Datura issue 4 July 2019

Page 1

Datura #4 | 07_2019 Bardeau – Barnes – Beck – Buckley – Docteur Burz – Grey – Houssam – Hurley – McKim – Moultrie – Olson –

Vincent – Wilkens


Aux éditions Urtica. Déjà parus Civilisé de Walter RUHLMANN Civilisé cherche à tâtons dans le noir, la moiteur, la profusion des corps, sa nature perdue et ce jusqu’à l’excès et la turpitude. Cathy GARCIA, La cause littéraire, 2017 8€ (plus frais de port) - 42 pages noir & blanc, couverture couleur – ISBN: 9780244324759 Necro manigances Dandois saisissantes de Necro Mongers et Pascal Dandois Cette poésie est loin d'être sombre, même quand elle n'est pas drôle. En tant que lecteur, j'ai l'impression que le gars qui l'écrit rigole tout le temps. Et du coup, cela m'amuse aussi. Patrice Maltaverne, Poésie chronique ta malle, 2018 textes de Necromongers, illustrations de Pascal Dandois 6€ (plus frais de port) - 26 pages noir & blanc Fandango by Walter Ruhlmann These poems lay themselves bare, rejecting the false comforts of easy and joyous connection. Steve F. Klepetar, from the foreword 8€ (plus shipping) -54 pages noir & blanc ISBN: 978-0-244-10516-7


Contents | Sommaire

Cover illustration | Illustration de couverture: Photograph of Eugen Sandow wearing leopard-skin trunks. Entitled "A New Sandow Pose (VIII)." Photo taken from Sandow's Magazine of Physical Culture. General Collections

Docteur Burz: editorial Jan Bardeau: extraits du Journal Gary Beck: The Audition Vincent: poèmes, illustration: Norman J. Olson Samuel Buckley: Beauty Finds Refuge Beth McKim: Step Right Up, Folks John Grey: Stalkers and Their Opposites JL Moutlrie: poems Christopher Barnes reviews Words Running for Cover by Richard Livermore Harry R. Wilkens: excerpts from Piss Talks Léonel Houssam: extrait de Notre République, photograph by Andrew Hurley


Datura #4 | 07_2019

EDITORIAL par le Docteur Burz Les Emmerdeurs, Vincent Lambert les a vus… publié le 8 juin 2019 dans https://ledocteurburz.wordpress.com/ La différence entre l’écologie et l’interdiction des trottinettes sur le trottoir ? Moi j’aurais dit la Vincent Lambérisation de la vie mais on va encore m’accuser de porter atteinte à la mort. Bon, en attendant le réveil de la morve, on apprend qu’une certaine quantité du dit « bio » serait néanmoins légèrement moins sain que prévu. En cause la pollution de la pluie, et j’oserais personnellement, une mauvaise répartition des zones déjà sinistrées par les sols. Je ne sais pas ce que les catholiques en pense, sachant qu’ils préfèrent empêcher l’IVG et permettre aux enfants bien vivants de crever dans la migration des océans. Et de toute façon, puisque Trump fait des cœurs avec la bite pour commémorer le 75ème anniversaire du débarquement, on imagine bien que les complotistes préfèrent rester antivax. On peut être un légume propre, choyé, surveillé, sans jamais être en capacité de pouvoir donner son avis sur la destination des bouches qui décideront pour nous. On imagine sincèrement que le sens de la vie n’est pas tellement différent entre la qualité de ce qu’on bouffe et la quantité de ce qui vit. Mais en fait si, ou plutôt non. L’idylle catholique à l’extrême c’est la vie avant tout. Les Emmerdeurs « Vincent Lambert les a vus. Pour lui tout a commencé par une nuit sombre, le long d’une chambre solitaire d’hôpital, alors qu’il cherchait un cathéter de fin de vie que jamais il ne trouva. Cela a commencé par un corps abandonné et par un homme devenu trop las pour continuer sa route. Cela a commencé par l’atterrissage d’une décision venue d’une autre galaxie. Maintenant, Vincent Lambert sait que les emmerdeurs sont là, qu’ils ont pris forme chrétienne et qu’il ne peut convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé… » Ce débat du bien fondé ou non de l’euthanasie c’est un peu comme celui d’accepter que son enfant soit gay ou pas. Dans les deux cas 2


Datura #4 | 07_2019

on se heurte à la bien-pensance de ceux qui estiment avoir réponse à tout : les respectueux croyants légitimés par le Dieu unique, et la foi inébranlable que la vérité est en leur foyer pur. Moi je préfère les légumes bio, mais bon, même de nos jours on peut encore douter du bien fondé de la graine qu’on fera pousser ou pas sans tuyau au glyphosate pour faire semblant. De toute façon le progrès nous fait chier. Soit il en veut à notre vie, soit à notre fric, soit à notre façon de penser. Il faudrait presque lui accorder notre pardon intergénérationnel pour l’augmentation de notre longévité. Allez dire aux 70 hôpitaux en grèves, argumentant l’idée que c’est uniquement pour ceux dont la vie est suffisamment importante au niveau financier, qu’il y a une justice sans croyance. Je ne sais pas ce que Vincent Lambert en pense, ni sa famille. Eux qui se déchirent entre le fond et la forme, il serait temps qu’un infirmier victime de 75h de garde fasse une gaffe irréversible. Agnès Buzin irait mandater une équipe de gendarmerie pour réquisitionner un professionnel en arrêt maladie saoul par mégarde volontaire, afin d’opérer un exorcisme d’état sur une personne en incapacité familiale de se prononcer sur son cas. Oui mesdames et messieurs, les urgentistes se mobilisent en buvant une fois rentrés chez eux pour ne pas avoir à être réquisitionnés. Je ne sais pas si c’est grave, mais c’est complètement inédit cet alcoolisme apolitique. Et pendant que Sir Lambert vit de façon insolente entre la mort et les frais des contribuables athées, l’amorce de la vie obligatoire qui sème un chaos écologique grandissant ne faiblit pas. Évidemment, cela ne vous aura pas échappé, rien n’est fait pour épargner l’abattage de toutes ces trottinettes innocentes. C’est un peu comme toutes nos stars Françaises, qui sont pour la majorité étrangères. Devrions-nous demander l’avis aux Lambert pour ce genre de questionnement ? Je ne sais pas si le RN pourrait avoir un impact franc sur le ballottement entre Alain Delon sur la croisette, Brigitte Bardot

3


Datura #4 | 07_2019

sur son refuge pour animaux ou Vincent Lambert contre sa famille, s’il pouvait avoir la parole. Je crois qu’on s’en fout en fait, parce qu’il paraît qu’on ne s’attaque pas aux symboles nationaux. Du moment qu’ils votent à droite ils sont des dieux, comme Vincent malgré lui. En ce jour du grand anniversaire du débarquement, Trump s’approprie la quasi libération des camps de la mort en lieu et place des Russes. Lui qui tente d’évangéliser la terre entière avec ses salamalec d’esbroufe nationaliste et son antipathie régulière à l’encontre des nations en générale. Il y a du Poutine progressiste en lui. De toute façon nos trottoirs sont envahis par des hordes de connards électriques qui vivent sans penser à la mort. Allez leur parler de Vincent et du bien fondé de la religion dans la décision… vous arriverez peut-être à les raisonner entre deux temps de charges anti-écologique. Amen (ta charge), Touti Quanti (l’euthanasie) et Tralala (l’écologie)…

4


Datura #4 | 07_2019

Extraits du Journal de Jan Bardeau, éditions Urtica, juin 2019 21 août 2018 Qu’importent le trouble de mon origine, l’incertitude quant à ma longévité ou l’assurance de ma fin, cette voix sans gorge, ce regard sans yeux, que je transmets comme mon apanage, porte la marque de mon unicité, un évènement que sa brièveté, précisément, et l’impossibilité de le réitérer, chargent de valeur. 22 août 2018 Tandis que mon échéance se rapproche, pourtant, la lassitude me saisit parfois, une envie de retraite, d’abandon, une mélancolie terrible à toiser ma contemplation que rien ne justifie. Le dialogue, alors, que j’entretiens avec moi-même, ne sonne plus que comme quelques échos qui tentent vainement de remplir le néant, et mes considérations en abyme, tandis que je me considère considérant ce que je considère, que comme un dédale dont jamais rien ne s’échappe. 25 août 2018 Durant ces phases, j’aimerais disparaître, enfin. Non pas nécessairement par l’effet d’une annihilation complète, mais en abandonnant le flux de mes préoccupations, en lâchant ces efforts ridicules, et souvent infertiles, à conserver un cap au milieu de la tempête des théories, des idéologies, des diverses assertions péremptoires et sans fondement, pour que la sclérose me cristallise. Beauté de l’idée figée, transfigurée en diamant aux reflets fascinants, dont l’éclat résiste à la souillure du réel, dont la dureté blesse et perce et tue tout ce qui ne relève pas d’elle, dont la froideur gèle et s’étend pour phagocyter l’univers des représentations, livrant pour tout des explications, et me délivrant, moi, du fardeau de ma liberté. 26 août 2018 Le fluide de l’esprit, toutefois, ne se maîtrise guère longtemps, il sape, il érode les doctrines à l’apparence la plus solide, les credos les plus vaniteux, il ronge progressivement les fondations des prisons de l’intellect, et de faille en brèche, son tumulte et son bouillonnement explosent les murailles qui se prétendaient éternelles, pour ensemencer encore de son doute ceux-là qui l’hébergent.

5


Datura #4 | 07_2019

The Audition by Gary Beck "Next," the stage manager called. I looked around to be sure it was my turn, and she repeated impatiently: "Next." I took a deep breath, put on my combat face, stood up and walked to center stage,

struggling

each

step

of

the

way

to

control

my

nervous

trembling. Only the work lights were on, so I could clearly see the people running the cattle call. There were five of them. Why did

they

need

five?

Could

this

be

one

of

those

democratic

collectives, where everyone argued instead of working? The stage manager handed what I assumed was my resume and head shot to who I assumed was the director. He briefly scanned it, then passed it onto the others. I

waited

until

the

last

person

was

finished

reading

and

comparing me to the picture, trying to appear cool and confident. The director had been looking me up and down, lingering a moment too long on my breasts, which I resented, even though I should have been used to the unwanted attention by now. "Sing," he said. I looked at him in surprise. "I was told that I only had to prepare a monologue," I said. He ignored my feeble protest and said: "Sing." "What kind of song would you like?" "Anything." I took a deep breath and sang the first two lines of 'Greensleeves'. I thought I was pretty clever,

6


Datura #4 | 07_2019

since

I

was

auditioning

for

a

Shakespeare

play

and

it

might

impress the inquisition panel. A lot of good it did. They stared at me blankly.

"Dance a beautiful dance," he ordered.

"I'm not a dancer.

I'm an actress." Once again he ignored my objection. "Dance a beautiful dance." I briefly considered telling him to shove it, but I hadn't done Shakespeare since college and I had learned that there were very few opportunities. So I did a beautiful dance. At least I thought so. It was some kind of cross between a waltz and a fox trot. It was the best I could do. There was no reaction from the inquisitors and I was beginning to get pissed off.

If they

wanted a prima ballerina they should have said so in the actor's call in the trade papers. Part of me wanted to walk out without saying a word, but another part wanted to do the show. Besides, I didn't want to give the assholes the satisfaction of watching me slink off, tail in the traditional place, another defeated actor. By now I knew that something unexpected would be next on the menu, so I smiled pleasantly at the inquisitors. I got a quick rush of pleasure when some of them looked surprised. After all, it was

obvious

auditioners.

by

now

They

that

they

probably

were

assumed

trying by

to

this

freak time

out that

the the

auditioners would be agitated and in the process of losing their stage

persona.

I

had

no

idea

why

they

devised

this

torture

session. It was different from any audition process I had been 7


Datura #4 | 07_2019

through. Maybe they had already cast the show and were getting their rocks off by torturing some needy actors. Stranger things happened in theater. Whatever. I was here and I certainly wasn't going to break down for their viewing pleasure. The director gestured to the stage manager, who handed me a sheet of paper. It was in French. The director said: "Read." I knew what he would say if I told him I couldn't read French, so I read.

Maybe

Charles

Baudelaire

would

have

objected

strenuously

about my pronunciation, if he was there, but I was beginning to enjoy myself. "That's enough," the director said, staring at me expectantly. I guess he was waiting for me to ask how I did. I just

stood

there

silently.

He

looked

me

up

and

down,

again

lingering too long on my breasts. "We'll call you." I just nodded and left. I knew they would call. I had seen that lecherous look before. Now it would be up to me to decide whether or not to do the show. Part of me was hungry for Shakespeare, but these were weird people. I wasn't sure if I was up for any more bullshit in my life. Then I laughed. I didn't have to worry about it until I got the call.

8


Datura #4 | 07_2019

Poèmes de Vincent Déjà, l'anormalité j'ai connu des gens qui dans leur couple, étaient plus seuls que moi c'est maintenant, vendredi après midi et je me dis ça pour me rassurer je suis pris dans une crise d'angoisse j'ai froid, je tremble illustration du perdant l'équilibre est précaire et je ressens mon manque de futur j'ai une maison, un chien et une demande d'emploi en cours d'examen dans la fonction publique et je me demande combien de temps cela va durer qu'elle foutu seau de merde Dieu ou le Diable va me verser sur la gueule pour égayer sa journée, je me méfie mème du soleil j'ai fini par désirer être tout ce que je détestais un type qui rentre chez lui tous les soirs et j'ai fini par être tout ce que je craignais un type qui rentre chez lui tous les soirs alors qu'il vit seul A 16 ans et demi, j'étais assis dans un peep-show à Pigalle et un gars baisait sur mes genoux la plus belle fille que j'avais jamais vu. Cinq minutes plus tôt Elle m'avait appris comment ôter un porte jarretelle, le sien et là -elle était payée pour ça- elle prenait 26 centimètres dans la chatte et simulait le plaisir bien que j'ai pris ça pour un vrai orgasme, à l'époque je manquais cruellement d'expérience en terme de sexe et de simulation féminine avec l'insolence de la jeunesse je me disais que la vraie vie n'était pas sur les bancs d'école mais ailleurs dans des endroits sombres qui puaient le sexe et la concupiscence j'occultais la détresse humaine, j'ignorais encore que toute l'existence 9


Datura #4 | 07_2019

il faut donner son cul et son âme pour garder sa place sur l'échelle sociale pour ne pas tomber plus bas pour grappiller un barreau ou deux vers le haut, 10 euros de plus par mois, un coefficient retraite supérieur je le de un

vis dans un monde où droit merveilleux décharger des camions 7 heures pas jour est une chance, preuve d'intégration à son proche environnement

appelle-moi écris moi griffe moi dis moi que tu mouilles et que tu rêves de ma queue dans ta bouche ou que je suis un fils de pute sexiste et peu importe si c'est la première fois qu'on se parle mais pardonne moi, je ne te dirais pas de mots d'amour je ne sais plus embrasser ni murmurer de choses délicates des fois, j'ouvre mes veines juste pour lécher mon sang et la plupart du temps, je vis les tripes à l'air encore, je repense à cette fille dans ce peep-show Stan la baisait - il était payé pour ça- et je crois qu'elle s'appelait Jenifer et son cul était le plus divin cul de la terre entière, il est imprimé en moi à jamais et je me demande si aujourd'hui, elle a réussit à oublier toutes ces mains perverses qui ont ôté ses bas, soutien-gorges et porte-jarretelles, tous ses faux cris et ces coups de bites ramassés pour payer le loyer, la nourriture, les sacs à mains pour sortir de la rue et fuir au bord d'une mer ou d'un océan pendant quelques jours avant de revenir subir son esclavage moderne on doit tous tenir, c'est l'instinct de survie et les marchés financiers qui gèrent la planète et chaque frappe encaissée est une fissure dans le mur et les fissures deviennent des lézardes et les murs finissent par s'écrouler et la rivière obscure se fraye un chemin sur les décombres de soi putain j'ai beau savoir toute la misère et toutes les traîtrises je repartirais bien là bas en 1987 yeux gris verts, 10


Datura #4 | 07_2019

assis sur un fauteuil en velours cheveux longs et bite d'acier effrayé dans le calbut à rougir et perdre mes moyens devant un porte-jarretelle noir porté par un cul magnifique adolescent trop timide jeté dans le trou de balle d'un monde immense, laid et dangereux mais déjà, en moi, la certitude que je tenterais ma chance quel que soit le prix que je paye aujourd'hui

New drawing 11-9-10 ink 4 x 6inches India ink by Norman J. Olson

11


Datura #4 | 07_2019

pourquoi planter des fleurs dans son jardin si on se fait enterrer ailleurs ? de Vincent pris par la nécessité de jeter l'encre je me dis qu'il vaudrait mieux que je me concentre sur des activités moins dangereuses comme baiser avec une cinglée psychopathe plutôt qu'avec une feuille de papier blanc tout ce qui brûle finit en cendres me dis-je, mon tour viendra trop tôt et le vent me dispersera en moi s'ébattent d'immortelles salopes accouplées à une connaissance trop vive de l'alcoolisme et du suicide parfois je suis usé d'être le plus dingue, le plus effrayant mais c'est juste parce que je ne possède pas assez de fric pour me permettre d'être excentrique et auto-destructeur quelque chose cloche en dedans quelque chose de malsain a pris le contrôle depuis que j'arrête de boire ou presque tu n'imagines pas combien j'ai envie de me défoncer c'est la peur de mourir qui nous fait stopper l'alcool c'est le vide intérieur qui nous conduit au premier verre de trop les vrais poètes finissent bouffés par les vers mais je pourrais aussi être le morceau de toi qui manque l'éclat de lumière qui boucherait le trou dans ton regard L'homme a inventé Dieu parce qu'il sait que ses actes méritent un jugement si tu décides de boxer fais le pour le titre et souviens toi que la sécurité est une notion illusoire courir dans la lumière peut paraître vertueux mais personne n'est dupe, 12


Datura #4 | 07_2019

il y a toujours un moment où il faut donner son cul Quelque chose qui n'est toujours pas de l'amour 3 ou 4 heures de sommeil plus tard 1m77 de chair brûlante se colle à moi commence à me toucher la queue me parle, et je note qu'elle râle beaucoup - Le matin, pour que je ne râle pas, il me faut un café ou une bite dans la bouche ça tombe bien ma cafetière est cassée depuis plus d'un an... Puis, Je prends un couteau pour ouvrir l'emballage d'un produit qui fait bander plus dur j'ai envie de me shooter pour bien la défoncer ce sont des choses qui se font pour donner aux femmes quelques choses qu'elles réclament - qu'est-ce que tu fous avec un cran d'arrêt sur ta table de nuit putain ? - laisse je dis, c'est juste que j'aime ça, les couteaux (couteaux et femmes possèdent une aptitude innée à percer les cœurs) c'est jeudi matin, la plupart d'entre nous meurent doucement dans l'esclavage quotidien hier soir, concert d'Avatar, elle mouillait pour le chanteur du groupe, moi pendant ce temps, j'étais comme un clébard, à fond sur la fille aux cheveux rouges - qu'est ce que tu es belle je disais et ses putains de yeux trop verts riaient de leur pouvoir et 1m77 de chair brûlante gémis quand je la caresse et 1m77 de chair brûlante crie quand je la prends nos peaux se collent et nos souffles s'amenuisent Ensuite, on se lève on se lave je vais chercher la voiture quelque part dans la rue et on part au restaurant et on mange bien et elle dit - je pourrais peut-être venir en mars 13


Datura #4 | 07_2019

et je ne suis toujours pas épuisé de vivre Les princesses putes et les épouses pâles Je suis tombé sur la vidéo de ton casting porno Tu avais encore de vrais seins Et tout ça m’a ramené deux décennies en arrière Et tout m’est revenu, Budapest Le goût de ta chatte et ton attrait pour la violence Ce rire de psychopathe que tu dégainais à chaque phrase ou presque Tes non qui étaient autant de oui tes yeux verts avec à l’intérieur, cette folie pure qui vivait là comme dans un palais tu savais ce que tu voulais de la vie et comment l’obtenir tu restes une des plus cinglées et tu jouissais vite. Je voyais bien que t’aimais sucer des bites et tu m’avais réclamé de la douceur (au début) et là, le réalisateur te demande si cela pourrait t’exciter de te faire pisser dessus et toi, « ça dépend du garçon, n’oublie jamais… ça dépend du garçon » j’ai croisé tant de gens en larmes parce qu’ils pensent qu’aimer suffit alors que ça ne suffit jamais tout dépend de ce que tu es capable de provoquer et de ce que tu décides de provoquer et toi tu le savais et tu me l’as appris et c’est à cause de toi et de quelques autres dans ton style toutes ces fois sauf une où j’ai refusé un de ces avenirs ternes à deux parce que je n’aimais pas assez, parce que je ne pouvais me résoudre à un rassurant équilibre quotidien et que j’ai préféré la morsure glacée de la solitude plutôt qu’une morne et classique histoire d’amour reprenant tous les poncifs du genre vie à deux avec 2,1 enfants dans un pavillon de banlieue en échange de 35 ans de crédits un amant facteur pour elle, une maîtresse secrétaire pour moi, les courses du vendredi en Peugeot 14


Datura #4 | 07_2019

la baise du samedi soir rapide et silencieuse pour ne pas réveiller les gosses le parfait et détestable cliché du rêve américain à Champigny/Marne et 20 ans plus tard, quand je parle avec cette blonde qui m’avoue adorer les claques dans la gueule mais part baiser avec un autre à qui elle n’osera pas le dire c’est encore toi et ta jolie petite face de salope merveilleuse qui me disent de la lui laisser sans aucun regret et me rappellent comment je les aime à la fois putes vicieuses et princesses classieuses celles qu’il faut aimer à la folie sans oublier de les baiser à mort quitte à en crever noyé dans son propre sang parce qu’elles sont du danger et un putain d’incendie sur pattes qui ne s’éteint jamais parce-que, merde, il arrive toujours un moment où les épouses ne veulent plus que leur mari jouissent sur leur visage

15


Datura #4 | 07_2019

il faut séparer le bon grain de l'ivresse de Vincent ange éphémère hier ou pas loin, il faut séparer le bon grain de l'ivresse j'étais encore soul et j'effrayais les enfants devenus grands et aujourd'hui l'armure se fissure et laisse passer le froid glacé de la mort lente et il n'y a nul pardon pour celui qui ne se repent pas et les serpents sont colériques et affamés je ne t'aime pas peut-être parce que personne ne m'aime personne ne danse avec moi personne ne danse avec moi les carreaux sont sales et masquent nos peurs qui trépignent devant la porte vieillir, c'est ne plus oser affronter l'unique vérité, celle qui clame à raison que nous sommes seuls du début à la fin je suis noyé dans l'angoisse si réelle aime-moi je crie aime-moi je crie quelque chose va venir et il me prendront tout et je devrais vendre chèrement ma peau, le desperado d'un jour mourra le colt à la main et je voudrais écrire encore je ne peux arrêter d'écrire l'hypertrophie des prostates, les seins qui tombent l'alcool, les dépressions n'éloignent jamais des mots les âmes déchirées, écrire c'est hurler en silence sans déranger les voisins je rêve de longs cheveux et de mots doux je rêves de caresses sur une peau de pêche mais je suis maladroit dans le discours de séduction ma pudeur m'enjoint de taire les plaies mais je me demande combien d'entre elles se seraient mises nues si elles avaient lu mes maux je t'offre un rire mais tu es si sérieuse, la folie effraie je peux comprendre, je suis devenu dingue pour que personne n'approche trappeur blessé par son propre piège j'avance masqué par les brumes de l'errance je voudrais tant m'apaiser, marcher dans la rue et espérer le retour du soleil plutôt que de craindre la lumière

16


Datura #4 | 07_2019

Beauty Finds Refuge by Samuel Buckley He leans into the wind, lights a gasper in the lee of his body. Holds it in one hand, exchanges the lighter for his phone in the other. Nothing but news: men squaring off in the South China Sea. All the world holding its breath except him: he draws deep and long. Holds the cig in his mouth and pokes in a painkiller with the other and swallows without water. And thinks, I’ve nothing left to fear. He has a purpose. He’s in her city, now, her domain, and she’ll be here. Emilia will be here.

Glass towers with a huddle

of neo-Grecian edifices about their bases. She’ll be here, Emilia. And he’s better this time, grown up, mature, salaried, and he isn’t scared by any bunk on TV. A train’s motor spools up on the bridge, rising to a scream, and he falls five years into the past, when he slung a backpack over one shoulder, and fled her. * Napoli. Fag-ends crushed between the tracks, heaped under cracked platforms. The groan of luridly spray-painted trains. Six o’clock. Lamps glow in the gathering dark. The brushing past of huddled flats, huddled streets, stations muralled with guerrilla slogans. Broken LED displays advise bogus destinations. A busking band rest, straddled across the aisle. Huts piled at the trackside; sun-haze on the sea and outcroppings on mountainislands. Eight o’clock. The smell of pizzas wafts through cobbled streets. Pancetta and spinach on cheese. Tea from the portable kettle in a little plastic cup. The train slips past, lit and empty, automatic. Ten o’clock. 17


Datura #4 | 07_2019

Naples glitters out in the gloom, across the bay. He slumps, thinking. Nothing-days are left behind; time is just a series of numbers on the departure boards. Perhaps there would be time again when he returned, or time after flitting from place to place, time to meet and greet again, to rekindle conversations, after all that talk of meeting, all those plans to spend time, all those apologies for postponements. There would be time, they promised. And, haunting waking and almost-sleeping dreams, lingering around lecture halls, halfglancing in passing, she still gleamed. Noon—sun on the lemon grove, hanging fruit in groaning trees. Green and yellow glow from shade to shade. Early morning—shade in the streets, narrow, snaking between lamps that hang like fruit branches. Then to the beach, where cats curl around fishing boats and lobster pots. Nursing a cappuccino as the sea laps the stone flanks of the harbour, he thinks: is it always going to be like this? He remembers when they once regaled one another in a chain coffee bar. ‘Free all day,’ Emilia said, perched upon a little chair, brushing back her hair, nursing a coffee and an éclair, perchance to smile, perchance to laugh. How they spoke!—of plans and japes, of scrapes with dodgy characters, even of love. The particulars blend, blue-remembered, hazed like Vesuvius across the shining bay, and just as full of apocalyptic promise. Yes, there would be time—and she would say and say this again. He would send out texts and wait, glancing, starting at vibrations that turned out to be texts from the network. He would wait for days for replies. Nothing. Yes, there would be time. Excuses but no apologies. Perhaps there would be another time—

18


Datura #4 | 07_2019

Enough! That would be it. The parting was as friendly as could be. Bye, next time. See you. Have a good weekend. Goodbye, goodbye, goodbye. He would grumble back on the bus, he would grumble back the train. He would swear in clubs at randomers, make a scene, be chucked out to hunt down a kebab. The end. Yet still he’d see Emilia, around, her perhaps trying not to see him, and he definitely trying not to see her. He’d see her glimmering on cloud tops, sitting at tables in coffee-shops; he’d see them in some imagined past or future, linking arms, pointing out curios, pressing close. He would make her laugh, she’d make him laugh, and they’d be each other’s protectors. No. Forget, forget, forget. Else why run a thousand miles to a city under a volcano? Paint me out on a gleaming fresco, he says. Frieze me, midmotion, on a Grecian urn. Digitize me. Remove my grey, goggling head and pop it in a cryogenic chamber under a mountain. Will I still be like this after all that, obsessed, long after she has gone? Vesuvius sits clearer as the haze burns off. Naples is spread around its base. He smiles, chews his pasta, takes an espresso with sugar. Yes, he thinks. Yes, he’ll always be like this. And part of him is almost glad. * Before Italy, he is working, and so long as he works, Emilia does on work her way into his head. An uneasy peace. It is morning. The shirts in three shades of blue are hung on the door and the almost-new jeans are sprawled on the floor. It is light already—only late August, before the summer has really had a chance to break away.

19


Datura #4 | 07_2019

Yesterday—or the day before—the working day drew to a close at one, not five. Simply nothing left to do—no companies left to cold call and shake down for contacts, no office duties left to perform. Time only to fill in the timesheet; brief chat in a separate office, the shaking of hands, then departure. Sunny day; he thought of her on the way home. Six-thirty. The morning drags its heels. Dew and rain gathers in crannies, leaves lie in tide-lines. Riots in London last night, and in other places. Halfway down one street, shaded by trees, a single streetlamp still burns, flickering orange. The lurid images of burning London adorning newspapers—it’s that shade of orange, but it doesn’t mean fire, not to him: it’s like the shock of hearing her name, even the echo of her name, even the buzz of his mobile phone when it might be her number. With another flicker he’s sitting at another table in late spring, her opposite. Talking for an hour. Deep dark eyes linger momentarily on his. ‘Deep green, like mine.’ ‘Mum’s eyes. Mum and dad fell in love as teenagers.’ A smile. He musters words. She brushes back her hair. ‘So romantic,’ she says. He nods. Smiles back. He fiddles with his hair and plays with an empty coffee cup. It is slightly too cold to sit outside. He avoids awkward questions, minds his business. Nothing jars. The meeting is adjourned. ‘So,’ she says, oblivious—is she oblivious? Or is he missing some cue? ‘Maybe I’ll see you soon, Max.’ The streetlamp flickers again. *

20


Datura #4 | 07_2019

After Italy he runs to the wilderness, but her dominion is unending. At first it is an alarm, as you’d would hear in any suburban street from over the rooftops—but there are no other rooftops here. It is the sound of birds, crying en masse, unseen in the night. The night is all-surrounding—an almost pure, unpolluted black, with the haze of a nearly full moon behind a gauze of cloud the only source of light. The house where he stays is a solitary one, a lord’s seat which has watched six or seven centuries pass— the Wars of the Roses, the defeat of the Armada, colonisation, more war, electricity, prosperity, and recession. Time’s currency here is the changing path of the river, the wearing of rock, the coming and going of whatever sharp-branched foliage clings to the wind-blown hillside. Here, meditating, works of Shakespeare open in his lap, trying to rhapsodise his longing, he paints himself out in a sweet scene, a gleaming fresco— Straight off the train—a stop too late—the cold hits him, and also the greenery: the town sits in a sea of green that rises into hills and mountains in great curves. It’s cold enough to see his breath in the air. The railway is a grey cut in the land. A viaduct passes over a great valley; a little way away a factory— the town’s main employer, he surmises—belches great pale clouds into the otherwise perfect scene. Someone calls his name, and his heart stops. It can’t be her— but of course it is. He calls out her name in reply, his voice quavering into a question. Yes: long brown hair. That smile. The blue-white coat. Lovely eyes. Of course it is. ‘Oh my God!’ she says. ‘Max, is that you?’ He weighs nothing.

21


Datura #4 | 07_2019

‘It really is you, Max. We have to stop running into each other like this.’ ‘I know,’ he says, and truly he does. No effort of his; he is not this kind of person. But still they both seem to always turn up, each the other’s bad penny. Strange. Every meeting ends the same way. They linger for a few moments, then come the halting valedictions. That’s it. Experience over. The wind comes down across the valleys with a deep, low sound. The river roars down below, white and brown. Or perhaps she turns round, leans forward, curls a hand around his neck and kisses him on the lips. She stands back and looks back, nervous, then she sees his stunned smile and smiles back, radiant. ‘I love you,’ he says. Then he stares at the polished steel of rails, dusted by litter; he has been lost in thought for goodness-knows how long, alone on this distant spur of the Cymru line. * No, not run away. That was a mistake. An act of pride and defiance. The answer lies instead in shame and surrender. He has learnt that, now, and perhaps it isn’t too late. So he runs to her, to the city. He’s on the embankment, Pall Mall dangling over the river, phone tucked behind the railing, and he sees the news of missile tests and defence systems and wonders if this just how everyone felt when his parents grew up, met, fell in love. With the Doomsday Clock saying Midnight, and everyone feeling this same mix of horror and devil-may-care mania. He wonders if they all thought like he does now: ‘well, why not, if bombs can fall, then perhaps strange events that have no business happening can present themselves to you, and you can run into someone you last saw five six seven years ago, and instantly fall in love again, and you can

22


Datura #4 | 07_2019

say to North Korea “hold off for just two more weeks because we’re in love.”’ Would he instead sit in his room, as he did in his youth, thinking about her, thinking should I shouldn’t I, and thinking I will look back at the end of my days and think I have wasted every chance I have ever got, wasted my whole life, because I lived as if there was nothing outside, nothing coming, nothing doing, nothing happening, no news, no updates, no texts, no talking. * He’s left with nothing but the urge to wander. Hoping that the world will one day send him into her orbit again, or at least that his heart will cease to torture him. He goes back to the country, leaving the city behind. Another day, another train. His lot, now as before, now as always. Slipping east, the train comes to a lull in the land between a motorway and a chain of trees. And for one moment he thinks not of love or failure but of the light barely filtering through the fog and the spindly lamps and signs and skeleton pylons with bowed wires, all of these things proud and aloof against smallness of it all, the temporariness, strident toothpick frame arms that would evaporate as the world closed up around him, four walls pushing against him, and all of the good intentions and emergency plans and apologies and dreams ceasing to mean a thing, a damn thing. Then it passes, this feeling, and the signal changes; the fast line’s freed up, and train shoots away. Five o’clock.

23


Datura #4 | 07_2019

Step Right Up, Folks by Beth McKim The Great American Circus is still in town, filled with every amazing spectacle you can imagine. Prepare to laugh uproariously, cry your hearts out, scream with fear, hang on to your friends for comfort, close your eyes in disgust, wait expectantly for a time of relief and delight. This circus has something for everyone. families and don’t miss out on the fun.

Gather up your

This Big Top is also called the Fun House. The White House. Flag- spinning banners fly all around screaming in red and white, Lock Her Up and Make America Great Again. Excitement abounds. In the three rings, you will find great speciality acts. One is a joyless juggler named Kellyanne who has to keep her boisterous husband, her boss, her job, and four children in the air all at once. Tightrope walkers named Don Jr. and Eric realize they may fall without a net at any time. Javanka, a striking husband and wife flying trapeze artist team show off magnificent costumes and expressionless faces. A creepy distorted-mirror contortionist named Rudy twists his face and body along with his words. Avenatti, the knife thrower, became too radical for even his fans. Nancy the Fearless, uses her bullwhip to keep other performers in line, and knows how to smile at the same time. People love the Vanishing Act, and have witnessed folks like Manafort, Cohen, Sessions, and Nielsen disappear from the circus in a flash.

24


Datura #4 | 07_2019

The sword swallower, Billy Barr, manages to reduce his act to be super short, delighting half the audience and disgusting the other half who want the full show they were promised. ***** The animal acts are simply amazing. Ivanka, one of the trapeze artists, doubles as a lion tamer. Her efforts usually fall short, but the crowd still loves to watch. There was a Snake Charmer named Stormy, also a porn star. She left the circus after realizing the snake was not worthy of her character and class. A barking, balancing seal named Sarah, loves to play with facts to large crowds and simply makes up her act as she goes along. ***** And save your time and money for the stupendous sideshows. A funny man named Lindsay Graham possesses two faces, front to back, stunning the onlookers. There is a man-child named Pence, who calls his wife, Mother. Sometimes he sits still and pretends to be a potted plant. You can see actual children in cages crying for help. Their sobs sadden some of the audience. Others stroll by without noticing. ***** In this circus, the strangest of all performers are the clowns. They wear large, pointed hats and white robes, faces covered, showing only cold, dead eyes. They scare the children when they yell out Bible verses and obscenities about black people. The amusement park rides are a welcome relief after the sideshows. The roller coaster is filled with the news teams that

25


Datura #4 | 07_2019

report on the circus. They cover all the highs and lows at breakneck speed. The merry-go-round has been nicknamed by Obama as the circular firing squad and is used by the Democrats trying to destroy their own. And let’s not forget our carnival Barker-in-Chief, the Ringleader responsible for the circus. Revered by many for his bullying buffoonery, his sterling showmanship. And despised by others for his ruthless acts of cruelty. A special bonus! During breaks, to receive even more attention, he doubles in the sideshows as the “man with the world’s tiniest hands.” Step right up, folks. You be the judges. Witness the most shifty circus of all time. See, at your own risk, our nation in peril.

26


Datura #4 | 07_2019

Stalkers and Their Opposites by John Grey He didn't stalk criminals stalked he was a lover and watched.

would have recoiled in horror at the word Lovers merely stayed back in the crowd

Stalkersarethievescasingajoint. He was an She just wasn't aware she was posing for him.

artist.

Stalkersarekidnappers. He merely wanted her Andtheyarekillersonthelookout forthenextunwittingbody.

to come quietly.

Besides stalkers didn't finally work up the courage to say a word or two to her. They already had the courage. They abused it that's all. She'd call the cops disdainfully at him

on a stalker. She merely looked turned the other way.

Forget the cops you turn in a lover to a lover There was nothing for it but to drag himself away.

27


Datura #4 | 07_2019

Still life by JL Moultrie Mind is an unbroken line of flame as darkness persists like the dear will of nature we’ll fend for ourselves like saplings enveloped by further depths finding time to be human is an impossible task for the lonesome our words are as malleable as clay we give them up devoid of thoughts of the future under my skin are heavy bones and trampled embankments no longer fit for travel

Millennial Crucible by JL Moultrie Somewhere in the cavernous azure is the heretic sun like a splotch of yellow paint we protrude from our frames unable to cross the chasm between thought and action a nxiety laced words continue to be the fruit of our efforts our lot is one of blinds which never open falling asleep in masks has left striations across our faces all I can bargain with are cigarette butts and cheap labor The year I spent under water by JL Moultrie I found nothing hard but the crux of those emotions that result in the total withdrawal of light see I was like a plant in a pot my roots grew into knots the circumvented majesty of being human has led to a conflict beyond the reach of mere scripture all of my sinew snaps revealing irrevocable harm 28


Datura #4 | 07_2019

“THE ENIGMATIC OR THE PRE-LOGICAL” – Eugene Jolas, Notes on Reality Christopher Barnes reviews “Words Running for Cover” by Richard Livermore, Ragamuffin Press, 6/1 Jamaica Mews, Edinburgh EH3 6HN, Scotland, UK. £5.99. As Livermore’s title suggests, these poems are concerned with language that escapes literal meaning. The pamphlet begins with an essay on how Dada and Surrealism opened up poetical practices. The essay is well researched and a good read but explanation seems unnecessary. There is a long history of Dada, Surrealism and nonsense poetry in English. Readers no longer react to deliberate artistic confusion with exasperation; the imagination has its rightful place in poetry, a genre uniquely suited to its expression. In this vein, the short, playful poems mix ideas with associations and images. Thought processes override each other and trip each other up. In the poem, “The Story Unfolds”, for instance, we have: “And sleep is a land where the lemon Loafs around the moon”. “Lemon” and “Loafs” take us into a culinary associative direction unexpectedly. The tone of these poems suggests an affirmation of life. They were written in recovery from cancer. But every now and again we are reminded that pathos exists, hiding in the shadows of brightly lit dreamscapes: “Only the leopard is happy tonight, Only the renegade frog”, but we could all be the leopard or the frog, even fleetingly, blessed amongst the unhappy. “Leopards used to be Frogs as a child”, from the poem, “The Renegade Frog”, doesn’t dispense with meaning. The plural can become singular, and not only in the imagination. Line endings and verse structures control the pace of information we are given and are used to flip directions. The juxtaposition of these two lines creates an interesting stumble, a challenge to the reader to wake up see beyond convention. In the same poem, a dream changes history, narrative and the Self: “Then Sleeping Beauty Stuck out her tongue Slipped it into one Of their mouths and turned Him into a Prince”. The stories we were told as children are misremembered in a way which hints at doubt about the trustworthiness of our thoughts; the very things which give us individual consciousness. The Self 29


Datura #4 | 07_2019

is unstable. This poem and others have autobiographical content, often but not exclusively from the perspective of childhood: “My second birthday Was due; my legal Guardian had baked Me a cake and I was the sixpence inside”, suggests that children are related to commerce, existing within a capitalist market in which even humans are commodities. The value of the power relationship is fluid, at different points the child is given to, at others the child is the gift. Facts can’t be verified though they can be thought about and therefore imagined. From “Stimulus & Response”, we have: “What if the way it wasn’t It was”. Knowingness underpins the question. We can imagine anything we like, but is it all mere fancy? Surrealism would insist that every whim had deep significance but that is not the case in these poems. Sometimes we have ambiguities which make the past seem to lean on the present: “What If… War were to happen And the dog went awol Just as it started to rain?” This has the feeling of childhood which could make the war not the next one but one already experienced. It therefore might stand for the past and future war as universal. Made-up nursery rhyme-style lines and doggerel give some of these poems an occasional sing-song quality. Though it can be thought to undermine the tone into flippancy this actually highly appropriate for the consciousness of a child in poems which have a child’s mind view. For instance in “As I See It”: “The world is made of many things A) Itchy noses, paper wings –“ Absurdism creates joy; words are used to fill voids, not merely to tell something. “But do I have the right to make The monkey mourn or crow to caw”, from the same poem suggests a lack of confidence in the process. The issue of doubt in Self, in style and in language permeates the collection. “Or is it better just to wait Until the craft has come to grief”, is an interesting use of ambiguity. “Craft” can mean poetics, something which is seaworthy or even the poem’s magic. As in postmodernism the poem can have self-regard and include its own critique. 30


Datura #4 | 07_2019

The reader has choices to consider when parts of poems could be one thing, or something else altogether. “He has made it To dehydration at last And will never again Be born in the flow”, from “Que Lastima”, could be literal or even an allegory but of what is for us to decide. In the diverse impulses of these poems, the straight-forward is often in reality a side squint: “Those in the cave looked up At the sky and came To another conclusion”. Complex abstract ideas structure parts of some poems. In “Bugger It All Ways”, the threat of death that “Takes what it takes And really is all of a piece”, moves on to: “The gestation of the idea”. There is no finality, rebirth is the natural cycle. This theme is repeated in other poems which reduce the power of death or potential death to parts of a journey. This is something to go through while coming out the other end, changed but alive to new sensations. “It would enter the lists” implies measurement and sorting - a coming to terms with an experience that will eventually be put in its place. Again the poem is self-aware; the writing is part of that process. Objects are given behaviours and motives. In the poem “The View From The Box”, we begin with: “But know that was no way to act For an army of knives in the dark”. On one level this is the kind of paranoid image conventional to Surrealism, on another it rings true. We have all been perplexed at finding objects in places they shouldn’t be. When brought into usefulness, they do not always behave as anticipated. In the same poem the question returns; what can be trusted as real and what cannot? As in Schrodinger’s work, we are encouraged to mistrust what can only be suspected. In the box: “Furtive and under cover of night The feline looked frightened of fall-out”, subtly gives a sense that both the knives and the cat may be acting upon us, playing tricks perhaps, or moving our emotions. An unseen magician might be controlling what we perceive. The tricksy box changes its nature. By the end it is no longer a mere sanctuary for the cat. “Before the lid would be lifted” hints at the cat being trapped, - the box becomes a coffin to open. This poem is particularly evocative. Light and dark imagery change significance when noticed in a capersome mood or a paranoid one. Not being in the here and now is well expressed in “Be That As It May”. That the imagination can be somewhere else while the real is occurring opens the poem: 31


Datura #4 | 07_2019

“What if we sang The descant in chorus And were not where we were But dancing with geckos”. Could both situations be real and at the same time in different spaces? Awareness, untrusted and transitory, is exciting and this it seems is the nature of life, of fully being alive. Images in these poems don’t hold the depths of emotions in themselves things keep moving. It is the relationship between the eye and the brain that forms the ideas, not just the value instilled in an object’s associations and connotations. In the poem “If…” concealing then showing oneself is dramatized. “Shall we enter the fissure again” could be about appearing to be lost; popping out from the hidden dark space. This dark space may represent depression or death. “Shall we” is a clear choice, we are not mere pawns of fate. This is a: “Night where even The dodo has yet to be born Or conjured into extinction”. This eternal night is no night at all. An archetypal idea of night that is probably far from what it seems. Yet it haunts. A beginning is an end, and the converse is true. Time does not allow anything to settle long enough for us to become comfortable with it. What I enjoy most about this collection is the affirmation of freedom. Thought processes are allowed to go where they will and in a form that is not at all messy. The poems are well-crafted and honed to say just what is necessary. There is an energy that is maintained throughout, making the pamphlet whole. The reader is actively encouraged to bring their imagination into the poems.

32


Datura #4 | 07_2019

Piss Talks (excerpts) by Harry R. Wilkens from http://www.ustinovforum.com/articles/piss-talks Piss Peace process Peace talks Peacekeepers Peace on Earth – Piss on you! Politically Incorrect Joy overwhelmed us when that evening the newsboy passed by our table at the Geneva café shouting the headline: “Kennedy assassiné à Dallas!”. Three years later, freezing as a newsboy on Vienna’s Kennedy-Bridge, the remembrance of this joy helped me to keep warm. Restore Hope It is a man’s job to carry white rice bags for the hungry black man and delicious black girls for the horny white man dressed in a fashionable multi-pocket khaki suit driving an all-wheel car to golf greens and beaches or stiff white pricks into firm black asses before getting relaxed in luxury hotels where female staff provides the rest of the warrior. The Land of Promise Slim brown people, clinging to airplanes and ships like peanut butter on a sandwich or maggots on a corpse, bound for God’s own country, the homeland of Freedom & Democracy, melting-pot of the fat black & white junk-food eaters, drug-addicts and serial killers, with white teeth, healthy thoughts and good sex. Jessica Lynch1 After a whole-body-wash Of Jessica Lynch, and having scrutinized Her pussy & asshole, Iraqi doctors found no Trace of rape, Even if she had Phantasized about rape By moustached Arabs

1 A War Heroine 33


Datura #4 | 07_2019

Léonel Houssam Notre République (extrait), éditions Burn Out Un effet stroboscope qui lui rappelle ses nuits hardcore. 39Ème jour Dans les lunettes à vision nocturne volées à l'ennemi deux jours plus tôt, il fixe ce soldat posté derrière le check-point. Son visage blanc-vert, ses yeux comme des billes de lumière,... Il place son front au centre du viseur. Le tir est sec, sexe acier explosant

la

boîte

crânienne,

la

tête

fléchissant

en

arrière

jusqu'à disparaître derrière les sacs de sable. En première ligne, on ne choisit pas son adversaire. Bertrand fait une sorte de prière: "Qu'il repose en paix quelque part dans tes camps de concentration de l'au-delà" La riposte est immédiate. Il rampe jusqu'au vasistas de la cave. Il y balance son arme avant de forcer ses larges épaules. Chute dans la poussière soulevée par son corps lourd. Les étincelles, les traits brillants des dizaines de balles ennemies qui fendent l'air

font

hardcore

un

des

effet années

stroboscope 90.

qui

Siècle

lui

rappelle

ses

nuits

dernier,

jeunesse

éternelle,

liberté sublime. Guerres de tranchées en cours de préparation. Il y avait de l'oxygène, de la liberté, il y avait l'insouciance d'une démocratie que l'on pouvait réinventer, améliorer, bien loin du

présent

lourd

qui

n'offre

que

des

rangées

de

produits

par

millions comme seul horizon. Ligne de fracture. Des éclats de briques frappées par les balles couvrent son corps. Pierre déboule en rampant, essoufflé: "Putain Bertrand, t'es complètement taré ?! Pourquoi t'as buté ce troufion ?! - J'avais juste envie que ces chiens de médias carpettes parlent de ce si gentil soldat innocent et pur marié et père d'un petit garçon

blablabla

abattu

par

un

méchant

terroriste

barbare

assourdissant

des

et

dégueulasse..." Ils

se

marrent

dans

le

crépitement 34

tirs


Datura #4 | 07_2019

ennemis. Le bruit des autres, celui des murs, de leurs pas dans le sol, de leurs cris, leurs rires, leurs engueulades. On est surtout le fantôme des autres. Il n'y a qu'à regarder leurs gueules à travers les

pare-brise

de

leurs

bagnoles.

Parer

briser.

Le

bruit

des

autres. Leur silence. Leurs faces de merde, de gens "biens", de gens "normaux", de gens... Bertrand nettoie son arme sans prêter attention aux déflagrations du combat. "J'ai abattu ce gars comme je baise de force une fille qui fantasmait sur moi. - Tu veux dire quoi par là? - Je suis pas le plus moche alors j'attire quelques meufs. Y'en a beaucoup qui ont envie de toi dans la globalité, qui veulent partager

des

moments,

des

mots,

des

câlins,

des

regards,

des

repas, une vie... Toutes ces conneries, tu les vois dans leurs yeux. Dans leurs tenues. Toi tu penses que le vernis, le rouge à lèvres, la jupe, les talons servent à te faire grimper la queue, mais

non

pas

que...

C'est

plus

que

ça.

Faut

mettre

tout

un

attirail d'attitude pour les exciter vraiment..." Une balle perçante ricoche sur le coin du vasistas avant de se planter dans le dossier du fauteuil sur lequel il est vautré. Il s'empresse

de

s'asseoir

sur

le

sol

suivi

de

Pierre

qui

reste

accroché à ses lèvres : "Alors ? - Alors quand je vois que la fille attend tout son tralala de séduction, je grille toutes les étapes et je la baise avant même d'avoir mis les pieds dans le restaurant où je l'ai invitée. - Tu la violes quoi... - Nan, j'écourte le protocole..." Son rire égale la puissance sonore des échanges de tirs. "Quand j'ai buté ce putain de troufion ce matin, je l'ai fait parce que je sentais qu'à force de me regarder derrière mon sac de

35


Datura #4 | 07_2019

sable, il commençait à ramollir. Il devait se demander quel genre d'enfoiré j'étais... Faut pas commencer à projeter son esprit dans l'autre sinon on devient sa chose. Les sentiments, ça assèche la vigilance, ça salope l'esprit de vengeance, ça éteint le désir animal, la force brutale, l'énergie première... Quand les ancêtres chassaient

le

mammouth,

ceux

qui

allaient

tuer

la

bête

l'observaient pas pour admirer sa fourrure et son regard d'abruti mais

pour

déterminer

l'angle

d'attaque

le

plus

approprié

pour

l'abattre... C'est ce qu'on doit préserver dans notre République: l'instinct de survie, la démocratie des affamés rageurs. Allez lève ton cul, fin de la pause, faut retourner se battre "

Toll Bar by Andrew Hurley

36


Aux éditions Urtica. Déjà parus Les biques suivi de Le prince Guido de Patrick Boutin Cette histoire de biches (« biques » en patois nordiste) dévoile les obsessions culinaires autant que calendaires du personnage, un ogre tapi au cœur d’une forêt semblable à celles des contes de l’enfance. Pierre Laurendeau (extrait de la préface) 5 € (plus frais de port) – 72 pages noir et blanc – ISBN : 978-0-244-16230-6

Poèmes 1993-2001 de Walter Ruhlmann Je déclare que Walter Ruhlmann est la version française de Georg Trakl, et puis c’est tout. Marie Lecrivain, éditrice de la revue américaine poeticdiversity 15 € (plus frais de port)- 308 pages noir et blanc – ISBN: 978-0-244-44502-7

Journal de Jan Bardeau ...ce livre porte la marque du style de Jan Bardeau. Un côté distingué et un autre foutraque, voire barbare, à la fois. Une façon très imagée de décrire la marginalité, avec beaucoup d'humour, mais sans illusions. Patrice Maltaverne, Poésie chronique ta malle, 2019 8€ (plus frais de port – 154 pages noir et blanc – ISBN : 978-0-244-79269-5


ANY POISONOUS PLANT OF THE GENUS DATURA. A PRINT AND ONLINE JOURNAL OF DEVIANT AND DEFIANT WORK. LE DATURA EST UNE PLANTE QUI RENFERME UN HALLUCINOGÈNE PUISSANT ET TRÈS TOXIQUE. UNE REVUE LITTÉRAIRE DÉVIANTE ET PROVOCATRICE IMPRIMÉE ET EN LIGNE. DATURA – A PRINT AND ONLINE JOURNAL OF DEVIANT AND DEFIANT WORK PUBLISHED RANDOMLY. ISSUE 4 – JULY 2019 – ISSN : 2646-2257 – LEGAL SUBMISSION (TO BNF) : ON PUBLICATION – SPECIAL PRINTING – MASTHEAD : WALTER RUHLMANN 11 RUE GILBERT SALAMO 11510 FITOU – FRANCE © DATURA & CONTRIBUTORS, JULY 2019 ALL RIGHTS RESERVED CONTACT : https://daturaliteraryjournal.blogspot.com/ – mgversion2datura@gmail.com DATURA – REVUE DE LITTÉRATURE DEVIANTE ET PROVOCATRICE EN LIGNE ET IMPRIMEE A PARUTION ALEATOIRE – N°4 – JUILLET 2019 – ISSN : 2646-2257 – DÉPÔT LÉGAL : À PARUTION – IMPRIMERIE SPÉCIALE DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : WALTER RUHLMANN 11 RUE GILBERT SALAMO 11510 FITOU – FRANCE © DATURA & LES AUTEURS, JUILLET 2019 ADRESSES : https://revuelitterairedatura.blogspot.com/ – mgversion2datura@gmail.com Photocopied : France : €2 – Europe : €4 – World : €8 (shipping included)


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.