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ÉCONOMIE CANNE À SUCRE ET VANILLE FONT VIVRE MAYOTTE

LOIN DE NOTRE ÉCONOMIE DE SERVICES ACTUELLE, L’ÎLE AU LAGON SUBSISTAIT SURTOUT GRÂCE À L’AGRICULTURE, ENCORE TRÈS PRÉSENTE AUJOURD’HUI. LORS DE L’ARRIVÉE DES COLONS À MAYOTTE, CES DERNIERS ONT DÛ CHOISIR ENTRE CULTIVER LES COCOS OU LA CANNE.

LES USINES SUCRIÈRES

“ La plupart des concessionnaires se sont établis sur le littoral de la Grande Terre, dans les vallées qui séparent les contreforts. Toutes les concessions se ressemblent ; au bord de la mer, à l'entrée de la vallée, une bande de marais et de palétuviers, puis une plaine d'alluvion entourée de pentes douces, et, au-delà ; des pentes plus abruptes, couvertes de bois ; au fond de la vallée, une rivière peu abondante pendant la saison sèche, mais roulant une masse d'eau considérable pendant la saison des pluies ; dans la plaine une usine à sucre, des ateliers, des magasins, des hangars, une maison de maître, des maisonnettes pour les employés à portée de la cloche, un grand camp pour les travailleurs noirs ; tout à l'entour des champs de cannes à perte de vue ; voilà à peu près la physionomie de chaque établissement sucrier. Sur certains grands établissements tous les employés sont logés dans des maisons bâties en pierres et très confortables. A Combani notamment, ces bâtiments sont très importants : une maison de maître, 12 maisons d'employés, une usine à sucre, une distillerie, un hôpital, six magasins, forment un ensemble de constructions considérable. ”

La Coco Ou La Canne

“ Deux voies se présentaient aux colons : se borner à une exploitation agricole en tirant parti des milliers de cocotiers en plein rapport que renfermait chaque concession, en régularisant les bouquets épars, en les joignant par de nouvelles plantations, enfin, en cultivant des caféiers, des girofliers et des cacaoyers ; ou bien aborder la culture de la canne qui réussissait parfaitement et se lancer dans la fabrication du sucre. L'exploitation purement agricole pouvait donner de bons résultats ; chaque cocotier rapporte, par an, de 80 à 100 cocos, et, en

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faisant la part de la maraude des fanihis et autres accidents, 80 cocos valant 4 francs, à 0 fr.05 chacun, prix assuré. Un hectare pouvant contenir au moins 80 cocotiers eut rapporté 320 francs et 100 hectares 32.000 francs. Il eut été facile d'établir dans les belles vallées de Koéni, Passamenti, Debeney, etc., 100 hectares de cocotiers et 50 hectares de caféier ; un hectare peut recevoir 2.500 caféiers genre moka et 1.200 caféiers genre Libéria, qui produisent chacun 0 kil. 250 de café par an ; en estimant à 0 fr. 50 le rendement de chaque pied, ces 50 hectares de caféiers eussent produit de 20 à 25.000 francs. Mais il eut fallu attendre trois à quatre ans les caféiers et sept à huit ans les cocotiers ; or, dans un pays malsain comme Mayotte, le temps presse, il faut un résultat immédiat ; l'hectare cultivé en cannes pouvant au bout de quinze ou dix-huit mois, produire 4 ou 5 tonneaux de sucre c'est-à-dire à 300 francs la tonne, de 12 à 1.500 francs, on sacrifia les cocotiers et les caféiers et on se mit à cultiver la canne et à bâtir des usines. Il est nécessaire d'ajouter, pour la vérité, qu'en 1886-1887, une coccidée a détruit la plus grande partie des cocotiers de Mayotte, les caféiers moka en 1884 avaient subi le même sort anéantis par l'hemélija vastatrix. ”

Le Sucre Mayotte

“ Les premières plantations furent faites avec des plants de Maurice et surtout de la Réunion ; les procédés de culture furent aussi, à l'origine, rigoureusement calqués sur ceux de la Réunion sans tenir compte de la différence de climat et surtout de saisons. Aujourd'hui l'expérience acquise a permis de rectifier les cultures et de mieux les approprier aux conditions climatériques du pays. Tandis qu'à la Réunion, la canne ne fournit, en général, que deux pousses, une première, dite canne vierge, mûrissant dix-huit mois après la plantation et une seconde, dite canne de recoupe murissant dix-huit à vingt mois après la coupe des cannes vierges, la canne à

Mayotte semble pouvoir donner huit à dix coupes ; c'est un avantage considérable. ”

Le Rhum Mahorais

“ Les mélasses résiduaires sont employées à la fabrication des rhums. 100 000 kilogrammes de sucre laissent des mélasses pouvant produire 10 000 litres de rhum. Les appareils employés à Mayotte sont tous du système Savalle ; ils sont d'un bon fonctionnement. Les rhums de Mayotte ont eu, de tout temps, une véritable renommée dans la mer des Indes, renommée, d'ailleurs, très justifiée. En somme, la principale industrie de Mayotte est celle de sucre et de son dérivé le rhum. Il se fabrique annuellement environ 4000 tonneaux de sucre et de 180 000 à 200 000 litres de rhum. L'industrie sucrière occupe près de 3000 travailleurs. ”

La Vanille

“ Depuis quelques années la culture du vanillier a pris, à Mayotte, une grande importance ; le climat des Comores lui convient d'ailleurs admirablement. Une température plus chaude, plus humide, une, végétation plus active semblent même créer à Mayotte des conditions très favorables au vanillier. La vanille de Mayotte, d'un parfum exquis, à fine odeur de thé, a, été classée au premier rang, immédiatement après la vanille du Mexique si justement renommée.

La vanille est mesurée, classée suivant sa longueur et mises dans des malles métalliques fermant bien où elle demeure en observation pendant un mois au moins. Enfin elle est mises en paquets de 50 gousses et attachée avec des liens et mises en boîtes pour être expédiée en Europe. Les expéditions ont lieu fin de septembre et fin d'octobre. Quand la vanille est expédiée de Mayotte elle a sa couleur définitive et son parfum, mais le givre ne s'est pas encore produit ; c'est généralement 30 à 40 jours après l'arrivée en Europe qu'apparaît ce beau givre si apprécié. ”

Le Caf

Jusqu'à ces derniers temps, le caféier avait été peu cultivé à Mayotte. Dans ces dernières années, après la destruction du caféier moka par le parasite, l'hémileia vastatrix, les propriétaires de Mayotte ont planté beaucoup de caféiers Libéria, qui résistent aux ravages du parasite. Plus de 100,000 caféiers Libéria, ont été ainsi plantés depuis quatre à cinq ans ; malheureusement le café Libéria, quoique de saveur et de parfums excellents, est de vilaine apparence ; le grain est gros, irrégulier, de couleur variée, et l'acheteur ne l'accepte pas volontiers. Toutefois, il se produit, depuis quelques années, une transformation du café Libéria, dont les grains deviennent petits et ronds. Avant peu Mayotte produira de sérieuses quantités de café.

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