Maxi-Basket 42

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Axel Toupane… Apollo Faye… Amara Sy… Tifosis… Pana… Ibaka… Lattes-Montpelllier #42

avril 2012

In bed with JBAM Du côté de chez

Charles

Kahudi

Bleus d’Europe

Nando De Colo

© J.-F. Mollière Agence Ciamillo-Castoria/E.Castoria

La montée

en puissance

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Édito • maxi-basket 03

Un vrai sélectionneur Par Pascal LEGENDRE

E

Jean-François Mollière

t si Vincent Collet était le premier sélectionneur de l’équipe de France ? Jusque-là, il s’agissait de rassembler les meilleurs joueurs ou les bonnes volontés. De se contenter de ceux qui se portaient volontaires ou de tenter de décider quelques fortes têtes à rallier un été ou deux la cause des Bleus, en démultipliant les risques d’implosion. Pas le choix pour être compétitif. « Je veux les meilleurs ! », avait ainsi clamé Alain Weisz avant de prendre avec lui – et sur lui – Tariq Abdul-Wahad et Jérôme Moïso pour l’Euro en Suède. Deux pétards ambulants qui pour l’un allait exploser à la figure du groupe alors que l’autre prenait l’eau tout seul. Il existe désormais une véritable concurrence pour avoir accès à l’équipe nationale. Il ne suffit pas d’être estampillé NBAer, ni même d’avoir un rôle dans une équipe majeure de la grande ligue avec un cursus de polytechnicien du basket. Faut-il ainsi rappeler Mickaël Piétrus – absent depuis le Mondial de 2006 – au risque de briser l’alchimie du groupe ? Une question qui fait débat ; le Guadeloupéen est tout de même en jeu pour 21 minutes en moyenne aux Boston Celtics, franchise mythique qui devrait cette fois encore participer aux playoffs. Prenez le poste d’arrière, les « 1-2 ». Tony Parker est le leader de l’équipe. OK. Nando De Colo, vu ce qu’il a fait en Lituanie à l’Euro et chaque semaine à Valencia dans la ligue espagnole, est incontournable. Toujours OK. Mais après ? Qui choisir ? Rodrigue Beaubois, capable de coups de chaud avec les Mavericks mais toujours sans expérience internationale ? Fabien Causeur, MVP français en puissance de la Pro A, remarquable et remarqué en Eurocup mais qui n’a sans doute pas le même profil athlétique ? Yannick Bokolo, capable de mission défensive de pitbull et qui a incroyablement élargi sa palette offensive depuis qu’il est à Gravelines ? Andrew Albicy, le seul vrai meneur spécifique ? Pas facile d’être définitif dans son choix surtout dans des évaluations a priori qui concernent des joueurs évoluant dans des contextes fondamentalement différents. Et ce constat exclut Steed Tchicamboud, présent à l’Euro, Léo Westermann qui est l’une des rares satisfactions d’une ASVEL à la dérive,

Thomas Heurtel qui apprend sérieusement le métier à Vitoria, et bien sûr Antoine Diot out pour un temps indéterminé. Dans le dernier numéro de Maxi le DTN Jean-Pierre De Vincenzi notait que la France ne disposait pas d’un super grand, un big man d’au moins 7 pieds. Toujours OK. Mais il est bon de se remémorer la triplette de numéro 5 à disposition de Claude Bergeaud pour l’Euro 2005 où la France passa à une poignée de secondes du titre pour finalement décrocher le bronze. Cyril Julian, valeureux joueur de Pro A sans standing européen en club, Frédéric Weisz qui fut rappelé à la rescousse au tout dernier moment faute de combattant et qui était hors de forme, et Jérôme Schmitt étonné lui-même d’en être là. Au centre du dispositif a pris place aujourd’hui Joakim Noah, pivot titulaire de la meilleure équipe de NBA, promis au statut de All-Star à brève échéance. Et après, qui préférez-vous ? Ronny Turiaf et son cœur bleu, blanc, rouge, revenu d’une longue blessure, pour se faire embaucher par les Miami Heat ? Kévin Séraphin et sa puissance qui a explosé l’écran plasma à l’Euro’11, puis avec Vitoria avant de montrer qu’il pouvait être performant aux Washington Wizards pour peu qu’on lui fasse confiance ? L’ambidextre Ali Traoré qui n’a pas d’équivalent dans le rapport points/minutes ? Ian Mahinmi une dizaine de fois titularisé dans le starting five de l’équipe championne NBA en titre ? Croyez-moi il n’y a pas si longtemps, on serait allé faire des courbettes à Johan Petro (16’ de jeu en moyenne avec les Nets) pour qu’il daigne revenir en Bleu. Personne ne le met plus dans son listing. Profusion ? Surabondance ? Non. Ce sont des mots qui n’existent pas pour un sélectionneur. Juste un vrai choix pour être compétitif, pour être vraiment à même de se positionner pour une médaille (fut-elle de bronze) à Londres. N’oublions pas qu’une équipe nationale n’est pas une All-Star team et que la complémentarité, les qualités humaines, sont des facteurs aussi déterminants que la valeur sportive intrinsèque. Touchons du bois aussi, il ne faudrait pas que les blessures « facilitent » le choix du coach, surtout avec cette saison NBA condensée qui est davantage un business plan qu’un calendrier de sportifs. l

Profusion ? Surabondance ?

Directeur de la publication Gilbert CARON Directeur de la rédaction Pascal LEGENDRE (p.legendre@norac-presse.fr) Rédacteur en chef Fabien FRICONNET (f.friconnet@tomar-presse.com) Rédacteur en chef-adjoint Thomas BERJOAN (t.berjoan@tomar-presse.com) MAXI-BASKET est édité par NORAC PRESSE (Capital : 25 000 euros). Siège Social : 3 rue de l’Atlas –

75019 Paris. Téléphone : 02-43-39-16-21 Principaux associés : Print France Offset, Le Quotidien de Paris éditions, Investor.

RÉDACTION DE PARIS 3 rue de l’Atlas – 75019 Paris Téléphone : 01-44-52-58-00 – Fax 01-40-03-96-76 RÉDACTION DU MANS 75 Boulevard Alexandre & Marie Oyon BP 25244 – 72005 Le Mans Cedex 1 Téléphone : 02-43-39-16-21 – Fax 02-43-85-57-53

JOURNALISTES

Thomas BERJOAN, Jérémy BARBIER, Yann CASSEVILLE, Fabien FRICONNET, Florent de LAMBERTERIE (01-44-52-58-03), Pascal LEGENDRE (02-43-39-16-26), Antoine LESSARD, Pierre-Olivier MATIGOT, Laurent SALLARD. RÉDACTION AUX USA Pascal GIBERNÉ (New York).

Correspondants à l’étranger David BIALSKI (USA), Giedrius JANONIS (Lituanie), Kaan KURAL (Turquie), Pablo Malo de MOLINA (Espagne), Streten PANTELIC (Serbie), Bogdan PETROVIC (Serbie); Yannis PSARAKIS (Grèce), Sran SELA (Israël), Stefano VALENTI (Italie). Ont collaboré à ce numéro Claire PORCHER, Gaétan SCHERRER et Frédéric TRIPODI. Secrétaire de rédaction Cathy PELLERAY (02-43-39-16-21 – c.pelleray@norac-presse.fr).

RÉALISATiON GRAPHIQUE Conception charte graphique Philippe CAUBIT (tylerstudio) Direction artistique Thierry Deschamps (Zone Presse) Maquettiste Cyril FERNANDO

AVRIL 2012 Sommaire #42

04 échos 14 Internationaux 16 Français d’Europe

30 Focus : AXeL Toupane 32 In Bed With Michel

Jean-Baptiste Adolphe

38 Un-contre-un : Amara Sy

40 Du Côté de Chez : Charles Kahudi

46 Rétro : Apollo Faye 52 Photos : Les tifosis

60 Panathinaikos 62 Serge Ibaka 68 Dans l’œil des scouts : Josep Franch

70 à la Une : éric Beugnot 72 Fondamentaux 74 Lattes Montpellier

82 Contrôle surprise : Alain Weisz

ABONNEMENTS : Laurence CUASNET (02-43-39-16-20, abonnement@norac-presse.fr) Norac Presse – Service abonnements – B.P. 25244 – 72005 LE MANS CEDEX 1 PUBLICITÉ RÉGIE Loïc BOQUIEN (01-40-03-96-68, 06-87-75-64-23, l.boquien@norac-presse.fr) IMPRESSION ROTO PRESSE NUMERIS – 36 Boulevard Schuman – 93190 Livry Gargan RÉGLAGE À JUSTE TITRES, Badice BENARBIA (04 88 15 12 42), b.benarbia@ajustetitres.fr COMMISSION PARITAIRE : 0117 K 80492 RCS : Paris B 523 224 574 ISSN : 1271-4534. Dépôt légal : à parution

La reproduction des textes, dessins et photographies publiés dans ce numéro est la propriété exclusive de Maxi-Basket qui se réserve tous droits de reproduction et de traduction dans le monde entier.


04

maxi-basket

LES ÉCHOS

Jean-François Mollière

Jean-François Mollière

Par Pascal LEGENDRE

Affluences

Le match basket vs hand

Si la 1ère division de hand a annoncé à la fin des matches aller une progression de 14% d’une saison à l’autre, elle est encore loin d’atteindre les chiffres de la Pro A de basket. Et si l’implantation à Nantes, pourtant à l’origine ville de basket, est évidente, le hand traîne comme un boulet sa surreprésentation parisienne.

Les affluences en Pro A de basket

Les affluences en D1 de hand

Moyenne

Taux de remplissage

Capacité

Lyon-Villeurbanne

5.310

96%

5.643

Nantes

Nancy

5.309

88%

6.023

Chambéry

Pau-Lacq-Orthez

4.964

64%

7.502

Montpellier

Le Mans

4.905

81%

6023

Toulouse

Cholet

4.899

95%

5.200

Dunkerque

2.028

92%

2.200

Strasbourg

4.373

72%

6.098

Sélestat

2.020

93%

2.200 et 5.500

Roanne

3.779

75%

5.010

Nîmes

1.908

56%

3.400

Chalon

3.479

85%

4.100

Paris

1.728

49%

3.500

Dijon

3.477

80%

4.268

Saint-Raphaël

1.558

78%

2.000

Orléans

3.356

91%

3.222

Créteil

1.450

58%

2.500

Poitiers

3.268

89%

2.650 et 4.700

Cesson

1.380

99%

1.400

Club

Gravelines-Dunkerque

3.015

99%

3.043

Paris Levallois

2.554

69%

3.000 et 4.400

Le Havre

2.427

65%

3.600

Hyères-Toulon

1.558

44%

2.200 et 4.500 1.500

Nanterre

1.346

87%

TOTAL

3.618

79 %

Club

Taux de remplissage

Capacité

4.057

87%

4.640

3.318

75%

4.400

3.000

92%

3.000 et 9.000

2.635

63%

4.200

Moyenne

Tremblay

1.067

89%

1.200

Istres

0.957

48%

2.000 1.500

Ivry

0.887

59%

TOTAL

2.102

75%


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06

maxi-basket

LES ÉCHOS

Par Pascal LEGENDRE

Journée de la basketteuse

Catherine Steenkeste

Humour, les filles

De gauche à droite: Olivia Epoupa, Amel Bouderra, Carole Delauné, Isabelle Fijalkowski, Émilie Gomis, Chantal Julien, Nathalie Lesdema, Pauline Jannault-Lo, Emmeline Ndongue, Marie-Noëlle Servage (secrétaire-générale de la FFBB) et Jean-Pierre Siutat (président de la FFBB).

S

hirley Souagnon a pris une large part dans la réussite de la conférence de presse « Sport et Intégration : ces femmes qui ont réussi grâce au basketball » tenue à Paris dans le cadre de la « Journée de la femme ». Cette humoriste nourrie au basket-ball – elle a joué notamment dans une high school de Houston – a donné un ton décalé, 2e degré, décontracté qui colle parfaitement avec la ligue féminine et ses représentantes. « C’est la seule journée où on peut se libérer, les autres il y a du ménage… » a-t-elle commencé en présentant chaque intervenante avec une info farfelue, ainsi pour Pauline Jannault-Lo, « elle est joueuse de l’équipe de France, du Perpignan Basket, stripteaseuse… » Plus sérieusement, voici ce que l’on peut retenir de ce melting-pot d’informations sans hiérarchie : • Que Pauline Lo, justement, vient de résigner pour 4 ans à Perpignan. Pourquoi Perpignan ? « C’était mon mari ou moi. C’est lui qui me suit. C’est le basket qui prime. Il a réussi dans les études, lui, il peut aller un peu partout. » • Que Émilie Gomis de Villeneuve d’Ascq adore Lille. « C’est bien pour le shopping. » • Que Nathalie Lesdema, « fille en or de 2001 », passée par les cases « arbitre », « coach », « dirigeante fédérale » vient d’obtenir son diplôme de manager général avec mention, et pourtant elle est partie de loin ! « Mon premier sport c’était le foot. Personne n’est parfait. Avant de commencer le basket, j’étais peinarde à la plage. C’est devenu très vite une passion. » • Que Chantal Julien, qui a arbitré les NBAers aux J.O. de Pékin – un privilège – a « horreur d’entendre que j’en suis arrivée là parce que je suis une femme. Il y a aussi la compétence ! »

• Que Carole Delauné qui va prendre le relais à Londres estime que « sur le terrain les joueurs et les entraîneurs ne voient que la personne qui dirige, homme ou femme. » • Que Amel Bouderra de Charleville-Mézières, qui a fait le buzz il y a quelques mois en marquant un panier d’une main de plus de 20 m, a été biberonnée à la balle orange. « Mon doudou c’était un ballon de basket, j’ai commencé à 3 ans. » • Qu’Emmeline Ndongue prend la machine à remonter le temps pour estimer « qu’on peut commencer le basket très tôt, au baby basket, et comme ça on peut se faire plein d’amis. C’est ce qui a fait que j’ai continué. » • Qu’Isabelle Fijalkowski, une autre championne d’Europe 2001, est complètement défavorable à un calendrier style Les Dieux du Stade, « nous, on ne veut pas que les gens viennent aux matches pour nos formes, notre corps, mais pour voir notre jeu. » • Enfin qu’Olivia Epoupa, 17 ans, pépite de l’INSEP, « a envie de jouer en WNBA et d’intégrer l’équipe de France A. » Que ses rêves se réalisent ! • Plus terre à terre, le président fédéral Jean-Pierre Siutat a rappelé que le basket-ball était numéro 1 en France au nombre de licenciées (177.000 contre 163.500 au hand, soit 39% des effectifs), qu’il avait rapporté 7 médailles (J.O.Mondial-Euro) contre 6 au hand, 3 au rugby et rien au foot et au volley, qu’il lui tarde que chacun découvre le Vendespace pour que plus personne ne se moque de Mouilleron-le-Captif, l’un des sites de l’Euro féminin’13, « ça sera l’une des plus belles salles de France », et que « très sincèrement nous sommes la meilleure ligue de basket féminine du monde après la WNBA. » Alléluia. l


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maxi-basket

LES ÉCHOS Sue Bird

Sue le charme, la tueuse

Jennifer Pottheiser, Ron Hoskins, David Dow/NBAE via Getty Images

Capitaine de l’équipe olympique américaine, multi championne NBA, WNBA et EuroLeague, Sue Bird est la chouchoute des médias et des fans américains. Vous allez vite comprendre pourquoi. Mais, attention, si elle peut apparaître espiègle, enjôleuse, sur le terrain Suzanne Brigit Bird est une tueuse de sang froid.


Jennifer Pottheiser, Ron Hoskins, Jesse D. Garrabrant, Ned Dishman, Garrett Ellwood/NBAE via Getty Images

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Par Pascal LEGENDRE


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maxi-basket

LES ÉCHOS

Par Pascal LEGENDRE

TV

Liga Endesa

Les audiences en Espagne

La finale de la Coupe du Roi 2012 : Navarro (Barça) shoote devant Tomic (Real).

Sur un mois les audiences des matches diffusés sur les chaînes espagnoles. Où l’on s’aperçoit qu’elles sont très fluctuantes selon l’affiche. Alors quand c’est Barça – Real en finale de la Copa del Rey, ça cartonne ! Par comparaison, la moyenne d’audience sur Sport+ en 2010-11 a été annoncée à 50.000 téléspectateurs. Rien d’officiel depuis. La population espagnole est de moins de 47 millions contre plus de 65 millions en France.

Match

Compétition

Chaîne

Audience

Parts de marché en %

FC Regal Barcelona – Real Madrid

Coupe du Roi

TDP

1,128,000

7,8

Montepaschi Siena – Real Madrid

Euroleague

TDP

589,000

3,2

FC Regal Barcelona – Caja Laboral Vitoria

Coupe du Roi

TDP

570,000

4,9

Real Madrid – Banca Cívica Sevilla

Coupe du Roi

TDP

532,000

3,6

Real Madrid – Mad-Croc Fuenlabrada

Coupe du Roi

TDP

525,000

2,8

Bizkaia Bilbao – FC Regal Barcelona

Championnat

TDP

450,000

2,6

Real Madrid – Unicaja Malaga

Euroleague

TDP

343,000

1,8

Blancos De Rueda Valladolid – Unicaja Malaga

Coupe du Roi

TDP

252,000

2,0

Valencia Basket – Real Madrid

Championnat

TDP

229,000

1,8

Banca Cívica Sevilla – Unicaja Malaga

Coupe du Roi

TDP

225,000

2,8

FC Regal Barcelona – Banca Cívica Sevilla

Coupe du Roi

TDP

203,000

1,0

Minnesota Timberwolves – Los Angeles Lakers

NBA

Cuatro

201,000

10,4

All-Star Weekend (trois-points, dunks…)

NBA

Cuatro

194,000

10,6

Caja Laboral Vitoria – San Sebastián GBC

Coupe du Roi

TDP

170,000

1,3

All-Star Game

NBA

Cuatro

165,000

16,1

Rookies – Sophomores

NBA

Cuatro

140,000

10,9

Unicaja Malaga – Valencia Basket

Championnat

TDP

138,000

1,0

FC Regal Barcelona – Maccabi Tel-Aviv

Euroleague

TDP

134,000

0,7

Denver Nuggets – Memphis Grizzlies

NBA

Mad-Croc Fuenlabrada – Joventut Badalona

Championnat

Estudiantes Madrid – Joventut Badalona

Championnat

Toronto Raptors – Memphis Grizzlies

NBA

Cuatro

131,000

6,5

TDP

110,000

0,9

TDP

98,000

0,8

Cuatro

85,000

6,4


1/4 Cholet Basket


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maxi-basket

LES ÉCHOS

Par Pascal LEGENDRE

Arrêts de jeu et Basketball Network

Jeanpipol

Arrêts de Jeu

Du basket à l’écran

Le restaurant « Arrêts de Jeu » et Boris Diaw pendant les travaux.

D

’un côté Basketball Network, un réseau qui possède un fichier de 3.500 contacts dans le basket, des joueurs, coaches, sponsors, journalistes, institutionnels, et une centaine d’adhérents à jour de leur cotisation annuelle. L’association créée par Philippe Morin a organisé deux voyages au NBA All-Star Game, à Dallas – avec Antoine Rigaudeau – et à Los Angeles. Elle a dans ses cartons un trip au Georgia Dome d’Atlanta pour le NCAA Final Four 2013. « Ça permet de créer des liens et de faire découvrir à des passionnés de basket des événements qu’ils n’ont jamais vus » explique Philippe Morin. Basketball Network a également organisé des soirées pour les finales de Pro A & B, l’Open féminin, participé à la mise sur pieds de la Soirée de la Remise des Trophées de la LNB 2011 et concocté des matches VIP en ouverture de rencontres de Pro A et B en faisant jouer l’équipe de l’association contre une sélection des partenaires du club recevant (Gravelines, Le Havre, Limoges, Orléans…), ce que vous avez pu découvrir dans ce magazine. Chaque dernier mercredi du mois Basketball Network réunit de 30 à 50 personnes pour une « rencontre de passionnés » avec à chaque fois un invité, ce fut Jean-

Pierre Siutat, président de la FFBB, la responsable marketing de KFC (une ancienne de la fédé), le patron des Maisons Individuels Geoxia (lui-même basketteur). De l’autre, la chaine de restaurants Arrêts de Jeu, un concept imaginé par Nicolas Raimbault, dix ans de FFBB derrière lui, ancien DTN adjoint, et Stéphanie Le Rouzic, ancienne DG d’une grosse agence de communication au Canada, qui sont tous les deux Executive MBA d’HEC. Ils ont convaincu Boris Diaw et Ronny Turiaf de la pertinence de leur projet et réuni un million d’euros d’investissement. Le premier restaurant a ouvert ses portes en décembre dernier, au Millénaire, porte d’Aubervilliers, fait 400 m2 et se divise en quatre zones, le restaurant, le bar, la terrasse et l’aire de jeux pour les enfants avec une vingtaine d’écrans pour diffuser des événements sportifs et donc forcément du basket. La carte est établie par deux anciens chefs étoilés et une nutritionniste du sport. « Nous souhaitons ouvrir quatre nouvelles unités par an. Des sportifs en reconversion de carrière ont déjà signifié leur intérêt » commente Nicolas Raimbault. Philippe Morin a eu l’idée de faire d’Arrêts de Jeu le Quartier Général de Basketball Network et par extension

des fans de l’équipe de France. « Avec la venue des Jeux Olympiques on voudrait avoir à chaque fois un joueur de l’équipe de France différent en visioconférence. Le mercredi 27 avril ce sera ainsi en principe Boris Diaw. On invitera un autre athlète olympique, un people, et les adhérents pourront poser des questions. » Pendant les J.O. Arrêts de jeu deviendra à l’évidence un lieu privilégié pour suivre les tournois de basket. « Tout le monde ne peut pas aller à Londres et il faut qu’un maximum de Français puisse encourager l’équipe de France. Plutôt que de regarder le match chez soi, c’est mieux de se rassembler, apprendre à se connaître, à échanger des cartes, ça agrandit le réseau. Et si ça veut bien rigoler pourquoi ne pas envisager d’avoir une minute Boris Diaw en visio pendant la compétition… » l Arrêts de Jeu : Centre Commercial, 23 rue Madeleine Vionnet, Porte d’Aubervilliers, Paris. 01 76 21 40 77. www.arrêtsdejeu.com. Basketball Network : contact@basketball-network.com et www.facebook.com/BasketballNetwork

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maxi-basket

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Partager leur expérience, entretenir un lien fort entre les générations, contribuer à la culture basket, être force de propositions, les internationaux se mobilisent pour soutenir les Bleu(e)s dans leur quête olympique. D’ici Londres, les anciens internationaux parlent aux Bleu(e)s actuel(le)s à travers cette rubrique. Propos recueillis par Pascal LEGENDRE

« La cérémonie d’ouverture c’est exceptionnel »

Q

uel est ton souvenir numéro un des Jeux de Sydney ? La défaite en quarts contre la Corée, la 5e place, la vie au village olympique ?

La vie au village c’est réducteur, premièrement c’est le fait de participer à un événement unique, les J.O. Ensuite la 5e place, même si ça ne répondait pas à notre objectif et qu’à la fin on se disait que l’on aurait pu faire mieux, au moins avoir l’opportunité de jouer pour une médaille. Vous aviez eu une préparation extrêmement longue. Y avait-il eu des moments de lassitude ?

Hervé Bellenger/IS

On avait commencé trois mois avant les J.O. avec un break de trois semaines. La préparation n’avait pas été super calibrée, on avait été prêtes trop tôt. J’étais arrivée aux J.O. physiquement et mentalement épuisée, on était émoussées dès le début. En fait, on était prêtes deux semaines avant lorsqu’on bat les Australiennes au Tournoi de Vichy. Peut-être que ça nous a permis de gagner le titre européen en 2001 en en tirant les enseignements. Que penses-tu de l’équipe de France de 2012 ?

C’est un groupe qui a déjà un vécu, complémentaire avec au départ des joueuses assez jeunes qui ont pris de la maturité. Je pense que la médaille de bronze en Pologne, ça leur a permis de toucher du doigt les difficultés, et elles vont travailler dessus. Les conditions sont réunies pour qu’elles fassent une bonne préparation afin d’être prêtes déjà pour se qualifier et évoluer à un niveau intéressant aux J.O. Leur conseilles-tu de participer à la cérémonie d’ouverture ?

Oui ! Ça avait fait débat en 2000. C’est vrai qu’il y a de l’attente, on est debout, mais on ne prenait pas d’énormes risques car le lendemain on jouait le Sénégal et avec beaucoup d’humilité, on estimait que même fatiguées on pouvait surmonter ça. Quand on fait les J.O., on ne fait pas juste des matches. La cérémonie d’ouverture c’est exceptionnel et partager ça avec toute la délégation française c’est important à vivre au moins une fois. C’est enrichissant de s’ouvrir aux autres sports. Toutes les joueuses y avaient participé mais pas le coach Alain Jardel. J’ai fait aussi la clôture, c’est un beau spectacle mais moins protocolaire, moins solennel, plus festif avec des concerts. Tu as joué contre Céline quand elle était encore à Tarbes. Avais-tu décelé en elle les qualités d’une meneuse leader ?

Elle a toujours eu la personnalité, le tempérament qu’on attend d’une meneuse. Très jeune on a toujours des choses à apprendre techniquement et tactiquement mais on voyait déjà que c’était un leader, quelqu’un qui souhaitait s’affirmer. Elle a su développer son potentiel pour être la patronne de l’équipe de France féminine. l

Céline Dumerc

« Ne pas tomber dans un stress super négatif »

A

s-tu regardé les J.O. de Sydney à la télé malgré le décalage horaire ?

Je ne me souviens plus trop, ça paraît tellement loin 2000. Oui, mais sans doute pas en direct. Ce dont je me souviens c’est que Laure Savasta arrivait sur Tarbes et j’avais jeté un coup d’œil pour savoir quelles seraient mes coéquipières et bien sûr ce que la France faisait.

Ce sont des joueuses que tu connaissais ?

Je sortais de l’INSEP et j’allais intégrer Tarbes pour la première année. Je ne les avais pas encore côtoyées. J’avais vu les finales Bourges-Valenciennes à la télé mais je ne crois pas en vrai, je ne m’en souviens pas. À partir de quand faire les Jeux est devenu pour toi un objectif ?

Dans l’absolu je ne suis pas quelqu’un qui veut se fixer des objectifs en me disant « je veux faire ci ou ça. » Ceci dit, même quand on est petit, que l’on joue à n’importe quel niveau, professionnel ou pas, ça fait rêver tout le monde, moi y compris. C’était un rêve plus qu’une ambition. Jouer la qualif pour les Jeux Olympiques, sur un ou deux matches c’est le plus grand challenge de ta carrière de sportive ?

JF Mollière/Agence Ciamillo-Castoria/E.Castoria

Isabelle Fijalkowski

C’est une bonne question (elle réfléchit). Je ne pense pas que c’est comme ça que je vais l’appréhender, il ne faut pas le sacraliser car sinon on tombe dans un stress super négatif et on passe à côté de l’échéance. Ça reste un match de basket même s’il ouvre les portes de Londres. Es-tu le genre à vouloir voir un maximum de matches des Bleus, de Team USA, de l’athlétisme, d’autres sports, ou à être concentrée sur ton propre objectif ?

Quand on pense aux Jeux Olympiques, c’est cérémonie d’ouverture, de clôture, ce que l’on voit à la télé, ce qui fait rêver. Lorsqu’on aura commencé le premier match on sera forcément dans la compétition mais il ne faut pas mentir : quand on aura un créneau de libre on ira voir la finale du 100 m ou d’autres sports avec les meilleurs du monde. Il faudra faire la part des choses. Je suis une basketteuse, professionnelle dans ce que je fais, mais aussi une fan de sport. L’envie me titillera d’aller voir d’autres sports. l



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maxi-basket

• 15,0pts de moyenne pour Yakhouba Diawara en Lega. Ça ne peut pas laisser indifférent.


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Français d’Europe

Bilan de santé

Mike Gelabale sera-t-il remis pour les Jeux Olympiques ? Ali Traoré a-t-il passé un cap avec coach Maljkovic en Russie ? Jérôme Moïso est-il fini pour le basket ? Stéphane Dumas va-t-il rentrer en France ? Nando De Colo a-t-il convaincu la NBA ? Vous voulez prendre des nouvelles de Flo Piétrus ? Et au fait, le Yak Diawara est-il bon cette saison ? Parce qu’il n’est pas toujours simple de suivre la carrière des Français qui évoluent à l’étranger, du moins pour ceux qui ne jouent pas sous les projecteurs de la NBA, la rédaction a décidé de vous emmener pour un petit tour d’horizon de nos représentants hors de nos frontières. Un joueur, une question.

Par Thomas BERJOAN, Yann CASSEVILLE et Claire PORCHER

J.F. Mollière/ Agence Ciamillo-Castoria/C.De Massis

des expatriés


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maxi-basket

Nando Le Colo (Valencia Basket)

DIRECTION NBA ?

Après bientôt trois saisons en Espagne, Nando De Colo (1,95 m, 24 ans) s’est imposé comme l’un des joueurs les plus en vue de la Liga Endesa. Pour continuer sa progression, l’international envisage légitimement deux options : retrouver l’Euroleague, et plus encore, découvrir la NBA avec San Antonio.

Hervé Bellenger/IS

Par Yann CASSEVILLE


DOSSIER • maxi-basket 19

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1 octobre 2009. Tout juste de retour du non, depuis l’arrivée de Velimir Perasovic, De Colo est championnat d’Europe, avec quelques semaines fortement monté en puissance sur la scène européenne. seulement de vécu en Espagne, Nando De Colo Il a tourné au Last 16 d’Eurocup à 15,8 points et 17,8 dispute son premier match officiel avec Valence, gagné 80- d’évaluation, 4e performeur des deux catégories. Il veut 68 face à l’Estudiantes Madrid. L’ancien Choletais Nando aller au bout de cette compétition, comme en 2010, De Colo joue 26 minutes et compile 9 points, 3 rebonds et et s’imagine réussir un coup en playoffs de la Liga 3 passes. Alors que Wassim Boutanos, l’agent, s’apprête Endesa. En fin de contrat à l’issue de cette saison, il sait à prendre son avion, le sourire aux lèvres, le manager du également que les mois à venir représentent sans doute club lui fait une confidence : « Le coach et moi-même, nous un tournant de sa carrière. ne nous attendions pas à ce qu’il soit aussi efficace tout de suite. » Les Spurs viennent

Meneur, titulaire, arrière, 6e homme, ailier…

régulièrement le voir

Deux ans et quasiment trois saisons se sont écoulés depuis. De Colo a confirmé, et plus encore. Son agent l’assure – « Il s’est vraiment installé comme faisant partie de la vingtaine des meilleurs joueurs en Espagne » – et les chiffres en attestent : le tricolore s’est fait une place de choix en Liga Endesa. 9e marqueur (13,3 points), 11e joueur le plus adroit à trois-points (40,0%), 12e aux lancers-francs (85,9%), 6e intercepteur (1,4) et 14e à l’évaluation (12,8, après 11,1 en 2010 et 10,7 en 2011) : le Français est solidement implanté dans bon nombre de Top 20. Si la trajectoire est celle qui était « espérée », le quotidien ne fut pas celui attendu. « Je suis ici depuis trois ans, j’ai connu cinq coaches différents. C’est pas facile. Quand tu changes de coach en cours d’année, le

Sélectionné en 53e position de la Draft 2009 par les Spurs, De Colo ne cache pas son ambition : rejoindre le Texas. « La priorité reste la NBA à San Antonio, avec qui j’ai pas mal de contacts. » La franchise en question est connue pour son savoir-faire au niveau de la sélection des non-Américains ; les exemples, Tony Parker en tête, étant légion. L’intérêt des Spurs pour De Colo n’est pas factice. « Ils viennent me voir dès qu’ils peuvent », atteste l’intéressé. « Depuis trois ans Nando a dû avoir la visite au minimum trois fois par an de dirigeants des Spurs, notamment George Felton, leur scout européen », continue Boutanos. « Il y a un retour technique sur les points où ils estiment que le joueur a une marge de progression qu’il doit remplir. Dès la première année ils ont donné à Nando le playbook de l’équipe de façon à ce qu’il jette un coup d’œil. C’est un petit peu plus qu’un simple contact de courtoisie. »

« Je suis ici depuis trois ans, j’ai connu cinq coaches différents, c’est pas facile » nouveau arrive et remet une dose d’entraînement parce Nando aspire à faire le grand saut cet été. « Si je ne me qu’il a besoin de prouver, de mettre ses systèmes en sens pas prêt maintenant je ne le serai jamais. Après place, donc les entraînements s’enchaînent, tu n’as pas trois ans en Espagne ça me ferait plaisir d’intégrer la forcément les temps de repos dont tu aurais besoin. » NBA, je pense que je suis prêt à voir ce qu’il s’y passe. » Avec cette valse à cinq temps des techniciens, Nando dit D’ailleurs, pour un joueur qui fêtera ses 25 ans le 23 juin s’être « endurci ». Il a appris. « Plus tu côtoies de coaches prochain, la fenêtre de tir est pour l’intersaison à venir. plus tu vois différentes façons de jouer. Un coach de « Le momentum arrive », confirme Boutanos. « Les Spurs l’Est est différent d’un Espagnol ou d’un Français. Il nous ont fait part d’intentions très concrètes pour la faut s’adapter. » S’adapter, le verbe est sans doute celui saison prochaine. On en saura plus après la Draft, selon la qui résume le mieux les trois saisons espagnoles de façon dont ils auront revu leur effectif, indépendamment Nando ; plus encore pour lui que pour ses coéquipiers, des signatures récentes. » de par son profil de combo. Selon les préférences de De Colo doublure de Tony Parker en 2012-13 ? Le chemin ses entraîneurs, le Français n’a jamais été utilisé à la est encore parsemé de « si ». Aussi l’international ne fait même sauce. Une fois meneur, une fois arrière ; un match pas du rendez-vous américain une priorité, conscient qu’il titulaire, le suivant sixième homme. « La première année peut être avorté. Sa deuxième option est de retrouver j’étais titulaire, j’avais pas mal de liberté, la deuxième l’Euroleague, qu’il a apprivoisée la saison passée. « La année a été différente, et puis changement de coach, volonté de Nando est double : évoluer au sein d’un club d’Euroleague et si possible dans un contexte espagnol », j’étais plus dans un rôle de deuxième meneur. » Cette année encore, le siège éjectable a été actionné définit son agent. « Demandé, il l’est. » Plus de deux ans sur le banc, Velimir Perasovic a remplacé Paco Olmos. après le 11 octobre 2009, le manager de Valence ne Et Nando de voir une nouvelle fois son carnet de route regrette sans doute pas d’avoir accordé sa confiance à ce changer en cours de mission. « Au début de l’année je produit de la formation choletaise. Ce p’tit gars du Nord n’étais pas forcément titulaire, je le suis devenu quand qui veut voyager encore. l on a eu des blessés et je suis passé à la mène. Je n’ai pas vraiment de rôle attitré. Plutôt dans un rôle de deuxième arrière, parfois à la mène, parfois en poste 3 selon la façon dont on veut jouer. » Tout comme la Saison Équipe M Tit. Min % 2-pts succession d’entraîneurs, Nando confie que l’alternance 2009-10 Valencia 31 30 26 50,0 sur différents postes n’est « pas facile ». Mais il s’adapte. 2010-11 Valencia 30 0 20 60,4 « Le seul truc que je souhaite, c’est ne pas être changé trois fois de poste en dix minutes. » Coïncidence ou 2011-12 Valencia 26 11 26 47,0

Ses stats en Espagne

% 3-pts % LF Rbds

Pds

Pts

39,6

91,1

2,9

2,4

13,7

27,7

91,8

2,5

2,2

10,7

40,0

85,9

3,1

2,7

13,3


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maxi-basket

Mickaël Gelabale (Khimki Moscou)

SERA-T-IL PRÊT ? TERMINER L’EURO BLESSÉ À LA CHEVILLE, CHOISIR CHARLEROI MAIS FINALEMENT ATTERRIR EN RUSSIE AU DÉBUT DE L’ANNÉE ET PEINER À RETROUVER DU RYTHME… PAS LE SCENARIO IDÉAL POUR PRÉPARER LES JEUX DE LONDRES. Par Claire PORCHER

E

n jouant son premier match sous le maillot du Khimki Moscou face à Krasnoïarsk le 28 janvier, Mickaël Gelabale pensait voir le bout du tunnel. « Ça fait du bien, je sens mes jambes un peu lourdes, c’est des sensations que je n’ai pas eu depuis quelques mois », expliquait-il alors. Deux mois après, les matches s’enchaînent mais le temps de jeu de l’ailier reste sporadique avec, en moyenne, 12 minutes en championnat, 12 en VTB League et 18 en Eurocup. Un temps supérieur en coupe d’Europe grâce à une « permission » contre l’ASVEL. Le 28 février, intégré dans le cinq majeur, il a foulé son ancien parquet 35 minutes, profitant du calendrier chargé de Khimki et de la volonté du coach Rimas Kurtinaitis de faire tourner son effectif pour ce match sans enjeu remporté par les Russes (83-79). Pourtant, en manque d’assurance sur ses tirs et dans ses déplacements, Mike n’a pas profité de cette opportunité comme il l’aurait souhaité. « Le manque de jeu a fait la différence », expliquait-il, insatisfait de son match

monde pour Mike, il va retrouver du temps de jeu. » Mike met tout en œuvre pour revenir au plus haut niveau et tenir sa place en bleu. « Je travaille en plus des entraînements. Je renforce ma cheville. Au lieu d’une entorse, j’avais finalement un ligament à moitié rompu. Ça a pris plus de temps, mais j’ai fait ce qu’il fallait pour bien que cela se rétablisse ». Ses anciens coaches s’accordent en décrivant le joueur comme professionnel. « Je ne suis pas inquiet, il va gérer », explique le Villeurbannais. Erman Kunter se souvient lui de la re-signature de Mike à Cholet en 200910 après sa grave blessure au genou en mars 2008. « Au début c’était très difficile pour lui. Il a bien travaillé, avec des séances supplémentaires pour retrouver son niveau. » Mais, au jour d’aujourd’hui, Mickaël Gelabale l’avoue : il n’est plus le même joueur. Alors est-il inquiet pour son avenir en bleu ? Pas vraiment, même s’il a conscience que rien n’est acquis. « Tout le monde a sa place à gagner. Si mon nom est dans la liste, je ferais tout pour y rester. Je me

« je sais ce qu’il peut apporter » Vincent Collet

(8 pts, 5 rbds et 4 pds). Son manque de minutes mais donnerais à fond. Le coach me connaît mieux que le coach aussi son rendement inquiètent avec une moyenne de 3 d’ici donc il me ferait un peu plus confiance. Après quand tu points et 2 rebonds en 14 minutes (au 20 mars). Le MVP as la confiance du coach, t’es plus à l’aise sur le terrain. » En de la saison 2010-2011 compilait l’année dernière 13,8 terme de confiance, en effet, Vincent Collet l’a confirmée. points, 4,6 rebonds en 33 minutes avec l’ASVEL. L’ancien « Je sais ce qu’il peut apporter à l’équipe de France », a-t-il de la Green Team doit s’adapter à ce nouveau statut. expliqué à la FIBA le 14 mars dernier. « J’espère qu’il aura « C’est un peu spécial et nouveau pour lui ce contexte », plus de minutes de jeu et qu’il retrouvera un bon rythme explique son ancien coach Nordine Ghrib, « il a besoin pour commencer la préparation en forme. » d’être sur le terrain, de toucher la balle. C’était un joueur incontournable dans les équipes où il a été. » Vincent Collet compte sur lui Mike est dans les plans du sélectionneur malgré les circonstances. Comme en 2009. « J’étais blessé, je n’avais Khimki, un choix risqué ? En rejoignant un gros effectif avec des objectifs élevés, joué qu’en D-League. Il m’avait appelé, mais j’avais refusé Mike Gelabale a choisi le gros contrat et/ou l’intérêt de la en lui disant que je n’étais pas prêt, que j’avais joué 6 compétition au risque de peu jouer. « Je voulais la meilleure matches seulement dans l’année », se souvient Mike. Car proposition pour moi et je savais que Nancy, par exemple, l’équipe de France peut en effet difficilement se passer de n’allait pas aller plus loin dans l’Euroleague. Khimki avait ses services. « Il a des caractéristiques qui sont très rares, plus de chances en Eurocup. Le choix a été vite fait pour autant capable de débloquer des situations offensives moi. » Mais les clubs russes, « c’est des effectifs de 12 que d’éteindre n’importe quel joueur en face. Il y a Batum à 15 joueurs, y’a toujours des rotations. Il faut travailler, dans ce profil-là. Mais avec les ambitions que l’on a, cet s’accrocher pour avoir du temps de jeu », explique Erman été, il faut les bons et les rotations des bons ! », explique Kunter, son coach à Cholet. « Mais ce n’est pas la fin du Nordine Ghrib. À bientôt 29 ans, Mike a accumulé une


Hervé Bellenger/IS

DOSSIER • maxi-basket 21

expérience non négligeable pour les Jeux : des titres, la NBA, de grands clubs européens ou encore 69 sélections en équipe de France. Sans oublier son esprit de compétiteur. « Il va lui manquer un peu de matches. Mais il aura très faim, ça peut motiver. J’ai vu beaucoup de joueurs faire une mauvaise saison en club et réussir avec l’équipe nationale », confirme Erman Kunter. Son engagement en bleu n’est plus à prouver après un Mondial 2010 réussi et un Euro 2011 où il a parfaitement tenu son rôle avec une adresse primordiale (63,3%), avant sa blessure contre la Turquie. « Il ne s’est pas tordu la cheville en tongs sur la plage », précise Nordine Ghrib. « Il a tout donné, poussé au maximum pour atteindre les objectifs

collectifs de l’équipe de France. » C’est indéniable : il a, peut, doit apporter aux Bleus. Reste à savoir s’il sera à 100 % au moment de la préparation. Pour Nordine Ghrib, pas de doute : « S’il se donne pour objectif d’être très bien pour le mois de mai, je lui fais confiance. Il arrivera à revenir. » l

Ses quatre dernières rencontres 20 mars Eurocup

Krasnodar

DNP

16 mars VTB League

Astana

19 min, 2 pts, 1 pd

13 mars PBL

Krasnodar

Pas sur la feuille

10 mars PBL

Novgorod

9 min, 3 pts, 3 rbds


maxi-basket

Florent Piétrus (Valencia Basket)

« HUIT SAISONS EN ESPAGNE, C’EST QUAND MÊME FORT » Florent Piétrus (1,99 m, 31 ans) est dans sa huitième saison en Espagne, avec Valence, 4e au moment de notre bouclage. Après avoir connu une année très instable, il est plus serein cette saison. Il se pose en grand frère au sein d’une équipe jeune. Propos recueillis par Yann CASSEVILLE

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victoires après 13 matches pour entamer la saison : comment expliques-tu ce début mitigé ?

Une bonne partie de l’effectif a été blessée au début de saison. C’était difficile, on était vraiment dans le dur pendant quelques mois. C’est pour ça qu’on a eu de mauvais résultats. Paco Olmos, le coach, a été remercié et remplacé par Velimir Perasovic. Vous aviez besoin d’un coup de boost ?

Oui et non. En ayant la moitié de l’effectif blessé, je pense que si on avait eu Phil Jackson, les résultats auraient été les mêmes. Après, le nouveau coach, c’est vrai, nous a un peu reboostés. Je le connais bien comme j’avais déjà travaillé avec lui à Estudiantes. C’est quelqu’un de très exigeant ; dès qu’il est arrivé, on ne s’est pas reposé. Récemment tu as occupé la « Une » du site de la ligue pour un article intitulé « Piétrus, le gladiateur des parquets ». C’est ton surnom ?

Non, c’est simplement comme ça que le journaliste m’a décrit. Je pense que c’est comme ça que les gens me voient en Espagne.

Juan Navarro/EB via Getty Images

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L’auteur écrivait que tu étais un joueur très respecté du championnat. Tu l’es devenu ?

Oui... (Il hésite) Ouais, ouais, c’est vrai. Parce que ça fait pas mal de temps que je suis dans le championnat, j’ai joué dans des grands clubs, j’ai gagné des choses donc forcément il y a une forme de respect qui s’est installée.


DOSSIER • maxi-basket 23

Comment ça se ressent : dans le regard des adversaires des arbitres ?

temporaires et l’été dernier j’ai re-signé pour un an. Donc ça veut dire que le club en lui-même n’avait rien contre moi, ce sont les entraîneurs qui prennent leurs décisions.

Oui, voilà. Tu sens que quand tu leur parles, ils font attention à ce que tu dis. C’est pas comme un jeune qui parle à l’arbitre et l’arbitre s’en fout un peu. Il faut faire ses preuves.

Aujourd’hui tu es libéré ?

Est-ce qu’il t’a fallu du temps pour obtenir ce respect ?

Libéré… (Il réfléchit) Non parce que j’ai toujours été sur le terrain, mais relâché. Oui, beaucoup plus relâché par rapport à ma famille.

Disons que ça s’est fait petit à petit. Pour avoir le respect, il faut le mériter aussi ! Il y a aussi le fait que quand je suis sur le terrain je me donne en entier, je n’y vais pas à moitié, les arbitres, les joueurs le voient. Est-ce aussi le respect des coéquipiers que tu as acquis ?

Oui. Ils voient un joueur vraiment investi qui est proche de ses coéquipiers, prêt à sacrifier des choses pour le bien de ses coéquipiers. Et aussi celui qui met l’ambiance, toujours de bonne humeur, parce que tout en restant sérieux j’aime bien déconner. Te sens-tu investi d’un rôle particulier au sein de l’équipe de par ton expérience ?

Bien sûr. Avant de signer ici je savais que j’aurais un rôle super important parce qu’on a une équipe assez jeune (26 ans moyenne d’âge, ndlr), je suis le plus vieux donc forcément c’est mon rôle d’expérimenté, d’ancien, de cadrer les jeunes.

L’été dernier tu as signé pour une saison. Quel est l’objectif pour la suite ?

Rester ici. Je vais essayer de tout mettre en œuvre pour. Les discussions sont en cours, on verra. Ensuite à long terme c’est rester au niveau le plus longtemps possible. L’objectif cette année est de gagner l’Eurocup, c’est l’accès le plus direct pour l’Euroleague. Justement, la densité du championnat espagnol fait qu’il est compliqué de se qualifier pour l’Euroleague, n’est-ce pas frustrant ?

Oui, dans d’autres pays ça aurait été plus simple, mais dans les autres pays tu n’as pas ce niveau de compétition tous les dimanches. Tu ne peux pas tout avoir. Ici, c’est vraiment dur. Beaucoup de clubs aspirent à être champions. Nous en championnat, on peut espérer créer des surprises mais on sait que les trois gros seront là à la fin, donc le chemin le plus direct pour l’Euroleague reste l’Eurocup.

« Les J.O., avec Nando, on en parle pratiquement tout le temps » Ce rôle te plaît ?

Parlons des J.O. À Valence, avec Nando De Colo, est-

Oui, en plus ce n’est pas quelque chose que je me force à ce un sujet de conversation régulier ? faire. C’est pour ça que le mot « rôle » me dérange, parce Ah ouais ! (Il se marre) Même trop régulier ! On en parle que je suis comme ça tous les jours. Pour moi ce n’est pratiquement tout le temps. C’est quand même le rêve pas une tâche. Que je sois sur le terrain ou en extérieur de tout joueur. On a vraiment hâte d’y être. En plus dans c’est naturel, je vais voir un peu tout le monde pour savoir l’équipe on a beaucoup de joueurs qui auront la chance comment chacun se sent. d’y participer, des Espagnols, des Australiens... On rêve un peu aussi je pense, parce qu’on ne s’imagine pas ce que c’est. Tu effectues ta huitième saison en Espagne. Imaginais-tu cette longévité à ton départ de Pau, été 2004 ?

Les Jeux, était-ce un objectif ou un rêve ?

En partant je n’avais pas de plan particulier. J’étais venu C’était un objectif… (Il marque une pause) Mais aussi un ici un peu dans l’inconnu, je ne connaissais pas le basket rêve. Après avoir tellement entendu les gens en parler, espagnol, je ne savais pas où je mettais les pieds. Après, dire que c’était quelque chose d’inoubliable… au fur et à mesure tu vois les années défiler et tu te dis : « c’est quand même fort ! » Parce que le championnat Qu’est-ce qui t’excite le plus à quelques mois de espagnol est très dur, y rester pendant toutes ces années l’événement ? est vraiment quelque chose de rare pour les joueurs. Ils L’ambiance, le village olympique, la cérémonie vont, ils viennent, ils changent de pays ; rester dans des d’ouverture. Après, quand tu entres dans la compétition, clubs compétitifs en Espagne est vraiment très dur à faire. tu n’y penses plus trop, c’est du basket. Il y a ces huit saisons d’affilée, ce respect acquis, mais paradoxalement à l’été 2010 tu étais sans club, tu as commencé à Vitoria, tu as effectué plusieurs CDD à Valence…

Oui, c’est paradoxal. Pour tout te dire, l’an dernier je n’ai pas compris. Comme on dit la roue tourne, et c’est vrai. J’étais parti de Vitoria en ne pensant pas revenir à Valence, finalement je suis revenu, j’ai signé des contrats

Ressens-tu une certain pression, en te disant : c’est maintenant ou jamais ?

Non, non. On sait qu’on a une possibilité de faire quelque chose mais on sait aussi que ça ne va pas être facile. Pour l’instant on ne se met pas la pression, on pense juste à bien se préparer. Dès qu’on aura passé la cérémonie d’ouverture, je pense qu’on entrera vraiment dans la compétition. l


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maxi-basket

Ali Traoré (Lokomotiv Kuban Krasnodar)

UNIQUE ! Le pivot de l’équipe de France (2,05 m, 27 ans) réalise actuellement une magnifique saison en Russie. Après sa performance à l’Euro 2011, il confirme qu’il compte désormais sur l’échiquier européen comme un des tous meilleurs dans son registre. Les 12 derniers mois constituentils un tournant dans la carrière de Bomayé ? Par Thomas BERJOAN

«

Nous avons vu du grand Traoré ce soir. Un des meilleurs pivots au monde. » Le compliment vient d’Aleksandar, dit Sasha, Djordjevic, le coach de la Benetton Trévise, héros du basket de la grande Yougoslavie. La phrase est toujours visible sur le site de l’Eurocup. Le 7 février 2012, Trévise vient de l’emporter contre Krasnodar 8776 mais le meilleur joueur de la partie a incontestablement été le Français formé à l’ASVEL (26 pts à 11/16 aux tirs et 9 rbds en 32’). Un grand match. Alors, évidemment un coach a toujours intérêt à présenter son adversaire sous son meilleur jour. Certains en ont d’ailleurs fait une spécialité. Ça rend la défaite plus acceptable et la victoire plus belle. Au final, que penser de ce compliment ? « Ah ben c’est clair que venant

de la bouche d’une légende de ce jeu, c’est très flatteur ! », en convenait simplement Ali sur sa page facebook le lendemain ! Logique. Plus sérieusement, Sasha, surnommé aussi « la main de Dieu » pour sa capacité à réussir des tirs au buzzer, a la légitimité pour qu’on le prenne au sérieux. Un petit examen des chiffres déjà. Au moment d’écrire ces lignes, Ali alignait les statistiques suivantes: 14,8 points à 62,2%, 7,2 rebonds, 0,8 passe et autant de contre en 25’ en Eurocup. 12,1 points à 60,5%, 4,1 rebonds, 1,1 passe en 19’ en VTB League (ligue des pays de l’Est) et 10,1 points à 53,6%, 4,8 rebonds et 0,8 contre en 18’ en ligue russe. La saison d’une équipe comme Krasnodar est difficile à appréhender avec un calendrier imbriqué autour


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« Un des meilleurs pivots au monde »

J.F. Mollière/ Agence Ciamillo-Castoria/M

.Gregolin

Sasha Djordjevic

pas 10 joueurs qui possèdent le toucher extraordinaire et l’ambidextrie de Traoré dans un périmètre à 3 mètres du cercle. Les compétitions internationales sont un bon moment pour recouper les observations entre ceux qui évoluent en NBA et en Europe. Et Ali est le pivot français qui possède le meilleur jeu dos au panier, loin devant Noah (qui tourne pourtant à plus de 10 pts en NBA), Séraphin, Turiaf, Mahinmi et les autres. Et Traoré n’a aucun problème pour s’exprimer en attaque, peu importe l’adversaire. Comme il le dit si bien lui-même, plus ils sont grands et gros, plus il a de la facilité à placer ses mouvements offensifs. Il l’a prouvé en demi-finale de l’Euro 2011, se jouant en deuxième mi-temps d’une raquette NBA (Mozgov et Kirilenko). Contre les frères Gasol et dans un contexte comme celui d’une finale, ça avait été plus compliqué. Les limites de Traoré par rapport au top niveau de son poste sont ailleurs. Elles viennent d’abord de son gabarit. Un peu comme Cyril Julian à son époque, Traoré est un athlète très correct mais sous-dimensionné pour le poste. Il manque de centimètres et de kilos pour proposer le volume de jeu, la présence, l’ancrage – notamment en défense – qu’on attend aujourd’hui d’un centre. Et il ne compense pas non plus par une dureté ou des qualités de vitesse et détente très au dessus de la moyenne. Ali, bien qu’il ait progressé dans ce domaine, souffre en défense individuelle contre les monstres qui frayent dans les raquettes. Il n’est pas non plus un grand régulateur du trafic au contre ou au rebond, qualités primales du pivot. Il convient toutefois de noter que cette saison, sur les conseils de coach Maljkovic, Bomayé prend plus de rebonds (notamment offensifs) que par le passé.

de ces trois championnats d’un bon niveau. Les minutes dans l’équipe de Traoré sont donc très réparties, et il est Difficile à décaler en 4 indispensable d’en tenir compte quand on se penche sur L’autre limite d’Ali, il est difficile pour un coach de le les chiffres. Ses moyennes à la minute sont excellentes. décaler sur de longues séquences au poste 4. Traoré n’a On le savait. En équipe de France cet été (7,1 pts en 11’), il pas – encore ? – un tir qui lui permet d’être une menace était le meilleur marqueur des Bleus proportionnellement à trois-points, un élément essentiel du bagage de l’ailierau temps passé sur le terrain (0,64 pt par minute pour lui, fort moderne. Son tir à 4 mètres est devenu très fiable 0,63 pour Parker). Ce sont ses statistiques en Eurocup qui mais il ne permet pas d’étirer les défenses de façon font le plus de sens pour une comparaison. suffisante, en tout cas sur individuelle. Parce qu’en zone, Ali représente un pion très intéressant sur l’échiquier, par son placement et sa capacité à évoluer dans un petit Meilleur marqueur périmètre, même congestionné. Enfin, pour tenir le rôle à la minute en Eurocup Traoré est le 5e de la compétition à l’évaluation (16,2). de deuxième meneur qu’implique l’intérieur excentré, Ali Deux intérieurs sont devant lui, son coéquipier Jeremiah devrait également développer une vision du jeu et une Massey (1er avec 19,9) et Jonas Valanciunas (3e avec 16,5), qualité de passe qui ne sont pas ses points forts. sachant que seul Valanciunas le devance à l’évaluation S’il n’est pas le meilleur pivot du monde, la courbe de ramené à 40 minutes. D’ailleurs, Ali (3e marqueur de la progression de l’international reste vraiment magnifique. compétition) est d’assez loin le meilleur marqueur de la Traoré n’a pas eu un parcours rectiligne. Combien de compétition à la minute (23,1 pts ramené à 40 minutes). joueurs de son niveau actuel évoluaient à Quimper en Traoré est-il le meilleur intérieur offensif d’Eurocup ? Oui Pro B à 20 ans ? Traoré a perdu un peu de temps en raison sans doute. Mais un des meilleurs pivots du monde ? d’un mental friable au début de sa carrière. Susceptible, Difficile de le placer dans la même catégorie que les boudeur, il avait tendance à péter les plombs. C’est avant quelques intérieurs qui dominent vraiment l’Euroleague tout mentalement qu’Ali a fait du chemin et aujourd’hui, (Krstic, Kirilenko, Lorbek, Motiejunas), sans même parler il accepte les exigences du haut niveau, le partage du temps de jeu et l’intérêt supérieur du collectif. Il a des stars NBA. Mais ce n’est parce que Djordjevic a un peu exagéré qu’il bossé ses lacunes sans pour autant perdre ses qualités n’y a pas une part de vérité dans son affirmation. Dans premières. Ali est unique, en raison de ses limites mais le basket de très haut niveau, NBA comprise, il n’existe surtout de ses qualités. Un profil olympique. l


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maxi-basket

L’OUBLIÉ Par Thomas BERJOAN

qui avait commencé sa carrière internationale le 27 juillet 2007, en amical en Suisse. Il ne se doutait alors pas au moment de prendre ce fameux tir qu’il s’agirait peut être de sa dernière action en Bleu.

15,0 points de moyenne

« Toujours pas de contact », lâche-t-il aujourd’hui dans un soupir. « J’ai dit que j’étais ouvert à la sélection, mais personne ne m’a contacté. Ça me déçoit beaucoup. Je prouve des choses, je suis toujours présent. J’aimerai au moins qu’on me prévienne, qu’on me dise : on est intéressé ou on n’est pas intéressé. Au moins un coup de téléphone… Je continue à bosser. » En 2010, lassé de rester sur le banc en NBA, l’ancien de Dijon était retourné en Italie, le pays qui l’avait lancé au plus haut niveau en 2005-06 avec une saison solide à Bologna (plus de 10 points de moyenne), à Brindisi. En dépit de chiffres très corrects (13,6 pts, 4,5 rbds et 1,1 pd en 34’), l’équipe descend. Le fait d’avoir évolué dans une équipe qui perd n’a certainement pas servi au mieux son dossier pour les Bleus. Cette saison, Diawara trop cher pour la France – même s’il a reçu une offre sérieuse de Limoges l’été dernier – joue à Varèse, actuellement 8e du championnat avec un bilan équilibré (12-12). Au niveau personnel, Diawara fait encore mieux (15,0 pts, 52,6% aux tirs à 2-pts, 36,6% à 3-pts, 5,6 rbds, 1,7 pd, 1,5 int en 31’). « Je suis toujours en transition, avec l’envie d’apprendre plus », nous confie-t-il. « L’an dernier, je sortais de NBA, donc c’était vraiment une saison histoire de me remettre en jambes. Là, je progresse, je prouve de quoi je suis capable. Je suis vraiment beaucoup mieux, individuellement, collectivement. Je suis plus agressif, plus actif, je shoote mieux, je marque plus, je prends plus de rebonds, plus de passes, je défends toujours (rires), j’ai une meilleure évaluation. Coach Recalcati me demande un peu de tout, d’être un leader sur et en dehors du terrain. J’ai joué en Euroleague, en NBA, je suis celui qui a le plus d’expérience, donc par moments, c’est à moi de faire parler mon expérience. Je voulais, c’était des responsabilités et ça tombe bien, c’est ce que le club voulait de moi. À moi de prouver maintenant. » Aura-t-il sa chance avec l’équipe de France ? l .Cottini

«

S’ils veulent que je fasse mes preuves, ils n’ont qu’à me mettre dans le groupe et on verra par la suite si j’ai ma place ou pas. » Yakhouba Diawara (2,00 m, 29 ans) a un peu l’impression d’être l’homme invisible par rapport à l’équipe de France. En 2009, le Yak était pourtant un des 29 signataires de la fameuse charte des Bleus. Mais il n’a pas enfilé le maillot France depuis le 20 septembre 2008 et le match contre perdu contre la Turquie à Limoges. Cette défaite a entériné la non-qualification pour l’Euro 2009, envoyant la France au repêchage ultime, une mission qui marquait alors les débuts de Vincent Collet en tant que sélectionneur. Diawara était pourtant celui qui avait pris le dernier shoot ce jour-là. Un ballon qui aurait du revenir à Parker mais De Colo avait choisi de donner la gonfle à Yakhouba dans le corner droit, pour un trois-points manqué. À l’époque, il s’agissait de sa 27e sélection, lui

J.F. Mollière/ Agence Ciamillo-Castoria/G

Yakhouba Diawara (Cimberio Varese)

Le Yak (2,00 m, 29 ans) fait partie de la génération Parker/Diaw/Turiaf/ Piétrus championne d’Europe juniors en 2000. Pourtant, en dépit de prestations convaincantes cette saison, il n’est jamais mentionné comme candidat possible aux Bleus.


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Jose Ramon Gomez/acbphoto

Thomas Heurtel (Caja Laboral Vitoria)

QUEL AVENIR EN BLEU ? THOMAS A CHOISI L’ESPAGNE POUR CONTINUER SON APPRENTISSAGE. UNE EXPÉRIENCE EUROPÉENNE À LA DURE MAIS ENRICHISSANTE POUR, UN JOUR, POUVOIR ACCÉDER À L’ÉQUIPE DE FRANCE. Par Claire PORCHER

P

rêté à Alicante par l’ASVEL l’an dernier, Thomas (23 ans le 10 avril) a pris goût à l’ACB. Il a signé à Vitoria pour atteindre le haut niveau. Une équipe qui joue les premiers rôles (3e) dans une des meilleures ligues du monde, orchestrée par l’exigeant Dusko Ivanovic. Et si le meneur s’est vu offrir son contrat de 4 ans, c’est que les Espagnols ont flairé son potentiel. Il aurait pu signer ailleurs pour avoir plus de minutes et continuer à jouer son jeu. Mais intelligemment pour la suite de sa carrière, il évolue dans le Pays basque où il accepte les règles. « Un choix courageux », confiait Vincent Collet à BasketNews au mois de novembre. Car Thomas apprend… à la dure. « L’apprentissage dans une grosse équipe est dure. Et avec le coach, aux entraînements, c’est quasiment l’armée. Dès que je fais une erreur, je vais sur le banc. Il ne laisse rien passer, surtout quand on est jeune », explique-t-il. « Parfois, c’est un peu trop excessif mais je l’accepte, j’essaie de faire du mieux possible. »

en 14 min en ACB ; 3,3 pts, 1pd en 11 min en Euroleague). Et ses minutes de jeu s’amenuisent : « C’était le deal quand je suis arrivé ici : plus jouer en début de saison et, à la fin de saison, avec les matches importants, que Pablo soit plus sur le terrain. » Thomas n’oublie pas que son travail et sa patience payeront. « Tous les joueurs qui sont venus ici jeunes, Calderon, Nocioni, Splitter… sont passés par là. » Il sait aussi que cette expérience fera, un jour, la différence avec les autres postulants à l’équipe de France. Si une participation aux Jeux est présomptueuse, Thomas peut prétendre à la liste élargie du sélectionneur. « On verra si je suis appelé pour la préparation. J’aimerais bien. Mais si je n’y suis pas, ce n’est pas grave, je continuerais à travailler. Porter le maillot de l’équipe de France A, c’est un de mes objectifs. Je travaille tous les jours pour l’atteindre. » S’il est absent des plans de Vincent Collet pour le moment, ce n’est que partie remise, car il forme, avec le jeune Léo Westermann, la relève de la mène française. Un futur en bleu qu’il faudra anticiper. En attendant, il est au bon endroit pour s’aguerrir. « Ce niveau d’exigence est la meilleure des choses qui peut lui arriver […] Il fait partie de ceux qui peuvent intégrer le groupe France assez rapidement et son expérience Euroleague joue en sa faveur », expliquait Vincent Collet. Une ambition et une évolution à suivre de près. l

« Dès que je fais une erreur, je vais sur le banc. »

L’erreur non permise

Au Caja Laboral, le jeune meneur apprend beaucoup sur la gestion du jeu, profitant des conseils de Pablo Prigioni : « On discute beaucoup. Il faut encore que je travaille mais j’ai progressé, je prends moins de risques. » Ses statistiques sont logiquement timides (4,2 pts et 1,5 pd


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maxi-basket

LE BAROUDEUR

Tariq Kirksay (1,99 m, 32 ans) a beaucoup voyagé. De ses débuts à New York à sa situation actuelle à Madrid, il a connu la Macédoine, l’Argentine, le Mexique, le Vénézuela, la Russie, l’Italie. Mais il ne s’est jamais autant imposé que lors de ses années avec Nancy. Par Yann CASSEVILLE

«

J’ai réalisé mon rêve. J’ai une belle femme, une belle famille, et un job que j’aime faire. C’est ce que tout le monde veut dans la vie, non ? » Interrogé sur le site de la Liga Endesa, Tariq Kirksay confiait être heureux. Bien sûr, il y a ces finales du championnat de France manquées avec Nancy, en 2005, 2006 et 2007. Il y a également cette défaite, plus récente, avec Séville en finale de l’Eurocup au printemps dernier, face à son ancienne équipe de Kazan. Mais Kirksay n’aime pas s’épancher, ressasser sans cesse les déceptions passées. Lui préfère rappeler qu’en réalisant son rêve, c’est aussi celui de son père qu’il a accompli. « Je disais : Papa, je veux être une star. Mais pour les Yankees de New York, pas dans le basket », raconte Tariq. « Il n’arrêtait pas de me dire de jouer au basket mais je préférais devenir un joueur de basket. Finalement tous mes potes ont choisi le basket et m’ont incité à les suivre parce que j’étais grand. » L’ailier américain au passeport français était il y a moins

de quatre ans un cadre des Bleus : 3e marqueur tricolore de l’Euro 2007 (8,9 points, derrière Parker et Diaw) et présent aux qualifications de 2008 pour l’Euro 2009. Courtisé par de grands clubs, dont le Real, il avait activé sa clause libératoire avec le SLUC pour s’engager avec Kazan en 2007. Deux saisons en Russie puis deux en Espagne, à Séville. Encore sous contrat avec le club andalou, il décida de mettre les voiles pour rejoindre l’Italie, à Montegranaro. Il parlait de nouvelle aventure, se voyait réaliser une trajectoire comme celle qu’il avait vécue à Nancy. Las, Montegranaro n’a pas fait le bond espéré (13e sur 17 après 25 journées). Pour Kirksay, absent entre fin octobre et début décembre à cause d’une blessure ligamentaire au genou, l’aventure fut avortée, les deux parties se séparant en février.

« Nancy est ma maison »

Ses stats après Nancy Saison Équipe

M Min % 2-pts %3-pts % LF Rbds Pds Ints

2007-08 Kazan (RUS)

22 27

54,2

49,1

61,5

6,7

3,6

2,2

Pts 9,6

2008-09 Kazan (RUS)

19 25

47,0

31,6

56,3

5,5

1,7

1,8

7,3

2009-10 Séville (ESP)

33 30

56,5

29,7

50,0

7,1

1,9

2,4

7,5

2010-11 Séville (ESP)

32 29

56,6

30,9

57,1

4,8

1,9

1,9

7,7

2011-12 Montegranaro (ITA)

15 26

57,9

31,0

75,0

5,7

2,7

2,6

6,8

4

58,3

33,3

-

4,3

1,0

1,5

6,5

-

Estudiantes (ESP)

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Peut-il sauver Estudiantes ?

Il a opté pour un retour en Espagne, avec l’Estudiantes. Tariq a débarqué à Madrid avec un autre ancien du SLUC, Willie Deane, pour sauver le club, relégable. Nancy avait essayé de le rapatrier quand le club cherchait un remplaçant à Nicolas Batum. « Nancy est ma maison. J’ai eu une excellente relation avec l’entraîneur et le président, qui était comme mon grand-père. C’était une situation idyllique, qui m’a aidé à grandir comme personne et en tant que joueur », commentait l’intérressé. Il fêtera ses 33 ans en septembre mais son histoire avec la France n’est peut-être pas terminée. l

J.F. Mollière/ Agence Ciamillo-Castoria/G

iulioCiamillo

Tariq Kirksay (Estudiantes Madrid)


DOSSIER • maxi-basket 29

Les deux premiers ont fait des séjours temporaires avec les Bleus, le troisième qui n’a pas remis les baskets sur le territoire depuis douze ans n’y a jamais été convié. Pour ces trois-là, la ligne d’arrivée n’est pas loin.

LA FIN ?

Jérôme Moïso acbphoto

I

l est rentré chez lui, en Floride. Parti retrouver sa femme et ses deux filles. Le 7 mars, la nouvelle tombe. Un accord a été trouvé entre le pivot français (2,08 m, 33 ans) et le club Ukrainien de Dnipro qui laisse libre le joueur arrivé sur place fin décembre. La raison ? Un genou. Jérôme va en effet se faire opérer aux Etats-Unis. Un ligament qui pose problème. Théoriquement, il devrait être ensuite capable de retrouver le chemin des parquets. En aura-t-il envie ? À Dnipro, le 11e choix de la draft 2000 a aligné des chiffres corrects. 7,7 points à 57,6% aux tirs, 6,6 rebonds, 0,8 passe, 0,6 contre en 19 minutes en moyenne sur 10 matches. Mais que vaut vraiment le championnat Ukrainien dont on connaît surtout Mariupol pour ses prestations à l’échelon européen ? En chine à Jiangsu la saison dernière, Moïso avait de meilleures stats (15,3 pts à 56,7%, 11,6 rbds, 1,8 ct

en 32’ dans une équipe demi-finaliste du championnat). Le reverra-t-on dans un championnat référencé ? L’heure de la retraite sportive, après une carrière lucrative, a-t-elle sonné ? À suivre… l

T.B.

BIEN À LA MAISON

Hervé Bellenger/IS

À

34 ans, Vasco Evtimov maîtrise toujours son sujet. Dans sa ville natale, Sofia, le champion de France 1998 (avec Pau-Orthez) domine la ligue bulgare aux rebonds avec une moyenne de 11,3 prises. Auxquels il ajoute 10,6 points et 2,3 passes décisives en 25 minutes. Le Levski Sofia (18v-4d) est l’éternel 2e (depuis 4 ans) au classement derrière le voisin Lukoil Academik. Tout va bien pour lui aussi dans la Ligue

Baltique où il compile 8 points, 10,3 rebonds et 2,5 passes en 25 minutes. Le fils de l’ancien international bulgare Ilia Evtimov a vite retrouvé ses marques et se sent bien dans son club d’enfance, où il a commencé le basket à l’âge de 6 ans. L’heure semble être à la stabilité pour Vasco après avoir découvert beaucoup de championnats : France, ÉtatsUnis, Grèce, Italie, Russie, Espagne, Ukraine, Chypre, Allemagne… Fin du voyage pour Vasco ? l

C.P.

RETOUR EN FRANCE ?

acbphoto

U

ne saison 201112 « galère » pour Stéphane. Individuellement car après une 1ère partie de saison correcte (6,6 pts, 1,6 rbd et 3,7 pds), il se blesse le 22 janvier (rupture partielle du tendon quadricipital). Et son retour avant la fin de la saison est compromis. Collectivement, Valladolid est dernier de l’ACB (6v-19d), déstabilisé par les changements de coaches et de joueurs. « Tous ces changements, c’est jamais bon pour la stabilité du groupe. Il nous reste 9 finales,

Vasco Evtimov (Levski Sofia)

il va falloir se battre jusqu’à la fin », explique Stéphane Dumas. Le meneur a encore un an de contrat avec Valladolid, son club de cœur. Mais face aux difficultés économiques en Espagne et sportives de son club, l’ancien limougeaud songe à la France. « Même si ma priorité c’est Valladolid, c’est la première année où je vais regarder si il y a des options en France, suivant comment ça se passe ici. Espagne ou France ? C’est du 50/50. Avant, c’était 95/5. » l

C.P.

Stéphane Dumas (Blancos de Rueda

Valladolid)


30

maxi-basket

« Pour moi ça ne change rien d’être fils de basketteur »


FOCUS • maxi-basket 31

AXEL TOUPANE

Digne héritier Connu pour être le fils de Jean-Aimé Toupane, Axel (2,00 m, 19 ans) est en train de se faire un prénom du côté de Strasbourg. Par Florent de LAMBERTERIE

Un féroce défenseur

« Je ne le connaissais pas trop », avoue sans détour le nouveau coach de la SIG. « Je l’avais déjà vu jouer en espoir mais il ne m’avait pas marqué plus que ça. » De son côté, le joueur se tâte et songe à tenter l’aventure universitaire américaine. UCLA et Texas sont d’ailleurs prêts à l’accueillir, jusqu’à ce que Strasbourg ne propose finalement un contrat pro à son jeune prospect. « Ça, plus l’arrivée de Vincent, ça m’a définitivement donné l’envie de rester et je pense que c’était le bon choix », estime aujourd’hui le joueur. « On m’en avait parlé comme d’un bon formateur pour les jeunes et on ne m’avait pas menti. Il m’a fait bosser, il m’a fait confiance et

c’est lui qui m’a mis sur le terrain, j’en suis reconnaissant. » Après quelques rentrées sporadiques en Pro A, Axel Toupane va véritablement saisir sa chance en décembre dernier, contre Hyères-Toulon. Ce soir-là, il signe 16 points (à 7/8) et capte 6 rebonds en 21 minutes. Mais ce sont surtout ses qualités défensives qui séduisent le coach. « C’est un joueur qui sait faire pas mal de choses mais qui n’a pas vraiment de point fort, ce qui est souvent un handicap pour mettre un jeune sur le terrain », détaille Vincent Collet. « Mais il peut très bien défendre, il a les jambes et l’envergure même s’il manquait un peu de dureté et d’intensité pour être un vrai spécialiste à ce niveau-là. Il l’a un peu corrigé et aujourd’hui, c’est son point fort. »

Père et fils en équipe de France

Après un bon passage en janvier, Axel Toupane a vu son temps de jeu diminuer depuis. La faute au regain de forme d’Abdou Mbaye et à l’éclosion d’Hugo Invernizzi mais aussi à une certaine propension à vouloir mettre la charrue avant les bœufs, au grand déplaisir de son coach. « Il est un peu moins concentré défensivement et il a tendance à faire des cagades quand il rentre », regrette Collet. « Contre Nancy par exemple (lors de la 22e journée), il a shooté quatre fois en sept minutes, ça c’est une erreur d’aiguillage qui n’est pas justifié. Il aime tirer, ça c’est une certitude, il avait d’ailleurs fait des déclarations en début de saison où il disait qu’il était un peu comme les joueurs américains… Je lui ai fait comprendre que dire ça c’était une belle connerie. Il faut qu’il se recadre, j’attends de lui plus de rigueur plus de sérieux, qu’il soit très performant sur les aspects défensifs, de course, et progressivement d’avancer sur les autres domaines. » Les défauts inhérents à la jeunesse ? Sans doute. Reste que cet arrière de grande taille, athlétique et capable de driver dans les intervalles s’est fait une place en Pro A et figure d’ores et déjà parmi les meilleurs espoirs de sa génération, comme l’illustre sa sélection en équipe de France des moins de 20 qui a décroché le bronze européen l’été dernier. Une équipe de France où son coach n’était autre que son père, Jean-Aimé Toupane. « On a beau dire ce qu’on veut, ce ne sont pas des situations normales, qui arrivent souvent », reconnait Axel. « Mais il n’y avait pas de traitement de faveur et je l’appelais coach. » Un coach qui doit tout de même être sacrément fier de son fiston. l

Jean-François Mollière

I

l y a ceux qui découvrent le basket et ceux qui naissent dedans. Axel Toupane appartient clairement à la deuxième catégorie. « J’ai grandi dedans », avoue le jeune Strasbourgeois. « Dès que j’ai eu trois ans, j’allais tout le temps au match de mon père et j’ai commencé à jouer à quatre ans. » Fils de Jean-Aimé Toupane, ancien joueur pro reconverti par la suite dans le coaching, Axel a marché dans les traces du paternel, sillonnant la France au gré des contrats signés par son papa, de Mulhouse – son lieu de naissance – à Pau, en passant par Toulouse, toujours un ballon de basket entre les mains. « Mais pour moi ça ne change rien d’être fils de basketteur », poursuit Axel. « Làdessus, mes parents ont fait les bons choix. Je n’ai pas fait les pôles parce qu’ils ne voulaient pas me dégoûter du basket et mon père a d’ailleurs mis longtemps avant de s’intéresser à moi en tant que basketteur. Mon père, c’était l’école et il ne venait pas à mes matches comme le font les autres parents. C’est à partir du moment où je me suis mis à fond dans le basket qu’il s’est mis à suivre vraiment ce que je faisais. » Le déclic intervient à Clermont, club où Jean-Aimé Toupane dirigera l’équipe pro de 2001 à 2008. C’est là que le fiston prend véritablement son envol aux côtés de ses potes Joffrey Lauvergne et Anthony Racine, autres fils de. Et les débuts s’annoncent prometteurs puisqu’à 16 ans, Axel intègre l’équipe espoir de Pau, en 2008, alors que son père vient d’être nommé coach de l’Élan. Mais l’expérience béarnaise durera finalement moins d’un an, pour le père comme pour le fils. « Le club est descendu en Pro B à la fin de la saison et je voulais continuer à jouer en espoir. » Le jeune homme décide alors de rejoindre Strasbourg pour parfaire sa formation, jusqu’à l’été dernier et l’arrivée de Vincent Collet.


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MAXI-BASKET


REPORTAGE • MAXI-BASKET 33

IN BED WITH

JBAM (CHALON)

DANS L’ANTRE DU

GUERRIER ON L’A DÉCOUVERT SUR LE BITUME DU QUAI 54. DEPUIS, MICHEL JEAN-BAPTISTE ADOLPHE, CELUI QU’ON APPELAIT LE BOSS À L’ÉPOQUE, A CHANGÉ DE SURNOM ET DE STATURE. IL EST DEVENU JBAM, L’UNE DES FIGURES EMBLÉMATIQUES DU CHAMPIONNAT. L’APPELLATION FIGURE TRÈS OFFICIELLEMENT SUR SON MAILLOT. CE GUERRIER RESPECTÉ DE TOUS N’EST PAS ÉTRANGER À LA MONTÉE EN PUISSANCE DE L’ÉLAN DEPUIS DEUX ANS. IL NOUS A ACCUEILLI SUR SES TERRES CHALONNAISES. Reportage à Chalon par Antoine LESSARD (texte) et Hervé BELLENGER (photos)


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MAXI-BASKET

C

e vendredi matin, Michel est fatigué. Fatigué mais heureux. Hier soir, l’Élan a réalisé un holdup dans la Halle Vacheresse de Roanne et s’est qualifié pour le Final Four de l’EuroChallenge en deux manches sèches. Pas mal comme premiers pas en coupe d’Europe pour JBAM, l’ex-Parisien. Rentré en Saône-et-Loire au milieu de la nuit, Michel n’a dormi que quelques heures, mais il est bien là à notre rendez-vous à 10 heures pétantes, devant la gare de Chalon. Nous embarquons dans sa voiture, un coupé Passat. Ambiance zouk et style de conduite « offensif ». Après un petit crochet par la pharmacie pour récupérer sa ration de compléments alimentaires – on ne badine pas avec la récupération – direction le Colisée. Michel a prévu une petite séance de musculation. Dans les vestiaires de l’Élan, une photo révélatrice de la bonne ambiance régnant au sein de l’équipe : la scène se passe juste après la victoire aux As au mois de février à Roanne, Ulysse Adjagba est plongé dans une poubelle remplie de glace par ses coéquipiers, hilares. « Il vient d’arriver cette année, on a voulu fêter ça. Une façon de lui dire : sois le bienvenu ! », rigole Michel. « C’est sa première finale, son premier titre. C’est rare de vivre des choses comme cela à cet âge (tout juste 19 ans, ndlr). Quand on voit ces images, ça montre qu’on vit bien, qu’il n’y a pas d’embrouilles. »

Drogué de musculation

Nous découvrons la petite salle de musculation. L’antre de Michel. Accrochés au mur des posters de basket bien plus vieux que la salle. Aucun joueur de l’Élan ne passe plus de temps ici que notre homme. En plus de la séance hebdomadaire encadrée par Manu Pinda et axée exclusivement sur le travail des jambes, Michel s’inflige deux séances perso. « Mes collègues me disent que je suis drogué par la muscu, mais il vaut mieux être drogué à cela qu’à d’autres choses en dehors ! Cela me permet de libérer la pression après les matches, de me relaxer. » La séance de relaxation, donc, débute avec des barres de 60 puis 90 kilos. De la rigolade pour cet athlète de 115 kg parmi les plus musculeux de Pro A. Son record au développé couché flirte avec les 150 kg, et 450 kg à la presse. À le voir à l’œuvre, on peine à le croire, et pourtant, assure Michel, « à l’origine, j’étais plus fin que mon collègue Alade Aminu. »

Chez le kiné avec Steed Tchicamboud

JBAM s’impose trois séances de musculation hebdomadaires

L’origine, ça ne remonte pas à si loin que cela pour Michel. Le natif de Fort-de-France en Martinique a presque 20 ans lorsqu’il prend sa première licence de basket, et commence la musculation. Ce fils d’agriculteurs, issu d’une famille de sept enfants, ébeniste de métier, a tout laissé pour partir en Guadeloupe. Au club de Basse-Terre, « L’Avenir 2000 », son mentor est un certain Félix Courtinard (52 sélections avec les Bleus). Le déclic s’opère pendant cette période. « Il avait 38 ans et je le voyais travailler plus que moi. Il ne m’a jamais demandé de faire quoi que soit, il fallait que ça vienne de moi-même, que je trouve la force en moi. Je lui dois beaucoup. » Depuis lors, Michel n’a jamais perdu cette habitude de travailler, de toujours se donner à 100%. « Un bosseur exceptionnel, c’est même trop », nous soufflera Greg Beugnot « Au niveau de la musculation, on lui dit de ralentir de temps en temps. » À 32 ans, Michel n’est pas usé physiquement comme d’autres joueurs du même âge. « J’ai cette chance d’avoir commencé très tard. » Après 4 ans aux Antilles en excellence région – le plus haut niveau là-bas –, le Martiniquais est arrivé en métropole à 24 ans et joue seulement sa 8e saison professionnelle. « Je ne me sens pas en fin de carrière comme certains de mon âge. J’ai encore pas mal de choses à vivre. J’irai le plus loin possible. 40, 45 ans, je ne me donne pas de limite. J’ai envie de progresser, de chercher encore plus loin. » Chercher plus loin, tirer le meilleur de ses joueurs, Greg Beugnot sait faire. JBAM a continué à progresser sous ses ordres, en dépit de son manque de fondamentaux. En outre, « il arrive à trouver les mots pour titiller notre orgueil. Franchement, il est fort pour motiver les troupes. Dès la préparation, à Thonon, il nous a testés au niveau mental. C’est là que le mental et la cohésion de l’équipe se sont créés. » Ceci contraste avec sa dernière saison au Paris Levallois, quand Michel ne prenait plus de plaisir à jouer. « Tout allait mal, on ne comprenait rien au discours du coach, les actes ne suivaient pas les paroles. J’avais juste envie de terminer la saison et de partir. Je n’ai jamais regretté mon choix. »

« Pourquoi vouloir toujours plus ? »

Après une bonne heure de suée, une petite douche et nous reprenons la JBAM-mobile sans plus tarder. Le kiné du club attend Michel dans son cabinet, en périphérie de la ville. Le pivot est aux soins après avoir reçu un coup


REPORTAGE • MAXI-BASKET 35 au genou à Roanne. Les murs de la salle d’accueil sont placardés de photos, posters, couvertures et articles de journaux relatifs à l’Élan. Pas de doute, Thierry Authier est un passionné pur et dur. Michel s’installe pour une séance d’électro-stimulation. À ses côtés, Steed Tchicamboud également présent pour soigner une entorse de la cheville. Entre les deux coéquipiers, les blagues fusent. « À son arrivée à Chalon, on avait vu une photo de lui en débardeur sur un forum. Il promenait son petit chien. On l’appelait le gardien de la ville », se marre Steed. « Michel, il a un tempérament d’Antillais. C’est-à-dire que des fois, il s’énerve pour rien. J’ai connu ça avec Rodrigue Beaubois à Cholet et Mickaël Gelabale en équipe de France. » « Quand on me cherche, on me trouve », réplique aussitôt JBAM. « La dernière fois que je me suis énervé ? En amical contre l’ASVEL pour les 10 ans du Colisée. Mais si je raconte, ça va me faire penser au match retour. Ce n’est pas bon... » Steed nous apprendra aussi que JBAM est son bras droit à Call of Duty, un jeu de guerre sur console, et qu’avec Ilian Evtimov, ils ont l’habitude de défier d’autres équipes de Pro A, comme celle du BCM. « J’aime bien jouer quand il n’est pas là parce qu’il met trop de pression sur ses coéquipiers », dit Michel. « Quand tu es meneur, tu es meneur partout », répond Steed. Avant de souligner, plus sérieusement, l’apport de son coéquipier : « Des role players comme Michel, il n’y en a pas beaucoup. Il faut voir tout ce qu’il amène en défense et en intensité. Quand on m’a demandé l’année dernière si je voulais que des joueurs

français restent, j’ai demandé à ce qu’on le re-signe. » JBAM a prolongé son bail jusqu’en 2014, comme Ilian Evtimov. « Je pourrais courir après l’argent mais pour la vie de famille, il faut se savoir se poser », justifie-t-il. « On m’a fait une proposition intéressante, présenté un bon projet. Pourquoi vouloir toujours plus ? » Afin de réaliser quelques clichés en extérieur, nous demandons à Michel de nous conduire à un endroit de Chalon qu’il affectionne particulièrement. Ce sera la place de la Cathédrale Saint-Vincent. « Là où je viens acheter mes fruits et mes légumes. » C’est d’ailleurs jour de marché ce vendredi. Aux abords de ce secteur piétonnier aucune place de stationnement de disponible. Cela agace Michel qui finit par se garer à l’arrache sur un passage piéton. « La police est plus sympa qu’à Paris. » À l’évidence, sa grande et large silhouette ne passe pas inaperçue. « C’est déjà arrivé que des gens m’arrêtent dans la rue. Il faut dire qu’à Chalon, il n’y a pas grand-chose d’autre que le basket, c’est le seul club de haut niveau. » Et un public de connaisseurs. « Ils savent reconnaitre ceux qui font le boulot de l’ombre. »

« À l’origine, j’étais plus fin que mon collègue Alade Aminu »

Repères Né le 28 décembre 1979 à Fortde-France (Martinique)

• Taille : 2,05 m

• Poste : Pivot

• Clubs : Avenir 2000 (Guadeloupe, Excellence Région 2000-04), Liévin (N1, 2004-06), Levallois (Pro B, 2006-07), Paris Levallois (Pro A, 2007-08 puis Pro B, 2008-09 puis Pro A, 2009-10), Chalon (2010-12).

• Palmarès : Vainqueur de la Coupe de France 2011 et de la Semaine des As 2012.

• Stats ’12 : 5,1 pts à 47,6%, 4,5 rbds, 0,7 co en 13 minutes

Chez Michel et Monia

Un peu plus tard, JBAM nous fait découvrir son chez lui. Un duplex en rez-de-chaussée, à deux pas du centre ville, où il vit avec Monia, sa compagne et Banzaï, le fameux molosse dont nous avait parlé Steed. À l’étage de l’appartement l’installation dédiée aux jeux vidéo. Deux canapés, un vidéo-projecteur et de puissantes enceintes reliées à sa Playstation 3. Nous découvrons

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90 kg au développé couché ? Facile !


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« jbam_14 » en action sur son autre défouloir (avec la réveillé, JBAM emporte une Red Bull pour se donner un coup de fouet. « Ce n’est pas toujours facile mais j’ai musculation) : Call of Duty. « Michel est vachement accessible avec les supporters, bien conscience d’être privilégié. Quand j’ai commencé il ne se prend pas la tête, eh bien c’est exactement la à travailler, je me levais à 6 heures pour aller bosser même chose à la maison. Tout est cool, tout problème et pour gagner 10 fois moins qu’aujourd’hui. Cela, les a une solution », nous dit Monia à propos de son jeunes ne le réalisent pas toujours. » homme. À ceci près, que comme tout un chacun, « il 17 heures. La bonne humeur règne au Colisée. La y a son seuil où il ne faut pas qualification pour le Final trop l’énerver. Le jour où il Four en poche, staff et joueurs ont la banane. s’énerve, ça fait très mal. » Michel et Monia se sont « Un reportage sur rencontrés fin 2004 à Liévin, JBAM ? Non mais regarde la ville d’origine de Monia, sa coupe de cheveux, ça qui jouait dans la même prend du volume de jour club. Elle joue désormais en jour ! », se marre Greg à l’Élan en Nationale 3. La Beugnot. L’entraînement femme basketteuse juge-tcommence par une Steed Tchicamboud elle les prestations de son séance de dribbles avec compagnon ? « Ça lui arrive mais à la maison, on deux ballons. Les exercices ne sont pas évidents essaie de faire autre chose que de parler basket », pour JBAM. Il n’échappe pas au chambrage de Beugnot : « C’est à cause des ballons, JBAM, ils confie Michel. Après une sieste bien méritée, nous retrouvons Michel ne sont pas assez gonflés ! » L’équipe enchaîne en milieu d’après-midi. Le prochain match n’a lieu que avec des combinaisons à trois sans opposition – dans 8 jours – contre Roanne – mais Greg Beugnot a conclues de temps à autre par de puissants tomars programmé un entraînement de récupération. Pas bien de « Balou » Aboudou – puis des concours de tirs.

« Michel, il a un tempérament d’Antillais. C’est-àdire que des fois, il s’énerve pour rien. »

A la maison, “jbam_14” décompresse sur sa console de jeu.


REPORTAGE • MAXI-BASKET 37 Les trois vainqueurs, Nicolas Lang, Bryant Smith et Jordan Aboudou ont gagné le droit de se faire masser les jambes par leurs coéquipiers. Un passage aux lancers-francs pour conclure ce gentil décrassage et les Chalonnais retrouvent les vestiaires.

« JBAM, c’est un luxe ! »

Pendant que Michel, Steed Tchicamboud et Ilian Evtimov passent entre les mains du kiné, Greg Beugnot se fend de quelques histoires savoureuses sur les petits coups de vices qui sévissaient à son époque de joueur dans les années 80, en championnat et en équipe de France. Les écrans maousses costauds de Mathieu Bisseni, les bagarres générales, le bizutage de Fred Forte lors de sa première saison à Caen. Tout y passe. Au moment d’évoquer le cas JBAM, les yeux de Greg pétillent. « Tous les coéquipiers iraient à la guerre avec lui. JBAM, c’est un luxe ! Ça me rappelle (Cyr) Gbaguidi qui faisait des écrans monstrueux comme cela. Quand il sort du banc, il rassure l’équipe, use l’adversaire. Il s’en fout des stats, ne se satisfait jamais de ce qu’il a. Il est très consciencieux dans l’approche du métier parce qu’il sait d’où il vient. À l’entrainement, c’est 100% tout le temps ! Tu n’as pas

l’impression qu’il se force à être professionnel. » Sur l’homme maintenant et son tempérament : « De temps en temps, je vais le chercher sur l’orgueil, il n’a jamais fait preuve d’agressivité. Mais ce n’est pas le gros nounours non plus qui se laisse faire. Il existe dans le groupe, il veut s’affirmer, mais c’est quelqu’un qui aime rire, s’amuser, comme tous les créoles. » C’est bientôt l’heure de quitter notre hôte. Au menu de JBAM et de Monia ce soir, un petit ASVEL-Le Mans à la télé. « J’essaie de regarder le maximum de matches de Pro A sur Sport+. En général, j’aime bien rester chez moi, posé. Quand on a une vie de couple, il faut faire la part des choses. » Le couple apprécie cette vie moins stressante qu’à Paris. « Le seul truc qui manque à Chalon, c’est un bon cinéma. » À l’occasion, lorsque l’équipe joue le vendredi, Michel s’autorise une virée en boîte avec ses coéquipiers. « On sort plus sur Lyon, parce qu’il y a le style de musique qu’on aime bien, rap, R&B, de temps en temps du zouk. On s’organise pour partir tous ensemble, il y a toujours des conducteurs qui ne boivent pas d’alcool. On arrive à concilier les deux, s’amuser, tout en restant sérieux sur le terrain. En fait, je retrouve la même ambiance qu’avec Paris en Pro B il y a quatre ans. Notre réussite vient de là, du travail et de notre stabilité. » l

Petit tour quotidien dans les bureaux de l’Elan.


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AMARA SY

(ORLÉANS)

MVP DU ALL-STAR GAME LNB IL Y A TROIS MOIS, LEADER D’UNE ÉQUIPE ORLÉANAISE BIEN CLASSÉE, « L’AMIRAL » AMARA SY (12,7 PTS, 6 RBDS EN 2011-12), FIGURE INCONTOURNABLE DE LA PRO A DEPUIS DIX ANS DÉJÀ, LIVRE SES SECRETS DANS « 1 VS 1 ». Propos recueillis par Gaétan SCHERRER

Jamais la rubrique n’a aussi bien porté son nom, puisque tu as terminé Champion du Monde de un-contre-un en 2004.

C’est ça. L’aventure avait commencé en 2003. Nike avait organisé un tournoi de un-contre-un avec Tony Parker à la Défense. J’y ai participé comme d’autres joueurs professionnels, et j’ai eu la chance de le gagner. Suite à ça, un tournoi international a été organisé, car il y avait déjà ce genre d’évènement aux Etats-Unis, en Espagne, en Italie et en Allemagne je crois. Ils ont eu la bonne idée de réunir tous les champions de chaque pays pour organiser le premier tournoi mondial de un-contre-un. Ça s’est terminé aux Etats-Unis, à Los Angeles. Il y avait (Paul) McPherson qui a joué à Phoenix, je me souviens aussi d’un gros nom des playgrounds new-yorkais, Junie Sanders. D’ailleurs c’est ce gars que j’ai joué en finale. Il n’y avait pratiquement que des grands : lors de ces matchs, c’est le physique qui l’emportait car les plupart des joueurs ne jouaient qu’en post-up. Quand tu es petit, tu as du mal à défendre sur ce genre d’attaque.

Le secret pour gagner un 1vs1 ?

Si t’es costaud en défense mais incapable de marquer un panier (et viceversa), c’est compliqué. J’ai la chance d’être assez bon dans les deux, donc ça m’a permis d’aller loin et de finir champion. Il faut savoir qu’au tournoi il n’y avait que 10 secondes pour shooter, c’est la première que je pratiquais ce genre de un-contre-un. C’est attaque/défense non-stop pendant 8 minutes. Il n’y a pas de temps de repos, c’est très éprouvant. Il faut un gros mental pour ne rien lâcher : à l’époque j’avais 22 ans et les mecs contre qui je jouais avaient déjà la trentaine, ils avaient plus d’expérience mais tout s’est joué au mental.

Ton geste préféré ? Le step-back.

Et ton point faible ?

Le shoot à trois-points (12/42 (28,6%) cette saison en Pro A, ndlr)

Plutôt trois-points ou panier plus la faute ?

Panier plus la faute, bien sûr. D’abord ça fait mal à l’adversaire, et en plus ça te donne confiance. Moi j’aime bien les défis, les duels. Qui dit panier avec la faute, dit contact, dit challenge. Si tu marques avec la faute, c’est glorifiant.

Plutôt interception ou contre ?

Contre, pour les mêmes raisons qu’avant. Dès que ça rentre dans le cadre du duel, ça me plaît !

Plutôt chambreur ou assassin silencieux ?

(Direct) Trash talker. Surtout contre les mecs que je connais (rires). Après un and one ou un contre, ça passe bien.

Ton plus gros adversaire direct en Pro A ?

(Il réfléchit) A l’époque, quand je jouais 3, je dirais Ricardo Greer. Mais le plus gros joueur contre lequel j’ai jamais eu affaire, c’est Dewarick Spencer.

Un joueur dont tu t’inspires ?

Il n’y en a plus maintenant, mais avant c’était Allen Iverson.

Quelle est la détente sèche d’Amara Sy le dunkeur ?

Qui, moi ?! (il éclate de rire) C’est fini ça ! En fait je suis un imposteur, je ne connais même pas ma détente sèche. Ce n’est pas en détente que je dunke, c’est tout en bras.

Quand même, tu as déjà passé quelques gros dunks en match.

Jean-François Mollière

Le plus connu, c’est celui que j’ai mis sur Francisco Elson lors d’un match amical qu’on avait joué avec Villeurbanne contre les Spurs. Ça, c’est juste pour le prestige. Mais le plus beau était en 2008-2009 contre Strasbourg, j’avais mis un cross à (Derrick) Obasohan qui est tombé et j’ai enchaîné par un gros dunk sur leur intérieur de l’époque (David Simon, ndlr). Mais les gens le connaissent moins, on me reparle plus souvent de celui contre les Spurs qui avait fait pas mal de bruit. ●

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DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 41

JE N’AI PAS ENVIE DE M’ARRÊTER LÀ

DU CÔTÉ DE CHEZ…

CHARLES KAHUDI LE MANCEAU N’EST PAS LE PLUS CONNU DES BLEUS EN ARGENT À L’EURO MAIS PAS NON PLUS LE MOINS INTÉRESSANT. DERRIÈRE LA CARAPACE MUSCULAIRE SE CACHE UN INTROVERTI QUI AIME LES CHALLENGES. Propos recueillis par Pascal LEGENDRE, au Mans Photos : Jean-François MOLLIÈRE


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CÔTÉ COUR

Kinshasa C’est là où je suis né, comme toute la famille sinon ma petite sœur qui est née en France. Ce sont mes racines, c’est important pour moi. Il y a pas mal de Congolais, de Kinshasa, de Brazzaville comme Max Kouguère, on en parle, ça fait du bien. La RDC ou le Congo Brazza c’est un peu pareil historiquement. Je suis retourné à Kinshasa quand j’avais 20 ans, ça fait un petit choc quand tu vois combien la vie est difficile là-bas. Même s’ils n’ont pas grand chose les gens t’ouvrent leur porte et te donnent tout ce qu’ils ont, tu es traité comme un pacha. Depuis j’ai des étés un peu chargés, je suis parti ailleurs ou en équipes nationales. Ça me tient à cœur d’y retourner.

La Somme La Picardie, ma terre d’adoption. J’y suis arrivé à 4 ans et demi. J’ai joué au foot et puis au basket à partir de 12 ans. J’ai joué à Longueau en minimes France pendant deux ans. J’ai côtoyé Jean-Claude Sylva qui a joué ici au Mans en pro et qui jouait et coachait en même temps l’équipe première. J’étais petit, frêle, j’étais impressionné. J’ai bien rigolé avec mes potes et un coach réceptif. Même si on a perdu beaucoup de matches, on a pris du plaisir.

Ta croissance J’ai été repéré par Cholet lors des sélections régionales. Je jouais 2-3 car on avait un meneur titulaire indiscutable. Lorsque je suis arrivé à Cholet en essai j’étais avec Guillaume Sene, qui était largement plus grand que moi, et Pierre-Yves Guillard. J’étais vraiment petit, j’essayais de dunker, j’avais du mal. Cholet voulait me prendre en meneur de jeu, un peu tête de mule j’ai dit que je ne pouvais pas. Ils m’ont dit qu’on allait voir si je poussais un peu lors de l’année à venir et qu’ils me reverraient ensuite. J’avais 15-16 ans. Par chance j’ai grandi, j’ai pas mal pris pendant un été. Je fais 1,97 m.

Le centre de formation de Cholet Quand tu arrives là-bas tu vois toutes les bannières avec les gens prestigieux qui sont passés par là, les titres qu’ils ont eu en pro et en jeunes, tu as un peu les chocottes toi qui viens de Picardie où c’était basket champagne, détente. Le groupe que l’on a eu en jeunes était pas mal avec Saïd Bendriss, Jean-Michel Mipoka, Michel Ipouk. J’ai côtoyé Nando De Colo, Garry Florimont, Johan Rathieuville. Un groupe de potes, on bossait bien ensemble. Jean-François Martin m’a mis le pied à l’étrier, je le remercie vraiment.

Ton frère Henri

Repères Né le 19 juillet 1986 à Kinshasa (RDC) Français • Taille : 1,97 m • Poste : 2-3 • Clubs : Cholet (2004-06), Évreux (2006-08), Dijon (2008-09), Le Mans (2009-…) • Palmarès : Médaille d’argent Euro 2011. • Stats 11-12 : 11,3 pts à 39,1%, 5,9 rbds et 1,2 pds en 30 mn et 18 matches.

Mon frère qui me suit me ressemble beaucoup plus qu’Henri au niveau des traits du visage. Mais attention, Henri vient d’arrêter de grandir, il commence à s’étoffer, il ne sera sans doute jamais monstrueux, mais plus fort physiquement. Il est athlétique, dur, dense, il a beaucoup de qualités. Depuis que je suis au pole espoirs j’ai essayé de transmettre ce que j’apprenais à mes deux petits frères, quitte à avoir des petites prises de bec car ils n’avaient pas envie de suivre. J’étais assez dur avec eux ! Patrick a arrêté le basket, il fait du journalisme, ça n’a rien à voir (rires). Quand Henri a eu le choix entre Le Mans et Cholet, je lui ai dit que c’était les deux meilleurs centres à l’heure actuelle. Je lui donne des conseils, je lui fais part des moments par lesquels je suis passé, les trucs à éviter. Je suis content de voir son évolution, il a encore une bonne marge de progression. C’est bien aussi pour moi dans les moments de doute d’avoir un proche dans le même club. C’est ma mère qui est contente, quand elle vient au Mans elle nous voit tous les deux.

et trop vite alors que je n’étais pas un joueur super offensif, j’avais des qualités mais rien de très bien, tout moyennement, sauf que je commençais à me développer physiquement, j’avais des qualités à ce niveau-là. Je suis toujours en contact avec ces mecs-là, Souarata Cissé, Marco Pellin, plein.

La Pro B à Évreux Deux saisons. La première d’apprentissage. Je me croyais, sinon arrivé, du moins sur le bon chemin, et j’ai pris une claque. Je n’étais pas prêt, pas réellement dans le jeu, mais tout ce qu’il y a autour, être professionnel. Je travaillais aux entraînements mais en match je me flagellais un peu, je me mettais beaucoup de pression. J’ai joué meneur de jeu une bonne partie de la saison, pour dépanner, au poste 4 et un peu à l’aile. L’année suivante le coach Rémy Valin m’a donné la possibilité de me lâcher. J’étais plus mûr pour pouvoir partir.

Dijon De bons souvenirs en définitive car j’ai joué avec Abdou Mbaye, Benjamin Monclar, Solo Diabaté, Eric Chatfield comme meneur de jeu, qui est aujourd’hui le meilleur marqueur de Pro A, Reggie Williams qui est en NBA, Damir Krupalija avant sa blessure c’était un joueur énorme du championnat, Zeb Cope, Aerick Sanders. Quand tu regardes le roster, tu te rends compte qu’on avait une bonne équipe, mais la mayonnaise n’a pas pris. Je suis passé d’un temps de jeu d’à peu près 17 minutes à cinq minutes. En si peu de temps c’est un peu compliqué de prouver des choses. Je pensais continuer avec Dijon mais ils ont décidé de ne pas me conserver. Je me suis demandé si je devais aller en Pro B pour rebondir. Vichy me proposait aussi un rôle pour deux ans, j’allais signer, et c’est alors que Le Mans s’est présenté avec un projet sur un an. Le Mans en France, ça ne se refuse pas. J’étais super content.

Pas de titre avec Le Mans en 3 ans C’est dommageable ! Le Mans est un club qui aime les titres, qui est habitué au haut de tableau. J’ai soif de titres. Quand tu goûtes à une finale, tu es forcément frustré, tu as envie de revenir à Bercy, de revoir tout le monde en orange. Du président à l’espoir qui est dans l’équipe on a envie de montrer qu’on est là. Maintenant la Pro A s’est renforcée, une saison c’est long, mais on a des armes pour, il nous reste le championnat et la Coupe de France comme objectifs.

Le shoot à 3-pts Une arme très intéressante (rires). J’ai ajouté ça à mon jeu car ça me permet d’être moins prévisible. J’avais des qualités de percussion, de physique, il me fallait travailler sur ça, et plus que le geste, sur le côté mental, la lecture du jeu, être préparé avant le shoot. Depuis deux ans je bosse avec Thierry Zig sur tout ce qui est développement des skills comme disent les Américains. De temps en temps je l’ai au téléphone, on fait des petits rappels, il m’envoie des vidéos de travail. Il m’a aidé dans mon évolution technique. Et puis quand tu es en confiance tu sais que ça va tomber dedans. Mais j’étais déjà à bonne école à Cholet où ils ont modifié des trucs dans mon shoot. On faisait des séances individuelles avec Jean-François Martin.

Une lacune Un truc que je n’utilise pas beaucoup, c’est le dribble. Je peux dribbler, faire plein de choses avec le ballon mais je ne l’utilise pas suffisamment, j’y travaille, pour être plus fluide. Le jeu avec ballon c’est ça que je dois travailler et ça passe par le dribble.

Équipes de France jeunes

Ta blessure au Havre

J’y suis allé en juniors et en moins de 20. Il y avait Souarata Cissé en starter, Guillaume Sene, Etienne Plateau, Jason Bach. Je passais après dans la rotation. J’étais un peu déçu, c’était voyant à l’époque car j’avais un petit sale caractère, mais tu apprends de ça. Dans la vie, dans le basket, si tu veux quelque chose il faut aller le chercher tout seul. Il faut bosser ! J’ai écouté les conseils de Thierry Moullec qui était en sélection avec moi à l’époque. Je voulais tout trop tôt

Je rentre dans le match tranquillement, un peu en observateur, et quand je commence à me réveiller, je suis sur une série de trois 3-pts d’affilée et je refuse le 4e pour partir en drive et sur un pas décalé je pose mon appui gauche au sol, l’intérieur me pousse légèrement, le genou est parti. J’entends un craquement, je reste au sol et je me dis « qu’est-ce qui se passe ? » J’ai mal mais je ne réalise pas vraiment. Le doc me manipule et il me dit, premier diagnostic, qu’il


DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 43 pense que c’est un croisé, un ménisque interne. T’es choqué, tu te dis que c’est pas possible. Je lui demande de refaire le test. Il confirme. Tu vas aux urgences, il y a trois heures d’attente, tu ne peux pas faire d’examen, on gagne le match, t’es là sans être là, tu rentres au Mans, tu passes un week-end où tu ne dors pas. Tu fais une IRM le lundi et le médecin te dit calmement « je ne vois rien à l’IRM ». Tu passes d’un stress total de 48 heures où tu remets tout en question, à ce moment là où ça ne fait qu’un tour dans ta tête. En fait ce n’était qu’une grosse entorse. J’ai été très chanceux car à la vidéo on voit que mon genou tourne complètement. Pour revenir d’un croisé, surtout moi qui suis physique, athlétique, il faut un an. Chanceux, oui.

Taylor Rochestie Très bonne surprise. Très bon mec, toujours joyeux, tu sens qu’il kiffe le basket, il ne se prend pas pour l’Américain qui marche sur la Pro A alors que statistiquement c’est ce qu’il fait. Souvent les basketteurs sont grands, où ils ont un style particulier, ils se donnent un genre, Taylor tu ne le remarques même pas dans la rue. Mais dès qu’il a un ballon en mains, c’est un fort attaquant, il a ce côté instinctif propre à beaucoup de forts joueurs. Respect. Content qu’il soit au Mans et pas ailleurs (rires).

groupe de mecs a vraiment formé une équipe et on y a tous apporté quelque chose à un moment.

Défendre sur des joueurs de Pro B puis les meilleurs du monde Il y a de très bons joueurs en Pro B ! C’est un jeu différent. Quand tu es un joueur majeur de Pro B tu dois aussi assurer beaucoup de choses. En équipe de France mon rôle est bien ciblé, apporter de l’énergie en défense, être un tigre comme le dit Vincent Collet, l’intensité physique c’est ma plus grande qualité à ce niveau-là. Je fais 1,97 m, Kirilenko il fait 2,08 m, c’est difficile à contenir. C’est un très fort joueur, il fait dix centimètres de plus et il va presque aussi vite. Et à côté de ça, tu as Navarro qui est petit, donc tu dois changer ta manière de défendre, être plus félin. Et en attaque, je sais que je peux prendre un shoot ouvert, je sais que les gars me donnent la balle car je peux les mettre.

“ JE VOULAIS TOUT TROP TÔT ET TROP VITE. ”

Gagner sa place en équipe de France C’est ce que je tente de faire depuis deux ans. En 2010 le coach m’appelle parce que je fais une bonne fin de saison, en playoffs. Au cours de la saison j’étais le remplaçant de Maleye Ndoye, je ne pouvais pas trop me montrer. Quand il s’est blessé on a pu voir mes progrès, mon évolution. L’équipe de France, c’est challenge à chaque fois. S’il n’y a pas de fenêtre j’essaye de la créer de par mon activité. Et j’apprends. Pour moi depuis 2-3 ans ça va super vite, mais je n’ai pas envie de m’arrêter là. J’espère vraiment avoir une place pour les Jeux dans cette équipe. Ça serait une continuité de l’Euro où ce

Le MVP français 2011-12 Même si Cholet est mal classé pour l’instant, Fabien Causeur. C’est le go to guy de Cholet, il a toujours la balle entre les mains. Ce qu’il a fait en coupe d’Europe, ce mois-ci en Pro A,

personne ne l’a fait.

L’année prochaine Très bonne question ! Je suis en fin de contrat au 30 juin. Contrairement à avant mon arrivée au Mans, mon statut, mon jeu, ma valeur ont évolué, et je dois ça en grande partie au club qui m’a permis de progresser avec J.D Jackson, Laurent Vila, Alex Ménard. Je suis bien au Mans, mon frère est là, et même ma petite sœur qui s’est mariée est ici, c’est un hasard. J’aime aussi les challenges, c’est sûr que je suis attiré par le basket de très haut niveau, si j’ai une chance d’y accéder, j’y réfléchirai deux fois. Mais en France, Le Mans fait partie des meilleures équipes avec l’ASVEL en termes de structures, de longévité. C’est très bien géré.


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MAXI-BASKET

CÔTÉ JARDIN


DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 45 Petit, tu rêvais d’être Médecin car mon père, ma mère, ma grande sœur qui est infirmière sont tous dans le milieu médical. Essayer de guérir les gens c’est gratifiant, c’est un beau métier.

Ta matière préférée à l’école Les mathématiques. J’aime beaucoup les chiffres. Gestion, finance… J’ai eu un BTS Compta-Gestion en prenant des cours par correspondance jusqu’à Évreux.

Je préfère ça aux romans qui racontent parfois des histoires où tu t’endors dessus.

Un super pouvoir J’aimerais pouvoir me téléporter. Je suis fan de manga et quand tu vois Sangoku qui met ses doigts sur son front et qui peut être où il veut en une fraction de seconde, ça m’intéresserait… C’est bien de voler mais si tu te téléportes ça va encore plus vite (rires).

Ce qui te fait rire

Ta plus grosse bêtise

Beaucoup de choses, je suis assez bon public, même si je donne pas cette impression, c’est une façade. Quand je connais bien les gens, j’aime bien chambrer. À l’entraînement, ils me chambrent beaucoup de par mon surnom en équipe de France donné par Ali Traoré, « L’Homme ». Ça a commencé par « L’Adulte » lors de ma première sélection à Pau quand je pars ligne de fond pour mettre un dunk. Ça s’est transformé en « L’Homme ». Ali Traoré c’est le roi pour te donner des surnoms fantastiques. Alors comme on me chambre, je chambre en retour. Ali c’est « Kojak » !

J’en ai quand même faites. L’une des plus dangereuses, c’est lorsque j’étais gamin, j’avais 10-11 ans, à Beauvais dans mon quartier il y avait un parking, j’ai sauté de là-haut pour être plus malin que mes potes. Je me suis juste foulé la cheville et j’ai pris un savon pas possible par mes parents, j’ai été consigné pas mal de temps. J’aurais pu me faire vraiment mal. C’est mon côté « je suis capable »… (rires)

“ ALI TRAORÉ C’EST LE ROI POUR TE DONNER DES SURNOMS FANTASTIQUES. ALORS COMME ON ME CHAMBRE, JE CHAMBRE EN RETOUR. ALI C’EST « KOJAK » ! ”

Ton premier job d’été

En Picardie, pour me faire un peu d’argent, sur une courte période, j’ai fait la cueillette des pommes. C’est la seule fois où j’ai bossé. Après, l’été je prenais le temps d’aller voir la famille ou de jouer au basket.

Ton principal trait de caractère La fierté, je pense. Mon moteur c’est l’abnégation et c’est dû à la fierté. À force que les gens me disent depuis que je suis gamin « tu n’y arriveras pas », « il ne faut pas faire ceci, cela », j’ai envie de prouver. J’aime tout le temps avoir raison. C’est de la fierté introvertie. Tu ne t’y attends pas mais moi de mon côté je me prépare et quand ça va arriver tu seras surpris… Qualité ? Défaut ? ça dépend de quel angle on voit ça.

Ton cinq de potes dans le basket

En Pro A, je mettrais Marco Pellin à la mène, mon petit frère en poste 2, c’est compliqué il y en a tellement… Souarata Cissé au poste 3, (il réfléchit) Alain Koffi au poste 4… J’ai beaucoup de potes dans le basket et dans la vie de tous les jours et je différencie bien les deux. Je suis très introverti alors je me confie aux vrais amis qui me connaissent depuis que je suis gamin ou presque. En cinquième je vais dire J.P Batista, c’est une crème. Il est toujours calme, rassurant, super aimable, tu vois qu’il a été très bien élevé, s’il parle il y a une très bonne raison, il pense toujours aux autres avant de penser à lui. C’est un exemple en tant qu’homme, mari et père.

Ce que tu refuserais pour 10 millions d’euros Trahir ma famille… ou tuer !

Un péché mignon La nourriture. J’aime toutes les cultures, sénégalaises, congolaises, libanaises, turques. J’aime goûter à toutes les saveurs qu’il y a dans le monde. J’ai la chance d’avoir aujourd’hui un corps et un métabolisme qui me permettent de ne pas grossir mais après le basket ça peut être un souci si je ne fais pas gaffe !

Trois personnes avec qui dîner

Ce qui te met en colère

Tes trois derniers achats

L’injustice trop flagrante ou alors dissimulée, faux cul. Ça me fait bouillir intérieurement, je contiens, et ça peut péter.

Un MacBook pro, des fleurs et un billet de train. Et avant une voiture.

Un Prince à New York, Intouchables bien sûr, Slumdog Millionaire, c’est un film qui a été oscarisé…

Une lecture Mars et Vénus sur les relations hommes/femmes. C’est humoristique. 2

• Europe ou Afrique L’Afrique. • Contre ou alley oop Alley oop. • Kobe ou LeBron Kobe. Ce qu’il fait c’est un ton au-dessus de tout le monde. • Soirée télé ou boîte de nuit Soirée télé. • Médaille d’argent olympique ou beaucoup d’argent Médaille d’argent olympique. Plus tard je pourrais dire à mes enfants « papa y était ». Un gros chèque, ça ne serait pas mérité.

Si tu étais • Une sportive Christine Arron. • Un animal Le tigre. Depuis que je suis gamin j’aime beaucoup les dessiner. • Un acteur Denzel Washington. Tu n’es jamais déçu par un de ses films. • Un site Internet Afrocongo.com avec des petites vidéos sur des scènes de théâtre, très marrant. • Une invention Le téléphone portable.

Le prophète Mahomet, Patrice Lumumba, pour discuter du Congo de cette époque-là, c’est un homme qui a beaucoup compté dans l’Histoire du Congo belge, et Nelson Mandela pour m’imprégner de son courage.

1. Denzel Wahington 2. Un Prince à New York 3. Les hommes viennent de Mars les femmes viennent de Vénus 4. Sangoku 5. J.P Batista & Charles Kahudi 6. Nelson Mandela

Toi dans 10 ans

Un film que tu es allé voir plusieurs fois

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L’un ou l’autre

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J’aurai 35 ans, fin de carrière, jouer au basket par passion dans un petit club, là où j’ai joué plus jeune, histoire de revoir du monde après une carrière bien achevée. Marié. Trois, quatre enfants. Dans une maison tranquille, je suis casanier, pas loin d’une grande ville. Où ? Étant marié justement, c’est à voir avec Madame ce qui peut lui plaire, c’est important de satisfaire la femme. l 4

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Photos : Pascal AllĂŠe/Hot Sports et Maxi-Basket

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1977-85 s e g o m i L , e Apollo Fay

… o l l o « A-p

» … o l l o p A aussi çais n’a été Beaun a fr r u te t . Jamais baske llo Faye à Limoges ivière R po ’A la u q e d s lé r u u d a des Sœ ndé salle sca la m o et n n sur blanc so e d e r o t. c en résonnent qui découvrait le baske c par un publi NDRE Par Pascal LEGE

• (Ci-dessus) Apollo brandit « la Korac » aux supporters qui ont fait un voyage interminable en train jusqu’à Padoue. • (En haut) : Le CSP vient de gagner une deuxième Coupe Korac et Apollo a hérité de la perruque d’un supporter.


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«

Photos : Jean-François Mollière et Maxi-Basket

• Avec son pote Richard Billet, côté tribunes et toujours au centre de Beaublanc.

J’étais un joueur ouvert, qui discute avec tout le monde, naturel. C’est peut-être pour ça que les gens m’adoraient. » Ainsi parle aujourd’hui Serigne Cheikhloun Faye, dit Apollo, d’une période où toute une ville, un département, une région, ont été envoutés par ce géant franco-sénégalais parfois indolent, par séquences irrésistible, généralement joyeux et blagueur, quelquefois boudeur, toujours charismatique. Avant l’avènement de Richard Dacoury, davantage qu’Ed Murphy aussi discret dans la vie de tous les jours qu’il était boulimique sur les planches, Apollo a personnifié le Limoges CSP, en France, en Europe et encore plus intra-muros. Dans son livre Trans Korac Express, Jean-Luc Thomas, alors journaliste au Populaire du Centre, raconte une journée d’Apollo. « 15 heures, le voici qui prend son café dans un bar chic du centre ville. Comme à son habitude il a sacrifié à l’élégance. Tiré à quatre épingles, « Polo » parle basket, plaisante avec ses fidèles, nombreux fidèles, sans être dupe le moins du monde de sa propre popularité. Pas folle la guêpe : voilà une vedette qu’on tutoie facile, mais à qui on ne tape pas sur le ventre, outre qu’il a, de ce point de vue, une stature aisément dissuasive. Le garçon un peu cabot qui accueille tout sourire les compliments de circonstance, est beaucoup plus volontiers la star amie des enfants, dont la sincérité ne souffre aucun doute. » Apollo Faye et les grands bonhommes verts sont alors des incendiaires, ils ont mis le feu à une ville si calme d’apparence – « le milieu de nulle part », dira Ed Murphy – peu habituée aux émotions sportives, mais solidaire, attachante, bucolique. « Même les gens qui en partent y reviennent alors qu’ils sont dans le Sud, à Nice, en Espagne. La preuve, j’étais à Montpellier et je suis revenu », témoigne Apollo. « Tout le monde se connaît, tu ne passes pas inaperçu. Il y a trois trucs à Limoges : Legrand,

la porcelaine et le basket. La religion, c’est le basket. » À peine excessif. Et les ouailles se sont démultipliées lorsque le CSP est passé de l’église, la salle des Sœurs de la Rivière, à la cathédrale Beaublanc à l’architecture tarabiscotée mais bruyante, aux tribunes latérales plongeantes, et à la capacité extensible presque à l’infini avec ses pourtours à mi-hauteur. « On avait peur qu’il y ait des courants d’air dans le Palais des Sports, qu’il soit à moitié vide. On s’est trompé. Les gens venaient en bus de Toulouse, Clermont, Brive, Châteauroux, Clermont, et Beaublanc était à chaque fois plein. » À son inauguration en 1981, Polo était donc le grand prêtre qui fascinait en gobant la balle dans sa main tel un pamplemousse, en roulant des yeux exorbités, et qui assurait mieux que quiconque le service après-vente. « Il faut dire aussi que la mentalité ici c’est que les gens veulent se montrer, « j’y étais ! » Alors oui, pour les gros bonnets c’était bien de serrer la main d’Apollo, « c’est notre Apollo national » comme ils disaient. » L’impact fut d’autant plus violent que le triomphe de 1982 passa en direct à 20h30 sur Antenne 2 devant des millions – non déterminés – de téléspectateurs et que pas mal de matches étaient diffusés sur l’antenne de FR3 Limousin. Apollo, 60 ans, est revenu il y a 13 ans en Haute-Vienne, pour gagner avec Beaune-les-Mines la Coupe du Limousin (!) et surtout devenir VRP pour Midi Pyrénées Synthèse et rayonner sur cinq départements. Il prend place toutes les deux semaines à Beaublanc dans son fauteuil rouge central et constate chaque jour qu’il n’est pas un Roi déchu. « Je suis reconnu jusqu’en Dordogne, en Charente, c’est dingue. Il n’y a pas longtemps j’ai démarché un client en Creuse. La Creuse c’est mort. Je dis bonjour à la dame, je me présente… « Ne vous en faites pas, on vous connaît, on vous a tellement regardé à la télé. Si on pensait qu’un jour on vous verrait ici ! »


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« J’aimais bien aller me promener mais ce n’est pas pour ça que je me soûlais la gueule. » Elle appelle son mari : « viens voir, on a notre Apollo ! » À son apogée, Apollo avait déclaré à Maxi sur le ton de l’humour, « si je me présentais aux municipales, je serais sûrement élu maire. » Au Sénégal aussi Serigne Cheikhloun était une star. « Arrivé à l’aéroport, tout le monde dit : il est là ! Des tas de gens me courent après. Surtout pour du pognon. Ils croient que je suis Crésus. »

Le décollage d’Apollo

• Il fait la couverture du n°5 de Maxi. Irrésistible.

« Des gens se disent « Apollo, c’est américain. Il doit venir des États-Unis. » Le père tient une petite entreprise de menuiserie et maçonnerie à Dakar. Le fils quitte l’école au niveau de la 3e. Il est remarqué par les recruteurs de l’Association Sportive des Forces Armées du

Sénégal au moment du service militaire. Sa stature, forcément, ne peut pas laisser indifférents les entraîneurs de basket. Il bosse pour rattraper son retard à l’allumage. Sa technique est encore précaire mais son décollage vertical si impressionnant que le général Diallo le surnomme « Apollo » en référence à la fusée américaine qui est allée jusque dans la lune. « Il y a peu de salles et c’est même difficile, par exemple, de trouver de bonnes chaussures de sport pour les basketteurs. Moi, c’était mon cordonnier qui me les faisait sur mesure… avec un bout en plastique. » Apollo dispute plusieurs championnats d’Afrique et puis la finale des clubs champions au Caire avec le Dial-Diop de Dakar contre le Hit-Trésor de Bangui. En face Mathieu Bisseni, future sommité d’Orthez et son équipier avec les Bleus, et comme coach Charles Tassin, un ex-international. Tassin lui indique la direction de la France. Apollo n’est pas refroidi par le climat européen, il déteste la chaleur. En revanche, il n’a pas encore assimilé les subtilités des règlements. Il dit « oui » à tout le monde, Oloron, Brest, Cabourg. Il choisit finalement Cabourg, cité balnéaire à une petite trentaine de kilomètres de Caen, mais à cause de toutes ces licences signées il est suspendu un an. Apollo est impétueux et les ennuis avec la fédé ne sont pas terminés. « Par la suite, j’ai pu faire monter Cabourg en Nationale 2 mais j’ai été suspendu pour avoir craché à la figure d’un arbitre lors d’un match à Limoges », explique t-il alors dans L’Équipe. Apollo se plaint continuellement de douleurs aux pieds. « Faitil du cinéma ? », se demandent alors joueurs et fans. « Il n’y a que mon pédicure et moi qui pouvions savoir », répond-il aujourd’hui. « Ça m’a pris au Sénégal et ça dure toujours. Je suis obligé de me couper les cornes sinon je souffre. Ça fait gonfler les pieds. Après les matches ça m’empêchait de dormir, rien que le frottement contre les draps. C’était horrible, tu peux tuer quelqu’un ! » Et il rit. Jaune.

Fêtard

En Nationale 2, Limoges croise le destin de Cabourg et d’Apollo. « Je m’entendais bien avec Richard Billet, que je considère comme un frère, et Lionel Moltimore. Après le match Richard m’a sorti en boîte de nuit. Les gens m’ont dit « on a vu le match, t’es super spectaculaire, c’est ce qu’il manque à Limoges, l’année prochaine il faut venir jouer ici. » À l’évidence, Apollo est chaudement recommandé par l’Américain. Comment ne pas être impressionné par ce pivot hors normes de 2,08 m et 110 kg ? Seulement la réputation du natif de Dakar peut faire peur. Est-il caractériel, fêtard, enfant gâté, incoachable ? Le Caen BC, club phare de 1ère division, a préféré ne pas prendre le risque alors qu’Apollo vit en ville et est prêt à jouer gratuitement ! « Une réputation de fêtard et d’indolence découragèrent les velléités de recrutement qui auraient pu effleurer les esprits caennais ou berckois », écrit Jean-Luc Thomas. « Si bien que, lorsque l’on entend épisodiquement à Limoges que Faye n’en fait qu’à sa tête et que les voies de la motivation sont chez lui bien impénétrables, il faut se souvenir que si ces reproches n’avaient pas été formulées, le CSP n’aurait peut-être jamais eu dans ses rangs le meilleur pivot français. » « Moi, je ne me prive de rien. Le soir, par exemple, j’aime bien bouffer avec des copains et de temps en temps après les matches, je vais en boîte. Le patron m’offre le


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Photos : Maxi-Basket

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• En jeu, il exprimait une puissance inégalable. • Au retour d’avion, Apollo brandit un cierge de Padoue. • Une gestuelle d’école.

››› champagne. Je suis un peu le roi ici. Tout ça ne m’empêche pas de me concentrer sur le basket. C’est une question de choix dans son rythme de vie », dit-il, avec retenue, dans un reportage que Maxi-Basket lui consacre dans son numéro 5 où Polo apparaît en couverture, magnifique, en smoking et nœud pap’. « Oui, j’aime faire la fête, mais si je l’avais toujours fait, je n’aurais jamais joué au basket », rigole le sexagénaire. « J’aimais bien aller me promener mais ce n’est pas pour ça que je me soûlais la gueule. Tiens, la veille de la demi-finale de Coupe Korac contre Zadar, je me suis dit « Apollo soit sérieux », je suis resté chez moi mais je n’ai pas fermé l’œil de la nuit et sur le terrain j’ai été nul. » Le CSP a pris le risque car il sait qu’en cas de succès il va toucher le jackpot. Avec Apollo en son centre, une telle artillerie lourde, il possède une guerre d’avance sur l’adversaire et peut concentrer son recrutement américain sur des extérieurs et des ailiers-forts. Et Polo va faire preuve d’une étonnante capacité d’adaptation. Le deuxième marqueur de la Nationale 1 (l’équivalent de la Pro A) se meut en joueur de devoir sous le règne d’André Buffière. Rebonds et dissuasion succèdent aux cartons. « Je pouvais marquer 50 points si je le voulais mais il y a des matches où je n’ai même pas voulu marquer le moindre panier. J’étais seul, je ressortais la balle. C’était ça notre force, on voulait que Limoges soit devant, c’est tout. On avait un bon

meneur, Sénégal, Dacoury, et surtout notre Charlie Chaplin (Ed Murphy). Personne ne voulait tirer son épingle du jeu en disant « je suis meilleur que l’autre ». On n’était pas liés en dehors du basket mais on s’entendait bien sur le terrain, on ne s’engueulait jamais. » « La première année, c’était difficile », se souvient le bientôt nonagénaire André Buffière. « C’était le patronage là-bas, tout le monde tapait sur le ventre du président, c’était la catastrophe. D’ailleurs la première chose que l’on a faite c’était de partir en Amérique, à Houston. Ils récompensaient les gars avant d’avoir un résultat ! J’ai essayé de faire un entraînement, impossible, il y avait 50°. Ils n’arrivaient pas à l’heure aux entraînement… La première fois Faye m’a dit qu’il avait crevé, j’ai fait semblant de le croire ! »

Maître de cérémonie

« Le basket j’en n’ai pas fait pour le pognon mais juste pour vivre », insiste Apollo. « D’ailleurs j’en ai gagné davantage en 2e division à Montpellier. » À l’époque dans le Popu, Apollo explique son choix : « je discute souvent avec des joueurs d’autres clubs et je ne suis pas loin de penser que Limoges a les meilleurs dirigeants de France. Chacun est à sa place dans le club et on n’y profère jamais de paroles en l’air. Toutes les promesses sont tenues. » Pas trop d’argent, mais beaucoup de gloire. Apollo a


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largement contribué à la conquête des deux Korac consécutives (1982 et 83), les deux premières dans un sport collectif pour un club français. Ainsi à Rome, le CSP exécute le Bancoroma pourtant en tête du championnat d’Italie sur deux derniers lancersfrancs du pivot francosénégalais. « J’étais très concentré comme à chaque fois que je veux faire quelque chose de bien », dira-t-il au micro de Claude Monnerie, le journaliste de FR3. Dans l’avion des supporters, au retour de Berlin, haut lieu de la finale de 83, Apollo, à la manière des hôtesses, distribuera les rafraîchissements, proposera à chacun un autographe en remontant le couloir rangée par rangée et en taillant la bavette avec qui le veut. À l’arrivée à l’aéroport de Limoges, c’est encore lui qui sera le maître de cérémonie pour déclencher l’hystérie. Ses 18 points, sa puissance, avaient fait vaciller une deuxième fois le Sibenka Sibenik de Drazen Petrovic. À plus de 30 ans, il était devenu l’un des pivots les plus redoutables du continent. Par pics plus que dans la régularité. « Si j’étais parti à Orthez à l’époque, Limoges aurait-il eu le même trajet ? », se demande-t-il avec le recul, révélant que l’Élan Béarnais du temps du coach Jean Luent l’avait pris en chasse. « Ils me proposaient 100.000 francs » assure t-il. « J’ai dit pourquoi pas. Seulement à l’époque il fallait une lettre de sortie pour changer de club sinon il fallait attendre deux ans sans jouer, Limoges n’a jamais donné le feu vert. » Son départ de Limoges s’est fait en grinçant et encore aujourd’hui la plaie est toujours ouverte. « Avec tout ce que j’ai fait pour le CSP, il n’y a pas eu de reconnaissance. Des gens me demandent pourquoi je ne rentre pas au club, pour recruter ou former des jeunes, mais c’est à eux de me le demander. »

Et si Apollo avait été pris en mains plus tôt, si la concurrence en France avait été plus féroce l’obligeant à se mettre en quatre pour conserver son statut, si les portes de la NBA n’avaient pas été alors fermées à triple tour pour tout ce qui n’était pas Américain ? « Pour Bob Purkhiser (joueur et coach américain des années 70), il avait sa place en NBA », rapporte André Buffière. Avec des si… Serigne Cheikhloun n’aurait pas été Apollo, le Darryl « Chocolate Thunder » Dawkins du basket français avec ses clowneries à ravir les foules. Dawkins ? Un jour de novembre 82 alors que l’équipe de France est en tournée aux États-Unis, Apollo marche dans les rues de Manhattan en compagnie de Richard Dacoury. Un type l’aperçoit, le prenant pour la superstar des New Jersey Nets : - Hey Darryl ! J’ai vu ton match hier, t’es un mec super. « Moi mort de rire », raconte Apollo. « Je lui ai fait des dédicaces en signant Darryl Dawkins. Le mec tout content nous tape dans les mains. J’ai regardé Richard. « Qu’est-ce qu’il me raconte ? Je suis plus beau que Dawkins ! »

Démissions

L’équipe de France ? Une relation amour-haine. 79 sélections ramassées de 1979 à 1983 et une de rab deux ans plus tard. Une belle aventure dans la feu Coupe Intercontinentale. Un fiasco aussi, à Beaublanc, à l’Euro’83 face à l’Italie. 13-42 après 12 minutes de jeu. Le public qui conspue Apollo lassé de ses caprices et qui réclame « Vestris… Vestris » à corps et à cris. Un crime de lèse-majesté pour Appolo 1er, Roi de Limoges. « On a dit qu’on m’avait vu en boîte de nuit » raconte-t-il près de 30 ans après les faits. « On était logé à l’hôtel du Golfe et moi j’habitais rue François Perrin. Ce soirlà tout le monde est sorti en ville, je suis resté chez moi. Sauf qu’à l’époque on écoutait de la musique pour se concentrer avec des walkmans. J’aimais la musique funk. J’ai demandé à (Pierre) Dao (le coach) la permission pour aller chercher une K7 dans une boîte, Le Moulin des Cendrilles. Le DJ m’en préparait une mais l’enregistrement n’était pas terminé. Je me suis assis au bar, d’habitude je prenais un whisky, là j’ai bu un jus d’orange. Je n’ai rien fait de mal. J’ai pris la K7, je suis rentré chez moi. Seulement les journalistes ont écrit « on a vu Apollo en boîte de nuit. » Au-delà de l’anecdote qui à l’époque fit scandale et servit d’illustration – avec le départ à l’aube en pleine compet’ d’Alain Larrouquis mécontent de son temps de jeu – au « manque de professionnalisme » des internationaux, Apollo reste un peu amer sur cette période en Bleu : « j’ai démissionné trois ou quatre fois de l’équipe de France. J’étais en colère sur le coup et après je réfléchissais, il ne fallait pas que je lâche. J’avais des copains, Bisseni, Larrouquis, Brosterhous, les deux de Limoges. Mais à l’époque, il y avait des joueurs protégés et dans une équipe ça fout la merde. On me reprochait de faire ça et un autre qui faisait pire à côté, on ne lui disait rien. Je disais « vous n’allez pas me casser les couilles, je me barre ! » Récemment Apollo a pris une décision : sa vie, ses mémoires, il va les raconter dans une autobiographie. Il cherche un éditeur et un collaborateur. Un personnage, une histoire comme celle de Serigne Cheikhloun Faye, on n’en reverra pas avant plusieurs lunes dans le basket français. Et même dans le sport français. l

« Si j’étais parti à Orthez à l’époque, Limoges aurait-il eu le même trajet ? »


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Tifosi

Viva Italia !

Tifosi. Groupe de supporters italiens fanatiques, unis, colorés, exubérants, imaginatifs. La preuve par l’image en Lega A. Spectaculaire.

Photos : J.-F. Mollière-Agence Ciamillo & Castoria

• Le recueillement, l’apaisement et les compliments du coach Greg Beugnot dans l’intimité des vestiaires après la déferlante de joie dans la blanc, rouge. salle.Vert, Michel Jean-Baptiste À Benetton Trévise, Adolphe est visiblement tombé on est patriote. amoureux du trophée.


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• 1 Les supporters de Bologne croyaient au projet du président de faire venir Kobe Bryant et le faisaient savoir. • 2 Ces supporters de Bologne estimeraient-ils que les arbitres sont achetés ? • 3 Siena est en feu ! • 4 Des tifos à Milan, on sait faire.

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• 1 / À Avellino, ils ont un beau drapeau. • 2 / À Venise on la joue collectif. • 3 / Chacun a sa méthode pour faire peur. • 4 / Puisqu’on vous dit que Reyer Venise est magique ! • 5 / Forcément, de temps en temps, il y a quelques excités, comme ici à Cantu. • 6 / L’Américain Aubrey Coleman d’Angelico Biella s’est bien habitué aux traditions locales.

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Quelque chose nous dit que ce Umana Venezia vs Montepaschi Siena va dĂŠbuter en retard.


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LES GRANDS CLUBS EUROPÉENS

L’empire ! 1996, L’AVÈNEMENT

Wojciech Figurski/EB via Getty Images

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our le Pana et ses impatients propriétaires, les choses sont allées à la fois très vite et très lentement. Vite car songez qu’en 1992-93, les Greens ne participaient même pas à l’Euroleague (appelée alors « Championnat d’Europe des Clubs »), et lentement car, malgré des investissements somptuaires, le club au trèfle a dû ruminer sa frustration de voir les ennemis d’Olympiakos lui damer le pion en 1994 et 1995, sorte d’affront suprême. En 1993-94, donc, le Pana fait une entrée fracassante dans le grand monde. Avec un infernal trio Nick Galis (24 points), Sasha Volkov (18 points et 8 rebonds), Stojan Vrankovic (11 points et 11 rebonds), le Pana se met au niveau du Real, du Barça, de la Virtus Bologne, de Badalone et du champion sortant, Limoges. En quart de finale, les Grecs éliminent d’ailleurs le CSP en mettant en ébullition le gymnase (pas d’autre mot) de Glyfada. Hélas, au Final Four, à Yad Eliyahu (le nom historique de la Nokia Arena de Tel-Aviv), le Pana est battu en demi-finale par… Olympiakos (72-77). Un an plus tard, avec Zarko Paspalj à la place de Volkov, Panagiotis Yannakis en renfort, et la montée en puissance de la jeune garde, Fragiskos Alvertis et Nikos Ekonomou, le Pana signe le meilleur bilan de la saison à égalité avec Limoges, sort la Virtus Bologne en quart de finale (99-56 lors de la belle) mais, au Final Four de Saragosse, cale en demi-finale contre… Olympiakos (52-58). Infamie ! Puis enfin, en 1995-96, avec Boja Maljkovic aux commandes, c’est le couronnement. Dans la douleur toutefois puisque la saison régulière est plutôt médiocre et Boja n’a de cesse de faire la guerre à sa star, Dominique Wilkins. Les Verts sont d’ailleurs allés chercher leur ticket pour le Final Four de Bercy à Trévise, au terme d’une belle irrespirable (65-64). À Paris, ils cueillent le CSKA (81-71) avec 35 points et 8 rebonds de Wilkins. En finale, Alvertis fait des ravages (17 points), Wilkins la joue sobre (16 points et 10 rebonds) et le héros (à la fois volontaire et involontaire) est Vrankovic qui, dans les dernières secondes, assène un contre (totalement illégal) à José Montero, parti déposer le lay-up de la gagne pour Barcelone. Dans la confusion la plus totale, le Pana enlève le premier de ses six titres, inaugurant la domination grecque sur l’Europe. l

LE JOUEUR HISTORIQUE

FRAGISKOS ALVERTIS

I

l est loin d’être le joueur le plus talentueux de l’Histoire des Greens mais, très certainement, le plus emblématique. Se définissant luimême comme un membre de cœur du « Gate 13 », le « kop » des supporteurs les plus acharnés et énamourés du Pana, Alvertis a offert son cœur et le talent de son poignet pendant 19 saisons, d’abord comme un minot de bout de banc puis, à la fin, comme totem en costume, toujours au bout du banc. Son numéro 4 est d’ailleurs le seul que le Pana ait retiré. Le natif d’Athènes (11 juin 1974), choisi en 2008 parmi les 50 personnalités représentatives de l’Histoire de l’Euroleague, a ramassé pas moins de onze titres de champion de Grèce, cinq Euroleague et sept Coupes de Grèce (pour faire court). Shooteur démoniaque, servi par une taille inhabituelle (2,06 m) et un mental en acier trempé qui en a fait le cauchemar de tous les adversaires des Grecs et de l’équipe nationale dans les dernières secondes, Alvertis était aussi un défenseur sinon habile à tout le moins engagé, et même vicieux, voire violent parfois. l

LA SALLE : L’OAKA

NOTRE HALL OF FAME Premier cinq Dimitris Diamantidis

2004 à 2012

Dejan Bodiroga

1998 à 2002

Dominique Wilkins

1995-96

Dino Radja

1997 à 1999

Mike Batiste

2003 à 2012

Deuxième cinq Sarunas Jasikevicius

2007 à 2010 et 2011-12

Panagiotis Yannakis

1994-96

Nick Galis

1992-94

Fragiskos Alvertis

1990 à 2009

Antonis Fotsis

1997 à 2001, 2002-03, 2008 à 2011

L’OAKA « Olympic Indoor Hall », construite en 1995 dans le quartier athénien de Maroussi, est un gigantesque édifice, pouvant accueillir 19.000 spectateurs en configuration basket, soutenu par quatre énormes piliers de 35 mètres de hauteur. Propriété de l’État grec (ou ce qu’il en reste), cette cathédrale a accueilli l’EuroBasket 1995 et le Mondial 1998 ; puis rénovée en 2004 dans la perspective des Jeux Olympiques, elle a été le siège de la phase finale du tournoi olympique, du Final Four de l’Euroleague en 2007 et du tournoi pré-olympique 2008. l Nikos Paraschos/EB via Getty Images


Par Fabien FRICONNET

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ÉPISODE 5

PANATHINAIKOS athènes CETTE SAISON

’il y a une chose qui n’a qu’un sens très relatif avec le Pana, c’est l’expression « en recul ». Apparemment moins armés que les autres saisons (on est bien d’accord que cela est à remettre dans son contexte) et moins immédiatement dominants, les Verts ne craignent rien ni personne quand viennent les « matches qui comptent ». Au moment de boucler ces lignes, le tenant du titre était embringué dans une série quart de finale d’Euroleague compliquée contre le Maccabi. Vainqueurs du match 1 (93-73), Zeljko Obradovic et ses hommes étaient au bord de

l’élimination après avoir lâché le match 2 à la maison en prolongation (92-94) et la match 3 à Tel-Aviv (6562). Un peu moins en vue, disionsnous, car en dépit d’un bilan plus que respectable (11 victoires et 5 défaites), ils n’ont pas terminé en tête de leur poule au premier tour et se sont inclinés deux fois en trois matches à l’OAKA lors du Top 16. Il en va de même en championnat. Sauf gros accident, c’est Olympiakos qui terminera en tête de la saison régulière. En effet, s’ils ne possèdent pas le point average sur les Greens (+1, -4), les Reds n’ont perdu qu’un fois,

alors que le Pana, lui, a également mis un genou à terre à Kavala, le 27 novembre (70-79). Une incongruité tant les Verts font du petit bois avec l’opposition locale : +68 en deux matches contre Peristeri, +64 contre Ikaros, +58 contre Ilysiakos, etc. Maroussi a été ridiculisé chez lui : -40 ! Et vous savez quoi ? Olympiakos a beau posséder la main au classement, quand les deux ogres se sont retrouvés en finale de la Coupe, c’est évidemment le Pana qui s’est imposé (71-70). l

Nikos Paraschos/EB via Getty Images

PEUR DE PERSONNE ! S

HORTO MAGIKO, KÉZAKO ?

S

ans que l’on sache vraiment si ce sont les supporteurs de la section foot ou basket du Pana qui l’ont créé, ni même si le chant est originellement « propriété » des fans du Pana, on doit bien constater que ce sont les excités en vert qui ont magnifié et popularisé le « Horto Magiko », littéralement « l’herbe magique ». Un peu partout, il est désormais repris et adapté, jusqu’à Limoges, où c’est désormais un rituel à Beaublanc. La version « originale », celle du Pana, ne laisse pas beaucoup de doute sur l’extrémité du fanatisme qu’elle sous-tend. Les paroles décrivent l’amour immodéré des supporteurs pour leur Pana, plus enivrant que, on cite, « l’héroïne, le haschich et le LSD » (ce qui est une belle performance). l Pour le plaisir, cette vidéo : h t t p : / / w w w. y o u t u b e . c o m / watch?v=u0rMe2Vyb9E (ou bien tapez « Panathinaikos fans - horto magiko » sur YouTube).

PALMARÈS

Debouts : Jasikevicius, Batiste et Diamantidis. Accroupis : Sato et Calathes. Panagiotis Moschandreou/EB via Getty Images

• 6 Euroleague : 1996, 2000, 2002, 2007, 2009 et 2011 • 32 titres de champions de Grèce : 1946, 1947, 1950, 1951, 1954, 1961, 1962, 1967, 1969, 1971 à 75, 1977, 1980 à 82, 1984, 1998 à 2001, 2003 à 2011 • 13 Coupes de Grèce : 1979, 1982, 1983, 1996, 2003, 2005 à 2009, 2012


Glenn James/NBAE via Getty Images

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PORTRAIT • MAXI-BASKET 63

SERGE IBAKA

DESTIN HORS NORME UN PHYSIQUE PARFAIT, UN PARCOURS CHAOTIQUE, UN PASSAGE ÉCLAIR EN FRANCE QUI CONTINUE DE DÉCHAÎNER LES POLÉMIQUES ET UNE DÉMONSTRATION DE FORCE LORS DU DERNIER EURO. IL Y A DÉJÀ BEAUCOUP À DIRE SUR SERGE IBAKA MAIS, AVEC SEULEMENT 22 ANS AU COMPTEUR, ON RISQUE D’EN PARLER ENCORE UN SACRÉ BOUT DE TEMPS. Par Florent de LAMBERTERIE


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imanche 18 septembre 2011, Kaunas Arena, Lituanie. 11e minute de la finale de l’EuroBasket. Nando De Colo intercepte une mauvaise passe dans son propre camp, remonte le terrain en dribble, prend le meilleur sur San Emeterio et décoche un lay-up main gauche. Dans les pas du Français depuis le début de sa course, Serge Ibaka s’élance comme un fauve et stoppe le ballon au sommet de sa trajectoire, largement au-dessus du cercle. À vitesse réelle comme au ralenti, la hauteur du contre est impressionnante. Sur l’attaque tricolore suivante, Kevin Séraphin se retrouve dos au panier face à Pau Gasol. L’ancien Choletais enroule l’Espagnol sur son pied d’appui, enchaîne un petit tir mais Ibaka jaillit comme l’éclair et repousse le shoot du pivot des Bleus. Deux minutes plus tard, c’est cette fois Nicolas Batum qui drive vers le cercle, au corps à corps avec Navarro. Sur la droite du panier, l’ailier des Blazers parvient finalement à déclencher son lay-up mais Serge Ibaka, tel un diable sortant de sa boîte, surgit de nulle part pour balancer la gonfle dans les tribunes au moment même où elle quitte la main de Batum. Là encore,

l’altitude de l’Espagnol est saisissante. Vient ensuite le tour de Tony Parker. Le meneur des Bleus joue le pick and roll avec Joakim Noah, fonce vers le cercle mais Ibaka s’apprête à lui barrer la route. Le triple champion NBA a beau protéger son ballon du mieux qu’il le peut – corps en avant et main droite en arrière – Ibaka parvient tout de même à détourner la trajectoire du Français. La 15e minute approche. Boris Diaw remonte la balle plein axe jusqu’à la tête de raquette adverse. Il transmet sur sa droite à Noah qui n’a plus qu’à monter au cercle mais Ibaka, qui avait suivi la contre-attaque dès le départ, bloque ses appuis au sol, décolle à deux pieds et vient scotcher le pivot des Bulls qui n’a pas eu le temps de comprendre grand-chose. En moins de cinq petites minutes, le nouvel élément de la Roja vient de contrer cinq tirs français. Cinq tirs à priori faciles, soit dix points de perdus pour les hommes de Vincent Collet, qui termineront la mi-temps à neuf unités des Espagnols. Ils ne reviendront pas. Deux ans après son premier titre européen, les Ibères montent à nouveau sur le toit du vieux continent et la France du basket découvre que l’Espagne a une nouvelle arme atomique en son sein, un jeune homme qui s’est offert l’or européen le jour de ses 22 ans. Beau cadeau.

Quatre ans sans eaux courantes ni électricité.

À l’épreuve de la vie Si une fois la médaille autour du cou, le joueur du Thunder arborait un large sourire sur le visage, la vie n’a cependant pas toujours été drôle avec Serge Ibaka. « Je reviens de loin », confiait le joueur à Darnell Mayberry, du NewsOK lors de sa seconde saison à Oklahoma City. Avant d’arriver là où il est aujourd’hui, Serge Ibaka a parcouru un long, très long chemin semé d’embûches. Loin des parquets de Kaunas ou de NBA, Serge Jonas Hugo Ibaka Ngonila – son nom complet – voit le jour à Brazzaville capitale de la République du Congo, pays autrefois connu sous le nom de Congo-Brazzaville. Son père, Désiré Ibaka, fut basketteur professionnel et international pendant de longues années. Sa mère, Amadou Djonga, elle aussi basketteuse, porta le maillot voisin de la République démocratique du Congo, anciennement connu sous le nom de Zaïre et dont le fleuve du même nom sert de frontière naturelle entre les deux pays. Fatalement, cette double ascendance basket rejaillira sur le fiston, qui apprendra très tôt les bases sur des terrains défoncés, avec ballons de mauvaises qualités et paniers à moitié bousillés mais sous l’autorité du paternel, qui inculque dès le plus jeune âge à son fils rigueur et fondamentaux. Au milieu des dix frères et sœurs avec qui il grandit (son père aurait eu au total seize enfants), Serge voient les années passer jusqu’à ce que le destin ne vienne s’en mêler. La première déchirure intervient alors qu’il n’a que sept ans, lorsque sa mère décède de maladie. Peu de temps après, à partir de 1997, le pays est meurtri par la guerre civile. Moins d’un an plus tard, en République démocratique du Congo, de l’autre côté de la frontière, le conflit connu sous l’appellation de Seconde Guerre du Congo – le plus meurtrier dans le monde depuis la Second Guerre Mondiale – éclate à son tour. Durant ces tragiques événements, son père séjournera deux ans en prison et le reste de la famille, guidée par la grand-mère de Serge, part se réfugier au Nord du pays, à Ouesso. Serge y vivra quatre ans, dans des conditions de précarité absolu, sans eaux courantes ni électricité. Une série d’épreuves terribles mais dans lesquels le garçon puisera énergie et détermination. Car durant toutes ces années, Serge Ibaka, qui n’a jamais cessé le basket pour autant, se fait une promesse : celle d’intégrer un jour la NBA.

Agenzia Ciamillo-Castoria/ElioCastoria

Passage éclair en France Les années passent et la famille retourne finalement à Brazzaville, où les talents de basketteurs de Serge vont commencer à attirer l’attention. À l’âge de 16 ans, le jeune homme n’a pas encore atteint sa taille actuelle mais il est déjà sacrément charpenté.


Hervé Bellenger / IS

PORTRAIT • MAXI-BASKET 65

De plus, il est doté de qualités physiques extraordinaires, hors année-là à la Nouvelle Orléans. En compagnie de quelques-uns normes diront certains, et joue avec l’équipe première, au milieu des meilleurs prospects américains de sa génération (Mario des adultes dans son club de l’Avenir du Rail, puis à l’Inter Club Chalmers, Eric Gordon, Jrue Holiday…), il affole tous les scouts de Brazzaville. En 2006, il participe à Durban, en Afrique du Sud, présents, en pamoison devant le potentiel physique du garçon. à l’Afrobasket des moins de 18 ans. Le Congo ne décrochera pas Une vidéo circule d’ailleurs sur Internet où l’on y voit Serge Ibaka de médailles mais Ibaka termine meilleur scoreur et rebondeur exploser le plus haut niveau de mesure de l’appareil servant à de la compétition. C’est aussi à cette époque qu’il commence à évaluer la détente des participants, à la grande stupéfaction des se faire repérer hors d’Afrique (voir page 67). En début de saison observateurs qui n’avaient jamais vu ça. 2006-07, Serge Ibaka débarque à Prissé-Mâcon, en Nationale 2, De retour en Espagne pour la saison suivante, il effectue enfin ses la 4e division française. « On cherchait un grand intérieur pour vrais débuts pro, à tout juste 18 ans. Collectivement, c’est un échec puisque l’Hospitalet terminera nos cadets France, un gars dernier de la division à l’issue qui puisse aussi faire le banc de la saison. Personnellement en seniors », se souvenait revanche, c’est un carnage. récemment Pierre Desroches, Pierre Desroches, son en Ibaka termine à 11,9 points, le coach d’Ibaka à son arrivée premier coach à Prissé-Mâcon 8,4 rebonds et surtout 3,1 en France dans les colonnes du contres par match, record du JSL. « Je n’avais jamais croisé championnat. Dès lors tout s’enchaîne. Il participe dans la foulée un gamin aussi doué, il était plus fort que Turiaf. » Ses qualités athlétiques sautent aux yeux mais aussi ses au Hoop Summit aux côtés d’Alexis Ajinça (8 pts, 8 rbds, 2 cts) fondamentaux, ainsi que sa gestuelle au shoot rare pour un joueur et son nom est appelé en 24e position de la Draft 2008 par les d’un tel gabarit. À tel point que son entraîneur de l’époque lui Seattle Supersonics, qui déménageront à Oklahoma City dans la envisage un temps un avenir à l’aile. Il n’aura pas le temps de foulée. Conscient que son protégé doit encore s’affiner avant de concrétiser son idée. Car de l’autre côté des Pyrénées, le potentiel franchir le grand saut, le GM Sam Presti est cependant convaincu de ce jeune Congolais n’est pas passé inaperçu non plus. L’agence d’avoir déniché une perle rare. « Ses capacités athlétiques et Ufirst, dirigée par l’ancien Manceau et Palois Juan Aisa, compte son énergie nous ont intrigués », admettra d’ailleurs le GM. Il bien mettre le grappin dessus. Après quelques mois de présence en est vrai que lors des tests effectués durant les work-outs, Ibaka Bourgogne, les Espagnols entrent en scène. Les discussions sont avait réalisé les meilleures performances en détente, devant houleuses, confuses, tendues, mais le joueur prend finalement la des athlètes du calibre de Derrick Rose ou Russell Westbrook. route de l’Hospitalet, en Liga Oro, la deuxième division espagnole. Excusez du peu. Mais pour l’heure la NBA attendra. Pour autant, Ibaka gardera d’excellents rapports avec les gens de Prissé-Mâcon. L’été dernier, il assistera même au mariage du Serge « Ikea » fils de sa famille d’accueil de l’époque, posant bras dessus bras Alléché par les promesses entrevues dans dessous avec son ancien président pour la photo souvenir. l’antichambre, les clubs d’ACB se sont pressés au portillon pour récupérer le phénomène. C’est finalement Manresa, près de Barcelone, qui rafle le gros lot. Ils ne Plus fort que la machine Après un bref passage dans le championnat junior pour cause le regretteront pas. Manresa termine 10 e à l’issue de de problèmes administratifs, Ibaka part à l’été 2007 participer au l’exercice 2008-09 et Ibaka fait très bonne figure pour Adidas Nation, la première édition du désormais célèbre camp ses grands débuts en ACB (7,1 pts à 55%, 4,5 rbds en de basket organisé par l’équipementier qui se déroulait cette 16 minutes). Il en profite pour remporter le concours de

« Il était plus fort que Turiaf. »

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dunk du All-Star Game ACB en passant notamment un dunk après rebond sur le dos de la planche ainsi qu’un autre avec appel sur la ligne des lancers-francs, qu’il rééditera l’année dernière au concours de dunk du AllStar Game de la NBA, qu’il rejoint en 2009. Après deux premières saisons satisfaisantes dans l’équipe du Thunder, il est cette année un titulaire indiscutable aux côtés de Kevin Durant, Russell Westbrook et autre Kendrick Perkins. Oklahoma caracole en tête de la conférence Ouest et Ibaka s’épanouit comme un poisson dans l’eau (9,0 pts, 7,9 rbds, 3,3 cts, meilleur contreur de la NBA). Sa carrière est au beau fixe de l’autre côté de l’Atlantique mais Serge Ibaka n’a pas oublié l’Espagne pour autant, et inversement. C’est ainsi que l’année dernière, Sergio Scariolo, le sélectionneur

national espagnol, décide de l’inclure dans sa liste de 15 joueurs en vue de l’Euro lituanien, à condition qu’il obtienne sa naturalisation à temps. Ce sera chose faite le 15 juillet 2011 et annoncé en conférence de presse par le porte-parole du gouvernement, José Blanco, tout heureux d’informer le basket espagnol que la Roja pourra bien compter sur la présence de « Serge Ikea. » Le ministre a beau confondre son nouveau compatriote avec la célèbre entreprise suédoise, Ibaka n’avait pas l’intention de meubler le banc de touche. « Je dois tout à l’Espagne, c’est l’Espagne qui m’a formé en tant que joueur mais aussi en tant que personne », déclarera Serge. « C’est un honneur pour moi de pouvoir rendre à l’Espagne sur le terrain tout ce qu’elle m’a donné. » À voir la finale du dernier Euro, Ibaka s’est montré généreux. Et ce n’est sans doute qu’un début. l

Glenn James/NBAE via Getty Images

« Je dois tout à l’Espagne. C’est un honneur de pouvoir lui rendre sur le terrain tout ce qu’elle m’a donné. »


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DE BRAZZAVILLE À PRISSÉ-MÂCON

« IL ÉTAIT SURDIMENSIONNÉ » DÉSORMAIS AGENT DE JOUEURS, MAÏK PRIME, DE L’AGENCE TRIPLE DOUBLE, EST L’HOMME QUI A DÉCOUVERT SERGE IBAKA AU CONGO, AVANT DE LE FAIRE VENIR EN FRANCE ET QUE LES ESPAGNOLS NE S’INTÉRESSENT À LUI. IL NOUS RACONTE COMMENT.

«

Bien avant de devenir agent, je travaillais pour le ministère des finances au Congo-Brazzaville, où je suis arrivé vers 2004-05. J’ai repris le basket là-bas et j’ai rencontré Fiacre Kouguere (le frère aîné du Manceau Max Kouguere, dont Maïk

Prime est aujourd’hui l’agent, ndlr) qui est depuis mon meilleur ami. On était tout le temps ensemble et un soir, il me demande de ramener son frère en France. On va le voir jouer sur un terrain, il sautait pardessus des mobylettes pour smasher et enchaînait les paniers à trois-points. Je me suis dit qu’on allait prendre une caméra, filmer et envoyer ça aux clubs français. Max a finalement atterri à Gravelines. Sauf qu’entre le moment où on a eu l’idée de faire des vidéos et l’obtention du visa, il s’est passé plusieurs années. Entre temps, Max m’avait parlé d’un ami à lui qui était un monstre physique. « Il faut que tu le voies. » C’est ainsi que je fais la rencontre de Serge Ibaka. Il était surdimensionné. J’ai fait des vidéos mais aucun club de Pro A n’a jugé qu’il avait le niveau pour intégrer une équipe espoir. Le seul club qui s’est montré intéressé, c’était Prissé-Mâcon, en Nationale 2. Pierre Dao m’a aidé à établir des contacts avec Patrick Met, le président mais ça a pris du temps. Comme il était mineur, je suis devenu son tuteur légal parce que c’était plus simple pour obtenir les visas. Ce fut quand même compliqué. Le président de la fédération de basket du pays était un général de l’armée et il appréciait modérément que je lui prenne certains de ses meilleurs jeunes joueurs… Juste avant son départ pour la France, Serge a été convoqué en équipe junior, pour le championnat d’Afrique des U18 à Durban. C’est là-bas que les Espagnols l’ont découvert. Quelques mois après son arrivée en France, je reçois un coup de fil du président de Prissé-Mâcon. « Il y a un agent espagnol avec quelqu’un de la fédération congolaise et le père de Serge, ils disent qu’ils doivent l’emmener pour jouer un match avec l’équipe junior du Congo. » Ils sont venus avec des papiers qui dénonçaient mon tutorat, ont dit que j’avais menti… Ça a été assez sportif. Mais il y avait la convocation, on a donc dû le libérer pour le match où, évidemment, il n’a jamais joué. Il est parti en Espagne, à l’Hospitalet. La fédération française et le club de Mâcon ont porté plainte devant le tribunal du sport à Genève. On a gagné le procès, le club a reçu une compensation financière pas très importante et quand il a eu 18 ans, Serge a eu le droit de choisir où il voulait jouer. Forcément, il était en Espagne, dans une équipe professionnelle… Il a gardé rancune qu’aucun club pro n’ait cru en lui et moi aussi quelque part parce que si ça avait été le cas, Serge jouerait aujourd’hui en équipe de France. »

Propos recueillis par F.d.L.


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DAN S

IL LD’Œ ES

SCOUTS

FRANCH’MENT BON ! Au sein de la jeune génération espagnole, il évolue dans l’ombre de Nikola Mirotic. Déjà bardé d’expérience et titulaire en Liga Endesa, Josep Franch rêve lui aussi de rejoindre, à plus long terme, l’équipe nationale. Par Yann CASSEVILLE

J

uan Carlos Navarro, Raul Lopez, Rudy Fernandez, Sergio Rodriguez, Ricky Rubio, Victor Claver. La liste est exhaustive. Sur la dernière décennie, ce sont les six joueurs à avoir été plus jeunes et expérimentés que Josep Franch. Ainsi au printemps passé, quand il termina sa saison avec Badalone, le jeune meneur avait disputé 56 matches en Liga Endesa. À 20 ans et quelques mois ; seuls les six Espagnols sus-cités possédaient plus de bagages au même âge. Une stat parmi tant d’autres illustrant un constat : le basket, Franch, c’est son truc.

Le basket, « un vice » Josep est un enfant de la Catalogne. Né à Badalone, ses premiers paniers avec ses potes, dès ses cinq ans, le mènent ensuite au club de la ville, à neuf ans. Plus qu’une passion, il décrit le basket comme « un vice ». Sur une île déserte, assurait-il récemment, une petite amie et un ballon suffiraient à son bonheur. À Badalone, il se forme, il se révèle, il apprend ; le club basque fut celui de Ricky Rubio de 2005 à 2009. Le 21 octobre 2007, à 16 ans et même pas sept mois, il foule un parquet d’ACB pour la première fois. Quelques mois plus tard, il se dépucèle sur la scène européenne à l’occasion de… la finale de l’ULEB Cup. 1’14 minute face à Gérone, avec un titre au bout. La saison suivante, toujours espoir – et mineur – il découvre l’Euroleague, lors d’un match face à Ljubljana. Sa carrière pro débute réellement en 2009-10, où il effectue 19 matches dans le championnat national. 3,4 points de moyenne puis 5,7 en 18 minutes en 201011. À l’été, l’Espagne devient championne d’Europe espoirs, portée par le MVP Nikola Mirotic et menée par Franch, meilleur passeur de la compétition avec une moyenne de 5,1 offrandes en plus de ses 11,0 points. En finale face à l’Italie il compile 19 points, 5 rebonds et 7 passes. Efficace en pick’n’roll, sachant toujours prendre les intervalles, bon manieur de ballon, sans avoir l’air de forcer, il trouve et se faufile dans les espaces laissés par l’adversaire. Mirotic récolte – logiquement – les louanges mais l’Espagne se félicite de posséder un tel potentiel à la mène. Dans le même temps, il est contraint d’aller quasiment au clash avec « son » club. Murcie met sur la table une proposition concrète : un poste de titulaire, et 220.000 euros selon As. Badalone décide pourtant de s’aligner sur

l’offre alors que le club est en proie à de graves difficultés financières – entre janvier et avril 2011 Franch n’a reçu que 50% de son salaire. Son agent s’étonne qu’un club endetté puisse retenir son client. Et finalement, alors que le joueur s’était fait à l’idée de rester en Catalogne – « Ils montrent qu’ils misent sur moi » –, Murcie obtient le dernier mot après de longues négociations. Le meneur paraphe un contrat de trois ans à 200.000 euros annuels. Le GM Alejandro Gomez explique cette forte volonté du club de s’attirer les services de ce jeune joueur : « Il a certaines choses que vous ne pouvez pas acheter, comme le talent. »

Le patron à Murcie Franch quitte son club de toujours mais publie une lettre à l’attention d’une ville, d’une organisation. « À différents stades de la vie il y a des moments où l’on est forcé de prendre des décisions et de faire des choix. Je voulais un nouveau challenge. » Il parle d’ « au revoir » et réfute le terme d’ « adieu ». Avec Murcie, à la lutte pour le maintien, intronisé capitaine, Josep a les clés du camion et s’épanouit au contact du coach Luis Guil, sélectionneur multi-médaillé avec les équipes espagnoles de jeunes. Il a vite pris ses repères, confiant que le plus dur était… la vie quotidienne, faire le ménage, à manger, être loin de ses proches. La suite, au contraire de la majorité des garçons de son âge, il ne l’imagine pas outre-Atlantique. La NBA ? « Pas une obsession. Je ne pense pas à la NBA, mon objectif est de jouer au plus haut niveau en Espagne. » Ses modèles ne sont pas Derrick Rose ou Rajon Rondo. Il a grandi en admirant ses idoles à lui : Rafa Jofresa, ancien de Badalone et de la Roja, Pablo Prigioni, Marcelinho Huertas et, son favori, Raul Lopez, formé à Badalone. Quant à la NBA, s’il devait retenir le nom d’un joueur, il choisirait celui du serial passeur canadien Steve Nash. Un journaliste lui demandait récemment ce qu’il désirait le plus. Son rêve. « L’équipe nationale », répondait-il. Justement, avec le forfait de Ricky Rubio pour les Jeux, et si… Stop. Derrière le titulaire, Jose Calderon, l’Espagne a encore pléthore de candidats : Raul Lopez, Sergio Llull, Victor Sada, Rafa Martinez… Dans le futur en revanche, le nom de Josep Franch sera peut-être associé à la sélection. Reprenez la liste des six joueurs, à la première ligne de cet article : tous portent (ou ont porté) le maillot de la Roja. l

Liga Endesa

Ses idoles ? Ni Rondo ni Rose, mais Lopez, Prigioni, Huertas…

Repères • Né le 28 janvier 1991 à Badalone • Espagnol • Taille : 1,90 m • Poste : meneur • Clubs : Badalone (2007-11), Murcia (2011-12) • Palmarès : 2e à l’Euro U16 2007, vainqueur de l’ULEB Cup 2008, 3e à l’Euro U20 2010, champion d’Europe U20 2011 • Stats en Espagne’12 : 8,0 points à 36,6%, 2,0 rebonds et 2,4 passes en 26 minutes


FIBA Europe / Ciamillo-Castoria / Matteo Marchi

FRANCH (MURCIA)

JOSEP


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ÉR IC B EUG N

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1981

À la

Une

Par Antoine LESSARD

« MON MUR FACEBOOK AFFICHE DE LA MUSIQUE TOUS LES JOURS. »

LES CHEVEUX SONT LONGS, BOUCLÉS, AU RAZ DES YEUX. UNE COUPE DE ROCK-STAR. NOUS SOMMES EN 1981, ÉRIC BEUGNOT, 26 ANS, ACCORDE UN ENTRETIEN AU MAGAZINE BEST. À L’ÉPOQUE, LA RÉFÉRENCE DE LA PRESSE MUSICALE.

30 ans en arrière, mais ’histoire nous ramène plus de é vivace. Au moment rest pour Éric, le souvenir est rique, l’ex-basketteur rub la de cipe prin d’expliquer le Tu vas me parler de « : rise devine immédiatement la surp l’interview à la télé soit , cela soit ait Best ? » Gagné. « C’ét x de Los Angeles. » Jeu les avant californienne que j’avais faite notoriété (185.000 sa de met som au En septembre 1981, ses colonnes à re ouv rock exemplaires) le magazine areck, avait été Emb hel Mic ste, nali l’international. Le jour s explique Éric. nou ale, ban intrigué par une histoire pas rleur j’avais démonté le haut-pa « À mon arrivée au Mans, ça ive, less de u nea ton un tre sur de mon tépaze pour le met sur l’enceinte s pied mes tais met je et faisait une enceinte, du pour sentir les vibrations l’après-midi des matches alerté et on ait l’av Ça . ate pat la e coll truc pour que ça me un ce petit bout de bonhomme, s’est retrouvé un jour avec un puit de ent emm évid et nt llige inte mec délicieux, supra ou 6 de musique. Cela a duré 5 connaissance en matière » ps en contact. heures et on est resté longtem . ement dingue de musique plèt com , Éric r pou pied Bref, le er onn and d’ab vient tout juste À cette époque, le basketteur e au Mans. Quelques mois uair disq de le allè par ivité son act », ssion de radio, « Fumigènes plus tard, il lancera son émi

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Considéré il y a une trentaine d’années come le meilleur basketteur français Éric Beugnot travaille pour la ville de Grenoble à la direction de l’action territoriale et de la politique de la ville, en tant que chargé des associations. Auparavant, il a passé 5 ans au cœur du quartier de la Villeneuve comme responsable des sports au milieu de la cité. « Je trouvais essentiel de pouvoir rendre quelque chose à des gens dont les besoins au quotidien sont colossaux. Cela m’a ouvert l’esprit beaucoup plus que n’importe quelle formation. »

ure nclar fera partie de l’avent sur West FM. Jacques Mo des K7 yait nvo m’e ck are Emb hel pendant une saison. « Mic l te interview des Stones qu’i enregistrements, comme cet ission. » l’ém s dan ux cea mor des avait réalisée. On en passait si ligne que la musique est aus Dans l’article de Best, Éric sou cevais con ne Je « vie. sa s dan importante que le basket e. édiatement écouter de la ziqu pas de me lever sans imm où chacun s test d blin des es pot On organisait avec des de vinyles. Je pense avoir été débarquait avec des dizaines nce à avoir eu le walk-man Fra un des premiers mecs en le dé au Japon et j’étais allé de Sony. Je l’avais comman e en Chine rné tou En s. sée -Ély mps chercher chez Sony Cha t inine, les filles demandaien avec l’équipe de France fém toutes à l’écouter. » au mpion de France, le Mance En 1981, déjà deux fois cha journaliste Le e. rièr car sa de met est pratiquement au som mon de star. « Ce n’est pas dans l’interroge sur sa condition de signer ez ass e rim dép me Ça « . caractère », réplique Éric « le trairement à une rock-star des autographes » et con jubilé et le mon ra fête On ni. fi t c’es jour où j’arrête le basket, lendemain, plus rien.» pour icle sa profonde aversion Il confiera aussi dans l’art , le tête en u thie Ma et Mireille la variété française, Sheila l’époque de çais fran s upe gro manque d’originalité des les Jean-Paul, écoutait toutes ou encore que son papa, sion pour pas Sa ! ols Pist Sex s musiques, y compris…le la n mur facebook affiche de la musique est intacte. « Mo Bashung du US, s blue du k, roc Du » musique tous les jours. près ionnel, je crois avoir à peu aussi. « Je suis un incondit sur lui. » Une fait été a qui ce ou duit tout ce qu’il a sorti, pro vous quitte jamais. passion aussi forte, cela ne


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MAXI-BASKET

FONDAMENTAUX

COMMENT ÇA MARCHE ? Par Thomas BERJOAN

LE ALLEY OOP

UN GESTE DE CIRQUE ? IL S’AGIT D’UN DES GESTES LES PLUS SPECTACULAIRES DU BASKET. PARFOIS, LES MATCHES EXHIBITION OU LES ALL-STAR GAMES EN ABUSENT JUSQU’À L’ÉCŒUREMENT. SAUF QUE CETTE COMBINAISON QUI DEMANDE TIMING ET VERTICALITÉ OFFRE ÉGALEMENT UNE RENTABILITÉ MAXIMALE. Par Thomas BERJOAN

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es Clippers – avant de faire la gueule à leur très bon dans le rôle de la rampe de lancement pour coach Vinny Del Negro – ont renommé Los Chandler ou Shumpert, le pivot a trouvé à nouveau Angeles « Lob’ Angeles » ou « Lob City ». un contexte où ses 2,15 m d’explosivité et de mobilité « Lob », en anglais, renvoie à une « lob pass », une trouvent à s’exprimer. Cela dit, le meilleur passeur passe en cloche. Celle qu’on balance par-dessus la pour ce mouvement si particulier ne se trouve ni défense pour qu’un coéquipier la rattrape en plein dans les rangs des Knicks ou des Clippers. Il s’agit vol et la dunke violemment dans le cercle. Et depuis du rookie de Minnesota Ricky Rubio (11) désormais l’arrivée de Chris Paul à la mène, Blake Griffin malheureusement blessé. Il est finalement logique et DeAndre Jordan, deux spécimens physiques que le spécialiste du genre soit un Européen car, parmi les plus explosifs de la grande ligue s’en pour une fois, le terme alley oop est né de notre côté donnent à cœur joie. Ces trois-là réunissent de l’Atlantique, sur le vieux continent européen. toutes les caractéristiques nécessaires. Lecture de jeu, timing et précision à la passe, verticalité Un peu d’histoire hallucinante, mobilité et coordination parfaite à la Pour ceux qui seraient chagrinés par le nombre réception. Mais attention à la puissance marketing trop important de termes anglais présents dans de la NBA. « Lob Angeles » n’a pas le monopole en le vocabulaire du basket en France, qu’ils se la matière. Au 19 janvier en tout cas, notre collègue rassurent. Le alley oop vient au départ du français. Steve Aschburner, sur En effet, le terme vient son blog sur NBA.com, de « Allez, hop ! », avait recensé le nombre le cri communément de alley oops réalisés utilisé par les acrobates dans chaque équipe. de cirque avant de Et bien, les Clippers se lancer. Selon le n’apparaissaient qu’en dictionnaire britannique deuxième position, d’Oxford, le terme se avec 18 réalisations, serait diffusé dans les tout comme leurs voisins des Lakers. Mais les cirques américains. Dans le sport, le terme est premiers se trouvaient sur la côte Est : les Knicks apparu pour la première fois dans les années de New York (20). Tyson Chandler (en photo) en 1950 avec les San Francisco 49 ers, une franchise comptait 12 à lui seul. DeAndre Jordan en était de… foot US ! Le spécialiste était notamment le alors à 11. « wide receiver » R.C. Owens qui avait l’habitude D’ailleurs, quand Chandler et Chris Paul évoluaient de marquer en rattrapant des passes en cloche ensemble à New Orleans, le alley oop était leur en sautant plus haut que ses adversaires directs. grande spécialité. La saison 2007-08 par exemple, Au milieu des années 60, on attribue les premiers Tyson Chandler de New le grand pivot avait réalisé 192 dunks sur la saison, alley oops en basket aux frères Tucker, Al et York est capable d’aller dont 106 (dont de nombreux alley oops mais la stat Gerald de Oklahoma Baptist University. D’autres chercher des ballons à une hauteur incroyable. Il n’existe pas) avaient été servis sur un plateau par historiens du jeu affirment qu’il s’agit de David est le meilleur du monde Chris Paul. À New York, notamment avec Jeremy Lin Thompson (97 cm de détente) à la finition, le dans cet exercice. Mike Ehrmann

/Getty Images

Au départ, « allez hop » est une expression d’acrobates de cirque !


MAXI-BASKET

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joueur de North Carolina State University, servi par ses coéquipiers Monte Towe et Tim Stoddard. À cette époque, de 1967 à 1976, la NCAA, après la première saison universitaire d’un certain Lew Alcindor (qui deviendra plus tard Kareem Abdul-Jabbar), avait décidé d’interdire le dunk. Thompson se contentait donc de poser la balle à travers l’arceau. Sur la dernière action du dernier match de sa carrière universitaire, Thompson a réalisé un vrai alley oop dunk. Le geste est vraiment devenu célèbre avec les Spartans de Michigan State, l’équipe universitaire de Magic à la fin des années 70. Johnson fonctionnait alors avec Greg Kelser. Rapidement la pratique s’est démocratisée, rendue immensément populaire par la NBA.

Plus qu’un move de cirque

Aujourd’hui, le alley oop est-il uniquement un geste de foire, une action spectaculaire qui fait parfois hurler les coaches en raison de la prise de risque ? Pas plus tard que fin mars, lors d’ASVEL-Nanterre, perdu par les locaux, en conférence de presse, le premier exemple qui vient à l’esprit de Pierre Vincent, le coach vaincu pour illustrer les failles de son équipe est le suivant : « On doit être à égalité, Edwin (Jackson) envoie un alley oop… Voilà… Derrière, on prend un trois-points. C’est match après match, jour après jour, les mêmes conneries. » Parfois aussi, notamment sur jeu placé, le alley oop peut être utilisé dans un registre plus maîtrisé, loin des risques inutiles sur contre-attaque. Par exemple, les Knicks de New York sur pick’n’roll mais aussi les Clippers, les Lakers avec Bynum, grand consommateur de passes lobées ou les Wolves avec Rubio ont tiré de cette figure de style un rendement efficace. En NBA toujours, même les Spurs, considérés comme une équipe rigoureuse possédaient un système où Parker envoyait Richard Jefferson au cercle de cette façon. Vincent Collet avait même repris ce système pour les Bleus, avec Batum à la finition. Pour les Bleus et Batum, notamment sur zone, le alley oop est un bon moyen de prendre par surprise, par exemple en exploitant une menace sur la ligne de fond, dans le dos de la défense. En Pro A, Jean-Denys Choulet, grand designer de schémas offensifs, avait pour habitude au cours de la saison 2007-08 de débuter ses matches par un système qui envoyait Marc Salyers au alley oop. Cette saison, Chalon utilise également avec intelligence la taille et la détente d’Alade Aminu, qui bénéficie des qualités de passes de Schilb, Tchicamboud et Delaney. Allez, hop !


Jean-François Mollière

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Gaëlle Skrela, Edwige Lawson, Sandra Dijon : les trois figures de Lattes Montpellier.


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BASKET LATTES MONTPELLIER CO-LEADER DE LFB

UN FUTUR GRAND ? AU BORD DE L’IMPLOSION IL Y A QUELQUES SAISONS, LE BASKET LATTES MONTPELLIER AGGLOMÉRATION EST REVENU DE TRÈS LOIN POUR S’IMPOSER AUJOURD’HUI COMME L’UNE DES NOUVELLES PLACES FORTES DU CHAMPIONNAT. DANS UNE AGGLOMÉRATION OÙ QUASIMENT TOUS LES SPORTS MAJEURS COHABITENT AU PLUS HAUT NIVEAU, LES COÉQUIPIÈRES D’EDWIGE LAWSON ÉCRIVENT LEUR PROPRE HISTOIRE ET GAGNENT EN CRÉDIBILITÉ. LA FINALE DU CHAMPIONNAT AUJOURD’HUI DANS LEUR VISEUR, LES BASKETTEUSES ENTRAÎNÉES PAR VALÉRY DEMORY N’ONT JAMAIS ÉTÉ AUSSI PROCHES DES SOMMETS. Par Jérémy BARBIER, à Lattes et Montpellier

S

on cri de douleur figea un long moment les quelques centaines de spectateurs venus assister à la courte victoire de Lattes Montpellier devant Challes-lesEaux (74-70). Il reste seulement 17 secondes à jouer dans cette rencontre au sommet de la 23e journée quand, sur une action défensive a priori anodine, la Montpelliéraine Kristen Mann s’effondre, touchée à la jambe. Sa grimace n’augure rien de bon, le diagnostic confirmera : fracture du péroné et saison terminée pour la deuxième meilleure marqueuse du co-leader, un sacré cassis dans la dernière ligne droite de la saison. Si la perte américaine avait de quoi doucher la célébration de cette 19e victoire de la saison, elle ne suffisait pas à annihiler les ambitions. La veille déjà, installé dans les canapés du modeste espace VIP du Palais des Sports de Lattes, le président René Comes rappelait pour Maxi-Basket les prétentions sportives affichées en début de saison. « L’objectif était d’être dans le Top 4 et de faire mieux que l’an passé. On a perdu en demi-finale, on veut la gagner cette année. »

Au bord du K.O.

Il faut remonter à la saison 2007-2008 pour mesurer à sa juste valeur le chemin parcouru par le nouveau cador de la ligue. Dans le premier carré du championnat la saison précédente, le club montpelliérain présentait alors plutôt bien. « Les trois ou quatre premiers mois, tout s’est très bien passé », se souvient Valéry Demory, technicien fraichement débarqué dans l’Hérault après

sept saisons sur le banc de Mourenx. Sous le vernis des premières victoires se cache pourtant un lourd passif. « Je ne le savais pas et à partir de décembre, cela s’est dégradé sérieusement. La dette est apparue au grand jour et pendant cinq ou six mois, on était payé très très en retard. » En apnée en coulisses, le BLMA donne le change sur le parquet, étonnant trublion du championnat. « Toutes les filles n’étaient pas payées mais elles ont décidé de continuer à jouer, c’est peutêtre ça qui a rendu le groupe plus fort. J’avais une équipe restreinte mais très solidaire et qui a fait les sacrifices nécessaires. » Dans ce contexte sportif euphorisant, dix jours seulement avant une demi-finale de championnat contre Valenciennes, le club change de présidence et confie à René Comes le soin de négocier avec les divers créanciers. « Je ne me suis jamais étendu sur la situation financière trouvée à mon arrivée car je considère que dans le sport, il vaut mieux laver son linge sale en famille », explique aujourd’hui le président. « La seule chose que je peux dire c’est qu’elle était extrêmement difficile à redresser. » À écouter son entourage le plus proche, « difficile » est un doux euphémisme. Aux premières loges à l’époque, Valéry Demory se souvient. « Je l’ai vu plusieurs fois dans son bureau ranger une casserole qu’il venait d’épurer et en reprendre une directement dans la tête. À un moment, j’ai même pensé qu’il allait lâcher. Et puis non ! » Certainement encouragé par l’improbable finale perdue >>>


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MAXI-BASKET

8e saison en France pour l’internationale croate Ana Lelas.


FÉMININES • MAXI-BASKET 77 face à Bourges deux semaines après sa nomination, le président tiendra bon et plongera très vite dans les préparatifs d’une première d’ EuroLeague qui se révèlera logiquement compliquée (1 victoire, 9 défaites). « On a construit une équipe avec nos moyens financiers en injectant la rigueur qui faisait défaut. Quand on fait ça, on a un conflit entre le monde sportif et les gestionnaires, le premier voulant les meilleurs résultats possibles quand les seconds veulent dépenser uniquement ce qu’ils ont. »

Le déclic du premier titre

Par instinct de survie, le dirigeant s’est immédiatement rangé dans la deuxième catégorie. « Je ne dépenserai pas l’argent que je n’ai pas », martèle-t-il encore quatre ans après. « Sur ce point, il est intransigeant », confirme son entraîneur. « On aimerait parfois avoir plus mais il met tout de suite son veto quand ça dépasse. C’est ce qui fait que les finances ont été redressées et que, en deux ans et demi, le club est revenu à flots. S’il n’y avait pas eu les bonnes personnes et un staff très resserré, je pense qu’on aurait déposé le bilan. » Or trois saisons plus tard, Montpellier est plus vivant que jamais. Moins argenté après sa finale mais toujours assuré du soutien indéfectible de collectivités engagées, le club a travaillé vite et bien pour maintenir le cap (14 victoires en 2009, 16 en 2010, 18 en 2011), épurer ses dettes et activer les chantiers de sa rénovation. Premier cheval de bataille : la formation. « On a maintenant une équipe en minimes France, une équipe en cadettes France, un centre

de formation et une équipe réserve en NF2 », détaille Demory. Résultats stables et structures (re)naissantes, il ne manquait plus au BLMA que le premier résultat d’envergure de son histoire pour valider la nouvelle politique maison et conquérir un peu de notoriété sur la scène nationale. Battues largement par Bourges (72-45 puis 65-55) en demi-finale du championnat 2010-2011, les Héraultaises sont finalement allées chercher leur crédibilité jusqu’à Bercy, vainqueurs au forceps de la Coupe de France face à Mondeville (63-54). « Pour un club, un premier titre a toujours de l’impact », reconnaît aujourd’hui coach Demory. « Ca a plusieurs effets », poursuit son président. « Nous sommes reconnus comme une équipe sur laquelle il faut compter dans la ligue. Localement, ça a aussi eu de l’impact car cela a permis d’être un interlocuteur sportif. Enfin, ça a contribué à amener un nouveau public et à le fidéliser. » Plus important, la montée en puissance de cette nouvelle place forte n’a pas laissé insensible le milieu du basket féminin. Désormais dans la cour des vainqueurs de trophées, le BLMA est ainsi subitement devenu un lieu prisé par joueuses et agents. « Si on avait des difficultés à recruter auparavant, nous avons plutôt l’embarras du choix aujourd’hui », avoue le président.

« On a perdu en demi-finale, on veut la gagner cette année » René Comes

Un basket rythmé et attrayant

Virginie Brémont, 24 ans, back-up d’Edwige Lawson.

Pascal ALLEE/HOT SPORTS

Preuve de la reconnaissance de son savoir-faire, le BLMA a été en mesure de frapper un grand coup lors de la dernière intersaison en convaincant Edwige Lawson, expatriée depuis sept ans, de revenir au pays. « En tant que joueuse >>>


Jean-François Mollière

Jean-François Mollière

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MAXI-BASKET

Comme ça, Gaëlle Skrela a l’air de rigoler, mais sur le terrain elle ne plaisante pas !


FÉMININES • MAXI-BASKET 79 mais aussi ambassadrice, c’est un plus énorme pour le club, l’équipe et l’entraîneur que je suis », savoure Valéry Demory. À 32 ans, l’internationale n’a pas débarqué dans l’Hérault en préretraite. Toujours en contacts avec les clubs du Gotha européen après son départ de Valence la saison dernière (7,2 points, 2,1 rebonds et 1,5 passe en C1), la triple vainqueur de l’EuroLeague est revenue à ses premières amours par conviction. « Je ne dis pas que c’était une décision facile mais quand je vois comme je suis épanouie ici, je me demande pourquoi j’ai mis autant de temps à me décider », nous confiait-elle récemment, souriante et comme un poisson dans l’eau au sein de son nouvel environnement de travail. « Au regard du parcours de l’équipe, on peut parler de retour gagnant. » L’ex-pensionnaire du Spartak Moscou, habituée à driver les meilleures basketteuses mondiales sur les parquets européens, s’est logiquement imposée en patronne d’un effectif au sein duquel « seulement » trois autres nouvelles joueuses ont été intégrées l’été dernier. « Edwige est un petit peu le leader d’expérience qui manquait à cette équipe. Comme nous sommes un club jeune, nous n’avons rien vécu. Elle, toutes ces choses, elle connaît. Si jamais on refait des finales, elle aura une approche qu’elle pourra transmettre aux autres. » Dans le top 10 de la ligue aux points (13,6, 10e), à la distribution (4,8 passes, 4e), aux ballons volés (1,7, 6e) et à l’évaluation (16,7, 5e) la meneuse virevoltante a permis dans un premier temps à son nouvel entraîneur d’affiner la justesse d’un basket résolument tourné vers l’attaque. Quatrième force de frappe de la ligue en 2011 (66,8 points marqués), Lattes Montpellier passe désormais plus de 75 points en moyenne à ses adversaires (75,2, 1er), un total synonyme de jolis cartons (+13,7 points en moyenne) en faveur du collectif le plus altruiste de la division (15,7 passes décisives). « Montpellier, c’est le Barça du basket ! », promettait Fred Dusart (Villeneuve d’Ascq) dans les colonnes de la Voix du Nord le mois dernier. « Offensivement, ça déroule, le ballon circule à merveille, tout semble simple. » « Fred est gentil mais le Barça, c’est un peu exagéré », répond en souriant son confrère montpelliérain. « Un fond de jeu offensif nécessite du talent et quand tu as de bonnes joueuses, c’est plus facile à mettre en place. » D’autant plus lorsque les bonnes joueuses en question s’appellent Kristen Mann (10,7 points), Ana Lelas (10,6 points), Gaëlle Skrela (10,3 points), Fatimatou Sacko (9,1 points) ou encore Sandra Dijon (6,4 points), des basketteuses toutes très expérimentées à leurs postes en LFB. Au club depuis huit saisons, Gaëlle Skrela est ainsi le parfait complément d’Edwige Lawson, leader par l’exemple de cette fine équipe. « C’est la fille typique qui n’a vraiment pas un don surnaturel mais un volume de travail impressionnant », analyse son coach. « C’est une bosseuses à n’en plus finir. » Symbole de la progression globale de son club de cœur, l’arrière à la volonté de fer produit le meilleur basket de sa carrière (13,0 d’évaluation). « C’est une joueuse qu’un club doit avoir car elle peut tout faire, les tâches ingrates comme scorer. Elle incarne ce qui est la force de mon groupe : la complémentarité. »

huitième de finale perdu contre Fenerbahce. « On a eu un manque d’expérience sur la connaissance des joueuses et des équipes adverses donc ce qui serait intéressant pour ce club, c’est de rester au top pour apprendre à bien connaître le basket européen. » Si l’intérêt sportif de la compétition ne fait pas débat, son format actuel (14 matches de poule) pèse visiblement lourd sur les épaules d’un club à la croissance volontairement raisonnée. « L’EuroLeague, c’est trop long », tranche Demory. « Une semaine avec un seul match nous permet de souffler et de travailler or pendant l’EuroLeague, on ne peut pas. C’est devenu quasiment insupportable. On est en train de se poser la question de savoir si on ne met pas le club en danger en la faisant. » D’autant que médiatiquement, la réception de la compétition reine n’a pas encore franchement déchainé les passions. « Parce que le club est jeune, le public n’a pas assez de vécu ou de culture basket pour se rendre compte que celles qui sont venues cette année sont de très grandes joueuses.» Pour rajouter à la difficulté, le BLMA doit réussir à capter l’attention du grand public dans une région concurrentielle qui ne badine pas avec le sport de haut niveau. « Avec l’agglomération et la région, Georges Frêche avait voulu une équipe de haut niveau dans chacune des disciplines », explique le président Comes. « Il a fait naître le rugby, il a soutenu le hand… C’est une volonté politique au sens noble du terme parce que les élus considèrent que le sport est quelque chose de socialement important. » Tellement important qu’à Montpellier, toutes les disciplines majeures évoluent aujourd’hui dans l’élite. Entre l’hégémonie des partenaires de Nikola Karabatic au hand, l’excellente saison des footballeurs en Ligue 1, la bonne tenue du rugby dans le Top 14 ou les résultats réguliers du volley, il est parfois difficile pour Lattes de valoriser son récent parcours. Compliqué également de dénicher ou même renouveler des partenaires amplement sollicités. « Les sponsors ne viennent ni pour mes beaux yeux, ni pour mes boucles blondes », sourit René Comes. « Il faut faire plus d’efforts de réflexion pour y arriver. On a quelques ressources que nous n’avions pas au début mais on ne peut pas avoir trop d’exigences. »

« Pendant cinq ou six mois, on était payé très très en retard » Valéry Demory

Sur un marché concurrentiel

Fort de cette densité, le groupe héraultais a également montré de belles choses dans la seconde campagne de son histoire en EuroLeague. « Nous avons fait un parcours plutôt intéressant », admet Edwige Lawson, mieux placée que quiconque pour évaluer les six victoires et le

Une histoire en marche ?

Dans ces conditions, la politique sportive menée de longue date par les différents soutiens publics permet tout de même de construire sereinement l’avenir. « J’ai eu la chance d’avoir des collectivités locales qui ont soutenu l’action proposée, que cela soit la communauté d’agglomération de Montpellier, le maire de Lattes, le conseil régional, le département…Globalement, le budget est financé pour un quart par le privé et trois quarts par le public. Cela fait quatre ans que j’ai le même budget et dans le contexte actuel j’en suis ravi même si j’ai perdu 8% de pouvoir d’achat. » Sa progression sportive et économique, c’est maintenant via les résultats sur le terrain que Lattes Montpellier va devoir >>>

« Montpellier, c’est le Barça du basket » Frédéric Dusart, entraîneur de Villeneuve d’Ascq


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la développer. « La salle est déjà beaucoup plus remplie même si, malheureusement, elle l’est souvent plus en championnat qu’en EuroLeague », note Valéry Demory. « On voit qu’il y a une évolution. Ce n’est pas Basket Landes ni Mourenx, mais on avance. » Dans le Palais des Sports de Lattes, deuxième antre la plus étroite de la ligue (1.100 places), le BLMA n’a pas encore le sentiment de devoir pousser les murs. « Je ne suis pas certain qu’on puisse jouer à l’Arena de Montpellier dont la plus petite configuration est de 5.000 places », explique René Comes. « Même le hand n’y joue pas tous ses matches. Il n’est jamais bon d’évoluer devant un public clairsemé et le Palais est la salle historique du club qui a toujours joué à Lattes. » Alors qu’un public plus large commence réellement à s’approprier la destinée de son équipe locomotive, le co-leader de LFB veut continuer à grandir sur des fondations redevenues solides. « J’ai été sollicité par d’autres clubs mais l’histoire n’est pas terminée ici », promet Valéry Demory, prolongé pour deux saisons supplémentaires le mois dernier. « Je travaille bien avec mon président donc ce n’est

pas la peine d’aller chercher ailleurs ce que tu as sous la main. » À commencer par de bonnes joueuses, Edwige Lawson en tête. Triple championne de France, la meneuse remplaçante des Bleues sera toujours aux manettes l’an prochain. « Tout est nouveau et pétillant ici. J’ai 32 ans et je prends autant de plaisir que si j’étais une joueuse de 22 ans. J’aimerais que la même équipe soit conservée l’année prochaine parce que je trouve qu’il y a sincèrement quelque chose de spécial dans ce groupe. » « Il fonctionne bien et je n’ai pas envie de trop le changer », complète son coach. Que l’entraîneur et sa leader se rassurent, patience et stabilité resteront les mots d’ordre du BLMA, peu importe l’issue de la saison. « Un club se construit avec d’autres éléments que les résultats sportifs de l’équipe professionnelle », conclut René Comes. « L’équipe pro est une vitrine mais un club c’est aussi une formation, un secteur amateur, une attractivité, un public, un club de supporters, une ambiance particulière… Tout ça, ça ne se décrète pas. Avec du temps et des résultats, ça se construit. Aujourd’hui, très clairement, ça bouge ! Quelque chose est en train de naître. » l

« Tout est nouveau et pétillant ici » Edwige Lawson

Pascal ALLEE / HOT SPORTS

Fabien Causeur : « Quand je jouais au poker c’était sur Facebook, quand je rentrais chez moi c’était mon premier réflexe, j’y passais tout mon temps. »


FÉMININES • MAXI-BASKET 81

«JE ME SUIS UN PEU INSPIRÉ DU RUGBY»

LA MÉTHODE DEMORY ÉLU COACH DE L’ANNÉE EN 2011, L’ANCIEN MENEUR INTERNATIONAL PRÔNE UN BASKET TOTAL À TRAVERS TOUTES LES STRATES DE LA FORMATION MONTPELLIÉRAINE. EXPLICATIONS DE TEXTE EN COMPAGNIE D’UN TECHNICIEN CONVAINCU DES BÉNÉFICES DU TRAVAIL INDIVIDUALISÉ.

Edwige Lawson-Wade est candidate au titre de MVP française de la saison.

« Il fallait unifier la formation et, en fonction du talent des unes et des autres, faire jouer les minimes, les cadettes, la NF2 et les pros un petit peu de la même façon. Il fallait avoir la même culture basket et la ligne de conduite du fond de jeu, ça commence avec les poussines. Si tu as un groupe de joueuses et que tu arrives à les intéresser, elles ne vont pas voir ailleurs et tu peux les avoir jusqu’en dernière année de cadettes. Après, tu prends les meilleures dans ton centre de formation. C’est pour cela qu’il est important de mettre de très bons entraîneurs dès cette catégorie car si tu places un mec moyen, tu perds tes filles qui chercheront un autre sport. Si le mec est bon, tu formes et tu gardes les joueuses. C’est ce qui manquait au club.

UN COACH PAR SECTEUR

Ma grande chance, c’est que mon président me laisse travailler. Toutes les idées que j’avais en tête, j’ai pu les mettre en place. Mon fond de jeu, le fait d’avoir un assistant (ndlr : Guy Prat) qui est un technicien de basket. J’avais dans l’idée de faire des entraînements communs et des entraînements individuels. Je voulais séparer les grandes et les petites car tant en attaque qu’en défense, ce n’est pas du tout le même boulot individuel. Je ne pouvais pas être partout donc si je prenais un véritable technicien à mes côtés, je savais que je pouvais travailler d’un côté sans avoir à me retourner pour voir si le boulot était fait de l’autre. La plupart du temps, Guy s’occupe des petites, moi des grandes. Je me suis un peu inspiré du rugby. Pourquoi les rugbymen ont un entraîneur pour les avants et les arrières alors que nous avons nous aussi deux points très spécifiques, les intérieures et les extérieures. Pourquoi ne ferait-on pas pareil ?

UNE MÉTHODE ÉPROUVÉE

On fait beaucoup de travail individuel spécifique et c’est peut-être aussi pour ça aussi que bon nombre de jeunes

Françaises viennent chez nous et progressent. On peut réfléchir aux filles qui sont passées ici. Alexia Plagnard, qui était arrivée de l’INSEP, a bien évolué chez nous. Gaëlle Skrela, qui était une joueuse quelconque, est devenue une leader dans notre groupe. Pauline Krawczyk, qui était une joueuse moyenne, on en a fait une internationale. Il y a Virginie Brémont et Diandra Tchatchouang maintenant. C’est à ces filles qu’il faudrait demander comment on les fait travailler et si elles sentent que c’est positif. Moi, c’est mon sentiment. On ne peut pas faire bosser les grandes comme les petites.

PLACE À L’ATTAQUE

En tant que joueur, j’ai toujours eu une culture offensive du basket. La lecture de jeu et les passes décisives, c’était mon truc. Forcément, j’essaie de l’inculquer à mes joueuses. Je trouve que dans une salle, il faut que les gens prennent du plaisir. Il ne faut pas occulter la défense - ce sont les fondations de la maison - mais si les gens s’emmerdent en allant voir du sport féminin, ils ne reviennent pas. Il ne faut pas que cela soit le basket à maman où on répète les systèmes. Si on veut attirer les gens, il faut qu’on arrive à jouer comme les mecs. On ne dunkera jamais, on n’ira pas à la même vitesse mais il faut tirer vers cette voie. Donner de la vitesse, essayer de prendre des shoots rapides, faire bouger le ballon, voilà ce que j’ai essayé de faire. J’ai la chance d’avoir des filles qui ont du basket. Edwige, Kristen, Ana...J’ai essayé de faire jouer ces filles sur leurs qualités offensives. Bien évidemment, c’est plus facile de le faire avec ces filles que d’autres. Quand les gens voient du spectacle, ils le disent autour d’eux. C’est la meilleure publicité qu’on peut avoir. »

Propos recueillis par Jérémy BARBIER

Valéry Demory

Pascal ALLEE / HOT SPORTS

UNE IDENTITÉ DE JEU COMMUNE


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MAXI-BASKET

CONTRÔLE SURPRISE !

ALAIN WEISZ Par Claire PORCHER

eisz ! Mais surtout facile pour Alain W p tro n bie e ris rp le coach de Hyères Un contrôle su es et d’autres avec os ch e, de lèm r ob te pr cu Le dis . tendre l’occasion de vais pas à quoi m’at sa ne ple je em a, ex r mp pa sy e t de comm Toulon. « C’es moire sur une pério mé e » nt é. lle lit ce ua ex e ct un l’a c’est que j’ai is un peu moins is quelquefois, je su les années 80-90 ma

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il jamais joué ? rvé Dubuisson n’a-t❏ Dijon 1- Dans quel club He ❏ Antibes ❏ Gravelines eaux en 1993-1994. Sc à b Du ui qui a entraîné cel ur po ile fac ion Quest n dernière en LFB ? r de l’année la saiso neu raî ent élu été a ❏ Aldo Corno 2- Qui ❏ Pierre Vincent t plaisir », ❏ Valéry Demory reconnaissance qui fai -en-Provence. « Une avec sa belle Aix c re, ave niè der 06 e 20 nné en qui l’avait eu l’a Lui-même l’a été ien tal l’I t tai c’é e qu pensais se souvient-il. « Je » es. all Ch c ave n so sai 11 Espagne-France ? la finale de l’Euro 20 de ore sc le est ❏ 108-95 el 3- Qu ❏ 88-75 ❏ 98-85 Après réflexion… Emmeline NDongue ? ❏ 1,95 m 4- Quelle taille fait ❏ 1,90 m t une belle ❏ 1,84 m aque fois qu’elle fai à échange encore ch On Elle fait partie des 0. s. m9 1 nir t uve fai so e ell ns , bo « Emmeline m’a laissée de très i qu se eu jou e un » performance. C’est re. Une championne. rqués dans ma carriè un joueurs qui m’ont ma ts), avec notamment son 2008-2009 (21,4p sai la de ur ore sc été le top 5- Austin Nichols a i était ce match ? valuation, contre qu d’é 41 s, int po 45 à ❏ Rouen match ❏ Dijon vait pas gagné ❏ Vichy joué sur rien. On n’a un match qui s’est st e » une faute, c’e ect car orr n inc bie « ens on lamé d’une faç « Je m’en souvi réc i j’a , ion act ission de re mm niè co La der de passer en malgré ses 45 points. pense la dernière fois je et re miè pre la ur ce qui m’a valu po » nt, je m’en rappelle ! discipline. Effectiveme fs NBA 2012 ? mmencent les playof ❏ 01 juin 6- À quelle date co ❏ 14 mai me. » s dire avril quand mê ❏ 28 avril en avril mais là…Je vai st c’e nt me ale rm no au 29 « Avec le lock-out…, l’Eurochallenge du 27 i-finale au Final 4 de dem en n alo Ch er ntr renco 7- Quelle équipe va ❏ Triumph Moscou avril ? ❏ Besiktas ok oln ❏ Sz Hyères Toulon ? de l’équipe espoir de ur ore sc top le est ❏ Florent Fernando 8- Quel ❏ Fabien Ateba espoirs ! ❏ Axel Julien c 9 joueurs dont 7 match, on a joué ave r nie ets, der cad tre en e no nal de fi rs en qui est allée ipe « Axel Julien ! Lo équ e un st e équipe c’e Un e. es, up s chos térieur du gro Ils font de très bonne bonne cohésion à l’in s trè e un a y il , me l’ossature est la mê regarder. » est très plaisante à très homogène. Elle lls en NBA ? eur des Chicago Bu ❏ Mike Woodson 9- Quel est l’entraîn ❏ Tom Thibodeau gro Ne l De C’est quand même la ny Vin ❏ mances des Français. for per les r pou te. Mais je ne et t intérê et de plus en plus for « Je suis la NBA par league est formidable au sommet de uro l’E est si ’il qu me et mê ny, ket urs car c’est To référence du bas Sp les n bie de voir tous ime J’a isir A. pla la NB Durant. Ça fait suis pas spécialiste de oup Oklahoma et Kevin auvin ! » uc ch bea peu me un j’ai is on su Sin je e leurs équipes, son art cette année. ard reg Je ns. bo nt ime être vra les Français s’imposer, Pro B ? d’Aix-Maurienne en lle la salle du club lle Marlioz Ha La ❏ rs 10- Comment s’appe nie ton rs❏ Salle des Co s gro De n Jea la Pro B comme le tie lle Sa ❏ n’ai jamais considéré Je rs. nt eu so jou A ns Pro bo s trè cains de « En Pro B, il y a de ntraire. Certains Améri ket. » fessionnel mais au co c’est du très bon bas er, ris alo rev la t monde du basket pro fau Il B. Pro de x ceu e qu nettement moins bons

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Pascal Allée / Hot Sports


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