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AMERICANA : PLAIDOYER POUR UN MEILLEUR SOUTIEN FINANCIER

Ce numéro printanier est en grande partie consacré à Americana, le rendez-vous des spécialistes de l’environnement, qui se tient au Palais des congrès de Montréal du 20 au 22 mars. Je vous le dis d’emblée : je ne suis pas neutre face à cet événement. Americana occupe une place particulière dans mon cœur.

Cela remonte à 1997, alors que j’étais étudiant en droit. Par pur hasard, je me suis trouvé un emploi d’été à Réseau Environnement. J’y suis finalement resté sept ans. Cette aventure m’a amené à m’impliquer dans tout l’aspect commercial de Réseau, dont Americana, qui est l’un de ses événements phares.

À l’époque, le salon avait le vent dans les voiles et était grandement soutenu par les gouvernements. Il recevait approximativement 400 000 $ en financement, dont environ 75 % provenaient du fédéral et 25 % du provincial. Qu’en est-il aujourd’hui ? Je me réjouis de voir que cette année, Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, donnera la conférence d’ouverture. C’est une belle marque de confiance qui prouve la pertinence d’Americana en 2023. Mais, je serais surpris si on me disait que l’événement a reçu plus du dixième de l’argent qu’il recevait il y a 25 ans, alors que le besoin de se réunir pour parler d’environnement n’a jamais été aussi criant.

La bataille pour l’or bleu

On ne compte plus les manchettes dans les médias qui ont, depuis un quart de siècle, pratiquement annoncé la fin du monde – du moins, le nôtre – si nous ne changeons pas drastiquement notre mode de vie. Comme le dit bien Mathieu

Laneuville, PDG de Réseau Environnement, dans le texte principal du dossier sur Americana, l’humanité ne cesse de consommer davantage chaque année.

L’un des éléments particulièrement inquiétants pour la survie de l’humanité est l’accès à l’eau. D’après les estimations de l’UNICEF 1, sur notre planète, deux milliards de personnes n’ont pas accès à de l’eau potable. Alors que les changements climatiques entraînent des dérèglements météorologiques extrêmes, la situation ne semble pas être en voie de s’améliorer. L’UNICEF estime aussi que d’ici 2040, près d’un enfant sur quatre vivra dans des zones où la demande en eau dépasse les ressources disponibles. Ce siècle s’annonce comme étant celui de la bataille pour l’or bleu.

La coordination des actions

Bien sûr, les gouvernements prennent des engagements visant à freiner les changements climatiques. Le gouvernement canadien promet d’ailleurs de devenir carboneutre en 2050. Loin de moi l’envie de jouer les cyniques, mais y croyezvous vraiment ? Non ? Et connaissez-vous des gens qui y croient vraiment ? Probablement pas non plus, malheureusement. C’est extrêmement démobilisateur pour les personnes qui veulent faire une différence. Il est plus qu’urgent de se donner des cibles atteignables et d’avoir le courage de mettre en place des actions concrètes pour les atteindre.

André Dumouchel adumouchel@maya.cc

Mais changer profondément notre société pour aller vers un modèle plus durable demandera des efforts sans précédent. Les gouvernements ont un grand rôle de leadership et de coordination à jouer pour que nous puissions réaliser cette mission. Et cela ne se fera pas par vidéoconférence, chacun chez soi, habillé en mou. Plus que jamais, nous avons besoin de nous réunir, de cogiter, de poser des questions, de chercher les meilleures solutions existantes et d’en trouver de nouvelles encore plus performantes.

C’est exactement ce qu’il se passe dans un événement comme Americana. Toute l’expertise – des individus et des entreprises – dans les différents secteurs de l’environnement s’y retrouve pour rencontrer les décideurs publics et privés qui sont à la recherche des meilleures technologies afin de s’attaquer à leurs enjeux environnementaux.

Alors que le monde se relève d’une pandémie qui a durement frappé l’industrie événementielle, Americana est aujourd’hui sous-financé, bien qu’il fasse partie de la solution. J’invite donc les gouvernements fédéral et provincial à reconnaître la pertinence d’Americana et à lui accorder un financement en conséquence. Ainsi, Réseau Environnement pourra s’ajuster afin que l’événement réponde encore mieux aux besoins des spécialistes de l’environnement. Qui sait, peut-être ce soutien permettra-t-il à une partie des forces vives de notre société de se mobiliser pour que le Canada puisse enfin se péter les bretelles d’avoir… peutêtre pas atteint la carboneutralité en 2050, mais du moins, d’avoir significativement réduit ses émissions de gaz à effet de serre. Ce serait déjà, on en convient, une grande victoire. n

1 UNICEF. (s. d.) Les 8 conséquences du changement climatique sur l'accès à l’eau https://www.unicef.fr/article/leau-et-le-changement-climatique-10-infos-a-retenir/ info@magazinesource.cc

Americana, le rendez-vous biennal organisé par Réseau Environnement, est de retour au Palais des congrès de Montréal après un passage en ligne en 2021. Du 20 au 22 mars, la programmation réunit plus de 200 personnes appartenant aux communautés techniques, de recherche, de gestion d’organisations publiques et de direction d’entreprises dans le domaine de l’environnement en provenance du Québec, du reste du Canada, des États-Unis, d’Europe et d’Afrique.

Pour sa 15e édition, Americana reste fidèle à sa formule couronnée de succès depuis 28 ans. Il présente un salon réunissant 180 kiosques d’exposition, une centaine de conférences, de panels et d’ateliers techniques et scientifiques, ainsi qu’un jumelage d’entreprises actives dans différents secteurs de l’environnement, que ce soit l’eau, les matières résiduelles, les sols, l’air, les changements climatiques ou la biodiversité. L’objectif est de permettre aux différents acteurs du domaine de mettre à jour leurs connaissances et de découvrir les dernières avancées techniques, technologiques et scientifiques de même que les projets les plus novateurs.

« Après quatre ans sans s’être retrouvée en personne, la communauté est bien heureuse de se rassembler à nouveau pour réseauter dans le plus grand événement francophone multisectoriel en environnement en Amérique du Nord », affirme Mathieu Laneuville, président-directeur général de Réseau Environnement, qui organise Americana.

L’événement réunit en effet un grand nombre d’intervenants des sphères professionnelles, décisionnelles, scientifiques et entrepreneuriales dans les différents secteurs liés à l’environnement.

« À Americana, la faune qui interagit a un ton amical. Plusieurs personnes se connaissent parce qu’elles se côtoient dans différents événements, et c’est aussi un lieu qui réunit beaucoup de gens d’autres pays, alors les rencontres sont très riches », témoigne Nathalie Drapeau, directrice générale de la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie, qui s’implique à Americana depuis le début et qui a même été présidente de Réseau Environnement de 1999 à 2001.

Délégués de différents pays et grandes pointures

Pour son volet international, Americana collabore notamment avec Investissement Québec International, Affaires mondiales Canada et des délégations du Québec à l’étranger. L’objectif est de découvrir les besoins des industries du Québec et d’autres pays afin de trouver des façons qu’elles fassent des affaires ensemble. « Une trentaine de délégations de différents pays en Amérique latine et du Nord, en Europe, en Asie et en Afrique sont à Americana pour avoir la chance de rencontrer plusieurs entreprises au même endroit », indique Mathieu Laneuville.

L’événement accueille aussi souvent des personnalités politiques. Cette année, Steven Guilbeault, ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, est conférencier d’ouverture.

« Americana est un événement d’importance pour l’avancée des technologies propres et la mise en commun des savoirs, des projets et des passions vers une économie carboneutre. Je suis très heureux que l’événement se tienne à Montréal et de pouvoir y prendre part », affirme le ministre.

Pour le panel sur l’écofiscalité, on entendra notamment Carlos Leitão, ministre des Finances du Québec de 2014 à 2018, et Nicolas Marceau, ministre des Finances du Québec de 2012 à 2014.

Nathalie Drapeau se souvient d’ailleurs d’une rencontre faite à Americana en 2001, lorsqu’elle était présidente de Réseau Environnement et également enceinte… à un mois de son accouchement ! Alors qu’elle avait pris quelques minutes pour reprendre son souffle dans le petit salon de repos, elle s’était retrouvée avec David Anderson, à l’époque ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique. « Il se reposait lui aussi sur un fauteuil, raconte-t-elle. Nous jasions de tout et de rien. Quel personnage ! Pour moi, cela a vraiment été un moment marquant. Je me suis sentie privilégiée de le rencontrer et cela n’aurait pas été possible sans Americana. »

Le rôle clé des bénévoles

Mathieu Laneuville, qui a pris la tête de Réseau Environnement l’an dernier, se rappelle aussi à quel point il avait été impressionné à sa première participation à l’événement. « J’étais responsable de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable au gouvernement du Québec, se souvient-il. J’avais soif d’apprendre et de rencontrer des personnes ayant différentes expertises, alors j’assistais à plusieurs événements, mais Americana m’avait frappé dès le départ par son envergure. »

Après y avoir été participant, Mathieu Laneuville y a été panéliste, puis il s’est impliqué dans le comité scientifique. Ils sont d’ailleurs nombreux à prendre le même chemin, qu’ils proviennent de ministères, de municipalités, d’universités ou d’entreprises privées.

« Réseau Environnement est la seule association qui regroupe tous les types de spécialistes en environnement au Québec : ce sont des gens qui veulent faire une différence, affirme-t-il. Beaucoup d’entre eux s’impliquent comme bénévoles dans différents comités. Et ils ont une grande marge de manœuvre. »

Nathalie Drapeau, qui continue d’ailleurs à s’investir dans des comités techniques pour préparer Americana, confirme cette affirmation. « Il est clair que nous avons un grand pouvoir de décision sur le contenu, explique-t-elle. Les comités de bénévoles sont composés de gens qui ont des expertises particulières et qui connaissent très bien les grands enjeux de leur domaine. Ils recommandent des conférenciers et des exposants à approcher : ce sont vraiment eux qui nourrissent le programme proposé à l’équipe de Réseau Environnement. C’est un événement qui vient de la base et qui garde toujours sa pertinence. »

Le salon d’exposition

Nouvelles technologies, innovations, jeunes pousses : Americana 2023, c’est plus de 180 exposantes et exposants. « On remplit le Palais des congrès et il faut pratiquement les trois jours de l’événement pour faire le tour des kiosques », indique fièrement Mathieu Laneuville.

Pour les entreprises présentes, c’est une occasion de se faire connaître et de présenter de nouveaux produits, mais aussi de préparer le terrain pour des ventes. « Les gens qui visitent le salon d’exposition se mettent à jour, découvrent de nouvelles technologies qui sont toutes réunies sous le même toit, alors ils gagnent du temps, illustre le PDG de Réseau Environnement. Bien sûr, il faut généralement être patient avant de voir des ventes se réaliser, parce que les acheteurs sont souvent des ministères et des municipalités, donc ils doivent passer par des appels d’offres, mais c’est une première étape. »

Par exemple, Nathalie Drapeau se souvient qu’il y a quelques années, elle avait été séduite par un fournisseur anglais venu à Americana présenter un équipement de transformation du verre. « À la fin de sa présentation, je suis allée lui dire que je voulais sa machine chez nous, raconte-t-elle. Un ou deux ans plus tard, Éco Entreprises Québec lançait un projet pilote avec ce fournisseur. Il est venu en Gaspésie et je lui ai rappelé ce que je lui avais déjà dit. Nous utilisons toujours sa machine, d’ailleurs ! »

Le programme de conférences

En plus du salon d’exposition, plus de cent conférences, panels et tables rondes composent la programmation d’Americana 2023. Études de

Des Id Es De Grandeur D S La Fondation

Des idées de grandeur habitaient dès le départ les cofondateurs d’Americana, Éric Bouchard (alors directeur général de l’Association québécoise des techniques de l’eau [AQTE], devenue Réseau Environnement) et Jean-Pierre Dubois (alors contractuel en organisation d’événements).

« J’avais organisé un petit salon provincial pour l’AQTE en 1993 et par la suite, Éric et moi avons eu l’idée d’organiser un événement à portée internationale, raconte Jean-Pierre Dubois. Nous avons ainsi présenté le projet au gouvernement fédéral. »

« En 1994, l’Accord de libre-échange nordaméricain (ALENA) entrait en vigueur, il y avait une ouverture sur le monde, c’était tout le mouvement de la mondialisation qui commençait », renchérit Éric Bouchard, aujourd’hui copropriétaire des cinémas Saint-Eustache et Saint-Jérôme.

C’était aussi l’époque où on comprenait que les questions environnementales étaient de plus en plus interconnectées – d’où la création de Réseau Environnement. « Il n’y avait pas au Québec de joueur qui rassemblait des spécialistes des différents secteurs liés à l’environnement, ajoute Éric Bouchard. Nous avons voulu créer Americana pour jouer ce rôle dans les Amériques afin de trouver des solutions pratiques aux différents enjeux. »

Le gouvernement fédéral a appuyé l’événement dès sa première édition. « C’est certain que l’aspect commercial profitable aux entreprises d’ici l’intéressait, explique M. Dubois. Grâce à Americana, l’expertise du Québec pouvait rayonner au Canada, aux États-Unis et ailleurs. À ce moment-là, cela manquait. C’était aussi l’occasion de découvrir les manières dont les experts des autres pays agissent face à différentes problématiques. L’idée, c’était de se décloisonner. »

S’il affirme être fier d’avoir créé Americana avec Éric Bouchard, Jean-Pierre Dubois continue à graviter autour de son bébé. Avec OPC, la firme d’organisation d’événements qu’il a fondée, il a organisé Americana à quelques reprises au fil des ans. Puis, avec B2B/2GO, une entreprise qu’il a créée en 2012 pour mettre au point une plateforme de prise de rendez-vous dans des événements, il sera l’un des fournisseurs de services d’Americana cette année.

« Je suis très heureux de continuer à y contribuer, parce que l’événement a encore sa pertinence, affirme-t-il. À l’époque, nous étions un peu des précurseurs à parler d’environnement, mais aujourd’hui, c’est encore plus d’actualité. Plusieurs technologies vertes sont maintenant disponibles et émergentes, et c’est le temps de passer à l’action. »

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