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P. Viktor Aurora Antonovic Jan Oskar Hansen



Contents | Sommaire P. Viktor (Paul Hammond Davies) The House of Ilfracombe Two Americans in Yorkshire Coffin Death Came Five Hours Pandora Aurora Antonovic Pressed Over Poet's Time Bouquet Blackbird Closet Cleaning I'm Going to Paris on Monday Jan Oskar Hansen The Big Secret The Swimming Pool The Great Betrayal The Persian Carpet A Name Shipwrecked Translated by/Traduits par:Walter Ruhlmann



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P. Viktor (Paul Hammond Davies) United-Kingdom The House of Ilfracombe This house, in its glittering frost, not seen Perhaps for ten years. As expected with Recollection, its imposition comes with added Weight. A provincial house into a mansion made. The slight incline of its lawn and drive offers Height, its façade lost so many years ago In hazy childhood. But the house has a secret, Self-contained as it is by a shawl of snow. By the old dam I wait for him. I know That he will come, to quicken my silence. The water is frozen, like a course through Life, or a tongue held in formaldehyde. When he finds me he is an adult, the wideness Of the gap of years having been kind to him. I say so, though he seals both lips by the Verticality of a finger, to lock them by a kiss. We re-enact the past. Two naked bodies Like mirror-images. We touch each other Tentatively, like trying to catch fish in silvery Water. We test each other’s solidity. Two young boys once had a secret, the sort That gets buried, but then works its way out In slips of the tongue, too vivid dreams, The love found in another’s arms. Whether it was the primary school toilet, Or the circle made in the wheat fields, Or his tongue in my throat and hand Between legs, it was excitement we sought. He chose not to remember. Had himself A wife and two children, a perfect rebuttal. But his is a long battle to keep me shut-up, Two lips covering a mouth-hole in hot breath. 3


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All this snow is salt, the salt spilt between us Over the years, covering a house, and the fault Of our bodies. The secret retreats like an animal Wounded, leaving us with our two separate lives.

La maison d'Ilfracombe Cette maison dans le gel scintillant que je n'ai pas visitée Depuis dix ans peut-être. Pleine de souvenirs Comme je m'y attendais, sa largesse complétée de son Poids. Une maison de campagne transformée en vaste demeure. La pente douce de la pelouse et de l'entrée offre Un promontoire, la façade perdue depuis des années Dans les nimbes de l'enfance. Mais la maison a un secret, Qu'elle renferme enveloppé sous un châle de neige. Près de la vieille écluse je l'attends. Je sais Qu'il viendra pour aviver mon silence. L'eau est gelée comme un passage au travers De l'existence, ou une langue conservée dans le formole. Lorsqu'il me rejoint, c'est un adulte, l'amplitude Du vide des années fut douce envers lui Je le lui fais savoir, bien qu'il scelle ses lèvres d'un Doigt à la verticale, pour les verrouiller d'un baiser. Nous rejouons le passé. Deux corps nus Comme des images en miroir. Nous nous touchons Poussés par la tentation, comme pour essayer d'attraper du poisson dans L'eau d'argent. Nous testons notre solidité mutuelle. Deux jeunes garçons avaient un secret autrefois, le genre Qu'on enterre, mais qui retrouve le chemin du jour Dans le déliement des langues, les rêves trop vivaces, L'amour trouvé dans les bras de quelqu'un d'autre.

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Que ce soit les toilettes de l'école primaire Ou l'aire circulaire faite dans le champ de blé, Ou sa langue dans ma gorge ou sa main, Entre mes jambes, nous quêtions l'excitation. Il choisit de ne pas se souvenir. Eut-il été Marié et père de deux enfants, c’eut été un parfait alibi Mais le sien n'était qu'une longue bataille pour me garder silencieux Deux lèvres recouvrant l'orifice buccale dans un souffle chaud. Toute cette neige c'est du sel, le sel répandu entre nous Au fil des années, recouvrant une maison et le péché De nos corps. Le secret bat en retraite comme un animal Blessé, nous laissant avec nos deux vie séparées.

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Two Americans in Yorkshire Two of them, in tandem, greeted us on the street, Scene of redbrick, iron tarmac and tin sky. Two aliens With their blonde hair, Brylcreem-parted to the side, Blue eyed, corn-skinned like two ghastly twins. Stood in front of us – in their ashen polyester suits And their matching myrtle mackintoshes – glazed like Roasted lambs with religion. They dashed us with their Baking soda smiles like billboard ads from the fifties. When they made their way towards us you shuddered, Sensed something in their gait, this twosome with Their parallel steps as though they shared a brain. It was too late despite the whisper under your breath. One of them spoke; his mouth full of molasses as his Southern drawl made amber his words. He asked us To think of Jesus this Easter. Nervous smile mirrored Nervous smile, as we realised he was selling faith to us. His voice was like a relic, a fossil spat out of his twentySomething lips, so innocent as though they wished to be Kissed. “Can I ask your names so we can be friendly Tonight?” Again a confusion of voices, of yeses and nos. Up went the wall of atheism against God’s Aryan soldiers. We battled against their wide courtesy and politeness, their All-American, Mormon smiles and bland attractiveness Designed to beguile us, though in their mouths was treacle – Or something like it. We made excuses, wanting to run From this pavement spectacle. He pulled out his card, Embossed with the crucifixion, and insinuated it into My hand, told us ‘goodnight, take care’ and winked Like a Hollywood professional. Then they were gone. The card I placed into a forgetful pocket, and wondered At their strange presence in the hinterland of Yorkshire, Reminded of the wider world, forgetting the universe.

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Deux américains dans le Yorkshire Deux d'entre eux, en tandem, nous interpellèrent dans la rue, Sur une scène de briques rouges, de bitume couleur acier et de ciel d'étain. Deux étrangers Aux cheveux blonds couverts de Brillantine, la raie au milieu, Des yeux bleus, la peau pâle tels des jumeaux blêmes. Ils se tenaient devant nous, vêtus de leur costume cendré en polyester Et d’imperméables semblables de couleur myrte; enflammés comme Deux agneaux rôtis par leur religion. Ils nous éblouirent de Leur sourire Ultrabrite comme deux mannequins publicitaires des années cinquante. Lorsqu'ils se dirigèrent vers nous, tu frissonnas, On sentait quelque chose dans leur démarche, ce duo et ses Pas parallèles comme s'ils partageaient le même cerveau. Il était trop tard malgré ce murmure dans ton soupir. L'un d'eux parla; la bouche pleine de caramel car son Accent du sud colorait ses mots d'ambre. Il nous demanda De penser à Jésus ce week-end de Pâques. Nos sourires nerveux répondirent Aux leurs, nous nous rendîmes compte qu'il nous vendait la foi. Sa voix était une relique, un fossile craché de ses lèvres De vingt et quelques années, si innocentes qu'elles semblaient attendre Un baiser. "Puis-je vous demander vos noms et ce soir Nous pourrions devenir amis?" Et encore cette confusion des voix, des oui, des non. Le mur de l'athéisme s'élevait contre celui des soldats aryens de Dieu. Nous luttions contre leur grande courtoisie et leur large politesse, leurs Purs sourires de mormons américains et leur charme sans charme Conçu pour nous séduire, alors qu'ils avaient du caramel mou dans la bouche Ou quelque chose comme ça. Nous nous excusâmes, voulant fuir Ce spectacle de rue. Il sortit sa carte, Imprimée de la croix et la glissa dans Ma main, nous souhaita bonne nuit, nous remercia et fit un clin d'oeil Comme une star hollywoodienne. Puis ils s'en allèrent. Je plaçai la carte au fond de ma poche, mon oubliette, et m'interrogeai Sur leur présence au beau milieu du Yorkshire, Me souvint de ce vaste monde, oubliant l'univers. 7


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Coffin As I thumb open the box, pull back The thin cardboard lid, the narrowness Of it mocks the life once lived. I sift through the sediment of her life, Bundles of photographs In an unintentional biography. Daughter. Wife. Mother. It is all here – stained with memory, Like nicotine on an Artexed ceiling. From the little girl in sepia, The stiffness of her pose with our Anonymous ancestors – To the Technicolor of the seventies And eighties, the woman framed in Polaroids too bright for history – To the gloss of recent nostalgia, From a disposable camera that depicts The old woman becoming frailer. These are the last pictures she took, The film developed post-mortem. The eye-glint gone, the eddy of spirit Having left the stretched face, The thin limbs, all transferred To the infant grandson she is holding. All of her, stacked neatly like a will, The paper stench like bluish skin, Like dust, all laid to rest.

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Le cercueil J'ouvre du pouce la boîte, relevant Le fin couvercle de carton dont le manque d'épaisseur Ridiculise la vie alors vécue. Je fouille les sédiments de sa vie, Des paquets de photographies Réunies en une involontaire biographie. Fille. Epouse. Mère. Tout y est, entaché de la mémoire Comme la nicotine s'imprègne dans les plafonds blancs. De cette petite fille de couleur sépia, Cette pose rigide avec nos Ancêtres anonymes, Aux images en Technicolor des années soixante-dix Et quatre-vingt, la femme encadrée dans Des Polaroïds trop lumineux pour entrer dans l'histoire, A la nostalgie récente et brillante, Sortie d'un appareil jetable qui montre Une vieille femme devenue plus frêle. Ces sont les dernières photos qu'elle prit, La pellicule fut développée post-mortem. L'étincelle dans l'oeil s'en est allée après que le flux de son esprit Ait quitté ce visage tendu, Ses membres fragiles tous mobilisés Pour tenir ce petit fils encore nourrisson. Tout ce qu'elle fut, empilé et rangé comme sur un testament, Le papier pue comme de la peau bleutée, Comme la poussière, déposé pour l'éternité.

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Death Came Death came, on the corner of Catte and Broad Street. Death, unseen by the naked eye, where the frame Of a bicycle gave out an unnatural scream of metal Under wheel, and the moments of a life were celluloid On pupil. Death, that sucked at the mouth’s eddy. Death, while there was cheap laughter and chatter In the corridors, and paper carried from one desk To another. While the percolator made coffee, And morning tea was served. Death, in amongst The mundanity and the white daffodils. Death, not seen in the bathroom mirror when he Checked his morning appearance, or when he thought On the days doings, or the smoke of his twenty-something Years that Death blew away in a whisper. Not seen When the red light was a real full stop. Death came, when two hapless lives collided. It sneaked in through the collision, provided one With a life guilt-wracked, another with a decimal Point. Death, as silent as a library, outside which The maroon stain on tarmac was a legacy.

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La mort surgit La Mort surgit au coin de Catte et Broad Street. La Mort, invisible à l’œil nu, où le cadre D'une bicyclette poussa un cri de métal surnaturel Sous une roue et les instants d'une vie furent figés Sur la pupille. La Mort qui suça en un remous de la bouche. La Mort, alors qu'on bavardait et riait pour rien Dans les couloirs et faisait passer des dossiers d'un bureau A l'autre. Pendant que le percolateur faisait du café Et qu'on servait ce matin le thé. La Mort, ici parmi La mondanité et les jonquilles blanches. La Mort, invisible dans le miroir de la salle de bain quand il Vérifiait son apparence ce matin, ou quand il pensait Aux obligations du jour, ou au rêve de ses vingt ans Et des poussières que la Mort balaya d'un souffle. Invisible Quand le feu rouge devint un vrai point final. La Mort surgit quand deux pauvres vies se percutèrent. Elle s'immisça dans la collision, offrit à l'un Une bonne dose de culpabilité à vie et à l'autre un point Décimal. La Mort, silencieuse comme une bibliothèque en dehors de laquelle La tâche brune sur le bitume était un testament.

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Five Hours You are there, in that place of steel, Of glass, that shimmers as though Fire-ridden, in the late afternoon sun. Here it is darkness. Not a tree stirs, Not a single thing moves, as all prepares For sleep, for the palm that closes over us. And here my bed, full of the colour of The sky you are under, in which I shall Lie on the cool hard mattress, Huddling up to your absence. The light Must be glittering on each pane on every Skyscraper, like crystal, like the Atlantic, Only I hope you do think of me, whatever The distractions. I can only wait for you, Ten days full of white and black and grey.

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Cinq heures Tu es là-bas, dans cet endroit d'acier, De verre, qui miroite comme s'il Etait chevauché par le feu, dans le soleil de la fin de l'après-midi.. Ici c'est la nuit. Pas un arbre ne remue, Pas la moindre chose ne bouge, alors que tous s’apprêtent A dormir, pour la paume qui se referme sur nous. Et ici mon lit, plein de la couleur du Ciel sous lequel tu te trouves, dans lequel je me Reposerai sur le matelas doux et ferme, Me blottissant jusqu'à ton absence. La lumière Doit être éclatante sur chaque carreau sur chaque Gratte-ciel, comme le cristal, comme l'Océan atlantique, Seulement j'espère que tu penses à moi, quelles que soient Les distractions que tu aies. Je peux seulement t'attendre, Dix jours remplis de blanc et de noir et gris.

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Pandora This leaden box, of Irish Oak wood made, Burnished so that it gave reflections, stood On the bureau before me, given as a dowry, The legacy of the man I chose. On its lid, A brass plaque said ‘do not open me’. But I had been born for secrets – I sniffed Them out, tasted them on avaricious lips. In my wish to know all I had decided Upon a life strife-full, being unable to turn Away from the cold concrete of knowledge. Thus I had been given the brass key, its bar Riddled with ornate lattices. The weight of it In my hand made me suspicious, so that key Met lock in a lover’s embrace, the click, the not Going back. I lifted the lid on its steady hinge. The forest scent met my prickled nose, full Of shaded wood and summer salt. Curled Within, like burnt offerings, leaves of old Photographs – one after another, after another, Pictures of the same man, the same visage – Each image different only by a change in Scenery – here the Irish sea, here Italy, Here a girl, a boy, here a family. But him, Again and again, a zoetrope of the same Man, who smiled and posed for the lens. What a past this box held, one all but Forgotten except for the opened lid. All he Had hid – past, present, future, lay in here. And I a fool, had now seen my lover’s Past, wrought for evermore with jealousy.

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Pandore Cette boîte faite de plomb, de bois de chêne irlandais, Polie de sorte qu'elle donnait des reflets, était Sur le bureau devant moi, offerte comme une dot, Le legs de l'homme que j'ai choisi. Sur son couvercle, Une plaque en laiton disait `ne m'ouvre pas'. Mais je suis né pour les secrets - je les ai reniflés, Goûtés de mes lèvres avares. Dans mon désir de tout connaître j'avais opté Pour une vie pleine de différends, ne pouvant pas me détourner Du béton froid de la connaissance. Ainsi il m'avait donné la clef en laiton, sa tige Ornée de treillis fleuris. Son poids Dans ma main me rendit soupçonneux, alors la clef Rencontra la serrure en une étreinte amoureuse, le clic, l'impossibilité De faire machine arrière. J'ai soulevé le couvercle posé sur sa charnière régulière. Le parfum de la forêt a rencontré mon nez piqué, plein du bois ombragé et du sel d'été. Enlacés, A l'intérieur comme des offrandes brûlées, des pages de vieilles Photographies - l'une après l'autre, après l'autre, Des images du même homme, le même visage Chaque image différente seulement par un changement De paysage - ici la mer d'Irlande, ici l'Italie, Ici une fille, un garçon, ici une famille. Mais lui, Encore et encore, un zoetrope du même Homme, qui a souri et a posé pour l'objectif. Quel passé cette boîte contenait, un tout Oublié sauf de ce couvercle ouvert. Tout ce qu'il Avait caché - passé,présent, futur, reposait là. Et moi, l'imbécile, avait maintenant vu le passé De mon amoureux,et suis travaillé par la jalousie pour toujours.

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Aurora Antonovic Ontario, Canada Pressed Over Years of being on auto-pilot Never eating when hungry Never sleeping when tired Working against a deadline With weights on my limbs And sawdust in my weary lungs Who travels hundred of miles With sympathy in his pockets And well wishes in his hands? I try to joke away the relief of having cool hands On a fevered forehead I try to keep hot tears at bay with banter But a gentle kiss on top of my hair, And rocking murmurs of ”Aurora Borealis, I am so proud of you” Open the floodgates until I find myself weeping all over a new suit Wiping my eyes on a starched shirt collar Blowing my nose on his favourite tie While he promises help mingled with kindness – Just the right kind of medicine – To be heard without speaking To be understood without beseeching Is too much And I lean closer against his warmth Pressing my heart against my hands To keep it from bursting.

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Pressée Des années passées en pilote automatique Sans jamais manger quand j'avais faim Sans jamais dormir quand j'étais fatiguée Travaillant contre la montre Des poids sur les membres Et de la poussière dans mes poumons usés Qui voyage sur des centaines de kilomètres Avec de la bonne humeur dans les poches Et de bons vœux dans les mains? Je tente de rire du salut d'avoir des mains froides Sur mon front fiévreux J'essaie de retenir mes larmes chaudes en plaisantant Mais un baiser tendre sur le dessus de ma tête Et les murmures apaisants "Aurora Boréalis, je suis si fier de toi." Ouvrent les vannes jusqu'à Ce que je me retrouve à pleurnicher sur un nouveau costume J'essuie mes yeux sur un col de chemise amidonné Je me mouche dans sa cravate préférée Pendant qu'il promet de m'aider avec douceur La juste cure. Etre entendue sans parler Etre comprise sans quémander C'est trop agréable Et je m'étends plus près de sa chaleur Je colle mon cœur contre ses mains Pour l'empêcher d'exploser.

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Poet’s Time She likes to think she is so much older and wiser than I: she sighs about her creaky joints and aching bones she tells me that life is but a heavy cloak to be borne across weary shoulders I smile my secret: what is ten years between poets what is ten years in a world that measures not in time but in verse?

L'heure du poète Elle aime penser qu'elle est tellement plus âgée et plus mûre que moi: elle se plaint de ses articulations de ses os douloureux elle me dit que la vie n'est rien d'autre qu'un manteau lourd que l'on porte sur des épaules lasses Je souris mon secret qu'est-ce que dix ans d'un poète à l'autre qu'est-ce que dix ans dans un monde qui ne mesure pas en temps mais en vers?

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Bouquet you, who speak in symbols and not words, send me a bouquet of bleeding hearts and an unsigned card marked simply with an x, your unspoken way of sending me a kiss what does it say to you when I, who make my living off of words, choose to say nothing in return?

Bouquet toi, qui parles avec des symboles et non avec des mots, tu m'as envoyé un bouquet de cœurs rouge sang et une carte anonyme où seul figure un x, c'est ta façon muette de m'envoyer un baiser qu'est-ce que cela te fait lorsque moi qui gagne ma vie grâce aux mots, je choisis de ne rien répondre?

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Blackbird Canary, robin cardinal my father used to name me after birds by the colour of the dresses I wore the day he died, I was a bluebird

Le merle Canari, rouge-gorge cardinal mon père avait l'habitude de me donner toute sorte de noms d'oiseaux la couleur des vêtements que je portais le jour de sa mort faisait de moi un merle bleu.

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Closet Cleaning Racks hang with skirts ranging from floor-length Indian silks to houndstooth micro minis with coordinated chain belts, sheath suits in every imaginable rainbow hue for whoever I felt like being that day What do you give to the woman who has everything? Mauve slinky dresses that cling in all the right places, pink pearls that fall to the waist, a dozen lace blouses and hand-beaded mules! Price tags linger on half the items, all useless and representative of a time gone by; no longer must I hear my high heels pound on the pavement as I run for the train, nor carry an attachÊ case perfectly coordinated with the latest ensemble. Watercolour scarves will be thrown over someone else’s shoulders, handbags will dangle from others’ arms My to-do list at present consists of nothing more than pulling his softest T-shirt over my head sauntering barefoot into the den and savouring a cup of hot tea while I look over whatever projects manage to catch my eye that day

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Ménage dans l'armoire Les jupes accrochées aux cintres vont de celles qui, les plus longues, en soie indienne, traînent au sol aux plus courtes des micro mini jupes avec des ceintures de chaînes assorties, des ensembles cintrés de toutes les couleurs possibles pour celle que je voulais être ce jour-là. Que donnes-tu à la femme qui a déjà tout? Des robes mauves provocantes qui éclatent dans tous les endroits chics, des perles roses qui tombent jusqu'à la taille, une douzaine de chemisiers lacés et de chaussures décorées de perles à la main! Les étiquettes sont restées accrochées à la moitié de ces vêtements, tous inutiles et représentatifs d'une époque révolue; je n'entendrai plus mes hauts talons marteler le sol lorsque je cours pour attraper mon train ni porterai un attaché case coordonné à mon tout dernier ensemble. Les écharpes peintes seront jetées sur les épaules d'une autre, les sacs seront tenus par d'autres mains. Ma liste de choses à faire aujourd'hui ne comporte rien d'autre que d'enfiler son t-shirt le plus doux de me balader pieds nus dans l'antre et d'apprécier ma tasse de thé brûlant en me concentrant sur le projet qui réussira à captiver mon attention ce jour-ci.

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I’m Going To Paris On Monday And we’ll find the hidden restaurant at Le Parc Buttes-Chaumont or maybe feed each other chocolate drenched crepes across from the Eiffel Tower directly over the sun-sparkling Seine At Hotel des Invalides, I will pretend it is the first time I have seen Napoleon’s tomb, and with the right amount of enthusiasm I will gush at the Louvre and Musée D’Orsay, as we walk around Monmartre Musée Picasso will help to pass the time until we make our way to Les Halles, right down the little back alley to the café with the dentist’s chairs and more quirk than you can imagine and when we charmingly garble our thank you’s in French we will be given sweet smiles and free tea L'Arc d'Triomphe at rush hour will be fun and I will respond to you with happy banter, carefully arranged manners and the zeal you find so invigorating but come nightfall I’m haunting the catacombs

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Je vais à Paris lundi Nous trouverons le restaurant caché au Parc des Buttes-Chaumont peut-être nous nous gorgerons de crêpes débordant de chocolat traversant la ville de la Tour Eiffel jusqu’au delà de la Seine scintillante de soleil. À l’Hôtel des Invalides, je prétendrai que c’est la première fois que je visite la tombe de Napoléon et ainsi comblée par l’enthousiasme je jaillirai au Louvre et au Musée D’Orsay, tout en nous baladant à Montmartre le Musée Picasso nous occupera quelques temps jusqu'à ce que nous faisions chemin vers les Halles, jusqu’au bas de la ruelle où se trouve le café avec ses chaises de dentiste et tous les détours que vous pouvez imaginer et quand avec charme nous ânonnerons des remerciements en français on nous tendra quelques sourires et servira du thé gratuit L’Arc de Triomphe aux heures tumultueuses sera plaisant et je vous répondrai avec de gentilles moqueries, de manière soigneusement préparée et l'ardeur que vous trouvez si fortifiante. mais la nuit tombe et je hante les catacombes.

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Jan Oskar Hansen A Norwegian Sailor in Portugal The Big Secret Strange to think how this big elephant came to live in Antarctica, perhaps it’s the last of herd when clime was mild. It’s attracted to the pole and had over years made a track that made it easy for adventurers to get there and plant flags and take pictures of themselves. Roald Amundsen, the explorer, first man to reach the pole, had a roman nose, looked greatly heroic, ladies swooned, but he liked the company of men. So different from Scott, another lover of adventure on snow, cheated by his wife, never found his way back home. Why doesn’t anyone mention the elephant? could it be because it’s white?

Le grand secret C'est étrange d'imaginer comment ce gros éléphant est venu vivre en Antarctique, peut-être est-il le dernier de son troupeau lorsque le climat était plus doux. Il fut attiré au pôle et à travers le temps il a tracé une route qui a rendu la tâche plus facile aux aventuriers pour s'y rendre et planter des drapeaux et prendre des photos d'eux-mêmes. Roald Amundsen, l'explorateur, le premeir homme à atteindre le pôle, avait le nez grec, un air vraiment héroïque, faisait craquer les femmes mais préférait la compagnie des hommes. Il était si différent de Scott, un autre amoureux des aventures sur la neige, trompé par sa femme et qui n'a jamais trouvé le chemin du retour. Pourquoi personne ne mentionne cet éléphant? Est-ce par ce qu'il est blanc?

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The Swimming Pool The illness of the mind had wasted his body, no longer the man who had been her husband for forty years, lately he had gone violent struck her a few times and crying in fits of impotent rages. She couldn’t cope anymore had contacted the nursing home they were sending a car to fetch him later in the day. She looked out, he was unsteady on his feet, like a drunk, and near the swimming pool. As he fell into it she looked away from the window, turned the TV sound up high, she was hard of hearing, watched a gardening program. She found him floating face down about the same time as the people from the nursing home came. Best that way, they said, his suffering was over, but now, she wasn’t sure whether he had fallen into the pool, or thrown himself into it in a moment of clarity.

La piscine La maladie mentale avait pourri son corps, cet homme n'était plus le mari qu'elle avait eu pendant quarante ans, récemment il était devenu violent et l'avait frappée quelque fois en hurlant les poings levés dans un accès de rage impuissante. Elle n'en pouvait plus et avait contacté le foyer de personnes âgées qui envoyait une voiture pour venir le chercher plus tard dans la journée. Elle regarda par la fenêtre, il ne tenait plus sur ses jambes, comme un homme soûl, près de la piscine. Lorsqu'il tomba dedans elle détourna ses yeux de la fenêtre, augmenta le son de la télévision, elle était un peu sourde, elle regarda l'émission de jardinage. Elle le trouva, il flottait la tête dans l'eau, au même moment où les employés du foyer arrivaient. C'est bien mieux ainsi, dirent-ils, il a fini de souffrir, mais alors elle n'était plus très sûre qu'il fût tombé dans la piscine ou bien s'il s'y était jeté dans un moment de lucidité.

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The Great Betrayal Sat on his left side for years, I, a man of peace. Yet I sat in a war cabinet four times; loyalty, there isn’t much of it anymore. People near him, write diaries, skewed to make themselves look grand; and they will tell the world, they disagreed, did their best, but alas, …failed. Nice middleclass words, soothing, oh yes, we do understand, it has been a lovely time sniffing the aphrodisiac of power; dizzying height, forget that you are going to fall one day. Thick and thin I stood firm, he needed me, trusted me, knew I would never let him down. When I knew he had betrayed the working class I did not cry but joked; great time, they have pills of every kind, me I settle for a bottle of red wine.

La grande trahison Assis à sa gauche pendant des années, moi, un homme de paix. Cependant, je me suis assis dans un bureau de la Défense quatre fois; la loyauté n'est plus très répandue ces temps-ci. Les gens autour de lui écrivent dans des agendas, se tordent pour paraître importants; et ils diront qu'ils n'étaient pas d'accord, mais hélas! ...ont failli. Des mots doux pour la classe moyenne, apaisant, oh oui, nous comprenons, c'était bien agréable de renifler l'aphrodisiaque du pouvoir, cette hauteur étourdissante, d'oublier qu'on allait tomber un jour. Je suis resté ferme contre vents et marées, il avait besoin de moi, avait confiance en moi, savait que je ne le laisserai jamais tomber. Quand j'ai appris qu'il avait trahi la classe ouvrière, je n'ai pas pleuré mais j'ai plaisanté; un bon moment, ils ont toutes sortes de pilules, moi je me suis installé avec ma bouteille de vin rouge.

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The Persian Carpet I bought a small carpet from a man at the market, I wasn’t going to, but when I asked him to reduce the price, he shouted at me and the world, said it was Persian, so I hastily took it. Rolled it out it in the hall, switched the light on, nothing and remembered I had gone to town to buy a light bulb Later, when my wife came home from work she slipped on the carpet and broke a leg. Le tapis persan J'ai acheté un petit tapis à un homme sur le marché, je ne voulais pas, mais lorsque je lui ai demandé de me le faire moins cher, il s'est mis à me hurler dessus et à la face du monde, dit que c'était persan, alors je me suis dépêché de le prendre. Je l'ai déroulé dans le couloir, j'ai allumé la lumière, rien et je me suis souvenu que j'étais allé en ville pour acheter une ampoule. Plus tard, quand mon épouse est revenue du travail elle a glissé sur le tapis et s'est cassé la jambe. 28


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A Name How abstract time is, yet it ages me‌ and her. Wonder what she looks like now. Her name, my dearest love, is the only one I remember now. Loves since were only an attempt to recapture the lost. When the moon is full I wonder why this, your hold on my affection, never eases. Today I wrote your name on a mound of sand when it struck my feeble mind that you must be dead, since I wrote your name on a mound that looked like a filled in grave.

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Un nom Comme le temps est abstrait, pourtant il me vieillit... et elle aussi. Je me demande à quoi elle ressemble maintenant. Son nom, mon amour le plus cher, est le seul dont je me souvienne à présent. Mes amours depuis ne furent qu'une tentative de ressaisir la perte. Quand la lune est pleine je me demande pourquoi ça, ta captivation mon affection, ne s'apaise jamais. Aujourd'hui j'ai écrit ton nom sur un tas de sable puis ça m'a frappé moi esprit simple que tu devais être morte, puisque j'ai écrit ton nom sur un tas de sable qui ressemblait à une tombe fraîche.

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Shipwrecked Sat on a raft in the Bay of Bengal, my ship had sunk I was the only survivor. Had a carton of cigarettes, But no matches; to pass the time I threw the ciggies, One by one, into the sea, kept sharks away, thought Of the poor Bengal tiger hunted to almost extinction. Next day there was another raft slowly drifting near, The man onboard, a lone survivor of a sunken ship, Asked if I had cigarettes, because he had a lighter But nothing to smoke; a screech flayed the skin of The sea, luckily monsoon rain fell and eased the pain.

Le naufragé Assis sur un radeau dans la baie du Bengal, mon bâteau a coulé J'étais le seul survivant. J'avais une cartouche de cigarettes, Mais pas d'allumettes; pour m'occuper je jetais les clopes, Une à une, dans la mer, tenais les requins éloignés, pensais Au pauvre tigre du Bengal chassé jusqu'à l'extinction proche. Le jour suivant il y eut un autre radeau glissant lentement à proximité du mien, L'homme à bord, le seul survivant d'un navire coulé, Me demanda si j'avais des cigarettes, il avait un briquet Mais rien à fumer; un cri strident fouetta la surface De l'eau, heureusement la pluie de la mousson tomba et apaisa ma souffrance.

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mgversion2>datura ISSN: 1365 5418 mgv2_59 | 09_09 edited by: Walter Ruhlmann Š mgversion2>datura & the contributors mgversion2datura@gmail.com http://mgversion2datura.hautetfort.com

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