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JEUNESSE (4/6) :
Trois Histoires
Mahoraises
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.
Lorsque Yoanne Tillier fait paraître, dans la collection « Jeunesse » de la maison d’édition L’Harmattan, La Porte des djinns à Mayotte, en mars 2006, il est suivi de près par un autre écrivain qui raconte des histoires à destination des enfants : Danièle Fossette. Cette dernière publie en effet, dans la même collection, juin 2006, Le Gâteau de Madame Lapoule. Dans ce premier ouvrage, qui s’adresse à des élèves de l’école primaire, l’auteur choisit un volatile que tout le monde connaît, une poule dont les œufs serviront de base à la recette d’un gâteau. Mais la poule a oublié les autres ingrédients qu’elle va donc devoir s’efforcer de retrouver. L’enfant rira alors d’une poule qui doit faire attention à ses mabawa, ailes de poulet en langue vernaculaire et plat particulièrement apprécié par les Mahorais. Il y a ensuite un accrochage avec un zébu qui se sent insulté par la recherche du lait/laid. Le dernier ingrédient découvert par accident est un ananas. Et le résultat de cette quête en forme de devinettes, c’est un gâteau au coco et à l’ananas dont la recette officielle termine l’ouvrage.
Dans son deuxième ouvrage, Danièle Fossette s’intéresse à Trois enfants et une baleine à Mayotte. Il s’agit d’abord de mettre en scène la découverte d’un lieu :
« En chemin, Marine découvre son nouveau « pays » : des arbustes aux fleurs rouges débordent des palissades de feuilles tressées, des cocotiers à la tête ébouriffée se balancent mollement, des femmes portent des tenues hautes en couleur. Le long de la route, la mer remue gentiment quelques pirogues. » (p. 11-13)
C’est aussi l’occasion de la découverte d’une nouvelle langue, présentée de la façon goguenarde suivante :
« - Jéjé, Boueni ! Et devant l’air étonné de Marine, elle ajoute : « ça veut dire bonjour, Madame, comment allez-vous ? »
- Il faut répondre Ndjéma, autrement dit « ça va bien, merci » dit son mari avec un large sourire. Puis il ajoute pour les taquiner : c’est comme cela qu’on se dit bonjour en France, non ? »
Mais c’est aussi et surtout un roman pour la jeunesse qui manifeste un souci de l’environnement, raison pour laquelle son climax est le sauvetage d’un baleineau pris dans un filet par Marine, Hadidja et Ayman. L’auteur milite en effet pour l’association Megaptera qui vise à protéger, observer et conserver les mammifères marins.
Pour son troisième et dernier ouvrage à ce jour, Danièle Fossette change d’éditeur et choisit Orphie pour un album destiné à la jeunesse et richement illustré par Franèk Pralat. Par ennui, la princesse Agoa décide de créer une île dans l’océan Indien. Alors qu’elle convoque tous les animaux marins pour recevoir des conseils sur la forme de l’île, seul l’un d’entre eux ne répond pas à l’appel et n’est pas prêt à tout pour que l’île lui ressemble. Il s’agit de l’hippocampe, trop occupé par sa progéniture. Touché par son comportement, la princesse donne sa forme à l’île…
Christophe Cosker