7 minute read

« La situation reste critique »

A 38 ans, Christof Huber, de Gstaad, préside depuis décembre 2018 l’association hôtelière Gstaad-Saanenland, dont font partie trente-deux établissements. Aux côtés de sa femme Konstanze, il dirige l’hôtel quatre étoiles Gstaaderhof en deuxième génération. Il y a grandi et l’a repris de ses parents Doris et Jost il y a six ans. Christof Huber bénéficie d’une solide formation et d’une expérience remarquable en tant qu’hôte et professionnel du tourisme. Dans la discussion, il nous fait part d’une première analyse de la situation après un été 2020 sous le signe du coronavirus. Il nous parle des perspectives d’avenir, de l’augmentation soudaine du pourcentage de clients suisses, de l’importance, toujours d’actualité, des grands événements estivaux et du slogan « Come up – slow down », qui résume précisément ce que ressentent les hôtes dans notre région de vacances.

M. Huber, à Zurich, l’un des plus grands hôtels, le Swissôtel, ferme ses portes et licencie plus de deux-cent-cinquante employés. Cela n’est-il qu’un début et, en tant que président de la société hôtelière Gstaad-Saanenland, cela vous alarme-t-il?

Advertisement

La fermeture d’un établissement d’une telle importance est toujours un mauvais signe pour le secteur. Des établissements ont déjà dû être fermés dans d’autres villes suisses. En ville, l’hôtellerie est particulièrement touchée par le coronavirus, car la clientèle internationale et les voyageurs d’affaire font défaut. Si la crise venait à se prolonger, il faudrait sans doute s’attendre à d’autres fermetures et faillites.

Au Saanenland, nous évaluons la situation en permanence. L’incertitude quant à l’évolution à venir est un énorme défi pour nous. Dans la région, nous avons la chance de pouvoir compter sur une nombreuse clientèle de fidèles habitués. De plus, la proportion généralement importante de clients suisses est très réjouissante. Malgré tout, la situation est et reste très critique pour la plupart des hôtels du Saanenland.

Selon vous, en Suisse, comment les destinations de montagne ont-elles pu s’en sortir durant cet été marqué par le coronavirus ?

Dans notre pays, M. et Mme Tout-le-Monde ont largement répondu à l’appel du Conseil fédéral leur enjoignant de passer leurs vacances d’été en Suisse. De nombreuses destinations de montagne ont pu accueillir une proportion d’hôtes suisses bien supérieure à la moyenne. Les régions qui ont toujours joui d’un pourcentage important de clients suisses ont mieux travaillé que les lieux accueillant beaucoup d’hôtes étrangers, comme Interlaken ou Mürren par exemple. Malheureusement, toutes les destinations n’ont de loin pas pu présenter des chiffres satisfaisants. Et dans les villages, il y a aussi parfois des différences importantes. Quelques établissements ont subi des pertes massives, tandis que d’autres ont enregistré des chiffres record. C’est toujours lié au positionnement de l’établissement en question.

Comment cela se passe-t-il au Saanenland? Faut-il différencier les hôtels de luxe des hôtels familiaux?

Je crois que l’on ne peut pas généraliser non plus. La catégorie de l’hôtel n’est pas déterminante. C’est plus le genre de clientèle d’un établissement qui est crucial. Les établissements accueillant habituellement de nombreux hôtes étrangers ont eu beaucoup plus de peine à faire face à cet été placé sous le signe du coronavirus.

Dans cette année 2020 placée sous le signe du coronavirus, voyez-vous tout de même un espoir pour l’hôtellerie du Saanenland, de pouvoir s’orienter encore plus sur la clientèle suisse à l’avenir?

Malgré de nombreux effets négatifs, le coronavirus a un côté positif pour nous: quantité de Suisses ont redécouvert leur pays et surtout le Saanenland. Nous avons pu accueillir un nombre important de nouveaux hôtes dans la destination. Ils ont appris à connaître et à aimer notre région et nous espérons qu’ils reviennent chez nous à l’avenir. Le marché suisse est notre segment de clientèle principal et il a certainement encore gagné en importance.

Serait-il illusoire de penser que les Suisses continueront à renoncer aux voyages à l’étranger, ces prochaines années, et à passer leurs vacances dans les montagnes suisses?

De nombreux Suisses ont découvert et apprécié la brièveté des trajets et l’important facteur détente de vacances passées dans les montagnes suisses. Cependant, dès que les frontières seront à nouveau complètement ouvertes, ils vont probablement se remettre à faire de plus longs trajets. Les comportements en matière de voyage vont certainement encore changer. Les clients suisses passeront à nouveau davantage de vacances à l’étranger.

Vous êtes à la tête d’un hôtel quatre étoiles de Gstaad, en deuxième génération. Etes-vous satisfait de la renommée de Gstaad dans le monde?

Quantité de nouvelles destinations de voyages ont vu le jour ces dernières années. En d’autres termes, la concurrence est devenue bien plus rude. Le comportement des hôtes en matière de voyage et de consommation a aussi changé. Dans la région, grâce à un très bon marketing, nous veillons à ce que le nom de Gstaad reste présent.

Since December 2018, the 38-year-old Gstaad native, Christof Huber, has been the President of the Gstaad-Saanenland Hotelier Association with a total of 32 member companies. Together with his wife, Konstanze, he is the second generation of his family to manage the four-star hotel Gstaaderhof, which is also where he grew up and which he took over from his parents, Doris and Jost, six years ago. Christof Huber enjoyed a broad education and already has remarkable experience as a host and tourism professional. In the interview, Christof Hu - ber makes an initial cautiously optimistic situational analysis after the Covid-19 summer of 2020, talks about the opportunities of the destination of Gstaad Saanenland for the future, the sudden high percentage of Swiss guests recorded, the undiminished importance of major Gstaad events for the summer and the slogan “Come up – slow down” and its precisely accurate description of the feeling visitors to our holiday region experience during their stay here.

Je suis même très satisfait de la renommée de Gstaad. Gstaad jouit d’une excellente réputation à l’échelon national et international. Sa notoriété, renforcée par les nombreux événements prestigieux et les écoles privées de la région, amène beaucoup de clients dans la destination.

Le positionnement de Gstaad dans la publicité tient-il du grand écart: le paradis familial en opposition au luxe? Ou suffit-il d’utiliser le terme plus général de «plaisir»?

Le paradis familial et le luxe ne doivent pas être mis en concurrence. Le plaisir ne doit pas s’y superposer, mais peut très bien les compléter. Dans le cas de Gstaad, le luxe sous-entend une nature intacte ainsi que des prestations, des services et une infrastructure de haute qualité.

Que pensez-vous de ce slogan datant de plusieurs années, « Come up – slow down », et comment cette promesse devient-elle réalité ?

Ce slogan est plus actuel que jamais et en phase avec une tendance générale à la décélération. Gstaad est un paradis pour ceux qui sont à la recherche de détente. Une nature intacte et un style chalet chaleureux en font une oasis d’harmonie. Grâce à une offre unique dans les domaines de la gastronomie, de l’hébergement et du bien-être, les connaisseurs en ont pour leur argent. Ceux qui, pour ralentir, sont à la recherche d’exercice physique, peuvent enrichir leur corps et leur esprit grâce à de magnifiques pistes de ski, des sentiers de randonnée ou de VTT et de superbes installations sportives. De plus, les «Top Events», les événements phares, proposent une manière intéressante de se divertir sans avoir besoin de prendre des allures de star. L’on est ainsi fidèle à la devise: «Tout pouvoir faire, mais ne rien devoir faire.» Vous remarquez, «Come up – slow down» me plaît encore énormément comme slogan.

A Gstaad, l’été 2020 s’est fait sans grand événement, coronavirus oblige. Pourrait-on s’en passer?

Au Saanenland, les grands événements sont la clé de voûte de la saison touristique estivale. Ils assurent une bonne occupation des hôtels, de juillet à mi-septembre. Tous les événements de cet été ayant été annulés, la plupart des établissements ont perdu énormément de réservations. Ces pertes ont été partiellement compensées par une augmentation du nombre de clients suisses. Les hôtes de passage ont contribué à remplir les restaurants et ont dopé la fréquentation des remontées mécaniques, des sentiers pédestres et des parcours de VTT. Bien entendu, nous espérons que quelques-uns d’entre eux reviennent l’été prochain…

Evidemment, nous ne devons pas perdre de vue que le comportement en matière de voyage changera à nouveau après la pandémie. En Suisse et à l’étranger, de nouvelles offres attireront les hôtes dans d’autres régions. Ce n’est qu’avec un programme culturel et sportif varié que nous pouvons nous distinguer des autres destinations. C’est pourquoi les grands événements sont et resteront très importants à l’avenir.

Il y a quelques mois, le magazine suisse de l’économie, «Bilanz», a présenté une thèse intéressante et courageuse: «Gstaad ist das bessere St. Moritz» (Gstaad est le meilleur St-Moritz). Que vous vient-il à l’esprit à ce propos?

J’ai travaillé quelques années en Engadine et connais très bien la région de St-Moritz. Les deux lieux s’inscrivent dans des paysages complètement différents, leur architecture diffère radi- calement et le segment de clientèle ainsi que les alentours sont totalement autres. Il y a naturellement des parallèles, comme le paysage montagnard, le tourisme lié au ski ou le vaste réseau de sentiers pédestres, par exemple. Les deux régions ont leurs avantages. Même si l’affirmation de «Bilanz» nous flatte, je ne m’aventurerais pas à comparer St-Moritz à Gstaad.

Pendant l’été, au Tyrol autrichien, les hôteliers gâtent leurs clients en leur offrant la gratuité sur les remontées mécaniques. Est-ce un avantage concurrentiel qui vous manque au Saanenland?

Bien sûr, nous aimerions mettre gratuitement les remontées mécaniques à disposition de nos hôtes, comme c’est en partie le cas dans d’autres destinations suisses. Cela soulève cependant la question du financement. Quelques destinations ont déjà dû retirer de telles offres du marché, car le financement ne pouvait plus être assuré. Au Saanenland, nous voudrions à tout prix éviter cela et nous travaillons à une solution durable et séduisante pour nos hôtes.

A Gstaad, dans l’hôtellerie, quelle différence y a-t-il entre l’hiver et l’été?

Autrefois, pour tous les hôtels du Saanenland, l’hiver était de toute évidence la saison la plus importante. Grâce aux efforts consentis dans la région (événements phares), l’été a gagné en importance. Pour de nombreux établissements, l’été est maintenant quasi aussi important que l’hiver. Si l’on considère uniquement la valeur ajoutée, l’hiver est cependant clairement en tête.

Seit Dezember 2018 präsidiert der 38-jährige Gstaader Christof Huber den Hotelierverein Gstaad-Saanenland mit insgesamt 32 Mitgliederbetrieben. Zusammen mit seiner Frau Konstanze führt er in zweiter Generation das Viersternehotel Gstaaderhof, in welchem er auch aufgewachsen ist und welches er vor sechs Jahren von seinen Eltern Doris und Jost übernehmen konnte. Christof Huber verfügt über eine fundierte Ausbildung und bereits über eine bemerkenswerte Erfahrung als Gastge - ber und Touristiker. Im Gespräch äussert sich Christof Huber mit einer ersten verhalten positiven Standortanalyse nach dem Corona-Sommer 2020, spricht über die Chancen der Destination Gstaad Saanenland für die Zukunft, den plötzlich registrierten hohen Anteil an Schweizer Gästen, die ungebrochene Bedeutung der Gstaader Grossanlässe für den Sommer und den Slogan «Come up – slow down» und dessen punktgenaue Beschreibung des Gästefeelings in unserer Ferienregion.

MICHAËL ZINGRAF

This article is from: