MAGAZINE #5 ÉDITION III - 2021
UP TV&M - L'ART DE PITCHER - BVX - CROWDFUNDING SÉCURITÉ SUR UN PLATEAU - SCOUT & LOCATION MANAGER DIRECTRICE DE CASTING - DROITS D'AUTEUR
All you need to know about the Belgian audiovisual, film and digital industry
PRÉFACE
JAN VERMOESEN - MEDIARTE
Matière à réflexion…
“
Tu devrais écrire dans ta préface que l'inattendu nous rend plus fort, a dit l'un de mes deux compagnons de voyage dans le TGV entre Marseille et Bruxelles. Nous venions de terminer un weekend prolongé de cyclisme. C'est ce que font les quarantenaires, ils font des week-ends à vélo et repoussent leurs limites. Nous pouvions nous permettre ce luxe et j'ai saisi l’opportunité de faire ce voyage. “Profites-en et j'espère tu pourras te vider un peu l'esprit", m'a dit ma femme en partant, "parce que
l'automne semble être bien réservé pour mediarte”. Sans enfants à la maison, son week-end était rempli de rendez-vous avec des amis, une situation win-win comme on dit. Nous ne manquons pas d'entraînement, ni de petits ventres rebondis, mais lorsque, lors de notre première sortie à vélo, après une trentaine de kilomètres sur 85, nous avons réalisé que nous devions gravir 1300 mètres d'altitude et non les 750 prévus, nous avons eu des sueurs froides. Des rebondissements inattendus, pas vraiment mon truc pour être honnête. Sentir les muscles de vos jambes brûler, mais savoir que cela les rend plus forts. Sentir son cœur battre à toute allure, mais savoir que c'est aussi un muscle qui s'entraîne. Vous vous en voulez de ne pas avoir vérifié l'itinéraire au préalable, mais vous réalisez aussi que vous avez fait
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PRÉFACE
confiance à l'ami qui l'avait fait. Il n'y avait pas de retour possible, nous devions passer ce col et nous le ferions. Faire preuve de résilience, c'est comme ça que cela se nomme. Perdre de vue ses camarades, mais savoir que quelque part là-haut, ils vous attendent. Les magnifiques paysages que j'ai traversés, plutôt au rythme de la marche, sont encore gravés dans ma mémoire et je ne les aurais
Un parcours inattendu, des pentes imprévues, des chutes, mais surtout la conviction que la force mentale individuelle est indéniablement renforcée par une équipe sur laquelle on peut compter. — Jan Vermoesen
probablement jamais vus sur l'itinéraire original. Un parcours inattendu, des pentes imprévues, des chutes, mais surtout la conviction que la force mentale individuelle est indéniablement renforcée par une équipe sur laquelle on peut compter. C'est pour cela que je le fais. Car l'automne sera effectivement difficile pour mediarte et je sais que mon équipe sera là. Avec le Ministre Benjamin Dalle, Ministre flamand des Médias, son cabinet et son administration, ainsi qu’avec de nombreux autres acteurs des médias, mediarte s'engage pleinement dans un plan d'action sectoriel contre les comportements inappropriés et pour une plus grande inclusion dans le secteur des médias. Bien que beaucoup ait déjà été fait à cet égard, le sentiment d'urgence est plus que jamais présent. Pour rendre tout cela possible, mediarte accueille Vicky Van Bellingen, qui s'est fait connaître avec sa thèse sur l'inégalité des sexes dans le secteur du cinéma, et Clara Delucis, qui rejoint notre département communication. Chez mediarte, nous sommes tristes de dire au revoir à Joëlle Dagry qui s'est occupée des aspects juridiques du travail dans le secteur et qui a apporté la touche finale à une nouvelle version de notre Guide du débutant que nous lancerons à la fin de l'année académique 2022. Merci, Joëlle, pour ton engagement et ton dévouement.
Jan Vermoesen
GENERAL MANAGER MEDIARTE
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Suite à notre analyse des Risques Psychosociaux "mediasensor" (2019) et des plans d’action qui en résultent, nous prévoyons un label mediasensor pour les formations qui constituent une des priorités soutenant le plan d’action.
STEM est l'abréviation des termes anglais Science, Technology, Engineering et Mathematics. La société d’aujourd’hui a un besoin accru de personnes avec un profil STEM. Les articles dans ce magazine qui par ex. contiennent un savoir-faire technique sont pourvus d’un logo STEM conformément à notre engagement de stimuler l'alphabétisation STEM dans le secteur audiovisuel.
CREDITS Image de couverture Doriane Flamand © mediarte Mise en page Uncompressed / Jonas De Maesschalck & Julie Delvaux
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Préface. . ...................... ..................................................... . . . . . . 03
Organisation
du secteur - UP TV&M - Rencontre avec Virginie Breuls.. .........................................................................................0 8 Pitching Point In
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Organisation du secteur
UP TV&M
- Claire Dixsaut et l'art de pitcher. ................................ 12
of view - Les droits d'auteur sous les projecteurs. ............ 18
the picture - Githa Hermans, location scout & manager.......... 22
Organisation
du secteur - Une nouvelle association belge pour les artistes VFX................... ........................................................... 32
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Pitching
Claire Dixsaut et l'art de pitcher
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Conditions de travail Indexation des salaires dans le secteur audiovisuel et le film
Conditions
de travail - Indexation des salaires dans le secteur audiovisuel et le film........... ........................................................... 34
Sécurité - Comment évaluez-vous les risques d'une production audiovisuelle ? ............................................................................... 36
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Crowdfunding - Cosmos-Kosmos, première plateforme de crowdfunding culturel belge. . ....... ........................................................... 44 Crowdfunding - Mauvais Ange, un premier court-métrage financé en partie par Cosmos-Kosmos. ........................................................ 45
In
the picture - Doriane Flamand, directrice de casting. . .......... 48
Webinar En
- Replay. . ........ ........................................................... 55
coulisse - juin - septembre 2021. ........................................ 56
mediarte..................... ........................................................... 59
Sécurité
Comment évaluez-vous les risques d'une production audiovisuelle ?
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In the picture
Doriane Flamand, directrice de casting
#TUTORIEL
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ORGANISATION DU SECTEUR
JEAN-STÉPHANE MALHERBE © UP TV&M
UP TV&M - Rencontre avec Virginie Breuls Interview
Virginie Breuls Secrétaire Générale UP TV&M
Organisation du secteur
S
i l’Union belge francophone des producteurs de télévision a vu le jour en 2013 sous le nom de TV Prod, depuis 2020, ses membres ont décidé de lui donner une nouvelle dynamique. Rencontre avec Virginie Breuls, secrétaire générale de l’union que l’on appelle aujourd’hui UP TV&M.
D’où est venu le besoin de créer une nouvelle dynamique pour l’Union des producteurs TV ? Virginie: "TV Prod a été créé par Frédéric Ledoux qui a porté cette initiative à bout de bras pendant de nombreuses années. Il a réussi à instaurer une dynamique d’échanges et de dialogues avec les instances publiques comme mediarte ou le CSA, mais aussi avec les diffuseurs, RTBF, RTL, BeTV, etc." "De nombreux dossiers ont d’ailleurs été suivis par l’Union : la taxe redevance en 2014, le contrat de gestion 2019-2022 de la RTBF, mais aussi l’élaboration de la ligne Wallimage pour le cofinancement des pilotes d’œuvres télévisuelles de flux en 2017. Frédéric Ledoux a malheureusement dû faire face à la difficulté de porter une double casquette à la fois de président de TV Prod et celle de producteur de programme. Or, il est loin d’être évident de se positionner face à un diffuseur quand celui-ci est également votre client." "Il a proposé de remettre son mandat et les membres ont alors élu Jean-Stéphane Malherbe. Ce dernier travaille comme producteur indépendant à la fois pour la RTBF et pour RTL, ce qui lui confère une vision assez large du secteur et une souplesse dans ses actions. Toutefois, il était évident pour lui qu’il fallait un visage indépendant du secteur pour gérer au quotidien l’Union. C’est ainsi que mon nom lui a été suggéré." Vous-même, vous n’êtes pas une inconnue du secteur… Virginie: "En effet, après une formation en audiovisuel à l’IAD, j’ai collaboré avec plusieurs organismes dans le secteur, dont TWIST et mediarte pendant plusieurs années. Cette nouvelle fonction me permet ainsi de valoriser ma connaissance et mon expérience dans le secteur, et ce, sans être dans une situation avec un conflit d’intérêts potentiel. De même, comme je suis active pour UP TV&M seulement une partie de mon temps, je pense être capable de prendre du recul sur les dossiers." Qu’y a-t-il derrière ce nouvel acronyme UP TV&M ? Virginie: "Avec le « UP » (pour Union Professionnelle), l’envie était de montrer la volonté de tirer l’ensemble du secteur vers le haut. « TV&M » désigne, quant à lui, les contenus télévisuels et multimédias. Les formats TV ont évolué de façon considérable générations
après générations. Il y a eu un coup d’accélérateur avec l’avènement du digital et les nouvelles façons de consommer les contenus audiovisuels. Les membres de UP TV&M produisent aujourd’hui tantôt des séries documentaires,par exemple H.A.N. produit par Agent Double, tantôt des émissions sportives, tantôt des jeux quotidiens. Cette diversité dans les formats se traduit aussi sur les autres aspects de la production : les modes de diffusion, les financements, la gestion de droits de propriété intellectuelle, les publics cibles, etc. En ajoutant la dimension « multimédia », la volonté d’UP TV&M était d’englober les producteurs de l’ensemble des formats." "Dans cette optique d’ouverture à de nouveaux membres, nous avons également mis en place en mai dernier une charte du producteur. L’idée est de proposer des balises en terme de bonnes pratiques. L’objectif est à la fois de garantir des prestations de service dans le respect des règles du secteur au sein des membres et de montrer la démarche d’UP TV&M vis-à-vis des sociétés qui souhaiteraient rejoindre l’Union." "Nous avons également démarré une campagne de recrutement pour de nouveaux membres. Notre volonté est de nous ouvrir afin d’être le plus représentatif de l’ensemble du secteur et être un interlocuteur privilégié pour les différentes instances." Quel est le rôle de UP TV&M aujourd’hui ? Virginie: "Nous sommes à la fois une plateforme d’échanges pour nos membres, mais aussi un intermédiaire et un facilitateur vers les acteurs présents dans le secteur. Il y a bien entendu les radiodiffuseurs et les plateformes digitales. De l’autre côté, il y a toutes les instances qui régissent ou qui soutiennent le marché. Je pense au CSA, à mediarte. Il y a aussi les cabinets ministériels, les fonds régionaux (Wallimage et screen.brussels) et les clusters économiques (TWIST, etc.). Je pense encore à l’UPFF qui est notre équivalent pour le secteur du film. Même si les modalités de productions, les formats et les publics sont différents, nous avons des sociétés sensiblement similaires dans nos deux unions et, de facto, des points d’intérêt communs." "La période actuelle connaît plusieurs changements majeurs et structurels. Il y a par exemple le rachat de RTL par l’éditeur de presse francophone Rossel et le groupe flamand DPG
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ORGANISATION DU SECTEUR
Media. L’Union est évidemment rassurée de voir que le radiodiffuseur reste dans un giron belge. Nous espérons évidemment que le changement d’actionnariat permettra de maintenir les collaborations entre RTL et nos membres producteurs, voire de les renforcer."
Le dossier qui retiendra encore notre attention cette année sera le renouvellement du contrat de gestion de la RTBF. — Virginie Breuls
"Autre changement, l’application de la directive SMA notamment aux éditeurs digitaux comme Netflix ou Disney+. Ces nouveaux diffuseurs doivent désormais contribuer à la création locale de contenus. Même si cette contribution reste peu importante (elle est actuellement fixée à un maximum de 2,2% du chiffre d’affaires), elle permettra de soutenir activement et concrètement la création audiovisuelle belge francophone. Du côté de l’Union, nous entendons bien montrer que nos membres sont capables de transformer cette obligation qui leur est imposée, en valeur ajoutée qui leur sera également profitable."
"Enfin, nous collaborons également les Fonds régionaux, Wallimage et screen.brussel autour des lignes de financement pour la mise sur le marché de format TV. Cette collaboration se déroule sous forme de réflexion et de consultation du secteur à travers l’Union. Et cela est profitable tant pour ces fonds qui restent à la manœuvre que pour nous qui avons la possibilité d’émettre un avis et d'informer nos membres." "Pour accompagner la réflexion autour de ces différents dossiers, nous avons également l’intention de relancer le Plan TV dans la lignée de ce qu’avait mis en place le CSA il y a quelques années, en collaboration avec mediarte et screen. brussels." Comment comptez-vous construire ce « Plan TV » ? Virginie: "Ce Plan TV prendra la forme de conférences, de newsletters et tables de discussion. Il s’agit véritablement de créer des espaces d’inspirations, d’informations et d’échanges entre les producteurs TV et l’ensemble des acteurs du secteur, ce compris les diffuseurs." "Jusqu’à présent, l’idée de la relance de cette dynamique a été accueillie très positivement par tous les acteurs du secteur à qui nous avons eu l’occasion de le présenter, que ce soit le CSA, les fonds régionaux et même du côté de la Fédération Wallonie-Bruxelles au travers du cabinet de la Ministre des médias, Bénédicte Linard." "Nous sommes convaincus que la structuration du secteur sera renforcée avec une initiative comme celle-là."
"Le dossier qui retiendra encore notre attention cette année sera le renouvellement du contrat de gestion de la RTBF. Sans surprise, nous espérons que le radiodiffuseur public élargira son ouverture à la production indépendante belge francophone. À nouveau, nous sommes convaincus qu’un renforcement des collaborations avec nos sociétés de production serait profitable à toutes les parties."
interview réalisée par
www.uptvm.be
Jan Vermoesen
GENERAL MANAGER MEDIARTE
FORMATIONS
Information & inscription via
www.mediarte.be
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PITCHING
CLAIRE DIXSAUT © ERIC BONNIER
Claire Dixsaut et l'art de pitcher Interview
Claire Dixsaut
Écrivaine et scénariste
Pitching
C
laire Dixsaut est écrivaine et scénariste. Par le passé, elle a notamment travaillé dans le secteur de la diffusion pendant 10 ans pour Canal+ et Time Warner. Depuis 23 ans, elle enseigne le pitch. Elle forme les scénaristes, les réalisateurs.trices, producteur.trices de l’audiovisuel, du cinéma, du multimédia et de l’édition.
De passage à Bruxelles en tant qu’intervenante lors du Screenwriter’s day au BRIFF, nous en avons profité pour l'interviewer. Quel a été votre parcours professionnel ? Claire: "Concernant mon parcours professionnel, je viens de la télé. J'ai été diffuseur pendant plus de 15 ans. J'ai commencé chez la Sept-Arte, puis j'ai continué chez Canal+ France. Après, j'ai pris la direction des coproductions internationales de Turner, qui est une filiale du groupe Time Warner aux États-Unis. À la suite de quoi, je suis passée dans le secteur de l’internet. J'ai été la première directrice des contenus internet de Microsoft France. J'ai monté une boîte de production et de distribution de contenu web. Ensuite, je suis devenue rédactrice en chef de la Gazette des Scénaristes, un magazine écrit par des scénaristes pour des scénaristes. Et aujourd'hui, je suis écrivaine et scénariste. Cela fait 23 ans que j'enseigne le pitch, 23 ans que je forme au pitch les professionnels de l'audiovisuel, du cinéma, du multimédia, de l'édition et, depuis peu, de l'industrie lourde." Quel est l'élément qui vous a amené à donner des formations au pitch ? "Qu'est ce qui m'a amené à ça ? Le fait que je ne sais pas pitcher et le fait que je suis plus que timide, je suis autiste. J'ai été diagnostiquée du syndrome d'Asperger. Ce qui signifie que les rencontres sociales et la prise de parole en public sont pour moi d'une difficulté et d'une douleur physique et morale absolument dramatique. Quand j'étais diffuseur et que ma chaîne m'envoyait dans un festival pour rencontrer des producteurs et des porteurs de projet, j’avais plus le trac qu’eux. Il a fallu que je surmonte ça, forcément. Je pars de très, très loin. Je pars de beaucoup plus loin en général que les participants à la formation. Donc, je sais comment ça se surmonte." "Quand je suis arrivée aux États-Unis, on m'a dit: “Tu vas devoir présenter ton bilan tous les trois mois devant 400 personnes.” Et là je me suis dis : “Au secours !” . On m'a envoyé en formation et ça allait déjà mieux. À Microsoft, on m'a envoyée dans d'autres formations et j'ai commencé à composer les bases d'une méthode pour parler en public quand on ne sait pas le faire."
"Il y avait beaucoup de méthodes pour prendre la parole, mais en général, l’exercice qu’on nous donnait, c’était de réciter un discours au mariage de sa sœur. Le pitch, c'est différent. Le pitch professionnel dans les conditions de l'audiovisuel, du cinéma, ce n'est pas de prendre la parole en réalité, c'est de convaincre. Convaincre un interlocuteur de participer à votre projet. Et ça, ce n'est pas la même chose que de monter sur une scène et de réciter un discours." "Donc, j'ai composé, petit à petit, des méthodes différentes selon les cultures : pour le pitch en France ou en Belgique, et pour le pitch aux États-Unis. Et, par hasard, un jour, une collègue qui dirigeait le master troisième cycle à l'INA, l'Institut National de l'Audiovisuel (en France), m'a demandé de remplacer au pied levé un collègue qui s’occupait de la formation au pitch. J'étais très étonnée qu'elle me le demande à moi. J'ai bricolé un support de cours en deux temps, trois mouvements et 23 ans plus tard, me voilà." Et donc, plus concrètement, durant cette formation, aidez-vous les scénaristes à pitcher aux producteurs ? Les producteurs à pitcher aux plateformes ? Claire: "Je forme des scénaristes, des réalisateurs, mais aussi des producteurs, des diffuseurs et des distributeurs. Donc, toujours dans le cas de : ‘je porte un projet et j'essaye de le vendre, de le coproduire, etc.’ La formation que je dispense, c'est pour l'ensemble des interlocuteurs. Si vous êtes scénariste, il va falloir convaincre des producteurs. Il va peut-être falloir convaincre des diffuseurs. Ça dépend des pays. En France, c'est rare que les scénaristes de fiction aillent en rendez-vous diffuseurs. Mais il s'agit aussi pour des réalisateurs de convaincre des producteurs et des producteurs de convaincre des diffuseurs. "Il s'agit de s'adapter et évidemment, je prends en compte tous les interlocuteurs. J'adopte la méthode au coup par coup. Il y a toujours une part de sur-mesure. De toute façon, dans notre métier, il n'y a jamais un truc qui marche à tous les coups. C'est toujours de la négociation et du cas par cas." Donnez-vous des formations spécifiques pour pitcher aux plateformes de streaming ?
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PITCHING
Claire: "La formation pour les scénaristes n'est pas spécifique aux plateformes. Par contre, il y a des techniques qui sont spécifiques aux plateformes de streaming, et bien sûr je les inclus dans la formation. Bizarrement, c'est plus facile en réalité, puisque Netflix, par exemple, communique énormément sur ce qu'ils attendent précisément d'un pitch, quasiment ligne à ligne. Je n’ai qu’à recopier ce qu'ils disent. Si on cherche un peu, ces informations sont disponibles sur internet. C'est très facile à trouver."
Correspondre à la politique éditoriale d'un Netflix ou d’un Amazon, ca, c'est le boulot du scénariste et du producteur. J'insiste sur le producteur parce que Netflix, par exemple, a fait savoir que si le projet n'était pas accompagné d'un producteur, il n’ouvrait pas l'enveloppe. Et c'est le cas aussi de beaucoup de plateformes et diffuseurs de studios d'origine américaine. Ils sont pétrifiés à l'idée d'être poursuivis pour plagiat, notamment. Donc, la première chose quand on va pitcher à une plateforme de streaming, c'est d’avoir un producteur."
Qu'est-ce qui va éveiller l'intérêt lorsque l'on pitche pour une plateforme de streaming ? À quoi fautil faire spécifiquement attention, à la différence d'autres contextes de pitching ? Claire: "Ce qui va attirer l'attention d'un diffuseur sur un projet, quel qu'il soit, c'est le fait que le projet corresponde à leur politique éditoriale et le fait que le pitch soit efficace.
"Après, qu'est ce qui est spécifique ? Faire un pitch de bonne qualité. Par bonne qualité, chez Netflix pour la fiction, on entend plusieurs choses. On entend d'abord être extrêmement concis. Un pitch oral (je ne parle pas du pitch deck, qui est le document pitch), si ça dépasse le quart d'heure, vingt minutes, ça ne va pas du tout. En réalité, un bon pitch, c'est entre sept et dix minutes. Ensuite, il faut
© WILLIAM MORELAND
mettre en avant tout de suite ce qui est la force du projet, c’est-à-dire le conflit central. Le protagoniste avec une notion de son arche, sa courbe d'évolution. Il faut également raconter pourquoi on pense qu'il faut faire ce projet maintenant. Ça, ça va être le début du pitch. Je ne vais pas entrer dans tous les détails du pitch car c'est très spécifique. Mais encore une fois, les infos sont trouvables en ligne." "Netflix, c'est très précis. Ils disent clairement quel type de sujet les intéresse. Et particulièrement, ils rappellent qu'ils sont une plateforme commerciale et qu’ils ne vont donc pas accrocher à des sujets trop niches. Ils cherchent des sujets brûlants, des sujets d'actualité, des sujets forts qui ne sont pas traités ou pas encore traités par des diffuseurs classiques. Donc, une des règles qui me semble marquée au coin du bon sens, c'est que si c'est bon pour la RTBF, ce n'est pas la peine d'aller proposer à Netflix. Bien bosser la ligne éditoriale de son interlocuteur, c'est une clé."
Ce qui va attirer l'attention d'un diffuseur sur un projet, quel qu'il soit, c'est le fait que le projet corresponde à leur politique éditoriale et le fait que le pitch soit efficace. — Claire Dixsaut
Quelles sont les erreurs les plus courantes faites par les scénaristes lors du pitching ? Claire: "Je crois que l'erreur la plus courante, c'est d'essayer de tout raconter. C'est de raconter du scène à scène, séquence par séquence. C'est d'essayer de donner une vision globale de l'histoire. Ce n'est pas du tout l'objet d'un pitch. L'objet d'un pitch, c'est de convaincre. Ce n’est pas de raconter. Ce qu'on peut suggérer à quelqu'un qui va pitcher, et en particulier à Netflix, c'est de résumer son programme, son film en une phrase d'accroche, trois paragraphes. S’il y arrive, alors on dira, ‘vas-y dis m'en plus’,
ou ‘entre dans les détails de ton projet’. Si c'est une série, de la même façon, ça n'a aucun sens de raconter tous les épisodes, ni même d'entrer dans le détail du pilote. On veut une grande arche dramatique sur l'intrigue du pilote, on veut du matériel sur les personnages. Il faut que ça soit dirigé par les personnages. On veut également des éléments sur le conflit central, sur le déclencheur, ce qu'ils appellent le catalyseur chez Netflix. C'est-àdire les contraintes et les événements qui ont fait que le personnage se retrouve dans cet état-là au début de l'intrigue." "En réalité, tout ça, c'est de la technique de scénario. Donc, avant tout, si on n'a jamais suivi des cours de technique de scénario, il faut s'acheter un bon bouquin. Pour avoir des bases de technique et repasser tout son projet au crible des protagonistes, enjeux, obstacles et des éléments techniques fondamentaux, c'est probablement un gros gain de temps." Lesquels conseillez-vous ? Claire: "Il y en a plein, mais il y en a deux que je conseille particulièrement, et que je conseille dans cet ordre. Si on n'a jamais lu un bouquin de technique et qu'on n'a jamais pris un cours, je conseille le livre de Linda Seger, qui s'appelle en français ‘Faire d'un bon scénario un scénario formidable’. Le livre est extrêmement accessible. Il faut revoir quelques grands classiques dont elle parle, comme African Queen, Le silence des agneaux,... Son bouquin, c'est un boulevard. C'est vraiment un guide pour dire ce qui est important dans l'écriture du scénario et donc ce qui va être important dans le pitch. Une fois qu'on a lu cet ouvrage-là, on peut passer à Christopher Vogler avec ‘Le guide du scénariste’." Quelles sont les astuces pour bien gérer son temps de parole pendant un pitch ? Claire: "D'abord, se donner moins de temps qu'on ne vous en donne. Je suis affligée de voir que dans certains festivals, on donne un quart d'heure, vingt minutes à des scénaristes. Netflix dit également un quart d'heure, vingt minutes. Moi, je dis non. Le cerveau humain a une courbe d'attention courte qui fait que pendant 5 à 6 minutes, il enregistre bien les informations. Après ça, il fatigue, il décroche et il y reviendra un peu plus tard. Il faut s’imposer un cadre beaucoup plus court soi-même."
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PITCHING
"Ensuite, répartir son pitch sur à peu près deux tiers d'éléments de récit et un tiers de motivation. Par lettre de motivation, on entend : pourquoi je veux faire ce projet aujourd'hui ? Pourquoi je pense que c'est un projet qui doit être fait ? Pourquoi je vous ai choisi, vous, producteur ou diffuseur ? Quel est l'état du projet ? Et, quelles sont les personnes clés ou les talents associés au projet ? Et ça doit suffire. Ça, c'est une astuce pour le temps."
Il faut donner assez de temps pour camper un protagoniste en images et en action, c'est-à-dire avec des éléments de caractérisation visuelle. — Claire Dixsaut
"Une autre astuce qui va paraître bizarre, c'est de parler lentement. Plus on est stressé, et plus on est stressé par la montre en particulier, plus on a tendance à parler vite en se disant : il faut que je donne un maximum d'informations pour qu'on voit bien tout ce qu'il y a de bien dans mon projet. Ce n'est pas le but du pitch du tout. On veut voir certains éléments et les voir de façon super lisible, super clair et voir à quel point ils sont forts. Par exemple, quand on est sur un long métrage, on coupe toutes les intrigues secondaires, on coupe tous les personnages secondaires ou tous les personnages qui n'auront pas d'impact sur l'intrigue qu'on va pitcher. Si notre personnage principal est une jeune fille de 32 ans qui habite encore chez ses parents, les parents ne sont pas forcément utiles à l'intrigue telle qu'on va la pitcher. Ils seront intéressants dans le film, il y aura des séquences secondaires, mais on n'a pas besoin d'avoir 10 secondes sur les parents."
"En revanche, on prend du temps sur le ou les protagonistes. Il faut donner assez de temps pour camper un protagoniste en images et en action, c'est-à-dire avec des éléments de caractérisation visuelle. Et, la première fois qu'on le voit, il doit être en train d'effectuer une action qui nous parle de son problème, de son conflit intérieur ou de son conflit extérieur. Si on ne prend pas le temps de faire ça la première fois qu'on introduit le protagoniste, on n'accroche pas l'attention. Et si on n'accroche pas l'attention, on peut parler pendant un quart d'heure, les gens ne vont pas vous suivre." "Donc, donner plus de temps sur les premières séquences. Bien installer le protagoniste, montrer le conflit intérieur, le conflit extérieur et de là, on déroule assez rapidement." Un dernier conseil à donner aux scénaristes débutants ? Claire: "Une remarque, en tout cas : l'aisance à l'oral n'a rien à voir avec la qualité de votre pitch. Rien. Et je sais que quand on est scénariste, on n'a pas beaucoup l'habitude de prendre la parole. On ne vous prend pas vous, scénaristes, pour des comédiens. Ce n'est pas du tout le but. Ce n'est pas votre aisance à l'oral ou le plaisir que vous aurez sur scène qui va changer quoi que ce soit. C'est l'intérêt qu'il y a dans votre pitch." "À défaut de vous faire confiance, si vous n'avez pas confiance en vous, faites confiance en votre projet. Ayez confiance dans la qualité du projet, c'est ça qui va vous sauver. Concentrez-vous sur le fait de choisir quelques points forts du projet et prenez le temps de bien les mettre en valeur." "Un bon pitch, ce n'est pas un exercice de rhétorique bien réussi. Un bon pitch, c'est quand, à la fin du pitch, on vous dit ‘oui, ça m'intéresse, je veux bien en savoir plus ; envoiemoi la continuité dialoguée’ ; ou ‘envoie-moi le dossier’. Ce n'est pas l'exercice de rhétorique qui doit être réussi, c'est la mise en valeur des points forts du projet. C'est là dessus qu'on se concentre, et ça, normalement, puisqu'on écrit, on sait faire."
interview réalisée par
lepitch.art
Julie Delvaux
COMMUNICATION COORDINATOR
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POINT OF VIEW
LUC GULINCK © LEON DE BACKER
Les droits d'auteur sous les projecteurs Interview
Luc Gulinck
Juriste spécialisé dans le droit d'auteur, le droit des médias et les domaines connexes
Point of view
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uc Gulinck est un juriste spécialisé dans le droit d'auteur, le droit des médias et les domaines connexes. Il connaît l'industrie de la musique de fond en comble pour y avoir occupé diverses fonctions : de publicitaire à artiste en passant par responsable des affaires juridiques et commerciales.
En plus d'être un conseiller juridique et commercial indépendant pour les arts, il est actif dans la gestion collective des droits d’auteur et des droits voisins: il a été président pendant dix ans de PlayRight (la société belge de gestion des droits voisins des artistes-interprètes) et aujourd’hui, il est administrateur de la Sabam (société de gestion des droits d’auteurs dans diverses disciplines).
musique. Les productions du secteur audiovisuel sont plus complexes en elles-mêmes. La production et l'exploitation d'un film ou d'une série dépendent souvent d'investissements provenant de différents pays, et l'application du principe du marché unique européen n'est pas évidente dans ce secteur. Le Tax Shelter est également régulièrement utilisé, ce qui ne simplifie pas forcément les choses. En outre, les conditions de travail dans les différents pays peuvent varier considérablement. En ce qui concerne le faire valoir des droits, un auteur (par exemple, un scénariste ou un réalisateur) a plus de poids qu'un acteur."
Il est aussi professeur invité à la “School of Arts” à Gand et l’auteur du livre Signez ici ! (Et ne faites pas attention aux petits caractères...) : Guide à travers le dédale juridique et professionnel du monde de la musique (Éditeur : RACINE).
Pensez-vous que la législation existante protège suffisamment les auteurs et les artistes-interprètes ? Luc: "La dernière directive européenne sur le numérique est un compromis, mais tout dépend de l’implémentation par les États membres. À mon avis, dans cette lutte contre les géants de l'Internet, l'Europe a montré qu'elle est enfin consciente de sa responsabilité dans ce domaine. Mais en ce qui concerne la protection contractuelle des parties les plus faibles autour de la table de négociation, le législateur européen pourrait aller encore beaucoup plus loin."
Pouvez-vous nous parler de votre expérience avec la législation belge sur le droit d'auteur et les droits voisins et de l'impact de la législation européenne sur ce sujet en Belgique ? Luc: "La Belgique a ses propres règles, la première loi date de 1886 et a été modifiée pour la dernière fois en 2014. Mais, notre pays est obligé d'intégrer les directives et les règlements européens dans sa propre législation, tout comme les autres États membres de l'UE. Il convient de noter qu'au cours des 20 dernières années, les plus importants principes juridiques relatifs au droit d'auteur et aux droits voisins ont été les mêmes dans toute l'Europe - mais sans harmonisation complète dans toute l'UE. Mais c'est bien l'Europe qui initie aujourd'hui les plus grands changements dans ce domaine."
Puisque nous parlons maintenant de l'inévitable paysage numérique, quelle est, selon vous, la solution acceptable pour que les auteurs et les artistes soient correctement rémunérés pour l'exploitation de leurs œuvres en ligne ? Luc: "Une solution qui serait acceptable pour tous et facile à appliquer serait d'invoquer le principe de la rémunération équitable, c'est-à-dire le paiement par les plateformes de streaming aux organismes de gestion collective d’une rémunération qui est en proportion avec le succès d’une production. Ainsi, la transparence est garantie."
"L'unification la plus large concerne le secteur de la
"Il convient de noter que des améliorations à la situation socio-économique des créatifs dans le monde audiovisuel sont encore possibles, et je pense que des mesures juridiques suffisantes et efficaces aux niveaux local et européen sont le meilleur moyen d'y parvenir."
"Bien sûr, cela nécessite aussi de nouvelles discussions avec les producteurs, la fixation de tarifs, la recherche d'une part équitable. La puissance d'un Google (pour ne citer que cet exemple) est considérable et la libre
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À mon avis, dans cette lutte contre les géants de l'Internet, l'Europe a montré qu'elle est enfin consciente de sa responsabilité dans ce domaine. — Luc Gulinck
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concurrence est menacée, c'est aussi en cela que l'Europe a du poids (qu'elle a déjà utilisé) pour empêcher les monopoles actuels de mettre en danger cette libre concurrence."
"En même temps, il doit y avoir un équilibre entre cette gestion collective et la liberté contractuelle de continuer à négocier individuellement."
"Mais la gestion collective offre une garantie essentielle : elle est non-discriminatoire."
SIGNEZ ICI ! (ET NE FAITES PAS ATTENTION AUX PETITS CARACTÈRES...) Le côté juridique et commercial du monde de la musique fait généralement peur : contrats, droit d’auteur, licences, petits caractères… En nous révélant les coulisses du secteur musical, Signez ici ! propose néanmoins une mine d’informations théoriques, applicables en pratique. L’emblématique « music biz » a toujours été complexe et entouré de mystère. Mais aujourd’hui et plus que jamais, la voie du succès est parsemée de pièges. Ce livre propose un ensemble de réflexes à adopter, qui doivent permettre aux artistes de mieux appréhender les aspects commerciaux de leur musique. L’auteur avance également des pistes intéressantes pour un nouveau regard sur les droits d’auteur et les droits voisins, mais aussi une vision politique pour l’avenir du secteur de la musique en Belgique et au-delà.
Signez ici ! est le premier ouvrage dans notre pays rassemblant tant d’expérience et savoir-faire utiles dans ce secteur. Il s’adresse aux auteurs et aux artistes-interprètes, mais aussi aux producteurs artistiques, techniciens, remixeurs, éditeurs de musique et producteurs, managers et booking agents ; même les dirigeants artistiques et commerciaux, praticiens du droit, fonctionnaires culturels, journalistes, enseignants et décideurs politiques peuvent en retirer un avantage.
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interview réalisée par
Joëlle Dagry CONSULTANT
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© GITHA HERMANS
Githa Hermans, Location scout & manager Interview
Githa Hermans
Location scout & manager
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A
près avoir terminé ses études à l'académie des Beaux-Arts aux Pays-Bas, Githa Hermans, 21 ans, est partie aux États-Unis pour un programme d'échange. Par hasard, elle s'y est retrouvée dans une section cinéma et le ton de sa carrière a tout de suite été donné : ce serait le cinéma. Githa: "À l'académie des Beaux-Arts aux Pays-Bas, on parlait beaucoup du cinéma flamand et c'est ainsi que je me suis retrouvée à Sint-Lukas à Bruxelles, à mon retour des Etats-Unis. Pendant ma licence, j'ai réalisé plusieurs courts-métrages qui ont été montrés entre autres aux festivals de Gand et d'Ostende. J'ai ensuite obtenu mon diplôme et je
ne savais pas bien par où commencer. On ne parlait jamais vraiment de cela à l'école. J'ai travaillé dans un magasin de vêtements pendant un certain temps, j'ai souffert parce que je me sentais si loin de mes études. Ensuite, sur la plateforme du Ritcs, je suis tombée sur une offre d’emploi pour un assistant réalisateur. En fait, j'avais jusque là très peu d'expérience sur un plateau professionnel, à part un court stage chez Caviar. Je suis donc devenue du jour au lendemain assistante régisseuse pour la série ‘Amigo’s’ pendant six mois. Vous commencez donc tout en bas de l'échelle et vous êtes la personne qui bloque l’accès aux rues pendant le tournage, met la table pour les repas et veille aux zones de maquillage et de costumes. Celle qui apporte le café et nettoie les toilettes. Mais c’était pour moi un réel soulagement !" "Un plateau de tournage à l'école n'est pas comparable à un plateau de tournage professionnel. Je n'avais jamais entendu parler du métier de régisseur général. Après 'Amigo's', j'ai eu l'opportunité de passer à la régie générale pour une série de la chaîne de télévision Ketnet. C’était parti pour moi. J'ai fait la connaissance de Jules Logistics. Il s'agit d'une société de location de matériel de tournage. Les propriétaires, Guy, Fre et Sofie, étaient eux-mêmes régisseurs."
"Après la série pour Ketnet, j'ai me suis frottée au tournage du film 'Le passé devant nous' de Nathalie Teirlinck, à Bruxelles. C'était intense. Je pense que j’ai travaillé 20 heures par jour, mais j'en ai beaucoup appris. C'était à Bruxelles et en français. Je n'ai jamais refusé un projet, je suis donc passée d'un projet à l'autre. Je travaille sans arrêt depuis sept ans. Lorsque j'étais assistante régisseuse pour une série à Bruxelles, j'ai commencé le repérage. J'ai aussi fait du repérage de lieux de tournage pour les séries 'Professor T' et 'Over Water' et j'ai découvert que j'aimais ça." Pourquoi aimez-vous votre travail en tant que régisseuse générale et dans le repérage ? Githa: "Le repérage est plus créatif, il faut réfléchir avec le réalisateur, le directeur artistique et le DOP, qui ont déjà leurs propres idées et un moodboard. Il faut partir à la recherche des lieux qu'ils ont en tête. C'est tout à fait hors de ma zone de confort car il faut constamment entrer en contact avec des inconnus. Parfois, il s'agit de sonner à la porte de gens qu’il faut convaincre, alors que je suis une personne assez timide. Vous entrez dans les maisons de parfaits inconnus avec votre appareil photo, c'est excitant parce qu’il faut briser la glace. Avec les entreprises, c’est autre chose. Je fais souvent d'abord une recherche en ligne, Google Images est une excellente source. On peut
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La question la plus folle que j'aie jamais reçue : "Peux-tu fermer cet aéroport pendant trois jours ?" — Githa Hermans
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d'abord envoyer un e-mail à une entreprise et appeler ensuite. Je suis plus à l’aise avec ça." "Pour donner un exemple, je viens de recevoir d'un directeur artistique des liens vers des appartements qui lui plaisent, je vais appeler cet après-midi pour voir si nous pourrions éventuellement les utiliser comme lieux de tournage. Convaincre les gens est devenu un peu plus difficile à cause du COVID. Cela a rendu mon travail de régisseuse un peu plus compliqué. Il y a des règles supplémentaires qui s’ajoutent aux précédentes. En termes de logistique, c'est désormais un défi de trouver les pièces appropriées pour le maquillage, le costume ou le lunch. Ces lieux doivent être suffisamment spacieux pour permettre à 80, voire 100 personnes de manger à distance les unes des autres. Il arrive que nous devions installer une tente de festival pour cela." Quelle est pour vous la grande différence entre le repérage de lieux et la régie ? Githa: "Les deux se chevauchent un peu, même s'il s'agit de deux métiers distincts. Le repérage consiste en une visite esthétique de lieux au cours de laquelle le réalisateur, le directeur artistique et le cameraman choisissent le lieu qu'ils trouvent le plus intéressant. Le régisseur est réellement impliqué dans le processus plus tardivement. Habituellement, les lieux ont déjà été trouvés, et vous commencez les préparatifs, comme la demande de permis, la prise de contacts, les accords pratiques. Lors des repérages techniques auxquels assistent les différents départements, vous pouvez facilement vous retrouver avec une délégation d'une douzaine ou d'une quinzaine de personnes. Cela demande toujours une certaine organisation et planification. Pour 'Beau Séjour' nous avons séjourné une semaine dans un hôtel sur la côte et nous avons visité des lieux tous les jours. Sur un tel plan de repérage, je suis occupée au moins une semaine. C'est tout un puzzle qu'il faut reconstituer." "Le régisseur général reçoit beaucoup d'informations à traiter. Ou bien vous recevez des demandes du genre: “Avons-nous la permission de mettre une lampe sur une lucarne en verre ?”, ou encore “Cette rue doit être fermée pendant l'enregistrement”. On les inclut ensuite dans les demandes de permis. Le directeur artistique pose également des questions particulières, par exemple : “Pouvons-nous peindre ce mur ?” En tant que régisseuse,
je suis l'intermédiaire entre le lieu et l'équipe de tournage." "Une équipe de tournage est en réalité une sorte de bulle qui vit dans son propre monde. Le régisseur, avec la production, est la seule personne qui communique avec le monde extérieur. Les questions, parfois bizarres, ne sont pas toujours si évidentes. Une fois, l'ingénieur du son m'a demandé très sérieusement de fermer l’accès d’une place entière à Bruxelles. C’est cela que je trouve le plus difficile, que les gens pensent que tout est facile. Cela me prend parfois des mois pour résoudre un problème. En pratique, il arrive très souvent que des lieux supplémentaires doivent être trouvés avant les jours de tournage, en très peu de temps. La question la plus folle que j'aie jamais reçue : “Peux-tu fermer cet aéroport pendant trois jours ?”" Quelle est la partie la plus ardue de votre travail ? Githa: "Je ressens beaucoup d'énergie quand quelque chose fonctionne. Nous avons tourné l'année dernière à l'aéroport de Deurne, près d’Anvers, pour la série de Netflix 'Into the night', avec un directeur de la photographie américain et un réalisateur français. C'était énorme. Il s'agissait d'un détournement d'avion qui a lieu dans un pays scandinave où il est supposé neiger. Nous avons pu nous arranger pour tourner pendant trois nuits lorsque l'aéroport était fermé. En très peu de temps, nous avons pulvérisé de la neige, fait venir un Boeing spécialement de Londres... C'était la première fois que mon travail était aussi important. Je travaille souvent seule pour des projets flamands et je ne suis pas toujours aidée. Heureusement, j'avais un assistant pour cette production. Pourtant, il m'a fallu des mois pour me préparer. J’étais entièrement seule sur 'Beau séjour'. Travailler avec un assistant dépend donc principalement du budget." "L'essentiel, c'est que c'est un travail très difficile. Pour 'Beau Séjour', je me suis procuré une locomotive de train le dernier jour, après 110 jours de tournage. À la fin de la série, un accident de train a lieu. J'ai ensuite été autorisée à m'asseoir dans la locomotive avec un talkie-walkie et c'était une belle fin. Tout avait bien fonctionné ! Nous avons également travaillé très étroitement avec la Navy pour la série et je me suis liée d’amitié avec des gens qui y travaillent. Une base navale est hautement sécurisée, c'était donc particulier que nous ayons été autorisés à y tourner tous les jours. C'est ce que j'aime dans mon travail. Vous vous retrouvez soudain dans un nouveau monde
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dont vous ne savez rien. Vous apprenez à connaître beaucoup de nouvelles personnes, et vous apprenez également à appréhender un nouveau contexte. Par exemple, pour la série 'Over water', j'ai fait connaissance avec l'équipe du port d'Anvers grâce à Katoen Natie. Ils m'ont alors beaucoup aidée. Il faut être capable de gérer le fait qu'il y a toujours des incertitudes. Parfois, vous vous retrouvez dans des endroits où vous ne vous sentez pas toujours en sécurité. La nuit, par exemple. Dans ce cas, c'est bien de ne pas être seule." Y a-t-il des aspects particuliers concernant la sécurité dont vous devez tenir compte ? Githa: "Il y a la sécurité des lieux en eux-mêmes. Si vous filmez dans une villa fragile, nous devons assurer sa protection. Les sols doivent être recouverts d'un matériel de protection, mais aussi les montants des portes, les effets personnels des personnes qui y vivent, et d'autres choses encore. Nous signons toujours les contrats et la description des lieux à l'avance. Dans le cas où il y aurait des dégâts, ce sont des questions importantes. Après tout, nous sommes des invités dans un tel endroit, mais
quelque 30 ou 40 personnes y sont en visite. C'est tout un cirque. C'est pourquoi nous discutons de manière très approfondie avec les personnes qui y habitent sur ce que nous allons faire exactement. Ce qui va être changé ou quel mur va être peint, par exemple. Le directeur artistique fournit généralement un document dans lequel figure exactement ce qui va se passer." "Le travail est aussi largement administratif. Penser aux permis, aux contrats ou aux assurances. En outre, vos langues sont importantes car vous recherchez des sites dans tout le pays. Mon français est assez bon, mais j'ai parfois besoin de l'aide d'un assistant pour demander des permis en français. Les différentes cellules cinématographiques dans des villes comme Bruxelles, Anvers et Gand vous aident principalement à obtenir ces autorisations, mais pas tellement à effectuer les repérages eux-mêmes. La ville d'Anvers est bien organisée à cet égard. La police, les services municipaux, la communication entre les services fonctionnent très bien. Aux Pays-Bas, vous pouvez consulter le site Creatief leegstandsbeheer pour trouver des emplacements. C'est
très bien organisé là bas. La gestion des emplacements vacants pour les créatifs n'en est encore qu'à ses balbutiements ici en Belgique, si l'on compare avec eux, mais je reçois aussi régulièrement des joyaux d'emplacements en Belgique." "En termes de sécurité, je pense naturellement à la sécurité de l'équipe. C'est pourquoi je mets toujours quelques points d'attention sur la feuille de route. Ne laissez rien ouvert, verrouillez vos voitures, portez des gilets jaunes la nuit, ce genre de choses. Entre les jours de tournage, nous assurons également une sécurité supplémentaire pour les camions transportant du matériel grâce à un parking sécurisé. La feuille de route contient également toutes les informations logistiques, les adresses, un plan et l'emplacement pour le maquillage et les costumes. Pour une série Netflix, j'ai également dû remplir une évaluation des risques. Je dois donc réfléchir à l'avance aux dangers d'un lieu."
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"Supposons que vous filmez la criée aux poissons. Vous ne pouvez pas fermer ce lieu. Tout d’abord, il n'y a pas d'argent pour le demander. Ensuite, nous devons nous adapter à la situation et au planning de l'entreprise. C'est amusant de reconstituer le puzzle. Il faut quand même aussi un certain pouvoir de persuasion. Je suis toujours aussi honnête que possible et j'essaie d'expliquer exactement ce que nous sommes venus faire. Mais il est encore difficile de faire comprendre l'importance de l'impact d'un tournage, car les gens le sous-estiment souvent."
À quoi prêtez-vous une attention particulière lors de l'analyse du scénario ? Githa: "Quand je fais les repérages, je cherche spécifiquement les endroits qui sont nécessaires et j'essaie aussi de penser déjà plus loin. Dans ma tête, je vois déjà ce qui doit être fait. C'est peut-être parce que j'ai déjà beaucoup d'expériences de tournage. Si, par exemple, nous allons filmer dans un appartement situé en bordure de rue, il y aura du bruit ou quelque chose de visible qui devra disparaître, comme les voitures garées. Je pense déjà aux rues à fermer et aux endroits où garer nos camions. En fait, j'essaie de visualiser le film pendant le déroulement d’un scénario. Si je ne travaille qu'en tant que responsable des lieux, je regarde les photos ou je passe pour prendre des rendez-vous. Normalement, vous recueillez toutes ces informations lors du technical-recce. Ma formation de réalisatrice m'aide également. Et aussi, le fait que j'ai été impliquée dans le cinéma dès mon plus jeune âge. Mon père était cameraman, alors peut-être que cela joue aussi un rôle. Le fait que je puisse rapidement jouer des scénarios dans ma tête et anticiper. J'essaie alors de tout écarter pour que personne d'autre n'ait à y penser." Comment restez-vous à la pointe de vos connaissances et qu'est-ce que vous trouvez important dans ce domaine ? Githa: "On apprend en faisant, je trouve. Chaque projet est nouveau. Je pars toujours de zéro, car on se retrouve toujours dans de nouveaux univers. Quand je pense à ce que j'ai appris à l'école, j'ai appris très peu dans le domaine du repérage ou de la gestion des lieux. J'ai moi-même commencé au bas de l'échelle, c'est moi qui bloquais les rues pendant douze heures d'affilée. Ce n'est pas drôle, mais c'est là où nous commençons tous." Qu'est-ce qui est parfois sous-estimé dans votre travail ? Githa: "À quel point ce travail est difficile. Le stress qui en découle, les longues journées. C'est éprouvant physiquement. Vous êtes le premier sur le plateau et le dernier à rentrer chez vous. J'essaie de réguler cela de mieux en mieux. Quand j'ai commencé, je ne me souciais pas de tout ça. J'étais heureuse d'avoir autant de travail et je restais aussi longtemps que nécessaire. Bien trop longtemps, souvent. Mais il est difficile de trouver l'équilibre entre garder le rythme et garder la qualité de son travail. Je suis perfectionniste à cet égard, je veille
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à ce que mon travail soit bien organisé. Maintenant, je commence à le sentir un peu." Alors que faites-vous pour vous-même afin de mieux préserver cet équilibre ? Githa: "Un assistant aide déjà. C'est quelqu'un qui peut prendre en charge certaines choses. Par exemple, je ne participe plus toujours aux tournages de nuit. De toute façon, vous ne pouvez pas faire d'arrangements ou appeler les gens la nuit. Mais auparavant j'avais l'habitude de le faire. Je recevais un appel de la police le matin parce que des voitures étaient garées illégalement, ce qui implique que vos nuits sont très courtes. Chaque jour, des circonstances imprévues peuvent se produire, il faut donc toujours être flexible." Quelles sont les compétences importantes pour l'emploi que vous occupez ? Githa: "Ce qui est important, c'est l'enthousiasme et la capacité à bien gérer les revers. Il faut que cela vous convienne, en restant toujours flexible et positif. Il faut arriver à être encore amical après seize heures sur un plateau. Vous devez être orienté vers les solutions et être
capable de gérer le stress. Ça aide si vous arrivez à mettre les choses en perspective. Mais osez aussi choisir pour vous-même, garder votre équilibre et planifier votre repos. Vous devez trouver votre propre manière pour tenir dans la durée. Au cours de votre apprentissage, vous apprenez également des choses techniques. Il faut s'y connaître en électricité, par exemple, ou en travail en hauteur ou en bornes. Des choses qui sont difficiles à apprendre dans une salle de classe. C'est pourquoi les stages en entreprise sont si importants." Que recommandez-vous aux jeunes diplômés ? Githa: "Qu'ils fassent certainement un stage en tant qu'assistant régisseur. Tout le monde veut être régisseur tout de suite, mais ce n'est pas réaliste. Les gens ont parfois des talents dans d'autres domaines également. Peut-être que quelqu'un convient pour le son ou la lumière, par exemple comme grip ou assistant caméra. C'est l'un des avantages de la direction de régie, si vous voulez connaître le plateau, vous devez apprendre toutes les facettes du film. Et si vous travaillez dur, vous serez vite sélectionné."
Conseils de Githa • Google est votre ami : le plus grand moteur de recherche et les photos Google vous aideront dans votre démarche. • Comptes Insta que je consulte régulièrement : beaucoup de comptes de design et d'architecture et de photographes comme Alexander Dumarey qui photographie beaucoup de bâtiments vides.
interview réalisée par
Nathalie Douxfils
PROJECT MANAGER LEARNING & DEVELOPMENT MEDIARTE
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STAGES MÉDIA Donnez une chance aux nouveaux talents diplômés Information & inscription via
www.mediarte.be
Vous êtes employeur et vous souhaitez proposer un stage en toute légalité ? Le projet “Stages média” est destiné aux jeunes de -26 ans désireux d'acquérir une expérience professionnelle. Par cette initiative, mediarte souhaite bâtir un pont entre la sortie de l'enseignement supérieur et le secteur audiovisuel professionnel. Si les objectifs personnels et la motivation du stagiaire sont compatibles avec les besoins et les attentes du fournisseur de stage, mediarte assure la mise en contact. Infos pratiques • Stage professionnel réalisé dans un cadre légal • Stage de 12 semaines maximum • Tout le monde peut suivre un stage, indépendamment de la fonction, à condition d'avoir moins de 26 ans, d'être inscrit comme demandeur d'emploi (officiellement auprès d'ACTIRIS, du VDAB ou du FOREM) et de ne pas encore recevoir d'allocations. • mediarte assure l'encadrement du stagiaire et veille au contenu et à la qualité du stage • mediarte fait le lien entre les objectifs personnels du stagiaire et l'offre du fournisseur de stage. • La décision finale d’accueillir ou non un stagiaire revient toujours à l’entreprise.
Plus d'infomations sur mediarte.be/fr/dossiers/stages
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ORGANISATION DU SECTEUR
© EDDIE KOPP
Une nouvelle association belge pour les artistes VFX Article BVX
Organisation du secteur
Il y a quelques années, des professionnels de plusieurs studios du secteur des effets visuels, se sont réunis avec l'idée de former une guilde pour l’ensemble des acteurs belges de l'industrie des effets visuels. "À l'instar de nos pairs à l'étranger, nous voulions créer une plateforme qui défendrait nos artistes, une plate-forme qui pourrait aider nos studios à relayer leurs souhaits et demandes auprès des organes officiels de notre pays, une plate-forme, enfin, qui guiderait et conseillerait au mieux les nouveaux talents. Aujourd'hui, nous sommes fiers d'annoncer la création de la Société belge des professionnels des effets visuels, ou BVX en abrégé."
Quelques points fondamentaux : • Le BVX vise à organiser régulièrement des réunions et des événements où les artistes VFX pourront se rencontrer et réseauter. Une idée parmi d’autres, serait d’organiser des conférences, des moments d’échanges, entre des talents de renommée internationale et les superviseurs de nos studios. Cela donnera également à nos studios l'occasion de rencontrer des talents internationaux. • Le BVX s'adresse également aux nombreuses écoles de cinéma et aux formations aux effets visuels en Belgique. Pour mieux répondre aux besoins de l’industrie du cinéma et pour préparer les diplômés au milieu professionnel, nous les aiderons à l’optimisation des cours et des programmes. • Afin de ralentir l’exode de nos talents vers les hotspots VFX internationaux, nous mettrons en valeur/lumière l’excellence et la variété du travail VFX. • Le BVX aspire à être une voix représentative des studios et des artistes non seulement envers le VAF, Wallimage, Screen Flanders, Screen Brussels, WBI,... mais aussi envers nos différentes autorités gouvernementales. Nous souhaitons également maintenir un dialogue sain et partager conseils et besoins sur les incitants financiers sectoriels (Tax Shelter). • Le BVX sera un partenaire idéal pour les organisations professionnelles belges existantes comme la SBC, UPFF, Unie van Regisseurs, Scenaristengilde, Belgian Film Producers, bemontage,... • Nous souhaitons e ncourager davantage le dialogue entre les différents protagonistes du secteur cinématographique et télévisuel belge de qualité. L’élaboration des effets visuels peut sembler complexe pour ceux qui n’y sont pas familiarisés. • Le BVX espère aussi éclairer les créateurs de contenu en leur montrant ce qu’il est possible de faire. Ceci en décomposant les phases de fabrication et en soulignant l'importance d'intégrer les vfx dès la pré-production. • Dernier point mais non des moindres, nous souhaitons m ettre à l’honneur nos meilleurs talents. Avec des budgets modestes, loin des standards hollywoodien, les artistes belges sont capables de prouesses artistiques et technologiques.
belgianvfx.be 33
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CONDITIONS DE TRAVAIL
© SARA KURFESS
Indexation des salaires dans le secteur audiovisuel et le film Article
mediarte Conditions de travail
Le 1er août 2021, les salaires du secteur du film (SCP 303.01) ont été indexés de 2% et le 1er novembre 2021, c'est au tour des salaires du secteur audiovisuel (CP 227). À qui s'applique l'indexation ? À toute personne qui emploie du personnel dans une de ces Commissions Paritaires ou y travaille en tant qu'employé avec un contrat de travail (direct ou par l'intermédiaire d'une agence d’intérim).
Je suis indépendant. Cette indexation s'applique-t-elle également à moi ? Non, cette indexation ne concerne que les salariés ayant un contrat de travail et donc pas les indépendants, ni les salariés soumis à une autre commission paritaire.
Je suis employeur. Suis-je obligé d'indexer les salaires de mes travailleurs? Oui, cette indexation des salaires des employés est une obligation légale.
Quand pouvons-nous attendre les prochaines indexations ? Sur la base des prévisions actuelles, les prochaines indexations sont attendues pour le secteur du film (SCP 303.01) le 1er juin 2022 et le 1er août 2023, et pour le secteur de l'audiovisuel (CP 227) le 1er mai 2022.
Où puis-je trouver les nouveaux barèmes de rémunération ? Sur le site de mediarte, vous pouvez trouver toutes les échelles de rémunération.
Quelle est la base juridique de cette indexation ? Pour les deux CP, il existe des conventions collectives qui déterminent l'indexation, mais elles ne sont pas simultanées et le moment de l'indexation diffère. L'indexation est liée à l'indice des prix à la consommation de la norme SCP 303.01 et à l'indice de santé lissé de la norme CP 227. Lorsque l'indice pivot est atteint ou réduit, les salaires sont recalculés en augmentant ou en diminuant de 2 %.
Retrouvez plus d'infos dans nos dossiers : Conditions de travail dans l'audiovisuel et le digital Conditions de travail dans le film 35
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SÉCURITÉ
© RENDY NOVANTINO
Comment évaluez-vous les risques d'une production audiovisuelle ? Article
Louis Van De Leest Sécurité
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echniciens, collaborateurs de la production, acteurs,...une production audiovisuelle s’articule autour de personnes et d'un travail d’équipe. Cependant, ces équipes sont souvent exposées à des risques pouvant potentiellement mener à des blessures ou à d'autres conséquences pour leur santé physique et mentale.
Quels risques peuvent se présenter pendant une production ?
Qu’est-ce qu’une analyse des risques ?
Comment évaluer correctement les risques ? La question centrale à laquelle il semble souvent plus facile de répondre que ne le laissent entendre les situations réelles. Que faire en cas d'accident avec du matériel pyrotechnique sur le plateau, et auriez-vous pu l'éviter ? Comment vous préparezvous pour une séance photo sous-marine ? Une journée de tournage sur l'eau peut sembler aller de soi, mais avez-vous tout évalué correctement ?
Afin de rafraîchir encore quelque peu cette notion, expliquons rapidement en quoi consiste essentiellement une analyse des risques. Une évaluation des risques est tout simplement une étude attentive des éléments ou des facteurs pouvant provoquer des dégâts (physiques et/ou mentaux) à des personnes sur leur poste de travail, permettant de vérifier si toutes les précautions requises ont été prises et/ou si des mesures supplémentaires sont nécessaires pour éviter des dommages.
L’outil Online Interactive Risk Assessment (OiRA) est conçu pour accompagner tout professionnel du vaste paysage audioviuel souhaitant évaluer les risques pour la santé et la sécurité dans le processus de production. Derrière cet outil, se retrouve l’idée de vous guider à travers les différentes étapes dans le cadre d'une production ou des journées de tournage et/ou de scènes très spécifiques auxquelles il est nécessaire d’être attentif lors de la pré-production. L’outil peut être adapté à des productions audiovisuelles à des échelles très diverses, comme des longs métrages, des courts métrages, des documentaires, des séries, ... jusqu'à des publicités, des clips vidéo, des productions VR, etc.
À qui et à quelles productions audiovisuelles l’outil OiRA est-il destiné ? Durant le processus d’analyse des risques, il est conseillé d’impliquer les travailleurs concernés et de consulter les différents modules proposés, mais aussi (si d’application) d’informer les membres de l’équipe qui ont des responsabilités spécifiquement liées à la sécurité et à la santé sur le lieu de travail. Cet outil est avant tout destiné à des micro-productions (moins de 10 travailleurs en production) ou à des petites entreprises / productions (moins de 50 travailleurs). Cela n’exclut cependant pas que de plus grosses productions fassent appel à cet outil en ligne.
Les étapes les plus importantes d’une analyse des risques sont les suivantes: 1 Identification des dangers 2 Identification de toutes les personnes qui peuvent être confrontées à des dommages et comment 3 Évaluation des risques et adéquation des contrôles mis en place 4 Prise des mesures pour savoir quelles précautions sont prises 5 Documentation des principales conclusions et mise en œuvre des mesures de précaution 6 Monitoring et évaluation
Comment utilisez-vous cet outil ? L'outil propose un guide étape par étape accessible pour mener l'analyse des risques. Vous pouvez aisément identifier les risques puis élaborer des mesures pour minimiser ces risques, c’est-à-dire pouvoir les éliminer au maximum. L'utilisateur reçoit une série de mesures suggérées parmi lesquelles il est possible de choisir. De plus, vous pouvez même opter pour l’inclusion de vos propres mesures spécifiques à votre production. Plus spécifiquement, l'outil OiRA pour les productions audiovisuelles propose les éléments suivants: • Soutien pour effectuer l’analyse des risques • Mesures de contrôle et de prévention adéquates et déjà éprouvées ; l'utilisateur peut sélectionner des solutions qui s'appliquent à sa situation spécifique et/ou créer/ inclure ses propres solutions 37
L’évaluation des risques n’est pas compliquée, mais s’assurer que celle-ci est adaptée et suffisante en fonction de votre projet audiovisuel prendra un certain temps. — Louis Van De Leest
© IMANI MANYARA
• Encouragement à opter pour des mesures menant à un plan d'action afin de limiter le plus possible les risques identifiés • Un plan d'action contenant des options afin d’inclure des responsabilités, des deadlines et d’allouer des budgets • Rapport de l’analyse des risques et plan d'action pouvant être téléchargés et imprimés en tant que documents de référence • Les évaluations des risques sont portées à l’attention de tous les membres de l’équipe, qui peuvent être confrontés à des dommages dûs à un des risques couverts sur le lieu de travail • Les évaluations des risques peuvent être facilement adaptées ou répétées, sur base d’évaluations précédentes Tenez évidemment compte du fait que les solutions proposées par cet outil doivent être considérées comme des suggestions afin de rendre l’utilisateur conscient des risques possibles en matière de santé et de sécurité. Examinez toujours la possibilité de mesures complémentaires pour les situations qui ne sont pas abordées par cet outil ou lorsque les solutions proposées ne sont pas adaptées à votre journée spécifique de tournage et/ou à votre scène à tourner. De plus, il est conseillé de désigner pour l’évaluation des risques et son suivi, une personne spécifique disposant des compétences requises en matière de sécurité et de santé sur le lieu de travail. S’il n’y a pas de personne disponible en interne possédant les compétences nécessaires ou l’expertise pour utiliser cet outil dans le cadre de sa fonction, un représentant externe sera identifié et engagé.
mediarte.be oiraproject.eu/en/oira-tools
L’évaluation est-elle complexe ? L’évaluation des risques n’est pas compliquée, mais s’assurer que celle-ci est adaptée et suffisante en fonction de votre projet audiovisuel, prendra un certain temps. Cette évaluation est importante afin de maximiser la santé et la sécurité au travail. Si les risques ne sont pas évalués, un management des risques adéquat ne peut pas être mis en place et il est peu probable que des mesures préventives et de protection appropriées puissent être identifiées, attribuées ou mises en œuvre. Il est impossible de dire combien de temps prend en général une évaluation des risques, étant donné que cela dépend du type de production, de la scène spécifique et de la législation en vigueur au niveau national. Les modules qui ne sont pas pertinents pour une production peuvent être ignorés. L'évaluation des risques peut également être complétée au fil du temps en examinant d'abord certains modules et en revenant à d’autres plus tard.
L’outil EU OiRA est le résultat du projet "Développement d’un outil d’évaluation interactif en ligne pour les productions film et tv” et résulte d’une collaboration entre European Audiovisual Production association (CEPI), International Federation of Actors (FIA), Federation of Film Producers Associations (FIAPF), International Federation of Musicians (FIM) et UNI Europa - media, entertainment & kunst, avec le soutien de l'EU-OSHA.
interview réalisée par
Louis Van De Leest
PROJECT MANAGER MEDIARTE
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Payrolling en ligne : votre nouveau meilleur ami s’appelle Paymate Dans les secteurs créatifs, les besoins en personnel varient vite et les imprévus sont légion. Paymate vous aide à enregistrer votre personnel temporaire exactement quand vous en avez besoin. Et tout le monde peut se mettre au travail directement ! Le payrolling en ligne, certains connaissent. Mais connaissez-vous le payrolling en ligne pour le personnel temporaire ? Paymate est pionnier dans le domaine, une aubaine pour les secteurs créatifs aux horaires et plannings parfois… anarchiques !
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24/7, flexibilité optimale Paymate est une plateforme en ligne, qui vous permet d’enregistrer des travailleurs temporaires vous-même, quand vous voulez, pour une prise d’effet immédiate. C’est donc un allié précieux pour tous les acteurs des secteurs créatifs, que vous soyez indépendant, PME ou grande entreprise.
Pas de frais inutiles Un outil si agile doit avoir un coût élevé, est-on tenté de penser. Eh bien, non ! Paymate est aussi très avantageux car il s’agit d’un service cloud, avec des frais de fonctionnement optimisés et parce que nous travaillons avec le coefficient le plus intéressant du marché. Vous payez au contrat enregistré, sans frais d’abonnement, ni autres frais fixes, ni logiciel onéreux. Paymate vous propose un prix attractif totalement transparent : un contrat, une facture, tout simplement.
6 façons de vous faciliter le payrolling en ligne Paymate déploie six atouts exclusifs pour faciliter votre gestion salariale. 1. En tant que super user, vous pouvez ajouter des utilisateurs facilement, en déterminant quel accès/rôle chaque personne doit avoir. 2. Vous ne dépendez plus d’un intermédiaire ni des heures d’ouverture d’un bureau pour établir vos contrats temporaires. Vous avez l’autonomie, le contrôle et vos travailleurs sont immédiatement en ordre légalement ! 3. Le tableau de bord vous offre une vue d’ensemble de vos projets, contrats et collaborateurs, en vous indiquant les points d’attention (qui doit encore être payé, par exemple).
4. Vos contrats et factures sont rassemblés en un endroit et payables en un clic. Vous pouvez en outre noter vous-même les références qui doivent figurer sur vos factures ou éventuellement corriger la rémunération de chaque travailleur. 5. Vous gérez tout mais nous sommes là pour vous aider. Nos FAQs répondent clairement à vos questions. Et nos consultants sont joignables via notre ligne d’assistance (service payant disponible de 6h à 23h, 7j/7, y compris les week-ends et les jours fériés). 6. Toute votre administration salariale est simplifiée. Frais, heures supplémentaires, primes… leur gestion devient facile ! Et vous pouvez télécharger tous vos documents (ex : rapport de chiffre d’affaires ou bilan social).
Test grandeur nature La théorie, c’est bien ; se faire un avis par soi-même, c’est mieux. Alors, pour savoir si Paymate peut vraiment vous aider, créez votre compte sans engagement et vérifiez vous-même ! Après la création de votre compte, nous vous appelons pour vous guider et adapter le service à votre situation particulière. Et tant que vous n’enregistrez pas de contrat, vous ne payez rien.
L’humain au centre de nos préoccupations Si cette plateforme existe et fonctionne, c’est pour répondre aux besoins humains des secteurs créatifs. Paymate vous permet de rester concentré sur votre travail, votre projet, au lieu de perdre un temps précieux dans les tracas administratifs. Nous vous donnons le contrôle tout en restant à vos côtés. Alors, tous au boulot, avec Paymate !
Pour plus d’info et créer votre compte sans engagement : www.paymate.be 43
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CROWDFUNDING
© COMEDIEN.BE / ACTEUR.BE
Cosmos-Kosmos, première plateforme de crowdfunding culturel belge
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osmos-Kosmos est une initiative de l’ASBL Comedien.be / Acteur. be, site de référence pour les comédiens et artistes professionnels issus du monde de l’audiovisuel (cinéma & télévision) et des arts de la scène (théâtre, danse, arts de rue) en Belgique. Cette extension de Comedien.be / Acteur.be permet aux artistes n’ayant pas encore intégré les circuits de subventionnement ou cherchant des aides complémentaires de concrétiser des projets culturels ou artistiques. La plateforme permet d’accorder une visibilité à moindre coût à un projet, pour sa diffusion notamment; de trouver des collaborateurs, des personnes manquantes à une équipe; de rechercher des co-producteurs ou des lieux d’accueil, ou encore de lever des fonds (crowdfunding). C’est la première plateforme de crowdfunding qui ne prend aucune commission. À part les frais bancaires, l'entièreté de la cagnotte est obtenue par le.la porteur.se de projet.
ANNOA VERBRUGGEN ©
Mauvais Ange, un premier courtmétrage financé en partie par Cosmos-Kosmos Interview
Annoa Verbruggen Scripte, monteuse et réalisatrice
Crowdfunding
Annoa Verbruggen vient de terminer la réalisation de son premier court-métrage, Mauvais Ange. Annoa est revenue sur le développement de son film et son financement grâce à la plateforme de crowfunding Cosmos-Kosmos. Peux-tu te présenter en quelques mots? Qui es-tu, quel est ton parcours ? Annoa: "Je m’appelle Annoa Verbruggen, j’ai 23 ans et j'ai terminé mes études à l’IAD en 2019, en montage et scripte. Cette double option permettait à la fois de voir la production, les tournages, et aussi la
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CROWDFUNDING
post-production. J’aime ce rôle de dernière écriture du film grâce au montage. Être seule ou avec le.a réalisateur. rice dans une salle, avec cet énorme enjeu de récupérer la matière d'un tournage, de la travailler et d’en faire un film, c’est grisant! " Comment t’es-tu lancée dans l'aventure de ton premier court-métrage, Mauvais Ange ? Annoa: "En sortant de l’IAD, j’ai commencé à chercher du travail en tant que scripte et monteuse. La première année de sortie d’école est souvent une année de galère : il faut se faire un nom. La deuxième année, celle où l’on commence enfin à avoir des petites connexions, a coïncidé avec l’arrivée de la Covid, du confinement et de l’arrêt de tournages … Super timing." "J’étais enfermée chez moi, comme tout le monde. Je tiens un petit carnet dans lequel je note parfois mes rêves et cauchemars. Un jour de confinement, j'ai recomposé des textes de William Sheller (dont je suis une grande fan), de mémoire, dans mon carnet. J'en ai fait des histoires un peu étranges, en reliant les phrases les unes aux autres. Cela me faisait du bien de faire quelque chose de créatif, de plonger dans un autre univers que la réalité Covid." "Je ne savais pas quelle forme ces textes pourraient prendre. J’ai d’abord pensé à un clip. J’ai fait lire mes textes à des amis de l’IAD, dont mon copain chef-opérateur, Romain Vermeiren, qui a vu des images fortes à travers mon texte et la possibilité d’un court-métrage. En suivant cette idée de court-métrage, il a fallu que je transforme mon texte en scénario. Mon texte était très poétique, le personnage n’était pas vraiment un personnage, c’était plutôt une ombre. Il y a eu beaucoup d’écriture en vue de pouvoir s’attacher à ce personnage, de le partager avec des potentiels spectateurs." Tu l’as écrit seule ? Annoa: "J’ai été aidée dans l’écriture par trois proches amis de l’IAD, dont l’un est devenu le premier assistant réalisateur sur le film, Adrien Berlandi, et l’autre est mon petit ami, Romain Vermeiren. On a fait énormément de sessions de brainstorming à trois ou quatre, après lesquelles je partais réécrire seule, mais la tête pleine d’idées nées de leurs propositions. Tous les trois ont été
très importants. Ils m’ont aidé à pointer les incohérences, les répétitions du texte." Quand ton scénario a été bouclé, qu’en as-tu fait ? As-tu essayé de trouver un producteur ? Annoa: "J’ai tout de suite pensé au crowdfunding. Je pensais d’abord me passer d’une boîte de production, et m’en sortir en utilisant uniquement le crowdfunding. Financièrement, le budget de mon film rentrait entièrement dans le budget personnel que j’ai investi dans le film, et celui des donateurs du crowdfunding." "Aliassa El Hamdaoui, mon directeur de production sur le film, m’a conseillé de trouver une boite de production qui nous soutienne administrativement. En temps de Covid, on avait peur de ne pas obtenir les autorisations de tournage. Manomètre films (Ixelles) a accepté de nous soutenir au niveau du cadre. Ils nous ont également réservé un petit budget pour envoyer le film en festivals."
L’avantage de CosmosKosmos est qu’ils prennent une commission infime (uniquement les frais bancaires). Je leur ai envoyé mon dossier, ils l’ont accepté et c’était parti. — Annoa Verbruggen
Tu étais seule pour le développement du courtmétrage ? Annoa: "Au début je n’avais pas d’équipe, à part mes amis proches qui se sont impliqués dans l’écriture et ensuite comme chef-opérateur (Romain Vermeiren), premier assistant (Adrien Berlandi) et scripte (Morgane Bienfait). Les castings, les costumes, j’ai géré cela seule. Sur le tournage on était une vingtaine environ, c’est une
THE DOUBLE, RICHARD AYOADE 2013 ©
petite équipe. La plupart venaient de mon réseau de l’IAD. L’équipe image comptait quatre personnes. Nous n’avions qu’un seul ingénieur du son, qui gérait seul la perche et le mixage sur place." "J’ai fait des recherches d’acteurs en postant des annonces sur comedien.be. À cause du confinement, je ne pouvais pas faire de castings normaux, j’ai rencontré les comédiens en plein air. Il faisait assez beau, on discutait du projet autour des étangs d’Ixelles." Comment t’es venue l'idée du crowdfunding ? Annoa: "Beaucoup d'amis avaient fait appel à du crowdfunding pour leur projet. Je recherchais une plateforme de crowdfunding qui ne prenne pas un gros pourcentage sur l’argent récolté pendant la campagne. L’avantage de Cosmos-Kosmos est qu’ils prennent une commission infime (uniquement les frais bancaires). Je leur ai envoyé mon dossier, ils l’ont accepté et c’était parti."
Quel pourcentage de ton budget couvrait l’argent récolté en crowdfunding ? Annoa: "Cela couvrait la moitié du budget du film, 2000€." Es-tu arrivée assez rapidement à l'objectif de crowdfunding que tu t’étais fixée ? Annoa: "Honnêtement oui, ça s'est fait assez facilement. Je n’avais pas encore fait mes preuves dans le milieu du cinéma, donc je savais que je ne pourrais pas convaincre beaucoup d’inconnus via la campagne. Ma famille et mes amis ont investi, et rapidement les amis d’amis et les amis de la famille se sont aussi impliqués." "J’ai utilisé une partie du budget de la boîte de production pour la rétribution aux donateurs : je vais louer une salle pendant 30 minutes, pour pouvoir leur montrer le film dans un cadre sympa."
interview réalisée par
cosmos-kosmos.be
Virginie Grulois
PROJECT MANAGER MEDIARTIST
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DORIANE FLAMAND © MEDIARTE
Rencontre avec Doriane Flamand, directrice de casting Interview
Doriane Flamand
Directrice de casting chez ADK Casting
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oriane Flamand a suivi une formation artistique à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles ainsi qu’à l’Institut Saint-Luc. Sa passion pour l’image l’a ensuite menée à exercer différents métiers du cinéma avant de s’intéresser et de devenir directrice de casting chez ADK-KASTING où elle travaille depuis de nombreuses années. Elle a collaboré à de nombreux projets de longs métrages, courts métrages, publicités ou séries télévisées
pour la Belgique, la France, le Luxembourg, l’Angleterre et autres. Doriane poursuit son activité professionnelle à Bruxelles en collaboration avec Michaël Bier. Comment choisir ses rôles ? Faut-il se profiler dans un type de rôle ? Doriane: "Alors, j'ai envie de dire non, il ne faut pas choisir quel type de rôles on veut incarner, ou dans lequel on pense qu'on va être le meilleur. De toute façon, c'est plutôt le directeur de casting qui va choisir qui il va appeler, soit parce que l’on pense que le comédien correspond exactement à ce que l'on recherche, soit parce que, justement, il est différent de ce que réalisateur a demandé, mais que l'on pense que cela pourra amener quelque chose de particulier. Il faut faire gaffe à ne pas rester dans un type de rôle parce qu'on croit qu'on a la gueule de l'emploi et s'enfermer là-dedans." "Je pense qu'il y a quand même pas mal de comédiens qui risquent d'avoir l'impression de devoir faire la même chose tout le temps. Alors que je suis sûre qu'ils peuvent tout à fait faire d'autres choses. Ce qui est possible aussi, c'est qu'on appelle souvent certains comédiens pour le même type de rôles. Je pense plutôt à des comédiens qui ont peut-être des physiques un peu plus particuliers. C'est parfois difficile de les voir dans autre chose que ce que leur physique raconte. Il ne faut pas mal le prendre. Si on a l'occasion de pouvoir les appeler pour d'autres choses - et qu'on sait qu'ils savent faire d'autres choses - à ce moment-là, on les appellera. Si vous avez un physique d'emploi un peu particulier : aller explorer ailleurs pour voir ce que cela pourrait donner d'autre que ce que simplement votre physique raconte." Comment bien préparer son casting ? Doriane: "Pour moi, le plus important, la base d’une préparation de casting, c'est le texte. C'est connaître son texte un maximum, que ce soit une phrase ou trois pages. Il ne faut pas le préparer vite fait le matin ou à l'arrêt de bus en venant au casting. Tant que le texte n'est pas là et qu’il faut réfléchir, moi, je vais l’entendre, je vais le voir, et le comédien ne sera pas complètement dans sa scène. Donc vraiment, le texte, le texte, le texte."
"Le manque de temps, ce n'est pas une bonne excuse. Quand vous arrivez au casting et que le comédien me dit “Désolé, je n'ai pas pu me préparer. Je n'ai pas eu beaucoup de temps.”: il suffit d'appeler si à un moment donné il y a un contretemps. La plupart du temps, on peut changer le rendez-vous, et si c'est faisable, on le fait avec plaisir. Il n'y a aucun problème, on peut comprendre. Mais arriver en disant "Finalement, j'ai pas eu trop de temps.”, ça me fatigue toujours un peu parce qu'on perd un temps bête. Et puis, je sais que la préparation va être moins bien, le casting va être moins bien parce qu’on va devoir passer les premières minutes du casting à se remettre le texte en tête."
Ce qui est important aussi, c'est que le comédien imagine réellement un personnage, même si c'est pour une phrase, même si c'est une employée de bureau qui dit juste trois phrases (...), qu'il imagine quelqu'un, un personnage. — Doriane Flamand
"Et en parlant de texte, c'est important aussi que le comédien se sente à l'aise et libre de pouvoir changer les mots, de ne pas être dans le mot à mot. S'il y a une phrase qui ne sort pas de manière juste pour lui, il la barre, il l'écrit autrement. Du moment que ça ne change pas la nature de la scène, moi, franchement, je m'en fiche. Je préfère que le comédien soit complètement à l'aise et qu'on ait un jeu plus naturel grâce à ça." "Je conseille aussi au comédien d'imaginer réellement un personnage, même si c'est une employée de bureau qui dit juste une phrase et demie. S'il n'a pas beaucoup d'info sur le personnage, il peut nous demander de lui en donner. Et si on n'a pas d'info supplémentaire, il peut lui-même simplement s'imaginer un petit passif pour le personnage.
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Ça l'aidera à incarner un truc un peu plus solide que juste l'employé de bureau qui dit “Bonjour, installez-vous. Vous avez rendez-vous ?”, par exemple." "Parfois, ce qui aide aussi, c'est de venir avec des costumes ou des accessoires parce que la scène peut s'y prêter. Il y a des comédiens qui viennent très souvent avec des accessoires. C'est pas mal parce que j'ai l’impression qu’ils arrivent à se reposer dessus. En tout cas, ils se sentent plus dans le personnage. Et puis, il est vrai qu'on a pas mal de réalisateurs qui arrivent à mieux se projeter quand ils voient une chemise de médecin, par exemple. Ce n'est pas nécessaire, ni obligatoire, mais il faut vraiment vous sentir libre d'arriver avec ce que vous voulez, avec votre préparation. Pour nous, la porte est ouverte. Il faut que
le comédien profite du moment qui est pour lui jusqu'au bout." "Quelquefois, les accessoires sont peut-être too much. Et là, c'est à nous de dire si on les garde ou si on ne les garde pas. En tout cas, je préfère quelqu'un qui vient avec ses accessoires, que quelqu'un qui ne sait pas trop quoi faire." Comment agrandir son réseau professionnel en tant qu’acteur ? Doriane: "D'abord, je dirais qu'il faut connaître les différentes personnes qui travaillent dans ce milieu et savoir à qui on va s'adresser : les directeurs de casting, les producteurs, les réalisateurs,... Les informations se trouvent sur internet sur des sites comme cinergie.be,
MICHAËL BIER & DORIANE FLAMAND © MEDIARTE
DORIANE FLAMAND © MEDIARTE
cinévox, comédien.be,... On peut même aller voir en France aussi sur agenceartistique.com qui est une super base de données. En tout cas, savoir à qui on risque de s'adresser, avec qui on risque de bosser un jour ou l'autre, c’est quand même pas mal. Ça, c'est la première chose." "Ensuite, c'est d'aller dans les festivals, les avant-premières. Ça, ça fonctionne très bien parce qu'on peut rencontrer tout un tas de personnes. Ça réunit dans un petit événement la plupart des personnes qui travaillent dans le milieu. Les comédiens peuvent aussi inviter les directeurs de casting, les producteurs et/ou les acteurs à aller les voir dans leur dernier spectacle, leur dernier événement en date. Ça aussi c'est une manière de se promouvoir, comme une carte de visite. Et puis, ça permet aussi de rencontrer des gens après la pièce. Parfois les gens boivent un petit verre, ça communique." "Ça reste un petit milieu, celui du cinéma. À un moment donné, tout le monde connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un, et on finit un peu par faire le tour. Mais ça, c'est important je pense si on veut se montrer. il n’y a rien à faire, le comédien doit se montrer. C'est comme ça qu'on va le remarquer."
"Dernièrement, ce qui peut aider le comédien aussi, c'est les réseaux sociaux (Instagram, Facebook,...). Avoir une page avec une actualité qui bouge un petit peu. Du coup, on voit qu'il se passe des choses, on peut avoir des photos récentes. Ce sont des outils qui sont disponibles très facilement et auxquels les comédiens ne pensent pas toujours parce que c'est un job en plus de leur job de comédien. Ça leur fait un peu de boulot de faire de la publicité pour eux mêmes, mais c'est presque inévitable." Faut-il une bande démo et si oui, comment la préparer ? Doriane: "Une bande démo, c'est un plus. Ça, c'est sûr. Mais il n'en faut pas absolument une. Certains comédiens n'ont pas encore de matériel pour avoir une bande démo. Ce n'est pas un drame, ça arrivera." "Pour ceux qui ont déjà de quoi faire une bande démo, c'est important de bien choisir ce que l'on va y mettre. Il faut que ce soit des images professionnelles, pas de pièces de théâtre filmées, pas de vidéos amatrices, pas de vidéos de casting, pas de vidéos de stage à moins que ce soit vraiment filmé avec une super caméra. La bande démo, c'est vraiment du matériel pro."
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"Ce qui est important aussi, une fois que la bande démo est montée, c'est de savoir d'où chaque image provient : quelle est la source (le film, la pub, ou le projet), quel est le nom, et éventuellement quel est le réalisateur et la date. Une fois que votre bande démo est prête, vous pouvez nous la soumettre et nous demander notre avis. On est ravi de la regarder et de dire s’il y a deux, trois petites choses à changer. C'est votre carte de visite" "Une dernière chose à savoir, c'est que nous gardons vos meilleures vidéos de casting. Donc, on aura toujours des vidéos de vous à montrer et à partager."
interview réalisée par
adk-kasting.com
mediarte
MEDIAGUIDANCE
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ediarte et ascento unissent leurs forces et proposent un accompagnement sur mesure aux professionnels des médias En tant qu'entreprise de médias, souhaitez-vous tirer le meilleur parti de vos employés ? En tant qu'individu professionnel des médias, souhaitez-vous définir vos compétences ou mieux gérer le stress dans votre travail ? Alors, "mediaguidance" peut vous proposer l'accompagnement idéal. mediarte et ascento unissent leurs forces pour aider les professionnels des médias à réorienter leur carrière, ou à renforcer leur résilience et promouvoir leur bien-être au travail. Par le biais de l'accompagnement de carrière, de la gestion du stress ou du coaching en prévention du burnout, adaptés aux professionnels des médias; nos coachs expérimentés réfléchissent avec vous et fournissent des conseils pratiques afin que vous ou vos employés soyez prêts pour la prochaine étape d'une carrière saine.
En pratique Si vous êtes domicilié à Bruxelles ou en Flandres, un forfait de quatre heures d'orientation professionnelle ou de coaching ne vous coûte en tant que salarié que 40 € lorsque vous payez avec des chèques carrière. Vous pouvez commander des chèques carrière sur le site web de la VDAB. 5% de réduction sur l'outplacement Tous les employeurs ressortissant de la CP 227 ou de la SCP 303.01 bénéficient d'une remise de 5% sur l'accompagnement outplacement via ascento. À propos d'ascento ascento fait partie du groupe Agilitas et accompagne les travailleurs à chaque phase de leur carrière. Les experts d'ascento aident à cartographier les compétences, les talents et les aspirations des travailleurs du secteur des médias et à leur permettre de grandir. Aussi bien dans leur job actuel que dans une nouvelle fonction en cas de réorientation ou de licenciement. Accompagnement ou plus d'information ? Souhaitez-vous un accompagnement pour vous-même ou pour l'un de vos travailleurs ou souhaitez-vous plus d'informations ? Contact: info@mediarte.be Powered by
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Thibaut Dopchie et Laurence Denhaerinck vous présentent Big Trouble in Little Belgium, une société coopérative de travailleurs de la production audiovisuelle, dont Thibaut est l'un des fondateurs. Big Trouble a voulu repenser le modèle de production audiovisuelle. Plus inclusif, plus transparent, plus égalitaire. De fait, Big Trouble in Little Belgium est une "maison" de production d'un nouveau genre. Elle regroupe bien des prestataires de services de production, mais ceux-ci travaillent en coopérative, c'est-à-dire qu'ils produisent et gèrent les œuvres en copropriété. Thibaut parle des engagements de Big Trouble in Little Belgium, mais aussi des projets déjà produits ou en cours de production. Il est accompagné de Laurence Denhaerinck, Directrice des productions chez Big Trouble.
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EN COULISSE
Juin - Septembre 2021
En coulisse Qu'est-ce que mediarte a réalisé ces derniers mois ? Nous vous donnons volontiers un aperçu. Formations • 3 JUIN 2021 Session d'infos sur les trajets d'accompagnement mediarte - FR/NL • 10 JUIN 2021 Webinar " Het ABC van de arbeidsvoorwaarden - NL" • 11 JUIN 2021 VKRS (Video Killed the Radio Star) "Masterclass & table-ronde - FR" • 17 JUIN 2021 Webinar "Le SABAM et le secteur audiovisuel - FR" • 17 JUIN 2021 Webinar "L'ABC des conditions de travail - FR" • 22 JUIN 2021 Webinar "Brand Yourself - FR" • 27 AOÛT 2021 Session d'infos sur les trajets d'accompagnement mediarte - FR/NL • 3 SEPTEMBRE 2021 Webinar "Re-connect Networking FR/NL" • 6 SEPTEMBRE 2021 Webinar/live event "Brussels international film festival Screenwriters’ day - FR/NL" • 24 SEPTEMBRE 2021 Webinar "Setting the stage : Discover - FR"
Événements • 16 JUIN 2021 - Webinar Webinar "Working in the Arts" • 26 JUIN 2021 - Webinar Webinar - VAF Sectormoment "Iedereen in beeld" • 28 JUIN 2021 - Online Lerend Netwerk STEM - Monitor 2021 / STEM en digitalisering in de sectorconvenants
Czar tv, Ded'S it, DPG Media, FBO, Geronimo, Hotel Hungaria, Koeken Troef, Potemkino, Menuet, RTL Belgium, Sporthouse, Sputnik, Woestijnvis
Consultations
Plateforme de consultation diversité & inclusion, Groupe de travail 'ESF project SCOPE' (Prévision des compétences), Groupe de direction pour le plan d'action sur les comportements innapropriés, Groupe de travail : plan d'action réalisable, Consultation CP 227 & 303.01, Groupe de travail sur les fonctions de référence dans le secteur AV, Consultation "Funding application : Erasmus + Alliances for Sectoral Cooperation on Skills", Commission Artistes, Consultation conseillers intersectoriels SERV, Consultation CEPEGRA, Groupe de travail intersectoriel : manuel nondiscrimination & inclusion (mesure zéro/analyse du risque), Jury Stage/ Travail 3e BACH AV-Media - RITCS, COMAC Actiris - Iles, Rencontre post-festival Graines de Cinéastes, Réseau de consultants sectoriels, Réseau SERV, Groupe d'experts 'BSAE Verenigingswerk = Mensenwerk', Formation profil Crossmedia Assistant Formation adultes, ....
Session d'infos • SEPTEMBRE 2021 Brussel VAF Summerschool
Dossiers • Dossier - Carrière (mis à jour)
Stages média • Borgerhoff & Lamberigts, De Chinezen, 57
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