cet Euro le plus fort de l’histoire ? Ah, ça a été du haut niveau ! Du très haut niveau. Nous, on joue la Lettonie, on se fait peur ; derrière Israël avec tous les joueurs du Maccabi quasiment ; ensuite l’Allemagne avec Dirk, l’Italie avec trois NBAers et le coach de Sienne, puis la Serbie… La Turquie, la Lituanie chez elle, l’Espagne, la Grèce, la Russie… De grosses grosses armadas à chaque fois, quoi ! Même l’Angleterre, c’est pas très fort à la base, mais ils ont fait des bons trucs. La Pologne qui a failli sortir la Turquie. (Il réfléchit) La Macédoine ! Ils ont failli choquer le monde.
« Rudy Fernandez me fait : c’est qu’un match, t’es en finale, profite »
Mais vous ne l’avez pas senti chez les adversaires, les arbitres, le milieu ? Chez les arbitres, oui ! Si tu regardes, on a été sifflés différemment. Vous avez été sifflés normalement. Hum. (Silence) On a même eu des trucs avantageux pour
Trois semaines, onze matches, est-ce que tu ne trouves pas que c’est trop long ? C’est vrai que c’est un peu long, quand même. Je me rappelle qu’à la fin du deuxième tour, on avait déjà joué huit matches, et qu’on n’avait pas commencé la phase >>>
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finale. Avant, à huit matches, c’était fini. Quelle est la bonne formule ? Réduire le nombre de matches, je n’en sais rien. Franchement, je ne sais pas. Si on me demande, je préfère l’ancienne formule, mais bon… Cette formule-là, elle ouvre pour plusieurs pays, c’est bien aussi. Tu peux voir des équipes comme la Géorgie dont c’était la première participation, la Macédoine, la Finlande… Des équipes que tu ne verrais pas, sinon. C’est sympa. Es-tu sorti un peu usé, physiquement et mentalement, de cette compétition ? Physiquement, quand même un peu, oui. Mais quand tu réalises un truc comme on a fait, mentalement tu vas bien ! La tête va très bien ! (Il rit) Quand tu gagnes, quand tout va bien, tu repars… tu repars chez toi avec un billet pour l’Eurostar direct, pour Londres… Hein ? (Il rit) Sans passer par le TPO avant. On va pouvoir faire ça tranquille, on va pouvoir bien travailler, bien préparer les Jeux, sans se prendre la tête avec le TPO. Si tu fais le TPO, tu ne peux rien prévoir encore. Alors que nous, on va pouvoir bien se préparer.
On connaîtra notre poule, on connaîtra tout. Tu vois ce que je veux dire ? On peut aussi bien communiquer, la Fédé, puisqu’on est sûr d’être aux Jeux. Quand vous avez joué le tournoi de Londres, en préparation, il y a un moment où vous vous êtes dit, c’est un peu le serment de Londres, que vous reviendriez pour les Jeux… (Il coupe) Ça a été une excellente chose de faire ce tournoi. De voir les structures, de voir le village olympique, de voir le stade olympique, de jouer dans la salle qui accueillera le tournoi... On s’est dit : « Faut qu’on revienne, hein, faut qu’on revienne ! » On a eu un avant-goût.
« On s’est dit : Faut qu’on revienne, hein, faut qu’on revienne ! »
Nicolas Batum, version Chest Bump avec Boris Diaw.
Votre préparation a été bien conçue. Quand j’ai vu le programme, je me suis dit : «Là d’accord !» Les deux matches contre le Canada, le match en Espagne, le tournoi de Londres avec la même formule qu’au premier tour… Ça nous a préparé à gérer un premier tour. À tous les niveaux, pour le staff médical, pour la récupération, les soins. Pour les coaches, préparer et gérer les matches. Tout, quoi. À titre personnel, tu as pris beaucoup d’ampleur. Tu en avais fait un objectif ? Pas nécessairement au niveau des chiffres mais au niveau de ton statut… Je voulais vraiment être le lieutenant. La deuxième option. Franchir ce cap que tout le monde attendait de moi. Je me suis dit : «Allez Nicolas, enfin passe ce cap !» Je me suis loupé au Mondial, j’ai foiré, et là, en deuxième option, j’ai de meilleures stats qu’au Mondial ! Même mentalement, j’étais bien. J’avais un truc en tête. Je voulais montrer que j’étais un des meilleurs ailiers d’Europe, et voilà ! Que je n’étais plus Bambi ! (Il rit) Le match contre la Nouvelle-Zélande, au Mondial, il t’était resté dans la gorge ? Non… Ouais mais bon… C’est pas un match que j’ai envie de garder en tête. C’était une histoire de connerie de calcul… En fait, c’est pas une question de match… Il était différent, ce match-là. Je sais pas comment l’expliquer… Il était différent… On l’a foiré, on l’a foiré ! J’ai fait une faute à la fin sur Kirk Penney, j’étais dans mon élan…
Agenzia Ciamillo-Castoria/Y.Matthaios
Toi qui le connais bien, comment as-tu trouvé Vincent Collet pendant cet été en Bleu ? Pour lui aussi ça a été un bon truc. Je pense qu’il a passé un cap. Il a gagné le respect de beaucoup. Il a mené une équipe en finale d’un Euro. Il a battu des mecs… Le coach de l’Italie, c’est le coach de Sienne, quoi ! Et pour finir : qu’as-tu fait de ta médaille ? Elle est chez moi, dans mon salon. Elle est accrochée sur le trophée de MVP du match des champions ! Je n’aime pas les médailles non dorées mais je l’ai gardée. La médaille de bronze que j’ai eue au championnat du monde, au début, je l’ai cachée, puis je l’ai ressortie un an après. Là, c’est différent. Je n’aime pas la voir, cette médaille d’argent, mais les gens aiment bien la voir, alors… l (*) En fait, pour les Espagnols, c’était la cinquième finale en six ans (Mondial 2006, J.O. 2008, Euros 2007, 2009 et 2011). Ils ont également participé à la finale des Euros 2003 et 1999.
FIBA Europe/Elio Castoria
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Boulazac, 6.600 habitants
La fierté
du Périgord
Le BDB, club d’un village de la banlieue de Périgueux, pourrait rejoindre à terme la Pro A. Il en a totalement le profil.
Hervé Bellenger / IS
Par Pascal LEGENDRE, à Boulazac
Le Palio, un phare dans un patelin de 6.600 âmes.
REPORTAGE • maxi-basket 25
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Photos : Hervé Bellenger/IS, Jean-François Mollière et Pascal Legendre/Maxi-Basket
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• Le Palio vu de l’intérieur.
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ci au Palio, la présentation des équipes se fait à l’américaine, dans le noir complet avec les projecteurs qui mettent les joueurs en lumière. Comment imaginer que vous êtes au cœur d’un village de 6.600 habitants situé en banlieue de Périgueux dans la tranquille Dordogne ? Le Boulazac Dordogne Basket est désormais un château fort de la Pro B et son président/maire Jacques Auzou est fier d’annoncer que sa commune compte en tout 2.000 licenciés sportifs et un club de gym d’élite. Le BBD recueille lui 2.200 abonnés – dont 1.700 partenaires – et a établi une moyenne la saison dernière de 2.616 spectateurs ; la deuxième marque de la division derrière Dijon. Le basket a mis Boulazac sur la carte de France. L’idée du Palio est venue à Jacques Auzou en découvrant la salle Michel-Vrignaud de Challans. Il y avait paraît-il ce soirlà 400 spectateurs perdus dans une enceinte qui dénombre 2.414 places assises. « J’ai rencontré l’ancien président du temps où le club était en 1ère division », raconte t-il. « Je suis d’abord un élu et je me suis dit que jamais il ne faudra faire l’erreur de faire un équipement uniquement pour le sport. S’il n’y avait plus de basket de haut niveau à Boulazac, il resterait une salle de spectacle. » Si de l’extérieur le Palio ne paye pas de mine, il est superbe vu de l’intérieur. Il rappelle en mieux le Zénith d’Orléans et ici le terrain est placé au centre de la salle. « On a un plafond qui prend 30 tonnes de poids », explique le président. « Si on ne s’appelle pas Zénith, c’est justement qu’au lieu d’avoir une fosse en forme d’amphi, on lui a donné une dimension lui permettant de pratiquer le sport, et la variété ne représente pas 70% comme c’est la règle. » Le BBD est le club résident et a fait craquer les coutures du Palio pour la venue de Limoges il y a deux ans. 4.300 spectateurs avec un peu de surbooking. Vingt dates dans l’année sont réservées aux spectacles et il y en aurait davantage si le basket n’était pas aussi envahissant. Les
Boulazacois ont apprécié un championnat de France de judo, un match de la ligue mondiale de volley, vont bientôt applaudir l’équipe de France de hand, et étaient exactement 6.590 dont trois milliers dans la fosse pour le concert de Yannick Noah. Soit davantage que la commune compte d’habitants. On y est presque à l’étroit, alors une nouvelle tribune de 950 places sera inaugurée le 23 décembre pour la venue de Limoges. Avec une jauge de 5.200 places, le Palio sera la 7e salle du basket professionnel français après les Palais des Sports de Pau et Nancy, le Rhénus de Strasbourg, Antarès du Mans, l’Astroballe de Villeurbanne et le Palais des Sports de Limoges. Vous avez dit incongruité ? Le public du BBD ne se nourrit évidemment pas uniquement de la population locale. Le club rayonne sur tout le département sur une terre qui n’est originellement pas basket. Le Périgord est rural et fut longtemps enclavé avant la construction de l’A89 qui relie désormais Périgueux à Bordeaux et à Clermont-Ferrand. Les soirées froides d’hiver peuvent apparaître bien longues pour qui aime la vie nocturne. Le basket est devenu un dérivatif. Le club de rugby de Périgueux qui vient d’accéder à la Pro D2 peut-il lui faire de l’ombre ? « La culture en Dordogne est rugby et le CAP a fait de grosses affluences entre 4 et 6.000 spectateurs », note le directeur commercial Pierre Bonneau. « On va voir comment va se passer l’hiver pour eux. Il faut beaucoup d’argent pour être compétitif au rugby à ce niveau-là, avoir je crois jusqu’à 10M $, alors que le CAP a le plus petit avec Roche, 2,3M$. » Il est clair que le basket siphonne déjà une bonne partie des ressources économiques du coin.
Dès la N2
Le phénomène populaire a pris son envol dès la Nationale 2. L’équipe occupait alors l’Agora, à deux dribbles de là, une salle de 1.800 places qui selon l’expression du maire a servi de start-up. Comme les places n’étaient pas numérotées, il
« On a eu des problèmes d’adaptation de joueurs à notre environnement. » Jacques Auzou
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• À gauche, Frédéric Adjiwanou, un ancien soldat de la Pro A en terre périgourdine. • Ci-dessus, Ryan Ayers, un Américain venu du froid, la Finlande, pour brûler les défenses adverses.
Avec une jauge de 5.200 places, le Palio sera la 7e salle du basket professionnel français. y avait déjà 1.500 spectateurs dès l’échauffement. Un disc jockey, dont la cabine vitrée donnait sur la salle, mettait l’ambiance, on gagnait un scooter à la mi-temps, en ville des affiches en 4x3 faisaient la promotion des matches, et les joueurs s’entraînaient déjà comme des pros : séance tous les soirs, deux quotidiennes au mois d’août, footing de récupération systématique le dimanche. Pierre Bonneau, 2,04 m, un ancien espoir du Racing Paris, était l’une des figures de proue de l’équipe. « C’est la génération Bertorelle qui a lancé ça », confirme le coach Sylvain Lautié. « Ils sortaient, ils étaient connus et reconnus dans toute la ville. C’était des boute-en-train avec du charisme. Je connaissais cette équipe par cœur avant même d’arriver ici. Bertorelle est revenu en Coupe de France avec Cognac pour jouer contre l’équipe de N3 du BBD il y avait 1.500 personnes pour le voir. À Nancy on était un peu connus mais pas autant qu’ici. Les joueurs ne viennent pas en voiture mais à pieds, ils sont abordables. Je n’ai pas fait un seul entraînement à huis clos, il ne faut pas priver les gens de leur plaisir. » La création d’une Bodega va dans le sens de la communion entre le public et son équipe. Les soirs de match, dans un gymnase attenant, le Bibbiena, on y sert à boire et à manger, un espace de jeu est offert aux enfants et on y donne des mini-concerts – dont une chanteuse tout à fait remarquable pour le match contre Antibes. Les joueurs partagent leur soirée entre les salons VIP et cet espace populaire. Ce n’est qu’un début, durant l’été la Bodega sera transformée et on nous promet du high-tech. « J’ai l’habitude de dire que le monde du basket était schizophrène », analyse Jacques Auzou qui est désormais en bonus vice-président de la ligue. « Le critère de réussite c’est le nombre de spectateurs, le niveau des sponsors et on continuait à fonctionner avec des règles de patronage. Parmi les pistes qu’Alain Béral (le nouveau président de la LNB) a proposées dans son projet, il y a cette idée de créer un lieu de vie avant et après les matches pour que les gens arrivent à 17h et repartent bien
après la fin de la rencontre. Nous avons un public plus féminin, plus familial, il faut en profiter. » Pierre Bonneau ajoute : « On prend exemple sur ce qui se fait de mieux et ce qui se fait de mieux, ce sont les États-Unis. Ça peut faire sourire les gens car on est une petite ville… » Ne riez pas trop vite. Le Boulazac Dordogne Basket bénéficie d’une couverture médiatique qui a infiniment peu d’équivalent dans le basket français. Trois quotidiens parlent abondamment du BBD. L’édition locale de SudOuest. Et plus encore La Dordogne Libre. « Le BBD veut marquer les esprits » titrait en grand avec photo à l’appui sur sa Une son édition du samedi 8 octobre, reléguant les morts sur la route, le foot et le rugby au second plan. Et aussi L’Écho de la Dordogne, une déclinaison du quotidien communiste de Limoges L’Écho du Centre. France 3 propose des décrochages de sept minutes sur le Périgord avec des reportages sur le basket. « On peut espérer être télévisé dès cette saison », annonce le président en évoquant les décrochages régionaux sur France 3 pour des matches de Pro B. « Le fait d’être télévisé donne un autre statut même s’il n’y a que 20 ou 30.000 personnes qui regardent. Si on est décroché, on va faire toute une campagne départementale pour faire connaître le match. » Là encore c’est dès la Nationale 2 que le BBD a bénéficié de ce battage médiatique exceptionnel qui a aussi sa voix, celle de Xavier Dalmont sur France Bleue Périgord. « On suit le club de Périgueux depuis une vingtaine d’années et c’est monté en puissance quand il s’est installé à Boulazac. C’est devenu le club phare du département et c’est notre mission de radio locale, de service public de l’accompagner. » France Bleue Périgord diffuse l’intégralité de tous les matches à domicile et à l’extérieur. Très peu de clubs de basket sont chouchoutés de la sorte. « Ce sont sur les matches à l’extérieur que l’on fait véritablement du fauteuil, de l’audience », explique le journaliste. « Nous sommes la radio numéro 1 du département et le samedi soir on est leaders
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« On prend exemple sur ce qui se fait de mieux et ce qui se fait de mieux, ce sont les États-Unis. » Pierre Bonneau en parts de marché. La radio ne mettrait pas d’argent sur le basket s’il n’y avait pas de retombées. » Toute la semaine les joueurs et le coach sont interviewés. Des célébrités vraiment. Deux autres paramètres doivent encore resserrer les liens entre acteurs et spectateurs. La stabilité dans l’effectif avec seulement quatre recrues durant l’intersaison, deux Américains plus Saidou Njoya et Mehdi Cheriet. Deuxio, le centre de formation va devenir une priorité et Sylvain Lautié aimerait que le BBD serve de centre d’apprentissage à un Jérémy Leloup boulazacois. « Ici tout le monde parle de Pierre Sagot, Cédric Bertorelle, Pierre Bonneau, etc, car ils sont restés 3-4 ans ensemble. On parlera aussi toujours du Poitiers de Sylvain Maynier, Pierre-Yves Guillard, Cédric Gomez car ils ont marqué le club. Nous sommes dans une société où tout bouge très vite et les bouleversements
a un génie qui est célibataire, on le prend quand même. » La saison dernière les troupes périgourdines ont été également fauchées par les blessures. « À la 20e journée, on a un record de 13 victoires pour 7 défaites », rappelle Lautié qui se félicitait alors d’avoir des binômes complémentaires. Sauf que Frédéric Adjiwanou et Arnaud Kerckhof ont loupé respectivement 18 et 14 matches, et que Malick Badiane, Yannick Gaillou et Dramane Diarra se sont retrouvés tour à tour sur le flanc. Et pas de « JFL » sur le marché pour panser les plaies. « Cela s’est écroulé comme un château de cartes » constate Lautié. « Toutes les faiblesses de ceux qui ont fini la saison sont apparues au grand jour alors qu’elles avaient été masquées jusque-là par les binômes. » Conséquence immédiate, un changement de stratégie avec donc une équipe dont l’ossature a été conservée. Une stabilité qui a réussi dans un passé récent à Poitiers puis
dans les effectifs ne sont pas agréables pour le spectateur, surtout quand on perd. »
Nanterre. « Et cette équipe doit continuer à exister même s’il y a des blessés, on l’a pensée dans cette optique-là. L’année dernière, on avait l’une des meilleures défenses, mais on souffrait en attaque. Là, on essaye de profiter de notre défense comme d’une rampe de lancement, pour avoir des paniers faciles sans être obligé de cravacher tout le temps en demi-terrain. On a accéléré notre jeu et c’est pour ça que c’est intéressant d’avoir un jeune meneur explosif comme Saidou Njoya qui est pour moi d’abord un gestionnaire. » « Les gens sont hyper tolérants, fidèles, après les saisons de Pro B que l’on vient de faire, car malheureusement on ne leur a pas donné beaucoup de plaisir. Il n’y a jamais eu de joueurs conspués, de public en grève », apprécie Pierre Bonneau. Le résultat sportif, c’est finalement tout ce qui manque au BBD. Le club ne fait plus d’annonce, mais s’est fixé comme objectif les playoffs et guettera alors la moindre fenêtre de tir. La Pro A n’est pas un mirage. Le BBD totalise un million de recettes sponsoring avec 300 PME. « Mécaniquement on aurait un budget de 2,5M€ en Pro A et 3M€, ça serait jouable », a calculé Jacques Auzou. « On n’a pas de dettes, d’emprunts, on a un rapport budget/masse salariale qui est bon car tous les dirigeants sont bénévoles et il y a des avantages d’être à la campagne, avec 400 euros, on loge un joueur correctement. » Boulazac, ce n’est peut-être pas Paris, mais le Palio c’est beaucoup mieux que Coubertin, la fièvre pour le basket en ville est sans commune mesure, et rien n’interdit ce patelin du Périgord de rejoindre un jour la capitale de la France au sommet du basket français. Pareil exploit n’a pas été observé depuis la nuit des temps. l
Photos : Pascal Legendre / Maxi-Basket
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• Le basket fait les gros titres de la presse locale. • Thomas Dubiez blessé était le consultant idéal pour France Bleue Périgord et la venue d’Antibes. • Difficile pour les joueurs et le staff de passer inaperçus en ville.
Jamais en playoffs
La défaite, le BBD qui n’avait connu jusque-là que la couleur rose bonbon, en a fait connaissance et plus qu’à son tour depuis qu’il a grimpé en Pro B. Pas un seul record positif en six saisons. Jamais mieux que 11e donc pas une seule fois qualifié pour les playoffs. D’autant plus frustrant, voire anormal, que Boulazac possède l’un des budgets et surtout l’une des masses salariales les plus replètes de Pro B. « C’est exceptionnellement difficile de s’extirper de la Pro B. Il existe une homogénéité terrible ce qui n’était pas le cas il y a 15 ans lorsque je coachais Poissy avec seulement deux étrangers et une hiérarchie des budgets qui existait davantage » généralise le coach. Pas toujours les bons recrutements, la faute des coaches, à la poisse ? Un peu de tout sans doute. « En Pro B, il ne suffit pas d’avoir de bons joueurs », estime le président. « Le Périgord, c’est un pays agréable mais ce n’est pas aussi vivant que les Champs-Élysées ou le cœur de Nantes. On a eu des problèmes d’adaptation de joueurs à notre environnement. » Jacques Auzou cite le cas de Johan Passave-Ducteil dont la compagne refusa de s’installer à Boulazac et qui finalement signa à Limoges. Et aussi celui de William Gradit qui a alimenté la rubrique des faits divers de la Dordogne, erra comme une âme en peine au BBD avant de renaître subitement à Cholet Basket. « Cette année, on a cinq joueurs qui sont en couple et à l’expérience on s’aperçoit que c’est mieux. » Jacques Auzou ajoute aussitôt : « s’il y
Jean-François Mollière
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La haine de Sylvain Lautié Le coach de Boulazac en veut toujours à Antoine Rigaudeau et Francis Flamme de l’avoir écarté du coaching lors de la fusion de Paris et Levallois en 2007. Il explique pourquoi.
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énominateur commun entre André Buffière, Michel Gomez et Sylvain Lautié ? Ce sont les trois coaches français à avoir gagné une coupe d’Europe. La Korac pour Lautié avec Nancy en 2002. À 43 ans, le natif des Hauts-de-Seine a un passé déjà chargé qui l’a amené à officier à PoissyChatou et surtout à Levallois, en deux temps. Curiosité, Lautié est redevenu assistant après avoir été head coach et s’est offert des plages sinon de repos du moins en dehors de son job de prédilection. Il a ainsi monté Sports’ Gate, une société spécialisée dans l’événementiel sportif qui propose notamment une fête foraine du basket itinérante avec des attractions venues des États-Unis et de Chine « C’est dur de rester longtemps à haut niveau, au delà de 4-5 ans maximum. Après, il faut faire un break intellectuellement. » Autre caractéristique de Sylvain Lautié, il a la rancune tenace et il n’a pas dégluti son évincement du club de Levallois durant l’été 2007 lorsque celuici a fusionné avec le Paris Basket Racing pour former le Paris Levallois. Il lui restait alors deux ans de contrat. « J’ai une haine profonde envers Francis Flamme et Antoine Rigaudeau. Ce n’est pas du off, ce que je dis là » précise-t-il d’emblée. « Francis Flamme vient me chercher quand le club de Levallois est moribond. J’y avais déjà passé cinq ans de ma
carrière. On passe de la N1 à la Pro B, on relance un processus. Arrive la fusion. Pourquoi j’ai une haine profonde ? 1) Il me reste deux ans de contrat. 2) Je suis un vrai Parisien. 3) Au cours de la saison précédente, Antoine Rigaudeau dit « je m’en vais du club de Paris. » Et quand il entend parler de la fusion, il reste. 4) Quand on veut se séparer des gens, on les respecte, on a un entretien. Il ne l’a pas fait. J’ai dit aux dirigeants, « si vous voulez me licencier, dites le moi. Ça vous coûtera le double dans deux mois et le triple dans trois mois. » Francis Flamme me répond : « non, tu seras l’entraîneur. » J’ai les mêmes réseaux qu’eux et j’entendais les rumeurs. J’avais des contacts avec deux clubs de Pro A. Fin juin, un coup de fil d’Antoine Rigaudeau me prévient que je ne serai
Surtout que j’étais en train de perdre mon père, c’était difficile. Ils ont fait un chantage alimentaire. Francis Flamme, qui était venu me chercher avec M. Rouziès lors d’un Paris-Nancy, ne me passe même pas un coup de fil. Ils me font des fiches de paye à zéro euro. Pendant 3, 4 mois ils veulent m’étrangler financièrement. Ma femme et moi, on prend des médicaments pour dormir car on n’a plus rien à manger. Elle fait un ulcère de stress dans la nuit, je n’arrive pas à me réveiller pour appeler les pompiers… Ils sont entrés dans ma vie intime. J’en étais à ma 10e année de coaching et, à l’époque, Zouros à la 3e. Il a fait une bonne carrière aussi manifestement le choix de Antoine Rigaudeau était bon, mais c’était un choix politique. C’était la fusion et celui qui avait l’entraîneur avait le pouvoir. Au jubilé Cyril Julian, Rigaudeau m’a serré la main en me disant « je crois que l’on a un problème ensemble. » Si ce n’est pas à ce jubilé, il y a une bagarre générale. Je lui mets un pain tellement j’ai de haine envers cet homme alors que je le respecte comme joueur. Le comble de la situation, c’est que Levallois a cette année-là le plus gros budget de Pro A et ils descendent. Et le plus gros budget de Pro B c’est Besançon et on monte. C’est un pied de nez fabuleux. Je ne pouvais pas espérer avoir une telle jouissance extrême. » l P.L.
« Pendant 3, 4 mois ils veulent m’étrangler financièrement. » plus l’entraîneur. Il me laisse un message. Je le rappelle. Il me dit « tu ne peux pas me rappeler dans dix minutes, je suis en train de monter le portique de mes enfants ! » Je le rappelle pour apprendre que je n’étais pas conservé, chose que je savais. C’est Rigaudeau qui a pris la décision de faire payer le club de Levallois alors que me conserver et pas Zouros, ça coûtait zéro. J’accepte un choix, mais il faut l’assumer et respecter les gens.
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Thomas Dubiez & Yannick Gaillou
« Mais pourquoi cette salle ici ? » L’un a joué un peu en équipe de France, l’autre a effectué toute sa carrière en Pro B. Ils portent ensemble pour la deuxième saison le maillot du BBD. Propos recueillis par Pascal LEGENDRE à Boulazac
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st-ce que les joueurs sont ici des célébrités plus qu’ailleurs ?
Thomas Dubiez : Des célébrités non, mais c’est vrai que l’on suscite ici davantage de curiosité, de sympathie, les gens s’intéressent à ce que l’on fait au niveau basket et en dehors. C’est parfois plaisant, parfois envahissant. Le phénomène existe aussi bien à Boulazac qu’à Périgueux. C’est comparable à Gravelines qui fait 12.000 habitants. Tu vas chercher ton pain, on te parle là-bas du BCM, ici du BBD. Les gens ne sont pas virulents quand on perd, ils ne te crachent pas dessus, ils ne te pourrissent pas. Ce qui est marquant ici c’est la médiatisation, aussi bien presse écrite, radio, France 3, il y a peu d’équivalents en France ?
TD : Alors qu’on est dans un pays de rugby. C’est pour ça qu’il y a des gens qui disent « faites gaffe quand vous arrivez à Boulazac, il y a pas mal de pression. » Il y a 3.000 personnes qui font l’avant-match, le match, l’après-match. On est davantage sollicité par les médias qu’ailleurs, c’est sûr. Si on compare avec les autres clubs de Pro B ?
Yannick Gaillou : C’est beaucoup plus. J’étais à Chambéry ces dernières années, à Aix-Maurienne, et là-bas les gens sont plus axés sur le hand. Ça n’arrive pas souvent que le basket fasse des premières pages d’un quotidien. (En ce samedi, La Dordogne Libre accorde une large part de sa Une à la venue d’Antibes.) TD : Oui, alors que ce n’est pas un match exceptionnel. Quelles impressions avez-vous eu en découvrant cette superbe salle dans ce qui est un patelin ?
TD : On ne peut être que surpris de voir ça dans une ville de 6.000 habitants. Je suis venu pour la première fois ici avec Bourg et c’est la première fois de ma carrière, y compris en coupe d’Europe, que je prends l’ascenseur pour aller aux vestiaires (il sourit). Étonné. Tu te dis « mais pourquoi cette salle ici ? » Ça vous valorise de jouer dans une salle comme celle-ci avec autant de monde, autant de médias alors que la Pro B est dans l’ombre de la Pro A?
TD : C’est plaisant car tu as l’impression de faire quelque chose qui intéresse les gens contrairement à certains clubs où tout le monde s’en fout.
Thomas, durant l’été 2008, tu as fait 6 matches en équipe de France. Rafraîchis-nous la mémoire…
TD : Je sors de Gravelines, je n’ai plus de contrat, je suis sélectionné en équipe de France, j’espère que ça sera une bonne vitrine pour retrouver un club. La préparation se passe super bien, je suis coupé en dernier avant les qualifs de l’Euro en même temps que Laurent Cazalon. Je me retrouve sans club, zéro proposition. J’ai appris par la suite qu’un coach avait appelé mon agent qui n’a pas cherché à négocier. J’étais prêt à faire des efforts puisque j’étais à la rue. Savo Vucevic accepte que je m’entraîne six mois avec Antibes. Toujours rien. En janvier, je fais une pige avec Antibes et en février je suis recruté par Besançon. À la fin, je me retrouve encore sans club et c’est Fabrice (Courcier) que j’avais eu à Gravelines qui me recrute à Bourg. C’est un peu le monde à l’envers car auparavant tu étais à 8,1 pts de moyenne à Gravelines ? Tu avais participé à un All-Star Game ?
TD : J’avais fait une saison un peu galère. Avec Fred Sarre, je n’ai quasiment pas joué les premiers mois, il se fait couper à Noël. Philippe Namyst reprend l’équipe, je retrouve un autre statut et c’est pour ça que j’ai été pris en équipe de France. J’avais fait un All-Star Game (en 2005) et deux concours de shoots. Je savais que si je me déchirais à Bourg, c’était fini. Boulazac est arrivé avec un projet et j’aimerais retrouver la Pro A ici. Pour que tu te retrouves sans proposition pendant si longtemps c’est que le marché était vraiment bouché ?
TD : Aucun extérieur ne s’est blessé ! Jusqu’à décembre, je me disais, il va y avoir un shooteur ou un ailier qui va se péter, son club n’aura pas le choix pour recruter, et rien. Certaines années plein de joueurs se blessent et tu trouves personne sur le marché, cette année-là c’était le contraire. La chance est venue quand Tommy Gunn s’est fait virer de Besançon et quand Alain Thinet m’a pris. Yannick, c’est ta 13e saison en Pro B. Pourquoi n’as-tu jamais essayé la Pro A ?
YG : J’ai fait deux ou trois bonnes petites saisons statistiques en Pro B, mais je n’ai jamais eu de propositions concrètes en Pro A, sinon des rôles ingrats de 10, 11, 12e
REPORTAGE • maxi-basket 31 bout de trois mois tu dois parler espagnol. Nous, ça fait des années que tu parles anglais. Quand tu as cinq Américains, je comprends, mais quand tu en as deux ou trois… Je suis sûr qu’il y a des entraînements de N1 qui se font en anglais alors qu’il n’y a quasiment pas de Ricains. Les coaches disent qu’ils ne veulent pas perdre de temps… C’est con. Des Américains seraient demandeurs. Bon, pas beaucoup (rires). Regarde au foot, dans leur contrat c’est indiqué que les conférences de presse doivent se faire dans la langue du pays. Je suis sûr que dans quelques mois Pastore va faire les interviewes en français. Nous, tu peux revenir dans trois ans, tu verras… Le club a des moyens financiers mais les résultats sportifs n’ont pas été très bons ces dernières années. Vous n’avez jamais fait les playoffs. C’est frustrant ?
TD : Exactement. Tu as les structures, les finances, médicalement c’est bien, tout est carré, du monde qui suit derrière, il ne manque juste que les résultats. Tu sais qu’en Pro B, si tu fais les playoffs, tout est possible derrière, tout le monde peut gagner tout le monde, à chaque fois une équipe sort du chapeau. YG : L’année dernière les blessures ont déséquilibré l’équipe. À Noël, on était 4e. TD : Après c’est la dégringolade, on en perd six de suite je crois. On se retrouve 11e. Et encore, à 2 ou 3 journées de la fin, on va à Boulogne et si on gagnait on pouvait se retrouver 5e. Quelle est la différence entre la Pro B et la Pro A ?
TD : La Pro A est un peu moins brouillon au niveau du jeu, les systèmes sont plus perfectionnés, les détails accentués. Mais comme spectateur j’ai vu des matches de Pro B plus intéressants que certains de Pro A.
Pascal Legendre/Maxi-Basket
Yannick, tu suis la Pro A ?
• Yannick Gaillou et Thomas Dubiez réunis sous le maillot du BBD après deux trajectoires opposées.
homme. J’aurais accepté à 20 ans mais là j’étais déjà assez âgé, 26-27 ans, j’avais un rôle majeur en Pro B, je m’éclatais, ça ne m’intéressait pas. TD : La Pro A, c’est la vitrine. On parle de mecs qui ont fait des petites carrières en Pro A mais pas de ceux qui en ont fait de vraies en Pro B. Yannick a fait 13 ans, il faudrait regarder ses moyennes mais je suis sûr qu’il n’est pas souvent passé à travers. Il y en a plusieurs des Français comme Yannick qui ont passé, peut-être pas 13 ans, mais 7-8 ans en Pro B, et n’ont pas eu leur chance au-dessus. Mais comme le dit Yannick je trouve ça mieux d’avoir du temps de jeu, des ambitions, de t’éclater en Pro B que de faire le quota en Pro A et de dire « moi, je suis en Pro A. » Je suis arrivé en Pro B, j’étais content, ça parle français dans le vestiaire. Quand Saidou (Njoya) est arrivé de Nancy, il m’a dit « ça fait cinq ans que je parle anglais. »
YG : Quand même. C’est toujours dans un coin de la tête, on a envie d’y accéder. C’est toujours intéressant de regarder pour voir ce qui nous manque pour y arriver. Pour moi, en tant qu’extérieur, la plus grosse lacune c’est le shoot extérieur, même si certains joueurs ont réussi à faire de belles choses en Pro A sans ça. Il faut aussi une part de chance. TD : Le règlement « JFL » nous fait du bien car maintenant les clubs sont obligés d’aller chercher des joueurs en Pro B pour faire le quota. Ça peut laisser des places aux jeunes. C’est l’une des régions de France réputées pour sa cuisine et notamment son foie gras. Vous n’abusez jamais ?
YG : (Sourire) On est des sportifs de haut niveau, on sait éviter les excès. TD : Yann te dit ça car sinon il va se faire sermonner ! Sinon c’est un peu perdu ici, on ne s’y ennuie pas trop?
TD : Ça dépend de chacun. YG : Et de la saison. En été, il y a des choses à découvrir, alors qu’en hiver, quand il fait froid…
Ici les Américains parlent français ?
La grande ville la plus proche, c’est Bordeaux ?
TD : Amadi (McKenzie) comprend tout, il peut baragouiner, pas les deux autres. Les entraînements sont en anglais. Alors que si tu vas en Espagne, ils vont faire l’effort au début de parler anglais, mais tu vas prendre des cours et au
TD : Oui, c’est à une heure et demie pour moi et à 35 minutes pour Yannick (rires). Non, une heure un quart. Mais si tu n’as que deux heures devant toi, tu ne vas pas à Bordeaux mais au centre commercial de Boulazac. l
« Je trouve ça mieux d’avoir du temps de jeu, des ambitions, de t’éclater en Pro B que de faire le quota en Pro A. »
Jesse D. Garrabrant/NBAE via Getty Images
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DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 33
“
JE RESTE PRÊT POUR L’ÉQUIPE DE FRANCE
”
DU CÔTÉ DE CHEZ…
IAN MAHINMI IAN MAHINMI MANIE PARFAITEMENT LA LANGUE DE MOLIÈRE MAIS AIME UTILISER DES EXPRESSIONS ANGLOPHONES ; L’UNE D’ELLES NOTAMMENT, QUI LE QUALIFIE PARFAITEMENT. « STEP BY STEP ». CET AMOUREUX DU BASKET, DE SES DÉBUTS DANS LA COUR DE RÉCRÉ À ROUEN AU TITRE NBA À DALLAS, A GRAVI SAGEMENT LES MARCHES LES UNES APRÈS LES AUTRES. ÉTAPE PAR ÉTAPE. Propos recueillis par Yann CASSEVILLE
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MAXI-BASKET
CÔTÉ COUR
Tes débuts dans le basket Dans ma famille personne ne jouait au basket, on était plus dans le foot. Merci aux coaches Pascal Pisant et Bruno Suarez qui m’ont repéré dans la cour de récréation au collège Fontenelle à Rouen, où il y a le pôle espoir de Normandie. J’ai fait 2-3 entraînements avec le pôle espoir, je suis tombé amoureux du basket très vite et voilà. Après seulement un an à Rouen, j’ai été repéré puis recruté par le centre de formation du Havre. C’était la période où j’ai grandi énormément et très vite, je me rappelle que j’ai eu de grosses douleurs au genou, j’avais la maladie d’Osgood-Schlatter, qui revient chez les jeunes qui grandissent très vite.
Espoir au Havre J’ai hésité à venir au Havre parce qu’à l’époque j’étais porté sur les études et la famille, au tout début je n’imagine pas faire du basket mon métier. J’étais amoureux de ce sport, je voulais jouer tout le temps mais je ne pensais pas devenir pro un jour. Dès que je suis arrivé, je me suis fait une pubalgie aux adducteurs. Deux jours après le lancement de la pré-saison ! Donc plusieurs mois à l’infirmerie. Les premiers mois ont été durs, je devais beaucoup observer, je me suis fait énormément chambrer, voilà, ce sont des choses qui arrivent. Et quand je suis revenu de blessure, j’ai commencé à produire très vite, j’ai rapidement été intégré. (…) L’atmosphère, c’était quelque chose d’exceptionnel. Là, pour mon match de gala au camp à Lille j’ai joué avec Samir Mekdad, qui était au centre avec moi, et c’est dingue mais on a tellement de souvenirs ! On continue de s’appeler souvent. C’est inoubliable. Il y a ces souvenirs et le titre de champion de France cadets, où on a fini la saison invaincu.
en titre, il y a Tony Parker dans l’équipe, je pense : « Waouh ! Quelle opportunité ! » Après, la Draft, j’oublierai jamais… Je me rappelle, la veille, je suis à Paris avec Jérémy Medjana à faire toutes les boutiques pour me trouver un costard blanc parce que je voulais absolument qu’il soit blanc. Et puis à New York, quand le 28e choix de Draft arrive, je me dis « normalement c’est moi », une fille me remet la casquette, et c’est parti. Je monte sur l’estrade, je me concentre pour ne pas trébucher, et je sers la main de David Stern. On connaît tous ces images, mais quand c’est toi qui le fais, c’est vraiment différent. Juste après avoir serré la main de David Stern, je vais dans une pièce où le coach Gregg Popovich et le GM R.C. Buford me disent « on est content de t’avoir mais notre projet est que tu te développes avant en Europe. » J’ai 18 ans, ça me choque pas, je considère ça normal de bosser avant d’aller chez eux.
Pau-Orthez J’avais été All-Star la saison 2005-06 avec Le Havre. Au STB j’étais arrivé à un point où ce n’est plus une question de prouver mais une question d’ambition. Je voulais me frotter à l’Europe. Si je devais aller en NBA après, il fallait que je me teste. Quelques clubs européens se sont manifestés, et il y a eu Pau. En plus, au début de saison, il y a eu des blessés donc j’ai été dans le 5 avant l’arrivée de Michael Wright, un des meilleurs pivots en Europe. Donc pour moi, encore une fois, c’est une étape, un moment dans ma carrière où j’ai dû me refocaliser sur le travail et ça a payé. J’ai joué l’Euroleague, on a gagné la Coupe de France. (…) Avec Gordy (Gordon Herbert), c’était up and down. Au début ça se passait super bien, après il y a eu une période où notre relationnel a été un peu touché, mais sur la fin c’est bien revenu.
“ SANS CHRISTIAN MONSCHAU, ÇA N’AURAIT PAS ÉTÉ AUSSI SIMPLE ”
Repères Né le 05 mai 1986 à Rouen • Taille : 2,10 m • Poste : pivot • Clubs : Le Havre (2002-06), Pau-Orthez (2006-07), San Antonio Spurs (NBA, 2007-10), Austin Torors (D-League, 2007-09), Dallas Mavericks (NBA, 2010-11), Le Havre (2011-…) • Palmarès : 3e de l’Euro U18 2004, Coupe de France 2007, Champion NBA 2011
Pro au Havre
San Antonio
Le Havre, pour moi, c’est beaucoup, beaucoup de souvenirs. Quand je finissais les cours à 4h, que je courrais pour rattraper le bus et aller à la salle m’entraîner avec les pros, etc. Très vite je me suis entraîné avec les pros, à 16-17 ans, et ça m’a fait le plus grand bien. Surtout qu’il y avait de sacrés noms au Havre : Derrick Lewis, Pat Durham, Gary Alexander ! Olala ! C’était pas facile d’aller à l’entraînement, j’avais un petit peur ! Surtout qu’à l’époque j’étais super fin mais ça m’a permis de m’aguerrir.
Après la saison à Pau, dans ma tête je savais que j’allais partir. Je suis parti seul là-bas, je suis plutôt autonome. Je pensais être prêt pour la NBA, les Spurs pensaient que j’avais encore besoin de travailler. Donc au moment de la signature ils m’ont prévenu que, sauf blessure, je serais en D-League, où je pouvais rester en contact avec eux, me familiariser avec leurs systèmes. Il faut se rappeler de l’effectif de fou que les Spurs avaient ! Quand j’arrive dans le vestiaire pour la 1e fois, je me retrouve avec Tony Parker, Mike Finley, Bruce Bowen, Manu Ginobili, Tim Duncan, Robert Horry! J’étais avec plein de vétérans, qui ne se prennent pas trop la tête, donc le bizutage ça a été tranquille, je devais juste ramener les donuts tous les matins, chanter et danser pour tous les anniversaires, et j’ai porté les bagages à la sortie de l’avion une fois, une seule. Comme on était avec beaucop de vétérans, Pop ne nous faisait pas énormément d’entraînements donc je m’entraînais beaucoup personnellement pour être sûr de rester prêt. Un de mes premiers matches, en pré-saison, est contre Miami. Je me retrouve à défendre et attaquer contre Alonzo Mourning et je me rends compte à quel point ce bonhomme est dur, ça m’a choqué. Ce sont des choses comme ça, qui font que tu te dis « ça y est, je suis dans la ligue. » Il y a les arenas aussi, tu passes de salle de 3-4.000 à des salles de 15-20.000 places, ça te met une claque. Et enfin le fait d’être coaché par Pop, ça marque.
Christian Monschau Ce que je n’oublierais jamais avec Christian Monschau, c’est qu’il a vraiment fait un pari avec moi. Il est parti avec un Américain qui sortait de college, en se disant « je pars avec ça pour ne pas faire trop d’ombre à Ian. » C’était risqué pour lui mais il m’a accordé sa confiance dès le début. Aujourd’hui je peux lui dire merci, sans lui ça n’aurait pas été aussi simple. C’est pareil pour Jean-Manuel Sousa.
Les équipes de France jeunes C’est un peu la même ambiance que les espoirs. L’équipe de France, chez les jeunes, c’est une fierté parce que c’est une sélection, sur toute la France tu fais partie des 12 meilleurs de ta génération. T’es jeune, tu représentes ta nation, il y a ce sentiment de fierté. Et c’est super important pour la confiance, au niveau individuel, parce qu’on vient te chercher, tu te sens demandé.
La Draft Tout est lié. Grosse saison avec les espoirs, l’équipe de France jeune, les entraînements avec les pros, de bons débuts avec les pros, et voilà. Mais je ne m’attendais pas à être drafté. Sauf sur la fin, où Bouna N’Diaye m’a dit « les Spurs sont vraiment très intéressés. » On est en 2005, San Antonio est champion
Austin Torors en D-League Forcément quand on m’annonce que je vais en D-League je suis déçu, je pensais avoir montré des bonnes choses, mais le staff m’a vraiment expliqué les raisons, me disant qu’il ne fallait pas que je le prenne mal, etc. En D-League, j’ai été All-Star, meilleur pivot, il y a avait des moments où j’étais vraiment bien, au-dessus de la D-League, le staff des Spurs se déplaçait, R.C. énormément, même Pop s’est déplacé, ils m’ont rappelé une ou deux fois, quand il y avait des blessures.
DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 35 Blessure à l’été 2008 Je me suis cassé la cheville donc les médecins ont dû ré-attacher le ligament et nettoyer tous les bouts d’os qui trainaient dans ma cheville. On a essayé de soigner sans opération au début, en ne faisant que de la rééducation, mais ça ne marchait pas donc Pop a dit « on stoppe tout et on l’envoie à L.A. » J’ai vu un spécialiste de la cheville qui a dit qu’il fallait opérer. Après l’opération, j’étais pas bien, je doutais. J’avais un plâtre jusqu’au genou, c’était pas facile. Est-ce que je vais retrouver mon niveau ? Être aussi explosif ? Heureusement que mon père était là et que San Antonio m’a montré un support incroyable, ils m’ont fait voyager avec mon père et un entraîneur en jet privé à L.A. pour me faire opérer là-bas, j’ai été dans une suite à l’hôtel pendant deux jours, ils m’ont ramené en jet privé… J’ai énormément de respect pour la franchise de San Antonio, la façon dont ils m’ont traité est vraiment exemplaire.
Gregg Popovich C’est pas un coach militaire, c’est un coach à l’ancienne, très dur, qui a beaucoup d’exigences. Il veut des joueurs qui soient intelligents, qui défendent bien et qui jouent dur. Il faut rentrer dans le moule, si tu ne rentres pas dedans il te le fait comprendre. Mais d’un autre côté il a ce relationnel avec les joueurs que je n’ai jamais connu chez aucun autre coach. Quand t’es à San Antonio, tu te sens vraiment dans une famille, et tu as l’impression d’être le fils de Pop. Parfois il te parle comme si tu étais son fils. Voilà, un jour il t’embrouille, le lendeman il t’explique pourquoi il t’a embrouillé et il va te faire un calin.
Dallas J’étais free agent après mes trois saisons à San Antonio, je savais qu’il était possible que je parte. J’étais embêté au début de quitter cet environnement car je m’y plaisais énormément mais c’est le métier, tu ne fais pas toujours ce que tu veux ! En plus, je suis passé d’une excellente franchise à une franchise excellente, donc le changement a été tranquille. Cette saison a été un long processus, du début du training camp au dernier match on est resté déterminé. Surtout qu’avec les Nowitzki, Kidd, Terry, Marion, on avait pas mal de revanchards ; des mecs critiqués comme Tyson Chandler, de sous-estimés comme Caron Butler, et le coach, Rick Carlisle, m’a agréablement surpris. Il paraît froid de l’extérieur, austère, mais c’est un coach ouvert au dialogue qui a su trouver les mots.
Les Bleus Je sors d’une saison galère mais je ne suis pas surpris qu’on fasse appel à moi pour les qualifications (pour l’Euro 2009). J’ai eu l’expérience avec les jeunes, j’ai montré mon attachement, et je reste toujours prêt pour l’équipe de France. Mais bon c’était ma première sélection avec les A donc j’avais quand même beaucoup d’excitation. Et il y a ce match, en qualif’ contre la Finlande, où je fais 12 points en 12 minutes. L’Euro 2009, ensuite le Mondial 2010… Tout instant où tu joues au basket te fait progresser. J’ai fait des choses bien, des choses moins biens avec les Bleus, mais j’ai progressé. Individuellement, il y a de la frustration parce que j’ai toujours eu des petits pépins physiques en équipe de France. Collectivement, quand on a perdu, bien sûr il y avait l’adversaire, mais il y avait aussi le fait que l’on n’a pas joué notre meilleur basket.
Depuis le début, j’avais toujours dit que si la saison était repoussée, repoussée encore, je reviendrais alors en Europe. Donc avec mon agent Bouna (N’Diaye), on a attendu de voir ce qu’il se passait du côté de la NBA tout en entrant en contact avec des équipes européennes très tôt. On avait une liste d’équipes, avec des clubs en Espagne, en France. Je pense que le lock-out ne va pas durer toute la saison donc il était logique pour moi de revenir en France. Sur la fin ça s’est joué entre Nancy et Le Havre. J’ai fait le choix du cœur.
JF Molliere FFBB par Agenzia Ciamillo-Castoria
Le Havre et le lock-out
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MAXI-BASKET
CÔTÉ JARDIN
Gamin tu rêvais d’être Je voulais être footballeur ou comptable. Footballeur parce que j’étais fan du PSG et comptable parce que j’étais bon en mathématiques, j’aimais énormément ça, je voulais faire un métier avec les chiffres.
Ta plus grosse bêtise
JF Molliere FFBB via Agenzia Ciamillo-Castoria
Je n’étais pas du tout un enfant turbulent mais bon, j’ai fait quelques bêtises. J’ai volé des bonbons dans un magasin avec des amis, je n’en suis pas très fier
aujourd’hui, mais chaque enfant fait des bêtises.
Ta principale qualité Je pense que je suis quelqu’un de généreux, et je suis aussi un gros bosseur. Voilà, travailleur et généreux, ça me définit plutôt bien (rires) !
Ton pire défaut (Il réfléchit) Parfois, je suis un peu trop honnête, ou plutôt trop direct. Je dis les choses comme je le pense
DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 37 et ça peut être un peu dur pour certains, on me l’a déjà dit souvent, très souvent même.
Une journée sans basket Le shopping est un de mes hobbys préférés. Je suis un mec qui aime beaucoup faire les magasins, j’aime beaucoup les vêtements, le style un peu fashion. Sinon, j’aime bien aller au cinéma, jouer au poker… mais attention je suis très au courant de tout ce qu’il se passe sur mon compte ! Je suis quelqu’un de simple, je n’ai pas de voiture extraordinaire, pas de maison extraordinaire. Je ne dépense pas inutilement.
Un film culte Remember the Titans avec Denzel Washington. En français il s’appelle Le plus beau des combats, c’est un film où un coach qui réussit à réunir les Noirs et les Blancs pour former une équipe de football qui au final va gagner son championnat, c’est une belle histoire.
Dans ton iPod Du rap, du R’n’B, de la soul … C’est vaste ! Comme rappeurs, j’aime beaucoup Booba, Jay-Z, dans le R’n’B Trey Songz c’est vraiment mon truc, et pour la soul j’aime beaucoup Anthony Hamilton.
Un livre de chevet Je ne suis pas très porté sur la lecture. En lisant ça ma maman va me taper sur les doigts ! Elle, vraiment, elle me force à lire des livres. Je lis ce qu’elle m’achète pour mon anniversaire ou pour Noël – parce que tous les ans j’ai droit à un livre ! Le dernier, l’histoire d’un petit garçon qui voyage dans le temps, ça se passe en Chine, vraiment ça m’a suffit (rires) ! Non sérieusement, je ne lis pas assez.
Une journée dans la peau de quelqu’un Parce que j’ai grandi en voyant tout ce qu’elle a fait, j’aimerais bien passer 24h dans la peau de ma mère. Vraiment, si je pouvais faire ça… J’aimerais bien savoir ce que ça fait, quel regard elle porte sur moi, etc. D’ailleurs je dis une journée dans la vie de ma mère, mais ça pourrait être aussi mon père. Mais bon, allez, pour ta question on garde ma mère.
Des mentors C’est difficile d’en donner un ou deux. Au Havre, tous les intérieurs m’ont un peu aidé, mais j’ai vraiment passé beaucoup de temps avec Babou Cissé, il me parlait beaucoup, on travaillait dur ensemble. Après, à Pau, Thierry Ruppert m’a beaucoup aidé sur et en dehors du terrain, il m’invitait chez lui, c’est quelqu’un qui me tient à cœur. Et en NBA, Tony Parker. Il m’a pris sous son bras, il m’a traité comme un de ses frères dès que je suis arrivé. Franchement, la façon avec laquelle il m’a accueilli, avec laquelle il m’a traité, je ne m’attendais pas à ça. Je pense aussi à Finley, Ime Udoka, avec qui je parlais encore hier, et Tim (Duncan), la dernière fois qu’on s’est vu il m’a pris dans ses bras pour me dire qu’il était content pour moi, que j’étais tombé dans une bonne franchise et que je le méritais.
L’un ou l’autre • Rick Carlisle ou Gregg Popovich ? Waaaaah ! Je peux pas. Joker • Duncan ou Nowitzki ? Nowitzki • France ou États-Unis ? France • Rouen ou Le Havre ? Rouen • Champion NBA ou J.O. ? J.O.
Si tu étais • Un personnage de fiction Piccolo de Dragon Ball Z • Un personnage historique Martin Luther King
Ce qui t’énerve
• Une femme Ma mère
L’hypocrisie. Si t’as quelque chose à me dire, dis-le moi tout de suite !
• Une boisson Nesquick
Ta collaboration avec le club de Lille
Je me suis vraiment adapté au style de vie américain. Après ma carrière je pense vivre aux États-Unis. Par contre, même si je suis très bien là-bas, il arrive toujours ce moment où j’ai hâte de revenir en France, où la France me manque.
C’est mûrement réfléchi, j’ai pris du temps, j’ai évalué, et le club de Lille est sorti du lot, du fait du potentiel de la ville et surtout de la façon dont ils m’ont accueilli et dont ils ont accueilli mon projet. Il y a eu ce petit clic, cette attraction, dès le début je me suis senti demandé. L’objectif, pour commencer, est de développer un peu plus mon camp. Cet été c’était la première édition donc il y a beaucoup de choses à régler mais je suis super content et fier de ce premier camp. Après, dans un deuxième temps, j’aimerais promouvoir le basket dans Lille, dans le Nord.
3 personnes avec qui dîner
Toi dans 15 ans
(Instinctivement) Forcément mon acteur préféré Denzel Washington, et aussi Barack Obama. Après… (Il réfléchit longuement) C’est chaud, il y en a plein dans ma tête ! Martin Luther King, Malcolm X, George Weah mon footballeur préféré, Mohammed Ali, je ne peux pas choisir ! (5 minutes de débat suivront, sans que Ian ne puisse se décider.)
Pour ma retraite, je pense sortir un peu du monde du basket, faire quelque chose de différent. J’aime bien la mode, donc j’aimerais me lancer un peu dans ce milieu. Il y a le cinéma aussi. J’ai pas mal de projets. Après, même si je ne pense pas rester forcément dans le basket, je pense que j’aurais toujours un camp, c’est très important pour moi. l
• Un objet Un ballon de basket
“ JE SUIS UN MEC QUI AIME BEAUCOUP FAIRE LES MAGASINS ”
Un endroit où vivre
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1. Remembers The Titans 2. Jay-Z 3. Malcom X 4. Logo des Mavericks de Dallas 5. Denzel Washington 6. Martin Luther King 6
Hervé bellenger/IS
Un ancien NBAer dans un café, en Ardèche.
JF Molliere par Agenzia Ciamillo-Castoria
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REPORTAGE • MAXI-BASKET 39
IN BED WITH CHEROKEE PARKS
AINSI VIVAIT CHEROKEE
JF Molliere par Agenzia Ciamillo-Castoria
DE LA FRANCE ET SES DIVISIONS MINEURES, CHEROKEE PARKS NE SAVAIT RIEN IL Y A ENCORE SIX MOIS. DISPARU DE LA CIRCULATION AU TERME D’UNE CARRIÈRE NBA ANECDOTIQUE, LE GÉANT TATOUÉ S’EST UN TEMPS PERDU DANS LES MÉANDRES D’UNE RETRAITE FACILE AVANT DE REFAIRE DOUCEMENT SURFACE. SEPT ANS APRÈS SON DERNIER BAROUD EN NBA, C’EST EN QUÊTE D’UNE EXISTENCE SIMPLE QU’IL A POSÉ SES VALISES À L’U.S. AUBENAS BASKET. Par Jérémy BARBIER, à Aubenas Photos : Hervé BELLENGER
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es cris d’enfants résonnent dans la petite Halle des Sports. Mercredi matin à Aubenas, jour des basketteurs en herbe. Sur des paniers adaptés, l’école de minibasket répète ses gammes dans un joyeux désordre organisé quand, à l’unisson, des dizaines de petites pupilles écarquillées se lèvent vers la même direction. Démarche empesée et regard embrumé, un géant marqué à l’encre des pieds à la nuque s’approche lentement vers le parquet. Le silence se fait quelques secondes puis, très vite, les dribbles désordonnés reprennent. Les cris aussi. En ville depuis deux mois, Cherokee Parks n’est déjà plus une curiosité de passage dans les couloirs du modeste pensionnaire de Nationale 2. « Bonjour, ça va ? », nous lance l’Américain en VF. Le contact est facile mais son timbre de voix trahit un gros coup de mou. La raison de sa fatigue mesure un peu plus d’un mètre et reste désespérément scotchée à sa jambe. Rhaetie, trois ans, a débarqué la veille au soir de Los Angeles. « Elle s’est réveillée à cinq heures du matin et à partir de là, c’était terminé. Man, je vais avoir besoin d’une sieste. » En attendant de retrouver son oreiller, l’ancien NBAer se prête de bonne grâce à notre première séance photo de la journée. Nous avons ramené pour l’occasion quelques clichés du grand totem version NBA, lui suggérant de grimer d’anciennes postures. « Cela me rappelle le media day», sourit-il, un œil toujours rivé sur l’enfant dont il a désormais la garde exclusive. À quelques mètres, la fillette est couvée tel un trésor de guerre par ses nouveaux camarades. « Dans quelques mois, c’est elle qui m’apprendra le français. » La petite Américaine et sa Cour viennent se mêler aux poses. Du passé de ce gentil géant dans la meilleure ligue du
monde, ils ne savent évidemment rien. Entre l’Américain et les gosses, les éclats de rire font office de langue officielle. «On voit qu’il est vraiment content », glisse un bénévole. « Ça doit lui faire du bien de retrouver sa fille. » Ce mercredi 12 octobre, premier jour de sa trente-neuvième année, Cherokee Parks commence réellement une nouvelle vie.
L’improbable association
D’Amérique, l’U.S. Aubenas n’a que les initiales. Alors cet été, quand le club de N2 promettait des contacts avancés avec Cherokee Parks, ancien dixième homme plus connu pour ses tatouages que ses 472 matches NBA, on pensait à une gentille plaisanterie ou un homonyme mal identifié. « J’étais chargé du scouting pour le recrutement », se souvient Moatassin Rhennam, ex-espoir du PSG Racing aujourd’hui assistant-coach en Ardèche. « Christophe Gardette, un agent avec qui nous travaillons souvent, m’a proposé Parks et au début, j’ai forcément cru à une blague. Je l’ai proposé au président et au coach. Le coach était vraiment réticent car cela faisait un peu gros pour le club. Le président était plus chaud mais il voulait en savoir plus sur le mec. J’ai essayé de le renseigner au mieux, mais ce n’est pas évident. » Et pour cause, depuis une retraite précipitée, « Chief » avait laissé peu de traces derrière lui. Il y a en vérité peu à dire de ces sept années de silence. Comme bon nombre de ses contemporains basketteurs, Parks a d’abord souffert de cette petite mort qu’est la fin de carrière sportive. « Je n’étais vraiment pas prêt pour la vie réelle. Quand j’étais en NBA et même au college, beaucoup pensaient déjà à ça. Je n’avais pas cette maturité. Ce que je voulais faire après le
« Ce que je voulais faire après le basket ? Shit, aucune idée. J’étais sans expérience et ça, un jour ou l’autre, ça finit par te rattraper. »
Hervé bellenger/IS
Même s’ils ne connaissent rien de sa carrière NBA, les jeunes basketteurs du club adorent le géant.
REPORTAGE • MAXI-BASKET 41 basket ? Shit, aucune idée. J’étais sans expérience et ça, un jour ou l’autre, ça finit par te rattraper. » Compte en banque largement excédentaire, Cherokee a vécu sur le mérite de ses 4,4 points et 3,6 rebonds en carrière. Il a d’abord fallu trier des amis toujours plus nombreux puis, très vite, chercher ceux qui n’avaient pas encore fui. Cherokee ne parle pas de burn-out mais confesse avoir traversé un véritable spleen. « J’étais désintéressé. Au niveau de la nutrition et du sport par exemple, c’était devenu n’importe quoi. Je faisais 5 pompes et j’étais complètement mort. J’étais devenu l’opposé de ce que pouvait être un ancien basketteur professionnel. » Plus pour tuer le temps que par vocation, il s’essaiera à la tête d’un petit business, un bar à musique près des plages d’Huntington Beach, sa ville natale. L’affaire périclitera rapidement. « Je me laissais vivre, je sortais avec quelques filles et j’avais l’impression d’avoir toujours 12 ans. J’étais en plein flottement. Et puis j’ai eu mon troisième enfant, ma fille. » Le déclic ? Difficile de le savoir réellement, toujours est-il qu’il y a deux ans, Cherokee a rechaussé ses baskets et retrouvé le chemin d’une salle d’entraînement. « J’ai vraiment commencé à faire plus attention. Je mange mieux. J’ai appris à prendre soin de moi. » Au printemps dernier, il rencontre par hasard Mark Soderberg, un ancien de la Chorale période seventies. Les deux hommes ont Huntington Beach et leur high school en commun. Cherokee révèle son quotidien – musculation et shooting tous les matins – Soderberg, intrigué, évoque les divisions mineures avec son nouvel ami. « Quoiqu’il arrive, j’allais au gymnase tous les matins alors le faire avec un peu de compétitivité et dans un pays étranger, c’était presque inespéré. Mark a contacté son ami Christophe Gardette et ils ont un peu regardé en N1 mais il était déjà trop tard. Je ne savais même qu’il y avait une N1, une N2, une N3. Je ne connaissais rien de tous ces niveaux. Je ne connaissais rien du basket européen. Et puis Mark m’a parlé d’Aubenas. » La connexion était faite même si, en Ardèche, on sondait encore les motivations réelles de ce retraité méconnu passé sous les ordres de Mike Krzyzewski ou Gregg Popovich.
Tout sauf une diva
« Un gars de NBA, cela ne se fait quasiment jamais en France à
notre niveau », rappelle Jean-Louis Volle, le président de l’U.S. Aubenas. « Pourquoi Aubenas ? Pourquoi les autres équipes ne le prennent pas ? En fait, il était trop vieux, trop ci, trop ça. Il n’avait pas joué depuis longtemps. Personne n’osait, il faisait peur à tout le monde. Mark et Christophe ont tout essayé pour nous faire céder : une période d’essai de trois mois et le remboursement du billet d’avion. Ils m’ont convaincu en disant que nous allions vivre une vraie aventure humaine. » La curiosité du dirigeant prima sur les craintes et aussitôt l’accord de principe scellé, Cherokee se fendait d’un aller simple pour Lyon Saint-Exupéry. « Et à notre première rencontre, le 9 août, tous nos doutes ont été balayés », sourit Jean-Louis Volle. Il faut rouler quelques kilomètres pour rejoindre Vals-lesBains, nouveau point de chute du Californien. Dans la petite station thermale vidée de ses curistes estivaux, l’exilé a déjà trouvé toutes ses marques. Sous un soleil d’été indien, il guide ses invités du jour au pied de la Volane où, sur des rochers à l’adhérence douteuse, il flâne patiemment devant l’objectif. « Magnifique ! Je ne sais même pas s’il fait aussi beau en Californie en ce moment. Tu te rends compte que je ne savais même pas prononcer Aubenas il y a trois mois ? Ici, je prends le temps de vivre. Je me promène, je vais boire un petit café, je me repose. Tout est relax. » Quelques minutes plus tard, au comptoir, une bière glacée remplace le petit noir. Dans le petit bistrot de village, les 211 centimètres du nouveau venu ne passent pas inaperçus. Ici, tout le monde avait entendu parler du géant, sans pour autant mettre un visage sur celui dont on dit « qu’il a joué en Amérique ». « Il est grand mais ce qui impressionne le plus, c’est qu’on voit qu’il est encore affûté », apprécie le patron. « Il est sec. Il a 39 ans ? Je lui en donnais 35. » Cherokee écoute, réclame un peu de vocabulaire, tente quelques phrases. Les premières jérémiades de Rhaetie sonnent l’heure de la sieste tant espérée. Dans les rues calmes de Vals, la petite famille s’éclipse, presque incognito. Encore une fois, la simplicité de l’Américain a fait son petit effet. « Il n’a pas d’exigences particulières et il ne demande rien », s’étonne encore Jean-Louis Volle. Quatrième division oblige, Aubenas n’avait de toute façon pas de pont d’or à offrir. En sus d’un salaire modeste (environ 2.000 euros), le contrat du
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« Un ami m’a emmené en forêt, on a ramassé une vingtaine de champignons plus gros que ma main. Incroyable, hein ? »
Divorcé deux fois et père de trois enfants, Cherokee vit à Aubenas avec Rhaetie, 3 ans, sa petite dernière.
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Le Californien, qui ignorait tout d’Aubenas il y a encore six mois, s’adapte parfaitement à la campagne ardéchoise.
REPORTAGE • MAXI-BASKET 43 renfort US comprend une voiture de prêt et un logement dont le seul luxe est une position agréable, au sommet d’une petite rue bordée d’arbres et surplombant le village. Déniché à la hâte, le gîte ne devait cependant être qu’un lieu de passage. « Quand on a su que sa fille venait le retrouver, on lui a tout de suite proposé de lui trouver plus grand », confirme Jean-Louis Volle. L’offre a poliment été déclinée. « Qu’est-ce que tu veux de plus ? », s’étonne Cherokee sur le pas de son antre. « J’ouvre la porte et je suis tout de suite dans la nature. Je descends quelques mètres et j’ai la rivière. Je n’ai pas beaucoup de meubles et je n’en ai pas besoin. Je dois avoir deux sacs pour moi et un pour ma fille. Tout ce dont nous avons besoin tient là-dedans. »
Un Blue Devil aux champignons !
Pour l’ex-millionnaire, on parlerait presque d’une vie de bohème. Faut-il s’improviser psychologue et déceler dans ce nouveau train de vie un retour aux sources ? « Man, dans un sens, on peut dire que c’est ça. » Troisième progéniture d’un mariage rapidement consumé, Cherokee a vécu les premières années de sa vie dans le confort sommaire d’un combi Wolkswagen, baladé d’État en État par une mère adepte de la vie en communauté et du végétarisme. « Nous n’avions pas grand-chose mais on ne s’en rendait pas forcement compte. Nous étions très mobiles, on aurait aussi bien pu vivre en Espagne ou en Pologne, cela aurait été pareil. Je pense aussi que c’était plus facile d’adopter ce style de vie à cette époque, quand les gamins n’étaient pas accrochés à tous ces ordinateurs, I-Pod, I-Phone, I-Pad. » On l’aura compris, ce fils de guitariste reste insensible à l’héritage de Steve Jobs et sauf très rares exceptions, l’ordinateur de la maisonnée reste en veille. Au monde virtuel, « Chief » préfère les balades, ses séances de shooting et… la cueillette des champignons ! En rangeant soigneusement une tenue flambant neuve des Blue Devils dans son sac d’entraînement, il égraine tous les détails de sa dernière récolte. « Un ami m’a emmené en forêt, on a ramassé une vingtaine de champignons plus gros que ma main. Incroyable, hein ? C’est drôle parce qu’aux États-Unis, on apprend aux gosses qu’il ne faut pas toucher ce qui ne pousse pas dans un supermarché.» Cherokee savoure, s’émerveille de chaque nouvelle découverte. Parlez-lui de son cursus à Duke, panthéon US du sport universitaire, le pivot dérive rapidement sur une autre discussion. Mais évoquez un sujet aussi léger que la confiture de châtaigne et le pivot devient intarissable. « All is wonderful », imite son président. Depuis son arrivée, ce passionné de science-fiction regrette simplement de ne pas trouver sa littérature préférée dans sa langue maternelle. « Les e-books ? Fuck that shit ! Un livre, c’est aussi un objet qui a une vie. J’adore trouver de vieux bouquins avec des annotations, voir ce que les gens ont écrit. Et puis il y a une odeur. » Un peu réac, Cherokee ? « Il possède vraiment des valeurs traditionnelles, cela tient à son éducation », disait de lui Mike Krzyzewski en 1995. À écouter la légende de Duke, on pourrait croire que le Californien était destiné à se fondre naturellement dans le décor du campus de Durham, temple d’excellence universitaire. Tout n’a pas été aussi simple. « Ca a été un vrai choc au début. Je n’avais jamais vécu 24h/24h pour le basket. Là-bas, tout était centré sur l’équipe de basket. C’était beaucoup de pression, plus que je ne l’imaginais. » Considéré comme l’un des dix meilleurs lycéens du pays quelques mois plus tôt, « Chief » devient le punchingball humain de Christian Laettner, senior dont il est le back-up complexé. « Il était imbuvable, c’était sa façon déguisée de te tirer vers le haut. » D’un naturel réservé, C.P n’aime guère être verbalement abusé. « Je ne vois pas quel intérêt tu peux avoir à gueuler sur quelqu’un. Pour moi, c’est contre-productif. » De coach K en revanche, il dresse le portrait d’un formidable pédagogue. « Il était au-dessus de ça, de tous ces coaches qui se
sentent obligés de gueuler sur leurs joueurs. Les bons mots et les critiques constructives avaient bien plus d’impact que beaucoup de bruit. » Champion NCAA dès sa saison freshman (5,0 points, 2,4 rebonds), Parks prendra du galon après le départ de Laettner, devenant même l’option n°1 des Blue Devils (19,0 points, 9,3 rebonds et 1,8 contre en 1994-1995). La NBA et Dallas peuvent lui ouvrir les bras. Le 28 juin 1995, le big man est le douzième rookie à venir serrer la poigne de David Stern sur le podium de la Draft.
De la chair à transfert
Ses compagnons de promo s’appellent Antonio McDyess, Jerry Stackhouse, Rasheed Wallace ou Kevin Garnett. Tous jouissent de cette période dorée qu’est la NBA post Dream Team, époque ou avant même de poser un orteil chez les pros, les lottery picks décrochaient aisément de juteux contrats publicitaires. Parce qu’il ne ressemble à personne d’autre, le géant blanc aux tatouages naissants croque dans le gâteau. Nike le signe dans son écurie pour trois saisons. À Dallas, sa nouvelle ville d’adoption, les publicitaires utilisent ses lointaines racines indiennes pour vendre les véhicules d’un concessionnaire de… Jeep Cherokee, évidemment ! La vérité du terrain perturbera très vite le petit empire mercantile du rookie. Aux côtés de Jason Kidd et Jamal Mashburn, Parks déçoit (3,9 points et 3,4 rebonds). « Il y avait un lock-out cet été-là et l’équipe ne s’est rassemblée qu’une semaine avant le début de la saison. On n’a jamais pris le bon rythme.» Malgré quelques fulgurances – 25 points contre Portland, record en carrière – il apprend au traditionnel meeting de fin de saison qu’il doit déjà plier les gaules. « J’étais surpris et dégoûté mais à ce moment, je ne voulais pas croire que ce serait l’histoire de ma vie en NBA. » Dallas, Minneapolis, Vancouver, Washington, Los Angeles, San Antonio, Miami ou Oakland, ses valises ne stationneront jamais plus de vingt-quatre mois dans la même franchise. Trop frêle pour tenir les mastodontes et pas assez fiable à l’extérieur pour s’imposer comme ailier-fort, Parks n’a su jamais développer une véritable spécialité. Chair à transfert à ses débuts, il terminera modeste journey man, appelé ici pour faire le nombre ou là afin de soulager les éclopés. « Je n’ai jamais eu de véritable rôle dans une équipe. Je me sentais inutile, indésirable. J’ai toujours connu des franchises avec des changements de coaches, des transferts. » Le 17 décembre 2003, contre Atlanta,
« Je n’ai jamais eu de véritable rôle dans une équipe. Je me sentais inutile, indésirable. »
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La petite famille charge ses sacs, c’est bientôt l’heure de l’entraînement !
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« Dans notre esprit, on s’était dit qu’à 2,11m en Nationale 2, il était capable de jouer numéro 5. On commence à se rendre compte qu’il reste un poste 4 » Moatassin Rhennam il foule pour la dernière fois un parquet NBA (0 point en 3 minutes). Coupé par les Warriors la veille de Noël, il cherchera en vain un ultime bail et jettera officiellement l’éponge le 1er novembre 2004, trois semaines après son 32ème anniversaire. « Je ne voyais pas l’intérêt que j’avais à m’entêter. Je n’étais pas vraiment heureux donc forcément, l’envie n’était pas là. Avec le recul, je crois que je n’étais pas fait pour ça. Je sortais de Duke, une véritable famille où on apprend pendant quatre ans que seul le collectif compte. Et puis, soudainement, tu débarques dans un univers hyper individualiste. Il faut pouvoir s’y adapter. »
Pas encore dominant
De son passé de NBAer, le néo-Albenassien a tout de même conservé une routine de travail disciplinée. Au deuxième entraînement collectif de la semaine, Cherokee débarque comme toujours avec une demi-heure d’avance sur l’horaire prévu. « On voit que c’est une éducation », constate
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Chris Covatta /NBAE/Getty Images
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1• Sept ans après la fin de sa carrière, Cherokee retrouve l’ambiance des séances vidéos avec l’U.S. Aubenas Basket. 2-3• Passé par sept clubs NBA dont les Spurs de T.P. (ci-contre en 2001), le grand tatoué n’a pas laissé une trace indélébile en NBA. 472 matches pour 4,4 points et 3,6 rebonds en carrière.
Moatassin Rhennam. « Il a toujours bossé comme ça, c’est un vrai professionnel. » Ses coéquipiers, retenus par leurs obligations professionnelles, arrivent progressivement. Comme leurs dirigeants, les basketteurs d’Aubenas se sont d’abord demandés ce que cet Américain venait faire sur leurs terres. « Je suivais un peu le basket américain à l’époque mais si le nom me disait quelque chose, je ne me souvenais plus du tout de sa tête », confesse David Archinard, joueur formé au club. « On a un peu regardé sur Internet. » Une fois le stade de la curiosité dépassé, tous ont participé activement à l’intégration de ce célèbre équipier. « C’est vraiment un bon gars », poursuit Archinard. « Il est très vite venu manger à la maison pour rencontrer la famille et cela s’est tout de suite bien passé avec tout le monde. Il est super convivial. » Sur le terrain, ni traitement de faveur ni système sur mesure, « Chief » est à Aubenas un basketteur comme les autres. Peut-être trop, d’ailleurs. Au classement (3-3 à l’heure de boucler ces lignes), l’effet Parks tarde à se faire sentir. « Il y avait des doutes au départ et pour être honnête, nous en avons encore sur l’aspect sportif », révèle Moatassin Rhennam. « Il lui manque beaucoup de repères, il y a plein de petites choses naturelles qu’il doit retrouver. Il se situe parfois mal sur le terrain. On essaie de le mettre en valeur mais ce n’est pas évident. Dans notre esprit, on s’était dit qu’à 2,11m en Nationale 2, il était capable de jouer numéro 5. On commence à se rendre compte qu’il reste un poste 4.» Décidemment, en NBA comme en quatrième division française, on ne sait pas vraiment à quelle sauce accommoder « Chief ». L’entraînement se termine, l’intérieur grimace un peu. « Quand tu as 20 ans, les courbatures n’existent pas. Aujourd’hui, c’est un peu différent. » Sur le chemin du retour, il regrette de ne pouvoir apporter davantage à sa nouvelle équipe. « Le style de jeu, les systèmes, les règles, tout est différent. Les joueurs bougent très vite mais le ballon beaucoup moins. Je prends mes marques mais je manque de travail collectif. » Au milieu d’un carrefour désert, Cherokee cale, trahi par la boîte manuelle de son auto made in France. « J’ai pourtant
REPORTAGE • MAXI-BASKET 45 appris à conduire avec une voiture qui n’était pas automatique », se lamente l’infortuné. «Tu vois, j’ai encore besoin d’un peu de temps pour m’adapter. » Nous saluons notre chauffeur d’un soir. Sur le siège passager, le décalage horaire a eu raison de Rhaetie.
Le nouveau Ron Anderson ?
À sa session quotidienne de shooting, il débarque tout sourire, un peu plus français que la veille. « À sa demande, nous travaillons ensemble son français deux fois par semaine », révèle Jean-Louis Volle. Le Californien est fier d’annoncer qu’il sait dorénavant placer sur la carte les localités de ses futurs déplacements. « C’est la première fois que je vois quelqu’un s’adapter aussi vite. » De l’impact modeste de sa recrue lors des trois premiers succès de la saison (7,0 points et 4,3 fautes en moyenne), le président ne s’inquiète guère. « La vérité, c’est que je ne l’ai pas signé sportivement », susurre-t-il, faussement gêné. « Honnêtement, c’est le coup de cœur. Je fais confiance aux gens et j’avais le sentiment que ce gars ne pouvait pas nous tromper. Ou alors, je me trompais sur tout le genre humain. » Pour le moment, sa seule présence offre un coup de projecteur inespéré. « C’est la première fois que je vois notre salle remplie comme ça », jure le dirigeant. « Il y avait 800 personnes pour son premier match. » Et l’engouement ne s’arrête pas aux petites sauteries à domicile. « Des courriers avec des demandes d’autographes arrivent tous les jours au club. Il en reçoit même à son domicile alors que nous n’avons évidemment pas donné son adresse. Les jeunes trouvent des moyens. Il signe et renvoie tout. » Nous concluons notre rencontre dans une brasserie du centreville. Le plat du jour épuisé, Cherokee se rabat sur le burger maison, non sans regrets. À chacune de ses rares sorties en ville, l’expatrié met un point d’honneur à découvrir la gastronomie locale. « J’aime la façon dont vous prenez vos repas ici. On mange un plat, on sort fumer une petite cigarette, on revient à table. Bref, on prend le temps. Aux États-Unis, il faut que tout soit énorme et rapide. Big, fast, big, fast…Je ne veux plus de ça. » Cherokee Parks ou l’homme qui voulait vivre sa vie. Comme
l’anti-héros d’un best-seller du même nom, le presque quadra a quasiment tout laissé derrière lui pour se (re)construire. « Je n’ai même pas prévenu ma famille avant de partir. Venir ici, découvrir un nouveau pays, une nouvelle langue, c’était ce qui pouvait nous arriver de mieux » Difficile de l’imaginer, et pourtant, Cherokee Parks avait peut-être davantage besoin d’Aubenas que l’inverse. Il ne le confiera jamais franchement au cours de nos conversations mais quelques paroles laissent comprendre que le petit pactole amassé en NBA – environ 11 millions de dollars – est un peu parti en fumée. En attendant de recevoir une rente mensuelle d’ancien NBAer, il espère voir quelques portes se rouvrir. « À partir du moment où j’ai arrêté de jouer en NBA, j’ai coupé tous les contacts avec ce milieu. Je n’ai plus de nouvelles de coach K, de mes anciens coéquipiers à Duke ou en NBA. En revenant dans le basket, j’aurais la chance de revoir des gens, nouer des contacts. » Ce nouveau départ, c’est aussi pour soigner son image auprès de sa fille cadette. « Dans quelques années, elle lira peut-être des trucs horribles à mon sujet sur Internet. Au moins, elle m’aura vu dans mon métier de basketteur et dans un contexte idéal. C’est mieux comme ça. Et puis elle va bientôt aller à l’école ici, c’est une expérience incroyable pour elle. » Cherokee Parks et Aubenas étaient faits pour s’entendre, nettement moins pour se rencontrer. Pourtant, moins de trois mois après son arrivée, le big man le plus célèbre de N2 s’imagine déjà en nouveau Ron Anderson. « On m’a dit qu’il avait joué jusqu’à 51 ans. Et pourquoi pas ? » « Il est très motivé », sourit David Archinard. « Il a limite envie de s’installer ici. » Aubenas ne s’y opposerait pas. Au contraire, Jean-Louis Volle est persuadé que le meilleur reste encore à venir. « Il n’a pas tout changé dans la vie de l’équipe mais il s’est remis au travail comme un forcené. Je sais qu’il va apporter beaucoup plus. » Et le président de conclure. « S’il fait l’affaire, il faut continuer l’aventure avec lui. Moi, j’aimerais bien. » Cela tombe bien, Cherokee aussi. l
« J’aime la façon dont vous prenez vos repas ici. On mange un plat, on sort fumer une petite cigarette, on revient à table. Bref, on prend le temps. »
4• Et au milieu coule une rivière. Cherokee connaît déjà les meilleurs spots de sa nouvelle ville d’adoption. 5• En action avec les Clippers.
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Rocky Widner/NBAE via Getty Images
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CONTRÔLE SURPRISE !
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HERVÉ BEDDELEEM Par Antoine LESSARD
très fort, 5 sur 6, nkerque a démarré Du s sne eli av Gr M M. « Ce n’est pa Le direx du BC rnière partie du QC de la , r » ! su r er pe fl om uf s me tr avant de s’esso club, je ne dois pa n la mo ec r av su il ns po e tio tire pil bien… des ques le. Au final, il s’en rô nt co du n fi la peste Hervé à l. moyenne. Pas si ma
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2011 ? porté l’Eurocup en 1. Quelle équipe a rem ❏ Khimki Moscou ❏ Cajasol Seville ❏ Unics Kazan Euroleague ? points en carrière en de ord rec le t ien dét 2. Quel joueur ❏ J.R. Holden ❏ Marcus Brown ro var Na s rlo Ca mps, puisque Navarro an Ju ❏ plus tenir très longte t rai dev ne s) int po (2.715 Le record de Brown points (2.640). pointe à seulement 75 30 points ? dépassé la barre des Tony Parker n’a pas ipe équ e ell qu e ntr 3. À l’Euro 2011, co ❏ Allemagne ❏ Israël lement » 24 contre ie ton ❏ Let e l’Allemagne et « seu ntr co 32 ie, ton Let la contre Parker a scoré 31 pts l’Euro. premières journées de is tro des s lor l, raë Is rence Lepron ? e féminine évolue Flo ligu de b clu el qu ns 4. Da ❏ Tarbes ❏ Montpellier mment tu dis ? » ❏ Aix ça de loin…Florence co s voi je e, inin fém e ligu fuse. « La Un grand éclat de rire un sans faute ! » bingo ! « Je vais faire : ard has au ond rép Hervé salle Jean Fourré ? Pro B évolue dans la 5. Quelle équipe de ❏ Saint-Vallier ❏ Quimper ❏ Évreux A Orléans-ASVEL joué la finale de Pro t on ien mb co , ans actuels d’Orlé 6. Parmi les joueurs
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en 2009 ? ❏4 ❏3 ❏2 ter actuel de l’OLB. é de lui donner le ros Après qu’on ait accept ? ncéien Willie Deane e désormais l’ex-Na jou s pay el qu ns Da 7. ❏ Ukraine e ❏ République Tchèqu poser ses valises ❏ Bulgarie mais c’était avant de a, fi So mic ade Ac il ko rie, à Lu Deane a joué en Bulga essa. cette saison au BC Od né sig a Il . ine rra Lo en nière à Portland ? s Batum la saison der ola Nic de s int po de yenne 8. Quelle était la mo ❏ 16,4 points ❏ 14,4 points s ❏ 12,4 point NBA ? Improved Player en -il été désigné Most a-t w Dia ris Bo ée 9. En quelle ann ❏ 2006 les ❏ 2005 Atlanta Hawks vers 04 20 ❏ avoir été transféré des ès apr on cti tin dis te Diaw a remporté cet en NBA. sa troisième saison ncs sur la saison Phoenix Suns, lors de tage aux lancers-fra cen ur po is uva ma s M a signé le plu 10. Quel joueur du BC
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régulière 2010-11* ? ❏ Jeff Greer ❏ Dounia Issa 8% sur la ❏ Yannick Bokolo Greer a tourné à 52, ooteur de ce calibre, sh un ur po il itso Aussi improbable ,4 et Issa à 57,1. ligne (!), Bokolo à 56
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Pascal Allée / Hot Sports
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Guadeloupe, Martinique, Guyane
Ces étoiles venues d’Outre-Mer Un temps marquées par l’indifférence, les relations entre Antillais et Métropolitains se sont transformées en histoire d’amour. De Jacques Cachemire à Kévin Séraphin, en passant par Jim Bilba, les joueurs venus des mers chaudes ont illuminé le basket français. Par Pascal LEGENDRE
Jim Bilba, un gros bosseur.
Maxi-Basket
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Cachemire, la première star
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• Un immense flop : Rudy Bourgarel.
plus crûment sans son or noir ? Longtemps la 1ère division française fut réfractaire aux basketteurs noirs. Par racisme comme aux États-Unis où existait une ségrégation ? Plutôt par ignorance, par volonté d’utiliser dans l’équipe des joueurs du cru. Ainsi l’équipe d’Auboué, l’une des meilleures qui soit, était constituée à l’amorce des années soixante de 11 joueurs natifs de la ville et les 4 autres n’étaient pas nés bien loin. « S’il y avait du racisme, ce n’était pas dit, c’était diffus. Les insultes racistes ont toujours existé, genre « remonte sur ton arbre » mais il n’y avait pas de débat sur ça. Au contraire, dans le basket on aimait beaucoup les Noirs, les Harlem étaient symboles d’étoiles, de spectacle, Tatum était une vedette », rapporte l’historien Gérard Bosc. « Je n’ai pas souffert de racisme », confirme Max Joseph-Noël qui répondait au sobriquet de « Blanchette », un surnom plus bête que méchant donné communément aux footballeurs de couleur. « Il y a des gens de ma génération qui avaient un complexe d’infériorité visà-vis des Blancs, mais on s’est aperçu que les Blancs ne sont pas meilleurs que nous », rigole t-il. « Nous, les Antillais, sommes très satiriques. Comme pour tous les gens qui ont été esclaves, c’est une façon de résister au mauvais sort en souriant. » Il y a un demi-siècle, les visages étaient donc pâles avec quelques exceptions notables comme les Américains Henry Fields, Frank Jackson, Len Green, ou encore Roger Correa, né à Dakar, les internationaux Roger Antoine, né à Bamako au Mali, et Jacques Owen, un pur Parisien. Max Mamie, qui se dirigea vers l’arbitrage, fut l’une des premières figures antillaises du basket français. Max Joseph-Noël eut le privilège d’être aussi un pionnier, le premier Antillais à être sélectionné en équipe de France (voir son témoignage), suivi de près par Maurice Boulois et Alain Schol. Ces deux-là furent repérés par René Lavergne qui avait été envoyé sous les tropiques par la fédération pour y tenir des conférences. « Il avait vu là-bas des joueurs intéressants et il les avait proposés à des clubs notamment à l’Espérance de Toulouse », confirme Gérard Bosc. Boulois porta notamment le maillot de la Chorale de Roanne, entraîna pas mal d’équipes du Sud-Ouest de la France, et fonda il y a une trentaine d’années un camp pour jeunes basketteurs à Lectoure. Boulois et Schol disputèrent l’Euro de 1965 et Schol récidiva en 67. Alain Schol, 2,04m, se distingua en étant un SDF de la 1ère division pour toucher quelques francs sous le manteau. « Il vendait sa taille », sourit Gérard Bosc qui l’a eu comme joueur quand il coachait Caen. « À mon avis, c’était le plus doué de tous, très adroit, délié, un peu comme Nicolas Batum », juge Max Joseph-Noël. « Il jouait pivot ou poste 4 mais il aurait pu jouer ailier sans problème. Comme Batum on avait l’impression qu’il dormait sur le terrain, et tout d’un coup il plantait un ou deux paniers et il avait un double pas ravageur. »
avaient-ils les Normands d’Elisabethville qu’ils assistaient en ce 12 août 1960 à l’élaboration d’un premier véritable trait d’union entre la France et l’une de ses perles des Antilles, la Guadeloupe ? Probablement pas. D’ailleurs la frêle goélette antillaise se fracassa contre le paquebot France qui voguait alors vers les Jeux de Rome, 41 à 124. La Guadeloupe, la Martinique, deux îles, et la Guyane plantée en Amérique du Sud, furent initialement des territoires marqués au fer rouge par les guerres des empires coloniaux européens et l’esclavage. Ce sont aujourd’hui trois départements d’Outre-Mer. Les populations sont restreintes (405.500 à l’actif de la Guadeloupe, 397.730 pour la Martinique et 221.500 pour la Guyane), le nombre de licenciés au basket tout autant (5.816 sur 461.057 au total), mais leur impact est considérable. Que serait, que vaudrait, l’équipe nationale sans ses forces antillaises et
Que représentait au milieu du XXe siècle la France métropolitaine pour un Antillais ? « C’était la mère patrie, une autre planète, lointaine, mais qui nous intéressait tous, particulièrement nous qui étions étudiants avec la perspective d’y faire des études », témoigne Max JosephNoël. « Nous sommes tous des enfants de nègres plus ou moins métissés donc d’origine plus ou moins modestes. Je donne mon exemple : j’étais le 6e enfant d’une famille de 8. Avec mes parents, cela faisait 10 personnes à table. On
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« Dans le basket on aimait beaucoup les Noirs, les Harlem étaient symboles d’étoiles, de spectacle. » Gérard Bosc
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• Patrick Cham a passé 26 ans en métropole avant de regagner la Guadeloupe.
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n’était pas malheureux mais il n’y avait pas de superflu ou alors mes parents faisaient des sacrifices pour nous envoyer au bal. La métropole c’était la possibilité d’améliorer la situation. Les deux filières, c’était les études ou s’engager dans l’armée. » Le basket n’en était pas encore une, une filière. La vocation et la venue en métropole de quantité d’Antillais, de toutes générations, furent très souvent de purs et heureux hasards. Jacques Cachemire était un super athlète – 51 secondes au 400 m, 1,90 m au saut en hauteur et surtout un saut tout juste mordu à 7 m, pour s’amuser – mais il avait un jump shot totalement désaxé quand il quitta sa chère Guadeloupe. Il signa à l’ASPTT Rouen, section athlétisme. C’est un pote qui le décida à s’orienter ensuite vers le basket. Il passa par l’AL Montivilliers alors en Nationale 2 et son entraîneur était un certain André Collet ; Jacques faisait parfois sauter sur ses genoux son fils de 4 ans, Vincent. Le Guadeloupéen pris son essor sous le management d’André Buffière au SA Lyon et connu ses plus belles années à l’Olympique d’Antibes. Quel shooteur ! Son fouetté du poignet était magnifique. Cachou fut la première star antillaise du basket-ball et Patrick Cham, 52 ans aujourd’hui, alors au fin fond de la Guadeloupe, se souvient d’avoir entendu son nom à la radio et aperçu furtivement quelques images de lui alors qu’il était ado. Dans les années 70, quelques Antillais vinrent se frotter à la Nationale 1, l’actuel Pro A, Georges Ithany au Stade Français, Léon Eugène à Orthez, et la paire Saint-Ange Vébobe/Victor Boistol à Vichy. « À l’époque, il existait un championnat des régions, j’avais vingt ans, je faisais partie de l’encadrement de la sélection de la Martinique, nous sommes venus à Vichy. Les dirigeants du club me connaissaient par SaintAnge Vébobe, arrivé un an auparavant en France, et qui leur avait parlé de moi. Ils m’ont fait des propositions et je suis resté », nous disait Victor Boistol. C’est la réussite de Vébobe et Boistol à la JAV qui inspira le président de Cholet Basket Michel Léger et qui est ainsi à la source de la filière antillaise au club des Mauges. Quitter son île, le soleil, la mer, la douceur des Alizées, c’est forcément un crève-cœur. Mais les Antillais sont ambitieux. C’est Georges Ithany, alors en vacances, qui découvre à St. Claude un jeune gars de 17 ans doué et bien bâti, Patrick Cham. « C’est comme ça que le recrutement se faisait. Quelqu’un qui était dans le circuit te voyait et te faisait une proposition. La détection n’était pas organisée même si une filière se mettait en place. Deux jeunes Antillais étaient déjà partis au Stade Français un an avant moi. Quand on aime quelque chose, on veut aller où c’est le mieux possible », explique Cham qui, mineur, eut comme tuteur à son arrivée le président du club David Azar. « J’ai eu un choc culturel mais pas au niveau du basket car j’avais de grosses qualités physiques et ça m’a permis tout de suite de faire partie des meilleurs jeunes Français et de m’entraîner avec les pros. » Patrick Cham, 1,95 m, était ce que l’on appelait un ailier bondissant. La preuve ? Sous le maillot bleu, il fit équipe à l’intérieur avec Richard Dacoury, même taille, lors de l’Euro de 1981. Les deux Blacks, tels des ventilateurs, firent souffler un vent orageux dans la peinture et quantité de ballons furent déviés de leur trajectoire. Bien entendu, à la longue, force resta au big men. Encore un exemple de hasard qui a bien fait les choses, celui de Georges Vestris, un pivot de 2,13 m, qui avec ses parents se rendit à ses 15 ans en métropole pour rendre visite à ses sœurs. L’une habitait Tours et son mari jouait au
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L’un des pionniers, Saint-Ange Vébobe, ici sous le maillot de l’ASVEL.
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Football Club de Tours en deuxième division. Elle fréquentait aussi les Américains de l’ASPO, L.C. Bowen, Ray Reynolds et DeWitt Menyard. Un soir elle emmena son frère à un entraînement. « J’ai cru qu’il était Américain », dira quelque temps plus tard Pierre Dao alors coach. « Les dirigeants de Tours m’ont mis le grappin dessus », confirma Vestris. Merci la Providence.
Succès et échecs
Un prof de gym d’Oloron, Jean Cotellon, joua un rôle décisif dans les années quatre-vingt dans l’édification d’une passerelle entre les Antilles et la Guadeloupe. C’est Cotellon qui incita Félix Courtinard, une force de la nature (2,05 m,
107 kg) à s’essayer au basket. C’est lui aussi qui effectua les démarches pour que Jim Bilba franchisse l’Atlantique. Georges Bengaber, le premier entraineur de Bilba à Ban-ELot, l’un des sept clubs de Pointe-à-Pitre, nous avait indiqué que l’agent Cottelon était peu apprécié en Guadeloupe et nous avait conté sa rencontre avec celui qui allait devenir l’une des plus belles réussites du basket français. « Jim est venu dans notre club à l’âge de 16 ans et il avait d’énormes qualités physiques. Mais surtout il ne rechignait pas à la tâche. C’est pour ça qu’il restait avec moi après les entraînements ou qu’il allait à l’école de perfectionnement du CTR au Hall des Sports. Il fallait même lui dire d’arrêter, de se reposer. Et encore… » C’est sur les conseils de son demi-frère Rony Coco, qui jouait alors dans le Béarn, que Florent Piétrus prit la décision de rejoindre le centre de formation de Pau. Comme beaucoup d’Antillais, il connut le blues à son arrivée. « Au début, je me suis senti seul », rapportait-il. « La première année, c’est toujours difficile sans les parents, on ne connaît personne, il fait froid. Après, on s’habitue. J’ai demandé à Mickaël de venir me rejoindre et ça a tout changé. » Le cadet, qui songeait à arrêter le basket, en a été aussi galvanisé. « Florent m’a incité à continuer », confirmait-il à l’époque. « Il connaît plus de choses et de personnes pour être arrivé plus tôt que moi à Pau et ça m’aide un peu. Je retiens aussi tous ses conseils. » Deux Guadeloupéens, deux big men, vont foirer leur carrière si l’on songe à leur formidable potentiel, Rudy Bourgarel et Jérôme Moïso. Après un lancement en France, les deux ont comme dénominateur commun d’avoir choisi une formation en NCAA. Rudy Bourgarel, le père de l’actuel Choletais Rudy Gobert, qui lui ressemble physiquement comme deux palmiers antillais, était promis à la draft 89. Dans les prédictions des revues américaines on le trouvait au milieu de pivots cotés comme le Yougoslave Vlade Divac, Gary Leonard de Missouri et encore Mitch McMullen de San Diego State. Sous la tunique du Marist College, Bourgarel avait compilé 10,7 points, 6,8 rebonds et 1,5 contres lors de son année de junior (3e année). Rudy faisait alors équipe avec le Néerlandais Rik Smits qui s’illustra ensuite aux Indiana Pacers. Ce fut son apogée. Le Guadeloupéen fut expédié manu militari en France soi-disant pour satisfaire ses obligations militaires et le Racing Paris lui fit signer un contrat. « C’est pour ça que l’an dernier, j’avais vraiment l’impression de perdre mon temps en France », racontait Bourgarel quelques mois plus tard. « Parce que j’étais là contre mon gré. Parce qu’en fait, on ne le savait sans doute pas, j’étais libéré par l’armée, dispensé quoi, mais des gens ici, dont je ne dirai pas le nom, ont agi pour me retenir à Paris. Alors, oui, avec tout ça, j’avais la tête aux États-Unis. » Rudy Bourgarel ne vit jamais à quoi ressemblait la NBA, il en perdit son basket et sa vie personnelle tourna mal. Quant à Jérôme Moïso, s’il affiche 145 matches NBA au compteur, il laisse une incroyable impression d’inachevé. Inefficace le choix d’un Antillais d’opter pour les États-Unis ? N’allons pas si vite en besogne. Ronny Turiaf fut le leader de l’université de Gonzaga et à sa sortie il a prolongé le rêve américain en NBA. Si nombre d’Antillais sont tentés par
« La première année, c’est toujours difficile sans les parents, on ne connaît personne, il fait froid. Après, on s’habitue. » Florent Piétrus
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Max Joseph-Noël
Le grand témoin
Premier Antillais international
Il fut le premier international venu des Antilles. Max Joseph-Noël, 73 ans aujourd’hui, fut une météorite dans le ciel du basket français. Son parcours atypique est vraiment étonnant.
«
sport de haute compétition dans ma jeunesse car à 11 ans j’ai eu le genou gauche pété suite à un accident et on m’avait interdit de faire du sport. J’en ai fait en cachette à Fort-de-France, un peu de foot, un peu de basket. Je suis arrivé en France à 17 ans pour faire ma terminale. Après avoir vu Jaunay, et sans nouvelles de sa part, je suis allé au TUC, le club universitaire, mais on ne s’est pas occupé de moi. Le hasard a voulu que je le rencontre une deuxième fois, l’été suivant, toujours à Printafix. Il avait perdu mon adresse et il m’a demandé si ça m’intéressait toujours, je lui ai répondu que oui. Tout le mois de juillet il m’a entraîné tout seul, trois heures le matin, trois heures l’après-midi. J’ai débuté
notre vedette, est parti au RCM Toulouse avec Boyer qui faisait 1,96 m. J’ai suivi Jaunay à Castres en Régionale 1. J’ai continué à me former et c’est là que j’ai rencontré ma femme. J’ai rejoint le RCMT, de 1960 à 65. Il y avait Bertorelle et en meneur de jeu mon meilleur ami, Jean Luent (NDLR : futur entraîneur d’Orthez et de l’équipe de France). En 64, à la demande de l’entraîneur André Buffière, j’accepte de faire des stages au Bataillon de Joinville et je suis retenu en équipe de France militaire. Il y avait Alain Gilles, Daniel Ledent, Jacky Renaud, on est champion du Monde à Damas ! J’ai fait ensuite 12 ou 13 matches en équipe de France mais il n’y en a que 7 qui ont compté (NDLR :
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Les journalistes sont toujours en train d’exagérer ! Je mesure 1,92 m. On m’a signalé à 1,94 m et même parfois 1,96 m. J’ai par contre une envergure de 2,05 m et je sautais un peu plus haut que les autres mais surtout avec les bras, j’allais piquer des balles ou les contrer. C’était ma spécialité comme Serge Ibaka ! Je jouais pivot, j’étais l’un des plus petits du championnat. Je faisais 80 kg à mon arrivée en métropole et après une année j’ai pris 7-8 kg sans faire de muscu. Robert Busnel, qui était le patron de l’équipe de France, disait « faire de la musculation, ça enlève de l’adresse ! » Alors que l’on voyait aux actualités les pros américains, et même les universitaires, qui étaient solides. Il est
L’équipe de France championne du Monde militaire à Damas en 1964. On reconnaît le coach André Buffière, Michel Longueville (n°13) , Jean-Claude Bonato (n°16), Max Joseph-Noël (n°7), Jacky Renaud (n°4) et Daniel Ledent (n°6). allé aux États-Unis, il a fait venir Bob Cousy (NDLR : meneur de jeu emblématique des Boston Celtics des années 50-60, d’origine française), il a été ébloui, et il fallait tout faire comme les Américains. Comme quoi… René Lavergne disait de moi que je n’étais pas bon car j’étais un produit de Monoprix ? Pourquoi ? Joe Jaunay était l’entraîneur de Caraman, à 25 km de Toulouse qu’il a fait monter en 1ère division. Je le rencontre à Printafix, un concurrent de Monoprix, en plein centre de Toulouse. - Monsieur, vous me reconnaissez, je suis Joe Jaunay, le meilleur entraîneur de basket de la région. - Non monsieur ! - Êtes-vous intéressé pour jouer au basket ? Je lui ai donné mon adresse et il m’a dit qu’il m’écrirait. J’étais sportif mais je n’avais pas fait de
de zéro mais j’étais un athlète. En deux mois il m’a appris à récupérer et à remettre dedans. J’avais interdiction de dribbler en match. Dès septembre je me rendais trois fois par semaine à Caraman pour les entraînements. C’était la seule équipe de
d’avril 64 à janvier 65). Et là, j’ai dit « terminé ! » J’ai arrêté ma carrière à 27 ans. J’étais en plein boom, mais on était des amateurs chef ! J’étais chargé de famille et j’avais honte que ma femme gagne plus d’argent que moi. J’ai passé mon concours en octobre 1965 et je suis devenu directeur d’hôpital public. J’ai eu des propositions de La Vendéenne de La Roche/Yon et du Stade Clermontois en N2. Refus. Je travaillais 60h par semaine. J’ai été en poste à Dreux et j’ai quand même été entraîneurjoueur à l’Alliance, en Régionale. J’ai suivi l’Euro cet été et j’étais présent à Toulouse pour le France-Canada. Je préfère le basket féminin car les filles jouent plus en équipe. Ah ! si… Jordan, Magic, Bird, Pippen, la Dream Team de Barcelone, ça c’était du basket collectif ! » l
« J’avais honte que ma femme gagne plus d’argent que moi » 1ère division avec un terrain macadamisé en plein air. Il y avait 2.000 habitants dans le village, c’était vraiment le basket à la campagne. J’ai débuté en 1ère division en octobre contre le Racing Club de France qui était champion de France ! Je n’ai joué qu’une année à Caraman. Jaunay est tombé malade, il y a eu un clash avec les dirigeants, le club est descendu en 2e division. Louis Bertorelle,
Propos recueillis par Pascal LEGENDRE
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« Le pourcentage de Guadeloupéens qui restent en métropole est plus important que ceux qui reviennent. » Patrick Cham ›››
l’aventure américaine, il reste que la venue en métropole demeure l’axe prioritaire pour les enfants des îles. Le centre de formation de Cholet pourrait s’implanter à Pointe-àPitre, Fort-de-France ou Cayenne. Mike Gelabale, Rodrigue Beaubois et Kévin Séraphin sont les dernières perles des Antilles à avoir été polies à CB. La paire Jeff Martin, comme coach recruteur, Jacques Catel, le directeur du centre, fait un job cinq étoiles. « Il y a un potentiel », affirme Steeve Essart, un autre produit du centre, quand on lui demande d’évoquer la Guyane, qui paraît un peu en retrait des deux autres départements d’Outre-Mer. « Ce qu’il faut apprendre aux jeunes, c’est qu’avant de réussir il y a la notion de sacrifice. Ce dont il faut avoir conscience aussi c’est qu’il y a deux fois moins d’habitants en Guyane qu’en Martinique et en Guadeloupe. Il faut progresser. Et quand les jeunes voient Kévin Séraphin en NBA, ils s’imaginent à sa place. J’espère qu’ils se donneront à fond pour augmenter le nombre de Guyanais en pro. »
Retour aux sources
Jacques Cachemire revenait régulièrement en Guadeloupe durant la période estivale et y prêchait la bonne parole. Patrick Cham a suivi son exemple. « Il existe un terrain place de la Victoire à Pointe-à-Pitre où tous les basketteurs se rencontraient le dimanche matin, à partir de 7h. On côtoyait tout le monde, ceux qui jouaient dans des divisions inférieures. Ça existe encore, on y organise des tournois de vacances », explique Patrick Cham. Jim Bilba a pris le relais. Et puis Mike Piétrus qui, sur le terrain du nouveau palais des sports du Gosier, anime l’été un camp qui porte son nom. Mike Gelabale a organisé le Gelabale Slam ouvert aux garçons comme aux filles. Avec Boris Elisabeth-Mesnager, et l’organisation Passion en Action, Ronny Turiaf a mis sur pieds deux All-Stars Games à Rivière Salée et Fort-deFrance. Steeve Essart a conservé des liens très forts avec la Guyane : « mon cœur me dit de retourner là-bas car mes enfants y sont et j’aimerais me rapprocher d’eux. Quand j’ai vu Sacha Giffa qui a son BE2, je me suis dit que je pourrais moi aussi rester dans le milieu où j’ai toujours été, que j’ai toujours aimé, pour encadrer des jeunes. » Le Martiniquais Félix Courtinard s’est installé en Guadeloupe. Il y a une dizaine d’années il avait monté une entreprise de rôtisserie ambulante de poulets. Il est aujourd’hui président du club des Phoenix à Petit Bourg. Georges Vestris s’occupe aussi d’un club, en Martinique. Tout comme Saint-Ange Vébobe, Conseiller d’Animation Sportive sur l’île, qui est sur Saint-Joseph. Jean-Philippe Méthélie est lui au pole OutreMer réservé aux jeunes de 15-18 ans pas encore assez mûrs pour intégrer les centres de formation de Pro A. Après 26 ans passés en métropole, Patrick Cham est revenu en Guadeloupe. Il est CTS auprès de la ligue de basket. Il souhaite impliquer davantage Jacques Cachemire afin qu’il serve de référence aux jeunes. « Le pourcentage de Guadeloupéens qui restent en métropole est plus important que ceux qui reviennent, à cause en premier de l’étroitesse du marché du travail. Il y a pourtant un besoin énorme de ces experts pour nous emmener au haut niveau. Ce retour ne peut se faire que par les collectivités car les associations n’ont pas les moyens, seules, de faire venir des anciens joueurs pour entraîner. » En attendant, les jeunes Antillais peuvent être fiers des glorieux anciens. Ils ont contribué largement à l’Histoire de France du basket-ball. l
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ANTILLAIS OU PAS En métropole, la colonie d’origine antillaise est de plus en plus importante, notamment en région parisienne.
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vec la crise de l’exploitation de la canne à sucre, le chômage qui gangrénait les sociétés martiniquaises et guadeloupéennes et les révoltes qui en découlaient, Paris organisa massivement l’émigration antillaise dès 1962 à travers le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations intéressant les départements d’Outre-Mer). Objectif : fournir de la main d’œuvre aux administrations métropolitaines. Les Antillais et Guyanais de métropole sont estimés aujourd’hui à plus de un demimillion et ils sont parfois traités de « négropolitains » par leurs frères des îles. La question est de savoir si les descendants de ces émigrés doivent être considérés comme des Antillais, ou pas. C’est le cas ainsi de Johan Petro, Jérôme Moïso ou encore Bruno Coqueran. Patrick Cham donne un point de vue intéressant : « ça dépend du lien culturel. S’il est encore très fort avec les Antilles, s’il revient au pays, s’il parle créole, qu’il écoute de la musique antillaise, qu’il mange antillais, on le considère comme antillais. Mais un Breton peut quitter la Bretagne et habiter dans le sud de la France et s’il n’a plus de famille là-bas, s’il n’y retourne pas, il n’est plus breton. Pareil pour les Antillais. Généralement, pour la première génération, la culture antillaise reste forte, on peut l’intégrer, après, pour les générations suivantes, c’est différent. » Comme l’explique Patrick Cham, l’administration française a facilité le rapprochement avec la diaspora. « La France a mis en place ce que l’on appelle les congés payés bonifiés », dit-il. « Tout Antillais d’origine qui a quitté les Antilles et qui travaille dans la fonction publique a droit, tous les trois ans, à un congé payé de deux mois et des billets d’avion pour lui et sa famille. Ce afin qu’un lien existe toujours entre eux et la famille demeurée sur l’île. l
• À gauche, un sept pieds au centre de l’équipe de France, Georges Vestris. • À droite, Jacques Cachemire, le premier Antillais de classe internationale.
• Ci-dessous,
Photos : Maxi-Basket
Le martiniquais Félix Courtinard s’est installé en Guadeloupe.
P.L.
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PIGISTE DE LUXE
• Pour 1.500 € la pige mensuelle, Tony Parker, meilleur basketteur français de tous les temps, enflamme l’Astroballe de Villeurbanne.
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NBAers en Pro A
Profitons-en !
Grâce au lock-out, les fans français peuvent voir de près leurs NBAers en Pro A. Photos : Hervé Bellenger / IS (Parker et Batum) et Jean-François Mollière (Diaw)
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ENTRE LES PORTES
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Le public français retrouve le TP de la NBA et des Bleus avec ses slaloms étourdissants dans la peinture.
ONE ON ONE
meneur adverse veut relever • Chaque le gant. Andrew Albicy (14 pts) jette toutes ses forces dans la bataille et Gravelines climatise l’Astroballe. Emoussé par un aller-retour express dans la semaine à San Antonio, TP se contente de 25’ de jeu pour tout de même 18 points, 5 rebonds et 3 passes.
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DÉCISIF
• Contre le Paris Levallois, TP prend feu dans le dernier quart-temps : 4 paniers de suite dont deux à 3-pts en trois minutes. Et un ultime coup de patte pour intercepter dans les dernières secondes le ballon du match.
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AIR BATUM
• Gentilly se régale : Nicolas Batum est un basketteur altruiste, complet, et aussi félin, aérien, qui laisse passer des frissons de plaisir dans les gradins.
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ÉCLAIRAGE
Voici le meilleur président/ •basketteur d’une deuxième division nationale. Boris Diaw éclaire Bordeaux par sa présence et toute la Pro B, comme ici à Lille.
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LES GRANDS CLUBS EUROPÉENS
LE GÉANT RUSSE UN AMÉRICAIN À MOSCOU
UN PEU D’HISTOIRE
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ui aurait imaginé dans les années 80, et même dans les années 90, qu’un jour, un Américain incarnerait la réussite du CSKA ? C’est pourtant bien l’image qui restera de J.R. Holden – tout jeune retraité -, le seul joueur ayant participé aux 8 Final Four du club russe. S’il ne fut pas le premier US à jouer au CSKA, ni même le premier meneur de jeu étranger (Charles Evans en 1994-95), « John Robert » symbolise plus qu’aucun autre étranger l’ouverture « à l’ouest » du club de l’armée rouge. Naturalisé sur décret du président Poutine le 20 octobre 2003, Holden fut en outre d’une aide très précieuse à l’équipe nationale russe. Son buzzer beater contre l’Espagne en finale de l’Euro 2007 restera à jamais comme l’une des actions marquantes de l’histoire du championnat d’Europe. l
Mikhail Serbin/E
B via Getty Ima
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ondé en 1924, le club moscovite a porté successivement les noms de « Maison Centrale de l’Armée Rouge », de « Maison Centrale de l’Armée Soviétique » puis de « Club Central Sportif de l’Armée » (CSKA). À l’origine, il rassemblait les meilleurs joueurs des écoles militaires du pays. C’est dans les années 1960, sous la direction d’Evgueni Alexeev que le CSKA rafle ses premiers sacres continentaux (1961, 63). En 1969, Alexander Gomelsky quitte Riga pour rejoindre le CSKA. La réussite est totale. Deux nouveaux titres européens en 1969 et 1971. À l’époque, Serguei Belov, un arrière-ailier d’1,90 m, incroyablement doué en attaque est le joueur phare du CSKA et de l’équipe nationale soviétique, qui s’impose face aux États-Unis en finale des J.O. de Munich en 1972. En 1991, sous l’égide de la FIBA, des journalistes de 16 pays désigneront Belov joueur européen du siècle, devant Petrovic, Sabonis, Cosic et Kukoc. Après une longue parenthèse dans les années 80 et jusqu’au milieu des années 90, le CSKA va régner, de nouveau, sur le toit de l’Europe dans les années 2000. À l’origine de ces succès : le président Gomelsky, encore lui, qui saura attirer les bonnes personnes, les bons investisseurs aussi pour redorer le blason du club moscovite. Le CSKA dispute une demi-finale de SuproLeague en 2001. Puis 8 Final Four consécutifs entre 2003 et 2010 (!), sous la direction de Dusan Ivkovic, Ettore Messina et Evgeni Pashutine, raflant au passage deux titres en 2006 et 2008. l
NOTRE HALL OF FAME DES ANNÉES 2000
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haque année, entre 2001 et 2010, le CSKA a placé au minimum un joueur dans l’un des deux meilleurs cinq de la saison d’Euroleague. Quatre « Moscovites » font d’ailleurs partie des 10 joueurs de la All-Decade Team désignée en 2010 : Holden, Langdon, Papaloukas et Siskauskas !
Premier cinq Theodoros Papaloukas
2002 à 2008
Trajan Langdon
2005 à 2011
Ramunas Siskauskas
depuis 2007
Matjas Smodis
2005 à 2011
David Andersen
2004 à 2008
Deuxième cinq J.R. Holden
2002 à 2011
Marcus Brown
2003 à 2005
Viktor Khryapa
2002 à 2004 et depuis 2008
Mirsad Türkcan
2002 et 2004
Victor Alexander
2002 à 2004
UN POIDS LOURD ÉCONOMIQUE
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0 millions de dollars ou 35 millions d’euros. C’était le budget astronomique du CSKA la saison de son dernier titre de champion d’Europe, en 2007-08. Le premier en Europe, devant le Pana (29), Olympiakos (25) et le Barça (24). Cette saison-là, cinq joueurs faisaient partie du Top 12 des salaires européens, Papaloukas, Siskauskas et Smodis émargeant à plus de 2 millions d’euros annuels. D’où provenait l’argent ? En grande partie des poches sans fond de Mikhail Prohorov, 24e fortune mondiale (13,7 milliards d’euros), l’actuel propriétaire des New Jersey Nets. En 2002, Prokhorov a placé aux commandes du club l’un de ses bras droit, Sergei Kushchenko, pour succéder à Alexander Gomelsky (qui décédera en 2005). Kushchenko devint en parallèle vice-président de la fédération russe. Pratique. Nul ne sait exactement quel est le budget du CSKA cette saison mais les gros salaires sont encore de la partie. 3,0 millions d’euros la saison pour Nenad Krstic (3e plus gros salaire en Europe derrière Mehmet Okur et Deron Williams), 1,9 million pour Teodosic. Combien pour Andrei Kirilenko, rapatrié au pays pour un contrat de 3 ans ? En passant de Cholet à Moscou, Sammy Mejia a quintuplé son salaire. Mais son million de dollar annuel ne pèse finalement pas bien lourd dans la masse salariale du CSKA. l
Par Antoine LESSARD
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ÉPISODE 1
LE CSKA MOSCOU LE CHIFFRE
CETTE SAISON
UNE ÉNORME MACHINE
A
près le choc de l’élimination au premier tour de l’Euroleague la saison dernière (3v-7d), le CSKA s’est séparé de plusieurs figures historiques (Holden, Langdon et Smodis) et a mis les bouchées doubles pour rebondir. Puisqu’on n’est jamais trop prudent, le club russe a rassemblé un roster de 15 joueurs, se permettant le luxe de laisser trois (actuels ou ex) internationaux russes en civil ! C’est l’abondance à chaque poste et le cinq majeur aligné lors de la première levée de l’Euroleague à Kaunas, est l’un des plus beaux jamais alignés en Europe : Milos
Teodosic (MVP 2010), Ramunas Siskaukas (MVP 2008), Viktor Khryapa (meilleur défenseur 2010), Andrei Kirilenko et Nenad Krstic.
Mejia 11e homme !
En rotation, du talent à tous les étages. Alexei Shved et Andrei Vorontsevich, valeurs montantes de l’équipe nationale russe, l’Américain Jamont Gordon (13,1 pts l’an passé en Euroleague), Darjus Lavrinovic, Sasha Kaun… Sur le papier, personne ne fait mieux en Europe. Pour bien comprendre combien cet effectif est riche, sachez que
Sammy Mejia, MVP 2011 de notre Pro A, a commencé la saison en tant que 11e homme. Pour le match d’ouverture de l’Euroleague, à Kaunas, le Dominicain n’est même pas entré en jeu ! Avec un coach de la trempe de Jonas Kazlauskas, vainqueur de l’Euroleague’99 avec le Zalgiris Kaunas, le CSKA est un candidat évident au titre. Cependant, le départ probable d’Andrei Kirilenko en cours de saison – free agent courtisé, il est susceptible de repartir en NBA à la fin du lock-out – pourrait enrayer la rutilante mécanique russe. l
80,5%
E
ntre la saison 2002-03 et la saison 2009-10, le CSKA a remporté 149 de ses 185 matches d’Euroleague, playoffs inclus. Soit 80,5% de victoires ! Suivent, loin derrière, Barcelone (68,7%), le Panathinaikos (68,2%), Maccabi Telaviv (66,5%) et Vitoria (64,8%). Saison par saison, le bilan du CSKA se décompose ainsi : 17v-5d en 2003, 17v-5d en 2004, 21v-3d en 2005 (14v-0d sur le 1er tour !), 19v-5d en 2006, 22v-3d en 2007, 20v-5d en 2008, 16v-5d en 2009 et 17v-5d en 2010. l
SOUVENIR DE FRANCE
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novembre 2006. PauOrthez reçoit le CSKA, champion d’Europe en titre lors de la 3e journée d’Euroleague. Surprise, l’équipe
très américanisée de l’Élan Béarnais (Miles-HarrisonGreer-Johnsen-Bauer-Wright) fait chuter l’ogre russe (73-67). Ce sera la seule défaite des Moscovites cette saison-là. Le dernier grand exploit d’un club français en Euroleague. Aucune équipe française n’a rencontré le CSKA depuis cette saison 2006-07. l
PALMARÈS
Teodosic, Siskauskas, Krstic, Khryapa et Kirilenko : l’un des plus beaux cinq jamais alignés en Europe Photos : Mikhail Serbin/EB via Getty Images
• 4 fois vainqueur de la Coupe des clubs champions : 1961, 1963, 1969 et 1971 • 2 fois vainqueur de l’Euroleague : 2006 et 2008 • 24 fois champion d’URSS entre 1945 et 1990 • 18 fois champion de Russie entre 1992 et 2011
Pasal Legendre
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LES GRANDS ENTRETIENS DE MAXI-BASKET • MAXI-BASKET 69
DS N A R G S LE TIENS ENTRE de
ÉMILIE GOMIS JIMMY VEROVE (VILLENEUVE D’ASCQ)
(BERCK)
ELLE A 28 ANS, FUT CHAMPIONNE D’EUROPE AVEC L’ÉQUIPE DE FRANCE EN 2009 ET JOUE AUJOURD’HUI À VILLENEUVE D’ASCQ, EN LFB. IL A 41 ANS, A REMPORTÉ LE CHAMPIONNAT D’EUROPE DES CLUBS AVEC LIMOGES EN 1993 ET JOUE AUJOURD’HUI À BERCK-SUR-MER, EN NATIONALE 2. ILS SONT ENSEMBLE. PROFITANT D’UN CRÉNEAU LIBRE DANS LEUR EMPLOI DU TEMPS, NOUS LES AVONS RENCONTRÉS PENDANT PRÈS DE DEUX HEURES À L’AÉROPORT DE PARIS ORLY. LEUR HISTOIRE D’AMOUR, LEUR VISION DU BASKET, LEUR PROJETS… ILS ONT RÉPONDU À TOUS LES SUJETS, CONFRONTANT LEUR POINT DE VUE, MAIS TOUJOURS AVEC COMPLICITÉ. Propos recueillis par Florent de LAMBERTERIE, à Paris Orly. Reportage photos : Hervé BELLENGER
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« UNE FOIS ON AVAIT JOUÉ À BREST, JE T’AVAIS MIS UN 12-0 JE CROIS. » JIMMY VEROVE
Comment vous êtes-vous rencontrés ? Émilie Gomis : Je te laisse raconter Jim. Jimmy Verove : Je sais plus… (Rires) ÉG : Arrête ! JV : C’était juste après Brest, fin août, j’apprends que je ne vais pas rester. J’avais donné ma parole au nouveau président de Brest et il me fait un coup dans le dos alors que toutes les mutations sont terminées, tout est mort. Je suis resté là-bas jusqu’en décembre par rapport à mon fils et j’ai refusé quelques clubs de Pro B. Je signe dans un club de N3, à Landerneau, juste avant la date fatidique. On recherche un poste 4 et je pense à Amadou Dioum qui avait joué pour nous à Brest, qui connaissait bien Émilie et qui m’avait parlé d’elle. Introuvable, injoignable. Je fais jouer mes réseaux, on ne trouve pas le bonhomme. ÉG : Donc il a pensé à moi. JV : J’ouvre un facebook, et j’envoie un message à Émilie que je ne connaissais pas : Bonjour mademoiselle, je me permets de vous déranger parce que je recherche Amadou Dioum qui apparemment vous connait bien… Elle m’a répondu très poliment. ÉG : Je ne savais pas qui était Jimmy Verove JV : On a discuté un peu. Tu joues au basket ? Ah, moi aussi. T’es à Fenerbahçe ? Ah, ok. Voilà, c’est parti comme ça en mode pote, relax. ÉG : Ça a duré plusieurs mois, que via facebook.
JV : Ça a mis huit mois pour qu’on se voit, physiquement. Mais ni l’un ni l’autre n’avait entendu parler de l’autre avant ? JV : J’avais vu une fois à la télé Émilie Gomis avec Céline Dumerc… Je connaissais de nom mais je ne savais même pas comment elle était physiquement. Moi ma génération, c’était plus Isabelle Fijalkowski, Audrey Sauret… ÉG : Moi je suis à l’Ouest sur le basket masculin, surtout la génération de Jimmy. Dacoury, ok mais il ne faut pas m’en demander plus. J’ai appris à le connaître via son histoire, qu’il m’a raconté et puis ses photos. Après sur Google, c’est pas difficile de trouver des infos. JV : Moi pareil, j’ai tapé son nom sur Google, j’ai vu deux, trois photos, j’ai dit : ah quand même ! En fait, que vous soyez tous deux basketteurs, c’est vraiment du pur hasard ? JV : Ah ouais, carrément. ÉG : Je connais la vie d’un basketteur, je ne crois pas que ça change de nous… Le basketteur ne me fait pas rêver, c’est plus des potes, comme à l’INSEP où j’ai côtoyée Tony Parker, Boris Diaw, Ronny Turiaf… Ouais, c’est cool, je les connais mais de là à m’imaginer sortir avec un basketteur, non ! Je préfère un non-sportif, histoire de m’intéresser à autre chose. Mais de toute façon au début avec Jimmy, il n’y avait pas
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Comment vous voyez-vous aujourd’hui ? ÉG : On est à 1H40 l’un de l’autre. Sachant que le dimanche je suis libre, de même que le lundi jusqu’à midi. On a quand même un jour et demi par semaine. En fait c’est celui qui a le plus de temps qui vient, on s’adapte. Mais on se voit une fois par semaine. C’est un peu galère alors non ? ÉG : Ben pas tant que ça parce que la semaine on a nos entraînements, on ne voit pas le temps passer. Même s’il était là, on aurait nos activités quand même. De toute façon on n’a pas le choix, c’est ça ou rien, et puis c’est mieux qu’il y a deux ans. JV : Ah oui à Brest… ÉG : Huit heures de voiture, c’était très compliqué là. JV : Après, c’est appréciable de faire de la route parce que tu sais pourquoi tu la fais. Du coup, vous profitez des périodes off, des vacances ? ÉG : Oui. On a fait New York en décembre. JV : Londres, le Sénégal, la Turquie. Après elle a été blessée, elle a été rééduquée à Berck pendant cinq mois, donc là elle était chez moi. ÉG : J’ai eu de la chance parce que le kiné de l’équipe de France était avec moi là-bas. Je ne me voyais pas aller à Cap Breton, loin de Jimmy, toute seule, pendant cette période difficile, en regardant les filles à la télé parce que c’était pendant le championnat du monde en plus, ça aurait été trop difficile. En plus c’était la première fois que j’étais blessée aussi longtemps et être avec Jimmy, ça permet de relativiser. JV : Les blessures j’en ai eu quelques-unes, ça fait partie de ma vie. ÉG : Et puis j’ai appris à découvrir Berck, et j’ai squatté l’équipe. JV : Les mecs ont super apprécié. Elle s’est entraînée avec nous sur son retour, elle s’est dépouillée aux entraînements, sans opposition mais elle faisait tout ce qui était physique. C’était sympa pour les mecs de voir ça parce quand t’es en Nationale, t’as jamais joué en pro, tu vois une nana faire ça… ÉG : Et puis j’avoue que je préfère la mentalité des mecs. JV : Parce que c’est un mec ! (rires) ÉG : C’est plus cool, en plus à l’époque j’étais un peu garçon manqué. J’ai débuté le basket en playground avec des garçons, j’aime bien cet état d’esprit. J’ai toujours été plus à l’aise avec des hommes, j’ai toujours eu plein de potes. Niveau sportif, je préfère, parce que ça déconne mais il y a ce côté compétition entre vous, chez les nanas, ça se fait moins mal je trouve, c’est plus copinage. Les coéquipiers de Jimmy te connaissaient avant cela, Émilie ? ÉG : Je t’avoue qu’ils étaient là à me dire : je te croyais pas comme ça… Attends, t’as vu comment ils nous voient les basketteurs ?! JV : Déjà elles sont grandes en général et nous les mecs, on n’est pas forcément attirés par ce qui est grand. Ensuite, c’est le milieu féminin, et les basketteuses ne prennent pas toujours le temps d’être féminine. ÉG : On prend le temps mais les gens ne le voient pas toujours. JV : Là-dessus, j’ai changé d’avis. ÉG : Ouais parce quand il voit mes copines au restaurant après un match…
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JV : On fait le même métier mais nous, quand on tire le rideau, on va s’habiller alors qu’elles, elles se transforment en femmes. Vous avez déjà joué l’un contre l’autre ? JV : Oui. Mais ce n’était pas quand elle est venue à mon club pendant sa rééducation, je ne voulais pas lui recasser le genou. (Rires) ÉG : Il est fatigué déjà à 41 ans, il lui faut deux jours pour récupérer, il ne te l’a pas dit ça ! JV : Une fois on avait joué à Brest, je t’avais mis un 12-0 je crois. ÉG : Quoi !? C’est même pas vrai ! JV : Attends, tu plaisantes ?! ÉG : Arrête, si je défends vraiment… JV : Sincèrement, je ne pouvais pas la driver parce que c’est vrai qu’elle défend très bien… ÉG : Ouais, soit disant t’es une femme… Mais n’importe quoi ! JV : J’ai shooté, et avec beaucoup de chance j’ai mis tous mes shoots… ÉG : N’importe quoi ! JV : Mais si c’est vrai ! C’est la seule fois où on a eu une confrontation, on s’est arrêté là. Je ne voulais pas la poster, parce que c’est des attouchements et je ne voulais pas qu’il y ait d’attouchements. (Rires) Plus sérieusement, c’était la seule fois ? JV : Mais on ne joue jamais au basket. ÉG : On n’a pas le temps. Quand on se voit, on n’a pas spécialement envie de faire un match de basket, on fait plutôt du vélo, et puis on aime beaucoup faire des cinés, restos, passer du temps avec les coéquipiers. Moi j’adore inviter ses coéquipiers chez lui. JV : Elles les invitent chez moi, je ne suis même pas au courant. Regardez-vous l’autre jouer ? ÉG : Quand on a le temps. Si je joue le vendredi et lui samedi par exemple. Mais je ne suis pas comme les supporters, je reste dans mon coin, je n’aime pas trop me mêler à la foule. Mais j’ai un œil un peu critique. JV : Tu connais le jeu ! ÉG : Le dernier match contre Sceaux, ils ont perdu mais je lui ai dit : mais bordel !, Jim, qu’est-ce qui s’est passé à la fin ?! Ils ont fait une 2-1-2, qu’est-ce que tu faisais à jouer en périphérie ? Pourquoi t’as pas drivé ? JV : Ça c’est super intéressant. Parce qu’elle a un regard très masculin. ÉG : Ils n’avaient pas cette confiance qu’on avait sentie au début. En plus lui c’était son 2e match, il était hors forme, il n’allait même pas au rebond. JV : Avant même la famille, c’est la première personne que tu vas appeler. Quelle que soit l’issue du match. Le match s’est passé comme ça, il s’est passé ça. Tu vas raconter un petit peu, la vie du groupe… Ça vous arrive de vous engueuler là-dessus, sur votre jeu ? JV : Au début quand je l’ai connue, ça m’énervait parce que je trouvais qu’elle ne s’optimisait pas. Tu la vois sur une piste d’athlé, un démarrage de fou, ça saute, c’est incroyable et je trouvais qu’elle ne se mettait pas comme elle devait se mettre pour être au top. ÉG : On s’embrouille, pourquoi tu ne fais pas ça ? L’autre dit : ouais mais t’es pas dans le groupe, tu ne peux pas savoir. On s’embrouille tout le temps. JV : C’est pas méchant mais si tu veux, je voyais des choses parce que j’ai aussi un œil d’entraîneur. J’ai 13 ans de plus dans le basket, je voyais en elle des qualités… C’est pas possible. ÉG : T’es en mode coach pro toi. JV : Je ne me voyais pas en petit ami mais plutôt en entraîneur. J’avais envie d’aider Émilie sur certains trucs parce que j’ai
« ARRÊTE, SI JE DÉFENDS VRAIMENT... » ÉMILIE GOMIS
Jean-François Mollière
d’attirance. Sincèrement, la différence d’âge, la distance, en plus il avait déjà un enfant, c’est pas des choses qui attirent. Ça c’est vraiment fait petit à petit, on s’est rapproché au fil du temps et puis c’est son histoire aussi qui m’a beaucoup touché quand il m’a raconté ses accidents, ses blessures. Ça a créé quelque chose mais ce n’est pas le nom en lui-même, ça je m’en foutais. C’est la personne qui m’a attirée.
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toujours aimé faire ça, y compris à Brest avec Cédric Gomez, Gary Chathuant, Loïc Akono… ÉG : T’es un coach mental. JV : Je lui disais : Émilie, personne ne peut te stopper làdessus, il faut développer ça, travailler dessus. Elle aussi elle me dit des trucs, mais quelque part, le lendemain au réveil, c’est dans ta tête. Quel regard avez-vous sur le basket masculin et féminin et voyez-vous des grosses différences ? JV : Quand j’ai rencontré Émilie, c’est tombé sur le championnat d’Europe où elles sont devenues championnes d’Europe. J’ai trouvé ça magnifique, je suis tout de suite tombé sur le top niveau, j’ai converti tous mes potes : regarde un peu comment ça défend. Gruda, c’était magnifique, Céline Dumerc, Émilie, super ! J’ai commencé à regarder ça d’un autre œil, en plus je les ai rencontrées et les filles, c’est beaucoup plus simples que nous. Pourtant je trouve que les garçons c’est mieux cette année, c’est plus humain, plus humble, mais les filles elles ne sont vraiment pas prétentieuses. C’est la simplicité à 100%, c’est super agréable. Après les filles c’est pas comme les hommes en terme de gestion, c’est évident, tu ne peux pas leur parler comme à un mec sinon t’en as pour deux ans alors qu’avec un mec t’en as pour deux heures. Si tu fais une remarque à une femme comme à un homme : t’es nul !... ÉG : Là, c’est fini. JV : Avec un mec, le lendemain c’est oublié, avec une femme, deux semaines après elle va te le ressortir. La psychologie est très différente. ÉG : Mais un coach aura plus de difficulté à gérer des femmes que des mecs selon moi. JV : Plus difficile oui. Parce qu’il faut prendre des chemins, c’est sinueux. Alors qu’un mec c’est tout droit, c’est pas compliqué.
« QU’EST-CE QUE TU VEUX CHAMBRER ? LES FILLES ELLES ONT DEUX MÉDAILLES D’OR, TU NE PEUX QU’ÊTRE ADMIRATIF. » JIMMY VEROVE COULISSES Le lieu Colombus Café, zone des départs, terminal Orly-Ouest. Le jour Dimanche 23 octobre. L’heure De 18h30 à 20h30. Le décor Une table, quelques chaises, trois cafés allongés et un Coca.
Avez-vous le sentiment de faire vraiment le même métier ? JV : Oui, même encore aujourd’hui parce que je vis toujours de ça, j’ai l’impression qu’on fait le même métier. On se blesse de la même manière, on se rééduque de la même manière, on vit les mêmes plaisirs et les mêmes défaites, on a les mêmes relationnels, joueuses, coaches, présidents… On vit exactement les mêmes choses. Quand je vois son quotidien, les moments où elle est très bien et les autres beaucoup moins bien, c’est ma vie aussi. La grosse différence, c’est que toi tu as gagné beaucoup d’argent à une époque. JV : Le truc c’est que j’ai été dans la plus grosse équipe de l’histoire du basket français, une équipe qu’on ne verra jamais plus, ça c’est clair. Et puis c’était les années d’or du basket français, c’est évident. En plus on était en équipe de France. Donc oui, on gagnait super bien notre vie. Aujourd’hui dans la moyenne, ça reste super correct, surtout pour un temps de crise. Mais si tu ne fais pas gaffe dans ta gestion, tu ne vas pas bien loin après. ÉG : C’est un débat sans fin, je pense que c’est pareil dans tous les métiers et pas que dans le basket et dans le sport. Après le titre de championne d’Europe en 2009, on pensait tous que ça allait lancer le truc, qu’on allait être un peu plus dans la lumière. Et quand on a vu que même la fédé n’était pas préparée, on s’est dit qu’il n’y avait vraiment rien à faire. On fait ce métier parce qu’on est passionnées mais je ne pense pas qu’on pourra un jour faire changer les mœurs. Ça met un coup au moral… JV : Et puis c’est une période où le basket est énormément retombé, même si avec le retour des joueurs NBA, ça va peutêtre repartir. ÉG : En gros, on a quoi qu’il arrive besoin des garçons. Si les
garçons sont au sommet, nous on sera dans la lumière. Mais s’ils le ne sont pas, on ne peut pas. Pour la France c’est pas possible. Là, comme les garçons vont aux J.O., on va plus les mettre en valeur. Sans eux on n’est rien. Parce que nous, on a quand même gagné deux titres alors que quand les garçons ont fini deuxième, c’est comme s’ils avaient été champions d’Europe. J’ai quand même envie de dire merci les gars. JV : Ce qui est vrai aussi, c’est que pour le championnat d’Europe en Pologne, t’avais 400 personnes dans la salle. Pour une salle de 10.000 places, c’est dur. ÉG : En plus il y a quand même un écart entre les deux équipes, on n’a jamais l’occasion de se rencontrer. Je ne sens pas ce partage, cette cohésion, même si entre nous, entre joueurs et joueuses il y a du soutien. Mais pour la fédération, je n’ai pas l’impression qu’on fasse deux en un, c’est vraiment deux choses différentes, même si le discours est autre. J’espère qu’en 2012, si on arrive à se qualifier pour les J.O. nous aussi, il y aura une fusion. Ça se chambre entre filles et garçons ? ÉG : Non, même pas. C’est vraiment très respectueux entre nous. JV : Et puis chez les garçons, qu’est-ce que tu veux chambrer ? Les filles elles ont deux médailles d’or, tu ne peux qu’être admiratif. ÉG : Après 2009, ils n’arrêtaient pas de nous le dire : on veut faire pareil que vous. C’était leur rêve. JV : Même pour nous qui n’y étions pas, c’est génial. Tu gagnes, qu’est-ce que tu veux de plus ? Tu restes français et c’est quand même l’équipe nationale. En plus maintenant les gens viennent, c’est fini ce temps où certains ne venaient pas en équipe nationale parce qu’ils ne pouvaient pas, ou ne voulaient pas. Émilie a d’ailleurs connu ça quand elle a rompu son contrat à New York. Quand elle m’a raconté l’histoire, je suis d’ailleurs tombé par terre. ÉG : Il me dit tout le temps : si je t’avais rencontré à cette époque, tu n’aurais pas coupé ton contrat. JV : La WNBA je suis désolé, même si c’est moins médiatique que la NBA, ça reste l’élite. Si t’es là-dedans c’est que tu le mérites. Pour la suite de votre carrière, le choix de club vat-il être conditionné par la distance ? ÉG : Oui et non. En gros, c’est Jim qui me suit parce qu’il est en fin de carrière. Il aurait pu partir dans le Sud mais il est resté à Berck. JV : Si elle peut partir à l’étranger, il faut y aller. Déjà parce que c’est une expérience basket, jouer dans un gros club, c’est une opportunité qu’on ne refuse pas. En plus souvent, financièrement c’est aussi une opportunité intéressante et on ne peut pas cracher là-dessus, c’est impossible. L’argent ne tombe pas du ciel et c’est quelque chose qui peut te permettre de te construire un après basket. Quand on sait les efforts qu’on fait pour en arriver là où Émilie est arrivée, il ne faut pas oublier que tu peux te péter, et c’est le grand vide. Et après la carrière tu fais quoi ? Si tu veux garder une indépendance, il faut sauter sur ces occasions. Jimmy, tu encouragerais Émilie à partir loin si l’occasion se présentait ? JV : Bien sûr, c’est évident. Après c’est son choix à elle mais il faut qu’elle aille là où elle peut s’épanouir dans son métier. Parce que dans cinq ou six ans, c’est fini. Et puis je n’ai pas 20 ans, je ne suis pas un gamin, la vie c’est la vie et je préfère quelqu’un de bien mais loin que quelqu’un de pas bien à côté de moi. ÉG : On en parle régulièrement, je connais son point de vue et je sais que je n’aurai aucun souci si j’ai des propositions ailleurs, loin. Ça me rassure aussi de me dire que mon copain ne va pas me bloquer. Un mec qui ne veut pas que
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sa compagne parte loin, c’est un frein. Et d’un autre côté, je ne vois pas mon copain mettre sa carrière entre parenthèses juste pour me suivre. Le fait qu’on ait chacun notre vie, je pense que c’est un bon équilibre. J’ai envie qu’il continue ses projets, moi de même, et c’est ce qui fait qu’on est bien et qu’on s’apprécie. JV : Je n’ai pas de rapport d’argent avec elle, et c’est bien aussi. On est tous les deux indépendants de ce côté-là et ça aussi c’est nouveau pour moi. (Rires) ÉG : En ce moment c’est moi qui gagne plus d’argent. C’est aussi moi qui paie le plus d’impôts. (Rires) Jimmy, toi qui as le BE2, t’imaginerais-tu coacher une équipe où jouerait Émilie ? JV : Oui. ÉG : Moi je dis non. JV : Parce que c’est le genre de joueuse que j’adore. Au masculin ou au féminin, j’adore ce type de joueur. ÉG : Avoir mon copain en coach, j’ai pas envie de tout mélanger. Et puis les relations coaches joueuses, c’est assez complexe. Et même le regard des autres filles par rapport à mon compagnon, je n’aimerais pas ça. JV : C’est là qu’on voit l’expérience parce que moi j’ai été entraîné par mon frère, par mon père et j’ai aussi été entraîné par les plus grands, Maljkovic, Gomez à l’époque. J’ai été un peu à toutes les sauces. ÉG : Oui mais tu n’as pas entraîné ta copine. JV : Mais ce n’est pas grave, parce que je sais que je ne regarderais pas la femme mais la joueuse pure.
ÉG : Moi non, je me dirais : le coach il est trop mignon ! (Rires) JV : Moi, si je construis une équipe, j’ai besoin d’une joueuse comme ça, point, barre. Alors s’il y a en a une autre, très bien. Bon, si elle est aussi jolie qu’Émilie c’est encore mieux (Rires). En plus, j’ai une sensibilité féminine. Je peux me taper huit heures de magasin de chaussures avec elle, ça ne me dérange pas. ÉG : En plus il s’entend trop bien avec mes copines, ça c’est le must ! Que demander de plus ? JV : Je m’entends très, très bien avec les femmes. Est-ce que vous pensez à faire un enfant ensemble ? ÉG : Oui ! Et puis quoi encore ? J’ai 28 ans, l’horloge tourne ! (Jimmy éclate de rire) Il y a une date prévue ? ÉG : Non, je fais étape par étape. Disons que jusqu’à 2013, il va y avoir les J.O. et l’Euro en France et j’aimerais aller jusquelà. Après on verra, je ne suis pas du genre à me fixer des dates. Ça dépendra de mon état physique, si mon genou va suivre ou pas, si mentalement je ne suis pas trop fatiguée. 2013 c’est un objectif, après ça on fera le point. Mais j’aurais 30 ans, je n’ai pas envie d’être une vieille maman et je n’ai pas envie de n’avoir qu’un seul enfant (Rires). Lui il a déjà 41 ans, il a déjà un enfant. JV : Ça peut faire quelque chose d’énorme. ÉG : Un super basketteur. Mais oui, on pense à ça. JV : C’est une maman en puissance. ÉG : En plus Jim veut devenir coach. Je me vois très bien aller avec mes enfants voir papa au match. Je n'arrête pas de lui en parler, c'est vrai. l
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« QUOI QU’IL ARRIVE ON A BESOIN DES GARÇONS. SI LES GARÇONS SONT AU SOMMET, NOUS LES FILLES ON SERA DANS LA LUMIÈRE. » ÉMILIE GOMIS
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MISTIE MIMS (CHALLES-LES-EAUX)
LES MILLES VIES DE
MISTIE
C’est la fille d’une superstar de la chanson. C’est une Américaine qui s’épanouit en France. C’est une femme qui a coaché une équipe au Bahreïn. C’est aussi la MVP étrangère en titre de la LFB. Mistie Mims, c’est tout ça.
Hervé Bellenger / IS
Par Yann CASSEVILLE
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« Apprendre d’autres langues, d’autres cultures, c’est important pour moi »
«
Fille de star
Mistie Mims
Ernest Evans est le père de Mistie. Ce nom ne vous dit rien ? Normal, il s’agit de son patronyme « dans le civil », son nom de scène est Chubby Checker. Cela ne vous dit toujours rien ? Tapez « Chubby twist » sur YouTube. Dans les années 1960, le père de Mistie a fait tourner, tourner, tourner encore et danser toujours des millions de personnes avec ses titres « Twist » ou encore « Let’s twist again ». Mistie est perpétuellement questionnée à ce sujet. Même en France. « On me parle tout le temps de lui. On me demande quand il arrive en France. Je peux te le dire, il va venir cette saison ! » Avis aux amateurs, il se pourrait que cette année, à Challes, ça « twist again ».
Nage synchronisée » ! Quand Mistie Mims s’est présentée au journaliste de Maxi-Basket, lors de l’Open LFB à Coubertin en septembre dernier, elle l’a surpris. Pensez-vous, l’idiot, il s’attendait à parler de points et de rebonds, il s’est retrouvé à converser sur l’Islam et le twist… Et en français s’il vous plaît ! Si votre enfant sèche ses cours d’anglais, si vous connaissez des basketteurs américains de LNB, envoyez-les vers Mistie. Elle est arrivée en France à l’été 2010, un an plus tard, elle peut déjà tenir une conversation dans la langue de Molière. Il ne s’agit pas de dire « Bonjour, comment ça va, j’aime la France, Paris, la baguette de pain, merci, au revoir », et bien sûr, elle cherche souvent ses mots ou revient à l’anglais, parfois, le temps de quelques phrases. Il n’empêche que Mistie, le français, elle connaît. Elle nous a dit « nage synchronisée » ! Ce bilinguisme n’est pas un don, simplement une qualité qu’elle travaille ; parce qu’il est plus aisé de jouer avec ses coéquipières quand on les comprend, évidemment, également parce qu’il existe chez Mistie cette envie d’apprendre. Partout où elle est passée, elle s’est instruit. Quitter les États-Unis pour partir à l’assaut de l’Europe, elle le fit sans crainte. « Je n’avais pas peur de partir en Europe, j’aime bien voyager. Apprendre d’autres langues, d’autres cultures, c’est important pour moi. Oui aux États-Unis, il y a beaucoup de personnes qui vivent bien là-bas, la nourriture est très bonne, pour les vêtements on trouve tout ce qu’on veut, mais découvrir autre chose, c’est réellement important pour moi. »
évolue dans un lycée de Janesville, sa ville natale, dans le Wisconsin, la « George S. Parker High School » ; le temps pour elle de remporter deux titres régionaux, de participer au All-Star Game des lycéennes du pays et d’être élue joueuse de l’année de l’État du Wisconsin à trois reprises. Autant de faits d’armes qui lui permettent d’intégrer la prestigieuse université de Duke en 2002, reconnue pour former des athlètes à la tête bien faite et bien pleine. Elle sortira d’ailleurs en 2006 avec un diplôme en… « Marketing, c’est, euh… » Pareil, Mistie, en français, ça se dit pareil. Avec les Blues Devils, en quatre années, elle devient la 5e joueuse de cette institution à atteindre les 1.400 points (1.409 précisément) et 800 rebonds. Elle participe à des try-outs avec Team USA junior. Mistie est reconnue dans le pays, pas assez toutefois pour intégrer l’équipe nationale senior. « Je suis grande mais pas par rapport à mon poste (intérieure). J’étais entre deux positions. Regarde Sylvia Fowles (pivot de Team USA), elle arrive ici et on joue au même poste », dit Mistie en montrant une barre imaginaire au-dessus de sa tête. Si l’équipe nationale est une marche trop haute, il n’en est pas de même avec la WNBA. Elle est draftée en 2006 par Phoenix avant d’être envoyée aux Houston Comets. Trois étés dans le Texas puis deux aux Chicago Sky : Mistie compte 120 matches WNBA à son actif. Elle n’est pas une star mais une solide rotation (6,1 points et 3,4 rbds en 2009).
« Regarde Sylvia Fowles »
Cet été, elle n’a pas rejoint la WNBA. Elle s’est reposée, elle s’est mariée. Entre 2006 et 2011, elle a découvert cinq championnats. Elle débute sa carrière hors USA en Italie, à Maddaloni. Elle cartonne (18,1 pts et 8,1 rbds) et pourtant l’équipe patine. « Je n’en garde pas de très bons souvenirs pour le basket mais j’ai adoré la vie là-bas. Les gens que j’ai côtoyés, le paysage avec la mer à proximité parce que j’habitais près de Naples, le shopping, la pizza (rires)… » L’année suivante, en 2007-08, elle découvre… « Isréal…
Au départ, rien ne prédisposait Mistie à une carrière de basketteuse en Europe. De son propre aveu, elle était nulle. « On n’est pas une famille de sportifs. Moi j’ai essayé le football, le volley et… Comment on dit ? Nage… Nage… La nage synchronisée. Et puis à 11 ans j’ai commencé le basket. J’étais nulle, vraiment nulle. » Nous sommes en 1994, Mistie ne pense qu’à s’amuser. Jusqu’en 1997. « Cette année, la WNBA est créée, je me dis : je veux aller dans ce championnat. » Elle
« Avant, quand je pensais aux Musulmans… »
PORTRAIT • maxi-basket 77
Mistie qui ?
Ah, on dit Israël ? » Avec Hasharon (18,2 pts et 7,6 rbds), elle atteint la finale du championnat national. Un an plus tard, elle est en finale… du championnat turc, avec Mersin (14,3 pts et 5,7 rbds). Arrive l’été 2009. O’Neal Mims – son compagnon basketteur qui deviendra son mari – est fidèle à sa réputation de globetrotteur. Lui qui joue actuellement au Japon, qui est passé par la Syrie, l’Arabie Saoudite et le Mexique opte à l’époque pour le championnat du Bahreïn. Mistie décide de le suivre. Elle y reste une première fois, deux mois, avant de rejoindre Israël pour jouer 14 matches avec Jérusalem (21,2 pts, 10,9 rbds). Une fois sa saison terminée, elle retrouve O’Neal au Bahreïn. « Un cousin du Roi m’a proposé d’entraîner une équipe féminine et j’ai accepté. » Mistie devient la coach de l’équipe de Muharraq, 2e ville du Bahreïn. Pour l’Américaine, le choc des cultures est évident. « Mes joueuses s’entraînaient en joggings, avec un voile. C’est arrivé qu’il n’y ait aucun homme dans la salle et qu’elles puissent jouer sans. Forcément j’étais très observée, beaucoup de regards étaient braqués sur moi et ce n’étaient pas toujours des regards amicaux. J’étais mal à l’aise au début, mais au final, ce n’était pas grave pour moi. » Une fois de plus, elle apprend au contact d’une nouvelle culture. « Ces femmes sont fortes. Elles veulent jouer au basket donc elles jouent. Elles ne veulent pas qu’un homme leur disent « non ». Je les respecte pour ça, pour leur combat. J’ai beaucoup appris de ces femmes. » Et elle a également beaucoup appris sur l’Islam. « Avant, quand je pensais aux Musulmans, je pensais au 11 septembre, je me disais « ils détestent les États-Unis, ils veulent des morts pour se faire entendre », mais en réalité ce n’est pas ça, c’est différent. Il y a deux types d’Islam : l’Islam normal, modéré, et l’Islam extrémiste. C’est pareil pour toutes les religions. Vraiment ça a changé ma perception de l’Islam. » Si elle a dû repartir dans son pays pour retrouver la WNBA, Mistie est toujours en contact avec ses joueuses « grâce à facebook » et leur a laissé différents manuels de basket.
Hervé Bellenger / IS
« Je préfère le basket ici »
Après la WNBA, en 2010, c’est en France qu’elle pose ses valises, à Challes-les-Eaux. L’Europe, elle adore ça. « Je préfère le basket ici. Il y a beaucoup de joueuses talentueuses et ça se joue sur l’aspect sportif. En WNBA, il y a un aspect politique autour de beaucoup de choses. Dans un camp d’entraînement, tu peux avoir une joueuse qui est
Mistie Mims
Son nom de famille nécessite une explication. Son père est Ernest Evans, et sa mère, Pam Bass. Comme ils n’étaient pas mariés, la fille a pris le nom de « Môman ». Mistie Bass, bonjour. Mais pour la gente féminine, le nom de famille s’accorde avec l’état du cœur. Un premier mariage, avec M. Williams, et voici venir Madame Williams-Bass. Un second « oui » à l’église, cet été à Vegas, avec O’Neal Mims – basketteur aperçu à Fos-sur-Mer la saison passée, le temps d’un match – et voilà désormais que Mistie est devenue Madame Mims.
« Au Bahreïn, beaucoup de regards étaient braqués sur moi et ils n’étaient pas tous amicaux » meilleure qu’une autre, mais pour des raisons politiques c’est la meilleure qui est coupée. » Pour son 1er match dans l’Hexagone, elle claque un joli 37 d’évaluation (32 pts et 14 rbds). En un an, elle marque la LFB de son empreinte. Une 2e place pour Challes, le titre de MVP pour elle (18,9 pts, et 9,1 rbds). « Par le passé, j’ai joué pour de grosses équipes. En Turquie, en Israël, on était la 2e équipe, mais je n’étais pas tellement respectée. Ce titre de MVP, c’est la récompense de toutes mes années de travail. » Cet été, elle rempile à Challes. « On peut rivaliser contre Bourges, contre Montpellier. On a une chance de gagner le titre. » Après 4 matches cette saison, Challes est invaincu, avec une Mistie pointant à 17,8 points et 7,3 rebonds. Avec une Mistie épanouie, à deux détails près : l’éloignement avec son mari et… « Challes est une petite ville. Les gens sont formidables, le coach me fait confiance, l’équipe est forte mais parfois on s’ennuie un peu. Mais bon, Lyon n’est qu’à 45 minutes, Nancy et Genève ne sont pas loins, ça va ! » Pour s’occuper, elle joue avec son chien, un bulldog français, surfe sur Internet. Si les États-Unis lui manquent ? « Non ! Non, j’adore la France. J’ai besoin de gagner beaucoup d’argent pour pouvoir vivre à Paris. Un appartement à Paris… Oh my God, c’est mon rêve ! » Oh my God ? On avait presque oublié que Mistie parlait anglais. l
Repères
• Née le 2 décembre 1983 à Janesville (États-Unis) • Taille : 1,91 m • Poste : Intérieure • Clubs : Duke (NCAA, 2002-06), Houston Comets (WNBA, 2006-08), Chicago Sky (WNBA, 2008-10), Maddaloni (ITA, ‘07), Hasharon (ISR, ’08), Mersin (TUR, ’09), Jérusalem (ISR, ’10), Challes-les-Eaux (2010-…)
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MAXI-BASKET
CHARLES KAHUDI (Le Mans) ATHLÉTIQUEMENT PARLANT, CHARLES KAHUDI N’A PAS BEAUCOUP D’ÉQUIVALENT EN PRO A. ÇA TOMBE BIEN, IL ADORE JOUER LÀ-DESSUS. Propos recueillis par Florent de LAMBERTERIE
Quel est ton geste préféré ?
Le dunk. C’est spectaculaire et ça me permet d’utiliser mes qualités physiques. J’ai commencé à maîtriser ça en cadet première année à Cholet, c’est là où j’ai commencé à faire beaucoup de travail physique.
Comment as-tu travaillé ta détente ?
Déjà, à la base j’ai des qualités naturelles. Et puis à Cholet on faisait beaucoup de travail physique, pas spécialement sur la détente mais du physique en général donc forcément, on bossait tout le corps, et la détente suit. Pour la détente, il y a la corde à sauter, les escaliers et puis beaucoup de gainage surtout, parce que ce n’est pas que les jambes, il faut aussi contrôler ton corps quand tu sautes.
Il y a quelques années à Dijon, Randoald Dessarzin nous avait confié que tu touchais à 3,57 m de hauteur. Tu valides ?
Je ne connais pas ma détente exacte mais je sais qu’on l’avait mesuré à Dijon et je pense que ce n’était pas loin de ça. Ça doit même être un peu plus maintenant.
Plutôt appel un pied ou deux pieds ?
Le plus haut c’est sur un pied mais le plus à l’aise c’est deux pieds. Sur deux pieds, je suis plus stable et comme je ne suis pas très « figure », en match je saute plus souvent sur deux pieds.
Pas très figure, mais tu dois bien passer quelques trucs à l’entraînement, non ?
J’ai déjà passé des moulins, des riders (la balle entre les jambes, ndlr), dernièrement j’ai essayé en coupe d’Europe de partir des lancers -francs mais j’étais encore un peu loin.
Défensivement, quelle est ta spécialité ?
R I T N E S E R I A F « À L S I U S E J E U Q T» N E M E U Q I S Y PH
J’aime bien arrêter un mec en un-contre-un, rester en opposition alors que le mec fonce, faire sentir que je suis là physiquement avec un chest bump. Ça m’est arrivé l’an dernier contre Nancy, Willie Deane était parti en contre-attaque à fond, je me suis mis devant lui, j’ai contracté et il est tombé. Après c’est limite, parfois tu peux prendre la faute, il faut bien le faire.
L’arme que tu aimerais ajouter à ton arsenal ?
Le jeu sur pick’n’roll. J’ai déjà travaillé beaucoup sur mon shoot, mon jeu sans ballon et c’est ce qui me manque. En plus, si j’espère aller plus haut, il faut que je me repositionne en poste 2 et donc que je maîtrise le jeu sur pick’n’roll. Pour ça, il faut travailler la lecture, les réflexes.
Comment améliore-t-on sa lecture ?
Déjà, ça passe par regarder beaucoup de matches. Les matches d’Euroleague par exemple, ça c’est un truc que je ne faisais pas avant mais là je commence vraiment à m’y mettre pour apprendre en regardant les meilleurs. J’ai commencé pendant l’Euro où sur les premiers matches je regardais beaucoup. Ça donne quand même pas mal de recul, tu vois les situations pour ensuite les anticiper.
Sinon, ton record de trois-points à la suite ça donne quoi ?
J’ai fait 27 l’an dernier à l’entraînement. Avant ça, j’avais fait une série à Dijon à 23 shoots d’affilée, avec Reggie Williams.
Un spot préféré ?
JF Molliere
J’aime bien les corners, parce que j’aime bien partir ligne de fond. Du coup si le défenseur anticipe mon départ, j’ai possibilité de shoot. Sinon j’ai la baseline ouverte. ●
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FONDAMENTAUX
LE PICK’N’ROLL DÉCODÉ
COMMENT ÇA MARCHE ? Par Thomas BERJOAN
Il s’agit probablement de la forme de jeu la plus utilisée dans le basket de haut niveau. Tout le monde en parle, palabre sur la façon de le défendre, sur sa mise en place en attaque... Mais concrètement, c’est quoi ?
«
À Chicago, je joue avec Derrick Rose, le MVP de la faire tourner en bourrique les grands gabarits adverses, NBA, et Tony c’est le même niveau. » Au cours de l’Euro en pénétration au cercle ou en plaçant son petit tir à 4 en Lituanie, Joakim Noah a fait un beau compliment à mètres face à des mastodontes trop lents pour le gêner. « son meneur en Bleu, Tony Parker. Et puis, c’est ce qu’on Il est théoriquement impossible de défendre toutes les opappelle un commentaire « de l’intérieur ». Sur la photo, tions offertes par la pose d’écran quand elle est exécutée comme aux Bulls, Noah est le poseur d’écran officiel des correctement », détaille Phil Johnson, assistant-coach de stars (avec Diaw en Bleu et Boozer à Chicago). Ces deux Jerry Sloan, le coach éternel du Utah Jazz pendant plus de arrières sont en effet des spécialistes du pick’n’roll. Cet 20 saisons. Et grand spécialiste en la matière. anglicisme désigne une forme de jeu à deux avec écran. La En effet, le pick’n’roll, à partir d’une base simpliste propose traduction littérale signifie « pose (un écran) et roule (vers des variations infinies. Les cliniques d’entraîneur dissèle cercle) », le parcours du poseur d’écran. Dans le basket quent pendant des heures le placement, l’angle de l’écran, moderne, cette action est dévolue à un joueur intérieur le timing, la passe, le rebond de la passe, l’effet du rebond (ici Joakim Noah). « Je ne peux pas vous dire quand c’est de la passe... Bien souvent, c’est la défense, forcée de apparu, je ne suis pas assez vieux », plaisante Joey Meyer, modifier son dispositif, qui dicte le futur de l’action. Le dé62 ans, coach en D-League à Fort Wayne. Joey a officié fenseur du porteur de balle peut choisir de passer « sous pendant 13 ans à l’université de DePaul (1984 à 1997) où son l’écran » – c’est souvent le cas contre un shooteur extérieur père a été coach avant lui de 1942 à 1984. « Il s’agit d’un moyen – de « suivre » l’attaquant pour défendre un évendes plus vieux mouvements du basket », reprend-il. Cette tuel tir juste après l’écran. Ou alors, le défenseur du poseur forme de jeu s’impose en NBA au cours des années 90 d’écran « sort » sur le porteur de balle puis « reprend » son (démocratisée par le duo du Jazz Stockton/Malone), puis sur attaquant initial une fois qu’il a coupé l’élan du premier attoute la planète basket. D’après Synergy Sports Technology, taquant. Ou encore, les deux défenseurs peuvent choisir de sur la saison NBA 2008-09, le pick’n’roll représentait 18,6% changer de joueur (un « switch ») ou aussi de sortir à deux des possessions de jeu. Considérable. Au départ, il s’agit sur le porteur de balle pour une trappe Tout est imaginable. d’une stratégie efficace sur la défense homme à homme. Mais chaque fois, il y a un risque. Aujourd’hui, elle est même utilisée contre les défenses de zone. Un outil universel. Pick’n’pop ? Pick’n’slip ? Le principe est simple. Un joueur vient porter un écran : il se Car la solution existe toujours. Le pick’n’roll cherche à place immobile sur la trajectoire de celui qui a le ballon (Par- créer un mismatch, un duel avantageux pour l’attaque. ker). Ce dernier peut profiter de cet obstacle « légal » pour D’une façon ou d’une autre, soit par un décalage dans prendre un temps d’avance sur son défenseur (ici Marco l’espace, soit parce que les défenseurs ont changé d’atMordente, n°9 italien). Le pick’n’roll est donc une occasion taquant, un de ces derniers possède un avantage de taille, de déstabiliser la défense, de l’obliger à faire des choix. de puissance ou de rapidité. Mais la fenêtre n’est souvent L’option numéro 1, simpliste mais elle fonctionne parfois ouverte qu’un très court instant. La rapidité d’exécution encore, même au plus haut niveau (on la reconnaît immé- est capitale. La lecture de jeu également. Le pick’n’roll diatement à la mine furibarde du coach), c’est que les deux offre également des variantes structurelles. Le pick’n’pop défenseurs ne communiquent pas. Le défenseur du porteur commence par écran du grand, qui ensuite, au lieu de coud’écran colle inutilement à son joueur et le porteur de balle per vers le cercle, se recule de l’action pour prendre un tir va droit au cercle. Normalement, la défense voit le coup extérieur. Steve Nash et Dirk Nowitzki à Dallas étaient les venir et l’option « historique » consiste, comme son nom maîtres du genre. Il existe également le pick’n’slip où le l’indique, à donner la balle au grand qui, après son écran, porteur d’écran feinte de venir porter un écran pour finacoupe rapidement au cercle en enroulant le défenseur du lement couper vers le cercle ou la zone non défendue de porteur de balle de façon à le laisser dans son dos. Nor- la raquette et recevoir directement la balle. malement, le défenseur du grand, ici Bargnani, est censé Le concept va même encore plus loin. Si le pick’n’roll est défendre le porteur de balle, donnant l’occasion à Noah de tellement bien exécuté qu’il oblige la défense à impliquer foncer au cercle seul. un troisième joueur dans l’action : l’aide. L’attaquant devra lire et jouer en conséquence. Et alors, le placement des trois autres attaquants sur l’action devient essentiel. Tony Jasikevicus/Valanciunas, à l’ancienne ! Basique ? Le tandem Jasikevicius à la passe/Valanciunas Parker en 2011 était encore un bien meilleur joueur de a fait ça tout l’Euro pour la Lituanie. Parker privilégie en pick’n’roll qu’avant parce qu’il savait exploiter ce genre général cette phase de jeu pour prendre de la vitesse et de situations. C’est un art sans fin… l
GiulioCiamillo/Agence Ciamillo-Castoria-FIBA Europe
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UN ATIN KPAHO ALEXAN DR E
1999
À la
Une
Propos recueillis par Antoine LESSARD
« 740 FRANCS POUR 5 MINUTES DE TRAVAIL »
« BONJOUR, COMBIEN DE TEMPS VOUS FAUT-IL POUR REPASSER 10 CHEMISES ? » EN 1999, C’ÉTAIT L’ACCROCHE DU SPOT TÉLÉ* VANTANT LES MÉRITES DES CENTRALES VAPEURS CALOR. EN ARRIÈRE-PLAN D’UNE DES COMÉDIENNES, UN BASKETTEUR FAIT UN PASSAGE FURTIF. IL S’APPELLE ALEXANDRE ATINKPAHOUN ET ÉVOLUE À L’ÉPOQUE AU MANS. COMMENT S’ÉTAIT-IL RETROUVÉ LÀ ? IL VOUS RACONTE.
a is ). J e d e v in 1 9 9 9 (f o ir p s s n e a 2 e anné fa ir e 1 re iè a rn ll C e la v a e d , j’ a is ns ma A n ta rè s ra n d e à ê tr e d a it ta s . C ’é n s la g a u M a n e c le s p ro s d a é e p a r u n în e r a v it o c c u p m ’e n tr a e ti te s a ll e é ta a s tr o p c e q u e p ap de s a ll e . L g ro u p e e s a v a is e . J e n t, il y a v a it u n e g a m rn n u e t to e an E n p a s s ie n t e n p a u s e , : « o n é c ’é ta it . ta c é n i es qu e s a la p e rs o n n e d e s p e rs o n n J ’a i ré p o n d u n » u r. t e n a rn voy e que to u le fa ir e s a v o ir c p o u rr a it i p a s ! » s a n s e n s a n t q u e p uo « p o u rq a c te m e n t, e n . J e d e v a is ex a ir c ’é ta it s p a ro le s e n l’ m a is u n e e c ’é ta it d l’ e n tr a în e m e n t m a n d é s i de a ll e r à a in s is té , m ’a e n n o rs pe it . la p e ti te té re s s a ç a m ’i n fa it v e n ir d a n s p la c e n t e Il s m ’o n c a m é ra é ta it e t il s e la n u , s a ll e ti te tr ib a it fa ir e e p la d e v a n t li q u é q u ’i l fa ll ri b b la n t, d xp b le à m ’o n t e rc d e c e rc le e n d e v a n t s a ta fa it d e u x e a a n t u n p e ti a n t la p e rs o n e u é to n n é . O n te s . J e n e u p rd a in n g u m re 5 au en as n a ir e g a rd é même p r avec u re p a s s e s . C e la a d u ré e ç a a ll a it ê tr u se pas q tr o is p ri p e n s a is
«
SA RECONVERSION. « J’ai arrêté ma carrière (en juin
dernier, à 31 ans) à la fin de mon contrat avec Orchies (N1). J’avais déjà ma licence d’agent depuis la saison précédente mais avec les nouvelles réglementations, on ne peut pas être agent et joueur. Sinon j’aurais bien continué à jouer un peu. (…) J’ai connu une grosse blessure au genou il y a 2 ans de cela. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à réfléchir à ma reconversion. Cela n’a pas été une décision facile à prendre. Mon agent, Vincent Chamoulaud m’a demandé si je voulais travailler avec lui. Même si ce métier a quelques mauvais côtés que je découvre, j’aime rencontrer beaucoup de monde, partager, discuter autour d’une passion. Je ne me voyais pas derrière un bureau » .
m o n ta g e. C ’é ta it un C ’e s t p e p u b li c it é p o u r le s fe as rs à re p c h a în e s s é 2 -3 m o is , T asser C à a lo r. 7 4 0 fr a n F 1 , M 6 , e tc … la té lé s u r le cs. Pour s g ra n d À l’ é poque, p la is a n 5 es m in j’ a v a u te s t, s O u i, p a u rt o u t p o u r u n d e tr a v a il , c ’é is to u c h é r la s u it ta it to u jo e j’ a i é e s p o ir ! s u p p o rt u rs té c e rs M a is s in d u M a n s . U h a m b ré p a r le s n o F é li n s , peu pa ru e . Il fa n , je n ’a i p a s le s d u to u t r le s p o te s a ut me c u s s i. é d a n s la o té n n a ît re p re c o n n u p u b (c h our sav ro n o e n d u re m o ir q u e d a n s la m a in o in lo n g te m s d e 2 s e c o n d , l’ a p p a ri ti o n c ’e s t m o i d ’A le x a p s q u ’o e s ). D ’a n nd C e la a é té v ra n e m ’e n a v a it il le u rs , c e la fa re im e n t fa p a s p a rl is a it C ’é ta it é! it s u r u la p re m n iè re e t à une la s e u le e b la g u e a u d p u b li c it épa fo é. On d ’o p p o rt n ’a p a is q u e j’ a i p a rt rt . u s souv ic ip é v o ir c o m n it é . J e l’ a i s e n a is ie , c t ce g ment ça ’é e amusé. n re ta s e it p in a s s a it . » J ’e n g a té re s s a n t d e rd e u n s o u v e n ir
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