Datura
#1 | 10_2018
BARDEAU – DOCTEUR BURZ – BZONE – CAUSSAT – CHOUDHURI – GARCIA – HERRLE – HOUSSAM – KLEPETAR – LAYENNE – LECRIVAIN – MARZUOLO – MERRIFIELD – MODÉLY – MORGANE – VON NEFF – POUSSIN – PUCKETT – SETHI – VINCENT – WHITE – WILKENS – NATALIE Y.
Content | Sommaire Cover photograph: Palette by Fabrice Poussin Docteur Burz
éditorial
Fabrice Marzuolo
La chaise mystère Love and Crotte A propos de Love and Crotte
James White
Bronwood Texas, 1927
Natalie Y.
Tales of Old News
Marie C. Lecrivain
Unavoidable
David Herrle
The Baby Lived Twenty Minutes After Sharon’s Last Breath
Sanjeev Sethi
Concert
Vincent
Baisé profond et gratis
Jan Bardeau
proses
Morgane
Tuileries
Bzone
Epitaphe
Cathy Garcia
extraits de Celle qui manque
Murièle Modély
Tu es assise dans la cuisine...
Béatrice Layenne
Mes souvenirs et Toutes celles qui sont en moi
Steve Klepetar
To The Moon and Back
Karla Linn Merrifield
Happenstance: Visceral Being
Caleb Puckett
Cozy Mystery and A Page from the Baedeker
Pradip Choudhuri
extraits de Grosse bise à toutes le chiennes en chaleur
Harry Wilkens
Piss Talks (excerpts)
Michèle Caussat
Wagons. Gares...
Eric von Neff
A Man in Euclidean Space & Camp #15748
Leonel Houssam
Notre République 31ème jour après
Aux éditions Urtica. Déjà parus Civilisé cherche à tâtons dans le noir, la moiteur, la profusion des corps, sa nature perdue et ce jusqu’à l’excès et la turpitude. Cathy GARCIA, La cause littéraire, 2017 8€ 42 pages noir & blanc, couverture couleur ISBN: 9780244324759
Cette poésie est loin d'être sombre, même quand elle n'est pas drôle. En tant que lecteur, j'ai l'impression que le gars qui l'écrit rigole tout le temps. Et du coup, cela m'amuse aussi. Patrice Maltaverne, Poésie chronique ta malle, 2018 textes de Necromongers, illustrations de Pascal Dandois 6€ 26 pages noir & blanc Love is illusion, and even lust is stripped of its romantic, erotic charm. Inside, hidden from the lover, lives the wolf, an embodiment of appetite, as dangerous as it is energetic and wild. These poems lay themselves bare, rejecting the false comforts of easy and joyous connection. Steve F. Klepetar, from the foreword 8 € 54 pages noir & blanc ISBN: 978-0-244-10516-7
Commande chez urticalitblog@gmail.com Paiement via Paypal avec l’adresse wruhlmann@gmail.com ou par chèque à l’ordre de Walter Ruhlmann, 22 passage des Amellous – 11370 Leucate – France
Datura #1 | 10_2018
Editorial par le Doctuer Burz publié dans Les déraisons du Docteur Burz le 1er octobre 2018 https://ledocteurburz.wordpress.com/ Fakeneweurs, fakeneweuses, abolissez l’intelligence ! Tout mélanger, tout désorganiser, tout bouleverser… et puis plus personne ne sait réfléchir. Elle est bien là la limite de l’humain. Sans ses codes, sans ses dogmes, sans son cul à botter, il croit ce qu’on lui met sous la gueule, même si c’est une gamelle de merde bien fraîche. On te dit quoi voter, parce que depuis que la démocratie t’impose un non choix, tu dois en faire un quand même, c’est la démocratie. Quelle différence entre la religion et le journalisme aujourd’hui ? La peur. Ça ne change pas beaucoup d’avant, mais comme l’intox semble tuer l’info, on se demande si l’intelligence n’a pas été inventé à la télé. Alors c’est la guerre du fake news. Comme le peuple ne semble plus pouvoir discerner la vraie désinformation de la fausse information, il faut aider les gens à se diriger vers le meilleur des mauvais choix. Le mouton est désorienté avec autant de loup. Le phénomène Nick Conrad est le meilleur des exemples de perfidie de la récupération de neurones atomisés. On ne peut plus façonner 3
Datura #1 | 10_2018 de fiction sans que cela soit prit au premier degré. L’espèce humaine est arrivée à un stade d’extinction si massive, que la réflexion en fait partie. Société coloniale putride, qui ne supporte pas la violence qu’elle à elle même infligé aux opprimés de la mauvaise couleur. La liberté n’existe que dans la proportion gardée des sociétés séculaires qui gouvernent le monde, le plus blanc possible, même avec l’application black power wash.
De quoi sera fait le monde de demain ? D’obéissance et de révolte, sans grande surprise. De conneries et de coups d’éclats prodigieux. De provocations et de soumissions. De mensonges et de vérités. De questions et de réponses. D’effacements et d’explosions. De conditionnements et de refus. De pouvoir et de peur. Parce qu’on en est encore et toujours là. Parce que malgré les mots, malgré la façon d’expliquer, malgré la façon de mentir, on en est là. Jusqu’aux débordements suprêmes, jusqu’à l’apogée du
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Datura #1 | 10_2018 refoulement civique, jusqu’à la volonté de subordination extrême attendue… nous en serons toujours et encore là. Les frontières sont prêtes à éclater, de nouveau les questions nationalistes et judéo-crétine se posent avec une certaine liberté racisée. Que va t-il se passer quand la démographie des réfugiés va véritablement exploser dans quelques années ? Devrons-nous nous faire appeler terre d’accueil, terre d’asile, terre d’écueil, terre d’erreur, terre d’affront, terre de front, terre de seuil, terre de slip en deuil ? Faux semblants, taupe aveugle et autre autruche à terrier. On est ce qu’on fait de mieux sans avoir à nous en défendre, une sorte d’auto parodie de nous-même en pire.
Et puis quoi ? Cette lutte contre les fakes news est-elle constructive ? A t-on le monopole de quoi devoir transmettre aux autres sans qu’ils aient d’éléments de comparaisons ? Doit-on abolir l’histoire et rendre les discussions stériles ? Doit-on imposer une culture, une vérité, des mensonges choisies par les meilleurs antifakeneweurs du monde ? Si on doit empêche les Zemmour, Dieudonné, Marsault, Soral et autres Trump, Poutine, Erdogan et Orban d’exprimer leurs avis, nous vivrons dans une prison d’insalubrité conforme aux directives de la démocratie totalitaire. La même qui nous donne l’impression que lutter contre les mensonges est un devoir vital à l’humanité. On se sera trompé deux fois. Je suis pour la représentativité visible de la connerie et de la bêtise humaine. Car que se passerait-il sinon ? Nous évoluerions dans un monde où tout serait tellement aseptisé que nous ne
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Datura #1 | 10_2018 saurions plus quelle est la proportion de personnes qui pensent des choses malsaines, racistes, révisionnistes ou projetant de l’être. Et puis je perdrais ma source principale d’inspiration, ce serait bête. En résumé, les fakes news, il y a deux poids deux mesures. Parce que la dite « vraie info officielle» en fait aussi de la désinformation, et ça depuis l’invention de la communication, ça s’appelle les conflits d’intérêts. C’est un peu le béhaviorisme de la communication. Bref, si on revisite l’expression « parlons peu mais parlons bien » de nos jours, ça donnerait « Laisse Socrate vaquer à ses passoires ». « Vous n’aurez pas ma liberté de fakenewser » Kévin Pasnié Amen, Touti Quanti et Tralala… ©Le Docteur dévoile tristement son vrai visage après des décennies de photoshoping aggravé…
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Datura #1 | 10_2018 La chaise mystère de Fabrice Marzuolo Subitement la vieillerie me tombe dessus je reçois mon cadavre à plat mais si lourd est le poids du monde sur deux épaules pour m’alléger un peu je laisse mon squelette poursuivre la route seul dans les rues qui sentent la marée où comme partout la chair est faible des os à découvert le sont autant ainsi je dois aller l’esprit vacant telle la chaise vide qui peut être l’expression d’une absence ou d’une attente dans les cendres d’un enfer refroidi la chaise aussi est faible
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Datura #1 | 10_2018 Love and crotte de Fabrice Marzuolo à Charles Manson1
le manche de la guitAre pénétrait son sexe vitriolant
ELLE
remuait fébrilement dans sa jupe rouge moulante
mi-cuisses
j’aurais bien pu
pendant
lécher son intimité imaginaire.
qu’elle jouait sa musique.
mais après ?
quelque chose clochait dans cette jupe trop chatoyante
qui
en définitive dissimulait plus le corps de la musicienne qu’elle ne le dévoilait la déesse était-elle malade se bourrait-elle de pilules ?? la déesse était-elle horriblement humaine ? quelque chose en elle m’évoquait la pisse et même la crotte ! LOVE
and CROTTE
alors que sur la scène la déesse en caléfaction baignait dans les fuseaux opalescents des projecteurs et qu’elle mettait toute son énergie
tout son cœur
à tirer la médiocre condition humaine au-dessus du nombril je nous voyais tous en train de déféquer rien d’extraordinaire mais quand même
tout enfumés ! tous.
pliés en
deux je ne suis pas guitariste
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Pas pour le monstre façonné par les médias, mais pour l’histoire de cet homme emprisonné jusqu’à sa mort. Et aussi parce que pendant des années j’ai cru qu’il avait participé aux crimes alors qu’il n’en était rien. Je note également que Charles Manson a moins de morts sur la conscience que Napoléon.
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Datura #1 | 10_2018 Note de l’auteur à propos de Love and Crotte publié dans Paysages écrits 29, mai 2018
Et même quand tout n’est pas noir, il faut toujours se justifier, voici pour les blancs : ces trous ou ces espaces incongrus entre les mots dans les textes il s’agit de quoi ? d’un caprice d’artiste ? je ne suis pas du genre artiste et quant aux simagrées de plume à se mettre au cul l’endroit est occupé par des coups de pied déjà merci pour mes poèmes le retour à la ligne bien pompeux c’est un signe de soumission faire propre sur soi montrer que jusque dans l’inutilité il faut se soumettre à des règles il y aurait même des règles pour bafouer les règles ce qui est implicitement interdit l’interdit non dit est plus efficace car la barrière se crée d’elle-même dans la tête l’interdit absolu c’est la liberté à soi la chose au nom de la liberté à soi pour la prose pas de prise de tête à condition d’utiliser la boîte à outils à la disposition de chacun les virgules points points virgules deux points comme ça les juges patentés peuvent juger autoriser d’ailleurs les lecteurs ont tété la même vache ils ont le goût des juges le partagent sans problème et c’est ainsi qu’une hiérarchie des valeurs s’impose sans autre réalité que celle qui permet à chaque échelon de cette prison de se prendre pour autre chose qu’un barreau de plus un verrou supplémentaire ainsi les vides dans la prose de certains auteurs transforment leurs phrases en des entrecroisements de dentelle chez moi des trous de mites du haillon de la matière grise bouffée par la vie des trous dans le cerveau une dentelle pas d’ici voilà c’est dit
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Datura #1 | 10_2018 Bronwood Texas, 1927 by James White
It was
warm inside
Ira's automobile,
hot for
this time
of
night, but Ira Sessions didn't notice the heat. He was enjoying himself
watching
the
ladies
inside
Sadie's
Soda
Shop.
Through
brightly lit windows, women in fancy dresses were laughing and sipping cold drinks. Music rolled out the open doorway; some tunes he recognized, It Had To Be You, Bye Bye Blackbird, but most of the melodies were foreign to him. He looked for Brownie's familiar profile, but he didn't see her. Ira had always enjoyed watching people from unseen, private places. He would spend hours looking in certain windows that he knew, guessing what the people he saw were thinking, watching what they were doing, dreaming up stories about their intentions. Since he married Brownie, he didn't watch anymore, but he remembered the thrill. A young lady stepped outside, under the awning lights and lit a cigarette. She reminded him of Brownie when she was in high school and when he would watch her smoking behind her uncle Stan's barn, coughing and inhaling. He'd hold his breath, in the shadows, quiet as a church mouse. He could smell her perfume under the tobacco smoke. He'd watched her pick her nose, scratch her butt, fiddle with her breasts. He knew all her secret habits and she never knew he watched her. She never saw him clutch his groin and convulse without a sound. He had always wanted her. And finally, years later, when he got up
the
happiest
courage man
in
to
propose
the
world,
to
Brownie
but
10
it
he
didn't
thought turn
he'd
out
be
that
the way.
Datura #1 | 10_2018 Before, when he met her on the street, she'd look at him with just a hint of fear in her eyes, exciting him. Her fear vanished after they
started
living
together,
replaced
with
that
condescending
sneer and bossiness her family was famous for. He ought to demand the prerogatives of being her husband, but he couldn't, and she mocked
him
for
not
doing
so.
He
couldn't
do
what
he
should
because... Because she tricked him, that's why. She tricked him. And that's the God's truth. Two more women came out of the soda shop, talked to the smoker, and left. The party was breaking up. Brownie would coming out soon, looking all high and mighty, expecting him to pick her up and
take
her
to
his
home.
Ira
leaned
back
in
his
seat
and
stretched. The leather seat creaked under his weight. She'd smiled at him on their wedding night when he lay next to her, trembling, unable to fulfill his manhood. She'd lifted her nightgown and he touched her, but it didn't help. "What's wrong, Ira?" she'd said in
her
sarcastic,
jeering
tone
of
voice.
"Is
something
the
matter?" Nothing was the matter! He'd had plenty of impassioned moments while in his private places that made his eyes roll up in ecstasy. She was the matter. Her wickedness doused the flame of his ardor and she had deceived him under layers of petticoats, bustles, corsets
and
camisoles.
No
wonder
she
hadn't
married
somebody
sooner. It wasn't his fault. How could any man find pleasure in the company of a withered old witch like her? There she is. Standing under the soda shop's awning lights where
the
smoker
was.
Ira
hesitated
before
starting
his
automobile. He thought about leaving her, driving off in the other direction. That would teach her a lesson. And when she got home,
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Datura #1 | 10_2018 all tired and madder'n a wet hen, he would slap her before she could get one word out and tell her to clean the kitchen. Brownie
strode
across
the
street
and
grabbed
the
passenger
door. "Thank you for picking me up, Ira." She smelled like sugar and spice. "Sorry it's so late." Ira blinked and shook his head, pretending to wake up. "You back already?"
First Presbyterian Church in Brownwood, Texas from a pre-1923 postcard
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Datura #1 | 10_2018 Tales of Old News by Natalie Y. from e-mac’s meat café, Benway Institute Studios, 1996
The illusion was packed off Somewhere in between his Porn mags and used tissues. She, sitting in the middle of an empty Floor, all windows laughing in. Used to dimensions, she is afraid To leave this room, where between The four walls, her fantasy lived in. Was it a lifetime?.. She – a smiling picture from a porn collection; Over-looked at and touched, Brought to a life, into a place Where only now, used, she felt Her naked two-dimensions. Was there a heartbeat?.. A runaway goes to LA Gets into porn, thinking that Someone is bound to bag her anyway. They were introduced, had drinks She went along and had some Whorehouse piano played on her ribs. Of course there were knives involved, The man never as hard or sure as his hand, Facing a page that Could be touched and licked and torn and had And put away.
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Datura #1 | 10_2018 Unavoidable by Marie C. Lecrivain first published in poeticdiveristy, August 2006
Cover my eyes, the sun is looking, my sins are not completed. The shadows must stay in place, I am not ready for redemption. My sins are not completed, so many proclivities are left to explore. I am not ready for redemption. I prefer to be a libertine. So many proclivities are left to explore. The rays strip away my layers. I prefer to be a libertine, to this transition to truth. The rays strip away my layers, leaving naked and lonely, to this transition to truth I've been so long avoiding. Leaving me naked, and lonely, the dawn warms my pale flesh. I've been so long avoiding, I have never known love. The dawn warms my pale flesh. I cast my eyes toward the ground. I have never known love, cover my eyes, the sun is looking.
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Datura #1 | 10_2018 The Baby Lived Twenty Minutes After Sharon’s Last Breath by David Herrle from Sharon Tate and The Daughters of Joy, Time Being Books, 2013 with the kind permission of the author.
Sharon, my fate awoke when it felt your hot shot blood and witnessed the Helter Skelter abortion. To protect you from the devil’s businessmen, to redeem your body pregnacious from the fin de Sixties bellicist hippies is my highest dream. “I want to have my baby! I want to have my baby!” You begged those soul-midgets to take you to their lair and kill you after you birthed your son. The gleeful stabs that replied seemed to make the one girl cum. I don’t know when it hurt most to look at you: when you glowed alive, or when you smiled slightly and stupidly in your gurgling gore. My fate awoke when it felt your hot shot blood, heard your final “mother, mother” and the shriekless fetus in the Helter Skelter abortion. “I want to have my baby! I want to have my baby!”
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Datura #1 | 10_2018 Concert by Sanjeev Sethi first published in Otoliths
Moving in and out of fences is privilege of peregrinators. Change in regime ensues ill-gotten gains are parked in brand-new strongrooms. Television news anchors daily shower in front of the hoi polloi: errors in anatomy and erogenous zones are scrutinized. Mimetic expressions don’t shy away from the hydra of workaday routines. That’s their fete. Arête thrives where heartsease is homed. Its beat knows when to be strident or silent. Control sets in quittance.
Baisé profond et gratis de Vincent extrait de Vincent & Cie, mgv2>publishing, 2015
J’ai cru à un million de rêves J’ai espéré qu’un milliard de mensonges soient des vérités J’ai même prétendu que l’Amour existait Mais il n’y avait que du vent là où je voyais des murs pour me protéger Je me sens comme la putain que le client n’a pas payé
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Datura #1 | 10_2018 Jan Bardeau proses
Neuseille Prodigieux guerrier qui surpasse l’ordinaire par ton empire, combattant des causes, inflexible sentinelle de l’idéal, pure projection du mythe, ta volonté dompte inexorablement les déchaînements du chaos & tu blâmes l’asthénie populacière, & moi je te conchie & moi je te compisse & moi le médiocre j’emmerde ta putain de flamboyance qui me cocufie, moi qui me heurte à mes lâchetés, qui rencontre parfois la bravoure, moi qui geins sous les tourments, qui sublime parfois ma sordidité, je t’encule, toi, & j’encule tes lignées consanguines utérines, moi le serf, je te renie, le rachis pas même raide, guerrier prodigue, combattant pilleur violeur, tu culbutes & embrases, infécond, infructueux, tandis que je monte des bâtisses ridicules, & tout cela, & tout cela, & encore, encore, pour les siècles des siècles, & encore, & tout cela, & tout cela, & encore, pour rien.
Penqouine Le monsieur, monsieur aux noces de diamant, se régale au restaurant, sa cantine, se régale & se désole, je déguste ce dessert si savoureux, oui je me régale, tandis qu'elle, oui, tandis qu'elle, meurt à l'hôpital.
Henquouine Le triomphateur s’octroie, nous, le sol, la flore, la faune, & nous, le gavons l’engraissons, graille graille, le zig graille, le zig se boursoufle, il boulotte & crotte, & le gavons, un peu nous concède, nous jure que nous lui redevons, il bâfre il boustifaille, il chie il chie mais comme il chie ! & sa bouse pénètre, imbibe, corrompt, sa bouse envase nos œsophages, obsédé obscène attention aux glissades, toute puissance s’essouffle & la tienne, disparaîtra dans un vermeil coulis de diarrhée.
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Datura #1 | 10_2018 Jan Bardeau – proses Henbyfouille Le dépouillement & la frugalité lui enseignèrent le décrochage, nudité du logement, nudité du locataire, douchés de photons, disponibles au présent, puis le turbin, circuits en camion poubelle, boucan du rotor qui rote son remugle, purée de croûtes, pâtée de médocs, urines excréments menstrues & spermes, asticots du mois, clandestins électroniques, plastoc plastoc plastoc, nos saloperies irresponsables, gare aux coupures, grimper descendre, grimper descendre, les simagrées des distingués salauds, tut tut, jarte ton mastar de derche, ilote pour des ballots, l’ilote grimpe, & puis descend, bennes sillonnent & expulsent & sillonnent encore, grimpe, & puis descend, grimpédécent grimpédécent, cependant, grimpédécent, cependant, le dépouillement, grimpédécent, ou la frugalité, cependant, grimpédécent, racler le relent de rebuts, autant que autant que, & cependant, l’ouverture au repos, la nudité du logement, la nudité du locataire, pansent apaisent rassasient.
Fegatucien Dans ton placenta, tu gesticules, guilleret presqu’épanoui, sémillant trop optimiste, ce que vise l’obtient, foncer foncer, enfoncer, oooooh ! révoquer le malheur par l’allégresse, fonce fonce, défonce, aucun problème, il suffit de, ouais suffit de, suffit de pognon, suffit fi ! suffit d’éluder l’insurmontable & l’odieux, suffit fi ! suffit d’omettre les, les qu’on immole chaque seconde, & dans les mines manufactures, partout où on pile de l’hominidé, suffit fi ! suffit de, suffit de, suffit de ne plus plaindre, foncer enfoncer défoncer & positif, suffit de jubilation & positif, & positif.
Mainhaloin Engelures, brûlures, des squames, mycoses, acné à son acmé, fourmillements, frissons, ballonnements, occlusions, température, sécrétions, amputations, paralysie, des élancements, des lacérations, du supplice, puis se projeter que dalle, rien de voix, de toi, agrégat de bidoche, étrange zéro, alors hagard, respire, sens comme tu respires, respire, élimine la frousse, le 18
Datura #1 | 10_2018 malaise tapi dans tes synapses, nous concevrons tantôt les myriades & les myriades des caresses, les myriades & les myriades des baisements, les myriades & les myriades des mots, qui ménagent la gracilité de nos ligatures, dans ce bouillon énigmatique.
Cichina
Dans ce village, on vote en faveur de l’égalité entre tous, on se flatte de préférer, à l’oppression, l’équité & la justice, on s’enorgueillit d’idées progressistes, dans ce village, on s’amabilise en société, on se prête assistance, comme dans une parentèle, dans ce village, on fronce le nez devant le spectacle de ces babanes qui campent, avec leur portée, dans une ferme décatie, & tout cela brame, tout cela remue, & cela empile les immondices, en prétextant de recycler, dans ce village, on demeure, proprement, entre soi.
Gouilvapiedpan Je m’engage à avancer obscurément, intellect qui claudique, qui fainéante, énergique parcimonieux, je promets le talent, pour la lenteur, & des flâneries sur les sentiers négligés, je me félicite de persifler, relax, la concurrence pestilente entre & entre & entre, de végéter rejetons, tendrons, nain de la futaie, follement avare d’il faut d’on doit, de mesures, d’exceptions, & sans détail de buissonner admirablement inutilement.
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Datura #1 | 10_2018 Tuileries de Morgane publié dans Mauvaise graine 12, juillet 1997 Tuileries. Ruban rouge près du bassin, une étoffe sur ta peau. Bête tremblant sous le soleil. Regards inquisiteurs. Des visages me frôlent, murmurent ma peine anathème et l’entraînent jusqu’à la Seine. Les noyés s’en emparent, plongent, atteignent la vase pour s’accoupler à de putrides sirènes en d’ignobles épousailles. Leur chant d’amour défaillant ne peut couvrir les rires et les sarcasmes des anges dont les noirs crachats étoilent le corps enlacé des amants à la pulpe liquéfiée. L’asphalte brûle mon front. Les androgynes dansent sur ton corps mandragore. Les Centaures n’en finissent plus d’agoniser ; les Hommes de marcher. Et ma mère, la femme, rit de ma douleur.
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Datura #1 | 10_2018 Epitaphe de Bzone publié dans Mauvaise graine 28, novembre 1998 Qui, le premier, s’est ennuyé ? Qui a cassé notre jouet ? Qui s’est levé, s’est étiré, a cambré le dos, fait craquer ses doigts, et s’est éloigné en se grattant le crâne ? À peine un peu plus loin, le temps de se dégourdir les jambes, qui a ressenti sur sa poitrine nue ce premier souffle de vent et s’est soudain intéressé au temps qu’il faisait, à l’heure, au jour, l’année, et combien de temps, et dans quel sens la Terre tourne, et quelle est la direction de la mer, et depuis quand on n’avait pas mangé, quel est le sexe d’un ange, quand passe le prochain bus, où sont les autres, combien sont-ils, et de quoi parle-t-on dans tous ces téléphones ? Qui se lèvera le premier, fatigué de ne plus l’être, qui décidera que la journée commence, qui fera chauffer le lait ? À partir de quand voit-on des rides sur le lait qui bout, y a-t-il un jour où les croissants font forcément davantage de miettes, ou bien sont-elles plus dures, ou notre peau devient-elle plus sensible, y a-t-il un jour où on décide de ne plus prendre de petit déjeuner au lit ? À partir de quel âge pue-t-on de la gueule au réveil ? Quand perd-on sa peau de bébé, et si on arrête de fumer, garde-t-on une voix enrouée, et l’andropause c’est comment ? Est-ce que ça peut arriver de trouver pénible ou chiant ou lubrique ou pitoyable ce qu’hier encore on voyait flatteur, excitant, attendrissant ? Est-ce qu’une muqueuse peut s’émousser, perdre de sa sensibilité, et l’œil, est-ce que c’est une muqueuse, et muqueuse ça vient de quel mot latin, est-ce que ça a un rapport avec moqueuse ? Y a-t-il toujours un soir où on ressent le besoin de prendre son temps, de rentrer tard, de se faire attendre, de guetter une réaction, et d’envoyer chier la terre entière ? Est-ce que c’est ça, gagner ? Est-ce qu’il arrive à tous les coups le jour où on a besoin de marquer son territoire, de dire qu’on n’appartient qu’à soi, et de le répéter jusqu’à finir par le croire ? Est-ce que donner, c’est donner ? Et reprendre, c’est voler ? Et mon cul, c’est du poulet ? Combien ça coûte une opération pour effacer un tatouage ?
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Datura #1 | 10_2018 Cathy Garcia extraits de Celle qui manque, Asphodèle, 2010 J’ai grandi ligotée, bâillonnée, sous le joug maternel, avec cette injonction qui résonne toujours et encore « Ne réponds pas !". aussi, qu’on veuille bien m’excuser cette irrépressible besoin d’avoir mon mot à dire. Mon mot. Mon moi. Fille à vocabulaire. Des valises et des valises de vocabulaire. Parenthèses pour cracher la mer : je serai comptine. (…) Les mots clés sont des serrures. Allô Freud, Jung, tous les grands sorciers ? Allô papa ? j’ai voulu vomir l’amer en moi. Bilan clinique : encline au déclin. Se réveille en blocs de poussière. Cette peur du vide alors que rien ne s’écrase, tout se fond. Jouissance de la goutte qui rejoint l’océan. l’écorce abandonnée, splendide nudité. La main a des yeux. Dedans mordre délicatement. Faire le vide, dedans, autour. Rien ne sert de courir après l’autre s’il n’est pas prêt. Descendre, faire confiance. Je ne suis toujours pas guérie. (…) De s’être donnée comme on se jette à la poubelle, d’avoir essuyé de son âme trop de vitres brisées, celle qui manque incarne le manque. l’infinie perte de soi. Le vide qui donne forme à l’autre. De l’intermittence à la virtualité, le plein, l’entier, l’épanoui demeure un horizon qui ne cesse de reculer. Mirage. Celle qui manque va de désert en désert où elle s’entête à croire aux fleurs. Condamnée à vivre avec les absorbeurs, celle qui manque est une mer asséchée. Une ombre rouge creusée au couteau, sous laquelle pourtant le cœur s’acharne à battre.
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Datura #1 | 10_2018 Poème de Murièle Modély publié dans Cabaret 1, printemps 2012 Tu es assise dans la cuisine Les fesses calées contre le dossier de la chaise Sur la table, ton œil pèle entre les miettes Tout va bien, le monde suit son axe Un fond de café sèche contre ta langue Dans ta gorge, le soleil, les rires tonitruants Alors pourquoi ? Pourquoi soudain Ton vieux corps qui tangue Le cri des intestins, la torsion viscérale Dans ton ventre le monde Qui liquéfie sa merde Pourquoi le tremblement La sensation de n’être Qu’une vieille qui tombe Se relève Retombe Se relève Retombe Pourquoi l’homme au jambes solides, son sexe fort et droit, ses deux mains sur tes joues N’empêchent pas le vide de te jeter au sol contre les carreaux froids. Sur Les Les Les
la table empilées épluchures rognures d’ongles fourmis affolées
Sur la table empilés Comme les ailes sales D’un pigeon La chair tremble Les vers qui fendent La tasse de café Et sous la peau La peur Qui rampe Le vativien Qui flambe Le corps Qui semble Dedans dehors Parfaitement émietté
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Datura #1 | 10_2018 Mes souvenirs de Béatrice Layenne Mes souvenirs Née au village berbère pas loin de Marrakech 4e de la fratrie, 6 enfants en tout Arrivée en France à l'age de 4 ans et demi Je n'ai aucun souvenirs de là bas Juste ce que l'on m'a raconté. Premier flash dans ma tête c'est papa qui frappe. Sans m'expliquer pourquoi.. Souvenir vague d'une bêtise d'enfant de 5 ans. Puis, le jour de la rentrée au CP d'adaptation pour les enfants d'immigrés Ce jour là, personne n'a voulu me donner la main En rang 2 par 2 Et moi tout derrière toute seule. Puis, comme papa disait qu'il me tuerait s'il me voyait avec un garçon Je piquais des crises de nerfs Dès de les instituteurs me plaçaient à côté de la gente masculine. En primaire, au collège La risée de la classe. Seule souvent seule à la récré. Je regardais les nuages Suppliant le bon dieu de m'aider Et surtout je lui demandais pourquoi? Pourquoi moi? Puis quand mes petites sœurs sont rentrées en maternelle J'allais les voir à travers le grillage Qui séparait les 2 écoles. Heureuse de pouvoir discuter avec elles Beaucoup de tendresse pour la petite dernière Si mignonne et si gentille... Autre souvenir, Au collège, constituer une équipe de volleyball Les capitaines ont choisi les personnes Et bien sûr la dernière à être sur la liste "Oh non pas elle! On va perdre c'est une burne" Isolée humiliée, on m'appelait Dumbo avec mes oreilles décollées Se faire toute petite Comme à la maison. Bien sûr je ne disais absolument rien De tout ce qui se passait dans ce F5 Dans cette barre d'HLM Parfois papa était gentil, 24
Datura #1 | 10_2018 On allait cueillir des mûres l'été Et récolter des châtaignes l'automne... Papa ne buvait pas d'alcool comme ses amis de l'usine, Papa ne jouait pas non plus au loto, Papa était fidèle à maman, C'est juste qu'il avait des idées moyenâgeuses... Tout était interdit, chanter danser rire Regarder des films où ça parle d'amour. Enfant d'immigrés, La valise les cartons toujours prêts Pour un éventuel retour au pays. Mais je voulais pas! Je voulais pas Car je me sentais pas maghrébine Alors le chantage à chaque départ en vacances Au Maroc, passeports confisqués Et cette éternelle phrase: "Si tu te tiens pas comme il faut Si tu salis l'honneur de la famille, je te laisse ici!" Plus je grandissais Plus l'angoisse qu'il me laisse là bas M'envahissait Alors, sans m'en rendre compte, peut être pour l'en dissuader Premier symptôme de l'anorexie 11 ans quand maman tombe gravement malade Avec la peur au ventre qu'elle ne décède Dans ma tête je le savais que sans elle Ce serait la fin de tout Un cauchemar éveillé. Puis 12 ans simplement parce qu'un cousin de maman m'a obligé à l'accompagner Au village voisin dans les montagnes du Haut Atlas Souvenir vague de son insistance à aller au Hammam avec lui Puis trou noir. Puis 14 ans pour enfin en finir une bonne fois pour toutes. C'est comme si c'était hier Voyage au Maroc,je ne mange rien Ni sur le trajet, ni pendant les vacances Ni au retour. Les années ont passé, et encore maintenant Je ne veux pas, je ne veux surtout pas Aller au pays, je n'ai rien à y faire Je ne renie pas mes origines C'est juste que j'ai pas envie…
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Datura #1 | 10_2018 Toutes celles qui sont dans ma tête de Béatrice Layenne Dans ma prison mentale, je ne suis pas toute seule se bousculent différentes personnes Je n'y peux rien je l'ai pas choisi Il y a à l'intérieur parfois pas tout le temps des conflits, des "tais-toi s'il te plaît, arrête de gémir pour un oui ou un non" des "calme toi, tout va bien se passer" des "ton papa avait raison, tu vaux que dalle" des "quand est ce que ce vacarme va s'arrêter" des "tu les fais souffrir ton homme ta fille ta maman Pourquoi?" des "je suis désolée tellement désolée" des "personne ne t'appelle, des amies tu en as pas pestiférée, complètement tarée c'est normal que toutes ces soit disant amies ont pris le large!" des "tu l'as bien mérité, avec toutes les conneries que tu as faites!" Dans ma prison mentale les barreaux sont tellement hauts que j'arrive pas à m'évader tiraillée par tous ces bouts de moi qui se font la guerre et qui n'arrêtent pas de parler le soir surtout il y en a une qui n'arrête pas de me dire "garde espoir le bout du tunnel n'est pas loin les barreaux que tu penses infranchissables je te l'assure c'est juste une illusion elle te ment celle qui te dit que tu es condamnée à vivre dans la douleur, la souffrance, le passé accroche toi, accroche toi!" A l'intérieur, tout au fond j'aimerais y croire je vous l'assure, j'aimerais tellement y croire c'est juste que je sais comment m'y prendre je sais pas comment on fait pour les faire taire ces mauvaises langues Mon doc me l'a dit Il faut les accepter, me dire qu'elles font parties de moi Tous les médecins que j'ai pu voir 26
Datura #1 | 10_2018 toutes ces années, Et cela remonte à tellement longtemps Tous ces médecins m'ont dit Vous avez un environnement protecteur, votre homme qui vous aime votre fille que vous avez élevé malgré la maladie votre boulot que vous avez réussi à garder un toit aussi Vous devez apprendre à être bienveillante envers vous même Et essayer de ne pas trop faire attention à celle qui vous dit "tu as raté ta vie, tu es la dernière roue du carrosse, tu vaux pas grand chose qu'attends tu pour te jeter d'un pont ou avaler tous les médocs vas y vas y! bonne à rien, aie au moins le courage de partir pour de bon!" Celle qui dit ça, je la déteste, elle m'a poussé au fond du trou y a 6 ans et je lui en veux, "partir pour de bon? courage? non c'est pas du courage de mettre fin à ses jours et puis j'ai pas envie de débarquer à l'asile la cour des miracles et ta fille ton homme qui t'ont retrouvé inanimée? tu crois que ça les a pas marqué? comme toi ça t'a marqué au fer rouge?" De toutes celles qui sont en moi celle que je préfère, c'est celle qui rigole, qui cuisine, qui se bouge qui prends soin de sa petite famille qui est généreuse, celle qui revient de loin et toujours là Celle-là, je sais que c'est moi mon noyau, ma personnalité qui dirige toute cette armée Le passé, je veux l’oublier, l'avenir on verra En attendant, j'avance j'avance... Quoiqu'il arrive, malgré les obstacles.
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Datura #1 | 10_2018 To The Moon and Back by Steve F. Klepetar published in mgv2_en_01, February 2008 He’s been to the moon and back but it hasn’t helped. Her voice cuts across every stop he makes along the coastal highway and winds around the twisty tails of cats. He feels her firm arms in sweep and spray of sea breeze, and he remembers her brush shagged with hair, leather scent of her expensive bag. Her handprints still dot his arms, his face burned with her ordinary name. Even with shades slipped over his tired face, he feels exposed, ripped open to her cruel and lovely eyes gleaming from impatiens, astibile and yawning yellow mums. Yes, and her teasing mouth waits beside his bedside, wet and red and always far from reach.
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Datura #1 | 10_2018 Happenstance: Visceral Being by Karla Linn Merrifield first published in Pyrokinection, April 2013
On the day Amazon bees swarmed & swarmed— hundreds? Thousands? —out of the rainforest, up my sleeves, under my collar, & into my damp hair, the latent Homo erectus in my ancestral genes dictated: urge to flee, adrenalin surge, & the primal screams programmed into my evolutionary survival equipment. Black-bodied, black-winged, in numbers sufficient to blacken the equatorial sun, they attacked, so it seemed, buzzing, buzzing to lap perspiration, sip tears, crawl, & creep all over scalp, throat, breasts, intent upon licking me alive, so I believed. But, no, those Meliponinae are members of a stingless, ergo harmless family of neotropical apians, merely sweat bees. But double helix & basic instinct insist: The horror, the horror is the swarm, the swarm.
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Datura #1 | 10_2018 Cozy Mystery by Caleb Puckett first published in Washburn, Map of Kansas Literature
Christie comes. She comes with a mysterious smile. She comes at me with a smile and a carving knife. She comes at me with a knife. She comes at me with a knife in her trembling fist. She comes at me with her fist and cries. She closes in on me with a smile, raising a knife to my face. She closes in on me with a cry, leaving me few options. I eye the blade and open my mouth for a taste. I cry, “Baby, you’re a bloody culinary genius!” The flavor she has produced from such commonplace ingredients is quite striking to say the least. Our guests will be completely distracted by the fine cuts on the platter. None of them will ever question our cozy little party’s true purpose. Nothing, I assure her, will ever seem to be the matter. As I turn to stir the broth, I feel a sudden prick in the ribs. “Cozy?” she asks with a new smile no less mysterious than the last.
A Page from the Baedeker by Caleb Puckett first published in Otoliths, August 2006
You find no suture and no sutra, discovering only a soup kitchen spoon full of stewed manure in this Stuttgart hostel where the hostile congregate to break bread with crumby stars like starved suitors confused between Aphrodite and Mars. Upon discovery of such a ruse, such a card trick or shell game under the tarot table of art and use, you are soon able to see that any assumed suture or sutra merely makes a papier-mâché moon hang amidst claustrophobic constellations; a cholesterol change of heart and a burnt tongue seem all but cardinal in the hardened arteries of carnal desire, the red sign of whiteness bluing the brochure skies beneath their black heights. Count yourself lucky, then, that such counting ends not with a stitch or trope but with a twitch and stroke indicative of low-grade food poisoning, spinning sparks in the train yard of hope. Count yourself out and ensure all of your patented documents of identity are still pending their various parts in the penultimate sense of this static continuum that signifies a whole, and then move on like you have an itinerary for tomorrow. Move on and mind that suture or sutra you seek in the storied streets manages not only to eke out sustenance but also to mint its speech with the local cuisine that for weeks since Eden fell has failed to find a rating beyond pale and weak.
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Datura #1 | 10_2018 Grosse bise à toutes les chiennes égarées (extrait) de Pradip Choudhuri extrait du recueil éponyme, PpHOO, 2004
A chaque fois que je souhaitais quitter la maison, la demi-Mondaine laissant derrière la table du dîner tout éblouie, l’écriture carrée des gosses avec ou sans élan – l’avenir magique, bien ou mal je me sentais une âme éphémère – un éphèbe tout entouré par les chiennes égarées dans les entrailles desquelles se forment les zygotes de la poésie je me réexpédie dans la vie avec mon cœur sanglant, rouge de colère, l’inspiration, l’insolence diabolique… les imaginations créatives
Or, voici les créatrices: les chiennes égarées persuadées par l’angoisse muettes à l’intérieur de sa badine aborigène;.. muettes comme la nature me voici, le poète, fils d’un fossoyeur du passé aussi muet que la nature et je ne sais comment lui parler de sa fausse grossesse avec la férocité d’une lance je me perds, par-ci, par-là, je me cherche ivrogne comme je suis et, en cet exercice, j’essaie un peu de me séparer d’un malheur perpétuel comme d’habitude revolvent les ventilateurs fascinants je n’ai jamais désiré cette conclusion, mais c’est arrivé dans mes mains… “C’est ma destinée…” ce n’est pas le cas… “Cette destinée est à moi…” Oui, ça y est… La vie sexuelle et la mode qu’implique cette époque augmentent ma haine… Dans le grand amphithéâtre de cette cité je lève ma luette mâle tout près d’une lesbienne
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Datura #1 | 10_2018 ou dans une nuit sans couvre-feu illuminée par les lumières du néon je me cherche à minuit entre les seins oscillants de mes amantes et mes propres sœurs… j’ai envie d’être là, là seulement pour quelques instants comme les ombres d’une musique secrète même après son arrêt dans une maison hantée. On devrait appeler les choses par leurs noms, je le sais bien, mais aucune solution ne m’apparaît comme vraie… ma foi! Je n’ai rien appris de mes expériences je reviens par le même terminus sans savoir… et je l’utilise avec le même enthousiasme.
Pradip Choudhuri, janvier 2017 http://sunflowercollective.blogspot.com/2017 /01/tsc-interviews-pradip-choudhuri.html
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Datura #1 | 10_2018 Piss Talks (excerpts) by Harry R. Wilkens from http://www.ustinovforum.com/articles/piss-talks
With Kohl in the Sauna All that water dripping down his belly and off his prick into the gutter! What a waste, instead of filling it into small bottles and selling it against hard Euros to the unemployed for their miraculous cure of any illusion that things may go better. First Dog Nobody remembers his name - Blondi was Hitler’s, Buddy Clinton’s, Barney George W. Bush’s - but WHAT was the name of Germany’s First Dog in 2000? First Dogs may change, like first ladies do, but never would they tell the President’s sex-life, nor the First Lady’s. First Dog is the President’s best friend. Genital Mutilation You can see them, these weird white gentlemen & black ladies, rushing in their Porsches & Jaguars all over Europe, some of them heading overseas. They’ve got sharp knives eager to cut fresh pricks and cunts. They are the circumcisers & excisers, impatiently expected and abundantly paid and celebrated. With a lot of thrill & fun & extra tips. What’s a hangman compared to them, or even a bloody Army general? Rogue Mates From time to time I go to Rogue States to meet my Rogue Mates: Stephen, Goran and Marwan, on death row and in body bags, Gita, Senka and Biljana Fucking for peace in rape-camps. Motherfuckers Fishermen are fishing in the Caribbean for Cuban orphans and their surrogate mothers. Paradise If Buddha would have had to earn his sweet life in the sweat of his brow, and if Jesus would have trembled in a roaring steel factory, and if the other guy (blessed be His name) would have been on the dole, then WE would be in Paradise.
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Datura #1 | 10_2018 Michèle Caussat publié dans Traction-Brabant 16, février 2007 Wagons. Gare. Quais bleus et gris, avec quelques pulls rouges. Cris, au loin dans la ville. Bruits de pneus, klaxons lointains ; Pas précipités, sifflets. La longue chenille s’ébranle. Odeur de métal des rails, puissante et familière. Au-dedans, banquettes vertes, odeur de tabac. Vitres larges baies où traversent les regards, vers les rues de la banlieue, les passants, les voitures, et le canal sous l’ombre des platanes, et bientôt la campagne fleurie de tournesols. Et là, des rêveries quelque peu érotiques, des souvenirs d’adolescence, des hommes blonds aux bras tatoués, une trouble attirance vers eux, contenue ; Un panier d’osier contenant un beau chat tigré apeuré, que la propriétaire me laisse en garde, sous prétexte d’aller aux toilettes, juste au moment où passe le contrôleur. Explications. Tickets, trous. Une gare. La femme, le panier, le chat descendent, moi je reste tranquille sous les regards de biais. Un gosse me traite de « tatie », ses yeux bruns appuyés, le sucre de ses joues. Les mères un peu sales, des hommes cachés derrière leur grand journal déployé. Et dehors, c’est le vent, le grand soleil des routes. Peut-être un homme doux m’attend-il quelque part ? On traverse ces villages aux toits de tuiles roses, on va s’enfoncer dans l’horizon, au rythme des roues métalliques, des caténaires, et la torpeur de midi le long des vignes chantournées et précieuses, assaille les voyageurs. Miettes, sieste. Lorsque j’arriverai, la montagne me dédiera le rose clair de ses neiges glacées. Grenoble, comme une perle vivante, enchâssée dans un écrin de soleil et de gel. Car en bas c’est l’été, mais l’éternelle bleue étincelle aux sommets. Grenoble et son baiser, ses bras de tendre amant. Grenoble et mille absences claires, irisées comme l’arc-en-ciel de ses collines d’eau vive. Campus et pommes vertes. Et le pont sur l’Isère, enjambant nos vingt ans. Adieu, rêve bleu et blond, j’ai arrimé ma voile aux papillons, comme un chariot, ils me traînent et m’emportent, et la soie grise et lumineuse de ma robe de fée s’envole au cours des ans dans le brouillard des jours.
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Datura #1 | 10_2018 A Man in Euclidean Space by Erich von Neff from The Shadow of the Dog
A black cube Stands on its edge Balanced on a transparent plane A man standing on the plane Hold one of the cube’s edges The man shouts : « I can push it over." « I can push it over."
Camp #15748 by Erich von Neff from The Shadow of the Dog
Telephone poles, briefly interspersed Around and among fireplug people Who can be shut on and off And have deformed genitals Wires, askew and straight Lace them in A high voltage prison By God Dobermans patrol Outside signs posted: U.S. Government Property Camp #15748 Restricted Area You are being watched You are being observed
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Datura #1 | 10_2018 Extrait de Notre République de Léonel Houssam éditions Burn-Out, 2017 NOTRE RÉPUBLIQUE – 30ème jour après. La rue des Moires est fermée de chaque côté par des barricades de troncs d'arbres coupés dans le parc séculaire du centre de la ville. La pluie bat le bitume, des silhouettes de jeunes
hommes,
torse
nu,
en
pantalon
de
treillis,
casquettes
américaines et Kalachnikovs en bandoulière. Des filles en ombres chinoises qui attendent adossées aux murs de briques des maisons mitoyennes de style coron. Quelques vieillards avachis sur des chaises installées sur les deux trottoirs. Détritus, carcasses de voitures, haies de lauriers, d'arbustes, de roseaux ravagés par le manque d'eau, les balles perdues, les ponctions destinées au feu de bois pour la cuisson. On sent la poudre, le mauvais café, les ordures
pourrissant,
les
égouts...
Bertrand
tire
sur
sa
clope
après avoir pissé sur le pare-chocs de la carcasse carbonisée de l'Audi break. Il ne prête pas attention aux suppliques de cette jeune femme qu'il vient de baiser sans ménagement dans le couloir de la maison de l'ancienne maire.
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ANY POISONOUS PLANT OF THE GENUS DATURA. A PRINT AND ONLINE JOURNAL OF DEVIANT AND DEFIANT WORK. LE DATURA EST UNE PLANTE QUI RENFERME UN HALLUCINOGÈNE PUISSANT ET TRÈS TOXIQUE. UNE REVUE LITTÉRAIRE DÉVIANTE ET PROVOCATRICE IMPRIMÉE ET EN LIGNE. DATURA – A PRINT AND ONLINE JOURNAL OF DEVIANT AND DEFIANT WORK PUBLISHED RANDOMLY. ISSUE 1 – OCTOBER 2018 – ISSN : 2646-2257 – LEGAL SUBMISSION (TO BNF) : ON PUBLICATION – SPECIAL PRINTING – MASTHEAD : WALTER RUHLMANN 22 PASSAGE DES AMELLOUS – 11370 LEUCATE – FRANCE © DATURA & CONTRIBUTORS, OCTOBER 2018 ALL RIGHTS RESERVED CONTACT : https://daturaliteraryjournal.blogspot.com/ – mgversion2datura@gmail.com DATURA – REVUE DE LITTÉRATURE DEVIANTE ET PROVOCATRICE EN LIGNE ET IMPRIMEE A PARUTION ALEATOIRE – N°1 – octobre 2018 – ISSN : 2646-2257 – DÉPÔT LÉGAL : À PARUTION – IMPRIMERIE SPÉCIALE DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : WALTER RUHLMANN 22 PASSAGE DES AMELLOUS – 11370 LEUCATE – FRANCE © DATURA & LES AUTEURS, OCTOBRE 2018 ADRESSES : https://revuelitterairedatura.blogspot.com/ – mgversion2datura@gmail.com