MPS MEN PORTRAITS SERIES n°5 version française
DORMIR
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Paul Cadmus (1904-1999) Etude d’homme assoupi Collection privée
Paul Cadmus fut un peintre, pastelliste et dessinateur américain. Sa technique de dessin était académique et référait à l’époque baroque. L’œuvre dessiné de Paul Cadmus est très important, constitué surtout de nus masculins, principalement de danseurs et danseuses dessinés pendant leur exercice ou leur période de repos entre les exercices (comme ici). Cadmus a beaucoup travaillé sur papier teinté, et n’a jamais cessé de mélanger les techniques et outils pour aboutir à un style très personnel. Son utilisation de la hachure large, par petites zones superposées pour le modelé des corps est une caractéristique de son style de dessin. Au fil des années, son amour pour l’esthétique du corps masculin fut de plus en plus présent dans son travail, pour arriver à être finalement l’unique objet de son œuvre dans la seconde partie de sa carrière, où abondent les nus académiques. Ses audaces dignes des grands maîtres dont il se revendiquait comme Caravage, Rubens ou même Jérôme Bosch, lui valurent la suppression de plusieurs de ces toiles et dessins des expositions ou établissements fédéraux. Dans une Amérique toujours puritaine malgré les mouvements des années 1970, l’indignation se manifesta rapidement à l’occasion de chacune de ses expositions, ce qui lui fournit d’ailleurs une excellente publicité. Elle fit aussi de lui l'un des pionniers de la visibilité et de l’émergence de l’homosexualité dans la société, bien qu’il n’ait jamais revendiqué rien de tel. En 1980, il y eut un grand regain d’intérêt pour son travail. Bien qu'il ait cessé de peindre depuis quelques années, Cadmus continuait à dessiner dans sa maison de Weston, dans le Connecticut. En près de soixante-dix ans de carrière, Paul Cadmus a peint 190 toiles et d’innombrables dessins, dont beaucoup sont inclus dans les collections de très nombreux musées américains.
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Le Faune, Barberini c. 220 Copie en marbre de l’original grec en bronze Exemplaire après dérestauration Glyptothek de Munich
Le Faune Barberini, statue grecque antique de l'époque hellénistique, représente un satyre pendant son sommeil. La queue qui le différencie des êtres humains est visible sur le côté droit. La statue elle-même fut découverte de façon assez mystérieuse dans le château SaintAnge, à Rome,sous le pontificat d'Urbain VIII (1623-1643). Elle entra aussitôt dans les collections de la famille du pape, les Barberini, qui lui donna son nom. Le cardinal Maffeo Barberini commissionna alors Le Bernin pour restaurer la statue dont la jambe droite, une partie des mains et la tête. On ignore si le travail a été effectué par Le Bernin lui-même ou l'un de ses disciples. Le Bernin aurait accentué l'aspect homo-érotique de la statue qui acquiert dès lors très rapidement une grande notoriété. En 1700, elle est citée comme le « Faune du palais Barberin » illustrant le « sommeil naturel », par l'abbé Raguenet dans ses Monuments de Rome. Elle est vendue par les Barberini dans la deuxième moitié du 18e siècle, lors du grand dispersement de leurs collections. Elle appartient un temps à un sculpteur et marchand, avant d'être achetée dans les années 1810 par le roi Louis Ier de Bavière alors prince héritier, pour être installée à Munich dans la Glyptothèque, musée spécialement créé pour accueillir ses nouvelles collections de sculpture grecque. Elle y est toujours conservée de nos jours. Haute de 2 m 15, la statue est en marbre blanc ayant acquis une patine jaune sombre. au cours des siècles. On ignore dans quel contexte antique cette statue s'insérait : était-ce un élément d'un groupe ou une statue isolée ? S'agissait-il d'une offrande religieuse ou d'une œuvre décorative ? La puissance de l'expression, rappelant l'école de Pergame et la maîtrise de la représentation en trois dimensions, accorde les experts à rattacher cette œuvre à l'Asie mineure de la fin du 3e siècle avant l’ère chrétienne. On ne connaît pas de copies antiques du Faune Barberini, mais on en connait une variante en bronze découverte dans la Villa des Papyrus d'Herculanum, qui est antérieure au 1er siècle avant l’ère chrétienne et atteste de sa célébrité dans le monde antique. Par contre, de nombreuses copies modernes du Faune Barberini sont répertoriées, souvent œuvres de pensionnaires de la Villa Médicis à Rome. Parmi celles-ci, on peut citer : - La copie d'Edmé Bouchardon, exécutée en 1726 (image du haut) et exposée successivement à Paris au Parc Monceau, au Parc de Saint-Cloud puis au Jardin du Luxembourg, avant d’être actuellement conservée au Musée du Louvre. - La copie d'Eugène-Louis Lequesne, exécutée en 1846 (image du bas) actuellement conservée à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts (ENSBA) à Paris.
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. Reaymond Voinquel (1912-1994), Louis Jourdan, 1939 .
Raymond Voinquel était un photographe de plateau français qui photographia 160 films et collabora avec le célèbre Studio Harcourt (1940-1944) en privilégiant la photographie de nu masculin. En 1939, époque troublée s’il en est, il photographia le jeune mais déjà célèbre acteur Louis Jourdan, dans un sommeil simulé. Louis Jourdan né en 1921 pseudonyme de Louis Gendre, réussit l’exploit de faire partie de ces artistes français qui tournèrent des films durant la Seconde Guerre mondiale, sous l'occupation allemande, tout en refusant catégoriquement de participer aux productions cinématographiques de la propagande nazie. En realité, il rejoignit très tôt la Résistance française pour laquelle il œuvra dans l’ombre malgré l’arrestation de son père par la Gestapo. Pendant cette période, Louis Jourdan tourna surtout avec Marc Allégret (L’Arlésienne, La Belle Aventure, Les
Petites du Quai aux fleurs, Félicie Nanteuil) et avec Marcel L'Herbier. Après la Libération, il s’envola pour Hollywood où, auréolé du prestige des héros de guerre, il fit une seconde carrière retentissante. Il y passa tout le reste de sa vie jusqu’à son décès en 2015.
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Konstantin Somov (1869–1939) Homme nu allongé, 1938 Collection privée
Le nu allongé dans ce tableau est le modèle préféré de Konstantin Somov, Boris Mikhailovich Snejkovsky, âgé ici de 28 ans et que Somov va peindre toute sa vie durant ! Une histoire unique entre un modèle et son peintre, histoire qui fut loin d'être calme. Boris s'est suicidé le 24 février 1978 à l'âge de 77 ans et a été enterré au cimetière russe de Sainte-Geneviève-desBois où sont enterrés de nombreux émigrés russes... dont Somov lui-même. Dans cette composition, où l’horizontalité triomphe - comme souvent dans les tableaux dont le sommeil est le thème Boris est peint nu, sur un lit d’une chambre assez exigüe dans laquelle ronronne une cheminée. Un petit chien chien blanc dort à ses pieds. La scène semble idyllique… Boris Mikhailovich Snejkovsky naquit né le 23 juillet 1910 à Odessa. Son père était capitaine de navire dans la flotte russe de volontaires. Au moment de la Révolution, Boris, âgé de sept ans, et sa mère parcourent tout le pays - d'Odessa à Vladivostok - pour rejoindre le père et son navire. La famille quitte la Russie en mai 1919 pour arriver à Ellis Island (Etats-Unis) un mois plus tard. Visiblement cette petite famille ne fut pas admise aux Etats-Unis puisqu'on la retrouve à Istanbul au début de 1920.
Deux années plus tard, indemne après la ravageuse épidémie de Grippe espagnole, on retrouve la famille à Gołdap en Prusse orientale (maintenant Pologne). Les Snejkovsky n'y restent pas longtemps non plus (moins d'un an) - avant de déménager à Berlin. Là aussi... passage éclair dans la capitale allemande le temps de quelques mois, avant de s'installer à Paris. Plus durablement cette fois ci.
Boris devient un citoyen français naturalisé en 1937. Il se marie également cette année-là et commence son service militaire Il est démobilisé en 1940 après la défaite de la France et divorce en 1942. Plus tard, il s'est remarié - à Christiane Karcher - avec laquelle il a eut au moins un enfant et s'est déclaré aux autorités comme "comptable" et "professeur d'éducation physique".
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Alexandre Cabanel (1823-1899)
Adam Etude et dessin pour
Le Paradis Perdu Musée Fabre, Montpellier
L’immense toile de 11 mètres de hauteur Le Paradis perdu fut présentée par Alexandre Cabanel à l'Exposition Universelle de 1867. Elle avait été exécutée sur commande du roi Maximilien II de Bavière pour son Maximilianeum de Munich. L’œuvre s’ inspirait du livre éponyme de Milton et Cabanel lui-même prêta ses traits (en toute simplicité!) à la figure de Dieu (image du bas). Originaire de Montpellier où sont conservées beaucoup de ses grandes toiles, Cabanel est considéré comme l'un des grands peintres académiques du Second Empire. A la fin de sa vie, très admiré et comblé d'honneur, il n’a plus rien à démontrer, mais les critiques n’ont pas toujours été tendres avec lui et ce tableau en particulier dont deux études, l’une dessinée l’autre peinte, figurent ici, a eu à subir les foudres de son temps ! Ainsi Le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse, publié de 1866 à 1877, consacra une longue entrée très critique à cette œuvre dont nous admirons aujourd’hui chaque détail dont cet Adam tentant de fuir le péché commis dans un sommeil feint ou cachant son regard honteux dans les ombres de son visage incliné :
« (…) Ce tableau, est une des œuvres capitales de l'auteur mais, à côté de qualités incontestables de modelé et de coloris on y trouve des défauts graves. C'est de Michel-Ange que M. Cabanel a cherché à se ressouvenir en peignant le Paradis perdu. Malheureusement, il ne suffit pas de dessiner des figures colossales, ayant de gros muscles et de vastes draperies, pour rappeler les pages grandioses de la Sixtine. L'Eve de M. Cabanel a des chairs flasques et blafardes ; Adam est boursouflé et a l'air maussade ; la pose compassée et ennuyée d'un modèle d'atelier ; Lucifer est grimé comme un traître de mélodrame ; le Père éternel, avec son torse. nu, ses jambes entortillées dans une lourde draperie violette, son nimbe jaune d'œuf et son geste vulgaire, a un aspect par trop monumental ; les trois anges qui le soutiennent ne semblent pas suffisamment pénétrés de la gravité de leur rôle. Ajoutez à cela un paysage extrêmement travaillé, tout encombré de coquelicots, de pâquerettes, de volubilis et autres fleurettes qui veulent être naïves et ressemblent aux enluminures d'un papier peint. »
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Le peintre austro-hongrois Anton Ažbe était un personnage à la fois fantasque et mystérieux qui fut l’objet de légendes et de rumeur constantes. Cela commence dès son enfance quand, avec son frère jumeau, il est placé à l’âge de 7 ans dans une famille d’adoption après que son père ait été emporté par la tuberculose et que sa mère dépressive se soit suicidée. Au moment de l’adolescence, on le retrouve seul - sans son jumeau mystérieusement disparu – exerçant comme misérable commis d’épicerie. Le peintre Janez Wolf, alors assez célèbre, dénicha Ažbe dans l’arrière boutique miteuse de l’épicerie alors qu’il n’avait que 16 ans et décida de l’employer comme assistant dans l’exécution des fresques de l’église de l’Annonciation de Ljubljana. A 20 ans, on retrouve toujours Ažbe aux côtés de Wolf, très pénétré de son rôle de protecteur et de pygmalion, et qui l’envoie étudier à l’Académie des Beaux Arts de Vienne puis à celle de Munich. Avant de mourir dans une terrifiante misère, Wolf veut encore faire quelque chose pour son protégé et décida de lui confier le « secret » de son art.
Anton Ažbe (1862 -1905) Nu d’homme allongé, 1886 Collection particulière
Selon une légende, une fois le fameux « secret » reçu, Anton Ažbe aurait eu l’obligation de le transmettre à son tour, à un autre peintre à travers un enseignement qu’il s’engageait à lui donner gratuitement pendant 8 ans ! Plutôt que de souscrire à cette chaine du savoir avant la lettre, Ažbe préféra fonder à Munich, une école de peinture qui devint vite très fréquentée comptant jusqu’à 80 élèves en même temps. Plutôt que de former un seul peintre, selon la volonté de son défunt protecteur, il forma ainsi au moins quatre des plus grands peintres impressionnistes slovène et quelques peintres russes célèbres dont Igor Grabar, Alexandre Mourachko et… Vassily Kandinsky ! Entretenant un mystère romantique autour d'Ažbe, l’écrivain Leonhard Frank écrivit de lui :
« Personne n’avait jamais vu ses peintures. Personne ne savait s’il avait même jamais vraiment peint. Personne ne connaissait son passé. Une nuit de décembre, ivre de cognac, il s’endormit dans la neige. Il fut retrouvé mort le matin. Personne ne savait d’où il venait. »
MEN PORTRAITS _____________________ DORMIR Ferdinand Hodler (1853 -1918) La Nuit (1890), détail Musée d’Orsay
Etrange autoportrait que celui du peintre Ferdinand Hodler entouré de ses proches et réveillé brutalement dans son sommeil par l’ombre de la mort. A propos de cette composition, il écrit : « Je fis pour
la première fois l'emploi raisonné du parallélisme dans la nuit--- c'est mon tableau le plus important à ce jour --son aspect est dramatique ce n'est pas une nuit, mais un ensemble d'impressions de la nuit, le fantôme de la mort... est là comme le phénomène nocturne le plus intense, la coloration est symbolique. »
De fait on voit au centre de la composition, Holder luimême réveillé par la figure de la mort alors qu’autour de lui, plusieurs membres de sa famille, enlacés, dorment paisiblement, placés dans un cadre où la disposition rythmique des figures et des lignes prime. L’œuvre évoque l'essence même de la nuit et de la mort, la similitude entre la posture de l’endormi et celle du mort, celui que la mort vient saisir étant en l’occurrence le seul qui soit représenté éveillé !
Ce ne fut pourtant pas le symbolisme qui retint l’attention des premiers spectateurs de l’œuvre, mais plutôt le réalisme des nus et les poses de ces couples qui fut jugé « scandaleux ». A tel point que le tableau fut refusé à l’exposition Beaux-Arts de Genève en 1891. Ce refus qui fit grand bruit dans le monde de l’art de la fin du XIXe siècle, permit à Hodler de se faire connaître au-delà des frontières de son pays et de devenir un peintre mondialement célèbre.
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Cette toile conserve le souvenir du tableau La visite au convalescent que Duran présenta au concours Wicar de Lille. La composition est centrée sur l’artiste lui-même, vu à mi-corps et surpris dans son sommeil. Cette Visite au convalescent permit à Carolus-Duran de remporter le prix Wicar, grâce auquel il profita d’une bourse pour aller en Italie. Mais, malgré ce succès, Duran ne fut pas satisfait de l’œuvre et préféra la découper en morceaux pour n'en conserver que deux fragments : un chien blanc, et ce Convalescent, habillé d’une chemise rouge. Une variante peinte en 1861, L'homme endormi, offerte par l'artiste au musée de Lille en 1862, représentait la même scène mais en chemise blanche (image du haut à gauche). Le Convalescent du Musée d’Orsay se rattache au réalisme, courant soutenu Fantin-Latour, Zacharie Astruc ou Alphonse Legros. En grand admirateur de Courbet, Carolus-Duran s’inspira de son Portrait de l’artiste dit L’homme blessé (image du bas à droite) qu’il avait pu voir dans le Pavillon du Réalisme de l'Exposition universelle de 1855. Le découpage du Convalescent qui crée un cadrage original, à la Degas, en accentue sa modernité. D’une facture très vigoureuse, exécuté dans un rouge vif très éclatant, contrastant avec le blanc de l’oreiller, Le Convalescent est, sans conteste, l'une des plus belles réussites de Carolus-Duran. Points communs entre Le Convalescent du Musée d’Orsay et L’homme endormi de Lille : le modèle qui est Durand lui-mêm et la nature morte absolument identique dans Le Convalescent sur la table de chevet de L’Homme endormi.
Carolus Duran (1837-1917) L’homme endormi, 1861 Palais des Beaux Arts, Lille
Gustave Courbet (1819-1877) L’homme blessé, 1844-54 Musée d’Orsay
Carolus Duran (1837-1917) Le Convalescent, 1860 Musée d’Orsay
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John Singer Sargent (1856-1925) Modèle masculin endormi, 1895 Huile sur toile, 55,88 x 71,12 cm Collection privée
Ce sont les portraits qui rendirent John Singer Sargent célèbres, et notamment son œuvre la plus controversée, Madame X (Virginie Gautreau) actuellement conservée au MET, réalisée en 1884. A son propos il écrivit en 1915 que c’était la meilleure chose qu’il avait faite. Et il en fit beaucoup puisqu’au cours de sa carrière, il peignit 900 toiles et plus de 2000 aquarelles, ainsi que d'innombrables croquis et dessins. Si l’on en croit le peintre Jacques-Emile Blanche qui fut l'un de ses premiers clients, Sargent était un obsédé sexuel dont les frasques scandaleuses étaient notoirement connues aussi bien à Paris qu’à Venise. De nos jours, il aurait sûrement fini devant un tribunal pour harcèlement, mais le XIXe siècle que l’on qualifie souvent de puritain et de bourgeois avait une vision différente de ces questions. Certains universitaires pensent que Sargent était homosexuel. Sa liaison mondaine avec Edmond de Polignac et Robert de Montesquiou et leurs cercles parisiens plaiderait en faveur de cette thèse. Ses nombreux nus masculins (comme celui-ci) et ses innombrables dessins d’inconnus croisés dans les basfonds de Venise ou d’Istanbul qui révèlent une approche artistique complexe de la sensualité masculine, aussi… Quoiqu’il en soit, après avoir été oublié pendant plusieurs décennies, sa disgrâce a pris fin à la fin du XXe siècle, plus permissif. Ainsi par exemple en 1986, Andy Warhol le roi du Pop Art, déclara que « Sargent avait su rendre chacun
séduisant. Plus grand. Plus mince. Tous avaient cependant conserver du caractère, et même un caractère différent. Pour chacun d’entre eux. » Dans ces années également, le critique Robert Hughes salua Sargent comme l'incomparable témoin du pouvoir masculin et de la beauté féminine de son temps. Ce qu’il fut incontestablement.
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Le peintre anglais William Etty est surtout connu à la fois pour ses tableaux de nus et pour ses grandes compositions historico mythologiques… avec cependant un léger avantage pour ses nus tant il est vrai que son approche de la nudité à libérer la culture occidentale des règles esthétiques et morales qui régnaient dans la peinture à son époque. Avec William Etty, le nu n'est plus idéalisé mais il devient vivant, en dépit des critiques de l’époque qui ne manquèrent pas de crier au scandale et à l'indécence. Les critiques ne furent d’ailleurs pas les seuls à être gênés par sa représentation de la nudité dont le réalisme extrême troubla aussi grandement le public de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe. En réalité William Etty chercha à donner au nu une modernité certaine en l’extrayant des règles compassées qui le régissait. Ainsi il prenait soin de ne pas choisir des modèles qui soient « beaux », mais privilégiait plutôt la force de représentation, l’incarnation, l’angle choc.
William Etty (1787-1849) Reclining Male Nude, raised right Knee (oil on milboard - 60 x 49,5 cm) The Courtaud Gallery, London
En montrant ainsi dans toute leur crudité, des modèles qui n’avaient rien de pur, ni de gracieux et encore moins de mystique, William Etty fut accusé d’avoir « profaner le nu artistique » tel qu’il était conçu jusque là. Le nu endormi ci-contre en fournit un excellent exemple : alangui sans aucune élégance, les jambes écartées, dans une position que même le sommeil ne pouvait excuser en son temps, cet homme qui ne cache rien de la toison fournie de son entrejambe attisa le scandale. C’est à peine si on osa le regarder lorsqu’il fut présenté. On dit même qu’en passant devant, les maris posait une main autoritaire devant les yeux de leur épouse pour ne pas qu’elle risque pas d’apercevoir l’affreux spectacle de cette »
entrejambe masculine négligée et offerte avec une complaisance incompréhensible à l’amateur des beaux arts ». Américain de naissance, encouragé par un oncle banquier
qui l'aida beaucoup pour suivre les cours de la Royal Academy, il devient l'élève de Thomas Lawrence puis fut accepté dans les expositions de la Royal Academy. Il finit même par en devenir Membre extraordinaire en 1834 grâce à sa grande composition Pandore couronnée par les Saisons, achetée par son ancien professeur en personne : Thomas Lawrence. Grand voyageur, Etty s'inspira largement de ce qu’il avait pu voir dans les grands musées européens (Florence, Rome, Paris…). Il dépoussiéra cet acquis avec une radicalité plutôt efficace et sympathique. Bien qu’il fut un maître du nu moderne - ou peut être à cause de cela - son nom nee passa point à la postérité. Aujourd’hui on connait ce nom surtout grâce à son grand père, un meunier qui inventa un pain d'épices devenu célèbre et toujours commercialisé au XXe siècle !
MEN PORTRAITS _____________________ AU BOULOT ! La thème de l’ivresse de Noë est un thème traité à de très nombreuses reprises par les peintres de la Renaissance. Il relate un épisode biblique aussi connu sous le nom deMalédiction de Canaan et rapporté dans la Parashat Noa’h, Genèse 9/18-29. Lorsque le Déluge prit fin, Noé sortit de son arche avec ses fils et planta une vigne dont il s’empressa de s’enivrer du vin. Son fils Cham voyant la nudité de son père ivre, alla le rapporter à ses deux frères, Sem et Japhet. Quand il fut réveillé, Noé condamna son fils Cham et à son petit fils Canaan à être « l’esclave des esclaves de ses frères » avant de bénir Sem et Japhet. Diverses interprétations furent données tout au long de l’Histoire à la Malédiction de Canaan, la plus tragique d’entre elles offrit une caution religieuse au racisme et notamment à la dépréciation des peuples d'Afrique noire et à leur réduction en esclavage, « justifiant » toutes les formes de ségrégation raciale au cours des temps, jusqu'à la période moderne avec l'esclavage puis l’apartheid aux États-Unis et en Afrique du Sud. Les exégètes juifs antiques Rav et Shmouel (IIIe siècle) avancent deux hypothèses sur la nature de la faute qui mérita une punition aussi sévère. L’un pense que Noé aurait été abusé par son fils Cham pendant son sommeil, se fondant sur des traductions grecques où l’expression voir fait une référence directe aux relations homosexuelles. L'autre pense que Cham aurait castré son père pour ne pas le voir nu. Dans ce tableau de Cagnacci, on note que Noë n’est pas représenté comme le vénérable vieillard attendu, mais comme un jeune homme alangui.…
Guido Cagnacci (1601-1663) Noe ebro, 1650
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François Boucher (1703-1770) Étude académique d'homme nu allongé, c.1750 Craie noire, avec touches de craie rouge, rehaussée de craie blanche, sur papier vergé crème Art Institute of Chicago
Le peintre français François Boucher, fut un maître particulièrement prolifique, représentatif du style rococo et qui aborda tous les genres : peinture religieuse, sujets mythologiques, scènes rustiques, paysages, animaux, décorations de monuments et de maisons particulières, modèles de tapisserie. C’est peut-être le plus célèbre peintre et artiste décoratif du XVIIIe siècle. Il estimait lui-même, un an avant sa mort, avoir produit plus de 10.000 dessins, mais trouvait encore le temps de travailler 10 heures par jour à des représentations idylliques et voluptueuses de thèmes classiques, mythologiques et érotiques, d’allégories décoratives et de scènes pastorales. Il était peintre de la cour de Louis XV et peintre favori de la marquise de Pompadour dont il a peint plusieurs portraits célèbres. Boucher ne chercha jamais à reproduire la réalité. C'était un peintre précieux et sensuel, utilisant des coloris brillants, des lignes serpentines et une profusion d'accessoires pittoresques. Sa prédilection pour les nus féminins lui valut, de son vivant, le surnom de « peintre des Grâces » que l'on railla assez facilement en « peintre des grasses » par allusion aux formes avantageuses de ses modèles !... Il s’essaya aussi au dessin de quelques nus masculins qui servirent d’esquisses à des personnages sacrés (Saint-Jean-Baptiste en bas à gauche) mais surtout à ses hommes faire valoir qu’il plaçait occasionnellement dans ses peintures féminines. D’une façon générale, on peut vraiment dire que les corps masculins sont absents de la peinture de Boucher. Ce qui est encore plus frappant dans les quelques nus masculins qui sont parvenus jusqu’à nous, c’est que les attributs de la virilité semblent même eux aussi faire défaut lorsqu’il dessine des hommes ! Comme si Boucher ne tenait guère à détailler les appendices de ses modèles qu’ils ne représentent nus que pour mieux les habiller ensuite ou les mettre en situation d’accompagner ses corps féminins qui finalement, seuls semblent l’intéresser. Le nu masculin chez Boucher est mis en sommeil, relégué à l’arrière plan de la scène galante du XVIIIe siècle, cantonné dans un rôle de figuration.
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Artiste uruguayen, né à Montevideo, Carlos Federico Sáez a peint principalement des portraits. Son style se caractérise par des coups de pinceau très larges qui parviennent cependant toujours à donner au rendu de ses personnages une précision très réaliste. Pendant son séjour en Italie, il a peint plusieurs portraits à l 'huile sur » la réserve " de la toile (la toile est laissée visible), une technique assez novatrice à la fin du XIXe siècle, où elle était utilisée uniquement sur papier par les aquarellistes et qui fut très utilisée au 20e siècle dans l’art abstrait. Au cours de sa courte carrière, il réalisa plus de 70 peintures à l'huile et 100 dessins. Il est considéré comme l'un des principaux artistes uruguayens modernes et le premier à produire une forme d’art non conventionnel dans son pays. Peu ou pas du tout connu en Europe, les œuvres de Saez sont
conservées au MNAV (Museo Nacional de Artes Visuales) de Montevideo, au Museo Juan Manuel Blanes de Montevideo, à la Pinacoteca Eusebio Giménez de Mercedes (sa ville natale) et au MALBA de Buenos Aires. Les portraits peint par Saez ne sont jamais des œuvres de commandes ; il choisit toujours lui-même ses modèles qui sont rarement des professionnels. Dans la plupart des cas, il s’agit de membres de sa famille ou d’ amis proches (comme sur cette toile). Il n’a jamais peint de groupes, mais toujours des individus isolés. Il dessinait toujours avec le pinceau, la première dépose de définissant le contour à la place du trait du dessin. Son célèbre coup de pinceau rapide donnait à ses modèles le sentiment d'être capturés en un instant. La séance de pose ne durait jamais plus d’un quart d’heure.
Juan Carlos Muñoz, qui est peint sur cette toile, était un donc ami proche de Saez et son mentor. Emergeant d'un arrière-plan très neutre, sans autre objet ni décor que son fauteuil, il semble surgir de nulle part. Ce vide accentue l’impression générale de solitude qui émane de la toile. C’est indéniablement un homme seul qui est devant nous, un homme abandonné, qui semble vouloir ignorer ou fuir la réalité dans une somnolence qui n’est toutefois pas complètement le sommeil. Ses yeux mi clos, sans autre expression que celle d’une infinie tristesse, scrutent mollement le peintre, comme si le résultat final de cette séance de peinture et le portrait qui allait en jaillir lui était parfaitement indifférent. Cette attitude de fausse détente au moment de se faire tirer le portrait, en dit long sur le personnage et sur la capacité du peintre à saisir avec une grande finesse la psychologie de son modèle. Carlos Federico Sáez (1878-1901) Retrato del Sr. Juan Carlos Muñoz 1899, Oleo sul tela 50 x 61cm Museo Nacional de Artes Visuales, Montevideo
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Renato Guttuso (1911- 1987) Homme endormi, 1938 Collection privée
Renato Guttuso opposé aux canons académiques de son époque, s'attacha à la liberté des figures dans l'espace et à la recherche chromatique pure, s'éloignant davantage ainsi de la culture officielle du régime fasciste italien et de ses choix thématiques lors de la guerre civile espagnole et à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Ce fut durant son long séjour de trois ans à Milan que mûrit « l'art social » de Guttuso, dont l'engagement politique se manifesta de plus en plus nettement dans ses œuvres des années 1938-1940. Ainsi on ne saura jamais si cet Homme Endormi l’est à la façon du Dormeur du Val de Rimbaud, c’est à dire pour l’éternité, abattu en route par quelque milice sournoise ou si son sommeil ne dura que le temps d’une pause sur le bord du chemin. Durant toute la période du conflit mondial, Guttuso travailla sans relâche, multipliant les natures mortes ponctuées d'humbles objets quotidiens, les vues du golfe de Palerme et une suite de dessins intitulés Massacri, clandestinement diffusés, qui dénonçaient les exactions de l'armée nazie, notamment le massacre des Fosses ardéatines en mars 1944.
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Ubaldo Gandolfi (1728-1781) Etude d'homme nu Sanguine Bibliohèque nationale du Brésil
Cette étude d’homme nu tiré d’un sommeil dont il profitait sur une couche qui semble assez confortable, est étonnante à plus d’un titre. La frontière est mince en effet qui sépare ce nu masculin d’un nu féminin. Les seuls éléments qui permettent réellement de faire la différence se situent dans la forme du bassin et du thorax et dans la musculature avantageuse de la cuisse et du mollet. Cette caractérisation du genre hors des éléments habituels que sont le sexe et la poitrine dénote une connaissance aigüe de l’anatomie, connaissance que se plaisent particulièrement à développer les peintres du XVIIIe siècle. L’auteur de ce dessin, Ubaldo Gandolfi était un peintre italien du baroque tardif, appartenant à l’Ecole bolonaise. Avec son frère Gaetano, Ubaldo Gandolfi fait partie d'une famille d'artistes prolifiques : ses fils Giovanni Battista et Ubaldo Lorenzo, et ses neveux Mauro, Democrito et sa nièce Clementina furent les derniers représentants de la peinture bolonaise, née deux siècles après les Caracci. Ubaldo a peint des toiles à sujets mythologiques du Palazzo Marescalchi à Bologne, dont deux sont conservées aujourd'hui aux États-Unis, au Museum of North Carolina. Il a laissé de nombreux dessins et sanguines conservées en Italie ou au MET à New York et dans de nombreux musée à travers la planète.
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Au delà de ses mœurs très libres et de sa vie bisexuelle très fournie, à la fois avec Vanessa Bell, John Maynard Keynes, David Garnett, Roger Fry ou le poète Paul Roche, le peintre Duncan Grant est surtout connu pour son style proche de celui du post impressionnisme français. C’est le poète et célèbre traducteur des tragédies grecques antiques, Paul Roche (1916-2007), qui est peint par Duncan sur cette toile datant des années 1946-50, époque du début d’une relation amoureuse qui devait se prolonger toute leur vie durant. A la fin de sa vie, Paul Roche prit soin de Duncan en lui permettant de maintenir son mode de vie à Charleston, où Angelica sa fille s'installa aussi. En contrepartie, Grant fit de Roche le cohéritier de son œuvre avec sa fille Angelica. Grant désargenté, mourut au domicile même de Paul Roche en 1978.
Duncan Grant (1885-1978) Paul Roche sleeping Private collection
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Sir Cecil Beaton (1904-1980) Charles Henri Ford (1913-2002) et Pavel Tchelitchev (1898–1957) en 1941
Les photographies que Sir Cecil Beaton fit de l’écrivain et cinéaste d’avant-garde Charles-Henri Ford et du peintre Pavel Tchelitchev qui eurent une relation amoureuse prolongée à partir du début des années 1930, représentent un tournant dans sa carrière. Surtout par rapport aux portraits assez convenus qu'il faisait jusque là des royautés et des célébrités de la jet set de son temps. Ce sont des photos assez transgressives pour l'époque comme celle-ci qui représente les têtes des deux amants posées l'une sur l'autre ou encore cette photo de Charles-Henri Ford couché sur un lit de journaux à sensation, symboles de la violence et de l'excès de la culture américaine. Charles Henri Ford, frère de l’actrice Ruth Ford et Pavel Tchelitchev, furent des figures emblématique de la scène homosexuelle américaine en même temps que des personnages incontournables du New York artistique du milieu du 20e siècle, l’un comme écrivain, l’autre comme illustrateur. Arrivé à New York en 1933 en provenance de Paris où il avait déjà fait une carrière reconnue de décorateur de théâtre, Pavel Tchelitchev venait y rejoindre son compagnon, l'écrivain Charles Henri Ford, avec lequel il vivra jusqu’à la fin de sa vie. A peine arrivé à New York, Tchelitchev se mit à travailler pour des metteurs en scène et des chorégraphes, tels que Georges Balanchine ou Everett Austin, le directeur du Wadswoth Atheneum de Hartford (Connecticut). A partir de 1940 et pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale, il publia des illustrations dans le magazine surréaliste View dirigé par son compagnon Charles-Henri Ford. Sous la direction de Charles-Henri Ford, View devint un magazine d’avant-garde qui sut attirer les contributions d'artistes et écrivains tels qu’Yves Tanguy, Max Ernst, André Masson, Pablo Picasso, Henry Miller, Paul Klee, Albert Camus, Lawrence Durrell, Georgia O'Keeffe, Man Ray, Jorge Luis Borges, Joan Miró, Alexander Calder, Marc Chagall, Jean Genet, René Magritte, Jean Dubuffet ou Isamu Noguchi… Dans les années 40, View Editions, branche éditoriale du magazine, publia la première monographie sur Marcel Duchamp et un recueil de poèmes d'André Breton dans une édition bilingue, Young Cherry Trees Secured Against Hares (1946). Autant dire que Ford et Pavel Tchelitchev furent au centre de la création artistique du XXe siècle n’hésitant jamais à prendre les paris des plus risqués de leur temps. Lorsque Tchelitchev mourut à Rome en 1957, d’une crise cardiaque, le New York Times a décrit Ford comme son « compagnon et secrétaire de longue date ».
MEN PORTRAITS _____________________ DORMIR Alors qu'il est devenu mondialement célèbre pour ses descriptions de l'Ouest américain, en peignant aussi bien les cowboys que les indiens et leurs chevaux, Frederic Remington ne s’est quasiment jamais rendu dans ses lieux, tout au plus à deux ou trois reprises et pour de brefs séjours seulement. Pourtant ses descriptions de la vie des pionniers du Far West sont des documents inestimables, en même temps que des œuvres d'art appréciées des plus grands musées de la planète. Malheureusement Remington, toujours insatisfait de sa production brûla et détruisit la plus grande partie de sa production. Bon nombre de documents sans doute fabuleux ont ainsi disparu à tout jamais. Son œuvre sur l'Ouest américain a influencé de nombreux artistes comme le metteur en scène John Ford qui s’inspira de ses toiles pour la photographie de son film La Charge héroïque. Remington lui-même devint le personnage central du tome 40 des Aventures de Lucky Luke, célèbre album de bande dessinée dans lequel « le cowboy qui tire plus vite que son ombre » assure sa protection dans sa traversée de l’ouest américain ! Né à Canton, dans l'Etat de New York, il passa son enfance à chasser et à monter à cheval tout en réalisant ses premiers dessins. Plus tard, incidemment, il fait son premier voyage dans l'Ouest et devient " homme d'affaires" à Kansas City où il publie quelques illustrations dans The Collier's Weekly et Harper's Magazine. Obèse, victime d'une très mauvaise hygiène alimentaire et d'une déplorable hygiène de vie, Frederic Remington mourut d'une appendicite mal soignée et aggravée en péritonite. .
1892 - The MET Museum, New York
Frederic Remington (1861-1909) A New Year on the Cimarron, (A Courier's Halt to Feed) Oil on canvas, (69.2 × 102.2 cm), 1903 Boston Museum of Fine Arts
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Emile Friant (1863-1932) Deux artistes : Mathias Schiff et Camille Martin, 1880 Huile sur toile, 32,5 x 40,5 cm Collection privée
Dans ce tableau, le peintre lorrain Emile Friant peint deux de ses amis les plus proches se reposant dans la campagne Nancéenne. Il s’agit du peintre Camille Martin (à droite), qui a étudié avec lui à l'École des Beaux-Arts de Nancy et de Mathias Schiff (à gauche) peintre et sculpteur décédé prématurément. A côté des deux jeunes artistes allongés dans l’herbe, on remarque tout l’attirail du peintre de l’époque : le chapeau à large bord pour protéger les yeux de la trompeuse lumière du soleil, le parasol, et la boîte à gouaches tenue par deux anses en cuir surmontée de feuilles de papiers et de cartons à peindre. L’arrivée d’une jeune jolie dame sur le chemin avec un panier de pique-nique sous le bras, semble avoir réveillé d’une longue sieste ces deux jeunes artistes galants et un peu paresseux. Ils produiront pourtant l’un et l’autre de nombreuses œuvres. Mathias Schiff reste surtout connu pour un monument imposant, encore visible aujourd’hui à Nancy en plein cœur de la vieille ville, Place Saint Epvre ; il représente René II, personnage emblématique de la Lorraine indépendante et souveraine, victorieux de Charles Le Téméraire à la bataille de Nancy en 1477. Camille Martin lui fait partie des rares peintres nancéens qui ont eu une influence sur la peinture de l’Ecole de Nancy avec le célèbre Victor Prouvé et Emile Friant avec lequel il resta ami toute sa vie durant et les moins connus Henri Royze et Paul-Emile Colin.
MPS MEN PORTRAITS SERIES n°5 ©Francis Rousseau 2011-2020 htpp : //menportraits.blogspot.com
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