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TRAJECTOIRES INSPIRANTES

Anne-Marie Poliquin (LL. B. 1986)

Coup de foudre pour la ville des Lumières

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Études et première expérience à Paris pour Anne-Marie Poliquin

Anne ­Marie Poliquin est directrice juridique et de la conformité pour le groupe Pernod Ricard. Elle est diplômée en droit de l’Université de Montréal (LL. B. 1986), a été stagiaire à la Cour suprême du Canada et a complété sa formation par une maîtrise de la Harvard Law School. Elle quitte ensuite le continent américain et s’envole pour Paris où elle obtient un poste dans un cabinet d’avocats qui cherche à s’internationaliser. Elle y fait ses premières armes à titre de juriste. Elle réalise alors que ce qui la distingue et la rend professionnellement plus attrayante tient au fait qu’elle est Canadienne, « une fière Québécoise » tient­ elle à préciser, parfaitement bilingue et ayant, en quelque sorte, un profil multiculturel.

Des opportunités qui l’emmènent ailleurs… Pourtant, ce qui intéresse la jeune professionnelle de l’époque, c’est d’enseigner dans son alma mater où elle a d’excellents rapports avec les professeures et professeurs, et où elle a travaillé aux Éditions Thémis pendant quatre ans, au Centre de recherche en droit public, en plus d’être chargée de cours à l’Université. La chance lui sourit lorsque la doyenne de l’époque, Hélène Dumont, lui offre un poste en droit civil. Elle est alors devant un dilemme et se questionne : « Ne suis­je pas trop jeune pour un tel poste? » Elle finit par refuser mais revient, malgré tout, à Montréal pour acquérir une expérience professionnelle québécoise : d’abord à Québec, à la commission Bélanger­ Campeau sur l’avenir politique et constitutionnel du Québec, puis à Montréal, au cabinet d’avocats McCarthy Tétrault. Mais le cœur la rappelle à Paris où elle décide de s’expatrier à plus long terme avec ses deux valises et ses deux chats pour retrouver son amoureux. Contre toute attente, elle intègre le monde de l’entreprise qui a priori ne lui était pas destiné. Le groupe Valeo, équipementier automobile français, lui ouvre ses portes. Elle y occupe le poste de Legal Counsel où elle apprend à jongler avec des concepts du droit dans le milieu des affaires, de l’entreprise privée. Puis, après quatre ans, apprenant que le groupe General Electric (GE) recrute, elle se présente et est engagée pour travailler au service juridique, à la gestion des contrats. Touche ­ à ­tout, généraliste dans l’âme, elle se rend vite compte qu’elle ne peut rester chez GE, qui la confine à certaines fonctions. En 1998, Anne ­Marie rejoint le groupe Mars à titre de General Counsel de l’Europe du Sud. Elle mène et contribue à plusieurs projets majeurs de réorganisation et d’acquisitions. Elle est promue General Counsel responsable de l’Europe entière puis, en 2009, General Counsel pour la division Global Petcare basée à Bruxelles.. Elle y passe presque 20 ans, sans vraiment s’en rendre compte, de son propre aveu, tant elle apprend et tellement elle apprécie son travail. En 2019, Anne­Marie Poliquin rejoint le groupe JDE Peet’s à Amsterdam, un des leaders mondiaux en thé et café, en tant que General Counsel, Legal and Corporate Affairs

… jusqu’au poste qu’elle occupe aujourd’hui dans le groupe Pernod Ricard

Encore une fois, sa réputation la précède puisqu’en pleine pandémie, elle est approchée par un chasseur de têtes qui lui propose un poste, à son niveau, chez Pernod Ricard. Elle liste alors, sur papier, tout ce qui lui semble essentiel pour s’épanouir dans son travail : la mission, la vision, les valeurs, le positionnement à l’international, etc. Par chance, explique ­t­ elle avec un large sourire : « Pernod Ricard cochait toutes les cases [de mes besoins et envies]. » C’est pourquoi, en mars 2021, elle devient la directrice juridique et de la conformité du groupe Pernod Ricard, deuxième leader mondial dans le domaine des spiritueux, une décision assumée qui la rend d’autant plus heureuse qu’elle peut, enfin, travailler à Paris, ce qui ne lui était jamais arrivé en 30 ans de carrière.

Aujourd’hui, elle ne se verrait pas revenir en arrière pour travailler dans un cabinet d’avocats. Elle apprécie ce travail en entreprise, car il lui a ouvert l’esprit et a aiguisé sa curiosité.

Ce qui rend son travail agréable

Ce qu’Anne­Marie Poliquin apprécie le plus, ce sont les gens, car le travail, comme la vie, est une aventure humaine. Les gens doivent être compétents, bien sûr, mais elle précise qu’il faut aussi avoir du plaisir à travailler ensemble. Elle ajoute : « L’on passe énormément de temps au travail alors autant en profiter pour s’apprécier mutuellement, du moins professionnellement si ce n’est pas personnellement. »

D’ailleurs, elle s’amuse de la vision de Pernod Ricard qui est d’être « créateur de convivialité », ce qui consiste à mettre des gens ensemble pour créer et partager des moments de convivialité, une vision qui lui correspond parfaitement. Globalement, ce qui la rend la plus fière, et qu’elle trouve, paradoxalement, le plus complexe, reste de gérer une équipe : un drôle de symptôme pour celle que l’on sent sincèrement, authentiquement, proche des gens. ◆

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