Mauvaise graine # 21

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MAUVAISEGRAINE #21 SPÉCIAL MATTHIEU BAUMIER 22 RUE DE LA VERRERIE3 TRADITIONSBRISÉES3


L’ÉDITODU VIKING Encore le Viking. Toujours le Viking. À jamais la mauvaise graine de Viking pour vous et grâce à vous. Le Viking est en plein boum amoureux et en pleine apathie dans son trou à rat : le marin que je suis n’a pas pris le large depuis des lustres et c’est sans doute mieux ainsi. Cependant, je me demande combien de temps je pourrai patienter. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : les gradés sont mous, les jeunes officiers pètent plus haut que leur cul, et je m’emmerde. L’armée me ramollit l’encéphale et j’ai du mal à parler correc’ et à exprimer le plus objectivement et explicitement possible ce que j’ai à dire ; en réalité, pas grand-chose. Ces dernières semaines ont été une drôle d’affaire pour moi et plutôt que de me plaindre, je dirai simplement qu’il vaut mieux prendre son mal en patience et se tourner vers un avenir effrayant lorsque l’on n’a aucune idée quant à savoir ce qu’il va nous réserver puisqu’il n’a pas été préparé comme il se doit. Des textes qui se succèdent dans la revue et la préparation de cette fichue graine qui colle à la peau savent me conserver, me faire tenir un peu, la tête à la surface, et puis Bruno, toujours plus amoureux que jamais, et moi de lui, MMrgane et ses idées saugrenues et vicelardes, mais pas dérangeantes outre mesure, tout un petit monde d’amis qui me fait tenir encore, et toujours. Alors, pour ce présent numéro, je préfère encore laisser la parole à des gens qui savent encore s’exprimer de façon lisible, audible, et pour ce faire, j’appelle Laure Ménoreau qui vous présente les textes de ce cher Matthieu Baumier - textes historiques s’il en fut - et vous souhaite à tous une bonne lecture de ce présent numéro. Retrouvez également en fin de numéro Bruno et son MG sur[f] le web, sous un titre un peu trivial, mais justifié... Amitiés. Walter, dit le Viking

The Viking again. Still the Viking. For ever and ever this weed of a Viking for you, and thanks to you. The Viking knows full love, and full apathy in his rat hole : the sailor that I am hasn’t cleared off for ages, and that’s much better that way. Yet I wonder how much more I could wait. It’s a brave new world : the officers are too soft, the young ones think they’re it, and I’m fucking bored. The army soften my brain, and I have problems to talk ok, and express myself the more objectively and explicitly possible what I gotta say ; in truth, not much. These last weeks have been some weird pieces for me, and instead of complaining, I’ll just say that it’s better to grin and bear it, and turn over the scary future when you’ve got no idea about what it’s gonna offer you as long as it wasn’t prepared. Texts go by in the review, and the making of this bloody Graine that sticks under my skin manage to keep me cool, lift me up, head above the surface, and Bruno still as in love as ever, and me with him, MMrgane and her ludicrous and perverted ideas, yet not overmuch embarrassing, all a little world of friends that makes me stand up, still, and again. So, for this issue, I’d rather let people that still can express themselves readably, listenably, and for this, I call Laure Ménoreau, who introduces us to the texts of this so dear Matthieu Baumier, historical texts, and I wish you good read of the present issue. Also, you’ll read Bruno at the end of this issue with his MG sur[f] le web, with a title a bit obscene, but justified... Lots of Love, Walter Ruhlmann, alias The Viking.

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LE PORTRAIT7 LAURE MÉNOREAU Présenter Matthieu Baumier aux lecteurs de Mauvaise Graine est pour moi un véritable plaisir puisqu'à SOL'AIR nous avons déjà apprécié certaines œuvres de cet auteur. Publié plusieurs fois dans notre revue il fut également notre invité dans la rubrique « L'invité de SOL'AIR ». Ce jeune auteur au talent prometteur, et qui possède une imagination débordante, a également un sens inné de la narration. Que ce soit dans ses nouvelles à connotation historique, dans celles plus proches du fait divers, ou dans ses contes fantastiques, jamais il ne laisse le lecteur indifférent, même si parfois il le déconcerte, tant est forte sa puissance d'évocation. Je laisse aux adhérents de MG le soin de découvrir « Traditions brisées » et « 22 rue de la Verrerie », deux de ses nouvelles dont je ne déflorerai pas le sujet, me contentant de leur en souhaiter une bonne lecture !... Matthieu, qui, n’en doutons pas, ira loin, vient de publier aux Éditions Raphaël de Sentes un recueil de nouvelles « Les Parfaits et autres histoires ». Espérons qu’il en récoltera tout le succès qu’il mérite !

To introduce Matthieu Baumier to Mauvaise Graine readers is a real pleasure for me, since we’ve already enjoyed some of this author’s works in SOL’AIR. Published several times in our review, he was also invited in the chronicle ‘L’invité de SOL’AIR’. This young writer with a promising talent, and who possesses an outstanding imagination, also has an innate sense of narration. Either in his historical short stories, or those nearer to the events, or in his fantasy tales, he never leaves the reader indifferent, even if sometimes he puzzles him, for his power of evocation is so strong. I leave the discovering of ‘ Not a Peer’ and ‘22 rue de la Verrerie’ to MG subscribers ; these two short stories that I won’t spoil the charm of, contenting myself with wishing them a good reading of them !... Matthieu who’ll be famous one day, no doubt about it, has just published a short story book at Raphaël de Sentes Editions, called ‘Les Parfaits et autres histoires’. Let’s wish he’ll gather all the success he deserves !

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22 RUE DE LA VERRERIE UNE NOUVELLE DE

MATTHIEU BAUMIER - La dite dame Fripart ne semble pas placer sa vertu diantrement haut ! Du moins si je puis attribuer une quelconque véracité aux propos que vous me tenez, mes amis ! Tranquillement installés sur la banquette d’une calèche, les trois amis éclatèrent de rire. Belleveaux et Le Blanc faisaient face à Duverger de Villeneuve et venaient d’achever le récit d’une de leurs aventures galantes, celle-ci différant des autres en cela qu’ils l’avaient vécue ensemble. C’était ce dernier aspect, et particulièrement les détails crus qui avaient amusé le sieur Duverger en cette fraîche soirée de novembre 1782. Comme tout Paris en cette saison, la rue de la Verrerie était fort animée. Les trois comparses discutaient à l’abri des regards extérieurs. La calèche, bâchée, était stationnée à quelques encablures du numéro 22, siège de la Loge Maçonnique « Les Amis Intimes », aux tenues de laquelle ils avaient coutume de se rendre. Femmes et hommes du peuple, bourgeois et nobles, enfants bien habillés comme enfants haillonneux passaient de l’un à l’autre bord de l’étroite rue, tâchant tant bien que mal de n’être pas happés au passage d’un chariot ou d’une diligence, ainsi que cela se produisait fréquemment. Les cris, les interpellations, le bruit de la pluie et celui des roues ferrées contre les pavés, tout cela, et bien d’autres choses encore, donnait à ce début de soirée un je-ne-sais-quoi de gai, une sorte d’air de fête, annonciateur de bonnes nouvelles. Les conversations de ces trois camarades et compagnons de corps de métier – ils étaient avocats au Parlement de Paris – portaient habituellement sur tout sujet à condition qu’il fût éloigné de leurs préoccupations professionnelles. S’ils avaient pensé s’intégrer à la fleur de la roture en rejoignant le barreau du Parlement, force leur était de constater qu’ils s’étaient mépris et d’accepter un vague statut de membre d’une basoche très hétéroclite. La déception les amenait à éviter d’épiloguer sur ce point. Ils préféraient parler de divertissements... Ils menaient la discussion tambour battant tout en observant les allées et venues devant le numéro 22. Au-dessus du porche était dressée une tapisserie de belle allure sur laquelle apparaissait l’inscription suivante : « Amitié, don du Ciel, plaisir des grandes âmes ». Ils étaient censés se trouver à l’intérieur depuis de longues minutes. Mais, ce soir de novembre, ils n’avaient cure de la tenue de leur loge, affolés qu’ils étaient par l’exubérance des nocturnes parisiens. Sans doute n’avaient-ils de Maçons que les apparences, et non les vertus. L’hiver 1782 s’annonçait terrible. Un froid de plomb s’abattait progressivement sur les épaules des Parisiens et, par souci de réchauffement tout autant que par lubricité, les jeunesses bourgeoises tendaient vers de futiles distractions. Duverger de Villeneuve et ses amis avaient un besoin pressant d’oublier les humiliations quotidiennes inhérentes à leur qualité d’avocats en Parlement. Les nobles et autres grands commis de l’État, de retour de leur saison d’été, ne manquaient pas une occasion de leur faire sentir, à eux comme à tous leurs congénères, que Paris était, l’hiver, leur propriété. Ils avaient besoin de détente et les colonnes du Temple ne leur semblaient pas, pour l’heure, un endroit approprié. C’était Duverger, maître Maçon depuis plusieurs mois, qui avait traîné ses compagnons aux « Amis Intimes ». Ils y avaient été initiés mais ne montraient pas une très grande assiduité aux travaux de l’atelier. Ils préféraient les travaux du corps à ceux de l’âme, le langage futile à celui de l’intelligence raisonnée. Ils représentaient la tentation et Duverger

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de Villeneuve cédait chaque jour du terrain devant les appels à la débauche prodigués par Le Blanc et Belleveaux. Ils continuaient à s’approcher du numéro 22 de la rue de la Verrerie mais en franchissaient de moins en moins souvent la porte cochère. Qualités, mots de passe et trois points étaient délaissés au profit d’évocations plus sulfureuses, du genre de celles qui les animaient en ce soir de novembre. Si bien que les travaux commençaient, continuaient et s’achevaient de plus en plus en leur absence, quand bien même ils n’étaient guère loin. Tout en discourant sur les bienfaits « inaliénables » de l’amour physique, Duverger de Villeneuve ne pouvait s’empêcher de distinguer une silhouette de la masse des passants. Il n’en disait rien à ses complices, se contentant de furtifs et discrets coups d’œil. Cette silhouette dissimulait une jeune femme dont il ne parvenait pas à apercevoir le visage, tournée qu’elle était vers l’entrée du numéro 22. Comme si elle attendait quelqu’un. Un homme forcément. Un frère, sans nul doute. Qui d’autre qu’un frère pourrait sortir de la loge ? Duverger de Villeneuve, à défaut de ses traits, distinguait nettement la qualité indéniable de se pelisse et de ses formes. Ce qu’il ne comprenait pas, c’était que la tenue devant durer encore une ou deux heures, il était tout bonnement inconcevable qu’une gente dame attendît dans le froid l’arrivée d’un hypothétique ami. Ses vêtements attestaient une femme de qualité et une telle femme, au vu de son rang social, ne se devait pas de patienter ainsi sur un étroit trottoir. Elle se mit à faire les cent pas et à passer sous un réverbère fraîchement illuminé. Duverger de Villeneuve en resta coi, au point que ses compagnons le crurent victime d’une attaque d’apoplexie ou d’une commotion... Ce en quoi il les rassura, allant même jusqu’à refuser de laisser Belleveaux quérir un médecin ! Il ne trouva cette jeune femme ni jolie ni belle, mais tout bonnement sublime, resplendissante de féminité. Ce n’était pas un être qui s’ébattait sous ses yeux ! Il ne sentait plus le froid. Duverger de Villeneuve contemplait une Muse et il était bien obligé de s’avouer une réalité toute neuve : il venait de tomber amoureux. Soudainement, devant des amis éberlués devant un tel comportement, Duverger de Villeneuve sursauta sur sa banquette, se mit à fredonner un air à la mode dans les ruelles parisiennes et frappa les cuisses de ses compagnons avec autant de violence que de bonne humeur. Il ne souhaitait pas les amener à plus d’entrain. Non. C’était simplement l’orage qui précédait la tempête. Elle ne tarda pas : Duverger se précipita hors de la voiture en chuchotant un « mais, c’est l’Amour » qui laissa ses amis pantois. Belleveaux et Le Blanc s’interrogèrent mais sans qu’aucun des deux pût esquisser un geste autre que d’impuissance. Duverger de Villeneuve devait arpenter cent mètres de pavés humides pour atteindre celle dont il fit instantanément l’amour romantique de son existence. Il parcourut cette distance aussi vite qu’il put et, arrivé près de la jeune femme, se prépara, sans restrictions, à l’accoster mais elle se jetait déjà au cou d’un autre : le frère Maçon Turrel, ami intime autant qu’ami d’enfance de Duverger de Villeneuve. Personne, c’est heureux !, ne vit le trait de mépris qui traversa son visage au moment où il stoppa sa preste course. Les deux amoureux n’y prêtèrent pas plus d’attention que la foule des badauds. Tout eut pu, tout eut dû en rester là, mais... Le cœur de Duverger était à ce point enflammé, son cerveau était à ce point embrasé qu’il ne sut retenir ces propos fort peu amènes : - Eh ! Bien... Turrel ! En voilà une manière d’agir ! Abandonner nos doux travaux au profit des seins impurs d’une modeste donzelle des rues ! Instantanément, les passants se firent moins nombreux et plus discrets autour de l’altercation. Turrel se retourna brusquement, le regard fou, à la recherche de l’auteur de l’immonde calomnie. Quand il aperçut Duverger de Villeneuve, il fut tellement surpris qu’il ne put que balbutier d’incompréhensibles mots. Il était rouge de colère rentrée. La situation incita Duverger à poursuivre, comme s’il répondait à une invite de son ami :

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- Avec joie ! Mon bon Turrel ! Je te reconnais bien là... C’est avec force plaisir que j’accepte de t’aider à régler son compte à cette greluche ! Ces derniers mots procédaient plus du hurlement que de la conversation. Le sang de Turrel ne fit qu’un tour. Il s’écria que n’ayant pas de gant, il se contentait de baffer la face de Duverger de son mépris. Ce dernier lui répondit que, n’ayant pas plus de gant à sa disposition, il jugeait approprié de lui cracher à la figure. Ce qu’il fit, de fort grossière manière d’ailleurs. La jeune femme cria « Au fou ! ». Belleveaux et Le Blanc accoururent sur ces entrefaites et s’interposèrent pour que les événements ne prissent pas une tournure plus fâcheuse. Rendez-vous fut pris pour l’aube suivante, dans la clairière près le bois des Tuileries. Le matin, Duverger de Villeneuve et ses deux témoins, Belleveaux et Le Blanc, arrivèrent les premiers sur les lieux. Les trois hommes apportaient les armes. Duverger était, en effet, la « victime » puisque c’était ainsi que les règles - non codifiées, mais néanmoins communément admises - appelaient celui qui, le premier, avait reçu l’affront du gant jeté ou de toute autre figure symbolique de celui-ci. Les armes choisies étaient deux rapières de belle facture, dont la finesse semblait aiguisée à souhait. Le pré des Tuileries, caché des regards indiscrets par un bosquet que les prétentieux continuaient de nommer « bois » bien que cela n’eut plus guère de signification, était encore tout trempé de rosée lorsque Turrel, accompagné des sieurs Graffin et Le Bas, eux-mêmes membres des « Amis Intimes », se présentèrent. Ils surgirent des brumes comme du néant tant la purée de pois était épaisse. Un duel autre qu’un corps à corps eut sans nul doute été impossible sous un climat aussi malsain. Turrel sacrifiait à une mode récente chez les duellistes et arborait un masque de cuir, ledit masque, à défaut de vraiment le protéger, lui recouvrait néanmoins la totalité du visage. À l’évidence, Turrel n’était pas un bretteur accompli. Tout en sa tenue reflétait l’amateurisme... Outre son masque, il portait une chemise aux manches amples et ses bas tenaient mal sa culotte. Ainsi endimanché, il n’y avait guère à douter du résultat de l’escarmouche à venir... Ce ne fut pas long, en effet. Duverger de Villeneuve ne se départit point de son ironie grinçante et lança quelques invectives insultantes à celui qui avait été son ami. L’enfance était loin. Une fois les règles du combat adoptées par les quatre témoins, les deux adversaires commencèrent à bretter. Il était convenu d’un duel à mort ou à « l’apparence de mort », ce qui signifiait qu’il était malséant d’achever un adversaire agonisant à terre. C’est du moins ce qu’annonça le sieur Graffin, doyen des témoins et, à ce titre, leur porte-parole. D’un signe de tête, les duellistes prévinrent que corps et épées étaient échauffés. Graffin déclara le combat ouvert. À compter de ce moment, seuls les croassements de corbeaux enroués accompagnèrent le bruit des entrechocs que s’infligeaient les deux guerriers. Les corps attaquaient, esquivaient, pliaient sous les assauts et fatiguaient un instant avant de se reprendre. Le premier assaut passé et digéré, les deux hommes s’affrontèrent de nouveau. Duverger de Villeneuve porta alors un coup qui perça Turrel de part en part. Le malheureux s’écroula, un genou, puis deux, à terre, une main sur sa blessure puis regarda le ciel tandis que sa rapière heurtait l’humidité. Ses yeux se refermèrent. Il s’affaissa lourdement. Duverger de Villeneuve rejoignit ses témoins. Ils ne se réjouissaient pas mais regardaient ceux de Turrel arracher le masque. Ils blêmirent à un tel point que Duverger se retourna brusquement, pour reconnaître les lèvres féminines desquelles s’écoulait un mince filet de sang.

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22 RUE DE LA VERRERIE A SHORT STORY BY

MATTHIEU BAUMIER - Lady Fripart doesn’t seem to hold her virtue devilishly high ! Well, if I can assign some truthfulness to what you’re telling me, my friends ! Peacefully sat on the seat of a barouche, the three friends burst out laughing. Belleveaux and Le Blanc were facing Duverger de Villeneuve, after they’d just finished telling one of their flirtatious affairs, which was different from the others for they had lived it together. It was this last fact, and particularly the crude details, that had amused sir Duverger de Villeneuve in this cold November evening of the year 1782. Like the whole of Paris in this season, the rue de la Verrerie was really animated. The three pals were talking, sheltered from the outside looks. The covered barouche was parked at a few cable’s lengths from number 22, where the office of the Masonic Lodge - ‘The Intimate Friends’ - which holdings they were used to going to - was. Women and men from the people, bourgeois and aristocrats, welldressed as well as tattered and torn children would walk across the street from one side to the other, trying not to be hit by a cart or a stage coach like it used to happen frequently. The screams, the hailing, the sound of the rain and steel-rimmed wheels rolling on the paved streets, all this - and so many other things - made this early evening a certain something of happiness, a kind of party tune, bringing good news. The conversations of these three lads and guilds fellows - they were attorneys at the Parliament of Paris - usually dealt with any matters as long as they were miles away from their professional worries. If they had thought getting involved in the flower of the commoners by joining the bar of the Parliament, they were obliged to admit that they’d been wrong, and accept some status of member of a very heteroclite menial world. Their disappointment drove them to avoid going on about it. They preferred talking about entertainment... They kept on talking briskly, observing people coming and going past number 22. Above the porch, a nice looking tapestry - on which appeared the following inscription : ‘Friendship, gift from Heavens, high mindedness pleasures’ - was set. They were supposed to be inside since a long time. But, in this November evening, they cared little about the holding of their lodge, as excited as they were by the eccentricity of the Parisian nights. Maybe they had only the mason outlook, not the virtues of it. Winter 1782 would be terrible. A cold spell was setting down slowly upon the Parisians’ s shoulders, and the young bourgeois tended towards superficial amusements, willing to warm up as well as being lustful. Duverger de Villeneuve and his friends needed to forget about the daily humiliations inner to their position as attorneys at the Parliament right away. The nobles and other senior civil servants, back from their summer break, never missed the occasion to remind them - as well as their fellows - that Paris was theirs during winter. They needed relaxing and the Temples pillars didn’t seem to be an appropriate place to them at that time. It was Duverger - who had been master mason for several month - who had dragged his friends to the ‘Intimates Friends’. They had been initiated but didn’t prove much regularity to the workshop activities. They preferred body works to soul’s, superficial language to rational intelligence’s. They represented temptation, and Duverger de Villeneuve was giving ground daily before the calls of debauchery poured out by Le Blanc and Belleveaux. They kept on getting closer to number 22 of the rue de la Verrerie, but stepped

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across the carriage entrance less and less often. Quality, passwords and three points were left over to make the most of the most lustful sayings, like those which were entertaining them that November evening. So much that the workshop activities started, went on, and ended more and more often while they were away, even if they were not so far. While talking away on the ‘inalienable’ benefit of physical love, Duverger de Villeneuve couldn’t help watching an outline amongst the passers-by. He kept silent in front of his pals, contenting himself with glances. This outline was hiding a young woman whose face kept invisible to him, as she was turned over towards the entrance of number 22. As if she was waiting for someone. A man obviously. A fellow mason, maybe. Who else than a fellow could get out of the lodge ? Duverger de Villeneuve, while he couldn’t see her lines, distinguished the undeniable quality of her pelisse and shapes. What he didn’t understand was that was absolutely inconceivable that such a lady should wait in the cold the coming of an hypothetical friend as the holding was to last one or two hours more it. Her clothes proved she was a noble woman, and such a woman - seeing her social level - shouldn’t have been waiting on such a narrow pavement. She started pacing up and down under a street-lamp newly turned on. Duverger de Villeneuve was rendered speechless, so that his fellows thought he was victim of an apoplectic fit or a concussion... He reassured them, even refusing to let Belleveaux go and bid for a doctor to come ! He didn’t find this young woman neither pretty nor beautiful, but absolutely sublime, radiant with femininity. It wasn’t a being who was pacing there before his eyes ! He didn’t feel the cold anymore. Duverger de Villeneuve was contemplating a Muse, and had to admit to himself a brand new reality : he’d just fallen in love. Suddenly, before his friends astounded by such a behaviour, Duverger de Villeneuve started on his seat, started humming a fashionable air in the street of Paris and hit the legs of his fellows with as much violence as fun. He didn’t want to bring them to more fully drive. No. It was just the thunder before the storm. It wasn’t late : Duverger rushed out of the barouche whispering something like : ‘but it’s love’, which stemmed his friends. Belleveaux and Le Blanc pondered over that but none of them both could do anything else than keeping powerless. Duverger de Villeneuve had to walk a hundred metres on the wet paved street to reach the one who instantly became the romantic love of his life. He covered this length as far as he could, and when he had reached the young woman, he prepared himself to accost her with no restriction, but she’d already thrown herself at someone else’s neck : the fellow Mason Turrel, Duverger de Villeneuve’ s intimate friend. No one, thanks God ! saw the scornful look which appeared through his face when he stopped his fast running. The two lovers didn’t notice that much more than the crowd either. Everything could, everything should have remained such as, but... Duverger’s heart was that much inflamed, his brain was that much kindled that he was unable to hold back his very unkind word : -Well !... Turrel ! Here’s a way to behave ! leaving over your duty to make the more of impure breasts of a street common young miss ! Right after, the passers-by got less numerous, and more quiet around the dispute. Turrel turned over suddenly, with a mad look, looking for the author of the vile calumny. When he saw Duverger de Villeneuve, he was so much surprised that he only manage to

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shimmer out inaudible words. He was flushed with held anger. The situation pushed Duverger to carry on, as if he was answering to an invitation from his friend : -With pleasure ! My old Turrel ! That’s you all over... I would accept to give you a hand to settle this bird with great pleasure ! These last words were more of a roar than conversation. Turrel’ s heart skipped a beat. He shout out loud that having no glove, he contented himself to slap Duverger’s face with his scorn. This one answered him that having no glove either at his disposal, he believed suitable to spit in his face. Which he did, in a very rude way, by the way. The young woman yelled out ‘Stop mad man !’ Belleveaux and Le Blanc rushed at this juncture and intervened for the events didn’t turn more awkward. The rendezvous was taken the following dawn, in the glade, next to the wood of the Tuileries. In the morning, Duverger de Villeneuve and his two witnesses, Belleveaux and Le Blanc, arrived first at the place. The three men were bringing the weapons . Duverger was indeed the ‘victim’ for so the rules - not codified but nevertheless commonly acknowledged used to call the one that had first received the affront of the thrown glove, or any other symbolic figure of it. The chosen weapons were two rapiers nicely made, which thinness seemed sharpened to perfection. The field of the Tuileries was kept hidden from prying eyes by a copse that pretenders kept on calling ‘wood’ even though this had no more meaning, and still soaking with dew when Turrel, accompanied by Sirs Graffin and Le Bas - members of ‘The Intimate Friends’ themselves, showed off. They came out of the fog as nothingness for the peasoup was thick. A duel, different from a clinch would have probably been impossible under such a bad weather. Turrel gave up a new fashion in the duellist world, and was wearing a leather mask that was not protecting him that much but nevertheless covering the whole of his face. It was obvious that Turrel wasn’t an accomplished swashbuckler. Everything in his dressing reflected amateurism. Moreover his mask, he was wearing a shirt which sleeves were far too much wide, and his tights were barely holding his pants. All done up in his Sunday best, there was no doubt about the result of the forthcoming skirmist. It wasn’t long indeed. Duverger de Villeneuve didn’t depart from his grating irony, and sharply said some insulting invectives to the one who had been his friend. Childhood was far in time. Once the rules of the fight were declared by the four witnesses, the two adversaries started their duel. It had been made clear that this duel should give death or ‘seemingly death’ which meant it was improper to kill an adversary dying on the ground. This was what Sir Graffin claimed ; he was the eldest of the witnesses, and thus, their spokesman. From a bow of the head, the duellists warned that both bodies and blades were ready. Graffin declared the fight could start. From this moment, the cawing of hoarse ravens accompanied the noise of the clinking that the two warriors inflicted to each other. The bodies attacked, fainted, folded under the assaults, and rested for a while before starting again. The first assault went by and was swallowed before the two men fought again. Duverger de Villeneuve gave a hit which pierced Turrel right there. The poor man collapsed, one knee, then the second one, into the ground, one hand on his wound, then looked up to the sky while his rapier fell in wetness. His eyes closed down. He collapsed heavily. Duverger de Villeneuve joined his witnesses. They didn’t rejoiced themselves but looked at Turrel’s taking off the mask. They turned that much pale that Duverger turned over sharply to recognise the female lips from which a thin stream of blood flooded.

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TRADITIONSBRISÉES UNE NOUVELLE DE

MATTHIEU BAUMIER Tyrtée venait d’apprendre qu’au crépuscule il lui faudrait quitter les limites de la Cité des Semblables, la guerrière Sparte, et errer dans la vaste plaine de Laconie en quête d’un hilote, un de ces paysans astreints au travail de la terre, afin de le tuer. Il n’était pas inquiet. Ce n’était que l’aboutissement de l’éducation reçue par les jeunes Spartiates de sexe masculin à compter de leur septième année. Car le jour de ses sept ans Tyrtée avait été retiré des bras de ses parents pour être élevé par la Cité. Comme tous les siens. Comme tous les Semblables. Le temps était passé bien vite ! Tyrtée se souvenait des heures vécues à s’initier à la pratique des armes : lance, épée courte et bouclier. Il se souvenait aussi, avec une nostalgie mêlée de fierté, des premières manoeuvres, rythmes par la musique militaire - cette même musique que Sparte la victorieuse égrenait de champs de bataille en champs de bataille auxquelles les Anciens lui firent l’honneur de le convier. La musique... Lorsqu’ils l’écoutaient les jeunes sentaient monter en eux d’héroïques désirs de conquête. Ils apprenaient, à travers elle, cette étrange sensation qui accompagne la soif de tuer un autre homme. Ses aînés reconnaissaient en Tyrtée le guerrier doué qu’il était devenu, mais il devait encore démontrer qu’il savait maîtriser ses émotions, qu’il pouvait meurtrir les chairs d’un être vivant. À partir du coucher du soleil, il pourrait faire ses preuves. C’était le milieu de l’été. Le soleil, oppressant, tannait la peau de ceux qui marchaient en rang et apprenaient les manoeuvres qui leur donneraient la supériorité sur le champ de bataille. Les jeunes soldats souffraient en cadence. Ils suaient. L’eau s’enfuyait de leurs muscles étirés et ruisselait le long de leurs visages, de leurs corps, inondait leurs tuniques. En cette fin d’après-midi, Tyrtée ne les accompagna pas. Il était libre. Il prit à droite de la place et se dirigea, à vive allure, vers une de ces maisons de torchis du quartier Est, celle d’Alkyneus. Tyrtée n’avait pas revêtu sa tunique, ni son équipement, mais était habillé de la classique toge de lin, celle que portaient tous ceux qui, pour l’une ou l’autre raison, étaient provisoirement détachés des obligations militaires. Il avait même dû remettre ses armes aux représentants du Conseil des Anciens, ayant été autorisé à ne conserver qu’un poignard. Une nouvelle vie l’attendait ! Qu’il réussît et la Cité lui accorderait une épouse. Il ignorait tout de celle qui lui était promise par les Anciens. Peu lui importait son identité en fait. Tyrtée aspirait bien plus à sa consécration comme Semblable qu’à son mariage. C’était à une existence de sang qu’il aspirait au plus profond de son être. Sa future... Sans doute était-ce l’une de ces jeunes femmes, vêtues de larges robes, un sein dénudé, la chevelure longue et épaisse, qu’il croisait quotidiennement. Peut-être l’avait-il regardée tandis qu’elle pratiquait l’un ou l’autre sport ? Il serait bien temps plus tard : ce n’était qu’une femme. Tyrtée ignorait tout des femmes. Cela l’angoissait un peu même s’il savait parfaitement qu’une fois marié il pourrait continuer à vivre dans le cantonnement jusqu’à ses trente ans. Et puis qu’était-ce qu’une femme ? Un organe propre à garantir un taux satisfaisant de naissances afin que Sparte pût exister... Les bébés de sexe féminin étaient sélectionnés dès la naissance et ceux qui ne convenaient pas, projetés au bas d’une falaise. Les femmes ne devaient pas être de frêles créatures. Elles étaient une fonction militaire. La perspective d’un mariage enchantait d’autant moins Tyrtée qu’il venait d’apercevoir Alkyneus assis sur une grosse pierre, en vêtements de pugiliste, les muscles saillants, brillants d’une sueur versée depuis peu. Alkyneus aimait la lutte. Il aimait à se battre.

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Ils se sourirent tendrement. Alkyneus fit signe à Tyrtée de le suivre à l’intérieur, à l’ombre, auprès du bassin. Quand se reverraient-ils ? Ils l’ignoraient. Ils avaient à partager conseils et virilité. Amour et caresses. De celles qu’aucune femme, jamais, ne saurait leur prodiguer. En entrant, le mentor de Tyrtée, Alkyneus, ordonna à une servante, une femme de périèque, de veiller à garder porte close tant qu’il ne lui indiquerait pas d’autre consigne. Elle opina, indifférente. Les minutes s’écoulèrent, devinrent des heures. Le soleil s’appesantit doucement sous l’horizon ; Sparte pâlit. Quand Tyrtée quitta la maison d’Alkyneus, ses traits étaient épanouis. Pressant le pas, il rejoignit les abords de la Cité puis, sans se retourner, en franchit les limites. Tyrtée courut aussi vite qu’il le put en direction du sud. Il atteignit la lisière de la forêt au moment précis où le soleil s’évanouissait au loin. Il lui restait à tuer un hilote. Les terres cultivées par ces êtres tenus en une espèce d’étrange esclavage étaient vastes. Il peut sembler facile d’égorger quelqu’un dont on ignore tout, même l’existence, avant de presser la lame du poignard contre sa peau. La chose était rendue plus complexe par un récent décret voté par l’Assemblée des Semblables, après les discours de brillants orateurs : les jeunes comme Tyrtée étaient obligés de tuer un hilote, mais un hilote d’un âge approchant le leur, à un ou deux ans près. Cela avait été proposé par les éphores. À leur avis, tuer de jeunes hilotes étaient le plus sûr moyen pour que les paysans cessassent toute révolte. Le jeune Spartiate profita de la nuit, marchant dans la pénombre, pour traverser la forêt. Puis, il décida de s’arrêter quelques heures alors que le jour commençait juste à poindre. Il ne dormit que trois heures. Quand il franchit la lisière des bois touffus, Tyrtée vit que le travail avait déjà repris son cours. À perte de vue : des champs. Et, partout, des hilotes travaillaient pour nourrir Sparte. La moisson battait son plein. Les faucilles remplaçaient les araires. Tyrtée progressa en rampant, évitant de s’approchant de groupes trop nombreux, le poignard entre les dents. Ses lèvres saignaient. Ce n’était pas vraiment douloureux. Il longea les champs, veillant à demeurer à la lisière de la forêt. C’était un abri sûr : tout le monde savait, à Sparte, que la forêt effrayait les hilotes. Tyrtée cherchait une jeune voix quand il entendit exactement ce qu’il escomptait. Sur sa droite, une petite parcelle de bois venait d’être défrichée et dans cette anfractuosité se tenait un jeune homme. D’après sa silhouette, il sembla au guerrier qu’il venait de découvrir sa victime. L’hilote tournait le dos à Tyrtée. Il était accroupi. Le Spartiate dut ramper encore quelques mètres pour discerner l’interlocuteur de son ennemi. Il fut surpris de constater que l’hilote s’adressait à un renardeau ! Sans doute tentait-il de l’apprivoiser en lui proposant de grignoter des grains de blé... Le blé de Sparte présenté, telle une offrande, à un renardeau ! Le sang du guerrier ne fit qu’un tour. Il se leva, se précipita vers sa victime, brandit son poignard. Le soleil s’estompa un bref instant. Tyrtée vit les yeux du renardeau briller puis, sans comprendre son geste, enfonça la lame de son arme dans son propre cœur. Il chancela, tomba à genoux, puis en arrière. Son dernier regard se porta sur le visage de l’hilote : un visage en tout point identique au sien. Le jeune hilote extraya le poignard des chairs de Tyrtée puis, en réponse à un ordre silencieux du renardeau, présenta la lame à l’animal. La léchant avec attention, celui-ci fit paraître des lettres : l’hilote savait comment il devait s’appeler dorénavant. Il essuya la lame sur des broussailles, dévêtit le Spartiate et s’habilla de sa tenue. Il l’abandonna, nu, tandis que les premiers charognards alertés se préparaient à fendre l’air. Quand il parvint aux portes de la Cité, l’hilote tenait la clé de l’entrée dans le cercle restreint des Semblables : le cuir chevelu de Tyrtée, dont le sang était à peine coagulé. Quand il pénétra dans les murs de Sparte, il fut accueilli en héros et porté en triomphe par ceux, presque de son âge, qui rêvaient de suivre son exemple.

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Il ne remarqua pas le sourire de satisfaction exprimé par la figure d’Alkyneus quand il passèrent devant le pas de sa porte. Comment eut-il pu le remarquer ? il ne vit pas non plus que des vieillardes lavaient le corps d’une jeune femme à grande eau tandis qu’une autre lui rasait les cheveux. La robe de Coré gisait à terre, piétinée, pendant qu’une tenue de lin, tenue masculine, l’attendait, pendue à la fontaine. Elle avait peur : la rumeur disait que les jeunes guerriers ignoraient tout de l’amour et confondaient femmes et hommes le soir de leurs noces. Et la rumeur était fondée ! Coré savait qu’elle ne devait en rien attendre de son futur mari ce que s’offraient entre elles les jeunes femmes... Il serait brutal. C’était un homme. Un guerrier. Un banquet s’improvisa en l’honneur du jeune homme. Il apprit par les sarcasmes de ses compagnons de beuverie qu’à la nuit tombante, sa promise consentirait à l’accueillir. Allusions qui déclenchèrent des torrents de rires... L’hilote eut la nausée. Il dut se retenir de vomir. Cependant, il mangea. But. Il vit la jeune femme entrer dans une maison d’où elle ne sortit point. Quand le crépuscule provoqua la tombée de la nuit, alors que ses compagnons étaient, pour la plupart, fin saouls, il fut poussé vers cette maison et ne put refuser d’y entrer. Il écarta le rideau. Passa par l’embrasure. L’hilote découvrit une pièce sombre et dénudée. Le sol était en terre battue. La pièce était très faiblement éclairée. Il la traversa, s’approchant d’une paillasse étendue à même le sol et vit que Coré était allongée dessus, les cheveux rasés, le bas de la tunique relevé, les fesses apparentes. Il se coucha derrière elle. Coré, effrayée, tremblait légèrement. Mais quelle ne fut pas sa surprise, sa joie, quand elle comprit que l’homme qui partageait sa couche ne se comportait pas ainsi que les Semblables le font entre eux ! L’hilote la caressait tendrement. S’attardait sur son intimité. Coré se retourna. Sparte fut humiliée par des chuchotements amoureux.

Matthieu Baumier

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NOT A PEER A SHORT STORY BY

MATTHIEU BAUMIER Tyrtée had just heard he would have to slip out of the limits of the City of the Peers - the Sparta warlike - at dusk, and wander in the vast meadow of Laconie, in search of a Helot, one of these serfs compel to work the soil, in order to kill him. He wasn’t anxious. That was just the aim of the education of the young Spartan males since they were seven. For the day he was seven, Tyrtée had been taken off his parent’s womb to be brought up by the City. As his owns. As all the Peers. Time had gone by so fast ! Tyrtée remembered the hours of his initiation in arms drill : spear, short sword, and shield. He also remembered - feeling nostalgia melted with pride - the first manoeuvres rhythmed by military music - the same music that victorious Sparta chanted from battlefield to battlefield - which the Ancients invited him to. Music... When the youngsters were listening to it, they felt heroic conquest desires growing up inside themselves. Through it, they learnt this weird sensation that appears with thirst to kill another man. His elders recognised in Tyrtée the gifted warrior he had become, but he still had to prove that he could overcome his emotions, he could hurt the flesh of a living being. At dusk , he could be well-tried. It was mid-summer. The striking sun weathered the skin of those who were walking in a line and learning the manoeuvres that would give them superiority onto the battlefield. The young soldiers were suffering in time. They were sweating. Water was flying away off their stretched muscles, and running along their bodies, faces and flooding their tunic. In this late afternoon, Tyrtée didn’t join them. He was off. He turned right after the square and went forth towards one of these Eastern neighbourhood houses made of cob ; Alkyneus’s. Tyrtée hadn’t put on his tunic, nor his war kit, but he was dressed of the usual linen toge, the one that all those were wearing when temporarily off the military duty for a reason or another. He even had to give his weapons back to the representative of the Council of the Ancients, only being allowed to hold a knife. A new life was starting ! If he succeeded the City would grant him a wife. He ignored everything about the one he was promised to by the Ancients. Actually, he didn’t mind all that much her identity. Tyrtée was much more bunging for his consecration as a Peer than his wedding day. He was aspiring to an existence of blood : the depth of him. His wife-to-be... She was probably one of these young women, dressed of a wide dress, one bare breast, long and thick hair, who he was walking past everyday. Maybe he’d looked at her while she was practising one sport or another ? Time would come fast enough : she was only a woman. Tyrtée ignored everything about women. This was harrowing him a bit even if he perfectly knew that once he would be married he could carry on living in the camp until his 30’s. And anyway, what was a woman ? An organ likely to guarantee a satisfying birth rate so that Sparta could carry on being... Baby-girls were selected as they were born, and those who didn’t fit, thrown down a cliff. Women mustn’t be weak creatures. They were a military function. The prospect of a wedding was rejoicing Tyrtée all the less so since he had just seen Alkyneus sat on a huge stone, dressed with the pugilist’s clothes, and his protuding muscles, shining of a sweat poured since little time. Alkyneus liked wrestling. He liked fighting. They smiled at each other tenderly. Alkyneus signed Tyrtée to follow him inside, in the shadow, next to the pond. When would they see each other again ? They didn’t know it. They had to share pieces of advice and virility. Love and caresses. Those that no woman could never and ever give them unstintingly of themselves. As he was entering, Tyrtée’s mentor,

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Alkyneus, ordered a maidservant, a Pérèque woman, to keep watch on having the door closed as long as he wouldn’t give her other orders. She assented, indifferently. Minutes went by, became hours. The sun went past slowly under the horizon ; Sparta turned pale. When Tyrtée lived Alkyneus’s house, his lines were radiant. Going forth faster, he reached the edges of the city, then, without turning back, he crossed its limits. Tyrtée ran as fast as he could towards the South. He reached the edge of the forest exactly when the sun was vanishing afar. He just had to kill an Hilote then. The lands cultivated by these beings held in some weird slavery - were vast. It may seem easy to slit the throat of someone you don’t know anything about, even their existence, before pressing the blade against their skin. The thing was made more complicated because of a recent statutory order voted by the Assembly of the Peers, after the speeches of brilliant speakers : youngsters like Tyrtée had to kill a Hilote, but one of an age to within one or two years near to theirs. This had been proposed by the Ephores. From their point of view, killing young Hilotes was the surest means for the peasants stopped rioting. The young Spartan took advantage of the night, walking in the shadow across the wood. Then, he decided to stop for some hours as the day was just about to break. He slept only three hours. When he crossed the edge of the dense wood, Tyrtée noticed that his duty had already begun. Fields as far as the eye can see. And, everywhere, Hilotes were working to feed up Sparta. The harvest was at its height. Sickles had replaced swing ploughs. Tyrtée was making headway crawling, avoiding to get too close to too numerous groups, his blade between his teeth. His lips were bleeding. It wasn’t that painful. He went alongside the fields, taking care of keeping next to the edge of the wood. It was a safe protection : everyone in Sparta knew that the wood scared the Hilotes. Tyrtée was looking for a young voice when he heard exactly what he reckoned. On his right hand side, a small plot of wood had just been cleared off and a young man was standing in this crevice. From his outline, it seemed to the warrior that he had discovered his victim. The Hilote had his back to Tyrtée. He was squatting. The Spartan boy had to crawl some few meters more to make out who his enemy was speaking to. He was ever so surprised to see that the Hilote was talking to a fox-cub ! Maybe he was tempting to domesticate it suggesting it to gnaw at wheat grains... Sparta wheat offered, as an offertory, to a fox-cub ! The warrior’s heart skipped a beat. He stood up, rushed toward his victim, waved his blade. The sun vanished for a short instant. Tyrtée saw the eyes of the fox-cub glitter, then, without understanding what he did, he drove his blade in his own heart. He staggered, fell on his knees, then backwards. His last look went towards the Hilote’s face : a face which resemble Tyrtée’s in every respect. The young Hilote removed the blade from Tyrtée’s flesh, then answering to a silent order of the fox-cub, showed off the blade to the animal. Licking it carefully, the cub made letters appear : the Hilote knew how he should be now named. He cleared the blade off on scrubs, undressed the Spartan boy, and put on his clothes. He left him over, naked, as the first warned vultures were getting ready to cleave through the air. When he got to the doors of the City, the Hilote was holding the key of the main entrance into the select committee of the Peers : Tyrtée’s scalp which blood was barely coagulated. When he entered the town of Sparta, he was greeted as a hero and had a triumphant success by those to within about his age, who dreamt of following his path. He didn’t notice the satisfaction smile expressed on Alkyneus’s face when they walked past his step door. How could he ? He didn’t see either old women washing the body of a young woman while another one was shaving her hair. Coré’s dress was lying on the ground, stamped on, while a linen dress - a male dress - was ready for her , hung up on the fountain. She was scared : rumour had it that the young warriors ignored everything about

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love, and mistakened women with men on their wedding night. And the rumour was welljustified ! Coré knew that she shouldn’t expect anything from her husband-to- be like she could do from another young woman, and what they gave to each other... He would be rough. He was a man. A warrior. A banquet took place in the name of the young man. He learnt from his drinking bout fellows’ sarcasm that at dusk his wife-to-be would consent to greet him. Innuendoes that triggered streams of laughter off. The Hilote felt sick. He had to retain himself from vomiting. Yet, he ate and drank. He saw the young woman entering a house from which she didn’t get out. When dusk called night-fall, as most of his fellows was really drunk, he was driven to this house and couldn’t refuse to enter it. He pushed the curtain aside. Went through the doorway. The Hilote discovered a dark, bare room. The ground was of hard - packed surface. The room was hardly lighted up. He walked across it, getting closer to a straw mattress laid right on the floor, and saw Coré was stretched out on it, with her shaven hair, the bottom of her tunic lifted up, her buttocks out to air. He laid down behind her. Coré was scared and slightly shaking. But how surprised and happy she was when she understood that the man who was sharing her mattress didn’t behave like the Peers do with each other ! The Hilote was caressing her tenderly. Dwelling upon her intimacy. Coré turned over. Sparta was being humiliated by loving whispers. Matthieu Baumier

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NOTES Jack Kerouac : Avant la route - Éditions La table Ronde Collection La petite vermillon, traduit de l’américain par Daniel Poliquin - 1996 - 55 FF Il est toujours étrange de se plonger dans une œuvre de Kerouac, on s’y sent tout de suite à l’aise bien que dérangé par un style quelque peu alambiqué (phrases dignes de celles que pouvait écrire Proust, ou Stendhal : s’étalant parfois sur plus d’une page). Il est encore plus étrange de se dire que, finalement, le livre en lui-même, était bon, mais que quelque chose n’allait pas droit dans tout ça. Kerouac et son antisémitisme latent... non, ça n’a pas à voir avec l’auteur. Alors quoi ? Je suis tombé par hasard sur le n° 137 de l’édition hebdomadaire qui, je tiens à la rappeler, rime avec dromadaire ! - du magazine culturel Les Inrockuptibles, qui décernait ses pages à cet auteur américain de renom dont la légende de baroudeur a, hélas ! trop vite et trop sensiblement pris le pas sur l’écrivain phare du 20ème siècle. Et c’est dans ce numéro des Inrockuptibles, de la semaine du 4 au 10 février, que j’ai trouvé confirmation de ma gêne quant à la lecture de ce livre : la traduction. Le titre d’abord, Avant la route, il est un peu facile et j’irai même jusqu’à dire d’une certaine façon racoleur (ce livre fut effectivement publié dans sa forme originale avant Sur la route !). Le magazine cité plus haut écrit luimême : «un titre malheureux et opportuniste ». On n’aurait pas pu trouver plus juste. The Town and the City est le titre original de l’œuvre et amorce bien l’histoire que Kerouac s’apprête à nous raconter en s’inspirant fortement de la sienne. Mais le titre n’est pas tout, il est bien sûr ce que le lecteur potentiel ou réel lira en premier, mais la traduction même laisse à désirer. En somme, Daniel Poliquin doit posséder un bon dictionnaire encyclopédique bilingue en 40000 volumes, ou bien un logiciel de traduction hors pair, mais son train d’atterrissage est taré. Sa traduction n’est pas si mauvaise que ça, mais elle a de nombreux dératés. Je sais qu’il est difficile de bien traduire - et pour cause surtout sachant ce que traduire implique de réécriture et d’adaptation, mais ses erreurs sont celles que ferait un élève de terminale littéraire, ou quelqu’un qui veut trop en faire. Moralité, cela m’apprendra à lire des textes anglophones traduits en français, et vous évitera d’acheter cette mauvaise traduction. NB : Les Inrockuptibles nous apprenaient également, en février, la parution d’un ouvrage biographique critique sur Kerouac de Gérald Nicosia Éditions Verticales - 170 FF.

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Cahiers de nuit n°5 - 70FF - 33 rue de la Haie Vigné - 14000 CAEN - France Le 5ème numéro de cette revue, luxueuse et très chaude, que nous recevons pour la première fois (merci à vous Harry Wilkens). Érotisme, cuir, bas résilles, un peu SM (MMrgane va aimer !*), Serge Féray - revuiste et éditeur caennais - réunit de sulfureux auteurs (Wilkens, von Neff, Parant...) ainsi que le photographe Philippe Pissier et sa très fidèle Sabine, dans cet ouvrage terriblement grinçant et tendrement insolent... à ne pas mettre entre toutes les mains, mais c’est un travail admirable, une œuvre à part entière. Walter * MMrgane, la fée du martinet, nous concocte un numéro bien à elle, mais chut !!! C’est une surprise...

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MG SUR[f] LA MERDE 24 mars 1998 Des phrases que je lis, de la lie d’images que je vois, des voix que j’entends, le malaise suinte. D’abord un gros porc adipeux dégoulinant de fiel, bardé de malabars aux silhouettes de Mondoshawan 1, qui accule et agresse une femme qui a le malheur d’être son adversaire en campagne. Filmé, diffusé, mais nié : on a probablement de la merde dans les yeux ? Appelle-nous cons !2 Tentative effrontée de virtualisation. Puis un nabot saumâtre que d’aucuns voudraient nous présenter comme présentable : à l’entendre, tous les autres sont tachés, compromis, la vertu c’est lui ! (Je sais, c’est dégueulasse de faire l’amalgame entre leurs laideurs morales et physiques mais puisqu’ils me prennent pour un primate, je peux bien être primaire, non ?) Et puis voilà que ce qui paraissait encore fantasme, jeu à se faire peur, gang de méchants virtuels, a pris corps ce mois-ci en France : des notables se sont offerts sur des autels de passe-passe à ces lycaons. Ailleurs je surfe sur des paysans qui enflamment un bûcher au sommet duquel est ligoté le Président de la Commission Européenne. Ok c’est seulement une marionnette grandeur nature qu’on brûle, mais ce virtuel-là a un drôle de goût de cendre quand même. Plus loin je surfe encore sur deux gamins de douze ans qui se vengent d’une punition en décimant leur petit collège de l’Arkansas. Bon, j’arrête. Ce soir Franz-Olivier Giesbert 3 trouve les mots qui réconfortent : « Arrêtons de parler du Front National ». Merci Franzo, t’as raison, parlons plutôt du printemps qui arrive ? J’ai semé de la ciboulette, j’espère qu’elle va prendre. Et à propos de graines, regagnons en toute hâte le cyber-monde : joyeux semianniversaire Admiral Ruhlmann, ça fait six mois ce soir que vous... que je... enfin bref, que nous. Alors aujourd’hui la Mauvaise Graine a été semée sur le web :

www.mygale.org/~mgraine Il ne s’agit encore que d’une unique page de présentation de la revue, mais l’éclosion est prévue pour le 9 avril. Internautes, à vos modems ! À noter que dans la foulée, notre adresse électronique a déménagé aussi chez mygale :

mgraine@mygale.org . Le mois prochain, vous saurez tout sur la Mauvaise Graine dans le monde virtuel. En espérant que d’ici là, le réel nous fiche la paix... Bruno :-(

1

les armoires à glace à têtes de pois chiches du Cinquième Élément [Luc Besson] comme aime à dire le directeur de cette publication (vous constaterez qu’il n’est pas toujours très poli) 3 directeur de la rédaction du Figaro 2

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March 24th 1998 Sentences I read, shit images I see, voices I hear, the unease oozes. First, a big fat pig sweating gall, with muscle men shaped out like Mondoshawans 1, who drives to the brink, and attacks a woman who's his unfortunate adversary while campaigning. Filmed, played on, but denied: we've probably got shit in our eyes? Don't call us Walter!2 Cheeky virtualisation attempt. Then a briny dwarf that some would like to introduce us as showable : hearing him, all the others are stained, compromised, he is virtue ! (I know, it's disgusting to confuse their moral and physical ugliness, but as long as they think I'm a primate, I can as well be primitive, can't I ?) And what seemed to be only a fantasm, scare-me-game, virtual bad people band, took place this month in France: worthies have given themselves to lycaons onto gogo altars. Elsewhere, I surf onto peasants that set fire to a pyre on top of which the President of the European Commission is tied up. Ok, it's only a human size puppet, but this virtual has a strange ash taste anyway. Farther, I carry on surfing onto two twelve-year-old kids that revenge themselves from a punishment by decimating their small college in Arkansas. All right, I stop there. This evening, Franz-Olivier Giesbert 3 finds out words that cheer us up: ÂŤ Let's stop talking about the Front National party Âť. Thanks Franzo, you're right, let's talk about spring coming up? I sowed chive, I hope it's gonna grow up. Talking about seeds, let's rush back to the cyber-world : happy semi-anniversary Admiral Ruhlmann, it's been six months this evening that you... that I... in brief, that we. So, today, Mauvaise Graine was sowed on the net:

www.mygale.org/~mgraine It's only a single introduction page of the review, but the opening out is coming on the 9th of April. Netsurfers, ready up to your modems ! Take note that in the run, our e-mail has moved to mygale as well :

mgraine@mygale.org. Next month, you'll know all about Mauvaise Graine in the virtual world. Hoping that, meanwhile, the real one leaves us in peace... Bruno :-(

the hulking brute with chickpea heads in The Fifth Element [Luc Besson] like the publication director likes saying (you'll notice that he's not always polite) 3 the Figaro editor 1 2

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http://www.mygale.org/~mgraine

MAUVAISEGRAINE ECLOT SUR LE WEB LE 9 AVRIL1998 A BIENTOT ! AVEC LES COMPLIMENTS DE

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en mai dans Mauvaise Graine : « Silice à la menthe » de Georges Le Milan, présenté par MMrgane. MAUVAISE GRAINE - REVUE MENSUELLE ET BILINGUE DE LITTÉRATURE TENDANCE UNDERGROUND - N°21 AVRIL 1998 - ISSN : 1365 5418 - DÉPÔT LÉGAL : À PARUTION - IMPRIMERIE SPÉCIALE - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION:WALTER RUHLMANN - ASSISTÉDE MMRGANE ET DE BRUNO BERNARD

© MAUVAISEGRAINE & LES AUTEURS,AVRIL1998 ADRESSE : FRANCE E-MAIL: mgraine@mygale.com SUR LE WEB : http://www.mygale.com/mgraine

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ABONNEMENT POUR UN AN (12 NUMÉROS):100 FF INDIVIDUELLEMENT,LE NUMÉRO : 12 FF RÈGLEMENT PAR CHÈQUE OU MANDAT POUR LA FRANCE PAR MANDAT INTERNATIONALPOUR L’ÉTRANGER

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