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L’APIX : UNE MISSION AU SERVICE DE L’INVESTISSEMENT ET DE L’ENTREPRENARIAT
Aboubacar Sedikh Beye,
directeur général, port autonome de Dakar
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Situé en plein cœur de la capitale, le port autonome de Dakar est engagé dans un ambitieux et nécessaire plan de développement, de modernisation et de décentralisation dans un secteur continental très concurrentiel. Nommé à la direction de l’autorité portuaire à la fin de de l’année 2017, Aboubacar Sedikh Beye n’a mis que quelques mois pour parfaire sa stratégie. Quels sont aujourd’hui les grands enjeux auxquels doit faire face le port autonome de Dakar (PAD) pour faire du Sénégal le hub logistique principal de l’Afrique de l’Ouest ? Dans une économie globalisée, plusieurs tendances guident l’évolution des relations internationales : le gigantisme, corollaire de la recherche constante d’économies d’échelle par les armateurs, a favorisé la consolidation du secteur à travers les fusions et acquisitions ; la régionalisation des échanges et l’émergence de hubs poussent les ports à augmenter leurs capacités d’accueil et à améliorer le transport multimodal vers l’hinterland ; la digitalisation concourt à la célérité de l’accueil du navire et du traitement de la marchandise ; l’implication de plus en plus marquée du secteur privé a accéléré le développement de terminaux portuaires. Conscient de ses potentialités internes et voulant davantage se positionner sur la côte ouest africaine, le port autonome de Dakar a développé une nouvelle vision : « un port, moteur de l’émergence ». La finalité étant de créer un nouveau complexe portuaire pouvant accueillir les navires porte-conteneurs de dernière génération. Le PAD dispose déjà de sérieuses garanties pour viser cet objectif de positionnement du Sénégal comme hub logistique principal en Afrique de l’Ouest. Le nouveau port de Ndayane, dont l’atout majeur réside dans le fait qu’il soit l’un des plus profonds de la côte ouest-africaine, sera adossé à une zone économique intégrée au pôle urbain de Diamniadio ainsi qu’à l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD). Ces plateformes permettront à Dakar de jouer un rôle de hub logistique pour le Sénégal, mais aussi et surtout pour la sous-région.
Comment s’expliquent l’embellie inédite et les chiffres records enregistrés par le PAD pour les exercices 2018 et 2019 ?
Suite au lancement du plan stratégique le 28 juin 2018, le port est entré de plain-pied dans son projet de transformation structurelle. La bataille menée durant le dernier semestre 2018 a permis de stopper l’hémorragie financière et d’engager les chantiers urgents de rationalisation. Parmi ces projets, le cost-killing ou rationalisation des charges de fonctionnement et l’optimisation du domaine à travers la revalorisation des tarifs. Ces efforts ont favorisé le rétablissement de la santé financière du port autonome de Dakar autorisant aujourd’hui la mise en œuvre des grands projets. Il s’agit notamment de la mise à niveau du port dans sa configuration actuelle avec la réhabilitation de la voirie, la gestion des flux de camions et la création de nouveaux espaces. Le PAD a ainsi renoué avec une notation financière A décernée par le cabinet WARA. Autre bonne nouvelle, Cette santé financière recouvrée a permis au PAD de souscrire, pour la troisième fois, à un emprunt financier sur le marché obligataire cautionnée par sa propre signature. Cette levée de fonds permettra de construire les routes et infrastructures communes (VRD) et de préparer la Zone industrielle portuaire afin de recevoir les premiers investisseurs. L’opération s’est soldée par un franc succès suite à la clôture anticipée de l’appel public à l’épargne avec plus de 94 milliards de francs CFA récoltés, dépassant la cible de 60 milliards, soit un taux de souscription de 157,71 %. Quelles sont les grandes lignes et les objectifs principaux du Plan stratégique 2019-2023 ? Depuis 2018, la direction générale a initié un travail en profondeur de restructuration et de dynamisation, qui a abouti à l’élaboration du Plan stratégique 2019-2023. Ainsi, en lançant sa nouvelle vision « un port, moteur de l’émergence », le port autonome de Dakar est en phase avec les objectifs visés par le PSE : améliorer la satisfaction clientèle de 39 points
selon le Net promotor score (NPS) ; doubler le chiffre d’affaires de 49 milliards de francs CFA en 2017 à 100 milliards ; quintupler la rentabilité de 3 à 15 % ; améliorer la fluidité au port de Dakar. Pour ce faire, cinq axes stratégiques ont été identifiés : sécuriser et développer l’offre ; fluidifier le transit ; transformer l’expérience client ; optimiser la gestion et renforcer les ressources humaines ; renforcer la gouvernance. L’atteinte de ces objectifs permettra de hisser le PAD parmi les plateformes de référence au niveau continental et sous-régional et de restaurer sa compétitivité, en anticipant sur les mutations majeures de l’environnement portuaire national et régional. Quel est le schéma de financement de ce grand plan structurant ? Êtes-vous à la recherche d’investisseurs privés complémentaires ? Développée dans le cadre d’un avenant à la convention de concession du terminal à conteneurs conclu avec Dubaï Ports World (DPW), 3e opérateur mondial, la création du port de Ndayane est le projet phare de ce plan. S’agissant des autres projets, leur financement est pris en charge par le PAD suivant leur finalité. Ainsi, le projet de parking d’attente est issu d’un partenariat avec AGS (Aménagement, gestions, services), ce qui a permis de répartir les charges. Dans le cadre de la réhabilitation de la voirie, le financement de plus de 7 milliards de francs CFA a été entièrement assuré par l’autorité portuaire, l’objectif étant d’assurer une mission régalienne. Nous procéderons au cas par cas. Toutefois, les mises de fonds étant colossales dans le secteur maritime et portuaire, le choix portera en priorité sur les partenariats publics-privés. Dans quelle mesure la modernisation du port autonome de Dakar prévoit-elle une complémentarité avec les autres modes de transport tels que la route et l’aérien ?
Le plan de transformation vise à préparer une parfaite transition entre le port autonome de Dakar actuel, le port de Ndayane et les ports secondaires. De nouvelles activités transformeront l’espace portuaire de Dakar en un port de service haut de gamme (croisière, plaisance, base logistique pétrolière). Cependant, le PAD doit s’adosser à une zone logistique et franche d’envergure internationale afin de contribuer à la résorption du déficit de notre balance commerciale et à la création d’emplois. Le PAD doit pouvoir s’appuyer sur le même modèle que la stratégie hub aérien mise en place autour de l’aéroport International Blaise Diagne (AIBD) ou la stratégie ferroviaire mise en œuvre afin de gagner des parts de marché sur les transits malien et des autres pays de l’hinterland. L’État du Sénégal est d’ailleurs en négociations très avancées avec Dubaï Logistics World pour son adhésion au World Logistics Platform. Cette interface permettra à Dakar d’être connectée à un vaste réseau comportant des infrastructures maritimes et aéroportuaires avec des avantages consentis aux différents partenaires en termes de gestion de la chaîne d’approvisionnement (chargement, stockage, inspections douanières, etc.). Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les ambitions du projet du port du futur ? Quel a été l’apport de Dubaï Ports World dans ce projet ? Souhaité par président Macky Sall, le projet du port de Ndayane fera de l’industrie maritime un levier de croissance soutenue, durable, et inclusive en investissant dans les infrastructures maritimes par la construction de différents ports, y compris le port de Ndayane. Ce projet d’extension et de modernisation du PAD est une clause contractuelle d’un avenant à la convention de concession signée avec DPW en 2007.
Ce projet innovant, dont la mise en service commerciale est prévue en 2025, concilie les aspects fondamentaux de la gestion portuaire moderne avec différents enjeux : une approche multiphases avec la création successive d’un terminal à conteneurs, d’un terminal roulier et de terminaux polyfonctionnels ; l’accueil des navires, notamment les porte-conteneurs de dernière génération avec des tirants d’eau de 18 mètres ; la célérité dans le traitement des navires et des marchandises grâce à l’innovation opérationnelle ; la connexion au réseau routier et ferroviaire afin d’assurer l’acheminement en masse des marchandises ; la création d’une zone logistique intégrée afin d’ajouter de la valeur aux produits d’exportation, à l’image de Singapour et Rotterdam. L’ambition de Ndayane sera d’être un port industriel en vue de positionner le Sénégal comme une porte d’entrée de la CEDEAO mais aussi d’être une zone de transformation pour tous les produits en provenance comme à destination de cet espace sous-régional. Après plus de deux ans de pourparlers entre l’État du Sénégal et son partenaire stratégique Dubaï Port World pour le développement du port en eau profonde de Ndayane, une entente a été conclue entre les deux parties. L’investissement de 837 millions de dollars de DPW pour la première phase du projet est la garantie pour le Sénégal de se doter d‘un port de classe mondiale.