tunisie
A paraître chez Dad éditions : Carreaux de lumière, l’art du Jelliz en Tunisie La Tunisie au féminin Le tourisme est mort, vive le tourisme !
Tunisie, musée à ciel ouvert
La Tunisie regorge de sites naturels et historiques de premier ordre, parmi lesquels huit ont obtenu cette reconnaissance mondiale que représente l’inscription par l’UNESCO sur la Liste du Patrimoine mondial. Douze autres sites tunisiens figurent sur la Liste indicative soumise au Centre du Patrimoine mondial. Ce livre propose un parcours amoureux à travers ces lieux de beauté et de mémoire qui appartiennent au patrimoine universel.
Pat r i m o i n e u n i v e r s e l
Tunisie patrimoine universel
Déjà paru :
L’auteur Guillemette Mansour est notamment l’auteur des livres « Tunisie, mémoire de l’humanité » et « Tunisie, musée à ciel ouvert », parus en 2003. Journaliste spécialisée dans le tourisme et le patrimoine, elle a publié de nombreux articles traitant des richesses naturelles et archéologiques de la Tunisie, où elle vit depuis plus de vingt ans.
Les photographes Mrad Ben Mahmoud a étudié la photographie à l’Ecole Louis Lumière, à Paris. Il a consacré la majeure partie de sa vie à explorer avec tendresse la Tunisie, ses médinas et ses sites archéologiques, sa nature et ses traditions. Il est l’auteur de la plupart des photographies de ce livre. Patricia K. Triki Artiste plasticienne dont les installations s’exposent aussi bien en Tunisie qu’en Europe et aux Etats-Unis, Patricia K. Triki porte un regard très personnel sur le pays où elle a ses racines et où elle vit depuis plus de trente ans. Slim Medimegh Plongeur chevronné, chasseur expérimenté, randonneur invétéré, Slim Medimegh prend excuse de ses hobbies pour parcourir et photographier la nature tunisienne.
Les sites de la Liste du Patrimoine mondial de l’Unesco
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La médina de Tunis
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5
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Le site de Carthage
L’amphithéâtre d’El Jem
Le Parc national d’Ichkeul
Le site de Kerkouane
La médina de Sousse
7 Kairouan
8 Le site de Dougga
t u n isie Pat r i m o i n e u n i v e r s e l
Les 8 sites tunisiens inscrits sur la Liste du Patrimoine mondial de l’Unesco et les sites de la Liste indicative soumise à l’Unesco
Guillemette Mansour Mrad Ben Mahmoud Patricia K. Triki - Slim Medimegh
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table Introduction
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des
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m a ti è r es .
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Les sites de la Liste du Patrimoine mondial La médina de Tunis
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Le site archéologique de Carthage
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L’amphithéâtre romain d’El Jem
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Le Parc national d’Ichkeul
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La cité punique de Kerkouane La médina de Sousse
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La médina et les monuments de Kairouan
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Le site archéologique de Dougga
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Les sites de la Liste indicative
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Sfax, Djerba, Limes du Sud tunisien, carrières antiques de Chemtou, complexe hydraulique Zaghouan-Carthage, monuments funéraires numides, sites géologiques du Permien marin et de la limite Crétacé-Tertiaire, oasis de Gabès, Chott el-Jerid, parcs nationaux de Feija et Bouhedma
Le Musée national du Bardo à Tunis.
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Tunisie : un si riche patrimoine…
L
a Tunisie a toujours été au cœur de l’histoire universelle. C’est en Tunisie qu’une des plus grandes civilisations d’Orient, celle des Phéniciens, s’est implantée durablement afin de conquérir le bassin occidental de la Méditerranée. C’est en Tunisie que Rome, en venant à bout d’Hannibal – un des plus grands généraux de tous les temps –, a pris conscience de sa force, et inauguré la prodigieuse dynamique qui allait la propulser à la conquête de la Grèce, des Gaules et jusqu’aux confins de l’Asie. En Tunisie, le christianisme balbutiant a consolidé sa doctrine grâce aux conférences données à Carthage par saint Augustin, un des pères de l’Eglise d’Occident. C’est en Tunisie aussi que, par la fondation de Kairouan, la civilisation arabo-musulmane a trouvé la base solide qui lui a permis de rayonner au-delà du désert égyptien, et d’écrire quelques-unes des plus belles pages de son histoire à Fès, Cordoue, Séville, Palerme mais aussi Mahdia et Tunis. En Tunisie, enfin, les Ottomans ont remporté quelques-unes des batailles décisives qui ont scellé la constitution de leur empire et marqué le reflux définitif des chrétiens vers la rive nord de la Méditerranée. Ce n’est pas seulement l’histoire qui fait de la Tunisie un pays central ; la nature aussi. Du désert de sable aux montagnes boisées, des steppes aux lagunes, des îles aux plateaux désertiques, son petit territoire concentre une extraordinaire variété d’écosystèmes. Et il se trouve de surcroît sur une des principales routes empruntées par les oiseaux migrateurs entre l’Europe et l’Afrique, celle du détroit de Sicile. Aussi il n’est guère surprenant que, dès les années 1970-80, l’Unesco ait inscrit des sites tunisiens sur sa liste du Patrimoine mondial. Aujourd’hui au nombre de huit, ils pourraient être rejoints par de nombreux autres qui se trouvent actuellement sur la Liste indicative et qui méritent tout autant cette reconnaissance mondiale.
Carthage : vue depuis la colline de Byrsa.
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La mĂŠdina de
Tunis
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Tunis, diverse et monumentale
M
ultiple et foisonnante, la médina de Tunis offre bien des visages différents, à l’image de sa longue histoire enrichie d’influences diverses. Pendant toute la fin du Moyen Age, elle était une des cités majeures du monde musulman. Elle est aujourd’hui une des plus vastes et des plus belles médinas du monde, riche de ses monuments qui se comptent par centaines, et de son tissu urbain caractéristique des villes arabes. Son monument le plus ancien est la Grande mosquée, dite ez-Zitouna (mosquée de l’Olivier). Construite sous sa forme actuelle au IXe siècle, peu après celle de Kairouan – qui était alors la capitale –, elle lui est très semblable. Dans sa salle de prière se dressent 184 colonnes antiques qui soutiennent la toiture ; prélevées pour la plupart sur le site de Carthage, elles trouvèrent ici une seconde vie. A l’extérieur, l’harmonieux décor à base de niches et d’arcs rouges et blancs donne à la mosquée son caractère propre. C’est avec la dynastie des Almohades que Tunis prit définitivement, au XIIe siècle, son rôle de capitale. Capitale, d’abord, d’une province de leur empire ; puis centre du nouvel empire constitué au siècle suivant par leurs héritiers, les Hafsides. Ces souverains berbères agrandirent la citadelle des Almohades, la Kasbah, aujourd’hui disparue. Leur règne dura plus de trois siècles. Tunis accueillait alors de nombreux Andalous fuyant l’Espagne ; l’un d’eux, le céramiste Sidi Kacem, était aussi un saint homme dont le mausolée à toiture pyramidale est représentatif du
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Double page précédente : porte d’un palais de la médina.
Mausolée de Sidi Kacem el-Jellizi (XVe s.).
rapidement, par les Beys, à la tête de l’armée chargée de sillonner le pays pour collecter l’impôt. Ces derniers prirent le titre de Pacha (gouverneur), puis s’affranchirent largement de la tutelle d’Istanbul. De cette époque datent de superbes médersas, collèges religieux destinés à former juristes et fonctionnaires. L’une des plus belles est la médersa es-Slimaniya, avec son patio aux élégantes arcades, ses panneaux de céramique à bouquets dans le style ottoman, son plafond en coupole orné de délicates arabesques. On édifia aussi de nombreuses zaouïas, fondations religieuses, comme celle de Sidi Ibrahim er-Riahi à l’exubérant décor de plâtre sculpté. A partir du XVIIIe siècle, les membres de la famille beylicale se firent enterrer dans un vaste complexe funéraire surmonté de coupoles, Tourbet el-Bey. De l’ère ottomane datent aussi la plupart des palais qui se cachent derrière des portes magnifiquement décorées. Leurs salles s’organisent autour de patios entourés d’arcades et tapissés de céramique. Pierre sculptée, boiseries peintes de bouquets ou d’arabesques, vasques, panneaux de céramique et marqueterie de marbre… leur décor mêle harmonieusement le style traditionnel à de multiples influences turques, espagnoles, italiennes. Délaissée au XXe siècle en faveur des nouveaux quartiers, la médina de Tunis a conservé ses plus beaux monuments et son atmosphère propre. C’est un univers à part où se côtoient le luxueux et le populaire, l’ancien et le moderne, le religieux et le profane ; un lieu où se combinent la force d’une tradition millénaire et l’ouverture sur le monde.
Tunis
style hafside et de ses influences andalouses. C’est aux Hafsides que la médina doit l’essentiel de sa configuration actuelle. Mais de nombreux traits de son visage trahissent l’influence des Ottomans, qui à leur tour intégrèrent la Tunisie à leur empire à partir de 1574. Autour de la Grande mosquée qu’ils cernent de toute part, les souks centraux sont des marchés couverts dédiés aux activités les plus nobles : tailleurs, parfumeurs, libraires, bijoutiers, répartis par corporation. Le souk at-Truk répondait aux besoins vestimentaires des Turcs ; le souk des Chéchias – dont quelques boutiques sont encore en activité – se chargeait des finitions et de la vente de ces bonnets de feutre rouge, spécialité de Tunis, qui étaient recherchés dans tout l’empire ottoman. Les Turcs se construisirent des mosquées spécifiques pour pratiquer leur rite hanéfite. Contrairement aux mosquées traditionnelles de Tunisie, ces édifices incluent le tombeau de leur fondateur ; ils sont également reconnaissables à leur minaret de section octogonale, couronné par un balcon et un lanternon. La première de ces mosquées est celle de Youssef Dey, voisine de la Kasbah, construite en 1616. Plus élancée et mieux décorée, la mosquée Hammouda-Pacha reflète la prospérité acquise par la ville quarante ans plus tard. Cependant, une seule mosquée ottomane de Tunis s’inspire du modèle de la Sainte-Sophie ou de la Souleïmanié d’Istanbul : la mosquée Sidi Mehrez, surmontée d’un large dôme entouré de coupoles plus petites. En Tunisie ottomane, le pouvoir a d’abord été détenu par les Deys, chefs de la milice des janissaires ; puis,
Inscription : 1979
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Tunis Palais Dar Othman (XVIIe s.).
Minaret de la mosquĂŠe de la Kasbah (XIIIe s.).
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Tunis MosquĂŠe Sidi Mehrez (XVIIe s.).
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Plafond d’une zaouïa. Porte d’un palais. Atelier de dinanderie.
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Le site de
Carthage 31
Carthage
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Cruche à vin en bronze (Ve s. av. J.-C., musée de Carthage).
Colline de Byrsa (au second plan, les Ports puniques).
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Carthage
Colline de Byrsa : quartier punique et ancienne cathédrale Saint-Louis.
Divinité carthaginoise (musée du Bardo).
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Le Parc national
Ichkeul
d’
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Buffles sur les marais assĂŠchĂŠs.
Ichkeul Aigrettes garzettes.
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Le mont Ichkeul en hiver.
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Ichkeul
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La mĂŠdina de
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Sousse
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La coupole Koubba Bin el-K’haoui (XIe siècle).
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Sousse
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A droite : vue générale. A l’arrière-plan, la Kasbah et la tour Khalef (IXe s.). Double page suivante : les remparts (IXe s.).
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Un des monuments les plus curieux de Sousse est la Koubba Bin el-K’haoui, énorme dôme recouvert de sillons en zigzags. Il s’agirait de la coupole d’un ancien hammam datant du XIe-XIIe s. Sa façade ornée de niches est typique de l’architecture fatimido-ziride. L’édifice avait été transformé en café à l’époque ottomane. Le Ribat est une forteresse carrée d’une quarantaine de mètres de côté, construite vers la fin du VIIIe siècle, doté de nombreux aménagements défensifs : tourvigie, merlons, assommoirs surplombant le porche d’entrée, meurtrières inscrites dans le mur de la salle de prière… Son architecture est proche des modèles orientaux. La médina a conservé son tracé traditionnel de ruelles sinueuses et d’impasses étroites. Dominée par la Kasbah et la tour Khalef, dotée de remparts et de monuments robustes et austères, elle est représentative de l’architecture militaire et religieuse des premiers siècles de l’islam en Tunisie. Construite entièrement en pierre de taille, la muraille de Sousse se distinguait des murailles de brique crue de Kairouan et Tunis à la même époque. Certaines parties sont renforcées par deux rangées de voûtains superposés qui en augmentent l’élasticité et la résistance ; un procédé déjà utilisé par les Puniques.
La cour est bordée sur trois côtés par un portique. Une longue inscription coufique y mentionne le nom d’un esclave affranchi qui dirigea les travaux de construction. L’aspect robuste de l’architecture s’explique par la proximité de la mer, source de menaces. Ci-contre à gauche : courtine de la Kasbah.
Sousse
Avec sa salle de prière plus large que profonde, simplement rythmée par des arcades régulières et bordée d’une grande cour rectangulaire, la Grande mosquée de Sousse correspond au prototype qui se répandra et se développera dans tout l’Occident musulman. Cette salle datant du IXe siècle a été agrandie au XIe siècle.
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