MPS n° 3 - VAINS ÉLÉGANTS

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MPS MEN PORTRAITS SERIES

n°3 version française

VAINS ÉLÉGANTS

menportraits.blogspot.com © Francis Rousseau 2011-2020


MEN PORTRAITS _____________________ VAINS ÉLÉGANTS

Le premier élégant de la liste pose un petit problème d’identité. Qui était cet homme impeccablement habillé avec veste, gilet, nœud papillon, chapeau à la bordure relevée avec soin et aux gants « beurre frais » posés sur le bord de la table, à côté d’un bock de bière à travers lequel se dessinent les carreaux d’une nappe à damier rouge et blanc ? Jimmy van der Lak (1903-1990) ! Certes, mais qui était Jimmy van der Lak ? Un dandy de Harlem ? Un boxeur à succès ? Un manager de sportifs de haut niveau ? Un danseur de cabaret professionnel ? Un acteur ou un show man célèbre ? Un peu tout cela à la fois mais aussi quelqu’un de plus inattendu… Originaire du Surinam, Jimmy arriva à Amsterdam en 1925. Il était alors le seul « noir » de la ville et - curiosité oblige - il s’était rapidement taillé une réputation en devenant danseur de claquettes. Dans les années 1930, la concurrence se faisant rude et le genre du danseur de claquettes se démodant peu à peu, il devint barman puis « acteur figurant » pour le théâtre où il joua même le rôle d’Othello pour l’industrie local du cinéma muet.

Nola Hatterman (1899-1944) On the Terrace, portrait of Jimmy van der Lak Stedelijk Amsterdam, 1930

C’est en tournant un de ces films qu’il rencontra l’actrice et peintre Nola Hatterman qui lui proposa de lui servir de modèle pour ses tableaux. Elle peignit donc ce portrait de lui, attablé comme un grand seigneur dans ce même restaurant où il avait été auparavant simple serveur. Puis, du jour au lendemain, il devint boxeur, le poing fermé que l’on aperçoit dans ce portrait atteste qu’il devait avoir une droite très persuasive ! Il connut un succès certain en tant que boxeur au point d’organiser lui-même des rencontres à Amsterdam, puis d’ouvrir sa propre école de boxe ! La fortune continua à lui sourire un certain temps sur les rings de boxe, mais il ne s’en contenta pas et finit par devenir proxénète… toujours à Amsterdam. C’est un accomplissement de carrière assez surprenant, mais en ces temps de l’avant guerre où vivait Jimmy, l’univers de la boxe avait la réputation de mener à tout et surtout au proxénétisme… musclé. Au moins cet élégant très spécial n’aura pas fini « dealer » et aura préféré vendre l’amour au coin des rues plutôt que la mort.


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Girolamo de Romano detto Il Romanino (1484-1566) Ritratto di uomo, c.1515-17 Royal Collection Trust - Windsor Castle - King's Closet

En Italie, sous la Renaissance, les habits deviennent somptueux et mettent en valeur les tissus employés : des brocarts, des satins, des velours ou des soies. Cet élégant anonyme peint par le vénitien Il Romanino porte, par exemple, en guise de vêtement de dessus, une chamarre ou mantelet en velours de soie vert, ouverte devant, doublée de soie avec des emmanchures bouffantes ornées de galons et de passementeries. La chamarre s’ouvre sur un pourpoint très souple qui laisse entrevoir, à travers

son décolleté-bateau

une chemise sans col,

froncée et brodée. A partir de 1515, date de ce portrait, la barbe est à la mode à Venise et les cheveux raccourcissent,

deux caractéristiques qui n’ont pas échappé à cet

élégant. A cette époque aussi, c’est l’Italie qui règne sur l’Europe sur l’art du couvre-chef et imagine les coiffures masculines les plus extravagantes avec la célèbre toque de Florence ou avec, comme ici, le chapeau de feutre à fond plat orné d’une grande plume qui retombe sur le côté. L’élégant anonyme de ce tableau porte un mélange de toque de Florence à bord relevé et de chapeau à

fond plat avec une panache blanc disproportionné, le tout noué à l’oriental, en turban, en haut du front avec un ou plusieurs rubans de soie ou découpés dans des pièces de tissus…

Formes de têtes, formes à chapeaux anciennes en bois et ateliers de modistes italiens au XVIe siècle.


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Le personnage représenté ici par le peintre flamand Jacob Ferdiand Voët, est Luis Francisco de la Cerda, neuvième duc de Medinacelli. Bardé d’une dizaine d’autres titres aussi prestigieux, il fut Grand d'Espagne, membre du conseil d'Etat et du conseil de guerre, ambassadeur auprès du SaintSiège et Vice-roi de Naples. L’attitude royale qu’il adopte sur ce portrait, réalisé deux ans à peine avant qu’il ne soit Vice-Roi de Naples, n’est donc pas usurpée. C’est à la mort du roi Carlos II et après la difficile Succession d’Espagne, quand il devient Premier ministre du roi Philippe V, que les choses commencèrent à se gâter sérieusement pour lui. Opposé à l'influence française des Bourbons à la Cour espagnole, il révèle aux Anglais en 1710 les plans secrets d’une trêve entre les Provinces Unies et la France. Il commet ce faisant et tout à fait consciemment, un crime de haute trahison. Cela lui vaut une disgrâce royale et la prison jusqu’à la fin de ses jours à l’Alcazar de Ségovie, d’abord au château de Pampelune où il décède dès l’année suivante. La rage anti-française de ce personnage souffrait toutefois une exception : la mode… dont il était, comme beaucoup de personnage de haut rang, une victime ! La précision de la peinture de Jacob Ferdinand Voët permet de voir à quel point le duc suivait à la lettre les canons de la mode de son époque !

Jacob Ferdinand Voët (1639-1689) Luis Francisco de la Cerda, IXe duque de Medinacelli,1684 Museo del Prado, Madrid.

Après 1680, les hauts-de-chausses (les leggins actuels ! ) qui étaient bouffants deviennent collants. Le duc les a collants ! A la sortie du talon, ses bas (noirs en Espagne, blancs en France ou rouges dans le nord de l’Europe) sont brodés de fil d’or qui prolongent les motifs peints sur les chausses (chaussures) elles-mêmes recouvertes d’un nœud dit « en aile de moulin ». Le duc les a ! A partir de 1680 aussi, le justaucorps chargé de garnitures en fil d’or et d’argent se porte sur la veste qu’il cache complètement et qui devient un vêtement de dessous. Le devant et les manches de la veste sont en riche tissu. Le duc les a ! Les manches courtes du justaucorps retroussées jusqu’aux coudes sont ornées de broderies laissant entrevoir une chemise en dentelles, les petites oies. Le jabot, imposant ornement de dentelle qui succède à la fraise dans l’histoire du costume, couronne le justaucorps et s'attache au plastron (devant la poitrine) par le col de la chemise. Son nom provient du jabot, une poche formée par un renflement de l'œsophage chez certains oiseaux. Le duc a tout ça… et plutôt deux fois qu’une ! Enfin le somptueux casque d’armure sculpté, posé sur la table à droite de ce Grand d’Espagne attestant de son antique lignée est surmonté d’un faisceau de plumes d’autruche bicolores ou panache assortis à la couleur de l’ensemble de la tenue.


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Glyn Warren Philpot (1884 -1937) Homme en blanc, 1933

Au printemps 1931, Philpot s'installe à Paris, chez son ami Vivian Forbes à l'Hôtel Le Royal, boulevard Raspail. Très vite, il envisage de prendre un studio pour lui seul, au 216 du Boulevard Raspail, un espace de style Bauhaus, conçu par Bruno el Houken pour Helena Rubenstein, et divisé en ateliers d'artistes. C’est dans cet atelier que nombre des meilleures œuvres de Philpot furent produites… L’Homme en blanc d’une élégance certaine, peint sans doute lors d’un séjour au Pays Basque reste anonyme à ce jour. Il s’agit peut être d’un jeune sportif basque, comme le béret semble l’indiquer… Encore que, dans ces années 1930, le pays basque français et ses jeux de Chistera et Cesta Punta aient été si à la mode, que les jeunes élégants s’emparaient de tous les codes du genre, même s’ils n’étaient ni sportifs ni basques ! Loin d’être anonyme, elle par contre, cette petite chemise de sport blanche en jersey petit piqué, un tissu léger et particulièrement aéré, à manches courtes et au col en maille bord-côtes (pour lui donner de la tenue et protéger du soleil la nuque des joueurs) ne nous est pas inconnue. Destinée à l'origine aux joueurs de tennis, elle fut popularisée par le champion de tennis René Lacoste et allait faire une carrière internationale qui ne s’est jamais démentie depuis. A partir de 1933, elle devient le premier vêtement de sport affichant le nom d’un marque, en l’occurrence : Lacoste. Pas de crocodile ni ne griffe sur celle que porte notre jeune élégant ci contre, et pour cause … elle est antérieure de 3 années à la naissance de la marque au crocodile ! En véritable élégant qu’il était, cet anonyme en blanc sut la porter dans la blancheur immaculée du vêtement de sport original. Un comble de chic ! Dans la panoplie de cet élégant perfectionniste, on remarque aussi le béret solidement enfoncé sur le crâne bien que mollement alangui sur le côté de l’oreille, à la façon des bergers basques ; la ceinture en cuir à boucle d’argent retenant un pantalon blanc (délicatement froncé à la taille) et la montre au poignet, portée comme un bijou de prix…


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Gustave Caillebotte ( 1848-1894) Le canotier au chapeau haut-de-forme, 1878 Collection particulière

La passion de Gustave Caillebotte pour le nautisme naît pendant ses vacances d’été dans la propriété familiale d'Yerres située au bord de la rivière du même nom où il canote à bord de barques appelées des périssoires. Cette passion se retrouve dans les nombreuses toiles qu’il consacra à ce sujet dont La Partie de Bateau ou Le Canotier au chapeau haut-de-forme (1878) ci-contre. Caillebotte peint ici un ami élégant, sans doute en séjour dans la propriété de la famille Caillebotte, à peine à une vingtaine de kilomètres de Paris. Il semblerait que le jeune invité impatient de se livrer à son sport favori, à peine arrivé de Paris, ait juste enlevé sa veste, mais ait gardé son costume de citadin, pantalon, gilet boutonné, chemise à larges rayures, nœud papillon et surtout… chapeau hautde-forme. Dans le fond de la composition, deux rameurs s'approchent à bord d’une périssoire, un canot long variant entre 4 et 8 mètres, selon qu’on le destine à la balade ou la course ; Caillebotte en représenta à de très nombreuses reprises dans ses œuvres. Par contraste avec le jeune citadin qui transporte son élégance du faubourg directement sur l’Yerres, les deux canotiers portent les tenues amples et blanches parfaitement adaptées aux sports de plein air de cette époque : canotage et pêche à la ligne notamment. Ils portent aussi un étrange chapeau de paille oblongue ! En réalité ce couvre-chef impressionnant n’est autre qu’une version fluviale et allégée des casques coloniaux dont le Foreign Office britannique aimait affubler ses ressortissants en vadrouille dans les colonies de l’Empire. Pour les canotiers de l’Yerres c’était sans doute une façon de laisser entendre, avec un humour aigre et anti britannique de circonstance, que les balades en périssoire sur l’Yerres n’avaient rien à envier à la dangerosité des expéditions sur les rives du Lac Tanganika menées Henry Morton Stanley et David Livingtone … on présume ! 1. Henry Morton Stanley dans la jungle africaine 2. En Perissoire sur l’Yerres par Gustave Caillebotte


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Clovis Trouille (1869-1975) pour Pierre Imans Tête de mannequin masculin Figure de Cire N° 947-3-451 S, circa 1930- 40 Collection privée. .

Pierre Imans a démarré son entreprise de mannequins de vitrine en 1896. Elle fonctionna à plein régime entre les années 1920 et les années 1950 au n° 10 rue de Crussol, dans le 11eme arrondissement de Paris. Cette adresse professionnelle, à la frontière de l’ancien quartier des tailleurs et fabricants de vêtements parisiens, est indiquée sur toutes les images et catalogues de Pierre Imans jusqu'en 1965, date de la fermeture définitive de la société. Les œuvres qui survécurent à la fermeture peuvent être vues aujourd'hui dans les musées du monde entier, où elles sont considérés comme des témoignages importants d’un genre artistique à part entière, trop souvent relégué au rang d’art mineur que l’on définit du nom générique de sculpture commerciale moderne... Pierre Imans, lui, était très conscient de l’œuvre « éducative » qu’il accomplissait. Il fit appel à beaucoup d’artistes parisiens plus ou moins célèbres pour les réaliser, le point commun entre ces hommes étant un sens aguerri de l’humour et surtout un sens aigüe de l’observation pour saisir et retranscrire, en les exagérant presque jusqu’à la caricature mais en se gardant bien de l’atteindre, les canons de l’élégance de l’époque. Le peintre et sculpteur français Camille-Clovis Trouille faisait partie des recrus de Pierre Imans… et non des moindres puisqu’il avait une réputation sulfureuse d’artiste à la fois anticlérical, antimilitariste et surtout « érotique » avec ses petites peintures lestes dont toute « maison close » digne de ce nom possédait au moins un exemplaire dans son salon et dans ses chambres.

Traumatisé par les horreurs de la Première Guerre mondiale, Clovis Trouille - dont c’était le véritable nom – se définissait lui-même comme « Grand Maître de cérémonie du tout est permis ». Si ses dessins érotiques étaient très célèbres dans le public, son nom n’ y apparaissait cependant jamais. Cet anonymat lui convenait parfaitement, car il ne recherchait aucunement la gloire. « Il est vrai que je n'ai jamais

travaillé en vue d'obtenir un grand prix à une biennale de Venise quelconque, disait il, mais bien plutôt pour mériter 10 ans de prison et c'est ce qui me paraît le plus intéressant. » Il n’a jamais voulu non plus vendre ses œuvres de façon rationnelle, préférant le troc à la monnaie qu’il qualifiait de « peu fiable « ! Lorsqu'il consentait à se séparer de l’une d’elle, il voulait parfois les récupérer afin d'y ajouter des détails supplémentaires : un personnage, des objets, ou simplement un grain de beauté sur le visage ou ailleurs... Sans doute une façon aussi d’obtenir une petite rallonge de troc auprès des Madame Arlette ou Madame Paulette de la capitale ! Clovis Trouille commença à travailler dans l'atelier de Pierre Imans, vers les années 1920 et il y resta pendant 45 ans, produisant en moyenne deux effigies de mannequin par semaine, ce qui fait un peu plus de 4000 têtes de mannequins, têtes de pipes ou têtes de nœuds comme il les appelait selon qu’elle étaient féminines ou masculines… « années bi-sextiles comprises » et ce jusqu’à la fermeture définitive de la Société Imans ! Un bel exemple d’élégance professionnelle… et existentielle !


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Les deux jeunes hommes qui sont représentés sur cette grande composition mesurant 2,37 sur 1,46 mètre d’Anthony van Dyck, sont le sixième fils du duc de Lennox, Lord John Stewart ou Stuart (à gauche), et son septième fils, Lord Bernard Stewart (à droite), deux aristocrates franco-écossais, cousins du roi Charles Ier d'Angleterre. Les deux frères sont habillés à la pointe de l’élégance de leur époque, avec de riches vêtements de soie et de satin mêlés, rehaussés de somptueux cols hauts en dentelles et d’ornements brodés. James porte une cape et un justaucorps brodé de motifs au fil d’or dans des tons chauds d'or et de brun, seulement boutonné dans sa partie supérieure également ornée de crevures s‘ouvrant sur une chemise de satin blanc. Contrastant avec les couleurs que porte son frère ainé, les vêtements de Bernard se déclinent avec fraîcheur dans le bleu, le gris perle avec des broderies au fil d’argent. Comme l’indiquent leurs bottes et surtout leurs éperons qui les préparent à monter à cheval, ils sont habillés pour partir en voyage. Et en effet ce tableau a été commandé peu de temps avant leur départ en 1639 pour un Grand Tour d'Europe qui dura 3 années. John est debout sur une marche, appuyé sur un socle en pierre, regardant au loin devant le spectateur. Bernard a posé sa jambe gauche sur la marche de l’estrade de pierre où se tient son frère ainé, la main gauche somptueusement gantée, posée sur sa

Sir Anthony van Dyck (1599-1641) Lord John Stuart and His Brother Lord Bernard-Stuart, 1638 National Gallery, Londres

hanche, dans une posture assez précieuse bien que se voulant détendue ; il regarde directement le spectateur et soulève le bord de sa cape avec sa main droite (non gantée) pour révéler son justaucorps de soie gris perle brodé de fil d’argent et sa culotte (nom que l’on donnait alors aux pantalons). Comme son frère, il porte aussi des bottes en cuir avec éperons d’argent et une épée. Ces deux élégants jeunes hommes auxquels le plus bel avenir était promis furent tous deux tués alors qu'ils combattaient pour le roi Charles Ier : James à la bataille de Cheriton en 1644, et Bernard l'année suivante à la bataille de Rowton Heath alors qu’il était à la tête des Life Guards. Ce magnifique tableau, l’un des plus emblématiques de van Dyck, a été conservé par la famille Stuart jusqu'en 1672, date du décès de Charles Stuart, 3e duc de Richmond, puis passa par le biais de sa sœur, la baronne Clifton et de ses descendants jusqu’à Theodosia Hyde, 10e baronne Clifton. Il est resté dans la famille jusqu'à ce qu'il soit vendu vers 1904 au marchand d'art Sir George Donaldson. Il a ensuite été acquis par le banquier Sir Ernest Cassel et transmis à ses arrière-petites-filles Patricia Knatchbull, 2e comtesse Mountbatten of Burma et Lady Pamela Hicks. Il a été acheté par la National Gallery de Londres en 1988.


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Gottfried Lindauer (1839–1926) Le Chef Ngairo Rakaihikuroa à Wairarapa, 1880 Dunedin Public Art Gallery, New Zealand

Ngairo Rakai Hikuroa était le chef d’une communauté Maori située sur la côte sud-est de l’Ile du Nord (Nouvelle Zélande). Son moko ou motif tatoué sur le visage est tout à fait saisissant. Il est rehaussé par sa coiffure faite de deux plumes de huia, une espèce d'oiseau endémique de l’Ile du Nord, hélas disparu au début du XXe siècle. Le chef porte aussi une taiaha, une arme de 1,50 à 1, 80 m de long qui servait dans le combats au corps à corps ; celle-ci sculptée spécialement pour lui est ornée de poils de chien blanc. Son

mako, un pendentif d'oreille constitué d'une dent de requin est trempée dans de la cire rouge. Il porte aussi un korowai, grand manteau rituel blanc à motifs de broderies géométriques, orné d'un col en ruban de laine et cordelettes de lin colorées. Le korowai était tissé non pas sur un métier à tisser avec une navette mais avec les doigts, les fils étant attachés au bout de chaque doigt qui les manipulait et les tressait. Une véritable œuvre d’art. Il est fort probable que Lindauer ait exécuté ce portrait d'après une photographie, le chef Ngairo Rakai Hikuroa étant connu pour ne pas aimer rester immobile longtemps. Ce portrait fait partie des 60 Portraits maoris que Lindauer

peignit

en

Nouvelle-Zélande

à

la

fin

du

19e

siècle.


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Anna & Elena Balbusso Twelfth Night by William Shakespeare, Illustration for Folio Society (2016)

Indubitablement cette femme est un homme ! Il ou Elle ne cherche d’ailleurs pas à dissimuler sa pilosité faciale sous la somptueuse fraise de dentelles et des bijoux qu’il /elle porte. En réalité, il s’agit du portrait d’un acteur de théâtre de la Renaissance interprétant une comédie de William Shakespeare. A cette époque là, il était interdit aux femmes d'exercer le métier d'actrices de théâtre. Dans les pièces de Shakespeare et de ses contemporains, les rôles féminins étaient donc toujours joués par des hommes qui se travestissaient en femmes. Mais souvent, dans certaines de ses pièces, Shakespeare doublait ce comique de situation en obligeant ses acteurs à un travestissement multiple ; il faisait en sorte que ces hommes qui jouaient des rôles de femmes se déguise à leur tour en hommes pour amplifier l’effet comique ! DansTwelfth Night (La Nuit des Rois), le rôle de la belle Viola était tenu par un jeune homme qui jouait le rôle d’une jeune fille mais obligée de se travestir en garçon (Cesario) ! Elle aime le Duc Orsino, qui aime la Comtesse Olivia, qui aime Cesario… Olivia et Cesario étant donc incarné(e) par le même acteur ! Heureusement, tout se résolvait quand le frère de Viola, Sebastian, que l’on croyait mort, revenait. Il n’empêche que pendant toute la durée de cette pièce, on ne voyait Viola en tant que Viola elle-même que dans une seule petite scène seulement de pas même 5 minutes ! Pendant tout le reste de la pièce, on la voyait en garçon, incarnant Cesario ! C’est encore pire ou plus drôle comme on voudra, dans As you like it (Comme il vous plaira) ! Quand Rosalind et Celia s'enfuient de la Cour, Rosalind s'habille en homme. Puis Shakespeare noue l’intrigue de sorte que l’acteur masculin qui jouait Rosalind s'habilleren femme pour aider un ami à obtenir les faveurs de la fille dont il est épris ! Irrésistible pour le public d’alors qui attendait et adorait tous ces imbroglios et de voir un homme s'habillant en femme qui s'habille en homme qui se travestit en femme ! L’Angleterre n’était pas le seule lieu où le théâtre pratiquait cette confusion des genres : il en allait de même au Japon dans le théâtre Nô depuis le XIIIe siècle et dans le théâtre Kabuki depuis le XVIIe siècle, deux types de théâtre dans lesquels tous les rôles féminins étaient tenus par des hommes habillés en femmes et portant des masques féminins. Idem en Chine, où presque tous les personnages féminins du vaste répertoire de l’Opéra chinois traditionnel étaient joués et chantés par des hommes.

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On dit que la reine Victoria, qui ne cacha jamais son attirance pour sa colonie des Indes et pour ses habitants, fut littéralement fascinée par Duleep Singh (1838-1893) lorsqu’elle le rencontra pour la première fois. Il avait alors à peine 12 ans et venait d’être contraint d’abandonner sa souveraineté sur le royaume du Punjab. Il faut dire que le cher garçon avait de quoi fasciner !!! Il arriva en effet en Angleterre avec, dans ses bagages, le célèbre diamant Koh-iNor, un caillou légendaire de 105,602 carats, qu’il tenait de son père. Le 3 juillet 1850, il le « présenta » selon la formule de rigueur - à la reine Victoria, à l’occasion du 250e anniversaire de la Compagnie anglaise des Indes orientales. Pour remercier le jeune maharadjah de cette « présentation », qui se termina par une inclusion en bonne place du Koh-iNor dans la Couronne britannique (d’où il n’a pas bougé depuis d’ailleurs), la reine, commanda au célèbre peintre des grands du monde d’alors,Fr anz Xaver Winterhalter, le portrait de l’élégant Maharadjah. Un petit geste au regard du cadeau somptueux que l’adolescent venait de lui faire comme si de rien n’était ! A la date du 10 juillet 1854, la reine écrivait dans son journal :

Franz-Xaver Winterhalter (1805-1873) Maharadjah Duleep Singh, dernier maharadjah de Punjab en 1854 The Royal Trust Collection

« Winterhalter n’arrête pas de s’extasier devant la beauté et la noblesse de ce jeune Maharajah. Pendant les séances de poses, il est si aimable et patient qu’il peut se tenir immobile pendant plus de 2 heures ! ». Au moment du portrait, le jeune homme venait d’avoir 16 ans et il est représenté portant un turban surmonté d’une aigrette dans laquelle est enchâssé le fabuleux diamant Koh-i-Nor… celui là même qu’il avait offert quelques années auparavant à Victoria, mais qui lui avez été exceptionnellement rendu, l’instant de figurer sur ce portrait. Il porte aussi autour du cou, pour sceller son amitié, une miniature de la reine Victoria, réalisée par Emily Eden et accrochée à cinq rangées de perles légendaire. Devenu un ami proche de la famille royale britannique qu’il visitait régulièrement à Osborne, il invita aussi fréquemment le Prince de Galles à des parties de chasse dans le Suffolk. Mais en dépit de son éducation anglaise et de son mode de vie confortable, tout se gâta soudainement, lorsqu’il décida de retourner en Inde en 1866. Là, embrigadé par des membres de l’ex Cour Panjâbî, on lui souffla l’idée de récupérer ce trône qu’il avait offert à Victoria dans sa petite adolescence !

Idée qu’il eut le tort de prendre au sérieux. Arrêté à Aden, le voilà forcé de retourner en Europe et d’y demeurer sous étroite surveillance. Ce qui ne l’empêcha guère d’entretenir à partir de cette époque des contacts réguliers à la fois avec le Panjâb, les révolutionnaires irlandais et le gouvernement russe impliqué alors dans ce que l’on appelait Le Grand Jeu pour le contrôle de l'Asie centrale. Bizarrement, soudain sa santé se dégrada et il mourut à Paris, solitaire, dans une luxueuse chambre d'hôtel des suites… d'une crise d’épilepsie, selon la version officielle. Sa seconde épouse, la Maharaneh Ada, fut soupçonnée d'avoir été un espion au service du gouvernement britannique et d’avoir sans doute aidé à déclencher la crise d’épilepsie fatale. Résultat : depuis lors le Koh-i-Nor a la très mauvaise réputation de porter « malheur à qui s’en sépare ». Que l’on se rassure, la Couronne d’Angleterre n’est pas prête de le faire !


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Monsieur

Marianne Loir (1715-1769) Portrait de Monsieur de Fontaine Stair Sainty Gallery, London

de

Fontaine

porte

un

justaucorps sans col à la polonaise, en velours de soie écarlate entièrement doublé de fourrure blanche, sans doute de la zibeline, avec de généreux manchons de poignets dans la même fourrure. Le justaucorps, déjà à la mode sous Louis XIV, devient dans la version cintrée à la taille que l’on voit ici, le costume favori des gentilshommes à partir de la Régence. Monsieur de Fontaine porte son justaucorps à la fois simple et somptueux sur un gilet en soie blanche, qui ne l’est pas moins avec ses élégantes broderies de fleurs rouges, courant sur les poches et le long du galon de passementerie qui le borde. Le gilet floral laisse entrevoir sous le cou, le discret jabot en dentelle de sa chemise à encolure haute quoique

presque invisible. Le même discret brouillard de dentelle vient aérer les manchon en zibeline. Il porte enfin une perruque de courtisan dite à cadogan dont la queue est relevée et nouée par un ruban de satin noir. Sous le règne de Louis XV, porter ce type de perruque était le privilège des aristocrates uniquement ; elle devait être impérativement poudrée comme le conseillait l’Encyclopédie méthodique en l’enduisant de saindoux avant de la saupoudrer de farine de froment. A partir du milieu du XVIIIe siècle, on préféra utiliser des onguents gras parfumés plutôt que du saindoux. Sous son bras, on peut voir un chapeau tricorne (à trois pointes donc), replié, ancêtre du chapeau claque.


MEN PORTRAITS _____________________ VAINS ÉLÉGANTS Photographe anonyme Jeune Bavarois en Lederhosen, 1908.

, Il s’agit là d’un élégant bavarois du début du siècle en costume traditionnel qui n’est autre, en réalité, qu’un antique vêtement de travail utilisé depuis le XVe siècle en Allemagne, Suisse, Autriche et Trentin–Haut Adige. Ce célèbre costume, accessoire indispensable de l’Oktoberfest de Munich est composé de : - LeTrachtenhut ou petit chapeau en feutre, généralement vert, originaire du Tyrol. Celui-ci est entouré d’un bandeau et orné du célèbre trophée en poil de chamois, le Gambsbart, provenant du cou de l’animal ; on dit que plus le trophée est grand, plus le chasseur est habile. On peut donc imaginer que celui-ci l’était particulièrement ! - La veste–manteau en daim, gancée de cuir, à revers attachés et boutonnages en corne de sanglier, portée directement sur la chemise qui, lorsqu’elle n’est pas à motifs de carreaux rouges, se doit d’être toujours impeccablement blanche. - Le Lederhosen, pièce phare du costume bavarois. C’est un pantalon particulièrement résistant en peau de chèvre ou de veau pour la version populaire, en peau de chamois ou de cerf pour la version luxueuse ornée de broderies qui rivalisent de somptuosités. Soutenu par des bretelles (Hösentrager), le Lederhosen comporte sur la jambe droite une poche, le Messertasche qui sert d’étui pour un couteau. Trois coupes existent pour ce pantalon : à la cheville(Lange Lederhose) ; en-dessous du genou (Kniebund Lederhose) et au-dessous du genou (Kurte Lederhosen), ce dernier étant généralement réservé aux jeunes hommes, comme c’est le cas sur cette photo. - Les chaussettes en laine couvrant le mollet jusqu’au genou et brodées de motifs de chasse ou de scènes de la forêt. - Les chaussures à pointes renforcées et semelles cloutées (Haferlschuhe) auraient été créés, selon la légende en 1803, par le cordonnier Franz Schratt qui se serait inspiré des sabots des chèvres pour leur stabilité. - Divers accessoires comme la large ceinture richement brodée ornée de nœuds complètent ce costume traditionnel d’une élégance intemporelle... et d’une légendaire charge érotique.


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Edward Curtis (1868-1952) Bear Bull from Blackfoot people

Le chef Bear Bull (Ours Buffle) ne fait pas particulièrement partie des grands héros de la tribu Black Foot (Pieds noirs). Si Edward Curtis le photographia c’est surtout à cause de l’élégance de sa coiffure divisée en trois nattes, deux pendants sur le côté et une autre retroussée en panache sur le sommet du front, disposée à la façon d’un bec d’oiseau ou d’une corne d’animal, un symbole bien connu de la nation Pied-Noir qui entretenait avec les animaux était très respectueux. Porter le nom d’un animal (et a fortiori de 2) n’était pas le fruit du hasard. Avant de prendre le nom d’un animal, le personnage devait avoir la réputation dans toute la tribu d’en mériter le trait de caractère principal. Dans le cas de Bear Bull on peut imaginer qu’il cumulait à la fois la ruse de l’ours et la puissance fonceuse des buffles, ce que sa corne de cheveux dressée vers l’avant laisse aisément supposer. Selon une légende, la nation Pied-noir se serait divisée en trois camps pour mieux défendre son territoire. Quelque temps après cette scission, un homme du camp du nord aurait visité le camp du sud-est, et aurait demandé à voir le chef, mais chaque personne rencontrée lui aurait dit qu'elle était le chef ; il aurait donc nommé cette tribu « Akainai » (« la tribu de plusieurs chefs »), et ce serait ce nom qui aurait été, par la suite, modifié en « Kainai », l'endonyme de Gens-du-Sang. De l'autre côté, les Gens-du-Sang auraient nommé la tribu du visiteur « Sik-sikah » (« Pieds noirs ») en raison de leurs mocassins noirs. Le visiteur Pieds noir se serait ensuite rendu dans le troisième camp : voyant certaines personnes portaient des vêtements faits de peaux mal tannées, encore garnies de morceaux de viande séchée, il aurait nommé cette tribu « Apikuni » (« Peau moche »), plus tard modifié en Pikuni. Edward Sheriff Curtis était un photographe ethnologue américain, l'un des principaux anthropologues sociaux des Amérindiens d'Amérique du Nord et de l'Ouest américain. Il a laissé trace d'écrits, d'enregistrements sonores des chants indiens et de nombreuses photos sur verre. Ainsi, de manière non exhaustive, il entreprit l'inventaire photographique d'amérindiens des 80 tribus existantes. La population amérindienne qui était estimée à plus d’1 million d'individus au 18e siècle, avait chuté aux alentours de 40.000 lorsqu'il lança son projet. Une partie de son travail fut publié dans une somme en 20 volumes intitulée : « The North American Indian », comprenant 2500 photographies, 4000 pages de textes, alors qu'au total, Curtis réalisa près de 50000 prises de vue.


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Francesco d'Ubertino Verdi detto Il Bacchiacca (1494-1557) Courtisan au chapeau de fourrure rouge Fondation Bemberg, Toulouse

Ce jeune élégant de la Renaissance est coiffé d’un magnifique chapeau plat en fourrure rouge qui est en réalité une adaptation florentine d’un couvre-chef grec très ancien et très noble : le pétase. Le pétase porté ici n’est pas en feutre ou en paille, comme habituellement, mais en fourrure, et qui plus est, en fourrure teinte en rouge ! Le ruban qui le maintient attaché est également inhabituel par sa largeur et surtout en ce qu’il est noué sur le haut du crâne et non sous le menton. Ce jeune aristocrate florentin adapte à sa façon et pour affronter l’humidité des rudes hivers sur les bords de l’Arno, ce grand classique du costume méditerranéen. Adapter la forme à de nouvelles textures, changer la couleur, retailler, imaginer autour de…. n’est-ce pas finalement ce qu’a toujours fait la mode à travers ses zélés émissaires que furent les élégants de toutes les époques ? Traditionnellement, le pétase était un chapeau à bord large, souple et plat dont se coiffaient les voyageurs sous l’antiquité grecque ; le cordon, noué sous le menton ou derrière la tête le maintenait en place en cas de vent ou lorsque son propriétaire voulait s’en décoiffer tout en le gardant autour du cou. Il existe une pléthore d’illustrations du pétase (cf. images ci-dessous) aussi bien sur les poteries anciennes que sur les pièces de monnaie ou la statuaire grecque antique. Porté avec la chlamyde par les éphèbes au gymnase, les grecs pensaient que ce couvre-chef était d’origine Thessalienne. Dans la mythologie, flanqué de deux ailes, le pétase était l’un des attributs du dieu Hermès. Chez les Etrusques, le pétase en paille tressée était plutôt un simple chapeau de paysan utilisé pour se protéger du soleil pendant les travaux des champs. LesRomains de l’antiquité le portaient également pour se protéger du soleil pendant les représentations théâtrales en plein air ou les jeux du Cirque.

s


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Anselm Feuerbach (1829- 1880) Autoportrait National Gallery, Londres

Dans ses nombreux autoportraits, Anselm Feuerbach se représente souvent avec une cigarette espagnole allumée au bout des doigts, posture qui passait pour être le comble de l’élégance au milieu de 19e siècle. C’est chez les peuples Amérindiens du nord comme du sud, qu’apparut dès l’époque pré-colombienne, l’usage populaire de fumer le tabac enroulé dans différentes feuilles végétales. Les chefs, eux, le fumait exclusivement dans des pipes en terre cuite sculptées et très ouvragées. Importé en Europe par les Conquistadores au XVIe siècle, le tabac se diffusa rapidement soit son sa forme à priser, soit à mastiquer (à mâcher et à chiquer), soit à fumer à la pipe (au Nord et l’Est de l’Europe), soit à fumer rouler dans une feuille de maïs, remplacée un siècle plus tard, par du papier fin. Le tabac roulé dans du papier était appelé Papelate. On en trouve d’ailleurs des illustrations dans diverses œuvres de Goya à travers des personnages fumant de façon alanguis et toujours allongés au sol, comme dans La Cometa ou La Merienda (ci-contre). Ce type de consommation se répandit partout en l'Europe, à l'exception notable de la France qui lui préféra la prise nasale jusqu’au 19e siècle. C’est entre 1800 et 1820 que le tabac à rouler s’imposa peu à peu en France, après qu’il fut ramené d’Espagne par les soldats de Napoléon Ier : tabac et papier à rouler étaient alors vendus séparément et les cigarettes préparées manuellement. Les premières cigarettes manufacturées apparurent en Espagne vers 1825. En 1833, les paquets de cigarettes furent vendus sous l’appellation de cigarrillo ou cigarrito, qui dérive du mot cigarra (cigale). En France, le mot cigaret (petit cigare) se féminisa en cigarette dès 1831. En 1845, le monopole d'État fut instauré pour la fabrication des cigarettes. La même année, un industriel proposa une machine d'appartement à rouler les cigarettes, sous la marque de Cigaretta-Factor. Mais, jusqu'en 1870, c'est la pipe en terre qui réunissait encore les faveurs des consommateurs. Il fallut attendre la fin du 19e siècle et la multiplication de machines permettant la fabrication industrielle de cigarettes pour que sa consommation se démocratise : alors que les cigaretteuses produisaient jusqu'à 1 200 cigarettes par jour, ces machines en fabriquaient 600 à la minute au début du 10e siècle. A partir des années 1990, la mode change radicalement : non seulement il n’est plus du tout élégant de fumer le tabac mais en plus celui-ci est accusé - après que plusieurs études scientifiques l’ait prouvé - de provoquer diverses formes très graves de cancers. Exit la cigarette !


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William Larkin (c .1580-1619) . Richard Sackville, 3rd Earl of Dorset, 1613 English Heritage - Kenwood House The Suffolk Collection.

Le portrait de Lord Dorset (ci-contre),

reproduisant un

motif de fleurs (en

Quand au talentueux William Larkin

donne

l’occurrence

gros

sont

qui réalisa ce portait, une quarantaine

sophistication extrême des vêtements

pourtant très caractéristiques et banales

de portraits ont été authentifiés comme

que les hommes portaient en ces temps

dans la mode anglaise de ce début du

étant indubitablement de sa main. Ce

troublés de l'Histoire de l'Angleterre.

17e siècle. On remarque aussi - si on

sont tous des portraits de courtisans et

On aimerait imaginer que la complexité

fait abstraction de la cape en velours

de gentilshommes, jamais de membres

des ornements et des atours masculins

brodé, de l’explosif col en dentelles, de

de la famille royale. Une série de 9

leur permettait de conjurer la cruauté de

la culotte bouffantes à crevures et de la

portraits en pied par Larkin (dont celui-

l’époque.

braghetta dont la proéminence est

ci) , anciennement propriété des comtes

Dans cet extravagant costume du comte

atténuée par la lumière du tableau - une

de Suffolk sont aujourd'hui connus sous

de Dorset, un effort encore plus intense

paire de gants en peau d’une grande

le nom de Suffolk Collection et se

semble avoir été réalisé pour le bas du

sobriété, l’un étant enfilé sur la main

trouvent à Kenwood House, à Londres.

costume, pour être précis, au-dessous

droite du personnage. Ce dandy qui

En 1969, l'historien de l'art Roy Strong a

des jarretières en velours noir nouées

occupait la fonction de Lord Lieutenant

identifié Larkin comme étant l'artiste

par deux énormes pompons de même

du

ses

auparavant connu sous le nom de

couleur ! On remarque que les motifs

nombreuses conquêtes

féminines et,

"Curtain Master" (Le Maitre des rideaux)

de feuillages des chaussures blanches à

déjà en son temps, pour les procès en

ses œuvres étaient repérables grâce aux

talons se prolongent sur les bas blancs

héritage et pensions qui lui firent ses

rideaux frangés et drapés de façon

jusqu’à mi- mollet ; très extravagantes à

différentes épouses, le divorce ayant été

identique qui encadrent le modèle en

nos yeux, les boucles de chaussures en

mis à la mode par le roi Henry VIII.

rejoignant toujours le sol.

un

juste

aperçu

de

dentelle brodée de fil d’argent ou d’or,

la

Sussex,

un

était

œillet)

connu

pour


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Louise Breslau Portrait de Gabriel Yturri, 1904, Musée Lambinet, Versailles

L’argentin Gabriel Yturri (1860-1905) eut la réputation d’être un des hommes les plus élégants de son temps, au service luimême d’une autre légende de l’élégance masculine, Robert de Montesquiou dont il fut à la fois le secrétaire particulier et le compagnon. Gabriel Yturri vint s’établir à Paris et servit d'abord de secrétaire au baron Doasan, qui fournit à Marcel Proust une partie du modèle de son baron de Charlus dans À la recherche du temps perdu, l’autre partie du modèle étant fournie par Robert de Monstesquiou lui-même ! En 1885, Gabriel Yturri rencontra à Venise Robert de Montesquiou et devient son secrétaire et son amant. Lorsqu’il mourut de diabète en 1905, sa disparition laissa Montesquiou profondément affecté. Trois ans après sa mort, il fit publier à sa mémoire un recueil de poèmes et de correspondance, sous le titre Le Chancelier de fleurs, douze stations d’amitié, ouvrage hyper confidentiel qui fut tiré à 100 exemplaires. Monstesquiou dira volontiers qu’Yturri était le seul être qu’il ait jamais aimé. Dans ce portrait à l’atmosphère indubitablement proustienne, Yturri porte un feutre à large bord inspiré des chapeaux Panama en paille que l’on portait en Amérique du Sud. Sa chemise est surmontée d’un faux-col amovible très haut destiné à cacher les plis du cou, comme ceux que le créateur de mode Karl Largerfel porta à la fin du 20e siècle. Le col révèle une cravate à peine esquissée sur laquelle est plantée une épingle à cravate en verre teinté. La position de ses doigts posés sur le front, dans une posture réflexive, permet de voir une bague en or, symbolisant son engagement amoureux pout Robert de Monstequiou, à une époque où les mariages homosexuels n’existaient pas.


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Etienne Dinet (1861-1929) Portrait de Nasr Eddine (autoportrait) Musée Nasr-eddine Dinet, Bou Saâda, Algérie

Étienne Dinet dont on voit ici l’autoportrait fut un

Abd-el-Tif, sur le modèle de la Villa Médicis à Rome.

peintre orientaliste et lithographe français, qui a vécu

En 1913, il fit savoir à tous ses amis le choix de son

une grande partie de sa vie en Algérie où il s'est

nouveau patronyme musulman : Nasr-Eddine. A

converti à l'Islam après avoir adopté le patronyme

partir du milieu des années 1880 son œuvre s'inspira

musulman de Nasr-Eddine.

des traditions, des histoires et de la vie à Bou-Saâda,

Etienne Dinet entreprit son premier voyage aux

considérée alors comme la « porte » du Sahara.

portes du désert du Sahara, dans la région de Bou-

Sur cette toile, il porte la tenue blanche traditionnelle

Saâda, en1884, en compagnie d'une équipe de

des berbères et le turban noué en rond autour de la

savants entomologistes. Ce voyage le marqua si

tête, recouvert par un imposant chapeau de paille

profondément et le choc de la découverte du

dont la doublure en tissu orange évoque les rayons du

désert fut si grand qu’il y décida de ce que serait le

soleil dardant autour de son crâne. La haute

reste de sa vie. Littéralement hypnotisé par la beauté

cheminée au centre de cette capeline gigantesque

de l'Algérie, il apprit l'arabe pour mieux comprendre

forme une couche de protection supplémentaire

les cultures du sud algérien. En 1900, il installa son

contre l’air brûlant du désert. Dans la journée la

premier atelier à Biskra avant d’acheter 5 ans plus

partie de l’habit qui est autour du cou était remontée

tard une maison à Bou-Saâda pour y passer les trois

sur le nez, au ras des yeux, offrant à son tour une

quarts de l'année. En France, où son talent

protection contre le soleil, le sable et le sirocco, le

commençait à être reconnu , il fut fait officier de la

vent brûlant du Sahara. La couleur blanche du

Légion d'honneur.

vêtement, la gandoura, était réputé être la meilleure

En 1907, sur ses conseils, fut créée à Alger la Villa

garantie pour ne pas emmagasiner la chaleur.


MPS MEN PORTRAITS SERIES

n°3 version française

C’est fini… mais avec MPS rien n’est jamais vraiment fini ! Les autres séries thématiques arrivent en anglais, espagnol et bientôt d’autres langues encore

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